193
Un autre regard sur la petite camargue : esquisse d’un plan paysage pour Aigues-Mortes et ses salins

Un autre regard sur la Petite Camargue

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Un autre regard sur la Petite Camargue : esquisse d'un plan paysage pour Aigues-Mortes et ses salins - Maxime Soens, mémoire du Travail Personnel de Fin d'Etudes, Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles

Citation preview

Page 1: Un autre regard sur la Petite Camargue

Un autre regard sur la petite camargue : esquisse d’un plan paysage pour Aigues-Mortes et ses salins

Page 2: Un autre regard sur la Petite Camargue

Sauf contre-indication, tous les documents et illustrations ont été réalisés personnellement.

Le présent exemplaire constitue la version définitive du Travail Personnel de Fin d’Études.

Contact : Maxime Soens

[email protected] 42 10 22 51

Page 3: Un autre regard sur la Petite Camargue

Un autre regard sur la petite camargue : esquisse d’un plan paysage pour Aigues-Mortes et ses salins

Maxime SoensTravail Personnel de Fin d’ÉtudesPromotion 2010-2014

Directeur d’études : Michel Viollet

Membres du jury :Philippe DeliauLaure PlanchaisCarole Toutain

Page 4: Un autre regard sur la Petite Camargue

4

01Fondements geographiques et

historiques

Chapitre 1 - La formation des paysagesChapitre 2 - Le fonctionnement hydrographiqueChapitre 3 - Des paysages façonnés par les activités humaines

02diagnostic et enjeux

Chapitre 1 - Une fréquentation touristique non maîtrisée aux conséquences multiplesChapitre 2 - Un territoire mis sous cloche: entre muséification et privatisation des paysagesChapitre 3 - La visite touristique des salins : une approche limitée et incomplète

Page 5: Un autre regard sur la Petite Camargue

5

03esquisse d’un plan paysage

Orientations de projet et strategie

de mise en oeuvre

AIGUES-MORTES :

PORTE D’ENTREE de la Petite Camargue

Chapitre 1 - De la gare au portChapitre 2 - Du port aux remparts

REVELER LES PAYSAGES DES SALINS

Chapitre 1 - Les salins, fabrique de paysagesChapitre 2 - Les salins, générateur de dépaysementChapitre 3 - Le cordon dunaire du Bosquet : structure majeure pour pénétrer les paysages et ambiances des salinsChapitre 4 - Le paysage des lagunes salicoles

Gestion et mise en reseau des sites :

Une nouvelle organisation du territoire

Page 6: Un autre regard sur la Petite Camargue

6

Page 7: Un autre regard sur la Petite Camargue

7

introduction

La Petite Camargue est un territoire singulier dont les particularités ont conditionné l’implantation de l’homme et de ses activités : c’est une interdépendance économique et paysagère essentielle. Les salins d’Aigues-Mortes constituent un paysage de production mais c’est avant tout un producteur de paysages. Sous l’action de l’homme, l’eau et le sel produisent une multitude d’ambiances et de milieux écologiques. L’industrie salicole qui a façonné ces paysages depuis des siècles m’a incité dans le choix de ce site d’étude.

Aujourd’hui, Aigues-Mortes est marquée par une fréquentation touristique importante, les équipements et infrastructures présents ne sont plus adaptés et sont arrivés à saturation. Parallèlement à cela, le regard protecteur qui a été porté sur ces paysages, s’il montre un réel engagement, s’est fait de façon fragmentée, sans réflexion globale à l’échelle du territoire. Il fait ainsi abstraction des conditions singulières d’occupation et d’utilisation des ressources du territoire à l’instar de la saliculture. Les salins constituent donc la pièce manquante du territoire, paysage majeur produit par une industrie, mais ignoré.

Comment révéler les paysages salicoles dans toutes leurs formes et ampleurs au travers d’une gestion raisonnée de la fréquentation touristique nécessaire à une coexistence des autres activités économiques ?

Les allers-retours sur le site m’ont très vite convaincu que tout était déjà là et qu’il suffisait de trouver les moyens adéquats à la mise en oeuvre d’intuitions. Ces intuitions n’ont pas l’ambition de résoudre les nombreuses problématiques du site de la Petite Camargue mais de préfigurer des possibles, de réactiver l’imaginaire et réinventer une manière de pratiquer ces paysages.

La question abordée par ce projet est celle de l’évolution des activités, l’accueil touristique, et les nouvelles pratiques sur le territoire. Il propose d’établir une nouvelle organisation de la Petite Camargue pour porter un nouveau regard sur les paysages d’Aigues-Mortes et de ses salins. En montrant l’activité industrielle comme un paysage, ce projet cherche à repositionner les salins au cœur du territoire pour qu’ils deviennent un véritable catalyseur.

Page 8: Un autre regard sur la Petite Camargue

8

Page 9: Un autre regard sur la Petite Camargue

9

01Fondements geographiques et historiques

Page 10: Un autre regard sur la Petite Camargue

10

Page 11: Un autre regard sur la Petite Camargue

11

Chapitre 1

la formation des paysages

La Camargue est une région deltaïque située dans le sud de la France. Sa formation, liée à l’évolution des cours du Rhône, est assez récente, elle s’est effectuée au cours des dix derniers millénaires. Ce vaste territoire qui couvre une surface de 145 000 hectares peut être décomposé en deux grandes entités* : la Grande Camargue qui occupe le delta formé par le Rhône et le Petit Rhône, et la Petite Camargue située à l’ouest, en dehors du delta.Dans la présente étude, nous utiliserons donc le terme de Camargue pour parler en général de l’ensemble Grande Camargue et Petite Camargue, et nous emploierons le nom de Petite Camargue pour évoquer l’entité délimitée à l’est par le Petit Rhône, à l’ouest par le cours du Vidourle, au nord par le coteau des Costières, et au sud par la Mer Méditerranée. La Petite Camargue est composée par ce que l’on appelle la Camargue Gardoise, située sur le département du Gard, et la portion de territoire appartenant au département des Bouches du Rhône.

*D’après TAMISIER Alain, Camargue, Milieux et paysages, Evolution de 1942 à 1984, Arcane, 1990, 32p.

Page 12: Un autre regard sur la Petite Camargue

12

Page 13: Un autre regard sur la Petite Camargue

13

L’étude de la formation et de l’évolution des paysages de la Petite Camargue va nous permettre de comprendre ce qui fait leur singularité.

1- Il y a plus de 7000 ans, la limite du rivage était beaucoup plus au nord que ce qu’elle est aujourd’hui (une dizaine de kilomètres environ). Le pied du coteau des Costières était occupé alors par des alluvions limono-argileuses à argileuses dans le domaine palustre et des alluvions sablo-limoneuses ou limoneuses dans le domaine fluviatile. Ces dernières ont été apportées par le Rhône lors de la fonte des glaciers alpins à la fin de la dernière période de glaciation.

2- De -6650 à -6500 BP, un premier cordon dunaire se forme, c’est celui qu’on appelle cordon primitif ou cordon dunaire de Montcalm.

3- De -5900 à -5450 BP, le recul de la mer se poursuit avec l’apparition d’un second cordon littoral, celui dit du Bosquet, qui piège l’eau entraînant ainsi la formation d’une lagune.

4- Entre -4250 et -4100 BP, l’accumulation de sable contribue à la création du cordon dunaire de Jarras dont la lagune communique avec la mer par une ouverture, appelée grau.

5- De -1500 BP au 18e siècle, un quatrième et dernier cordon sableux se forme, c’est celui de l’Espiguette. Il forme encore aujourd’hui la limite avec la Mer Méditerranée. Les quatre cordons dunaires sont composés de sables calcaires, remaniés par les vents.

6- Jusqu’au 18e siècle, le cordon dunaire de l’Espiguette connaît une période d’accrétion sur l’ensemble de son linéaire. Mais on assiste depuis à une phase d’érosion du littoral avec un recul du rivage de l’ordre de 2 à 4 mètres par an et qui peut aller jusqu’à 13 mètres par an. Seule la pointe de l’Espiguette conserve une dynamique d’accrétion aujourd’hui avec un gain sur la mer d’environ 9 mètres par an.

Page précédente :

Modélisation de la formation des lagunes salicoles en maquette

Page 14: Un autre regard sur la Petite Camargue

14

Chapitre 2

le fonctionnement hydrographique

La formation des lagunes résulte de l’action conjuguée de deux phénomènes: tout d’abord la fluctuation du niveau de la mer (les cordons sableux correspondent à des périodes de baisse du niveau de la mer), et ensuite l’apport de sédiments par le courant fluvial et marin qui a permis le développement des cordons dunaires. La Petite Camargue a connu autrefois une importante dynamique deltaïque lorsqu’elle était encore irriguée par les anciens bras du Rhône qui ont aujourd’hui disparu. Cette dynamique se concentre désormais au sein du delta de la Grande Camargue.

On distingue deux ensembles hydrographiques dont la limite est marquée par le cordon dunaire primitif de Montcalm: la Camargue fluvio-palustre au nord qui est issue d’une sédimentation continentale (sédiments alluviaux), et la Camargue laguno-marine au sud, qui s’est formée par une sédimentation marine puis lagunaire comme nous avons pu le voir précédemment (formation deltaïque gagnée sur la mer par accumulation à l’embouchure du fleuve).

Page précédente :

Le tracé des anciens cours du Rhône

Les entités hydrologiques du territoire

Page 15: Un autre regard sur la Petite Camargue

15

Page 16: Un autre regard sur la Petite Camargue

16

Page 17: Un autre regard sur la Petite Camargue

17

La prédominance de l’eauL’une des singularités de ce

territoire est de posséder des surfaces en eau supérieures aux surfaces en terre. L’homme a ainsi pendant plusieurs siècles cherché à dompter cet élément en créant un réseau de fossés pour drainer et assécher les marais, des rigoles pour irriguer les cultures, et des canaux pour se déplacer. Certains d’entre eux ont été installés sur le lit des anciens bras du Rhône.

L’érosion littorale récente est liée à l’absence d’apport de nouveaux sédiments par le Rhône, et les forts courants marins entraînent un transit sédimentaire d’est en ouest. Deux mouvements inverses aggravent cette situation : d’une part le niveau de la mer s’élève (1 cm/an), et d’autre part celui du delta s’enfonce avec le tassement des sédiments (30% de la superficie sud du delta se trouve déjà à plus de 50 cm sous le niveau de la mer). Le territoire est donc aujourd’hui très vulnérable face aux risques d’inondations. Un important dispositif de digues et d’épis a été mis en place pour limiter le recul du trait de côte.

Vivre du sel et avec le selLa seconde particularité est liée à la

présence de sel. En effet, le sous-sol de la Camargue laguno-marine, récemment conquise sur la mer, regorge de sel. Ses sols halomorphes sont alimentés par des nappes d’eau souterraines. On observe ainsi un gradient de salinité qui va en décroissant en allant vers la Camargue fluvio-palustre au nord, où l’on rencontre des milieux doux à saumâtres. Le nord est occupé majoritairement par l’agriculture, alors que le sud, stérilisé par la présence de sel dans les marais et sansouïres, a vu le développement d’activités alternatives telles que la saliculture, la chasse, ou encore la pêche.

L’origine deltaïque de ces paysages, leur fonctionnement hydrographique, leur évolution, et leurs particularités

(faible relief, surfaces en eau supérieures aux surfaces en terre, salinité, …) ont donc fait de la Petite Camargue un territoire singulier. Ces spécificités ont conditionné l’implantation de l’homme et de ses activités sur le territoire : c’est une interdépendance économique et paysagère essentielle, entre les éléments naturels et les hommes.

On observe une évolution des stratégies de recherche ou d’évitement de la salinité en fonction des activités au fil du temps. Il y a une opposition d’intérêts entre agriculteurs et saliniers dans la gestion des ressources naturelles : recherche du taux de salinité le plus faible possible pour les uns et recherche du taux de salinité le plus élevé possible pour les autres.

Page précédente :

Un territoire ramifié par les canaux

Répartition de la salinité en Petite Camargue

Page 18: Un autre regard sur la Petite Camargue

18

La cité d’Aigues-Mortes face aux salins

Page 19: Un autre regard sur la Petite Camargue

19

Chapitre 3

Des paysages faconnes par les

activites humaines

La conquête de ce territoire inhospitalier est initiée au XIIIe siècle avec la création ex-nihilo de la cité d’Aigues-Mortes dans les marais. Les paysages ont été façonnés par les activités humaines au fil du temps : la saliculture, activité majeure depuis l’antiquité, mais également la viticulture et la riziculture. Il s’agit de modes de gestion différents de l’espace qui s’adaptent à un contexte géomorphologique et climatique bien particulier. Le tourisme commence à se développer à la fin du XIXe siècle avec le désenclavement progressif du territoire et l’image de la Camargue véhiculée par les artistes qui devient alors un lieu de dépaysement. Cette tendance évolue vers un tourisme de masse à partir des années 1960 avec la mission Racine.

L’urbanisation du territoire et l’activité salicole (en rouge les tables salantes et

en bleu les partènements)

Page 20: Un autre regard sur la Petite Camargue

20

Organisation de la récolte du sel par un ingénieur ramain nommé Peccatius qui aurait donné aux salins le nom de Peccais

Développement de la ville antique de Rhodanusia sur le site de la future cité d’Aigues-Mortes, c’est déjà un lieu de collecte du sel

Fondation de l’abbaye de Psalmody dont les moines vont exploiter la richesse saline du pays

La présence de salins est attestée en Petite Camargue

1141Première mention des salins de Peccais

1248Création des salins de l’Abbé par les moines de Psalmody

1290Regroupement de 14 salins qui deviennent propriété du roi, symbole du pouvoir royal

1241Premiers travaux de la cité d’Aigues-Mortes

1242-1248Construction de la Tour de Constance

1248Départ de la septième croisade sous la direction de Louis IX

1270Départ de la huitième croisade

1272-1295Construction des remparts

1300Construction de la Tour Carbonnière,

poste de péage sur l’unique route

menant à Aigues-Mortes

1546Développement

de l’activité sur le territoire : création

du salin de Saint-Jean en dehors de l’enclos de Peccais

1568Construction du fort de Peccais

pour contrôler la production du sel

168517 salins sont en activité à Peccais

1716Une première association de producteurs de sel est formée suite à l’inondation de 1706, elle regroupe 15 salins sur 1000 ha

1790Suppression de la gabelle, le fort de Peccais perd de son importance et tombe en décrépitude

1725-1745Creusement du chenal entre Aigues-Mortes et un grau permettant d’accéder à la mer (le Grau du Roi)

1777-1811Creusement du canal de Beaucaire à Aigues-Mortes

Les remparts d’Aigues-Mortes (Frédéric Bazille, 1867, Musée Fabre de Montpellier)

Plan du Fort de Peccais, 1787 (Bibliothèque Nationale de France)

Départ de la septième croisade XIVe siècle

Carte des salins de Peccais en 1763 (Bibliothèque Nationale de France)

La Tour Carbonnière (in SIMIEN Frédéric, Aigues-Mortes, Tome I, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, 2006, 96p.)

Canal de Beaucaire à Aigues-Mortes (in SIMIEN Frédéric, Aigues-Mortes, Tome I, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, 2006, 96p.)

Ier siecle Ve IXeXIIe XIIIe XVIe XVIIe XVIIIe

L’exploitation d’un marais salant d’après une gravure

du XVIe siècle (in HUVET-MARTINET Micheline,

L’Aventure du sel, Rennes, Ouest-France, 1992, 30p.

L’act

ivit

e sa

lico

le

XIVe

Devel

oppe

men

t d

u ter

ritoi

re

1340Création de la gabelle, l’impôt sur le sel

Les premiers aménagements hydrauliques sont réalisés pour assécher les marais et les cultiver

La transformation des paysages de la Petite Camargue

Page 21: Un autre regard sur la Petite Camargue

21

Organisation de la récolte du sel par un ingénieur ramain nommé Peccatius qui aurait donné aux salins le nom de Peccais

Développement de la ville antique de Rhodanusia sur le site de la future cité d’Aigues-Mortes, c’est déjà un lieu de collecte du sel

Fondation de l’abbaye de Psalmody dont les moines vont exploiter la richesse saline du pays

La présence de salins est attestée en Petite Camargue

1141Première mention des salins de Peccais

1248Création des salins de l’Abbé par les moines de Psalmody

1290Regroupement de 14 salins qui deviennent propriété du roi, symbole du pouvoir royal

1241Premiers travaux de la cité d’Aigues-Mortes

1242-1248Construction de la Tour de Constance

1248Départ de la septième croisade sous la direction de Louis IX

1270Départ de la huitième croisade

1272-1295Construction des remparts

1300Construction de la Tour Carbonnière,

poste de péage sur l’unique route

menant à Aigues-Mortes

1546Développement

de l’activité sur le territoire : création

du salin de Saint-Jean en dehors de l’enclos de Peccais

1568Construction du fort de Peccais

pour contrôler la production du sel

168517 salins sont en activité à Peccais

1716Une première association de producteurs de sel est formée suite à l’inondation de 1706, elle regroupe 15 salins sur 1000 ha

1790Suppression de la gabelle, le fort de Peccais perd de son importance et tombe en décrépitude

1725-1745Creusement du chenal entre Aigues-Mortes et un grau permettant d’accéder à la mer (le Grau du Roi)

1777-1811Creusement du canal de Beaucaire à Aigues-Mortes

Les remparts d’Aigues-Mortes (Frédéric Bazille, 1867, Musée Fabre de Montpellier)

Plan du Fort de Peccais, 1787 (Bibliothèque Nationale de France)

Départ de la septième croisade XIVe siècle

Carte des salins de Peccais en 1763 (Bibliothèque Nationale de France)

La Tour Carbonnière (in SIMIEN Frédéric, Aigues-Mortes, Tome I, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, 2006, 96p.)

Canal de Beaucaire à Aigues-Mortes (in SIMIEN Frédéric, Aigues-Mortes, Tome I, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, 2006, 96p.)

Ier siecle Ve IXeXIIe XIIIe XVIe XVIIe XVIIIe

L’exploitation d’un marais salant d’après une gravure

du XVIe siècle (in HUVET-MARTINET Micheline,

L’Aventure du sel, Rennes, Ouest-France, 1992, 30p.

L’act

ivit

e sa

lico

le

XIVe

Devel

oppe

men

t d

u ter

ritoi

re

1340Création de la gabelle, l’impôt sur le sel

Les premiers aménagements hydrauliques sont réalisés pour assécher les marais et les cultiver

Page 22: Un autre regard sur la Petite Camargue

22

1806Création d’une

nouvelle taxe sur le sel par Napoléon

1807De nouveaux salins

sont créés pour pouvoir augmenter

la production : Mourgues, la

Larbières, Quarante Sols

1820Le Fort de Peccais

est déclassé

1840 et 1841Premières

inondations dévastatrices pour

les salins de Peccais

La production est recentrée autour

d’Aigues-Mortes, à l’abri des crues du

Rhône

1822-1824Rectification du

tracé des canaux entre Sète et

Aigues-Mortes

1873Ouverture de la

ligne de chemin de fer Nîmes/Aigues-

Mortes

1883Le vin des sables :

développement de la viticulture sur les cordons dunaires

pour faire face à la crise du phylloxera

1840Création du salin de Médard

1843Création du salin du Perrier

1845Création du salin de la Marette

1847Installation de la première machine élévatoire à vapeur au poste de la Gaujouze permettant d’alimenter en eau salée les bassins supérieurs, les puits à roue actionnés par des mules sont peu à peu remplacés

1856Regroupement des différents salins pour constituer la Compagnie des Salins du Midi suite à de terribles inondations à répétition, l’ensemble fait 11000 ha

1893Massacre des saliniers italiens à Aigues-Mortes

années 1930Le hameau de

Paccais est en ruine

1942-1944Installation

de blockhaus allemands au sein

du Fort de Peccais

1945L’impôt sur le sel est

aboli

Début de la mécanisation de la

production, initiée au début du XXe

siècle

1948Dernière récolte

non mécanisée au salin de la Marette

1950, 1969, 1971

Fusions successives de la Compagnie des Salins du Midi

avec d’autres sociétés en France

et à l’étranger

1909Prolongement de la ligne de chemin de fer jusqu’au Grau du Roi

1908-1911Agrandissement du bassin principal dans le port d’Aigues-Mortes

1932Mise en service du pont tournant à Aigues-Mortes

1942Fort développement de la riziculture en Camargue

années 1960Les installations du Perrier constituent

désormais le centre névralgique de la production de sel

Aigues-Mortes, Ruines de Peccais (Henri Sol, années 1930)

Le salin de Médard (in SIMIEN Frédéric, Aigues-Mortes, Tome I, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, 2006, 96p.)

La mécanisation de la récolte (in SIMIEN Frédéric, Aigues-Mortes, Tome I, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, 2006, 96p.)

La gare d’Aigues-Mortes (in SIMIEN Frédéric, Aigues-Mortes, Tome I, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, 2006, 96p.)

Les outils du saunier au XIXe et XXe siècle (in BOUDET Gérard, La renaissance des salins du midi de la France au XIXe siècle, La Compagnie des Salins du Midi et des Salines de l’Est, 1995, 270p.)

XIXe XXe

Les installations de l’exploitation industrielle du sel aujourd’hui

1969La construction de la station balnéaire de Port Camargue

débute dans le cadre de la mission

Racine : c’est le début d’une nouvelle

ère touristique pour la côte

languedocienne

XXIe

Vignoble du Domaine de Listel sur le cordon dunaire de Jarras

Les marinas du port de plaisance de Port Camargue

Page 23: Un autre regard sur la Petite Camargue

23

1806Création d’une

nouvelle taxe sur le sel par Napoléon

1807De nouveaux salins

sont créés pour pouvoir augmenter

la production : Mourgues, la

Larbières, Quarante Sols

1820Le Fort de Peccais

est déclassé

1840 et 1841Premières

inondations dévastatrices pour

les salins de Peccais

La production est recentrée autour

d’Aigues-Mortes, à l’abri des crues du

Rhône

1822-1824Rectification du

tracé des canaux entre Sète et

Aigues-Mortes

1873Ouverture de la

ligne de chemin de fer Nîmes/Aigues-

Mortes

1883Le vin des sables :

développement de la viticulture sur les cordons dunaires

pour faire face à la crise du phylloxera

1840Création du salin de Médard

1843Création du salin du Perrier

1845Création du salin de la Marette

1847Installation de la première machine élévatoire à vapeur au poste de la Gaujouze permettant d’alimenter en eau salée les bassins supérieurs, les puits à roue actionnés par des mules sont peu à peu remplacés

1856Regroupement des différents salins pour constituer la Compagnie des Salins du Midi suite à de terribles inondations à répétition, l’ensemble fait 11000 ha

1893Massacre des saliniers italiens à Aigues-Mortes

années 1930Le hameau de

Paccais est en ruine

1942-1944Installation

de blockhaus allemands au sein

du Fort de Peccais

1945L’impôt sur le sel est

aboli

Début de la mécanisation de la

production, initiée au début du XXe

siècle

1948Dernière récolte

non mécanisée au salin de la Marette

1950, 1969, 1971

Fusions successives de la Compagnie des Salins du Midi

avec d’autres sociétés en France

et à l’étranger

1909Prolongement de la ligne de chemin de fer jusqu’au Grau du Roi

1908-1911Agrandissement du bassin principal dans le port d’Aigues-Mortes

1932Mise en service du pont tournant à Aigues-Mortes

1942Fort développement de la riziculture en Camargue

années 1960Les installations du Perrier constituent

désormais le centre névralgique de la production de sel

Aigues-Mortes, Ruines de Peccais (Henri Sol, années 1930)

Le salin de Médard (in SIMIEN Frédéric, Aigues-Mortes, Tome I, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, 2006, 96p.)

La mécanisation de la récolte (in SIMIEN Frédéric, Aigues-Mortes, Tome I, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, 2006, 96p.)

La gare d’Aigues-Mortes (in SIMIEN Frédéric, Aigues-Mortes, Tome I, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, 2006, 96p.)

Les outils du saunier au XIXe et XXe siècle (in BOUDET Gérard, La renaissance des salins du midi de la France au XIXe siècle, La Compagnie des Salins du Midi et des Salines de l’Est, 1995, 270p.)

XIXe XXe

Les installations de l’exploitation industrielle du sel aujourd’hui

1969La construction de la station balnéaire de Port Camargue

débute dans le cadre de la mission

Racine : c’est le début d’une nouvelle

ère touristique pour la côte

languedocienne

XXIe

Vignoble du Domaine de Listel sur le cordon dunaire de Jarras

Les marinas du port de plaisance de Port Camargue

Page 24: Un autre regard sur la Petite Camargue

24

Page 25: Un autre regard sur la Petite Camargue

25

Page 26: Un autre regard sur la Petite Camargue

26

Le c

otea

u de

s Costières

Seul point haut de la Petite Camargue (altitude de 3 à 100 mètres), ce plateau domine l’ensemble du territoire et offre ainsi des points de vue remarquables. Ses douces pentes qui s’étirent vers le sud sont modelées par de petits vallons : les valats. Les principales activités agricoles sont la viticulture. La création du canal d’irrigation du Bas-Rhône Languedoc a par ailleurs permis l’essor de l’arboriculture.

VauvertBeauvoisinSaint-Gilles

Panorama sur les étangs du Charnier et de Scamandre en direction du sud

Un vignoble sur les pentes douces du coteau à proximité de Vauvert

Vue depuis le cordon dunaire de Montcalm, la silhouette des Costières se dresse à l’horizon

Page 27: Un autre regard sur la Petite Camargue

27

La C

amar

gue cultivée La Camargue cultivée est limitée au

nord par les Costières, et au sud par le cordon dunaire primitif. Elle s’organise autour de deux vastes étangs d’eau douce : le Charnier et le Scamandre où sont pratiquées la récolte de la sagne, la pêche et la chasse au gibier d’eau. En direction du Petit Rhône, on rencontre de nombreuses rizières dont le développement a été rendu possible par des travaux d’assainissement et d’irrigation à partir des années 1960.

VauvertSaint-Gilles

Un élevage de taureaux à proximité de l’Etang de Scamandre

La route de Gallician (RD779), traversée des roselières

Les marais du Charnier

Page 28: Un autre regard sur la Petite Camargue

28

La p

lain

e du

Vistr

e et du Vidourle Cette large plaine cultivée s’étire du nord au sud, entre le Vistre à l’est, et le Vidourle à l’ouest. Les cultures de vigne et de céréales forment des horizons très ouverts. A proximité des cours d’eau, les prairies vertes et fraîches sont utilisées pour le pâturage.

Saint-Laurent-d’AigouzeAimarguesLe Cailar

Les Clapières, milieux humides aux abords du Vistre

Les marais de la Tour Carbonnière, et la RD979, principale voie d’accès à Aigues-Mortes depuis le nord

Les portes écluses, intersection entre le Vidourle et le Canal du Rhône à Sète

Page 29: Un autre regard sur la Petite Camargue

29

Le li

ttora

l urb

anisé

Massif dunaire de l’Espiguette, le plus récent des cordons sableux

Le Grau du Roi et Port Camargue, cité touristique en bord de mer

Le port de pêche du Grau du Roi

Dans le prolongement de la Grande-Motte, le Grau du Roi et Port Camargue constituent deux pôles d’attraction majeurs sur la façade littorale. Port Camargue est le plus important port de plaisance d’Europe. Ce développement urbain à vocation touristique remonte aux années 1960, impulsé par la mission Racine. Les nombreuses infrastructures d’accueil (résidences et campings) s’étendent jusqu’à la Pointe de l’Espiguette.

Le Grau du Roi

Page 30: Un autre regard sur la Petite Camargue

30

La C

amar

gue des lagunes

La cité médiévale d’Aigues-Mortes est implantée depuis le XIIe siècle au coeur du territoire de la Petite Camargue, à la croisée de ses paysages. La formation et la gestion des lagunes et des cordons dunaires fossiles sont indissociables. La saliculture s’est développée sur les vastes étendues d’eau depuis l’Antiquité. C’est aujourd’hui une véritable activité industrielle : 280 000 tonnes de sel ont été récoltées en 2013 sur le salin d’Aigues-Mortes. Les cordons dunaires, bien identifiables dans le paysage par leurs boisements de pins, sont quant à eux connus pour leur « vin des sables ».

Saint-Laurent-d’AigouzeAigues-MortesLe Grau du RoiLes Saintes Maries de la Mer

Cordons dunaires et lagunes salicoles, une histoire étroitement liée

Les salins, paysage de production et support de biodiversité

Les remparts de la cité d’Aigues-Mortes

Page 31: Un autre regard sur la Petite Camargue

31

LA Petite CAMArGue, un territoire voué à LA SALiCuLture

La proximité de la mer pour l’eau salée, la disponibilité de vastes espaces plats, le climat chaud et venteux qui favorise l’évaporation et la concentration font des lagunes de la Petite Camargue un emplacement idéal pour la culture du sel.La forte évaporation (1500 mm/an) responsable du taux de salinité des terres de surface s’explique par les faibles précipitations (500 mm/an en moyenne), et par les températures élevées conjuguées à une durée d’insolation importante. Par ailleurs, l’absence de relief fait de la Camargue une vaste plaine exposée aux vents. Le déficit hydrique favorise ainsi la remontée par capillarité à travers le sol de la nappe aquifère salée. Ceci implique une gestion hydraulique spécifique du territoire.La production de sel reste une activité de type agricole dans la mesure où elle est soumise aux aléas climatiques et à une récolte annuelle unique. La récolte peut varier de plus ou moins 30% en fonction de la pluviosité ou de la sécheresse.

Le Domaine de Listel sur le cordon dunaire de Jarras

Page 32: Un autre regard sur la Petite Camargue

32

Page 33: Un autre regard sur la Petite Camargue

33

02diagnostic et enjeux

Page 34: Un autre regard sur la Petite Camargue

34

Sel

immenSité

iSole

men

t

sentinelle

inhospitalier

Sel

Sel

Sauv

ag

e

RempaRt de voituReS

bouc

hon

touRiSteS

insécurité

bout

du

mon

de

horizons

panorama

entR

ée d

e v

ille

mou

stiqu

es

Carte sensible :premièresimpressions sur le site

Page 35: Un autre regard sur la Petite Camargue

35

Chapitre 1

Une frequentation touristique

non maitrisee aux consequences

multiples

Aujourd’hui la fréquentation touristique se manifeste en particulier à Aigues-Mortes qui reçoit chaque année 1 200 000 visiteurs. Elle est inégalement répartie dans le temps et l’espace : elle se concentre d’avril à octobre, et de façon plus intense entre juillet et septembre, autour de certains sites comme par exemple les remparts de la cité médiévale d’Aigues-Mortes (167 942 visiteurs en 2011 pour les remparts), le port d’Aigues-Mortes avec les promenades en bateau (100 000 visiteurs par an en moyenne), ou encore la visite des salins (100 000 visiteurs en 2013).

Chacun des sites touristiques correspond à un type de fréquentation et à un mode de découverte. On peut distinguer trois grands types de fréquentation : le tourisme balnéaire qui se concentre au Grau-du-Roi et à Port Camargue avec la Plage de l’Espiguette, le tourisme culturel de masse qui concerne plusieurs pôles d’attraction (Tours et remparts d’Aigues-Mortes, Compagnie des Salins du Midi, Domaine de Jarras-Listel, Seaquarium du Grau-du-Roi, …), et enfin un tourisme en lien avec la nature et les paysages, plus extensif (Centre du Scamandre à Gallician, Tour Carbonnière à Saint-Laurent-d’Aigouze). Il existe par ailleurs plusieurs façons de parcourir le territoire de la Petite Camargue : un réseau de sentiers de randonnée, des voies vertes, des canaux utilisés par les bateaux de plaisance, un réseau de bus accompagné d’une ligne de train desservant les gares d’Aigues-Mortes et du Grau-du-Roi. Cependant, la logique hégémonique du tout-voiture a particulièrement conditionné la découverte des paysages et les autres usagers n’ont pas toujours leur place.

L’intensité de la fréquentation touristique et la concentration des visiteurs se traduisent par un phénomène d’engorgement

Page 36: Un autre regard sur la Petite Camargue

36

Page 37: Un autre regard sur la Petite Camargue

37

Page 38: Un autre regard sur la Petite Camargue

38

(problèmes d’accessibilité et de circulation automobile, embouteillages), et une capacité d’accueil insuffisante, notamment pour les parkings dont l’impact visuel, et en termes de consommation d’espace, sont conséquents. Les équipements et infrastructures présents ne sont donc plus adaptés et sont arrivés à saturation. L’activité touristique est devenue une ressource économique majeure pour le territoire et ses conséquences paysagères sont multiples : une saturation de l’espace en informations publicitaires, le développement des structures d’hébergement pour l’accueil des touristes (campings et hôtels), et l’étalement urbain des résidences principales et secondaires lié à la croissance de la population au cours des dernières années.

Au-delà de ces répercussions spatiales qui dégradent le site, le tourisme peut être vécu comme une activité envahissante et nuisible par les communautés locales dans la mesure où il change leur mode de vie et affecte leur bien-être, qui plus est lorsqu’elles ne bénéficient pas directement ou indirectement des retombées économiques engendrées. Le dépassement de la capacité d’accueil peut avoir un impact également sur les visiteurs eux-mêmes lorsque les conditions de visite ne sont plus compatibles avec leurs attentes. La dimension industrielle qu’a prise parfois cette activité touristique montre un manque de cohérence entre la présentation touristique des paysages et les autres activités qui occupent et développent ce territoire singulier.

Comment gérer cette confrontation au tourisme dans le projet de paysage ? Comment réguler la fréquentation ? Quels sont les dispositifs à mettre en place pour l’orienter ?

Évolution de l’urbanisation à Aigues-Mortes de 1960 à 2010

Page 39: Un autre regard sur la Petite Camargue

39

1. Un espace saturé par l’information2. Activités récréatives proposées sur la route de l’Espiguette au Grau du Roi3. Des problèmes de circulation ...4. ... et de stationnement5. Résidence de vacances à Port Camargue en basse saison6. Le quartier des marinas, une récente extension urbaine à Aigues-Mortes

1 2

3 4

5 6

Page 40: Un autre regard sur la Petite Camargue

40

La foule des visiteurs au coeur de la cité d’Aigues-Mortes(photographie : Yann Soens)

Page 41: Un autre regard sur la Petite Camargue

41

Page 42: Un autre regard sur la Petite Camargue

42

Chapitre 2

Un territoire mis sous cloche :

entre museification et

privatisation des paysages

Parallèlement à cette problématique de la fréquentation touristique, le regard protecteur qui a été porté sur la Petite Camargue (valorisation des sites classés, protections environnementales, ...), si il montre un réel engagement, s’est fait de façon fragmentée, sans réflexion globale et transdisciplinaire à l’échelle du territoire. Il fait ainsi abstraction des paysages tel que celui des salins, composante paysagère majeure, mais aussi des conditions singulières d’occupation et d’utilisation des ressources du territoire.

Les actions sont réparties de façon inégale sur le territoire, elles se concentrent sur certains secteurs alors qu’elles mériteraient d’être abordées avec une vision d’ensemble. Il ne s’agit pas cependant de remettre en cause ces actions qui étaient nécessaires et ont contribué à préserver et valoriser les milieux écologiques et les paysages.

La Petite Camargue est une vaste zone humide dotée d’un patrimoine naturel et culturel d’une grande richesse. Le nombre important de mesures visant à faire l’inventaire de ce patrimoine et de mesures de protections reflète sa richesse :

- les labels internationaux : les sites soumis à la Convention de Ramsar, les Réserves de Biosphère du programme Man and Biosphere

- les protections réglementaires : les Réserves Naturelles Régionales (RNR du Scamandre et RNR de Mahistre et de la Musette), les sites inscrits et les sites classés (les massifs dunaires de l’Espiguette, les marais de la Tour Carbonnière, et les abords des remparts d’Aigues-Mortes), les documents d’urbanisme (une grande partie du territoire est classée en zone agricole et zone naturelle)

- les structures locales et les programmes

d’actions engagées : le Syndicat Mixte pour la protection et la gestion de la Camargue Gardoise, le Parc Naturel Régional de la Camargue, l’Opération Grand Site de la Camargue Gardoise, programme Life+LagNature et Life+MC Salt.

- les inventaires scientifiques : Zone naturelle d’intérêt écologique faunistique et floristique (ZNIEFF), Zones d’Importance pour la Conservation des Oiseaux Sauvages (ZICO), le Réseau Natura 2000 avec le Site d’Importance Communautaire (SIC) de la Petite Camargue, et les Zones de Protections Spéciales (ZPS) de la Camargue Gardoise fluvio-lacustre et de la Petite Camargue laguno-marine.

Les marais de la Tour Carbonnière à Saint Laurent d’Aigouze (2009-2012)

Actions de valorisation des sites menées dans le cadre de l’Opération Grand Site de la Camargue Gardoise :

Page 43: Un autre regard sur la Petite Camargue

43

LeS oPérAtionS GrAndS SiteS

« Qu’appelle–t-on « Grand Site » ? Un Grand Site est un territoire remarquable pour ses qualités paysagères, naturelles et culturelles, dont la dimension nationale est reconnue par un classement d’une partie significative du territoire au titre de la loi de 1930, qui accueille un large public et nécessite une démarche partenariale de gestion durable et concertée pour en conserver la valeur et l’attrait. On utilise couramment ce terme pour qualifier des territoires qui sont entrés dans une telle démarche.

Une Opération Grand Site est la démarche proposée par l’Etat aux collectivités territoriales pour répondre aux difficultés que posent l’accueil des visiteurs et l’entretien des sites classés de grande notoriété soumis à une forte fréquentation. Elle permet de définir et de mettre en œuvre un projet concerté de restauration, de préservation et de mise en valeur du territoire. Il s’agit de retrouver les qualités qui ont fait la renommée du site, mais aussi d’élaborer un projet qui permette d’en assurer la pérennité et de mettre en valeur le site dans toute sa diversité. Une Opération Grand Site poursuit trois objectifs :- Restaurer et protéger activement la qualité paysagère, naturelle et culturelle du site ;- Améliorer la qualité de la visite (accueil, stationnements, circuits, information, animations) dans le respect du site ;-Favoriser le développement socio-économique local dans le respect des habitants. La démarche comporte différentes étapes que les partenaires conduisent ensemble. Elle aboutit à un programme d’études et de travaux mis en œuvre par le gestionnaire du site (souvent un regroupement de collectivités territoriales), grâce à des financements apportés par l’Etat, les collectivités et le cas échéant l’Union européenne. »

D’après le Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, Grands Sites [En ligne], consulté le 31/05/2014, URL : http://www.developpement-durable.gouv.fr/Les-Operations-Grands-Sites.html

Les remparts de la cité d’Aigues-Mortes et leurs abords (2012-2013)

Le massif dunaire de l’Espiguette au Grau du Roi (2007-2013)

Page 44: Un autre regard sur la Petite Camargue

44

Page 45: Un autre regard sur la Petite Camargue

45

Page 46: Un autre regard sur la Petite Camargue

46

La multiplication des mesures de protection et de valorisation, associées à de multiples acteurs aux secteurs d’intervention et aux intérêts différents (parfois divergents) explique par ailleurs ce manque de cohérence à l’échelle du territoire. La complexité des limites administratives et des périmètres de gestion illustre bien cette situation. Par exemple, la majeure partie de la Petite Camargue est située dans le département du Gard (région Languedoc-Roussillon) et sa gestion est assurée par le Syndicat Mixte de la Camargue Gardoise, cependant le secteur sud-est est rattaché au département des Bouches-du-Rhône (région Provence-Alpes-Côte d’Azur), sous la gestion du Parc Naturel Régional de Camargue. Cette annexe échappe ainsi à la politique menée sur le reste du territoire de la Petite Camargue alors qu’il participe pleinement au fonctionnement paysager de ses lagunes salicoles. Le paysage doit être abordé de façon plus globale dans sa gestion car il outrepasse les limites administratives.

La dynamique de protection a également une autre facette : c’est celle de la privatisation et de la fermeture des paysages, une conséquence parfois directement liée à la pression touristique. Des portions de territoire sont devenues complètement inaccessibles au public. Clôtures, barbelés, barrières : la tendance est au repli sur soi et à la sécurisation. Il est essentiel de noter qu’une part importante du parcellaire est privée sur le territoire : 31,5% pour les propriétés de la Compagnie des Salins du Midi, 7,5% pour les propriétés du Domaine de Liste, et 50,1% pour les autres propriétés privées et les propriétés de l’Etat. Les autres propriétés sont communales (7,1%), départementales (1,5%), ou appartiennent au Conservatoire du Littoral (1,9%).*

Comment montrer le paysage autrement ? Comment préserver les paysages de la fermeture ?

*Données par rapport à la surface du Site d’Importance Communautaire de la Petite Camargue (34559ha), d’après le DOCOB de la Petite Camargue, Syndicat Mixte de la Camargue Gardoise, 2007.

La privatisation des paysages en Petite Camargue

Page 47: Un autre regard sur la Petite Camargue

47

Multiplicité des acteurs sur le territoire et difficulté à se positionner pour le paysagiste

Page 48: Un autre regard sur la Petite Camargue

48

Chapitre 3

La visite touristique des salins : une

approche limitee et incomplete

Le diagnostic paysager soulève donc deux problématiques majeures : une fréquentation touristique non maîtrisée et un territoire mis sous cloche. Le croisement des dynamiques touristiques et des dynamiques de protection font apparaître des lieux non fréquentés et des lieux oubliés qui mériteraient d’être transformés pour être révélés. Les salins en font partie.

Les visites aux salins d’Aigues Mortes se font depuis une trentaine d’années, mais c’est une activité à part entière depuis 5 ans. La fréquentation était de 5000 visiteurs par an au départ, elle est passée à 100 000 visiteurs en 2013. Deux circuits sont proposés : l’un en petit train d’une durée de 1h30 qui est choisi par la majorité des visiteurs, et l’autre en 4x4 d’une durée de 3h30 (environ 1000 visiteurs par an).

Pour le paysagiste, la visite en petit train façon « tour operateur », formule adoptée par la plupart des visiteurs, est une expérience plutôt frustrante pour pratiquer le paysage des salins : elle ne permet pas le rythme de la marche et sa liberté, elle impose un regard, une vitesse de perception qui ne permettent pas d’apprécier de manière sensible les espaces parcourus. Toutefois, ce mode de découverte permet de répondre aux attentes du grand public qui souhaite avoir un aperçu des salins par une visite brève. Par ailleurs, les grandes distances à parcourir, sur un site industriel de surcroît, impliquent le recours à ce dispositif de visite pour l’accueil d’un public nombreux.

Pas vraiment le temps de prendre une photographie correctement (cadrage, exposition, …), sans parler des vibrations ressenties par le passage du train sur la piste, un commentaire de visite par haut parleur parfois inaudible, … Après avoir fait un tour des tables salantes, le

petit train marque un arrêt chronométré pour l’étape musée : une vingtaine de minutes pour visiter une salle d’exposition et pour faire quelques premiers achats à la boutique de souvenirs (une seconde boutique est située à la fin du parcours pour poursuivre les achats). La visite se termine alors en petit train par un retour au point de départ après avoir parcouru seulement une infime partie des salins (environ 3% de la surface des salins).

Finalement, les salins seraient comme un iceberg dont on ne peut voir que la partie émergée, c’est-à-dire ce qui est montré au visiteur, mais on ignore tout du reste. L’approche proposée est limitée et incomplète, elle ne permet pas d’apprécier toute la dimension et la qualité des paysages produits par l’activité industrielle de l’exploitation du sel.

La visite touristique des salins en petit train (photographie : Compagnie des Salins du Midi, www.visitesalinsdecamargue.com)

Page 49: Un autre regard sur la Petite Camargue

49

Page 50: Un autre regard sur la Petite Camargue

50

Page 51: Un autre regard sur la Petite Camargue

51

Les salins, c’est une machinerie complexe, une véritable fabrique de paysages créée de toute pièce par l’homme sur 11 000 hectares de terrains : 136 partènements, 52 tables salantes, 450 km de digues, 340 km de routes et chemins, et près de 800 ouvrages hydrauliques. Le paysage de production du sel constitue un paysage singulier de formes et d’images construites par l’activité industrielle. C’est un paysage de production, mais avant tout un producteur de paysages.

Ce que l’on devine des salins, c’est la matière première, l’eau salée qui provient de la mer, et ce que l’on voit du résultat, c’est le produit issu d’une transformation de la matière première, le sel qui s’accumule pour former les immenses camelles. Ce que l’on ne voit pas, c’est ce qui se passe entre les deux : la transformation des paysages par le sel et son exploitation industrielle. Il faut distinguer les paysages qui sont donnés à voir et ceux que l’on pourrait montrer.

Les salins constituent la pièce manquante du territoire, paysage majeur produit par une industrie, mais ignoré. C’est un paysage complexe dont la forme est difficile à saisir par son immensité. La privatisation de ce territoire plutôt hermétique explique également la difficulté à le parcourir. La formule de visite proposée actuellement, en petit train, montre aux touristes la production mais pas le paysage : la coexistence des espaces n’est pas révélée. La corrélation et la dynamique entre l’activité industrielle et les paysages produits n’est pas explicitée.

Comment peut-on montrer l’activité industrielle des salins comme un paysage ? Comment mettre en scène la transformation de ce territoire par la saliculture ? Quelle synergie possible entre le tourisme et les autres activités économiques ?

Page 52: Un autre regard sur la Petite Camargue

52

Page 53: Un autre regard sur la Petite Camargue

53

03esquisse d’un plan paysage

Page 54: Un autre regard sur la Petite Camargue

54

Comment révéler les paysages salicoles dans toutes leurs formes et ampleurs au travers d’une gestion raisonnée de la fréquentation touristique nécessaire à une coexistence des autres activités économiques ?

Telle est la question que l’on peut se poser afin d’établir une stratégie paysagère susceptible de mobiliser et fédérer les différents acteurs du territoire autour d’un objectif commun : celui de déterminer dans le temps et l’espace les traversées, les lieux à révéler, à fréquenter, à transformer pour valoriser leur activité comme support et garantie de la pérennité et de la qualité des paysages. Une démarche d’action doit donc désormais être engagée pour accompagner les transformations en cours, les changements de regards et d’intérêt sur les paysages : ne plus montrer ce qui est à protéger, mais montrer ce qui est à transformer.

Pour répondre à ces enjeux, il est essentiel de définir tout d’abord une priorité paysagère : celle de moduler la fréquentation touristique en fonction de l’intérêt des sites, de la capacité d’accueil, de la diversification, de l’accessibilité, et de la répartition dans le territoire. De ce principe, découlent trois objectifs de projet à atteindre :

Orientations de projet et

strategie de mise en oeuvre

1- transformer des sites comme une nouvelle façon d’aborder la fréquentation touristique (c’est aussi un moyen d’améliorer le cadre de vie des gens qui vivent et travaillent sur le territoire).

2- détourner des sites pour en faire des lieux et des outils de perception (révéler des paysages, clarifier la lecture du territoire).

3- Mettre en réseau des sites pour parcourir autrement le territoire en s’appuyant sur les initiatives déjà engagées (travailler les entre-deux, les étendues d’espaces, les émotions et les sensations).

Page 55: Un autre regard sur la Petite Camargue

55

Page 56: Un autre regard sur la Petite Camargue

56

Les objectifs peuvent être appliqués par différentes actions sur un choix de sites stratégiques qui définissent trois grands secteurs d’intervention :

Aigues-Mortes peut devenir la nouvelle porte d’entrée du territoire, c’est un carrefour, un point de diffusion. Le choix de ce site comme premier lieu d’intervention est approprié dans la mesure où il est incontournable et présente de forts enjeux paysagers quant à la fréquentation touristique, avec une résonance à l’échelle du territoire. Cette première étape se concrétiserait par une intervention dans le quartier de la gare et du port, aux abords des remparts nord et ouest de la cité.

A partir de ce nouveau point de propagation, un axe de diffusion peut être développé en particulier : c’est le second cordon dunaire sur lequel est implantée la cité d’Aigues-Mortes, le cordon dit du Bosquet. Cette structure d’immersion dans les paysages des salins peut devenir un véritable outil de perception dont le point d’orgue serait le Fort de Peccais, situé à son extrémité. Elle permet de donner à voir ces étendues sans y pénétrer.

Envisager des possibles à l’échelle du territoire à long terme par une série de propositions qui concernent directement la mise en scène, l’accessibilité, et la fréquentation des paysages résultant de l’activité salicole. Cette dernière phase nécessiterait une concertation plus complexe avec les différents acteurs concernés, publics et privés, pour arriver à un projet de paysage commun.

Réaffirmer la place d’Aigues-Mortes dans l’ensemble du site

Développer l’accessibilité des paysages salicoles depuis le cordon dunaire du Bosquet

Mettre en scène les lagunes salicoles

Page 57: Un autre regard sur la Petite Camargue

57

L’action de mise en réseau des pôles d’attraction concerne l’ensemble du territoire et s’applique donc aux trois grands secteurs d’intervention.

Ces propositions sont interdépendantes et engagent à élaborer une stratégie pour développer un accueil touristique singulier, en relation avec les caractéristiques très particulières du site. Le projet de paysage doit s’enraciner dans l’espace à court terme par des réalisations concrètes, puis sur la durée en favorisant le développement du projet chez les différents acteurs de la Petite Camargue en révélant les corrélations étroites entre les paysages perçus et les activités qui les produisent ou les ont produit.

Les trois secteurs clés d’intervention ont une résonance sur l’ensemble du territoire de la Petite Camargue. Ils doivent être perçus comme une globalité, ils constituent un ensemble paysager : celui des lagunes salicoles. Ce projet cherche donc à repositionner les salins au cœur du territoire pour qu’ils deviennent un véritable catalyseur.

Page 58: Un autre regard sur la Petite Camargue

58

Page 59: Un autre regard sur la Petite Camargue

59

Page 60: Un autre regard sur la Petite Camargue

60

Aigues-Mortes peut devenir un point de diffusion, permettant d’orienter le public sur la majorité des sites de la Petite Camargue. Pour cela il est nécessaire de modifier l’organisation urbaine et de déplacer le centre de gravité de la fréquentation touristique en requalifiant le quartier de la gare comme une nouvelle porte d’entrée sur le territoire. Il s’agit d’établir un juste équilibre entre concentrer et disperser les visiteurs. Rétablir un lien entre la cité et son port va par ailleurs permettre de créer les conditions d’un changement du regard porté sur les qualités singulières des lieux, tout en accompagnant le développement touristique saisonnier qui doit s’inscrire dans une occupation du site compatible avec les usages plus pérennes de la vie locale.

AIGUES-MORTES :

PORTE D’ENTREE de la Petite Camargue

Page 61: Un autre regard sur la Petite Camargue

61

Vue aérienne du quartier de la gare et du port d’Aigues-Mortes

Page 62: Un autre regard sur la Petite Camargue

62

Carte de situation

1. Traversée d’une zone commerciale à l’entrée de la ville2. Un parvis inexistant devant la gare SNCF

3. Franchissement du Canal du Rhône à Sète4. Vue sur le port des « croisières » et la cité d’Aigues-Mortes

5. Arrivée aux portes de la cité6. Parking du rempart nord

7. Un point noir de la circulation au pied de la Tour de Constance8. La RD979 et la ligne SNCF, une fracture entre port et rempart

9. Valorisation des abords du rempart sud 10. Vue sur les salins depuis le sud de la cité

Page 63: Un autre regard sur la Petite Camargue

63

Aigues-Mortes, créée ex-nihilo au milieu des marécages, est un carrefour historique pour les voies terrestres comme pour les voies fluviales. L’entrée de la ville, plutôt banale car similaire à bien d’autres, se fait par la RD979 (ou « Route de Nîmes ») en traversant une zone d’activités commerciales avant d’arriver au quartier de la gare, et enfin au pied des remparts où sont situés les parkings. La RD979 est un axe très emprunté, point de passage obligatoire pour les touristes qui viennent en voiture à Aigues Mortes mais aussi pour les habitants. La création dans les années 1990 d’une 2x2 voies (RD62) qui contourne la ville par l’ouest a permis de venir la décharger. La circulation reste toutefois importante sur cet axe par lequel arrivent la plupart des visiteurs (le trafic moyen journalier annuel était de 11 071 véhicules en 2012 contre 17 677 pour la RD62).La ligne de chemin de fer Nîmes/Aigues-Mortes ouvre en 1873, elle sera par la suite prolongée jusqu’au Grau du Roi en 1909. Cette nouvelle infrastructure constituait une avancée pour désenclaver la cité qui

était restée jusque là isolée par les marais au nord, et la mer au sud. Elle jouera un rôle déterminant pour les exportations de sel et de vin produits sur le territoire. Encore en fonction de nos jours, elle est presque exclusivement utilisée pour le transport de voyageurs. Depuis 2011 la fréquentation de cette ligne s’est particulièrement développée. La Région Languedoc Roussillon a en effet mis en place une tarification unique avec un billet de train à seulement 1 euro. L’opération a connu un vif succès puisque sur la période estivale le nombre de voyageurs a été quasiment multiplié par trois (107 031 voyages en juillet-août 2011, contre 36 197 en 2010), et il est resté doublé hors saison. Ainsi, nombreux sont les usagers du train qui délaissent la voiture désormais pour se rendre sur les plages du Grau du Roi. La gare SNCF d’Aigues-Mortes est donc aujourd’hui un pôle de transport au potentiel fort, accompagné également d’une gare routière desservie par plusieurs lignes de bus intercommunales.

Page 64: Un autre regard sur la Petite Camargue

64

Chapitre 1

De la gare au port

état des lieuxLe parvis de la gare n’existe pas

vraiment aujourd’hui en tant qu’espace public pour les piétons. Situé dans le dangereux virage de la RD979 qui précède le pont du canal du Rhône à Sète, il est à la fois utilisé comme parking, arrêt de bus, et intersection avec la rue de la Place de Verdun, ce qui génère des conflits d’usages. A la sortie de la gare, le parcours des visiteurs pour rejoindre la cité est chaotique : soit en longeant la RD979, liaison peu agréable et sécurisée, soit en empruntant la passerelle du pont tournant de la voie ferrée qui permet de franchir le port et d’arriver directement au pied des remparts. Malheureusement, vu la forte activité fluviale et la fréquence limitée des passages de trains, le faible tirant d’air de ce pont tournant ne lui permet pas de rester ouvert à temps plein, et d’assurer ainsi une liaison permanente entre la gare et la cité pour les piétons.

Plusieurs bâtiments à proximité de la gare, anciennement utilisés par les cheminots, sont maintenant abandonnés. Un vaste espace à l’arrière de la gare (1,4 hectares), avec plusieurs voies ferrées, est également inutilisé et s’enfriche progressivement. Ces voies servaient autrefois au triage des wagons.

La friche du quartier de la gare

Page 65: Un autre regard sur la Petite Camargue

65

Page 66: Un autre regard sur la Petite Camargue

66

orientations de projetLe quartier de la gare d’Aigues-

Mortes peut devenir un véritable point de rupture, inexistant aujourd’hui. Le basculement permettrait ainsi d’initier une découverte progressive jusqu’à la cité. Ce site, devient le premier lieu de perception pour les visiteurs. Par conséquent, l’ambiance paysagère qui constitue son identité, ne doit pas être banalisée, mais plutôt affirmée pour être révélée. Cette entrée de ville ne doit pas être comme toutes les autres, elle correspond à un territoire : celui de la Petite Camargue.

L’une des principales actions qui pourrait être menée sur cette entrée de ville serait de créer un parc de stationnement sur la friche ferroviaire, située entre la gare et les habitations de la rue des Lilas. Il permettrait de ce fait de retenir le flot des voitures en amont du centre-ville, et de réduire les parkings au pied des remparts. Le choix de ce site est justifié dans la mesure où il permet de s’appuyer sur une dent creuse, et de valoriser ainsi un délaissé urbain. De plus, il sera en dehors du champ de visibilité des sites d’attraction (port et remparts) et de la RD979, étant situé en retrait par rapport à ces derniers.

En laissant son véhicule à la gare, le trajet à pied sera certes un peu plus long, mais il fera moins de 400 mètres pour atteindre la cité, une distance acceptable. Toutefois il ne s’agit pas de créer un simple parking, cela pourrait constituer un véritable lieu d’accueil pour les visiteurs en valorisant le bâti abandonné (point d’information, restauration, …). C’est un espace de qualité, de belles dimensions, et offrant des vues sur la Tour de Constance. L’absence d’aménagement spécifique y permettrait une liberté d’usages lorsqu’il n’y a pas de voitures, en sachant que la fréquentation touristique est inégalement répartie au cours de l’année. Il faut donc éviter de surdimensionner ces espaces qui resteraient inutilisés et vides en dehors de la période estivale.

Principes d’action

Création d’une nouvelle passerelle entre la gare et le port

Page 67: Un autre regard sur la Petite Camargue

67

Page 68: Un autre regard sur la Petite Camargue

68

LA ProbLéMAtique du StAtionneMent

Dans la plupart des Opérations Grand Site, la formule qui a fait ses preuves est de venir reculer les parcs de stationnement en retrait du site ce qui permet de libérer des emprises aux abords. Dans l’idéal, cette délocalisation ne doit pas se faire sans accroches sur un nouveau site.

Le projet de valorisation des abords du rempart sud et est d’Aigues-Mortes, réalisé dans le cadre de l’Opération Grand Site, a permis de restituer l’ambiance des lieux en neutralisant les points noirs et en traitant les surfaces surchargées inutilement au pied des remparts. Toutefois, si le parc de stationnement proposé montre des efforts de réflexion dans sa conception (surfaces perméables, plantations, ou réutilisation du vocabulaire paysager avec les roubines par exemple), son implantation n’est pas vraiment pertinente dans la mesure où il ne se s’intègre pas par rapport à une structure paysagère existante.

Projet d’aménagement des abords des remparts sud et est d’Aigues-Mortes

Proposition d’un nouveau plan de stationnement

Page 69: Un autre regard sur la Petite Camargue

69

Grand Site de la Pointe du Raz.

Grand Site du Pont du Gard. Route traversante, rupture de charge aux deux entrées du site et coupure de la route.

Grand Site du Mont Saint-Michel. Modèle classique, route en cul-de-sac, rupture de charge en amont du site.

Recul du parking

Recul du parking

Page 70: Un autre regard sur la Petite Camargue

70

État existant

État projet

Temporalité des usages

Page 71: Un autre regard sur la Petite Camargue

71

Basse saison : utilisation du stationnement permanent par les usagers de la gare (154 places)

Haute saison : utilisation du stationnement permanent et temporaire par les usagers de la gare et les visiteurs (362 places)

Diversifier les usages : accueil d’événements occasionnels

Page 72: Un autre regard sur la Petite Camargue

72

Le choix de cet emplacement en lien avec la gare, pour le stationnement, est également l’occasion d’encourager les pratiques intermodales : train, bus, mais aussi vélo. Il existe en effet un projet de création de voie verte, porté par le Conseil Général du Gard et le Syndicat Mixte de la Camargue Gardoise, qui permettra de traverser à vélo l’ensemble du Grand Site, du nord-est au sud-ouest entre Saint-Gilles et le Grau du Roi. Son tracé empruntera les berges du canal du Rhône à Sète qui passe juste à côté de la gare (à moins de 70 mètres seulement), une liaison avec cette dernière devra donc être envisagée.

Le parcours piéton pour relier la gare à la cité médiévale devra être repensé pour créer une liaison indépendante de la route et sécurisée (élargissement du pont sur le canal du Rhône à Sète, ou création d’une passerelle adjacente). En complément, un système de navette fluviale pourrait être développé : le départ se ferait depuis le quai des Bateliers, en contrebas de la gare (à moins de 100 mètres). Cette navette permettrait de rejoindre la rive opposée du port pour accéder directement au pied des remparts. En suivant le chenal maritime menant au Grau du Roi, elle pourrait être également une alternative à la voiture pour desservir plusieurs points d’intérêts touristiques : la future Maison du Grand Site sur l’Etang de la Marette, la Compagnie des Salins du Midi, et le Domaine de Listel. Dans leur parcours de découverte, cette première expérience pour les visiteurs avec l’élément aquatique semble être importante pour marquer l’une des caractéristiques du territoire. L’eau est omniprésente en Petite Camargue, ses surfaces sont supérieures à celles de la terre, et elle implique par conséquent une pratique singulière de l’espace.Il est inutile de préciser que l’ensemble de ces propositions ne seraient pas exclusivement destinées aux touristes, mais elles pourraient au contraire profiter pleinement aux habitants de la commune pour leur apporter un cadre de vie plus agréable, mais aussi faciliter les déplacements des travailleurs au quotidien.

Création d’une navette fluviale sur le Canal du Rhône à Sète : plan de la ligne

Page 73: Un autre regard sur la Petite Camargue

73

Concernant la faisabilité foncière de cette proposition les parcelles situées le long de la RD979 sont inscrites comme emplacements réservés au Plan Local d’Urbanisme, et l’une d’entre-elles a d’ailleurs été acquise par l’Etablissement Public Foncier du Languedoc-Roussillon. La friche ferroviaire est quant à elle située sur une parcelle appartenant à la SNCF.

Page 74: Un autre regard sur la Petite Camargue

74

Chapitre 2

Du port aux remparts

état des lieux

Les quais situés au pied des remparts ouest ont longtemps connu une importante activité liée au négoce et notamment à l’exportation de vin. Il y a eu ainsi jusqu’à trois voies ferrées sur les quais qui servaient essentiellement au transport de marchandises. C’était également le cœur du port jusqu’au début du XXe siècle, avant le creusement du bassin principal entre 1908 et 1911, dans le prolongement du canal du Rhône à Sète. Un lieu où l’on venait par ailleurs assister à des événements populaires tels que les joutes nautiques.

La ligne reliant Nîmes au Grau du Roi a cette qualité que bien d’anciennes voies ferrées possèdent dans la mesure où elle n’a pas été électrifiée, elle s’insère donc parfaitement dans les paysages de la Petite Camargue, y compris en milieu urbain, et l’absence de dénivelé rend par ailleurs sa présence très discrète. Ainsi, si son passage au pied des remparts ouest d’Aigues-Mortes ne présente pas de gêne visuelle par des caténaires, elle marque toutefois une fracture au sol entre la cité et son port. La voie est en effet surélevée par une couche de ballast et délimitée sur les côtés par des glissières de sécurité rendant son franchissement impossible. Cette fracture est également marquée par d’autres infrastructures : une voie de desserte à sens unique longeant les remparts, et la RD979, voie à double sens coincée entre la voie ferrée et une haie arbustive marquant la limite avec le quai du port. Cette seconde voie est particulièrement empruntée et source d’embouteillage notamment à l’approche du rond-point de la Tour de Constance. Elle permet en effet de se rendre à la Compagnie des Salins du Midi et au Domaine de Listel, et jusqu’à la création du contournement d’Aigues-Mortes pour aller au Grau du Roi dans les années 1990 (RD62), c’était aussi la « route des plages » pour la plupart des touristes. Lors de la traversée

Page 75: Un autre regard sur la Petite Camargue

75

Vue ancienne des quais depuis le rempart ouest, et joutes nautiques sur le port (in SIMIEN Frédéric, Aigues-Mortes, Tome I, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, 2006, 96p.)

Page 76: Un autre regard sur la Petite Camargue

76

du centre-ville, le long des quais du port notamment, cet axe garde un caractère de route départementale sans identité où le partage de l’espace avec les autres usagers (piétons et cyclistes) n’est pas permis. Ce manque d’appropriation se traduit par ailleurs par l’absence d’une toponymie, y compris pour les quais : pas de nom de rue, d’avenue ou de boulevard, juste « RD979 ».

Avec le rempart ouest, le rempart nord a également été oublié par la démarche de valorisation menée aux abords des remparts sud et est dans le cadre de l’Opération Grand Site. De vastes parkings occupent le pied de l’enceinte fortifiée. Ces nappes de bitume ont une forte présence, et restent des espaces monofonctionnels. Ainsi les visiteurs qui viennent à Aigues-Mortes en voiture arrivent directement au pied des remparts, la découverte se fait brusquement, sans transition depuis l’entrée de ville. La présence de ces parkings conjuguée au passage de la très fréquentée RD979 marque une interface ville/port peu évidente pour les piétons. La succession des aménagements de la voirie réalisés au fil des années ainsi que l’accumulation d’éléments de mobilier urbain (bornes, potelets, barrières, …) entraînent une surcharge de l’espace public qui se traduit par un véritable manque de cohérence et de lisibilité, d’où une difficulté à s’orienter pour les visiteurs.

Coupe de principe rempart ouest

Page 77: Un autre regard sur la Petite Camargue

77

Le giratoire de la Tour de Constance, un point noir de la circulation

RD979 voie SNCF voie de desserte

Page 78: Un autre regard sur la Petite Camargue

78

orientations de projetA la vue du faible trafic sur la voie ferrée (seulement 4 à 7 allers-retours par jour entre Nîmes et le Grau du Roi), cet axe ne présente pas de danger pour la sécurité des piétons. De plus, sur la section au pied des remparts les trains doivent rouler à vitesse réduite à l’approche de la gare et de plusieurs passages à niveaux avant et après les remparts. Voilà pourquoi il serait pertinent de déclasser la voie de train pour lui donner un profil de train-tram, voire de tramway. Ce nouveau statut offrirait un véritable espace public sur la voie en l’absence de train à l’image des voies ferrées sur quais dans les villes portuaires. Un travail fin du nivellement permettrait de mettre à niveau les trois infrastructures (la RD979, la ligne SNCF, et la voie de desserte si il est encore réellement pertinent de la conserver) et de favoriser ainsi les échanges en rétablissant un dialogue entre les remparts et les quais. Le port devient ainsi plus accessible et accueillant pour les plaisanciers comme pour les promeneurs. Cette action pourrait d’ailleurs se faire dans le cadre du programme « Ports exemplaires en réseau » mené par le Conseil Général du Gard.

État existant

Page 79: Un autre regard sur la Petite Camargue

79

Principes d’action

État projet

Page 80: Un autre regard sur la Petite Camargue

80

Parking au pied du rempart nord

Page 81: Un autre regard sur la Petite Camargue

81

La RD979 mériterait d’être requalifiée pour lui donner un statut d’axe de centre urbain. C’est aussi l’occasion de travailler la liaison piétonne depuis la gare comme une véritable entrée sur la cité. La continuité des espaces doit être développée, en simplifiant leur traitement de façon cohérente, pour clarifier la lecture du site. Quant aux parkings qui ont un caractère permanent par leur traitement, il faudrait les considérer plutôt comme des aires de stationnement, c’est-à-dire affirmer des espaces indépendants de la route et permettant des usages multiples. La réversibilité des espaces de stationnement est importante pou diversifier les usages, comme à l’image des places de marchés qui sont occupées temporairement, ou de certains autres lieux touristiques : la Place d’Armes du Château de Versailles par exemple se transforme en parking durant les horaires de visite, et redevient un espace monumental à la fin de la journée.

Des solutions alternatives doivent être proposées pour éviter l’usage de clôtures qui cloisonnent complètement l’espace

aujourd’hui (parkings du rempart nord et parking du port de plaisance situé sur le quai à l’angle du rempart ouest). Comme pour l’un des parkings situé au pied de la Tour de Constance, leur revêtement de sol pourrait être traité en stabilisé pour un aspect plus soigné, en harmonie avec la pierre claire des remparts. Ainsi, en l’absence de voitures, l’aire de stationnement reprend aisément un statut d’espace public appropriable par tous. L’usage de ces espaces au pied des remparts en tant que parcs de stationnement doit rester exceptionnel, uniquement lorsque la fréquentation atteint son pic en période estivale ou lors d’évènements ponctuels Afin de dissuader son utilisation au profit des parkings qui sont plus éloignés, il pourrait être pertinent de le maintenir payant ou bien de le rendre accessible uniquement en soirée, pour un usage destiné davantage aux riverains dans ce cas là.

La réversibilité des espaces publics :Place du marché, Versailles

Place d’Armes, Château de Versailles

Page 82: Un autre regard sur la Petite Camargue

82

Proposition d’aménagementLe dessin du projet peut être ici utilisé comme un outil pour aborder les problématiques du site et traduire les orientations de projet dans la réalité du terrain.

Gestion et usages des espaces

Comme cela a pu être évoqué précédemment l’aménagement des espaces doit permettre une diversité des usages et une réversibilité qui s’adapte à la temporalité de la fréquentation touristique : des lieux pour concentrer et des lieux pour disperser.

Intermodalité et mise en réseau

Le territoire peut être vécu de multiples façons à travers le mouvement pour proposer une alternative à l’automobile. Cette diversité peut s’appuyer sur des structures existantes comme le Canal du Rhône à Sète en ce qui concerne la navette fluviale ou bien encore la voie verte. L’intermodalité de ces structures favorise la mise en réseau des sites d’intérêts.

Circulation et stationnement

Au pied du rempart nord, les actuels accès aux parkings situés à côté de la Porte des Gardettes devront être installés de préférence aux extrémités pour redonner un caractère qualitatif à la principale entrée de la cité pour les piétons. Ces accès pour les voitures sont en effet assez peu esthétiques (barrières, caisse automatiques, ...).

Page 83: Un autre regard sur la Petite Camargue

83

Page 84: Un autre regard sur la Petite Camargue

84

Aujourd’hui, le giratoire situé au pied de la Tour de Constance constitue un point noir pour la circulation comme pour le paysage. En effet, pour permettre aux bateaux de circuler librement sur le port, le tablier du pont qui permet le franchissement du chenal maritime repose sur des culées imposantes et surélevées par rapport au niveau du sol. La faible largeur de ce pont et son fort dénivelé ne permettent pas ainsi aux piétons et notamment aux personnes à mobilité réduite de circuler facilement.

La création d’un point de rupture en amont de la cité, au niveau du quartier de la gare, permettra de réduire le trafic. Ce lieu restera cependant un noeud de circulation complexe si rien n’est fait : passage de la RD979 en entrée de ville, desserte du quartier ouest de la ville par le pont surélevé, et traversée de la voie ferrée avec le pont pivotant. Le traitement indispensable de cet espace est illustré à travers différentes propositions d’intervention.

L’actuel pont qui franchit le chenal maritime peut être soit conservé pour la circulation automobile, soit remplacé par un pont levant qui permettra de supprimer les culées surélevées par rapport au niveau du sol. Ce dispositif pourra être complété par la création d’une passerelle piétonne avec une section à pont levant dans la continuité de la Porte des Remblais. Elle permettra ainsi de relier la rive opposée du port où sont situés le siège de la communauté de communes, la capitainerie, ainsi qu’un parc de stationnement pour les visiteurs.

En haut, à droite : exemple d’une passerelle avec section à pont levant, bassin Vauban, le Havre (photographies : Franck Gaillet)

Page 85: Un autre regard sur la Petite Camargue

85

Dans cette seconde proposition, le pont existant est supprimé et remplacé par une passerelle piétonne avec une section à pont levant pour permettre la circulation des bateaux à fort tirant d’air. Cet axe de circulation historique entre la partie ouest et est de la ville est donc conservé uniquement pour les piétons et cyclistes. Pour la circulation automobile, le quartier sera desservi à l’ouest par la RD62. Si cette solution présente un caractère d’enclavement pour le quartier, elle permettra toutefois d’inciter l’usage des mobilités douces pour les trajets courts.

La suppression du pont automobile va réduire considérablement la circulation à cette entrée de la ville. Il pourra être remplacé par une passerelle piétonne dans l’axe de la Porte des Remblais (comme pour la proposition 1). Le positionnement de cet ouvrage, qui peut sembler excentré, va permettre d’étirer les flux de visiteurs le long du rempart ouest, très peu fréquenté aujourd’hui. Il facilitera par ailleurs l’accès vers la future Maison du Grand Site sur l’Étang de la Marette. C’est cette solution qui a été retenue pour la proposition d’aménagement.

Page 86: Un autre regard sur la Petite Camargue

86

Développer une identité commune

Afin de développer une cohérence entre le site de la gare, du port, et des remparts, une palette de matériaux commune devra être adoptée pour le traitement des surfaces. Elle pourra s’inspirer de celle choisie pour l’aménagement des remparts sud et est. Un travail devra également être mené pour réduire la saturation de l’espace en informations touristiques à caractère publicitaire. Un modèle unique de kiosque multi-services pourrait être installé autour du port, notamment pour accueillir la billetterie des différentes compagnies de croisières, mais aussi des cafés/restaurants, des équipements pour les plaisanciers du port (sanitaires, collecte des déchets, ...).

Exemple d’un modèle de kiosque pour accueillir différents services sur le Vieux-Port de Marseille (photographie : Yu Song)

Mettre en scène les espaces

Le végétal pourra être ici utilisé pour mettre en scène les espaces, notamment en jouant sur les pleins et les vides en conservant de larges espaces ouverts de prairie aux abords des remparts. Il permettra aussi d’évoquer les paysages typiques du territoire en utilisant le vocabulaire paysager des roubines ou de la pinède présente sur les cordons dunaires fossiles.

Page 87: Un autre regard sur la Petite Camargue

87

Un vocabulaire paysager commun

dans le choix des matériaux

Page 88: Un autre regard sur la Petite Camargue

88

Plan de masse proposition d’aménagement

Page 89: Un autre regard sur la Petite Camargue

89

Page 90: Un autre regard sur la Petite Camargue

90

Coupes longitudinales du projet, axe nord-sud

1

3

2

Page 91: Un autre regard sur la Petite Camargue

91

Plan de situation

13

2

Page 92: Un autre regard sur la Petite Camargue

92

On pourrait penser que les salins constituent un paysage sauvage, immuable, qui reste figé, suspendu dans le temps, mais c’est tout le contraire. Ce territoire est entièrement artificiel, façonné par les hommes depuis des siècles, il est en permanente évolution dans le temps et l’espace. C’est une véritable mosaïque de paysages fabriquée par l’activité salicole, source de dépaysement.

Nous utiliserons le terme de « lagunes salicoles » pour parler de l’ensemble des salins en activité et anciennement en activité, « salins » ou « salins d’Aigues-Mortes » seront utilisés pour évoquer le site de production aujourd’hui exploité par une entreprise, désignée par « Compagnie des Salins du Midi » ou « Groupe Salins ».

Chapitre 1

Les salins, fabrique de paysages

Plusieurs paramètres contribuent à cette fabrication et transformation des paysages. L’eau et le sel sont les principaux acteurs de cette scénographie.

L’eau

Ce sont chaque année 45 millions de m3 d’eau qui sont pompés dans la mer pour alimenter les salins. L’eau suit un parcours d’environ soixante kilomètres à travers les partènements, c’est-à-dire les bassins dans lesquels elle va progressivement s’évaporer pour se concentrer en sel. A ce stade on ne parle plus d’eau de mer, mais de saumure. Ce mouvement des eaux se fait sous le contrôle des sauniers au moyen des nombreux ouvrages hydrauliques tels que les martelières (portes de bois avec un système à crémaillères) qui permettent la circulation des eaux entre deux bassins. Les saumures arrivent enfin aux tables salantes dans lesquelles le sel

REVELER LES PAYSAGES DES SALINS

va se cristalliser pour être ensuite récolté.Les hauteurs d’eau changent en fonction des bassins (35 cm de profondeur en moyenne pour les partènements et 12 cm en moyenne pour les tables salantes) mais également au fil du temps : les bassins se remplissent au cours de la période de production de mars à septembre, et ne sont plus alimentés d’octobre à février. Ainsi les ambiances évoluent, les textures, les couleurs du sol apparaissent à certaines périodes et sur certains bassins, pour être ensuite submergées.

Si la mer en tant que matière première constitue une ressource indispensable pour permettre le fonctionnement des salins, elle représente également une réelle menace avec l’érosion littorale: on assiste à un recul du rivage de l’ordre de 2 à 4 mètres par an et qui peut aller jusqu’à 13 mètres par an. Ce phénomène contribue donc aussi à la dynamique scénographique des salins. Ce n’est désormais plus qu’une mince bande de terre qui sépare les salins de la mer au moyen d’un rempart de digues et d’épis mis en place pour limiter le recul du trait de côte. L’érosion littorale récente est liée à l’absence d’apport de nouveaux sédiments par le Rhône, et les forts courants marins entrainent un transit sédimentaire d’est en ouest. Deux mouvements inverses aggravent cette situation : d’une part le niveau de la mer s’élève (1 cm/an), et d’autre part celui du delta s’enfonce avec le tassement des sédiments (30% de la superficie sud du delta se trouve déjà à plus de 50 cm sous le niveau de la mer). Le territoire est donc aujourd’hui très vulnérable face aux risques d’inondations.

Page 93: Un autre regard sur la Petite Camargue

93

Page 94: Un autre regard sur la Petite Camargue

94142

Page 95: Un autre regard sur la Petite Camargue

95142

1. La prise d’eau à la mer2. Ligne de rivage entre la mer et les salins : lutter contre l’érosion littorale3. Un partènement4. La distribution des saumures par les martelières5. Une table salante avant sa mise en eau6. L’eau, saturée en sel, se colore

12

34

5 6

Page 96: Un autre regard sur la Petite Camargue

96

Page 97: Un autre regard sur la Petite Camargue

97

Le sel

Lorsque l’eau de mer est pompée, sa concentration en sel est de 29g/l en moyenne. Comme pour les hauteurs d’eau, la concentration varie en fonction des bassins et de la période. Cette concentration va progressivement augmenter au cours de son circuit dans les salins pour atteindre 260g/l en arrivant sur les tables salantes. L’élément le plus remarquable de cette mutation est la coloration rosée de l’eau. Elle est due au développement d’une algue microscopique dans les bassins les plus concentrés en sel : la Dunaliella salina.

A chaque bassin correspond une hauteur d’eau et une concentration en sel données, c’est donc une multitude de paysages qui sont fabriqués, une diversité de milieux où un écosystème unique est associé à chaque bassin avec des espèces faunistiques et floristiques bien différentes. Ce support écologique est le résultat de l’activité industrielle du sel exercée par l’homme. C’est l’une des rares à favoriser et générer de la biodiversité, c’est ce qui fait sa singularité.

Haut

eur d

’eau

Con

cent

ratio

n en

sel

Trav

ail d

u so

l

Mob

ilité

des

cam

elle

s

Éros

ion

litto

rale

Flux

ind

ustri

el e

t tou

ristiq

ue

La machine des salins, fabrique de paysages

Au delà du mouvement des saumures, l’exploitation du sel par l’homme contribue directement à animer le paysage. C’est un paysage de production, mais avant tout une production de paysages.

Les dynamiques scénographiques du paysage des salins :

Page 98: Un autre regard sur la Petite Camargue

98

Temporalités du paysage de production salicole

Page 99: Un autre regard sur la Petite Camargue

99

Page 100: Un autre regard sur la Petite Camargue

100

Au mois d’août, c’est un ballet permanent de camions et de machines qui assurent la récolte du sel jour et nuit sur les tables salantes (il est précédé par la récolte de la fleur de sel). C’est la période où les textures et couleurs sont les plus changeantes. Lors de la récolte, le détourage des tables salantes réalisé par les machines créé de magnifiques contrastes entre la couche récoltée d’un blanc étincelant, et le sol noir mis à nu par le décapage du sel.

Aussitôt récolté le sel est amassé en tas qui forment des collines : les camelles. Ce sont de véritables dunes mouvantes pouvant atteindre 20 mètres de haut et s’étirer sur 400 mètres de long, et dont la forme et la position évoluent au gré des récoltes et des exportations. Cet élément paysager est certainement le plus impressionnant par ses dimensions, mais aussi le plus visible. Au niveau du sol, lorsque les étendues d’eau sont invisibles, masquées par la végétation, ce sont les camelles scintillantes qui permettent de deviner la présence des salins.

Les exportations s’échelonnent tout au long de l’année : elles représentent aujourd’hui en moyenne 150 à 200 camions par jour (250 camions par jour avant 2011), mais en période hivernale lorsque les besoins en sel de déneigement sont conséquents il peut y avoir jusqu’à 500 camions par jour (hiver 2009-2010). L’impact de cette circulation n’est pas négligeable dans le paysage, tout comme celle liée à l’activité touristique : jusqu’à 750 visiteurs par jour* et potentiellement autant de véhicules. La fréquentation se concentre autour de l’épicentre de la production industrielle, à proximité des tables salantes, où sont regroupées les différentes installations (unité de conditionnement, maintenance des machines, locaux administratifs et accueil du public). Cette fréquentation va en diminuant en s’éloignant de l’épicentre pour se rapprocher des lieux les plus reculés et silencieux des salins où presque personne ne vient jamais. Ces degrés de fréquentation se ressentent donc également par un gradient sonore.

*Donnée estimée d’après le nombre de visites proposée par jour en petit train (16 visites) et 4x4 (4 visites) durant la haute saison en sachant qu’un petit train peut embarquer 45 personnes, et un 4x4 peut transporter 8 personnes.

2 km

4 km

6 km

8 km

10 k

m

12 k

m

14 k

m

16 k

m

18 k

m

20 k

m

22 k

m

24 k

m

Page 101: Un autre regard sur la Petite Camargue

101

2 km

4 km

6 km

8 km

10 k

m

12 k

m

14 k

m

16 k

m

18 k

m

20 k

m

22 k

m

24 k

m

Page 102: Un autre regard sur la Petite Camargue

102

Page 103: Un autre regard sur la Petite Camargue

103

Le produit de la récolte,85 m3 d’eau de mer = 1m3 de sel

Page 104: Un autre regard sur la Petite Camargue

104

Euphorbia peplis

Ammophila arenaria

Crucianella maritima

Pancratium maritimum

Ephedra distachya

Helichrysum stoechas

DUN

E BL

AN

CHE

ET

DUN

E G

RISE

Transect des salins, de la mer aux tables salantes : une multitude de milieux et d’ambiances

Salinité en période de production 0 à 40g/l 40 à 70g/l

Page 105: Un autre regard sur la Petite Camargue

105

Pinus pineaPinus halepensis

JuniperusphoeniceD

UNE

BOIS

ÉE D

E PI

NS

Salinité en période de production 0 à 40g/l 40 à 70g/l

Page 106: Un autre regard sur la Petite Camargue

106

Salicornia

Suaeda

Halimione

Juniperusphoenice

FORM

ATIO

NS

à S

ALI

CO

RNES

Salinité en période de production 40 à 70g/l 40 à 70g/l

Page 107: Un autre regard sur la Petite Camargue

107

Zostera

Ruppia

Salinité en période de production 40 à 70g/l 40 à 70g/l

Page 108: Un autre regard sur la Petite Camargue

108

Plantago crassifolia

Schoenus nigricans

Blackstonia imperfoliata

Tamarix gallica

Fort de Peccais

FOUR

RÉS

DE

TAM

ARI

S

PRA

IRIE

HA

LO-P

SAM

MO

PHIL

E

Salinité en période de production 70 à 120g/l 70 à 120g/l

Page 109: Un autre regard sur la Petite Camargue

109

Salinité en période de production 70 à 120g/l 70 à 120g/l

Page 110: Un autre regard sur la Petite Camargue

110

Juncusmaritimus

Juncus acutus

Inula crithmoides

HAUT

ES J

ON

CHA

IES

Salinité en période de production 120 à 150g/l

Page 111: Un autre regard sur la Petite Camargue

111

Limonium girardianumLimonium virgatum

Artemisia cerulescens

Phragmites australis

Pinus pineaPinus halepensis

Juniperusphoenice

Phillyrea angustifolia

Pistacialentiscus

DUN

E à

GEN

ÉVRI

ER

STEP

PE S

ALÉ

E à

SA

LAD

ELLE

S

Salinité en période de production 120 à 150g/l

Page 112: Un autre regard sur la Petite Camargue

112

Suaeda

Juniperusphoenice

Ruines du Mas de Gaujouze

Salinité en période de production 150 à 200g/l

Page 113: Un autre regard sur la Petite Camargue

113

Pinus pineaPinus halepensis

Salinité en période de production 150 à 200g/l

Page 114: Un autre regard sur la Petite Camargue

114

Dunalielasalina

Les camelles, dunes de sel mobiles dans le paysage

Salinité en période de production 200 à 250g/l 250 à 300g/l

Page 115: Un autre regard sur la Petite Camargue

115

Phragmites australis

ROSE

LIèR

E

Salinité en période de production 200 à 250g/l 250 à 300g/l

Page 116: Un autre regard sur la Petite Camargue

116

La perception et l’interprétation de ces dynamiques scénographiques singulières contribuent à déclencher des émotions et en font par conséquent un lieu de dépaysement chez l’étranger comme pour l’autochtone qui vit au quotidien au contact de ces paysages. Le sentiment d’émerveillement est certainement l’une

des émotions les plus fréquentes. Un sondage* réalisé sur la page Facebook officielle des Salins d’Aigues-Mortes permet de s’en faire une idée par un échantillon de perceptions. Les visiteurs devaient répondre à la question suivante : « Si vous deviez décrire le salin d’Aigues-Mortes en un mot, lequel choisiriez-vous ? ».

REVELER LES PAYSAGES DES SALINS

Chapitre 2

Les salins, generateur de depaysement

Page 117: Un autre regard sur la Petite Camargue

117

un endroit où la terre l’eau et l’air se

rencontrent pour nous donner une beauté

de la nature par excellence

PARADISIAQUE

petit paradis

EXTRATERRESTRE

CITÉ ROSE

UNIQUE

féeriqueun vrai soleil

magnifique

rosé

réussite naturelle

EXCEPTIONNELLE

SALÉ

NATURE

magiquetrès beau

couleurs

merveille

une beauté du monde

beauté

divin, splendide,

la vie en rose

3S SUN SEA SALT

*Sondage réalisé le 22 janvier 2014, d’après Page officielle Facebook des Salins d’Aigues-Mortes [En ligne], consulté le 31/05/2014, URL : https://www.facebook.com/Salin.Aigues.Mortes

Page 118: Un autre regard sur la Petite Camargue

118

Outre les dynamiques scénographiques qui participent à l’émerveillement de ce site, les effets majeurs de ce dépaysement sont l’immensité, l’isolement, et le silence.

Les salins, ce sont des surfaces infinies qui s’étendent à perte de vue jusqu’à l’horizon. Il est difficile de saisir l’immensité de cet espace, sa forme, ses contours. L’ensemble de ce territoire occupe près de 11 000 hectares soit plus que la surface de Paris.

La production de sel au début du siècle dernier (in SIMIEN Frédéric, Aigues-Mortes, Tome I, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, 2006, 96p.) et de nos jours

Page 119: Un autre regard sur la Petite Camargue

119

Cette occupation spatiale du territoire n’a pas toujours été identique. L’ensemble du territoire était déjà tenu par les salins mais d’une façon différente. Depuis l’Antiquité, les paysages de la Petite Camargue ont été transformés par l’activité salicole : la répartition spatiale et le dimensionnement des tables salantes ont progressivement évolué au fil des siècles avec les progrès technologiques de la production, pour passer d’une agriculture ancestrale à une forme industrielle. Ainsi la surface des tables salantes a augmenté pour développer la production : la surface moyenne d’une table salante était de 400 m² au 16e siècle, puis elle est passée de 3000 à 10 000 m² au 19e siècle. Aujourd’hui une table salante fait entre 6 et 12 hectares c’est l’équivalent de la cité d’Aigues-Mortes intra-muros.

Évolution des surfaces de production (les données

correspondent à la surface moyenne d’une

seule table salante).

Page 120: Un autre regard sur la Petite Camargue

120

La comparaison d’échelle avec d’autres salins, en termes de surface et de production, permet de prendre conscience de cette immensité. Le site de Salin-de-Giraud, tout proche, installé au sein de la Grande Camargue, a un profil assez similaire à celui d’Aigues-Mortes dans son occupation de l’espace, son fonctionnement et son mode de production industriel. Hyères, Port-la-Nouvelle, Gruissan, ou encore Frontignan sont de petits salins méditerranéens, de quelques centaines d’hectares, qui ont connu une réorganisation spatiale au cours de la phase d’industrialisation du

20e siècle. Mais ils ont été rapidement abandonnés à partir des années 1960 car jugés insuffisamment rentables. En revanche, les salins de Guérande, toujours en activité, on conservé un mode de production ancestral avec un parcellaire qui a peu évolué depuis le Moyen-âge. L’exploitation industrielle des salines de Guerrero Negro au Mexique, l’une des plus importantes au monde, se fait à une tout autre échelle, dans la démesure. Sa production annuelle est 500 fois supérieure à celle des marais salants de Guérande.

142

Comparaison d’échelles entre différents salins

Page 121: Un autre regard sur la Petite Camargue

121142

L’immensité d’un territoire

Page 122: Un autre regard sur la Petite Camargue

122

Page 123: Un autre regard sur la Petite Camargue

123

Les salins d’Aigues-Mortes, les plus anciens de Méditerranée, sont marqués par une coexistence entre passé et présent. Ils composent un paysage palimpseste où un certain nombre de reliquats forment des éléments de repères pour se situer et prendre la mesure de l’espace. En effet, dans ces vastes étendues planes, le moindre élément vertical prend tout de suite de l’importance.

Un certain nombre de mas sont encore présents dans les salins, à l’état de ruine pour la plupart d’entre eux. Ils étaient autrefois utilisés comme poste de douane du temps de la gabelle (l’impôt sur le sel), pour héberger les saliniers qui travaillaient à l’année et les saisonniers venus pour le temps de la récolte, ou pour abriter les machines élévatoires qui permettaient d’alimenter en saumures les partènements. L’un d’entre eux, le Mas de Gaujouze, fut même reconverti en savonnerie pour exploiter la soude, une plante ligneuse présente en abondance, utilisée dans la fabrication du Savon de Marseille. Chacun de ces lieux raconte donc une histoire différente et ce sont des éléments paysagers témoins de l’activité passée.

1. La présence lointaine d’une bâtisse vient marquer l’horizon2. Ruines de la station de pompage des salins de la Marette3. La taille des constructions donne la mesure des espaces4. Épaves de barques autrefois utilisées pour le transport de sel5. Le Mas de Gaujouze6. Mas de l’Ecluse, anciennement utilisé pour héberger les saliniers7. Le Fort de Peccais, radeau échoué au coeur des salins

1 2

3 4

5 6

7

Page 124: Un autre regard sur la Petite Camargue

124

Comment perçoit-on les paysages des salins ?

Par son immensité et l’absence de relief, la perception du paysage salicole est complexe. La privatisation de ce territoire plutôt hermétique explique également la difficulté à le parcourir. En dehors de la visite touristique proposée en petit train qui ne permet d’en découvrir qu’une infime portion, il est en effet très difficile, voire impossible, de pénétrer librement dans les salins. Un canal vient ceinturer l’ensemble des salins, empêchant ainsi toute intrusion extérieure : qu’elle soit humaine, ou qu’il s’agisse d’eau douce pouvant altérer la concentration en sel des saumures.

Les salins sont une propriété privée dont le foncier représente un quart de la Petite Camargue. Comme nous avons pu l’évoquer précédemment, aujourd’hui, la fermeture au public du site industriel est une mesure de sécurité (circulation d’engins, présence d’ouvrages hydrauliques potentiellement dangereux, risque de noyade dans les bassins, ou risque de contamination des saumures par pollution), c’est aussi un moyen de préserver la richesse de ses écosystèmes.

La culture du contrôle et du repli sur soi est ancrée dans la mémoire du site depuis des siècles. Avec la création de la gabelle, l’impôt sur le sel, en 1340, le produit de la saliculture est devenue une ressource convoitée par les voleurs et autres contrebandiers. Face à cette menace, il était nécessaire de surveiller les salins par la création de fortifications telles que le Fort de Peccais, situé à l’extrémité du cordon dunaire du Bosquet, ainsi que de nombreux postes de douanes qui quadrillaient l’ensemble du site. Cela faisait des salins à cette période un site déjà verrouillé et très contrôlé.

La perception des paysages depuis l’extérieur des salins n’est pas beaucoup plus évidente. Les cordons dunaires fossiles qui englobent les lagunes salicoles sont pour la plupart devenus inaccessibles à des degrés plus ou moins élevés. Par exemple, sur le cordon sableux de

l’Espiguette occupé par des domaines viticoles, c’est toute une portion du territoire qui est devenue complètement privatisée et fermée façon « gated community ». Seul le cordon du Bosquet est aujourd’hui encore facilement et librement accessible au public. Il offre par ailleurs de très belles vues sur les salins.

Page 125: Un autre regard sur la Petite Camargue

125

La privatisation des cordons dunaires et le canal de ceinture : une mise à distance des salins

Page 126: Un autre regard sur la Petite Camargue

126

Page 127: Un autre regard sur la Petite Camargue

127

Au niveau du sol, la végétation masque les étendues d’eau. Seules les collines de sel nous indiquent la présence des salins.

Page 128: Un autre regard sur la Petite Camargue

128

Outre les cordons dunaires, les points hauts peuvent également constituer des structures d’observation de l’activité du sel : les remparts d’Aigues-Mortes, la Tour de Constance, et le Fort de Peccais. Sur ce territoire où la topographie est relativement plane, la perception au niveau du sol est fréquemment masquée par la végétation des canaux et roubines qui ceinturent les salins. En revanche, les routes digues (RD979 et la RD62) ouvrent de larges vues sur les salins et pourraient être ainsi qualifiées de routes des horizons. Cependant, elles ne sont pas forcément adaptées à la pratique des piétons du fait de leur isolement et de la dangerosité de la circulation automobile. Les cônes de vision majeurs sont identifiés sur la carte ci-contre.

La mise à distance de ce paysage, objet de désir, déclenche donc une frustration chez le visiteur : c’est un stimulus à fantasme. Comment peut-on alors révéler et mettre en scène les salins par un projet de paysage pour satisfaire ce fantasme ? L’accès aux salins n’est pas forcément nécessaire, le site peut rester inaccessible : on peut donner à voir ces étendues sans y pénétrer. Le cordon dunaire du Bosquet, l’un des rares à ne pas être encore entièrement ou majoritairement privatisé, est une structure paysagère qui peut permettre une immersion au cœur des salins tout en restant à l’extérieur de ces derniers. C’est aussi l’occasion de clarifier la lecture du territoire en permettant la découverte d’un cordon dunaire fossile, de comprendre sa formation liée à celle des lagunes, mais aussi ses usages et sa gestion. A l’extrémité de ce cordon dunaire, le Fort de Peccais, témoin de l’activité salicole du passé, peut être détourné pour devenir un lieu de perception des paysages.

142

Les camelles, des éléments de repère majeurs dans le paysage

de gauche à droite : 1 et 2, 3, 4, 6, 8

Page 129: Un autre regard sur la Petite Camargue

129142

Page 130: Un autre regard sur la Petite Camargue

130

Les salins vus depuis le cordon dunaire de Jarras-Listel

Page 131: Un autre regard sur la Petite Camargue

131

Page 132: Un autre regard sur la Petite Camargue

132

Des salins sont présents sur le territoire dès le IXe siècle, soit près de quatre siècles avant la fondation de la cité d’Aigues-Mortes. Ceux de Peccais sont mentionnés à partir de 1141, mais ils seraient les plus anciens de Méditerranée. L’origine du nom proviendrait d’un ingénieur romain nommé Peccatius, qui fut l’un des premiers à organiser la récolte du sel. Ce nom pourrait avoir également pour origine, par déformation, le mot spicai qui signifie la pointe en occitan. Les salins de Peccais étant en effet regroupés autour de l’extrémité du second cordon dunaire, le cordon dit du Bosquet. Peccais est donc un désert, un endroit isolé au milieu des marais, à une dizaine de kilomètres d’Aigues-Mortes, et particulièrement inhospitalier car les conditions y étaient rudes : les moustiques et les maladies, la corrosion liée à l’air salin, … L’expression « aller à Peccais » (ana a pecais en provençal) qui signifiait « aller au diable », illustre bien ce sentiment.

REVELER LES PAYSAGES DES SALINS

Chapitre 3

Le cordon dunaire du Bosquet : structure majeure pour penetrer les

paysages et ambiances des salins

Page 133: Un autre regard sur la Petite Camargue

133

Vue aérienne du Fort de Peccais, à l’extrémité du cordon dunaire du

Bosquet. On distingue au loin les camelles et les remparts de la cité

d’Aigues-Mortes.

Page 134: Un autre regard sur la Petite Camargue

134

Etat des lieuxLe fort de Peccais a été construit en

1568 pour surveiller les salins et le transport du sel. La taxe sur le sel, la gabelle, attirait en effet les contrebandiers et les voleurs. Le territoire était donc très contrôlé et verrouillé par des garnisons de soldats ainsi que des douaniers. C’est un lieu stratégique puisqu’il est implanté au cœur des salins (on comptait 17 salines en activité en 1685), et à l’intersection de plusieurs canaux utilisés pour le transport du sel et l’acheminement de l’eau : le canal du Bourgidou, le canal de Peccais à Sylvéréal (empruntant le tracé d’un ancien bras du Rhône), et le canal de Recul (poursuivi par le canal de Saint Jean et le canal de Peccais). Ce fort abandonné, qui semble être aujourd’hui le bout du monde, constituait le cœur économique du territoire du XVIe au XVIIIe siècle : plusieurs centaines de saisonniers venaient chaque année pour la récolte (leur nombre pouvait atteindre 2000). Venant de la région (Cévennes

et Ardèche notamment), ou des pays voisins (Italie), ils séjournaient dans un hameau situé à côté du fort durant la période de récolte. Il ne reste plus rien aujourd’hui de ce hameau. Jusqu’en 1716, des annexes, chapelle, citernes, glacières et magasins, une boulangerie, viennent enrichir le fort. Disposés en U, trois corps de bâtiments de deux étages composaient le casernement, dont le logement du gouverneur, celui du lieutenant du roi et celui du major, autour d’une cour centrale. A partir de 1790, le fort perd de son importance avec la suppression de la gabelle. Il reste toutefois un lieu stratégique, puisque durant la seconde guerre mondiale, les allemands, craignant un débarquement allié, installèrent des blockhaus. Ces édifices sont encore présents aujourd’hui : il y en a trois autour du fort, et également deux situés à l’intérieur.

Plan du Fort de Peccais datant de 1787 (Bibliothèque Nationale de France)

Page 135: Un autre regard sur la Petite Camargue

135

Le Fort de Peccais, au coeur de l’activité salicole, carte de 1764

(Bibliothèque Nationale de France)

Le transport du sel sur les canaux (in SIMIEN Frédéric, Aigues-Mortes, Tome I, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, 2006, 96p.)

Page 136: Un autre regard sur la Petite Camargue

136

Le fort est aujourd’hui en ruine et recouvert par la végétation, il semble être un vaisseau de pierre échoué au milieu des marais. Les murs des deux faces exposées au nord sont plutôt bien conservés avec la présence de bastions aux angles (bastion de la Chapelle, bastion des Pièces, et bastion des Magasins), ce qui n’est pas le cas au sud. L’état délabré du fort présente des risques de chute de pierres. Il n’y a plus aucune trace des bâtiments autrefois présents à l’intérieur du fort, seules deux citernes sont encore existantes. La douve qui encerclait partiellement le fort a été prolongée en 2007 par l’ouverture de tranchées de dissuasion afin d’interdire complètement l’accès aux visiteurs. Les abords du fort sont particulièrement dégradés par la présence de déblais issus de ces tranchées. A quelques dizaines de mètres de là, la destruction des derniers vestiges du hameau de Peccais a laissé également un vaste espace négligé.

En décembre 2012, le Fort de Peccais a été vendu par la Compagnie des Salins du Midi au Conservatoire du Littoral. Il était en effet situé sur une partie du territoire qui n’était pas utilisée pour la production. Il n’y a pas de projet actuellement pour ce site, mais des travaux sont conjointement envisagés par le Conservatoire du Littoral et la DRAC du Languedoc Roussillon, car l’accès au fort est devenu dangereux pour le public.

Le canal de ceinture isolant les salins est interrompu par quelques rares étroites bandes de terre, mais leur franchissement est rendu impossible par la présence de clôtures et de barbelés. Le fort, légèrement surélevé par rapport au sol (deux à trois mètres), permet toutefois de profiter d’une large vue sur les salins et le grand paysage dans un silence absolu. Il constitue en effet l’un des rares points hauts à plusieurs kilomètres à la ronde. On peut y apercevoir des éléments marquants : les camelles de sel, les remparts de la cité d’Aigues-Mortes, ou bien encore les stations balnéaires du Grau du Roi et de la Grande Motte.

État des lieux

Page 137: Un autre regard sur la Petite Camargue

137

Carte radar du panorama sur les

paysages depuis le sommet du fort

Page 138: Un autre regard sur la Petite Camargue

138

1. Un fort au bout du monde2. Les collines de sel scintillantes se détachent au loin3. Le fort domine les étendues des salins4. Au pied du fort, l’un des cinq blockhaus allemands5. Des abords dégradés par l’ouverture de tranchées

1

2

3

4

5

Page 139: Un autre regard sur la Petite Camargue

139

Page 140: Un autre regard sur la Petite Camargue

140

orientations de projet Si la découverte de ce site est

destinée à un public restreint et doit se faire de préférence par des modes de déplacements doux, une aire de stationnement prévu pour quelques voitures serait toutefois nécessaire. Cela éviterait un stationnement désordonné aux abords du fort. Son implantation devra se faire soit en amont du parcours, avant le corridor des cannes de Provence pour préserver un effet de découverte et limiter les nuisances sonores à proximité du fort, ou bien à l’emplacement de l’ancien hameau de Peccais, en retrait, pour limiter la vue des voitures depuis le fort. Par ailleurs, une liaison pour les piétons et les cyclistes pourrait être créée par le canal de ceinture, pour relier la cité d’Aigues-Mortes, puis le site touristique des salins. Ce dernier point sera développé au chapitre suivant.

L’accès au fort devra être réorganisé et un parcours devra être aménagé à l’intérieur pour circuler en toute sécurité sans avoir recours à une restauration complète du fort. Le but étant de maintenir cet état transitoire de ruine. Un belvédère pourra être implanté, en s’appuyant par exemple sur les fondations de l’un des blockhaus allemands, pour mettre en scène la vue sur les salins. Outre le paysage contemplé, le choix de ce site à l’histoire riche, permettra de mettre l’accent aussi sur le paysage vécu des salins.

Vue sur les salins depuis le sommet du fort

Page 141: Un autre regard sur la Petite Camargue

141

Principes d’action

Page 142: Un autre regard sur la Petite Camargue

142

Paysage palimpseste : une coexistence entre

passé et présent

Vue depuis le coeur du fort

32

4

5

Page 143: Un autre regard sur la Petite Camargue

143

Proposition d’aménagementEn arrivant par le nord, le parcours se

veut assez discret pour préserver les vues sur le fort. Les installations à l’intérieur ne seront pas visibles depuis l’extérieur du fort pour maintenir un effet de découverte. Le tracé s’appuiera sur les sentes existantes qui seront délimitées par des cordons mono-fil dans le but de favoriser une reprise de la végétation sur les abords. Les blockhaus peuvent devenir des éléments de repère qui vont guider les visiteurs jusqu’à l’entrée sud du fort. Les deux premiers pourraient constituer des témoins alors que les trois autres, en partie encaissés, deviendraient support des installations du parcours à l’intérieur du fort. L’un deux (n°4) accueillera

l’observatoire des paysages des salins : une structure faite d’un cadre qui pourra être recouverte d’une moustiquaire au cours de l’été pour le confort des visiteurs.Sous la forme d’un chemin de ronde, évoquant le passé militaire du site, le principe de ce parcours est de pouvoir être indépendant de la structure du fort. Ainsi, l’altération des ruines du fort peut se poursuivre, et le parcours subsistera pour constituer un élément du paysage à part entière. Par ailleurs, il permettra de contenir le flux du public pour une visite des ruines du fort en toute sécurité. Le parti pris de cette proposition d’aménagement est donc de détourner le site pour en faire un outil de perception.

5

4

3

2

1

Page 144: Un autre regard sur la Petite Camargue

144

L’importance du cordon dunaire dans le projet d’accueil du public

Situé sur la commune de Saint-Laurent-d’Aigouze, l’accès au fort se fait depuis Aigues-Mortes en suivant le cordon dunaire du Bosquet. Au milieu du parcours, une section du chemin d’environ 2 km de long est privée, son accès en voiture est rendu impossible par des barrières. Cette portion de chemin appartient aux vignobles du Domaine de Listel qui ne souhaitent pas la rendre librement accessible pour des raisons de coût d’entretien. Une piste permet de la contourner, en longeant le canal du Bourgidou, pour rattraper ensuite le chemin communal. Cet itinéraire de déviation est cependant très endommagé, et peu praticable pour un véhicule non adapté. Après le

Plan d’état des lieux :le cordon dunaire du Bosquet

Schéma de principe

Page 145: Un autre regard sur la Petite Camargue

145

raccordement au chemin communal, le trajet se poursuit entre les vignobles, qui laissent place progressivement aux marais. Puis la découverte du fort se fait par surprise, après la traversée d’un corridor végétal formé par les cannes de Provence, sur une longueur d’environ 600 mètres.

Les salins existent comme un iceberg dont on ne peut voir que la partie émergée. Le parcours du cordon dunaire du Bosquet permet de partir, prendre de la distance, s’éloigner de l’agitation touristique d’Aigues-Mortes pour venir plonger dans le silence, s’immerger au cœur des salins et s’imprégner de leur atmosphère. On peut distinguer deux séquences paysagères majeures sur le parcours : - La première section, à la sortie de la ville d’Aigues-Mortes, est une transition où les lotissements laissent place aux domaines

viticoles et mas isolés. A ce stade, on ne distingue rien encore des lagunes salicoles.- Vient ensuite un point de basculement à partir duquel commence l’immersion : le cordon dunaire se resserre et les premières étendues d’eau apparaissent. La présence des marais salants se fait ressentir de plus en plus, jusqu’au Fort de Peccais qui constitue le point d’orgue du parcours.

Le Fort de Peccais est un point d’appel, il peut constituer un objectif de visite, et devenir ainsi avec le cordon dunaire du Bosquet un axe de diffusion pour la fréquentation. La distance permet de réguler cette fréquentation du public, et c’est le cas pour le Fort de Peccais qui accueillera une fréquentation plus extensive que la cité d’Aigues-Mortes située à une dizaine de kilomètres à vol d’oiseau.

Page 146: Un autre regard sur la Petite Camargue

146

Les salins vus depuis le cordon dunaire du Bosquet

Page 147: Un autre regard sur la Petite Camargue

147

Page 148: Un autre regard sur la Petite Camargue

148

1. Le Mas du Bosquet. à la sortie de la ville, les lotissements laissent place aux vastes étendues des vignobles.

2. La bifurcation. à gauche le chemin du Canal du Bourgidou, et à droite le chemin d’Aigues-Mortes à Peccais.

3. Les alignements de pins caractéristiques des cordons dunaires nous guident le long des vignobles.

4. Le basculement. Le cordon dunaire se resserre. Le canal de ceinture apparaît, et au delà, les salins.

12

Avant toute chose, il est nécessaire de mettre en réseau ce site avec le reste du territoire, et en particulier avec Aigues-Mortes qui constitue la porte d’entrée pour les visiteurs.

Page 149: Un autre regard sur la Petite Camargue

149

5. L’isolement se fait de plus en plus ressentir. Des fagots entassés sur une parcelle révèlent toutefois l’exploitation d’une roselière toute proche.

6. Un mur de cannes de Provence se dresse derrière les dernières vignes. Il annonce la fin du parcours.

7. Le couloir des cannes de Provence offre quelques percées sur les marécages.

8. Enfin, une silhouette sombre apparaît à l’extrémité du couloir : c’est le Fort de Peccais.

Plan d’aménagement : s’appuyer sur des structures paysagères existentes

pour le tracé des chemins

TRAIT DE COUPE

3

4

5

6

7

8

Une servitude de passage pourrait être établie sur la portion privée du chemin menant au fort afin de faciliter la circulation des visiteurs, ou alors son entretien pourrait être assuré par la commune en compensation d’un libre accès. Le chemin de contournement actuel, suivant le canal du Bourgidou, est par ailleurs assez monotone et peu qualitatif en terme de découverte, alors que le passage par le chemin privé, qui est à privilégier, permet de traverser une multitude d’ambiances paysagères différentes et offre des vues sur les salins. L’ensemble du parcours peut donc être un outil d’immersion pour clarifier la lecture des cordons dunaires fossiles, structures paysagères majeures entre les lagunes : c’est-à-dire comprendre leurs usages (la viticulture en particulier) et leurs modes de gestion singuliers.

Page 150: Un autre regard sur la Petite Camargue

150

Temporalités et coexistences des usages sur les cordons dunaires

Page 151: Un autre regard sur la Petite Camargue

151

deS PrAtiqueS PArtiCuLiÈreS Pour un territoire SinGuLier

En Petite Camargue, la viticulture s’est massivement développée à la fin du XIXe siècle. L’implantation de cette nouvelle activité agricole s’est fait dans le contexte de la crise du phylloxera. Les sols sableux des cordons dunaires permettaient en effet de résister à cette maladie. Les vignobles du Domaine de Listel ont été créés en 1883 et sont restés propriété de la Compagnie des Salins du Midi jusqu’en 1994. Ils représentent aujourd’hui une propriété de 2000 hectares, répartis sur les quatre cordons dunaires, dont 400ha à Aigues Mortes (Domaine de Jarras-Listel).

La salinité est l’une des spécificités de ce territoire, elle nécessité une gestion de l’eau très complexe pour pouvoir cultiver la vigne. La nappe d’eau salée se trouve à seulement 1 mètre de profondeur. Un réseau de double canaux (ou roubines) de 40 km permet un apport d’eau douce, le but étant de créer une lentille d’eau douce au dessus de la nappe d’eau salée. A l’entrée des canaux, l’eau est à moins de 3g de sel par litre, contre 22 à 25g de sel par litre en sortie. Les précipitations

participent également de façon importante au lessivage du sel dans les sols. Les années sèches sont d’ailleurs marquées par des remontées de sel plus importantes et donc de moins bonnes récoltes car les vignes ont plus ou moins de tolérance aux sols salés. En revanche, il n’y a pas d’embruns générés par les salins susceptibles d’affecter les vignobles.

La seconde particularité du site est la nature sableuse des sols. Elle implique une lutte contre l’érosion éolienne pour maintenir les sols. Des semis sont réalisés entre les rangs de vigne (seigle, orge, avoine) pour limiter la formation de dunes au cours de l’hiver lorsque les vents sont plus forts et que les feuille, une fois tombées, ne permettent plus d’atténuer la force du vent entre les pieds de vignes. Un pâturage (5000 brebis) au cours de cette période permet de maintenir un semis ras. A partir de la mi-avril un travail du sol est effectué pour casser le semis. L’opération est alors répétée 5 à 6 fois jusqu’à la récolte du raisin. Toutes ces opérations se font donc de façon mécanique car les sols trop drainants ne permettent pas l’utilisation de produits phytosanitaires.

Pratiquer le cordon dunaire du Bosquet dans son épaisseur, coupe

transversale orientation Ouest-Est

Page 152: Un autre regard sur la Petite Camargue

152

En complément de cette action sur le cordon dunaire du Bosquet et le Fort de Peccais, d’autres sites pourraient faire l’objet d’une intervention dans et autour des salins. Il s’agit de propositions complémentaires correspondant à différents niveaux de faisabilité. Leur mise en œuvre dépend en effet des contraintes liées à l’exploitation industrielle du site. Le réaménagement de ces sites c’est permettre d’y accéder ou de les parcourir autrement mais aussi de répartir et de moduler la fréquentation touristique sur l’ensemble du territoire. L’objectif est donc de donner à voir les salins par une pratique des paysages alternative qui soit compatible avec l’activité industrielle.

REVELER LES PAYSAGES DES SALINS

Chapitre 4

Le paysage des lagunes salicoles

Vue aérienne du site de production de la Compagnie des Salins du Midi à

Aigues-Mortes

Page 153: Un autre regard sur la Petite Camargue

153

Page 154: Un autre regard sur la Petite Camargue

154

1- réaménager le site touristique des salins pour limiter les conflits avec l’activité industrielle et proposer de vivre une nouvelle expérience de découverte

Aujourd’hui, l’intérêt de la Compagnie des Salins du Midi repose autour de trois pôles à Aigues-Mortes : la production industrielle qui est sa vocation première, l’activité touristique qui est devenue une activité à part entière, mais également la gestion environnementale qui lui permet à la fois de se donner une image d’entreprise valorisante* et de contribuer à développer l’activité touristique en attirant davantage les visiteurs.

Cette activité touristique propose une découverte du site limitée au vu de l’intérêt unique exceptionnel des paysages générés par l’industrie du sel. Le manque d’investissement et de moyens, avec une recherche sans cesse de la croissance du nombre de visiteurs, s’est traduit par des dysfonctionnements, des conflits spatiaux entre les flux de production et les flux touristiques, et ont contribué à la fabrication d’une pratique et d’une perception des salins qui peut-être parfois frustrante pour les visiteurs. Il serait nécessaire d’ouvrir un dialogue sur des possibilités de transformation et d’extension des perceptions paysagères compatibles avec les contraintes d’exploitation.

D’un point de vue touristique, la Compagnie des Salins du Midi est située sur un emplacement privilégié, au pied des remparts de la cité médiévale, avec ainsi la possibilité de capter une partie des 1,2 millions de touristes qui viennent chaque année visiter la ville. La croissance du nombre de visiteurs sur les salins entraîne des problèmes en termes de gestion de la fréquentation et d’accueil du public (places de parkings insuffisantes), notamment durant les mois de juillet et août où se concentrent les visites. L’entrée unique du site est effectivement un entonnoir par lequel circulent les touristes, les salariés, mais aussi tous les camions qui effectuent les livraisons de sel conditionné ou en vrac.

La direction des salins a pris cependant conscience que pour continuer à développer l’activité touristique sur le site d’Aigues Mortes il était nécessaire d’une part de revoir les infrastructures d’accueil des visiteurs (parkings, musée, …) mais aussi le circuit de visite pour proposer des alternatives au petit train et donner plus de liberté par un éventuel parcours piéton.

*En 2013 le salin d’Aigues-Mortes a obtenu le prix de la meilleure gestion de site en matière de biodiversité délivré par le Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie et l’ADEME (Prix Entreprises & Environnement). Cette gestion environnementale exemplaire est devenue un argument d’autorité dans la communication de la Compagnie des Salins du Midi, le salin d’Aigues-Mortes devient ainsi une vitrine pour l’entreprise. La référence à la biodiversité du site est par ailleurs utilisée sur les brochures touristiques, tel le flamant rose dont l’image est devenue un symbole.

Page 155: Un autre regard sur la Petite Camargue

155

Un premier projet touristique a été présenté en janvier 2012 par la compagnie. Il prévoyait la construction d’un Muséum du sel qui regroupe exposition, espace de restauration et boutique, associé à une « promenade rose » : un nouveau parcours pédestre pour la découverte de la faune et de la flore, mais aussi pour accéder à l’étang de la Ville et la vue qu’il offre sur les remparts de la cité. En répondant aux trois pôles d’intérêt recherchés par le public : le tourisme industriel (la production du sel et ses métiers), le tourisme culturel (le sel comme aliment indispensable à l’homme), et la découverte de la nature (un site, une faune et flore exceptionnels), l’objectif de cette opération est de porter la fréquentation du site à 200 000 personnes pour la première année de fonctionnement, et d’en faire ainsi « la plus grande attraction du littoral méditerranéen ». Il n’y a pas eu de paysagiste dans l’équipe de conception, seulement un architecte, Laurent Goudchaux, et Evelyne Villame, une consultante spécialisée dans la conception de parcs de tourisme et de loisirs. Pour cette opération qui représente un lourd investissement, évalué à 5 millions d’euros, la compagnie a fait appel à une participation financière des collectivités à hauteur de 20%. Le projet n’a finalement pas abouti face au refus de financement public et à l’hésitation des actionnaires du groupe à investir. Il a été définitivement abandonné en 2013 avec le changement de présidence au directoire du groupe Salins.Depuis ce changement, la stratégie a évolué et les investissements ont été revus à la baisse : 4 millions d’euros sur 4 ans pour moderniser l’actuel musée et modifier le circuit de visite. La fréquentation devrait atteindre 120 000 visiteurs en 2014.

Dans le cadre du programme européen Life MC-SALT lancé en 2011, trois observatoires devraient être aménagés dans des lieux reculés du salin pour permettre d’accueillir de petits groupes de visiteurs. Autre projet envisagé : les anciens mas ou bâtiments abandonnés sur les salins pourraient être réhabilités pour accueillir à la journée des artistes, cinéastes ou journalistes.

Cette activité touristique rentable et respectueuse de l’environnement permet de renforcer l’image de la compagnie, elle est amenée à se développer. L’activité industrielle est en crise depuis plusieurs années, et malgré les craintes soulevées par le personnel, la position de la direction est claire aujourd’hui sur ce sujet : le développement touristique ne doit pas se faire au détriment de l’industrie du sel, « l’un doit vivre avec l’autre », l’association entre tourisme et économie est nécessaire à la survie du site. Ainsi la compagnie ne prévoit pas de transformer à terme le salin d’Aigues Mortes en paysage muséifié comme cela a pu se faire par exemple à Villeneuve lès Maguelone, à Frontignan, qui connaissent une reconversion patrimoniale, ou aux salins de l’île Saint Martin à Gruissan où la production de sel est muséale. L’activité du sel a donc parfois été maintenue uniquement dans un but folklorique pour les touristes.

Le projet touristique des salins (Goudchaux Architecte & Associés)

Page 156: Un autre regard sur la Petite Camargue

156

Etat des lieuxL’éloignement du site des salins par

rapport à la ville (1,5 km depuis le port et l’entrée principale de la cité) nécessite aux visiteurs de venir en voiture. Par ailleurs, l’absence d’un parcours piéton agréable et sécurisé, ou de solutions de transports alternatives (navette bus, ou piste cyclable, …) impliquent cette logique du tout-voiture, valable pour les salins comme pour la plupart des autres sites touristiques sur le territoire.

Concernant la visite du site à proprement parler, le mode de découverte proposé par petit train est plutôt limité et frustrant comme nous avons pu le voir précédemment. Et depuis l’extérieur, l’accès et la vue des salins à pied sont rendus impossibles par le canal de ceinture et sa végétation. L’actuel musée, est excentré par rapport à l’entrée du site (1,3 km), son accès doit donc se faire impérativement de façon véhiculée pour traverser les installations de production en toute sécurité.

ACCUEILBILLETERIE/BOUTIQUE

PARkING VISITEURS

L’accueil des visiteurs sur le site de la Compagnie des Salins du Midi

Page 157: Un autre regard sur la Petite Camargue

157

DÉPART/ARRIVÉEPETIT TRAIN

ENTRÉE PRINCIPALE

Page 158: Un autre regard sur la Petite Camargue

158

orientations de projetLe site de la Compagnie des Salins

du Midi où sont réunis à la fois l’épicentre de la production industrielle et celui de l’activité touristique pourrait réellement être matière à projet. Il ne s’agit pas de changer les modes de visites proposés qui constituent une façon de découvrir les salins et qui correspondent à un type de fréquentation et de public, mais plutôt de voir comment ils pourraient être améliorés, enrichis pour faciliter l’accueil des visiteurs, afin de créer une synergie entre industrie et tourisme. L’économie peut devenir un spectacle et permettre de montrer la singularité du site.

Il est nécessaire de dissocier les flux des activités touristiques et industrielles pour limiter les conflits d’usage. Certaines emprises sont désormais inutilisées (bâti, voies ferrées, quais de chargement, …) et pourraient être valorisées pour par exemple relocaliser le musée à proximité de l’entrée du site. Un arrêt pour la navette fluviale pourrait être aménagé sur les anciens quais du chenal maritime, autrefois utilisés pour le chargement des péniches*, ce qui permettrait un accès direct à l’entrée du site pour les visiteurs comme pour les salariés.

Un autre parcours alternatif, destiné aux piétons et cyclistes, pourrait être imaginé pour l’accès au site : la digue séparant le canal de ceinture des marais salants pourrait être rendue accessible par une passerelle et permettrait ainsi de relier le pied des remparts au site des salins de manière sécurisée, et indépendamment de la RD979. Ce cheminement d’une distance raisonnable (1,4 km soit moins de 20 min à pied et 5 min à vélo) constituerait un véritable parcours de découverte initiatique, en préambule à une visite des salins. La possibilité de pouvoir franchir le canal de ceinture, aujourd’hui obstacle physique et visuel, permettrait d’initier une relation de proximité avec les salins, un contact direct, et donc d’inviter à leur visite. Ce sentier ne se limiterait donc pas au rôle de liaison d’accès mais pourrait devenir un véritable outil pour mettre en scène le paysage, tout en gardant une distance pour ne pas venir perturber la

production industrielle.Si l’exploitation du sel à Aigues-Mortes est aujourd’hui industrielle, cela reste une forme d’agriculture. Et le développement d’une approche paysagère dans l’expérience de découverte permettrait de valoriser le produit sel en relation avec le lieu de production.

* Le faible gabarit du chenal maritime et du canal du Rhône à Sète permettaient de faire circuler des péniches de seulement 1200 tonnes, soit l’équivalent de 40 camions. Le manque d’entretien et d’investissement (absence de dragage et écluses non adaptées) sur ces canaux par VNF a entrainé en 2007 un arrêt complet des expéditions par voie fluviale qui avaient été initiées en 2003, le transport sur des péniches plus petites n’étant pas jugé rentable. Le transport ferroviaire a lui aussi été abandonné car l’offre de services de la SNCF/RFF ne répondait pas aux besoins de la Compagnie des Salins du Midi.

Les anciens quais de chargement pourraient accueillir un arrêt de navette fluviale pour les visiteurs des salins

Page 159: Un autre regard sur la Petite Camargue

159

L’accès aux salins depuis Aigues-Mortes : proposer des alternatives à la voiture

Principes d’action

5 min

20 min

CoMPAGnie deS SALinS

du Midi

Page 160: Un autre regard sur la Petite Camargue

160

2- Le canal de ceinture, un parcours privilégié d’immersion et de perception des paysages

L’ouverture de la promenade du canal de ceinture qui longe les salins permettrait d’offrir une plus grande proximité, un contact direct, qui serait une alternative au tout-voiture pour l’accessibilité au site touristique des salins, et un complément à leur découverte en petit train. En effet, cette ouverture ne doit pas être vue comme une concurrence à la visite touristique des salins, mais plutôt comme un parcours initiatique qui invite à leur découverte et qui apporte un nouveau regard, une pratique différente du paysage que celle qui est proposée actuellement. L’accessibilité de ce chemin ne doit pas être non plus la porte ouverte à une fréquentation totalement incontrôlée.

Le tracé sinueux de la digue, sur lequel est installé le chemin du canal de ceinture, offre de magnifiques perspectives sur le paysage des salins, mais également sur les remparts, car c’est en effet certainement depuis les salins que l’on peut profiter de la plus belle vue de la cité, qui ne semble pas avoir changé depuis son édification au XIIIe siècle au cœur des marais.

Le premier objectif de ce canal était initialement de jouer un rôle de barrière

anti-sel. Alimenté en eau douce il limite la salinté des parcelles agricoles voisines de l’exploitation salicole. Et à l’inverse, il constitue une retenue pour les entrées d’eau douce qui menaceraient de réduire la concentration en sel des saumures dans les partènements. Sa seconde vocation est d’être un formidable ouvrage paysager qui permet d’interdire l’accès aux salins tout en maintenant des vues ouvertes, à l’image du saut-de-loup ou du ha-ha utilisés dans l’art des jardins. Malheureusement le fort développement de la végétation sur ses berges ne permet pas toujours cette continuité visuelle.

Panorama sur les remparts de la cité d’Aigues-Mortes depuis le chemin du

canal de ceinture

Page 161: Un autre regard sur la Petite Camargue

161

Page 162: Un autre regard sur la Petite Camargue

162

Vue depuis le canal de ceinture, en direction des remparts et des salins

Camelles Compagnie des salins du midiCordon

dunaire de jarras

Page 163: Un autre regard sur la Petite Camargue

163

CITÉ D’AIGUES-MORTESPIC SAINT-LOUP

Le canal de ceinture est une frontière. S’appuyer sur cette structure paysagère existante et la rendre accessible au public est un moyen de mettre en lumière un espace d’entre-deux. Il permettrait de relier des éléments (la Compagnie des Salins du Midi, la cité d’Aigues-Mortes, ou le Fort de Peccais) de façon linéaire mais aussi de mettre en réseau des étendues, des émotions, entre le réel et l’imaginaire.

Le chemin du Canal de ceinture : plan d’aménagement

Page 164: Un autre regard sur la Petite Camargue

164

L’Étang de la Ville et le canal de ceinture vus depuis les remparts d’Aigues-Mortes

Page 165: Un autre regard sur la Petite Camargue

165

Panorama depuis le chemin du canal : l’eau, le sel et le ciel ne semblent faire plus qu’un

Page 166: Un autre regard sur la Petite Camargue

166

Le réaménagement des abords des remparts sud et est de la cité d’Aigues Mortes réalisé dans le cadre de l’Opération Grand Site a permis de faire un premier pas en cette direction pour offrir aux visiteurs une plus grande proximité avec les salins. Un parcours a été créé le long du canal de ceinture et le projet initial prévoyait également d’installer une passerelle permettant de franchir le canal pour accéder à une plateforme d’observation installée sur la rive opposée, c’est-à-dire sur la propriété de la Compagnie des Salins du Midi.

Cette proposition d’aménagement a été la source d’un conflit entre la Ville d’Aigues-Mortes, maître d’ouvrage du projet, et la Compagnie des Salins du Midi qui ne souhaite pas ouvrir librement cet accès. Il était envisagé que l’accès à cet observatoire se fasse dans le cadre d’une visite contrôlée avec de petits groupes de visiteurs. Cependant, en l’absence d’un consensus et d’une solution qui convienne à tous, la passerelle a été interrompue au milieu du canal de ceinture pour le moment (situation constatée en mai 2014).

L’un des arguments exposé aujourd’hui par la Compagnie des Salins du Midi concernant l’impossibilité d’ouvrir au public la digue du canal de ceinture est la sécurité. En effet, un protocole d’hygiène doit être respecté dans la production du sel alimentaire et il ne faudrait pas que des visiteurs mal intentionnés contaminent les saumures.

Les travaux de l’Opération Grand Site, au pied des remparts sud : un premier

pas pour franchir un jour le canal

Page 167: Un autre regard sur la Petite Camargue

167

Si le chemin situé sur la digue du canal de ceinture devait être rendu accessible, des dispositifs pourraient être mis au point pour d’une part inciter les visiteurs à rester sur la promenade et ne pas rentrer en contact avec l’eau au pied de la digue, et d’autre part les empêcher de pénétrer sur l’ensemble des salins au niveau des différentes intersections avec les autres pistes tout en permettant aux véhicules de service des salins de continuer à circuler. Il faudra privilégier au niveau de ces bifurcations une installation discrète et de faible hauteur pour maintenir une continuité visuelle.L’ouverture au public de cette promenade pourrait se faire de façon permanente, ou bien uniquement en journée si cela est préférable. Les points d’accès seraient dans ce cas là régulés par des portillons.A l’inverse du laisser-aller, les contraintes permettent ainsi une remise à disposition de l’espace, elles génèrent de la liberté.

Proposition d’un dispositif de contrôle des accès aux pistes d’entretien depuis le chemin du canal de ceinture

Utilisation d’un cordon monofil pour inciter les visiteurs à ne pas s’écarter

d’un chemin à Belle Île en Mer (photographie : Jeanne Roche)

SoLutionS teChniqueS à Mettre en oeuvre Pour Gérer LA fréquentAtion

Page 168: Un autre regard sur la Petite Camargue

168

3- Les anciens salins de la Marette : un témoin des formes et des paysages du passé

Le projet de création d’une Maison du Grand Site est en cours de réalisation à proximité de l’Etang de la Marette dont l’ouverture est prévue pour juillet 2014. Il a été engagé par le Syndicat Mixte de la Camargue Gardoise. Ce nouvel espace d’accueil pour le public sera accompagné par la création d’un parcours de 1,6 km qui permettra une interprétation des paysages représentatifs du Grand Site de France de la Camargue Gardoise. Sur ce même site, les anciens salins de la Marette, datant du XIXe siècle, font face à l’exploitation actuelle des salins. Leur utilisation a cessé en 1948, date de

la dernière récolte. Ces salins constituent le dernier témoin d’une exploitation non mécanisée. Tous les autres anciens salins ont disparu, car moins excentrés, ils ont été réintégrés dans l’actuelle exploitation industrielle par un remembrement.Dans la continuité du projet de création de la Maison du Grand Site et de son parcours, la valorisation de ces anciens salins pourrait permettre d’évoquer l’activité passée du site, puisque ce sont les derniers vestiges, mais aussi de prendre la mesure de leur espace en comparaison et de comprendre ainsi les mutations paysagères qui ont conduit à la forme industrielle des salins qui sont aujourd’hui en activité. Par ailleurs, l’ancienne station de pompage en ruine, avec ses roues à eau, pourrait également contribuer à ce processus d’évocation paysagère.

Abandonnés depuis plus de soixante ans, ces salins sont dans un état d’usure et de dégradation qu’il faut accepter. C’est une phase de transition, ils s’effacent progressivement et finiront par disparaître complètement. Aujourd’hui la trame du parcellaire des tables salantes est encore bien lisible dans l’espace, et l’accès sur les petites digues, appelées cairels, est encore possible par endroits. Elles permettent de découvrir des vues surprenantes sur l’Etang de la Marette et les camelles des salins en activité tout proches.

Vue ancienne du salin de la Marette (in SIMIEN Frédéric, Aigues-Mortes, Tome I, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, 2006, 96p.)

Page 169: Un autre regard sur la Petite Camargue

169

Vue aérienne des anciens salins de la Marette

Page 170: Un autre regard sur la Petite Camargue

170

Page 171: Un autre regard sur la Petite Camargue

171

1. L’ancienne station de pompage, aujourd’hui en ruines2. Une barque de pêcheur sur l’étang3. Vue sur les remparts d’Aigues-Mortes4. Un ponton permettant de rejoindre les anciennes tables salantes5. Vue sur les camelles et la Compagnie des Salins du Midi

12

34

5

Page 172: Un autre regard sur la Petite Camargue

172

Page 173: Un autre regard sur la Petite Camargue

173

Page 174: Un autre regard sur la Petite Camargue

174

Déambulation sur les traces des anciens salins, face aux nouveaux salins

Page 175: Un autre regard sur la Petite Camargue

175

La proposition d’aménagement serait ici de mettre en place un maillage de pontons surplombant les cairels afin de pouvoir maintenir une pratique et une mesure de ces espaces par le corps. Une trame évoquant par ailleurs le quadrillage d’un chantier de fouilles archéologiques.

L’effacement des structures paysagères que sont les cairels se poursuit donc, et à terme il ne restera plus que les pontons. Le souhait est de rendre visible les ajouts, les apports de la période contemporaine, pour ne pas recréer la fiction d’un site authentique. L’objectif est de s’approprier les lieux de mémoire pour les réintégrer au paysage tout en laissant une marge de liberté pour permettre de s’approprier le site : c’est la différence entre une mémoire passive (recours à un balisage, une signalétique) et la mémoire active (le visiteur se crée son propre corpus de souvenirs).

Coupe de principe de l’évolution des cairels et de leurs usages

COMPAGNIE DES SALINS DU MIDI

CORDON DUNAIRE DE JARRAS

Page 176: Un autre regard sur la Petite Camargue

176

rd62

4- Les routes digues, des axes privilégiés pour donner à voir les salins

Le classement de deux sites à la sortie de la commune d’Aigues-Mortes, sur l’Etang de la Marette et sur l’Etang de la Ville, a permis de préserver le panorama découvert des remparts de la cité, bien visible depuis la RD979 et la RD62. Ces deux routes digues surélevées offrent en outre de très belles ouvertures sur les étendues des salins et permettent de ce fait une approche complémentaire.

Le Plan paysage de la Camargue Gardoise* prévoyait de requalifier la RD979 en proposant d’en faire une 2x2 voies (au lieu des 2x1 voie actuellement) accompagnée d’une piste cyclable, mais également de plantations d’alignements le long de la route.

La création d’une piste cyclable sur cet axe n’est plus justifiée puisqu’il est

RD979

RD62

Page 177: Un autre regard sur la Petite Camargue

177

Cordon dunaire de Jarras

Cordon dunaire du Bosquet

Cordon dunaire de Montcalm

rd979

prévu d’installer une voie verte sur la rive opposée du chenal maritime. Par ailleurs le doublement de cette départementale comme une véritable autoroute serait un facteur de développement du trafic sur un axe déjà très fréquenté (le trafic moyen journalier annuel est de 11071 véhicules pour l’année 2012) alors que l’objectif des propositions de projet de la présente étude est justement de réduire le transit dans la ville d’Aigues-Mortes. Enfin, des plantations sur cette route viendraient d’une part masquer inutilement les vues sur les remparts et les salins, et d’autre part, ils perturberaient la lecture du territoire par ses cordons dunaires. En effet, les routes digues traversent l’unité paysagère de la Camargue des lagunes, et au sein de cette entité, les cordons dunaires fossiles sont les seules bandes de terre où se développe une

végétation caractéristique qui permet ainsi de les désigner et de les situer dans l’espace. Il est important que ces structures paysagères restent affirmées car elles sont indissociables à l’histoire de la formation des lagunes salicoles. Voilà pourquoi dans ce cas précis de la RD979, il est tout simplement préférable de ne rien faire car cela viendrait à la fois perturber la perception des paysages depuis la RD979, mais également la perception de cet axe par rapport à son paysage.

*MARGUERIT Alain, ANCEY Christine, AMPHOUX Gilles, Plan paysage de la Camargue Gardoise, 1995

Les cordons dunaires, des outils de lecture et de compréhension du

paysage des lagunes salicoles

Page 178: Un autre regard sur la Petite Camargue

178

COMPAGNIE DES SALINS DU MIDI

REMPARTS D’AIGUES-MORTES

RD979

RD62

REMPARTS D’AIGUES-MORTES

Panorama depuis la RD62 et la RD979

Page 179: Un autre regard sur la Petite Camargue

179

CORDON DUNAIRE DE JARRASLES CAMELLES

COMPAGNIE DES SALINS DU MIDI

LES CAMELLESÉTANG DE LA MARETTE

RD979

CORDON DUNAIRE DE JARRAS

Page 180: Un autre regard sur la Petite Camargue

180

5- L’évolution des friches salicoles

Depuis plusieurs années la direction des salins cherche à réduire sa production de sel qui serait trop importante. Cette démarche inquiète le personnel car elle pourrait justifier également des suppressions d’emplois à terme. La réduction de la production se fait par une réduction des surfaces de production, c’est-à-dire vendre les terrains qui ne seront plus utilisés. Une clause appelée « non salinendi » figure sur les actes de vente ou les baux passés par la Compagnie des Salins du Midi empêchant toute reprise d’une activité salicole par les nouveaux acquéreurs. Cette politique de la terre brulée vise donc à détruire purement et simplement l’outil de production.La vente du foncier devient par ailleurs une nouvelle source de revenu non négligeable pour l’entreprise. En 2011, elle a mis en vente pour un montant de 25 millions d’euros l’étang du Lairan (situé sur la commune de Saint Laurent d’Aigouze), dont les 2500 ha étaient jusqu’à là utilisés pour la circulation de l’eau dans le processus de production du sel. La production annuelle est ainsi passée de 350 000 tonnes en 2011, à 280 000 tonnes aujourd’hui (elle était de 450 000 tonnes en 1992). Le souhait de réduire la production s’expliquerait aussi par l’enclavement des salins qui ne permettent pas d’exporter aisément du sel en vrac.

La vente de ces terrains, que ce soit au Conservatoire du littoral ou à des propriétaires privés, pose la question de leur devenir. En effet, c’est toute une portion du territoire qui se retrouve abandonnée en cas d’un arrêt de la production. Comment ces paysages vont-ils évoluer s’il n’y a plus de circulation d’eau essentielle à la production de cette diversité de milieux écologiques et d’ambiances ?

L’évolution des friches salicoles doit être anticipée et maîtrisée. La plupart des parcelles cadastrales situées sur l’Etang du Lairan sont classées en zone naturelle inconstructible sur le Plan d’Occupation des Sols de la commune de Saint Laurent d’Aigouze. Leur acquisition par des propriétaires privés ne semble donc pas présenter de risques d’une urbanisation incontrôlée à priori. Toutefois, un plan de gestion hydraulique pourrait être défini en partenariat avec les nouveaux acquéreurs. Ce document devra déterminer si un gradient de salinité peut être conservé afin de garder une diversité des milieux ou si au contraire le choix de remettre en eau douce les bassins peut être fait. Des objectifs par saison devront être établis pour maintenir des niveaux d’eau en fonction de la faune. D’autres usages pourraient être envisagés sur ces espaces comme par exemple la pêche, c’est le cas sur les anciens salins de l’Etang de la Marette, ou la production d’algues marines.

Le site de Salin-de-Giraud, dans les Bouches du Rhône, fait également face à ce problème à une échelle beaucoup plus importante : 6000 hectares de terrains ont été vendus et l’impact sur l’environnement se fait déjà ressentir. En effet, l’arrêt de la production sur ces bassins, et donc l’arrêt de la circulation des eaux, a provoqué cette année l’exode de 10 000 flamants roses vers les salins d’Aigues-Mortes en Petite Camargue. La Camargue est l’unique site européen de reproduction des flamants roses, la disparition de l’activité salicole et de sa gestion singulière du territoire serait donc préjudiciable pour cette espèce.

Page 181: Un autre regard sur la Petite Camargue

181

LeS SALinS Aujourd’hui, une induStrie en CriSe

La Compagnie des Salins du Midi est devenue le groupe Salins, une véritable multinationale présente sur 15 sites de production répartis dans 5 pays. La logique de production est ainsi passée d’une échelle locale à une échelle mondiale avec une inévitable évolution des logiques économiques.

A partir des années 1970 les petits salins du littoral méditerranéen, considérés comme non rentables, ferment les uns après les autres : Villeneuve-lès-Maguelone, Frontignan, Bagnas, Sète, Gruissan et Hyères. Par la suite, plusieurs plans sociaux se sont succédés avec des menaces de fermetures. Le nombre d’emplois était de 450 au début des années 1990 sur le site d’Aigues-Mortes, il est aujourd’hui de 180.

La crise du sel est liée à la conjonction de deux phénomènes : les effets de la mondialisation de l’économie du sel, et

l’érosion littorale. En effet, face au recul du trait de côte et à la montée des eaux il est impératif de protéger l’activité. Les dispositifs mis en places (digues en épis) ont été intégralement financés par le Compagnie des Salins du Midi sur le domaine maritime public, ce qui représente une charge importante.

Il est important de maintenir l’activité industrielle pour assurer la pérennité des paysages qui prennent de plus de place comme ressource économique par l’intérêt que le public leur porte.

Pour la saliculture comme pour d’autres activités, aujourd’hui le coût de production en France est plus élevé que pour des productions importées depuis l’étranger car les coûts de transport restent encore faibles. Mais quand sera-t-il lorsqu’il n’y aura plus de pétrole ? Préserver cet outil de production local est donc par ailleurs un moyen de rester indépendant et autonome.

Page 182: Un autre regard sur la Petite Camargue

182

Un équilibre doit être assuré entre les activités qui ont façonné le site et qui contribuent à son entretien, et les services offerts aux visiteurs. Le paysage peut devenir support d’une nouvelle dynamique. Sa gestion est donc un enjeu majeur, elle ne sera pas la même pour le site monument (Aigues-Mortes) et pour le site territoire (les lagunes salicoles).

redéfinir la fréquentation touristique du territoire en créant de nouveaux points d’intérêt est le moyen d’enrichir l’offre et de permettre une dispersion spatiale et temporelle des flux de visiteurs : tout le monde n’aura pas le même intérêt, au même moment, au même endroit. L’alternance des phases de concentration et de dispersion du public doit permettre une meilleure gestion de la fréquentation.

Il est nécessaire pour cela de réfléchir à une mise en réseau à l’échelle du territoire, et pour chacun de ces lieux d’organiser :

- l’accès vers le site- l’accueil sur le site- la circulation dans le site

Comment le lien spatial peut-il déclencher le lien humain, et pas l’inverse ? La mise réseau des sites ne doit pas être envisagée uniquement de façon linéaire dans le seul but de les relier, sous la forme de chemins par exemple ou d’un service de navette. Elle pourrait se faire au contraire par une continuité des espaces, des émotions, des sensations, ... pour mettre en relation les centres d’intérêt par le paysage. C’est une nouvelle façon de pratiquer et de découvrir le territoire qui devra s’appuyer sur les démarches qui sont déjà engagées par les différents acteurs.

Gestion et mise en reseau des sites :

Une nouvelle organisation du territoire

La cité d’Aigues-Mortes (photographie : Yann Soens) et le Fort de Peccais , deux

sites d’intérêt avec une capacité d’accueil bien différente

Page 183: Un autre regard sur la Petite Camargue

183

Comparatif des paramètres de fréquentation des principaux centres

d’intérêt du territoire

Page 184: Un autre regard sur la Petite Camargue

184

12

3

4

5

6

Page 185: Un autre regard sur la Petite Camargue

185

7

8

9

10

Page 186: Un autre regard sur la Petite Camargue

186

Reculer le stationnement en périphérie : le quartier de la gare, nouveau point de rupture.

Proposer de nouveau lieu d’accueil et de services (gare, point d’information, location de vélos).

Instituer une politique tarifaire en fonction des saisons, des jours ou des heures pour dissuader l’utilisation des parkings au pied des remparts.

Orientations

de projet

localisationSites d’interet

Acces vers le site Accueil sur le site Circulation dans le site

strategie d’intervention Coexistence des

usages

gestionintensite de la

frequentation

Proposer des itinéraires alternatifs pour répartir la fréquentation : chemin d’Aigues-Mortes à Peccais, chemin du Canal du Bourgidou, chemin du Canal de ceinture.

Accès par navette fluviale ou liaison par le chemin du Canal de ceinture.

Restreindre l’accès si nécessaire à certaines heures pour un meilleur contrôle de la fréquentation.

Le Fort de Peccais, point d’accueil pour attirer et concentrer le public. Une aire de stationnement de faible capacité pourra être prévue.

Accès par navette fluviale ou liaison par la voie verte

Accès par train, bus, navette fluviale ou liaison par la voie verte.

Recentrer l’accueil du public à l’entrée du site (stationnement, billetterie, boutique, musée, ...).

Stationnement, accueil et concentration du public à la Maison du Grand Site.

Dispersion de la fréquentation avec le parcours de découverte de la Maison du Grand Site et le parcours des anciens salins de la Marette.

Quota de visiteurs restreint. Circulation limitée au petit train et 4x4 du circuit de visite.

Aigues-Mortes : porte d’entrée de lA petite CAMArgue

Mettre en relation les cordons dunaires et les lagunes salicoles.

Définir un parcours sécurisé à l’intérieur du fort.

le Cordon dunAire du Bosquet : struCture MAjeure pour penetrer les pAysAges et AMBiAnCes des sAlins

réAMénAger le site touristique des sAlins pour liMiter les Conflits AveC l’ACtivité industrielle et proposer de vivre une nouvelle expérienCe de déCouverte

le CAnAl de Ceinture, un pArCours privilégié d’iMMersion et de perCeption des pAysAges

les AnCiens sAlins de lA MArette : un téMoin des forMes et des pAysAges du pAssé

Contenir le flux des visiteurs sur le chemin pour dissuader l’accès aux salins. Réserver les pistes uniquement aux véhicules de service des salins.

Faciliter les circulations piétonnes entre la gare, le port et les remparts : création de la passerelle de la gare et de la Porte des Remblais.

Développer une continuité des espaces pour une meilleure répartition du public sur le site.

Réversibilité des stationnements : accueil d’évènements temporaires.

Diversifier les usages sur les quais du port de croisières et du port de plaisance.

Ville d’Aigues-MortesCC Terre de CamargueSyndicat Mixte Camargue GardoiseConseil Général du GardVoies Navigables de FranceSNCF/RFF

Ville d’Aigues-MortesVille de St-Laurent-d’AigouzeSyndicat Mixte Camargue GardoiseConseil Général du GardConservatoire du LittoralDomaine de Listel

Ville d’Aigues-MortesSyndicat Mixte Camargue GardoiseCompagnie des Salins du Midi

Ville d’Aigues-MortesVille de St-Laurent-d’AigouzeSyndicat Mixte Camargue GardoiseCompagnie des Salins du Midi

Ville d’Aigues-MortesSyndicat Mixte Camargue GardoiseConseil Général du Gard

Viticulture, récolte de la sagne, élevage de chevaux, chasse, randonnée.

Développer une synergie entre l’activité industrielle des salins et l’activité touristique.

Activité industrielle des salins : partage du chemin entre les piétons et les véhicules de service.

Pêche professionnelle sur l’Etang de la Marette.

Tableau de synthèse : gestion et mise en réseau des sites

Page 187: Un autre regard sur la Petite Camargue

187

Reculer le stationnement en périphérie : le quartier de la gare, nouveau point de rupture.

Proposer de nouveau lieu d’accueil et de services (gare, point d’information, location de vélos).

Instituer une politique tarifaire en fonction des saisons, des jours ou des heures pour dissuader l’utilisation des parkings au pied des remparts.

Orientations

de projet

localisationSites d’interet

Acces vers le site Accueil sur le site Circulation dans le site

strategie d’intervention Coexistence des

usages

gestionintensite de la

frequentation

Proposer des itinéraires alternatifs pour répartir la fréquentation : chemin d’Aigues-Mortes à Peccais, chemin du Canal du Bourgidou, chemin du Canal de ceinture.

Accès par navette fluviale ou liaison par le chemin du Canal de ceinture.

Restreindre l’accès si nécessaire à certaines heures pour un meilleur contrôle de la fréquentation.

Le Fort de Peccais, point d’accueil pour attirer et concentrer le public. Une aire de stationnement de faible capacité pourra être prévue.

Accès par navette fluviale ou liaison par la voie verte

Accès par train, bus, navette fluviale ou liaison par la voie verte.

Recentrer l’accueil du public à l’entrée du site (stationnement, billetterie, boutique, musée, ...).

Stationnement, accueil et concentration du public à la Maison du Grand Site.

Dispersion de la fréquentation avec le parcours de découverte de la Maison du Grand Site et le parcours des anciens salins de la Marette.

Quota de visiteurs restreint. Circulation limitée au petit train et 4x4 du circuit de visite.

Aigues-Mortes : porte d’entrée de lA petite CAMArgue

Mettre en relation les cordons dunaires et les lagunes salicoles.

Définir un parcours sécurisé à l’intérieur du fort.

le Cordon dunAire du Bosquet : struCture MAjeure pour penetrer les pAysAges et AMBiAnCes des sAlins

réAMénAger le site touristique des sAlins pour liMiter les Conflits AveC l’ACtivité industrielle et proposer de vivre une nouvelle expérienCe de déCouverte

le CAnAl de Ceinture, un pArCours privilégié d’iMMersion et de perCeption des pAysAges

les AnCiens sAlins de lA MArette : un téMoin des forMes et des pAysAges du pAssé

Contenir le flux des visiteurs sur le chemin pour dissuader l’accès aux salins. Réserver les pistes uniquement aux véhicules de service des salins.

Faciliter les circulations piétonnes entre la gare, le port et les remparts : création de la passerelle de la gare et de la Porte des Remblais.

Développer une continuité des espaces pour une meilleure répartition du public sur le site.

Réversibilité des stationnements : accueil d’évènements temporaires.

Diversifier les usages sur les quais du port de croisières et du port de plaisance.

Ville d’Aigues-MortesCC Terre de CamargueSyndicat Mixte Camargue GardoiseConseil Général du GardVoies Navigables de FranceSNCF/RFF

Ville d’Aigues-MortesVille de St-Laurent-d’AigouzeSyndicat Mixte Camargue GardoiseConseil Général du GardConservatoire du LittoralDomaine de Listel

Ville d’Aigues-MortesSyndicat Mixte Camargue GardoiseCompagnie des Salins du Midi

Ville d’Aigues-MortesVille de St-Laurent-d’AigouzeSyndicat Mixte Camargue GardoiseCompagnie des Salins du Midi

Ville d’Aigues-MortesSyndicat Mixte Camargue GardoiseConseil Général du Gard

Viticulture, récolte de la sagne, élevage de chevaux, chasse, randonnée.

Développer une synergie entre l’activité industrielle des salins et l’activité touristique.

Activité industrielle des salins : partage du chemin entre les piétons et les véhicules de service.

Pêche professionnelle sur l’Etang de la Marette.

Page 188: Un autre regard sur la Petite Camargue

188

Page 189: Un autre regard sur la Petite Camargue

189

Conclusion

A travers ce Travail Personnel de Fin d’Études, j’ai pu redécouvir la Petite Camargue avec mon regard de paysagiste. J’ai pris ainsi plaisir pendant plusieurs mois à parcourir ces paysages, et à rencontrer les acteurs qui contribuent à leur fabrication et leur gestion.

Mon souhait était de véritablement m’inscrire dans une démarche de projet qui tente de répondre à un besoin sur le territoire aussi bien pour ceux qui viennent découvrir ces paysages que pour ceux qui y vivent et y travaillent au quotidien.

Certaines pistes de projet qui sont proposées dans la présente étude pourront constituer un apport de réflexion dans la mise en oeuvre du programme d’actions1 qui a été prévu pour les six prochaines années (2014-2020) pour le Grand Site de la Camargue Gardoise, et notamment dans l’actualisation du plan paysage sur le territoire du Grand Site qui avait été commandé dans les années 19902.

1. Dossier de candidature Grand Site de la Camargue Gardoise, Syndicat mixte pour la protection et la gestion de la Camargue Gardoise, 2013, 89p.

2. MARGUERIT Alain, ANCEY Christine, AMPHOUX Gilles, Plan paysage de la Camargue Gardoise, 1995

Page 190: Un autre regard sur la Petite Camargue

190

Page 191: Un autre regard sur la Petite Camargue

191

Les salins et le sel

AUBRY Chantal et ROCHE Jean, Salins de Camargue, Territoires convoités, Arles, Actes Sud, 2009, 157p.BOUDET Gérard, La renaissance des salins du midi de la France au XIXe siècle, La Compagnie des Salins du Midi et des Salines de l’Est, 1995, 270p.HOCQUET Jean-Claude, Hommes et paysages du sel, Une aventure millénaire, Arles, Actes Sud, 2001, 192p.OLIVIER Mireille, Les salins de Méditerranée, Ouest-France, 2009, 16p.HUVET-MARTINET Micheline, L’Aventure du sel, Rennes, Ouest-France, 1992, 30p.

Aigues-Mortes et la CamargueMieux connaître la Réserve de biosphère de Camargue, Parc naturel régional de Camargue / Syndicat mixte pour la protection et la gestion de la Camargue Gardoise, 2009, 32p.PICON Bernard, L’espace et le temps en Camargue, Actes Sud, 2008, 301p.SIMIEN Frédéric, Aigues-Mortes, Tome I, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, 2006, 96p.SIMIEN Frédéric, Aigues-Mortes, Tome II, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, 2007, 128p.SIMIEN Frédéric, Aigues-Mortes, Tome III, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, 2011, 160p.SIMIEN Frédéric, La Camargue, Fille du Rhône et de la mer, Saint-Cyr-sur-Loire, éditions Alan Sutton, 2010, 144p.SOURNIA Bernard, Aigues-Mortes, Petites notes sur les grands édifices, Caisse nationale des monuments historiques, 1981, 63p.TAMISIER Alain, Camargue : milieux et paysages : évolution de 1942 à 1984, Arcane, 1990, 32p.

bibliographie

Gestion des sitesTHIBAULT Jean-Pierre (sous la direction de), Petit traité des Grands Sites. Réfléchir et agir sur les hauts lieux de notre patrimoine, Arles, Actes Sud, 2009, 220p.

études urbaines, paysagères et environnementalesALEP, Aménagement de l’intérieur de la maison du grand site de la Camargue Gardoise et de ses abords, 2012CHAMPIN Anne Marie, Le site classé du panorama découvert sur les remparts d’Aigues-Mortes, 1990GREEN CONCEPT, Aménagement des abords des remparts sud et est de la cité, Dossier d’avant-projet, 2012MARGUERIT Alain, ANCEY Christine, AMPHOUX Gilles, Plan paysage de la Camargue Gardoise, 1995DOCOB de la Petite Camargue, Syndicat Mixte de la Camargue Gardoise, 2007, 143p.DOCOB Natura 2000, Bancs sableux de l’Espiguette, Tome1, PNR Camargue, 2013, 199p.Dossier de candidature Grand Site de la Camargue Gardoise, Syndicat mixte pour la protection et la gestion de la Camargue Gardoise, 2013, 89p.Plan de gestion environnementale du salin d’Aigues-Mortes 2008-2013, Compagnie des Salins du Midi et des Salines de l’Est, 2007, 26p.Projet LIFE Nature, Gestion environnementale et restauration de salins méditerranéens et de lagunes côtières, Compagnie des Salins du Midi et des Salines de l’Est, 2012,23p.SCOT du Sud du Gard, Syndicat Mixte du SCOT du Sud du Gard, 2007, 382p.Rapport final étude de faisabilité pour la mise en œuvre du projet Ports exemplaires en réseau, Conseil Général du Gard, 2013, 152p.

Page 192: Un autre regard sur la Petite Camargue

192

Remerciements

Je tiens tout d’abord à remercier mon directeur d’études, Michel Viollet, qui m’a accompagné tout au long de ce diplôme et avec qui j’ai apprécié échanger au cours de nos visites sur le terrain et de nos séances de travail.

Merci aux membres du jury qui ont accepté de venir assister à la soutenance de ce Travail Personnel de Fin d’Études :- Philippe Deliau, paysagiste, spécialiste des Opérations Grand Site, qui travaille actuellement sur Aigues-Mortes ,- Laure Planchais, paysagiste, qui a pu suivre la progression de mon travail au cours de l’année,- et Carole Toutain, chef de projet de l’Opération Grand Site au Syndicat Mixte de la Camargue Gardoise qui a pu m’orienter dans mes recherches et m’apporter son aide à plusieurs reprises.

Merci au personnel de la Compagnie des Salins du Midi, et en particulier à Dominique Dupeux, directeur de projets, pour m’avoir accueilli lors de mes visites.

Merci à Laeticia Carbonell, pour m’avoir reçu et m’avoir permis de visiter les vignobles du Domaine de Listel.

Merci à Raymond Hild, pour m’avoir fait découvrir les paysages de la Petite Camargue depuis les airs.

Merci à l’équipe du CAUE du Gard pour m’avoir ouvert les portes de leur centre de documentation.

Merci à Jeanne Roche, Franck Gaillet, Yu Song et Yann Soens pour leurs contributions photographiques.

Merci à l’Ecole Nationale Supérieure de Paysage et son personnel pour ces quatre années d’études passées à Versailles, au sein du Potager du Roi.

Enfin merci à mes camarades et ma famille pour leur soutien.

Page 193: Un autre regard sur la Petite Camargue

193

Maquette des salins d’Aigues-Mortes présentée lors de la soutenance du

diplôme, le 8 juillet 2014