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ISSN 0251-1053 Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture Revue internationale des forêts et des industries forestières Vol. 65 2014/1 242 UNE NOUVELLE DYNAMIQUE POUR LES FORÊTS MÉDITERRANÉENNES

Unasylva 242: Une nouvelle dynamique pour les forêts

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  • ISSN 0251-1053

    Organisation des Nations Unies pour lalimentation et lagriculture

    Revue internationale des forts et des industries forestires

    Vol. 65

    2014/1 242

    Une noUvelle dynamiqUe poUr les forts mditerranennes

  • Les sessions aborderont les thmes suivants: leauetlesforts lnergieetlesforts letourismeetlesforts lesproduitsforestiers lentreprenariat,linnovationetlindustrie lesinstrumentsetlesinitiativesfavorisantledveloppementforestier

    lducationetletransfertdesconnaissances

    Langues:anglais,franais,espagnol

    Frais dinscription:250tarifgnral/100participantsprovenantdepaysdelargionMENA(Algrie,Liban,Maroc,Rpubliquearabesyrienne,Tunisie,Turquie)/85tarifjournalier/50tudiantsetchmeurs

    Contact:Programmecompletetinscription:http://iv-med.forestweek.org

    Lvnement sadresse au public suivant: gouvernementsnationauxetautoritslocales organisationsscientifiquesettechniques,expertsetgestionnairesforestiers

    servicesforestiersetpropritairesdeforts organismesdeprotectiondelenvironnementetautresorganisationsnongouvernementales

    expertsdautressecteurspertinentstelsqueleau,letourisme,lagricultureetlnergie

    investisseursetprincipauxbailleursdefonds jeunesprofessionnelsettudiants mdias

    LaquatrimeSemaineforestiremditerranenneporterasurlacontributiondesfortsmditerranennesauxmoyensdexistencedespopulationsetlconomie.Sadressantauxexpertsetauxacteursclsimpliqusdanslagestionintgredesterresboisesmditerranennes,linitiativeseproposedefavoriseruneconomieverteenrelevantlesdfisenvironnementauxetsociaux.

    Quatrime Semaine foreStire mditerranenne iV Sfm

    amliorer les moyens dexistence: le rle de la filire des forts mditerranennes dans une conomie verte 17-20 mars 2015, Barcelone

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  • ISSN 0251-1053

    Rdactrice: S. LapstunComit consultatif de rdaction: P. Csoka, L. Flejzor, T. Hofer, F. Kafeero, W. Kollert, S. Lapstun, E. Rametsteiner, S. Rose, J. Tissari, P. van Lierop, P. Vantomme, M.L. WilkieConseillers mrites: J. Ball, I.J. Bourke, C. Palmberg-Lerche, L. RussoConseillers rgionaux: F. Bojang, P. Durst, M. Saket

    Unasylva parat en anglais, franais et espagnol. Pour souscrire, sadresser par courriel [email protected]. Les demandes dabonnement venant dinstitutions (bibliothques, socits, organisations et universits, par exemple) sont prfrables aux demandes individuelles, afin de rendre la revue accessible davantage de lecteurs. Tous les numros dUnasylva sont disponibles en ligne titre gratuit ladresse suivante: www.fao.org/forestry/unasylva. Veuillez envoyer vos commentaires et questions : [email protected].

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    Les appellations employes dans ce produit dinformation et la prsentation des donnes qui y figurent nimpliquent de la part de lOrganisation des Nations Unies pour lalimentation et lagriculture (FAO) aucune prise de position quant au statut juridique ou au stade de dveloppement des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorits, ni quant au trac de leurs frontires ou limites. La mention de socits dtermines ou de produits de fabricants, quils soient ou non brevets, nentrane, de la part de la FAO, aucune approbation ou recommandation desdits produits de prfrence dautres de nature analogue qui ne sont pas cits.

    Les publications de la FAO mentionnes dans Unasylva sont disponibles sur le site web de la FAO (www.fao.org/publications) et peuvent tre achets par courriel adress [email protected].

    Table des matiresditorial 2V. Garavaglia et C. Besacier Ltat des forts mditerranennes en 2013 3C. BesacierCadre stratgique pour les forts mditerranennes et Dclaration de Tlemcen 14tudes de cas sur les forts mditerranennes 16

    J. Surez Torres et F. Navarro BaixauliAmliorer la gestion des feux de fort dans le parc naturel de Valence 16F. Besse, M. Conigliaro, B. Fages, M. Gauthier, G. Mille, F. Salbitano et G. Sanesi Montpellier, une ville verte 23M. Bugalho et L. Silva Promouvoir la gestion durable des suberaies travers le paiement des services cosystmiques: le projet du WWF cur vert du lige 29P. Valbuena, O. Aissaoui et M. Segur Cration dune Fort modle dans la rgion de Tlemcen, Algrie 34M. Qarro, P. Valbuena et M. Segur Gestion des forts de cdres dans les montagnes du Moyen Atlas au Maroc 40M. zdemir, P. Valbuena et M. Segur Tourisme et produits forestiers non ligneux de la Fort modle de Yalova, Turquie 45

    Le Partenariat de collaboration sur les forts mditerranennes: un outil pertinent pour amliorer lefficacit de la coopration dans le secteur forestier au sud et lest de la Mditerrane 49Principaux projets en cours dans le bassin mditerranen 51

    F. Ducci, V. Garavaglia et M.C. Monteverdi Conserver les populations marginales dessences forestires en Europe 51C. Besacier et C. Gallo Granizo Explorer les opportunits offertes par le mcanisme REDD+ en Mditerrane un projet rgional financ par le Fonds franais pour lenvironnement mondial (FFEM) 56R.A. Kastl et L. Liagre Adaptation au changement climatique des conditions rgissant la politique forestire dans la rgion Moyen-Orient et Afrique du Nord: un projet rgional de la GIZ 60I. Martnez de Arano EFIMED: renforcement de la coopration et de linterface entre scientifiques et dcideurs dans la rgion mditerranenne 63L. Amandier, A. Khaldi et S. ValleAssociation internationale forts mditerranennes: lutte contre le changement climatique et gestion intgre des terres en Mditerrane 65

    C. Farcy, P. Plaza et G. Scarascia-MugnozzaBilan et perspectives 2020 de Silva Mediterranea, le comit de la FAO sur les questions forestires mditerranennes 69La FAO et la foresterie 74Le monde forestier 77Livres 78

    Photo de couverture: Pin (Pinus pinaster) prs de la plage de Corrubedo en Galice, Espagne. Luis Miguel Bugallo Snchez

    242Organisation des Nations Unies pour lalimentation et lagriculture Revue internationale des forts et des industries forestires Vol. 652014/1

    http://www.fao.org/forestry/unasylvahttp://www.fao.org/contact-us/licence-request

  • DITORIAL

    Les forts mditerranennes sont troitement lies la vie des populations de la rgion. Elles fournissent du bois, du lige et divers autres produits, et sont galement une source de revenus pour de nombreuses personnes. Elle contribuent la conser-vation de la biodiversit, pigent et stockent le carbone, protgent les sols et leau, et offrent des espaces de rcration.

    Elles sont cependant soumises une pression croissante. Elles doivent non seulement rpondre aux exigences des tres humains, dont les besoins sont grandissants et changeants, mais aussi limpact du changement climatique, caractris par des hausses de temp-rature, une baisse des prcipitations et des scheresses prolonges. Aussi est-il essentiel de considrer les biens et services offerts par ces forts de manire holistique, et de dfinir des solutions durables et intgres.

    Le message positif qui merge de ce numro dUnasylva est quil existe, dans les pays du bassin mditerranen, une solide base tech-nique et une volont politique forte de trouver de telles solutions, et daffronter ces questions dans un esprit de collaboration. Un certain nombre dinitiatives, nes des moments et dans des contextes dif-frents, sont en train de converger, notamment grce au travail du Partenariat de collaboration sur les forts mditerranennes, qui vise ce que la recherche et les stratgies sinscrivent dans une approche rgionale et ce que la volont politique se traduise en action.

    Dans le premier article, V. Garavaglia et C. Besacier dressent un tableau de la situation actuelle des forts dans le bassin mditerra-nen, en sappuyant sur la nouvelle publication de la FAO lance en 2013, ltat des forts mditerranennes. Rpondant la requte de membres du Comit des questions forestires mditerranennes-Silva Mediterranea lors dune runion tenue Antalya, Turquie, en 2010, ce corpus de connaissances tablit un point de repre pour la future collecte de donnes, en vue de surveiller et grer adquatement les forts de la rgion. Aussi bien larticle que la publication dsignent le changement climatique comme lenjeu majeur, et soulignent limpor-tance denvisager des stratgies rgionales. Le Cadre stratgique pour les forts mditerranennes, dcrit dans larticle suivant, se propose prcisment cela. C. Besacier prsente les grandes lignes du nouveau cadre, qui entend fournir une orientation politique commune toute la rgion, et servir doutil pour favoriser une meilleure coordination.

    Plusieurs tudes de cas donnent ensuite un aperu de ce que divers pays mditerranens entreprennent actuellement pour relever les dfis auxquels ils sont confronts. J. Surez Torres et F. Navarro Baixauli exposent les mesures adoptes dans la rgion de Valence, Espagne, pour lutter contre les incendies, dont 75 pour cent sont causs par des actions humaines telles que la mise feu de dchets agricoles et horticoles, lapiculture ou les activits rcratives.

    Dans ltude de cas consacre Montpellier, F. Besse, M. Conigliaro, B. Fages, M. Gauthier, G. Mille, F. Salbitano et G. Sanesi examinent un autre domaine essentiel, savoir les forts et les arbres prsents dans le contexte urbain et priurbain. Ils dcrivent linnovante vision verte de la Ville de Montpellier et les amliorations apportes la qualit de la vie de ses habitants grce une planification efficace et lentire participation de la socit civile.

    Dans leur article sur le projet cur vert du lige, M. Bugalho et L. Silva mettent en lumire les problmes spcifiques qui affectent les paysages de chne-lige au Portugal, et montrent comment la certification et les incitations conomiques pourraient constituer un moyen de favoriser la gestion durable des forts de la rgion.

    Trois exemples dinitiatives de Forts modles concluent les tudes de cas, chacun ayant une perspective diffrente sur lapproche mme de la Fort modle, qui conjugue les besoins des communauts locales et la durabilit long terme des territoires. Tlemcen, Algrie, P. Valbuena, O. Aissaoui et M. Segur examinent comment la dmarche est utilise pour traiter la question des changements dutilisation des forts et des menaces pesant sur le chne-lige. Dans le cas dIfrane, Maroc, M. Qarro, P. Valbuena et M. Segur exposent comment la Fort modle vise prserver les cdraies de la rgion tout en rpondant aux exigences conomiques et aux besoins de subsistance des populations locales. M. zdemir, P. Valbuena et M. Segur montrant quant eux qu Yalova, Turquie, lobjectif majeur de la Fort modle consiste dvelopper des activits gnratrices de revenus, notamment celles lies aux produits forestiers non ligneux, aux loisirs et au tourisme.

    La section finale de cette dition prsente le Partenariat de col-laboration sur les forts mditerranennes et une srie de projets mens par des organisations membres de ce dernier. tabli en 2010, le Partenariat rassemble un vaste ventail dacteurs rgionaux se proposant damliorer la gestion des forts et daccrotre les bn-fices issus de celles-ci.

    F. Ducci, V. Garavaglia et M.C. Monteverdi illustrent luvre de la Coopration europenne dans le domaine de la recherche scienti-fique et technique (COST) et prsentent une action de conservation et partage des connaissances. Celle-ci porte sur les ressources gntiques forestires et les caractres adaptatifs de populations despces parvenant survivre dans des environnements margi-naux un potentiel important pour les stratgies dadaptation au changement climatique. C. Besacier et C. Gallo Granizo dcrivent un projet de coopration rgional financ par le Fonds franais pour lenvironnement mondial, qui explore les opportunits offertes par le mcanisme REDD+ dans le bassin mditerranen. R.A. Kastl et L. Liagre prsentent un projet de lagence allemande pour la coopration internationale, la GIZ, qui vise adapter les conditions stratgiques densemble au changement climatique dans la rgion Moyen-Orient et Afrique du Nord, au travers du renforcement des capacits et de la collaboration intersectorielle. Un espace est galement consacr lEFIMED, Bureau rgional mditerranen de lInstitut forestier europen, qui joue un rle important dans la coordination de la recherche au sein de la rgion, comme cela a t le cas lors du vaste processus de consultation ayant conduit au Plan stratgique de recherche sur les forts mditerranennes 2010-2020. L. Amandier, A. Khaldi et S. Valle prsentent deux initiatives de lAssociation internationale forts mditerranennes (AIFM), organisme centr sur lchange de connaissances, portant sur le changement climatique et la gestion intgre des territoires.

    Le numro sachve sur un rapport de lvaluation indpendante mene par le Comit des questions forestires mditerranennes-Silva Mediterranea. Le rapport retrace lhistoire de cet organe statutaire de la FAO cr en 1948, et montre le rle encore plus fort quil pourrait tre amen jouer si les recommandations de lvaluation taient prises en compte.

    Nombre de thmes apparaissant dans ce numro dUnasylva vo-queront des problmatiques dj souleves dans le numro 197 de la revue, galement consacr aux forts mditerranennes et publi en 1999. Quinze ans plus tard, il est temps de jeter un regard heuf sur ces questions, la lumire des transformations sociales et envi-ronnementales en cours dans la rgion et des mesures entreprises pour y faire face. u

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    Un nouveau rapport examine les effets du changement climatique, de lvolution dmographique et dautres pressions sociales et environnementales sur les forts du bassin mditerranen. Il souligne la ncessit dun meilleur suivi de ces forts et dune plus forte coopration rgionale.

    La rgion mditerranenne regroupe 31 pays (tableau 1) et une large gamme de contextes politiques, conomiques, sociaux et environnemen-taux. Elle dispose dun patrimoine naturel et culturel trs riche, et le dveloppement humain et conomique qui la caractrise est largement dpendant de ressources naturelles rares et dun milieu vulnrable. Aujourdhui, les activits humaines crent une forte pression sur lenvironnement, avec des disparits importantes entre les sous-rgions du Nord, du Sud et de lEst de la Mditerrane.

    La rgion mditerranenne compte plus de 25 millions dhectares (ha) de forts et quelque 50 millions dhectares dautres terres boises (les termes forts et autres terres boises suivant la dfinition de la FAO, 2010a), fortement interconnects avec des zones urbaines et des zones agricoles/rurales (figure 1). Les

    forts et autres terres boises de la rgion apportent une contribution essentielle au dveloppement rural, la rduction de la pauvret et la scurit alimentaire ainsi quaux secteurs de lagriculture, de leau, du tourisme et de lnergie. Cette contri-bution est toutefois difficile quantifier; par ailleurs, lvolution du climat, des socits et des styles de vie dans le bassin mditerranen pourrait avoir de graves consquences pour les forts, causant la perte ou la diminution de cet apport ainsi que de multiples problmes conomiques, sociaux et environnementaux.

    Un outil permettant deffectuer le suivi et lvaluation des changements et des menaces susceptibles daffecter les forts et autres terres boises mditerranennes est ncessaire, si lon veut contribuer la

    Ltat des forts mditerranennes en 2013V. Garavaglia et C. Besacier

    Valentina Garavaglia travaille pour le secrtariat de Silva Mediterranea au sein du Dpartement des forts de la FAO. Elle est galement coauteur et lun des coordonnateurs de ltat des forts mditerranennes 2013. Christophe Besacier est en charge du secrtariat du Comit des questions forestires mditerranennes-Silva Mediterranea et du secrtariat du Partenariat de collaboration sur les forts mditerranennes. Il est galement coauteur et lun des coordonnateurs de ltat des forts mditerranennes 2013.

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    En haut: Forts de la province de Djelfa, Algrie

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    gestion durable des cosystmes forestiers de la rgion. Dans cet esprit, lors dune runion qui sest tenue en avril 2010 Antalya, Turquie, les membres du Comit des questions forestires mditerranennes-Silva Mediterranea ont demand la FAO de prparer un rapport sur ltat des forts mditerranennes, en collaboration avec dautres institutions. Il a t convenu dutiliser les donnes dj disponibles collectes par diverses institutions rgionales et internationales dans le cadre dautres processus dvaluation des ressources environnementales, tels que ltat de lenvironnement et du

    dveloppement en Mditerrane (Plan Bleu, 2009) et lvaluation des ressources forestires mondiales publie tous les cinq ans par la FAO (FAO, 2010a).

    Lapproche et la structure proposes pour le premier tat des forts mditerra-nennes ont t prsentes et officiellement approuves par les tats Membres lors de la 21e session du Comit des questions forestires mditerranennes-Silva Mediterranea, galement organise Antalya, Turquie, en fvrier 2012; le rapport a ensuite t labor sous la coordination du Plan Bleu et de la FAO (voir lencadr la page suivante). Cet article prsente quelques-unes des principales conclusions de ce premier rapport sur ltat des forts mditerranennes.

    LA RGION MDITERRANENNECet article inclut dans la rgion mdi-terranenne les pays riverains de la mer Mditerrane ( savoir ceux prsents dans le tableau 1). Le climat mditerranen est caractris par des hivers doux et des ts chauds et secs, avec des prcipitations concentres durant lautomne, lhiver et le dbut du printemps. Le total des prcipitations varie cependant fortement dune anne sur lautre et des vnements pluvieux trs violents ou des priodes de vents secs peuvent se produire. Les tempratures hivernales peuvent occasion-nellement descendre en dessous de 0 C au niveau de la mer, tandis quen altitude (par exemple dans les Alpes, les Pyrnes et certaines zones montagneuses dAfrique du Nord) la neige et des tempratures beaucoup plus basses sont frquentes.

    Les forts mditerranennes typiques sont formes despces feuillues (principalement des chnes), aussi bien feuilles persistantes qu feuilles caduques, comme Quercus ilex, Q. suber, Q. coccifera, Q. pubescens, Q. cerris, Q. pyrenaica, Q. toza, Q. calliprinos ou Q. ithaburensis, et de conifres comme Pinus halepensis, P. brutia, P. pinea, P. pinaster et Juniperus. L o il ny a pas de stress hydrique, les forts de Q. robur, Q. petraea, Fraxinus spp., Populus alba et P. nigra peuvent prosprer.

    Dans certaines rgions, linfluence humaine a modifi les forts mditerra-nennes en favorisant la formation de zones o la vgtation ligneuse est rare (maquis et garrigue). Un systme agrosylvopastoral

    multifonctionnel, appel dehesa et prsent dans la pninsule ibrique, est caractris par des pturages avec de rares chnes, conifres et feuillus, parfois mlangs Pinus pinea.

    Beaucoup de pays de la rgion mdi-terranenne comprennent des zones qui ne prsentent pas un climat typiquement mditerranen: ainsi, les pays mditerra-nens du Nord (PNM) comme la France, lItalie et lEspagne ont des zones avec un climat tempr, alors que les pays mditer-ranens du Sud (PSM) disposent de vastes dserts. Beaucoup de donnes utilises dans ltat des forts mditerranennes 2013 ne sont disponibles qu lchelle nationale, ce qui rend parfois difficile la distinction entre les diffrentes zones biogographiques. Cet article couvre tous les domaines forestiers de la rgion mdi-terranenne, en se concentrant autant que possible sur les forts qui poussent sous un climat typiquement mditerranen.

    MENACES POUR LES FORTSEn 2010, la rgion mditerranenne comptait une population de 507 millions de personnes rparties sur trois continents (Afrique, Asie et Europe). Cette popula-tion devrait augmenter pour atteindre les 625 millions dhabitants en 2050 (Plan Bleu, 2009; voir aussi la figure 2), principalement

    TABLEAU 1. Pays du bassin mdi-terranen* regroups en sous-rgions de lEst (PEM), du Nord (PNM) et du Sud (PSM) Classification Pays

    PEM IsralJordanieLibanPalestineRpublique arabe syrienneTurquie

    PNM AlbanieAndorreBosnie-HerzgovineBulgarieChypreCroatieEspagneex-Rpublique yougoslave

    de MacdoineFranceGibraltarGrceItalieMalteMonacoMontngroPortugalSaint-MarinSaint-SigeSerbieSlovnie

    PSM AlgriegypteLibyeMarocTunisie

    *Pays officiellement impliqus dans le processus de Barcelone dans le cadre de laccord euro-mditerranen (Dclaration de Barcelone, 1995). Source: Union europenne, 1995.

    La premire dition du rapport sur ltat des forts mditerranennes

    est le fruit dun travail de collaboration qui aidera assurer le

    suivi des forts dans la rgion

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    1Distribution des forts de type mditerranen dans les pays de la Mditerrane

    Sous la coordination du Plan Bleu et de la FAO, les organisations suivantes ont contri-bu ltat des forts mditerranennes 2013:

    Association internationale forts mditerranennes (AIFM France);

    Bureau mditerranen du WWF; Bureau rgional mditerranen de

    lInstitut forestier europen (EFIMED); Centre commun de recherche/

    Systme europen dinformation sur les feux de fort (CCR/EFFIS);

    Centre de coopration pour la Mditerrane de lUnion internationale pour la conservation de la nature (UICN-MED);

    Centre de recherche forestire CIFOR-INIA Espagne;

    Centre Tecnolgic Forestal de Catalunya CTFC (Centre technolo-gique forestier de Catalogne);

    Centro de Investigacin Ecolgica y Aplicaciones Forestales CREAF (Centre de recherche cologique et dapplications forestires Espagne);

    Consiglio per la Ricerca e la Sperimentazione in Agricoltura CRA (Conseil de la recherche agricole Italie);

    Corpo Forestale dello Stato (Corps forestier national italien);

    Haut Commissariat aux eaux et forts et la lutte contre la dsertification (HCEFLCD) du Maroc;

    Institut mditerranen du lige (IML France);

    Institut national de la recherche agronomique (INRA France);

    Instituto Superior de Agronomia ISA (Institut suprieur dagronomie Portugal);

    Istituto di Genetica Vegetale, Consiglio Nazionale delle Ricerche IGV-CNR (Institut de gntique vgtale du Conseil national de la recherche italien);

    Office national des forts (ONF France);

    Partenariat CEE/FAO; Rseau mditerranen des Forts

    modles (RMFM); Section du bois, Division du dvelop-

    pement du commerce et du bois, Nations Unies;

    Universit de Bari (Italie); Universit de Florence (Italie).

    Note: Dgrad de vert = pourcentage du couvert forestier; beige = autres terres boises (zones boises avec un couvert infrieur 10 pour cent); marron = forts non mditerranennes; gris = autres utilisations des terres. Source: FAO et Plan Bleu, 2013.

    Contributeurs au premier rapport tat des forts mditerranennes 2013

    Mediterranean forest cover density (%)

    Non-Mediterranean forest cover density (%)

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    dans les pays mditerranens du Sud-Est (PSEM) et dans les zones urbaines et lit-torales. Les activits humaines constituent une menace croissante pour les ressources naturelles, ce qui soulve des questions sur la durabilit des utilisations actuelles des territoires mditerranens.

    Changement climatiqueLes effets du changement climatique peuvent facilement tre identifis dans la rgion mditerranenne; ils ont commenc aggraver les pressions dj existantes et les phnomnes de dgradation, accrois-sant la vulnrabilit des cosystmes et des populations qui en dpendent. Des changements considrables dans lenvi-ronnement, parfois irrversibles, comme la dsertification et lrosion des sols, commencent se vrifier. De nombreuses activits conomiques essentielles dans la rgion (telles les activits agricoles et pastorales) sont et seront de plus en plus touches.

    Le changement climatique a affect la Mditerrane tout au long du XXe sicle et sest nettement acclr depuis 1970, avec un rchauffement moyen de prs de 2 C en Europe du Sud-Ouest (en particulier dans la pninsule ibrique et au sud de la France). Lexception est la Grce o, jusquau dbut des annes 2000, la temprature annuelle moyenne a diminu. Sil y a probablement eu un rchauffement en Afrique du Nord, cela reste difficile quantifier en raison dun manque de donnes. Les prcipitations ont diminu de prs de 20 pour cent au cours du XXe sicle dans certaines rgions des pays du Sud et de lEst de la Mditerrane (PSEM) (GIEC, 2007). Selon les scnarios publis en 2007 par le Groupe dexperts intergouvernemental sur lvolution du cli-mat (GIEC), les changements climatiques sont appels augmenter fortement dans la rgion mditerranenne dici 2100.

    Des risques dans toute la rgion mais des PSEM particulirement touchs. Le tableau 2 montre les variations de temprature et de prcipitations prvues dans la rgion mditerranenne en 2100. Les augmentations de temprature les plus importantes seront probablement

    enregistres en gypte, en Jordanie, au Liban, en Palestine et en Rpublique arabe syrienne. En ce qui concerne les prcipita-tions, si les deux rives de la Mditerrane seront affectes, laggravation attendue de la situation de stress hydrique dans la plupart des PSEM est alarmante. Les modlisations prvoient des scheresses continentales plus frquentes et marques (baisse du nombre de jours de prcipi-tations et augmentation de la dure des pisodes de scheresse) (GIEC, 2007). Le dbit des fleuves devrait donc diminuer en moyenne sur lanne malgr une possible redistribution saisonnire (avec plus deau en hiver et moins au printemps et en t). Les vnements extrmes devraient ga-lement augmentent en frquence comme en intensit.

    Impacts sur les cosystmes et la biodiversit. Les effets du changement cli-matique peuvent affecter les cosystmes de multiples faons, depuis la modification de laire de rpartition des espces ou lvo-lution du comportement et des interactions de ces dernires, jusqu la multiplication de divers facteurs de risques comme les feux de fort mais galement les maladies et les espces envahissantes.

    2Rpartition et augmentation de la population urbaine dans les pays mditerranens, 1975-2025

    Source: FAO et Plan Bleu, 2013. Daprs les informations des Nations Unies, Dpartement des affaires conomiques et sociales, Division de la population, 2011.

    Tripoli

    Tunis

    Alger

    OranRabat

    Casablanca Tanger

    Barcelone

    MarseilleNice Rome

    Naples

    Palerme

    Istanbul

    Adana

    Alep

    Damas

    Amman

    Le Caire

    Alexandrie

    Tel-Aviv

    BeyrouthAthnes

    Izmir

    Nombre dhabitants

    Anne100 0001 000 000 1975

    2000

    2025

    5 000 000

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    Laugmentation de la temprature pro-voque des dplacements de vgtation en latitude et en altitude. Ainsi, on estime quun rchauffement de 1 C entrane une migration de certaines espces de lordre de 180 km vers le nord ou de 150 m en altitude (Plan Bleu, 2009), de mme quune modification des aires de distribution des agents pathognes et de leurs vecteurs. Combin des priodes de scheresse plus svres, ce rchauffement favorise les feux de fort, dont la frquence accrue peut compromettre la rgnration de la vgtation et conduire une dsertifica-tion acclre. Les volutions des aires potentielles de rpartition des espces et les risques concomitants peuvent menacer de disparition la fois des espces et des cosystmes entiers.

    Un certain nombre dtudes envisagent une volution des zones bioclimatiques. Safi (1999), par exemple, prvoit des chan-gements dans les zones bioclimatiques au Liban dici 2080, avec une expansion des zones arides et une contraction des zones plus froides et plus humides. Du point de vue latitudinal, les prvisions ralises dans le cadre du projet CARBOFOR

    (Badeau et al., 2005) montrent lhori-zon 2100 en France des dplacements et des disparitions des aires de rpartition favorables aux espces forestires mon-tagnardes et septentrionales, au profit dune expansion des aires de rpartition favorables aux espces adaptes des conditions plus chaudes et sches.

    Manque deau. Les ressources en eau de la rgion sont limites et ingalement rparties: en 2012, quatre pays (France, Italie, Espagne et Turquie) disposaient de 67 pour cent des ressources renou-velables en eau douce (correspondant aux flux disponibles lintrieur de

    leurs frontires sur une base annuelle), tandis que les PSEM ne disposaient que dun peu plus du quart de ces ressources (27 pour cent en 2009) (figure 3) (FAO et Plan Bleu, 2013, partir des bases de donnes de FAOSTAT et de AQUASTAT). Des nouvelles approches de gestion des forts sont ncessaires pour accrotre la rsilience des forts au stress hydrique et rpondre la demande des diffrents secteurs conomiques.

    Feux de fort. Depuis des millnaires, les activits humaines dans les terri-toires mditerranens ont modifi les dynamiques naturelles des feux et la capacit de la vgtation rpondre cette perturbation (i.e. sa rsilience). Les conditions climatiques jouent galement un rle important: lhumidit contenue dans la litire est affecte par une saison chaude et sche prolonge (de juin fin octobre), avec des tempratures moyennes journalires de 30 C, peu de prcipitations, et des vents caractriss par une grande vitesse et un fort pouvoir de dessiccation.

    Durant la priode 2006-2010, plus de 2 millions dhectares de terres non culti-ves (pas uniquement des forts) ont t brles dans la rgion mditerranenne, ce qui reprsente une moyenne de plus de 400 000 ha par an (figure 4). Dans la mme priode, environ 269 000 feux de fort ont t signals dans la rgion (une moyenne denviron 54 000 feux par an).

    Le peu dinformations harmonises disponibles sur les causes des feux de fort montrent que la rgion mditerranenne est caractrise par une forte prvalence des feux de fort dorigine humaine. Dans le cas de lAlgrie, de la Bulgarie, de

    3Ressources en eau douce de la rgion mditerranenne, par pays, 2012

    TABLEAU 2. Variations des tempratures et des prcipitations dans la rgion mditerranenne projetes 2100

    Saison Variations des tempratures (C)

    Variations des prcipitations (C)

    Occurrence des extrmes (%)

    Min. Max. Min. Max. Chaud Humide Sec

    Hiver +1,7 +4,6 -16 +6 93 3 12

    Printemps +2 +4,5 -24 -2 98 1 31

    t +2,7 +6,5 -53 -3 100 1 42

    Automne +2,3 +5,2 -29 -2 100 1 21

    Annuel +2,2 +5,1 -27 -4 100 0 46

    Source: GIEC, 2007.

    Source: FAO, 2012.

    Italie

    Turquie

    France

    Espagne

    Grce

    Portugal

    Croatie

    Bosnie-Herzgovine

    Maroc

    Albanie

    Bulgarie

    AutresSlovnie

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    8

    lItalie, du Portugal et de la Turquie, qui ont prsent des statistiques sur les causes des feux, la cause inconnue compte pour 51 pour cent du total (allant de 88 pour cent en Algrie 48 pour cent au Portugal ou 12 pour cent en Turquie). Cette situation confirme le besoin, dj mis en vidence par la Commission europenne (2011), damliorer les connaissances et le suivi en matire de causes de feux de fort et de capitaliser sur les mthodes dinvestigation la suite de ces derniers.

    Dans le contexte dun projet europen pilot par le Cemagref (France) et le Systme europen dinformation sur les feux de fort, une nouvelle classification commune a t propose. Ce projet visait harmoniser les donnes entre les pays, mieux comprendre les principales causes lorigine des feux de fort et amliorer la qualit des donnes enregistres dans les futurs rapports annuels sur ces derniers.

    La distribution spatiale et temporelle des feux de fort dans la rgion mdi-terranenne est influence par plusieurs facteurs et affiche des variations annuelles considrables. Les cosystmes fores-tiers mditerranens sont nanmoins particulirement vulnrables aux feux de fort, comme le montre le cas de la

    France. Dans la priode 2000-2010, les feux de fort dans la rgion mditerra-nenne franaise1 (qui constitue moins du 20 pour cent de la superficie totale du pays) ont reprsent environ 49 pour cent du nombre total de ces derniers lchelle nationale et 69 pour cent de la superficie totale brle. Chaque anne, environ 70 80 pour cent de la superficie brle par les feux de fort en France se trouve dans la rgion mditerranenne (FAO et Plan Bleu, 2013).

    Le changement climatique peut conduire un accroissement des phnomnes mtorologiques extrmes (comme les scheresses et les vagues de chaleur), et aggraver de la sorte la menace pose par le feu (FAO, 2007). Une augmentation glo-bale des surfaces brles de mme que de la frquence, de lintensit et de la gravit des feux de fort sont attendus dans les pro-chaines dcennies. En outre, les influences humaines telles que labandon des terres et le manque de gestion des terres et des forts peuvent renforcer lincidence, la propagation et la gravit des incendies. Une telle recrudescence de la frquence et de lintensit des feux pourrait avoir des consquences presque entirement nga-tives, tant sur le plan socioconomique

    (avec, par exemple, une augmentation des dommages causs aux infrastructures, la perte de biens forestiers commercialisables et de services cosystmiques, et des effets nfastes sur la sant humaine) que sur le plan cologique (avec, par exemple, une dgradation accrue des forts et la perte de biodiversit).

    Menaces pour la sant des forts. Les forts mditerranennes partagent de nombreuses caractristiques communes, notamment le climat, les sols et leur composition. En raison de ces similitudes, elles partagent galement de nombreux problmes de sant forestire lis aux insectes ravageurs, aux maladies et dautres facteurs biotiques (comme les

    1 La zone mditerranenne franaise, telle quelle est dfinie dans la base de donnes nationale sur les feux de fort pour la rgion mditerranenne (Promthe), comprend les dpartements suivants: Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Ardche, Aude, Bouches-du-Rhne, Corse-du-Sud, Drme, Gard, Haute-Corse, Hautes-Alpes, Hrault, Lozre, Pyrnes-Orientales, Var, Vaucluse.

    4Surface annuelle brle dans la

    rgion mditerranenne, par pays, pour la priode 2006-2010

    Note: Les donnes sur les feux de fort sont disponibles au niveau national. Les pays en gris nont pas envoy des donnes compltes pour la priode concerne. Surface brle de la carte = surface brle annuelle pour 1 000 ha despaces naturels, savoir la surface potentiellement affecte par les feux de fort (les terres, sans les zones urbaines).Source: FAO, 2006a et b; FAO, 2010b; base de donnes europennes sur les feux de fort EFFIS; autorits locales.

    Surface brle/an/10 km2 (2006-2010)

    Donnes non disponibles

    4,301

    - 9,5

    3,701

    - 4,3

    1,801

    - 3,7

    1,601

    - 1,8

    0,501

    - 1,6

    0,201

    - 0,5

    0,101

    - 0,2

    0,07 -

    0,1

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    espces ligneuses invasives et le surp-turage) et abiotiques (comme la pollution de lair et les temptes).

    Bien que les donnes soient incompltes, les dommages lis aux insectes ravageurs forestiers sont valus quelque 35 mil-lions dhectares par an pour lensemble des forts du monde au cours de la priode 1988-2007 (FAO, 2010a). Sur cette esti-mation mondiale, plus de 5 millions dhectares ont t signals par des pays du pourtour de la Mditerrane, ce qui reprsente 14 pour cent des dommages estims au niveau mondial et environ 6 pour cent de la surface totale des forts prsentes dans ces pays. La figure 5 montre les pays mditerranens, classs selon la surface forestire totale affecte par des perturbations biotiques ou abiotiques en 2005.

    Les espces ligneuses invasives sont de plus en plus considres comme un pro-blme majeur dans la rgion, se traduisant par de nombreux effets ngatifs la fois conomiques, sociaux et environnemen-taux. Par exemple, une plante envahissante

    originaire de Chine, Ailanthus altissima, a un impact significatif dans le bassin mditerranen. Cest une espce agressive qui a une croissance trs rapide et une dissmination des graines trs efficace lui permettant denvahir la vgtation indi-gne. Elle produit galement des toxines qui empchent la mise en place proximit dautres espces vgtales.

    Les scheresses se produisent lorsquil y a moins de prcipitations par rapport la situation normale sur une longue priode (habituellement une saison ou plus). Souvent associs aux rgions arides de lAfrique, de tels vnements ont ces dernires annes galement frapp lInde et certaines parties de la Chine, le Proche-Orient, lAustralie, et certaines zones de lAmrique du Nord, de lAmrique du Sud, de lEurope et de la Mditerrane (OMM, 2011). La scheresse peut affecter les forts de faon trs variable: aug-mentation de la mortalit, baisse de la productivit et dprissement ou suscep-tibilit accrue aux insectes ravageurs et autres agents pathognes.

    La perte de biodiversit. Sa variabilit gographique et topographique excep-tionnellement leve (avec, par exemple, des ctes irrgulires et de nombreuses

    chanes de montagnes) conjugue une bi saisonnalit climatique marque ont eu une influence positive dterminante sur la riche distribution des espces de la rgion mditerranenne, qui est considre comme un point chaud de la biodiversit mondiale et comprend une forte concen-tration despces endmiques (Myers et al., 2000; Mdail et Quzel, 1997).

    Vingt-cinq pour cent des presque 200 espces danimaux terrestres de la rgion sont endmiques, auxquelles il faut ajou-ter environ 350 espces doiseaux. La rgion mditerranenne compte plus de 25 000 espces de plantes, quil convient de comparer avec les quelques 6 000 espces prsentes au total dans le centre et le nord de lEurope. Les forts mditerranennes ont prs de deux fois plus despces ligneuses que les forts du centre et du nord de lEurope (247 contre 135); 158 espces ligneuses de ces forts mdi-terranennes sont exclusives la rgion ou trs largement prfrentielles, tandis que seules 46 espces sont exclusives aux forts du centre et du nord de lEurope. On retrouve une diffrence similaire en ce qui concerne les genres: 34 genres despces ligneuses se trouvent exclusi-vement dans les forts mditerranennes

    5Surface forestire totale affecte par des perturbations dans les pays du pourtour de la Mditerrane, 2005

    Note: Les donnes sur les perturbations sont disponibles au niveau national.Source: FAO, 2010a.

    Surface forestire affecte par des pertubations (1000 ha)

    Donnes non disponibles

    123 -

    843

    844 -

    1845

    66 - 1

    2211

    - 65

    1 - 10

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    contre seulement sept dans les forts du centre et du nord de lEurope (Scarascia-Mugnozza et al., 2000).

    Cette importante biodiversit caract-ristique de la rgion mditerranenne est aujourdhui menace par la perte dhabitat (Myers et al., 2000). Daprs la Directive Habitats de lUnion euro-penne adopte en 1992 (mise en place dun rseau daires protges pour la conservation de la biodiversit au sein de lUnion europenne i.e. Natura 2000), 386 espces en danger et 142 habitats menacs de la Mditerrane ont un besoin urgent de protection. Les pressions dorigine anthropique, la perte dhabitat, la dgradation des territoires, les feux de fort, lrosion des sols et les changements climatiques sont les principales causes de cette perte de la biodiversit observe aujourdhui dans la rgion. Mettre en uvre des mesures concrtes pour la conservation de la biodiversit et des ressources gntiques forestires est un enjeu difficile qui requiert une approche intgre associant les multiples autres secteurs conomiques.

    BIENS FOURNIS PAR LES FORTS MDITERRANENNESProduits ligneuxLimportance socioconomique des forts mditerranennes nest pas directement lie leur production de bois mais plutt la fourniture de produits forestiers non ligneux (PFNL) et dautres services (Merlo et Croitoru, 2005). Elles contribuent nan-moins satisfaire les besoins en produits ligneux des pays de la rgion.

    Dans la mesure o les statistiques dispo-nibles sur la production, la consommation (figure 6) et les changes de produits ligneux autour de la Mditerrane ne sont disponibles quau niveau national et ne permettent pas de distinguer les diffrents types de forts, elles ne montrent pas limportance relative des forts mditerranennes par rapport aux forts dautres rgions biogographiques de ces mme pays.

    Produits forestiers non ligneuxLimpressionnante diversit des espces qui caractrisent la rgion mditerra-nenne offre un norme potentiel pour

    la production dune trs large gamme de PFNL. Certains pays de la Mditerrane disposent de lgislations spcifiques pour certains PFNL comme le lige mais, glo-balement, on constate plutt un manque de dfinition claire visant rguler la production, lextraction (figures 7 et 8) et lexportation de ces produits.

    SERVICES ENVIRONNEMENTAUX La relation entre lhomme et les forts est en constante volution. Les change-ments socioconomiques de ces dernires dcennies, provoqus par lurbanisation et laugmentation du bien-tre, ont accru lim-portance des services environnementaux fournis par les forts mditerranennes (Palah et al., 2008). Certains de ces ser-vices sont prsents ci-dessous.

    Contrle de lrosion et approvisionnement en eau potableLa vgtation joue un rle crucial dans la prvention de lrosion hydrique car la prsence de vgtation diminue leffet des forces rosives et protge le sol. Lrosion des sols forestiers peut tre aggrave par la

    Les pignons proviennent des pins parasols mditerranens. La rgion mditerranenne produit quelque 6 000-9 000 tonnes de pignons par an, sans compter la consommation familiale ou locale

    SVEN

    MU

    TKE

  • 11

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    perte de la couverture forestire, les feux de forts et les temptes.

    Dans le cas de prcipitations extrmes, les arbres, les arbustes et les herbes peuvent rduire considrablement lnergie cin-tique des gouttes de pluie (Albergel et al., 2011), et ainsi le risque drosion.

    Limportance de la couverture forestire pour assurer la qualit de leau est de plus en plus reconnue: par exemple, entre 1990 et 2010, la superficie des forts de protec-tion a augment de 15,2 15,9 millions dhectares dans les pays mditerranens du sud-ouest de lEurope alors quelle a augment de 2,1 3,1 millions dhectares dans les pays du sud et de lest de lEurope (FOREST EUROPE, CEE et FAO, 2011).

    Squestration du carboneLes cosystmes forestiers jouent un rle majeur dans le cycle global du carbone et la rgulation du climat puisque le carbone est chang naturellement, et en permanence, entre les forts, les sols et latmosphre grce la photosynthse, la respiration, la dcomposition et la combustion.

    Selon une valuation faite en 2005 (Ding et al., 2011), la valeur conomique du potentiel de stockage de carbone dans les forts mditerranennes se situe entre 37 et 63 milliards de dollars des tats-Unis. Cela reprsente 13 pour cent de la valeur conomique totale de ces forts daprs les scnarios A1 et B2 du GIEC sur le changement climatique2 lhorizon 2050. Cette valeur conomique est inf-rieure au potentiel des forts du centre de lEurope, dont les valeurs oscillent entre 117 et 190 milliards de dollars des tats-Unis, mais bien suprieure au potentiel des forts dEurope du Nord, estim entre 11 et 23 milliards de dollars des tats-Unis, et celui des forts scandinaves, situ entre 32 et 35 milliards de dollars des tats-Unis.

    6Consommation apparente

    moyenne par habitant de bois et de produits ligneux dans

    les pays du pourtour de la Mditerrane, 2010

    Note: Les volumes des ptes de cellulose et autres papiers sont en tonnes par habitant et les autres valeurs sont en m3 par habitant.Source: FAO, 2010b; CEE/FAO, 2012.

    Con

    som

    mat

    ion

    moy

    enne

    app

    aren

    te d

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    (tonn

    es p

    ar h

    abita

    nt)

    Bois rond industriel

    Sciages Panneaux Ptes de cellulose

    Papier journal

    Autres papiers et cartons

    Pays de lEst de la Mditerrane

    Pays du Nord de la Mditerrane

    Pays du Sud de la Mditerrane

    0

    50

    100

    150

    200

    250

    Note: Les volumes des ptes de cellulose et autres papiers sont en tonnes par habitant et les autres valeurs sont en m3 par habitant.Source: FAO, 2010b; CEE/FAO, 2012.

    Rc

    olte

    de

    PFN

    L (to

    nnes

    ), 20

    05

    Sud de la Mditerrane Nord de la Mditerrane Est de la Mditerrane

    0

    100 000

    200 000

    300 000

    400 000

    500 000

    600 000

    700 000

    800 000

    900 000

    1 000 000

    7Rcolte de PFNL dans la rgion mditerranenne, 2005

    2 Scnarios du GIEC: Le canevas A1 fait lhypothse dun monde caractris par une croissance conomique trs rapide, un pic de la population mondiale au milieu du sicle et ladoption rapide de nouvelles technologies plus effi caces. Cette famille de scnarios se rpartit en trois groupes qui correspondent diffrentes orientations de lvolution technologique du point de vue des sources dnergie : forte composante fossile (A1FI), non fossile (A1T) et quilibrant les sources (A1B).

    Le canevas B1 dcrit un monde convergent prsentant les mmes caractristiques dmographiques que A1, mais avec une volution plus rapide des structures conomiques vers une conomie de services et dinformation.

    Le canevas B2 dcrit un monde caractris par des niveaux intermdiaires de croissances dmographique et conomique, privilgiant laction locale pour assurer une durabilit conomique, sociale et environnementale.

    Enfin, le canevas A2 dcrit un monde trs htrogne caractris par une forte croissance dmographique, un faible dveloppement conomique et de lents progrs technologiques. (GIEC, 2007)

    Services sociauxLes services sociaux et culturels fournis par les cosystmes forestiers incluent les activits de loisirs et lcotourisme, les valeurs du patrimoine et de la diver-sit culturels, les dimensions spirituelles et religieuses, les valeurs esthtiques, les fonctions ducatives, linspiration, les relations sociales et le sentiment dappar-tenance (Alcamo et al., 2003). Cependant, les donnes sur ces services sont rares pour la plupart des pays de la Mditerrane.

    CONCLUSIONLa rgion mditerranenne est susceptible dtre fortement affecte par le changement climatique, dont les effets vont accrotre les

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    pressions pesant dj sur les forts et les populations. Le manque deau va proba-blement toucher une plus vaste part de la rgion au cours des prochaines dcennies, avec des consquences potentiellement graves pour les populations, les cono-mies locales et la sant des cosystmes forestiers. Des peuplements forestiers non grs ou mal grs peuvent tre plus vulnrables aux catastrophes naturelles, comme les parasites, les maladies, les scheresses et les feux de fort.

    Compte tenu de limportance des forts mditerranennes pour les populations locales, de leur contribution au dvelop-pement rural et la scurit alimentaire (dans certains pays plus que dautres), et de la large gamme de biens et services cosystmiques quelles fournissent, il est ncessaire de leur appliquer des stratgies de gestion forestire, en vue daugmenter leur rsilience et de rpar-tir de faon quitable les cots et les bnfices. Pour promouvoir ces stra-tgies, un suivi continu est ncessaire.

    Ltat des forts mditerranennes, publi tous les cinq ans, pourrait donner une vue densemble de la situation forestire en Mditerrane et contribuer llaboration, au suivi et lvaluation des stratgies rgionales ainsi qu une meilleure coor-dination des approches nationales. Un meilleur change des informations aide-rait accrotre la coopration rgionale entre pays, favoriserait la mobilisation de ressources financires visant rduire les impacts du changement climatique sur les cosystmes forestiers et autres terres boi-ses, et permettrait de dvelopper une vision partage sur les forts mditerranennes. u

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    8Rcolte de PFNL dans la rgion mditerranenne, 2005

    Source: FAO, 2012.

    Cuirs, peaux et trophes;483 713 tonnes (29%)

    Autres produits vgetaux;

    249 598 tonnes (15%)

    Aliments; 717 686 tonnes (42%)

    Matire premire pour la prparation

    de mdicaments et de produits aromatiques;

    72 100 tonnes (4%)

    Miel sauvage et cire dabeille; 47 884 tonnes (3%)

    Matire premire pour la fabrication dustensiles, dobjets dartisanat et pour

    la construction; 23 999 tonnes (2%)

    Fourrage; 19 051 tonnes (1%)

    Viande de brousse; 69 565 tonnes (4%)

    Matire premire pour la prparation de colorants; 7 000 tonnes (0,4%)

    Animaux vivants; 2 634 tonnes (0,15%)

    Exsudats; 6 349 tonnes (0,4%)

    Plantes ornementales; 434 tonnes (0,03%)

    Autres produits animaux comestibles; 37 tonnes (0,002%)

    http://forest.jrc.ec.europa.eu/effis/about-effis/technical-background/european-fire-database/http://forest.jrc.ec.europa.eu/effis/about-effis/technical-background/european-fire-database/http://forest.jrc.ec.europa.eu/effis/about-effis/technical-background/european-fire-database/http://faostat/http://www.fao.org/nr/water/aquastat/main/index.stmhttp://www.fao.org/nr/water/aquastat/main/index.stm

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    Reboisement prs dun village du Haut Atlas, Maroc

    F

    AO

    /FO

    5631

    /AN

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    http://esa.un.org/unpd/wup/unup/index_panel1.htmlhttp://esa.un.org/unpd/wup/unup/index_panel1.htmlwww.wmo.inthttp://europa.eu/legislation_summaries/external_relations/relations_with_third_countries/mediterranean_partner_countries/r15001_fr.htmhttp://europa.eu/legislation_summaries/external_relations/relations_with_third_countries/mediterranean_partner_countries/r15001_fr.htmhttp://europa.eu/legislation_summaries/external_relations/relations_with_third_countries/mediterranean_partner_countries/r15001_fr.htmhttp://europa.eu/legislation_summaries/external_relations/relations_with_third_countries/mediterranean_partner_countries/r15001_fr.htm

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    Le Cadre stratgique pour les forts mditerranennes vise fournir des orientations politiques pour la gestion intgre des cosystmes forestiers de la rgion. Sur la base dinformations tires de ltat des forts mditerranennes, il souligne le besoin de dvelopper les biens et services forestiers, de favoriser la rsilience des forts et de renforcer les capacits et les ressources permettant de les grer durablement. Ce document, dont une premire bauche a t rdige en septembre 2012 La Cane, Grce, lors dun atelier rgional dexperts, est le fruit dune longue dynamique rgionale initie en avril 2011 Avignon, France, au cours de la deuxime Semaine forestire mditerranenne.

    Les objectifs principaux et les lignes directrices du Cadre stratgique pour les

    forts mditerranennes (CSFM) sont les suivants:1. dvelopper et promouvoir les biens et

    services fournis par les cosystmes forestiers et autres espaces boiss mditerranens: amliorer durablement la produc-

    tion de biens et services par les forts mditerranennes;

    renforcer le rle des forts mditer-ranennes dans le dveloppement rural;

    promouvoir la gouvernance des forts et les rformes fon-cires au niveau des territoires mditerranens;

    2. favoriser la rsilience des cosystmes forestiers et autres espaces boiss

    Cadre stratgique pour les forts mditerranennes et Dclaration de Tlemcen

    C. Besacier

    Ce document de politique forestire rgionale, approuv par les pays mditerranens en mars 2013, contribuera adapter les politiques nationales en vue de promouvoir la gestion durable des forts dans la rgion.

    Christophe Besacier est en charge du secrtariat du Comit des questions forestires mditerranennes-Silva Mediterranea et du secrtariat du Partenariat de collaboration sur les forts mditerranennes. Maison du Parc national de

    Tlemcen, Algrie

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    Unasylva 242, Vol. 65, 2014/1

    mditerranens face aux change-ments globaux: promouvoir la prvention des feux

    de fort en intgrant lvolution des risques lis au changement clima-tique en cours dans le pourtour de la Mditerrane;

    grer les ressources gntiques forestires et la biodiversit pour favoriser ladaptation des cosystmes forestiers et autres espaces boiss mditerranens au changement climatique dores et dj en cours dans la rgion;

    restaurer les territoires forestiers mditerranens dgrads;

    3. renforcer les capacits des acteurs et la mobilisation des ressources ncessaires la gestion durable des cosystmes forestiers et autres espaces boiss mditerranens: dvelopper les connaissances, les

    formations et la communication sur les forts mditerranennes;

    renforcer la coopration internatio-nale sur les forts mditerranennes;

    adapter et renforcer les mcanismes de financement dj disponibles et dvelopper des mcanismes de financement innovants pour appuyer la mise en uvre des politiques et programmes sur les forts mditerranennes.

    Le document a fait lobjet dun long processus de consultation des experts forestiers de toute la rgion mditerra-nenne et sa version finale a t adopte par les pays participant la session de haut

    niveau de la troisime Semaine forestire mditerranenne. Celle-ci a t organise Tlemcen, Algrie, du 17 au 21 mars 2013, par le Comit des questions forestires mditerranennes-Silva Mediterranea, avec le soutien du Ministre algrien de lagriculture et du dveloppement rural et de plusieurs autres membres du Partenariat de collaboration sur les forts mditerranennes.

    Cet vnement, intitul Les forts mditerranennes pour le dveloppement durable des territoires: quelles stratgies dattnuation et dadaptation face au changement global?, restera une tape importante dans lhistoire de la coopration rgionale sur les cosystmes forestiers. En plus de ladoption du Cadre stratgique pour les forts mditerranennes, la runion a vu le lancement de la premire dition de ltat des forts mditerra-nennes et la clbration, le 21 mars 2013, de la premire Journe internationale des forts. Celle-ci a t loccasion de souligner limportance des cosystmes forestiers et autres terres boises pour les territoires mditerranens.

    La rencontre a galement t le lieu de ladoption de la Dclaration de Tlemcen. Cette dernire appelle les autorits politiques et administratives nationales, rgionales et locales ainsi que tous les autres acteurs impliqus dans la gestion des cosystmes forestiers et autres espaces boiss mditerranens (gestion-naires publics ou privs et socit civile) dvelopper ou adapter leurs stratgies, politiques et modes de gouvernance aux

    objectifs du dveloppement durable des territoires mditerranens.

    Elle incite les gestionnaires forestiers, les experts et la communaut scientifique dvelopper et mettre en uvre, en concertation avec lensemble des acteurs concerns, des pratiques de gestion inno-vantes et durables des territoires, quil conviendra de diffuser et de partager entre les pays du pourtour de la Mditerrane. La Dclaration de Tlemcen se termine par la dcision de mettre en pratique les principales recommandations proposes dans le Cadre stratgique pour les forts mditerranennes, en tenant compte des spcificits et besoins de chaque pays.

    Ce nouveau cadre stratgique1 devrait tre un outil efficace pour:

    amliorer la visibilit du secteur forestier et favoriser la mobilisation de ressources financires et humaines dans les prochaines annes;

    offrir un cadre consensuel pour renfor-cer la coordination intersectorielle et promouvoir les partenariats entre les diffrents acteurs impliqus dans la gestion des cosystmes forestiers et autres espaces boiss dans les pays de la rgion, aprs la prise en compte dans les politiques nationales (publiques/prives);

    contribuer mieux coordonner llaboration et la mise en uvre de programmes et/ou projets sous-rgionaux et intersectoriels;

    faciliter la dfinition et la promotion de positions communes sur les co-systmes forestiers et autres espaces boiss mditerranens dans les forums internationaux;

    servir de vision commune et de feuille de route au Comit des questions forestires mditerranennes-Silva Mediterranea. u

    Des experts forestiers de toute la rgion ont assist la troisime Semaine forestire mditerranenne, organise Tlemcen du 17 au 21 mars 2013

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    1 Pour consulter le Cadre stratgique pour les forts mditerranennes, voir http://www.fao.org/forestry/36304-077c49b5ee604293736da8ffd36f8552c.pdf (situation des forts) et http://www.fao.org/forestry/36305-09b49e250133aca90ec63959d92ad1617.pdf (axes stratgiques).

    http://www.fao.org/forestry/36304-077c49b5ee604293736da8ffd36f8552c.pdfhttp://www.fao.org/forestry/36304-077c49b5ee604293736da8ffd36f8552c.pdfhttp://www.fao.org/forestry/36304-077c49b5ee604293736da8ffd36f8552c.pdfhttp://www.fao.org/forestry/36305-09b49e250133aca90ec63959d92ad1617.pdfhttp://www.fao.org/forestry/36305-09b49e250133aca90ec63959d92ad1617.pdfhttp://www.fao.org/forestry/36305-09b49e250133aca90ec63959d92ad1617.pdf

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    Dans la rgion de Valence en Espagne, les feux de fort constituent un facteur impor-tant dans la dynamique des territoires et de la vgtation (voir la figure 1) et ils influent fortement sur les services fournis par les forts et autres terres boises. Le Gouvernement de la Rgion de Valence (Generalitat Valenciana) a ainsi particip au projet QUALIGOUV, dans le but de renforcer la prvention des feux de fort dans quatre de ses parcs naturels: Turia, Chera-Sot de Chera, Puebla de San Miguel et la Sierra Calderona (voir la figure 2 et le tableau 1). Le projet QUALIGOUV,

    TUDE DE CAS

    Amliorer la gestion des feux de fort dans le parc naturel de Valence

    J. Surez Torres et F. Navarro Baixauli

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    financ par lUnion europenne entre 2007 et 2013, a t mis en uvre dans quatre pays pour aider amliorer la gou-vernance et la qualit de la gestion des aires protges.

    Cet article dcrit les parcs naturels concerns (galement appels ici zones pilotes) et leurs systmes de gouvernance, et illustre le rle du projet dans lamlio-ration de la gestion des feux de fort sur ces sites.

    Un projet financ par lUnion europenne a contribu amliorer la prvention des feux de fort dans les parcs naturels de cette rgion espagnole en encourageant la participation locale.

    Jorge Surez Torres dirige le Sous-dpartement de la prvention et la suppression des feux de fort, Ministre rgional de la gouvernance, Gouvernement de la Rgion de Valence, Espagne. Francisco Navarro Baixauli est chef de projet, VAERSA (socit de services cologiques), Gouvernement de la Rgion de Valence, Espagne.

    En haut: Vue panoramique du village Puebla de San Miguel et

    de ses environs, parc naturel de Puebla de San Miguel, 2010

  • 17

    Unasylva 242, Vol. 65, 2014/1

    LES PARCS NATURELSClimat et gographiePlus dun tiers du parc naturel de Puebla de San Miguel se trouve plus de 1 400 m au-dessus du niveau de la mer. Il culmine 1 839 m (qui est aussi le point le plus lev de la Rgion de Valence) et jouit dun climat mditerranen daltitude (voir la figure 3). Situ sur une faille sis-mique, le parc de Chera-Sot de Chera est caractris par un terrain accident et montagneux. Il a t le premier domaine de la Rgion de Valence tre dclar parc gologique. Le parc naturel de Turia est caractris par une topographie moins abrupte, une proximit avec la mer et une prsence de vgtation fluviale. Le parc de la Sierra Calderona fait partie dun systme de montagne stendant de la zone ctire lintrieur de la Rgion de Valence. Il atteint une altitude maximale de 1 012 m.

    DmographieLes quatre parcs naturels ont une dyna-mique dmographique trs diffrente. Ceux de Puebla de San Miguel et de Chera-Sot de Chera ont de trs petites populations (respectivement 66 et 1 000 habitants) relativement isoles. Collectivement, les zones rurales et urbaines avoisinant le parc de Turia abritent quelque 200 000 habitants et celui-ci se trouve par ailleurs

    proximit de la mtropole de Valence (dont la population slve plus de 1,5 million dhabitants). Les 97 000 habitants du parc naturel de la Sierra Calderona sont galement proches de Valence et vivent prs de la cte.

    On rencontre des diffrences dans les types dtablissements humains, qui vont des villes densment peuples aux zones rsidentielles dotes de jardins et aux habi-tats disperss. Certaines zones habites sont

    proximit de la fort, ce qui augmente le risque dincendies dans les interfaces urbaines et priurbaines. La situation socioconomique varie galement entre les quatre zones pilotes. Les parcs naturels comportant des populations de petite taille (Puebla de San Miguel et Chera-Sot de Chera) ont des liens conomiques plus troits avec les territoires environnants que ceux abritant de plus grandes popu-lations (Turia et Sierra Calerona), qui

    Source: Generalitat Valenciana, 2013.

    Surfa

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    ombre de feux de fort

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    Surfaces brles par les feux de fort (ha) Nombre de feuxTendance des surfaces brles par les feux de fort Tendance du nombre de feux de fort

    1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

    Pic en 1994, plus de 138 000 ha ayant t affects par des feux de fort

    Nombre de feux maximum en 1991

    1Nombre de feux de fort et surfaces affectes dans la rgion de Valence, 1991-2010

    TABLEAU 1. Description de la zone dtude Puebla

    San Miguel Chera-Sot de Chera

    Sierra Calderona

    Turia

    Surface du territoire (ha) 6 390 6 451 18 019 4 692Population 66 1 000 97 000 200 000Surface forestire (ha, % du territoire total) 5 879 (92%) 5 806 (90%) 15 856 (88%) 2 768 (59%)Surface agricole (ha, % du territoire total) 511 (8%) 645 (10%) 2 162 (12%) 1 924 (41%)Principales espces forestires

    Juniperus thurifera, Taxus baccata, Pinus nigra, P. sylvestris

    P. halepensis, P. pinaster, Quercus rotundifolia, Q. faginea, T. baccata

    P. pinaster, P. halepensis, Q. ilex, Q. suber

    P. halepensis

    Principaux usages et fonctions

    Rcration, paysage, services de protection, biodiversit et, dans une moindre mesure, services de production forestire

    Principaux risques et menaces Feux de fortForts prives (ha, % du territoire total) 765 (13%) 464 (8%) 10 148 (64%) 1 384 (50%)Forts publiques (ha, % du territoire total) 5 114 (87%) 5 342 (92%) 5 708 (36 %) 1 384 (50%)Cadre de gestion Parc naturel Plan de prvention des feux de fort OuiNombre de feux de fort sur une priode de 10 ans 9 7 107 84Surface brle sur une priode de 10 ans (ha) 0,18 2,5 5 303 363Source: Adapt de Gasc et al., 2012.

  • Unasylva 242, Vol. 65, 2014/1

    18

    ont une conomie plus en rapport avec lindustrie et les services non directement lis la fort.

    Rle des forts et diffrentes utilisationsLes activits productives forestires (chasse, pche, cueillette de champignons et coupe de bois) sont en baisse tandis que les services de rgulation de leau, de loisirs et de conservation de la biodiversit prennent de plus en plus dimportance. Toutefois, la combustion des dchets agricoles et des rsidus de jardinage, lapiculture et certaines activits rcra-tives augmentent le risque de feux de fort dorigine humaine. Seulement 23 pour cent des feux de fort sont dorigine naturelle dans la Rgion de Valence.

    GouvernanceLe Gouvernement de la Rgion de Valence est responsable de la gestion des parcs naturels. Chaque parc a un directeur ex-cutif nomm par le Ministre rgional de lenvironnement. Ce dernier prend toutes

    les dcisions de gestion. Dans chaque parc, un comit consultatif (qui a des fonctions de conseil mais ne dtient pas de pouvoir dcisionnel) se runit une ou deux fois par an pour discuter des projets et des activits actuelles et futures. Le comit consultatif est compos de reprsentants des autorits locales et rgionales, des uni-versits, dassociations et dorganisations lies notamment la conservation, la randonne, aux sports, la culture et la chasse (voir la figure 4).

    La structure de gestion est similaire entre les quatre parcs naturels, lexception de

    la composition des comits consultatifs qui diffre selon les organisations prsentes dans chaque rgion.

    Habituellement, les problmes de gestion sont discuts et rsolus par les comits consultatifs ou les administrateurs du parc, et il nexiste pas dautre structure spci-fiquement consacre la rsolution des conflits. Des groupes de travail spciaux (composs de reprsentants des parties concernes) peuvent tre crs pour rgler certains conflits particuliers. Il ny a pas eu de conflits importants entre les parties pre-nantes sur la prvention des feux de fort.

    2Localisation des sites pilotes

    dans la Rgion de Valence

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    Parc naturel de Chera-Sot de Chera, 2009

    Rgion de Valence

    Espagne

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    Unasylva 242, Vol. 65, 2014/1

    Les responsabilits et obligations pour la prvention des feux de fort sont partages entre les diffrents acteurs institutions locales, gouvernement rgional, autorits fluviales, propritaires privs, rsidents locaux, visiteurs, promoteurs de sport, agriculteurs et coopratives agricoles, chercheurs et chasseurs et coordonns par le Ministre rgional de la gouvernance. Chaque parc naturel a un plan de prvention des feux de fort qui est appliqu localement travers des plans spcifiques. Les actions prvues dans ces plans comprennent la surveillance, la prvention des dparts de feux et la construction dinfrastructures telles que les pare-feux, les rservoirs deau et les chemins forestiers. Une fois approuvs, et aprs une phase de consultation publique, les plans de prvention des feux de fort constituent le cadre de la mise en uvre des activits de prvention par toutes les parties prenantes.

    PRVENTION DES FEUX AU NIVEAU LOCAL Dans le cadre du projet QUALIGOUV, plusieurs activits ont t entreprises dans le but damliorer la gouvernance forestire dans les zones pilotes. Des plans de prvention des feux de fort ont notamment t labors pour chaque parc naturel, et des activits de planification, information et communication ainsi que des approches participatives ont t menes en vue favoriser la responsabilisation des communauts. Ces interventions ont permis damliorer la gouvernance des parcs naturels et, certains gards, de lensemble de la rgion de Valence. Le transfert et la mise en uvre de ces modes

    de gouvernance dans dautres domaines ncessiteraient une analyse prliminaire et une adaptation des dmarches et des outils utiliss.

    Plans de prvention des feux pour les parcs naturels Llaboration de plans de prvention des feux de fort dans chaque parc naturel est un moyen dtablir une vision commune entre les parties prenantes. De cette faon, un seul document couvre toutes les actions prventives mener, comme la vigilance, la dtection, linformation, les mesures de dissuasion contre lallumage (par exemple, les avertissements et les patrouilles) et le dveloppement des infrastructures.

    3Temprature et prcipitations des quatre sites pilotes

    Source: Generalitat Valenciana, 2013.

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    Prcipitations (moyenne 1951-2008) Temprature (moyenne 19512008)

    TABLEAU 2. Actions sur les rservoirs deau et les routes forestires Type douvrages Chera-Sot

    de CheraPuebla de

    San MiguelTuria Sierra

    CalderonaTotal

    Entretien des routes et des pistes (m) (ralis) 25 562 7 480 21 212 81 030 135 284Nombre de nouveaux rservoirs de stockage deau (planifis) 6 2 0 4 12Nombre danciens rservoirs deau entretenus (projets) 0 0 2 6 8Source: laboration des auteurs.

  • Unasylva 242, Vol. 65, 2014/1

    20

    Une fois ces plans valids dans les parcs naturels, des plans municipaux pour la prvention des feux de fort sont dvelop-ps localement, en utilisant une approche participative (voir la figure 5). La sensi-bilisation au niveau local est galement ncessaire pour viter les incendies.

    Infrastructures de prvention des feux de fortDes mesures ont t prises pour amliorer et entretenir les infrastructures de prven-tion des feux de fort tels que les rservoirs de stockage deau (pour les hlicoptres et les camions de pompiers) et les chemins forestiers (voir le tableau 2). Lentretien et le renforcement des routes forestires cotent cher; trois projets ont t dvelop-ps pour amliorer les voies importantes et des essais de stabilisation laide de chaux ou de ciment ont t mens dans le but dobtenir une durabilit maximum pour la surface de ces routes. Au total, ces pro-jets touchent jusqu 135 km de chemins forestiers dans les quatre zones pilotes, et sinscrivent dans le cadre des efforts visant rduire le risque de feux de fort. La cration dau moins huit rservoirs deau a galement t prvue, de mme que la ralisation de tests danalyse fonctionnelle et dautres mesures lies lenvironnement et la scurit. Ainsi, des mesures sont ncessaires pour empcher les animaux de se noyer dans les rservoirs deau; des rampes dchappement ont t conues et adaptes aux diffrents diamtres des rservoirs et peuvent tre installes sans avoir vider ces derniers.

    Promouvoir les plans de prvention des feux de fort au niveau localBien que le dveloppement et la mise en uvre de plans de prvention des feux de fort soient une obligation lgale au niveau municipal ou local depuis presque 10 ans, ils nont commenc tre tablis que rcemment, grce au projet QUALIGOUV.

    4Systme de gouvernance,

    Rgion de Valence

    5Intervenants et types dactions dans les diffrentes phases de llaboration des

    plans de prvention des feux de fort dans les parcs naturels

    Municipalits et organisations

    locales

    Gouvernement de la Rgion de Valence

    Comit consultatif participation des groupes

    dintrts sociaux ou

    conomiques

    Agriculteurs, chasseurs,

    cologistes, universits, utilisateurs publics, etc.

    Dpartement de la prvention et de la supression des feux de fort et

    des situations durgence (Direccin General de Prevencin y extincin

    de incendios y mergences)

    Ministre rgional de la gouvernance

    Ministre rgional de

    lenvironnement

    Directeur excutif des parcs naturels Dcisions de gestion sur les questions qui nont

    pas t attribues dautres organismes tablissement des rapports dactivits

    Sous-dpartement pour la gestion des aires protges

    (Servicio de Espacios Naturales Protegidos) Plans de gestion

    Services spcifiques du parc (centres daccueil des visiteurs, instructeurs, services des gardes

    du parc)

    Dpartement de lenvironnement naturel (Direccin general del medio natural)

    Sous-dpartement de la prvention et de la supression

    (servicio de prevencin y extincin)

    Prvention des feux de fort dans les parcs naturels

    Plan de prvention des feux de fort

    Source: Adapt de Caldern, 2010.

    Phase dvaluationRvision du document

    provisoire et production du rapport

    Dpartement des parcs naturels du Ministre

    rgional de lenvironnement (Gouvernement de la Rgion de Valence)

    Information du publicDiffusion du plan de

    prvention sur Internet

    Grand publicParties prenantes conseils municipaux

    concerns, associations locales et provinciales, propritaires forestiers,

    coopratives, etc.

    laboration du document

    Runions

    Prsentation du document provisoire

    Partenaires techniques, directeurs excutifs des parcs

    naturels, gardes forestiers

    Comit consultatif du parc naturel

    Phase dapprobation

    Runions

    Approbation lgale finale

    Conseil du parc naturel

    Gouvernement de la Rgion de Valence

    Phase ActionsParticipants/

    Partenaires impliqus

    Source: Adapt de Caldern et Surez, 2010.

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    Celui-ci a fourni 15 municipalits des fonds de soutien leur prparation pour un maximum de 6 000 euros par plan. Cinq de ces plans avaient dj t approuvs et 10 taient en cours de traitement au moment de la rdaction de cet article. Un guide mthodologique pour llaboration des plans de prvention des feux de fort a galement t rdig, en vue daider transfrer les connaissances et les outils du niveau rgional au niveau local et dencourager une plus grande cohrence entre les plans locaux.

    Guide de bonnes pratiques pour la prvention des feux de fort La plupart des feux de fort sur les sites pilotes sont dorigine anthropique

    (et sont principalement dus la ngligence, plutt qu des pyromanes). Cependant, les mesures prventives coercitives, les limitations et les interdictions sont insuf-fisantes et peuvent mme avoir des effets secondaires ngatifs, tels que la disparition des activits traditionnelles menes par les populations locales dans les cosystmes forestiers. Le guide de bonnes pratiques pour la prvention des feux de fort, qui a t prpar pour soutenir le travail ralis, fait tat des nombreuses activits lgitimes qui ont lieu dans les forts et de la prsence dun large ventail dutilisateurs lgitimes de celles-ci comme les agriculteurs, les forestiers, les rsidents et les touristes. Pour chaque activit, le guide prsente des mesures susceptibles de rduire le

    risque de dclencher des incendies, dans le but de sensibiliser le public sur les bonnes pratiques forestires et de promouvoir une responsabilit partage de la prvention des feux de fort.

    Importance des bnvoles dans la vigilance et la prvention des feux de fortImpliquer les populations locales dans des activits bnvoles est un moyen de mobiliser leurs inquitudes en les faisant participer activement la prvention des feux de fort; cela permet aussi daccrotre les ressources humaines disponibles pour la surveillance. Le bnvolat est soutenu par un financement du Gouvernement de la Rgion de Valence dans le cadre du

    C

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    Vgtation fluviale du parc naturel de Turia, 2008

    TABLEAU 3. Nombre de plans municipaux de prvention des feux de fort dans les zones pilotes (labors et approuvs par la Generalitat Valenciana) avant 2006 et en 2012 Site pilote Nombre de

    municipalitsAvant 2006 2012

    Nombre de plans achevs

    Nombre de plans approuvs

    Nombre de plans achevs

    Nombre de plans approuvs

    Turia 9 1 0 2 2

    Puebla de San Miguel 1 0 0 0 0

    Chera-Sot de Chera 2 0 0 0 0

    Sierra Calderona 14 0 0 8 3

    Total 26 1 0 10 5

    Source: laboration des auteurs.

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    Interface ville-campagne dans le parc naturel de la Sierra Calderona, 2013

    projet QUALIGOUV. Il est intgr dans les actions de prvention rgionales, faci-litant ainsi la coordination avec dautres mesures, lutilisation optimale des res-sources humaines et le renforcement des structures actuelles de surveillance.

    CONCLUSIONLobjectif du projet QUALIGOUV tait daider un ventail de parties prenantes laborer des processus de gouvernance, de tester des outils pour la gestion des parcs naturels et dchanger des expriences entre les quatre zones pilotes. Entre autres choses, le projet a permis dtablir le diagnostic de la situation des feux de fort dans les zones pilotes, et didentifier les diffrentes parties prenantes ainsi que leurs rles. Il a galement aid promou-voir une vision commune des actions entreprendre. En outre, il a encourag la dfinition dobjectifs communs concer-nant la lutte contre les feux de fort, leur prvention et le dveloppement durable

    des territoires pilotes. Mme si certaines activits proposes dans les plans locaux de prvention des feux de fort nont pas encore t toutes finances par les municipalits, il a aussi contribu liden-tification collective des actions requises pour atteindre ces objectifs. u

    Rfrences

    Caldern, C. 2010. Prevencin de incendios forestales en espacios naturales protegidos. Una gestin compartida. Marco de accin y colaboracin. QUALIGOUV. GVA (disponible sur: www.112cv.com/prevencion/guatlla30/web-2520exportar/indice.aspx@nodo=71800&idioma=c.pdf).

    Caldern, C. et Surez, J. 2010. Forest fire prevention plans in protected areas. GVA

    (disponible sur: www.112cv.com/prevencion/guatlla30/web-2520exportar/indice.aspx@nodo=71803&idioma=c.pdf).

    Generalitat Valenciana. 2012. Atlas climtico de la Comunitat Valenciana (1951-2008) PATFOR. GVA. Non publi.

    Generalitat Valenciana. 2013. Base de datos de incendios forestales. GVA. Non publi.

    Gasc, D., Bonnier, J., Montgolfier, J. et Veyrand, R. 2012. Final capitalisation book. QUALIGOUV (disponible sur: http://aifm.org/sites/default/files/Final%20book.pdf).

    Navarro, F et Moreno, R. 2012. Thematic enlightening n3. Active social participation in forest fires prevention. QUALIGOUV. GVA (disponible sur: http://aifm.org/sites/default/files/TE3.pdf). u

    http://www.112cv.com/prevencion/guatlla30/web-2520exportar/indice.aspx@nodo=71800&idioma=c.pdfhttp://www.112cv.com/prevencion/guatlla30/web-2520exportar/indice.aspx@nodo=71800&idioma=c.pdfhttp://www.112cv.com/prevencion/guatlla30/web-2520exportar/indice.aspx@nodo=71800&idioma=c.pdfhttp://www.112cv.com/prevencion/guatlla30/web-2520exportar/indice.aspx@nodo=71803&idioma=c.pdfhttp://www.112cv.com/prevencion/guatlla30/web-2520exportar/indice.aspx@nodo=71803&idioma=c.pdfhttp://www.112cv.com/prevencion/guatlla30/web-2520exportar/indice.aspx@nodo=71803&idioma=c.pdfhttp://aifm.org/sites/default/files/Final%20book.pdfhttp://aifm.org/sites/default/files/Final%20book.pdfhttp://aifm.org/sites/default/files/TE3.pdfhttp://aifm.org/sites/default/files/TE3.pdf

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    Les villes qui adoptent une vision verte obtiennent des gains envi-ronnementaux importants qui amliorent la qualit de vie de leurs citoyens. Montpellier sest engag sur cette voie en suivant le principe fondamental relative-ment simple quliminer ou diminuer les espaces verts ne peut plus faire partie des pratiques mises en avant pour le dveloppe-ment urbain. En tablissant des partenariats long terme avec ses citoyens et en grant efficacement les espaces urbains et priur-bains, ladministration de Montpellier a favoris la protection et lamlioration des forts urbaines et des espaces verts ( savoir les parcs, les jardins dagrment, les parcs de chteau, les jardins privs ouverts au public, les places publiques, etc.) et a contribu de la sorte prserver la bio-diversit qui leur est associe. Cet article dcrit lapproche de la Ville.

    LA VILLE DE MONTPELLIERAvec plus de 260 000 habitants (tableau 1), Montpellier est la 8e ville franaise en importance de population. Situe sur la cte sud-est de la France, elle appartient au dpartement de lHrault dans la rgion du Languedoc-Roussillon. Dune altitude moyenne de 64 m au-dessus du niveau de la mer, son territoire couvre 5 688 ha. Les zones urbanises occupent 60 pour cent de cette superficie, alors que les 40 pour cent restants sont composs dun assemblage de parcs, daires protges, de forts et de zones rurales.

    Montpellier se situe entre deux cours deau, le fleuve Lez lest et la rivire Mosson louest. Par ailleurs,

    TUDE DE CAS

    Montpellier, une ville verteF. Besse, M. Conigliaro, B. Fages, M. Gauthier, G. Mille, F. Salbitano et G. Sanesi

    Une gouvernance verte et des forts urbaines amliorent la qualit de vie dune ville mditerranenne.

    Franois Besse et Gilles Mille sont consultants pour la FAO Montpellier, France; Michela Conigliaro et Bertille Fages travaillent au Dpartement des forts de la FAO, Rome, o travaillait galement Michelle Gauthier au moment de la rdaction de cet article; Fabio Salbitano est professeur lUniversit de Florence, Italie; et Giovanni Sanesi est professeur lUniversit de Bari, Italie.

    En haut: Vue de la tour de la maison Rimbaud dans la fort

    au bord du Lez, 2011

    S

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    lurbanisation sest poursuivie sur 10 km supplmentaires au sud et lest, vers la cte, avec le dveloppement de nouveaux quartiers et lintgration de communes, dont Lattes et Prols. Montpellier jouit dun climat mditerranen typique, o la plus grande frquence de jours pluvieux survient lautomne et au printemps. Les prcipitations peuvent y tre particuli-rement intenses, notamment lautomne lorsque se produisent des pisodes cvenols (en moyenne deux ou trois fois par an), provoquant frquemment des inondations dans les parties basses de la ville. En contrepartie, lt est trs sec, avec quelques orages occasionnels en aot. En outre, Montpellier est la ville la moins vente de tout le golfe du Lion, en raison de la prsence de la chane de montagnes des Cvennes qui protge la ville contre le mistral et la tramontane. Les brises marines, quant elles, aident attnuer les chaleurs extrmes de lt.

    POLITIQUE URBAINEMontpellier est une ville historique clbre et une capitale culturelle unique, avec un niveau lev de qualit de ser-vices. Entre 1990 et 2012, sa population sest accrue de 22,5 pour cent. Selon les prvisions, cette croissance devrait se poursuivre, posant ainsi de nouveaux dfis aux autorits municipales sur le plan des infrastructures. En rponse cette augmentation dmographique, la Ville