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INFO-AUTISME 16 AutismMATTERS HIVER 2011 PRIMEUR Publication d’un numéro spécial d’Info- Autisme entièrement en français. Autisme Ontario publiera un nu- méro spécial consacré à des théma- tiques spécifiques reliées aux TSA. Date de parution : avril 2011. CE FILM EST inspiré de la vie de Temple Grandin, cette femme autiste, colorée et cé- lèbre. En plus de cumuler les fonctions de professeure universitaire et de propriétaire d’entreprise, elle est experte en conception d’équipements pour le bétail. Le film a été acclamé par la critique et a remporté plu- sieurs prix Emmy en août 2010. Quelques mois plus tard, Clare Danes s’est également mérité le prix de la meilleure interprétation féminine aux Golden Globes. Il faut voir à tout prix cette œuvre touchante afin de comprendre les défis vécus par une per- sonne autiste, dans ce monde où la « pen- sée en images » prédomine. AUTISME-EUROPE est une association de plusieurs sociétés nationales qui œu- vrent auprès des personnes ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA). Cette association a été fondée dans le but d’améliorer les services fournis par différents partenaires. Elle s’implique au niveau de la défense et de la reconnaissance des droits légaux envers les personnes avec des besoins spéciaux. Autisme-Europe joue un rôle proactif vis-à-vis les recherches et l’avancement scientifiques dans le domaine. Le but est de mieux répondre aux besoins de ces personnes exceptionnelles. Un des éléments-clefs de cette approche est l’organisation d’un Congrès international sur l’autisme à tous les trois ans. Cette année, le IX Congrès scientifique, Un futur pour l’autisme a eu lieu à Catane (Sicile, Italie), les 8, 9 et 10 octobre 2010. Selon plusieurs des participants, le Congrès constituait cette année un des plus grands rassemblements au monde. Avec plus de mille participants, 92 conférences sci- entifiques, 292 projets présentés en forme d’affiches et 60 conférences (5 minutes par présentation), ceux qui travaillent avec les clientèles ciblées ont pu approfondir leurs connaissances et mieux comprendre la problématique afin de se sentir ultimement mieux outillés face aux défis qui jalonnent leurs parcours. Les conférenciers venus de partout au monde (p. ex. Japon, Australie, Israël, UE, RU, EU) ont généreusement partagé les résultats de leurs nouvelles recherches. Le Congrès a pour objectif de divulguer les connaissances scientifiques les plus récentes et des informations fiables, basées sur la preuve de recherches reconnues dans le domaine des TSA. Un autre objectif du Congrès consiste à influencer les politiques et à favoriser une intervention adaptée dans le cadre d’une approche contemporaine du handicap (Autisme Europe). Plus précisément, les thèmes exploités touchaient les domaines de la neurobi- ologie, de l’épidémiologie, de la génétique, de la neuroscience, du fonctionnement cognitif, du traitement et de l’éducation. Il s’agissait là d’un menu impressionnant mais il m’a été impossible de tout voir et de tout savourer, ce qui s’est avéré un grand dilemme pour moi. Avant de partir en voyage, j’ai décidé de choisir les conférences auxquelles j’avais l’intention de participer. À partir du programme du Congrès affiché sur le site web j’ai réussi à planifier ma présence à 34 conférences, y compris celles touchant mes champs d’intérêts : intervention clinique en lien avec la santé mentale, l’éducation des enfants ayant le syndrome Asperger et les autistes de haut niveau. Vendredi matin, la cérémonie d’ouverture était à l’ordre du jour avec un mag- nifique concert I cimbali préparé par le Centre de réhabilitation Maria SS. Del Carmelo de Catane, sous la direction d’Enrico Branca. Parmi les invités à la cérémonie Un futur pour l’autisme Congrès international 2010 en Italie par Vlatko Dabic

un futur pour l’autisme · été relevée par Jacqui Ashton Smith de la Grande-Bretagne. Il a expliqué que les filles démontrent plus de comportements d’intériorisation comparés

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info-autisme

16 AutismmatteRs HiVeR 2011

PRIMEUR Publication d’un numéro spécial d’info-autisme entièrement en français.

autisme ontario publiera un nu-méro spécial consacré à des théma-tiques spécifiques reliées aux tsa. Date de parution : avril 2011.

CE fIlM Est inspiré de la vie de temple Grandin, cette femme autiste, colorée et cé-lèbre. en plus de cumuler les fonctions de professeure universitaire et de propriétaire d’entreprise, elle est experte en conception d’équipements pour le bétail. Le film a été acclamé par la critique et a remporté plu-sieurs prix emmy en août 2010. Quelques mois plus tard, Clare Danes s’est également mérité le prix de la meilleure interprétation féminine aux Golden Globes. il faut voir à tout prix cette œuvre touchante afin de comprendre les défis vécus par une per-sonne autiste, dans ce monde où la « pen-sée en images » prédomine.

AUtIsME-EURoPE est une association de plusieurs sociétés nationales qui œu-vrent auprès des personnes ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA). Cette association a été fondée dans le but d’améliorer les services fournis par différents partenaires. Elle s’implique au niveau de la défense et de la reconnaissance des droits légaux envers les personnes avec des besoins spéciaux. Autisme-Europe joue un rôle proactif vis-à-vis les recherches et l’avancement scientifiques dans le domaine. Le but est de mieux répondre aux besoins de ces personnes exceptionnelles. Un des éléments-clefs de cette approche est l’organisation d’un Congrès international sur l’autisme à tous les trois ans. Cette année, le IX Congrès scientifique, Un futur pour l’autisme a eu lieu à Catane (Sicile, Italie), les 8, 9 et 10 octobre 2010.

Selon plusieurs des participants, le Congrès constituait cette année un des plus grands rassemblements au monde. Avec plus de mille participants, 92 conférences sci-entifiques, 292 projets présentés en forme d’affiches et 60 conférences (5 minutes par présentation), ceux qui travaillent avec les clientèles ciblées ont pu approfondir leurs connaissances et mieux comprendre la problématique afin de se sentir ultimement mieux outillés face aux défis qui jalonnent leurs parcours. Les conférenciers venus de partout au monde (p. ex. Japon, Australie, Israël, UE, RU, EU) ont généreusement partagé les résultats de leurs nouvelles recherches. Le Congrès a pour objectif de divulguer les connaissances scientifiques les plus récentes et des informations fiables, basées sur la preuve de recherches reconnues dans le domaine des TSA. Un autre objectif du Congrès consiste à influencer les politiques et à favoriser une intervention adaptée dans le cadre d’une approche contemporaine du handicap (Autisme Europe).

Plus précisément, les thèmes exploités touchaient les domaines de la neurobi-ologie, de l’épidémiologie, de la génétique, de la neuroscience, du fonctionnement cognitif, du traitement et de l’éducation. Il s’agissait là d’un menu impressionnant mais il m’a été impossible de tout voir et de tout savourer, ce qui s’est avéré un grand dilemme pour moi. Avant de partir en voyage, j’ai décidé de choisir les conférences auxquelles j’avais l’intention de participer. À partir du programme du Congrès affiché sur le site web j’ai réussi à planifier ma présence à 34 conférences, y compris celles touchant mes champs d’intérêts : intervention clinique en lien avec la santé mentale, l’éducation des enfants ayant le syndrome Asperger et les autistes de haut niveau.

Vendredi matin, la cérémonie d’ouverture était à l’ordre du jour avec un mag-nifique concert I cimbali préparé par le Centre de réhabilitation Maria SS. Del Carmelo de Catane, sous la direction d’Enrico Branca. Parmi les invités à la cérémonie

un futur pour l’autisme Congrès international 2010 en italiepar Vlatko Dabic

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d’ouverture je me dois de mentionner le nom d’Évelyne Friedel, avocate et prési-dente d’Autisme Europe. Cette grande figure représente Autisme Europe devant le Conseil de l’Europe et des institu-tions de l’Union européenne. Madame Friedel a été la première à proposer une démarche collective dans le but de re-connaître et de défendre les droits des personnes handicapées en Europe. Le Conseil de l’Europe a accueilli favorable-ment cette initiative et elle a été adoptée par une majorité des membres. Je tiens à mentionner également monsieur Pietro Barbieri, président de la Fédération na-tionale d’Italie pour les personnes avec un handicap.

Après la cérémonie inaugurale, j’ai assisté à trois conférences qui ont abor-dé des questions sur l’anatomie et sur le fonctionnement du cerveau chez les personnes ayant un TSA et chez les per-sonnes neurotypiques. Selon Sebastiano Rousso, le fonctionnement neurologique chez les personnes ayant un TSA et chez les personnes avec des problèmes de schizophrénie démontre certaines res-semblances par rapport à l’activité céré-brale. Monsieur Rousso confirme que chez les deux populations, l’insomnie représente un élément d’une grande per-turbation fonctionnelle.

Madame Daphna ben Basât, du Centre médical SUORASKY de Tel Aviv (Israël), a étudié la corrélation entre l’activité cérébrale et le comportement. Elle découvre que dans toutes les sphères du cerveau d’une personne ayant un TSA, un phénomène d’hypo connectiv-ité et d’« abnormaly network » a été di-agnostiqué. De plus, le système nerveux est plus statique (moins disponible aux changements) que chez les sujets neuro-typiques. Monsieur Emberti Gialloreti, de l’Université de Rome, a identifié des anomalies au niveau des matières blanches (activités motrices) chez ces personnes.

La question du problème d’identification des filles avec un TSA a été relevée par Jacqui Ashton Smith de

la Grande-Bretagne. Il a expliqué que les filles démontrent plus de comportements d’intériorisation comparés aux com-portements d’extériorisation que l’on re-marque chez les garçons. Suite à cela, le diagnostic est plus complexe et vient plus tard que chez les garçons.

Fabricia Bugini, de Grouppo Asperger de Milan, a parlé des prob-lèmes d’intervention précoce chez les Aspies (les personnes ayant un syndrome d’Asperger). Elle s’est surtout penchée sur l’environnement qui est « bloqué » de même que sur la création, au cours de l’enfance, de « patterns mentaux » pou-vant provoquer des crises de frustration au début de la scolarisation.

Selon Charlaine Tait de l’Université Strathclyde de Glasgow, la préparation des étudiants à l’intégration universitaire joue un rôle primordial dans leur par-cours vers la réussite.

L’orthophoniste Anna Waligorska, du Centre de thérapie SOTIS de Warszawa, a également présenté les ré-sultats de ses recherches. Selon elle, les enfants développent une narration fictive en présence de parents trop permissifs. Une fois à l’école, la narration de ces en-fants doit s’adapter à cette nouvelle réali-té avec plus de structure narrative. C’est là où le problème d’adaptation peut ap-paraître. Il est préférable d’amener le su-jet vers une narration réelle adaptée à un contexte social précis. Aussi, en parlant de la dysfonction de la compétence nar-rative, madame Waligorska mentionne que le sujet est focalisé sur l’état et non pas sur l’action.

Monsieur Giacome Rizzolatti, di-recteur du Département de neuroscience de l’Université de Parme, a expliqué le fonctionnement des neurones miroir (la transformation des représentations sen-sorielles en format moteur – imitation vers l’action). Par ses recherches, il a con-firmé la réception de stimulus (imagerie magnétique) et l’absence de réponse mo-trice (pas d’activité cérébrale).

Madame Rafaela Karas, de l’Université Monach de Melbourne, a

exploré le taux de psychopathologie chez les sujets ayant un TSA. Elles a comparé ses résultats avec les données obtenues en évaluant les sujets avec une déficience in-tellectuelle. Le taux de psychopathologie était de 73,5 % plus élevé chez les per-sonnes ayant un TSA. La dépression cli-nique prédomine comme la forme la plus fréquente.

En explorant la consommation abu-sive d’alcool chez les sujets, Richard Mills a conclu que cette population a de la difficulté à en doser la quantité. Parmi les personnes ayant un TSA, ceux avec le syndrome d’Asperger sont de plus gros consommateurs abusifs à ce niveau. Enfin, il a conclu que ce n’est pas un pro-blème majeur.

En parlant de la santé mentale chez les personnes ayant le syndrome d’Asperger, Joaquin Fuentes Biggi, di-recteur du département de psychiat-rie infantile à l’hôpital Gipuzkoa en Espagne, a informé les participants de la problématique à ce niveau. Selon lui, on retrouve chez les « Aspies » deux fois plus de troubles anxieux, trois fois plus de dépression et de trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et deux fois plus de troubles obsession-nels compulsifs que chez la population

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neurotypique. Le but de son projet est une baisse de consommations de psycho-tropes pour les remplacer par des traite-ments complémentaires

Karen Guldberg a exploré la question d’une intégration technologique dans le traitement des enfants ayant un TSA. En utilisant un écran tactile avec un scénario précis, les sujets peuvent explorer différ-entes possibilités d’expression. Le but est d’améliorer leurs compétences sociales et leur communication en interagissant avec des agents et des objets numériques.

Eh oui! Les androïdes sont arrivés! Madame Arti Ahluwalia, de l’Université de Pise, a présenté le projet FACE (au-tomatisation faciale pour transmettre des émotions). Ce robot est construit dans le but d’obtenir et de définir un protocole clinique innovateur au niveau du traite-ment et de l’évaluation de l’autisme.

En ce qui concerne la construc-tion d’espaces adaptés aux besoins des personnes ayant un TSA, monsieur Christopher Beaver de l’Université Kingston à Londres, a mis l’accent sur la création d’un environnement « con-vivial ». Premièrement, l’emplacement des pièces doit être simple à comprendre. Il a aussi mentionné que la création de l’espace individuel et de l’espace pour la socialisation jouent un rôle très impor-tant. En ce qui concerne le plan des cor-ridors, le choix des couleurs, la texture des murs, les lumières, etc., ces éléments doivent initier un effet calmant chez les

utilisateurs. Quant à la sécurité selon monsieur Beaver, il faut diminuer le nombre de portes vers l’extérieur et être plus attentif pour le choix des meubles.

Madame Kim Steele, de l’Université nationale d’Arizona, a étudié les pro-blèmes chez ces personnes qui demeur-ent avec les aidants naturels. Selon elle, 75 à 80 % des adultes ayant un TSA habitent chez leurs parents. Les pro-blèmes à ce niveau sont : le vieillissement des parents, les problèmes financiers, l’accès aux services, etc. Selon les statis-tiques officielles des États-Unis, durant sa vie, une personne ayant un TSA reçoit environ 3,2 millions de dollars via dif-férentes formes de revenus fournis par le gouvernement.

Le chef de file mondial, madame Catherine Lord, directrice du Centre de communication et de l’autisme de l’Université du Michigan, et aussi coor-donatrice du projet pour les nouveaux diagnostiques en TSA, a parlé des pro-positions qui seront intégrées au nou-veau DSM-V. Premièrement, le terme TED (trouble envahissant du développe-ment) sera remplacé par TSA (trou-bles du spectre de l’autisme). Un des dilemmes était : les TSA feront-ils partie du nouveau DSM-V? Selon les experts, l’autisme est considéré comme un état et non pas comme un problème de santé mentale. Enfin, en prenant en consi-dération les différentes raisons pratiques (p. ex. les services), la décision a été de garder les TSA dans la nouvelle nomen-clature du DSM-V. Par contre, il semble que le syndrome de Rett et le trouble désintégratif de l’enfance ne seront pas inclus dans le spectre. Un des grands dilemmes était de garder ou non le syn-drome d’Asperger au sein des TSA. Sous l’influence des leaders experts incluant madame Lord, le syndrome continuera à faire partie de ce domaine. Le nouveau diagnostic sera basé sur l’analyse des as-pects comportementaux (l’interaction sociale, la communication, la présence des comportements répétitifs et les in-térêts restreints). Le nouveau DSM-V

nous parlera plus de la dimension du TSA que des critères (DSM-IV). La date de l’adoption de ces nouveaux éléments est prévue au plus tard en 2013.

Enfin, j’ai participé à une discus-sion sur les approches pseudo-scien-tifiques auprès des TSA. Souvent, les médias cherchant des informations ex-clusives laissent croire aux parents que certains traitements peuvent « guérir » ou éliminer une partie des symptômes. Malheureusement, ce n’est pas réaliste. De plus, selon les études scientifiques, les traitements comme l’oxygénothérapie hyperbare, le chélation de mercure, l’alimentation sans gluten n’ont pas réussi à faire leurs preuves comme traite-ments efficaces.

La dernière conférence du Congrès était animée par monsieur Sir Michael Rutter, le père de la psychologie infantile de Grande-Bretagne. Il a présenté une synthèse des recherches et des décou-vertes dans le domaine des TSA entre les deux Congrès (2007 en Norvège (Oslo) et 2010 en Italie (Catane).

Après cet exposé, nous avons par-ticipé à la cérémonie de clôture. Quel événement! Je peux dire que le Congrès était une belle occasion pour plusieurs participants et moi-même d’enrichir et d’approfondir nos connaissances dans plusieurs domaines des troubles du spec-tre de l’autisme.

Enfin, je profite de l’occasion pour remercier la direction de l’école secon-daire De La Salle à Ottawa (merci Marcel M.), la direction des soins professionnels et le département de la pédopsychiat-rie du Centre hospitalier Pierre-Janet (CHPJ) à Gatineau (merci Suzanne D, Marie H et Alain L.) pour leur soutien dans ce projet. Enfin, je remercie égale-ment le Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario et le CHPJ d’avoir per-mis aux professionnels de ses établisse-ments de partager leurs apprentissages.

Vlatko DabicEnseignant ressource TSA

École secondaire publique De La Salle Ottawa

Vlatko relaxant dans un café italien.

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Marie-Claude Flibotte, M.S.S., T.S.I., coordonnatrice du programme

francophone « Réalisons le poten-tiel de la communauté » dans la

section d’Ottawa

Chers lecteurs,

DEPUIs Déjà sept mois, j’ai joint la grande équipe d’Autisme Ontario à titre de co-ordonnatrice du programme francophone « Réalisons le potentiel de la communauté » pour la section d’Ottawa.

Dès mon arrivée en avril 2010, je fais la connaissance de Vlatko Dabic qui est enseignant spécialisé à l’école secondaire publique De La Salle. C’est la première du spectacle La victoire et la réussite. L’auditoire compte entre trois et quatre cents spec-tateurs. Nous sommes invités à y avoir un kiosque pour nous faire connaître dans la communauté. Je crée mes premiers contacts avec des familles qui ont des jeunes sous le spectre de l’autisme ainsi qu’avec des professionnels de nos organismes partenaires. Je suis touchée par la passion de Vlatko et sa disponibilité spontanée à m’inclure dans ses réalisations en tant que partenaire.

Au début mai, je suis invitée à venir sensibiliser les élèves d’une petite école ru-rale à l’autisme par la maman enseignante d’un enfant sous le spectre. La réponse des élèves et des professeurs est émouvante. Pour plusieurs c’est le premier contact avec ce que veut vraiment dire ce trouble de développement malgré qu’ils cohabitent tous les jours avec trois élèves identifiés sous le spectre de l’autisme. Il devient tout de suite claire que l’intervention de cette maman a fait germer l’empathie pour l’autisme dans l’école de son fils. Je suis inspirée par cette mère qui se dépasse pour s’assurer du bien-être de son fils. Encore en mai, je fais la connaissance d’une maman très dy-namique dont le garçon adolescent a reçu un diagnostique du syndrome d’Asperger à la suite d’un long cheminement et c’est le début de la planification d’un groupe de soutien pour parents d’adolescents sous le spectre de l’autisme. À la fin du mois, j’offre un premier atelier avec le soutien à distance de notre consultante Suzanne Murphy. Quarante professionnels et un parent viennent s’outiller en ce qui a trait à la gestion de l’anxiété dans le contexte des troubles envahissants du développement avec déficience intellectuelle (TED / DI).

En juin, après plusieurs obstacles techniques et avec le soutien de Brenda Desjardins, maman et partenaire fidèle depuis les débuts de notre programme, nous recevons quatre-vingt-sept personnes dont vingt-cinq ayant un TSA pour le visi-onnement de Shreck 4 en français, au Empire Theatre à Orléans. À la fin du film, je constate que je suis définitivement associée à un renforcement positif pour l’un des spectateurs d’âge préscolaire qui est non verbal lorsqu’il me prend par la main et m’amène vers la sortie avec lui!

C’est aussi en juin que le programme PACE (Projet d’action communautaire pour les enfants autistes), une initiative unique en son genre née de la collabora-tion de pourvoyeurs de services de la région d’Ottawa, débute avec un premier cycle d’ateliers et des consultations sur l’analyse comportementale appliquée (ACA) visant

par marie-Claude flibotte

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à appuyer les parents et les profession-nels qui soutiennent des enfants au-tistes entre zéro et six ans. Merci à mes collègues francophones de se joindre à moi dans la livraison de ce programme exceptionnel pour les francophones de la région d’Ottawa : Joane Veilleux et Suzanne Murphy qui travaillent de con-cert pour la révision du matériel de cours et Liette Petit pour assurer une traduc-tion de grande qualité.

En juillet, c’est la méga sortie au Mont-Cascades et, en mon absence, c’est une bénévole bilingue de la sec-tion d’Ottawa, Jo Ann Walker, qui me remplace pour recevoir les vingt-quatre francophones qui participent. Merci à Jo Ann qui a su élargir sa générosité pour appuyer les activités francophones.

Au mois d’août, j’organise un avant-midi de quilles en famille et nous nous amusons tous pleinement juste avant la rentrée des classes : cinquante-trois participants!

En septembre, nous entreprenons le deuxième cycle des ateliers PACE visant à transmettre des habiletés spécialisées aux parents et aux professionnels qui ap-puient des jeunes entre 13 et 18 ans sous le spectre de l’autisme. Cette série de huit ateliers intensifs s’échelonnera jusqu’en mars 2011. Le même mois marque la randonnée en train de Wakefield. Cette fois-ci, merci à Hélène Alarie, une ma-man qui accepte de devenir bénévole pour me remplacer à la dernière minute afin d’accueillir en bonne et due forme les quarante-huit participants francophones.

Finalement en octobre, un pro-gramme spécial de musique débute au Collège secondaire Samuel-Genest. Fruit de notre collaboration avec Madame Paule Pépin du Conseil des Écoles Catholiques du Centre-Est (CECCE) et de la direction de l’école, le programme vise à améliorer les habiletés de communication de huit élèves adoles-cents d’une classe TED d’ici à avril 2011.

Merci à Madame Élise Benoît, qui utilise avec ferveur depuis des années les pou-voirs de la musique pour amener les gens à dépasser leurs limites!

Oui. Il y a sept mois je me suis jointe à Autisme Ontario parce que je me suis sentie inspirée par la force et le courage des familles qui ont des enfants sous le spectre de l’autisme et c’est avec mon cœur que j’ai fait le choix d’apporter ce que j’avais à offrir comme profession-nelle. Maintenant que je vous ai côtoyés, je suis bel et bien attachée à la cause. Dans ma nouvelle fonction, je rencontre des gens extraordinaires tous les jours qui, comme moi, ne demandent qu’à of-frir leur contribution. Alors en ce qui me concerne, il n’y a aucune inquiétude pour la suite des activités francophones.

DEPUIs lE DébUt de l’année, les élèves de la classe HD-tsa du Collège catholique samuel-Genest profitent des ser-vices de madame Élise Benoît, musicothéra-peute. Par l’entremise de la musique, elle les amène à interagir tout en tenant compte de leurs forces et de leurs besoins. ils dé-couvrent divers instruments, apprennent les rythmes, les silences et les émotions et ils développent même leur communication.

Par exemple, nathalie choisit de jouer de la guitare. elle garde le rythme de façon très régulière alors que madame Benoît chante en effectuant les accords sur l’instrument. madame Benoît initie un rythme différent sur la caisse de résonance de la guitare et nathalie lève les yeux, la regarde et réagit

intervention musicale à l’école

en y faisant écho. elle a les yeux brillants! elle pousse un cri de plaisir et semble attendre le prochain tempo. Lorsque celui-ci se fait entendre, elle opte pour un son qui s’y rap-proche et s’exclame de rire!

autre exemple : sylvain joue du xylo-phone. il joue en répétant toujours la même note et le même rythme. alors que madame Benoît chante, elle joue avec lui sur le même instrument en incorporant des rythmes et en variant les notes. après quelques instants, on peut observer que la façon de jouer de sylvain se modifie : il commence à changer de note sur l’instrument et se met à faire des sons vocaux en lien avec la chanson.

Ces enfants adorent la musique. Je suis toujours fascinée de voir leurs réactions

alors qu’ils explorent les instruments de musique. Je les vois se concentrer, réagir mu-sicalement aux rythmes et aux silences de la musique, émettre des sons vocaux, faire des choix d’instruments et surtout déborder de joie avec ce sourire resplendissant de plaisir!

C’est définitivement une pratique gagnante !

Marie-Pier TappEnseignante classe HD-TSA

Collège catholique Samuel-Genest, Ottawa

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Les services en français d’autisme ontario et la bourse Canada-ontario

lE 27 Août 2010, Autisme Ontario ap-prenait qu’une bourse lui était décernée dans le cadre de l’Entente Canada-Ontario pour les services en français.

De concert avec Patrimoine cana-dien, l’entente Canada-Ontario vise le développement et l’amélioration des ser-vices de qualité en français, ainsi que leur accessibilité pour la communauté franco-phone de l’Ontario, conformément aux obligations prescrites par la Loi de 1986 sur les services en français.

Dans un rapport exhaustif présenté au ministère des Services sociaux et com-munautaires et au ministère des Services à l’enfance et à la jeunesse, Autisme Ontario a soumis un ensemble d’activités visant à mettre à la disposition des fa-milles et des professionnels francophones des outils qui facilitent leur compréhen-sion des troubles du spectre de l’autisme (TSA). Voici un aperçu de ces différentes initiatives :• Publication d’un numéro spécial en-

tièrement en français sur des théma-tiques spécifiques reliées aux TSA;

• Répertoire en lignede ressources enfrançais relatives aux TSA;

• Créationdecourtslivretsexplicatifssurdes sujets variés auxquels s’intéressent particulièrement les parents et les pro-fessionnels, notamment : les relations maison-école, le plan d’enseignement

Multi projet • CEA – TSA – CEPEO • Édition 2011

suite à l’énorme succès du multi projet artistique d’avril 2010, il nous fait grand plaisir de vous inviter à participer à l’édition 2011, soit le 19 avril prochain, à l’école secon-daire publique De La salle.

Cet événement est possible grâce à la collaboration des intervenants en tsa du Conseil des écoles publiques de l’est de l’ontario (CePeo), le Centre d’excellence artistique (Cea) de la surintendance et du service éducatif, volet de l’enfance en difficulté du CePeo.

Cette année, après trois mois de travail acharné, nous sommes en mesure de vous offrir une œuvre artistique sous forme d’un calendrier, ayant pour titre « L’univers de l’autisme ». Cette création est le fruit d’une collaboration entre autisme ontario et la classe tsa de La salle.

en plus de donner l’occasion à la population d’admirer ces artistes, nous offrons des informations pertinentes sur l’autisme. Les thèmes que nous abordons visent à savoir comment identifier, comprendre et intervenir auprès de ces personnes tout en respectant les principes d’inclusion et de valorisation sociale.

Pour plus d’informations en ce qui concerne la mise en place du projet, vous pouvez consulter le site Web au www.tsacepeo.wordpress.com.

individualisé (PEI), les techniques de gestion du comportement, etc.

L’attribution de cette bourse marque un point décisif dans le virage qu’effectue Autisme Ontario avec son plan straté-gique pour les services en français. Au cours des années à venir, l’organisme souhaite être désigné comme pourvoy-eur de services en français pour son pro-gramme « Réalisons le potentiel de la communauté » et s’affaire ardemment à développer des services adaptés aux be-soins de la communauté francophone de l’Ontario.

DoNNEZ-NoUs DE Vos NoUVEllEs

Le magazine trimestriel d’autisme ontario constitue une belle occasion de partager vos histoires à succès, vos histoires inspirantes et vos stratégies gagnantes. si vous désirez soumettre un article ou un commentaire, vous n’avez qu’à nous contacter à l’adresse suivante : rpcfrancais@autismontario.

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Projet PaCe (Programme d’action communautaire pour les enfants autistes) à ottawa

CoMME PARENts, nous aimerions souligner notre satisfaction d’avoir participé au projet PACE.

Ce projet nous a permis de continuer ce que nous avons entrepris avec notre fils qui a maintenant 11 ans. Nous avons fait 5 ans de stimulation précoce avec l’approche intervention comportementale intensive (ICI). Avec PACE, nous avons été encoura-gés à poursuivre la stimulation de notre fils avec la même approche. Les principes de base et les techniques d’enseignement ont été présentés clairement lors des ateliers. De plus, lors des suivis individualisés, Madame Suzanne Murphy nous a très bien accompagnés dans la résolution des problèmes rencontrés avec notre fils en nous indiquant et en nous expliquant les outils à utiliser.

Ce projet nous a conscientisés aux habiletés à développer dans la communauté pour que notre fils devienne un adolescent et par la suite un adulte qui aura à s’intégrer dans la communauté. Les divers moyens technologiques permettant de développer ces habiletés ont été présentés clairement lors des ateliers.

Ce projet a permis de briser l’isolement que nous vivons comme parents d’un en-fant autiste. Les divers intervenants des différents organismes sont impliqués et sont accessibles par leur présence dans les ateliers.

Ce projet nous a permis de développer des outils comme parents ayant un enfant autiste et d’ainsi l’aider à grandir. Lorsqu’on dit qu’il faut tout un village pour faire grandir un enfant, le projet PACE a bien compris toute la sagesse de cette phrase.

Comme mère francophone, j’ai grandement apprécié les documents qui ont été traduits en français. J’ai également apprécié la présence de Madame Marie-Claude Flibotte et de Madame Suzanne Murphy pour les suivis dispensés en français.

Lynda Bélisle et Joseph Arakelian, parents

MERCREDI 11 h 50, Martine McKale se rend à son casier pour se préparer. Le mer-credi est un jour spécial pour cette jeune fille de l’école secondaire l’Essor car c’est le jour où elle se rend à la pizzeria. En effet, depuis le mois d’octobre, Martine possède un travail bien à elle dans un restaurant populaire du voisinage.

À l’Essor, le projet en milieu de travail est un succès qui engendre la fierté non seulement des élèves, des éducateurs et des enseignants mais aussi de leurs parents. Cette année, pour la première fois, cinq élèves âgés de 17 à 19 ans du programme AVIS (Apprentissage à la Vie et Intégration Sociale) vont travailler en communauté entre une et cinq fois par semaine. Le type de travail est basé sur les habiletés et les goûts de chacun. Quelques-uns se rendent à la marche, d’autres en taxi; certains y vont seuls, d’autres sont accompagnés selon les besoins de chacun. Ce n’est pas toujours facile de trouver un endroit pour chaque élève. Il a fallu être persévérant, changer certaines façons de penser et faire des recherches mais au bout du compte, nous nous retrouvons tous gagnants et enchantés de l’envergure du progrès de nos élèves adorés.

Suzanne DussaultEnseignante EED titulaire

Classe Avis, École secondaire l’Essor, Tecumseh

L’apprentissage en milieu de travail « co-op »

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Page 8: un futur pour l’autisme · été relevée par Jacqui Ashton Smith de la Grande-Bretagne. Il a expliqué que les filles démontrent plus de comportements d’intériorisation comparés

HiVeR 2011 AutismmatteRs 23

info-autisme

Commerce équitable/fair trade

De gauche à droite/L to R: Michelle Fabiana Morales Hoyos, Camille Dubois Théberge, Roxanne Charlebois et/and Anne-Marie Provencher.

Community VoLunteeR seRViCe meets CuLtuRaL exCHanGe, anD autism ontaRio Benefits.

un seRViCe CommunautaiRe De BÉnÉVoLes ComBinÉ à un ÉCHanGe CuLtuReL… tout un aVantaGe PouR autisme ontaRio !

My NAME Is Anne-Marie Provencher, I’m from Québec and I’m currently a volunteer for Autism Ontario – Sudbury & District Chapter. I am part of a pro-gram called Canada World Youth, which aims to make a cultural exchange and voluntary work in a community that is not mine. It is with great pleasure that I share my work with two young girls from Bolivia: Michelle and Blanca. I was for-tunate to attend two events of the organ-isation: The Movie Morning and The Santa Claus Parade. It was great to see children have so much fun! Thank you to Autism Ontario for opening the door to the world of autism for us, a world that we have much to learn!

jE M’APPEllE Anne-Marie Proven-cher. Je viens du Québec et suis présente-ment bénévole pour l’organisme Autisme Ontario de Sudbury. Je fais partie d’un programme appelé Jeunesse Canada Monde qui consiste à faire un échange interculturel et du travail volontaire dans une communauté qui n’est pas la mi-enne. C’est donc avec grand plaisir que je partagerai mes tâches avec deux jeunes filles de la Bolivie : Michelle et Blanca. J’ai eu la chance de participer à deux événements organisés par l’organisme : The movie morning et The Santa Claus parade. Ce fut très agréable de voir les enfants avoir autant de plaisir ! Merci à Autisme Ontario de nous ouvrir la porte sur le monde de l’autisme : un monde dont on a tant à apprendre !

DE PlUs EN PlUs, on nous de-mande la terminologie française pour divers termes utilisés dans le domaine de l’autisme. souvent dans les contextes français, les termes anglais sont utilisés parce que les gens ne connaissent pas la terminologie française. De plus, il existe souvent plus qu’une traduction pour le même terme. afin d’assurer que le public francophone soit informé, nous présen-terons un terme anglais, sa traduction en français ainsi qu’une définition.GlossaireTerme en anglais : 5-point scaleEn français : Échelle à 5 pointsDéfinition : L’échelle à 5 points est un outil visuel conçu pour illustrer que les émotions ainsi que les situations et in-teractions quotidiennes comprennent souvent des intensités ou des degrés différents. L’outil peut être utilisé pour montrer les différents niveaux relatifs aux émotions, à l’espace personnel, au volume de la voix, aux touchers ou à d’autres réalités de la vie affective ou sociale. L’échelle à 5 points propose également différentes façons d’agir ou de réagir aux évènements de tous les jours. son caractère visuel aide à concrétiser des concepts difficiles à expliquer et peut aussi faciliter la rétention de l’information.

Le livre de Kari Dunn Buron et mitzi Curtis, traduit de l’anglais, est mainten-ant disponible en français – L’incroyable échelle à 5 points : aider les élèves souffrant de troubles du spectre au-tistique à comprendre les interactions sociales et à contrôler leurs réponses émotionnelles.

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français?