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UNE ENQUÊTE SOCIOLINGUISTIQUE PARMI LES AMDANG (MIMI) DU TCHAD RAPPORT TECHNIQUE WOLF Katharina SIL International 2010 SIL Electronic Survey Report 2010-028, September 2010 Copyright © 2010 Katherina Wolfe and SIL International All rights reserved

UNE ENQUÊTE SOCIOLINGUISTIQUE PARMI LES · Les Mimi s’appellent eux-mêmes Amdang. Leur emplacement traditionnel se trouve au Tchad dans les cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer,

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UNE ENQUÊTE SOCIOLINGUISTIQUE

PARMI LES

AMDANG (MIMI)

DU TCHAD

RAPPORT TECHNIQUE

WOLF Katharina

SIL International 2010

SIL Electronic Survey Report 2010-028, September 2010 Copyright © 2010 Katherina Wolfe and SIL International All rights reserved

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Abstract

From 22 November to 13 December 2004 SIL Chad conducted a sociolinguistic survey among the Amdang (Mimi) in the department of Biltine in the Northeast of Chad. The research was carried out under the auspices of the Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique and in collaboration with the Direction de Promotion des Langues Nationales (Department for the Promotion of National Languages of the Ministry of Education).

The survey sought to answer the following questions:

• Are the Amdang a homogenous group? If not, what are the differences between those living on the plains and the mountain dwellers?

• What are their relationships with their neighbors?

• Is their language homogenous or are there dialects?

• To what extent is their language being used in everyday life? Is it transmitted to the younger generations?

• How well do the Amdang understand Chadian Arabic and other languages?

• What is their attitude towards literacy classes? Which language would they prefer to learn to read and write?

For this purpose the researchers interviewed groups and individuals in representative villages. They also elicited and analyzed wordlists.

The people group known as Mimi call themselves Amdang. Their traditional home area is in the Northeast of Chad, in the cantons of Mimi Goz and Mimi Hadjer, Sub prefecture of Biltine, department of Biltine, in the Ouadi Fira region. Other Amdang villages are situated further South around Abéché, Goz Beïda and Adré in the Ouaddaï and the Batha regions of Chad, and in Sudan. There are also larger Amdang communities in Abéché and in N’Djaména.

In the literature there is the notion of a distinction between the Amdang who live in the canton of Mimi Goz on the plains and those who live in the canton of Mimi Hadjer in the mountains. The research did not find important cultural differences or distinctions between the Amdang of the two cantons.

The Amdang have close relationships with the Maba, but also with their other neighbors such as the Abou Charib, the Arabs, the Daza, the Tama and the Zaghawa. They intermarry and “work and live together”.

The Amdang language is homogenous, with slight differences in pronunciation among about ten villages in the Northeast of the Mimi Hadjer canton and some lexical differences between the two cantons. However, according to our informants, these differences are minimal and do not hinder communication. The language is being used in all domains of everyday life in the villages, whereas it is being replaced by Arabic in more urban settings such as Biltine and Abéché.

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Chadian Arabic plays an important role in interethnic communication. 50 % of the interviewed individuals indicated a high level of proficiency in Chadian Arabic (level 4 or 5 of the Foreign Service Institute Scale, level 5 being that of a native speaker). But there are also monolingual Amdang with a very low level of Chadian Arabic.

For literacy programs our informants expressed a preference for Chadian Arabic in Arabic script. However, many also want to learn French.

In the appendix there are maps of the region, wordlists and questionnaire samples.

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Résumé Du 22 novembre au 13 décembre 2004 l’Association SIL Tchad a mené une enquête

sociolinguistique parmi les Amdang (Mimi) dans le département de Biltine, dans le Nord- Est du Tchad. La recherche a été effectuée avec l’accord du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique1 et en collaboration avec la DPLN (Direction de Promotion des Langues Nationales).

Les chercheurs se posaient les questions suivantes :

• Parmi les Mimi, y a-t-il des groupes distincts ?

• Quelles sont les relations avec les ethnies voisines ?

• Est-ce que la langue est homogène ou y a-t-il des variantes ?

• Quelle est la vitalité de ces parlers ?

• Quel est le niveau des locuteurs amdang en arabe tchadien et en d’autres langues ?

• Quelle est l’attitude envers un projet d’alphabétisation et la langue préférée pour un tel projet ?

Dans cette intention, les chercheurs ont mené des interviews avec des groupes et des individus dans des villages représentatifs. De plus, ils ont établi et analysé des listes de mots.

Les Mimi s’appellent eux-mêmes Amdang. Leur emplacement traditionnel se trouve au Tchad dans les cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer, Sous-Préfecture de Biltine, Département de Biltine, dans la Région de Ouadi Fira. D’autres villages amdang sont situés dans les environs d’Abéché, de Goz Beïda et d’Adré, dans la Région de Batha et au Soudan. Il y a aussi des communautés importantes de Mimi à Abéché et à N’Djaména.

Dans la littérature on trouve la notion des Mimi de la plaine et des Mimi des montagnes. Lors de nos recherches nous n’avons pas pu constater de différences importantes ou de distinctions entre les Amdang.

Les Amdang considèrent comme frères surtout les Maba, mais aussi leurs autres voisins tels que les Abou Charib, les Arabes, les Daza, les Tama et les Zaghawa. Il y a des liens de mariage entre eux et « on travaille et vit ensemble ».

La langue amdang est homogène, avec quelques nuances de prononciation dans une dizaine de villages dans le nord- est du canton de Mimi Hadjer, et quelques différences lexicales entre les parlers des cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer. Pourtant, nos interlocuteurs les considèrent comme des différences minimes, qui n’empêchent pas la bonne compréhension dès le plus jeune âge. L’amdang est vivant, bien que, parmi les Amdang à Biltine et à Abéché, son emploi diminue au profit de l’arabe tchadien à cause des circonstances de vie différentes.

L’arabe tchadien joue un rôle seulement dans la communication interethnique. Dans la plupart des séances d'interviews, 50 % des Amdang interviewés ont indiqué un niveau

1 Autorisation de Recherche N° 027/MESRSFP/SG/DRST/2003

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élevé de compétence en arabe tchadien (4 ou 5 sur l’échelon FSI (Foreign Service Institute)), mais il y a toujours des individus monolingues avec un niveau bas d’arabe tchadien.

Pour l’alphabétisation, nos interlocuteurs préfèrent l’arabe tchadien en écriture arabe. Pourtant, beaucoup d'entre eux veulent aussi apprendre le français et l’écriture romaine.

Des cartes de la région, des listes de mots et des modèles de questionnaires utilisés sont inclus en annexe.

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Contents

Abstract

Résumé 1 Introduction 2 Arrière-plan et recherches préliminaires

2.1 Nom de l’ethnie Mimi ou Amdang 2.2 Étendue de l’ethnie amdang 2.3 Villages importants 2.4 Historique 2.5 Relations sociales 2.6 Nom de la langue et sa classification 2.7 Vitalité de l’amdang et rôle des langues voisines

3 Objectifs de la recherche 3.1 Facteurs socio-économiques

3.1.1 Relations sociales 3.1.2 Attitudes envers le développement 3.1.3 Attitudes envers l’éducation de base et l’alphabétisation

3.2 Facteurs linguistiques 3.2.1 Variantes de la langue amdang 3.2.2 Vitalité de la langue 3.2.3 Rôle d’autres langues 3.2.4 Langues préférées pour l’éducation de base et l’alphabétisation

4 Méthodes 4.1 Cartes et listes de villages

4.1.1 Procédures 4.1.2 Choix d’interlocuteurs 4.1.3 Analyse

4.2 Questionnaire à l’intention de groupes 4.2.1 Procédures 4.2.2 Choix des villages 4.2.3 Analyse des résultats

4.3 Questionnaires à l’intention d’individus 4.3.1 Procédures 4.3.2 Choix des interlocuteurs 4.3.3 Analyse

4.4 Liste de mots 4.4.1 Procédures 4.4.2 Choix de sites et d’informateurs 4.4.3 Analyse

5 Démarches 5.1 Itinéraire et activités 5.2 Choix de villages 5.3 Cartes et listes de villages 5.4 Interviews de groupe 5.5 Interviews d’individus 5.6 Listes de mots

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6 Aspects socio-économiques 6.1 Relations sociales

6.1.1 Activités 6.1.2 Migration 6.1.3 Relations et liens de mariage avec d’autres ethnies

6.2 Infrastructures et projets de développement 6.3 Education de base et alphabétisation

6.3.1 Education de base 6.3.2 Alphabétisation

6.4 Evaluation des besoins 6.5 Résumé des facteurs socio-économiques

7 Résultats socio-linguistiques 7.1 Variantes de la langue

7.1.1 Perception de différences 7.1.2 Différences dans les listes de mots 7.1.3 Parler le plus prestigieux

7.2 Vitalité de la langue 7.2.1 Étendue de la langue 7.2.2 Emploi de langues dans la vie quotidienne 7.2.3 Emploi des langues par les enfants

7.3 Rôle de l’arabe tchadien et d’autres langues 7.3.1 Langues utilisées avec d’autres ethnies 7.3.2 Compréhension de l’arabe tchadien

7.4 Langues préférées pour l’éducation de base et l’alphabétisation 8 Résumé et conclusions

8.1 Facteurs socio-économiques 8.2 Facteurs linguistiques 8.3 Questions ouvertes

Bibliographie Annexes

A. Cartes B. Liste de villages C. Approbation des interlocuteurs

L’interview Identité des enquêteurs Identité des enquêtés Identité de l’interprète Informations données

D. Listes de mots E. Questionnaire à l’intention des groupes F. Questionnaire sociolinguistique à l’intention des individus

1. Présentation de l'enquête 2. Usage de langues / Multilinguisme 3. Développement de la langue

G. Questionnaire d’auto-évaluation de bilinguisme H. Répartition de la population dans les préfectures de Biltine et du Ouaddaï

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1 Introduction En novembre 2004 l’Association SIL a mené une enquête sociolinguistique parmi les

Amdang (Mimi) dans la Préfecture de Biltine, département du Ouaddaï, dans la région de Ouadi Fira à l’est du Tchad, avec l’accord du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. L’équipe des enquêteurs comprenait Marianne Marti et Katharina Wolf de l’Association SIL, Calvain Mbernodji de l’ATALTRAB (Association Tchadienne d’Alphabétisation, de Linguistique et de Traduction de la Bible), Benjamin Inbo de l’EEMET (Entente des Églises et Missions Évangéliques au Tchad) et Abraham Ahidjo de la DPLN (Direction de la Promotion des Langues Nationales).

Ce rapport décrit l’arrière-plan et les objectifs de la recherche, la méthologie et les démarches. Il présente les résultats socio-économique et socio-linguistique et quelques conclusions. L’annexe contient les cartes, une liste des villages, les questionnaires et les listes de mots.

Nous tenons à exprimer nos remerciements aux responsables de la région pour leur accueil et leur aide qui ont permis le bon déroulement de cette enquête :

M. le Préfet d’Abéché

M. le Sous-préfet d’Abéché

M. le Sous-préfet de Biltine rural

M. le Délégué de l’Education Nationale à Biltine

M. le Chef du canton de Mimi Goz

M. le Chef du canton de Mimi Hadjer

Mrs les chefs des villages de Kouchane2, de Magrane, de Sounta et d’Am Hirézé (canton de Mimi Goz)

Mrs les chefs des villages de Yaouada, de Toumbouloung, de Nguizigir, de Téré, de Bornou Doukoumé, de Zizit, et d’Awo (canton de Mimi Hadjer)

M. le Chef de race des Amdang à Abéché

M. le Chef de race des Amdang à N’Djaména

Nous remercions aussi cordialement la population des villages visités pour leur coopération et leur accueil chaleureux.

Enfin, nous remercions de tout cœur M. Ibédat Annour Waddak, représentant du chef du canton de Mimi Goz, et M. Ahmat Adoum Ali, Chef de service d’Alphabétisation à Biltine. Ils nous ont accompagnés lors de notre séjour dans les villages, interprétant les interviews. Leur assistance nous a permis de communiquer avec nos interlocuteurs sur place et de mener à bien cette recherche.

2 L’orthographe des noms des villages n’est pas standardisée. Nous suivons, si possible, celle de la carte de Biltine rural 1 : 200.000 (sans date), car cette carte est la plus détaillée.

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Lors de la rédaction du rapport, Dr James Roberts et Dr Doris Weiss nous ont soutenus avec leurs conseils et leur expérience.

2 Arrière-plan et recherches préliminaires

2.1 Nom de l’ethnie Mimi ou Amdang

Dans la littérature et administrativement les Mimi ou Amdang sont connus sous le nom « Mimi ».

Les Amdang eux-mêmes s’appellent « Amdang » en tant que peuple, un individu s’appelle « Amda ». Au Soudan, ils s’appellent « Mima » (Bender 1983:54). Les Maba les appellent «Moutoutou» (Tucker et Bryan 1956:53). Leurs voisins Arabes, Abou Charib, Mararit, Tama et Zaghawa les appellent « Mimi » et parfois « Berti ». Nos interlocuteurs dans la région ont confirmé ces informations.

Dans l’Ethnologue (Gordon 2005) les Amdang et les Mimi figurent comme deux groupes distincts avec leur propre langue. Comme les recherches préliminaires indiquent qu’il s’agit d’un seul groupe, nous ferons référence à ce groupe sous le nom « Amdang », puisque c’est le nom qu’ils se donnent eux-mêmes.

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2.2

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plaine tandis que (2) l’actuel canton de Mimi Hadjer (hadjer = rocher, montagne en arabe) se trouve à l’est. Suivant le découpage administratif, ces deux cantons se trouvent dans la Sous-préfecture de Biltine, Département de Biltine, dans la Région Ouadi Fira (voir les cartes en annexe A).

Dans d’autres départements du Ouadi Fira, au nord du canton de Mimi Hadjer, se trouvent aussi des Amdang, dans les villages de Djarouni et de Kitir dans le Dar Tama.

Au Ouaddaï, des Amdang sont dispersés comme éleveurs- nomades (Bender 1983:54). En 1993, les recenseurs ont comptabilisé 15.613 Amdang au Ouaddaï (par rapport à 16.814 dans la Préfecture de Biltine). En effet, aux alentours d’Abéché il y a des villages amdang, par exemple Kuchkuchne, Bikiri, Kuzi Wahid, Durdare ou Doukdere et Forbaranga. Au sud d’Abéché, on trouve des ressortissants de Toumbouloung dans les villages Wana et Kokoré et des ressortissants de Nguiziguir dans les villages Towagoui, Sigirgito, Woudok, Gaiine. Dans la Sous-Préfecture d’Adré, des communautés amdang se trouvent dans le canton de Kado (Dalmais, 1968). Les membres de la SIL, Ewen Cummings et Angela Prinz ont confirmé et précisé cette information en 2004, en mentionnant le village Baba Nass. D’autres villages amdang, toujours dans le Ouaddaï, sont Deme, Madene, Tchoui, Am Doukhoun et la région de Gouring. Vers Goz Beïda, on trouve les villages Abdi ou Abdida, Tero ou Tayero, Angramounia, Echchbara, Ambourra et Waddi, selon nos interlocuteurs dans le Ouadi Fira.

Au Batha, on trouve des Amdang au nord d’Oum Hadjer (Dalmais 1968), par exemple le village Am Zihéfé. Il s’agit de deux clans Mimi Amteta et Mimi Amdière qui s’y sont installés à la recherche d'eau en 1956. Ils habitent à Haraze-Djombo (« Haraze Djamba », « Am Haraze ») et à Magrane. Haraze-Djombo est actuellement une sous-préfecture au nord d’Oum Hadjer. Magrane est soit « Magrane » à 25 km au nord-est de Oum Hadjer dans la Sous-préfecture de Amsak soit « Mograne » à 10 – 15 km de Haraze-Djombo.

Au Soudan, il y a des colonies de Mimi près de Woda’a et Fafa au Darfour, à Kordofan dans le district Abu Daza à la frontière du Darfour et à Magrur au nord de Bara en Kordofan central (Bender 1983:54). Nos interlocuteurs jugent qu’il y a 20 à 30 villages amdang aux alentours de Khartoum, de Nyala et d’El Facher, par exemple :

1. Khartoum : Tuwada, Tchubuki, Tomkhasin et Nouéla au sud, Gadarif à l’est, et Am Hareze, Medina et Tamantacher sans indication de direction

2. Au sud de Nyala : Koréazin

3. Autour d’El Facher : plusieurs villages

4. Sans indication d’emplacement : Toulou, Al Gadarif, Am Kadade et Nouhout

Dans d’autres pays tel que la Libye, le Nigéria et l’Egypte il n’y a que des individus pour le commerce ou à la recherche de travail. Il y a aussi des Amdang à Kousseri (Cameroun), à Bamako (Mali) et dans le quartier Nima à Accra (Ghana).

2.3 Villages importants

Les villages les plus peuplés selon le recensement de 1993 (Bureau Central de Recensement, 1993) sont, dans le canton de Mimi Goz, Kirzim et Martala avec une population entre 500 – 1000 personnes et, dans le canton de Mimi Hadjer : (1) Awo avec plus

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de 1000 habitants et (2) Borno Doukoumé, Djourouf, Toumbouloung et Yaouada avec 500 à 1000 habitants (pour une liste plus détaillée voir §0). Le chiffre de la population actuelle des villages est difficile à obtenir. Lors de l’enquête, on nous a donné une estimation du nombre de cases :

cantons/villages population 1993 nombre de cases

2004 Canton de Mimi Goz Am Hireze 200 - 300 124Kouchane 100 - 200 110 - 120Kirzim 500 - 1000 Martala 500 - 1000 Sounta 400 - 500 185Canton de Mimi Hadjer Awo > 1000 1860Borno Doukoumé 500 - 1000 1550Djourouf 500 - 1000 Nguiziguir 300 - 400 200Toumbouloung 500 - 1000 400Téré 300 - 400 > 1000Yaouada 500 - 1000 Zizik 100 - 200 660

Tableau 2 : Villages amdang avec leur population en 1993 et nombre de cases estimé en 2004

Dans les interviews de groupe nous avons demandé quels sont les villages les plus importants. Plus tard nous nous sommes rendu compte que l’interprète a traduit par « les villages les plus grands ». Néanmoins, les hommes de Téré ont déterminé l’importance d’un village d’après son ancienneté et la présence d’un marché ou d’un puits.

Selon nos interlocuteurs ce sont par ordre alphabétique (avec nombre de mentions entre parenthèses) :

interlocuteurs du canton de …

Mimi Goz

Amgafal (4), Anaba (3), Bobok, Dagaga (4), Iwedja, Kirzim (3), Kouchane (4), Kourgnala, Kouzra, Ouirgis, Salamalek (2), Sounta (3), Tazire

Mimi Hadjer

Awo (1), Amgafal (1), Aguiné (2), Bargane, Birak (2), Djourouf (5), Kaledji Kabir (4), Kirzim (1), Kotokoro, Martala, Nguiziguir, Téré (3), Toumbouloung (1), Yaouada (4), Zambal (1)

Tableau 3 : Villages jugés les plus importants

Nos interlocuteurs dans le canton de Mimi Goz jugent qu’Amgafal, Dagaga et Kouchane sont les villages les plus importants. Kouchane est le chef-lieu du canton.

Dans le canton de Mimi Hadjer les villages les plus importants sont Djourouf, Kaledji Kabir et Yaouada. Lors des interviews préliminaires, on nous a dit que Nguiziguir est le chef-lieu. Mais d’autres donnent ce rôle à Toumbouloung et à Yaouada. Toumbouloung est

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considéré comme le plus ancien village amdang4 et Yaouada a plus d’infrastructures (voir 6.2).

Les villages le long des routes sont bien accessibles. Les villages situés dans la région montagneuse le sont moins, mais on y arrive sans difficulté avec un véhicule 4 x 4 pendant la saison sèche.

2.4 Historique

Les interviewés du canton de Mimi Hadjer nous ont donné le récit le plus détaillé de l’historique des Amdang au Tchad. Selon eux, sept personnes ont quitté Doucham ou Dar Cham, au sud de la Mecque en Arabie Saoudite. En passant par l'Egypte, une est restée au Soudan, deux sont arrivées au Tchad, et deux sont parties pour le Niger. Parmi les deux du Tchad se trouvait Ben Oumi (selon les hommes interviewés à Toumbouloung). Les autres informations sont beaucoup moins détaillées, mais ne contredisent pas ce récit.

Dans la suite, il y a eu plusieurs vagues d’émigration à cause de la sécheresse. Par exemple, en 1956, deux clans d'Amdang se sont déplacés à Oum Hadjer et, en 1970, il y a eu un exode vers Goz Beïda.

2.5 Relations sociales

Selon Jungraithmayr (1971:68), Bender (1983:54) et Le Rouvreur (1989:219), les Amdang de la Sous-Préfecture de Biltine peuvent être divisés en deux groupes : les Amdang montagnards et les Amdang des plaines.

Selon eux, les Amdang montagnards sont des paysans habitant dans presque 60 villages, dans la partie est du territoire amdang (l’actuel canton de Mimi Hadjer). Ils se marient majoritairement entre eux, mais aussi avec les Maba et les Arabes.

Les Amdang des plaines sont des éleveurs dans la partie ouest du pays (l’actuel canton de Mimi Goz). Pendant la saison sèche, ils amènent leur bétail vers la rivière Batha. Ils se marient avec les Abou Charib et avec les Zaghawa.

« Ni les uns, ni les autres ne se mêlent avec les Tama » (Le Rouvreur 1989:219). Il y a peu de contacts avec eux parce qu’ils sont un peu enclavés, confirme Mahamad Al-Bachir5 dans un entretien le 22 juillet 2004.

Mahamad Al-Bachir, dans la même interview, juge qu’il n’y a pas de distinction nette entre les Amdang de la plaine et les Amdang des montagnes. Selon lui, ils sont tous mélangés, et les liens de famille s’étendent sur les deux cantons.

4 Selon Chapelle, les « Mimi paraissent être des habitants très anciens du Ouaddaï. Leur nom figure dans des textes historiques du XVIeme siècle » (Chapelle 1980). Les villages Nguiziguir et Toumbouloung existent déjà depuis deux ou trois siècles (Mahamad Al-Bachir, 2004). 5 Mahamad Al-Bachir est Amdang d’Abéché. Il travaille avec la DPLN à N’Djaména.

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La relation entre les Amdang et les Arabes est bonne, et il n’y a pas de conflits. Il y a des Arabes qui restent dans le canton, au moins pour quelque temps. Il y a aussi des hommes Amdang qui épousent des femmes Arabes du groupe Oulad Zed, affirme Mahamad Al-Bachir.

2.6 Nom de la langue et sa classification

En ce qui concerne la langue mimi, il y a une confusion parce qu’on trouve plusieurs parlers sous ce nom dans la littérature (Jungraithmayr 1971, Bender 2000:47 ; voir aussi les listes en annexe §0), qui sont classifiés soit comme une langue maban, soit comme une langue fur. Tucker et Bryan pensent qu’il y a peu de similarités entre ces listes de mots (1956:53) :

(1) mimi de Nachtigal

(2) mimi de Gaudefroy-Demombynes

(3) mimi de Jungraithmayr

(4) mimi de van Bulck

(5) mimi de Doornbos

Le mimi de Nachtigal et le mimi Gaudefroy-Demombynes appartiennent probablement à la famille maban (Bender 1983:66). Le mimi de Jungraithmayr est une langue fur (Greenberg 1972 :45–49). Greenberg propose le nom géographique « biltine » pour cette variante pour la distinguer des autres variantes mimi. Un autre nom pour cette variante est « amdang » selon le nom vernaculaire « sìmí amdangtí » (« bouche du peuple ») (Bender 1983:54, 62 ; Greenberg 1972, Jakobi 2002). Cette information a été confirmée lors de notre séjour dans la région. Le mimi de van Bulck et le mimi de Jungraithmayr sont la même variante, selon Bender (1983:62 ff).

Dans la suite, nous ferons référence au mimi de Jungraithmayr et de van Bulck sous le nom amdang. La langue est classifiée comme suit (Bender 2004:57, 69) :

Nilo-Saharien Satellite-Noyau Satellites D : Fur Amdang

L’amdang est une langue homogène (« C’est tout la même langue »). Pourtant, il y a

quelques différences de prononciation. Mais un enfant de l’extrême est peut comprendre les variantes du canton ouest, a constaté Mahamad Al-Bachir.

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2.7 Vitalité de l’amdang et rôle des langues voisines

Les langues voisines de l’amdang sont

S/P et départements voisins Langue Arada Arabe Abéché Maba Am Zoer Abou Charib (Mararit) Guéréda Tama Iriba Zaghawa transhumants : Arabes Mahariye, Daza Arabe, Daza

Tableau 4 : Langues voisines de l’amdang

Parmi ces langues, l’arabe, le maba, le tama et le zaghawa jouent un certain rôle, semble-t-il.

Au Tchad, Le Rouvreur a constaté pendant ses recherches, dans les années 1950, que l’amdang est une langue « bien vivante encore chez les jeunes » (Le Rouvreur 1989:217–219). Par contre, selon Bender, la grande majorité des Amdang utilise l’arabe. Seulement une minorité des Amdang de Biltine parle l’amdang (Bender 1983:54).Paulain Mbaihognon, secouriste affecté dans le Ouadi Fira , confirme, dans une interview le 13 juillet 2004, que, hors de la ville de Biltine, les Amdang parlent toujours leur langue. En plus, il lui est arrivé de ne pas pouvoir communiquer en arabe avec eux, surtout avec des femmes.

L’arabe joue un rôle plus important parmi les Mimi de la plaine que parmi les Mimi des montagnes. Parmi les Mimi de la plaine à l’ouest du canton, « l’arabe est généralement bien connu … mais il reste toujours une langue véhiculaire. » Cependant, parmi les Mimi des montagnes à l’est du canton, « l’arabe n’a guère pénétré et la langue secondaire est le zaghawa, parfois même le tama. Le bora mabang (=maba) est quelquefois connu aux environs de Biltine » (Le Rouvreur 1989:217–219).

Au Soudan, il apparaît que les Mimi du Darfour et de Kordofan parlent tous l’arabe (Tucker et Bryan 1956:53). Le recensement de 1956 indique seulement 8 locuteurs mimi (Bender 1983:54). Actuellement, la langue mimi ne figure pas sur la liste des langues parlées au Soudan (Gordon 2005).

3 Objectifs de la recherche L’objectif de l’enquête sociolinguistique parmi les Amdang était de fournir à

l’administration de la SIL Tchad des informations sur les langues dudit groupe ethnique par rapport à quelques facteurs socio-économiques et linguistiques.

Ci-dessous vous trouverez les questions de recherche et leurs indicateurs pour chaque domaine.

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3.1 Facteurs socio-économiques

3.1.1 Relations sociales

Parmi les Amdang , y a-t-il des distinctions entre les Amdang du canton de Mimi Goz et ceux du canton de Mimi Hadjer ?

Quelles ethnies sont vues comme frères ?

Y a-t-il des conflits avec certains groupes ?

Indicateurs : existence de clans, contacts, intermariage, attitudes exprimées, différences de

mode de vie

3.1.2 Attitudes envers le développement

Les Amdang sont-ils ouverts au développement en général ?

Indicateurs : infrastructures, projets de développement venus de l’extérieur, projets de

développement organisés et exécutés au niveau local, besoins exprimés les plus urgents

3.1.3 Attitudes envers l’éducation de base et l’alphabétisation

• Est-ce que la communauté a exprimé ou démontré un intérêt pour l’éducation de

base ?

• Est-ce que la communauté a énoncé ou démontré un intérêt pour

l’alphabétisation ?

Indicateurs : écoles communautaires, scolarisation, taille des classes d’alphabétisation

3.2 Facteurs linguistiques

3.2.1 Variantes de la langue amdang

• La langue des Amdang est-elle homogène ?

Indicateurs : similitude lexicale, différences perçues, compréhension

17

3.2.2 Vitalité de la langue

• Quelle est la vitalité de l’amdang ?

• La vitalité de l’amdang est-elle différente dans les deux cantons ?

Indicateurs : usage de plusieurs langues dans les domaines de vie tels que famille, amis, école,

religion, marché ; transmission de la langue entre les générations

3.2.3 Rôle d’autres langues

• Est que la majorité de la population (hommes, femmes, gens de moins de 35 ans)

comprend l’arabe tchadien à un niveau suffisant6 ?

• Quelle est la compétence des Amdang en abou charib, maba, tama et zaghawa ?

• Quelle attitude les Amdang ont-ils envers l’arabe tchadien ?

• Quelle est l’attitude envers les autres langues voisines (arabe, zaghawa, tama,

mararit, maba) ?

Indicateurs : usage de langues entre les groupes ethniques, compétence auto-évaluée de FSI 3

ou plus, compétence évaluée par d’autres, attitudes exprimées

3.2.4 Langues préférées pour l’éducation de base et l’alphabétisation

• Quelles langues préfèrent-ils pour l’enseignement de leurs enfants ?

• Quelles langues préfèrent-ils pour les classes d’alphabétisation ?

Indicateurs : attitudes exprimées, utilisation des langues, différences entre l’auto-évaluation et

la compréhension testée

6 Si un locuteur atteint le niveau 3 de l’échelle FSI dans une seconde langue, on considère son niveau comme suffisant pour communiquer aisément. Pour des plus amples explications voir la section 4.3.

18

4 Méthodes

4.1 Cartes et listes de villages

4.1.1 Procédures

Pour préciser les informations géographiques et pour l’orientation lors de notre séjour dans le département de Biltine, nous avons utilisé les cartes suivantes :

• Carte de Biltine rural, échelle 1 : 200.000, sans références bibliographiques

• Carte d’Abéché, échelle 1 : 1.000.000, IGN, 1965.

• Cartes tirées du logiciel Microsoft Encarta.

Sur ces cartes, nous avons marqué quelles langues se parlent dans chaque village, (1) en encerclant les villages où on parle uniquement l’amdang, (2) en encadrant ceux où on parle plusieurs langues et (3) en soulignant ceux où on ne parle pas l’amdang.

En plus, nous avons obtenu une liste de villages de l’ancienne préfecture de Biltine, tirée des données du recensement de 1993 (Bureau Central de Recensement, 1993). Pour chaque village sur la liste, nous avons établi le canton, les langues parlées et les ethnies présentes.

L’orthographe des noms des villages n’est pas standardisée. Nous suivons, si possible, celle de la carte de Biltine rural car cette carte est la plus détaillée.

4.1.2 Choix d’interlocuteurs

Les cartes font partie de l’interview avec un groupe de la population dans les villages visités. Pour le choix des villages voir 4.2.2. Elles sont aussi utilisées dans les entretiens individuels. Si la situation se présente clairement après quelques entretiens et interviews, on peut abandonner cette partie de l’interview de groupe.

La liste des villages est montrée aux chefs de cantons parce qu’ils ont la meilleure vision globale de leur région. Cette partie serait trop longue et trop encombrante pour une interview de groupe.

4.1.3 Analyse

En comparant toutes les informations concernant l’emplacement de l’ethnie, nous constatons souvent quelques différences. Nous jugeons la fiabilité des informations d’après leur précision et la proximité de la source, supposant que les personnes les plus proches d’un endroit auraient des informations plus valables que celles qui sont plus éloignées.

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4.2 Questionnaire à l’intention de groupes

Le premier instrument d'enquête utilisé dans chaque village visité est le questionnaire de groupe, qui a pour but de découvrir les connaissances collectives et les impressions des notables de la communauté. Les questions concernent quelques aspects économiques et socioculturels, la situation dialectale, l’intercompréhension entre les parlers et le multilinguisme, l’utilisation des langues dans la vie quotidienne et les attitudes linguistiques (Annexe E).

4.2.1 Procédures

A l’arrivée dans un village, nous saluons d’abord les responsables et expliquons l’objet de notre visite. Souvent, les notables se rassemblent peu après notre arrivée et nous pouvons déjà interviewer les hommes. Pour avoir aussi les perspectives des femmes, nous cherchons à avoir une interview avec elles. Cependant, il est souvent difficile de trouver une occasion où elles sont disponibles.

La discussion des droits de propriété intellectuelle exige que nous informions nos informateurs potentiels du déroulement de notre recherche et de leurs droits. Nous avons donc rédigé un document sur l’accord informé (« informed consent ») (Annexe C), dont nous présentons le contenu aux responsables du village visité. Nous leur donnons l’occasion de poser des questions qui sont notées avec les réponses données. Enfin, un enquêteur de la SIL et le représentant de la DPLN confirment par leur signature que l’accord est obtenu comme le demande le document.

Dans le contexte culturel des populations visitées, les exigences de l’accord informé, et surtout de l’accord informé individuel, créent des problèmes. La promesse de protéger les données personnelles et objectives engendre des soupçons. Selon nos collaborateurs tchadiens, si on cache quelque chose (c.-à-d. les identités des personnes qui ont fourni les informations) on montre qu’on a des motivations malhonnêtes. Par contre, si on rend accessibles les informations obtenues, on sert la population. Si on demande l’accord d’une personne pour une participation au sujet de laquelle une autorité supérieure a déjà donné son accord, on donne l’impression qu’on n’accepte pas cette autorité. En outre, la personne ne peut jamais contredire ouvertement ce que l’autorité a décidé. Par exemple, il suffit d’obtenir l’accord du chef de village et de ses notables. Leur accord couvre toute interview communautaire et individuelle, les tests de compréhension et l’enregistrement de listes de mots.

4.2.2 Choix des villages

Notre but est de visiter un échantillon équilibré de villages afin qu’il y ait des visites dans des centres culturels aussi bien que dans quelques villages à l’écart. Selon les recherches préliminaires, il faudrait choisir des villages dans les deux cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer ainsi que peut-être des endroits en dehors du canton. Le point de départ serait le siège de la Sous-préfecture de Biltine. Dans le canton de Mimi Goz, nous avons choisi le chef- lieu Kouchane et un autre village un peu plus à l’écart. Dans le canton de Mimi Hadjer, nous avons choisi de visiter soit le chef-lieu Nguiziguir, soit le village de Toumbouloung qui semble aussi avoir une certaine importance, selon Mahamad Al-Bashir dans l’interview de juillet 2004. Comme villages un peu éloignés, ce sont Awo ou Djourouf vers le nord-est de Nguiziguir qui nous ont été indiqués, alors nous avons projeté d’en visiter un. On a décidé, si les conditions de sécurité et le temps le permettent, de nous rendre dans la Sous-préfecture

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d’Adré, canton de Cado, pour recueillir quelques informations auprès des Amdang qui habitent là. Enfin, dans le cas où les interviews de groupe indiqueraient qu’il y a des communautés importantes qui diffèrent des communautés interviewées, nous nous y rendrions alors, si possible.

4.2.3 Analyse des résultats

L’analyse des résultats se fait comme suit. Au sujet des conflits avec les ethnies voisines, la réponse standard est qu’il n’y a pas eu de conflits Dans le cas où les interviewés mentionnent des conflits, l’interprétation raisonnable est que c’est déjà assez grave.

Quant à la perception de différences linguistiques, on trouve souvent que les gens n’ont pas l’habitude d’en parler. Ainsi, il est difficile pour eux de percevoir et d’expliquer ces différences. Surtout, si on nous dit que « c’est tout la même langue », nous comprenons que ce n’est pas nécessairement la réalité au niveau strictement linguistique, bien que cette réponse démontre une attitude d’appartenance envers les variantes de la langue.

La vitalité d’une langue pourrait être évaluée comme forte, croissante, décroissante ou très faible. Les réponses concernant l’utilisation des langues dans les différents domaines de la vie et entre les groupes sociaux et ethniques donnent une indication. Si les enfants apprennent déjà une autre langue que le vernaculaire comme première langue, la vitalité du vernaculaire serait décroissante ou faible. De même, si le vernaculaire est utilisé uniquement par les vieux, la langue est en train d’être remplacée par une autre. Dans le cas d’utilisation mixte de langues, la situation est plus difficile à analyser, surtout après une recherche peu approfondie. Il se peut qu’il s’agisse d’un phénomène stable où le vernaculaire est réservé pour quelques situations et domaines, pendant que la langue véhiculaire est utilisée dans d’autres domaines de la vie et avec les étrangers. Mais si la langue véhiculaire entre dans les domaines privés tels que la famille et les relations entre amis proches, il est probable que la vitalité du vernaculaire est décroissante.

Dans le questionnaire, il y a plusieurs questions qui ciblent les attitudes envers les langues, telle que la question concernant les langues que le groupe préférerait pour l’éducation de base et l’alphabétisation. Nous avons alors rangé, dans l’ordre de préférence, les trois langues préférées. Dans le passé, nous avons proposé trois langues, mais les résultats valables dépendent d’un bon choix de ces langues. Aussi avons-nous changé les questions en questions ouvertes. Il est important d’insister sur un ordre de préférence de plusieurs langues. Le classement permet aux interviewés de réfléchir encore sur leurs raisons et sur d’autres possibilités. Les réponses démontrent le prestige et l’utilité qu’on accorde aux langues mentionnées. Pour le parler le plus pur ou prestigieux de la langue locale, on pose la question du lieu où il faut s’installer pour apprendre la langue locale. Souvent les interlocuteurs donnent leur propre village. Dans ce cas, il faut encore demander d’autres endroits. Dans l’ensemble de plusieurs interviews, les mêmes noms vont surgir.

4.3 Questionnaires à l’intention d’individus

Un autre but de l’enquête est de déterminer si le niveau de bilinguisme de la communauté tout entière est tel qu’elle puisse bénéficier de l'alphabétisation et des efforts de développement de langues autres que l’amdang. En d'autres termes, si la langue amdang elle-même n'était pas développée, est-ce que toute la population Amdang comprendrait une autre langue suffisamment bien pour apprendre à lire et à écrire dans cette langue ?

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Pour répondre à cette question, l'interview individuelle explore les facteurs socio-économiques et linguistiques sur le plan individuel et permet aux individus d’évaluer leur propre compétence dans l’arabe tchadien ou dans une autre langue.

4.3.1 Procédures

Le questionnaire sociolinguistique couvre l’arrière-plan de l’interlocuteur, ses contacts avec d’autres langues, ses pratiques d’emploi de langues dans des domaines divers, sa compétence dans d'autres langues et ses attitudes envers la langue (Annexe F).

Par le moyen d’un questionnaire d’auto-évaluation de bilinguisme (Annexe G) nous visons à évaluer la compétence de l’interviewé en arabe tchadien. Ce questionnaire a été adapté par Stephen Quakenbush et par Barbara F. Grimes, à partir du matériel de test du U.S. Foreign Service Institute (FSI) pour la compétence orale d’une deuxième langue. Il contient des questions qui sollicitent l’auto-évaluation de l'interviewé et sa capacité à faire des tâches spécifiques dans une autre langue. Les questions, ou plutôt les tâches qu’elles représentent, sont attribuées aux six niveaux du FSI de 0 (aucune connaissance de la langue) à 5 (compétence d’un locuteur maternel).

On pose les questions du questionnaire d’auto-évaluation. Si l’interlocuteur répond à toutes les questions d’un certain niveau (et des niveaux plus bas) avec « oui », indiquant qu’il se voit capable d’exécuter des tâches liées à ce niveau de compétence, on le considère de tel ou tel niveau de compétence linguistique dans la langue en question. On continue l’interview jusqu’à ce que l’interviewé donne des réponses négatives pour chaque activité d’un niveau spécifique. Il faut donc continuer après le premier « non », car il est possible qu’il y ait des réponses affirmatives et négatives sur un niveau spécifique.

4.3.2 Choix des interlocuteurs

Dans les villages visités, nous essayons d’interviewer un échantillon équilibré des habitants de chaque village, en choisissant vingt individus qui représentent les divers secteurs de la population par rapport au sexe et à l'âge. Suivant la composition de la population à Biltine et au Ouaddaï (République du Tchad 1997, 1998), nous arrivons à la composition suivante pour l’échantillon idéal:

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Groupes

d’âge

% d’hommes dans

le groupe

% de femmes dans

le groupe

Proportion du groupe au total

de la population

0 – 14 50 50 49

15 – 59 38 62 42

60 + 49 51 9

Total 45 55 100

Tableau 5 : Groupes d’âge dans la population de Biltine

Ainsi, pour un échantillon de 20 personnes, ces pourcentages nous donnent ces nombres souhaités d’interlocuteurs :

Groupes d’âge Hommes Femmes Proportion du groupe au total

de l’échantillon

0 – 14 5 5 10

15 – 59 4 5 9

60 + 1 1

Total 9 11 20

Tableau 6 : Groupes d’âge dans l’échantillon

L'explication de ces méthodes d’échantillonnage peut être trouvée dans Bergman (1989:8.1.1–8.1.2).

Cependant, il est souvent difficile de trouver des individus pour les interviews individuelles. Dans ce cas, nous insistons sur des interlocuteurs de moins de 35 ans pour obtenir une moyenne d’âge dans l’échantillon qui reflète la proportion d’environ 50 % de jeunes de moins de 15 ans dans la population. Le choix des interlocuteurs revient aux chefs de la communauté.

4.3.3 Analyse

Qu’est-ce qui constitue un « niveau adéquat » en arabe tchadien pour que les Amdang bénéficient de matériels didactiques dans cette langue ? Si les questionnaires d’auto-évaluation ou d’autres tests indiquent qu’un nombre significatif de la population n’atteint pas le niveau 3 de l’échelle FSI de compétence dans une deuxième langue, la SIL considère le

23

niveau de bilinguisme inadéquat et un programme de développement de langue sera souhaitable (Bergman 1989:9.5.2).

Sur la base de l’échelle FSI, la table ronde des agences sur les langues (Interagency Language Roundtable (ILR)) décrit le niveau 3 d’aisance de communication dans une langue, d’après Higgs (1984), comme suit :

• La personne est capable de parler la langue en utilisant des structures assez justes et un vocabulaire suffisant. Elle est capable de participer activement à presque n’importe quelle conversation formelle et informelle sur des sujets pratiques, sociaux ou professionnels.

• Elle peut assez facilement discuter de centres d’intérêt particuliers et de sujets pointus. • Elle comprend entièrement un exposé présenté à vitesse normale. • Elle dispose d’un vocabulaire riche de sorte qu’elle ne cherche que rarement un mot. • Elle a un accent qui pourrait être manifestement étranger, elle maîtrise la grammaire. Ses

quelques erreurs n’empêchent pas la compréhension et elles ne gênent pas quelqu’un dont la langue en question est la langue maternelle (native speaker).

Pour une définition des autres niveaux voir aussi l’annexe B dans Higgs (1984).

Dans l’utilisation des questionnaires d’auto-évaluation il y a plusieurs facteurs qui influencent les résultats.

Premièrement, les populations parmi lesquelles nous travaillons ont tendance à ne jamais nier directement. Dans un questionnaire qui n’a que des questions fermées (la réponse est soit « oui », soit « non »), la tendance sera de toujours répondre par l’affirmative. Par conséquent, nous avons essayé d’utiliser des questions ouvertes au cours d’une enquête en mars 2003. Cet essai n’a pas réussi. Alors il faut être très attentif, pendant les interviews, aux informations sous-entendues et aux remarques à mi-voix.

Deuxièmement, le résultat du questionnaire dépendra du caractère de l’interlocuteur. Quelques-uns paraîtront plus capables dans la deuxième langue qu’ils ne le sont en réalité alors que d’autres auront plutôt tendance à s’effacer. Cette influence est difficile à supprimer.

Troisièmement, il peut arriver que le choix d’interlocuteurs soit fait de telle sorte que l’échantillon ne représente pas le niveau moyen de la population (voir 4.3.2). Peut-être les interlocuteurs ont un niveau plutôt bas dans la deuxième langue parce que ceux qui ont le plus de contacts avec d’autres ethnies ne sont pas disponibles. Dans d’autres cas les interlocuteurs ont un niveau plutôt élevé. On les a choisis parce qu’on ne veut pas embarrasser ceux qui ont un niveau plus bas. Il est possible de détecter ce phénomène à travers le questionnaire sociolinguistique. Dans ce cas, les résultats du questionnaire d’auto-évaluation ne peuvent pas être généralisés pour toute la population. Ils apportent quand même un complément aux découvertes des interviews de groupe.

Pour l’analyse des résultats nous regardons le mode et la médiane. Le mode décrit le niveau de compétence que les interviewés ont démontré le plus souvent. La médiane indique le niveau que 50 % des interlocuteurs ont atteint, c'est-à-dire, 50 % ont atteint le niveau médian ou un niveau plus bas.

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4.4 Liste de mots

4.4.1 Procédures

Une liste de 227 mots dans le vocabulaire courant est recueillie dans toutes les variantes identifiées de l’amdang (Annexe D). Tout d’abord, les chercheurs expliquent la tâche aux responsables qui choisissent un, deux, ou trois informateurs. Si possible, et si c’est acceptable dans le groupe, les chercheurs et les informateurs se mettent à l’écart pour éviter des perturbations et distractions. Souvent les responsables désirent assister à la session.

Avec l’aide d’un interprète, les chercheurs expliquent la procédure et les implications de l’établissement d’une liste de mots. Une fois que tout est clair, ils demandent aux informateurs comment ils appellent une chose ou une activité dans leur langue. Pour les verbes, il faut établir la forme la plus simple, par exemple, l’infinitif, l’impératif ou la 3ième personne singulier perfectif (comme dans l’arabe). Les informateurs répètent les mots en question l’un après l’autre. Les chercheurs transcrivent chaque mot donné, soit sur un formulaire, soit avec l’aide d’un petit ordinateur personnel « Palm ». En cas de doute, les informateurs répètent le mot. Les informateurs peuvent aussi discuter entre eux pour trouver s’il y a des synonymes ou des alternatives. Avec plusieurs informateurs, les chercheurs peuvent comparer les prononciations individuelles. Ainsi, il est possible d’apercevoir les particularités individuelles d’un informateur.

Il est souhaitable d’enregistrer la liste de mots pour des raisons de documentation et pour des vérifications ultérieures. Après avoir établi et transcrit un mot ou une expression, le chercheur enregistre le mot ou l’expression en français et un informateur l’ajoute deux fois dans la langue locale. Au cas où un informateur est lettré, il peut éventuellement lire la transcription ou ses propres notes sur l’enregistrement après l’établissement de la liste complète et ainsi faciliter la tâche.

Outre la liste standardisée, nous avons encore une courte liste de 55 mots pour l’enquête Amdang. Elle est basée sur une comparaison de Doornbos et Bender des listes de mots de Nachtigal, Gaudefroy-Demombynes, Jungraithmayr et Doornbos (Doornbos et Bender 1983:65). Comme les langues fur ont un paradigme distinctif de la formation du pluriel, la liste inclut les pluriels des substantifs pour déterminer si une variante donnée fait partie des langues fur.

4.4.2 Choix de sites et d’informateurs

Les informateurs de listes de mots doivent parler l’amdang comme première langue. Ils doivent également avoir passé toute leur vie dans la région où est parlée la langue; c’est à dire qu’ils ne doivent pas avoir passé plus d’un an hors des cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer. A cause de la migration saisonnière, soit avec le bétail, soit à la recherche d’un travail payé dans les villes, il est parfois difficile, parmi les hommes, de trouver des informateurs répondant aux critères. Pour la sélection des informateurs, nous expliquons les critères aux responsables qui les choisissent. Avant de commencer la collecte des mots, nous notons leur nom, leur âge, leur première langue et combien d’années ils ont passé à cet endroit. Si seulement un d'entre eux ne répond pas aux critères, nous procéderons comme prévu. Si personne ne répond aux critères, les chercheurs doivent juger s’ils peuvent demander d’autres

25

informateurs et ainsi risquer d’embarrasser les responsables. Si non, ils procèderont avec la liste plus courte, basée sur Doornbos et Bender (voir 4.4.1).

La langue amdang est homogène selon les informations obtenues lors des interviews avec Mahamad Al-Bachir, encadreur amdang d’alphabétisation dans la ville de N’Djaména, le 22 juillet 2004 et Abdel Karim Sahat, chef de race des Amdang à N’Djaména, le 6 septembre 2004. Si cette information est confirmée par la suite, nous établirons deux listes, une dans chacun des deux cantons, Mimi Goz et Mimi Hadjer. Pour le canton de Mimi Goz, il reste encore à déterminer un site pour l’obtention de la liste. Pour le canton de Mimi Hadjer, nous allons établir la liste de mots soit dans le chef-lieu ou le village le plus ancien (Nguiziguir, Yaouada ou Toumbouloung), soit dans un village un peu à l’écart dans l’agglomération de Kaledji Kabir au nord-est du canton.

4.4.3 Analyse

Les mots recueillis seront ainsi comparés pour voir le pourcentage de similitude lexicale entre les différentes variantes de la langue amdang, s’il y en a, ainsi que entre amdang, maba et fur. La comparaison est basée sur des mots qui sont phonétiquement semblables. Les mots d’emprunt sont exclus d’office, mais nous n’effectuons pas d'autres recherches pour établir si les mots semblables sont réellement des mots apparentés du point de vue historique. Le jugement selon lequel deux mots sont semblables phonétiquement est subjectif, mais nous suivons les principes suggérés dans Blair (1990, p. 30–33).

La comparaison des listes de mots est employée, en plus de son intérêt inhérent aux données linguistiques, comme un indicateur d’intelligibilité. Comme règle générale, la SIL a conclu que, lorsque le pourcentage des mots semblables entre deux parlers est inférieur à 70 % (en prenant en compte la marge d’erreurs), il est presque certain que les locuteurs de ces deux parlers ne se comprendront pas sans avoir appris auparavant la variante de l’autre. Les deux parlers ne sont pas mutuellement intelligibles. Par conséquent il est justifié de les considérer comme deux langues différentes (Bergman 1989:9.5.2). Par contre, une similitude lexicale élevée entre deux variantes n’indique pas nécessairement que leurs locuteurs se comprennent automatiquement, comme on n’a pas tenu compte des différences grammaticales.

Pour le calcul des similitudes lexicales et la présentation des résultats nous utilisons le logiciel WORDSURV (Wimbish 1989).

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27

5.2 Choix de villages

Tout d’abord nous nous sommes rendus auprès des autorités d’Abéché et de Biltine pour les saluer et pour solliciter leur soutien dans la recherche. M. le Sous-préfet de Biltine nous a mis en contact avec les chefs des cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer.

Au cours de la première rencontre avec le chef de canton de Mimi Goz, M. Attor Annour Waddak, nous avons décidé d'aller à Kouchane, le chef-lieu du canton, et à Sounta, qui est un peu à l’écart. Le temps nous a encore permis de faire une visite à Am Hirézé, un village à l’extrême nord-ouest du canton, pour un entretien avec quelques hommes.

Le représentant du chef de canton, M. Ibédat Annour Waddak, nous a accompagnés, durant le voyage, en tant que guide et interprète amdang-français. Le chef de service de la DPLN, au niveau de la région de Ouadi Fira, a profité de cette occasion pour visiter les villages dans sa zone. Il nous a aussi aidés en tant qu’interprète entre arabe et français.

La deuxième rencontre était avec le chef de canton de Mimi Hadjer, M. Abakar Abdoulaye. Avec lui, nous avons convenu d’aller à Toumbouloung et à Yaouada, les chefs-lieux du canton et dans le village Téré au nord. Téré se trouve parmi les villages où l’on dit parler une variante légèrement différente de l’amdang. Lors des interviews avec un groupe d’hommes là-bas, nous nous sommes rendu compte qu’il s’agissait non de la population du village, mais des chefs des villages voisins.

C’est le chef de canton lui-même qui nous a accompagnés pendant le voyage, avec deux gardes-du-corps à cheval. Le chef de service d’alphabétisation a été l'interprète de l'arabe et du français dans tous les villages, sauf à Toumbouloung. Là-bas nous avons trouvé un jeune homme qui a traduit du français en amdang et vice-versa.

Lors de notre voyage de retour à N’Djaména, nous avons fait un arrêt à Abéché où nous avons eu un entretien avec le chef de race des Amdang à Abéché et deux autres hommes du canton de Mimi Goz.

Une carte avec les villages visités se trouve en annexe (Annexe A).

5.3 Cartes et listes de villages

Une carte annotée, avec de plus amples informations sur les langues parlées dans les cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer et sur les infrastructures dans les deux cantons, est le résultat d’une interview avec le chef de race des Amdang, M. Abdel Karim Sahat, à N’Djaména le 6 septembre 2004. Lors de cette interview, nos interlocuteurs ont constaté que certains villages ne figurent pas sur la carte, par exemple, Aramtourda à l’est d’Awo avec environ 1000 cases. Ces informations ont été confirmées et parfois plus précisées dans les interviews avec les chefs des cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer et dans les interviews avec la population des villages visités.

La liste des villages a été montrée au chef de canton de Mimi Goz. Il nous a indiqué quelles langues on parle dans les villages de l’ancien canton de Mimi et à quel canton les villages appartiennent aujourd’hui. Il a ajouté, à la liste, les villages Am Goumouh, Magrane, et Anaba (Annexe B).

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5.4 Interviews de groupe

Les tableaux suivants démontrent les lieux où nous avons effectué des interviews de groupe et le nombre d’interlocuteurs présents. Parfois le nombre d’interlocuteurs varie, car certaines personnes arrivent en retard alors que d’autres partent avant la fin de l’interview.

Canton Mimi Goz

Lieu Biltine Kouchane Sounta Am Hireze

Sexe h h f h f h # d'interlocuteurs 19–26 11 10 3–4 10 3–4

Tableau 7 : Nombre d’interlocuteurs dans les interviews de groupe dans le canton de Mimi Goz

Pour le canton de Mimi Goz nous avons mené des interviews à Biltine avec le chef de canton et ses responsables et dans les villages Kouchane, Sounta et Am Hirézé.

A Sounta, nous avons trouvé la population dans un camp temporaire en brousse, à la recherche de pâturage pour les bœufs. Ils avaient prévu de déménager le camp le jour de notre arrivée. Alors, ils ont reporté le déménagement au lendemain et nous avons pu parler avec les hommes. Le lendemain, nous avons interviewé les femmes, sur le nouveau site du camp vers 21.30 dans la soirée. A Am Hirézé nous avons eu juste le temps d'un arrêt de quelques heures pendant lesquelles nous nous sommes entretenus avec le chef de village et quelques hommes.

Pour le canton de Mimi Hadjer nous avons mené des interviews à Biltine avec le chef de canton et ses responsables et des interviews avec des hommes et des femmes dans les villages Yaouada, Toumbouloung et Téré.

Canton Mimi Hadjer Lieu Biltine Yaouada Toumbouloung Tére Sexe h h f h f h f # d'interlocuteurs 8–15 15 7–40 22 10–15 10 5

Remarques et 3–4 hommes

et 1 homme

Tableau 8 : Nombre d’interlocuteurs dans les interviews de groupe dans le canton de Mimi Hadjer

A Toumbouloung, au premier arrêt de la tournée dans le canton de Mimi Hadjer, nous avons trouvé un jeune homme qui nous a aidés en tant qu’interprète du français en amdang. Nous nous sommes rendu compte que c’était trop difficile pour lui, alors par la suite, le chef de service d’alphabétisation a servi d’interprète dans tous les autres endroits.

Quant à l’accord des responsables, nous l’avons obtenu sans problèmes. Souvent les responsables nous ont pressés de continuer le travail. A deux occasions seulement ils ont demandé de plus amples explications.

En général, la structure du questionnaire et la formulation des questions nous ont semblé bonnes. Cependant, lors de l'enquête, nous avons effectué les changements suivants :

Dans la section 2.1 sur l’étendue de l’ethnie, on veut savoir comment d’autres ethnies appellent les Amdang, dans d’autres régions du Tchad ou à l’étranger. La question est formulée comme suit :

« Comment appelle-t-on ces gens ? » (Questions 7. et 10.)

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Pendant les premières interviews, nous nous sommes rendu compte que la question est trop vague et nous avons précisé qu’il s’agit des voisins immédiats..

Dans la section 3.4 concernant les attitudes linguistiques, nous posons à nos interlocuteurs les questions suivantes :

1. Quelles langues aimeriez-vous qu’on utilise à l’école pour que les enfants comprennent bien l’enseignement ? Donnez l’ordre de préférence.

2. Quelles langues aimeriez-vous que vos enfants apprennent à l’école comme langues étrangères ? Donnez l’ordre de préférence.

Nous avons ajouté la question au sujet des langues étrangères, pour cette enquête. En

effet, dans le passé, nos interlocuteurs avaient souvent choisi l’arabe ou le français, bien que leurs enfants ne comprennent pas ces langues et ne puissent pas suivre l’enseignement. Cependant, ce problème se posait toujours. Alors, nous avons inversé l’ordre des questions de sorte que la question au sujet des langues étrangères vienne avant la question au sujet de la langue d’enseignement, ce qui a été utile.

5.5 Interviews d’individus

Lors de l’enquête, les chercheurs ont effectué des interviews avec des hommes et des femmes dans tous les villages visités :

canton Mimi Goz Mimi Hadjer village K S Y Té Total sexe m f m f m f m f m f nombre 5 2 3 2 5 4 3 1 16 9 âge moyen 25 46 32 35 33 30 30 38 30 37

Tableau 9 : Nombre d’individus interviewés dans les différents villages

Il était impossible de trouver, dans chaque lieu, dix hommes et dix femmes pour les interviews. De même, il était aussi impossible d’interviewer des enfants de moins de 14 ans. Les plus jeunes des interviewés avaient 17 ans. Ainsi, l’échantillon est trop petit pour généraliser les résultats pour toute la population. Quant à l’échantillonnage, nous avons interviewé ceux que le chef avait désignés et qui étaient prêts à nous aider. Parmi les seize hommes interviewés il y avait quatre commerçants. Chez les femmes à Yaouada, nous avons l’impression que l’on nous a envoyé les femmes les plus compétentes en arabe tchadien. Il semble donc que nous n’avons pas interviewé un échantillon représentatif de la population, mais plutôt ceux qui ont eu le plus de contacts avec d’autres. Néanmoins, les réponses peuvent compléter les résultats des interviews de groupe.

Par rapport à l’éducation de base et l’alphabétisation, nous avons interviewé le maître communautaire à Téré et le chef de service d’alphabétisation dans le Ouadi Fira ainsi que le chef de secteur de Biltine urbain.

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5.6 Listes de mots

Des listes de mots ont été établies dans le canton de Mimi Goz, dans les villages de Kouchane et de Sounta, et dans le canton de Mimi Hadjer, dans les villages de Yaouada et de Téré.

Dans le canton de Mimi Hadjer, il y a quelques villages, dans le nord-est du canton, où les gens parlent légèrement différemment des autres, d’après les premières interviews menées dans la région, remplaçant des fricatives avec des occlusives (voir 7.1.1). C’est pourquoi nous avons insisté pour aller au nord-est où nous avons établi une liste de mots, à Téré. Nous avions aussi relevé une liste à Yaouada, au cas où le voyage au nord-est ne se serait pas réalisé.

Nos informateurs à Téré ont confirmé qu’ils parlent différemment que dans la plupart des autres villages amdang. Mais ils ont affirmé qu’ils peuvent adapter leur façon de parler à celle des autres.

Quant à l’analyse des listes de mots, nous avons constaté à première vue que la similitude lexicale est très élevée. Ainsi nous avons laissé le calcul détaillé automatisé. Selon les différences perçues entre les parlers amdang (voir 7.1.1), nous avons comparé les différentes listes par rapport au nombre d’emprunts de l’arabe, les noms des animaux et l’occurrence d’occlusives au lieu de fricatives.

6 Aspects socio-économiques Dans ce chapitre nous présentons les résultats concernant les relations sociales des

Amdang, les infrastructures pour favoriser le développement dans la région et la situation de l’éducation.

6.1 Relations sociales

6.1.1 Activités

Les activités principales dans les cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer sont l’agriculture et l’élevage.

Les Amdang cultivent le mil, le sorgho, le fonio et l’absabe (fonio sauvage), des pastèques, des concombres, des tomates, du gombo, et des haricots, et aussi, dans le canton de Mimi Hadjer, des arachides, des pois chiches, et un peu de cacao et de sésame. Dans le canton de Mimi Hadjer, la nappe phréatique du Ouadi Fira leur permet la culture de jardins assez vastes.

Ils élèvent des vaches, des chevaux, des ânes, des chèvres, des moutons et des poules. A plusieurs occasions nos interlocuteurs du canton de Mimi Goz ont souligné l’importance des ânes, qui de nos jours remplacent les chameaux qu’ils utilisaient autrefois.

La nourriture principale des Amdang est la boule de mil ou de sorgho.

Pour avoir de l’argent, les Amdang du canton de Mimi Goz vendent quelques animaux. Ceux du canton de Mimi Hadjer vendent soit quelques produits agricoles (hommes

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et femmes), soit quelques animaux (hommes). Quelques-uns font du commerce ou vont en ville pour le travail (hommes).

Lors des interviews avec les individus, nos interlocuteurs nous ont donné des informations sur leurs métiers :

canton Mimi Goz Mimi Hadjer village K S Y Té Total sexe m f m f m f m f m f cultivateur 3 2 2 2 1 8 2 éleveur 1 1 2 0 commercant 1 1 2 4 0 ménagère 2 2 2 1 0 7 autres (tailleur, goumier) 1 1 2 0 Total 5 2 3 2 5 4 3 1 16 9

Tableau 10 : Métiers des interviewés

La moitié des hommes interviewés sont cultivateurs (8/16), mais nous avons aussi rencontré des éleveurs (2/16) et des commerçants (4/16). Les femmes sont des ménagères (7/9) et cultivatrices (2/9). Les résultats ne démontrent pas de différences entre les activités dans les villages Kouchane et Sounta (canton de Mimi Goz) et celles dans les villages Yaouada et Téré (canton de Mimi Hadjer).

6.1.2 Migration

Il y a la migration communautaire pendant la saison sèche et la migration individuelle à la recherche de travail ou pour l’éducation. Quelques Amdang soudanais se sont installés à Abéché à cause de la situation au Darfour.

Pendant la saison sèche les Amdang éleveurs (surtout ceux du canton de Mimi Goz) se déplacent avec leurs animaux à la recherche de pâturage et d’eau. Pendant des périodes prolongées de sécheresse, ils s’installent ailleurs de façon permanente (voir aussi « l’étendue de l’ethnie amdang » 1.1 et « historique » 2.3).

Les jeunes « se déplacent et ils reviennent » pour le travail et parfois pour les études. Ainsi il y a des Amdang (1) au Tchad à N'Djaména, à Faya, à Abéché, à Tine, à Sarh et à Moundou ; (2) dans d’autres pays en Afrique : en Libye, au Soudan, en RCA, au Cameroun, au Nigeria et au Gabon ; et (3) ailleurs : en Hollande, au Canada, en Irak et en Arabie Saoudite (voir aussi 2.1 sur l’étendue de l’ethnie).

Nos interlocuteurs, dans la région du Ouadi Fira, affirment avoir des contacts réguliers tels que des appels téléphoniques, lettres et visites avec les Amdang de la diaspora, notamment avec ceux du Soudan. Par exemple, il y a des familles dont quelques membres sont dans le Ouadi Fira, d’autres au Soudan.

Par contre, il y a peu d’étrangers qui viennent régulièrement ou qui s’installent dans les cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer. Dans le canton de Mimi Goz, il y a quelques Arabes et Daza nomades qui viennent régulièrement pour le pâturage et pour acheter du mil et du sucre. Très peu seulement se sont installés dans le canton, « deux feriks (camps) seulement ». Dans le canton de Mimi Hadjer, les voisins viennent parfois mais il n’y a pas d’étrangers installés parmi les Amdang. A Yaouada, la question au sujet d’étrangers parmi

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eux a entraîné une discussion. Il semble qu’il y ait quelques Abou Charib qui se sont mariés au village et nos interlocuteurs ne savent pas si on doit les considérer comme étrangers.

6.1.3 Relations et liens de mariage avec d’autres ethnies

Les mariages entre des ethnies différentes ont une incidence sur la vitalité de la langue. S’il y a beaucoup d’intermariage, il est probable qu’on parle d’autres langues que l’amdang à la maison.

Les voisins des Amdang, dans le canton de Mimi Goz, sont : les Arabes à l’Ouest et au Nord, les Amdang du canton de Mimi Hadjer à l’Est et les Maba (« Ouaddaïens ») au Sud ainsi que des transhumants Arabes et Daza. Dans le canton de Mimi Hadjer, les voisins sont : les Zaghawa au Nord, les Tama et Abou Charib à l’Est et les Amdang du canton de Mimi Goz au Sud et à l’Ouest.

Dans le tableau 12 vous voyez quels sont les voisins des Amdang et combien de fois nos interlocuteurs des deux cantons les ont désignés comme frères ; nous voyons aussi combien de fois nos interlocuteurs ont mentionné des conflits ou des mariages avec eux :

Canton Mimi Goz Mimi Hadjer

Ethnie voisins frères conflits mariage voisins frères conflit

s mariag

e Maba x 6 6 5 3 Arabes x 1 (B) 4 1 (B) 2 Zaghawa 1 1 (B) x 3 1 Tama x 0 Abou Charib 1 (B) 1 (B) x 4 2 Daza (x) 2 1 (B) 2

(B) : à Biltine

Tableau 11 : Relations sociales entres les groupes ethniques

Nos interlocuteurs du Canton de Mimi Goz désignent les Maba comme leurs « frères ». Leurs relations se manifestent dans des mariages entre des hommes amdang et des femmes maba. En plus, les Amdang recherchent des pâturages vers le sud qui est dominé par des villages maba. Sauf dans la ville de Biltine, il y a des conflits avec les Arabes ainsi qu’avec les Zaghawa et les Daza. Ces conflits se montrent aussi dans les interdits de mariage dans les villages. Les Tama n’ont pas été mentionné dans ce contexte. Dans le Canton de Mimi Hadjer, la situation se présente tout à fait différemment. Nos interlocuteurs appellent « frères » tous leurs voisins (« bons voisins ») et affirment ne pas avoir de conflits. Il y a des mariages avec les Maba, les Zaghawa et les Abou Charib. Leurs relations avec les Arabes, les Tama et les Daza ne sont pas aussi claires. Avec les Arabes, nous ne savons pas s’il y a des liens de mariage ou d’autres contacts positifs. Quant aux Tama, certains les appellent frères tandis que d’autres affirment qu’ils n’ont pas de contacts avec eux. Par rapport aux Daza, dans deux cas on les appelle « frères », mais dans un autre contexte, dans le même village, on affirme qu’on ne se marie pas avec eux.

Les liens de mariage avec d’autres ethnies sont plus nombreux dans les villes de Biltine et d’Abéché que dans les villages. A Biltine, parmi les hommes du canton de Mimi Goz, quelques-uns se sont mariés avec des Arabes, Maba, Zaghawa, Daza, Egyptiennes et Sara, bien qu’il y ait des conflits, en zone rurale, avec des Arabes, des Zaghawa et des Daza. Par contre les hommes du canton de Mimi Hadjer à Biltine affirment se marier « avec n’importe quelle race ». Nos interlocuteurs à Abéché jugent important que l’époux ou

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l’épouse « respecte les liens de parenté et s'occupe bien de leurs enfants. » A plusieurs reprises on a entendu que la connaissance de l’autre est plus importante que sa race.

Dans les villages, il y a beaucoup moins de mariages entre Amdang et autres ethnies. S’il y en a, c’est surtout avec des Maba. A Yaouada, on mentionne encore les Abou Charib et à Téré les Zaghawa, c’est-à-dire, les ethnies voisines respectives. Généralement, on nous explique à Biltine que « nos femmes sont réservées pour nous ». Les interviews dans les villages confirment cette affirmation. A Kouchane seulement, il semble y avoir un couple Maba-Amdang. Les Amdang ne se marient pas avec quelqu’un d’une ethnie avec laquelle la relation est tendue. En plus, ils ne se marient pas avec les forgerons ou avec une personne qu’ils ne connaissent pas.

Les interviews avec des individus confirment que les Amdang en zone rurale se marient surtout entre eux. La majorité de nos interlocuteurs sont de père et de mère amdang qui parlent l’amdang entre eux. De même, la plupart d’entre eux ont un époux ou une épouse amdang. Le tableau 13 indique les réponses données :

Kouchane Sounta Yaouada Tére Total Sexe m f m f m f m f m f Nombre 5 2 3 2 5 4 3 1 16 9 amdang langue maternelle du père 5 2 3 1 5 4 3 1 16 8 amdang langue maternelle de la mère 3 2 3 2 5 4 3 1 14 9 Marié 3 2 3 1 5 4 1 1 12 8 amdang langue maternelle de l’époux/des épouses 3 2 3 1 4 4 1 1 11 8

Tableau 12 : Langue maternelle dans la famille des individus interviewés

Par exemple, parmi les cinq hommes interviewés à Kouchane, tous sont de père amdang. Trois ont également une mère amdang, les deux autres une mère maba. Trois des cinq hommes sont mariés et ont une épouse dont la langue maternelle est amdang.

Au total, la majorité de nos interviewés sont de père et de mère amdang. Deux hommes ont des mères maba et une femme est de père bornou. Quant aux époux de nos interlocutrices, leur langue maternelle est toujours l’amdang. Seul un homme à Yaouada constate que les langues maternelles de son épouse sont arabe et amdang.

6.2 Infrastructures et projets de développement

Nous abordons dans ce paragraphe la répartition et l’état des puits, des centres de santé et des marchés dans les cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer.

Le manque d’eau est le problème le plus évident dans les cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer. Ainsi, un groupement de N’Djaména avec le soutien de groupements sur place a essayé de creuser des puits à Kouchane, Am Hirézé, Kouzra, Akoulkou, Djourouf, Bornou Doukoumé et à Yaouada. C'est seulement à Yaouada que le creusement du puits a été possible. Dans les autres cas on n’a pas pu percer le rocher.

On trouve des centres de santé à Sounta, Kirzim, Toumbouloung, Birak et Djourouf. Cependant, seuls les centres de Sounta et de Djourouf sont fonctionnels. Le dispensaire, à Toumbouloung, a été construit par une association d‘Amdang de N’Djaména, mais il n’y a pas d’équipement et pas de personnel. Le bâtiment est en train de se détériorer.

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Il y a des marchés à Yaouada, Djourouf et Tére dans le canton de Mimi Hadjer. Pour le canton de Mimi Goz, on ne nous a indiqué aucun marché. Cette information reste à vérifier.

Quant à d’autres activités pour le développement, chaque village visité, dans le canton de Mimi Goz, a des champs collectifs et une caisse commune pour les urgences et l’achat de bétail. Par contre, il n’y en a pas dans les villages du canton de Mimi Hadjer, à l’exception des femmes de Yaouada qui ont commencé une caisse mutuelle. Selon nos informations il n’y a pas d’ONG actives dans la région. Autrefois, la SECADEV (Secours Catholique de Développement) se trouvait à Toumbouloung.

6.3 Education de base et alphabétisation

6.3.1 Education de base

Dans le canton de Mimi Goz, il y a une école publique à Kouchane et des écoles coraniques dans tous les villages. L’Institut Islamique entre Dagaga et Kirzim offre des classes d’alphabétisation. Dans le canton de Mimi Hadjer, il y a des écoles primaires à Kourgnala, à Yaouada, à Awo (depuis 1998, niveau CM2), à Djourouf (depuis 2000, niveau CE2), à Téré (depuis 2000, niveau CE1) et Ouadi Chawo (depuis 2001, niveau CP2) et une école secondaire à Yaouada. Dans les villages avec école publique et école coranique, l’école coranique est la plus grande. A Téré, l’école communautaire est plus grande que l’école coranique.

A Kouchane, il y a une école primaire arabophone. Les élèves quittent l’école quand la famille doit se déplacer à cause de la sécheresse et si les moyens manquent. Il y a aussi des élèves des villages Anaba et Galouma à l’école de Kouchane. Sept ou huit enfants de Kouchane sont allés à l’école secondaire en 2003.

L’école de Toumbouloung ne semble plus être fonctionnelle, mais cinq ou six enfants de Toumbouloung vont à l’école de Kourgnala et un enfant à l’école secondaire à Abéché ou à N’Djaména.

A Yaouada, l’école a trois niveaux avec 88 élèves. Auparavant il y avait plus de niveaux, mais il n’y a pas assez d’enseignants. Il n’y avait pas de cours pendant notre visite.Quelques élèves viennent de l'extérieur : d’Aguiné (6–7 km). Environ 10 élèves par an continuent leur scolarité à N’Djaména. Nos interlocuteurs n’ont pas mentionné d’école secondaire.

A Téré, l’école communautaire a été établie en 2000 et elle existe jusqu’à ce jour (constaté en décembre 2004). Les parents des élèves paient le maître 40.000 F Cfa par mois et donnent de la nourriture et de l’eau. Il y a aussi des élèves des villages voisins Zizik, Sélélé et Yelguetang. Tous les élèves sont Amdang. Quant aux taux de scolarisation, « beaucoup d’enfants sont en brousse ». Ils aident leur famille en s'occupant des animaux, alors dans une famille de trois enfants, un enfant seulement peut aller à l’école. L’effectif d’élèves inscrits est 29, dont 24 sont présents :

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Garçons Filles Total CP1 8 2 10 CP2 13 1 14 CE1 4 1 5 Total 25 4 29

Tableau 13 : Effectifs des élèves à Téré

Actuellement, l’école a trois niveaux, mais avec le temps elle en aura plus. Ainsi, jusqu’à 2004, aucun enfant de Téré n'avait terminé l’école primaire. Cependant, il y a quelques hommes qui savent lire et écrire en arabe.

6.3.2 Alphabétisation

Le service d’alphabétisation dans la région du Ouadi Fira est divisé en six secteurs. Dans le secteur Biltine urbain il y a 4 centres avec 32 classes. Les ethnies représentées dans les classes sont : Maba, Arabes, Daza, Zaghawa, Bideyat et Amdang. Cependant, les Amdang sont peu nombreux ; « il fallait des enseignants qui parlent l’amdang », affirme le chef de secteur.

Selon lui, il y a des classes de post-alphabétisation depuis 1997/1998 à Biltine, à Kouchane et Bobok dans le canton de Mimi Goz, et à Téré dans le canton de Mimi Hadjer. Ce sont les marabouts et des bénévoles qui gèrent ces centres par manque d’encadrement de la part de l’état. Ils utilisent (1) des livres de calcul, de santé ou sur l’environnement développés par la DPLN en français ou en arabe tchadien en alphabet arabe et (2) de la littérature islamique « pour attirer beaucoup de gens ». Cependant, les femmes ont des problèmes de compréhension (avec l’instruction en arabe) parce qu’ « il y a des sons et des lettres qui n’existent pas dans leur patois et elles ne savent ni les prononcer ni les lire ». Selon notre interlocuteur, des classes d’alphabétisation en langues maba ou amdang aideraient les apprenants.

Nos interlocuteurs dans les villages amdang ne mentionnent pas les centres d’alphabétisation dans les villages Kouchane, Bobok et Téré : soit ces centres ne sont pas fonctionels, soit leur existence est inconnue. Par contre, nos interlocuteurs à Kouchane et à Sounta connaissent l’Institut Islamique, entre Dagaga et Kirzim, qui offre des classes d’alphabétisation. Deux hommes les fréquentent « à cause des amis qui parlent le français », « parce que c’est intéressant » et « pour leur avenir ». Quelques femmes y participent « pour maîtriser la religion », d’autres n’ont pas assez de temps à cause des travaux champêtres et de l’élevage. A Am Hirézé, on ne savait pas qu’il y a des classes d’alphabétisation dans le canton. Comme Bobok est un village maba, il est possible que nos interlocuteurs ne soient pas au courant de ce qui s’y passe. Les interviewés dans le canton de Mimi Hadjer pensent qu’il n’y a pas de classes d’alphabétisation dans leur canton. Le maître communautaire de Téré confirme qu’il n’y a pas de classes d’alphabétisation là-bas, bien que la population s’y intéresse.

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6.4 Evaluation des besoins

Les besoins jugés les plus urgents sont démontrés dans le tableau 15. Les chiffres dénotent l’importance que nos interlocuteurs donnent aux différents domaines de développement, p. ex., le domaine le plus important est marqué « 1 ».

canton Mimi Goz Mimi Hadjer Lieu B K S A. H. B To Y Té Sexe h h f h f h h h f h f h f7 Eau 3 1 1 1 1 1 3 1 3 1 Santé 2 2 2 2 2 1 4 Ecole 1 2 3 2 3 1 alpha 3 charrette 3 moulin 4 2 clôture 1 2 3 outils 2 nourriture 2

Tableau 14 : Les besoins de développement jugés les plus urgents

Dans les villages du canton de Mimi Goz, la préoccupation dominante de nos interlocuteurs est l’eau (puits et barrages pour la culture de tomates). Dans l’évaluation des centres de santé et des écoles, la tendance n’est pas aussi claire. Les femmes de Kouchane et les interlocuteurs d’Am Hirézé mettent en deuxième place un centre de santé avant le besoin d’une école. A Sounta, il y a un centre de santé et ainsi nos interlocuteurs ne l’ont pas mentionné comme un besoin. Ils ont exprimé le désir de se procurer un moyen de transport (une charrette) et un moulin.

Pour les villages du canton de Mimi Hadjer, nos données sont moins complètes à cause des difficultés d’interprétation. Les informations disponibles ne démontrent pas une tendance aussi claire que dans le canton de Mimi Goz. Par exemple, ce sont les femmes de Toumbouloung et les hommes de Téré qui pensent que le problème d’eau est le plus important. Dans trois séances d’interviews nos interlocuteurs ont exprimé le désir d’avoir une clôture ou une haie autour de leurs jardins, dans le Ouadi Fira, pour protéger leurs plantes contre les voleurs et les animaux sauvages.

6.5 Résumé des facteurs socio-économiques

Les activités principales dans les cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer sont l’agriculture et l’élevage. Dans le canton de Mimi Goz il s’agit d’agriculture vivrière, alors que dans le canton de Mimi Hadjer les Amdang vendent le surplus agricole pour avoir de l’argent. La nourriture principale est la boule de mil ou de sorgho.

Quant à la migration, les Amdang éleveurs (surtout ceux du canton de Mimi Goz) se déplacent avec leurs animaux à la recherche de pâturage et d’eau pendant la saison sèche. Pendant des périodes prolongées de sécheresse, ils s’installent ailleurs de façon permanente. Quelques individus vont à la recherche de travail ou pour l’éducation ailleurs, au Tchad ou

7 Les femmes de Téré ne nous ont pas donné une évaluation des besoins les plus urgents. Elles « ne feront pas de projets. Ce sont les hommes. »

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dans d’autres pays. Pratiquement aucun étranger ne s’installe dans les villages Amdang, dans les cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer.

En ce qui concerne les relations sociales entre les Amdang et d’autres ethnies, il faut distinguer entre les Amdang urbains qui se mêlent plus facilement aux autres ethnies et les Amdang dans les zones rurales. Dans les villages, les Amdang du canton de Mimi Goz ont de bonnes relations (+) avec les Maba. Il y a des tensions (-) avec les Arabes, les Zaghawa et les Daza et pas de mention des Tama et des Abou Charib (qui ne sont pas leurs voisins directs). Par contre, les Amdang du canton de Mimi Hadjer affirment que toutes ces ethnies sont des « frères » et qu’il n’y a pas de conflits entre eux. Il y a des liens de mariage avec les Maba et leurs voisins, les Zaghawa et les Abou Charib. Pour leurs relations avec les Arabes, les Tama et avec les Daza nous n’avons pas d’informations claires (~) (voir 6.1.3) :

Mimi Goz Mimi Hadjer Ethnie voisins relation voisins relation Maba x + + Arabes x - ~ Zaghawa - x + Tama x ~ Abou Charib x + Daza (x) - ~

Tableau 15 : Résumé des relations sociales

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Le ta

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39

Il y a donc dans les cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer un puits, deux centres de santé, trois marchés, huit écoles (dont une école secondaire) et un centre d’alphabétisation. La plupart de ces structures se trouvent dans le canton de Mimi Hadjer :

domaine

canton

puits centres de santé fonctionnels

marchés écoles fonctionnelles (publiques + communautaires)

alpha

Mimi Goz 0 1 0 1 + 1 1

Mimi Hadjer 1 1 3 2 + 4 0

Total 1 2 3 8 1

Tableau 17 : Résumé des infrastructures

7 Résultats socio-linguistiques

7.1 Variantes de la langue

7.1.1 Perception de différences

Mahamad Al-Bachir affirme, dans un entretien le 22 juillet 2004, qu’il n’y a pas de différences significatives entre les parlers des Amdang de Mimi Goz et les Amdang de Mimi Hadjer. Bien qu’il y ait quelques nuances dans la prononciation, les locuteurs se comprennent les uns les autres.

Lors de notre séjour dans la région, nos interlocuteurs ont confirmé qu’il n’y a pas de difficultés de compréhension entre les locuteurs amdang. Même les petits enfants comprennent tous les Amdang sans problème bien qu’il y ait quelques différences au niveau du lexique et de la prononciation.

Au niveau du lexique, les hommes de Kouchane (canton de Mimi Goz) constatent que les habitants de Kélédji Kébir (Canton de Mimi Hadjer) emploient d’autres mots dans quelques domaines, par exemple [war] au lieu de [ka'dad] pour « brousse », [ka'dad] étant un emprunt de l’arabe. Les hommes amdang interviewés à Abéché affirment que, entre Sounta (canton de Mimi Goz) et Yaouada (canton de Mimi Hadjer), les appelations du bétail diffèrent.

Au niveau de la prononciation, nos interlocuteurs mentionnent une variation entre les occlusives et les fricatives, par exemple [zai] ou [dai] pour « viens » ou [zo] ou [do] pour « va ». Ils sont unanimes pour dire que les habitants des villages du canton de Mimi Goz emploient les fricatives dans leur parler. Ils sont moins clairs sur la situation dans le canton de Mimi Hadjer :

40

Interlocuteurs du canton de Mimi Goz

Interlocuteurs du canton de Mimi Hadjer

prononciation [z] villages de Mimi Goz, Yaouada, Aguiné, Martala, Ngounderngué, Abtingué

villages de Mimi Goz, Toumbouloung, Aguiné, Awo, Lolo, Martala, Kélédji Kébir, Abtingué, Yaouada, Nguiziguir

prononciation [d] Kélédji Kébir, Téré, Zizik, Ouabéné, Martala

Téré, Djourouf, Awo, Aguine, Godokorok, Matabono, Hadjélidjé, Kélédji Kébir, Zizik, Toumbouloung, Yaouada, Martala, Borno Doukoumé, Ngounderngué, Abtingué

Tableau 18 : Différences de pronunciation dans les différents villages

La comparaison des listes de villages où on emploie les occlusives démontre que nos interlocuteurs des deux cantons sont d’accord sur le fait que les locuteurs amdang des villages de Téré et de Zizik,ont tendance à utiliser les occlusives plutôt que les fricatives. Cependant, selon nos interlocuteurs du canton de Mimi Hadjer, à Kélédji Kébir et à Martala les deux variantes se parlent. Ils ne mentionnent pas le village de Ouabéné.

Les listes de villages données par nos interlocuteurs du canton de Mimi Hadjer indiquent qu’il y a quelques villages où le parler avec les occlusives domine et d’autres où les deux variantes sont parlées. Les villages qui figurent dans la première catégorie sont : Téré, Djourouf, Godokorok, Matabono, Hadjélidjé, Zizik, Borno Doukoumé et Ngounderngué. Ils se trouvent tous dans le nord-est du canton de Mimi Hadjer.

7.1.2 Différences dans les listes de mots

On peut constater quelques différences mentionnées par nos interlocuteurs dans les listes de mots établies lors de l’enquête, surtout au niveau de la prononciation.

Quant au lexique, l’emploi d’emprunts de l’arabe ne diffère pas significativement entre les listes de mots : nous en comptons 17 occurrences dans la liste de mots établi à Kouchane, 15 dans celle de Sounta, 17 dans celle de Yaouada ainsi que 14 dans celle de Téré. Par rapport à la dénomination du bétail, nous ne constatons pas beaucoup de différences dans la liste de mots. S’il y en a, il s’agit souvent d’emprunts de l’arabe, qui sont ici marqués en caractères gras :

41

No. Glose Kouchane Sounta Yaouada Téré

28 oiseau diːjɛ dijɛ dijo dɪjo

29 chien kut kʊt, kujɛ kʰutʰ, kʰujɛ kʰʊt, kʰujə

30 éléphant ɔŋgɔr fil ˈnɑmɑr fil

31 chèvre (et mouton) dewo dewʊ, kʰɛi kʰøi, dowu deou, kʰøi

32 vache juː jou, tʃuː tʃuː, juː

33 poule kuˈri kuˈri kʰʊˈri kʰuˈri

34 serpent nʊm nʊm nʊŋ nʊm

35 poisson hut hut hutʰ sɑmɑkʰ

59 corne dɛlfi dɛlfi, kʰɛlfi dɛlfi, kʰɛlfi dɛlfi, kɛlfi

60 queue duguˈdi dʊguˈdi dʊgu di dugudi 17

1 chameau kɑˈmɑl kɑˈmɑl kɑˈmɑl kɑˈmɑl 17

2 fourmi (noire) diːditi diditi sʊdʊl dɪrtʰi 17

3 araignée mɔrmorijʊ ŋɔŋoriu mɔrmʊri ŋɑrŋɑrijə 17

4 scorpion ɳɑŋ ɲɑŋ ɲɑŋ ɲɑŋ

Tableau 19 : Listes d’animaux

L’alternance entre une fricative et une occlusive se voit dans les exemples suivants :

No. Glose Kouchane Sounta Yaouada Téré 36 venir zɑjɛ zɑjɛ zɑjɛ tɑjo

37 partir zo zo zoː doː

38 manger zɑm zɑm zɑm dɑm

39 boire zɑbɑt zɑbɑt zɑbɑtʰ dɑbɑt

86 marcher (à pied) zɪlɪŋɛ zɪliŋɛ zoː diː

87 courir zɛdːɛr zɛdɛr jɔgzɛ tʰɛrə

89 s'asseoir zuguŋ zʊgudɔŋ zogudɔŋ ʔɑgudɔŋ

96 donner zɪŋˈki zɪŋkʰi zɪŋˈkʰi dɪŋˈkʰi

97 acheter zuːl zʊl zuːn tʰɑulo

99 brûler zuni zuni fiːfo tʰɑwuˈnu

135 cultiver zɛŋgɛl zɛˈŋɛl tʰɑgɛlo gɪlou

150 compter zʊn, zʊl zʊn hisɑbfɔu (arabe) kʰʊn

195 lier, nouer zugulɑi dzʊgul zulɛijo dulɛijo

206 amener zɑn zɑn zɑn, dɛijou, zʊsu dʊsiu

226 tu / toi ze zeː ze deː

Tableau 20 : Alternance entre fricatives et occlusives

Dans le cas du n°. 97 « acheter », il ne s’agit probablement pas d’un remplacement, mais d’une forme différente du verbe avec le préfix tʰɑ-. L’exemple 150 est intéressant, parce que la fricative est remplacée non par une occlusive sonore et alvéolaire, mais par une occlusive non-sonore et vélaire.

42

7.1.3 Parler le plus prestigieux

À la question de savoir où quelqu’un devrait s’installer s’il voulait apprendre la langue amdang « pure », nos interlocuteurs donnent toujours le nom de leur propre village et ceux des villages voisins.

Ainsi, nous avons les groupes de villages suivants d'ouest en est :

Am Hirézé, Taziré (Mimi Goz)

Sounta, Kirzim, Dagaga, Malaga, Birak, Salamalek (Mimi Goz)

Toumbouloung, Yaouada, Nguiziguir, Martala (Mimi Hadjer)

Font exception à cette affirmation les hommes de Biltine des deux cantons et nos interlocuteurs de Kouchane, de Téré et d’Abéché. Les hommes de Biltine du canton de Mimi Goz pensent qu’il faut aller à Amgafal (bien que le village du chef de canton soit Kouchane) ou dans n’importe quel village amdang. Les hommes de Biltine du canton de Mimi Hadjer mentionnent Martala, Yaouada et Birak. Martala et Yaouada se trouvent dans le groupe de villages autour de Yaouada et Toumbouloung dans le canton de Mimi Hadjer. Birak est situé dans le groupe de villages autour de Sounta dans le canton de Mimi Goz. Nos interlocuteurs de Kouchane mentionnent Kouchane et Amgafal, qui est assez loin de Kouchane, bien que toujours dans le canton de Mimi Goz. Ils précisent encore qu’il ne faut pas apprendre l’amdang à Kélédji Kébir, probablement parce qu’ils pensent que, là-bas, on parle la variante avec les occlusives (voir 7.1.1). Les interlocuteurs de Téré pensent qu’on peut apprendre l’amdang n’importe où dans les deux cantons de Mimi. Les hommes, à Abéché, conseillent encore Kirzim, « parce qu’il y a de l’eau là-bas ».

Les villages d’Amgafal, de Birak, de Kélédji Kébir et de Kirzim ont été mentionnés non seulement par leurs habitants et voisins, mais aussi par d’autres. Amgafal est proposé par les hommes du canton de Mimi Goz de Biltine et de Kouchane. Birak, dans le groupe « Sounta » du canton de Mimi Goz, est aussi apprécié par les hommes du canton de Mimi Hadjer à Biltine. Kélédji Kébir, dans le nord-est du canton de Mimi Hadjer, est déconseillé. Kirzim, dans le groupe « Sounta » du canton de Mimi Goz, est proposé à cause de la présence d’eau.

Un quatrième groupe de villages est composé de Téré et de tous les villages où les locuteurs ont tendance à remplacer les fricatives par des occlusives (voir 7.1.1). Kélédji Kébir fait partie de ce groupe.

Tout compte fait, il semble qu’il n’y a aucune région ni aucun village où le parler est plus prestigieux qu’ailleurs. On dirait plutôt que le parler des villages autour de Téré, où on emploie les occlusives plus qu’ailleurs, est moins prestigieux.

7.2 Vitalité de la langue

7.2.1 Étendue de la langue

La langue amdang est parlée dans presque tous les villages des cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer. C'est seulement dans le sud-ouest et le sud du canton de Mimi Goz que la langue voisine maba domine dans les villages (voir la carte en Annexe A.).

La langue amdang est aussi parlée dans d’autres régions du Tchad, car il y a des villages amdang dans plusieurs sous-préfectures du Ouaddaï et du Batha et des Amdang un

43

peu partout au Tchad (voir 1.1). Dans la plupart des villages amdang on continue à parler l’amdang avec les Amdang, par exemple à Kouchane-Tayero, dans la sous-préfecture de Goz Beïda. Par contre, dans la région du Batha et au Soudan, les Amdang ne parlent plus l’amdang. Dans la région du Batha ils marquent leur bétail avec les mêmes signes que les Amdang à l’Ouadi Fira. Au Soudan les Amdang ne parlent que l’arabe, mais ils se reconnaissent Mimi (=Amdang).

7.2.2 Emploi de langues dans la vie quotidienne

A la question de savoir s’il y a des Amdang monolingues en amdang ou s’il y a des Amdang qui ne parlent plus la langue, nos interlocuteurs nous ont donné les réponses suivantes :

canton Mimi Goz Mimi Hadjer

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personnes monolingues

Biltine : non

villages : oui

Kouchane : non Sounta : oui

Biltine : non, villages : oui

Abéché: oui

oui

qui ?

les vieux qui ne se déplacent pas

toutes les femmes parlent au moins un peu l'arabe.

villages : vieux qui ne se déplacent pas. Abéché : ceux qui viennent directement du village

certaines femmes

Amdang qui ne parlent plus l’amdang

non non non non

exceptions sauf les enfants qui grandissent hors du milieu amdang

sauf ceux qui grandissent ou vivent longtemps hors du milieu amdang

Tableau 21 : Personnes monolingues ? Amdang qui ne parlent plus la langue ?

Quant aux personnes monolingues, les hommes interviewés dans le canton de Mimi Goz constatent que, dans les villages, il y a des vieux qui sont monolingues parce qu’ils ne se déplacent pas. A Biltine, tout le monde parle l’arabe. Cependant, dans les classes d’alphabétisation dans le secteur Biltine urbain, les Amdang sont peu nombreux, « il fallait des enseignants qui parlent l’amdang » (voir 6.3.2). La situation des femmes dans le canton de Mimi Goz est moins claire. Les femmes de Kouchane pensent que toutes les femmes parlent au moins un peu arabe, bien que les femmes de Sounta disent que certaines sont monolingues. Nos interlocuteurs dans le canton de Mimi Hadjer confirment qu’à Biltine tout le monde parle l’arabe, mais, dans les villages, il y a des vieux qui ne parlent que l’amdang. Les femmes du canton de Mimi Hadjer affirment que quelques-unes ne parlent pas l’arabe. Enfin, à Abéché et à Biltine, tous les Amdang parlent l’arabe, mais dans les villages il y a pourtant quelques vieux et quelques femmes qui ne le parlent pas, ou très peu. Cependant, les hommes interviewés à Abéché jugent que ceux qui viennent directement du village sont monolingues.

44

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45

Dans le canton de Mimi Goz, l’amdang domine dans la communication des Amdang entre eux. Avec les gens âgés et les enfants ils parlent l’amdang. Avec les personnes d'âge moyen seulement, ils emploient l’arabe ; à Biltine, ils préfèrent l’arabe à l’amdang. Dans les villages, ils parlent parfois l’arabe, surtout si un étranger est présent. Avec les étrangers, ils parlent l’arabe, s’ils le savent (femmes de Sounta), ou l’amdang avec les enfants des étrangers qui l’ont appris. Dans les différentes circonstances de la vie l’amdang domine ou joue un rôle important. À la maison et aux champs, les Amdang parlent l’amdang. Au grand marché (à Biltine ou à Arada), ils parlent l’amdang entre eux et l’arabe avec les autres ethnies. À la clinique ou au dispensaire, ils parlent l’arabe s’ils en savent assez pour expliquer leur problème. À l’école coranique et à la mosquée, les explications sont en amdang. Pour l’emploi des langues par les enfants voir la partie 7.2.3. Dans le canton de Mimi Hadjer, l’amdang domine aussi dans la communication des Amdang entre eux. Avec les gens âgés et les enfants ils parlent l’amdang, et aussi l’arabe, à Biltine. Dans la communication avec les pesonnes d’âge moyen il y a une différence entre hommes et femmes : les hommes parlent l’amdang et l’arabe parallèlement, alors que les femmes ne parlent que l’amdang. Avec les étrangers ils parlent l’arabe à Biltine. Dans les villages que l’on a visités il n’y a pas d’étrangers. Dans les différentes circonstances de la vie l’amdang domine ou joue un rôle important. À la maison et aux champs, les Amdang parlent l’amdang. Aux grands marchés (à Biltine, à Djourouf ou à Daranga), ils parlent l’amdang entre eux et l’arabe avec les autres ethnies. Au dispensaire, ils parlent l’arabe. À l’école coranique, les explications sont en amdang, à la mosquée soit en arabe littéraire, soit en arabe tchadien. Cependant, nos interlocuteurs à Toumbouloung et à Téré affirment que tout le monde ne comprend pas bien. Pour l’emploi des langues par les enfants voir la partie 7.2.3.

Les Amdang, à Abéché, parlent leur langue avec les gens âgés et les enfants, à la maison et aux champs. Quelques adultes l’emploient aussi entre eux. Sinon, c’est l’arabe qui domine.

Il semble que l’emploi de l’arabe est un peu plus répandu dans le canton de Mimi Hadjer par rapport au canton de Mimi Goz : parmi les adultes, l’arabe est parlé parallèlement avec l’amdang, et non seulement dans quelques cas comme dans le canton de Mimi Goz. En plus, les femmes semblent plus sûres des leurs connaissances en arabe tchadien.

Lors des interviews individuelles, nous avons posé la question pour savoir quelles langues père et mère parlent entre eux et quelles langues l’interlocuteur parle avec son époux ou épouse. Le tableau 24 affiche les réponses :

canton Mimi Goz Mimi Hadjer village K K S S Y Y Té Té Total sexe h f h f h f h f h f nombre 5 2 3 2 5 4 3 1 16 9 amdang langue maternelle du père 5 2 3 1 5 4 3 1 16 8 amdang langue maternelle de la mère 3 2 3 2 5 4 3 1 14 9 langues parlées entre père et mère : amdang 4 2 3 1 5 4 3 1 15 7 … arabe 1 1 2 1 3 marié 3 2 3 1 5 4 1 1 12 8 amdang langue maternelle de l’époux/des épouses 3 2 3 1 4 4 1 1 11 8 langues parlées avec l’époux/épouse : amdang 3 1 3 1 5 4 1 0 12 6

… arabe 0 0 0 0 2 3 0 0 2 3

Tableau 23 : Emploi des langues entre homme et femme

En général, l’emploi de l’amdang domine dans les relations entre époux. Parmi les pères et mères de nos interlocuteurs, il y a seulement une exception : dans une famille, chez les hommes de Kouchane, les parents parlent plutôt l’arabe parce que la mère est Maba. Cependant, l’autre couple, dont la maman est Maba, parle l’amdang entre eux. Les parents d’une femme à Sounta parlent l’arabe tchadien entre eux, car le papa est Bornou. De même, tous les interviewés parlent l’amdang avec leur

46

époux ou épouse. Chez les femmes nous en avons noté seulement six sur huit qui parlent l’amdang avec leur époux : un mari est déjà décédé et une réponse n’a pas été notée.

Quant à l’arabe tchadien, il est parlé (1) dans les couples mixtes et (2) à Yaouada plus qu’ailleurs. Pour les couples mixtes voir le paragraphe ci-dessus. À Yaouada, tous les couples de la génération des parents ainsi que de celle des interviewés parlent l’amdang entre eux. En plus, parmi les parents des femmes, deux couples parlent aussi l’arabe. Parmi les interlocutrices elles-mêmes, trois sur quatre parlent aussi l’arabe avec leur époux. Ce résultat confirme l’impression que nos interlocutrices de Yaouada ont plus de contacts avec l’arabe tchadien que les femmes amdang en général.

7.2.3 Emploi des langues par les enfants

La première langue des enfants amdang est l’amdang, mais l’arabe l'est aussi à Biltine. La plupart des enfants parlent l’amdang plus que l’arabe. Seulement les femmes de Sounta (Mimi Goz), les hommes de Biltine (Mimi Hadjer), et les femmes de Téré (Mimi Hadjer) pensent que les enfants parlent plutôt l’arabe que l’amdang (voir Tableau 22). Selon les hommes de Kouchane et de Sounta (Mimi Goz), les jeunes qui se déplacent (avec le bétail) parlent aussi beaucoup l’arabe. Si les enfants parlent l’arabe à la maison, les adultes sont indifférents (« C'est une culture aussi, on ne voit pas le mal. ») ou pensent que c’est positif (« On va se réjouir parce que c'est un avantage. »). Par contre, il y a deux voix critiques aussi. Les femmes de Yaouada disent que si un enfant parle l’arabe, « elle comprend, mais elle ne répond pas. » La raison de cette attitude n’est pas claire : n’est- elle pas capable de répondre ou n’est-elle pas d’accord avec l’emploi de l’arabe ? Les hommes amdang interviewés à Abéché sont plus nets : « Les jeunes qui perdent leur langue sont perdus et c'est notre faute ! »

L’âge à partir duquel un enfant comprend l’arabe dépend de l’emplacement du village où il grandit, de son sexe et du contact avec des arabophones :

canton Mimi Goz Mimi Hadjer Inter-locuteurs de

Biltine K Sounta A. H. Biltine To Y Té Abéché

hommes 7 - 8 ans

pas au village, 7 - 8 ans

4 - 5 ans

6 - 7 ans

10 ans 10 ans 15 ans variable

femmes 7 - 8 ou 2 – 3 ans

6 (contact) ou 10 (écart)

2 ans 10 ans 9 ans (filles), 15 ans (garçons)

facteurs école voisins arabes

contacts au marché

voisins arabes

Tableau 24 : L’âge à partir duquel un enfant comprend l’arabe

Généralement, nos interlocuteurs du canton de Mimi Hadjer donnent des âges plus élevés que les interlocuteurs du canton de Mimi Goz. Dans les deux cantons, les hommes donnent des âges plus élevés que les femmes. Les femmes de Téré précisent que les filles apprennent l’arabe plus tôt que les garçons à cause de leurs contacts au marché.

L’école à Kouchane est arabophone, mais l’enseignant donne parfois des explications en amdang. De même, les enfants qui ne maîtrisent pas encore bien l’arabe donnent leurs réponses en amdang.

À l’école de Téré, le maître parle toujours français avec les enfants, en classe ainsi que pendant la récréation. Quand les enfants commencent à fréquenter l’école, ils ne comprennent ni

47

l’arabe ni le français. Mais peu à peu ils comprennent l’instruction « à leur mesure ». Bien qu’il soit interdit de parler l’amdang à l’école, les enfants le parlent toujours pendant la récréation, et un peu d’arabe.

7.3 Rôle de l’arabe tchadien et d’autres langues

7.3.1 Langues utilisées avec d’autres ethnies

Dans les sous-préfectures voisines, on parle les langues suivantes :

sous-préfecture langue dominante Arada arabe Abéché maba (« ouaddaïen ») Am Zoer ab charib (mararit) Guéréda tama Iriba zaghawa

Tableau 25 : Langues voisines

La majorité des transhumants dans la région sont des Daza.

Dans la communication interethnique l’arabe tchadien domine car c’est la langue véhiculaire de la région. Les langues voisines de l’amdang sont moins répandues parmi les Amdang et dans leur communication avec leurs voisins.

Le tableau 27 démontre quelles langues nos interlocuteurs comprennent (même un peu) et lesquelles ils emploient lors de leurs rencontres avec les ethnies voisines :

Canton Mimi Goz

Mimi Hadjer

sexe

hommes femmes hommes femmes

langues comprises

quelques-uns maba un peu, daza un peu

quelques-unes maba (Kouchane)

maba, ab charib (To, Y), zaghawa (Té)

maba (To) zaghawa (Té)

langues utilisées

maba (Biltine), ab charib (Biltine)

maba (Kouchane) maba (Biltine), ab charib (Y)

maba (To)

Tableau 26 : Emploi des langues entre les groupes ethniques

Quant à la compréhension des langues voisines, le maba est compris par quelques hommes dans le canton de Mimi Goz, les hommes de Toumbouloung et de Yaouada dans le canton de Mimi Hadjer, quelques femmes de Kouchane (Mimi Goz) et quelques femmes de Toumbouloung (Mimi Hadjer). L’ab charib est compris par les hommes de Toumbouloung et de Yaouada (Mimi Hadjer). Le zaghawa est compris par les hommes et les femmes de Téré (Mimi Hadjer). Le tama n’a pas été mentionné lors des interviews. Le daza est un peu compris, à Biltine, par quelques hommes venant du canton de Mimi Goz.

Quant à l’emploi des langues dans la communication interethnique, c’est seulement avec les Maba que les ressortissants du canton de Mimi Goz à Biltine, les femmes de Kouchane, les ressortissants du canton de Mimi Hadjer à Biltine et les femmes de Toumbouloung parlent le maba ainsi que l’arabe. Avec les Ab Charib, les ressortissants du canton de Mimi Goz à Biltine parlent aussi l’ab charib, les hommes de Yaouada leur parlent aussi en amdang. Le zaghawa, le tama et le gorane ne figurent pas dans nos informations sur l’emploi des langues dans la communication interethnique.

48

Dans l’ensemble, on peut dire que les langues voisines sont comprises par quelques-uns, ou à un certain niveau, dans les villages amdang voisins. Elles sont encore moins utilisées dans la communication interethnique : le maba dans les villages au sud des deux cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer (Kouchane, Toumbouloung, Yaouada), l’ab charib à l’est dans le canton de Mimi Hadjer (Yaouada) et le zaghawa au nord-est (Téré).

7.3.2 Compréhension de l’arabe tchadien

La compréhension de l’arabe tchadien est mixte dans les différentes couches de la population. Il y a aussi une différence du niveau de compétence entre nos interlocuteurs du canton de Mimi Goz et ceux du canton de Mimi Hadjer.

Dans les interviews individuelles, les interlocuteurs ont décrit leur compétence en arabe tchadien comme suit :

niveau (auto-évaluation) mode8 médiane canton sexe n 0 1 2 3 4 5 Mimi Goz h 8 2 1 2 3 5 4 f 4 1 1 2 4 3 total 12 3 2 4 3 4 4 Mimi Hadjer h 7 1 1 1 4 5 5 f 5 1 1 3 5 5 total 12 1 2 1 1 7 5 5 Résumé h 15 1 3 2 2 7 5 4 f 9 2 1 3 3 4, 5 4 total 24 1 5 3 5 10 5 4

Tableau 27 : Niveau auto-évalué de compétence en arabe tchadien

Par exemple, parmi huit hommes dans le canton de Mimi Goz, deux ont démontré le niveau de compétence 2, un le niveau 3, deux le niveau 4 et trois le niveau 5. Le plus souvent ils ont atteint le niveau 5 (mode), c’est-à-dire, dans trois interviews par rapport à une ou deux pour les autres niveaux. 50 % des interviewés disent avoir le niveau 4 ou moins (médiane). Dans presque tous les cas, 50 % des interviewés ont affirmé des compétences en arabe tchadien de niveau 4 ou 5. Seules les femmes interviewées dans le canton de Mimi Goz ont montré un niveau plus bas. Pour les femmes de Yaouada, les chercheurs ont eu l’impression que l’échantillon comprenait les femmes les plus bilingues du village pour épargner l’embarras à celles d’un niveau plus bas (voir aussi §0). Dans l’ensemble, ces résultats suggèrent que les interviewés du canton de Mimi Hadjer maîtrisent l’arabe tchadien mieux que ceux du canton de Mimi Goz. Cependant, comme l’échantillon est trop petit et peu équilibré, nous ne généralisons pas ces résultats pour toute la population amdang.

Généralement, les hommes ont un niveau plus élevé en arabe tchadien que les femmes. Le maître communautaire de Téré confirme que « tous les hommes comprennent bien l’arabe ». Par contre, chez les femmes la compréhension est mixte : « Certaines comprennent, d’autres pas. » Il estime que la proportion de celles qui comprennent l’arabe est à peu près la moitié.

Le niveau d’arabe des hommes est pourtant trop bas pour bien suivre les explications à la mosquée. Nos interlocuteurs à Toumbouloung (arabe tchadien) et à Téré (arabe littéraire) affirment que « tout le monde ne comprend pas bien ». Si quelqu’un enseigne comment soigner les maladies des enfants ou du bétail, il devrait parler l’arabe tchadien ou l’amdang. Dans tous les villages, nos interlocuteurs ne semblent pas préférer une langue à une autre. Les hommes d’Abéché donnent

8 Pour une explication voir partie 4.3.3 ou le texte

49

« arabe » comme réponse spontanée, mais après une discussion ils admettent que l’amdang serait mieux.

L’âge à partir duquel un enfant comprend l’arabe dépend de l’emplacement du village où il grandit et de ses activités (voir 7.2.3). Les enfants qui gardent le bétail apprennent l’arabe au contact des autres bergers, d’autres l’apprennent au marché au contact des autres ethnies présentes. Ils ne le comprennent pas encore quand ils commencent à fréquenter l’école, constate le maître de Téré.

7.4 Langues préférées pour l’éducation de base et l’alphabétisation

Lors des interviews avec des groupes de la population, nous avons demandé quelles langues nos interlocuteurs préfèrent (1) pour l’instruction à l’école, (2) pour faire apprendre à leurs enfants en tant que langue étrangère et (3) pour apprendre à lire eux-mêmes. Ils ont donné les réponses suivantes :

canton Mimi Goz Mimi Hadjer question h f h f langues d'instruction préférées à l'école mi, ar mi

ar (3), mi (2), fr (2) ar

langues étrangères à l'école ar, fr ar, fr ar, fr, ang fr, (ar) préférence pour lire vous même ar, fr mi, ar fr, ar ar (3), mi (1), fr (1)

pourquoi?

langues internationales

on comprend bien l'arabe

ar pour la religion, fr pour l'administration

Tableau 28 : Langues préférées pour l’éducation et pour l’alphabétisation

A l’école, comme langue d’instruction, nos interlocuteurs préfèrent l’amdang ou l’arabe. Ceux du canton de Mimi Goz semblent préférer l’amdang bien que ceux du canton de Mimi Hadjer préfèrent l’arabe. Peut-être l’influence des interprètes se fait sentir ici, car l’interprète dans le canton de Mimi Goz était Amdang et celui dans le canton de Mimi Hadjer Arabe. Comme langues étrangères à l’école, nos interlocuteurs proposent l’arabe, le français et dans un cas aussi l’anglais.

Pour l’alphabétisation, nos interlocuteurs préfèrent l’arabe ou le français, parce que « ce sont des langues internationales », « on comprend bien l’arabe », « l’arabe pour la religion et le français pour l’administration ». Les femmes mentionnent aussi l’amdang, mais en association avec l’arabe et le français.

Quant à la question de savoir dans quelle écriture nos interlocuteurs veulent apprendre la lecture en arabe, l’écriture arabe domine dans les réponses parce que « c’est plus facile ». Mais dans le canton Mimi Goz les hommes veulent aussi apprendre l’écriture romaine et les femmes pensent que « c’est plus clair ».

8 Résumé et conclusions

8.1 Facteurs socio-économiques Les conditions de vie diffèrent dans les deux cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer. Tous

sont agriculteurs et éleveurs. Cependant, dans le canton de Mimi Goz, l’élevage domine, les produits agricoles ne sont pas en quantité suffisante pour les vendre au marché. Dans le canton de Mimi Hadjer l’eau de l’Ouadi Fira permet des récoltes plus abondantes et les Amdang vendent le surplus aux marchés.

50

Les infrastructures dans les deux cantons sont : un puits, deux centres de santé, trois marchés, huit écoles (dont une école secondaire) et un centre d’alphabétisation. La plupart de ces structures se trouvent dans le canton de Mimi Hadjer (6.2).

En ce qui concerne les relations sociales entre les Amdang et d’autres ethnies, tous les Amdang considèrent les Maba comme leurs « frères » et se marient avec eux. Avec les Arabes, leur relation est tendue. Sinon, leurs relations avec les Zaghawa, les Tama, les Abou Charib et les Daza diffèrent. Les Amdang du canton de Mimi Goz ont des tensions avec les Zaghawa et les Daza. Ils ne mentionnent pas les Tama et les Abou Charib. Par contre, les Amdang du canton de Mimi Hadjer se marient avec leurs voisins, les Zaghawa et les Abou Charib. Leurs relations avec les Tama et avec les Daza ne sont pas claires (voir 6.1.3).

Ces résultats confirment la notion de Jungraithmayr, Bender et Le Rouvreur d’une distinction entre les Amdang montagnards (= du canton de Mimi Hadjer) et les Amdang des plaines (= du canton de Mimi Goz) par rapport aux conditions de vie et aux relations interethniques (voir 6.1.3).

Par contre, quelques résultats de l’enquête contredisent les informations des recherches préliminaires sur les relations avec (1) les Arabes et (2) les Ab Charib et les Zaghawa. Par rapport aux relations avec les Arabes, dans la littérature et dans les interviews préliminaires, on affirme une bonne relation entre ces groupes et des mariages entre Amdang et Arabes. Cependant, nos interlocuteurs dans la région indiquent qu’il y a quelques tensions. En ce qui concerne les Ab Charib et les Zaghawa, selon la littérature, les Amdang du canton de Mimi Goz se marient avec eux. Mais les résultats des interviews sur place constatent plutôt que ce sont les Amdang du canton de Mimi Hadjer qui ont des telles relations avec leurs voisins, les Ab Charib et les Zaghawa.

Dans la plupart des villages Amdang, la population manque d'eau potable, d’un centre de santé et d’une école. Ainsi, l’eau est la préoccupation dominante de nos interlocuteurs dans les villages du canton de Mimi Goz, suivie par les centres de santé et les écoles. Le besoin d'eau est aussi jugé le besoin le plus urgent dans deux interviews dans le canton de Mimi Hadjer. Mais avec le Ouadi Fira, le manque d’eau n’est pas si accentué. Ainsi, dans d'autres interviews, dans le canton de Mimi Hadjer, un centre de santé est jugé plus urgent qu’un puits. Les écoles ne figurent pas dans leur évaluation, mais dans trois séances d'interviews nos interlocuteurs ont exprimé le désir d’avoir une clôture autour de leurs jardins dans l’Ouadi Fira pour protéger leurs plantes contre les voleurs et les animaux sauvages.

Quant à l’eau, une association de N’Djaména a essayé en vain de creuser des puits dans la région. En ce qui concerne les centres de santé, une association amdang basée à N’Djaména a bâti un centre à Toumbouloung, qui attend encore le personnel et les médicaments. Quant aux écoles, la population gère cinq écoles communautaires par rapport à trois écoles publiques.

Quant à d’autres activités pour le développement, hommes et femmes dans chaque village visité dans le canton de Mimi Goz cultivent des champs collectifs et gardent une caisse commune pour les urgences et l’achat de bétail. Dans le canton de Mimi Hadjer, les femmes de Yaouada ont une caisse mutuelle. Selon nos informations il n’y a pas d’ONG active dans la région. Autrefois, la SECADEV (Secours Catholique de Développement) était installée à Toumbouloung. A N’Djaména, il y a une association pour le développement de Kourgnala (un village dans le canton de Mimi Hadjer).

Les Amdang dans les cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer ont des besoins urgents dans les domaines de l’eau, de la santé et de l’éducation de base. Ils n’attendent pas le soutien de l’extérieur, commençant à résoudre leurs problèmes eux-mêmes. Leurs efforts indiquent qu’ils sont ouverts pour le développement. Pour être sûrs que les Amdang puissent vivre dans leur territoire traditionnel il faudrait trouver de l’eau, et faire fonctionner des centres de santé.

L’attitude des Amdang envers l’éducation de base est positive. Ils gèrent des écoles communautaires pour fournir l’éducation de base à leurs enfants (voir §§0, 0). Par rapport à l’alphabétisation, leur attitude est plus difficile à évaluer. Seuls les centres d’alphabétisation publics à Biltine sont fonctionnels. Peu d’Amdang les fréquentent, et le chef de service a indiqué qu’ils ne comprennent pas bien l’instruction en arabe tchadien. Dans le canton de Mimi Goz, le Centre

51

Islamique offre des cours d’alphabétisation, et quelques-uns y prennent part pour progresser dans la vie ou pour mieux comprendre le coran.

8.2 Facteurs linguistiques

La langue des Amdang est assez homogène. A première vue, les listes des mots se ressemblent beaucoup, surtout si on enlève les mots d’emprunt arabes. De même, nos interlocuteurs affirment que « c’est la même langue », bien qu’ils constatent quelques différences dans le choix de mots, le nombre d’emprunts à l’arabe et la prononciation (voir 7.1.1). Cependant, selon eux, tous se comprennent sans problèmes, même les enfants.

Il semble qu’il n’y ait aucune région et aucun village dont le parler est plus prestigieux qu’ailleurs. On remarque plutôt que le parler des villages autour de Téré, où on emploie les occlusives plus qu’ailleurs, est moins prestigieux.

La vitalité de l’amdang dans les villages est forte. L’amdang se parle dans tous les villages amdang dans l’Ouadi Fira et, selon nos interlocuteurs, aussi dans les villages amdang dans la région du Ouaddaï. Seuls les Amdang dans le Batha et au Soudan parlent l’arabe au lieu de l’amdang.

Dans les villages amdang du Ouadi Fira quelques personnes sont monolingues, ne parlant que l’amdang. En général, les Amdang parlent l’amdang avec les gens âgés et les enfants. Avec les gens d'âge moyen et les étrangers seulement, ils emploient l’arabe. Dans les différentes circonstances de la vie l’amdang domine ou joue un rôle important.

La première langue des enfants amdang est l’amdang. La plupart des enfants parlent l’amdang plus souvent que l’arabe. Seuls les femmes de Sounta (Mimi Goz), les hommes de Biltine (Mimi Hadjer) et les femmes de Téré (Mimi Hadjer) pensent que les enfants parlent plutôt l’arabe que l’amdang. L’âge à partir duquel un enfant comprend l’arabe dépend de l’emplacement du village où il grandit et de ses activités (voir 7.2.3). Les enfants ne comprennent pas encore l’arabe quand ils commencent à fréquenter l’école, constatent les interlocuteurs de Kouchane (Mimi Goz) et le maître d’école de Téré (Mimi Hadjer).

Ces résultats confirment le constat de LeRouvreur que l’amdang est « bien vivante encore chez les jeunes » (Le Rouvreur 1989:217–219). Ils montrent que les découvertes de Bender (1983: 54) à Biltine ne peuvent pas être généralisées pour tous les Amdang (voir 7.2)

Dans la communication interethnique, l’arabe tchadien domine étant la langue véhiculaire de la région. Les langues voisines de l’amdang sont moins répandues parmi les Amdang et dans leur communication avec leurs voisins. Elles sont comprises par quelques-uns dans les villages amdang voisins. Elles sont encore moins utilisées dans la communication interethnique : le maba dans les villages au sud des deux cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer (Kouchane, Toumbouloung, Yaouada), l’abou charib à l’est dans le canton de Mimi Hadjer (Yaouada) et le zaghawa au nord-est (Téré).

La compétence des Amdang en arabe tchadien est mixte. En ville, leur niveau d’aisance dépasse celui des Amdang en zone rurale à cause des contacts fréquents avec d’autres ethnies. Dans les villages, les hommes ont un niveau plus élevé en arabe tchadien que les femmes. Cependant, certains exemples indiquent que leur niveau ne suffit pas pour bien suivre les enseignements à la mosquée, en classe d’alphabétisation ou sur un sujet de santé. Les enfants apprennent l’arabe à l’école ou en contact avec d'autres ethnies en brousse et au marché (voir 7.2.3). Dans les interviews individuelles, 50 % des hommes dans le canton de Mimi Goz et 50 % des hommes et des femmes dans le canton de Mimi Hadjer ont démontré les niveaux 4 ou 5. Quant aux femmes dans le canton de Mimi Goz, 50 % ont atteint le niveau 3 ou moins. Les résultats des interviews individuelles suggèrent que les interlocuteurs du canton de Mimi Hadjer maîtrisent mieux l’arabe tchadien que ceux du canton de Mimi Goz. Mais, comme l’échantillon était trop petit et non représentatif, ces résultats ne représentent pas le niveau de compétence en arabe tchadien pour toute la population.

52

Les attitudes envers l’emploi de l’arabe tchadien sont positives. Les deux voix critiques, une à Yaouada et l’autre à Abéché, viennent d’endroits où l’emploi de l’arabe est plus répandu qu’ailleurs.

Il semble que l’emploi de l’arabe est un peu plus répandu dans le canton de Mimi Hadjer que dans le canton de Mimi Goz : parmi les adultes, l’arabe se parle en parallèle avec l’amdang, et non seulement dans quelques cas comme dans le canton de Mimi Goz. En plus, les femmes ont exprimé moins de doutes concernant leur compétence en arabe tchadien. Les interviews individuelles confirment cette impression : seuls nos interlocuteurs et interlocutrices à Yaouada (Mimi Hadjer) parlent et l’amdang et l’arabe avec leurs époux amdang. Ce phénomène se voit aussi dans la génération des parents.

Dans les années 1950 Le Rouvreur (1989:217–219) a constaté que

• parmi les Mimi de la plaine à l’ouest du canton, « l’arabe est généralement bien connu » • parmi les Mimi des montagnes à l’est du canton, « l’arabe n’a guère pénétré » • parmi les Mimi des montagnes à l’est du canton, la langue secondaire est le zaghawa,

parfois même le tama. • « le bora mabang (=maba) est quelquefois connu aux environs de Biltine ».

Ainsi, depuis ces jours, les Amdang du canton de Mimi Hadjer emploient l’arabe dans leur vie

quotidienne beaucoup plus qu’auparavant. L’importance du zaghawa et du tama a diminué. Quelques-uns dans le nord-est du canton de Mimi Hadjer parlent le zaghawa avec leurs voisins. Nos interlocuteurs n’ont pas mentionné le tama dans leurs réponses concernant la communication interethnique. Le maba est toujours connu aux environs de Biltine, surtout à Biltine même et dans les villages au sud des cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer. Dans les villages amdang9 il est moins connu que l’arabe. En plus, quelques-uns à l’est du canton de Mimi Hadjer emploient aussi l’abou charib.

A l’école, comme langue d’instruction, nos interlocuteurs ont dit préférer l’amdang ou l’arabe. Ainsi, l’école à Kouchane est arabophone, et l’enseignant donne les explications aussi en amdang. Par contre, à l’école communautaire de Téré, le maître parle le français et interdit aux enfants de parler l’amdang. Cet exemple démontre le désir des parents que les enfants apprennent le français. Comme langues étrangères à l’école, nos interlocuteurs ont proposé l’arabe, le français et dans un cas aussi l’anglais.

Pour l’alphabétisation, nos interlocuteurs préfèrent l’arabe ou le français. Les femmes mentionnent aussi l’amdang. Pour l’arabe, la plupart préfèrent l’écriture arabe mais quelques-uns veulent aussi apprendre l’écriture romaine.

8.3 Questions ouvertes Les questions suivantes demandent encore des recherches :

• Quelle est la population amdang actuelle dans les différentes régions du Tchad ? • Y a-t-il des solutions au problème de l’eau ? • Quelle est la similitude linguistique entre l’amdang, le fur et le maba ? • Dans les départements du Ouaddaï, quelles langues emploient les Amdang dans les circonstances

de la vie et quelle est la première langue des enfants ?

9 ll y a des villages maba au Sud des cantons de Mimi Goz et de Mimi Hadjer (voir 10.1 et 10.2).

53

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55

Annexes

A. Cartes

Carte 1 : Emplacement des Amdang dans le Ouadi Fira

56

Car

te 2

: V

illag

es a

mda

ng d

ans l

e O

uadi

Fir

a

57

B. Liste de villages

ID Place Total Ethnie(s) Langue(s) Canton

25342 SOUS-PREF.: BILTINE 47348

CANTON 28

25343 Abgoudam 1421 Biltine urbain

25344 Aguid Mahamid 1100 Biltine urbain

25345 Ambassatna 679 Biltine urbain

25346 Amsiégo 377 Biltine urbain

25347 Bouksa 70

25348 Centre Vétérinaire I 466 Biltine urbain

25349 Centre Vétérinaire II 361 Biltine urbain

25350 Djatinié 1263 Biltine urbain

25351 Djimézé 767 Biltine urbain

CANTON 29

25352 Djédid I 209 Biltine urbain

25353 Djédid II 459 Biltine urbain

25354 Ndjaména 935 Biltine urbain

CANTON 30: Kodoye 1? Maba

25355 Bourkil 38

25356 Djamar 140

25357 Douguine 2223

25358 Irang 378

25359 Doudoung 95

25360 Korba 89

25361 Kourngone Malane 186

CANTON 31: Kodoye 1?

25362 Kérem 218

25363 Madamdama 55

25364 Mandarkine 115

25365 Mankil 351

25366 Miti Miti 570

58

ID Place Total Ethnie(s) Langue(s) Canton

25367 Harik 309

25368 Koutou Koutou 223

25369 Ngouraye 199

25370 Nguéliane 466

25371 Saïkoun 535

25372 Horous 251

25373 Kadjidjim 72

25374 Tomorgone 187

25375 Wour I 145

25376 Wour II 246

25377 Yakoul 152

CANTON 32: Kodoye 1

25378 Boundane 406

25379 Djafil 70

25380 Darna I 303

25381 Darna II 196

25382 Djourkouloum 114

25383 Hadjer Nougara I 74

25384 Hadjer Nougara II 223

25385 Kodok I 495

25386 Ankobok 99

25387 Kodok II 354

25388 Kokormélé 244

25389 Kororak 327

25390 Koudouguine 294

25391 Dressa 103

25392 Takal Wour 33

25393 Kourkilé 142

25394 Loufounga I 272

25395 Loufounga II 78

59

ID Place Total Ethnie(s) Langue(s) Canton

25396 Soumkoudour 143

25397 Mabouguine 231

25398 Mandarfok I 167

25399 Mandarfok II 369

25400 Matta I 548

25401 Matta II 199

25402 Okoye 262

25403 Ouarchaka 134

25404 Talat 215

25405 Toukoumbèye 150

25406 Dagach Karna 401

25407 Ouagnine I 108

25408 Ouagnine II 99

CANTON 33: Amdang

25409 Abké Haraze 103 Amdang amdang Hadjer

25410 Abtingué 372 Amdang amdang Hadjer

25411 Aguiné 373 Amdang amdang Hadjer

25412 Akoulkou 146 Amdang amdang Hadjer

25413 Am Hirézé 245 Amdang amdang Goz

25414 Rimélé 90 Amdang amdang Goz

25415 Amgafal I 194 Amdang amdang Goz

25416 Amgafal II 159 Amdang amdang Goz

25417 Amdourbane 169 Maba Maba Goz

25418 Awo 1046 Amdang amdang Hadjer

25419 Bourkoulé 168 Amdang amdang Goz

25420 Awo Farkala 415 Amdang amdang Goz

25421 Bargane 50 Amdang amdang Hadjer

25422 Birak 299 Amdang amdang Hadjer

25423 Haouach 308 Amdang amdang Hadjer

25424 Bobok 497 Maba maba Goz

60

ID Place Total Ethnie(s) Langue(s) Canton

25425 Bolou 321 Amdang amdang Hadjer

25426 Borno Doukoumé 918 Amdang amdang Hadjer

25427 Bouri 65 Amdang amdang Hadjer

25428 Dagaga 504 Amdang amdang Goz

Am Goumoul Maba maba Goz

Magrane Amdang amdang Goz

Anaba Amdang amdang Goz

25429 Malaga 75 Amdang amdang Goz

25430 Diguilbang 288 Amdang amdang Goz

25431 Kélédji Kébir 97 Amdang amdang Hadjer

25432 Djourouf 599 Amdang amdang Hadjer

25433 Kindié 122 Amdang amdang Hadjer

25434 Galouma I & II 169 Maba maba Goz

25435 Godokorok 305 Amdang amdang Hadjer

25436 Hadjélidjé 373 Amdang amdang Hadjer

25437 Hélimit 204 Amdang amdang Hadjer

25438 Kaba 156 Amdang amdang Goz

25439 Kirzim 900 Amdang amdang Goz

25440 Kouchané 166 Amdang amdang Goz

25441 Kourgnala I 180 Amdang amdang Goz

25442 Kourgnala II 173 Amdang amdang Goz

25443 Kouzra 128 Amdang amdang Goz

25444 Martala 601 Amdang amdang Hadjer

25445 Lolo 64 Amdang amdang Hadjer

25446 Matabono 231 Amdang amdang Hadjer

25447 Ngounderngué 141 Amdang amdang Hadjer

25448 Nguiziguir 366 Amdang amdang Hadjer

25449 Ouabéné 287 Amdang amdang Hadjer

25450 Ouirguis 87 Maba maba Goz

25451 Raha 300 Amdang amdang Hadjer

61

ID Place Total Ethnie(s) Langue(s) Canton

25452 Salamalek 138 Amdang amdang Goz

25453 Sounta 440 Amdang amdang Goz

25454 Taziré I 315 Amdang amdang Goz

25455 Iwédja 95 Amdang amdang Goz

25456 Taziré II 158 Amdang amdang Goz

25457 Toumbouloung 540 Amdang amdang Hadjer

CANTON 34:

25458 Téré 319 Amdang amdang Hadjer

25459 Sélélé 185 Amdang amdang Hadjer

25460 Yelguetang 40 Amdang amdang Hadjer

25461 Yaouada 521 Amdang amdang Hadjer

25462 Zambane 73 Amdang amdang Hadjer

25463 Zizik 144 Amdang amdang Hadjer

CANTON 35: Biltine urbain

25464 Abtoboye 637 Biltine urbain

25465 Amouroul 660 Biltine rural

25466 Bogoye I 557 Biltine rural

25467 Campement Barrage 9 Biltine rural

25468 Habilé I 12 Biltine rural

25469 Habilé II 8 Biltine rural

25470 Bogoye II 461 Biltine rural

25471 Boutounong 182 Biltine urbain

25472 Dadaram 43 Biltine urbain

25473 Fassil 35 montagne

25474 Kataltek 45 Biltine urbain

25475 Saraf 28 ?

25476 Diker I 251 Maba Biltine rural

25477 Diker III 192 Maba Biltine rural

25478 Gamara I 313 Biltine rural

25479 Aborso 30 Biltine rural

62

ID Place Total Ethnie(s) Langue(s) Canton

25480 Gamara II 237 Biltine rural

25481 Guinguet I 567 Biltine rural

25482 Enguémé 65 Biltine rural

25483 Hidjer 338 Biltine rural

25484 Igui I 94 Biltine rural

25485 Igui III 32 Biltine rural

25486 Igui II 341 Biltine rural

25487 Magoum 301 Biltine rural

25488 Ngourouma (Tordona) 366 Biltine rural

25489 Nguéré 641 Biltine rural

25490 Adanas 192 Biltine rural

25491 Amouroul Goz 115 Biltine rural

25492 Guissing Toudja 103 Biltine rural

25493 Orok 631 Biltine rural

25494 Bara II 246 Biltine rural

25495 Doldaka 243 Biltine rural

25496 Ganat 15 Biltine rural

25497 Oufoun I 389 Biltine rural

25498 Oufoun II 234 Biltine rural

25499 Touna I 128 Biltine rural

25500 Gabine 205 Biltine rural

25501 Kouldi 88 Biltine rural

25502 Touna II 267 Biltine rural

25503 Toyone 422 Biltine rural

63

C. Approbation des interlocuteurs

L’interview

Langue enquêtée :

Lieu :

Date :

Interview conduit en :

traduite en :

Identité des enquêteurs

Nom et prénom : Nom et prénom :

Adresse : Adresse :

Confession : Confession :

Ethnie/Nationalité : Ethnie/Nationalité :

Autres enquêteurs présents :

Identité des enquêtés

Nom du village :

Nombre des hommes présents :

Nombre des femmes présentes :

Responsables présents :

Interlocuteurs principaux :

Identité de l’interprète

Nom et prénom :

Adresse :

Confession :

Profession :

Ethnie/Nationalité :

Première langue :

64

Informations données

Je m’appelle … . Je viens de N’Djaména où j’habite. Je travaille dans une organisation qui s’appelle

SIL. La SIL collabore avec la Direction de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues

Nationales (DPLN) du Ministère de l’Education Nationale dans la recherche sur les langues du Tchad.

Les autres membres de l’équipe ici présents sont …

Après avoir présenté le but de notre mission, nous répondrons à vos questions (s’il y en a) et nous

vous demanderons si vous êtes d’accord de nous aider dans la recherche sur votre langue. Vous êtes

libre d’accepter ou de refuser d'y participer. Au cas où vous décideriez de ne pas participer à la

recherche, il n'y aura aucune conséquence négative pour vous.

Nous sommes venus ici aujourd’hui dans le cadre de nos études des langues tchadiennes. Mon

organisation, la SIL, aide la DPLN à identifier toutes les langues que l’on parle dans la Sous-

Préfecture de Biltine. Nous espérons mieux comprendre quelles langues vous parlez et comprenez à

part la vôtre et quelles langues se ressemblent. Les résultats de notre étude aideront la DPLN et autres

institutions à savoir quels matériels d’alphabétisation et de développement vous aideront le mieux.

Nous avons préparé quelques questions que nous aimerions poser à un groupe de la population,

hommes et femmes. Le tout va prendre à peu près 2 heures. Nous aimerions également poser quelques

questions à 10 individus (hommes et femmes, jeunes et vieux) ainsi que relever une liste de mots.

Nous pensons que vous apprécierez le fait de chercher dans vos connaissances. Votre participation à

cette étude aidera le démarrage des projets d’alphabétisation et de développement pour les Mimi. Nous

sollicitons votre aide bénévole ; vous ne recevrez donc pas de rémunération.

Nous aurons besoin de vous demander quelques informations sur vous-même telles que votre âge,

votre niveau scolaire, les endroits où vous avez vécu. Ces informations et vos réponses aux questions

seront combinées avec les informations d’autres participants dans un rapport.

Quant aux notes et documents, nous les garderons dans les archives de la SIL à N’Djaména. Nous

rédigerons un rapport qui sera disponible au bureau de la SIL à N’Djaména et à la bibliothèque du

CEFOD (Centre pour la Formation et le Développement). Le rapport sera également mis à la

disposition de la DPLN et de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines (FLESH) de l’Université

de N’Djaména, pour ne citer que ceux là. Vous recevrez également un résumé du rapport.

Avant de vous demander si vous êtes d’accord de nous aider, avez vous des questions ?

(Notez les questions et les réponses- voir verso)

Sur la base de ce que je vous ai expliqué avant, êtes vous d’accord de nous aider ? Oui Non

Êtes-vous d’accord que nous présentions les informations obtenues

65

dans des rapports et des articles scientifiques ? Oui Non

Notes : Nous avons présenté l’information citée ci-dessus à un groupe de …personnes qui avait été

convoqué par le chef de village

nombre de personnes qui ont réfusé de participer ___

nombre de personnes qui ont accepté ___

Les soussignés affirment que les informations citées ci-dessus ont été présentées aux participants et

que leurs réponses sont indiquées correctement.

Enquêteur Interprète/Témoin

66

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67

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69

2. Listes de mots recueillies lors de l’enquête :

Village Kouchane Sounta Yaouada Tere Canton Mimi Goz Mimi Goz Mimi Hadjer Mimi Hadjer Interlocuteur Ousmane Barak Hassan Baikai Yasine Haroun Sexe M M M M Etabli par MARTI Marianne MARTI Marianne MARTI Marianne Date 9 novembre 2004 2 décembre 2004 7 décembre 2004 8 décembre 2004

Coordonnées N 14° 38.866' E 020° 51.200'

N 14° 44.098' E 020° 53.704'

N 14° 39.767' E 021° 08.177'

N 14° 49.578' E 021° 17.459'

No. Glose

1 bouche sɪˈmi sɪˈme, semɪŋ sɪˈmi, sɪˈmiŋ sɪmɨ, sɪmiŋ 2 oeil ni niː, kʊɲe niː, kʊndʒi ni, kʰuɲi

3 tête do doː, koˈjɛ doː, kujɛ doː, kʰujɛ

4 cheveux gili geˈlɛ gɪlɨ sisɛ

5 dents (pl) kɑlkɑ dɑlkɑ, kɑlkɑ dɑlkɑ, kɑlkɑ kɑlkɑ, dɑlˈkɑ

6 nez gʊrnɑ gʊrnɑ gʊrnɑ, gʊrnɑŋ gʊrnɑ, gʊrˈnɑŋ

7 oreille dili, kiliŋgɛ dɪli, kiliŋɛ dili, kilɪŋɛ dili, kʰilɪŋɣə

8 cou kɔrɔm kɔrɔm kʰɔˈrɔm kʰɔˈrɔm

9 sein nɑnkɑ, kɑnkɑ nɑŋkɑ nɑŋˈkɑ nɑŋˈkʰɑ

10 bras (l'entier) nɑŋ, kɑɲɪŋ nɑŋ, kɑɲɪŋ nɑŋ, kɑɲɛ nɑŋ, kɑnjɛ

11 jambe (l'entier) sɔgɔl, sɔgɔlɛ sɔxɔl, sɔxɔlɛ sɔxɔlɛ, sɔˈxɔl sɔɣɔl, sɔɣɔlɛ

12 fesse doko, dokʊŋ doko dokʰo dokʰo

13 ventre doː, koto do, kotʊ doː, kʰʊtʰo do, kotʰo

14 sang tʃoː tʃoː tʃou tʃou

15 peau kuː sɑrː sɔr, sɑr kʰu

16 homme

dɛdi kɔdi, kɑdɨŋgɛ kɔʈ, kɑdiŋə kʰɑrdɪŋə, kʰɔrdi

dɨdɪ, dɨdɪgɪŋ, kʰɔrdɪ, kʰɑrdɪŋə

17 femme

ɑmdeiɑ, ɑmdeiɑŋ, bɛdi, bɛdɪŋ jɑː, jɑŋ jɑː, jɑŋ ʔɑmdɑjɑ, ʔɑmdɑjɑŋ

18 enfant kɔçɔ, kɑçɑ kɔtʃɔ, kɑtʃɑ kɑtʃɑ, kɑtʃɑbiː kʰɔçɔ

19 nom tʃuluk tʃolʊk tʃølʊkʰ

20 soleil dul dʊl dʊl dʊl

21 lune dʊwɑl doˈwɑl dowɑl doˈwɑl

22 nuit lolo noəˈlo lʊlo lolo

23 vent dɑˈwut dɑwʊtʰ dowutʰ dɑwut

24 terre (général, v. 102) duː dou duː du

25 eau sunu sunu sʊnu sʊnu

26 feu woɔt wot wʊtʰ wʊt

27 arbre sɔŋ sɔŋ sɔŋ sɔŋ

28 oiseau diːjɛ dijɛ dijo dɪjo

29 chien kut kʊt, kujɛ kʰutʰ, kʰujɛ kʰʊt, kʰujə

30 éléphant ɔŋgɔr fil ˈnɑmɑr fil

31 chèvre (et mouton) dewo dewʊ, kʰɛi kʰøi, dowu deou, kʰøi

70

Village Kouchane Sounta Yaouada Tere 32 vache juː jou, tʃuː tʃuː, juː

33 poule kuˈri kuˈri kʰʊˈri kʰuˈri

34 serpent nʊm nʊm nʊŋ nʊm

35 poisson hut hut hutʰ sɑmɑkʰ

36 venir zɑjɛ zɑjɛ zɑjɛ tɑjo

37 partir zo zo zoː doː

38 manger zɑm zɑm zɑm dɑm

39 boire zɑbɑt zɑbɑt zɑbɑtʰ dɑbɑt

40 donner naissance çəːrʊ tʃorʊ dʒəru tʃorou

41 mourir wɑjɔ wɑijə wɑjo wɑijo

42 tuer foijo fɔijə fʊijo fuijo

43 pousser (faire avancer) tɑŋzɛ tɑŋ tʰɑŋ tʰɑŋfo

44 tirer dʊs dʊsː dʊs dʊs

45 rire zɑlːɑt zɑlɑt zɑlɑtʰ lɑtːo

46 pleurer rʊŋɑ zʊrːʊŋə roijə, zʊrŋo

47 vouloir ʔido ʔido ʔido, ʔudo kʰidou

48 voir ligidɔu zɛl lɪgidou leijou

49 entendre jɨrgo zɪrːgə jɪrgɨdou jɪrgədɑou

50 savoir lɔso olʊsɑjo lɔsɔ lɔso

51 langue dɔlː dɔl dɔl dɔl

52 cou (l'extérieur) gɔrːɔt gɔrːɔt kʰɔrɔm gɔrːɔt

53 doigt bɑri, bɑre bɑri bɑrːi bɑr

54 ongle koko kʰoːkʰo kʰokʰo kʰoˈkʰo

55 genou koro kʰoro kʰʊro kʰorom

56 nombril dʊm dʊm dʊm dʊm

57 urine sɪgi sɪgi sɪgi sɪgi

58 os dʊrtu dɑrˈtu dʊrːtʰu dɔrtʰu

59 corne dɛlfi dɛlfi, kʰɛlfi dɛlfi, kʰɛlfi dɛlfi, kɛlfi

60 queue duguˈdi dʊguˈdi dʊgu di dugudi

61 étoile nit nit niːtʰ nit

62 an sɑnɑ ʔɑmtʰɛtʰ sɑnɑ ʔɑmtʰɪt

63 nuage (blanc) lili liːli liːli lili

64 rosée (saison sèche) ʔidʊ ʔɪdu ʔɪdu ʔidu

65 pierre (ou montagne) hajar bɑŋ bɑŋ bɑŋ bɑŋ

66 rivière dɑwu dɑwu dɑu dɑwo

67 fumée kɔbu kɔbu kubu kʰubu

68 viande niːn nɪn nin nin

69 oeuf dʊrdɑ dʊrdɑ, kʊrdɑ dʊrdɑ, kʊrdɑ dʊrˈdɑ

70 lait çəˈlo tʃəˈlo tʃuˈlo tʃolo

71 écorce ʔɑfɑlɑk ʔɑdɑ ʔɔfɔrkʰɔ

72 racine dɑrɑ, kɑrɑ dɑrˈrɑ dɑˈrɑ dɑˈrɑ

73 fleur muːru moru mʊru muru

71

Village Kouchane Sounta Yaouada Tere

74 (graine de) semence kʊlɑ kʊlːɑ kʰolɑ kʰolɑ

75 champ ɺɔ ro rːɔː rːɔ

76 maison (case et/ou concession) kulʊk kʰoˈokʰ kʰʊluk tʰʊl

77 lit sɑˈro sɑro sɑro sɑro

78 village hɪlːə hɪlːə hɪlːə .

79 braise ɣiː rɛi riː rɛi

80 couteau bɑlː bɑl bɑl bɑl

81 corde ʔɔŋɔ ʔɔŋɔ ʔɔŋɔ ʔɔŋɔ

82 bataille/bagarre kɔrː kʰerɑ kʰɪrɑ

83 marmite tiː tiː tʰiː ti

84 fer hɑˈdid hɑdid

85 chemin (ou rue) ʔɔru ʔɔru ʔoru ʔɔru

86 marcher (à pied) zɪlɪŋɛ zɪliŋɛ zoː diː

87 courir zɛdːɛr zɛdɛr jɔgzɛ tʰɛrə

88 voler (oiseau) bɪrfo, bɪr bɪrː bɪrː bɪrː

89 s'asseoir zuguŋ zʊgudɔŋ zogudɔŋ ʔɑgudɔŋ

90 se lever zɔŋɔ guɪjo goː

91 se coucher zɪŋˈjɑl zɪɲɑl wɪnjəlɑijo wuɪnjɑl

92 dormir winjɑlɑjo ʔuwɪɲɑlɑi zʊnjɑl wʊnjɨlɑjo

93 tomber fokɑijo zɔk fʊkʰɑjo fokʰɑjo

94 frapper zuˈgut zugʊt zuˈgʊtʰ kʰutʰɛijo

95 laver kiˈdʒɑk kiʝɑk zoː, wʊɨjə kʰədjɑk

96 donner zɪŋˈki zɪŋkʰi zɪŋˈkʰi dɪŋˈkʰi

97 acheter zuːl zʊl zuːn tʰɑulo

98 voler (dérober) dɑwɑlɑi dɑwɑlɑi dɑwɑlɑi tʰɑdɑwɑlɑifo

99 brûler zuni zuni fiːfo tʰɑwuˈnu

100 dire zɔldo zʊldo ʔʊldʊŋu, zɑrɑ rogʊndo

101 ciel sɑmɑ sɑmɑ sɑmɑ sɑmɑ

102 sable (fin, voir 24) swɑ sowɑ soˈwɑ sowɑ

103 pou de tête niːnɑ nenɑ, nelɑ ninɑ nɪnɑ

104 branche ɑu leˈfɛl, ʔɑwu wɛrdə lɛfɛl

105 feuille wɨrdə wɛrˈdɛ lɛvɛl wɪrˈdɛ

106 sel wɑˈrɑt wɑˈrɑtʰ wɑˈrɑtʰ wɑˈrɑt

107 huile dɨtʰ detʰ dɪt dɪt

108 faim dɔrː dɔrː dɔrː dɔrɔ

109 soif dɪtʰ dɪt dɪt dɪtʰ

110 un wʊk wok wok ʔokʰ

111 deux ɲʊŋ ɲʊːŋ ɲʊŋ ɲʊŋ

112 trois it ʔɪt ʔit ʔɪt

113 quatre ɑŋwɑl ʔɑŋwɔl ʔɔŋɔl ʔɔŋgɔl

114 cinq wɑt wɑt wɑt wɑtʰ

115 dix bɔkʰ bɔk bɔkʰ bɔk

72

Village Kouchane Sounta Yaouada Tere 116 onze bɔkɔrɔwʊk bɔkɔrɔwʊk bɔkʰɑrdʊk bɔkʔɑrdʊk

117 chaud tul tʊl tʰʊlːu tʊlːo

118 froid dilɪtʰ dɪlɪt fɪnː fɪnː

119 sec wɑsde wɑs, wɑstə wɑsti wɑs

120 haute kɛˈsi kʰɛˈsi kɛˈsi kɛˈsi

121 petite taille bɪrɨˈki bɪrːˈki bɪrˈkʰi tʰobɪrˈkʰi

122 beaucoup biː biː biː biː

123 peu bɑgɑt bɑˈgɑt bɑˈgɑtʰ bɑlɑto

124 nouveau dɪdiwu dɪdou dɪˈduʊ dɪdou

125 rouge nɪrː nɛrə nɪrː nɪrː

126 noir mɪnˈdi mɪndi mɪndi mɪndi

127 blanc fɑdɑlːi fɑdɑldɨ fɑtɑldɪ fɑtɪldɪ

128

envoyer (qqn en commission) zoː zɑirɑ kɑĩrʊŋu kʰɑirʊŋgu

129 verser zorː dʒɔr rou roːu

130 lancer zɑlˈgɛtʰ zɛlˈgɛt jɪrgətɑi jɪrgətʰɑijo

131 mordre zɛˈdɛl zɛˈdɛl wʊdɪlɑi wɨdəlɑijo

132 gratter kɔ zɨgɪl jɪgilɑijo jɪgəlɑijo

133 fendre (le bois) fɑs fɑs fɑs fɑs

134 presser wɑigɛ ʔɑdʒɑl ʔɑdʒɑlɑ hɑsɑrfo

135 cultiver zɛŋgɛl zɛˈŋɛl tʰɑgɛlo gɪlou

136 tousser kʊrˈro kʰɔrːɔ kʰʊrːufo kʊrːo

137 vomir giˈdɑf gɪˈdɑf gɪdɑfɑu gɪˈdɑf

138 sucer sɪm sɪm kʰʊrdʒifɑou sɪmfou

139 cracher tof tof tʰʊfou tokfɔu

140 souffler (sur) sisɪrɛʝ fuː zɪŋijou fufɔu

141 marier/épouser kʊlʊg fog kʰʊlʊkʰfoː djizɪrfou kʰulʊkʰɔu

142 enterrer zɪrim ziˈrim kʰirimɑgɔu rimɛijou

143 chanter dɪkʰ dek dɪkfɔu dɪkʰ

144 siffler suˈqɑt, suˈqɑt sisərɛt sisirɑtʰfou sɪˈsiro

145 aboyer ɑwu hɑwu hɑufou hɔu

146 jouer zɑwɑl kʰɑwɑle kɑwulɪŋgo fɑl

147 avoir peur jɛwɑu jɑwɑo jɑou jɪvədʊŋgu

148 sentir (odorat) ʔɛˈzi sɪŋ sɪŋfɔu sɪŋ

149 montrer zʊlˈdo wɑsɑp wɑsifɔu ʔʊldʊŋukʰou

150 compter zʊn, zʊl zʊn hisɑbfɔu kʰʊn

151 dos dɑrː dɑrː dɑrː dɑrː

152 main nɑŋ nɑŋ nɑŋ nɑŋ

153 pied sɔˈkɔl sɔˈxɔl sɔgɔl sɔɣɔl

154 coeur sʊlˈmɑ sʊlmɑ sʊlˈmɑ sʊrˈmɑ

155 père bɑː bɑː bɑ bɑ

156 mère jɑː jɑː jɑˈdɑi jɑ

157 frère ʔɑˈrʊl ʔɑˈrʊl ʔɑˈrun hɑˈrʊl

73

Village Kouchane Sounta Yaouada Tere 158 soeur tɑnɑ tʰɑnɑ tʰɑnɑ tʰɑnɑ

159 oncle maternel ɑnɑt jɑtsi ʔɑnɑt jɑtsɪ ʔɑnɑtʰ ʔɑnɑt

160 chef (du village) iˈmɑm, mɑnʝɑk mɑndʒɑkʰ ʔimɑːm ʔɪˈmɑm

161 saison pluvieuse wɑˈdɛl wɑdɛl wɑˈdɑl

162 saison sèche, chaude wijɛs wiˈjɛs tʰɑi wiˈjɛs

163 colline bɑŋ bɔŋ, bɛkʰɛ bɛkʰɛ, bɑŋ bɑŋ, bɑkʰe

164 herbe wʊʃ wʊʃ wʊʃ wiʃ

165 poussière tɑˈwɑr tɑˈwɑr tʰɑˈwɑr tɑˈwɑr

166 caillou kɑikɑ kʰɑikʰɑ nɑŋ kʰɑikʰɑ, dɑikʰɑ

167 ordure tuˈdu tʰudu tʰudu tʰudu

168 trou konɑ kʰonɑ kʰonɑ kʰonɑ

169 calebasse ketɑ kʰeˈtʰɑ sɑrˈtʰe, kɪtʰɑ kʰetʰɑ

170 habit kɑˈlɑkʰ kʰɑlɑg xɑlɑg kɑlɑk

171 chameau kɑˈmɑl kɑˈmɑl kɑˈmɑl kɑˈmɑl

172 fourmi (noire) diːditi diditi sʊdʊl dɪrtʰi

173 araignée mɔrmorijʊ ŋɔŋoriu mɔrmʊri ŋɑrŋɑrijə

174 scorpion ɳɑŋ ɲɑŋ ɲɑŋ ɲɑŋ

175 lourd nɑŋ nɑŋ nɑŋ nɑŋ

176 léger wɑwɛ wɛwɛ wɛwɛ wɛwe

177 vieux kʊŋkut kʰɔŋkʰotʰ kʊŋgʊtʰ kʰʊŋkʰut

178 bon (juste) sɑˈmɑ sɑˈmɑ sɑˈmɑ sɑmɑːŋʊ

179 mauvais ʃɛn ʃɪn ʔɑsɑˈmɑ ʃɪnɔ

180 long kʰɛˈsi kʰɛsi kʰɛˈsi kʰɛˈsi

181 court (v.121) bɪrˈki bɪrkʰi bɪrˈkʰi bɪrˈkʰi

182 plein sɔl sɔl sɔl sɔlː

183 vide (non occupé) wɑsti wɑsˈte wɑstɪ wɑsˈdɨ

184 sale ʃɨn ʃɪn ʃɪnʊ mʊnʊn

185 propre sɑmːɑ sɑˈmɑ sɑˈmɑ sɑˈmɑ

186 tout kɑmɪl, kɑmɪn kʰɑmɪl zʊkʰo kʰɑmɪl, tʰɪm

187 six ʔɑː ʔɑː ʔɑː ʔɑː

188 sept ukɛl ʔukʰɛ ʔuˈkʰɛl ʔʊkʰɛl

189 huit ʔɪʃɛr ʔɪʃɛn ʔɪˈʃɛl ʔɪˈʃɛl

190 neuf bɔrːbɔrː bɔrbɔr bɔrˈbɔr bɔrbɔr

191 vingt ʔɪʃirin, bɔkbɔkɳʊŋ bɔkʰbɔkʰɲʊŋ bɔkbɔkɲʊŋ tʰɪlmʊŋ

192 cent mijɑ bɔkbɔgəbɔk bɔkbɔkwʊlibɔkʰo fɛrːə

193 arriver tɑjo wʊlɔ wʊlou wʊlːo

194 lutter gɔwu gɔwu wɑrː gɑŋgɑŋ

195 lier, nouer zugulɑi dzʊgul zulɛijo dulɛijo

196 chercher dɑˈwɑr dɑwɑr fʊŋ fʊŋfowu

197 trouver (recevoir) lɔbulu zɑbʊl lɑbul lɔbulɔ

198 tresser kɑidi ʔɑdʒɑl tɛjɑ fɑijo, kʰɑidɪŋgo

199 préparer la nourriture tɛlɑzɛ tʰɛlɛzɛ telɑtʰɑfo tʰelɑfo

74

Village Kouchane Sounta Yaouada Tere 200 enfler godulʊk lɑido lɛidi wʊdʊlʊkʰfou

201 danser kɑwɑlɛ kɑwɑle kʰɑwilɛi fɑlo

202 avoir (faire) mal tʊlo tʊlo sɑrtʰum tʰʊlːo

203 penser, réfléchir nɛl, ʝulo nɪl ɑifɑkʰɑro lɪlfɔu

204 demander zɑlɪ zɑle sɑʔɑlfou sɑʔɑlfou

205 prendre zere zerə rːɛou reou

206 amener zɑn zɑn zɑn, dɛijou, zʊsu dʊsiu

207 cacher (ranger) zewɛn zɑmɛn fenɑi sɑmfou

208 nager kɑbɔu kʰɑbɑo ʔɔm tʰɑʔʊmfou

209 balayer fɑt fɑt fɑt tʰɑfɑtʰou

210 travailler xidɪmɛ zɛ xɪdɪmə xɪdɪməfou tʰɑkɪdimefou

211 près koti kʰoti kʰɔtʰi kʰotʰɨ

212 loin kʊˈlukʰ kʊˈlukʰ kʊˈlʊkʰ kʰʊˈluk

213 ici ɑndo ʔɔnˈdɔ ʔɑndɔ ʔɔnˈdɔ

214 là-bas ʔɔntʰʊl ʔɔnˈtʊl ʔɔntʰʊl sɔˈnɛ

215 à droite ʝɑlɛgɛ dʒɑle dʒɑligə ʝɛlɪgə

216 à gauche gorɔ gɔˈrɔ gɔrɔgə gɔˈrɔgə

217 maintenant hɑˈsɑ ʔɑˈsɑ ʔɑˈsɑ ʔɑˈsɑ

218 hier kʰɛtʰ kʰɛt gɪt kʰɛt

219 demain wɑrɛgɛ wɑrɪgə wɑrɪgə wɑˈre

220 où kɛ ʔɑlɔ, kʰɛ ʔɑdɪgə kʰɛ

221 quand gɔŋgɔ gɔŋgɔ gɔŋgɔ gɔŋgɔ

222 qui gelɑŋ gelɑŋ ge gɪˈlːɑ

223 quoi gɑlɑŋ gɑː gɑˈlɑ gɑː

224 comment ʔɑmɪnɛŋ ʔɑmɪnə ʔɑmɪnə gɑːŋfə

225 je / moi kɑi kʰɑjɪ kʰɑi kʰɑjɪ

226 tu / toi ze zeː ze deː

227 il, elle / lui kɑizi ʔɛlː ʔɛl ʔɛl

75

E. Questionnaire à l’intention des groupes

1 Identification

1.1 L’interview

Langue enquêtée :

Lieu :

Date :

Interview conduite en :

traduite en :

1.2 Identité des enquêteurs

Nom et prénom : Nom et prénom :

Adresse : Adresse :

Confession : Confession :

Ethnie/Nationalité : Ethnie/Nationalité :

Autres enquêteurs présents :

1.3 Identité des enquêtés

Nom du village :

Nombre des hommes présents :

Nombre des femmes présentes :

Responsables présents :

Interlocuteurs principaux :

1.4 Identité de l’interprète

Nom et prénom :

Adresse :

Confession :

76

Profession :

Ethnie/Nationalité :

Première langue :

1.5 Accord

Oui Non

1.6 Résumé de quelques facteurs socio-économiques

Population :

Ethnie(s) principales :

Religion (traditionnelle, islamique, chrétienne) :

Infrastructure sociale : (dispensaire, marchés, projets de développement, école, classes d’alpha)

Administration locale :

Domicile des notables de cette communauté (ici ou ailleurs ?)

notables habitant au village (chef de canton, chef de village, sultan, chef de race, imam, etc.)

2 Quelques aspects économiques et socio-culturels

2.2 Étendue de l’ethnie

1. Comment désignez-vous votre propre ethnie (groupe ethnique, clan) ?

2. Comment les ethnies voisines appellent-elles la vôtre ?

3. Que pensez-vous de ce nom ?

4. Où trouve-t-on des villages (ethnie) ? (carte, liste de cantons)

5. Quels sont les villages les plus importants ? Pourquoi ?

6. Y a-t-il d’autres régions au Tchad, habitées par votre ethnie, que nous n’avons pas encore

mentionnées ?

77

7. Comment appelle-t-on ces gens ?

8. Quels noms se donnent-ils eux-mêmes ?

9. Y a-t-il encore des villages habités par votre ethnie dans les pays avoisinants (Soudan,

République Centrafricaine, Cameroun, Nigeria, Niger) ? Où ?

10. Comment appelle-t-on ces gens ?

11. Quels noms se donnent-ils eux-mêmes ?

12. Quels autres groupes (ethnies, régions) considérez-vous comme des frères (ancêtres

communs) ?

13. Y a-t-il des conflits, des querelles ou des disputes entre certains groupes et vous ?

2.3 Migration

1. D’où est venu le fondateur de ce village ?

2. Si vous vous êtes déplacés pour venir ici, y a-t-il d’autres parties de votre groupe qui se sont

déplacées ailleurs ? Lesquelles ?

3. Y a-t-il des parties de votre groupe qui ont quitté la région pour s’installer ailleurs ? Lesquelles

? Pourquoi ?

4. Si oui, y a-t-il des contacts réguliers entre vous et eux ?

5. Est-ce que les jeunes restent au village pour gagner leur vie ou bien vont-ils en ville ?

6. Y a-t-il des étrangers qui viennent ici régulièrement ? Lesquels ? Pourquoi ?

78

7. Vous déplacez-vous ailleurs (hors du canton) régulièrement ? Où ? Pourquoi ?

8. Est-ce qu’il y a des étrangers qui habitent ici ? Lesquels ?

9. Sont-ils nombreux au village ? ( un quart, moitié )

2.4 Mariage et intermariage

1. Est-ce que les hommes d’ici se marient avec des femmes qui ne sont pas d'ici ( ethnie ) ? D'où

viennent-elles ? (De quelles ethnies).

2. Est-ce que vos filles se marient avec des hommes qui ne sont pas d'ici ( ethnie ) ? De quelles

ethnies ?

3. Y’a-t-il certains peuples ou groupes de gens avec qui vous ne vous mariez pas ?

2.5 Education de base

1. Quelles sortes d’école y a-t-il ici ? ( publique, privée, coranique )

2. Quelle est l’école la plus grande ?

3. A quel âge les enfants vont-ils à l’école ?

4. A quel niveau quittent-ils l’école ?

5. Est-ce qu’il y a des enfants qui viennent de l’extérieur pour fréquenter l'école ici ?

Oui Non

Si oui, d’où viennent-ils ?

6. Y a-t-il des enfants qui vont à l’école secondaire ?

Oui Non

Si oui, où ?

79

7. Que font la plupart des enfants après avoir terminé leurs études ?

2.6 Alphabétisation

1. Y a-t-il des classes d’alphabétisation dans le canton ? Oui Non

Si oui, où ?

2. Si oui, est-ce que quelques-uns parmi vous les fréquentent ? Oui Non

Pourquoi ?

2.7 Activités économiques

1. Quelles plantes cultivez-vous dans la zone ?

2. Quels animaux élevez-vous ?

3. Quelle est votre nourriture principale ?

4. Comment faites-vous pour avoir de l’argent ?

2.8 Attitudes envers le développement

1. Y a- t il des groupements ou desorganisations de développement dans votre village ?

Oui Non

Si oui, lesquels ?

2. Avez-vous une fois réalisé vous-mêmes des projets tels que la construction de puits, d’écoles,

de routes, de dispensaires ?

Oui Non

Si oui, lesquels ?

3. Quels sont les projets plus importants à réaliser ?

4. Pour démarrer un projet de développement ou d’alphabétisation,que serez-vous prêts à faire ?

80

(S’il n’y a pas de réponse : par exemple une contribution financière, construction d’un hangar ou

bâtiment, encouragement d’enseignant….)

3 Aspects linguistiques

3.2 Situation dialectale

1. Quel nom donnez-vous à votre propre langue ?

2. Quel est le nom avec lequel les ethnies voisines désignent votre langue ?

3. Quelle langue parle-t-on dans le village X ?

Avec les cartes, posez les questions suivantes en commençant par les villages les plus proches, et

continuez vers les villages les plus lointains, jusqu’à la limite des connaissances des enquêtés. Si c’est

la même langue, parlée exactement de la même façon, encerclez le nom du village. Si c’est la même

langue parlée un peu différemment, encerclez mais ajoutez une lettre A, B, C, etc. et écrivez (en bas) le

nom de cette façon de parler. Si c’est une autre langue, soulignez le village avec le nom de la langue à

côté. Si c’est un village où plusieurs langues sont parlées, emboîtez le nom du village, et écrivez les

noms des autres langues à côté. (Si les abréviations sont utilisées, donnez une légende pour expliquer.

Notez la date et le village où ont été prises les données et le nom de l'enquêteur sur chaque carte.

A =

B =

81

C =

4. Quelles langues les gens parlent-ils dans les villages (votre ethnie) dans les autres régions du

Tchad ?

région langue(s) parlée(s)

5. Quelles langues les gens parlent-ils dans les villages (votre ethnie) dans les pays avoisinants ?

pays/région langue(s) parlée(s)

6. Y a-t-il des villages (votre ethnie) où on ne parle plus (votre langue) ? Oui Non

Si oui, lesquels ?

3.3 Intercompréhension entre les parlers et le multilinguisme

1. Quand vous rencontrez quelqu'un ( votre ethnie ) qui parle une autre variante (voir §3.2)

82

a) quelle langue parlez-vous avec lui ?

b) quelle langue parle-t-il avec vous ?

c) doit-il parler lentement ou normalement ?

d) à partir de quel âge un de vos enfants peut le comprendre ?

endroit vous parlez ? il parle ? lentement/ normalement ? âge de l’enfant ?

2. Lesquels parmi ces parlers comprenez-vous le plus facilement ?

(Listez les langues selon la facilité à les comprendre)

3. Quand vous rencontrez quelqu’un de X / un X, (autres ethnies)

a) quelle langue parlez-vous avec lui ?

b) quelle langue parle-t-il avec vous ?

c) doit-il parler lentement ou peut-il parler normalement ?

d) à partir de quel âge un de vos enfants peut-il le comprendre ?

ethnie vous parlez ? il parle ? lentement/ normalement ? âge de l’enfant ?

83

4. Lesquelles parmi ces langues comprenez-vous le plus facilement ?

Listez les langues selon la facilité à les comprendre.

5. Quelles autres langues comprenez-vous ?

6. Y a-t-il des gens ici au village qui ne parlent aucune autre langue que (votre langue) ?

Oui Non

Si oui, pourquoi ?

7. Y a-t-il des gens ici au village qui ne parlent plus (votre langue) ?

Oui Non

Si oui, pourquoi ?

3.4 Usage des langues

3.4.1 Vie quotidienne

1. Quelles langues utilisez-vous le plus souvent . . .

domaine langue commentaires

avec les gens âgés ?

avec les gens d'âge moyen ?

avec les enfants ?

avec les étrangers installés au village ?

à la maison ?

au champ ?

84

au marché de (nom du marché local) ?

au marché de (grand marché) ?

à la clinique /au dispensaire ?

2. Quelle est la première langue apprise par les enfants ? Ensuite ?

3. Quelle langue les jeunes d’ici parlent-ils le plus ?

4. Que pensent les vieux si les jeunes parlent …. (nom de la langue) à la maison ?

5. A l’école coranique, en quelle langue le faki explique-t-il les versets :

arabe local ? arabe classique ? votre langue ?

Est-ce que tout le monde le comprend bien ? Oui Non

6. A la mosquée, en quelle langue l’imam donne-t-il l’explication du Coran :

arabe local ? arabe classique ? votre langue ?

Est-ce que tout le monde le comprend bien ? Oui Non

3.4.2 Education

1. Quelle langue le maître parle-t-il à l’école ?

2. Quelles langues les élèves parlent-ils en classe ? Peut-on parler (langue maternelle) ?

3. Quelles langues les élèves parlent-ils pendant la récréation ?

4. Quelles langues parlent les enfants quand ils jouent hors de l école ?

5. En quelle(s) langue(s) sont les classes d’alphabétisation ?

85

Quelle langue l'encadrement utilise-t-il pour l’enseignement ?

6. Est-ce que tout le monde comprend bien les explications ? Oui Non

3.5 Attitudes linguistiques

1. Existe-t-il des écrits dans votre langue ? Oui Non

(par exemple des chants, des prières, des portions de livres ou des saintes écritures)

Si oui, lesquels ?

2. Quelles langues aimeriez-vous qu’on utilise à l’école pour que les enfants comprennent bien

l’enseignement ? Donnez l’ordre de préférence.

� � �

3. Quelles langues aimeriez-vous que vos enfants apprennent à l’école comme langues étrangères

? Donnez l’ordre de préférence.

� � �

4. Disons qu’un homme (une femme) va faire un exposé sur les moyens d'éviter les maladies du

bétail (des enfants). Quelle langue doit-il (elle) choisir pour que vous alliez l’écouter ? Et si ce n’est

pas possible ? Donnez l’ordre de préférence.

� � �

5. Quelle langue choisissez-vous pour apprendre à lire et à écrire vous-même ?

Quel est votre ordre de préférence ? Pourquoi ?

� � �

6. Si l’arabe est une option : Préférez-vous l’écriture romaine ou arabe ? (montrer deux

exemples)

romain arabe

Pourquoi ?

7. Si quelqu’un veut apprendre votre langue où doit-il s’installer ?

86

F. Questionnaire sociolinguistique à l’intention des individus

Enquêteur : Date : Langue enquêtée : Lieu :

1. Présentation de l'enquête

1.1 Quel est votre nom ? (Sexe)

Usumak/usumki wa usum abuk/abuki chenû ?

1.2 Quel âge avez-vous ?

Indak/indiki sana kam ?

1.3 Quel est votre métier ?

Khidimtak/khidimtiki chenû ?

1.4 Quelle est la langue maternelle de votre père ?

Abuk/abuki yikallim kalâm chenû ?

1.5 Quelle est la langue maternelle de votre mère ?

Ammak/ammki tikallim kalâm chenû ?

1.6 Quelle langue votre père et mère parlent/parlaient-ils entre eux ?

Abuk/abuki wa ammak/ammki yikallumu kalâm chenû ambenâthum ?

1.7 Quelle est la langue maternelle de votre mari/(vos) femme(s) ?

Martak tikallim/rajilki yikallim kalâm chenû ?

1.8 Etes-vous allé/allée à l’école ? Jusqu'à quelle classe ?

Garet/gareti lekol wallâ ? Garet/gareti lahaddi bêt kam ?

87

1.9 Quelle est la première langue que vous avez apprise étant enfant ?

Wakit inta/inti sakhayar/sakhayre, awwal ke allam tahajji kalâm chenû ?

1.10 a. Quelles langues parlez-vous, même un peu ?

Kalâm wênuh al tagdar/tagdare tahajji, kan chiya kula ?

b. Quelles langues comprenez-vous seulement ?

Kalâm wênuh al tagdar tasma/tagdare tasme bas ?

1.11 Avez-vous passé toute votre vie à .............. ?

Inta îch/inti îchti kulla hayâtak/hayâtki fî hille di ?

Sinon, combien de temps y êtes-vous resté ?

Kan lâ, ga’ad/ga’adti kam sana fî hille di ?

Où avez-vous habité pendant au moins un an ?

Inta sakan/inti sakanti wên sana wahed wallâ zîyâda ?

Endroit Combien de temps ? Quelle langue parle-t-on là-bas ?

Bakan Sana kam ? Yikallumu kalâm chenû hinâk ?

2. Usage de langues / Multilinguisme

2.1 Quelle(s) langue(s) savent parler vos enfants ?

Iyalak/iyalki ya’arfo yikallumu kalâm chenû ?

2.2 Quelle langue parlez-vous ...

Tikallim/tikallimi kalâm chenû ...

88

a ...avec votre mari/femme(s) ?

...ma’â martak/rajilki ?

b ...avec vos enfants ?

...ma’â iyalak/iyalki ?

c ...avec vos ami(e)s du même âge ?

...ma’â rufuganak/rufuganki al sanitku sawa ?

d ...au marché local ?

...fî l sûg hanâ l hille di ?

e ...au grand marché à ... ?

...fî l sûg hanâ ... ?

f ...aux champs ?

...fî l zere ?

g ...avec le chef de canton ?

...ma’â chef de canton ?

h ...à l’hôpital ?

...fî l labtan ?

89

2.3 Quelle(s) langue(s) parlent vos enfants en jouant avec d'autres enfants ?

Iyalak/iyalki yikallumu kalâm chenû kan yal’abo ma’â iyal akharîn ?

2.4

Quand vous

êtes chez un ...

vous parlez en

quelle

langue ?

il répond en

quelle

langue ?

vous parlez

normalement./

lentement ?

un enfant

comprend à

partir de quel

âge ?

groupes qui ne

parlent pas bien

Kan inta

ga’id/inti

ga’ide ma’â ....

tahajji be? hû yirûd be? be bichêch wallaa

ajala ?

fî l sana kam al

iyal yafhamo

nâs al mâ

yikallumu adîl?

(chuâb, awîn?)

3. Développement de la langue

3.1 Si votre langue était mise par écrit et si il y avait des classes pour apprendre à lire et à écrire dans votre

langue, qu’est-ce que vous seriez prêt(e)s à faire pour assister à la classe ?

Kan naktubu kalâmku wa …

3.2 a) Quelles langues aimeriez-vous qu’on utilise à l’école pour que les enfants comprennent bien

l’enseignement ? Pourquoi ? Donnez l’ordre de préférence.

Tidôr/tidôri yigarruku be kalâmku misil santên wallâ sana talâta fî l lekol ?

Rassis/rassisi kalâm al tidôrah/tidôrih:

90

Quelles langues aimeriez-vous que vos enfants apprennent à l’école comme langues étrangères ?

Donnez l’ordre de préférence.

3.3 Disons qu’un homme (une femme) va faire un exposé sur les moyens d'éviter les maladies du bétail

(des enfants). Quelle langue doit-il (elle) choisir pour que vous alliez l’écouter ? Et si ce n’est pas

possible ? Donnez l’ordre de préférence.

Misil kan talâta nâs ga’idin…

Rassis/rassisi kalâm al tidôrah/tidôrih:

5. Quelle langue choisissez-vous pour apprendre à lire et à écrire vous-même ?

Quel est votre ordre de préférence ? Pourquoi ?

Tidôr/tidôri kalâm al wênuh le ta’allim/ta’allimi acân tagrih wa taktibah/taktibih inta zâtak/

inti zâtki ?

Rassis/rassisi kalâm al tidôrah/tidôrih:

3.5 Quels sont les villages et les villes les plus importants et prestigieux de la région où votre langue est

parlée ?

C'est-à-dire les centres de la région ? Pourquoi ?

Wên hallâl al muhimmin fî troap al nâs yahajjo kalâmku ? Mâla al hallâl dol muhimmin ?

91

3.6 Où parle-t-on le mieux votre langue ? Si un étranger veut apprendre votre langue, où doit-il

s’installer pour apprendre le ... pur ?

Fî wên nâs yikallumu adîl kalâmku ? Kan nâdum âkhar yidôr yi’allim kalâmku, yaji yagôd wên ?

3.7 Pensez-vous que, dans l'avenir, les enfants de votre village ne parleront plus leur propre langue, mais

plutôt une autre ? Si oui, laquelle ? Est-ce bien ou non ? Pourquoi ?

Fî fikirak/fikirki, ba’aden al iyal hanâ hillitku mâ yahajjo kalâm nafarku, wa yahajjo kalâm

âkhar wallâ ? Kan sahi, kalâm chenû ? Adîl wallâ mâ adîl ? Mâla ?

92

G. Questionnaire d’auto-évaluation de bilinguisme

Formulaire abrégé, version 5.94 (traduit du questionnaire de Quakenbush)

FSI 0+

A. Pouvez-vous parler l'arabe/.../..., même un peu ?

Tagdar tikallim kalâm arabe/.../..., kan chiya kula ?

FSI 1

A. Quand quelqu'un vous pose les questions suivantes en arabe/.../..., pouvez-vous comprendre et répondre correctement en arabe/.../... : Quel est votre village ? Etes-vous marié(e) ? Quel est votre travail ? Quand et où êtes-vous né(e) ?

Kan nâdum yigaddim lêk su'al dol be kalâm arab/.../..., tagdar tafham wa tirûd adîl be l arabi : "Hillitak wên ? Inta mujawwis wallâ ? Khidimtak chunû ? Inta wilidok mata wa wên ?"

B. Quand quelqu'un vous demande le chemin à prendre pour arriver à l'école la plus

proche, pouvez-vous lui indiquer le chemin en arabe/.../... ?

• Kan nâdum yas'alak derib al machi alê lekol al garib, tagdar tiwassif lêya l derib da be kalâm arab/.../... wallâ ?

FSI 2

• Pouvez-vous bien expliquer à quelqu'un votre travail en parlant seulement en arabe/.../... ? (par exemple, pouvez-vous expliquer à un(e) orphelin(e) arabe/.../... le travail des champs ?)

Tagdar tiwassif lê nâdum khidimtak be kalâm arab/.../... wallâ ? (misil tagdar tiwassif lê atîm arabi/.../... khidime hanâ zere wallâ ?)

• Pouvez-vous raconter en arabe/.../... comment vous vivez maintenant et ce que vous

comptez faire à l'avenir ?

Tagdar tikallim be kalâm arab/.../... kikkêf ga'id ti'îch hassa wa ba'aden tidôr tisawwi chenû wallâ ?

• Pouvez-vous engager quelqu'un pour travailler pour vous et lui indiquer le salaire, les

heures de travail et le travail à faire, tout cela en arabe/.../... ? (par ex. engager un Arabe/.../... pour transporter le mil de votre champ à votre maison ?)

93

Tagdar tikhaddim nâdum wa ti'ôrih gurus al tikaffih, al wakit hanâ khidime wa khidime l bisawwih, kulla ke be kalâm arab/.../... wallâ ? (Masalân tikhaddim arabi/.../... lê yangul lêk khalla min zere lê bêtak ?)

FSI 3

• Quand deux Arabes/.../... en colère se disputent, pouvez-vous tout comprendre ou bien certaines choses vont vous échapper ? (par ex.: deux femmes arabes/.../... se chamaillent au marché ?)

Kan arab/.../... itinên za'alânîn wa ga'idîn yaharju, tagdar tafham kulla wallâ mâ tagdar tafham kalâmat wahadîn ? (Misil kan awîn arab itinên ga'idîn yaharju fî l sûg ?)

• Etes-vous sûr(e) de toujours comprendre tout ce qu'on vous dit en arabe/.../.. .? Ou

bien avez-vous peur parfois de ne pas connaître le sens de certains mots ?

Inta mu'akkid daïman tafham kulla chey al bi'ôruk be kalâm arab/.../...,wallâ takhâf bakân wahed mâ ta'arif ma'ana hanâ kilimat wahadin wallâ ?

• Supposons que vous et votre ami(e) venez de parler dans votre langue sur un sujet

intéressant. Un(e) Arabe/.../..., qui ne parle pas votre langue, arrive et vous demande de quoi vous avez parlé. Pouvez-vous reprendre pour lui (elle), en arabe/.../..., le sujet dont il s'agit ?

Masalân inta wa rafigak ga'idîn tartunu wa tahajjo fî chey muhimm bê rattinku. Arabi/.../... wahed mâ ya'arif rattinku, wa ja sa'alak "hajjetu fî chenû", tagdar tahajji lêyah be kalâm arab/.../..., kalâm da fî chenû wallâ ?

• Est-ce qu'il est toujours facile pour vous de comprendre et de parler avec des

Arabes/.../... ? Ou bien cela vous semble-il parfois difficile ?

Daïman hayyin lêk tafham wa tikallim ma'â arab/.../... wallâ gâsi lêk bakân wahed ?

• Pouvez-vous bien vous disputer en arabe/.../... ?

Tagdar taharij be kalâm arab/.../... ?

• Pouvez-vous parler avec un groupe de chefs en utilisant seulement l'arabe/.../... et être sûr(e) de dire tout ce que vous voulez dire sans blesser ni amuser les chefs ?

Tagdar tahajji ma'â kubârât wa tista'mal kalâm arab/.../... bas wa mu'akkid fî kulla kalâm al tugûlah da mâ yiza''il wa mâ tistâbal al kubârât ?

• Etes-vous toujours capable de compléter toutes vos phrases en arabe/.../... ? Ou bien

est-ce qu'il vous faut parfois vous arrêter, réfléchir et reprendre ?

Daïman inta gadarân titâmin kalâmak be l arabi/.../...? Wallâ wâjib lêk tigif chiya tifakkir wa tabda ?

94

FSI 4 A. Pouvez-vous facilement changer votre façon de parler l'arabe/.../... suivant que vous

vous adressez à votre ami ou à un chef de village arabe/.../... ? (pouvez-vous parler aussi poliment aux chefs arabes que les Arabes eux-mêmes, ou votre langage serait-il un peu plus simple ?)

Tagdar tikhayyar hayyin ke kalâm arabak/.../... kan tikallim lê rafîgak arabi/.../... wallâ lê chêkh hanâ hille arab/.../... ? (Tagdar tahajji kula be addab lê chuyukh misil al arab/.../... zâthum, wallâ kalâmak yabga axhêr chiya ?)

B. Est-ce que vous pouvez travailler comme interprète auprès d'un chef de village

arabe/.../... (ou sa femme) ?

• Tagdar titarjim lê chêkh arabi/.../... ?

C. Dans toute discussion sur n'importe quel sujet avec des Arabes/.../..., est-ce que vous utilisez toujours les mots justes ? Arrivez-vous toujours à exprimer le sens précis de votre pensée ? Ou bien les mots viennent-ils parfois un peu difficilement et devez-vous contourner un peu à gauche et à droite ?

Al hijje fî ayyi chey ma'â arab/.../..., tagdar tista'mal kulla yôm kalâm al adîl wallâ ? Tagdar daïman tahajji kalâm al fî fikirak ? Wallâ l kilimat bakân wahed bajo lêk gâsi wa wâjib tilaffit alê zêne wa isra ?

D. Pouvez-vous bien parler en arabe/.../..., même quand vous êtes fâché(e) ?

Pouvez-vous vous chamailler d'égal à égal avec un Arabe/.../... et tout lui dire dans sa langue ? Ou bien avez-vous parfois besoin de finir dans votre langue ?

Tagdar tahajji adîl be kalâm arab/.../... kan inta za'alân kula ? Tagdar taharij sawa sawa ma'â arabi/.../... wa ti'ôrih kulla be kalâmah ? Wallâ dayir tikammilah be kalâmak ?

FSI 5

A. Connaissez-vous autant de mots en arabe/.../... que dans votre propre langue ? (connaissez-vous tous les noms des arbres, des fleurs, des animaux de la brousse, de tout ce que vous voyez devant vous ?)

Ta'arif kilimat katîr be l arabi/.../... misil kalâm darak ? (Ta'arif kulla l asâme hanâ chadar wa l nuwâr wa l haywanat hanâ kadâde, wa kulla chey al tichîfah giddâmak ?)

B. Dans votre tête, est-ce que les idées vous viennent plus souvent en arabe/.../... qu'en

votre propre langue ?

Fî râsak, al fikir baji lêk marra katîr be l arabi/.../... min kalâm darak wallâ ?

C. Parlez-vous l'arabe/.../... exactement comme un Arabe/.../... ?

Tikallim kalâm arab/.../... adîl misil arabi/.../... ?

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D. Lorsque des Arabes/.../... vous entendent parler l'arabe/.../... sans vous voir (p.ex. si on enregistre vos paroles sur une cassette), est-ce qu'ils vont dire : " voilà un Arabe/.../... qui parle! " ou bien " celui-là n'est pas arabe/.../... ! " ?

Kan arab/.../... ga'idîn yasmok inta ga'id tikallim kalâm arab wa mâ châfok (masalân kan sajjalo kalâmak fî l kaset), yugûlu : " Da ku arabi/.../... ga'id yikallim ", wallâ yugûlu : " Hû da mâ arabi/.../... " ?

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H. Répartition de la population dans les préfectures de Biltine et du Ouaddaï

Selon les données du recensement effectué en 1993, la répartition de la population par grands

groupes d’âges selon le sexe se présente comme suit :

Dans la Préfecture de Biltine (République du Tchad et al. 1998, 7) :

Groupes d’âge masculin féminin ensemble % % d’hommes

0 – 14 44.720 45.223 89.943 48,6 49,72

15 – 59 29.952 48.941 78.893 42,7 37,97

60 + 7.648 8.013 15.661 8,5 48,83

indéterminé 120 190 310 0,2 38,71

Total 82.440 102.367 184.807 100

Dans la Préfecture du Ouaddaï (République du Tchad et al. 1997, 8) :

Groupes d’âge masculin féminin ensemble % % d’hommes

0 – 14 128.672 128.619 257.291 47.73 50.01

15 – 59 96.194 148.582 244.776 45.41 39.30

60 + 16.994 19.996 36.990 6.86 45.94

Total 241.860 297.197 539.057 100