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UNE TERRE JOURNAL D’INFORMATION DE PAIN POUR LE PROCHAIN N° 1 – 15 AVRIL 2011 DOSSIER PORTRAIT Michel Jordan, le roi du chœur Quand sport et solidarité font bon ménage PAS D’ÉTHIQUE AU FOND DE LA MINE EVÉNEMENT © Julien Harneis / Creative Commons

Une seule terre N°1 - Avril 2011

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Journal d'information de Pain pour le prochain. Pas d'éthique au fond de la mine

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Page 1: Une seule terre N°1  - Avril 2011

UNE TERREJOURNAL D’INFORMATION DE PAIN POUR LE PROCHAIN N°1 –– 15 AVRIL 2011

DOSSIER

PORTRAIT

Michel Jordan, le roi du chœur

Quand sport et solidarité font bon ménage

PAS D’ÉTHIQUE AU FOND DE LA MINEEVÉNEMENT

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Une seule terre Nous avons osé la simplicité. Ces trois motsse sont imposés à nous comme une évidenceau moment de baptiser ce nouveau journal, néde la disparition du magazine Terre Nouvelle.Bien plus qu’une ritournelle réservée aux douxrêveurs, ces trois petits mots expriment laconviction forte qui anime l’ensemble du tra-vail de Pain pour le prochain. Cette terre richede ses espèces vitales, ses cultures et sesbiens communs affirme bel et bien son unicitéque nous sommes appelés à cultiver et à pré-server. Pourtant, nous y vivons comme si elleétait inépuisable. Pour absorber l’empreinteécologique des Européens, il faudrait une terre2,5 fois plus grande, pour éponger celle desAméricains, cinq terres comme la nôtre. Nousappartenons à une «seule» communauté mon-diale interdépendante: nos modes de vie ontune incidence directe sur la vie des autres.La terre offre ses biens à l’humanité qui peineencore à les partager équitablement, creu-sant toujours plus les inégalités entre le Nordet le Sud, entre les riches et les pauvres.

Depuis 50 ans, Pain pour le prochain dénonceles injustices commises à l’égard des popu-lations dans les pays en développement.Man datés par la Fédération des Eglises pro-testantes de Suisse, nous œuvrons pour re-dresser l’équilibre et encourager la terre à«tourner un peu plus rond». Pas une minceaffaire face à une économie mondiale omni-présente et toute-puissante. Le cas de cetteentreprise suisse (p. 3) exploitant des mine-rais précieux au Congo au détriment des droitshumains et de l’environnement prouve bienl’amplitude de notre action. Pain pour le pro-chain n’existerait pas sans vous. Alors n’oubliezpas de vous joindre aux festivités de notre50e anniversaire. Grâce à votre soutien, unmonde plus juste devient possible !

«La terre n’est pas un don de nos parents; ce sont nos enfants qui nous la prêtent» (Proverbe indien)

Martina Schmidt, secrétaire romande de Pain pour le prochain

60% des 400 000 villages africains sontcouverts par les réseaux télécom

EN CHIFFRES

Le parlement a approuvé, fin février, une hausse de l’aide audéveloppement de 640 millions de francs pour 2011 et 2012.La part de l’aide publique au développement de la Suisseatteindra donc 0,5% du revenu national brut d’ici 2015.Pain pour le prochain se réjouit de cette décision, fruit d’untravail de longue haleine des œuvres d’entraide à l’origine dela pétition «0,7% – ensemble contre la pauvreté». Le jourdu vote, des représentants de différentes associations, dont

PPP, ont distribué aux membres du Conseil national des bouteilles en PET portantl’inscription «Oui au 0,5% – de l’eau potable salubre pour des millions d’êtres hu-mains». Les demandes de limitation prônées notamment par l’UDC et une partie duPLR auraient surtout menacé les projets d’accès à l’eau potable.

POLITIQUE

640 millions pour le développement

Avec plus de 400 millions d’abonnés aux réseaux de télé-phonie mobile, le marché africain a désormais dépassé lesEtats-Unis. Pas étonnant donc que des scientifiques de l’Uni-versité de l’Illinois se soient penchés sur le développementde modules de formation sur téléphone portable. Le projet« Scientific Animations Without Border»* a choisi de pri-vilégier l’animation au détriment du film, pour conférer uncaractère plus universel à ces supports adaptables dans toutes

les langues. Destinés prioritairement aux milieux agricoles, ces vidéos, également dis-ponibles sur Internet, permettront à un paysan nigérian d’apprendre à protéger sescultures contre les insectes ou à un agriculteur malien de recevoir des instructions surle procédé d’extraction de l’huile de karité. Un bel exemple de développement tech-nologique durable, encore faudrait-il convaincre les fabricants de téléphones mobilesde se fournir en minerais «propres».

Plus d’informations sur:

http://news.illinois.edu/news/11/0228phone_ed_Bello-Bravo_Pittendrigh.html

* Animations scientifiques sans frontière

TECHNOLOGIE

Se former sur son mobile

Dans le monde, 884 millions de personnes n’ont pas accèsà une eau potable de qualité. Or depuis juillet 2010, grâce àune résolution de l’ONU, l’accès à l’eau potable est devenu undroit de l’homme. Voilà qui a nourri le débat lors du Comitécentral du Conseil œcuménique des Eglises (COE) réuni, àGenève, en février dernier. Le COE a appelé ses Eglises mem-bres à poursuivre le travail de défense du droit à l’eau. Al’international, le Royaume-Uni et le Canada continuent à

s’opposer à une reconnaissance totale de ce droit. Le Conseil incite dans une déclarationles responsables politiques de ces pays à «utiliser le droit à l’eau comme guide, garde-fou et barème » de leurs mesures législatives.

EAU

De l’eau, de la vie !

EN BREFEN APARTÉ

Photo de couverture:Joli, 37 ans, conducteur de machine travailledans la mine de Kailo depuis deux ans. Loinde sa famille, il espère gagner suffisammentpour enfin scolariser ses trois enfants.

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Dans le cadre de la campagne œcuménique 2011, Pain pour le

prochain et Action de Carême ont mené une enquête exclusive

sur les activités de la société suisse Glencore en République

Démocratique du Congo (RDC). Une recherche a été effectuée

en Suisse et en RDC pour évaluer l’impact économique, social

et environnemental des investissements de la firme zougoise.

Le bilan est inquiétant.

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Superficie 2 345 000 km2

Population 71 720 000 hab.

Densité 29 hab./km2

PIB 10,03 mia (CHF)

CONGO (RDC)

DOSSIER

GLENCORE, L’ENTREPRISE SUISSE QUI DÉPOUILLE LA RDC

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indépendante des valeurs apportées parl’ancienne société d’Etat Gécamines. Mal-gré la mise à disposition de réserves consi-dérables de cuivre et de cobalt (plus de15,9 millions de tonnes de réserves prou-vées) et la cession de deux usines de trans-formation des minerais, cette dernière nepossède que 25% des parts de la joint-venture créée avec KML. Un déséquilibreaccentué par les politiques fiscales agres-sives de Glencore et de Katanga MiningLimited: bien que KML soit en passe dedevenir le plus grandproducteur de cuivrede RDC, elle ne paieraque des impôts mini -mes de 2010 à 2013 (unmillion de dollars paran). La filiale de Glen-core exploite donc l’un des sous-sols lesplus riches de la planète, utilise des usinesde Gécamines, consomme l’électricité

restreinte du pays, use les routes précairesdu Katanga et pollue l’air de la province,sans reverser une contrepartie financièreéquitable à la partie congolaise.

Les droits humains : des abus répétésNotre enquête révèle également de nom-breux problèmes sociaux et le non-respectdes droits humains. Katanga Mining Li-mited achète des minerais à des petitscreuseurs indépendants qui travaillent surses concessions. Dans les mines artisanales,

les conditions de tra- vail sont déplora bles.Ces mineurs creusentdes trous et des tun-nels, parfois presque àmains nues et sansaucun équipement de

sécurité. Pour descendre dans les mines,ils passent le long des gravats, risquantla chute à chaque instant. Les accidents

Avec 145 milliards de dollars, Glencoreest l’entreprise suisse qui a réalisé le

plus grand chiffre d’affaires en 2010, enSuisse. Pourtant la firme zougoise restepeu connue des consommateurs helvé-tiques : active dans le négoce des matièrespremières, l’entreprise a pour clients desacteurs industriels (secteur automobile,sidérurgie, énergie, etc.) mais son logon’apparaît jamais sur les produits.

La société possède des filiales et des bu-reaux dans une quarantaine de pays, dontla République démocratique du Congo.Depuis 2007, Glencore a investi 265 mil-lions de dollars, ce qui lui a permis deprendre le contrôle de la société KatangaMining Limited (KML). L’investissementpromet un rendement considérable: KMLpossède six gisements de cuivre et de co-balt dans la Province du Katanga (RDC),répartis sur une surface de plus de 40 km2,soit la taille du canton de Genève. Et lasociété ambitionne de devenir d’ici à 2015le plus grand producteur de cobalt aumon de et le plus important producteurde cuivre d’Afrique. Pourtant, malgréces bénéfices faramineux, Glencore et safiliale KML n’accordent visiblement quepeu d’importance à l’impact de leurs ac-tivités sur la population congolaise.

Les contrats et la fiscalité : un pillage des ressources du KatangaEn 2005, KML acquiert des concessionsminières, dans des circonstances frau du-leuses, sans respecter les procédures dictéespar le code minier congolais : pas d’appeld’offre publique et aucune évaluation

De nombreux enfants travaillent sur les mines. Ils transportent de lourdes charges, souvent plus de 20 kilos, ou nettoient les pierres dans les rivières

Les conditions de vie aux abords de la mine sont difficiles

Descendre dans la mine, c’est risquer sa vie à chaque instant

Ces mineurs creusentdes trous et

des tunnels, parfoispresque à mains nues

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arrivent très fréquemment. Sans compterde nombreux enfants-travailleurs observésaux abords des mines dont KML achèteles minerais. Ils transportent des sacs deplus de 20 kilos ou nettoient les pierresdans les rivières. Et lorsque KML veutrécupérer ses mines, l’entreprise chasseles creuseurs sans ménagement. Selonl’étude menée par Pain pour le prochain etAction de Carême, en été 2010, la policeaurait tiré à balles réelles sur des tra-vailleurs des conces sions de KML. Plu-sieurs d’entre eux auraient été blessésdurant la manœuvre.

Les conditions de travail offertes par KMLs’avèrent désastreuses. Selon différentessour ces, la mine souterraine de Kamoto,qui appartient à KML, serait l’une des plusdangereuses du Katanga. Sur ce site, lesprescriptions en matière de prévention sontpeu respectées et les panneaux d’infor - mations pour rappeler certaines règles desécurité, quasi inexistants. Entre 2009 et2010, on ne dénombre pas moins de troisaccidents mortels dans des mines appar-tenant à KML. Les ouvriers ne reçoiventaucun vêtement de protection adéquatalors même que des relevés et des étudesont démontré un taux de radiation, no-tamment d’uranium, extrêmement élevédans ces mines. Une exposition prolongéepeut engendrer des problèmes d’anémie,de diabète, de reins et de fertilité. Lescontrats à courts terme, quelques 40%,ne font qu’accroître la précarité dans lesmines.

Evidemment, KML n’engage pas une po-litique de dialogue crédible et systématiqueavec les communautés vivant aux envi-rons de ses mines. Selon l’étude menéesur le terrain, les maisons villageoisessubissent des dommages – fissures,dégradation des murs, etc. – en raisondes explosions répétées qui ont lieudans les mines à ciel ouvert. Malgré unelettre rédigée à l’intention des respon-sables de la mine, les habitants du villagede Musonoie, attendent toujours une ré-ponse ou le dédommagement de la filialede Glencore. CP

A l’avenir, les entreprises transnationales nepourront plus violer impunément les droitshumains dans les pays en développement. Telssont les espoirs suscités par les travaux deJohn Ruggie, le Représentant spécial desNations-Unies pour la question des droits del’homme et des sociétés transnationale. Eneffet, en juin 2011, John Ruggie remettra auConseil des droits de l’Homme un rapport finalqui sera adopté par tous les Etats membres.Dans ce rapport, il affirme que les entreprises,toutes les entreprises, doivent respecter lesdroits humains, tous les droits humains, partout

dans le monde. Pour y parvenir, le représentantspécial de l’ONU affirme que les entre prisesdoivent notamment:

- adopter des politiques internes visant à res-pecter et faire respecter les droits humains àtoutes leurs filiales et fournisseurs,

- effectuer des évaluations de risques avantd’investir dans un pays,

- avoir des indicateurs chiffrés et concrets pourmesurer l’impact des mesures adoptées.

Glencore aurait tout à apprendre des recom-mandations de John Ruggie. Au-delà de quel -ques belles paroles, la firme zougoise n’a misen place aucune politique crédible de respon-sabilité sociale. Alors que plusieurs de sesconcurrents participent à des initiatives inter-nationales visant à mieux garantir le respect desdroits humains et publient des rapports chiffrésà ce sujet, Glencore refuse de s’engager dansquelque projet que ce soit et se contente dedéclarations générales sur son site. Enfin, lors -que des abus sont révélés dans le cadre d’acti -vités de ses filiales, la société botte en touche etrefuse tout dialogue avec les communautésconcernées. Pour inverser la tendance, il estnécessaire que le gouvernement Suisse prennedes mesures pour obliger des sociétés commeGlencore à mettre en place des politiques sé-rieuses de respect des droits humains. C’estce que demande la pétition de Pain pour leprochain et Action de Carême. CP

Plus d’informations sur: www.droitalimentation.ch

Encadrer les entreprises transnationales !

16 millionsde personnes vivent dans une situationd’insécurité alimentaire en RDC.

EN CHIFFRES

CAMPAGNE

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«Ici 95% des jeunes sont au chômage,cela pose beaucoup de problèmes.

Les filles en sont réduites à vendre leurcorps et les garçons à voler pour survivre».Phindile Boitumelo travaillait commeassistante de tir dans une mine avant d’êtreelle-même victime du chômage. Au côté deneuf autres jeunes, elle a pu bénéficier duMonitoring Action Project, un programmede la Bench Marks Foundation. Cette orga-nisation sud-africaine, partenaire de Painpour le prochain, forme de jeunes chô-meurs des bidonvilles bordant les minesà rendre compte, sur Internet, de leursdifficultés quotidiennes.

A Ikemeleng, les problèmes commencentpar les conditions sanitaires. «Ici l’eau esttrès sale. Parfois il n’y en a même pas. Il ya très peu de points d’eau ou de toilettes ;pourtant, plusieurs milliers de personnesvivent ici», explique la jeune femme. Le

ruisseau tout proche est pollué et le plussouvent à sec. La dégradation de l’envi-ronnement par les mines de platine avoi-sinantes, les problèmes de santé, le tauxde chômage galopant, le vol des terres etl’exclusion sociale font partie du quoti-dien.

Grâce au projet de la Bench Marks Foun-dation, ces problèmes ont obtenu unevisibilité sur le Web, sensibilisant ainsil’opinion publique internationale. A Ike-meleng, tout est lié à l’activité du secteurminier. Grâce à ce programme, ces jeunesretrouvent confiance en eux tout en ac-crois sant la pression internationale sur lesentreprises et les gouvernements. Unetentative pour conscientiser les sociétésminières sur leur responsabilité sociale etle respect des droits humains. Un longchemin en perspective, toutefois jonchéd’espoir.

DOSSIER

Comme des millions d’êtres humains, le réali-sateur finnois Frank Piasecki Poulsen possèdeun mobile Nokia. Dans son téléphone, du col-tan: ce métal rare que les fabricants de mobiles’arrachent à prix d’or. Ce commerce est l’undes moteurs de la guerre en RDC, un conflitqui a déjà fait plus de 5 millions de morts.Alors il s’interroge Frank. Contribue-t-il lui aussien tant qu’utilisateur à alimenter cette guerre?Et que dire de la responsabilité du plus grandconstructeur de mobile au monde? Il cherchealors ses réponses chez Nokia, puis au péril desa vie dans la plus grande mine du Kivu enRDC. Un documentaire fouillé et culotté pourmieux comprendre les enjeux autour de cesminerais.

http://bloodinthemobile.org/

Du sang dans les mobiles

POUR ALLER PLUS LOIN

En Afrique du sud, un projet soutenu par Pain pour le prochain permetà des jeunes chômeurs de témoigner de leur réalité quotidienne et desproblèmes de leur communauté.

http://www.bench-marks.org.zahttp://sites.google.com/site/monitoringaction/

LA VOIX AUX DÉSHÉRITÉS

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Le cœur chantant

SUR LE NET

Youphil.com: un média 100 % social

Ce média français publié sur Internet se pen -che sur l´actualité du monde de l’engagementsous toutes ses formes: associatif, humani-taire, philanthropique ou entrepreneurial. Unedizaine de journalistes, et des blogueurs dis-séminés aux quatre coins de la planète trai-tent l’actualité de toutes les solidarités sousdes angles originaux et souvent décalés.

www.youphil.com

ENTRE LES PAGES

De l’art de s’indignerStéphane Hessel affichefièrement 93 printemps etun parcours peu commun:résistant, arrêté, torturé,puis déporté, il participeen 1948 à la rédaction dela Déclaration universelledes droits de l’Homme,avant de devenir ambassa-deur de France. Selon lui,le «motif de base de la Résistance, c’était l’in-dignation.» Un fondement qu’il nous conseillede conserver en tête, même dans une so-ciété où les raisons de s’indigner apparais-sent moins évidentes. Pour le sage homme,l’efficacité va de pair avec l’action en réseau.Et c’est aussi l’avis de Pain pour le prochain.

« Indignez-vous!» de Stéphane Hessel, Editions indigène

Nelson Mandela intimeDe ses années de luttecontre l’apartheid en pas-sant par les lettres écritesdans la clandestinité de sesgeôles successives jus-qu’aux brouillons de sesdiscours présidentiels, Nel-son Mandela ouvre avec cerecueil de correspondanceune fenêtre intérieure sur son parcours excep-tionnel. Il y dévoile une autre facette de sapersonnalité, bien au-delà de l'icône anti-apartheid. On y découvre un homme en proieavec ses doutes, ses faiblesses et ses peurs :un homme(presque)ordinaire face à un fabu-leux destin.

«Conversations avec moi-même» de Nelson Mandela, préfacé par Barack Obama, Editions de la Martinière

PORTRAIT

Michel Jordan dirige la Chapellevocale de Romainmôtier qui se pro-duira à Lausanne, à Genève et àBerne à l’occasion des 50 ans dePain pour le prochain. Rencontreavec cet attachant mélomane dusacré.

A DÉCOUVRIR

Pour l’écouter, il faut tendre l’oreille.La discrétion pour culture, Michel

Jordan n’est pas homme à tirer la couver-ture à lui. Se pliant avec gentillesse à l’exer-cice de l’interview, il en transgresse lesrègles au bout de 10 minutes à peine, ets’interrompt soudainement. «Bon, assezparlé de moi, là ; et vous alors, d’oùvenez-vous?»

Et pourtant, la vie de ce fervent organisteregorge d’anecdotes savoureuses. Commece jour de janvier 1986, où derrière sonorgue de l’abbatiale de Romainmôtier, ilentonne du Vivaldi pour accompagner uncouple de jeunes mariés d’un genre parti-culier. Dans l’assistance, on compte parmiles prestigieux invités, un certain SteevieWonder… «Diana Ross a choisi de semarier à Romainmôtier, se souvient-ilavec tendresse. Quand je lui ai demandéquelle musique elle voulait entendre sousles voûtes, elle m’a répondu: ‹Un lieucomme celui-ci ne supporte que du clas-sique!› Elle ne sait pas qu’elle m’a renduun fier service. Depuis, je ressers cette his-toire à tous les futurs époux qui me de-mandent d’accéder à l’autel au son de labande originale de Titanic.»

Un gardien de la musique sacréeDerrière la boutade, il y a toujours un fondpédagogique dans le discours de Michel

Jordan. «Déformation professionnelle»,diront certains. Enseignant de musique augymnase et à la Haute Ecole pédagogique,il se réjouit de voir toute une jeunesse pas-sionnée se rassembler en chorales mêmes’il déplore un certain désintéressementpour le sacré dans leur démarche. Lui-même se souvient de ses débuts : alorsjeune paroissien, Michel fait vibrer sescordes vocales à la chorale d’Orbe, atta-chant dès le départ une attention touteparticulière au caractère liturgique destextes qu’il entonne. «Aujourd’hui encore,j’essaie de protéger la musique d’église etson message sacré», confesse-t-il. Trèsengagé dans la vie religieuse de sa com-mune, il œuvre au sein de la Fraternitéœcuménique de prière de Romainmôtier.Vingt personnes s’y relayent et prient jus-qu’à trois fois par jour pour l’œcumé-nisme dans sa plus grande diversité.

Michel Jordan aurait pu embrasser unecarrière internationale d’organiste, il lui ahumblement préféré une vie familiale. «Ilfallait du culot, de la chance et du talent, jene suis pas sûr d’en avoir eu suffisamment.»Aujourd’hui, son grand bonheur, c’est ausside permettre à sa chorale de se produireà l’extérieur de Romainmôtier. Ainsi, il seréjouit de porter les sons de la Misa Criolladu compositeur argentin Ariel Ramirez,entre Genève et Berne pour fêter en musi -que les 50 ans de Pain pour le prochain.Une occasion de rencontrer cet hommede foi, mais ne lui dites surtout pas quevous avez lu son portrait, à moins de vou-loir le faire rougir… LW

Plus de détails sur les 50 ans de PPP:www.ppp.ch/fr/francais/portrait/jubile/

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Sportifs du dimanche ou adeptes des baskets, il y auraforcément un parcours à votre niveau lors des fameux«20 kilomètres de Lausanne». Pour la deuxième annéeconsécutive, Pain pour le prochain au côté de l’EPER et deDM-échange et mission relance son opération «Cham-pion solidaire». Le 30 avril prochain, les coureurs de tousâges choisiront d’enchaîner leurs foulées sur 2, 4, 10 ou 20kilo mètres mais surtout de se parer du bandana batik«Champion solidaire» pour affronter le bitume. Par cepetit geste simple, ils soutiennent la formation de jeunesorphelins rwandais dispensées par le Centre Presbytériend’Amour des Jeunes (CPAJ).

Parmi les coureurs, cette année, un sportif d’élite rejointl’équipe solidaire : Felfele Tesfaye, vainqueur de plusieurscourses de montagne dont celles d’Anzère et de laGrande-Dixence en 2007. Quant aux aficionados dumoindre effort, ils devraient se réjouir puisqu’il n’est plusnécessaire de courir pour participer. Parrainer son ou sescoureurs préférés, c’est aussi soutenir nos projets d’aideau dévelop pement. Pas de montant minimum, ni maxi-mum, l’important, rappelons-le, c’est de participer !

Les bandanas seront en vente au prix de 12 francs surnotre stand le jour de la course. Ils sont également dis-ponibles, dès à présent, sur le site www.championsoli-daire.ch ou par simple demande écrite à notre secrétariat.

Célébration œcuménique Le 22 avril 2011 à 19:00St-Martin à Onex

Méditations œcuméniques Du 18 au 21 avril 2011 à 18:30Chapelle d’Onex-village

20 km de Lausanne, champion solidaire Le 30 avril 2011 toute la journéeLausanne

Journée mondiale du commerce équitable Le 14 mai 2011partout en Suisse et dans le monde

50 ANS DE PAIN POUR LE PROCHAINConcerts Misa Criolla par la Chapelle vocale de Romainmôtier

Lausanne, le 26 mai 2011Espace culturel des Terreaux

Genève, le 4 septembre 2011Temple de Saint-Gervais

Berne, le 11 septembre 2011Eglise française de Berne

Plus de détails: www.ppp.ch/fr/francais/portrait/jubile/

SPORT

20 kilomètres de sueur et de solidarité

La campagne œcuménique lancée le 10 mars dernier ren-contre un franc succès. Les médias romands ont montré unvif intérêt pour la thématique de l’extraction minière.Entre autres, Le Temps, la TSR, 24 heures ou encore LeCourrier ont consacré des reportages à cette probléma-tique. Preuve que Pain pour le prochain et Action de Carêmesoulèvent des questionnements actuels et concernants.Notre action, nous ne pourrions la mener sans votre indis-pensable soutien. Notre pétition invitant le Conseil fédé-ral à définir des conditions cadres obligeant les entreprisesà respecter les droits humains a récolté plus de 2162 signa-tures en moins de deux semaines. Un beau résultat, maisnous avons encore besoin de votre aide, alors n’hésitez pasà la diffuser et à en parler autour de vous.

Signez la pétition: www.droitalimentation.ch/fr/sengager/petition/index.html

Campagne œucuménique

Avenue du Grammont 9 – 1007 Lausanne

Tél. 021 614 77 17 – Fax 021 617 51 75

[email protected] – www.ppp.ch

CCP 10-26487-1

Editeur : Pain pour le prochain

Rédaction: Martina Schmidt,

Laetitia Wider, Chantal Peyer

Corrections: Françoise Caroff

Graphisme: Corrado Luvisotto, Grafix, Fribourg

Impression: Imprimerie St-Paul, Fribourg

Prix de l’abonnement : 10 francs suisses

Tirage: 16 500 exemplaires

ÉVÈNEMENTSAGENDA

35 francs par habitant sont dépensés chaque année en Suisse dans le commerce équitable

EN CHIFFRES

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Beat Dietschy, le sécrétairegénéral de PPP durant la conférence de presse du 10 mars 2011.

Le coureur erythréen Tesfay Felfele soutient«Champion Solidaire»