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Une plaidoirie pour le classement « Tous derrière l’étang de Berre »:
c’est le leit-motiv qui a infusé
mercredi soir, pour ce lancement
du comité des ambassadeurs.
Jean-Claude Cheinet, président de
l’association pour la candidature au
classement par l’Unesco, a souligné
la dynamique enclenchée, avec
plusieurs parlementaires, dont
Pierre Dharréville et certains de
LREM, qui ont déjà interpellé le
gouvernement, ou le sous-préfet
d’Istres, Jean-Marc Sénateur. Des
maires, comme Maryse Joissains
qui apporte son soutien « de façon
péremptoire », parce que Gaby
Charroux, « avec lequel je ne suis pas
d’accord politiquement, ne fait pas ça
pour lui, parce que ça va prendre du
temps, mais pour l’avenir ! C’est une
chose qu’on aurait du faire il y a 20
ans !» Ou des scientifiques, à l’image
de Bernard Morel, économiste et
membre du laboratoire Telemme,
qui souligne toute la diversité et
la valeur universelle d’un milieu
façonné par l’homme, et évoque la
création d’un modèle à reproduire
pour l’Unesco. Des dizaines de
sportifs, écrivains, journalistes,
humoristes, historiens, géographes,
acteurs, comédiens, chanteurs,
musiciens, animateurs télé,
producteurs, des mannequins
et même des architectes comme
Rudy Ricciotti ont déjà rejoint les
rangs des ambassadeurs. Et puis
des associations, des riverains, des
patrons de petites entreprises qui
veulent voir vivre cette lagune salée.
« C’est une vraie émotion de voir
que cet intérêt ne cesse de grandir »
soulignait le maire de Martigues,
Gaby Charroux, qui lançait il y a
18 mois ce pari un peu fou, « parce
que cette idée a d’ores et déjà gagné
en crédibilité et en sérieux ». Et bien
que l’on connaisse son opposition
historique à la Métropole, il en
souligne pourtant tout l’intérêt
métropolitain, « avec cinq des six
conseils de territoire concernés par
l’Etang ». Entre Arles et la cité
radieuse de Le Corbusier, déjà
classés par l’Unesco, le grand site de
la Sainte-Victoire, le parc national
des Calanques ou le parc régional
de Camargue, pour Gaby Charroux,
l’étang de Berre a toute sa place. N.P.
(Ceccaroli et la Palustrane à Berre,
Miramas), beauté des portraits (un
enfant semble surgir de l’obscurité
parfois se mêlent, lieux aujourd’hui
Berre des allures de Camargue. Des
ynamite tous les Baptiste Giabiconi, ambassadeur
engagé pour l’Etang. PHOTON.P.
C inéaste engagé s’il en est,Robert Guédiguian par-tage sa vie entre ses tour-nages à Marseille et dans les en-virons, ainsi que son activité deproducteur à Paris. À la de-mande de la municipalité, il aaccepté de devenir présidentd’honneur du "comité des am-bassadeurs de l ’Étang deBerre". D’autres personnalités,comme Éric Cantona, BaptisteGiabiconi, l’humoriste FlorentPeyre ou encore le footballeurRod Fanni sont annoncés par-tants dans cette structure. Avecl’association "Étang de Berre,patrimoine universel", elle par-ticipe à l’action lancée par lamunicipalité en 2015 pour obte-nir l’inscription de l’étang aupatrimoine mondial de l’huma-nité établi par l’Unesco.
❚ Quels sont vos liens avecl’étang de Berre?J’ai grandi à l’Estaque, et j’allaissouvent au Jaï avec mes amis,du côté du canal du Rove, et dece tunnel qu’il faudrait enfinrouvrir à la circulation d’eau demer. Je suivais aussi mon pèresur les chantiers, jusqu’àPort-de-Bouc et donc forcé-ment l’étang de Berre m’est fa-milier depuis toujours. J’ai aus-si tourné plusieurs films du cô-té de Martigues, et le décor meplaît beaucoup.
❚ C’est-à-dire?Dans le décor, ça donne undouble mouvement. Puisqu’il ya autant des aspects culturels,historiques, qui touchent à l’his-toire de l’industrie, aux luttessociales, aux revendicationsdes ouvriers, que des aspectsen lien avec la nature, la beautéde l’endroit, sa diversité.L’étang de Berre, c’est un terri-toire tout à fait passionnant quirecoupe les grands thèmes desociété actuels. Il y a 30 ou40 ans, on ne parlait pas beau-coup d’écologie, alors qu’au-jourd’hui personne au mondene peut pas être écologiste. Latransformation du mondepasse par là. Arriver à un équi-libre entre le tourisme, l’indus-trie et la qualité de la vie, c’estun combat tout à fait contempo-rain.
❚ Pourquoi avez-vous acceptéd’être président d’honneur decette association?D’abord par amitié, puisque Ga-by Charroux, Pierre Dharré-
ville, comme d’autres, sont desamis de longue date. Je suis sou-vent, sur le fond, d’accord aveceux. Et donc, si je peux les ai-der, je le fais. Ma notoriété estrelative, mais je la mets au ser-vice de certaines causes aux-quelles je crois. Je pense que çafait partie des responsabilitésliées à ma visibilité, même si jefais tout ça en toute modestie.
❚ Vous qui naviguez entreMar-seille et Paris, quel regardavez-vous sur l’étang? Compre-nez-nous sa réputation qui resteencore perfectible?La vision qu’ont les gens quivivent là est forcément diffé-
rente de celles de ceux quiviennent là pour la premièrefois. En arrivant en avion ou enTGV, la première vision quis’impose, c’est quand mêmecelle de tous ces complexes pé-troliers, gigantesques. Qui sontd’ailleurs très beaux la nuit,avec toutes leurs lumières, c’estquas i f an tas t ique , de lascience-fiction. Mais il faut al-ler voir ce qui se cache derrièreces usines. Cela demande un ef-fort, mais tous les gens qui s’yconnaissent savent qu’il y a dese s p è c e s d ’ o i s e a u x , p a rexemple, qui y vivent et qui ysont magnifiques. En certainsendroits, on peut voir des fla-
mants roses. Derrière le décorindustriel, il y a de vraies ri-chesses. Et si je peux aider à lesfaire connaître, ce sera volon-tiers.
❚ Revenez-vous régulièrementsur les rives de l’Étang?C’est vrai que ma vie profession-nelle se déroule beaucoup à Pa-ris, mais je fais le nécessairepour revenir à Marseille et auxalentours régulièrement. Tour-ner à Ensuès, dans la calanquede Méjean, pour mon prochainfilm ("La villa", sortie le 29 no-vembre), cela m’a aussi permisde séjourner longuement dansdes lieux qui me sont chers, et
de retrouver mes nombreuxamis.
❚ Pensez-vous que l’étang mé-rite cette inscription à l’Unesco?Je sais simplement que c’est undossier qui va être instruit pen-dant de longues années. Et c’estdonc une cause en laquelle jecrois.
Éric GOUBERT
Robert Guédiguian, né en 1953 à Mar-
seille, est un réalisateur de cinéma, pro-
ducteur et scénariste. En 1997, il est ré-
compensé par le Prix Louis-Delluc pour
son film "Marius et Jeannette", sélection-
né au festival de Cannes. Son nouveau
film, "La villa", sortira fin novembre.
C’est en juin 2015 que GabyCharroux, maire de Mar-tigues, a formulé la proposi-tion de porter la candida-ture de l’étang de Berre aupatrimoine mondial del’Unesco, dossier qui a reçudepuis le soutien desmaires des villes rive-raines. Une association pré-sidée par Jean-Claude Chei-net, "Étang de Berre : patri-moine universel" est le"socle de cette candida-ture", qui s’appuiera sur cecomité des ambassadeursprésidé bénévolement parRobert Guédiguian.D’autres personnalités sontannoncées comme Éric Can-tona, Baptiste Giabiconi,Florent Peyre, Fabien Gilot,Rod Fanni ou le groupecorse Barbara Furtuna.Un fonds de dotation apour mission de recueillirles fonds financiers privésdans le cadre du mécénat.
Robert Guédiguian: "Simanotoriété peut aider l’Etang..."Le cinéaste est président d’honneur du "comité des ambassadeurs de l’étang de Berre"créé par la municipalité pour appuyer la candidature au patrimoine mondial de l’Unesco
Avant d’être classé au patrimoine mondial de l’humanité,l’étang de Berre devra passer par plusieurs étapes. Après la vi-site d’experts, la rédaction d’un dossier recensant toutes ses thé-matiques culturelles, environnementales, politiques ou socié-tales, un ministère sera saisi. Charge à lui d’emmener le dossierjusqu’à l’Unesco, ce qui pourrait prendre une bonne dizaine d’an-nées. "Être classé au patrimoine mondial de l’humanité, expli-quait en juin 2015 Mechtild Rôssler, directrice de ce programme,c’est une reconnaissance importante, à laquelle les élus sont at-tachés, et qui peut avoir des retombées économiques. "Pour l’heure, on peut soutenir cette candidature d’un simple"clic" sur internet (http://www.candidature-etangdeberre.org).2605 personnes l’ont déjà fait.
Martigues
TROIS STRUCTURES
L’étang de Berre, c’est aussi une forte activité nautique et deplaisance. / PHOTO SERGE GUÉROULT
Robert Guédiguian, ici lors du tournage de son prochain film "La villa", dans la calanque de Méjean àEnsuès, témoigne de son attachement à l’étang de Berre. / PHOTO FRÉDÉRIC SPEICH
2605 SOUTIENSSUR INTERNET
Lundi 2 Octobre 2017www.laprovence.com
Le vernissage de l’exposi-tion de photographies "Re-gards sur l’étang de Berre",s’est ouvert mercredi soir surles œuvres de 7 photographes,réalisées entre 1990 et 2016.Quatre d’entre eux étaient pré-sents et le travail de tous est dé-sormais visible en N & B et encouleur, dans toute sa diversi-té et sa beauté, sur les troisétages dumusée Ziem."Le projet porté par lamuni-
cipalité de demande d’inscrip-tion de l’étang de Berre au Pa-trimoine mondial de l’Unesco,est apparu comme une oppor-tunité pour le musée de mon-trer les œuvres de sa collectionconsacrées à ce sujet et ce de-puis les années 90, a précisé Lu-cienne Del’Furia conserva-trice en chef dumusée s’adres-sant à un large public. Ce sontautant de témoignages remar-quables de la réalité de ce terri-toire, et un très bel hommage àses habitants."L’exposition débute au
rez-de-chaussée, par la présen-
tation des travaux de 4 photo-graphes : Bernard Plossu,Alain Ceccaroli, Joachim Val-
let et Aldo Soares. Les œuvresoriginales réalisées dans les an-nées 90 ont été montrées au
musée en 1996. La visite per-met ensuite de découvrir lesphotos de 2006 de Franck
Pourcel et d’Alain Sauvanen 2008. Marc Chostakoff ex-pose au dernier étage desœuvres de 2004 et des photosplus récentes en couleur, ilétait l’un des photographesprésents. "C’est mon regard,j’espère que mes photos ne -vont pas trop vous perturber",a-t-il lancé. "Heureux de revoirces images après tant d’an-nées", "j’espère une suite à cetravail", ont confié les artistesprésents, satisfaits d’êtreréunis par cette exposition quiparle de cet espace atypique etextraordinaire, qu’est le terri-toire de l’étang de Berre. N.GA.
Exposition jusqu’au 28 janvier 2018, de
14h à 18h du mercredi au dimanche,
musée Ziem, Boulevard du 14 juillet.
Visites commentées gratuites les
dimanches 15 octobre et21 janvier à 16h.
Dimanche 19 novembre à 16h, "Visite à 2
voix", en partenariat avec la
Médiathèque Aragon. Nouveauté : les
visites commentées à la demande, sur
réservation, à partir de 5personnes.
Renseignements u 04 42 41 39 60.
AVOIRAUMUSÉEZIEM
Une exposition de photos sur l'étang de Berre
Une cinquantaine de personnes ont participé au vernissage de cette exposition qui offre un beauregard sur l’étang de Berre. / PHOTO N.GA.
MARTIGUES
Unepétition en faveur de l’étang P.5
/ PHOTO SERGE GUÉROULT
En France, 41 sites sont, àce jour, inscrits sur laliste du Patrimoine mon-
dial de l’Unesco. Parmi eux,seul leMont Perdu, dans les Py-rénées, y figure comme un sitemixte depuis 1997. Principaleparticularité de ces sites : ils re-présentent une "valeur univer-selle exceptionnelle" grâce à"un paysage culturel, évolutifet vivant". Avec ses 75 km decôtes dont 70% conservent uncaractère naturel, ses dix com-munes rassemblant 237 000ha-bitants, ses industriesmais aus-si son potentiel touristique, sessites historiques et la richessede sa faune et de sa flore,l’étang de Berre a, selon l’éco-nomiste Bernard Morel, toutpour plaire à l’Unesco. "Raressont les sites de l’Unesco qui pré-sentent une telle diversité,qu’elle soit géologique, sociolo-gique, économique, biologique,écologique ou technologique, aexpliqué ce professeur émériteà Aix-Marseille université. Lechercheur, invité lors du lance-ment du comité des ambassa-deurs de l’étang de Berre (LaProvence d’hier). Rares sont,dans le monde, les sites présen-tant à la fois les caractéris-tiques d’un milieu naturel etcelles d’un milieu façonné parl’homme. Tout ceci est suscep-tible d’intéresser l’Unesco".
Une pétition surun site internetMais, avant cela, la route est
longue, très longue même.L’échéancier laisse même en-trevoir un délai de quatre an-nées entre le lancementdupro-jet (2016) et la décision donnéepar le comité du patrimoine
mondial (été 2020). Il restedonc trois ans aux principauxintéressés, pour tenter de sé-duire l’Unesco, voire moins.Car c’est en 2018 que la rédac-tion définitive du dossier decandidature doit être effec-tuée. Entre-temps, au-delà desarguments scientifiques et his-toriques, il faudra mobiliserpour que cette idée fasse plusque son chemin. C’est la rai-son pour laquelle Gaby Char-roux, initiateur duprojet, a sou-haité "que cette idée soit parta-gée et portée par le plus grandnombre". "L’appropriation,par vous, de cette candidature
lui donnera de la force et un sur-plus de crédibilité, a indiqué lemaire. C’est ce qui nous aconduits à engager une dé-marche pour constituer un co-mité des ambassadeurs présidépar Robert Guédiguian". Cesambassadeurs , i s sus dumonde culturel et sportif, vien-dront en appui des soutiensinstitutionnels déjà engrangésdans ce vaste projet qui devraitmobiliser au-delà des que-relles de clochers et luttes poli-tiques auxquelles les riverainsdu département sont habitués.Pour l’occasion, une pétition
sur internet (jedisoui.org) a
également été lancée. L’objec-tif est de parvenir à recueillirun maximum de signaturesafin de mettre tous les atoutsdu côté du comité organisa-teur.Enfin, toute une série d’évé-
nements verra le jour dans lesdifférentes villes du pourtourde l’étang de Berre. Car si leprojet est parti de Martigues,toutes les villes vont, aussi,pouvoir se l’approprier pourpermettre à un maximum depersonnes, d’être sensibiliséeset de devenir, à leur tour, ac-teur de cette grande cause.
Stéphane ROSSI
Absent avant-hier soir à lacérémonie organisée authéâtre des Salins, FlorentPeyre fait aussi partie desambassadeurs de l’étangde Berre.Originaire de Valence, l’hu-moriste est très attaché àla Provence et à son patri-moine. "Je ne suis pas néici, mais j’y ai tellement vé-cu que je me sens d’ici, as-sure-t-il. Quand on lui aproposé de faire partie duComité des ambassadeursde l’étang de Berre, il n’adonc pas hésité. "J’ai telle-ment vécu ici que j’ai don-né ma voix comme EricCantona ou Baptiste Giabi-coni pour que notre étangde Berre retrouve seslettres de noblesse etentre au patrimoine mon-dial de l’Unesco". Et de seplonger dans ses souve-nirs pour parler de cettevaste étendue aux mille etune richesses. "L’étang deBerre je le connais depuislongtemps, j’ai même faitdes compétitions de skinautique dessus, c’estdonc normal d’offrir monhumble voix. Quand on sebalade autour de l’étangdeBerre il y a des coinsma-gnifiques, c’est un p’titcoin de paradis et c’estbien d’avoir la volonté dele protéger". A.T.
L’économiste Bernard Morel était l’un des invités de la réunion de mercredi soir. Il a expliqué lebien-fondé de la démarche. / PHOTO SERGE GUÉROULT
Florent Peyre :"un coin deparadis"
Pour séduire l’Unesco, ilfaudra continuer àmobiliserUnepétitionpour inscrire l’étangdeBerre auPatrimoinemondial est lancée sur internet
9 La Marseillaise / vendredi 13 octobre 2017
Etang de Berre
Robert Guédiguian est le
président d’honneur du co-
mité des ambassadeurs
pour l’inscription au patri-
moine mondial de l’Unesco
L’attachement particulier
du cinéaste pour ce terri-
toire en fait un porte-parole
incontestable pour sa dé-
fense.
MARTIGUES
C’est par une réplique de sa co-médienne Pascale Roberts dans Ma-rius et Jeannette que Robert Guédi-guian a introduit son engagement pour l’inscription au patrimoine de l’Unesco : « Je ne vois pas pourquoi c’est toujours les lieux où ont vécu les
rois, les riches et les papes, que l’on
protège » dit-elle au milieu de cette cimenterie désaffectée à l’Estaque. « C’est peut-être ce qui a conduit Ga-
by Charroux à demander le classe-
ment de l’étang de Berre comme pa-
trimoine mondial de l’Unesco » lance avec humour le cinéaste faisant rire la salle comble du théâtre des Salins mercredi soir. En effet, comme cette cimenterie, l’étang de Berre est le patrimoine des pêcheurs, des ad-hérents des écoles de voile, des fa-milles qui s’y baignent, des prome-neurs et des joggeurs, mais aussi des ouvriers de la pétrochimie ou de l’aéronautique, bref des « sans-grade ». Ils y côtoient une faune et une flore exceptionnelles que Ro-bert Guédiguian a apprécié : « J’ai péché dans le tunnel du Rove avec
mon père... on ramenait des loups.
Jeune homme, j’ai dansé sur la plage
du Jaï. Je connais bien ce milieu, et
j’ai toujours été frappé et séduit par
ses contradictions, entre les usines et
les flamants roses ». Une séduction
qui l’a conduit à tourner plusieurs films sur ses rives, aux Trois-frères à La Mède, à la plage du Jaï, mais aussi dans le chenal de Caronte ou à Ponteau. Un espace qu’il faut se-lon lui, absolument préserver et accompagner de manière harmo-nieuse: « On peut développer un pays sans tuer la planète et sans tuer l’éco-
logie. Il y a quarante ans, ça faisait
rire... C’est aujourd’hui une évidence
qui crève les yeux au monde entier ».
« Un classement fait force de loi »
Pour celui dont le père a tra-vaillé dans les chantiers navals de Port-de-Bouc, on doit pouvoir conci-lier les deux aspects. Et pour que ce soit pérenne et aille dans le bon sens, « il va de soi qu’un territoire classé
au patrimoine de l’Unesco, c’est une
vraie garantie, une assurance que
les choses se passeront de la meilleure
manière possible. C’est moins diffi-
cile de réussir cet objectif de concilier
économie et nature si c’est classé. Ça
ne sera pas soumis au gré des chan-
gements politiques de telle métropole
ou telle institution. Ce classement fait
un peu force de loi, qui empêchera cer-
taines choses qui pourraient être né-
fastes ». Une façon de s’assurer qu’à l’avenir, l’économie n’affecte pas la nature, comme ça a pu être le cas au-paravant.
Pour illustrer les contrastes de ce milieu fragile, le cinéaste, qui n’a pas son pareil pour traiter la lumière de façon remarquable, évoque en-core un de ses films, Au fil d’Ariane : « dans une scène il y a une jeune fille
magnifique qui se baigne toute nue,
dans un paysage qui ressemble à un
tableau antique. Elle sort de l’eau,
elle se retourne, et la caméra l’accom-
pagne, et là, derrière elle, ça fume de
partout, il y a des cheminées d’usine,
des milliers de tuyaux... c’est ce choc
qui m’a toujours intéressé... c’est un
paysage excessivement industriel et
excessivement naturel ! » Nathalie Pioch
PROVENCE
Une plaidoirie pour le classement « Tous derrière l’étang de Berre »: c’est le leit-motiv qui a infusé mercredi soir, pour ce lancement du comité des ambassadeurs. Jean-Claude Cheinet, président de l’association pour la candidature au classement par l’Unesco, a souligné la dynamique enclenchée, avec plusieurs parlementaires, dont Pierre Dharréville et certains de LREM, qui ont déjà interpellé le gouvernement, ou le sous-préfet d’Istres, Jean-Marc Sénateur. Des maires, comme Maryse Joissains qui apporte son soutien « de façon péremptoire », parce que Gaby Charroux, « avec lequel je ne suis pas d’accord politiquement, ne fait pas ça
pour lui, parce que ça va prendre du
temps, mais pour l’avenir ! C’est une
chose qu’on aurait du faire il y a 20
ans !» Ou des scientifiques, à l’image de Bernard Morel, économiste et membre du laboratoire Telemme, qui souligne toute la diversité et la valeur universelle d’un milieu façonné par l’homme, et évoque la création d’un modèle à reproduire pour l’Unesco. Des dizaines de sportifs, écrivains, journalistes, humoristes, historiens, géographes, acteurs, comédiens, chanteurs, musiciens, animateurs télé, producteurs, des mannequins et même des architectes comme Rudy Ricciotti ont déjà rejoint les rangs des ambassadeurs. Et puis des associations, des riverains, des patrons de petites entreprises qui veulent voir vivre cette lagune salée.« C’est une vraie émotion de voir
que cet intérêt ne cesse de grandir »
soulignait le maire de Martigues, Gaby Charroux, qui lançait il y a 18 mois ce pari un peu fou, « parce que cette idée a d’ores et déjà gagné
en crédibilité et en sérieux ». Et bien que l’on connaisse son opposition historique à la Métropole, il en souligne pourtant tout l’intérêt métropolitain, « avec cinq des six conseils de territoire concernés par
l’Etang ». Entre Arles et la cité radieuse de Le Corbusier, déjà classés par l’Unesco, le grand site de la Sainte-Victoire, le parc national des Calanques ou le parc régional de Camargue, pour Gaby Charroux, l’étang de Berre a toute sa place. N.P.
« Un paysage excessivement
industriel et excessivement naturel »
Robert Guédiguian : « J’ ai toujours été séduit par les contradictions de ce
milieu ». PHOTO N.P.
Des images qui dynamitent les clichés au musée Félix Ziem
l Présentée à Martigues dans le cadre de la candidature de l’étang de Berre au patrimoine mondial de l’Unesco, l’exposition photographique sobrement intitulée « Regards sur l’étang de Berre » a impressionné Robert Guédiguian qui préside le « comité des ambassadeurs » chargé de populariser la candidature. On comprend aisément pourquoi, tant la force et la diversité de ces « regards » signés Bernard Plossu, Alain Sauvan, Alain Ceccaroli, Marc Chostakoff, Joachim Vallet, Franck Pourcel et Aldo Soares captive l’œil des visiteurs.
« Sur un territoire aussi petit, on peut faire le tour du monde » écrit Franck Pourcel qui illustre les luttes sportives (les joutes) et « politiques » au sens noble du terme (« Face au plan social », photo de 2000). Pour la plupart en noir et blanc, les images de ces arpenteurs
de l’étang couvrent la période 1990-2016, entre visions insolites (Ceccaroli et la Palustrane à Berre, l’ancien port des Américains à Miramas), beauté des portraits (un enfant semble surgir de l’obscurité comme dans un film noir, avec Aldo Soares), sites industriels et instantanés de baignades qui parfois se mêlent, lieux aujourd’hui disparus comme le vieux pont en fer de Martigues. Chez Aldo Soares -l’homme qui, par ailleurs a photographié Jeanne Moreau et Clint Eastwood- des taureaux saisis en 1995 donnent à l’étang de Berre des allures de Camargue. Des canards « nocturnes », des cygnes sur la plage du Jaï et des tankers sous le pont levant de Martigues, des lieux étranges où subsistent les traces d’activités humaines : l’exposition est un fascinant kaléïdoscope qui dynamite tous les clichés sur ce territoire. J-F.A Une baignade dans l’étang. PHOTO JOACHIM VALLET
Baptiste Giabiconi, ambassadeur
engagé pour l’Etang. PHOTON.P.