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BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2006, N° 290 (4) 13 ÉCOTOURISME ET AIRES PROTÉGÉES GABON Alice Roger 1 Romain Calaque 2 Charles Doumenge 3 1 67, rue de l’amiral Mouchez Apt 122 75013 Paris France 2 Wcs BP 7847, Libreville Gabon 3 Cirad, département Forêts Campus international de Baillarguet, TA 10/D 34398 Montpellier Cedex 5 France La vallée de la Mpassa, la principale rivière traversant les plateaux. Photo C. Doumenge, 2003. Au Gabon, dans le parc national des plateaux Batéké, la nature et la culture locale téké peuvent s’associer dans un même produit écotouristique. C’est ce que démontre un circuit touristique imaginé et testé ici. Des opérateurs et des villageois se mobilisent autour d’un projet commun appuyé par une Ong internationale. Des orientations sont proposées pour un développement écotouristique du parc et de sa périphérie. Des éléments de réflexion sont fournis aux opérateurs économiques pour les investissements. Une évaluation du potentiel écotouristique du parc national des plateaux Batéké

Une évaluation du potentiel écotouristique du parc national des

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B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 6 , N ° 2 9 0 ( 4 ) 13ÉCOTOURISME ET AIRES PROTÉGÉESGABON

Alice Roger1

Romain Calaque2

Charles Doumenge3

1 67, rue de l’amiral MouchezApt 12275013 ParisFrance

2 WcsBP 7847, LibrevilleGabon

3 Cirad, département ForêtsCampus international de Baillarguet,TA 10/D34398 Montpellier Cedex 5France

La vallée de la Mpassa, la principale rivière traversant les plateaux. Photo C. Doumenge, 2003.

Au Gabon, dans le parc national des plateaux Batéké, lanature et la culture locale téké peuvent s’associer dans un même produit écotouristique.C’est ce que démontre un circuit touristique imaginé et testé ici. Des opérateurs et desvillageois se mobilisent autour d’un projet commun appuyé par une Ong internationale.Des orientations sont proposées pour un développement écotouristique du parc et de sapériphérie. Des éléments de réflexion sont fournis aux opérateurs économiques pour lesinvestissements.

Une évaluation du potentiel écotouristique

du parc national des plateaux Batéké

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RÉSUMÉ

UNE ÉVALUATION DU POTENTIELÉCOTOURISTIQUE DU PARCNATIONAL DES PLATEAUX BATÉKÉ

En 2002, le Gabon a refondé la tota-lité de son réseau d’aires protégéesafin d’y inclure l’essentiel de la biodi-versité nationale et d’y ancrer sondéveloppement touristique. Dans lecontexte forestier du pays, le parcnational des plateaux Batéké pré-sente une spécificité de parc desavane mais peut aussi mettre enavant l’intérêt touristique de la cul-ture téké, héritière d’un royaume desplus renommé d’Afrique centrale. Lapréparation et le test d’un circuit tou-ristique ont permis de démontrer lafaisabilité d’associer nature (dans leparc) et culture locale (en périphérie)dans un même produit écotouris-tique. Dans un pays où les petites ini-tiatives locales sont peu nom-breuses, cette expérience a aussi –et surtout – permis de démontrerqu’il est possible de mobiliser depetits opérateurs privés et des villa-geois autour d’un projet communappuyé par une Ong internationale.Les résultats de ce test permettent desuggérer certaines orientations pourune stratégie de développement tou-ristique du parc et fournissent deséléments de réflexion aux opérateurséconomiques.

Mots-clés : écotourisme, tourisme denature, tourisme culturel, commu-nauté locale, parc national, plateauxBatéké, Gabon.

ABSTRACT

AN EVALUATION OF ECOTOURISMPOTENTIAL IN THE BATÉKÉ PLATEAUXNATIONAL PARK

In 2002, Gabon reorganised its entirenetwork of protected areas in order toinclude the majority of the country’sbiodiversity within them and therebybuild up a basis for tourism develop-ment. As a savannah zone, the BatékéPlateaux National Park stands out as aspecific feature within the country’soverall forest environment and alsohas a tourism asset in its Téké culturalheritage handed down from one of thebest-known of Central Africa’s king-doms. Work on preparing and testinga tourist circuit has demonstrated thefeasibility of combining the naturalenvironment (within the park) andlocal culture (around the park) withina single ecotourism product. In acountry where small-scale local initia-tives are few and far between, theexperiment has also – and especially– shown that it is possible to involvesmall private operators and villagersin a common project supported by aninternational NGO. The results of thistest suggest a number of strategicdirections for the development oftourism in the park, as well as provid-ing material for reflection among eco-nomic operators.

Keywords: ecotourism, naturetourism, cultural tourism, local com-munity, National Park, BatékéPlateau, Gabon.

RESUMEN

UNA EVALUACIÓN DEL POTENCIALECOTURÍSTICO DEL PARQUENACIONAL DE LOS PLATEAUX BATEKE

En 2002, Gabón reorganizó toda sured de áreas protegidas para incluirla parte esencial de la biodiversidadnacional y afianzar su desarrolloturístico. Dentro del marco forestaldel país, el Parque Nacional de losPlateaux Bateke tiene la especifici-dad de ser un parque de sabana,pero también destaca por el interésturístico que suscita la cultura teke,heredera de uno de los reinos másfamosos de África Central. La prepa-ración y experimentación piloto deun recorrido turístico permitierondemostrar la viabilidad de asociarnaturaleza (dentro del parque) y cul-tura local (alrededor del parque) enun mismo producto ecoturístico. Enun país en el que las pequeñas ini-ciativas locales son poco numerosas,este experimento también —y antetodo— sirvió para demostrar que esposible movilizar a pequeños opera-dores privados y a campesinos entorno a un proyecto común respal-dado por una ONG internacional. Delos resultados de este ensayo se pue-den extraer algunas orientacionespara una estrategia de desarrolloturístico del parque y proporcionarelementos de reflexión a los opera-dores económicos.

Palabras clave: ecoturismo, turismode naturaleza, turismo cultural,comunidad local, Gabón, parquenacional, plateaux Bateke.

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ECOTOURISM AND PROTECTED AREAS

Alice Roger, Romain Calaque,Charles Doumenge

GABON

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Introduction

Couvert aux trois quarts par laforêt équatoriale, le Gabon détientune faune et une végétation extrême-ment riches. C’est l’un des rares paysoù la nature est restée proche de sonétat d’origine en dépit de l’exploita-tion forestière et de la chasse com-merciale et s’avère être, encoreaujourd’hui, un paradis pour la biodi-versité (Mac Shane, Mac Shane-Caluzi, 1990 ; Doumenge et al.,2001 et 2003 a et b).

Dans ce pays d’Afrique centrale,dont l’économie est largement baséesur l’exploitation des ressourcesminières, la fermeture des minesd’uranium, puis la diminution de laproduction pétrolière ont conduit legouvernement à placer la diversifica-tion des activités économiques aurang des priorités nationales. LeGabon s’est ainsi engagé, depuisquelques années, dans unedémarche d’exploitation durable dubois d’œuvre et de valorisationd’autres ressources naturelles. Dansce contexte, la biodiversité se pré-sente comme une richesse à mettreen valeur au plus vite.

Cette richesse, si elle est proté-gée pour assurer sa durabilité, pour-rait constituer le socle d’un dévelop-pement touristique contribuant à lacroissance économique du pays(Rieucau, 2001). La volonté desautorités nationales de favoriser letourisme, en particulier l’écotou-risme, a d’ailleurs en grande partiemotivé la création, en 2002, d’unréseau de treize parcs nationaux cou-vrant 11 % du territoire (Anonyme,2002). Annoncée au cours duSommet mondial sur le développe-ment durable de Johannesburg, cetteinitiative s’inscrit dans une dyna-mique mondiale en faveur de la pro-tection de la biodiversité.

Cependant, même si la nécessitéde protéger cette richesse naturelles’impose, la mise en place de cetteprotection est complexe. Le sort de laforêt gabonaise concerne une multi-tude d’acteurs aux intérêts souventdivergents (Gami, Doumenge, 2001).

Comme partout ailleurs, les clivagessont forts entre ceux qui veillent à laprotection de la biodiversité (Ong ouautres), les dirigeants de l’État quicherchent à tirer des revenus de laforêt, les exploitants forestiers quiveulent optimiser les rendements deleur exploitation, et les communautéslocales qui considèrent que la forêtleur appartient depuis des siècles etqu’elles ont le droit d’y prélever cequ’elles souhaitent.

Face à ces divergences d’inté-rêts, la création de ces parcs ne peutse justifier que si ces derniers permet-tent effectivement le développementd’une ou plusieurs activités créatricesde revenus. L’écotourisme est aucœur de cet enjeu en contribuant audéveloppement local et à la protectionde la biodiversité (Omt, 1999 ;Martin, 2002). Dans certains parcs,dont celui des plateaux Batéké, desinitiatives surgissent afin de dévelop-per cette modalité touristique. Pourreprendre la définition de la Sociétéinternationale d’écotourisme (Ties,2006), l’écotourisme est « une formede voyage responsable dans lesespaces naturels, qui contribue à laprotection de l’environnement et aubien-être des populations locales ».

Si le développement d’un tou-risme de nature paraît tout « naturel »dans un environnement riche et bienpréservé tel que celui de l’Afriquecentrale, l’implication des popula-tions rurales dans ce secteur n’en estencore qu’à ses balbutiements (voirpar exemple : Gami, 2003 ; Ecofac,2005 ; Psvap, 2006). L’écotourismeau Gabon, mêlant nature et culture deconcert avec les populations rurales,se heurte à la fois au désir des diri-geants de développer un tourismehaut de gamme et à l’idée reçue selonlaquelle les populations rurales nesont pas à même de s’organiser et degérer des activités touristiques.

L’association d’un tourisme denature et d’un tourisme culturel peut-elle contribuer à la réussite de la fré-quentation d’un lieu touristique avecle concours des populations environ-nantes ? Celles-ci peuvent-elles béné-ficier directement de cette activité tou-ristique ? La récente expériencemenée dans les plateaux Batéké pro-pose, dans cet article, quelques élé-ments de réponse à cette doublequestion. Elle met aussi en évidenceune démarche qui pourrait être appli-quée à d’autres parcs du pays, en pré-paration aux investissements à venir.

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Les sommets de collines Batéké offrent des points de vue remarquables sur lessavanes entrecoupées de forêts-galeries, typiques de l’ouest des plateaux. Photo N. Bout.

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Le parc nationaldes plateaux

Batéké

À l’extrême sud-est du Gabon, leparc national des plateaux Batéké(Pnpb) se situe au cœur d’une régionformée d’immenses accumulations desable, recouvertes de savanes entre-coupées de forêts-galeries (figure 1).Ces collines sableuses sont parfoisentaillées de cirques d’érosion spec-taculaires, ajoutant des touches decouleurs vives à ces paysages à domi-nantes verte, jaune ou fauve. Cesvastes étendues offrent de magni-fiques points de vue sur un paysagedont l’ouverture, le calme et l’immen-sité contrastent avec les écosystèmesde forêt dense humide qui couvrenten grande partie le pays.

Le parc abrite une faune fores-tière importante ainsi qu’une faunede savane appauvrie (Bazin Assaly,Calaque, 2004 ; Calaque, 2005 a).La grande faune n’y a rien d’excep-

tionnel comparée à d’autres airesprotégées du Gabon. Éléphants etbuffles ont été, par exemple, large-ment chassés mais quelques lionspourraient encore subsister auxconfins du Congo voisin. La diversitédes oiseaux de forêt et de savane yest malgré tout très intéressante :267 espèces d’oiseaux ont été identi-fiées (Christy, 2001), dont certainesquasi endémiques.

Cette région « des plateaux » estle domaine des Batéké, héritiers duroyaume d’Anzico, né au XIIIe siècle etqui est devenu ensuite le royaume desBatéké. Pendant deux siècles, lesEuropéens entendent parler desAnziques (les Batéké) mais ne les ren-contrent jamais. Selon la tradition, ilsse sont battus victorieusement contreles Kongos, si bien qu’il est dit queleurs haches et leurs flèches sontmagiques. Alliés aux pygmées, ilscontrôlent la majorité du commerce del’ivoire. Leurs étoffes de palmier raphia

ont un tel succès qu’on en décore lachambre royale, à Milan ! Mais il estégalement dit que les quelques mis-sionnaires qui ont tenté l’aventure surces terres ont tout simplement disparusans laisser de traces…

Il faut attendre les années 1870pour que le royaume des Batéké sortedu mythe et soit décrit par PierreSavorgnan de Brazza. Les Européensdécouvrent, alors, un peuple aussisobre et humble dans le domaine« matériel » (les richesses ostenta-toires) qu’il est éminent dans ledomaine immatériel de la spiritualitéet de la politique. Ce vaste royaume,gouverné par le roi Makoko, est gran-dement tourné vers les esprits. Ainsi,les rares objets d’apparat (collierroyal, haches ornementales, etc.)mais surtout les danses et la musiquesont les moyens privilégiés desBatéké pour assurer l’union du peupleet la communion avec les anciens.Aujourd’hui, la culture téké « immaté-

Figure 1. Végétation du parc national des plateaux Batéké, au Gabon. Source : Wildlife conservation society.

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GABON ECOTOURISM AND PROTECTED AREAS

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rielle », c’est-à-dire les chants et lesdanses, est certes vivante, mais lesproductions matérielles telles que lecélèbre masque kidoumou sont envoie de disparition. Un écotourismecurieux et respectueux de la civilisa-tion téké authentique pourrait-ilcontribuer à la sauvegarde de cesdeux aspects de la culture téké ?

Même si le site des plateauxBatéké n’est pas exceptionnel àl’échelle de l’Afrique, la beauté decette région ainsi que sa spécificitéécologique, au sein d’un pays essen-tiellement forestier, sont des atoutspour son développement touristique.Cette destination reste pourtant ensommeil, jusqu’à présent valoriséepar un tourisme ponctuel de la partde ressortissants de Franceville.Toutefois, l’intérêt de divers acteurslocaux et nationaux a conduit à lacréation de la Maison du tourisme etde la nature (Mtn) de Franceville,seule Ong locale impliquée dans cesecteur. Cette association, regrou-pant des nationaux et des expatriésintéressés par l’environnement et letourisme, à titre professionnel ounon, a pour objectif global la promo-tion des richesses naturelles et cultu-relles du Haut-Ogooué sur les planscivique (formation, information, édu-cation environnementale) et écono-mique (développement des investis-sements et activités touristiques).

C’est en partenariat avec la Mtnque la Wildlife conservation society(Wcs), Ong d’origine américaineappuyant la mise en place du parc, apris en 2005 l’initiative de tester uncircuit d’écotourisme dans le Pnpb etsa périphérie. Le but de ce test étaitde fournir un ensemble de renseigne-ments utiles pour élaborer une offretouristique dans et autour du parc, etd’évaluer les potentialités de la zoneavant de rechercher des investis-seurs privés. Ce test devait aussi per-mettre d’évaluer la « valeur commer-ciale » d’une offre écotouristiqueimpliquant les populations ruralesdans une optique de développementdurable (Weaver, 2004).

Identification du produittour istique

Le travail préliminaire a consistéà dresser un état des lieux et à ciblerune offre touristique, avant de testerun circuit.

Dresser un état des l ieux

Effectuer un état des lieux duparc et de son environnement naturelet humain est un préalable à touteoffre touristique (forces et faiblessesde la destination, opérateurs touris-tiques et offres existantes, évaluationde la demande…). Le Pnpb et sa péri-phérie possèdent un potentiel quijustifie leur mise en valeur touris-tique (tableau I). À ce jour, les visitesdes sites remarquables sont organi-sées spontanément par des expatriésde la région qui possédent des véhi-cules tout-terrain et osent s’aventurersur des terrains difficiles d’accès.Malgré cette demande locale, iln’existe pas d’offre crédible quirepose sur des réceptifs fiables.

Cibler une offretour istique

Cibler une offre touristiqueconcurrentielle et adaptée auxcontraintes du développementdurable est une priorité au regard dela grande variété d’offres imaginable(figure 2). Au Gabon, les donnéesbrutes ainsi que les analyses man-quent encore pour mener de réellesétudes de marketing. Toutefois, plu-sieurs acteurs se mobilisent pourcombler ces lacunes : l’agence gabo-naise de promotion touristiqueGabonTour, le Conseil national desparcs nationaux (Cnpn), les Ong par-tenaires.

Faute d’une demande gabo-naise, deux principales « cibles tou-ristiques » sont envisageables : lepublic résident (expatriés vivant auGabon) et le public international. Ausein des touristes résidents, troissegments de clientèle peuvent êtreidentifiés : ▪ « Découverte nature-culture »(public de Setté-Cama, de La Lopé).▪ « Loisirs familiaux » (public deNyonié ou Bakoumba).

Au cœur des plateaux Batéké, les savanes ne sont plus arbustivesmais entièrement herbacées, à perte de vue. Photo P. Sombre.

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GABON ECOTOURISM AND PROTECTED AREAS

Tableau I. Forces et faiblesses de la destination touristique « parc national des plateaux Batéké ».

Forces actuelles du parc et des villages alentourPoints forts Commentaires

Parc national Statut attractif : label, espace où règne la natureConservation : au plus près du travail des pionniers de la conservation de la biodiversitéRecherche : découverte du travail scientifique en amont de la protection et de la gestion du parc

Paysages Spécifiques : différents du reste du Gabon (végétation, relief…)Grandioses : espaces ouverts, vastes horizons, immensité et sérénitéSplendides : harmonie de couleurs, cirques d’érosion, canyons

Mammifères Saline Jobo : observation rapprochée et facilitée des éléphants…Réintroduction : activités de réintroduction de gorilles

Avifaune Spécifique : nombreuses espèces que l’on n’observe pas ailleurs au GabonDiverse : environ 150 espèces de savane et 120 de forêtDense : oiseaux nombreux, observation facile

Villages et traditions Pittoresques : niveau d’acculturation faible, traditions vivesChaleureux : peuple très accueillant, échanges facilesFestifs : fêtes fréquentes, musique et danses de qualité

Histoire Riche : royaume téké, explorateurs du XIXe siècle

Faiblesses actuellesPoint faibles Commentaires

Mammifères Faible densité : mammifères peu nombreux, donc difficiles à observer

Insectes Forte densité : gêne, piqûres (abeilles, mouches, moustiques, fouroux…)

Transports Longs : 5 h 30 de transport pour accéder au parcsites les plus beaux du parc à plusieurs jours de transport

Fatigants : piste sableuse, difficile

Infrastructures Quasi-absence d’infrastructures, logement et sanitaires, en particulier dans le parc

Personnel Quasi-absence de personnel formé

Tableau II. Profil général du produit touristique.

Caractéristiques du produit

Concept Produit écotouristique

Type de produit Forfait touristique* (package)

Durée de séjour 3 à 5 nuitées (week-end prolongé)

Coût du package 595 € pour 4 nuitées au départ de Libreville (comparable aux produits du même type proposésailleurs dans le pays)

Facteurs d’attractivités « Nature » : parc national, paysages, avifaune« Culture » : villages, traditions, histoire

Demande Sur le plan qualitatif, la clientèle se compose de touristes scientifiques (ornithologie) ou touristes« découverte nature-culture » et « aventure »Sur le plan quantitatif, environ une douzaine de clients par mois (pour lancer la destination)

* Le forfait touristique présente les caractéristiques suivantes :▪ Il résulte de la combinaison d’au moins deux éléments – transport, logement – et d’autres services qui représententune part significative du forfait.▪ Il dépasse 24 h ou inclut une nuitée.▪ Il est vendu à un prix « tout compris ».

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▪ « Détente-nature relativementluxueuse » (dans le parc national deLoango).

Le premier segment est le plusproche de la notion d’écotouriste(Gautheret, 2003 ; Tauran-Jamlin,2002).

Au sein du public international,les études de marketing récemmentmenées au Gabon identifient unecible globale, les écotouristes, sub-divisée en trois segments prioritaires(bien étudiés au Costa Rica) : ▪ Les « passionnés » (hard ecotou-rists) des oiseaux, des baleines, destortues, des orchidées, desinsectes…▪ Les « aventuriers » qui cherchentdes destinations peu connues, dessensations de pionniers et des activi-tés physiques (plongée, escalade,saut à l’élastique, canoë et raft).▪ Les « écotouristes » (soft ecotou-rists) qui veulent combiner randon-nées dans la nature, découverte de laculture et détente. Ce dernier seg-ment connaît la plus forte croissancesur le plan international.

À partir des informations collec-tées, un produit écotouristique peutêtre développé dans les plateauxBatéké : un forfait touristique de plu-sieurs nuitées qui valorise les atoutstant naturels que culturels du site ets’adresse à des touristes de type« découverte nature-culture » et« aventure » (tableau II).

Vérifier les hypothèsessous-jacentes

Le développement de ce pro-duit touristique repose sur unensemble d’hypothèses présentédans le tableau III (1re et 2e colon-nes). Un circuit « test » a été orga-nisé pour valider ou infirmer ceshypothèses dans un contexte le plusproche possible des conditionsréelles, afin de planifier un écotou-risme adapté aussi bien auxcontraintes du terrain qu’auxattentes de certaines clientèles.

Figure 2. Schéma pour élaborer un produit touristique rentable et qui réponde aux critèresdu développement durable.

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GABON ECOTOURISM AND PROTECTED AREAS

Hypothèse

La destination Pnpb est attrac-tive pour une clientèle :▪ locale ;▪ nationale ;▪ internationale.

Il n’y a pas de véritable concur-rence car, sur le plan localcomme national, il existe troppeu d’offres et celles-ci sontplus complémentaires queconcurrentielles.

La demande existe et suffira àlancer la destination.

L’offre sera en adéquation avecla demande pour tous lesclients qui appartiennent à unprofil de clientèle cible.

Les faiblesses de la destinationne vont pas être un obstacle àla satisfaction des clients, dansla mesure où la clientèle estciblée en partie en fonction deces faiblesses.

Tableau III. Les hypothèses et la vérification.

* Le Haut-Ogooué est la province gabonaise dans laquelle se situent les plateaux Batéké.

Comment tester l’hypothèse ?

Choisir, pour le test, des clients habitant :▪ le Haut-Ogooué*,▪ une autre province du Gabon,▪ un autre pays (si possible),et évaluer leur appréciation de l’attractivité de ladestination Pnpb.

Choisir des clients qui connaissent d’autres pro-duits touristiques du Haut-Ogooué et d’autresprovinces du Gabon et leur demander une éva-luation comparative.

La destination attire-t-elle ?▪ Évaluer l’intérêt porté à la destination par lesfuturs clients potentiels.▪ Évaluer la faculté à recruter des clients pour le test.La destination plaît-elle ?▪ Demander aux clients du test s’ils reviendraientquand une véritable offre existera, s’ils conseille-raient la destination Pnpb à leurs proches.

Choisir des clients du profil de clientèle cible etleur demander si l’offre proposée répond à leursattentes et évaluer leur satisfaction.

▪ Voir dans quelle mesure les éléments envisagéscomme des faiblesses au départ se sont révélésêtre une véritable gêne pour les clients.▪ Voir si les éléments positifs ont compensé lesdésagréments du séjour.

Vérification de l’hypothèse

La destination est attractive pour la clientèle du test :▪ locale : deux clients de Franceville ;▪ nationale : quatre clients de Libreville et une clientede Gamba ;▪ internationale : un client d’Abidjan.

Tous les clients du test connaissent d’autres offresau Gabon (quatre voyages en moyenne). Ils ont desexpériences de voyages organisés.Ils ont tous placé leur expérience aux Pnpb en pre-mière ou deuxième position. Il n’existe, donc, pas de véritable concurrence.

La destination attire : ▪ de nombreux clients se sont montrés intéressés parcette offre ;▪ les clients du test ont été recrutés facilement (parune agence et quelques propositions sur Internet).La destination plaît :▪ les huit clients reviendront volontiers et ilsconseilleront cette destination. La demande existe et peut suffire à lancer la destination.

La plupart des clients du test correspondaient à lacible « aventure-nature ». Très satisfaits de leur séjour,ils ont également signalé des points à améliorer. Dans l’ensemble, l’offre était en parfaite adéquationavec leur demande. Deux touristes de Francevilleconnaissaient déjà les plateaux. Ils ont trouvé l’expé-rience très enrichissante et fort différente de ce qu’ilsauraient pu faire par eux-mêmes. Absence de touristes ornithologues.

▪ Deux des faiblesses pressenties ont gêné les clients :vision trop rare de grands mammifères et absenced’infrastructures (sanitaires, en particulier). Un clients’est plaint de la longueur des trajets et des insectes.▪ Les éléments positifs ont, cependant, compensé lesdésagréments, car tous les clients étaient globale-ment très satisfaits.Les faiblesses n’ont donc pas été un obstacle à lasatisfaction des clients.

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Le test du circuit

tour istique

Compte tenu des moyens finan-ciers et techniques disponibles, ilétait illusoire de tester un produitconcernant directement la clientèleinternationale. Le produit devaitdonc s’adresser à la clientèle rési-dente dans le segment le plus prochede l’écotourisme international.

Le circuit

Deux groupes de touristes onttesté le circuit (figure 3 et annexe 1).Ce produit combinant « nature » et« culture » intègre, à la fois, des sitesspectaculaires bien connus (cirqued’érosion de Léconi), des circuits gui-dés pour découvrir la faune et la floreen compagnie d’un guide local (alter-nativement à pied et en bateau) etune étape dans un village. Situé sur laroute du parc, le village d’Ekouyiconfère une dimension humaine etculturelle au circuit. Le côté pitto-resque de ce village, la qualité de sesfêtes traditionnelles et de l’accueildes habitants permettent d’augmen-ter l’attractivité du produit et d’instau-rer des échanges entre les touristes etles habitants. Afin de valoriser lescompétences rassemblées au sein dela Mtn de Franceville, les prestataires(transporteurs, restaurateurs, guides,etc.) ont été prioritairement choisisdans cette structure en fonction deleurs compétences et du rapport qua-lité/prix des prestations.

Les coûts

Les coûts du package s’établis-saient de 300 à 312 €/personne, horstransport aérien (annexe 2). Le coûttotal était égal à 465 €/personne(transport aérien compris), soit en deçàdes 595 € pour quatre nuitées audépart de Libreville, prix pratiqués dansle pays sur des produits similaires. Cetest étant réalisé par le Wcs, une Ong àbut non lucratif, le prix de vente ne com-portait pas de marge bénéficiaire.

Les difficultés de la préparation

Du fait d’un investissement dedépart limité, l’élaboration d’un pro-duit touristique, surmontant lesécueils liés à la destination, imposaitdes solutions peu coûteuses et facilesà mettre en œuvre. Il était, parexemple, essentiel de contournerl’obstacle majeur vis-à-vis de la satis-faction des visiteurs : la longueur etl’inconfort du trajet entre Franceville etle parc (1 h de route et 4 h de pistes).La première solution a consisté à seg-menter les trajets, à l’aller comme auretour, par une activité d’étape (séjourdans un village, visite du canyonrouge). Des explications sur l’histoireet la culture téké ont été fournies aucours des trajets et, pour les momentsde détente, le voyage s’accompagnaitde douces musiques gabonaises.

Si certaines difficultés liées aumilieu naturel et aux infrastructuresdu parc devaient être traitées (tableauIV), le défi principal était assujetti à laparticipation des acteurs locaux aucircuit. Au village, une réelle difficultéconsistait à inciter et à guider les villa-geois dans la mise en place d’un pro-duit touristique test, donc éphémère,de « village d’accueil ». Cette tâche

était d’autant plus ardue qu’aucuneactivité touristique organisée n’exis-tait dans la région et que la notiond’écotourisme était inconnue.

Les habitants d’Ekouyi et del’ensemble des villages situés àproximité du parc espèrent pouvoirtirer profit de la création du parcnational mais, sachant que le Pnpbn’inclut aucune zone de chasse oud’influence directe des villages, leursattentes sont parfois peu réalistes ouquelque peu excessives. Afin derépondre aux revendications et à cer-taines incompréhensions ou réti-cences, il était nécessaire que ce testtouristique participe à une légitima-tion de la création du parc auprèsdes populations locales. Il s’avérait,ainsi, nécessaire d’impliquer les vil-lageois dans ce test et de leur procu-rer des bénéfices tirés de cette acti-vité, que ceux-ci fussent culturels(contacts avec des étrangers) oumatériels (revenus individuels ou col-lectifs, en espèces ou en nature).

Cette tâche s’est avérée parfoiscomplexe en raison du décalage cul-turel et des difficultés de communi-cation. Ekouyi est un village pauvre etisolé. Les contacts et les échangesavec le monde extérieur se limitentaux quelques villages de proximité.

Les vastes paysages ondulés des plateaux Batéké gabonais. Photo C. Doumenge, 2003.

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GABON ECOTOURISM AND PROTECTED AREAS

Figure 3. Le circuit touristique test dans les plateaux Batéké gabonais.

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Ceci est un atout touristique dans lamesure où le dépaysement est à soncomble mais, en revanche, l’effort decommunication et d’explication de ladémarche a été laborieux. Leséchanges préalables avec les villa-geois sont indispensables pour s’im-prégner de leur culture, de leurs pra-tiques, de leur conception de la vie etétablir des relations de confiance. Ledéfi majeur a été d’impulser un cer-tain dynamisme et une motivationauprès d’eux, sans pour autant leurdonner de faux espoirs. Il était pré-maturé d’engager les villageois dansun processus communautaire lié autourisme. Pragmatiquement, encontrepartie de leur contribution, etsuite à de nombreuses négociations,les habitants optèrent pour une com-pensation en carburant destiné augroupe électrogène du village (50 lpar soirée d’accueil).

Déroulement du test

Le produit élaboré a donné lieuà deux séjours test au mois de mai2005. Huit touristes ont découvert àcette occasion le parc national desplateaux Batéké : hommes et femmesd’origine britannique ou française,cadres moyens et supérieur, âgés enmoyenne de 40 ans. Seul un visiteurne résidait pas au Gabon.L’impossibilité de visiter le centre duparc a été, en partie, contrebalancéepar la présentation de photos et laprojection d’une vidéo sur les trésorsvalorisables à l’avenir : paysages,cirques d’érosion, saline… Sidiverses contraintes n’ont pas permisd’organiser d’autres séjours, limitantde ce fait la portée des conclusions àtirer, un premier bilan peut tout demême être esquissé.

Principales difficultés (faiblesses à surmonter)

Le grand nombre d’insectes▪ Densité très forte d’insectes pendant les heures chaudes (sur-tout en savane), moustiques et fourous le soir.

L’observation des grands mammifères▪ Nombreuses espèces présentes dans le parc, mais densité trèsfaible.▪ Probabilité réduite que les touristes puissent observer lesgrands mammifères.

L’accès au parc, les déplacements dans le parc▪ Trajet Franceville-parc : 5-6 h de 4 x 4, dont plus de 4 h de pistestrès difficiles. ▪ Dans le parc, accès aux sites vraiment intéressants (canyons,saline…) : 1ou 2 jours de transport à partir de l’entrée du parc.

L’hébergement dans le parc▪ Infrastructures touristiques inexistantes dans le parc. Absencede sanitaires.

Solutions proposées

▪ Activités : promenades à pied en savane le matin jusqu’à 9 h.Après, bateau ou promenade à pied uniquement en forêt.▪ Au camp : utilisation des techniques locales pour faire fuir les insectes(torches fabriquées par les indigènes, jus de poisson comme piège àabeilles…). Repos dans des endroits fermés par des moustiquaires.

▪ Promotion du test touristique centrée sur d’autres atouts (les pay-sages, la richesse ornithologique…). ▪ Traces des grands mammifères (empreintes, crottes, marques surles arbres…) montrées et commentées par l’écoguide.

▪ Trajets Franceville-parc animés par le guide qui présente les pay-sages, l’histoire téké, les traditions et fait écouter des musiqueslocales et gabonaises.▪ Visite limitée à la partie nord du parc, mais présentation de pho-tos et discussions sur les sites à valoriser par la suite.

▪ Campement sous tentes, case de l’équipe de terrain pour mangeret se détendre. ▪ Possibilité de se laver dans la Mpassa. Construction de sanitairesrudimentaires.

Tableau IV. Gestion des difficultés rencontrées dans le parc lors de l’élaboration du test.

Grillades de poissons au feu de bois préparéespar Danielle Kouang, restauratrice à Franceville. Photo A. Macwilliam.

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Un premier bilan

Appréciation générale etvalidation des hypothèses

La valeur touristique desrichesses naturelles du parc résultede la perception que les touristes enont. Les questionnaires réalisés pen-dant les séjours ainsi que l’observa-tion des réactions des visiteurs ontpermis de préciser cette perception.Malgré les faiblesses et les limita-tions diverses, les commentaires desvisiteurs ont été positifs. Considérantla difficulté de vision des grandsmammifères, ils ont suggéré diversespropositions d’amélioration : mise enplace d’un guidage de qualité sur toutce qui est visible (fleurs et fruits dessavanes et des forêts, traces ani-males, avifaune, etc.), développe-ment d’activités ludiques ou spor-tives (jeux de reconnaissance desempreintes, canoë, etc.). Ce type detouriste, d’un niveau d’éducationassez élevé et très demandeur entermes de guidage, souhaite com-prendre le milieu qu’il découvre, ainsique l’usage de ce milieu par les popu-lations locales. La rusticité des infra-structures d’accueil du Pnpb a étésoulignée, cette faiblesse sera facile àcorriger sous réserve d’un investisse-ment minimal. En revanche, deuxinconvénients – les insectes et la lon-gueur du trajet – n’ont pas été consi-dérés comme de véritables gênes, àl’exception d’un seul visiteur. Toute-fois, il est évident qu’il s’agit de fac-teurs limitants vis-à-vis d’une clien-tèle plus large (personnes âgées,enfants en bas âge, clients un peuexigeants en termes de confort, etc.).

Le test a permis de valider laplupart de nos appréciations rela-tives au parc (tableau I), tant sur lesattraits de la destination que les obs-tacles à surmonter pour sa mise envaleur. Les points forts du parc et desa périphérie permettent, déjà, de lerendre attractif, tandis que la plupartdes points faibles peuvent être corri-gés assez aisément.

Sur le séjour au village, l’appré-ciation des touristes a également ététrès positive : bien au-delà, semble-t-il, de leurs attentes. Les visiteurssont arrivés au village en début desoirée pour repartir le lendemainmatin. Ils ont, donc, vu le village etses activités de jour et de nuit, maisn’ont pas eu le temps de découvrirtoutes les richesses paysagères etculturelles du village. Les touristes dupremier groupe ont assisté à unevraie fête traditionnelle et ont appré-cié cette expérience, n’ayant jamaiseu l’occasion de voir un tel spectacleau Gabon. Le point fort du test est la

relation qu’ils ont pu établir avec lesvillageois, ne serait-ce que le tempsd’une soirée : tous ont relevé la cha-leur de l’accueil et la spontanéitéavec laquelle l’échange s’est établi.

L’analyse de ce test permet dedéboucher sur une vérification qualita-tive des hypothèses de départ, sansvaleur statistique puisque reposant surun échantillon limité de huit clients, etdont l’interprétation doit être prudente(tableau III, troisième colonne).Toutefois, elle a abouti à une validationdes hypothèses, alors que cette desti-nation ne semblait pas, a priori, excep-tionnelle à l’échelle du pays.

Une mare au sein du parc : la promesse d’une végétation et d’une petite faunetypiques des zones humides. Photo C. Doumenge, 2003.

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L’un des spectaculaires cirques d’érosion du parc national des plateaux Batéké. Photo C. Doumenge, 2003.

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Mise en valeur et typesd’offres tour istiques

Le potentiel touristique du Pnpbet de sa périphérie mis en évidence,une réflexion sur les produits touris-tiques pouvant être élaborés estnécessaire. En raison des difficultésd’accès au parc, il est indispensablede distinguer trois types d’offres. ▪ Un produit centré sur la zone péri-phérique (potentiel culturel élevé etlogistique plus aisée). ▪ Une offre centrée sur le parc (poten-tiel naturel plus élevé mais difficultéslogistiques). ▪ Un produit qui tente de valoriser lesdeux zones en complémentarité.

Le test ayant montré le succèsde la « nuit au village », cette compo-sante communautaire peut être l’undes piliers d’une offre qui s’en tien-drait aux plateaux Batéké, hors duparc. Le second pilier de ce produitpourrait être la randonnée en canoë.En effet, au moins deux rivières desplateaux Batéké (hors parc) sontremarquablement belles et sauvages,tout en restant facilement navigableset accessibles en voiture. De plus,elles passent toutes deux aux abordsde villages. Un tel produit ne nécessi-terait pas un investissement financierinitial très important mais requerraitun important effort de médiationavec les villages ainsi que le soutiend’une Ong ou d’un opérateur privéspécialisé dans ce type de tourisme àbase communautaire.

D’après les professionnels dutourisme interrogés au Gabon, un for-fait excluant le parc aurait des diffi-cultés à se vendre. En effet, un parcnational est un facteur d’attractivitéincontestable (notoriété attachée auxtermes « parc national », meilleurevisibilité de la faune, présence deprofessionnels de la nature, etc.) etsera probablement le support promo-tionnel d’un forfait touristique déve-loppé dans sa région. Cependant,pour un produit centré uniquementsur le Pnpb, un investissementimportant serait requis (véhicules4 x 4, bateaux, piste d’atterrissage,

réseau de communication, etc.) etentraînerait des frais de fonctionne-ment élevés. Un tel produit s’adres-sera obligatoirement au segmentsupérieur du marché touristique denature, segment de clientèle encoredifficile à atteindre pour le Gabon, dufait de l’absence de cette destinationdes catalogues touristiques interna-tionaux concernés.

Ce contexte fait qu’une exploita-tion touristique du parc est envisa-geable en priorité pour la clientèlerésidente qui peut s’accommoder dequelques faiblesses logistiques. Pouratteindre ce segment intermédiairesur le marché touristique, il est perti-nent d’inclure des activités hors parc,afin de proposer aux clients unedécouverte à la fois diversifiée etfinancièrement accessible.

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La case « prototype », dans le parc national des plateaux Batéké, intègrel’esthétique ethnique, notamment un pilier inspiré de la statuaire téké. Photo S. Bisser.

Le test a montré que, même s’ils apprécient l’architecture locale, lesécotouristes sont plus sensibles à la qualité du guidage qu’à celle del’hébergement. Photo P. Sombre.

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Développer l’offretouristique en deux temps

L’écotourisme développé dansle Pnpb est à même de légitimer lacréation du parc en mettant en évi-dence les bienfaits de la protectionde l’environnement et les revenusescomptés. Pour que cette mise enévidence soit effective, l’activité tou-ristique doit avoir un impact positifauprès de deux cibles : ▪ Pour les villageois, l’améliorationdes conditions de vie en zone ruraleenclavée sera déterminante. ▪ Pour le gouvernement, cet impactsera évalué au travers de la notoriétéque ce parc acquerra, ainsi que pardes indicateurs économiquesdémontrant la création de richesse.

En proposant une offre de niveauinternational, il est à présent très diffi-cile pour un opérateur isolé de touchersa clientèle cible. Les difficultés ren-contrées par les expériences tentéesailleurs au Gabon (La Lopé, OpérationLoango) montrent que le lancementd‘une offre touristique haut de gammeau Gabon n’est pas aisé.

Il s’agit alors de procéder endeux étapes successives :▪ La première, d’une durée de l’ordrede trois ans, consisterait à consoliderla mise en place et la commercialisa-tion de produits touristiques intermé-diaires, répondant à la demande derésidents. Elle se distinguerait parune approche résolument écotouris-tique. Ces offres cibleraient une clien-tèle tolérante en termes de confortmais exigeante en termes de gui-dage. Cette première phase nécessi-tera la mobilisation d’un ou plusieursprestataires de service locaux ainsique la participation des villages péri-phériques à cette nouvelle activité.La formation sur le terrain des uns etdes autres sera fondamentale. ▪ La seconde étape correspondrait àune diversification éventuelle del’offre touristique de ce ou ces inves-tisseurs initiaux, vers des produitsplus haut de gamme ; l’essentiel étantque les deux produits soient complé-mentaires plutôt que concurrents.

Au Gabon, le céphalophe de Grimm, ou ntsa, ne se trouve que sur les plateaux Batéké. Dans le bestiaire téké, celui-ci occupe une placecentrale à côté du lion, qui a probablement disparu des plateaux depuisla fin des années 1990. Photo J.-P. Biteau.

La rivière Mpassa, qui traverse le parc national du nord au sud, est un atout logistique et touristique. Photo P. Sombre.

Pont de lianes sur la rivière Djouya, construit par les villageois d’Ekouyi, pour faire découvrir aux écotouristes un point de vue. Photo A. Macwilliam.

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Que ces deux offres (segmentmoyen ou supérieur) se présententsur le marché successivement (casd’un opérateur de stature nationale)ou simultanément (cas d’un opéra-teur international), il sera nécessairede veiller scrupuleusement à ce queces opérations n’excluent pas lespopulations locales. ▪ Pour un projet d’écotourisme destanding élevé, le risque est de décou-vrir que l’opérateur, contraint d’em-ployer un personnel très compétentque les communautés locales neseront pas à même de fournir dans unpremier temps, fera appel à du per-sonnel expatrié (africain ou non). Ilsera, alors, nécessaire de réfléchir àd’autres voies de redistribution desbénéfices vers ces populations, touten cherchant progressivement à sélec-tionner et à former du personnel local. ▪ Pour un projet de standing intermé-diaire incluant un accueil dans les vil-lages, on risque de constater quel’opérateur, faute de moyens suffi-sants, ne financera pas un poste detype « médiateur » avec les villages.Le risque sera alors de voir des mal-entendus se transformer en tensionsentre ces populations et l’opérateur,qui mettraient en péril le circuit mixtevillages-parc.

Pour circonscrire tout dérapaged’un écotourisme théorique vers untourisme prédateur, il est nécessaired’établir des cahiers des charges adhoc avant d’autoriser l’exploitationtouristique d’une aire protégée et desa périphérie, et de mettre en placeles moyens concrets pour faire res-pecter ces cahiers des charges. Lesmédias, les collectivités locales et lasociété civile auront un rôle importantà jouer, afin de s’assurer que l’espritde l’écotourisme est bien respecté.

Conclusion

Au Gabon, à l’avenir touristiqueprometteur, le parc national des pla-teaux Batéké peut tenir sa place.Malgré les handicaps pressentis, laspécificité et les richesses multiplesde cette région la dotent d’un poten-tiel touristique important, tant cultu-rel que naturel. Il est donc possibled’y développer une forme de tou-risme adaptée, complémentaired’autres destinations du Gabon etsuffisamment concurrentielle pourêtre viable. En démontrant l’attracti-vité du parc et de sa périphérie, argu-ment essentiel pour attirer un inves-tisseur, le test présenté ici a atteintson objectif principal (Calaque, 2005b). Ce type de test grandeur naturepourrait d’ailleurs être utilementdéveloppé sur d’autres sites du pays.

Ce test a surtout démontré quele montage d’un produit touristiqueincluant un volet culturel et un voletnaturel, et impliquant les communau-tés rurales, est réalisable au Gabon etque ce type de produit est susceptible

de rencontrer une demande. Cetteexpérience aura ainsi contribué à pro-pager l’idée que ces acteurs peuvents’inscrire dans l’économie locale etnationale non en tant que rentiers dusystème, mais en tant qu’acteursd’un développement par et pour lespopulations locales. La maturation etla concrétisation de cette idée bénéfi-cieront du recul dans le temps, avecun appui externe d’Ong ou d’opéra-teurs privés, pour le développementde produits touristiques attractifs etdurables respectant les écosystèmeset leur diversité biologique. Car, si lagestion et l’organisation générale dutest touristique ont été le fait d’uneOng internationale (Wcs), la prise enmain des activités propres aux popu-lations rurales nécessitera un accom-pagnement sur plusieurs années(Gami, 2003 ; Psvap, 2006 ; Tds,2006), en particulier en termes d’in-formation, de formation et d’appuiinstitutionnel.

Le cirque d’érosion de Léconi, appelé « canyon rouge », très spectaculaire,mérite un détour. La partie gabonaise des plateaux Batéké est la seule àprésenter ces grands canyons (il y en a trois aux environs de Léconi). Photo M. Audoin.

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Annexe 1. Descriptif schématique du circuit testé (du 4 au 8 mai 2005).

Date

Mercredi 4 mai

Jeudi 5 mai

Vendredi 6 mai

Samedi 7 mai

Dimanche 7 mai

Petitdéjeuner

Villaged’Ekouyi

Pnpb, campdu Ntsa

Pnpb, campdu Ntsa

Fcv, hôtelPoubara

Prestations du matin

▪ Baignade▪ Transport Ekouyi-

Pnpb

Circuit des plageset de Ndjogo

(à pied, en bateau)

Circuit du Ntsa(à pied)

▪ Piscine▪ Visite Fcv

(à pied, en voiture)

Déjeuner

Pnpb, campdu Ntsa

Pnpb, campdu Ntsa

Pnpb, campdu Ntsa

Fcv(Buké-Buké)

Prestationsde l’après-midi

▪ Assistance aéroportLbv* (départ 13 h)▪ Vol Lbv-Mvengué▪ Accueil Mvengué(arrivée 14 h 30)

▪ Transport Mvengué-Ekouyi

Circuit des singes et despotamochères (à pied,

en bateau)

Circuit des calaos(à pied)

▪ Transport Pnpb-Léconi▪ Visite canyon Léconi▪ Transport Léconi-Fcv

▪ Installation hôtelPoubara

▪ Transport Fcv-Mvengué▪ Vol Mvengué-Lbv

(départ 14 h)

Dîner

Villaged’Ekouyi

Pnpb, campdu Ntsa

Pnpb, campdu Ntsa

Fcv** (New-Garage)

Soirée

Soirée festiveavec les

villageois(musique,danses)

Détente,visionnage de

films sur leparc

Soirée festiveavec l’équipe

de terrain(musique,

chants)

Fcv(New-Garage)

Nuitée

Villaged’Ekouyi

Pnpb, campdu Ntsa

Pnpb, campdu Ntsa

Fcv, hôtelPoubara

* Lbv : Libreville ; ** Fcv : Franceville.

Dans les villages, tel Ekouyi, où les traditions sont vivaces, des fêtess’organisent spontanément, presque chaque semaine, à de multiples occasions. Photo A. Macwilliam.

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Annexe 2. Calcul des coûts (€) du circuit testé, hors transport aérien.

Prestations Frais individuels Frais collectifs Supplément single

Transport Location véhicule 4 x 4 457,30Essence 122,00

Hébergement Village d’Ekouyi 7,60Pnpb 15,20Hôtel Poubara 19,10 + 11,40

Restauration Cuisinier 61,00Nourriture 57,90RestaurantNew-Garage 9,20Hôtel Poubara (petit déjeuner) 7,60RestaurantBuké-Buké 9,20

Chauffeur-guide frais WcsGuide village et Pnpb frais WcsGuide Franceville 7,60(Traducteur anglais) (7,60)

Total des prestations 125,80 655,50 137,20Division frais collectifs (4 personnes) 163,90

Total individuel 289,70 301,10Marge bénéficiaire 0Tva 0Suppléments impondérables 10,70Prix Ttc 300,40 311,80Assurance 0 0

Prix total proposé (hors transport aérien) 300,40 311,80

Notes▪ Wcs : Wildlife conservation society.▪ Taux de change : 1 € = 655,957 Fcfa. ▪ Une assurance officielle pour les clients du test ne pouvant pas être souscrite, un « plan d’urgence » a été mis en place(communication satellite, coordonnées des contacts nécessaires, plans d’évacuation, soins de première nécessité). Chaque client avait, par ailleurs, souscrit une assurance personnelle.▪ Le prix de vente ne comporte pas de marge bénéficiaire, le test est organisé par une Ong à but non lucratif.

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