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LE LITTORAL Pièces d'Orgue de l'Ecole Suisse : OTTO BARBLAN ET MOTTU Un interprète réfléchi de ces maîtres : M. WILLIAM ROCHETTE PAYSAGES ET MUSIQUE A la fin d'un mois particulièrement affairé, sans aucune éclaircie musicale, un excellent ami est venu me trouver, un ami de l'Orgue ; il est venu d'Avignon, ayant pour tout bagage, un rou- leau de musique : Douze Pièces pour orgue de Mottu et une autre partition de Barblan... Nous connaissons mal ces compositeurs suisses ; M. William Rochette les interprète d'une façon fidèle et naturelle puisque, suisse lui-même, il fut à leur école : après avoir pensé longtemps - à ces chefs d'oeuvre, il nous invite à un Banquet Musi- cal ; comme le Maître de la Cène, il nous fait communier avec cette admirable musique d'orgue suisse... Admirable comme son peuple, le plus sage de la terre, le plus charitable aussi à la ma- nière d'un Listz. Mais il ne se contente point de faire don ; pour mieux donner, il prend d'abord tout ce qu'il a autour de lui de Bon ; avant d'irradier son âme profonde et pacifique, il se concentre et réfléchit... Je ne puis oublier le Gleish grondant, vaste vaisseau de glace et de tunnels gigantesques d'où, tout blanc d'écume, déjà -immense et frémissant, jaillit le jeune Rhône ; ni l'ordre harmonieux du Grimsel, ni lesJacs admirables de Thûnn ou de Brienz et son Spiez enchanteur avec son cirque de hautes montagnes presque noires venant se baigner à pic dans un lac d'azur et les méandres côtoyants d'un sentier sous-bois et paradisiaque... En somme, l'âme suisse et son coeur très généreux ne sont que le reflet de ses montagnes un peu austères mais sublimes ou de ses lacs et de son ciel riches en harmonies ineffables. Quoi d'éton- nant si la musique de ses enfants est empreinte à tout jamais de cette note grave, sérieuse et pro- fonde et d'un'chant si souverainement humain et émouvant ?... Le final des Pièces de Mottu (N° VI) n'évoque- t-il pas avec son rythme farouche et grondant les chutes tumultueuses du Rhône jaillissant de son Rocher de Glace, tout bouillonnant de jeune ardeur et de cette Foi qui déplace la Montagne, l'étend en un torrent glacé impénétrable et de ce torrent boueux fait naître un fleuve grandiose, majestueux et limpide et du fleuve, une Mer... Je n'ai rien entendu de plus grandiose en rythmes se déplaçant sans cesse avec un ordre naturel et souverain. Le grand jeu des orgues du Suquet avec leur bombarde tonitruante et leurs muta- tions colorées rudement éclairées par le son strident et grêle des petites flûtes se prêtait bien à cette scène grandiose qui n'avait d'autres témoins que 'es voûtes vides et sonores de mon cher Suquet... N'a-t-il pas été pour moi, ce beau Mont-Chevdier, mon meilleur conseiller et ne résume-t-il pas mes souvenirs les plus chers de ma ville natale ? Cette même Pièce, je devais la réentendre sur les grandes orgues de N.-D. de Bon-Voyage, où Maître Frommer, de la splendide tribune qui résonne depuis si longtemps des accents sympho- niques et s'illumine de ses flambeaux à trois branches, nous accueillit avec son amabilité cou- tumière. Après ce final, le professeur d'Avignon nous donna — j'eus le privilège de cette seconde audition •— la pièce très cantabile "Pour le temps de l'Epiphanie" de Mottu (N° V) pour flûte, bourdon et sous-basse. Les jeux de fond de cet orgue se prête particulièrement à cette évocation non plus de la Suisse farouche mais de son âme recueillie, aimante et un peu triste... Cela me faisait penser à une nuit d'Annecy où tandis que nous glissions sur les eaux noires du lac et que nous croisions sans même les deviner, d'autres canoë, les lumières éblouissantes de la ville jetaient toute une couronne de flammes blanches comme des archanges ; les voix séraphiques d'une chorale suisse semblaient nous envelopper de leurs harmonies lointaines ; le plein air et le silence du lac endormi les rendaient encore plus suaves et presque immatérielles ; harmonies inoubliables aux sonorités feutrées et fondues d'un orgue à l'accord irréel, tant le souffle de cet instrument était pur et divinement juste : c'est celui que des bienheureux peuvent entendre à Bâle, à l'intérieur du grand Temple dont la fière silhouette se dresse comme une sentinelle bien au-dessus du Rhin grondant et dont le coude fameux roule ses eaux étranglées, furieuses et gonflées de tout un dégel printanier en un divin contraste... Comment transmettre à ceux qui n'ont pas entendu ces admirables pièces de Mottu et celle en intervalles de tierces à mouvement chroma^flue d'Otto Barblan, le désir de connaître cette belle musique d'orgue suisse, si émouvante dans sa sobriété ? N'était-ce point la façon poétique qui incitait le mieux à faire partager une profonde joie que je ne veux pas égoïstement garder pour moi ?... De toute mon âme, je voudrais pouvoir la com- muniquer à d'autres âmes artistes, à toutes celles, innombrables, qui aiment la musique... Un Ami de l'Orgue, (à suivre). Henri SAULNIER. A propos du "Nouvé Nouvelet" dont nos lec- teurs ont pu lire l'étude musicale, c'est par erreur qu'il a été imprimé : noël provençal ; en réalité, « c'est un vieux Nol d'Anjou cité par Rabelais au Tiers Livre ». Ce beau Noèl que l'Académie Provençale n a jamais interprété « demeure unique- ment à N.-D.d'Espérance... » '<Heureuse erreur », allais-je écrire, qui nous valut de rendre hommage à un artiste tel que M. Tuby : il à bien voulu mettre des paroles provençales, satisfaisant ainsi la prière d'un autre artiste à qui je suis heureux ici de témoi- gner mon admiration et la reconnaissance que la Chorale du Suquet lui doit conserver, M. Bernard, ancien maître de Chapelle de N.-D. d'Espérance .. Par sa patience, son dévouement et un amour sincère qu'il porte à la Musique et surtout au Chant Grégorien, il a appris à cette Chorale l'Art des nuances, une extrême douceur "à bouche ouverte" — ce que beaucoup d'exécutants du Plain-Chant ignorent et une intelligence dans le phrasé qui lui ont valu la réputation de "savoir chanter la lithurgiè chrétienne..." H. S. LA VIE LITTÉRAIRE LES JOURNÉES PATHÉTIQUES DE LA GUERRE M. Paul Allard est l'auteur de plusieurs volu- mes, qui ont jeté la pleine lumière sur la guerre de 1939 et la défaite de 1940. Nous parlerons de son dernier volume, paru aux Editions de France, qui a pour titre : "Les Journées pathétiques de la Guerre". Nouveau témoignage, qui vient s'ajouter aux déclarations de MM. Flandin et G. Bonneteaux livres de MM. Philippe Henriot et de Monzie. C'est le 23 août 1939, écrit-il, que « la guerre fut décidée. Depuis des années, le clan des bellicistes voulait la guerre à tout prix. Daladier ouvrait, ce jour-là, la séance du Conseil Supérieur de la Défense Nationale en posant 3 questions précises : 1 La France peut-elle, sans réagir, assister à la disparition de la carte d'Europe, de la Pologne et de la Roumanie ? ou de l'une de ces deux puissances ? Quels moyens a-t-elle de s'y opposer ? 3 Quelles sont les mesures à prendre, dès main- tenant ? M. G. Bonnet, Ministre des Affaires Etrangè- res, était opposé aux mesures prises par Daladier, auquel il prodigua les avertissements... L'accord germano-russe du 21 août ne trouble pas Daladier, qui basait sa confiance sur la sécurité collective. Sur le papier, oui. Mais, en réalité, la politique de la Petite-Entente et de la Pologne donnait à tous l'impression de l'encerclement. Au sujet de la Pologne, M. Allard mentionne un document transmis par notre ambassadeur de Varsovie, M. Léon Noël, à A. Léger, grand maître au Quai d'Orsay, en date du 25 octobre, que ce dernier ne mentionna pas dans le "Livre jaune'. Ce rapport demandait le remplacement de l'allian- ce franco-polonaise de 1921 en un " simple pacte consultatif d'amitié. Derrière M. G. Bonnet, le Général Gamehn signe des pactes secrets avec Varsovie. Mais revenons à la séance du 23 Août. Dans son exposé, le Ministre des Affaires Etrangères, s'adressant à Daladier et à Gamehn, il déclara que causer avec l'Allemagne, c'était abandonner Dantzig et le couloir polonais, et s'il ne causait pas, c'était la guerre certaine. Game- hn était certain d'une longue résistance polonaise ! Guy La Chambre montra « les grands progrès réalisés, depuis septembre 1938, par notre aviation. » Passons au 31 août. Grâce à des manoeuvres perfides, les télégrammes qui auraient évité la guerre furent retardés. Le Chancelier Hitler, d'accord avec M. Mussolini, avait demandé la réunion d'une nouvelle Conférence internationale. Mais la Pologne, excitée par l'Angleterre, s'y opposa. Daladier et le clan des bellicistes s'achar- nent contre M. G. Bonnet. *** Après l'écrasement de la Pologne, la paix était encore possible. Daladier' repoussa, sans même réunir le Conseil des Ministres — il remplaçait M. G. Bonnet depuis le 13 septembre — les pro- positions du Chancelier Hitler à la date du 6 octobre 1939. Le 10 février 1940, Comité secret. M. Paul Allard expose, au préalable, les durs combats que menèrent MM. Flandin et Robbe contre les mensonges officiels. M. Robbe, le 10 février 1940, s'y attaqua à nouveau au Parlement. Et nous comprenons pourquoi nos soldats, ne voyant presque jamais d'avions français ou anglais dans les airs, écrasés sous un déluge d'acier venant du ciel, durent battre en retraite et semer leur sang à travers la France... Le 13 mars 1940, réunion du Sénat en Comité secret. M. Pierre Laval mène l'attaque contre Dala- dier qui aboutit à la démission du Président du Conseil. M. de Monzie veut empêcher l'intervention italienne contre la France. Il se heurte à l'opposi- tion de Daladier et de P. Reynaud. * * Nous arrivons, à présent, à la fameuse carte de L'Illustration, du 16 mars 1940. Une photo de cette Revue concernant l'entrevue de M. Sumner Welles et de P. Reynaud à Paris montrait à l'arrière-plan une carte monumentale de l'Europe,, assez confuse et retouchée de telle sorte que certains tracés géographiques étaient exagérément soulignés alors que d'autres disparaissaient. Ce que ne dit pas M. Paul Allard, c'est qu'à 1 origine de cette découverte, les nazis hongrois prétendaient que leur patrie avait tout à perdre d'une défaite de l'Allemagne. La propagande allemande s'empara de ce thème de propagande. Berlin prétend que les Alliés veulent en terminer avec l'Allemagne, en la divisant. Lire les déclarations du professeur allemand Bruns, expert en droit international, commentant, à Berlin, la carte en question. Il est exact, contrairement à ce que prétendait P. Reynaud, que la Maison de Wittelbach avait en vue de constituer, avec Othon de Hasburg, une monarchie dualiste en Europe Centrale, englobant la Bavière, l'Allemagne du Sud et l'Autriche, sans omettre la Tchéco-Slovaquie. Daladier et Reynaud sont soutenus par Lon- dres, par tout le clan judéo-m.: qui lutte contre M. de Monzie. Dans le voyage à travers une histoire trop récente, nous passerons du 16 mai 1940, qui vit notre défaite sur la Meuse, à l'armée de la Ligne Màginot, encerclée par les armées allemandes. Nous aurions dû l'évacuer, ce qui aurait peut-être changé la face des choses... M. Paul Allard la compare à « une ratière ». Rien de plus vrai. Les journées de l'Armisticp, racontées par un des signataires, qui n'est pas nommé, et qui nous prennent au coeur. M. Lebrun, lui, continue de sangloter. "Ombre d une ombre", comme le qualifia, dans Gringoire> M. Henri Béraud. C est sur ce personnage falot, ce pantin, que* M. Allard termine son livre, ouvrage d'histoire*, dont on ne saurait trop recommander la lecture, pour répondre à Ta propagande anti-nationale de l'étranger. G. COLJRRET DE VILBOIS. GOLF LES CHAMPIONNATS DE FRANCE SE DÉROULERONT A CANNES DU 4 AU 10 AVRIL Ce sera la consécration définitive pour le Golf- Club de Mandelieu, sur le beau parcours duquel se jouront pour la première fois les Championnats de France. Nous donnons aujourd'hui les grandes lignes de ce programme dont les compétitions prendront le titre de "Grands Critériums tenant heu de Championnats de France". SAMEDI 4 AVRIL. — Eliminatoire du Grand Critérium de France 1942 Z. N. O. (amateurs 2e s.) : Handicaps de Clubs, à partir de 8 ; Medal play, 36 trous. Les 32 premiers sont qualifiés. — Droit d'entrée : 100 franc?. LUNDI 6, MARDI 7, MERCREDI 8 AVRIL. Grands Critériums de France 1942 Z. N. O. (amateurs) : Match-F lay, 36 trous par jour : Première série : handicaps de Clubs de 0 à 7 ; Deuxième série : handicaps de Clubs, à partir de 8 pour les 32 qualifiés de l'éliminatoire. Pour les 2 se'ries : Finales sur 36 trous. — Droit d'en- trée : Première série, 200 fr. ; deuxième série, 100 fr. Des dispositions seront prises pour que les finalistes de chaque série rencontrent à Paris, fin Mai, les finalistes des Grands Crité- riums de Z. O. JEUDI 9 et VENDREDI 10 AVRIL. - Omnium de France 1942 Z. N. O. (amateurs et profession- nels) : 72 trous Medal play, 36 trous par jour. Coupe pour les amateurs. — Droits d entrée : 100 fr. Montant des prix: 15.000 fr. offerts par la F.F.G. Les inscriptions accompagnées du montant du droit d'entrée doivent parvenir au Golf au plus tard le 26 Mars. PRÉLUDE A LA SAISON DE BAINS DE MER Les Calanques de la Corniche d'Or S.I. 11553 TENNIS CANNES DEMEURE UNE CAPITALE DES COURTS Le Tournoi du Cannes T. C. Ce tournoi a inauguré pour notre ville la Saison 1942 — ; et dès les premiers jours, notre Club de la rue Lacour connaissait la plus sym- pathique animation. D'excellents joueurs étaient engagés : Lesueur, Abdelssalam, Poulaillon, Jacquemet, Albouze, le Belge Peten, et puis Mlle Weivers, la cham- pionne Franco-Luxembourgeoise, Mlle Saint Orner Roy, la parfaite secrétaire du Club, d'autres encore. Mais Pétra constituait "l'attraction" du tour- noi ; le grand'Pétra, un de nos mousquetaires (2e édition) de la Coupe Davis — qui "introdui- sit" dans le Tennis français, le jeu athlétique, et vigoureusement offensif à 1 américaine. Pétra, qui — il n'y a pas si longtemps — connaissait encore les épreuves de la captivité, a bellement réagi, et a fait montre d'une forme et d'un allant rcmaiquôbles. Son match en demi- finale contre Lesueur fut réellement intéressant et la finale, très serrée. Voici le résultat des Finales : Simple Messieurs. — Petra bat Abdelssalam 4/6 - 7,5 - 6/2. Simple Dames. — Mlle Weive:s bat Mlle St Orner-Roy, 6/4 - 6/4. Double Messieurs. — Petra et Lesueur battent Ghislain et Jacquemet, 6/4 - 6/1. Double Mixte. — Mlle Weive s et Ghislain battent Mlle St-Omer-Roy et Abdelssalam, 6/4 - 6/2. ' |

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LE LITTORAL

Pièces d'Orgue de l'Ecole Suisse : OTTO BARBLAN ET MOTTU

Un interprète réfléchi de ces maîtres : M. W I L L I A M ROCHETTE

PAYSAGES ET MUSIQUEA la fin d'un mois particulièrement affairé,

sans aucune éclaircie musicale, un excellent amiest venu me trouver, un ami de l'Orgue ; il estvenu d'Avignon, ayant pour tout bagage, un rou-leau de musique : Douze Pièces pour orgue deMottu et une autre partition de Barblan... Nousconnaissons mal ces compositeurs suisses ; M.William Rochette les interprète d'une façon fidèleet naturelle puisque, suisse lui-même, il fut àleur école : après avoir pensé longtemps - à ceschefs d'œuvre, il nous invite à un Banquet Musi-cal ; comme le Maître de la Cène, il nous faitcommunier avec cette admirable musique d'orguesuisse... Admirable comme son peuple, le plussage de la terre, le plus charitable aussi à la ma-nière d'un Listz. Mais il ne se contente point defaire don ; pour mieux donner, il prend d'abordtout ce qu'il a autour de lui de Bon ; avantd'irradier son âme profonde et pacifique, il seconcentre et réfléchit...

Je ne puis oublier le Gleish grondant, vastevaisseau de glace et de tunnels gigantesques d'où,tout blanc d'écume, déjà -immense et frémissant,jaillit le jeune Rhône ; ni l'ordre harmonieux duGrimsel, ni lesJacs admirables de Thûnn ou deBrienz et son Spiez enchanteur avec son cirquede hautes montagnes presque noires venant sebaigner à pic dans un lac d'azur et les méandrescôtoyants d'un sentier sous-bois et paradisiaque...En somme, l'âme suisse et son cœur très généreuxne sont que le reflet de ses montagnes un peuaustères mais sublimes ou de ses lacs et de sonciel riches en harmonies ineffables. Quoi d'éton-nant si la musique de ses enfants est empreinteà tout jamais de cette note grave, sérieuse et pro-fonde et d'un'chant si souverainement humainet émouvant ?...

Le final des Pièces de Mottu (N° VI) n'évoque-t-il pas avec son rythme farouche et grondant leschutes tumultueuses du Rhône jaillissant de sonRocher de Glace, tout bouillonnant de jeuneardeur et de cette Foi qui déplace la Montagne,l'étend en un torrent glacé impénétrable et de cetorrent boueux fait naître un fleuve grandiose,majestueux et limpide et du fleuve, une Mer...Je n'ai rien entendu de plus grandiose en rythmesse déplaçant sans cesse avec un ordre naturel etsouverain. Le grand jeu des orgues du Suquetavec leur bombarde tonitruante et leurs muta-tions colorées rudement éclairées par le sonstrident et grêle des petites flûtes se prêtait bienà cette scène grandiose qui n'avait d'autrestémoins que 'es voûtes vides et sonores de moncher Suquet... N'a-t-il pas été pour moi, ce beauMont-Chevdier, mon meilleur conseiller et nerésume-t-il pas mes souvenirs les plus chers dema ville natale ?

Cette même Pièce, je devais la réentendre surles grandes orgues de N.-D. de Bon-Voyage, oùMaître Frommer, de la splendide tribune quirésonne depuis si longtemps des accents sympho-niques et s'illumine de ses flambeaux à troisbranches, nous accueillit avec son amabilité cou-tumière. Après ce final, le professeur d'Avignon

nous donna — j'eus le privilège de cette secondeaudition •— la pièce très cantabile "Pour le tempsde l'Epiphanie" de Mottu (N° V) pour flûte,bourdon et sous-basse. Les jeux de fond de cetorgue se prête particulièrement à cette évocationnon plus de la Suisse farouche mais de son âmerecueillie, aimante et un peu triste... Cela mefaisait penser à une nuit d'Annecy où tandis quenous glissions sur les eaux noires du lac et quenous croisions sans même les deviner, d'autrescanoë, les lumières éblouissantes de la villejetaient toute une couronne de flammes blanchescomme des archanges ; les voix séraphiques d'unechorale suisse semblaient nous envelopper deleurs harmonies lointaines ; le plein air et le silencedu lac endormi les rendaient encore plus suaveset presque immatérielles ; harmonies inoubliablesaux sonorités feutrées et fondues d'un orgue àl'accord irréel, tant le souffle de cet instrumentétait pur et divinement juste : c'est celui que desbienheureux peuvent entendre à Bâle, à l'intérieurdu grand Temple dont la fière silhouette se dressecomme une sentinelle bien au-dessus du Rhingrondant et dont le coude fameux roule ses eauxétranglées, furieuses et gonflées de tout un dégelprintanier en un divin contraste...

Comment transmettre à ceux qui n'ont pasentendu ces admirables pièces de Mottu et celleen intervalles de tierces à mouvement chroma^flued'Otto Barblan, le désir de connaître cette bellemusique d'orgue suisse, si émouvante dans sasobriété ?

N'était-ce point la façon poétique qui incitaitle mieux à faire partager une profonde joie queje ne veux pas égoïstement garder pour moi ?...De toute mon âme, je voudrais pouvoir la com-muniquer à d'autres âmes artistes, à toutes celles,innombrables, qui aiment la musique...

Un Ami de l'Orgue,

(à suivre). Henri SAULNIER.

A propos du "Nouvé Nouvelet" dont nos lec-teurs ont pu lire l'étude musicale, c'est par erreurqu'il a été imprimé : noël provençal ; en réalité,« c'est un vieux Nol d'Anjou cité par Rabelaisau Tiers Livre ». Ce beau Noèl que l'AcadémieProvençale n a jamais interprété « demeure unique-ment à N.-D.d'Espérance... » '< Heureuse erreur »,allais-je écrire, qui nous valut de rendre hommageà un artiste tel que M. Tuby : il à bien voulu mettredes paroles provençales, satisfaisant ainsi la prièred'un autre artiste à qui je suis heureux ici de témoi-gner mon admiration et la reconnaissance que laChorale du Suquet lui doit conserver, M. Bernard,ancien maître de Chapelle de N.-D. d'Espérance ..

Par sa patience, son dévouement et un amoursincère qu'il porte à la Musique et surtout au ChantGrégorien, il a appris à cette Chorale l'Art desnuances, une extrême douceur "à bouche ouverte"— ce que beaucoup d'exécutants du Plain-Chantignorent — et une intelligence dans le phrasé qui luiont valu la réputation de "savoir chanter la lithurgièchrétienne..." H. S.

LA VIE LITTÉRAIRE

LES

JOURNÉES PATHÉTIQUES DE LA GUERREM. Paul Allard est l'auteur de plusieurs volu-

mes, qui ont jeté la pleine lumière sur la guerrede 1939 et la défaite de 1940.

Nous parlerons de son dernier volume, paruaux Editions de France, qui a pour titre : "LesJournées pathétiques de la Guerre".

Nouveau témoignage, qui vient s'ajouter auxdéclarations de MM. Flandin et G. Bonneteauxlivres de MM. Philippe Henriot et de Monzie.

C'est le 23 août 1939, écrit-il, que « la guerrefut décidée. Depuis des années, le clan desbellicistes voulait la guerre à tout prix. Daladierouvrait, ce jour-là, la séance du Conseil Supérieurde la Défense Nationale en posant 3 questionsprécises :

1 La France peut-elle, sans réagir, assister à ladisparition de la carte d'Europe, de la Pologne etde la Roumanie ? ou de l'une de ces deux puissances ?

2° Quels moyens a-t-elle de s'y opposer ?3 Quelles sont les mesures à prendre, dès main-

tenant ?M. G. Bonnet, Ministre des Affaires Etrangè-

res, était opposé aux mesures prises par Daladier,auquel il prodigua les avertissements...

L'accord germano-russe du 21 août ne troublepas Daladier, qui basait sa confiance sur la sécuritécollective. Sur le papier, oui. Mais, en réalité, lapolitique de la Petite-Entente et de la Polognedonnait à tous l'impression de l'encerclement.

Au sujet de la Pologne, M. Allard mentionneun document transmis par notre ambassadeur deVarsovie, M. Léon Noël, à A. Léger, grand maîtreau Quai d'Orsay, en date du 25 octobre, que cedernier ne mentionna pas dans le "Livre jaune'.Ce rapport demandait le remplacement de l'allian-ce franco-polonaise de 1921 en un " simple pacteconsultatif d'amitié. Derrière M. G. Bonnet, leGénéral Gamehn signe des pactes secrets avecVarsovie. Mais revenons à la séance du 23 Août.

Dans son exposé, le Ministre des AffairesEtrangères, s'adressant à Daladier et à Gamehn,il déclara que causer avec l'Allemagne, c'étaitabandonner Dantzig et le couloir polonais, ets'il ne causait pas, c'était la guerre certaine. Game-hn était certain d'une longue résistance polonaise !Guy La Chambre montra « les grands progrèsréalisés, depuis septembre 1938, par notreaviation. »

Passons au 31 août. Grâce à des manœuvresperfides, les télégrammes qui auraient évité laguerre furent retardés. Le Chancelier Hitler,d'accord avec M. Mussolini, avait demandé laréunion d'une nouvelle Conférence internationale.Mais la Pologne, excitée par l'Angleterre, s'yopposa. Daladier et le clan des bellicistes s'achar-nent contre M. G. Bonnet.

***

Après l'écrasement de la Pologne, la paix étaitencore possible. Daladier' repoussa, sans mêmeréunir le Conseil des Ministres — il remplaçaitM. G. Bonnet depuis le 13 septembre — les pro-positions du Chancelier Hitler à la date du6 octobre 1939.

Le 10 février 1940, Comité secret. M. PaulAllard expose, au préalable, les durs combats que

menèrent MM. Flandin et Robbe contre lesmensonges officiels.

M. Robbe, le 10 février 1940, s'y attaqua ànouveau au Parlement.

Et nous comprenons pourquoi nos soldats, nevoyant presque jamais d'avions français ou anglaisdans les airs, écrasés sous un déluge d'acier venantdu ciel, durent battre en retraite et semer leursang à travers la France...

Le 13 mars 1940, réunion du Sénat en Comitésecret.

M. Pierre Laval mène l'attaque contre Dala-dier qui aboutit à la démission du Président duConseil.

M. de Monzie veut empêcher l'interventionitalienne contre la France. Il se heurte à l'opposi-tion de Daladier et de P. Reynaud.

* *Nous arrivons, à présent, à la fameuse carte de

L'Illustration, du 16 mars 1940. Une photo decette Revue concernant l'entrevue de M. SumnerWelles et de P. Reynaud à Paris montrait àl'arrière-plan une carte monumentale de l'Europe,,assez confuse et retouchée de telle sorte quecertains tracés géographiques étaient exagérémentsoulignés alors que d'autres disparaissaient.

Ce que ne dit pas M. Paul Allard, c'est qu'à1 origine de cette découverte, les nazis hongroisprétendaient que leur patrie avait tout à perdred'une défaite de l'Allemagne.

La propagande allemande s'empara de cethème de propagande. Berlin prétend que lesAlliés veulent en terminer avec l'Allemagne, enla divisant. Lire les déclarations du professeurallemand Bruns, expert en droit international,commentant, à Berlin, la carte en question.

Il est exact, contrairement à ce que prétendaitP. Reynaud, que la Maison de Wittelbach avaiten vue de constituer, avec Othon de Hasburg,une monarchie dualiste en Europe Centrale,englobant la Bavière, l'Allemagne du Sud etl'Autriche, sans omettre la Tchéco-Slovaquie.

Daladier et Reynaud sont soutenus par Lon-dres, par tout le clan judéo-m.: qui lutte contreM. de Monzie.

Dans le voyage à travers une histoire troprécente, nous passerons du 16 mai 1940, qui vitnotre défaite sur la Meuse, à l'armée de la LigneMàginot, encerclée par les armées allemandes.Nous aurions dû l'évacuer, ce qui aurait peut-êtrechangé la face des choses...

M. Paul Allard la compare à « une ratière ».Rien de plus vrai.

Les journées de l'Armisticp, racontées par undes signataires, qui n'est pas nommé, et quinous prennent au cœur.

M. Lebrun, lui, continue de sangloter. "Ombred une ombre", comme le qualifia, dans Gringoire>M. Henri Béraud.

C est sur ce personnage falot, ce pantin, que*M. Allard termine son livre, ouvrage d'histoire*,dont on ne saurait trop recommander la lecture,pour répondre à Ta propagande anti-nationale del'étranger.

G. COLJRRET DE VILBOIS.

G O L F

LES CHAMPIONNATS DE FRANCESE DÉROULERONT A CANNES

DU 4 AU 10 AVRIL

Ce sera la consécration définitive pour le Golf-Club de Mandelieu, sur le beau parcours duquelse jouront pour la première fois les Championnatsde France.

Nous donnons aujourd'hui les grandes lignesde ce programme dont les compétitions prendrontle titre de "Grands Critériums tenant heu deChampionnats de France".

SAMEDI 4 AVRIL. — Eliminatoire du GrandCritérium de France 1942 Z. N. O. (amateurs2e s.) : Handicaps de Clubs, à partir de 8 ;Medal play, 36 trous. Les 32 premiers sontqualifiés. — Droit d'entrée : 100 franc?.

LUNDI 6, MARDI 7, MERCREDI 8 AVRIL.— Grands Critériums de France 1942 Z. N. O.(amateurs) : Match-F lay, 36 trous par jour :Première série : handicaps de Clubs de 0 à 7 ;Deuxième série : handicaps de Clubs, à partirde 8 pour les 32 qualifiés de l'éliminatoire. Pourles 2 se'ries : Finales sur 36 trous. — Droit d'en-trée : Première série, 200 fr. ; deuxième série,100 fr. Des dispositions seront prises pour queles finalistes de chaque série rencontrent àParis, fin Mai, les finalistes des Grands Crité-riums de Z. O.

JEUDI 9 et VENDREDI 10 AVRIL. - Omniumde France 1942 Z. N. O. (amateurs et profession-nels) : 72 trous Medal play, 36 trous par jour.Coupe pour les amateurs. — Droits d entrée :100 fr. Montant des prix: 15.000 fr. offertspar la F.F.G.

Les inscriptions accompagnées du montantdu droit d'entrée doivent parvenir au Golf auplus tard le 26 Mars.

PRÉLUDE A LA SAISON DE BAINS DE MER

Les Calanques de la Corniche d'Or S.I. 11553

T E N N I S

CANNES DEMEURE UNECAPITALE DES COURTS

Le Tournoi du Cannes T. C.

Ce tournoi a inauguré pour notre ville laSaison 1942 — ; et dès les premiers jours, notreClub de la rue Lacour connaissait la plus sym-pathique animation.

D'excellents joueurs étaient engagés : Lesueur,Abdelssalam, Poulaillon, Jacquemet, Albouze, leBelge Peten, et puis Mlle Weivers, la cham-pionne Franco-Luxembourgeoise, Mlle SaintOrner Roy, la parfaite secrétaire du Club,d'autres encore.

Mais Pétra constituait "l'attraction" du tour-noi ; le grand'Pétra, un de nos mousquetaires(2e édition) de la Coupe Davis — qui "introdui-sit" dans le Tennis français, le jeu athlétique, etvigoureusement offensif à 1 américaine.

Pétra, qui — il n'y a pas si longtemps —connaissait encore les épreuves de la captivité, abellement réagi, et a fait montre d'une forme etd'un allant rcmaiquôbles. Son match en demi-finale contre Lesueur fut réellement intéressantet la finale, très serrée.

Voici le résultat des Finales :

Simple • Messieurs. — Petra bat Abdelssalam

4/6 - 7,5 - 6/2.

Simple Dames. — Mlle Weive:s bat Mlle

St Orner-Roy, 6/4 - 6/4.

Double Messieurs. — Petra et Lesueur battent

Ghislain et Jacquemet, 6/4 - 6/1.

Double Mixte. — Mlle Weive s et Ghislainbattent Mlle St-Omer-Roy et Abdelssalam,6/4 - 6/2. ' |