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#4 Série sur la nouvelle évangélisation Michelle K. Borras Un Dieu qui est trois fois Amour SERVICE D’INFORMATION CATHOLIQUE

Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

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Page 1: Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

#4 Série sur la nouvelle évangélisation

Michelle K. Borras

Un Dieu qui est trois fois Amour

S E RV I C E D ’ I N F O R M AT I O N C AT H O L I Q U E

Page 2: Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

RÉDACTRICE EN CHEF :

Michelle K. Borras, Ph.D.

Directrice du Catholic

Information Service

ÉDITEUR :

Alton Pelowski

CONCEPTION

Adam Solove

© Copyright 2012, Chevaliers de Colomb

Tous droits réservés.

Les citations des Écritures sont issues de la

nouvelle traduction liturgique de la Bible

de l’Association épiscopale liturgique pour

les pays francophones (AELF).

NIHIL OBSTAT

Susan M. Timoney, S.T.D.

Censor Deputatus

IMPRIMATUR

Donald Cardinal Wuerl

Archevêque de Washington

Archidiocèse de

Washington

IMAGE DE LA COUVERTURE

La Sainte Trinité, sous l’aspect des trois visiteurs angéliques du patriarche

Abraham. En Genèse 18, 1-15, le Seigneur apparaît à Abraham près du chêne

de Mambré sous la forme de trois hommes, à qui il offre nourriture et boisson.

Les trois visiteurs disent à Abraham qu’avec sa femme, ils auront un fils, Isaac,

dans leur vieillesse. La tradition chrétienne voit dans cette vision une

préfiguration de la révélation de la Trinité.

Détail de la chapelle du séminaire de la Fraternité de Saint Charles Borromée à Rome.

La mosaïque a été réalisée par le père Marko Ivan Rupnik, SJ et les artistes du

Centre Aletti en 2010. Image reproduite avec l’aimable autorisation du Centre Aletti.

21 août 2012

Le nihil obstat et l’imprimatur sont des

déclarations officielles attestant qu’un

livre ou un livret ne contient pas d’erreurs

doctrinales ou morales. Cela n’implique

pas que les personnes qui ont accordé le

nihil obstat et l’imprimatur sont d’accord avec

le contenu, les opinions ou les affirmations

qui y sont exprimés.

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Un Dieu qui est trois fois Amour

Michelle K. Borras

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Table des matières

« La foi commence avec Dieu qui nous ouvre son cœur… »

1 Au nom du Dieu un et trine

5 Un don inconcevable

« Si tu vois l’amour, tu vois la Trinité »

9 « En ceci consiste l’amour… »

13 Le péché et l’amour

14 Le jugement

15 Contempler sa gloire

« L’amour est le cœur de l’univers »

23 Faits à l’image de l’Amour

24 L’Église, sacrement de la Trinité

30 Attirés dans la vie de Dieu

34 Sources

38 L’auteur et le Centre d'information catholique

Page 6: Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

Abraham offrant nourriture et boisson au Seigneur qui lui apparaît

sous la forme de trois mystérieux visiteurs, tandis que, dans le fond,

Sarah observe.

Chapelle du séminaire de la Fraternité Saint Charles Borromée.

Droits d’auteur de la photo Elio et Stefano Ciol. Avec leur aimable

autorisation.

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« La foi commence avec Dieu,

qui nous ouvre son cœur… »

Avant toutes choses, gardez-moi ce bon dépôt, pour lequel je vis

et je combats… je veux dire la profession de foi en le Père et le Fils

et le Saint-Esprit. Je vous la confie aujourd’hui. C’est par elle que

je vais tout à l’heure vous plonger dans l’eau et vous en élever. Je

vous la donne pour compagne et patronne de toute votre vie… Je

n’ai pas commencé de penser à l’unité que la Trinité me baigne

dans sa splendeur. Je n’ai pas commencé de penser à la Trinité

que l’unité me ressaisit ...

— Saint Grégoire de Naziance1

Au nom du Dieu un et trine

Dans la nuit claire du 19 juillet 2008, le pape Benoît XVI a

veillé avec une immense foule de jeunes à Sydney, en

Australie. Il leur a parlé des étoiles dans le ciel, leur montrant

la constellation de la Croix du sud. Aux jeunes gens qui

écoutaient, bougie à la main, il a dit que même si le monde

dans lequel ils vivaient pouvait parfois sembler aussi sombre

que la nuit, ils étaient des enfants de lumière.

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Ils pouvaient se sentir impuissants en voyant « l’unité de

la création de Dieu… affaiblie par des blessures  », en

particulier ces blessures créées par des ruptures dans les

relations humaines.2 Ils pouvaient se sentir sans défense

comme les petites flammes de leurs bougies face aux

souffrances d’un « monde divisé et fragmenté ». Pourtant le

pape Benoît leur a dit qu’ils avaient reçu le don d’une unité

si grande qu’elle dépasse toutes les divisions dans le monde.

Et que, même s’ils ne le savaient pas, ils portaient en eux-

mêmes un amour plus grand que leurs échecs dans le

domaine de l’amour. À travers le « grand don du baptême »,

ils étaient devenus des « enfants de la lumière du Christ »,

illuminés par la «  lumière que nulle ténèbre ne peut

vaincre ». Ils étaient déjà entrés dans la vie de Dieu.

Aux jeunes rassemblés cette nuit-là, le pape Benoît posa

une question provoquante : « Sachez écouter ! À travers les

discordances et les divisions du monde, pouvez-vous

entendre la voix unanime de l’humanité ? » Chez les peuples

lointains, parmi d’autres plus proches, et « peut-être, en ce

moment même, des profondeurs de votre cœur, jaillit un

même cri de l’humanité qui aspire à une reconnaissance, à

une appartenance, à une unité. » C’est un cri qui aspire à une

réconciliation plus grande que tous les conflits et les

ténèbres, à un amour si universel qu’il devrait, s’il existe,

donner son sens non seulement à une seule vie mais à tout

ce qui existe. Le cœur des hommes et des femmes, fit

observer le pape Benoît, contient un « désir humain essentiel

d’être un, d’être en communion, d’être enrichi, d’être conduit

à la vérité  ». Il existe en chacun de nous une soif

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inextinguible d’une vie partagée, d’une joie qui soit le fruit

de ce partage, une soif d’amour.

Derrière toutes les défenses intérieures que nous avons

construites pour nous protéger des luttes du monde, nous

voulons malgré tout découvrir que le manque d’unité, les

conflits et les souffrances qu’ils causent n’ont pas le dernier

mot. Nous aspirons à un monde qui soit beau, même si nous

trouvons parfois qu’il ne l’est pas. Nous voulons y découvrir

la vie et la lumière. Au cours de cette veillée de prière à

Sydney, le pape Benoît a dit aux jeunes du monde entier

quelque chose qu’ils n’avaient peut-être jamais réalisé

auparavant : tout ce dont nous rêvons nous a déjà été donné

en cadeau. Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils

Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même

de la vie de Dieu. Ce don, qui dépassera toujours notre

capacité de compréhension, est résumé dans ce geste

chrétien si simple, le Signe de croix.

« Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit… » Le pape Benoît

a rappelé que ces mots avaient d’abord été prononcés sur lui

à son baptême quand il n’avait même pas un jour. Ce jour-là,

où le nouveau-né Joseph Aloisius Ratzinger est devenu

un « enfant de la lumière du Christ », d’autres qui l’aimaient

ont donné pour lui et avec lui leur assentiment à cette

profession de foi chrétienne fondamentale. En grandissant,

l’enfant a progressivement compris que ces mots

contiennent un mystère infini, auquel il adhèrerait de plus

en plus tout au long de sa vie. « Lorsque j’étais petit garçon,

raconte-t-il, mes parents, comme les vôtres, m’ont enseigné

le Signe de croix. J’ai donc réalisé assez tôt qu’il y a un Dieu

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en trois personnes, et que la Trinité est le centre de notre foi

et de notre vie chrétienne ».

Lentement, le jeune Joseph a commencé à comprendre que

le centre de la foi et de la vie chrétienne n’est pas une sorte

de divinité statique qui fabrique un monde sans lien avec

elle. Le Dieu qui nous est révélé en Jésus-Christ est au

contraire un don mutuel continuel entre des personnes qui

sont si unies dans l’amour et si vivantes que saint Paul a pu

écrire : « Notre Dieu est un feu dévorant » (Hébreux 12,28).

Cette flamme d’amour est unique mais en mouvement

continuel, illuminant tout ce qui s’en approche. Elle est la

source de toute vie et de toute lumière. Le Dieu que Jésus

nous révèle, par-dessus tout par sa mort et sa résurrection,

est « une unité de communion vécue » qui dépasse toute

communion possible sur terre. Dieu est un Amour si

puissant que, tout en étant Trois, il est parfaitement Un. Et

parce qu’il est l’Amour absolu, qui se donne et se

communique, Dieu non seulement crée et soutient tout ce

qui existe, mais il nous invite à entrer dans sa vie.

Le tout jeune Joseph Ratzinger a reçu, comme tous les

chrétiens, le don surnaturel de la foi. Dans cette foi, nous

sommes plongés dans les eaux du baptême pour nous

relever, devenus une nouvelle création. Le Signe de la Croix

est tracé sur nous par nos parents quand nous sommes petits

et sera tracé sur nous à notre mort : « Au nom du Père, et du

Fils, et du Saint-Esprit… » En tant que chrétiens, notre vie

entière se déroule entre ces mots qui contiennent le mystère

indicible de Dieu. Si nous y faisons attention, comme l’a fait

Joseph en grandissant puis en devenant prêtre, évêque et

pape, nous comprenons de mieux en mieux que ce sont des

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paroles d’amour. Le chrétien est baptisé et remis à Dieu par

une formule qui désigne bien plus que tous les amours du

monde qui sont beaux, même s’ils sont petits et fragiles.

Cette formule désigne leur source : l’Amour même.

Les mots du Signe de croix sont des paroles de foi mais une

foi qui n’est pas notre œuvre. Le pape Benoît s’est adressé à

une autre foule de jeunes, trois ans après la rencontre de

Sydney : « La foi n’est pas le résultat d’un effort humain, d’un

raisonnement humain ». C’est « un don de Dieu ». À l’origine,

la foi est un acte d’un amour qui se donne : « Elle commence

avec Dieu qui nous ouvre son cœur et nous invite à partager

sa vie divine »3. Rien de ce que nous imaginons quand nous

aspirons à «  être immergés dans la communion, à être

édifiés, à être conduits à la vérité » ne peut se rapprocher de

cette invitation à plonger dans cette flamme d’Amour qui se

donne et se communique, qui est Dieu.

Un don inconcevable

En Jésus-Christ, à travers l’Esprit qui lie le Père et le Fils, le

Dieu qui nous a faits se lie à nous par amour. Il partage notre

destinée et en prend la responsabilité, dans une fidélité

inconditionnelle envers sa création. Le Dieu trinitaire qui

établit une « nouvelle et éternelle alliance »4 avec l’humanité

en Jésus-Christ, se donne entièrement aux millions d’êtres

humains qui aspirent à partager une vie de communion, à la

joie et à un amour constant.

C’est un don incroyable. Si incroyable pour certains des

contemporains des premiers chrétiens, qu’ils ne

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Page 12: Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

supportaient pas d’entendre cela. Quand saint Étienne, le

premier martyr, s’est exclamé : « Voici que je contemple les

cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de

Dieu », ceux qui l’écoutaient « poussèrent de grands cris et

se bouchèrent les oreilles » (Actes, 7, 56-57). Pour eux, il n’était

pas possible que Dieu soit trois fois Amour. Étienne fut

accusé de blasphème, la même accusation que celle qui avait

été prononcée contre le Christ, et il fut lapidé.

Si nous ne nous bouchons pas les oreilles, nous

comprenons confusément que notre désir ardent de

communion n’est que le faible écho du désir infini de Dieu

de nous faire partager sa vie. Notre foi n’est qu’un écho de

son acte d’amour qui est premier. Si Dieu aspire vraiment à

nous faire partager sa vie de communion – si c’est, en fait, ce

qu’il a fait à travers la mort et la résurrection de son Fils –

alors, notre foi embrasse et est embrassée par quelque chose

d’infiniment plus grand que ce que nous pourrons jamais

comprendre. Dieu est infiniment plus grand que ce que nous

pourrons jamais comprendre. Chaque fois que nous faisons

le Signe de croix, chaque fois que nous faisons baptiser un de

nos enfants ou que nous confions à Dieu quelqu’un que nous

aimons, nous nommons l’Amour, nous invoquons l’Amour

et, petit à petit, nous entrons en communion avec l’Amour.

Nous apprenons ce que signifie croire en un Dieu vivant, le

Dieu qui est trois fois Amour.

Devant ce don, nous ne pouvons qu’être remplis de

reconnaissance. Comme le pape Benoît et les jeunes gens qui

veillaient avec lui à Sydney, nous essayons d’entrer petit à

petit dans le mystère que Dieu nous confie, exprimant par

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Page 13: Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

des balbutiements et un silence émerveillé nos premières

tentatives de louange. Cette nuit-là, le pape Benoît a parlé

au nom de tous ceux qui souhaitent être « des enfants de la

lumière du Christ », ouvrant leur cœur au Dieu trinitaire qui

leur avait lui-même ouvert son propre cœur  : «  Ce soir,

rassemblés sous la beauté de ce ciel étoilé, notre cœur et

notre esprit sont remplis de gratitude envers Dieu pour le

grand don de notre foi trinitaire ».

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Page 14: Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

Saint Jean l’évangéliste indique le Christ crucifié

tandis que Marie, qui représente l’Église,

reçoit le sang et l’eau coulant de son côté.

Chapelle de la Sainte Famille, Conseil suprême des

Chevaliers de Colomb, New Haven, Connecticut.

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“« Si tu vois l’amour, tu vois

la Trinité »

« Voici en quoi consiste l’amour… »

Dieu nous a aimés le premier, comme nous le rappelle

saint Jean dans sa première lettre et c’est pour cela que nous

avons une idée de ce qu’est l’amour. Jean écrit : « Voici en quoi

consiste l’amour  : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu,

mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en

sacrifice de pardon pour nos péchés » (1 Jean 4, 10). Le Fils de

Dieu fait homme a pris notre place, pour nous, dans un acte

d’abandon parfait. Il a pris sur lui la mort qui est la

conséquence naturelle de notre péché et l’a consumée : la

mort et le péché ne pouvaient pas tenir face à l’immense

éclat de l’amour de Dieu. Ce point culminant, où Dieu

devient homme, est le « fondement et le centre de l’histoire »5. C’est aussi la révélation complète de Dieu. C’est dans le

mystère pascal, ou mystère de la passion, de la mort et de la

résurrection de Jésus, que nous commençons à percevoir ce

qu’est Dieu dans son essence : un triple Amour qui consume

comme le feu, une communion vivante insondable.

Avant d’entendre parler le pape Benoît à la veillée de

Sydney, certains des jeunes pensaient peut-être que la

Trinité était une idée compliquée, abstraite, inventée par des

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théologiens. Mais il est clair que ce n’était pas plus une idée

pour le pape Benoît que pour Jean, le disciple de Jésus. Jean a

vu le mystère de ses propres yeux. Les représentations

artistiques de la crucifixion le montrent souvent debout avec

Marie au pied de la croix, indiquant le Christ crucifié ; ses

yeux sont grand ouverts, remplis non seulement de chagrin,

mais de stupeur. L’image de son Seigneur crucifié était

encore brûlante dans sa mémoire. Il avait vu Jésus remettre

l’Esprit et se remettre lui-même à son Père qu’il aimait. Il

avait vu une mort qui était pure prière et une prière qui était

pur amour : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit. »

Et après avoir dit cela, il expira. » (Luc 23, 46). Dans l’humble

et total abandon de Jésus à son Père, Jean a vu la vie même

de Dieu s’ouvrir à nous. Il a vu le monde réconcilié avec Dieu.

Après la résurrection, quand Jean commença à mettre des

mots sur ce qu’il avait vu, il savait qu’il devait dire aux

autres qu’il avait vu, entendu et touché non seulement un

homme qui avait été bon au point de mourir à la place d’un

autre, mais l’Amour même. Il lui avait été accordé ce que les

Israélites, dans l’Ancien Testament, avaient tant désiré, mais

en sachant que c’était impossible : Il avait vu la face de Dieu

et il était resté en vie (cf. Exode 33, 20). Il avait été le témoin

du même mystère d’Amour qu’Étienne, dans sa vision, ce

mystère qui s’était laissé entrevoir au jeune Joseph Ratzinger

lorsqu’il réfléchissait au Signe de la croix.

Quand Dieu le Fils a pris chair, devenant lui-même

l’alliance éternelle entre Dieu et l’homme, le feu de la charité

de Dieu est venu parmi nous. « Je suis venu apporter un feu

sur la terre, s’est exclamé Jésus, et comme je voudrais qu’il

soit déjà allumé ! » (Luc, 12, 49). Il a été crucifié pour nous, il

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Page 17: Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

est mort et ressuscité d’entre les morts afin de nous libérer

du péché et de nous ouvrir un chemin pour nous introduire

dans la communion vivante de Dieu.

Afin de faire sortir son peuple Israël de l’esclavage, Dieu

s’était révélé à Moïse dans un buisson qui brûlait sans se

consumer (cf. Exode 3, 1-6). En s’approchant du buisson,

Moïse devait enlever ses sandales et se cacher la face car il

savait qu’il était en présence du Saint. En Jésus-Christ, qui

est mort et ressuscité pour nous libérer de l’esclavage du

péché, ce même Dieu se révèle complètement à nous. Il est

Père, Fils et Esprit-Saint, le Trois en Un, la Trinité. Il n’est pas

seulement un Dieu qui aime, mais un Dieu qui est Amour. En

Jésus-Christ, nous sommes invités à entrer dans le feu

trinitaire de Dieu.

Dans sa première lettre encyclique, Deus caritas est, (Dieu est

amour), le pape Benoît nous dit que la croyance chrétienne en

un Dieu qui est une Trinité n’est pas une théorie par laquelle

nous essayons d’expliquer Dieu. C’est la vérité la plus vivante

de la foi chrétienne, le fondement de tout ce que nous

croyons et la raison d’être de tout ce qui existe.6 En Jésus-

Christ qui a souffert, qui est mort et ressuscité, Dieu s’est

montré à nous tel qu’il est réellement : un dialogue d’amour

vivant. Avec saint Jean, nous contemplons le Christ crucifié,

dont le cœur est ouvert pour que sa vie puisse se déverser sur

nous. Comme Jean, nous voyons l’Amour. Nous voyons Dieu,

ouvert à nous, un Dieu qui ne garde rien de ce qu’il est pour

lui. Nous voyons un Fils dont le cri d’amour pour son Père

nous donne l’Esprit qui les unit tous les deux, et cela pour

nous ramener dans la communion de l’Amour.

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Page 18: Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

Déjà dans l’Ancien Testament, le prophète Malachie savait

que lorsque le « messager de l’alliance » viendrait enfin, le

peuple rencontrerait un amour si nouveau pour lui qu’il

aurait du mal à le supporter. L’amour de Dieu retournerait

toutes leurs idées reçues et confortables sur l’amour, brûlant

leur vie et leur compréhension comme une flamme

purifiante : « Car il est pareil au feu du fondeur […] il purifiera

les fils de Lévi, il les affinera comme l’or et l’argent ; ainsi

pourront-ils, aux yeux du Seigneur, présenter l’offrande en

toute justice » (cf. Malachie, 3, 1-7).

Si nous contemplons le Christ crucifié, l’  «  offrande en

toute justice  » que Dieu lui-même offre pour restaurer

l’alliance rompue entre lui et le monde, nous comprenons

très vite. Si nous avons peut-être déjà eu des intuitions de ce

qu’est l’amour, ou si nous avons simplement désiré

ardemment quelque chose que nous ne savions pas définir,

nous ne savions pas que l’Amour était cela. Nous ne savions

pas que c’était trois Personnes si liées entre elles dans la

communion que tout ce qui est brisé dans le monde – y

compris la mort qui est une conséquence du péché – est

consumé dans leur amour. Nous ne savions pas que même

le cri d’abandon que le Fils a poussé à notre place,7 en

souffrant plus profondément que nous ne pourrons jamais

souffrir, pouvait exprimer l’incomparable unité du Dieu qui

est Amour.

Cet amour, qui se remet entre les mains des pécheurs, est

si humble, si démuni et si vrai qu’il nous réduit au silence. Si

nous le regardons avec Marie, qui a donné son triste

assentiment au sacrifice du salut, nous commençons à

comprendre comment recevoir ce testament d’amour. Elle,

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Page 19: Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

qui a reçu l’Amour lui-même par son consentement aimant,

au nom de tout le peuple de Dieu, nous montre la forme que

doit revêtir notre foi.

Dans le Cantique des cantiques, nous lisons « Car l’amour

est fort comme la mort, la passion, implacable comme

l’abîme : ses flammes sont des flammes de feu » (Cantique

des cantiques, 8, 6). En Jésus, nous voyons que l’Amour révélé

en lui n’est pas aussi fort, mais plus fort que la mort. En

regardant, avec Marie, son Seigneur crucifié, Jean a vu cela

de ses propres yeux, et cette vue l’a subjugué. Il a vu la fidélité

sans faille qui est la vraie nature de Dieu. « Si nous manquons

de foi, lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-

même. » (2 Tm 2, 13).

Commentant un passage de la première lettre de Jean, le

pape Benoît écrit de Jésus que « dans sa mort sur la croix

s’accomplit le retournement de Dieu contre lui-même, dans

lequel il se donne pour relever l’homme et le sauver – tel est

l’amour dans sa forme la plus radicale. Le regard tourné vers

le côté ouvert du Christ, dont parle Jean (cf. 19, 37),

comprend » que « ‘Dieu est amour’ (1 Jn 4, 8). C’est là que cette

vérité peut être contemplée. Et, partant de là, on doit

maintenant définir ce qu’est l’amour. »8

C’est aussi là que notre foi doit commencer. Comme Jean,

nous avons reçu le don du Dieu qui s’ouvre à nous. « C’est

dans le Christ mort et ressuscité et dans l’effusion de l’Esprit

Saint, donné sans compter (cf. Jn 3, 34), que nous sommes

rendus participants de l’intimité divine. »9 Comme Étienne,

nous avons vu les cieux ouverts. Nous avons vu l’Amour.

Comme nous le lisons dans un passage de saint Augustin

souvent cité par le pape Benoît, cela signifie que nous avons

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Page 20: Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

vu la révélation complète, insurpassable de Dieu : « Si tu vois

l’amour  » – et nous l’avons vu, si nous avons regardé le

Seigneur crucifié – « tu vois la Trinité »10.

Le péché et l’amour

Si nous contemplons le Christ crucifié, et donc la vie la plus

intime de Dieu, nous comprenons aussi quelque chose

d’essentiel sur nous-mêmes. L’Amour, qui est la source de

toute vie dans le monde, est aussi une lumière qui illumine

tout en nous, même nos ombres les plus profondes. Jean

écrit : « Dieu est lumière ; en lui, il n’y a pas de ténèbres. » (1

Jean 1, 5). Et il poursuit : « si nous marchons dans la lumière,

comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en

communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus, son

Fils, nous purifie de tout péché. » (1 Jean 1, 7). Nous voyons la

révélation complète du Dieu trinitaire dans le Père, qui est

Amour, qui permet à son Fils de nous aimer jusqu’à la mort

pour, en nous attirant, nous faire revenir dans l’amour ; dans

le Fils, qui est Amour, qui meurt par amour sur la croix ; et

dans l’Esprit d’Amour insufflé dans nos cœurs pour y

demeurer. Mais cette révélation du Dieu qui est Amour

révèle un terrible manque d’amour en nous.

Nous, qui avons été faits à l’image de l’Amour, nous

n’aimons pas totalement. Même si nous pensons que nous

aimons d’un amour mesuré, limité, celui que saint Ignace

d’Antioche appelait « mon amour crucifié »11 nous montre

que nous n’aimons pas de l’amour sans mesure de Dieu,

amour qui se livre et qui reste fidèle envers et contre tout. Si

nous examinons notre cœur, nous trouverons presque

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Page 21: Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

toujours que nous sommes engagés dans une entreprise folle

et désespérée. Nous cherchons à éviter de nous perdre dans

ce qui semble être l’infini terrifiant de l’amour de Dieu.

Il nous semble plus facile de vivre en sécurité à l’intérieur

de notre propre mesure des choses, petite et familière. Il est

plus simple de traiter avec nos amours limités et les

problèmes causés par nos échecs en amour, tout aussi

limités. En tous cas, c’est la plupart du temps ce qui semble

se passer. Mais nos échecs, apparemment sans importance,

contribuent à ce que Jean-Paul II appelait des « structures de

péché »,12 des situations objectives d’injustice qui conduisent

à de grands conflits, parfois même mondiaux. Nous faisons

notre possible pour ignorer ces effets de notre péché, parce

que nous nous sentons incapables de supporter un amour

divin – pour lequel nous sommes faits – aussi illimité et

dévorant. Mais ensuite, nous posons notre regard sur le

Dieu-Homme qui renonça à tout réconfort pour nous sauver

de ce manque d’amour mortel.

Malgré nos réticences, nos hésitations, nos excuses

rapides, nous nous retrouvons face à face avec le feu ardent

de l’Amour. «  J’ai soif  », s’est écrié Jésus sur la croix,

exprimant à la fois la soif terrible d’un homme à l’agonie et

la soif de Dieu qui brûle de notre réponse d’amour (cf. Jean

19, 28). Le Christ mourant était consumé par le feu qu’il était

venu apporter sur la terre, car «  notre Dieu est un feu

dévorant » (Hébreux 12, 28). Mais ce feu trinitaire brûlant

d’amour est aussi une flamme qui purifie, dévorant tout ce

qui s’oppose à l’amour en nous (Malachie 3, 1-4).

Debout avec Marie au pied de la croix, Jean a vu le Père, le

Fils et l’Esprit accomplir un unique acte de rédemption. Il a

15

Page 22: Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

vu le Fils de Dieu fait chair souffrir, mourir de notre profond

rejet de l’amour et le dépasser. Quand il a vu l’Esprit remis

entre les mains du Père et le sang et l’eau couler du côté

transpercé du Christ, il a été témoin du sacrifice qui est aussi

l’acte suprême du jugement  : la condamnation et le

jugement de tout le péché du monde. Ce jugement est

extrêmement sérieux. C’est la collision de notre refus

d’aimer avec la lumière éblouissante de l’Amour même. C’est

notre rejet délibéré de l’amour de Dieu qui se trouve face à

face avec le Dieu trois fois saint.

Ici, dans la mort du Fils de Dieu fait homme entre les

mains des hommes, l’Amour souffre pleinement de ce rejet

mystérieux et totalement irrationnel de l’amour qu’est le

péché. Jésus est livré au sombre mystère de notre peur

d’aimer et de notre violente affirmation de nous-mêmes,

pour consumer tout cela dans le feu de l’amour de Dieu.

Le jugement

Jean-Paul II nous rappelle que « Jésus-Christ n’est pas venu

dans le monde pour le juger et le condamner mais pour le

sauver  »13 Le «  don de la vérité de la conscience  » est

inséparable du don de la Rédemption14 : afin de nous guérir,

la lumière éblouissante de l’Amour doit d’abord dévoiler en

nous tout ce qui s’oppose à l’amour. L’Amour nous accuse du

manque d’amour qui blesse l’unité de sa création, la

remplissant de division et de conflit. Par-dessus tout, il nous

accuse du manque d’amour qui blesse l’Amour même. En se

livrant, totalement désintéressé, pour nous, Jésus-Christ

crucifié montre que notre refus d’aimer n’est pas seulement

16

Page 23: Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

incompatible avec notre être. Il est totalement incompatible

avec le feu de l’Amour qu’est le Dieu un et trine.

Dans son encyclique sur le Saint-Esprit, Dominum et

vivif icantem (Seigneur et Donateur de vie), Jean-Paul II commente

le verset de l’Évangile dans lequel Jésus dit à ses disciples qu’il

doit s’en aller afin que le Saint-Esprit vienne à eux. Cet Esprit,

dit Jésus, « établira la culpabilité du monde en matière de

péché, de justice et de jugement » (Jean 16, 8-11). C’est une

parole mystérieuse, difficile à comprendre. Mais le pape nous

aide à voir que le « jugement » - la mort de Jésus-Christ entre

les mains des pécheurs – n’est pas une invitation à

désespérer. Au contraire, c’est notre rédemption : « au plus grand

des péchés commis par l’homme correspond, dans le cœur

du Rédempteur, l’offrande de l’amour suprême qui surpasse

le mal de tous les péchés des hommes »15.

Jésus, notre frère, garde l’alliance à notre place, en tant que

notre représentant. Comme l’écrit saint Paul, « celui qui n’a

pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché,

afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de

Dieu. » (2 Corinthiens 5, 21). Jésus endure notre rejet de Dieu,

et le rejet du péché par Dieu en sa personne, portant nos

péchés pour nous dans le feu purifiant de Dieu. Il a fait cela

pour que, libérés du poids mort de notre péché, nous

puissions enfin être libres pour aimer.

Dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ, le mystère

de l’enfermement dans le péché apeuré de l’homme

rencontre le mystère sans mesure de l’amour divin qui

s’abandonne. C’est pourquoi Jean-Paul II a écrit que face au

péché, « il ne suffit pas de sonder la conscience humaine ».

La réponse réelle aux profondeurs de notre rejet de l’amour

17

Page 24: Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

se trouve plutôt dans les profondeurs de Dieu. Ses

profondeurs sont l’Amour même, comme le « synthétise la

formule  : au Père, dans le Fils, par l’Esprit Saint. C’est

précisément l’Esprit Saint qui ‘sonde’ ces profondeurs, et qui

en tire la réponse de Dieu au péché de l’homme »16.

Pendant la vigile pascale, l’Église chante à Dieu le Père ce

mystère surprenant et merveilleux : « Amour infini de notre

Père, suprême témoignage de tendresse, pour libérer

l’esclave, tu as livré le Fils ! Bienheureuse faute de l’homme,

qui valut au monde en détresse le seul Sauveur ! »17. Dans le

geste humble, sans défense du Christ qui se sacrifie, nous

contemplons le feu brûlant de la charité qu’est la Trinité. À

travers le cœur du Christ, transpercé sur la croix, nous

contemplons les profondeurs les plus intimes de Dieu.

Contempler sa gloire

En Jésus-Christ qui est mort pour nous, a été enseveli avec

les morts et s’est relevé rempli de l’Esprit, nous voyons

l’amour de Dieu incarné. Nous voyons la communion

vivante, tout entière de Dieu. Cela peut nous sembler

étrange, ou aussi inacceptable que pour les hommes qui se

sont jetés sur Étienne en se bouchant les oreilles, pour le

lapider. Après tout, saint Jean lui-même n’a-t-il pas écrit :

«  Personne n’a jamais vu Dieu  » (Jean 1, 18)  ? Comment

pouvons-nous percevoir le Père qui «  habite une lumière

inaccessible ; aucun homme ne l’a jamais vu, et nul ne peut

le voir » (1 Tm 6, 16), ou l’Esprit qui est le lien entre le Père et

le Fils ?

18

Page 25: Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

Et pourtant, Jean poursuit dans le même passage : « le Fils

unique… lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait

connaître. » (Jean 1, 18). Personne n’a jamais vu Dieu – à part

le Fils, qui lui-même est Dieu. Ce Fils s’est fait homme, un

homme visible, tangible, audible – un homme que ses

disciples ont vu en communion continuelle avec son Père.

Les apôtres ont vu et entendu Jésus en prière recevoir toute

son existence de son Père. Pierre, Jacques et Jean ont vu de

leurs yeux Jésus au Jardin de Gethsémani, manifestant son

unité parfaite avec son Père malgré la terreur de la mort.

Jean, avec Marie et quelques-unes des femmes qui avaient

suivi Jésus, l’a vu mourir et remettre son Esprit d’Amour au

Père. Enfin, tous se sont trouvés face à face avec cette réalité

inconcevable du Christ ressuscité.

Le Christ, qui avait été « mort parmi les morts »18 - dont ils

avaient vu la tombe scellée – est ressuscité dans la joie

rayonnante de l’Esprit, dans une manifestation irrésistible

de l’Amour trinitaire. Dans une salle fermée, le jour de la

Résurrection, Jésus apparut soudain à ses disciples et

« souffla sur eux, en leur disant : ‘Recevez l’Esprit Saint’ »

(Jean 20, 22). Une semaine plus tard, saint Thomas, qui avait

refusé de croire au témoignage des apôtres, ses compagnons,

selon lequel Jésus était ressuscité d’entre les morts, était

invité à mettre son doigt dans les blessures des mains et du

côté de Jésus. Devant une réalité aussi impensable et

impossible, Thomas comprit soudain ce qu’il voyait. Il était

en présence de l’Alliance dans la chair – le Fils ressuscité par

le Père et rempli de l’Esprit – et il ne put que s’écrier : « Mon

Seigneur et mon Dieu » ! » (Jean 20, 28).

19

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Pendant cette semaine surprenante, les disciples

commencèrent à comprendre  : la Résurrection est «  un

changement radical, une sorte de fission nucléaire » au cœur

de tout ce qui existe19. C’est comme une explosion de sens,

où l’Esprit d’Amour entre le Père et le Fils non seulement

transforme le corps glorifié de Jésus, mais est déversé sur la

création tout entière. « Car toute chair verra la révélation de

Dieu » (Luc 3, 6 ; Isaïe 40, 5). Qu’est-ce qui nous est révélé dans

tout cela – dans la souffrance, la mort et la résurrection –

sinon le mystère le plus profond et le plus intime du Dieu

invisible ?

Dans un beau passage, riche de sens, de sa lettre

encyclique Dives in Misericordia (Dieu riche en miséricorde), Jean-

Paul II nous aide à comprendre comment, dans la vie de

Jésus-Christ – et tout spécialement dans les événements du

Vendredi Saint, du Samedi Saint et de Pâques – nous

percevons quelque chose du cœur du Dieu un et trine. Dans

la mort de Jésus-Christ, nous voyons la miséricorde de Dieu

étendue à l’homme, qui s’était défiguré par le péché. Mais

Jean-Paul II explique ceci :

La dimension divine du mystère pascal va toutefois encore plus

loin. La croix plantée sur le calvaire, et sur laquelle le Christ tient

son ultime dialogue avec le Père, émerge du centre même de

l’amour dont l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de

Dieu, a été gratifié… Dieu, tel que le Christ l’a révélé… est uni à

l’homme… par un lien encore plus profond que celui de la

création. C’est l’amour qui non seulement crée… mais qui fait

participer à la vie même de Dieu Père, Fils et Esprit Saint.20

20

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21

Dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ et dans

l’effusion de l’Esprit, le Dieu un et trine ne nous a pas

seulement fait miséricorde. Dans sa générosité, il nous a

accueillis dans sa vie.

Le Catéchisme de l’Église catholique nous enseigne que, dans le

Christ, Dieu nous a montré plus que le simple fait qu’il aime.

Il s’est révélé à son peuple Israël, l’a aimé « plus qu’un marié

n’aime sa bienaimée » et il est resté inébranlable et ferme et

fidèle parce qu’il est l’Amour. « En envoyant dans la plénitude

des temps son Fils unique et l’Esprit d’Amour, Dieu révèle

son secret le plus intime  : Il est lui-même éternellement

échange d’amour ».21

Chaque fois que les saints hommes et femmes de l’Ancien

Testament sont tombés la face contre terre en présence de

Dieu, ils pressentaient ce « secret », qu’ils ne pouvaient pas

encore nommer. Chaque fois que les prophètes ont prié et

obéi au risque de se ridiculiser, ils ont senti dans leur chair

la puissante vie intérieure de Dieu. Ils ont compris que

personne ne pouvait se tenir devant tout le poids de sa gloire

et qu’aucune créature ne pouvait supporter de regarder la

beauté du Saint. Ils n’avaient pas tort. Mais alors le monde a

vu une gloire qui ne fait qu’un avec l’humilité de Dieu : « Et le

Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons

vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils

unique » (Jean 1, 14).

Ceux qui avaient des yeux pour voir surent alors que

quelque chose d’inimaginable était en train de se révéler.

Dieu, qui est une Trinité, nous a destinés à avoir part à sa vie

éternelle d’amour.22

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« Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;

tu renouvelles la face de la terre. » (Psaume 104, 30)

Détail de la main du Père envoyant l’Esprit-Saint.

Chapelle St. John of the Fields, Institut polonais, Rome.

Photo de Giorgio Benni. Avec l’aimable autorisation du Centre Aletti.

22

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« L’amour est le cœur de

l’univers »

Faits à l’image de l’Amour

L’explosion de signification dans la résurrection du Christ,

où l’Esprit transfigure « toute chair » (cf. Joël 3, 1 ; Isaïe 40, 5),

ouvre à des profondeurs infinies dans le Dieu qui s’est révélé

à Israël. Le Dieu Un, Saint et Tout-puissant est tous ces

attributs à la fois parce qu’il est une communion infiniment

vivante. « Tout l’Ancien Testament est surtout la révélation

de la vérité sur l’unicité et l’unité de Dieu », expliquait Jean-

Paul II. «  Dans cette vérité fondamentale sur Dieu, le

Nouveau Testament introduira la révélation du mystère

insondable de la vie intime de Dieu. Dieu, qui se fait connaître

aux hommes par le Christ, est l’unité dans la Trinité, il est l’unité

dans la communion »23. Cette pleine révélation du Dieu qui

est Amour – et qui est aussi Vie et Lumière – met en lumière

des profondeurs insoupçonnables dans ses créatures.

L’unité dans la communion de Dieu est la source et le but

de toute la création. Tout ce qui existe reflète sa beauté.

Comme l’enseigne saint Bonaventure, toute créature porte

une empreinte de la Trinité ou les marques de son origine

dans l’Amour.24 Si c’est vrai de toute chose dans la création,

où tout nous parle de Dieu (cf. Romains 1, 20), cela est vrai

des êtres humains d’une manière tout à fait particulière. La

23

Page 30: Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

personne humaine ne porte pas simplement une marque de

son origine dans le Dieu un et trine. Elle est une image vivante

du Dieu qui est trois fois Amour.

L’homme, créé homme et femme, est fait à l’ « image » et

à la « ressemblance » de Dieu (cf. Genèse 1, 26). Il est appelé à

prendre part à l’  «  unité de communion  » qu’est l’éternel

échange d’amour de Dieu. Jean-Paul II a clarifié ce mystère

inscrit dans notre être dès le premier moment de notre

création : « Depuis le commencement, l’homme est capable

d’un rapport personnel avec Dieu, comme « je » et « tu », et

donc il est capable d’une alliance »25 En d’autres termes, nous

recevons un grand don : la capacité et l’appel à prononcer un

« oui » définitif, dans l’amour, à l’Amour.

La personne humaine est appelée à une communion et à

une alliance. Nous sommes si profondément faits à l’image

de l’Amour que, même dans notre corps, nous trouvons des

signes d’un appel à une communion féconde dans l’ordre de

la création, qui soit l’image de la vie féconde de Dieu. Selon

Jean-Paul II, quand Jésus-Christ révèle l’«  unité dans la

communion » de Dieu, ce mystère de la vie intérieure de Dieu

projette une lumière définitive sur l’homme et la femme. Dans

leur amour mutuel, ils sont destinés à être l’image de l’unité

sans limites dans la communion qu’est le Dieu un et trine.

« Le fait que l’homme, créé comme homme et femme, soit

l’image de Dieu ne signifie pas seulement que chacun d’eux

individuellement est semblable à Dieu, comme être

raisonnable et libre. », explique le pape, « Il signifie aussi que

l’homme et la femme, créés comme « unité des deux » dans

leur commune humanité, sont appelés à vivre une

24

Page 31: Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

communion d’amour et à refléter ainsi dans le monde la

communion d’amour qui est en Dieu »26.

Tout ce que nous sommes exprime le fait que nous avons

été faits à l’image de l’Amour. Le péché a obscurci cette vérité

et il est difficile pour nous de la voir ou de la comprendre.

Mais une fois que l’obscurité du péché est consumée dans la

lumière rayonnante de l’amour de Dieu – une fois que nous

contemplons le feu du Père, du Fils et de l’Esprit-Saint

irradiant dans le Christ ressuscité – nous pouvons nous

comprendre nous-mêmes en vérité. Aimer à petites doses et

à notre gré ne peut pas nous satisfaire, car nous sommes faits

pour l’Amour même. Nous avons été faits pour partager cette

communion éternelle de celui qui est Un, tout en étant Trois.

Devant le caractère ultime de l’amour révélé sur la croix,

nous pourrions être effrayés par un tel appel. En un sens,

l’amour de Dieu est trop grand pour nous, car il est Dieu et

nous restons des créatures qui voilent leur face en présence

de sa gloire. Devant le mystère de la Trinité, nous serons

toujours réduits à un silence émerveillé. Néanmoins, le Dieu

trinitaire demeure l’Unique par qui et pour qui nous avons

été faits, notre vie et notre salut. Et en Jésus-Christ, qui s’est

« anéanti, prenant la condition d’esclave », Dieu s’est penché

sur nous par miséricorde et amour (cf. Philippiens, 2, 7).

Il peut bien y avoir des moments où nous avons peur de

nous livrer à l’amour dont nous portons l’image. Mais alors,

il nous suffit de nous rappeler un moment paisible qui a

rendu possibles le jugement et le salut du monde. Trente-

trois ans avant que Dieu ne se révèle dans toute sa puissance

sous les yeux étonnés de Jean, le feu de Dieu est descendu

dans la plus grande douceur sur une représentante de la race

25

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humaine. Là, au début de l’alliance nouvelle et éternelle de

Dieu avec l’homme, Dieu a désiré un « Oui » prononcé dans

la simplicité et la pureté, par quelqu’un qui n’avait aucun

obstacle intérieur pour aimer.

Lorsque cette femme, Marie de Nazareth, entendit que

l’Esprit-Saint la couvrirait de son ombre, et qu’elle porterait

un enfant qui serait « le Fils de Dieu », elle donna une unique

réponse au mystère trinitaire de l’Amour : « Voici la servante

du Seigneur. Qu’il me soit fait selon ta parole » (Luc 1, 35-38).

L’Église, sacrement de la Trinité

Joseph Ratzinger savait qu’à son baptême, ceux qui

l’aimaient avaient acquiescé de sa part au grand mystère de

la foi dans la Trinité. Leur « Oui » le portait. Dans le « Oui »

parfait de Marie au mystère de la Rédemption, quelque chose

d’assez semblable s’est produit. Comme l’ont compris les

Pères de l’Église, un seul représentant de la race humaine a

déjà parlé au nom de toute l’humanité,27 ouvrant son cœur

et sa vie à la vivante communion de Dieu.

Debout avec Jean au pied de la croix, la Mère de Jésus

donna son assentiment déconcerté, peiné au grand

« baptême » de la mort du Christ.28 Après la Résurrection, la

Mère de tous les croyants attendit et pria avec les apôtres

jusqu’à ce qu’ils soient «  baptisés dans l’Esprit-Saint  » et

l’  «  amour unificateur… durable… [et] qui se donne  »29 de

Dieu, est descendu sur eux comme des langues de feu (cf.

Actes 1, 5 ; 1, 14 ; 2, 1-4). En Marie et dans la communauté des

apôtres réunis autour d’elle, et dans le don de l’Esprit qu’ils

26

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reçurent, nous percevons quelque chose de la « logique » du

Dieu trinitaire à la fois donné à sa création, et reçu par elle.

Dieu est la communion parfaite. Il est le « feu brûlant » de

l’Amour. Il est une unité si grande que saint Ignace de Loyola

eut une jour une vision de Dieu comme trois clés musicales

d’une harmonie si puissante que le saint pleura de joie sans

pouvoir se retenir.30 Selon les mots du pape Benoît XVI, « 

Dieu est communion d’amour éternel, … il est joie infinie qui

n’est pas renfermée sur elle-même mais qui se propage en

ceux qu’il aime et qui l’aiment. ».31

C’est l’Amour qui nous a été donné dans les mystères que

nous célébrons du Jeudi Saint à Pâques. Le pape Benoît

l’explique ainsi :

À l’heure de la passion de Jésus, cet amour se manifeste dans

toute sa grandeur. Dans les derniers moments de sa vie sur la

terre, à table avec ses amis, il leur dit : « Comme le Père m’a aimé,

moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. (…) Je

vous ai dit ces choses pour que ma joie soit en vous, et que votre

joie soit parfaite » (Jn 15, 9.11). Jésus veut introduire ses disciples

et chacun d’entre nous dans la joie parfaite, celle qu’il partage

avec son Père.32

Il veut que nous entrions dans l’Amour qu’est le Dieu un

et trine.

L’amour de Dieu est une puissance qui unit. Il a vaincu le

péché de désintégration et de mort qui avait été introduit

dans le monde. Ce feu brûlant d’amour qui se donne au

monde en Jésus-Christ veut nous faire partager l’unité et la

communion de Dieu. Si nous acceptons cette invitation, en

27

Page 34: Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

permettant au « Oui » sans réserve de Marie de porter notre

petit « Oui » hésitant, l’Amour nous conduit à aimer. Si notre

cœur contemple « le mystère de la Trinité qui demeure en

nous », nous pourrons aussi voir sa lumière « briller sur le

visage de nos frères et sœurs autour de nous »33.

Le don du Dieu qui est parfaite unité dans la communion

n’est pas donné à chacun de nous dans l’isolement. Par sa

nature même, Dieu est une vivante communion d’amour.

Comme le note Jean dans sa première lettre, la communion

divine engendre une communion de croyants qui commence

à participer à la vie de Dieu (cf. 1 Jean 1, 3-4). Saint Paul aussi

est familier de ce mystère. Le pape Benoît a fait ce

commentaire dans son message pour la Journée mondiale de

la jeunesse 2012  : «  Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si

l’exhortation de saint Paul est un pluriel : il ne s’adresse pas

à chacun individuellement, mais affirme « soyez toujours

dans la joie du Seigneur ! » (Ph 4, 4). C’est seulement

ensemble, en vivant la communion fraternelle, que nous

pouvons faire l’expérience de cette joie. » 34

En d’autres termes, nous ne pouvons recevoir le joyeux don

du Dieu trinitaire qu’au sein de cette «  communion

fraternelle », l’Église. La Constitution dogmatique du concile

Vatican II sur l’Église, Lumen Gentium, nous dit que l’Église est

« « un peuple qui tire son unité de l’unité du Père et du Fils

et de l’Esprit Saint »!35. Cette Église qui « est née du cœur

transpercé du Christ mort sur la croix »"36 est « en quelque

sorte le sacrement », ou «  le signe et le moyen de l’union

intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain »37.

Tandis que le parfait « Oui » de Marie garantit la réponse

de l’Église au don que Dieu fait de lui-même, les membres de

28

Page 35: Un Dieu qui est trois fois Amour - Knights of Columbus · Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même de

l’Église sont encore imparfaits dans l’amour. À travers

l’histoire, les chrétiens ont eu à beaucoup lutter pour rester

fidèles à la nature de l’Église. Pourtant la communion des

croyants est rassemblée non par son propre pouvoir, mais par

le Dieu un et trine, qui a fait de lui-même un don au monde

dans le Christ. En raison de cela, l’Église porte déjà en elle

l’antidote à toutes les divisions dans le monde. Tout en elle

– les sacrements, les dons de l’Esprit et le service

hiérarchique qui garantit son unité – est là simplement pour

qu’elle puisse être ce qu’elle est : le « Oui » du monde et ainsi

sa participation à l’œuvre de rédemption de Dieu.

L’Église, qui « trouve son origine dans la mission de Jésus-

Christ et dans la mission de l’Esprit-Saint, selon le plan de

Dieu le Père »38, est le «  sacrement » du Dieu un et trine.

Devant les divisions et les conflits dans le monde, elle

connaît sa mission. Elle « reflète » la communication divine

du Dieu « qui vit dans la communion trinitaire », qui se révèle

« à travers le don de son Fils… et… répand l’Esprit-Saint pour

poursuivre le dialogue avec l’humanité »39. Elle prend sa place

dans la mission du Fils, que le Père envoie dans la puissance

de l’Esprit pour ramener le monde dans la communion avec

Dieu.

En d’autres termes, l’Église proclame l’Évangile – avec des

mots, bien sûr, mais surtout en étant simplement ce qu’elle

est. Dans un commentaire sur la communion, essentielle à

la nature de l’Église, Jean-Paul II écrivit ceci, en 1999, dans

un document intitulé L’Église en Amérique :

« Face à un monde divisé et en recherche d’unité, il est nécessaire

de proclamer avec joie et d’une foi ferme que Dieu est

29

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communion, Père, Fils et Esprit Saint, unité dans la distinction,

et qu’il appelle tous les hommes à participer à la même

communion trinitaire. Il faut proclamer que cette communion

est le dessein magnifique de Dieu [Père]; que Jésus Christ, qui

s’est fait homme, est le centre de cette même communion, et que

l’Esprit Saint agit constamment pour créer la communion et la

restaurer quand elle est rompue. Il est nécessaire de proclamer

que l’Église est signe et instrument de la communion voulue par

Dieu, commencée dans le temps et destinée à la perfection dans

la plénitude du Royaume »40

Attirés dans la vie de Dieu

Pendant ces trois jours où le Christ est mort, a été mis dans

la tombe et est ressuscité dans la puissance de l’Esprit, Marie

et Jean ont été les témoins de ce que la « logique » de la vie

intime de Dieu nous attire en elle. Dieu est le don de soi

parfait. Il est la communion parfaite, car Dieu est Amour.

Dieu est le Père qui ne retient rien de lui-même vis-à-vis de

son Fils qu’il aime ; et le Fils qui ne retient rien de lui-même

vis-à-vis de son Père. Il est l’Esprit qui est le sceau et le fruit

de cet amour et la promesse que Dieu veut nous faire

partager sa vie à nous aussi.

Ce Dieu – le Dieu trinitaire – est l’Amour que les grandes

eaux ne peuvent éteindre, ni les fleuves emporter. Il est la

passion « implacable comme l’abîme », dont les « flammes

sont des flammes de feu, fournaise divine » (Cantique, 8, 6).

Mais les flammes de ce feu ne nous détruisent pas. L’amour

de Dieu est humble, il se penche pour laver les pieds de ses

30

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disciples (cf. Jean 13, 1-11) ; il est fidèle, nous aimant jusqu’à

la croix. Comme le sang et l’eau s’écoulant du cœur

transpercé de Jésus (cf. Jean 19, 34), il est la miséricorde

répandue telle une pluie bienfaisante sur la terre desséchée

(cf. Isaïe 44, 3 ; 55, 1).

C’est cette réalité dont Jean a été le témoin lorsque,

contemplant le Christ mourant, il réalisa que non seulement

Dieu aime, mais qu’il est Amour (cf. 1 Jean 4-8). C’est ce que

Jean-Paul II avait à l’esprit lorsqu’il écrivit sur la miséricorde

de Dieu, et ce que pour quoi le pape Benoît a loué Dieu

lorsqu’il rendit grâce pour notre foi trinitaire. Ils le savaient

tous  : quand la gloire de Dieu s’est manifestée, nous ne

sommes pas morts. Lui – le Fils de Dieu fait chair – est mort.

Il voulait faire l’expérience de la pleine mesure de notre rejet

de Dieu. Mais comme nous l’avons déjà entendu, le rejet, le

péché et la mort ne peuvent pas tenir devant Dieu.

En mourant et en ressuscitant, Jésus-Christ a ouvert la

voie au Père pour nous, en nous envoyant l’Esprit qui est le

fruit et le sceau de leur amour. Il nous a donné l’unité même

de Dieu. En commentant le récit de la crucifixion dans

l’Évangile de Jean, le pape Benoît écrivait : « Jésus « remit

l’esprit » (Jn 19, 30), prélude du don de l’Esprit Saint qu’il ferait

après la résurrection. Se réaliserait ainsi la promesse des

«fleuves d’eau vive» qui … jailliraient du cœur des croyants »41

Jésus nous a donné la réconciliation que nous désirons, la

communion que nous cherchons, et même plus, car il nous

a donné la claire joie de Dieu. Il s’est donné lui-même à nous.

Cet amour dans lequel et pour lequel nous avons été faits est

la signification non seulement de notre vie individuelle,

mais de toute chose.

31

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Jean, qui se tenait debout avec Marie au pied de la croix, a

compris quelque chose en ce jour inconcevable où son

Seigneur est mort. Il l’a compris encore mieux en ce jour plus

inconcevable encore où les apôtres ont rencontré le Christ

ressuscité  : tout ce qui existe vient de l’Amour, reflète

l’Amour, est fait pour l’Amour. Tout est appelé à cette

parfaite communion de Dieu avec ses créatures, quand Dieu

sera enfin « tout en tous » (1 Corinthiens 15, 28).

Le Père, le Fils et l’Esprit-Saint ont créé tout l’univers à

partir de rien, par pur amour. Tout dans l’univers - les étoiles,

la cire de nos cierges, l’eau de notre baptême, l’huile qui nous

oint, l’Église qui manifeste l’unité de la Trinité, et les êtres

humains qui deviennent enfants de Dieu – reflète l’Amour

qui est son origine. Tout révèle la plénitude de sa

signification uniquement à l’intérieur d’une relation

d’amour. Le père Marko Ivan Rupnik, artiste et théologien

contemporain, écrit ceci : « L’amour, l’amour du Père, du Fils

et de l’Esprit-Saint, est le cœur de l’univers… Il n’y a de liberté

que dans l’amour »42.

Nous rappelons que « le profond mystère qui réside dans

le fait que nous soyons chrétiens » repose non pas sur ce que

nous faisons, mais sur le don que nous recevons.43 Dans le

mystère le plus intime de la crucifixion, de la mort et de la

résurrection du Seigneur, nous voyons que ce don

insurpassable est Dieu lui-même, Père, Fils et Esprit-Saint. Il

nous a montré son visage, et ce visage est l’Amour – un

amour qui nous porte et nous libère de tous les obstacles en

nous qui nous empêchent d’aimer. Une fois que nous avons

entrevu le cœur le plus profond de Dieu, nous commençons

à comprendre l’invitation qu’il nous adresse. Alors, au plus

32

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profond de notre cœur, nous savons la réponse à la question

que le pape Benoît a posée aux jeunes, par une nuit étoilée

en Australie : « Mes amis, acceptez-vous d’être attirés dans

la vie trinitaire de Dieu ? Acceptez-vous d’être attirés dans sa

communion d’amour ? »44

Dire “Oui” à cela, c’est entrer dans la liberté de Dieu. C’est

permettre à l’amour trinitaire de Dieu de donner forme à

notre vie. Et c’est suivre cet Amour sur son humble chemin

vers les coeurs souffrants de nos frères et soeurs.

33

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Sources

1 Saint Grégoire de Naziance, Oratio 40, 41, cité dans le Catéchisme

de l’Église catholique (= CEC), 256.

2 Toutes les citations de cette section et de la suivante, à moins qu’il

n’en soit indiqué autrement, sont de Benoît XVI, Discours à la

veillée avec les jeunes au Champ de course de Randwick, Sydney,

Australie, 19 juillet 2008.

3 Id. Homélie de la messe à l’occasion de la 26ème Journée mondiale

des jeunes à l’aéroport de Cuatro Vientos, 21 août 2011.

4 Prière eucharistique 1, Missel romain.

5 Jean-Paul II, Lettre apostolique Novo Millenio Ineunte [Au début du

nouveau millénaire], 5.

6 Cf. CEC, 234 : « Le mystère de la Très Sainte Trinité est le mystère

central de la foi et de la vie chrétienne. Il est le mystère de Dieu

en Lui-même. Il est donc la source de tous les autres mystères de

la foi ; il est la lumière qui les illumine. »

7 Cf. Matthieu 27, 46 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu

abandonné ? »

8 Benoît XVI, Lettre encyclique Deus Caritas Est [Dieu est amour], 12.

9 Id. Exhortation apostolique post-synodale Sacramentum Caritatis [Le

sacrement de la charité],

10 Saint Augustin, De Trinitate VIII, : 8, 12, cité dans ibid.

11 Ignace d’Antioche, « Lettre aux Romains », 7.

12 Cf. Jean-Paul II, Lettre encyclique Sollicitudo Rei Socialis [La question

sociale], 36 : « Les structures de péché… ont pour origine le péché

personnel et, par conséquent, sont toujours reliées à des actes

concrets des personnes, qui les font naître, les consolident et les

rendent difficiles à abolir65. Ainsi elles se renforcent, se répandent

et deviennent sources d'autres péchés, et elles conditionnent la

conduite des hommes. »

34

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13 Id., Lettre encyclique Dominum et Vivif icantem [L’Esprit Saint dans la

vie de l’Église et du monde], 31.

14 Ibid.

15 Ibid.

16 Ibid., 32.

17 L’Exultet, ou proclamation pascale, chanté à la vigile pascale, la nuit

entre le Samedi Saint et le Dimanche de Pâques.

18 Charles Péguy, Le portail du mystère de l’espérance.

19 Benoît XVI, Sacramentum Caritatis, 11. Le pape Benoît utilise cette

phrase en référence à mystère de l’Eucharistie qui lui est relié,

dans lequel le geste de Jésus, de s’offrir en sacrifice par amour

dans sa Passion, sa mort et sa résurrection, nous est rendu

présent.

20 Jean-Paul II, Lettre encyclique Dives in Misericordia [Dieu, riche en

miséricorde], 7.

21 CEC, 221.

22 Cf. ibid.

23 Jean-Paul II, Lettre apostolique Mulieris Dignitatem [La dignité et la

vocation de la femme], 7.

24 Cf. saint Bonaventure, Itinerarium Mentis in Deum [Itinéraire de l’âme

vers Dieu].

25 Jean-Paul II, Dominum et Vivif icantem, 34.

26 Id., Mulieris Dignitatem, 7.

27 Cf. saint Irénée de Lyon, Adversus Haereses III.22.4 : « … de même

Marie… devint, en obéissant, cause de salut pour elle-même et

pour tout le genre humain. »

28 Cf. Marc 10, 38 : « Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous

demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être

baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? » » ; et

Romains 6, 3 : « Ne le savez-vous pas ? Nous tous qui par le

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baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous

avons été unis par le baptême. »

29 Benoît XVI, Discours de la veillée avec les jeunes à Randwick,

Sydney, Australie, 19 juillet 2008.

30 Saint Ignace de Loyola, Le récit du pèlerin: Autobiographie de saint Ignace

de Loyola : « son entendement se mit a s’elever, comme s’il voyait

la Sainte Trinite sous la figure de trois touches d’orgue et cela avec

tant de larmes et tant de sanglots qu’il ne pouvait se mouvoir ».

31 Benoît XVI, Message pour la 27ème Journée mondiale de la jeunesse,

2, 15 mars 2012.

32 Ibid.

33 Jean-Paul II, Novo Millenio Ineunte, 43.

34 Benoît XVI, Message pour la 27ème Journée mondiale de la jeunesse,

4.

35 Concile Vatican II, Constitution dogmatique sur l’Église Lumen

Gentium, 4.

36 CEC, 766.

37 Lumen Gentium, 1.

38 La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi

chrétienne : Lineamenta [Document préparatoire], pour la XIIIème

Assemblée générale du Synode des évêques, 2.

39 Ibid.

40 Jean-Paul II, Ecclesia in America, 33, citant le concile Vatican II,

Propositio 40.

41 Benoît XVI, Deus Caritas Est, 19.

42 Marko Ivan Rupnik, The Color of Light (Rome : Lipa, 2003), 33.

43 Benoît XVI, Discours à la Veillée avec les jeunes, Randwick, Sydney,

Australie.

44 Ibid.

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L’auteur

Michelle K. Borras, Ph.D., est directrice du Catholic Information Service.

Elle a un B.A. en littérature anglaise de l’Université Harvard, une

licence canonique en théologie de l’Institut Jean-Paul II pour les

études sur le mariage et la famille à Rome, et un Ph.D. en théologie

de l’Institut, section de Washington, D.C., avec une thèse sur

l’interprétation du mystère pascal par Origène. Michelle K. Borras a

enseigné à l’Institut Jean-Paul II de Washington comme professeur

adjoint pendant l’année académique 2010-1011 et a donné des

séminaires en littérature catholique, en interprétation patristique de

l’Écriture et en théologie de Hans Urs von Balthasar. Outre de

nombreux travaux de traduction, elle a publié des articles dans le

domaine de la littérature catholique et de la théologie.

Le « Service d’information catholique » Depuis sa fondation, l’Ordre des Chevaliers de Colomb est impliqué

dans l’évangélisation. En 1948, les Chevaliers ont lancé le Catholic

Information Service (CIS) pour fournir des publications catholiques au

grand public ainsi qu’aux paroisses, écoles, maisons de retraite,

établissements militaires, prisons, assemblées législatives, au corps

médical et aux personnes individuelles qui en font la demande.

Depuis plus de 60 ans, le CIS a publié et distribué des millions de

livrets et des milliers de personnes ont suivi sa formation

catéchétique.

« Catholic formation Service » est une marque déposée des Chevaliers de Colomb.

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Série sur la nouvelle évangélisation

1 Qu’est-ce que la nouvelle évangélisation ?

1È R E PARTIE « CAR DIEU A TANT AIMÉ LE MONDE »

2 « Je crois en toi » : La question de Dieu dans le monde moderne

3 Les mystères de la vie de Jésus

4 Un Dieu qui est trois fois Amour

5 « Nous sommes venus l’adorer » : Introduction à la prière à l’école

de Benoît XVI

2È M E PARTIE « APPELÉS À AIMER… »

6 Appelés à aimer : La théologie de l’amour humain, de Jean-Paul II

7 À l’image de l’Amour : Le mariage et la famille

8 Suivre l’Amour pauvre, chaste et obéissant : La vie consacrée

3È M E PARTIE … DANS L’ÉGLISE, ÉPOUSE DE L’AGNEAU

9 « Qu’il me soit fait selon ta parole » : Marie, l’origine de l’Église

10 Avec le cœur de l’Époux : Le sacerdoce ministériel

11 La transfiguration du monde : Les sacrements

12 Lumière et silence : Un journal intime eucharistique

4È M E PARTIE « AIMER EN ACTE ET EN VÉRITÉ »

13 Libres en vue de quoi ?

14 La justice : De la dignité du travail

15 La justice : L’Évangile de la vie

5È M E PARTIE « IL NOUS A AIMÉS JUSQU’AU BOUT »

16 La dignité de la personne souffrante

17 « Regardez ! J’étais mort et me voilà vivant… » : La mort et

la vie éternelle

ANNEXES : OUTILS POUR LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION

A La beauté de la sainteté : L’art sacré et la nouvelle évangélisation

B La technologie et la nouvelle évangélisation :

Critères de discernement

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#4 Série sur la nouvelle évangélisation

« La foi… commence avec Dieu qui nous ouvre son cœur et nous invite à partager sa vie divine »

S E RV I C E D ’ I N F O R M AT I O N C AT H O L I Q U E

La foi chrétienne en un Dieu qui est Trinité n’est pas une théorie

par laquelle nous essayons d’expliquer Dieu. C’est la vérité la plus

vivante de la foi chrétienne, le fondement de tout ce que nous

croyons d’autre et la raison derrière tout ce qui existe par

ailleurs. En Jésus-Christ, qui a souffert, est mort et est ressuscité,

Dieu s’est montré à nous tel qu’il est réellement : Père, Fils et

Esprit Saint, dialogue d’amour vivant. Ce livret tente de réfléchir

sur l’affirmation chrétienne fondamentale selon laquelle « Dieu

est amour » (1 Jean 4, 8) – une « communion d’amour éternel »

qui nous invite à y entrer et qui est l’origine et la destinée de

toute vie humaine.

Catholic Information Service ®

Conseil suprême des Chevaliers de Colomb

PO Box 1971 203 752 4267

New Haven, CT 06521 800 735 4605 (fax)

[email protected] www.kofc.org/cis 404-F 5-16

— Pape Benoît XVI