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LA NATATION EN EPS
UNE PRATIQUE PRIVILEIÉE ET RECOMMANDÉE
POUR LA SANTÉ PAR P. PELAYO, D. MAILLARD, D. ROZIER
Voici un article qui suscitera l'intérêt de tous les acteurs de notre discipline, en particulier ceux qui utilisent la natation dans le cadre de leur enseignement. C'est un travail qui vient à point pour illustrer l'articulation entre un objectif transversal et généreux - la santé - et les exigences propres aux contenus d'une activité physique : la natation. C'est aussi un encouragement à proposer des cycles d'enseignement ambitieux et consistants. Le défi du kilomètre doit induire des leçons où l 'opt imum du temps d'engagement moteur doit être recherché. C'est également une contribution qui ouvre des perspectives quant à l'évolution des épreuves certificatives, en particulier de celles relatives à la compétence
d'orienter et de développer les effets de l'activité physique en vue de l'entretien de soi. C'est enfin l'œuvre collective et intercatégorielle de trois collègues déjà bien connus pour leurs travaux dans le secteur natatoire. Nous apprécions qu'un enseignant de « terrain », D. Rozier, qu'un inspecteur pédagogique régional, D. Maillard, et qu'un enseignant-chercheur, P. Pelayo, unissent leurs efforts pour proposer à l'ensemble des enseignants d'EPS leurs connaissances issues de trois champs d'expertise différents mais complémentaires. Un exemple à suivre...
Michel Volondat, IGEN groupe de l'EPS
LA NATATION : UNE PRATIQUE SOCIALE DE RÉFÉRENCE
« En eau douce, en eau salée, la natation peut être une activité de détente, une éducation physique, un loisir, une recherche de bien-être, un sport, une passion,. . . elle est accessible à tous les âges de la vie » [1]. Au cours de cette dernière décennie, les textes officiels programmant et organisant l 'enseignement de l 'EPS dans le premier et le second degré ont conforté voire accru la place réservée aux activités de la natation, de l'école élémentaire jusqu'aux classes préparatoires des grandes écoles. Les récents programmes ont ainsi précisé ce que signifiait le savoir nager, dans le socle minimal garanti par l'école primaire, dans la culture physique commune du
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collège, dans la culture singulière du lycée. Par ces textes réglementaires, notre nation a affirmé et explicité sa promesse de formation, affiché les contenus d 'apprentissage correspondants , et s'est donnée les moyens de véri
fier le degré d 'acquis i t ion des compétences visées. Ainsi, près de 15 % des candidats au b a c c a l a u r é a t ont cho is i l 'épreuve de natation de course parmi un référentiel national de 27 ép reuves . A cet te épreuve
mixte et paritaire par excellence, viendra s 'ajouter une seconde épreuve de natation, de sauvetage cette fois, dès la session 2006. Cet élan et cette dynamique sont le fruit d'une prise de conscience et d'une mobilisation de tous les
acteurs pour répondre à une commande sociale exprimée au début des années 1990 et parfaitement anticipée par le doyen de l ' Inspection générale du groupe EPS, Claude Pineau : « L 'enseignement de la natation est devenu un impératif de sécurité individuelle et collective. En effet, le développement important des déplacements et des voyages, les activités de pleine nature de plus en plus recherchées et dont beaucoup exigent la maîtrise d'une nage de sécurité, donnent à ce problème une dimension qui ne peut échapper à la responsabilité de l'institution scolaire. Les choix didact iques dev ron t d i s c e r n e r les priorités à établir, la maîtrise des pratiques utilitaires devant être dans ce type d'activité très largement privilégiée » [2]. Toute la réflexion menée et traduite dans le contenu des enseignements et des épreuves d'examen au tour du t r ip tyque « se sauver - s'engager sans risques -sauver les autres » a incontestablement fait l'objet d'un profond consensus au sein de l'Education nationale et chez ses partenaires. Ce recen t rage sur les aspects sécuritaires au regard des conditions d'environnement et d'organisation difficiles et des horaires limités de l 'EPS s'est accompagné ici et là de la tentation de limiter à l'école l 'enseignement de la natation à la maîtrise d'une pratique utilitaire avant tout sécuritaire, permettant l'accès à l'ensemble des loisirs aquat iques notamment quand les structures d ' a c c u e i l sont m i n i m a l e s (nombre de cycles et de séances
Tableau 1. Exemple de séance RPMA*
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limité, pauvreté des espaces d'apprentissage). Tentation dévastatrice au demeurant, compte tenu d ' u n e nouve l l e c o m m a n d e sociale qui se dessine avec de plus en plus d'acuité. L'heure est venue de préciser aujourd'hui les contenus de formation au regard de visées éducatives liées à la santé. Une nouvelle commande sociale interpelle aujourd 'hui l'enseignement de l'EPS en général et de son volet natation en par t icul ier : « Apprendre aux lycéens et lycéennes à concevoir et conduire des projets d'entraînement, à orienter et développer les effets de l'activité physique en vue de l'entretien de soi ». Pourquoi pas en nageant ? La pratique sociale de référence est déjà là, dans les bass ins . Les adeptes du « jogging nagé » sont de plus en plus nombreux et exigeants à jus te t i tre quant aux espaces requis qui ne leur sont pas toujours réservés.
DE L'AUTONOMIE À LA PRISE EN MAIN DE SA SANTÉ
Les pratiques de la natation peuvent répondre de façon privilégiée aux enjeux liés à l'entretien
et au développement de la santé à tous les âges de la vie ; et ce non seulement aux âges les plus avancés ou quand la mobilité de la personne se trouve momentanément ou définitivement réduite. La notion de plaisir ne peut être é t r angè re à cet te v isée : au contraire, elle doit être centrale pour ga ran t i r l ' e n g a g e m e n t pérenne de la personne sur ce reg is t re d 'e f for t l i b remen t consenti, parfois inconfortable. L'institution scolaire ne peut plus se contenter de limiter les contenus d'enseignement à l 'acquisition du savoir nager sécuritaire comme condit ion d ' accès aux bassins ludiques et autres attractions aquatiques. Suite au cycle central , où les compé tences à nager ou long ou vite en crawl ont été développées, il devient nécessaire de proposer aux élèves de 3 e , 2nde ou l r e un rendez-vous incontournable et significatif de transformat ions profondes de leur motricité aquatique. Sa réussite doit attester d'une élévation suffisante du niveau d'habileté pour être en mesure d 'en t re teni r sa santé et si les conditions de pratique le permettent de la développer et de l'enrichir. Ce nouveau rendez-vous pourrait m a r q u e r un tournan t pou r la contribution de la natation scolaire à l 'éducation physique et sportive de tous.
LE DÉFI DU KILOMÈTRE
La difficulté est réelle puisqu'il faut pouvoir s'adresser en même temps à des élèves nageurs de niveaux de pratique divers et de profils différents. Il s'agit d'inventer une nouvelle forme de pratique scolaire de la natation qui pe rme t t e aux lycéens et lycéennes de vivre une expé
rience authentique d 'ent ra înement. La visée première n'est pas de réaliser la meilleure performance poss ib le à un momen t donné mais d'obtenir des effets d'entretien ou de développement de leur capital « santé », par une meilleure connaissance physique d'eux-mêmes. Nager un kilomètre peut représenter le « défi » accessible à tous à condition de développer chez les élèves des compétences techniques suffisantes pour y trouver du plais ir , de leur donner les moyens de choisir les vitesses de nage les plus adaptées à leurs projets mais aussi d'apprécier et évaluer leur engagement grâce à des outils réutilisables tout au long de leur vie.
La séance RPMA* (tableau 1) :
L'élève se programme une séance d'entraînement d'environ 30 à 40 min dont la distance totale est supérieure ou égale au kilomètre
(1250 m dans notre exemple).
1er phase : explications, formulation du projet L'élève construit sa séance, fait un choix pour chaque séquence et prépare son matériel.
2" phase : réalisation de la séance Les 4 séquences imposées de 10 min sont séparées d'1 min de récupération au minimum et de 3 min au maximum. • Échauffement. • Séquence en bras seuls avec pu l l -buoy (de p ré fé rence en crawl, plaquettes au choix). • Séquence en j a m b e s se lon diverses modalités (avec palmes éventuellement, rétropédalage, transport d'objet). • Séquence de nage complète en variant éventuellement les moda
lités de déplacement (ventrale, dorsa le , s imul tanée , a l ternée , avec éventuellement du matériel comme palmes, masque et tuba). Ces trois dernières séquences, d 'une durée au moins égale à 8 min, peuvent être réalisées en continu ou sous forme intermitten te avec des r é c u p é r a t i o n s égales ou inférieures à 15 s pour valoriser la mise en jeu du système de product ion d ' énerg ie aérobie (voir encadré p. 56).
3e phase : évaluation et appréciation de l'engagement Après la séance, chaque élève en reporte sur une fiche le contenu dans sa phase de projet mais aussi de réa l i sa t ion . Il po in te pour chaque séquence sa perception de l 'effort et son « s en t imen t éprouvé » (tableaux 2 et 3, p. 56). Ce type de séance est généralement bien perçu par les élèves et renouvelé avec enthousiasme. Il semble que la part d'autonomie qui leur est accordée constitue une rupture appréciée au regard des séances d'entraînement habituelles plus contraignantes.
La séance RPMA +
Pour ce deuxième niveau de sollicitation, l'élève est capable d'intégrer en plus une série en inter-val-training d 'une durée de 8 à 15 min sollicitant sa puissance maximale aérobie.
Critères de validation de la série • La série est réal isée sur une s équence en bras ou en nage complète. • La récupération est inférieure au temps de nage du parcours qui la précède. • L'élève maintient une fréquence de nage supérieure à 35 cycles/min.
Le rattrapé
Cette coordination est souvent c o n f o n d u e avec l 'exerc ice c o n s i s t a n t à n a g e r un b ras après l'autre, les deux mains se re jo ignan t devant la tê te du nageur. Un crawl est dit en rattrapé lorsqu'un bras entame son retour alors que l'autre est encore en phase de glisse (et n'a pas commencé sa propulsion). On peut donc nager avec un temps de rattrapé plus ou moins long, jusqu'au rattrapé complet.
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• L'élève maintient une vitesse de nage égale ou supérieure à 70 % de la vitesse maximale mesurée sur un 50 m ou supérieure à 90 % de la V M A (éva luée sur une épreuve maximale chronométrée de 6 min où la fréquence cardiaque était maximale à la fin de l'exercice ; 220 - âge - 10 +/-10) ;
Exemples pour 2 niveaux de pratique • Série pour un nageur réalisant 40 s au 50 m crawl et 6 min 30 au 400 m crawl chrono, 8 fois 50 m crawl nagé en 55 s avec une récupération de 25 s, soit un départ toutes les 1 min 20.
• Série pour un nageur réalisant 50 s au 50 m crawl et 6 min 30 au 300 m crawl chrono, 20 fois 25 m crawl nagé en 30 s avec une récupération de 15 s, soit un départ toutes les 45 s.
LES COMPÉTENCES NÉCESSAIRES
L'enjeu est bien de faire rentrer l 'élève dans des zones d'effort inconfortables afin de solliciter suf f i samment son o rgan i sme mais aussi pour qu' i l découvre qu'entretenir et même dévelop
per sa santé peut p rocure r du plaisir et un bien-être et que cela n'est pas seulement réservé aux sportifs. Trois compétences nous semblent devoir être développées pour y parvenir.
Des prérecquis et de nouvelles compétences techniques
Il convient d'avoir préalablement résolu les objectifs liés à : - la néce s sa i r e maî t r i se des échanges respiratoires ; - la stabilisation de coordinations où la glisse est valorisée dans les nages alternées et les remises à plat dans les nages simultanées (diminution de la résistance de vague) ; - la valorisation de l'amplitude de nage en améliorant l'efficacité des actions propulsives. Ces objectifs sont régulièrement réintroduits dans les séances.
Nager efficacement sur des distances supérieures à 200 m Cela impl ique de résoudre un double problème. L'un est lié aux apports énergétiques qui doivent être d 'or ig ine essent ie l lement aé rob ie , l ' au t r e renvoie à la notion d'économie de nage.
Ces deux facteurs sont étroitement liés. Un crawl dont la fréquence de nage est supérieure à 45 cyc l e s /min en t r a îne une demande énergétique telle que la production des lactates limitera le temps ou la distance de nage, et ceci même si le nageur a intégré correctement les échanges respiratoires à sa propulsion. Or cette fréquence trop élevée est le résultat d'une coordination de nage en opposition, spontanément utilisée par le nageur scolaire. Dans ce type de coordination entre bras gauche et bras droit, les mouvements sont constitués d'une succession de retours et de phases propulsives de façon ininterrompue, bien adaptée au sprint mais incompatible avec des durées de nage supérieures à 2 min.
Intégrer la respiration dans la nage Elle a pour fonction d'assurer en permanence un apport suffisant d 'O 2 afin de favoriser la production d'énergie de type aérobie. Si cet apport est insuffisant lors d'un effort même peu intense, l'organisme s'adapte en augmentant les fréquences cardiaque et ventila-to i re . Le nageur est a lors contraint de s'arrêter, non pas par l 'acidose p r o v o q u é e par une accumulation de lactates qui ne s'est pas encore produite, mais tout simplement par l'impossibilité de poursuivre un déplacement aquatique en hyperventilation. Ce prérequis est donc incontournable. Si cette adaptation respiratoire est techniquement bien maîtrisée, elle permet de maintenir l'alignement, c'est-à-dire d'assurer la correspondance entre l'axe du corps et celui du déplacement, réduisant ainsi les résistances à l'avancement.
Adopter un battement de jambes « minimum » Il permet aux pieds de rester près de la surface de manière économique (les membres inférieurs c o n s o m m e n t qua t re fois plus d'énergie que les bras). L'action des jambes est un point technique éga lemen t pr imordia l pour le maintien d'une position du corps parfaitement horizontale. Un battement de crawl inefficace se caractérise par un enfoncement
du train inférieur auquel peut éventuellement s'ajouter un déséquilibre du type lacet (déplacements latéraux du bassin dû au manque de gainage). L'ensemble provoquant d'importantes résistances à l'avancement.
Adopter un type de nage économique pour nager longtemps en crawl La fréquence de nage étant liée à la dépense énergét ique il faut donc d iminue r le nombre de cycles par unité de temps. Pour réaliser cette opération sans trop diminuer la vitesse, il faut que la distance par cycle soit maintenue voire augmentée et ceci ne peut pas être réalisé en ralentissant simplement le rythme des gestes (en effet, si la vitesse des mouvements propulsifs d iminue , les forces propulsives sont moins importantes et la dis tance par cycle diminuera également). La solution est donc d'allonger la durée du cycle en ajoutant une phase supplémentaire aux mou-
La séance RPMA* : c o m m e n taires spéci f iques
Après vérification (mesures réalisées chez des scolaires et des pratiquants non experts d 'âges différents en situation de pratique de loisir et d'entretien), ce type de séance de référence représente une durée de pratique de 35 +/-10 min. Constituée de plusieurs séquences de travail 6 à 8 min, elle est conforme aux recommandations et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L'intensité d'exercice se situe à 55 +/- 5 % de la fréquence cardiaque de réserve (égale à la fréquence maximale moins la fréquence de repos) et correspond donc bien à une pratique d'entretien de la santé sans toutefois présenter de risques (problèmes cardio-vasculaires par exemple). De plus, Baron et al [3] ont montré que la vitesse spontanément choisie par des sujets ayant un minimum de pratique se situait autour de la vitesse maximale d 'état s table de la lactatémie (VMESL), définie comme la plus haute vitesse de nage pouvant
être maintenue avec le plus haut niveau de stabilité de la lactatémie. Les valeurs sont comprises entre 2 et 6 mmol. L-1 et résultent d'un équilibre entre le débit d'apparition et de disparition du lac-tate sanguin. Cette vitesse est inférieure et p roche du t r è s controversé « seuil anaérobie » ou deuxième « seuil ventilatoire ». Le maintien de cette intensité sur des exercices de longue durée (supérieurs à 30 min) se traduit par une homéostasie partielle au niveau de l'ensemble des paramètres cardio-respiratoires et représente une intensité (« gold intensity ») particulièrement indiquée dans le cadre du réentraînement et de la réhabilitation par l'exercice pour les personnes à mobilité réduites (obèses, 3 e et 4 e
âge, etc.) [4].
Enfin, on peut considérer que ce type de séance représente une sollicitation d'environ 300 +/-100 kcal selon le niveau de pratique car il a été montré que la locomotion aquatique était 4 fois plus é l evée que sur ter re en raison des résistances à l'avancement.
Tableau 2. Échelle de catégorie de Borg (CR-10) [7]
Tableau 3. Échelle « feel ing Scale » [8]
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vements des bras : la phase de glisse. Le bras en fin de retour se tend et reste fixé quelques instants juste sous la surface avant de s'enfoncer pour la prise d'appui et la traction. Les avantages de cette coordination en rattrapé (encadré, p. 55) ne se limitent pas à la diminution du coût énergét ique. La glisse ( r éduc t ion des r é s i s t ances à l 'avancement) est favorisée par l'amélioration du coefficient de forme du nageur, l'augmentation de son étrave (taille) et la diminution des résis tances de vague. D'autre part, l 'al longement du trajet propulsif ainsi créé constitue un gain important pour la propulsion du nageur. Ces deux principes de l'allongement de la durée du cycle et de l'amélioration de la glisse, dans le cadre de la gestion de ses ressources s'appliqueront également en brasse, lorsque l'on intercalera entre chaque cycle bras/jambes une phase de glisse corps tendu et aligné (tête immergée) dont la durée co r r e spond ra au t emps nécessaire pour une expiration aquatique complète.
Savoir gérer son effort et choisir a priori les vitesses de nage les plus adaptées à son projet
Même si l 'apprentissage d 'une allure spécifique est un objectif fondé, la compétence à gérer son effort doit être réinvestissable quel que soit son niveau de pratique et de condition physique du moment. La perception de l'effort est en relation avec la sollicitation de l ' ensemble des systèmes et processus sensoriels (sensation de tension et de douleur dans les muscles et articulations, essoufflement, rythme cardiaque, suda
tion, etc). Elle peut être modulée par les facteurs émotionnels et motivationnels. La notion d'effort ne se limite donc pas à la seule composante physiologique mais intègre la dimension psychologique pour mieux correspondre au caractère de pénibilité de l'effort [5].
Des outils simples validés et peu onéreux sont aujourd'hui à la disposition du professeur d 'EPS . L'échelle RPE (Rate of Perceived Exhertion) mesure la perception de l 'e f for t et r épond à la question : « Comment percevez-vous l'effort effectué ? ». Elle peut être échelonnée de 6 à 20 [6] et de forme linéaire et se trouve alors corrélée à l 'augmentation de la fréquence cardiaque (x 10) avec l'intensité de l'exercice [5]. N o u s lui p référons la C R - 1 0 ( tab leau 2 ) , é c h e l o n n é e de 0 à 10 [7]. Elle est de forme exponentielle et de ce fait se trouve corrélée à l'évolution de la lacta-témie en fonction de l 'intensité de l'exercice. Son avantage est de bien repérer la zone d'intensité au niveau de la VMESL et se situant sur l'échelle entre 3 et 5. L'élève au cours de ses différentes tentatives sera sollicité pour apprécier et objectiver ses efforts en relation avec un contrôle éventuel de sa vitesse de nage (présence d'un chronomètre mural). Ce type de ressenti nous semble la clé d'une compétence à gérer son effort dans la durée.
Savoir apprécier et évaluer son engagement
U n e échel le de « Feel ing Scale » [8] ou de « sent iment éprouvé » allant de + 5 (très bien) à - 5 (très mal) peut parallèlement être proposée à l 'élève. Elle lui
permet d'objectiver le caractère agréable ou désagréable ressenti pendant et après la séance qu'il s'est programmée (tableau 3). Il peut ainsi construire et repérer la s t ructure de la séance qui lui convient le mieux en fonction de son niveau de pratique. A l'enseignant de discuter avec les élèves pour faire évoluer progressivement le contenu de la séance en fonction des besoins et possibilités de chacun.
* **
Cette nouvelle forme de pratique scolaire de la natation doit permettre aux lycéens et lycéennes de vivre une expérience authent ique d ' en t r a î n emen t , dont la visée première n'est pas de réaliser la meilleure performance possible à un moment donné mais d'obtenir des effets d'entretien ou de développement de leur capital « santé », par une me i l l eu re connaissance physique d ' eux-mêmes. La natation scolaire et la natation sportive se rejoignent alors sur cette question car les
espaces requis sont les mêmes et les formes de pratique comparab les . Sans pour au tan t se confondre , e l les ne peuven t s'ignorer. Aux acteurs de la natation sportive et de l 'éducat ion physique de présenter et soutenir ce savoir « nager-s 'entraîner » auprès des collectivités territor ia les . L 'accès aux bass ins et l 'avenir pour les nageurs est à ce prix.
Une épreuve natatoire pour le baccalauréat pourrait compléter l'offre existante à ce jour (musculation et course de durée). L'enjeu est donc de taille.
Patrick Pelayo Professeur des universités,
Faculté des sciences du sport et de l'éducation phvsique.
Lille 2 (59).
Dominique Maillard IA-IPR EPS.
Académie de Lille (59).
Denis Rozier PRAG EPS,
Collège-lycée Léonard Limosin, Limoges (87).
* Le sigle RPMA a été choisi en relation avec : - la notion d'intensité de l'exercice liée au concept de « Rate of Maximal Aérobic Power » ou pourcentage de la Puissance Maximale Aérobie : - la notion de Révolution Par Minute, la na ta t ion étant une act iv i té cyc l ique en milieu Aquatique : - ses au t eu r s Roz ie r . P e l a y o . Mai l la rd (RPM).
Références bibliographiques
[1] Legouge F.. La natation, sport universel, Eds. Vigot Frères. 1946.
[2] Pineau C . Introduction à une didactique de l'éducation phvsique. Dossier EPS n° 8, 1991.
[3] B a r o n B . . D e k e r l e J. , D e p r e t z S. . Lefevre T., Pelayo P.. « Self selected speed and maximal lactate steady state speed in
swimming ». J Sports Med Phvs Fitness. M a r ; 45 (1), 2005.
[4] Pelayo P., Baron P.. « Blood lactate. heart rate and systolic blood pressure measurements provide a reliable estimate of the aerobic c a p a c i t y in r u n n i n g and swimming ». Journal of Human Mouvement Studies. n° 4 1 . 2001.
[5] Garcin M.. « Effort et EPS : course de durée ». Revue EP.S n° 297. septembre-octobre 2002.
[6] Borg G. V.. « Perceived exertion as an ind ica to r of soma t i c s t r e s s ». Stand J RehabilMed, n° 2. 1970.
[7] Borg G. V.. « Psychophysical bases of perceived exertion », Med Sci Spans Exert n° 14. 1982.
[8] Acevebo E. O.. « A frame work for i m p l e m e n t i n g psycho log ica l ski l l s for athletes », J Reality Therapy, 14. 1990.
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