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Fédération des Sociétés pour l’Étude, la Protection et l’Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest Revue Trimestrielle de la SEPANSO N o 151 N° 151 - Février 2011 - 5 € un milieu vivant le sol

un milieu vivant le sol - SEPANSO · Tél. 05.56.91.33.65 - Fax. 05.56.91.85.75 - Email : [email protected] édité par la SEPANSO Fédération des Sociétés pour l'Etude, la

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Fédération des Sociétés pour l’Étude, la Protection et l’Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest

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SUD-OUEST NATURE

Visitez notre site Internet www.sepanso.org

EDITORIAL Un petit livre de premier rang : la politique de l'oxymore . . . 1

AU FIL DES MOIS Nous retiendrons... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2

ACTUALITÉ Décharge d'Audenge : un scandale écologique et financier . . . 4

TRIBUNE LIBRE Espagne : les chantiers d'autoroutes arrêtés . . . . . . . . . . . . . 6

ZOOM SUR... Le sol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

RÉSERVES NATURELLES Banc d'Arguin : une année noire pour les Sternes caugek . . . 16Etang de Cousseau : l'art au service de la nature . . . . . . . . 18

DOCUMENTATION Naissance d'un pont de Maylis de Kerangal . . . . . . . . . . . . . 19

COLONNE DES INTERNAUTES Du lourd... au bucolique ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

SommaireSommaire

En couverture (photo arrière-plan Colette GOUANELLE) :

En médaillons, de gauche à droite : Mycélium (C. Gouanelle), Collemboles (© Marc Fouchard - INRA), Cloporte(C. Gouanelle), Escargot (C. Gouanelle), Myriapode (C. Gouanelle), Acariens (© Marc Fouchard - INRA)

Fédération SEPANSO - 1-3 rue de Tauzia - 33800 BORDEAUXTél. 05.56.91.33.65 - Fax. 05.56.91.85.75 - Email : [email protected]

édité par la

SEPANSOFédération des Sociétés pour l'Etude, la Protectionet l'Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest

Association loi 1901 à but non lucratifAffiliée à France Nature Environnement - Reconnue d'utilité publique

La SEPANSO agit dans toute l'Aquitaine, et éventuellement dans les départements voisins, dans le but

de sauvegarder la faune et la flore naturelles, en même temps que le milieu dont elles dépendent et d'oeuvreren faveur de la protection des sites et du cadre de vie.

Prix du numéro : 5 € Février 2011

Les auteurs conservent l'entière responsabilité des opinions exprimées dans les articles de ce numéro. Lareproduction, partielle ou intégrale, des textes et illustrations est acceptée après autorisation préalable.

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E D I TO R I A LE D I TO R I A L

SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 151

C e petit livre, qui vient de sortir, est dû à la plume d’un philosophe, Bertrand Méheust, qui l’a rédigé en2007. Celui-ci s’attache en quelques cent-soixante pages à cette figure de la philosophie qu’estl’oxymore, mais bien au-delà, à une réflexion d’ordre sémantique sur l’envolée actuelle de cette formule.

L’approche de Méheust est plutôt pessimiste, il faut le reconnaître. Mais au fond, écrit-il, il y a les choix ent-re une vision optimiste que, dit-il, j’aimerais bien partager si on pouvait me convaincre de ses fondements, etune vision pessimiste - la sienne - qui s’appuie sur le constat de faits.

La réflexion de Méheust porte sur la crise écologique actuelle, pour en souligner la gravité, certes, maisaussi pour montrer qu’une large part des réponses réside dans la multiplication des oxymores, c’est-à-dire deces formules qui tendent à concilier les inconciliables. Par exemple, la crise écologique et le marché. Ainsi quel’écrit Méheust, “il n’est pas besoin d’être grand clerc pour annoncer que le Grenelle de l’Environnement, dansl’esprit de ceux qui nous dirigent, vise essentiellement à promouvoir une écologie libérale, une écologie “repro-filée” pour être consommable par le marché”. Le nerf de l’entreprise étant de graver dans l’esprit du publicl’idée que l’écologie est compatible avec la croissance, ou mieux : qu’elle réclame la croissance. Et Méheust derappeler qu’”un univers mental cherche toujours à persévérer dans son être, et ne renonce jamais de lui-mêmeà lui-même si des forces extérieures considérables ne l’y contraignent pas”. Ceci dit pour rappeler que malgréles efforts des industriels et autres lobbies pour nous persuader du contraire, le marché n’est pas vraiment“éco-compatible”, et que malgré les agro-carburants, la crise écologique continue son chemin, que pendant quenous discourons, “les choses vont leur train”. Et citant un autre philosophe ayant exprimé des vues pessimistessur le sujet (François Meyer, “La surchauffe de la croissance”, 1974), il rajoute avec humour : “plaise à Dieuque ce ne soit pas un train d’enfer”.

On n’en finirait pas de citer d’excellents extraits de ces réflexions de Méheust sur les contradictions ent-re les vœux des partisans du marché et la réalité qui s’y dissimule. Ainsi lorsqu’il souligne que la biosphère estune pellicule fine et fragile, une sorte d’exception presque miraculeuse, et qui ne pourra longtemps encore sup-porter une croissance continue sans s’effondrer. C’est là que l’auteur rappelle l’usage pervers des oxymores,en tant que moyens de désorienter les gens, de les rendre inaptes à penser et à accepter les mesuresradicales qui s’imposeraient. Ceci en démultipliant les fantasmes, en faisant des technologies du mensongeraisonné une branche importante du savoir, et un secteur vital de l’économie.

Et de rappeler utilement l’étymologie grecque d’oxymore, qui signifie “folie aigue” ! Et de compléter sonpropos en soulignant qu’utilisé à dose massive, l’oxymore rend fou et devient un véritable poison social.

De là les dérives du langage constatées aujourd’hui, où on ne parle plus de “pauvres” mais d’”assistés”, et oùle mot durable est devenu une sorte de clé de communication, un incitateur positif, censé déclencher le ré-flexe de consommation. Ainsi les banques proposent à leurs clients des “livrets de développement durable”,tandis que les organismes du pouvoir centrent leurs travaux sur “le développement durable”. Faut-il avoir lacruauté d’ajouter que maintes associations environnementales leur emboitent le pas sur ce chemin ? Méheustajoute : ainsi, comme la banquise porte la marque des variations climatiques, la langue porte la marque des af-faissements de la civilisation.

Ce petit livre n’est certes pas d’une lecture très facile. Mais il pose d’excellentes questions sur nos socié-tés et sur ses dérives. Il s’offre le luxe même d’une réflexion fine sur les origines du nazisme ! C’est dire sarichesse... Il ouvre en quelque sorte l’esprit sur les mécanismes mentaux, savamment dirigés par certains, quitentent en ce moment de nous détourner de nos devoirs essentiels.

Lisez “La politique de l’oxymore”, c’est sain, utile et éclairant !

Pierre DELACROIXMars 2011

Bertrand Méheust, “La politique de l’oxymore” ou “Comment ceux qui nous gouvernent nous masquent la ré-alité du monde” (éditions : “Les empêcheurs de penser en rond” - Ed. La Découverte)

Un petit livre de premier rangLa politique de l'oxymore

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Les pêcheurs del'estuaire en détresseJanvier 2011

Les pêcheurs ont envoyé une mo-tion à la Préfecture car, depuis l'andernier, la gate (ou alose feinte) etl'anguille sont interdites à la pêche,leur chair contenant un taux trop éle-vé de PCB (pyralène). Il ne leur resteplus que la crevette et la lamproiepour subsister. Quant à la grande alo-se (Alosa alosa), un plan de sauvetagea été lancé début 2008 pour cinq ans,en raison de l'effondrement desstocks. Ce poisson migrateur, abon-dant dans les années 50 dans le Lot,le Tarn, la Dordogne et la Garonnejusqu'à Toulouse, ne remonte plus cesrivières. Les causes ? Barrage de Gol-fech, sécheresse, pêche intensive etréchauffement des eaux car ce pois-son aime les eaux fraîches. Le plus belestuaire d'Europe n'est pas épargnépar les pollutions et l'industrialisationsur ses rives. FC

2au fil des mois

SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 151

Dauphins : échouagessur la côte médocaineJanvier 2011

Entre le 10 et le 15 janvier 2011,onze cétacés ont été découverts sur lesplages de Lacanau, au Porge. Une"saison" d'échouage a été évoquée,s'étalant entre la mi-janvier et la mi-avril, le phénomène n'étant pas nou-veau. Mais le Centre d'études desmammifères marins de La Rochelle afourni quelques explications sur lacause de cette mortalité après avoirautopsié des carcasses : elle serait dueà des captures accidentelles. Le la-boratoire, maniant la litote, parled'"interactions entre engins de pêcheet leurs filets". En clair, ces dauphinsont été pris dans des filets et rejetés àla mer, "morts" ou blessés. FC

Grenelle del'affichage : alerte !Mars 2011

Dans le cadre de la consultationpublique dont a fait l'objet le projet dedécret portant sur la réglementationnationale de la publicité, des enseigneset des pré-enseignes (application de laloi Grenelle II), Paysages de France adénoncé les mesures inacceptables di-rectement inspirées par les groupes depression publicitaire (J.C. Decaux,Clear Channel, CBS), à savoir :

- Unités urbaines de plus de 100.000habitants : un monstrueux tour depasse-passe autoriserait les pan-neaux 4 x 3 dans un rayon de 50 km,voire plus, autour des villes : se-raient ainsi arrosées les aggloméra-tions de quelques centaines ouquelques milliers d'habitants situées

Nous retiendrons...Notées pour vous quelques nouvellesmarquantes de ces derniers mois.QUAND LES VIGNES

REFLEURIRONT

Voilà trente ans, le “tout herbicide”dans le vignoble était le bréviaire deschambres d’agriculture, encouragéespar l’INRA : solution économique enmain d’œuvre. Résultat : flore et fau-ne tuées, sols détruits, érosion desterres et, insidieusement, pollutiondes cours d’eau et des nappes, plus oumoins contaminés par les nombreuxpesticides.

Deuxième étape : il y a une dizained’années, pour limiter ces impacts catas-trophiques, on préconisa l’enherbemententre les rangs. Enfin, aujourd’hui, demi-tour complet : les herbicides pourraientêtre abandonnés...

Oui, “zéro herbicide en viticulture,c’est possible, je l’ai vu en Champ-agne” a déclaré un scientifique de laDRAAF devant des viticulteurs incré-dules. Rappelons qu’en agriculture bio-logique, depuis toujours, on faitl’économie des pesticides.

Ainsi pourrons-nous revoir tulipesrouges et jaunes, anémones, jonquilleset narcisses, coquelicots et soucis,ornithogales étoilés, fumeterres ettoutes les petites annuelles, mêmeparfois des orchidées. Un véritablerégal printanier pour les yeux,une biodiversité naturelle, fes-tin pour abeilles et insectes.Alors, les troupeaux de mou-tons pourraient sans risques pa-cager dans ce paradis retrouvé.

C’est donc possible affirmentles instances professionnellesqui reconnaissent ainsi les er-reurs du passé.

MTC

NB : Les herbicides représen-tent 80 % du tonnage des pesti-cides utilisés en France, champ-ion européen !

Tulipes dans les vignes

En brefEn bref

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3au fil des mois

Impact potentiel sur la reproduction

des insectes aquatiques

Comme la plupart des surfaces réfléchissantes sombres,artificielles ou naturelles, telles que la surface des plansd’eau, les panneaux photovoltaïques ont la faculté derenvoyer une lumière polarisée.

Or, plus de 300 espèces d’insectes utilisent la lumièrepolarisée pour repérer les lacs et les rivières. Cecipourrait donc avoir un effet fâcheux sur les popula-tions de certains insectes qui affectionnent les zoneshumides ou les plans d’eau, voire s’y reproduisent.Cela peut contribuer en outre à augmenter le nom-bre des attaques de prédateurs et/ou à faire chu-ter la reproduction des insectes aquatiques.

Une étude révélée par la Commission euro-péenne montre que ces surfaces de pan-neaux solaires polarisent la lumière encoredavantage que la surface de l’eau et sonttrès attractives pour certains insectes telsque les Éphéméroptères, les Trichoptères,les Diptères Dolichopodidés et Tabanidésqui ont tendance à s’y précipiter.

Toutefois, les cellules solaires encadrées deblanc ou les panneaux quadrillés par des ru-bans blancs réfléchissent plus faiblement la lu-mière et sont moins susceptibles d’attirer les in-sectes. Par exemple, on observe 6,9 fois plusd’atterrissages d’Ephémères sur des panneauxnoirs que s’ils sont bordés de blanc, on totalise16,7 fois plus d’Éphémères, 26,5 fois plus de Tri-choptères et 10,3 fois plus de Dolichopodidés cap-turés par une surface non quadrillée que par unesurface quadrillée. Mais un tel cloisonnement despanneaux va nécessairement diminuer leur capacitéà produire de l’électricité.

Bien que cette étude, qui aurait besoin d’être complé-tée, ne permette pas de connaître l’importance del’impact des panneaux solaires sur la reproduction ou lesprédations, il y a lieu d’être très inquiet pour la biodiversitédans la mesure où les installations de panneaux photovol-taïques se multiplient.

Source: Horváth, G., Blahó, M., Egri, A. et al. (2010) Reducing themaladaptive attractiveness of solar panels to polarotactic insects.Conservation biology. 24(6):1644-1653. Article “Science for environmentpolicy” (3 février 2011)

Panneaux photovoltaïquesPanneaux photovoltaïques

QU'EN FAIRE ?

Tout jardin génère des déchets verts, feuilles, branches,tontes de gazon... Que faire de tous ces déchets ?

Depuis l’entrée en vigueur de l’interdiction de brûler les déchets dejardin, la solution facile, c’est la déchetterie municipale qui les rediri-

ge vers des centres de compostage.

Certains centres les mélangent avec des boues de stations d’épuration dontil faut bien se débarrasser également. Ce compost n’est pas sans poser

quelques problèmes quant à sa qualité et à son utilisation en agriculture.D’autres traitent uniquement des déchets verts pour élaborer un compost

d’excellente qualité revendu en sacs ou en vrac, aux professionnels et aux par-ticuliers. Solution pratique pour s’en débarrasser, mais est-ce la plus écolo-

gique? En quelques années, les volumes de déchets ont connu une augmentationphénoménale, ce qui génère toujours plus de camions vers ces centres, contraintssoit d’augmenter leurs capacités, soit de créer d’autres stations de compostage,

avec les problèmes de transports et d’occupation des sols que cela pose.

Cette situation est en complète contradiction avec le Plan départementald’élimination des déchets qui préconise que le traitement se fasse au plus

près de la production, afin de diminuer la pollution due aux transports etl’émission de gaz à effet de serre, préserver le réseau routier et garantir les

conditions de sécurité de tous.

Conscientes de ces problèmes, certaines municipalités pratiquent le compos-tage in situ, à usage de leurs espaces verts et des habitants, mais la meilleu-

re solution ne serait-elle pas que chacun utilise ses propres déchets verts,source de vie pour le jardin ?

Les branchages : broyés, incorporés en couche mince, sous forme de BRF,ils serviront à enrichir les sols ; épandus en couche épaisse, ils garderontvos allées propres pendant plusieurs années ; compostés avec tous les dé-

chets organiques, ils fourniront un excellent compost, meilleure façond’éviter l’usage d’engrais chimiques et de pesticides en favorisant la vie

du sol où les plantes puisent leur nourriture ; grossièrement débitéset entassés dans un coin de jardin, ils se décomposeront lentement

tout en fournissant un refuge hivernal à la faune sauvage. Quantaux tontes de gazon, entassées, elles fermentent très vite et

asphyxient le composteur en dégageant une forte odeur.Pour éviter ces inconvénients, il suffit de les laissersécher une journée, avant de les utiliser en pailla-

ge ou au compost.

DaN

déchets vertsdéchets verts

SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 151

à seulement 40 ou 50 km du centrede l'unité urbaine concernée -du faitde l'urbanisation galopante.

- Possibilité d'installer des publicités desurfaceillimitéesur lesmursaveugles!

- Aucun encadrement ne serait prévuen cas de dérogation à l'interdictionde la publicité dans les secteurs pro-

tégés : Parcs Naturels Régionaux(PNR), Zones de Protection du Patri-moine Architectural, Urbain et Pay-sager (ZPPAUP) et Aires de Mise enValeur de l'Architecture et du Patri-moine (AMVAP). Paysages de Fran-ce ne refuse pas toute possibilité dedéroger mais refuse l'installation depanneaux de grand format scellés au

sol dans des parcs dits "naturels".

- Possibilité d'autoriser, dans certainesagglomérations de quelques centai-nes à plus de 10.000 habitants, despanneaux scellés au sol, lumineux etde format et hauteur illimités.

- Et d'autoriser des 4 x 3 scellés au solsur le domaine public ! FC �

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4actualité

SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 151

Du temporairequi a duré 33 ans !

L'autorisation d'un dépôt d'orduresménagères sur le site du Liougey à Au-denge date du 6 février 1974. Cette auto-risation préfectorale a été délivrée à tit-re temporaire à la commune d'Audengesur une surface de 40 hectares sans en-quête publique préalable puisque cetteprocédure d'enquête publique ne seracréée qu'en 1983 par la loi Bouchardeau.La décharge ne fermera définitivementque fin 2007 sans qu'aucune enquête pu-blique n'ait jamais pu avoir lieu...

Cetteautorisations'accompagnaitd'unrapport hydrogéologique donnant sonaval à ce dépôt d'ordures contre toute lo-gique. En effet, ce rapport mentionne quele sous-sol est constitué de sable, autre-ment dit qu'il est une véritable passoire, etque la nappe phréatique est à une profon-deur moyenne de 1,70 m sous la surfacedu sol. Ce rapport recommande de ne pascreuser le sol à moins de 1,50 m pour ef-fectuer l'enfouissement des déchets.

On reste confondu devantl'énormité d'une telle recommandationalors qu'il sera procédé pendant les 25années suivantes à l'enfouissement desordures à plusieurs mètres de profon-deur, directement dans la nappe ! Or,cette nappe phréatique n'est pas sta-tique et se déplace lentement vers leBassin d'Arcachon qui est situé à moinsde 2 km, transportant avec elle les pol-lutions générées par la décharge.

De 1974 à 1995, sur la base del'arrêté initial de 1974, les apportsd'ordures ménagères et de déchets in-

dustriels banals restent modérés et pro-viennent essentiellement de commu-nes du Bassin. La commune a déléguél'enfouissement à la société SETAP. En1995, suite à divers dysfonctionne-ments constatés, la municipalité déci-de de rompre le contrat avec la SETAPqui vient d'être rachetée par la sociétéDecons. La commune contractualisealors avec le SYTOMOG (syndicatintercommunal) pour l'enfouissementdes ordures ménagères provenant dupérimètre géographique de celui-ci.

Les élections en 1995 amènent unnouveau conseil municipal. Le nouveaumaire décide que la décharge doit deve-nir la ressource financière principale dela commune. Aussi, il emploie les grandsmoyens : tout d'abord, il absout la SE-TAP de ses fautes passées et contractua-lise avec elle pour l'enfouissement de ré-sidus de broyage automobile. Ensuite,un contrat est passé avec la société MBS-Edisit pour les ordures ménagères. Dèslors, cette décharge va se muer en unénorme aspirateur à déchets.

La complaisance de l'admi-nistration préfectorale

Etant donné l'augmentation des ton-nages de déchets réceptionnés sur cettedécharge, le Préfet devrait instruire uneprocédure administrative d'autorisationavec enquête publique. Or, l'administra-tionsecontentedeprendre un arrêté com-plémentaire le 17 février 1997 tenantcompte de l'évolution de la réglementa-tion sur les décharges (circulaire du 11mars 1987). Trois zones d'enfouissementdistinctes sont créées avec des exploi-

Dominique NICOLAS,Président d'Aquitaine Alternatives Décharge d'Audenge

Un scandale écologique et financier

tants différents, des modes d'exploitationdifférents et des déchets différents ! Cet-te complexité d'exploitation va contribuerà l'opacité du fonctionnement global de ladécharge mais n'était-ce pas un des butsrecherchés ?

Alors que l'arrêté ministériel de sep-tembre 1997, dit “Voynet”, relatif auxcentres de stockage impose une mise auxnormes de la décharge, l'administrationpréfectorale va se servir de cet arrêté pourentretenir une confusion entre, d'une part,la réhabilitation et la mise aux normes quine nécessitent pas a priori une procédureavec enquête publique et, d'autre part,l'extension considérable des activités dela décharge qui, elle, la nécessite de ma-nière réglementaire et obligatoire. Ainsi,d'autres arrêtés préfectoraux complémen-taires vont suivre au fil des années :

- L'arrêté du 3 juillet 1997 autorise lacréation d'un centre de tri, d'une pla-teforme de compostage de déchetsverts et d'alvéoles spécifiques pourles déchets d'amiante-ciment.

- L'arrêté du 28 octobre 1999 autorisel'extension de l'origine géographiquedes déchets réceptionnés à tout le dé-partement de la Gironde.

- L'arrêté du 17 octobre 2000 autorisela réception de mâchefers provenantd'usines d'incinération des départe-ments limitrophes de la Gironde.

- Un cinquième arrêté est pris le 27avril 2004 portant la capacité de ladécharge à 170.000 t/an.

Ainsi, la décharge d'Audenge est pas-sée du simple statut de petit dépôt tempo-raire de déchets à une décharge de très

Le 14 décembre dernier, s'est tenue une réunion de la CLIS (Commission Locale d'Information et deSurveillance) du centre d'enfouissement d'Audenge. Lors de cette réunion officielle, pour la premièrefois depuis 36 ans, la vérité sur les pollutions générées par l'exploitation calamiteuse de cette dé-charge a été enfin dévoilée par l'administration préfectorale. Il était temps ! En effet, l'historiquede cette affaire est des plus édifiants.

1ère PARTIE

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5actualité

SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 151

grande capacité sans aucune procédured'enquêtepublique.C'estpratiquementunfait sans précédent en France pour une dé-charge de cette importance mais c'est sur-tout totalement illégal vis-à-vis de la loisur les installations classées pour la pro-tection de l'environnement. On l'auracompris, l'inspection des installationsclassées assurée par la DDASS va per-mettre l'exploitation de cette déchargedansdes conditions désastreuses et en fer-mant les yeux de manière ostentatoire surles dysfonctionnements et les aberrations.

La tricherie était le sport favori sur ladécharge. Marchés publics douteux, frau-de sur des tonnages de déchets entrantsimportants non comptabilisés et donc nonsoumis à la taxe de mise en décharge(TGAP), déchets strictement inter-dits pourtant enfouis : amiante dedéflocage, déchets hospitaliersbruts, déchets toxiques industriels.Dans les années 2000, après unepseudo mise aux normes, c'est unvéritable rideau de fumée qui vaêtre dressé sur cette exploitationcalamiteuse. Tous les stratagèmesvont être utilisés, allant même jus-qu'à bidouiller les piézomètres, lesrapports d'analyse technique, leséquipements de récupération debiogaz et de lixiviats, etc...

Le ras-le-bol des riverainsDès 1996, Aquitaine Alternatives

est alertée sur l'évolution inquiétante decette décharge et intervient auprès duPréfet. En 1998, l'ADEA (Associationde Défense de l'Environnement Auden-geois) est créée par des riverains qui vi-vent un véritable enfer : bruits et odeursinsupportables. Une CLIS (Commis-sion Locale d'Information et de Sur-veillance) n'est créée par le Préfet qu'àla suite de demandes répétées. Devantl'inertie de l'administration, AquitaineAlternatives, SOS Lanton Environne-ment et l'ADEA décident alors de blo-quer l'entrée de la décharge le 29 octo-bre 1998. Non seulement le Préfet necherche pas à comprendre les raisonsde cette colère mais, au contraire, en-voie un escadron de gendarmerie pourdébloquer manu militari la décharge...

Le contentieuxjuridique engagé

Dès lors, constatant la passivité scan-daleuse de l'administration, AquitaineAlternatives décide, en 1999, de dépo-ser une plainte avec constitution de par-tie civile auprès du Doyen des jugesd'instruction. Les lenteurs de la justice etle passage de cette plainte dans lesmains de plusieurs juges successifs seconcluent malheureusement par un non-lieu en 2003. La justice pénale ne s'estpas donné véritablement les moyensd'une enquête approfondie du dossier.

Parallèlement à la plainte, Aquitai-ne Alternatives dépose un recours auTribunal administratif de Bordeaux, en

2001, contre tous les arrêtés préfecto-raux complémentaires depuis 1997.Par un jugement de mars 2006, le tri-bunal annule les cinq arrêtés succes-sifs. C'est un véritable camouflet pourl'administration préfectorale. On pour-rait alors s'attendre à une réaction de sapart et enfin qu'elle se décide à prend-re ses responsabilités mais elle secontente simplement de prendre un ar-rêté provisoire d'exploitation jusqu'à lafermeture de la décharge, sans imposerde contraintes supplémentaires à lacommune. Mais un nouvel élément vavenir encore aggraver la situation.

Un nouveau projetde décharge

Le maire, pressentant la fermeture dela décharge fin 2007, entend ouvrir une

deuxième décharge sur sa commune et,dès 2005, il entreprend le choix d'un site.Une association, Vigi-Décharges, estcréée pour s'opposer à ce nouveau projet,aidée en cela par le Collectif déchets gi-rondin dont le souci premier est le respectdu plan départemental de gestion des dé-chets ménagers de la Gironde.

Le Sous-préfet d'Arcachon semblesoutenir ce projet de la municipalité etse désintéresse apparemment du sort del'actuelle décharge. L'urgence avec la-quelle le Sous-préfet et la municipalitétravaillent de concert à ce projet de nou-velle décharge semblerait avoir eu pourbut inavoué de transgresser la loi Sapinsur les délégations de service public, ententant de transférer l'exploitation de la

deuxième décharge aumême exploitant que la pre-mière sans aucun appeld'offre. Ce comportementaurait été dicté par le soucide sauvegarder les emploisdes salariés d'Edisit maisles réelles raisons, que nousdécrirons plus tard, sontbeaucoup moins nobles...

La résistance acharnée desassociations à ce nouveauprojet permet d'atteindre lesélections municipales en2008 sans qu'il ne puisse être

réalisé. Les élections municipales se dé-roulent dans une ambiance très tendue etle devenir de la décharge et l'ouvertured'un deuxième site sont au cœur de lacampagne. Finalement, la liste de Natha-lie Le Yondre qui s'oppose à la créationde cette nouvelle décharge, sort vain-queur de ces élections. La nouvelle équi-pe enterre définitivement le nouveau pro-jet et prend à bras le corps la réhabilita-tion de l'actuelle décharge. Mais dès saprise de fonction, la nouvelle équipe mu-nicipale ne sera pas au bout de ses sur-prises comme la deuxième partie de cetarticle pourra vous le narrer dans le pro-chain numéro de Sud-Ouest Nature. Vouspourrez également y découvrir commentla corruption passive et active d'un certainnombre d'acteurs a contribué à maintenirun des plus grands scandales écologiqueset financiers dans notre région. �

La décharge d'Audenge à la fin des années 90

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6tribune libre

SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 151

Formigal, cette région autonome s'estlancée dans un énorme chantier auto-routier achevant d'éventrer le massifpré-pyrénéen pour permettre aux Bar-celonais les plus aisés d'accéder leweek-end à ces stations. Il faut em-prunter aujourd'hui la voie rapideexistante, largement suffisante au tra-fic actuel, pour réaliser le côté com-plètement destructeur et économique-ment irrationnel de ce chantier, qui estaujourd'hui arrêté faute de crédits pu-

blics et privés. L'échec du projetprivé visant à créer dans la zonedésertique des Monegros rienmoins que l'équivalent de LasVegas s'inscrit dans la même lo-gique économique et écologiquede l'absurde.

Or, ce qui est instructif danscette affaire, c'est que l'arrêt dece chantier autoroutier aragonaisn'a bien entendu aucun motifd'ordre environnemental, maisillustre la cécité de ses promo-

teurs, persuadés qu'il n'existe aucunelimite économique et financière à lacroissance. Cela devrait servir ausside leçon à nos élus d'Aquitaine ! Entous les cas, cette histoire, commetoutes celles engendrées parl'effondrement de l'économie depuis2008, devrait faire réfléchir les grandsesprits qui nous gouvernent quant à lamanière d'envisager l'avenir alorsqu'ils continuent aujourd'hui à raison-ner avec l'œil fixé dans le rétroviseurdes Trente Glorieuses. �

Simon CHARBONNEAU,

SEPANSO Dordogne

P uis vint le décollage écono-mique de ce pays, qui a pré-cédé la mort de Franco, boos-

té quelques années plus tard parl'apport des fonds structurels euro-péens. Obsédés, comme aujourd'huiles Chinois face aux Etats-Unis, par ledésir de rattraper leur retard écono-mique par rapport aux autres pays eu-ropéens, les Espagnols ont commen-cé à mettre les bouchées doubles sansaucun respect pour leur patrimoinenaturel. C'est ainsi que la colon-ne vertébrale économique del'Espagne a commencé à reposersur l'industrie du bâtiment et destravaux publics. Le bétonnagede la “Costa del sol” sur la Mé-diterranée a été entamé au débutmodestement pour ensuite se dé-chaîner dans les années 70-90,accompagné de divers scandalesimmobiliers, et aboutir aujourd'-hui, avec la déconfiture écono-mique du secteur, à des immeu-bles vides et inachevés. Enmême temps, se mettait en place unepolitique des grands travauxd'infrastructures autoroutières à unrythme qui rendait jaloux nos aména-geurs nationaux entravés, en valléed'Aspe et ailleurs, par les actions desassociations écologistes pratiquant laguérilla contentieuse devant les tribu-naux.

Certes l'Espagne avait alors besoind'une modernisation de son réseauroutier, dans un état lamentable, et

surtout de son réseau ferroviaire quin'a toujours pas été vraiment entamée.Mais au lieu d'emprunter cette voie,moins consommatrice de fonds pu-blics et d'espaces naturels, elle s'estlancée dans de multiples chantierspharaoniques, non seulement catas-trophiques sur le plan environnemen-tal, mais également au plan écono-mique. Par delà les Pyrénées, l'ivressede l'expansion économique a alorssaisi nos aménageurs, qui se sont en-

gagés dans une course à l'endettementpour financer de nouveaux projets,persuadés que les courbes de crois-sance pouvaient monter jusqu'au ciel.

C'est ainsi que, par exemple enAragon, après avoir réalisé dans lesannées 90 une énorme infrastructureroutière empruntant divers tunnels,depuis Huesca vers Canfranc, en pas-sant par le col de Montrepos jusqu'àla frontière française, pour desservirles stations de ski de Candanchu et de

J'ai connu une époque, dans l'Espagne des années 50-60, où les touristes français empruntaientun réseau routier archaïque et mal entretenu, contrairement au nôtre. Ces touristes se gaus-saient alors de voir une armée d'ouvriers, équipés de paniers, remplir de cailloux les nombreuxnids de poules peuplant la chaussée. Sur ces routes espagnoles, circulaient des ânes, des motocul-teurs attelés à de petites remorques, des motos et, de temps à autre, une voiture américaineconduite par des bourgeois et les premières Seat 850. Les espaces littoraux magnifiques étaientencore intacts, dont profitaient quelques touristes aventureux. Tel était, au sortir de la guerrecivile, le visage d'une Espagne pauvre mais pittoresque et savoureuse, dont l'empreinte écologiqueétait minimale.

Espagne : les chantiers d'autoroutes arrêtés

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SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 151

Un écosystème à part entièreColette GOUANELLE,Fédération SEPANSO

Strate la plus superficielle de l'écorce terrestre, le sol estune structure vivante, en contact avec l'atmosphère et leseaux superficielles. C'est un système composé d'élémentsminéraux et d'éléments organiques en interaction perma-nente :

- La fraction minérale provient en grande partie de la rochesous-jacente ou roche mère (sable ou partie ameublie d'uneroche), à partir de laquelle le sol s'est formé, et à laquelle ilfaut ajouter des produits de décomposition de la biomasse(matière issue des êtres vivants). La circulation de l'eau et lacapacité de rétention en eau d'un sol dépendent de la tailledes particules minérales (texture) : des particules argileusesles plus fines aux sables et graviers les plus grossiers.

- La fraction organique comprend tous les êtres vivants ac-

A force de voir cultiver des fraises et des tomates hors-sol, on a fini par croire que le soln'est qu'un substrat inerte auquel on peut aisément substituer tout autre support artifi-ciel pourvu qu'on l'arrose avec des engrais. En réalité, le sol est un système d'une grande

complexité, véritable enveloppe vivante à l'interface de l'écorce terrestre minérale et del'atmosphère. Le sol se forme et évolue en fonction des conditions atmosphériques et des inter-actions permanentes avec les êtres vivants, en nombre et variété considérables, qui l'habitent.

COMPOSITION D'UN SOL tifs : bactéries, champignons micro- et macroscopiques,macrofaune (de quelques mm à plus de 10 cm : clopor-tes, mille-pattes, vers de terre, insectes et larves...),mésofaune (0,2 à 5 mm : petits vers, collemboles, aca-riens...), microfaune (inférieure à 0,2 mm). Ces animauxsont très nombreux (jusqu'à 2 tonnes / ha dans un sol ri-che) et très variés (grand nombre d'espèces).

On y trouve aussi (par exemple dans la litière en forêt, les paillesd'un champ de blé, racines diverses...) les feuilles et débris vé-gétaux, les cadavres et déjections des animaux qui sont en voiede décomposition et les produits de leur transformation (humuset molécules minérales assimilables par les végétaux). Les dé-bris végétaux étant le premier maillon, tous les autres êtres vi-vants fonctionnent comme consommateurs et prédateurs ausein d'un véritable réseau alimentaire (voir schéma ci-dessous).

La lecture d'une coupe de sol, ou profil pédologique (voirschéma page 8) non soumis aux inter-ventions de l'Homme, surtout visible enforêt ou prairie, montre une successionde couches (ou horizons) de couleurs,d'épaisseurs et de textures différentes.Ces horizons correspondent aux sta-des de transformation de la matière or-ganique en humus et matière minéra-le. Le profil pédologique varie en fonc-tion du climat, de la végétation et de laproximité de la nappe phréatique.

En climat tempéré, il faut environ milleans pour former un horizon A, plu-sieurs milliers d'années pour un hori-zon B...

Les horizons superficiels, peu dis-tincts en sol agricole car mélangés parles labours, constituent la terre arable.

SolSolLe

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Selon le climat, les roches affleurantes s'altèrent plus ou moins rapidement, phy-siquement et chimiquement. A partir des couches meubles, le sol se forme pro-gressivement, en parallèle avec l'évolution de la végétation :

- le sable, ou partie meuble des roches, est peu à peu colonisé par des bactéries,des champignons et des végétaux pionniers peu exigeants en matières azotées ;

- la décomposition des premiers débris végétaux va permettre l'installation de végé-taux plus exigeants, tandis que vont se développer les horizons humifères du sol.

Chaque étape est caractérisée par un type d'association sol - végétation et la pro-gression dépend du climat (température, humidité) et de la nature de la roche mère(pH, porosité...), jusqu'à atteindre un état d'équilibre en étroite relation avec la vé-gétation et le climat.

Au fur et à mesure qu'évolue le sol, les êtres vivants installés (végétation, micro et méso-faune, microorganismes) contribuent à sa formation, puis à sa restauration, en assurantla circulation et le recyclage de la matière tandis que la couverture végétale et l'humusprotègent le sol de l'érosion due à l'eau de ruissellement, à la déshydratation et au vent.

Tout au long de l'année, et surtout en automne, des végétaux morts et des débris attei-gnent le sol (constituant la litière en forêt). Alors commence, sous l'action des bactéries,des champignons et de la faune, un lent travail de décomposition (voir schéma page 9).

Les feuilles et débris sont découpés, grignotés par les gastéropodes, nombreusesespèces de vers, mille-pattes, insectes, collemboles qui contribuent aussi àl'aération du sol et à la pénétration de la matière organique. Les quantités ingé-

rées sont de l'ordre de plusieurs centaines de tonnes par hectare et par an.

Les déjections de la faune sont à leur tour décomposées par des bactéries etchampignons qui sont les plus nombreux (plusieurs milliards par gramme de sol)et interviennent à toutes les étapes de la décomposition de la matière organique(molécules complexes qui composent un être vivant : cellulose, lignine, protéines...)en matière minérale (CO2 et ions nitrates, phosphates, sulfates, fer, calcium...).

Certaines de ces molécules, dont les nitrates, sont directement utilisées en tant que nu-triments par les végétaux supérieurs, d'autres repartent dans l'atmosphère sous formede gaz (gaz carbonique, oxygène, azote, vapeur d'eau). D'autres enfin sont recombi-nées en composés organiques amorphes qui constituent l'humus. La vitessed'humification dépend de l'activité biologique du sol, conditionnée par la température.

Végétation

A0 Horizon fibreux qui contient la ma-tière organique de la litière de plusen plus fragmentée et transforméechimiquement en profondeur.

A1 Horizon humifère qui contient lesproduits de décomposition de lalitière (humus et composés mi-néraux) entraînés en profondeuravec les eaux d'infiltration.

A2 L'horizon humifère est appauvrien profondeur lorsque le lessi-vage est plus rapide que l'apportà partir des couches supérieures.

B On peut trouver un horizond'accumulation où sont bloquésl'humus et les oxydes de fer.

C Roche mère (ici mélange de sableet graviers siliceux avec argile).

PROFIL PÉDOLOGIQUE

TYPE (TRÈS SCHÉMATISÉ)

Je suis un ver de terre ou lombric (Lombricus terrestris) parmi cent quarante autres espèces de lombricidés. Jen'ai pas de dents mais possède un gésier broyeur. Ni de poumons, mais grâce à mes cinq paires de cœurs je jouisd'un bon système circulatoire. Et mes deux reins par segment me rendent résistant. De petite taille (entre 5 et 10cm), les soies recouvrant partiellement mon corps m'aident à me déplacer dans les profondeurs du sol. Je n'aimepas le soleil et apprécie l'humidité.

Je fais partie des vers de terre qui creusent des galeries verticales. Certains de mes congénères préfèrent lesgaleries horizontales et d'autres la surface du sol et la matière organique en décomposition. Mes galeries ver-ticales me permettent de venir faire des "provisions" à la surface du sol tout en restant prudemment accrochépar la queue à l'entrée de mon terrier : j'entraîne feuilles et débris organiques pour les ingurgiter dans mes ga-leries et je dépose à l'extérieur mes "riches" excréments, sous forme de tortillons appelés turricules. Infatiga-ble, je creuse nuit et jour des galeries qui aèrent la terre, permettant à l'eau de s'infiltrer au lieu de ruisseler en

UU NN T R AVA I L L E U RT R AVA I L L E U R I N FAT I G A B L EI N FAT I G A B L E : : L EL E V E RV E R D ED E T E R R ET E R R E

FORMATION ET FONCTIONNEMENT D'UN SOL

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L'humus, généralement associé aux mi-néraux argileux, forme le complexe ar-gilo-humique qui joue un rôle essentieldans la structure du sol, ses propriétésmécaniques, physiques, hydriques etchimiques. Il pourra être minéralisé ul-térieurement et constitue donc une ré-serve nutritive pour les végétaux.

Certaines bactéries libres ou vivanten association avec des végétaux(cas des Légumineuses grâce auxnodosités à Rhizobium) peuvent fixerl'azote atmosphérique sous forme decomposés stockés dans le sol.

porés au sol (engrais, amendements, épandages, traite-ments divers...). L'emploi des engrais de synthèse à la pla-ce des fumures organiques augmente le rendement im-médiat mais déstructure peu à peu le sol, tandis que lesproduits phytosanitaires contribuent à la disparition des êt-res vivants qui assuraient son équilibre physico-chimique.La mécanisation peut également entraîner le compactagedes sols en profondeur et l'impossibilité pour les lombricsd'assurer l'homogénéisation et l'aération.

Ainsi, ce que la nature met des milliers d'années à cons-

truire, l'Homme peut le détruire en quelques instants. �

lessivant les sols. Grâce à mon tube digestif, je peux ingurgiter de 20 à 30 tonnes de terre par hecta-re ! Les bactéries ingérées avec la terre et l'eau m'aident à digérer.

Je recycle et fertilise les sols en favorisant la circulation de l'air, de l'eau et la vie bactérienne. Jesuis un "laboureur du sol". Je suis aussi à la fois mâle et femelle mais j'ai besoin d'un compagnon

pour assurer ma descendance. Les taupes, les sangliers et les oiseaux m'adorent, même le renard enpériode de disette. Mais des menaces plus grandes pèsent sur mon existence : l'agriculture intensiveavec son lot d'engrais et de pesticides, les terrains de football et de golf me détestent. Un pesticidecréé pour moi, par manque d'imagination, a été baptisé "lombricide" afin de me radier du vivant. Lafragmentation des écosystèmes, avec l'artificialisation des sols, me menace également.

L'homme, par ses activités, extermine ces travailleurs de l'ombre. Comment fera-t-il pour se nourriravec tous ces sols déjà morts l'entourant ?

Par Françoise COULOUDOU

Lors de changements climatiques oude modifications des pratiques agri-coles, une dégradation plus ou moinsimportante du sol peut survenir, jus-qu'à épuisement total :

- L'érosion par ruissellement est bienconnue pour les sols cultivés qui res-tent à nu une partie de l'année. C'est la conséquence desremembrements, qui ont entraîné la suppression des haies,talus et fossés qui retenaient la terre, ainsi que de la sup-pression des prairies, toujours enherbées, au profit des ter-res labourées pour la production intensive. Concernant lavigne, la destruction des plantes adventices par les herbi-cides laisse également le sol à nu entre les plants cultivés.

- Avec l'encouragement aux cultures à haut rendement, leslabours retournent trop profondément le sol et mélangentles horizons. A cette action mécanique, importante près dela surface, s'ajoutent les apports d'intrants qui sont incor-

DÉGRADATION DES SOLS

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PROCESSUS DE DÉCOMPOSITION DE LA MATIÈRE ORGANIQUE DANS UN SOL

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Travail du sol en agricultureCauses et conséquences

Antoine SCHREIBER,Fédération SEPANSO

Les objectifs du travail du sol sont variés : décompacter,enfouir,niveler,ameublir, trier,aérer�lesagrégatsdusol.Nombreuses sont les machines utilisées pour atteindretout ou partie de ces objectifs et s'adapter à des sols dif-férents, à des états de surface différents (couverts her-bacés, résidu de culture), etc... Ces machines peuventêtre classées dans les principales catégories suivantes :charrues, outils à dents et outils rotatifs. Cette vaste pan-oplie permet de réaliser les différentes opérations de dé-chaumage, décompactage et bien sûr de préparation dulit de semence (voir encadré ci-contre) pour la culture descéréales. La question, complexe, de savoir si ces machi-nes sont nocives pour le sol ne date pas d'aujourd'hui.Pour éclairer ce débat appuyons-nous dans un premiertemps sur une machine emblématique de l'agriculture : lacharrue.Quellessontsespiècestravaillantesetcommentfonctionnent-elles ?

Description et fonctionnementde la charrue

Les actions successives des pièces de la charrue (voirschéma page 11) se traduisent par un émiettement plusou moins grossier selon les lignes de rupture présentesdans la veine découpée. C'est un moyen efficaced'ameublir à la profondeur choisie et d'éliminer le couvertvégétal de la culture précédente. Cela facilite grandementl'intervention des outils nécessaires aux opérationssuperficielles qui suivront : affinage plus poussé et tri.

Les reproches faits à l'égard de la charrue sont le bou-leversement des horizons, la semelle de labour, lerisque d'érosion et la diminution du taux de matièreorganique. Le schéma page 11 montre l'action ducorps de labour et permet de mieux cerner les consé-quences agronomiques.

Effectivement,laveinedeterre soulevéeparleversoir prendappui sur la charnière C pour basculer. Lors de ce bascu-lement, le risqued'intervertir leshorizonsaérobiesetanaé-

L'évolution des techniques culturales de ce dernier demi-siècle a fait un bond considérable.Parmi ces techniques modernes, deux agissent directement sur le sol : les outils de travaildu sol et les intrants. Dans quelle mesure les facteurs de vie du sol en sont-ils affectés ?

En céréaliculture, le lit de semence doit permettre la levéerapide, totale et homogène des graines tout en favorisantle développement en profondeur des racines. Pour cela ildoit suivre le profil représenté par le schéma ci-dessous.

Pour fabriquer ce lit de semence, deux à trois outils seront né-cessaires. Le premier, qui doit descendre assez profondément,sera une charrue ou un outil à dents rigides. Le second, desti-né à un travail superficiel, sera un outil à dents souples éven-tuellement complété par une herse rotative. Signalons que cespassages successifs ne sont pas forcément proches dans letemps. C'est le cas en particulier pour les sols lourds, argileux,qui sont eux labourés à l'automne, lorsque les sols sont encorebien ressuyés. La reprise superficielle ne se fera qu'au prin-temps et sera d'autant plus facile que gel et dégel, pluie et so-leil auront déjà grandement effrité les gros agrégats.

LL EE L I TL I T D ED E S E M E N C ES E M E N C E

+10

H1

0

H2

- 5

H3

- 20

H4

H1 Mottes résiduelles de faible diamètre renvoyées en surface,protègent contre les pluies érosives et le desséchement.

H2 Au contact direct avec l'atmosphère et ses apportsd'oxygène, d'eau et de chaleur, c'est lui qui reçoit les grai-nes du semis. La finesse et le nombre des particules deterre permettront à l'humidité du sol d'atteindre par capillari-té l'enveloppe hydrophile de la graine qui pourra ainsi enta-mer sans tarder sa phase de germination.

H3 Cet horizon doit être ameubli, mais de manière grossièreseulement, de telle sorte que les futures racines aient faci-lement accès aux zones nutritives plus profondes.

H4 Zone non travaillée.

en c

m

LES OUTILS DE TRAVAIL DU SOL

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robies est réel. Ce plus ou moinsgrand mélange des horizons est enréalité lié à plusieurs facteurs :

- Le rapport h sur l : si h est faible,la veine de terre découpée seraplate et sera retournée commeune "crêpe", l'horizon supérieurse trouvant alors en dessous ; si,

par contre, lest faible, la veine dé-coupée restera plutôt "debout" etne sera déplacée que latérale-ment pour l'essentiel.

- La vitesse d'avancement : une vi-tesse importante augmente l'élanimprimé à la veine de terre qui seretourne plus complètement.

- La forme du versoir : cylindrique,il dresse la terre en la retournantpeu ; hélicoïdal, il l'enroule surelle-même, l'accompagne pluslongtemps et la retourne plus ef-ficacement.

La question de la semelle de la-bour est liée à l'action du bord decoupe du soc, selon la ligne DC duschéma. Certes, il tranche hori-zontalement. Mais aussi effilé soit-il, le bord de coupe prend appuicontre le sol et exerce de ce faitune force pressante vers le basqui a pour conséquence de lisser,comme la truelle du maçon sur lemortier frais. Le résultat est la for-mation potentielle d'un horizoncompact, de faible épaisseur maisimperméable, d'où la porosité etdonc l'air ont disparu. Ce phéno-mène, qui n'est pas systématique,est lié à la structure du sol, son hy-grométrie, l'état du soc, la fré-quence des passages. En clair, la-bourer un sol argileux et humide àl'aide de socs usés se traduit fata-lement par une semelle de labour.

La collision du versoir avec la veinede terre fragmente cette dernière.Cela signifie que les particules, au-paravant solidaires grâce au cimentcolloïdal du sol et au chevelu raci-naire, sont libres les unes par rap-port aux autres. Le sol nu subit alors

l'action de la pluie et duvent : ses fragments peuvent alorsêtre déplacés et donc perdus. Cesphénomènes érosifs, extrêmementpréoccupants, sont liés à plusieursfacteurs :

- la finesse de fragmentation,- la pente du sol,- l'intensité et la fréquence desprécipitations et des vents,- la durée pendant laquelle le solreste nu.

En conséquence de quoi l'érosionn'estpasune fatalité. C'est un risquequ'il faut minimiser en intervenantau bon moment, avec les bons ou-tils correctement réglés. Un sol ar-gileux lourd, même en pente, necraint guère l'érosion. Il peut doncêtre travaillé à l'automne sans vrai-ment craindre les pluies hivernales.Et si l'on veut avoir une assurancesupplémentaire contre ces pluies,on favorisera l'installation d'un cou-vert herbacé à germination autom-nale, futur engrais vert. Un sol limo-neux, d'autant plus qu'il est en pen-te, ne devra pas être travaillé avantla période hivernale pluvieuse, nipendant bien entendu. Mais au prin-temps, au moment même du semis.

La pointe,pièce effilée defaible section,perfore le sol.

Le soc, lame trapézoïdaleplacée de biais par rapport au sensd'avancement, découpe le sol dans leplan horizontal sur toute sa largeur detravail, qui varie de 15 à 30 cm.

Le coutre

trancheverticalement.

Le versoir reprend la veine de terreainsi découpée, la soulève et ladéplace latéralement demanière énergique.

LES PIÈCES DE LA CHARRUE

11

La question de la perte de matièreorganique est liée au développe-ment des micro-organismes du sol,en particulier dans la zone aérobie.Fortement oxygénés par le labour,ils vont consommer la matière orga-nique et la dégrader plus que né-cessaire,voirelaminéraliser.Ilen ré-sulte une dépréciation du complexeargilo-humique responsable de lafertilité du sol. Les éléments miné-ralisés, s'ils ne sont pas assimiléspar des racines, sont en général les-sivés par les pluies. Les facteurs

LES TROIS PHASES DU LABOUR

Phase 1 - Découpage et soulèvement

Phase 3 - Projection et émiettage

Phase 2 - Déplacement latéral et basculement

"En France, 60 % des solssont frappés d'érosion."

Claude Bourguignon,expert des sols auprèsde l'Union Européenne

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nomique des temps modernes (voir encadré ci-dessous).

Ce n'est qu'après cette période qu'apparaît la Deuxième révolu-tion agricole des temps modernes avec en particulier la mise aupoint du moteur à explosion et son usage systématique à partirdes années 40. Les premiers tracteurs sont alors bien sommai-res. Ils ne tirent guère plus qu'un ou deux bons chevaux,n'obéissent pas au commandement vocal, sont bruyants, sen-tentmauvais,s'embourbentfacilement,tombentenpanneet sus-citent plutôt amusement. Ils ont cependant déjà quelques avan-tages : ils ne se fatiguent pas et économisent la force du pay-san qui peut s'asseoir confortablement dessus. Ils n'ont pas be-soin de l'ombrage d'une haie pour se reposer. Ils libèrent les pâ-turages auparavant destinés à la nourriture de la force de trac-tion animale. De toutes manières, les défauts de jeunesse dutracteur seront peu à peu réglés par les mécaniciens et abouti-

Au cours des 18 et 19ème siècles, les méthodes agronomiques ont connu un essor significatif. Basées sur des obser-vations rigoureuses et des pratiques codifiées par les premiers agronomes (O. De Serres), elles aboutissent à uneagriculture productive qui utilise à grande échelle la traction animale. Les chevaux et bœufs, de mieux en mieuxnourris grâce à des pâturages soigneusement entretenus, mélangeant graminées et légumineuses, deviennent deplus en plus puissants et peuvent actionner des machines de plus en plus performantes qui décuplent à leur tour laproductivité. Ces animaux, en plus de leur force de traction, fournissent un sous-produit, crottin et bouse, qui, mé-langé aux diverses litières, permet d'élaborer un fumier, véritable trésor du paysan. Humifié puis épandu sur lesterres labourables, il nourrit la faune et la flore du sol, se gorge de réserve d'eau, restaure le complexe argilo-hu-mique et ses capacités biochimiques. Ce modèle agricole - la Culture Attelée Lourde - s'inscrit en harmonie dansles processus biologiques de la fertilité des sols. Ces processus sont naturels et préexistent à l'apparition del'homme. La culture attelée lourde permettra et bénéficiera à son tour d'un fort développement du génie mécaniqueagricole. Pignons, courroies, chaînes, pistons, vilebrequins trouvent ici leurs véritables applications. Faucheuses,charrues, herses, moissonneuses lieuses... autant de machines qui irrigueront les campagnes. Mais bien sûr elles se-ront toujours entraînées par des attelages de chevaux ou de bœufs. La culture attelée lourde prévaudra jusqu'au dé-but du 20ème siècle, plus exactement jusqu'à la 2ème guerre mondiale. Elle a deux grands mérites :

- maintenir et même améliorer la fertilité des sols, en particulier le taux de matière organique,- produire une nourriture abondante.

Les machines, en particulier celles destinées au travail du sol, ont joué un rôle essentiel dans ce processus. C'est surces bases-là que les pays d'Europe de l'Ouest, la France en particulier, se sont affranchis du risque alimentaire et ontpu nourrir une population importante, gage de différenciation sociale et donc de développement social et culturel.

PP R E M I È R ER E M I È R E R É VO L U T I O NR É VO L U T I O N A G R O N O M I Q U EA G R O N O M I Q U E : : L AL A C U LT U R EC U LT U R E AT T E L É EAT T E L É E L O U R D EL O U R D E

responsables de cette perte sont la fréquence ex-cessive des labours et l'absence des apports de fumier.

Tous ces reproches peuvent être faits à des degrés divers enverstous lesmatérielsdepréparationdessols.Commeonlevoit,sousla meilleure des intentions -préparation du lit de semence- se ca-chent bien des effets pervers, des dégâts collatéraux. Est-ce àdire que ces machines sont mauvaises et qu'il faut passer à aut-re chose?

Mauvaises pratiques ?Tout au long de ce qui précède, j'ai pris soin de préciser lesfacteurs qui créent les effets négatifs. Les charrues et autresherses ne datent pas d'aujourd'hui : ce sont bien ces machi-nes qui ont été développées par la Première révolution agro-

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ront aux appareils excessivement puissants que nous connais-sons aujourd'hui. Les dernières sophistications le rendent intel-ligent, capable de se déplacer sans chauffeur et de prendre desdécisions par rapport à des variables. Cette hyper-mécanisationn'est possible que grâce à l'utilisation massive d'une énergiequasi gratuite : le gasoil. L'usage abusif des machines tractéesdestinées à la préparation des sols, par méconnaissance de labiologie des sols ou sous la pression des contraintes écono-miques, entraine son lot de conséquences pernicieuses :

- Les sols sont labourés trop fréquemment et trop profondé-ment, trop souvent dans de mauvaises conditionsd'humidité ; les liaisons électrochimiques du complexe sontdétériorées, la porosité s'effondre, l'oxygène disparaît, l'eaune pénètre plus, les populations de microorganismes sontperturbées dans leurs équilibres et ne font plus correcte-ment leur travail de minéralisation, la macro-faune qui en dépend dépérit à son tour.

- L'absence de retour au sol des sous-pro-duits du tracteur, qui ne rend aucun fu-mier, ne permet pas de nourrir la viemicrobienne et de réalimenter le cycle dela fertilité, les microorganismes consom-meront inexorablement la matière orga-nique du sol qui diminuera elle aussi inexorablement.

- In fine, ce sont les plantes cultivées qui ne peuvent se dévelop-percorrectementetserontd'autantplussensiblesauxmaladies.

LES INTRANTS

En une génération, l'agriculture est ainsi passée d'un systè-me écologiquement vertueux à un système, le productivis-me, qui participe fatalement au réchauffement climatique :les rejets de CO2 dans l'atmosphère dus à la diminution dutaux de matière organique s'ajoutent à ceux dus à laconsommation des tracteurs et à la fabrication des engrais.

Le "progrès" du productivisme ne s'arrête pas là puisque lesindustries chimique et génétique proposent leurs solutionspour maintenir le niveau de production et même l'augmenter.Ce sont les engrais de synthèse, les pesticides et la sélec-tion génétique. Ces nouvelles substances vont à leur tourréagir avec l'écosystème du sol et le perturber. Les engraisde synthèse (N, P, K) court-circuitent les microbes et pénè-trent - de force - dans les racines. Les plantes, dopées parcet afflux de sels, réagissent en absorbant de l'eau. Les cel-lules des organes souterrains et aériens, excessivement ri-ches en minéraux et gonflées d'eau, attirent des parasitesavides tels les virus ou les champignons comme le mildiouet l'oïdium. Les conditions sont alors réunies pour l'utilisationde pesticides, forcément perçus comme une victoire du gé-nie humain contre les attaques d'une sauvage nature. Sauf

UNE NÉCESSAIRE ÉVOLUTION

que ces pesticides ne sauraient se contenter d'agircontre le seul mildiou qui, de toute manière, est un champ-ignon omniprésent et indispensable à la fertilité du sol. Ilsvont attenter à de nombreux sites du vivant et lourdementcontribuer à la fragilisation des plantes. La science agrono-mique, inconsciente des réelles causes des maladies, apoursuivi l'essentiel de ses recherches de solutions au tra-vers de la sélection génétique, puis de la manipulation gé-nétique, s'enferrant ainsi dans son impasse.

Poser la question des impacts sur le sol de la mécanisationet des intrants pose la question plus large du modèle agri-

cole dans ses différentes dimensions : tech-niques, écologiques, humaines. Lesquelques aspects que nous venonsd'aborder permettent de faire ressortir leséléments suivants :

- Les machines de travail du sol restent unmoyen essentiel de culture qui a histori-

quement fait ses preuves.

- Les pratiques productivistes basées sur l'hyper mécanisa-tion et la chimisation dégradent fortement les sols.

- Un indicateur incontestable est la forte diminution du tauxde matière organique en l'espace de 50 ans.

- Cette dégradation est à la fois lente et rapide : lente àl'échelle du temps humain, rapide à l'échelle des temps pé-dologiques. En conséquence de quoi ce sont les généra-tions d'aujourd'hui et de demain qui ont et auront à gérerles problèmes créés par les deux générations passées.

- Remonter le taux de matière organique est possible maisil faut du temps et des pratiques adéquates.

Face à ce constat comment les pratiques agricoles évo-luent-elles ?

Modification des pratiquesLe mouvement de l'Agriculture Biologique apparaît aujourd'-hui comme la véritable alternative, le véritable progrès,l'agriculture de demain seule à même de nourrir convena-blement les populations présentes et futures. Elle puise sesracines dans le passé tout en intégrant de manière raisonnéeles technologies plus récentes. Le refus de la chimisationn'est que le juste reflet d'une conception du sol vivant. Lesseuls pesticides utilisés sont des minéraux issus de rochesnaturelles, qui ne sont donc pas issus de la chimie de syn-thèse. Les quantités sont limitées et contrôlées. Leur utilisa-tion se justifie uniquement pour lutter contre un parasite in-contrôlable par d'autres moyens. Les engrais sont systéma-

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"En Europe, le taux de matièreorganique du sol est passé de4 % à 1,4 % en cinquante ans."

Claude Bourguignon, expert dessols auprès de l'Union Européenne

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tiquement apportés sous forme organique, à l'exclusion de tout engrais desynthèse. De ce fait, les pratiques aratoires redeviennent utiles, sinon

nécessaires, pour que le sol puisse digérer les importantes quan-tités de matières organiques. Elles sont mises en œuvre de ma-

nière précise et avec discernement. Dans de nombreuses si-tuations, elles sont très limitées, voire supprimées.

Un autre grand principe est de favoriser la diversité descultures, d'installer un système de rotation, ce qui à ter-

me augmente la fertilité du sol - et donc le rendement- et diminue la pression de maladies et donc

l'utilisation des pesticides.

L'Agriculture Biologique existe officiellement de-puis les années 50. En réalité, elle n'est que leprolongement modernisé des méthodes agrico-les antérieures au productivisme. Dèsl'apparition des produits chimiques et engraisde synthèse, des agriculteurs se sont en effetopposés à leur utilisation. Longtemps dé-criée, taxée de passéiste ou, au mieux, de ni-che pour des consommateurs bobos-écolosfriqués, l'AB revient sur le devant de la scè-ne. Elle apparaît aujourd'hui comme le ferde lance de la nouvelle agriculture, c'est-à-dire d'une agriculture durable car agro-écologique. Ses principes sont repris et in-tégrés par les organismes de recherche,de conseil et de vulgarisation, publics etprivés, les plus officiels et conventionnels.

Au premier rang, les institutions politiquesnationales reconnaissent enfin la nuisancedes produits chimiques et pour cela pré-voient de diminuer de moitié les quantitésutilisées à l'horizon 2018. De la même ma-nière, les dégâts de la mécanisation exces-sive sont pris en compte par des finance-

ments destinés au maintien ou à la réimplan-tation de haies.

Les organismes professionnels et les techni-ciens agricoles eux-mêmes remettent en cause

certaines pratiques qu'ils ont pourtant largementpromues dans le passé. La viticulture girondine,

via le CIVB, l'IFVV, la Chambre d'agriculture, com-mence à comprendre que la suppression des herbi-

cides et insecticides peut contribuer de manière nota-ble, et sans risque pour la production, à l'atteinte de

l'objectif "phyto" du Grenelle de l'environnement. Les al-ternatives au tout chimique sont encouragées : travail mé-

canique superficiel du cavaillon et enherbement permanentpour supprimer les herbicides, interventions sur le feuillage à vi-

sée prophylactique pour diminuer ou supprimer les insecticides etfongicides.

DES PRATIQUESAGRICOLES A MEDITER (*)

Polyculture avec couvertvégétal permanent

Inquiet des risques liés à l’utilisation des produits phytosanitaires,Guy Darrivère, agriculteur dans les Pyrénées-Atlantiques, s’estorienté vers l’agriculture biologique depuis une dizaine d’années.

Suite à des problèmes d’étiage du ruisseau longeant son exploitation, ila trouvé le moyen d’éviter l’irrigation en passant de la monoculture dumaïs à la polyculture (soja, céréales d’hiver, maïs) avec 10 % en jachèreet rotation bisannuelle. Un couvert végétal permanent lui permet de gar-der la terre humide. Il a ainsi développé la production de biomasse, complé-tée par un apport de compost, et amélioré la rétention en eau de ses sols.

Malgré la perte des aides habituellement octroyées aux maïsiculteurs, cetagriculteur est fier d’annoncer une production de 100 quintaux/ha de maïsbiologique, rendements non atteints par ses voisins en agriculture convention-nelle. Il est aujourd’hui ferme de référence pour le réseau “Bio d’Aquitaine”.

Agroforesterie

Conscient de l’appauvrissement de ses sols par les pratiques conventionnelles,Jack Delozzo, agriculteur du Gers, a d’abord consacré une partie de ses terresà la création de bandes enherbées et de bosquets. Puis, avec les conseils del’association “Arbres et Paysages 32”, il a opté pour l’agroforesterie. Il a ainsiintroduit des rangées d’arbres dans ses surfaces agricoles à raison de 50 arb-res à l’hectare. Les variétés d’arbres proviennent d’essences locales (noyers,merisiers, sorbiers, cormiers, érables champêtres, chênes tilleuls, frênes)bien adaptées au climat et à haute valeur ajoutée : fruits, bois raméal frag-menté (BRF), bois d’œuvre... Tout en réduisant ses surfaces agricoles propre-ment dites, il obtient un rendement global équivalent.

L’agroforesterie, grâce aux racines des arbres qui assurent une meilleureinfiltration de l’eau, permet une réduction de 50 à 80 % de l’érosion du solet limite la pollution des nappes phréatiques et des rivières. Les différen-tes espèces d’auxiliaires présentes dans les feuillages permettent de ré-duire considérablement l’utilisation des phytosanitaires.

Des parcelles témoins mises en place par l’INRA montrent que le ren-dement est 30 % supérieur à celui de terres en agriculture conven-tionnelle. C’est aussi un passage intéressant vers l’agriculture biolo-gique.

CG

(*) Présentées lors de la Journée sur "les bonnes pratiques degestion de l'eau du Bassin Adour-Garonne", organisée par

FNE Midi-Pyrénées, en collaboration avec le collec-tif Ass'Eau BAG et le collectif CAP'Eau, le

3 décembre 2010 à Bordeaux.

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En matière de formation agricole, les réfé-rentiels de diplômes intègrent depuis deuxans, de manière explicite et obligatoire, lescontenus pédagogiques relatifs à la protec-tion de l'environnement et aux pratiques del'AB. Des formations spécifiques sont misesen place concernant l'application des pesti-cides.

Tous ces éléments montrent une prise de cons-cience réelle. Pour autant, la transformation des

pratiques reste lente par rapport àl'urgencede la situation. Exception faite bien sûrde l'AB, mais qui reste trop peu pratiquée cartrop peu aidée. Comment cultiver repose ainsila question du "comment financer". Plus préci-sément du "qui financer". On comprendra qu'ily a là matière à affrontement entre administra-tions, organisations syndicales, pouvoirs poli-tiques, industries agro-alimentaires, groupes fi-

nanciers, associations... �

� Des mots pour en parler

- Consommateurs : Organismes ne pouvant vivre qu'aux dépens d'autres êtres vivants dont ils se nourrissent.- Phytophages : Animaux qui se nourrissent de matière végétale.- Producteurs (ou autotrophes) : Organismes vivants capables de produire leurs propres substances organiques à

partir d'éléments minéraux (eau, CO2...), tels que les végétaux chlorophylliens.- Saprophages : Espèces animales qui consomment des détritus organiques en voie de décomposition.- Saprophytes : Espèces végétales se nourrissant de matière organique morte.- Zoophages : Animaux qui se nourrissent de matière animale.

� A lire

- Le sol, la terre et les champs : de l'agronomie à l'agrologie - C. Bourguignon - Sang de la Terre- Les plantes malades des pesticides - F. Chaboussou - Editions Debard- Collaborer avec les bactéries et autres micro-organismes - J. Lowenfels - Ed. du Rouergue- Invitation à la science de l'écologie - P. Colinvaux - Points Sciences- Cours aux agriculteurs - R. Steiner - Ed. Novalis- Le plein, SVP - J.M. Jancovici - Points Sciences- La faim, la bagnole, le blé - F. Nicolino - Fayard- Le gang de la clef à molette - E. Abbey - Ed. Gallmeister- Une éthique pour la nature - H. Jonas - Desclée de Brouwer- Agriculture naturelle - J. Pousset - Ed. Agridécisions- Ecologie antique - P. Fedeli - Ed. Infolio- Comment les riches détruisent la planète - H. Kempf - Seuil- L'agriculture naturelle - M. Fukuoka - Ed. Guy Trédaniel- L'insurrection qui vient - La Fabrique- Sang pour sang toxique - J.F. Narbonne - Ed. T. Soucard- Machines modernes à traction animale - J. Nolle - L'Harmattan- Le monde n'est pas une marchandise - J. Bové - La Découverte- Conditions de levée de dormance des plantes bioindicatrices - G. Ducerf - Ed. Promonature

� Et pour les internautes, des sites à consulter

- Quelques exemples de pratiques d'agroécologie : www.solagro.org/site/369.html- Association Française pour l'Etude du Sol (AFES) : www.inra.fr/internet/Hebergement/afes- Centre International de Myriapodologie : www.mnhn.fr/assoc/myriapoda/INDEX.HTM- Pages entomologiques d'André Lequet : www.insectes-net.fr- Clé de détermination simple de la faune du sol : http://sibille.free.fr/rubriques_diverses/faune_sol/clefaunesol.htm- Ressources pédagogiques sur le sol forestier : www.fnh.org/francais/doc/en_ligne/foret/intro.htm

PP O U RO U R M I E U XM I E U X C O M P R E N D R EC O M P R E N D R E

"Sur l'ensemble del'Europe, environ 90 %

de l'activité biologique dessols cultivés a été détruitepar l'agriculture intensive."

Claude Bourguignon,expert des sols auprèsde l'Union Européenne

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réserves naturelles

sus de nos têtes sa sombre silhouette.Opportuniste, il trouve généralementpitance là ou l'espèce humaine est pré-sente. Il n'est donc pas exceptionneld'observer sur le Banc d'Arguin un in-dividu en pleine tentative de larcin.L'objet de sa convoitise : le produit dela pêche d'une vaillante sterne revenueau nid pour nourrir son partenaire ouson poussin. Un couple de milans soup-çonné d'élever sa progéniture dans laforêt usagère de La-Teste-de-Buch, der-rière la Dune du Pilat, est même passémaître dans le vol de lançons. Parfois, àl'instar des goélands, le maraudeur jet-te son dévolu sur une bouchée plusconséquente, un poussin ayant échappéà la vigilance de ses parents. La tentati-ve n'est pas toujours couronnée de suc-cès car la colonie veille au grain. Sou-vent alertée par un Huîtrier pie (Hae-matopus ostralegus), véritable gardiendu Banc d'Arguin, l'ensemble des ster-nes adultes s'envolent dans une formi-dable et bruyante nuée argentée pourchasser le prédateur. Mais de temps entemps, l'opiniâtreté du milan finit parpayer. Quoi de plus normal ? La natureest ainsi faite. Son adage sanctionne les

Banc d'Arguin

Remarquée sur le Banc d'Arguinpour la première fois en 1966par une équipe de scientifiques

de l'Université de Bordeaux 1, la colo-nie de sternes a déjà dû faire face, parle passé, à bien des dangers. Malgré desdébuts difficiles, où quelques bonnesâmes se sont battues becs et onglescontre une horde d'Homo sapiens quin'avait trouvé pour seul divertissementque de faire une omelette géante avecles œufs des volatiles, la colonie n'a ja-mais boudé le site. C'est d'ailleurs lacréation de la Réserve Naturelle enaoût 1972, donnant au site un statut ju-ridique de protection, le plus puissantpour protéger la nature en France, quia permis aux oiseaux de trouver la quié-tude nécessaire pour revenir chaqueprintemps. Cet attachement s'expliquepar le caractère insulaire du Bancd'Arguin. Oiseaux côtiers ne revenantà terre que pour la reproduction et ni-chant à même le sol, les sternes peuventainsi s'affranchir, sauf cas exception-nel, des prédateurs sauvages à quatrepattes, la SEPANSO faisant le néces-saire pour informer et sensibiliser lespropriétaires de nos amis à poils do-

mestiques interdits, sur la Réserve Na-turelle. La ressource alimentaire, no-tamment des bancs d'anchois et de sar-dines présents en cette période au largedu Cap-Ferret, est également pourbeaucoup dans la fidélité au site. En ef-fet, ces petits poissons nourrissentchaque année adultes et poussins jus-qu'à la fin août. Tout ne fut pas toujoursrose pour autant. La vigilance des gar-des ne peut rien contre une montée deseaux inopinée, liée à la concordanced'une forte marée et d'un coup de vent,qui emporte quelques nichées, ou cont-re un sanglier qui vient à la nage depuisla dune du Pilat pour se délecter dequelques œufs et de quelques poussins.Ces évènements malheureux sont enquelque sorte, dans la nature, le prix àpayer pour la survie des plus forts etn'entachent en rien l'attrait que les ster-nes ont pour le Banc d'Arguin. Cet at-trait pourrait cependant être menacé.

Visiteur d'été hivernant en Afrique,le Milan noir, espèce protégée, est deplus en plus présent autour du Bassind'Arcachon. C'est à partir du mois demars que le rapace laisse planer au des-

Dimitri DELORME,Réserve Naturelledu Banc d'Arguin

L'année 2010 s'annonçait prometteuse pour la reproduction de la Sterne caugek (Sterna sandvi-censis) sur le Banc d'Arguin. Avec 2788 nids recensés le 26 mai dernier, soit 5576 sternes adul-tes, la colonie voyait enfin ses effectifs augmenter. En effet, ce ne sont pas moins de 384 cou-ples de plus qu'en 2009. Une première depuis la chute survenue en 2004. Loin des chiffres re-cord enregistrés au début des années 90, avec plus de 4500 couples, le comptage du 26 mai nemanqua pas d'enthousiasmer la petite équipe d'aficionados du "comptage sternes". Nul ne se dou-tait alors de la tournure qu'allaient prendre les évènements dans les semaines à venir. Le Milannoir (Milvus migrans) allait faire du remue-ménage dans la colonie.

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2010, une année noire pour la colonie de Sternes caugek du Banc !

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17réserves naturelles

SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 151

plus faibles et gratifie les plus forts.Certains meurent pour permettre auxautres de survivre. Dans une certainemesure, une augmentation de la bio-masse attire toujours son lot de préda-teurs. Phénomène à l'équilibre précairecar, parfois, les prédateurs peuvent serévéler être de vrais tueurs en série.

Chronologie d'un carnagecommis en réunion

Les premières pontes de sternes sesont déroulées aux alentours du 3 mai.Deux milans tout au plus sont alors ré-gulièrement visibles sur la RéserveNaturelle. Ils s'intéressent aux petitspoissons pêchés par les sternes.

A la mi-mai, un maximum de 23milans est comptabilisé sur le Bancd'Arguin. L'objet de leur présence estle cadavre d'un congre venu s'échoueravec la marée.

Les premières éclo-sions ont débuté vers le 30mai. Le lendemain, 25milans sont comptabi-lisés en même tempsau dessus du Banc.Certains commen-cent à se poser auxabords de la colonie.

Le 8 juin, le premier casd'enlèvement d'un poussin est avéré.

Entre le 24 et le 29 juin, de nom-breuses éclosions se produisent chez lessternes. Les milans n'hésitent plus à seposer au milieu de la colonie comme si,pour eux aussi, l'union faisait la force.Un maximum de 47 rapaces posés estcomptabilisé le 29 juin. Le bouclier pro-tecteur formé par les sternes adultes n'aplus aucun effet sur les milans. Ces der-niers attaquent sans relâche du lever aucoucher du soleil et c'est un véritablecarnage qui s'opère sur les poussins.

Des mauvaisesconditions météoro-

logiques donnentparfois un peu de répit aux sternes.

En effet, les rapaces y regardent à deuxfois avant de traverser la passe sudlorsque le temps n'est pas au beau fixe.

Les 5, 10 et 11 juillet, 43, 46 et 40milans sont respectivement observésdans la dune où s'était installée la colo-nie. Cette dune est devenue un véritablecharnier à ciel ouvert et les adultes sontdispersés ça et là sur les bancs de sable.

Le 22 juillet, les dernières sternesquittent la dune alors que les milansentament leur migration vers l'Afrique.Même s'il y a quelques petits rescapés,le bilan des pertes est colossal.

Bien que des interrogations de-meurent, nos inquiétudes sur l'avenirde la colonie de sternes du Bancd'Arguin sont réelles. Sterne caugek etMilan noir sont deux espèces longévi-ves qui sont capables d'assimiler bonnombre d'informations et de se servirdes expériences passées. La RéserveNaturelle du Banc d'Arguin est un sited'importance internationale pour la ni-dification de la Sterne caugek. De cefait, nous avons une responsabilitédans la conservation de cette espèce.Comment réagir, alors, si des attaquesà répétition par les milans devaient sereproduire ? En demandant des auto-risations pour effaroucher l'animal.Pas si simple... Le stress généré chezles sternes entraînera-t-il une diminu-tion de la fidélité au site ? Seul l'avenirnous le dira. C'est donc avec impa-tience que nous attendons le retour des“caillouquettes” cette année. �Sterne caugek avec son poussin

Milan noir(photo RNN Banc d'Arguin

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18réserves naturelles

SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 151

SI LE MECENAT ETAITUNE ALTERNATIVE ?

Est-il encore besoin de souligner ledésengagement de l’Etat vis-à-vis desRéserves Naturelles Nationales gé-rées depuis des décennies, et à boncompte, par des associations ?

La SEPANSO Lot-et-Garonne, ges-tionnaire de la Réserve Naturelle del’étang de la Mazière, a décidé de viv-re avec son temps et de ne pas reje-ter, par principe, idéologie ou... inté-grisme le partenariat avec des entre-prises ou leur fondations. Après tout,Réserves Naturelles de France a mon-tré la voie en prenant pour principalpartenaire... la Fondation EDF.

Après avoir bénéficié de l’aide de laFondation Véolia Environnement (pour lasauvegarde du pigeonnier) et de Bristol-Myers. Squibb site UPSA d’Agen (pourle noyau de Cistude d’Europe), la Réser-ve Naturelle de l’étang de la Mazièrevient de décrocher le 1er Prix Environ-nement des Initiatives Occitanes dé-cerné par la Banque Populaire éponyme(1500 euros) puis l’attribution d’un prixpar RNF / Fondation EDF / Ministère encharge de l’environnement pour un dos-sier pédagogique voué à la Cistuded’Europe (11400 euros) avant de bénéfi-cier de la participation de la Fondationdu Patrimoine pour la restauration demilieux naturels associant à l’opérationdes personnels handicapés ou en inser-tion (18000 euros).

Pendant ce temps, une aide de 19300euros promise par la DREAL Aquitainesur un dossier FEDER voué à la biodi-versité (ce qui paraissait alors cohé-rent avec l’année mondiale de préser-vation de ladite biodiversité) passaità la trappe pour “cause de rendu decrédits à Bercy” (500.000 euros, dansun premier temps, ramenés à 300.000par la suite !).

Dans un tel contexte, force est deconstater combien il sera difficile,désormais, de gérer les Réserves Na-turelles sans faire appel à des fondsprivés. La fin d’un mythe ou celle,tout simplement, d’un rêve ?

Alain DAL MOLIN

MAZIèREMAZIèRE Etang de CousseauL'art au service de la nature

deaux. Son choix de la céramique et del'émail produit un rendu très esthétique.

Pierre Chaveau, artiste-peintre, car-tographe et illustrateur résidant à Car-cans-Plage, a réalisé les nouveaux pan-neaux d'entrée, changés en œuvre d'art :une aquarelle présentant une vue plon-geante sur l'étendue de l'étang de Cous-seau... accompagnée par une multitudede plantes, d'arbres et d'animaux à dé-couvrir comme un jeu de piste.

S'ouvrir Enfin, la sortie "Gemmeurs des du-

nes" a réuni Claude Courau, ancien rési-nier du Porge, et Catherine Sanchez, écri-vaine de Carcans-Plage, autour de la ca-bane de Lesperon le 23 juin 2010, afin detémoigner ensemble sur ce passé local :Monsieur Courau par une démonstrationdu métier et Catherine Sanchez par lalecture de son livre "En cabanes" (Edi-tions Opales, 1998) et de celui de Mar-guerite Dassé, "Mémoires d'une enfantde gemmeur au début du vingtième siè-cle dans la forêt landaise" (EditionsJacques Brémond, 1999).

Ainsi, l'art mis au service de la naturefait écho par ses qualités esthétiques etpoétiques à l'émotion et au vécu de cha-cun(e) en découvrant la Réserve Naturel-le de l'étang de Cousseau. �

Cepartipriss'est traduitdanstouslesdomaines de la communication :de l'animation avec les scolaires

aux sentiers d'interprétation et l'interven-tion d'artistes sur des sorties thématiques.

InnoverAmorcée par Laurène Claudel (an-

cienne garde-animatrice), cette péda-gogie du sensible a permis à tous lesscolaires de vivre une réalisation artis-tique en lien avec le site. Cette impul-sion a été poursuivie par Majlen San-chez. L'animatrice nature aux compé-tences artistiques a programmé etconçu en 2010 des animations liées aucroquis ("Crayons de nuit") et à l'art etla nature ("Herbier imaginaire"). Lorsde la sortie "Grues cendrées", elle achoisi de transmettre des notions natu-ralistes complexes au grand public grâ-ce à deux marionnettes et au conte.

CréerDepuis 2008, les outils de communi-

cation se renouvellent : les visiteurs em-pruntent un sentier d'interprétation pré-sentant les silhouettes des espèces végé-tales et animales liées aux différents mi-lieux de la Réserve Naturelle. Ce sentiera été revisité par Benoît Lafosse, artisteet professeur aux Beaux-Arts de Bor-

Il existe différentes approches en éducation à l'environnement afinde sensibiliser les publics sur un site naturel protégé. Depuis quelquesannées, la Réserve Naturelle de l'étang de Cousseau a fait le choixde valoriser les approches sensibles ou artistiques, sans toutefois enexclure les autres (naturaliste, scientifique, ludique, etc...).

Sortie "Gemmeurs des dunes"

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Land'art à la clairière

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documentation

RR E J O I G N E ZE J O I G N E Z -- N O U SN O U S !!NOM ...................................................................

PRENOM ...........................................................

ADRESSE ..........................................................

..............................................................................

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TEL .....................................................................

EMAIL ...............................................................

DATE DE NAISSANCE .................................

PROFESSION ...................................................

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� Adhésion familiale+ abonnement SON . . . . . . . . . . . . . . . . 47 €

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� SEPANSO Pyrénées-Atlantiques

� SEPANSO Dordogne

� SEPANSO Gironde

� SEPANSO Landes

� SEPANSO Lot-et-Garonne

Règlement à l'ordre de la section locale. Adresses au verso.

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SECTIONSSECTIONS LOCALESLOCALES

Simon Charbonneau

Naissance d'un pontde Maylis de Kerangal

Ce roman, auquel a été décerné le Prix Médicis2010, est agréable et facile à lire. Son écritureénergique et nerveuse a le don de rendre comptede situations concrètes témoignant d'un excellentdon de l'observation et d'une bonne connaissancedes chantiers de travaux publics, avec le vocabu-laire technique utilisé par les professionnels.

L e roman de Maylis de Kerandal, auquel a été décerné le Prix Médicis 2010,est agréable et facile à lire. Son écriture énergique et nerveuse a le don derendre compte de situations concrètes, témoignant d'un excellent don de

l'observation et d'une bonne connaissance des chantiers de travaux publics, avecle vocabulaire technique utilisé par les professionnels. Ce roman a de plus la ver-tu de nous raconter une histoire qui a un sens et nous change de ces tonnes deproductions romanesques modernes centrées sur les nombrils des auteurs.

L'histoire en question est celle d'un chantier de pont autoroutier au dessus d'unfleuve, initié par le maire d'une grande ville appelée Coca. Le héros en est un chefde projet passionné par son métier et qui parcourt le monde de chantiers en chan-tiers. L'intérêt de ce roman, qui se veut réaliste, est de nous faire entrevoir les en-jeux à la fois écologiques et sociaux de ce projet porté par des personnages quien sont les acteurs classiques, à savoir un grand élu mégalomane et les représen-tants d'une grosse entreprise de travaux publics. Les conflits relatifs àl'environnement et à la sécurité sont abordés, mais toujours sur un mode trèsconsensuel dans la mesure où ils sont résolus pour que soit achevé le projet gran-diose. Les opposants ornithologues sont convertis par des mesures de protectionde l'avifaune et les grèves désamorcées. Les noms choisis des personnages prin-cipaux ne sont d'ailleurs pas le fruit du hasard. Le chef de chantier s'appelle Di-derot, un personnage très humain dont le nom fait référence à la philosophie desLumières mais qui est incapable de se poser la moindre question relative à la fi-nalité du projet auquel il travaille. Le personnage féminin s'appelle KatherineThoreau par allusion au célèbre écologiste américain du XIXème siècle, pionnierde la philosophie de la décroissance.

Le roman s'achève sur l'union du bétonneur et de Katherine, une employée duchantier courageuse, une conclusion en définitive très “développement durable”qui ne rend pas du tout compte des conflits violents que peut faire naître la réali-sation de ce type de chantier. �

Débat public, concertation, enquête publique... le législateur a prévu diversdispositifs permettant à chacun de s'exprimer sur des projets potentiellementnuisibles à l'homme, à son environnement et aux finances publiques. Il fautcependant faire preuve d'une certaine curiosité, en lisant par exemple les an-nonces officielles dans la presse ou en mairie, pour en être informé.

Pour diffuser plus largement l'information relative aux projets en cours dans larégion, nous publions sur le site Internet de la SEPANSO les avis dont nousavons connaissance. N'hésitez pas à nous contacter pour compléter cette liste.

www.sepanso.org/dossiers/participez/index.php

Exprimez-vous !Exprimez-vous !

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SUD-OUEST NATURE - REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 151

FF É D É R AT I O NÉ D É R AT I O N SEPANSOSEPANSO1 rue de Tauzia - 33800 BORDEAUX

Tél. 05.56.91.33.65 - Fax. 05.56.91.85.75Email : [email protected] : www.sepanso.org

Reconnue d'utilité publique, affiliée au niveaunational à la Fédération française des associa-tions de protection de l'environnement, FranceNature Environnement, la SEPANSO est unefédération régionale regroupant des associa-tions départementales et spécialisées :

� SEPANSO PYRÉNÉES-ATLANTIQUES

Maison de la Nature et de l'EnvironnementDomaine de Sers - 64000 PAU

Tél. 05.59.84.14.70Email : [email protected]

� SEPANSO DORDOGNE

13 place Barbacane - 24100 BERGERAC

Tél-Fax. 05.53.73.12.71Email : [email protected]

� SEPANSO GIRONDE

1 rue de Tauzia - 33800 BORDEAUX

Tél. 05.56.91.33.65 - Fax. 05.56.91.85.75Email : [email protected]

� SEPANSO LANDES

Chez Monsieur Georges CINGAL

1581 route de Cazordite - 40300 CAGNOTTE

Tél. 05.58.73.14.53Email : [email protected]

� SEPANSO LOT-ET-GARONNE

Chez Madame Nicole DUPOUY

Jean Blanc - 47220 FALS

Tél-Fax. 05.53.67.14.11

� AQUITAINE ALTERNATIVES

Maison de la Nature et de l'Environnement3 rue de Tauzia - 33800 BORDEAUX

Email : [email protected]

� CREAQ

Centre Régional d'Ecoénergétique d'Aquitaine3 rue de Tauzia - 33800 BORDEAUX

Tél-Fax. 05.57.95.97.04Email : [email protected]

� LPO AQUITAINE

Ligue pour la Protection des Oiseaux109 quai Wilson - 33130 BÈGLES

Tél. 05.56.91.33.81 - Fax. 05.56.91.33.13Email : [email protected]

la colonne des internautes

ASSOCIATIONSASSOCIATIONS

AFFILIÉESAFFILIÉES

Françoise Couloudou

La base de données Basol est une base sur les sites et sols pollués ou potentiel-lement pollués appelant une action des pouvoirs publics, à titre préventif oucuratif ! C'est une base assez indigeste et plutôt compliquée à utiliser, car elle

offre une profusion d'informations, mais utile à connaître par les temps qui courent !

http://basol.ecologie.gouv.frOn peut cliquer sur :

- Le Ministère de l'Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Lo-gement (MEDDTL) qui se renvoie à lui-même !

- Lutte contre les pollutions qui renvoie au chapitre du même nom sur le site duMEDDTL où vous trouverez toute la Législation et réglementation, la Politiquenationale, la Surveillance des eaux souterraines,

- Sites et sols pollués, portail national recensant les impacts environnementaux desICPE (Installations Classées pour la Protection de l'Environnement).

Pour entrer dans la base elle-même, utiliser les rubriques de gauche. La premièrenous apprend ce qu'est un site "pollué". La deuxième Recherche par "polluants" oupar "site ou commune" (il est possible de croiser la recherche). Par exemple, "hydro-carbures" et "Bordeaux" donnent deux réponses : "33 - BORDEAUX - ARDEA" et"33 - BORDEAUX - SOFERTI". Un clic sur Soferti fait apparaître la fiche descrip-tive avec ce paragraphe : "Le dia-gnostic remis le 15/01/2009 mont-re une pollution quasi généraliséedes sols et de la nappe des remblaispar des métaux et métalloïdes (As,Cd, Cu, Zn, Pb, Ni, Cr) et des so-lubles (sulfates, nitrates, chlorures,fluorures et orthophosphates). LepH dans certaines zones est acide.Le plan de gestion est remis le19/04/2010." Intéressant, non ?Evidemment, des travaux de miseen sécurité et de remise en état dusite sont prévus avec achèvementen mars 2009... Ont-ils été menés àterme ? Mystère !

Sortons des sols pollués pour respirer l'air pur des cimes avec "La buvette des alpa-ges". Là, il est question de sauvegarde de l'ours des Pyrénées, de la cohabitation(difficile) entre pastoralisme et prédateurs (ours, loup et vautour), de la faune de

montagne et de l'environnement. Baudouin de Menten, surnommé Romuald, est l'auteurde ce blog citoyen qui a été nommé à Berlin "meilleur blog francophone 2006" !

www.buvettedesalpages.beDes plumes connaissant parfaitement leur sujet participent à ce blog. Pour n'en ci-ter que quelques-uns : Fabrice Nicolino, Jean Lauzet (SEPANSO Béarn), etc... La"buvette" est aussi un réservoir de vidéos pédagogiques aux magnifiques images, ouplus humoristiques... Tous les genres y sont représentés : un hommage à Cannelle,notre dernière ourse autochtone. N'hésitez pas à vous désaltérer sans modération.

Pollution des sols Buvette des alpages

Du lourd... au bucolique !

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Directeur de la publication Sud-Ouest Nature : P. DavantRédacteur en chef : P. Delacroix Comité de lecture et de rédaction :P. Barbedienne - S. Bru - F. Couloudou - C. Gouanelle - A. Schreiber

Mise en page : K. Eysner

Dépôt légal : 2ème trimestre 2011

Imprimerie Sammarcel l i25 cours Edouard Vaillant - 33300 Bordeaux

Vous êtes médecin, commerçant, responsable d'un lieuaccueillant du public... demandez l'affiche ci-dessous etaidez-nous à faire connaître la revue. Merci !

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Une campagned'affichage

"choc" pourprovoquer le

débat !

Rarement des affichesauront suscité autant

de réactions! A laveille du Salon de

l’Agriculture, notre fé-dération nationale,

France Nature Envi-ronnement, a lancé

une campagne portantsur trois enjeux ma-

jeurs que sont lesimportations d’OGM,

les algues vertes etles pesticides. Son

objectif ? Placerl’environnement au

cœur du débat agrico-le et proposer des so-

lutions pour une agri-culture durable et plusrespectueuse de notre

environnement.

Les pesticides,danger mortel

pour les abeilles

Votre soutien est in-dispensable. Il est urgentde montrer aux pouvoirspublics que le retrait des

pesticides dangereuxpour les abeilles est une

exigence forte de nosconcitoyens ! Votre si-

gnature peut changer leschoses !

www.fne.asso.fr/fr/j-agis/Petitions/interdisons-les-pesticides-dangereux-.html