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- PÊCHE PLAISANCE - 28 Une sortie Estran La Bernerie en Retz (44), mardi 17 juillet vers 10 heures, coefficient de marée 73, une belle journée de soleil s’annonce après la grisaille du début d’été. Nous accompagnons l’équipe de l’APPCJ (Association des Pêcheurs à Pied de la Côte de Jade, affiliée à la FNPPSF)* à la découverte du littoral local. Chaperonnés par Josette, secrétaire et « guide nature » de l’association, nous abordons une zone de sable, de cailloux et de vase très propice à la pêche des palourdes. Ici on pêche surtout la « palourde japonaise » (taille 3,5 cm - quota de 3 kg par jour et par personne). Avec un œil exercé, on repère bien les marques qui indiquent la présence d’un coquillage (trou en forme de 8 ou 2 trous rapprochés). La palourde, enfouie à 2/3 cm de profondeur, est extraite à l’aide d’un « couteau pêche palourdes ». Chacun est muni de l’indispensable pied à coulisse « Respectons les Tailles » de la FNPPSF et procède à la mesure des prises susceptibles d’être d’une taille inférieure à la règlementation. Dans ce secteur sablonneux, le sol est parsemé d’une quantité importante de lanices (famille des anélides) ; ce « ver tube » est couvert de morceaux de coquillages agglo- mérés, il est très présent dans les estuaires. Nous trouvons également quelques massifs qui sont des agrégats de tubes composés de sable et de débris coquilliers formés par des vers marins, les hermelles. Il est important de respecter ces récifs qui sont des zones de refuge, de ponte et de nourrissage pour les animaux marins. En abordant un secteur plus rocheux, nous repérons des pholades, mollusques bivalves munis d’un pied et d’une coquille dentelée (appelée aussi « vrille »). La pholade tourne lentement sur elle-même et creuse un trou dans la roche friable (schiste). Il n’est pas conseillé de pêcher la pholade car sa capture ne se fait pas sans dommage et nécessite de casser la roche. Un de ses « cousins éloignés », très nuisible, est le taret qui creuse le bois et s’attaque à la coque des bateaux. Nous progressons vers la mer, les rochers sont couverts d’huîtres sauvages (Crassostrea gigas). Ces huîtres peuvent parfois développer une forme très allongée faute de place pour une croissance aisée dans les zones à population très dense. On les appelle alors « des longues » ou « des bananes ». En Loire Atlantique, le quota d’huîtres pour les plaisanciers est de 5 kg par personne et par jour. Curieusement la réglementation est différente dans le département voisin, en Vendée où le quota est de 3 douzaines… Sur l’estran les pêcheurs de loisir cohabitent (pas toujours facilement) avec les pêcheurs professionnels et quelques ostréiculteurs (titulaires de licences) qui accèdent avec des tracteurs sur les gisements naturels ; ils prélèvent des huîtres de belle taille pour la revente mais aussi des juvéniles pour réensemencer les parcs ostréicoles alentour. Certains professionnels empruntent des passages empierrés afin de limiter les dégradations de l’estran et des coquillages fouisseurs présents sur cet espace. À noter : sur le secteur Loire-Atlantique et Vendée, on peut croiser des gardes-jurés (mandatés par le Comité Régional des Pêches). Aujourd’hui la marée de 73 ne découvre pas assez pour donner accès à d’autres espèces q 4,5 cm) surnommé localement « le crachou », se pêche à pied, à la main et plutôt l’hiver. plaisanciers est différent dans les deux départements qui partagent le même type d’estran Bizarrement, même dans les rochers plus au large on ne trouve pas beaucoup de crabes. Les g (étrilles) étaient très fréquents sous le goémon... Lanice Hermelles

Une sortie Estranfnppsf.fr/peche-plaisance/ppn35une-sortie-estran.pdf · 2012. 10. 2. · Une sortie Estran La Bernerie en Retz (44), mardi 17 juillet vers 10 heures, coefficient

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    Une sortie Estran

    La Bernerie en Retz (44), mardi 17 juillet vers 10 heures,coefficient de marée 73, une belle journée de soleils’annonce après la grisaille du début d’été. Nousaccompagnons l’équipe de l’APPCJ (Association desPêcheurs à Pied de la Côte de Jade, affiliée à la FNPPSF)*à la découverte du littoral local.

    Chaperonnés par Josette, secrétaire et « guide nature »de l’association, nous abordons une zone de sable, decailloux et de vase très propice à la pêche despalourdes. Ici on pêche surtout la «  palourdejaponaise » (taille 3,5 cm - quota de 3 kg par jour et parpersonne). Avec un œil exercé, on repère bien lesmarques qui indiquent la présence d’un coquillage(trou en forme de 8 ou 2 trous rapprochés).La palourde, enfouie à 2/3 cm de profondeur, estextraite à l’aide d’un « couteau pêche palourdes ».Chacun est muni de l’indispensable pied à coulisse« Respectons les Tailles » de la FNPPSF et procède à lamesure des prises susceptibles d’être d’une tailleinférieure à la règlementation.

    Dans ce secteur sablonneux, le sol est parsemé d’unequantité importante de lanices (famille des anélides) ; ce« ver tube » est couvert de morceaux de coquillages agglo-mérés, il est très présent dans les estuaires. Nous trouvonségalement quelques massifs qui sont des agrégats detubes composés de sable et de débris coquilliers forméspar des vers marins, les hermelles. Il est important derespecter ces récifs qui sont des zones de refuge, deponte et de nourrissage pour les animaux marins.

    En abordant un secteur plus rocheux, nous repérons despholades, mollusques bivalves munis d’un pied et d’unecoquille dentelée (appelée aussi « vrille »). La pholadetourne lentement sur elle-même et creuse un trou dansla roche friable (schiste). Il n’est pas conseillé de pêcherla pholade car sa capture ne se fait pas sans dommageet nécessite de casser la roche. Un de ses « cousinséloignés », très nuisible, est le taret qui creuse le bois ets’attaque à la coque des bateaux.

    Nous progressons vers la mer, les rochers sont couvertsd’huîtres sauvages (Crassostrea gigas). Ces huîtrespeuvent parfois développer une forme très allongéefaute de place pour une croissance aisée dans les zonesà population très dense. On les appelle alors «  deslongues » ou « des bananes ». En Loire Atlantique, lequota d’huîtres pour les plaisanciers est de 5 kg parpersonne et par jour. Curieusement la réglementationest différente dans le département voisin, en Vendée oùle quota est de 3 douzaines… Sur l’estran les pêcheursde loisir cohabitent (pas toujours facilement) avec lespêcheurs professionnels et quelques ostréiculteurs(titulaires de licences) qui accèdent avec des tracteurssur les gisements naturels ; ils prélèvent des huîtres debelle taille pour la revente mais aussi des juvéniles pourréensemencer les parcs ostréicoles alentour. Certainsprofessionnels empruntent des passages empierrés afinde limiter les dégradations de l’estran et des coquillagesfouisseurs présents sur cet espace.

    À noter : sur le secteur Loire-Atlantique et Vendée, onpeut croiser des gardes-jurés (mandatés par le ComitéRégional des Pêches).

    Aujourd’hui la marée de 73 ne découvre pas assez pour donner accès à d’autres espèces q 4,5 cm) surnommé localement « le crachou », se pêche à pied, à la main et plutôt l’hiver. plaisanciers est différent dans les deux départements qui partagent le même type d’estran  Bizarrement, même dans les rochers plus au large on ne trouve pas beaucoup de crabes. Les g      (étrilles) étaient très fréquents sous le goémon...

    Lanice

    Hermelles

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    Sortie pêche à piedsur la Côte de Jade (44)

    qui font aussi le bonheur des pêcheurs de la Bernerie. Le bulot (ou buccin - taille minimale     . Le pétoncle (taille minimale 4 cm) est aussi très prisé et là encore le quota autorisé aux

     : 3 kg par jour et par personne pour la Loire-Atlantique et 2 kg pour la Vendée. gens du coin se souviennent pourtant de leurs pêches d’antan : crabes verts et « baleresses »

    Josette attire notre attention sur un coquillage « ravageur »que connaissent bien les pêcheurs à pied : le « bigorneauperceur » (famille des murex). Nous observons plusieursspécimens à l’œuvre : ils se fixent sur la coque d’unepalourde, d’une coque où d’une huître, activent leur vrillepour percer le coquillage puis en aspirent le contenu…laissant après leur passage une coque trouée et vide.Comme dans plusieurs autres régions, les usagers locauxconstatent une prolifération notable du bigorneau perceurqui a fait son apparition lors de l’implantation de l’huîtreCrassostrea gigas dans les années 70 .Les pieds dans l’eau, nous approchons des pêcheurs decrevettes qui tracent des « traits de chevretière » dansl’eau peu profonde et légèrement vaseuse. La«  chevretière  » est l’appellation locale du grandhaveneau que poussent les pêcheurs pour capturer « leboucaud » (crevette grise, taille minimale 3,5 cm). Plusloin, dans les roches, ils trouvent également du bouquet(aussi appelé « chevrette », taille minimale 5 cm). Lespaniers des pêcheurs, très typiques, sont fabriqués defaçon artisanale durant l’hiver par quelques anciens dupays dont le père de Landry Métriau (actuel responsabledépartemental 44 et vice-président de l’APPCJ).

    Deux heures se sont écoulées, la marée remonte et nousregagnons le haut de la plage. Au passage nousobservons une capsule d’œuf de raie. Après la ponte, auprintemps, de nombreuses capsules vides s’échouentsur la grève. L’APECS (Association pour l’Etude et laConservation des Sélaciens) organise régulièrement descollectes (avec le concours des usagers de l’estran) etréunit des données utiles pour mieux connaître leszones de reproduction de certaines espèces.

    À midi, notre accompagnatrice nous invite à dégusterla pêche du jour. Chez Josette, la pêche de loisir c’estune affaire sérieuse et familiale, on ne lésine pas sur lematériel ; des vélos pour les allers et retours à la plage,des épuisettes de toutes tailles pour les nombreuxpetits-enfants et amis de passage, des bottes et deschaussettes pour tous ceux qui ne seraient pas assezbien équipés  ! Vraiment l’accueil est convivial et latable d’hôte mérite le détour !

    Vers 15 h, la marée est bien remontée, nous avons rendez-vous sur la plage de Moutiers en Retz. Cette fois c’est Renéqui nous invite à observer une pêcherie en action de pêche.Les pêcheries sont soumises à une Autorisation Temporaired’Occupation du Domaine Public (AOT), leur rénovation,leur entretien est entièrement assuré par les usagers dansle respect de certaines normes. On dénombre unesoixantaine de pêcheries dans la région. Ce sont deséléments précieux du patrimoine local. On grimpe danscette petite cabane sur pilotis par une échelle qui mène à lapasserelle (lorsque l’on veut pêcher en paix, on retirel’échelle pour ne pas laisser libre accès à tous les gens depassage…). L’intérieur est très rudimentaire, René active letreuil qui permet de descendre et remonter le carrelet, ilramasse ensuite les prises piégées dans le filet avec unetrès longue épuisette. Le carrelet ramène des éperlans, descrevettes mais aussi du mulet et des anchois. Les jours dechance il peut y avoir du bar et même du congre. René videet nettoie les anchois. Mis en filets ils vont passer la nuitdans une marinade d’huile d’olive et de vinaigre. Ils serontparfaits pour agrémenter un apéritif entre copains !

    …/…

    Trous de pholades

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    Il est 17 h, une belle journée de pêches’achève et Josette propose de nous montrerun engin de pêche très ancien. Fabriqué il ya bien longtemps par son père et conservé enparfait état, il s’agit d’un « bois debout »,ancêtre des pêcheries. L’engin de taille assezimposante est totalement démontable, ils’utilise sur l’estran, on pêche principalement àmarée remontante. Le « bois debout » doit êtremanié par au moins deux personnes car il fautactionner un long bras de levier qui assure la descente et la remontée du carrelet. C’est une pêche trèsphysique réservée aux passionnés dont Josette pourra nous faire la démonstration en mer un jour prochain…

    Un grand merci à Josette et Landry pour la qualité de leur accueil et la préparation de cette journée. Merci aussià Gilbert, Didier et René… nous ne manquerons sûrement pas de revenir pêcher avec vous sur la Côte de Jade !

    * L’APPCJ contribue activement à la sensibilisation des usagers pêcheurs de loisir et compte quelques1.700 adhérents, principalement des pêcheurs à pied. Elle participe, en collaboration étroite avec les éluslocaux, à l’édition de supports pédagogiques, notamment le Guide des Bonnes Pratiques initié par laFNPPSF. Plusieurs bénévoles de l’APPCJ interviennent régulièrement dans les écoles primaires du Pays deRetz et organisent des sorties sur l’estran autour du thème de la protection de la ressource. Enfin, duranttout l’été, une large diffusion du pied à coulisse « Respectons les tailles », mis au point par la commissionPêche à pied de la fédération, a été assurée sur l’ensemble de la région. Site internet : appcj.wifeo.com

    Collaboration :Josette Collot,Landry Métriau,Muriel Jourdrein.

    Bois debout

    Œuf de raie