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1 Université Paris IV - Sorbonne École doctorale I : Mondes anciens et médiévaux THÈSE Pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE PARIS IV Discipline : Langue et littérature grecques Présentée et soutenue publiquement par Mathilde SÜTTERLIN-AUSSEDAT Le 2 décembre 2006 LES CHAÎNES EXÉGÉTIQUES GRECQUES SUR LE LIVRE DE JÉRÉMIE (chap. 1-4) PRÉSENTATION, ÉDITION CRITIQUE, TRADUCTION FRANÇAISE, COMMENTAIRE Tome I Jury : M. J.-M. Auwers M. G. Dorival M. B. Flusin M. P. Géhin M. O. Munnich (directeur de thèse)

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Université Paris IV - Sorbonne

École doctorale I : Mondes anciens et médiévaux

THÈSE

Pour obtenir le grade de

DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE PARIS IV

Discipline : Langue et littérature grecques

Présentée et soutenue publiquement par

Mathilde SÜTTERLIN-AUSSEDAT

Le 2 décembre 2006

LES CHAÎNES EXÉGÉTIQUES GRECQUES SUR LE LIVRE DE JÉRÉMIE (chap. 1-4)

PRÉSENTATION, ÉDITION CRITIQUE, TRADUCTION FRANÇAISE, COMMENTAIRE

Tome I

Jury :

M. J.-M. Auwers

M. G. Dorival

M. B. Flusin

M. P. Géhin

M. O. Munnich (directeur de thèse)

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À tous les membres de ma famille, maillons

d'une belle chaîne, et en particulier à mon

époux Jean-Marie, à ma fille Florentine et à

l’enfant qui va nous rejoindre.

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3

Qarrei'n crh; peri; tw'n mellovntwn kai; oujkevti fobei'sqai.

« Il faut être confiant en l’avenir et ne plus craindre »

(extrait 146 de Jean Chrsysostome)

Remerciements

Mes remerciements vont d’abord aux membres de mon jury : M. O. Munnich, mon

directeur de thèse, m’a guidée tout au long de mon parcours, depuis l’agrégation jusqu’à

aujourd’hui, toujours prêt à me soutenir et à me conseiller dans mon travail de recherche. Je

le remercie d’avoir accepté de me consacrer autant de temps et d’avoir partagé avec moi,

lors de séances de travail passionnées, ses intuitions littéraires quant à la méthode de travail

des caténistes.

M. P. Géhin s’est intéressé de près à mes travaux dès mon arrivée, en Septembre 2002,

à la Section grecque de l’IRHT où il m’a chaleureusement accueillie. Il a relu de

nombreuses parties de mon travail et m’a prodigué de précieux conseils, en particulier pour

tout ce qui concernait la tradition manuscrite, l’édition critique et la traduction. Je le

remercie pour tout le temps qu’il a passé à corriger mon texte et pour tous ses mots

d’encouragements.

M. G. Dorival a accepté de relire la présentation des chaînes ainsi que certaines parties

du commentaire et de regarder les passages difficiles du texte. Ses conseils m’ont permis de

rectifier et d’enrichir mon travail sur de nombreux points. Je le remercie de m’avoir

accueillie à Marseille pour une séance de travail intensive au mois de février 2006.

M. J.-M. Auwers a relu les passages concernant la définition et le fonctionnement

littéraire des chaînes. Il a donné un nouvel élan à mon travail en m’invitant à présenter mes

recherches devant ses étudiants de la Faculté de théologie de Louvain-la-Neuve en avril

2005 et en me faisant partager sa conviction qu’une chaîne est bien une œuvre en soi,

résultat du projet personnel d’un caténiste pour un certain public.

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4

M. B. Flusin est le seul membre du jury auquel je n’ai soumis aucun élément de mon

travail avant le dépôt de la thèse. J’espère qu’il ne sera pas déçu du résultat et qu’il me

pardonnera mon manque de connaissances de la civilisation byzantine.

Mes remerciements vont ensuite à tous les collaborateurs de la Bible d’Alexandrie, en

particulier à Mme M. Harl qui m’a toujours soutenue. Les séances de travail sur Aggée et

Zacharie, auxquelles j’ai participé lors de mon année de DEA, ont été décisives dans ma

formation aux études bibliques et philologiques. Par la suite, nos discussions m’ont aidée à

clarifier certains points de méthode et à avancer dans mon travail. Je remercie aussi tout

particulièrement M. M. Casevitz pour l’aide qu’il m’a apportée sur certains passages ardus

de mon texte, ainsi que Mme C. Dogniez et les membres de l’équipe de traduction et

d’annotation du livre de Jérémie, C. Amphoux, A. Sérandour et D. Rouger.

Je remercie mes collègues de la section grecque de l’IRHT pour leur présence amicale

et leur avis toujours précieux : P. Augustin, A. Binggeli, A. Boud’hors, M. Cassin, M.

Debié, J.-P. Garnaud et J.-H. Sautel.

Je remercie tous ceux qui ont généreusement accepté de m’aider à mieux comprendre

l’auteur dont ils sont spécialistes : G. Bady, B. Chétanian et C. Crépey pour Jean

Chrysostome, S. Morlet pour Eusèbe de Césarée, ainsi que ceux qui ont accepté de partager

avec moi leur expérience des manuscrits bibliques et des chaînes : le Père P.-M. Bogaert,

mais aussi D. Fraenkel et L. Bossina du Septuaginta Institut de Göttingen.

Je remercie ceux qui ont bien voulu relire et corriger la version définitive de mon

travail : A. Binggeli, M. Cassin, J.-P. Garnaud, H. Grelier et J.-H. Sautel.

Enfin, je remercie tous ceux qui m’ont entourée, collègues, famille et amis, grâce à qui

ces années de thèse ont été si agréables.

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SOMMAIRE

INTRODUCTION…………………………………………………………………….7

CHAPITRE 1 : PRÉSENTATION DES CHAÎNES EXÉGÉTIQUES GRECQUES,

L’EXEMPLE DES CHAÎNES EXÉGÉTIQUES SUR LE LIVRE DE JÉRÉMIE .... 11

I. État de la recherche sur les chaînes exégétiques grecques.....................................................11

II. Pour une nouvelle définition des chaînes...............................................................................17

III. Présentation des différents types de chaînes sur le livre de Jérémie et de leurs témoins manuscrits ......................................................................................................................................31

IV. Les auteurs représentés dans les chaînes sur Jérémie : problèmes de sources et d’attributions ………………………………………………………………………………………………88

V. Pour une datation des différents types de chaînes sur Jérémie ............................................139

VI. Le corpus prophétique de la Septante d’après le témoignage des chaînes exégétiques.......147

CHAPITRE 2 : ÉDITION CRITIQUE ET TRADUCTION ANNOTÉE DES

DIFFÉRENTS TYPES DE CHAÎNES SUR LE LIVRE DE JÉRÉMIE (JR 1-4).... 164

I. Principes de l’édition ...........................................................................................................164

II. Édition critique et traduction annotée de la chaîne à auteurs multiples sur Jr 1-4...............174

III. Édition critique et traduction annotée de l’abrégé de la chaîne à auteurs multiples sur Jr 1-4 ……………………………………………………………………………………………..174

IV. Édition critique et traduction annotée de la chaîne à deux auteurs sur Jr 1-4......................174

CHAPITRE 3 : ÉTUDE LITTÉRAIRE DES DIFFÉRENTES CHAÎNES SUR LE

LIVRE DE JÉRÉMIE................................................................................................ 176

I. Le fonctionnement des deux types de chaînes : modes d’écriture et de lecture ..................176

II. De la chaîne intégrale (famille B1) à la chaîne abrégée (famille B2)..................................214

III. Les phénomènes de récriture................................................................................................242

IV. Les prologues des chaînes sur Jérémie ................................................................................279

V. Le projet littéraire des caténistes et l'usage des chaînes ......................................................297

CHAPITRE 4 : ÉTUDE EXÉGÉTIQUE DES DIFFÉRENTES CHAÎNES SUR LE

LIVRE DE JÉRÉMIE................................................................................................ 300

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6

I. L'exégèse du livre de Jérémie par les Pères grecs d'après le témoignage des chaînes exégétiques...................................................................................................................................301

II. Les tendances exégétiques propres à chacune des deux chaînes .........................................316

III. De la chaîne intégrale à la chaîne abrégée : continuité ou rupture ?....................................340

IV. Le projet exégétique des caténistes et l'usage des chaînes...................................................344

CHAPITRE 5 : MISE EN PERSPECTIVE DES CHAÎNES SUR JÉRÉMIE PAR

RAPPORT À D’AUTRES CORPUS DE CHAÎNES............................................... 346

I. Chaîne à auteurs multiples sur Jérémie et chaîne sur Ézéchiel ............................................348

II. Chaînes sur Jérémie et chaînes sur le Cantique des Cantiques ...........................................353

III. Chaîne à auteurs multiples sur Jérémie et chaînes sur la Genèse ou l'Exode ......................359

IV. Chaîne à auteurs multiples sur Jérémie et chaîne sur Job....................................................363

V. Chaîne à auteurs multiples sur Jérémie et Chaîne sur le Psaume 118 .................................365

VI. Chaînes sur Jérémie et chaînes sur l’Ecclésiaste .................................................................367

CONCLUSION ......................................................................................................... 370

BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................. 376

La thèse est présentée en deux tomes :

− tome I (406 pp. + 21 planches) : chap. 1, 3, 4 et 5.

− tome II (448 pp.) : chap. 2 (édition critique et traduction + indices). Pour une

meilleure commodité de lecture, le texte biblique des chaînes intégrale et abrégée

à auteurs multiples est présenté dans deux fascicules séparés insérés dans le t. II.

Un marque-page, contenant une table des manuscrits et un avertissement au lecteur, est

insérée dans le t. I.

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INTRODUCTION

Lorsque je suis entrée comme chargée de recherches documentaires à la section

grecque de l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, je venais de terminer un DEA

intitulé : « Étude syntaxique et poétique du livre de Jérémie (Jr 1-10) », dans lequel j’avais

tenté de mettre en valeur les différences de découpage, et par conséquent de rythme et de

sens entre le texte hébraïque et le texte grec de ce livre prophétique. J’envisageai alors, en

vue d’un doctorat en études grecques, de continuer à travailler sur ces problèmes de

structuration du texte en unités de sens pour l’ensemble du livre de Jérémie, en suivant deux

pistes :

− une piste littéraire, celle de mon DEA, qui m’a amenée à prendre en considération

le texte tel qu’il est édité et à réfléchir sur les problèmes de découpage, en

confrontant d'une part les éditions modernes du texte grec et d'autre part le texte

hébreu dit massorétique, ponctué par les ta’amim, et le texte grec ;

− une piste patristique qui m’a amenée à prendre en compte la réception du texte

chez les Pères de l’Église grecs et latins (en particulier Origène, Théodoret de

Cyr, Jean Chrysostome, Olympiodore d’Alexandrie et Jérôme), afin de mettre en

valeur les divisions du texte dont ils témoignent dans leurs commentaires ou

homélies sur Jérémie.

Parce qu’on m’offrait un accès privilégié à la filmothèque et à la bibliothèque de la

section grecque, j’ai exploré une troisième piste, celle des manuscrits, qui m’a conduite à

étudier la manière dont le texte était mis en page dans les grands onciaux bibliques et m’a

permis de repérer que, dans le début du livre de Jérémie, les divisions du texte dans les

manuscrits apparaissent presque toujours avant une prise de parole de Dieu ou du prophète,

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soulignant ainsi les différents temps de l’énonciation. La mise en page des manuscrits venait

confirmer la particularité du découpage du texte grec par rapport à celui du texte hébreu,

ainsi que les divisions dont témoignaient les commentaires patristiques.

Entraînée par cette recherche sur les manuscrits bibliques et les commentaires

patristiques, j’ai ensuite observé la manière dont le texte de Jérémie était divisé et

commenté dans les manuscrits des chaînes exégétiques qui présentent le texte biblique

entouré ou suivi par un florilège d’extraits patristiques. Ces manuscrits ont, pour la plupart,

été repérés par les catalogues spécialisés, mais leur contenu n’a jamais été édité. Consciente

de l’urgence d’une édition, même partielle, de ces chaînes et assurée de trouver à la section

grecque de l’IRHT les catalogues et microfilms de manuscrits nécessaires pour mener à bien

mon projet, j’ai décidé, en accord avec mon directeur de thèse, de modifier le sujet de mes

recherches et de me consacrer à une étude des différents types de chaînes existant sur le

livre de Jérémie.

Après avoir ainsi réfléchi sur les différentes éditions du texte biblique grec, je me suis

appliquée à faire une édition critique des florilèges exégétiques sur ce même texte. J’ai suivi

alors les étapes nécessaires à cette édition :

− la recherche des manuscrits dans les différents catalogues spécialisés et les

catalogues de bibliothèques, mais aussi grâce à la base de données Pinakes, que

j’ai pu consulter à la section grecque de l’IRHT et qui m’a permis de découvrir de

nouveaux manuscrits de la chaîne à deux auteurs, répertoriés comme témoins du

Commentaire sur Jérémie de Théodoret et absents des catalogues spécialisés ;

− les sondages effectués sur les différents manuscrits existants pour mettre en place

un stemma et faire le choix des manuscrits utiles à l’édition critique ;

− la collation des manuscrits retenus pour les prologues et la chaîne sur Jr 1-4 à

partir des microfilms, mais aussi grâce à des missions dans les bibliothèques

européennes (Bibliothèque Laurentienne de Florence en novembre 2005 et

Bibliothèque Vaticane en juin 2006) ;

− la traduction de ces textes ;

− le commentaire visant surtout à comparer les différents types de chaînes dans

leurs choix littéraires et exégétiques.

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9

L’édition critique des chaînes sur le livre de Jérémie était indispensable. En effet, la

seule édition existante, celle de M. Ghisleri (1623) pour la chaîne à auteurs multiples1, n’est

pas une édition critique. De plus, par un choix personnel de l’éditeur, certains extraits

patristiques ne sont pas édités, tandis que d’autres, qui n’appartiennent pas à l’œuvre en

question, y sont insérés. La chaîne est ainsi méconnaissable. Or cette chaîne à auteurs

multiples, ainsi que la chaîne abrégée et la chaîne à deux auteurs, méritent d’être éditées

telles quelles, puisqu’elles sont le témoignage du travail de caténistes animés d’un projet

littéraire et exégétique qu’il importe de prendre en compte.

En outre, ces différentes chaînes nous donnent accès à une exégèse beaucoup plus

complète que celle dont témoignent les commentaires et homélies conservés en tradition

directe et permettent donc d’enrichir notre connaissance des interprétations des Pères sur ce

livre prophétique.

L’existence, pour le livre de Jérémie, de différents types de chaînes permet aussi de

mettre en perspective le travail de plusieurs caténistes et d’élaborer une réflexion sur le

genre littéraire des chaînes dans son ensemble.

Je commencerai ainsi, dans un premier chapitre2, par une présentation détaillée des

différentes chaînes sur Jérémie, précédée d’une réflexion plus globale sur le genre littéraire

des chaînes exégétiques. J’étudierai en détail le profil de chacune des chaînes et je décrirai

les témoins manuscrits qui les ont transmises jusqu’à aujourd’hui pour clarifier l’histoire de

ces textes et poser les fondements d’une édition critique.

La deuxième partie (tome II) sera constituée par l’édition et la traduction des différents

types de chaînes : je me suis limitée aux prologues, au texte biblique et aux extraits

patristiques portant sur les chapitres 1-4 du livre de Jérémie. Il m’a fallu en effet choisir un

corpus réduit pour mener à bien mon travail en un temps raisonnable. Commencer par le

début m’a paru la démarche la plus logique et la plus respectueuse du sens de l’œuvre.

D’autre part, les limites de ce corpus était comme imposées par l’un des types de chaînes, la

chaîne à deux auteurs qui n’existe que sur Jr 1-4. Enfin, le début du livre de Jérémie, qui 1 Cf. infra, pp. 15, 89-90 et 112. 2 Cf. infra table des matières, pp. 395-399.

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évoque la vocation du prophète et annonce les grands thèmes du livre, présente un matériau

suffisament riche pour qu’il soit possible de comparer les projets des différents caténistes à

partir de cet échantillon.

Dans les troisième et quatrième chapitres, je me suis efforcée de proposer une étude du

fonctionnement littéraire et du profil exégétique des différents types de chaînes, à partir de

nombreux exemples tirés de l’édition critique.

Enfin, dans le cinquième chapitre, j’ai esquissé une mise en perspective des chaînes

sur Jérémie par rapport à d’autres corpus de chaînes déjà étudiés ou édités, afin de mettre en

valeur ce qui, d’une part, appartient au genre des chaînes en général et ce qui, d’autre part,

est spécifique à l’une ou l’autre des chaînes sur Jérémie.

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CHAPITRE 1 : PRÉSENTATION DES CHAÎNES EXÉGÉTIQUES GRECQUES, L’EXEMPLE DES CHAÎNES EXÉGÉTIQUES SUR LE LIVRE DE

JÉRÉMIE

I. État de la recherche sur les chaînes exégétiques grecques

Les chaînes exégétiques grecques suscitent depuis bien longtemps l'intérêt, vu le

nombre de manuscrits qui nous les transmettent, mais cet intérêt s'est révélé assez vite être

d'une double nature : d'un côté, des savants ont cherché dans les chaînes des textes

patristiques inédits et en ont tiré des éléments pour réattribuer certains textes ou améliorer la

tradition directe de ceux-ci, comme en témoignent les travaux de C. Delarue qui, pour son

édition des œuvres sur les prophètes d'Origène, a utilisé des manuscrits de chaînes3, ainsi

que l'activité des cardinaux A. Mai et J.-B. Pitra qui ont donné l'editio princeps de

nombreux textes tirés des chaînes4 ou encore l'édition du Commentaire sur les Psaumes de

Didyme à partir des fragments de chaînes5 ; d'un autre côté, des chercheurs s'efforcent de

préserver la cohérence et l'unité des chaînes en éditant non plus une sélection d'extraits

revenant à tel ou tel auteur, mais une partie ou l'ensemble du florilège, tel qu'il se présente

dans les manuscrits, et en étudiant les chaînes comme un genre littéraire en soi. Ces

chercheurs tentent alors de distinguer, pour un corpus donné, les différents types de chaînes,

d'après la méthode du caténiste, compilateur des textes patristiques et par conséquent

"auteur" du florilège.

3 jWrigevnou" ta; euJriskovmena pavnta. Origenis opera omnia quae graece vel latine tantum exstant et ejus nomine circumferuntur, collecta opera et studio C. Delarue, Paris 1733. 4 A. Mai, Scriptorum Veterum Nova Collectio, 9 t., Rome, 1837 ; A. Mai, Nova Patrum Bibliotheca, 7 t., Rome 1844-1854 ; J.-B. Pitra, Spicilegium Solesmense, 4 t., Paris 1852 ; J.-B. Pitra, Analecta Sacra Spicilegio Solesmensi parata, 4 t., Venise 1883. 5 E. Mühlenberg, Psalmenkommentare aus der Katenenüberlieferung, I-III, Patristische Texte und Studien 15, 16, 19, Berlin – New-York 1974, 1977, 1978.

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En 1997, L. Vianès, au début de sa thèse de doctorat sur la chaîne monophysite

d'Ézéchiel6, a déjà procédé à une histoire de la recherche sur les chaînes que je ne vais pas

reprendre en détail ici, mais dont je vais rappeler les principales étapes et à laquelle

j'ajouterai les derniers travaux parus ou entrepris depuis cette date. J’essaierai aussi de

mettre en valeur ceux qui ont fait le choix de respecter la forme littéraire des chaînes et de

l’étudier en tant que telle.

Les premiers travaux d'envergure sont dus à des Allemands : H. Lietzmann, après

avoir encouragé, en 1897, dans son ouvrage Catenen7, une étude approfondie des chaînes et

avoir plaidé pour une publication des chaînes dans leur intégralité, entame une collaboration

avec G. Karo8 qui aboutit en 1902 à un catalogue de l'ensemble des manuscrits caténaux

connus, classés par livres bibliques et, pour chaque livre biblique, par types9. Ce catalogue

général est le point de départ obligé pour tous les chercheurs qui veulent éditer une chaîne,

même s'il faut le compléter grâce aux catalogues de bibliothèques parus depuis lors et s'il

faut affiner le classement par types qui n'est pas toujours parfaitement clair.

Au même moment, M. Faulhaber s'investit dans la recherche sur les chaînes, en

s'imposant à la fois des limites de corpus, puisqu'il concentre son attention sur les chaînes

prophétiques, et des limites géographiques, puisqu'il ne retient que les manuscrits de Rome

ou d'Espagne10. Son premier ouvrage, essentiel pour ceux qui se penchent sur les chaînes

des livres prophétiques, est beaucoup plus précis dans la distinction des différents types que

le catalogue de G. Karo et H. Lietzmann, mais il contient, du fait de la limitation

géographique des sources utilisées, des lacunes importantes, comme on le verra en

particulier pour les chaînes sur Jérémie11.

6 L. Vianès, La chaîne monophysite sur Ézéchiel 36-48. Présentation, texte critique, traduction française, commentaire, thèse pour le doctorat à l’EPHE Ve section sous la direction de M. A. Le Boulluec, soutenue en 1997, pp. 2-6. 7 H. Lietzmann, Catenen, Mitteilungen über ihre Geschichte und handschriftliche Überlieferung, Fribourg 1897. 8 Georg ou Georgius Karo, selon que l'on donne son prénom en langue allemande ou en langue latine, et non Joseph Karo, comme l'indique L. Vianès (p. 3). 9 G. Karo & H. Lietzmann, Catenarum Graecarum Catalogus, Göttingen 1902. 10 M. Faulhaber, Die Propheten-Catenen nach römischen Handschriften, Biblische Studien IV, 2-3, Fribourg 1899 ; M. Faulhaber, « Die Katenenhandschriften der spanischen Bibliotheken », Biblische Zeitschrift I, Fribourg 1903, pp. 151-159, 246-255 et 351-371. 11 Cf. infra, chap. 1, pp. 32-33.

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13

Un peu plus tard, en 1914, A. Rahlfs s'intéresse aussi de près aux chaînes, lorsqu'il

compose son catalogue des manuscrits de la Septante12 : il les considère en effet comme des

témoins du texte biblique, puisque celui-ci est presque toujours présent à côté des extraits

patristiques ou en alternance avec ceux-ci, et les classe dans une catégorie spéciale

"Catenen". Son catalogue permet de compléter, sur certains points, celui de ses

prédécesseurs G. Karo et H. Lietzmann.

Plus tard, en 1928, R. Devreesse publie, dans le Supplément du Dictionnaire de la

Bible, un article proposant une synthèse des recherches sur les chaînes et esquissant une

réflexion sur l'origine de ce genre littéraire, les scholies aux classiques13. Prenant les livres

bibliques les uns après les autres, il rappelle et remet parfois en cause le classement par

types de G. Karo et H. Lietzmann, ainsi que celui de M. Faulhaber pour les prophètes.

Depuis que ces divers instruments de travail ont été mis en place, les chaînes ont

commencé à être davantage étudiées et éditées en tant que telles. Les travaux de M. Richard

(1907-1976), fondateur de la section grecque de l’Institut de Recherche et d’Histoire des

Textes (unité du CNRS à laquelle j’ai été intégrée comme chargée de recherches

documentaires pendant ces quatre dernière années et où j’ai pu mener mes recherches dans

des conditions exceptionnelles), hésitent encore entre deux approches des chaînes : il

souligne en effet leur intérêt dans la transmission des textes des Pères grecs14, mais se pose

aussi la question de l’origine des chaînes sur les Psaumes, en les prenant comme une œuvre

en soi15. Il faut mentionner aussi les travaux de M.- J. Rondeau, qui, à l’occasion d’une

synthèse sur l’exégèse antique du Psautier, propose, à partir de la tradition manuscrite des

Scholies aux Psaumes d’Évagre le Pontique, une contribution à l’exploration méthodique et

au classement des chaînes sur le Psautier16. Enfin, il est essentiel de citer les travaux de

G. Dorival, qui, entre 1975 et 1985, a mené une immense enquête sur les chaînes du

Psautier, afin d'en distinguer, à partir de sondages, les différents types, mais aussi afin de

12 A. Rahlfs, Verzeichnis der griechischen Handschriften des Alten Testaments, Mitteilungen des Septuaginta-Unternehmens 2, Berlin 1914. 13 R. Devreesse, « Chaînes exégétiques grecques », in SDB, t. I, Paris 1928, col. 1083-1234. 14 M. Richard, « La transmission des textes des Pères grecs », Opera minora III, n°83, Turnhout 1977. 15 M. Richard, « Les premières chaînes sur le Psautier », Bulletin d’information de l’IRHT 5, 1956, pp. 87-98 = Opera minora III, n°70, Turnhout 1977. 16 M.-J. Rondeau, Les commentaires patristiques du Psautier (IIIe-Ve s.), 2 t. (I : Les travaux des Pères grecs et latins sur le Psautier. recherches et bilan, II : Exégèse prosopologique et théologie), Orientalia Christiana Analecta 219 et 220, Rome 1982 et 1985.

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14

proposer une typologie et une chronologie des chaînes en général, puisque les chaînes sur

les Psaumes, par leur nombre et leur diversité, sont assez représentatives de l'ensemble des

chaînes17. On peut souligner le parti-pris du titre de cette étude, Les chaînes exégétiques

grecques sur les Psaumes. Contribution à l’étude d’une forme littéraire, qui montre que les

chaînes sont étudiées en tant que telles et non disloquées pour retrouver la trace d’œuvres

patristiques perdues. L'objectif était ainsi de « retracer l'histoire des chaînes sur les

Psaumes, en établissant les liens nécessaires entre ces chaînes et l'ensemble des chaînes ;

dégager selon quelles règles de composition les diverses chaînes sont fabriquées ; situer

l'apparition des chaînes sur le Psautier ; suivre leur développement à travers l'histoire

byzantine ; distinguer les processus de transformation et de renouvellement à l'œuvre ; dater

la disparition des chaînes sur le Psautier en tant que genre réellement productif de

compilations nouvelles ; repérer leur postérité et dégager les influences qu'elles ont exercées

sur les formes traditionelles de l'exégèse »18. G. Dorival s'est par ailleurs particulièrement

intéressé à l'origine des chaînes et à leur postérité19.

Plus récemment encore, J.-M. Auwers a commencé à scruter les chaînes sur le

Cantique des Cantiques, pour l'édition desquelles il a rassemblé une équipe à la Faculté de

théologie de Louvain-la-Neuve. À partir d'une édition provisoire de la chaîne de Procope, il

s'attache à analyser la méthode du caténiste ainsi que son projet littéraire et exégétique20. Il

essaie ainsi de montrer comment le caténiste traite ses sources, en confrontant les extraits de

la chaîne aux textes mêmes des auteurs cités, lorsqu’ils sont conservés en tradition directe,

pour montrer que « le but du caténiste est de fournir un éventail d’exégèses patristiques qui

vise, par sa diversité, à ouvrir largement l’interprétation du texte biblique, tout en éliminant

les digressions qui encombrent les commentaires eux-mêmes »21.

17 G. Dorival, Les chaînes exégétiques grecques sur les Psaumes. Contribution à l’étude d’une forme littéraire, 4 t., Louvain 1986, 1989, 1992, 1995 (t. V non publié : je remercie M. Dorival qui m’a si aimablement permis de consulter ce cinquième tome). 18 G. Dorival, op. cit., t. I, p. XI. 19 G. Dorival, « Des commentaires de l’Écriture aux chaînes », in C. Mondésert (dir.), Le monde grec ancien et la Bible, Bible de tous les temps, t. I, Paris 1984, pp. 361-383 ; G. Dorival, « La postérité littéraire des chaînes exégétiques grecques », REB 43 (1985), pp. 209-226. 20 J.-M. Auwers, « La transmission des commentaires sur le Cantique des Cantiques dans l'Epitomé de Procope de Gaza », Studia Ephemeridis Augustinianum 90, Rome 2004, pp. 763-776 ; J.-M. Auwers, « Ct 2, 1 au miroir de la chaîne de Procope », Ephemerides Theologicae Lovanienses, Louvain 2003, pp. 329-346. 21 J.-M. Auwers, « La transmission des commentaires… », p. 771.

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15

Parmi les éditions de chaînes, la plus ancienne est celle de M. Ghisleri22, en 1623. J’en

reparlerai plus en détail, car elle concerne le livre de Jérémie23. Or l'œuvre de M. Ghisleri

fait figure d'exception, car ce n'est pas à proprement parler une édition de chaîne : il

présente en effet, dans un même ouvrage, une chaîne grecque dans laquelle sont insérés des

extraits patristiques grecs qui lui sont étrangers et la fait suivre d'extraits de commentaires

patristiques latins, ainsi que de commentaires dont il est l’auteur. C'est un ouvrage très

personnel qui est en lui-même une sorte de chaîne, puisque M. Ghisleri y mêle des extraits

de diverses origines qu'il agence à sa guise. Les autres éditions anciennes de chaînes

signalées par R. Devreesse24, pour l’Ancien ou le Nouveau Testament, reposent aussi

souvent sur des choix très personnels et la consultation d’un unique manuscrit.

Les véritables éditions critiques de chaînes sont bien plus récentes : il en existe pour la

chaîne palestinienne sur le Psaume 11825, pour les chaînes sur l'Ecclésiaste (chaîne de

Procope de Gaza, chaîne des Trois Pères et chaîne de Copenhague)26, pour les chaînes sur la

Genèse et l'Exode27, pour la chaîne sur Job28, ainsi que pour la chaîne sur Ézéchiel29. Je

reviendrai plus en détail sur ces éditions, au moment où j’essaierai de mettre en perspective

les chaînes sur Jérémie par rapport à d’autre corpus de chaînes bien connus30.

Mes propres travaux sur les chaînes exégétiques de Jérémie explorent un corpus

analysé seulement partiellement par G. Karo, H. Lietzmann, M. Faulhaber et R. Devreesse.

Il n'existe pas en effet pour ce corpus de mise au point récente et complète.

22 M. Ghisleri, In Ieremiam Prophetam Commentarii, 3 t., Lyon 1623. L'ouvrage se trouve, entre autres, à la section grecque de l'IRHT (Cb 11 GHI) et à la BNF. 23 Cf. infra, chap. 1, pp. 89-90 et 112. 24 R. Devreesse, « Chaînes exégétiques grecques », in SDB, t. I, Paris 1928, col. 1083-1234. 25 La Chaîne palestinienne sur le Ps 118, éd. M. Harl et G. Dorival, 2 t., SC 189 et 190, Paris 1972. 26 Procopii Gazaei Catena in Ecclesiasten, necnon Pseudochrysostomi Commentarius in eundem Ecclesiasten, éd. S. Leanza, CCSG 4, Turnhout 1978 ; Anonymus in Ecclesiasten Commentarius qui dicitur Catena Trium Patrum, éd. S. Lucà, CCSG 11, Turnhout 1983 ; Catena Hauniensis in Ecclesiasten, in qua saepe exegesis servatur Dionysii Alexandrini, éd. A. Labate, CCSG 24, Turnhout 1992. 27 La chaîne sur la Genèse, éd. F. Petit, 4 t., Traditio exegetica graeca 1-4, Louvain 1991, 1993, 1995, 1996 ; La chaîne sur l’Exode, éd. F. Petit, 2 t., Traditio exegetica graeca 9-10, Louvain 1999 et 2000. 28 Die Älteren Griechischen Katenen zum Buch Hiob, éd. U. & D. Hagedorn, PTS 40, Berlin 1994. 29 L. Vianès, La chaîne monophysite sur Ézéchiel 36-48. Présentation, texte critique, traduction française, commentaire, thèse pour le doctorat à l’EPHE Ve section sous la direction de M. A. Le Boulluec, soutenue en 1997. 30 Cf. infra, chap. 5, pp. 346-369.

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D'autre part, sur ce corpus, mon intention est assez différente de celle dont témoignent

les études ou éditions citées, à l'exception peut-être des travaux de J.-M. Auwers : j’ai tenté

non seulement de procéder à une présentation et description détaillées des différentes

chaînes sur Jérémie, mais aussi de définir le projet des caténistes, tel qu'il apparaît dans

l'agencement des différents extraits patristiques, dans les liens créés entre ces extraits et le

texte biblique ainsi que dans la tonalité exégétique des extraits sélectionnés.

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II. Pour une nouvelle définition des chaînes

A. Qu’est-ce qu’une chaîne exégétique ?

Les chaînes exégétiques sont une nouvelle forme d’interprétation de l’Écriture par

rapport aux commentaires, homélies et scholies. Elles sont apparues à partir du VIe s. dans

l’Église grecque de Palestine et se sont développées considérablement jusqu’à la fin de

l’Empire byzantin31.

Les différentes définitions des chaînes élaborées par les spécialistes me permettent de

mettre en perspective les enjeux de cette forme littéraire et de parvenir à ma propre

définition de ce type d’œuvres.

R. Devreesse définit les chaînes comme des « collections de scholies, tirées de

différents ouvrages d’auteurs ecclésiastiques, sur des textes de l’Écriture »32. Je note qu’il

insiste sur la forme du florilège et sur la diversité des extraits qui le composent. D'autre part,

le terme ne désigne pour lui que l'ensemble des commentaires.

Plus récemment, F. Petit dit qu’une chaîne est un « commentaire fait de citations

juxtaposées, puisées aux exégètes des premiers siècles »33, mais elle précise aussitôt que

« les chaînes sont conservées dans bon nombre de manuscrits bibliques où elles

accompagnent pas à pas le texte sacré ». Contrairement à R. Devreesse, elle insiste sur la

présence du texte biblique, mais il est tout de même important de noter que ce qu’elle

appelle chaîne stricto sensu est l’ensemble des commentaires, et non l’ensemble des

commentaires et du texte biblique. Il y a, d’autre part, dans cette définition une ambiguïté

intéressante : il semble que les chaînes oscillent entre l’unité d’un commentaire et l’aspect

hétéroclite d’un florilège, puisque les citations y sont juxtaposées.

Pour J.-M. Auwers, une chaîne est une « édition du texte biblique assortie, pour chaque

verset (ou groupe de versets), d’un choix de citations patristiques, parfois données ad

31 G. Dorival, Les chaînes exégétiques grecques sur les Psaumes, t. I, Louvain 1986, p. VII. 32 R. Devreesse, « Chaînes exégétiques grecques », in SDB, t. I, Paris 1928, col. 1083. 33 La chaîne sur la Genèse, éd. F. Petit, t. I, Louvain 1991, p. XIII.

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litteram, souvent réécrites ou abrégées, voire amalgamées »34. D’après cette définition, la

chaîne inclut très nettement et le texte biblique et les commentaires. On relève également,

dans cette définition, une insistance sur le rôle du caténiste, qui sélectionne et récrit ses

sources patristiques.

La description donnée par G. Dorival, « l’enchaînement des citations exégétiques suit

l’ordre déterminé par la chaîne des versets qui constituent un livre de la Bible. Les citations

dont sont faites les chaînes sont données selon l’ordre même des versets de l’Écriture35»,

insiste sur un triple enchaînement : l’enchaînement des citations exégétiques entre elles,

l’enchaînement des versets du texte biblique et l’enchaînement entre les citations

exégétiques et le texte biblique.

Du fait de ce triple enchaînement, l’appellation de "chaîne" pour cette forme littéraire

paraît particulièrement bien choisie. Toutefois, ce n’est pas le terme attesté au départ.

G. Dorival rappelle les principales expressions qui servaient à la désigner36 : ejxhghtikai;

ejklogaiv (extraits exégétiques)37, sunagwgh; tw'n ejxhghtikw'n ejklogw'n (collection

d’extraits exégétiques)38 et sunagwgh; ejxhghvsewn (collection d’exégèses)39. "Exégèses",

"extraits", "collection", tous ces termes mettent en valeur l’objectif et le mode de

composition de cette littérature. Il s’agit de proposer une interprétation de l’Écriture à partir

d’un florilège de citations, extraites principalement des œuvres exégétiques des Pères grecs.

On considère généralement que le terme "chaîne" a été emprunté au latin du Moyen

Âge, peut-être sous l’influence de la Catena aurea de S. Thomas d’Aquin, florilège de

citations des Pères grecs et latins sur les quatre Évangiles (1262-1268). Cependant, il faut

préciser à nouveau que ce n'est pas le titre d'origine, puisque l'œuvre de S. Thomas a d'abord

circulé sous les titres : Expositio continua ou Glossa continua. La première occurrence de la

désignation Catena aurea, qui deviendra le titre courant de l’œuvre dès le XVe s., se

34 J.-M. Auwers, « Regards croisés sur le Cantique des Cantiques », http://www.hecc.ucl.ac.be/canticum/canticorum.htm. 35 G. Dorival, Les chaînes exégétiques grecques sur les Psaumes. Contribution à l’étude d’une forme littéraire, t. I, Louvain 1986, p. VIII. 36 G. Dorival, op. cit., p. VII. 37 Titre attesté pour les différentes chaînes perdues de Procope de Gaza au début du VIe s. (Dorival, p. VII). 38 Titre attribué à la première chaîne palestinienne sur les Psaumes au milieu du VIe s. (Dorival, p. VII). 39 Expression la plus répandue au XIIe s. (Dorival, p. VII).

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trouverait dans le Testament du Cardinal Nicolas de Freauville, daté de 132140. Si

l'application du terme "chaîne" aux florilèges exégétiques grecs se fait à partir de l'œuvre de

S. Thomas d'Aquin, elle n'est alors pas antérieure au XIVe s.

Mais d’où vient donc l’appellation de "chaîne d’or" appliquée à l’œuvre de

S. Thomas ? Elle est sans doute le lointain écho du mythe homérique de la chaîne d’or,

comme le suggère P. Lévêque dans son ouvrage Aurea Catena Homeri, une étude sur

l’allégorie grecque41, où il retrace l’évolution du mythe à travers la pensée antique. Le

mythe homérique est le suivant : au début du chant 8 de l’Iliade (vv. 17-27), Zeus assemble

les dieux sur le plus haut sommet de l’Olympe et leur interdit d’aller porter secours aux

Troyens ou au Danaens. Pour mettre en valeur sa puissance, il les menace d’une épreuve : il

les invite à suspendre une chaîne d’or (seirh; cruseivh) au ciel, à s’y accrocher tous en bas,

tandis que lui même resterait en haut, et les assure qu’il pourra tirer à lui tous les dieux ainsi

que la terre. P. Lévêque signale que beaucoup de textes anciens rappellent l’anecdote42,

mais qu’il y a surtout de nombreuses interprétations symboliques du passage : « les

commentateurs antiques se sont en effet écartés du sens patent de l’anecdote et ont fait de la

chaîne d’or un mythe prégnant de significations profondes »43. La chaîne d’or symbolise

tantôt les liens qui enchaînent l’univers en une indestructible unité44, tantôt ceux qui

rattachent l’homme aux puissances supérieures45. Au sein de ce deuxième type

d’interprétations symboliques, l’une est particulièrement importante pour les chaînes

exégétiques : la chaîne d’or est perçue, chez les Néoplatoniciens, comme le véhicule de

l’influence divine. L’idée est la suivante : chaque homme est rattaché à un dieu particulier

par une chaîne par laquelle se manifeste l’influence divine ; la chaîne d’Hermès, par

exemple, est le symbole de la succession dans l’école néoplatonicienne et lie les uns aux

40 G. C. Conticello, « San Tommaso ed i Padri : la Catena aurea super Iohannem », Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge 57 (1990), p. 37, note 24. 41 P. Lévêque, Aurea Catena Homeri. Une étude sur l’allégorie grecque, Annales littéraires de l’Université de Besançon 27 (1959). 42 P. Lévêque, op. cit., p. 9 : par exemple Lucien, Dialogi deorum 21, 1. 43 P. Lévêque, op. cit., p. 53. 44 P. Lévêque, op. cit., pp. 13-30 : la chaîne d’or est l’allégorie générale des liens de l’univers (interprétation placée sous le patronage d’Orphée), l’allégorie du soleil (cf. Platon, Théétète, 153cd), l’allégorie des planètes (cf. Héraclite, Quaestiones homericae 36), l’allégorie du moteur immobile d’Aristote (cf. De motu animalium 4, 699b 32), l’allégorie des quatre éléments (cf. Eustathe Commentaire sur l’Iliade, cf. éd. Leipzig 1928, t. II, p. 123, ll. 41 sq.), l’allégorie de l’ordre de l’univers. 45 P. Lévêque, op. cit., pp. 31-52 : la chaîne d’or hisse les âmes, elle peut être l’allégorie de la prière, la chaîne des puissances spirituelles de l’univers.

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autres tous les chefs successifs de la secte. Elle symbolise la tradition ininterrompue dans

l’école depuis Platon et le fait que la succession de Platon soit accordée par les dieux46. Elle

suggère la contagion de l’enthousiasme divin dans le domaine de la philosophie. À mon

sens, c’est probablement la postérité de cette interprétation symbolique qui a conduit à voir,

dans les commentaires constitués d’une succession d’extraits exégétiques d’origines

diverses, une chaîne d’or de la tradition patristique, écho de la chaîne d’or de la tradition

néoplatonicienne47.

Il faut préciser, par conséquent, que ce qui a conduit à parler de chaîne est a priori la

succession des extraits patristiques, comme cela est perceptible dans les définitions de

R. Devreesse et de F. Petit48. On a vu, avec G. Dorival et J.-M. Auwers, que l’expression est

pourtant bien plus pertinente quand elle désigne l’ensemble constitué par le texte biblique et

les extraits patristiques. Le terme "chaîne", même s’il n’est pas la désignation originelle de

cette forme littéraire, permet de mettre en perspective les différents niveaux du texte et de

mieux comprendre la manière dont ces niveaux s’agencent entre eux.

Le corpus d’une chaîne exégétique est le plus souvent un livre ou un groupe cohérent

de livres de l’Écriture : la chaîne dite de Jean Drungarios inclut par exemple les quatre

grands prophètes : Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et Daniel49.

46 Trois passages (Marinus, Proclus ou sur le bonheur 26 et 28 ; Damascius, Vie d’Isidore, 151, in Photius, Bibliothèque, 242) emploient l’image de la chaîne d’Hermès ou de la chaîne d’or afin d’insister sur la continuité de la secte depuis Platon, chaque maître étant un maillon de cette chaîne qui, par-delà Platon, se rattachait à Hermès (P. Lévêque, op. cit., pp. 41-43). 47 P. Lévêque souligne en effet que « l’histoire de la chaîne d’or ne s’arrête pas à la fin de l’Antiquité, même prolongée assez tard jusqu’à englober les derniers commentateurs byzantins des textes classiques » (op. cit., p. 57). L’image reste vivante et évolue, comme en témoignent des textes théologiques du Moyen-Âge occidental et en particulier le titre donné à l’ouvrage de S. Thomas. 48 Cf. aussi le titre de l'édition-traduction de la Chaîne d'or de S. Thomas d'Aquin par J. Nicolai et l’abbé Castan (Paris 1854) : Exposition suivie des quatre Évangiles par le docteur angélique Saint Thomas d’Aquin, formée d’extraits d’auteurs grecs et latins, et surtout de gloses et de passages des saints Pères, rédigée admirablement en un seul texte et un seul enchaînement et appelée à juste titre : La chaîne d’or et la préface: « Chaque texte de son ouvrage brille autour de lui comme un anneau de ce collier, et sa doctrine est pour lui le rational mystique du sacerdoce. Les jointures de ces textes sont comme celles des membres de l’épouse, et on peut les comparer au travail de ces colliers qui annoncent si bien l’adresse de celui qui les a faits. Du haut de la gloire que lui a acquise une mort glorieuse, on le voit, spectacle divin, répandre au loin et de toutes parts l’éclat de ce collier céleste, et éclairer le dogme de la lumière que, vivant encore dans son ouvrage, il répand par toute la terre. C’est spécialement dans cet ouvrage, si digne du nom qu’on lui donna, qu’il a formé cette Chaîne d’or, et comme entremêlée de pierreries qui relèvent son éclat et lui donnent un ornement de plus. » 49 Cf. infra, chap. 1, pp. 36-37, 139-143 et 149-150.

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Les chaînes se présentent dans les manuscrits selon différentes dispositions : soit les

commentaires sont situés dans un bloc de la page indépendant de celui du texte biblique et

sont reliés à lui par un système de correspondance50, soit les extraits patristiques et le texte

biblique sont copiés en pleine page de manière continue suivant une alternance plus ou

moins régulière51. L’importance de la mise en page est capitale, puisqu’elle contribue à

définir une forme ou un genre littéraire dans l’Antiquité tardive.

Neuves par la forme, dans le domaine de l’interprétation de l’Écriture, les chaînes

exégétiques réemploient le fond et la matière des ouvrages exégétiques (ejxhghtikav) connus,

c’est-à-dire la matière des tovmoi ou uJpomnhvmata (commentaires écrits portant souvent sur

un livre entier de l’Écriture), des oJmilivai (homélies sur tel ou tel passage de l’Écriture

prononcées pour un auditoire défini) et des scovlia (scholies, c’est-à-dire courtes notes

explicatives consacrées à des passages ou des mots difficiles, selon la méthode des

grammairiens alexandrins). Elles utilisent aussi parfois, mais plus rarement, des passages de

traités théoriques, de lettres et autres œuvres non exégétiques des Pères de l’Église. C’est

donc une forme littéraire composite et secondaire : composite, puisqu’elle assemble des

extraits de différents genres littéraires (commentaires, homélies, scholies), et secondaire,

parce qu’elle utilise des textes déjà connus. En réutilisant ces textes connus qu’il

sélectionne, agence et récrit souvent, le caténiste, c’est-à-dire l’auteur de la chaîne, crée un

nouveau texte complexe.

Il est difficile de savoir ce qui guide le caténiste : est-il davantage un compilateur, un

enseignant ou un auteur ?

S'il a simplement le désir d’enfermer, dans un recueil aussi complet que possible, le

plus grand nombre de morceaux choisis, sans préoccupation doctrinale, dans une activité

mécanique de florilège, il n'est alors qu'un compilateur.52

S'il a le souci de résoudre les problèmes posés par le texte biblique grâce aux Pères, de

comparer les solutions exégétiques proposées par les différentes écoles sur tel ou tel point

50 Cf. Planche 1 à la fin de ce t. I. 51 Cf. Planche 2. 52 R. Devreesse, art. cit., col. 1094.

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précis, de manière à présenter en quelque sorte une « synopse exégétique »53, une « lecture

polysémique du texte biblique »54 à ses lecteurs, il est alors un pédagogue, inspiré par un

projet didactique.

Si le caténiste ne se contente pas de reproduire la documentation qu’il a, mais procède

à une sélection d’extraits selon un projet précis, littéraire et exégétique, alors le caténiste

devient un auteur à proprement parler, de même que lorsqu’il récrit les citations, les résume,

les amalgame. La prédominance de l’un ou l'autre Père, de tel ou tel thème, est-elle un

hasard ou une conséquence du projet du caténiste ? Est-elle liée au public auquel il

s’adresse ?

Comme l'écrit M. Alexandre, « tout écrit du christianisme ancien appartient à l’histoire

littéraire au sens large, mais tout écrit n’est pas littérature»55. Pour que les chaînes soient

élevées au niveau d’un genre littéraire, il faut qu’elles apportent des innovations dans leur

forme et leur méthode – en ce sens, elles constituent un « genre » – mais aussi qu’elle soient

« littéraires », c’est-à-dire que l’on y voit la marque d’un auteur, et non seulement d’un

scribe. Si un projet littéraire et exégétique d’ensemble se dessine, on pourra alors

véritablement parler de genre littéraire pour les chaînes ; sinon, il serait plus sage de

considérer les chaînes comme une forme de pratique exégétique, servant le projet d’un

compilateur, d’un pédagogue, et non d’un auteur. En outre, il y a de nombreuses variations

d’une chaîne à l’autre. Peut-on considérer qu'elles relèvent toutes d’un même genre

littéraire ?

53 La chaîne sur la Genèse, éd. F. Petit, t. I, Louvain 1991, p. XV. 54 J.-M. Auwers, « Regards croisés sur le Cantique des Cantiques », http://www.hecc.ucl.ac.be/canticum/canticorum.htm. 55 M. Alexandre, « Les écrits patristiques grecs comme corpus littéraire », in Les Pères de l’Église au XXe siècle : l’aventure des Sources Chrétiennes, Paris 1997, p. 166.

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B. À quel genre littéraire se rattachent les chaînes exégétiques ?

R. Devreesse a mis en valeur ce qu’il pense être aux origines des chaînes56 : il les

distingue des compilations dogmatiques et des florilèges de type ascético-moral, dans la

mesure où ceux-ci rassemblent des propos patristiques non pas pour commenter un texte

donné, mais pour mettre en valeur la tradition de l’Église. Le florilège dogmatique est un

ensemble thématique de citations qui n’a pas d’unité autour d’un texte précis, ni de fil

directeur textuel : c’est un rassemblement d’extraits théologiques dans un intérêt doctrinal,

comme en témoigne l’exemple de la Philocalie d’Origène, sans doute composée par Basile

de Césarée et Grégoire de Nazianze, où les citations de l’exégète alexandrin sont regroupées

selon un classement thématique. Il y a deux sujets principaux : l’inspiration de la divine

Écriture (chap. 1-20) et le libre arbitre (chap. 21-27). Dans les chaînes, en revanche, les

citations patristiques accompagnent pas à pas le texte sacré : « C’est la présence du texte

biblique qui distingue une chaîne d’une simple collection exégétique »57.

Le genre littéraire des chaînes prend plutôt sa source dans celui des scholies aux

œuvres classiques de la littérature grecque, d’Homère à Aristote. Le terme "scovlion"

désigne, au départ, la forme que peut prendre le commentaire d’une œuvre classique,

lorsqu’il se présente non pas comme un commentaire suivi et continu, mais sous la forme de

brèves remarques discontinues et réservées à certains passages du texte de référence58. Ce

genre de commentaires a existé, en particulier sur les épopées d’Homère, dès le VIe s avant

J.-C, avec entre autres Théagène de Rhégion et Stésimbrotos de Thasos, mais c'est surtout la

56 R. Devreesse, art. cit., col. 1082-1086. 57 La chaîne sur la Genèse, éd. F. Petit, p. XIII, n.1. F. Petit donne l’exemple du Berolinensis, Phil. 1405 qui n’est ni une chaîne, ni un manuscrit biblique, mais un témoin de la Collectio Coisliniana, laquelle a pour axe les Questions de Théodoret sur l’Octateuque. 58 Cf. G. Zuntz, « Die Aristophanes-Scholien der Papyri », Byzantion 14 (1939), pp. 548-551. La brièveté est l’une des contraintes du genre des scholies, mais il arrive exceptionnellement que certaines s’étendent sur une ou plusieurs pages. Par exemple, quelques-unes des scholies à l’Iliade dépassent les vingt lignes (cf. Scholia graeca in Homeri Iliadem, éd. H. Erbse, 7 t., Berlin, 1969-1988, t. I, pp. 239-240 sur Iliade II, 262b et pp. 288-290, sur II, 494-877). De même, sur l’ensemble des Scholies aux Proverbes d’Évagre le Pontique, quatre scholies dépassent les vingt lignes (cf. Évagre le Pontique, Scholies aux Proverbes, éd. P. Géhin, SC 340, Paris 1987, p. 14).

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spécialité des savants de la Bibliothèque d’Alexandrie59. Toutes les scholies d’un même

auteur sur une œuvre donnée semblent avoir été d’abord copiées sur un manuscrit

indépendant de celui du texte-même. Dès l’époque hellénistique, on commence à excerpter

ces différents commentaires-scholies et à les compiler entre eux, de telle sorte que le résultat

n'est plus l'ensemble des scholies d’un même savant, mais un ensemble de scholies

d'origines diverses, qui perdent leur identité propre, c’est-à-dire l’indication de leur source,

pour former un nouveau commentaire. À partir du Ve s. après J.-C., ces compilations de

scholies commencent à être placées dans les marges des manuscrits du texte commenté60.

Les ouvrages que j'ai consultés restent très évasifs quand il s'agit de définir

précisément les scholies. Il me semble donc important d'insister sur les différentes réalités

qu'elles recouvrent. Le terme "scholie" désigne d’abord la forme particulière que peuvent

prendre certains commentaires, ceux des grammairiens alexandrins en particulier, mais aussi

celui d’Olympiodore sur Jérémie, par exemple, qui, dans sa forme originelle, est constitué

par la succession de brèves remarques discontinues sur le texte biblique61. Mais on appelle

aussi "scholies" les courts extraits tirés de commentaires suivis et continus ou d'autres

œuvres et qui sont le résultat d’une sélection, et éventuellement d’une récriture qui abrège le

texte-source. Les scholies patristiques des chaînes sont ainsi parfois des extraits de

commentaires continus, parfois des extraits de commentaires qui se présentaient déjà sous la

forme de brèves remarques ciblées. Certaines scholies le sont donc à deux niveaux, comme

c'est le cas pour celles d'Olympiodore : par le style de leur source et par leur statut d'extraits

dans la chaîne.

Pour illustrer le genre des scholies aux classiques, le Marcianus gr. 454 (dit Venetus

A), un manuscrit de l'Iliade datant du milieu du Xe s., est particulièrement pertinent : c'est

59 A. Gudeman, « Scholien », in A. Pauly & G. Wissova, Real Encyclopädie der Classischen Altertumswissenschaft, II, Stuttgart 1923, col. 625-705 ; R. Pfeiffer, History of Classical Scolarship from the Beginning to the End of the Hellenistic Age, Oxford 1968, pp. 9-12, 35-36 et 87-151. 60 N. G. Wilson, « A Chapter in the History of Scholia », The Classical Quarterly 17 (1967), pp. 244-256. 61 Origène a aussi eu recours à ce genre. Dans la Préface à sa traduction des XV Homélies d’Origène sur Ézéchiel, S. Jérôme affirme qu’Origène a commenté l’Écriture sous trois formes : scholies, homélies et tomes. Voici ce qui est dit du premier genre utilisé : « Le premier type est constitué par les excerpta, qu’on appelle en grec scholies, dans lesquels il a ramassé sommairement et brièvement ce qui lui semblait être obscur et présenter quelque difficulté » (Primum eius opus Excerpta sunt, quae graece scovlia nuncupantur, in quibus ea, quae sibi videbantur obscura aut habere aliquid difficultatis, summatim breviterque perstrinxit) (cf. Origenes, Homilien zu Samuel I, zum Hohelied und zu den Propheten, Kommentar zum Hohelied in Rufins und Hieronymus Übersetzungen, éd. W. A. Baehrens, GCS 33, Leipzig 1925, p. 318) ; cf. Évagre le Pontique, Scholies aux Proverbes, éd. P. Géhin, SC 340, Paris 1987, pp. 13-14, note 2.

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l'exemple choisi par J. Irigoin pour illustrer la transmission des textes classiques et leur mise

en page dans les manuscrits62. Toute l'érudition homérique de l'Antiquité se trouve en effet

rassemblée et condensée dans ses marges et sa mise en page est très similaire à celle des

chaînes.

Comme pour les chaînes, le matériau des scholies, telles qu’elles apparaissent dans ce

manuscrit, est composite : elles sont issues de commentaires divers et sont pour les unes très

anciennes et pour les autres plus récentes. Le copiste s’est, en tout cas, approprié ce

matériau, pour en présenter une sélection dans les marges du texte de l’Iliade63.

À la différence de la chaîne à auteurs multiples sur Jérémie, les renvois du texte au

commentaire ne se font ni par des numéros, ni par des signes particuliers, mais par la

reprise, en tête de chaque note, des premiers mots du passage qu'elle concerne. On pourrait,

de ce fait, penser que la chaîne entre les scholies et le texte d'Homère est plus serrée et plus

explicite, mais il se trouve que la reprise du lemme est souvent omise, ce qui donne lieu,

comme dans la chaîne à auteurs multiples, à des passages problématiques où le terme exact

sur lequel porte la scholie n’est pas si évident.

À la différence des chaînes sur Jérémie, les scholies du Venetus A ne sont pas

précédées de la mention de leur auteur ou de leur origine. En revanche, à la fin de chaque

chant de l'Iliade, est fournie la liste des ouvrages dont les extraits sont tirés.

H. Erbse nous rappelle, dans son édition des scholies à l'Iliade64, qu'elles peuvent être

divisées en deux types, qui sont soit répartis dans des manuscrits différents, soit rassemblés

dans un même manuscrit : les scholia minora ou scholia Didymi qui sont de brèves

interpolations ou des explications de termes d’origine très ancienne et les scholia maiora

issues de commentaires d'époque hellénistique ou plus tardifs — c’est-à-dire d’Aristarque

(217-145 av. J.-C.) et de ses disciples65 : Didyme, Aristonicos, Nicanor, Hérodien — et

augmentées de scholies exégétiques, dont l’origine est parfois difficile à retrouver et parmi

lesquelles figurent notamment des extraits de Porphyre.

62 Jean Irigoin, « Homère, Iliade » in Mise en texte et mise en page du livre manuscrit, H.-J. Martin et J. Vezin (dir.), Paris 1990, pp. 139-141 ; cf. Planche 3. 63 R. Pfeiffer, History of Classical Scolarship from the Beginning to the End of the Hellenistic Age, Oxford 1968, pp. 213-219. 64 Scholia graeca in Homeri Iliadem, éd. H. Erbse, 7 t., Berlin, 1969-1988. Pour l'exposé sur les différents types de scholies, cf. t. I, pp. XI-XIII. 65 Didyme et Aristonicos ont vécu à l'époque d'Auguste, Nicanor et Hérodien à l'époque de Marc-Aurèle.

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26

Une comparaison, dans le détail du texte, entre les scholies à Homère et les extraits

patristiques des chaînes, est édifiante. Le texte homérique et le texte biblique ont un statut

similaire, dans la mesure où tous deux sont reconnus comme des textes sacrés, mais on s’est

toutefois permis d’intervenir plus librement sur le texte de l’Iliade que sur le texte de

l’Écriture, en athétisant certains vers par exemple. On s’aperçoit que les scholies à Homère,

telles qu’elles sont copiées dans le Venetus A, présentent des points de contact fort

intéressants avec les extraits patristiques des chaînes sur Jérémie. L’édition de H. Erbse, sur

laquelle je me fonde pour cette étude, consiste en fait elle-même en une compilation des

scholies à l’Iliade se trouvant dans les différents manuscrits conservés. Pour respecter une

collection donnée, celle du Venetus A, je ne me suis penchée que sur les scholies attestées

dans ce manuscrit, que H. Erbse désigne par le sigle A66.

On remarque tout d'abord, si l’on travaille sur le premier chant de l’Iliade, que les

scholies témoignent d’une réflexion sur le commencement de l'œuvre, sur sa structure : dia;

tiv ajpo; th'" mhvnido" h[rxato ; (scholie 1a). Il y a exactement le même souci de la

structure du texte dans les extraits attribués à Jean Chrysostome dans la chaîne à deux

auteurs sur Jérémie67, lorsqu’il cherche à préciser les limites de l’en-tête et le début de la

prophétie68.

On remarque, d’autre part, que les scholies signalent les lieux parallèles, dans l'Iliade

grâce à des renvois internes (cf. scholie sur 5-6 : kaqavper ejn tw/' prooimivw/) ou dans

l'Odyssée (cf scholie 1f qui renvoie à l'invocation à la Muse du début de l'Odyssée), mais

aussi dans le reste de la littérature grecque, comme en témoigne cette référence à Hésiode,

Pindare et Antimaque : kai; ga;r JHsivodov" fhsi (opp. 2) : « deu'te dh; ejnnevpete» kai;

Pivndaro" (fr. 150 Sn.): « manteuveo Mou'sa » kai; jAntivmaco" oJ Kolofwvnio" (fr. 1 W.):

« ejnnevpete Kronivdao Dio;" megavloio quvgatre" » (scholie 1d). Les lieux parallèles sont

aussi très fréquents dans les extraits patristiques des chaînes sur Jérémie et le caténiste

semble leur accorder une grande importance. Dans la chaîne à auteurs multiples69, par

exemple, il y a des renvois internes à d'autres passages du livre (cf. extrait 16b), des renvois

66 Il faut en outre compléter l’édition de H. Erbse en consultant l’édition de G. Dindorf (Scholia graeca in Homeri Iliadem ex codicibus aucta et emendata, éd. G. Dindorf, 6 t., Oxford 1875-1888), car Erbse ne reprend que l’incipit et le desinit de certaines scholia minora ou scholia Didymi du Marcianus gr. 454. 67 Pour la présentation de la chaîne à deux auteurs, cf. infra, chap. 1, p. 35. 68 Cf. édition de la chaîne à deux auteurs, pp. 4-6. 69 Pour la présentation de la chaîne à auteurs multiples, cf. infra, chap. 1, pp. 35-36.

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à d'autres livres de l'Ancien Testament (cf. extrait 7e), mais aussi au Nouveau Testament, en

particulier aux Évangiles (cf. extrait 11d) et aux lettres pauliniennes (cf. extrait 7b).

Dans le style même, on remarque que certaines formules introductives sont communes

aux scholies à Homère et aux extraits patristiques, comme en témoigne l'expression ijstevon

o{ti que l'on trouve dans la scholie 22b : ijstevon o{ti to; palaio;n hJ Pelopovnnhso" eij"

pevnte dih/rei'to moivra" et dans l'extrait 19e de la chaîne à auteurs multiples sur Jérémie,

ou encore l’expression ajnti; tou' de la scholie 26c que l’on retrouve en de multiples

endroits dans les chaînes. Cette notation est propre au genre du commentaire, mais dans les

scholies et les chaînes elle est particulièrement insistante, à cause de l’aspect plus elliptique

et ramassé des extraits.

Il est intéressant de remarquer que les scholies signalent les variantes du texte (cf. 3b :

o{ti kakw'" tine" metagravfousi « polla;" d jijfqivmou" kefalav" », i{na

perifrastikw'" tou;" ajndreivou" kai; ajgaqou;" levgh/ kefalav"), de la même façon que

les manuscrits les plus anciens de la chaîne à auteurs multiples sur Jérémie donnent à voir

dans les marges certaines variantes du texte biblique. La différence réside dans le fait que

ces variantes se distinguent, dans les chaînes, du reste des extraits patristiques par leur

disposition et l'utilisation de la majuscule, alors que dans les scholies à l'Iliade, celles qui

signalent les variantes sont sur le même plan que les autres.

Enfin, il apparaît, grâce au rétablissement par H. Erbse des différentes attributions, que

chaque auteur a sa spécialité : les variantes grammaticales pour Didyme, les signes critiques

et athétisations pour Aristonicos, l’accentuation et la prosodie pour Hérodien, la ponctuation

pour Nicanor. On a un phénomène semblable dans la chaîne à auteurs multiples sur Jérémie,

comme je vais l'expliquer plus loin70.

La principale différence vient de la très forte proportion, dans les scholies à Homère,

des problèmes grammaticaux (remarques sur les cas cf. 5b, 16 et 24a ; sur les temps ou

modes cf. 26c ; sur l'accentuation cf. 8c et 21a), des problèmes d’athétisation (cf. 4a et 29-

31) ou de métrique (cf. 1h et 1i sur l’unique lambda d’Achille dans le vers) qui sont assez

souvent livrés sèchement, sans qu’il en soit nécessairement tiré une interprétation. Dans un

cas, l'extrait sur Jr 2, 4 dans la chaîne à deux auteurs, Jean Chrysostome se contente de

70 Cf. infra, chap. 3, pp. 200-201.

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signaler le problème posé par les temps du passé sans en donner une interprétation : « Ce

sont en effet des événements anciens qui sont racontés, mais il y a mangent au lieu de "ont

mangé" et commettront une faute au lieu de "ont commis une faute". » En revanche, lorsque

Jean Chrysostome insiste sur l'ordre des verbes dans les extraits 7c et 8a de la chaîne à

auteurs multiples, il ne se contente pas de livrer l’information telle quelle, mais l’utilise pour

mieux mettre en valeur la prescience de Dieu. Il y a, en général, beaucoup moins

d’explications de type grammatical dans les extraits patristiques et, quand elles sont

présentes, elles visent le plus souvent à introduire ou à souligner une interprétation, et non à

constater un fait. C'est peut-être ici que l'on peut voir apparaître les différentes pratiques

culturelles dont témoignent les scholies à l'Iliade et les scholies des chaînes, ainsi que les

différents contextes d'enseignement dans lesquels elles s'inscrivent : les scholies à l'Iliade

livrent une description détaillée du texte dans ses aspects grammaticaux et poétiques en

privilégiant la forme et en n’hésitant pas à discuter et retoucher le texte, tandis que les

extraits des chaînes exégétiques cherchent avant tout à donner une ou plusieurs

interprétations du texte, sans attacher trop d'importance aux détails de grammaire et de

langue, sans toucher à la forme du texte, mais en privilégiant ainsi le sens de celui-ci.

La confrontation entre les scholies à Homère du Venetus A de l'Iliade et les extraits

patristiques des chaînes sur Jérémie confirme la proximité de ces deux formes de florilèges

et l'idée que les chaînes exégétiques n'ont fait que transposer dans le domaine chrétien un

genre littéraire apparu dès la période hellénistique pour les textes classiques. C’est pourquoi,

il est tout à fait légitime d’appeler les extraits patristiques « scholies patristiques », comme

nous le ferons de temps à autre dans les pages qui vont suivre. Les deux corpus sont proches

par leur forme (brièveté des extraits, diversité) et certains traits de méthode (intérêt pour la

structure, pour l’intertextualité, pour les variantes du texte), mais j’ai toutefois tenu à

souligner que la prédominance des remarques de grammaire ou de métrique dans les

scholies à Homère leur donnait une physionomie assez différente de celle des extraits

patristiques des chaînes.

Enfin, un point mérite d’être précisé : il n’y a pas une unique compilation des scholies

à Homère, reconnue comme telle, puisque le corpus des scholies varie beaucoup d’un

manuscrit à l’autre. Il semble plutôt que chacun des copiste ait agi à sa guise avec la

documentation dont il disposait. C’est pourquoi H. Erbse, lui-même, a choisi d’éditer

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l’ensemble des scholies présentes dans les principaux manuscrits, sans que son édition

reflète un état existant du texte. Les chaînes exégétiques, en revanche, même si l’on peut

observer quelques pertes, modifications et altérations au cours de leur tradition manuscrite,

sont davantage traitées comme un corpus fixe, déjà constitué, que l’on peut remanier sur des

points de détail, mais pas en totalité. S’il existe plusieurs types de chaînes, par exemple sur

le livre de Jérémie, chacun des différents types est cependant bien transmis dans plusieurs

manuscrits et il est par conséquent possible d’avoir en vue l’édition de la chaîne telle qu’elle

a été conçue au départ par le caténiste. Il apparaît ainsi que les corpus de scholies aux

classiques apparaissant dans les manuscrits sont le résultat de travaux de copistes isolés,

tandis que les chaînes résultent davantage du projet d’un unique compilateur.

Dans la lignée des scholies aux classiques, Ph. Hoffmann évoque, chez les philosophes

de l’Antiquité tardive, l’existence de commentaires inscrits dans les marges d’un

manuscrit71. Dans la Vie de Proclus (chap. 27), Marinus nous apprend que son maître aurait,

à sa demande, consigné de longs commentaires de son crû dans les marges d’un

Commentaire de Syrianus sur Orphée72. L’examen systématique des citations des

Rhapsodies orphiques chez Damascius a même permis de montrer que ce dernier avait

certainement entre les mains ce fameux exemplaire des Commentaires de Syrianus dont les

grandes marges portaient les scovlia et uJpomnhvmata de Proclus73. Les livres utilisés,

conservés ou réalisés dans ces milieux platoniciens devaient ainsi probablement être des

codices de grand format et aux vastes marges, comme le codex de papyrus de Callimaque

(P. Oxy. XX 2258) de dimensions stupéfiantes, daté du VIe ou du VIIe s ou comme le Vat.

Urb. gr. 35 (Organon d’Aristote) dont les marges comportent, pour l’Isagogè de Porphyre

et le début des Catégories, une compilation de la littérature exégétique alexandrine et

athénienne (dont des textes de Simplicius) enrichie çà et là de nouveautés postérieures au

VIe s.74. Le module de l’écriture adopté par Aréthas pour transcrire les commentaires dans

71 P. Hoffmann, « Bibliothèques et formes du livre à la fin de l’Antiquité. Le témoignage de la littérature néoplatonicienne des Ve et VIe siècles », in I manoscritti greci tra riflessione e dibattito, Atti del V Colloquio Internazionale di Paleografia Greca (Cremona, 4-10 ottobre 1998), G. Prato (dir.), t. II, Florence 2000, p. 604. 72 Ibid., p. 624. 73 Ibid., p. 627. 74 Ibid., pp. 630-631 ; cf. Planche 3bis.

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les marges de l’Urb gr. 35 témoigne en outre d’une pratique de la micrographie que l’on

retrouve dans certains manuscrits de chaînes exégétiques.

On peut aussi évoquer, avec R. Devreesse, la proximité qui existe entre les scholies

juridiques au Digeste et aux Basiliques (nouveau recueil législatif tiré du Digeste, du Code

Justinien et des Novelles) et les chaînes. Dans ces types de compilations, il y a un texte

donné et son commentaire. On y retrouve les noms des auteurs au génitif précédant les

scholies et la disposition du texte au centre et des scholies dans les marges.

On peut encore évoquer la proximité de la forme littéraire des chaînes avec les éditions

du Talmud de Babylone, dont une première version est achevée au Ve s.75. Le texte de la

Michna, c’est-à-dire le recueil de la législation juive codifiée par les rabbins, y est entouré

de commentaires et de notes de rabbins différents et d'époques diverses. La complexité du

Talmud est donc le résultat d’une longue évolution du Talmud primitif76. Dans les éditions

actuelles du Talmud, l’agencement est ainsi plus complexe que dans les chaînes exégétiques

grecques où il y a rarement plus de deux ou trois blocs différents77.

Ces réflexions sur l'origine des chaînes et sur leur proximité, dans la forme qu'elles

prennent et le projet qu'elles ont d'éclairer un texte donné, avec les scholies aux classiques,

les scholies aux textes juridiques et le Talmud, m'amènent à souligner, avec G. Dorival, que

« les chaînes s’inscrivent dans la lignée du genre dominant de la littérature d’époque tardive

qui est le genre de l’interprétation, interprétation des grands textes philosophiques

fondateurs chez les païens et interprétation de la Bible chez les Juifs et les chrétiens. »78

75 « Talmud, Babylonian », Encyclopaedia Judaica, t. XV, col. 755-768. 76 A. Cohen, Le Talmud, Exposé synthétique du Talmud et de l’enseignement des Rabbins sur l’éthique, la religion, les coutumes et la jurisprudence, Paris 1983, p. 34. (cf. introduction pp. 17-39). 77 Cf. Planche 4. 78 G. Dorival, « Existe-t-il une recherche proprement littéraire dans le domaine de l’Antiquité tardive ? », TOPOI Orient-Occident 4/2, 1994, p. 656.

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III. Présentation des différents types de chaînes sur le livre de

Jérémie et de leurs témoins manuscrits

A. État de la recherche

E. Klostermann le premier, en 1897, dans son étude de la tradition textuelle des

Homélies sur Jérémie d'Origène, en vient à évoquer, pour la tradition indirecte, les

fragments d'Origène conservés dans les chaînes79. Les informations qu'il donne sont tirées,

d'une part, de la préface de l'édition en 1623 par M. Ghisleri d'un vaste commentaire sur

Jérémie, incluant des chaînes grecques et latines80, et d'autre part, de différents catalogues

de bibliothèques de manuscrits grecs. Cela lui permet d'esquisser deux groupes : un premier

groupe constitué par le Vaticanus gr. 1153-1154 (qu'il considère à tort comme le plus

ancien), l'Ottobonianus gr. 452, le Parisinus gr. 158 et le Parisinus gr. 159 et un deuxième

groupe constitué par les Laurentiani XI 4 et V 9. Il signale que la chaîne sur Jérémie du

premier groupe appartient à une chaîne sur les quatre prophètes, comme le suggèrent des

prologues très similaires avant chacun des livres, et il considère que la chaîne du deuxième

groupe est une version abrégée et secondaire de la chaîne du premier groupe. Les

renseignements que nous donne E. Klostermann sont incomplets et diffus, car il ne

s'intéresse qu'aux chaînes sur Jérémie utilisant Origène et oublie un certain nombre de

témoins manuscrits. C'est toutefois un premier aperçu sur les chaînes au livre de Jérémie,

très rapidement complété par les études plus systématiques de M. Faulhaber, d'une part, et

de G. Karo et H. Lietzmann81, d'autre part82.

79 E. Klostermann, Die Überlieferung der Jeremiashomilien des Origenes, Berlin 1897, pp. 31-41. 80 M. Ghisleri, In Ieremiam Prophetam Commentarii, 3 t., Lyon 1623. 81 La même année 1897, H. Lietzmann, dans son approche globale des chaînes : Catenen (pp. 5-6 et 23-24), avait fait une brève allusion aux découvertes d’E. Klostermann sans donner plus de précisions. 82 E. Klostermann a d'ailleurs rectifié et complété plus tard ces paragraphes, grâce aux travaux de M. Faulhaber, dans l'introduction de son édition des Homélies sur Jérémie d'Origène dans la collection des GCS parue en 1901 (Cf. Origenes, Jeremiahomilien, Klageliederkommentar, Erklärung der Samuel und Königsbücher, éd. E. Klostermann, revue par P. Nautin, Berlin 1983, pp. XXIII-XXIV).

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M. Faulhaber, en 1899, a en effet très clairement mis en valeur, dans les manuscrits de

la Bibliothèque Vaticane, deux types indépendants de chaînes sur Jérémie83 :

− le type A, dont les témoins sont les Vaticani gr. 675 et 1204 ;

− le type B, dont les témoins sont les Chisianus gr. 45, Ottobonianus gr. 452,

Vaticanus gr. 1153-1154 et Pii II 18. Le type B correspond au premier groupe

évoqué par E. Klostermann, avec l'ajout essentiel du Chisianus (le plus ancien

témoin) et celui du Pii II 18, mais sans les Parisini, puisque M. Faulhaber s'en

tient au domaine romain.

Il dissocie ces deux types d'après les critères suivants :

− les deux types n'ont aucune scholie patristique en commun ;

− le nombre des auteurs utilisés est de deux pour le type A (Jean Chrysostome et

Théodoret de Cyr) et de seize pour le type B ;

− le corpus est différent, puisque le type A est une chaîne partielle sur Jr 1-4 et le

type B une chaîne complète sur Jérémie et suppléments84.

Cependant, il a jugé bon d'ajouter provisoirement un type C, extérieur aux manuscrits

romains et représenté uniquement par le Monacensis gr. 117. Ce troisième type, qui lui a été

suggéré par la préface de J.-L. Schultze au volume 81 de la PG85, serait une chaîne

constituée d'extraits de trois auteurs : les mêmes que le type A, complétés par Origène. C'est

manifestement la notation abrégée "Wr" présente dans la marge du manuscrit au f. 177v qui

a conduit à une mauvaise interprétation et qui a fait croire à la présence d'Origène. Or, ce

n'est pas l'abréviation de son nom, mais l'abréviation de l'expression wJrai'on qui marque

l'admiration du copiste et est destinée à attirer l'attention du lecteur. Le Monacensis gr. 117

est en réalité tout à fait conforme au type A. Cette erreur est liée au fait que M. Faulhaber a

limité sa recherche aux manuscrits romains et n'a pas regardé de près les autres témoins. Son

catalogue des manuscrits de chaînes sur Jérémie est, de ce fait, en partie incomplet pour les

83 M. Faulhaber, Die Propheten-Catenen nach römischen Handschriften, Biblische Studien IV, 2-3, Fribourg 1899, pp. 86-98. 84 Baruch, Lamentations, Lettre de Jérémie. 85 Cf. PG 81, p. 11 ; la PG 81 est l'édition des commentaires de Théodoret de Cyr sur le Cantique des Cantiques, Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, Daniel et les douze prophètes d’après l’édition de J. Sirmond (B. Theodoreti Ep. Cyri, Opera omnia in V tomos distributa studio Jacobi Sirmondi et Joannis Garnerii, Paris 1642-1684).

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manuscrits non romains des types A et BI (groupe 1 d’E. Klostermann) et pour le type BII

(groupe 2 d’E. Klostermann) qui n'a aucun témoin romain. Toutefois, il est le premier à

définir le type A, E. Klostermann ne s'étant pas intéressé à cette chaîne, puisqu'elle n'utilisait

pas Origène, et il complète la liste des témoins romains du type BI. En 1903, dans son

catalogue des manuscrits de chaînes des bibliothèques d'Espagne86, il signale deux

nouveaux témoins de la chaîne de type B : les Matritenses gr. 4671 et 4717, qui en donnent

une version abrégée et lacunaire. M. Faulhaber suggère la possibilité d'une identification

entre ce type et celui des manuscrits de Florence mis en valeur par E. Klostermann, mais il

ne l'affirme pas, étant donné qu'il n'a pas consulté ces derniers.

G. Karo et H. Lietzmann, en 1902, dans leur catalogue des chaînes grecques87,

distinguent un type I, correspondant au type B de M. Faulhaber, et un type II, sans

correspondance chez M. Faulhaber. Pour leur type I, ils redonnent les témoins déjà signalés

par E. Klostermann et M. Faulhaber et y ajoutent le Scorialensis Y-II-12. La mention du

Scorialensis est malheureusement une erreur, parce qu'il s'agit exclusivement d'une chaîne

sur Isaïe88. Le type II de G. Karo et H. Lietzmann est constitué par les Laurentiani V 9 et XI

4 et correspond donc au deuxième groupe évoqué par E. Klostermann. Ils renvoient, pour ce

type II, à l'analyse d’E. Klostermann qui le tient pour une version abrégée et secondaire du

type I (ou type BI). Enfin, G. Karo et H. Lietzmann relèguent, dans une sorte d'annexe sans

nom et sans véritable principe d'organisation, d'abord les Vaticani gr. 675 et 1204, pour

lesquels ils renvoient à M. Faulhaber (type A), puis le fameux Monacensis gr. 117, selon

eux différent des deux précédents, parce qu'ils y décèlent eux aussi, à tort, une présence

d'Origène, et enfin le Vaticanus gr. 347 qui ne comporte que des extraits et qu'ils ne

raccrochent à aucun de leurs types. Le catalogue de G. Karo et H. Lietzmann conjugue ainsi,

malgré une présentation peu claire, les travaux de E. Klostermann et de M. Faulhaber pour

distinguer un type A et un type B et préciser que le type B doit être divisé en deux sous

types : I et II.

86 M. Faulhaber, « Die Katenenhandschriften der spanischen Bibliotheken », Biblische Zeitschrift I (1903), pp. 361-363. 87 G. Karo & H. Lietzmann, Catenarum Graecarum Catalogus, Göttingen 1902, pp. 343-346. 88 Cf. G. De Andrés, Catálogo de los Códices Griegos de la Real Biblioteca de El Escorial, t. II, Madrid 1965, n°267 p. 134.

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R. Devreesse, en 1928, dans son article sur les chaînes exégétiques grecques89,

récapitule les travaux de ses prédécesseurs en insistant sur l'existence des deux types, A et

B. Il appelle, comme E. Klostermann, le type BI "chaîne de Jean", parce qu'il appartient à

une chaîne sur les quatre grands prophètes dont l'auteur pourrait être un certain Jean

Drungarios nommé dans le titre du prologue à Isaïe du Parisinus gr. 159. D'autre part, il

appelle le type BII "chaîne de Nicétas", parce qu'un prologue en vers avant le livre d'Isaïe

donne ce nom dans le Laurentianus V 9.

En 1980, le volume IV de la CPG ne retient de toutes ces études que quelques

informations90 : la distinction entre une Catena in Ieremiam 1-4 (C 65), c'est-à-dire le type

A, et la Catena Iohannis Drungarii, c'est-à-dire le type BI. Cette dernière est d'ailleurs

étrangement répartie sur trois rubriques : C 65 pour le livre même de Jérémie, C 66 pour le

livre de Baruch et C 67 pour les Lamentations. La Lettre de Jérémie en revanche n'a droit à

aucune rubrique, alors qu'elle fait bien partie du corpus de la chaîne de Jean Drungarios. Le

type BII n'est pas même évoqué.

Au terme de ce parcours dans les études sur les chaînes de Jérémie, il apparaît que

beaucoup d'informations sont réparties dans les différents ouvrages cités, mais qu'il n'existe

aucune synthèse complète récente. C'est l'objectif que je me fixe ici pour introduire au

mieux mon édition partielle des chaînes sur Jérémie.

89 R. Devreesse, « Chaînes exégétiques grecques », in SDB, t. I, Paris 1928, col. 1151-1154. 90 M. Geerard, Clavis Patrum Graecorum, t. IV (concilia, catenae), Turnhout 1980, pp. 218-219.

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B. Présentation des chaînes sur Jérémie

Il existe deux types indépendants de chaînes sur le livre de Jérémie : la chaîne à

auteurs multiples et la chaîne à deux auteurs. La chaîne à deux auteurs correspond au « type

A » de M. Faulhaber et la chaîne à auteurs multiples au « type B »91. Ces appellations ne

sont pas très satisfaisantes, parce qu'il apparaît que le type B est plus ancien et plus complet

que le type A. Il y a d'autre part, une influence, même limitée, de la chaîne de type B sur

certains témoins manuscrits de la chaîne de type A92.

Dans la chaîne à auteurs multiples ou type B, de nombreux auteurs patristiques sont

cités : Hippolyte de Rome, Origène, Grégoire le Thaumaturge, Eusèbe de Césarée, Basile de

Césarée, Apolinaire de Laodicée, Didyme, Jean Chrysostome, Théophile d'Alexandrie,

Isidore de Péluse, Cyrille d'Alexandrie, Théodoret de Cyr, Victor d'Antioche, Sévère

d'Antioche, Olympiodore d'Alexandrie, Polychronius et un anonyme93. Ce type est

représenté dans les manuscrits suivants : Chisianus gr. 45, Ottobonianus gr. 452, Vaticanus

gr. 1153-1154, Parisinus gr. 158, Parisinus gr. 159, Pii II 18, Vaticanus gr. 347,

Laurentianus XI 4, Laurentianus V 9, Matritensis 4671, Matritensis 4717. Il se présente le

plus souvent comme une chaîne encadrante, ce qui signifie que le texte biblique et les

extraits patristiques figurent dans des blocs indépendants et que les extraits patristiques sont

disposés en couronne autour du texte biblique copié sur une ou deux colonnes94. Mais il

apparaît sous la forme d'une chaîne continue dans les manuscrits plus tardifs : le Pii II 18 –

XVIe s. – et les deux de Madrid – XVIe s. 95.

Dans la chaîne à deux auteurs ou type A, les extraits patristiques sont exclusivement

tirés d'un commentaire de Théodoret de Cyr et d'un commentaire de Jean Chrysostome96.

91 Cf. Die Propheten-Catenen nach römischen Handschriften, pp. 86-89. 92 Cf. infra, pp. 83-84. 93 Cf. « Les auteurs représentés dans les chaînes sur Jérémie » infra, pp. 88-138. 94 Un « commentaire à agencement autonome avec glose encadrante », selon la terminologie mise en place par J.-H. Sautel, « Essai de terminologie de la mise en page des manuscrits à commentaire », La Gazette du livre médiéval, 35 (1999), pp. 17-31. 95 J’étudierai ce passage d'une chaîne encadrante à une chaîne continue infra, pp. 178-179. 96 Cf. « Les auteurs représentés dans les chaînes sur Jérémie » infra, pp. 88-138.

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Les noms des auteurs sont le plus souvent abrégés dans la marge. La chaîne à deux auteurs

est présente dans les cinq manuscrits suivants : Vaticanus gr. 675, Vaticanus gr. 1204,

Bononiensis gr. 2373, Vindobonensis theol. gr. 36, Monacensis gr. 117. On remarquera,

d'une part, que deux d'entre eux, les Bononiensis gr. 2373 et Vindobonensis theol. gr. 36,

n'ont été signalés ni par M. Faulhaber, ni par G. Karo et H. Lietzmann, ni par R. Devreesse,

et d'autre part que le Monacensis leur a paru relever, à tort, d'un autre type. Dans tous les

manuscrits, la chaîne à deux auteurs se présente comme une chaîne continue, c'est-à-dire

que le texte biblique et les commentaires patristiques ne figurent pas dans des blocs séparés,

mais que le texte biblique est incorporé au sein du commentaire copié en pleine page97.

1) Présentation des témoins de la chaîne à auteurs multiples ou type B

Le type B est une chaîne sur l’ensemble du livre de Jérémie et ses suppléments, qui

s'insère dans une œuvre sur les quatre grands prophètes, constituée à partir d’extraits de

nombreux auteurs patristiques.

La majorité des chercheurs, à la suite de M. Faulhaber, considère qu’elle a été écrite

dans la seconde moitié du VIIe s. par un certain Jean Drungarios, dont le nom est donné

uniquement dans le Parisinus gr. 159 comme celui de l'auteur du prologue général à la

chaîne sur Isaïe98. Par ailleurs, on ne sait rien de ce caténiste, pour autant qu'il ait existé, et

la datation de sa période d’activité ne repose sur aucun argument sérieux, comme le

souligne G. Dorival99. L. Vianès préfère ainsi parler de chaîne monophysite, plutôt que de

chaîne de Jean, en particulier parce que Sévère d'Antioche, principal défenseur du

monophysisme, est nommé "le très saint Sévère" et que ses œuvres semblent avoir été

méthodiquement excerptées pour nourrir la chaîne. Elle propose par conséquent de faire

97 Un « commentaire à agencement subordonné avec glose continue », J.-H. Sautel, art. cit., pp. 17-31. 98 Cf. supra, p. 34 ; M. Faulhaber, Die Propheten-Catenen nach römischen Handschriften, pp. 55-58 et pp. 190-202 ; R. Devreesse, art. cit., col. 1147 ; G. Dorival, « Des commentaires de l’Écriture aux chaînes », in C. Mondésert (dir.) Le monde grec ancien et la Bible, Bible de tous les temps, t. I, Paris 1984, p. 368. 99 Les chaînes exégétiques grecques sur les Psaumes, t. I, Louvain 1986, p. 80.

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remonter la datation entre 538 (mort de Sévère) et 639 (défaite du monophysisme)100.

J'approfondirai plus loin le problème de la datation de cette chaîne101.

Dès les travaux d’E. Klostermann, deux familles ont été distinguées. Une première

famille (B1) est donnée par les manuscrits suivants :

− Chisianus gr. 45

− Ottobonianus gr. 452

− Vaticanus gr. 1153-1154

− Parisinus gr. 158

− Parisinus gr. 159

− Pii II 18

Elle présente une chaîne bien fournie et toujours précédée d’une préface constituée

d'un prologue du caténiste, de Jean Chrysostome, d’Eusèbe de Césarée et d’un prologue

anonyme, dans cet ordre102.

La deuxième famille (B2) inclut les manuscrits suivants :

− Laurentianus V 9

− Laurentianus XI 4

− Matritensis 4717

− Matritensis 4671

− Vaticanus gr. 347

Elle donne des extraits patristiques beaucoup moins abondants, une sélection des

extraits de la famille B1 selon E. Klostermann, et présente une préface assez différente : le

prologue du Commentaire de Jean Chrysostome est suivi du prologue anonyme, mais dans

100 La chaîne monophysite sur Ézéchiel 36-48. Présentation, texte critique, traduction française, commentaire, thèse pour le doctorat à l’EPHE Ve section sous la direction de M. A. Le Boulluec, soutenue en 1997, pp. 21-36. 101 Cf. « Pour une datation des différents types de chaînes sur Jérémie » infra, pp. 139-146. 102 Les prologues précèdent toujours la chaîne sur Jérémie elle-même, sauf dans le Pii II 18 où ils sont placés entre Baruch et Lamentations (cf. explication infra, note 160 p. 52).

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une version très allongée. En fait, le prologue anonyme est suivi d’un court passage inconnu

à thématique antijuive et du texte de la deuxième recension d’Épiphane sur le prophète

Jérémie, §14 du De prophetarum vita et obitu. L’attribution à Épiphane n’est pas précisée

dans la chaîne. Ce texte d’Épiphane, toujours sans attribution, est aussi présent dans la

famille B1, mais il intervient en conclusion de la chaîne et non dans les prologues. En

revanche, le court passage inconnu est complètement absent de la famille B1.

Il faut signaler d'emblée que certains des manuscrits, indépendamment de la famille à

laquelle ils appartiennent, comportent des miniatures des Prophètes représentés en pied en

pleine page (Chisianus gr. 45, Vaticanus gr. 1153-1154 et Laurentianus V 9). Il s’agit donc

d’exemplaires de luxe103.

a) Famille B1

Les manuscrits de la famille B1 présentent tous une chaîne encadrante, où les extraits

patristiques sont disposés en couronne autour du texte biblique. Seul le Pii II 18, plus tardif,

échappe à cette disposition, mais c'est en fait parce qu'il ne donne pas le texte biblique : les

extraits patristiques y sont donc exceptionnellement présentés en pleine page. Tous

contiennent les différents prologues à la chaîne (déplacés entre Baruch et Lamentations dans

le Pii II 18) et le texte d’Épiphane sur le prophète Jérémie en conclusion de la chaîne (sauf

l’Ottobonianus gr. 452).

Après la cote des manuscrits, je donnerai le sigle que je leur attribue dans mon édition,

c’est-à-dire une lettre de l’alphabet en majuscule, et, le cas échéant, celui qu’ils portent dans

le catalogue d’A. Rahlfs, c’est-à-dire un nombre.

J’ai collationné tous les manuscrits de la famille B1 à partir des microfilms de la

section grecque, sauf ceux de la Bibliothèque Nationale que j’ai consultés sur place. J’ai pu,

en outre, vérifier mes collations et étudier les aspects codicologiques de la plupart des

manuscrits grâce à des missions à Florence en novembre 2005 et à Rome en juin 2006.

103 J’ai consulté directement les deux manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, ceux de la Bibliothèque Laurentienne, ainsi que ceux de la Bibliothèque Vaticane. Quant à ceux de Madrid, je n’ai pu les consulter qu’à partir des microfilms et CDroms de la section grecque de l’IRHT.

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Chisianus gr. 45104 (= Chisianus R. VIII 54 ) (siglum C = Rahlfs 87)

Xe s. med.105, parchemin, 405×315 mm., 493 ff.106, 61 ll.107, type de réglure 00C2108.

Possédé par la famille Sforza et par l'évêque de Vérone G. M. Giberti d'après une

inscription en majuscule au f. 1 ( jIwavnnou Matqaivou Gibevrtou ejpiskovpou

jOuhrwvnh")109.

Reliure épaisse en cuir marron très abîmée. Les plats supérieur et inférieur sont

décorés d'un cadre doré. On aperçoit au bord des deux plats deux traces d'attaches. Un titre

apparaît en majuscules dorées sur le dos lisse : THEOD. BASIL. EUSEB ET ALIORUM

CATHENA IN PROPHET.

La chaîne sur Jérémie fait partie d’un ensemble sur les quatre grands prophètes,

précédé d'une chaîne sur les douze petits prophètes.

Pour chacun des seize livres (sauf pour Osée, Abdiou, Naoum, Malachie et Daniel),

une miniature du prophète concerné apparaît sur le verso d'un folio numéroté dont on a

laissé le recto blanc. Lorsque l'on observe les signatures de cahiers, portées en écriture

104 P. Franchi de’ Cavalieri, Bibliothecae Apostolicae Vaticanae codices graeci Chisiani et Borgiani, Rome 1927, pp. 91-93 ; M. Faulhaber, pp. 5-7 ; G. Karo & H. Lietzmann, p. 332 ; A. Rahlfs, Verzeichnis der griechischen Handschriften des Alten Testaments für das Septuagint-Unternehmen, Berlin 1914, pp. 280-281 ; L. Vianès, pp. 101-104. J'ai pu largement corriger et compléter les informations données par les catalogues en consultant le manuscrit à la Bibliothèque Vaticane. 105 La datation est donnée d’après le style d’écriture de la minuscule bouletée, écriture en vogue pendant une période brève (913-983), dont l’apogée se situe en fait vers le milieu du Xe s. pendant le règne de Constantin VII Porphyrogénète. Cette écriture est souvent employée dans des manuscrits de luxe copiés et illustrés à Constantinople. L’écriture du Chisianus est un exemple de la « bouletée caractéristique » utilisée au milieu du Xe s. (Cf. M. L. Agati, La minuscola « bouletée », Vatican 1992, pp. 157-158 et J. Irigoin, « La minuscule bouletée », in La paléographie grecque et byzantine (colloques internationaux du CNRS, Paris 21-25 octobre 1974), Paris 1977, pp. 191-199). 106 Une double foliotation apparaît : l'une utilise les lettres grecques et est copiée à l'encre marron, tandis que l'autre utilise des chiffres arabes et est copiée dans une encre plus foncée. La foliotation prend en compte les folios sur lesquels se trouvent les miniatures. Il n'y a pas de f. 127, mais il y a un folio non numéroté entre les ff. 161 et 162 (M. Faulhaber évoque seulement le folio non numéroté et compte par conséquent 494 folios, cf. op. cit., p. 5 ; L. Vianès indique seulement 490 ff., cf. p. 101). 107 Cette donnée concerne uniquement les extraits patristiques, car le nombre de lignes du texte biblique est très variable d'une page à l'autre. 108 J.-H Sautel, Répertoire de réglures dans les manuscrits grecs sur parchemin.Base de données établie à l’aide du fichier LEROY et des catalogues récents, Turnhout 1995, p. 39. 109 Cf. G. Mercati, « Il testo dell'Aldina », Biblische Zeitschrift VIII, 1910, pp. 337-338 = Opere minori III, Studi e Testi 78, Rome 1937, pp. 122-123.

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minuscule à l'encre noire dans le coin droit de la première page110, on s'aperçoit que les

miniatures ne sont pas prises en compte mais qu’elles ont été insérées a posteriori sur des

onglets. Elles l'ont été de deux manières différentes : soit entre les prologues et la chaîne, le

verso où elles se trouvent faisant face au début de la chaîne111 ; soit avant les prologues, le

verso où elles se trouvent faisant face au début des prologues112 ou à la page qui contient la

conclusion du prophète précédent et le début des prologues113.

ff. 1-84v chaîne sur les Douze114 (ordre hébreu115)

ff. 85-243v chaîne sur Isaïe (f. 91v : miniature d'Isaïe)

ff. 244-349 chaîne sur Jérémie et suppléments (f. 246v : miniature de Jérémie)

ff. 349v-441 chaîne sur Ézéchiel (f. 352v : miniature d' Ézéchiel)

ff. 442-493v chaîne sur Daniel

Après les prologues à la chaîne sur Jérémie (ff. 244-245v) et sur le verso d'une page

blanche, se trouve une somptueuse page de titre (f. 246v) : un portrait en pied de Jérémie se

détache sur un fond doré au centre d'un cadre fleuri ; une bande de tissu dessinée dans la

bordure supérieure du cadre pend dans les deux coins ; le nom du prophète est inscrit de part

et d'autre de la tête du personnage. Celui-ci a les pieds chaussés de sandales, une tunique

110 La première signature visible est g au f. 9, ce qui signifie qu'il manque un cahier au volume. Le texte commence bien pourtant par le prologue du caténiste de la chaîne sur les Douze. Les signatures de cahier suivantes sont bien visibles sauf ia (f. 81 ?), xb (f. 480 ?) et xg (f. 486 ?). Le volume est ainsi composé de 55 quaternions, 2 binions (cahiers 12 et 13), 5 ternions (cahiers 37, 45, 62 et 63). Dans les cahiers 37 et 45, un folio supplémentaire est monté sur onglet (ff. 288 et 346) ; dans le dernier cahier, deux folios supplémentaires sont montés sur onglet (ff. 486-487). Il faut ajouter les 11 miniatures qui sont, elles aussi, montées sur onglet et l'on obtient le nombre total de folios du manuscrit : 493. 111 C'est le cas pour Joël, Michée, Zacharie, Isaïe, Jérémie et Ézéchiel et c'était sans doute le cas pour Osée et Malachie, dont les miniatures ont disparu. 112 C'est le cas pour Amos, Jonas et c'était sans doute le cas pour Daniel. 113 C'est le cas pour Ambakoum, Sophonie, Aggée et c'était sans doute le cas pour Abdiou et Naoum. 114 Miniature de Joël au f. 19v, d'Amos au f. 25v, de Jonas au f. 36v, de Michée au f. 41v, d'Ambakoum au f. 51v, de Sophonie au f.56v, d'Aggée au f. 61v et de Zacharie au f. 66v. 115 Cf. « Le corpus prophétique d'après le témoignage des chaînes exégétiques » infra, pp. 147-163.

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plissée, le bras droit plié. Le visage, ainsi que le bras droit et le côté droit de la tunique, sont

abîmés116.

La chaîne commence en face de la miniature, au f. 247. Les extraits patristiques

encadrent sur trois côtés (supérieur, extérieur et inférieur) un texte biblique écrit sur une

seule colonne. Le texte biblique est copié dans une minuscule légèrement plus grosse que

celle du texte des extraits. Les noms des auteurs, le plus souvent abrégés, sont copiés en

majuscule dans le corps du texte et parfois seulement dans la marge supérieure, lorsqu'un

nouvel extrait commence une nouvelle page. La numérotation des lemmes bibliques par

centuries (de a à r) apparaît dans la marge du texte biblique et est rappelée dans la marge

des commentaires au niveau de chaque extrait : il y a donc un système de correspondance

stricte entre le texte biblique et les commentaires patristiques117. Ce système de

correspondance est d'origine et provient même de l'archétype de la chaîne, puisqu'il est

précisément évoqué dans le prologue du caténiste118. Il faut signaler un troisième niveau de

texte, car de brèves notations se distinguent parfois par leur écriture, leur emplacement et

leur propre système de renvoi. Ces gloses sont en effet écrites en majuscule et placées dans

le bloc réservé aux commentaires qui les contournent. Le scribe a donc dû les copier avant

les commentaires. Elles sont liées au texte biblique par des signes variés (astérisque, obèle,

métobèle, etc.) et non des lettres à valeur de numéros. Ce sont, d’une part, des variantes

hexaplaires signalant les leçons d’Aquila, Symmaque et Théodotion sans les nommer,

d’autre part, de très brèves notes exégétiques presque toujours attribuées à Olympiodore119.

Aucune couleur ne vient rehausser les initiales des lemmes bibliques ou des extraits

patristiques, ni même la numérotation ou les noms d'auteurs. L'ensemble du texte est copié

avec la même encre marron.

La deuxième recension du texte d'Épiphane sur la vie de Jérémie se trouve en

conclusion de la chaîne dans les marges extérieure et inférieure du f. 349.

116 Pour l’étude de la miniature, cf. J. Lowden, Illuminated Prophet Books. A study of Byzantine Manuscripts of the Major and Minor Prophets, Pennsylvania 1988 ; K. Weitzmann, Die Byzantinische Buchmalerei des IX und X Jahrhunderts, II t., Vienne 1996, t. I, p. 12 et t. II, pp. 25. 117 Cf. Planche 5. 118 Cf. « Les prologues des chaînes sur Jérémie » infra, chap. 3, pp. 280-283. 119 Pour l’interprétation de ces notes, cf. infra, pp. 131-133.

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Ottobonianus gr. 452120 (siglum O = Rahlfs 91)

XIe s., parchemin, 347×290 mm.121, 261 ff.122, 88 ll.123, type de réglure à linéation

double non répertorié124.

Possédé par l’empereur Andronikos Paléologue, puis par le patriarche Athanase III

d’Alexandrie, selon une inscription en arabe sur le premier folio non numéroté. Trouvé par

le patriarche Joachim d’Alexandrie au monastère du Sinaï au XVIIe s., il est entré à la

Bibliothèque Vaticane sous le pape Innocent XIII (1721-1724)125.

Reliure épaisse en cuir marron. Les plats supérieur et inférieur sont décorés d'un cadre

doré stylisé et les cinq nerfs visibles sur le dos sont entourés de lignes dorées. Sur le dos,

apparaît aussi, en majuscules dorées, la cote du manuscrit (un blason de Pape, au-dessus du

nerf supérieur a manifestement été arraché).

La chaîne sur Jérémie fait ici encore partie d’un ensemble sur les quatre grands

prophètes précédé d'une chaîne sur les douze petits prophètes. 120 E. Feron et F. Battaglini, Bibliothecae Apostolicae Vaticanae codices graeci Ottoboniani, Rome 1893, pp. 251-252 ; M. Faulhaber, pp. 1-5 ; G. Karo & H. Lietzmann, p. 333 ; A. Rahlfs, pp. 241-242 ; L. Vianès, pp. 105-107. J'ai pu largement corriger et compléter les informations données par les catalogues en consultant le manuscrit à la Bibliothèque Vaticane. 121 Il faut signaler que M. Faulhaber donne des mesures erronées : 345×231 mm. et parle de 362 ff. au lieu de 361 (cf. p. 1). 122 Les signatures de cahiers sont copiées en minuscule, avec la même encre que le texte, dans le coin inférieur gauche du recto du premier folio et dans le coin inférieur droit du verso du dernier folio. Les signatures a, b, g, q, lg et ld sont invisibles. Il faut signaler une erreur du copiste qui a porté sur le verso du dernier folio du cahier kz la mention kh au lieu de kz, ce qui fait un cahier de moins que ce qu'indique la numérotation. Le volume est ainsi composé de 33 quaternions. Il manque les deux derniers folios du dernier cahier, mais la fin du texte n'en est pas pour autant mutilée. Il y a deux foliotations dans le coin supérieur droit des recto : l'une en chiffres arabes dans la même encre que le texte, l'autre en lettres grecques, apparemment plus tardive, à l'encre noire. 123 Cette donnée ne concerne que les extraits patristiques, car la longueur du texte biblique est variable d'une page à l'autre. 124 Le répertoire Leroy-Sautel ne répertorie que les réglures à linéation unique (faite uniquement pour le commentaire ou uniquement pour le texte). Pour les réglures à linéation double ou différenciée, il faut se référer à la codification mise en place par J.-H. Sautel dans plusieurs articles : « Essai de terminologie de la mise en page des manuscrits à commentaire », La Gazette du livre médiéval, 35 (1999), pp. 17-31 ; « Aspects de la mise en page des manuscrits grecs à chaînes exégétiques (Paris, BnF, Fonds Coislin) », in Le Commentaire entre tradition et innovation, Actes du colloque international de l’Institut des traditions textuelles (Paris et Villejuif, 22-25 septembre 1999), M.-O. Goulet-Cazé (dir.), Paris 2000, pp. 89-98 ; « Trois tétraévangiles jumeaux entourés de la chaîne de Pierre de Laodicée. Étude de la mise en page et de la réglure », International journal on the history and conservation of the book, Quinio 3 (2001), pp. 113-135. Étant donnée sa complexité, je réserve l’étude de la réglure des manuscrits de chaînes à linéation double pour des travaux ultérieurs. 125 A. Mai, Scriptorum veterum nova collectio, t. I, Rome 1825, p. XXXI.

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ff. 1-62 chaîne sur les Douze (ordre hébreu)

ff. 62-139 chaîne sur Isaïe

ff. 139v-191 chaîne sur Jérémie et suppléments

ff. 191v-236 chaîne sur Ézéchiel

ff. 236-261 chaîne sur Daniel

Le f. 139v est occupé par les différents prologues à la chaîne évoqués ci-dessus et la

chaîne commence véritablement au f. 140.

Comme dans le Chisianus, les extraits patristiques encadrent sur trois côtés (supérieur,

extérieur et inférieur) un texte biblique écrit sur une seule colonne. Comme dans le

Chisianus encore, les noms des auteurs, le plus souvent abrégés, apparaissent en majuscule

dans le corps du texte et seulement parfois dans la marge supérieure, lorsqu'un nouvel

extrait commence une nouvelle page. Comme dans le Chisianus toujours, la numérotation

des lemmes bibliques apparaît dans la marge du texte biblique et est rappelée dans la marge

du commentaire au niveau de chaque extrait. Les brèves notations hexaplaires ou

exégétiques qui constituent le troisième niveau du texte sont placées dans les marges situées

entre le texte biblique et les extraits patristiques, mais ne sont pas contournées par les

extraits, contrairement aux gloses du Chisianus. Des numéros de chapitres ont été insérés

tardivement. Enfin, texte biblique, extraits patristiques et gloses sont copiés à l'encre marron

foncé, sans aucune couleur pour rehausser les initiales des lemmes ou des extraits, les noms

des auteurs ou la numérotation.

Il faut signaler que le volume des lettres est très petit et que la disposition est très

resserrée : sur une page de l’Ottobonianus, il y a l’équivalent de deux pages du Chisianus126.

D’autre part, on remarque que le manuscrit comporte de nombreuses erreurs (fautes

d’orthographe, d’iotacisme ou autres) qui donnent l’impression d’un texte beaucoup moins

soigné que celui du Chisianus.

Contrairement au Chisianus et à tous les autres manuscrits de la famille B1, il n'y a pas

de trace du texte d'Épiphane sur la vie de Jérémie en conclusion de la chaîne. 126 Cf. Planche 6.

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Vaticanus gr. 1153-1154127 (siglum V = Rahlfs 97)

XIIe s., parchemin, 505×370 mm., 339 ff. 128 (1153), puis 127 ff. 129 (1154), 54 ll.130,

deux types de réglure à linéation simple non répertoriés131.

Le manuscrit, alors en un seul volume, appartenait déjà à la Bibliothèque du véritable

fondateur de la Bibliothèque Vaticane, le pape Nicolas V (1447-1455), puisqu'il figure sur

une liste de prêts consentis en 1455 au cardinal Isidore de Russie. Le manuscrit apparaît

avec une cote unique, témoignant d'un volume unique, dans les inventaires successifs

jusqu'en 1548. En 1559, il est signalé comme un ouvrage en deux volumes et on peut donc

supposer que c'est au cours de ces dix ans que le manuscrit a subi cette tranformation132. Les

reliures des deux volumes sont identiques : elles sont en cuir marron clair ; les plats

supérieur et inférieur sont décorés d'un cadre doré stylisé et les sept nerfs visibles sur le dos

sont entourés de lignes dorées. Sur le dos, apparaissent aussi, en doré, un blason de Pape,

ainsi que la cote et des motifs décoratifs.

Comme dans le Chisianus gr. 45, des miniatures des prophètes précèdent chacun des

livres. Elles sont toujours peintes sur le verso d'un folio dont le recto est écrit (ou sur le

127 Inventarium codicum Vaticanorum Graecorum 993-2160 (Sala Cons. Mss. 323), pp. 142v°-145v° ; M. Faulhaber, pp. 7-10 ; G. Karo & H. Lietzmann, p. 332 ; A. Rahlfs, p. 257 ; L. Vianès, pp. 113-114. J'ai pu largement corriger et compléter les informations données par les catalogues en consultant le manuscrit à la Bibliothèque Vaticane. 128 Les folios 331 à 340 sont en papier et datent du XVIe s. Le folio 317 n'existe pas ; c'est pourquoi il y a 339 folios et non 340. La foliotation est tardive, postérieure à la reliure en deux volumes, car elle ne prend pas en compte les folios des miniatures arrachées et recommence au début du deuxième volume. 129 Les signatures des cahiers sont copiées en minuscule à l'encre rouge, marron ou noire. Celles des livres d'Ézéchiel et Jérémie ont été corrigées dans un deuxième temps. Le manuscrit est composé de 61 cahiers dont 56 quaternions, 2 ternions (cahiers 28 et 37), 1 binion (cahier 61) et 2 bifeuillets (cahiers 49 et 60). Il y a en outre un folio isolé au début du codex 1153 et deux folios montés sur onglet dans les cahiers 3 et 26. Il faut signaler enfin un folio manquant dans le cahier 2, deux folios manquants dans le cahier 30 après la miniature d'Ézéchiel, les trois folios des miniatures de Jonas, Joël et Jérémie qui ont été arrachés des cahiers 2, 4 et 41, une lacune d’un folio dans le cahier 42 et d'un cahier entier (43) entre les deux volumes. 130 Cette donnée ne concerne que les extraits patristiques, car la longueur du texte biblique est variable d'une page à l'autre. 131 Le premier type de réglure est réservé à la chaîne sur les Douze, tandis que le deuxième est réservé à la chaîne sur les quatre grands prophètes. Le deuxième type de réglure est en partie identique au modèle K24D2 et en partie identique au modèle K24E2 du répertoire Leroy-Sautel (p. 243), puisque les lignes rectrices sont tantôt tracées entre les lignes de justification de la page et tantôt entre les lignes de justification de chacune des colonnes. 132 Cf. R. Devreesse, Le fonds grec de la Bibliothèque Vaticane des origines à Paul V, Studi e Testi 244, Vatican 1965.

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recto d'un folio dont le verso est écrit). Elles sont placées soit entre les prologues et le début

de la chaîne, sur la page de gauche faisant face au début de la chaîne133, ou sur la page de

droite faisant face aux prologues134, soit avant les prologues, sur la page de gauche faisant

face au début des prologues135. Les miniatures de Joël (en face du f. 14v), de Jonas (en face

du f. 31v), de Daniel136 et de Jérémie (en face du f. 42v du 1154) ont disparu, de même que

le texte qui se trouvait de l'autre côté de la page, le cas échéant. Elles ont laissé quelques

traces de couleurs sur le folio auquel elles faisaient face.

Il faut ici considérer l'ensemble constitué par le Vaticanus gr. 1153 et le Vaticanus

gr. 1154, puisque ce sont les deux volumes d'un même manuscrit :

(cod. 1153)

ff. 2-78 chaîne sur les Douze (ordre hébreu). Manquent le prologue général à la chaîne

et les prologues à Osée.

ff. 78v-236 chaîne sur Isaïe

ff. 236v-326v chaîne sur Ézéchiel. Manquent les prologues.

ff. 327-340v chaîne sur Daniel. Manquent la fin des prologues et le début de la chaîne.

(cod. 1154)

ff. 1-41v fin de la chaîne sur Daniel

ff. 42-127v chaîne sur Jérémie et suppléments

On constate que l'ordre des prophètes est perturbé : Jérémie est placé en dernière

position. Loin d'attribuer cela à une simple erreur de reliure, J. Lowden l'interprète comme

133 C'est le cas pour Osée, Abdiou, Aggée, Zacharie et Ézéchiel (dont la miniature est copiée sur le verso de la conclusion à Isaïe et dont les prologues sont manquants). 134 C'est le cas pour Michée, Sophonie, Malachie, Isaïe, Naoum et sans doute Joël. Il faut signaler qu'après les prologues à Isaïe qui se terminent en haut du f. 83r, le reste du folio est laissé blanc. 135 C'est le cas pour Amos et Ambakoum et c'était sans doute le cas pour Jonas et Jérémie. 136 Il est difficile de savoir quelle était la place exacte de la miniature de Daniel : je ne pense pas qu’elle se trouvait sur le folio manquant du cahier 42 (dernier cahier du premier volume), car on ne voit pas de trace laissée par les couleurs de la miniature sur un autre folio, mais elle se trouvait plutôt sur un des folios du cahier 43 qui est entièrement manquant.

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un accident beaucoup plus complexe137. Les livres de Jérémie et d'Ézéchiel commencent

tous deux avec un nouveau cahier et la signature du premier cahier d'Ézéchiel semble avoir

été dans un premier temps alpha, comme si le scribe voulait que le relieur commençât un

nouveau volume pour Ézéchiel et Daniel. À gauche de cet alpha et des signatures de cahiers

suivantes copiés à l'encre pourpre, le copiste a ajouté dans un deuxième temps à l'encre

marron un lambda, de telle sorte que le premier cahier d'Ézéchiel (la 31) suit le dernier

cahier d'Isaïe (l 30). D'autre part, J. Lowden signale que toutes les signatures de cahiers de

Jérémie ont été effacées dans un deuxième temps, ce que j'ai pu en effet observer sur le

manuscrit. Selon lui, donc, le copiste comptait bien au début suivre l'ordre habituel, mais il a

changé d'avis avant la reliure en corrigeant les signatures de cahiers. L'origine de cette

interversion pourrait être une erreur de l'artiste qui aurait peint la miniature d'Ézéchiel, et

non celle de Jérémie, sur la page blanche réservée pour l'illustration à la fin de la chaîne sur

Isaïe (f. 236v)138. Le copiste aurait sans doute ainsi préféré garder la cohérence entre la

miniature et le texte plutôt que de respecter l'ordre canonique des prophètes. J. Lowden

signale que dans la confusion, les préfaces à Ézéchiel auraient disparu, sans que l'on puisse

savoir si elles se trouvaient sur les deux feuillets manquants à la fin de Jérémie ou sur un

bifolio séparé. Sur ce point, je ne suis pas d'accord avec J. Lowden et pense que les

prologues d'Ézéchiel devaient se trouver juste après la miniature du prophète, sur les deux

feuillets qui manquent au cahier 30. En outre, il n'y a pas de bifeuillet manquant à la fin de

Jérémie, mais la succession d'un bifeuillet (ff. 122-123) et d'un binion (ff. 124-127).

Au f. 42r-v du cod. 1154, se trouvent les prologues à la chaîne sur Jérémie, qui

commence au f. 43. Les extraits patristiques encadrent sur un (extérieur), deux (extérieur et

inférieur) ou trois côtés (supérieur, extérieur et inférieur) un texte biblique écrit sur une

seule colonne. La même écriture et la même encre marron sont utilisées pour le texte

biblique et les extraits patristiques. L'initiale du livre de Jérémie est copiée à l'encre rouge.

Les noms des auteurs, toujours abrégés et copiés à l'encre marron, apparaissent le plus

137 J. Lowden, Illuminated Prophet Books. A study of Byzantine Manuscripts of the Major and Minor Prophets, Pennsylvania 1988, p. 33. 138 Dans ce manuscrit en effet, les miniatures ne sont pas ajoutées sur des feuillets volants, comme dans le Chisianus. Les portraits des prophètes sont peints sur des pages préparées dans un premier temps pour recevoir le texte, mais laissées ensuite blanches aux endroits appropriés pour les miniatures.

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souvent dans les marges à côté de la numérotation et parfois seulement dans le corps du

texte. Le système de numérotation est tout à fait semblable à celui du Chisianus et de

l'Ottobonianus139. Pour le premier folio de la chaîne sur Jérémie, la numérotation des

lemmes bibliques est copiée à l'encre marron, tandis que celle des extraits patristiques est

copiée à l'encre rouge. Pour les folios suivants et le reste du manuscrit, c'est exactement

l'inverse.

Dans les marges, en face de certains passages du texte biblique, se trouvent des

annotations liturgiques copiées à l'encre rouge (en particulier aux ff. 43, 44, 44v et 49).

Au f. 127v, en conclusion de la chaîne, se trouve la deuxième recension du texte

d'Épiphane sur la vie de Jérémie.

Parisinus gr. 158140 (siglum P = Rahlfs 567)

XIIe s., parchemin, 400×300 mm., 69 ff., 57 ll., type de réglure unique à linéation

double141, reliure Louis XIV en cuir rouge142.

Le manuscrit a appartenu à la bibliothèque de la Théotokos d’Agria, comme l’atteste la

note de possession inscrite au f. 2143 : bivblo" monh'" jAgriva"144, puis à la bibliothèque de

Colbert.

Le manuscrit est très abîmé par l'eau (dans le coin supérieur droit pour les recto et

gauche pour les verso jusqu'au f. 41 surtout). Les ff. 1, 3, 4, 17, 39, 44, 46, 47, 68 et 69 ont

été partiellement découpés et sont donc mutilés. Il y a donc de fréquentes lacunes de texte.

139 Cf. Planche 7. 140 H. Omont, Inventaire sommaire des manuscrits grecs de la Bibliothèque nationale et des autres bibliothèques de Paris et des Départements, t. I, Paris 1886, p. 19 ; G. Karo & H. Lietzmann, p. 344 ; A. Rahlfs, p. 203. Dans tous ces catalogues, la description du manuscrit est très peu détaillée. Ma description est le résultat d'une consultation approfondie du manuscrit à la Bibliothèque Nationale de France. 141 Cf. note 124 p. 42. 142 La tranche est décorée de fleurs de lys et du chiffre du roi – deux L entrelacés – ; sur le plat supérieur, se trouve le blason du roi surmonté de la couronne. Il y a une croix de Malte sous le blason. 143 Une main plus récente a indiqué aux ff. 10v et 27v : biblivwn th'" aJgiva" jAgriva". 144 Ce monastère de la partie occidentale de Chypre semble avoir été particulièrement florissant du Xe au XII

e s. Cf. Les manuscrits grecs datés des XIIIe et XIVe siècles conservés dans les bibliothèques publiques de France, t. II (Première moitié du XIVe siècle), P. Géhin et alii, Paris 2005, notice 22, p. 58.

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D'autre part, si l'on observe les signatures de cahiers qui subsistent145, on peut affirmer

que le manuscrit devait à l'origine comporter 14 quaternions et donc 112 folios, au lieu des

69 actuels. Il semble qu'il y ait 5 lacunes d'importance inégale. La première lacune est celle

d'un seul folio après l'actuel f. 8. On peut signaler la lacune de 10 folios du cahier D et du

cahier E, de 6 folios du cahier Z, des deux cahiers H et Q (= 16 ff.), du cahier IA (8 ff.),

des deux premiers folios du cahier IG, ce qui fait bien un total de 112 folios. Ces lacunes de

folios sont aussi des lacunes de texte.

Ce manuscrit ne donne que la chaîne sur le livre de Jérémie et ses suppléments. Un

corpus si limité peut surprendre pour un manuscrit du XIIe siècle. Pourtant, alors que la

foliotation est certainement plus tardive, parce qu'elle ne prend pas en compte les

nombreuses lacunes du texte, les signatures de cahiers sont portées par la main du copiste à

l'encre marron et en majuscule. Comme elles commencent à A, le livre de Jérémie était donc

le premier du manuscrit, mais il était peut-être suivi par d'autres livres prophétiques ou

d'autres textes.

Au f. 1r-v se trouvent les prologues à la chaîne et au f. 2, le début de la chaîne. Le titre

du livre est copié à l'encre rouge au-dessus du texte biblique.

Le texte biblique, écrit sur une colonne avec une écriture plus ample et les initiales des

lemmes à l'encre rouge, est encadré sur trois côtés (supérieur, extérieur et inférieur) par les

extraits patristiques. Les noms des auteurs, placés dans le corps du texte, mais le plus

souvent abrégés, et les initiales des extraits sont copiés à l'encre rouge. Le système de

numérotation, copié à l'encre rouge, est le même que pour les trois manuscrits du Vatican146.

Au f. 69v, en conclusion de la chaîne, se trouve le texte d'Épiphane sur la vie de

Jérémie.

145 G au f. 16, D au f. 24, ² au f. 30, Z au f. 38, I au f. 40, IB au f. 48, ID au f. 62. Les signatures des deux premiers cahiers ne sont pas visibles : pour la première, parce que le bas du f.1 a été découpé, pour la deuxième, parce qu'elle apparaissait sur le folio manquant après le f. 8, comme en témoigne une importante lacune du texte. Les autres signatures de cahiers que l'on ne peut pas voir (E, H, Q, IA, IG) se trouvaient sur des folios aujourd'hui disparus. 146 Cf. Planche 8

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Parisinus gr. 159147 (siglum Q = Rahlfs 568)

XIIIe s., papier non filigrané, 360×250 mm., 470 ff.148, 52 ll., deux types de réglure :

U01/3b et U01/2b149.

Le manuscrits a été possédé par Théodosios Prinkips150, puis par le cardinal N. Ridolfi

(†1550), P. Strozzi (†1558) et Catherine de Médicis151. Il est parvenu à la Bibliothèque de

Fontainebleau peu après 1550.

Le manuscrit se présente sous une épaisse reliure en cuir noir avec des médaillons

bruns aux armes de Henri II sur les plats supérieur et inférieur, avec un encadrement

d'arabesques dorées et argentées et un titre doré en majuscule de type épigraphique sur le

plat supérieur : EXHGHSIS EIS TOUS PROFHTAS152.

Le manuscrit commence au f. 2. Les ff. 2 à 25 et 87 sont très abîmés. Le f. 382r-v est

blanc.

La chaîne sur Jérémie clôt un ensemble sur les petits et grands prophètes.

147 H. Omont, Inventaire sommaire des manuscrits grecs de la Bibliothèque nationale et des autres bibliothèques de Paris et des Départements, t. I, Paris 1886, p. 19 ; G. Karo & H. Lietzmann, pp. 332-333 ; A. Rahlfs, pp. 203-204 ; L. Vianès, pp. 115-118. 148 Le volume est composé de 60 cahiers dont 56 quaternions, trois ternions (cahiers 28, 30 et 38) et un binion (cahier 49). Il manque un folio dans les six premiers cahiers assez mutilés et dont les signatures sont illisibles : peut-être s'agit-il du premier folio du recueil, puisque le texte de la chaîne ne commence qu'en Os 2. Il faut signaler un folio supplémentaire au cahier 26. Les signatures de cahiers, visibles à partir du cahier 7 (z), sont copiées en majuscule à l'encre rouge dans le coin inférieur droit du recto du premier folio et dans le coin inférieur gauche du verso du dernier folio. Elles sont, pour certains cahiers, rappelées en lettre minuscule au bas de chacun des folios. 149 Cf. Répertoire Leroy-Sautel, p. 256. Le premier type de réglure est réservé à la chaîne sur les petits prophètes et le deuxième à celle sur les grands prophètes. Ils sont tous deux caractérisés par l'absence de lignes rectrices, courante pour les manuscrits de papier à partir du milieu du XIIIe s. (cf. J. Irigoin, « Typologie et description codicologique des manuscrits de papier », in Paleografia e Codicologia greca. Atti del II Colloquio internazionale (Berlino-Wolfenbüttel, 17-21 ottobre 1983), D. Harlfinger et G. Prato (dir.), Alexandrie 1991, t. I, pp. 294-295). 150 Patriarche d'Antioche de 1278 à 1283, après avoir été moine près d’Antioche et hiéromoine près de Constantinople ; dit « Prinkips » parce qu’il est un descendant du Villehardouin gouverneur d’Achaïe (cf. PLP, t. IV, Vienne 1980, p. 18, n°7181). 151 Cf. G. Mercati, « Il testo dell'Aldina », Biblische Zeitschrift VIII, 1910, pp. 337-338 = Opere minori III, Studi e Testi 78, Rome 1937, pp. 122-123. 152 Cette reliure a sans doute été réalisée vers 1552 dans l'atelier de Fontainebleau (proximité avec l'exemple de l’In-folio. Rés. Vélins 121, cf. M.-P. Laffitte & F. Le Bars, Reliures royales de la Renaissance, La librairie de Fontainebleau 1544-1570, BNF, Paris 1999, p. 145). Le décor est composé de fers héraldiques variés (chiffre d'Henri II et de Diane de Poitiers, fleurs de lys, triple croissant, carquois, arc).

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ff. 2-78 chaîne sur les Douze : le début est mutilé et les prologues (prologue général et

prologues à Osée) sont donc absents ; le texte commence en Osée 2 et l'ordre des prophètes

suit celui de l'hébreu

ff. 78v-236 chaîne sur Isaïe153

ff. 237-326 chaîne sur Ézéchiel

ff. 326v-382v chaîne sur Daniel (f. 382r-v vacuum)

ff. 383-468v chaîne sur Jérémie et suppléments

ff. 469-470 textes patristiques (Hippolyte, Commentaire sur Daniel, IV, §30-31 puis

§23-24 ; textes anonymes sur les noms allégoriques des prophètes et sur la répartition des

livres entre petits et grands prophètes) et imprécations de Théodosios Prinkips contre les

éventuels voleurs154.

Le f. 383r-v est consacré aux prologues de la chaîne que surplombe une ligne à l'encre

rouge en haut du folio et la chaîne commence au f. 384. La chaîne encadre sur trois côtés

(supérieur, extérieur et inférieur) un texte biblique écrit sur une seule colonne dans une

écriture différente (abréviations rares et forme des lettres différente). Le titre jIeremiva"

apparaît en minuscule rouge au-dessus du texte biblique. Les noms des auteurs patristiques

ressortent en rouge dans le corps du commentaire ; ils sont le plus souvent abrégés. Le

système de numérotation des lemmes bibliques et des extraits patristiques, copié à l’encre

rouge, est identique à celui des manuscrits précédents155.

Comme dans le Vaticanus gr. 1154, on lit parfois des indications de type liturgique

dans les marges (par exemple aux ff. 384r-v, 385 et 390). Ces indications sont copiées à

l'encre rouge.

153 Au folio 236v, se trouvent deux textes sur Jérémie : du Pseudo-Athanase, un extrait de la Synopsis Scripturae Sacrae et la recension de Dorothée du De Prophetarum Vita et Obitu (dont on trouve la deuxième recension d'Épiphane en conclusion de la chaîne au f. 468v). Ces textes ne sont pas présents dans le Vaticanus gr. 1153 sur lequel semble pourtant avoir été copié ce manuscrit. 154 D’autres manuscrits de sa bibliothèque (Vindobonensis hist. gr. 76, Vaticanus gr. 401, Vaticanus gr. 1219, Ottobonianus gr. 259, Ambrosianus A. 176 sup.) sont pourvus de ce même anathème (cf. G. Mercati, Anal. Boll. 68 (1950), pp. 219-221). 155 Cf. Planche 9.

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Pii II 18156 (siglum X)

XVIe s., papier, 310×230 mm., 3 t.157, 728 ff., 27 ll.

Les ff. 1-256 et 529-728v ont été copiés par Jean Saintemaure pour la Bibliothèque

Vaticane en 1593158.

La chaîne sur Jérémie inaugure un ensemble sur les prophètes, surprenant par son

contenu, du fait de la présence d’Habacuc au milieu des grands prophètes, et par l’ordre des

textes, qui est différent de l’ordre habituel grec Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, Daniel159.

Il apparaît que le volume est composé de trois parties, mises en valeur par la nouvelle

division en trois tomes : la première partie (ff. 1-256) contient la chaîne sur Jérémie, la

deuxième (ff. 257-528v) contient une chaîne sur Ézéchiel qui a d'abord constitué un

manuscrit indépendant, puisque l'on peut voir une ancienne foliotation qui va de 2 à 277 et

que l'écriture se distingue de celle du reste du manuscrit ; enfin, la troisième partie (ff. 529-

728) contient des chaînes et commentaires sur Habacuc, Isaïe et Daniel. Il n’y a pas

d'incipit ou d'explicit, ni de signatures de cahiers pour mettre en lumière la cohérence de ce

dernier ensemble. Il est d'ailleurs difficile, pour l'ensemble du manuscrit, de distinguer les

différents cahiers à cause de la nouvelle reliure.

ff. 1-256 chaîne sur Jérémie et suppléments

ff. 257-528v chaîne sur Ézéchiel

ff. 529-540 chaîne sur Habacuc (sans prologues ni lemmes bibliques)

ff. 541-582 commentaire de Cyrille d'Alexandrie sur Habacuc

156 H. Stevenson, Bibliothecae Apostolicae Vaticanae codices manuscripti graeci Reginae Suecorum et Pii PP II, Rome 1888, pp. 143-145 ; M. Faulhaber, pp. 20-21 ; L. Vianès, pp. 124-126. J'ai pu largement corriger et compléter les informations données par les catalogues en consultant le manuscrit à la Bibliothèque Vaticane. 157 Le manuscrit a été restauré très récemment (29 février 1999) et relié à cette occasion en trois tomes séparés. 158 RGK III n°299 (t. 3A, pp. 116-119) ; M. Faulhaber (p. 93), suivi par L. Vianès (p. 124), voit étrangement dans cette chaîne sur Jérémie un autographe du moine M. Ghisleri préparant son édition des commentaires de Jérémie. La souscription donnant la date, le lieu de copie et le nom du copiste se trouve en haut du f. 582. 159 Cf. P.-M. Bogaert, « Septante », in SDB, t. XII, Paris 1993, col. 542-543 ; H. B. Swete, An Introduction to the Old Testament in Greek, Cambridge 1914, pp. 201-202 ; cf. « Le corpus prophétique d'après le témoignage des chaînes exégétiques » infra, pp 150-153.

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ff. 583-622v chaîne sur Isaïe sans doute partielle (sans prologues ni lemmes bibliques)

ff. 623-728v chaîne sur Daniel (sans prologues ni lemmes bibliques)

La chaîne sur Jérémie commence directement au f. 1. Les prologues sont placés entre

Baruch et Lamentations (ff. 206-209v)160. Elle se présente comme une collection continue

d'extraits d'auteurs patristiques dont les noms, le plus souvent abrégés, sont indiqués à la

fois dans le corps du texte et dans les marges à côté de la numérotation161. Les lemmes

bibliques concernés par les commentaires sont absents pour Jérémie, mais présents pour les

suppléments. L'ensemble est copié à l'encre noire, sans couleur.

La conclusion de la chaîne que constitue le texte d’Épiphane sur la vie de Jérémie se

trouve aux ff. 255v-256.

b) La tradition textuelle de la famille B1162

Si l'on prend tout d'abord en compte la datation des manuscrits, deux témoins anciens

se distinguent, le Chisianus gr. 45 (C) et l’Ottobonianus gr. 452 (O), datant respectivement

des Xe et XIe siècles. Viennent ensuite le Vaticanus gr. 1154 (V) et le Parisinus gr. 158 (P),

datant tous deux du XIIe siècle, puis le Parisinus gr. 159 (Q), du XIIIe siècle. Enfin, on trouve

le Pii. II 18 (X) plus tardif, datant du XVIe siècle.

D'autre part, un sondage sur les prologues à la chaîne et sur le début de la chaîne (texte

et commentaires de Jr 1, 1-11) permet de mettre en valeur les différentes filiations, directes

ou indirectes, entre les manuscrits conservés.

On peut commencer par évoquer la parenté entre les deux plus anciens témoins, C et

O, qui est tout d'abord visible dans la disposition du texte biblique. En effet, le texte

biblique copié sur deux pages de C est exactement rassemblé sur une page de O et ce

160 Ce n'est pas un accident de reliure, car la fin des extraits patristiques sur Baruch et le début des prologues à Jérémie sont copiés sur un même bifeuillet. Le problème est par conséquent lié au modèle utilisé par le copiste ou à une omission de ce dernier qu'il rattrape en copiant les prologues à un autre endroit. 161 Cf. Planche 10. 162 Se reporter au stemma p. 59.

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rapport est par conséquent à peu près respecté pour les extraits patristiques. En revanche, il

n'est pas valable pour les prologues (quatre pages dans C et une seule page dans O).

Ces deux manuscrits présentent en outre la version la plus complète de la chaîne,

puisqu’ils sont les seuls à posséder certains extraits. Ils sont les seuls par exemple à donner

le commentaire d'Olympiodore à propos d'Anathoth (extrait 3) : jApo; pevnte milivwn

jIerousalh;m hJ jAnaqwvq. Cet extrait disparaît dans V, Q et X163. Le manuscrit P est à cet

endroit malheureusement mutilé164. Les manuscrits C et O ont donc deux points en

commun : la disposition du texte biblique et des commentaires et l’« exhaustivité » de la

chaîne.

Toutefois, il y a entre eux de nombreuses différences textuelles et structurelles :

− dans l'ordre des mots : eJauto;n katevsthsen a[xion O : katevsthsen eJauto;n

a[xion C (extrait 7e) ;

− dans les cas utilisés : toi'" aujtoi'" gnwrizomevnoi" O : tw'n aujtoi'"

gnwrizomevnwn C (extrait 8c) ;

− dans l'ordre des commentaires, comme en témoigne la différence dans la

succession des extraits 9b et 10a (9b-10a O : 10a-9b C).

Ces différences empêchent de dire que O est copié sur C et invitent à considérer qu’ils

ont un ancêtre commun que j’appelle a165.

J. Lowden affirme que V est une copie de C et qu’il le recopie page par page avec une

disposition des blocs de texte et de commentaire légèrement différente166. Or d’après le

sondage effectué, il n’est pas vrai que V recopie C page par page, comme en témoignent les

changements de folio qui interviennent à des endroits assez éloignés. La différence de

disposition en revanche est bien réelle : dans C, le texte biblique occupe le milieu de la

partie intérieure de la page et est entouré des commentaires sur les trois côtés supérieur,

extérieur et inférieur, tandis que, dans V, le texte biblique occupe la partie supérieure à

163 Il apparaît déjà ici que la chaîne perd certains commentaires lors des copies successives. 164 Comme toujours dans le coin supérieur droit des recto et supérieur gauche des verso jusqu'au f. 41. 165 Cf. L. Vianès, p. 107. 166 J. Lowden, op. cit., pp. 42-43..

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l’intérieur de la page et est entouré le plus souvent des commentaires sur les côtés extérieur

et inférieur seulement.

Les preuves permettant d’affirmer que V est une copie de C résideraient donc dans le

contenu du manuscrit et dans les variantes textuelles plutôt que dans la disposition des blocs

de texte et de commentaire et le suivi page à page. Le manuscrit V est beaucoup plus proche

de C que de O, tant pour l’ordre des commentaires que pour le détail du texte167. Dans le

lemme 6 du texte biblique (= Jr 1, 4), V omet le participe levgwn. Or ce participe n'apparaît

pas dans le corps du texte de C, mais a été ajouté dans la marge. On pourrait donc supposer

que V a copié le texte de C, sans prendre en compte la correction en marge. Toutefois, il

existe de trop nombreuses différences entre C et V pour envisager que l'un ait été copié sur

l'autre. En effet, V a des "plus" par rapport à C dans le texte biblique (ejgw; oJrw' après

uJpokaiovmenon dans le lemme biblique 22 = Jr 1, 13), ne donne pas les variantes hexaplaires

si bien mises en valeur dans C, présente d'assez nombreux changements dans l'ordre des

mots par rapport à C (fhsivn C O : post profhvth" transp. V dans l’extrait 10a ; nu'n C

O : post Qeou' transp. V dans l’extrait 10b) ainsi que des leçons différentes

(paragrafeivsai" C O : grafeivsai" V dans le prologue du caténiste ; e[stai C O : w\si

V dans le prologue du caténiste).

On peut donc penser qu'ils ont plutôt, là encore, un ancêtre commun que j’appelle b.

Contrairement à M. Faulhaber (pp. 10-13) et à L. Vianès (pp. 113-114), je pense qu'il est

abusif de parler du Vaticanus gr. 1153-1154 comme d'un manuscrit dérivé. Il est, à mon

sens, un témoin indépendant de C et il peut donc permettre de rectifier certaines erreurs de

C par rapport à leur ancêtre commun :

− sumbouvloi" V O : sumbovloi" C (dans le prologue de Jean Chrysostome) ;

− douvloi" V O : douvloi C (dans le prologue de Jean Chrysostome) ;

− gewrgiva" V O : gewrgivou" C (dans l’extrait 17b).

Quant au manuscrit Q, il apparaît qu’il est copié sur V. En effet, il présente les

prophètes dans le même ordre que V et omet, comme V, les préfaces à Ézéchiel. De plus, il

a reproduit dans la marge, aux mêmes endroits, des annotations liturgiques présentes dans

167 Cf. infra l’opposition entre un groupe O, P et un groupe C, V, Q, X.

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V. D’autre part, on remarque qu’il a souvent les mêmes changements de folio que V pour

les prologues à la chaîne (même changement de folio par exemple dans le prologue de Jean

Chrysostome après ta; de; safh'), pour le texte biblique (après le lemme 14), ainsi que pour

la chaîne elle-même (même changement de folio avant l’extrait 15a). Cela dit, il faut

signaler qu’il suit la disposition d'ensemble de C avec le texte biblique au milieu de la partie

intérieure de la page et entouré des commentaires sur les trois côtés supérieur, extérieur et

inférieur (cf. supra), mais cela ne signifie pas obligatoirement qu'il ait consulté aussi C, car

il a pu simplement réagencer, par rapport à V, les blocs de texte et de commentaire selon la

disposition la plus courante des chaînes. Pour le texte, il suit le plus souvent V :

− paragrafeivsai" C O : grafeivsai" V Q (dans le prologue du caténiste) ;

− ajout de ejgw; oJrw' après uJpokaiovmenon dans le lemme biblique 22 = Jr 1, 13 ;

− fhsivn C O : post profhvth" transp. V Q dans l’extrait 10a.

Cependant, il procède parfois à des modifications qui lui sont propres (toi'"

kefalaivoi" C V O : th'" kefalaiva" Q). Si, dans le lemme 4 du texte biblique (= Jr 1, 3),

le manuscrit Q ne reproduit pas la faute de répétition que fait V, on peut supposer que le

copiste la rectifie de lui-même168. Le manuscrit Q est ainsi, à mon sens, une copie de V.

Le manuscrit X est très proche de V et Q. Parfois, C présente la même leçon que O et

c'est le groupe V, Q, X qui diffère :

− par l'ordre des mots : to; rJh'ma tou'to V Q X : tou'to to; rJh'ma C O (dans

l’extrait 7a) ;

− par un ajout, par exemple le rappel du texte biblique ejpivstamaiv se avant

l’extrait 7d ;

− par une omission, ainsi celle de l’extrait 7e en entier. Cet extrait est présent dans

C, O ainsi que P – ce qui suggère déjà la parenté de P avec O. Les omissions

d’extraits entiers par V, Q et X sont très fréquentes.

De plus, V, Q et X ont souvent la même manière de citer le nom de Jean Chrysostome

avant les extraits qui lui sont attribués avec tou' Crusostovmou, alors qu'on a le plus souvent

168 Cf. L. Vianès, pp. 116-118.

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dans O : tou' aJgivou jIwavnnou, dans P : jIwavnnou et dans C : jIwavnnou ajrciepiskovpou

tou' Crusostovmou.

Le manuscrit X s'accorde le plus souvent avec V contre Q, quand ce dernier s'en

distingue :

− ta; pravgmata C V X : to; ejsovmenon pra'gma Q au début du prologue de Jean

Chrysostome ;

− X n'a pas l'ajout de Q, to; tevlo" kai;, avant to; kevrdo", plus loin dans le même

prologue ;

− wJ" th;n profhtikh;n cavrin labei'n C V X : eij" to; th;n profhtikh;n cavrin

labei'n Q.

On peut donc penser que X est une copie directe de V169.

Quant au manuscrit P, il s'accorde tantôt avec O et tantôt avec le groupe C V Q X. En

effet, dans le prologue d'Eusèbe de Césarée, semble s'esquisser l'opposition entre deux

groupes : C V Q X et O P avec l'exemple de u{steron dans C V Q X contre u{stera dans O

P ou de goqoliva" dans C V Q X contre godoliva" dans O P. On retrouve la distinction

entre les deux groupes O P et C V Q X dans le prologue anonyme : contre ojktw; ga;r ejtw'n

dans O P, on lit ejtw'n ga;r ojktwv dans le groupe C V Q X. À nouveau, pour le texte

biblique, s'affirme cette distinction (avec l'absence de X qui ne donne pas le texte biblique) :

pour le premier verset, on trouve dans O P : To; rJh'ma tou' Qeou' o} ejgevneto ejpi;

jIeremivan et dans C V Q : To; rJh'ma tou' Qeou' o} ejgevneto ejpi; to;nto;nto;nto;n jIeremivan. On trouve

aussi seulement dans le groupe C V Q la faute ajqwvq pour le nom de lieu ajnaqwvq, même s'il

faut signaler que Q est corrigé dans un deuxième temps par le copiste.

Le manuscrit P est en accord avec O sur des points significatifs :

− l'ordre des extraits 9b et 10a. Les manuscrits O et P présentent d'abord l’extrait de

Jean Chrysostome, tandis que C V Q X présentent d'abord celui de Théodoret ;

− la répétition fautive du groupe en gras de l’extrait 14a de Jean Chrysostome dans

l’extrait 14b de Théodoret : Tou' aJgivou jIwavnnou: tauvth" th'" aijsqhth'"

169 Cf. L. Vianès, pp. 125-126.

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57

eijkovno" ejdeveto oJ profhvth" ejpei; kai; oJ Cristo;" tou'to ejpoivei

ejnefuvshsen aujtoi'" kaivtoi oujk ejdei'to tou' ejmfushvmato"kaivtoi oujk ejdei'to tou' ejmfushvmato"kaivtoi oujk ejdei'to tou' ejmfushvmato"kaivtoi oujk ejdei'to tou' ejmfushvmato" ajll j uJpe;r ajll j uJpe;r ajll j uJpe;r ajll j uJpe;r

plhroforiva" aiJ swmatikai; givnontai eijkovne"plhroforiva" aiJ swmatikai; givnontai eijkovne"plhroforiva" aiJ swmatikai; givnontai eijkovne"plhroforiva" aiJ swmatikai; givnontai eijkovne": Qeodwrhvtou: Aijsqhth'"

eijkovno" oJ profhvth" ejdei'to ejpei; kai; oJ Cristo;" ejnefuvshse toi'"

ajpostovloi" kaivtoi oujk ejdei'to tou' ejmfushvmato"kaivtoi oujk ejdei'to tou' ejmfushvmato"kaivtoi oujk ejdei'to tou' ejmfushvmato"kaivtoi oujk ejdei'to tou' ejmfushvmato" ajllajllajllajll jjjj uJpe;ruJpe;ruJpe;ruJpe;r plhroforiva" plhroforiva" plhroforiva" plhroforiva"

aiJ swmatikai; eijkovne"aiJ swmatikai; eijkovne"aiJ swmatikai; eijkovne"aiJ swmatikai; eijkovne" ou{tw kai; tw'/ jIezekih;l kefali;" ejdovqh biblivou ou{tw

kai; oiJ ajpostovloi glwvtta" oJrw'si purivna". Ta; ga;r ajswvmata diav tino"

eijkovno" e[dei faivnesqai swmatikh'": swvmati ga;r ejntrafei'sa yuch; pro;"

th;n tw'n nohtw'n ajsqenei' katanovhsin.

Mais P s'insère aussi souvent dans le groupe C V Q X. Dans l’extrait 8a, le manuscrit

O, qui comporte une lacune, est isolé : dia; tou'to oJ ajpovstolo" levgei ou}" proevgnw kai;

prowvrisen ajlla; proevgnw kai; tovte prowvrisen contre C V P Q X : dia; tou'to oJ

ajpovstolo" levgei ou}" proevgnw kai; prowvrisen oujoujoujoujk eik eik eik ei\\ \\pen prw'ton prowvrisenpen prw'ton prowvrisenpen prw'ton prowvrisenpen prw'ton prowvrisen ajlla;

proevgnw kai; tovte prowvrisen. Dans d’autres cas, P suit C seul, quand le groupe V Q X

est absent, contre O. On peut supposer que lorsque P s'intègre au groupe C V Q X, c'est que

O est fautif. Les manuscrits O et P seraient alors des copies indépendantes d'un ancêtre

commun que j’appelle g.

Page 58: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

58

Je prendrai, pour illustrer les liens de filiation, l’exemple de l’extrait 16a d'Origène sur

Jr 1, 10 (= lemme 16) :

jWrigevnou":jWrigevnou":jWrigevnou":jWrigevnou": Makavrion to; toi'" tou' Qeou' lovgoi" ejkrizw'sai ta;" tw'n ajntikeimevnwn dunavmewn basileiva" kata; tov: pa'sa futeiva h}n oujk ejfuvteusen oJ pathvr mou oJ oujravnio" ejkrizwqhvsetai, oi|on oiJ ponhroi; dialogismoi; fovnoi moiceivai pornei'ai kai; ta; loipav, peri; w|n th'" futeiva" fhsivn: ejcqro;" a[nqrwpo" tou'to ejpoivhsen: ajfevsthke ga;r oJ qeo;" e[cwn ta; spevrmata kai; oJ diavbolo" kai; w|/ a]n dw'men cwvran, ou|to" ejn hJmi'n speivrei. Kai; ejpi; oijkodomiva" oJ aujto;" lovgo". Fhsi;n gou'n oJ Pau'lo": wJ" sofo;" ajrcitevktwn qemevlion tevqeika, e{kasto" de; blepevtw pw'" ejpoikodomei' kai; ta; ejsovmena. Cristo;" ga;r oJ qemevlio" hJ ajrragh'" kai; a[seisto" pevtra, ejpoikodomei' dev ti" eujsebei'" politeiva" kai; dovgmata wJ" legevsqai Qeou' oijkodomh; ejstev: ta; ejnantiva de; dia; tw'n iJerw'n kataskavptetai lovgwn, o} dei' prw'ton genevsqai kai; ou{tw" oijkodomei'sqai ta; kreivttona: ejgw; gavr, fhsivn, ajpoktenw' kai; zh'n poihvsw.

1. jWrigevnou" C V Q X O : tou' aujtou' P | | tou' O : om. C V Q X P 2. dunavmewn O P : dunavmei" kai; C V Q X | | kata; O P C V X : kai; Q 2-3. oJ oujravnio" O P : om. C V Q X 3. dialogismoi; C V Q O P : logismoi; X | | fovnoi C O P : om. V Q X 4. w|n th'" C V Q X O : h|" P | | futeiva" C V Q P : fuseiva" O X 5. ejfevsthke C V Q X P : ajfevsthke O 8. ejsovmena O P C V X : ejpovmena Q | | hJ O P : kai; C V Q X 9. levgesqai C V P Q X : levgesqw O 10. kataskavptetai O C V Q X : kataskavptesqai P | | o} dei' C V P Q X : a} dh; O

La collation des différents manuscrits sur cet extrait d'Origène met en lumière les

conclusions et problèmes précédemment évoqués : on remarque d'abord la distinction entre

les groupes C V Q X et O P, comme en témoignent les passages où P suit O, quand C V Q

X présente une variante (par exemple ta;" tw'n ajntikeimevnwn dunavmei" kai; basileiva"

C V Q X : ta;" tw'n ajntikeimevnwn dunamevwn basileiva" O P). Il faut noter cependant

que P rejoint parfois le groupe C V Q X contre O, mais il s'agit ici d'un point mineur

(ejfevsthke C V Q X P : ajfevsthke O). Ce groupe C V Q X, auquel peut s'adjoindre P, se

limite parfois à V Q X, qui contient des omissions et des variantes par rapport à C, alors en

accord avec O. Il y a des cas où P ne suit ni O, ni le groupe C V Q X, mais donne une leçon

originale. Le manuscrit Q prend aussi parfois des libertés par rapport à V (eijpovmena O P C

V X : ejsovmena Q). Enfin, le manuscrit X, lui aussi, se distingue de temps en temps de tous

les manuscrits par des leçons innovantes (logismoiv O P C V Q : dialogismoiv X).

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c) Stemma de la famille B1

a (type B) b g Xe C XIe O XIIe V P XIIIe Q XIVe XVe XVIe X (1593)

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d) Famille B2

La chaîne sur Jérémie représentée dans la famille 2 du type B est encadrante dans les

deux manuscrits de Florence, mais continue dans les deux manuscrits de Madrid plus

tardifs. Elle est très abrégée par rapport à celle de la famille B1, comme l'avaient signalé

E. Klostermann et M. Faulhaber. Au début de la chaîne, il n'y a ni le prologue du caténiste,

ni le prologue d'Eusèbe de Césarée, mais seulement le prologue du commentaire de Jean

Chrysostome et le prologue anonyme augmenté d’un court passage inconnu et du texte

d'Épiphane sur le prophète Jérémie évoqué plus haut.

Pour l'ensemble du livre de Jérémie et ses suppléments, la famille B2 est une sélection

de la famille B1, contrairement au cas du livre d’Ézéchiel qui est une sélection récrite de la

grande chaîne sur les chap. 1-27, mais qui reproduit le Commentaire de Théodoret de Cyr

sur les chapitres 27-48170.

Laurentianus V 9171 (siglum L = Rahlfs 90)

Xe s., parchemin, 357×275 mm., 340 ff.172, 58 ll.173

Reliure en cuir bordeau, décorée de motifs floraux, datant de la campagne de reliure

des manuscrits du fonds Plutei, lors de l’ouverture de la Bibliothèque Laurentienne au

public en 1571174.

170 Cf. L. Vianès, p. 128. 171 A. M. Bandini, Catalogus codicum manuscriptorum Bibliothecae Mediceae Laurentianae, supp. E. Rostagno et N. Festa, Leipzig 1961, pp. 19-22 ; A. Rahlfs, p. 65 ; L. Vianès, pp. 129-132. J'ai pu largement compléter les informations données par les catalogues en consultant le manuscrit à la Bibliothèque Laurentienne. 172 Et non pas 336 comme le signalent, à tort, A. M. Bandini et L. Vianès à sa suite, ou 339 comme l'indique A. Rahlfs, car il y a un f. 128bis. 173 Cette donnée concerne les extraits patristiques. Le texte biblique est copié sur deux colonnes de 25 lignes chacune. 174 Cf. site internet de la Biblioteca Medicea Laurenziana : http://www.bml.firenze.sbn.it/cenni_storici.htm.

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Emprunté par Giovanni Pico della Mirandola jusqu'à sa mort en 1494, récupéré alors

par les dominicains du Couvent San Marco à Florence, puis récupéré en 1510 par le

Cardinal Giovanni de' Medici175.

Ce manuscrit appartient avec le Taurinensis B I 2 (chaîne sur les Douze) et le

Hauniensis GKS 6 (chaîne sur les livres de sagesse : Job, Proverbes, Ecclésiaste, Cantique,

Sagesse de Salomon, Siracide) à un groupe appelé « Bible de Nicétas ». Ils auraient tous

trois fait partie d'un projet d'édition de luxe d'une Bible complète commandité par un

personnage de la cour de Constantinople dans le dernier quart du Xe siècle : Nicétas176.

À l'origine, une miniature du prophète concerné précédait chacun des livres : il ne reste

que celle de Jérémie.

Le manuscrit compte 340 folios, puisqu'il y a un folio 128bis. Le volume est composé

de 41 quaternions et d'un binion (pour les prologues de Jérémie aux ff. 124-127) dont les

signatures sont très visibles (= 332 ff.). Les prologues, sauf ceux de Jérémie (6 ff.), les

poèmes dédicatoires (4 ff.), ainsi que la miniature de Jérémie (1 f.) ne sont pas

comptabilisés dans les cahiers. Cela devrait représenter un total de 343 folios, mais il y a

trois folios manquants : un folio dans le cahier 22 entre le f. 179 et le f. 180 (lacune de Jr 36,

13 à 36, 29), le premier folio du cahier 25 (lacune de Jr 51, 2 à 51, 17) situé avant le f. 200

et le dernier folio du cahier 27 (pas de lacune de texte) qui clôt le livre de Jérémie.

La chaîne sur Jérémie se situe au cœur d'une section sur les quatre grands prophètes.

ff. 1-123 chaîne sur Isaïe

ff. 124-221v chaîne sur Jérémie et suppléments

ff. 222-306 chaîne sur Ézéchiel

ff. 306-339 chaîne sur Daniel

175 E. B. Fryde, Greek Manuscripts in the Private Library of the Medici (1469-1510), t. I, Aberystwyth 1996, p. 70. 176 H. Belting et G. Cavallo, Die Bibel des Niketas. Ein Werk der höfischen Buchkunst in Byzanz und sein antikes Vorbild, Wiesbaden 1979.

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62

Aux ff. 124-127, se trouvent les prologues à la chaîne en majuscule alexandrine177. Il y

a ensuite deux pages vides (ff. 127v-128), puis une miniature au f. 128v : Jérémie en pied,

sur un fond doré178, au centre d'un cadre dans lequel est inscrit un extrait du livre de Baruch

(Ba 3, 36 - 4, 1), suivie à nouveau d'une page vide (f. 128bis)179. Au f. 128bisv, se trouve un

cadre décoratif contenant un poème introductif.

La chaîne commence au f. 129. Les extraits patristiques encadrent le plus souvent sur

trois côtés (supérieur, extérieur et inférieur) un texte biblique écrit sur deux colonnes.

Parfois, les extraits encadrent les deux colonnes de texte biblique seulement sur deux côtés,

comme aux ff. 140v ou 141v. À certains endroits de la chaîne, la disposition des

commentaires devient plus complexe, avec différents niveaux d'encadrement (deux niveaux

au f. 164r-v par exemple) et des blocs de texte qui dessinent une forme originale (par

exemple au f. 203, une colonne avec chapiteau, base et renflement en son centre).

Le texte biblique est divisé en paragraphes. Il n’y a pas de saut de ligne, mais la lettre

qui commence la première ligne après le début du paragraphe est copiée à l'encre rouge et

recouverte d'or. Entre les lignes du texte biblique, copiée à l'encre rouge, apparaît une

numérotation selon les 24 lettres de l'alphabet (de a à w avec le ²)180. Les numéros sont

rappelés avant chaque extrait patristique, dans la même encre rouge. Pour les extraits

patristiques, les attributions d'auteurs ne sont pas systématiques : elles apparaissent le plus

177 La majuscule alexandrine, ou onciale de type copte, est une écriture grecque de librairie employée surtout en Égypte entre le Ve et le Xe siècles. Elle est aussi utilisée, comme ici, dans des manuscrits de luxe en minuscule, copiés à Constantinople au Xe siècle, pour mettre en valeur des titres, sous-titres, prologues... (cf. J. Irigoin, « L'onciale grecque de type copte », Jahrbuch der Österreichischen Byzantinischen Gesellschaft VIII, Cologne 1959, pp. 29-51 et G. Cavallo, « La maiuscola tra i secoli VIII-XI », La paléographie grecque et byzantine, colloques internationaux du CNRS (Paris 21-25 octobre 1974), Paris 1977, pp. 95-137). 178 Pour l’étude de la miniature, cf. A. Muñoz, I codici greci miniati delle minori biblioteche di Roma, Florence 1906, p. 24 ; J. Lowden, Illuminated Prophet Books. A study of Byzantine Manuscripts of the Major and Minor Prophets, Pennsylvania 1988 ; K. Weitzmann, Die Byzantinische Buchmalerei des IX und X Jahrhunderts, II t., Vienne 1996, t. I, pp. 26-27 et t. II, pp. 33-34. 179 On peut expliquer certains vides (ff. 128 et 128bis) de la manière suivante : une miniature doit être placée sur le verso d’un folio vide, car le dessin transperce la matière (on aperçoit en effet le cadre de la miniature sur le recto du folio où elle se trouve, de même pour le cadre décoratif du poème introductif). Le vide du f. 127v est en revanche plus difficile à interpréter. Ces vides sont en tout cas le signe qu'il s'agit d'une édition de luxe qui n'économise pas la matière. 180 On peut noter que la numérotation n'est pas parfaitement régulière. Dans la première série, il y a deux fois s et le f est absent. Dans la deuxième série, le copiste a commis une erreur en notant g au lieu de a et le ²manque, tout comme dans les troisième et quatrième séries. Il s’agit bien d’un stigma ², non d’un antistigma, signe critique se présentant comme un sigma lunaire inversé et utilisé dans les manuscrits pour marquer les interversions ou insertions (cf. R. Devreesse, Introduction à l’étude des manuscrits grecs, Paris 1954, p. 74).

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souvent sous la forme d'un sigle tracé à l'encre rouge dans la marge, et parfois entre les

lignes des extraits. Les initiales des extraits patristiques sont, sauf quelques exceptions,

copiées à l'encre rouge et recouvertes d'or181.

Laurentianus XI 4182 (siglum F = Rahlfs 49)

XIe s., parchemin, 350×250 mm., 444 ff.183, 57 ll.184, même reliure que celle du

Laurentianus V 9.

La composition du volume est difficile à mettre en évidence, puisqu’il n’existe pas de

signatures de cahiers et qu’il y a une double foliotation avec un décalage de quelques folios.

La chaîne sur Jérémie se situe au cœur d'un ensemble sur les quatre grands prophètes,

précédé d'un ensemble sur les douze petits prophètes.

f.1r-v calendrier liturgique de la lecture des prophètes (difficilement lisible)

ff. 2-16v prologues aux Douze (selon l'ordre hébreu) puis aux quatre prophètes (f. 17r

vacuum)

f. 17v table des matières de l'ensemble des 16 prophètes

ff. 18-90 chaîne sur les Douze (selon l'ordre grec)185

ff. 90v-175 chaîne sur Isaïe

ff. 175v-285v chaîne sur Jérémie et suppléments

ff. 286-391 chaîne sur Ézéchiel

ff. 391-438 chaîne sur Daniel

ff. 438-444 quelques scholies anonymes sur Ézéchiel et Daniel.

181 Cf. Planche 11. 182 A. M. Bandini, Catalogus codicum manuscriptorum Bibliothecae Mediceae Laurentianae, supp. E. Rostagno et N. Festa, Leipzig 1961, pp. 499-501 ; A. Rahlfs pp. 67-68 ; L. Vianès, pp. 132-134. J'ai pu largement compléter les informations données par les catalogues en consultant le manuscrit à la Bibliothèque Laurentienne. 183 Et non pas 443 comme l'indiquent A. M. Bandini et L. Vianès, ou 440 comme l'écrit A. Rahlfs. 184 Cette donnée concerne les extraits patristiques. Il y a 24 lignes pour le texte biblique. 185 Pour les problèmes liés à l'ordre des petits prophètes dans les manuscrits de chaînes et le cas particulier de ce manuscrit, cf. « Le corpus prophétique d'après le témoignage des chaînes exégétiques » infra, p. 154.

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La chaîne sur Jérémie commence, sans prologue préalable, au milieu du f. 175v juste

après la fin de la chaîne sur Isaïe. En fait, les prologues sont donnés au début du manuscrit

avec tous les autres prologues aux Prophètes. Il faut noter que le manuscrit F n'a pas la

deuxième partie du prologue anonyme correspondant au texte d'Épiphane sur Jérémie.

Le texte biblique est copié à l'encre marron sur une seule colonne au centre de la page ;

il est divisé en paragraphes qui correspondent pour la plupart à ceux du Laurentianus V 9.

Les extraits patristiques sont copiés dans une encre marron plus pâle et encadrent le texte

biblique sur trois côtés (supérieur, extérieur et inférieur), parfois sur le seul côté extérieur

(cf. f. 257v) ou sur deux côtés (supérieur et extérieur ou inférieur et extérieur). Les sigles

des auteurs sont indiqués le plus souvent dans la marge, parfois dans le corps du texte186. Il

y a, entre les lignes du texte biblique, divers signes (obèles, astérisques, métobèles, etc.) qui

servent de signes de renvoi et sont rappelés avant l'extrait patristique correspondant. Les

signes de renvoi, qui sont au nombre de 70 pour Jr 1-4, sont toutefois moins systématiques

que dans le Laurentianus V 9 : ils sont parfois absents et parfois remplacés par la répétition

du lemme biblique concerné avant l'extrait patristique. En outre, certains commentaires sont

directement copiés entre les lignes du texte biblique, au-dessus du terme commenté. La

disposition des extraits est donc beaucoup moins claire que dans le Laurentianus V 9,

d'autant plus que l'ordre dans lequel ils sont présentés est souvent perturbé.

Matritensis 4717187 (siglum M = Rahlfs 435)

XVIe s. (1554 ca.), papier, 351×237 mm., 550 ff., 30 ll.

La chaîne sur Jérémie se situe au cœur d'un ensemble sur les quatre grands prophètes.

ff. 1-293v chaîne sur Isaïe (f. 293v vacuum) 186 Cf. Planche 12. 187 G. De Andrés, Catálogo de los códices griegos de la Biblioteca Nacional, Madrid 1987, pp. 288-290 ; M. Faulhaber (« Kat. spanischen Bibl. », pp. 361-363) a le premier suggéré la similitude de contenu entre ce manuscrit et le Laurentianus V 9, comme nous l'avons rappelé supra p. 33 ; A. Rahlfs, p. 120 ; L. Vianès, p. 134.

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ff. 294-409v chaîne sur Jérémie et suppléments (f. 409r-v vacuum)

ff. 410-485v chaîne sur Ézéchiel

ff. 486-550 chaîne sur Daniel

Après un folio vide (f. 293v), il y a un folio blanc non numéroté sur le recto duquel est

écrit le titre du livre en majuscule de type liturgique188 : jIeremiva". Aux ff. 294-296v, se

trouvent les prologues à la chaîne. Suit un folio vide non numéroté au verso duquel se

trouve le même poème introductif que dans le Laurentianus V 9. La chaîne commence au f.

297 : on remarque une guirlande ornementale en haut du folio sous laquelle se trouve à

nouveau le titre en majuscule de type liturgique.

Il s'agit ici d’une chaîne continue : les versets bibliques sont signalés en marge par des

guillemets et sélectionnés dans le texte selon le commentaire : il n' y a donc pas de lecture

suivie du texte. Les noms des auteurs patristiques sont indiqués sous une forme abrégée

dans les marges189.

Matritensis 4671190 (siglum N = Rahlfs 430)

XVIe s. (1574), papier, 336×232 mm., 769 ff., 28 ll.

Copié en Espagne par le copiste crétois Antonius Calosynas pour l'archidiacre de

Tolède Garcia de Loyasa.

La chaîne sur Jérémie se situe au cœur d'un ensemble sur les quatre grands prophètes.

ff. 1-2 Lettre dédicatoire du copiste Antonius Calosynas à l'archidiacre de Tolède

Garcia de Loyasa (f. 2v vacuum)

188 Écriture monumentale et décorative apparue au Xe siècle, cf. G. Cavallo, « La maiuscola tra i secoli VIII-XI », La paléographie grecque et byzantine, colloques internationaux du CNRS (Paris 21-25 octobre 1974), Éditions du CNRS, Paris 1977, pp. 95-137. 189 Cf. Planche 13. 190 G. De Andrés, Catálogo de los códices griegos de la Biblioteca Nacional, Madrid 1987, pp. 210-212 ; M. Faulhaber, « Kat. spanischen Bibl. », pp. 361-362 ; A. Rahlfs, p. 119 ; L. Vianès, p. 135.

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ff. 3-400v chaîne sur Isaïe (f. 400r-v vacuum)

ff. 401-608v chaîne sur Jérémie et suppléments (ff. 607v-608v vacua)

ff. 609-675v chaîne sur Ézéchiel

ff. 676-769v chaîne sur Daniel

Après le folio 400r-v blanc, les ff. 401-405v sont consacrés aux prologues. Ces

prologues se terminent en haut du folio 405v qui contient, en plus, au milieu de la page, le

poème introductif déjà évoqué. La chaîne commence au f. 406 : on peut remarquer en haut

du folio une guirlande décorative, très stylisée par rapport à celle du Matritensis 4717, sous

laquelle se trouve le titre du livre en majuscule d’imprimerie : jIeremiva".

Là encore, il s’agit d’une chaîne continue : le texte biblique est incorporé au

commentaire et est signalé en marge par des guillemets. De la même manière aussi, il n'y a

pas de lecture suivie du texte biblique, mais les lemmes sont sélectionnés suivant ce sur quoi

portent les commentaires.

Les noms des auteurs patristiques sont signalés sur une ligne entre le texte biblique et

le commentaire ou entre deux paragraphes de commentaire191.

Vaticanus gr. 347192 (siglum W = Rahlfs 36)

XIe s., parchemin, 330×255 mm., 362 ff.193, 28 ll.194, type de réglure 54C2t (ff. 1-24) et

34C2 (ff. 25-361)195.

Le volume est composé de 46 cahiers dont 44 quaternions, un ternion (cahier 37) et un

demi-quaternion (cahier 46).

191 Cf. Planche 14. 192 R. Devreesse, Bibliothecae Apostolicae Vaticanae Codices Vaticani graeci, t. II. Codices 330-603, Rome 1937, pp. 25-27 ; M. Faulhaber, p. 89, note 2 ; G. Karo & H. Lietzmann, p. 346 ; A. Rahlfs, p. 250 ; L. Vianès, pp. 135-136. J'ai pu largement corriger et compléter les informations données par les catalogues en consultant le manuscrit à la Bibliothèque Vaticane. 193 Il y a deux folios 98, et par conséquent 362 ff. et non 361, comme l’indiquent les différents catalogues. La foliotation est copiée en chiffres arabes à l'encre marron clair. 194 Le nombre de lignes concerne ici le texte biblique, car le volume des extraits patristiques est très variable d'une page à l'autre. 195 J.-H Sautel, Répertoire de réglures dans les manuscrits grecs sur parchemin. Base de données établie à l’aide du fichier LEROY et des catalogues récents, Turnhout 1995, pp. 65 et 55.

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Reliure épaisse en cuir rouge-brun pour les deux plats et marron clair pour le dos. Un

cadre doré stylisé décore les deux plats. On voit cinq nerfs sur le dos, entourés de lignes

dorées et, entre eux, dorés, un blason de Pape, la cote et des motifs décoratifs.

La chaîne sur Jérémie s'inscrit dans un ensemble sur les grands prophètes, précédé par

un ensemble sur les petits prophètes.

ff. 1-65v chaîne sur les Douze

ff. 65v-143v chaîne sur Isaïe

ff. 144-247 chaîne sur Jérémie et suppléments

ff. 247v-328 chaîne sur Ézéchiel

ff. 328-361 chaîne sur Daniel

Les extraits patristiques encadrent sur un, deux ou trois côtés, selon les folios, un texte

biblique sur deux colonnes remplissant presque complètement la page196.

Au-dessus du texte biblique, au f. 144, se trouve le titre, copié en majuscule pourpre :

profhteiva jIeremivou ID197. Il y a, au-dessous du titre, un motif décoratif peint en pourpre,

bleu et vert. Pour le texte biblique, l'encre est foncée, presque noire, mais certains passages

(par exemple le préambule, Jr 1, 1-3), ainsi que les initiales de paragraphes, sont copiés à

l'encre pourpre. Les commentaires patristiques sont rares : il ne s'agit que de quelques brefs

extraits, précédés généralement du nom de l'auteur. Ils sont copiés dans une encre marron

très pâle et dans une écriture beaucoup plus petite, plus abrégée et plus cursive. Il s'agit sans

doute du même copiste qui aurait procédé en deux temps : d'abord la copie du texte

biblique, puis la copie des extraits patristiques. Il y a des signes de renvoi qui apparaissent, à

l'encre marron, entre les lignes du texte biblique et devant les extraits patristiques, mais ils

ne sont pas systématiques.

196 Cf. Planche 15. 197 Le chiffre 14 désigne le rang du prophète Jérémie dans l'ensemble des seize petits et grands prophètes. Dans ce manuscrit, chaque titre de livre prophétique est accompagné du chiffre de son rang.

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M. Faulhaber a cru que ces extraits étaient tirés de la famille B1, parce qu'il ne

connaissait pas la famille B2, qui n'était pas représentée dans les manuscrits romains198.

L. Vianès a rectifié cette affirmation pour Ézéchiel, en précisant que les extraits du

Vaticanus gr. 347 sont bien des fragments récrits et abrégés de ce qu'elle appelle la chaîne

de type II (c'est-à-dire pour nous la famille B2). Elle suggérait par conséquent, à juste titre,

que pour les autres grands prophètes aussi, la famille B2 était à l'origine des fragments.

Dans l'exposé que je consacrerai plus loin aux relations entre les témoins de la famille B2, je

donnerai des arguments et des exemples pour étayer cette hypothèse199.

e) La tradition textuelle de la famille B2200

Le premier critère de parenté entre ces manuscrits tient à la différence de contenu par

rapport à la famille B1 : pas de prologue du caténiste, ni de prologue d'Eusèbe de Césarée,

mais le prologue de Jean Chrysostome et le prologue anonyme suivi d'un passage antijuif

d'origine inconnue, du texte d'Épiphane et d'un poème introductif. Notons tout de même que

le manuscrit F n’a pas le texte d’Épiphane, ni le poème introductif et que le manuscrit W ne

possède aucun des prologues. Les commentaires patristiques contenus dans ces manuscrits

sont en outre bien moins nombreux et très abrégés par rapport à ceux de la première famille.

D'autre part, des critères textuels (ajouts, omissions, ordre différent des commentaires)

viennent consacrer l'unité de cette famille en opposition à la première. On peut souligner par

exemple le saut du même au même qui leur est commun dans le passage suivant du

prologue de Jean Chrysostome : les manuscrits de la famille B1 donnent : Kajkei'na me;n

ejkbh'nai dei' tau'ta de; ouj pavntw"pavntw"pavntw"pavntw" tiv ga;r o[felo" prorrhvsew" ejp j wjfeleiva/ yucw'n

legomevnh" o{te pavntw"pavntw"pavntw"pavntw" e[stai ta; qespizovmena mhdemivan ejk tou' ejf j hJmi'n

metabolh;n ejndecovmena. Tous les manuscrits de la famille B2 (L F M N) omettent le texte

qui se trouve après le premier pavntw" pavntw" pavntw" pavntw" et reprennent le fil du texte après le second pavntw"pavntw"pavntw"pavntw",

ce qui donne : Kajkei'na me;n ejkbh'nai dei' tau'ta de; ouj pavntw"pavntw"pavntw"pavntw" e[stai ta; qespizovmena

mhdemivan ejk tou' ejf j hJmi'n metabolh;n ejndecovmena. On peut encore évoquer

l'omission significative dans L, F, M et N du groupe kai; met j ojlivga qui vient marquer à 198 Cf. M. Faulhaber, p. 89, note 2. 199 Cf. infra, pp. 70-71. 200 Cf. stemma p. 73.

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deux reprises une pause dans le prologue de Jean Chrysostome dans les manuscrits de la

famille B1, ainsi que du groupe kai; meq j e{tera qui marque une pause dans le prologue

anonyme des manuscrits de la famille B1.

Pour ce qui est des liens internes à la famille B2, si l'on prend tout d'abord en compte

la datation des manuscrits, on distingue les manuscrits de Florence (L et F) qui datent des Xe

et XIe s. et les manuscrits de Madrid qui datent tous deux du XVIe s. (1554 pour M et 1574

pour N).

Pourtant, un groupe L, M, N apparaît à côté du manuscrit F plus isolé. En effet, L, M

et N ont de nombreux points communs et traits distinctifs :

− le corpus des quatre prophètes uniquement, contre le corpus des 16 dans F ;

− le texte d’Épiphane, que F omet ;

− la présence d'un poème introductif placé au milieu du folio qui précède le début

de la chaîne ;

− la présence dans la marge de droite de la première page de la chaîne sur Jérémie

de l'annotation suivante, dont l'origine est assez obscure : o{ti ajsavfeia givnetai

kai; para; provswpon kai; para; pra'gma kai; ejk th'" tw'n legovntwn

ijdiovthto" (« que le manque de clarté dépend du personnage, de l'action et de la

personnalité de ceux qui parlent »)201.

− pour les critères textuels, F se détache aussi parfois de cet ensemble comme en

témoigne le groupe galh'" te kai; muw'n que donnent L, M et N dans le

201 Cette notation a tout l'air d'être une définition de rhétorique, mais je n'en ai trouvé aucune trace dans l'Art rhétorique d'Hermogène (trad., intro. et notes par M. Patillon, Paris 1997), ni dans les recueils de définitions profanes et sacrées (C. Furrer-Pilliod, OROI KAI UPOGRAFAI Collections alphabétiques de définitions profanes et sacrées, Studi e Testi 395, Vatican 2000). Le texte ne provient pas non plus des Homélies sur l'obscurité des prophéties de Jean Chrysostome qui insistent davantage sur l'inexpérience des auditeurs que sur la personnalité du locuteur. En revanche, la phrase est proche d'un passage du prologue de Jean Chrysostome qui met en valeur le fait que l'Esprit inspire les idées aux prophètes et que ceux-ci les formulent dans leurs propres termes : GivnetaiGivnetaiGivnetaiGivnetai de; pavlin ajsavfeiaajsavfeiaajsavfeiaajsavfeia kai; para; th;n tou' levgonto" ijdiovthtapara; th;n tou' levgonto" ijdiovthtapara; th;n tou' levgonto" ijdiovthtapara; th;n tou' levgonto" ijdiovthta ejpirrepw'" e[conto" pro;" th;n toiavnde ajpaggelivan (« Mais le manque de clarté dépend encore de la personnalité de l’orateur qui a un penchant pour un certain style. [Et l’Esprit a seulement dit aux prophètes les idées sans les mots. Mais eux se sont exprimés ensuite de manière personnelle. Car il n’a pas recours à eux comme à des instruments inanimés contrairement à l’inspiration des démons mais il a voulu qu’ils prennent connaissance des oracles et qu’ils les disent tous avec leur propre tournure d’esprit.] »). Cf. « Les prologues des chaînes sur Jérémie » infra, pp. 286-289.

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prologue de Jean Chrysostome au lieu de muw'n te kai; galh'" dans les

manuscrits de la famille B1 et F.

Le manuscrit M donne toutes les variantes significatives de L et y ajoute des fautes

(d'orthographe surtout).

Il faut noter la grande ressemblance entre les deux manuscrits de Madrid qui suivent

exactement la même disposition, avec des changements de folio approximativement ou

exactement au même endroit, et présentent le même type d'ornementation fleurie au début

des prologues et au début de la chaîne. De plus, tous deux ne donnent que certains versets

du texte biblique, cités brièvement, qu'ils insèrent aux mêmes endroits dans les

commentaires. Des critères textuels viennent confirmer cette parenté : pour le groupe

mhdemia'" zhtoumevnh" aujtoi'" ajreth'" h] kakiva" (O P C V Q X L F) dans le prologue

de Jean Chrysostome, M et N ajoutent th'" avant ajreth'" et d'autre part N omet aujtoi'". Le

manuscrit N est donc une copie de M dont il omet certains éléments. Il en a toutes les

variantes significatives et y ajoute des fautes, en particulier des sauts du même au même,

comme en témoigne, dans le prologue de Jean Chrysostome, l'omission par N du groupe

ojnomavtwn te kai; a[strwn kai; à cause d'un saut du même au même (floiw'n / fialw'n).

Quant à W, qui ne donne pas les prologues et qui ne contient que de très rares extraits

des commentaires dans les marges, il est difficile d'affirmer sa parenté avec l'une ou l'autre

des familles (B1 et B2) grâce à ce premier sondage sur Jr 1, 1-11. Les indices sont en effet

très limités pour ce début du chapitre 1. Les deux premières scholies données par W

correspondent bien à des scholies sélectionnées par B2 (extraits 1 et 6 de B1), mais celles-ci

sont parfaitement semblables aux extraits de B1, de telle sorte qu'il est impossible de

décider si W extrait les scholies directement de B1 ou par l'intermédiaire de B2. On a

d'ailleurs des indices contradictoires pour le dernier commentaire du sondage (extrait 18),

car W présente au début de l’extrait de Jean Chrysostome, comme la famille B2, un ajout du

membre bakthrivan karuivnhn (qui est en fait un rappel des termes du texte biblique) par

rapport à la famille B1, mais pour la fin de l’extrait, il donne hJ ga;r rJavbdo" plhgh'" ejsti

suvmbolon sans l'ajout final kai; timwriva" de la famille B2.

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Il faut donc poursuivre plus loin le relevé des extraits présents dans W pour affirmer sa

dépendance par rapport à la famille B2. On s'aperçoit d'abord que tous les extraits cités par

W pour les chapitres 1 à 4 ont leur correspondant dans la famille B2 ; or ce serait une

coïncidence bien étrange que W ait fait, directement à partir de la famille B1, exactement la

même sélection que la famille B2. Au f. 144v, W présente, comme la famille B2, un passage

qui agglomère et récrit l’extrait 19e de Théodoret, l’extrait 19c de Sévère et l’extrait 21 de

Jean Chrysostome. Le passage étant parfaitement identique à celui de la famille B2, on ne

peut qu'en déduire que les scholies sélectionnées par W sont tirées d'une première sélection

constituée par la famille B2. Pour l’extrait 68b d'Isidore de Péluse qui est sélectionné dans

B2 et dans W, le manuscrit W donne le même ordre des mots que la famille B2, c'est-à-dire

que le groupe pro;" to;n palivstrofon laovn est déplacé après oJ Qeov".

On peut en outre préciser que W est plus proche de F que de L, M et N. En effet, dans

l’extrait 69a d'Olympiodore, W omet, comme F, l'ajout de L, M et N kai; mataiva par

rapport à la famille B1. Tandis que L, M et N scindent l’extrait 95 de Victor en deux et

intercalent entre les deux parties un extrait de Jean Chrysostome, F et W conservent la

continuité de l’extrait et le donne après celui de Jean Chrysostome. Pour la fin de l’extrait

107b d'Olympiodore, alors que L donne une leçon originale, ejk tw'n yeudwnuvmwn qew'n

kai; mataivwn tai'" eJautw'n yucai'" paravklhsin ejfeurei'n, F et W ont la même leçon

que la famille B1 : ejk tw'n yeudwnuvmwn qew'n th/' yuch/' paravklhsin. Enfin, W rappelle

souvent, juste avant le début de l’extrait, exactement comme F, les termes du texte biblique

sur lesquels va porter le commentaire. On peut donc émettre l'hypothèse que W a copié ses

extraits patristiques à partir d'un ancêtre qu'il a en commun avec F et non de l'ancêtre

commun de L et F. Cette hypothèse pourrait permettre de préciser le stemma de L. Vianès

pour la chaîne sur Ézéchiel202.

Comme je l'étudierai en détail203, il apparaît que la chaîne de la famille B1 transmet

une version complète de la chaîne-prototype, tandis que la chaîne de la famille B2 en

transmet une version abrégée. Le problème est de savoir à quel moment de sa transmission

la chaîne complète a été abrégée. On remarque que la famille B2 est souvent plus proche des

leçons données par O et P que des leçons données par C, V, Q et X :

202 L. Vianès, p. V. 203 Cf. infra, pp. 214-241.

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− dans le prologue de Jean Chrysostome, L, F, M et N n'ont pas l'ajout de C, V, Q et

X : ta;" ejk periovdwn prorrhvsei" après e[cousi ;

− dans le prologue anonyme, L, F, M et N donnent en accord avec O et P ojktw;

ga;r ejtw'n contre ejtw'n ga;r ojktw; dans C, V, Q et X ;

− dans la fin de la chaîne constituée par des commentaires sur la Lettre de Jérémie,

les manuscrits O, P et L, F, M et N donnent lhvyetai contre sthvsetai dans C,

V, Q et X.

On pourrait donc émettre l'hypothèse que la chaîne de la famille B2 a été abrégée à

partir de l'ancêtre commun des deux manuscrits O et P et ainsi ne pas la faire remonter à

l'ancêtre commun a de C et O. L'hypothèse que la famille B2 dépend plus étroitement de la

branche OP pourrait constituer un progrès par rapport au stemma mis en place par L. Vianès

pour la chaîne sur Ézéchiel204. L. Vianès considérait en effet que la chaîne abrégée

dépendait d'un témoin de l'archétype aussi important que l'ancêtre commun de O et C. Il me

semble préférable, au vu des arguments cités ci-dessus, de rattacher la chaîne abrégée à un

ancêtre commun de O et P, même si cela la rend moins importante et intéressante pour

reconstituer l'archétype de la chaîne de la famille B1.

Il serait trop laborieux de signaler les sélections et d'intégrer les leçons de la famille

B2 dans l'apparat critique de la chaîne B1 et il m'a paru préférable de proposer une édition

séparée de cet abrégé. Ce sera ainsi l'occasion d'observer le passage d'une chaîne à une autre

avec les choix littéraires et exégétiques qui leur sont propres.

204 L. Vianès, p. V. ; cf. stemma page suivante.

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f) Stemma des chaînes de type B sur Jérémie

a (type B famille 1)

e b g d d d d (famille 2) Xe C zzzz L

XIe O F W XIIe V P XIIIe Q XIVe XVe XVIe M (1554) N (1574)

X (1593)

NB : Les témoins de la famille abrégée (famille 2) sont en gras.

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2) Présentation des témoins de la chaîne à deux auteurs ou type A

La chaîne à deux auteurs (Théodoret de Cyr et Jean Chrysostome) ne porte que sur les

quatre premiers chapitres du livre de Jérémie. En effet, après ce passage, les extraits

attribués à Jean Chrysostome disparaissent et il ne reste plus que le Commentaire suivi de

Théodoret. Or on ne peut pas parler de chaîne lorsqu’un seul auteur commente le texte

biblique, puisqu’un « enchaînement » exige au moins la présence de deux auteurs205. On est

donc en présence d'une œuvre hybride : chaîne sur Jr 1-4 et commentaire sur Jr 5-52 et

suppléments.

G. Dorival cite cette chaîne parmi les « fausses » chaînes à deux auteurs dans

lesquelles, au lieu d'une alternance systématique entre les commentaires de deux auteurs, il

y a un auteur « de base » qui est complété, pour certains passages, par un second auteur206.

Ici, l’auteur de base serait Théodoret, dont le commentaire est donné en entier, tandis que

des scholies de Jean Chrysostome viennent le compléter seulement sur les chap. 1-4. Cette

chaîne antiochienne appartiendrait alors à la période constantinopolitaine des chaînes qui

débute dès 700-750207. Si on la rapproche de la seconde chaîne théodorétienne sur les

Psaumes, qui utilise elle aussi comme auteur de base Théodoret et comme auteur

complémentaire Jean Chrysostome, on pourrait, d’après les conclusions de G. Dorival, la

dater des années 780-850208.

La chaîne commence par le prologue d'un commentaire de Jean Chrysostome

(différent du prologue de Jean Chrysostome dans la chaîne à auteurs multiples) suivi du

prologue du commentaire de Théodoret. Elle se poursuit ensuite par une alternance stricte

entre les lemmes bibliques pris dans l'ordre du texte, les extraits de Jean Chrysostome et

ceux de Théodoret, selon une disposition continue. Elle est précédée, dans le Bononiensis

gr. 2373, le Monacensis gr. 117 et le Vindobonensis theol. gr. 36, d'un autre prologue de

Jean Chrysostome et d’un prologue anonyme au livre de Jérémie que l’on retrouve tous

deux dans la chaîne à auteurs multiples. Ce fait, en lui-même ténu, illustre peut-être une

influence secondaire de la chaîne à auteurs multiples sur ces trois manuscrits.

205 Cf. « Pour une nouvelle définition des chaînes », supra, pp. 17-20. 206 G. Dorival, Les chaînes exégétiques grecques sur les Psaumes, t. I, p. 37. 207 Ibid., t. I, p. 29. 208 Ibid., t. III, pp. 170-231.

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Les deux manuscrits que nous allons décrire en premier ont déjà été bien repérés par

M. Faulhaber, G. Karo et H. Lietzmann. J'ai eu la satisfaction d'ajouter à leur liste le

Bononiensis gr. 2373 et le Vindobonensis theol. gr. 36, comme témoins de cette chaîne à

deux auteurs209. Quant au manuscrit de Munich, J. L. Schulze, l'éditeur des commentaires

exégétiques de Théodoret de Cyr dans la Patrologie de Migne (d’après l’édition de J.

Sirmond), avait cru y déceler la présence d'un troisième auteur, Origène210. M. Faulhaber

avait, de ce fait, distingué trois types de chaînes sur Jérémie : type A (Jean Chrysostome +

Théodoret de Cyr), type B (nombreux auteurs patristiques) et type C (Jean Chrysostome +

Théodoret de Cyr + Origène), mais il précisait qu'il ne pouvait expliciter les relations entre

les types A et C, parce qu'il n'y avait pas de représentants du type C dans les manuscrits

romains, alors objets de son étude211. Or, cette prétendue présence d'Origène est en fait le

résultat de la mauvaise interprétation d'une note marginale et ce manuscrit constitue bien, lui

aussi, exactement au même titre que les autres, un témoin du type A212.

a) Les manuscrits

Vaticanus gr. 675213 (siglum Y)

XIIe s., papier non filigrané, 278×184 mm., 208 ff.214, 35 ll., type de réglure 34C1215.

209 C'est la base de données PINAKES (IRHT / section grecque) qui m'a permis de repérer ces deux autres témoins, lors d'une recherche sur la tradition directe du Commentaire sur Jérémie de Théodoret de Cyr. 210 PG 81, pp. 11-12. 211 Cf. supra, pp. 32-33 ; M. Faulhaber, p. 86. 212 Quant au catalogue de G. Karo et H. Lietzmann (p. 346), qui signale ce manuscrit de Munich comme perdu, il reproduit l'avis de J. L. Schulze et de M. Faulhaber sur la présence d'Origène et ne le rattache par conséquent ni au type A, ni au type B. Le catalogue d’A. Rahlfs (p. 152) indique aussi à tort la présence de citations d'Origène. 213 R. Devreesse, Bibliothecae Apostolicae Codices Vaticani graeci. Tomus III. Codices 604-866, Rome 1950, pp. 128-130 ; M. Faulhaber, p. 87 ; G. Karo & H. Lietzmann, p. 345 ; A. Rahlfs, p. 253. J'ai pu largement corriger et compléter les informations données par les catalogues en consultant le manuscrit à la Bibliothèque Vaticane. 214 La foliotation est tardive, car elle est postérieure à la réunion en un seul volume des deux unités codicologiques distinctes. 215 J.-H Sautel, Répertoire de réglures dans les manuscrits grecs sur parchemin. Base de données établie à l’aide du fichier LEROY et des catalogues récents, Turnhout 1995, p. 55.

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Reliure en cuir marron décorée d'un cadre doré stylisé sur les deux plats et de lignes

dorées autour des cinq nerfs visibles sur le dos. Entre les nerfs se trouvent, en doré, un

blason de Pape, la cote du manuscrit et des motifs décoratifs.

Le volume est composé de deux parties distinctes, comme en témoignent les signatures

de cahier qui subsistent. La première partie (ff. 1-120) est constituée de 15 quaternions216 et

la deuxième (ff. 121-208) de 11 quaternions217. Les écritures des deux parties semblent être

de la même main, même si le volume de l'écriture de la seconde partie est légèrement plus

important que celui de la première partie. Le manuscrit a été entièrement restauré, en

particulier pour les bordures de folios qui devaient être très abîmées. Il faut signaler aussi

que les premiers et derniers folios de chacune des parties (ff. 1, 120, 121 et 208) ont été

entièrement remplacés. Le texte qui était présent sur le folio d'origine, le cas échéant, a été

recopié par une main plus récente. C'est ainsi que le début du texte d'Eustrate (f. 1r-v) et la

toute fin du Commentaire de Théodoret (f. 208r : tou;" aijw'na" tw'n aijwvnwn ajmhvn) ont été

copiés par la même main récente sur des folios venant remplacer les folios originaux.

ff. 1-37v Eustrate, Contre ceux qui refusent aux âmes toute activité après la mort

ff. 37v-120v Commentaire sur Daniel de Théodoret de Cyr avec des scholies de

différents auteurs patristiques dans les marges (f. 120r-v vacuum)

ff. 121-139 chaîne continue sur Jérémie 1-4 sous le titre « Commentaire de Théodoret,

évêque de Cyr, sur le Prophète Jérémie »218 (f. 121 r-v vacuum)

ff. 139v-208 fin du Commentaire de Théodoret sur Jérémie et ses suppléments (livres

2-12)

Pour ce qui est de la chaîne sur Jérémie, les prologues occupent les ff. 122-123 et la

chaîne elle-même commence à la suite au f. 123.

216 On aperçoit, copiée en minuscule, dans la même encre foncée que le texte, la signature g au f. 17, ² aux ff. 41 et 48v, z aux ff. 49 et 56v, h aux ff. 57 et 64v, ia au f. 81, ib au f. 89 et id aux ff. 85 et 112v. 217 Les signatures de cahiers sont souvent invisibles, car les bords des folios ont été restaurés. On aperçoit cependant, au f. 185, la signature q, en majuscule entourée de points, dans la même encre foncée que le texte. On aperçoit aussi au f. 193 la partie supérieure de la signature i. 218 Le titre n'est pas contemporain de la copie du texte, mais a été ajouté plus tardivement.

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Les lemmes bibliques, insérés dans le corps du commentaire, sont signalés, le plus

souvent par des guillemets simples, mais parfois par des doubles guillemets droits, dans la

marge de gauche.

Les noms des auteurs sont indiqués sous une forme abrégée dans les marges219. À

cause de la restauration des folios, certaines attributions ont disparu220.

L'ensemble est copié dans la même encre foncée.

La chaîne sur Jérémie s’arrête au f. 139, dans la mesure où les extraits de Jean

Chrysostome disparaissent alors et où il ne reste plus que le Commentaire de Théodoret sur

la suite du livre de Jérémie.

Vaticanus gr. 1204221 (siglum Z)

XVIe s. (1542-1572, 1559-1581, 1550-1570 ?), papier filigrané222, 330×240 mm., 166

ff., 29 ll., copié par Manuel Provataris223 pour la Bibliothèque Vaticane.

C’est un manuscrit très complexe et composite. Il est constitué de trois parties : ff. 1-

32, ff. 33-74224, ff. 75-166. 219 Cf. Planche 16. 220 Quand on ne peut pas savoir si l’absence d’une attribution est due à la restauration du manuscrit ou à une omission du copiste, j’indique dans l’apparat critique : non legitur Ymg. 221 Il n'existe que des descriptions partielles et très sommaires de ce manuscrit, cf. M. Faulhaber, p. 87 ; G. Karo & H. Lietzmann, p. 345 ; A. Rahlfs, p. 258. Ma description est le résultat d'une consultation approfondie du manuscrit à la Bibliothèque Vaticane et de la lecture de l'article de P. Canard, « Les manuscrits copiés par Manuel Provataris (1546-1570 environ), essai d'études codicologiques », Mélanges E. Tisserant VI, Studi e Testi 236, Vatican 1964, pp. 173-287. 222 Pour la première partie du manuscrit (ff. 1-31), on trouve une seule sorte de filigrane : un homme agenouillé devant la croix (cf. f. 32 à l'envers) [P. Canard lui donne le numéro 41 et le rapproche du numéro 1690 de Zonghi (date : 1557)]. Pour la deuxième partie du manuscrit (ff. 53-73), on trouve trois sortes de filigrane : une étoile dans un losange, lui-même dans un cercle [P. Canard lui donne le numéro 26 et le rapproche des numéros 6097 de Briquet (Lucques 1566-1567), 4224 et 4232 de Lichačev (Rome 1567 et 1571) et 1729-1731 de Zonghi (1572-1574)], deux flèches en sautoir sommées d'une étoile (cf. f. 36) [P. Canard lui donne le numéro 30b et le rapproche des numéros 6289-6291 de Briquet (1511-1563) et 1220-1243 de Zonghi (1514-1593)] et une licorne dans un cercle (cf. f. 26 à l'envers) [P. Canard lui donne le numéro 43 et ne lui trouve aucun parallèle]. Pour la troisième partie, on trouve cinq sortes de filigrane : un aigle dans un cercle sommé d'une couronne [P. Canard lui donne le numéro 3 et le rapproche du numéro 59 de Briquet (Naples 1548 ou Rome 1535-1543)], un cerf dans un écu se terminant en croix [P. Canard lui donne le numéro 14 et le rapproche du numéro 3338 de Briquet, 4226 de Lichačev (1567) et 903 de Zonghi (1568)], un cheval dans un cercle sommé d'une étoile (cf. f. 92 à l'envers) [P. Canard lui donne le numéro 16 et le rapproche du numéro 3574 de Briquet (Ascoli 1536)], une étoile dans un losange, lui-même dans un cercle (cf. f. 90) [cf. supra le n° 26 de Canard] et un Homme-forgeron [P. Canard lui donne le numéro 39 et le rapproche du numéro 7567 de Briquet (Marigliano 1532) et 1705 de Zonghi (1580)]. 223 Cf. RGK III 418.

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Reliure en cuir marron clair décorée d'un cadre doré stylisé sur les deux plats et de

lignes dorées autour des cinq nerfs visibles sur le dos. Entre les nerfs se trouvent, en doré,

un blason de Pape, la cote du manuscrit et des motifs décoratifs.

ff. 1-32v Andronicus Comnenus Ducas Discours contre les Juifs (des. imperf. ; f. 32r-

v vacuum)

ff. 33-52v chaîne sur Jérémie 1-4 sous le titre « Commentaire de Théodoret, évêque de

Cyr, sur le Prophète Jérémie »

ff. 53-74v Commentaire de Théodoret sur Jérémie (livre 2 et sqq. ; des. imperf. au

milieu de Jr 18, 4, c’est-à-dire vers la fin du livre 4 du Commentaire de Théodoret) : au bas

du folio 73v on peut lire une notation récente « desunt multa quae supplevi possunt ex cod.

675 f. 122 ») (f. 74r-v vacuum)

ff. 75-165v Jean Skylitzès, Synopsis historiarum225

Les prologues de la chaîne sur Jérémie occupent les ff. 33-35 et la chaîne elle-même

commence dans la continuité au f. 35.

À la différence du Vaticanus gr. 675, les lemmes bibliques de la chaîne sont signalés

par des guillemets doubles dans la marge de gauche. Mais, comme dans le Vaticanus gr.

675, les noms des auteurs patristiques (Jean Chrysostome et Théodoret de Cyr) sont

indiqués sous une forme abrégée dans les marges extérieures226. Le titre est en rouge, ainsi

que l'initiale du prologue de Jean Chrysostome, l'initiale de l'hypothèse de Théodoret,

224 À la foliotation s'ajoute, pour cette deuxième partie, une pagination bien visible pour les pp. 1-3 et 17-80. Elle est sans doute plus ancienne que la foliotation, car elle correspond aux signatures de cahiers et s'accorde avec la logique codicologique du volume. Les signatures de cahiers sont en effet bien visibles pour la deuxième partie. On aperçoit les signatures b au f. 41, g au f. 49, d au f. 57 et e au f. 65. La deuxième partie du manuscrit est ainsi composée de cinq quaternions. 225 Pour l’édition, cf. Ioannis Scylitzae, Synopsis historiarum, éd. H. Thurn, Corpus Fontium Historiae Byzantinae n°V, Berlin 1973 ; pour la traduction, cf. Jean Skylitzès, Empereurs de Constantinople, trad. B. Flusin et annot. J.-C. Cheynet, Paris 2003 ; H. Thurn explique p. XXIII que le Vaticanus gr. 1204 est une copie du Vaticanus gr. 161 et qu’il ne le prend donc pas en compte pour l’édition. 226 Cf. Planche 17.

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79

l'initiale du premier lemme biblique et les titres et initiales des différents livres du

Commentaire de Théodoret.

Bononiensis gr. 2373227 (siglum B)

XIe s., parchemin, 294×213 mm., 335 ff., 34 ll.

Le manuscrit est composé de trois parties, comme en témoignent les signatures de

cahiers de 1 à 18 pour les ff. 1-144, de 1 à 12 pour les ff. 145-240 et à nouveau de 1 à 12

pour les ff. 241-335.

La chaîne sur Jérémie s'insère dans un ensemble de commentaires sur les grands

prophètes assez surprenant, puisque Isaïe n'y figure pas et que Ézéchiel précède Jérémie.

ff. 1-142v Commentaire sur Ézéchiel de Théodoret de Cyr

ff. 143-144v prologues au livre de Jérémie issus de la chaîne de type B [prologue de

Jean Chrysostome (ff. 143-144) et prologue anonyme (f. 144r-v)]228

ff. 145-163 chaîne sur Jérémie 1-4 sous le titre « Commentaire de Jean Chrysostome,

archevêque de Constantinople sur le prophète Jérémie ».

ff. 163-240v fin du Commentaire de Théodoret sur Jérémie et ses suppléments (livres

2-12)

ff. 241-335v Commentaire sur Daniel de Théodoret de Cyr (suivi de trois passages en

vers dont un colophon)

227 C. Samberger, Catal. cod. gr. qui in minoribus bibliothecis italicis asseruantur, Leipzig 1965, pp. 22-23. Ce manuscrit n’est évoqué ni par le catalogue de G. Karo & H. Lietzmann, ni par le catalogue d'A. Rahlfs. 228 Il est intéressant de noter que ces prologues n’appartiennent pas à la même unité codicologique que la chaîne de type A, qui a elle-même ses propres prologues.

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La chaîne elle-même commence au f. 146 après les prologues (prologues de type B

aux ff. 143-144v et prologues de type A aux ff. 245-246).

Les lemmes bibliques sont signalés dans la marge devant chaque ligne par un trait

vertical suivi d’un guillemet simple.

Le nom de Théodoret est, dans les premiers folios, inséré dans le corps du texte, puis

rapidement abrégé dans la marge, tandis que celui de Jean Chrysostome est toujours indiqué

sous une forme abrégée dans la marge229.

Monacensis gr. 117230 (siglum A)

XVIe s. (1550 ca.), papier, 335×240 mm., 399 ff., 30 ll., de la main d’un copiste dit

« occidental arrondi » (écriture proche de celle de Camillus Venetus231), avec des notes

d’Arnoldus Arlenius232, pour la bibliothèque de J. J. Fugger.233

Le manuscrit reprend exactement le même ensemble que le Bononiensis gr. 2373 :

Ézéchiel, Jérémie, Daniel. Il est composé de deux parties : les ff. 1 à 171 et 172 à 397v : la

numérotation des cahiers commence à 1 et s’arrête à 21 au f. 169, juste avant le début de

Jérémie. Il se trouve pour clore le manuscrit au f. 397v un colophon : Tevlo" dedwkw;"

eujcaristw' Kurivw/, colophon semblable au début de celui du Bononiensis gr. 2373.

ff. 1-171v Commentaire sur Ézéchiel de Théodoret de Cyr

229 Cf. Planche 18. 230 I. Hardt, Catalogus codicum manuscriptorum graecorum Bibliothecae Regiae Bauaricae, t. II, Munich 1806, pp. 44-45 ; K. Hajdú, Catalogus codicum manu scriptorum Bibliothecae Monacensis, t. II, pars III (cod. 110-180), Wiesbaden 2003, pp. 65-69 ; G. Karo & H. Lietzmann, p. 346 (la cote du manuscrit est précédée d’une croix, c’est-à-dire qu’il est signalé comme perdu) ; A. Rahlfs, p. 152. 231 Camillus Venetus ou Camillo Zanetti, cf. G. Derenzini, « Camillo Zanetti copista : tra vivere e scrivere », Annali della Facoltà di Lettere e Filosofia dell’Università di Siena 9 (1998), pp. 19-43 ; E. Martini, « Chi era il copista Camillo Veneto ? », La Bibliofilia 15 (1913), pp. 41-51 ; R. Cessi, « Bartolomeo e Camillo Zanetti tipografi et calligrafi del ‘500 », Archivio Veneto-Tridentino 8 (1925), pp. 174-182. 232 Arnoldus Arlenius (1510 ca.-1582 ca.), imprimeur et collaborateur de Lorenzo Torrentino, à Florence puis Mondovi, et possesseur de manuscrits grecs (cf. L'Europe des humanistes (XIVe-XVIIe siècles), répertoire établi par J.-F. Maillard, J. Kecskeméti et M. Portalier, Paris-Turnhout 1995, p. 43). 233 B. Mondrain, « Copistes et collectionneurs de manuscrits grecs au milieu du XVIe s. : le cas de Johann Jakob Fugger d’Augsbourg », Byzantinische Zeitschrift, 84/85 (1991-1992), pp. 354-390.

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ff. 172-195v chaîne sur Jérémie 1-4 sous le titre « Commentaire de Jean Chrysostome,

archevêque de Constantinople sur le prophète Jérémie » précédée du prologue de Jean

Chrysostome sur Jérémie type B (ff. 172-173) et d’un prologue anonyme sur Jérémie type B

(ff. 173-174) (f. 174v vacuum)234

ff. 196-288v fin du Commentaire de Théodoret sur Jérémie et ses suppléments (livres

2-12)

ff. 289-397v Commentaire sur Daniel de Théodoret de Cyr (ff. 398-399v vacua)

Les prologues propres à la chaîne à deux auteurs se trouvent aux ff. 175-176 et la

chaîne elle-même commence au f. 176.

Les lemmes bibliques sont signalés dans la marge par des guillemets doubles.

Les noms de Théodoret de Cyr et Jean Chrysostome sont indiqués sous une forme

abrégée dans les marges235.

Vindobonensis theol. gr. 36236 (siglum T)

XVIe s. (2/2), papier filigrané, 330×225 mm., 231 ff., 30 ll., copié dans l’atelier de

Camillus Venetus237, possédé par Arnoldus Arlenius (comme le Monacensis gr. 117),

Johannes Sambucus238, Sebastian Tengnagel239, reliure Gérard van Swieten (1755).

234 Le catalogue rappelle les positions de J.-L. Schulze, M. Faulhaber et G. Karo & H. Lietzmann sur ce manuscrit (cf. supra), puis il explique que l’extrait attribué à Origène au f. 177v à cause d'une annotation marginale wr, apparaît sous le nom de Théodoret dans la PG et déduit à partir d'une comparaison avec les sondages de M. Faulhaber (pp. 87-88) que ce manuscrit n'illustre pas un autre type que le type A. Il aurait pu cependant préciser que ce n'est pas l'abréviation du nom d'Origène que l’on peut voir au f. 177v, mais bien l'abréviation de l'expression wJrai'on qui marque l'admiration du copiste et est destinée à attirer l'attention du lecteur (cf. les avertissements de R. Devreesse sur la confusion possible entre les sigles des auteurs et les signes des copistes dans les manuscrits de chaînes, in « chaînes exégétiques grecques », SDB, t. I, col. 1091). 235 Cf. Planche 19. 236 H. Hunger et O. Kresten, Katalog der griechischen Handschriften der Österreichischen Nationalbibliothek, pars 3/1, Vienne 1976, pp. 66-67. Le catalogue de G. Karo & H. Lietzmann (p. 340) signale à tort ce manuscrit dans les chaînes sur Isaïe avec la même erreur concernant la présence d'Origène. A. Rahlfs (p. 320) le donne à tort aussi comme un témoin du Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome avec des scholies d'Origène et Théodoret.

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Ce manuscrit présente exactement le même ensemble que la deuxième partie du

Bononiensis gr. 2373 et du Monacensis gr. 117. Les signatures des cahiers commencent à

22 (f. 1). Les cahiers perdus contenaient sans doute la première partie des Bononiensis gr.

2373 et Monacensis gr. 117.

ff. 1-25 chaîne sur Jérémie 1-4 sous le titre « Commentaire de Jean Chrysostome,

archevêque de Constantinople sur le prophète Jérémie » précédée d'un autre prologue de

Jean Chrysostome sur Jérémie type B (ff. 1-2) et d’un prologue anonyme sur Jérémie type B

(f. 2-3) (f. 3v vacuum)

ff. 25-116v fin du Commentaire de Théodoret sur Jérémie et ses suppléments (livres 2-

12)

ff. 117-227 Commentaire sur Daniel de Théodoret de Cyr, puis trois passages en vers

dont un colophon semblables à ceux des deux manuscrits précédents.

Les prologues habituels de la chaîne à deux auteurs se trouvent aux ff. 4-5 et la chaîne

elle-même commence au f. 5. La mise en page est exactement semblable à celle du

Monacensis gr.117240.

Il nous faut signaler en dernier lieu un manuscrit problématique : l'Atheniensis,

Metovcion tou' Panagivou Tavfou 17 (XIVe s.) qui présente, selon le catalogue

d'A. Papadopoulos-Kérameus241, aux ff. 186-315, le commentaire de Théodoret de Cyr sur

Jérémie, après une chaîne sur les douze prophètes et le commentaire de Théodoret sur Isaïe,

et avant le commentaire de Théodoret sur Ézéchiel. Or l'incipit que donne le catalogue se 237 Il s'agit en fait du même copiste que pour le Monacensis gr. 117. La comparaison des deux écritures est formelle, cf. Planches 19 et 20. 238 Johannes Sambucus (1531-1584), médecin, historien, philologue et poète hongrois, a exercé dans plusieurs villes allemandes ainsi qu'à Paris et Padoue. À partir de 1584, il est conseiller, médecin et historiographe à la cour de Vienne (cf. L'Europe des humanistes (XIVe-XVIIe siècles), répertoire établi par J.-F. Maillard, J. Kecskeméti et M. Portalier, Paris-Turnhout 1995, p. 436). 239 Sebastian Tengnagel était libraire à la bibliothèque de la cour de Vienne (1608-1636). 240 Cf. Planche 20. 241 A. Papadopoulos-Kérameus, JIerosolumitikh; biblioqhvkh h[toi katavlogo"..., t. IV, Saint-Pétersbourg, 1899, pp. 32-33.

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trouve être précisément celui du prologue du caténiste à la chaîne de type B, et non celui

d'un texte de Théodoret. Il y a donc ici un mystère concernant l'identification exacte de ce

texte, que l'on ne peut malheureusement pas résoudre facilement, dans la mesure où le

manuscrit n'est pas microfilmé et n'est pas accessible à la consultation, parce que trop

abîmé.

b) La tradition textuelle de la chaîne à deux auteurs242

On distingue clairement deux familles à partir du contenu et de critères textuels.

En effet, les Bononiensis gr. 2373 (B), Monacensis gr. 117 (A) et Vindobonensis theol.

gr. 36 (T) donnent en plus, par rapport aux Vaticani gr. 675 (Y) et 1204 (Z), deux prologues

présents dans le type B – B1 et B2 – : le prologue de Jean Chrysostome et un prologue

anonyme, suivi d'un court passage anonyme antijuif, qui apparaît quant à lui seulement dans

la famille B2. Les manuscrits B, A et T ont donc une parenté avec la famille B2, puisqu'ils

donnent un texte propre à cette famille et s'insèrent pour les prologues communs aux

familles B1 et B2 dans le groupe L, F, M, N de la famille B2 contre le groupe O, C, V, P, Q,

X de la famille B1, comme en témoigne le saut du même au même concernant pavntw"

dans le prologue de Jean Chrysostome (cf. supra, p. 68) :

Kajkei'na me;n ejkbh'nai dh; tau'ta de; ouj pavntw" pavntw" pavntw" pavntw" tiv ga;r o[felo" prorrhvsew"

ejp j wjfeleiva/ yucw'n legomevnh" o{te pavntw"pavntw"pavntw"pavntw" e[stai ta; qespizovmena mhdemivan ejk

tou' ejf j hJmi'n metabolh;n ejndecovmena.

tiv ga;r—pavntw"pavntw"pavntw"pavntw" O P C V Q X : om. L F M N B A T

On remarque en outre que B, A et T suivent presque toujours F, quand celui-ci se

détache du groupe L, M, N, de telle sorte que l'on peut préciser la nature de ce lien en

supposant un ancêtre commun à F et à cette famille du type A. L'exemple le plus frappant

est l'ajout anonyme de la famille B2 à la fin du prologue anonyme :

242 Se reporter au stemma p. 86.

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{Opw" oJ tw'n ijoudaivwn lao;" to;n cristo;n ojneidivsa" th;n ajmoibh;n ajxivan

ajpevlabe kai; wJ" th/' tw'n eijdwvlwn ejpimeivna" douleiva/ hjfavnistai kai; o{sa para; tou'

tw'n aJpavntwn Qeou' eujhrgethvqh provteron kai; wJ" ajcavristo" peri; to;n eujergevthn

w[fqh mhde;n a[xion ejrgazovmeno" Qeou' kai; ajgnwvmwn fanei;" meta; ta; tau'ta

paideuvetai par j aujtou'.

l.1 ajxivan L M N : om. F B A T

l. 2 wJ" L M N : om. F B A T || post th/' transp. douleiva/ F B A T

l. 3 tw'n aJpavntwn L M N : om. F B A T

ll. 3-4 kai; wJ" — w[fqh L M N : om. F B A T

ll. 4-5 mhde;n – aujtou'] ajgnwmonhvsa" de; meta; tau'ta paideuvetai F B A T

l. 5 om. ta; N

Il y a donc eu, pour les prologues de la chaîne à auteurs multiples ajoutés au début de

la chaîne à deux auteurs, l’influence d’un ancêtre de F (chaîne abrégée) sur le manuscrit B

(chaîne à deux auteurs). On ne signalera pas, toutefois, dans le stemma général des chaînes

sur Jérémie, cette influence secondaire de F sur B, parce qu’elle se limite au texte des

prologues.

La famille B, A, T se distingue aussi très nettement pour le texte propre au type A :

elle se distingue bien de Y et Z, comme en témoignent les exemples suivants pris dans le

début de la chaîne :

− (dans le premier prologue mis sous le nom de Théodoret dans la famille Y Z et de

Jean Chrysostome dans la famille B A T)

To;n me;n ou\n crovnon, kaq j o}n proefhvteusen oJ makavrio" profhvth" jIeremiva"

ou\n B A T : om. Y Z

− (ibid.)

ajlla; kai; ajpov tinwn eujpeiqw'n ajndrw'n wJ" mevmnhtai tw'n uiJw'n ijwnada;b uiJou'

JRhca;b

wJ" mevmnhtai tw'n B A T : om. Y Z

− (dans l’argument du livre I du commentaire de Théodoret)

aujto;" de; th;n ejnantivan ejkeivnoi" oJdeuvsa" oJdo;n

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oJdo;n Y Z : om. B A T

− (ibid.)

Proqespivzei de; kai; th;n tw'n aijcmalwvtwn ejpavnodon,

th;n tw'n aijcmalwvtwn ejpavnodon B A T : tou' laou' th;n ejpavnodon tw'n aijcmalwvtwn Y Z

La datation des manuscrits nous oblige à concevoir B (XIe s.) comme l'ancêtre de A

(XVIe s. med.) et de T (XVIe s. [2/2]). La relation entre A et T est plus complexe. Le

manuscrit A semble premier par la datation, d'après les catalogues, mais comme ces

datations sont peu précises et comme il apparaît que les deux manuscrits ont été copiés par

la même main, la conclusion n'est guère convaincante. En revanche, T est plus fidèle à B car

il suit B dans des cas où A s'en éloigne, comme en témoigne l’exemple suivant :

− (dans l’extrait sur Jr 1, 6 attribué à Jean Chrys. dans Y Z et à Théod. dans B A T)

jEpevgnw to;n prosdialegovmenon oJ profhvth"

oJ profhvth" B T : om. Y Z A

Comme A ne reproduit pas les erreurs de T, ni T les erreurs de A, il semble que A et T

aient chacun été copiés sur B avec quelques erreurs qui leur sont propres et non communes.

Quant aux manuscrits Y (XIIe s.) et Z (XVIe s.), le deuxième est la copie du premier,

dans la mesure où il donne toutes les variantes significatives de Y, même s'il présente

quelques omissions et variantes qui lui sont propres, comme en témoigne l'exemple suivant

tiré d'un extrait de Théodoret sur Jr 1, 8 :

e[luse th;n ajmfibolivan kai; to; devo" ejxevbalen eijrhkwv": Kai; ijdou; ejgw;

meq j uJmw'n eijmi pavsa" ta;" hJmevra", e{w" th'" sunteleiva" tou' aijw'no".

kai; — eijrhkwv" B A T : eijpw'n Y Z

kai;2 B A T : om. Y Z

uJmw'n B A T Y : hJmw'n Z

pavsa" — aijw'no" B A T : om. Y Z

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c) Stemma de la chaîne de type A sur Jérémie

w (type A) Xe XIe B XIIe Y XIIIe XIVe XVe XVIe A (1550 ca.) T Z (1550-1570)

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3) Stemma général des chaînes sur Jérémie

a (type B) w (type A) e b g dddd Xe C zzzz L XIe O F W B XIIe V P Y XIIIe Q XIVe XVe XVIe M (1554)

T A (1550 ca.) Z (1550-1570) N (1574) X (1593) NB : Les témoins de la famille abrégée du type B sont en gras.

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IV. Les auteurs représentés dans les chaînes sur Jérémie :

problèmes de sources et d’attributions

Il ne s’agit pas ici de dresser un portrait détaillé des auteurs patristiques cités dans les

chaînes, mais d’observer de plus près les scholies qui leur sont attribuées et de rechercher

les œuvres dont elles ont été extraites. Je parlerai de la tendance exégétique dont témoignent

les scholies de tel ou tel auteur au moment où j’étudierai le projet exégétique des

caténistes243.

A. Hippolyte de Rome (première moitié du IIIe s. ap. J.-C.)244

Une seule scholie apparaît sous le nom d’Hippolyte de Rome dans la chaîne à auteurs

multiples sur Jérémie. Il s’agit d’un commentaire tiré du De Christo et Antechristo sur

Jr 17, 11245. Puisqu’elle ne concerne pas mon corpus et qu’elle a été bien repérée par

M. Faulhaber246, je n’en dirai pas plus.

B. Origène (≈ 185-254)247

Origène appartient au groupe des trois auteurs les plus anciens représentés dans la

chaîne à auteurs multiples, avec Hippolyte de Rome et Grégoire le Thaumaturge248.

136 scholies lui sont attribuées, mais seulement 17 concernent le corpus des chapitres

1 à 4. Pour la partie antérieure à Jr 20, 12, elles proviennent des homélies conservées par

ailleurs en tradition directe dans le Scorialensis W III, 19 et sa copie, le Vaticanus. gr. 623

243 Cf. infra, pp. 300-343. 244 Clavis Patrum Graecorum (CPG) n° 1872, t. I, p. 259. 245 PG 10 B 773-776A ; J. B. Pitra, Analecta Sacra Spicilegio Solesmensi parata, t. II (1884), p. 245 et H. Achelis, Hippolytstudien, Texte und Untersuchungen I, 4, Leipzig 1897, pp. 80-81. 246 M. Faulhaber, p. 103. 247 CPG n°1438, t. I, p. 158. 248 M. Faulhaber, p. 103.

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et pour la partie postérieure à Jr 20, 12, d’homélies perdues. En plus des scholies de la

chaîne sur Jérémie, la tradition indirecte des Homélies sur Jérémie d’Origène fait appel à la

Philocalie et aux traductions latines de Jérôme249.

Toutes les scholies attribuées à Origène dans la chaîne à auteurs multiples ont déjà été

éditées, mais pas toutes au même endroit. Il importe d’expliquer la raison de cette dispersion

dans les quatre ouvrages suivants : l’édition ancienne de M. Ghisleri (1623) présentée plus

haut250, l’édition de C. Delarue (Origenes, Opera omnia, vel graece vel latine extant... latine

versa, éd. C. Delarue, 7 t., Paris 1733-39) reproduite dans la Patrologie de Migne (PG 13,

col. 513-606) et les deux œuvres de E. Klostermann à propos des Homélies sur Jérémie

d’Origène : sa longue étude de la tradition manuscrite – Die Überlieferung der

Jeremiashomilien des Origenes, Berlin 1897 – et le volume de l’édition elle-même –

Origenes, Jeremiahomilien, Klageliederkommentar, Erklärung der Samuel und

Königsbücher, éd. E. Klostermann, revue par P. Nautin, Berlin 1983.

Dans l’édition de M. Ghisleri tout d’abord, les scholies d’Origène ont un statut à part.

En effet, celui-ci ne les a pas toutes éditées telles qu’elles se trouvaient dans la chaîne.

Celles qui étaient extraites des Homélies III, V-VII, XV et XVIII-XX (c’est-à-dire des

homélies non traduites par S. Jérôme) ont eu un sort particulier : M. Ghisleri a choisi de ne

pas les éditer telles quelles, mais de présenter l’édition des homélies d’Origène dont ces

scholies étaient extraites, édition qu’il a confiée à Allatius251. Ces longs passages sont placés

après les scholies des autres Pères avec un titre particulier252. Pour ce qui est de notre corpus

(Jr 1-4), toutes les scholies qui sont liées à l’Homélie V, c’est-à-dire les scholies n°161a,

162a, 165, 170, 171b, 175b, 176b, 181 et 186a, sont donc absentes de l’édition de M.

249 Pour la tradition manuscrite des Homélies sur Jérémie, cf. SC 232, éd. P. Nautin, Paris 1976, pp. 21-43 et E. Klostermann, Die Überlieferung der Jeremiashomilien des Origenes, Berlin 1897. 250 Cf. supra, p. 15. 251 Voir T. Cerbu, « Allatius et Origène », in Les Pères de l’Église au XVIIe siècle, E. Bury, B. Meunier dir., Paris 1993, pp. 213-226 : « La toute première publication d’Allatius fut l’apport en 1623 d’une chaîne et de huit homélies d’Origène à un commentaire sur Jérémie en trois volumes in-folio, ouvrage énorme édité à Lyon par son ami Michele Ghislieri. Allatius édita les huit homélies non traduites par Jérôme (3, 5-7, 15 et 18-20) ». 252 Cf. M. Ghisleri, t. I, pp. 238-239 le titre : Origenis Homilia tertia in Ieremiam Codicis Graeci Vaticani. Et prima ex octo quae nunc primum in lucem prodeunt ; pp. 321-323 et pp. 328-333 : Origenis Homilia quinta Codicis Graeci Vaticani in Ieremiam, et secunda ex octo adhuc non impressis ; pp. 338-339 : Origenis Homiliae Quintae in Ieremiam Codicis Graeci Vaticani, et secundae ex octo quae nunc primum in lucem eduntur ; pp. 352-354 et pp. 361-362 : Origenis Homiliae quintae in Ieremiam Codicis Graeci Vaticani, et secundae ex octo quae nunc primum in lucem prodeunt.

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Ghisleri. Les 8 premières scholies en revanche, c’est-à-dire les scholies 11b, 15b, 16a, 22a,

79b, 104a, 130b et 131a, sont bien éditées telles quelles chez M. Ghisleri. Il faut signaler

cependant le cas particulier de la scholie 104a dont le début est une récriture de l’Hom. III,

§1-2, non traduite par S. Jérôme, et qui donne donc lieu à l’édition de l’Hom. III, §1-2,

tandis que seule la fin de la scholie est reproduite telle quelle. Au total, cette première

édition ne présente que 8 des 17 scholies attribuées à l’Alexandrin.

L’édition de C. et V. Delarue reproduite dans la Patrologie de Migne (PG 13, col. 513-

606) sous le titre Ex Origene Selecta in Ieremiam, ne fait que reproduire, quant à elle, les

scholies éditées chez M. Ghisleri, qui plus est avec une lacune. En effet à cause de

l’omission d’un alinea avant une scholie d’Origène dans l’édition de M. Ghisleri (t. I, pp.

67-68), deux scholies d’Origène ont été omises par C. Delarue, qui a dû croire qu’elles

étaient, comme celle qui précédait, de Jean Chrysostome. La Patrologie grecque ne nous

présente ainsi que 6 des 17 scholies d’Origène sur le début du livre de Jérémie.

Dans son étude de la tradition manuscrite des Homélies sur Jérémie d’Origène253,

E. Klostermann édite toutes les scholies laissées de côté par M. Ghisleri et C. Delarue, c’est-

à-dire, pour ce qui est de notre corpus, les scholies n°161a, 162a, 165, 170, 171b, 175b,

176b, 181 et 186a. Pour ces scholies, M. Ghisleri avait fait le choix d’éditer l’Hom. V dont

elles étaient extraites. E. Klostermann édite aussi, au même endroit, les deux scholies (15b

et 16a) oubliées par Delarue à cause d’un alinea manquant dans l’édition de M. Ghisleri,

ainsi que le début de la scholie 104a omis dans l’édition de M. Ghisleri au profit de l’édition

de l’Hom. III, §1-2 et par conséquent absente aussi de la PG. Cette étude de E. Klostermann

présente ainsi 11 des 17 scholies d’Origène sur le début du livre de Jérémie. D’autre part,

dans son édition des Homélies sur Jérémie d’Origène254, E. Klostermann édite en annexe les

scholies de la tradition indirecte indépendantes des homélies conservées en tradition directe.

Pour les chapitres 1 à 4, sont ainsi éditées les scholies 11b et 22a, pourtant déjà présentes

chez M. Ghisleri et dans la PG. La consultation des deux ouvrages d’E. Klostermann permet

ainsi d’avoir accès à 14 des 17 scholies d’Origène. L’auteur n’a pas jugé bon de reproduire

les trois scholies restantes (79b, 130b et 131a) déjà éditées chez M. Ghisleri et dans la PG.

253 E. Klostermann, Die Überlieferung…, pp. 84-90. 254 Origenes, Jeremiahomilien, Klageliederkommentar, Erklärung der Samuel und Königsbücher, éd. E. Klostermann, revue par P. Nautin, Berlin 1983, p. 199.

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91

Le cas d’Origène est ainsi très complexe, puisque l’édition des scholies qui lui sont

attribuées dans la chaîne est dispersée dans plusieurs ouvrages pour les diverses raisons que

j’ai évoquées. Il faut consulter tous les ouvrages cités, exceptée la PG qui n’apporte rien de

plus par rapport à l’édition de M. Ghisleri, pour avoir l’intégralité des scholies attribuées à

Origène dans la chaîne à auteurs multiples.

Passons maintenant en revue les scholies d’Origène, dans l’ordre où elles apparaissent

dans la chaîne. Les références aux Homélies sont données d'après l'édition de P. Nautin (SC

232) citée supra :

− la scholie n°11b porte sur Jr 1, 7255. On peut, avec E. Klostermann et P. Nautin256,

douter de son authenticité, dans la mesure où ce même verset est commenté dans

les Homélies (Hom. I, §6 et §8-9) dans une perspective exégétique très différente :

Origène n’y fait aucun rapprochement entre la parole de Jérémie et l’attitude de

Roboam et applique la parole : ne dis pas :" je suis trop jeune" au Sauveur,

« jeune en vertu de sa naissance corporelle, mais vieux en tant que Premier-né de

la création. » ;

− la scholie n°15b porte sur Jr 1, 10 et résume très librement en huit lignes les trente

lignes de l’Hom. I, §6, ll. 12-27 et §7, ll. 1-16. Le caténiste ne retient des §6 et 7

de l'Hom. I que deux idées : d'abord le fait que Jr 1, 10 (l'ordre de déraciner et

planter les nations) doive être appliqué au Christ et non au prophète, et ensuite le

fait que les nations et les royaumes représentent le mal de l'âme humaine. Le §6

étudiait tout le passage de Jr 1, 5 à Jr 1, 10, dans le but de distinguer les paroles

qui se rapportent au prophète et les paroles qui le dépassent et se rapportent au

Christ. Le caténiste ne retient que ce qui concerne le lemme biblique concerné (Jr

1, 10) et laisse de côté ce qui concerne les autres lemmes bibliques. On remarque

que la récriture est assez éloignée du texte d'origine, puisque l'on ne retrouve dans

la scholie de la chaîne aucun des termes précis de l'homélie correspondante ;

255 Jr 1, 7 (c’est-à-dire le lemme 11 selon la division du texte biblique dans la chaîne à auteurs multiples) et non Jr 1, 10 comme l’ont indiqué E. Klostermann, OW, p. 199 et P. Nautin (t. I), p. 30. L’erreur est pourtant absente d’E. Klostermann, Die Überlieferung…, p. 101. 256 E. Klostermann le classe parmi les fragments indépendants dans son édition des homélies (OW, p. 199) ; P. Nautin (t. I), pp. 30-31.

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− la scholie n°16a porte aussi sur Jr 1, 10 et résume en 18 lignes les 84 lignes de

l’Hom. I, §14, 19 - §16, 15 ; l'interprétation détaillée des royaumes et des nations

qui correspondent aux divers types de péchés (cf. Hom. I, § 14, ll. 25-34) est

laissée de côté, ainsi que les détails sur le mode de l’anéantissement (Hom. I, §15,

ll. 7-31). Les phrases interrogatives se transforment en phrases affirmatives :

- Tiv"Tiv"Tiv"Tiv" ou{tw" makavriov" ejstin wJ" ta;" basileiva" polla;" ou[sa", a}"

deivknusin oJ diavbolo", basileiva" ou[sa" dunavmewn ajntikeimevnwn,

basileiva" kata; ta;" aJmartiva", ejkrizou'n toi'" didomevnoi" uJpo; tou' Qeou'

lovgoi": gevgraptai gavr: jIdou; devdwka tou;" lovgou" mou eij" to; stovma

sou: ijdou; kaqevstakav se shvmeron ejpi; e[qnh kai; basileiva", ejkrizou'n …

(Hom. I, § 14, ll. 19-25) => Makavrion to; toi'" Qeou' lovgoi" ejkrizw'sai

ta;" tw'n ajntikeimevnwn dunavmewn basileiva"... (extrait 16a) ;

- [Estw ga;r ejkrerizwmevna ajp jejmou' ta; fau'la, kataskafevnta ta;

ceivrona, tiv tiv tiv tiv moi o[felo", eja;n mh; ajnti; tw'n ejkrizwqevntwn katafuteuqh/'

ta; kreivttona ………… tiv tiv tiv tiv moi o[felo", eja;n mh; ajnti; touvtwn ajnoikodomhqh/' ta;

diafevronta … … … … (Hom. I, § 16, ll. 2-6) => ta; ejnantiva de; dia; tw'n iJerw'n

kataskavptetai lovgwn o} dei' prw'ton genevsqai kai; ou{tw"

oijkodomei'sqai ta; kreivttona:(extrait 16a).

Parfois, ces phrases interrogatives disparaissent (cf. ejkrizou'n tivna … Hom. I, §

14, ll. 36-37). Les transitions du texte d'origine sont abandonnées (cf. eij qevlei"

de; ijdei'n, tivno" eijsi; futei'ai oiJ toiou'toi dialogismoiv, a[koue pour

introduire la citation de Mt 13, 28), tandis que d'autres sont ajoutées (kai; ejpi;

oijkodomiva" oJ aujto;" lovgo". Fhsi;n gou'n oJ Pau'lo"). Un des passages de

l'Homélie (§ 15, ll. 1-6) est traité de manière différente dans la scholie de la

chaîne : il s'agit du commentaire des termes "démolir" et "bâtir". Dans l'Homélie,

l'insistance est mise sur l'opposition entre la construction du diable sur le sable et

la construction de Dieu sur le roc avec la citation de 1Co 3, 9, tandis que dans la

chaîne, l'insistance est mise sur le Christ, « fondement infrangible et

inébranlable » sur lequel on bâtit l’avenir, et 1Co 3, 10 est cité en complément de

1Co 3, 9 ;

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93

− la scholie n°22a porte sur Jr 1, 13. Son authenticité est tout aussi douteuse que

celle de la scholie n°11b, puisqu’elle n’a pas de point d’accroche avec les

Homélies. On peut signaler à propos de cette scholie la présence de l’expression

kata; qewrivan qui suit immédiatement le nom de l’auteur dans les manuscrits et

appartient donc à l’en-tête de la scholie257. Cette notation rare caractérisant le

commentaire exégétique qui va suivre « selon le sens spirituel » est sans doute

une indication du caténiste, car on ne trouve que trois fois cette expression chez

Origène qui, le plus souvent, ne définit pas sa démarche258. Le problème est de

savoir pourquoi le caténiste ne donne qu’une fois cette indication, alors que les

interprétations d’Origène dans la chaîne évoquent très souvent le sens spirituel ;

− l’extrait n°79b porte sur Jr 2, 21 et provient de l’Hom. II, §1. On remarque que la

citation de Sg 1, 13 est très abrégée. La transition entre la citation de Sg 1, 13 et

Sg 2, 24 (cf. ei\ta ojlivgon uJperba;" to; rJhto;n ejrw': povqen ou\n qavnato"

eijsh'lqen … Hom. II, §1, ll. 4-5) disparaît dans la scholie. Les exemples de la

claudication et de la souffrance (Hom. II, § 1, ll. 13-17) disparaissent aussi. La

citation de Gn 1, 26 est supprimée (Hom. II, § 1, ll. 18-19). L’idée que la vigne

était en totalité vraie et celle que nous sommes tous nés à l’image de Dieu sont

inversées dans la scholie par rapport à l’Homélie (cf. Hom. II, §1 ll. 35-40 et

retour aux ll. 17-27). En revanche, la précision sur la question posée par Dieu

dans le texte biblique : « non pas parce qu’il l’ignore, mais pour parler comme un

homme » est propre à la chaîne, ainsi que la citation d’Is 1, 21, ajoutée à la fin de

l’extrait, qui n’apparaît pas dans le texte de l’homélie correspondante et donne

donc un aspect original à la scholie de la chaîne. D’après la Biblia Patristica,

cette citation d’Isaïe n’apparaît que deux autres fois chez Origène, dans la Série

de commentaires sur Matthieu (12, 4) et dans les Homélies sur le Cantique des

Cantiques (2, 9). Le parallèle n’est pas très probant pour les Commentaires sur

Matthieu. Quant aux Homélies sur le Cantique, c’est la deuxième partie du verset

seulement qui est utilisée. Dans les autres passages de son œuvre où Origène cite

257 Malgré cette unanimité des manuscrits sur l’emplacement de l’expression, la PG la raccroche à la scholie qui suit (cf. PG 13, 545 A11), contrairement à l’édition de M. Ghisleri (t. I, p. 84). 258 Cf. Commentariorum series in Evangelium Matthaei, éd. E. Klostermann, GCS 11, p. 93, l. 25 ; Selecta in Psalmos PG 12, 1213 B1 ; Selecta in Lucam PG 17, 317 C1.

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Jr 2, 21, il n’y a aucune mention d’Is 1, 21, c’est-à-dire de la transformation de

Sion en prostituée. Le passage d’Isaïe que l’on trouve à proximité de Jr 2, 21 dans

les œuvres d’Origène est plutôt Is 5, 2 : kai; ejfuvteusa a[mpelon swrhc259. On

peut émettre plusieurs hypothèses quant à la présence de la citation d’Is 1, 21 à la

fin de l’extrait 79b : soit elle a été ajoutée par le caténiste, parce que c’était un

lieu parallèle qui lui venait à l’esprit au moment de récrire le passage en question

de l’Hom. II, soit elle provient d’un autre auteur, mais a été intégrée par erreur à

la suite de la scholie d’Origène, après avoir perdu son attribution260, soit la

tradition directe est lacunaire sur ce point et c’est la chaîne qui reflète un texte

plus complet des Homélies d’Origène ;

− la scholie n°104a porte sur Jr 2, 31 et provient, en tout cas pour le début, de

l’Hom. III, §2, ll. 1-21 résumée en treize lignes. L’expression « d’un point de vue

universel » (kaqovlou) est placée au début de la scholie, tandis qu’elle apparaît

après la première partie du développement dans l’Homélie (cf. Hom. III, § 2, l. 9).

Le texte de la scholie est fidèle au texte de l’Homélie, avec quelques

renchérissements en moins (par exemple la répétition de pw'" e[rhmo"). On

retrouve bien les mêmes termes et les mêmes expressions, même si le style est

retravaillé pour resserrer les idées. En revanche, il n’y a pas de trace dans les

Homélies de la deuxième partie de l’extrait dont l’incipit est Fhsi;n ou\n

ejntreptikw'". Étant donné qu’il y a une omission, probablement très ancienne, à

la fin de la troisième homélie261, on peut supposer que la deuxième partie de la

scholie s’en est inspirée. La fin de la scholie seulement, c’est-à-dire ce qui ne

correspond à aucun passage de ce qui subsiste de l’Hom. III, se trouve donc éditée

chez M. Ghisleri et dans la PG. Pour signaler cette différence de statut entre le

début et la fin de la scholie, le fragment est divisé en deux dans le tableau final

d’E. Klostermann262 ;

259 Cf. Fragmenta e catenis in Matthaeum, éd. E. Klostermann & E. Benz, GCS 41, t. I, n°178. 260 Malgré une consultation approfondie du TLG et de la Biblia patristica pour l'ensemble des auteurs, je n’ai découvert aucune trace d’une utilisation simultanée des citations de Jr 2, 21 et Is 1, 21. 261 Cf. P. Nautin (t. I), pp. 22-23. 262 Die Überlieferung…, p. 101.

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− la scholie n°130b porte sur Jr 3, 6 et s’inspire de l’Hom. IV §4, 31-49, dont les

idées sont resserrées en dix lignes. Je souligne les éléments communs.

Hom. IV §4 scholie 130b o[yei o{ti ajnabevbhken ejpi; pa'n o[ro" uJyhlo;n yektw'" kai; ajgaphvsa" megalofrosuvnhn kai; kata; th;n ajlazoneivan kai; kata; th;n uJperhfanivan. }O" de; ajnabevbhke kai; ejpi; pavnta bouno;n uJyhlo;n kai; gevgonen uJpokavtw panto;" xuvlou ouj karpivmou, ajll j ajlswvdou": a[llo ga;r to; ajlsw'de" xuvlon, a[llo to; karpofovron: eij" a[lsh o{tan futeuvwsi xuvla, futeuvousin ouj ta; karpofovra, ouj sukh'n oujde; a[mpelon, ajlla; movnon tevryew" cavrin a[karpa xuvla. Toiouvtou" euJrhvsei" tou;" lovgou" tw'n eJterodovxwn kai; ta; kavllh tw'n piqanothvtwn aujtw'n oujk ejpistrefovntwn tou;" ajkouvonta". {Otan ou\n toi'" toiouvtoi" lovgoi" ti" eJauto;n ejpidw/', pepovreutai uJpokavtw panto;" xuvlou ajlswvdou": oujk ei[rhke panto;" xuvlou kai; sesiwvphken, oujde; pavlin prosevqhke: panto;" xuvlou tou' karpivmou, ajll j ei[rhken uJpokavtw panto;" xuvlou ajlswvdou". Dia; tou'to nohvsei" tiv dhvpote oJ nomoqevth" levgei: Ouj futeuvsei" pa'n xuvlon para; to; qusiasthvrion kurivou tou' qeou' sou, kai; ouj poihvsei" a[lso": e[cei" ga;r kai; to; o[noma tou' a[lsou" ajphgoreumevnon.

jEpi; pa'n de; o[ro" yektw'" ajnabaivnousin kai; oiJ th;n uJperhfavnian nosou'nte" kai; givnontai uJpo; panto;" xuvlou ajlswvdou", ouj karpivmou, ejx ajkavrpwn ga;r ta; a[lsh devndrwn tevryew" cavrin futeuomevnwn oi|"oi|"oi|"oi|" eJoivkasi tw'n eJterodovxwn oiJ lovgoi kavllo" e[conte" piqanovthto" ouj tw'n ajkouovntwn ejpistrovfhn. Oi|"Oi|"Oi|"Oi|" oJ ejpidou;" eJauto;n uJpokavtw povreutai panto;" xuvlou ajlswvdou", didididi jjou|jjou|jjou|jjou| dh'lon o{ fhsin oJ nomoqevth": « Ouj futeuvsei" pa'n xuvlon uJpo; to; qusiasthvrion Kuvriou tou' Qeou' sou kai; ouj poihvsei" a[lso". »

On remarque que le caténiste met le passage à la troisième personne du pluriel.

Les répétitions, renchérissements et détails sont laissés de côté (cf.

renchérissement des termes megalofrosuvnhn et ajlazoneivan ; répétition de

ajnabevbhke ; détails du figuier et de la vigne…). La syntaxe est resserrée, en

particulier grâce à des propositions relatives qui permettent de tout dire en une

seule phrase (cf. les pronoms relatifs mis en gras) ;

− la scholie n°131a porte sur Jr 3, 7-8 et emprunte divers motifs dispersés dans

l’Hom. IV, §1, §4 et §5. D’autres motifs paraissent originaux, comme le deuxième

dont la place est curieuse dans l’ensemble. En effet, ce motif vient interrompre le

raisonnement portant sur l’attitude de Juda à qui on reproche de ne pas avoir tiré

leçon des malheurs arrivés à Israël et anticipe sur le lemme 132 (Jr 3, 9) avec

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96

l’évocation du bois et de la pierre. D’autre part, l’image de la femme qui succède

à la femme adultère n’apparaît pas dans l’Hom. IV qui évoque en revanche

l’image de l’esclave nouveau venu dans une maison. L’allusion à Is 29, 13 sous-

jacente dans le fait d’honorer Dieu "sur les lèvres" n’apparaît pas non plus dans

l’Hom. IV. Enfin, la référence au temple et aux coutumes de la loi n’y figure pas

non plus. Le tableau suivant récapitule la provenance des divers motifs de la

scholie.

Motifs de la scholie caténale Passages correspondants de l’Hom. IV Ce qui aggrave l’accusation contre la tribu de Juda, c’est qu’ils n’ont même pas été éduqués par les malheurs d’Israël.

Hom. IV, §1, 24-30 ou 53-59 dont l'idée est reprise, mais non les termes.

Et en rendant visible l’insensibilité des idolâtres, il appelle les idoles bois et pierres en passant sous silence les démons qui se tapissent dedans.

?

Or il fallait plutôt que Juda revienne comme une femme qui s’introduit près de celle qui a été chassée pour prostitution. Le grief serait en effet plus important si elle imitait la prostitution de la première.

?

Telle est la demeure des Juifs : il fallait revenir en vérité, mais elle s’est façonnée dans le mensonge en honorant Dieu sur les lèvres,

Hom. IV, §1, 67-68 sans l’allusion à Isaïe Les termes de l'homélie sont repris approximativement.

elle qu’il appelle infidèle parce qu’elle a transgressé les conventions qui la liaient à lui.

Hom. IV, §5, 22-23 reprise du terme "convention" (sunqhvka"), mais pas du verbe "observer" (thrw') à la forme négative.

Or il fallait plutôt être éduqués en occupant le temple et ce qui est accompli à l’intérieur selon la loi ;

?

ainsi le plus grand des dangers pour nous, c’est que nous péchions après le retour du Christ, la rédemption des péchés et l’intervention du Saint Esprit et surtout à la vue du rejet des Juifs « car si Dieu n’a pas épargné les rameaux naturels », bien plus il ne supportera pas que nous péchions.

Hom. IV, §4, 4-12 ou §5, 4-11 et 32-35 L'idée de ces trois passages est reprise ainsi que la citation de Rm 11, 21, mais la notion de danger et les quatre compléments de temps ne sont pas présents tels quels dans l'homélie.

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On peut remarquer que les motifs tirés de l’Hom. IV sont agencés dans un ordre

qui ne respecte pas exactement leur ordre de succession dans l’Homélie. De plus,

les motifs indépendants et originaux ne sont pas tous ajoutés à la fin, mais sont

intercalés entre les motifs connus. Il est là encore difficile de savoir d’où viennent

les motifs qui n’apparaissent pas, sous une forme ou une autre, dans les

Homélies ; s’agit-il de passages ajoutés par le caténiste entre les motifs qu’il

emprunte à Origène ? La logique peu cohérente de l’enchaînement semblerait

exclure cette hypothèse. S’agit-il d’anciens extraits d’autres auteurs ayant perdu

leur attribution et ayant été assimilés à ce qui apparaissait sous le nom

d’Origène ? Est-ce la trace d’une version plus complète de l’Hom. IV conservée

dans la tradition directe ?

− la scholie n°161a porte sur Jr 3, 24 et s’inspire de l’Hom. V, §5, 13-32, dont les

idées sont aisément reconnaissables malgré un fort phénomène de récriture et

quelques lacunes (par exemple le passage détaillant les différences entre les

pécheurs (ll. 16-26) et la citation d’Eph 4, 19) ; l'image du voile présente dans la

scholie de la chaîne avec le verbe ejgkaluvptetai n'apparaît pas à cet endroit de

l'Homélie, mais un peu plus loin (§ 8-9) ;

− l’extrait n°162a porte aussi sur Jr 3, 24 et s’inspire de l’Hom. V, § 6-7, 46 lignes

étant ainsi résumées en une dizaine de lignes. Les transitions sont laissées de côté

et le style est plus concis. La scholie se termine par un passage original sur le

sommeil, appuyé par la citation d’Eph 5, 14 qui n’est pas dans l’Hom. V. On

pourrait d’abord émettre l’hypothèse que ce passage a été emprunté par le

caténiste à une autre œuvre du maître alexandrin, mais, si la citation d’Eph 5, 14

apparaît de nombreuses fois dans le reste des œuvres d’Origène, elle ne présente

jamais de parallèle probant avec Jr 3, 24. Comme dans les autres cas où la scholie

de la chaîne témoigne d’un texte enrichi par rapport à la tradition directe des

Homélies, on peut se demander si c’est le caténiste qui est à l’origine de cet

enrichissement, s’il s’agit d’une scholie au départ indépendante, qui, après avoir

perdu son attribution, a été assimilée à la scholie d’Origène qui la précédait, ou

bien si cette scholie est la trace d’une version plus complète des Homélies sur

Jérémie d’Origène conservées dans les manuscrits.

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− la scholie n°165 porte sur Jr 3, 25 et s’inspire de l’Hom. V, §8, 5-31 dont les

propos sont à peine résumés. Le style de la scholie est très proche de celui de

l'Homélie. Les redites concernant l'absence ou la présence de voile (cf. § 8, ll. 18-

24), le développement sur le déshonneur (§ 8, ll. 31-37) et l’exemple de Moïse

(cf. § 8, ll. 38-51) sont laissés de côté dans la chaîne ;

− la scholie n°170 porte sur Jr 4, 1 et reprend de manière plus resserrée les lignes 22

à 32 de l’Hom. V, §11, tout en gardant la citation du Ps 33,17 ;

− la scholie n°171b porte sur Jr 4, 2 et s’inspire de l’Hom. V, §12, ll. 9-17 et ll. 32-

33, résumée en quelques lignes. Le style est assez libre par rapport à celui de

l’Homélie, même si l’on retrouve certains termes ou expressions-clés (martuvrwn

deovmeno", nai;, ouj, h{nwsen). L'introduction du passage qui consiste en une

introspection (« Regardons-nous nous-mêmes… », § 12, ll. 4-8) et le

développement sur le discernement (§ 12, ll. 18-29), un peu répétitif par rapport à

ce qui précède, sont laissés de côté dans la chaîne ;

− la scholie n°175b porte sur Jr 4, 3 et s’inspire de l’Hom. V, §13, en particulier des

lignes 16 à 19 et 33 à 52. Le style de la scholie est assez libre, très resserré, en

particulier grâce à l'emploi de propositions relatives et de participes apposés

(ejkrizou'nta", poihvsa", memnhmevno", meletw'n). Les transitions (cf. jAlla; ejrei'

ti" tw'n ajkouovntwn: ejgw; ouj didavskw, oujc uJpovkeimai tauvth/ th/' ejntolh/'.

§13, ll. 32-33) et les répétitions (cf. labe; spevrmata, ll. 47, 48, 49, 50) sont

laissées de côté ;

− la scholie n°176b porte sur Jr 4, 4 et s’inspire de l’Hom. V, §14-15. Le caténiste

signale par l’expression kai; pavlin qu’il emprunte ses propos à deux passages

différents de l’Hom. V. Le premier passage sur la pratique de la circoncision en-

dehors de l’Église peut être précisément identifié au §14, lignes 1-25, tandis que

le deuxième passage sur le prépuce du cœur, c’est-à-dire les pensées fausses et

mauvaises, correspond exactement au passage du §15, lignes 17-26. On voit bien

qu’effectivement tout un pan de l’Homélie, qui correspond à l'interprétation

progressive et détaillée du prépuce du cœur, est laissé de côté par le caténiste

entre ces deux passages. Pour le premier passage, le style de la scholie est très

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99

resserré par rapport à l'Homélie, mais on retrouve cependant l'évocation de

l'exemple des prêtres égyptiens, des philosophes et des hérétiques ; la phrase

d'introduction qui rappelle le lemme biblique et annonce le commentaire (§ 14,

ll. 1-6), ainsi que la distinction entre les deux niveaux de circoncision, au sens

littéral et au sens figuré (§ 14, ll. 11-16) ne sont pas reprises dans la scholie de la

chaîne ; la deuxième partie de la scholie reprend le § 15, ll. 17-26 en changeant la

syntaxe : l'emploi de pronoms relatifs supplémentaires (ejn h|/, h{ti") permet de

resserrer le style. Les répétitions des termes du lemme biblique sont laissées de

côté ;

− la scholie n°181 porte sur Jr 4, 5-6 et s’inspire de l’Hom. V, §16 en laissant de

côté le commentaire sur la trompette (ll. 1-11). Il s’agit d’une récriture des lignes

13 à 28 ; les allusions à 1Tm 3, 15 et au Ps 17, 30 sont effacées dans la scholie de

la chaîne et les répétitions du lemme biblique sont laissées de côté. En revanche,

on peut signaler que, alors que l'homélie ne donne que l'interprétation allégorique

du Borée, la scholie de la chaîne donne les deux interprétations, littérale et

allégorique, grâce aux termes aijsqhtw'" et tropikw'" qui n'apparaissent pas dans

l'Homélie ; il me semble que cette précision doit être attribuée au caténiste, qui

apparaît très sensible aux différents sens de l’Écriture.

− la scholie n°186a porte sur Jr 4, 7 et s’inspire de l’Hom. V, §16, l. 28 - §17, l. 3.

Seule la fin de la citation de 1P 5, 8-9 est conservée : elle est citée en deux temps,

séparés par une incise. La citation du Ps 9 est conservée, tandis que celle du Ps

103 est laissée de côté. Ici encore, comme dans la scholie précédente, alors que

l'Homélie ne donne qu'une interprétation allégorique du lion, le caténiste précise

les deux interprétations, littérale et allégorique, avec les termes aijsqhtw'" et

tropikw'".

Les fragments attribués à Origène dans le début de la chaîne à auteurs multiples sur

Jérémie ont ainsi des liens complexes avec la tradition directe des Homélies sur Jérémie de

cet auteur.

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100

En outre, certains fragments, qui ne sont pas attribués à Origène, ont tout de même des

points d’accroche avec ses Homélies sur Jérémie. E. Klostermann signale l’écho existant

entre l’Hom. IV, § 5, 22-23 et la scholie 131b, ainsi que l’écho entre l’Hom. V, §12, 30-31

et la scholie 172a, ces deux scholies étant placées sous le nom d’Olympiodore263. Soit ces

échos signalent qu’il y a eu une erreur d’attribution de la part du caténiste pour ces scholies

et qu’elles doivent être réattribuées à Origène, soit les scholies sont correctement attribuées

et témoignent simplement de la marque d’Origène sur ses successeurs.

E. Klostermann évoque aussi l’influence des Homélies sur Jérémie d’Origène sur

Eusèbe de Césarée et cite pour illustrer son propos un passage de la Démonstration

évangélique et des Eclogae propheticae264. J’ai été surprise de voir qu’il n’évoque pas la

scholie 156b d’Eusèbe, dans la chaîne à auteurs multiples sur Jérémie, qui est pourtant une

récriture incontestable de l’Hom. V, §2-4 d’Origène. J’étudierai de manière approfondie ce

problème lorsque j’en viendrai à Eusèbe, mais dores et déjà, il importe de souligner la

présence double d’Origène dans la chaîne à auteurs multiples, d’une part dans ses scholies

propres, d’autre part à travers son influence sur d’autres auteurs comme Eusèbe et

Olympiodore, si toutefois il ne s’agit pas d’erreurs d’attribution de la part du caténiste ou

des copistes successifs.

E. Klostermann signale aussi les échos entre certaines scholies de la chaîne qui ne sont

pas attribuées à Origène et d’autres œuvres que les Homélies sur Jérémie du maître

alexandrin265. Il donne comme exemple la scholie anonyme n°8c sur Jr 1, 5 qu’il met en

parallèle avec le commentaire de S. Jérôme sur Jérémie (I, 4-5)266, fortement inspiré de

l’œuvre d’Origène, et avec celui d’Origène lui-même sur l’Épître aux Romains (I, 3) dans la

traduction latine de Rufin. Ce que ne dit pas E. Klostermann, c’est que ce commentaire

d’Origène sur Rm 1, 1, et en particulier sur l’expression "mis à part pour l’Évangile de

Dieu", est aussi conservé en grec dans le chapitre 25 de la Philocalie267 ; or les points

communs avec l’extrait anonyme de la chaîne y sont encore plus flagrants que dans la

traduction latine de Rufin. On retrouve, dans le chapitre de la Philocalie, les citations de Gal

263 Die Überlieferung… p. 55. 264 Die Überlieferung… p. 51. 265 Die Überlieferung… pp. 45-46. 266 S. Hieronymi Presbyteri Opera, In Hieremiam, éd. S. Reiter, CCSL 74, Turnhout 1960, pp. 4-5. 267 Origène, Philocalie 21-27. Sur le libre arbitre, éd. E. Junod, SC 226, Paris 1976, pp. 218-221.

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1, 15 ; de Dn 13, 42 et du Ps 57, 4 présentes dans la scholie de la chaîne. Un passage en

particulier (Philocalie 25, ll. 24-27) est très proche, dans sa formulation, de la scholie

anonyme 8c :

Ouj nomistevon toivnun ei\nai tw'n ejsomevnwn aijtivanaijtivanaijtivanaijtivan th;n provgnwsinprovgnwsinprovgnwsinprovgnwsin tou' Qeou': ajll j

ejpei; e[mellene[mellene[mellene[mellen givnesqai kat j ijdiva" oJrma;" tou' poiou'nto", dia; tou'to proevgnwproevgnwproevgnwproevgnw,

« eijdw;" ta; pavnta pro; genevsew" aujtw'neijdw;" ta; pavnta pro; genevsew" aujtw'neijdw;" ta; pavnta pro; genevsew" aujtw'neijdw;" ta; pavnta pro; genevsew" aujtw'n » (Philocalie 25, ll. 24-27 : « Il ne faut donc pas

penser que la prescience de Dieu est la cause des événements futurs. Au contraire, c’est parce

que les événements devaient arriver conformément aux propres élans de l’homme qui agit,

que Dieu en a eu une connaissance préalable, lui qui « connaît toutes choses avant qu’elles

n’arrivent » [Dn 13, 42 ou Suz 1, 42])

To; de; pro; tou' se ejxelqei'n ejk mhvtra" hJgivakav se oi|on to; « ajfovrisav" me ejk

koiliva" mhtrov" mou »: JaJgiavsai j ga;r to; J ajforivsai j pro;" th;n leitourgivan:

pneuvmato" ga;r aJgivou meteivlhfen o{ te di j eujsebou'" politeiva" eJauto;n katevsthsen

a[xion wJ" th;n profhtikh;n cavrin labei'n: o{per proevgnw « oJ eijdw;" ta; pavnta pri;n oJ eijdw;" ta; pavnta pri;n oJ eijdw;" ta; pavnta pri;n oJ eijdw;" ta; pavnta pri;n

genevsew" aujtw'ngenevsew" aujtw'ngenevsew" aujtw'ngenevsew" aujtw'n » oJpoi'on te ejn tw'/ NZ yalmw/': « jAphllotriwvqhsan oiJ aJmartwloi;

ajpo; mhvtra" » kai; pro;" to;n Faraw' de; fhsi;n : « Eij" aujto; tou'to ejxhvgeirav se

o{pw" ejndeivxwmai ejn soi; th;n duvnamivn mou » ajll j oujc hJ prognwvsi"prognwvsi"prognwvsi"prognwvsi" aJgiasmou'

gevgonen h] ponhriva" aijtivaaijtivaaijtivaaijtiva a} de; poiei'n h{mellonh{mellonh{mellonh{mellon th'" prognwvseprognwvseprognwvseprognwvsew"w"w"w" aijtivaaijtivaaijtivaaijtiva gevgonen

(scholie 8c).

Origène est ainsi présent dans la chaîne, non seulement par les extraits qui lui sont

attribués, mais aussi par l’influence de toute son œuvre sur d’autres auteurs (Eusèbe,

Olympiodore, l’Anonyme).

C. Grégoire le Thaumaturge (≈ 213-275)268

La chaîne sur Jérémie contient cinq scholies sous le nom de Grégoire le

Thaumaturge269. Elles sont sans doute issues d’homélies sur Jérémie plutôt que d’un

commentaire suivi, comme en témoignent les marques de l’exhortation. Le fait que les

268 CPG 1794.5, t. I, p. 247. 269 Éd. J. B. Pitra, Analecta Sacra Spicilegio Solesmensi parata, t. III, pp. 591-595.

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scholies concernent toutes un même passage (Jr 9, 4 à 10, 2) laisse à penser qu’elles sont

même issues d’une unique homélie270.

D. Eusèbe de Césarée (≈ 260-339)271

M. Faulhaber signale le prologue et les 19 scholies attribués à Eusèbe de Césarée dans

la chaîne à auteurs multiples272. Outre le prologue, placé en tête de la chaîne, quatre des 19

scholies seulement concernent mon corpus des chapitres 1 à 4. Elles portent sur les lemmes

138 (Jr 3, 14-16), 143 (Jr 3, 16-17), 156 (Jr 3, 22-23) et 211 (Jr 4, 20). Comme

M. Faulhaber ne précise pas l’origine des scholies d’Eusèbe, j’ai repris l’ensemble du

dossier273 :

− le prologue, présenté comme un texte indépendant dans la CPG, est en réalité un

passage tiré du Commentaire sur les Psaumes du même auteur. Il s’agit

précisément d’un commentaire au Psaume 86 relatif à l’ordre des Psaumes et, à

titre de comparaison, à l’ordre des oracles dans les livres prophétiques, en

particulier dans le livre de Jérémie. Eusèbe souligne la non-coïncidence entre

l’ordre chronologique des prophéties et leur disposition dans le livre. La

disposition des oracles que l’on trouve dans le livre de Jérémie (Jôsias, Jéchonias,

Jôakim 4ème année, Jôakim début de règne, Sédékias, Jôakim, Godolias, Jôannan,

Jôakim, Sédékias) ne respecte pas l’ordre chronologique (Jôsias, Joakas, Jôakim,

Jéchonias, Sédékias) qu’Eusèbe explicite clairement. Dans le commentaire

d’Eusèbe sur le Psaume 86, ce passage prend place au sein de l’étude de la

disposition des Psaumes "aux fils de Koré" ou "sur les fils de Koré" (Ps 41-48,

83-84, 86-87) : ceux-ci ne se suivent pas, mais sont interrompus par la prière de

270 M. Faulhaber, pp. 104-105. 271 CPG 3469.3, t. II, p. 265. 272 M. Faulhaber, p. 105. 273 Pour toutes les recherches sur Eusèbe, Sébastien Morlet a été pour moi d'une aide précieuse. Je lui dois de nombreuses informations, en particulier sur la Démonstration évangélique et j'ai pu profiter de quelques résultats de la thèse de doctorat qu’il soutiendra le 9 décembre 2006 sous la direction d'O. Munnich (La Démonstration évangélique d'Eusèbe de Césarée : les mutations de l'apologétique chrétienne à l'époque de Constantin) en particulier pour les cas de récriture d'Origène par Eusèbe et en ce qui concerne la volonté délibérée d'Eusèbe d'occulter l'idée d'un salut final pour Israël.

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David (Ps 85). La disposition des Psaumes dans le livre suit, selon Eusèbe, l’ordre

de "découverte" (euJrivskw) de ces Psaumes par Esdras, au retour de l'exil274.

Lorsque l’on compare le texte qui figure dans l’introduction à la chaîne et le texte

tel qu’il apparaît dans le Commentaire sur les Psaumes275, on remarque que le

caténiste adapte le passage afin de l’intégrer dans les prologues à la chaîne sur

Jérémie : tout d’abord, il ne répète pas le début du passage qui lui permettait, dans

le commentaire du Psaume 86, d’introduire l’exemple parallèle des prophètes

(« Ce que l’on vient de dire sera confirmé par des preuves tirées des

Prophètes ») ; de plus, dans le prologue de la chaîne, l’évocation du prophète est

implicite et contextualisée (oJ gou'n parw;n profhvth" « le prophète concerné

ici »), alors qu’il est cité explicitement (oJ gou'n jIeremiva") dans le passage du

commentaire au Psaume où l’exemple du prophète Jérémie ne va pas de soi. Du

fait de cette évocation implicite de Jérémie par le terme profhvth", le caténiste a

pu se retrouver confronté à une redondance profhvth" / profhteuvein. Telle est

274 Cf. PG 23, col. 1040 D2 – 1041 A9. On peut noter l’insistance, avec les différentes formes du verbe eujrivskw, sur l’idée que les textes ont été trouvés, découverts, avant d’être placés dans le livre : Mhvpot j ou\n oJ sunagagw;n, ei[t j jEsdra" ou|to" h\n, w{" fasin JEbraivwn pai'de", ei[te ti" e{tero" para; tou'ton, tou;" prwvtou" eij" aujto;n ejcomevnou" prwvtou" ejn th/' bivblw/ katevtatten. Oujk ajqrovw" ga;r tou;" pavnta" uJf j e{na kairo;n euJrw;neuJrw;neuJrw;neuJrw;n, ejx ajnavgkh" tou;" pro;" cei'ra parempivptonta" sunh'pte toi'" proeilhfovsi. Diovper kai; tou;" prwvtou" hV Tw'n uiJw'n Kore; eijko;" tovte katatavxai, o{te kai; ajqrovw" oJmou' pavnte" eu{rhntaieu{rhntaieu{rhntaieu{rhntai: met j ejkeivnou" de; sunavyai tou;" meta; tau'ta eij" aujto;n ejlqovnta". Ei\ta pollw'n ejn tw/' metaxu; euJrhmevnwneuJrhmevnwneuJrhmevnwneuJrhmevnwn, kai; eij" th;n bivblon tw'n Yalmw'n ajnalhfqevntwn meta; to;n pbV yalmo;n, euJrh'sqaieuJrh'sqaieuJrh'sqaieuJrh'sqai pavlin a[llou" duvo Tw'n uiJw'n Kore;, ou}" kai; ajkolouvqw" sunavya" ejn tw/' trivtw/ kai; pV kai; tw/' pdV katevtaxen. Ei\ta metaxu; tou' crovnou th'" tou' Daui;d Proseuch'" euJreqeivsh"euJreqeivsh"euJreqeivsh"euJreqeivsh", ejnqei'nai kai; tauvthn meta; to;n pdV. Kai; pavlin meta; th;n Proseuch;n tou' Daui;d, ejn peV tovpw/ katalecqei'san, euJreeuJreeuJreeuJreqh'naiqh'naiqh'naiqh'nai eJtevrou" duvo Tw'n uiJw'n Kore;, to;n meta; cei'ra" kai; to;n ejfexh'" aujtw/': ejx ajnavgkh" te kai; aujtou;" sunacqh'nai th/' Proseuch/' tou' Daui?d. To;n aujto;n de; lovgon uJpavrcein oJ aujto;" ei[poi a]n kai; ejpi; th'" tw'n loipw'n yalmw'n sunqevsew". 275 Voici le texte de l'édition de B. de Montfaucon reproduite dans la Patrologia Graeca (PG 23, col 1041 A10-C6). J’ai mis en gras tous les écarts avec le prologue de la chaîne (pour ce texte se reporter à l’édition de la chaîne à auteurs multiples pp. 5-6), écarts que j’explique et interprète ci-dessus : Pistwvsetai de; to; lelegmevnon ajpo; profhtikw'n ajpodeivxewn: ejpei; ga;rPistwvsetai de; to; lelegmevnon ajpo; profhtikw'n ajpodeivxewn: ejpei; ga;rPistwvsetai de; to; lelegmevnon ajpo; profhtikw'n ajpodeivxewn: ejpei; ga;rPistwvsetai de; to; lelegmevnon ajpo; profhtikw'n ajpodeivxewn: ejpei; ga;r ejn tai'" profhtikai'" bivbloi" pollavki" e[stin euJrei'n ta; tw'/ crovnw/ prolecqevntaprolecqevntaprolecqevntaprolecqevnta deuvtera keivmena th'/ tavxei kai; ta; profhteuqevnta u{stera protetagmevna tw'n proagovntwn toi'" crovnoi". JO gou'n jIeremiva"Ieremiva"Ieremiva"Ieremiva" profhteuvein me;nprofhteuvein me;nprofhteuvein me;nprofhteuvein me;n a[rcetai ejpi; jIwsivou parateivnei de; mevcri Sedekivou kai; th'" aijcmalwsiva" Sedekiva" d d d d j h\n tevtarto" ajpo; jIwsivou basileuv" meta; ga;r jIwsivan deuvtero" jIwakei;m uJio;"deuvtero" jIwakei;m uJio;"deuvtero" jIwakei;m uJio;"deuvtero" jIwakei;m uJio;" aujtou'aujtou'aujtou'aujtou' diadevcetai th;n ajrch;n meq j o}n trivto" jIecwniva" uiJo;" jIwakei;m meq j o}n tevtarto" Sedekiva" ajdelfo;" jIwakei;m: kaq j ou}" a{panta" tou' JIeremivou profhteuvsanto" hJ ejpwvnumo" aujtou' grafh; a[rcetai me;n ajpo; jIwsivou ei\ta proiou'sa memnhtai jIecwnivou tou' trivtou ajpo; jIwsivou eieieiei\\ \\ta ta ta ta profhteuvei ta; ejpi; Sedekivou o}" hprofhteuvei ta; ejpi; Sedekivou o}" hprofhteuvei ta; ejpi; Sedekivou o}" hprofhteuvei ta; ejpi; Sedekivou o}" h\\ \\n tevtarto" ajpo; jIwsivoun tevtarto" ajpo; jIwsivoun tevtarto" ajpo; jIwsivoun tevtarto" ajpo; jIwsivou oi|" eJxh'" tivqhsi ta; ejn tw/' tetavrtw/ ejpiejpiejpiejpi; jIwakei;m profhteuqevnta o}" h\n deuvtero" meta; jIwsivan ei\q j eJxh'" ejpavgei ta; ejn ajrch'/ tou' aujtou' jIwakei;m ei\ta ta; ejpi; Sedekivou kai; pavlin ta; ejpi; jIwakei;m ei\ta mevmnhtai th'" aijcmalwsiva" th'" eij" Babulw'na kai; wJ" meta; Sedekivan katevsth hJgouvmeno" tw'n ajpoleifqevntwn Godoliva" kai; wJ" jIsmah;l ajnairei' to;n Godolivan meq j o}n jIwana'n uiJo;" Karie; hJgei'tai kai; meta; touvtou" a{panta" eJxh'" ejpavgei ta;" ejn tw'/ d d d d j e[tei jIwakei;m lecqeivsa" profhteiva" kai; pavlin ta;"ta;"ta;"ta;" ejn ajrch'/ basileiva" Sedekivou eijrhmevna"a"a"a".

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peut-être la raison qui l’a conduit à supprimer à cet endroit l’infinitif de son texte-

source, suppression qui est à l’origine des emplois absolus et un peu abrupts de

a[rcetai et parateivnei. Il faut noter aussi d’autres différences importantes entre

les deux passages : l’ajout dans le prologue à la chaîne du membre kaqa; ei[rhtai

jIwaka'" uiJov" (« comme il est dit, Jôakas, son fils ») dans la description de la

succession historique des rois. Cet ajout vient rétablir la place de Jôakas qui

n’était pas évoqué dans le texte-source. On peut émettre deux hypothèses à propos

de cet ajout : soit il est présent dans certains témoins manuscrits de la tradition

directe du Commentaire sur les Psaumes, et en particulier dans le témoin consulté

par le caténiste, soit le caténiste lui-même cherche à rendre les propos d’Eusèbe

plus conformes à ses propres connaissances de l’histoire juive. D’autre part, il y a

l’omission dans le prologue à la chaîne, pour ce qui concerne la description de la

disposition du livre, de la première allusion à Sédékias après Jôsias et Jéchonias

(ei\ta profhteuvei ta; ejpi; Sedekivou o}" h\n tevtarto" ajpo; jIwsivou). On peut

émettre à nouveau deux hypothèses à propos de cette omission : soit elle existe

dans certains témoins manuscrits de la tradition directe du Commentaire sur les

Psaumes, et en particulier dans le témoin consulté par le caténiste, soit le

caténiste, cherchant à comprendre le texte et à le rendre plus clair pour le lecteur,

a ici été troublé par l’interversion Jéchonias / Sédékias du texte d’Eusèbe et l’a

atténuée en laissant de côté l’allusion à Sédékias.

− la première scholie d’Eusèbe (n°138b) porte sur Jr 3, 14 et rappelle un passage de

la Démonstration évangélique dans lequel les versets 14 à 16 du chapitre 3 sont

commentés276. C’est surtout vrai pour le début de la scholie d’Eusèbe, puisque le

terme ejpidhmiva fait écho à parousiva et le terme profhteuvei à qespivzei. Il est

276 Dém. II, 3 § 162-163 cf. éd. I. A. Heikel, GCS 23, p. 89. Les termes communs au passage de la Démonstration et à la scholie de la chaîne sont en gras. n d V . j A p o ; t o u ' J I e r e m i v o u . « jEpistravfhte, uiJoi; ajfesthkovte", levgei kuvrio", di j o{ti ejgw; katakurieuvsw uJmw'n, kai; lhvyomai uJma'" e{na ejk povlew" kai; duvo ejk patria'" kai; eijsavxw uJma'" eij" Siwvn, kai; dwvsw uJmi'n poimevna" kata; th;n kardivan mou, kai; poimanou'sin uJma'" poimaivnonte" met j ejpisthvmh". kai; e[stai, eja;n plhqunqh'te kai; aujxhqh'te, levgei Kuvrio", ejn tai'" hJmevrai" ejkeivnai", oujk ejrou'sin e[ti kibwto;" diaqhvkh" Kurivou jIsrah;l oujk ajnabhvsetai ejpi; kardivan, oujde; ojnomasqhvsetai kai; ouj poihqhvsetai e[ti.» JOmou' kai; ejn touvtoi" th;n ejpistrofh;n tou' jIsrah;l th;n ejn th/' parousiva/parousiva/parousiva/parousiva/ tou' swth'ro" hJmw'n jIhsou' Cristou' Cristou' Cristou' Cristou' genhsomevnhn qespivzeiqespivzeiqespivzeiqespivzei, kaq j h}n « e{na ejk povlew" kai; duvo ejk patria'" » kai; sfovdra ojligostou;" kai; ajriqmw/' bracei'"sfovdra ojligostou;" kai; ajriqmw/' bracei'"sfovdra ojligostou;" kai; ajriqmw/' bracei'"sfovdra ojligostou;" kai; ajriqmw/' bracei'" ejklexavmeno" poimevna" tw'n eij" aujto;n pepisteukovtwn ejqnw'n kai; aujxhqevntwn ejpi; th'" gh'" ejn th/' di j aujtw'nejn th/' di j aujtw'nejn th/' di j aujtw'nejn th/' di j aujtw'n ejsomevnh/ klhvsei tw'n ejqnw'nejsomevnh/ klhvsei tw'n ejqnw'nejsomevnh/ klhvsei tw'n ejqnw'nejsomevnh/ klhvsei tw'n ejqnw'n.

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question dans les deux cas du retour du Christ que prophétise Jérémie. Le lien de

la deuxième partie de la scholie avec le même passage de la Démonstration est

moins clair : il y est bien question des nations (le terme e[qnh est présent dans les

deux textes) et du petit nombre de ceux qui vont revenir à Dieu (mh; ... ajqrovw"

dans la scholie / sfovdra ojligostou;" kai; ajriqmw'/ bracei'" dans la Dém.), mais

le style du passage de la Démonstration est plus paraphrastique que celui de la

scholie de la chaîne. Le choix du vocabulaire et la proximité des thèmes évoqués

laissent à penser cependant que la scholie de la chaîne est bien une récriture de ce

passage. Toutefois, lorsqu’on y regarde de plus près, l’interprétation mise en

valeur dans la scholie de la chaîne est très différente de celle de la Démonstration.

Dans la Démonstration, la citation de Jr 3, 14-16 appartient à un florilège sur le

thème du « reste d’Israël »277. Le « reste d’Israël » désigne le petit nombre de

Juifs qui ont été sauvés de la chute de Jérusalem en 70 et grâce auxquels pourra

s’accomplir le salut des nations. Dans la scholie de la chaîne, la distinction entre

Israël et les nations disparaît au profit d’une distinction au sein des nations entre

la foule de ceux qui ne se convertiront pas et le petit nombre de ceux qui croiront

et seront sauvés. Il semble donc que le caténiste, dans sa récriture du passage,

commet un contresens sur l’exégèse d’Eusèbe. Ce contresens provient peut-être

d’une volonté de simplifier les propos d’Eusèbe, ou bien du fait que l’exégèse

d’Eusèbe était trop inattendue et n’a absolument pas été comprise. L’exégèse

mise en valeur dans la scholie de la chaîne attribuée à Eusèbe semble en effet être

plus courante et plus attendue, comme en témoigne un peu plus loin la scholie

139a de Jean Chrysostome sur le même passage qui insiste aussi sur la distinction

au sein des nations entre la foule de ceux qui ne seront pas sauvés et le petit

nombre de ceux qui le seront ;

− la deuxième scholie (n°143c), qui porte sur Jr 3, 16, présente des liens avec le

passage de la Démonstration évangélique qui suit immédiatement celui dont nous

venons de parler278. Le lien est ici parfaitement clair puisque nous avons, dans

277 Dém. II, 3 § 48-176, cf. éd. cit., pp. 69-92. 278 Dém. II, 3 § 164, cf. éd. cit., p. 89. Les termes communs au passage de la Démonstration et à la scholie de la chaîne sont en gras : «oujkevti», fhsivn, «ejrou'sin, kibwto;" diaqhvkh" Kurivou». oujkevti ga;r ejpi; ta;" ejpi; ta;" ejpi; ta;" ejpi; ta;"

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l’un et l’autre textes, l’évocation du culte corporel de Moïse (swmatikh;

qrhskeiva) et du remplacement de l’ancienne alliance par la nouvelle alliance,

dans des termes assez semblables. En revanche, comme le passage de la

Démonstration évangélique s’arrête sur cette idée et passe ensuite à une citation

du chapitre 5 de Jérémie, la deuxième partie de l’extrait de la chaîne, à propos du

trône de Dieu qu’est la Jérusalem terrestre et céleste et que sont les Saints dans

l’Église, paraît indépendante. Aucune des occurrences pourtant nombreuses de la

citation d’Is 66, 1 chez Eusèbe ne donne lieu à cette interprétation. Mais la fin du

commentaire qui évoque l’ânon rappelle un autre passage biblique : Za 9, 9 très

souvent commenté par Eusèbe. L’une des occurrences de cette citation dans les

Eclogae propheticae inaugure un passage dans lequel on retrouve des éléments de

la deuxième partie du commentaire de la chaîne, même s’il n’y a pas de renvoi

explicite au passage de Jérémie279. En effet, il y est fait allusion à la Jérusalem

céleste et à l’Église. Le détail des saints qui forment le trône de Dieu est

cependant absent. On peut simplement dire ici que la deuxième partie du

commentaire d’Eusèbe n’est pas contradictoire avec son œuvre, puisque l’on

trouve quelque similitudes avec un passage des Eclogae, mais il est difficile de

préciser davantage l’origine de la scholie ;

− la situation est très différente pour la troisième scholie d’Eusèbe (n°156b) qui

porte le numéro du lemme 156, mais concerne plus largement les lemmes 156 à

Mwsevw"Mwsevw"Mwsevw"Mwsevw" ajnadramou'ntai swmatikwtevra" qrhskeiva"swmatikwtevra" qrhskeiva"swmatikwtevra" qrhskeiva"swmatikwtevra" qrhskeiva", a{te kainh'" diaqhvkh"kainh'" diaqhvkh"kainh'" diaqhvkh"kainh'" diaqhvkh" aujtoi'" paradoqhsomevnh". 279 Eclogae propheticae, lib. III, cap. 24 (sur Za 9,9), (PG 22, col. 1149 A14-C12 = éd. T. Gaisford, 1842). Les termes ou thèmes communs aux Eclogae et à la scholie de la chaîne sont en gras : « Cai're ...... quvgater Siw;n, khvrusse quvgater jIerousalhvm: ijdou;, oJ ba ...... e[rcetaiv soi divkaio" kai; swvzwn aujto;" prau>" kai; ejpi ....... uJpozuvgion kai; pw'lon nevon. Kai; ejxoloqreuvsei a{rmata ejx jEfrai;m, kai; i{ppon ejx jIerousalh;m, kai; ejxoloqreuvsetai tovxon polemiko;n, kai; plh'qo" kai; eijrhvnh ejx ejqnw'n, kai; katavrxei ajpo; qalavssh", kai; potamw'n di jejkbola;" gh'". » Qugavthr Siw;n, h/| prostavssei caivrein oJ lovgo", pa'sa hJ th'" nohth'" kai; ejpouranivou Siw;npa'sa hJ th'" nohth'" kai; ejpouranivou Siw;npa'sa hJ th'" nohth'" kai; ejpouranivou Siw;npa'sa hJ th'" nohth'" kai; ejpouranivou Siw;n oiJ katatugcanei (sic) yuchv: h] (hJ) kai; ejpi; gh'" ejpi; gh'" ejpi; gh'" ejpi; gh'" dia; Crisdia; Crisdia; Crisdia; Cristou' susta'sa ejx ejqnw'n ejkklhsivatou' susta'sa ejx ejqnw'n ejkklhsivatou' susta'sa ejx ejqnw'n ejkklhsivatou' susta'sa ejx ejqnw'n ejkklhsiva: oJmoivw" d jau\ pavlin qugavthr jIerousalh;m, hJ suggevneian fevrousa th'" ejpouranivou jIerousalhvmth'" ejpouranivou jIerousalhvmth'" ejpouranivou jIerousalhvmth'" ejpouranivou jIerousalhvm: oi|a ti" h\n hJ Pauvlou levgonto" « hJ de; a[nw jIerousalh;m ejleuqevra ejsti;n, h{ti" ejsti;n mhth;r hJmw'n ». Tai'" dh; ou\n toiauvtai" yucai'" oJ lovgo" (ejpi)dhmhvsein to;n Cristo;n tou' Qeou' proanakhruvttei ejpibejpibejpibejpibebhkovta uJpozugivw/ kai; pwvlw/ nevwebhkovta uJpozugivw/ kai; pwvlw/ nevwebhkovta uJpozugivw/ kai; pwvlw/ nevwebhkovta uJpozugivw/ kai; pwvlw/ nevw/: ou{tw th'" ajnqrwpeiva" fuvsew", h}n ejpidhmhvsa" (ajneiv)lhfen, nooumevnh": meq j h|" ejxwlovqreuse pa'san polemikh;n duvnamin ajpo; pavsh" ejkklhsiastikh'" kai; fevrein karpou;" aJgivou" dunamevnh" yuch'", tou' jEfrai;m eij" karpoforivan metalambanomevnou, kai; eij" o{rasin eijrhvnh" kata; th;n JEllavda glw'ttan th'" jIerousalhvm: kai; dh; ejxoloqreuvsa" tou;" provteron th'" ajnqrwpovthto" ejpikratouvsa" (sic) daivmona" ponhrou;", ejx aJpavntwn tw'n pavlai touvtoi" uJpoceirivwn ejqnw'n murivou" o{sou" uJpo; to;n eujsebh' th'" didaskaliva" aujtou' zugo;n uJphgavgeto.

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107

159, c’est-à-dire Jr 3, 22-23. En réalité, on peut distinguer cinq motifs dans ce

commentaire :

- le premier motif concerne très précisément le pronom personnel soi et insiste

sur la promesse d’être à Dieu ;

- le deuxième motif concerne le terme yeu'do" et insiste sur l’opposition entre

deux périodes, la période passée où les idoles étaient estimées et le moment

actuel de l’énonciation où les idoles sont tenues pour des mensonges ;

- le troisième motif concerne l’évocation des collines et des montagnes comme

lieu d’habitation des idoles ;

- le quatrième motif consiste en une opposition entre la puissance prétendue des

idoles et le mensonge qu’elles sont en réalité, opposition que l’on retrouve

entre les prodiges des Égyptiens et ceux de Moïse, entre la magie de Simon et

les miracles du Christ ;

- le cinquième motif est lié au lemme 159 et évoque le salut d’Israël qui succède

à celui des nations.

Tous ces motifs, sauf le troisième, offrent des ressemblances très fortes avec la

cinquième des Homélie sur Jérémie d’Origène. Il faut rapprocher le premier motif

de l’Hom. V, § 2, lignes 24-26 et 47-51, le deuxième motif du §3, lignes 1-12, le

quatrième motif du §3, lignes 37-43 et le cinquième motif du §4. Le troisième

motif, quant à lui, est à rapprocher de la scholie n°159 de Jean Chrysostome qui

évoque, presque dans les mêmes termes, la même idée, à savoir que les démons

habitent dans les montagnes « parce qu’il n’existe aucune partie de la création que

le diable a préparée à ne pas être adorée ». Il faut noter le passage de la première

personne du pluriel dans les deux premiers motifs de l’extrait d’Eusèbe à la

troisième personne du pluriel dans le troisième motif. Ce décalage rend

l’enchaînement du troisième motif avec les deux précédents moins cohérent et

moins logique : peut-être y a-t-il eu un accident de transmission qui a conduit à la

réduplication d’un passage attribué à Jean Chrysostome au beau milieu d’un

centon de passages des homélies d’Origène.

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Pour tous les motifs dépendant d’Origène, on peut se poser la question suivante :

s’agit-il d’une erreur d’attribution de cette scholie récrite à partir des Homélies

sur Jérémie d’Origène ou simplement de la marque d’Origène sur son disciple ?

Est-ce directement à l’Homélie V d’Origène sur Jérémie que le caténiste a

emprunté les idées et les mots, ou peut-on accepter l’intermédiaire d’Eusèbe ?

La scholie 156b d’Eusèbe se présente, à l’image de la scholie 131a d’Origène,

comme un centon de passages d’une homélie avec un aspect décousu indéniable.

Il serait d’autre part étonnant que le caténiste n’ait pas perçu les liens entre

l’extrait d’Eusèbe et l’Homélie V d’Origène, alors qu’il devait avoir les Homélies

sur Jérémie d’Origène sous les yeux pour constituer la chaîne. Il s’agirait alors

d’un problème d’attribution, un copiste ayant, au cours de la transmission du

texte, attribué à Eusèbe ce qui au départ l’était à Origène. Le fait que l’auteur

évoque à la fin de l’extrait la citation de Rm 11, 26 : « Tout Israël sera sauvé »

pourrait être un argument de plus en faveur d’une erreur d’attribution. En effet,

S. Morlet a remarqué que, dans la Démonstration, Eusèbe cite le passage de Rm

11, 25-26, mais omet la portion sur le salut d’Israël. Cette omission laisserait

transparaître une volonté délibérée de la part d’Eusèbe d’occulter la possibilité

d’un salut final pour Israël, puisqu’elle est contradictoire avec la thèse de la

Démonstration qui insiste sur l’idée qu’il n’y a aucun salut pour le judaïsme. Cela

dit, dans les Eclogae propheticae, les trois occurrences du même passage de la

Lettre aux Romains font une place au salut final d’Israël280. Il y a aussi une autre

occurrence de Rm 11, 26 dans le commentaire d’Eusèbe sur Isaïe qui prend en

compte le salut d’Israël281. Au total, toutefois, sur les 14 occurrences de ce

passage chez Eusèbe, seules quatre d’entre elles évoquent le salut d’Israël. Chez

Origène, en revanche, le texte est souvent cité et commenté avec la mention du

salut d’Israël (50 occurrences environ d’après la Biblia Patristica).

Il est donc plus vraisemblable que le passage doive être attribué à Origène, mais il

n’est pas exclu qu’il soit d’Eusèbe. En effet, il faut signaler que l’on trouve

d’autres récritures textuelles d’Origène chez Eusèbe comme le prologue du livre

280 PG 22, 1113, B14 ; 1164, C3 ; 1213, A10. 281 Eusebius, Der Jesajakommentar, éd. J. Ziegler, GCS, Berlin 1975, II, 50 (Is 60,14), p. 376.

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IV des Eclogae qui se trouve être un centon de passages du Contre Celse (I, 36 et

III, 2-3), ou encore le passage du livre X de la Démonstration (5, 1-3) qui est une

récriture manifeste de l’Hom. 16 sur Jérémie (§10), ainsi que le démontre

Sébastien Morlet dans sa thèse ;

− enfin, je n’ai pas pu retrouver la source de la quatrième scholie d’Eusèbe (n°211b)

sur Jr 4, 20. Le style de la scholie est pourtant caractéristique de cet auteur,

comme en témoignent l’alliance entre l’adverbe ajkribw'" et le terme Grafhv,

l’expression hJ uJpo; Mwu>sevw" kataskeuasqei'sa skhnhv que l’on retrouve dans

son Commentaire sur les Psaumes282, le recours à Aquila très fréquent dans la

Démonstration évangélique et les commentaires sur Isaïe et les Psaumes283. Il

faut noter, pour le fond de l’exégèse, l’idée, bien attestée chez Eusèbe, qu’Aquila

reflète le sens précis de l’Écriture (ajkribw'")284, ainsi que la remarque préliminaire

par laquelle il met en valeur le personnage qui parle (provswpon) et suggère que le

discours n’est pas « adapté » au prophète ni à Dieu285. Il n’y a pas de trace de

cette exégèse de Jr 4, 20 chez Eusèbe. J’ai cru trouver la solution en étudiant chez

Eusèbe les occurrences de Jr 10, 20, doublet de Jr 4, 20 par l’évocation des peaux

déchirées, qui aurait pu susciter le même genre de commentaire, mais il n’y a pas

de trace d’une exégèse de ce verset chez Eusèbe. Il n’y a pas de trace non plus

chez Origène d’une telle exégèse des peaux déchirées (Jr 4, 20 ou 10, 20). Ce

texte pourrait cependant provenir de la partie manquante de la Démonstration,

282 PG 23, 909 C5-7. 283 J’ai fait une recherche par le TLG pour voir si cette variante d'Aquila (ejtalaipwvrhsan aiJ skhnaiv mou) apparaissait chez un autre auteur. D’après le TLG, elle apparaît dans le Commentaire sur Jérémie d’Olympiodore d’Alexandrie. Après vérification dans la PG (PG 93, 636 D10-11), la variante est effectivement citée sans la mention d'Aquila dans le texte biblique commenté par les scholies d'Olympiodore sur Jérémie. Or l'édition des scholies d'Olympiodore reproduit l'édition de M. Ghisleri, c’est-à-dire qu’elle donne les scholies attribuées à Olympiodore dans la chaîne à auteurs multiples. Il s'agit donc d'une erreur d'édition de la PG, mettant sous le nom d'Olympiodore ce qui apparaissait dans les manuscrits des chaînes sous le nom d'Eusèbe, étant donné que les deux extraits sont immédiatement voisins. La variante d’Aquila apparaît donc seulement chez Eusèbe, dans la scholie 211b de la chaîne à auteurs multiples. 284 Cf. Dém. V, 13, § 5-6, éd. cit., p. 237. Cette idée remonte à Origène, Commentaire sur Matthieu, XVI, 19 : Eij de; to; ajkribe;" bouvlei maqei'n th'" levxew", a[koue jAkuvlou eJrmhneuvsanto". Cf. Origenes, Matthaüserklärung, t. I (Die griechisch erhaltenen Tomoi), éd. E. Klostermann et E. Benz, GCS 40, Leipzig 1935, § 748, p. 542. 285 Pour la clarification de l’énonciation, cf. Dém. V, 13 où Eusèbe explique que c’est tantôt le personnage (provswpon) du Christ, tantôt celui du Saint Esprit, tantôt celui du Dieu de l’univers qui donne des oracles par l’intermédiaire des prophètes ; cf. aussi Dém., V, 23, 24 et 25, passages dans lesquels Eusèbe précise l’identité du kuvrio" qui parle et de celui à qui il parle, afin de démontrer l'existence du Père et du Fils.

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puisqu’il s’agit manifestement d’un passage sur le rejet d’Israël, thème qui devait

être traité dans les livres perdus, comme on peut le reconstituer à partir du

prologue de cette œuvre et de ses renvois internes. Dans le prologue, en effet, il y

a une mention du thème du rejet des Juifs (cf. I, § 7) et il y a quelques renvois

internes (par exemple Dém. II, 2, §21) où Eusèbe promet de reprendre dans des

commentaires élargis un dossier sur le rejet des Juifs. Comme ces commentaires

ne sont pas conservés, on peut supposer qu’ils se trouvaient dans la partie perdue

de la Démonstration. Ainsi, cette scholie de la chaîne pourrait permettre de

reconstituer la fin de la Démonstration évangélique.

E. Basile de Césarée (≈ 330-379)286

Quatre scholies seulement lui sont attribuées : les deux premières sur Jr 17, 22 ainsi

que la quatrième sur Jr 48, 10 sont tirées de son Commentaire sur Isaïe287, tandis que la

troisième sur Jr 22, 30 est d’origine inconnue288.

F. Apolinaire (≈ 310-390)289

M. Faulhaber signale que 41 scholies lui sont attribuées dans la chaîne sur Jérémie290.

Parmi elles, cinq seulement concernent notre corpus : les scholies 11c, 13b, 20, 63b et 141b.

M. Faulhaber souligne la tendance ascético-morale de ces scholies et précise qu’il s’agit

d’explications brèves du texte biblique donnant souvent lieu à des exhortations à la

pénitence, à la patience, au célibat, à la douceur envers les esclaves, etc. Si la tendance

moralisante n’est pas particulièrement visible dans les scholies qui concernent notre corpus,

on peut toutefois remarquer que chacune de celles-ci reprend effectivement de manière très

précise un ou deux termes du texte biblique de Jérémie pour en affiner le sens. Il semble

286 CPG 2907.2, t. II, p. 164. 287 L'authenticité basilienne de ce commentaire reste une question débattue (voir l'état de la question présenté par P. J. Fedwick, Bibliotheca Basiliana Universalis, t. III (Ascetica), CCSG, Turnhout 1997, pp. 761-765). 288 M. Faulhaber, pp. 105-106. 289 CPG 3686, t. II, p. 314. 290 M. Faulhaber, p. 106.

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ainsi que ces scholies soient tirées d’une œuvre exégétique d’Apolinaire sur Jérémie qui

n’est pas parvenue jusqu’à nous.

G. Didyme (≈ 313-398)291

Une seule des quatre scholies qui lui sont attribuées dans la chaîne à auteurs multiples

concerne notre corpus : la scholie 7d sur Jr 1, 5. M. Faulhaber ne donne pas d’indications

sur sa source, mais on peut émettre l’hypothèse que cette explication de la prescience de

Dieu est tirée du Commentaire sur les Psaumes de Didyme (plus précisément sur le Ps 43,

18)292. Il apparaît en effet que la scholie 7d de la chaîne – Oujc hJ provgnwsi" tou' Qeou'hJ provgnwsi" tou' Qeou'hJ provgnwsi" tou' Qeou'hJ provgnwsi" tou' Qeou'

to;n jIeremivan pepoivhkenpepoivhkenpepoivhkenpepoivhken a{gion, ajlla; to; mevllonto; mevllonto; mevllonto; mevllon e[sesqai proevgnw wJ" Qeov" – est

une récriture abrégée de cet extrait du Commentaire sur les Psaumes : Mh; ga;r to; pra'gma

poiei' gnw'sin Qeou': hJ gnw'si" ga;r tou' QeouhJ gnw'si" ga;r tou' QeouhJ gnw'si" ga;r tou' QeouhJ gnw'si" ga;r tou' Qeou' aji?diov" ejstin, scevsei lambavnetai

pro;" ta; mevllontapro;" ta; mevllontapro;" ta; mevllontapro;" ta; mevllonta kai; levgetai provgnwsi": levgei ga;r pavlin hJ Swsavnna ejkeivnh:

« oJ eijdw;" ta; pavnta pri;n genevsew" aujtw'n », oujc hJ provgnwsi"oujc hJ provgnwsi"oujc hJ provgnwsi"oujc hJ provgnwsi" de; poiei' poiei' poiei' poiei' aujta;

toiavde h] toiavde, ajll j hJ proaivresi" ta; proairetikav.

La citation de Jr 1, 5 sur laquelle porte la scholie de la chaîne est donnée peu avant le

passage cité du Commentaire sur les Psaumes. Les deux passages traitent de la prescience

de Dieu. Il est précisé que la prescience de Dieu ne suscite pas l’événement, mais que Dieu

a une connaissance avant toutes choses des événements. J'ai souligné en gras les échos dans

le choix du vocabulaire ou de la formulation. Le caténiste aurait ainsi récrit, en le

condensant, un passage du commentaire de Didyme sur les Psaumes.

H. Jean Chrysostome (≈ 344/354-407)

Contrairement aux auteurs précédents qui n’apparaissent que dans la chaîne à auteurs

multiples, on trouve des scholies attribuées à Jean Chrysostome dans les deux types de 291 CPG 2548, t. II, p. 105. 292 M. Gronewald, Didymos der Blinde, Psalmenkommentar, t. V, Papyrologische Texte und Abhandlungen 12, Bonn 1970, §322, 4-6, pp. 164-166 ; le passage n’apparaît pas dans l’édition de E. Mühlenberg, Psalmenkommentare aus der Katenenüberlieferung, I-III, Patristische Texte und Studien 15, 16, 19, Berlin-New-York 1974, 1977, 1978.

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chaîne sur Jérémie. Il y a donc deux séries de scholies qui sont rassemblées sous le même

numéro de la Clavis Patrum Graecorum portant le titre : Fragmenta in Ieremiam in

catenis293. Elles sont aussi rassemblées dans l’édition de la Patrologie Grecque qui

reproduit celle de M. Ghisleri294. Cette édition, d’après la note de la PG295, a été constituée à

partir d’un manuscrit inconnu du Vatican et d’un manuscrit donnant un commentaire

intégral de Jean Chrysostome sur Jérémie trouvé à la Bibliothèque Altaempsina

(actuellement Ottobonianus gr. 7) ; en fait, comme l’explique M. Faulhaber296, il semble

que M. Ghisleri ait d’abord édité sa chaîne des Pères grecs à partir du Vaticanus gr. 1153-

1154 (chaîne à auteurs multiples) et qu’il y ait inséré les scholies de Jean Chrysostome

trouvées dans deux autres manuscrits du Vatican : les Vaticani gr. 675 et 1204 (chaîne à

deux auteurs). Enfin, il aurait ajouté en appendice les scholies de l’Ottobonianus gr. 7 qui

n’apparaissaient pas dans les manuscrits de la chaîne à deux auteurs, c’est-à-dire deux ou

trois brèves scholies seulement pour les chap. 1-4 (Cf. Addenda pp. 939 sq.)297. Ainsi,

M. Ghisleri présente, dans son édition, un mélange des deux types de chaînes, puisqu’il a

inséré dans la chaîne à auteurs multiples des scholies de Jean Chrysostome empruntées à la

chaîne à deux auteurs. Pour Théodoret de Cyr, lui aussi représenté dans les deux types de

chaînes, M. Ghisleri n’a pas procédé à un tel mélange, puisqu’il n’a pas édité les scholies

attribuées à Théodoret dans la chaîne à deux auteurs. Il est d’autant plus difficile de se

repérer dans le mélange qui concerne Jean Chrysostome que les deux séries n’ont pas été

systématiquement distinguées. Dans l’édition de M. Ghisleri reproduite par la PG, une

partie seulement des scholies de la chaîne à deux auteurs ont été marquées d’un astérisque,

comme l’affirme à juste titre L. Dieu298.

Par conséquent, il faut dans un premier temps essayer d’éclaircir les liens qui existent

entre ces deux séries pour pouvoir ensuite émettre une hypothèse sur leur source, qu’elle

soit commune ou respective. Quant on pose un regard d’ensemble sur les deux séries pour 293 CPG n°4447, t. II, p. 532. 294 PG 64, 740-1037 ; pour la présentation de l’édition de M. Ghisleri, cf. supra, pp. 15 et 89-90. 295 PG 64, 739-740. 296 M. Faulhaber, pp. 90-98. 297 La plupart des scholies éditées dans les Addenda appartiennent pourtant au texte de la chaîne à deux auteurs. 298 L. Dieu, « Le commentaire sur Jérémie du pseudo-Chrysostome serait-il l’œuvre de Polychronius d’Apamée ? », RHE 14 (1913), p. 689.

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les chapitres 1 à 4 (182 scholies pour la chaîne à auteurs multiples et 66 scholies pour la

chaîne à deux auteurs, sans compter les nombreuses omissions d’attribution), il n’en ressort

aucun point de contact net. Cela paraît extrêmement curieux pour des chiffres si importants.

En effet, pour le cas semblable de Théodoret, à qui sont attribuées des scholies dans l’une et

l’autre chaîne, on peut observer, malgré d’importantes différences, des points de contact

indéniables.

Pourtant, malgré cette absence de formulation commune, certains passages présentent

des ressemblances. On peut comparer par exemple les deux scholies – chaîne à auteurs

multiples et chaîne à deux auteurs – attribuées à Jean Chrysostome sur Jr 1, 1 :

To; me;n o[noma jIeremiva", wJ" kai; hJ bivblo"hJ bivblo"hJ bivblo"hJ bivblo" fhsiv, th;n de; fulh;nfulh;nfulh;nfulh;n leui?th" th;n de;

patrivda ajnaqwqivth"ajnaqwqivth"ajnaqwqivth"ajnaqwqivth" th;n de; cwvran ejn Beniami'nBeniami'nBeniami'nBeniami'n katwv/keikatwv/keikatwv/keikatwv/kei (chaîne à auteurs multiples).

Tou'tov ejsti prografh; tou' biblivoutou' biblivoutou' biblivoutou' biblivou: mhnuvei de; tivno" pai'", o{ti Celkivou: kai; poiva"

ajxiva", o{ti iJereu;", kai; pou' katokatokatokatoikw'nikw'nikw'nikw'n, o{ti ejn jAnaqwvq jAnaqwvq jAnaqwvq jAnaqwvq, kai; poiva" fulh'"fulh'"fulh'"fulh'", o{ti ejk

th'" Beniami'nBeniami'nBeniami'nBeniami'n (chaîne à deux auteurs)

On remarque que même si la formulation n’est pas identique et si l’ordre des

remarques est différent (nom, tribu, patrie, territoire / filiation, fonction, patrie, tribu), le

style paraphrastique des deux scholies est tout de même assez similaire et les informations

données quasiment identiques. On pourrait supposer dans un tel cas que c’est la récriture

opérée par les caténistes qui a conduit à cette différenciation dans les termes à partir d’une

source commune. Mais un exemple de ce type n’est tout de même guère probant, car il n’y a

pas véritablement d’interprétation, mais seulement une explicitation du texte biblique.

Si on prend l’exemple plus représentatif de la vision du bâton de noyer (Jr 1, 11) et si

on compare les deux scholies attribuées à Jean Chrysostome dans l’une et l’autre chaînes à

son propos, on peut voir clairement qu’il ne s’agit pas de la même exégèse. Pour le "Jean

Chrysostome" de la chaîne à auteurs multiples, le bâton est le symbole du coup et semble

correspondre à l’effet du spectacle sur le spectateur frappé par cette vision. Le "Jean

Chrysostome" de la chaîne à deux auteurs, en revanche, dit que le bâton symbolise la force

du châtiment que Dieu va envoyer à son peuple. Il est difficile ici d’imaginer que les deux

exégèses coexistaient dans un unique commentaire de Jean Chrysostome et il faut donc

remettre en cause une origine commune des deux séries.

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Je prends un autre exemple : la recommandation de ne pas semer sur des épines (Jr

4, 3). Si les extraits des deux séries insistent sur la métaphore agricole, l’extrait 175a de

Jean Chrysostome dans la chaîne à auteurs multiples assimile les épines à la méchanceté

produite par les âmes, tandis que l’extrait de la chaîne à deux auteurs assimile les épines

précisément aux idoles. Les deux exégèses ne sont pas contradictoires, mais elles n’ont pas

le même degré de précision et il est par conséquent difficile d’imaginer qu’elles coexistaient

dans une même œuvre exégétique.

On voit encore plus nettement que les deux séries de scholies doivent être distinguées,

lorsque l’on cherche à les rattacher à la tradition directe d’un Commentaire sur Jérémie de

Jean Chrysostome. Plusieurs manuscrits attribuent un commentaire sur l’ensemble du livre

de Jérémie à Jean Chrysostome299. Or il faut noter que seules les scholies de la chaîne à

deux auteurs correspondent à ce commentaire pour les chap. 1-4 et cela presque mot pour

mot. Seuls quelques très brefs et très rares passages du Commentaire en tradition directe

n’ont pas été repris dans la chaîne à deux auteurs300.

D’autre part, D. R. Miller a, quant à lui, retrouvé, sur un folio de garde du manuscrit

Houghton 27 copié au Xe s., la trace d’un autre commentaire complet de Jean Chrysostome

sur Jérémie301. Il s’agit d’un passage sur Jr 6, 2 – 6, 4. Or certains courts passages de ce

commentaire sont présents dans la chaîne à auteurs multiples. D. R. Miller nous invite donc

à penser qu’il s’agit d’un fragment du texte complet original dont auraient été extraites les

scholies de la chaîne à auteurs multiples.

Enfin, nous avons une version arménienne d’un commentaire de Jean Chrysostome sur

Jérémie302, mais D. R. Miller signale qu’elle est très fragmentaire d’après les catalogues et il

299 Mosquensis gr. 114 (Vlad 55) – Xes (ff. 88-146), Laurentianus IX 13 – Xes. (ff. 78v-124v), Venetus gr. 87 – XIIe s. (ff. 152-187), Ottobonianus gr. 7 – XVIe s. (ff. 1-48v), Monacensis gr. 107– XVIe s. (ff. 297-341), Parisinus suppl. gr. 422 – XVII-XVIIIe s. (ff. 20-61v) ; cf. les informations données par J. Dumortier pour la tradition directe du Commentaire sur Isaïe de Jean Chrysostome (Jean Chrysostome, Commentaire sur Isaïe, éd. J. Dumortier, SC 304, Paris 1983, pp. 22-24). 300 Cf. « Les phénomènes de récriture » infra, chap. 3, pp. 269-275. 301 D. R. Miller, « Found : A Folio of the Lost Full Commentary of John Chrysostom on Jeremiah », Harvard studies in Classical philology 94 (1992), pp. 379-385. 302 G. Aucher, « San Giovanni Crisostomo nella letteratura armena », in Crusostomikav, Studi e Ricerche intorno a s. Giovanni Crisostomo, Rome 1908, p. 147.

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est donc difficile de savoir s’il s’agit d’un commentaire complet ou d’une version abrégée et

s’il dépend de l’une ou l’autre des traditions textuelles303.

Puisque les deux séries ont des traditions textuelles bien indépendantes, il est légitime

de se demander si une seule des deux séries doit être attribuée à Jean Chrysostome ou si

elles sont toutes les deux du même auteur, mais issues de deux œuvres de nature différente.

Sachant qu'il existe deux œuvres de Jean Chrysostome sur la Genèse appartenant au même

genre littéraire : les Homélies sur la Genèse304 et les Sermons sur la Genèse305, il n'est pas

exclu a priori que les deux séries de scholies sur Jérémie témoignent de l'existence de deux

commentaires différents du même auteur. Le problème d’attribution a été étudié par

L. Dieu306.

Pour l’authenticité des scholies de la chaîne à auteurs multiples, L. Dieu souligne en

particulier la proximité avec le Commentaire sur Job du même auteur. Nous pouvons

ajouter à cela les ressemblances, dans le style et les idées, qui existent entre le Commentaire

sur Jérémie, tel qu’il apparaît dans les scholies de la chaîne à auteurs multiples, et le

Commentaire sur Isaïe de Jean Chrysostome307. Il y a par exemple des échos très forts entre

la scholie 7a et le tout début du Com. Is. (I, §1, ll. 30 sq.) :

Tiv bouvletai tou'to to; rJh'ma … Tiv kataskeuavzei … JO dh'mo" fonw'n h\n: jHsai?a"

prisqei;" h\n, ejlasqei;" jAmw'", Zacariva" katacwsqeiv": ejggumnazovmenoi toi'" ai{masi toi'" ai{masi toi'" ai{masi toi'" ai{masi

toi'" profhtikoi'"toi'" profhtikoi'"toi'" profhtikoi'"toi'" profhtikoi'", kaqavper kuvne" aiJmavtwn geuovmenoi, loipo;n th'" toiauvth" ejdiejdiejdiejdivywnvywnvywnvywn

trofh'": eij" qumou;" eJautou;" metabavllonte", ou[pw oujk ajpevsthsan: e[deie[deie[deie[dei pollou' pollou' pollou' pollou' tw'/

profhvth/ kai; megavlou fronhvmato"kai; megavlou fronhvmato"kai; megavlou fronhvmato"kai; megavlou fronhvmato" eij" toiou'toneij" toiou'toneij" toiou'toneij" toiou'ton ejmphdw'nti dh'mondh'mondh'mondh'mon. (scholie 7a)

jEpeidh; ga;r pro;" dh'monpro;" dh'monpro;" dh'monpro;" dh'mon ei\con ijtamo;n kai; ajnaivscunton, aiJmavtwnaiJmavtwnaiJmavtwnaiJmavtwn diydiydiydiyw'ntaw'ntaw'ntaw'nta

profhtikw'nprofhtikw'nprofhtikw'nprofhtikw'n, kai; sfagai'" aJgivwn ejmmeletw'nta, eijkovtw" pollh'"pollh'"pollh'"pollh'" ejdevontoejdevontoejdevontoejdevonto th'" th'" th'" th'"

dunavmew"dunavmew"dunavmew"dunavmew", w{ste mh; kataplagh'nai th;n a[faton aujtw'n rJuvmhn. (Com. Is. I, §1, ll. 30 sq.).

303 J’ai consulté Mme Bati Chétanian à ce sujet. Il faudrait voir le manuscrit (Matenadaran n°1426) pour juger de l’appartenance de cette version à l’un ou l’autre commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome. 304 PG 53, 21-385 et 54, 385-580 (= éd. B. de Montfaucon) ; cf. C. Crépey, Jean Chrysostome : Homélies sur la Genèse (I-X ; PG 53, 21-90), Introduction, éléments d’étude critique, traduction et notes, deuxième version (décembre 2005) d’une thèse de doctorat soutenue le 17 décembre 2004 à Paris IV, volume non publié. 305 Jean Chrysostome, Sermons sur la Genèse, éd. L. Brottier, SC 433, Paris 1998. Cf. en particulier les pp. 17-22 pour les liens entre Sermons et Homélies. 306 L. Dieu, art. cit., pp. 685-701. 307 Éd. J. Dumortier, SC 304, Paris 1983.

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On peut rapprocher aussi la scholie 6 et le Com. Is. I, §1, ll. 58-59 :

JRh'si" de; kai; lovgo"lovgo"lovgo"lovgo" kai; o{rasi"o{rasi"o{rasi"o{rasi" kai; lh'mmalh'mmalh'mmalh'mma taujtovn ejstin: rJh'marJh'marJh'marJh'ma de; ejgevneto ouj dia;

fwnh'" ajll jo{ ti safevsteron levgousa o{rasi" wJ" oJravmato" gegonovto". (scholie 6)

Dia; tou'to kai; Pau'lo" pantacou' protivqhsi tw'n jEpistolw'n to; th'" ajpostolh'"

o[noma, o{per oiJ profh'tai ejpoivoun dia; tou' levgein, o{rasi" kai; lovgo" kai;o{rasi" kai; lovgo" kai;o{rasi" kai; lovgo" kai;o{rasi" kai; lovgo" kai; lh'mma kai; lh'mma kai; lh'mma kai; lh'mma kai;

rJh'marJh'marJh'marJh'ma, tou'to dia; tou' th'" ajpostolh'" kataskeuavzwn ojnovmato". (Com. Is. I, §1, ll. 58-

59)

De la même manière, il y a des ressemblances très frappantes entre certaines scholies

attribuées à Jean Chrysostome dans la chaîne à auteurs multiples et les Homélies sur

l'obscurité des prophéties308. On peut signaler par exemple la proximité entre la scholie 7a,

que j’ai citée quelques lignes plus haut, et l’Hom. I, §3 (Manikoi; ga;r kai; qhriwvdei"

h\san. Dh'mov"Dh'mov"Dh'mov"Dh'mov" ejstin aiJmavtwnaiJmavtwnaiJmavtwnaiJmavtwn ajei; diyw'ndiyw'ndiyw'ndiyw'n profhtikw'nprofhtikw'nprofhtikw'nprofhtikw'n, aiJ cei're" aujtw'n ejmelevthsan

ejn tai'" sfagai'" tw'n aJgivwn)309.

On peut noter aussi les échos, non dans la formulation, mais dans le thème exploité de

la modestie des Justes, entre la scholie 10a et l’Hom. II, § 9310 :

{Ora to; a[tufon tw'n dikaivwn: pw'" ga;r oijkei'a ejlattwvmata ajnavgrapta ajnatiqevasi:

tiv" oujk a]n ejruqriavseie tou'to grafh/' paradou'nai … jAlla; kaqaroi; dovxh" h\san kai;

filotimiva" kai; ei[ ti ei\pon, kai; ei[ ti h[kousan tou'to meta; pavsh" ajlhqeiva"

teqeivkasi. (début de la scholie 10a)

[Hkousa" pw'" oJ Pau'lo" eJauto;n kakw'" levgei, meta; sfodrovthto" kai; uJperbolh'"

aJmarthmavtwn, w|n oujk e[mellen eujquna" uJpevcein, sunecw'" memnhmevnon … […]

[Akouson pw'" kai; Maqtai'o" th'" protevra" eJautou' kathgorei' zwh'", kai; telwvnhn

eJauto;n kalei', kai; oujde; aijscuvnetai to;n provteron ejkpompeuvwn bivon. (Hom. II, § 9)

Pour donner un dernier exemple, on peut noter les correspondances entre la scholie

11a et l’Hom. I, § 5311. Les deux passages insistent sur la honte qu’il y a à ne pas obéir à un

ordre de Dieu :

Mh; levge o{ti newvterov" eijmi: o{tan ga;r oJ QeooJ QeooJ QeooJ Qeo;" ejpitavtth;" ejpitavtth;" ejpitavtth;" ejpitavtth/ oJ th'" fuvsew" despovth"

kai; hJlikiva kai; ajglwttiva pavnta uJpexivstatai ta; pavqh: « ejgw; keleuvw kai; neovthta

probavllei … Mh; skhvptou mhde; profasivzou » fhsivn. (scholie 11a)

308 PG 56, col. 163-192 (= éd. B. de Montfaucon). 309 PG 56, col. 168, ll. 28 sq. 310 PG 56, col. 189, ll. 14-17 et 32-34. 311 PG 56, col. 171, ll. 26-29.

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Tiv gevgone … su; ejpetavgh" para; tou' Qeou'ejpetavgh" para; tou' Qeou'ejpetavgh" para; tou' Qeou'ejpetavgh" para; tou' Qeou', kai; to;n maqhth;n pevmpei" … a\ra mh;

deilia/'" … a\ra mh; ajgwnia/'" … a\ra mh; devdoika" … eij su; devdoika", pw'" oJ maqhth;"

tolmhvsei … (Hom. I, § 5)

Les nombreux échos des scholies de la chaîne à auteurs multiples avec d'autres œuvres

chrysostomiennes authentiques plaident en faveur de leur authenticité.

En revanche, L. Dieu souligne la particularité des scholies brèves et elliptiques de la

chaîne à deux auteurs et du commentaire auquel elles correspondent : elles se prêtent peu

aux mouvements oratoires propres à Jean Chrysostome. L’auteur de cet ensemble a très

souvent recours au texte hébreu et il s’abstient de tirer de l’histoire et des discours de

Jérémie des considérations morales et pratiques pour ses lecteurs, contrairement à Jean

Chrysostome dans la majorité de ses œuvres. Il est difficile d'ajouter des arguments

concernant la méthode et les thèmes du Commentaire à ceux de L. Dieu, étant donné que le

Commentaire est très paraphrastique et ne nous livre donc que peu d'éléments à mettre en

parallèle avec d'autres œuvres chrysostomiennes, contrairement aux scholies de la chaîne à

auteurs multiples qui fourmillent d'échos au reste du corpus chrysostomien et dont

l'authenticité ne peut, à mon sens, être remise en cause. Pour compléter l’analyse de L. Dieu,

il faut donc observer de près les traits de style ou « stylèmes non contextuels »312 dont

témoignent les scholies de la chaîne à deux auteurs : c'est la méthode utilisée par G. Bady

pour démêler la question de l'authenticité du Commentaire sur les Proverbes de Jean

Chrysostome313. G. Bady explique en effet que les traits de style indépendants du contexte,

c’est-à-dire « les expressions dont l’emploi récurrent est assez automatique et indifférent

pour ne pas faire l’objet d’une imitation ou dont l’usage aléatoire est trop peu visible pour

être copié »314, sont plus déterminants que les traits de style liés au contexte pour déterminer

l’authenticité d’une œuvre. J’ai donc procédé, pour cette étude, à une recherche dans

l’ensemble du corpus chrysostomien contenu dans le TLG. Ce corpus inclut des œuvres à

l’authenticité douteuse, mais leur nombre est négligeable en proportion de l’ensemble. J’ai

veillé, en outre, à ce que les expressions relevées dans la chaîne soient bien présentes dans

312 Cf. S. Voicu, « Le corpus pseudo-chrysostomien. Questions préliminaires et état des recherches », Studia Patristica XVII (1982), p. 1204, note 21. 313 Cf. G. Bady, Le Commentaire inédit sur les Proverbes attribué à Jean Chrysostome, Introduction, édition critique et traduction, thèse pour le doctorat à l'Université Lumière-Lyon 2 sous la direction de M. Alexandre, soutenue en janvier 2003 et non encore publiée, t. I, pp. 121-135. Je remercie G. Bady pour ses conseils et son aide. 314 G. Bady, op. cit., t. I, p. 121.

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un bon nombre d’œuvres authentiques. Ces expressions peuvent apparaître chez d’autres

auteurs, mais je me suis contentée de vérifier si elles étaient ni trop peu, ni trop fréquentes

chez Jean Chrysostome. Il faudra, à l’avenir, qu’à la suite de G. Bady, j’élargisse le corpus

de recherche à d’autres œuvres répondant à l’un ou l’autre de ces deux critères : « la

possibilité que leur auteur soit aussi celui du Commentaire et la capacité qu’elles ont de

fournir un étalon ou une estimation des emplois chez les contemporains ou les auteurs

littérairement proches »315. Une première recherche, limitée au corpus chrysostomien, fait

ainsi apparaître que les scholies de la chaîne à deux auteurs nous livrent tantôt des

arguments en faveur de l’authenticité :

− l’emploi de ajpo; tw'n pragmavtwn (p. 2, l. 3) qui apparaît 71 fois dans le corpus

chrysostomien d'après le TLG ;

− l'emploi de oujk aJplw'" (p. 6, l. 8), 910 occurrences dans le corpus

chrysostomien ;

− l'emploi de duswpei' (p. 9, ll. 12 et 25), 142 occurrences dans le corpus

chrysostomien ;

− l'emploi de oJ JEbrai'o" (p. 9, l. 13, p. 23, l. 7, p. 25, l. 12, p. 27, l. 10, p. 28, ll. 5

et 16), plus de 90 occurrences dans le corpus chrysostomien ;

− l'emploi de ejpavgei (p. 9, ll. 16 et 25, p. 22, l. 14, p. 26, l. 25), 705 occurrences

dans le corpus chrysostomien ;

− l'emploi de ajkolouvqw" (p. 16, l. 7, p. 29, ll. 9 et 17), 28 occurrences dans le

corpus chrysostomien ;

− l'emploi de la structure peri; + génitif ... levgei (p. 17, ll. 8 et 11, p. 22, l. 13),

qui apparaît 450 fois dans le corpus chrysostomien d'après le TLG, ainsi que dans

le Commentaire sur les Proverbes édité par G. Bady316 ;

− l'emploi de l'expression tou'tov fhsin o{ti (p. 26, l. 6), 75 occurrences dans le

corpus chrysostomien ;

315 G. Bady, op. cit., t. I, p. 122. 316 G. Bady, Le Commentaire inédit sur les Proverbes attribué à Jean Chrysostome, Introduction, édition critique et traduction, thèse pour le doctorat à l'Université Lumière-Lyon 2 sous la direction de M. Alexandre, soutenue en janvier 2003 et non encore publiée, t. II.

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119

− l'emploi des expressions i{na ei\ph/ (p. 26, l. 16, p. 9, l. 24) dont il y a 67

occurrences dans le corpus chrysostomien et i{na deivxh/ (p. 26, l. 24), 166

occurrences dans le corpus chrysostomien ;

− l'emploi de l'impératif o{ra (p. 27, l. 9), 3042 occurrences dans le corpus

chrysostomien ou de l'expression oJra'/" o{ti (p. 30, l. 15), 570 occurrences dans le

corpus chrysostomien ;

tantôt des arguments en faveur de l'inauthenticité :

− l'emploi de tauvth" e{neken th'" aijtiva" qui apparaît seulement 6 autres fois

chez Jean Chrysostome (p. 2, l. 9) ;

− l'emploi trop récurrent de mhnuvei, alors que Jean Chrysostome emploie plutôt

deivknumi ;

− l'emploi de l'expression ejxwvkeilan eij" ajsevbeian plus fréquente chez Théodoret

(9 emplois) que chez Jean Chrysostome (2 emplois en dehors de la chaîne) (p. 6,

l. 5) ;

− l'emploi de l'expression e[labe ejk metafora'" qui apparaît 7 fois dans le

Commentaire sur Jérémie (dont p. 9, l. 21, p. 26, l. 9, p. 51, l. 22, p. 59, l. 7) et

seulement une fois ailleurs (In Epistulam ad Hebraeos, PG 63, 213, 31) et une

fois chez Théodoret (Interpretatio in Psalmos, PG 80, 1057, 10) ;

− l'emploi de la structure to; de; ... ajnti; tou' (p. 13, ll. 6-7, p. 24, ll. 20-21, p. 54,

ll. 22-24) ;

− l'emploi du terme ta; pavndeina dont les trois seuls emplois sont dans ce

Commentaire (p. 14, l. 1) ;

− l'emploi de l'expression oJ JEllhnikov" qui apparaît seulement deux fois chez

Jean Chrysostome et seulement dans ce Commentaire.

L'enquête sur les stylèmes chrysostomiens des scholies de la chaîne à deux auteurs ne

nous permet pas de prendre une décision ferme concernant l'authenticité du commentaire

auquel elles se rattachent. Toutefois, au terme de ce développement, il est possible

d'affirmer que la série des scholies de la chaîne à auteurs multiples présente davantage de

critères d'authenticité que la série des scholies de la chaîne à deux auteurs, même si la

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tradition directe la mieux attestée est celle du Commentaire auquel se rattache cette

deuxième série de scholies.

Pour L. Dieu, il n’y a ainsi qu’une seule série authentiquement chrysostomienne : la

série de la chaîne à auteurs multiples : « Il y a, à notre avis, dans les chaînes du type II

(c’est-à-dire la chaîne à auteurs multiples) beaucoup de fragments authentiques, mais le

commentaire suivi (représenté par les scholies de la chaîne à deux auteurs) est certainement

un pseudépigraphe »317.

Cherchant à retrouver l’auteur de la série de la chaîne à deux auteurs, il insiste sur le

fait que celui-ci doit être un témoin de la recension de Lucien, puisque l’on y trouve,

incorporées au texte biblique, de nombreuses additions empruntées en partie aux versions

d’Aquila, de Symmaque et de Théodotion qu’on lit aussi dans les manuscrits de la recension

lucianique. Il s’agit d’autre part, selon lui, d’un exégète de l’école d’Antioche, puisque

l’exégèse du commentaire est très littérale et historique. L. Dieu pense à Polychronius

d’Apamée. Celui-ci est en effet très attaché à la méthode d’interprétation littérale et

historique et fait un emploi fréquent de la comparaison avec l’hébreu en particulier dans ses

fragments sur Job qui ont été conservés. D’autre part, il existe une autre série de fragments

de Polychronius, sur Ézéchiel, sous cette même forme de scholies brèves et on peut

rapprocher des passages de la série de la chaîne à deux auteurs de ses fragments sur Daniel.

Enfin, la chronologie adoptée par le Commentaire sur Jérémie est totalement cohérente avec

la chronologie qui apparaît dans ce qui subsiste des autres œuvres de cet auteur.

Que l'on réattribue les scholies de la chaîne à deux auteurs à Polychronius d’Apamée

ou à un autre auteur antiochien, il apparaît en tout cas, à ce stade de notre recherche, qu'il

faut refuser à Jean Chrysostome la paternité de deux œuvres différentes sur Jérémie et ne lui

attribuer que le commentaire dont les scholies de la chaîne à auteurs multiples sont extraites.

317 L. Dieu, art. cit., p. 686.

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I. Théophile d’Alexandrie (patriarche de 385 à 412)318

Quatre scholies sont attribuées à Théophile d’Alexandrie dans la chaîne à auteurs

multiples et elles sont toutes comprises dans notre corpus319. Il s’agit des scholies 114b sur

Jr 2, 36 ; 120b et 122 sur Jr 3, 2 et 126b sur Jr 3, 4. M. Faulhaber suppose que ce sont des

extraits d’une homélie sur la pénitence et il est vrai qu’elles évoquent soit le péché, soit la

conversion320. Cependant, elles semblent liées de près au texte biblique de Jérémie : la

scholie 120b : « Recouvre tes sens, regarde droit, justifie-toi » est une paraphrase du début

de Jr 3, 2 : Lève les yeux vers le droit chemin et la scholie 122 commente très précisément la

"corneille solitaire" de Jr 3, 2 en faisant un parallèle avec le corbeau de Gn 8, 7 ; de même la

scholie 126b vient expliciter le fait d’appeler Dieu "maison" : « c’est-à-dire abri et

secours ». Peut-être sont-elles ainsi tirées d’une homélie sur un passage de Jérémie, d’autant

plus qu’elles sont toutes concentrées sur un même endroit du texte (Jr 2, 36 - 3, 4).

Cependant, il n’est pas exclu que ces scholies aient des origines diverses. En effet, il y

a entre les deux parties de la scholie 126b la notation a[llw" qui n’est pas facile à

interpréter321 : ou bien il s’agit d’une articulation présente dans l’homélie correspondante de

Théophile, ou bien c’est une indication du caténiste pour dire qu’il passe à une autre

exégèse de Théophile, peut-être même à une autre œuvre, car il est curieux qu’il n’emploie

pas ici, comme à son habitude, les expressions kai; met j ojlivga ou kai; pavlin, et peut-être

aussi à un autre auteur, car dans beaucoup de chaînes la notation a[llw" est synonyme de ejx

ajnepigravfou (anonyme).

Enfin, M. Faulhaber ne précise pas à quelle homélie sur la pénitence il fait référence,

ce qui est compréhensible dans la mesure où les homélies de Théophile ont été conservées

de manière très fragmentaire et souvent seulement dans des versions coptes, arabes ou

arméniennes. J’ai cherché dans les homélies sur la pénitence ou sur des thèmes approchants

318 CPG 2580-2684, t. II, pp. 112-134. 319 Les quatre scholies sont éditées par M. Richard, « Les fragments exégétiques de Théophile d’Alexandrie et de Théophile d’Antioche », dans Revue Biblique, 47 (1938), pp. 387-397 = Opera Minora II, Turnhout 1977, n°38. 320 M. Faulhaber, p. 111. 321 Dans les manuscrits C et V, le terme n’est pas mis en valeur, tandis que dans les manuscrits O et P, il est écrit en petite onciale (et copié à l’encre rouge dans P) comme les noms d’auteurs, l’indication de la source ou les interventions du caténiste du type kai; met j ojlivga ou kai; pavlin.

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déjà éditées, mais je n’ai malheureusement trouvé aucun élément rappelant ces scholies322.

Il faudra attendre de nouvelles éditions pour voir si nos scholies concordent avec le sermon

sur la pénitence (version arabe inédite, CPG 2637) ou avec d’autres homélies inédites de

Théophile.

J. Isidore de Péluse (≈ 355-435/440)323

Une seule brève scholie lui est attribuée dans la chaîne à auteurs multiples : il s’agit de

la scholie 68b sur Jr 2, 18 qui reprend et paraphrase le verset. C’est sans doute un extrait

d’une de ses lettres, mais je n’ai malheureusement pas pu en retrouver la trace, ni dans les

deux volumes de l’édition de P. Évieux324, ni dans le volume 78 de la PG (= éd. A. Morel,

Paris 1638)325.

K. Cyrille d’Alexandrie (patriarche de 412 à 444)326

33 scholies lui sont attribuées dans la chaîne et les trois premières seulement

concernent notre corpus. Il s’agit des scholies 157a sur Jr 3, 23 ; 160b sur Jr 3, 24 et 241b

sur Jr 4, 31 - 5, 1. M. Faulhaber signale que, pour 12 des scholies de Cyrille, le caténiste a

précisé la source, ce qui permet de voir que les scholies de Cyrille sont extraites de travaux

exégétiques divers327 : Commentaire sur l’Évangile de Jean, sur Isaïe, sur les Psaumes, sur

l’Évangile de Matthieu, sur l’Évangile de Luc. Les scholies de notre corpus appartiennent à

celles dont la source n’est pas précisée : elles apparaissent dans l’édition de M. Ghisleri,

322 Cf. Homélie sur la contrition et l’abstinence (CPG 2623), dont la traduction copte est éditée par E. A. W. Budge, Coptic Homilies in the Dialect of Upper Egypt, Londres 1910, pp. 66sq et 212sq ; cf. Homélie sur la pénitence (CPG 2620), connue par un fragment conservé dans la Doctrina Patrum de incarnatione, éd. F. Diekamp, Münster 1907, p. 120, ll. 10 sq. ; cf. résumé des homélies sur la pénitence conservées en arménien par S. Der Nersessian, « Armenian homilies attributed to Theophilus », Kyriakon, Münster 1970, pp. 390-399. 323 CPG 5557, t. III, pp. 82-84. 324 Isidore de Péluse, Lettres (1214-1700), éd. P. Évieux, SC 422 et 454, Paris 1997 et 2000. 325 La demande adressée à P. Évieux à ce sujet est restée sans réponse. 326 CPG 5205.6, t. III, p. 4. 327 M. Faulhaber, pp. 112-113.

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reproduite dans la PG328. J’ai pu toutefois, grâce au TLG, retrouver la provenance de la

première et de la troisième scholies.

La scholie 157a est à rapprocher d’un passage du Commentaire sur Isaïe (livre V,

tome 3)329. Dans ce commentaire sur Is 57, 5-7 à propos de l’adoration des idoles, il y a une

citation de Jr 3, 6 et l’explication de cette citation ressemble de très près à ce qui apparaît

dans la chaîne sur Jr 3, 23. On y retrouve l’évocation des montagnes (ojrw'n) sur lesquelles le

peuple a érigé des autels (bwmouv"), des sanctuaires (temevnh) et a offert des sacrifices

(prosekovmizon qusiva") aux démons.

La scholie n°241b est, quant à elle, extraite des Glaphyres sur le Pentateuque330. On y

retrouve intégralement à propos de Nb 12, 14, à quelques variantes textuelles près, notre

scholie :

− suppression de aujto;n après ajnh/rhmevnoi" dans la scholie ;

− provceiron Glaphyres : proceivrw" scholie ;

− pou Glaphyres : pw" scholie ;

− ejf j eJautou' Glaphyres : uJf j eJautou' scholie ;

− ajforma;" Glaphyres : aJmartiva" scholie ;

328 PG 70, 1452-1457. 329 PG 70, 1260 B4-C12. Le passage dont se rapproche la scholie de la chaîne est en gras : Kurioktovnou" aujtou;" ajpofhvna", deivknusin o{ti to; misovqeon aujtoi'" ajrrwvsthma, kai; to; provceiron eij" miaifonivan, ouj nevon h\n ejn aujtoi'", ajlla; ga;r ejk pollou' kai; a[nwqen ejnupavrcon aujtoi'". JUmei'" gavr ejste oiJ kata; tou;" a[nwqen, fhsi;, kairou;" parakalou'nte" ejpi; ta; ei[dwla uJpo; devndra daseva. Kaivtoi ga;r brabeuvonto" aujtoi'" tou' dia; Mwsevw" novmou ta; crhvsima, diarjrJhvdhn te levgonto", «Kuvrion to;n Qeovn sou proskunhvsei", kai; aujtw/' movnw/ latreuvsei",» frenoblabeiva" eij" tou'to katwvlisqon, ma'llon de; dussebeiva" ajscevtou kai; th'" pevra mevtrou panto;", w{ste kai; eijdwvlwn genevsqai dhmiourgou;", kai; iJerourgei'n aujtoi'", kai; parakalei'n, h[toi didavskein eJtevrou" uJpo; devndra daseva proskunei'n, kai; timai'" tai'" qeoprepevsin aujta; stefanou'n. Tou'to kaqivsthsin ejnarge;" oJ tw'n o{lwn Qeo;" dia; fwnh'" jIeremivou levgwn: «Ei\de" a} ejpoivhsev moi hJ katoikiva tou' jIsrahvl: ejporeuvqhsan ejpi; pa'n o[ro" uJyhlo;n, kai; uJpokavtw panto;" xuvlou ajlswvdou", kai; ejpovrneusan ejkei'.» Katalambavnonte" ga;r ta;" tw'nKatalambavnonte" ga;r ta;" tw'nKatalambavnonte" ga;r ta;" tw'nKatalambavnonte" ga;r ta;" tw'n ojrw'n korufa;" kai; ta; tw'n ajlsevwn eujanqevstera,ojrw'n korufa;" kai; ta; tw'n ajlsevwn eujanqevstera,ojrw'n korufa;" kai; ta; tw'n ajlsevwn eujanqevstera,ojrw'n korufa;" kai; ta; tw'n ajlsevwn eujanqevstera, bwmou;" bwmou;" bwmou;" bwmou;" kai; temevnh kateskeuvazon, qusiva" kai; temevnh kateskeuvazon, qusiva" kai; temevnh kateskeuvazon, qusiva" kai; temevnh kateskeuvazon, qusiva" te kai;te kai;te kai;te kai; sponda;" prosekovmizon aujtovqi toi'" ajkaqavrtoi" sponda;" prosekovmizon aujtovqi toi'" ajkaqavrtoi" sponda;" prosekovmizon aujtovqi toi'" ajkaqavrtoi" sponda;" prosekovmizon aujtovqi toi'" ajkaqavrtoi" daivmosin: eijsi; de; kai; oiJ tw'n ijdivwn ajfeidhvsante" tevknwn.daivmosin: eijsi; de; kai; oiJ tw'n ijdivwn ajfeidhvsante" tevknwn.daivmosin: eijsi; de; kai; oiJ tw'n ijdivwn ajfeidhvsante" tevknwn.daivmosin: eijsi; de; kai; oiJ tw'n ijdivwn ajfeidhvsante" tevknwn. 330 PG 69, 604 C2-D6. Le passage en gras est celui qu'a excerpté le caténiste : jApekaluvptetov te dia; tou' aJgivou Pneuvmato" jIeremiva/ tw/' profhvth/ th;n ejsomevnhn kata; kairou;" ejn cwvra/ th/' tw'n jIoudaivwn sfaghvn: katatrecovntwn aujth;n polevmou novmw/ tw'n Babulwnivwn: ajll j wJ" pollw'n h[dh pesovntwn te kai; oJrwmevnwn nekrw'n, pro;" a{gion profhvthn fhsiv: «Oi[moi o{ti ejkleivpei hJ yuchv mou, ejpi; toi'" ajnh/rhmevnoi": peridravmete ejn tai'" oJdoi'" jIerousalh;m, kai; i[dete, kai; gnw'te, kai; zhthvsate ejn tai'" plateivai" aujth'": eja;n eu{rhte a[ndra, eij e[sti poiw'n kri'ma, kai; zhtw'n pivstin, kai; i{lew" e[somai aujtoi'", levgei Kuvrio".» JOra/'" ejn touvtoi" wjdivnonta me;n ejpi; toi'" ajnh/rhmevnoi" aujto;n, kai; JOra/'" ejn touvtoi" wjdivnonta me;n ejpi; toi'" ajnh/rhmevnoi" aujto;n, kai; JOra/'" ejn touvtoi" wjdivnonta me;n ejpi; toi'" ajnh/rhmevnoi" aujto;n, kai; JOra/'" ejn touvtoi" wjdivnonta me;n ejpi; toi'" ajnh/rhmevnoi" aujto;n, kai; provceiron me;n ejleei'n ejqevlonta th;n jIerousalhvm: eijrgovmenon dev pou ejf j eJautou' mononouci;, kai; provceiron me;n ejleei'n ejqevlonta th;n jIerousalhvm: eijrgovmenon dev pou ejf j eJautou' mononouci;, kai; provceiron me;n ejleei'n ejqevlonta th;n jIerousalhvm: eijrgovmenon dev pou ejf j eJautou' mononouci;, kai; provceiron me;n ejleei'n ejqevlonta th;n jIerousalhvm: eijrgovmenon dev pou ejf j eJautou' mononouci;, kai; ajnaseiravzonta th;n qeopreph' galhnovtajnaseiravzonta th;n qeopreph' galhnovtajnaseiravzonta th;n qeopreph' galhnovtajnaseiravzonta th;n qeopreph' galhnovthta, dia; to; th'" aJmartiva" uJpevrogkon, zhtou'nta d j ouhta, dia; to; th'" aJmartiva" uJpevrogkon, zhtou'nta d j ouhta, dia; to; th'" aJmartiva" uJpevrogkon, zhtou'nta d j ouhta, dia; to; th'" aJmartiva" uJpevrogkon, zhtou'nta d j ou\\ \\n n n n o{mw" tou' katoikteivrein ta;" ajforma;", kai; ejf j eJni; qevlonta kataluvein ta; ejk th'" ojrgh'": e{na o{mw" tou' katoikteivrein ta;" ajforma;", kai; ejf j eJni; qevlonta kataluvein ta; ejk th'" ojrgh'": e{na o{mw" tou' katoikteivrein ta;" ajforma;", kai; ejf j eJni; qevlonta kataluvein ta; ejk th'" ojrgh'": e{na o{mw" tou' katoikteivrein ta;" ajforma;", kai; ejf j eJni; qevlonta kataluvein ta; ejk th'" ojrgh'": e{na ga;r a[ndra tou;" qevlonta" ejpideiknuvnai pisto;n ejn aujth/' dieplavtteto. ga;r a[ndra tou;" qevlonta" ejpideiknuvnai pisto;n ejn aujth/' dieplavtteto. ga;r a[ndra tou;" qevlonta" ejpideiknuvnai pisto;n ejn aujth/' dieplavtteto. ga;r a[ndra tou;" qevlonta" ejpideiknuvnai pisto;n ejn aujth/' dieplavtteto.

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124

− ejk th'" ojrgh'" Glaphyres : ejx ojrgh'" scholie ;

− qevlonta" Glaphyres : periqevonta" scholie ;

− dieplavtteto Glaphyres : dietavtteto scholie.

La provenance de la deuxième scholie reste mystérieuse, mais on peut émettre

l’hypothèse suivante. Les commentaires patristiques de Jr 3, 24 font souvent appel à la

référence du Ps 105, 37 (kai; e[qusan tou;" uiJou;" aujtw'n kai; ta;" qugatevra" aujtw'n

toi'" daimonivoi") et on a signalé que le Commentaire sur les Psaumes de Cyrille était

donné comme source par le caténiste à plusieurs reprises. Il se pourrait fort que cette scholie

soit extraite du passage de ce Commentaire concernant le Psaume 105. Il n’est

malheureusement pas possible de le prouver, puisqu’il ne reste de l’Expositio in Psalmos

que quelques fragments dispersés dans les chaînes : peut-être doit-on justement considérer

cette scholie comme une nouvelle trace de l’œuvre de Cyrille sur les Psaumes.

Il faut en outre rappeler que G. Dorival a pu préciser, grâce à la Chaîne palestinienne

sur le Ps 50, le statut de cette œuvre de Cyrille sur les Psaumes, qui serait plutôt une série

d'homélies qu'un commentaire. En effet, la chaîne palestinienne, ainsi qu'une autre chaîne,

garde la trace d'une doxologie finale au milieu d'un fragment sur Ps 50, 20-21331.

L. Théodoret de Cyr (≈ 393-466)332

Comme Jean Chrysostome, Théodoret apparaît dans les deux types de chaînes sur

Jérémie.

124 scholies lui sont attribuées dans la chaîne à auteurs multiples et 27 concernent

notre corpus de Jr 1-4. Pour ce même corpus, dans la chaîne à deux auteurs, on trouve 67

scholies attribuées à Théodoret, auxquelles il faut ajouter celles dont l’attribution a été

omise par les copistes dans les manuscrits conservés et qui sont de plus en plus nombreuses

à mesure que l’on avance dans la chaîne.

331 G. Dorival, Les chaînes exégétiques grecques sur les Psaumes, t. I, Louvain 1986, pp. 135-138 et t. V (non publié), pp. 2348-2350. 332 CPG 6205, t. III, p. 203.

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Il faut rappeler ici qu’après Jr 1-4, la chaîne à deux auteurs mêlant Jean Chrysostome

et Théodoret s’interrompt dans tous les manuscrits pour laisser la place à la suite du

Commentaire de Théodoret.

Ce qui est édité dans la Patrologia Graeca333 sous le titre JErmhneiva th'"

profhteiva" tou' qeivou jIeremivou correspond à la tradition directe du Commentaire de

Théodoret. J. L. Schulze y reproduit l'édition de J. Sirmond (1642), édition qui a été faite à

partir du manuscrit Berolinensis gr. 12 (= Philippicus 1416), XVIe s. En effet, le manuscrit a

appartenu au Collège des Jésuites de Clermont, comme en témoigne une annotation au f. 1

(Colleg. Paris. Soc. Jesu). De plus, on retrouve bien dans ce manuscrit toutes les

caractéristiques de l'édition de J. Sirmond et de la PG (omissions, ajouts, variantes).

Comme pour les scholies de Jean Chrysostome, il faut examiner si des liens existent

entre les deux séries. Contrairement à ce qui est dit dans l’article de R. Devreesse et dans

celui de C. Curti et M. A. Barbàra334, les deux ensembles ne se rencontrent que rarement,

même s’il n’y a entre eux aucune contradiction. Il est essentiel de préciser que les scholies

attribuées à Théodoret dans la chaîne à deux auteurs recouvrent presque parfaitement le

commentaire édité, tandis que les scholies de la chaîne à auteurs multiples peuvent y être

rattachées dans moins de la moitié des cas. M. Faulhaber signale par exemple que seules

quatre des douze premières scholies attribuées à Théodoret dans la chaîne à auteurs

multiples ont un lien, parfois d’ailleurs assez lâche, avec le Commentaire édité335. Il suggère

par conséquent la possibilité que le commentaire édité ne soit pas complet et que les

scholies de la chaîne à auteurs multiples soient nécessaires pour le compléter. Un sondage

sur Jr 5 et 6, grâce à une confrontation de l’édition de M. Ghisleri (chaîne à auteurs

multiples) et de la PG (tradition directe du Commentaire), fait apparaître à nouveau que

seules 3 scholies de la chaîne à auteurs multiples (sur Jr 5, 22 ; Jr 6, 29 et Jr 6, 30) ont un

lien avec le Commentaire édité. On peut donc douter de l’intégrité du Commentaire de

Théodoret transmis par les manuscrits de la tradition directe.

333 PG 81, 496-805. 334 R. Devreesse, « Chaînes exégétiques grecques », in SDB, t. I, Paris 1928, col. 1151 ; C. Curti & M. A. Barbàra, « Catene esegetiche greche », in A. di Berardino (dir.), Patrologia, vol. 5, Gênes 2000, p. 643. 335 M. Faulhaber, pp. 113-114.

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126

Lorsque l’on observe la tradition manuscrite du Commentaire, il faut bien distinguer

deux branches :

− celle qui donne l'ensemble du Commentaire : Marcianus gr. 87, XIIIe s. (ff. 188-

250) ; Atheniensis, Metovcion Tou' Panagivou Tavfou 17, XIVe s. (ff. 186-

314v)336 ; Berolinensis gr. 12 (= Phillippicus 1416), XVIe s. (ff. 1-98) ;

− celle qui donne l'œuvre hybride (chaîne sur 1-4 puis Commentaire) : Bononiensis

gr. 2373, XIe s. (ff. 145-240v) ; Vaticanus gr. 675, XIIe s. (ff. 122-208) ; Vaticanus

gr. 1204, XVIe s. (ff. 33-73v) ; Monacensis gr. 117, XVIe s. (ff. 175-288v) ;

Vindobonensis theol. gr. 36, XVIe s. (ff. 1-116v).

Comme les témoins les plus anciens (Bononiensis gr. 2373, XIe s et Vaticanus gr. 675,

XIIe s.) donnent la chaîne à deux auteurs jusqu’au chap. 4, puis le Commentaire, on pourrait

penser que le Marcianus gr. 87, dans lequel le commentaire de Théodoret est précédé par un

commentaire de Jean Chrysostome sur Jérémie, et le Berolinensis gr. 12 sont des copies

plus tardives et secondaires ayant fait le choix de séparer les deux auteurs, auparavant

entremêlés sur Jr 1-4. C'est une possibilité tout à fait envisageable : on connaît en effet aussi

la tentative de deux érudits anciens, dans deux témoins manuscrits : Genuensis Bibliothecae

Privatae (Raccolta Durazzo) A I 10, IXe s. et London University, Ogden 30, XVIIe s., de

reconstituer le Commentaire de Nil d'Ancyre sur le Cantique des Cantiques à partir de la

chaîne de Procope337. Cependant, le texte des scholies de la chaîne à deux auteurs attribuées

à Théodoret ne coincide pas parfaitement avec le texte du Commentaire en tradition directe

pour les chap. 1-4, même s'il lui est très fidèle338. Il est donc impossible de considérer les

manuscrits du Commentaire comme secondaires par rapport aux manuscrits hybrides

(chaîne + Commentaire). Il s'agit bien de deux branches différentes de la tradition.

Il n’y a pas lieu de nier l’existence d’un Commentaire de Théodoret sur Jérémie à

cause du nombre important des scholies qui lui sont attribuées et de leurs nombreuses

336 Les catalogues le signalent comme un témoin du commentaire intégral ; or l’incipit du commentaire donné dans la notice n’est pas celui du texte de Théodoret, mais précisément celui du prologue du caténiste de la chaîne à auteurs multiples. Le manuscrit est très abîmé et n’est pas accessible à la consultation : je n’ai donc pas pu vérifier son contenu exact, ni mettre au clair la présence bien curieuse du prologue du caténiste au début du Commentaire ; cf. supra, pp. 82-83. 337 Nilus von Ancyra, Schriften. Band I : Kommentar zum Hohelied, éd. H. U. Rosenbaum, PTS 57, Berlin 2004, pp. 1-3. 338 Cf. « Les phénomènes de récriture » infra, chap. 3, pp. 265-269.

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connexions avec le texte biblique. Pourtant, dans sa monographie sur Théodoret339, J.-

N. Guinot évoque l’authenticité douteuse du Commentaire édité par J. Sirmond (repris en

PG 81) sur les critères suivants : « les versions d’Aquila, de Symmaque et de Théodotion

n’y sont jamais citées, et la critique textuelle repose tout entière sur le témoignage du

Syrien ; d’autre part, l’incipit du commentaire de la PG ne correspond pas à celui du codex

n°17 du Métochion noté par Papadopoulos-Kérameus. » On peut commencer par remettre

en cause le critère de l’incipit puisque, comme on l'a déjà signalé, celui du manuscrit du

Métochion correspond à l’incipit du prologue du caténiste à la chaîne à auteurs multiples et

ne donne donc aucune information sur le début du texte même de Théodoret. D’autre part,

on pourrait supposer que l’absence des allusions à Aquila, Symmaque et Théodotion vient

de ce que Théodoret n’a pas utilisé le même type de documentation pour son Commentaire

sur Jérémie que pour ses autres commentaires. Il est possible que Théodoret ait eu sous les

yeux pour Jérémie un texte biblique pourvu de notes de comparaison avec la version

syriaque et dépourvu de notes hexaplaires. Si, comme l’expose J.-N. Guinot, il y a beaucoup

de points communs pour le reste de la méthode avec les autres commentaires, il me semble

qu’il n’y a aucune raison de nier son authenticité. En revanche, il est assez facile de remettre

en cause son intégrité, car il semble que les scholies de la chaîne à auteurs multiples doivent

être complémentaires du commentaire conservé en tradition directe. Les manuscrits de la

tradition directe ne donneraient en fait qu’une version sélective du commentaire de

Théodoret.

M. Victor d'Antioche (première moitié du Ve s.)340

159 scholies lui sont attribuées dans la chaîne à auteurs multiples. 34 scholies

concernent notre corpus des chapitres 1 à 4 et sont réparties équitablement tout du long. Le

nombre et la régularité des scholies, ainsi que leurs liens très serrés avec le texte

prophétique, m’amènent à dire, avec M. Faulhaber341, que le caténiste devait avoir à sa

disposition un commentaire continu de Victor sur Jérémie. On peut ajouter comme

339 J.-N. Guinot, L’exégèse de Théodoret de Cyr, Paris 1995, p. 43, note 34. 340 CPG 6530, t. III, p. 255. 341 M. Faulhaber, p. 108.

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argument, l’utilisation, dans la scholie 16b de Victor, de l’expression kai; met j ojlivga qui

signale que le caténiste se déplace bien dans un même et unique texte de référence.

M. Faulhaber précise que les scholies qui lui sont attribuées témoignent d’une méthode

exégétique proche de celle des Antiochiens, avec une prédilection pour une interprétation

historique, un intérêt pour les autres versions du texte biblique (Aquila et Symmaque) et une

tendance à citer des lieux parallèles dont je reparlerai342. Nous n'avons malheureusement

aucune trace des œuvres de Victor en tradition directe, mais seulement des fragments

conservés dans les chaînes.

N. Sévère d’Antioche (≈ 465-538)343

21 scholies lui sont attribuées dans la chaîne à auteurs multiples et 5 d’entre elles

concernent notre corpus : il s’agit des scholies 19a, 19b et 19c sur Jr 1, 11 ; 62b sur Jr 2, 13

et 221a sur Jr 4, 23. M. Faulhaber signale que toutes les scholies sauf six comportent une

indication de source. Il faut rabaisser ce chiffre à 5 car, contrairement à ce qu’il indique

dans son tableau récapitulatif344, le caténiste précise la source de la première scholie (Tou'

aJgiwtavtou Seuhvrou ajrciepiskovpou jAntiovceia" ajpo; lovgou iz « Le très saint Sévère,

archevêque d’Antioche, extrait du discours 17 »).

Selon M. Faulhaber, les scholies ont été extraites d’une collection de discours, lettres

et écrits polémiques.

Selon les indications du caténiste, les scholies 19a et 19c sont extraites du discours 17,

la scholie 19b d’une lettre à Théodose et la scholie 221a d’une lettre aux évèques Serge et

Marion. Pour la scholie 62b, la plus brève, la source n’est pas précisée.

J’ai essayé de retrouver l’origine de ces extraits avec plus ou moins de succès345 :

− pour la scholie 19b tirée de la lettre à Théodose, j’ai cherché s’il y avait une

correspondance avec la lettre synodale adressée à Théodose, archevêque

342 Cf. infra, p. 200. 343 CPG 7080.7, t. III, p. 342. 344 M. Faulhaber, p. 115. 345 J’ai suivi la même démarche que G. Dorival pour l’identification des extraits attribués à Sévère d’Antioche dans les chaînes sur les Psaumes, cf. « Nouveaux fragments grecs de Sévère d’Antioche », in ANTIDWRON, Hommage à M. Geerard, Bruxelles 1984, pp. 101-121.

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129

d’Alexandrie, conservée intégralement en syriaque (CPG 7070.8) et éditée dans la

collection CSCO346. Or on y retrouve textuellement le passage de la chaîne, sauf

la citation elle-même du texte biblique de Jr 1, 11 que le caténiste laisse de côté

grâce à l’expression kai; met j ojlivga ;

− pour les scholies 19a et 19c, dont le caténiste dit qu’elles sont issues de l’Homélie

17, il m’a été impossible de trouver le texte-source dans la mesure où seulement

deux courts fragments grecs et deux courts fragments syriaques subsistent de cette

homélie sur les songes347. Ces fragments n’offrent pas de point de contact avec les

nôtres, mais on peut souligner toutefois qu’il n’est pas absurde que deux

commentaires sur la vision du bâton de noyer (Jr 1, 11) aient eu leur place dans

une homélie sur les songes. D’autre part, les fragments grecs qui subsistent ont

recours à la même formule pour introduire le passage de Sévère (Seuhvrou ajpo;

lovgou iz). Nos deux fragments pourraient ainsi contribuer à reconstituer

l’Homélie 17, au même titre que d’autres fragments issus des chaînes sur

l’Octateuque et les Rois présentés par R. Devreesse348 ;

− l’extrait 221a sur les lumières du ciel (Jr 4, 23), dont le caténiste précise qu'il est

tiré de la lettre aux évêques Serge et Marion, ne correspond pourtant à aucun

passage de l’unique lettre de Sévère adressée à ces destinataires qui subsiste en

syriaque dans une traduction d'Athanase de Nisibis élaborée vers 669349 ; par

conséquent, soit il a existé une autre lettre adressée à ces mêmes destinataires et

dont la trace a été perdue, soit la source indiquée par le caténiste est fausse.

Toutefois, si l'on regarde de plus près la lettre conservée en syriaque, on peut

émettre une autre hypothèse : Athanase de Nisibis a procédé à une sélection d'une

centaine de lettres350 ; en outre, il a laissé parfois de côté des passages de son

texte-source, comme en témoigne la présence, dans plusieurs lettres, de

346 I. B. Chabot, Documenta ad origines monophysitarum illustrandas, CSCO 17, Louvain 1907 réimpr. 1962, p. 17 (textus) et CSCO 103, Louvain 1933 réimpr. 1952, p. 9 (translatio). 347 Cf. éd. M. Brière et F. Graffin, PO 38, fasc. 2 (1977), pp. 469-470. 348 R. Devreesse, Les anciens commentateurs grecs de l'Octateuque et des Rois (fragments tirés des chaînes), Studi e Testi 201, Vatican 1959, p. 188 n°7. 349 The Sixth Book of the Select Letters of Severus Patriarch of Antioch in the Syriac Version of Athanasius of Nisibis, éd. et trad. E. W. Brooks, t. I (textus), Londres 1902, pp. 394-405 et t. II/2 (translatio), Londres 1904, pp. 350-359. 350 The Sixth Book …, éd. et trad. E. W. Brooks, t. II/1, Londres 1903, pp. IX-XI.

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l'expression syriaque signifiant "et peu après". Dans la traduction de la lettre à

Serge et Marion, il y a justement une occurrence de cette expression et donc sans

doute une lacune par rapport au texte original de Sévère351. C'est à cette lacune

que pourrait correspondre la scholie 221a de la chaîne à auteurs multiples.

M. Faulhaber souligne qu’il est difficile d’identifier ce Sévère d’Antioche au

patriarche monophysite, puisqu’il n’y a aucune scholie qui porte la trace du monophysisme

et au contraire une scholie qui est nettement du côté de l’orthodoxie. Comme nous avons

retrouvé la trace des lettres et homélies de Sévère dont nos scholies sont extraites, il est

difficile de douter du fait qu’il s’agisse du patriarche d’Antioche, mais peut-être peut-on ici

rappeler le projet que le caténiste a exposé dans son prologue. Il y justifie son recours à des

auteurs hérétiques parce que, selon Cyrille d’Alexandrie, « il ne faut pas écarter ni repousser

tout ce que disent les hérétiques car ils professent bien des points que nous professons nous

aussi »352. Il est évident que le caténiste n’allait pas choisir des scholies polémiques et

hérétiques, mais se limiter à des extraits exégétiques. L’absence de traits du monophysisme

dans l’exégèse de Sévère n’exclut donc pas qu’il soit bien l’auteur de ces textes.

O.O.O.O. Olympiodore (première moitié du VIe s.)353

C’est l’auteur le plus représenté dans la chaîne à auteurs multiples, non par l’étendue

de ses scholies, puisqu’elles sont toutes extrêmement brèves, mais par leur fréquence et leur

régularité. De ce fait, il faut rattacher ces scholies non pas à des œuvres diverses, mais à un

Commentaire d’Olympiodore sur Jérémie, d’ailleurs conservé en tradition directe dans le

Barberinianus gr. V 45 (gr. 549) aux ff. 119-224v354. Malheureusement, le texte ne

commence dans le manuscrit qu’au chapitre 5 du livre de Jérémie et on ne peut donc pas

confronter, pour notre corpus, les extraits de la chaîne au commentaire intégral. Il faut

signaler que la PG 93, 628-725 reproduit l’édition de M. Ghisleri, c’est-à-dire les extraits de

351 The Sixth Book …, éd. et trad. E. W. Brooks, t. I, p. 394 (textus) et t. II/2, p. 351 (translatio). 352 Ep. XLIV (PG 77, 225 A6-A8). 353 CPG 7455, t. III, p. 392. 354 Il faut signaler deux autres manuscrits de la tradition directe, même s’ils sont de moindre intérêt : le Barberinianus gr. 433 qui est une copie du Barberinianus gr. 549 (cf. M. Faulhaber, p. 118) et le Vallicell. 212 qui date du XVIIe s. et est une copie de ce dernier.

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la chaîne à auteurs multiples attribués à Olympiodore, même pour la partie sur Jr 5-52

présente en tradition directe dans le Barberinianus.

Pour voir comment la chaîne utilise le commentaire en tradition directe, il faut donc

faire un sondage sur un passage extérieur à notre corpus, par exemple la section Jr 5, 3 - 5,

19 par laquelle commence le Commentaire sur Jérémie dans le Barberinianus. Or la

confrontation entre le Commentaire du manuscrit et les scholies d’Olympiodore dans la

chaîne (d’après l’édition de M. Ghisleri reproduite dans la PG) fait apparaître que 5 scholies

du Commentaire sur 17 ne se trouvent pas dans la chaîne. Par conséquent, soit le caténiste a

opéré une légère sélection parmi les scholies d’Olympiodore, soit le manuscrit du

Commentaire dont il disposait avait déjà quelques lacunes. En revanche, il faut signaler la

fidélité des scholies de la chaîne par rapport à la tradition directe : elles ne sont pas récrites

ou résumées, mais sont données telles quelles. Par conséquent, le caractère bref et elliptique

des scholies d’Olympiodore n’est pas le résultat d’un travail de résumé du caténiste : il a

respecté le style du commentaire qu’il a excerpté, un commentaire intégral sur Jérémie très

différent dans sa forme de ceux de Théodoret et de Jean Chrysostome. En effet, le

commentaire se présente de la façon suivante, comme de nombreux autres commentaires

païens ou chrétiens : en première position, se trouve le texte biblique divisé en sections

(kefavlaia, par exemple la section 5, 3 - 5, 19), est exposé ensuite l’argument de la section

(sous le titre proqewriva tou' kefalaivou), puis ce sont les explications de détail (sous le

titre aiJ levxei")355. D’autre part, dans la marge du texte biblique, se trouvent notées des

leçons de Symmaque, Théodotion et Aquila356.

Dans les explications, le ou les termes sur lesquels porte le commentaire sont rappelés

avant chaque exégèse. La chaîne ne fait que sélectionner certaines des explications sans

rappeler les termes du lemme biblique, ni les arguments.

Certaines scholies d’Olympiodore ont un statut particulier dans la mise en page de la

chaîne : elles se distinguent en effet par leur disposition et l’utilisation de la majuscule.

Dans le Chisianus, elles se trouvent dans le bloc de texte des extraits patristiques, mais ont 355 « Cette manière de faire s’explique par la conception que les Anciens se faisaient des textes : chaque texte constitue une suite logique et cohérente, dont la fin est en continuité avec le commencement et qui poursuit un but unique ; dès lors, les premiers mots ou la première question d’un texte donnent le sujet qu’il traite. », cf. G. Dorival, « La Protheôria de la Synopse de Jean Chrysostome », Theologische Zeitschrift 2/62 (2006), pp. 230-231. 356 E. Klostermann, Die Überlieferung..., pp. 111-112.

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132

dû être copiées auparavant car ceux-ci les contournent357. Dans l’Ottobonianus, elles sont

reportées dans la marge inférieure du texte biblique. Elle sont en tout cas, pour l’un et

l’autre manuscrits, présentées exactement de la même manière que les gloses hexaplaires

que l’on trouve de temps à autre et reliées au texte biblique par les mêmes signes

(astérisque, obèle, métobèle, etc.). Elles sont précédées du nom d’Olympiodore ou de la

mention "Le même" dans le cas d’une succession de deux gloses. On remarque que ces

gloses sont toutes extrêmement brèves et on pourrait donc se demander s’il ne s’agit pas de

titres ou de sous-titres du Commentaire d’Olympiodore, mais à y regarder de près, elles

semblent porter seulement sur un verset et n’ont pas de valeur englobante. Le recours au

manuscrit de la tradition directe (Barberinianus gr. 549) confirme qu’il ne s’agit pas de

tivtloi. Un sondage sur l’ensemble des gloses exégétiques attribuées à Olympiodore dans la

chaîne à auteurs multiples met en valeur les éléments suivants :

− elles sont toutes d’une extrême brièveté (en général pas plus de 5 mots) ;

− elles sont assez souvent omises dans l’édition de M. Ghisleri (= PG 93) (8 cas sur

11) ;

− elles sont présentes dans la tradition directe exactement sur le même plan que

toutes les autres levxei".

Ces gloses pourraient avoir un statut particulier à cause de leur brièveté, mais on

remarque que nombreuses sont les scholies d’Olympiodore intégrées au sein des extraits

patristiques de la chaîne et ne dépassant pas la dizaine de mots (45 cas sur 90 environ).

La réflexion suivante de F. Petit, dans son édition des chaînes sur la Genèse, nous met

sur une piste plus convaincante :

« De brèves scholies sont jointes au commentaire caténique. Ce sont des notes documentaires plutôt qu’exégétiques, des renseignements plutôt que des explications. Les plus précieuses sont des leçons hexaplaires, mais on trouve aussi des notes de chronologie, de généalogie, de topographie, les étymologies de la plupart des noms propres. Dans plusieurs manuscrits, le scribe leur a réservé un emplacement spécial (marge avec renvoi au texte sacré) ou un traitement particulier (petite onciale) qui les distingue comme un fonds séparé. À l’exception des leçons hexaplaires, elles sont en général anonymes. Au cours de la transmission elles ont subi des accidents nombreux et sont rarement présentes dans l’ensemble des témoins. Il est

357 Il faut noter l'exception de 5 gloses (1 sur le chap. 41, f. 320 et 4 sur le chap. 52, f. 329v) qui sont bien reliées au texte biblique par les mêmes signes que les variantes hexaplaires mais insérées dans le corps des extraits patristiques.

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133

probable que le caténiste les a déjà trouvées dans l’exemplaire biblique qu’il a adopté comme axe de son travail. »358

L’explication la plus vraisemblable serait ainsi que les scholies d’Olympiodore

présentant un statut particulier étaient présentes dans l’exemplaire biblique que le caténiste a

adopté comme modèle, tout comme les variantes hexaplaires.

P. Polychronius (VIe s.)

Huit scholies lui sont attribuées dans la chaîne à auteurs multiples. Seule la première

d’entre elles concerne notre corpus : il s’agit de la scholie 93, d’ailleurs fort complexe,

puisqu’elle présente sans grande unité différents motifs difficiles à agencer entre eux.

M. Faulhaber souligne l’ambiguité de ce nom d’auteur qui n’est précisé ni par une

origine ni par une fonction et fait part du refus d’O. Bardenhewer d’attribuer ces scholies à

Polychronius, évêque d’Apamée à cause de leur rythme très saccadé qui contredit sa

manière habituelle de procéder359. Ils sont sur ce point suivis par L. Dieu qui ne veut

attribuer à Polychronius d’Apamée que la série de scholies apparaissant sous le nom de Jean

Chrysostome dans la chaîne à deux auteurs. Il faudrait alors attribuer ces scholies au diacre

Polychronius, dont le nom est seulement connu par ailleurs grâce à des chaînes sur le

Cantique, les Proverbes et l’Ecclésiaste (CPG C83, C90 et C102) dont il serait à la fois le

compilateur et l’un des auteurs cités. Notons que le style de la scholie 93 est effectivement

très alambiqué à cause des nombreux pronoms relatifs qui créent des phrases complexes, à

cause d’un vocabulaire rare et d’allusions scripturaires peu explicites.

Q. Les scholies anonymes

107 scholies de la chaîne à auteurs multiples sur Jérémie sont anonymes (ejx

ajnepigravfou) et 11 concernent notre corpus. Il s’agit des scholies 7e et 8c sur Jr 1, 5 ; 11e

358 La chaîne sur la Genèse, éd. F. Petit, t. I, Louvain 1991, p. XVI. 359 O. Bardenhewer, Polychronius Apamea, Bruder Theodors von Mopsuestia, Fribourg 1879, pp. 34 sq.

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sur Jr 1, 7 ; 64b sur Jr 2, 14 ; 101b sur Jr 2, 29 ; 161b sur Jr 3, 24 ; 221c sur Jr 4, 23 ; 226b

sur Jr 4, 26 ; 227b sur Jr 4, 27 ; 229b sur Jr 4, 28 et 235b sur Jr 4, 30.

Sur l’ensemble de ces scholies anonymes, certaines le sont sans doute à cause d’une

erreur de transmission. Mais selon M. Faulhaber360, la plupart sont issues d’un commentaire

intégral et unique sur Jérémie. Les scholies anonymes seraient issues d’un commentaire

intégral, parce qu’elles sont réparties régulièrement sur l’ensemble de la chaîne et qu’il

existe aussi un prologue anonyme après ceux de Jean Chrysostome et d’Eusèbe ; elles

seraient, d’autre part, issues d’un commentaire unique, parce que se dessine, dans toutes les

scholies, une même méthode exégétique.

M. Faulhaber met en valeur les échos que ces scholies entretiennent avec d’autres

exégètes de la chaîne. J’ai déjà signalé à propos d’Origène, le cas de la scholie anonyme

n°8c sur Jr 1, 5 qui présente des échos très forts au Commentaire de Jérôme sur Jérémie et à

celui d’Origène sur l’Epître aux Romains. Comme il ne s’agit pas d’un emprunt aux

Homélies sur Jérémie d’Origène qui sont, de toute évidence, la source du caténiste, il est

peut-être plus juste de penser que cette scholie témoigne d’une influence indirecte

d’Origène. Il y a d’ailleurs un autre écho dans la même scholie 8c : la fin rappelle la scholie

7d de Didyme. À ces références, M. Faulhaber ajoute un écho à Cyrille pour la scholie

161b, semble-t-il, mais pour ma part, je n’ai décelé aucune ressemblance entre les deux

passages. Il évoque aussi des passages parallèles entre les scholies anonymes et le

Commentaire de Théodoret : en particulier, dans la scholie 7e, la ligne sur la prescience que

l’on peut rapprocher de PG 81, 497 B14-15 et, dans la scholie 64b, l’assimilation des lions

aux rois que l’on trouve aussi chez Théodoret (PG 81, 508) ; là encore, il ne s’agit que

d’une ligne de la scholie anonyme et d’une position, somme toute, assez banale. On peut, en

plus de ces échos soulignés par M. Faulhaber, évoquer la ressemblance qui existe entre la

scholie 11e sur Jr 1, 7 et un texte d’Ephrem le syrien, qui cite ce passage de Jérémie et dans

lequel on retrouve quelques formulations de la scholie anonyme, même si l’argument n’est

pas exactement le même361.

360 M. Faulhaber, pp. 122-124. 361 In sermonem, quem dixit dominus, quod : In hoc mundo pressuram habebitis, et de perfectione hominis (CPG 4030), éd. K.G. Phrantzoles, JOsivou ÆEfraivm tou' Suvrou e[rga, Thessalonique 1992, t. IV, p. 376. Les éléments que le passage a en commun avec la scholie 11e sont en gras : Tiv" de; iJkano;" pro;" tosou'ton o[gkon ajnabh'nai ajretw'n kai; tau'ta ejpaxivw" dihghvsasqai. Ou|tino" hJ pivsti" kai; th;n

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135

M. Faulhaber, qui a découvert que le prologue anonyme à la chaîne sur Jérémie est en

fait la première moitié du prologue de Polychronius d’Apamée présent en tête de la chaîne

sur Ézéchiel, en vient donc à attribuer la majorité de ces scholies anonymes à Polychronius,

ou plutôt émet l’hypothèse que ces scholies ont été extraites d’une chaîne primitive dont

Polychronius était le matériau fondamental362.

L. Dieu conteste cette position de M. Faulhaber363 : étant donné que les scholies

anonymes présentent de nombreux échos à des scholies d’autres auteurs dans la chaîne ou

hors de la chaîne, il est aberrant selon lui, sous prétexte qu’un passage anonyme (en

l’occurrence le prologue) corresponde à un passage de Polychronius, d’attribuer l’ensemble

des scholies anonymes à Polychronius, puisqu’il ne constitue qu’un écho parmi d’autres. Par

ailleurs, L. Dieu affirme qu’il faut se méfier de l’attribution à Polychronius donnée à ce

prologue en question dans la chaîne sur Ézéchiel. Enfin, il souligne la différence d’aspect

des scholies anonymes par rapport aux autres textes de Polychronius : les scholies donnent

de nombreuses citations de passages parallèles, présentent un style différent, ne font aucune

allusion à l’hébreu et témoignent d’une exégèse trop allégorique qui s’éloigne des œuvres

de l’évêque d’Apamée.

On pourrait cependant se demander pourquoi il faudrait se méfier de l’attribution à

Polychronius dans le début de la chaîne sur Ézéchiel, mais se fier en revanche aux

attributions à Polychronius données dans les chaînes sur Daniel et Job, comme le fait

L. Dieu pour réattribuer la série de scholies apparaissant sous le nom de Jean Chrysostome

ajnqrwpivnhn fuvsin ejnivkhse: th;n ga;r kosmikh;n pa'san hjrnhvsato dovxan, kai; th;n tou' Kurivou tapeivnwsin, h}n di j hJma'" tou;" aJmartwlou;" ejpevdeixen, plouvsio" w[n, di j hJma'" ptwceuvsa", kai; tw'n aJpavntwn Kuvrio" w]n kai; Qeov", th;n tou' douvlou kathxivwse morfh;n ajnalabei'n, kai; oJ ejpi; tw'n Ceroubei;m kaqhvmeno" kai; uJpo; pavsh" stratia'" ajggelikh'" kai; ajrcaggelikh'" ajkatapauvstw" doxologouvmeno" toi'" ajnqrwvpoi" sunanestravfh, tauvthn oJ jIeremiva" profhtikw'" hJmi'n proemhvnusen, ouj movnon lovgoi", ajlla; kai; toi'" e[rgoi" deiknuvwn. TouTouTouTou' ga;r Qeou' proceirizomevnou' ga;r Qeou' proceirizomevnou' ga;r Qeou' proceirizomevnou' ga;r Qeou' proceirizomevnou aujtw/' to; th'" profhteiva" ajxivwma e[lege: Kuvrie, oujk ejpivstamai lalei'n, o{ti newvterov" eijmi: ajnavxion eJauto;n logizovmeno" tou' th'" profhteiva" ajxiwvmato": ouj ga;r to;n kovpon paraitouvmeno", ajlla; tapeinofrosuvnhn proskeivmeno". {Oqen levgonto", o{ti ouj duvnamai lalei'n, o{ti newvterov" eijmi, oJ Qeo;" th;n me;n tapeinofrosuvnhn ajpodecovmeno"ajpodecovmeno"ajpodecovmeno"ajpodecovmeno", th;n de; proqumivan aujtou' aujxavnwn, e[lege: mh; levge, o{ti newvterov" eijmi ejgwv: o{ti pro;" pavnta", ou}" eja;n ejxapostelw' se, poreuvsh/. Kai; ou{tw" oJ eujloghmevno" uJphvkoo" Qeou' a[neu peirasmw'n kai; kinduvnwn mivan w{ran oujk ejpoivhsen ejpi; th'" gh'", ajlla; dia; panto;" h\n qlibovmeno", blevpwn tou;" ou{tw" ajgapwmevnou" uJp j aujtou' paranomou'nta" kai; ejkklivnanta" ajpo; tou' Qeou' poihvsanto" aujtouv", levgonta" pro;" aujtovn: ouj mh; profhteuvsei" ejpi; tw/' ojnovmati Kurivou. Kai; muriva" qlivyei" uJp jaujtw'n uJpomevnwn, ajmnhsikavkw" ei\ce ta; pro;" aujtou;" kai; oujk ejpauveto proseucovmeno" kai; ajxiw'n to;n Qeo;n peri; swthriva" aujtw'n, wJ" levgein aujtw/' to;n Qeovn. 362 M. Faulhaber, pp. 125-129. 363 L. Dieu, « Le commentaire sur Jérémie du Pseudo-Chrysostome serait-il l’œuvre de Polychronius d’Apamée ? », RHE 14 (1913), pp. 700-701.

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dans la chaîne à deux auteurs364. Il est difficile de juger de l’authenticité d’une attribution à

Polychronius, évêque d’Apamée, étant donné que les seules traces de son œuvres sont

conservées dans les chaînes, donc sujettes à caution. D’autre part, l’hypothèse de

M. Faulhaber consiste davantage à considérer que les scholies anonymes proviennent d’une

chaîne primitive, dont Polychronius serait le matériau principal, plutôt qu’à attribuer en

masse et sans distinction toutes les scholies anonymes à Polychronius. Enfin, tout en

démontant les propos de M. Faulhaber, L. Dieu ne donne pas de solution pour les scholies

anonymes, puisque son objectif est simplement de réattribuer à Polychronius d’Apamée les

scholies de la chaîne à deux auteurs attribuées auparavant à Jean Chrysostome. La question

reste donc ouverte.

Conclusion

Ce catalogue détaillé de tous les auteurs qui apparaissent dans les chaînes sur Jérémie

m’a permis de mener une étude approfondie des extraits concernant le début du livre (Jr 1-

4), et en particulier de leur origine, c’est-à-dire de leurs attributions et de leurs sources365.

Il apparaît que les attributions sont très largement dignes de confiance et peu altérées

par les copistes successifs366, ce qui a rendu plus facile le travail de repérage des textes-

sources. Toutefois, comme le caténiste ne signale pas les œuvres dont sont tirés les extraits

(sauf dans le cas de Cyrille d’Alexandrie et de Sévère d’Antioche), il m’a fallu mener de

nombreuses enquêtes, aidée par la consultation du Thesaurus Linguae Graecae et par les

indices des différentes éditions imprimées pour les auteurs concernés. J’ai pu ainsi retrouver

dans certains extraits la trace d’œuvres connues par ailleurs : le Commentaire sur les

Psaumes d’Eusèbe, pour le prologue qui lui est attribué au début de la chaîne à auteurs

multiples, sa Démonstration évangélique pour les scholies 138b et 143c, le Commentaire

sur les Psaumes de Didyme pour la scholie 7d, le Commentaire sur Isaïe de Cyrille pour la

364 Ibid., pp. 694-699. 365 Dans tous les cas, j’ai indiqué s’il existait des éditions de ces extraits et de la tradition directe de leurs textes-sources. 366 J’ai souligné l’unique cas problématique de la scholie 156b d’Eusèbe qui doit peut-être être réattribuée à Origène. Demeure tout de même le problème des extraits anonymes pour lequel je n’ai pas proposé de solution. Enfin, j’étudierai plus loin le cas des doublets, c’est-à-dire de ces extraits attribués à des auteurs différents et qui présentent des similitudes difficiles à expliquer, cf. pp. 196-197.

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scholie 157a et ses Glaphyres sur le Pentateuque pour la scholie 241b, la lettre à Théodose

de Sévère d’Antioche uniquement conservée en syriaque pour la scholie 19b.

Dans certains cas, il est malheureusement impossible de retrouver le texte-source de

l’extrait, soit parce que l’œuvre en question n’est pas conservée, soit parce que les extraits

sont tellement récrits par le caténiste que la dépendance par rapport au texte-source n’est

plus visible et que les outils dont on dispose ne suffisent plus. Pour les œuvres dont on n’a

aucune trace, on ne peut qu’émettre des hypothèses : on suppose, d’après la régularité, le

degré de précision et le style des extraits de la chaîne qui leur sont attribués, l’existence

d’une Homélie sur Jérémie de Grégoire le Thaumaturge, d’un Commentaire sur Jérémie

d’Apolinaire et de Victor d’Antioche. J’ai suggéré que certains extraits pouvaient avoir été

tirés d’un morceau perdu d’une œuvre que l’on connaît : l’extrait 211b d’Eusèbe pourrait

provenir des livres perdus de la Démonstration Évangélique, la scholie 160b de Cyrille

d’Alexandrie proviendrait de l’Expositio in Psalmos dont il ne reste que des fragments dans

les chaînes.

Le principal problème auquel j’ai été confrontée est lié à la complexité de la tradition

directe des œuvres exégétiques suivies sur Jérémie : si pour Origène, on peut sans aucune

difficulté confronter les scholies de la chaîne à la tradition directe de ses Homélies sur

Jérémie, pour les autres auteurs (Théodoret, Jean Chrysostome et Olympiodore), cela

conduit à une impasse. En effet, dans le cas de Théodoret et de Jean Chrysostome, j’ai

montré que la tradition directe est complexe et lacunaire, et dans le cas d’Olympiodore, le

seul manuscrit de la tradition directe ne commence qu’en Jr 5 et il est donc impossible

d’examiner sur Jr 1-4 les sélections qu’opère le caténiste.

Dans les cas où l’on peut confronter les extraits à la tradition directe de leur texte-

source, on rencontre plusieurs difficultés : que penser des extraits qui, s’inscrivant dans

toute une série attribuée à un auteur, paraissent complètement indépendants du texte de

référence (cf. scholies 11b, 22a d’Origène) ? Que penser des extraits qui présentent des

nouveautés ou des ajouts par rapport à la tradition directe du texte (cf. extraits 79b, 104a,

131a, 162a d’Origène) ? Que penser des extraits faisant manifestement contresens par

rapport au texte-source (cf. scholie 138b d’Eusèbe de Césarée) ? On ne peut à nouveau

qu’émettre des hypothèses : soit le caténiste se permet d’augmenter son texte, de l’enrichir,

d’en transformer l’argument, soit la tradition directe est lacunaire et doit être complétée par

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le témoignage des chaînes, soit il s’agit en fait d’une erreur d’attribution, la scholie d’un

autre auteur ayant été malencontreusement ou volontairement intégrée à la scholie

précédente.

Ce travail de confrontation entre les textes-sources et les extraits caténaux, lorsqu’on

peut l’appliquer, permet de comprendre comment procédait le caténiste. Il sélectionne sa

documentation, abrège les textes, supprime les rappels des lemmes bibliques, puisqu’il

introduit un système de correspondance entre le texte biblique et les extraits patristiques (cf.

scholie 19b de Sévère d’Antioche), réunit dans une même scholie deux passages qui ne se

suivent pas dans le texte-source (cf. scholie 176b d’Origène). J’insisterai plus loin sur les

phénomènes de récriture que l’on peut mettre en valeur dans les différents types de

chaînes367.

Enfin, il ne faut pas se limiter au rapport du caténiste à sa documentation, mais prendre

aussi en compte le résultat que l’on a sous les yeux. Dans l’enchaînement des extraits

patristiques que le caténiste nous donne à voir, quelles semblent être les priorités, quels

auteurs sont privilégiés, quelles analyses sont mises en valeur ? Sans même faire le lien avec

les sources qu’elles utilisent, nous avons à comprendre, à partir des chaînes elles-mêmes, le

projet littéraire et exégétique du caténiste.

367 Cf. infra, pp. 242-278.

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V. Pour une datation des différents types de chaînes sur

Jérémie

Au début de la première partie de son étude des chaînes exégétiques grecques sur les

Psaumes, G. Dorival rappelle les différentes opérations qui permettent d’écrire l’histoire des

chaînes : d’abord le repérage des chaînes dans les manuscrits ; ensuite la description de

chaque chaîne repérée avec la mise en valeur des éléments qui lui sont propres ; puis

l’établissement des relations entre les chaînes ainsi décrites, qui permet d’esquisser une

chronologie relative et partielle de la production caténale ; enfin la datation et la localisation

des compilations analysées. G. Dorival souligne la difficulté de cette dernière opération,

puisque les chaînes sont en général l’œuvre de compilateurs anonymes et qu’elles nous sont

transmises par des manuscrits qui peuvent être postérieurs de plusieurs siècles à l’époque de

leur confection368.

Pour tenter de dater et de localiser une chaîne, il faut d'abord étudier les éléments

concernant le caténiste, observer ensuite les auteurs cités par la chaîne, afin d'obtenir un

terminus a quo, puis les témoins manuscrits de la chaîne, afin d'obtenir un terminus ante

quem. Enfin, dans un dernier temps, il faut essayer de trouver d'autres critères pour préciser,

au sein de cette période, la date de naissance de la chaîne.

A. Origine de la chaîne à auteurs multiples sur les quatre grands

Prophètes

1) Le caténiste

M. Faulhaber a cherché à identifier l’auteur de la chaîne grâce au titre qui précède le

prologue à Isaïe dans le Parisinus gr. 159 : Provlogo" tou' logiwtavtou kai;

368 G. Dorival, Les chaînes exégétiques grecques sur les Psaumes, t. I, Louvain 1986, pp. 1-2.

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paneugenestavtou kurou' jIwavnnou tou' th'" Drouggariva" eij" to;n makavrion

jHsai?an369. Le problème de ce titre est qu'il ne se trouve qu’en tête d’un seul des quatre

prologues de la chaîne sur les grands prophètes et dans un seul manuscrit. L'information

qu'il nous donne est donc très isolée et peu convaincante. D'autre part, ce Jean Drungarios

ne nous est absolument pas connu par ailleurs, même si l'on peut supposer, d’après son

titre370, qu'il s'agit d'un dignitaire de la cour de Constantinople.

2) Les auteurs cités

L’auteur le plus tardif cité par la chaîne à auteurs multiples sur Jérémie est

Polychronius le diacre, qui a vécu au VIe s., mais dont les dates d’existence ne sont

malheureusement pas bien connues. La chaîne n’aurait donc pas été composée avant le VIe s.

Seuls huit extraits sont attribués à Polychronius sur l'ensemble de la chaîne. Il faut signaler

la possibilité que sa présence soit liée à un phénomène d’enrichissement de la chaîne

originale. On peut donc seulement dire que l’état final de la chaîne n’est pas antérieur au

VIe s.

3) Les manuscrits

Les manuscrits de la chaîne à auteurs multiples qui nous sont conservés ont été copiés

entre le milieu du Xe s. (Chisianus gr. 45) et la fin du XVIe s. (Pii II 18). La date de naissance

de la chaîne est donc obligatoirement antérieure au milieu du Xe s.

La fourchette de datation ainsi obtenue est immense : la chaîne à auteurs multiples

aurait été composée entre 550 et 950 ! Il faut avoir recours à d'autres critères pour essayer

de préciser la datation et la localisation de notre compilation.

369 M. Faulhaber, pp. 190-202. 370 Cf. O. Mazal, Manuel d’études byzantines, trad. C. Detienne, 1995, lexique p. 326.

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4) Autres critères

G. Dorival définit, à partir des types de chaînes existant sur le Psautier, différentes

périodes dans l'histoire des chaînes : la période palestinienne (dès 540-550) illustrée par

Procope de Gaza et pendant laquelle sont utilisés prioritairement des auteurs palestiniens

(Origène, Eusèbe, Apolinaire), tandis que les autres auteurs sont cités à titre secondaire, puis

la période constantinopolitaine (dès 700) avec la nouveauté de l'utilisation massive des

œuvres de Jean Chrysostome et, quand elles n'existent pas sur le corpus en question, des

œuvres de Théodoret. Le premier modèle constantinopolitain des chaînes est donc une

chaîne dont l'auteur de base est Jean Chrysostome ou Théodoret de Cyr. La constitution des

chaînes nécessite une bibliothèque riche, un milieu d'érudition, une présence chrétienne bien

installée, tous éléments qui sont réunis à Césarée puis à Constantinople.

Comme la chaîne à auteurs multiples sur Jérémie utilise en priorité un commentaire de

Jean Chrysostome, elle s'apparente au premier modèle constantinopolitain des chaînes et

pourrait avoir été composée au début du VIIIe s., d’après les hypothèses de G. Dorival.

L. Vianès, pour dater et localiser la chaîne à auteurs multiples, a voulu seulement

utiliser des indices internes tirés des noms d'auteurs et des prologues de la chaîne. Elle fait

ainsi l'hypothèse que le caténiste est un monophysite : « le titre "le très saint Sévère" indique

sans ambiguïté, à notre avis, que le caténiste qui en fait usage appartient à l'église

monophysite »371. Elle pose ainsi le terminus a quo de 538, année de la disparition de

Sévère d'Antioche, qui ne peut être qualifié de saint qu'après sa mort, et le terminus ante

quem de 639, qui correspond à la défaite finale du monophysisme. L’hypothèse de

l’appartenance du caténiste à l’Église monophysite lui permet enfin d’envisager deux

localisations possibles : soit en Égypte, soit à Constantinople.

Si la chaîne à auteurs multiples a été composée en Égypte, ce n’est sans doute pas

entre 538 et 575, puisque cette période a été marquée par la persécution impériale des

monophysites en Égypte et la division du courant monophysite à Alexandrie qui a

commencé avant même la mort de Sévère. Après la réconciliation des monophysites en 575,

371 L. Vianès, pp. 21-36.

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on note l’existence d'un centre intellectuel monophysite près d’Alexandrie, au monastère de

l'Enaton. Les œuvres de Sévère y étaient probablement conservées, puisque l'évêque y avait

vécu et qu'après sa mort, ses cendres y avaient été transférées, faisant de l'endroit un lieu de

pèlerinage. C’est là qu’aurait pu être composée, selon L . Vianès, la chaîne à auteurs

multiples sur les Prophètes.

Si la chaîne à auteurs multiples a été composée à Constantinople, elle l’a sans doute

été sous le règne de Justinien (527-565), dans l'entourage de l’impératrice Théodora qui

abritait de nombreux exilés dont des monophysites.

Ainsi, la naissance des chaînes sur les grands prophètes aurait eu lieu en Égypte à

l’Enaton entre 575 et 639 ou à Constantinople, dans l’entourage de Théodora, entre 538 et

565.

Ces hypothèses de L. Vianès pour la chaîne à auteurs multiples paraissent très

séduisantes. Ne peut-on pas cependant se passer de l’hypothèse du monophysisme ?

Puisque les extraits de Sévère ont un statut particulier, la précision de la source étant

presque systématiquement donnée alors que c'est un fait rare dans la chaîne, on pourrait

d’abord se demander s’ils n’ont pas été introduits au cours de la transmission de la chaîne,

comme c’est le cas pour la chaîne sur l’Octateuque éditée par F. Petit372. La situation est

toutefois bien différente : certains manuscrits de la chaîne sur l’Octateuque ne contiennent

pas le corpus sévérien, ce qui plaide pour une insertion de ces extraits au cours de la

transmission et non au stade de la rédaction, alors que dans la chaînes sur les quatre

prophètes, tous les manuscrits contiennent les extraits attribués à Sévère. D’autre part,

contrairement à la chaîne sur les quatre prophètes, les attributions à Sévère dans la chaîne

sur l’Octateuque ne sont pas marquées par le rappel incessant de sa sainteté. La situation

n’est donc pas identique.

Mais il faut ensuite signaler que Sévère n’est pas le seul Père de la chaîne à auteurs

multiples à être qualifié de saint : c’est aussi le cas de Jean Chrysostome, Théophile

d’Alexandrie et Cyrille d’Alexandrie. L’attitude du caténiste est-elle vraiment cohérente sur

ce point ? Si le caténiste est un monophysite, le fait qu’il présente Cyrille comme saint ne

doit pas surprendre, du fait de l’ambiguité de la formule de ce dernier pour définir le Christ

372 La chaîne sur l’Exode, éd. F. Petit, t. I, Traditio exegetica graeca 9, Louvain 1999, pp. XI-XIV.

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« une seule nature du verbe incarné », qui peut être comprise soit au sens monophysite,

c’est-à-dire « une seule nature », soit au sens chalcédonien, c’est-à-dire « une seule

hypostase et deux natures ». En revanche, il est impossible de justifier, chez un

monophysite, l’appellation de saint pour Jean Chrysostome et Théophile d’Alexandrie. Il est

enfin très surprenant qu’Apolinaire de Laodicée, qui est cité à plusieurs reprises dans la

chaîne, ne soit pas qualifié de saint, alors qu’il est le premier monophysite. Ainsi, il me

semble qu’il est un peu artificiel de tirer argument de la sainteté reconnue à Sévère, quand

cette qualité est attribuée à d’autre auteurs de la chaîne qui ne sont pas des chefs de file du

monophysisme et quand elle ne l’est pas au précurseur de cette doctrine373. La raison pour

laquelle le caténiste attribue le titre de saint à quatre seulement des quinze Pères qu’il cite

me paraît difficile à expliquer. L’hypothèse du monophysisme en tout cas ne rend compte, à

mon sens, que de certains des critères internes et non de leur ensemble.

B. Origine de l’abrégé de la chaîne à auteurs multiples sur les

Prophètes

L’abrégé a été composé entre la date de naissance de la chaîne intégrale et avant le

dernier quart du Xe s., c’est-à-dire avant le plus ancien manuscrit qui nous est conservé : le

Laurentianus V 9.

Selon L. Vianès, pour Ézéchiel, il ne s’agit pas d’une nouvelle chaîne, mais de la

chaîne monophysite vigoureusement remaniée par un simple copiste. Elle précise que la

révision a éliminé la moitié de la matière environ (30 scholies sur 57 pour les chap. 1-27) et

dégage quelques principes qui ont guidé le choix : les fragments portant le nom a[llo" sont

en général omis ; ont été conservés, avec un texte fidèle, presque tous ceux qui

appartiennent à Origène ; les autres sont fréquemment excerptés et récrits, ou bien deux

fragments d’auteurs différents sont fondus en un seul sous le nom du premier auteur. Il n’y a

pas d’ajout de texte nouveau. Sur ce dernier point, il y a une grosse différence avec la chaîne

abrégée sur Jérémie : j’ai repéré en effet plusieurs passages originaux et quelques extraits

373 M. Fédou, « Monophysisme », in Dictionnaire critique de théologie, dir J.-Y. Lacoste, Paris 1998, pp. 755-757 ; M. Simonetti, « Monophysites », in Dictionnaire encyclopédique du christianisme ancien, t. II, Paris 1990, pp. 1669-1673.

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qui n’ont pas été empruntés à la chaîne intégrale, mais directement au Commentaire de Jean

Chrysostome en tradition directe374. Du fait des trois principes qui définissent l’abrégé de la

chaîne à auteurs multiples sur Jérémie : sélection, récriture et enrichissement, il faut

considérer cette compilation comme l’œuvre d’un caténiste et non d’un simple copiste.

Cette chaîne a d’abord été appelée « chaîne de Nicétas », parce qu’un prologue en vers

sénaires précède la collection de scholies sur Isaïe et donne le nom de Nicétas. En fait,

celui-ci n’est pas le caténiste, mais le commanditaire de ces chaînes : Le Laurentianus V 9

appartient, avec le Taurinensis B I 2 (chaîne sur les Douze) et le Hauniensis GKS 6 (chaîne

sur les livres de sagesse : Job, Proverbes, Ecclésiaste, Cantique, Sagesse de Salomon,

Siracide), à un groupe appelé « Bible de Nicétas » et aurait fait partie d'un projet d'édition

de luxe d'une Bible complète commandité par un personnage de la cour de Constantinople

dans le dernier quart du Xe siècle : Nicétas375.

Le problème est de savoir si le manuscrit est aussi l’archétype de la chaîne abrégée,

c’est-à-dire si le copiste de ce manuscrit est en même temps le caténiste de l’abrégé ou s’il

reproduit une chaîne abrégée déjà existante. Comme il existe un autre manuscrit ancien de

cet abrégé, le Laurentianus IX 4, datant du XIe siècle et témoignant d’un texte assez

différent de celui du Laurentianus V 9, il serait plus juste de penser qu’il existait un témoin

plus ancien de cet abrégé dont il est difficile de préciser la date de naissance.

C. Origine de la chaîne à deux auteurs sur le début du livre de

Jérémie

G. Dorival cite cette chaîne parmi les « fausses » chaînes à deux auteurs dans

lesquelles, au lieu d'une alternance systématique entre les commentaires de deux auteurs, il

y a un auteur « de base » qui est complété, pour certains passages, par un second auteur376.

On pourrait penser que, dans la chaîne à deux auteurs sur Jérémie, l’auteur de base est

Théodoret, dont le commentaire est donné en entier sur l’ensemble du livre de Jérémie,

374 Cf. « De la chaîne intégrale à la chaîne abrégée » infra, chap. 3 pp. 231-240. 375 Cf. supra, p. 61 ; H. Belting et G. Cavallo, Die Bibel des Niketas, ein Werk der höfischen Buchkunst in Byzanz und sein antikes Vorbild, Wiesbaden 1979. 376 G. Dorival, Les chaînes exégétiques grecques sur les Psaumes, t. I, p. 37.

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tandis que des scholies de Jean Chrysostome viennent le compléter seulement sur les

chap. 1-4. Cette chaîne antiochienne appartiendrait ainsi à la période constantinopolitaine

des chaînes qui débute dès 700-750377. Si on la rapprochait de la seconde chaîne

théodorétienne sur les Psaumes, qui utilise elle aussi comme auteur de base Théodoret et

comme auteur complémentaire Jean Chrysostome, on pourrait, d’après les conclusions de G.

Dorival, la dater des années 780-850378.

Toutefois, une analyse plus détaillée du texte de la chaîne me conduit à remettre en

cause le statut de « fausse » chaîne à deux auteurs que G. Dorival lui accorde. En effet,

malgré le fait que la chaîne est partielle, Jean Chrysostome est cité sur Jr 1-4 dans une

alternance systématique avec Théodoret et non pas seulement pour le compléter : ses

extraits sont tout aussi abondants que ceux de Théodoret et ils sont même donnés en

première position après chaque lemme biblique. D’autre part, si on compare les extraits de

la chaîne à la tradition directe des deux auteurs379, il apparaît que les textes de Jean

Chrysostome et de Théodoret de Cyr sont tous deux au complet sur Jr 1-4 et qu’il y a

volonté délibérée de la part du caténiste de les faire alterner. Comme ces deux critères sont

propres aux « vraies » chaînes à deux auteurs, il me paraît finalement plus juste d’inclure la

chaîne partielle sur Jr 1-4 dans cette catégorie.

Dans ce cas, il faut chercher à dater notre compilation d’après les hypothèses de

G. Dorival pour les vraies chaînes à deux auteurs380. Comme celles-ci sont de véritables

éditions synoptiques permettant de confronter deux commentaires anciens, il suggère

qu’elles n’ont pu être élaborées que dans des milieux témoignant d’un intérêt et d’un respect

tout particuliers pour les grands Commentaires patristiques. Les chaînes à deux auteurs,

dans la mesure où elles citent l’intégralité des Commentaires, sont le fruit d’un véritable

retour aux Pères caractéristique du premier humanisme byzantin (IX-Xe s.). La chaîne à deux

auteurs sur Jérémie serait donc plus tardive que la chaîne à auteurs multiples sur les

Prophètes et serait née vers les IX-Xe s., en tout cas avant le XIe s., date du plus ancien

témoin manuscrit conservé qui nous la transmet (le Bononiensis gr. 2373).

377 Ibid., t. I, p. 29. 378 Ibid., t. IV, pp. 170-231. 379 Cf. « Les phénomènes de récriture » infra, chap. 3, pp. 265-275. 380 Ibid., t. III, pp. 240-242.

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La datation des différents types de chaînes est un problème délicat et à peu près

insoluble, comme en témoignent les pages précédentes. J’ai essayé de mettre en valeur les

différentes hypothèses émises par les uns et les autres et de les appliquer prudemment aux

trois types de chaînes existant sur le livre de Jérémie. Cette incertitude qui pèse sur la date

de naissance des chaînes n’empêche pas d’en faire une étude approfondie. C’est justement

une analyse du texte même, dans sa forme littéraire et ses tendances exégétiques, qui pourra

nous donner des indices sur le projet du caténiste et sur le contexte dans lequel il a travaillé.

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VI. Le corpus prophétique de la Septante d’après le

témoignage des chaînes exégétiques

Dans la Bible massorétique, le corpus des prophètes comprend deux groupes : les

« prophètes antérieurs » Nebiim rishonim (Josué, Juges, Samuel et Rois) et les « prophètes

postérieurs » Nebiim akharonim (Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et les Douze qui les suivent

toujours dans les manuscrits). Les Douze, selon l’ordre Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas,

Michée, Nahum, Habaquq, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie, sont souvent appelés

« petits » et le Talmud suggère que l’on a pris soin de les réunir parce qu’ils étaient courts et

risquaient de s’égarer381 : le qualificatif n’est donc pas lié à l’importance des œuvres, mais à

leur longueur. Toutefois, je n’ai trouvé, dans la littérature rabbinique, aucune trace d’une

réelle répartition entre petits et grands prophètes au sein de l’ensemble des prophètes

postérieurs.

Dans la Septante, le corpus des prophètes laisse de côté les « prophètes antérieurs »

intégrés dans les livres historiques. Il comprend les Douze dans un ordre un peu différent de

la Bible massorétique (Osée, Amos, Michée, Joël, Abdias, Jonas, Nahum, Habaquq,

Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie)382, ainsi que Isaïe, Jérémie et ses suppléments

(Baruch est propre à la LXX, les Lamentations appartiennent aux Écrits de la Bible

massorétique et la Lettre de Jérémie est propre à la LXX), Ézéchiel, Daniel et ses

suppléments (Suzanne et Bel et le dragon qui sont absents de la Bible massorétique). Daniel

appartient aux Écrits de la Bible massorétique, même s’il semble avoir fait partie du corpus

381 TB, Baba Bathra 14b, cf. The Babylonian Talmud, Seder Nezikin, t. III, trad. I. Epstein, Londres 1935, p. 70. 382 C’est l’ordre majoritaire des manuscrits de la Septante. P.-M. Bogaert signale toutefois les exceptions suivantes : « De nombreux manuscrits du groupe lucianique ont aligné l’ordre sur celui de l’hébreu. Il n’y a pas ici de témoin grec de la recension hexaplaire, mais cette recension suivait l’ordre de l’hébreu. C’était déjà le cas du rouleau du Nahal Hever (R 943), qui a la séquence Jonas-Michée. V et 456 ont l’ordre Osée, Amos, Joël, Abdias, Jonas, Michée : le ms 86 et le copte (sah., achm.) ont l’ordre Osée, Joël, Amos, Michée, Abdias, Jonas (Nahum manque dans 86). Ces deux dernières dispositions paraissent témoigner d’un alignement incomplet sur l’hébreu (déplacement de Michée dans V, de Joël dans 86). » (cf. « Septante », in SDB, t. XII, Paris 1993, col. 632).

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prophétique dans la Bible de Qumrân383, et si l’on peut évoquer, avec G. Dorival, le

déclassement possible de ce livre pour des raisons politiques à une période ultérieure384.

C’est ce corpus des seize prophètes propre à la LXX, et qui n’a bien sûr pas lieu d’être dans

la Bible massorétique, que je chercherai à définir ici. Ce regroupement des seize prophètes

est l’une des sections représentées dans les manuscrits grecs. En effet, à la période

byzantine, la Bible grecque est éditée en sections conventionnelles plus ou moins vastes

(Octateuque, Psaumes, Prophètes, Quatre Évangiles, etc.). Il était alors extrêmement rare de

procéder à l’édition d’une Bible complète en un seul volume385.

Il semble qu’à date ancienne, le corpus prophétique de la LXX soit considéré par les

Pères de l’Église comme un ensemble de cinq livres : un livre pour les Douze et un livre

respectivement pour Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et Daniel, comme en témoignent les propos de

Méliton de Sarde rapportés par Eusèbe de Césarée et évoquant les Douze ejn monobivblw/

« en un unique livre »386, les listes d’Athanase387, de Cyrille de Jérusalem388 et l'expression

to; dwdekaprovfhton utilisée par Épiphane de Salamine389. Mais cette organisation serait

liée, selon G. Dorival, à une « volonté des Pères de mesurer la Bible à l’aune du

Pentateuque »390. On trouve en effet, chez Épiphane391, l’expression hJ profhtikh;

pentavteuco" « le Pentateuque prophétique ». Celui-ci vient en dernière position après le

Pentateuque de la Loi (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome), le Pentateuque

des livres poétiques (Job, Psaumes, Psaumes de Salomon, Ecclésiaste, Cantique des

Cantiques) et un autre Pentateuque des « Écrits » ou « Hagiographes » (Josué, Juges +

383 E. Ulrich, « The Bible in the Making : The Scriptures found at Qumran » in The Bible at Qumran : Text, Shape, and Interpretation, P. W. Flint (dir.), Grand Rapids 2001, pp. 51-66. 384 G. Dorival, « L’apport des Pères de l’Église à la question de la clôture du canon de l’Ancien Testament », in The Biblical Canons, J.-M. Auwers et H. J. de Jonge (dir.), Louvain 2003, pp. 98-100. 385 J. Lowden, Illuminated Prophet Books. A study of Byzantine Manuscripts of the Major and Minor Prophets, Pennsylvania 1988, p. 5. 386 Historia ecclesiastica IV, 26. 387 Epistulae festales 39 : Profh'tai: oiJ dwvdeka,oiJ dwvdeka,oiJ dwvdeka,oiJ dwvdeka, jHsaiva", jIeremiva" kai; su;n aujtw'/ Barouvc, Qrh'noi, jEpistolhv, jIezekihvl, Danihvl. (Prophètes : les Douze, Isaïe, Jérémie et avec lui Baruch, Lamentations et Lettre, Ézéchiel, Daniel). 388 Catecheses IV 35 : jEpi; de; touvtoi" ta; profhtika; pevnte: tw'n dwvdeka profhtw'n miva bivblo"tw'n dwvdeka profhtw'n miva bivblo"tw'n dwvdeka profhtw'n miva bivblo"tw'n dwvdeka profhtw'n miva bivblo", jHsaivou miva, jIeremivou meta; Barou;c kai; Qrhnw'n kai; jEpistolh'", jIezekihvl, Danihvl. (Après ceux-là, les cinq textes prophétiques : un seul livre des Douze prophètes, un seul d'Isaïe, Jérémie avec Baruch, Lamentations et Lettre, Ézéchiel, Daniel). 389 Adversus Haereses I, 1, 6 et De mensuris et ponderibus 4. 390 G. Dorival, « L’apport des Pères de l’Église à la question de la clôture du canon de l’Ancien Testament », in op. cit.. pp. 90-92. 391 De mensuris et ponderibus 4.

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Ruth, 1-2 Paralipomènes, 1-2 Règnes, 3-4 Règnes). On peut noter le caractère artificiel de

ce dernier Pentateuque dans l’adjonction de Ruth au livre des Juges, dans les livres

qu’Épiphane laisse en électrons libres : 1-2 Esdras et Esther, ainsi que dans ceux qu’il ne

prend même pas en compte : le Siracide, Tobit, Judith, la Sagesse et les Maccabées.

Plus tardivement, à partir du Ve s., et parallèlement à cette organisation en cinq livres

qui continue à être exploitée, semble apparaître l’opposition entre deux groupes : les douze

petits prophètes et les quatre grands prophètes, comme en témoigne Hésychius qui nomme

Isaïe ei|" ejk tw'n megavlwn profhtw'n « l’un des grands prophètes » et Jonas ei|" ejk tw'n

dwvdeka profhtw'n tw'n mikrw'n « l’un des douze petits prophètes »392. Enfin, on trouve

aussi, surtout dans l’Église occidentale, d’après les témoignages d’Augustin393, de Rufin394,

d’Innocent I395, du Pseudo-Gelase396, de Cassiodore397 et d’Isidore de Séville398, la

conception d’un ensemble des seize prophètes sans regroupements internes qu’Augustin

nomme prophetae proprie, ensemble déjà esquissé dans l’Alexandrinus où les prophètes

sont numérotés de 1 à 16399.

Quel corpus les chaînes exégétiques grecques sur les Prophètes, composées à partir du

VIe s., prennent-elles en compte et comment peuvent-elles éclairer la définition d’un tel

ensemble ?

A. Les différents types de chaînes prophétiques400

Les deux plus célèbres chaînes sur les Prophètes sont l’œuvre de Philothéos sur les

Douze, qui suit l’ordre hébreu et est constituée exclusivement d’extraits de Théodoret et

392 Commentarius in Odas, prologues à l’Ode 5 et à l’Ode 6. 393 De doctrina christiana, II, 13. 394 Expositio symboli, 36. 395 Epistula ad Exsuperium. 396 Decretum de libris. 397 De institutionibus Divinae litterae, 14. 398 De ordo librorum sanctae scripturae. 399 Pour mettre en évidence les diverses facettes du corpus prophétique chez les Pères de l’Église, j’ai abondamment utilisé les tableaux de H. B. Swete dans An Introduction to the Old Testament in Greek, Cambridge 1900, pp. 197-230. 400 Pour cet aperçu sur les différents types de chaînes concernant les prophètes, j’ai utilisé la mise au point de R. Devreesse, dans son article, « chaînes exégétiques grecques », in SDB, t. I, Paris 1928, col. 1146-1158.

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d’Hésychius et la chaîne à auteurs multiples sur les quatre grands prophètes, dite chaîne de

Jean Drungarios401. Il faut signaler en outre :

− une deuxième chaîne sur les petits prophètes, représentée par le Laurentianus XI,

22 (XIIIe s.) et constituée d’extraits d’auteurs plus nombreux que dans la chaîne de

Philothéos (Cyrille, Origène, Gennadius, Grégoire le théologien, Hésychius,

Théodoret, Hypatius, Tarasius) ;

− au moins deux autres chaînes sur Isaïe (chaîne de Procope Ve/VIe s. et chaîne de

Nicolas Muzalon XIIe s. sur Isaïe 1-16) ;

− une autre chaîne sur Jérémie, la chaîne à deux auteurs, œuvre anonyme constituée

à partir des Commentaires de Jean Chrysostome et Théodoret de Cyr et portant

seulement sur les chapitres 1-4.

On remarque qu’aucune chaîne ne porte sur l’ensemble des seize prophètes. Chaque

œuvre choisit ou bien l’ensemble des Douze (deux exemples), ou bien l’ensemble des quatre

prophètes majeurs (un exemple) ou bien un seul prophète, toujours choisi parmi les

prophètes majeurs (deux exemples pour Isaïe et un exemple pour Jérémie).

B. L’éclairage apporté par le contenu des manuscrits de chaînes

Il y a des combinaisons très variées dans les manuscrits qui contiennent les chaînes sur

les Prophètes402.

Certains ont seulement la chaîne sur les quatre grands prophètes : Laurentianus V 9 ;

Matritensis 4671 ; Matritensis 4717. Mais le Laurentianus ferait partie avec le Taurinensis

B I 2, donnant la chaîne de Philothéos sur les douze prophètes, d’un projet plus vaste

d’édition d’une Bible complète commanditée par Nicétas, personnage de la cour de

401 Je serai obligée de l’appeler ici "chaîne de Jean Drungarios" et non "chaîne à auteurs multiples" pour bien la distinguer des autres chaînes à auteurs multiples sur les Prophètes. 402 Cf. tableau 1 infra, p. 159.

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Constantinople au Xe s.403. Ces manuscrits étaient donc destinés à être rassemblés, sinon

reliés ensemble, du moins conservés ensemble.

D’autres ont seulement la chaîne sur les douze prophètes mineurs, qu’il s’agisse de la

chaîne de Philothéos ou de l’autre type : Laurentianus XI 22, Mosquensis gr. 208,

Taurinensis B I 2.

D’autres encore comprennent l’ensemble des seize prophètes, c’est-à-dire la réunion

des œuvres de Philothéos et de Jean Drungarios : Ottobonianus gr. 452 ; Chisianus gr. 45

(= Chisianus R VIII 54) ; Laurentianus XI 04 ; Vaticanus gr. 1153-1154 ; Vaticanus gr.

347 ; Parisinus gr. 159 ; Barberinus gr. 549 dont la fin est mutilée, ce qui explique

l’absence des derniers chapitres d’Ézéchiel et de l’intégralité de Daniel.

Certains manuscrits contiennent aussi une chaîne sur un seul des Prophètes, alors

toujours un prophète majeur. Le Parisinus gr. 158 a seulement Jérémie (extrait de la chaîne

de Jean Drungarios), le Coislinianus 17 a seulement Ézéchiel (extrait de la chaîne de Jean

Drungarios) : il s’agit peut-être, pour ce dernier, selon L. Vianès404, d’un manuscrit destiné à

être recopié en plusieurs exemplaires du fait de son aspect soigné, de sa belle écriture et du

fait de la limitation du corpus à Ézéchiel. Pour Isaïe, le mieux représenté dans les

manuscrits de chaînes, de même que dans les manuscrits de la LXX, comme en témoigne le

catalogue d’A. Rahlfs405, la situation est complexe : il arrive fréquemment qu’une chaîne sur

Isaïe soit isolée dans un manuscrit, qu’il s’agisse de la chaîne de Nicolas Muzalon sur Isaïe

1-16 (Laurentianus V 8, Ambrosianus G 79 sup., Mosquensis gr. 25, Monacensis gr. 14,

etc.), de la chaîne de Procope (Marcianus gr. 24) ou de l’extrait de la chaîne de Jean

Drungarios (Parisinus gr. 155-156, Parisinus gr. 157, Vaticanus gr. 755, Barberinus gr. V

403 Cf. supra, pp. 61 et 144 ; H. Belting & G. Cavallo, Die Bibel des Niketas. Ein Werk der höfischen Buchkunst in Byzanz und sein antikes Vorbild, Wiesbaden 1979. 404 L. Vianès, La chaîne monophysite sur Ézéchiel 36-48. Présentation, texte critique, traduction française, commentaire, thèse pour le doctorat à l’EPHE Ve section sous la direction de M. A. Le Boulluec, soutenue en 1997, p. 120. 405 A. Rahlfs, Verzeichnis der griechischen Handschriften des Alten Testaments, Berlin 1914.

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32, Scorialensis Y II 12, Vindobonensis gr. 24, Marcianus gr. 25, Ottobonianus gr. 7,

Ambrosianus S 12 sup., etc.).

Enfin, on trouve parfois des combinaisons un peu surprenantes (Daniel + Jérémie dans

le Vaticanus gr. 675 et le Vindobonensis theol. gr. 36 , Ézéchiel + Jérémie + Daniel dans le

Bononiensis gr. 2373 et le Monacensis gr. 117, Jérémie + Ézéchiel + Habaquq + Isaïe +

Daniel dans le Pii II 18, Ézéchiel + Daniel + les Douze dans le Basileensis gr. B II 14, les

Douze + Isaïe + Jérémie + Ézéchiel dans l’Atheniensis metovcion tou' aJgivou tavfou 17406).

Je n’ai pas vraiment trouvé d’explication à ces ensembles partiels et désordonnés : on

peut toutefois remarquer que seuls deux de ces manuscrits - le Pii II 18 et le Basileensis gr.

B II 14 - donnent des extraits des chaînes de Jean Drungarios et Philothéos. Pour les autres,

il s’agit de la chaîne partielle à deux auteurs sur Jr 1-4 groupée avec d’autres commentaires

de Théodoret sur Ézéchiel et Daniel en particulier. Le problème de la cohérence du corpus

se pose dans ces cas-là aussi, mais il s’agit en fait davantage d’un ensemble de

commentaires que d’un ensemble de chaînes.

En tout cas, le Basileensis gr. B II 14 n’a ni signatures de cahiers, ni incipit, ni explicit

ou colophon, et on peut donc se demander s’il est complet407.

Le Vaticanus gr. 675, quant à lui, est composé de deux parties, comme en témoignent

les signatures de cahiers qui subsistent de 1 à 15 pour les ff. 1-120 (texte d’Eustrate et

Commentaire sur Daniel de Théodoret) et de 1 à 11 pour les ff. 121-208 (chaîne partielle

sur Jr 1-4 et suite du Commentaire sur Jérémie de Théodoret). La chaîne et le commentaire

sur Jérémie ont donc existé indépendamment avant d’être réunis aux deux premiers textes

du recueil.

Le Bononiensis gr. 2373 est composé de trois parties, comme en témoignent les

signatures de cahiers de 1 à 12 pour les ff. 1-144 (Ézéchiel), de 1 à 12 pour les ff. 145-240

(Jérémie) et de 1 à 12 pour les ff. 241-335 (Daniel) : il y a donc eu une existence

indépendante de chacun des prophètes avant leur rassemblement.

406 Je n’ai pas pu consulter ce manuscrit, cf. supra, pp. 82-83. 407 J’ai consulté ce manuscrit sur microfilm à la section grecque de l’IRHT. Une consultation directe permettrait sans doute de mieux comprendre la composition du recueil.

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Le Monacensis gr. 117, copié sur le précédent, reprend le même ensemble : Ézéchiel,

Jérémie, Daniel. Il est cependant composé de deux et non plus de trois parties : les ff. 1 à

171 (Ézéchiel) et 172 à 397v (Jérémie + Daniel). La numérotation des cahiers commence à

a et s’arrête au f. 169 juste avant le début de Jérémie. Il se trouve pour clore le manuscrit au

f. 397v un explicit semblable à celui du Bonionensis gr. 2373. On peut noter ici la tendance

à réunir en un seul élément codicologique plusieurs éléments du modèle dont on

disposait408.

Le Vindobonensis theol. gr. 36, lui aussi copié sur le Bononiensis gr. 2373, présente

exactement le même ensemble que la deuxième partie de ce manuscrit et du Monacensis gr.

117. Les signatures des cahiers commencent à kb (f. 1) : il manque donc au moins un livre

au début (sans doute Ézéchiel). Mais il reste le problème de l’absence du livre d’Isaïe dans

cet ensemble et de l’ordre inhabituel du corpus (Ézéchiel, Jérémie, Daniel).

Quant au Pii II 18, il est composé de trois parties reliées séparément depuis 1999 : la

première partie (ff. 1-256) contient l’extrait de la chaîne de Jean Drungarios sur Jérémie, la

deuxième (ff. 257-528v) contient l’extrait de la chaîne de Jean Drungarios sur Ézéchiel qui,

là encore, a d’abord constitué un manuscrit indépendant, puisque l’on peut voir une

ancienne numérotation des folios qui va de 2 à 277, et enfin la troisième (ff. 529-727)

contient des chaînes sur Habaquq (extrait de la chaîne de Philothéos), Isaïe (extrait de la

chaîne de Jean Drungarios) et Daniel (extrait de la chaîne de Jean Drungarios). Là encore,

pas d’incipit ou d’explicit pour mettre en lumière la cohérence de l’ensemble. Il est étrange

qu’un des petits prophètes soit ici inséré dans un ensemble de grands prophètes, même si

l’on peut rappeler qu’à la fin du livre de Daniel, Habaquq est transporté par l’ange du

Seigneur à Babylone pour donner à manger au prophète enfermé dans la fosse aux lions. Ce

lien littéraire a peut-être contribué à l’insertion d’Habaquq dans cet ensemble.

Avant de conclure, je voudrais faire trois remarques :

Dans les onciaux de la Septante, les Douze précèdent les quatre grands prophètes

(codices Vaticanus, Alexandrinus, Marchalianus et Venetus), sauf dans le codex Sinaiticus

408 B. Munk Olsen, « L’élément codicologique », in Recherches de codicologie comparée, la composition du codex au Moyen-Age, en Orient et en Occident, Ph. Hoffmann (dir.), Paris 1998, pp. 105-125.

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où ils les suivent409. Qu’en est-il dans les manuscrits des chaînes exégétiques ? Tous les

manuscrits de chaînes, sans exception, qui contiennent la réunion des chaînes de Philothéos

et de Jean Drungarios, donnent d’abord les douze prophètes puis les quatre et sont en cela

conformes à l’ordre du corpus prophétique majoritaire dans les manuscrits de la LXX.

En ce qui concerne l’ordre des Douze, on remarque que tous les manuscrits de chaînes

concernés (Laurentianus XI 22 ; Taurinensis B I 2 ; Ottobonianus gr. 452 ; Chisianus gr.

45 ; Vaticanus gr. 1153-1154 ; Vaticanus gr. 347 ; Parisinus gr. 159 ; Basileensis gr. B II

14)410, sauf le Laurentianus XI 04411, donnent l’ordre hébreu : Osée, Joël, Amos, Abdias,

Jonas, Michée, Nahum, Habaquq, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie, et non l’ordre grec

consacré par les onciaux : Osée, Amos, Michée, Joël, Abdias, Jonas, Nahum, Habaquq,

Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie. Il y a donc ici un élément hébraïsant qui peut être

mis en relation avec la nature hexaplaire du texte biblique des chaînes. Le matériau des

Hexaples est parfois signalé, voire intégré, par les caténistes, quand il ne touche pas au texte

même, mais à ce qui l’entoure.

Pour ce qui est des rapports entre le livre de Jérémie et ses suppléments, on peut

signaler que le passage d’un texte à l’autre est le plus souvent marqué dans les manuscrits

de chaînes par la présence des titres, parfois en rouge ou en majuscules. Mais ces passages

ne donnent lieu ni à des sauts de page (sauf dans le Matritensis 4717 plus tardif), ni à des

prologues spécifiques comme entre les différents prophètes mineurs ou majeurs. Ces

suppléments restent donc inclus dans l’ensemble « Jérémie », comme en témoigne aussi

l’inscription du nombre de stiques (9425) qui se trouve à la fin de la Lettre de Jérémie :

« les stiques de lamentations de Jérémie sont au nombre de 9425 » (eijsi; de; tou'

jIeremivou qrhnhtikoi; stivcoi quke v). C’est bien l’ensemble du livre de Jérémie qui est ici

désigné par le terme qrhnhtikoiv et non seulement le livre des Lamentations (qrh'noi) : la

formule vient clore le livre de Jérémie, suppléments inclus.

Pour ce qui est des rapports entre le livre de Daniel et ses suppléments dans les

manuscrits de chaînes, on observe que, le plus souvent, l’histoire de Suzanne constitue la

409 Cf. P.-M. Bogaert, art. cit., col. 541-542. 410 Je n’ai pas pu consulter les Mosquensis gr. 208 et Atheniensis metovcion tou' aJgivou tavfou 17 et me limite donc aux indications des catalogues. 411 Ce manuscrit donne le texte des Douze selon l’ordre grec, mais les prologues aux Douze, rassemblés au début du manuscrit, sont disposés selon l’ordre hébreu ! Cf. supra, p. 63.

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première vision (o{rasi" a) du livre de Daniel, et Bel et le dragon la douzième vision

(o{rasi" ib)412. Il n’y a ni sauts de page, ni titres spécifiques pour ces deux textes dont l’un

ouvre et l’autre clôt le livre de Daniel. En revanche, il faut signaler que l’histoire de

Suzanne, sous le titre Danih;l o{rasi" a, est précédée de prologues spécifiques (lettre

d’Africanus et réponse d’Origène, prologues d’Hippolyte de Rome et de Jean Chrysostome)

et qu’à sa suite, avant le texte de la deuxième vision (le début du livre de Daniel en soi)

s’insèrent des prologues d’Hippolyte de Rome et de Cyrille d’Alexandrie au livre de Daniel.

Le caténiste a donc conscience du statut particulier de l’histoire de Suzanne, mais refuse de

marquer cette distinction dans la numérotation des visions ainsi que dans le titre.

Ainsi, certains manuscrits de chaînes donnent un corpus qui correspond à un ensemble

sur lequel ont travaillé des caténistes : l’ensemble des douze prophètes mineurs ou

l’ensemble des quatre prophètes majeurs ; ils présentent aussi parfois un prophète majeur

seul, extrait de l’œuvre de Jean Drungarios, ou pour lequel il existe une œuvre spécifique.

On peut d’ailleurs retenir de l’analyse des combinaisons problématiques de prophètes que

des chaînes sur un seul prophète majeur se sont souvent présentées comme des éléments

indépendants avant d’être jointes à d’autres prophètes. Mais la consultation des manuscrits

introduit un élément nouveau d’importance : la réunion des chaînes de Philothéos et de Jean

Drungarios de manière à constituer un vaste ensemble des seize prophètes.

Les différences de corpus entre les manuscrits ne peuvent pas s’expliquer par la

datation, puisqu’il n’y a jamais d’uniformité du corpus dans les manuscrits à une même

période entre le Xe s. et le XVIe s.413. D’autre part, il est difficile d’expliciter ces divergences

par l’usage fait du manuscrit ou son origine, étant donné le peu d’informations dont on

dispose. En fait, pour réussir à interpréter ces éléments un peu dispersés du contenu des

manuscrits, il faut prendre en considération les prologues et les conclusions des chaînes

connues.

412 Les manuscrits de la LXX se partagent à peu près équitablement en deux groupes, comme en témoigne l’apparat critique de l’édition de Göttingen (Septuaginta Vetus Testamentum Graecum Auctoritate Academiae Scientiarum Gottingensis Editum, vol. XVI/2 Susanna-Daniel-Bel et Draco, éd. J. Ziegler, revue par O. Munnich et D. Fraenkel, Göttingen 1999) : ceux qui mettent à part l’histoire de Suzanne en prenant comme première vision le début du livre de Daniel en soi et ceux qui considèrent l’histoire de Suzanne comme la première vision. 413 Cf. tableau 1, p. 159.

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C. Les prologues et conclusions des chaînes

La chaîne sur les petits prophètes et la chaîne sur les grands prophètes sont

indépendantes, puisqu’elles ont été composées par des auteurs différents et à une époque

différente. La distinction entre ces deux chaînes est renforcée par le fait qu’elles n’ont pas

du tout le même genre de prologue : un seul prologue général en trimètres iambiques pour

l’ensemble des douze petits prophètes dans la chaîne de Philothéos414, quatre prologues en

prose précédant les quatre livres des grands prophètes dans la chaîne de Jean Drungarios415.

Le prologue à la chaîne de Philothéos est un texte difficile, très poétique. Il fait l’éloge

des théologiens qui donnent le texte biblique assorti de commentaires et s’apparente sur la

fin à une prière. Il faut cependant noter que le début fait allusion aux commentaires sur les

discours « des douze témoins de Dieu puis des quatre avec eux » Di;" e}x qeoptw'n

tettavrwn touvtoi" a{ma. Il y a donc une vue globale sur les prophètes répartis en deux

groupes : les Douze et les Quatre et c’est peut-être un des motifs qui ont présidé à la réunion

de cette chaîne et de celle de Jean Drungarios dans les manuscrits.

Pour chacun des grands prophètes, Jean Drungarios procède d’abord à une courte

introduction (presque inexistante dans le cas de Jérémie) rappelant le statut du livre et ses

obscurités et faisant allusion à ses précédents travaux : c’est le premier paragraphe mis en

valeur dans le tableau synoptique des prologues (cf. tableau 3, pp. 161-163) ; ensuite, un

paragraphe justifie le recours à des auteurs orthodoxes et hérétiques et un autre explique au

lecteur comment lire la chaîne sans être trop interrompu par les appels de note des

commentaires. Ces deux derniers paragraphes sont exactement ou quasiment identiques

pour les quatre prologues. Les similitudes entre ces prologues soulignent que les chaînes ont

un auteur commun et qu’elles appartiennent à un ensemble uni sur les quatre grands

prophètes416. Il est intéressant d’autre part de remarquer que chaque prophète est considéré

comme un livre à part entière, comme en témoignent les expressions suivantes : Th'"

414 Cf. tableau 2, p. 160. 415 Cf. tableau 3, pp. 161-163. 416 Cf. infra, pp. 280-281 et 348-350.

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profhteiva" tou' qespesivou JHsai?ou tou' megalofwnotavtou tw'n profhtw'n th;n

bivblon « le livre de la prophétie du divin Isaïe, celui des prophètes qui a la voix la plus

forte », to;n ejntugcavnonta th'/de th/' bivblw/ « le lecteur de ce livre-ci (Ézéchiel) », ajrch;n

poiou'mai th'" prokeimevnh" bivblou tou' qespesivou Danih;l profhteiva" th;n aujth;n

tavxin tai'" protevrai" tw'n profhtw'n bivbloi" « je commence le présent livre qui porte

sur la prophétie du divin Daniel en conservant la même disposition que dans les précédents

livres des prophètes ». Cela explique sans doute pourquoi le prologue est répété au début de

chaque prophète, mais aussi pourquoi les prophètes majeurs constituent parfois des éléments

indépendants dans les manuscrits. On peut insister sur le fait que le prologue du caténiste

désigne Isaïe comme celui des prophètes qui a la voix la plus forte, car cela vient appuyer

l’existence de différents types de chaînes sur Isaïe et la surreprésentation de celles-ci dans

les manuscrits.

À l’origine de la réunion des chaînes de Philothéos et de Jean Drungarios dans les

manuscrits, on peut évoquer l’organisation parallèle des deux chaînes : la chaîne sur les

Douze est précédée du prologue du caténiste, puis du prologue du Commentaire de

Théodoret et d’un prologue anonyme417, et de la même manière, pour la chaîne de Jean

Drungarios, chacun des grands prophètes est précédé d’un prologue du caténiste et de

plusieurs prologues de commentaires patristiques. Le fait que ce parallèle d’organisation

puisse présider à la réunion des deux chaînes dans les manuscrits est assez probant dans le

cas de Jérémie : en effet quatre des six manuscrits des chaînes exégétiques de Jérémie qui

comportent le prologue du caténiste (Ottobonianus gr. 452 ; Chisianus gr. 45 ; Vaticanus

gr. 1153-1154 ; Parisinus gr. 159) sont des manuscrits où la chaîne de Jean Drungarios est

jointe à celle de Philothéos. Les prologues des caténistes semblent donc être des éléments

qui conduisent les copistes à rassembler les deux chaînes dans le même manuscrit.

On peut aussi remarquer que, pour chacun des petits prophètes, comme pour chacun

des grands prophètes, il y a en conclusion l’extrait des Vies de prophètes les concernant

dans la deuxième recension d’Épiphane. Cet élément commun a sans doute aidé à la réunion

des deux œuvres dans les manuscrits, même s’il s’agit ici d’un parallèle entre chacun des

petits prophètes et des grands prophètes et non plus entre l’ensemble des Douze et chacun

417 Chacun des petits prophètes est à nouveau précédé d’un argument (uJpovqesi") de Théodoret et d’une description du contenu des chapitres (kefavlaia).

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des Quatre. Cette réunion des petits et grands prophètes dans les manuscrits de chaînes nous

renvoie à la section conventionnelle des seize prophètes dans les manuscrits grecs de la

Bible.

Ainsi, le corpus prophétique proposé par les chaînes exégétiques est original et

éclectique : elles empruntent, d’une part, un élément de la Bible hébraïque avec l’ordre des

Douze et reflètent, d’autre part, l’organisation majoritaire des manuscrits de la Bible

grecque avec la place des quatre grands prophètes après les Douze, la fréquence d’un

ensemble de seize prophètes et l’importance accordée à certains livres (Isaïe). Enfin, elles

illustrent les différentes réflexions des Pères sur le corpus prophétique, c’est-à-dire la

distinction entre le groupe des douze prophètes mineurs et le groupe des quatre prophètes

majeurs, puisqu’il existe bien deux œuvres distinctes pour ces deux ensembles, ainsi que la

notion de « Pentateuque des Prophètes », puisque, si les Douze sont considérés comme un

ensemble, chaque grand prophète est en revanche considéré comme un livre en soi et peut

exister indépendamment des autres grands prophètes et des petits prophètes.

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Tableau 1 : classement des manuscrits selon le corpus prophétique

slt les 4 gds slt les 12 pts les 12 + les 4 1 seul prophète majeur

combinaisons problématiques

Laurentianus V 9 (XI s.) Matritensis 4671 (XVI s.) Matritensis 4717 (XVI s.)

Taurinensis B I 2 (XI s.) Laurentianus XI 22 (XIII s.) Mosquensis gr. 208 (XIII s.)

Barberinus gr. 549 (IX-X s.) Chisianus gr. 45 (X s.) Ottobonianus gr. 452 (XI s.) Laurentianus XI 04 (XI s.) Vaticanus gr. 347 (XI s.) Vaticanus gr. 1153-54 (XII s.) Parisinus gr. 159 (XIII s.)

Parisinus gr. 155-156 (X s.) Mosquensis gr. 25 (XI s.) Vaticanus gr. 755 (X-XI s.) Scorialensis Y II 12 (XI s.) Laurentianus V 8 (XII s.) Ambrosianus G 79 sup. (XII s.) Parisinus gr. 157 (XII s.) Venetus gr. 25 (XII-XIII s.) Barberinus gr. V 32 (XIII s.) Vindobonensis theol. gr. 24 (XIII s.) Ambrosianus S 12 sup. (XV s.) Monacensis gr. 14 (XVI s.) Ottobonianus gr. 7 (XVI s.) (Isaïe) Parisinus gr. 158 (XII s.) Vaticanus gr. 1204 (XVI s.) (Jérémie) Coislinianus 17 (XIII s.) (Ézéchiel)

Vaticanus gr. 675 (XII s.) Vindobonensis theol. gr. 36 (XVI s.) (Daniel + Jérémie) Bononiensis gr. 2373 (XI s.) Monacensis gr. 117 (XVI s.) (Ézéchiel + Jérémie + Daniel) Basileensis gr. B II 14 (XIII s.) (Ézéchiel + Daniel + les 12) Atheniensis meto/xion tou= a(gi/ou ta/fou 17 (XIV s.) (les 12 + Isaïe + Jérémie + Ézéchiel) Pii II 18 (XVI s.) (Jérémie / Ézéchiel / Habacuc + Isaïe + Daniel)

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tableau 2 : prologue du caténiste à la chaîne des douze petits prophètes418

Xrusografou=si de&lton oi( qehgo&roi Profhtika&v te pneumatofqe&ggouv fra&seiv Safw~v tranou~ntev tai~v diaugei&aiv i!saiv Di_v e4c qeoptw~n, tetta&rwn tou&toiv a#ma: Dieukrinou=si tou_v lo&gouv lepth|= qe/a|: Qei=oi naoi_ ga_r tou= qeou= pefhno/tev 1Amfw stomou=ntai pursomo/rfwv ta_v fra/seiv, 3Oqen yilou=ntev th_n baqu/glwsson xa&rin To_ gra&mma leuko_n, ou) me&lan tw~| ptukti&w| (Istw=si prou=pton toi=v sxola&zousi po&qw|, [Wn ei[v pe&fuke yuxikw=v qhsauri&sav Th_n bi&blon h|[per marga&rwn tou_v e)nti&mouv Filo&qeov o( tai=v grafai=v teqramme&nov, 4On h( trifeggh_v tou= qeou= pantarxi&a !Enqen ka)kei=qen e)celei=tai tw=n po&nwn, Litai=v a)lh&ktoiv th=v faesfo&rou ko&rhv, No&wn a(pa&ntwn tou= po&lou puripno&wn Kai_ tou= megi&stou prodro&mou tou= despo&tou Kai_ tou= xorou= te tw=n futhtw=n (sic) tou= lo&gou, Au)tw=n profhtw=n tou= paro&ntov puci&ou Kai_ martu&rwn de_ tw=n qeostefw=n pa&lin, Qeodwrh&tou tou= sofou= e(rmhne&wv Kai_ tou= teqe&ntov prosfo&rwv: qeou= do&siv. Nai_ mh_n ge&noito, Xriste_ sw~ter panta&nac.

Les théologiens écrivent en lettres d’or la table <de la loi> et les voix inspirées des prophètes en expliquant clairement par des lueurs égales les discours des douze témoins de Dieu et des quatre avec eux ; Ils analysent les paroles par une contemplation minutieuse ; En effet, les temples divins, qui brillent, ouvrent tous deux à la manière d’une torche les discours de Dieu ; après quoi, dépouillant la grâce au langage profond, ils disposent la lettre blanche et non noire sur l’ouvrage afin qu’elle soit visible pour ceux qui se consacrent au désir <spirituel> ; l’un d’eux a conservé en son âme le livre comme des perles précieuses, Philothéos formé à la littérature, que la toute-puissance trinitaire de Dieu soustrait ici et là aux maux, grâce aux prières incessantes de la jeune fille porteuse de lumière, de tous les esprits du ciel au souffle de feu, du très grand précurseur du maître, du chœur des semeurs de la parole, eux-mêmes prophètes du présent ouvrage et aussi des témoins couronnés par Dieu, de Théodoret le sage interprète et qui est dit avec raison : Don de Dieu. Qu’il en soit ainsi, Christ sauveur Seigneur de l’univers.

418 Éd. M. Faulhaber, Die Propheten-Catenen nach römischen Handschriften, Biblische Studien IV, 2-3, Fribourg 1899, pp. 26-27.

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Tableau 3 : prologues du caténiste aux quatre grands prophètes419

prologue du caténiste à Isaïe prologue du caténiste à Jérémie prologue du caténiste à

Ézéchiel prologue du caténiste à Daniel

Th=v profhtei&av tou= qespesi&ou Th=v profhtei&av tou= qespesi&ou Th=v profhtei&av tou= qespesi&ou Th=v profhtei&av tou= qespesi&ou (Hsai%ou tou= megalofwnota&(Hsai%ou tou= megalofwnota&(Hsai%ou tou= megalofwnota&(Hsai%ou tou= megalofwnota&tou tou tou tou tw=n profhtw=n th_n bi&blon tw=n profhtw=n th_n bi&blon tw=n profhtw=n th_n bi&blon tw=n profhtw=n th_n bi&blon meta_ xei=rav labw_n kai_ tau&thv th_n a)na&gnwsin poihsa&menov kai_ mh_ eu(ri&skwn th=v tw=n gegramme&nwn dianoi&av e)fike&sqai pro_v tou_v tau&thn h(rmhneuko&tav h1goun u(pomnhmati&santav a)ne&dramon kai_ th_n lu&sin tw=n zhtoume&nwn diafo&rwv w(v oi[o&n te eu(rw_n, a)nagkai=on h(ghsa&mhn th=|de th=| bi&blw| paraqe&sqai, i3na toi=v e)tugxa&nousi kata&dhlov tw=n a)poroume&nwn h( safh&neia ge&nhtai.

Mhdei_v de_ w(v e(terodo&cwn e(rmhnei&av sunagago&nti e)gkalei&tw, fhmi_ dh_ )Wrige&nouv

Xrh_, kaqa_ kai_ e)n tai=v

prolabou&saiv bi&bloiv th=v qeopneu&stou grafh=v tai=v par )

Xrh_ totototo_n e)ntugxa&nonta th=|de _n e)ntugxa&nonta th=|de _n e)ntugxa&nonta th=|de _n e)ntugxa&nonta th=|de th=| bi&blw|th=| bi&blw|th=| bi&blw|th=| bi&blw| ginw&skein, o3ti polla_ e)pizhth&sav u(pomnh&mata tw=n a(gi&wn pate&rwn ei)v to_n qespe&sion profh&thn )Iezekih_l ei)rhme&na eu(rei=n ou)k h)dunh&qhn h2 mo&non e1n tisi lo&goiv au)tw=n w(v e)n paradromh=| tinwn r(htw=n mnhsqe&ntwn kai_ e(rmhneusa&ntwn: Qeodwri&tou te kai_ Poluxroni&ou tw=n ai(retikw=n eu[ron ou) mh_n a)lla_ kai_ )Wrige&nouv, a4 kai_ e)ne&qhka th=|de th=| bi&blw|. Eu[ron de_ kai_ e(te&rav paragrafa_v mhdamw=v ferou&sav tou= suggrayame&nou th_n e)pwnumi&an, a4v kai_ pare&qhka e)piqh&sav tai=v au)tai=v paragrafai=v to_ a1llov. Mhdei_v de_ katamemfe&sqw

w(v ai(retikw=n xrh&seiv h1goun paragrafa_v sunagago&nti.

Th=| tou= filanqrw&pou kai_ pantoduna&mou qeou= xa&riti qarrw=n th=| kai_ tou_v kat ) e)me_ a)sqenei=v e)ndunamou&sh| a)rxh_n a)rxh_n a)rxh_n a)rxh_n poiou=mai th=v prokeime&nhv poiou=mai th=v prokeime&nhv poiou=mai th=v prokeime&nhv poiou=mai th=v prokeime&nhv bi&blou tou= qespesi&ou Danih_l bi&blou tou= qespesi&ou Danih_l bi&blou tou= qespesi&ou Danih_l bi&blou tou= qespesi&ou Danih_l profhtei&avprofhtei&avprofhtei&avprofhtei&av th_n au)th_n ta&cin th_n au)th_n ta&cin th_n au)th_n ta&cin th_n au)th_n ta&cin tai=v prtai=v prtai=v prtai=v prote&raiv tw=n profhtw=n ote&raiv tw=n profhtw=n ote&raiv tw=n profhtw=n ote&raiv tw=n profhtw=n bi&bloiv bi&bloiv bi&bloiv bi&bloiv kai_ e)pi_ tau&th| fula&ttwn kai_ dia_ tw=n paragrafw=n to_n nou=n e)kkalu&ptwn tw=n tau&thn e)chghsame&nwn. Xrh_ de_, kaqa_ kai_ tw=n

prote&rwn th=v qeopneu&stou grafh=v bi&blwn a)rxo&menov

419 Éd. M. Faulhaber, Die Propheten-Catenen nach römischen Handschriften, Biblische Studien IV, 2-3, Fribourg 1899, pp. 192-196.

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kai_ Eu)sebi&ou tou= Kaisarei&av kai_ Qeodw&rou (Hraklei&av kai_ Eu)sebi&ou )Eme&shv kai_ )Apolinari&ou kai_ Qeodwri&tou Ku&rou : e)n oi[v ga_r mh_ peri_ tw=n i)di&wn dogma&twn diale&gontai, e1stin o3te kalw=v e)piba&llontai. Kai_ tou=to de_ ou)k au)tono&mwv pepoi&hka a)ll ) a)kolouqh&sav tw=| a)giwta&tw| h(mw=n patri_ tw=| th=v )Aleca&ndrou filoxri&stou megalopo&lewv a)rxiepisko&pw|| Kuri&llw| fh&&santi e)n th=| pro_v Eu)lo&gion e)pistolh=|: ou) pa&nta o3sa le&gousin oi( ai(retikoi_ feu&gein kai_ paraitei=sqai xrh& : polla_ ga_r o(mologou=sin w[n kai_ h(mei=v o(mologou=men. Kai_ tou=to de_ kata&dhlon poiw= toi=v e)tugxa&nousin, w(v o( e)n a(gi&oiv Basi&leiov me&rov ti th=v e)n xersi_ profhtei&av h(rmh&neusen, h3tiv e(rmhnei&a para_ polloi=v a)mfiba&lletai. )Anagkai=on de_ w|)h&qhn kai_ tou=to prosqei=nai tw|=de tw|= prooimi&w| pro_v fane&rwsin kai_ safh&neian toi=v e)ntugxa&nousin : i!stwsan ga_r w(v ou) mo&non diafo&rwv h)ne&xqhsan e)n toi=v noh&masi th=v qeopneu&stou grafh=v oi( tau&thn h(rmhneuko&tev a)lla_ dh_ kai_ au)ta_

e)mou= paragrafei&saiv a)rxo&menov ei]pon, to_n e)ntugxa&nonta th=|de th=| bi&blw| ginw&skein o3ti e)k pollw=n ponhma&twn a(gi&wn kai_ o)rqodo&cwn pate&rwn ou) mh_n a)lla_ kai_ a)doki&mwn e)chghtw=n kai_ th=v tw=n ai(retikw=n moi&rav tugxano&ntwn ai( paragrafai_ e!gkeintai e)kfeu&gousai ta_ a)pa|&donta th=v e)kklhsiastikh=v parado&sewv do&gmata ta_ u(po_ tw=n ai(retikw=n ei)rhme&na. Kai_ tou=to de_ ou)k au)tono&mwv pepoi&hka a)ll ) a)kolouqh&sav tw=| a)giwta&tw| h(mw=n patri_ tw=| th=v )Aleca&ndrou filoxri&stou megalopo&lewv a)rxiepisko&pw|| Kuri&llw| fh&&santi e)n th=| pro_v Eu)lo&gion e)pistolh=|: ou) pa&nta o3sa le&gousin oi( ai(retikoi_ feu&gein kai_ paraitei=sqai xrh&: polla_ ga_r o(mologou=sin w[n kai_ h(mei=v o(mologou=men. )Anagkai=on de_ w|)h&qhn kai_ tou=to prosqei=nai tw|=de tw|= prooimi&w| pro_v fane&rwsin kai_ safh&neian toi=v e)ntugxa&nousin : i!stwsan ga_r w(v ou) mo&non diafo&rwv h)ne&xqhsan e)n toi=v noh&masi th=v qeopneu&stou grafh=v oi( tau&thn

Kai_ ga_r ou)k au)tono&mwv tou=to e1praca, a)ll ) a)kolouqh&sav tw=| a)giwta&tw| h(mw=n patri_ tw=| th=v )Aleca&ndrou filoxri&stou po&lewv a)rxiepisko&pw|| Kuri&llw| fh&&santi e)n th=| pro_v Eu)lo&gion e)pistolh=|: ou) pa&nta o3sa le&gousin oi( ai(retikoi_ feu&gein kai_ paraitei=sqai xrh& : polla_ ga_r o(mologou=sin w[n kai_ h(mei=v o(mologou=men. Kai_ tou=to de_ a)nagkai=on

w|)h&qhn ei)pei=n o3ti ou) pa&ntev oi( e(rmhneutai_ th_n au)th_n ta&cin e)n tw|= e)chgei=sqai e)fu&lacan, a)ll ) o( me_n plei&onov me&rouv labo&menov tou= e)da&fouv, o( de_ h3ttonov th_n e(rmhnei&an e)ph&gagen o3qen kai_ o(

ei]pon, to_n e)ntugxa&nonta th=|de th=| bi&blw| ginw&skein o3ti e)k pollw=n ponhma&twn a(gi&wn kai_ o)rqodo&cwn pate&rwn ou) mh_n a)lla_ kai_ a)doki&mwn e)chghtw=n kai_ th=v tw=n ai(retikw=n moi&rav tugxano&ntwn ai( paragrafai_ e!gkeintai e)kfeu&gousai ta_ a)pa|&donta th=v e)kklhsiastikh=v parado&sewv do&gmata ta_ u(po_ tw=n ai(retikw=n ei)rhme&na. Kai_ tou=to de_ ou)k au)tono&mwv pepoi&hka a)ll ) a)kolouqh&sav tw=| a)giwta&tw| h(mw=n patri_ tw=| th=v )Aleca&ndrou filoxri&stou megalopo&lewv a)rxiepisko&pw|| Kuri&llw| fh&&santi e)n th=| pro_v Eu)lo&gion e)pistolh=|: ou) pa&nta o3sa le&gousin oi( ai(retikoi_ feu&gein kai_ paraitei=sqai xrh&: polla_ ga_r o(mologou=sin w[n kai_ h(mei=v o(mologou=men. )Anagkai=on de_ w|)h&qhn kai_ tou=to prosqei=nai tw|=de tw|= prooimi&w| pro_v fane&rwsin kai_ safh&neian toi=v e)ntugxa&nousin: i1stwsan ga_r w(v ou) mo&non diafo&rwv h)ne&xqhsan e)n toi=v noh&masi th=v qeopneu&stou grafh=v oi( tau&thn

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163

ta_ r(hta_ th=v au)th=v qei&av grafh=v ou)k i!swv diestei&lanto kai_ ou3tw th_n e(rmhnei&an e)pe&qhkan : o( me_n ga_r plei&ouv o( de_ h3ttouv sti&xouv proqe&menov th_n e)ch&ghsin e)poih&sato kai_ e)k tou&tou dokou=sin oi( a)riqmoi_ oi( toi=v kefalai&oiv e)pikei&menoi a)naxaiti&zein tou_v to_ e!dafov a)naginw&skontav ei)v to_ pro&sw bai&nein. Xrh_ ou]n e$n kai_ deu&teron kai_ tri&ton kefa&laion tou= e)da&fouv th=v a(gi&av grafh=v a)naginw&skein kai_ ou3tw ta_v e)gkeime&nav e(rmhnei&av i3n ) eu)su&nopta w]si toi=v e)ntugxa&nousi ta_ noh&mata.

h(rmhneuko&tev a)lla_ dh_ kai_ au)ta_ ta_ r(hta_ th=v au)th=v qei&av grafh=v ou)k i!swv diestei&lanto kai_ ou3tw th_n e)rmhnei&an e)pe&qhkan: o( me_n ga_r plei&ouv o( de_ h3ttouv sti&xouv proqe&menov th_n e)ch&ghsin e)poih&sato kai_ e)k tou&tou dokou=sin oi( a)riqmoi_ oi( toi=v kefalai&oiv e)pikei&menoi a)naxaiti&zein tou_v to_ e!dafov a)naginw&skontav ei)v to_ pro&sw bai&nein. Xrh_ ou]n e$n kai_ deu&teron kai_ tri&ton kefa&laion tou= e)da&fouv th=v a(gi&av grafh=v a)naginw&skein kai_ ou3tw ta_v e)gkeime&nav e(rmhnei&av i3n ) eu)su&nopta w]si toi=v e)ntugxa&nousi ta_ noh&mata.

e)pikei&menov a)riqmo_v dokei= e)gko&ptein to_n to_ e!dafov a)naginw&skonta kai_ mh_ sugxwrei=n peraite&rw tou&tou probai&nein. Xrh_ ou]n to_n e)ntugxa&nonta e$na kai_ deu&teron kai_ tri&ton a)riqmo_n a)naginw&skein tou= e)da&fouv th=v qei&av grafh=v kai_ ou3tw th_n e(rmhnei&an die&rxesqai : bla&bh ga_r e)k tou&tou ou)demi&a genh&setai, tou)nanti&on de_ kai_ w)felei&a tw=n nohma&twn a)kribe&steron th=v a(gi&av grafh=v th=| dianoi&a| e)ktiqeme&nwn kai_ ou3twv e)n ta&cei th=v e(rmhnei&av e)ggignome&nhv.

h(rmhneuko&tev a)lla_ dh_ kai_ au)ta_ ta_ r(hta_ th=v au)th=v qei&av grafh=v ou)k i!swv diestei&lanto kai_ ou3tw th_n e(rmhnei&an e)pe&qhkan: o( me_n ga_r plei&ouv o( de_ h3ttouv sti&xouv proqe&menov th_n e)ch&ghsin e)poih&sato kai_ e)k tou&tou dokou=sin oi( a)riqmoi_ oi( toi=v kefalai&oiv e)pikei&menoi a)naxaiti&zein tou_v to_ e!dafov a)naginw&skontav ei)v to_ pro&sw bai&nein. Xrh_ ou]n e$n kai_ deu&teron kai_ tri&ton kefa&laion tou= e)da&fouv th=v a(gi&av grafh=v a)naginw&skein kai_ ou3tw ta_v e)gkeime&nav e(rmhnei&av i3n ) eu)su&nopta w]si toi=v e)ntugxa&nousi ta_ noh&mata.

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CHAPITRE 2 : ÉDITION CRITIQUE ET TRADUCTION ANNOTÉE DES DIFFÉRENTS

TYPES DE CHAÎNES SUR LE LIVRE DE JÉRÉMIE (JR 1-4)

I. Principes de l’édition

A. Conspectus siglorum

C Chisianus gr. 45 (= Chisianus R VIII 54) (= Rahlfs 87) V Vaticanus gr. 1154 (= Rahlfs 97) O Ottobonianus gr. 452 (= Rahlfs 91) P Parisinus gr. 158 (= Rahlfs 567) L Laurentianus V 9 (= Rahlfs 90) F Laurentianus XI 4 (= Rahlfs 49) B Bononiensis gr. 2373 Y Vaticanus gr. 675

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B. Stemma

a (type B) w (type A) e b g dddd Xe C zzzz L XIe O F W B XIIe V P Y XIIIe Q XIVe XVe XVIe M (1554)

T A (1550 ca.) Z (1550-1570) N (1574) X (1593) NB : Les témoins de la famille abrégée (famille 2) sont en gras.

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C. Eliminatio codicum

Au cours de mon étude de la tradition manuscrite, j’ai exposé les liens entre les

différents manuscrits pour discerner lesquels étaient nécessaires à une édition critique et

lesquels devaient être laissés de côté :

− pour la chaîne intégrale à auteurs multiples, j’ai ainsi retenu les manuscrits C, V,

O et P, les manuscrits Q et X étant en effet des copies de V ;

− pour la chaîne abrégée à auteurs multiples, j’ai retenu les manuscrits L et F, le

manuscrit M étant une copie tardive de L, le manuscrit N, une copie de M et le

manuscrit W ne donnant que de rares extraits, sans doute copiés sur le modèle de

F ;

− pour la chaîne à deux auteurs, j’ai retenu les manuscrits B et Y, les manuscrits A

et T ayant été copiés sur B et le manuscrit Z étant une copie de Y.

Il me faut, d’autre part, signaler que, pour le texte biblique de la chaîne intégrale à

auteurs multiples, j’ai intégré dans l’apparat critique les leçons de L et F (les deux

manuscrits de la chaîne abrégée) pour permettre une vue d’ensemble sur le texte biblique

utilisé par la chaîne à auteurs multiples.

De même, dans la chaîne à auteurs multiples, pour les prologues de Jean Chrysostome,

le prologue anonyme et l’ajout de la famille abrégée au prologue anonyme, j’ai intégré dans

l’apparat les leçons de B, qui a ces textes avant le début propre à la chaîne à deux auteurs.

D. Principes de présentation communs aux trois types de chaînes

Le texte grec est présenté sur la page de gauche avec un apparat critique positif qui fait

référence aux lignes du texte, numérotées de 5 en 5.

Les abréviations que j’ai utilisées dans l'apparat, sur le modèle des éditions Budé dans

la collection des Belles lettres, sont les suivantes :

− add. = addidit (lorsqu’un manuscrit ajoute un ou plusieurs mots)

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− cp. = compressit (lorsqu’un manuscrit abrège un mot)

− def. = deficit (lorsqu’un manuscrit est mutilé et ne contient pas le texte)

− hab. = habet (lorsqu’un manuscrit possède une glose ou variante à propos d’un

mot du texte)

− iter. = iteravit (lorsqu’un manuscrit répète un mot ou un groupe de mots)

− om. = omisit (lorsqu’un manuscrit omet un mot ou un groupe de mots)

− transp. = transposuit (lorsqu’un manuscrit présente un ordre des mots différent)

− non legitur (lorsqu’un manuscrit contient le texte, mais qu’il est illisible)

− ego (lorsque je propose une conjecture)

− Xmg = X in margine

− Xtxt = X in textu (désigne, dans la chaîne à deux auteurs, que l'attribution d'un

extrait n'est pas située dans la marge, mais dans le corps du texte)

− Xsl = X supra lineam

− Xcom = X in commentario (désigne l’emplacement d’une glose, non dans la marge,

mais dans le corps des commentaires patristiques)

− Xac = X ante correctionem

− Xpc = X post correctionem

Sur la page de droite, qui porte le même numéro que la page de gauche, figure la

traduction française avec de nombreuses notes.

Sur cette page de traduction, avant chaque texte ou chaque extrait, se trouve la

rubrique codd. qui donne la liste des manuscrits comportant le passage. Elle est suivie de la

rubrique editio qui signale l’édition du texte, si elle existe420, ou qui indique que le texte est

inédit (ineditus).

J'ai mis en gras tout ce qui revient au caténiste : titres, attributions, transitions, etc.

420 J’ai renvoyé de préférence aux éditions récentes et, lorsqu’elles n’existent pas, à la PG. Pour la chaîne intégrale à auteurs multiples, dans les cas où la PG est lacunaire, je renvoie à l’editio princeps de M. Ghisleri.

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Pour les citations bibliques, dont les références sont précisées dans les notes de la

traduction, j'ai adopté différentes attitudes selon le cas auquel j'étais confrontée, mais j’ai

respecté dans tous les cas la même typographie dans le texte grec et la traduction française :

− les citations du texte de référence, celui de Jérémie qui est commenté par les

extraits, sont en italique ;

− lorsque la citation du texte de référence se limite à un mot ou un groupe de mot

intégré dans la syntaxe de la phrase du commentaire, je ne la mets pas en italique,

mais entre guillemets droits (doubles pour le français, simples pour le grec) ;

− les autres citations bibliques ou patristiques sont entre guillemets ;

− quand elles ne sont pas littérales ou explicites, il n'y a pas de guillemets, mais les

lettres sont espacées pour signaler l'emprunt.

Je signale quand j’utilise une traduction déjà existante (par exemple pour le prologue

du caténiste ou la vie de Jérémie).

Pour la traduction des citations bibliques, j’ai souvent reproduit celle des volumes de

la Bible d'Alexandrie, quand elle existe.

Pour les citations du Psautier, j’ai utilisé la traduction et les notes d’A. Festugière

disponibles à la Bibliothèque d’Histoire des Religions (Maison de la Recherche de Paris IV)

et, pour les Psaumes 119 à 133, la traduction de F. Bouet421. Dans un cas (Ps 4, 7), j'ai repris

la traduction établie dans le cadre d'un séminaire dirigé par R. Dupont-Roc à l'EPHE.

Pour la traduction du texte biblique de Jérémie, je suis partie de celle que nous avions

élaborée avec C. Amphoux, D. Rouger et A. Sérandour, lors des séances de préparation du

volume de Jérémie dans la collection de la Bible d’Alexandrie. Les extraits patristiques sur

le début du livre de Jérémie m’ont toutefois permis de modifier et d’éclaircir de nombreux

points de la traduction qui est donc finalement assez différente de notre traduction

collective.

Pour chacun des types de chaînes, j’ai constitué deux indices : un index des mots

grecs et un index des citations scripturaires. L’index des mots grecs est sélectif : il recense

421 F. Bouet, Les Cantiques des degrés de la Bible grecque des Septante (Ps 119-133 LXX / 120-134 TM), Traduction et annotation, Thèse pour le doctorat à l’Université Aix-Marseille I sous la direction de G. Dorival, soutenue le 16 novembre 2005, 2 t., non encore publiée.

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les mots importants et signale la page et la ligne du texte grec où ils apparaissent. Il ne

prend en compte ni les termes du texte biblique de Jérémie, ni ceux des autres citations

scripturaires. L’index des citations scripturaires recense toutes les citations bibliques,

exceptées celles du livre de Jérémie que les extraits patristiques commentent directement.

E. Principes propres à la chaîne intégrale à auteurs multiples

Le mode de lecture de l’édition est semblable à celui de la chaîne dans les manuscrits :

il faut sans cesse se référer au texte biblique (édité dans un fascicule détachable) pour

comprendre les extraits patristiques. La correspondance entre texte biblique et extraits est

assurée par le système de numérotation.

Pour le texte biblique de la chaîne à auteurs multiples, les chapitres 1-4 sont divisés en

un peu moins de trois centuries. J'ai choisi de donner dans la traduction une numérotation

continue, pour qu'il n'y ait pas de confusion entre les lemmes bibliques portant un même

numéro dans les trois centuries. La première centurie contient ainsi les lemmes 1 à 100, la

deuxième centurie contient les lemmes 101 à 200, et la troisième centurie, les lemmes 201 à

300 (la fin du chapitre 4 coincide avec le lemme 241). J'ai laissé, à titre indicatif, en

exposants, les numéros de versets, même s'ils ne sont pas cohérents avec la division en

lemmes. Au total, donc, sur la page du texte biblique de la chaîne à auteurs multiples, figure

une triple numérotation :

− la numérotation des lignes du texte grec, en chiffres arabes dans la marge de

gauche, à laquelle fait référence l’apparat critique ;

− la numérotation de la chaîne, par des lettres grecques, qui divise le texte en

lemmes et à laquelle renvoie la numérotation des extraits patristiques ;

− la numérotation des versets que j’ai ajoutée avec des chiffres arabes en exposants,

pour que l’on puisse se référer aux différentes éditions et traductions du texte

biblique avec plus de commodité.

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Les notes hexaplaires ou exégétiques, marginales ou interlinéaires, sont signalées ainsi

dans l'apparat critique du texte grec : par exemple ad ejpi; katoikou'nta" hab. ajnt j oujdei'"

diafeuvxetai F (glose interlinéaire de F) ou encore ad wJ" povlin ojcuravn hab. kai; wJ"

stuvlon sidhrou'n Cmg OmgPcomm (ajout hexaplaire de C, O et P).

Outre l’apparat du texte biblique de la chaîne à auteurs multiples, placé comme il

convient sous le texte grec, j’ai choisi d’élaborer une comparaison avec les manuscrits

bibliques et les éditions du livre de Jérémie. Pour une mise en page plus équilibrée, il m’a

semblé commode de placer ce second apparat sous le texte de la traduction, bien qu’il se

réfère aux mots du texte grec. Comme pour les notes concernant la traduction, la référence

est faite par des appels de note. Je rappelle alors le mot du texte grec sur lequel porte ma

comparaison. J’ai tenté en effet de caractériser le texte biblique utilisé par le caténiste, en

indiquant les leçons qui diffèrent de l’édition de J. Ziegler422 et en les situant dans la

tradition textuelle. J’ai évité d’employer le terme "Septante", qui suggère un texte idéal et

reconstruit, mais j'ai été plus descriptive et me suis référée au texte édité par J. Ziegler (Zi.).

J’ai indiqué ainsi la leçon de la chaîne à auteurs multiples retenue pour l'édition par la

mention "Cat."423 ; la majorité des manuscrits de la Septante par la mention "codd. plur."

(codices plurimi) ; l’édition de Ziegler par la mention "Zi."424 et celle de Rahlfs par la

mention "Ra." ; j'ai indiqué que la variante existe dans d’autres manuscrits par la mention

"codd. al." (codices alii) ; j’ai indiqué les manuscrits de la recension hexaplaire par la

mention O et les manuscrits de la recension lucianique par la mention L425 ; j'ai signalé la

présence de la variante dans les marges du Marchalianus par la mention "Q" ; j'ai situé le

texte grec des chaînes par rapport au texte massorétique par la mention "(= TM)" ; j’ai

indiqué, quand cela était éclairant, la leçon présente dans les grands onciaux en respectant

les sigles de l'édition de Ziegler (B pour le Vaticanus, A pour l'Alexandrinus, S pour le

422 Septuaginta, Vetus Testamentum Graecum Auctoritate Societatis Litterarum Gottingensis editum, vol. XV (Ieremias), éd. J. Ziegler, Göttingen 1957. 423 J. Ziegler désigne le groupe des chaînes (die Catenen Gruppe) par le sigle C’ (C’ = C + c). Il inclut en fait dans ce groupe, des manuscrits qui ne sont pas des manuscrits de chaînes, mais dont le texte biblique s’apparente à celui de ces derniers. Quand la leçon des manuscrits des chaînes est corroborée par les autres manuscrits du groupe C’ de Ziegler, je ne le signale pas, car cela ne me permet pas de caractériser le texte biblique des chaînes par rapport à l’ensemble des manuscrits de la Septante. 424 La mention Zi. ne désigne donc pas une conjecture de J. Ziegler, mais le texte de son édition critique. 425 Pour O et L, on sera attentif à bien respecter l’italique pour ne pas les confondre avec les sigles O et L de l’Ottobonianus gr. 452 et du Laurentianus V 9.

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Sinaiticus et V pour le Venetus)426, ainsi que la leçon adoptée par S. Jérôme par la mention

"Hi." ou la leçon dont témoigne la version éthiopienne par la mention "Aeth.", suivant en

cela aussi l’usage de l’édition de J. Ziegler.

Les extraits patristiques sont précédés, comme dans la mise en page des manuscrits, du

numéro du lemme qu'ils commentent. Lorsque plusieurs extraits commentent le même

lemme, ils portent exactement le même numéro dans les manuscrits, mais j'ai préféré ajouter

une lettre minuscule (de a à f) dans la traduction, pour pouvoir les désigner plus facilement

dans mon commentaire. Chaque extrait comporte donc une désignation unique dans la

traduction.

Je rassemble, dans l’apparat critique de la chaîne à auteurs multiples (texte biblique et

extraits patristiques), les sigles des manuscrits qui appartiennent à la même branche de la

tradition manuscrite (par exemple : CV, OP, LF), tandis que je mets un espace entre les

sigles des manuscrits qui n’appartiennent pas à la même branche.

F. Principes propres à la chaîne abrégée à auteurs multiples

Comme pour la chaîne intégrale, le mode de lecture de l’édition est semblable à celui

de la chaîne dans les manuscrits : il faut se référer au texte biblique (édité dans un fascicule

détachable) pour comprendre sur quel passage portent les extraits patristiques. J’ai ainsi

choisi de redonner une édition du texte biblique de la chaîne abrégée avec les seules leçons

de L et F et avec la numérotation propre à l’abrégé, afin de faciliter la compréhension des

extraits. J’ai suivi la disposition en paragraphes de L, qui est la plus claire et la plus

régulière. Pour la traduction, je renvoie à celle du texte biblique de la chaîne intégrale à

auteurs multiples.

Les chapitres 1-4 du livre de Jérémie sont divisés en 84 lemmes, numérotés selon les

24 lettres de l’alphabet (le stigma venant s’ajouter entre le epsilon et le dzèta de temps à

autre). Il y a donc 4 cycles de lettres de l'alphabet. Pour la traduction, je n'ai pas choisi de

procéder à une numérotation continue, contrairement à ce que j'ai fait pour la chaîne

426 Je mettrai les sigles des onciaux en italique pour éviter la confusion avec les sigles que j'ai utilisés dans mon édition critique : B pour le Boniensis gr. 2373 (chaîne à deux auteurs), A pour le Monacensis gr. 117 (chaîne à deux auteurs) et V pour le Vaticanus gr. 1153-1154 (chaîne à auteurs multiples).

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intégrale, parce que cela ferait perdre la valeur des lettres de l'alphabet (la deuxième

occurrence de a équivaudrait ainsi à 26…) alors que, quand il s'agit de centuries, on garde la

valeur des lettres en ajoutant seulement un chiffre des centaines. Dans le cas de l'abrégé, j'ai

donc procédé ainsi : le premier cycle ou la première section contient les lemmes 1 à 25, le

deuxième cycle, les lemmes 1' à 24', le troisième cycle les lemmes 1'' à 24'', le quatrième

cycle, les lemmes 1''' à 24'''.

J’ai laissé le texte grec des extraits patristiques tel qu’il apparaît dans les manuscrits,

ou plus exactement tel qu’il apparaît dans le Laurentianus V 9 (L). En effet, il y a

d’importantes différences entre les deux témoins de l’abrégé dans la présentation et l’ordre

des extraits. J’ai choisi le plus souvent la présentation et l’ordre de L, qui sont beaucoup

plus clairs, plus pertinents et plus cohérents que ceux de F.

Dans la traduction, pour que les emprunts à la chaîne intégrale apparaissent clairement,

je suis passée à la ligne dès que le texte correspondait à un nouvel extrait de la chaîne

intégrale, sauf quand il n’était pas possible de dissocier les différents éléments de l’emprunt

sans empêcher une lecture suivie du texte ; dans ce dernier cas, je signale en note

l’amalgame entre les différents extraits de la chaîne intégrale.

Dans les notes, je signale aussi l’origine de chacun des emprunts à la chaîne à auteurs

multiples ou à la tradition directe du Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome, et la

modalité de ces emprunts :

− si l’emprunt est exactement semblable à l’extrait d'origine, je le signale par le

signe = extrait n ;

− si l’emprunt se limite à une partie précise de l’extrait d’origine, je le signale

toujours par le signe =, mais en précisant la partie en question ;

− si l’emprunt récrit l’extrait d’origine en abrégeant le propos, je le signale par le

terme résumé ;

− si l’emprunt récrit l’extrait d’origine sans le résumer, je le signale par le terme

récriture ;

− je signale aussi les passages originaux de l’abrégé.

Page 173: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

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Je n’ai pas répété les notes concernant le sens du texte qui apparaissent déjà dans la

chaîne intégrale. Il faut donc se référer aux extraits correspondants de la chaîne intégrale,

qui eux sont bien indiqués pour chaque fragment.

G. Principes propres à la chaîne à deux auteurs

Le mode de lecture de l’édition est ici encore semblable au mode de lecture de la

chaîne dans les manuscrits : il s’agit d’une lecture continue. J’ai mis les lemmes bibliques

en italique pour que l'alternance lemme biblique / extraits patristiques soit plus visible.

Je ne signale pas dans l'apparat, les cas où, pour les deux manuscrits, le nom de

l'auteur est abrégé dans la marge ; en revanche, je signale ceux où un seul des deux

manuscrits donne une attribution, ceux où ils la donnent sur un plan différent (dans le texte /

dans la marge), ainsi que ceux où il y a un doute concernant la présence de certaines

attributions dans Y, à cause du problème de la restauration des folios427.

Pour la disposition du texte en paragraphes, je suis le modèle de B, souvent plus clair

et plus lisible que Y dans la mise en page.

Les notes qui apparaissent sous la traduction sont variées :

− les unes donnent des éléments sur le sens du texte et précisent les références

scripturaires ;

− d’autres cherchent à caractériser le texte biblique de la chaîne par rapport à celui

qui est édité par J. Ziegler (cf. mention Zi.) ;

− d’autres s’attachent à mettre au clair les problèmes d’attribution des extraits,

quand ils ne sont pas attribués dans les deux manuscrits de la chaîne, en les

confrontant à la tradition directe du Commentaire sur Jérémie de Théodoret de

Cyr et du Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome. Il faut signaler les

nombreux cas où un passage, attribué à Théodoret dans la chaîne et bien présent

dans la tradition directe de son Commentaire, est édité à la fois en PG 81

(Théodoret) et, à tort, en PG 64 (Jean Chrysostome). La PG 64 reproduit les

427 Cf. chap. 1 supra, pp. 75-77.

Page 174: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

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erreurs de l’édition de M. Ghisleri : celui-ci en effet a mis sous le nom de Jean

Chrysostome des extraits de la chaîne à deux auteurs qui ne lui étaient pourtant

pas attribués et qui n’apparaissent pas dans la tradition directe de son

Commentaire.

II. Édition critique et traduction annotée de la chaîne à

auteurs multiples sur Jr 1-4

Cf. t. II.

Le texte biblique est présenté dans un fascicule détachable pour faciliter la lecture en

parallèle des extraits patristiques.

III. Édition critique et traduction annotée de l’abrégé de la

chaîne à auteurs multiples sur Jr 1-4

Cf. t. II.

Le texte biblique est présenté dans un fascicule détachable pour faciliter la lecture en

parallèle des extraits patristiques.

IV. Édition critique et traduction annotée de la chaîne à deux

auteurs sur Jr 1-4

Cf. t. II.

Page 175: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

175

AVERTISSEMENT AU LECTEUR

Dans le commentaire (chap. 3, 4 et 5), je ferai référence aux extraits exégétiques des

différentes chaînes de la manière suivante :

Je citerai les extraits de la chaîne intégrale à auteurs multiples selon le numéro,

éventuellement accompagné d'une lettre minuscule, qu'ils ont dans ma traduction (par

ex. : extrait 135b).

Je citerai les extraits de la chaîne abrégée à auteurs multiples selon la place qu'ils ont dans

les sections numérotées qui apparaissent dans ma traduction (par ex. : deuxième extrait de la

section 12) et, si la section se résume à un seul extrait, selon le numéro de cette section (par

ex. : section 4'''').

Je citerai les extraits de la chaîne à deux auteurs avec leur attribution et le lieu biblique sur

lequel ils portent, étant donné que cette chaîne ne donne aucun système de numérotation

(par ex. : extrait de Théodoret sur Jr 2, 36 ou, si l'extrait est sans attribution dans la chaîne,

extrait non attribué sur Jr 3, 24).

Page 176: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

176

CHAPITRE 3 : ÉTUDE LITTÉRAIRE DES DIFFÉRENTES CHAÎNES SUR LE LIVRE DE

JÉRÉMIE

Introduction :

Dans un premier temps, j'étudierai le fonctionnement propre à chacun des types de

chaînes (chaîne à auteurs multiples et chaîne à deux auteurs)428 et le mode de lecture qu’ils

impliquent, en analysant la manière dont les différents niveaux de texte (texte biblique /

extraits patristiques / gloses supplémentaires) s’agencent entre eux. Ensuite, je m'attacherai

à analyser les phénomènes de récriture qui témoignent de l’attitude des caténistes à l’égard

de leurs sources patristiques. Puis, je consacrerai une partie de mon développement à l'étude

des prologues qui ont un statut à part au début des différentes chaînes. Enfin, je conclurai en

tentant de caractériser, à partir des différentes analyses que j'aurai menées, le projet littéraire

des caténistes et d'émettre des hypothèses sur la manière dont ils conçoivent l’utilisation de

leur œuvre.

I. Le fonctionnement des deux types de chaînes : modes

d’écriture et de lecture

Il est temps maintenant d’observer de plus près le fonctionnement des chaînes

exégétiques, à partir des deux types de chaînes sur Jérémie que nous avons déjà présentés :

la chaîne à auteurs multiples et la chaîne à deux auteurs429. Le terme "chaîne", même s’il

n’est pas la désignation originelle de cette forme littéraire430, permet de mettre en

428 La chaîne abrégée n’est pas un type en soi, mais plutôt un sous-type de la chaîne à auteurs multiples. Je l’étudierai donc dans un deuxième temps, après l’analyse de la chaîne intégrale à auteurs multiples et de la chaîne à deux auteurs. 429 Cf. supra, chap. 1, pp. 35-36 et 74-75. 430 Cf. supra, chap. 1, pp. 18-20.

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perspective les différents niveaux du texte et de mieux comprendre la manière dont ils

s’agencent entre eux.

D’après la définition proposée par G. Dorival431, il y aurait, en définitive, trois chaînes

en une : la chaîne du texte biblique, la chaîne des extraits patristiques et celle qui les lie

l’une à l’autre. Prenons-les en considération l’une après l’autre.

A. La chaîne du texte biblique

Le texte biblique des chaînes sur Jérémie est un texte suivi, continu, en cela conforme

à la Septante, qui ne donne pas de chapitres ni de versets – ceux-ci seront ajoutés bien plus

tard sous l’influence des bibles hébraïque et latine432. Il faut signaler toutefois qu’il y a, dans

les chaînes, des marques de séparation entre le livre de Jérémie et les suppléments, ainsi

qu’entre les suppléments eux-mêmes Baruch / Lamentations / Lettre de Jérémie : le passage

d’un texte à l’autre est le plus souvent marqué dans les manuscrits de chaînes par la

présence des titres, parfois en rouge ou en majuscules, au début de chacun des suppléments.

Cependant, ces passages ne donnent lieu ni à des sauts de page (sauf dans le Matritensis

4717, plus tardif), ni à des prologues spécifiques comme entre les différents prophètes

mineurs ou majeurs433.

La manière dont est présenté le texte biblique, et par conséquent le rôle qui lui est

dévolu, varient radicalement selon que l’on parle de la chaîne à deux auteurs ou de la chaîne

à auteurs multiples.

431 Cf. supra, chap. 1, p. 18. 432 Cf. D. Barthélemy, « Les traditions anciennes de division du texte biblique de la Torah », in Selon les Septante, Hommage à M. Harl, G. Dorival et O. Munnich (dir.), Paris 1995, pp. 27-51 ; pour le problème du découpage des versets et de sa non-cohérence avec le texte grec de la Bible, je renvoie à mon mémoire de DEA : Étude syntaxique et poétique du livre grec de Jérémie (chap. 1-10), sous la direction de M. O. Munnich, soutenu en juin 2002 à l’Université Paris IV-Sorbonne. 433 Cf. supra, chap. 1, p. 154.

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1) Le texte biblique de la chaîne à auteurs multiples

Dans les principaux témoins de la chaîne à auteurs multiples, le texte biblique

constitue un bloc à part sur la page du manuscrit, de telle sorte qu’on peut le lire

séparément, en tant que tel, pour la liturgie ou la lecture personnelle. Les annotations

liturgiques que l’on trouve dans les marges du Vaticanus gr. 1154 et du Parisinus gr. 159

témoignent d’une utilisation liturgique du texte que ces manuscrits contiennent, ou du moins

d’une utilisation pour la lectio divina des moines, aux XIIe et XIIIe s.434.

En outre, le texte biblique est copié intégralement, son ordre étant respecté. Il est

simplement divisé en centuries, c’est-à-dire en cycles de lemmes numérotés de 1 à 100.

Malgré cet aspect général suivi et régulier, le texte biblique présente des irrégularités,

ou plutôt des arythmies, dans son système de division, comme en témoignent, par exemple,

les rejets un peu surprenants des lemmes 2, 3, 17, 23, 42, 60, 118 et 148 pour les deux

premières centuries435. Cependant, ces arythmies ne changent pas la lettre du texte et ne

provoquent pas de passage à la ligne, du moins dans les manuscrits les plus anciens436. Le

texte biblique reste suivi malgré ces phénomènes : le lecteur n’est en effet pas tenu de

prendre en compte la numérotation, parce qu’elle n’interrompt pas la mise en page du texte.

Il faut signaler, parmi les témoins de la chaîne à auteurs multiples, deux cas

particuliers auxquels il est impossible d’appliquer les principes que je viens d'exposer. Il

s'agit du Pii II 18 d'une part et des Matritenses 4671 et 4717 d'autre part, qui datent tous du

XVIe s. En effet, le Pii II 18 ne donne pas le texte biblique et omet ainsi une partie du

matériau de la chaîne d'origine. Les Matritenses 4717 et 4671, quant à eux, dont le premier

est copié sur un témoin de l'abrégé de la chaîne à auteurs multiples – le Laurentianus V. 9 –

et le deuxième sur le premier, ne donnent pas l'intégralité du texte biblique, mais

sélectionnent seulement les lemmes commentés par les extraits patristiques. Il serait

opportun de se demander si cette sélection de lemmes bibliques n'est pas une conséquence

directe du passage d'une disposition marginale de la chaîne à une disposition continue dans

434 Les annotations liturgiques de V sont, à mon sens, postérieures à la copie du manuscrit (XIIe s.), mais elles sont en tout cas antérieures à la copie de Q (XIIIe s.) qui les reproduit aux mêmes emplacements. Il est difficile de donner une datation plus précise. 435 Cf. t. II, édition et traduction du texte biblique de la chaîne à auteurs multiples. 436 Le Parisinus gr. 158 – XIIe s. – est le seul à présenter des sauts de lignes après chaque lemme.

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ces deux manuscrits. En effet, en faisant alterner texte biblique et extraits patristiques, le

copiste prendrait l’initiative de laisser de côté les lemmes bibliques qui ne sont pas sollicités

par le commentaire, ce qui lui permettrait un gain de place et une plus grande cohérence

dans l’enchaînement entre les lemmes et les extraits. L’analyse de la chaîne à deux auteurs,

conçue, selon moi, pour être une chaîne continue et non encadrante, confirmera l’hypothèse

selon laquelle le texte biblique est souvent lacunaire lorsqu’il est disposé en alternance avec

les extraits patristiques, tandis qu’il est complet lorsqu’il est présenté dans un bloc à part, au

centre d’une disposition encadrante.

En outre, il convient de caractériser le texte biblique copié par le caténiste. Les

informations que j’ai placées sous la traduction du texte biblique de la chaîne à auteurs

multiples permettent de mettre en valeur plusieurs tendances de celui-ci437.

Il s’apparente assez souvent aux recensions hexaplaire et lucianique mais s’en

démarque parfois. Il se présente tantôt comme un texte hexaplaire, c’est-à-dire avec des

variantes textuelles propres à celui-ci, tantôt comme un texte non hexaplaire et tantôt

comme un texte collationé à partir d’un manuscrit de la recension hexaplaire, puisque l’on

trouve dans les marges du texte biblique de la chaîne des variantes propres à cette recension.

Le caténiste a donc sans doute utilisé un manuscrit annoté. Le texte biblique de la chaîne à

auteurs multiples apparaît ainsi comme un texte tardif, qui tend à harmoniser les traditions.

Le problème est de savoir si c’est le caténiste lui-même qui arrange et harmonise le texte

biblique ou s’il dépend entièrement d’un exemplaire tardif circulant dans son milieu.

D’où provient le matériau hexaplaire de la chaîne à auteurs multiples ? Les

informations hexaplaires qu’elle donne dans les marges sont moins nombreuses que celles

du Marchalianus (qui donne un texte biblique non hexaplaire doté en marges de

renseignements hexaplaires) et présentent quelques différences qualitatives par rapport à ces

dernières. Les différences quantitatives attestent soit que le caténiste avait accès à un

manuscrit biblique dont la documentation hexaplaire était conforme à celle du

Marchalianus et a opéré une sélection au sein de cette documentation pour sa chaîne, soit

qu’il avait à sa disposition un modèle antérieur au Marchalianus qui aurait été

437 Cf. t. II, édition du texte biblique de la chaîne à auteurs multiples.

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ultérieurement complété, soit qu’il a consulté un modèle postérieur au Marchalianus et qui

avait déjà subi une perte du matériau hexaplaire. Ces hypothèses n’expliquent pas toutefois

les quelques différences qualitatives par rapport à certains ajouts hexaplaires du

Marchalianus438.

Ainsi, le texte biblique de la chaîne à auteurs multiples, accompagné de sa

documentation hexaplaire, se situe dans une tradition où l’on cherche à réunir le plus

d’éléments possibles sur le texte et ses révisions. Il y a sans doute un lien entre l’érudition

qui concerne la transmission du texte biblique et celle du genre caténaire qui vise d’abord à

transmettre la tradition patristique, mais qui s’intéresse aussi à la tradition du texte biblique.

Ainsi, le texte biblique de la chaîne à auteurs multiples est copié intégralement et

présenté de manière régulière et continue. Le caténiste a eu à sa disposition un texte tardif,

qui a tendance à harmoniser les traditions, et s’est soucié de transmettre le matériau

hexaplaire qui devait accompagner le texte biblique dans le manuscrit qu'il a utilisé.

2) Le texte biblique de la chaîne à deux auteurs

Dans la chaîne à deux auteurs, sur le plan proprement matériel de la mise en page, le

texte biblique est interrompu, puisqu’entre les lemmes bibliques, signalés par des guillemets

simples ou doubles dans la marge, s’intercalent les extraits de Jean Chrysostome et de

Théodoret de Cyr.

En outre, si l’on isole le texte biblique de la chaîne à deux auteurs, on remarque que,

contrairement au texte biblique de la chaîne à auteurs multiples, il n’est ni suivi ni continu.

Il est en effet lacunaire car certains versets (ou certaines parties de versets) sont

absents, quand il ne sont pas sollicités par les commentaires439. Il y a ainsi environ 15 % du

texte biblique qui n’apparaît pas dans la chaîne à deux auteurs. On peut noter par exemple

l’expression kai; ta; eJxh'" "etc." qui laisse de côté Jr 1, 14. Il manque par ailleurs : 438 Cf. t. II, édition du texte biblique de la chaîne à auteurs multiples, p. 2 (note 11). 439 Pour la chaîne à deux auteurs, je suis obligée de parler de versets, puisqu’aucun système de division n’apparaît dans les manuscrits. Cela n’est pas très gênant dans la mesure où la manière dont le texte est divisé correspond, dans la moitié des cas à peu près, à la division plus tardive des versets, alors que c'est loin d'être le cas pour la division en lemmes du texte de la chaîne à auteurs multiples.

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− la fin de Jr 1, 18 ; de Jr 2, 19 ; de Jr 2, 20 ; de Jr 2, 25 ; de Jr 2, 26 ; de Jr 4, 5 et de

Jr 4, 7 ;

− le début de Jr 4, 3 ; de Jr 4, 6 ; de Jr 4, 10 et de Jr 4, 16 ;

− la totalité de Jr 2, 4 ; de Jr 2, 6 ; de Jr 3, 10-11 ; de Jr 4, 1 ; de Jr 4, 9 et de Jr 4,

29 ;

− une partie de Jr 2, 15 et de Jr 4, 20.

Parfois, les versets ne sont pas cités, mais seulement résumés dans les extraits

patristiques, comme en témoigne l'exemple des versets 1, 7 ; 1, 17 ; 2, 12 et 4, 13a. Le

verset 1, 17 est ainsi seulement évoqué à la fin de l'extrait de Théodoret sur Jr 1, 16 :

(…) Keleuvei de; aujtw'/ kai; th;n ojsfu;n perizwvsasqai, toutevstin eujzwvnw" kai;

ajndreivw" diakosmh'sai, kai; tw'n h[dh gegenhmevnwn uJposcevsewn ajnamimnhv/skwn,

ejkbavllei to; devo".

(…) Et Il lui ordonne aussi de se ceindre les reins, c’est-à-dire, de se parer avec une belle

ceinture et avec courage et en rappelant les promesses déjà faites, Il chasse la crainte. (cf. Jr 1,

17 : « Et toi, ceins-toi les reins, lève-toi et dis-leur tout ce que je te commanderai ; ne crains

pas face à eux, ne sois pas épouvanté devant eux, car moi je suis avec toi pour te délivrer »,

dit le Seigneur).

Le passage de Jr 3, 18 est seulement résumé dans l'extrait de Théodoret sur Jr 3, 17,

tandis qu'un peu plus loin, dans l'extrait de Jean Chrysostome sur Jr 3, 19, la fin seulement

de 3, 18 est citée. Le verset en question est donc éclaté et quelque peu malmené.

Ces deux exemples, caractéristiques des occurrences mentionnées ci-dessus,

montrent que le texte biblique n'est pas toujours cité intégralement et textuellement, mais

qu'il peut y être fait référence sous forme d'allusion ou par une paraphrase.

Certains versets (ou certaines parties de versets) sont intégrés dans les extraits

patristiques, sans être signalés par les copistes comme appartenant au texte biblique : Jr 2,

37b440, par exemple, est intégré à l'extrait de Théodoret sur Jr 2, 37a.

440 Cf. aussi Jr 1, 19 ; 2, 30b ; 3, 2a ; 3, 9b (cité rapidement à la fin de l'extrait de Théodoret sur 3, 9a) ; 3, 13 ; 3, 22b ; 4, 2 ; 4, 4 ; 4, 10b ; 4, 13b ; 4, 17b ; 4, 19 ; 4, 20a ; 4, 20d ; 4, 21 ; 4, 22 ; 4, 26 ; 4, 27 ; 4, 28b ; 4, 30a et 4, 31c.

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Qeodwrhvtou: Qeodwrhvtou: Qeodwrhvtou: Qeodwrhvtou: [Idion tw'n qrhnousw'n to; ta;" cei'ra" sumpeplegmevna" ejpitiqevnai th'/

kefalh'/, to; de; ai[tion tw'n kakw'n o{ti ajpwvsato Kuvrio" th;n ejlpivda sou kai; oujk

eujodwvqh" ejp j aujth'/.

Théodoret : C’est le propre des femmes qui se lamentent que de mettre les mains jointes sur

la tête, mais la cause des maux c’est que le Seigneur a repoussé ton espérance et qu’elle ne t'a

pas mené au succès.

Ce phénomène est peut-être dû aux omissions et aux erreurs des copistes dans la

distinction entre ce qui appartient au texte biblique et ce qui appartient aux extraits

patristiques. Mais cela pourrait aussi être le signe que le caténiste a utilisé comme texte

biblique celui que citaient les commentaires patristiques qu'il excerptait. Les commentaires

suivis de Théodoret et de Jean Chrysostome lui auraient fourni à la fois le texte biblique et

les extraits exégétiques. Par conséquent, il n'est pas étonnant que dans certains passages, le

texte biblique et les extraits exégétiques soient fondus l'un dans l'autre. Ainsi, pour Jr 3, 5,

on a de brefs lemmes bibliques entre lesquels sont intercalées des notes exégétiques sans

attribution. C'est en quelque sorte un passage mixte (lemmes bibliques – extraits

exégétiques) dont la structure est assez complexe :

5 Mh; diamenei' to;n aijw'na … ajnti; tou': to; yeu'dov" sou kai; tw'n rJhmavtwn hJ cleuasiva.

: ]H diafulacqhvsetai eij" ni'ko" … h] nomivzei" dia; touvtwn perigenevsqai kai; nika'n:

ei\ta eijrwnikw'":

ijdou; ejlavlhsa" kai; ejpoivhsa" ta; ponhra; tau'ta kai; hjdunhvqh".

5 Cela restera-t-il là pour toujours ? pour : ton mensonge et la raillerie de tes propos.

Et cela sera-t-il conservé jusqu'à la victoire ? ou bien penses-tu l’emporter par cela et

vaincre ; ensuite avec ironie :

Voilà, tu as prononcé et accompli ces perversités, tu en as été capable !

Un autre élément vient perturber la continuité du texte biblique : de brefs extraits

patristiques s’insèrent parfois dans un passage signalé en marge par les copistes comme une

citation du texte biblique. Par exemple, une remarque de Théodoret est insérée au cœur de

l’ensemble 1, 9-10441 et deux brefs extraits de Jean Chrysostome le sont en 1, 18442 :

441 Cette remarque est anonyme dans la chaîne, mais on la retrouve dans le Commentaire sur Jérémie de Théodoret de Cyr en tradition directe.

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18Kai; ijdou; ejgw; tevqeikav se ejn th'/ shvmeron hJmevra/ wJ" povlin ojcuravn, toutevstin

ajnavlwton, kai; wJ" stuvlon sidhrouvn, oujde;n paqei'n dunavmenon, kai; wJ" tei'co"

calkou'n ojcuro;n a{pasin toi'" basileu'sin jIouvda.

18 Et voici, moi, je t’ai institué au jour d’aujourd’hui comme une ville fortifiée, c’est-à-dire

imprenable, comme une colonne de fer qui ne peut subir aucun dommage et comme un

rempart d’airain fortifié, pour tous les rois de Juda.

Ces interventions exégétiques dans le texte biblique seraient un argument de plus pour

considérer que le texte biblique donné par le caténiste est celui que citent les commentaires

qu’il utilise comme sources.

Enfin, on peut dire que le texte biblique est irrégulier, dans la mesure où certains

lemmes sont cités deux fois : une fois avant les extraits patristiques et une fois au début de

l'un ou l'autre ou encore des deux extraits patristiques qui suivent. Il y a cinq occurrences de

ce phénomène dans la chaîne443. La répétition de Jr 3, 17 figure parmi ces exemples :

17 jEn tai'" hJmevrai" ejkeivnai" kai; ejn tw/' kairw/' ejkeivnw/ kalevsousin th;n jIerousalh;m

JQrovno" Kurivou j.

jIwavnnou tou' Crusostovmou:jIwavnnou tou' Crusostovmou:jIwavnnou tou' Crusostovmou:jIwavnnou tou' Crusostovmou:

Toutevstin: ejpi; th'" yuch'" e{xousi to; gnhvsion th'" eujsebeiva", w{ste kai; aujth;n

movnhn th;n povlin oJrw'nta" fantavzesqai to;n Qeovn, dunato;n de; kai; ejpi; to;n kairo;n

tou' Cristou' aujto; ejklabei'n, wJ" ouj deomevnwn hJmw'n th'" nomikh'" latreiva".

Qeodwrhvtou:Qeodwrhvtou:Qeodwrhvtou:Qeodwrhvtou:

17 jEn tai'" hJmevrai" ejkeivnai" kai; ejn tw/' kairw/' ejkeivnw/ kalevsousin th;n jIerousalh;m

JQrovno" Kurivou j kai; sunacqhvsetai eij" aujth;n pavnta ta; e[qnh tw/' ojnovmati Kurivou

eij" jIerousalh;m kai; ouj poreuvsontai e[ti ojpivsw tw'n ejnqumhmavtwn th'" kardiva"

aujtw'n th'" ponhra'".

Tou'to de; meta; th;n ajpo; Babulw'no" ejpavnodon oujk ejgevneto, ouj ga;r katevlipe th;n

ajsevbeian thnikau'ta ta; e[qnh, meta; de; th;n tou' Qeou' kai; Swth'ro" hJmw'n

ejnanqrwvphsin: diepovrqmeusan me;n eij" a{pasan th;n oijkoumevnhn oiJ qei'oi ajpovstoloi

442 Les deux gloses qui s'insèrent ici en Jr 1, 18 ne sont pas explicitement attribuées dans les deux manuscrits de la chaîne. Elles figurent dans la tradition directe du Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome. 443 Jr 2, 14-15 (cité au début de l’extrait de Jean Chrysostome et repris au début de l’extrait de Théodoret) ; Jr 3, 5 ; Jr 3, 16 (repris en partie dans l'extrait de Jean Chrysostome) ; Jr 3, 17 ; Jr 3, 19 (cité au début de l'extrait de Jean Chrysostome et au début de celui de Théodoret).

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to; swthvrion khvrugma, ajpevsthsan de; th'" protevra" plavnh" oiJ tauvth/ douleuvsante"

kai; to;n tw'n aJpavntwn proskunou'si Qeo;n kai; wJ" eij" qrovnon qei'on th;n jIerousalh;m

suntrevcousin a{pante".

17 En ces jours-là et en ce temps-là, ils appelleront Jérusalem "Trône du Seigneur".

Jean Chrysostome :

C’est-à-dire : ils auront dans leur âme la sincérité de la piété, au point d'imaginer Dieu en

voyant seulement la cité elle-même, mais il est possible de le comprendre aussi pour le temps

du Christ, dans la mesure où nous n’avons pas besoin de l'adoration imposée par la loi.

Théodoret :

17 En ces jours-là et en ce temps-là, ils appelleront Jérusalem "Trône du Seigneur" et toutes

les nations s'y rassembleront, au nom du Seigneur, à Jérusalem, et elles ne marcheront plus à

la suite des pensées de leur cœur mauvais.

Or ceci n’est pas arrivé après le retour de Babylone, car les nations n’ont pas abandonné alors

leur impiété, mais après l’incarnation de notre Dieu et Sauveur. Les divins apôtres ont

transmis à la terre entière la proclamation du salut et ils se sont écartés de leur erreur première

ceux qui en avaient été esclaves, et tous adorent le Dieu de l’univers et courent ensemble vers

Jérusalem comme vers le trône divin.

Par conséquent, si on lit uniquement, dans les manuscrits de la chaîne à deux auteurs,

le texte biblique, signalé comme tel par des guillemets dans la marge, on n’a pas le texte

complet de Jr 1-4, d’autant plus que la signalisation en marge est souvent omise par le

copiste et ce phénomène s'accentue dans la deuxième partie de la chaîne.

Comme pour le texte biblique de la chaîne à auteurs multiples, il faut chercher à

comprendre d'où vient le texte biblique de la chaîne à deux auteurs. Il m'a semblé au

premier abord que le texte biblique utilisé par le caténiste était exclusivement celui cité par

le Commentaire de Théodoret en tradition directe. Je retrouvais en effet dans les lemmes

bibliques cités par la chaîne des particularités, surtout l’ajout de l’expression (gavr fhsin),

propre au texte biblique cité par Théodoret dans son Commentaire. Or la réalité est bien plus

complexe : à observer de près l'ensemble des lemmes bibliques de la chaîne, on s'aperçoit

que le caténiste reprend tantôt le texte biblique tel qu'il est cité dans le Commentaire de

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Théodoret, tantôt le texte biblique tel qu'il est cité dans le Commentaire de Jean

Chrysostome. Dans les deux tiers des cas, on peut savoir exactement à quel commentaire il

emprunte le texte biblique, puisqu'un certain nombre de lemmes ne sont présents que dans

l'un ou l'autre Commentaire ou ne sont pas cités de la même manière dans l'un et l'autre. Le

dernier tiers est constitué de cas qui posent problème et sur lesquels il est difficile de se

prononcer.

Ainsi, le texte biblique proposé par le caténiste est parfois clairement tiré du

Commentaire de Théodoret : c'est le cas lorsque le lemme est présent dans le Commentaire

de Théodoret et absent de celui de Jean Chrysostome444, lorsque le lemme présente la même

segmentation que dans le Commentaire de Théodoret et une segmentation différente dans

celui de Jean Chrysostome445, lorsque le lemme de la chaîne intègre des interventions

littéraires ou des variantes scripturaires apparaissant uniquement chez Théodoret446, lorsque

le lemme est exactement conforme à celui qui est cité par Théodoret, tandis que celui qui est

cité par Jean Chrysostome comporte des variantes scripturaires ou des interventions de

l'exégète447, ou lorsque le lemme biblique est véritablement inséré dans un extrait de

Théodoret448.

À l’inverse, le texte biblique proposé par le caténiste est parfois clairement tiré du

Commentaire de Jean Chrysostome : c'est le cas lorsque le lemme est présent dans le

Commentaire de Jean Chrysostome et absent de celui de Théodoret449, lorsque le lemme

présente la même segmentation que dans le Commentaire de Jean Chrysostome et une

444 20 cas : 1, 6 ; fin de 2, 8 ; 2, 13 ; 2, 17 ; 2, 19 ; 2, 20 ; 2, 27b ; 2, 28 ; 2, 31 ; 3, 3b ; 3, 7b-8 ; 3, 9 ; 3, 19a ; 3, 23 ; 3, 24 ; 4, 6 ; 4, 15 ; 4, 18 ; 4, 28 ; 4, 31a. 445 6 cas : 2, 5 ; 3, 14b-15 (omission du verset 15 pour ce lemme chez Jean Chrysostome) ; 3, 16 (omission du début et de la fin chez Jean Chrysostome qui utilise l'abréviation kai; ta; eJxh'") ; Jr 3, 25 (seul le premier membre du verset est cité chez Jean Chrysostome) ; 4, 11 (avec des omissions chez Jean Chrysostome) ; 4, 16b-17 (omission du début chez Jean Chrysostome). 446 7 cas : 1, 9 (présence de l'incise didavskei de; kai; tivne" oiJ lovgoi propre à Théodoret ; de plus, seule la fin du lemme est présente chez Jean Chrysostome) ; 1, 15, 2, 35 et 3, 12 (présence de l'ajout gavr fhsin ; de plus, le lemme est absent chez Jean Chrysostome) ; 3, 6b-7a (présence d'une transition entre 6b et 7a (Ei\ta th;n oijkeivan ajgaqovthta kai; makroqumivan deivknusi) propre à Théodoret ; de plus, le lemme est absent chez Jean Chrysostome) ; 4, 14 est cité tel quel chez Théodoret avec l'ajout gavr fhsi, tandis que seule la fin est citée chez Jean Chrysostome. 447 4 cas : 2, 3b ; 2, 16 (chez Jean Chrysostome ajout de e[ti kaiv au début du lemme et omission de la fin du lemme, tel qu'il est présenté dans la chaîne) ; 3, 14b ; 4, 30 est présent tel quel chez Théodoret et séparé en deux chez Jean Chrysostome. 448 1 cas : Jr 3, 2a. 449 14 cas : 1, 3 ; 1, 11 ; 2, 10-11 ; 2, 25 a et b ; 2, 26 ; 2, 32 ; 3, 1 ; 3, 2b ; 3, 19b ; 3, 20 ; 4, 7 ; 4, 16 ; 4, 20b.

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segmentation différente chez Théodoret 450, lorsque le lemme de la chaîne présente des

interventions littéraires ou variantes scripturaires apparaissant uniquement chez Jean

Chrysostome (abréviation du lemme avec ta; eJxh'" par exemple)451, lorsque le lemme est

exactement conforme à celui qui est cité par Jean Chrysostome, tandis que celui qui est cité

par Théodoret comporte des interventions de l'exégète ou des variantes scripturaires452.

Enfin, la provenance du lemme ne peut être établie, quand il est attesté tel quel dans

chacun des Commentaires453.

Par ailleurs, certains lemmes sont cités à deux reprises, comme Jr 2, 14-15 ou Jr 2, 36

qui sont donnés d'abord dans un extrait de Jean Chrysostome et plus loin au début d'un

passage de Théodoret. Jr 3, 5 est cité d'abord au sein d'un ensemble d'extraits de Théodoret

et ensuite au début d'une scholie de Jean Chrysostome. Jr 3, 17 est donné partiellement

avant l'extrait de Jean Chrysostome et tel que dans le Commentaire de celui-ci, puis cité à

nouveau de façon intégrale au début de l'extrait de Théodoret, tel que dans le Commentaire

de ce dernier. Le lemme 3, 19b est cité deux fois, d’abord un peu longuement avant l'extrait

de Jean Chrysostome, ensuite plus brièvement avant l'extrait de Théodoret. Or, la première

occurrence pose problème, car le lemme est plus long que celui qui est présent dans le

Commentaire de Jean Chrysostome. Trois hypothèses peuvent expliquer cela : soit le

caténiste complète le texte biblique cité par les Pères grâce à un exemplaire de la Septante,

soit il le tire du lemme cité ensuite de manière éclatée avant et dans l'extrait de Théodoret,

soit il travaille à partir d'un exemplaire glosé du Commentaire de Jean Chrysostome et il

récupère la suite du lemme dans les notes marginales du manuscrit dont il dispose.

450 3 cas : 1, 1 ; 1, 4 (le Commentaire de Théodoret en tradition directe omet la fin du lemme donné dans la chaîne, tandis que le Commentaire de Jean Chrysostome le donne en entier tel quel) ; 1, 12 (le Commentaire de Théodoret omet le début du lemme). 451 5 cas : 1, 13 (présence de l'abréviation kai; eJxh'" propre à Jean Chrysostome et absence du lemme chez Théodoret) ; 1, 18 (présence d'incises propres à Jean Chrysostome et absence du lemme chez Théodoret) ; 3, 3a (commentaire de Jean Chrysostome enchaîné au lemme et absence du lemme chez Théodoret) ; 3, 6a (présence de l'abréviation kai; ta; eJxh'" propre à Chrysostome et omission d'une partie du lemme chez Théodoret) ; 4, 5 (présence de l'abréviation kai; ta; eJxh'" propre à Chrysostome et absence du lemme chez Théodoret). 452 2 cas : 1, 2 (présent tel quel chez Jean Chrysostome, tandis que Théodoret omet le début du lemme et ajoute l'expression : gavr fhsi) ; 1, 8 (présent tel quel chez Jean Chrysostome tandis que deux ajouts (gavr fhsi et ei\ta kai; tou' qavrsou" th;n aijtivan didavskei) viennent interrompre le lemme dans le Commentaire de Théodoret). 453 22 cas : 1, 16 ; 2, 3a ; 2, 3c ; début de Jr 2, 8 ; 2, 9 ; 2, 18 ; 2, 21a et b ; 2, 22 ; 2, 23 a et b ; 2, 33 ; 2, 34 ; 3, 4 ; 3, 14a ; 3, 22 ; 4, 3 ; 4, 8 ; 4, 23 ; 4, 24 ; 4, 25 ; 4, 31b.

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187

Pour les lemmes qui sont absents des deux Commentaires (Jr 2, 27a) ou qui ne sont

pas cités tels quels dans les deux Commentaires (Jr 2, 7 et Jr 3, 21)454, il est également

difficile de savoir d'où le caténiste tire son texte. Peut-être le trouve-t-il dans les marges des

manuscrits dont il disposait.

Pour finir, le cas de Jr 2, 2 est assez intéressant. Il est en effet cité en deux temps

comme dans le Commentaire de Jean Chrysostome, tandis qu'il est cité en une seule fois

dans celui de Théodoret. Or, pour le contenu, la première partie est exactement conforme au

lemme cité chez Théodoret du fait de l’absence de kai; ta; eJxh'" que l'on trouve chez Jean

Chrysostome, et la deuxième partie est exactement conforme, à une variante près, au lemme

cité chez Jean Chrysostome avec l'incise fhsivn que l'on ne trouve pas chez Théodoret.

Cet exemple montre à quel point le caténiste mêle, tant pour le contenu que pour la

segmentation des lemmes, les deux formes du texte biblique qu'il trouve dans les

Commentaires des deux exégètes.

Au total, 37 lemmes sont clairement empruntés au Commentaire de Théodoret, 24 à

celui de Jean Chrysostome et 30 ont une origine indéterminée (22 apparaissent tels quels

dans les deux Commentaires et 8 n'apparaissent tels quels dans aucun des deux

Commentaires). Les raisons pour lesquelles le caténiste prend le texte biblique tantôt dans

une de ses sources, tantôt dans l'autre, n’apparaissent pas clairement.

Enfin, comme cela apparaît dans les notes situées sous la traduction de la chaîne, le

texte biblique de Jean Chrysostome et de Théodoret repris dans la chaîne à deux auteurs est

souvent conforme au texte des manuscrits de la recension lucianique, aussi appelée "texte

antiochien", ce qui ne surprend pas de la part de ces deux Pères de l'École d'Antioche455.

Ainsi, le texte biblique de la chaîne à deux auteurs est lacunaire et irrégulier. Il ne

provient pas d'un exemplaire biblique particulier mais a été tiré des manuscrits des

454 Jr 3, 21 est cité avec une variante dans la chaîne (swvzonto" pour aJgivou aujtw'n) par rapport aux deux Commentaires. Le lemme de Jr 2, 7 est absent du Commentaire de Théodoret et présent dans le Commentaire de Jean Chrysostome, mais sous une forme plus complète (ajout au début du lemme de kai; lalhvsw meta; krivsewv" mou pro;" uJma'"). 455 Cf. N. Fernández Marcos, Introducción a las versiones griegas de la Biblia, 2ème éd., Madrid 1998, pp. 227-241.

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188

Commentaires de Jean Chrysostome et de Théodoret de Cyr en tradition directe que le

caténiste avait à sa disposition pour constituer la chaîne.

Cette analyse a donc fait apparaître qu'il y a bien un enchaînement régulier et continu

du texte biblique dans la chaîne à auteurs multiples, malgré quelques arythmies dans le

système de division, tandis que, dans la chaîne à deux auteurs, le texte biblique est très

lacunaire, sans cesse interrompu du fait de la mise en page et mal signalé par les copistes

qui omettent les signes d'usage pour désigner les citations du texte commenté. Par ailleurs,

le texte scripturaire de la chaîne à auteurs multiples a été recopié à partir d'un manuscrit

biblique donnant un texte tardif, assorti d'un matériau hexaplaire important, tandis que le

texte biblique de la chaîne à deux auteurs est tiré des commentaires patristiques excerptés

par le caténiste et présente une forme qui s'apparente nettement à celle de la recension

lucianique.

B. La chaîne des scholies patristiques

Les extraits patristiques se succèdent les uns aux autres dans l’ordre logique du texte

de l’Écriture.

1) Les extraits patristiques dans la chaîne à deux auteurs

Dans la chaîne à deux auteurs, il y a une alternance régulière d'extraits de Jean

Chrysostome et de Théodoret de Cyr sur chacun des lemmes bibliques. Un tel mode de

composition permet de donner deux éclairages sur le lemme, mais il n’y a pas

d’enchaînement ou de lien formel entre les extraits. Il y a un seulement un fil conducteur,

celui du texte biblique commenté, que l’on retrouve d’un extrait à l’autre. La cohérence

entre les extraits tient d'abord au lemme commenté, mais aussi parfois aux lieux parallèles

mentionnés par les deux commentateurs.

Le texte des extraits patristiques présente quelques redites qui créent un effet

d’insistance ou d'écho : par exemple, les deux auteurs utilisent la même citation de Dt 32, 9

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189

sur Jr 2, 3 et la même citation de Dt 32, 32 – « Car du vignoble de Sodome vient leur

vignoble, et leur sarment vient de Gomorre » – sur le lemme Comment as-tu tourné à

l’aigre, vigne étrangère ? (= Jr 2, 21b). L’insistance des deux exégètes sur la proximité

entre la figure de Moïse et celle du prophète peut donner au lecteur l’impression d’une

comparaison filée (cf. extraits de Théodoret sur Jr 1, 6 ; 1, 8 ; 2, 2 ; 2, 3 ; 2, 10-11, 2, 21 ; 2,

24 ; 3, 1 et extraits de Jean Chrysostome sur Jr 2, 3 ; 2, 18 et 2, 21).

Même si, entre les extraits patristiques de la chaîne à deux auteurs, il y a une

cohérence, fondée sur le fil directeur du texte biblique et l'évocation de lieux parallèles

semblables, les extraits sont juxtaposés et non enchaînés.

2) Les extraits patristiques dans la chaîne à auteurs multiples

Dans la chaîne à auteurs multiples, il y a un enchaînement des extraits patristiques

grâce aux noms des auteurs, et éventuellement à l’indication de la source, qui précèdent les

extraits. Les expressions comme Le même ou du même discours témoignent du souci qu'a le

caténiste de relier les scholies patristiques les unes aux autres. Par le Tou' aujtou', l'extrait

qui suit est formellement lié au précédent. On trouve la mention Le même dans deux cas :

d'une part, lorsque le caténiste donne, à la suite, sur un même lemme, plusieurs remarques

d'un même auteur (par exemple, sur le lemme 7, les extraits 7b et 7c, attribués, comme le

premier extrait 7a, à Jean Chrysostome, portent la mention Le même et, de manière

identique, sur le lemme 19, trois extraits de Sévère se suivent et par conséquent les

deuxième et troisième portent la mention Le même), et d'autre part, lorsque l'auteur du

premier extrait sur un lemme biblique donné est le même que l'auteur du dernier extrait sur

le lemme précédent.

La succession des auteurs semble, par ailleurs, respecter certaines règles pour

lesquelles on trouve cependant toujours des exceptions. Il apparaît que le caténiste procédait

selon un ordre prédéfini, mais, puisque les auteurs ne sont jamais tous cités sur un lemme

biblique donné, il est difficile de connaître cet ordre dans son intégralité. En croisant les

différents cas de succession (une centaine de cas sur Jr 1-4), j'ai déduit les règles suivantes :

sur un lemme donné, le premier auteur à être cité est, dans presque tous les cas, Jean

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190

Chrysostome (89 cas sur 98), le dernier auteur est le plus souvent Olympiodore (souvent en

deuxième, troisième ou quatrième position). Quand Origène ou Sévère d'Antioche sont

cités, ils le sont souvent en première position (7 cas sur 9 pour Origène et 2 cas sur 3 pour

Sévère), parfois même avant Jean Chrysostome (1 cas pour Origène et 1 cas pour Sévère). Il

y a des successions que l'on retrouve plus fréquemment que d'autres, en particulier :

− Jean Chrysostome puis Olympiodore (25 cas)

− Jean Chrysostome puis Théodoret (18 cas)

− Jean Chrysostome puis Victor (16 cas)

− Jean Chrysostome puis Anonyme (6 cas)

− Jean Chrysostome, Victor puis Olympiodore (5 cas)

− Origène puis Olympiodore (4 cas)

− Théodoret, Victor puis Olympiodore (3 cas)

− Jean Chrysostome, Théodoret puis Victor (3 cas)

En croisant les différents cas de succession, on peut tenter de reconstituer la liste

suivante pour l'ordre d'apparition des auteurs :

− Jean Chrysostome, Origène ou Sévère

− Théodoret

− Eusèbe

− Victor

− Anonyme

− Olympiodore

Comme Isidore, Polychronius, Cyrille, Théophile, Apolinaire et Didyme apparaissent

trop rarement dans des cas de succession, il est délicat de les intégrer dans la liste. On

remarque que l'ordre de succession des auteurs n'est pas chronologique. Peut-être le

caténiste a-t-il eu le projet de faire alterner différents types d'interprétations, spirituelles ou

littérales. Je verrai plus loin comment le projet exégétique du caténiste transparaît, d'une

manière ou d'une autre, dans cet ordre de succession des différents auteurs456.

456 Cf. infra, chap. 4, pp. 316-317.

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Il y a cependant des exceptions aux règles apparentes de l'ordre d'apparition des

auteurs. Ainsi, il arrive qu'un auteur précède Jean Chrysostome :

− Olympiodore sur les lemmes 17, 69 et 96 ;

− Victor sur le lemme 28457 ;

− Origène sur le lemme 104 ;

− Cyrille sur le lemme 157 ;

− Théodoret et Olympiodore sur le lemme 196 ;

− Sévère sur le lemme 221.

Il arrive aussi qu'Olympiodore, qui apparaît le plus souvent en dernière position,

précède un auteur :

− Théodoret sur les lemmes 32 et 76 ;

− Victor sur les lemmes 96, 214 et 241 ;

− Apolinaire sur le lemme 141.

Enfin, le lemme 116 est un cas particulier, car le premier extrait est attribué à Jean

Chrysostome et le deuxième à Victor, mais ils sont suivis d'un troisième extrait à nouveau

attribué à Jean Chrysostome.

La technique d'enchaînement mise en place par le caténiste ne tient pas seulement à

l'ordre régulier de succession des auteurs. Dans certains cas, il y a aussi un relais entre les

différents auteurs cités sur un même lemme biblique et d’un lemme à l’autre, comme en

témoignent les exemples suivants :

− Les extraits 7c à 8c, sur les lemmes 7 et 8 (= Jr 1, 5), gravitent autour d’une

notion-phare : la prescience divine458. Le caténiste a mis en œuvre un relais des

différents auteurs sur ce thème : tandis qu’Olympiodore (7f) se contente de

caractériser le discours de Dieu en nommant la notion de prescience, Jean

Chrysostome (7c et 8a) analyse le processus chronologique à partir de la structure

457 On peut se demander, dans ce cas précis, s'il ne faut pas suivre l'ordre donné par le manuscrit O contre tous les autres, c'est-à-dire faire précéder l'extrait de Victor par l'extrait de Jean Chrysostome, et ce d'autant plus que l'extrait de ce dernier porte sur un passage antérieur du texte biblique. 458 Cf. t. II, édition de la chaîne intégrale à auteurs multiples, pp. 10-11.

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grammaticale du texte. Didyme (7d) insiste sur la liberté de l’homme malgré la

prescience de Dieu. L'extrait anonyme 7e ajoute la notion d’infaillibilité divine et

l'extrait anonyme 8c, des lieux parallèles dans l’Écriture. L'extrait de Théodoret

(8b) introduit l’image du modeleur. On note que l’ordre des commentaires

n’établit pas de progression dans l’analyse du texte scripturaire, comme en

témoigne la place de la brève scholie paraphrastique d’Olympiodore au milieu de

l’ensemble. Il semblerait ainsi que le caténiste n’adopte ni ordre chronologique, ni

ordre logique, dans sa présentation des extraits patristiques ;

− dans le passage sur la vocation du prophète (Jr 1), il y a un relais à grande échelle

autour de la figure de l'apôtre Paul ; les extraits 7b et 8a (Jean Chrysostome), 8c

(Anonyme), 9b (Théodoret), 14c (Victor), 16a (Origène), 19f (Victor) insistent

sur la proximité entre le prophète et l’apôtre, tous deux envoyés auprès des

nations ;

− les différents extraits sur le lemme 11, c’est-à-dire sur le prétexte de la jeunesse

(Jr 1, 6-7), se complètent : Jean Chrysostome, Apolinaire et l'extrait anonyme

insistent sur l’instance qui ordonne, Dieu à qui on ne peut rien refuser ; Origène et

Victor donnent des citations parallèles dans la Sagesse, les Règnes, l’Exode et les

Évangiles. Là encore, on ne peut pas observer de progression entre les différentes

exégèses. On constate seulement qu'il y a une alternance entre les extraits qui

insistent sur l'instance qui ordonne (Jean Chrysostome, Apolinaire et l’Anonyme)

et ceux qui donnent des lieux parallèles (Origène et Victor) : Jean Chrysostome /

Origène / Apolinaire / Victor / Anonyme. Il est difficile d'affirmer que l'alternance

est significative, mais cette disposition démontre que les extraits les plus proches

dans leur méthode ne sont pas toujours regroupés au même endroit. Cet exemple

est caractéristique de la perplexité que l'on ressent à la lecture de la chaîne à

auteurs multiples : on peut avoir l'impression que le caténiste recherche la

bigarrure et que l'alternance entre les différentes interprétations est voulue et

travaillée, mais il est difficile de supposer une telle élaboration. Le cas du lemme

11 est trop exceptionnel pour être érigé en règle de composition ;

− sur le lemme 22, c'est-à-dire sur la vision du chaudron brûlant (Jr 1, 13), la

succession des deux extraits d’Origène et d’Olympiodore permet d’avoir deux

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interprétations du texte. L'extrait d'Origène développe le sens spirituel, tandis que

celui d'Olympiodore récapitule les deux sens, littéral et spirituel. On aurait peut-

être plutôt attendu un extrait donnant l'interprétation littérale, suivi d'un extrait

donnant l'interprétation spirituelle, et éventuellement, à la fin, un récapitulatif des

deux sens. Mais on voit que, dans cet exemple aussi, la progression logique de

l'analyse ne semble pas être l'objectif du caténiste ;

− grâce aux différents prologues à la chaîne, on voit que le caténiste a le souci de

donner plusieurs interprétations du texte de Jérémie. En effet, les trois textes

patristiques qui précèdent la chaîne proposent chacun un éclairage original sur le

livre prophétique et se complètent pour former une préface assez développée.

Ainsi, le prologue de Jean Chrysostome est une introduction conceptuelle à la

notion de prophétie, celui d’Eusèbe porte sur la composition littéraire du livre par

rapport à l'ordre chronologique des événements, tandis que le prologue anonyme

est une mise au point historique sur le contexte dans lequel s'est manifesté le

prophète Jérémie. Il y a donc un souci de variété dans le choix des prologues,

comme dans le choix des différents extraits patristiques. En revanche,

l'agencement des prologues, comme des extraits, ne respecte pas d'ordre

particulier, chronologique ou logique.

Ainsi, les extraits patristiques sélectionnés par le caténiste témoignent de l'intérêt qu'il

porte aux différentes interprétations possibles du texte biblique. En revanche, malgré

quelques cas d'alternance très soignés, il semble qu'il n'y ait pas de logique d'organisation

dans la présentation successive des extraits.

De plus, l’enchaînement des scholies patristiques n’est pas toujours régulier : certains

lemmes du texte biblique (les lemmes 48, 70, 71 et 173) ne sont, semble-t-il, pas

commentés, ce qui donne lieu à des ellipses dans la numérotation des extraits exégétiques.

En fait, lorsque l'on y regarde de plus près, trois des lemmes auxquels aucun extrait

patristique semble ne se rapporter, sont commentés dans les extraits qui correspondent aux

numéros qui précèdent ou qui suivent immédiatement le numéro manquant : ainsi, les

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lemmes 70-71 (Qu'y a-t-il entre toi et le chemin des Assyriens, pour boire l'eau des

fleuves ?) sont commentés dans l'extrait 69c d'Olympiodore, et le lemme 173 (alors en lui

les nations béniront, en lui elles loueront Dieu à Jérusalem ». Car, ainsi parle le Seigneur)

est commenté dans l'extrait 172b de Jean Chrysostome. En revanche, le lemme 48 (Les

prêtres n’ont pas dit : « Où est le Seigneur ? ») n'est effectivement pas commenté dans la

chaîne. Cela est d'autant plus étonnant que le passage est bien analysé isolément dans la

chaîne à deux auteurs par l'extrait de Jean Chrysostome : « Il parle de ceux qui

accomplissaient les liturgies ». La raison de cette absence pourrait être liée aux ellipses de la

documentation dont disposait le caténiste, car le Commentaire de Jean Chrysostome qu’il

excerptait était entièrement différent de celui qui a été utilisé par le caténiste de la chaîne à

deux auteurs459. L’ellipse de l’analyse du lemme 48 pourrait aussi être le résultat d'un choix

délibéré du caténiste : il laisserait de côté ce passage, peut-être parce que le lemme 49 qui

suit (Ceux qui sont attachés à ma loi ne me connaissaient pas) en est assez proche et que les

extraits qui expliquent "ceux qui sont attachés à ma loi" valent aussi pour "les prêtres".

La succession des extraits patristiques est par ailleurs irrégulière, parce que certains

lemmes bibliques sont beaucoup plus commentés que d’autres, ce qui introduit un

déséquilibre important dans la répartition des extraits par rapport au texte biblique.

Il y a, en outre, plusieurs cas d'incohérence dans l’ordre logique des extraits, comme

en témoigne l’exemple de l'extrait 10b de Victor :

iiii Bivktoro" presbutevrouBivktoro" presbutevrouBivktoro" presbutevrouBivktoro" presbutevrou: tou'to oujk a]n ei\pen eij ejk mhvtra" ejtetuchvkei th'" cavrito"

oujd' j a]n ejdei'to nu'n Qeou' prosaptomevnou tou' stovmato" aujtou' h[dh touvtou tucw;n

kai; qeiva" gnwvsew" plhrwqei;" kai; lovgwn profhtikw'n: tou'to ga;r to; Qeo;n a{yasqai

stovmato". JW" ejpignou;" de; prosdialegovmenon oJ profhvth" ajpo; th'" kuriwtevra"

aujto;n ojnomavzei proshgoriva".

Le prêtre Victor : Il n’aurait pas dit cela s’il avait obtenu la grâce dès la matrice et il n’aurait

maintenant pas besoin que Dieu lui touche la bouche s’il avait déjà reçu ceci et s’il avait déjà

été rempli de la connaissance divine et des paroles prophétiques ; car c'est ce que désigne le

fait que Dieu lui touche la bouche. Et le prophète, lorsqu’il a reconnu pour ainsi dire celui qui

lui adresse la parole, le nomme à l'aide d'une désignation plus appropriée.

Cet extrait commente d’abord le lemme 14 (Et le Seigneur étendit sa main vers moi et

toucha ma bouche. Et le Seigneur me dit : « Voilà, j’ai donné mes paroles à ta bouche), puis 459 Cf. supra, chap. 1, pp. 111-120.

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le lemme 9 (prophète pour une nation, je t’ai institué ». Et j’ai dit : « Toi qui es, Maître et

Seigneur) et cela, alors qu’il est relié au lemme 10 (voilà, je ne sais pas parler, car je suis

trop jeune), et situé entre deux extraits qui commentent clairement, le premier, le lemme 10

et le deuxième, le lemme 11 (Et le Seigneur me dit : « Ne dis pas : « Je suis trop jeune »). Il

est difficile d'interpréter ces problèmes d'agencement des extraits entre eux : si leur ordre a

pu être perturbé au cours de la transmission du texte, il ne faut pas négliger l'aveu du

caténiste, dans son prologue général à la chaîne, selon lequel les scholies ne sont reliées

qu'approximativement au texte biblique, de telle sorte qu'il faut lire deux ou trois lemmes à

la suite, puis les commentaires qui leur correspondent pour avoir une vue d'ensemble du

texte et de son interprétation.

On trouve aussi de nombreuses redites qui viennent perturber l’enchaînement logique

des commentaires, en tout cas la progression de l'exégèse à laquelle on aurait pu s'attendre.

Il est difficile de savoir, en lisant la chaîne, s'il s'agit d'un effet d'accumulation non désiré et

d’une maladresse, ou d'un effet voulu d'insistance. Si l'effet est voulu par le caténiste, on

parlera plutôt d'échos que de redites. Mais force est de constater que, s'ils créent une

cohérence au sein des extraits patristiques et permettent de produire des effets d'insistance,

ils donnent aussi l'impression que l'exégèse piétine, comme en témoignent les extraits 38a et

38b évoquant la distance qui sépare l’adoration de Dieu de l’adoration des pierres.

Il y a aussi des redites entre des extraits qui ne portent pas sur le même lemme :

l'extrait 7d de Didyme (« Ce n’est pas la prescience de Dieu qui a rendu Jérémie saint, mais

puisqu’il est Dieu, il a su par avance ce qui allait arriver ») et la fin de l'extrait anonyme 8c

(« … et ce n’est pas la prescience qui a suscité la consécration ou la méchanceté, mais c’est

ce qu’ils allaient faire qui a suscité la prescience »). De même, le retour de la citation de Gal

1, 15 en 7b à propos du terme plavsai du lemme 7, en 8c concernant l’expression ejxelqei'n

ejk mhvtra" du lemme 8 et en 9b au sujet du terme e[qno" du lemme 9, crée un léger effet de

répétition, tout en soulignant la proximité entre l'apôtre Paul et le prophète Jérémie. Il faut

insister à nouveau sur la perplexité du lecteur face au texte de la chaîne : certaines redites

créent un effet de cohérence (ajkolouqiva), mais le problème est que cette cohérence n'est pas

systématique. Il est ainsi difficile de savoir si elle est délibérément voulue par le caténiste ou

si elle est le résultat du hasard de la succession des extraits patristiques.

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196

Il existe, en outre, des cas de doublets, c'est-à-dire deux extraits presque identiques

attribués à deux auteurs différents : les extraits 14a et 14b de Jean Chrysostome et

Théodoret, les extraits 17c et 18 de Jean Chrysostome et l’extrait 19d de Théodoret, les

extraits 102 et 103a des mêmes auteurs, les extraits 129a et 130a de Jean Chrysostome et

l’extrait 130c de Théodoret.

L'existence de doublets est un problème de taille, comme l'explique G. Dorival dans

ses "questions de méthode pour écrire l'histoire des chaînes"460. Puisqu'ils n'offrent pas

strictement le même texte, il est difficile de justifier le phénomène par une dittographie du

caténiste ou du copiste. Les deux extraits apparaissent sous le nom d'auteurs différents et

présentent des variantes, à la fois parce que l'un d'entre eux est plus littéral ou plus récrit que

l'autre, et parce qu'il y a un découpage différent du commentaire-source, de telle sorte que

seule une partie est commune aux deux extraits. Cela pourrait constituer une indication que

la chaîne à auteurs multiples est une chaîne secondaire, déjà fabriquée à partir de deux

sources.

Cependant, il pourrait s’agir aussi d’un problème d’attribution de l'extrait dont le

caténiste aurait conscience et qu’il nous livrerait à l’état brut, en donnant un texte presque

identique sous deux attributions différentes.

Enfin, on ne peut laisser de côté l’hypothèse que ces doublets ne font que refléter

l’influence de Jean Chrysotome sur Théodoret de Cyr, cette influence se laissant voir parfois

dans des reprises presque littérales par Théodoret de l’œuvre de son prédécesseur. En effet,

Théodoret se situe au terme d’une longue tradition exégétique dont il revendique et recueille

l’héritage pour le transmettre, enrichi de ses propres réflexions. Si rien ne prouve que

Théodoret a été le disciple de Jean Chrysostome, il a presque certainement lu divers traités

d’exégèse de celui-ci et l’appelle son « maître » sans doute au sens où il a été pour lui une

lecture formatrice et enrichissante461.

460 G. Dorival, Les chaînes exégétiques grecques sur les Psaumes, t. I, Louvain 1986, p. 18. 461 Sur la place de Théodoret dans l’histoire de l’exégèse, cf. J.-N. Guinot, L’exégèse de Théodoret de Cyr, Paris 1995, pp. 71-76.

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197

Il est nécessaire de dresser un tableau récapitulatif de ces cas de doublets. La première

colonne présente les extraits de Jean Chrysostome et la deuxième colonne les extraits de

Théodoret qui sont concernés. Les passages qu’ils ont en commun sont soulignés dans l’une

et l’autre colonne.

extraits attribués à Jean Chrysostome extraits attribués à Théodoret de Cyr idididid Tou' aJgivou jIwavnnou: Tou' aJgivou jIwavnnou: Tou' aJgivou jIwavnnou: Tou' aJgivou jIwavnnou: Tauvth" th'" aijsqhth'" eijkovno" ejdei'to oJ profhvth" ejpei; kai; oJ Cristo;" tou'to ejpoivei: « ejnefuvshsen aujtoi'" ». Kaivtoi oujk ejdei'to tou' ejmfushvmato" ajll j uJpe;r plhroforiva" aiJ swmatikai; givnontai eijkovne"

idididid Qeodwrhvtou: Qeodwrhvtou: Qeodwrhvtou: Qeodwrhvtou: Aijsqhth'" eijkovno" oJ profhvth" ejdei'to ejpei; kai; oJ Cristo;" ejnefuvshse toi'" ajpostovloi", ou{tw kai; tw'/ jIezekih;l kefali;" ejdovqh biblivou, ou{tw kai; oiJ ajpovstoloi glwvtta" oJrw'si purivna". Ta; ga;r ajswvmata diav tino" eijkovno" e[dei faivnesqai swmatikh'": swvmati ga;r ejntrafei'sa yuch; pro;" th;n tw'n nohtw'n ajsqenei' katanovhsin

iziziziz Tou' aujtou'Tou' aujtou'Tou' aujtou'Tou' aujtou': Tau'ta ejk dialeivmmato" o{tan ei[ph/: Kai; ejgevneto lovgo" Kurivou prov" me levgwn: ouj ga;r ejfexh'" ajll j ejdivdou sunidei'n ta; legovmena. ihihihih Tou' aujtou'Tou' aujtou'Tou' aujtou'Tou' aujtou': To; ga;r xuvlon tou'to sterro;n kai; baru; kai; plhktikovn: tivno" e{neken tau'ta e[blepon o{ti ta; pravgmata kai; aiJ o[yei" ejnergevsterai h\san, kai; ma'llon e[plhtton to;n ajkroathvn: hJ ga;r rJavbdo" plhgh'" ejsti suvmbolon.

iqiqiqiq Qeodwrhvtou KuvrouQeodwrhvtou KuvrouQeodwrhvtou KuvrouQeodwrhvtou Kuvrou: Tou'to toivnun eij" profhteivan doqevnto" pneuvmato" lalou'nto": Qeo;" lalei' givnontai de; kai; ejk dialeimmavtwn oiJ lovgoi oujk ejfexh'": ejnedivdou ga;r tw'/ profhvth/ oJ Qeo;" sunidei'n ta; lalouvmena. Ei\den ou\n rJavbdon karui?nhn kai; tivno" cavrin eJwvrwn ta;" toiau'ta" eijkovna" … o{ti tw'n pragmavtwn hJ o[yi" tw'n lovgwn ejnargestevra kai; ma'llon aJptomevnh" yuch'".

gggg Tou' aJgivou jIwavnnou ejpiskovpou Tou' aJgivou jIwavnnou ejpiskovpou Tou' aJgivou jIwavnnou ejpiskovpou Tou' aJgivou jIwavnnou ejpiskovpou KwnstantinoupovleKwnstantinoupovleKwnstantinoupovleKwnstantinoupovlew": w": w": w": Tou;" profhvta": ajll j oujk e[dei ta; paidiva ajlla; tou;" ajpatw'nta" kai; tou'to ejpoivhse, fhsiv, kai; oujc aJplw'" oujde; koinw'/ qanavtw/ i{na mhv ti" th'/ fuvsei tou'to logivshtai, ajll j i{na mavqwsin o{ti ajpo; Qeou' gevgonen hJ ojrghv.

bbbb QeodQeodQeodQeodwrhvtou: wrhvtou: wrhvtou: wrhvtou: jEgw; dev, fhsivn, oujde; tou;" aJmartavnonta" ajnei'lon, ajlla; tou;" pai'da", w{ste mh; tw/' qanavtw/ th;n wjfevleian th'" metanoiva" proanelei'n kai; duvo gevgonen kai; hJ plhgh; caleph; kai; hJ diovrqwsi" dunathv. jAll j oujk e[dei ta; paidiva ajlla; tou;" ajpatw'nta" kai; tou'to fhsivn: jEpoivhsa ouj koinw/' qanavtw/ i{na mhv ti" tou'to th/' fuvsei logivshtai ajll j ojrgh; Qeou' wJ" levwn ojleqreuouvsh, uJmei'" de; oujde; mevcri fovbou paideuvesqe.

kqkqkqkq Tou' aujtou': Tou' aujtou': Tou' aujtou': Tou' aujtou': Ou|to" eujdovkimo" h\n, ou|to" eujsebhv". Oujc aJplw'" oJ crovno" prostivqetai, ajlla; mei'zon e[gklhma toi'" jIoudaivoi" o{ti oujde; a[rconta e[conte" ejpimelouvmenon aujtw'n beltivou" ejgevnonto. jEntugcavnei tw'/ profhvth/ oJ Qeov", ejpei; kai; hJmei'" douvloi" ejntugcavnomen, o{tan par jaujtw'n ejrwmevnwn katafronwvmeqa. llll Tou' aJgivou jIwavnnou: Tou' aJgivou jIwavnnou: Tou' aJgivou jIwavnnou: Tou' aJgivou jIwavnnou: Kai; mh;n ajpaqe;" to; qei'on, ajll j o{mw" wJ" uJbrismevno" kai; hjdikhmevno" dialevgetai. JH katoikiva tou' jIsrahvl: oujc ei|", ouj deuvtero", ajlla; pa'n to; plh'qo". Kai; mh;n ou|to" oujk Jei\den j : ejkei'na ga;r pro; aujtou' h\san, ajlla; tou'tov ejstin ajnti; tou' Je[maqe" j.

llll Qeodwrhvtou: Qeodwrhvtou: Qeodwrhvtou: Qeodwrhvtou: {Ora tou' lovgou to; h\qo" ejpei; kai; douvloi" ejntugcavnomen o{tan uJpo; tw'n poqoumevnwn uJperorwvmeqa. Ei\de" tiv ejpoivhsen moi hJ katoikiva tou' jIsrahvl, oJmou' pavnte", oujc ei|", ouj deuvtero". To; de; ei\de" ejpi; tou' Je[maqe" ,j presbuvtera ga;r tou' profhvtou tw'n dekafulw'n ta; paqhvmata peri jw|n oJ lovgo" aujtw'/. Tauvta" ga;r ajpo; JRoboa;m tou' Solomw'no" uiJou' ajpevsthse jIeroboa;m kai; pro;" eijdwlolatreivan ejxevklinen aujtov" te kai; oiJ met j aujto;n basilei'" kai; di j uJperbavllousan ajsevbeian aijcmavlwtoi prw'toi gegovnasin: di ja}" ou\n ei{lwsan aijtiva" didavskei, oujde;n ga;r ejpevstreyen aujtav", ouj profhtw'n lovgoi, oujc oJ movnwn ejqnw'n e[fodo", ouj meriko;" uJpo; tw'n jAssurivwn ajpoikismov".

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198

Autant il est parfois possible de parler d'un enchaînement des extraits patristiques au

sens propre lorsque ceux-ci portent sur le même lemme, autant il est difficile de voir autre

chose qu'une juxtaposition quand les extraits ne portent pas sur le même lemme. Le début de

la chaîne se présente en effet davantage comme une juxtaposition que comme un

enchaînement :

aaaa Tou' aJgivou jIwavnnou ajrciepiskovpou KwnstantinoupTou' aJgivou jIwavnnou ajrciepiskovpou KwnstantinoupTou' aJgivou jIwavnnou ajrciepiskovpou KwnstantinoupTou' aJgivou jIwavnnou ajrciepiskovpou Kwnstantinoupovlew" tou' Crusostovmou:ovlew" tou' Crusostovmou:ovlew" tou' Crusostovmou:ovlew" tou' Crusostovmou:

To; me;n o[noma jIeremiva", wJ" kai; hJ bivblo" fhsiv, th;n de; fulh;n leui?th", th;n de;

patrivda ajnaqwqivth", th;n de; cwvran ejn Beniami'n katwv/kei.

bbbb jOlumpiodwvrou diakovnoujOlumpiodwvrou diakovnoujOlumpiodwvrou diakovnoujOlumpiodwvrou diakovnou: jEk tou' iJeratikou' gevnou".

gggg Tou' aujtou'Tou' aujtou'Tou' aujtou'Tou' aujtou': jApo; pevnte milivwn jIerousalh;m hJ jAnaqwvq.

dddd Tou' aJgiwtavtou jIwavnnouTou' aJgiwtavtou jIwavnnouTou' aJgiwtavtou jIwavnnouTou' aJgiwtavtou jIwavnnou: Tou' dikaivou kai; qaumastou': ejpei; kai; a[lloi

ejkei'qen th;n ajrch;n e[labon: ejpi; dikaivwn ta;" profhteiva" aujtw/' ejpoiou'nto.

eeee Tou' aujtou'Tou' aujtou'Tou' aujtou'Tou' aujtou': {Ora: kai; proeidw;" oJ Qeo;" mhde;n wjfeloumevnou" aujtou;" tou;"

profhvta" e[pempen. Ouj mikro;n ga;r ejk touvtou karpouvmeqa: i{na ga;r mh; levgoi ti":

« kai; tiv to; w[felo" … », wJsanei; kai; ijatrw'/ proeidovti to;n qavnaton tou' ajnqrwvpou

mevmfoitov ti" paramevnonti mevcri" ejscavth" ajnapnoh'": ouj ga;r ejnevlipen pavnta

parainw'n kai; sumbouleuvwn. jAlla; tivno" e{neken ejpi; tou' dikaivou kai; eujsebou'"

tau'ta e[pascon … o{ti th'" aJmartiva" ejtivnnuon divkhn tw'n Manassh'/ pepragmevnwn ejn

tessaravkonta e[tesin.

²²²² TouTouTouTou' aujtou'' aujtou'' aujtou'' aujtou': JRh'si" de; kai; lovgo" kai; o{rasi" kai; lh'mma taujtovn ejstin:

rJh'ma de; ejgevneto ouj dia; fwnh'" ajll jo{ti safevsteron levgousa o{rasi" wJ" oJravmato"

gegonovto".

1 Saint Jean archevêque de Constantinople, le Chrysostome : Son nom était

Jérémie comme le dit aussi le livre, il était de la tribu de Lévi, sa patrie était Anathoth, et pour

la terre, il habitait celle de Benjamin.

2 Le diacre Olympiodore : De famille sacerdotale.

3 Le même : Anathoth est située à cinq milles de Jérusalem.

4 Le très saint Jean : < Aux jours > du juste et admirable <Jôsias> car d'autres aussi

ont reçu le pouvoir à partir de là ; ils faisaient pour lui leurs prophéties sous des < rois >

justes.

5 Le même : Regarde : alors même qu’il prévoyait qu’ils n'étaient utiles en rien, Dieu

continuait à envoyer les prophètes. Ce n’est pas un petit fruit que nous pouvons cueillir de

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199

cela. En effet, c'est afin qu'on ne dise pas : « et à quoi cela sert-il ? », comme quelqu’un qui

blâmerait un médecin, alors même qu’il prévoit la mort d’un homme, de rester auprès de lui

jusqu’à son dernier souffle ; en effet il n’a pas cessé de donner toutes sortes d'encouragements

et de conseils. Mais pourquoi ont-ils subi ces épreuves sous un roi juste et pieux ? Parce qu’ils

ont été punis pour le péché de ce que Manassé a fait pendant quarante ans.

6 Le même : Propos, parole, vision et oracle sont une seule et même chose. Un propos

est advenu non par une voix, mais parce qu'il y a eu une vision qui parle plus clairement,

comme si un spectacle s'était produit.

Si l’on veut désigner par le terme "chaîne" la succession des scholies patristiques, il

faut introduire des nuances : il peut y avoir un enchaînement des extraits sur un lemme

donné, mais il faut plutôt parler de juxtaposition pour des extraits qui ne portent pas sur le

même lemme, puisque, la plupart du temps, il n'existe entre eux aucun lien.

Ainsi, dans la chaîne à auteurs multiples, le texte biblique peut être lu dans sa

continuité, tandis que les extraits patristiques n’ont de sens que si l’on fait référence au texte

biblique, comme en témoigne l'exemple de l'extrait 2 : la brève explication d’Olympiodore

au génitif : « de famille sacerdotale » ne prend son sens que si l’on vient de lire le lemme 2

(l’un des prêtres qui habitait). De la même manière, les nombreux « c’est-à-dire » placés en

début d'extraits ne s'expliquent que si l'on se réfère au texte biblique correspondant.

Le terme d'enchaînement pour la succession des scholies patristiques n'est donc justifié

que lorsqu'elles portent sur un même lemme biblique. On peut en effet sur ce lemme lire les

différents extraits des Pères à la suite. Mais ce mode de lecture ne convient qu'à la moitié

des cas : il y a bien deux réalités de composition et de lecture distinctes, selon qu'il s'agit

d'un même lemme ou de lemmes différents.

Il me semble, par conséquent, que l'on peut remettre en cause le bien-fondé d'une

chaîne autonome, constituée par les extraits patristiques mis bout à bout. C’est une chaîne

simplement dans la disposition, dans la forme, et non pour le fond. Il apparaît, par

conséquent, qu’une chaîne dont il ne reste que les scholies patristiques et dont le texte

biblique est absent, comme dans certains manuscrits plus tardifs, est incomplète.

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Si, au sein du florilège des extraits patristiques, on enchaîne toutes les scholies d’un

auteur donné, on trouve un autre niveau de cohérence, car il y a des échos entre les

différents passages attribués à un même auteur, dans la méthode comme dans les idées ou

les mots. Les extraits de Jean Chrysostome forment une chaîne dont les maillons sont liés

les uns aux autres par des échos, des idées semblables, des images similaires, telle la

métaphore filée du médecin dans les extraits 5, 24, 27 et 43. Les extraits qui lui sont

attribués explicitent souvent le sens littéral grâce à l’expression toutevstin (cf. extrait 108,

etc.) et mettent en valeur l’énonciation (« ce sont les mots de » cf. extraits 37a, 61a, 66, 83a,

85a, etc.). Chaque Père a ainsi sa spécialité : Victor d’Antioche introduit des échos au texte

de Jérémie à partir de l’Ancien et du Nouveau Testament et prête une grande attention aux

témoignages des réviseurs (cf. extraits 83b, 85b, 95, etc.) ; Olympiodore s’attache souvent,

quand il y a des images, à distinguer les différents sens, littéral et spirituel (cf. extraits 22,

23, 28, 64c, 69a, etc.) : il affectionne les doubles interprétations, qu'il s'agisse

d'interprétations du même ordre (cf. extraits 131b et 151b), d'une interprétation littérale puis

allégorique (cf. extraits 119 et 158) ou d'une interprétation allégorique puis typologique (cf.

extrait 139b) ; Théodoret explique l’attitude du locuteur, caractérise le ton du discours

(modération, menace, etc.), procède à des explications stylistiques (hyperbole signalée à

deux reprises) souvent avec l’appui d’une citation, même si elle ne semble pas essentielle à

la compréhension (cf. extraits 9b, 31, 32c, 35b, 52b, 59b, 75b, 102, 123b, etc.). Notre

connaissance de la tradition directe de ces auteurs, le plus souvent inexistante ou lacunaire,

ne nous permet pas de savoir si le profil des extraits sélectionnés est dû au choix du

caténiste ou s’il est inhérent à l’œuvre d’origine. Ce qui est sûr du moins, c’est que le profil

des extraits d’un même auteur apparaît assez nettement à la lecture de la chaîne : le caténiste

en était donc conscient et devait accepter cette image qu’il donnait des différents Pères

représentés.

Comme il ne s’agit que d’extraits, ces chaînes d'auteurs restent très lacunaires et elles

sont interrompues du fait des sélections opérées par le caténiste, visibles par exemple, dans

l'expression « Et peu après » (kai; met j ojlivga) de l'extrait 7b. Cette discontinuité peut

aussi être perçue dans la manière très abrupte avec laquelle le caténiste passe du

commentaire de la fin du lemme 13 à celui du début du lemme 13 dans un même extrait

attribué à Jean Chrysostome. On remarque d'ailleurs que l'ordre dans lequel le caténiste a

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présenté les deux commentaires ne suit pas l'ordre du verset de l'Écriture correspondant. Je

signale le lieu du passage abrupt par une double barre :

igigigig Tou' aujtou'Tou' aujtou'Tou' aujtou'Tou' aujtou': Oujk a[ra tou'to deivknusi to; ei\nai meq j hJmw'n to;n Qeo;n to;

ejxairei'sqai hJma'" aujtovn: eij ga;r tou'to h\n, oujk a]n prosevqhken w{ste, kai; mh;

ejxairouvmeno", meq j hJmw'n ejstin, ejpei; kai; meta; tw'n martuvrwn ejsti;n oujk

ejxairouvmeno" aujtou;" kai; meta; tw'n dikaivwn ejsti; sugcwrw'n aujtoi'" ajqlei'n kai;

meta; tou' jIw;b h\n o{te aujto;n oJ diavbolo" ejpolevmei, ajll j oujk ajpo; tou' e[somai meta;

sou' ajlla; tou' ejxairei'sqaiv se e[cei" o{plon a[macon kai; ajkatagwvniston summacivan. ||

Mh; fobhqh'/": tiv" ga;r ejpi; th'" pevtra" eJstw;" rJanivda devdoiken uJdavtwn … tiv" to;n

basileva e[cwn eJstw'ta meq j eJautou' fobei'tai kai; trevmei …

13 a Le même : Par conséquent, que Dieu soit avec nous ne montre pas qu’il nous

délivre. En effet, si c’était le cas, il ne l’aurait pas ajouté. Ainsi, même quand il ne nous

délivre pas, il est avec nous puisqu'il est aussi avec les martyrs sans les délivrer et avec les

justes en leur permettant de lutter, et il était avec Job quand le diable le combattait. Non, ce

n’est pas avec je serai avec toi, mais avec pour te délivrer que tu as une arme invincible et

une alliance indéfectible.|| Ne crains pas : en effet quel est celui qui, debout sur la pierre,

redoute une goutte d’eau ? Quel est celui qui, ayant le roi debout à ses côtés, craint et

tremble ?

Ainsi, dans la chaîne à deux auteurs, les scholies de Jean Chrysostome et de

Théodoret de Cyr sont plutôt juxtaposées qu'enchaînées, puisqu'il n'y a pas de lien formel

entre elles, même s’il y a implicitement, d’un extrait à l’autre, le fil directeur du texte

biblique commenté. Les redites et insistances créent une certaine cohérence au sein de la

succession des extraits mais empêchent une progression régulière de l'analyse.

Dans la chaîne à auteurs multiples, il y a des éléments formels d'enchaînement dans la

succession des noms d'auteurs ou des mentions de sources, dans les relais d’interprétation

mis en place par le caténiste chez un même auteur ou d’un auteur à l’autre sur un même

lemme biblique, mais il y a aussi des phénomènes qui rendent la succession des extraits

irrégulière : le fait que quelques lemmes soient oubliés et que certains soient plus

commentés que d’autres, les incohérences dans l’ordre logique des extraits, les redites qui

créent un effet d’insistance, mais viennent perturber la progression de l’exégèse. Enfin, pour

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une lecture qui ait un sens, il faut sans cesse revenir au texte biblique entre deux extraits

pour avoir bien en tête le lemme sur lequel porte la scholie patristique que l’on s’apprête à

lire.

C. La chaîne qui lie le texte de l’Écriture aux scholies patristiques

1) Les liens entre texte biblique et extraits patristiques dans la chaîne

à auteurs multiples

Dans la chaîne à auteurs multiples, les liens entre le texte biblique et les scholies

patristiques sont notés par les signes de renvoi d'une numérotation continue par centurie.

Ceux-ci apparaissent avant chaque lemme biblique et avant chaque extrait et permettent

ainsi de voir quelle scholie explique tel passage du texte biblique, et quelle péricope

biblique est concernée par tel extrait. Les scholies sont reliées au texte scripturaire et le texte

scripturaire l’est aux scholies462. Il faut aussi ajouter un niveau de texte supplémentaire dans

la chaîne : les gloses, c'est-à-dire des variantes hexaplaires ou de brèves notes exégétiques,

souvent attribuées à Olympiodore ; elles sont placées non pas dans le bloc des extraits

patristiques, mais dans les marges entre le texte biblique et le commentaire, et signalées par

d’autres signes que ceux de la numérotation (obèle, astérisque, etc.).

Or, l’enchaînement entre le texte biblique et les extraits patristiques n’est pas aussi

régulier qu’on pourrait le croire. En effet, la numérotation des extraits n’est pas toujours

juste ni exhaustive : le premier extrait de Jean Chrysostome, par exemple, porte non

seulement sur le lemme 1, comme l'indique la numérotation, mais aussi sur les lemmes 2 et

3. L'extrait 6, en plus de citer le terme "parole" du lemme 6, reprend le terme "propos" du

lemme 1 et annonce le terme "vision" du lemme 18. On a déjà vu le problème de l'extrait

10b de Victor qui commente en fait le lemme 14 puis le lemme 9463.

En outre, il est parfois extrêmement difficile de comprendre sur quoi porte précisément

le commentaire : lorsqu’il porte sur un lemme entier, cela va de soi, mais lorsqu’il porte sur

462 Cf. supra, chap. 2, pp. 169-171. 463 Cf. supra, pp. 194-195.

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un terme plus précis, une expression particulière du lemme, soit celle-ci est répétée dans le

commentaire ce qui facilite la tâche du lecteur, comme en 13a (cité supra) où l'expression

biblique « ne crains pas » est rappelée dans la deuxième partie du commentaire, soit elle

n’est pas reprise et il faut alors mettre en évidence le lien qui reste implicite. L'extrait 5 (cité

supra), par exemple, relié au lemme 5 (jusqu’à la captivité de Jérusalem, au cinquième

mois), commente en fait précisément le terme aijcmalwsiva "captivité". C'est l'évocation de

la captivité qui donne lieu à ce développement. Le lecteur de la chaîne est alors face à ce qui

ressemble à l'apparat négatif d'une édition, où la leçon retenue n’est pas rappelée avant les

variantes, de telle sorte qu’il faut relire attentivement le texte édité pour faire correspondre

au bon élément la variante des manuscrits. La définition que J.-M. Auwers donne d’une

chaîne – "une édition du texte biblique"– paraît alors d'autant plus pertinente464, puisque les

extraits patristiques se présentent en quelque sorte comme un apparat critique du texte

biblique.

Confronté à ces difficultés liées au mode de lecture de la chaîne, le lecteur

contemporain doit se reporter au prologue du caténiste, véritable viatique pour la lecture, et

chercher à comprendre les conseils qu'il lui donne, afin de mieux saisir le fonctionnement de

la chaîne465 :

[…] D'autre part, j’ai pensé qu’il était nécessaire d'ajouter encore à ce préambule la

considération suivante afin que ce soit évident et clair pour les lecteurs. Qu’ils sachent en

effet que non seulement les interprètes de l’Écriture inspirée par Dieu ont proposé des

réflexions diverses sur elle, mais encore qu'ils n’ont pas divisé de la même manière les

propres passages de la même Écriture divine et ont ajouté leur interprétation de la manière

suivante : ils ont pratiqué leur exégèse, l’un en présentant plus de stiques, l’autre en en

présentant moins, et de ce fait, les chiffres placés devant les sections paraissent arrêter les

lecteurs du texte sacré dans leur progression. Il faut donc lire une première, une deuxième et

une troisième section du texte sacré de la Sainte Écriture, et alors les interprétations présentes,

afin que les réflexions puissent permettre une bonne vue d'ensemble aux lecteurs.

464 Cf. supra, chap. 1, pp. 17-18. 465 Pour le texte grec, cf. t. II, édition de la chaîne intégrale à auteurs multiples, pp. 1-2.

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Par cet avertissement, le caténiste semble reconnaître l’approximation de la division du

texte biblique et sa complexité, puisqu’il conseille de lire trois lemmes bibliques puis les

interprétations correspondantes. Cependant, on a vu que certains extraits n’avaient de sens

que si on les lisait immédiatement après avoir lu le lemme biblique, puisqu’ils en font

l’ellipse et sont pourtant intimement liés à un terme précis du texte sacré. Le caténiste a en

tout cas conscience de la difficulté de son entreprise et de l’utilisation qu’il faut en faire. Le

prologue se fait l’écho d’une sorte de malaise technique de l’auteur, malaise lié aux

flottements inévitables dans le système de correspondance mis en place.

À part ce flottement originel, d’autres flottements se sont peut-être ajoutés, liés cette

fois-ci à des problèmes de transmission du texte. Dans certains cas, il est possible que les

copistes aient mal reproduit la numérotation de la chaîne originale, de la même manière que

certains copistes ont mal reporté les signes critiques dans les témoins de la recension

hexaplaire et qu’il y a par conséquent une hésitation dans la tradition manuscrite de la

Septante sur la nature et sur la place des métobèles, obèles et astérisques. Cette difficulté est

commune à de nombreux autres manuscrits de l’Antiquité : les copistes ont en effet souvent

omis la mention des provswpa dans les manuscrits des pièces de théâtre ou des dialogues

platoniciens. Cependant, comme il y a unanimité des manuscrits de la chaîne sur les points

litigieux de la numérotation, il est difficile d’incriminer les copistes.

Enfin, un dernier problème est posé par les discordances entre le texte biblique copié

par le caténiste et le texte biblique cité ou sous-entendu par les extraits patristiques. On peut

proposer quelques exemples : le singulier e[qno" du texte biblique de la chaîne (lemme 9 =

Jr 1, 5) contraste avec le pluriel e[qnh sous-entendu dans les extraits patristiques

correspondants, c’est-à-dire les extraits 9a et 9b attribués à Jean Chrysostome et Théodoret,

le pluriel étant la leçon adoptée par le texte critique de J. Ziegler et celle de la majorité des

manuscrits. Un deuxième exemple apparaît dans l'extrait 137 (sur Jr 3, 13) attribué à Jean

Chrysostome qui cite le terme ejxevcea" pour dievcea" dans le texte biblique de la chaîne.

On trouve de même, dans l'extrait 200b attribué à Victor d'Antioche, les termes nevfh et

dialogismoiv au lieu de nefevlh et logismoiv dans le texte biblique de la chaîne (Jr 4, 13).

Ces discordances entre le texte biblique présenté au cœur de la chaîne et le texte biblique

cité ou commenté par les Pères contribuent à prouver que le texte biblique est emprunté à un

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manuscrit biblique et non aux commentaires qu’a excerptés le caténiste, contrairement à ce

qui s'est passé pour la chaîne à deux auteurs.

2) Les liens entre texte biblique et extraits patristiques dans la chaîne

à deux auteurs

Dans la chaîne à deux auteurs, comme je l'ai montré, il est difficile de parler d'une

continuité du texte biblique, parce qu'il est très lacunaire et sans cesse interrompu, ainsi que

d'un enchaînement des extraits patristiques, puisqu'ils ne présentent presque aucun lien entre

eux. Qu'en est-il de l’enchaînement entre le texte biblique et les extraits patristiques ? Il y a,

au premier abord, dans la chaîne à deux auteurs, un seul enchaînement qui suit l’ordre de la

copie et qui est une alternance régulière entre le texte biblique, les scholies de Jean

Chrysostome et celles de Théodoret.

Cette alternance régulière est pourtant interrompue par l’absence de l’un ou l’autre des

commentateurs sur un lemme donné. Théodoret est absent sur Jr 1, 3 ; 1, 11 ; 2, 2bis ; 2, 7 ;

2, 8a ; 2, 23 ; 2, 25a et b ; 2, 32 et Jean Chrysostome l'est sur Jr 1, 6 ; 2, 8b ; 2, 13 ; 2, 17 ;

2, 19 ; 2, 20 ; 2, 27 ; 2, 29-30.

Parfois aussi, entre deux lemmes bibliques, on ne trouve qu’une transition de

Théodoret, dont le nom n’est d'ailleurs pas précisé, comme entre Jr 1, 15 et 1, 16, entre

2, 28a et 2, 28b et entre 2, 28b et 2, 29. Il est difficile de décider, dans certains cas, lorsque

la signalisation manque dans la marge, s'il y a une transition de Théodoret entre deux

lemmes bibliques ou une insertion de deux lemmes dans le commentaire de Théodoret ;

dans l’exemple suivant, s'agit-il d'une transition de Théodoret entre les différents éléments

de 2, 35-36 ou bien de l'insertion des deux parties de 2, 35-36 dans le commentaire de

Théodoret ?

Ou| dh; cavrin ejphvgagen: ijdou; ejgw; krivnomai pro;" se; ejn tw'/ se levgein: « oujc

h{marton ». Kai; ouj levgei: « krinw' se », ajlla; « krivnomai pro;" sev », ajnti; tou':

« dikavzomaiv soi kai; ejlevgcw se yeudomevnhn kai; ajnaidw'" ajrnoumevnhn ». {Oti

katefrovnhsa" sfovdra tou' deuterw'sai ta;" oJdouv" sou, toutevstin: ejpevmeine" toi'"

kakoi'" kai; meta; to;n e[legcon tw'n profhtw'n.

Page 206: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

206

Voilà donc pourquoi il ajoute : Voilà, moi j'entre en jugement contre toi quand tu dis : « je

n’ai pas péché » (Jr 2, 35b). Et il ne dit pas : je te jugerai, mais j'entre en jugement contre toi

pour « je te fais un procès et t'accuse, parce que tu mens et que tu nies avec impudence ». Car

tu as à ce point dédaigné de revenir sur tes chemins (Jr 2, 36), c’est-à-dire : tu en es resté aux

malheurs, même après l'accusation des prophètes.

La fusion entre le texte biblique et l'extrait de Théodoret est telle qu’elle confirme

l’hypothèse selon laquelle le caténiste aurait emprunté à la fois le texte biblique et des

extraits exégétiques à ses commentaires-sources.

Dans certains passages, l’alternance présente une irrégularité : on a dans trois cas (sur

Jr 2, 21 ; 2, 23 et 2, 24) un troisième extrait, attribué à Jean Chrysostome et comparant le

grec à l' hébreu, qui vient s'ajouter à l'alternance habituelle. J’analyserai en détail cette

"anomalie" dans la succession des lemmes bibliques et des extraits lorsque j’examinerai les

rapports entre les scholies attribuées à Jean Chrysostome et le Commentaire sur Jérémie de

cet auteur, conservé en tradition directe466.

Parfois, l'annonce que fait Théodoret du lemme qui va suivre est tellement détaillée

que le caténiste ne le citera pas sur le lemme en question, mais se contentera de citer l'extrait

de Jean Chrysostome : c'est le cas de Jr 2, 32.

L'enchaînement des trois textes (texte biblique et scholies des deux auteurs) est mis en

valeur par le phénomène suivant : les scholies de Jean Chrysostome, qui suivent toujours le

texte biblique, commencent souvent par un lien fort, par exemple un démonstratif dans les

extraits sur Jr 1, 1 ; 1, 2 ; 1, 3 et 1, 4-5, puis les très fréquents toutevstin, ajnti; tou', i{na

ei[ph/, qui lient les explications au lemme biblique qui précède. À l'inverse, les extraits de

Théodoret se terminent fréquemment par une annonce du lemme qui va suivre. J’en

donnerai un exemple par chapitre :

Levgei de; kai; to;n crovnon th'" profhteiva":

2 jEgevneto lovgo" Qeou' pro;" aujto;n ejn tai'" hJmevrai" jIwsivou uiJou' jAmw'" basilevw"

jIouvda e[tou" triskaidekavtou ejn th/' basileiva/ aujtou'.

Et il dit aussi l'époque de la prophétie :

466 Cf. infra, pp. 272-275.

Page 207: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

207

2Une parole de Dieu lui advint aux jours de Jôsias, fils d’Amôs, roi de Juda, la treizième

année de son règne (Jr 1, 2).

Meta; tau'ta keleuvetai eijpei'n toi'" oijkou'sin th;n jIerousalhvm:

2Tavde levgei Kuvrio": ejmnhvsqhn ejlevou" neovthtov" sou kai; ajgavph" teleiwvsewv" sou.

Après cela, Il ordonne de dire aux habitants de Jérusalem :

2Voici ce que dit le Seigneur : « je me suis souvenu de ma pitié pour ta jeunesse et de mon

amour pour ta perfection. » (Jr 2, 2).

jEnteu'qen au[xei th'" jIouvda fulh'" th;n kathgorivan:

kai; ei\de th;n ajqesivan aujth'" hJ ajsuvnqeto" jIouvda hJ ajdelfh; aujth'":

À partir d’ici, il aggrave l’accusation contre la tribu de Juda :

Et son infidélité, l’infidèle Juda, sa sœur, l’a vue, etc. (Jr 3, 7b-8).

jEnteu'qen ajpo; tou' jIsrah;l ejpi; to;n jIouvdan metafevrei to;n lovgon kaiv fhsi:

3 Newvsate eJautoi'" newvmata kai; mh; speivrhte ejp j ajkavnqai".

À partir d’ici, il passe dans son discours d’Israël à Juda et dit :

3Défrichez vos friches et ne semez pas sur des épines. (Jr 4, 3).

Le schéma prédominant est donc le suivant : lemme biblique => lien-Jean

Chrysostome => Théodoret-lien => lemme biblique.

Il faut toutefois signaler quelques incohérences :

Quand les extraits de Théodoret commencent par un lien du même type que ceux que

l'on trouve au début de la majorité des scholies de Jean Chrysostome (par exemple pour Jr

2, 3), l'effet créé surprend un peu, car l'extrait de Théodoret ne suit pas immédiatement le

lemme biblique et le lien n'est donc plus très clair, tout en restant compréhensible :

3 {Agio" jIsrah;l tw'/ Kurivw/.

jIwavnnou:jIwavnnou:jIwavnnou:jIwavnnou:

Toutevstin: ajfwrismevno" tw'/ Qew'/: ou{tw ga;r levgei kai; oJ Mwsh'": « {Ote diemevrizen

oJ {Uyisto" e[qnh ou}" dievspeiren uiJou;" jAda;m e[sthsen o{ria ejqnw'n kata; ajriqmo;n

ajggevlwn Qeou' kai; ejgenhvqh meri;" Kurivou lao;" aujtou' jIakwvb. »

Page 208: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

208

Qeodwrhvtou:Qeodwrhvtou:Qeodwrhvtou:Qeodwrhvtou:

jAnti; tou': a[nwqevn se tw'n a[llwn ejqnw'n proevkrina kai; ejmo;" lao;" ejcrhmavtisa":

ou{tw kai; oJ makavrio" e[fh Mwu>sh'": « Kai; ejgenhvqh meri;" Kurivou lao;" aujtou' jIakw;b

scoivnisma klhronomiva" aujtou' jIsrahvl. »

3Israël est saint pour le Seigneur.

Jean :

C’est-à-dire : délimité pour Dieu. En effet, ainsi parle aussi Moïse : « Lorsque le Très-Haut

partageait les nations qu'il dispersait comme fils d’Adam, il fixa les limites des nations

d’après le nombre des anges de Dieu et la part du Seigneur fut son peuple, Jacob. »

Théodoret :

Pour : dès le commencement je t’ai préféré aux autres nations et tu t'es fait appeler mon

peuple. Ainsi le bienheureux Moïse a-t-il dit : « Et la part du Seigneur fut son peuple, Jacob, la

portion de son héritage, Israël. »

Parfois, l'annonce de Théodoret reste en suspens, parce que le caténiste insère, entre

cette annonce et le lemme qu'elle introduit, un autre lemme biblique commenté par un

extrait de Jean Chrysostome. C'est le cas dans le passage suivant sur Jr 2, 7-8467 :

Théodoret :

[…] En effet, par le Carmel, il suggère l’ensemble de la terre de la promesse ; or même après

en avoir joui, vous n'avez pas reconnu votre bienfaiteur, mais vous avez imité l’abomination

de vos pères. Ensuite, il introduit l’accusation en distinguant chaque ordre :

7Et je vous ai introduits au Carmel pour que vous en mangiez les fruits.

Jean :

À partir du lieu géographique, il évoque la terre de la promesse ; or le Carmel se trouvait avoir

une terre fertile et porter des fruits de qualité.

8Les prêtres n’ont pas dit : « où est le Seigneur ? »

Jean :

Il parle de ceux qui accomplissaient les liturgies.

Et ceux qui sont attachés à ma loi ne me connaissaient pas.

467 Pour le texte grec, cf. t. II, édition de la chaîne à deux auteurs, pp. 17-19.

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209

Jean :

Il parle du grand-prêtre qui servait de guide au peuple.

Théodoret :

Voici le comble de l’impiété : les guides sont devenus les initiateurs de l’erreur et de même ce

sont les scribes et les maîtres qu’il accuse ici d'être, alors qu'ils interprètent la loi, les premiers

à la transgresser.

Et les bergers commettaient l’impiété envers moi.

Ce sont les rois qu’il nomme ainsi.

Et les prophètes prophétisaient par Baal.

Théodoret :

Il appelle prophètes les faux prophètes, de même que, par ailleurs, il appelle dieux ceux qui

n’en sont pas.

La fin du premier extrait de Théodoret annonce le passage sur les prêtres, les scribes,

les rois et les prophètes, ces différents "ordres" que Dieu va accuser les uns après les autres

(Jr 2, 8). Or cette annonce est suivie de Jr 2, 7 et d'un extrait de Jean Chrysostome s'y

rapportant. Cela constitue un retour au Carmel déjà évoqué par Théodoret. L'ajout de

l'extrait de Jean Chrysostome rend par conséquent la fin de celui de Théodoret quelque peu

énigmatique.

Le même phénomène apparaît plus loin pour Jr 2, 14-15468 :

Théodoret :

[…] Telle est la nature des idoles : elles mendient en effet leur substance auprès de la matière

et de l’art, mais la beauté qui est apportée grâce à cela, le temps la détruit. En revanche, le vrai

Dieu est source de vie éternelle. Ensuite, sur le mode interrogatif :

Jean :

14Israël est-il un esclave ? Le méprisais-je comme un esclave ? N’ai-je pas veillé sur lui

comme sur un fils ? Et Jacob est-il un domestique ? Et n’ai-je pas conduit aussi son aïeul dans

l’honneur au point de l'honorer, même après sa mort, de mon souvenir ? C’est-à-dire : « moi,

dès le commencement, je l’ai possédé au rang de fils, mais lui s’est rendu méprisable ; c’est

pourquoi il a même été soumis aux ennemis ». 468 Pour le texte grec, cf. t. II, édition de la chaîne à deux auteurs, pp. 21-22.

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210

15Contre lui rugissaient des lions.

Il parle des Assyriens et des Babyloniens.

Théodoret :

14Israël est-il un esclave ? Et Jacob un domestique ? C’est pourquoi il a été livré au pillage, 15contre lui rugissaient des lions.

Quand, dit-il, il a été libéré de l’esclavage des Égyptiens, tous l’ont connu et quand

précisément il se gouvernait lui-même, il était évident pour tous qu'il jouissait de ma

providence : car tout le monde le voyait bien et s'en apercevait bien. Quelle est alors la cause

de la captivité ? Pourquoi donc a-t-il été soumis aux rois qui marchaient contre lui ? En effet,

par "lions", il nomme les rois : il dit que ceux-ci ont ravagé son pays et incendié les villes. Et

cela, vous ne l’avez pas seulement subi du fait des Assyriens mais aussi du fait des Égyptiens.

Là encore, l'extrait de Jean Chrysostome semble interrompre le déroulement du

Commentaire de Théodoret en s'insérant entre l'annonce du lemme et le lemme lui-même.

L'enchaînement est tout de même moins curieux que celui de l'exemple précédent, parce que

l'extrait de Jean Chrysostome qui suit l'annonce de Théodoret porte sur le même lemme,

d'ailleurs rappelé avant l'interprétation.

Ces passages de la chaîne illustrent la difficulté, pour le caténiste, à agencer

harmonieusement deux commentaires sur Jérémie sans que l'alternance entre les deux

auteurs nuise à la compréhension de tel ou tel extrait et à la continuité de leur commentaire

propre.

On trouve parfois aussi des annonces du lemme qui va suivre dans les scholies de Jean

Chrysostome : quand elles ne sont pas suivies d’un extrait de Théodoret mais directement

du lemme biblique qu'elles annoncent, elles sont tout à fait cohérentes, par exemple pour

l'annonce de Jr 1, 12. En revanche, quand elles sont suivies par un extrait de Théodoret,

elles sont inefficaces et créent un effet surprenant, car on lit, au lieu du lemme biblique

annoncé, un nouveau commentaire sur le lemme qui précède, par exemple pour Jr 1, 13 ou

2, 2469 :

469 Pour le texte grec, cf. t. II, édition de la chaîne à deux auteurs, pp. 13-14.

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211

2Voici ce que dit le Seigneur : « je me suis souvenu de ma pitié pour ta jeunesse et de mon

amour pour ta perfection. »

Jean :

À partir d'ici, c'est le début des paroles du prophète au peuple. En effet, comme il entre en

jugement contre eux, il rappelle sa propre bienfaisance en cherchant à persuader le prophète

que ce n’est pas sans justice qu’il prononce la sanction contre eux. Il dit donc : « dès le

commencement, tu as joui de ma haute protection ». Il appelle en effet "jeunesse" le séjour du

peuple en Égypte, puisque c'est à ce moment-là qu'ils ont été élus par Dieu. Mon amour pour

ta perfection pour : « je t’ai aimé parfaitement en t'accordant toute ma providence » et la

démonstration vient de ce qu'il ajoute :

Théodoret :

Il appelle "jeunesse" le début de la vocation de la Judée. En effet, à ce moment-là, eux

gémirent parce qu’ils étaient misérables en Égypte, et lui eut pitié et les libéra avec l’aide de

son serviteur Moïse. Il met mon amour pour ta perfection par ironie, car jamais les Juifs n’ont

eu un amour parfait pour leur bienfaiteur. Et cela, le chanteur d’hymnes David nous l'enseigne

aussi : « Car ils l’ont aimé dans leur bouche et ils lui ont menti par leur langue. Leur cœur

n’était pas droit envers lui et ils n’ont pas été fidèles à son alliance. »

Lorsque tu as suivi, dit-il, le Saint d’Israël, dit le Seigneur, dans le désert, dans une terre non

semée.

Malgré les apparences, le texte de la chaîne à deux auteurs n'est donc pas parfaitement

continu, puisque la succession des extraits patristiques de Théodoret et de Jean Chrysostome

n'est pas régulière et que certaines transitions sont mal placées. Le caténiste préfère, semble-

t-il, respecter l'enchaînement propre au développement de chacun des auteurs et ne pas

supprimer les transitions, même si elles deviennent inutiles dans la chaîne. Il est soucieux de

l'ajkolouqiva du texte de ses auteurs ; il y a donc deux enchaînements concurrents dans la

chaîne à deux auteurs : celui qui lie le texte biblique et les extraits de Théodoret et celui qui

lie le texte biblique et les scholies de Jean Chrysostome. Tout ceci pose la question du bon

usage de la chaîne : visiblement, la chaîne à deux auteurs n’a pas été écrite pour être lue

comme on lit un commentaire suivi.

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212

Conclusion

À partir d'exemples tirés des deux types de chaînes sur Jérémie (chaîne à auteurs multiples

et chaîne à deux auteurs), j'ai démontré que le terme "chaîne", que l'on appliquait au départ

uniquement à la succession des scholies patristiques, comme en témoignent les définitions de

R. Devreesse et de F. Petit rappelées plus haut470, convient mieux à l'ensemble formé par le

texte biblique et les extraits patristiques reliés entre eux.

Il est apparu, au cours de cette analyse, que la chaîne à auteurs multiples et la chaîne à

deux auteurs ne fonctionnent pas de la même manière. Dans la première, on peut apparemment

lire le texte biblique sans se référer aux extraits patristiques et les extraits patristiques sans se

référer au texte biblique, puisque les deux blocs sont indépendants sur la page. Mais l’on se

rend compte que, pour lire et comprendre les extraits patristiques, il faut privilégier une lecture

alternée entre un lemme biblique et les extraits lui correspondant ; la chaîne à deux auteurs, qui

combine deux séries d'extraits de commentaires, ne permet, à première vue, qu'une lecture

suivie de l'ensemble : lemme biblique / extrait de Jean Chrysostome / extrait de Théodoret de

Cyr. Mais on a vu que le caténiste privilégiait l'enchaînement du texte propre à chacun des

auteurs, quitte à sacrifier la continuité et la régularité de la chaîne. Il faudrait ainsi faire

plusieurs lectures de la chaîne selon que l'on s'intéresse aux interprétations de Jean Chrysostome

ou de Théodoret, en lisant les lemmes bibliques et les extraits d'un seul des deux auteurs à la

fois.

Le fonctionnement propre à chacune des chaînes me paraît mis en valeur par le choix de

leur mise en page. Si certaines chaînes ont pu se présenter à la fois sous une forme encadrante et

sous une forme continue dans différents manuscrits selon les époques471, il me semble que la

chaîne à auteurs multiples sur Jérémie a été conçue comme une chaîne marginale et que la

chaîne à deux auteurs a été conçue comme une chaîne continue. Enfin, si les deux types de

chaînes ne fonctionnent pas de la même manière, si par conséquent les règles de bon usage de

470 Cf. supra, chap. 1, p. 17. 471 Cf. G. Dorival, Les chaînes exégétiques grecques sur les Psaumes, t. I, pp. 42-49 : « Du 10e siècle au 12e siècle, la réglure à pleine page et la réglure marginale sont susceptibles de recevoir les mêmes compilations ; réglures et mises en pages ne peuvent donc être un élément pertinent de définition des chaînes. » (p. 48)

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213

ces instruments de travail diffèrent d’une chaîne à l’autre, cela pourrait tenir au fait que le projet

du caténiste est sensiblement différent dans un cas et dans l’autre. D’un côté, il s’agit de

permettre au lecteur une lecture synoptique de Théodoret de Cyr et Jean Chrysostome. De

l’autre côté, le caténiste interrogerait les Pères (ou au moins un échantillon représentatif) sur les

questions qu’il se pose à propos du texte biblique ou que lui pose le texte biblique.

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214

II. De la chaîne intégrale (famille B1) à la chaîne abrégée

(famille B2)

Je viens d'analyser le fonctionnement des deux grands types de chaînes sur Jérémie,

mais je n'ai pas encore abordé le problème de l'abrégé. Or il est important de montrer

comment il se situe par rapport à la chaîne intégrale et de voir s'il nous invite au même type

de lecture.

Plusieurs principes permettent, à première vue, de passer de la chaîne de la famille

intégrale (famille B1 : O P C V Q X) à la chaîne de la famille abrégée (famille B2 : L F M

N) : sélection, enrichissement et résumé.

Mais comment affirmer d'emblée que c'est la famille B2 qui est secondaire par rapport

à la famille B1? Lorsque nous disons que la famille B2 sélectionne des extraits de la famille

B1, pouvons-nous exclure l'hypothèse que la famille B1 ajoute à la famille B2 de nouveaux

extraits ? Lorsque nous disons que la famille B2 enrichit la famille B1 de quelques

nouveautés, n'est-ce pas la famille B1 qui omet certains commentaires de la famille B2 ?

Lorsque nous disons que la famille B2 résume et transforme les extraits de la famille B1,

n'est-ce pas la famille B1 qui glose le texte de la famille B2 ?

La question vaut d'être posée, car il est parfois bien difficile de décider ce qui est

premier entre un texte et son amplification ou un texte et son résumé, vu que ces deux

démarches de récriture existent.

Dans le cas présent, les arguments sont unanimes pour affirmer que la famille B2 est

secondaire par rapport à la famille B1 et c'est sans doute pour cela que la question n'a été

soulevée ni par E. Klostermann, ni par G. Karo et H. Lietzmann, ni par L. Vianès.

En effet, de nombreux noms d'auteurs sont omis dans la famille B2 et les extraits sont

souvent donnés de manière continue sans que le passage d'un auteur à l'autre soit précisé.

On imagine mal le caténiste de la chaîne B1 découper les extraits de la chaîne B2 pour leur

attribuer des noms d'auteurs.

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De plus, dans certains extraits, le caténiste de la famille B1 indique à son lecteur, par

une transition du type kai; met j ojlivga, qu'il laisse de côté un passage de l'œuvre qu'il

excerpte et va plus loin chercher un autre extrait. Or, toutes ces indications disparaissent

dans la famille B2. On imagine mal le caténiste de la famille B1 introduire, par une

comparaison entre la famille B2 et les textes-sources, ces formules de transition.

Ce sont les arguments les plus évidents, me semble-t-il, pour affirmer que la famille

B2 est secondaire par rapport à la famille B1.

A. Les différences dans la physionomie de la chaîne entre la version

intégrale et la version abrégée

1) Les caractéristiques du texte biblique de l’abrégé

Le texte biblique, dans la chaîne abrégée, présente un système de division différent de

celui de la chaîne intégrale : Jr 1-4 est divisé en 84 lemmes numérotés selon les 24 lettres de

l’alphabet (le stigma venant s’ajouter entre le epsilon et le dzèta de temps à autre) au lieu

des 241 lemmes numérotés de 1 à 100 dans la chaîne à auteurs multiples.

En outre, la chaîne abrégée ne reprend pas le texte biblique de la chaîne intégrale, car

il y a de nombreuses variantes qui se trouvent seulement dans L et F, si l’on regarde de près

l’apparat critique du texte biblique de la chaîne à auteurs multiples. Il semble que l'auteur de

la chaîne abrégée ne se soit pas fondé, pour le texte biblique, sur le modèle de la chaîne

intégrale, mais qu'il a utilisé un autre exemplaire, donnant lui aussi un texte tardif.

2) La présentation des extraits exégétiques dans l’abrégé

Les extraits patristiques sont très souvent dépourvus d’attribution d’auteur et toujours

privés de la mention de l’œuvre d’origine, même quand elle existe dans la chaîne intégrale.

Parfois, des emprunts à plusieurs extraits du même auteur dans la chaîne intégrale sont

rassemblés sous le nom de cet auteur, mentionné une seule fois. Dans ce cas, la disparition

Page 216: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

216

des attributions n’altère pas notre connaissance de l’origine des extraits. Mais souvent, des

extraits sans attribution se retrouvent, du fait de la mise en page, attribués à l’auteur d’un

des extraits précédents qui ne leur correspond pas. Par exemple, beaucoup d’emprunts à des

auteurs variés se retrouvent fondus dans un ensemble attribué à Jean Chrysostome472. Voici

une liste exhaustive des autres fragments empruntés à la chaîne à auteurs multiples, qui

perdent leur attribution et apparaissent par conséquent comme s'ils étaient dus au dernier

auteur nommé :

− les emprunts à l’extrait 21 de Jean Chrysostome (issu de la chaîne intégrale) et à

un passage du même auteur sur Jr 1, 13 (issu du Commentaire sur Jérémie en

tradition directe) sans attribution après un extrait attribué à Sévère ;

− l’emprunt à l’extrait 57 de Jean Chrysostome sans attribution après deux extraits

attribués à Olympiodore ;

− l’amalgame des extraits 76a d’Olympiodore et 76b, 77 et 78a de Jean

Chrysostome, ainsi que l’emprunt à l’extrait 79a de Jean Chrysostome sans

attribution après un extrait attribué à Théodoret ;

− les emprunts aux extraits 80a et 80b de Jean Chrysostome sans attribution après

un extrait attribué à Victor ;

− les emprunts aux extraits 83a et 85a de Jean Chrysostome sans attribution après

un extrait attribué à Olympiodore ;

− les extraits 85b de Victor et 86a de Jean Chrysostome sans attribution après le

même extrait d’Olympiodore ;

− les emprunts aux extraits 99 et 100 de Jean Chrysostome sans attribution après un

extrait attribué à Victor ;

− les emprunts aux extraits 128, 129a et 130a de Jean Chrysostome sans attribution

après un extrait attribué à Olympiodore ;

− l’emprunt à l’extrait 131b d’Olympiodore sans attribution après un extrait attribué

à Origène ; 472 Cf. les emprunts aux extraits 7d de Didyme ; aux extraits anonymes 7e, 8c, 11e et 101b ; aux extraits 23b, 28b, 119 d’Olympiodore ; aux extraits 25b, 66b, 123c de Victor ; à l’extrait 13a d’Apolinaire ; aux extraits 32c, 35b et 59b de Théodoret ; aux extraits 114b, 120b et 122 de Théophile ; les passages originaux (cf. dans les sections 12, 13, 14, 17, 19, 14’).

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217

− les emprunts aux extraits 203 et 204a de Jean Chrysostome sans attribution après

un extrait attribué à Victor ;

− les emprunts aux extraits 206, 207 et 209a de Jean Chrysostome sans attribution

après un extrait attribué à Olympiodore ;

− les extraits attribués à « Chrysostome et Origène » (section 15’’’) qui présentent

la succession suivante : Jean Chrysostome / Origène / Jean Chrysostome /

Origène / Jean Chrysostome / Origène / Jean Chrysostome, que seule la chaîne

intégrale permet de rétablir.

3) Les liens entre texte biblique et scholies patristiques

Une autre différence entre le fonctionnement littéraire de la chaîne abrégée et celui de

la chaîne intégrale concerne les liens qui existent entre le texte biblique et les extraits

patristiques. En effet, dans l’abrégé, le passage du texte biblique concerné est souvent

rappelé au début de l’extrait patristique, alors que ce n'est pas le cas dans la chaîne intégrale,

comme en témoigne l'exemple de l'extrait 18 de Jean Chrysostome et de sa reformulation

dans l'abrégé473 :

Chaîne intégrale Chaîne abrégée

Le même : Ce morceau de bois en effet est

solide, lourd et fait pour frapper. Pourquoi

regardaient-ils cela ? Parce que les actes et les

spectacles étaient plus efficaces et frappaient

mieux l’auditeur. En effet, le bâton est le

symbole du coup.

Chrysostome : Une baguette de noyer. En

effet, ce morceau de bois est solide, lourd et

fait pour frapper. Pourquoi regardaient-ils

cela ? Parce que les actes et les spectacles

étaient plus efficaces et frappaient mieux

l’auditeur. En effet, le bâton est le symbole du

coup et du châtiment.

Le rappel du texte biblique est présent tantôt dans les deux manuscrits de Florence,

c'est-à-dire dans les deux témoins manuscrits de la chaîne abrégée retenus pour l'édition

473 Pour le texte grec, cf. t. II, éd. chaîne intégrale, p. 16 et éd. chaîne abrégée, p. 6, ll. 8-11.

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218

critique, tantôt seulement dans l’un des deux474. Cette reprise des lemmes bibliques au début

des commentaires est sans doute liée au fait que l’abrégé divise le texte biblique dans des

sections plus vastes et que le caténiste est ainsi souvent contraint de préciser le lien entre le

texte biblique et l’extrait patristique en reprenant les termes du texte biblique sur lesquels va

porter le commentaire.

Ce rappel fréquent du lemme biblique concerné par l’extrait patristique confirme par

ailleurs, me semble-t-il, le mode de lecture de la chaîne à auteurs multiples : il faut lire le

lemme biblique et, immédiatement après, le ou les extraits patristiques qui lui correspondent

pour que l’ensemble ait un sens. L'exemple, dans l’abrégé, des emprunts aux extraits 190 à

192 de la chaîne intégrale est très intéressant : les trois fragments empruntés aux scholies

190 de Jean Chrysostome, 191 d'Olympiodore et 192 de Jean Chrysostome sont

véritablement enchaînés à partir du texte biblique rappelé par le caténiste. Cet enchaînement

entre lemme biblique et extraits patristiques met en valeur le fonctionnement de la chaîne

abrégée comme de la chaîne intégrale :

Kai; tov ge deinovteron: ajpolei'tai, fhsivn, hJ kardiva tou' basilevw": toiauvth ga;r tw'n

deinw'n hJ fuvsi", ajposterei' tw'n kata; fuvsin frenw'n. jEksthvsontai de; kai; oiJ iJerei'"

ejpi; tai'" ajprosdokhvtoi" sumforai'". OiJ de; profh'tai, h[goun oiJ yeudoprofh'tai,

qaumavsontai, oujc wJ" par j ejlpivda" tw'n pragmavtwn ejxelqovntwn, ajll j wJ"

par j ejlpivda" deiknumevnwn.

Et ce qui est plus éprouvant : le cœur du roi, dit-il, sera anéanti, car telle est la nature des

épreuves : elle prive des sentiments conformes à la nature. Et les prêtres seront dans la

stupeur à cause des malheurs inattendus. Et les prophètes (c’est-à-dire : les faux prophètes)

s'étonneront non pas parce que les événements sont advenus contre tout espoir, mais parce

qu’ils étaient montrés contre tout espoir.

474 Les rappels bibliques se trouvent dans les deux manuscrits pour le deuxième extrait de la section 3, le premier extrait de la section 9, les deuxième et troisième extraits de la section 13, le premier extrait de la section 16, le troisième extrait de la section 17, le premier extrait de la section 20, la section 21, le premier extrait de la section 22, la section 23, le cinquième extrait de la section 24, le premier extrait de la section 16’, les huitième, neuvième et quinzième extraits de la section 18’, le deuxième extrait de la section 19', le deuxième extrait de la section 21’, la section 22’, le deuxième extrait de la section 24’, les deuxième, troisième et quatrième extraits de la section 16’’’, la section 18’’’ et les deux premiers extraits de la section 1’’’’ ; les rappels bibliques se trouvent seulement dans le Laurentianus V 9 pour le quatrième extrait de la section 12, le deuxième extrait de la section 2’, le deuxième extrait de la section 16’, le onzième extrait de la section 18’, la section 1’’ et la section 22’’’ ; enfin, ils se trouvent seulement dans le Laurentianus XI 4 pour le premier extrait de la section 2’, le premier extrait de la section 21’, le premier extrait de la section 24’, la section 25’, la section 3’’ et le premier extrait de la section 4’’.

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219

On peut remarquer que l'auteur de l'abrégé intègre véritablement le rappel du texte

biblique dans l'ensemble des extraits patristiques : il ajoute des liens logiques (deux dev) pour

rendre l'enchaînement encore plus manifeste.

Toutefois, il y a des cas où le rappel du lemme biblique est au contraire laissé de côté

dans l'abrégé : le rappel du lemme 18 (Jr 1, 11) dans l'emprunt à l'extrait 17c et le rappel du

lemme 103 (Jr 2, 30) dans l'emprunt à l'extrait 103a de Jean Chrysostome. Il est curieux que,

dans ces deux cas, l'abrégé supprime la référence au texte biblique quand il l'ajoute souvent

ailleurs.

En outre, certains extraits sont déplacés dans la chaîne abrégée. Il y a par exemple une

interversion entre les emprunts aux extraits 19c de Sévère et 19e de Théodoret sur le bâton

de noyer : comme les deux extraits portent sur le même passage du texte biblique, cette

interversion n'a aucune incidence sur l’ordre logique des extraits patristiques par rapport au

texte biblique475.

De même, l'emprunt à l’extrait 25b de Victor est situé entre deux emprunts à la scholie

26 de Jean Chrysostome sans que l'enchaînement logique des extraits patristiques selon

l’ordre du texte biblique en soit perturbé476.

Les emprunts aux extraits 13b et 13a sont repoussés à la fin des extraits sur Jr 1, c'est-

à-dire à l’apparition de la deuxième occurrence de l’expression car moi je suis avec toi pour

te délivrer (qui apparaît en Jr 1, 8 et à nouveau en Jr 1, 19).

Les emprunts aux extraits 34, 35a et 35b sont présentés selon l’ordre 35b, 34 et 35a : il

semble que le caténiste de l’abrégé ait eu le souci de réagencer les extraits selon l’ordre du

texte biblique lui-même. En fait, lorsqu’il sélectionne une seule idée dans les différents

extraits de la chaîne intégrale, l’enchaînement entre les extraits de l'abrégé en devient

parfois illogique. Le texte biblique donne d’abord en effet : Israël est saint pour le Seigneur

et ensuite commencement de ses créatures. Or, ce que le caténiste emprunte à l’extrait 34 de

Jean Chrysostome concerne la deuxième partie du verset, tandis que ce qu’il emprunte à

l’extrait 35b de Théodoret concerne la première partie du verset. Il laisse en effet de côté le

début de l’extrait de Théodoret commentant la punition des Assyriens suggérée par la suite 475 Cf. t. II, éd. chaîne abrégée à auteurs multiples, p. 6. 476 Cf. t. II, éd. chaîne abrégée à auteurs multiples, p. 7, ll. 15-19.

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220

du texte biblique (lemme 35 : tous ceux qui le mangent commettront une faute…). Enfin, ce

qu’il emprunte à l’extrait 35a de Jean Chrysostome concerne bien la suite du texte

biblique477. Il apparaît donc que l’on a, dans l'abrégé, un réagencement des emprunts aux

extraits de la chaîne intégrale, de manière à ce que l’ordre logique du texte biblique soit bien

respecté, malgré les sélections opérées dans le matériau exégétique. C’est l’ordre du texte

biblique qui décide de l’ordre des extraits dans la chaîne abrégée.

Il réorganise aussi les extraits 68 à 72 en plaçant après les extraits 70 et 72

d’Olympiodore sur le Geôn, l’eau des fleuves et l’éloignement, l’extrait 68a de Jean

Chrysostome sur l’abandon de Dieu qui concerne en fait plutôt les lemmes 73-74478.

Il réagence les emprunts aux extraits 200 à 204 en intercalant entre le début de l’extrait

200b de Victor et la fin de celui-ci des résumés des extraits 203 et 204a de Jean

Chrysostome, afin que le texte biblique soit commenté parfaitement dans l’ordre (d’abord

Malheur à nous, puis lave ton cœur, ensuite jusques à quand et enfin les comptes de tes

peines)479. Dans la chaîne à auteurs multiples, l’extrait 200b de Victor englobait le

commentaire des lemmes 200 à 204 et les extraits 201, 202, 203 et 204a de Jean

Chrysostome reprenaient au fur et à mesure les éléments de ces lemmes 201 à 204. L'auteur

de l’abrégé réorganise les éléments des extraits qu'il reprend à la chaîne complète en les

réagençant selon l’ordre du texte biblique.

L'interversion qui concerne les emprunts aux extraits 52b de Théodoret et 53 de Jean

Chrysostome est plus difficilement explicable car, si le commentaire de Jean Chrysostome

porte sur le même passage que celui de Théodoret, il va plus loin dans le texte biblique. On

aurait donc attendu le même ordre que dans la chaîne intégrale qui coïncide avec l’ordre

progressif du texte biblique. Il est possible toutefois que l'auteur de l'abrégé ait voulu placer

en première position Jean Chrysostome, l'auteur le mieux représenté dans la chaîne intégrale

comme dans l'abrégé, pour souligner son influence sur son successeur Théodoret.

D'autres interversions peuvent être rétablies grâce au système de numérotation propre

à l’abrégé. C'est le cas en particulier dans le passage des emprunts aux extraits 79 à 95 dont

l'ordre paraît perturbé (79a, 83b, 80a, 80b, 84b, 83a, 85a, 85b, 86a, 94, 95, 92, 94) si l'on ne

477 Cf. t. II, éd. chaîne abrégée à auteurs multiples, p. 9, ll. 5-11. 478 Cf. t. II, éd. chaîne abrégée à auteurs multiples, p. 12, ll. 13-19. 479 Cf. t. II, éd. chaîne abrégée à auteurs multiples, p. 26, ll. 19-25.

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221

tient pas compte de la numérotation des différentes sections de l’abrégé. Au final, si l'on

rétablit l'ordre des extraits d'après cette numérotation, on obtient la succession suivante :

79a, 80b, 83a, 85a, 83b, 84b, 85b, 86a, 92a, 94, 95. Seul subsiste le problème de l'emprunt à

l'extrait 85a qui perturbe légèrement la logique de succession des extraits patristiques par

rapport au texte biblique480.

Ainsi, qu’il s’agisse de la présentation et surtout de la division du texte biblique, de

l’enchaînement des extraits patristiques qui perdent souvent leur attribution ou des liens qui

existent entre les deux ensembles (rappel du texte biblique au début de nombreux extraits,

réagencement des extraits), l’abrégé se distingue nettement de la chaîne intégrale. Beaucoup

d’informations et de précisions sont perdues dans le passage de la chaîne intégrale à la

chaîne abrégée. Toutefois, l’auteur de l’abrégé a le désir de présenter un commentaire

cohérent autour du livre de Jérémie : il n’hésite pas à rappeler les termes précis du texte

scripturaire sur lesquels va porter une scholie et à modifier l’ordre des remarques qu’il a

retenues de la chaîne intégrale pour le faire coïncider au mieux avec celui du texte biblique.

La méthode de composition de l’abrégé semble enfin inviter au même genre de lecture que

la chaîne intégrale, c’est-à-dire à une lecture en parallèle du texte biblique et des extraits

exégétiques.

B. Le passage de la chaîne intégrale (famille B1) à la chaîne abrégée

(famille B2)

J'ai annoncé que plusieurs principes permettaient de passer de la chaîne de la famille

B1 (O P C V Q X) à la chaîne de la famille B2 (L F M N) : sélection, résumé et

enrichissement. Il est temps maintenant d'observer, grâce à des exemples, la manière dont

l'abrégé utilise sa source.

480 Cf. t. II, éd. chaîne abrégée à auteurs multiples, p. 14.

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1) Un principe de sélection

La famille B2 opère une sélection parmi les extraits de la famille B1 et en retient

environ la moitié (192 sur 395 pour Jr 1-4). Parmi les extraits qu’elle sélectionne, elle en

reproduit certains dans leur intégralité. Soit ces commentaires sont exactement identiques481,

soit ils présentent de légères variantes : l’omission d’un mot ou d’un groupe de mots482,

l’ajout d’un mot ou d’un membre de phrase483, d’autres variantes (ordre des mots, variantes

grammaticales et sémantiques)484.

Les extraits de la famille B1 sont parfois simplement amputés de leur début, de leur

milieu ou de leur fin. Pour l’extrait 7e, tout le début, y compris l'attribution, est absent de la

famille B2. Je fais apparaître en gras ce qui n'est pas retenu dans la famille abrégée.

Famille B1 (extrait 7e) Famille B2 (éd. p. 4, l. 20 – p. 5, l. 2) jEx ajnepigravfou:jEx ajnepigravfou:jEx ajnepigravfou:jEx ajnepigravfou: ou{tw"ou{tw"ou{tw"ou{tw" oiJ profh'tai oiJ profh'tai oiJ profh'tai oiJ profh'tai dhlou'sin th;n ajpokavluyin tw'n aujtoi'" dhlou'sin th;n ajpokavluyin tw'n aujtoi'" dhlou'sin th;n ajpokavluyin tw'n aujtoi'" dhlou'sin th;n ajpokavluyin tw'n aujtoi'" gnwrizomevnwn uJpo; Qeou' kai; Daui;d ga;r gnwrizomevnwn uJpo; Qeou' kai; Daui;d ga;r gnwrizomevnwn uJpo; Qeou' kai; Daui;d ga;r gnwrizomevnwn uJpo; Qeou' kai; Daui;d ga;r fhsivn : fhsivn : fhsivn : fhsivn : « ajkouvsomai tiv lalhvsei ejn ejmoi; ajkouvsomai tiv lalhvsei ejn ejmoi; ajkouvsomai tiv lalhvsei ejn ejmoi; ajkouvsomai tiv lalhvsei ejn ejmoi; Kuvrio" oJ Qeov"Kuvrio" oJ Qeov"Kuvrio" oJ Qeov"Kuvrio" oJ Qeov" » : kai; jAmbakou'm : : kai; jAmbakou'm : : kai; jAmbakou'm : : kai; jAmbakou'm : « ejpi; ejpi; ejpi; ejpi; th'" fulakh'" mou sthvsomai kai; th'" fulakh'" mou sthvsomai kai; th'" fulakh'" mou sthvsomai kai; th'" fulakh'" mou sthvsomai kai; ejpibhvsomai ejpi; pevtran kaejpibhvsomai ejpi; pevtran kaejpibhvsomai ejpi; pevtran kaejpibhvsomai ejpi; pevtran kai; i; i; i; ajposkopeuvsw tou' ijdei'n tiv lalhvsei ejn ajposkopeuvsw tou' ijdei'n tiv lalhvsei ejn ajposkopeuvsw tou' ijdei'n tiv lalhvsei ejn ajposkopeuvsw tou' ijdei'n tiv lalhvsei ejn ejmoi; Kuvrio" oJ Qeov"ejmoi; Kuvrio" oJ Qeov"ejmoi; Kuvrio" oJ Qeov"ejmoi; Kuvrio" oJ Qeov" » : pro; de; : pro; de; : pro; de; : pro; de; plavsew" plavsew" plavsew" plavsew" aujto;n oJ tw'n o{lwn h[dei Qeo;" oujc wJ" aujto;n oJ tw'n o{lwn h[dei Qeo;" oujc wJ" aujto;n oJ tw'n o{lwn h[dei Qeo;" oujc wJ" aujto;n oJ tw'n o{lwn h[dei Qeo;" oujc wJ" o[nta kata; de; provgnwsin:o[nta kata; de; provgnwsin:o[nta kata; de; provgnwsin:o[nta kata; de; provgnwsin: to; de; th'" qeiva" gnwvsew" a[ptaiston ejdhvlwsen to; ejpivstamai : plavsai de; aujto;n levgetai ejn koiliva/ ajpo; tou' kata; to;n jAda;m prostavgmato" to; « aujxavnesqe kai; plhquvnesqe », drovmon labouvsh" th'" drovmon labouvsh" th'" drovmon labouvsh" th'" drovmon labouvsh" th'" fuvsew"fuvsew"fuvsew"fuvsew" kai; ajpo; tou' ga;r « blasthsavtw hJ gh' » « aiJ kevdroi tou' Lebavnou a}" ejfuvteusa" ».

To; de; th'" qeiva" gnwvsew" a[ptaiston dhloi' to; ejpivstamai: plavsai de; aujto;n levgei ejn koiliva/ ajpo; tou' kata; to;n jAda;m prostavgmato" tou' « aujxavnesqe kai; plhquvnesqe » kai; ajpo; ga;r tou' « blasthsavtw hJ gh' » « aiJ kevdroi tou' Lebavnou a}" ejfuvteusa" ».

Cette sélection au sein même des extraits de la chaîne intégrale est fréquente dans

l’abrégé. L’abrégé sélectionne le début des extraits suivants : 7a, 33a, 32c, 68a, 79a, 95, 99,

481 Cf. emprunts aux extraits 1, 6, 19e, 29, 13b, 53, 54a, 54c, 60, 132, 134, 138a, 195a, 196a, 197, 198b, 211c, 220, 221b, 240. 482 Cf. emprunt aux extraits 11e, 32a, 70, 135b. 483 Cf. emprunts aux extraits 18, 23b, 35a, 69a, 84b, 103a, 143a, 229a. 484 Cf. emprunts aux extraits 32a, 63b, 68b, 83b, 101b, 107, 114b, 127b, 129a, 130a, 131a, 135a, 142, 149, 189, 205, 211b dont les différences avec la chaîne intégrale sont précisées dans les notes.

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102, 108b, 143c, 145, 156b, 194a, 200b et la fin des extraits suivants : 7e, 23a, 44, 68a485,

83a, 94, 95486, 181, 184. L'abrégé sélectionne parfois aussi une ou plusieurs phrases d'un

extrait de la chaîne intégrale (cf. emprunt d'une seule phrase aux extraits 11a, 44, 108b,

156b et 162a et emprunt de trois phrases à l'extrait 104a).

2) Un principe de résumé

Dans de nombreux cas, non seulement l’abrégé sélectionne au sein des extraits, mais il

récrit le propos, soit pour le résumer, soit pour formuler l’idée autrement. La récriture

n'abrège pas toujours le texte de référence, comme en témoignent les emprunts aux extraits

14a, 17b, 23b, 49a, 80a, 94, 103a, 111a, 116a, 128, 160b, 166, 178a, 192 et 199b.

Cependant, le plus souvent, en récrivant, le caténiste de l'abrégé résume le propos de la

chaîne intégrale.

Pour l’extrait 10a, présenté dans le tableau de la page suivante, certaines propositions

au sein du commentaire et la dernière phrase de celui-ci sont absentes de la famille B2. Le

sens ne diffère pas, mais l’essentiel est dit de manière plus ramassée. Ce qui disparaît dans

l'abrégé, ce sont les précisions ou les renchérissements qui ne sont pas indispensables au

sens. L'interrogation tiv" oujk a]n ejruqriavseie tou'to grafh/' paradou'nai ; (« Qui ne

rougirait pas de confier cela à l'écrit ? ») est un procédé de style pour insister sur la modestie

des saints, procédé qui peut être laissé de côté. De même, le deuxième participe

ajpoteivnonta vient renchérir sur le premier sans apporter d'élément nouveau. De fait, la

récriture de l'abrégé supprime souvent les répétitions d'idées de la chaîne intégrale, comme

en témoigne aussi l'exemple de l'extrait 24 : les deux attitudes contradictoires de Dieu vis-à-

vis de son peuple, la distance et la proximité, sont évoquées et soulignées à plusieurs

reprises dans la chaîne intégrale, tandis que l'abrégé ne les présente qu'une seule fois. Dans

le tableau suivant, je mets en gras ce qui n'est pas retenu dans l'abrégé487.

485 Les deux parties de l’extrait 68a sont reprises en deux temps : l’attribution à Jean Chrysostome est rappelée avant chacune des parties de l’extrait dans l’abrégé. 486 Le Laurentianus V 9 scinde en deux l’extrait 95 en rappelant l’attribution à Victor avant chacune des parties, tandis que le Laurentianus XI 4 présente l’ensemble de l’extrait à la suite. 487 Pour la traduction des différents passages cités en exemples, je renvoie à l'édition de la chaîne intégrale et de la chaîne abrégée (t. II).

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Famille B1 (extrait 10a) Famille B2 (éd. p. 5, ll. 9-14)

Tou' aJgivou jIwavnnou: o{ra to; a[tufon tw'n

dikaivwn: pw'" ga;r oijkei'a ejlattwvmata

ajnavgrapta ajnatiqevasi: tiv" oujk a]n tiv" oujk a]n tiv" oujk a]n tiv" oujk a]n

ejruqriavseie tou'to grafh/' paradou'nai ejruqriavseie tou'to grafh/' paradou'nai ejruqriavseie tou'to grafh/' paradou'nai ejruqriavseie tou'to grafh/' paradou'nai

ajllaajllaajllaajlla; kaqaroi; dovxh" h\san kai;

filotimiva" kai; ei[ ti eikai; ei[ ti eikai; ei[ ti eikai; ei[ ti ei\\ \\pon, kaipon, kaipon, kaipon, kai; ei[ ti ei[ ti ei[ ti ei[ ti

h[kousan tou'to meta; pavsh" ajlhqeiva" h[kousan tou'to meta; pavsh" ajlhqeiva" h[kousan tou'to meta; pavsh" ajlhqeiva" h[kousan tou'to meta; pavsh" ajlhqeiva"

teqeivkasi.teqeivkasi.teqeivkasi.teqeivkasi.

Kai; pavlin: ijdouKai; pavlin: ijdouKai; pavlin: ijdouKai; pavlin: ijdou; oujk ejpivstamai lalei'n

fhsi;n oJ profhvth" i{naoJ profhvth" i{naoJ profhvth" i{naoJ profhvth" i{na o{tan i[dh/" aujto;n

rJhtoreuvonta kai; pro;" touvtou" kai; pro;" touvtou" kai; pro;" touvtou" kai; pro;" touvtou"

ajpoteivnonta lovgou"ajpoteivnonta lovgou"ajpoteivnonta lovgou"ajpoteivnonta lovgou" mh; th'" ejkeivnou

dunavmew" nomivsh/" ei\nai ta; rJhvmata:

prolabw;n ga;r wJmolovghsen o{ti ou[te prolabw;n ga;r wJmolovghsen o{ti ou[te prolabw;n ga;r wJmolovghsen o{ti ou[te prolabw;n ga;r wJmolovghsen o{ti ou[te

lalei'n ejpivstamai.lalei'n ejpivstamai.lalei'n ejpivstamai.lalei'n ejpivstamai.

Tou' Crusostovmou: o{ra to; a[tufon tw'n

dikaivwn: pw'" ta; oijkei'a ejlattwvmata

ajnavgrapta tiqevasi kaqaroi; dovxh" kai;

filotimiva" o[nte". Oujk ejpivstamai, fhsiv,

lalei'n o{tan ou\n i[dh/" aujto;n

rJhtoreuvonta mh; th'" ejkeivnou dunavmew"

nomivsh/" ei\nai ta; rJhvmata.

Un autre exemple de récriture concerne l’extrait 7a évoquant l’intelligence nécessaire

au prophète dans ses relations avec un peuple insatiable de meurtres. Je mets en gras les

éléments propres à chacune des familles.

Famille B1 (extrait 7a) Famille B2 (éd. p. 4, ll. 10-14)

z Tou' aujtou': Tiv bouvletai tou'to to; rJh'matou'to to; rJh'matou'to to; rJh'matou'to to; rJh'ma ; TivTivTivTiv

kataskeuavzei ; JO dh'mo" fonw'n h\n ; jHsai?a" jHsai?a" jHsai?a" jHsai?a"

prisqei;" hprisqei;" hprisqei;" hprisqei;" h\\ \\n ejlasqei;" jAmw'" Zacariva" katacwsqeiv": n ejlasqei;" jAmw'" Zacariva" katacwsqeiv": n ejlasqei;" jAmw'" Zacariva" katacwsqeiv": n ejlasqei;" jAmw'" Zacariva" katacwsqeiv":

ejggumnazovmenoiejggumnazovmenoiejggumnazovmenoiejggumnazovmenoi toi'" ai{masi toi'" profhtikoi'"

kaqavper kuvne" aiJmavkaqavper kuvne" aiJmavkaqavper kuvne" aiJmavkaqavper kuvne" aiJmavtwn geuovmenoi loipo;n th'" twn geuovmenoi loipo;n th'" twn geuovmenoi loipo;n th'" twn geuovmenoi loipo;n th'"

toiauvth" ejdivywn trofh'" eij" qumou;" eJautou;" toiauvth" ejdivywn trofh'" eij" qumou;" eJautou;" toiauvth" ejdivywn trofh'" eij" qumou;" eJautou;" toiauvth" ejdivywn trofh'" eij" qumou;" eJautou;"

metabavllonte" ou[pw oujk ajpevsthsan metabavllonte" ou[pw oujk ajpevsthsan metabavllonte" ou[pw oujk ajpevsthsan metabavllonte" ou[pw oujk ajpevsthsan e[dei pollou'

tw'/ profhvth/ kai; megavlou fronhvmato" eij" toiou'ton

ejmphdw'nti dh'mon....

a Tou' Crusostovmou: […] Tiv

ga;rga;rga;rga;r bouvletai kataskeuavsai dia; dia; dia; dia;

tou' ejpagomevnoutou' ejpagomevnoutou' ejpagomevnoutou' ejpagomevnou ;

b Tou' Crusostovmou: Fonw'n h\n

oJ dh'mo" tw'n jIoudaivwn kai; tw'n jIoudaivwn kai; tw'n jIoudaivwn kai; tw'n jIoudaivwn kai;

profhtikw'n aiJmavtwn ajkovresto" ajkovresto" ajkovresto" ajkovresto"

dio;dio;dio;dio; e[dei pollou' kai; megavlou tw/'

profhvth/ fronhvmato" eij"

toiouvtou" ejmpivptonti.

L'abrégé dissocie l'extrait en deux parties, pourtant solidaires dans la chaîne intégrale.

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225

Pour le début de l’extrait, les choses sont complexes : on retrouve certains mots d’une

famille à l’autre, mais ils ne sont pas organisés syntaxiquement de la même manière, ce qui

aboutit à un sens légèrement différent : « tivtivtivtiv ga;r bouvletaibouvletaibouvletaibouvletai kataskeuavsaikataskeuavsaikataskeuavsaikataskeuavsai dia; tou'

ejpagomevnou ; » (« en effet, que veut-il préparer grâce à ce qui est ajouté ? ») et « Tiv Tiv Tiv Tiv

bouvletaibouvletaibouvletaibouvletai tou'to to; rJh'ma ; Tiv kataskeuavzeikataskeuavzeikataskeuavzeikataskeuavzei ; » (« Que veut dire ce propos ? Que

prépare-t-il ? »). Il faut peut-être comprendre que, dans la famille B1, le sujet de

l'interrogative est le texte biblique, l'Écriture, tandis que dans la famille B2, c'est plus

explicitement Dieu lui-même qui est désigné.

La fin du commentaire exprime, dans l'une et l'autre famille, la même idée de

l’intelligence nécessaire au prophète pour affronter le peuple juif, avide de meurtres et en

particulier des meurtres des prophètes : outre une variante peu significative dans l’ordre des

mots, on observe le passage du groupe eij" toiou'ton dh'moneij" toiou'ton dh'moneij" toiou'ton dh'moneij" toiou'ton dh'mon « à un tel peuple » à eij" eij" eij" eij"

toiouvtou"toiouvtou"toiouvtou"toiouvtou" « à de tels gens » qui consiste en une légère abréviation du modèle, le substantif

étant alors sous-entendu, et la différence entre les participes ejmpivptontiejmpivptontiejmpivptontiejmpivptonti et ejmphdw'ntiejmphdw'ntiejmphdw'ntiejmphdw'nti, qui

expriment cependant le même mouvement. Le commentaire de la famille B2 est cependant

très abrégé par rapport à celui de la famille B1, car il laisse de côté la comparaison des

chiens assoiffés de sang et ne précise pas les exemples d’Isaïe, d’Amos et de Zacharie.

En effet, lors de la récriture, les exemples disparaissent : seul l'exemple de Job est

conservé dans l'emprunt à l'extrait 13a de Jean Chrysostome, tandis que l'exemple des

martyrs et des justes est laissé de côté. Les détails sont laissés de côté : dans l'emprunt à

l'extrait 92 de Jean Chrysostome, par exemple, seulement deux des cinq activités liées au

culte des idoles sont retenues. Disparaissent aussi les citations, comme en témoigne la

suppression des citations des Psaumes et d’Habaquq dans l'emprunt à l’extrait anonyme 7e,

l’absence de Rm 9, 17 dans l'emprunt à l'extrait 8c, de Jn 20, 22 dans l'emprunt à l'extrait

14a, de l'allusion au Ps 43, 24 dans l'emprunt à l'extrait 21, des citations des Psaumes et de

Matthieu dans l'emprunt à l’extrait 80b de Jean Chrysostome, de la citation finale d'Isaïe

dans l'emprunt à l'extrait 104a d'Origène, de 1Co 3, 16-17 dans l'amalgame des extraits 123a

et 123b, d’Eph 5, 14 dans l'emprunt à l’extrait 162a d’Origène, de Ps 33, 15 dans l’emprunt

à l’extrait 175a de Jean Chrysostome, de 1P 5, 9 et Ps 9, 30 dans l'emprunt à l'extrait 186a

d'Origène, de Mi 2, 6 dans l'emprunt à l'extrait 203 de Jean Chrysostome et de 1R 16, 7 dans

l'emprunt à l'extrait 241d de Victor. Quand les citations ne sont pas purement et simplement

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supprimées, elles peuvent être tronquées, comme Jr 47, 2-3 dans l'emprunt à l'extrait 25b de

Victor, Mt 5, 33-34 dans l’emprunt à l’extrait 171a de Jean Chrysostome et Ps 33, 17 ainsi

que Jn 5, 22 dans l’emprunt à l’extrait anonyme 226b. Dans l'emprunt à l'extrait 8c, la

référence au Psaume 57 disparaît et la citation est fondue dans la syntaxe de la phrase. Dans

l’emprunt à l’extrait 169 de Victor, la citation finale de Mt 5, 16 est tronquée et fondue dans

la syntaxe de la phrase de telle sorte qu'elle n'est quasiment plus visible. Je mets en gras la

citation et sa reformulation dans l’abrégé.

Famille B1 (extrait 169) Famille B2 (éd. p. 23, ll. 7-11)

Bivktoro": Perielei'n ejk tou' stovmato"

ta; bdeluvgmata to; mhdemivan tw'n

eijdwvlwn mneivan poiei'sqai, bdevlugma de;

stovmato" katalalia; kai; lovgo" ajrgov",

povsw ge ma'llon kata; Qeou' blasfhmiva:

a} poiou'ntwn eujloghvsei ejn hJmi'n e[qnh

kai; ejn hJmi'n aijnevsousi to;n Qeo;n kata; kata; kata; kata;

tov: tov: tov: tov: « {Opw" i[dwsi ta; kala; e[rga uJmw'n{Opw" i[dwsi ta; kala; e[rga uJmw'n{Opw" i[dwsi ta; kala; e[rga uJmw'n{Opw" i[dwsi ta; kala; e[rga uJmw'n

kai; dokai; dokai; dokai; doxavswsi to;n Patevra uJmw'n to;n ejn xavswsi to;n Patevra uJmw'n to;n ejn xavswsi to;n Patevra uJmw'n to;n ejn xavswsi to;n Patevra uJmw'n to;n ejn

toi'" oujranoi'"toi'" oujranoi'"toi'" oujranoi'"toi'" oujranoi'" ».

Bivktoro": Perielei'n ejstin ejk tou'

stovmato" ta; bdeluvgmata to; mhdemivan

tw'n eijdwvlwn mneivan poiei'sqai, ei[poi" d

j a]n kai; bdeluvgma stovmato" katalalia;n

kai; lovgon ajrgo;n kai; prov ge touvtwn

blasfhmivan. Tau'ta poiouvntwn hJmw'n

eujloghvsei ejn hJmi'n e[qnh kai; aijnevsei to;n

Qeo;n ta; kala; hJmw'n e[rga ijdovntata; kala; hJmw'n e[rga ijdovntata; kala; hJmw'n e[rga ijdovntata; kala; hJmw'n e[rga ijdovnta.

Ce qui disparaît aussi, ce sont les questions rhétoriques posées sur le texte biblique, par

exemple au début de l'extrait 171b : Pw'" de; kai; ojmovsh/ fhsi; zh'/ Kuvrio", tou' Swth'ro"

ojmnuvein ajpagoreuvonto" … « Comment dit-il et s'il jure en disant : "Le Seigneur est

vivant !", alors que le Sauveur interdit de jurer ? » et au début de l'extrait 179 : Tiv tou'to

a[nw ei\pe mhv pote ejkkauqh' wJ" pu'r oJ qumov" mou … « Pourquoi a-t-il dit en haut ceci :

de peur qu’un jour ma fureur ne brûle comme un feu ? » ; il y a cependant un contre-

exemple : l'emprunt à l'extrait 135a de Jean Chrysostome qui conserve les questions de la

chaîne intégrale.

Parfois l’aspect ramassé du commentaire de la famille B2 conduit à une difficulté de

compréhension, comme dans le cas de l’extrait 14a :

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Famille B1 (extrait 14a) Famille B2 (éd. p. 5, ll. 17-19)

Tou' aJgivou jIwavnnou:Tou' aJgivou jIwavnnou:Tou' aJgivou jIwavnnou:Tou' aJgivou jIwavnnou: tauvth" th'"

aijsqhth'" eijkovno" ejdei'to oJ profhvth"

ejpei; kai; oJ Cristo;" tou'to ejpoivei

ejnefuvshsen aujtoi'" kaivtoi oujk ejdei'to

tou' ejmfushvmato" ajll j uJpe;r

plhroforiva" aiJ swmatikai; givnontai

eijkovne".

Tauvth" th'" aijsqhth'" eijkovno" ejdei'to oJ

profhvth" kai; ga;r kai; Cristo;" pro;"

plhroforivan tw'n maqhtw'n ejdehvqh tou'

ejmfushvmato".

En effet, la formule très ramassée kai; ga;r kai; Cristo;" pro;" plhroforivan tw'n

maqhtw'n ejdehvqh tou' ejmfushvmato" (« et en effet le Christ aussi a eu besoin de

l’inspiration pour convaincre pleinement ses disciples ») est d’interprétation difficile. Le

raisonnement (le prophète a besoin d’une image sensible pour croire, de même que le Christ

a eu besoin d’images sensibles pour faire croire ses disciples) repose en particulier, dans la

famille B1, sur l’écho entre eijkovno" et eijkovne", qui donne une cohérence au passage ; or

cet écho n'est pas repris dans la famille B2. Les deux termes eijkovno" et ejmfushvmato", qui

se font écho dans la famille B2 comme compléments du verbe devomai ne sont pas sur le

même plan sémantique. De même, la connotation restrictive de pro;" plhroforivan tw'n

maqhtw'n n’est pas explicite dans le texte de la famille B2 : c’est seulement parce que le

Christ voulait convaincre ses disciples qu’il a eu recours à l’inspiration (voir l’opposition

oujk ... ajlla; dans le texte de la famille B1). Le propos est ainsi plus complet et beaucoup

plus compréhensible dans la famille B1 : « Le prophète avait besoin de cette image sensible

car le Christ lui-même procédait ainsi : « il les a inspirés » (Jn 20, 22). Pourtant il n’avait

pas besoin d’inspiration mais les images corporelles visent à une pleine conviction ».

Le résumé de l'extrait 15a conduit aussi à un sens tout à fait obscur. L'extrait de la

famille B1 explicite la contradiction apparente entre deux passages du texte biblique : pri;n

h[ se ejxelqei'n ejk mhvtra" hJgivakav se et shvmeron, tandis que l'emprunt de la famille B2

ne cite qu'un seul lemme pro; tou' plasqh'naiv se e[gnwn, qui de plus est différent des

deux lemmes présents dans la famille B1. Le sens de l'explicitation est par conséquent peu

clair dans l'extrait de la chaîne abrégée. Je mets en gras les éléments que les deux familles

ont en commun.

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Famille B1 (extrait 15a) Famille B2 (éd. p. 6, ll. 1-3)

Tou' aJgivou jIwavnnou: Kai; mh;n a[nw

e[legen pri;n h[ se ejxelqei'n ejk mhvtra"

hJgivakav se: pw'" oupw'" oupw'" oupw'" ou\\ \\nnnn ejntau'qa shvmeron

levgei … ejkei'no th'/ prognwvseiejkei'no th'/ prognwvseiejkei'no th'/ prognwvseiejkei'no th'/ prognwvsei tou'to th'/ tou'to th'/ tou'to th'/ tou'to th'/

ejnergeivaejnergeivaejnergeivaejnergeiva.

Pw'" ouPw'" ouPw'" ouPw'" ou\\ \\nnnn fhsi pro; tou' plasqh'naiv se

e[gnwn … ejkei'no th/' prognwvsei tou'to th/' ejkei'no th/' prognwvsei tou'to th/' ejkei'no th/' prognwvsei tou'to th/' ejkei'no th/' prognwvsei tou'to th/'

ejnergeiva/.ejnergeiva/.ejnergeiva/.ejnergeiva/.

La récriture de l'extrait 178a témoigne aussi d'une organisation syntaxique et d'un sens

différents. Je mets en gras les éléments propres à chacune des familles.

Famille B1 (extrait 178a) Famille B2 (éd. p. 24, ll. 4-7)

jAnqrwpivnw" dialevgetai boulovmeno"

aujtou;" paideu'sai, dio; pollavki"pollavki"pollavki"pollavki"

ejpikremna'/ to;n fovbon aujtoi'": kai; oujk

e[stai oJ sbevswn to; deino;n tou'toto; deino;n tou'toto; deino;n tou'toto; deino;n tou'to.

jEpeidh; ga;r pollavki"pollavki"pollavki"pollavki" eij" th;n

filanqrwpivan aujtou' ta;" ejlpivda" ei\con

ajnairei' tauvthn th;n paramuqivan.

jAnqrwpivnw" dialevgetai boulovmeno"

aujtou;" paideu'sai, dio; kaikaikaikai; ejpikrema'/ to;n

fovbon aujtoi'": kai; oujk e[stai oJ sbevswn.

Tou'to ga;r to; Tou'to ga;r to; Tou'to ga;r to; Tou'to ga;r to; deinovndeinovndeinovndeinovn: ejpeidh; ga;r eij"

th;n filanqrwpivan aujtou' pollavki" ta;"

ejlpivda" ei\con ajnairei' kai;kai;kai;kai; tauvthn th;n

paramuqivan.

Dans la famille B1, le groupe to; deino;n tou'to to; deino;n tou'to to; deino;n tou'to to; deino;n tou'to est le complément d'objet direct du

participe et vient compléter la citation biblique (« et il n’y aura personne pour éteindre ce

fléau. En effet, puisqu’ils mettaient souvent leurs espoirs dans son amour pour les hommes,

il anéantit cette consolation ») ; dans la famille B2, ce groupe devient indépendant et

constitue une phrase nominale annonçant la dernière partie de l'extrait (« et il n’y aura

personne pour éteindre… Car voici l’épreuve : puisqu’ils mettaient souvent leurs espoirs

dans son amour pour les hommes, il anéantit même cette consolation »). Le sens de l'extrait

dans l'abrégé est différent de ce qui apparaissait dans la chaîne intégrale ; il est aussi moins

clair.

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Pour résumer le propos, la famille B2 fusionne, le cas échéant, les deux parties

distinctes d'un même extrait en supprimant les expressions par lesquelles le caténiste

indique qu'il fait un emprunt à un autre passage de sa source. Voici un exemple de ce type

de procédé pour l’extrait 7b. Je mets en gras les éléments propres à chacune des familles.

Famille B1 (extrait 7b) Famille B2 (éd. p. 4, ll. 14-17)

Ou{tw kai; Pau'lo": « oJ ajforivsa" me ejk

koiliva" mhtrov" moumhtrov" moumhtrov" moumhtrov" mou i{na eujaggelivzwmai i{na eujaggelivzwmai i{na eujaggelivzwmai i{na eujaggelivzwmai

aujto;n ejn toi'" e[qnesiaujto;n ejn toi'" e[qnesiaujto;n ejn toi'" e[qnesiaujto;n ejn toi'" e[qnesi » : kai; kai; kai; kai;

metmetmetmet jjjj ojlivga:ojlivga:ojlivga:ojlivga: « ejgw; oJ plavsa" se ejk

koiliva" » ouj th'" fuvsew" to; e[rgon

ejsti;n ouj tw'n wjdivnwn ejgw; pavntwn ejsti;n ouj tw'n wjdivnwn ejgw; pavntwn ejsti;n ouj tw'n wjdivnwn ejgw; pavntwn ejsti;n ouj tw'n wjdivnwn ejgw; pavntwn

ai[tio"ai[tio"ai[tio"ai[tio" w{ste dikaivw" a]n uJpakouvsh/" ejmoi;

tw'/ kai; to; ei\nai parascovnti.

Ou{tw ga;rga;rga;rga;r kai; Pau'lo": « oJ ajfovrisav" me,

fhsivn, ejk koiliva" » : mononouci; ga;r mononouci; ga;r mononouci; ga;r mononouci; ga;r

levgwn hlevgwn hlevgwn hlevgwn h\\ \\n pro;" aujto;n oJ Qeo;"n pro;" aujto;n oJ Qeo;"n pro;" aujto;n oJ Qeo;"n pro;" aujto;n oJ Qeo;" « ejgw; oJ

plavsa" se ejk koiliva" » ouj th'" fuvsew"

to; e[rgon w{ste divkaio" a]n ei[h" ejmoi;

peivqesqai.

Passons sur les omissions et variantes de la famille B2 et considérons l’ajout de la

proposition mononouci; ga;r levgwn h\n pro;" aujto;n oJ Qeov" qui vient lier les deux parties

du commentaire, distinctes dans la famille B1 comme en témoigne l’expression kai;

met j ojlivga. Le gavr exprime bien la présence d’un nouveau lien logique créé par la famille

B2 : « En effet, Paul dit aussi de cette manière : « celui qui m'a mis à part dès le ventre »

(Gal 1,15) car peu s'en fallut que Dieu ne lui ait dit : « c'est moi qui t'ai formé dès le ventre,

non l'œuvre de la nature, si bien qu'il sera juste que tu m'obéisses » ». Le même type

d'amalgame entre deux parties distinctes d'un extrait de la chaîne intégrale se retrouve dans

les emprunts aux extraits 10a et 159.

La famille B2 fusionne aussi des commentaires distincts dans la chaîne intégrale : dans

l'exemple suivant (extraits 7c et 7d), la seule variante substantielle du texte est l’omission du

groupe meta; th;n provgnwsin tovte to;n o{ron. En revanche, on remarque la fusion des

deux commentaires sous l'attribution de Jean Chrysostome dans la famille B2 avec l'emploi

de kaiv, alors que, dans la famille B1, ils sont respectivement attribués à Jean Chrysostome et

à Didyme. Je fais apparaître en gras les éléments propres à chacune des familles.

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Famille B1 (extraits 7c et 7d) Famille B2 (éd. p. 4, ll. 17-20)

Tou' aujtou' : Tou' aujtou' : Tou' aujtou' : Tou' aujtou' : ouj prw'ton hJgivakav sesesese ajlla;

prw'ton ejpivstamaiv sesesese kai; tovte hJgivakav

sesesese ejntau'qa th;n provgnwsin e[deixen meta; meta; meta; meta;

th;n provgnwsin tovte to;n o{ronth;n provgnwsin tovte to;n o{ronth;n provgnwsin tovte to;n o{ronth;n provgnwsin tovte to;n o{ron.

DDDDiduvmou:iduvmou:iduvmou:iduvmou: oujc hJ provgnwsi" tou' Qeou' tou' Qeou' tou' Qeou' tou' Qeou' to;n

jIeremivan pepoivhken a{gion ajlla; to;

mevllon e[sesqai proevgnw wJ"wJ"wJ"wJ" Qeov".

Ouj provteronprovteronprovteronprovteron dev fhsidev fhsidev fhsidev fhsi hJgivaka ajlla;

prw'ton ejpivstamai kai; tovte hJgivaka

o{pero{pero{pero{per th;n provgnwsin e[deixen kai;kai;kai;kai; oujc hJ

provgnwsi" to;n jIeremivan pepoivhken

a{gion ajlla; to; mevllon e[sesqai proevgnw

oJ Qeov".

On peut noter aussi, dans la chaîne abrégée, les amalgames entre les extraits 19a et

19b, entre les extraits 66a, 66b et 67, entre les extraits 76a, 76b, 77 et 78a, entre les extraits

80b et 81, entre les extraits 123a et 123b, entre les extraits 139a et 139b, entre les extraits

171b et 171c et entre les extraits 176a et 176b.

Non seulement la famille B2 joint deux parties d'un même extrait ou deux extraits

successifs d'auteurs différents, mais parfois aussi elle rassemble en un seul extrait des

passages assez éloignés de la famille B1, qui plus est attribués à des auteurs variés, comme

en témoigne la reformulation des extraits 11a à 11e dans la famille B2. La famille B2 joint

deux extraits séparés par trois autres extraits dans la famille B1. Ce qui donne l’impression

de cette jointure est le kaiv. Il n’est pas ajouté, car il existe déjà dans le commentaire

anonyme de la famille B1. Cependant, l’absence des noms des auteurs avant chaque

commentaire nous invite à le lire dans la continuité du commentaire précédent, ce qui est

assez satisfaisant du point de vue du sens : « Moi, j’ordonne, dit-il, et tu mets en avant la

jeunesse ! Et en effet, quand Dieu prend les choses en main, la réticence est quelque chose

d’inconsidéré et mérite l’accusation d'absence de foi, non d'être reçue comme convenable ».

Toutefois cette fusion ne respecte pas les diverses appartenances des extraits qui sont

précisées dans la famille B1. Je fais apparaître en gras les passages communs aux deux

familles.

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Famille B1 (extraits 11a à 11e) Famille B2 (éd. p. 5, ll. 12-14)

Tou' aJgivou jIwavnnou ejpiskovpou

Kwnstantinoupovlew": mh; levge o{ti newvterov"

eijmi o{tan ga;r oJ Qeo;" ejpitavtth/ oJ th'"

fuvsew" despovth" kai; hJlikiva kai; ajglwttiva

pavnta uJpexivstatai ta; pavqh ejgw; keleuvw ejgw; keleuvw ejgw; keleuvw ejgw; keleuvw

kai; neovthta probavlleikai; neovthta probavlleikai; neovthta probavlleikai; neovthta probavllei mh; skhvptou, mhde;

profasivzou fhsivnfhsivnfhsivnfhsivn [commentaires d’Origène,

d’Apolinaire et de Victor] jEx ajnepigravfou:

kai; ga;rkai; ga;rkai; ga;rkai; ga;r wJ" ajlhqw'" Qeou' proceirizomevnouQeou' proceirizomevnouQeou' proceirizomevnouQeou' proceirizomevnou

kai; marturou'nto" ajperivskepton hJ eujajperivskepton hJ eujajperivskepton hJ eujajperivskepton hJ eujlavbeia lavbeia lavbeia lavbeia

kaikaikaikai; ma'llon ajpistiva" e[con kathgorivan ajpistiva" e[con kathgorivan ajpistiva" e[con kathgorivan ajpistiva" e[con kathgorivan h]

ejpieikeiva" ajpodochvnejpieikeiva" ajpodochvnejpieikeiva" ajpodochvnejpieikeiva" ajpodochvn.

jEgw; keleuvw, fhsiv, kai; neovthta probavllei jEgw; keleuvw, fhsiv, kai; neovthta probavllei jEgw; keleuvw, fhsiv, kai; neovthta probavllei jEgw; keleuvw, fhsiv, kai; neovthta probavllei

kai; Qeou' ga;r proceirizomevnou kai; Qeou' ga;r proceirizomevnou kai; Qeou' ga;r proceirizomevnou kai; Qeou' ga;r proceirizomevnou

ajperivskepton hJ eujlavbeia kai; ajpistiva" ajperivskepton hJ eujlavbeia kai; ajpistiva" ajperivskepton hJ eujlavbeia kai; ajpistiva" ajperivskepton hJ eujlavbeia kai; ajpistiva"

e[con kathgorivan oujk ejpieikeiva" ajpodochvn.e[con kathgorivan oujk ejpieikeiva" ajpodochvn.e[con kathgorivan oujk ejpieikeiva" ajpodochvn.e[con kathgorivan oujk ejpieikeiva" ajpodochvn.

L’abrégé présente d’autres cas d’amalgame entre des extraits qui ne se succèdent pas

dans la chaîne intégrale : amalgames des extraits 49b et 51, 59b et 61a, 120a et 122, 123c et

125, 150b et 151a, 157b et 159, 216 et 218a.

Ainsi, il apparaît que l'auteur de l'abrégé, après avoir fait une première sélection,

résume les extraits de la chaîne intégrale qu'il a retenus, en amalgamant les parties distinctes

d'un même extrait ou deux extraits distincts et en supprimant ou allégeant insistances,

exemples et citations scripturaires. Certains passages toutefois ne proviennent pas de la

chaîne intégrale et suggèrent que l'auteur de l'abrégé a dû avoir à sa disposition une autre

source que celle-ci.

3) Un principe d’enrichissement

On trouve dans la famille B2 un certain nombre de commentaires absents de la famille

B1 et dont l’attribution n’est pas précisée. Il est nécessaire de présenter plus précisément les

15 extraits de ce type dans le corpus de Jr 1-4. Je mets en gras dans le tableau suivant les

passages communs aux fragments originaux de la famille B2 et au texte dont ils semblent

avoir été tirés.

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Emplacement Passages absents de la chaîne intégrale Origine possible 3ème extrait de la section 1 ; sur Jr 1, 3

Levgei de; kai; to;n kto;n kto;n kto;n kairovnairovnairovnairovn: ejn hJmevrai" jIwsivou tou' jIwsivou tou' jIwsivou tou' jIwsivou tou' dikaivoudikaivoudikaivoudikaivou. jEpei; ga;r tw'n pro; aujtou' eij" ajsevbeian tw'n pro; aujtou' eij" ajsevbeian tw'n pro; aujtou' eij" ajsevbeian tw'n pro; aujtou' eij" ajsevbeian ajpoklinavntwnajpoklinavntwnajpoklinavntwnajpoklinavntwn oujk ei\ce to;n nouqetou'nta komidh/' komidh/' komidh/' komidh/' neov" paracqei;" eij" th;n basileivanneov" paracqei;" eij" th;n basileivanneov" paracqei;" eij" th;n basileivanneov" paracqei;" eij" th;n basileivan eujdovkhsen oJ eujdovkhsen oJ eujdovkhsen oJ eujdovkhsen oJ Qeo;" Qeo;" Qeo;" Qeo;" tovte tou'ton profhteuvein profhteuvein profhteuvein profhteuvein o{te mavlista mavlista mavlista mavlista ejdevonto dejdevonto dejdevonto dejdevonto diorqwvsew"iorqwvsew"iorqwvsew"iorqwvsew": eijdw;" de; wJ" hJ tou' kairou' eijdw;" de; wJ" hJ tou' kairou' eijdw;" de; wJ" hJ tou' kairou' eijdw;" de; wJ" hJ tou' kairou' duscevreia ojknhrovteron aujto;n poihvsei levgei rJhvmata duscevreia ojknhrovteron aujto;n poihvsei levgei rJhvmata duscevreia ojknhrovteron aujto;n poihvsei levgei rJhvmata duscevreia ojknhrovteron aujto;n poihvsei levgei rJhvmata ajfajfajfajf jj jj w|n protrevpesqai aujto;n hjduvnato.w|n protrevpesqai aujto;n hjduvnato.w|n protrevpesqai aujto;n hjduvnato.w|n protrevpesqai aujto;n hjduvnato. Cet ajout reprend, amalgame et résume plusieurs passages d'un commentaire de Jean Chrysostome transmis en tradition directe488. On les retrouve textuellement dans la chaîne à deux auteurs. Il est ainsi impossible d'affirmer si cet ajout provient de la consultation d'un exemplaire du Commentaire de Jean Chrysostome en tradition directe ou d'un manuscrit de la chaîne à deux auteurs.

Extraits de Jean Chrysostome sur Jr 1, 2 ; 1, 3 et 1, 4-5 dans la chaîne à deux auteurs ou dans son Commentaire sur Jérémie conservé en tradition directe : jIwavnnou: Kai; tou'to th'" prografh'" ejsti tou' biblivou: mhnuvei de; ejpi; poivou basilevw" h[rxato th'" profhteiva", kai; kata; poi'on to;n kairovnto;n kairovnto;n kairovnto;n kairovn. jEpeidh; ga;r divkaio" hdivkaio" hdivkaio" hdivkaio" h\\ \\n oJ jIwsiva"n oJ jIwsiva"n oJ jIwsiva"n oJ jIwsiva" kai; ojrqh;n ei\ce th;n gnwvmhn peri; th;n eujsevbeian, oujk hjduvnato de; ajf jeJautou' gnw'nai to; kalovn, pavntwn eij" ajsevbeian eij" ajsevbeian eij" ajsevbeian eij" ajsevbeian ejkklinavntwnejkklinavntwnejkklinavntwnejkklinavntwn tw'n aujtou' progovnwntw'n aujtou' progovnwntw'n aujtou' progovnwntw'n aujtou' progovnwn, tou' te Manassh' levgw kai; tou' jAmw'" kai; mavlista komidh'/ komidh'/ komidh'/ komidh'/ nevo" paracqei;"nevo" paracqei;"nevo" paracqei;"nevo" paracqei;" eij" th;n basileivaneij" th;n basileivaneij" th;n basileivaneij" th;n basileivan, ajpo; triskaidekavtou e[tou" th'" basileiva" aujtou' wj/konovmhsen oJ Qeo;"wj/konovmhsen oJ Qeo;"wj/konovmhsen oJ Qeo;"wj/konovmhsen oJ Qeo;" profprofprofprofhteuveinhteuveinhteuveinhteuvein to;n jIeremivan, i{na ejk tw'n ejlevgcwn tou' profhvtou th;n peri; to; kalo;n spoudh;n deivxh/ eJautou' oJ basileuv".[…] jIwavnnou: […] Tovte ga;r mavlista ejdevonto mavlista ejdevonto mavlista ejdevonto mavlista ejdevonto parainevsew"parainevsew"parainevsew"parainevsew".[…] jIwavnnou: […] oujc aJplw'" aujto;n pevmpei: h[/deih[/deih[/deih[/dei ga;r wJ" hJ wJ" hJ wJ" hJ wJ" hJ tou' kairou' duscevreia ojknhrovteron aujto;ntou' kairou' duscevreia ojknhrovteron aujto;ntou' kairou' duscevreia ojknhrovteron aujto;ntou' kairou' duscevreia ojknhrovteron aujto;n peri; to; pra'gma poihvseipoihvseipoihvseipoihvsei. LevgeiLevgeiLevgeiLevgei toivnun rJhvmatarJhvmatarJhvmatarJhvmata, ajfajfajfajf j w|n protrevpesqai aujto;n hjduvnatoj w|n protrevpesqai aujto;n hjduvnatoj w|n protrevpesqai aujto;n hjduvnatoj w|n protrevpesqai aujto;n hjduvnato […]

section 5 ; sur Jr 1, 7

JOra'/" wJ" skh'yi" h\n hJ hJlikiva tw'n profhtw'n fovbo" de;; h\n aijtiva th'" paraithvsew".

?

dans la marge de droite de L, au début de la chaîne sur Jérémie

{Oti ajsavfeia givnetaiajsavfeia givnetaiajsavfeia givnetaiajsavfeia givnetai kai; para; provswpon kai; para; pra'gma kai; ejk th'" tw'n legovntwn ijdiovthto".ejk th'" tw'n legovntwn ijdiovthto".ejk th'" tw'n legovntwn ijdiovthto".ejk th'" tw'n legovntwn ijdiovthto". La phrase est proche d'un passage du prologue de Jean Chrysostome (chaîne à auteurs multiples) qui met en valeur le fait que l'Esprit inspire les idées aux prophètes et que ceux-ci les formulent dans leurs propres termes.

Prologue de Jean Chrysostome dans la chaîne à auteurs multiples : GivnetaiGivnetaiGivnetaiGivnetai de; pavlin ajsafeivaajsafeivaajsafeivaajsafeiva kai; para; th;n para; th;n para; th;n para; th;n tou' levgonto" ijdiovthtatou' levgonto" ijdiovthtatou' levgonto" ijdiovthtatou' levgonto" ijdiovthta ejpirrepw'" e[conto" pro;" th;n toiavnde ajpaggelivan (cf. éd., p. 5, ll. 13-14).

488 Ce commentaire n'a aucun rapport avec les extraits de la chaîne de la famille B1 (cf. supra, chap. 1, pp. 111-120).

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233

1er extrait de la section 11 ; sur Jr 1, 13

Levbhta kalei' th;n jIerousalh;m e[kkausin th;n Levbhta kalei' th;n jIerousalh;m e[kkausin th;n Levbhta kalei' th;n jIerousalh;m e[kkausin th;n Levbhta kalei' th;n jIerousalh;m e[kkausin th;n sumforavn: ajpo; borra' de; i{na mhnuvsh/ tw'n sumforavn: ajpo; borra' de; i{na mhnuvsh/ tw'n sumforavn: ajpo; borra' de; i{na mhnuvsh/ tw'n sumforavn: ajpo; borra' de; i{na mhnuvsh/ tw'n babulwnivwn th;n e[fodon.babulwnivwn th;n e[fodon.babulwnivwn th;n e[fodon.babulwnivwn th;n e[fodon. Ce passage est une reprise littérale de la deuxième partie de l’extrait de Jean Chrysostome sur Jr 1, 13 qui apparaît dans la chaîne à deux auteurs et dans son Commentaire en tradition directe.

Extrait de Jean Chrysostome sur Jr 1, 13 : jj jjIwavnnou: To; provswpon, toutevstin hJ e[kkausi" i{na ei[ph/ wJ" ajpo; tou' boreivou mevrou" hJ e[kkausi" givnetai tou' levbhto". Kalei'Kalei'Kalei'Kalei' de; levbhtalevbhtalevbhtalevbhta th;n th;n th;n th;n jIerousalhvmjIerousalhvmjIerousalhvmjIerousalhvm, e[kkausine[kkausine[kkausine[kkausin de; th;n sumforavnth;n sumforavnth;n sumforavnth;n sumforavn: ajpo; borra' ajpo; borra' ajpo; borra' ajpo; borra' de;, i{na mhnuvsh/ tw'n Babulwnivwn th;n e[fodon.de;, i{na mhnuvsh/ tw'n Babulwnivwn th;n e[fodon.de;, i{na mhnuvsh/ tw'n Babulwnivwn th;n e[fodon.de;, i{na mhnuvsh/ tw'n Babulwnivwn th;n e[fodon.

3ème extrait de la section 12 ; sur Jr 1, 15

Kaqavper dikasth;" aJmarthvsa" to;n katadedikasmevnon e[ti dikaiologei'tai pro;" aujto;n ou{tw kai; oJ Qeo;" tou;" dhmivou" ejpisthvsa" th/' povlei ejtavzei meta; ajkribeiva" kai; ouj provteron ajfivhsin aujtou;" kolasqh'nai e{w" katedivkasen.

?

4ème extrait de la section 12; sur Jr 1, 16

To; de; lalhvsw meta; krivsew" ajnti; tou' ejlevgxa" ejpi; ejlevgxa" ejpi; ejlevgxa" ejpi; ejlevgxa" ejpi; paranomiva/ ou{tw timwrhvsomai.paranomiva/ ou{tw timwrhvsomai.paranomiva/ ou{tw timwrhvsomai.paranomiva/ ou{tw timwrhvsomai. Ce passage est une reprise abrégée de l’extrait de Jean Chrysostome sur Jr 1, 16 qui apparaît dans la chaîne à deux auteurs et dans son Commentaire en tradition directe.

Meta; krivsewv" mou dialecqhvsomai pro;" aujtouv", kai; ejlevgxa"ejlevgxa"ejlevgxa"ejlevgxa" aujtou;" ejpi;ejpi;ejpi;ejpi; th'/ paranomivaparanomivaparanomivaparanomiva/, ou{tw"ou{tw"ou{tw"ou{tw" aujtou;" timwrhvsomaitimwrhvsomaitimwrhvsomaitimwrhvsomai.

5ème extrait de la section 12 ; sur Jr 1, 16

{Ora de; oujk ejgw; ajpevsthn ajll j ejkei'noi katevlipon. ?

3ème extrait de la section 13 ; sur Jr 1, 17

To; de; mh; fobhqh'" mh; de; ptohqh/'" ejpei; e[ti uJfwrmei' devo" aujtou' th/' dianoiva/. {Ora de; kai; meta; th;n cavrin tou' pneuvmato" e[ti ta; ajnqrwvpina to;n qespevsion profhvthn uJformou'nta.

?

section 14 ; sur Jr 1, 18

Provterovn fhsi to; « e[qhkav se wJ" tei'co" » kai; ou{tw to; « polemhvsousi » deiknu;" to; ajnepibouvleuton.

?

5ème extrait de la section 17 ; sur Jr 2, 6

Oujc aJplw'" de; ejndiatrivbei tai'" eujergesivai", ajll j eij" ajnavgkhn katasta;" par j aujtw'n ejpaivrei ta;" eujergesiva", eij kai; mh; levgei a{pan o{son h\n.

?

2ème extrait de la section 19 ; sur Jr 2, 8

{Ora de; pw'" pantacou' tw'n ajrcovntwn kaqiknei'tai oJ qei'o" lovgo".

?

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234

9ème extrait de la section 24 ; sur Jr 2, 14

]H kai; ou{tw": mh; dou'lov" ejstin jIsrahvl … ajnti; tou': « mh; wJ" douvlou katefrovnoun oujci; ejn tavxei tou'ton ei\con uiJou' ». Ce passage est une récriture de l’extrait de Jean Chrysostome sur Jr 2, 14 qui apparaît dans la chaîne à deux auteurs et dans son Commentaire en tradition directe.

Mh; dou'lov" ejstin jIsrahvlMh; dou'lov" ejstin jIsrahvlMh; dou'lov" ejstin jIsrahvlMh; dou'lov" ejstin jIsrahvl ………… Mh; wMh; wMh; wMh; wJ" douvlou J" douvlou J" douvlou J" douvlou katefrovnounkatefrovnounkatefrovnounkatefrovnoun, oujc wJ" uiJou' uiJou' uiJou' uiJou' proenovhsa …

2ème extrait de la section 12' ; sur Jr 2, 26

Toutevstin wJ" oJ peri; aujtofwvrw/ lhfqei;" Toutevstin wJ" oJ peri; aujtofwvrw/ lhfqei;" Toutevstin wJ" oJ peri; aujtofwvrw/ lhfqei;" Toutevstin wJ" oJ peri; aujtofwvrw/ lhfqei;" ajrnhvsasqai ajrnhvsasqai ajrnhvsasqai ajrnhvsasqai th;n klevpthn ouj duvnataiouj duvnataiouj duvnataiouj duvnatai ou[te ou|toi th;n eijdwlolatrivan. Ce passage est un résumé de l'extrait de Jean Chrysostome sur Jr 2, 26 qui apparaît dans la chaîne à deux auteurs et dans son Commentaire en tradition directe.

Toutevstin wJ"Toutevstin wJ"Toutevstin wJ"Toutevstin wJ" ejp jaujtofwvrjaujtofwvrjaujtofwvrjaujtofwvrw/w/w/w/ lhfqei;"lhfqei;"lhfqei;"lhfqei;" klevpth" ajrnhvsasqai ouj duvnataiajrnhvsasqai ouj duvnataiajrnhvsasqai ouj duvnataiajrnhvsasqai ouj duvnatai, ou{tw kai; ou|toi ou|toi ou|toi ou|toi tw'n sumforw'n katalabousw'n oujk a]n ajrnhqei'en tw'n eijdwvlwn th;n ajsqevneian aijscunovmenoi ejpi; th'/ peri; aujta; qerapeiva/.

2ème extrait de la section 14' ; sur Jr 2, 30

To; ajnavlghton de; aujtw'n kai; ajnepivstrofon deiknu;" mavthn, fhsivn, ejpavtaxa ta; tevkna uJmw'n.

?

5ème extrait de la section 14' ; sur Jr 2, 31 ?

Oujk ei\pen: « ouj swvsw se », ajlla; pevmpei aujth;n eij" tou;" timhqevnta".

?

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235

Ces passages originaux, parce qu’absents de la chaîne intégrale, sont concentrés au

début de l’abrégé, dans ce qui correspond aux chapitres 1 et 2 de Jérémie : il y en a 9 dans

les extraits sur le premier chapitre et 6 dans les extraits sur le deuxième chapitre. Tous les

extraits concernant les chapitres 3 et 4 sont empruntés à la chaîne intégrale489.

Le tableau fait voir que cinq de ces quinze passages sont très proches d'extraits

attribués à Jean Chrysostome dans la chaîne à deux auteurs. Deux hypothèses sont

possibles : soit l'auteur de l'abrégé a consulté un exemplaire de la chaîne à deux auteurs, soit

il avait sous les yeux un témoin de la tradition directe du Commentaire de Jean

Chrysostome. Si les dix autres passages originaux correspondent à des passages du

Commentaire de Jean Chrysostome transmis par la tradition directe, mais absents de la

chaîne à deux auteurs, il faudra privilégier la deuxième hypothèse. Or, les extraits de la

chaîne à deux auteurs attribués à Jean Chrysostome sur Jr 1-4 et la tradition directe de son

Commentaire sur Jérémie se recouvrent presque parfaitement490, mis à part quelques

variantes et la présence dans le Commentaire d'un extrait sur Jr 1, 7 qui n'apparaît pas dans

la chaîne à deux auteurs (cf. Laurentianus IX 13, f. 80) : Toutevsti mh; novmizev se aujto;n

eujkatafrovnhton ejgw; gavr soi to; ajxiovpiston levgonti kai; dwvsw ejpi; plhvqou"

dialevgesqai parrhsivan kai; ta; duscerh' ejrei'" tou'to ga;r mhnuvei kai; kata; pavnta

o{sa a]n ejntevllwmaiv soi lalhvsei" ouj pro;" kolakeivan tou' plhvqou"

prosdialegovmeno" ajlla; meta; parrhsiva" levgwn ta; ajlhqh'. Mais ce passage ne

correspond pas à l'extrait original de la chaîne abrégée sur Jr 1, 7491. La consultation d'un

témoin manuscrit de la tradition directe du Commentaire de Jean Chrysostome ne nous

apporte donc pas d'élément nouveau pour les passages originaux de la chaîne abrégée dont

on ne connaît pas l'origine et qui ne présentent pas de point commun avec les extraits de la

chaîne à deux auteurs. Toutefois, si l'on y regarde de plus près, force est de constater que les

passages originaux de l’abrégé correspondent :

− soit à des lacunes de la chaîne à deux auteurs : il n’y a, dans la chaîne à deux

auteurs, aucun extrait, ni de Théodoret, ni de Jean Chrysostome sur Jr 1, 7 auquel

489 Il faudra à l’avenir poursuivre cette analyse sur la suite des deux chaînes et voir si l'abrégé continue à avoir recours à une source autre que la chaîne intégrale pour les chapitres 5 à 52. 490 Cf. infra, pp. 269-275. 491 Cf. tableau précédent, p. 232.

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236

aurait pu correspondre l'extrait de la section 5 de la chaîne abrégée portant sur ce

verset : celui-ci n'est d'ailleurs même pas cité ; il n'y a pas non plus, dans la chaîne

à deux auteurs, d’extrait sur Jr 1, 15 auquel aurait pu correspondre le passage

original de la chaîne abrégée sur ce verset (troisième extrait de la section 12), qui

est pourtant cité dans la chaîne à deux auteurs, mais immédiatement suivi d'une

transition annonçant Jr 1, 16 ; il n'y a pas, dans la chaîne à deux auteurs, d’extrait

sur Jr 1, 17 auquel aurait pu correspondre le passage original de la chaîne abrégée

sur ce verset (troisième extrait de la section 13), qui n'est pas cité, mais

simplement présent sous forme d'allusion dans l'extrait de Théodoret sur Jr 1, 16 ;

il n'y a, dans la chaîne à deux auteurs, aucun extrait sur Jr 2, 6 auquel aurait pu

correspondre le passage original de l'abrégé sur ce passage (cinquième extrait de

la section 17), puisque le verset n'est même pas cité ; il est difficile en revanche

de savoir sur quel lemme biblique porte exactement le passage original que

constitue le cinquième extrait de la section 14' et donc de voir s'il correspond à

une lacune de la chaîne à deux auteurs ;

− soit à des lacunes des extraits de Jean Chrysostome dans la chaîne à deux auteurs

ou dans son Commentaire en tradition directe : pour le cinquième extrait de la

section 12 de l'abrégé (passage original sur la deuxième partie de Jr 1, 16), il y a

un bref extrait de Jean Chrysostome sur le début du verset ; cet extrait est

d'ailleurs repris dans l'abrégé juste avant le passage original dont il est question

ici. En revanche, sur la deuxième partie du verset, il n'y a pas d'extrait de Jean

Chrysostome, mais seulement un extrait de Théodoret ; il y a un seul extrait sur Jr

2, 30 qui est sans attribution dans la chaîne, mais qui doit être attribué à

Théodoret d'après les témoins manuscrits de la tradition directe de son

Commentaire sur Jérémie ;

− soit à des passages où il n'y a pas de lacune, mais où il y a seulement de brefs

extraits de Jean Chrysostome qui pourraient être complétés par ces passages

originaux dont témoigne l'abrégé : il y a un bref extrait de Jean Chrysostome sur

Jr 1, 18 auquel ne correspond pas le passage original de l'abrégé (section 14) ; il y

a plusieurs brefs extraits de Jean Chrysostome et Théodoret sur Jr 2, 8, mais le

passage original de l'abrégé (deuxième extrait de la section 19) ne correspond à

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237

aucun d'eux. Dans ces deux cas, les passages originaux pourraient sans difficulté

s'insérer, sans faire double emploi, avant ou après un des brefs extraits de Jean

Chrysostome que l'on trouve dans la chaîne à deux auteurs ou dans son

Commentaire en tradition directe.

À partir de cette analyse, je propose l'hypothèse suivante : tous les passages originaux

de la chaîne abrégée proviennent d'une unique source, le Commentaire sur Jérémie de Jean

Chrysostome en tradition directe, duquel ont été tirés les extraits attribués à Jean

Chrysostome dans la chaîne à deux auteurs. La tradition directe du Commentaire de Jean

Chrysostome serait donc lacunaire, du moins sur les deux premiers chapitres pour lesquels

apparaissent des passages originaux dans la chaîne abrégée, ou encore il aurait existé sous

forme de deux recensions dont l'une aurait été plus complète que l'autre et l'auteur de

l'abrégé aurait eu accès à la version la plus complète.

Il faut aussi s'intéresser aux notes que l'on trouve dans les marges (pour le

Laurentianus V 9) ou entre les lignes du texte biblique (pour le Laurentianus XI 4) des deux

manuscrits de la chaîne abrégée. Il y a, en effet, dans la chaîne abrégée, un troisième niveau

de texte qui ne correspond pas au troisième niveau de texte de la chaîne intégrale, car celui-

ci n’est pas réservé à des variantes hexaplaires ou à des gloses exégétiques d’Olympiodore,

mais à des notes très brèves sans attribution. Parmi ces notes, on retrouve la même

répartition que pour les extraits en bonne et due forme : certaines sont tirées de la chaîne à

auteurs multiples, certaines sont conformes à des extraits de Jean Chrysostome dans la

chaîne à deux auteurs ou la tradition directe de son Commentaire et certaines sont

originales. Le tableau suivant (pp. 239 sq.) récapitule l'ensemble de ces notes en précisant le

lemme biblique sur lequel elles portent, le manuscrit dans lequel elles apparaissent, le texte

grec, sa traduction et l'origine présumée du passage.

Le problème auquel j’ai été confrontée est le suivant : parmi les extraits de la chaîne

abrégée, les passages qui ne proviennent pas de la chaîne à auteurs multiples présentent tous

un lien avec des extraits de la chaîne à deux auteurs attribués à Jean Chrysostome ; j’en étais

donc venue à penser que, même pour les passages originaux, le compilateur de l'abrégé

puisait dans un témoin de la tradition directe d'un Commentaire sur Jérémie de Jean

Chrysostome dont on n'aurait qu'une version lacunaire ou une version brève dans les

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238

témoins conservés. Or, parmi les notes de la chaîne abrégée qui ne viennent pas de la chaîne

à auteurs multiples, plusieurs ont, comme on s'y attend, un lien avec les extraits de Jean

Chrysostome, mais l'une d'entre elles fait écho à un extrait attribué à Théodoret dans la

chaîne à deux auteurs (sur Jr 2, 9). Cet emprunt à Théodoret remettrait en cause l'idée que

tous les passages originaux de la chaîne abrégée devraient être attribués à Jean

Chrysostome. Il faudrait alors envisager soit que le compilateur de la chaîne abrégée a

consulté un exemplaire de la chaîne à deux auteurs plutôt qu’un témoin du Commentaire de

Jean Chrysostome en tradition directe, soit qu'il avait aussi à sa disposition un exemplaire

du Commentaire sur Jérémie de Théodoret en tradition directe, soit que l'extrait d'où est

tirée la note est attribué faussement à Théodoret dans la chaîne à deux auteurs et doit être

réattribué à Jean Chrysostome. Après vérification de la tradition directe des Commentaires

sur Jérémie de Théodoret (d'après le Marcianus gr. 87) et de Jean Chrysostome (d'après le

Laurentianus IX 13), la phrase Ei\ta oJ pro;" aujtou;" e[legco" ajpo; paradeivgmato", qui

commence l'extrait attribué à Théodoret dans le Bononiensis gr. 2373 doit être attribuée à

Jean Chrysostome. En effet, elle n'apparaît pas dans le Commentaire de Théodoret, alors

qu'elle apparaît dans celui de Jean Chrysostome. Il y a donc une erreur d'attribution de la

part de l'auteur de la chaîne à deux auteurs, ou plutôt du copiste du Bononiensis gr. 2373,

d'autant plus que le Vaticanus gr. 675 omet avant cette phrase l'attribution à Théodoret et

donne la phrase et l'extrait de Théodoret qui lui succède dans la continuité de l'extrait

précédent de Jean Chrysostome. En tout cas, cet emprunt de l'abrégé n'est plus un obstacle à

mon hypothèse : c'est bien un emprunt au Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome

que le compilateur a sans aucun doute consulté pour enrichir son abrégé de la chaîne

intégrale à auteurs multiples.

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Texte biblique concerné

Manuscrits concernés

Texte grec de la note

Traduction de la note

Origine de la note

kalw/j (< Jr 1, 12) F ajnt j o[rqw" oujk a[llo ajnt j a[llou

pour “correctement”, non une chose pour une autre

extrait 20 d’Apolinaire

avpo. prosw,pou borra/ (< Jr 1, 13)

F toutevstin ejkei' eJwvra ejkei' ejtevtrapto

c’est-à-dire : c’est là qu’il voyait, vers là qu’il était tourné

extrait 23a de Jean Chrysostome

evpi. pa,ntaj tou.j katoikou/ntaj (< Jr 1, 14)

F ajnt j oujdei'" diafeuvxetai

au lieu de : personne ne s’enfuira

?

oi avnteco,menoi tou/ no,mou mou (< Jr 2, 8)

F toutevstin oiJ grammatei'"

c’est-à-dire les scribes

extrait 49b de Jean Chrysostome

profh/tai (< Jr 2, 8)

F tou;" yeudoprofhvta" levgei

Il veut dire les faux prophètes

extrait 51 de Jean Chrysostome

dia. tou/to (< Jr 2, 9)

F uJmei'" parevcete th;n aijtivan tou' ajei; dikavzesqai

C'est vous qui êtes responsables de ce que vous êtes toujours en procès.

?

o[ti (< Jr 2, 10) F oJ e[legco" ajpo; paradeivgmato"

Le reproche à partir d’un exemple.

début de l'extrait de Théodoret sur Jr 2, 9 (en fait = fin de l'extrait de Jean Chrysostome sur Jr 2, 9)

Ghw/n (< Jr 2, 18) F to;n nei'lon Le Nil extrait 69a d’Olympiodore

pikro,n (< Jr 2, 19) F pikrovn soi oujk ejmoiv

Aigre pour toi, non pour moi

?

ouvk euvdo,khsa (< Jr 2, 19)

F L ajnti; oujk ajnepausavmhn (F) Oujk eujdovkhsa ajnti; tou' oujk ajnepausavmhn (L)

Je n'ai pas été satisfait de toi au lieu de « je ne me suis pas reposé ».

extrait 74a de Jean Chrysostome

avpV aivw/noj (< Jr 2, 20)

F L a[nwqen toiauvth gevgona" (F) ajp j aijw'no" de; sunevtriya" toutevstin a[nwqen toiauvth gevgonen (L)

Depuis toujours tu as brisé c'est-à-dire : depuis le commencement tu es telle.

?

eva.n avpoplu,nh| (< Jr 2, 22)

F L eij" metanoivan kalei' dia; touvtwn (F) dia; tou' eja;n ajpopluvnh/ eij" metanoivan kalei' (L)

Par si tu te laves, il appelle au repentir.

?

po,an (< Jr 2, 22) F L smhktikh; botavnh (F) pova de; smhktikh; botavnh (L)

La saponaire est une plante détersive.

?

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240

kekhli,dwsai (< Jr 2, 22)

L to; de; kekhlivdwsai toutevsti bebammevnh ei\ th/' kakiva/

Tu resteras tachée c’est-à-dire : tu es plongée dans la méchanceté

extrait de Jean Chrysostome sur Jr 2, 22

evnanti,on evmou/ (< Jr 2, 22)

F L tiv ga;r eij ajnqrwvpoi" mh; toiauvth dokei'" ei\nai (F) ejnantivon de; ejmou' toutevstin eij kai; ajnqrwvpoi" mh; dokei'" ei\nai toiauvth (L)

À mon encontre c’est-à-dire : même si tu ne sembles pas être telle envers les hommes.

?

ovye, (< Jr 2, 23) F tou;" kwvmou" ejntau'qa levgei th;n mevqhn

Par l'ivresse, il évoque ici les banquets.

?

ta.j odou.j auvth/j (< Jr 2, 23)

F L ta;" pravxei" ajnti; tou' meta; ajdeiva" eijdwlolatrei' (F) to; oJdou;" de; aujth'" ejplavtunen ajnti; tou' meta; ajdeiva" eijdwlolatrei' (L)

Et ses chemins, elle les prolongeait au lieu de : elle adore les idoles dans l’impunité.

extrait 86a de Jean Chrysostome

evpla,tunen (< Jr 2, 24)

F meta; ajdeiva" dans l’impunité extrait 86a de Jean Chrysostome

evn evpiqumi,aij (< Jr 2, 24)

F L kaq j hJdonh;n h[kouen tw'n yeudoprofhtw'n (F) ejn ejpiqumivai" yuch'" toutevstin hJdevw" h[kouse tw'n yeudoprofhtw'n (L)

Dans les désirs de son âme, c'est-à-dire : elle a écouté favorablement les faux prophètes

extrait de Jean Chrysostome sur Jr 2, 24

evpneumatoforei/to (< Jr 2, 24)

F L ejnergeiw'n ejplhrou'to daimovnwn (F) ejpneuvmatoforei'to de; ejnergeivwn ejplhrou'to daimovnwn (L)

Elle était ballottée : elle était pleine des énergies des démons.

extrait 88 d’Olympiodore

ti,j (< Jr 2, 24) F ajnti; oujdei'" Au lieu de : personne.

?

evn th/ tapeinw,sei (< Jr 2, 24)

F toutevsti kateirgasmevnhn

C'est-à-dire : entravée

extrait 91 de Jean Chrysostome

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241

Conclusion

En somme, la famille B1 transmet une version complète de la chaîne prototype, tandis

que la famille B2 en transmet une version abrégée et simplifiée ; mais cela, nous avons pu

nous en apercevoir, ne conduit pas toujours à une simplification du sens. Comme en

témoignent les passages faisant écho aux extraits attribués à Jean Chrysostome dans la

chaîne à deux auteurs et les passages originaux, cette version abrégée puise aussi dans la

tradition directe du Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome.

Ainsi, il semble que l'auteur de l'abrégé ait eu le désir de s'approprier le matériau d'une

chaîne antérieure, de l'alléger dans la plupart des cas, mais aussi ponctuellement de

l'enrichir, pour présenter une œuvre d'un nouveau type. Dans la chaîne abrégée, une place

encore plus importante est accordée au texte biblique par rapport au volume des extraits

patristiques : cela est bien visible dans la mise en page. L'auteur est, par ailleurs, beaucoup

moins soucieux de respecter ses sources : il ne donne que rarement le nom de l'auteur de

l'extrait, jamais l'œuvre d'origine, et il n'hésite pas à amalgamer différents passages de

provenance différente. Dans le passage de la chaîne intégrale à la chaîne abrégée, il y a ainsi

une perte d'informations et de précisions considérable. Le but de l'auteur de l'abrégé n'était

sans doute pas tant de transmettre la tradition des Pères à propos du texte biblique que de

procéder à une édition du texte biblique enrichie de quelques références exégétiques.

Page 242: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

242

III. Les phénomènes de récriture

Pour définir le projet d'un caténiste, il importe d’analyser la façon dont il traite ses

sources, en confrontant, lorsque cela est possible, les extraits de la chaîne avec les œuvres

conservées en tradition directe. J'ai déjà proposé une première approche de ces problèmes

lorsque j'ai présenté les différents auteurs cités dans les chaînes492, mais je complèterai ici

mon analyse et procèderai à une synthèse des différents phénomènes de récriture, afin de

voir si le caténiste respecte scrupuleusement les œuvres patristiques qu'il excerpte ou s'il les

utilise avec une certaine liberté, et si sa démarche varie selon les œuvres concernées.

Cette analyse doit être menée sur les deux types de chaînes : la chaîne à auteurs

multiples, dans sa version intégrale et abrégée, et la chaîne à deux auteurs.

A. Dans la chaîne intégrale à auteurs multiples

1) La récriture des Homélies sur Jérémie d'Origène

On peut observer le phénomène de récriture dans 15 des 17 scholies attribuées à

Origène, car deux d'entre elles, les scholies 11b et 22a, n'ont pas de point d'accroche avec

les Homélies.

Le caténiste sélectionne tout d’abord certaines idées de son texte de référence. Il évite

la dispersion, c'est-à-dire qu'il retient seulement ce qui concerne le lemme biblique qu'il veut

expliquer et laisse de côté les propos d'Origène étendant l'interprétation à ce qui précède ou

à ce qui suit. Par exemple, le §6 de l'Hom. I étudie tout le passage de Jr 1, 5 à Jr 1, 10, dans

le but de distinguer les paroles qui se rapportent au prophète et les paroles qui le dépassent

et se rapportent au Christ. Dans la scholie 15b, qui en dépend, le caténiste ne retient que ce

qui touche au lemme biblique concerné (Jr 1, 10) et omet ce qui concerne les autres lemmes

492 Cf. supra, chap. 1, pp. 88-138.

Page 243: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

243

bibliques. On peut donner aussi l'exemple de la scholie 16a dans laquelle l'interprétation

détaillée des royaumes et des nations qui correspondent aux divers types de péchés (Hom I,

§ 14, ll. 25-34) est laissée de côté, ainsi que les détails sur le mode de l’anéantissement par

Dieu (Hom. I, § 15, ll. 7-31). Dans la scholie 165, le développement sur le déshonneur

(Hom. V, § 8, ll. 31-37) et l’exemple de Moïse (Hom. V, § 8, ll. 38-51) ne sont pas retenus.

Dans la scholie 176b, tout un pan de l’Hom. V, qui correspond à l'interprétation progressive

et détaillée du prépuce du cœur, est laissé de côté par le caténiste, qui signale cette omission

par l’expression kai; pavlin. Enfin, la scholie 181 ne retient pas le commentaire sur la

trompette (Hom. V, §16, ll. 1-11). Une telle pratique traduit une activité raisonnée du

caténiste qui choisit dans son texte-source ce qui correspond exactement au lemme concerné

dans la chaîne et qui ne retient pas les développements un peu longs ou les détails de

l'interprétation.

Dans l'ensemble, le caténiste récrit beaucoup ce qu'il emprunte aux Homélies

d'Origène. Aucun extrait ne se présente comme une reprise littérale du texte-source.

Certaines scholies sont toutefois assez fidèles au texte d'origine qu'elles résument un peu (cf.

scholies 104a et 165), d'autres reprennent quelques termes et expressions qu'elles réagencent

syntaxiquement de manière plus concise (cf. scholies 130b, 161a, 162a, 170, 171b, 175b et

176b), d'autres enfin s'inspirent très librement des idées du texte sans utiliser le même

vocabulaire (cf. scholies 15b et 16a). Pour une seule œuvre de référence, un même caténiste

peut donc pratiquer plusieurs degrés de récriture, et cela parfois dans un unique extrait :

l’extrait 131a présente en effet plusieurs types de récriture (reprise approximative des

termes, reprise des idées sans les termes) pour chacun des motifs empruntés à l’Hom. IV493.

Ce qui disparaît en priorité, lors de la récriture, ce sont les répétitions (par exemple la

répétition de pw'" e[rhmo" dans la scholie 104a inspirée de l’Hom. II, §2, ll. 1-21 et les

redites concernant l'absence ou la présence de voile dans la scholie 165 inspirée de l’Hom.

V, § 8, ll. 18-24, mais aussi le rappel du texte biblique dans la plupart des scholies), les

493 Pour le détail des différents exemples cités, cf. supra, chap. 1, pp. 91-99.

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transitions, les phrases affirmatives494, les exemples (cf. les exemples de la claudication et

de la souffrance de l’Hom. II, § 1, ll. 13-17 qui disparaissent dans la scholie 79b), les détails

(cf. détail du figuier et de la vigne à propos des arbres fruitiers dans l’Hom. IV §4, 31-49 qui

disparaît dans la scholie 130b). La suppression de ces éléments permet de donner un texte

plus concis et resserré. Les citations bibliques sont parfois abrégées (seule la fin de la

citation de 1P 5, 8-9 est gardée dans l’extrait 186a) ou omises (les allusions à 1Tm 3, 15 et

au Ps 17, 30 sont effacées dans la scholie 181), mais le plus souvent, elles sont fidèlement

reproduites, contrairement à ce qui se passe lors de la récriture de la chaîne intégrale dans la

chaîne abrégée495. Parmi les modifications syntaxiques qui permettent d’abréger le texte-

source en reliant plusieurs phrases, on peut signaler l’emploi fréquent des propositions

relatives (cf. scholies 130b, 175b, 176b) et des participes apposés (cf. scholie 175b).

Il y a en outre quelques inversions dans l’ordre des propos ou des idées des Homélies

(cf. l’idée que la vigne était toute vraie et celle que nous sommes tous nés à l’image de Dieu,

qui sont inversées dans la scholie 79b par rapport à l’Hom. II, §1 ; le déplacement de

l’expression « kaqovlou » au début de la scholie 104a ; les motifs de l’Hom. IV qui sont

disposés dans un ordre différent dans la scholie 131a). Ces trois inversions montrent que le

caténiste a la volonté de clarifier et de mettre en valeur sa récriture des Homélies : des

réagencements logiques sont en effet nécessaires à cause de la disparition de certains

éléments du texte-source.

Enfin, beaucoup de scholies d’Origène présentent des éléments originaux qui

n'apparaissent pas dans les homélies correspondantes : dans la scholie 16a, le commentaire

des termes "démolir" et "bâtir" s'écarte de ce que l'on trouve dans l'homélie correspondante

(Hom. I, § 15, ll. 1-6). Dans cette dernière, l'insistance est mise sur l'opposition entre la

construction du diable sur le sable et la construction de Dieu sur le roc avec la citation de

1Co 3, 9, tandis que, dans la chaîne, l’accent est porté sur le Christ, « fondement infrangible

et inébranlable » sur lequel on bâtit l’avenir, et la citation de 1Co 3, 10 s'ajoute à celle de

1Co 3, 9. Dans la scholie 79b, il y a une précision sur la question : « Comment t’es-tu

494 Cf. analyse de la scholie 16a, p. 92. 495 Cf. supra, pp. 225-226.

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tournée ? », posée par Dieu « non pas parce qu’Il l’ignore, mais pour parler comme un

homme ». Cette précision est propre à la chaîne, ainsi que la citation d’Is 1, 21, ajoutée à la

fin de l’extrait, qui n’apparaît pas dans le texte de l’homélie correspondante (Hom. II, § 1) et

donne donc un aspect original à la scholie de la chaîne. Dans l’extrait 104a, la deuxième

partie n’a pas de correspondant dans l’Hom. III, qui est incomplète dans la tradition directe.

Dans la scholie 131a, plusieurs motifs n’ont pas de point d’accroche avec l’Hom. IV.

L'image du voile, présente dans la scholie 161a de la chaîne, avec le verbe ejgkaluvptetai,

n'apparaît pas dans l'homélie correspondante (Hom. V, §5, ll. 13-32). La scholie 162a se

termine par un passage original sur le sommeil, appuyé par la citation d’Eph 5, 14 qui n’est

pas dans l’Hom. V. Dans les scholies 181 et 186a, alors que l'Hom. V ne donne que

l'interprétation allégorique du Borée et du lion, le caténiste explicite les deux interprétations,

littérale et allégorique, de ces deux images, grâce aux termes aijsqhtw'" et tropikw'" qui

n'apparaissent pas dans l’homélie.

J’ai montré combien l'interprétation de tels éléments était délicate et ai proposé

plusieurs hypothèses pour expliquer ces "ajouts" par rapport à la tradition directe496 : ajout

inséré par le caténiste, erreur d'attribution de ces passages ou tradition directe lacunaire. Il

est aussi possible que le caténiste ait disposé, pour les Homélies, d'un témoin manuscrit

glosé, dont les gloses auraient été perdues au cours de la tradition manuscrite, mais qu'il

aurait lui-même intégrées en partie dans certaines scholies de la chaîne.

Les extraits attribués à Origène dans la chaîne à auteurs multiples témoignent ainsi

d’une forte tendance à la sélection et à la récriture de la part du caténiste. Ce dernier ne

cherche pas tant à respecter la lettre du texte origénien qu’à mettre en valeur l'esprit de

celui-ci, en sélectionnant quelques idées qu'il résume et récrit, pour les intégrer plus

facilement dans la succession des extraits patristiques.

496 Cf. supra, chap. 1, pp. 94 et 97.

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2) La récriture du Commentaire sur Jérémie de Théodoret

J’ai déjà évoqué le fait que les deux types de chaînes (chaîne à auteurs multiples et

chaîne à deux auteurs) ont une source commune : le Commentaire sur Jérémie de Théodoret

de Cyr497.

Le tableau des pp. 247-252 présente ces points de contact textuels entre les deux

chaînes autour du Commentaire de Théodoret. Je souligne les éléments communs aux deux

types de chaînes et fais apparaître en gras l’attribution de ces passages, le lieu biblique sur

lequel ils portent et l’endroit où ils sont édités.

Le tableau fait apparaître que certains extraits de la chaîne à auteurs multiples, proches

d'extraits de Théodoret dans la chaîne à deux auteurs, ne lui sont pas attribués. Il y a ainsi 7

passages sur 19 qui ne sont pas attribués à Théodoret, mais à Victor, à Apolinaire, à Jean

Chrysostome ou à Olympiodore. Cependant, à les regarder de plus près, on remarque que

certains d'entre eux (cf. extraits 11a de Jean Chrysostome, 11d de Victor et 23b

d'Olympiodore) présentent la même thématique que les extraits attribués à Théodoret dans

la chaîne à deux auteurs, mais que les termes sont différents. Ces points communs

pourraient être alors des coïncidences dans des commentaires d'exégètes de l'école

antiochienne.

Il reste toutefois le problème d'attribution des extraits qui ont en commun avec les

extraits attribués à Théodoret à la fois les idées et les termes, c'est-à-dire les extraits 10b de

Victor, 63b d'Apolinaire, 103b et 241d de Victor. J'ai déjà souligné que l'extrait 10b de

Victor est un cas complexe, puisqu'il n'est pas relié au lemme qu'il commente et qu'il

explique d'abord le lemme 14 puis le lemme 9498. On peut donc légitimement penser que

l'extrait de Victor, tel qu'il se présente dans les manuscrits conservés, est le résultat d'un

accident de transmission et il me paraît alors opportun de réattribuer la deuxième partie de

l'extrait à Théodoret. De la même manière, il est possible que l'extrait 63b d'Apolinaire ait

pu, au cours de la transmission de la chaîne, être allongé d'une phrase devant être attribuée à

497 Cf. supra, chap. 1, pp. 124-127. 498 Cf. supra, pp. 194-195.

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Théodoret. Seul le début de l'extrait serait d'Apolinaire, tandis que la deuxième partie serait

à rendre à Théodoret.

Le cas de l'extrait 103b de Victor est presque l'inverse des deux précédents : la phrase

est attribuée à Théodoret dans la chaîne à deux auteurs, mais elle n'apparaît ni dans le

Commentaire en tradition directe de Théodoret ni dans celui de Jean Chrysostome. Elle se

présente donc comme une insertion étrangère, peut-être tirée d'une glose existant dans les

marges du manuscrit que la caténiste avait sous les yeux. En tout cas, c'est peut-être bien ici

l'attribution à Victor qui doit être conservée.

Le dernier exemple, celui de l'extrait 241d de Victor, est délicat. Le point commun

avec l'extrait de Théodoret sur Jr 4, 31 se limite à l'évocation du commandement : « klaivwn

meta; klaiovntwn » « pleurer avec ceux qui pleurent » (cf. Rm 12, 15), citation scripturaire

complétée, dans les deux extraits, par l'expression suivante : kai; toi'" timwroumevnoi"

sunodunwvmeno" « et s'affliger avec ceux qui sont châtiés ». Or cette deuxième expression

n'apparaît ni dans l'Ancien Testament, ni dans le Nouveau, ni chez aucun autre Père de

l'Église. Il est donc étonnant que cette même combinaison apparaisse une fois attribuée à

Théodoret (dans la chaîne à deux auteurs et son Commentaire en tradition directe) et une

fois à Victor (dans l'extrait 241d de la chaîne à auteurs multiples), d'autant plus que tous

deux ne l'introduisent pas de la même manière (Novmon qei'on plhroi'… chez Théodoret et

jEpi; toi'" eijrhmevnoi" oJ tw'n profhtw'n ojduvretai sumpaqevstato" kata; th;n

ejntolhvn... chez Victor). Les deux extraits, mis à part cette combinaison, sont très différents

et ont chacun leur cohérence. Ainsi, on en est réduit à faire les hypothèses suivantes : soit

une remarque de Théodoret a été interpolée dans un extrait de Victor, soit une remarque de

Victor a été interpolée dans un extrait de Théodoret, soit elle a été empruntée telle quelle à

Théodoret par Victor et témoignerait de l'influence du premier sur le second.

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Chaîne à deux auteurs (type A) Chaîne à auteurs multiples (type B1) Oujk a[diko" hJ ejkloghv: prou[labe ga;r tauvthn hJ gnw'si". [Egnw gavr, kai; tovte hJgivasen ejpeidh; ginwvskei « pavnta pri;n genevsew" aujtw'n ». To; de; J hJgivasa j ajnti; tou' J ajfwvrisa j tevqeiken. Ei\ta levgei kai; th;n creivan di j h}n aujto;n ejxelevxato: profhvthn eij" e[qnh tevqeikav se. Ouj ga;r movnon ta; jIoudaivwn ajlla; kai; ta; tw'n a[llwn ejqnw'n proqespivzei. (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (sur Jr 1, 4-5) = PG 81, 497 B13-C5

ouj ga;r movna ta; jIoudaivwn ajlla; kai; ta; tw'n a[llwn ejqnw'n proqespivzei ou{tw kai; Pau'lo": « oJ ajforivsa" me ejk koiliva" mhtrov" mou i{na eujaggelivzwmai aujto;n ejn toi'" e[qnesin ». (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (extrait 9b)

jEpevgnw to;n prosdialegovmenon oJ profhvth" ou| dh; cavrin aujto;n ajpo; th'" kuriwtevra" ojnomavzei proshgoriva". jEromevnou gavr pote tou' megavlou Mwu>sevw" kai; to; qei'on o[noma maqei'n ejqelhvsanto", ei\pen oJ Despovth": ejgwv eijmi oJ w[n. Mimei'tai kai; th;n Mwu>sevw" eujlavbeian oujk ajxiovcrewn eij" profhteivan ei\nai th;n neovthta levgwn. jAll j oJ Despovth" aujto;n pareggua'/ mh; probavllesqai eij" paraivthsin th;n neovthta ajlla; dravsai to; keleusqevn, ejxelauvnei de; aujtou' kai; to; devo": (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (sur Jr 1, 6) = PG 81, 497 C8 - 500 A10

tou'to oujk a]n ei\pen eij ejk mhvtra" ejtetuchvkei th'" cavrito" oujd' j a]n ejdei'to nu'n Qeou' prosaptomevnou tou' stovmato" aujtou' h[dh touvtou tucw;n kai; qeiva" gnwvsew" plhrwqei;" kai; lovgwn profhtikw'n: tou'to ga;r to; Qeo;n a{yasqai stovmato". JW" ejpignou;" de; to;n prosdialegovmenon profhvth" ajpo; th'" kuriwtevra" aujto;n ojnomavzei proshgoriva". (Bivktoro" presbutevrouBivktoro" presbutevrouBivktoro" presbutevrouBivktoro" presbutevrou) (extrait 10b) ejgw; keleuvw kai; neovthta probavllei: mh; skhvptou mhde; profasivzou fhsivn. (Tou' aJgivou jIwavnnouTou' aJgivou jIwavnnouTou' aJgivou jIwavnnouTou' aJgivou jIwavnnou) (extrait 11a)

Tou'to kai; tw'/ qespesivw/ Mwush'/ ei\pen oJ Despovth" Qeov": ejkeivnou ga;r th;n diakonivan deimaivnonto" kai; levgonto": tiv" eijmi ejgw; o{ti poreuvsomai pro;" Farawv ; ei\pen oJ Despovth": o{ti e[somai meta; sou'. Tauvthn kai; toi'" iJeroi'" ajpostovloi" th;n ejpaggelivan ejcevgguon e[dwke. Maqhteu'sai ga;r aujtou;" pavnta ta; e[qnh keleuvsa", kai; proeidwv", wJ" Qeo;" wJ" logismoi; ajnabaivnousin ejn tai'" kardivai" aujtw'n, pw'" oi|ovn te e{ndeka a[ndra" pevnhta" kai; eujglwttiva" ejsterhmevnou" pa'san th;n oijkoumevnhn metabalei'n ; e[luse th;n ajmfibolivan kai; to; devo" ejxevbalen eijrhkwv": kai; ijdou; ejgw; meq j uJmw'n eijmi pavsa" ta;" hJmevra", e{w" th'" sunteleiva" tou' aijw'no". Tou'to kai; ejntau'qa tw'/ profhvth/ e[fh o{ti meta; sou' ejgwv eijmi tou' ejxairei'sqaiv se levgei Kuvrio", bebaioi' de; to;n lovgon tw'/ e[rgw/. (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (sur Jr 1, 8) = PG 81, 500 B1-15

o{ra tw'n pro;" Mwu>sevw rJhmavtwn to; paraplhvsion: kajkeivnou ga;r legovnto": « tiv" eijmi ejgw; o{ti poreuvsomai para; Faraw' basileva Aijguvptou », fhsi;n pro;" aujto;n « o{ti e[somai meta; sou' ». Tou'to kai; toi'" ajpostovloi": « ijdou; ejgw; meq j uJmw'n eijmi; » paraqarruvnwn eij" parrhsivan. (Bivktoro" presbutevrouBivktoro" presbutevrouBivktoro" presbutevrouBivktoro" presbutevrou) (extrait 11d)

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Chaîne à deux auteurs (type A) Chaîne à auteurs multiples (type B1) J jEgrhvgorsin j de; th;n ejpi; th'/ timwriva/ dianavstasin levgei, ejpeidh; kai; th;n makroqumivan Ju{pnon j kalei'. Fhsi; ga;r oJ makavrio" Dauivd: « jExegevrqhti, i{na tiv uJpnoi'", Kuvrie » kai; pavlin: « Kai; ejxhgevrqh, wJ" oJ uJpnw'n, Kuvrio" ». JH de; ajmugdalivnh rJavbdo" to; tacu; th'" timwriva" aijnivttetai: pro; ga;r tw'n a[llwn devndrwn tou'to to; devndron ajnqei'. Kata; de; tou;" JEbdomhvkonta, ou{tw nohtevon: oJ th'" karuva" karpo;" pikro;n me;n e[cei kai; tracu; to; kavlumma, to; de; ejdwvdimon uJpo; tou'to kekrummevnon. Ou{tw kai; hJ paideiva ajniara; me;n e[cei kai; ajlgeina; ta; fainovmena, ojnhsifovra de; ta; meta; tau'ta. (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (sur Jr 1, 12) = PG 81, 501 A2-13

jIstevon wJ" oJ JEbrai'o" ajnti; Jkaruivnh" jajmugdalivnhn j fhsivn: hJ de; ajmugdalivnh to; tacu; th'" timwriva" aijnivttetai: pro; ga;r tw'n a[llwn devndrwn tou'to ajnqei'. jjErwta/' de; sunecw'" i{na prosektikwvtero" gevnhtai. (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (extrait 19e)

Kalei' levbhta me;n th;n jIerousalhvm: pu'r de; to;n Babulwvnion, ajpo; borra' ga;r aujto;n ojnomavzei: bovrraqen ga;r th'" jIerousalh;m hJ Babulw;n diavkeitai: levbhta de; th;n jIerousalh;m kai; oJ qespevsio" jIezekih;l ojnomavzei, kai; kreva tou;" ejnoikou'nta". Ei\ta ta; parabolikw'" eijrhmevna didavskei safevstata: (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (sur Jr 1, 13) = PG 81, 501 A13-B6

dia; to;n babulwvnion fhsi;n boreiotevra ga;r hJ babulw'n wJ" pro;" th;n jIerousalhvm, pro;" de; diavnoian eij" provswpon tou' sklhrou' boreivou oJ diavbolo" ejklambavnetai. ( jOlumpiodwvroujOlumpiodwvroujOlumpiodwvroujOlumpiodwvrou) (extrait 23b)

Levgei de; aujto;n ajpofh'nai kai; stuvlw/ sidhrw'/, kai; teivcei calkw'/, kai; ojcurwtavth/ paraplhvsion povlei, kai; a[macon katasth'sai, ouj movnon toi'" iJereu'si tw'n jIoudaivwn, kai; toi'" a[rcousin, ajlla; kai; aujtoi'" toi'" basileu'si kai; panti; tw'/ plhvqei tw'n uJphkovwn. jEpaggevlletai de; aujtw'/ oujk eijrhvnhn kai; hJsucivan, ajll jajgw'na" kai; nivkhn. 19Polemhvsousi gavr soi, fhsiv, kai; ouj mh; duvnwntai prov" se: diovti ejgw; meta; sou' eijmi, tou' ejxairei'sqaiv se, levgei Kuvrio". Tauvthn kai; pro;" th;n jEkklhsivan ejpoihvsato th;n uJpovscesin: pro;" ga;r dh; to;n qeiovtaton e[fh Pevtron: « jEpi; tauvth/ th'/ pevtra/ oijkodomhvsw mou th;n jEkklhsivan, kai; puvlai {Aidou ouj katiscuvsousin aujth'" » kai; oujk ei\pen: « ouj polemhvsousin », ajlla;: « polemou'nte" ouj katiscuvsousi ». Th;n ga;r dh; nivkhn oiJ ajntagwnistai; pragmateuvontai. (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (sur Jr 1, 18) = PG 81, 501 C13 - 504 A9

Oujk eijrhvnhn aujtw/' ajlla; nivkhn ejpaggellovmeno" o} kai; peri; th'" ejkklhsiva" pro;" Pevtron fhsivn: « Kai; puvlai {Aidou ouj katiscuvsousin aujth'" ». Ouj ga;r mh; polemhvsein ajlla; nikhvsein tou;" ejpiovnta" uJpevsceto. Tiv ou\n pevmpei to;n profhvthn th;n tw'n jIoudaivwn ajntivstasin proeidwv" … jEpeidh; prevpon aujtw'/ paideuvein ka]n hJmei'" mh; decwvmeqa th;n ejk th'" ajgnoiva" pro;" ajpologivan oujc e{xonte" provfasin kai; to; mh; pronoei'sqai to;n Qeo;n hJmw'n aijtia'sqai mh; dunavmenoi. (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (extrait 31)

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Chaîne à deux auteurs (type A) Chaîne à auteurs multiples (type B1) Oujde; ga;r wJ" tw'/ Qew'/ diakonou'nte" ejpolevmoun oiJ polemou'nte" tw'/ jIsrahvl ajll jwJ" aujtou' tou' Qeou' perigenhvsesqai dunavmenoi: ou{tw kai; Sennaceiri;m e[lege: « Mhv se ajpatavtw oJ Qeov" sou ejn w|/ su; pevpoiqa" ejp j aujtw'/ levgwn o{ti rJuvsetai Kuvrio" th;n jIerousalh;m ejk ceirov" mou. » Touvtou dh; cavrin kai; aujtoi'" ajpeilei' timwrivan. Ei\ta pantiv fhsi tw'/ law'/: (QeodwrQeodwrQeodwrQeodwrhvtouhvtouhvtouhvtou) (sur Jr 2, 3c) = PG 81, 504 C11-D3

Deivknusi th;n toi'" jAssurivoi" ajkolouqhvsasan divkhn, oJmou' dhlw'n wJ" oujk aujto;" aujtou;" ejkavlesen, ouj ga;r a]n ejtimwrhvsato, a{gion dev fhsi to;n jIsrah;l wJ" kat j ejxaivreton dia; tou;" patevra" ajforisqevnta tw/' Qew/'. Kai; metKai; metKai; metKai; met j olivga: j olivga: j olivga: j olivga: timwrei'tai de; tou;" eJlovnta" aujtouv", ouj ga;r wJ" aujtw'/ diakonhvsonte" h\lqon, ajll j wJ" kai; mh; boulovmenou th;n povlin aiJrhvsonte", wJ" ejk tw'n lovgwn dh'lon Senachrei;m eijpovnto": « Mh; se ajpatavtw oJ Qeov" sou ejn w|/ pevpoiqa" o{ti rJuvsetai Kuvrio" th;n jIerousalh;m ejk ceirov" mou. » (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (extrait 35b)

Tiv" uJmnh'sai pro;" ajxivan iJkano;" th;n tou' Despovtou filanqrwpivan … ouj ga;r wJ" krith;" krivnei ajll j wJ" uJpeuvquno" ajpologivan prosfevrei kai; ejlegcqh'nai bouvletai ei[ ti pravxai devon oujk e[praxe kai; Qeo;" w]n panavgio" ajnqrwvpoi" paranovmoi" levgei: « tiv ejxhvmarton … tiv hjdivkhsa … ei[pate, ejlevgxate, tiv e[conte" ejgkalei'n oiJ patevre" uJmw'n ejme; me;n to;n eujergevthn ejgkatevlipon toi'" de; ceiropoihvtoi" eijdwvloi" ejdouvleusan … Kai; mh;n ejgw; th'" Aijguptivwn douleiva" ajphvllaxa kai; di j ajbavtou me;n wJdhvghsa gh'" ejn ejrhvmw/ de; ajnuvdrw/ ajfqovnwn uJdavtwn rJei'qra ejdwrhsavmhn eij" de; th;n ejphggelmevnhn eijshvgagon gh'n pantodapw'n ou\san mhtevra karpw'n. Dia; ga;r tou' Karmhvlou pa'san th;n th'" ejpaggeliva" paredhvlwse gh'n ajll joujde; touvtwn ajpolauvsante" to;n eujergevthn ejpevgnwte ajlla; th;n tw'n patevrwn ejmimhvsasqe bdelurivan. Ei\ta kata; diaivresin eJkavstou tavgmato" th;n kathgorivan eijsfevrei: (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (sur Jr 2, 5) = PG 81, 505 A4-B5

Koino;" nu'n oJ lovgo" kai; pro;" ta;" ejn aijcmalwsiva/ devka fulav". Pantiv ga;r jIsrah;l dia; filanqrwpivan eij" ajpologiva" eJauto;n eujquvna" kaqivsthsin, a} me;n a[nwqen eJautou;" eujhrgevthsen levgwn, wJ" de; gegovnasin ajsebei'" dihgouvmeno". (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (extrait 37b)

Ei\ta oJ pro;" aujtou;" e[legco" ajpo; paradeivgmato" ejpimevnei th'/ metriovthti: ouj ga;r ei\pe krinw' uJma'" kai; tou;" uJmetevrou" progovnou" ajlla; kriqhvsomai kai; pro;" uJma'" kai; pro;" ejkeivnou" ajnti; tou' dikavsomai kai; ejlevgxw paranomou'nta". Deiknu;" de; th;n th'" paranomiva" uJperbolh;n th;n tw'n ejqnw'n ejxetavsai politeivan parakeleuvetai tw'n te eJsperivwn kai; tw'n eJwv/wn kai; gnw'nai ei[ tine" ejkeivnwn h[meiyan tou;" patrwv/ou" qeouv". (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (sur Jr 2, 9) = PG 81, 505 C7-14 (sauf le début de eieieiei\\ \\ta ta ta ta à paradparadparadparadeivgmato"eivgmato"eivgmato"eivgmato")

jEpimevnwn th/' metriovthti, oujk ei\pen: « krinw' uJma'" », ajll j oiJoneiv: « dikavsomai kai; ejlevgxw paranomou'nta" ». jOneidivzei de; aujtoi'" wJ" mhde; tw'n eijdwlolatrw'n to; bevbaion e[cousi o{per ejkei'noi peri; tou;" ijdivou" qeou;" ejpideivknuntai: ejkeivnoi me;n ga;r ejpimevnousin, uJmei'" de; hjllavxasqe ouj th;n ejmh;n dovxan – ajmetavqeto" gavr – ajlla; th;n uJmetevran th'" tw'n proskunoumevnwn ajtimiva" ejmplhsqevnte" kata; tov: « o{moioi aujtoi'" gevnointo oiJ poiou'nte" aujta; kai; pavnte" oiJ pepoiqovte" ejp j aujtoi'". » (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (extrait 52b)

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Chaîne à deux auteurs (type A) Chaîne à auteurs multiples (type B1) Ceteei;m th;n Kuvpron kalei' kai; ta;" peri; aujth;n nhvsou" kai; di j aujtw'n ta; eJspevria mevrh. Khda;r de; tou;" th;n pro;" h{lion ajnivsconta e[rhmon oijkou'nta", dia; de; touvtwn ta; eJw'/a mevrh aijnivttetai. Kai; didavskei wJ" ejkei'noi me;n toi'" patrwv/oi" hjkolouvqhsan e[qesi kai; ou}" ejdidavcqhsan sevbein qeouv", ou|toi de; to;n o[ntw" Qeo;n hjrnhvqhsan: dia; tou'to to;n oujrano;n ejksth'nai e[fh kai; frivxai th;n gh'n oujk ejpeidh; logika; ta; stoicei'a ajll j o{ti tau'ta wJ" periektika; th'" ktivsew" eij" marturivan oJ makavrio" ejkavlese Mwu>sh'": « Provsece gavr, e[fh, oujrane; kai; lalhvsw kai; ajkouevtw gh' rJhvmata ejk stovmatov" mou. » (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (sur Jr 2, 10-11) = PG 81, 505 C14 - 508 A9

[Ekstasin oujranou' fhsi; kai; frivkhn gh'", oujc wJ" logikw'n, ajll j wJ" periektikw'n th'" ktivsew", di j uJperbolh;n wJ" eijpei'n, kai; para; fuvsin ajganaktouvntwn. Dio; tau'ta kai; Mwu>sh'" ejmartuvrato: « Provsece, levgwn, oujrane; kai; lalhvsw kai; ajkouevtw gh' rJhvmata ejk stovmatov" mou ». Lao;n de; to;n jIsrah;l kaivper hJmarthkovta kalei' h] dia; filanqrwpivan, h] dia; th;n ejx ajrch'" merivda. (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (extrait 59b)

Lavkkou" suntetrimmevnou" ta; ei[dwla proshgovreusen: oJ ga;r lavkko" ceiropoivhto" mevn ejstin ajnabluvzon de; u{dwr oujk e[cei to; de; ejk nefw'n tiktovmenon kai; e[nqen kajkei'qen sunaqroizovmenon devcetai. Eij de; kai; dierrwgw;" h\/ kai; suntetrimmevno" parautivka kai; to; ejx oujranou' suneilegmevnon ajpovllusi. Toiauvth tw'n eijdwvlwn hJ fuvsi": ejranivzetai me;n ga;r th;n uJpovstasin ejx u{lh" kai; tevcnh" o} de; para; touvtwn komivzetai kavllo" ajfairei'tai oJ crovno": oJ de; ajlhqw'" Qeo;" zwh'" ajennavou phghv. Ei\ta kat j ejrwvthsin: (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (sur Jr 2, 13) = PG 81, 508 A13-B7

Lavkkou" suntetrimmevnou" kalei' tou;" daivmona", mhvte i[dion ti e[conta" kalo;n kai; to; para; Qeou' mh; fulavxanta", ou}" ojruvssein levgontai oiJ aujqairevtw" eij" eJautou;" ejpispwvmenoi: h] kai; aujtav fasi ta; ei[dwla th;n uJpovstasin ejx u{lh" kai; tevcnh" ejranizovmena: o} ga;r ejk touvtwn e[cei kavllo", ajfairei'tai probaivnwn oJ crovno". ( jApolinarivoujApolinarivoujApolinarivoujApolinarivou) (extrait 63b)

Ou[te eujergetouvmenoi to;n eujergevthn ejpevgnwte ou[te paideuovmenoi th'" ajsebeiva" ajpevsthte ejgw; de; kai; tou;" aijtivou" th'" plavnh" sfagh'/ paradevdwka: mavcaira gavr, fhsiv, katevfage tou;" profhvta" uJmw'n wJ" levwn ojloqreuvwn kai; oujk ejfobhvqhte. Tou;" me;n ga;r jHliva" oJ profhvth", tou;" de; jIhou' oJ basileuv", tou;" de; jIwsiva" oJ eujsebh;" basileu;" sfagh'/ paradevdwken. (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (sur Jr 2, 29) = PG 81, 513 B14-C2 (la fin : de mavcaira mavcaira mavcaira mavcaira à paradevdwken paradevdwken paradevdwken paradevdwken n'apparaît pas dans la tradition directe et par conséquent n'apparaît pas dans la PG)

jEpi; jHliou' tou' profhvtou kai; ejpi; jIhou' basilevw" tou' jIsrah;l kai; ejpi; jIwsivou basilevw" jIouvda ejf j ou|per ejpoiei'to th;n profhteivan. (Bivktoro"Bivktoro"Bivktoro"Bivktoro") (extrait 103b)

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Chaîne à deux auteurs (type A) Chaîne à auteurs multiples (type B1) Tou'to kai; oJ makavrio" e[fh Dauivd: « Kai; e[qusan tou;" uiJou;" aujtw'n kai; ta;" qugatevra" aujtw'n toi'" daimonivoi" kai; ejxevcean ai|ma ajqw'on ai|ma uiJw'n aujtw'n kai; qugatevrwn w|n e[qusan toi'" gluptoi'" Canaa;n kai; ejfonoktonhvqh hJ gh' ejn toi'" ai{masi ». Didavskwn de; wJ" oujde; kruvbdhn tau'ta eijrgavzonto, ajll j ajnafando;n ejtovlmwn, ejphvgagen. (QeoQeoQeoQeodwrhvtoudwrhvtoudwrhvtoudwrhvtou) (sur Jr 2, 33) = PG 81, 516 A13-B9

Deivknusin wJ" eijdwlolatrou'nte" oujde; tw'n tevknwn ejfeivdonto, kaqav fhsi kai; Dauivd: « Kai; e[qusan tou;" uiJou;" aujtw'n kai; ta;" qugatevra" aujtw'n toi'" daimonivoi" kai; ejxevceon ai|ma ajqwv/wn kai; ta; eJpovmena » (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (extrait 109b)

Aijtia'tai o{ti gunai'ka moiceuvtrian eij" to;n a[ndra paranomou'san ejzhvlwsan aiJ devka fulaiv, kai; ouj movnon au|tai, ajlla; kai; hJ tou' jIouvda fulh; kai; ta;" pro;" to;n numfivon sunqhvka" parevbhsan, prolevgei de; kai; tw'n devka fulw'n th;n metamevleian, ai[sqhsin ga;r aujtai'" th'" paranomiva" hJ th'" aijcmalwsiva" ejnevqhke sumforav. (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (sur Jr 3, 20) = PG 81 524, C2-5 [Il faut signaler ici une lacune de la chaîne par rapport à la tradition directe : qeasavmeno" de; th;n metamevleian ejpimei'nai tauth/' protrevpei kaiv fhsin (PG 81, 524 C8-9)] Ouj movnon de; uJpiscnei'tai th;n i[asin, ajlla; kai; poivoi" crhvsasqai lovgoi" didavskei, mononouci; levgwn: tau'ta ei[pate: ijdou; oi|de hJmei'" ejsovmeqav soi o{ti su; Kuvrie oJ Qeo;" hJmw'n ei\. jArnouvmeqa th;n plavnhn, bdelussovmeqa th;n tw'n daimovnwn douleivan, se; movnon i[smen kai; Kuvrion kai; Qeovn. (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (sur Jr 3, 22) = PG 81, 524 C13-D5

Prolevgei tw'n devka fulw'n th;n metavnoian ejpi; th/' th'" aijcmalwsiva" aijsqhvsei, h}n kai; qeasavmeno", ejpimei'nai tauvth/ protrevpei levgwn: jEpistravfhte, uiJoi; ejpistrevfonte", didavskei de; oi|" dei' lovgoi" pro;" Qeo;n ejxomologhvsasqai ejn oi|" ejsti: Diovti ejnantivon tou' Qeou' hJmw'n hJmavrtomen, hJmei'" kai; oiJ patevre" hJmw'n. (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (extrait 154b)

Prolevgei th;n tou' basilevw" deilivan tou' te jIwakei;m kai; tou' jIecwnivou met j ejkei'non kai; teleutaivou tou' Sedekivou: prolevgei kai; tw'n ajrcovntwn kai; tw'n iJerevwn to; devo" kai; meta; tau'ta pro;" to;n Despovthn oJ profhvth" fhsiv: 10 a\rav ge ajpatw'n hjpavthsa" to;n lao;n tou'ton kai; th;n jIerousalh;m levgwn: eijrhvnh e[stai. Kai; ijdou; h{yato hJ mavcaira e{w" tw'n yucw'n aujtw'n. Tau'ta oujk ajlhqw'" oJ profhvth" e[fh, ajll j ejpeidh; oiJ yeudoprofh'tai eijrhvnhn uJpiscnou'nto to;n Qeo;n tauvthn ejpaggevllesqai levgonte" th;n ejkeivnwn ejlevgcwn yeudologivan touvtoi" toi'" lovgoi" ejcrhvsato. (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (sur Jr 4, 10) = PG 81, 528 C3-D1

Oujk ajlhqw'" oJ profhvth" tau'ta fhsivn, ajll j ejpeidhvper oiJ yeudoprofh'tai wJ" ejk Qeou' toi'" jIoudaivoi" eijrhvnhn katepaggevlonto, pro;" ejkeivnwn e[legcon tau'ta probavlletai. (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (extrait 194b)

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Chaîne à deux auteurs (type A) Chaîne à auteurs multiples (type B1) Di j aujth'" fhsi maqhvsontai th'" peivra" kata; to;n kairo;n tw'n sumforw'n wJ" pneu'ma planhvsew" h\n to; dia; tw'n yeudoprofhtw'n fqeggovmenon, ouj kaqaro;n oujde; a{gion oujde; pneu'ma plhrwvsew", ajnti; tou' ouj sumplhrwtiko;n th'" Triavdo", ajf j w|n h\lqev moi ta; parovnta kakav. (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (sur Jr 4, 11) = PG 81, 529 A2-7

Aujth'/ gnwvsontai peivra/ kata; to;n kairo;n tw'n sumforw'n wJ" pneuvma planhvsew" h\n to; ejn yeudoprofhvtai" lalh'san, ouj kaqaro;n oujde; a{gion oujde; pneu'ma plhrwvsew" dhlou'n to; sumplhrwtiko;n th'" Triavdo" ajf j w|n h\lqe moi ta; toiau'ta kakav. (QeodwrQeodwrQeodwrQeodwrhvtouhvtouhvtouhvtou) (extrait 196a)

Nu'n de; ejgw; lalhvsw krivmatav mou pro;" aujtouv", toutevstin: a}" dikaivw" aujtoi'" ejpavxw sumfora;" kai; katalevgei tauvta" nefevlh/ me;n ajpeikavzwn kai; kataigivdi ta; a{rmata ajetoi'" de; th;n tw'n i{ppwn ojxuvthta. Prolevgei kai; to;n ejsovmenon qrh'non 13Oujai; hJmi'n o{ti talaipwrou'men: kai; meta; tau'ta sumbouleuvei th'/ metameleiva/ th;n swthrivan karpwvsasqai: (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (sur Jr 4, 12) = PG 81, 529 A7-14

Toutevstin: a}" dikaivw" aujtoi'" ejpavxw sumfora;" kai; katalevgei tauvta". (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (extrait 199b)

jEdhvlwsen dia; touvtwn th;n tou' devou" uJperbolhvn. Ei\ta oJ profhvth": Oi[moi ejgw; o{ti ejkleivpei hJ yuchv mou ejpi; toi'" ajnh/rhmevnoi". Novmon qei'on plhroi' klaivwn meta; klaiovntwn kai; toi'" timwroumevnoi" sunodunwvmeno". JHmei'" de; ejntau'qa tou;" ejnteuxomevnou" th'/ bivblw/ dianapauvsante" parakalou'men fugei'n me;n th;n tw'n daimovnwn ajpavthn dia; pavntwn de; to;n Qeo;n qerapeu'sai. Ou{tw ga;r dunhsovmeqa kai; kata; to;n parovnta bivon th'" par j aujtou' pronoiva" ajpolau'sai kai; tw'n mellovntwn ejpitucei'n ajgaqw'n cavriti kai; filanqrwpiva/ tou' Kurivou hJmw'n jIhsou' Cristou' meq jou|tw'/ Patri; su;n tw'/ panagivw/ Pneuvmati dovxa timh; kravto" nu'n kai; ajei; kai; eij" tou;" aijw'na" tw'n aijwvnwn ajmhvn. (QeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtouQeodwrhvtou) (sur Jr 4, 31b) = PG 81, 533 C5-D4 (sauf le début : de ejdhvlwsen ejdhvlwsen ejdhvlwsen ejdhvlwsen à profhvth"profhvth"profhvth"profhvth")

jEpi; toi'" eijrhmevnoi" oJ tw'n profhtw'n ojduvretai sumpaqevstato" kata; th;n ejntolhvn: « klaivwn meta; klaiovntwn » kai; toi'" timwroumevnoi" sunodunwvmeno" o{per ijdw;n oJ Qeo;" ma'llon aujtw/' deivknusin h[per JAbraa;m filanqrwpiva" uJperbolhvn: ejkei' me;n ga;r dia; devka h] pevnte th;n ojrgh;n ajnhvsein fhsiv, nu'n de; di j e{na kai; movnon eij kai; ta; mavlista kajkei' dunato;n ejpi; th'" Pentapovlew" pro;" e{na labei'n. Kri'ma de; poiei' pa'" oJ dikaiosuvnh" ejpimelouvmeno", pivstin de; poiei' oJ toi'" tou' Qeou' lovgoi" wJ" pistoi'" kai; bebaivoi" peiqovmeno" ginovmenov" te pro;" pavnta pisto;" wJ" o{rkon e[cein to;n trovpon. Tiv" de; dunhvsetai tou'to maqei'n plh;n Qeou' … a [nqrwpo" ga;r ei j" o [yin, o J de ; Qeo ;" ei j" kardi van. (Bivktoro"Bivktoro"Bivktoro"Bivktoro") (extrait 241d)

Ce tableau fait aussi ressortir le phénomène de récriture des extraits attribués à

Théodoret dans la chaîne à auteurs multiples par rapport au Commentaire en tradition

directe. En effet, les extraits de Théodoret dans la chaîne à deux auteurs, présentant des

points communs avec ceux de la chaîne à auteurs multiples, sont presque exactement

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conformes à la tradition directe du Commentaire de Théodoret édité en PG 81 d’après

l’édition de J. Sirmond499. Il faut signaler seulement quatre anomalies :

− le début de l'extrait de Théodoret sur Jr 2, 9 dans la chaîne à deux auteurs

n'apparaît pas dans le Commentaire en tradition directe ; cette phrase doit être

réattribuée à Jean Chrysostome500 ;

− la fin de l'extrait de Théodoret sur Jr 2, 29 dans la chaîne à deux auteurs n'apparaît

pas dans le Commentaire en tradition directe ;

− entre les extraits de Théodoret sur Jr 3, 20 et 3, 22, il y a une lacune dans la

chaîne à deux auteurs par rapport au Commentaire en tradition directe. Il faut

donc rétablir, entre les deux extraits : qeasavmeno" de; th;n metamevleian

ejpimei'nai tauth/' protrevpei kaiv fhsin ;

− la première phrase de l'extrait de Théodoret sur Jr 4, 31b dans la chaîne à deux

auteurs est absente du Commentaire.

On aperçoit, grâce à ce tableau, qu'il y a divers degrés de récriture :

− la reprise textuelle d’une phrase du Commentaire dans la scholie 9b (= PG 81,

497 C4-5), dans la scholie 19e (= PG 81, 501 A6-8) et dans la scholie 199b (= PG

81, 529 A8-9) ;

− la reprise quasi textuelle (légèrement récrite ou résumée) d’une phrase du

Commentaire dans la scholie 10b (cf. PG 81, 500 A1-2), dans la scholie 52b (cf.

PG 81, 505 C7-10), dans la scholie 194b (cf. PG 81, 528 C12-15), dans la scholie

196a (cf. PG 81, 529 A2-7) ;

− le résumé libre en quelques lignes d’un passage du Commentaire dans la scholie

11d (cf. PG 81, 500 B1-15), dans la scholie 31 (cf. PG 81, 501 D2-4 - 503 A1-9),

dans la scholie 37b (cf. PG 81, 505 A4-B4 : les trois temps du Commentaire,

développés à chaque fois dans un discours direct prononcé par Dieu, sont résumés

en quelques mots) ;

499 Cf. supra, p. 125. 500 Cf. supra, p. 238.

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− l'amalgame de plusieurs passages du Commentaire, comme en témoignent

l'exemple de la scholie 31, qui réunit la fin d'un passage sur Jr 1, 18 (PG 81, 501

D2-4) et le passage sur Jr 1, 19 (PG 81, 504 A3-9), et celui de la scholie 154b, qui

réunit un passage du Commentaire sur Jr 3, 19 (PG 81, 524 C1-4), un passage sur

Jr 3, 21 (PG 81, 524 C8-9) et un passage sur Jr 3, 22 (PG 81, 524 C11-D3) ;

− la récriture, sans effet de résumé, d'un passage du Commentaire dans la scholie

35b (cf. PG 81, 504 C11-D3), dans la scholie 59b (cf. PG 81, 508 A4-9) et dans la

scholie 63b (cf. PG 81, 508 A13-B7).

Dans les différents cas énumérés ci-dessus, les caractéristiques principales de la

récriture, telle qu'elle apparaît dans les extraits récrits et/ou résumés par rapport au

Commentaire, sont les suivantes :

− la suppression des épithètes (cf. qespesivw/ et iJeroi'" dans la scholie 11d,

qeiovtaton dans la scholie 31) ;

− l'abréviation des citations bibliques (cf. Mt 28, 20 dans la scholie 11d ; Mt 16, 18

dans la scholie 31 ; Ps 105, 37 dans la scholie 109b ; Jr 3, 21 est supprimée et Jr

3, 22 abrégée dans la scholie 154b) ;

− la suppression des détails d'une comparaison : par exemple, le contexte de la

promesse du Christ aux apôtres (PG 81, 500, B6-11) est laissé de côté dans la

scholie 11d ;

− la suppression des renchérissements : le groupe th;n diakonivan deimaivnonto"

(PG 81, 500 B2) n'est pas retenu dans la scholie 11d et le chiasme du

Commentaire eijrhvnhn hJsucivanhJsucivanhJsucivanhJsucivan / ajgw'na"ajgw'na"ajgw'na"ajgw'na" nivkhn (PG 81 501 C13 - 504 A9) est

réduit à une opposition simple eijrhvnhn / nivkhn dans la scholie 31 ;

− la suppression du lemme biblique concerné (cf. Jr 1, 19 dans la scholie 31) ;

− l'emploi d'un pronom relatif pour fusionner plusieurs phrases et aboutir ainsi à un

style plus resserré (cf. scholies 31 et 154b) ;

− l'emploi de participes apposés (cf. levgwn et dihgouvmeno" dans la scholie 37b,

ejpimevnwn dans la scholie 52b) ;

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− l'emploi de groupes nominaux au lieu de propositions infinitives ( {Ekstasin

oujranou' pour to;n oujrano;n ejksth'nai et frivkhn gh'" pour frivxai th;n gh'n

dans la scholie 59b) ;

− la substitution d'une expression verbale par un verbe (eij" marturivan ejkavlese

par ejmartuvrato dans la scholie 59b) ;

− le remplacement d'une proposition par un complément (ai[sqhsin ga;r aujtai'"

th'" paranomiva" hJ th'" aijcmalwsiva" ejnevqhke sumforav par ejpi; th/' th'"

aijcmalwsiva" aijsqhvsei dans la scholie 154b).

Par ces procédés, le caténiste vise à réduire la taille du texte-source et à en donner

seulement l'idée essentielle au lecteur de la chaîne.

En outre, certaines scholies, liées au Commentaire en tradition directe tel qu'il nous est

conservé, présentent des originalités par rapport à celui-ci :

− la scholie 9b ajoute la citation de Gal 1, 15 par rapport au Commentaire. Plusieurs

hypothèses sont possibles : soit la tradition directe est lacunaire sur ce point, soit

c'est un ajout du caténiste lui-même qui rappelle une référence très présente dans

ce passage de la chaîne à auteurs multiples sur la vocation du prophète, ou bien

encore ce pourrait être un élément qu'il a trouvé dans une glose marginale du

manuscrit du Commentaire dont il disposait ;

− la scholie 19e est délicate pour deux raisons : le caténiste ajoute au début un

rappel du problème de traduction entre l'hébreu et le grec concernant le bâton de

noyer ou d'amandier : jIstevon wJ" oJ JEbrai'o" ajnti; Jkaruivnh" j jajmugdalivnhn j

fhsivn. Ce rappel n'apparaît pas dans le passage correspondant du Commentaire,

peut-être parce que le problème a déjà été évoqué plus haut (PG 81 500, D1-2 :

Meta; tau'ta deivknusin aujtw/' rJavbdon karui?nhn, h] kata; to;n Suvron kai;

to;n JEbrai'on, ajmugdalivnhn). Il semble ainsi que le caténiste choisisse

d'introduire la remarque de Théodoret, afin qu’elle soit bien claire pour le lecteur.

Il faut en effet préciser que l'agencement des remarques de l'exégète antiochien

dans son Commentaire est très complexe (cf. PG 81, 500 C1 - 501 B6) : après

l'interprétation de Jr 1, 9-10, Théodoret résume Jr 1, 11 (la vision du bâton de

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noyer) sans l'interpréter ; il cite ensuite Jr 1, 12 avant de l'expliciter et d'interpréter

enfin Jr 1, 11 et Jr 1, 13 (les deux visions : bâton de noyer et chaudron brûlant). Il

apparaît ainsi que, par l'ajout du début de la scholie 19e, le caténiste a essayé de

pallier la complexité de l'organisation du Commentaire de Théodoret. Cette

scholie 19e se termine enfin par une phrase un peu énigmatique qui n'a pas de

correspondant dans le Commentaire : jjErwta/' de; sunecw'" i{na

prosektikwvtero" gevnhtai. (« Et Il pose des questions sans interruption afin

qu'il devienne plus attentif »). Il est clair qu'il y a, entre cette phrase et le début de

l'extrait, une rupture d'enchaînement. Soit cette deuxième remarque apparaissait

plus loin dans la version complète du Commentaire, auquel cas le caténiste aurait

simplement réunit deux passages distincts de sa source, soit elle a pu être tirée

d'une glose présente dans les marges du manuscrit que le caténiste avait sous les

yeux. Cela dit, si l'on regarde de près les occurrences du terme prosektikwvtero",

on s'aperçoit qu'il n'apparaît jamais chez Théodoret, mais 31 fois chez Jean

Chrysostome. Il faudrait plutôt, dans ce cas précis, réattribuer cette deuxième

partie de la scholie 19e à Jean Chrysostome et considérer que l'attribution a

disparu au cours de la transmission de la chaîne ;

− la deuxième partie de la scholie 31 n'a pas de correspondant dans le Commentaire.

On remarque cependant que le passage s'insère bien dans l'argumentation : la

victoire que Dieu promet à son prophète n'est pas synonyme de paix, car il

rencontrera l'opposition du peuple juif, mais sa mission est nécessaire, pour que le

peuple ne prétexte pas son ignorance de la volonté de Dieu. Il est donc tout à fait

envisageable, dans ce cas précis, que la scholie de la chaîne témoigne d'un texte

plus complet du Commentaire de Théodoret ;

− la deuxième partie de la scholie 52b n'a pas de correspondant dans le

Commentaire qui donne, à cet endroit, une paraphrase de Jr 2, 10-11, tandis que le

passage de la scholie procède à une véritable interprétation de ces versets en

insistant sur l'opposition entre les Juifs et les païens. Il est difficile de savoir si les

deux passages (paraphrase du Commentaire et exégèse de la scholie caténale)

coexistaient dans une version complète du Commentaire. Peut-être le caténiste a-

t-il tiré la deuxième partie de la scholie d'une glose marginale présente dans le

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258

manuscrit qu'il avait à sa disposition. On remarque en tout cas que le texte de la

scholie n'est pas évident, car il y a un passage abrupt de la troisième personne du

pluriel (aujtoi'") à la deuxième personne du pluriel (uJmei'") ;

− dans la scholie 59b, une phrase est insérée entre les deux emprunts qu'elle fait au

Commentaire : di j uJperbolh;n wJ" eijpei'n, kai; para; fuvsin ajganaktouvntwn.

La scholie se termine en outre par un passage absent du Commentaire. L'insertion

ressemble fort à une glose que le caténiste aurait intégrée dans la scholie de la

chaîne, soit de lui-même, soit des marges du manuscrit qu'il consultait. Il reste

possible, toutefois, qu'elle soit la trace d'une version plus complète du

Commentaire. La fin de la scholie porte sur la suite, c'est-à-dire sur Jr 2, 13 et en

particulier sur l'expression "mon peuple". Sa place n'est donc pas illogique, mais

le passage de l'explication de Jr 2, 12 à Jr 2, 13 est un peu abrupt. Cette dernière

remarque correspond à une lacune du Commentaire et pourrait donc permettre de

restituer un état plus complet de ce dernier ;

− pour la scholie 154b, il ne faut pas oublier de rétablir la lacune de la chaîne à deux

auteurs par rapport à la tradition directe, lacune dont certains termes sont repris

dans la scholie. Les deux passages (tradition directe et scholie caténale) évoquent

les discours permettant de se confesser à Dieu, mais ils ne les illustrent pas par le

même verset du texte de Jérémie. Le Commentaire utilise seulement Jr 3, 22 et la

scholie 154b seulement Jr 3, 25. En Jr 3, 22, le texte biblique évoque le serment et

en Jr 3, 25, la confession. L'argumentation de la scholie paraît en fait plus banale

que celle du Commentaire : en effet, elle cite, comme parole de confession, l'aveu

de la faute, la confession elle-même, tandis que le Commentaire cite la promesse

d'être à Dieu, l'engagement de la fidélité à venir. Il est très difficile de savoir

comment on a pu passer d'une interprétation à l'autre. Elles se ressemblent

beaucoup pour la forme, mais se distinguent nettement pour le contenu. Soit les

deux passages coexistaient d'une manière ou d'une autre dans la version complète

du Commentaire, hypothèse assez peu probable, soit le caténiste a modifié l'idée

qu'il a reprise au Commentaire, parce que l'argumentation lui semblait trop

originale et peu claire, et a privilégié l'idée banale selon laquelle on se confesse à

Dieu en avouant ses fautes.

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259

Pour tous les éléments originaux des extraits qui ont des points de contact avec le

Commentaire en tradition directe, j’ai montré que l'on pouvait émettre plusieurs

hypothèses : soit le Commentaire en tradition directe est lacunaire, soit le caténiste a

développé son texte-source en y ajoutant ici une citation, là une interprétation, ou bien de

lui-même, ou bien parce qu'il tire ces ajouts de gloses marginales de son manuscrit de

référence, soit le passage original a subi un accident de transmission et doit être réattribué à

un autre auteur de la chaîne.

Il y a enfin le problème majeur des extraits attribués à Théodoret dans la chaîne à

auteurs multiples, mais qui sont nettement distincts du Commentaire conservé en tradition

directe : il s'agit des scholies 8b, 14b, 19d, 32c, 38b, 74b, 75b, 97b, 102, 108b, 123b, 130c,

143b et 178b. Même s'il n'y a aucune trace de ces passages dans la tradition directe, ils

paraissent authentiques, car ils ne sont pas contradictoires avec le style et les idées de

Théodoret. Pour appuyer cette authenticité, on peut donner quelques exemples de termes ou

d’expressions rares que l'on retrouve dans d'autres œuvres de Théodoret :

− le verbe ceirotonei' (scholie 8b et Comm. Is. 20, 750) ;

− l'expression pro;" th;n tw'n nohtw'n katanovhsin (scholie 14b et cf. eij" th;n

tw'n nohtw'n katanovhsin Graecarum affectionum curatio I, 78, 5) ;

− l'adverbe ejntreptikw'" (scholie 32c et quatre autres occurrences chez Théodoret)

− le verbe eujqhnevw (scholie 97b et In Ps, PG 80, 1448, 6) ;

− l'adverbe filoneivkw" (scholie 108b et deux autres occurrences chez Théodoret) ;

− l'adverbe uJperbolikw'" (scholie 123b et sept autre emplois chez Théodoret) ;

− l'expression to;n lovgon dexavmenoi (scholie 143b et In XIV Ep. S. Pauli, PG 82,

632, 12) ;

− l'adjectif ajnairetikovn (scholie 178b et trois emplois dans les Quaestiones et

responsiones ad Orthodoxos).

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260

Ces affinités de vocabulaire montrent que l'attribution de ces extraits à Théodoret n'est

pas hasardeuse, même si beaucoup de ces termes et expressions se retrouvent aussi dans les

œuvres de Jean Chrysostome.

Dans un second temps, il faut voir si ces extraits qui n'ont pas de lien avec la tradition

directe du Commentaire peuvent s'y insérer sans faire double emploi. L'exercice se révèle

fort difficile et peu concluant. En effet, à part la scholie 143b sur Jr 3, 16 qui correspond à

une lacune du Commentaire (cf. PG 81, 521), les autres scholies expliquent des versets déjà

commentés plus ou moins longuement dans le Commentaire.

Certaines apportent une vraie interprétation quand il n'y avait qu'une vague transition

dans le Commentaire : ainsi en est-il de la scholie 14b, qui propose une interprétation de Jr

1, 9, alors que le Commentaire ne présente qu'une transition entre 1, 9 et 1, 10 (cf. PG 81,

500, C1-7), et de la scholie 130c sur Jr 3, 6, qui est une interprétation détaillée d'un passage

peu développé dans le Commentaire, qui consiste une phrase de transition entre les deux

parties de Jr 3, 6 (cf. PG 81, 520, A12-18).

Les autres scholies correspondent à des passages déjà commentés : il est toujours

possible de penser qu’elles peuvent s’insérer dans les développements existants, mais cela

est difficile à prouver. Dans deux cas, il semble même que l'interprétation des scholies ne

soit pas vraiment compatible avec celle du Commentaire, soit parce qu'elles proposent une

interprétation parallèle sans aucun point commun dans la formulation, soit parce que

l'interprétation qu'elles donnent est un peu décalée par rapport à celle du Commentaire : la

scholie 32c interprète, comme le Commentaire, la jeunesse du peuple comme la sortie

d'Égypte (Jr 2, 2), mais elle le fait dans des termes très différents et avec l'appui d'une

citation du Ps 88 et non du Ps 77, contrairement au Commentaire ; la scholie 178b propose

pour Jr 4, 4 une interprétation différente de celle du Commentaire : le fait que Dieu dise

qu'il n'y aura personne pour éteindre le feu de sa colère ne doit pas anéantir notre espoir en

l'amour de Dieu pour les hommes, car à la demande de ses prophètes, il a souvent contenu

sa colère. Dans le Commentaire, il est dit avec moins d’optimisme que « vous seuls pouvez

éteindre < le feu > en vous repentant, mais si vous n’avez pas de repentir, personne ne sera

capable de vous délivrer du châtiment » (PG 81, 528 B1-3).

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Enfin, parmi ces scholies qui n'ont pas de lien avec le Commentaire en tradition

directe, certaines se présentent comme des doublets d'extraits de Jean Chrysostome qu'il est

difficile d'interpréter (cf. scholies 14b, 102, 130c)501.

Ainsi, l'analyse des scholies de Théodoret qui n'ont pas de point commun avec le

Commentaire en tradition directe est fort délicate et ne permet pas d'établir une conclusion

nette : soit les scholies originales de la chaîne sont tirées de la version complète du

Commentaire de Théodoret, soit elles correspondent à des gloses que le caténiste aurait

trouvées dans le témoin du Commentaire dont il disposait, soit elles sont tirées d'une autre

œuvre de Théodoret, soit elles doivent être attribuées à un autre auteur.

Pour tenter de résoudre cette difficulté, on peut citer l’exemple de la scholie 35b, dont

la première partie n'a pas d'équivalent dans le Commentaire en tradition directe, mais dont la

deuxième partie correspond bien à un passage de celui-ci (PG 81, 504 C11-D3). Or il

apparaît que le caténiste a puisé ces deux passages à la même source, puisqu'il indique par

l'expression kai; met j ojlivga qu'il sélectionne les deux passages dans un unique texte de

référence. Cette scholie serait donc une preuve que la tradition directe du Commentaire de

Théodoret est lacunaire et que les scholies ou parties de scholies de la chaîne à auteurs

multiples qui n'ont pas de correspondant dans le Commentaire sont susceptibles de s'insérer

dans les lacunes du Commentaire et ainsi de compléter notre connaissance de celui-ci.

Cependant, le début de la scholie 35b pose problème, car il commente d'abord le lemme 35

(Tous ceux qui mangent < Israël > commettront une faute…), puis revient au lemme 34

(Israël est saint pour le Seigneur…) avant la transition kai; met j ojlivga et la remarque sur

le lemme 35. L'agencement des différents motifs est donc délicat, mais j’ai montré, dans le

cas du passage du Commentaire de Théodoret sur Jr 1, 9-12502, que l'ordre des remarques de

l'exégète était parfois assez perturbé, qu'il n'hésitait pas à revenir sur un verset déjà cité et

qu'il ne respectait pas toujours parfaitement l'ordre du texte biblique. L'argument de la

scholie 35b pour prouver que le caténiste avait à sa disposition le manuscrit d'une version

plus complète du Commentaire de Théodoret me paraît donc tout de même pertinent. Il

resterait à savoir si ces "plus" dont témoignent les scholies de la chaîne apparaissaient dans

le corps même du Commentaire ou, en tant que gloses, dans les marges du texte.

501 Cf. supra, pp. 196-197. 502 Cf. supra, pp. 256-257.

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262

3) La récriture des extraits identifiés

Pour tous les extraits dont je crois avoir repéré la source, il est possible de procéder à

une confrontation entre le texte de la chaîne et celui de la tradition directe.

a) Eusèbe

La source du prologue d'Eusèbe de Césarée et de deux des quatre scholies qui lui sont

attribuées étant connue, on peut étudier la manière dont le caténiste récrit les textes de cet

auteur. Comme on l'a vu pour Origène et Théodoret de Cyr, plusieurs degrés de récriture

apparaissent dans les extraits attribués à Eusèbe :

− une reprise quasi littérale, dans les prologues à la chaîne, d'un passage de son

Commentaire sur les Psaumes. Quelques variantes témoignent des efforts du

caténiste pour insérer le passage dans la préface de la chaîne503 ;

− une récriture très libre d'un passage de la Démonstration Évangélique dans la

scholie 138b : il n'y a aucun terme en commun, mais des idées semblables sur le

même lemme biblique, avec, semble-t-il, un contresens sur l'exégèse d'Eusèbe504 ;

− une récriture développée d'un passage de la Démonstration Évangélique dans la

scholie 143c qui est amalgamée avec une libre récriture d'un passage des Eclogae

propheticae ou d'une autre œuvre d'Eusèbe et qui se termine par un passage

original505.

b) Didyme

La scholie 7d de Didyme est une récriture libre abrégée d'un passage de son

Commentaire sur les Psaumes. Il y a quelques échos de vocabulaire dans la formulation de

l'idée de la prescience506.

503 Cf. supra, chap. 1, pp. 102-104. 504 Cf. supra, chap. 1, pp. 104-105. 505 Cf. supra, chap. 1, pp. 105-106. 506 Cf. supra, chap. 1, p. 111.

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c) Cyrille

Plusieurs degrés de récriture apparaissent aussi dans les extraits de Cyrille dont j’ai

repéré la source :

− la scholie 157a récrit assez librement, tout en gardant une ou deux expressions du

texte d'origine, un passage du Commentaire sur Isaïe507 ;

− la scholie 241b est, quant à elle, une reprise littérale, à quelques variantes

textuelles près, d'un passage des Glaphyres sur le Pentateuque508.

d) Sévère

La scholie 19b est une reprise textuelle d'un passage de la lettre synodale adressée à

Théodose, archevêque d’Alexandrie, conservée intégralement en syriaque (CPG 7070.8) et

éditée dans la collection CSCO. Dans ce passage, seule la citation du texte biblique de Jr

1, 11 est laissée de côté par le caténiste grâce à l’expression kai; met j ojlivga509.

e) Olympiodore

Il est impossible de voir comment le caténiste récrit les scholies attribuées à

Olympiodore sur Jr 1-4, puisque le texte du Commentaire en tradition directe ne commence

qu’au chapitre 5 du livre de Jérémie dans le seul témoin manuscrit ancien (Barberinianus

gr. V 45 (= gr. 549), ff. 119-224v). Mais on peut analyser la manière dont le caténiste traite

sa source d'après un sondage sur la section Jr 5, 3 - 5, 19. Or la confrontation entre les

scholies attribuées à Olympiodore dans la chaîne et le Commentaire du manuscrit fait

apparaître que 5 scholies sur 17 ne sont pas retenues dans la chaîne. Le caténiste opère donc

une légère sélection parmi les scholies d’Olympiodore. En revanche, les scholies

sélectionnées sont parfaitement fidèles à la tradition directe : elles ne sont pas récrites ou

507 Cf. supra, chap. 1, p. 123. 508 Cf. supra, chap. 1, pp. 123-124. 509 Cf. supra, chap. 1, p. 128-129.

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résumées, mais toujours données littéralement. Sans doute le caténiste n'avait-il pas la

possibilité de récrire ou abréger des scholies déjà très brèves et elliptiques dans sa source510.

Ainsi, dans la chaîne intégrale à auteurs multiples, le caténiste procède toujours à une

sélection de passages au sein des textes-sources, et éventuellement à des amalgames entre

ces différents passages, comme en témoignent les extraits attribués à Origène par rapport à

ses Homélies en tradition directe. Pour ces passages sélectionnés, il y a plusieurs degrés de

récriture :

− une reprise littérale d'une phrase ou d'un passage, avec l'exception d'Origène qui

n'est jamais repris littéralement ;

− une reprise abrégée d'un passage, pour les extraits attribués à Origène, Théodoret,

Eusèbe, Didyme et Cyrille, avec la disparition de certains éléments – répétitions,

épithètes, rappels du texte biblique commenté, transitions, détails, citations

bibliques – et certaines modifications syntaxiques tenant généralement à

l'introduction de propositions relatives et de participes apposés pour une syntaxe

plus resserrée ;

− une reprise très libre d'un passage, qui ne se présente pas toujours comme un

résumé et ne reprend pas les termes mêmes du texte-source.

Les extraits attribués à Origène, Théodoret et Eusèbe dans la chaîne présentent aussi

des éléments originaux qui n'apparaissent pas dans la tradition directe. Il faut alors se

demander si c'est la tradition directe qui est lacunaire ou si c'est le caténiste qui développe

ses sources patristiques. Cette question, on l'a vu, est insoluble dans la plupart des cas.

510 Cf. supra, chap. 1, p. 131.

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B. Dans la chaîne à deux auteurs

1) La récriture du Commentaire sur Jérémie de Théodoret

Dans la chaîne à deux auteurs, les extraits attribués à Théodoret sont très fidèles au

Commentaire conservé en tradition directe. J'ai procédé à une comparaison systématique

entre les extraits de la chaîne à deux auteurs et le texte du plus ancien manuscrit connu du

Commentaire de Théodoret, le Marcianus gr. 87 (XIIIe s.), que j'indiquerai par le sigle Tht.

Les résultats de cette analyse sont les suivants.

Une dizaine de passages du Commentaire de Théodoret sur Jr 1-4 sont absents de la

chaîne à deux auteurs :

− un passage situé après le commentaire sur Jr 1, 9-10 : meta; tau'ta deivknusin aujtw'/ rJavbdon karui?nhn h] kata; to;n Suvron kai; to;n JEbrai'on

Jajmugdalivnhn j : ou{tw ga;r kai; ou|toi kajkei'noi th;n rJavbdon wjnovmasan kai;

ejrwthqevnto" kai; ajpokrinomevnou tou' profhvtou: tiv to; ojfqevn … ei\pe pro;"

aujto;n oJ Despovth" (= transition et résumé de Jr 1, 11).

− un passage situé à la fin du commentaire sur Jr 1, 12 : ei\ta deivknusin aujtw'/ kai;

levbhta uJpokaivomenon kai; to; provswpon aujtou' ajpo; proswvpou borra' (=

transition et résumé de Jr 1, 13).

− la transition entre Jr 2, 23a et b : Ei\ta to; profane;" th'" ajsebeiva" deivknusin.

− la transition entre Jr 2, 29 et Jr 2, 30 : ajnamimnhv/skei kai; tw'n ejpenecqeisw'n

aujtoi'" paideiw'n.

− l'annonce de Jr 2, 32 : ei\ta pavlin eijrwnikw'".

− l'annonce de Jr 3, 1 : meta; tau'ta de; ginwvskei wJ"...

− l'annonce de Jr 3, 6 : meta; de; tau'tav fhsin to;n Qeo;n pro;" aujtou;"

eijrhkevnai...

− la transition entre Jr 3, 21 et Jr 3, 22 : Qeasavmeno" de; th;n metamevleian

ejpimei'nai tauvth/ protrevpei kai; fhsivn:

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− l'annonce de Jr 4, 5 : kai; katepavgei levgwn:

− le commentaire sur Jr 4, 14 : hJ ga;r logismevnwn ponhriva touvtwn soi tw'n

kakw'n gegevnhtai pravxew".

− une phrase du commentaire sur Jr 4, 18 : th;n koilivan hJlghkevnai kai; ta; th'"

kardiva" aijsqhthvria kai;..., paraphrase de Jr 4, 19, que le caténiste remplace par

la citation même du verset.

Il est difficile d'interpréter ces omissions : il ne s'agit pas de fautes mécaniques,

comme de sauts du même au même par exemple. On remarque seulement que la plupart de

ces passages sont de simples transitions entre deux versets bibliques. À part l'annonce de Jr

3, 6, que le caténiste aurait pu supprimer parce qu'elle devenait inutile dans la chaîne, étant

donné que c'est un extrait de Jean Chrysostome et non le lemme biblique de Jr 3, 6 qui suit

immédiatement l'extrait de Théodoret, les autres transitions et annonces se seraient fort bien

insérées dans la chaîne, au même titre que toutes celles que le caténiste a conservées511.

Même pour Jr 3, 6, le choix du caténiste est difficile à interpréter, car dans bien d'autres cas,

il conserve des transitions ou annonces qui sont pourtant devenues inutiles dans la chaîne,

parce que suivies par un extrait de Jean Chrysostome et non directement par le lemme

biblique512.

Ces quelques omissions de brefs passages du Commentaire de Théodoret ne suffisent

pas pour dire qu'il y a une sélection opérée par le caténiste au sein de son texte-source. Le

nombre réduit des omissions témoigne au contraire d'une volonté du caténiste de reproduire

dans son intégralité sa source patristique. Le caténiste reproduit sa source telle quelle en

redistribuant les extraits après chaque lemme biblique concerné.

En outre, le texte reproduit par le caténiste est presque parfaitement identique à celui

de la tradition directe. Il existe seulement quelques variantes mineures dont il serait inutile

de dresser une liste détaillée, mais pour lesquelles on peut donner quelques exemples :

− a[faton BY (chaîne) : a[rrhton Tht (tradition directe) (cf. éd. p. 45, l. 13) ;

511 Cf. supra, pp. 206-207. 512 Cf. supra, pp. 208-210.

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− pefrontikevnai Tht : post kovsmou transp. BY (cf. éd. p. 34, ll. 13-14) ;

− aujth'" BY : om. Tht (cf. éd. p. 34, l. 14) ;

− wJ" logismoi; ajnabaivnousin ejn tai'" kardivai" aujtw'n BY : wJ" lovgo" Tht

(cf. éd. p. 8, l. 11). La leçon de la chaîne pourrait être une glose marginale à wJ"

lovgo" ;

− le réagencement des lemmes de Jr 2, 8 et des commentaires correspondants (cf.

éd. p. 18). Les deux premières remarques de Théodoret sont rassemblées dans la

chaîne, alors qu'elles étaient données après chaque partie du lemme biblique dans

le Commentaire, comme en témoigne le tableau suivant. J’ai souligné le texte des

remarques en question.

Chaîne Commentaire 8OiJ iJerei'" oujk ei\pon: pou' ejsti Kuvrio" … jIwavnnou:jIwavnnou:jIwavnnou:jIwavnnou: Peri; tw'n ta;" leitourgiva" ejkplhrouvntwn levgei. Kai; oiJ ajntecovmenoi tou' novmou mou oujk hjpivstantov me. jIwavnnou:jIwavnnou:jIwavnnou:jIwavnnou: Peri; tou' ajrcierevw" levgei o}" kaqhgei'to tou' laou'. Qeodwrhvtou:Qeodwrhvtou:Qeodwrhvtou:Qeodwrhvtou: Tou'to pavntwn ajnosiwvtaton to; tou;" podhgou;" ajrchgou;" genevsqai th'" plavnh" wJsauvtw" te tw'n grammatevwn kai; didaskavlwn ejntau'qa kathgorei' wJ" eJrmhneuovntwn me;n to;n novmon prwvtwn de; tou'ton parabainovntwn. Kai; oiJ poimevne" hjsevboun eij" ejmev. Tou;" basilei'" ou{tw" wjnovmase.

OiJ iJerei'" oujk ei\pon: pou' ejsti Kuvrio" … Tou'to pavntwn ajnosiwvtaton: to; tou;" podhgou;" ajrchgou;" genevsqai th'" plavnh". Kai; oiJ ajntecovmenoi tou' novmou oujk hjpivstantov me. Tw'n grammatevwn kai; didaskavlwn ejntau'qa kathgorei', wJ" eJrmhneuovntwn me;n to;n novmon, prwvtwn de; tou'ton parabainovntwn. Kai; oiJ poimevne" hjsevboun eij" ejmev. Tou;" basileva" ou{tw" wjnovmase.

− l'amalgame de deux commentaires bien séparés dans la tradition directe : le début

est présent dans le Commentaire de Jean Chrysostome et la fin présente dans celui

de Théodoret (cf. éd. p. 19, note 70 et p. 59, note 233) ;

− l'ajout de la deuxième partie de Jr 2, 30 et de son commentaire (mavcaira gavr, fhsiv, katevfage tou;" profhvta" uJmw'n wJ" levwn ojloqreuvwn kai; oujk

ejfobhvqhte. Tou;" me;n ga;r jHliva" oJ profhvth", tou;" de; jIhou' oJ basileuv",

tou;" de; jIwsiva" oJ eujsebh;" basileu;" sfagh'/ paradevdwken) qui

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268

n'apparaissent pas dans la tradition directe. Ce passage ne provient pas non plus

du Commentaire de Jean Chrysostome. Comme une remarque semblable apparaît

sous le nom de Victor dans la chaîne à auteurs multiples (cf. scholie 103b), il est

possible que ce soit une interpolation. Elle apparaissait peut-être aussi dans une

autre branche de la tradition directe que celle qui nous a été conservée jusqu'à

aujourd'hui, ou encore dans les marges du manuscrit que le caténiste avait à sa

disposition ;

− des problèmes d'attribution : un passage (cf. éd. p. 53, note 204) est attribué à

Jean Chrysostome alors qu'il n'apparaît pas dans son Commentaire en tradition

directe, mais dans celui de Théodoret, tandis que de nombreux autres passages

restent sans attribution alors qu'ils apparaissent dans le Commentaire de

Théodoret513. Ces problèmes d'attribution sont probablement dus à des erreurs de

copistes qui ont omis certaines occurrences de noms d'auteur ou qui les ont

décalées. Ils sont plus fréquents à la fin de la chaîne (un seul exemple pour le

chapitre 1, six exemples pour le chapitre 2, onze exemples pour le chapitre 3 et

six exemples pour le chapitre 4)514.

Ainsi, il n'y a pas, à proprement parler, de récriture du Commentaire sur Jérémie de

Théodoret de Cyr dans la chaîne à deux auteurs. En effet, le caténiste présente la quasi-

totalité du texte du Commentaire et le reproduit presque littéralement. Si l'unique branche

conservée de la tradition directe est peut-être lacunaire, comme le montrent les extraits de la

chaîne à auteurs multiples qui sont attribués à Théodoret et qui ne recoupent que

partiellement le Commentaire, on peut toutefois supposer que la source du caténiste de la

chaîne à deux auteurs a bien été le Commentaire de Théodoret, tel qu'il se présente dans les

manuscrits conservés aujourd'hui, vu la conformité des extraits à ce texte-là. Il est en effet

peu probable que les extraits de la chaîne à deux auteurs soient une sélection et

éventuellement une récriture de la version complète perdue du Commentaire sur Jérémie. 513 Cf. éd. chaîne à deux auteurs, p. 7, note 23 ; p. 8, note 32 ; p. 11, note 44, etc. 514 Il faudrait aussi, à l'avenir, observer s'il y a des pertes d'attributions entre le manuscrit B et ses copies (T et A) et le manuscrit Y et sa copie (Z) pour confirmer que la tendance est à l'omission des attributions au cours de la transmission du texte.

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2) la récriture du Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome

Les extraits de la chaîne à deux auteurs attribués à Jean Chrysostome sont très fidèles

au Commentaire sur Jérémie de cet auteur conservé en tradition directe. J'ai procédé à une

comparaison systématique entre les extraits de la chaîne à deux auteurs et un témoin ancien

du Commentaire de Jean Chrysostome en tradition directe, le Laurentianus IX 13, ff. 77v-

88v (XIe s.), que j'indiquerai par le sigle Chr. Les résultats de cette analyse sont les suivants.

Il y a dans la tradition directe du Commentaire sur Jérémie une dizaine de passages

qui ne sont pas repris dans la chaîne à deux auteurs :

− le lemme biblique de Jr 1, 7 et son commentaire (cf. Laurentianus IX 13 f. 80) : toutevsti mh; novmizev se aujto;n eujkatafrovnhton ejgw; gavr soi to;

ajxiovpiston levgonti kai; dwvsw ejpi; plhvqou" dialevgesqai parrhsivan kai;

ta; duscerh' ejrei'" tou'to ga;r mhnuvei kai; kata; pavnta o{sa a]n ejntevllwmaiv

soi lalhvsei" ouj pro;" kolakeivan tou' plhvqou" prosdialegovmeno" ajlla;

meta; parrhsiva" levgwn ta; ajlhqh'.

− le commentaire d'une des parties de Jr 2, 8 (kai; oiJ poimevne" hjsevboun eij"

ejmev) : peri; tw'n basilevwn levgei. Le caténiste l'a peut-être laissé de côté parce

qu'il a déjà retenu, pour ce lemme, une explication identique de Théodoret : Tou;"

basilei'" ou{tw" wjnovmase.

− Jr 2, 31 et le début du commentaire : Mh; e[rhmo" ejgenovmhn tw/' oi[kw/

jIsrahvl ; toutevsti mh; oujdeno;" tetuchvkate par j ejmou' kalou' ; h] gh;

kecerswmevnh ;

− l'annonce de Jr 3, 14 : dia; ga;r touvtwn proiwvn fhsin:

− le commentaire de Jr 3, 14 : toutevsti gnhsivw" metabavllesqe th;n gnwvmhn.

− le commentaire de Jr 3, 16 : Levgei me;n kai; ta; kata; th;n ejpavnodon kaqovlou de; aujtw'n fhsin o{ti eja;n gnhsivw" diateqh'te peri; th;n eujsevbeian kai;

ejpikalevshsqe me gnhsiva/ th'/ yuch/' w{ste ouj dehqhvsesqe kibwtou' h] novmou

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270

kai; divca ga;r ejkeivnwn hJghvsomai uJmi'n th'" ejpi; th;n povlin oJdou' to; de;

eujqu;" ejpagovmenon.

− le commentaire de Jr 3, 25 : toutevstin ejtapeinwvqhmen aijscunovmenoi ejpi;

tai'" paranomivai".

− le commentaire de Jr 4, 7 : peri; tou' Naboucodovnosor levgei ejpi; touvtoi".

− le commentaire de la fin de Jr 4, 30 : toutevstin mishvsousiv sou th;n

eujprevpeian: ejrw'si gavr sou tou' fovnou ouj th'" w{ra" tou' swvmato".

− le commentaire de Jr 4, 31b : toutevsti diatrivyei ajpo; th'" ejk luvsew" ouj dunamevnh pro;" ta; deina; ajntevcein. To; de; fwnh; wJ" ejpi; tw'n uJpo; tou'

ajgw'no" ajnakrazovntwn.

De même que pour les extraits attribués à Théodoret, il est difficile d'interpréter ces

lacunes : il ne s'agit pas de sauts du même au même et ces passages auraient pu facilement

trouver leur place dans la chaîne. Ils sont tout à fait semblables, dans leur style et leur

méthode, aux autres extraits retenus par le caténiste.

Comme dans le cas de Théodoret, on ne peut pas ici parler de sélection. Quelques

passages de la tradition directe sont absents de la chaîne, mais le désir du caténiste est

manifestement de reproduire la totalité de son texte-source.

En outre, le texte des extraits de la chaîne est très fidèle à celui de la tradition directe,

comme c'était le cas pour Théodoret. Il existe quelques variantes mineures dont il n'est pas

utile de donner une liste, mais pour lesquelles on peut donner quelques exemples. Ces

variantes signalent, à mon sens, que le texte qu'a consulté le caténiste appartenait à une

branche de la tradition directe différente de celle du Laurentianus IX 13 :

− un singulier pour un pluriel, par ex. tou' jAssurivou BY (chaîne) : tw'n

jAssurivwn Chr (tradition directe) (cf. éd., p. 1, l. 7) ;

− des changement de temps, par ex. faivnetai BY : ejfaivneto Chr (cf. éd., p. 2,

l. 5) ;

− des omissions, par ex. hJ avant prografhv Chr : om. BY (cf. éd., p. 4, l. 22) ;

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− des ajouts insignifiants, comme l'article devant un nom propre, par ex. ante

jIwsivou add. tou' BY (cf. éd., p. 5, l. 24) ;

− des changements de cas, par ex. iJereuv" BY : iJerevw" Chr (cf. éd., p. 4, l. 23) ;

− le déplacement d'un mot ou d'un groupe, par ex. o[nto" : ante eujsebou'" transp.

BY (cf. éd., p. 6, l. 6) ;

− d'autres types de variantes, par ex. poivou basilevw" BY : poiva" basileiva" Chr

(cf. éd., p. 5, ll. 5-6) ; touvtou" BY : aujtou' Chr (cf. éd., p. 5, l. 24) ; Qeo;" de;

qarruvnei BY : oJ de; Kuvrio" pro;" aujtovn Chr (cf. éd., p. 7, ll. 3-4) ; kai; ta;

kat j Ai[gupton ejmavqete BY : i[ste de; kai; kata; th;n Ai[gupton Chr. (cf.

éd., p. 61, l. 2) ;

− une différence de découpage par rapport à la tradition directe (cf. éd., p. 17, ll. 15-

19) :

Chaîne Commentaire 7Kai; eijshvgagon uJma'" eij" to;n Kavrmhlon tou' fagei'n uJma'" tou;" karpou;" aujtou'. jIwavnnou: jIwavnnou: jIwavnnou: jIwavnnou: jApo; tou' tovpou th;n gh'n th'" ejpaggeliva" levgei: oJ de; Kavrmhlo" h\n pivona gh'n e[cwn kai; gennaivou" fevrwn tou;" karpouv".

7Kai; eijshvgagon uJma'" eij" to;n Kavrmhlon tou' fagei'n uJma'" tou;" karpou;" aujtou' ajpo; tou' tovpou. Th;n gh'n th'" ejpaggeliva" levgei: oJ de; Kavrmhlo" h\n pivona gh'n e[cwn kai; gennaivou" fevrwn tou;" karpouv".

− un unique ajout : la chaîne attribue en effet à Jean Chrysostome un membre

supplémentaire par rapport à la tradition directe : Peri; Aijguptivwn levgei. Tine;"

de; to; e[gnwsan (sur Jr 2, 16). Il pourrait s'agir d'une glose marginale trouvée par

le caténiste dans le manuscrit dont il disposait ;

− des problèmes d’attributions : d’une part, certains passages attribués à Théodoret

dans la chaîne sont pourtant seulement présents dans le Commentaire de Jean

Chrysostome (cf. éd., p. 19, note 70 ; p. 35, note 118 et p. 53, note 207). D’autre

part, une douzaine d'extraits correspondant à des passages de la tradition directe

du Commentaire de Jean Chrysostome restent sans attribution dans la chaîne515.

Ces exemples sont toutefois moins fréquents que dans le cas de Théodoret (13

contre 23) ;

515 Cf. éd. chaîne à deux auteurs, p. 12, note 45 ; p. 22, note 76 ; p. 27, note 95, etc.

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272

− un cas complexe de réagencement du texte de la tradition directe : dans le

Commentaire de Jean Chrysostome, le passage de Jr 2, 23-24 est successivement

commenté à deux reprises, comme en témoignent les deux paragraphes de la

première colonne du tableau de la p. 273. Les remarques de la série 1 sont

exclusivement consacrées à une comparaison entre l'hébreu et le grec, tandis que

celles de la série 2 proposent des explicitations du texte biblique. Dans la chaîne,

les remarques de la série 2 sont déplacées, redistribuées et insérées juste après les

lemmes correspondants et avant les remarques de la série 1, avec l'exception des

deux derniers cas où exceptionnellement la remarque de la série 1 suit

immédiatement le texte biblique et précède celle de la série 2.

Plusieurs problèmes apparaissent dans le réagencement de ce passage par le

caténiste : il ne donne d'attribution qu'aux remarques de comparaison grec /

hébreu, c'est-à-dire aux remarques de la série 1, tandis que celles de la série 2,

insérées pourtant juste après le lemme biblique, restent sans attribution, sauf pour

les deux derniers cas où l'attribution précède l'ensemble des deux scholies, alors

données dans l'ordre inverse : série 1 + série 2.

Il y a en outre deux incidents vers la fin du passage : d’une part, la deuxième

phrase de la quatrième remarque de la série 1 (Th;n de; ejpiqumivan aujth'" tiv"

ejpistrevyei …) se retrouve dans la chaîne à la fin d'un extrait de Théodoret. Elle

est en fait insérée comme un discours direct annoncé par l’extrait (ou{tw kai; dia;

tou' megavlou Mwu>sevw" fhsiv) ; d'autre part, le dernier lemme est séparé en

deux dans la série 2 du Commentaire, alors qu'il était en un bloc dans la série 1 :

la chaîne garde le lemme en un bloc et ne conserve que la deuxième remarque de

la série 2, laissant de côté : e[rhmoi gavr eijsi th'" ejmh'" bohqeiva". Ces deux

incidents sont délicats à interpréter.

Pourquoi le caténiste a-t-il procédé à ce réagencement et quel était le texte

qu'il avait sous les yeux ? Le fait que le même passage du texte biblique soit

commenté deux fois à la suite de manière très différente est exceptionnel. Il se

pourrait que les remarques de la série 1 fussent, dans l'exemplaire du caténiste,

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273

notées dans la marge, sur un autre plan que le Commentaire. Comme ces notes de

comparaison entre l'hébreu et le grec peuvent surprendre de la part de Jean

Chrysostome, le caténiste aurait voulu mettre en valeur le fait qu’elles étaient de

cet auteur, en les insérant dans la chaîne et en les faisant précéder du nom de

l'exégète. En faisant un sort différent aux remarques de la série 1 et à celles de la

série 2, le caténiste respecte les différents niveaux de son texte-source et s’écarte

de la logique de composition de sa chaîne. En effet, ce passage où se succèdent le

lemme biblique, une remarque sans attribution, un extrait attribué à Jean

Chrysostome et une scholie attribuée à Théodoret vient rompre le rythme de

l'alternance propre à la chaîne (lemme biblique, Jean Chrysostome, Théodoret).

Le caténiste respecte ainsi les différents éléments de sa source et ne les harmonise

pas. Il agit en conservateur érudit et respecte la tradition dont le texte qu'il

consulte se fait l'écho.

Le tableau qui suit présente, dans la première colonne, le passage du

Commentaire de Jean Chrysostome concerné et, dans la deuxième colonne, le

passage de la chaîne correspondant. Les remarques de la série 1 sont surlignées en

gris clair et les remarques de la série 2 en gris foncé. Les lemmes bibliques sont

en italiques. Les remarques de la série 1 apparaissent ainsi rassemblées dans le

passage du Commentaire en tradition directe et dispersées dans le passage de la

chaîne à deux auteurs. Il en est de même pour les remarques de la série 2.

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Commentaire de Jean Chrysostome Chaîne à deux auteurs jOye; fwnh;n aujth'" wjlovluzen. Kata; to;n JEbrai'on ou{tw" e[cei: « JW" prwtovtokon moscavrion skirta'/. » Ta;" oJdou;" aujtou' 24ejplavtunen ejf ju{data ejrhvmou. Kata; to;n JEbrai'on ou{tw" kei'tai: « JW" davmali" dedidagmevnh ejn panerhvmw/ a{llesqai. » jEn ejpiqumivai" yuch'" aujth'" ejpneumatoforei'to. jAkolouvqw" oJ JEbrai'o" e[cei: « Kai; ejn tw'/ qelhvmati th'" yuch'" aujtou' badivzei pro;" e{kaston klivma. » Paredovqh: tiv" ejpistrevyei aujthvn … jAkolouvqw" kata; th;n tw'n JEbraivwn kei'tai. Th;n de; ejpiqumivan aujth'" tiv" ejpistrevyei … Pavnte" oiJ zhtou'nte" aujth;n ouj kopiavsousin ejn th/' tapeinwvsei aujth'" euJrhvsousin aujthvn. JO JEbrai'o": « jEn tw'/ ajrotria'n euJrhvsousin aujthvn », toutevstin ejn th'/ diafqora'/ aujth'". Ou{tw me;n ou\n kei'tai kata; th;n tw'n JEbraivwn e[nnoian, oJ de; eJllhniko;" toiauvthn tina; e[cei tw'n rJhmavtwn th;n diavnoian: jOye; fwnh;n aujth'" wjlovluzen. Toutevstin e[ti kai; nu'n ejpiboa'tai ta; ei[dwla, bouvletai ga;r dei'xai o{ti ouj movnon oiJ provgonoi ajlla; kai; ou|toi h{marton o} kai; ajnwtevrw ejpoivoun. Ta;" oJdou;" aujtou' 24ejplavtunen ejf ju{data ejrhvmou. {Ina ei[ph/: ta;" pravxei" aujth'" ejxevceen wJ" u{data ejpi; ta;" ejrhvmou", toi'" eijdwvloi" latreuvousa kai; katafronou'sa tou' naou'. jEn ejpiqumivai" yuch'" aujth'" ejpneumatoforei'to. Kaq j hJdonh;n aujth'" h[kouen tw'n yeudoprofhtw'n parapempomevnh tw'n profhtw'n tou;" lovgou". Paredovqh: tiv" ejpistrevyei aujthvn … Toutevstin ejmou' ajpofhnamevnou kat j aujth'" aijcmalwsivan, tiv" duvnatai aujth'/ bohqh'sai. {Ina ei[ph/: ajnonhvtw" toi'" eijdwvloi" latreuvei. Pavnte" oiJ zhtou'nte" aujth;n ouj kopiavsousin e[rhmoi gavr eijsi th'" ejmh'" bohqeiva" ejn th/' tapeinwvsei aujth'" euJrhvsousin aujthvn. ajnti; tou' eujavlwto" e[stai th'" par jejmou' pronoiva" oujk ajxioumevnh.

jOye; fwnh;n aujth'" wjlovluzen. Toutevstin e[ti kai; nu'n ejpiboa'tai ta; ei[dwla, bouvletai ga;r dei'xai o{ti ouj movnon oiJ provgonoi ajlla; kai; ou|toi h{marton o} kai; ajnwtevrw ejpoivoun. jIwavnnou: jIwavnnou: jIwavnnou: jIwavnnou: Kata; to;n JEbrai'on ou{tw" e[cei: « JW" prwtovtokon moscavrion skirta'/. » Qeodwrhvtou: Qeodwrhvtou: Qeodwrhvtou: Qeodwrhvtou: To; Jojye; j ejpi; tou' Jbradevw" j tevqeike. Meta; th;n pei'ran, fhsiv, tw'n ajlgeinw'n th'" paranomiva" ai[sqhsin e[labe: tou'to kai; meta; tau'ta oJ profhvth" fhsiv, ta;" devka fula;" ojduromevna" uJpodeiknu;" kai; legouvsa": « {Usteron aijcmalwsiva" mou metenovhsa. » Ta;" oJdou;" aujtou' 24ejplavtunen ejf ju{data ejrhvmou. {Ina ei[ph/: ta;" pravxei" aujth'" ejxevceen wJ" u{data ejpi; ta;" ejrhvmou", toi'" eijdwvloi" latreuvousa kai; katafronou'sa tou' naou'. jIwavnnou:jIwavnnou:jIwavnnou:jIwavnnou:Kata; to;n JEbrai'on ou{tw" kei'tai: « JW" davmali" dedidagmevnh ejn panerhvmw/ a{llesqai. » Qeodwrhvtou:Qeodwrhvtou:Qeodwrhvtou:Qeodwrhvtou:Dia; tou' ejplavtune th;n ajplhstivan th'" ajsebeiva" ejdivdaxen u{data de; ejrhvmou ta; ei[dwla proshgovreusen wJ" ejrhmopoia; kai; panwleqriva" provxena. jIwavnnou: jIwavnnou: jIwavnnou: jIwavnnou: jEn ejpiqumivai" yuch'" aujth'" ejpneumatoforei'to. Kaq j hJdonh;n aujth'" h[kouen tw'n yeudoprofhtw'n parapempomevnh tw'n profhtw'n tou;" lovgou". jIwavnnoujIwavnnoujIwavnnoujIwavnnou: : : : jAkolouvqw" oJ JEbrai'o" e[cei: « Kai; ejn tw'/ qelhvmati th'" yuch'" aujtou' badivzei pro;" e{kaston klivma. » Qeodwrhvtou: Qeodwrhvtou: Qeodwrhvtou: Qeodwrhvtou: }A ga;r ajkouvein ejbouvlonto tau'ta oiJ yeudoprofh'tai prolevgein prosepoiou'nto: to; ga;r ejpneumatoforei'to peri; tw'n yeudoprofhtw'n tevqeike. Paredovqh: tiv" ejpistrevyei aujthvn … jIwavnnou: jIwavnnou: jIwavnnou: jIwavnnou: jAkolouvqw" kata; th;n tw'n JEbraivwn kei'tai: Toutevstin ejmou' ajpofhnamevnou kat j aujth'" aijcmalwsivan, tiv" duvnatai aujth'/ bohqh'sai. {Ina ei[ph/: ajnonhvtw" toi'" eijdwvloi" latreuvei. Qeodwrhvtou:Qeodwrhvtou:Qeodwrhvtou:Qeodwrhvtou: Qeou' ga;r paradedwkovto", tiv" ejparkevsei … ou{tw kai; dia; tou' megavlou Mwu>sevw" fhsiv: th;n de; ejpiqumivan aujth'" tiv" ejpistrevyei … Pavnte" oiJ zhtou'nte" aujth;n ouj kopiavsousin ejn th/' tapeinwvsei aujth'" euJrhvsousin aujthvn. jIwavnnou:jIwavnnou:jIwavnnou:jIwavnnou: JO JEbrai'o": « jEn tw'/ ajrotria'n euJrhvsousin aujthvn », toutevstin ejn th'/ diafqora'/ aujth'". Ou{tw me;n ou\n kei'tai kata; th;n tw'n JEbraivwn e[nnoian, oJ de; eJllhniko;" toiauvthn tina; e[cei tw'n rJhmavtwn th;n diavnoian: eujavlwto" e[stai th'" par jejmou' pronoiva" oujk ajxioumevnh. Qeodwrhvtou: Qeodwrhvtou: Qeodwrhvtou: Qeodwrhvtou: Eujceivrwtoi ga;r ejgevnonto th;n ajsevbeian ajspasavmenoi.

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Ainsi, le caténiste, à de rares exceptions près, reprend intégralement et fidèlement le

Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome conservé en tradition directe. C'est

pourquoi, comme dans le cas de Théodoret, on ne peut parler ici de phénomène de récriture.

Conclusion

Pour conclure sur ces phénomènes de récriture dans les deux grands types de chaînes,

on remarque qu'il y a une différence fondamentale dans le traitement des sources entre la

chaîne à auteurs multiples et la chaîne à deux auteurs. La chaîne à auteurs multiples

témoigne de plusieurs degrés de récriture, d'une reprise littérale à une reprise très libre et

abrégée, tandis que la chaîne à deux auteurs ne présente que des reprises intégrales et

littérales, d'après ce qu'il nous reste de la tradition directe des commentaires sur Jérémie de

Jean Chrysostome et de Théodoret de Cyr. Cette différence fondamentale entre les chaînes à

auteurs multiples et les chaînes à deux auteurs existe ailleurs, par exemple au sein des

chaînes sur le Cantique des Cantiques, comme l’a montré L. Bossina516.

C. Dans la chaîne abrégée à auteurs multiples

1) La récriture des extraits de la chaîne intégrale

Le phénomène de récriture de la chaîne intégrale dans la chaîne abrégée a été analysé

en détail517. On peut ici en rappeler les caractéristiques : la chaîne abrégée opère tout

d'abord une sélection parmi les extraits de la chaîne intégrale. Soit elle reproduit

littéralement les extraits qu'elle a sélectionnés, soit elle les récrit, le plus souvent en les

516 L. Bossina, « Du bon usage des chaînes. Cinq siècles d’erreurs sur Théodoret de Cyr », conférence donnée à Paris le 5 avril 2006. 517 Cf. supra, pp. 221-241.

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abrégeant, parfois en les amputant d'une partie, parfois en laissant de côté les détails, les

renchérissements, les répétitions, les comparaisons et exemples, les citations bibliques (qui

sont supprimées ou tronquées), parfois en amalgamant les différentes parties d'un extrait,

deux extraits successifs ou encore deux extraits éloignés et attribués à des auteurs différents

dans la chaîne intégrale. Enfin, la chaîne abrégée ajoute à ce qu'elle retient de la chaîne

intégrale un matériau nouveau, sans doute emprunté au Commentaire sur Jérémie de Jean

Chrysostome en tradition directe.

2) La récriture du Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome

On a vu que certains passages de la chaîne abrégée étaient empruntés à la tradition

directe du Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome518. Comment le caténiste traite-t-

il sa source ?519 On peut observer sa méthode en comparant les passages en question aux

extraits attribués à Jean Chrysostome dans la chaîne à deux auteurs, presque exactement

conformes à ce que l'on trouve dans la tradition directe du Commentaire sur Jérémie de cet

auteur520 :

− le premier extrait de la section 11 dans la chaîne abrégée est une reprise littérale

d'un passage du Commentaire (= PG 64, 752 D9-12) ;

− le quatrième extrait de la section 12 est une reprise abrégée d'un passage du

Commentaire (= PG 64, 753 C4-6) : la première proposition, un peu

paraphrastique (Meta; krivsewv" mou dialecqhvsomai pro;" aujtouv"), est laissée

de côté par le caténiste ;

− le neuvième extrait de la section 24 est une reprise mixte d'une phrase du

Commentaire (= PG 64, 764 B12-13) : la première partie reprend littéralement le

début du Commentaire, mais la deuxième est une récriture de la suite (oujci; ejn

tavxei tou'ton ei\con uiJou' pour oujc wJ" uiJou' uiJou' uiJou' uiJou' proenovhsa) ;

− le deuxième extrait de la section 12 est lui aussi une reprise mixte d'une phrase du

Commentaire (= PG 64, 773 B2-5) : reprise littérale de la proposition 518 Cf. supra, pp. 231-240. 519 Cf. tableaux supra, pp. 232-234 et 239-240. 520 Cf. supra, pp. 269-275.

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comparative, mais récriture abrégée de la proposition principale (ou[te ou|toi th;n

eijdwlolatrivan pour ou{tw kai; ou|toi ou|toi ou|toi ou|toi tw'n sumforw'n katalabousw'n oujk a]n

ajrnhqei'en tw'n eijdwvlwn th;n ajsqevneian aijscunovmenoi ejpi; th'/ peri; aujta;

qerapeiva/) ;

− la note sur Jr 2, 10 est la reprise littérale d'une phrase du Commentaire (= PG 64,

761 A13) ;

− la troisième note sur Jr 2, 22 est la reprise abrégée d'une phrase du Commentaire

(= PG 64, 769 B1-3) : le deuxième complément est laissé de côté par le caténiste ;

− la deuxième note sur Jr 2, 24 est la reprise abrégée d'une phrase du Commentaire

qui n'est pas éditée dans la PG (= extrait de Jean Chrysostome sur Jr 2, 24).

Ces exemples révèlent à nouveau que la récriture peut prendre diverses formes :

reprise littérale, abrégée (avec la suppression d'une proposition paraphrastique ou d'un

deuxième complément venant renchérir le premier) et parfois mixte, c'est-à-dire littérale

pour la première partie de l'extrait et abrégée pour la deuxième partie.

Conclusion

L'attitude de l’auteur de l'abrégé face à ses sources (la chaîne intégrale et le

Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome) est ainsi assez proche de celle du caténiste

de la chaîne intégrale vis-à-vis de ses sources patristiques. Ces deux caténistes n'hésitent pas

à retravailler leur documentation et à en présenter une version sélectionnée, récrite et

résumée. En revanche, le caténiste de la chaîne à deux auteurs manifeste un immense

respect pour les commentaires des deux Pères antiochiens qu'il excerpte. Il n'y a que de très

rares modifications quantitatives et qualitatives entre son texte et celui des deux auteurs.

Les projets de ces trois caténistes sont donc sensiblement différents : les caténistes de

la chaîne à auteurs multiples (version intégrale et version abrégée) respectent à la lettre le

texte biblique qu'ils présentent en bloc et intégralement, au centre de la chaîne. Ils semblent

éprouver en revanche plus de liberté vis-à-vis de leurs sources patristiques, qu'ils

retravaillent à leur manière dans le seul but d'éclairer le texte biblique, centre de leur

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entreprise. Le caténiste de la chaîne à deux auteurs, quant à lui, est moins soucieux de

reproduire le texte biblique dans son intégrité et son intégralité ; c’est pourquoi il en donne

une version lacunaire et dispersée entre les extraits patristiques. En revanche, il respecte

scrupuleusement les deux commentaires qu'il excerpte, comme si la transmission de ce

corpus patristique était au cœur de son projet.

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IV. Les prologues des chaînes sur Jérémie

Dans les anciens manuscrits de la Bible grecque, on ne trouve pas de préfaces pour

introduire chaque livre. Celles-ci, essentiellement composées de textes des Pères de l'Église,

ne sont incorporées aux manuscrits qu’à partir du XIIe s. environ. Elles constituent en outre

une caractéristique des chaînes exégétiques grecques dans lesquelles, avant chaque livre,

sont proposés des passages introductifs, tirés d'un commentaire patristique sur le texte en

question ou d'un autre ouvrage.

A. Les prologues de la chaîne à auteurs multiples

Au début de la chaîne à auteurs multiples sur le livre de Jérémie et ses suppléments

[type B, famille intégrale (1) et famille abrégée (2)] se trouvent plusieurs prologues :

− un prologue du caténiste (dans la famille 1 uniquement) (25 lignes, cf. éd. chaîne

intégrale à auteurs multiples, pp. 1-2) ;

− le prologue d'un Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome (dans les

familles 1 et 2) (80 lignes, cf. chaîne intégrale à auteurs multiples, pp. 2-5) ;

− un prologue d'Eusèbe de Césarée (dans la famille 1 uniquement) (20 lignes, cf. éd.

chaîne intégrale à auteurs multiples, pp. 5-6) ;

− un prologue anonyme (dans les familles 1 et 2) (47 lignes, cf. éd. chaîne intégrale

à auteurs multiples, pp. 6-8) ;

− un court passage anonyme antijuif (dans la famille 2 uniquement) (5 lignes, cf. éd.

chaîne abrégée à auteurs multiples, p. 1) ;

− le passage sur Jérémie de la Vie des Prophètes dans la deuxième recension

d'Épiphane (uniquement dans la famille 2 à cette place, en conclusion de la chaîne

dans la famille 1) (42 lignes, cf. éd. chaîne abrégée à auteurs multiples, pp. 1-3).

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1) Le prologue du caténiste

Le prologue du caténiste a été étudié par M. Faulhaber521 et G. Dorival522. Selon eux, il

doit être mis en relation avec les prologues des chaînes sur Isaïe, Ézéchiel et Daniel du

même auteur. Les prologues sont similaires mais pas exactement identiques : cela

constituerait la preuve qu'ils sont d'un même auteur. De plus, les chaînes ont la même

manière de citer les auteurs et les sources.

Ces quatre prologues sont en effet construits sur le même modèle et présentent une

similitude de démarche et de méthode. Après l'évocation de ses précédents travaux, le

caténiste justifie son recours à des auteurs hérétiques dans la compilation, puis donne au

lecteur le mode de lecture de la chaîne. Les différents prologues utilisent les mêmes

phrases : comme l'écrit G. Dorival, « il y a en quelque sorte un prologue de base (celui de la

chaîne sur Isaïe) dont les autres constituent des reprises fidèles (Jérémie, Daniel) ou un peu

éloignées (Ézéchiel) ; certains paragraphes du premier prologue sont repris littéralement par

les trois autres »523, comme en témoignent le tableau synoptique établi par M. Faulhaber524

et la traduction française des textes donnée par G. Dorival525.

La préface de la chaîne sur Jérémie peut être comparée à une autre préface de

caténiste, celle de Procope de Gaza (460-526) à l’épitomé de sa chaîne sur l’Octateuque526.

G. Dorival fait remarquer que, comme Procope, le caténiste de la chaîne sur Jérémie signale

qu’il utilise des auteurs orthodoxes et hérétiques, mais que, à la différence de Procope, il

éprouve le besoin de se justifier plus longuement en citant le modèle d’orthodoxie qu’est

Cyrille d’Alexandrie. G. Dorival y voit « un indice que notre caténiste travaille à une 521 M. Faulhaber, Die Propheten-Catenen nach römischen Handschriften, Biblische Studien IV, 2-3, Fribourg 1899, pp. 190-202. 522 G. Dorival, « Des commentaires de l’Écriture aux chaînes », in C. Mondésert (dir.), Le monde grec ancien et la Bible, Bible de tous les temps, t. I, Paris 1984, pp. 368-375. 523 G. Dorival, art. cit., p. 371. 524 M. Faulhaber, op cit., pp. 192-196 ; J'ai reproduit le tableau pp. 161-163. 525 G. Dorival, art. cit., pp. 369-370. 526 Pour le texte grec, cf. PG 87, 21-24 ; pour la traduction et le commentaire, cf. G. Dorival, art. cit., pp. 363-368 .

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époque où la notion de « tradition de l’Église » est parfaitement définie et triomphante dans

tous les domaines : l’époque du concile in Trullo (691 ?) »527.

La mise en page des chaînes est évoquée dans le prologue du caténiste par les mots

paragravfesqai et paragrafhv, termes techniques qui renvoient à une disposition

marginale des chaînes. « Alors que les chaînes anciennes (en particulier celles de Procope)

étaient disposées à pleine page sur une ou deux colonnes d’écriture, selon le modèle du

commentaire chrétien, notre caténiste est le témoin d’une innovation : les chaînes sont

situées "en marge" »528, selon le modèle des scholies à l’Écriture, qui étaient situées en face

du texte des versets.

L’explication que le caténiste donne du mode de lecture de la chaîne reste

malheureusement très évasive. Le caténiste semble en effet reconnaître l’approximation de

la division du texte biblique et sa complexité, étant donné qu’il conseille de lire trois

lemmes bibliques puis les interprétations correspondantes, mais on a vu que certains extraits

patristiques n’avaient de sens que si on les lisait immédiatement après avoir lu le lemme

biblique, puisqu’ils en font l’ellipse et sont pourtant intimement liés à un terme précis du

texte sacré. En tout cas, le caténiste insiste sur le lien entre le texte biblique et les extraits

patristiques et par conséquent sur la pratique d’une lecture alternée. Il manifeste aussi un

certain malaise face à la difficulté de son entreprise et à la délicate utilisation de son œuvre.

On retrouve, intégralement ou partiellement, ce prologue du caténiste dans certains

autres manuscrits de chaînes, comme l'indique M. Faulhaber qui donne deux exemples529 :

− la chaîne sur Matthieu dans le Parisinus Coislinianus 23 (XIe s.) (type I)530 ;

− la chaîne sur Jean dans le Vallicellianus E. 40 (Xe s.), le Cosanus G 87 (XIe s.), le

Parisinus gr. 209 (XIe s.), le Baroccus 225 (XIIe s.) et le Matritensis gr. 4673

(XVIe s.) (type V)531.

Il est aussi repris dans d'autres manuscrits de chaînes, comme j'ai pu l'observer grâce

aux sondages du catalogue de G. Karo et H. Lietzmann : 527 G. Dorival, art. cit., p. 372. 528 G. Dorival, art. cit., p. 372. 529 M. Faulhaber, op. cit., p. 198. 530 Cf. Catenae in Evangelia S. Matthaei et S. Marci, éd. J. A. Cramer, Oxford 1840, t. I, p. 4. 531 Cf. Catena Patrum Graecorum in S. Johannem, éd. B. Cordier, Anvers 1630, f. 2.

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− il est partiellement présent (c'est-à-dire seulement avec le premier paragraphe sur

les auteurs orthodoxes et hérétiques) en cinquième position parmi les prologues à

la chaîne sur les Règnes dans le Venetus gr. 16 (XIVe s.), le Scorialensis S–II–19,

le Coislinianus gr. 8 (Xe s., dont le début est mutilé) et le Parisinus gr. 133

(XIVe s.) ;

− il est ajouté d'une main plus récente au début de la chaîne sur les Actes, dans le

Parisinus Coislinianus 202bis (XIIe s.).

Dans ces chaînes qui utilisent le prologue du caténiste, j'ai remarqué que c'est

précisément le prologue au livre de Jérémie qui est repris textuellement ; or il est le seul,

parmi les prologues du caténiste aux chaînes sur les prophètes, à ne pas citer explicitement

le nom du prophète, c'est-à-dire celui du livre sur lequel il porte. Il est donc facile à

réutiliser tel quel, sans avoir besoin d'être adapté. Le texte est d'ailleurs réemployé

exactement, sans variations, d'une chaîne à l'autre.

Pourtant, M. Faulhaber signale que dans ces chaînes, la manière de citer les auteurs et

les sources est autre que dans les chaînes sur les prophètes. Cela prouve, selon lui, que ce

texte a été emprunté à la chaîne sur les prophètes pour figurer au début de chaînes diverses

et variées. Je suis d'accord avec M. Faulhaber pour affirmer que l'auteur des chaînes sur les

quatre prophètes n'est pas l'auteur de chaînes sur d'autres livres bibliques. Il est toutefois

intéressant de noter que le prologue de la chaîne sur Jérémie a été considéré par certains

caténistes plus tardifs ou certains copistes comme un « prologue-type » permettant

d’introduire n’importe quelle chaîne.

Il me faut ajouter une dernière remarque : le début du prologue de la chaîne sur

Jérémie : « comme dans les précédents livres de l’Écriture inspirée par Dieu que j’ai

annotés » (kaqa; kai; ejn tai'" prolabouvsai" bivbloi" th'" qeopneuvstou grafh'" tai'"

par j ejmou' paragrafeivsai") indique que le caténiste a déjà annoté d'autres livres

bibliques avant Jérémie. Les prologues à Isaïe et Ézéchiel ne précisent pas en revanche s'il y

a eu des œuvres précédentes. Seul le prologue de Daniel évoque aussi « les précédents livres

des prophètes » (tai'" protevrai" tw'n profhtw'n bivbloi") annotés par le caténiste.

Puisqu'il est apparu que notre caténiste n'a pas travaillé sur d'autres livres bibliques que les

grands prophètes, il faudrait alors émettre l'hypothèse que la chaîne sur Jérémie a été conçue

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283

soit après les chaînes sur Isaïe et Ézéchiel, soit même en dernier, après celles-ci et celle sur

Daniel.

2) Le prologue de Jean Chrysostome

Le prologue de Jean Chrysostome, placé en premier parmi les prologues patristiques à

la chaîne, est très long (80 lignes environ dans mon édition). Il devait l’être encore plus dans

l’œuvre d’origine, puisque le caténiste laisse explicitement de côté des passages de son

texte-source, selon l’indice que donnent les deux occurrences de l’expression kai;

met j ojlivga.

Ce texte donne d'abord une définition de la prophétie et propose une classification des

différents types de prophéties : inspirée (pneumatikhv), diabolique (diabolikhv), naturelle

(fusikhv), relevant d'un art (tecnikhv) et populaire (dhmwvdh"). Dans un deuxième temps (cf.

kai; met j ojlivga), il oppose la clarté de Jérémie à l’obscurité (ajsavfeia) des autres

prophètes, obscurité qu’il tente de justifier par la difficulté du sujet et le manque de

disponibilité des auditeurs. Dans un troisième temps (cf. kai; met j ojlivga), l’auteur précise

que les prophètes, malgré le manque de clarté de leurs propos, n’en sont pas moins inspirés,

dans la mesure où l’Esprit leur insuffle les idées et non les mots.

Le texte présente de nombreux thèmes chers à Jean Chrysostome.

Tout d’abord, le profit moral de la lecture du texte biblique est mis en valeur (tiv

labei'n e[stin ejk tauvth" eij" to;n bivon wjfevlimoneij" to;n bivon wjfevlimoneij" to;n bivon wjfevlimoneij" to;n bivon wjfevlimon cf. éd. p. 2, ll. 10-11), souci que l’on

retrouve dans la fin du prologue du Commentaire sur l'Ecclésiaste (Kai; ga;r uJyhlo;n to;

biblivon kai; hjqikwvtaton kai; mousikwvtaton kai; peri; tw'n kata; to;n bivonkata; to;n bivonkata; to;n bivonkata; to;n bivon pollh'"

gevmon filosofiva")532, au début du Commentaire sur les Proverbes (Ouj mikra; hJmi'n eij" eij" eij" eij"

to;n bivonto;n bivonto;n bivonto;n bivon touti; sumbavlletai to; bivblion)533 et dans le Commentaire sur Job ( {Oti de;

panti; crhvsimoncrhvsimoncrhvsimoncrhvsimon to; biblivon, ejn ijdeva/ pavsh/ kai; bivwn kai; peristavsewnejn ijdeva/ pavsh/ kai; bivwn kai; peristavsewnejn ijdeva/ pavsh/ kai; bivwn kai; peristavsewnejn ijdeva/ pavsh/ kai; bivwn kai; peristavsewn, ajndri; kai;

532 S. Leanza, Procopii Gazaei catena in Ecclesiasten necnon Pseudochrysostomi commentarius in eundem Ecclesiasten, CCSG 4, Turnhout-Leuven, 1978, p. 67, ll. 14-16. 533 G. Bady, Le Commentaire inédit sur les Proverbes attribué à Jean Chrysostome, Introduction, édition critique et traduction, thèse pour obtenir le grade de Docteur de l'Université Lumière-Lyon 2 sous la direction de M. Alexandre, soutenue le 6 janvier 2003 et pas encore publiée, t. II.

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gunaikiv, presbutevrw/ kai; nevw/, ijdiwvth/ kai; a[rconti, plousivw/ kai; pevnhti, toi'"

dexioi'" eujqhnoumevnw/, kai; toi'" ajristeroi'" piezomevnw/, ejgguvqen e[sti labei'n th;n

ajpovdeixin) 534.

La définition de la prophétie donnée ici par Jean Chrysostome : to; levgein h] kai;

tupikw'" deiknu'nai ta; prolabovnta kai; o[nta kai; ejsovmena (« dire ou montrer de

manière figurée ce qui s’est passé, ce qui est et ce qui sera ») peut surprendre au premier

abord. Une prophétie ne concerne habituellement que l’avenir, comme en témoigne la

définition plus courante présente dans les Homélies sur l’obscurité des prophéties :

Profhteiva" ga;r ajxivwma tou'tov ejstin, oujc o{tan ta; parovnta ajpaggeivlh/

pravgmata, ajll j o{tan ta; mevllonta proanafwnhvsh/ (« Le principe de la prophétie

consiste non à annoncer les faits présents, mais à prédire les événements futurs »)535.

Pourtant, cette tripartition de la prophétie est chère à Jean Chrysostome, puisqu’elle apparaît

dans l’Homélie 2 sur la Genèse (Skovpei tou' qaumastou' touvtou profhvtou, ajgaphtev,

kai; ejn touvtw/ to; ejxaivreton. OiJ me;n ga;r a[lloi profh'tai pavnte" h] ta; meta; ta; meta; ta; meta; ta; meta;

polu;n ejsovmena crovnonpolu;n ejsovmena crovnonpolu;n ejsovmena crovnonpolu;n ejsovmena crovnon ei\pon, h] ta; katta; katta; katta; kat jaujto;n mevllonta sumbhvsesqaijaujto;n mevllonta sumbhvsesqaijaujto;n mevllonta sumbhvsesqaijaujto;n mevllonta sumbhvsesqai to;n kairovn:

oJ de; makavrio" ou|to" meta; polla;" genea;" gegonwv", uJpo; th'" a[nwqen dexia'"

oJdhgouvmeno" ejkei'na eijpei'n kathxiwvqh, a} pro;pro;pro;pro; th'" aujtou' genevsew"th'" aujtou' genevsew"th'" aujtou' genevsew"th'" aujtou' genevsew" uJpo; tou' tw'n

aJpavntwn ejdhmiourghvqh Despovtou)536, ainsi que dans la Synopsis Scripturae Sacrae, dont

l’attribution à Jean Chrysostome est discutée, mais qui entretient en tout cas une véritable

relation avec le Jean Chrysostome authentique537. « L'auteur de la synopse énonce

l'affirmation que les prophéties sont relatives non seulement à l'avenir, mais aussi au passé

(par exemple les propos de Moïse sur le ciel et la terre énoncent des choses qui se sont

passées) et au présent (ainsi Pierre dévoilant la faute d’Ananie et de Sapphire en Ac 5, 1-

11) »538. Cette idée apparaît aussi ailleurs dans la littérature antiochienne, par exemple dans

le prologue du Commentaire sur les Psaumes de Diodore de Tarse539.

534 PG 64, 505 C1-6. Ce prologue de Jean Chrysostome, édité à partir d'une chaîne sur Job, ne correspond pas au prologue du Commentaire sur Job de Jean Chrysostome édité par H. Sorlin (Jean Chrysostome, Commentaire sur Job, éd. H. Sorlin, SC 346 et 348, Paris 1988). 535 PG 56, 177, ll. 9-11. 536 PG 53, 28, ll.12-19. 537 PG 56, 316, l. 32 - 317, l. 28. Dans l’Homélie 5 sur 1 Tim 1 (PG 62, 526, ll. 50-52), il est en revanche davantage question d'une bipartition de la prophétie qui dit les événements à venir mais aussi les événements présents (Profhteiva gavr ejstin, ouj to; ta; mevllonta levgein, ajlla; kai; to; ta; parovnta), cf. G. Dorival, « La Protheôria de la Synopse de Jean Chrysostome », Theologische Zeitschrift 2/62 (2006), p. 241. 538 G. Dorival, « L’apport des synopses transmises sous le nom d’Athanase et de Jean Chrysostome à la question du corpus littéraire de la Bible », in G. Dorival et al., Qu'est-ce qu'un corpus littéraire ? Recherches

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En plus de cette tripartition passé / présent / avenir, Jean Chrysostome insiste sur deux

genres de prophéties, la prophétie par les paroles et la prophétie par les faits. Cette

distinction est mise en valeur par la double opposition levgein / deiknu'nai et lovgo" /

pra'gma. La même distinction apparaît dans l'Homélie 6 sur la pénitence, §4540 et à la fin de

la Protheoria de la Synopsis Scripturae sacrae, précédemment évoquée, qui oppose deux

genres de prophéties, « la prophétie par les paroles (dia; lovgwn ou dia; rJhmavtwn), ainsi

celle d'Is 53, 7 ("comme un mouton, il a été mené à l'égorgement et comme un agneau il est

resté muet devant qui le tondait") et la prophétie par les types (dia; tuvpwn) ou par les actes

(dia; e[rgwn) comme le sacrifice d'Abraham qui énonce à l'avance le type de la croix »541.

Au sein des prophéties qui figurent l’avenir par des actes, Jean Chrysostome distingue

deux catégories : celles qui ne contiennent pas d’explication, c’est-à-dire les prophéties

implicites, et celles qui en contiennent une, c’est-à-dire les prophéties explicites. Les textes

bibliques du serpent d'airain, de l'agneau de la Pâque et du sacrifice d'Isaac, qui sont des

exemples classiques de figures typologiques542, ne sont pas pourvus ou suivis d'une

explication allégorique. En revanche, le passage où Ézéchiel est transporté à travers la

muraille (Ez 12, 1-16) est composé de deux temps : d’abord la description de l’acte

prophétique : le départ du prophète (cf. Ez 12,1-7), ensuite l'explication de cet acte

prophétique : le départ comme figure de l'exil (cf. Ez 12, 8-16).

La typologie des prophéties (divine, diabolique, naturelle, relevant d’un art et

populaire) aura une postérité remarquable : elle est reprise par Georges le Moine dans ses

chroniques543 et constitue l'article profhteiva de la Souda, le plus grand dictionnaire

encyclopédique byzantin écrit au Xe s544.

Pour ce qui concerne la prophétie diabolique, on peut souligner l’énumération

suggestive des différents outils de la prédiction humaine :

sur le corpus biblique et les corpus patristiques, Collection de la revue des Études juives, Paris-Louvain 2005, p. 68 ; Id., « La Protheôria de la Synopse de Jean Chrysostome », pp. 240-241. 539 Diodori Tarsensis Commentarii in Psalmos, éd. J.-M. Olivier, t. I, Turnhout 1980, p. 6, ll. 96-104. 540 PG 49, 320, ll. 17-45. 541 G. Dorival, « L’apport des synopses… », p. 68 ; Id., « La Protheôria de la Synopse de Jean Chrysostome », pp. 239-240. 542 Cf. par exemple Jean Chrysostome, Expositiones in Psalmos IX, 4 et XLVI, 1 (PG 55, 126-127 et 208-209). 543 C. de Boor, Georgii monachi chronicon, Leipzig 1904 (reimpr. 1978, corr. P. Wirth), t. I, pp. 237, l. 20 - 239, l. 15 ; PG 110, 289 A12-D9. 544 A. Adler, Suidae Lexicon, Lexicographi Graeci, t. IV, Leipzig 1935, pp. 242-243, n° 2923.

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« En effet, ce sont ceux qui lisent l’avenir dans la farine de froment et dans les grains d’orge,

la Pythie qui donne ses oracles par les membres, la prêtresse de Dodone qui les donne par le

chêne et ceux qui les donnent par les entrailles, le vol des oiseaux, les cris, les signes et les

éternuements, les bruits, le tonnerre, les mains, les souris et la belette, les murmures, le

bourdonnement des oreilles, les secousses du corps, les cailloux, les bâtons et les écorces, par

les cadavres et le ventre, les noms et les astres, les vases et mille choses semblables. »545

Les différentes personnes impliquées dans des processus de prédiction, en particulier

les prêtresses de Delphes et de Dodone, qui font référence à des oracles antiques célèbres

dans le monde grec, sont remplacées au fur et à mesure de l’énumération par des choses, les

outils de la prophétie. Par le caractère hétéroclite de cette énumération, Jean Chrysostome

souligne avec ironie le manque de crédibilité de ce genre de prophéties.

L’opposition entre les prophéties païennes ou diaboliques et les prophéties bibliques

ou divines repose sur le degré de liberté accordé à l’homme : les prophéties païennes

prétendent annoncer des événements qui auront lieu quoi qu’il arrive, tandis que les

prophéties divines encouragent à la conversion et à un redressement des mœurs qui pourra

permettre d’éviter les événements prédits.

Dans la deuxième partie du prologue, le caténiste rapporte les réflexions de Jean

Chrysostome sur l’obscurité plus ou moins grande des prophéties. Le passage présente de

fortes ressemblances avec les Homélies sur l’obscurité des prophéties, en particulier pour

l’insistance sur la faiblesse ou l’ignorance de l’auditoire546. Mais il y a aussi des différences

entre les deux textes, car Jérémie est ici considéré comme étant plus clair que les autres

prophètes, ce qui signifie qu’il existe une hiérarchie des prophètes selon la clarté de leurs

discours, tandis que, dans les Homélies sur l’obscurité des prophéties, il est dit dans un

premier temps que tous les prophètes, sans distinction, ont eu soin de répandre une grande

obscurité sur les faits dont ils parlaient547, et dans un deuxième temps qu’Isaïe est le plus

clair des prophètes548.

545 Pour le texte grec, cf. éd. chaîne intégrale à auteurs multiples, p. 3, ll. 10-16. 546 PG 56, 165 ll. 16-31. 547 PG 56, 168, ll. 11-17. 548 PG 56, 172, l. 56 - 173, l. 6.

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L’idée selon laquelle « le manque de clarté dépend aussi de la personnalité de l’orateur

qui a un penchant pour un certain style » (givnetai de; pavlin ajsafiva kai; para; th;n tou'

levgonto" ijdiovthta ejpirrepw'" e[conto" pro;" th;n toiavnde ajpaggelivan) est

intéressante. Dans la Philocalie d’Origène, on retrouve, dans un contexte semblable et avec

deux références explicites aux prophètes, la conjonction des termes ijdivwma (identité,

personnalité), legovmena (paroles) et provswpon (personnage)549. Mais il est question en fait

d’un problème plus précis : la difficulté de savoir qui parle dans le texte de l’Écriture. Le

travail de l’exégète consiste ainsi à déterminer en premier lieu l'identité du personnage dont

on rapporte les paroles et l’identité du personnage auquel ces paroles sont adressées. Dans la

marge du Laurentianus V 9, l’un des témoins de la famille abrégée de la chaîne à auteurs

multiples, se trouve l’annotation anonyme suivante : « Que le manque de clarté dépend du

personnage, de l’action et de la personnalité de ceux qui parlent » (o{ti ajsavfeia givnetai

kai; para; provswpon kai; para; pra'gma kai; ejk th'" tw'n legovntwn ijdiovthto").

Malgré son aspect elliptique, l’annotation est très proche du prologue de Jean Chrysostome

dont elle est peut-être un extrait abrégé et récrit.

La théorie selon laquelle l'Esprit inspire aux prophètes les idées sans les mots, de telle

sorte que ces derniers s'expriment avec leur propre tournure d'esprit, est ancienne : on la

trouve déjà chez Plutarque, appliquée aux oracles païens550 : « Ce n’est pas au dieu

qu’appartiennent la voix, les sons, les expressions et les vers, c’est à la femme qu’il inspire ;

pour lui, il se contente de provoquer les visions de celle-ci et de produire en son âme la

lumière qui éclaire l’avenir : c’est en cela que consiste l’enthousiasme. » (Ouj ga;r e[sti

qeou' hJ gh'ru" oujd j oJ fqovggo" oujd j hJ levxi" oujde; to; mevtron ajlla; th'"

gunaikov": ejkei'no" de; movna" ta;" fantasiva" parivsthsi kai; fw'" ejn th/' yuch/' poiei'

pro;" to; mevllon: oJ ga;r ejnqousiasmo;" toiou'tovn ejsti).

Ainsi, le prologue de Jean Chrysostome au début de la chaîne à auteurs multiples se

présente comme une introduction conceptuelle à la notion de prophétie et renvoie à de

nombreux passages de ses œuvres sur l’inspiration, l’utilité et l’obscurité des prophéties.

549 Origène, Philocalie, chap. 7, § 1 (Peri; tou' ijdiwvmato" tw'n proswvpwn th'" qeiva" grafh'"), cf. éd. M. Harl, SC 302, Paris 1983, pp. 323-327. 550 Plutarque, De Pythiae oraculis, § 7, ll. 10-14, in Plutarque, Dialogues pythiques (Œuvres morales t. VI), éd. R. Flacelière, Paris 1974, p. 54.

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3) Le prologue d'Eusèbe

J’ai déjà présenté le prologue attribué à Eusèbe, reprise littérale d’un passage de son

Commentaire sur les Psaumes malgré quelques modifications que le caténiste a introduites

pour insérer le texte dans la préface de la chaîne sur Jérémie551.

Le thème de la différence entre l’ordre chronologique et l’ordre des événements dans

les livres bibliques est cher à Eusèbe : on trouve une réflexion similaire dans l'introduction

de son Commentaire sur les Psaumes552, souvent présente dans les manuscrits parmi les

prologues au psautier ou aux chaînes du psautier553. L’insistance est mise, comme dans le

passage du commentaire au psaume 86 utilisé par le caténiste, sur l’ordre aléatoire des

Psaumes. Les manuscrits des Psaumes auraient été retrouvés par Esdras qui les aurait

« publiés » selon l’ordre de leur découverte et non selon l’ordre chronologique des textes.

Origène, le maître d’Eusèbe, signale lui aussi, dans sa longue introduction au psautier,

dont plusieurs fragments sont conservés dans les prologues des chaînes, qu'il y a un

décalage entre l'ordre des Psaumes et la succession chronologique des événements de la vie

de David rappelés dans les titres554. Selon Origène, le numéro d’un psaume indique le sens

de celui-ci, et non sa situation chronologique, car chaque numéro indique un sens par la

551 Cf. supra, chap. 1, pp. 102-104. 552 PG 23, 73 B11-D10 : Parathrhtevon dev, o{ti mh; kata; ajkolouqivan tw'n th'" iJstoriva" crovnwn hJ mh; kata; ajkolouqivan tw'n th'" iJstoriva" crovnwn hJ mh; kata; ajkolouqivan tw'n th'" iJstoriva" crovnwn hJ mh; kata; ajkolouqivan tw'n th'" iJstoriva" crovnwn hJ tw'n yalmw'n suvgkeitai tavxi"tw'n yalmw'n suvgkeitai tavxi"tw'n yalmw'n suvgkeitai tavxi"tw'n yalmw'n suvgkeitai tavxi": ejnhvllaktai de; para; poluv, kaqw;" hJ bivblo" tw'n Basileiw'n, kai; au{th hJ tavxi" dhloi'. Pollh'" toivnun katakrathsavsh" eijdwlolatreiva" tou' jIoudaivwn e[qnou", lhvqhn aujtouv" fasi pepoih'sqai tw'n patrivwn grafw'n, wJ" mhde; tou' Mwu>sevw" novmou bivblon ejpifevresqai, mhde; mnhvmhn th'" tw'n patevrwn eujsebeiva" ajposwvzein. Ou{tw gou'n tou;" profhvta" ajnh/vroun dielevgconta" aujtw'n ta;" dussebeiva". Oujde; nu'n qaumasto;n ejn toiauvth/ katastavsei kairw'n kai; tw'n ejmferomevnwn tina;" th/' bivblw/ tw'n yalmw'n diapeptwkevnai, lhvqh/ te makroi'" paradedovsqai crovnoi". {Usteron de; meta; tau'ta, ei[te {Esdran, ei[te tina;" eJtevrou" profhvta"ei[te {Esdran, ei[te tina;" eJtevrou" profhvta"ei[te {Esdran, ei[te tina;" eJtevrou" profhvta"ei[te {Esdran, ei[te tina;" eJtevrou" profhvta", peri; th;n sunagwgh;n aujtw'n ejspoudakevnai, meq j w|n kai; th;n bivblon tw'n yalmw'n hJgiocevnai, oujk oujk oujk oujk ajqrovw" euJrovnta tou;" pavnta", ajlla; kajqrovw" euJrovnta tou;" pavnta", ajlla; kajqrovw" euJrovnta tou;" pavnta", ajlla; kajqrovw" euJrovnta tou;" pavnta", ajlla; kata; diafovrou" crovnou"ata; diafovrou" crovnou"ata; diafovrou" crovnou"ata; diafovrou" crovnou". Kai; tavttein de; ejn prwvtoi" tou;" Kai; tavttein de; ejn prwvtoi" tou;" Kai; tavttein de; ejn prwvtoi" tou;" Kai; tavttein de; ejn prwvtoi" tou;" prwvtou" euJriskomevnou"prwvtou" euJriskomevnou"prwvtou" euJriskomevnou"prwvtou" euJriskomevnou": mhde; tou;" tou' Daui;d ejfexh'" kei'sqai pavnta": e[n te tw/' metaxu; kai; tw'n uiJw'n Korev, kai; tou' jAsavf, kai; Solomw'nto", kai; Mwu>sevw", Aijmavn te, kai; Aijqavn, kai; jIdiqouvm, kai; pavlin tou' Daui;d euJrivskesqai ajnami;x ejn th/' bivblw/ katatetagmevnou", ouj kaq j ou}" ejlevcqhsan crovnou", ajlla; kaq j ou}" eu{rhntai. {Enqen te sumbh'nai tou;" toi'" crovnoi" uJstevrou" prwvtou" euJreqevnta", ajnalhfqh'nai protevrou": tou;" de; protevrou" meta; tau'ta euJreqevnta" ejn deutevra/ tagh'nai cwvra/: to; d j aujto; eu{roi" gegenhmevnon ejn toi'" profhvtai"to; d j aujto; eu{roi" gegenhmevnon ejn toi'" profhvtai"to; d j aujto; eu{roi" gegenhmevnon ejn toi'" profhvtai"to; d j aujto; eu{roi" gegenhmevnon ejn toi'" profhvtai". 553 Cf. G. Mercati, Osservazioni a proemi del Salterio di Origene, Ippolito, Eusebio, Cirillo Alessandrino et altri con frammenti inediti, Studi e Testi 142, Vatican 1948. 554 Ex Origenis Commentariis in Psalmos, PG 12, 1054-1076 ; cf. P. Nautin, Origène, Sa vie, son œuvre, Paris 1977, pp. 275-279.

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289

vertu de son chiffre555. Origène suggère par conséquent que l'ordre des Psaumes et le rang

de chaque psaume ont été déterminés par la symbolique des chiffres et réfute l’idée selon

laquelle ils ont été rassemblés sans ordre par Esdras ou « les anciens Sages des

Hébreux »556. C’est pourtant cette idée couramment répandue que reprend Eusèbe dans son

Commentaire sur les Psaumes.

Le prologue d'Eusèbe cherche à mettre en valeur la structure du livre de Jérémie. Il

importe par conséquent de comprendre le passage à la lumière de la structure du texte

biblique lui-même. On peut proposer ici un tableau récapitulatif qui présente sur trois

colonnes la structure du livre de Jérémie suggérée par le prologue d’Eusèbe, celle du texte

biblique selon l’ordre grec et celle du texte biblique selon l’ordre hébreu.

Le tableau de la page suivante montre que l’analyse d’Eusèbe ne s’applique pas

parfaitement à la structure du livre selon l’ordre grec. En effet, en plus de l’oubli de la

première occurrence de Sédékias, le texte d’Eusèbe ne fait aucune mention des oracles

contre les nations et des rois sous lesquels ils ont été prononcés. L’analyse d’Eusèbe

s’applique bien mieux à la structure du livre de Jérémie selon l’ordre hébreu, qui place à la

fin du livre les oracles contre les nations (chap. 46-51)557. Cela n’est pas étonnant, dans la

mesure où Eusèbe utilise habituellement le texte hexaplaire. Or, comme J. Ziegler le fait

remarquer dans son édition, les manuscrits hexaplaires et lucianiques ont introduit l’ordre

du texte hébreu reçu (TM)558. La fin du texte d’Eusèbe se rapporte donc aux oracles contre

les nations et mentionne les rois sous lesquels ils ont été prononcés. L’analyse d’Eusèbe

appliquée au texte biblique selon l’ordre hébreu est ainsi beaucoup plus pertinente. Le

chapitre 52 n’est pas pris en compte, parce qu’il n’est pas oraculaire et qu’il a un statut

555 PG 12, 1073 C 13 – 1076 B12. 556 PG 12, 1076 B7-12 : JW" dia; tau'ta mh; toi'" crovnoi" ejxhkolouqhkevnai th;n tw'n yalmw'n tavxin, ajlla; th/' tw'n ajriqmw'n dunavmei. {Etero" d j a]n ei[poi mhde;n me;n toiou'to perivergon perievcein th;n bivblon, aJplh'n de; sunagwgh;n kata; to; aujtov, w/jdw'n oJmou' kai; yalmw'n, kai; tw'n loipw'n sporavdhn ajnagegrammevnwn: h[toi {Esdra {Esdra {Esdra {Esdra kai; tau'ta meta; tw'n a[llwn Grafw'n ajpomnhmoneuvsanto", h] kai; h] kai; h] kai; h] kai; tw'n par j JEbraivoi" palaiw'n sofw'ntw'n par j JEbraivoi" palaiw'n sofw'ntw'n par j JEbraivoi" palaiw'n sofw'ntw'n par j JEbraivoi" palaiw'n sofw'n kata; to; prospeso;n eJkavstou th/' mnhvmh/ sullexamevnwn tou;" ejmferomevnou", wJ" e[tuce, th;n e[kqesin aujtw'n aJploustevra/ dianoiva/aJploustevra/ dianoiva/aJploustevra/ dianoiva/aJploustevra/ dianoiva/ pepoihmevnwn kekaqarmevnhn. 557 P.-M. Bogaert, « Septante – Jérémie », in SDB, t. XII, Paris 1993, col. 638. 558 J. Ziegler, p. 147, n. 1.

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290

d’appendice particulier559. Il reste toutefois un problème : qu’il se réfère à l’ordre grec ou à

l’ordre hébreu du livre de Jérémie, le prologue « oublie » l’évocation de Sédékias en

deuxième position. Cependant, le texte-source d'Eusèbe dans son Commentaire sur les

Psaumes évoque Sédékias, même s’il le place après Jéchonias. Il semble ainsi que l’oubli de

Sédékias soit dû à une omission du caténiste plutôt que d’Eusèbe. Le seul point difficile à

interpréter est par conséquent l’interversion entre Sédékias et Jéchonias dans le texte-source

d’Eusèbe. Soit le manuscrit biblique dont Eusèbe disposait était sur ce point légèrement

différent des autres, soit il y a eu un accident dans la transmission du texte d’Eusèbe, qui

pourrait être lié à l’aspect répétitif de la mention des différents rois et qui aurait conduit à

cette interversion.

Structure suggérée par le prologue d’Eusèbe

Structure du livre selon l’ordre grec

Structure du livre selon l’ordre hébreu

Jôsias Jôsias (chap. 3, 6 – 20, 18) Jôsias (TM 3, 6 – 20, 18) Sédékias (chap. 21 – 23) Sédékias (TM 21 – 23) Jéchonias Jéchonias cité seulement au

chap. 24 Jéchonias cité seulement en TM 24

Jôakim, 4ème année Jôakim, 4ème année (chap. 25) Jôakim, 4ème année (TM 25, 1-13)

Oracles contre les nations (chap. 26-32)

Jôakim, début de règne Jôakim, début de règne (chap. 33-34)

Jôakim, début de règne (TM 26)

Sédékias Sédékias (4ème année : chap. 35-38, 10ème année : chap. 39-41)

Sédékias (TM 27-34)

Jôakim Jôakim (chap. 42-43) Jôakim (TM 35) Sédékias évoqué (meta; Sedekivan)

Sédékias (chap. 44-47,6) Sédékias (TM 37)

Godolias- Jôannan- Ismaël Godolias cité (chap. 47,7-47,12) Jôannan – Ismaël cités (chap. 48-51, 30)

Godolias- Jôannan- Ismaël (TM 40, 7 sq.)

Jôakim, 4ème année Jôakim, 4ème année (chap. 51, 31 sqq.)

Jôakim, 4ème année (TM 46, 1)

Sédékias Sédékias (chap. 52) Sédékias (début de règne : TM 49, 34 et 4ème année : TM 51, 59)

559 Je remercie vivement le Père P.-M. Bogaert qui a attiré mon attention sur le fait qu’Eusèbe travaillait à partir d’un texte hexaplaire suivant l’ordre du texte hébreu. Même si l’analyse d’Eusèbe vaut aussi pour l’ordre du grec, elle est en effet beaucoup plus pertinente lorsqu’elle s’applique à l’ordre hébreu du livre.

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Ainsi, l'objectif d'Eusèbe ne semble pas de mettre en place une structure littéraire du

livre de Jérémie. Il a le souci de comprendre la succession des chapitres telle que l’attestent

les manuscrits qu’il peut connaître, mais c’est surtout la succession des règnes qu’il cherche

à mettre en valeur, et non la succession d'unités littéraires. La composition du livre lui paraît

arbitraire, sans logique d’organisation et il ne cherche pas tant à mettre en valeur des effets

de structure qu’à constater l’écart entre l’ordre de composition et l’ordre chronologique. Il

souligne en revanche la logique dynastique, de la même manière que, dans l’Histoire

ecclésiastique, il a la volonté de marquer la succession des événements en les agençant

selon la succession des empereurs et des évêques560.

4) Le prologue anonyme

Dans un premier temps, le texte procède à un résumé du livre de Jérémie en mettant au

clair le lieu de la prophétie, le statut du prophète, l’objectif de la prophétie, la période dans

laquelle elle s'inscrit, le mode de la prophétie qui invite au repentir par la figuration

(diatuvpwsi") des événements à venir et l’exemple des châtiments passés et le contenu des

diverses prophéties.

Dans un deuxième temps (cf. kai; meq j e{tera), il insiste sur la durée de la prophétie

(quarante-deux ans) en proposant le calcul détaillé des années des différents règnes.

Je n’ai pas réussi à identifier l'auteur de ce texte ; toutefois, il est intéressant de noter

qu'il présente plusieurs points communs avec le prologue de Jean Chrysostome dans la

chaîne à deux auteurs561 :

− l’allusion aux deux tribus de Juda et de Benjamin contre lesquelles est dirigée la

prophétie562.

560 Cf. M. Alexandre, « Temps païen, temps chrétien : le regard d’Eusèbe de Césarée », in À la lumière des Pères de l’Église, un temps nouveau pour les hommes. Colloque du Centre Sèvres en lien avec l’Institut des Sources Chrétiennes (22-23 octobre 1999), Paris 2000, pp. 109-125. 561 Cf. éd. pp. 1-3 562 Pour le texte grec, cf. éd. chaîne intégrale à auteurs multiples, p. 6, ll. 17-18 et éd. chaîne à deux auteurs, p. 1, ll. 6-7.

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292

Prologue anonyme Prologue de Jean Chrysostome

Il se fixe comme objectif le retournement des

deux tribus de Juda et de Benjamin à qui

précisément il reproche d’être impies.

Il compose toute la prophétie contre les deux

tribus, au moment où les dix tribus ont déjà été

emmenées en captivité par l'Assyrien.

− plusieurs allusions à la composition du livre : le préambule du livre qui dit quand

la prophétie a commencé et quand elle s'est terminée, la présence des

suppléments, c'est-à-dire des Lamentations et de la Lettre de Jérémie563.

Prologue anonyme Prologue de Jean Chrysostome

Le moment où la prophétie a commencé et où

elle s'est terminée est placé en premier de

manière utile pour que, en menant une

investigation sur la situation des Juifs à ce

moment-là, nous apprenions la raison de la

colère divine contre eux.

Ainsi donc, la période durant laquelle a

prophétisé le bienheureux prophète Jérémie, à

partir de quel roi il a commencé à prophétiser et

vers lequel il a cessé de prophétiser, on peut

l'apprendre clairement dans les prologues du

prophète.

À la fin, il se lamente sur les Juifs déportés à

Babylone.

À la fin, il compose même des lamentations…

En effet, il n’est pas arrivé, ni que les exilés

ignorent les propos de Jérémie, ni que ceux qui

étaient restés en Judée ignorent les paroles

d’Ézéchiel, car ils communiquaient les uns avec

les autres par des lettres.

…et fait une exhortation dans une lettre à ceux

qui se trouvent en exil, lettre dans laquelle il

accuse encore la vanité des idoles et montre que

Dieu est le maître de l'univers.

Le prologue anonyme offre aussi des échos au prologue de Théodoret dans la chaîne à

deux auteurs. On y retrouve la même succession des rois (Jôsias, Jôachas, Jôakim,

Jechonias, Sédékias), l’évaluation de la période de la prophétie (quarante-deux ans),

l’évocation de la famine, de l’appel des nations et du salut à venir564.

563 Pour le texte grec, cf. éd. chaîne intégrale à auteurs multiples, p. 6, ll. 19-21 ; p. 7, ll. 8-9 et p. 8, ll. 8-10 et éd. chaîne à deux auteurs, p. 1, ll. 3-5 ; p. 2, l. 20 et p. 2, l. 21 - p. 3, l. 2.. 564 Pour le texte grec, cf. éd. chaîne intégrale à auteurs multiples, p. 7, ll. 12-13, ll. 3-4 et ll. 4-6 et éd. chaîne à deux auteurs, p. 4, ll. 8-9, ll. 10-11 et ll. 15-17.

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Prologue anonyme Prologue de Théodoret

…si bien que les moments de l’ensemble de

la prophétie font quarante-deux ans.

…de telle sorte que la période entière de la

prophétie fait quarante-deux ans, moins

quelques mois.

Mais il parle aussi de la famine qui précède la

captivité, sur laquelle Joël aussi a prophétisé.

Et il prédit aussi le siège fait par les

Babyloniens, la famine qui s’est abattue…

… et après avoir exposé le retour depuis

Babylone, le salut par le Christ, l’appel des

nations…

Et il prédit aussi le don de la Nouvelle

Alliance, la fin de l’Ancienne, l’appel des

nations et le salut futur du monde.

Ces points communs entre le prologue anonyme et les prologues de la chaîne à deux

auteurs confirment seulement l’hypothèse selon laquelle l’auteur du prologue et des scholies

anonymes serait un exégète de l’école antiochienne, peut-être influencé par Jean

Chrysostome et Théodoret.

Il faut signaler que le prologue anonyme est suivi, dans la famille abrégée, d'un court

passage antijuif dont je n'ai trouvé de trace nulle part ailleurs.

5) Vie de Jérémie

Les Vitae prophetarum sont un florilège de légendes destinées à compléter, souvent

selon d'anciennes traditions, les données de la Bible sur chaque prophète, et principalement,

lorsque c'est le cas, sur leur martyre565.

La littérature apologétique chrétienne a largement utilisé ces textes qui ont été transmis

selon de nombreuses recensions et traduits dans de nombreuses langues anciennes

(arménien, arabe, éthiopien, géorgien, latin, irlandais, copte, vieux slave…)566.

Mais ces vies merveilleuses sont aussi fréquemment utilisées en introduction ou en

conclusion des chaînes sur les petits ou les grands prophètes.

565 Cf. A.-M. Denis, Introduction aux pseudépigraphes grecs de l'Ancien Testament, Leyde 1970, pp. 85-90 et Introduction à la littérature religieuse judéo-hellénistique, t. I, Turnhout 2000, pp. 577-607. 566 Cf. M. Petit, « Vie des Prophètes », in La Bible – Écrits apocryphes chrétiens, t. II, P. Geoltrain et J.-D. Kaestli (dir.), Paris 2005, pp. 421-428.

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La version placée dans les prologues à la chaîne abrégée à auteurs multiples et en

conclusion de la chaîne intégrale à auteurs multiples correspond à la deuxième des

recensions attribuées à Épiphane. Elle date du VIe s., avec une base du IIIe s.567. Elle est issue

de la recension anonyme qui a été éditée, traduite en allemand et commentée par A.-M.

Schwemer568, et traduite en français par M. Petit569.

B. Les prologues de la chaîne à deux auteurs

1) le prologue de Jean Chrysostome

Le prologue de Jean Chrysostome se présente comme un résumé ordonné du livre de

Jérémie : il met en valeur le moment de la prophétie, son début et sa fin, ainsi que le

destinataire, c’est-à-dire d’abord les deux tribus, puis les nations.

Il souligne la bigarrure de la prophétie (poikivlhn profhteivan), faite d’oracles et

d’actes, concernant les faits et les hommes. Cette distinction entre la prophétie par les

paroles et la prophétie par les actes rappelle ce que l’on trouve dans le prologue de la chaîne

à auteurs multiples attribué à Jean Chrysostome570.

Il met en valeur le contexte hostile au prophète et le sort qui l’attend. Il fait enfin

allusion aux oracles contre les nations, aux Lamentations et à la Lettre de Jérémie. Les

Lamentations et la Lettre de Jérémie sont présentées comme faisant partie du livre du

prophète. En revanche, il est intéressant de remarquer que le livre de Baruch n'est pas

évoqué ici. Il faut rappeler l'hypothèse de P.-M. Bogaert qui, après avoir observé que les

citations de Baruch chez les Pères grecs les plus anciens sont attribuées à Jérémie et que les

premiers auteurs à les citer sous le nom de Baruch sont des Alexandrins, suppose que les

manuscrits grecs antérieurs aux Hexaples ne distinguaient pas Baruch de Jérémie. Avant le

567 Cf. A.-M. Denis, Introduction à la littérature religieuse judéo-hellénistique, t. I, Turnhout 2000, p. 588. 568 A.-M. Schwemer, Studien zu den frühjüdischen Prophetenlegenden Vitae Prophetarum, t. I, Tübingen 1995, pp. 159-237. 569 M. Petit, « Vie des Prophètes », in La Bible – Écrits apocryphes chrétiens, t. II, P. Geoltrain et J.-D. Kaestli (dir.), Paris 2005, pp. 430-433. 570 Cf. supra, p. 285.

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295

IIIe s., il semble que la version grecque de Jérémie incorporait le texte de Baruch571.

Peut-être cette absence d'allusion à Baruch est-elle le signe que, même après le IIIe s.,

Baruch reste intégré au livre de Jérémie.

2) Le prologue de Théodoret

Le prologue de Théodoret est composé de deux parties : une préface (appelée

provlogo" dans la tradition directe du Commentaire) et un argument (uJpovqesi" dans la

chaîne et proqewriva dans la tradition directe).

La préface insiste sur les motivations pastorales de l'exégète et sur sa méthode, tandis

que l'argument met en valeur la succession des rois (avec l'emploi du verbe diadevcomai),

l'évaluation de la durée de la prophétie et le contenu des diverses prophéties.

C. La postérité des prologues patristiques des chaînes

Comme je le disais pour commencer, les premiers manuscrits bibliques ne comportent

pas de préfaces avant chaque livre. Dans les grands onciaux du IVe s. par exemple, les livres

bibliques se suivent sans transition, précédés seulement de leur titre. J’ai mené une enquête

sur les manuscrits contenant le texte biblique des livres prophétiques, à partir du catalogue

d’A. Rahlfs et des catalogues de bibliothèques. Malheureusement, les descriptions des

manuscrits ne sont pas toujours assez précises et il se peut que certains prologues ne soient

pas signalés dans les catalogues. Toutefois, j’ai pu remarquer qu’avant le XIIe s., les livres

prophétiques ne sont pas précédés de prologues, tandis que plusieurs manuscrits du XIIe s.

ou postérieurs en donnent. Il faut signaler par exemple le Vaticanus gr. 1794, qui date des

X-XIe s., sauf les ff. 1-8 ajoutés aux XII-XIIIe s., qui comportent précisément (f. 7r-v) le

prologue anonyme du livre de Jérémie que l’on trouve dans la chaîne abrégée à auteurs

571 Cf. P.-M. Bogaert, « Septante-Baruch », in SDB, t. XII, col. 640-641, Paris 1996 ; « Le nom de Baruch dans la littérature pseudépigraphique : l’Apocalypse syriaque et le livre deutérocanonique », La Littérature juive entre Tanach et Mischna. Quelques problèmes, W. C . Van Unnik (éd.), « Recherches bibliques » 9, Leyde 1974, pp. 56-72 ; « Le personnage de Baruch et l’histoire du livre de Jérémie. Aux origines du livre deutérocanonique de Baruch », Studia Evangelica 7, E. A. Livingstone (éd.), TU 126, Berlin 1982, pp. 73-81.

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296

multiples (c’est-à-dire avec l’ajout du court passage antijuif). De même, le Vaticanus gr.

1764 (XIIIe s.) donne, avant le livre de Jérémie, au f. 91r-v, les prologues patristiques de la

chaîne intégrale à auteurs multiples (prologues de Jean Chrysostome, d’Eusèbe de Césarée

et de l’Anonyme). Parmi les manuscrits catalogués par A. Rahlfs, quelques autres

comportent des prologues avant les livres prophétiques sans que soit précisé le texte de

ceux-ci : il s’agit du Mosquensis gr. 354 (XIIe s.) et du Patmiacus gr. 209 (XIIIe s.).

L’hypothèse que l’on peut formuler est la suivante : les manuscrits de chaînes, dont les

plus anciens datent du Xe s., auraient fourni des prologues patristiques propres à introduire le

texte biblique des livres prophétiques dans les manuscrits postérieurs. Il n’est pas étonnant

que les chaînes exégétiques soient à l’origine de cette pratique : le recours aux Pères est bien

leur caractéristique principale pour l’interprétation de l’ensemble du livre et de chacun des

lemmes du texte biblique ensuite. Les manuscrits bibliques postérieurs au XIIe s. auraient

ainsi subi une influence des manuscrits de chaînes.

Page 297: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

297

V. Le projet littéraire des caténistes et l'usage des chaînes

G. Dorival a tenté d'évaluer l'importance et l'usage des chaînes exégétiques dans

l'histoire de la religion et de la culture byzantines572. Il rappelle qu'il n'y a pas la moindre

allusion aux chaînes chez les historiens byzantins, ni dans les vies de moines, ni dans

l'hagiographie, ni dans les correspondances. Le seul lecteur connu de chaînes ou, du moins

d'épitomés de chaînes, est Photius, puisque dans le codex 206 de son Myrobiblion, il résume

l'ouvrage consacré par Procope à l'Octateuque, aux Règnes et aux Proverbes et dans le

codex 207, évoque l'ouvrage du même auteur sur Isaïe, mais Photius reste un lecteur

exceptionnel573. G. Dorival en conclut que l'abondance des manuscrits de chaînes ne doit

pas faire illusion, que ce ne sont sans doute pas des ouvrages de vulgarisation et qu'en

réalité elles n'ont pas dû sortir hors du cercle étroit d'un public constitué par des érudits

chrétiens, des clercs et des moines cultivés.

Puisqu'il n'existe quasiment aucun élément extérieur pour comprendre l'usage des

chaînes, il faut alors se fonder sur des critères internes au genre pour émettre des hypothèses

quant à l'objectif des caténistes et l'utilisation qu'ils envisageaient de leur œuvre.

L'utilisation prévue par le caténiste peut ne pas correspondre à l'utilisation réelle des

différents manuscrits caténaux au cours des siècles. Par exemple, certains manuscrits, qui

ont des annotations liturgiques dans les marges (le Vaticanus gr. 1154), attestent qu'ils ont

été utilisés pour la liturgie ou pour la lectio divina des moines vers le XIIe s., quel que fût le

projet du caténiste lors de la rédaction de la chaîne.

Les deux chaînes ne sont visiblement pas écrites pour être lues comme on lit un

commentaire suivi, mais plutôt pour être consultées sur tel ou tel point. Elles se présentent

ainsi comme une source d'information, pour constituer une homélie par exemple. Ce sont

des ouvrages de référence destinés à un milieu d'érudits chrétiens, de clercs et de moines.

572 G. Dorival, Les chaînes exégétiques grecques sur les Psaumes, t. V non publié, p. 2305. 573 Photius, Bibliothèque, éd. R. Henry, Paris 1962, t. III (codices 186-222), pp. 104-105.

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298

Dans la chaîne à auteurs multiples, c'est le texte biblique qui est au centre du projet du

caténiste. Il est donné intégralement et mis en valeur par sa place au centre de la page.

L'objectif du caténiste est d'éclairer le sens de l’Écriture par les extraits patristiques qui sont

ainsi secondaires et mis au service du texte sacré. C'est pourquoi le caténiste manifeste un

souci de variatio dans le commentaire, sans rechercher de progression logique dans

l'analyse du texte scripturaire ni agencer les extraits patristiques selon les différents sens de

l'Écriture : il ne s’agit pas de créer une cohérence ou de structurer l'exégèse, car les extraits

sont le plus souvent juxtaposés dans un ordre aléatoire, mais plutôt de donner le plus

d'éléments possibles pour éclairer le texte biblique. Il semble pourtant que le caténiste ait le

souci de faire ressortir l'exégèse de tel ou tel auteur, comme en témoignent les échos entre

les divers extraits d'un même exégète, mais il est difficile de savoir si cela est volontaire ou

fortuit. La manière dont le caténiste de la chaîne à auteurs multiples traite ses sources

confirme l'idée selon laquelle il accorde plus d’importance au texte biblique qu’à la tradition

patristique. Les extraits de la chaîne témoignent en effet de plusieurs degrés de récriture :

d'une reprise littérale à une reprise très libre et abrégée. Le caténiste use donc d’une certaine

liberté à l’égard de ses sources patristiques : son objectif n'est pas, semble-t-il, de

transmettre la tradition patristique telle quelle, mais d'en tirer le maximum d'éléments pour

éclairer le texte biblique. Ainsi, la chaîne à auteurs multiples privilégie l'étude du sens de

l’Écriture à partir d'un échantillon varié d'extraits des Pères.

Dans la chaîne à deux auteurs, le texte biblique est lacunaire et son unité n'est guère

visible, puisqu'il est redistribué avant chaque lot d'extraits exégétiques. En revanche, le

caténiste ne procède qu'à des reprises intégrales et littérales de ses deux commentaires-

sources et montre ainsi un grand respect pour la tradition patristique, qu'il transmet, presque

sans y toucher, à son lecteur. C'est bien le texte des deux commentaires qui est au centre de

la chaîne et auquel les citations bibliques servent d'appui. L'objectif du caténiste est de

transmettre fidèlement les commentaires de Jean Chrysostome et de Théodoret, deux

auteurs fondamentaux dans le monde byzantin, comme en témoigne l’utilisation

systématique et presque exclusive de leurs œuvres dès 700 dans les chaînes exégétiques574.

574 La renommée de Jean Chrysostome à Constantinople est bien connue : il y est vénéré comme un saint depuis que ses reliques ont été ramenées triomphalement en 438. De nombreux textes hagiographiques

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299

Il est essentiel de revenir sur les pratiques d'érudition de ces caténistes. L'un et l'autre

prennent en compte, à ce qu'il semble, les annotations marginales des manuscrits dont ils

disposent : le caténiste de la chaîne à auteurs multiples recopie les variantes et ajouts

hexaplaires du manuscrit biblique qu'il utilise, ainsi que les gloses marginales des

manuscrits patristiques qu'il a sous les yeux, comme je l'ai montré dans l'étude des

phénomènes de récriture575. De même, le caténiste de la chaîne à deux auteurs prend en

compte les gloses marginales des manuscrits de Jean Chrysostome et de Théodoret, ce qui

explique certains ajouts et certaines originalités du texte de la chaîne par rapport à celui de

la tradition directe. Ainsi, les auteurs des chaînes respectent tout à la fois le texte qu'ils lisent

et ce qui l'entoure. La genèse du genre des chaînes se trouve dans la pratique des scholies

aux classiques, mais elles s'inscrivent aussi dans la lignée des manuscrits bibliques ou

patristiques glosés. Il semble que les auteurs des chaînes aient souvent eu à leur disposition

des manuscrits annotés et qu'ils aient tenu compte de ces annotations dans la constitution de

leur œuvre. Ils ont ainsi recueilli et perpétué des pratiques érudites de lecture des textes.

soulignent sa sainteté. En revanche, il ne semble pas y avoir eu de culte particulier pour Théodoret à Constantinople, mais son importance est peut-être liée au fait que ses œuvres exégétiques, dont la clarté et la concision sont incontestées, couvrent l’ensemble de l’Écriture et sont donc commodes pour remplacer Jean Chrysostome sur les livres que celui-ci n’a pas commentés. Pour l’utilisation de Jean Chrysostome et Théodoret dans les chaînes, cf. G. Dorival, Les chaînes exégétiques grecques sur les Psaumes, t. III, pp. 1-3. 575 Cf. supra, pp. 245, 261 et 273.

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CHAPITRE 4 : ÉTUDE EXÉGÉTIQUE DES DIFFÉRENTES CHAÎNES SUR LE LIVRE DE

JÉRÉMIE

Introduction

Peu d'œuvres complètes des Pères de l'Église grecs sur le livre de Jérémie nous ont été

conservées. Seuls les Homélies d'Origène, les commentaires de Théodoret (dans une

version, semble-t-il, lacunaire), de Jean Chrysostome et d'Olympiodore étaient susceptibles,

avant les chaînes, de nous éclairer sur la compréhension de ce livre prophétique par les

Pères. Les chaînes constituent de ce fait un témoignage essentiel de la réception du livre de

Jérémie dans la littérature patristique de langue grecque et nous donnent en particulier accès

aux commentaires perdus d’Apolinaire et de Victor d’Antioche, ainsi qu’à un autre

commentaire de Jean Chrysostome et à un commentaire anonyme.

Le début du livre de Jérémie présente l'appel du prophète et son envoi en mission, qui

ont pour fonction de légitimer son ministère. Il offre un condensé des grands problèmes du

livre et des lignes essentielles de son message. C'est pourquoi l'aperçu donné par les chaînes

sur ce passage est particulièrement intéressant et annonce les grandes tendances de

l'interprétation du texte.

Je m’appliquerai, dans cette étude, à mettre en lumière les grands thèmes et la méthode

d’interprétation qui apparaissent dans les extraits des différentes chaînes : il faudra insister

d'une part sur les éléments présents dans les deux types de chaînes, et par conséquent

doublement mis en valeur, et d'autre part sur les éléments propres à chacune des chaînes.

Il sera nécessaire, à l’avenir, de mettre en perspective ces différents éléments par

rapport à ce que l’on connaît par ailleurs de l’exégèse ancienne, pour apprécier l’originalité

des interprétations retenues et transmises par le caténiste, mais ce ne sera pas ici l’objet de

mon travail.

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301

I. L'exégèse du livre de Jérémie par les Pères grecs d'après

le témoignage des chaînes exégétiques

Les deux chaînes mettent en valeur le contexte historique dans lequel la prophétie de

Jérémie a été révélée et dressent le portrait des deux acteurs de l’histoire juive : le peuple

d’Israël pécheur et ingrat, d’un côté, et, de l’autre, Dieu bienveillant et miséricordieux

cherchant à éduquer son peuple au repentir et à conclure avec lui une nouvelle Alliance.

A. La mise en place du contexte historique

La période pendant laquelle Jérémie a prophétisé va de Jôsias (640-609) à Sédékias

(597-587) ; elle est d'abord marquée par l'occupation des Assyriens qui déportent les dix tribus

(722-612), occupation qui se termine par la chute de Ninive et la fin de l'empire assyrien au

profit des Égyptiens dirigés par le Pharaon Nechao, puis par la progression et la domination de

Babylone (605-539) avec un premier siège de Jérusalem par Nabuchodonosor en 598 à la suite

d'une révolte de Joachin (Jéchonias) qui s'allie à l'Égypte et un deuxième siège en 589 à la suite

d'une révolte de Sédékias576.

Dans ce contexte, le public de Jérémie est constitué par les deux tribus d'Israël et de

Juda, ce qui est reflété par le prologue de Jean Chrysostome dans la chaîne à deux auteurs et

par le prologue anonyme dans la chaîne à auteurs multiples577. Mais parfois le discours est

aussi adressé aux dix tribus en exil, comme le met bien en valeur l’extrait 37b de Théodoret

à propos de Jr 2, 5 : koino;" nu'n oJ lovgo" kai; pro;" ta;" ejn aijcmalwsiva/ devka fulav".

Le premier élément du contexte historique mis en valeur dans les extraits patristiques

est la dynastie des rois de Juda : Manassé, Amos, Jôsias, Jôachaz, Jôakim, Jéchonias,

Sédékias.

576 Cf. A. Lemaire, « Les Juifs dans le monde antique et médiéval : Israël », in Dictionnaire encyclopédique du Judaïsme, Paris 1993, pp. 1241-1260. 577 Cf. éd. chaîne à deux auteurs, p. 1 et éd. chaîne intégrale à auteurs multiples, p. 6

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Les prologues de l'une et l'autre chaîne insistent en effet sur le contexte historique du

royaume de Juda. Dans la chaîne à auteurs multiples, Eusèbe de Césarée souligne les

discordances entre l’ordre chronologique des rois de Juda et l’ordre des oracles dans la

composition du livre ; le prologue anonyme rappelle les étapes et la durée de la prophétie.

De même dans la chaîne à deux auteurs, le prologue de Théodoret rappelle précisément les

rois sous lesquels Jérémie a prophétisé.

Parmi ces rois, apparaît la figure du roi Jôsias, seulement évoquée dans le texte

biblique (Jr 1, 2-3 et Jr 3, 6), mais que les extraits patristiques mettent en valeur en dressant

de lui un véritable portrait et en introduisant des termes absents de la Septante (divkaio",

eujdovkimo", eujsebhv").

Le pieux Jôsias s'oppose d’une part à ses ancêtres impies, comme en témoigne le

prologue de Théodoret dans la chaîne à deux auteurs qui caractérise par les termes

dussebhv" et dussevbeia l'attitude d'Amôs et de Manassé, respectivement père et grand-

père de Jôsias, attitude que rejette celui-ci : « or il prit, lui, la route opposée à la leur et

devint membre du parti des pieux (th'" tw'n eujsebw'n merivdo" ejgevneto) ».

D'autre part, Jôsias se distingue aussi de ses descendants qui reviennent à l'impiété

(ajsevbeia) de ses ancêtres. Ainsi, Jôsias est présenté comme une exception au sein de la

dynastie des rois de Juda, seul roi pieux après des ancêtres impies et avant des descendants

impies. Cette opposition entre Jôsias qui pratique la piété (eujsevbeia) et ses ancêtres qui se

sont laissés aller à l'impiété (ajsevbeia) apparaît encore dans l'extrait de Jean Chrysostome

sur Jr 1, 2.

Dans l’une et l’autre chaîne s'ajoute une opposition entre Jôsias, le roi respectable

(eujdovkimo"), pieux (eujsebhv") et son peuple impie : « Alors qu'ils avaient un chef qui se

souciait d'eux, ils ne sont même pas devenus meilleurs » (Oujde; a[rconta e[conte"

ejpimelouvmenon aujtw'n beltivou" ejgevnonto)578. Au zèle de Jôsias pour le culte de Dieu

(spoudh; peri; th;n tou' Qeou' qerapeivan) s’oppose en effet la piété hypocrite de certains

sujets579. La réforme que Jôsias entreprend, en 622 selon les historiens580, à la faveur de la

découverte du Deutéronome dans le Temple, n'est pas évoquée dans le texte biblique du

578 Cf. extrait 129a de Jean Chrysostome. 579 Cf. extrait de Jean Chrysostome sur Jr 3, 6. 580 Cf. A. Lemaire, art. cit., p. 1249.

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livre de Jérémie, mais elle est tout de même rappelée dans la chaîne à auteurs multiples, afin

de mettre en valeur la piété et la justice de ce roi581.

Rares sont les extraits patristiques qui font allusion au passé plus ancien d'Israël ou

aux événements futurs. Il y a toutefois une incursion dans le passé avec l'extrait 130c de

Théodoret qui rappelle, dans son commentaire de Jr 3, 6 (Tu as vu ce que m’a fait la

demeure d’Israël ; elle est allée sur toute montagne élevée et sous tout arbre sacré et là, elle

s'est prostituée !), que l'adoration des dix tribus pour les idoles remonte au schisme entre les

deux royaumes d'Israël et de Juda, c'est-à-dire entre Jéroboam et Roboam, schisme que les

historiens situent en 931582.

Il y a d'autre part une incursion dans le futur dans les extraits de Théodoret sur Jr 1, 9-

10 (En effet il étendit sa main, dit-il, et toucha ma bouche. Et le Seigneur me dit : « Voici,

j’ai donné mes paroles à ta bouche, voici, je t’ai établi aujourd'hui sur des nations et des

rois, pour déraciner, démolir, détruire, renverser, rebâtir et replanter ») et sur Jr 3, 14-15

(Et je vous prendrai un par ville et deux par lignée, je vous conduirai à Sion, je vous

donnerai des bergers selon mon cœur et ils vous feront vraiment paître avec science), qui

rappellent la restauration du royaume de Juda sous Cyrus avec Zorobabel et le grand-prêtre

Jésus, restauration qui eut lieu en 538 selon les historiens583. Ces allusions au passé et au

futur ne sont pas présentes dans le texte biblique : ce sont les Pères qui interprètent les

événements évoqués dans le texte de Jérémie à la lumière de l'histoire d'Israël.

Dans le livre de Jérémie, il apparaît que le royaume de Juda a été et est menacé par des

ennemis extérieurs qui sont soit évoqués explicitement par le texte biblique, soit suggérés

par des images ou des allusions (le chaudron brûlant, les lions, etc.). Dans l'un et l'autre cas,

les extraits patristiques identifient précisément ces ennemis et rappellent le contexte de leur

occupation.

À propos des lions qui rugissaient contre Israël (Jr 2, 14-15), l'extrait anonyme 64b

rappelle que les dix tribus ont été réduites en esclavage par les Assyriens Theglaphasar et

581 Cf. extrait 129b de Victor qui reprend les éléments de 4R 22. 582 Cf. A. Lemaire, art. cit., p. 1246. 583 Cf. A. Lemaire, art. cit., p. 1251.

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Salmanasar, ce qu'évoquent aussi l'extrait 130c de Théodoret et, dans la chaîne à deux

auteurs, l'extrait de Jean Chrysostome sur Jr 2, 36 (Et à cause de l’Égypte, tu seras couvert

de honte, comme tu as été couvert de honte à cause d’Assour). La chute des Assyriens est

suggérée par l'extrait 35b de Théodoret sur Jr 2, 3 (Tous ceux qui le mangent commettront

une faute, les malheurs viendront sur eux », déclare le Seigneur) et leur défaite contre les

Égyptiens sous le règne de Jôsias avec la victoire du pharaon Neco est plus précisément

évoquée dans l'extrait 188 de Victor sur Jr 4, 7 (Il a enlevé des nations et il est sorti de son

territoire pour faire de ta terre une désolation. Et tes cités seront abattues, faute d’être

habitées). Sur Jr 2, 16 (Les fils de Memphis et de Taphna t'ont connu et se sont joués de toi),

les Égyptiens et les Assyriens sont évoqués ensemble comme bourreaux d'Israël dans

l'extrait 66b de Victor, tandis que seuls les Égyptiens sont cités dans l'extrait de Jean

Chrysostome de la chaîne à deux auteurs. Sur Jr 2, 18 (Et maintenant, qu’y a-t-il entre toi et

le chemin d’Égypte, pour boire l’eau du Gêôn ? Qu'y a-t-il entre toi et le chemin des

Assyriens pour boire l'eau des fleuves ?) et 2, 36 (Car tu as vraiment dédaigné de revenir

sur tes chemins et à cause de l’Égypte, tu seras couvert de honte, comme tu as été couvert

de honte à cause d'Assour), conformément au texte biblique qui évoque ensemble Assyriens

et Égyptiens, les extraits patristiques de l'une et l'autre chaîne montrent comment Israël s'est

tourné tantôt vers les uns, tantôt vers les autres, et ce en vain584.

Parmi ces ennemis extérieurs, la figure de Nabuchodonosor est omniprésente dans les

extraits patristiques, alors qu'elle n'est jamais citée dans le texte biblique de Jérémie. Il est

l'instrument de la punition divine, appelé à faire l'éducation du peuple, selon l'extrait 19f de

Victor. Ce même auteur rappelle, à propos de Jr 4, 7 (Il a enlevé des nations et il est sorti de

son territoire pour faire de ta terre une désolation. Et tes cités seront abattues, faute d’être

habitées), de Jr 4, 20 (Il invoque une blessure) et de Jr 1, 15 (Puisque voilà, moi, je

convoquerai tous les royaumes du nord de la terre, dit le Seigneur), les différentes

expéditions de Nabuchodonosor, d'abord contre Joachim en 601/600 selon les historiens585

(extrait 188 de Victor), puis contre Jéchonias (= Joachin) en 597 (extrait 214 de Victor),

enfin contre Sédékias entre 589 et 587 (extrait 25b de Victor). Cette dernière expédition met

en scène non seulement Nabuchodonosor, mais aussi son lieutenant Nabuzardan qui 584 Cf. extrait 74b de Théodoret et extraits de Jean Chrysostome et de Théodoret sur Jr 2, 18 ; extrait 116c de Jean Chrysostome et extrait de Théodoret sur Jr 2, 36. 585 Pour cette date et les deux suivantes, cf. A. Lemaire, art. cit., p. 1249.

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incendie le Temple, comme le rappelle l'extrait 214 de Victor. Dans les commentaires de Jr

1, 15 cité supra, les Babyloniens deviennent les interlocuteurs de Dieu et les instruments du

châtiment qu'il envoie à son peuple586. La menace qui vient du nord (Jr 1, 13-15 = lemmes

22 à 25) est, selon les Pères, celle de Babylone sur Jérusalem. Les attaques des Babyloniens

contre Jérusalem sont en effet particulièrement bien mises en valeur par les extraits

patristiques commentant la vision du chaudron brûlant587, mais aussi par ceux qui

commentent le lion sortant de son antre (Jr 4, 6 = lemme 186)588. La chaîne à deux auteurs y

insiste à nouveau dans l'extrait de Théodoret sur Jr 4, 15 (Car la voix d'un messager me

viendra de Dan et la peine se fera entendre de la montagne d'Ephraïm).

Dans le texte biblique de Jérémie, les ennemis ne sont pas seulement extérieurs : ils

sont aussi présents au sein même de la nation, comme en témoigne l'accusation que porte

Dieu contre les dirigeants du peuple en Jr 2, 8 (lemmes 48 à 51 : Les prêtres n’ont pas dit :

« Où est le Seigneur ? », ceux qui sont attachés à ma loi ne me connaissaient pas, les

bergers commettaient l’impiété envers moi, les prophètes prophétisaient par Baal et ont

marché derrière ce qui est inutile). Les extraits patristiques mettent en valeur la tromperie

des faux prophètes ou prophètes de Baal, dont l'extrait 103b de Victor et l'extrait non

attribué sur Jr 2, 29 dans la chaîne à deux auteurs précisent qu'ils ont été assassinés par les

rois Élie, Jéhu et Jôsias.

Dans les interprétations qu'elles proposent du livre de Jérémie, les deux chaînes

insistent donc sur les dangers (Assyriens, Égyptiens, Babyloniens) qui ont menacé et qui

menacent encore le royaume de Juda à cause de l’impiété du peuple et de ses dirigeants

parmi lesquels Jôsias figure comme une exception pieuse. Les extraits exégétiques

s’emploient à mettre en valeur le personnage de Jôsias, seulement évoqué dans le texte

biblique, et enrichissent son portrait grâce à un réseau de termes autour de la piété et de la

justice. Ils s’attachent aussi à interpréter les événements évoqués dans le livre de Jérémie à

la lumière de l’histoire d’Israël en ajoutant des allusions au passé et à l’avenir de ce peuple.

Enfin, ils élucident les images et allusions du texte biblique en identifiant précisément les

586 Cf. extraits 25a de Jean Chrysostome et 25b de Victor. 587 Cf. extraits 22b et 23b d’Olympiodore ; extraits de Jean Chrysostome et de Théodoret sur Jr 1, 13. 588 Cf. extraits 186a d'Origène, 186b d'Olympiodore et extrait de Théodoret sur Jr 4, 6.

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réalités et les personnages historiques qu’elles suggèrent, en particulier pour

Nabuchodonosor et Babylone.

B. Dieu et son peuple

Les deux tribus d'Israël et de Juda, auxquelles le prophète s'adresse et qu'il accuse dès

le début du livre, sont présentées comme un peuple pécheur dans le texte biblique. Les

extraits patristiques, selon une lecture antijuive des prophètes courante dans le milieu

chrétien dès les débuts de l’apologétique chrétienne au commencement du IIe s., insistent sur

tous les défauts du peuple d'Israël. « Ne sont mentionnées de l’Ancien Testament que les

défaillances d’Israël (et certes elles n’ont pas manqué), les véhémentes sévérités de Dieu et

de ses prophètes qui les stigmatisent ; sont omis, systématiquement, les témoignages (qui

n’ont pas manqué non plus) de la miséricorde et de l’amour de Dieu pour le peuple qu’il a

élu en dépit de ses faiblesses et de ses péchés »589. On verra en fait que les marques d’amour

de Dieu sont bien mises en valeur dans les extraits patristiques, mais qu’elles le sont pour

insister sur l’écart entre les défauts du peuple et la perfection de son Dieu et stigmatiser

davantage Israël.

Alors que le texte biblique se contente d’évoquer les deux tribus d’Israël et de Juda, les

extraits exégétiques les assimilent souvent au peuple juif dans son ensemble, par opposition

aux nations païennes et aux chrétiens. Les nombreuses occurrences du terme jIoudai'oi dans

les extraits signalent cet élargissement par lequel les Pères considèrent que les accusations

du prophètes sont adressées à tout le peuple juif et que celui-ci est tout entier responsable de

ses fautes et de sa perte590.

Les extraits patristiques présentent ainsi le peuple juif comme un peuple violent et

sanguinaire (fonw'n)591, « s’exerçant à faire couler le sang des prophètes, comme des chiens

589 J. Isaac, Genèse de l’antisémitisme, Paris 1956, p. 162 ; cf. H. Schreckenberg, Die christlichen Adversus-Judaeos-Texte und ihr literarisches und historisches Umfeld (1-11 Jh.), Frankfort 1982, pp. 68-73 ; cf. aussi M. Simon, Verus Israel, étude sur les relations entre chrétiens et Juifs dans l’empire romain (135-425), Paris 1964, p. 205. 590 Cf. dans la chaîne à auteurs multiples, les extraits 31 de Théodoret, 33b d’Olympiodore, 129a de Jean Chrysostome, 131a d’Origène, 196b d’Olympiodore, 218a et 227a de Jean Chrysostome, et dans la chaîne à deux auteurs, l’extrait de Théodoret sur Jr 2, 2, l’extrait non attribué sur Jr 3,25, etc. 591 Cf. extrait 8b de Théodoret.

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goûtant au sang » (ejggumnazovmenoi toi'" ai{masi toi'" profhtikoi'", kaqavper kuvne"

aiJmavtwn geuovmenoi)592. Le peuple n'a pas seulement commis des meurtres sur les

prophètes, il a aussi sacrifié ses propres descendants en les immolant aux idoles, comme le

montrent l'extrait 163 de Jean Chrysostome sur Jr 3, 24 (Mais la honte a consumé les efforts

de nos pères, depuis leur jeunesse, leurs brebis et leurs veaux, leurs fils et leurs filles) et

l'extrait 1 sur Jr 3, 9 (Et sa prostitution a été pour rien).

À propos de Jr 2, 20 (Tu as rompu tes liens), le peuple d'Israël est comparé à un animal

à la nuque raide (sklhrotravchlo")593, qui est rétif et qui regimbe (ajfhniavzwn kai;

skirtw'n)594, parce qu'il ne veut pas porter le joug de la loi divine ; il est semblable à une

prostituée, parce qu'il adore les idoles : cette dernière comparaison est aussi présente dans le

texte biblique (cf. Jr 2, 20 ; 3, 2 ; 3, 3 ; 3, 9 et 4, 30) et les extraits patristiques se contentent

de la souligner595. Israël seul est responsable de sa perversion, puisque l'homme a été créé

fondamentalement bon par Dieu, comme le montrent les extraits 79a et b sur Jr 2, 21 (Moi,

je t'avais planté comme une vigne riche en fruits, toute vraie !), ainsi que l'extrait 197 sur Jr

4, 11 (Le chemin de la fille de mon peuple ne mène à rien de pur ni de saint). La chaîne à

auteurs multiples insiste tout particulièrement sur la responsabilité de la vigne dans son

aliénation, et par conséquent sur la responsabilité du peuple d'Israël dans sa perversion,

comme en témoignent les différents extraits sur Jr 2, 21 (extraits 79a, 79b, 79c, 80a et 80b).

Le texte biblique suggère en Jr 2, 23 (Comment diras-tu : « Je ne me suis pas souillée

et je n'ai pas marché derrière Baal » ?), Jr 2, 29 (Pourquoi vous adressez-vous à moi ?

Vous tous avez commis l’impiété, et vous tous avez commis une illégalité à mon égard », dit

le Seigneur), Jr 2, 35 (Et tu as dit : « Je suis innocent ! Que sa fureur se détourne donc de

moi ! ») et Jr 3, 10 (Et dans tout cela, elle n’est pas revenue vers moi de tout son cœur,

l’infidèle Juda, mais au prix d’un mensonge) que le peuple d'Israël est un peuple menteur,

qui honore Dieu du bout des lèvres, mais ment dans son cœur, ce que mettent en valeur les

extraits 83a, 101b et 109a et les extraits 131a et 131b qui renvoient à Is 29, 13 (« Ce peuple

m'honore du bout des lèvres, mais leur cœur est éloigné de moi »). Ils sont hypocrites,

592 Cf. extrait 7a de Jean Chrysostome. 593 Cf. extrait 76a d'Olympiodore ; sklhrotravchlo" est un terme biblique qui apparaît en Ex 33 et 34 et en Dt 9. 594 Cf. extrait 76b de Jean Chrysostome. 595 Cf. extraits 78a, 123c, 127a, 236a, 239a ; extrait de Théodoret sur Jr 3, 3b et extrait 1 sur Jr 3, 9.

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puisqu'ils simulent l'honneur qui revient à Dieu, comme le soulignent le verbe

kaqupokrivnomai dans l'extrait de Jean Chrysostome sur Jr 3, 2 et l'expression th;n

meq j uJpokrivsew" qeosevbeian dans l'extrait 238 d'Olympiodore. Ils adorent Dieu sans

aucune sincérité (ouj gnhsivw")596. Sur Jr 2, 23 (Vois tes chemins dans la foule des mâles et

reconnais ce que tu as fait) et 2, 36 (Car tu as vraiment dédaigné de revenir sur tes chemins

et à cause de l’Égypte, tu seras couvert de honte), les extraits patristiques insistent sur le fait

qu'ils nient leurs péchés et commettent précisément, par ce reniement, la pire des fautes597.

Non seulement ils ne reconnaissent pas leurs propres erreurs, mais il ajoutent sans cesse à

leurs fautes passées de nouveaux péchés, ils ne cessent de récidiver598. En tout cas, ils

n'éprouvent aucune honte : il y a une occurrence du verbe ajpanaiscuntevw "renoncer à la

honte" en Jr 3, 3, mais les extraits patristiques insistent sur cette absence de honte en

beaucoup d'autres endroits (cf. ajnaivscunton, ajnaiscuntei'" et ajnaiscuvntw" dans les

extraits 111a, 111b, 123c et l'extrait de Jean Chrysostome sur Jr 3, 1 ; ajnaivdeia dans

l'annonce de Jr 2, 23 par Théodoret, dans les extraits de Théodoret sur Jr 2, 27b ; 2, 34 ; 2,

35 et 2, 36 ; ajtimwrhtiv dans l'extrait 127a). Ils persistent dans cette absence de honte, alors

que Dieu essaie justement de leur faire prendre conscience de leur péché, de les rendre

honteux, comme le suggère en particulier l'adverbe ejntreptikw'" dans les extraits 209a

et b.

Les extraits patristiques ajoutent même des images qui ne sont pas dans le texte

biblique : le peuple est ainsi semblable à une femme ivre dans sa folie (paraplhxiva)599. Le

texte biblique insiste à plusieurs reprises (Jr 2, 20 et Jr 2, 25) sur le fait que le peuple est

convaincu de son autosuffisance, ce que souligne la paraphrase d'Olympiodore dans l'extrait

96a : « Je me suffis à moi-même pour me sauver, je n’ai pas besoin de Dieu » ( jEmauth;n

ajrkw' eij" bohvqeian, ouj devomai tou' Qeou'). Son orgueil, sa démesure et son insolence

sont mis en valeur par l'emploi du verbe ejxuvbrisan dans un extrait de Théodoret sur Jr

2, 21, l'expression hJ th'" paranomiva" uJperbolhv dans l'extrait de Théodoret sur Jr 2, 9 et

le verbe ejqrasuvneto dans l'extrait non attribué sur Jr 2, 27. On remarque que pour souligner

la folie et l’orgueil du peuple d’Israël, les Pères n’utilisent pas des termes bibliques bien

596 Cf. extrait de Jean Chrysostome sur Jr 3, 6. 597 Cf. extrait 114b de Théophile d'Alexandrie et extrait non attribué sur Jr 2, 23. 598 Cf. extrait 114a de Jean Chrysostome. 599 Cf. extrait de Théodoret sur Jr 2, 8 et extrait 85a de Jean Chrysostome.

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attestés mais un vocabulaire grec classique (paraplhxiva, ejxubrivzw et qrasuvnomai par

exemple).

En Jr 2, 9-11, le texte biblique présente le peuple d'Israël comme encore plus impie

que les nations : il est instable, tandis que les nations font preuve de stabilité pour leurs

propres dieux ; cette idée est mise en valeur par les extraits 52b, 54a et 58 dans la chaîne à

auteurs multiples et les extraits de Jean Chrysostome et Théodoret sur Jr 2, 10-11 dans la

chaîne à deux auteurs.

Comme cela est suggéré dans le texte biblique (Jr 2, 7 et Jr 2, 19), l'attitude du peuple

d'Israël est par ailleurs en totale contradiction avec celle de son Dieu. Tandis que Dieu est

bienveillant et comble son peuple de bienfaits, le peuple est ingrat, ce que souligne l'extrait

127b d'Olympiodore : « Même si toi, dit-il, tu ne m'as pas invoqué comme abri, père, auteur

de ta virginité, eh bien moi je ne laisserai pas les maux durer, en te sauvant soit par la grâce

soit par des conseils de sagesse » (Eij kai; suv, fhsiv, mh; ejpekalevsw me skevphn kai;

patevra kai; ajrchgo;n th'" parqeniva" sou, ajll j ejgw; oujk ejavsw diamei'nai ta; kakav,

h] cavritiv se swv/zwn h] swfronismoi'"), ainsi que les extraits 46-47, 74b et ceux de Jean

Chrysostome et de Théodoret sur Jr 3, 1. Dans la chaîne à deux auteurs, les extraits de

Théodoret sur Jr 2, 27b et Jr 2, 28 mettent aussi en valeur l’ingratitude d’Israël, son

ajcaristiva. Ce terme apparaît peu dans la Septante et montre que les Pères cherchent à

helléniser le vocabulaire qu’ils utilisent pour expliciter le texte biblique. L'extrait 201 de

Jean Chrysostome insiste sur la persévérance de Dieu dans l’éducation de son peuple,

perséverance qui s’oppose à la surdité absolue de ce dernier.

Face à ce peuple pécheur, se dresse un Dieu tout-puissant et miséricordieux.

À la suite du texte biblique qui évoque la connaissance et la toute-puissance de Dieu

(Jr 1, 5 et Jr 3, 19), les extraits patristiques présentent Dieu comme le créateur à l’origine de

toute chose (ejgw; pavntwn ai[tio"600, oJ poihthv"601, oJ th'" fuvsew" despovth"602), le

démiurge de l'univers (dhmiourgo;" tou' pantov"603, pavntwn ejsti; Qeo;" kai; pavntwn

600 Cf. extrait 7b. 601 Cf. extrait non attribué sur Jr 4, 28. 602 Cf. extrait 11a. 603 Cf. extrait 123c.

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dhmiourgov"604). À partir de Jr 1, 5 (Avant de t’avoir façonné dans le ventre, je te connais, et

avant que tu sois sorti de la matrice, je t’ai consacré ; prophète pour une nation, je t’ai

institué), les extraits patristiques mettent en valeur ce Dieu créateur qui possède toute

connaissance et prescience (provgnwsi")605. Il est dit « créateur et bienfaiteur » (to;n Qeo;n

kai; Kuvrion kai; poihth;n kai; eujergevthn) dans l'extrait non attribué sur Jr 3, 12. La

bienfaisance de Dieu est d'autre part soulignée par les Pères grâce aux termes eujergetou'n606

et eujergevsia607. Il distribue des marques de sa bienveillance (filofrosuvnh)608, des grâces

(carivsmata609 ou cavri"610), accomplit des prodiges (ta; poluqruvlhta)611, des miracles (ta;

qauvmata)612 : aucun de ces termes n'apparaît dans le texte biblique, mais ils sont introduits

par les Pères dans leur interprétation. Dieu entoure son peuple de sa providence

(provnoia)613, de ses soins (ejpimevleia)614, de son indicible bonté (dia; th;n a[faton

ajgaqovthta)615 : c'est un Dieu protecteur (khdemwvn)616. Il est appelé « le dispensateur des

biens de toute sorte » (oJ tw'n pantodapw'n ajgaqw'n corhgovn) dans un extrait de

Théodoret sur Jr 2, 8. L'insistance est forte, dans les extraits patristiques, sur l'amour de

Dieu pour les hommes, grâce au retour fréquent du terme filanqrwpiva617. Pour les Pères, en

particulier pour Jean Chrysostome, la filanqrwpiva est la qualité propre de Dieu, même

lorsqu’il punit. Elle s’est manifestée dès la création et culmine dans la croix et la

résurrection618. Ainsi, l'incarnation est présentée comme l'ultime témoignage de la

filanqrwpiva divine619. L'extrait 159 de Jean Chrysostome précise que ce que Dieu exige

604 Cf. extrait de Théodoret sur Jr 3, 19. 605 Cf. extraits 7c, 7d, 7e, 7f, 8a, 8b, 8c, 15a ; prologue de Théodoret dans la chaîne à deux auteurs, extrait de Théodoret sur Jr 1, 4-5 et Jr 1, 8 : proeidw;" wJ" Qeov" « prévoyant parce qu'il est Dieu ». 606 Cf. extrait 40 ; extrait de Théodoret sur Jr 2, 2 et extrait non attribué sur Jr 2, 29. 607 Cf. extraits 41, 32a, 37a, 42, 44, 46, 123c, 140a et extraits de Jean Chrysostome sur Jr 2, 2 ; Jr 2, 5 et Jr 2, 32. 608 Cf. extrait 44. 609 Cf. extrait 32b. 610 Cf. extraits 46, 62a, 104a et 104c. 611 Cf. extrait de Théodoret sur Jr 2, 16. 612 Cf. extrait de Jean Chrysostome sur Jr 2, 10-11. 613 Cf. extraits de Jean Chrysostome sur Jr 2, 2 et Jr 2, 18 et de Théodoret sur Jr 2, 14-15. 614 Cf. extrait de Jean Chrysostome sur Jr 2, 21. 615 Cf. extrait de Théodoret sur Jr 3, 14. 616 Cf. extraits de Théodoret sur Jr 2, 31 et de Jean Chrysostome sur Jr 2, 32. 617 Cf. extraits 61a, 83a, 136a, 178a et b, 203, 230 ; extrait de Théodoret sur Jr 2, 5 ; extrait de Jean Chrysostome sur Jr 2, 9 ; extrait non attribué sur Jr 3, 12. 618 Jean Chrysostome, Sermons sur la Genèse, éd. L. Brottier, SC 433, Paris 1998, note complémentaire pp. 377-378. 619 Cf. extrait de Théodoret sur Jr 3, 14-15.

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en échange de cette bonté est minime : la reconnaissance et le repentir, thèmes qui

parcourent le texte biblique (Jr 3, 7 ; 3, 12 ; 3, 14 ; 3, 22, etc.).

Le texte biblique de Jérémie évoque à la fois les menaces de Dieu et ses promesses qui

en font un Dieu plein de pitié (ejlehvmwn en Jr 3, 12). Le terme ejlehvmwn n'apparaît pas tel

quel dans les extraits patristiques, même si, selon les Pères, « Dieu punit très modérément »

(kolavzonto" de; metriwvteron)620. Son attitude envers les hommes est en effet marquée par

la modération ; il effraie le peuple, mais s'empresse aussitôt de le rassurer : « Il dit qu'il

punit pour qu'ils ne soient pas insouciants et il dit qu'il fait remise pour qu'ils se redressent »

(ajlla; kai; o{mw" levgei me;n kolavzein i{na mh; rJa/qumw'si, levgei de; ajnievnai i{na

diorqwvswntai)621. Sa jalousie n'est évoquée que dans l'extrait 68a, alors qu'elle est beaucoup

plus insistante dans le texte biblique. Il est en revanche patient et longanime, comme le

soulignent l'extrait 75b et les occurrences du terme makroqumiva dans la transition entre Jr

3, 6 et 3, 7 dans la chaîne à deux auteurs et les extraits 204a et 211a. Sur Jr 4, 1 (Si un

homme renvoie sa femme, si elle s’éloigne de lui et devient la femme d'un autre homme,

retournera-t-elle vraiment vers lui ? Ne sera-t-elle pas vraiment souillée, cette femme-là ?

Et toi tu t'es bien prostituée à beaucoup de bergers, et tu es retournée vers moi ! dit le

Seigneur), l'extrait 118a de Jean Chrysostome met en valeur la patience de Dieu par la

répétition des formes verbales ajnevcetai et hjnescovmhn et la répétition de pavlin : « ce que

précisément un homme ne supporte pas, moi je l'ai supporté : quand vous aviez d’autres

maris, je vous appelais encore, je vous recevais encore » (o{ti o{per ajnh;r oujk ajnevcetai,

tou'to hjnescovmhn ejgwv: gignomevnoi" uJma'" ajndravsin eJtevroi", pavlin ejkavloun, pavlin

ejdecovmhn).

Les Pères montrent que Dieu reste confiant malgré l'incrédulité d’Israël622 ; il continue

à se soucier de son peuple, bien qu’il sache que celui-ci n’écoutera pas son prophète623, et

reste présent même pendant les malheurs624. Comme cela apparaît en Jr 1, 5 ; 1, 8 et 1, 17,

620 Cf. extrait 19g d’Olympiodore. 621 Cf. extrait 203 ; cf. aussi extraits 24 et 227a 622 Cf. extrait 32c. 623 Cf. extraits 5 de Jean Chrysostome et 31 de Théodoret. 624 Cf. extrait 13a de Jean Chrysostome.

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les Pères insistent sur le fait que Dieu reste aussi présent auprès de son prophète625, qu'il

l'encourage (paraqarruvnei)626 et l'apaise (paramuqei'tai)627.

Dieu s'oppose donc en tout à son peuple et il s'oppose aussi en tout aux démons que

servent son peuple : alors qu'il est le dispensateur de tous les biens, le bienfaiteur, les

démons procurent les maux (provxenoi tw'n kakw'n)628.

Dans le portrait qu’ils dressent du peuple d’Israël et de son Dieu, les extraits

exégétiques soulignent ainsi les images présentes dans le texte biblique (la femme adultère,

l’animal rétif, etc.), en ajoutent d’autres (folie, ivresse, etc.) et renouvellent

considérablement le vocabulaire proposé par le texte biblique grâce à des termes peu attestés

dans la Septante mais dont le sens est très riche et suggestif.

C. Un thème récurrent : l’éducation au repentir

Face à ce peuple pécheur, Dieu fait le choix de l’éducation et de l’appel incessant au

repentir. Ce thème, qui parcourt le texte biblique, est mis en valeur par les extraits

patristiques.

Dieu a en effet le désir d'éduquer son peuple629. Il n’hésite pas pour cela à user de

visions pour mieux convaincre le prophète et ainsi mieux convaincre Israël630. La nécessité

de cette éducation apparaît en particulier dans les extraits 19a, 19c et 19f à propos du bâton

de noyer, mais aussi plus loin dans les extraits 31, 32c et 72. Puisque l’éducation par les

bienfaits échoue, Dieu punit son peuple en espérant qu’il sera éduqué par ses malheurs631,

que ses malheurs le mèneront à le reconnaître comme leur Dieu632, mais ils n’ont « même

pas [été] éduqués par les malheurs d'Israël » (mhde; tai'" tou' jIsrah;l sumforai'"

625 Cf. extrait 28a et prologue de Jean Chrysostome dans la chaîne à deux auteurs. 626 Cf. extrait 8b et 28a ; extrait de Jean Chrysostome sur Jr 1, 4-5. 627 Cf. extraits de Jean Chrysostome sur Jr 1, 8 et de Théodoret sur Jr 1, 16. 628 Cf. extrait de Théodoret sur Jr 4, 30. 629 Cf. extrait 178a. 630 Cf. extraits 6, 14a, 14b, 18, 19d, 21, 24 et extrait de Jean Chrysostome sur Jr 1, 11. 631 Cf. extrait 74b. 632 Cf. extraits 99 et 102.

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ejpaideuvqhsan)633, « rien ne [l]'a éduqué » (kai; o{mw" oujdevn se ejpaivdeusen)634.

L'éducation que Dieu désire donner à son peuple est donc inutile635 ; elle est en outre

contestée par les intéressés636.

Malgré tout, Dieu ne cesse de les inviter au repentir, comme en témoigne la fréquence

du terme ejpistrevfw et de ses synonymes dans plusieurs passages du texte biblique (Jr

3, 1 ; 3, 12 ; 3, 14 et 3, 22). Le prologue anonyme insiste sur le fait que Dieu les « exhorte

au repentir » (parakalei' pro;" metavnoian) et les extraits soulignent que c'est une

invitation à un « repentir sincère » (eijlikrinh;" metamevleia)637, à un repentir qui vient « du

fond du cœur » (ejx o{lh" kardiva")638. Pour les Pères, Dieu laisse toujours à son peuple une

occasion de revenir vers lui, comme le montrent les extraits 102, 118b et 139b : « J'appelle

au salut par la grâce à la fois ceux qui ont péché complètement et ceux qui n'ont pas encore

vécu cela » (tou;" oJlotrovpw" aJmarthvsanta" kai; tou;" mhvpw tou'to peponqovta" dia;

th'" cavrito" eij" swthrivan kalw')639. Les extraits patristiques insistent souvent sur la

nécessité du repentir640. Ils donnent même une définition de cette démarche : se tourner vers

Dieu non par des actes extérieurs, mais par une disposition authentique à faire le bien641 ;

« La conscience des maux est le début du repentir » (kakw'n ga;r sunaivsqhsi" metanoiva"

ajrchv)642, de même que « la perception de la maladie est le début de la santé » (ajrch; ga;r

uJgeiva" ai[sqhsi" ajrrwstiva")643. Pour donner une image du repentir, les extraits de l’une

et l’autre chaîne insistent sur la métaphore agricole du déracinage avant la semence qui

apparaît dans le texte biblique en Jr 4, 3 (Défrichez vos friches et ne semez pas sur des

épines)644.

Le repentir est, en fin de compte, la seule chose que Dieu demande à son peuple,

comme le soulignent l'extrait 136a et l'extrait non attribué de la chaîne à deux auteurs sur Jr

633 Cf. extrait 131a. 634 Cf. extrait 75b. 635 Cf. extrait non attribué sur Jr 2, 29 ; extrait de Jean Chrysostome sur Jr 2, 32. 636 Cf. extrait 108b. 637 Cf. extrait de Théodoret sur Jr 2, 22 638 Cf. extrait 168. 639 Cf. extrait 139b. 640 Cf. extraits 113b, 175a, extrait de Théodoret sur Jr 4, 4 ; annonce de Jr 4, 14 par Théodoret. 641 Cf. extraits de Jean Chrysostome et de Théodoret sur Jr 2, 22 et extrait non attribué sur Jr 3, 22. 642 Cf. extrait 161a. 643 Cf. extrait non attribué sur Jr 3, 12. 644 Cf. extrait 175a et extrait non attribué sur Jr 4, 3.

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3, 12-13 (Reviens vers moi, demeure d’Israël, dit le Seigneur, et je ne resterai pas le visage

figé contre vous, car moi je suis plein de pitié, dit le Seigneur, et je ne garderai pas de

ressentiment envers vous pour toujours. Seulement, reconnais ton injustice : tu as commis

l’impiété envers le Seigneur ton Dieu) et le prophète annonce l’amour de Dieu pour les

hommes, s’ils se repentent (tou' Qeou' th;n filanqrwpivan aujtoi'" metanoou'sin

ejpaggellovmeno")645. Pour les Pères, si le repentir est sincère et définitif646, il permet de fuir

les ennemis visibles et invisibles, c’est-à-dire les Babyloniens et Satan647, et d’empêcher la

réalisation des prophéties648 : « Reconnaissez vos propres maux et je vous procurerai

l'amnistie des fautes déjà commises » ( jEpivgnwte ta; oijkei'a kaka; kai; parevxw th;n

ajmnhstivan tw'n h[dh plhmmelhqevntwn)649. Les extraits patristiques indiquent même le

moyen de se repentir, c'est-à-dire de confesser à Dieu ses péchés pour obtenir le pardon, en

utilisant les mots même du texte biblique (Car à l’encontre de notre Dieu nous avons péché,

nous et nos pères) et en augmentant ses fautes650. Pour les Pères, il est nécessaire de mettre

son espérance en Dieu et non dans les hommes651, « il faut avoir confiance en l'avenir et ne

plus craindre » (qarrei'n crh; peri; tw'n mellovntwn kai; oujkevti fobei'sqai)652. Les

hommes ont la possibilité d’éloigner les malheurs par le repentir653, ils ont « la liberté d’être

enfants de Dieu » (ejxousivan tevkna Qeou' genevsqai)654. De la même manière, les

prophètes ne sont pas des instruments inanimés dans les mains de Dieu, mais l’Esprit leur

insuffle les idées et les laisse s’exprimer avec leurs mots, « car il n’avait pas recours à eux

comme à des instruments inanimés contrairement à ce que fait le souffle des démons» (ouj

ga;r wJ" ajkinhvtoi" ejkevcrhto kaqavper hJ tw'n daimovnwn ejpivpnoia)655. Dans leurs

interprétations de Jr 3, 16-17 (Alors, si vous vous multipliez et croissez sur la terre, dit le

Seigneur, en ces jours-là, on ne dira plus : "Coffre de l’alliance du Saint d’Israël", il ne

montera plus au coeur, son nom ne sera plus prononcé, il ne sera plus inspecté et ne sera

645 Cf. prologue anonyme. 646 Cf. extraits 154b et 155a et extrait non attribué sur Jr 3, 22. 647 Cf. extrait 181. 648 Cf. extrait 200b. 649 Cf. extrait de Jean Chrysostome sur Jr 3, 20. 650 Cf. extraits 154b et 166 et extraits de la chaîne à deux auteurs sur Jr 3, 20 et 3, 22. 651 Cf. extrait 116c et extrait de Théodoret sur Jr 2, 37. 652 Cf. extrait 146 de Jean Chrysostome. 653 Cf. prologue de Jean Chrysostome. 654 Cf. extrait 151 de Jean Chrysostome ; l’expression est empruntée à Jn 1, 12. 655 Cf. fin du prologue de Jean Chrysostome.

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plus refait en ces jours-là. Et en ce temps-là, ils appelleront Jérusalem "Trône du Seigneur"

et toutes les nations se rassembleront vers elle et ne marcheront plus à la suite des pensées

de leur cœur mauvais), les Pères affirment que Dieu promet à son peuple une nouvelle

Alliance qui vient abroger l'ancienne656. Cette nouvelle Alliance, dans laquelle il est Dieu

non seulement des Juifs, mais de toutes les nations, s’incarne dans l’Église qui se présente

comme un lieu de refuge pour les hommes de bonne volonté657.

Le thème du repentir, très présent dans le texte biblique de Jr 1-4, est mis en valeur

avec insistance par les extraits exégétiques des deux chaînes. Ceux-ci soulignent en

particulier la nécessité qu’il soit sincère et la démarche à suivre pour confesser ses péchés à

Dieu.

Ainsi, les extraits patristiques de la chaîne à deux auteurs et de la chaîne à auteurs

multiples mettent en valeur les différents thèmes présents dans le texte biblique : le contexte

historique de la prophétie de Jérémie, les péchés du peuple d’Israël, la bonté et la

miséricorde de Dieu, l’éducation par le repentir, en tissant tout un réseau de termes qui

viennent enrichir et renouveler le lexique de la Septante.

656 Cf. extraits 143a et 143c et extrait non attribué sur Jr 3, 16, ainsi que le prologue de Théodoret et l’extrait 176a. 657 Cf. extrait 150c et extrait 183.

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II. Les tendances exégétiques propres à chacune des deux

chaînes

Si les deux chaînes partagent les grands thèmes que je viens d’évoquer, elles

présentent toutefois chacune un profil exégétique particulier.

A. Le profil exégétique de chacune des chaînes

1) L'agencement des différents auteurs

Dans la chaîne à auteurs multiples, l'auteur principal est Jean Chrysostome, puisqu'il

est d'une part le plus fréquemment et le plus longuement cité, et d'autre part le plus souvent

placé en premier. Il apparaît qu'il y a souvent des redites par rapport à ses extraits dans ceux

des autres auteurs. C’est un phénomène remarquable dont l’interprétation est difficile : soit

ces échos sont le signe qu’il y a une certaine parenté entre les différentes œuvres

exégétiques sur Jérémie, soit ils sont présents pour confirmer l'interprétation que Jean

Chrysostome a proposée et souligner son influence sur toute l'exégèse qui a suivi. On peut

noter en particulier les extraits 14b, 19d et 123b attribués à Théodoret et qui reprennent

respectivement les motifs des extraits 14a, 18 et 123a attribués à Jean Chrysostome. Le fait

que le caténiste n'hésite pas à citer des extraits de Théodoret très proches de ceux de Jean

Chrysostome lui permettrait d'insister sur l'importance de ce Père en montrant son influence

sur Théodoret658. Cette confirmation de l'interprétation de Jean Chrysostome apparaît aussi

dans des extraits d'auteurs autres que Théodoret, comme en témoigne l'exemple de l'extrait

193 d'Olympiodore qui reprend l'extrait 192 de Jean Chrysostome, ainsi que l'extrait 209b

de Victor sur Jr 4, 17 qui confirme l'extrait 209a de Jean Chrysostome, en soulignant que le

ton du passage est propre à rendre le peuple d’Israël honteux. 658 Cf. supra, chap. 3, p. 196.

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Parfois cependant les extraits de Jean Chrysostome ne sont pas confirmés mais

complétés par les extraits qui suivent, soit parce qu'ils ne prennent en compte qu'une partie

du lemme, soit parce qu'ils ne prennent en compte qu'une interprétation possible de ce

lemme. L'extrait 130a de Jean Chrysostome comporte trois brèves remarques sur le début du

lemme 130 (Tu as vu ce que m’a fait la demeure d’Israël). Il est complété par l'extrait 130b

d'Origène qui explicite la fin du lemme (elle est allée sur toute montagne élevée et sous tout

arbre sacré et là, elle s'est prostituée !). De la même manière, un extrait de Jean

Chrysostome donnant une interprétation historico-littérale sera éventuellement complété par

une interprétation allégorique prise chez des auteurs marqués par l’exégèse alexandrine :

dans l'extrait 135a, Jean Chrysostome cherche à interpréter selon le sens historique le Nord

à l'adresse duquel Dieu demande au prophète d'envoyer ses paroles et il s'interroge sur le

public que constituent les exilés de Babylone. Cette interprétation historique est complétée

par l'interprétation allégorique de l'extrait 135b d'Olympiodore : le Nord désigne le froid, et

par conséquent le cœur insensible du peuple de Dieu. Jean Chrysostome est ainsi l'auteur

principal de la chaîne à auteurs multiples : il est soit confirmé, soit complété par les extraits

des autres auteurs.

Dans la chaîne à deux auteurs, il apparaît au premier abord que Théodoret est l'auteur

principal, puisqu'à partir du chapitre 5, la chaîne laisse la place à son commentaire intégral

sur Jérémie. D'autre part, il faut signaler la manière dont les noms des auteurs sont copiés

dans les manuscrits les plus anciens. Dans le Vaticanus gr. 675, il y a pour Théodoret de

Cyr comme pour Jean Chrysostome des sigles dans la marge en face du début de l'extrait qui

leur est attribué. En revanche, dans le Bononiensis 2373, le nom de Théodoret est intégré

dans le corps du texte, du moins pour les premières occurrences, tandis que le nom de Jean

Chrysostome est toujours noté sous la forme d'un sigle en marge : cet emplacement des

attributions pourrait souligner la base que constitue le Commentaire de Théodoret , tandis

que Jean Chrysostome interviendrait de manière secondaire. Cependant, on remarque qu’il

est toujours cité en premier, avant Théodoret. En fin de compte, il y a un équilibre presque

parfait entre les deux auteurs avec une répartition des extraits très régulière et homogène.

Il y a d'autre part peu de répétitions entre les extraits des deux auteurs qui le plus

souvent se complètent sans que le deuxième redise ce qui a déjà été dit par le premier. Dans

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quelques cas seulement, on trouve de légères redites : à propos du chaudron brûlant par

exemple (Jr 1, 13), les deux extraits rappellent ce à quoi correspondent les différents

éléments de l’image ; sur Jr 2, 2, ils insistent tous deux sur l'idée que la jeunesse d'Israël

correspond à son séjour en Égypte ; sur Jr 2, 3a, ils citent Dt 32, 9 ; sur Jr 2, 10-11, les deux

auteurs proposent une explicitation de Chettiim et Kédar ; sur Jr 2, 21b, les deux extraits

citent Dt 32, 32 ; sur Jr 2, 22, ils insistent sur l'inutilité de la purification hypocrite et la

nécessité d'un repentir sincère ; sur Jr 2, 36, ils soulignent la vanité de l'espoir que le peuple

juif place dans les Assyriens et dans les Égyptiens ; enfin, les deux extraits sur Jr 3, 1

évoquent l'illégalité du comportement du peuple qui a abandonné Dieu, mais revient malgré

tout vers lui dans les malheurs. Dans tous ces cas cependant, il s'agit de redites partielles et

le deuxième extrait prolonge toujours l'interprétation du premier en ajoutant un ou plusieurs

éléments nouveaux : l'extrait de Théodoret, en deuxième position, ajoute parfois un lieu

parallèle, dans Ézéchiel sur Jr 1, 13 ou dans les Psaumes sur Jr 2, 2 ; une remarque sur le ton

ironique du texte, à propos de « mon amour pour ta perfection » sur Jr 2, 2 par exemple ; il

prolonge une citation (celle de Dt 32, 9 sur Jr 2, 3a), poursuit le commentaire sur la suite du

texte, par exemple sur Jr 2, 12, après avoir rappelé le sens de Chettiim et Kêdar, ou sur Jr

3, 2 après avoir rappelé le comportement d'Israël, et propose dans un cas un prolongement

dans le Nouveau Testament (le Christ, vigne véritable sur Jr 2, 21b). Les seules idées qui

sont répétées dans des termes très similaires et pour lesquelles il n'y a ni ajout de référence,

ni prolongement interprétatif dans l'extrait de Théodoret, sont l'insistance sur la nécessité

d'un repentir sincère en Jr 2, 22 et la nécessité d'espérer seulement en Dieu en Jr 2, 36. On a

vu quelle était l'importance de l'invitation au repentir et de la confiance en Dieu dans les

deux chaînes : l'effet voulu par le caténiste est sans doute ici de mettre en valeur ces thèmes

essentiels du début du livre de Jérémie.

Ainsi, alors que Jean Chrysostome domine nettement dans la chaîne à auteurs

multiples, la chaîne à deux auteurs ne donne sa préférence ni à Théodoret, ni à Jean

Chrysostome et respecte un équilibre très mesuré.

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319

2) Le recours à l'hébreu ou aux versions

La chaîne à auteurs multiples a une seule fois recours à l’hébreu dans l’extrait 19e de

Théodoret qui précise que le bâton est "de noyer" (karuivnh) dans la Septante et

"d’amandier" (ajmugdalivnh) dans l’hébreu.

Dans la chaîne à deux auteurs en revanche, il y a de nombreuses comparaisons entre

les textes grec et hébreu, comme en témoignent plusieurs extraits toujours attribués à Jean

Chrysostome659. On note que ces extraits, sauf la remarque sur le bâton d'amandier (Jr 1, 11)

que l'on trouve aussi dans la chaîne à auteurs multiples, sont concentrés sur un seul passage

du texte (Jr 2, 18-25), passage où les deux textes, hébreu et grec, diffèrent en effet assez

fortement. Il faut aussi rappeler le caractère problématique de ce passage de la chaîne : les

remarques de Jean Chrysostome qui comparent le grec à l’hébreu perturbent en effet le

rythme habituel de l’alternance entre les deux auteurs. Dans quatre cas sur neuf, la

comparaison avec le texte hébreu intervient dans une brève remarque de Jean Chrysostome

qui s’ajoute aux deux remarques attribuées à chacun des auteurs. J’ai montré comment le

caténiste réagence le matériau de la tradition directe et ai suggéré que ces remarques

pouvaient avoir été tirées de gloses marginales ajoutées au Commentaire660.

La remarque de Jean Chrysostome sur le bâton de noyer dans la chaîne à deux auteurs

est plus précise que celle de Théodoret (extrait 19e) dans la chaîne à auteurs multiples.

Théodoret se contente de donner un seul sens de l'hébreu : "d'amandier" (ajmugdalivnh),

tandis que Jean Chrysostome précise que l'hébreu peut signifier soit "bâton d'amandier"

(ajmugdalivnh) soit "bâton de veille" (bakthriva ejgrhgorui'a), puisque la veille et l'amande

sont exprimées par le même mot en hébreu.

Dans plusieurs cas, Jean Chrysostome n'hésite pas à proposer une transcription de

l'hébreu, avant d'en livrer une traduction :

− To; ga;r Ghw;n Jsiw;r j e[cei oJ JEbrai'o" o{per eJrmhneuvetai Jdiwvrux j : « Pour

Geôn, l’hébreu a "Siôr", ce qui est traduit par "fossé" » (sur Jr 2, 18) ;

659 Cf. extraits sur Jr 1, 11 et Jr 2, 18 ; deuxième extrait sur Jr 2, 21a et b ; extraits sur Jr 2, 23b et c ; extraits sur Jr 2, 24a, b, c et d et sur Jr 2, 25a. 660 Cf. supra, chap. 3, pp. 272-275.

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320

− Kai; ejfuvteusa a[mpelon JSwrhvc j, toutevstin : Jejklekthvn j : « Et je t’avais

planté comme une vigne "sôrech" », c’est-à-dire : "choisie" (sur Jr 2, 21)661.

Dans les autres cas, Jean Chrysostome se contente de paraphraser l’hébreu pour

montrer les écarts qui existent entre hébreu et grec :

− sur Comment as-tu tourné à l’aigre, vigne étrangère ? (Jr 2, 21) : JO JEbrai'o":

« jEstravfh" moi eij" spevrma ajmpevlou ajllotriva" » i{na ei[ph/: ta; me;n

ejma; novmima parecavraxa", toi'" de; tw'n ejqnw'n e[qesin ejxhkolouvqhsa".

L’hébreu < a > : « Tu t'es tourné pour moi en semence de vigne étrangère », pour

dire : « tu as falsifié mes législations et tu as suivi de près les coutumes des

nations » ;

− sur Vois tes chemins dans la foule des mâles… (Jr 2, 23) : Poluavndrion de; oJ

JEbrai'o" oujk e[cei ajll j « jIde; to;n tovpon tou' Gai? », levgei de; ejn w|/ pro;"

ta;" qugatevra" tw'n Madianitw'n ejktrapevnte", eij" eijdwlolatreivan

ejxwvkeilan. « L’hébreu n’a pas foule des mâles, mais : « Vois le lieu de Gaï » ; et

il désigne l’endroit où après s’être détournés vers les filles des Madianites, ils

avaient dérivé vers l’idolâtrie » ;

− sur Tard elle a exprimé un gémissement (Jr 3, 23) : Kata; to;n JEbrai'on ou{tw"

e[cei: « JW" prwtovtokon moscavrion skirta'/. ». Dans l’hébreu, on a :

« Comme un veau premier-né regimbe » ;

− sur Ses chemins, elle les prolongeait jusqu’aux eaux du désert (Jr 3, 24) : Kata;

to;n JEbrai'on ou{tw" kei'tai: « JW" davmali" dedidagmevnh ejn panerhvmw/

a{llesqai». Dans l’hébreu, on a : « Comme une génisse à qui l’on a appris à

sauter en plein désert. » ;

− sur Entre les désirs de son âme elle était ballottée (Jr 3, 24) : jAkolouvqw" oJ

JEbrai'o" e[cei: « Kai; ejn tw'/ qelhvmati th'" yuch'" aujtou' badivzei pro;"

e{kaston klivma ». Ensuite, l’hébreu a : « Et dans la volonté de son âme, elle

marche vers chaque pente. » ;

661 Pour l’interprétation patristique du mot hébraïque Sorec, cf. R. Roukema, « L’interprétation patristique de quelques mots hébraïques de la Septante », in L'apport de la Septante aux études sur l'Antiquité, J. Joosten et Ph. Le Moigne (dir.), Paris 2005, pp. 282-284. La traduction par "choisie" (ejklekthv) proviendrait de Symmaque selon Eusèbe et Jérôme.

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321

− sur Dans son abaissement ils la trouveront (Jr 3, 24) : JO JEbrai'o": « jEn tw'/

ajrotria'n euJrhvsousin aujthvn », toutevstin: ejn th'/ diafqora'/ aujth'". L’hébreu

a : « En labourant, ils la trouveront », c’est-à-dire : dans un état de destruction ;

− sur Détourne ton pied du chemin raboteux et ta gorge de la soif (Jr 3, 25) : Kata;

mevntoi to;n JEbrai'on ou{tw" e[cei: « jApovstreyon to;n povda sou tou'

peripatei'n ajnupovdeto" kai; th;n fwnhvn sou ajpo; klauqmou' », toutevsti:

metabalou' th;n gnwvmhn w{ste mh; aijcmavlwton genevsqai kai; penqei'n ejpi;

toi'" katalabou'si kakoi'". Dans l’hébreu pourtant, on a : « Détourne ton pied

d’une promenade pieds nus et ta voix du gémissement », c’est-à-dire : change

d’avis pour ne pas devenir captif et te lamenter sur les malheurs qui se sont

emparés de toi.

Dans le dernier cas, Jean Chrysostome précise que malgré l’écart entre le sens littéral

de l’hébreu et le sens littéral du grec, la même idée est conservée (Swv/zetai de; ejn eJkatevrw/

hJ e[nnoia hJ aujthv). Pour un seul cas (sur Elle a été livrée : qui la ramènera ?), Jean

Chrysostome dit que le grec est, pour la lettre et pour le sens, conforme à l’hébreu.

Les écarts entre l'hébreu et le grec signalés par Jean Chrysostome dans la chaîne à

deux auteurs sont récapitulés dans le tableau suivant :

Réf. en hébreu en grec

Jr, 1, 11 "de veille" ou "d'amandier" "de noyer"

Jr 2, 21a "choisie" "vraie"

Jr 2, 21b "Tu t'es tournée pour moi en semence de

vigne étrangère"

"Comment as-tu tourné à l'aigre, vigne

étrangère ? "

Jr 2, 23b "Vois le lieu de Gaï" "Vois tes chemins dans la foule de mâles"

Jr 2, 23c "comme un veau premier-né regimbe" "tard elle a exprimé un gémissement avec sa

voix "

Jr 2, 24a "comme une génisse à qui l'on a appris à

sauter en plein désert"

"elle les prolongeait jusqu'aux eaux du désert"

Jr 2, 24b "et dans la volonté de son âme, elle marche

vers chaque pente"

"entre les désirs de son âme elle était

ballottée"

Jr 2, 24c "en labourant, ils la trouveront" "dans son abaissement ils la trouveront"

Jr 2, 25a "détourne ton pied d'une promenade pieds

nus et ta voix du gémissement"

"détourne ton pied du chemin raboteux et ta

gorge de la soif"

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Ainsi, contrairement à la chaîne à auteurs multiples, qui ne contient qu’une allusion au

texte hébreu dans un extrait de Théodoret, la chaîne à deux auteurs présente plusieurs cas de

comparaison entre l’hébreu et le grec dans des remarques toujours attribuées à Jean

Chrysostome. Par ces comparaisons, l’exégète se contente de constater les écarts qui

existent entre les deux textes, mais il ne porte aucun jugement de valeur sur l’une ou l’autre

des versions du texte biblique.

Si la chaîne à auteurs multiples n’a pas recours à l’hébreu, elle cite en revanche,

contrairement à la chaîne à deux auteurs, les versions d'Aquila et de Symmaque, le plus

souvent dans des extraits attribués à Victor d’Antioche (cf. extraits 83b, 85b, 95, 123c,

200b), mais aussi dans l’extrait 87a de Jean Chrysostome, 211b d'Eusèbe et dans l’extrait

anonyme 221c. Dans les extraits 87a de Jean Chrysostome et 123c de Victor, le nom des

réviseurs n’est pas précisé : on a respectivement kata; tou;" loipouv" et a[llo" ; dans les

extraits 95 et 211b, seul Aquila est nommé, tandis que dans tous les autres cas, les deux

réviseurs le sont, qu’ils donnent la même variante (cf. extraits 83c et 85b) ou des variantes

distinctes (cf. extraits 200b et 221c).

Dans la chaîne à deux auteurs, on ne trouve qu'une seule allusion aux réviseurs, dans

l'extrait de Jean Chrysostome sur Jr 1, 11, c'est-à-dire la leçon "d'amandier" au lieu de "de

noyer". Le nom des réviseurs n'est pas précisé (tine") et la leçon est tout de suite mise en

relation avec le texte hébreu qui la justifie. Les versions sont donc utilisées seulement pour

témoigner d'un sens de l'hébreu.

3) Le problème de la traduction du texte biblique

Outre ces écarts dans le recours à l’hébreu et aux versions grecques, les extraits de

l’une et l’autre chaîne n’emploient pas la même terminologie pour évoquer les problèmes

liés à la traduction du texte biblique.

Dans la chaîne à auteurs multiples, en particulier dans les extraits de Victor

d’Antioche, le terme utilisé pour désigner le processus de traduction est le verbe

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ejkdivdwmi662. Ce verbe désigne en fait précisément le passage du texte grec de l’Écriture aux

versions des réviseurs et cette traduction entraîne une nouvelle signification que l’exégète

souligne par le verbe shmaivnw :

− Kai; jWshe; dev fhsin oJ profhvth" « jWlovluzon ejpi; tai'" koivtai" aujtw'n »,

o{per jAkuvla" kai; Suvmmaco" « ajselgw'" ejlavlhsan » ejxevdwkan, povrnou"

aujtou;" ei\nai shmaivnonte" « Et le prophète Osée dit : « Ils hurlaient sur leurs

couches », ce qu’Aquila et Symmaque ont rendu par : « Ils ont parlé de manière

impudique », signifiant qu’il s’agissait de prostitués » (extrait 85b) ;

− To; ajndriou'mai th;n ejn kakoi'" ajnaidh; filoneikivan dhloi': oJ de; jAkuvla"

ejxevdwken « ajpevgnwn sou » h[goun « ajphvlpisa », th;n ejk Qeou' shmaivnwn

ajpovstasin « Je serai forte comme un homme montre la jalousie effrontée dans

les actes mauvais. Mais Aquila a rendu par : « j’ai renoncé à toi », c’est-à-dire

« j’ai désespéré », signifiant l’éloignement par rapport à Dieu (extrait 95) ;

− [Allo" dev, ajnti; tou' ejmivana", Jejfonoktovnei" j ejxevdwken dia; to; quvein

ajnqrwvpou" toi'" meq j w|n ejpovrneue daivmosi « Et un autre, pour tu as souillé, a

rendu par "tu as tué par meurtre", parce qu’elle sacrifiait des hommes aux démons

avec lesquels elle se prostituait » (extrait 123c). Ici, c’est le complément de cause

introduit par diav qui joue le rôle du verbe shmaivnw et justifie la traduction du

réviseur.

Seule la scholie 200b de Victor cite les leçons des révisions sans préciser ou justifier

leur sens.

L’extrait 211b d'Eusèbe est un peu différent dans sa conception des rapports entre les

textes hébreu et grecs (Septante et versions). Pour lui, la lettre exacte (ajkribw'") de

l’Écriture est le texte hébreu auquel on peut avoir accès grâce aux révisions juives et en

particulier à Aquila. La Septante, pour Eusèbe, est seulement une traduction, parfois

obscure, et c'est l'original hébreu qui est le plus précis et le plus exact. La version d'Aquila

lui permet ici de confirmer l'idée que c'est Jérusalem qui parle en se plaignant de sa propre

destruction. Dans d’autres passages de son œuvre, Eusèbe insiste sur la clarté des révisions

qui « laisse transparaître le mystère du Christ et celui de la vocation des nations beaucoup

662 Cf. extraits 85b, 95, 123c et 200b.

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plus nettement que ne le faisait la traduction des Septante. Par contraste, celle-ci semble

"obscure" et Eusèbe oppose au moins cinq fois – trois fois dans le Commentaire du Psautier

et deux fois dans la Démonstration évangélique – la manière obscure (ajsafw'") dont les

Septante s'étaient exprimés à la manière plus limpide (leukovteron) ou plus claire

(safevsteron) dont "les autres" et plus spécialement Symmaque ont rendu l'hébreu. »663

Les passages de la chaîne à deux auteurs qui explicitent les problèmes de traduction

sont beaucoup plus nombreux que dans la chaîne à auteurs multiples et témoignent d'une

perception différente des versions du texte de l'Écriture. Le terme employé pour désigner le

processus de traduction est d’une part eJrmhneuvw et non ejkdivdwmi. Ce terme a d'autre part

des sens plus variés, car il désigne soit la traduction de l'hébreu en grec par les réviseurs (cf.

extrait de Jean Chrysostome sur Jr 1, 11), soit la traduction de l'hébreu par les Septante (cf.

extrait non attribué sur Jr 2, 23b), soit la traduction syriaque de l'hébreu (cf. extrait de

Théodoret sur Jr 3, 3), soit tout simplement le sens de l'hébreu, c'est-à-dire la manière dont

on peut le traduire, l'interpréter (cf. extrait de Jean Chrysostome sur Jr 2, 18).

La perspective des extraits qui s'intéressent aux problèmes de traduction est avant tout

comparative : l'exégète compare ce qu'il y a dans l'un et l'autre texte (ejkei' / ejntau'qa …

ejpi; th'/ tw'n patevrwn ejklogh/' dans le deuxième extrait de Jean Chrysostome sur Jr

2, 21). Il observe si le grec suit littéralement l'hébreu (ajkolouvqw" kata; th;n tw'n

jEbraivwn cf. extrait de Jean Chrysostome sur Jr 2, 24c). Le sens de l'adverbe ajkolouvqw"

me paraît délicat dans ce passage de la chaîne (sur Jr 2, 18-25) où Jean Chrysostome

confronte les textes hébreu et grec. Il apparaît deux fois au début de remarques qui sont

attribuées à Jean Chrysostome et qui mettent en valeur le sens de l'hébreu664. L'adverbe peut

avoir, pour la première occurrence, le sens banal de "ensuite", mais il doit alors être compris

non pas par rapport à ce qui précède immédiatement (le même lemme dans la version

grecque), mais par rapport à la précédente remarque sur l'hébreu qui intervient un peu plus

haut et qui cite le lemme précédent selon l’hébreu. L'exégète donne en effet une traduction

suivie de l'hébreu sur tout ce passage dans cinq remarques qui s'ajoutent à l'alternance

663 D. Barthélemy, « Eusèbe, la Septante et "les autres" », in La Bible et les Pères, Colloque de Strasbourg (1er-3 octobre 1969), Paris 1971, p. 55 = D. Barthélemy, in Études d’histoire du texte de l’Ancien Testament, Orbis biblicus et orientalis 21, Göttingen 1978, p. 183. 664 Cf. éd. chaîne à deux auteurs, p. 30.

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systématique et régulière des deux auteurs de la chaîne. Mais l'adverbe pourrait aussi

signifier la cohérence, la conformité entre l'hébreu et le grec sur ce passage. Il faudrait alors

le comprendre par rapport au lemme biblique grec qui précède : « Conformément au grec,

l'hébreu a, etc. ». Pour la deuxième occurrence de l'adverbe, le sens de "ensuite" me paraît

exclu du fait de la syntaxe et de la suite de la phrase, puisque la traduction du texte hébreu

n'est pas donnée. Je crois que l'on est alors obligé de comprendre que le lemme grec est

conforme au sens de l'hébreu, c'est-à-dire que les deux versions du texte biblique sont

cohérentes. L'exégète développe ensuite le sens du texte dans une paraphrase. Je n’ai pas

trouvé d’autres occurrences d’un tel emploi de l’adverbe ajkolouvqw". Jean Chrysostome

signale enfin que même quand le texte grec ne suit pas littéralement l'hébreu, il peut être

conforme au sens de l'hébreu (cf. extrait sur Jr 2, 25a).

Le texte grec est nommé oiJ JEbdomhvkonta (les Septante)665 ou oJ JEllhnikov"666,

tandis que le texte hébreu est nommé oJ JEbrai'o"667 ; les deux textes sont le plus souvent mis

en regard. Par ailleurs, pour mieux saisir la réalité d'un mot difficile du texte grec, l'exégète

s'essaie parfois à trouver les équivalences du mot en hébreu, en syriaque et en grec668. L'idée

ou le sens du texte sont évoqués par les termes : hJ e[nnoia669 ou tw'n rJhmavtwn hJ

diavnoia670. Dans la chaîne à deux auteurs, Jean Chrysostome a ainsi le souci de signaler les

écarts entre l'hébreu et le grec pour enrichir son interprétation du texte de l'Écriture.

Comme dans le Commentaire sur Isaïe de Théodoret, les allusions à l'hébreu et aux

versions dans l'une et l'autre chaîne ont le rôle d'un apparat critique, « non pas vraiment

destiné à amender le texte du lemme, mais à l’éclairer en offrant un début d’explication : la

seule juxtaposition des variantes d’un même passage permet une meilleure intelligence du

texte. »671

665 Cf. kata; tou;" JEbdomhvkonta dans l’extrait de Théodoret sur Jr 1, 12. 666 Cf. extrait de Jean Chrysostome sur Jr 2, 24c. Il est intéressant de noter que l'adjectif substantivé oJ JEllhnikov" pour désigner le texte grec n'apparaît chez Jean Chrysostome que dans son Commentaire sur Jérémie, où l'expression est très fréquente. 667 Cf. extraits de Jean Chrysostome sur Jr 1, 11 et 2, 24c. L'adjectif substantivé oJ JEbrai'o" pour désigner le texte hébreu apparaît plus de 90 fois dans le corpus chrysostomien, contrairement à oJ JEllhnikov". 668 Cf. extrait de Jean Chrysostome sur 2, 22. 669 Cf. extraits de Jean Chrysostome sur Jr 2, 24c et 2, 25a. 670 Cf. extrait de Jean Chrysostome sur Jr 2, 24c. 671 Théodoret, Commentaire sur Isaïe, éd. J.-N. Guinot, SC 276, t. I, Paris 1980, p. 55.

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4) L'usage des citations

Les exégètes chrétiens s’attachent à souligner l’unité de l’Écriture : elle révèle

l’économie divine, c’est-à-dire un plan cohérent de Dieu à l’égard de l’humanité. La Bible

doit donc être expliquée par la Bible : toutes ses parties sont nécessairement en consonance

les unes avec les autres. De là vient l’importance des citations scripturaires dans les œuvres

exégétiques des Pères672.

Dans la chaîne à auteurs multiples, il y a 70 extraits sur 391 qui livrent une ou

plusieurs citations de l'Ancien ou du Nouveau Testament, soit 18 %673. Dans la chaîne à

deux auteurs, il y en a 27 sur 161, soit environ 17 %674. Les proportions sont donc à peu près

équivalentes même si les citations de l'Ancien et du Nouveau Testament sont, en nombre

absolu, beaucoup plus nombreuses dans la chaîne à auteurs multiples que dans la chaîne à

deux auteurs, comme en témoigne le tableau suivant.

Références Chaîne à deux auteurs Chaîne à auteurs multiples

sur Jr 1 8 citations (6 AT, 2 NT) 36 citations (16 AT, 20 NT)

sur Jr 2 20 citations (17 AT, 3 NT) 39 citations (32 AT, 7 NT)

sur Jr 3 6 citations (4 AT, 2 NT) 31 citations (14 AT, 17 NT)

sur Jr 4 9 citations (7 AT, 2 NT) 31 citations (15 AT, 16 NT)

672 Cf. G. Dorival, « Sens de l’Écriture-Pères grecs », in SDB, t. XII, Paris 1996, col. 429-430. 673 Extraits 7b, 7e, 8a, 8c, 9b, 11b, 11d, 12, 14a, 14b, 14c, 16a, 16b, 19c, 19f, 21, 22a, 25b, 28b, 35b, 52b, 59b, 61b, 64b, 75b, 79b, 80b, 82, 93, 101b, 104a, 109a et b, 110b, 116b, 116c, 118b, 122, 123b, 129b, 130b, 131a, 135a, 140a, 143a b c, 150c, 151a, 161a, 161b, 162a, 165, 169, 170, 171a, 175a, 175b, 182, 186a, 188, 195a, 203, 204a, 221a, 221c, 223b, 226b, 239a, 241d. 674 Extraits de Théodoret sur Jr 1, 4-5, Jr 1, 7, Jr 1, 8, Jr 1, 12 ; Jr 1, 19 ; Jr 2, 2 ; extraits de Jean Chrysostome et Théodoret sur Jr 2, 3 ; extraits de Théodoret sur "prémices de ses créatures" et sur la fin de Jr 2, 3 ; extrait de Théodoret sur Jr 2, 10-11 ; extrait de Jean Chrysostome sur Jr 2, 21 ; extraits de Jean Chrysostome et de Théodoret sur la fin de Jr 2, 21 ; extrait de Théodoret sur Jr 2, 23c ; extrait de Théodoret sur Jr 2, 24c ; extrait de Théodoret sur Jr 2, 33 ; extrait de Théodoret sur Jr 3, 3 et 3, 4 ; extrait non attribué sur Jr 3, 13b ; extrait de Théodoret sur Jr 3, 14-15 ; extrait non attribué sur Jr 3, 25 ; extrait non attribué sur le début de Jr 4 ; extrait de Théodoret sur Jr 4, 4 ; extrait de Jean Chrysostome sur Jr 4, 11 ; extraits de Théodoret sur Jr 4, 15 et 4, 16-17.

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On note que les citations de la chaîne à deux auteurs sont majoritairement tirées de

l'Ancien Testament (34 contre 9 pour le Nouveau Testament), tandis qu'il y a un équilibre

assez bien respecté dans la chaîne à auteurs multiples : 77 citations tirées de l'Ancien

Testament et 60 du Nouveau. Ainsi, la chaîne à deux auteurs est moins clairement tournée

vers le Nouveau Testament. Il y a quelques interprétations typologiques donnant les

implications du texte dans le Nouveau Testament, mais la priorité est donnée à l'élucidation

du caractère historique de la prophétie.

5) Autres éléments spécifiques à l’une ou l’autre chaîne

Chacune des chaînes présente des approches exégétiques qui lui sont proches.

La composition et la structure du livre sont mises en valeur dans les extraits

patristiques de la chaîne à deux auteurs. Jean Chrysostome et Théodoret s’appliquent à

paraphraser le texte et soulignent les différentes articulations de celui-ci, comme en

témoignent les emplois fréquents de ei\ta dans les annonces par Théodoret du lemme

biblique qui va suivre675, mais aussi dans divers extraits des deux auteurs676. Jean

Chrysostome porte une attention toute particulière à la délimitation et à la définition de la

préface du livre (prografhv), comme le montrent les phrases introductives des quatre

premiers extraits qui lui sont attribués :

− Tou'tov ejsti prografh; tou' biblivou.

− Kai; tou'to th'" prografh'" ejsti tou' biblivou.

− Kai; tou'to th'" prografh'" ejsti tou' biblivou.

− Au{th mevn ejstin hJ ajrch; tou' biblivou, oujc au{th de; th'" profhteiva" hJ

ajrchv.

Ainsi, la préface du livre inclut les trois premiers lemmes, soit les versets 1 à 3 du

chapitre 1. Ensuite, il y a le début du livre de 1, 4 à 2, 2, puis le début de la prophétie en 2, 2

675 Annonces de Jr 1, 3 ; de Jr 1, 15 ; de Jr 2, 5 ; de Jr 2, 7 ; de Jr 2, 14 ; de Jr 2, 17 ; de Jr 2, 28 ; de Jr 3, 5c et de Jr 4, 28. 676 Extraits de Jean Chrysostome et Théodoret sur Jr 1, 5 ; extrait de Théodoret sur Jr 2, 9 ; transition de Théodoret entre Jr 3, 6 et Jr 3, 7 ; extrait de Théodoret sur Jr 3, 9 ; extraits de Jean Chrysostome sur Jr 4, 3-4 et Jr 4, 20-21 ; annonce non attribuée de Jr 4, 30 et extrait non attribué sur Jr 4, 31.

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( jEnteu'qen hJ ajrch; tw'n lovgwn tou' profhvtou tw'n pro;" to;n laovn). Ce souci de la

composition et de la structure du texte n'apparaît pas dans la chaîne à auteurs multiples.

Dans la chaîne à auteurs multiples, le caténiste met en valeur dans sa sélection tous les

extraits qui offrent de Dieu une image humaine en le comparant à un médecin (extraits 5, 24

et 27a), à un potier (extrait 8b), à un maître d’école (extrait 179), à un père (extraits 32a,

151a et 153), à un cultivateur (extraits 79a et 80a), à un amoureux ou un mari trompé

(extraits 83a et 130a), à un entraîneur sportif (extrait 28a), etc. Dans cette chaîne, les Pères

font en outre souvent parler Dieu au discours direct677. Il y a une forte insistance sur le ton

du discours, qu’il soit doux, violent, propre à faire honte, etc. : « Ce sont les paroles de

quelqu'un qui a pitié… de quelqu'un qui plaint… » ( jEleou'ntov" ejstin, oujci;

kathgorou'nto" tau'ta, talanivzonto", oujk ejpembaivnonto")678, « C'est presque le fait

d'un homme qui se lamente » (Mononouci; ajpoduromevnou ejstiv)679, « Ce sont les mots de la

colère » (ajlla; qumou' ta; rJhvmata)680, « ce sont les mots d'un amoureux trompé » ( JOra'/"

ejrastou' hjdikhmevnou rJhvmata)681, « c'est comme à une femme ivre… qu'il s'adresse »

(Kaqavper pro;" gunai'ka mequvousan kai; oujk eijdui'an a{per e[praxen ou{tw

dialevgetai)682, « vois que le discours est à nouveau adouci » ( {Ora pavlin uJfeivmenon to;n

lovgon)683 ; « [Dieu] parle comme un homme outragé et trompé » (wJ" uJbrismevno" kai;

hjdikhmevno" dialevgetai), selon l’extrait 130a de Jean Chrysostome684 ; plusieurs extraits

de la chaîne à auteurs multiples s’attachent à expliciter les locuteurs, comme les extraits 60

de Jean Chrysostome et 68b d’Isidore de Péluse : « dit au peuple inconstant le prophète, ou

plutôt Dieu à travers celui-ci » (pro;" to;n palivstrofon lao;n oJ profhvth", ma'llon de;

di j ejkeivnou Qeov").

D’autre part, dans la chaîne à auteurs multiples, les exégètes sont soucieux de l'utilité

de la prophétie de Jérémie pour la vie de leurs contemporains, comme le montrent en

particulier deux passages du prologue de Jean Chrysostome : « [Il faut dire quelle est la 677 Cf. extraits 11a, 11c, 12, 29, 52a, 52b, 53, 118a, etc. 678 Cf. extrait 61a. 679 Cf. extrait 66a. 680 Cf. extrait 82. 681 Cf. extrait 83a. 682 Cf. extrait 85a. 683 Cf. extrait 105. 684 Cf. aussi les extraits 130c de Théodoret, 184 et 203 de Jean Chrysostome.

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prophétie] … et ce qu'on peut en tirer d'utile pour la vie » (tiv labei'n e[stin ejk tauvth"

eij" to;n bivon wjfevlimon) et « c’est en vue d’un redressement des mœurs et d’un

changement en mieux » (diorqwvsew" hjqw'n e{neka kai; th'" ejpi; to; krei'tton

metabolh'"). Les reproches sont d'abord adressés au peuple d’Israël, mais se présentent

aussi comme des avertissements aux chrétiens : « Peut-être le discours s'adresse-t-il aussi à

nous : Revenez vraiment, fils » (Tavca kai; pro;" hJma'" oJ lovgo" ei[rhtai: jEpistravfhte

uiJoi; ejpistrevfonte")685. Cette ouverture au peuple chrétien est absente de la chaîne à deux

auteurs.

Outre ces caractéristiques ponctuelles qui les distinguent, les deux chaînes s’opposent

dans leurs tendances exégétiques d’ensemble.

B. Chaîne antiochienne et chaîne mixte

Les deux chaînes sur Jérémie ont comme auteur principal un exégète antiochien. La

chaîne à auteurs multiples s'organise en effet autour de l'auteur privilégié qu'est Jean

Chrysostome et la chaîne à deux auteurs accorde une place aussi centrale à Théodoret de

Cyr qu’à Jean Chrysostome.

La différence vient de ce que, dans la chaîne à auteurs multiples, Jean Chrysostome est

complété par des auteurs antiochiens (Théodoret de Cyr, Victor d'Antioche…) et

alexandrins ou marqués par l’exégèse alexandrine (Origène, Eusèbe de Césarée,

Olympiodore d'Alexandrie), ce qui permet au caténiste de présenter un panorama plus varié

de l'exégèse ancienne du livre de Jérémie. Ainsi, on aurait d'un côté une chaîne purement

antiochienne et de l'autre, une chaîne mixte mêlant exégèse allégorique et historico-littérale,

c’est-à-dire, d’après les catégories de la critique contemporaine, Antiochiens et Alexandrins.

685 Extrait 157b ; cf. aussi extraits 131a et 156a.

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1) La figure du prophète Jérémie

Les deux chaînes insistent sur les étapes de la vocation du prophète : dans un premier

temps, la connaissance, et dans un deuxième temps, la consécration686. La chaîne à deux

auteurs ajoute l’idée que le prophète reçoit « une double grâce, sacerdotale et prophétique »

(Diplh'" cavrito" iJeratikh'" kai; profhtikh'")687, et donc une double vocation :

« puisque l'on peut être mis à part et pour les prêtrises et pour d’autres services, après avoir

montré le mode de la mise à part, il dit : prophète pour des nations je t’ai institué » (ejpeidh;

e[stin ajforisqh'nai kai; eij" iJerateiva" kai; eij" a[lla" tina;" uJpourgiva" deiknu;" tou'

ajforismou' to; ei\do", fhsiv: profhvthn eij" e[qnh tevqeikav se)688.

Dans tout le début du livre de Jérémie, et en particulier dans le passage concernant la

mission du prophète (Jr 1, 4-19), la chaîne à auteurs multiples, à travers les extraits

sélectionnés, insiste sur la figure parallèle de Paul, tandis que la chaîne à deux auteurs

privilégie de manière très nette la comparaison avec Moïse.

L'insistance sur la figure de Paul, dans la chaîne à auteurs multiples, est marquée par la

fréquence des citations des lettres pauliniennes, et en particulier par la reprise de la citation

de Gal 1, 15 dans les extraits 7b, 8c et 9b suggérant l'adéquation parfaite entre la situation

de Paul que Dieu a séparé du sein de sa mère afin qu'il évangélise les nations (cf. Gal 1, 15)

et la situation de Jérémie que Dieu connaît avant même sa naissance et qu'il consacre

prophète pour les nations (Cf. Jr 1, 5). Il faut noter, par rapport à la chaîne à deux auteurs,

l'absence de l'allusion à Moïse sur Jr 1, 6 : la chaîne à auteurs multiples ne reprend pas le

passage du Commentaire de Théodoret, dans lequel celui-ci évoque tout d'abord, à propos

de la manière dont Jérémie s'adresse à Dieu (Toi qui es, Maître, Seigneur), le passage

parallèle d'Ex 3, 14 où Dieu révèle son nom à Moïse (Je suis celui qui est) et explique

ensuite comment Jérémie imite (mimei'tai) la crainte de Moïse, lorsqu'il dit : Voilà, je ne

sais pas parler car je suis trop jeune. Dans la chaîne à auteurs multiples, la seule allusion à

Moïse concernant la vocation du prophète apparaît dans l'extrait 11d de Victor, très proche

de l'extrait de Théodoret sur Jr 1, 8 dans la chaîne à deux auteurs ; or elle est immédiatement

686 Cf. extraits 7c, 8a et extrait de Théodoret sur Jr 1, 5. 687 Cf. extrait de Théodoret sur Jr 1, 1. 688 Cf. extrait de Jean Chrysostome sur Jr 1, 4.

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331

suivie d'une allusion à la promesse faite par le Christ aux apôtres. Ce prolongement dans le

Nouveau Testament réduit l'importance du parallèle avec Moïse et montre qu'il s'agit

simplement de donner quelques correspondances dans l'Écriture.

Dans la chaîne à deux auteurs, le projet du caténiste semble être d'insister sur la

proximité des situations du prophète Jérémie et du patriarche Moïse à qui Dieu demande

d'aller trouver Pharaon et qui réagit craintivement, comme le prophète qui invoque le

prétexte de la jeunesse689. La proximité entre le prophète et le patriarche est mise en valeur

par l'emploi du verbe mimei'tai. On ne trouve, dans les extraits sur ce passage, aucune

allusion à Paul.

Dans les extraits sélectionnés sur Jr 2, les allusions à Moïse foisonnent dans la chaîne à

deux auteurs, comme en témoignent les nombreuses citations du Pentateuque ; elles sont

présentes, mais dans une moindre mesure, dans la chaîne à auteurs multiples.

Dans les extraits sélectionnés sur Jr 3, il y a six allusions à Paul dans la chaîne à

auteurs multiples, alors qu’il n’y en a qu’une dans la chaîne à deux auteurs. Plus

précisément, sur l'exemple de la femme répudiée (Jr 3, 1), la chaîne à deux auteurs fait

référence au contexte du Deutéronome de manière très précise, tandis que le même contexte

est mis en place de manière beaucoup plus floue dans la chaîne à auteurs multiples et la

figure de Moïse, bien présente à cet endroit dans la chaîne à deux auteurs, n'apparaît pas

dans la chaîne à auteurs multiples.

Il semble même que les caténistes sélectionnent les œuvres de manière à souligner

l’une ou l’autre des figures auxquelles peut être comparé Jérémie. Dans la chaîne à auteurs

multiples, pour l’extrait 165 d’Origène sur Jr 3, 25 tiré de l’Hom. V, §8, 5-31, l’exemple de

Moïse, présent dans la tradition directe, n’est pas repris dans la chaîne. On pourrait

légitimement se demander s'il n'y a pas là une volonté d’insister sur les liens entre Jérémie

et Paul plutôt que sur la proximité entre le prophète et le patriarche. À l'inverse, dans la

chaîne à deux auteurs, il semble que le caténiste efface le parallélisme avec Paul au profit

d'une comparaison avec le patriarche Moïse, comme en témoigne l'exemple de l'extrait de

Théodoret sur Jr 1, 4-5 : l'extrait s'arrête sur l'idée que Jérémie a prophétisé pour les Juifs et

pour les nations. Or, dans la chaîne à auteurs multiples, le même passage du Commentaire

689 Cf. extraits de Théodoret sur Jr 1, 6 et 1, 8.

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de Théodoret est cité dans l'extrait 9b. L'idée que Jérémie a prophétisé pour les Juifs et pour

les nations est présente dans les mêmes termes, mais elle est immédiatement suivie d'une

allusion à Paul avec l’appui de la citation de Gal 1, 15. Il est possible que le caténiste de la

chaîne à deux auteurs ait fait le choix d'effacer la figure de Paul, en imposant cette limite à

l'extrait de Théodoret. Il est cependant possible aussi que ces lacunes ne soient pas le

résultat d’un choix délibéré du caténiste, mais soient liées à l’état de la tradition directe à

laquelle celui-ci se référait.

Les deux chaînes ne proposent donc pas le même portrait du prophète Jérémie : la

chaîne à auteurs multiples le compare à l’apôtre Paul, tandis que la chaîne à deux auteurs

privilégie les éléments qui le rapprochent du patriarche Moïse.

2) Les exégèses des visions et des images : accueil ou refus de

l'interprétation allégorique ?

Il apparaît, dès la première lecture, que la chaîne à deux auteurs s'en tient aux

interprétations historico-littérales, tandis que la chaîne à auteurs multiples n'hésite pas à

compléter les interprétations historiques par des interprétations allégoriques.

Par exemple, la vision du chaudron brûlant (lemmes 22-23 = Jr 1, 13) est traitée de

manière très différente dans les deux types de chaînes : dans la chaîne à auteurs multiples, le

Nord est d'abord assimilé au Babylonien (extrait 23b d'Olympiodore), ce qui relève d'une

exégèse historique. Mais il est ensuite, selon le sens profond (pro;" diavnoian) ou selon le

sens spirituel (kata; qewrivan), interprété comme étant le diable (extrait 23b

d'Olympiodore), Satan lui-même (extrait 22a d'Origène) ; de même le chaudron, assimilé

selon la lettre (kata; to; gravmma) à Jérusalem (extrait 22b d'Olympiodore) désigne, selon le

sens spirituel, ceux qui n'observent pas leur cœur d'une surveillance absolue (extrait 22a

d'Origène), la conscience qui s'éprouve elle-même (extrait 22b d'Olympiodore) ; dans la

chaîne à deux auteurs, le feu qui vient du Nord désigne uniquement Babylone et le

chaudron, Jérusalem. Les deux extraits de Jean Chrysostome et de Théodoret de Cyr s'en

tiennent à cette interprétation historique de la vision du chaudron qui annonce l'attaque de

Jérusalem par Babylone.

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À propos de l'eau du Gêôn et du chemin des Assyriens (lemmes 68-70 = Jr 2, 18), la

chaîne à deux auteurs évoque seulement les alliances militaires conclues par Israël avec les

Égyptiens et les Assyriens, tandis que la chaîne à auteurs multiples ajoute à cette

interprétation historique, qui apparaît de manière plus floue dans l'extrait 68a de Jean

Chrysostome, les interprétations allégoriques d'Olympiodore (extraits 69a et 70) : le Gêôn

est l'erreur polythéiste des Égyptiens et les fleuves des Assyriens sont les multiples

apparences du mal.

On trouve un exemple similaire avec le lion envahisseur au lemme 186 (Jr 4, 7) : dans

la chaîne à auteurs multiples, le lion désigne, selon l'interprétation sensible (aijsqhtw'") ou

selon le sens historique (kaq j iJstorivan), le Babylonien (extraits 186a d'Origène et 186b

d'Olympiodore), et selon le sens figuré (tropikw'"), le diable (extraits 185 d'Olympiodore et

186a d'Origène) ; dans la chaîne à deux auteurs en revanche, on ne trouve que

l'interprétation historique selon laquelle l'antre du lion est Babylone et le lion lui-même

Nabuchodonosor. Un seul court extrait attribué à Théodoret est consacré à l'interprétation de

cette image, alors qu’il y en a trois dans la chaîne à auteurs multiples.

La voix du messager provenant de Dan (lemme 205 = Jr 4, 15) annonce, dans la chaîne

à auteurs multiples, la conquête du pays par les Babyloniens puis les Romains, mais aussi la

venue de l'Adversaire (extrait 205 d'Olympiodore), tandis que, dans la chaîne à deux

auteurs, on trouve seulement l'interprétation historique selon laquelle Dan est l'endroit à

partir duquel le Babylonien a mené son expédition contre Jérusalem. On remarque que

l'interprétation historique elle-même est réduite, puisqu'il n'est pas fait mention des

Romains. Il est clair que la chaîne à deux auteurs se contente de donner une clé de lecture du

passage, tandis que la chaîne à auteurs multiples tente de présenter au lecteur un panorama

aussi varié et complet que possible des exégèses tant historico-littérales qu'allégoriques.

Enfin, la fuite dans les cavernes, dans les bois sacrés et sur les rochers (lemmes 230-

234 = Jr 4, 29) donne lieu à une interprétation littérale de type paraphrastique dans la chaîne

à deux auteurs, tandis qu'il faut comprendre le passage selon une double interprétation dans

la chaîne à auteurs multiples, c'est-à-dire selon l'interprétation sensible (aijsqhtw'") ou selon

le sens historique (kata; iJstorivan), comme l'expose Olympiodore dans les extraits 231 et

234 sans donner plus de précisions, mais aussi selon le sens figuré, cette fuite signifiant la

déroute devant le combat ininterrompu contre les ennemis invisibles (extrait 231

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d'Olympiodore), les cavernes désignant les manières de brigands du peuple de Dieu (extrait

232 d'Olympiodore), les bois sacrés représentant leurs actes obscurs (extrait 233

d'Olympiodore) et les rochers leurs occupations stériles et inconstantes (extrait 234

d'Olympiodore).

Il faut toutefois noter quelques exceptions : les citernes brisées du lemme 63 (Jr 2, 13)

donnent lieu à une même interprétation allégorique dans la chaîne à deux auteurs (extrait de

Théodoret sur Jr 2, 13) et dans la chaîne à auteurs multiples, c’est-à-dire qu’elles désignent

les idoles. La chaîne à auteurs multiples ajoute simplement une deuxième interprétation

allégorique en expliquant que les citernes désignent aussi les démons (extrait d'Apolinaire

63b) ; de même, les bergers auxquels Israël s'est prostituée (lemme 119 = Jr 3, 1) désignent,

selon l'extrait de Jean Chrysostome dans la chaîne à deux auteurs, les rois égyptiens et

assyriens « car par "bergers", il entend toujours les rois », mais il y a immédiatement après,

dans un extrait attribué à Théodoret, une allusion aux démons impies auxquels Israël s'est

attachée, interprétation que l'on retrouve dans la chaîne à auteurs multiples (cf. extrait 119

d'Olympiodore).

La présence de ces interprétations allégoriques me conduit à nuancer le tableau que je

dressais de la tendance exégétique de la chaîne à deux auteurs. Si les exégètes antiochiens

privilégient l'interprétation historico-littérale de l'Écriture, ils n'excluent pas

systématiquement les interprétations de type allégorique. La sélection opérée par le caténiste

dans les commentaires des deux auteurs antiochiens, même si elle fait la part belle aux

interprétations historico-littérales, a laissé subsister quelques exégèses allégoriques.

En plus des endroits où la chaîne à deux auteurs signale l'interprétation historique sans

évoquer les exégèses allégoriques du passage, il y a de nombreux cas où elle procède

simplement à une paraphrase ou ne donne même aucune interprétation alors qu'elles sont

nombreuses dans la chaîne à auteurs multiples.

Selon l'interprétation allégorique, Sion, vers laquelle Dieu conduit son peuple, et les

bergers qu'il a l'intention de leur donner (Jr 3, 14-15) désignent respectivement l'Église et les

chefs de l'Église (extraits 140b et 141a d'Olympiodore et 141b d'Apolinaire) ; or ces

interprétations sont laissées de côté dans la chaîne à deux auteurs.

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De même, l'interprétation allégorique des brebis, des veaux, des fils et des filles

sacrifiés aux démons (extrait 162a d'Origène), l'interprétation allégorique du voile de la

honte (extrait 165 d'Origène), l'interprétation allégorique du cri de guerre (extrait 213

d'Olympiodore qui évoque le cri des Babyloniens, des Romains et du diable) sont absentes

de la chaîne à deux auteurs.

Sur le lemme 123, c'est-à-dire l'accusation qu'Israël a souillé le pays avec ses

prostitutions et ses méchancetés (fin de Jr 3, 2), on ne trouve aucun commentaire dans la

chaîne à deux auteurs ; il y a pourtant des extraits de Jean Chrysostome et de Théodoret

dans la chaîne à auteurs multiples, mais ils ne donnent pas d'interprétations historico-

littérales ; ils soulignent au contraire le procédé stylistique de l'hyperbole (uJperbolikw'") et

évoquent la prostitution intérieure grâce à la citation de 1Co 3, 16-17. Peut-être est-ce de

propos délibéré que le caténiste de la chaîne à deux auteurs a laissé de côté ces

interprétations pour garder une ligne exégétique cohérente autour du sens littéral et

historique du texte de Jérémie.

Toutefois, il faut reconnaître que la chaîne à deux auteurs est beaucoup moins

développée que la chaîne à auteurs multiples. De fait, de nombreux lemmes ne sont pas

commentés ou sont simplement paraphrasés. Par conséquent, ce ne sont pas seulement la

plupart des exégèses allégoriques qui sont absentes de la chaîne à deux auteurs, mais aussi

parfois des interprétations historiques. Par exemple, la chaîne à deux auteurs ne dit rien des

maux que Dieu envoie du Nord (lemme 184 = Jr 4, 6), tandis que dans la chaîne à auteurs

multiples, le Nord désigne bien selon l'interprétation sensible (aijsqhtw'") le Babylonien et

selon le sens figuré (tropikw'") Satan (extrait 181 d'Origène). Il est possible cependant que

la chaîne à deux auteurs évite de développer ces interprétations parce qu'elle va les proposer

immédiatement après à propos du lion sortant de son antre (Jr 4, 7). Il semble que la chaîne

à deux auteurs économise davantage sa matière et se contente de donner la clé de lecture

d’un passage sans la répéter pour chacun des termes du passage.

Sur le lemme 44 (= Jr 2, 7), chacune des chaînes se limite à une unique interprétation,

interprétation allégorique pour la chaîne à auteurs multiples et interprétation géographico-

historique pour la chaîne à deux auteurs. En effet, selon l'extrait 45 d'Olympiodore dans la

chaîne à auteurs multiples, le Carmel désigne la pratique de la circoncision, tandis que selon

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l'extrait de Jean Chrysostome dans la chaîne à deux auteurs, le Carmel désigne la terre de la

promesse.

Parfois, non seulement la chaîne à auteurs multiples présente des interprétations

allégoriques qui lui sont propres, mais elle peut aussi témoigner d'une interprétation

historique un peu différente de celle que l'on trouve dans la chaîne à deux auteurs. Par

exemple, les lions du lemme 64 (= Jr 2, 15) désignent les rois assyriens et égyptiens dans la

chaîne à deux auteurs. Dans la chaîne à auteurs multiples, ils désignent bien les rois

assyriens (extrait 64b) mais pas égyptiens. D'autre part, ils sont aussi assimilés aux

Babyloniens et aux démons sauvages (extrait 64c d'Olympiodore).

De même, les fils de Memphis et de Taphna (lemme 66 = Jr 2, 16) désignent

seulement les Égyptiens dans la chaîne à deux auteurs, tandis qu'ils désignent les Égyptiens

et les Assyriens selon les extraits sélectionnés par la chaîne à auteurs multiples.

Ainsi, malgré quelques cas exceptionnels, on peut noter que la chaîne à auteurs

multiples propose à la fois des interprétations allégoriques et historico-littérales des visions

et des images du texte biblique, tandis que la chaîne à deux auteurs se contente souvent de

paraphraser le texte ou d’en donner une interprétation historique.

3) Interprétation historique et interprétation typologique

Si la chaîne à deux auteurs donne peu d'interprétations allégoriques, il faut davantage

nuancer les choix du caténiste concernant les interprétations typologiques. On rappellera,

avec J.-N. Guinot, qu’une lecture typologique du texte biblique est une lecture « selon

laquelle un personnage ou une réalité de l’Ancien Testament sont perçus, non seulement

comme un modèle ou un exemple à suivre, mais comme le « type » – autrement dit, l’image

ou la figure – d’une autre réalité, le plus souvent de caractère messianique, qui appartient à

l’histoire du Nouveau Testament »690.

690 J.-N. Guinot, « La typologie comme technique herméneutique », Cahiers de Biblia Patristica 2, Strasbourg 1989, p. 2.

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Il apparaît au premier abord que la chaîne à deux auteurs fait moins souvent référence

au Nouveau Testament que la chaîne à auteurs multiples, ce qui n’est pas surprenant de la

part d'exégètes antiochiens qui citent peu le Nouveau Testament dans leurs commentaires.

Certaines interprétations typologiques sont ainsi absentes de la chaîne à deux auteurs :

Le passage de Jr 4, 23-25 (Je regardais sur la terre, et voici : il n'y avait rien ; et vers le

ciel : ses lumières n'y étaient pas. Je vis les montagnes : elles étaient tremblantes et toutes

les collines étaient ébranlées) suggère, selon la chaîne à deux auteurs, la chute de

Jérusalem, tandis que, selon la chaîne à auteurs multiples, il évoque certes la captivité

(extrait anonyme 221c), mais annonce surtout les événements de la crucifixion du Christ

(extrait anonyme 221c, extraits 222b et 223b d'Olympiodore) et de la fin des temps (extraits

222b, 223b et 224b d'Olympiodore). La chaîne à auteurs multiples laisse donc une place aux

interprétations typologiques et eschatologiques, quand la chaîne à deux auteurs semble les

éviter.

De même, la mission du prophète qui doit déraciner, démolir, détruire, rebâtir et

planter est appliquée au Christ dans l'extrait 15b d'Origène ; ce n'est pas le cas dans la

chaîne à deux auteurs, où, comme on l'a déjà signalé, le prophète est exclusivement comparé

au patriarche Moïse.

Les annonces du Nouveau Testament sont en général effacées dans la chaîne à deux

auteurs : le lemme 138 (Jr 3, 14 : J'établirai ma seigneurie sur vous) par exemple, donne

lieu seulement à une paraphrase, tandis qu'il annonce l'arrivée du Christ selon l'extrait 138b

d'Eusèbe.

Sur le lemme 139 (Jr 3, 14-15 : Et je vous prendrai un par ville et deux par lignée, je

vous conduirai à Sion, je vous donnerai des bergers selon mon cœur et ils vous feront

vraiment paître avec science), l'extrait de Théodoret dans la chaîne à deux auteurs propose

une double interprétation : d'abord une interprétation selon le sens figuré (tupikw'"), puis

une interprétation selon la vérité (kata; th;n ajlhvqeian)691 : selon le sens figuré, ce sont

691 On retrouve cette double interprétation dans l’extrait 1539a de la chaîne sur Ézéchiel attribué à Théodoret (sur Ez 37, 20-22) : tau'ta pevrato" tetuvchke, tupikw'" me;n ejpi; tou' Zorobavbel, ajkribw'" de; kai; ajlhqw'" ejpi; tou' despovtou Cristou', cf. L. Vianès, p. 187 (texte grec) et p. 188 (traduction) ; J.-N. Guinot signale l’intérêt de Théodoret « pour ces prophéties qui semblent s’accomplir deux fois – d’abord "en figure", puis "en vérité" –, et qu’il appelle, de manière quelque peu impropre, "une double prophétie" » (Cf. « La typologie comme technique herméneutique », Cahiers de Biblia Patristica 2, Strasbourg 1989, p. 13).

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Zorobabel et le grand-prêtre Jésus qui sont désignés par les bergers, et selon la vérité, les

bergers sont les apôtres que le Christ a choisis. Il est intéressant de noter que c'est bien la

deuxième interprétation qui est typologique et pourtant, Théodoret applique l’adverbe

tupikw'" à la première. On peut émettre l'hypothèse qu'il emploie ici le terme tupikw'" au

sens propre, c'est-à-dire que les bergers sont les figures de personnages historiques réels. Il

s'agit bien en fait d'une interprétation historique ; la chaîne à auteurs multiples propose, elle

aussi, pour ce passage, une double interprétation : allégorique (extrait 139b d'Olympiodore

qui explique que l'on est un lorsque l'on a péché complètement et que l'on reste deux si l'on

sauvegarde le caractère propre de l'âme) et typologique (même extrait évoquant le choix de

Paul et des apôtres). On note que les deux chaînes ont la même interprétation typologique

du passage. La chaîne à deux auteurs n'efface donc pas toutes les interprétations à caractère

typologique de ses sources.

En outre, elle contient au moins une interprétation typologique qui n'apparaît pas dans

la chaîne à auteurs multiples. En effet, l'extrait de Théodoret qui explicite Jr 2, 19 compare

le peuple qui a abandonné Dieu à ceux qui ont crucifié le Christ.

Ainsi, sans exclure les interprétations typologiques, la chaîne à deux auteurs en

propose nettement moins que la chaîne à auteurs multiples.

Conclusion

Les deux chaînes sur Jérémie s’accordent autour de thèmes essentiels : toutes deux

mettent en valeur, à partir du texte biblique, le contexte historique dans lequel la prophétie

de Jérémie a été révélée et dressent le portrait contrasté du peuple d’Israël pécheur et ingrat,

d’un côté, et d’un Dieu bienveillant et miséricordieux, de l’autre, cherchant à éduquer son

peuple au repentir et à conclure avec lui une nouvelle Alliance.

Les deux chaînes présentent pourtant, malgré ces thèmes communs, des profils

exégétiques assez différents : l’une est une chaîne mixte, mêlant Antiochiens et

Alexandrins, tandis que l’autre est une chaîne purement antiochienne. Le caténiste de la

chaîne à auteurs multiples tente en effet de présenter au lecteur un panorama assez varié des

exégèses tant historico-littérales qu’allégoriques, tandis que le caténiste de la chaîne à deux

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auteurs s’efforce seulement, quant à lui, de donner une clé de lecture du passage, la plupart

du temps historico-littérale et interne à l’Ancien Testament, et apparaît beaucoup moins

généreux dans les interprétations qu’il donne du texte de l’Écriture.

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III. De la chaîne intégrale à la chaîne abrégée : continuité ou

rupture ?

Le tableau suivant récapitule les extraits retenus (reproduits fidèlement, résumés ou

récrits, intégralement ou partiellement) et les extraits non retenus des auteurs de la chaîne

intégrale dans l’abrégé :

auteurs extraits retenus extraits non retenus Jean Chrysostome 120 65 Olympiodore 21 74 Didyme 1 0 Anonyme 7 4 Théodoret 13 15 Victor 10 24 Origène 7 10 Apolinaire 2 4 Sévère 3 2 Isidore 1 0 Polychronius 0 1 Théophile 3 1 Eusèbe 3 1 Cyrille 1 2

La domination de Jean Chrysostome reste écrasante. On remarque que c’est le seul

auteur pour lequel le nombre des extraits retenus dépasse largement celui des extraits non

retenus. Pour les auteurs les mieux représentés dans la chaîne intégrale (c'est-à-dire

représentés par plus d'une dizaine d'extraits), le pourcentage d'extraits retenus oscille entre

20 et 65 % : 65 % pour Jean Chrysostome et l'Anonyme, 45% pour Théodoret, 40% pour

Origène, 30 % pour Victor et 20 % pour Olympiodore. On peut noter d'autre part la

disparition de toute trace de Polychronius dans l'abrégé, puisque l'unique extrait qui lui était

attribué dans la chaîne à auteurs multiples n'est pas retenu.

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Ce tableau, confirmé par la lecture de la chaîne abrégée, fait apparaître l’omniprésence

de Jean Chrysostome qui est encore plus forte que dans la chaîne intégrale, puisque nombre

d'attributions aux autres auteurs disparaissent, donnant l'impression que toute l'interprétation

revient au maître antiochien. Sur 88 attributions, 44, c'est-à-dire exactement la moitié,

reviennent à Jean Chrysostome.

La préface de la chaîne, constituée par les différents prologues, varie entre la version

intégrale et l’abrégé : au début de la chaîne à auteurs multiples, on trouve un prologue du

caténiste qui explicite le mode de composition et de lecture de la chaîne, un prologue de

Jean Chrysostome, un prologue d’Eusèbe et un prologue anonyme. La chaîne abrégée laisse

de côté le prologue du caténiste et celui d’Eusèbe, sélectionne le prologue de Jean

Chrysostome et le prologue anonyme et ajoute un court passage anonyme antijuif et une vie

merveilleuse du prophète Jérémie.

Celui qui compose l’abrégé évite les répétitions d’idées entre les différents extraits : il

ne reprend pas l’extrait 8a de Jean Chrysostome, très proche de l’extrait 7c du même auteur,

ni l’extrait 8b de Théodoret, très proche de l’extrait 7a de Jean Chrysostome, ni l’extrait 9b

de Théodoret, très proche de l’extrait 9a de Jean Chrysostome, ni la première partie de

l’extrait 11a de Jean Chrysostome, l’extrait 11c d’Apolinaire et l’extrait 12 de Jean

Chrysostome, très proches de l’extrait anonyme 11e692, ni l’extrait 14b de Théodoret qui

redit, presque dans les mêmes termes, l’extrait 14a de Jean Chrysostome, ni l’extrait 19d de

Théodoret qui reprend les extraits 17c et 18 de Jean Chrysostome, ni l’extrait 19f de Victor

qui reprend les extraits 19a et b de Sévère, ni l’extrait 38b de Théodoret qui reprend l’extrait

38a de Jean Chrysostome, ni l’extrait 49b de Jean Chrysostome qui répète l’idée de l’extrait

49a du même auteur, ni l’extrait 54b de Victor qui contient les mêmes idées que les extraits

54c et 55 d’Olympiodore, ni le début de l’extrait 59b qui reprend l’extrait 59a de Jean

Chrysostome, ni l’extrait 61a de Jean Chrysostome qui reprend la fin de l’extrait 59b de

Théodoret, ni l’extrait 62c de Victor qui reprend l’extrait 62a de Jean Chrysostome, ni

l’extrait 74b de Théodoret qui rappelle l’extrait 68a de Jean Chrysostome, ni l’extrait 84a de

Jean Chrysostome qui reprend l’extrait 83b de Victor, ni l’extrait 109b de Théodoret de Cyr

qui reprend l’extrait 109a de Jean Chrysostome, ni l’extrait 118b de Victor qui reprend

l’extrait 118a de Jean Chrysostome, ni l’extrait 130c de Théodoret qui reprend les extraits 692 On remarque que c’est curieusement le dernier extrait sur ce thème qui est retenu et non le premier.

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342

129a et 130a de Jean Chrysostome, ni l’extrait 171c d’Olympiodore qui répète les extraits

171a et b de Jean Chrysostome et Origène, ni l’extrait 193 d’Olympiodore qui répète

l’extrait 192 de Jean Chrysostome.

Il ne supprime pourtant pas toutes les répétitions d'idées, puisque les emprunts aux

extraits 7d de Didyme et 8c anonyme sont assez proches dans la formulation et le sens, ainsi

que les emprunts aux extraits 63a de Jean Chrysostome et 63b d’Apolinaire.

Mais qu'en est-il des remarques de la chaîne intégrale qui ne sont pas répétitives et qui

sont pourtant laissées de côté dans l'abrégé ? On en est réduit à émettre des hypothèses :

l’extrait 5 de Jean Chrysostome sur l’époque de la prophétie est apparemment écarté au

profit d’un autre extrait de Jean Chrysostome sur le même passage, présent dans la tradition

directe de son Commentaire sur Jérémie. De même l’extrait 51 de Jean Chrysostome

assimilant les prophètes aux faux prophètes est rejeté au profit d’un emprunt aux extraits de

Théodoret sur Jr 2, 8, présents dans la chaîne à deux auteurs et dans la tradition directe de

son Commentaire sur Jérémie.

Les extraits de Victor qui ne font que donner des lieux parallèles dans la Bible (extraits

11d, 14c, 19f, 61b) sont systématiquement supprimés. En revanche, les allusions aux

réviseurs Aquila et Symmaque sont presque toujours retenues, sauf la variante attribuée à

"un autre" dans l'extrait 123c de Victor et la variante d'Aquila et de Symmaque dans l'extrait

200b.

S'il apparaît d'abord que la plupart des paraphrases du texte biblique ne sont pas

retenues dans l'abrégé (extraits 37b de Théodoret, 52a, 74a et 127a de Jean Chrysostome,

126b de Théophile), il reste les emprunts à l'extrait non attribué sur Jr 2, 14 et à l'extrait

68b ; de même, les extraits donnant exclusivement une interprétation historique sont le plus

souvent supprimés (extraits 64b, 103b, 129b, 188, 214 de Victor), mais il reste l’emprunt à

l'extrait 143b de Théodoret ; les extraits donnant le sens spirituel sont assez souvent laissés

de côté (extraits 22a et 22b d’Origène et Olympiodore, 33b et 45 d’Olympiodore, 62b de

Sévère), mais il y a plusieurs contre-exemples dont l'extrait 23b d'Olympiodore conservé par

le compilateur de l'abrégé ; la plupart des interprétations typologiques disparaissent aussi

(extraits 15b d’Origène, 33b d’Olympiodore), mais l'une d'entre elles est conservée grâce à

l'emprunt à l'extrait 221c ; les extraits de Jean Chrysostome comparant Dieu à un homme –

à un médecin (extraits 5, 27a et 43), à un entraîneur sportif (extrait 28a) – ne sont pas

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retenus, mais il faut signaler l'exception de l'extrait 179, conservé dans l'abrégé et dans

lequel Dieu apparaît en maître d’école punissant un élève ; les remarques sur l'énonciation,

souvent attribuées à Jean Chrysostome dans la chaîne intégrale, sont elles aussi

fréquemment écartées par l’auteur de l'abrégé (extraits 61a fin, 66a, 73, 82, 203), mais là

encore, il y a des exceptions avec les emprunts aux extraits 83a – les mots d'un amoureux

trompé – et 184 ; enfin la comparaison du peuple d'Israël avec les nations est moindre du

fait de la disparition des extraits 56 et 58 de Jean Chrysostome, mais elle reste présente dans

l'abrégé grâce à l'emprunt à l'extrait 54a du même auteur.

Par conséquent, tous les thèmes présents avec insistance dans la chaîne intégrale – la

mise en valeur du contexte historique avec l'exception du roi pieux Jôsias, les différents

ennemis (Assyriens, Égyptiens, Babyloniens et faux prophètes), le portrait d'un peuple

ingrat face à un Dieu bienveillant et miséricordieux qui ne cesse de renouveler ses appels au

repentir, la comparaison du prophète Jérémie à l'apôtre Paul – sont conservés dans la chaîne

abrégée, même s'ils sont évoqués avec moins d’insistance.

Ainsi, alors que la chaîne abrégée offre un profil littéraire assez différent de celui de la

chaîne intégrale, elle reste, dans ses choix exégétiques, très fidèle à son modèle avec une

domination encore plus nette de Jean Chrysostome sur les autres auteurs.

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344

IV. Le projet exégétique des caténistes et l'usage des chaînes

En étudiant les phénomènes d’ordre littéraire dans l’une et l’autre chaîne, on a vu que

les deux caténistes avaient un projet différent : celui de la chaîne à auteurs multiples

organise son œuvre autour du texte biblique, tandis que celui de la chaîne à deux auteurs

privilégie les commentaires patristiques.

Cette différence est confirmée par l’étude du profil exégétique de chaque chaîne. Dans

la chaîne à auteurs multiples sont proposées des interprétations variées du texte biblique ;

les extraits mettent en valeur la pluralité des sens de l’Écriture, la diversité des éclairages

sur le texte biblique. Dans la chaîne à deux auteurs, en revanche, on trouve une unique ligne

d’interprétation : une exégèse majoritairement historico-littérale qui ne s’attache pas à

expliquer les différents sens du texte biblique, mais se contente de donner une clef

d’interprétation des différents passages.

D’un côté, le caténiste de la chaîne à auteurs multiples propose un outil pour mieux

comprendre le texte biblique et l’éventail de sens qu’il peut impliquer. Le prologue à la

chaîne d'Isaïe confirme ce projet du caténiste, puisqu’il commence par une phrase qui

consiste à justifier l'entreprise caténale elle-même : c'est l'obscurité d'Isaïe qui rend

nécessaire le recours à ses commentateurs ( i{na toi'" ejtugcavnousi katavdhlo" tw'n

ajporoumevnwn hJ safhvneia gevnhtai) ; le même motif a sans doute présidé à l'élaboration

des trois autres chaînes693.

693 G. Dorival, « Des commentaires de l’Écriture aux chaînes », in C. Mondésert (dir.), Le monde grec ancien et la Bible, Bible de tous les temps, t. I, Paris 1984, p. 371.

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De l’autre côté, le caténiste de la chaîne à deux auteurs a choisi de présenter une ligne

d’interprétation du texte de Jérémie, comme si son projet était de mettre en valeur la

méthode d’interprétation historico-littérale sur un corpus donné.

La chaîne à auteurs multiples se présente donc comme un outil pour étudier le texte

biblique, tandis que la chaîne à deux auteurs est un outil pour avoir accès au corpus

patristique des deux auteurs antiochiens les plus respectés à Constantinople : Jean

Chrysostome et Théodoret de Cyr, comme en témoigne en particulier l’utilisation

systématique de leurs œuvres dans les chaînes constituées à Constantinople après 700694.

694 Cf. note 575, p. 298.

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CHAPITRE 5 : MISE EN PERSPECTIVE DES CHAÎNES SUR JÉRÉMIE PAR RAPPORT À

D’AUTRES CORPUS DE CHAÎNES

Introduction

Quels sont les critères qui permettent de définir la physionomie d’une chaîne, son

profil littéraire et exégétique ? Dans mon étude des chaînes sur Jérémie, j’ai essayé de

mettre en valeur le mode de composition de la chaîne, c’est-à-dire la manière dont se

présente le texte biblique (copié intégralement ou lacunaire), la manière dont se présentent

les enchaînements entre les extraits patristiques et le texte biblique, ainsi que les

enchaînements des extraits entre eux. Les extraits sont-ils en général brefs ou longs ? Y a-t-

il des interventions du caténiste, de quel type et à quel rythme ? Combien y a-t-il de niveaux

de texte ? Peut-on remarquer, en particulier, la présence de gloses supplémentaires,

hexaplaires ou exégétiques, situées sur un autre plan que les extraits patristiques ?

J’ai pris en compte le nombre des auteurs représentés, leur identité et la manière dont

leur nom est cité et j’ai tenté de voir s’il y avait une uniformité de l'interprétation autour

d’une tendance exégétique donnée ou si le caténiste privilégiait une pluralité

d’interprétations.

Je me suis intéressée à la régularité, à la quantité et à la longueur des extraits de

chacun des auteurs, pour voir s’il y avait un auteur principal ou un groupe d’auteurs

privilégié.

J’ai étudié l’ordre dans lequel les auteurs étaient cités : dans certains cas, un auteur est

cité en premier et les autres sont cités seulement à titre de complément, dans d’autres cas, il

y a une alternance entre des auteurs alexandrins ou marqués par l’exégèse alexandrine et des

auteurs antiochiens ou marqués par l’exégèse de l’école d’Antioche ; l’ordre dans lequel les

auteurs sont cités peut aussi paraître illogique et désordonné. Je me suis demandé en tout cas

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s’il y avait une progression dans l’exégèse du texte biblique ou du moins un principe

particulier d’organisation.

J’ai cherché à mettre en lumière les insistances des florilèges sur tel ou tel type

d’analyse, sur telle ou telle méthode exégétique, c’est-à-dire ce qui définit la physionomie

ou le style de la chaîne. Or il ne faut pas confondre le style de la chaîne et le style des

extraits exégétiques. Le style des extraits exégétiques est propre à chaque auteur cité, même

si le caténiste condense et récrit ses sources. Toutefois, il faut reconnaître que si deux

chaînes ont plusieurs auteurs en commun, cela donne l'impression au lecteur d'une similarité

stylistique importante.

La comparaison des chaînes sur Jérémie avec des chaînes sur d'autres corpus permet

de mieux comprendre les éléments qu'elles tiennent de leur genre littéraire et les éléments

qui leur sont propres.

Pour cette étude, je me suis servie des chaînes déjà éditées695, ne serait-ce que

partiellement, pour pouvoir commodément confronter les textes. Je me suis limitée aussi

aux chaînes de l’Ancien Testament pour ne pas travailler sur un corpus trop hétérogène. Il

faudra, à l’avenir, poursuivre et préciser cette comparaison des chaînes sur Jérémie avec

d’autres chaînes (sur l’Ancien et le Nouveau Testaments).

J’ai choisi de présenter les différentes chaînes consultées en commençant par celles qui

me paraissent ressembler le plus aux chaînes sur Jérémie et en terminant par celles qui me

semblent s’en distinguer le plus.

695 Cf. Bibliographie, "éditions de chaînes", pp. 385-386.

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I. Chaîne à auteurs multiples sur Jérémie et chaîne sur

Ézéchiel

La chaîne à auteurs multiples sur Jérémie a beaucoup de points communs avec la

chaîne sur Ézéchiel qui a été présentée et partiellement éditée (pour les chap. 36-48) par

L. Vianès696. Toutes deux font en effet partie d'un ensemble sur les quatre grands prophètes

rédigé par un même caténiste. Je reprends ici les arguments de L. Vianès qui a démontré, de

manière parfaitement claire, l’origine commune de ces quatre chaînes697. L. Vianès

commence par définir cinq critères permettant de décrire la façon de travailler de chaque

caténiste et de repérer les ressemblances entre plusieurs chaînes : 1° rassemblement des

sources et sélection des extraits, 2° récriture des extraits, 3° choix d’une disposition et

éventuellement d’un système de renvoi, 4° choix d’un système de noms d’auteurs, 5°

écriture de certains textes (prologue, conclusion, remarques personnelles).

Pour le premier critère, L. Vianès montre comment, même si les commentaires dont a

disposé le caténiste varient d’un prophète à l’autre, les quatre chaînes utilisent des auteurs

communs : Apolinaire de Laodicée et surtout Cyrille d’Alexandrie et Sévère d’Antioche qui

n’ont pourtant pas écrit de commentaire suivi sur les prophètes (sauf Cyrille sur Isaïe) et

pour qui les fragments sont donc tirés d’œuvres qui ne concernent pas particulièrement les

prophètes (commentaires de Cyrille sur les Évangiles ; lettres, homélies et traités de

Sévère). « Comme ce sont souvent les mêmes œuvres de Sévère qui sont citées d’une chaîne

à l’autre, il y a de fortes chances que le travail de collecte des sources ait été fait par le

même homme pour les quatre prophètes à la fois »698.

Pour le deuxième critère, L. Vianès signale que les chaînes sur les quatre prophètes

témoignent, lorsque l’on peut comparer les extraits à la tradition directe, d’une grande

fidélité au texte de leurs sources. Je suis moins convaincue par ce point, puisque, comme je

l’ai montré699, la chaîne à auteurs multiples sur Jérémie témoigne de différents degrés de

696 L. Vianès, La chaîne monophysite sur Ézéchiel 36-48, Présentation, texte critique, traduction française, commentaire, thèse pour le doctorat à l’EPHE Ve section, 1997. 697 L. Vianès, ibid., pp. 12-20. 698 L. Vianès, ibid., p. 14. 699 Cf. supra, chap. 3, pp. 242-264.

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récriture qui vont de la reprise littérale du texte-source à un résumé très libre des propos de

celui-ci.

Pour le troisième critère, il apparaît que la disposition en couronne est commune aux

meilleurs témoins des quatre chaînes, ainsi que le système de renvoi entre le texte biblique

et les extraits exégétiques avec une numérotation par centuries.

Pour le quatrième critère, L. Vianès remarque, à la suite de M. Faulhaber700, que dans

les quatre chaînes, les auteurs orthodoxes ou considérés comme tels portent d’habitude leurs

titres d’évêques, de prêtres, de saints, mais aussi que la mention de la source, qui

accompagne beaucoup des scholies de Cyrille d’Alexandrie et de Sévère d’Antioche, suit un

schéma partout analogue.

Enfin, pour le cinquième critère, L. Vianès évoque les prologues qui, à côté d’un fonds

d’idées communes, contiennent chacun des indications qui ne conviennent qu’à leur

situation particulière et témoignent qu’ils ont été rédigés par un seul homme. Elle montre

aussi comment chacune des chaînes se termine par une conclusion en forme de prière, écrite

à la suite du dernier fragment, de telle sorte qu’elle ne peut en être distinguée que par le

style ou par comparaison avec la tradition directe. Si l'unité de la chaîne sur les IV prophètes

me paraît incontestable du point de vue des prologues, comme je l’ai déjà souligné701, il

existe en revanche une objection concernant les conclusions : la prière qui conclut la chaîne

sur Jérémie et ses suppléments sous le nom d’Olympiodore et que L. Vianès considère

comme un texte écrit par le caténiste est pourtant présente dans la tradition directe du

Commentaire d’Olympiodore (cf. Barberinianus gr. 549, f. 224v). L’argument ne tient donc

pas pour Jérémie : ce n’est pas une conclusion rédigée par le compilateur de la chaîne,

comme dans le cas des autres prophètes, selon l'analyse de L. Vianès, mais c'est la

doxologie qui conclut le Commentaire sur Jérémie d'Olympiodore d'Alexandrie. Toutefois

cela ne remet pas en cause l'unité de cet ensemble des chaînes sur les quatre prophètes qui

est perceptible dans le choix et l'organisation des sources pour chacun des prophètes, dans le

choix de la mise en page et du système de renvoi entre texte biblique et extraits exégétiques,

dans les prologues du caténiste qui précèdent chacun des livres prophétiques et les

700 M. Faulhaber, Die Propheten-Catenen nach römischen Handschriften, Biblische Studien, IV, 2-3, Fribourg 1899, pp. 200-201. 701 Cf. supra, chap. 3, p. 280.

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remarques qu’il introduit parfois entre deux scholies pour critiquer l’auteur qu’il vient de

citer ou pour mettre en garde le lecteur.

Malgré tous ces points communs et cette appartenance à un même ensemble, le profil

de la chaîne sur Ézéchiel reste différent de celui de la chaîne sur Jérémie, parce que les

auteurs cités ne sont pas tout à fait les mêmes. Le caténiste en effet ne disposait sans doute

pas exactement de la même documentation patristique pour chacun des prophètes. La chaîne

sur Ézéchiel contient des extraits de Théodoret de Cyr, Polychronius, un Anonyme, Origène,

Sévère d'Antioche, Apolinaire de Laodicée, Cyrille d'Alexandrie, Eusèbe de Césarée,

Basile, Grégoire de Nysse et Hésychius de Jérusalem. Les six premiers auteurs apparaissent

régulièrement, les cinq derniers, seulement à l'occasion. On doit noter, d’une part, l'absence

de Jean Chrysostome qui est à l'inverse au centre de la chaîne sur Jérémie et, d’autre part, la

présence de Polychronius et d’Hésychius de Jérusalem qui n'apparaissent pas dans la chaîne

sur Jérémie.

Si l’on fait un sondage sur les douze chapitres édités par L. Vianès702, on remarque que

l’auteur le mieux représenté est Théodoret de Cyr avec environ 143 extraits, suivi par

Polychronius avec 102 extraits. La longueur des extraits varie entre une ligne et une

vingtaine de lignes, sauf l’extrait 1603c de Théodoret intitulé paravfrasi" th'" oJravsew"

qui est exceptionnellement long, parce qu'il donne une paraphrase de l'ensemble de la

prophétie concernant le Temple. Vu la prédominance de Théodoret, on pourrait se demander

s'il ne tient pas le rôle que Jean Chrysostome tient dans la chaîne sur Jérémie. En effet,

comme pour Jean Chrysostome dans la chaîne sur Jérémie, un extrait de Théodoret peut être

confirmé par un deuxième extrait, comme en témoigne l'exemple de la scholie 1540

montrant comment David désigne en fait le Christ né de David, idée exactement reprise

dans l'extrait anonyme 1541. Ce serait une manière pour le caténiste de montrer

l'importance et l'influence de Théodoret et de mettre en valeur la place de choix qui est la

sienne dans la chaîne. De même que pour Jean Chrysostome dans la chaîne sur Jérémie, une

scholie de Théodoret peut aussi être complétée par une deuxième scholie, comme en

témoigne l'exemple de l'extrait 1480a qui donne une interprétation littérale des montagnes,

des ravins et des collines d'Israël (Ez 36, 4), tandis que l'extrait anonyme 1480b en donne

une interprétation allégorique (les classes d'hommes justes et de pécheurs). Cependant, 702 L. Vianès, pp. 144-251.

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contrairement à Jean Chrysostome, Théodoret n'est pas toujours cité en premier ; il est

même assez souvent précédé de Polychronius (18 sur 57 cas de successions), alors qu'il ne

le précède lui-même que 4 fois. D'autre part, tous les deux apparaissent de nombreuses fois

seuls hors des cas de succession. En fait, il semble que Polychronius et Théodoret aient une

importance à peu près équivalente dans la chaîne, du moins d'après ce que j’ai pu observer

des chapitres 36 à 48 édités par L. Vianès.

Toutefois, il y a dans le traitement des sources et la sélection des extraits des éléments

communs avec la chaîne sur Jérémie : Sévère, lorsqu'il est cité en succession, l'est toujours

en première position avant même Théodoret ou Polychronius (6 cas), ce qui souligne le

traitement particulier de ce Père. La manière dont Origène est cité dans la chaîne sur

Ézéchiel rappelle la manière dont il est cité dans la chaîne sur Jérémie. En effet, il est

présent dans la chaîne sur Ézéchiel avec 5 extraits de son Homélie XIV dans le passage sur

le lemme 1632, c'est-à-dire la porte fermée du Temple. Dans la chaîne sur Jérémie aussi, ses

extraits apparaissent groupés à certains endroits (deux extraits sur les lemmes 15-16, deux

extraits sur les lemmes 130-131, deux extraits sur les lemmes 161-162, deux extraits sur les

lemmes 170-171, deux extraits sur les lemmes 175-176).

L'agencement des exégèses littérale, historique, allégorique et typologique est très

complexe dans le détail : il y a, dans certains cas, une alternance entre les interprétations

littérale et allégorique (cf. extraits 1484 a, b et c), mais aussi dans d'autres cas une

progression de l'exégèse littérale à l'exégèse typologique (cf. extraits 1628 a et b de

Polychronius et Théodoret). Le caténiste n'hésite pas à donner des interprétations

concurrentes d'un même terme : il cite par exemple un extrait d'Eusèbe interprétant le mot

hébreu "ariel" comme le lion de Dieu, puis un extrait de Polychronius l'interprétant comme

la montagne de Dieu. On peut remarquer que, comme dans la chaîne sur Jérémie, le

caténiste accorde une grande importance à toutes les références scripturaires que peut

suggérer le texte biblique et que les Pères explicitent. Les scholies anonymes ont sur ce

point un rôle comparable aux extraits de Victor d'Antioche dans la chaîne sur Jérémie : elles

ajoutent souvent en deuxième position une référence scripturaire (cf. extraits 1525b, 1529b,

1554b, 1555b, 1561b).

Enfin, si la base de la chaîne sur Ézéchiel est bien antiochienne, comme celle de la

chaîne sur Jérémie, il semble que les extraits des auteurs antiochiens sur Ez 36-48 et en

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particulier de Théodoret et de Polychronius témoignent d'une plus grande variété

d'interprétations que leurs extraits sur le début du livre de Jérémie. Les exégèses de

Théodoret sont en effet assez souvent allégoriques (cf. extrait 1500a qui voit dans l'eau pure,

l'eau du baptême (Ez 36, 25) et extrait 1700b qui voit dans les lagunes (Ez 47, 11) ceux qui

n'ont revêtu que superficiellement le kérygme).

Dans les extraits patristiques choisis par le caténiste, on peut remarquer un grand

intérêt pour ce que veulent dire les mots du texte, avec l'emploi des verbes levgei, ojnomavzei,

fhsivn, des expressions ajnti; tou', i{na ei[ph/, etc. (cf. extraits 1698 et 1699 de

Polychronius). Il est vrai que ces expressions sont banales dans le genre du commentaire,

mais elles sont particulièrement fréquentes et insistantes dans les chaînes, puisqu’elles

apparaissent souvent au début des extraits. On retrouve cette même volonté d'expliciter les

termes ou les expressions du texte biblique dans le début de la chaîne sur Jérémie. Ces

tentatives d'explicitation donnent souvent lieu à des énoncés paraphrastiques dans les

extraits patristiques (cf. L. Vianès, extraits 1576 et 1624). Le caténiste utilise aussi le même

type d’expressions pour signaler qu'il passe à un autre passage de son texte de référence :

kai; pavlin / kai; met j ojlivga (cf. par exemple les extraits 1545, 1584, 1597 de Théodoret

et l’extrait 1688 de Polychronius).

Au compte des différences, dans la forme littéraire de la chaîne, il faut noter des

interventions beaucoup plus importantes du caténiste dans la chaîne sur Ézéchiel (cf. extrait

1608). Étonnament aussi, les extraits des Pères sont souvent à la première personne (cf.

extraits 1613 de Théodoret et 1614 de Polychronius, 1678a de Théodoret), ce qui n'apparaît

pas du tout dans le début de la chaîne sur Jérémie.

La comparaison de ces deux chaînes permet de mieux mettre en valeur les

particularités de la chaîne sur Jérémie. On remarque cependant que la comparaison n'est pas

si aisée, puisque les passages commentés au début de la chaîne sur Jérémie et à la fin de la

chaîne sur Ézéchiel sont très différents par leur place dans le livre, mais aussi par les thèmes

qu’ils évoquent. Il faudrait, à l’avenir, faire un nouveau sondage en considérant le début de

la chaîne à Ézéchiel pour étudier les choix du caténiste sur le passage de la vocation du

prophète que j’ai édité et traduit pour la chaîne sur Jérémie.

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353

II. Chaînes sur Jérémie et chaînes sur le Cantique des

Cantiques

Il y a plusieurs types de chaînes sur le Cantique des Cantiques703 :

− le type A, une chaîne à deux auteurs : Grégoire de Nysse et Nil d'Ancyre, qui

donne à lire en alternance les Homélies sur le Cantique de Grégoire de Nysse et le

Commentaire de Nil d'Ancyre jusque Ct 4, 1 ; ensuite la chaîne continue avec la

seule œuvre de Grégoire jusqu'à la dernière homélie conservée (Ct 6, 9).

G. Dorival considère cette chaîne comme le seul exemple incontestable de chaîne

à deux auteurs, puisqu'elle offre, non pas un choix des deux commentaires de

départ, mais les deux commentaires dans leur intégralité. Les véritables chaînes à

deux auteurs sont des éditions complètes et synoptiques ; la synopse permet de

confronter deux commentaires anciens. Selon G. Dorival, « de telles éditions

n’ont pu être élaborées que dans des milieux témoignant d’un intérêt et d’un

respect tout particuliers pour les grands commentaires patristiques. Elles ne

peuvent être en effet considérées comme de simples illustrations de l’importance

que revêt, dans l’histoire littéraire byzantine, la tradition des Pères ». G. Dorival

émet alors l’hypothèse que le modèle constantinopolitain des chaînes à deux

auteurs a été inventé lors du premier humanisme byzantin qui se caractérise

précisément par un retour aux Pères, c’est-à-dire entre le IXe et le XIIe s.704 ;

− le type B1, c'est-à-dire la chaîne des Trois Pères sur l'ensemble du Cantique : Il

s'agit de la récriture des exégèses de Grégoire de Nysse et de Nil dans l'esprit de

Maxime le confesseur, par un disciple de celui-ci. Selon S. Lucà, cette chaîne est

du même compilateur que la « chaîne des trois Pères » sur l’Ecclésiaste et que la

chaîne sur les Proverbes attribuée à Procope ; cette compilation aurait été réalisée

703 Cf. M. Faulhaber, Hohelied-Proverbien-und Prediger-Catenen, Theologische Studien der Leo-Gesellschaft 4, Vienne 1902 ; J.-M. Auwers, « Classement des chaînes grecques sur le Cantique », http://www.hecc.ucl.ac.be/canticum/chaines.pdf ; Origene, Commentario al Cantico dei cantici, éd. M. A. Barbàra, Biblioteca Patristica 42, Bologne 2005, pp. 101-129. 704 G. Dorival, Les chaînes exégétiques grecques sur les Psaumes, t. III, pp. 240-242.

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entre le VIIe et le IXe s.705. Il existe aussi un type B2 : la chaîne des trois Pères

complétée à la fin du XIe s. par le commentaire métrique de Psellos (jusque Ct 6,

9) et par le Commentaire de Théodoret ;

− le type C, l'Epitomé de Procope de Gaza († 538), la chaîne la plus riche en extraits

cités, puisés chez une dizaine d'auteurs (majoritairement Grégoire de Nysse

jusqu'en Ct 6, 8, Nil d'Ancyre, Origène, Cyrille d'Alexandrie, Philon de Karpasia

et, cités occasionellement, Apolinaire de Laodicée, Procope, Didyme, Isidore de

Péluse, Théophile, Théodoret de Cyr706). Le nombre d'extraits cités par lemme

biblique va de un à neuf. La longueur des extraits cités est variable : Grégoire de

Nysse et Nil d'Ancyre sont le plus souvent cités longuement ; les extraits

d'Origène sont de longueur variable ; Cyrille d’Alexandrie et Philon de Karpasia

sont toujours cités brièvement, sous la forme de courtes scholies. Les sources

n'ont donc pas été traitées uniformément. Il faut noter le caractère elliptique des

textes attribués à Philon, Apolinaire et Cyrille, par exemple sur Ct 7, 2707. Sur Ct

2, 5, « l’Epitomé fournit un éventail d’exégèses patristiques qui vise, par sa

diversité, à ouvrir largement l’interprétation du texte biblique, tout en éliminant

les digressions qui encombrent les commentaires eux-mêmes. Ainsi est mise en

évidence l’idée bien alexandrine de la polysémie du texte biblique »708.

L’exemple des extraits patristiques concernant Ct 2, 1, développé par J.-M.

Auwers709, permet de mettre en valeur le but du caténiste qui est « d’ouvrir

largement le spectre de l’interprétation du texte biblique » : « Si pour Nil, les

ravins désignent ici "les Nations qui sont passées de la profondeur de l'impiété à

la connaissance", ils représentent aux yeux de Cyrille les "âmes qui étaient

déprimées par les démons qui les habitaient jadis" ; pour Philon, ils symbolisent

705 Cf. Anonymus in Ecclesiasten Commentarius qui dicitur Catena Trium Patrum, éd. S. Lucà, CCSG 11, Turnhout 1983, pp. XXV-XXXIX. 706 Un seul des trois plus anciens manuscrits (le Paris. gr. 172) attribue un unique passage à Théodoret : « on peut raisonnablement penser que sa présence dans l’Épitomé est le résultat d’une contamination » (cf. M.-G. Guérard, « Procope de Gaza Épitomé sur le Cantique des Cantiques : les trois plus anciens témoins, Paris. gr. 153, 154, 172 », Byzantion 73 (2003), p. 27). 707 J.-M. Auwers, « La transmission des commentaires sur le Cantique dans l'Epitomé de Procope de Gaza », Studia Ephemeridis Augustinianum 90, Rome 2004, p. 768. 708 J.-M. Auwers, ibid., p. 771. 709 J-M. Auwers, « Ct 2, 1 au miroir de la chaîne de Procope », Ephemerides Theologicae Lovanienses, Louvain 2003, pp. 329-346.

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l'Hadès. Pour Grégoire de Nysse, les ravins, tout comme la plaine, désignent "la

nature humaine dans toute son étendue". Quant à l'Origène caténal, il interprète la

plaine comme "le lieu terrestre" où l'époux s'est fait fleur, par opposition au lieu

eschatologique où, "lorsque viendra ce qui est parfait, la fleur se changera en

fruit". La nature du parallélisme entre la fleur de la plaine et le lis des vallées est

envisagée différemment par les auteurs cités »710. L'Epitomé de Procope sur le

Cantique permet une lecture polysémique du texte biblique : la juxtaposition des

divers commentaires donne un tableau contrasté de l'exégèse du Cantique durant

les premiers siècles ; elle fait ressortir la part d'originalité de chaque

commentateur, en même temps que la profonde influence d'Origène sur l'exégèse

ancienne. La tradition d'interprétation alexandrine est en effet largement

privilégiée dans les auteurs choisis ;

− le type D, c'est-à-dire la chaîne de Polychronius le diacre sur l'ensemble du

Cantique, résumé de l'Epitomé de Procope auquel ont été ajoutées quelques

péricopes empruntées par ailleurs711. Les péricopes sont toujours données

anonymement. Les auteurs les plus exploités sont Grégoire de Nysse et Origène.

Nil est entièrement absent, alors qu'Eusèbe et Athanase sont cités.

− le type E, c'est-à-dire la chaîne d'Eusèbe (en fait anonyme) tirée du même fonds

que l'Epitomé, jusque Ct 6, 8. Les auteurs cités sont Grégoire de Nysse, Philon de

Karpasia, Athanase, Eusèbe de Césarée, Didyme et Théophile.

De ce panorama des différents types de chaînes sur le Cantique, on peut retenir deux

types comparables à ceux des chaînes sur Jérémie.

On remarque ainsi des ressemblances entre le type A (chaîne à deux auteurs) et la

chaîne à deux auteurs sur Jérémie : ce sont en effet des œuvres partielles et hybrides qui

présentent une chaîne jusqu’à un certain point du texte scripturaire (respectivement Ct 4, 1

et Jr 5) et se poursuivent ensuite sous la forme d’un commentaire ou d’homélies d’un seul

710 J-M. Auwers, ibid., p. 345. 711 Selon M. A. Barbàra (ibid., pp. 125-126), la chaîne de Polychronius (type D) n’est pas directement issue de l’Epitomé de Procope (type C), mais descend de la chaîne dont l’Epitomé est un résumé.

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des deux auteurs de la chaîne (Homélies de Grégoire pour le Cantique, Commentaire de

Théodoret pour Jérémie).

Elles adoptent aussi un même principe interprétatif, puisqu’elles donnent à voir une

synopse de deux œuvres relevant d’une même tendance exégétique. Il y a en effet une

grande proximité entre la méthode d'interprétation de Grégoire et celle de Nil sur le

Cantique. Les Homélies sur le Cantique de Grégoire sont fortement influencées par Origène

et témoignent de la nécessité et de la légitimité de l’interprétation spirituelle de l’Écriture ;

quant à Nil, il commente lui aussi le Cantique par la méthode allégorique et identifie

l’épouse avec l’Église ou l’âme humaine, tout comme Grégoire. Le Commentaire de Nil est

aussi marqué par l’influence d’Origène. La chaîne à deux auteurs sur le Cantique permet

donc d’avoir une vue synoptique de deux œuvres qui relèvent d’une même tendance

exégétique, en tout cas sur ce corpus. On peut toutefois souligner le caractère tout à fait

particulier du Cantique des Cantiques. Ce livre implique presque nécessairement une

exégèse allégorique, ce qui explique le privilège accordé à la tradition alexandrine

d’interprétation. De fait, parmi les grands représentants de l’école antiochienne (Diodore de

Tarse, Théodore de Mopsueste, Polychronius d’Apamée, Jean Chrysostome…), seul

Théodoret de Cyr a proposé un Commentaire sur le Cantique des Cantiques dans lequel il

adopte une méthode allégorique d’interprétation et suit Origène. La chaîne à deux auteurs

sur Jérémie respecte ce même principe exégétique en permettant une vue synoptique de

deux œuvres relevant d’une même école d'interprétation : l’école antiochienne et la

prédominance d’une exégèse historico-littérale. Les tendances de chacune des chaînes sont

toutefois opposées entre elles, puisqu’il s’agit dans un cas d’interprétation allégorique et

dans l’autre d’interprétation historico-littérale, mais elles illustrent toutes deux une unique

ligne d'interprétation.

En outre, le fonctionnement littéraire ou mode de composition des deux chaînes est

assez semblable, dans la mesure où la chaîne sur le Cantique fait alterner dans leur

intégralité les deux œuvres qu'elle utilise : le Commentaire de Nil et les Homélies de

Grégoire, exactement comme la chaîne sur Jérémie, qui fait alterner le Commentaire de

Théodoret et celui de Jean Chrysostome, en reprenant fidèlement et intégralement le texte

de la tradition directe dont le caténiste disposait pour ces deux commentaires.

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Le type C (Epitomé de Procope), dans la mesure où il fait appel à des auteurs

nombreux, peut être comparé à la chaîne à auteurs multiples sur Jérémie. L'édition de cet

Epitomé est en cours à l'Université de Louvain sous la direction de J.-M. Auwers et je n'ai

donc pas encore pu confronter les deux textes sur un échantillon représentatif ; je me fonde,

pour les analyses qui suivent, sur les informations données par J.-M. Auwers, à partir

d’exemples précis du texte de la chaîne, dans les articles cités ci-dessus. Le profil

exégétique de l’Epitomé sur le Cantique, visible dans le choix des auteurs, témoigne d'une

nette domination de l’interprétation allégorique et de la tradition alexandrine, tandis que la

chaîne à auteurs multiples sur Jérémie accorde une place de choix, non pas à une tendance

exégétique ou à une école d’interprétation, mais à un auteur donné : Jean Chrysostome, qui

est véritablement au centre du florilège, confirmé dans son importance et son influence par

certains de ses successeurs comme Théodoret de Cyr, mais aussi complété parfois par

d’autres exégètes sur certains passages non commentés ou pour ce qui relève d’une exégèse

allégorique et typologique. Il faut à nouveau insister ici sur la particularité du Cantique, qui

est un cas unique, dans la mesure où il ne peut être interprété que selon une méthode

allégorico-spirituelle. Cette différence entre le corpus du Cantique et celui de Jérémie fausse

légèrement la comparaison entre les chaînes qui leur sont consacrées.

J.-M. Auwers insiste aussi sur l'éventail d'exégèses patristiques fourni par l'Epitomé,

qui vise à ouvrir l'interprétation du texte biblique. En effet, l'image de Ct 2, 5 : Soutenez-moi

avec des parfums, entassez-moi avec des pommes, car je suis blessée d'amour donne lieu

chez Grégoire, Nil, Cyrille, Procope et Origène à de multiples interprétations

allégoriques712. Les parfums sont les vertus selon Grégoire, les parfums de la contemplation

selon Nil, les paroles évangéliques selon Cyrille. Sur ce point, la chaîne à auteurs multiples

sur Jérémie me semble assez différente : elle propose rarement plus de deux interprétations

d'un même passage, d'une même image par exemple. Il y a donc une moins grande diversité

d’interprétations dans la chaîne sur Jérémie. D’autre part, dans la chaîne sur le Cantique, la

diversité s’inscrit au sein d’une même tendance exégétique : la tendance allégorique, tandis

que dans la chaîne sur Jérémie, la diversité des extraits est due au fait qu’ils représentent des

tendances exégétiques variées (littérale, historique, allégorique, typologique). Cela est sans

doute lié à la différence de corpus des deux chaînes. Le Cantique des Cantiques propose une

712 J.-M. Auwers, « La transmission des commentaires… », pp. 774-775.

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successions d'images poétiques que l'on peut interpréter de diverses manières, tandis que le

livre de Jérémie est davantage ancré dans un contexte historique et laisse moins de place à

des interprétations allégoriques variées.

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III. Chaîne à auteurs multiples sur Jérémie et chaînes sur la

Genèse ou l'Exode

A. La chaîne sur la Genèse

D’après F. Petit, qui a publié une édition intégrale de la chaîne sur la Genèse713, cette

chaîne est l’œuvre personnelle d'un compilateur qui avait une intention déterminée : fournir

aux théologiens intéressés par l'exégèse un instrument de travail objectif et commode pour

comparer rapidement les solutions exégétiques proposées par les différentes écoles714. La

chaîne sur la Genèse fonctionne ainsi comme une synopse exégétique. Le caténiste utilise

des auteurs très variés (de Philon d’Alexandrie à Cyrille d’Alexandrie) et fait alterner

Alexandrins et Antiochiens. « La visée du caténiste est d’informer, de transmettre la

tradition exégétique dans sa pluralité, de permettre la comparaison des interprétations,

nullement de polémiquer, d’élaborer une théologie, de préciser un dogme, ou d’édifier »715.

Le choix du compilateur semble aussi s’expliquer par les ressources de la bibliothèque qui

lui était accessible plutôt que par ses options doctrinales personnelles : l’exploitation

continue de Philon, d’Origène, de Didyme et d’Eusèbe d’Emèse oriente vers la Bibliothèque

épiscopale de Césarée716.

La tradition exégétique allégorique représentée dans la chaîne par Philon, Origène,

Didyme et Cyrille d’Alexandrie n’évacue pas la tradition antiochienne représentée par

Théophile d’Antioche (IIe s), Eusèbe d’Emèse († vers 359), Diodore de Tarse († avant 394)

– presque absent de la tradition caténique primitive parce qu’aux yeux du caténiste, ses

textes auraient sans doute fait double emploi avec ceux de son maître Eusèbe d’Emèse dont

ils sont souvent une simple récriture –, Théodore de Mopsueste, Jean Chrysostome, Basile

et Sévérien.

713 La chaîne sur la Genèse, éd. F. Petit, 4 t., Traditio exegetica 1-4, Louvain 1991-1996. 714 F. Petit, « La chaîne grecque sur la Genèse, miroir de l'exégèse ancienne », Stimuli. Exegese und ihre Hermeneutik in Antike und Christentum. Festschrift für Ernst Dassmann, Münster 1996, pp. 243-253. 715 F. Petit, art. cit., p. 243. 716 F. Petit, art. cit., pp. 244-245.

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Pour démontrer que la chaîne sur la Genèse est un miroir de l’exégèse ancienne,

F. Petit donne l’exemple du rejet d’Esaü, interprété différemment chez les Alexandrins et

les Antiochiens : « La mise à l’écart de l’aîné au bénéfice du cadet est un des thèmes

majeurs de la Genèse. Une lecture « historique » ne peut y trouver que la légitimation du

peuple juif, héritier de la terre promise en tant que descendant d’Abraham, par opposition

aux peuples voisins issus des lignées écartées. Paul renverse hardiment l’identification,

assimilant le peuple juif à l’aîné rejeté et le peuple chrétien au cadet héritier. Pareille

inversion n’est possible qu’en recourant à l’allégorie (Gal 4, 24). Ce mode d’interprétation

embarrasse les Antiochiens, mais est repris à l’envi dans tous les commentaires alexandrins

de la Genèse, en particulier chez Cyrille d’Alexandrie »717. Or le caténiste nous donne accès

aux deux interprétations à propos du rejet d’Esaü (Gen 25, 23), en nous proposant un extrait

de Diodore (extrait 1397) et deux extraits de Cyrille (1391 et 1401)718.

À ce qu’il semble, la chaîne sur la Genèse est très proche dans son fonctionnement

littéraire et exégétique de l’Epitomé de Procope sur le Cantique dont on a vu qu’il proposait

des interprétations très variées du texte, même si ces interprétations relevaient d’une même

ligne exégétique. Cela n’est pas tellement étonnant, puisque F. Petit a montré les liens

étroits entre l’Epitomé de Procope sur l’Octateuque et la chaîne sur la Genèse719. Dans l’une

et l’autre chaîne, se laisserait voir, d’une manière ou d’une autre, le travail de Procope et sa

volonté de présenter un miroir de toute l’exégèse ancienne sur un livre donné. Comme je

l’ai déjà exposé dans la comparaison que j’ai faite de l’Epitomé de Procope sur le Cantique

et de la chaîne à auteurs multiples sur Jérémie, je ne crois pas que le caténiste de la chaîne

sur Jérémie vise le même objectif que Procope. Il y a sans doute, dans la chaîne sur Jérémie,

des interprétations variées proposées aux lecteurs, mais cette variété n’est pas systématique ;

ce qui est systématique, c’est davantage la présence de Jean Chrysostome. Le panorama des

auteurs est en outre plus varié dans la chaîne sur la Genèse que pour le livre de Jérémie,

sans doute parce que le livre de la Genèse a été plus abondamment commenté que celui du

prophète.

717 F. Petit, art. cit., p. 251. 718 La chaîne sur la Genèse, éd. F. Petit, t.III, Traditio exegetica 3, Louvain 1995, pp. 308-309, 304-305 et 311. 719 La chaîne sur la Genèse, éd. F. Petit, t.I, Traditio exegetica 1, Louvain 1992, pp. XVII-XVIII.

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Si l’on compare le mode de composition de la chaîne sur la Genèse et celui de la

chaîne à auteurs multiples sur Jérémie, on remarque quelques différences : sur certains

points, les extraits de la chaîne sur la Genèse se font très longs (cf. extrait 95 de Basile et

100 d'Origène)720, ce qui n’apparaît pas dans la chaîne sur Jérémie où les extraits ne

dépassent jamais une dizaine de lignes dans les manuscrits, du moins sur Jr 1-4.

En revanche, la chaîne sur la Genèse, comme la chaîne sur Jérémie, présente un

troisième niveau de texte en plus du texte biblique et des extraits patristiques. Il s’agit de

brèves scholies placées sur un autre plan que le commentaire caténique, notes hexaplaires

ou documentaires, qui appartenaient sans doute à l’exemplaire biblique utilisé par le

caténiste, comme l’a suggéré F. Petit721.

Il faut signaler enfin que plusieurs témoins de la chaîne sur la Genèse contiennent un

lot important de citations attribuées à Sévère d’Antioche. Or F. Petit a montré que ce lot

n’appartient pas au fonds primitif : le supplément sévérien est secondaire et son insertion

s’est produite au cours de la transmission, non au stade de la rédaction722. Il n’y a pas eu,

semble-t-il, de phénomène semblable lors de la constitution de la chaîne à auteurs multiples

sur Jérémie.

B. La chaîne sur l'Exode

F. Petit a commencé à éditer cette chaîne723 et a étudié la manière dont elle s’est

constituée : elle distingue le fonds primitif où sont surtout cités Eusèbe d'Emèse et Cyrille

d'Alexandrie. Les auteurs les plus récents auxquels le caténiste a puisé sont Cyrille

d'Alexandrie († 444), Hésychius de Jérusalem († après 451) et Théodoret de Cyr († 466), ce

qui peut permettre de fixer une date probable de composition dans la seconde moitié du

Ve siècle. Dans un deuxième temps, des fragments de Sévère auraient été massivement

ajoutés peu après la mort de celui-ci (538). La troisième étape fait intervenir la Collectio 720 La chaîne sur la Genèse, éd. F. Petit, t.I, Traditio exegetica 1, Louvain 1992, pp. 60-65 et pp. 69-76. 721 Ibid., p. XVI ; cf. supra, chap. 1, pp. 131-133. 722 La chaîne sur l’Exode, éd. F. Petit, I. Fragments de Sévère d’Antioche, Traditio exegetica graeca 9, Louvain 1999, pp. XI-XIII. 723 La chaîne sur l’Exode, éd. F. Petit, I. Fragments de Sévère d’Antioche, Traditio exegetica graeca 9, Louvain 1999, II. Collectio Coisliniana, III. Fonds caténique ancien (Exode 1, 1 –15, 21), Traditio exegetica 10, Louvain 2000.

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Coisliniana, un apport majoritairement antiochien, qui inclut les Questions de Théodoret de

Cyr724. Cette constitution du corpus de la chaîne par étapes n’est pas unique en son genre,

mais cela la distingue très nettement de la chaîne à auteurs multiples sur Jérémie pour

laquelle il semble impossible et sans doute inutile de distinguer différentes étapes de

rédaction.

Pour F. Petit, le caténiste de l’Exode – c’est-à-dire le compilateur du fonds primitif –

est probablement le même que celui de la Genèse, c’est pourquoi je ne comparerai pas à

nouveau son projet littéraire et exégétique à celui du caténiste de la chaîne sur Jérémie.

Comme la chaîne sur la Genèse et la chaîne à auteurs multiples sur Jérémie, les

manuscrits présentent un troisième niveau de texte constitué de gloses avec renvoi au texte

biblique.

724 F. Petit, « La chaîne grecque sur l'Exode : description générale et problèmes spécifiques », Studia Patristica XXX, Louvain 1997, pp. 97-101.

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IV. Chaîne à auteurs multiples sur Jérémie et chaîne sur Job

Comme les chaînes sur la Genèse et l'Exode, la chaîne sur Job a subi plusieurs étapes

rédactionnelles qui sont au nombre de quatre (recensions a, b, g et recension de

Nicétas)725.

Comme les chaînes sur la Genèse, sur l'Exode et sur Jérémie, la chaîne sur Job

présente un troisième niveau de texte avec des notes marginales (variantes hexaplaires ou

scholies)726.

Les auteurs représentés sont nombreux : Olympiodore, Jean Chrysostome, Didyme,

Julien principalement, mais aussi Denys l’aréopagite, Grégoire de Nazianze, Grégoire de

Nysse, Basile de Césarée, Théodore de Mopsueste, Clément d’Alexandrie, Nil, Eusèbe de

Césarée, Cyrille d’Alexandrie, Sévérien de Gabala, Polychronius, Origène, Méthode,

Évagre, Sévère d’Antioche, Théophile d’Alexandrie, Théodore de Mopsueste, Hésychius de

Jérusalem et des scholies anonymes. La moitié des auteurs seulement est commune avec

ceux qui sont représentés dans la chaîne à auteurs multiples sur Jérémie : Olympiodore,

Jean Chrysostome, Didyme, Basile, Eusèbe de Césarée, Cyrille d’Alexandrie, Origène,

Sévère d’Antioche et Théophile d’Alexandrie.

La chaîne est encadrée par douze prologues attribués à Olympiodore, Polychronius,

Julien d’Halicarnasse et Isidore de Péluse (mais aussi anonymes avec en particulier un

extrait de la Synopsis Scripturae Sanctae, des kefalaia du livre de Job ainsi qu’une division

en discours) et par deux épilogues évoquant à nouveau la division en péricopes ou discours.

Chaque chapitre est précédé d'un argument d’Olympiodore. Ce dernier est ainsi l'auteur

principal de la chaîne, puisqu'il est le plus abondamment et le plus fréquemment cité, mais

aussi le plus souvent placé en première position. Enfin, lui sont attribués, au début de la

chaîne, un prologue et, avant chaque chapitre, des arguments. En cela, la chaîne sur Job

pourrait être rapprochée de la chaîne à auteurs multiples sur Jérémie, qui s'organise autour

de Jean Chrysostome. Jean Chrysostome y est l'auteur le plus fréquemment et abondamment

725 Die Älteren Griechischen Katenen zum Buch Hiob, éd. U. & D. Hagedorn, PTS 40, Berlin 1994, pp. 114-137. 726 Ibid., pp. 117-118.

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cité ; il est le plus souvent en première position et un prologue lui est attribué au début de la

chaîne.

Malgré cette prédominance d'Olympiodore, il y a dans la chaîne sur Job une réelle

variété des auteurs selon les passages : le projet du caténiste semble être de faire un

panorama varié et le plus complet possible d'après sa documentation. Or, comme je l’ai

souligné à plusieurs reprises, je ne crois pas qu’il y ait dans la chaîne à auteurs multiples sur

Jérémie, du fait de la prédominance de Jean Chrysostome, un projet semblable de présenter

un miroir de toute l'exégèse ancienne sur Jérémie. Le caténiste a bien le souci de présenter

plusieurs interprétations du texte biblique, mais sans faire le catalogue de toutes les

interprétations possibles.

Concernant le fonctionnement littéraire de la chaîne sur Job, on peut noter dans les

extraits patristiques la reprise fréquente de chacun des termes du lemme biblique qui

précède l’explication (cf. exemple des fragments 10 et 12 du chapitre I)727. Ce phénomène

apparaît dans la chaîne abrégée à auteurs multiples, mais pas dans la chaîne intégrale.

Comme dans la chaîne sur Jérémie, le caténiste utilise au sein des prologues ou des

extraits les expressions du type kai; meq j e{tera / kai; pavlin / kai; met j ojlivga (mais

aussi kai; au\qi" / a[llw") pour signaler qu'il passe à un autre passage du texte de référence.

On retrouve aussi, comme dans la plupart des autres chaînes, les expressions qui permettent

d’introduire les explicitations des termes du texte biblique : ajnti; tou' (cf. extrait 38 et 75

du chapitre II) et i{na ei[ph/ (cf. extrait 52 du chapitre II), ainsi que des paraphrases au

discours direct (cf. extraits 43 et 49 du chapitre V). Ces traits stylistiques sont banals dans le

genre du commentaire, mais on a déjà remarqué qu’ils sont particulièrement insistants dans

les chaînes, à cause de leur fréquence et de leur place au début des extraits728.

727 Ibid., pp. 175-176. 728 Cf. supra, chap. 1, p. 27.

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V. Chaîne à auteurs multiples sur Jérémie et Chaîne sur le

Psaume 118

Le profil littéraire et exégétique de la Chaîne palestinienne sur les Psaumes a été

clairement défini dans l'introduction de l’édition de M. Harl et G. Dorival729. Je reprends ici

les propos de cette introduction, afin de voir quels éléments la Chaîne sur le Psaume 118

partage avec la chaîne à auteurs multiples sur Jérémie et quels éléments lui sont propres.

La Chaîne palestinienne utilise principalement trois auteurs : Eusèbe, Didyme et

Théodoret. « Dans le cas particulier du Psaume 118, la liste des auteurs utilisés est plus

large (Origène, Eusèbe, Didyme, Apolinaire, Athanase, Théodoret et Hésychius) et le mode

de composition révèle que la base n'est pas Eusèbe-Didyme-Théodoret, mais Origène-

Eusèbe-Didyme. Cependant, cette composition reste fidèle à l'orientation générale d'une

chaîne qui a donné sa préférence aux auteurs "alexandrins" ou "palestiniens" »730.

L'orientation générale de la chaîne palestinienne se distingue d'emblée de l'orientation de la

chaîne sur Jérémie qui ne donne pas sa préférence à une catégorie d'auteurs donnée, mais

plutôt à un auteur, Jean Chrysostome.

« Pour les 176 versets du Psaume 118, la Chaîne palestinienne donne donc à peu près

380 fragments ; un assez grand nombre de versets ne sont accompagnés que d’un

commentaire, généralement emprunté à Origène, et assez substantiel. Origène est de

beaucoup l’auteur le plus abondamment utilisé ; on a son commentaire pour presque tous les

versets, à l’exception des versets de la strophe Phé ; les extraits de ses textes sont également

plus longs que ceux des autres auteurs »731 ; Origène est systématiquement mis en tête.

« Cette chaîne dépend à peu près entièrement de l'exégèse et de la théologie spirituelle

d'Origène, créateur d'une interprétation spirituelle du Psaume 118 qui tire son unité et sa

force de la figure de David »732. Comme Origène dans la Chaîne palestinienne, Jean

Chrysostome est l'auteur central de la chaîne sur Jérémie, mais le reste de la chaîne ne 729 La Chaîne palestinienne sur le Ps 118, éd. M. Harl et G. Dorival, t. I, SC 189, Paris 1972, pp. 28-66. 730 Ibid., p. 29. 731 Ibid., p. 32. 732 Ibid., p. 152.

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dépend pas entièrement de son exégèse et de sa théologie spirituelle. Il y a souvent, dans la

chaîne sur Jérémie, une ouverture sur des interprétations assez éloignées de celles de

l'exégète antiochien.

« Une caractéristique de la Chaîne palestinienne […] est l'enchaînement explicite des

fragments : le caténiste ne s'est pas contenté de juxtaposer les extraits, il les a véritablement

reliés les uns aux autres »733, comme en témoignent les transitions du type a[llw" dans les

extraits 87b, 160d et 160e. Dans la chaîne sur Jérémie en revanche, les extraits sont

juxtaposés. Le seul élément formel d’enchaînement que l’on pourrait alléguer est celui qui

est perceptible dans la succession des noms d’auteurs ou des indications de sources.

Dans la Chaîne palestinienne, les répétitions d'idées sont rares. Les extraits ont

apparemment été retenus dans la mesure seulement où ils prolongeaient et complétaient le

commentaire donné en tête. M. Harl donne l’exemple des deux arguments au Psaume

118734. La Chaîne palestinienne a retenu seulement ceux d'Origène et d'Athanase et a laissé

notamment de côté l'argument de Théodoret qui figure pourtant dans un grand nombre

d'autres chaînes. Le texte de Théodoret, en insistant sur la vertu morale allant jusqu'à la

perfection, ce qui rappelle l’idée d'Origène, et sur la fidélité à la loi de Dieu au milieu des

persécutions, ce qui est proche de l’idée d'Athanase, paraissait sans doute faire double

emploi avec les arguments de ces deux Pères. « D'autre part, en complétant l'interprétation

d'Origène, le caténiste ne semble pas avoir eu le souci d'opposer véritablement divers types

d'exégèses ; il ne donne pas des interprétations divergentes de ton, faites sur des principes

herméneutiques différents ; la chaîne a une belle continuité, s'efforçant seulement d'aller

plus loin, de passer sur chacun des registres, d'aboutir au sens le plus fructueux pour la vie

spirituelle »735. Il est intéressant de noter que le mode de composition de la chaîne n'apparaît

pas identique dans la chaîne à auteurs multiples sur Jérémie. Le caténiste donne à voir un

panorama d'interprétations qui ne se complètent pas toujours, mais peuvent se répéter ou se

contredire. La notion de progression et d'uniformité ne me semble donc pas s’appliquer à la

chaîne à auteurs multiples sur Jérémie.

733 Ibid., pp. 38-39. 734 La chaîne palestinienne sur le Ps 118, éd. M. Harl et G. Dorival, t. 2, SC 190, Paris 1972, pp. 551-552. 735 La chaîne palestinienne sur le Ps 118, éd. M. Harl et G. Dorival, t. 1, SC 189, Paris 1972, p. 39.

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367

VI. Chaînes sur Jérémie et chaînes sur l’Ecclésiaste

Il y a plusieurs types de chaînes sur l’Ecclésiaste736 :

− la chaîne de Procope, qui contient des extraits d’Origène, de Grégoire le

Thaumaturge, de Denys d’Alexandrie, de Grégoire de Nysse, de Didyme

d’Alexandrie et de Nil737 ; cette chaîne est présente dans deux manuscrits

(Marcianus gr. 22, ff. 67v-83v et Vindobonensis theol. gr. 147, ff. 92v-107) qui

n’en donnent que des extraits, et ce seulement jusqu’à la fin du chapitre 4 ; c’est

pourquoi il est difficile d’utiliser cette chaîne dans le cadre d’une comparaison

avec la chaîne à auteurs multiples sur Jérémie. On remarque que la chaîne de

Procope sur l’Ecclésiaste, telle qu’elle nous est conservée, ne cite souvent qu’un

seul auteur sur un lemme biblique donné (42 cas sur 47) et que les scholies ne

dépassent que rarement une dizaine de lignes. La chaîne barberinienne, qui ne se

trouve que dans le Barberinianus gr. 388, et la chaîne de Polychronius dépendent

de la chaîne de Procope, ainsi que la chaîne de Copenhague738. Cette dernière se

présente comme un commentaire suivi, sans aucune attribution d’auteur. Sur

chaque lemme biblique, n’est donné qu’un extrait, sauf dans deux cas (Ecc 2, 14

et 3, 3). La physionomie de cette chaîne est donc bien différente de celles que

nous avons vues jusqu’ici ;

− la chaîne d’Olympiodore qui dépend indirectement de la chaîne de Procope et qui

se présente sous la forme d’un commentaire, puisque l’exégète rassemble des

interprétations d’auteurs divers sans mentionner ses sources739 ;

− la chaîne dite des Trois Pères, qui est proche de celle du même nom sur le

Cantique des Cantiques. Elle cite Grégoire de Nysse, Grégoire de Nazianze et 736 Cf. S. Leanza, « Le catene esegetiche sull’Ecclesiaste », Augustinianum 17 (1977), pp. 542-552 ; Procopii Gazaei Catena in Ecclesiasten, necnon Pseudochrysostomi Commentarius in eundem Ecclesiasten, éd. S. Leanza, CCSG 4, Turnhout 1978, p. VII ; Anonymus in Ecclesiasten commentarius qui dicitur Catena Trium Patrum, éd. S. Lucà, CCSG 11, Turnhout 1983, pp. IX-XIX. 737 Procopii Gazaei Catena in Ecclesiasten, necnon Pseudochrysostomi Commentarius in eundem Ecclesiasten, éd. S. Leanza, CCSG 4, Turnhout 1978 ; S. Leanza, Un nuovo testimone della Catena sull'Ecclesiaste di Procopio di Gaza, il Cod. Vindob. Theol. Gr. 147, CCSG 4 (supplementum), Turnhout 1983. 738 Catena Hauniensis in Ecclesiasten, in qua saepe exegesis servatur Dionysii Alexandrini, éd. A. Labate, CCSG 24, Turnhout 1992, p. XVIII. 739 PG 93, 477-628.

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Maxime. Cette chaîne est très différente des chaînes sur Jérémie : elle se présente

comme un commentaire suivi, sans attributions740.

Ainsi, les différentes chaînes sur l’Ecclésiaste qui sont éditées (chaîne de Procope,

chaîne des Trois Pères et chaîne de Copenhague) n’offrent aucun élément de ressemblance

avec les différents types de chaînes sur Jérémie.

Conclusion

Les chaînes sur Jérémie, dans leur mode de composition, présentent des éléments que

l’on peut observer dans d’autres corpus :

− l’enchaînement entre les extraits patristiques et le texte biblique et l’enchaînement

des extraits entre eux sont semblables dans la chaîne sur Ézéchiel ;

− les interventions du caténiste sont présentes dans la plupart des types de chaînes,

mais elles sont plus ou moins importantes : alors qu’elles sont assez fréquentes et

étendues dans les chaînes sur Ézéchiel et sur le Psaume 118, elles apparaissent

plus discrètes dans les chaînes sur Jérémie et sur le Cantique ;

− le troisième niveau de texte constitué par des variantes hexaplaires ou de brèves

notes exégétiques apparaît aussi dans les chaînes sur la Genèse, sur l’Exode et sur

Job ;

− le fait que certains auteurs soient toujours cités brièvement (comme Olympiodore

dans la chaîne sur Jérémie) et d’autres plus longuement (Origène et Jean

Chrysostome dans la même chaîne) apparaît aussi dans la chaîne sur le Cantique

où Philon de Karpasia et Cyrille d’Alexandrie sont toujours cités brièvement et de

manière assez elliptique, contrairement à Origène ;

740 Anonymus in Ecclesiasten commentarius qui dicitur Catena Trium Patrum, éd. S. Lucà, CCSG 11, Turnhout 1983.

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− l’importance des références scripturaires apparaît dans tous les types de chaînes

consultés ;

− l’utilisation de la paraphrase pour commenter le texte biblique semble aussi

commune à la plupart des chaînes ;

− l’intérêt pour la signification précise des mots du texte est toujours mis en valeur

par les différents caténistes dans leur sélection des extraits patristiques.

Le nombre des auteurs représentés et leur identité dépend pour une grande part du

corpus commenté par la chaîne, puisque chaque corpus offre une documentation patristique

qui lui est propre. Alors qu’elles appartiennent à l’œuvre d’un même caténiste, les chaînes à

auteurs multiples sur Jérémie et Ézéchiel utilisent des auteurs différents, parce que les

œuvres patristiques que le caténiste avait à sa disposition étaient sensiblement différentes

pour chacun des prophètes. Par conséquent, chaque chaîne a un profil exégétique qui lui est

propre : la chaîne sur Jérémie s’organise autour de Jean Chrysostome, celle d’Ézéchiel

s’organise autour de Polychronius et Théodoret, celle du Psaume 118 autour d’Origène,

celle de Job autour d’Olympiodore.

La variété des interprétations proposées par le caténiste dépend aussi du corpus : sur

les corpus poétiques et sapientiaux (Cantique des Cantiques et Psaumes) ou sur des livres

extrêmement commentés comme la Genèse et l’Exode, les interprétations sont très

nombreuses et variées ; on constate en revanche qu’il y a moins de variété dans les chaînes

sur les livres prophétiques.

Enfin, à ce qu’il semble, les chaînes à deux auteurs s’organisent toujours autour d’une

même ligne exégétique, tandis que les chaînes à auteurs multiples proposent des

interprétations variées, qui peuvent éventuellement, selon le corpus, refléter une même ligne

exégétique (cf. les chaînes sur le Psaume 118 ou le Cantique qui relèvent presque

exclusivement de la tradition alexandrine), mais qui, le plus souvent, font appel à plusieurs

tendances ou écoles d’interprétation (cf. les chaînes sur la Genèse, l’Exode, Jérémie,

Ézéchiel et Job).

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370

CONCLUSION

Parvenue au terme de mon étude, je souhaiterais récapituler, d’une part, les éléments

nouveaux que j’ai apportés aux travaux sur les chaînes exégétiques, d’autre part, les

hypothèses sur la méthode de travail et le projet des différents caténistes qui m’ont été

suggérées par l’analyse approfondie des textes que j’ai édités, et enfin les projets de

recherche qui ont germé au fur et à mesure que j’avançais dans mon travail.

Ma contribution à l’étude des chaînes consiste principalement en une mise au point

complète et ordonnée de tous les types de chaînes exégétiques sur le livre de Jérémie et en

une édition critique et une traduction partielles de ces divers corpus, dont plusieurs passages

sont édités ici ou là (en particulier dans l’édition de M. Ghisleri), mais qui sont tous inédits

tels qu’ils se présentent dans les témoins manuscrits.

Les éléments nouveaux que j’ai apportés concernent tout d’abord le domaine des

manuscrits. J’ai ajouté au recensement des catalogues spécialisés deux nouveaux témoins de

la chaîne à deux auteurs, le Bononiensis gr. 2373 (B) et le Vindobonensis theol. gr. 36 (T).

J’ai retenu le premier pour l’édition critique, parce qu’il me permettait de prendre en compte

une branche de la tradition manuscrite du texte autre que celle du seul Vaticanus gr. 675 (Y)

signalé dans les différentes listes de manuscrits de chaînes. J’ai par ailleurs démontré que,

contrairement à ce qu’affirment les catalogues spécialisés de chaînes à cause de

l’interprétation erronée d’une annotation marginale, le Monacensis gr. 117 (A) est lui aussi

un témoin de la chaîne à deux auteurs, et non d’un autre type de chaîne à trois auteurs. En

outre, j’ai pu apporter, par rapport aux catalogues de bibliothèques, de nombreux

compléments d’information codicologique sur l’ensemble des manuscrits que j’ai consultés

et j’ai rectifié plusieurs erreurs de mes prédécesseurs, en particulier en ce qui concerne la

composition des volumes (nombre de folios, cahiers, etc.). Par ailleurs, je suis parvenue, me

semble-t-il, à préciser la tradition manuscrite des textes par rapport aux recherches

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371

antérieures. J’ai ainsi montré que la chaîne abrégée ne dépend pas directement de

l’archétype de la chaîne intégrale à auteurs multiples, mais plutôt de l’ancêtre de

l’Ottobonianius gr. 452 (O) et du Parisinus gr. 158 (P), c’est-à-dire d’une branche déjà

particulière de la tradition du texte, et que le Vaticanus gr. 347 (W) tire les quelques extraits

de la chaîne abrégée présents dans ses marges, non de l’archétype de la chaîne abrégée, mais

d’un ancêtre qu’il a en commun avec le Laurentianus XI 4 (F).

Par ailleurs, j’ai pu apporter plusieurs éclaircissements sur les sources patristiques

utilisées par les caténistes. J’ai ainsi identifié l’origine du prologue attribué à Eusèbe au

début de la chaîne intégrale à auteurs multiples, mais aussi repéré les textes-sources de

nombreux extraits exégétiques de cette chaîne. J’ai en outre démontré que la chaîne abrégée

à auteurs multiples ne dépendait pas uniquement de la chaîne intégrale mais utilisait une

autre source, sans doute une version du Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome

existant en tradition directe et utilisé par le caténiste de la chaîne à deux auteurs.

Pour tout ce qui concerne les méthodes de travail des caténistes, j’ai proposé des

hypothèses.

J’ai essayé de mettre en valeur les pratiques d’érudition communes aux différents

caténistes. Ceux-ci prennent en compte, dans les manuscrits de leurs sources, à la fois le

texte et ce qui l’entoure (les variantes hexaplaires dans les exemplaires bibliques ou les

gloses marginales dans les manuscrits patristiques). Par ailleurs, leurs florilèges ne sont pas

le résultat d’une activité de compilation dispersée et confuse. Chaque chaîne respecte une

organisation qui lui est propre, complexe certes, mais homogène si l’on envisage l’ensemble

du corpus. Elles ne sont pas écrites pour être lues comme on lit un commentaire suivi, mais

plutôt pour être consultées sur tel ou tel point. Ce sont des ouvrages de référence destinés à

un milieu d’érudits chrétiens, de clercs et de moines.

Il apparaît cependant que les caténistes de l’un et l’autre type de chaînes avaient des

projets de nature très différente.

Chaque chaîne invite en effet à un mode de lecture qui lui est propre et qui est souligné

par sa mise en page : la chaîne à auteurs multiples implique soit une lecture suivie du texte

biblique, soit une lecture alternée d’un lemme biblique et des extraits qui lui correspondent,

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372

tandis que la chaîne à deux auteurs implique une double lecture (le lemme biblique suivi du

premier des deux auteurs cités, puis le même lemme biblique suivi du deuxième auteur)

permettant de comparer les propos des deux exégètes sur le texte.

Le caténiste de la chaîne à deux auteurs respecte à la lettre les commentaires

patristiques qu’il excerpte, dont il tire aussi son texte biblique. Son projet consiste, semble-t-

il, à transmettre fidèlement et intégralement deux commentaires reflétant une unique ligne

d’interprétation : une exégèse principalement historico-littérale et tournée vers l’Ancien

Testament. Il s’applique à donner une clef de lecture du texte biblique et met en valeur la

méthode d’interprétation de Théodoret et de Jean Chrysostome sur le corpus prophétique de

Jérémie. La chaîne à deux auteurs est donc avant tout un outil pour l’étude d’un corpus

patristique donné : les commentaires antiochiens sur Jérémie.

Le caténiste de la chaîne à auteurs multiples, quant à lui, place au centre de son œuvre

le texte biblique qu’il présente intégralement et même accompagné de toute une tradition de

lecture. S’il respecte à la lettre le texte biblique, il manifeste en revanche une liberté plus

grande vis-à-vis de ses sources patristiques au sein desquelles il opère une sélection et dont

il n’hésite pas à modifier la forme. Il choisit dans ses textes-sources ce qui correspond

exactement au lemme concerné dans la chaîne et ne retient pas les excursus et les détails. Il

donne aussi une image caractéristique des différents Pères qu’il cite, puisque les extraits

d’un même auteur présentent des éléments parallèles qui ressortent à la lecture de la chaîne.

Enfin, il propose un panorama varié d’exégèses tant historico-littérales qu’allégoriques ou

typologiques pour éclairer le sens du texte biblique de Jérémie. La chaîne à auteurs

multiples est donc avant tout un outil pour l’étude approfondie du texte biblique.

Le caténiste de l’abrégé, s’il s’inscrit dans la lignée de son prédécesseur, l’auteur de la

chaîne intégrale à auteurs multiples, a aussi des principes qui lui sont propres. Il montre

autant de respect pour la lettre du texte biblique et réagence même parfois les emprunts qu’il

fait à la chaîne intégrale pour qu’ils suivent plus précisément l’ordre logique de l’Écriture.

En revanche, il n’hésite pas à réduire de moitié le volume des extraits patristiques, à laisser

de côté les attributions et à poursuivre le phénomène de récriture, de manière à présenter au

lecteur un texte biblique accompagné de références exégétiques succinctes. Le projet du

caténiste de l’abrégé, comme de son prédécesseur, consiste donc à proposer un outil pour

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373

une meilleure compréhension du texte biblique et non véritablement à transmettre un savoir

patristique à propos du texte biblique.

La mise en perspective des chaînes sur Jérémie par rapport à d’autres corpus de

chaînes confirme la différence fondamentale qui semble exister entre les chaînes à deux

auteurs et les chaînes à auteurs multiples. Les premières proposent souvent une clef

d’interprétation unique en faisant alterner les commentaires de deux auteurs relevant d’une

même tendance exégétique, tandis que les deuxièmes offrent des interprétations variées,

même si cette variété s’inscrit parfois au sein d’une même ligne exégétique.

De nombreux problèmes soulevés dans ces pages mériteraient une recherche plus

approfondie. Je souhaiterais par la suite m’intéresser de plus près à la réglure des manuscrits

de chaînes à linéation double qui ne sont pas recensés ni analysés par le répertoire Leroy-

Sautel. J’aimerais aussi éclaircir la tradition arménienne du Commentaire sur Jérémie de

Jean Chrysostome, afin de voir si la traduction qui nous est conservée dépend du texte

utilisé par la chaîne à deux auteurs ou de celui qui est utilisé par la chaîne à auteurs

multiples, et poursuivre l’étude du problème de l’authenticité des deux séries de scholies

chrysostomiennes. L’identification de l’Anonyme, la datation des chaînes et en particulier la

raison pour laquelle le caténiste de la chaîne intégrale à auteurs multiples qualifie de saints

certains seulement des Pères qu’il cite, l’originalité de l’exégèse présentée dans les chaînes

par rapport à l’ensemble de l’exégèse ancienne et la postérité des chaînes dans le monde

oriental et occidental figurent aussi au nombre des projets que j’ai le désir de mener à bien

dans les prochaines années.

Je souhaiterais enfin élargir cette étude aux autres livres prophétiques. En effet, alors

qu'il existe déjà des travaux d'ensemble sur les chaînes des Psaumes, du Cantique des

Cantiques, de la Genèse, de l'Exode, de Job et de l’Ecclésiaste, il n'existe aucune mise au

point récente sur l'ensemble des livres prophétiques, même si des mises au point partielles

ont été faites sur les chaînes d'Ézéchiel par L. Vianès et sur les chaînes de Jérémie dans la

présente étude. Il y a un seul type de chaîne sur les livres d'Ézéchiel et de Daniel, celui qui

correspond à la chaîne à auteurs multiples sur Jérémie, mais il y en a deux sur les Petits

Prophètes et au moins cinq sur Isaïe.

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374

Pour mener à bien cette étude des différents types de chaînes sur les prophètes, il sera

nécessaire de travailler sur un échantillon d'analyse, et donc de choisir un ou deux passages

significatifs de ces livres et qui leur soient en quelque sorte communs. C'est pourquoi je me

propose d'étudier dans un premier temps les extraits des chaînes concernant la vocation du

prophète. Je me concentrerai alors, pour ne pas disperser ma recherche, sur les quatre grands

prophètes. Cette scène intervient en Is 6, en Jr 1, 4-19, en Ez 1-3 et en Dn 10. Grâce à ce

premier échantillon de texte, je pourrai mettre en valeur les auteurs sélectionnés par chacun

des types de chaînes, le fonctionnement littéraire de chacune d'entre elles et le projet

exégétique du caténiste. Le choix du thème de la mission du prophète, comme je l’ai dit

pour justifier les limites de mon corpus, n'est pas hasardeux mais il est imposé par des

raisons littéraires et exégétiques. C’est un passage qui a pour fonction de légitimer le

ministère du prophète et qui livre toujours un condensé des grands problèmes du livre et des

lignes essentielles de son message. C’est pourquoi l'aperçu donné par les chaînes sur ce

passage est particulièrement intéressant et annonce les grandes tendances de l'interprétation

du livre. En outre, ce sont des passages abondamment commentés dans les œuvres

exégétiques, ce qui permet aux caténistes de présenter un florilège varié et complet ; d'autre

part, il présente une forte intertextualité avec d'autres livres scripturaires de l'Ancien et du

Nouveau Testament, comme l'Exode dans lequel est narrée la vocation de Moïse (Ex 3), les

Évangiles qui racontent l'envoi en mission des Apôtres et les Actes des Apôtres qui

présentent la conversion de Paul. Ces caractéristiques de la vocation du prophète sont en

quelque sorte une garantie de l'intérêt et du caractère représentatif des florilèges sur ce

passage. Je complèterai ce premier échantillon par les prologues qui annoncent d'emblée la

tonalité exégétique du florilège et par un passage apparaissant dans la deuxième moitié de

ces mêmes livres. En effet, il y a parfois au cours d’une même chaîne des changements dans

les sources utilisées par le caténiste et si l'on étudiait seulement le début des chaînes, on

risquerait de ne pas apercevoir ces éventuels changements. J’envisage donc d’éditer les

passages des différentes chaînes exégétiques sur l’oracle contre Edom que l’on trouve en Is

34, en Jr 49, 11-22 et en Ez 25, 12-14. Le livre de Daniel étant très différent des trois

premiers prophètes et se présentant comme un livre beaucoup plus court, le sondage sur le

chapitre 10 suffira, me semble-t-il, à avoir un aperçu du projet littéraire et exégétique du

caténiste.

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Ces échantillons d’éditions me permettront ainsi de faire une synthèse complète des

types de chaînes existant sur les livres prophétiques et de mettre en valeur les points

communs et les écarts entre les projets des différents caténistes, comme j’ai tenté de le faire

dans la présente étude pour le livre de Jérémie.

Page 376: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

376

BIBLIOGRAPHIE

Outils de travail

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L. Clugnet, Dictionnaire grec-français des noms liturgiques en usage dans l'Église grecque,

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Deutéronome, par M. Harl et C. Dogniez, Paris 1992), t. VI (Jésus-Josué, par J. Moatti-

Fine, Paris 1996), t. VII (Les Juges, par P. Harlé, Paris 1999), t. IX.1 (Premier livre des

Règnes, par B. Grillet et M. Lestienne, Paris 1997), t. XVII (Les Proverbes, par D.-M.

d'Hamonville, Paris 2000), t. XVIII (L'Ecclésiaste, par F. Vinel, Paris 2002, t. XXIII.1

(Osée, par E. Bons, J. Joosten et S. Kessler, Paris 2002), t. XXIII.4-9 (Les Douze Prophètes,

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Eusebii Caesariensis Commentaria in Psalmos, d’après l’édition de B. Montfaucon, Paris

1857 (= PG 23).

Eusebius, Das Onomastikon der Biblischen Ortsnamen, éd. E. Klostermann, GCS 11,

Leipzig 1904.

(Évagre le Pontique)

Évagre le Pontique, Scholies aux Proverbes, éd. P. Géhin, SC 340, Paris 1987.

(Isidore)

Isidore de Péluse, Lettres (1214-1700), éd. P. Évieux, SC 422 et 454, Paris 1997 et 2000.

Isidore de Péluse, Lettres, éd. A. Morel, Paris 1638 (= PG 78).

(Jean Chrysostome)

S. Joannis Chrysostomi Commentariorum in Jeremiam prophetam quae supersunt, d’après

l’éd. de M. Ghisleri, Paris 1862 (= PG 64, 739-1038).

Giovanni Crisostomo, Omelie sull'oscurità delle profezie, éd. et trad. S. Zincone, Rome

1998.

Jean Chrysostome, Commentaire sur Isaïe, éd. J. Dumortier, SC 304, Paris 1983.

Jean Chrysostome, Commentaire sur Job, éd. H. Sorlin, SC 346 et 348, Paris 1988.

Jean Chrysostome, Sermons sur la Genèse, éd. L. Brottier, SC 433, Paris 1998.

G. Bady, Le Commentaire inédit sur les Proverbes attribué à Jean Chrysostome,

Introduction, édition critique et traduction, thèse pour le doctorat à l'Université Lumière-

Lyon 2 sous la direction de M. Alexandre, 2 t., soutenue en janvier 2003 et non encore

publiée.

S. Joannis Chrysostomi De prophetarum obscuritate I et II, d’après l’édition de B. de

Montfaucon, Paris 1862 (= PG 56, 163-192)

S. Joannis Chrysostomi Homiliae in Genesim, d’après l’éd. de B. de Montfaucon, Paris

1862 (= PG 53 et 54).

Jean Chrysostome, Homélies sur Ozias, éd. J. Dumortier, SC 277, Paris 1981.

(Jérôme)

S. Hieronymi Presbyteri Opera, In Hieremiam, éd. S. Reiter, CCSL 74, Turnhout 1960.

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381

(Nil d’Ancyre)

Nilus von Ancyra, Schriften. Band I : Kommentar zum Hohelied, éd. H. U. Rosenbaum, PTS

57, Berlin 2004.

(Olympiodore)

Olympiodori Alexandrini Fragmenta in Jeremiam, d’après l’édition de M. Ghisleri, Paris

1865 (= PG 93, 628-725).

(Origène)

Ex Origene selecta in Jeremiam, d’après l’édition de C. et C. V. Delarue, Paris 1862, (= PG

13, 543-662)

P. Nautin = Origène, Homélies sur Jérémie, éd. P. Nautin, 2 t., SC 232 et 238, Paris 1976 et

1977.

E. Klostermann, OW (Origenes Werke) = Origenes, Jeremiahomilien,

Klageliederkommentar, Erklärung der Samuel und Königsbücher, éd. E. Klostermann,

revue par P. Nautin, Berlin 1983.

Origenes, Matthaüserklärung, t. I (Die griechisch erhaltenen Tomoi), éd. E. Klostermann et

E. Benz, GCS 40, Leipzig 1935.

Origenes, Matthaüserklärung, t. II (Die lateinische Übersetzung der Commentariorum

Series), éd. E. Klostermann et E. Benz, GCS 38, Leipzig 1933.

Origenes, Matthaüserklärung, t. III (Fragmente und indices), éd. E. Klostermann et E.

Benz, GCS 41, Leipzig 1941.

Origenes, Homilien zu Samuel I, zum Hohelied und zu den Propheten, Kommentar zum

Hohelied in Rufins und Hieronymus Übersetzungen, éd. W. A. Baehrens, GCS 33, Leipzig

1925.

Ex Origenis Commentariis in Psalmos, d’après l’édition de C. et C. V. Delarue, Paris 1857

(= PG 12, 1053-1685).

Ex Origene in Evangelium Lucam, d’après l’édition de C. et C. V. Delarue, Paris 1857 (=

PG 17, 341-369)

Origène, Philocalie 1-20. Sur les Écritures, éd. M. Harl, SC 302, Paris 1983.

Origène, Philocalie 21-27. Sur le libre arbitre, éd. E. Junod, SC 226, Paris 1976.

Origène, Homélies sur les Nombres, éd. L. Doutreleau, SC 415, 442, 461, Paris 1996, 1999,

2001.

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382

jWrigevnou" ta; euJriskovmena pavnta. Origenis opera omnia, collecta opera et studio C.

Delarue, Paris 1733. (= PG 11-17)

(Romanos le mélode)

Romanos le Mélode, Hymnes, éd. J. Grosdidier de Matons, 5 t., SC 99, 110, 114, 128 et 283,

Paris 1964, 1965, 1965, 1967 et 1981.

(Sévère d’Antioche)

Sévère d’Antioche, Hom. 1-17, éd. M. Brière et F. Graffin, PO 38, fasc. 2 (1977), pp. 249-

470.

The Sixth Book of the Select Letters of Severus Patriarch of Antioch in the Syriac Version of

Athanasius of Nisibis, éd. et trad. E. W. Brooks, t. I (textus), Londres 1902 et t. II/1 et 2

(translatio), Londres 1903 et 1904.

I. B. Chabot, Documenta ad origines monophysitarum illustrandas, CSCO 17 (textus) et 103

(translatio), Louvain 1907 et 1933, réimpr. 1962 et 1952.

(Théodoret de Cyr)

Beati Theodoreti Episcopi Cyrensis In divini Jeremiae prophetiam interpretatio, éd. J. L.

Schultze, d’après l’édition de J. Sirmond, Paris 1864 (= PG 81, 495-806)

Théodoret de Cyr, Commentaire sur Isaïe, éd. J.-N. Guinot, 3 t., SC 276, 295 et 315, Paris

1980, 1982, 1984.

B. Theodoreti Ep. Cyri opera omnia in V tomos distributa studio Jacobi Sirmondi et Joannis

Garnerii, Paris 1642-1684 (= PG 80-84).

Doctrina Patrum de incarnatione, éd. F. Diekamp, Münster 1907.

A. Mai, Scriptorum Veterum Nova Collectio, 9 t., Rome, 1837

A. Mai, Nova Patrum Bibliotheca, 7 t., Rome 1844-1854

J.-B. Pitra, Spicilegium Solesmense, 4 t., Paris 1852

J.-B. Pitra, Analecta Sacra Spicilegio Solesmensi parata, 4 t., Venise 1883.

− études patristiques

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l’Église au XXe siècle : l’aventure des Sources Chrétiennes, Paris 1997, pp. 163-187.

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lumière des Pères de l’Église, un temps nouveau pour les hommes. Colloque du Centre

Sèvres en lien avec l’Institut des Sources Chrétiennes (22-23 octobre 1999), Paris 2000,

pp. 109-125.

G. Astruc-Morize, « Les vicissitudes au XVIIe siècle d’un important "florilège" de textes

chrysostomiens, bien connu en latin au XVIe siècle », in Les Pères de l’Église au XVIIe siècle,

E. Bury et B. Meunier (dir.), Paris 1993, pp. 369-390.

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Ricerche intorno a s. Giovanni Crisostomo, Rome 1908, pp. 143-171.

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pp. 179-193.

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1975, pp. 17-24.

E. A. W. Budge, Coptic Homilies in the Dialect of Upper Egypt, Londres 1910.

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Meunier (dir.), Paris 1993, pp. 213-226.

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éléments d’étude critique, traduction et notes, deuxième version (décembre 2005) d’une

thèse de doctorat soutenue sous la direction de M. Alexandre, le 17 décembre 2004 à Paris

IV, volume non publié.

A.-M. Denis, Introduction aux pseudépigraphes grecs de l'Ancien Testament, Leyde 1970.

A.-M. Denis, Introduction à la littérature religieuse judéo-hellénistique, 2 t., Turnhout

2000.

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1970, pp. 390-399.

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G. Dorival, « Nouveaux fragments grecs de Sévère d’Antioche », in ANTIDWRON,

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G. Dorival, Qu'est-ce qu'un corpus littéraire ? Recherches sur le corpus biblique et les

corpus patristiques, avec la collaboration de C. Boudignon, F. Bouet, C. Cavalier,

Collection de la revue des Études juives, Paris-Louvain 2005.

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J.-N. Guinot, L’exégèse de Théodoret de Cyr, Paris 1995.

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E. Junod « Que savons-nous des "scholies" d’Origène ? », in Origeniana sexta. Origène et

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G. Mercati, Osservazioni a proemi del salterio (di Origene, Ippolito, Eusebio, Cirillo

Alessandrino e altri) con frammenti inediti, Studi e Testi 142, Vatican 1948.

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M. Richard, « Les fragments exégétiques de Théophile d’Alexandrie et de Théophile

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n°38.

742 Cet article est le seul à ne pas avoir été publié auparavant, à ce qu’il semble (cf. table des matières du t. III).

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R. Roukema, « L’interprétation patristique de quelques mots hébraïques de la Septante », in

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Chaînes exégétiques

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Catenae in Evangelia S. Matthaei et S. Marci, éd. J. A. Cramer, 8 t., Oxford 1840.

M. Ghisleri = M. Ghisleri743, In Ieremiam Prophetam Commentarii, 3 t., Lyon 1623.

Die Älteren Griechischen Katenen zum Buch Hiob, éd. U. & D. Hagedorn, PTS 40, Berlin

1994.

La chaîne palestinienne sur le Psaume 118, éd. M. Harl et G. Dorival, 2 t., SC 189 & 190,

Paris 1972.

Catena Hauniensis in Ecclesiasten, in qua saepe exegesis servatur Dionysii Alexandrini, éd.

A. Labate, CCSG 24, Turnhout 1992.

Procopii Gazaei Catena in Ecclesiasten, necnon Pseudochrysostomi Commentarius in

eundem Ecclesiasten, éd. S. Leanza, CCSG 4, Turnhout 1978.

Anonymus in Ecclesiasten commentarius qui dicitur Catena Trium Patrum, éd. S. Lucà,

CCSG 11, Turnhout 1983.

La chaîne sur la Genèse, éd. F. Petit, 4 t., Traditio exegetica graeca 1-4, Louvain 1991,

1993, 1995, 1996.

743 Son nom est orthographié de différentes manières : Ghisleri dans son édition, Ghisler chez M. Faulhaber et Ghislieri ailleurs.

Page 386: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

386

La chaîne sur l’Exode, éd. F. Petit, 2 t., Traditio exegetica graeca 9-10, Louvain 1999 et

2000.

L. Vianès = L. Vianès, La chaîne monophysite sur Ézéchiel 36-48. Présentation, texte

critique, traduction française, commentaire, thèse pour le doctorat à l’EPHE Ve section

sous la direction d’A. Le Boulluec, soutenue en 1997.

− études sur les chaînes

J.-M. Auwers, « La transmission des commentaires sur le Cantique dans l'Epitomé de

Procope de Gaza », Studia Ephemeridis Augustinianum 90, Rome 2004, pp. 763-776.

J-M. Auwers, « Ct 2, 1 au miroir de la chaîne de Procope », Ephemerides Theologicae

Lovanienses, Louvain 2003, pp. 329-346.

J.-M. Auwers, « Regards croisés sur le Cantique des Cantiques »,

http://www.hecc.ucl.ac.be/canticum/canticorum.htm.

H. Belting, G. Cavallo, Die Bibel des Niketas, ein Werk der höfischen Buchkunst in Byzanz

und sein antikes Vorbild, Wiesbaden 1979.

C. Curti & M. A. Barbàra, « Catene esegetiche greche », in A. di Berardino (dir.)

Patrologia, t. V, Gênes 2000, pp. 611-655.

R. Devreesse, « Chaînes exégétiques grecques », in SDB, t. I, Paris 1928, col. 1083-1234.

G. Dorival, « Des commentaires de l’Écriture aux chaînes », in C. Mondésert (dir.), Le

monde grec ancien et la Bible, Bible de tous les temps, t. I, Paris 1984, pp. 361-383.

G. Dorival, « La postérité littéraire des chaînes exégétiques grecques », REB 43 (1985), pp.

209-226.

G. Dorival, Les chaînes exégétiques grecques sur les Psaumes = G. Dorival, Les chaînes

exégétiques grecques sur les Psaumes. Contribution à l’étude d’une forme littéraire, 4 t.,

Louvain 1986, 1989, 1992, 1995 (t. V non publié).

M.-G. Guérard, « Procope de Gaza Épitomé sur le Cantique des Cantiques : les trois plus

anciens témoins, Paris. gr. 153, 154, 172 », Byzantion 73 (2003), pp. 9-59.

S. Leanza, « La lettera esegetica in frammenti : la tradizione catenaria », Augustinianum 37

(1997), pp. 25-36.

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J. Lowden, « An alternative interpretation of the manuscripts of Niketas », Byzantion 53

(1983), p. 559-574.

F. Petit, « L'édition des chaînes exégétiques grecques sur la Genèse et l’Exode », Le Muséon

91, Louvain 1978.

F. Petit, « La chaîne grecque sur la Genèse, miroir de l'exégèse ancienne », Stimuli. Exegese

und ihre Hermeneutik in Antike und Christentum. Festschrift für Ernst Dassmann, Münster

1996, pp. 243-253.

F. Petit, « La chaîne grecque sur l'Exode : description générale et problèmes spécifiques »,

Studia Patristica XXX, Louvain 1997, pp. 97-101.

M. Richard, « Les premières chaînes sur le Psautier », Bulletin d’information de l’IRHT 5

(1956), pp. 87-98 = Opera minora III, n°70, Turnhout 1977.

J.-H. Sautel, « Trois tétraévangiles jumeaux entourés de la chaîne de Pierre de Laodicée,

étude de la mise en page et de la réglure », International Journal of the History and

Conservation of the Book, n°3 (2001), pp. 113-135.

J.-H. Sautel, « Aspects de la mise en page des manuscrits grecs à chaînes exégétiques (Paris,

BnF, Fonds Coislin) », in Le Commentaire entre tradition et innovation. Actes du colloque

international de l’Institut des traditions textuelles (Paris et Villejuif, 22-25 septembre

1999), M.-O. Goulet-Cazé (dir.), Paris 2000, pp. 89-98.

L. Vianès, « Aspects de la mise en page dans les manuscrits de chaînes sur Ézéchiel », in Le

commentaire entre tradition et innovation. Actes du colloque international de l’Institut des

traditions textuelles (Paris et Villejuif, 22-25 septembre 1999), M.-O. Goulet-Cazé (dir.),

Paris 2000, pp. 79-88.

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Briquet = M. Briquet, Les Filigranes. Dictionnaire historique des marques du papier…, 4 t.,

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P. Canart, « Les manuscrits copiés par Manuel Provataris (1546-1570 environ) », Mélanges

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G. Cavallo, « La maiuscola tra i secoli VIII-XI », in La paléographie grecque et byzantine,

colloques internationaux du CNRS (Paris 21-25 octobre 1974), Paris 1977, pp. 95-137.

R. Cessi, « Bartolomeo e Camillo Zanetti tipografi et calligrafi del ‘500 », Archivio Veneto-

Tridentino 8 (1925), pp. 174-182.

A. Dain, Les manuscrits, 3ème éd., Paris 1975.

G. Derenzini, « Camillo Zanetti copista : tra vivere e scrivere », Annali della Facoltà di

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Titres et articulations du texte dans les œuvres antiques. Actes du colloque international de

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P. Géhin et al., Les manuscrits grecs datés des XIIIe et XIVe siècles conservés dans les

bibliothèques publiques de France, t. II (Première moitié du XIVe siècle), Paris 2005.

Lire le manuscrit médiéval. Observer et décrire, P. Géhin (dir.), Paris 2005.

J.-P. Gumbert, « L’unité codicologique ou : à quoi bon les cahiers ? », Gazette du livre

médiéval 14, Paris 1989, pp. 4-8.

J. Irigoin, Règles et recommandations pour les éditions critiques (série grecque), Paris

1972.

J. Irigoin, Le livre grec des origines à la Renaissance, Paris 2001.

J. Irigoin, « La minuscule bouletée », in La paléographie grecque et byzantine, colloques

internationaux du CNRS (Paris 21-25 octobre 1974), Paris 1977, pp. 191-199.

J. Irigoin, « L'onciale grecque de type copte », Jahrbuch der Österreichischen

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Répertoire Leroy-Sautel = J.-H Sautel, Répertoire de réglures dans les manuscrits grecs sur

parchemin.Base de données établie à l’aide du fichier LEROY et des catalogues récents,

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K. Weitzmann, Die Byzantinische Buchmalerei des IX und X Jahrhunderts, 2 t., Vienne

1996.

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papyricae historiam illustrantia III, Hilversum 1953.

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− ouvrages consacrés aux manuscrits bibliques

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T. H. Darlowe et H. F. Moule, Historical Catalogue of the Printed Editions of Holy

Scripture in the Library of the British, Foreign Bible Society, London 1903-1911.

B. M. Metzger, Manuscripts of The Greek Bible. An Introduction to palaeography, New-

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A. Rahlfs, Verzeichnis der griechischen Handschriften des Alten Testaments, Mitteilungen

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H. B. Swete, An Introduction to the Old Testament in Greek, revu par R. R. Ottley,

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− catalogues de chaînes exégétiques

M. Faulhaber = M. Faulhaber, Die Propheten-catenen nach römischen Handschriften,

Biblische Studien IV, 2-3, Fribourg 1899.

M. Faulhaber, « Kat. spanischen Bibl. » = M. Faulhaber, « Die Katenenhandschriften744 der

spanischen Bibliotheken », Biblische Zeitschrift I, Fribourg 1903, pp. 151-159, 246-255 et

351-371. (RIII 88)745

744 Je respecte ici l’orthographe du titre de l’article de M. Faulhaber : Katenen qui est l’orthographe courante du mot en allemand. On trouve pourtant dans la majorité des titres d’ouvrages (cf. supra H. Lietzmann et M. Faulhaber) l’orthographe Catenen, sans doute due à l’origine latine du mot : Catena. 745 J’indique le numéro des catalogues dans la troisième édition du répertoire Richard-Olivier (Répertoire des bibliothèques et des catalogues de manuscrits grecs de Marcel Richard, 3ème éd. entièrement refondue par J.-M. Olivier, Turnhout 1995). Ils sont commodément classés selon ces numéros à la bibliothèque de la section grecque de l’IRHT.

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391

G. Karo & H. Lietzmann = G. Karo & H. Lietzmann, Catenarum Graecarum Catalogus,

Göttingen 1902. (RIII 87)

H. Lietzmann746, Catenen : Mitteilungen über ihre Geschichte und handschriftliche

Überlieferung, Fribourg 1897.

− catalogues de bibliothèques747

M. Bandini, Catalogus codicum manuscriptorum Bibliotecae Mediceae Laurentianae, supp.

E. Rostagno et N. Festa, Leipzig 1961. (RIII 996)

G. De Andrés, Catálogo de los códices griegos de la Biblioteca Nacional, Madrid 1987.

(RIII 1608)

G. De Andrés, Catálogo de los Códices Griegos de la Real Biblioteca de El Escorial, t. II,

Madrid 1965. (RIII 972)

R. Devreesse, Bibliothecae Apostolicae Vaticanae Codices Vaticani graeci, t. II. Codices

330-603, Rome 1937 = Bibliothecae Apostolicae Vaticanae codices manu scripti recensiti

iussu Pii XI Pontificis Maximi, Praeside Iohanne Mercati S. Georgii in Velabro Card.

Diacono, S. R. E. Bibliothecario et Scriniario. Codices Vaticani graeci. Tomus II. Codices

330-603 recensuit R. Devreesse, In Bibliotheca Vaticana 1937. (RIII 831)

R. Devreesse, Bibliothecae Apostolicae Codices Vaticani graeci. Tomus III. Codices 604-

866, Rome 1950 = Bibliothecae Apostolicae Vaticanae codices manu scripti recensiti iussu

Pii XI Pontificis Maximi, Praeside Iohanne Mercati S. Georgii in Velabro Card. Diacono,

S. R. E. Bibliothecario et Scriniario. Codices Vaticani graeci. Tomus III. Codices 604-866

recensuit R. Devreesse, In Bibliotheca Vaticana 1950. (RIII 832)

E. Feron et F. Battaglini, Bibliothecae Apostolicae Vaticanae codices graeci Ottoboniani,

Rome 1893 = Bibliotecae Apostolicae Vaticanae codices manuscripti recensiti iubente

Leone XIII Pont. Max. Codices manuscripti graeci Ottoboniani Bibliotecae Vaticanae

746 L’initiale de son prénom est H en langue allemande (Hans), mais I ou J en langue latine (Iohannes ou Johannes). Il s'agit bien du même savant. L'ouvrage Catenen est publié sous le nom H. Lietzmann, tandis que le Catenarum graecarum catalogus est publié sous le nom I. Lietzmann. 747 J'ai choisi de normaliser l'orthographe de bibliotheca dans les titres de catalogues de la Vaticane et de ne pas reproduire les particularités de ces titres.

Page 392: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

392

descripti, Praeside Alphonso Cardinali Capecelatro Archiepiscopo Capuano, S. R. E.

Bibliotecario, recensuerunt E. Feron et F. Battaglini, Romae 1893. (RIII 814)

P. Franchi de’ Cavalieri, Bibliothecae Apostolicae Vaticanae codices graeci Chisiani et

Borgiani, Rome 1927 = Bibliothecae Apostolicae Vaticanae codices manu scripti recensiti

iussu Pii XI Pontificis Maximi, Praeside Aidano Gasquet O. S. B. S. Mariae in Porticu

Card. Diacono, S. R. E. Bibliothecario et Tabularii Vaticani praefecto. Codices graeci

Chisiani et Borgiani recensuit P. Franchi de’ Cavalieri, Romae 1927. (RIII 808)

K. Hajdu, Catalogus codicum manu scriptorum Bibliothecae Monacensis, t. II, pars III (cod.

110-180), Wiesbaden 2003. (RIII 1767a)

I. Hardt, Catalogus codicum manuscriptorum graecorum Bibliothecae Regiae Bauaricae, 4

t., Munich 1806-1812. (RIII 1763)

H. Hunger et O. Kresten, Katalog der griechischen Handschriften der Österreichischen

Nationalbibliothek, pars 3/1, Vienne 1976. (RIII 2444)

H. Omont, Inventaire sommaire des manuscrits grecs de la Bibliothèque nationale et des

autres bibliothèques de Paris et des Départements, t. I, Paris 1886. (RIII 192)

A. Papadopoulos-Kérameus, JIerosolumitikh; biblioqhvkh h[toi katavlogo"..., t. IV,

Saint-Pétersbourg 1899. (RIII 1286)

C. Samberger, Catal. cod. gr. qui in minoribus bibliothecis italicis asseruantur, Leipzig

1965. (RIII 241)

H. Stevenson, Bibliothecae Apostolicae Vaticanae codices manuscripti graeci Reginae

Suecorum et Pii PP II, Rome 1888 = Bibliotecae Apostolicae Vaticanae codices

manuscripti recensiti iubente Leone XIII Pont. Max. Codices manuscripti graeci Reginae

Suecorum et Pii PP II Bibliotecae Vaticanae descripti, Praeside I. B. Cardinali Pitra

episcopo Portuensi, S. R. E. Bibliotecario, recensuit H. Stevenson, Romae 1888. (RIII 825)

Inventarium codicum Vaticanorum Graecorum 993-2160 (Sala Cons. Mss. 323). (RIII 847)

Ouvrages et articles divers

D. Banon, La lecture infinie : les voies de l’interprétation midrachique, Paris 1987.

Page 393: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

393

D. Barthélemy, « Les traditions anciennes de division du texte biblique de la Torah », in

Selon les Septante, Hommage à M. Harl, G. Dorival et O. Munnich (dir.), Paris 1995, pp.

27-51.

A. Cohen, Le Talmud, Exposé synthétique du Talmud et de l’enseignement des Rabbins sur

l’éthique, la religion, les coutumes et la jurisprudence, Paris 1983.

G. C. Conticello, « San Tommaso ed i Padri : la Catena aurea super Iohannem », Archives

d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge 57 (1990), pp. 31-92.

Scholia graeca in Homeri Iliadem ex codicibus aucta et emendata, éd. G. Dindorf, 6 t.,

Oxford 1875-1888.

G. Dorival, « Existe-t-il une recherche proprement littéraire dans le domaine de l’Antiquité

tardive ? », TOPOI Orient-Occident 4/2 (1994), pp. 651-669.

G. Dorival, « L’apport des Pères de l’Église à la question de la clôture du canon de l’Ancien

Testament », in The Biblical Canons, J.-M. Auwers et H. J. de Jonge (dir.), Louvain 2003.

« Talmud, Babylonian », Encyclopaedia Judaica, t. XV, col. 755-768.

Scholia graeca in Homeri Iliadem, éd. H. Erbse, 7 vol., Berlin 1969-1988.

N. Fernández Marcos, Introducción a las versiones griegas de la Biblia, 2ème éd., Madrid

1998.

C. Furrer-Pilliod, OROI KAI UPOGRAFAI Collections alphabétiques de définitions

profanes et sacrées, Studi e Testi 395, Vatican 2000.

A. Gudeman, « Scholien », in A. Pauly & G. Wissova, Real Encyclopädie der Classischen

Altertumswissenschaft, II, Stuttgart 1923, col. 625-705.

Hermogène, Art rhétorique, intro., trad. et notes par M. Patillon, Paris 1997.

Ph. Hoffmann, « Bibliothèques et formes du livre à la fin de l’Antiquité. Le témoignage de

la littérature néoplatonicienne des Ve et VIe siècles », in I manoscritti greci tra riflessione e

dibattito, Atti del V Colloquio Internazionale di Paleografia Greca (Cremona, 4-10 ottobre

1998), G. Prato (dir.), t. II, Florence 2000, pp. 601-632.

J. Isaac, Genèse de l’antisémitisme, Paris 1956.

Ioannis Scylitzae, Synopsis historiarum, éd. H. Thurn, Corpus Fontium Historiae

Byzantinae n°V, Berlin 1973.

Jean Skylitzès, Empereurs de Constantinople, trad. B. Flusin et annot. J.-C. Cheynet, Paris

2003.

Page 394: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

394

P. Lévêque, Aurea Catena Homeri. Une étude sur l’allégorie grecque, Annales littéraires de

l’Université de Besançon 27 (1959).

M. Patillon, Éléments de rhétorique classique, Paris 1990.

R. Pfeiffer, History of Classical Scholarship from the Beginning to the End of the

Hellenistic Age, Oxford 1968.

Th. Schermann, De prophetarum vita et obitu, Epiphanii recensio altera, Leipzig 1907.

H. Schreckenberg, Die christlichen Adversus-Judaeos-Texte und ihr literarisches

und historisches Umfeld (1.-11. Jh.), Frankfort 1982.

L'exégèse de l'âme-Nag Hammadi. Codex II, 6, intro., trad. et comm. par M. Scopello,

Leyde 1985.

M. Simon, Verus Israel. Étude sur les relations entre chrétiens et Juifs dans l’empire

romain (135-425), Paris 1964.

The Babylonian Talmud, Seder Nezikin, t. III, trad. I. Epstein, Londres 1935.

E. Ulrich, « The Bible in the Making : The Scriptures found at Qumran », in The Bible at

Qumran : Text, Shape, and Interpretation, P. W. Flint (dir.), Grand Rapids 2001, pp. 51-66.

Physiologus, éd. F. Sbordone, Milan 1936.

N. G. Wilson, « A Chapter in the History of Scholia », The Classical Quarterly 17 (1967),

pp. 244-256.

Physiologos. Le bestiaire des bestiaires, éd., trad. et comm. A. Zucker, Grenoble 2004.

G. Zuntz, « Die Aristophanes-Scholien der Papyri », Byzantion 13 (1938), pp. 631-690 &

Byzantion 14 (1939), pp. 545-614.

Page 395: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

395

TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION…………………………………………………………………….7

CHAPITRE 1 : PRÉSENTATION DES CHAÎNES EXÉGÉTIQUES GRECQUES,

L’EXEMPLE DES CHAÎNES EXÉGÉTIQUES SUR LE LIVRE DE JÉRÉMIE .... 11

I. État de la recherche sur les chaînes exégétiques grecques.....................................................11

II. Pour une nouvelle définition des chaînes...............................................................................17 A. Qu’est-ce qu’une chaîne exégétique ? ................................................................................17

B. À quel genre littéraire se rattachent les chaînes exégétiques ? ...........................................23

III. Présentation des différents types de chaînes sur le livre de Jérémie et de leurs témoins manuscrits ......................................................................................................................................31

A. État de la recherche .............................................................................................................31

B. Présentation des chaînes sur Jérémie ..................................................................................35

1) Présentation des témoins de la chaîne à auteurs multiples ou type B................................36 a) Famille B1......................................................................................................................38 Chisianus gr. 45 (= Chisianus R. VIII 54 ) (siglum C = Rahlfs 87) ..............................39 Ottobonianus gr. 452 (siglum O = Rahlfs 91) ...............................................................42 Vaticanus gr. 1153-1154 (siglum V = Rahlfs 97)..........................................................44 Parisinus gr. 158 (siglum P = Rahlfs 567).....................................................................47 Parisinus gr. 159 (siglum Q = Rahlfs 568)....................................................................49 Pii II 18 (siglum X) ........................................................................................................51

b) La tradition textuelle de la famille B1 ...........................................................................52 c) Stemma de la famille B1 ................................................................................................59 d) Famille B2 .....................................................................................................................60 Laurentianus V 9 (siglum L = Rahlfs 90) ......................................................................60 Laurentianus XI 4 (siglum F = Rahlfs 49).....................................................................63 Matritensis 4717 (siglum M = Rahlfs 435)....................................................................64 Matritensis 4671 (siglum N = Rahlfs 430) ....................................................................65 Vaticanus gr. 347 (siglum W = Rahlfs 36) ....................................................................66

e) La tradition textuelle de la famille B2 ...........................................................................68 f) Stemma des chaînes de type B sur Jérémie ....................................................................73

2) Présentation des témoins de la chaîne à deux auteurs ou type A.......................................74 a) Les manuscrits ...............................................................................................................75 Vaticanus gr. 675 (siglum Y).........................................................................................75 Vaticanus gr. 1204 (siglum Z) .......................................................................................77 Bononiensis gr. 2373 (siglum B)....................................................................................79 Monacensis gr. 117 (siglum A)......................................................................................80 Vindobonensis theol. gr. 36 (siglum T)..........................................................................81

b) La tradition textuelle de la chaîne à deux auteurs..........................................................83 c) Stemma de la chaîne de type A sur Jérémie...................................................................86

3) Stemma général des chaînes sur Jérémie ...........................................................................87

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396

IV. Les auteurs représentés dans les chaînes sur Jérémie : problèmes de sources et d’attributions ………………………………………………………………………………………………88

A. Hippolyte de Rome (première moitié du IIIe s. ap. J.-C.) ....................................................88

B. Origène (≈ 185-254)............................................................................................................88

C. Grégoire le Thaumaturge (≈ 213-275) ..............................................................................101

D. Eusèbe de Césarée (≈ 260-339) ........................................................................................102

E. Basile de Césarée (≈ 330-379) ..........................................................................................110

F. Apolinaire (≈ 310-390) .....................................................................................................110

G. Didyme (≈ 313-398)..........................................................................................................111

H. Jean Chrysostome (≈ 344/354-407) ..................................................................................111

I. Théophile d’Alexandrie (patriarche de 385 à 412) ...........................................................121

J. Isidore de Péluse (≈ 355-435/440) ....................................................................................122

K. Cyrille d’Alexandrie (patriarche de 412 à 444) ................................................................122

L. Théodoret de Cyr (≈ 393-466) ..........................................................................................124

M. Victor d'Antioche (première moitié du Ve s.) ....................................................................127

N. Sévère d’Antioche (≈ 465-538).........................................................................................128

O. Olympiodore (première moitié du VIe s.) ..........................................................................130

P. Polychronius (VIe s.)..........................................................................................................133

Q. Les scholies anonymes......................................................................................................133

V. Pour une datation des différents types de chaînes sur Jérémie ............................................139 A. Origine de la chaîne à auteurs multiples sur les quatre grands Prophètes ........................139

1) Le caténiste ......................................................................................................................139 2) Les auteurs cités...............................................................................................................140 3) Les manuscrits .................................................................................................................140 4) Autres critères ..................................................................................................................141

B. Origine de l’abrégé de la chaîne à auteurs multiples sur les Prophètes ............................143

C. Origine de la chaîne à deux auteurs sur le début du livre de Jérémie ...............................144

VI. Le corpus prophétique de la Septante d’après le témoignage des chaînes exégétiques.......147 A. Les différents types de chaînes prophétiques....................................................................149

B. L’éclairage apporté par le contenu des manuscrits de chaînes .........................................150

C. Les prologues et conclusions des chaînes .........................................................................156

CHAPITRE 2 : ÉDITION CRITIQUE ET TRADUCTION ANNOTÉE DES

DIFFÉRENTS TYPES DE CHAÎNES SUR LE LIVRE DE JÉRÉMIE (JR 1-4).... 164

I. Principes de l’édition ...........................................................................................................164

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397

A. Conspectus siglorum .........................................................................................................164

B. Stemma ..............................................................................................................................165

C. Eliminatio codicum ...........................................................................................................166

D. Principes de présentation communs aux trois types de chaînes........................................166

E. Principes propres à la chaîne intégrale à auteurs multiples ..............................................169

F. Principes propres à la chaîne abrégée à auteurs multiples ................................................171

G. Principes propres à la chaîne à deux auteurs.....................................................................173

II. Édition critique et traduction annotée de la chaîne à auteurs multiples sur Jr 1-4...............174

III. Édition critique et traduction annotée de l’abrégé de la chaîne à auteurs multiples sur Jr 1-4 ……………………………………………………………………………………………..174

IV. Édition critique et traduction annotée de la chaîne à deux auteurs sur Jr 1-4......................174

CHAPITRE 3 : ÉTUDE LITTÉRAIRE DES DIFFÉRENTES CHAÎNES SUR LE

LIVRE DE JÉRÉMIE................................................................................................ 176

I. Le fonctionnement des deux types de chaînes : modes d’écriture et de lecture ..................176

A. La chaîne du texte biblique ...............................................................................................177

1) Le texte biblique de la chaîne à auteurs multiples ...........................................................178 2) Le texte biblique de la chaîne à deux auteurs ..................................................................180

B. La chaîne des scholies patristiques ...................................................................................188

1) Les extraits patristiques dans la chaîne à deux auteurs....................................................188 2) Les extraits patristiques dans la chaîne à auteurs multiples ............................................189

C. La chaîne qui lie le texte de l’Écriture aux scholies patristiques ......................................202

1) Les liens entre texte biblique et extraits patristiques dans la chaîne à auteurs multiples 202 2) Les liens entre texte biblique et extraits patristiques dans la chaîne à deux auteurs .......205

II. De la chaîne intégrale (famille B1) à la chaîne abrégée (famille B2)..................................214 A. Les différences dans la physionomie de la chaîne entre la version intégrale et la version abrégée .....................................................................................................................................215

1) Les caractéristiques du texte biblique de l’abrégé...........................................................215 2) La présentation des extraits exégétiques dans l’abrégé ...................................................215 3) Les liens entre texte biblique et scholies patristiques......................................................217

B. Le passage de la chaîne intégrale (famille B1) à la chaîne abrégée (famille B2) .............221

1) Un principe de sélection ..................................................................................................222 2) Un principe de résumé .....................................................................................................223 3) Un principe d’enrichissement ..........................................................................................231

III. Les phénomènes de récriture................................................................................................242 A. Dans la chaîne intégrale à auteurs multiples.....................................................................242

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398

1) La récriture des Homélies sur Jérémie d'Origène............................................................242 2) La récriture du Commentaire sur Jérémie de Théodoret.................................................246 3) La récriture des extraits identifiés....................................................................................262 a) Eusèbe ..........................................................................................................................262 b) Didyme ........................................................................................................................262 c) Cyrille ..........................................................................................................................263 d) Sévère ..........................................................................................................................263 e) Olympiodore ................................................................................................................263

B. Dans la chaîne à deux auteurs ...........................................................................................265

1) La récriture du Commentaire sur Jérémie de Théodoret.................................................265 2) la récriture du Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome .....................................269

C. Dans la chaîne abrégée à auteurs multiples ......................................................................275

1) La récriture des extraits de la chaîne intégrale ................................................................275 2) La récriture du Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome ....................................276

IV. Les prologues des chaînes sur Jérémie ................................................................................279 A. Les prologues de la chaîne à auteurs multiples.................................................................279

1) Le prologue du caténiste..................................................................................................280 2) Le prologue de Jean Chrysostome...................................................................................283 3) Le prologue d'Eusèbe.......................................................................................................288 4) Le prologue anonyme ......................................................................................................291 5) Vie de Jérémie..................................................................................................................293

B. Les prologues de la chaîne à deux auteurs ........................................................................294

1) le prologue de Jean Chrysostome ....................................................................................294 2) Le prologue de Théodoret................................................................................................295

C. La postérité des prologues patristiques des chaînes..........................................................295

V. Le projet littéraire des caténistes et l'usage des chaînes ......................................................297

CHAPITRE 4 : ÉTUDE EXÉGÉTIQUE DES DIFFÉRENTES CHAÎNES SUR LE

LIVRE DE JÉRÉMIE................................................................................................ 300

I. L'exégèse du livre de Jérémie par les Pères grecs d'après le témoignage des chaînes exégétiques...................................................................................................................................301

A. La mise en place du contexte historique ...........................................................................301

B. Dieu et son peuple.............................................................................................................306

C. Un thème récurrent : l’éducation au repentir ....................................................................312

II. Les tendances exégétiques propres à chacune des deux chaînes .........................................316 A. Le profil exégétique de chacune des chaînes ....................................................................316

1) L'agencement des différents auteurs................................................................................316 2) Le recours à l'hébreu ou aux versions..............................................................................319 3) Le problème de la traduction du texte biblique ...............................................................322 4) L'usage des citations ........................................................................................................326

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399

5) Autres éléments spécifiques à l’une ou l’autre chaîne.....................................................327

B. Chaîne antiochienne et chaîne mixte ................................................................................329

1) La figure du prophète Jérémie .........................................................................................330 2) Les exégèses des visions et des images : accueil ou refus de l'interprétation allégorique ?..............................................................................................................................................332 3) Interprétation historique et interprétation typologique ....................................................336

III. De la chaîne intégrale à la chaîne abrégée : continuité ou rupture ?....................................340

IV. Le projet exégétique des caténistes et l'usage des chaînes...................................................344

CHAPITRE 5 : MISE EN PERSPECTIVE DES CHAÎNES SUR JÉRÉMIE PAR

RAPPORT À D’AUTRES CORPUS DE CHAÎNES............................................... 346

I. Chaîne à auteurs multiples sur Jérémie et chaîne sur Ézéchiel ............................................348

II. Chaînes sur Jérémie et chaînes sur le Cantique des Cantiques ...........................................353

III. Chaîne à auteurs multiples sur Jérémie et chaînes sur la Genèse ou l'Exode ......................359 A. La chaîne sur la Genèse ....................................................................................................359

B. La chaîne sur l'Exode ........................................................................................................361

IV. Chaîne à auteurs multiples sur Jérémie et chaîne sur Job....................................................363

V. Chaîne à auteurs multiples sur Jérémie et Chaîne sur le Psaume 118 .................................365

VI. Chaînes sur Jérémie et chaînes sur l’Ecclésiaste .................................................................367

CONCLUSION ......................................................................................................... 370

BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................. 376

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400

INDEX DES AUTEURS ANCIENS ET MODERNES

Auteurs anciens

Andronicus Comnenus Ducas..............78 Antimaque............................................26 Apolinaire de Laodicée .......35, 110, 111,

137, 141, 143, 190, 191, 192, 216, 231, 239, 246, 247, 334, 340, 342, 348, 350, 354, 365

Aquila..41, 109, 120, 127, 128, 131, 322, 323, 342

Aristonicos .....................................25, 27 Aristote.....................................19, 23, 29 Athanase.42, 50, 148, 284, 355, 365, 366 Athanase de Nisibis............................129 Augustin .............................................149 Basile de Césarée ..23, 35, 110, 350, 359, 361, 363

Cassiodore..........................................149 Clément d’Alexandrie ........................363 Cyrille d'Alexandrie ......35, 51, 122, 124, 130, 134, 136, 137, 142, 148, 150, 155, 190, 191, 263, 264, 280, 340, 348, 349, 350, 354, 357, 359, 360, 361, 363, 368

Damascius ......................................20, 29 Denys d’Alexandrie ...........................367 Denys l’aréopagite .............................363 Didyme.................................................25 Didyme d'Alexandrie 11, 25, 27, 35, 111, 134, 136, 190, 192, 195, 216, 229, 262, 264, 340, 342, 354, 355, 359, 363, 365, 367

Diodore de Tarse........284, 356, 359, 360 Dorothée...............................................50 Épiphane de Salamine.38, 41, 43, 47, 48, 50, 52, 60, 64, 68, 69, 148, 149, 157, 279, 294

Eusèbe d’Emèse .........................359, 361 Eusèbe de Césarée.......35, 37, 56, 60, 68, 100, 101, 102, 103, 104, 105, 106, 107, 108, 109, 110, 134, 136, 137, 141, 148, 190, 193, 262, 264, 279, 288, 289, 290, 291, 296, 302, 320, 322, 323, 329, 337, 340, 341, 350, 351, 355, 363, 365

Eustathe de Thessalonique ...................19 Évagre le Pontique ...........13, 23, 24, 363 Gennadius...........................................150

Georges le Moine...............................285 Grégoire de Nazianze ..........23, 363, 367 Grégoire de Nysse.....350, 353, 354, 355, 356, 357, 363, 367

Grégoire le Thaumaturge......35, 88, 101, 137, 367

Grégoire le théologien .......................150 Héraclite...............................................19 Hérodien ........................................25, 27 Hésiode ................................................26 Hésychius de Jérusalem....149, 150, 350, 361, 363, 365

Hippolyte de Rome ..........35, 50, 88, 155 Homère ........................23, 25, 26, 27, 28 Hypatius.............................................150 Innocent I ...........................................149 Isidore de Péluse .....20, 35, 71, 122, 190, 328, 340, 354, 363

Isidore de Séville ...............................149 Jean Chrysostome ...7, 26, 27, 28, 32, 35, 37, 54, 55, 56, 60, 68, 69, 70, 71, 72, 74, 75, 77, 78, 79, 80, 81, 82, 83, 84, 90, 105, 107, 111, 112, 113, 114, 115, 116, 117, 118, 119, 120, 124, 125, 126, 131, 133, 134, 135, 136, 137, 141, 142, 143, 144, 145, 150, 155, 166, 172, 180, 181, 182, 183, 184, 185, 186, 187, 188, 189, 190, 191, 192, 193, 194, 196, 200, 201, 202, 204, 205, 206, 207, 208, 209, 210, 211, 212, 213, 216, 217, 218, 219, 220, 223, 225, 226, 229, 232, 233, 234, 235, 236, 237, 238, 239, 240, 241, 246, 247, 254, 257, 260, 261, 266, 267, 268, 269, 271, 272, 273, 274, 275, 276, 277, 279, 283, 284, 285, 286, 287, 291, 292, 293, 294, 296, 298, 299, 300, 301, 302, 304, 305, 307, 308, 309, 310, 311, 312, 313, 314, 316, 317, 318, 319, 320, 321, 322, 324, 325, 326, 327, 328, 329, 330, 332, 333, 334, 335, 336, 340, 341, 342, 343, 345, 350, 351, 356, 357, 359, 360, 363, 364, 365, 368, 369

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401

Jean Drungarios.......20, 34, 36, 140, 150, 151, 152, 153, 154, 155, 156, 157

Jean Skylitzès.......................................78 Jérôme ..7, 24, 89, 90, 100, 134, 171, 320 Julien ..................................................363 Marinus ..........................................20, 29 Maxime le confesseur ........................353 Maxime le Confesseur .......................368 Méthode .............................................363 Michel Psellos ....................................354 Nicanor...........................................25, 27 Nicolas Muzalon ........................150, 151 Nil d'Ancyre ......126, 353, 354, 356, 357, 363, 367

Olympiodore d'Alexandrie..7, 24, 35, 41, 53, 71, 100, 101, 109, 130, 131, 132, 133, 137, 190, 191, 192, 193, 194, 198, 199, 200, 202, 216, 217, 218, 220, 237, 239, 240, 246, 263, 300, 305, 307, 308, 309, 316, 317, 329, 332, 333, 334, 335, 336, 337, 338, 340, 341, 342, 349, 363, 364, 367, 368, 369

Origène..7, 11, 23, 24, 31, 32, 33, 35, 58, 75, 81, 88, 89, 90, 91, 93, 94, 97, 99, 100, 101, 102, 107, 108, 109, 134, 136, 137, 138, 141, 143, 150, 155, 190, 191, 192, 193, 216, 217, 225, 231, 242, 243, 245, 262, 264, 287, 288, 289, 300, 305, 317, 329, 331, 332, 333, 335, 337, 340, 342, 350, 351, 354, 355, 356, 357, 359, 361, 363, 365, 366, 367, 368, 369

Philon d'Alexandrie............................359 Philon de Karpasia .............354, 355, 368 Philothéos..149, 150, 151, 152, 153, 154, 155, 156, 157, 160

Photius..........................................20, 297 Pindare .................................................26 Platon .............................................19, 20 Plutarque ............................................287 Polychronius d’Apamée....112, 120, 133, 135, 136, 350, 351, 352, 356, 363, 369

Polychronius le diacre.35, 133, 140, 190, 340, 355, 367

Porphyre .........................................25, 29 Proclus..................................................29 Procope de Gaza......14, 15, 18, 126, 141, 150, 151, 280, 281, 297, 353, 354, 355, 357, 360, 367, 368

Pseudo-Gelase....................................149 Rufin ..........................................100, 149 Sévère d'Antioche .....35, 36, 37, 71, 128, 129, 130, 136, 137, 138, 141, 142, 143, 189, 190, 191, 216, 219, 263, 340, 341, 342, 348, 349, 350, 351, 361, 363

Sévérien de Gabala ....................359, 363 Simplicius ............................................29 Stésimbrotos de Thasos .......................23 Symmaque ..41, 120, 127, 128, 131, 320, 322, 323, 342

Syrianus ...............................................29 Tarasius..............................................150 Théagène de Rhégion ..........................23 Théodore de Mopsueste.....356, 359, 363 Théodoret de Cyr 7, 8, 23, 32, 35, 56, 60, 71, 74, 75, 76, 77, 78, 79, 80, 81, 82, 83, 84, 85, 112, 113, 119, 124, 125, 126, 127, 131, 134, 137, 141, 144, 145, 149, 150, 152, 157, 160, 180, 181, 182, 183, 184, 185, 186, 187, 188, 189, 190, 191, 192, 196, 200, 201, 204, 205, 206, 207, 208, 209, 210, 211, 212, 213, 216, 219, 220, 235, 236, 238, 239, 246, 247, 253, 254, 256, 257, 259, 260, 261, 262, 264, 265, 266, 267, 268, 269, 270, 271, 272, 273, 275, 292, 293, 295, 298, 299, 300, 301, 302, 303, 304, 305, 306, 307, 308, 309, 310, 311, 312, 313, 314, 315, 316, 317, 318, 319, 322, 324, 325, 326, 327, 328, 329, 330, 331, 332, 333, 334, 335, 337, 338, 340, 341, 342, 345, 350, 351, 352, 354, 356, 357, 361, 362, 365, 366, 369

Théodotion...................41, 120, 127, 131 Théophile d'Alexandrie.......35, 121, 122, 142, 143, 190, 216, 308, 340, 342, 354, 355, 363

Théophile d'Antioche.................121, 359 Thomas d'Aquin.......................18, 19, 20 Victor d'Antioche..35, 71, 127, 128, 137, 190, 191, 192, 194, 200, 202, 204, 216, 217, 219, 220, 223, 225, 226, 231, 246, 247, 268, 303, 304, 305, 316, 322, 323, 329, 330, 340, 341, 342, 351

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402

Auteurs modernes

Achelis H..............................................88 Adler A...............................................285 Agati M. L............................................39 Alexandre M. .......................22, 117, 118 Amphoux C. ...................................4, 168 Aucher G. ...........................................114 Augustin P..............................................4 Auwers J.-M........1, 3, 14, 16, 17, 20, 22, 148, 203, 353, 354, 355, 357

Bady G. ..........................4, 117, 118, 283 Bandini A. M..................................60, 63 Barbàra M. A......................125, 353, 355 Barthélemy D. ....................................177 Battaglini F...........................................42 Belting H. .............................61, 144, 151 Benz E. .................................................94 Binggeli ..................................................4 Bogaert P.-M.......51, 147, 154, 290, 294, 295

Bossina L................................................4 Boud’hors A. ..........................................4 Bouet F. ..............................................168 Briquet M. ............................................77 Brooks E. W.......................................129 Brottier L....................................115, 310 Budge E. A. W. ..................................122 Canard P...............................................77 Casevitz M. ............................................4 Cassin M. ...............................................4 Cavallo G. ................61, 62, 65, 144, 151 Cerbu T. ...............................................89 Cessi R. ................................................80 Chabot I. B. ........................................129 Chétanian B....................................4, 115 Cheynet J.-C.........................................78 Cohen A. ..............................................30 Conticello G. C. ...................................19 Crépey C. .......................................4, 115 Curti C................................................125 De Andrés G.............................33, 64, 65 de Boor C. ..........................................285 Debié M..................................................4 Delarue C. ................................11, 89, 90 Denis A.-M.................................293, 294 Der Nersessian S. ...............................122 Derenzini G. .........................................80

Devreesse R. ...13, 15, 17, 20, 21, 23, 30, 34, 36, 44, 62, 66, 75, 81, 125, 129, 149, 212

Diekamp F. ........................................122 Dieu L.112, 115, 117, 120, 133, 135, 136 Dindorf G.............................................26 Dogniez C. .............................................4 Dorival G.1, 3, 13, 14, 15, 17, 18, 20, 30, 36, 74, 124, 128, 131, 139, 141, 144, 145, 148, 168, 177, 196, 280, 281, 284, 285, 297, 326, 344, 353, 365, 366

Dumortier J. ...............................114, 115 Dupont-Roc R....................................168 Erbse H. .......................23, 25, 26, 27, 28 Évieux P.............................................122 Faulhaber M....12, 13, 15, 31, 32, 33, 35, 36, 39, 42, 44, 51, 54, 60, 64, 65, 66, 68, 75, 77, 81, 88, 102, 110, 111, 112, 121, 122, 125, 127, 128, 130, 133, 134, 135, 136, 139, 140, 160, 161, 280, 281, 282, 349, 353

Fédou M.............................................143 Feron E.................................................42 Festugière A.......................................168 Flacelière R. .......................................287 Flusin B........................................1, 4, 78 Fraenkel D. ....................................4, 155 Franchi de’ Cavalieri P. .......................39 Fryde E. B. ...........................................61 Furrer-Pilliod C....................................69 Garnaud J.-P. .........................................4 Geerard M....................................34, 128 Géhin P. ...........................1, 3, 23, 24, 47 Ghisleri M. 15, 31, 51, 89, 90, 91, 93, 94, 109, 112, 122, 125, 130, 131, 132, 167, 183

Grelier H. ...............................................4 Gronewald M. ....................................111 Gudeman A. .........................................24 Guinot J.-N. .......127, 196, 325, 336, 337 Hagedorn U. & D.........................15, 363 Hajdú K................................................80 Hardt I. .................................................80 Harl M..............4, 15, 177, 287, 365, 366 Henry R..............................................297 Hermogène...........................................69 Hoffmann Ph........................29, 153, 389 Hunger H. ............................................81 Irigoin J. ...................................25, 39, 62 Junod E. .............................................100

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403

Karo G.12, 13, 15, 31, 33, 36, 39, 42, 44, 47, 49, 66, 75, 77, 79, 80, 81, 214, 281

Kecskeméti J. .................................80, 82 Klostermann E.31, 32, 33, 34, 37, 60, 89, 90, 91, 93, 94, 100, 131, 214

Kresten O. ............................................81 Labate A. ......................................15, 367 Laffitte M.-P.........................................49 Le Bars F. .............................................49 Leanza S...............................15, 283, 367 Lemaire A. .................301, 302, 303, 304 Leroy J............................................42, 44 Lévêque P.......................................19, 20 Lichačev N. P. ......................................77 Lietzmann H....12, 13, 15, 31, 33, 36, 39, 42, 44, 47, 49, 66, 75, 77, 79, 80, 81, 214, 281

Lowden J. .............41, 45, 46, 53, 62, 148 Lucà S. .................15, 353, 354, 367, 368 Lucien...........................................19, 120 Mai A. ............................................11, 42 Maillard J.-F...................................80, 82 Martini E. .............................................80 Mazal O..............................................140 Mercati G. ........................39, 49, 50, 288 Miller D. R. ........................................114 Mondrain B. .........................................80 Morlet S..........................4, 102, 108, 109 Mühlenberg E...............................11, 111 Munk Olsen B. ...........................153, 389 Munnich O. ........................1, 3, 155, 177 Muñoz A. .............................................62 Nautin P................31, 89, 90, 91, 94, 288 Olivier J.-M........................................285 Omont H.........................................47, 49 Papadopoulos-Kérameus A..........82, 127 Patillon M.............................................69 Petit F. .15, 17, 20, 22, 23, 132, 133, 142, 212, 359, 360, 361, 362

Petit M........................................293, 294 Pfeiffer R........................................24, 25 Phrantzoles K. G. ...............................134 Pitra J.-B.................................11, 88, 101 Portalier M. ....................................80, 82 Rahlfs A. ...13, 38, 39, 42, 44, 47, 49, 60, 63, 64, 65, 66, 75, 77, 79, 80, 81, 151, 164, 170, 295, 296

Richard M. ...................................13, 121 Rondeau M.-J. ......................................13 Rosenbaum H. U. ...............................126

Rouger D................................................4 Rouget D. ...........................................168 Roukema R. .......................................320 Samberger C. .......................................79 Sautel J.-H....4, 35, 36, 39, 42, 44, 66, 75 Schultze J.-L. .......................................32 Schulze J. L............................75, 81, 125 Schwemer A.-M.................................294 Sérandour A. ..................................4, 168 Simonetti M. ......................................143 Sirmond J. ......................32, 75, 125, 127 Sorlin H..............................................284 Stevenson H. ........................................51 Swete H. B. ..................................51, 149 Thurn H................................................78 Ulrich E..............................................148 Vianès L....12, 15, 36, 39, 42, 44, 49, 51, 53, 54, 55, 56, 60, 63, 64, 65, 66, 68, 71, 72, 141, 142, 143, 151, 214, 337, 348, 349, 350, 351, 352

Voicu S. .............................................117 Weitzmann K. ................................41, 62 Wilson N. G. ........................................24 Ziegler J. ....108, 155, 170, 171, 204, 289 Zonghi A. .............................................77 Zuntz G. ...............................................23

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404

INDEX DES LIEUX BIBLIQUES Genèse

Gn 1, 26....................................................93 Gn 8, 7....................................................121

Exode

Ex 3, 14 ..................................................330

Nombres

Nb 12, 14................................................123

Deutéronome

Dt 32, 9...........................................188, 318 Dt 32, 32.........................................189, 318

Règnes

1R 16, 7 ..................................................225

Psaumes

Ps 9...................................................99, 225 Ps 17, 30...........................................99, 244 Ps 33, 15.................................................225 Ps 33, 17...........................................98, 226 Ps 43, 18.................................................111 Ps 43, 24.................................................225 Ps 50, 20-21............................................124 Ps 57, 4...................................................101 Ps 86.......................................102, 103, 288 Ps 103.......................................................99 Ps 105, 37.......................................124, 255

Cantique

Ct 2, 1...............................................14, 354 Ct 2, 5.............................................354, 357

Ct 7, 2.....................................................354 Sagesse

Sg 1, 13 ....................................................93 Sg 2, 24 ....................................................93

Isaïe

Is 1, 21 .......................................93, 94, 245 Is 5, 2 .......................................................94 Is 29, 13 ...........................................96, 307 Is 57, 5-7 ................................................123 Is 60,14 ..................................................108 Is 66, 1 ...................................................106

Jérémie

Jr 1, 1 ...................52, 67, 70, 113, 206, 330 Jr 1, 2 .............................206, 207, 232, 302 Jr 1, 2-3 ..................................................302 Jr 1, 3 .......................55, 205, 206, 232, 327 Jr 1, 4 .......54, 248, 310, 312, 326, 330, 331 Jr 1, 4-5 ..........................................206, 232 Jr 1, 5 ......91, 100, 111, 133, 134, 204, 242, 309, 310, 311, 327, 330

Jr 1, 6 ...............85, 189, 205, 248, 330, 331 Jr 1, 7 .......91, 134, 181, 232, 235, 269, 326 Jr 1, 8 ......85, 189, 219, 248, 310, 311, 312, 326, 330, 331

Jr 1, 9 .....................................................260 Jr 1, 9-10 ................................182, 256, 265 Jr 1, 10 .................................58, 91, 92, 242 Jr 1, 11 ..113, 128, 129, 205, 219, 256, 257, 263, 265, 312, 319, 322, 324, 325

Jr 1, 12 ..186, 210, 239, 249, 257, 265, 325, 326

Jr 1, 13.. ......54, 55, 93, 210, 216, 233, 239, 249, 257, 265, 305, 318, 332

Jr 1, 14 ...........................................180, 239 Jr 1, 15 ...................205, 233, 236, 305, 327 Jr 1, 16 ...................181, 205, 233, 236, 312 Jr 1, 17 ...........................181, 233, 236, 311 Jr 1, 18 ...181, 182, 183, 233, 236, 249, 255 Jr 1, 19 ...................................219, 255, 326 Jr 2, 2 ....187, 189, 205, 207, 210, 260, 310, 318, 326

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405

Jr 2, 3......................189, 207, 250, 304, 318 Jr 2, 4................................................27, 181 Jr 2, 5..............................250, 301, 310, 327 Jr 2, 6......................................181, 233, 236 Jr 2, 7......187, 205, 208, 209, 309, 327, 335 Jr 2, 7-8 ..................................................208 Jr 2, 8.....185, 186, 205, 209, 233, 236, 239, 267, 269, 305, 308, 310, 342

Jr 2, 9.....238, 239, 250, 254, 308, 309, 310, 327

Jr 2, 10...239, 251, 257, 277, 309, 310, 318, 326

Jr 2, 10-11 ..............................................189 Jr 2, 12....................................181, 258, 318 Jr 2, 13....................128, 205, 251, 258, 334 Jr 2, 14...134, 183, 186, 209, 234, 303, 310, 327, 342

Jr 2, 15............................................181, 336 Jr 2, 16............................271, 304, 310, 336 Jr 2, 17....................................................205 Jr 2, 18...122, 189, 239, 304, 310, 319, 324, 333

Jr 2, 19....................181, 205, 239, 309, 338 Jr 2, 20....................181, 205, 239, 307, 308 Jr 2, 21.......93, 94, 189, 206, 307, 308, 310, 318, 319, 320, 324, 326

Jr 2, 22............239, 240, 277, 313, 318, 325 Jr 2, 23...205, 206, 240, 265, 272, 307, 308, 319, 320

Jr 2, 24....189, 206, 240, 277, 319, 324, 325 Jr 2, 25............181, 185, 205, 308, 319, 325 Jr 2, 26............................................181, 234 Jr 2, 27............................187, 205, 308, 309 Jr 2, 28............................................205, 309 Jr 2, 29...134, 205, 251, 254, 265, 305, 307, 310, 313

Jr 2, 29-30 ..............................................205 Jr 2, 30....................219, 234, 236, 265, 267 Jr 2, 31..............................94, 234, 269, 310 Jr 2, 32....................205, 206, 265, 310, 313 Jr 2, 33....................................................252 Jr 2, 34....................................................308 Jr 2, 35............................................307, 308 Jr 2, 35-36 ..............................................205 Jr 2, 36............121, 186, 206, 304, 308, 318 Jr 2, 37............................................181, 314 Jr 3, 1.....189, 265, 308, 309, 313, 318, 331, 334

Jr 3, 2..............121, 185, 307, 308, 318, 335 Jr 3, 3..............................307, 308, 324, 326

Jr 3, 4 .............................................121, 326 Jr 3, 5 .............................................182, 186 Jr 3, 6 ......95, 123, 260, 265, 266, 302, 303, 308, 311, 327

Jr 3, 7 .....................................................311 Jr 3, 7-8 ............................................95, 207 Jr 3, 9 .......................................95, 307, 327 Jr 3, 10 ...........................................181, 307 Jr 3, 10-11 ..............................................181 Jr 3, 12 ...........................310, 311, 313, 314 Jr 3, 13 ...................................................204 Jr 3, 14 ..102, 104, 105, 269, 303, 310, 311, 313, 326, 334, 337

Jr 3, 14-16 ......................................102, 105 Jr 3, 16 ...102, 105, 183, 260, 269, 314, 315 Jr 3, 16-17 ......................................102, 314 Jr 3, 17 ...................................181, 183, 186 Jr 3, 18 ...................................................181 Jr 3, 19 ...................181, 183, 255, 309, 310 Jr 3, 20 ...................................252, 254, 314 Jr 3, 21 ...................................187, 255, 265 Jr 3, 22 ..102, 107, 252, 254, 255, 258, 265, 311, 313, 314

Jr 3, 22-23 ......................................102, 107 Jr 3, 23 ...................................122, 123, 320 Jr 3, 24 .....97, 122, 124, 134, 307, 320, 321 Jr 3, 25 .....98, 185, 258, 270, 321, 326, 331 Jr 4, 1 .......................................98, 181, 311 Jr 4, 2 .......................................................98 Jr 4, 3 ...............98, 114, 181, 207, 313, 327 Jr 4, 4 ...............................98, 260, 313, 326 Jr 4, 5 .......................................99, 181, 266 Jr 4, 5-6 ....................................................99 Jr 4, 6 .............................181, 185, 305, 335 Jr 4, 7 .......................99, 181, 270, 304, 333 Jr 4, 9 .....................................................181 Jr 4, 10 ...........................................181, 252 Jr 4, 11 ...................................253, 307, 326 Jr 4, 12 ...................................................253 Jr 4, 13 ...........................................181, 204 Jr 4, 14 ...........................................266, 313 Jr 4, 15 ...................................305, 326, 333 Jr 4, 16 ...................................................181 Jr 4, 17 ...................................................316 Jr 4, 18 ...................................................266 Jr 4, 20 ...................102, 109, 181, 304, 327 Jr 4, 23 ...........................128, 129, 134, 337 Jr 4, 26 ...................................................134 Jr 4, 27 ...................................................134 Jr 4, 28 ...................................134, 309, 327

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406

Jr 4, 29............................................181, 333 Jr 4, 30....................134, 270, 307, 312, 327 Jr 4, 31............122, 247, 253, 254, 270, 327 Jr 4, 31 - 5, 1 ..........................................122 Jr 5, 3 - 5, 19 ..................................131, 263 Jr 5, 22....................................................125 Jr 6, 2 – 6, 4............................................114 Jr 6, 29....................................................125 Jr 6, 30....................................................125 Jr 9, 4 à 10, 2 ..........................................102 Jr 10, 20..................................................109 Jr 17, 22..................................................110 Jr 22, 30..................................................110 Jr 47, 2-3 ................................................226 Jr 48, 10..................................................110

Baruch

Ba 3, 36 - 4, 1 ...........................................62

Daniel

Dn 13, 42................................................101

Michée

Mi 2, 6 ....................................................225

Zacharie

Za 9, 9 ……………………………………106

Matthieu

Mt 13, 28..................................................92 Mt 16, 18................................................255 Mt 28, 20................................................255 Mt 5, 16..................................................226 Mt 5, 33-34 ............................................226

Jean

Jn 20, 22.................................................225 Jn 5, 22...................................................226

Lettres pauliniennes

Rm 1, 1...................................................100 Rm 11, 25-26 .........................................108 Rm 11, 26...............................................108 Rm 12, 15...............................................247 Rm 9, 17.................................................225 1Co 3, 10..........................................92, 244 1Co 3, 16-17 ..................................225, 335 1Co 3, 9............................................92, 244 Gal 1, 15.................101, 195, 256, 330, 332 Eph 4, 19..................................................97 Eph 5, 14..................................97, 225, 245 1Tm 3, 15.........................................99, 244

Lettres de Pierre

1P 5, 8-9...........................................99, 244 1P 5, 9 ....................................................225

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CONSPECTUS SIGLORUM

Chaîne intégrale à auteurs multiples

C Chisianus gr. 45 (= Chisianus R VIII 54) (= Rahlfs 87)

O Ottobonianus gr. 452 (= Rahlfs 91)

V Vaticanus gr. 1154 (= Rahlfs 97)

P Parisinus gr. 158 (= Rahlfs 567)

Q Parisinus gr. 159 (= Rahlfs 568)

X Pii II 18

Chaîne abrégée à auteurs multiples

L Laurentianus V 9 (= Rahlfs 90)

F Laurentianus XI 4 (= Rahlfs 49)

M Matritensis 4717 (= Rahlfs 435)

N Matritensis 4671 (= Rahlfs 430)

W Vaticanus gr. 347 (= Rahlfs 36)

Chaîne à deux auteurs

Y Vaticanus gr. 675

Z Vaticanus gr. 1204

B Bononiensis gr. 2373

A Monacensis gr. 117

T Vindobonensis theol. gr. 36

AVERTISSEMENT AU LECTEUR

Dans le commentaire (chap. 3, 4 et 5), je ferai référence aux extraits exégétiques des

différentes chaînes de la manière suivante :

Je citerai les extraits de la chaîne intégrale à auteurs multiples selon le numéro,

éventuellement accompagné d'une lettre minuscule, qu'ils ont dans ma traduction (par

ex. : extrait 135b).

Je citerai les extraits de la chaîne abrégée à auteurs multiples selon la place qu'ils ont

dans les sections numérotées qui apparaissent dans ma traduction (par ex. : deuxième

extrait de la section 12) et, si la section se résume à un seul extrait, selon le numéro de

cette section (par ex. : section 4'''').

Je citerai les extraits de la chaîne à deux auteurs avec leur attribution et le lieu biblique

sur lequel ils portent, étant donné que cette chaîne ne donne aucun système de

numérotation (par ex. : extrait de Théodoret sur Jr 2, 36 ou, si l'extrait est sans

attribution dans la chaîne, extrait non attribué sur Jr 3, 24).

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1

Texte biblique Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

a I1 To. rh/ma tou/ Qeou/ o] evge,neto evpi. vIeremi,an to.n tou/ Celki,ou

b evk tw/n iere,wn( o]j katw,|kei

g evn vAnaqw.q evn gh/| Beniami/n\ 2 o]j evgenh,qh lo,goj tou/ Qeou/ pro.j auvto.n evn tai/j

hme,raij

d vIwsi,ou uiou/ vAmmw/j basile,wj vIou,da e;touj triskaideka,tou evn th/| basilei,a|5

auvtou/\ 3 kai.. evge,neto evn tai/j hme,raij vIwakei.m ui`ou/ vIwsi,ou basile,wj vIou,da e[wj

endeka,tou e;touj Sedeki,ou uiou/ vIwsi,ou basile,wj vIou,da

e e[wj th/j aivcmalwsi,aj vIerousalh.m evn tw/| pe,mptw| mhni,)

² 4 Kai. evge,neto lo,goj Kuri,ou pro,j me le,gwn\

z 5 pro. tou/ me pla,sai se evn koili,a| evpi,stamai, se10

h kai. pro. tou/ se evxelqei/n evk mh,traj h`gi,aka, se(

q profh,thn eivj e;qnoj te,qeika, se) 6 Kai. ei=pa\ o` w;n( De,spota Ku,rie(

i ivdou. ouvk evpi,stamai lalei/n o[ti new,teroj evgw, eivmi)

ia 7 Kai. ei=pen Ku,rioj pro,j me\ mh. le,ge o[ti new,teroj evgw, eivmi

ib o[ti pro.j pa,ntaj ou]j a'n evxapostelw/ se poreu,sh| kai. kata. pa,nta o[sa a'n15

evntei,lwmai, soi lalh,seij)

ig 8 Mh. fobhqh/|j avpo. prosw,pou auvtw/n o[ti meta. sou/ eivmi tou/ evxairei/sqai, se(

le,gei Ku,rioj)

id 9 Kai. evxe,teinen Ku,rioj th.n cei/ra auvtou/ pro,j me kai. h[yato tou/ sto,mato,j mou

kai. ei=pen Ku,rioj pro,j me\ ivdou. de,dwka tou.j lo,gouj mou eivj to. sto,ma sou\20

ie 10 ivdou. kate,staka, se sh,meron evpi. e;qnh kai. evpi. basilei,aj

i² evkrizou/n kai. kataska,ptein kai. avpollu,ein kai. avnoikodomei/n

iz kai. katafuteu,ein)

ih 11 Kai. evge,neto lo,goj Kuri,ou pro,j me le,gwn\ ti, su. o`ra/|j vIeremi,a *

iq Kai. ei=pa bakthri,an karui<nhn) 12 Kai. ei=pen Ku,rioj pro,j me\25

k kalw/j ew,rakaj

ka dio,ti evgrhgo,rhka evgw. evpi. tou.j lo,gouj mou§/ tou/ poih/sai auvtou,j) 13 Kai.

evge,neto lo,goj Kuri,ou evk deute,rou pro,j me le,gwn\ ti, su. o`ra/|j *

1 post evpi. add. to.n CV || 3 vAnaqw.q OP LF : vAqw.q CV || 6 hme,raij CV P LF : om. O || 7 post vIou,daiter. e[wj endeka,tou e;touj Sedeki,ou uiou/ vIwsi,ou basile,wj vIou,da V || 9 le,gwn\ C OP LF : om. V ||1 2 e;qnoj CV OP : e;qnh LF || 2 1 evpi.2 C O LF : om. V P || 2 2 avpollu,ein CV LF : avpolu,ein OP || 2 6ad kalw/j hab. ajnt j o[rqw" oujk a[llo ajnt j a[llou F || 2 7 evgrhgo,rhka CV OP : evgrh,gora LF

Page 430: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

1

Traduction Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

(1) I1Le propos de Dieu qui advint sur Jérémie, fils de Chelkias,

(2) l’un des prêtres qui habitait

(3) à Anathôth, dans le pays de Benjamin, 2parole de Dieu qui lui advint aux jours

(4) de Jôsias, fils d’Amôs, roi de Juda, la treizième année de son règne ; 3et elle

advint aux jours de Jôakim, fils de Jôsias, roi de Juda, jusqu’à la onzième année de

Sédékias, fils de Jôsias, roi de Juda,

(5) jusqu’à la captivité de Jérusalem, au cinquième mois.

(6) 4Et il m’advint une parole du Seigneur1, disant2 :

(7) 5« Avant de t'avoir façonné dans le ventre, je te connais,

(8) et avant que tu sois sorti de la matrice, je t’ai consacré ;

(9) prophète pour une nation3, je t’ai institué ». 6Et j’ai dit : « Ô toi qui es, Maître et

Seigneur,

(10) voilà, je ne sais pas parler, car je suis trop jeune ».

(11) 7Et le Seigneur me dit : « Ne dis pas : « Je suis trop jeune »,

(12) car tu iras vers tous ceux à qui je te dépêcherai4, et tu parleras selon tout ce que

je te commanderai.

(13) 8Ne crains pas face à eux, car moi, je suis avec toi pour te délivrer », dit le

Seigneur.

(14) 9Et le Seigneur étendit sa main vers moi et toucha ma bouche. Et le Seigneur

me dit : « Voilà, j’ai donné mes paroles à ta bouche.

(15) 10Voilà, je t’ai établi aujourd'hui sur des nations et des royaumes,

(16) pour déraciner, démolir, détruire, rebâtir

(17) et planter ».

(18) 11Et il m’advint une parole du Seigneur, qui disait : « Que vois-tu, toi,

Jérémie5 ? »

(19) Et je dis : « Une baguette de noyer ». 12Et le Seigneur me dit :

(20) « Tu vois bien,

(21) puisque moi je veille6 sur mes paroles pour les réaliser ». 13 Et il m’advint une

parole du Seigneur une deuxième fois, disant : « Que vois-tu, toi ? »

1 Pour une traduction plus fluide, j'ai choisi de traduire Kuvrio" par "le Seigneur", malgré l'absenced'article, et non "Seigneur" comme on le trouve dans certains volumes de la Bible d'Alexandrie

(Nombres, Jésus (Josué) et Baruch, Lamentations, Lettre de Jérémie). | 2 prov" me levgwn Cat. O L etcodd. al. (= TM) : pro;" aujto;n Zi. | 3 e[qno" Cat. (= Oxon. Coll. Nov. 44 et Vindob. theol. gr. 23,soit 62 et 130, deux manuscrits de la recension lucianique) : e[qnh Zi. | 4 ejxapostelw' Cat. L etcodd. al. : ejxaposteivlw Zi. | 5 Post oJra'/" add. jIeremiva Cat. codd. plur. (= TM) : om. Zi.6 ejgrhgovrhka Cat. : ejgrhvgora Zi.

Page 431: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

2

Texte biblique Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

kb Kai. ei=pa le,bhta upokaio,menon kai. to. pro,swpon auvtou/

kg avpo. prosw,pou borra/)

kd 14 Kai. ei=pen pro,j me\ avpo. prosw,pou borra/ evkkauqh,setai ta. kaka. evpi. pa,ntaj

tou.j katoikou/ntaj th.n gh/n

ke 15 dio,ti ivdou. evgw. sugkalw/ pa,saj ta.j basilei,aj avpo. borra/ th/j gh/j( le,gei5

Ku,rioj(

k² kai. h[xousin kai. qh,sousin e[kastoj to.n qro,non auvtou/ evpi. ta. pro,qura tw/n

pulw/n vIerousalh.m kai. evpi. pa,nta ta. tei,ch ta. ku,klw| auvth/j kai. evpi. pa,saj ta.j

po,leij vIou,da) 16 Kai. lalh,sw pro.j auvtou.j meta. kri,sewj peri. pa,shj th/j kaki,aj

auvtw/n wj evgkate,lipo,n me(10

kz kai. e;qusan qeoi/j avllotri,oij kai. proseku,nhsan toi/j e;rgoij tw/n ceirw/n

auvtw/n)

kh 17 Kai. su. peri,zwsai th.n ovsfu,n sou kai. avna,sthqi

kq kai. ei=pon pro.j auvtou.j pa,nta o[sa a'n evntei,lwmai, soi\ mh. fobhqh/|j avpo.

prosw,pou auvtw/n mhde. ptohqh/|j evnanti,on auvtw/n o[ti meta. sou/ evgw, eivmi tou/15

evxairei/sqai, se( le,gei Ku,rioj) 18 vIdou. te,qeika, se evn th/| sh,meron hme,ra|

l wj po,lin ovcura.n kai. w`j tei/coj calkou/n ovcuro.n a[pasin toi/j basileu/sin

vIou,da kai. toi/j a;rcousin auvtou/ kai. tw/| law/| th/j gh/j(

la 19 kai. polemh,sousi,n se kai. ouv mh. du,nwntai pro.j se. dio,ti meta. sou/ evgw, eivmi

tou/ evxairei/sqai, se( ei=pen Ku,rioj)20

lb II2 Kai. ei=pen\ ta,de le,gei Ku,rioj( evmnh,sqhn evle,ouj neo,thto,j sou kai. avga,phj

teleiw,sew,j sou

lg tou/ evxakolouqh/sai, se tw/| agi,w| vIsrah,l( le,gei Ku,rioj)

ld 3 [Agioj vIsrah.l tw/| Kuri,w|( avrch. genhma,twn auvtou/\

1 post upokaio,menon add. evgw. orw§§/ V || 2 post avpo. prosw,pou borra/ add. dio,ti evkkauqh,setai ta. kaka.avpo. prosw,pou borra/ V || ad hoc hab. toutevstin ejkei' eJwvra ejkei' ejtevtrapto F || 3 post ei=penadd. Ku,rioj LF || ad evpi. — 4 katoikou/ntaj hab. ajnt j oujdei'" diafeuvxetai F || 5 avpo. borra/ OPLF : post th/j gh/j transp. CV || 1 4 o[sa CV O LF : post a'n transp. P || 1 5 post auvtw/n1 add. o[ti meta.sou/ evgw, eivmi CV || 1 6 le,gei CV O LF : ei=pe P || 1 7 ad wj po,lin ovcura.n hab. kai. wj stu,lonsidhrou/n Cmg OmgPcomm || 1 8 ad toi/j a;rcousin auvtou/ hab. kai. toi/j ièereu/sin auvtw/n Cmg OmgPcomm ||auvtou/ OP LF : auvtw/n CV || 2 0 ad Ku,rioj hab. kai. evge,neto lo,goj kuri,ou pro,j me le,gwn poreu,qhtikai. avna,gnwqi evn toi/j w=sin vIerousalh.m kai. ei=pon Cmg OmgPcomm || 2 1 evmnh,sqhn CV P LF : iter. O

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2

Traduction Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

(22) Et je dis : « Un chaudron brûlant et sa face,

(23) qui est face au nord ».

(24) 14Et il7 me dit : « C’est face au nord que s’enflammeront les malheurs contre

tous les habitants du pays,

(25) 15puisque voilà, moi, je convoquerai tous les royaumes du nord de la terre, dit le

Seigneur,

(26) et ils viendront, et ils placeront chacun son trône sur les seuils des portes de

Jérusalem et sur tous les remparts qui l'entourent et dans toutes les villes de Juda. 16Et

je leur parlerai en les jugeant pour toute leur méchanceté, car ils m'ont abandonné,

(27) ils ont sacrifié à des dieux étrangers et se sont prosternés devant les ouvrages de

leurs mains.

(28) 17Et toi, ceins-toi les reins, lève-toi

(29) et dis-leur8 tout ce que je te commanderai ; ne crains pas face à eux, ne sois pas

épouvanté devant eux, car moi, je suis avec toi pour te délivrer », dit le Seigneur.

18« Voilà, je t’ai institué en ce jour

(30) comme une ville fortifiée9 et comme un rempart d’airain fortifié, pour tous les

rois de Juda10, pour ses chefs et pour le peuple du pays.

(31) 19Ils te combattront et ne pourront rien contre toi, car moi, je suis avec toi pour

te délivrer », a dit le Seigneur11.12

(32) II2Et il dit : Voici ce que dit le Seigneur : « Je me suis souvenu de ma pitié pour

ta jeunesse, de mon amour pour ta maturité

(33) à suivre le Saint d’Israël », dit le Seigneur.

7 Post ei\pen add. Kuvrio" Zi. | 8 pro;" aujtou;" Cat. codd. plur. (= TM) : om. Zi. | 9 Un signeinterlinéaire renvoie à un ajout hexaplaire noté en marge : + et comme une colonne de fer (= Q, O,L). | 10 Un signe interlinéaire renvoie à un ajout hexaplaire noté en marge : + et pour leurs prêtres

(= Q, O, L). | 11 Un signe interlinéaire renvoie à un ajout hexaplaire noté en marge : + et il m'advint

une parole du Seigneur, disant : va lire devant ceux qui sont à Jérusalem et dis. kai. evge,neto lo,gojKuri,ou pro,j me le,gwn poreu,qhti kai. avna,gnwqi evn toi/j w=sin (+ uiJw'n O L) vIerousalh.m kai.ei=pon (kai; ei\pe levgwn L Hi. = TM, kai; ei\pe Q) Cat. = Aeth. Hi. O sub asterisco L (= TM). Onpeut signaler que le texte biblique de la chaîne ne donne pas tous les ajouts hexaplaires indiquéspar Ziegler (manquent kai; kataspa'n après ajpolluvein en Jr 1, 10, ejgw; oJrw' après bakthrivankarui?nhn et levbhta uJpokaiovmenon en Jr 1, 11 et 1, 13, basileivwn après basileiva" en Jr 1, 15,ejgw; après o{sa a]n en 1, 17, ejgw; de; après ijdou; au début de 1, 18 pour le chapitre 1 et beaucoupd'autres pour les chapitres suivants). | 12 Il n'y a pas de verset 1 au début de Jr 2 dans les éditions dutexte grec, car il y a, à cet endroit, dans la Septante une lacune par rapport à l'hébreu.

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3

Texte biblique Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

le pa,ntej oi e;sqontej auvto.n plhmmelh,sousin( kaka. h[xei evpV auvtou,j( fhsin

Ku,rioj)

l² 4 vAkou,sate lo,gon Kuri,ou( oi=koj vIakw.b kai. pa/sa patria. oi;kou vIsrah,l\

5 ta,de le,gei Ku,rioj\

lz ti, eu[rosan oi pate,rej umw/n evn evmoi. plhmme,lhma5

lh o[ti avpe,sthsan makra.n avpV evmou/

lq kai. evporeu,qhsan ovpi,sw tw/n matai,wn

m kai. evmataiw,qhsan *

ma 6 Kai. ouvk ei=pan\ pou/ evstin Ku,rioj o` avnagagw.n h`ma/j evk gh/j Aivgu,ptou(

mb o kaqodhgh,saj hma/j10

mg evn th/| evrh,mw|( evn gh/| avpei,rw| kai. avba,tw| kai. evn gh/| avnu,drw| kai. avka,rpw|( evn gh/|

evn h-| ouv diw,deusen evn auvth/| avnh.r kai. ouv katw,|khsen evkei/ ui`o.j avnqrw,pou *

md 7 Kai. eivsh,gagon uma/j eivj to.n Ka,rmhlon

me tou/ fagei/n tou.j karpou.j auvtou/ kai. ta. avgaqa. auvtou/( kai. eivsh,lqate

m² kai. evmia,nate th.n gh/n mou15

mz kai. th.n klhronomi,an mou e;qesqe eivj bde,lugma)

mh 8 Oi ierei/j ouvk ei=pan\ pou/ evstin Ku,rioj *

mq kai. oi avnteco,menoi tou/ no,mou mou ouvk hvpi,stanto, me

n kai. oi poime,nej hvse,boun eivj evme,

na kai. oi profh/tai evprofh,teuon th/| Baa.l kai. ovpi,sw avnwfelou/j evporeu,qhsan)20

nb 9 Dia. tou/to e;ti kriqh,somai pro.j uma/j( le,gei Ku,rioj(

ng kai. pro.j tou.j uiou.j tw/n ui`w/n u`mw/n kriqh,somai(

nd 10 o[ti die,lqate nh,souj Cettiei.m kai. i;dete

ne kai. eivj Khda.r avpostei,late kai. noh,sate sfo,dra kai. i;dete eiv ge,gonen toiau/ta

n² 11 eiv avlla,xontai e;qnh qeou.j auvtw/n *25

4 Ku,rioj\ LF : iter. CV OP || 9 gh/j CV O LF : th/j P || 1 1 evn1 — 12 avnqrw,pou C OP LF : om. V ||kai.2 C OP F : om. L || 1 2 avnqrw,pou C O LF : auvtou/ P || 1 3 uma/j CV O LF : hma/j P || 1 4 eivsh,lqateCV OP : eivsh,lqete LF || 1 5 mou CV O LF : ou P (sic) || 1 7 post ierei/j add. sou P || 2 1 e;ti CV OLF : om. P || 2 2 umw/n C OP LF : hmw/n V || 2 3 o[ti C OP LF : e;ti V || die,lqate CV OP : die,lqete LF

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3

Traduction Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

(34) 3« Israël est saint pour le Seigneur, commencement de ses créatures ;13

(35) tous ceux qui le mangent commettront une faute, les malheurs viendront sur

eux », déclare le Seigneur14.

(36) 4Écoutez une parole du Seigneur, maison de Jacob, et vous, toute la lignée de la

maison d’Israël : 5voici ce que dit le Seigneur :

(37) « Qu'ont trouvé vos pères de fautif en moi,

(38) pour s’être retirés loin de moi,

(39) avoir marché derrière les futilités

(40) et être devenus futiles ?

(41) 6Et ils n’ont pas dit : « Où est le Seigneur qui nous a fait monter du pays

d’Égypte

(42) et qui nous a guidés

(43) dans le désert, dans un pays sans limites et sans accès, dans un pays sans eau et

sans fruits, un pays qu’aucun homme15 n’a traversé, où aucun fils d’homme n’a

habité ? »

(44) 7Et je vous ai conduits au Carmel

(45) pour que vous16 en mangiez les fruits et les bonnes choses : vous y êtes

parvenus,

(46) vous avez souillé ma terre

(47) et de mon héritage vous avez fait une abomination !

(48) 8Les prêtres n’ont pas dit : « Où est le Seigneur ? »,

(49) ceux qui sont attachés à ma loi ne me connaissaient pas,

(50) les bergers commettaient l’impiété envers moi,

(51) les prophètes prophétisaient par Baal et ont marché derrière ce qui est inutile. »

(52) 9« C’est pourquoi j'entrerai encore en jugement contre vous, dit le Seigneur,

(53) et contre les fils de vos fils, j'entrerai en jugement.

(54) 10Ainsi donc, parcourez les îles de Chettiim et voyez,

(55) envoyez visiter Kêdar, réfléchissez bien et voyez si rien de pareil est arrivé.

(56) 11Des nations changeront-elles leurs dieux ?

13 On peut noter le découpage que le caténiste adopte pour ces lignes. C'est celui que présenteZiegler, mais ce n'est pas celui retenu par Rahlfs. Le découpage de Rahlfs (le,gei Ku,rioj a[giojvIsrah,l) Tw/| Kuri,w|( avrch. genhma,twn auvtou/) ne repose cependant sur aucun manuscrit, puisque niles manuscrits en onciale, ni les manuscrits en minuscule ne donnent une ponctuation de cepassage précis. | 14 Kuvrio" : iter. Cat. | 15 ajnh;r Cat. codd. plur. (= TM) : oujqe;n Zi. | 16 Postfagei'n add. uJma'" Zi.

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4

Texte biblique Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

nz Kai. ou-toi ou;k eivsin qeoi,(

nh o de. lao,j mou hvlla,xato th.n do,xan auvtou/ evx h-j ouvk wvfelhqh,sontai)

nq 12 vExe,sth o ouvrano.j evpi. tou,tw| kai. e;frixen

x evpi. plei/on sfo,dra( le,gei Ku,rioj(

xa 13 o[ti du,o kai. ponhra. evpoi,hsen o` lao,j mou\5

xb evme. evgkate,lipon phgh.n u[datoj zw§/ntoj

xg kai. w;ruxan eautoi/j la,kkouj suntetrimme,nouj oi] ouv dunh,sontai u[dwr

sune,cein)

xd 14 Mh. dou/lo,j evstin vIsrah.l h' oivkogenh,j evstin * dia. ti, eivj pronomh.n

evge,neto *10

xe 15 evpV auvto.n wvru,onto le,ontej kai. e;dwkan th.n fwnh.n auvtw/n oi] e;taxan th.n gh/n

auvtou/ eivj avfanismo.n kai. ai po,leij auvtou/ kateska,fhsan para. to. mh. katoikei/sqai\

x² 16 kai. uioi. Me,mfewj kai. Ta,fnaj e;gnwsa,n se kai. kate,paizo,n sou)

xz 17 Ouvci. tau/ta evpoi,hse,n soi to. katalipei/n se evme,( le,gei Ku,rioj o` Qeo,j sou)

xh 18 Kai. nu/n ti, soi kai. th/| o`dw/| Aivgu,ptou15

xq tou/ piei/n u[dwr Ghw/n *

o kai. ti, soi kai. th/| odw/| VAssuri,wn

oa tou/ piei/n u[dwr potamw/n *

ob 19 Paideu,sei se h avpostasi,a sou kai. h` kaki,a sou evle,gxei se kai. gnw/qi kai.

ivde.20

og o[ti pikro,n soi to. katalipei/n se evme,( le,gei Ku,rioj o` Qeo,j sou)

od Kai. ouvk euvdo,khsa evpi. soi,( le,gei Ku,rioj o` Qeo,j sou(

oe 20 o[ti avpV aivw/noj sune,triyaj to.n zugo,n sou

o² kai. die,rrhxaj tou.j desmou,j sou

2 hvlla,xato CV O L : hvlla,xanto P F || 3 post e;frixen add. h gh/ CV || 5 xa — 8 sune,cein : def. P || 1 1gh/n CV P LF : fwnh.n O || 1 2 auvtou/1 OP LF : auvtw/n CV || ad. avfanismo.n hab. e;rhmon Cmg Omg || 1 7ad VAssuri,wn hab. sth,qouj bhmatizo,ntwn Cmg Omg || 2 1 ad pikro,n hab. ponhro.n kai. pikro,n soiCmg Omg

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4

Traduction Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

(57) Et ces dieux n’en sont pas.

(58) Eh bien, mon peuple a changé ce qui était sa gloire : elle ne sera pour eux

d’aucune utilité.

(59) 12Le ciel a été hors de lui17 et a frissonné

(60) très violemment, dit le Seigneur,

(61) 13car mon peuple est allé jusqu'à faire deux mauvaises actions :

(62) ils m’ont quitté, moi la source d'eau vivante18,

(63) et ils se sont creusé des citernes brisées qui ne pourront pas retenir l’eau. »

(64) 14« Israël est-il esclave ou domestique ? Pourquoi a-t-il été livré au pillage ?

(65) 15Contre lui rugissaient des lions19 et ils ont donné de la voix, eux qui ont mis

son pays au rang de désolation20 ; et ses villes ont été rasées, faute d’être habitées.

(66) 16Les fils de Memphis et de Taphna t’ont connu et se jouaient de toi.

(67) 17Cela ne t’est-il pas advenu parce que tu m’as abandonné ? » dit le Seigneur

ton Dieu.

(68) 18« Et maintenant, qu’y a-t-il entre toi et le chemin d’Égypte,

(69) pour boire l’eau du Gêôn ?

(70) Qu'y a-t-il entre toi et le chemin des Assyriens21,

(71) pour boire l'eau des fleuves ?

(72) 19Ton éloignement t’éduquera et ta méchanceté te confondra : sache et vois

(73) qu’il est amer22 pour toi de m’abandonner », dit le Seigneur ton Dieu.

(74) « Je n'ai pas été satisfait de toi, dit le Seigneur ton Dieu,

(75) 20 car depuis toujours tu as brisé ton joug,

(76) tu as rompu tes liens

17 Le verbe ejxistavnai, mot-à-mot : "être hors de soi", apparaît très souvent dans la Septante. Ildésigne ici un effroi violent de la nature en face de l'infidélité d'Israël. | 18 zw'nto" Cat. et codd. al.

(= TM) : zwh'" O L Zi. | 19 Le début de ce lemme est rattaché au lemme précédent dans leChisianus. | 20 eij" ajfanismovn Cat. codd. plur. : eij" e[rhmon O Zi. Un signe interlinéairerenvoie à une variante notée en marge : de désert. Il est intéressant de noter que la Syro-Hexaplaireprésente la même alternative lexicale, mais avec un phénomène de croisement : eij" ajfanismovnest en effet cité comme variante de eij" e[rhmon. | 21 Un signe interlinéaire renvoie à un ajouthexaplaire noté en marge : + marchant sur la paume des pieds (?). Cet ajout n'est signalé ni parZiegler, ni par Field. Le verbe n'apparaît ni dans la LXX, ni dans le NT, ni chez les Pères, saufdeux occurrences chez Jean Chrysostome (In Zacchaeum publicanum, PG 61, 767 ; In natale s.

Johannis prophetae, PG 61, 757). bhmativzw "arpenter" peut avoir le sens de "marcher" et sth'qo""poitrine" peut désigner la partie charnue du dedans de la main ou du pied. Le sens exact de cetajout est toutefois difficile. | 22 Un signe interlinéaire renvoie à un ajout hexaplaire noté en marge :mauvais et amer pour toi (= O).

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5

Texte biblique Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

oz kai. ei=paj\ Ouv douleu,sw avlla. poreu,somai evpi. pa,nta bouno.n uyhlo.n kai.

upoka,tw panto.j xu,lou kataski,ou\

oh evkei/ diacuqh,somai evn th/| pornei,a| mou)

oq 21 vEgw. evfu,teusa, se a;mpelon karpofo,ron pa/san avlhqinh,n\

p pw/j evstra,fhj eivj pikri,an(5

pa h a;mpeloj h avllotri,a *

pb 22 vEa.n avpoplu,nh| evn ni,trw| kai. plhqu,nh|j seauth/| po,an( kekhli,dwsai evn tai/j

avdiki,aij sou evnanti,on evmou/( le,gei Ku,rioj(

pg 23 pw/j evrei/j\ ouvk evmia,nqhn kai. ovpi,sw th/j Ba,al ouvk evporeu,qhn *

pd vIde. ta.j odou,j sou evn tw/| poluandri,w| kai. gnw/qi ti, evpoi,hsaj)10

pe vOye. fwnh. auvth/j wvlo,luxen(

p² ta.j o`dou.j auvth/j 24 evpla,tunen evfV u[dati evrh,mou(

pz evn evpiqumi,aij yuch/j auvth/j

ph evpneumatoforei/to( paredo,qh\

pq ti,j evpistre,yei auvth,n *15

± Pa,ntej oi zhtou/ntej auvth.n

±a ouv kopia,sousin( evn th/| tapeinw,sei auvth/j eurh,sousin auvth,n)

±b 25 vApo,streyon to.n po,da sou avpo. o`dou/ tracei,aj

±g kai. to.n fa,rugga, sou avpo. di,yhj)

±d H de. ei=pen\ vAndriou/mai(20

±e avndriou/mai o[ti hvgaph,kei avllotri,ouj kai. ovpi,sw auvtw/n evporeu,eto)

±² 26 Wj aivscu,nh kle,ptou o[tan a`lw/|( ou[twj aivscunqh,sontai oi` ui`oi. vIsrah.l

auvtoi. kai. oi` basilei/j auvtw/n kai. oi a;rcontej auvtw/n kai. oi` i`erei/j auvtw/n kai. oi`

profh/tai auvtw/n)

±z 27 Tw/| xu,lw| ei=pan o[ti\ path,r mou ei= su,( kai. tw/| li,qw|\ su. evge,nnhsa,j me,25

±h kai. e;streyan evpV evme. nw/ta kai. ouv pro,swpa auvtw/n

±q kai. evn tw/| kairw/| tw/n kakw/n auvtw/n evrou/sin\ avna,sta kai. sw/son h`ma/j.

r 28 Kai. pou/ eivsin oi qeoi, sou ou]j evpoi,hsaj seautw/| * eiv avnasth,sontai kai.

1 post douleu,sw add. soi O || 4 se CV O LF : om. P || 9 kai. CV OP : om. LF || 1 1 fwnh. CV OP :fwnh/| LF || 1 2 u[dati CV OP : u[data LF || 1 4 paredo,qh\ OP LF : om. CV || 1 9 di,yhj CV OP : di,youjLF || 2 0 H C OP LF: o V || 2 1 avndriou/mai CV OP : om. LF || ad hvgaph,kei hab. ovlumpiodw,rou\ th/jtw/n kakw/n evpiqumi,aj Cmg || 2 3 kai.1 CV P LF : ga.r O || 2 5 post o[ti\ add. o F || 2 6 pro,swpa CV OLF : pro,swpon P

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5

Traduction Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

(77) et tu as dit : « Je ne serai pas asservie, mais j’irai sur n’importe quelle colline

élevée et dans n’importe quel bois ombreux ;

(78) là, je m’éparpillerai dans ma prostitution. »

(79) 21« Moi23, je t'avais planté comme une vigne riche en fruits, toute vraie !

(80) Comment as-tu tourné à l'aigre,

(81) vigne étrangère ?

(82) 22 Si tu te laves au nitre et que tu uses fréquemment pour toi-même de

saponaire, tu resteras tachée de tes torts à mon encontre », dit le Seigneur.

(83) 23« Comment diras-tu : « Je ne me suis pas souillée et je n'ai pas marché

derrière Baal » ?

(84) Vois tes chemins dans la foule des mâles et reconnais ce que tu as fait. »

(85) « Tard, sa voix a hurlé,

(86) ses chemins, 24elle les prolongeait sur l’eau24 d'un désert,

(87) entre les désirs de son âme,

(88) elle était ballottée, elle a été livrée :

(89) qui la ramènera ?

(90) Tous ceux qui la cherchent

(91) n'auront pas de peine, dans son abaissement ils la trouveront. »

(92) 25« Détourne ton pied du chemin raboteux

(93) et ta gorge de la soif25. »

(94) Mais elle a dit : « Je serai forte comme un homme !

(95) Je serai forte comme un homme26 ! » car elle aimait27 des étrangers et elle

marchait derrière eux.

(96) 26Comme la honte d’un voleur quand il est pris, ainsi auront honte les fils

d’Israël, eux-mêmes, leurs rois, leurs chefs, leurs prêtres et leurs prophètes. »

(97) 27« Au bois, ils ont dit : « C’est toi qui es mon père » ; et à la pierre : « C’est toi

qui m'as engendré ».

(98) Ils ont tourné vers moi leur dos et non leur visage ;

(99) et au temps de leur malheur, ils diront : « Lève-toi et sauve-nous ! »

(100) 28« Où sont les dieux que tu t’es faits ? Se lèveront-ils et te sauveront-ils, au

23 Post ejgw; add. de; Zi. | 24 u{dati Cat. : u{data Zi. | 25 divyh" Cat. et codd. al. : divyou" Zi.26 ajndriou'mai bis Cat. : non iter. Zi. | 27 Un signe interlinéaire renvoie à un bref commentaireexégétique d'Olympiodore noté en marge : C'est le propre du désir des maux.

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6

Texte biblique Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

sw,sousi,n se evn kairw/| th/j kri,sew,j sou * o[ti kata. avriqmo.n tw/n po,lew,n sou h=san

oi qeoi, sou vIou,da kai. katV avriqmo.n dio,dwn th/j vIerousalh.m e;quon th/| Ba,al)

a 29 [Ina ti, lalei/te pro,j me * pa,ntej u`mei/j hvsebh,sate kai. pa,ntej umei/j

hvnomh,sate eivj evme,( le,gei Ku,rioj)

b 30 Ma,thn evpa,taxa ta. te,kna umw/n( paidei,an ouvk evde,xasqe\5

g ma,caira kate,fagen tou.j profh,taj umw/n wj le,wn ovloqreu,wn kai. ouvk

evfobh,qhte)

d 31 vAkou,sate lo,gon Kuri,ou\ ta,de le,gei Ku,rioj\ mh. e;rhmoj evgenh,qhn tw/|

vIsrah.l h' gh/ kecerswme,nh *

e Dio,ti ei=pen o lao,j mou\ ouv kurieuqhso,meqa kai. ouvc h[xomen pro.j se. e;ti *10

² 32 Mh. evpilh,setai nu,mfh to.n ko,smon auvth/j kai. parqe,noj th.n sthqodesmi,da

auvth/j * o de. lao,j mou evpela,qeto, mou h`me,raj w-n ouvk e;stin avriqmo,j)

z 33 Ti, e;ti kalo.n evpithdeu,seij evn tai/j o`doi/j sou * tou/ zhth/sai para,klhsin *

ouvc ou[twj\

h avlla. kai. su. evponhreu,sw tou/ mia/nai ta.j o`dou,j sou15

q 34 kai. evn tai/j cersi,n sou eure,qh ai[mata yucw/n avqw,|wn\

i ouvk evn dioru,gmasin eu-ron auvtou,j( avllV evpi. pa,sh| drui,)

ia 35 Kai. ei=paj\ avqw/|o,j eivmi

ib avll v avpostrafh,tw o qumo.j auvtou/ avpV evmou/)

ig vIdou. evgw. kri,nomai pro.j se. evn tw/| le,gein se\ Ouvc h[marton(20

id 36 o[ti katefro,nhsaj sfo,dra tou/ deuterw/sai ta.j o`dou,j sou kai. avpo. Aivgu,ptou

kataiscunqh,sh|(

ie kaqw.j kath|scu,nqhj avpo. vAssou,r( 37 o[ti kai. evnteu/qen evxeleu,sh|(

i² kai. ai cei/re,j sou evpi. th/j kefalh/j sou(

iz o[ti avpw,sato Ku,rioj th.n evlpi,da sou kai. ouvk euvodwqh,sh| evn auvth/|)25

ih III1 vEa.n evxapostei,lh| avnh.r th.n gunai/ka auvtou/ kai. avpe,lqh| avpV auvtou/ kai.

ge,nhtai avndri. ete,rw|( mh. avnaka,mptousa avnaka,myei pro.j auvto.n e;ti * ouv miainome,nh

1 ad kri,sew,j sou hab. kakw,sew,j sou Cmg Omg || 9 h' CV O LF : h P || gh/ C OP LF : om. V || 1 3 e;tiCV P LF : e;stin O || tou/ CV O LF : ouv P || 2 4 ad kai. ai cei/re,j sou hab. vOlumpiodw,rou\ sch/matou/to penqiko,n Cmg Omg || 2 5 evn auvth/ C OP LF : om. V || 2 7 mh. CO P LF : om. V || avnaka,myei CVOP L : avnaka,myh| F

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6

Traduction Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

temps de ton jugement28 ? Car aussi nombreux que tes villes étaient tes dieux, Juda,

aussi nombreux que les carrefours de Jérusalem, les sacrifices à Baal !

(101) 29Pourquoi vous adressez-vous à moi ? Vous tous avez commis l’impiété, et

vous tous avez commis une illégalité à mon égard », dit le Seigneur.

(102) 30« C'est en vain que j’ai frappé vos enfants, vous n’en avez pas tiré de leçon ;

(103) Une épée a dévoré vos prophètes comme un lion exterminateur, et vous n'avez

pas éprouvé de crainte ».

(104) 31Écoutez une parole du Seigneur : Voici ce que dit le Seigneur : « Suis-je

devenu un désert pour Israël ou une terre en friche ?

(105) Pourquoi mon peuple a-t-il dit : « Nous n’aurons pas de seigneur et nous

n’irons plus vers toi » ?

(106) 32La fiancée oubliera-t-elle sa parure ? Et la vierge, son corset ? Or mon peuple

m’a oublié pendant des jours innombrables ! »

(107) 33« À quoi de beau t’affaireras-tu encore sur tes chemins ? à chercher la

consolation ? Pas de cette manière29 ;

(108) mais toi aussi, tu as fait le mal au point de souiller tes chemins.

(109) 34Et sur tes mains ont été trouvées des traces de sang de gens innocents ;

(110) je ne les ai pas trouvées dans des fossés, mais sur chaque chêne. »

(111) 35« Et tu as dit : « Je suis innocent !

(112) Que sa fureur donc se détourne de moi ! »

(113) « Voilà, moi j'entre en jugement contre toi, quand tu dis : « Je n’ai pas péché »,

(114) 36car tu as vraiment dédaigné de revenir sur tes chemins et à cause de l’Égypte,

tu seras couvert de honte,

(115) comme tu as été couvert de honte à cause d'Assour, 37car de là aussi, tu sortiras,

(116) et les mains sur la tête30,

(117) parce que le Seigneur a repoussé ton espérance et qu’elle ne te mènera pas au

succès.

(118) III1« Si un homme renvoie sa femme, si elle s’éloigne de lui et devient la

femme d'un autre homme, retournera-t-elle vraiment vers lui31 ? Ne sera-t-elle pas

28 krivsew" Cat. : kakwvsew" Zi. Un signe interlinéaire renvoie à une leçon notée dans la marge,leçon qui est celle du texte édité par Ziegler et de l'ensemble des manuscrits. | 29 Confusionprobable de l’-kn « pas ainsi », à la place de TM lkn « eh bien », « c’est pourquoi », comme en Is10,16. | 30 Un signe interlinéaire renvoie à un bref commentaire exégétique d'Olympiodore noté enmarge : cette attitude est propre au deuil. | 31 Le verbe ajnakavmptw correspond, comme presquetoujours dans la LXX, au verbe hébreu banal shūb, "revenir". La valeur imagée du verbe grec ("secourber", "se pencher") s'était donc affaiblie (cf. note BA II, p. 326, sur Ex 32, 27).

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7

Texte biblique Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

mianqh,setai h gunh. evkei,nh * Kai. su. evxepo,rneusaj

iq evn poime,sin polloi/j kai. avne,kamptej pro,j me( le,gei Ku,rioj)

k 2 =Aron tou.j ovfqalmou,j sou eivj euvqei/an

ka kai. i;de\ pou/ ouvci. evxefu,rqhj *

kb vEpi. tai/j odoi/j evka,qisaj auvtoi/j w`sei. korw,nh hvrhmwme,nh5

kg kai. evmi,anaj th.n gh/n evn tai/j pornei,aij sou kai. evn tai/j kaki,aij sou)

kd 3 Kai. e;scej poime,naj pollou.j eivj pro,skomma seauth/|\

ke o;yij po,rnhj evge,neto, soi( avphnaiscu,nthsaj pro.j pa,ntaj)

k² 4 Ouvc wj oi=ko,n me evka,lesaj kai. pate,ra kai. avrchgo.n th/j parqeni,aj sou *

kz 5 Mh. diamenei/ eivj to.n aivw/na h' diafulacqh,setai eivj nei/koj *10

kh vIdou. evla,lhsaj kai. evpoi,hsaj ta. ponhra. tau/ta kai. hvduna,sqhj)

kq 6 Kai. ei=pen Ku,rioj pro,j me evn tai/j h`me,raij tou/ basile,wj vIwsi,ou\

l ei=dej a] evpoi,hse,n moi h katoiki,a tou/ vIsrah,l\ evporeu,qh evpi. pa/n o;roj uyhlo.n

kai. upoka,tw panto.j xu,lou avlsw,douj kai. evpo,rneusen evkei/)

la 7 Kai. ei=pa meta. to. porneu/sai auvth.n tau/ta pa,nta\ pro,j me avna,streyon( kai.15

ouvk avne,streyen\ kai. ei=den th.n avsunqesi,an auvth/j h` avsu,nqetoj vIou,da) 8 Kai. ei=don

dio,ti peri. pa,ntwn w-n katelh,fqh evn oi-j evmoica/to h` katoiki,a tou/ vIsrah.l kai.

evxape,steila auvth.n

lb kai. e;dwka auvth/| bibli,on avpostasi,ou eivj ta.j cei/raj auvth/j( kai. ouvk evfobh,qh h`

avsu,nqetoj vIou,da kai. evporeu,qh kai. evpo,rneusen kai. auvth,) 9 Kai. evge,neto eivj ouvqe.n h`20

pornei,a auvth/j kai. evmoi,ceusen to. xu,lon kai. to.n li,qon)

lg 10 Kai. evn pa/sin tou,toij ouvk evpestra,fh pro,j me h` avsu,nqetoj vIou,da evx o[lhj

th/j kardi,aj auvth/j( avllV evpi. yeu,dei)

1 gunh. CV OP : yuch. LF || 2 poime,sin CV OP L Fpc : phma,sin Fac || 5 auvtoi/j CV O F : auvtai/j Lauvth/j P || ad aujtoi'" hab. toi/j evrastai/j dhlono,ti Cmg Omg || ad hvrhmwme,nh hab. evrhmoume,nh Cmg

Omg || 9 me evka,lesaj CV P LF : meteka,lesaj O || 1 0 diamenei/ CV OP F : diame,nei L ||diafulacqh,setai CV O LF : diafulacqh,sh| P || 1 1 hvduna,sqhj OP LF : hvdunh,qhj CV || 1 2 tou/ OPLF : om. CV || 1 3 o;roj CV P LF : o[roj O || 1 5 Kai. ei=pa C OP LF : om. V || 1 6 ei=don CV P LF :i;dwn O (sic) || 1 8 evxape,steila C OP LF : evxape,steilen V || 2 0 ad h pornei,a auvth/j hab. kai.evfonokto,nei th.n gh/n Cmg Omg || 2 2 evpestra,fh CV OP : avpestra,fh LF || ad vIou,da hab. h avdelfh.auvth/j Cmg Omg

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7

Traduction Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

vraiment souillée, cette femme-là ? Et toi tu t'es bien prostituée

(119) à beaucoup de bergers, et tu es retournée vers moi ! » dit le Seigneur.

(120) 2« Lève les yeux vers le droit chemin

(121) et vois : où ne t’es-tu pas salie ?

(122) Sur les chemins, tu t’es assise pour eux32 comme une corneille solitaire33

(123) et tu as souillé le pays avec tes prostitutions et tes méchancetés.

(124) 3Et tu as eu beaucoup de bergers pour te faire trébucher ;

(125) il t’est venu une allure de prostituée, tu as renoncé à la pudeur devant tous.

(126) 4Ne m’as-tu pas appelé maison, père et auteur de ta virginité ?

(127) 5En restera-t-on là pour toujours et gardera-t-on sans cesse ce sujet de

dispute34 ?

(128) Voilà, tu as prononcé et accompli ces perversités, tu en as été capable ! »

(129) 6Et le Seigneur m’a dit aux jours du roi Jôsias :

(130) « Tu as vu ce que m’a fait la demeure d’Israël ; elle est allée35 sur toute

montagne élevée et sous tout arbre sacré et là, elle s'est prostituée !

(131) 7Et j’ai dit, après qu’elle se fut prostituée de toutes ces manières : « Reviens

vers moi », mais elle n’est pas revenue ; et son infidélité, l’infidèle Juda l’a vue. 8Et

ils ont vu que c’est pour toutes les fois où la demeure d’Israël a été surprise aux

moments où elle commettait l’adultère, que je l’ai renvoyée

(132) et que je lui ai remis entre les mains36 une lettre de divorce ; mais elle n’a pas

craint, l’infidèle Juda, elle s’en est allée et elle s’est prostituée, elle aussi. 9Et sa

prostitution a été pour rien et elle a commis l’adultère37 avec le bois et la pierre.

(133) 10Et dans tout cela, elle n’est pas revenue vers moi de tout son cœur, l’infidèle

Juda38, mais au prix d'un mensonge. »

32 Un signe interlinéaire renvoie à un bref commentaire exégétique anonyme noté en marge :c'est-à-dire pour tes amants. | 33 Un signe interlinéaire renvoie à la variante ejrhmoumevnh quiapparaît dans le Vaticanus et le Sinaiticus, alors que hjrhmwmevnh apparaît dans la plupart desmanuscrits. | 34 nei'ko" (querelle) Cat. Ra. : ni'ko" (victoire) Zi. Aucune variante n'est signalée surce terme par Ziegler. Il est intéressant de noter que le texte biblique de la chaîne à deux auteurs ani'ko". | 35 ejporeuvqh Cat. codd. plur. (= TM) : ejporeuvqhsan Zi. | 36 eij" ta;" cei'ra" aujth'" Cat.

codd. plur. : om. Zi. (Ziegler considère que ce groupe provient d'une harmonisation avec Dt 24,1-3). | 37 Un signe interlinéaire renvoie à un ajout hexaplaire noté en marge : et elle a tué par

meurtre la terre. Cet ajout se trouve muni d'un astérisque dans la recension hexaplaire ; il estprésent dans plusieurs manuscrits de la recension lucianique et dans les marges du Marchalianus,qui l'attribue à Aquila et Théodotion. | 38 Un signe interlinéaire renvoie à un ajout hexaplaire notéen marge : sa soeur. Cet ajout se trouve muni d'un astérisque dans la recension hexaplaire (sous laforme exacte hJ ajdelfhv) ; il est présent dans plusieurs manuscrits de la recension lucianique etdans les marges du Marchalianus, qui l'attribue à Aquila et Théodotion.

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Texte biblique Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

ld 11 Kai. ei=pen Ku,rioj pro,j me\ evdikai,wsen th.n yuch.n auvth/j vIsrah.l avpo. th/j

avsunqe,tou vIou,da)

le 12 Poreu,ou kai. avna,gnwqi tou.j lo,gouj tou,touj pro.j borra/n kai. evrei/j\

evpistra,fhti pro,j me( h katoiki,a tou/ vIsrah,l( le,gei Ku,rioj(

l² kai. ouv mh. sthri,sw to. pro,swpo,n mou evfV uma/j( o[ti evleh,mwn evgw, eivmi( le,gei5

Ku,rioj( kai. ouv mhniw/ umi/n eivj to.n aivw/na) 13 Plh.n gnw/qi th.n avdiki,an sou( o[ti eivj

Ku,rion to.n Qeo,n sou hvse,bhsaj

lz kai. die,ceaj ta.j odou,j sou eivj avllotri,ouj upoka,tw panto.j xu,lou avlsw,douj(

th/j de. fwnh/j mou ouvc uph,kousaj( le,gei Ku,rioj)

lh 14 vEpistra,fhte( uioi. avfesthko,tej( le,gei Ku,rioj( dio,ti evgw. katakurieu,sw10

umw/n

lq kai. lh,yomai uma/j e[na evk po,lewj kai. du,o evk patria/j

m kai. eivsa,xw uma/j eivj Siw.n

ma 15 kai. dw,sw umi/n poime,naj kata. th.n kardi,an mou kai. poimanou/sin u`ma/j

poimai,nontej metV evpisth,mhj)15

mb 16 Kai. e;stai eva.n plhqunqh/te kai. auvxhqh/te evpi. th/j gh/j( le,gei Ku,rioj(

mg evn tai/j hme,raij evkei,naij ouvk evrou/sin e;ti\ kibwto.j diaqh,khj a`gi,ou vIsrah,l(

ouvk avnabh,setai evpi. kardi,an ouvde. ovnomasqh,setai ouvde. evpiskefqh,setai kai. ouv

poihqh,setai e;ti 17 evn tai/j hme,raij evkei,naij)

md Kai. evn tw/| kairw/| evkei,nw| kale,sousin th.n VIerousalh,m\ qro,noj Kuri,ou(20

me kai. sunacqh,sontai eivj auvth.n pa,nta ta. e;qnh

m² kai. ouv poreu,sontai e;ti ovpi,sw tw/n evnqumhma,twn th/j kardi,aj auvtw/n th/j

ponhra/j)

mz 18 vEn tai/j hme,raij evkei,naij suneleu,sontai o` oi=koj vIsrah.l

mh evpi. to.n oi=kon vIou,da kai. h[xousin evpi. to. auvto. avpo. gh/j borra/25

1 ad th.n yuch.n auvth/j hab. h avpostrofh. vIsrah.l Cmg Omg || 4 evpistra,fhti C OP LF : avpostra,fhtiV || tou/ CV O LF : om. P || 5 uma/j CV OpcP LF : hma/j Oac || 1 0 dio,ti — 11 umw/n CV P LF : iter. O ||2 1 kai. C OP LF : om. V || ad e;qnh hab. tw/| ovno,mati kuri,ou eivj vIerousalh.m Cmg Omg || 2 4 vIsrah.lCV OP : vIou,da LF || 2 5 vIou,da CV OP : vIsrah.l LF

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Traduction Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

(134) 11Et le Seigneur m’a dit : « Israël39 a justifié son âme en comparaison de

l'infidèle Juda ».

(135) 12« Va lire ces paroles à l’adresse du Nord et tu diras : « Reviens vers moi,

demeure d’Israël, dit le Seigneur,

(136) et je ne resterai pas le visage figé contre vous, car moi je suis plein de pitié, dit

le Seigneur, et je ne garderai pas de ressentiment40 envers vous pour

toujours. 13Seulement, reconnais ton injustice : tu as commis l’impiété envers le

Seigneur ton Dieu,

(137) tu as répandu tes chemins chez des étrangers sous tout arbre sacré, et à ma voix

tu n’as pas obéi », dit le Seigneur.

(138) 14« Revenez, fils renégats, dit le Seigneur, car j’établirai ma seigneurie sur

vous,

(139) je vous prendrai un par ville, deux par lignée,

(140) je vous conduirai à Sion,

(141) 15et je vous donnerai des bergers selon mon cœur, ils vous feront paître et le

feront avec science.

(142) 16Alors, si vous vous multipliez et croissez sur la terre, dit le Seigneur41,

(143) en ces jours-là, on ne dira plus : " Coffre de l’alliance du Saint d’Israël ", il ne

montera plus au coeur, son nom ne sera plus prononcé, il ne sera plus inspecté et il ne

sera plus refait 17en ces jours-là42.

(144) Et en ce temps-là, ils appelleront Jérusalem « Trône du Seigneur »

(145) et toutes les nations se rassembleront vers elle43

(146) et ne marcheront plus à la suite des pensées de leur cœur mauvais.

(147) 18En ces jours-là, la maison d'Israël se joindra

(148) à la maison de Juda44 et elles viendront au même endroit, depuis le pays du

39 Un signe interlinéaire renvoie à un ajout hexaplaire noté en marge : le retour d'Israël. hJajpostrofh; jIsrahvl Cat. : hJ ajpostrofhv O L ( = TM). Cet ajout se trouve muni d'un astérisquedans la recension hexaplaire ; il est présent dans plusieurs manuscrits de la recension lucianique,mais n'apparaît pas dans les marges du Marchalianus. | 40 ouj mh; sthrivsw Cat. codd. plur. : oujsthriw' L Zi. | 41 levgei kuvrio" Cat. O et codd. al. : post ejkeivnai" transp. Zi. | 42 La division enlemmes du texte biblique de la chaîne témoigne ici d'un découpage du texte original par rapport àcelui des versets dans les éditions d'A. Rahlfs et de J. Ziegler. Le groupe du début du verset 17 evntai/j hme,raij evkei,naij est en effet rattaché au lemme 143 si bien qu'il y a une sorte d'inclusion.43 Un signe interlinéaire renvoie à un ajout hexaplaire noté en marge : au nom du Seigneur à

Jérusalem. Cet ajout se trouve muni d'un astérisque dans la recension hexaplaire ; il est présentdans plusieurs manuscrits de la recension lucianique et dans les marges du Marchalianus, quil'attribue à Aquila et Théodotion. | 44 jIsrahvl ... jIouvda Cat. A : transp. Zi.

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Texte biblique Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

mq kai. avpo. pasw/n tw/n cwrw/n evpi. th.n gh/n h]n kateklhrono,mhsa tou.j pate,raj

auvtw/n)

n 19 Kavgw. ei=pa\ Ge,noito( Ku,rie)

na [Oti ta,xw se eivj te,kna kai. dw,sw soi gh/n evklekth.n klhronomi,an Qeou/

pantokra,toroj(5

nb kai. ei=pa\ pate,ra evpikale,sasqe, me

ng kai. avpV evmou/ ouvk avpostrafh,sh|) 20 Plh.n wj avqetei/ gunh. eivj to.n suno,nta auvth/|(

ou[twj hvqe,thsen eivj evme. o oi=koj vIsrah,l( le,gei Ku,rioj)

nd 21 Fwnh. evk ceile,wn hvkou,sqh klauqmou/ kai. deh,sewj ui`w/n vIsrah,l( dio,ti

hvdi,khsan evn tai/j odoi/j auvtw/n( evpela,qonto Qeou/ a`gi,ou auvtw/n)10

ne 22 vEpistra,fhte( uioi,( evpistre,fontej kai. iva,somai ta. suntri,mmata umw/n)

n² vIdou. oi[de hmei/j evso,meqa, soi o[ti su. Ku,rioj o` Qeo.j hmw/n ei=)

nz 23 ;Ontwj eivj yeu/doj h=san oi` bounoi.

nh kai. h du,namij tw/n ovre,wn\

nq plh.n dia. Kuri,ou Qeou/ h`mw/n h` swthri,a tou/ vIsrah,l)15

x 24 H de. aivscu,nh katana,lwsen

xa tou.j mo,cqouj tw/n pate,rwn h`mw/n avpo. neo,thtoj auvtw/n

xb ta. pro,bata auvtw/n kai. tou.j mo,scouj auvtw/n

xg tou.j uiou.j auvtw/n kai. ta.j qugate,raj auvtw/n)

xd 25 vEkoimh,qhmen evn th/| aivscu,nh| h`mw/n20

xe kai. evpeka,luyen hma/j h avtimi,a h`mw/n(

x² dio,ti evnanti,on tou/ Qeou/ h`mw/n h`ma,rtomen h`mei/j kai. oi` pate,rej h`mw/n avpo.

neo,thtoj hmw/n e[wj th/j hme,raj tau,thj

1 h]n — 10,3 auvtou/2 : def. P || 3 Kavgw. CV O F : Kai. evgw. L || 4 [Oti C O LF : ;Eti V || adklhronomi,an hab. ovnomasth,n Cmg Omg || 5 ad pantokra,toroj hab. evqnw/n Cmg Omg || 7 auvth/ C O LF :auvtw/| V || 9 ad Fwnh. hab. vOlumpiodw,rou\ tw/n eeeevv vvppppiiii.. .. th/| aivcmalwsi,a| bow,ntwn Cmg vOlumpiodw,rou\tw/n eeeevv vvnnnn th/| aivcmalwsi,a| bow,ntwn Omg || 1 1 vEpistra,fhte C O LF : om. V || 1 2 oi[de V : oi=de C oide.O oi-de LF || ei= CV LF : eiv ad sequentia ligat O || 1 5 post Kuri,ou add. tou/ O LF || 1 8 post auvtw/n2

add. kai. LF || 2 0 hmw/n CV LF : umw/n O || 2 1 evpeka,luyen CV O LFpc : evka,luyen Fac

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Traduction Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

nord

(149) et depuis toutes les contrées, vers le pays que j’ai donné en héritage à leurs

pères »45.

(150) 19Et moi j’ai dit : « Ainsi soit-il, Seigneur ».

(151) « Oui, je te mettrai au rang de < mes > enfants et je te donnerai une terre de

choix46, en héritage du Dieu Tout-Puissant47.

(152) Et j’ai dit : Vous m’appellerez48 Père

(153) et tu ne te détourneras49 pas de moi. 20Seulement, comme une femme ne tient

pas ses engagements envers son compagnon, ainsi la maison d’Israël n'a pas tenu ses

engagements envers moi », dit le Seigneur.

(154) 21« On a entendu, venant des lèvres des fils d’Israël, une voix50 de pleur et

supplication, car ils ont commis l'injustice sur leurs chemins, ils ont oublié leur Dieu

saint.

(155) 22Revenez vraiment, fils, et je guérirai vos fractures ».

(156) « Oui ! Nous que voici51, nous serons à toi, car toi, tu es le Seigneur notre Dieu.

(157) 23En réalité, c’était mensonge que les collines

(158) et la puissance des montagnes ;

(159) c'est seulement par notre Seigneur Dieu que vient le salut d’Israël.

(160) 24Mais la honte a consumé

(161) les efforts de nos pères, depuis leur jeunesse,

(162) leurs brebis et leurs veaux

(163)52 leurs fils et leurs filles.

(164) 25Nous nous sommes couchés dans notre honte

(165) et notre déshonneur nous a recouverts d'un voile,

(166) car à l'encontre de notre Dieu, nous avons péché, nous et nos pères, depuis

notre jeunesse jusqu’à ce jour

(167) et nous n’avons pas obéi à la voix du Seigneur notre Dieu ».

45 Une grosse lacune affecte le manuscrit P du lemme 150 au lemme 169 inclus à cause d'un foliomanquant. | 46 Un signe interlinéaire renvoie à une variante hexaplaire notée en marge : renommée.Cette variante se trouve munie d'un astérisque dans la recension hexaplaire ; elle est présente dansplusieurs manuscrits de la recension lucianique et dans les marges du Marchalianus, qui l'attribueà Aquila et Théodotion. | 47 Un signe interlinéaire renvoie à un ajout noté en marge : des nations.Cet ajout apparaît dans la plupart des manuscrits et est donc retenu dans l'édition de Ziegler.48 ejpikalevsasqe Cat. V et codd. al. : kalevsete Zi. | 49 avpostrafh,sh| Cat. O et codd. al. :avpostrafh,sesqe Zi. | 50 Un signe interlinéaire renvoie à un bref commentaire d'Olympiodore notéen marge : de ceux qui criaient dans la captivité. | 51 jIdouv Cat. O L et codd. al. : om. Zi. | 52 antetou;" uiJou;" add. kai; Zi.

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Texte biblique Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

xz kai. ouvc uphkou,samen th/j fwnh/j Kuri,ou tou/ Qeou/ h`mw/n)

xh IV1 vEa.n evpistrafh/| vIsrah,l( le,gei Ku,rioj( pro,j me kai. evpistrafh,setai(

xq kai. eva.n perie,lh| ta. bdelu,gmata auvtou/ avpo. tou/ sto,matoj auvtou/

o kai. avpo. tou/ prosw,pou mou euvlabhqh/|(

oa 2 kai. ovmo,sh|\ zh/| Ku,rioj( meta. avlhqei,aj5

ob kai. evn kri,sei kai. evn dikaiosu,nh|(

og kai. euvlogh,sousin evn auvtw|/ e;qnh kai. evn auvtw/| aivne,sousin tw/| Qew/| evn

vIerousalh,m) 3 [Oti ta,de le,gei Ku,rioj

od toi/j avndra,sin vIou,da kai. toi/j katoikou/sin vIerousalh,m\

oe new,sate eautoi/j new,mata kai. mh. spei,rhte evpV avka,nqaij)10

o² 4 Peritmh,qhte tw/| Qew/| umw/n

oz kai. perite,mesqe th.n sklhrokardi,an umw/n( a;ndrej vIou,da kai. oi` katoikou/ntej

vIerousalh,m(

oh mh. evxe,lqh| wj pu/r o qumo,j mou kai. evkkauqh,setai kai. ouvk e;stai o` sbe,swn avpo.

prosw,pou ponhri,aj evpithdeuma,twn umw/n)15

oq 5 vAnaggei,late evn tw/| vIou,da kai. avkousqh,tw evn vIerousalh,m(

p ei;pate\ shma,nate sa,lpiggi evpi. th/j gh/j kai. kekra,xate me,ga( ei;pate\ suna,cqhte

pa kai. eivse,lqwmen eivj ta.j po,leij

pb ta.j teich,reij)

pg 6 vAnalabo,ntej feu,gete eivj Siw,n\20

pd speu,sate mh. sth/te( o[ti kaka. evgw. evpa,gw

pe avpo. borra/ kai. suntribh.n mega,lhn)

p² 7 vAne,bh le,wn evk th/j ma,ndraj auvtou/

pz kai. evxoloqreu,wn

ph e;qnh evxh/ren kai. evxh/lqen evk tou/ to,pou auvtou/ to. qei/nai th.n gh/n sou eivj25

evrh,mwsin kai. po,leij sou kaqaireqh,sontai para. to. mh. katoikei/sqai auvta,j)

pq 8 vEpi. tou,toij perizw,sasqe sa,kkouj kai. ko,ptesqe kai. avlala,xate( dio,ti ouvk

2 post vEa.n add. mh. CV || 4 mou CV O LF : om. P || euvlabhqh/ CV O LF : euvla,bhqi P || 5 ovmo,sh\ zh/CV P LF : o[moj h[xh O || 7 tw/ Qew/ OP LF : to.n Qeo.n CV || post Qew/ add. tw/| P || 9 toi/j1 —vIerousalh,m\ Vmg : om. V || post katoikou/sin add. evn CV || 1 0 eautoi/j CV P LF : auvtoi/j O || spei,rhteCV OP : spei,rete LF || 1 2 perite,mesqe CV LF : peritemei/sqe O perite,mnesqe P || ad sklhrokardi,anumw/n hab. avkrobusti,an th/j kardi,aj umw/n Cmg Omg || 1 4 mh. — 15 umw/n Vmg : om. V || mou CV O LF :sou P || evkkauqh,setai CV O LF : evkluqh,setai P || sbe,swn Cpc OP LF : sbennu,wn CacV || 1 5 postprosw,pou add. th/j LF || umw/n CV O LF : auvtw/n P || 1 7 kai. CV P LF : om. O || 2 0 vAnalabo,ntej —Siw,n\ : transp. in comm. V || 2 4 kai. CV P LF : om. O || 2 5 to. C OP : tou/ V LF

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Traduction Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

(168) IV1« Si Israël revient, dit le Seigneur, c’est vers moi précisément53 qu’il

reviendra ;

(169) s’il extirpe ses abominations de54 sa bouche,

(170) s’il est plein de révérence devant moi

(171) 2et s’il jure en disant : « Le Seigneur est vivant ! », avec vérité,

(172) en droit et en justice,

(173) alors en lui les nations béniront, en lui elles loueront Dieu à Jérusalem ». 3Car,

ainsi parle le Seigneur

(174) aux hommes de Juda et aux habitants de Jérusalem :

(175) « Défrichez vos friches et ne semez pas sur des épines.

(176) 4Faites-vous circoncire pour votre dieu

(177) et circoncisez55 la dureté de votre cœur56, hommes de Juda et habitants de

Jérusalem,

(178) de peur que ma fureur ne jaillisse comme un feu : elle brûlera et il n’y aura

personne pour l’éteindre, devant la perversité de vos pratiques.

(179) 5Annoncez-le dans Juda et que cela soit entendu dans Jérusalem ;

(180) dites : « Sonnez l’alarme à la trompette dans le pays57, et criez-le à pleine

voix » ; dites : « Rassemblez-vous

(181) et entrons dans les villes,

(182) celles qui sont fortifiées.

(183) 6Montez vous réfugier à Sion.

(184) Hâtez-vous, ne vous arrêtez pas, car moi je fais venir des maux,

(185) du nord, et un grand désastre. »

(186) 7« Un lion est monté de son antre

(187) et58 cherchant à exterminer,

(188) il a enlevé des nations et il est sorti de son territoire pour faire59 de ta60 terre une

désolation. Et tes cités seront abattues, faute d’être habitées.

(189) 8En conséquence, ceignez-vous de sacs, frappez-vous la poitrine et poussez un

53 kai; Cat. O et codd. al. : om. Zi. | 54 ajpo; tou' Cat. et codd. al. : ejk Zi. | 55 perite,mesqe Cat. codd.

plur. (ex Dt 10, 16) : perievlesqe Zi. | 56 sklhrokardivan Cat. codd. plur. (ex Dt 10, 16) :ajkrobustivan th'" kardiva" O L Zi. ; un signe interlinéaire renvoie à la variante hexaplaire notéeen marge : le prépuce de votre coeur. | 57 savlpiggi ejpi; th'" gh'" Cat. B S A : ejpi; th'" gh'"savlpiggi codd. plur. Zi. | 58 kai; Cat. O et codd. al. (= TM) : om. Zi. | 59 to; qei'nai Cat. : tou'qei'nai Zi. | 60 sou Cat. codd. plur. (= TM) : om. Zi.

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Texte biblique Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

avpestra,fh o qumo.j ovrgh/j Kuri,ou avfV umw/n)

± 9 Kai. e;stai evn evkei,nh| th/| h`me,ra|( le,gei Ku,rioj( avpolei/tai h` kardi,a tou/

basile,wj kai. h kardi,a tw/n avrco,ntwn(

±a kai. oi ierei/j

±b evksth,sontai5

±g kai. oi profh/tai qauma,sontai)

±d 10 Kai. ei=pa\ w= de,spota Ku,rie( a=ra, ge avpatw/n hvpa,thsaj to.n lao.n tou/ton kai.

th.n vIerousalh.m le,gwn\ eivrh,nh e;stai umi/n( kai. a[yetai h` ma,caira e[wj th/j yuch/j

auvtw/n)

±e 11 vEn tw/| kairw/| evkei,nw| evrou/sin tw/| law/| tou,tw| kai. th/| vIerousalh,m\10

±² pneu/ma planh,sewj evn th/| evrh,mw|(

±z odo.j th/j qugatro.j tou/ laou/ mou ouvk eivj kaqaro.n ouvdV eivj a[gion)

±h 12 Pneu/ma plhrw,sewj h[xei moi(

±q nu/n de. evgw. lalh,sw kri,mata, mou pro.j auvtou,j\

r 13 ivdou. wj nefe,lh avnabh,sontai15

a kai. wj kataigi.j ta. a[rmata auvtw/n( koufo,teroi avetw/n oi i[ppoi auvtw/n\

b ouvai. hmi/n o[ti talaipwrou/men)

g 14 vApo,plune avpo. kaki,aj th.n kardi,an sou( vIerousalh,m( i[na swqh/|j\

d e[wj po,te upa,rxousin evn soi. logismoi. po,nwn sou *

e 15 Dio,ti fwnh. avnagge,llontoj evk Da.n h[xei moi kai. avkousqh,setai po,noj evx20

o;rouj vEfrai,m)

² 16 vAnamnh,sate e;qnh\ ivdou. h[kasin( avnaggei,late evn vIerousalh,m\

z sustrofai. e;rcontai evk gh/j makro,qen kai. e;dwkan evpi. ta.j po,leij vIou,da fwna.j

auvtw/n) 17 Wj fula,ssontej avgro,n(

1 o qumo.j ovrgh/j Kuri,ou CV OPpc LF : ovrgh/j Qeou/ o qumo.j Pac || Kuri,ou CV O LF : Qeou/ P || 2 tou/CV O LF : om. P || 7 a=ra, ge CV P LF : a;ra ge O || 8 a[yetai CV OP L : h[yato F || 1 1 ad pneu/maplanh,sewj hab. eivrh,nh e;stai umi/n Cmg eivrh,nhn h] estai umi/n Omg (sic) || 1 5 wj nefe,lh CV O LF :post avnabh,sontai transp. P || avnabh,sontai CV OP : avnabh,setai LF || 1 6 auvtw/n CV OP : auvtou/ LF ||1 8 vApo,plune CV F : avpoplu,nai O avpo,plunai P L || 1 9 upa,rxousin CV O LF : upa,rcousin P ||logismoi. CV OP F : dialogismoi. L || 2 0 avnagge,llontoj OP LF : avnabai,nontoj CV

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Traduction Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

grand cri, car la fureur de la colère61 du Seigneur ne s’est pas détournée de vous. »

(190) 9« Alors, en ce jour-là », dit le Seigneur, « le cœur du roi sera anéanti, ainsi que

le cœur des chefs,

(191) et les prêtres

(192) seront dans la stupeur

(193) et les prophètes s’étonneront. »

(194) 10Et j'ai dit : « Ô Maître Seigneur, est-ce donc que tu as vraiment trompé ce

peuple et Jérusalem, en disant : " Ce sera la paix pour vous62 " ? Et63 l’épée les

atteindra64 jusque dans leur être. »

(195) 11« En ce temps-là, ils diront à ce peuple et à Jérusalem :

(196) « Esprit d’égarement65 dans le désert,

(197) le chemin de la fille de mon peuple ne mène à rien de pur ni de saint ».

(198) 12Il me viendra un esprit de plénitude ;

(199) mais pour le moment, je prononcerai contre eux mes jugements.

(200) 13Voici qu'ils monteront66 comme un nuage

(201) et leurs67 chars, comme un ouragan ; plus légers que des aigles, leurs

chevaux ».

(202) « Malheur à nous, car nous sommes misérables68 ! »

(203) 14« Lave ton cœur de la méchanceté, Jérusalem, afin d’être sauvée.

(204) Jusques à quand passeras-tu ton temps à faire les comptes de tes peines ?

(205) 15Car la voix d’un messager me69 viendra de Dan et la peine se fera entendre de

la montagne d’Ephraïm.

(206) 16Rappelez-le aux nations : Voici qu’ils sont venus. Annoncez-le dans

Jérusalem :

(207) des troupes viennent d'une terre lointaine et elles ont fait entendre leurs cris70

contre les villes de Juda. 17Comme des gens qui gardent un champ71,

61 ojrgh'" Cat. codd. plur. (= TM) : om. Zi. | 62 uJmi'n Cat. codd. plur. (= TM) : om. Zi. | 63 Post kai;add. ijdou; L et codd. al. Zi. | 64 a[yetai Cat. O et codd. al. : h{yato Zi. | 65 Un signe interlinéairerenvoie à un ajout qui se trouve être une reprise partielle de Jr 4, 10 : + Ce sera la paix pour vous.66 avnabh,sontai Cat. : avnabh,setai Zi. | 67 aujtw'n Cat. et codd. al. : aujtou' Zi. | 68 Le termetalaipwriva est très fréquent chez les prophètes, petits et grands, et dans les Psaumes (cf. Hatch-Redpath). Il est toujours traduit dans la Bible d'Alexandrie par « misère », ou « être misérable » s’ils’agit du verbe, cf. volumes des petits prophètes (Osée, Joël et Hambakoum). | 69 moi Cat. et codd.

al. : om. Zi. | 70 fwna;" Cat. et codd. al. : fwnh;n Zi. | 71 Malgré le système de division desmanuscrits de chaînes, il est difficile, pour le sens, de rattacher ce groupe à la phrase qui précède.On aperçoit ici le caractère parfois approximatif du système de division en lemmes.

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Texte biblique Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

h evge,nonto evpV auvth|/ ku,klw|(

q o[ti evmou/ hvme,lhsaj( le,gei Ku,rioj) 18Ai` o`doi, sou kai. ta. evpithdeu,mata, sou

evpoi,hsan tau/ta, soi\

i au[th h kaki,a sou( o[ti pikra,( o[ti h[yato e[wj th/j kardi,aj sou)

ia 19 Th.n koili,an mou( th.n koili,an mou avlgw/ kai. ta. aivsqhth,ria th/j kardi,aj5

mou mema,ssei\

ib h yuch, mou spara,ssetai kai. h` kardi,a mou\ ouv siwph,somai(

ig o[ti fwnh.n sa,lpiggoj h;kousen h` yuch, mou( kraugh.n pole,mou 20 kai.

talaipwri,aj)

id Suntrimmo.n evpikalei/tai(10

ie o[ti tetalaipw,rhken pa/sa h` gh/ a;fnw(

i² tetalaipw,rhken h skhnh,(

iz diespa,sqhsan ai de,rreij mou)

ih 21 [Ewj po,te o;yomai feu,gontaj *

iq avkou,w fwnh.n salpi,ggwn)15

k 22 Dio,ti hgou,menoi tou/ laou/ mou evme. ouvk h;|deisan\ ui`oi. a;frone,j eivsin kai. ouv

sunetoi,\ sofoi, eivsin tou/ kakopoih/sai( to. de. kalw/j poih/sai ouvk e;gnwsan)

ka 23 vEpe,bleya evpi. th.n gh/n kai. ivdou. ouvqe,n\

kb kai. eivj to.n ouvrano,n kai. ouvk h=n ta. fw/ta auvtou/)

kg 24 Ei=don ta. o;rh kai. h=n tre,monta kai. pa,ntaj tou.j bounou.j tarassome,nouj)20

kd 25 vEpe,bleya kai. ivdou. ouvk h=n a;nqrwpoj

ke kai. pa,nta ta. peteina. tou/ ouvranou/ evpto,hnto)

k² 26 Ei=don kai. ivdou. o Ka,rmhloj e;rhmoj kai. pa/sai ai` po,leij evmpepurisme,nai

puri. avpo. prosw,pou Kuri,ou kai. avpo. prosw,pou ovrgh/j qumou/ auvtou/ hvfani,sqhsan) 27

1 evge,nonto — ku,klw Vmg : om. V || auvth/ CV O : auvtw/| P auvth.n LF || 5 Th.n koili,an mou CV LF : om.OP || 7 spara,ssetai CV P LF : tara,setai O || 1 2 ante tetalaipw,rhken add. o[ti P || 1 4 postfeu,gontaj add. oi` LF || 1 6 h;deisan\ add. oi O || 1 7 kalw/j CV LF : kalo.j O kalo.n P || e;gnwsan CVOP : evpe,gnwsan LF || 2 1 ivdou. CV O LF : om. P || ouvk h=n CV P : ouvc uph/rcen O LF

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Traduction Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

(208) ils ont fait cercle autour d’elle72,

(209) car tu t’es désintéressée de moi », dit le Seigneur. 18« Ce sont tes chemins et tes

occupations qui t'ont valu cela ;

(210) telle est ta méchanceté, elle est amère, elle a atteint jusqu’à ton cœur ».

(211) 19« Mon ventre, j’ai mal à mon ventre et les sensations de mon cœur sont

bouleversées ;

(212) mon âme est déchiquetée ainsi que mon cœur ! Je ne me tairai pas,

(213) car mon âme a entendu un son de trompette, un cri de guerre 20et de misère73.

(214) Il invoque une blessure,

(215) car tout le pays est misérable soudain74,

(216) la tente est misérable,

(217) mes peaux ont été déchirées.

(218) 21Jusques à quand verrai-je des réfugiés ?

(219) j'entends75 le son des trompettes. »

(220) 22« C’est parce que les76 dirigeants de mon peuple ne m’ont pas connu ; ce sont

des fils insensés et sans intelligence ; ils sont experts pour faire le mal, mais pour

faire le bien, ils ne s’y connaissent pas ».

(221) 23Je regardai sur la terre, et voici : il n’y avait rien ;

(222) et vers le ciel : ses lumières n’y étaient pas.

(223) 24Je vis les montagnes : elles étaient tremblantes et toutes les collines étaient

ébranlées.

(224) 25Je regardai, et voici : il n’y avait pas d’être humain

(225) et tous les oiseaux du ciel étaient terrifiés.

(226) 26Je vis, et voici : le Carmel était un désert, toutes les villes étaient calcinées par

le feu devant le Seigneur et devant la fureur de sa colère elles disparurent. 27Ainsi

72 evpV auvth|/ Cat. : evpV auvth.n Zi. | 73 Les manuscrits des chaînes témoignent sur deux points, par lasyntaxe comme par le système de division, d'un découpage original par rapport aux éditionsd'A. Rahlfs et J. Ziegler : tout d'abord le verbe memavssei a pour sujet ta; aijsqhthvria et le verbesparavssetai a pour sujet yuchv et kardiva ; d'autre part, le terme talaipwriva" au génitif estbien complément du nom kraughvn et non sujet (Ziegler) ou COD (Rahlfs) du verbe ejpikalei'tai.Voici ce que donne le passage selon les éditions : Mon ventre, j’ai mal à mon ventre et aux

sensations de mon cœur ; mon âme est bouleversée, mon cœur est déchiqueté ! Je ne me tairai pas,

car mon âme a entendu un son de trompette, un cri de guerre. La misère appelle une blessure (ou

: Il appelle misère, blessure). | 74 Le système de division du texte dans les manuscrits de chaînesnous invite à raccrocher a[fnw à ce qui précède plutôt qu'à ce qui suit, ce qui est contraire au choixdes éditions d'A. Rahlfs et J. Ziegler. | 75 ajkouvw Cat. et codd. al. : ajkouvwn Zi. | 76 Ante hJgouvmenoiadd. oiJ Zi.

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Texte biblique Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

Ta,de le,gei Ku,rioj\

kz e;rhmoj e;stai pa/sa h gh/(

kh sunte,leian de. ouv mh. poih,sw)

kq 28 vEpi. tou,toij de. penqei,tw h` gh/

l kai. suskotasa,tw o ouvrano.j a;nwqen( dio,ti evla,lhsa kai. ouv metanoh,sw(5

w[rmhsa kai. ouvk avpostre,yw avpV auvth/j) 29 vApo. fwnh/j ippe,wj

la kai. evntetame,nou to,xou avnecw,rhsen pa/sa h` cw,ra\

lb eivse,dusan eivj ta. sph,laia

lg kai. eivj ta. a;lsh evkru,bhsan

ld kai. evpi. ta.j pe,traj avne,bhsan) Pa/sa po,lij evgkatelei,fqh( ouv katoikei/ evn10

auvtai/j a;nqrwpoj)

le 30 Kai. su,( ti, poih,seij *

l² vEa.n periba,lh| ko,kkinon

lz kai. kosmh,sh| ko,smw| crusw/|

lh kai. eva.n evgcri,sh| sti,bi tou.j ovfqalmou,j sou( eivj ma,thn o wrai?smo,j sou\15

lq avpw,santo, se oi evrastai, sou( th.n yuch,n sou zhtou/sin) 31 [Oti fwnh.n w`j

wvdinou,shj h;kousa( tou/ stenagmou/ sou wj prwtotokou,shj\

m fwnh. qugatro.j Siw,n\ evkluqh,setai kai. parh,sei ta.j cei/raj auvth/j)

ma Oi;moi evgw. o[ti evklei,pei h` yuch, mou evpi. toi/j avnh|rhme,noij)

4 de. CV LF : om. OP || penqei,tw CV OP : penqhsa,tw LF || 1 3 post vEa.n add. mh. P || 1 5 sti,bi OP L :stibh. C stibh|/ V sti,bh F || 1 9 Oi;moi CacV OP L : oi;mmoi Cpc oi=moi F

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Traduction Jr 1-4 (chaîne à auteurs multiples)

parle le Seigneur :

(227) « La terre tout entière sera un désert,

(228) mais je n’irai pas jusqu’à l’achèvement.

(229) 28Mais77 à cause de cela, que la terre soit endeuillée,

(230) que le ciel, d'en haut, s’obscurcisse, car j’ai parlé et ne me repentirai pas, j’ai

mis en œuvre et ne m’en détournerai pas. 29Devant la voix du cavalier

(231) et l'arc tendu, toute la78 contrée s’est retirée ;

(232) on s’est introduit dans les cavernes,

(233) on s’est caché dans les bois sacrés

(234) et l’on est monté sur les rochers. Toute ville a été abandonnée, il n’y a plus

d’homme qui y habite. »

(235) 30« Et toi, que feras-tu ?

(236) Si tu te revêts de rouge

(237) et te pares d'une parure d'or

(238) et si tu t'enduis les yeux de khôl, ta beauté est vaine :

(239) tes amants t’ont repoussée, ils en veulent à ta vie. 31Car j'ai entendu comme une

voix de femme en couches, ton gémissement comme pour un premier enfantement :

(240) voix de la fille de Sion ; elle sera épuisée et laissera tomber les bras. »

(241) « Pauvre de moi ! Car la vie me quitte auprès des trépassés ».

77 de; Cat. et codd. al. : om. Zi. | 78 hJ Cat. codd. plur. (= TM) : om. O L et al Zi.

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1

Chaîne intégrale à auteurs multiples

Crhv, kaqa; kai; ejn tai'" prolabouvsai" bivbloi" th'" qeopneuvstou grafh'"

tai'" par j ejmou' paragrafeivsai" ajrcovmeno" ei\pon, to;n ejntugcavnonta

th/'de th'/ bivblw/ gignwvskein o{ti ejk pollw'n ponhmavtwn aJgivwn kai;

ojrqodovxwn patevrwn ouj mh;n ajlla; kai; ajdokivmwn ejxhghtw'n kai; th'" tw'n

aiJretikw'n moivra" tugcanovntwn aiJ paragrafai; e[gkeintai, ejkfeuvgousai5

ta; ajpa/vdonta th'" ejkklhsiastikh'" paradovsew" dovgmata ta; uJpo; tw'n

aiJretikw'n eijrhmevna. Kai; tou'to de; oujk aujtonovmw" pepoivhka

ajll j ajkolouqhvsa" tw'/ aJgiwtavtw/ patri; hJmw'n tw'/ th'" jAlexavndrou

filocrivstou megalopovlew" ajrciepiskovpw/ Kurivllw/ fhvvsanti ejn th'/ pro;"

Eujlovgion ejpistolh'/: « Ouj pavnta o{sa levgousin oiJ aiJretikoi; feuvgein kai;10

paraitei'sqai crhv: polla; ga;r oJmologou'sin w|n kai; hJmei'" oJmologou'men ».

jAnagkai'on de; w/jhvqhn kai; tou'to prosqei'nai tw/'de tw/' prooimivw/ pro;"

fanevrwsin kai; safhvneian toi'" ejntugcavnousin. [Istwsan ga;r wJ" ouj

movnon diafovrw" hjnevcqhsan ejn toi'" nohvmasi th'" qeopneuvstou grafh'" oiJ

tauvthn eJrmhneukovte", ajlla; dh; kai; aujta; ta; rJhta; th'" qeiva" aujth'"15

grafh'" oujk i[sw" diesteivlanto kai; ou{tw th;n eJrmhneivan ejpevqhkan: oJ me;n

2 paragrafeivsai" C O : grafeivsai" V non legitur P || 3 th'/ C V : om. O non legitur P || 4 mh;n COP : me;n V || 7 aujtonovmw" CV : aujtomavtw" OP || 8 patri; CV : post hJmw'n transp. OP || tw'/2 CVP : om. O || post jAlexavndrou add. kai; V || 9 filocrivstou CV P : filocrhvstou O || 1 3 post toi'"add. ejn toi'" V || ga;r OP : de; CV || 1 5 aujth'" O : om. CV non legitur P

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1

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

(Prologue du caténiste : codd. : CV OP. Editio : M. Faulhaber, Die Propheten-

catenen nach römischen Handschriften, Biblische Studien IV, 2-3, Fribourg 1899,

pp. 192-196)1

Ainsi que je l'ai dit aussi en commençant dans les précédents livres de l’Écriture

inspirée par Dieu2 que j’ai annotés3, il faut que le lecteur de ce livre-ci sache que

les annotations présentes sont tirées de nombreux ouvrages, non seulement de

Pères saints et orthodoxes, mais aussi d’exégètes qui sont critiqués et qui

partagent le lot des hérétiques, même si elles s'écartent nettement des doctrines

qui sont en désaccord avec la tradition de l’Église et que les hérétiques ont

énoncées. Et cela, je ne l’ai pas fait spontanément, mais à la suite de notre très

saint Père Cyrille, l'archevêque de la grande cité d'Alexandre qui aime le Christ,

lui qui a dit dans sa lettre à Eulogios : « Il ne faut pas écarter ni repousser tout ce

que disent les hérétiques car ils professent bien des points que nous professons

nous aussi. »4

D'autre part, j’ai pensé qu’il était nécessaire d'ajouter encore à ce préambule la

considération suivante afin que ce soit évident et clair pour les lecteurs. Qu’ils

sachent en effet que non seulement les interprètes de l’Écriture inspirée par Dieu

ont proposé des réflexions diverses sur elle, mais encore qu'ils n’ont pas divisé de

1 Traduction de G. Dorival (« Des commentaires de l’Écriture aux chaînes », in C. Mondésert (dir.)Le monde grec ancien et la Bible, Bible de tous les temps, t. I, Paris 1984, pp. 369-370) à laquellej'ai apporté quelques modifications signalées en italique. Pour le commentaire de ce prologue, cf. t.I, chap. 3, pp. 280-283. | 2 Le terme qeovpneusto" apparaît pour la première fois en 2 Tm. 3, 16. Ilest très fréquemment employé dans la littérature patristique. | 3 Des chaînes d'Isaïe, d'Ézéchiel et deDaniel sont précédées d'un prologue tout à fait similaire du même auteur. À cause du pluriel dutexte, il faut émettre l'hypothèse que la chaîne sur Jérémie a été conçue soit après les chaînes surIsaïe et Ézéchiel, soit même en dernier, après celles-ci et celle sur Daniel. | 4 Ep. XLIV (PG 77,225 A6-A8). On trouve le même principe dans le prologue anonyme de la Philocalie : « Si'ton de;levgein tina; tw'n para; toi'" aiJretikoi'" eu\ mavla sugkecwrhvmeqa: ejpeivper, kata; to;nsofwvtaton Kuvrillon: ouj pavnta o{sa levgousin oiJ aiJretikoi; feuvgein kai; paraitei'sqaicrhv: polla; ga;r oJmologou'sin w|n kai; hJmei'" oJmologou'men. » (Nous consentons tout à fait àappeler "bon grain" certaines paroles qui se trouvent chez les hérétiques, puisque, comme le dit letrès savant Cyrille : « il ne faut pas chasser et repousser...»). Origène lui aussi soutient un principeanalogue : il faut prendre les paroles bien dites, par exemple celles de Platon qui a entrevu lavérité, « même si les auteurs sont étrangers à notre foi » (Philocalie 15, 5 = Contre Celse 7, 46).Cf. Origène, Philocalie 1-20. Sur les Écritures, éd. M. Harl, SC 302, Paris 1983, pp. 26-27.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

ga;r pleivou" oJ de; h{ttou" stivcou" proqevmeno" th;n ejxhvghsin ejpoihvsato

kai; ejk touvtou dokou'sin oiJ ajriqmoi; oiJ toi'" kefalaivoi" ejpikeivmenoi

ajnacaitivzein tou;" to; e[dafo" ajnagignwvskonta" eij" to; provsw baivnein.

Crh; ou\n e}n kai; deuvteron kai; trivton kefavlaion tou' ejdavfou" th'" aJgiva"

grafh'" ajnagignwvskein kai; ou{tw ta;" ejgkeimevna" eJrmhneiva"5

i{n j eujsuvnopta e[stai toi'" ejntugcavnousi ta; nohvmata.

TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu aaaajjjjrrrrcccciiiieeeeppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu KKKKwwwwnnnnssssttttaaaannnnttttiiiinnnnoooouuuuppppoooovv vvlllleeeewwww"""" eeeeiiiijj jj"""" ttttoooo;; ;;nnnn

jj jjIIIIeeeerrrreeeemmmmiiiivv vvaaaannnn::::

Lektevon tiv" hJ profhteiva kai; povte h[rxato kai; povte pevpautai kai;

tivno" e{neken e[lhxen kai; tiv labei'n e[stin ejk tauvth" eij" to;n bivon10

wjfevlimon.

Profhteiva toivnun to; levgein h] kai; tupikw'" deiknu'nai ta; prolabovnta

kai; o[nta kai; ejsovmena. Lovgo" gavr ejstin h] pra'gma pri;n gnwsqh'nai

proagoreu'on ta; pravgmata ejpei; kai; dia; pravgmato" pra'gma shmaivnetai.

Tuvpoi ga;r h\san tou' mevllonto" oJ o[fi" oJ calkou'", oJ ajmno;" oJ ejn15

Aijguvptw/, jIsaa;k prosagovmeno". Profhtei'ai ga;r tau'ta, th;n de; aijtivan

oujk e[cousin wJ" ejpi; tou' jEzecih;l ejkballomevnou dia; tou' toivcou: e[cei ga;r

th;n aijtivan. Dei' mevntoi tou;" tuvpou" kai; toi'" tovte crhsivmou" ei\nai wJ"

ejpi; tou' o[few" kai; tou' ajmnou'.

1 ejpoihvsato C OP : ejpoihvsanto V || 6 e[stai C O : w\si V non legitur P || 7 ajrciepiskovpou CV PLF B : ejpiskovpou O || post Kwnstantinoupovlew" add. tou' Crusostovmou L || post to;n add.profhvthn B || 9 povte2 CV P LF B : pou' O || 1 0 eij" to;n bivon OP LF B : ejn tw/' bivw/ CV || 1 2tupikw'" CV O LF : tupikw/' B non legitur P || 1 6 prosagovmeno" OP LF B :prosagoreureuovmeno" C (sic) prosagoreuovmeno" V || 1 8 toi'" OP LF B : tou;" CV

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2

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

la même manière les propres passages5 de la même Écriture divine et ont ajouté

leur interprétation de la manière suivante : ils ont pratiqué leur exégèse, l’un en

présentant plus de stiques, l’autre en en présentant moins, et de ce fait, les

chiffres placés devant les sections paraissent arrêter les lecteurs du texte sacré

dans leur progression. Il faut donc lire une première, une deuxième et une

troisième section du texte sacré de la Sainte Écriture et alors les interprétations

présentes, afin que les réflexions puissent permettre une bonne vue d'ensemble

aux lecteurs.

(Prologue de Jean Chrysostome : codd. : C V O P L F B. Editio : PG 64, 740

B1-B12)

Saint Jean, archevêque de Constantinople, sur Jérémie :

Il faut dire quelle est la prophétie, quand elle a commencé, quand elle a cessé,

pourquoi elle s'est terminée et ce qu'on peut en tirer d'utile pour la vie.

Une prophétie, donc, c'est le fait de dire ou de montrer de manière figurée ce qui

s'est passé, ce qui est et ce qui sera6. C'est en effet une parole ou un fait qui prédit

les faits avant qu'ils ne soient connus, puisque justement un fait est signifié à

travers un fait. En effet, le serpent d'airain7, l'agneau en Égypte8, Isaac offert en

sacrifice9, étaient des figures de l'avenir10. Il s'agit en effet de prophéties, mais

elles ne contiennent pas l’explication, contrairement à Ézéchiel transporté à

travers la muraille11 : elle contient en effet l’explication. Il faut pourtant que les

figures soient profitables aussi aux gens d'alors comme pour le serpent et l'agneau.

5 L'adjectif substantivé ta; rJhtav signifie ici "la parole citée". Cette expression est fréquente, parexemple chez Clément d'Alexandrie, pour désigner le texte de l'Écriture auquel on se réfère.6 Jean Chrysostome énonce l'affirmation que les prophéties sont relatives non seulement à l'avenir,mais aussi au passé et au présent. On trouve la même tripartition dans les Homélies sur la Genèse(cf. Hom. Gen. II : PG 53, 28, ll.12-19), dans l'Hom. V sur 1 Tm et dans la synopse de la SainteÉcriture attribuée à Jean Chrysostome. Le prologue du Commentaire sur les Psaumes de Diodorede Tarse divise aussi le genre prophétique en trois catégories : avenir, présent, passé. Cf. G.Dorival, « L’apport des synopses transmises sous le nom d’Athanase et de Jean Chrysostome à laquestion du corpus littéraire de la Bible », in G. Dorival, Qu'est-ce qu'un corpus littéraire ?Recherches sur le corpus biblique et les corpus patristiques, avec la collaboration de C.Boudignon, F. Bouet, C. Cavalier, Collection de la revue des Études juives, Paris-Louvain 2005, p.68. | 7 Cf. Nb 21, 4-9. | 8 Cf. Ex 12, 1-14. | 9 Cf. Gn 22, 1-19. | 10 Ces trois épisodes sont desexemples classiques de typologie, cf. par exemple Jean Chrysostome, Expositiones in Psalmos IX,4 et XLVI, 1 (PG 55, 126-127 et 209). | 11 Cf. Ez 12,1-7 pour l'acte prophétique (le départ duprophète) et Ez 12, 8-16 pour l'explication (le départ est la figure de l'exil).

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

Prolevgousi de; oij profh'tai oujk ejrwtwvmenoi movnon kata; tou;" e[xw to; de;

plei'ston ajf j eJautw'n. Levgontai ga;r kai; par j ejkeivnoi" oJmwnuvmw"

profh'tai. Dio; kai; Pau'lo" fhsivn: « Ei\pevn ti" ejx aujtw'n i[dio" aujtw'n

profhvth" ». jEkavloun de; profh'ta" kai; tou;" iJereva" Aijguvptioi.

Kai; kaqovlou tw'n profhteiw'n hJ mevn ejsti pneumatikhv, hJ de; diabolikhv, hJ5

de; mevsh touvtwn fusikhv ti" h] tecnikhv, hJ de; koinh; kai; dhmwvdh". Th'"

me;n ou\n pneumatikh'" prohgoumevnw" me;n toi'" aJgivoi" metevsti,

di joijkonomivan de; kai; toi'" mh; toiouvtoi" wJ" tw'/ Naboucodonovsor kai;

Faraw; kai; Balaa;m kai; Kai>avfa, th'" de; diabolikh'" toi'" touvtou movnon

qerapeutai'". Aujtoi; ga;r oiJ ajleuromavntei" kai; kriqomavntei" kai; hJ dia;10

tw'n morivwn manteuomevnh Puqiva kai; hJ dia; druo;" hJ Dwdwni;" iJevreia kai;

oiJ dia; splavgcnwn kai; pthvsew" kai; klaggw'n sumbovlwn te kai; ptarmw'n

kai; klhdovnwn kai; bronth'" kai; ceirw'n muw'n te kai; galh'" kai; trismw'n

kai; w[twn h[cou kai; swvmato" palmw'n kai; calivkwn rJavbdwn te kai; floiw'n

dia; nekrw'n te kai; gastro;" ojnomavtwn te kai; a[strwn kai; fialw'n murivwn15

te o{swn toiouvtwn. JH ga;r di j ojneivrwn kai; par j hJmi'n dia; katoch'" kai;

au{th. JH de; provgnwsi" aujtoi'" ouj di j ajreth'" wJ" hJmi'n ajlla; dia; tino;"

kakotecniva", kajkei'noi me;n peri; crhmavtwn kai; novswn kai; polevmwn

manteuvontai mhdemia'" zhtoumevnh" aujtoi'" ajreth'" h] kakiva", par j hJmi'n de;

2 kai; CV P : om. O LF B || 3 post kai; add. oJ CV || 7 prohgoumevnw" CV P LF : proshgoumevnw" O(sic) prohgoumevnou" B || 8 tw'/ CV LF B : to;n O non legitur P || 9 movnon CV P LF B : movnou O ||1 0 Aujtoi; CV LF B : Aujtou' O non legitur P || 1 1 morivwn V OP LF B : mwrivwn C || post hocverbum add. primum puqiva C OP LF B || post Puqiva add. de; P L || post dia; add. tou' CV ||Dwdwni;" LF B : Dwvdwni" CV OP || post hoc verbum add. hJ CV || iJevreia V LF B : iJerei'a C Onon legitur P || 1 2 oiJ C O LF B : hJ V non legitur P || pthvsew" CV OP F : pthvsewn L B || postklaggw'n add. kai; O || 1 3 muw'n te kai; galh'" CV OP F B : galh'" te kai; muw'n L || 1 6katoch'" CV O LF B : katoch; P || kai;2 — 17 de; CV O LF B : au{th de; hJ P || 1 8 kai; polevmwn CVO LF B : post manteuvontai transp. P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

Et les prophètes prédisent non seulement lorsqu'on les interroge, comme chez les

païens, mais le plus souvent d'eux-mêmes. Ils sont en effet aussi appelés du même

nom de prophètes chez ces gens-là. C'est pourquoi aussi Paul dit : « L’un d’entre

eux, leur propre prophète, a dit… »12. Or les Égyptiens appelaient aussi les

prêtres, prophètes.

Et en général, parmi les prophéties, l’une est inspirée, l’autre diabolique, celle

intermédiaire est naturelle en quelque sorte ou relevant d'un art et la dernière,

commune et populaire. Ainsi donc, la prophétie inspirée échoit principalement

aux saints, mais en vertu de l'économie13 < divine > aussi à des gens qui ne le sont

pas comme Nabuchodonosor, Pharaon, Balaam et Caïphe14, tandis que la

prophétie diabolique échoit aux serviteurs du diable seulement. En effet, ce sont

ceux qui lisent l’avenir dans la farine de froment et dans les grains d’orge, la

Pythie qui donne ses oracles par les membres15, la prêtresse de Dodone qui les

donne par le chêne et ceux qui les donnent par les entrailles, le vol des oiseaux, les

cris, les signes et les éternuements, les bruits, le tonnerre, les mains, les souris et

la belette, les murmures, le bourdonnement des oreilles, les secousses du corps,

les cailloux, les bâtons et les écorces, par les cadavres et le ventre16, les noms et

les astres, les vases et mille choses semblables. La prophétie par les songes existe

aussi chez nous17 ainsi que celle par la possession. Mais la prescience ne leur

appartient pas grâce à une vertu, contrairement à nous, mais par quelque mauvais

12 Tt 1,12. | 13 La notion d'économie est utilisée par Jean Chrysostome dans les cas où l'actiondivine présente un paradoxe. Ce qui peut surprendre les hommes au premier abord entre bien dansle projet d'ensemble de Dieu. Dans les Homélies sur la Genèse par exemple, Jean Chrysostomesouligne la chose suivante : il est surprenant que la Bible grecque ait été commanditée par unpaïen, le roi Ptolémée, mais cela entrait dans le plan de Dieu : « N'est-il pas aussi bien surprenantque ce dessein ait été conçu par un prince idolâtre, et qui, loin de suivre la religion des Juifs,observait un culte tout opposé? Mais c'est ainsi que le Seigneur dispose toutes choses, afin que lesennemis de la vérité soient les premiers à la faire éclater.» (Hom. IV, 4 ; traduction M. Jeannin1864, cf. http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/chrysostome/index.htm ; PG 53, 45). | 14 Cf.Origène, Hom. sur les Nombres, XIV, 4, 4 (éd. L. Doutreleau, SC 442, Paris 1999, p. 183) : Caïphecomme Balaam ont prophétisé et XV, 1, 1 (éd. L. Doutreleau, SC 442, Paris 1999, pp. 188 et190-193) : Origène reconnaît chez Balaam deux aspects : blâmable quand il désobéit à Dieu (saconduite pousse plus tard les Hébreux à l'idolâtrie et à la fornication), digne d'éloge quand il seplie aux fonctions de prophète que l'Esprit de Dieu lui fait accomplir. | 15 Les membres évoquent, àmon sens, les transes dont est saisie la Pythie lors d'un oracle. | 16 Peut-être s'agit-il du ventre de lafemme enceinte et donc de l'enfant à naître par opposition aux cadavres. | 17 Pour G. Dorival quicomprend ainsi : par exemple, la prophétie par les songes et chez nous celle par la possession, elleaussi, Jean Chrysostome pourrait désigner une tradition de prophétie propre à Antioche. Il meparaît cependant préférable de penser que "chez nous " signifie "chez les chrétiens", par oppositionaux païens, puisque l'antithèse parcourt tout le passage.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

diorqwvsew" hjqw'n e{neka kai; th'" ejpi; to; krei'tton metabolh'". Kajkei'na

me;n ejkbh'nai dei', tau'ta de; ouj pavntw": tiv ga;r o[felo" prorrhvsew"

ejp j wjfeleiva/ yucw'n legomevnh" o{te pavntw" e[stai ta; qespizovmena

mhdemivan ejk tou' ejf j hJmi'n metabolh;n ejndecovmena … Qeo;" ga;r prolevgwn

kai; th;n luvsin uJpotivqetai tw'n deinw'n eij metagnw'nai bouloivmeqa: tou'to5

gavr ejstin kai; th'" profhteiva" to; kevrdo", mh; metaballomevnwn de;

pavntw" givnetai. jEkei'noi de; kata; sumbebhko;" e[n tisin ajlhqeuvsante" ejn

toi'" pleivstoi" dihvmarton kai; oiJ me;n ojrgavnwn devontai kai; tovpwn kai;

kairw'n kai; ejpi; crhvmasi levgousi, Qeo;" de; touvtwn ajphvllaktai. Toiauvth

me;n h{ te qeiva kai; diabolikh; profhteiva.10

Fusikh; de; hJ tw'n ajlovgwn: celidovne" ga;r peri; celidovnwn kai; geravnwn

gevranoi kai; muvrmhke" ejpiovnto" ceimw'no" aijsqavnontai, ejci'noiv te kai;

ajlkuvone" fuvsei tou'to kthsavmenoi. JH de; tecnikh; profhteiva para;

ijatroi'" kai; sumbouvloi" kai; kubernhvtai". OiJ me;n ga;r ajrrwstiva", oiJ de;

luvsei" touvtwn prolevgousin, oiJ de; pneumavtwn metabolav", oiJ de; tou'15

mevllonto" sunevsei katastocavzontai. [Esti de; kai; koinh; kai; dhmwvdh"

tou' mevllonto" gnw'si" oi|on o{ti meta; trei'" mh'na" oJ ceimwvn. Pavnte"

ga;r e[cousi ta;" ejk periovdwn prorrhvsei". Oujde;n ou\n mevga provgnwsin

e[cein kai; daivmona" o{pou kai; muvrmhke" e[cousi kai; deinoi; tou' mevllonto"

ajnqrwvpoi" stocastaiv ajll j oujc wJ" pavntw" h] pavnta eijdevnai ejpei; kai; oJ20

diavbolo" ejprofhvteuse tou' gignwvskein kalo;n kai; ponhro;n kai; ejgevneto,

kai; pavlin oJ Balaa;m proei'pen o{ti « Povrna" sth'son kai; prodoqhvsetai

di jaujtw'n oJ jIsrah;l » kai; gevgonen ou{tw": tou'to de; stocasmo;" ma'llon,

prorrhvsei" mhde;n paravdoxon e[cousai kaqavper ejpi; Cristou' to;

2 dei' CV P LF B : dh; O || tiv — 3 pavntw" CV OP : om. L FB || 6 metaballomevnwn CV OP LF :metaballomevnhn B || 7 post pavntw" add. ouj V || 9 Toiauvth CV P LF B : Toiauvthn O || 1 0 postme;n add. ga;r CV || post kai; add. hJ LF B || 1 1 peri; C OP LF B : om. V || geravnwn gevranoi CV :geravnwn kai; gevranoi O LF B gevranoi peri; geravnwn P || 1 4 sumbouvloi" V OP LF B :sumbovloi" C || kubernhvtai" CV P LF B : kubernhvte" O || 1 5 metabolav" CV OP : metabolhvn LFB || 1 6 kai;1 CV OP F B : om. L || 1 8 post mevga add. kai; CV F B || provgnwsin C OP LF B :provrrhsin V || 1 9 post e[cein add. kai; gnw'sin V || post e[cousi add. ta;" ejk periovdwnprorrhvsei" CV || 2 0 ajnqrwvpoi" CV LF B : a[nqrwpoi OP || 2 1 kalo;n — 5,14 toiavnde : def. P ||2 3 oJ CV LF B : om. O || tou'to de; stocasmo;" C O LF B : om. V || post ma'llon add. de; CV || 2 4Cristou' CV O : Cristw/' LF B || to; CV O : tou' LF B

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

artifice. Et ceux-là donnent des oracles sur les richesses, les maladies et les

guerres sans rechercher aucune vertu ni aucun vice tandis que chez nous, c’est en

vue d’un redressement des mœurs et d’un changement en mieux. Et il faut que les

leurs18 s'accomplissent tandis que les nôtres pas dans tous les cas19 : en effet, à

quoi sert-il pour l’utilité des âmes de faire une prédiction quand ce qui est

prophétisé aura lieu de toutes façons, sans admettre aucun changement issu de

notre liberté ? Car Dieu, lorsqu’il prédit, propose aussi la délivrance des épreuves

si nous voulons20 nous repentir. En effet, c’est là précisément le gain de la

prophétie et si on ne change pas, elle arrive vraiment. Or ceux-là, même s’ils ont

dit dans certains cas la vérité par hasard, se sont le plus souvent trompés ; et eux

ont besoin d’instruments, de lieux et d’occasions et ils parlent pour de l’argent,

tandis que Dieu est libre de ces éléments. Telles sont la prophétie divine et la

prophétie diabolique.

La prophétie naturelle est celle des animaux : les hirondelles sentent les

hirondelles < venir >, les grues sentent les grues < venir > et les fourmis sentent

l’hiver venir21 ainsi que les hérissons et les martins-pêcheurs qui possèdent cela de

nature. La prophétie qui relève d'un art est celle des médecins, des conseillers et

des timoniers. En effet, les uns prédisent les maladies, les autres leurs délivrances,

d'autres conjecturent des changements de vent, d'autres l'avenir avec intelligence.

Mais il y a aussi une science de l’avenir commune et populaire comme de savoir

que l’hiver arrive après trois mois. Tout le monde en effet peut prévoir le retour

des saisons. Ainsi donc il n’y a rien d’exceptionnel à ce que les démons aussi

aient la prescience quand même les fourmis l'ont et que les hommes ont d’habiles

devins de l’avenir, mais ils ne sont pas capables de savoir tout complètement. Et

en effet le diable a prophétisé la connaissance du bien et du mal22 et c’est arrivé ;

et à nouveau Balaam a prédit : « Établis des prostituées et Israël sera livré par

elles »23 et cela s’est passé ainsi. Mais ceci est plutôt une conjecture, des

18 L'antécédent de ejkei'na et tau'ta me semble être manteuvmata que je tire du verbemanteuvontai. | 19 Cette phrase introduit une autre différence entre l'oracle païen et la prophétiebiblique que je comprends ainsi : l'oracle prétend nécessairement s'accomplir, tandis que laprophétie propose dans tous les cas d'échapper par le repentir aux malheurs qu'elle annonce.G. Dorival interprète cependant cette phrase de la manière suivante : < pour croire à la vérité desoracles païens > il faudrait qu'ils s'accomplissent toujours à la différence des prophéties. | 20 Eij +optatif peut remplacer ejavn + subjonctif dans le Nouveau Testament et les écrits patristiques (cf.Blass-Debrunner, § 385, 2, exemple de Ac 24, 19). | 21 La phrase est difficile à cause desdifférentes constructions du verbe aijsqavnomai qui se succèdent : d'abord peri; + génitif, puisgénitif seul et enfin proposition participiale au génitif. | 22 Cf. Gn 3, 5. | 23 Nb 24, 14.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

khrucqh'nai to; eujaggevlion to; « ouj mh; meivnh/ livqo" ejpi; livqon ».

KKKKaaaaiiii;; ;; mmmmeeeetttt jjjj oooojj jjlllliiiivv vvggggaaaa:::: to;n makavrion jIeremivan wJ" tw'n a[llwn safevsterovn fasi

dei'n pro; tw'n a[llwn ajnagignwvskesqai, kai; ouj qaumasto;n eij tw'n

profhtw'n oiJ me;n ajsafei'" oiJ de; safevsteroi o{pou kai; eJno;" th'" qeiva"

Grafh'" e[sq j o{te suggrammavtou ta; me;n ajsafh' ta; de; safh', kai; tw'n5

eJno;" ajndro;" suggrammavtwn ta; me;n ou{tw" ta; de; ejkeivnw", kaqavper ejn

Yalmoi'" ajpostovlwn te ejpistolai'" kai; tw'n tou' Kurivou rJhmavtwn.

Kaqovlou ga;r ajsavfeia givnetai h] dia; th;n fuvsin tw'n uJpokeimevnwn xevnwn

o[ntwn pro;" ajkohvn, wJ" ejpi; th'" skhnopoiiva" kai; th'" par j jEzekih;l

kataskeuh'" tou' naou', h] para; tou;" ajkouvonta", h] ajsunevtw"10

diakeimevnou". Diovper oJ Cristo;" ta;" parabola;" e[luen toi'" maqhtai'" wJ"

ejpivthde" ajsafw'" eijrhmevna".

KKKKaaaaiiii;; ;; mmmmeeeetttt jjjj oooojj jjlllliiiivv vvggggaaaa:::: givnetai de; pavlin ajsavfeia kai; para; th;n tou' levgonto"

ijdiovthta ejpirrepw'" e[conto" pro;" th;n toiavnde ajpaggelivan, kai; ejpi; tw'n

profhtw'n to; Pneu'ma ta; nohvmata movnon e[legen ajll joujci; kai; ta;15

rJhvmata. Aujtoi; de; loipo;n e[frazon ijdikw'". Ouj ga;r wJ" ajkinhvtoi"

ejkevcrhto kaqavper hJ tw'n daimovnwn ejpivpnoia, ta; de; lecqevnta gignwvskein

hjbouvleto kai; meta; th'" oijkeiva" gnwvmh" a{panta levgein: ouj ga;r pra'gma

poihvsei Kuvrio" eja;n mh; ajpokaluvyh/ toi'" douvloi" aujtou' toi'" profhvtai".

EEEEuuuujj jjsssseeeebbbbiiiivv vvoooouuuu KKKKaaaaiiiissssaaaarrrreeeeiiiivv vvaaaa""""20

jAnagkai'on de; eijpei'n kai; peri; th'" tavxew" tou' biblivou wJ" ejn tai'"

profhtikai'" bivbloi" e[stin euJrei'n ta; tw/' crovnw/ prw'ta lecqevnta deuvtera

keivmena th/' tavxei kai; ta; profhteuqevnta u{stera protetagmevna tw'n

proagovntwn toi'" crovnoi". JO gou'n parw;n profhvth" a[rcetai me;n ejpi;

jIwsivou, parateivnei de; mevcri Sedekivou kai; th'" aijcmalwsiva". Sedekiva"25

1 to; eujaggevlion CV O F B : om. L || 2 Kai; met j ojlivga CV O : om. LF B || 4 post de; add. kai; CV|| 7 ajpostovlwn te CV O F : ajpostovlwn ejstin L B || 9 skhnopoiiva" CV LF B : skhnophgiva" O ||1 3 Kai; met j ojlivga CV O : om. LF B || 1 4 pro;" CV O L : kai; F non legitur B || 1 6 ijdikw'" OPLF B : ijdiwtivkw" CV || 1 7 ejkevcrhto O LF B : ejkevcrhnto CV non legitur P || 1 8 ga;r O LF B :om. CV non legitur P || 1 9 douvloi" V OP LF B : douvloi C || 2 2 prw'ta C O : prwvtw/ V non legiturP || 2 3 u{stera OP : u{steron CV

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

prédictions n’ayant rien d’extraordinaire, contrairement au Christ qui proclame

dans l’Évangile : « Il ne restera pas pierre sur pierre »24.

Et peu après : On dit qu’il faut lire le bienheureux Jérémie avant les autres parce

qu’il est plus clair que les autres. Et il n’est pas étonnant que parmi les prophètes,

les uns soient peu clairs et les autres plus clairs quand dans l’Écriture divine,

pourtant une, parfois certains aspects de l’œuvre sont peu clairs, d’autres clairs, et

quand, parmi les œuvres d’un seul auteur, certaines sont comme ceci, d’autres

comme cela, de même que dans les Psaumes et les lettres des apôtres, et parmi les

paroles du Seigneur. En effet, en général, le manque de clarté vient ou bien de la

nature des sujets qui sont étrangers à l'auditoire comme la confection de la tente et

la construction du temple chez Ézéchiel, ou bien parce que ceux qui écoutent le

font sans intelligence ou bien parce qu'ils ne sont pas intelligents. C’est pourquoi

le Christ expliquait les paraboles aux disciples, parce qu’elles étaient dites avec le

manque de clarté qui convenait25.

Et peu après : Mais le manque de clarté dépend encore de la personnalité de

l’orateur qui a un penchant pour tel ou tel style. Et, dans le cas des prophètes,

l’Esprit disait les idées seules, sans les mots. Et eux s'exprimaient ensuite de

manière personnelle. Car il n’avait pas recours à eux comme à des instruments

inanimés contrairement à ce que fait le souffle des démons mais il voulait qu’ils

prennent connaissance des paroles et qu’ils disent tout avec leur propre tournure

d’esprit. En effet, Dieu ne fera rien qu'il n'ait dévoilé à ses serviteurs les

prophètes.

(Prologue d'Eusèbe de Césarée : codd. : CV OP. Editio : PG 23 1041 A10-C10,

paulo differt ab editis ; M. Ghisleri, t. I, pp. 17-18)

Eusèbe de Césarée :

Et il est nécessaire de parler aussi de la disposition26 du livre : dans les livres

prophétiques, on peut constater que les paroles prononcées en premier

24 Lc 21, 6 ; Mc 13, 2 ; Mt 24, 2. | 25 Allusion à Mc 4, 11-12. | 26 Il s'agit ici de la structure du livre :j'ai choisi le terme "disposition" pour rendre l'écho du grec entre th/' tavxei et protetagmevna.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

de; h\n tevtarto" ajpo; jIwsivou basileuv". Meta; ga;r jIwsivan diadevcetai th;n

ajrch;n kaqa; ei[rhtai jIwaka'" uiJov", ei\ta deuvtero" jIwakei;m ajdelfo;" aujtou',

meq j o}n trivto" jIeconiva" uiJo;" jIwakeivm, meq j o}n tevtarto" Sedekiva"

ajdelfo;" jIwakeivm. Kaq j ou}" a{panta" tou' jIeremivou profhteuvsanto" hJ

ejpwvnumo" aujtou' grafh; a[rcetai me;n ajpo; jIwsivou, ei\ta proiou'sa5

mevmnhtai jIeconivou tou' trivtou ajpo; jIwsivou, oi|" eJxh'" tivqhsi ta; ejn tw'/

tetavrtw/ e[tei jIwakei;m profhteuqevnta o}" h\n deuvtero" meta; jIwsivan.

Ei\q j eJxh'" ejpavgei ta; ejn ajrch/' tou' aujtou' jIwakeivm, ei\ta ta; ejpi; Sedekivou

kai; pavlin ta; jIwakeivm. Ei\ta mevmnhtai th'" aijcmalwsiva" th'" eij"

Babulw'na kai; wJ" meta; Sedekivan katevsth hJgouvmeno" tw'n ajpoleifqevntwn10

Godoliva" kai; wJ" jIsmah;l ajnairei' to;n Godolivan, meq j o}n jIwanna;n uiJo;"

Karhe; hJgei'tai, kai; meta; touvtou" a{panta" eJxh'" ejpavgei ta;" ejn tw/'

tetavrtw/ e[tei jIwakei;m lecqeivsa" profhteiva" kai; pavlin ta; ejn ajrch'/

basileiva" Sedekivou eijrhmevna.

jj jjEEEExxxx aaaajjjjnnnneeeeppppiiiiggggrrrraaaavvvvffffoooouuuu:15

Profhteuvei ejn jIerousalh;m oJ jIeremiva" oujk a[shmo" w]n to; gevno":

Celkivou ga;r tou' iJerevw" h\n uiJov". Skopo;n de; tivqetai tw'n duvo fulw'n th;n

ejpistrofh;n jIou'dav te kai; Beniami'n ai|" kai; ajsebouvsai" ejpitima/'.

Protevtaktai de; crhsivmw" th'" profhteiva" oJ crovno" ejn w|/ te h[rxato

kai; ejn w|/ katevlhxen wJ" a]n polupragmonou'nte" th;n tovte tw'n jIoudaivwn20

katavstasin th'" qeiva" ejp jaujtou;" gnw'men ojrgh'" th;n aijtivan. }Hn i{na

kwluvswsin parakalei' pro;" metavnoian th'/ tw'n ejsomevnwn diatupwvsei

proekfobw'n ta; aujtav te diafovrw" ajnakuklei' kata; Pau'lon

1 basileuv" CV : basilevw" O non legitur P || 2 post jIwaka'" add. oJ CV || 3 post jIeconiva" add.oJ O || 4 tou' CV P : tou;" O || 8 ei\ta CV P : ta; O || 1 1 ajnairei' to;n CV Opc : ajnairei'tai Oac

ajnairei' oJ to;n P || post uiJo;" add. ejx O non legitur P || 1 9 crhsivmw" C OP LFB : postprofhteiva" transp. V || 2 0 post ejn w|/ add. te C || polupragmonou'nte" CV OP :polupragmonouvntwn LF B || 2 2 parakalei' C OP LF B : kalei' V || post metavnoian add. kai; LF B

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

chronologiquement sont placées en seconde position, et que les prophéties plus

tardives sont disposées avant celles qui les précèdent chronologiquement. En tout

cas, le prophète concerné ici commence27 sous Jôsias, mais s’étend jusqu’à

Sédékias et à la captivité. Or Sédékias était le quatrième roi après Jôsias. En effet,

après Jôsias, Jôakas, son fils, lui succède au pouvoir, comme il est dit ; ensuite, en

deuxième, Jôakim son frère et après lui, en troisième, Jéchonias, le fils de Jôakim

et après lui, en quatrième, Sédékias, le frère de Jôakim. Et comme Jérémie a

prophétisé sous tous ces hommes, l'écrit qui porte son nom commence par Jôsias.

Ensuite, plus loin, il fait mention de Jéchonias, le troisième < roi > après Jôsias,

après quoi il place les prophéties de la quatrième année de Jôakim, qui était le

deuxième < roi > après Jôsias. Ensuite, après cela, il ajoute celles du début < du

règne > du même Jôakim, ensuite celles prophétisées sous Sédékias et à nouveau

celles < prophétisées sous > Jôakim. Ensuite, il fait mention de la captivité à

Babylone et rappelle comment, après Sédékias, Godolias s’est établi chef de ceux

qui étaient restés et comment Ismaël tue Godolias, après lequel Jôannan, fils de

Carèé, est chef et après tous ces hommes, il ajoute à la suite les prophéties

prononcées dans la quatrième année de Jôakim et à nouveau ce qui fut dit au début

du règne de Sédékias.

(Prologue anonyme : codd. : CV OP L F B. Editio : M. Ghisleri, t. I, pp. 18-19)

Anonyme :

Jérémie prophétise à Jérusalem. Il n’était pas d’une famille insignifiante, car il

était le fils du prêtre Chelkias. Il se fixe comme objectif le retournement28 des

deux tribus de Juda et de Benjamin à qui précisément il reproche d’être impies. Le

moment où la prophétie a commencé et où elle s'est terminée est placé en premier

de manière utile pour que, en menant une investigation sur la situation des Juifs à

ce moment-là, nous apprenions la raison de la colère divine contre eux. Et afin

qu’ils l’évitent, il les invite au repentir en les épouvantant à l’avance par la

27 La formule est un peu abrupte : le caténiste semble avoir laissé de côté l'infinitif profhteuveinqui complète a[rcetai dans le texte du Commentaire des Psaumes d'Eusèbe d'où ce passage esttiré. Peut-être le caténiste a-t-il volontairement enlevé l'infinitif pour éviter la redondanceprofhvth" / profhteuvein absente du texte d'Eusèbe, puisque celui-ci cite explicitement Jérémie etnon "le prophète concerné ici" (cf. t. I, chap. 1, pp. 102-104). | 28 C'est-à-dire la conversion.

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7

Chaîne intégrale à auteurs multiples

eijrhkovta: « Ta; aujta; gravfein ejmoi; me;n oujk ojknhro;n uJmi'n de; ajsfalev" ».

Fobei' de; aujtou;" kai; tw'/ tw'n devka fulw'n paradeivgmati ta; aujta; levgwn:

ajsebou'nta" dehvsei paqei'n paraplhvsia. Levgei de; kai; to;n pro; th'"

aijcmalwsiva" limovn, peri; ou| kai; jIwh;l proefhvteusen, kai; th;n ajpo;

Babulw'no" ejpavnodon paradeiknu;" kai; th;n dia; Cristou' swthrivan kai;5

tw'n ejqnw'n th;n klh'sin kai; tw'n eij" aujto;n paroinhsavntwn panwleqrivan

profhteuvei kai; kata; Babulw'no" kai; tw'n su;n aujtoi'" h] kai; a[llw"

polemhsavntwn th;n jIerousalhvm. Tevlo" de; tou;" jIoudaivou" ajpacqevnta"

eij" Babulw'na qrhnei.

KKKKaaaaiiii;; ;; mmmmeeeeqqqq jj jj eeee{{ {{tttteeeerrrraaaa:::: Tau'ta dia; th'" parouvsh" iJstorei'tai grafh'" ajrxamevnh"10

me;n ajpo; tou' triskaidekavtou e[tou" jIwsivou lhxavsh" de; eij" to; th'"

Sedekivou basileiva" ejndevkaton mevcri th'" aijcmalwsiva" tauvth" wJ" ei\nai

th'" pavsh" profhteiva" tou;" crovnou" e[th duvo kai; tessaravkonta. jOktw;

ga;r ejtw'n basileuvsa" jIwsiva" eij" prw'ton parevteine kai; triakosto;n th;n

ajrchvn. [Hrxato de; th'" profhteiva" jIeremiva" ejn tw'/ triskaidekavtw/ th'"15

aujtou' basileiva" e[tei, ajf jou| ta; loipa; e[th su;n aujtw/' me;n tw/'

triskaidekavtw/ dekaenneva cwri;" de; touvtou dekaoktwv, meq j o}n jIwavca"

trei'" ejbasivleusen mhvna", meq j o}n jIwakei;m ajdelfo;" aujtou' e[th e[ndeka

ou| uiJo;" jIwakei;m oJ kai; jIeconiva" mh'na" trei'". Ou| lhfqevnto" basileuvei

Sedekiva" e[th e[ndeka a} dh; pavnta sunteivnei eij" e[th duvo kai;20

tessaravkonta, kai; tau'ta fhsi;n ejn tw/' progravmmati triw'n movnwn

mnhsqei;" basilevwn prwvtou kai; mevsou kai; teleutaivou h] di j aujtw'n

perilambavnwn tou;" mevsou" h[, o{per ajlhqev", o{ti trei'" mh'na" eJkavtero"

movnou" ejn th/' basileiva/ diatelevsa", oJ me;n eij" Ai[gupton, oJ de; eij"

jAssurivou" ajphvcqh. Plh;n profhteuvei kai; toi'" ejpi; Godolivou ajpacqevnto"25

h[dh Sedekivou kai; toi'" eij" Ai[gupton katagagou'sin aujto;n tou' Qeou' th;n

1 post de; add. to; CV || 3 dehvsei CV P LF B : de; eijsi;n O || 5 paradeiknu;" CV O LF B :paradeivknusi P || 6 post kai; add. th;n L || tw'n2 CV OP L : th;n F B || post paroinhsavntwn add.paroinivan V || 7 h] CV O LF B : om. P || a[llw" CV OP F B : a[llwn L || 8 Tevlo" C OP LF B : Tevw"V || 1 0 Kai; meq j e{tera CV OP : om. LF B || 1 1 de; CV OP L : om. F B || 1 3 e[th C V : ejtw'n OPLF B || jOktw; ga;r ejtw'n OP LF B : ejtw'n ga;r ojktw; CV || 1 4 post eij" add. to; L || 1 6 e[tei CV OLF B : post triskaidekavtw/ transp. P || me;n CV O LF B : post loipa; transp. P || 1 7 dekaenneva COP LF B : devka kai; ejnneva V || 1 9 post ou| add. oJ L FB || 2 1 movnwn CV OP F B : movnon L || 2 2di j aujtw'n CV P LF B : post perilambavnwn transp. O || 2 3 perilambavnwn CV OP :paralambavnwn L FB || eJkavtero" C OP LF B : eJkatevrou" V || 2 6 katagagou'sin CV OP :katavgousin L FB

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

figuration de ce qui va arriver et il répète les mêmes choses différemment à

l’instar de Paul qui a dit : « Je n’hésite pas à vous écrire les mêmes choses et pour

vous c’est salutaire »29. Et il les effraie aussi avec l’exemple des dix tribus en

disant les mêmes choses : s'ils sont impies, il faudra qu'ils subissent des maux

semblables. Mais il parle aussi de la famine qui précède la captivité, sur laquelle

Joël aussi a prophétisé30, et après avoir exposé le retour depuis Babylone, le salut

par le Christ, l’appel des nations et la perte de ceux qui ont parlé contre lui dans

leur ivresse, il prophétise contre Babylone et contre ceux qui avec eux ou même

autrement ont combattu Jérusalem. À la fin, il se lamente sur les Juifs déportés à

Babylone31.

Et après d’autres choses : ces faits sont rapportés dans le présent ouvrage,

qui a commencé à la treizième année de Jôsias et qui s'est terminé à la onzième

année du règne de Sédékias jusqu’à cette captivité, si bien que les temps de

l’ensemble de la prophétie font quarante-deux ans. En effet, Jôsias, qui avait

commencé à régner à huit ans, prolongeait son pouvoir jusqu’à la trente et unième

année. Or Jérémie a commencé la prophétie dans la treizième année de son règne,

si bien que les années qui restent font dix-neuf si on compte la treizième année

elle-même et dix-huit si on ne la compte pas. Après lui, Jôachas a régné trois

mois et après lui, Jôakim, son frère, onze ans ; le fils de Jôakim, c’est-à-dire

Jechonias, trois mois. Après l'arrestation de celui-ci, Sédékias règne onze ans, ce

qui tend au total à quarante-deux ans et il dit cela dans la préface32 après avoir

mentionné seulement trois rois, le premier, celui du milieu et le dernier, ou bien

parce qu’il oublie ceux du milieu, ou bien, ce qui est vrai, parce que chacun n’a

passé que trois mois sur le trône, parce que l’un a été déporté en Égypte et l’autre

chez les Assyriens. Cependant, il prophétise aussi pour ceux du temps de

Godolias, après la déportation de Sédékias, et pour ceux qui le font descendre en

Égypte, en leur annonçant l'amour de Dieu pour les hommes s’ils se repentent,

29 Ph 3, 1. | 30 Jl 1. | 31 Le texte donne l'impression que les oracles contre les nations prennent placeà la fin du livre comme dans le TM et contrairement à l'ordre habituel du grec (cf. P.-M. Bogaert,« Septante », in SDB, t. XII, col. 638). L'allusion aux Lamentations dans la description du contenudu livre montre qu'elles appartiennent au livre de Jérémie. L'absence de Baruch est sans doute liéeau fait qu'il était, à date ancienne, complètement incorporé au livre de Jérémie (cf. Baruch,Lamentations, Lettre de Jérémie, intro., trad. et notes par I. Assan-Dhôte et J. Moatti-Fine, BA25.2, Paris 2005, p. 22). En revanche, l'absence d'allusion à la Lettre de Jérémie est étrange. | 32 Ils'agit des trois premiers versets du livre qui donnent le cadre historique de la prophétie. Dans lachaîne à deux auteurs, le terme utilisé par Jean Chrysostome pour désigner ce passage estprografhv.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

filanqrwpivan aujtoi'" metanoou'sin ejpaggellovmeno" ajll jj ajovristoi meta;

th;n aijcmalwsivan oiJ crovnoi, basilevw" oujk o[nto" o{qen to;n crovnon

gnwrivseien. \Hsan de; tovte yeudoprofh'tai ejn jIou'da kai; Babulw'ni, oi|"

ajpatw'sin oJ lao;" prosetivqeto yeudei'" tou;" tajlhqh' levgonta" profhvta"

hJgouvmeno", ou}" dihvlegcen ejn jIerousalh;m me;n jIeremiva", ejn Babulw'ni de;5

jEzekihvl. JO ga;r eJkatevrwqi lao;" th;n ajllhvlwn zhlou'nte" kakivan ei\con

profhvta" toi'" te parou'si kai; toi'" ajpou'sin prosfevronta" e[legcon

pro;" eujsebh' te kalou'nta" oJdovn. Ou[te ga;r tou;" ajpoivkou" sunevbainen

ajgnoei'n ta; uJpo; jIeremivou legovmena ou[te mh;n tou;" ejn jIoudaiva/ tou;"

lovgou" jEzecihvl: di j ejpistolw'n ga;r ajllhvloi" wJmivloun.10

aaaa TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu aaaajjjjrrrrcccciiiieeeeppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu KKKKwwwwnnnnssssttttaaaannnnttttiiiinnnnoooouuuuppppoooovv vvlllleeeewwww"""" ttttoooouuuu'' ''

CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: To; me;n o[noma jIeremiva", wJ" kai; hJ bivblo" fhsiv, th;n de;

fulh;n leui?th", th;n de; patrivda ajnaqwqivth", th;n de; cwvran ejn Beniami'n

katwv/kei.

bbbb jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu ddddiiiiaaaakkkkoooovv vvnnnnoooouuuu: jEk tou' iJeratikou' gevnou".15

gggg TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '': jApo; pevnte milivwn jIerousalh;m hJ jAnaqwvq.

dddd TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiiwwwwttttaaaavvvvttttoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu: Tou' dikaivou kai; qaumastou': ejpei; kai;

a[lloi ejkei'qen th;n ajrch;n e[labon: ejpi; dikaivwn ta;" profhteiva" aujtw/'

ejpoiou'nto.

eeee TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '': {Ora: kai; proeidw;" oJ Qeo;" mhde;n wjfeloumevnou" aujtou;"20

tou;" profhvta" e[pempen. Ouj mikro;n ga;r ejk touvtou karpouvmeqa: i{na ga;r

mh; levgoi ti": « kai; tiv to; w[felo" … », wJsanei; kai; ijatrw'/ proeidovti to;n

2 oiJ crovnoi CV OP : om. L FB || 3 gnwrivseien CV P LF B : crwrivseien O (sic) || 5 me;n CV OP :om. L FB || 6 zhlou'nte" CV P LF B : zhtou'nte" O || 1 0 ajllhvloi" CV OP L : ajllhvlou" F B || 1 1ajrciepiskovpou CV : ejpiskovpou O om. P || Kwnstantinoupovlew" CV O : om. P || tou'

Crusostovmou CV : om. OP || 1 4 katwv/kei CV O : w[kei P || 1 6 g — jAnaqwvq : hoc comm. om. V ||1 7 Tou' aJgiwtavtou jIwavnnou O : jIwavnnou ajrciepiskovpou tou' Crusostovmou C Tou'Crusostovmou V non legitur P || 1 8 ejkei'qen OP : post ajrch;n transp. CV || ejpi; V : ejpei; C Onon legitur P || aujtw/' C O : aujtw'n V non legitur P || 2 0 Tou' aujtou' C OP : Tou' Crusostovmou V ||2 2 levgoi C OP : levgh/ V

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

mais les temps qui ont suivi la captivité sont indéterminés puisqu’il n’y a pas de

roi à partir de qui on pourrait connaître33 la période. Il y avait alors des faux

prophètes en Juda et à Babylone ; le peuple s'associait à eux, alors qu'ils le

trompaient, pensant que les prophètes qui disaient la vérité étaient faux et Jérémie

à Jérusalem, Ézéchiel à Babylone cherchaient à les réfuter. En effet, le peuple de

chacun des côtés, imitant chacun la méchanceté de l’autre, avait des prophètes qui,

pour ceux qui étaient là comme pour ceux qui étaient loin, portaient une

accusation et les appelaient sur la route de la piété. En effet, il n’est pas arrivé, ni

que les exilés ignorent les propos de Jérémie, ni que ceux qui étaient restés en

Judée ignorent les paroles d’Ézéchiel, car ils communiquaient les uns avec les

autres par des lettres.

134 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 745 B7-B9.

Saint Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople : Son nom était

Jérémie, comme le dit aussi le livre, il était de la tribu de Lévi, sa patrie était

Anathôth, et pour la terre, il habitait celle de Benjamin.

2 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 745 B9-B10 (à la suite du fragment de Jean

Chrysostome).

Le diacre Olympiodore : De famille sacerdotale.

3 codd. : C OP. Editio : PG 93, 628 D2-D3.

Le même : Anathôth est située à cinq milles de Jérusalem.

4 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 745 B13-B15.

Le très saint Jean : < Aux jours > du juste et admirable < Jôsias > ; car d'autres

aussi ont reçu le pouvoir par la suite ; ils faisaient pour lui leurs prophéties sous

des < rois > justes35.

536 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 745 C1-C10.

Le même : Regarde : alors même qu’il prévoyait qu’ils n'étaient utiles en rien,

Dieu continuait à envoyer les prophètes. Ce n’est pas un petit fruit que nous

33 Il faut noter l'absence de a[n aux côtés de cet optatif potentiel. | 34 L'extrait est relié au premierlemme mais porte en fait sur les trois premiers lemmes. | 35 Le sens de cet extrait est obscur, enparticulier à cause de l'aspect très elliptique de la phrase. | 36 L'extrait est relié au lemme 5 et porteprécisément sur le terme aijcmalwsiva.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

qavnaton tou' ajnqrwvpou mevmfoitov ti" paramevnonti mevcri" ejscavth"

ajnapnoh'": ouj ga;r ejnevlipen pavnta parainw'n kai; sumbouleuvwn. jAlla;

tivno" e{neken ejpi; tou' dikaivou kai; eujsebou'" tau'ta e[pascon … o{ti th'"

aJmartiva" ejtivnnuon divkhn tw'n Manassh'/ pepragmevnwn ejn tessaravkonta

e[tesin.5

²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '': JRh'si" de; kai; lovgo" kai; o{rasi" kai; lh'mma taujtovn

ejstin: rJh'ma de; ejgevneto ouj dia; fwnh'" ajll jo{ti safevsteron levgousa

o{rasi" wJ" oJravmato" gegonovto".

zzzz TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '': Tiv bouvletai tou'to to; rJh'ma … Tiv kataskeuavzei … JO

dh'mo" fonw'n h\n: jHsai?a" prisqei;" h\n, ejlasqei;" jAmw'", Zacariva"10

katacwsqeiv": ejggumnazovmenoi toi'" ai{masi toi'" profhtikoi'", kaqavper

kuvne" aiJmavtwn geuovmenoi, loipo;n th'" toiauvth" ejdivywn trofh'": eij"

qumou;" eJautou;" metabavllonte", ou[pw oujk ajpevsthsan: e[dei pollou' tw'/

profhvth/ kai; megavlou fronhvmato" eij" toiou'ton ejmphdw'nti dh'mon.

zzzz TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Ou{tw kai; Pau'lo": « JO ajforivsa" me ejk koiliva" mhtrov"15

2 ejnevlipen CV : ejnevleipen O non legitur P || 4 ejn CV : om. O non legitur P || 6 Tou' aujtou' C OP :Tou' Crusostovmou V || post kai;1 add. oJ P || 9 tou'to C O : post rJh'ma transp. V non legitur P || 1 0h\n2 CV : post jHsai?a" transp. O non legitur P || post jAmw'" add. h] O non legitur P || 1 1profhtikoi'" C O : despotikoi'" V non legitur P || 1 3 tw'/ profhvth/ V O : to;n profhvthn C nonlegitur P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

pouvons cueillir de cela. En effet, c'est afin qu'on ne dise pas : « et à quoi cela

sert-il ? », comme quelqu’un qui blâmerait un médecin, alors même qu'il prévoit

la mort d’un homme, de rester auprès de lui jusqu’à son dernier souffle ; en effet il

n’a pas cessé de donner toutes sortes d'encouragements et de conseils. Mais

pourquoi ont-ils subi ces épreuves sous un roi juste et pieux ? Parce qu’ils ont été

punis pour le péché de ce que Manassé a fait pendant quarante ans.

6 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 745 D1-D4.

Le même : Propos, parole, vision et oracle37 sont une seule et même chose. Un

propos advint38 non par une voix, mais parce qu'il y a eu une vision qui parle plus

clairement, comme si un spectacle s'était produit.

7a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 745 D5 – 747 A2.

Le même : Que veut dire ce propos ? Que prépare-t-il ? Le peuple était

sanguinaire39 : Isaïe avait été scié, Amôs expulsé, Zacharie enseveli40. S’exerçant

à faire couler le sang des prophètes, comme des chiens goûtant au sang, ils avaient

désormais soif d’une telle nourriture ; se tournant vers la colère, ils n’avaient pas

encore renoncé. Il fallait au prophète qui s’attaquait à un tel peuple une très

grande force de caractère.

7b codd. : CV OP. Editio : PG 64, 747 C11-D3.

Le même : De même aussi Paul: « Celui qui m’a séparé du sein de ma mère afin

37 Jean Chrysostome devait entendre lh'mma, dérivé de lambavnw, au sens de "révélation reçue deDieu", sans avoir conscience des problèmes sémantiques posés pour la traduction en grec du termehébreu maśśā', charge ou proclamation (cf. Les Douze prophètes, intro., trad. et notes par M. Harlet al., BA 23. 4-9, Paris 1999, pp. 302-310) ; chacun des termes cités par Jean Chrysostome a uneoccurrence dans le texte biblique du début du livre de Jérémie, pour rJh'si" ou rJh'ma "propos",cf lemme 1, pour lovgo" "parole", cf. lemme 6, pour o{rasi" "vision", cf. lemme 18. Il y aseulement une exception pour lh'mma "oracle" qui n'apparaît qu'en Jr-LXX 23, 33-38 (occurrencecommentée en détails par M. Harl dans la note citée précédemment). | 38 L'expression rJh'ma de;ejgevneto est à mon avis un mixte à partir du terme rJh'ma du lemme 1 et de l'expression kai;ejgevneto lovgo" du lemme 6. | 39 Il faut noter la tournure périphrastique eijmi + participe, que l'ontrouve aussi pour un extrait de Jean Chrysostome sur Jr 2, 6 dans la chaîne à deux auteurs. JeanChrysostome emploie assez souvent le participe comme attribut du sujet avec ei\nai pour faireressortir plus nettement l'idée marquée par le verbe (cf. M. Soffray, Recherches sur la syntaxe deSaint Jean Chrysostome d'après les "Homélies sur les statues", Paris 1939, p. 191 avec diversexemples). | 40 Le thème de la persécution des prophètes est ancien. Pour Isaïe scié en deux, cf.Ascension d'Isaïe 5, 1-6 (La Bible – Écrits intertestamentaires, dir. A. Dupont-Sommer etM. Philonenko, Paris 1987, pp. 1031-1032) et Vie des Prophètes, Isaïe, 1, 1 (A.-M. Schwemer,Studien zu den frühjüdischen Prophetenlegenden Vitae Prophetarum, t. I, Tübingen 1995, p. 96 etLa Bible – Écrits apocryphes chrétiens, t. II, dir. P. Geoltrain et J.-D. Kaestli, Paris 2005, p. 429).Je n'ai pas trouvé d'éléments concernant les supplices d'Amôs et de Zacharie : en tout cas, il s'agitbien ici du prophète Zacharie, non du Zacharie des Chroniques (2Ch 24, 20-22), au meurtre duquelfont allusion les Évangélistes (cf. Mt 23, 35 et Lc 11, 51).

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

mou i{na eujaggelivzwmai aujto;n ejn toi'" e[qnesin ». KKKKaaaaiiii;; ;; mmmmeeeetttt jjjj oooojj jjlllliiiivv vvggggaaaa::::

« jEgw; oJ plavsa" se ejk koiliva" »: ouj th'" fuvsew" to; e[rgon ejstivn, ouj

tw'n wjdivnwn, ejgw; pavntwn ai[tio", w{ste dikaivw" a]n uJpakouvsh/" ejmoi; tw'/

kai; to; ei\nai parascovnti.

zzzz TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Ouj prw'ton hJgivakav se, ajlla; prw'ton ejpivstamaiv se kai;5

tovte hJgivakav se: ejntau'qa th;n provgnwsin e[deixen, meta; th;n provgnwsin

tovte to;n o{ron.

zzzz DDDDiiiidddduuuuvv vvmmmmoooouuuu:::: Oujc hJ provgnwsi" tou' Qeou' to;n jIeremivan pepoivhken

a{gion ajlla; to; mevllon e[sesqai proevgnw wJ" Qeov".

zzzz jj jjEEEExxxx aaaajjjjnnnneeeeppppiiiiggggrrrraaaavvvvffffoooouuuu: Ou{tw" oiJ profh'tai dhlou'sin th;n ajpokavluyin tw'n10

aujtoi'" gnwrizomevnwn uJpo; Qeou', kai; Daui;d gavr fhsin : « jAkouvsomai tiv

lalhvsei ejn ejmoi; Kuvrio" oJ Qeo;" » kai; jAmbakou'm: « jEpi; th'" fulakh'"

mou sthvsomai kai; ejpibhvsomai ejpi; pevtran kai; ajposkopeuvsw tou' ijdei'n tiv

lalhvsei ejn ejmoi; Kuvrio" oJ Qeov" »: pro; de; plavsew" aujto;n oJ tw'n o{lwn

h[dei Qeo;" oujc wJ" o[nta kata; de; provgnwsin: to; de; th'" qeiva" gnwvsew"15

a[ptaiston ejdhvlwsen to; ejpivstamai: plavsai de; aujto;n levgetai ejn koiliva/

8 ante Oujc add. ejpivstamaiv se V || pepoivhken CV O : ejpoivhsen P || 1 0 z — 11,3 ejfuvteusa" :hoc comm. om. V || tw'n ... gnwrizomevnwn C P : toi'" ... gnwrizomevnoi" O || 1 4 oJ tw'n o{lwn CO : post h[dei transp. P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

que je l’annonce parmi les nations »41 . Et peu après42 : « Moi qui t’ai formé dès

le sein »43 : ce n’est pas l'œuvre de la nature, ce n’est pas l'œuvre des douleurs de

l'enfantement, c’est moi qui suis cause de tout, si bien qu’il sera juste que tu

m’obéisses, à moi qui t’ai procuré même l’existence44.

7c codd. : CV OP. Editio : PG 64, 747 D4-D6.

Le même : On n'a pas d’abord je t’ai consacré, mais d’abord je te connais et

ensuite je t’ai consacré. Ici, il a montré la prescience et, après la prescience, alors

la destination.

7d codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 39 A 4-6.

Didyme : Ce n’est pas la prescience de Dieu qui a rendu Jérémie saint, mais

puisqu’Il est Dieu, Il a su par avance ce qui allait arriver.

7e codd. : C OP. Editio : M. Ghisleri, p. 39 D3-E6.

Anonyme : C'est ainsi que les prophètes montrent la révélation de ce qui leur a

été appris par Dieu, et David45 dit en effet : « J’écouterai ce que dira en moi le

Seigneur Dieu »46. Et Ambakoum : « Je me tiendrai à mon poste de garde, je

monterai sur une pierre et j’observerai pour voir ce que dira en moi le Seigneur

Dieu »47. Avant de le façonner, le Dieu de l’univers le connaissait, non pas

comme il était, mais selon sa prescience. Je connais manifeste48 l’infaillibilité49 de

41 Gal 1, 15. | 42 Intervention du caténiste qui laisse de côté une partie du commentaire de JeanChrysostome. Il ne peut en effet s'agir de Jean Chrysostome signalant qu'il prend un autre passagedes lettres pauliniennes, car la deuxième citation est une citation d'Isaïe. | 43 Is 44, 2. | 44 Il fautnoter la particularité de la structure a[n + subjonctif dans une subordonnée consécutive. Soit cettestructure est l'équivalent du subjonctif sans a[n pour l'éventuel, soit elle est l'équivalent de l'optatifaccompagné de a[n pour le potentiel. J'ai choisi de privilégier le mode du verbe et de rendrel'éventuel par un futur. Cette exception syntaxique n'est pas signalée dans les grammaires.45 Comme toujours chez les Pères de l'Église, David est ici considéré comme un prophète. | 46 Ps84, 9. | 47 Ha 2, 1. | 48 On doit ici traduire l'aoriste par un présent. L'aoriste est le temps souventutilisé chez les Pères pour évoquer l'intention du texte. Il y a comme une temporalité du texte quiconduit le commentateur à évoquer le sens du texte au passé, c'est-à-dire au moment où il a étéécrit. C'est une valeur de l'aoriste proche de l'aoriste épistolaire (cf. Jannaris, §1859, p. 437 ;Blass-Debrunner, §334, p. 172). Je suggère d'appeler ce type d'aoriste : aoriste d'analyse textuelle.49 Le terme a[ptaiston (qui ne fait pas de faux pas) est employé ici de façon métaphorique. Leterme est en effet surtout appliqué aux chevaux chez Xénophon, Plutarque et Philon (De mutationenominum, 149, 4) par exemple, mais il est aussi appliqué à l'homme (cf. Philon, Quod Deus sitimmutabilis, 75, 4). De la même manière que l'Anonyme, Grégoire de Nazianze l'utilise pourdésigner l'infaillibilité divine : a{ptetai ga;r ouj tw'n pollw'n movnon, ajlla; kai; tw'n ajtivstwnoJ Mw'mo", wJ" movnon a]n eij\nai tou' qeou' to; pantelw'" a[ptaiston kai; ajnavlwton pavqesi.(« Car Momos arrive à toucher non seulement les gens du vulgaire mais encore les meilleurs,puisqu'il ne peut appartenir qu'à Dieu d'être tout à fait infaillible et de ne pas donner prise auxpassions », cf Grégoire de Nazianze, Discours funèbres en l'honneur de son frère Césaire et deBasile de Césarée, éd. et trad. F. Boulenger, Paris 1908, II, 28, 2, p. 120).

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

ajpo; tou' kata; to;n jAda;m prostavgmato" to; « aujxavnesqe kai;

plhquvnesqe », drovmon labouvsh" th'" fuvsew": kai; ajpo; tou' ga;r

« blasthsavtw hJ gh' » « aiJ kevdroi tou' Lebavnou a}" ejfuvteusa" ».

zzzz jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Kata; tou;" th'" prognwvsew" lovgou".

hhhh TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: jEpeidh; e[gnwn se hJgivakav se: dia; tou'to oJ5

ajpovstolo" levgei: « Ou}" proevgnw kai; prowvrisen »: oujk ei\pen prw'ton

Jprowvrisen j ajlla; Jproevgnw j kai; tovte Jprowvrisen j.

hhhh QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu: Proepaivrei tou' profhvtou to; frovnhma th'" deiliva"

ejleuqerw'n, ejpeidh; nevo" w]n eij" fonw'nta dh'mon ejpevmpeto, deiknu;" wJ"

oujde; nu'n aujto;n eij" tou'to ceirotonei', wJ" de; plavsth" kai; a[meinon eijdw;"10

tou' plasqevnto" to; plavsma, ma'llon de; proeidw;" kai; th;n duvnamin aujtou'

kai; th;n e{xin wJ" ejpithvdeion eij" tou'to proubavleto.

hhhh jj jjEEEExxxx aaaajjjjnnnneeeeppppiiiiggggrrrraaaavvvvffffoooouuuu:::: To; de; pro; tou' se ejxelqei'n ejk mhvtra" hJgivakav se

oi|on to; « ajfovrisav" me ejk koiliva" mhtrov" mou »: JaJgiavsai j ga;r to;

J ajforivsai j pro;" th;n leitourgivan: pneuvmato" ga;r aJgivou meteivlhfen o{te15

di j eujsebou'" politeiva" eJauto;n katevsthsen a[xion wJ" th;n profhtikh;n

cavrin labei'n: o{per proevgnw « oJ eijdw;" ta; pavnta pri;n genevsew"

aujtw'n » oJpoi'on te ejn tw'/ NZ yalmw/': « jAphllotriwvqhsan oiJ aJmartwloi;

ajpo; mhvtra" », kai; pro;" to;n Faraw' de; fhsivn : « Eij" aujto; tou'to

ejxhvgeirav se o{pw" ejndeivxwmai ejn soi; th;n duvnamivn mou », ajll j oujc hJ20

provgnwsi" aJgiasmou' gevgonen h] ponhriva" aijtiva a} de; poiei'n h[mellon

th'" prognwvsew" aijtiva gevgonen.

1 to; C : tou' OP || aujxavnesqe C : aujxavnesqai OP || 2 plhquvnesqe C : plhquvnesqai OP || 3 postgh' add. botavnhn O add. kai; C || 4 post jOlumpiodwvrou add. diakovnou O || prognwvsew" CV P :gnwvsew" O || 5 Tou' aJgivou jIwavnnou O : jIwavnnou ajrciepiskovpou tou' Crusostovmou C Tou'Crusostovmou V jIwavnnou P || 6 oujk — 7 Jprowvrisen j1 CV P : om. O || 8 post Qeodwrhvtou add.Kuvrou O || 9 ejpeidh; C OP : ejpei; de; V || 1 2 proubavleto C P : proubavlleto V O || 1 4 to;2 CV P :om. O || 1 6 eJauto;n OP : post katevsthsen transp. CV || 1 8 aujtw'n CV O : om. P || tw'/ CV : om.OP || 2 0 oujc hJ CV : oujci; OP || 2 1 h] CV P : om. O || de; CV P : oujde; O

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

la science divine. Il est dit qu’Il l’a formé dans le sein d’après l’ordre donné à

Adam : « Croissez et multipliez-vous »50, la nature suivant son cours, et cela vient

en effet de : « Que la terre fasse pousser »51, « les cèdres du Liban que tu as

plantés »52.

7f codd. : CV OP. Editio : PG 93, 629 A1-A2.

Olympiodore : Conformément aux paroles de la prescience53.

8a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 747 D7-D10.

Saint Jean : Après que je t'ai connu, je t'ai consacré ; c'est pour cela que l'Apôtre

dit : « Ceux qu'il a connus d’avance et destinés d’avance »54. Il ne dit55 pas

d'abord "a destiné d’avance" mais : "a connu d’avance" et alors "a destiné

d’avance"56.

8b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 39 B3-9.

Théodoret : Il exalte d’avance la force de caractère du prophète en l’acquittant de

< l'accusation de > lâcheté puisqu’il était envoyé, tout jeune encore, vers un

peuple sanguinaire57, en montrant que ce n’est pas précisément maintenant qu’il

l’élit pour cette charge, mais que, comme un modeleur qui connaît mieux même

ce qui est modelé que celui qui a été modelé ou plutôt qui prévoit que sa puissance

et son comportement seront appropriés, il l'a mis en avant pour cette charge.

8c codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 39 B10-D2.

Anonyme : Avant que tu sortes de la matrice, je t’ai consacré est semblable à

« après m’avoir séparé du sein de ma mère »58. "Consacrer", c’est en effet

"séparer pour destiner" au service. En effet, il reçoit l’Esprit Saint une fois qu'il

s’est rendu digne par une conduite pieuse de recevoir la grâce prophétique. Et

« celui qui sait toutes choses avant leur naissance »59 a su cela par avance, comme

dans le Psaume 57 : « Les pécheurs ont été rendus étrangers à la matrice »60, et à

Pharaon, Il dit « C’est pour cela même que je t’ai éveillé, afin que je révèle par toi

ma puissance »61, mais ce n’est pas la prescience qui a suscité la consécration ou

la méchanceté, c’est ce qu’ils allaient faire qui a suscité la prescience62.

50 Gn 1, 22. | 51 Gn 1, 11. | 52 Ps 103, 16. | 53 La prescience est une notion phare dans ce passage dela chaîne. Il y a un relais entre les différents auteurs sur ce thème cf. t. I, chap. 3, pp. 191-192.54 Rm 8, 29. | 55 Aoriste d'analyse textuelle, cf. note. 48. | 56 Il y a ici un écho à l'extrait 7c du mêmeauteur. | 57 Par le terme frovnhma et l'expression fonw'nta dh'mon, il y a ici un écho à l'extrait 7a deJean Chrysostome. | 58 Gal 1, 15. | 59 Dn-Théodotion 13, 42. | 60 Ps 57, 4. | 61 Rm 9, 17. | 62 On peutvoir ici un écho à l'extrait 7d de Didyme.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

qqqq TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Eij ga;r kai; mh; ejxh'lqen th;n jIerousalh;m ajlla;

polla; peri; tw'n ejqnw'n proefhvteusen.

qqqq QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: Ouj ga;r movna ta; jIoudaivwn ajlla; kai; ta; tw'n a[llwn

ejqnw'n proqespivzei: ou{tw kai; Pau'lo": « JO ajforivsa" me ejk koiliva"

mhtrov" mou i{na eujaggelivzwmai aujto;n ejn toi'" e[qnesin ».5

iiii TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: o{ra to; a[tufon tw'n dikaivwn: pw'" ga;r oijkei'a

ejlattwvmata ajnavgrapta ajnatiqevasi: tiv" oujk a]n ejruqriavseie tou'to grafh/'

paradou'nai … jAlla; kaqaroi; dovxh" h\san kai; filotimiva" kai; ei[ ti ei\pon,

kai; ei[ ti h[kousan tou'to meta; pavsh" ajlhqeiva" teqeivkasi. KKKKaaaaiiii;; ;; ppppaaaavvvvlllliiiinnnn::::

jIdou; oujk ejpivstamai lalei'n, fhsivn oJ profhvth", i{na, o{tan i[dh/" aujto;n10

rJhtoreuvonta kai; pro;" touvtou" ajpoteivnonta lovgou", mh; th'" ejkeivnou

dunavmew" nomivsh/" ei\nai ta; rJhvmata: prolabw;n ga;r wJmolovghsen o{ti ou[te

lalei'n ejpivstamai.

iiii BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu: tou'to oujk a]n ei\pen eij ejk mhvtra"

ejtetuchvkei th'" cavrito" oujd' j a]n ejdei'to nu'n Qeou' prosaptomevnou tou'15

stovmato" aujtou' h[dh touvtou tucw;n kai; qeiva" gnwvsew" plhrwqei;" kai;

lovgwn profhtikw'n: tou'to ga;r to; Qeo;n a{yasqai stovmato". JW" ejpignou;"

de; prosdialegovmenon oJ profhvth" ajpo; th'" kuriwtevra" aujto;n ojnomavzei

proshgoriva".

iiiiaaaa TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu eeeejj jjppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu KKKKwwwwnnnnssssttttaaaannnnttttiiiinnnnoooouuuuppppoooovv vvlllleeeewwww"""":::: Mh; levge o{ti20

newvterov" eijmi: o{tan ga;r oJ Qeo;" ejpitavtth/ oJ th'" fuvsew" despovth" kai;

hJlikiva kai; ajglwttiva pavnta uJpexivstatai ta; pavqh: « ejgw; keleuvw kai;

1 Tou' aJgivou jIwavnnou O : jIwavnnou C P Tou' Crusostovmou V || 3 Qeodwrhvtou — 5 e[qnesinOP : post sequentem comm. transp. CV || ta;2 V OP : om. C || 6 Tou' aJgivou jIwavnnou : Tou' aujtou'C Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || post ga;r add. ta; V || 7 ajnatiqevasi CV O : tiqevasi P ||1 0 fhsivn C OP : post profhvth" transp. V || 1 5 ejdei'to nu'n CV : e[dei toivnun O non legitur P ||nu'n C OP : post Qeou' transp. V || 1 7 Qeo;n CV : Qeou' O non legitur P || 1 8 post de; add. to;n Onon legitur P || oJ CV : om. O non legitur P || 2 0 Tou' — Kwnstantinoupovlew" C O : Tou'Crusostovmou V jIwavnnou P || post Kwnstantinoupovlew" add. tou' Crusostovmou C

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

9a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 748 D12 – 749 A1.

Saint Jean : En effet, même s'il n'a pas quitté Jérusalem, il a cependant beaucoup

prophétisé sur les nations63.

9b codd. : CV OP (hoc commm. post sequentem transp. CV). Editio : PG 81,

497 C3-4 (tantum initium) ; M. Ghisleri, p. 39 E7-10.

Théodoret : En effet, il n'annonce pas seulement les oracles des Juifs mais aussi

ceux des autres nations ; de même Paul aussi : « Celui qui m’a séparé du sein de

ma mère afin que je l’annonce parmi les nations »64.

10a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 749 A15-B9.

Saint Jean : Regarde l'absence d'orgueil des justes : comment ils mettent par écrit

leurs propres défauts. Qui ne rougirait pas de livrer cela à l’écriture ? Mais ils

étaient purs de gloire et d’ambition et ce qu’ils ont dit et entendu, ils l’ont mis en

toute vérité. Et encore : Voici, je ne sais pas parler, dit le prophète, afin que,

lorsque tu le vois parler comme un orateur et leur faire de longs discours, tu ne

penses pas que ses mots sont de son pouvoir personnel, car il a reconnu d’avance :

je ne sais pas parler65.

10b66 codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 54 A7-14.

Le prêtre Victor : Il n’aurait pas dit cela s’il avait obtenu la grâce dès la matrice

et il n’aurait maintenant pas besoin que Dieu lui touche la bouche s’il avait déjà

reçu cela et s’il avait déjà été rempli de la connaissance divine et des paroles

prophétiques ; car c'est ce que désigne le fait que Dieu lui touche la bouche. Et le

prophète, lorsqu’il a reconnu pour ainsi dire celui qui lui adresse la parole, le

nomme à l'aide d'une désignation plus appropriée67.

11a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 749 C6-10.

Saint Jean évêque de Constantinople : Ne dis pas : « je suis trop jeune », car

lorsque c’est Dieu, le maître de la nature, qui ordonne, tous les handicaps, et l’âge

et l’absence d'éloquence, sont renversés. « Moi j’ordonne et tu mets en avant la

63 Cet extrait, comme le suivant, commente un lemme biblique légèrement différent de celui quiest présenté au cœur de la chaîne intégrale. En effet, ils font référence à un pluriel e[qnh et non àun singulier e[qno" (présent dans C, V, O et P). Le texte biblique de la chaîne abrégée, enrevanche, présente un pluriel (cf. L et F). | 64 Gal 1, 15. | 65 Le texte biblique, cité pour la deuxièmefois dans cet extrait de Jean Chrysostome, n'est pas repris ici littéralement. On peut en effet noterle changement dans l'ordre de mots ainsi que la présence de ou[te au lieu de oujk, qui rend laphrase un peu bancale et difficile à traduire. | 66 Il y a une inexactitude dans la numérotation, car lapremière phrase de cet extrait concerne le lemme 14 et la deuxième phrase le lemme 9. | 67 Cettedernière phrase est citée, sur Jr 1,6, sous le nom de Théodoret dans la chaîne à deux auteurs.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

neovthta probavllei … Mh; skhvptou mhde; profasivzou » fhsivn.

iiiiaaaa jj jjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: JO ga;r divkaio" oujk e[stin ejn neovthti ejpei; « teleiwqei;"

ejn ojlivgw/ ejplhvrwse crovnou" makrouv" »: wJ" pro;" mh; o[nta ga;r ejn oJdoi'"

yektai'" to; mh; levge o{ti newvterov" eijmi, oJpoi'o" JRoboa;m

e j g k a t a l e i v p w n t h ; n b o u l h ; n t w ' n p r e s b u t e v r w n kai; tai'"5

tw'n newtevrwn ajkoulouqhvsa": dio; kai; th;n basileivan ouj tethvrhken oi{an

parevlaben.

iiiiaaaa jj jjAAAAppppoooolllliiiinnnnaaaarrrriiiivv vvoooouuuu:::: Oujk ei\pen: « kai; tiv o{ti newvtero" ei\ … » ajlla; « mhde;

ei[ph/" »: o{tan ga;r oJ Qeo;" ejpitavtth/, to; ajnqrwvpinon ajtele;"

ajnaplhrou'tai th'" tou' Teleivou parouvsh" dunavmew".10

iiiiaaaa BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu: {Ora tw'n pro;" Mwu>sevw/ rJhmavtwn to;

paraplhvsion: kajkeivnou ga;r levgonto": « Tiv" eijmi ejgw; o{ti poreuvsomai

para; Faraw' basileva Aijguvptou », fhsi;n pro;" aujto;n « {Oti e[somai meta;

sou' ». Tou'to kai; toi'" ajpostovloi": « jIdou; ejgw; meq j uJmw'n eijmi »

paraqarruvnwn eij" parrhsivan.15

iiiiaaaa jj jjEEEExxxx aaaajjjjnnnneeeeppppiiiiggggrrrraaaavvvvffffoooouuuu:::: Kai; ga;r wJ" ajlhqw'" Qeou' proceirizomevnou kai;

marturou'nto" ajperivskepton hJ eujlavbeia kai; ma'llon ajpistiva" e[con

kathgorivan h] ejpieikeiva" ajpodochvn.

iiiibbbb TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: « jEgw; ejntevllomai kai; su; fobh'/ … » : o{ra ta;

ejkklhsiastika; proanatupouvmena: « jIdou; ajpostevllw uJma'" wJ" provbata ejn20

mevsw/ luvkwn » kai; oujk ei\pon: « Pou' pevmpei" … »: ei\de" to; mevson tw'n

1 profasivzou CV P : profasivzousi O || 5 ejgkataleivpwn C OP : ejgkatalipw;n V || 6 ouj CV :mou O non legitur P || 8 ia — 10 dunavmew" : hoc comm. om. V || tiv C P : ti O || 1 1 ia — 15parrhsivan : hoc comm. om. V || 1 6 ia — 18 ajpodochvn : hoc comm. om. V || 2 1 ei\de" V O : i[de"C non legitur P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

jeunesse ? Ne cherche pas de prétexte et n’en allègue pas » dit-Il.

11b codd. : CV OP. Editio : PG 13, 544D – 545A7, E. Klostermann, Origenes

Werke, t. III, GCS, Berlin 19832, p. 199.

Origène : Car l'homme juste n’est pas dans la jeunesse, puisque « rendu parfait en

peu de temps, il a rempli de longs jours »68. C’est comme à quelqu’un qui n’est

pas sur des routes blâmables en effet qu’est dit : ne dis pas : « je suis trop jeune »,

comme l'était Roboam e n d é l a i s s a n t l e c o n s e i l d e s a n c i e n s 69 pour

suivre ceux des jeunes gens ; c’est pourquoi il n’a pas su conserver le royaume

dans l’état où il l’avait reçu.

11c codd. : C OP. Editio : M. Ghisleri, p. 54 D7-10.

Apolinaire70 : Il n’a pas dit : « Et pourquoi est-ce que tu es trop jeune ? », mais

« Ne le dis pas » ; car quand c’est Dieu qui ordonne71, l’imperfection humaine est

remplie de la puissance présente du Parfait.

11d codd. : C OP. Editio : M. Ghisleri, p. 54 E1-6.

Le prêtre Victor : Regarde la proximité avec les propos adressés à Moïse :

comme celui-ci aussi disait en effet : « Qui suis-je pour marcher vers Pharaon, le

roi d’Égypte ? »72, Il lui dit : « Je serai avec toi »73. De même aussi aux

apôtres : « Voici, moi je suis avec vous »74, pour les encourager à parler

librement75.

11e codd. : C OP. Editio : M. Ghisleri, p. 54, E7-10.

Anonyme : Et en effet, quand Dieu prend vraiment les choses en main et se porte

témoin, la retenue est quelque chose d’inconsidéré et mérite l'accusation d'absence

de foi plutôt que d'être reçue comme convenable.

1276 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 749 C12-16.

Saint Jean : « Moi je prescris et toi tu crains !» ; remarque que les réalités de

l’Église sont préfigurées77 : « Voici que je vous envoie comme des brebis au

milieu des loups »78. Et ils n’ont pas dit : « Où nous envoies-tu ? ». Tu viens de

68 Sg 4, 13. | 69 3R 12, 8. | 70 J'ai choisi, à la suite de G. Dorival, de respecter l'orthographe grecquedu nom d'Apolinaire. | 71 Il y a ici écho à l'extrait 11a de Jean Chrysostome. | 72 Ex 3, 11. | 73 Ex 3,12. | 74 Mt 28, 20. | 75 Il y a, dans la chaîne à deux auteurs, un commentaire très proche, attribué àThéodoret, sur Jr 1, 8 ; la spécialité de Victor semble être cet attachement à citer des lieuxcommuns faisant écho au texte de Jérémie. | 76 L'extrait porte en fait sur les lemmes 12 et 13.77 Le verbe proanatupou'mai est très fréquent chez Cyrille d'Alexandrie avec plus de 50occurrences. Il apparaît à plusieurs reprises chez Jean Chrysostome (cf. Synopsis ScripturaeSacrae, PG 56, 317, 3) et une fois chez Théodore d'Héraclée (fragment 115 sur Matthieu, l. 13).78 Mt 10, 16.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

profhtw'n kai; tw'n ajpostovlwn.

iiiigggg TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '': Oujk a[ra tou'to deivknusi to; ei\nai meq j hJmw'n to;n Qeo;n

to; ejxairei'sqai hJma'" aujtovn: eij ga;r tou'to h\n, oujk a]n prosevqhken w{ste,

kai; mh; ejxairouvmeno" meq j hJmw'n ejstin, ejpei; kai; meta; tw'n martuvrwn

ejsti;n oujk ejxairouvmeno" aujtou;" kai; meta; tw'n dikaivwn ejsti; sugcwrw'n5

aujtoi'" ajqlei'n kai; meta; tou' jIw;b h\n o{te aujto;n oJ diavbolo" ejpolevmei, ajll j

oujk ajpo; tou' e[somai meta; sou' ajlla; tou' ejxairei'sqaiv se e[cei" o{plon

a[macon kai; ajkatagwvniston summacivan. Mh; fobhqh'/": tiv" ga;r ejpi; th'"

pevtra" eJstw;" rJanivda devdoiken uJdavtwn ; tiv" to;n basileva e[cwn eJstw'ta

meq j eJautou' fobei'tai kai; trevmei …10

iiiigggg jj jjAAAAppppoooolllliiiinnnnaaaarrrriiiivv vvoooouuuu:::: Oujk ejn tw/' mh; pavscein hJ bohvqeia, pevponqe ga;r oJ

jIeremiva" ta; megivsta, ajll j ejn tw/' pavscein mh; nika'sqai.

iiiidddd TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Tauvth" th'" aijsqhth'" eijkovno" ejdei'to oJ

profhvth" ejpei; kai; oJ Cristo;" tou'to ejpoivei: « ejnefuvshsen aujtoi'" ».

Kaivtoi oujk ejdei'to tou' ejmfushvmato" ajll j uJpe;r plhroforiva" aiJ15

swmatikai; givnontai eijkovne".

iiiidddd QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: Aijsqhth'" eijkovno" oJ profhvth" ejdei'to ejpei; kai; oJ

Cristo;" ejnefuvshse toi'" ajpostovloi", ou{tw kai; tw'/ jIezekih;l kefali;"

ejdovqh biblivou, ou{tw kai; oiJ ajpovstoloi glwvtta" oJrw'si purivna". Ta; ga;r

ajswvmata diav tino" eijkovno" e[dei faivnesqai swmatikh'": swvmati ga;r20

ejntrafei'sa yuch; pro;" th;n tw'n nohtw'n ajsqenei' katanovhsin.

iiiidddd BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""":::: JCei'ra Qeou' aJyamevnhn tou' stovmato" j kalei' th;n qeivan

ejnevrgeian, oJpoi'on to; « AiJ cei're" sou ejpoivhsan me kai; e[plasan

2 Tou' aujtou' C O : Tou' Crusostovmou V non legitur P || 5 tw'n C P : om. V O || 7 oujk CV O :om. P || 9 tiv" CV O : tiv P || 1 0 fobei'tai CV P : fobei' te O || 1 1 ig — 12 nika'sqai : hoc comm.om. V || mh; C O : om. P || 1 3 Tou' aJgivou jIwavnnou C OP : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 1 4 ejnefuvshsen aujtoi'" C OP : om. V || 1 8 post ajpostovloi" add. kaivtoi oujk ejdei'to tou'ejmfushvmato" ajll j uJpe;r plhroforiva" aiJ swmatikai; givnontai eijkovne" OP || 1 9 glwvtta" ...purivna" CV O : glwvttai" ... purivnai" P || 2 0 ajswvmata CV : swvmata OP || 2 1 ajsqenei' C :ajsqeneivan VO ajsqenhvsei P || 2 2 id — 15,2 fhsivn : hoc comm. om. V || post Bivktoro" add.presbutevrou O

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14

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

voir la distance entre les prophètes et les apôtres !

13a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 749 D1 – 752 A2.

Le même : Par conséquent, que Dieu soit avec nous ne montre pas qu’il nous

délivre. En effet, si c’était le cas, il ne l’aurait pas ajouté. Ainsi, même quand il ne

nous délivre pas, il est avec nous, puisqu'il est aussi avec les martyrs sans les

délivrer et avec les justes en leur permettant de lutter79, et il était avec Job quand

le diable le combattait. Non, ce n’est pas avec je serai avec toi, mais avec pour te

délivrer que tu as une arme invincible et une alliance indéfectible. Ne crains

pas80 : en effet quel est celui qui, debout sur le roc, redoute une goutte d’eau81 ?

Quel est celui qui, ayant le roi debout à ses côtés, craint et tremble ?

13b codd. : C OP. Editio : M. Ghisleri, p. 55 B2-4.

Apolinaire : Ce n’est pas dans l’absence de souffrance que réside le secours, car

Jérémie a vécu les plus grandes souffrances, mais dans le fait de souffrir sans se

laisser vaincre.

14a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 752 A4-7.

Saint Jean : Le prophète avait besoin de cette image sensible, car le Christ

lui-même procédait ainsi : « il les a inspirés »82. Pourtant il n’avait pas besoin

d’inspiration mais c'est à une pleine conviction que visent les images corporelles.

14b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 67 C7-D2.

Théodoret : Le prophète avait besoin d’une image sensible car le Christ lui-même

a inspiré les apôtres : de même un livre en rouleau a été donné à Ézéchiel83, de

même les apôtres voient des langues de feu84. En effet, les choses incorporelles

devaient être manifestées à travers quelque image corporelle car l’âme, parce

qu’elle a grandi dans un corps, est trop faible pour la compréhension des choses

intelligibles85.

14c codd. : C OP. Editio : M. Ghisleri, p. 67 D3-7.

Victor : Il appelle l’action divine "main de Dieu qui touche la bouche"86, comme

79 C'est le thème de la sugcwvrhsi" : Dieu permet le mal. L'exemple de Job est classique. | 80 Il y aici un retour en arrière au début du lemme 13 et par conséquent le rappel des termes sur lesquelsporte le commentaire. | 81 Il n'y a pas de trace de cette expression dans les sources classiques ; enrevanche elle est très présente chez Jean Chrysostome (cf. In S. Lucianum martyrem, PG 50, 522,15 ; In S. Eustathium antiochenum, PG 50, 598, 42 ; Epistolae, ep. 71, PG 52, 647, 48 ; Hom.Gen., 23, PG 53, 197, 9 ; Expositio in Ps 124, PG 55, 358, 7). | 82 Jn 20, 22. | 83 Ez 2, 9. | 84 Ac 2,3. | 85 Le début de l'extrait de Théodoret reprend presque textuellement le début de l'extrait de JeanChrysostome. | 86 Il est intéressant de noter que dans la chaîne à Ézéchiel, on trouve exactementcette même interprétation, sous le nom de Théodoret, à propos d'Ez 37, 1 : pavlin cei'ra th;nqeivan ejnevrgeian kalei'. (cf. L. Vianès, p. 176 pour le texte grec).

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

me » kai; to; « jIdou; cei;r Kurivou ejpi; se; kai; e[sh/ tuflo;" mh; blevpwn e{w"

kairou' » pro;" jEluvman to;n mavgon Pau'lo" fhsivn.

iiiidddd jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Dia; qeiva" ceiro;" hJ tou' profhvtou ceirotoniva.

iiiieeee TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Kai; mh;n a[nw e[legen pri;n h[ se ejxelqei'n ejk

mhvtra" hJgivakav se: pw'" ou\n ejntau'qa shvmeron levgei … ejkei'no th'/5

prognwvsei, tou'to th'/ ejnergeiva/.

iiiieeee jj jjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: Tau'ta ga;r oujc iJstovrhto peri; tou' profhvtou o{ti

ejxerivzwse basileiva", ajlla; peri; tou' Cristou' ejkrizwvsanto" ajpo; pavsh"

yuch'" pisteuouvsh" aujtw'/ th;n basileivan tou' jAntikeimevnou: tiv" de; kai;

katevskaye ta; oijkodomhvmata th'" kakiva" kai; tw'n mocqhrw'n dogmavtwn h]10

oJ Swth;r kai; Kuvrio" hJmw'n ajpollu;" aujta; i{n j ejn tw/' tovpw/ hJmw'n

ejkrizoumevnwn kai; kataskaptomevnwn oijkodomhvsh/ kai; katafuteuvsh/ ta;

kreivttona …

iiii"""" jj jjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: Makavrion to; toi'" Qeou' lovgoi" ejkrizw'sai ta;" tw'n

ajntikeimevnwn dunavmewn basileiva" kata; to; « Pa'sa futeiva h}n oujk15

ejfuvteusen oJ Pathvr mou oJ oujravnio" ejkrizwqhvsetai », oi|on oiJ « ponhroi;

dialogismoiv, fovnoi, moicei'ai, pornei'ai kai; ta; loipa; », peri; w|n th'"

futeiva" fhsivn: « jEcqro;" a[nqrwpo" tou'to ejpoivhsen »: ejfevsthke ga;r oJ

Qeo;" e[cwn ta; spevrmata kai; oJ diavbolo" kai; w|/ a]n dw'men cwvran, ou|to"

ejn hJmi'n speivrei. Kai; ejpi; oijkodomiva" oJ aujto;" lovgo". Fhsi;n gou'n oJ20

Pau'lo": « JW" sofo;" ajrcitevktwn qemevlion tevqeika, e{kasto" de; blepevtw

pw'" ejpoikodomei' » kai; ta; ejsovmena. Cristo;" ga;r oJ qemevlio" kai;

ajrragh;" kai; a[seisto" pevtra: ejpoikodomei' dev ti" eujsebei'" politeiva"

kai; dovgmata wJ" levgesqai « Qeou' oijkodomh; ejstev »: ta; ejnantiva de; dia;

tw'n iJerw'n kataskavptetai lovgwn, o} dei' prw'ton genevsqai kai; ou{tw"25

oijkodomei'sqai ta; kreivttona: « jEgwv, gavr, fhsivn, ajpoktenw' kai; zh'n

poihvsw ».

2 post mavgon add. oJ C || mavgon Pau'lo" C O : mevgan Pau'lon P || 3 id — ceirotoniva : hoc comm.om. V || 4 Tou' aJgivou jIwavnnou O : jIwavnnou C P Tou' Crusostovmou V || 5 ejkei'no — 6 ejnergeiva/CV O : tou'to th'/ ejnergeiva kajkei'no th'/ prognwvsei P || 9 pisteuouvsh" CV O : tou'pisteuvonto" P || kai; C OP : ejkei' V || 1 1 hJmw'n1 C OP : om. V || 1 4 jWrigevnou" CV O : Tou' aujtou'P || post toi'" add. tou' O || 1 5 dunavmewn OP : dunavmei" kai; CV || 1 6 oJ oujravnio" OP : om. CV ||1 7 fovnoi C OP : om. V || w|n th'" CV O : h|" P || 1 8 ejfevsthke CV P : ajfevsthke O || 2 2 kai;2 CV :hJ OP || 2 4 levgesqai CV P : legevsqw O || oijkodomh; CV P : oijkodovmoi O || 2 5 kataskavptetai CVO : kataskavptesqai P || o} dei' CV P : a} dh; O

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

dans : « Tes mains m’ont fait et m’ont modelé »87 et « Voici la main du Seigneur

sur toi et tu seras aveugle, privé de la vue jusqu'au moment favorable »88 dit Paul

au mage Élumas89.

14d codd. : C OP. Editio : M. Ghisleri, p. 67 D8-9.

Olympiodore : C’est par une main divine qu’advient l’élection90 du prophète.

15a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 752 A9-11.

Saint Jean : Pourtant, Il disait plus haut : avant que tu sortes de la matrice, je t’ai

consacré, comment donc dit-il ici : aujourd’hui, ? Alors il parlait selon sa

prescience, maintenant il parle en actes91.

15b codd. : CV OP. Editio : E. Klostermann, Die Überlieferung der

Jeremiashomilien des Origenes, Berlin 1897, p. 84.

Origène : Ce n’est pas en effet le prophète dont on rapporte qu’il a déraciné des

royaumes, mais le Christ qui a déraciné de toute âme qui avait foi en lui le

royaume de l’Adversaire. Et qui donc a aussi démoli les fondations du mal et des

doctrines mauvaises si ce n’est le Sauveur, notre Seigneur, qui les a détruites afin

qu'à cet endroit où nous sommes déracinés et démolis, il fonde et plante ce qu’il y

a de meilleur ?

16a codd. : CV OP. Editio : E. Klostermann, Die Überlieferung der

Jeremiashomilien des Origenes, Berlin 1897, pp. 84-85.

Origène : Qu’il est heureux d’avoir déraciné grâce aux paroles de Dieu les

royaumes des puissances adverses selon < la parole > : « Toute plante que n’a pas

plantée mon Père céleste sera déracinée »92, c'est-à-dire les « mauvais

raisonnements, meurtres, adultères, prostitutions etc... »93, à propos de la

plantation desquels < l'Écriture > dit : « C’est un ennemi qui a fait cela »94. Car

Dieu se tient là avec ses semences et le diable aussi et celui auquel nous faisons de

la place, celui-là sème en nous. Et il y a le même discours sur la construction. Paul

dit par exemple : « Comme un sage architecte, j’ai posé le fondement mais que

chacun examine la manière dont il bâtit dessus »95, précisément l'avenir. En effet,

87 Ps 118, 73. | 89 Ac 13, 11. | 90 Il faut noter le jeu de mots, difficile à rendre en français, entre lestermes ceiro;" et ceirotoniva (la main et le vote à main levée). | 91 Ici opposé à provgnwsi", leterme ejnevrgeia semble avoir un sens légèrement différent de celui qu'il a dans l'extrait 14c deVictor. Il y a sans doute entre provgnwsi" et ejnevrgeia quelque chose d'analogue à l'oppositionaristotélicienne entre puissance (duvnami") et acte (ejnevrgeia). | 92 Mt 15, 13. | 93 Mt 15, 19. | 94 Mt13, 28. | 95 1 Co 3, 10.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

iiii²²²² BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""": jEkrizou'n levgetai profhvth" hJnivka profhteuvei th;n

ejkrivzwsin kai; toujnantivon, oi|on: ejxerivzwsen th;n basileivan Babulw'no",

pavlin: katevspase th;n basileivan Necaw; Faraw; kai; tw'n a[llwn kaq jw|n

proefhvteusen. KKKKaaaaiiii;; ;; mmmmeeeetttt jjjj oooojj jjlllliiiivv vvggggaaaa:::: Katefuvteusen e[qnh kai; w/jkodovmhsen ejn

tw/' levgein: « Pro;" se e[qnh h{xousi ajpo; ejscavtou th'" gh'" kai; ejrou'sin5

wJ" yeudh; ejkthvsanto oiJ patevre" uJmw'n ei[dwla kai; oujk e[stin ejn aujtoi'"

wjfevleia ».

iiiizzzz jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: jEkrizou'n th;n kakivan.

iiiizzzz TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Tou'to gewrgiva" ei\do" a[riston: ojruvssein ta;"

ajkavnqa".10

iiiizzzz TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '': Tau'ta ejk dialeivmmato" o{tan ei[ph/: Kai; ejgevneto lovgo"

Kurivou prov" me levgwn: ouj ga;r ejfexh'" ajll j ejdivdou sunidei'n ta; legovmena.

iiiihhhh TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '': To; ga;r xuvlon tou'to sterro;n kai; baru; kai; plhktikovn:

tivno" e{neken tau'ta e[blepon … o{ti ta; pravgmata kai; aiJ o[yei"

ejnergevsterai h\san, kai; ma'llon e[plhtton to;n ajkroathvn: hJ ga;r rJavbdo"15

plhgh'" ejsti suvmbolon.

iiiiqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiiwwwwttttaaaavvvvttttoooouuuu SSSSeeeeuuuuhhhhvv vvrrrroooouuuu aaaajjjjrrrrcccciiiieeeeppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu jjjjAAAAnnnnttttiiiioooocccceeeeiiiivv vvaaaa"""" aaaajjjjppppoooo;; ;; lllloooovv vvggggoooouuuu iiiizzzz jjjj::::

Th;n ejpenecqhsomevnhn paideivan ejdhvlou th;n eij" ejgrhvgorsin tou;" ejn

aJmartivai" kaqeuvdonta" ejpanavgousan: Jkarui?nh j dia; tou'to ojfqei'sa

ejpeidh; stuvfein kai; drimuvttein hJ paideiva kaqavper kai; to; tou' karuvou20

levpo" ejpivstatai.

1 post Bivktoro" add. presbutevrou O || Bivktoro" — 7 wjfevleia : hoc comm. om. V || 2 postBabulw'no" add. kai; C || 6 uJmw'n O : hJmw'n C non legitur P || 8 post jOlumpiodwvrou add. diakovnouO || 9 Tou' aJgivou jIwavnnou O : jIwavnnou tou' Crusostovmou C Tou' Crusostovmou V jIwavnnouP || gewrgiva" V OP : gewrgivou" C || 1 1 Tou' aujtou' C O : Tou' Crusostovmou V non legitur P ||1 5 ejnergevsterai C O : ejnargevsterai V non legitur P || 1 7 Tou' — iz j CV O : Seuhvrou P ||aJgiwtavtou OP : aJgivou CV || ajrciepiskovpou jAntioceiva" C OP : om. V || 1 9 Jkarui?nh j C O :karui?nhn V non legitur P || ojfqei'sa C O : ojfqei'san V non legitur P || 2 0 post paideiva add. kai;O non legitur P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

le Christ est le fondement, le roc infrangible et inébranlable et l’on bâtit dessus

des manières de vivre et des doctrines pieuses, de telle sorte qu’il est dit : « Vous

êtes le bâtiment de Dieu »96. Mais les choses contraires sont démolies grâce aux

paroles sacrées : il faut d'abord que cela ait lieu et alors que ce qu'il y a de

meilleur soit bâti. Il dit en effet : « Moi je ferai mourir et je ferai vivre »97.

16b codd. : C OP. Editio : M. Ghisleri, p. 68 B5-13.

Victor : On dit du prophète qu’il déracine quand il prophétise le déracinement et

le contraire98, par exemple : il a déraciné le royaume de Babylone, et encore : il a

démoli le royaume du pharaon Nechao et celui des autres sous lesquels il a

prophétisé. Et peu après : Il a planté et bâti des nations en disant : « Vers toi des

nations viendront de l’extrémité de la terre et elles diront : " Mensonges, que les

idoles acquises par vos pères ; il n’y a en elles aucune utilité "»99.

17a100 codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 68 C4.

Olympiodore : Déraciner le mal.

17b codd. : CV OP. Editio : PG 64, 752 B13-14.

Saint Jean : Voici le meilleur procédé de l’agriculture : arracher les épines.

17c101 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 752 B8-11.

Le même : C'est après un intervalle qu'il dit : « Et une parole du Seigneur

m’advint, qui disait » ; en effet ce n’est pas de manière suivie < qu'il a parlé >,

mais il donnait une vue d'ensemble de ses paroles.

18102 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 752 B13-C3.

Le même : Ce morceau de bois en effet est solide, lourd et fait pour frapper.

Pourquoi regardaient-ils cela ? Parce que les actes et les spectacles étaient plus

efficaces et frappaient mieux l’auditeur. En effet, le bâton est le symbole du

coup103.

19a codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 83 B2-6.

Le très saint Sévère, archevêque d'Antioche, extrait du discours 17 : Il

désignait l'éducation à venir, celle qui conduit à l'état de veille ceux qui dorment

96 1 Co 3, 9. | 97 Dt 32, 39. | 98 Le sens de toujnantivon est difficile. | 99 Jr 16, 19. | 100 Cet extraitd'Olympiodore et le suivant de Jean Chrysostome sont rattachés au lemme 17, mais portent encoresur le lemme 16 (plus précisément sur le verbe ejkrizou'n). | 101 Cet extrait porte en fait déjà sur lelemme 18. | 102 Cet extrait porte en fait déjà sur le lemme 19. | 103 Il faut noter, dans cet extrait,l'insistance sur la notion de "coup" : plhktikovn, e[plhtton, plhgh'", difficile à reproduireintégralement en français.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

iiiiqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '' eeeeiiiijj jj"""" ttttoooo;; ;; aaaauuuujj jjttttoooo;; ;; eeeejj jjkkkk tttthhhh'' ''"""" pppprrrroooo;; ;;"""" QQQQeeeeooooddddoooovv vvssssiiiioooonnnn aaaajjjjrrrrcccciiiieeeeppppiiiivv vvsssskkkkooooppppoooonnnn

eeeejj jjppppiiiissssttttoooollllhhhh'' ''"""":::: Fasi; ga;r oiJ tau'ta katexhtakovte" th;n karui?nhn rJavbdon kai;

mh;n kai; ta; kavrua fusikw'" ejgrhvgorsin toi'" aujtw'n metevcousin ejmpoiei'n.

KKKKaaaaiiii;; ;; mmmmeeeetttt jjjj oooojj jjlllliiiivv vvggggaaaa: w{sper de; tw'n ajretw'n hJ kth'si" tou;" me;n povnou" e[cei

kai; tou;" iJdrw'ta" tou;" prohgoumevnou" pikrouv", to; de; tevlo" fwteino;n5

kai; terpnovn, ou{tw kai; to; kavruon dia; me;n tou' e[xwqen levpou" to;

aujsthro;n kai; stuvfon prodeivknusi, dia; de; tou' e[ndon ajpokeimevnou to;

leukovn te kai; trovfimon.

iiiiqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '' aaaajjjjppppoooo;; ;; lllloooovv vvggggoooouuuu iiiizzzz jjjj: Th;n paideivan ou{tw" ei\pen th;n

stuvfousan kai; drimuvttousan tou;" paideuomevnou" wJ" poiei' kai; to; tou'10

karuvou levpo", a{ma de; kai; uJpevmnhse th'" tou' jAarw;n rJavbdou pro;"

e[legcon kai; ajpeilh;n tw'n ajntitassomevnwn qeivoi" prostavgmasin.

iiiiqqqq QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu KKKKuuuuvv vvrrrroooouuuu: Tou'to toivnun eij" profhteivan doqevnto"

pneuvmato" lalou'nto": Qeo;" lalei', givnontai de; kai; ejk dialeimmavtwn oiJ

lovgoi oujk ejfexh'": ejnedivdou ga;r tw'/ profhvth/ oJ Qeo;" sunidei'n ta;15

lalouvmena. Ei\den ou\n rJavbdon karui?nhn: kai; tivno" cavrin eJwvrwn ta;"

toiau'ta" eijkovna" … o{ti tw'n pragmavtwn hJ o[yi" tw'n lovgwn ejnargestevra

kai; ma'llon aJptomevnh" yuch'".

iiiiqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '': jIstevon wJ" oJ JEbrai'o" ajnti; J karuivnh" j Jajmugdalivnhn j

fhsivn: hJ de; ajmugdalivnh to; tacu; th'" timwriva" aijnivttetai: pro; ga;r tw'n20

a[llwn devndrwn tou'to ajnqei'. jErwta'/ de; sunecw'" i{na prosektikwvtero"

gevnhtai.

1 eij" to; aujto; C O : om. VP || 4 kth'si" V O : ktivsi" C non legitur P || 5 tou;"2 C O : wJ" V nonlegitur P || 9 Tou' aujtou' ajpo; lovgou iz j CV O : kai; meta; tou'to P || 1 0 poiei' CV : pnei' O nonlegitur P || kai;2 CV P : om. O || 1 3 iq — 18 yuch'" : hoc comm. om. V || Kuvrou OP : om. C || 1 7eijkovna" C P : eijkovta" O || ejnargestevra O : ejnergestevra C non legitur P || 1 8 aJptomevnh" CO : aJptomevnh P || 1 9 iq — 22 gevnhtai : hoc comm. om. V || 2 0 tacu; C P : tavco" O || 2 1prosektikwvtero" C : non legitur O periektikwvtero" P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

dans les péchés ; c'est pourquoi < la baguette > est vue "de noyer", puisque

l’éducation a l'habitude d'être âpre et amère, exactement comme la bogue de la

noix.

19b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 83 B7-C5.

Le même sur le même passage, extrait de la lettre à l’archevêque Théodose :

Car ceux qui ont examiné en profondeur ce passage disent que le bâton de noyer

et même les noix suscitent naturellement l'état de veille chez ceux qui en reçoivent

une part104. Et peu après : De même que l’acquisition des vertus comporte ses

peines et ses sueurs amères, qui la précèdent, mais une fin lumineuse et agréable,

de même la noix présente d’abord rudesse et âpreté à cause de sa bogue

extérieure, mais grâce à ce qui est en réserve à l’intérieur, un aspect frais et

nourrissant.

19c codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 83 C7-D1.

Le même, extrait du discours 17 : Il a ainsi parlé de l’éducation, qui est âpre et

amère envers ceux qu’elle éduque comme l’est aussi la bogue de la noix, et en

même temps il a mentionné le bâton d’Aaron105, destiné à accuser et menacer

ceux qui s'opposent aux préceptes divins.

19d codd. : C OP. Editio : M. Ghisleri, p. 83 D3-10.

Théodoret de Cyr : Cela émane donc de l'esprit donné pour la prophétie et qui

parle ; Dieu parle mais les paroles viennent après des intervalles et non à la suite.

En effet, Dieu donnait au prophète une vue d'ensemble de ses paroles106. Ainsi

donc, il a vu un bâton de noyer ; et pourquoi voyaient-ils de telles images ? C'est

que la vue des faits est plus claire que les paroles, parce que l'âme en est plus

touchée.107

19e codd. : C OP. Editio : PG 81, 501 A6-8 (partim) ; M. Ghisleri, p. 83 E2-6.

Le même : Il faut savoir que l'hébreu dit "d’amandier" au lieu de "de noyer", or

l’amandier suggère la rapidité du châtiment : celui-ci fleurit en effet avant les

autres arbres. Et Il108 pose des questions sans interruption afin qu'il109 devienne

plus attentif.

104 C'est-à-dire ceux qui en consomment. | 105 Cf. Nb 17, 23. | 106 Le début de cet extrait est trèsproche de l'extrait 17c de Jean Chrysostome. | 107 La fin de cet extrait est très proche de l'extrait 18de Jean Chrysostome. | 108 C'est-à-dire Dieu. | 109 C'est-à-dire le prophète.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

iiiiqqqq BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""": JH rJavbdo" pote; me;n ajnti; basileiva" paralambavnetai pote;

de; ajnti; paideiva", wJ" to;n Naboucodonovsor dia; tauvth" shmaivnesqai

basileva te o[nta kai; pro;" th;n tou' laou' paideivan kalouvmenon toiou'ton:

ejpi; me;n basileiva" to; « JRavbdo" eujquvthto", hJ rJavbdo" th'" basileiva"

sou », ejpi; de; paideiva" « JRavbdw/ tuvpte a[ndra ajkavrdion » kai; to; « Tiv5

bouvlesqe … ejn rJavbdw/ ejlqw' pro;" uJma'" h] ejn ajgavph/ pneumativ te

prau?thto" »: Karui?nhn de; dia; to; stereo;n kai; stuvyin e[cein pollh;n

e[ndon te tou' karpou' to; ejdwvdimon ei\nai. « Pa'sa ga;r paideiva, fhsi;n oJ

Pau'lo", pro;" me;n to; paro;n ouj dokei' cara'" ei\nai ajlla; luvph": u{steron

de; karpo;n eijrhniko;n toi'" di j aujth'" gegumnasmevnoi" ajpodivdwsin ».10

iiiiqqqq jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu: Lovgo" to; kavruon ajgrupniva" ei\nai poihtikovn, ei\nai

de; kai; eu[qrauston to; xuvlon kai; shmaivnein th;n metriwtevran ojrghvn, wJ"

ajgrupnou'nto" me;n tou' Qeou' ejpi; toi'" aJmarthvmasi, kolavzonto" de;

metriwvteron.

kkkk jj jjAAAAppppoooolllliiiinnnnaaaarrrriiiivv vvoooouuuu: Toutevstin oujk a[llo ajnt j a[llou.15

kkkkaaaa TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiiwwwwttttaaaavvvvttttoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu: jEpeidh; oJ u{pno" ejpi; Qeou' makroqumiva tiv"

ejstin, e { w " p o v t e u J p n o i ' " K u v r i e ; toutevstin h[dh ejpexevrcomai, ouj

peivqw rJhvmati, th'/ o[yei th'" rJavbdou peivsqhti: ouj levgw, ajlla; poiw'.

kkkkbbbb jj jjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""" kkkkaaaattttaaaa;;;; qqqqeeeewwwwrrrriiiivv vvaaaannnn: JO uJpokaiovmeno" levbh" ajpo; proswvpou tou'

borra' uJpokaivetai: ejcqro;" ga;r ou|to" a{ma kai; ejkdikhthv" ejstin: diovper oJ20

aJmarthvsa" ei[t j ejn blasfhmiva/ p a r a d i v d o t a i t w ' / S a t a n a ' / i { n a

1 iq — 10 ajpodivdwsin : hoc comm. om. V || post Bivktoro" add. presbutevrou O || 3 te C O : posttauvth" transp. P || 4 me;n C P : post toiou'ton transp. O || 1 0 eijrhniko;n C O : pneumatiko;n P ||1 1 iq — 14 metriwvteron : hoc comm. om. V || 1 5 jApolinarivou — a[llou : hoc comm. postsequentem transp V || 1 6 Tou' aJgiwtavtou jIwavnnou O : Tou' aJgivou jIwavnnou C Tou'Crusostovmou V jIwavnnou P || post oJ add. kai; V || makroqumiva CV P : makroqumiva" O || 1 7ejpexevrcomai OP : uJpexevrcomai CV || 1 9 kata; qewrivan CV O : om. P || 2 0 ou|to" C OP : om. V ||2 1 ei[t j ejn CV OpcP : ei\pen Oac

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

19f codd. : C OP. Editio : M. Ghisleri, p. 83 E7 - 84 A6.

Victor : Le bâton est compris tantôt au sens de royauté, tantôt au sens d'éducation

de telle sorte que c’est Nabuchodonosor qui est signifié à travers celui-ci parce

qu’il est roi et qu’il est appelé ainsi pour faire l’éducation du peuple. En ce qui

concerne la royauté : « Un bâton de droiture, le bâton de ta royauté »110 et pour

l’éducation : « Frappe d'un bâton l’homme sans jugement »111 et : « Que voulez-

vous ? Que j’aille vers vous avec un bâton ou avec amour et dans un esprit de

douceur ? »112. De noyer à cause de la dureté et du fait qu’il a beaucoup d’âpreté

et que ce qui est comestible se trouve à l’intérieur du fruit. « Toute éducation, dit

Paul, ne semble pas d’abord source de joie mais de peine ; c’est plus tard qu’elle

produit un fruit de paix pour ceux qui ont été exercés par elle »113.

19g codd. : C OP. Editio : M. Ghisleri, p. 86 A7-11.

Olympiodore : On dit que la noix rend vigilant, mais aussi que son bois se casse

facilement et signifie une colère assez modérée, puisque Dieu veille sur les

péchés, mais punit assez modérément114.

20 codd. : CV OP (post sequentem transp. V). Editio : M. Ghisleri, p. 84 D2.

Apolinaire : C’est-à-dire < qu’il n’a > pas < vu > une chose pour une autre.

21 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 752 D5-D8.

Le très saint Jean : Puisque le sommeil est une sorte de patience quand il s’agit

de Dieu, j u s q u e s à q u a n d v a s - t u d o r m i r , S e i g n e u r ? 115 C'est-à-

dire116, désormais j'attaque ; je ne convainc pas par un propos, mais sois

convaincu par la vue du bâton : je ne parle pas, mais j'agis.

22a codd. : CV OP. Editio : PG 13, 545 A11-B6, E. Klostermann, Origenes

Werke, t. III, GCS, Berlin 19832, p. 199.

Origène, selon le sens spirituel117 : Le chaudron brûlant brûle face au nord car

110 Heb 1, 8. | 111 Prov 10, 13 (cf. Les Proverbes, intro., trad. et notes par D.-M. d'Hamonville, BA27, Paris 2000, p. 218). | 112 1 Co 4, 21. | 113 Heb 12, 11. | 114 Le substantif lovgo" est construit icicomme un verbe déclaratif, avec une proposition infinitive. Je n'ai pas trouvé d'autre occurrence decette tournure. | 115 Cf. Ps 43, 24. Cette première phrase du commentaire porte sur ejgrhgovrhka.116 Commentaire du verbe poih'sai du texte biblique. | 117 L’expression kata; qewrivan suitimmédiatement le nom de l’auteur dans les manuscrits et appartient donc à l’en-tête de la scholie(malgré cette unanimité des manuscrits sur l’emplacement de l’expression, la PG la raccroche aucommentaire qui suit, cf. PG 13, 545 A11). Cette notation rare caractérisant le commentaireexégétique qui va suivre « selon le sens spirituel » est sans doute une indication du caténiste, caron ne trouve que trois fois cette expression chez Origène (cf. Commentariorum series inEvangelium Matthaei, éd. Klostermann, GCS 11, p. 93, l. 25 ; Selecta in Psalmos PG 12, 1213, l.16 ; Selecta in Lucam PG 17, 317, l. 30) qui, le plus souvent, ne définit pas sa démarche. Leproblème est de savoir pourquoi le caténiste ne donne qu’une fois cette indication, alors que les

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

p a i d e u q h / ' m h ; b l a s f hm e i ' n ei[t j ejn porneiva/ p a r a d i v d o t a i

« tw/' Satana'/ eij" o[leqron th'" sarko;" i{na to; pneu'ma swqh'/ ejn th'/ hJmevra/

tou' Kurivou »: tivna" de; uJpokaivei … tou;" katoikou'nta" ajll j ouj tou;"

paroikou'nta" th;n gh'n. Bevlh ga;r ajpoluvei pepurwmevna ejpi; tou;" mh;

pavsh/ fulakh/' throu'nta" ta;" eJautw'n kardiva", wJ" uJf j oi{a" dhpot j ou\n5

aJmartiva" purou'sqai.

kkkkbbbb jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu: Kata; me;n to; gravmma th;n jIerousalh;m kai; tou;" ejn

aujth'/ a[rconta", pro;" de; qewrivan th;n suneivdhsin th;n eJauth;n

dokimavzousan.

kkkkgggg TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu: Toutevstin: ejkei' eJwvra, ejkei' e[blepen, ejkei'10

ejtevtrapto: to;n qovrubon th;n zevsin, th;n ojduvnhn to;n thganismo;n dia; tou'

levbhto" dhloi'.

kkkkgggg jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu: Dia; to;n Babulwvniovn fhsin: boreiotevra ga;r hJ

Babulw'n wJ" pro;" th;n jIerousalhvm, pro;" de; diavnoian eij" provswpon tou'

sklhrou' boreivou oJ diavbolo" ejklambavnetai.15

kkkkdddd TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu: Tou'to ijatreiva megivsth: diafulavxai to;n

kavmnonta, fobh'sai, swfronh'sai, ejpagagei'n dia; th'" o[yew" aujth'" kai;

2 hJmevra/ CV P : hJmetevra/ O || 7 jOlumpiodwvrou — 9 dokimavzousan : hoc comm. post duo sequentestransp. V || 8 de; CV P : om. O || 1 0 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P|| ejkei'2 CV O : ejkei'na P || 1 1 ejtevtrapto CV P : ejtetravpteto O || 1 6 Tou' aJgivou jIwavnnou C O :Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || post megivsth add. to; V

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

c'est à la fois un ennemi et un vengeur ; c'est pourquoi le pécheur soit par son

blasphème e s t l i v r é à S a t a n a f i n d ' ê t r e é d u q u é à n e p a s

b l a s p h é m e r 118, soit dans sa prostitution e s t l i v r é « à Satan pour la

destruction de la chair afin que l'esprit soit sauvé au jour du Seigneur »119. Mais

quels sont ceux qu'il brûle ? Les résidents et non les étrangers sur cette terre. Il

lance en effet des traits de feu sur ceux qui n’observent pas leur propre cœur d’une

surveillance absolue, si bien qu’ils sont parfois brûlés par n'importe quel péché.

22b codd. : CV OP (post duo sequentes transp. V ). Editio : PG 93, 629 B6-

B8.

Olympiodore : Selon la lettre, il s’agit de Jérusalem et de ceux qui y ont le

pouvoir ; selon le sens spirituel, il s’agit de la conscience qui s'éprouve

elle-même.120

23a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 753 A1-A3.

Saint Jean : C’est-à-dire que c’est là qu’il voyait, là qu’il regardait, vers là qu’il

était tourné. Il montre par le chaudron que l’ébullition est le tumulte, que la friture

est la douleur.121.

23b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 629 B2-B5.

Olympiodore : Il dit cela à cause du Babylonien, car Babylone est plus au nord

que Jérusalem, mais selon le sens profond, c’est le diable qui est interprété dans le

rôle du rude Boréen.

24 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 753 A4-A15.

interprétations d’Origène dans la chaîne évoquent très souvent le sens spirituel. Dans la Chaînepalestinienne sur le Psaume 118, cette expression apparaît une fois dans un extrait de Didyme (cf.fragment 72b, éd. M. Harl, SC 189, pp. 302-303) : elle n'est pas placée juste après le nom del'auteur mais bien au cœur de l'extrait et elle est d'autre part habituelle chez Didyme, ce qui faitqu'elle n'est sans doute pas due au caténiste.118 Cf 1 Tm 1, 20. | 119 1 Co 5, 5. | 120 La succession des deux extraits d’Origène et d’Olympiodorepermet d’avoir deux interprétations du texte. L'extrait d'Origène développe le sens spirituel, tandisque celui d'Olympiodore récapitule les deux sens, littéral et spirituel. On aurait peut-être plutôtattendu un extrait donnant l'interprétation littérale, suivi d'un extrait donnant l'interprétationspirituelle, et éventuellement, à la fin, un récapitulatif des deux sens. Mais la progression logiquede l'analyse ne semble pas être l'objectif du caténiste. | 121 Malgré le fait que chaque membre àl'accusatif soit précédé de l'article, les substantifs ne me semblent pas être sur le même plan : to;nqovrubon et th;n ojduvnhn sont abstraits, tandis que th;n zevsin et to;n thganismo;n sont concrets.L'ébullition et la friture du chaudron signifient le tumulte et la douleur de Jérusalem assiégée.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

ajnascei'n kai; dou'nai metanoiva" kairovn. Ou[te ga;r a]n ejphvgagen eujqevw"

w{ste mh; ajnelei'n to;n ejk th'" metanoiva" karpovn, ou[te ajpevsth w{ste mh;

ejklu'sai to;n fovbon. JOra'/" ou\n e{kaston memetrhmevnon kai; ejx ejnantivwn to;

favrmakon sugkeivmenon, oi|ovn ejsti ejpi; tw'n ijatrw'n. Tiv ga;r e[dei mh;

ejpagagei'n … ajlla; rJa/qumovteroi ejgivnonto a]n: ajll j ejpagagei'n … ajll j oujde;n5

a]n ejkevrdanon. Dio; kai; ajfivsthsi kai; mhcana'tai pista; ei\nai dia; th'"

o[yew" kataseivwn th;n diavnoian aujtw'n kai; to; e[myucon tou' lovgou

deiknuv".

kkkkeeee TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '': Tw'n basilevwn to;n povlemon dhloi' ejntau'qa to;n tw'n

Babulwnivwn: oujc e{na basileva h] deuvteron ajlla; pavnta".10

kkkkeeee BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu: Ouj ga;r mh; boulomevnou" kalei', th'/ de; oijkeiva/

ponhriva/ kinoumevnou", pro;" th;n tw'n ajxivwn ajpokevcrhtai timwrivan. Th;n

de; pollh;n aujtw'n parivsthsin a[deian to; ejpi; ta; teivch qhvsein to;n qrovnon

aujtw'n. Pro;" tivna" de; lalhvsei peri; th'" kakiva" aujtw'n h] pro;" tou;"

Babulwnivou" … e[fh ga;r oJ Nabouzarda;n pro;" to;n profhvthn: « Kuvrio" oJ15

Qeov" sou ejlavlhse ta; kaka; tau'ta eij" to;n tovpon tou'ton kai; ejphvgage

Kuvrio" o{ti hJmavrthte aujtw/' kai; oujk eijshkouvsate th'" fwnh'" aujtou' ».

kkkk"""" TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu: {Ora pw'" ejfivsthsin aujtoi'" tou;" basilei'", wJ"

oujde; polevmou kai; mavch" ou[sh", ajll j wJ" ejpi; prokeimevnhn hJkovntwn

aJrpaghvn, wJ" ejpi; douvlou" eJtoivmou", wJ" ejpi; aJlovnta" kai; ceirwmevnou".20

Duvo ejntau'qa givnetai: w{ste mhde; touvtou" nomivsai ejkeivnou" ei\nai tou;"

ijscurou;" kai; peivqonta" o{ti oJ Qeo;" pavnta a[gei kai; fevrei i{na mh;

2 w{ste2 C OP : wJ" V || 4 e[dei CV O : iter. P || 9 Tou' aujtou' C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnouP || 1 1 presbutevrou CV O : om. P || 1 2 ajxivwn CV O : ejnantivwn P || 1 7 hJmavrthte C OP :hJmarthvsate V || 1 8 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || aujtoi'" VOP : aujtou;" C || 2 0 kai; CV P : om. O || ceirwmevnou" CV : keceirwmevnou" OP || 2 2 peivqonta" V :peivqonta C OP

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

Saint Jean : Voici la plus grande manière de pratiquer la médecine : veiller le

malade, lui faire peur, le modérer, l'entraîner122 grâce à la vue elle-même, le

soutenir et lui donner une occasion de repentir. En effet, Il ne l’aurait pas tout de

suite entraîné pour ne pas123 supprimer le fruit du repentir et Il ne se serait pas non

plus tenu à l’écart pour ne pas détruire la peur. Tu vois donc que chaque attitude

est mesurée et que le remède est composé d'éléments contraires, comme c’est le

cas pour les médecins. Pourquoi en effet fallait-il ne pas les entraîner ? C'est parce

qu’ils deviendraient trop négligents ; et pourquoi les entraîner ? C'est parce qu’ils

n’en obtiendraient rien. C’est pourquoi à la fois Il se tient à l'écart et fait en sorte

que cela soit digne de foi, en ébranlant grâce à la vue leur pensée et en montrant le

caractère vivant de sa parole.

25a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 753 B4-B6.

Le même : Par guerre des rois, il désigne ici celle des Babyloniens ; non pas un

seul roi, ni un deuxième, mais tous.

25b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 93 D1-E1.

Le prêtre Victor : Il ne les appelle pas contre leur volonté, mais mûs par leur

propre méchanceté et il les utilise pour le châtiment de ceux qui le méritent. Le

fait qu'ils placeront leur trône sur les murailles fait voir leur grand sentiment de

sécurité. À qui parlera-t-il de leur méchanceté si ce n’est aux Babyloniens, car

Nabuzardan a dit au prophète : « Le Seigneur ton Dieu a prononcé ces malheurs

contre ce lieu et le Seigneur les a fait venir124 parce que vous avez péché contre lui

et que vous n’avez pas écouté sa voix »125.

26 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 753 B7-C2.

Saint Jean : Vois comment Il met à leur tête les rois comme s’il n’y avait pas de

guerre ou de combat, mais comme s'ils venaient pour piller ce qui est à leur

disposition, vers des gens prêts à être esclaves, vers des gens prisonniers et

soumis. Deux choses se produisent ici : de telle sorte que ceux-ci n'estiment pas

même que ceux-là détiennent la force, les persuadant même que c'est Dieu qui

122 L'opposition ejpavgw / ajfivsthmi est délicate : il s'agit visiblement d'une antithèse entre lesmoments où Dieu intervient et cherche à entraîner le malade, et les moments où il n'intervient paset se tient à l'écart. Le problème posé par le passage tient au décalage entre la situation concrèted'un malade soigné par son médecin et les termes abstraits, non techniques, utilisés pour désignerl'attitude de ce médecin. | 123 w{ste + infinitif = i{na + subjonctif, comme souvent chez JeanChrysostome (cf. plus loin extrait 123a). | 124 kai; ejphvgage : kai; ejpoivhsen Zi. Dans son apparat,J. Ziegler signale que cette leçon se trouve chez Origène, mais n'évoque pas le témoignage deVictor. | 125 Jr-LXX 47, 2-3.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

nomivswsi pavlin aujtovmaton povlemon: kai; poliorkivan dhloi' qhvsousi tou;"

qrovnou" aujtw'n oujc wJ" polemou'nte" ajll j ajnapauovmenoi.

kkkkzzzz TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu aaaajjjjrrrrcccciiiieeeeppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu KKKKwwwwnnnnssssttttaaaannnnttttiiiinnnnoooouuuuppppoooolllleeeevv vvwwww"""": Suvmpraxovn

moi, sunevrghsovn moi: tiv ejsti to; Jperivzwsai j … kaqavper ga;r ijatro;"

maqhth'/ ejpitavttwn pro;" e[rgon mevga: ouj ga;r yila; rJhvmata h\n, oujde;5

a{pax eijpei'n e[dei, oujd j ejn bracei' crovnw/: toutevstin ajndrei'o" genou',

paravtaxiv" soi, mavch kai; povlemo" oujc oJ tucwvn.

kkkkzzzz TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu: Oujde;n levgw e{teron ajll j o{ti ajllovtrioi kai;

oujde; tou'to movnon ajll j o{ti prosekuvnhsan toi'" e[rgoi" tw'n ceirw'n:

oujde;n ou{tw" ajnavxion Qeou' wJ" to; genevsqai, mavlista me;n kai; to;10

genevsqai, pollw'/ de; plevon to; para; ajnqrwvpwn.

kkkkhhhh BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu: JW" ejn kairw'/ calepw/' kai; pollw'n ejlevgcwn

deomevnw/, dia; ta; mevllonta duscerh; to;n profhvthn ajnivsthsi paraqarruvnei

te tou'ton wJ" ejp j ajgw'ni ejpaleivfwn to;n ajqlhth;n kai; zwvsasqai pro;"

ajndreivan kalei'.15

kkkkhhhh jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu ddddiiiiaaaakkkkoooovv vvnnnnoooouuuu: jAnti; tou': « ajndrivsai, qarrw'n poreuvou ».

Pro;" de; dianoivan, perizwvnnutai th;n ojsfu;n oJ swvfrwn: ejn ga;r th/' ojsfuvi

levgontai ei\nai ta; spevrmata: ei[rhtai ga;r peri; tou' Leui?: « [Eti ga;r ejn

th/' ojsfuvi tou' patro;" h\n ».

kkkkqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu: Oujc o{ti ejkavqhto: pw'" ga;r toiau'ta oJrw'n kai;20

toiau'ta ajkouvwn … jAlla; dievgeiron sautovn, provsece toi'" legomevnoi":

1 nomivswsi C OP : nomivsante" V || dhloi' C OP : dhlou'n V || qhvsousi CV : qhvswsi OP || 2 postajll j add. wJ" V || 3 Tou' — Kwnstantinoupolevw" C : Tou' Crusostovmou V Tou' aJgivou O Tou'aujtou' P || 5 h\n OP : post yila; transp. CV || 6 oujd j ejn O : oujde; CV non legitur P || toutevstin COP : om. V || 8 kz O : kh CV P || Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P ||Tou' — 11 ajnqrwvpwn : hoc comm. post sequentemtransp. CV P || 1 0 kai; to; genevsqai CV O : om. P|| 1 2 presbutevrou CV O : om. P || 1 4 te tou'ton CV O : tiv tou'to ejp j ajgw'na P || ejpaleivfwn CVP : ajpaleivfwn O || 1 6 diakovnou C OP : om. V || 1 8 levgontai OP : levgousin CV || [Eti CV P : eijO || 2 0 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 2 1 post sautovn add. kai;P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

dévaste tout, afin qu'ils ne pensent pas à nouveau que c'est une guerre spontanée ;

et : par ils placeront leur trône non pas comme s'ils faisaient la guerre, mais

comme s'ils y mettaient fin, il désigne un siège.

27a126 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 753 C14-D5.

Saint Jean archevêque de Constantinople : Assiste-moi, aide-moi : qu’est ce

que "ceins" ? C’est comme un médecin qui prescrit à un élève d’entreprendre une

grande opération. Car ce n'était pas des mots dépouillés, il ne fallait pas les dire

une seule fois, ni rapidement127. C’est-à-dire : sois courageux, tu entres dans une

bataille rangée, ce n’est pas n’importe quel combat et n’importe quelle guerre.

27b codd. : CV OP (post sequentem transp. P C V). Editio : PG 64, 753 C8-

C12.

Saint Jean : Je ne dis rien d’autre que le fait qu’ils sont étrangers et pas

seulement ceci mais : ils ont adoré les ouvrages de leurs mains. Rien n'est aussi

indigne de Dieu que le fait que cela arrive, surtout le fait que cela arrive, et plus

encore le fait que cela arrive chez des hommes

28a codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 107 B9-C3.

Le prêtre Victor : Comme dans un moment difficile et qui nécessite de

nombreux arguments, à cause des malheurs à venir il fait se lever le prophète,

encourage celui-ci, comme s’il enduisait l’athlète pour le combat, et l’appelle à se

ceindre en vue du courage.

28b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 629 B9-B13.

Le diacre Olympiodore : Pour « sois courageux, avance avec confiance ». Et

selon le sens, l'homme tempérant se ceint les reins car c’est dans les reins qu’il y a

la semence, à ce que l’on dit ; il est dit en effet à propos de Lévi : « Car il était

encore dans les reins de son père »128.

29129 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 753 D7-D12.

126 Cet extrait porte en fait sur le lemme 28, tandis que le suivant revient au lemme 27. | 127 Il faitsans doute allusion au pléonasme : "ceins-toi et lève-toi" du lemme 28. | 128 Heb 7, 10. | 129 L'extraitporte en fait encore sur le lemme 28.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

diplh'" soi dei' th'" prosoch'" prov" te ta; par j ejmou' legovmena prov" te

to; ejkeivnoi" diaporqmeu'sai, ejntau'qa me;n nhptikw'" ejkei' de; ajndrikw'".

llll jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu: Perifravxa" tai'" ajggelikai'" dunavmesin.

llllaaaa QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu: Oujk eijrhvnhn aujtw/' ajlla; nivkhn ejpaggellovmeno", o} kai;

peri; th'" ejkklhsiva" pro;" Pevtron fhsivn: « Kai; puvlai {Aidou ouj5

katiscuvsousin aujth'" ». Ouj ga;r mh; polemhvsein ajlla; nikhvsein tou;"

ejpiovnta" uJpevsceto. Tiv ou\n pevmpei to;n profhvthn th;n tw'n jIoudaivwn

ajntivstasin proeidwv" … jEpeidh; prevpon aujtw'/ paideuvein, ka]n hJmei'" mh;

decwvmeqa, th;n ejk th'" ajgnoiva" pro;" ajpologivan oujc e{xonte" provfasin

kai; to; mh; pronoei'sqai to;n Qeo;n hJmw'n aijtia'sqai mh; dunavmenoi.10

llllbbbb TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu: Ta;" eujergesiva" aujtou' levgei, oujci; aujtw'n

ejgkwvmia. jEpeidh; ga;r ei\pe th;n timwrivan, i{na deivxh/ o{ti tauvthn dikaivan

ejpavgei, levgei a{pax kai; di;" kai; pollavki". jEmnhvsqhn ejlevou" neovthtov"

sou, toutevsti: tou' ejlevou" ou|per ejpedeixavmhn peri; se; nevan ou\san

ejmnhvsqhn: kaqavper hJmei'" peri; ta; paidiva mikra; o[nta pollh;n e[comen15

filostorgivan, o{te ou[pw paroxuvnousin hJma'", ou{tw kai; oJ Qeo;" ejn ajrch'/

kai; ejn prooimivoi", o{te ajpo; th'" aujtou' cavrito" aujtou;" e[swse movnh" kai;

oujk ajphv/tei ta; par j aujtw'n, polu;n e[leon ejpideivknutai, ajll j o{mw" eij"

lhvqhn aujto;n ejpoivhsa" ejmpesei'n meta; tau'ta.

llllbbbb jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Kata; e[leo", fhsiv, kai; ajgavphn e[crisav se eij"20

profhvthn: ouj ga;r ejk katorqwmavtwn ta; carivsmata.

llllbbbb QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: jEntreptikw'" a[gan aujtou;" malavttei pro; tw'n ajpeilw'n

neovthta tou' laou' th;n e[xodon th;n ejx Aijguvptou dhlw'n, ajf j h|" ouj

dievleipovn sou, fhsiv, pronoouvmeno", dio; kai; nu'n ejp j wjfeleiva/ se

paideuvsw, ta;" pro;" tou;" sou;" patevra" ejpaggeliva" plhrw'n. Ouj ga;r hJ25

ajpistiva tou' jIsrah;l th;n pivstin tou' Qeou' katarghvsei kai; pro;" Daui;d

1 prosoch'" C O : proseuch'" VP || 3 post jOlumpiodwvrou add. diakovnou O || 4 post Qeodwrhvtouadd. Kuvrou O || 5 pro;" CV P : om. O || 8 prevpon CV P : prevpw O || mh; OP : ouj CV || 1 1 lb OP :la CV || Tou' aJgivou jIwavnnou O : Tou' aJgivou jIwavnnou Kwnstantinoupovlew" C Tou'Crusostovmou V jIwavnnou P || aujtou' OP : aujtw'n CV || 1 2 tauvthn C O : post dikaivan transp. V P|| 1 4 tou' CV O : om. P || ou|per CV P : o{per O || ejpedeixavmhn CV O : ejdexavmhn P || peri; C OP :pro;" V || 1 7 aujtou;" C OP : post movnh" transp. V || 2 0 lb — 21 carivsmata : hoc comm. om. V ||post jOlumpiodwvrou add. diakovnou O || post Kata; add. to; P || 2 3 dhlw'n OP : levgwn CV || 2 4dievleipovn sou C O : dievlipovn sou V P || 2 5 ta;" CV P : ta; O

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22

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

Saint Jean : Ce n'est pas qu'il était assis : comment en effet aurait-il pu l'être

quand il voyait et écoutait de telles choses ? Mais réveille-toi, fais attention à ce

qui est dit, il te faut une attention double, et pour les paroles que je prononce et

pour les transmettre à ceux-là, ici en étant vigilant et là en étant courageux.

30 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 629 B14-C1.

Olympiodore : Les ayant entourés des puissances angéliques.

31 codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 107 E4-13 (cf. PG 81, 504 A3-9).

Théodoret : En lui annonçant non la paix mais la victoire, ce qu'il dit aussi à

propos de l'Église à Pierre : « Et les portes de l’Hadès ne prévaudront pas contre

elle »130. Il a promis en effet à ceux qui le suivaient non pas qu’ils ne

combattraient pas, mais qu’ils remporteraient la victoire. Pourquoi donc envoie-t-

il le prophète alors qu’il connaît à l'avance l’opposition des Juifs ? Parce qu’il lui

convient de nous éduquer, même si nous ne l'acceptons pas, afin que nous n’ayons

pas pour notre défense le prétexte de l'ignorance et que nous ne puissions accuser

notre Dieu de ne pas nous entourer de sa providence.

32a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 756 A6-B3.

Saint Jean : Ce sont ses bienfaits qu'Il évoque, ce n'est pas un éloge de leur

personne. En effet, puisqu'Il a prononcé le châtiment, afin de montrer qu'Il en

applique un juste, Il le prononce une fois, puis deux, puis souvent. Je me suis

souvenu de ma pitié pour ta jeunesse, c'est-à-dire : je me suis souvenu de la pitié

dont j'ai fait preuve à ton égard quand tu étais jeune ; de même que nous, nous

avons beaucoup de tendresse pour les tout petits enfants, quand ils ne nous irritent

pas encore, de même Dieu, au commencement et dans les premiers temps, quand

il les a sauvés par sa seule grâce et ne demandait pas leurs biens, fait preuve de

beaucoup de pitié ; et pourtant, tu l'as fait tomber dans l'oubli après cela.

32b codd. : C OP . Editio : PG 93, 629 C11-12.

Olympiodore : C'est par pitié et par amour, dit-il, que je t'ai oint prophète, car les

grâces ne viennent pas des succès.

130 Mt 16, 18.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

ga;r e[legen: « jEa;n ejgkataleivpwsin oiJ ui{oi sou to;n novmon mou kai; toi'"

krivmasiv mou mh; poreuqw'sin, eja;n ta; dikaiwvmatav mou bebhlwvswsin kai;

ta;" ejntolav" mou mh; fulavxwsin, ejpiskevywmai ejn rJavbdw/ ta;" ajnomiva"

aujtw'n kai; ejn mavstixi ta;" ajdikiva" aujtw'n, to; de; e[leov" mou ouj mh;

diaskedavsw ajp jaujtw'n ». }O dh; kai; nu'n poiou'sin ejpaggevlletai wJ" a]n dia;5

metanoiva" ajkolouqhvswsi tw/' propavtori aujtw'n jIsrah;l aJgivw/ gegonovti kai;

th;n ejphrthmevnhn aujtoi'" ajpofuvgwsi divkhn.

llllgggg TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Toutevstin: ejn touvtw/ e[leon ejpedeixavmhn, ejn tw'/

poih'sai ejxakolouqh'saiv moi, ejn tw'/ prohgei'sqaiv sou, ejn tw'/ proapievnai

kai; eJtoimavzein katagwvgia ejn gh'/ mh; sporivmh/, oujc aJplw'" ejrhvmw/, oujc10

uJpo; ajnqrwvpwn kataleleimmevnh/, ajlla; mhdevpote dexamevnh/ karpovn. jEkei'

hjkolouvqh" moi, toutevstin: ejkei' sou prohgouvmhn: kai; ouj tou'to movnon,

ajlla; kai; ejn tw'/ a{giovn se poih'sai, kai; a{gion ejmoiv. Mevga me;n ga;r to;

a{gion ei\nai, o{tan de; kai; Qeou' a{gio" h\/, ejnnovhson.

llllgggg jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Tw/' Swth'ri Cristw/' a{gio" jIsrah;l tw/' Kurivw/: oJ15

ajlhqino;" jIsrah;l oJ nou'" oJ oJrw'n Qeovn, o}n kai; hJdevw" oJra'/ w{sper ajparchvn

tina genhmavtwn. Levgetai ou\n jIsrah;l pote; me;n oJ jIoudaivwn laov", pote;

de; oiJ dioratikwvteroi kai; aujto;" de; oJ patriavrch" kai; oJ kata; savrka ejx

jIsrah;l Cristov".

lllldddd TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu eeeejj jjppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu KKKKwwwwnnnnssssttttaaaannnnttttiiiinnnnoooouuuuppppoooovv vvlllleeeewwww"""":::: Toutevsti: tw'n20

ajnqrwvpwn aJpavntwn th'" oijkoumevnh" aJpavsh": kaivtoi kai; oiJ a[lloi aujtou'.

{Oper ou\n levgei J prwtovtoko" j ouj dia; to; prw'to" genevsqai ouj dia; fuvsin.

1 ga;r CV P : om. O || ejgkataleivpwsin C O : ejgkatalivpwsin V P || 3 ejpiskevywmai C O :ejpiskevyomai V P || 8 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 9proapievnai OP : ajpievnai CV || 1 0 eJtoimavzein OP : proetoimavzein CV || 1 1 ajnqrwvpwn V O :ajnqrwvpw/ C non legitur P || 1 2 hjkolouvqh" CV P : hJ ajkolouqei'" O (sic) || 1 3 to; OP : kai; CV ||1 4 h\/ C : ei\ V O non legitur P || post ejnnovhson add. moi V || 1 7 jIoudaivwn CV P : ijoudai'o" O ||1 8 dioratikwvteroi CV O : diorikwvteroi P || oJ2 CV P : ouj O || 2 0 Tou' — Kwnstantinoupovlew" CO : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || ejpiskovpou O : ajrciepiskovpou C

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

32c codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 121 A9-C4.

Théodoret : Il les amadoue énormément de manière à provoquer un sentiment de

honte, quand il présente, avant les menaces, la sortie d'Égypte comme la jeunesse

du peuple : à partir de ce moment, dit-il, je ne cessais de veiller sur toi, dit-il, c'est

pourquoi encore maintenant, je t'éduquerai pour ton bien, en accomplissant les

promesses faites à tes pères. En effet, le manque de foi d'Israël n'abolira pas la

confiance de Dieu, et il disait en effet à David : « Si tes fils abandonnent ma loi et

ne marchent pas selon mes règles, s’ils profanent mes préceptes et ne gardent pas

mes commandements, que je punisse par le bâton leurs illégalités et par le fouet

leurs injustices, mais ma pitié, je ne l'écarterai pas d’eux »131. Ce qu’ils font

encore maintenant est annoncé pour qu’ils suivent132 par le repentir leur ancêtre

Israël devenu saint et échappent à la sentence qui leur est attachée.

33a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 756 B5-14.

Saint Jean : C’est-à-dire : voici en quoi j’ai fait preuve de pitié, en faisant en

sorte que tu me suives, en te guidant, en te précédant et en te préparant des haltes

dans une terre non ensemencée, pas seulement déserte, pas seulement abandonnée

par les hommes, mais n’ayant jamais produit de fruit. C’est là que tu m’as suivi,

c’est-à-dire : c’est vers là que je t’ai guidé, et non seulement < j'ai fait preuve de

pitié en agissant ainsi >, mais aussi en te rendant saint, et saint pour moi. C’est

une grande chose en effet d’être saint et quand on est précisément le saint de

Dieu133, imagine !

33b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 629 C3-9.

Olympiodore : Israël est saint pour le Christ sauveur, le Seigneur : le vrai Israël

c’est l’esprit qui voit Dieu, que lui aussi voit avec plaisir comme prémices de ses

créatures. Ainsi donc, on appelle Israël tantôt le peuple des Juifs, tantôt les plus

perspicaces134, le patriarche lui-même et le Christ, issu d’Israël selon la chair.

34 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 756 D9-14.

Saint Jean évêque de Constantinople : C'est-à-dire : de tous les hommes sur

toute la terre habitée135 ; cependant, les autres aussi sont à lui. Ce que veut dire

131 Ps 88, 31-34. | 132 Il faut noter l'emploi, rare en prose classique, de wJ" accompagné, dans uneproposition finale, de la particule a]n, qui ajoute à la conjonction une idée d'éventualité ou derépétition. | 133 Allusion à Jn 6, 69 : « Et nous, nous avons foi en toi et nous reconnaissons que tu esle Saint de Dieu ». | 134 Le terme est souvent employé dans des passages sur l'interprétation du nomIsraël (cf. Clément, Str. I, 5, 31, 4, 4 ; Origène, fr. 26 in Jo ; Eusèbe, Dém. év. 4, 10...).135 Explicitation du terme genhmavtwn.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

jEpi; me;n ga;r tw'n a[llwn hJ prwtotokiva poiei' th;n ajgavphn, ejntau'qa de; hJ

ajgavph ejpoivhse prwtovtokon ei\nai.

lllleeee TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Ouj mikro;n kai; tou'to dw'ron to; poiou'n tou;" ejcqrou;"

ajpovllusqai tou;" aujtou'.

lllleeee QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: Deivknusi th;n toi'" jAssurivoi" ajkolouqhvsasan divkhn,5

oJmou' dhlw'n wJ" oujk aujto;" aujtou;" ejkavlesen, ouj ga;r a]n ejtimwrhvsato:

a{gion dev fhsi to;n jIsrah;l wJ" kat j ejxaivreton dia; tou;" patevra"

ajforisqevnta tw/' Qew/'. KKKKaaaaiiii;; ;; mmmmeeeetttt jjjj oooolllliiiivv vvggggaaaa:::: timwrei'tai de; tou;" eJlovnta"

aujtouv", ouj ga;r wJ" aujtw'/ diakonhvsonte" h\lqon, ajll j wJ" kai; mh;

boulovmenou th;n povlin aiJrhvsonte", wJ" ejk tw'n lovgwn dh'lon Senachrei;m10

eijpovnto": « Mhv se ajpatavtw oJ Qeov" sou ejn w|/ pevpoiqa" o{ti rJuvsetai

Kuvrio" th;n jIerousalh;m ejk ceirov" mou. »

llll²²²² ttttoooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: JO qarrw'n toi'" eJautou' dikaiwvmasi ouj

paraitei'tai pollou;" ei\nai tou;" ajkroatav", ajlla; kai; spoudavzei pantacou'

lampro;n e[cein to; qevatron, o{per kai; oJ Qeo;" poiei' oujk ajnqrwvpou" movnon15

ajlla; kai; ta; a[yuca kalw'n kai; aiJrouvmeno" kai; ejpi; tw'n e[xw dikasthrivwn

dikavzesqai. JO boulovmeno" ajkouevtw dia; to; perifane;" tw'n dikaivwn, wJ"

o{ge uJpopteuvwn ajei; paraitei'tai tou;" dikastav".

llllzzzz ttttoooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Tiv levgei" … Meta; tosauvthn ajpeilhvn, meta; tosou'ton

fovbon, ajpologh'/ … naiv, fhsiv, toiou'to" ga;r oJ ejrw'n: oujk ajnevcetai mevcri20

pollou' fortika; fqevggesqai pro;" to;n ejrwvmenon, ajlla; bareva kai;

ejntreptika; aujtou' ma'llon ajlgw'n ejpi; toi'" ejkeivnou kakoi'". Tiv eu{rosan oiJ

patevre" uJmw'n ejn ejmoi; plhmmevlhma … Tiv tou'to tou;" patevra" prosavgei",

3 Tou' aujtou' C OP : Tou' Crusostovmou V || poiou'n CV : poi'on OP || post hoc verbum add. to;OP || 5 th;n CV P : om. O || 1 0 aiJrhvsonte" V OP : aiJrhvsante" C || dh'lon CV P : dhlw'n O ||Senachrei;m V OP : Sennacirei;m C || 1 1 Qeov" CV O : ejcqrov" P || 1 2 Kuvrio" C O : postjIerousalh;m transp. V non legitur P || 1 3 tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou VjIwavnnou P || 1 6 aiJrouvmeno" CV O : ejrouvmeno" P || dikasthrivwn CV : om. OP || 1 9 tou' aujtou' COP : Tou' Crusostovmou V || 2 0 naiv OP : kai; CV || 2 3 plhmmevlhma — 26,13 fauvlwn : def. P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

"premier-né", ce n'est pas être le premier, ni l'être par nature, car pour les autres

c’est la primogéniture qui crée l’amour, tandis qu’ici c’est l’amour qui a créé la

primogéniture.

35a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 757 A6-7.

Le même : Ce n’est pas un don négligeable que de faire en sorte que les ennemis,

les siens, soient anéantis.

35b codd. : CV OP. Editio : PG 81, 504 B14-D1 (differt ab editis) ; M. Ghisleri,

p. 107 C10-E1.

Théodoret : Il désigne la punition qui a accompagné les Assyriens, en montrant

en même temps que ce n’est pas lui qui les a appelés, car il ne les aurait pas

châtiés, mais il dit qu’Israël est saint parce qu’il a été par choix séparé pour Dieu à

cause de ses pères. Et un peu plus loin : il châtie leurs ravisseurs, car ce n’est pas

pour le servir qu’ils sont venus, mais pour prendre la ville contre sa volonté,

comme cela est clair d’après les paroles de Sénachérim quand il a dit : « Que ton

Dieu en qui tu as confiance ne te trompe pas, en te disant que le Seigneur sauvera

Jérusalem de ma main. »136

36 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 757 A14-B6.

Saint Jean : Celui qui se fie à ses propres justifications ne refuse pas que les

auditeurs soient nombreux, mais s’efforce même partout que le spectacle soit

brillant, ce que précisément Dieu fait quand Il n'appelle pas seulement les

hommes, mais aussi les êtres inanimés, et quand Il choisit de juger aussi dans les

tribunaux étrangers. Celui qui le désire, qu’il écoute à cause de l’évidence de ce

qui est juste, de même que celui qui a des soupçons refuse toujours les juges.

37a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 757 B9-C4.

Le même : Que dis-tu ? Après une si grande menace, après un si grand objet de

crainte, tu te défends ? Oui, dit-il, car tel est celui qui aime : il ne supporte pas

longtemps de prononcer des propos insupportables à l'adresse de celui qu’il aime,

mais < il prononce > des propos graves et propres à lui faire honte, préférant

souffrir à cause des mauvaises actions de celui-ci137. Qu'ont trouvé vos pères de

136 Is 37, 10. | 137 La phrase, en particulier avec l'opposition entre les deux catégories de propos (lespropos insupportables et les propos graves), me paraît assez bancale. On comprend bien pourtantque Dieu, qui aime son peuple, ne supporte pas de lui adresser longtemps des reproches et préfèrecontinuer à souffrir de ses péchés. L'abrégé supprime la distinction entre les deux catégories depropos, ce qui simplifie le sens de la phrase : « Mais vois comment, après une si grande menace, ilplaide que quelqu’un qui aime et qui ne peut pas pendant longtemps prononcer des proposinsupportables devant celui qu’il aime, préfère lui-même souffrir à cause des mauvaises actions de

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

pro;" touvtou" e[cwn to;n lovgon … {Ina deivxh/ o{ti touvtou" ouj di j ejkeivnou"

eujergevthsen ajlla; di j eJautouv", o} ma'llon aujtou;" uJpeuquvnou" poiei' th'/

kolavsei.

llllzzzz QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: Koino;" nu'n oJ lovgo" kai; pro;" ta;" ejn aijcmalwsiva/

devka fulav". Pantiv ga;r jIsrah;l dia; filanqrwpivan eij" ajpologiva" eJauto;n5

eujquvna" kaqivsthsin, a} me;n a[nwqen eJautou;" eujhrgevthsen levgwn, wJ" de;

gegovnasin ajsebei'" dihgouvmeno".

llllhhhh TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvv vv vvnnnnnnnnoooouuuu:::: JOra'/" th;n kathgorivan ouj kataforikhvn: oujc

aJplw'" ajpevsthsan, ajlla; makravn. Polu; ga;r o[nto" makra;n ajpo; th'" qeiva"

fuvsew" ejkeivnh" ejpi; livqou" ejlqei'n. Ou{tw makra;n oJdo;n eJkavtera tau'ta ta;10

pevratav ejstin.

llllhhhh QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: Plei'ston ga;r to; mevson qeiva" te fuvsew" kai; livqwn

oi|" prosekuvnhsan.

llllqqqq jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Tw'n eijdwvlwn kai; tw'n trovpwn th'" kakiva".

mmmm TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Toutevstin: oujde;n eu|ron kai; oujde; ou{tw"15

ajnevsthsan oujde; metenovhsan. Polu; mi'so" to;n eujergetou'nta

ajpostrevfesqai kai; tou;" blavptonta" aiJrei'sqai.

mmmmaaaa TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Ouj movnon oujc euJrovnte" ei\pon kaivtoi ge uJpo; th'" tw'n

pragmavtwn ajnavgkh" wjqouvmenoi – ta; ga;r ajgaqa; parovnta me;n

katafronei'sqai ei[wqen, o{tan de; ajposth'/ tovte mavlista ejpizhtei'tai –20

ejntau'qa de; oujc ou{tw" kaivtoi ge e[conte" iJkana; mnhmovsuna th'"

eujergesiva" aujtou'.

mmmmbbbb TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Au{th deutevra eujergesiva to; oJdhghqh'nai.

mmmmgggg TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Kai; tivno" e{neken ejkei'qen ajnevferen … i{na mh; pavlin th;n

8 Tou' aJgivou jIwavvnnou C O : Tou' Crusostovmou V || 9 Polu; CV : polloi; O || o[nto" C O : o[ntw"V || makra;n CV : om. O || 1 5 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V || 1 8 Tou' aujtou' CO : Tou' Crusostovmou V || 2 1 oujc CV : ouj de; O || 2 2 post eujergesiva" add. th'" O || 2 3 mb CO : mg V || Tou' aujtou' C O : Tou' Crusostovmou V

Page 504: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

fautif en moi ? Pourquoi introduis-tu ici les pères quand tu t’adresses à ceux-ci ?

Afin de montrer qu’Il leur a accordé des bienfaits non à cause de leurs pères, mais

pour eux-mêmes, ce qui les rend davantage responsables de la sanction.

37b codd. : CV OP. Editus : M. Ghisleri, p. 133 E5-10.

Théodoret : Maintenant le discours est commun aussi aux dix tribus qui sont en

captivité. Devant tout Israël, en effet, par amour pour les hommes, il se présente

pour rendre compte de sa défense, en disant ce qu’il leur a accordé comme

bienfaits dès le début et en racontant comment ils sont devenus impies.

38a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 757 C7-11.

Saint Jean : Tu vois que l’accusation n’est pas violente : ils se sont retirés non

pas purement et simplement, mais loin. C’est en effet être bien loin de cette nature

divine que d’aller vers les pierres. Ainsi, chacune de ces extrémités est sur un long

chemin138.

38b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 134 A5-6.

Théodoret : En effet, l’intervalle entre la nature divine et les pierres qu’ils

adorent est très grand.

39 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 629 C13-14.

Olympiodore : < Derrière > les idoles et les modes du mal.

40 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 757 C14-D2.

Saint Jean : C’est-à-dire : ils n’ont rien trouvé, ils ne se sont pas levés ainsi et ils

ne se sont pas repentis. C'est le fait d'une grande haine que de se détourner de son

bienfaiteur et de choisir ceux qui nuisent.

41 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 757 D5-9.

Le même : Non seulement ils ne l'ont pas trouvé et ils ne l'ont pas dit, alors qu'ils

étaient poussés par la nécessité de la situation – car on a l'habitude de mépriser les

biens présents et c'est surtout quand ils viennent à manquer qu'on les recherche

alors – mais ici, il n'en est pas ainsi, alors qu'ils ont des souvenirs suffisants de sa

bienfaisance.

42 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 757 D11.

Le même : C'est le fait d'avoir été guidé qui est le deuxième bienfait.

43 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 757 D12 – 760 A5.

celui-ci » (cf. éd. chaîne abrégée, p. 9, ll. 17-19).138 makra;n oJdo;n est un accusatif d'extension.

Page 505: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

Ai[gupton zhthvswsi to;n povlemon ijdovnte". Eij ga;r makra;n aujtou;"

perievtreye, kai; mnhsqh'nai ejkeivnh" e[peise, pollw'/ ma'llon tovte nearw'n

o[ntwn tw'n deinw'n kai; th'" ajpallagh'" kai; th'" mnhvmh" menouvsh" aujtoi'".

Taujto;n ga;r ejpoivei Qeo;" oi|on a]n ei[ ti" kamavtw/ pollw'/ eij" uJgiveian tina;

proagagw;n kai; mhcanh'" devoito pro;" to; pei'sai eJlevsqai ta; sumfevronta.5

mmmmdddd TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Kai; tau'ta eujergesiva megivsth: tou;" ptwcou;" tou;"

gumnou;" eij" ta; ajllovtria eijshvgagon ajgaqa; ouj ponhvsanta" oujde;

gewrghvsanta", ajll j ejpi; travpezan h[gagon e{toimon: oujci; wJdhvghsa

movnon, ajlla; kai; limevna parevscon kai; th;n ajnavpausin. Tiv tauvth" th'"

filofrosuvnh" i[son … J jAgaqa; j de; Karmhvlou to;n plou'ton levgei to;n10

poluvn.

mmmmeeee jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: [Oro" tou'to th'" Palaistivnh", eJrmhneuvetai de;

ejpivgnwsi" peritomh'" di j h|" ajpotevmnomen ta; ajgaqa; ajpo; tw'n fauvlwn.

mmmm²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Touvtoi" hjmeivyasqe to;n eujergevthn: ajf j w|n eu\

poih'sai e[dei, ajpo; touvtwn uJbrivsate: di j w|n eu\ ejpavqete, dia; touvtwn15

ejkakopoihvsate kai; th;n cavrin aujth;n ajnetrevyate.

mmmmzzzz TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: {Ora pw'" oijkeiou'tai to;n tovpon i{na deivxh/ meivzona ta;

aJmarthvmata: ejgw; me;n uJma'" ejntau'qa ajnevpausa eijsagagwvn, uJmei'" de;

toujnantivon ejpoihvsate.

mmmmqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Ou}" mavlista e[dei kai; eJtevrwn ei\nai kaqhghtav": o{ra20

ajpo; th'" kefalh'" ta; kakav.

1 makra;n CV : makra; O (sic) || 3 menouvsh" C O : post aujtoi'" transp. V || 6 Tou' aujtou' C O : Tou'Crusostovmou V || 8 h[gagon CV : post e{toimon transp. O || 1 2 [Oro" CV : {Oro" O || 1 3ajpotevmnomen CV : ajpetevmnomen O || 1 4 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou VjIwavnnou P || eu\ poih'sai CV : ejpoivhsai O non legitur P || 1 7 mz OP : mh C mz mh V || Tou'aujtou' C OP : Tou' Crusostovmou V || meivzona V P : meivzwn C O || 1 8 uJma'" CV : post ejntau'qatransp. OP || 2 0 mq CV P : mh O || eJtevrwn CV P : eJtevroi" O

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26

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

Le même : Et pourquoi présentait-il < les événements > à partir de là ? Afin qu'ils

ne cherchent pas à regagner l'Égypte après avoir vu la guerre. En effet, puisqu'il

les a détournés au loin, il les a aussi persuadés de se souvenir de celle-ci, d'autant

plus alors que les épreuves comme la libération étaient récentes et que le souvenir

en restait présent en eux. Dieu agissait en effet de la même manière que celui qui,

cherchant par un gros effort à entraîner139 quelqu'un vers la guérison, aurait encore

besoin d'une ruse pour le convaincre de choisir ce qui est utile.

44140 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 760 A10-B1.

Le même : Et voici le plus grand bienfait : j'ai conduit vers les biens étrangers les

mendiants, les démunis qui n'avaient pas peiné ni cultivé. Pourtant je les ai

conduits vers une table apprêtée ; non seulement je les ai guidés mais je leur ai

procuré l'abri et le repos. Qu'est-ce qui est égal à cette marque de bienveillance ?

Les "bonnes choses" du Carmel désignent une abondante richesse.

45141 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 629 C15-D2.

Olympiodore : C'est une montagne de Palestine : elle est interprétée comme la

pratique de la circoncision, par laquelle nous séparons les bons éléments des

mauvais.

46 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 760 B6-9.

Saint Jean : Voici comment vous avez répondu au bienfaiteur : de ce qu'il fallait

bien vous traiter, vous vous êtes enorgueillis, à cause des bons traitements dont

vous avez été l'objet, vous avez mal agi, et la grâce elle-même, vous l'avez

renversée.

47 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 760 B10-12.

Le même : Vois comment il s'approprie l'endroit afin de montrer que les péchés

sont plus importants : moi je vous ai conduits et vous ai fait reposer ici, tandis que

vous, vous avez fait le contraire.

49a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 760 B14-15.

Le même : Ceux surtout qui devaient être aussi les instructeurs des autres.

Remarque que les maux viennent de l'élite.

139 Le verbe proavgw décrit ici l'attitude du médecin envers son patient et fait écho au verbe ejpavgwde l'extrait 24. | 140 La fin de l'extrait porte sur le terme ajgaqa; du lemme 45. | 141 Le commentaireporte en fait encore sur le lemme 44.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

mmmmqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Toutevstin: oiJ grammatei'", oiJ didavskaloi oujk h[/desavn

me: ejntau'qa to;n bivon levgei to;n ajkavqarton. Eij ga;r mhde;n ejkeivnwn h\n,

eij ga;r mh; ejxhvgagon ejx Aijguvptou, iJerei'" h\san, e[dei to;n novmon

filosofei'n.

nnnn TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu eeeejj jjppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu KKKKwwwwnnnnssssttttaaaannnnttttiiiinnnnoooouuuuppppoooovv vvlllleeeewwww"""":::: Timhqevnte"5

ajrch'/ par j ejmou'.

nnnnaaaa TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Tou;" yeudoprofhvta" fhsi;n ejntau'qa.

nnnnbbbb TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Kai; mh;n oujk e[dei krivsew", ajll j ajpofavsew", ajlla;

katadivkh": h] tou'to bouvletai eijpei'n o{ti ouj pavnta ei\pon, ajll j e[cw kai;

e{terav tina eijpei'n, e[ti e[cw kriqh'nai h] o{ti uJmei'" me hjnagkavsate10

dikavsasqai pro;" uJma'".

nnnnbbbb QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: jEpimevnwn th/' metriovthti, oujk ei\pen: « krinw' uJma'" »,

ajll j oiJoneiv: « dikavsomai kai; ejlevgxw paranomou'nta" ». jOneidivzei de;

aujtoi'" wJ" mhde; tw'n eijdwlolatrw'n to; bevbaion e[cousin o{per ejkei'noi peri;

tou;" ijdivou" qeou;" ejpideivknuntai: ejkeivnoi me;n ga;r ejpimevnousin, uJmei'" de;15

hjllavxasqe ouj th;n ejmh;n dovxan – ajmetavqeto" ga;r –, ajlla; th;n uJmetevran

th'" tw'n proskunoumevnwn ajtimiva" ejmplhsqevnte" kata; to;: « {Omoioi

aujtoi'" gevnointo oiJ poiou'nte" aujta; kai; pavnte" oiJ pepoiqovte"

ejp j aujtoi'" ».

nnnngggg TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Oujkou'n touvtou" ouj kolavzei" … nai; fhsivn. Th;n20

uJperbolh;n levgei o{ti kai; e[ti krivnomai kai; ou{tw fanerw'n tw'n

dikaiwmavtwn ouj paraitou'mai kai; pro;" uJma'" kai; pro;" tou;" uiJou;" uJmw'n

kriqh'nai kai; lovgon dou'nai uJmi'n kajkeivnoi". Mh; ga;r dh; nomivshte ajpo;

tw'n protevrwn ejgklhmavtwn ejkeivnou" me katadikavzein kai; pro;" ejkeivnou"

5 Tou' — Kwnstantinoupovlew" C O : Tou' Crusostovmou V Tou' aujtou' P || 6 ajrch'/ par j ejmou'CV O : ajrch;n polevmou P || 7 na — ejntau'qa : hoc comm. om. V || 8 Tou' aujtou' C OP : Tou'Crusostovmou V || 9 h] CV : eij OP || 1 0 tina CV O : post ei\pein transp. P || 1 1 dikavsasqai CV :dikavsasqe OP || 1 4 aujtoi'" V OP : aujtou;" C || eijdwlolatrw'n CV : eijdwlolatrouvntwn O(cp.) P|| bevbaion O : biblivon C b V (sic) non legitur P || 1 8 kai; — 19 ejp j aujtoi'" CV O : kai; ta; ejxh'"P || 2 0 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 2 3 post dou'nai add. kai;OP || 2 4 me C OP : om. V

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

49b codd. : CV OP. Editio : PG 64, 760 C1-4.

Le même : C'est-à-dire : les scribes, les maîtres ne m'ont pas connu. Ici, c'est la

vie impure qu'il désigne. Car si rien de cela n'était arrivé, si je ne les avais pas fait

sortir d'Égypte, il y avait des prêtres, il fallait qu'ils méditent la loi.

50 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 760 C4-5.

Saint Jean évêque de Constantinople : Alors qu'au commencement je les avais

honorés.

51 codd. : C OP. Editio : PG 64, 760 C5-6.

Le même : Ici il veut dire les faux prophètes.

52a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 760 C12-D2.

Le même : Et pourtant, il ne fallait pas un jugement, mais une sentence, mais une

condamnation. Soit il veut dire ceci : « je n’ai pas tout dit, mais j’ai aussi d’autres

choses à dire, je dois encore entrer en jugement », soit : « vous, vous m’avez

contraint à entrer en procès contre vous ».

52b codd. : CV OP. Editio : PG 81, 505 C7-10 (initium tantum) ; M. Ghisleri,

p. 148 D9-E7.

Théodoret : S’en tenant à la mesure, il n’a pas dit : « je vous jugerai », mais pour

ainsi dire : « j’intenterai un procès et vous accuserai de transgresser la loi ». Et il

leur fait des reproches parce qu’ils n’ont même pas la stabilité des adorateurs

d’idoles, stabilité dont ceux-ci font preuve pour leur propres dieux car ils s’y

tiennent, tandis que vous, vous avez changé non pas ma gloire – elle est immuable

–, mais la vôtre, parce que vous vous êtes remplis du déshonneur des objets

adorés, selon < la parole > : « Que leur deviennent semblables ceux qui les font et

tous ceux qui mettent leur foi en elles »142.

53 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 760 D5-12.

Saint Jean : Et alors tu ne les sanctionnes pas ? Si, dit-il. Il dit l’excès : j'entre

encore en jugement et comme les sentences sont évidentes, je ne refuse pas

d'entrer en jugement contre vous et contre vos fils et de rendre des comptes à vous

et à eux. Ne pensez donc pas que c’est à partir des premiers griefs que j’intente un

142 Ps 113, 16 (TM 115,8).

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

krivnomai ouj paraitouvmeno" pro;" pavnta" krivnesqai.

nnnndddd TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Kai; aujtoi; paragivnesqe kai; di j a[llwn mavqete, ouj

kwluvw: oujde;n eujhrgevthka … oujde;n eu\ pepoivhka … patriko;" uJmi'n eijmi

Qeov": mimhvsasqe ta; e[qnh oi} tou;" auJtw'n oujk ajfia'si kai; pote; me;n o[non

kai; bou'n, pote; de; ajspivda qeou;" e[conte".5

nnnndddd BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""":::: Cettiei;m hJ Kuvpro" ejstivn, Khda;r de; h\n uiJo;" jIsmahvl,

uiJou' jAbraavm ejx ou| cwvra Sarakhnw'n ejpwnovmastai.

nnnndddd jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu ddddiiiiaaaakkkkoooovv vvnnnnoooouuuu:::: Tine;" me;n Kuprivou" fasivn, tine;" de; jIndw'n

e[qnh.

nnnneeee TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: JO Khda;r tou' jIsmah;l ajpovgono", shmaivnontai de; dia;10

touvtou ta; Sarakhnw'n e[qnh, eJrmhneuvetai de; skotasmov", fasi; de; kai;

ojstrakivnhn dhlou'sqai dia; tou' Khdavr.

nnnn²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: {Oti aujtou;" oujk ajfia'sin, ou{tw" eujsuneidhvtw"

e[cousi pro;" th;n aJmartivan: oJra'/" ta; paradeivgmata kai; ejx aJmarthmavtwn

ginovmena.15

nnnnzzzz TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: To; ga;r deinovn, ajll j o{mw" ejpeidh; e[lacon, kai; e[cousin:

ouj tou'to protrevpwn levgei, ajlla; kai; touvtou" ejntrevyai boulovmeno", oujk

ajpodecovmeno" aujtou;" oujde; qaumavzwn, mh; gevnoito

nnnnhhhh TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: jEkei'noi kai; ejpi; blavbh/ paramevnousi toi'" oijkeivoi",

uJmei'" de; ejpi; blavbh/ metaphda'te tou' oijkeivou Despovtou: ejkei'noi, ka]n20

2 Tou' aujtou' C P : Tou' aJgivou jIwavnnou O Tou' Crusostovmou V || paragivnesqe CV O :paragevnesqe P || 3 patriko;" OP : patrikw'" CV || 4 auJtw'n CO : aujtw'n V P || 5 qeou;" C OP :post e[conte" transp. V || 7 ejpwnovmastai CV P : wjnovmastai O || 8 nd CV O : ne P || diakovnou CVO : om. P || 1 0 ne — 12 ojstrakivnhn Cmg O : om. CV partim def. P (cf. infra) || 1 1 ta; Cmg O : om. C P|| Sarakhnw'n — 30,11 duvnantai : def. P || 1 2 dhlou'sqai — Khdavr CmgV O : om. C || 1 3 aujtou;" CO : aujtoi'" V || 1 4 post kai; add. ta; O || 1 6 Tou' aujtou' C O : Tou' Crusostovmou V || 1 7 kai;CV : om. O || 1 9 Tou' aujtou' C O : Tou' Crusostovmou V || 2 0 de; CV : kai; O

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

procès à ceux-là : c’est aussi contre eux que j'entre en jugement, sans refuser

d'entrer en jugement contre tous.

54a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 761 A8-12.

Le même : Et vous-mêmes soyez présents et apprenez des autres, je ne < vous >

en empêche pas : n’ai-je accordé aucun bienfait ? N’ai-je fait aucun bien ?143 Je

suis le Dieu de vos pères : imitez les nations qui n’abandonnent pas les leurs, alors

qu’elles ont comme dieux, parfois un âne ou un bœuf, parfois un aspic.

54b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 149 C5-7.

Victor : Chettiim, c’est Chypre et Kêdar était un fils d’Ismaël, fils d’Abraham

d'où la région des Sarrasins tire son nom.

54c codd. : CV OP. Editio : PG 93, 629 D3-4.

Le diacre Olympiodore : Certains disent que ce sont les Chypriotes, d’autres

qu’il s’agit des nations des Indiens.

55 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 629 D4-7.

Le même : Kêdar est un descendant d’Ismaël et ce sont les nations des Sarrasins

qui sont signifiées par ce terme, mais il est interprété comme un obscurcissement ;

et on dit aussi que c’est un tesson de terre cuite qui est désigné par Kêdar144.

56 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 761 C7-9.

Saint Jean : Parce qu’elles ne les abandonnent pas, elles ont ainsi bonne

conscience face au péché : tu vois que les exemples sont aussi tirés des péchés.

57 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 761 C10-13.

Le même : Car < les dieux > sont une chose terrible, mais pourtant, puisque < les

nations > en ont hérité, elles les ont145. Il ne dit pas cela en les exhortant, mais en

voulant leur faire honte, sans les agréer ni les admirer – à Dieu ne plaise !

58 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 761 C14-D4.

Le même : Eux sont fidèles à leurs dieux propres, même quand cela leur nuit,

tandis que vous, quand cela vous nuit, vous vous jetez sur votre propre maître.

143 J'ai tourné ces deux phrases à l'interrogatif, car cela me paraît plus respectueux du sens dupassage. | 144 L'Onomasticon d'Eusèbe ne signale que les deux premières interprétations : Kêdar estle territoire des Sarrasins et un fils d'Ismaël, fils d'Abraham. Khdavr (Ez 17, 21) : ejn JIezecih;l« a[rconte" Khdavr », kai; ejn JIeremiva/ kai; ejn JHsai?a/ ejn oJravsei th'" jArabiva": e[sti de;cwvra Sarakhnw'n: h\n de; Khda;r uiJo;" jIsmah;l uiJou' JAbraavm. (Eusebius, Das Onomastikonder Biblischen Ortsnamen, éd. E. Klostermann, GCS 11, Leipzig 1904, p. 118, l. 21).L'interprétation de l'obscurcissement apparaît aussi telle quelle chez Origène (In Ps, PG 12, 121,12 et PG 12, 1632, 10), Eusèbe (Comm. in Is. II, §23, 44 et §50, 178 ; Comm. in Ps., PG 24, 9,35), Grégoire de Nysse (In Cant., PG 6, 47, 14-16) et Théodoret (In Cant., PG 81, 69, 13 et 26).145 Le début de l'extrait est difficile à comprendre, du fait de l'aspect elliptique de la syntaxe.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

deinovn ti dehvsh/, oujk a]n e{lointo ajfei'nai tou;" aujtw'n, uJmei'" kai;

wjfelouvmenoi oujk a]n e{loisqe paramei'nai.

nnnnqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: jEpi; ga;r tw'n ajtovpwn kai; ta; a[yuca levgomen

Jejxivstasqai j uJperbolikw'". Tosauvth hJ kakiva wJ" mh; ajnqrwvpou" movnon

ajlla; kai; aujta; ta; ajnaivsqhta ejkplh'xai: pavnta uJperbaivnei lovgon pa'san5

dianoiva" duvnamin to; aJmavrthma.

nnnnqqqq QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: [Ekstasin oujranou' fhsi; kai; frivkhn gh'", oujc wJ"

logikw'n, ajll j wJ" periektikw'n th'" ktivsew", di j uJperbolh;n wJ" eijpei'n,

kai; para; fuvsin ajganaktouvntwn. Dio; tau'ta kai; Mwu>sh'" ejmartuvrato:

« Provsece, levgwn, oujrane; kai; lalhvsw kai; ajkouevtw gh' rJhvmata ejk10

stovmatov" mou ». Lao;n de; to;n jIsrah;l kaivper hJmarthkovta kalei' h] dia;

filanqrwpivan, h] dia; th;n ejx ajrch'" merivda.

xxxx TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Tou'to pantacou' J levgei j i{na mh; nomivzh/ ti"

tou' profhvtou th;n kathgorivan ei\nai.

xxxxaaaa TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Pavlin eJautou' kalei' lao;n uJpo; tou' povqou e[ti kai; tou'15

fivltrou. jEleou'ntov" ejstin, oujci; kathgorou'nto" tau'ta, talanivzonto", oujk

ejpembaivnonto".

xxxxaaaa BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: Duvo de; ponhrav fhsin w|n to; me;n para; to;

« jEgw; Kuvrio" oJ ejxagavgwn se ejk gh'" Aijguvptou », to; de; para; to; «

Oujk e[sontai soi qeoi; e{teroi plh;n ejmou'. »20

xxxxbbbb TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Ouj levgw dia; filivan, dia; gou'n th;n zwh;n th;n

aujtw'n: pavnta ga;r aujtoi'" parevscon ta; ajgaqav, to; dieide;" th'"

didaskaliva" kai; to; kaqaro;n kai; ajqovlwton to; ajevnaon. [Ontw" ga;r tou'tov

1 e{lointo CV : e{loito O || aujtw'n CV : auJtw'n O || kai; C O : de; V || 3 Tou' aujtou' C : om. O Tou'Crusostovmou V || 8 ajll j wJ" CV : om. O || 1 3 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V ||post Tou'to add. ga;r O || 1 5 Tou' aujtou' C O : Tou' Crusostovmou V || 1 8 xa — 20 ejmou' : hoccomm. om. V || presbutevrou V O : om. C || 2 1 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V ||2 3 ajevnaon C : ejnnaon O ajevnnaon V

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

Eux, même si on leur demandait quelque chose de terrible, ne choisiraient pas

d’abandonner leurs dieux, tandis que vous, même si vous en tiriez profit, vous ne

choisiriez pas de rester fidèles.

59a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 761 D8-12.

Le même : Car quand il s’agit de choses absurdes, nous disons de manière

hyperbolique que même les êtres inanimés "sont hors d'eux". Le mal est si grand

qu’il frappe non seulement les hommes, mais aussi les éléments insensibles eux-

mêmes. Le péché dépasse tout discours, toute faculté intellectuelle.

59b codd. : CV OP. Editio : cf. PG 81, 508 A4-9 (initium tantum + multum

differt ab editis) ; M. Ghisleri, p. 160 A9-B5.

Théodoret : Il parle du sursaut du ciel et du frisson de la terre, non pas parce que

ce sont des êtres rationnels mais en tant qu'ils contiennent la création, pour parler

par hyperbole, et s’indignent contre nature. C’est pourquoi Moïse aussi les a pris à

témoin en disant : « Prête attention, ciel, et je parlerai, et que la terre écoute les

mots de ma bouche »146. Il appelle Israël son peuple, même s’il a péché, soit par

amour pour les hommes, soit parce qu'il est sa part depuis le début.

60 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 761 D14-15.

Saint Jean : Il y a partout "dit-il", afin que personne ne pense que c’est le

prophète qui accuse.

61a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 764 A2-4.

Le même : Il appelle à nouveau le peuple son peuple à cause de l’amour et de

l’affection qu’il lui porte encore. C'est le fait de quelqu’un qui a pitié, non de

quelqu’un qui accuse, de quelqu’un qui plaint, non de quelqu’un qui foule aux

pieds.

61b codd. : C OP. Editio : M. Ghisleri, p. 160 E12 - 161 A3.

Le prêtre Victor : Il dit deux mauvaises actions dont l'une est liée à < la

parole > : « Moi, je suis le Seigneur qui t’a fait monter du pays d’Égypte »147, et

l'autre à < la parole > : « Tu n’auras pas d’autres dieux que moi »148.

62a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 764 A6-12.

Saint Jean : Je ne dis pas par amitié, mais en tout cas à cause de leur vie, car je

146 Dt 32, 1. | 147 Lev 19, 36. | 148 Ex 20, 3.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

ejstin oJ Qeo;" phgh; zwh'": pavnta ajnevbluzen ejntau'qa ta; ajgaqa;v. Tauvthn

th;n phgh;n oujk aujtoi; ejpoivhsan, ajll j aujtovmato": h{ntina ajfevnte", tivna

ei{lanto …

xxxxbbbb TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu SSSSeeeeuuuuhhhhvv vvrrrroooouuuu jjjjAAAAnnnnttttiiiioooocccceeeeiiiivv vvaaaa"""":::: {Udwr de; noei'tai hJ eij" Qeo;n

gnw'si".5

xxxxbbbb BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: Phgh; de; u{dato" zw'nto" oJ Kuvrio", ajnendeh;"

w]n panto;" ajgaqou'.

xxxxgggg TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Oujde; par j eJtevrwn labovnte", dou'nai ejrhvmou"

gumnou;" kai; kenou;" ajgaqw'n, ejn divyei ei{lonto ei\nai dihnekw'". Mavthn

ejpovnhsan eijkovtw". Oujde;n e[cousin oi[koqen ajgaqovn, ajll j oujde; par j eJtevrou10

labovnte", oujd j a]n qevlwsi duvnantai, oujd j a]n ejpicevh/ ti" katevcousin

ajgaqovn ti.

xxxxgggg jjjjAAAAppppoooolllliiiinnnnaaaarrrriiiivv vvoooouuuu:::: Lavkkou" suntetrimmevnou" kalei' tou;" daivmona", mhvte

i[dion ti e[conta" kalo;n kai; to; para; Qeou' mh; fulavxanta", ou}" ojruvssein

levgontai oiJ aujqairevtw" eij" eJautou;" ejpispwvmenoi: h] kai; aujtav fasi ta;15

ei[dwla th;n uJpovstasin ejx u{lh" kai; tevcnh" ejranizovmena: o} ga;r ejk

touvtwn e[cei kavllo", ajfairei'tai probaivnwn oJ crovno".

xxxxdddd TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu eeeejj jjppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu KKKKwwwwnnnnssssttttaaaannnnttttiiiinnnnoooouuuuppppoooovv vvlllleeeewwww"""":::: Ei\pen o{ti ouj

duvnantai oiJ lavkkoi, levgei loipo;n th;n ajpovdeixin. Povqen ga;r a[lloqen

dou'loi gegovnasin … oujci; ajpo; touvtwn … oujk e[ni eijpei'n o{ti rJhvmatav ejsti20

tau'ta. Mononouci; ajpologei'tai o{ti aujtoi; eJautoi'" ai[tioi: ouj ga;r dh; ejx

2 aujtovmato" CV : aujtomavtw" O || 3 ei{lanto C O : ei{lonto V || 6 xb C O : xg V || presbutevrouO : om. CV || 8 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V || 1 1 qevlwsi V O : qevlousi C ||1 4 ti CV P : om. O || 1 5 fasi C O : fhsi V P || 1 7 kavllo" CV P : kalo;" O || 1 8 Tou' —Kwnstantinoupovlew" C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || ejpiskovpou V OP :ajrciepiskovpou C

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30

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

leur ai offert tous les biens : la limpidité, la pureté et le flux clair de

l’enseignement. Car vraiment Dieu est source de vie : il faisait jaillir ici tous les

biens. Cette source, ce n’est pas eux qui l’ont faite, mais elle est spontanée :

puisqu’ils l’ont abandonnée, qui ont-ils choisi ?

62b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 160 D3-4.

Saint Sévère d’Antioche : C’est la connaissance de Dieu qui est signifiée par

l’eau.

62c codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 160 D5-6.

Le prêtre Victor : Le Seigneur est source d’eau vivante, parce qu’il est riche de

tout bien.

63a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 764 A14-B4.

Saint Jean : N'ayant pas même reçu des autres, ils choisirent149 de se livrer seuls,

nus et dépourvus de biens150, d’être continuellement assoiffés. C’est en vain,

naturellement, qu’ils ont peiné. Ils n’ont aucun bien propre mais ils n’en ont pas

même reçu d’un autre ; et même s’ils le veulent, ils ne le peuvent pas, et même si

on en verse sur eux, ils ne retiennent aucun bien.

63b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 160 E3-9.

Apolinaire : Ce sont les démons qu’il appelle citernes brisées parce qu'ils n’ont

pas de beauté propre et n’ont pas gardé ce qui vient de Dieu ; citernes que

creusent, dit-on, ceux qui sont attirés volontairement vers eux-mêmes. Ou encore,

dit-on, les idoles elles-mêmes qui mendient leur substance au bois et à l’art car la

beauté qu'elles en tirent, le temps qui passe la détruit151.

64a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 764 B6-11.

Saint Jean, évêque de Constantinople : Il a dit que les citernes ne peuvent pas

< retenir l’eau >, il dit ensuite pourquoi. En effet, à cause de quoi d’autre sont-ils

devenus esclaves ? N’est-ce pas à cause de cela ? Il n’est pas possible de dire que

ce ne sont que des mots. Peu s’en faut qu’il plaide qu’ils sont responsables d’eux-

149 La forme ei{lanto apparaît quelques lignes plus haut, attestée par C et O, tandis que V avaitei{lonto. Ici, tous les manuscrits ont ei{lonto. J'ai choisi de respecter les deux formes différentesque donnent C et O à quelques lignes d'intervalle plutôt que d'harmoniser les deux formes ensuivant V. | 150 L'expression dou'nai ejrhvmou" gumnou;" kai; kenou;" ajgaqw'n est obscure. divdwmia sans doute ici un sens intransitif. On peut noter que la chaîne abrégée qui reprend cet extraitlaisse cette expression de côté : « En effet, ils ont creusé montre que n'ayant reçu des autres etn’ayant en propre aucun bien, ils ont choisi de rester dans une soif continuelle après avoir peiné etcreusé en vain » (cf. éd. chaîne abrégée, p. 11, ll. 12-14). | 151 Cet extrait d'Apolinaire est unerécriture d'un passage du Commentaire sur Jérémie de Théodoret (sur Jr 2, 13), présent dans lachaîne à deux auteurs.

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31

Chaîne intégrale à auteurs multiples

ajrch'" toiou'to" h\n, ajll j eJautw'/ th;n douleivan ejpespavsato.

xxxxdddd jj jjEEEExxxx aaaajjjjnnnneeeeppppiiiiggggrrrraaaavvvvffffoooouuuu:::: JW" h[dh douleuousw'n tw'n devka fulw'n, fhsivn ti",

tou;" ejx jAbraa;m kai; jIsrah;l eujgenei'" ajpevdeixen douvlou" aJrpagevnta"

uJpo; jAssurivwn ou}" wjnovmasen leovnta" dia; tou;" aujtw'n basileva": w|n

prw'to" oJ Qeglafasa;r doriavlwton e[labe tw'n devka fulw'n to; plei'ston,5

deuvtero" de; oJ Salmanasa;r th;n Samareivan kai; ta;" peri; aujth;n

hjndrapodivsato polei'" kai; a[llw" de; th'" ejx Aijguvptou douleiva"

hjleuqerwvqhsen: kai; th'" ejmh'" khdemoniva" tucovnte", pw'" ejx uJparch'"

ejdoulwvqhsan kai; tou' nohtou' de; dou'loi gegovnasin jAssurivou … toigarou'n

legovntwn aujtw'n: « hJmei'" oujdevni dedouleuvkamen pwvpote kai; patevra10

e[comen to;n jAbraavm », fhsi;n oJ Cristov": « JUmei'" uiJoi; e[ste tou'

diabovlou ». jEcrh'n ou\n, fhsivn, uJma'" ejx jIsrah;l gegonovta" ejkeivnon te

zhlou'n kai; th'" ijdiva" ejleuqeriva" kaqivstasqai fulakav".

xxxxdddd jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu ddddiiiiaaaakkkkoooovv vvnnnnoooouuuu:::: Pro;" me;n to; rJhto;n oiJ Babulwvnioi, pro;" de;

diavnoian ajnhvmeroi daivmone".15

xxxxeeee TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Dia; to; mh; e[cein oijkhvtora" ajgaqouv".

xxxx ²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Mononouci; ajpoduromevnou ejstiv: « povqen soi

tau'ta gevgonen … », ajnakaloumevnou aujtouv". Kai; katevpaixavn sou, o}

mavlista tw'n sumforw'n tou;" ajnqrwvpou" davknein ei[wqen. To; e[gnwsavn se,

kaqavper tini; kovrh/ eujgenivdi rJifeivsh/, kai; ejmparoinhvsante" katevpaixavn20

sou.

xxxx²²²² BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: Nu'n, fhsivn, ouj movnon oiJ jAssuvrioi ajlla; kai;

1 ajll — ejpespavsato CmgV OP : om. C || 2 xd — 13 fulakav" : hoc comm. om. V || ti" ego : tiv" COP || 4 basileva" OP : basilei'" C || 5 Qeglafasa;r O : Qeglafalasa;r C qeglafarasa;r P || 6post aujth;n add. e[labe C || 7 hjndrapodivsato OP : ajndrapodivsa" C || polei'" OP : post aujth;ntransp. C || ejx C P : om. O || 8 hjleuqerwvqhsen O : hjleuqerwvqhsan C non legitur P || 1 0 post hJmei'"add. de; P || 1 1 JUmei'" — 12 diabovlou C O : uiJoi; tou' diabovlou uJmei'" ejste P || 1 4 xd — 15daivmone" : hoc comm. om. V || diakovnou C O : om. P || 1 6 Tou' aujtou' C OP : jOlumpiodwvrou V ||1 7 x ²CV P : xe O || Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 2 0eujgenivdi C OP : eujgenei' V || 2 2 presbutevrou CV O : om. P || ante Nu'n add. pro;" O || oiJ CV O :om. P || post kai; add. oiJ V

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

mêmes, car il ne se comportait pas ainsi depuis le début, mais il a été attiré par lui-

même vers l’esclavage.

64b codd. : C OP. Editio : M. Ghisleri, p. 163 C6-D11.

Anonyme : Comme les dix tribus étaient déjà asservies, dit-on, il démontre152 que

les nobles issus d’Abraham et d’Israël ont été enlevés comme esclaves par les

Assyriens, qu’il nomme153 lions à cause de leurs rois. Le premier, Theglaphasar,

reçut comme butin de guerre la majorité des dix tribus154, le deuxième,

Salmanasar, réduisit en esclavage la Samarie et les villes alentour et en outre les

libéra de l’esclavage de l’Égypte155. Et alors qu’ils ont obtenu ma protection,

comment ont-ils été mis en esclavage dès le commencement et sont-ils devenus

les esclaves de l'Assyrien intelligible156 ? C’est pourquoi lorsqu’ils disent : « Nous

n’avons jamais été esclaves de personne et nous avons comme père Abraham »157,

le Christ dit : « Vous êtes les fils du diable »158. Il fallait donc, dit-il, que vous,

issus d’Israël, vous jalousiez celui-ci et que vous placiez des gardes pour sa propre

liberté.

64c159 codd. : C OP. Editio : PG 93, 629 D8-10.

Le diacre Olympiodore : Selon la lettre, il s’agit des Babyloniens et selon le sens

profond, des démons sauvages.

65 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 629 D13-14.

Le même : Faute d’avoir de bons habitants.

66a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 764 C7-12.

Saint Jean : C’est presque le ton d’un homme qui se lamente : « comment cela

t'est-il arrivé ? », et qui les rappelle160. Et ils se sont joués de toi, ce qui, parmi les

malheurs, mord le plus souvent les hommes. T’ont connu comme < cela se dit >

pour une jeune fille noble qui a été rejetée et, après s'être enivrés, ils se sont joués

de toi.

66b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 167 B2-4.

152 Aoriste d'analyse textuelle, cf. note 48. | 153 Aoriste d'analyse texuelle, cf. note 48. | 154 4R 15,29. | 155 4R 17 et 18, 9-12. | 156 C'est-à-dire le diable. | 157 Jn 8, 33. | 158 Jn 8, 44. | 159 L'extrait porteen fait sur le lemme 65, c'est-à-dire les lions qui rugissent et donnent de la voix. | 160 Le début decet extrait porte en fait sur le lemme 67. Il y a ensuite un retour au lemme 66.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

Aijguvptioiv sou katevpaizon, oiJ pavlai dia; se; tosau'ta paqovnte".

xxxxzzzz TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: JOra'/" o{ti oujk ejmou' e{neken tau'ta levgw ajlla;

tw'n sw'n. Povqen ga;r tau'ta gegevnhtai … povqen e[rhmoi aiJ povlei" … povqen

oiJ levonte" ejpeisevbhsan … povqen ejkei'noi katevpaixan eij mh; ejme;

ejgkatevlipe" to;n diagagovnta se ejn th'/ ejrhvmw/ kai; paraskeuavsanta5

ajsinh' parelqei'n.

xxxxhhhh TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Tou'to pavnte" ejgkalou'si kai; kathgorou'si kaq j uJmw'n

o{ti parevnte" to;n Qeo;n kalei'n eij" summacivan tou;" ejcqrou;" kai;

ejpibouleuvonta" aujtoi'" ejpespw'nto kai; aujtou;" e[scon fivlou". Zhlovtupov"

ejstin oJ Qeo;" kai; ajganaktei' plevon mavlista o{tan mh; aujtou' creivan10

e[cwmen: eij" ajnavgkhn kaqivsthsin w{ste creivan aujtou' e[cein dia; pantov".

Ou{tw" hJmw'n ejra'/ sfovdra kai; ejpiqumei' parevcein: ka]n e{tero" dw'/ th;n

cavrin, ajganaktei' kai; doqei'san ajnatrevpei kai; oujk ajfivhsin eij" e[rgon

ejlqei'n.

xxxxhhhh jj jjIIIIssssiiiiddddwwwwvvvvrrrroooouuuu pppphhhhlllloooouuuussssiiiiwwwwvvvvttttoooouuuu:::: Tiv soi kai; th/' gh/' Aijguvptou tou' piei'n u{dwr15

Ghwvn … pro;" to;n palivstrofon lao;n oJ profhvth", ma'llon de; di j ejkeivnou

Qeov": tiv soi kai; th/' sugcuvsei h|" ajpallavgh" ceiri ; krataia ' / kai ;

braci voni u Jyhlw /' …

xxxxqqqq jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: J Ghw;n j oJ Nei'lo", u{dwr de; tw'n Aijguptivwn hJ

poluvqeo" aujtw'n plavnh.20

xxxxqqqq ttttoooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Oujk ajnevch/ tw'n rJhmavtwn: ajnevxh/ tw'n

pragmavtwn …

xxxxqqqq jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: jAssurivwn potamoi; oiJ polueidei'" th'" kakiva" trovpoi

2 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 4 ejpeisevbhsan CV : ejpevbhsanO non legitur P || 5 ejgkatevlipe" CV P : ejgkatevleipe" O || 7 Tou' aujtou' C OP : om. V || 8 kalei'nCV O : post summacivan transp. P || 9 post aujtoi'" add. th;n summacivan P || 1 1 aujtou' C OP : poste[cein transp. V || 1 3 ajganaktei' — ajnatrevpei CV O : ajnatrevpei kai; ajganaktei' P || 1 5phlousiwvtou CV O : om. P || Aijguvptou C OP : Aijguvptw/ V || 1 7 tiv soi CmgV OP : om. C || 1 9jOlumpiodwvrou CV O : jIwavnnou P || Aijguptivwn CV P : Aijguvptwn O || 2 0 aujtw'n V P : aujto;n C O|| 2 1 xq CV : o OP || tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V Tou' aujtou' P || 2 3 postjOlumpiodwvrou add. diakovnou O || jAssurivwn — trovpoi C OP : iter. V

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

Victor le prêtre : Alors, dit-il, non seulement les Assyriens mais aussi les

Égyptiens se moquaient de toi, ceux qui avaient autrefois subi tant de maux à

cause de toi.

67 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 764 D3-8.

Saint Jean : Tu vois que ce n’est pas pour moi que je dis cela mais pour les tiens.

Comment en effet cela est-il advenu ? Comment les cités sont-elles devenues des

déserts ? Comment les lions ont-ils donné l’assaut ? Comment ceux-là se sont-ils

joués, si ce n’est parce que tu m’as abandonné, moi qui t’avais conduite dans le

désert et t’avais préparée à passer sans dommage ?

68a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 764 D 12 – 765 A7.

Le même : Tous vous font ces reproches et cette accusation : après avoir renoncé

à appeler Dieu à l'alliance, ils ont fait alliance avec les ennemis, qui complotaient

même contre eux, et les ont pris pour amis161. Dieu est jaloux et il s’irrite d'autant

plus quand nous n’avons pas besoin de lui : il nous met dans la nécessité, de telle

sorte que nous ayons toujours besoin de lui. Il nous aime aussi fort et il désire

nous faire des dons et si quelqu’un d’autre nous procure la grâce, il s’irrite, annule

la faveur donnée et ne lui permet pas d’être réalisée.

68b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 171 A8-12.

Isidore de Péluse : Qu'y a-t-il entre toi et la terre d'Égypte pour boire l'eau du

Gêôn ? dit au peuple inconstant le prophète, ou plutôt Dieu à travers celui-ci :

« Qu’y a-t-il entre toi et la confusion dont tu as été délivré par une main

puissante et un bras levé16 2 ? »

69a codd. : CV OP. Editio : PG 93, 632 A1-2.

Olympiodore : Le "Geôn", c’est le Nil, et l’eau des Égyptiens, c’est leur errance

polythéiste.

69b codd. : CV OP. Editio : PG 64, 765 A8.

Saint Jean : Tu ne supportes pas les mots : supporteras-tu les actes ?

69c163 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 632 A4-6.

161 Le groupe eij" summacivan est en facteur commun à kalei'n et ejpespw'nto. C'est bien ce qu'acompris le manuscrit P en déplaçant kalei'n après summacivan et en ajoutant th;n summacivanavant ejpespw'nto (cf. apparat critique). | 162 Dt 4,34, etc. | 163 Cet extrait porte en fait sur leslemmes 70 et 71, c'est-à-dire les fleuves des Assyriens.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

kai; ejpi; eJkatevrwn de; ajmfovtera e[stin noei'n.

oooobbbb TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: JIkano;n ga;r eij" paideivan to; e[xw Qeou' genevsqai.

oooogggg TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Oujk ejma; ta; rJhvmata, oujk ajnqrwpivnh hJ

ajpovfasi". [Eti Qeo;n aujth'" eJauto;n kalei'.

oooodddd TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Toutevstin: oujdevpote ajnepausavmhn.5

oooodddd QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: Qeo;n de; aujtw'n eJauto;n kalei' deiknu;" tw'n

aJmarthmavtwn to; mevgeqo" o{ti to;n Kuvrion katevlipon kai; to; fivltron

ejpideiknuvmeno". Pw'" ª oujde; º nu'n ajnevcetai kalei'sqai aujtw'n Qeov",

kaivtoi aujtw'n th;n aujtw'n summacivan katalipovntwn kai; ph'/ me;n tou;"

Aijguptivou", ph'/ de; tou;" jAssurivou" misqoumevnwn, tevlo" de; kai;10

ajpevdrasan eij" Ai[gupton, ejp j ojlevqrw/ tou'to pepoihkovte" … jIdiwtw'n ga;r

ajpostavntwn Qeou', crhsto;n oujdei;" ajphnevgkato tevlo" sumforai'" ajei;

paideuovmenoi.

ooooeeee TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Oujde; J e[lusan j ajlla; Jsunevtriyan j.

ooooeeee QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: To; d j ajp j aijw'no" h] ajnevkaqen ejx ou|per ejmoscopoivhsan15

th;n ejruqra;n diabavnte" qavlassan h] di j o{lou sou tou' bivou kata; to; ejn

Yalmoi'": « JO aijw;n hJmw'n eij" fwtismo;n tou' proswvpouv sou ». Mh; ou\n

nomivsh/", fhsivn, nu'n me th;n timwrivan ejpavgein wJ" newtevrwn se

aJmarthmavtwn eijsprattovmenon divka". [Anwqen ei\ a[xio" tau'ta paqei'n, ajll j

h[negka kai; katevscon kai; o{mw" oujdevn se ejpaivdeusen: ajfivhmiv se dia; tw'n20

pragmavtwn swfronisqh'nai.

1 noei'n V OP : noei' C || 2 ob OP : o C oa V || Tou' aujtou' C OP : om. V || post e[xw add. tou' V ||3 og OP : ob CV || Tou' aJgivou jIwavnnou C OP : Tou' aujtou' V || 4 post Qeo;n add. ejx V || eJauto;nCV O : om. P || eJauto;n kalei' CV P : ajpokalei' eJauto;n O || 5 od V P : ob C om. O || Tou' aujtou' COP : Tou' Crusostovmou V || Toutevstin C OP : post oujdevpote transp. V || 6 od V O : og C oe P|| aujtw'n CV : aujtou' OP || 7 Kuvrion CV : Qeo;n OP || katevlipon CV P : katevleipon O || 8 oujde;delevi || post ajnevcetai add. mh; OP || 9 aujtw'n2 CV : aujtou' OP || katalipovntwn CV P :kataleipovntwn O || 1 0 post misqoumevnwn add. aujtw'n P || 1 1 jIdiwtw'n C OP : ijdivw/ tw'n V || 1 4Tou' aJgivou jIwavnnou CO : Tou' Crusostovmou V Tou' aujtou' P || 1 8 nu'n me P : nu'n me;n CV O

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

Olympiodore : Les fleuves des Assyriens, ce sont les multiples formes de la

méchanceté, et il est possible de comprendre l’une et l’autre chose d’après

chacune.

72 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 765 B12.

Le même : Car il est suffisant pour l’éducation d’être loin de Dieu.

73 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 765 B14-C1.

Saint Jean : Les mots ne sont pas les miens, la déclaration n'est pas humaine. Il

s’appelle encore son Dieu.

74a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 765 C3.

Le même : C’est-à-dire : je ne me suis jamais reposé.

74b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 179 A10-B8.

Théodoret : Il s’appelle leur Dieu, tout en montrant la grandeur de leurs péchés,

car ils ont abandonné le Seigneur, et en démontrant son affection. Comment

supporte-t-il maintenant d’être appelé leur Dieu, alors qu’ils ont abandonné leur

alliance et achètent ici les Égyptiens, là les Assyriens, et pour finir, se sont même

enfuis vers l’Égypte, faisant cela pour leur ruine ?164 Car, comme les individus se

tenaient éloignés de Dieu, personne n’a remporté une fin honorable, alors qu’ils

étaient toujours éduqués par leurs malheurs.

75a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 765 C5.

Saint Jean : Non pas "ils ont délié", mais "ils ont brisé".

75b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 185 B5-C2.

Théodoret : Depuis toujours : soit depuis le commencement, à partir du moment

où ils ont fabriqué le veau après la traversée de la Mer rouge, soit durant toute ta

vie, comme dans les Psaumes : « L'espace de notre vie est sous la lumière de ton

visage »165. Ne pense donc pas, dit-il, que je t’impose le châtiment maintenant,

comme si tu expiais tes péchés de jeunesse. Depuis le commencement, tu mérites

d’avoir ce sort, mais je l’ai supporté et j’ai tenu et cependant, rien ne t’a éduqué :

je te laisse trouver la sagesse à travers les événements.

164 Il faut supprimer la négation oujde; pour que la phrase ait un sens. Le fait que les manuscrits Oet P aient ajouté mh; après ajnevcetai, comme s'ils voulaient trouver un moyen d'annuler lanégation, témoigne peut-être de la perplexité des copistes devant l'idée négative de la phrase.165 Ps 89, 8.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

oooo ²²²² jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: jEx ajrch'" ga;r sklhrotravchlo" ajeiv ajntipivptwn tw/'

aJgivw/ pneuvmati. J Zugo;n j de; th;n qeivan nomoqesivan levgei.

oooo ²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: {Ora ajfhniavzonta kai; skirtw'nta.

oooozzzz TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: {Ora bounou;" kai; a[lsh tou' Qeou' protimwvmena.

oooohhhh TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu eeeejj jjppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu KKKKwwwwnnnnssssttttaaaannnnttttiiiinnnnoooouuuuppppoooovv vvlllleeeewwww"""":::: JOra'/" o{ti ouj5

to; fortiko;n th'" ajrch'" e[fugen, ajll j ejxuvbrizen. Oujk a]n hJ tetapeinwmevnh

kai; kateirgasmevnh porneu'sai ejzhvthsen ajll j a[nesin movnhn. Kai; oujc

aJplw'" porneuvsw ajlla; diacuqhvsomai w{ste kai; eij zugo;" h\n kai; desmo;"

eijkovtw" ajpevsfigge ta; a[takta katevcwn skirthvmata kai; oujd jeij"

wJrismevnou" tovpou" ajlla; pantacou' eij" e{kaston cwrivon th'" ajsebeiva" hJ10

uJpovqesi".

oooohhhh jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: JH ga;r kakiva ajrch;n labou'sa eij" a[peiron ejkcei'tai.

ooooqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Mh; ga;r dh; nomivsh" pavlin ajpo; kakiva" aujta;

genevsqai fusikh'". jEpeidh; ga;r eijko;" h\n ajporei'n tina" kai; levgein:

« tivno" e{neken ejx ajrch'" ajpephvdhse … », levgei: « ouj para; to;n gewrgovn,15

ajlla; par j aujth;n a[mpelon karpofovron ajlhqinh;n tauvthn th;n gnhsivan

th;n h{meron ». jEntau'qa fusikhvn tina deivknusin ajrethvn.

ooooqqqq jj jjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: Eij « oJ Qeo;" qavnaton oujk ejpoivhsen », « fqovnw/ de;

diabovlou qavnato" eijsh'lqen eij" to;n kovsmon », ei[ ti peri; hJma'" a[riston

pepoivhken oJ Qeov", hJmei'" a[ra th;n kakivan ejktivsamen eJautoi'". Diovper20

ejpaporei': pw'" ejstravfh", oujc wJ" ajgnow'n, ajll j ajnqrwpivnw". Pa'san de;

fhsi;n, oujk ejk mevrou", wJ" to;n me;n ei\nai ajlhqinh;n a[mpelon, to;n de;

yeudhv. Dia; ga;r tou' jAda;m kat j eijkovna Qeou' gegovnamen a{pante".

Toiou'ton de; kai; to; jHsaivou: « Pw'" ejgevneto povrnh povli" pisth; Siwvn … ».

1 o ²CV P : oe O || post jOlumpiodwvrou add. diakovnou CV || 2 nomoqesivan CV O : post levgeitransp. P || 3 o ²OP : oz CV || Tou' aJgivou jIwavnnou CV O : jIwavnnou P || 4 oz CV O : o² P || 5 ohCV O : oz P || Tou' — Kwnstantinoupovlew" CO : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 6 hJ OP : h]C h/\ V || 7 ejzhvthsen CV P : ejxh/vthsen O || 8 kai;1 CV : post eij transp. OP || 1 2 oh C OP : oq V ||post jOlumpiodwvrou add. diakovnou O || 1 3 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V Tou'aujtou' P || aujta; CV O : post pavlin transp. P || 1 6 par j aujth;n C P : para; th;n V O || th;ngnhsivan CV O : om. P || 1 7 tina CV OmgP : om. O || 1 9 eijsh'lqen CV O : post kovsmon transp. P ||2 1 wJ" OP : om. CV || 2 4 kai; CV P : om. O

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34

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

76a codd. : CV OP. Editio : PG 93, 632 A7-9.

Olympiodore : Car depuis le début, il a la nuque raide, puisqu’il s’oppose

toujours au Saint Esprit. "Joug" veut dire la législation divine.

76b codd. : CV OP. Editio : PG 64, 765 C9.

Saint Jean : Vois qu’il est rétif et qu’il regimbe166.

77 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 765 C10.

Le même : Vois que collines et bois sont préférés à Dieu.

78a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 765 C10 – D3.

Saint Jean, évêque de Constantinople : Tu vois qu’elle n’a pas fui la sévérité du

commandement, mais qu’elle s’enorgueillissait. Et si elle avait été humiliée et

entravée, elle n’aurait pas cherché à se prostituer, mais elle aurait seulement

cherché du repos. Et non seulement : Je me prostituerai, mais Je m’éparpillerai,

de telle sorte que, même s’il y avait un joug et qu’un lien la serrait à juste titre en

retenant ses soubresauts désordonnés, ce n’est pas dans des lieux déterminés mais

partout, dans chaque endroit, que le principe de son impiété < s’est répandu >.

78b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 632 A11-12.

Olympiodore : Car le mal, une fois qu’il a commencé, s’étend à l’infini.

79a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 765 D6-11.

Saint Jean : Car ne pense pas à nouveau que cela vient d’une méchanceté

naturelle. Puisqu’il était en effet normal que certains se posassent des questions et

dissent : « pourquoi a-t-elle bondi dès le début ? », il dit : « ce n’est pas de la faute

du cultivateur, mais de la vigne elle-même, riche en fruits, vraie, celle qui est

authentique, cultivée ». Il montre ici une vertu naturelle.

79b codd. : CV OP. Editio : PG 13, 545 B9-C3.

Origène : Si « ce n’est pas Dieu qui a fait la mort »167, « mais que c’est par

l’envie du diable que la mort est venue dans le monde »168, si Dieu a fait ce qu’il y

avait de mieux pour nous, c’est donc nous qui avons créé la méchanceté pour

nous-mêmes ; c’est pourquoi il pose le problème : comment as-tu tourné ?, non

166 Le verbe skirtavw "regimber" apparaît aussi dans la chaîne à deux auteurs sur Jr 2, 23. Lesubstantif correspondant skivrthma "soubresaut" apparaît dans l'extrait 78a. | 167 Sg 1, 13. | 168 Sg 2,24.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

ooooqqqq jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Ta; ga;r kaka; ouj kata; fuvsin, ajlla; kata;

paratrophvn.

pppp TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Oujk e[cei" ejgkalevsai tw'/ gewrgw'/. Su; ejstravfh"

oujde; pollou' povnou ejdehvqh" pro;" to; metablhqh'nai. Toiou'ton ga;r hJ

kakiva rJav/sth kai; eu[kolo".5

pppp TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Pw'" ajllotriva ; e[sh/ loipo;n ajllotriva: ejmh; ga;r kai; oujk

ejmhv. JOra'/" oujk ajpo; th'" plavsew" oijkeioumevnou" tw'/ Qew'/, ajll j ajpo; tw'n

e[rgwn, ou{tw kai; o{tan levgh/: « UiJoi; ajllovtrioi ejyeuvsantov me » kai; « Oujk

oi\da uJma'" ». Ouj dhmiourgo;n e{teron ejpeisavgei eij ga;r aujto;" ejfuvteuse.

Pw'" ajllotriva … ajlla; meta; to; strafh'nai ajllotriva.10

ppppaaaa jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: ]H proairetikw'" ejauth;n tou' Qeou' ajllotriwvsasa.

ppppbbbb TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Ei\ta i{na mh; fusikh;n nomivsh/" ei\nai th;n

khlivda, fhsivn: kekhlivdwsai ejn ajdikivai" sou: kai; mh;n kai; eij ejpivkthtov"

ejsti kai; ejpigevgone, kai; ejx ajdikiw'n e[sti dunato;n ajpotrivyasqai. Kai; ga;r

dunatovn: eij ga;r mh; dunato;n, oujk a]n ei\pen: tiv soi; kai; th'/ oJdw'/15

Aijguvptou … Pw'" ou\n levgei: eja;n plhquvnh/" seauth'/ povan kekhlivdwsai …

w{sper levgei: « Eij ajllavxetai Aijqivoy to; devrma aujtou' kai; pavrdali" ta;

poikivlmata aujth'" … ». Oujde; ga;r ejkei' eij" ajduvnaton kaqivsthsi to;

pra'gma … kai; toiau'ta uJpodeivgmata tou'to bouvlontai, ajlla; qumou' ta;

rJhvmata.20

1 ga;r OP : post kaka; transp. CV || 3 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V Tou'aujtou' P || 6 p CV O : pa P || e[sh/ CV : ei[sh OP || 8 levgh/ CV P : levgei O || 1 1 postjOlumpiodwvrou add. diakovnou O non legitur P || 1 2 pb C OP : pa V || mh; CV : om. O non legitur P|| nomivsh/" C OP : post ei\nai transp. V || 1 4 ajpotrivyasqai CV : ajpotrevyasqai O non legitur P ||1 5 eij — dunato;n CmgV OP : om. C || oujk a]n CV O : pw'" P || 1 6 levgei V O : levgh C non legitur P|| seauth'/ CV : eJauth'/ O non legitur P || 1 9 bouvlontai CV P : bouvlonto O

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

pas parce qu’il l’ignore, mais pour parler comme un homme. Il dit toute, non « en

partie », de telle sorte que l’un est une vigne vraie, tandis que l’autre est une vigne

mensongère. En effet, par Adam, nous sommes tous nés à l’image de Dieu. Le

passage suivant d’Isaïe est semblable : « Comment Sion, la cité fidèle, est-elle

devenue une prostituée ? »169.

79c codd. : CV OP. Editio : PG 93, 632 A13-14.

Olympiodore : Car les maux ne sont pas dans la nature, mais dans la déviance.

80a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 765 D12 – 768 A2.

Saint Jean : Tu ne peux pas faire le reproche au cultivateur. Tu as tourné et tu

n’as pas eu besoin de beaucoup de peine pour te changer. En effet, la méchanceté

est ainsi faite : très aisée et facile.

80b170 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 768 A4-10.

Le même : Comment étrangère ? Tu seras désormais étrangère : mienne et non

mienne. Tu vois que ce n’est pas du fait de la création que nous sommes devenus

les familiers de Dieu, mais du fait de nos œuvres ; de même quand il dit : « Des

fils étrangers m’ont menti »171 et « Je ne vous connais pas »172. Il n’introduit pas

un second démiurge, puisque c’est en effet lui-même qui a planté. Comment

étrangère ? Eh bien : étrangère après avoir tourné.

81 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 632 A13-B1.

Olympiodore : Soit parce qu'elle s’est rendue étrangère à Dieu volontairement.

82 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 768 C10 – D7.

Saint Jean : Ensuite, pour que tu ne penses pas que la tache est naturelle, il dit :

tu resteras tachée de tes torts, et vraiment, même si c'est acquis et que c’est venu

en sus, il est encore possible de se débarrasser de ses torts. Oui, c’est possible, car

si ça ne l’était pas, il n’aurait pas dit : qu’y a-t-il entre toi et le chemin d'Égypte ?

Comment peut-il donc dire : si tu uses fréquemment de saponaire pour toi, tu

resteras tachée ? Comme il dit : « Est-ce qu'un Ethiopien change sa peau et un

léopard ses taches ? »173. Ne rend-il pas là le fait impossible ? De tels exemples

veulent < signifier > cela – mais ce sont les mots de la colère.

169 Is 1, 21. | 170 Cet extrait porte en fait déjà sur le lemme 81. | 171 2R 22, 45 = Ps 17, 45. | 172 Mt 1,23. | 173 Jr 13, 23.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

ppppgggg TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Tiv bouvlei pavlin … Oujk wjrgivsqh" … Oujk ajpevrriya" …

Oujk ei\pa" o{ti kekhlivdwsai … Tiv pavlin ejlevgcei" … JOra'/" ejrastou'

hjdikhmevnou rJhvmata. Pw'" ejrei'": oujk ejmiavnqhn … to; mevgiston aJmavrthma

ejpi; tw'n e[rgwn parabaivnonta" ejpi; tw'n lovgwn ajrnei'sqai.

ppppgggg BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: Tiv" ga;r duvnatai laqei'n Qeo;n ka]n5

ajrnhvshtai … Ta; touvtwn de; kaka; prodhvlw" ejgevneto. Poluavndrion dev

fhsin ejntau'qa ta;" nekuomanteiva": ejpoivoun kai; ta;" tw'n ojneivrwn

aijthvsei". \Hn dev fasin ejn proasteivoi" jIerousalh;m e[nqa kai; ta; swvmata

tw'n paivdwn ejpi; tou' Manassh' katwruvgh. JOdou;" de; nu'n ta;" pravxei"

fhsivn. jAkuvla" de; kai; Suvmmaco" ajnti; tou' poluandrivou favragga, o} th'"10

jIerousalh;m ptw'sin dhloi'.

ppppgggg jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: jEscavth" ajnoiva" to;n aJmartavnonta ajrnei'sqai.

ppppdddd TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: To; poluavndrion tou'to h\n o{pou ta; swvmata

tw'n paidivwn katwruvgh ejpi; tou' Manassh'. Ta;" ga;r oJdou;" ejntau'qa ta;"

pravxei" levgei: e{sthke ga;r oJ tovpo" bow'n oujde; ajrnh'/ to;n e[legcon15

fanero;n o[nta: mh; ga;r makra;n ajpelqei'n dei'.

ppppdddd jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Poluavndrion oJ tavfo" h] ou\n tina e[pratton ejn toi'"

tavfoi" ajresta; daivmosin h] o{ti kai; aujtoi; tavfoi kekoniamevnoi h\san, ejn

uJpokrivsei th'" ajlhqeiva" to; yeu'do" metadiwvkonte".

ppppeeee TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Kaqavper pro;" gunai'ka mequvousan kai; oujk20

eijdui'an a{per e[praxen ou{tw dialevgetai: pantacou' tou'to spoudavzei

1 Tou' aujtou' C OP : Tou' Crusostovmou V || 2 ei\pa" CV : ei\pe" OP || 3 to; CV O : tou'to P || 4parabaivnonta" C OP : parabaivnonte"V || ajrnei'sqai C OP : ajrnei'sqe V || 5 presbutevrou CV :om. OP || 7 ejntau'qa CV O : e[nqa P || 8 \Hn CV P : h}n O (sic) || 9 Manassh' CV P : Manassou' O|| nu'n CV O : om. P || 1 2 ajnoiva" V OP : ajponoiva" C || 1 3 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou'Crusostovmou V Tou' aujtou' P || 1 4 katwruvgh C OP : post Manassh' transp. V || 1 5 ga;r CV :om. OP || 1 7 ejn toi'" tavfoi" CV O : om. P || 2 0 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou VTou' aujtou' P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

83a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 769 B5-B9.

Le même : Que veux-tu encore ? Ne t’es-tu pas irrité ? Ne l’as-tu pas rejetée ?

N’as-tu pas dit : tu resteras tachée ? Quelle accusation lui adresses-tu encore ? Tu

vois que ce sont les mots d’un amoureux trompé. Comment diras-tu : je ne me

suis pas souillée ? C’est le pire des péchés que de commettre une transgression

par ses actes et de la nier par ses paroles.

83b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 204 C5-D4.

Victor : En effet, qui peut agir à l’insu de Dieu même s’il nie ? Leurs actes

mauvais sont devenus évidents. Et Foule de mâles174 veut dire ici les divinations

par l’évocation des morts ; et ils recouraient aussi aux interrogations des songes.

Et il y avait, dit-on, dans les faubourgs de Jérusalem, un endroit où précisément

les corps des enfants ont été ensevelis du temps de Manassé. Chemins veut dire

maintenant les actes. Aquila et Symmaque ont "ravin" au lieu de foule de mâles175,

ce qui désigne la chute de Jérusalem.

83c codd. : CV OP. Editio : PG 93, 632 B2-3.

Olympiodore : La pire sottise pour le pécheur, c’est de nier.

84a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 769 B10-14.

Saint Jean : Cette foule de mâles était l’endroit où les corps des petits enfants

avaient été ensevelis du temps de Manassé. Chemins veut dire ici les actes, car

l'endroit des bœufs176 se trouve là et tu ne nies pas l'accusation parce qu'elle est

évidente : il faut en effet ne pas s'éloigner loin.

84b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 632 B4-8.

Olympiodore : Foule de mâles, c’est le tombeau : soit donc ils ont fait sur les

tombeaux des choses qui ont plu aux démons, soit parce qu'eux-mêmes étaient des

tombeaux blanchis à la chaux177, étant donné qu'ils poursuivaient le mensonge

sous l'apparence de la vérité.

85a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 768 C13 – D8.

174 Poluavndrion "foule de mâles" est une désignation possible du "cimetière" (2 M 9, 4 ; 4 M 15,20). Toutefois, le contexte de prostitution me conduit à préférer le sens de "foule de mâles", tandisqu’en Jr 19, 2 et 6, le sens de "cimetière" s’impose. Cependant, il est intéressant de remarquer queles Pères ne commentent ce terme que dans son sens de "cimetière". | 175 La variante favraggad'Aquila et Symmaque est signalée par Ziegler. Elle apparaît aussi avec la même attribution dansla Syro-Hexaplaireaplaire. | 176 C'est-à-dire, l'endroit où l'on sacrifie les bœufs aux idoles. | 177 Cf.Mt 23, 27 : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! parce que vous ressemblez à destombeaux blanchis, qui paraissent beaux au-dehors, et qui, au-dedans, sont pleins d'ossements demorts et de toute espèce d'impuretés.»

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

maqei'n aujth'" ta; aJmarthvmata. [Ontw" ga;r megavlh" sofiva" deovmeqa

pro;" to; maqei'n hJmw'n ta; aJmarthvmata, o[ntw" megavlwn ojfqalmw'n: tiv tou'

Daui;d sunetwvteron … kai; oujk hjdunhvqh sunidei'n th;n aJmartivan, oujk

hjdunhvqh katidei'n, ajll j ejdehvqh profhvtou tou' dhlou'nto" aujthvn. Ouj ga;r

ou{tw pro;" to; aJmartei'n sfodro;" oJ diavbolo" wJ" pro;" to; mh; sunidei'n to;5

aJmavrthma i{na ejpimevnwmen aJmartavnonte".

ppppeeee BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: jEpiklhvsei" ejn tw/' poluandrivw/ poioumevnh

daimovnwn. JW" ojrgizovmeno" de; Qeo;" pro;" e{teron ajpostrevfei to;n lovgon.

Kai; jWshe; de; fhsi;n oJ profhvth" « jWlovluzon ejpi; tai'" koivtai" aujtw'n »,

o{per jAkuvla" kai; Suvmmaco" « ajselgw'" ejlavlhsan » ejxevdwkan, povrnou"10

aujtou;" ei\nai shmaivnonte".

ppppeeee jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu ddddiiiiaaaakkkkoooovv vvnnnnoooouuuu:::: jOloluvzousin aiJ qhlei'ai kuvne" eij" mivxin

tou;" a[rrena" prokalouvmenai. Tou'to ou\n fhsin pevponqen ejn skoteiva/

yuch'" tou;" ajkaqavrtou" prokaloumevnh daivmona".

pppp²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Oujde; wJ" aJmartavnousa oujde; wJ" klevptousa,15

ajlla; met j ajdeiva", meta; pollh'" plhsmonh'". {Udata ejrhvmou tiv fhsi …

th;n ajsevbeian, th;n eijdwlolatreivan.

pppp ²²²² jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: {Udata ejrhvmou aiJ poluvtropoi kai; a[karpoi th'"

kakiva" oJdoiv.

ppppzzzz TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Kata; de; tou;" loipouv": « ei{lkusen a[nemon ».20

Pneu'ma ga;r ejpispasavmenoi to; ajkavqarton ejmataiwvqhsan. [Hgoun a{per

3 oujk1 — aJmartivan CV O : om. P || 4 dhlou'nto" C OP : dhlwvsonto" V || 7 presbutevrou CV O :om. P || 8 Qeo;" CV O : Qew/' P || 1 2 diakovnou CV : om. OP || 1 5 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou'Crusostovmou V Tou' aujtou' P || Tou' — 17 eijdwlolatreivan : hoc comm. post sequentem transp.V || klevptousa CV P : klevptou O || 1 7 eijdwlolatreivan CV P : eijdwlololatreivan O || 1 8 p ²VOP : pz C || 2 0 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V Tou' aujtou' P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

Saint Jean : C’est comme à une femme ivre et qui ne sait pas ce qu’elle a fait

qu’il s’adresse. Il s’efforce partout de faire en sorte qu’elle se rende compte de ses

péchés. En effet, nous avons réellement besoin d’une grande sagesse pour nous

rendre compte de nos péchés, nous avons réellement besoin de grands yeux.

Qu’est-ce qui est plus sensé que David ? Et il n’a pas pu prendre conscience de

son péché, il n’a pas pu l'observer mais il a eu besoin d’un prophète pour le lui

montrer, car le diable n’est pas aussi fort pour pécher qu’il ne l’est pour ne pas

prendre conscience du péché afin que nous continuions à pécher.

85b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 216 E1-7.

Victor le prêtre : En invoquant des démons dans la foule des mâles. Mais Dieu,

comme s'il se mettait en colère adopte un autre discours. Et le prophète Osée dit :

« Ils hurlaient sur leurs couches »178, ce qu’Aquila et Symmaque ont rendu par :

« Ils ont parlé de manière impudique »179, signifiant qu’il s’agissait de prostitués.

85c codd. : CV OP. Editio : PG 93, 632 B10-14.

Olympiodore le diacre : Les chiennes femelles hurlent lorsqu’elles invitent les

mâles à s’unir à elles. Ainsi donc dit-il : elle a vécu cela dans l’obscurité de son

âme en invitant les démons impurs.

86a codd. : CV OP (post comm. sequentem transp. V). Editio : PG 64, 768

D11-13.

Saint Jean : Non pas comme si elle commettait un péché, non pas comme si elle

commettait un vol, mais dans l’impunité et jusqu’à satiété. Que veut dire eaux du

désert180 ? L’impiété, l’adoration des idoles.

86b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 632 B15-C2.

Olympiodore : Les eaux du désert, ce sont les chemins multiples et sans fruits de

la méchanceté.

87a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 772 A3-7.

Saint Jean : Et selon les autres : « elle a tiré à soi le vent »181. En effet, après

avoir attiré le souffle impur, ils sont devenus futiles. C'est-à-dire, ce que

178 Os 7, 14. | 179 Cette variante est signalée par J. Ziegler d'après la Syro-Hexaplaire et leBarberinianus gr. 549. Sa présence dans la chaîne sur Jérémie n'est pas évoquée. | 180 Il faut noterici la discordance entre le texte biblique donné dans cette chaîne (ejf j u{dati ejrhvmou) et le textebiblique cité dans les extraits 86 et 87a de Jean Chrysostome et d'Olympiodore (u{data ejrhvmou).C'est le texte cité par les Pères qui est conforme au texte majoritaire de la Septante. C'est aussi letexte des deux manuscrits de la chaîne abrégée (L et F). | 181 "Les autres" désignent les traducteursautres que les Septante, et plus précisément les réviseurs Aquila, Symmaque et Théodotion. Lavariante est signalée par J. Ziegler : elle est attribuée à Aquila dans la Syro-Hexaplaire.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

ajkouvein hjbouvleto levgein, oiJ yeudoprofh'tai prosepoiou'nto h] o{ti

mainomevnh" divkhn ejx a[llh" eij" a[llhn ejpiqumivan metevbainen.

ppppzzzz TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: {Udata ajei; th;n didaskalivan kalei' th;n eJautou'

pantacou', ejkei'na de; ta; u{data th;n didaskalivan tw'n eijdwvlwn e[nqa

ejkenofwnei'to. {Ora oujdamou' ejx ajnavgkh", pantacou' ejx u{brew". jEn5

ejpiqumivai" yuch'" aujth'": o{tan kai; met j ejpiqumiva" ta; kaka; pravtth/.

pppphhhh jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: jEnergeiw'n ejplhrou'nto pneumavtwn ajkaqavrtwn.

ppppqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu eeeejj jjppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu KKKKwwwwnnnnssssttttaaaannnnttttiiiinnnnoooouuuuppppoooovv vvlllleeeewwww"""":::: JOra'/" kai;

tou'to pavlin eJtevrw" legovmenon kai; eJtevrw" ginovmenon: oujk ejpestravfh

ou\n, kai; mh;n su; ejpevstreya" aujthvn: kai; oujde; paredevdoto, ajlla; to; mh;10

sumbebhko;" ei\pen i{na ou{tw gou'n ejpistrafh'/.

ppppqqqq jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Proairetikw'" eJauth;n ejpidou'sa.

ppppqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: To;n ga;r mh; boulovmenon qerapeuqh'nai oujdei;" ijavsetai.

±±±± TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Dia; to; prokei'sqai aujtoi'".

±±±±aaaa TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Toutevsti: kateirgasmevnhn dedemevnhn15

paradedomevnhn.

±±±±bbbb TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Pw'" pavlin parainei'" … pw'" pavlin sumbouleuvei" eij

kekhlivdwtai … JOdou;" traceiva" ta; ei[dwla levgei kai; divyo" deiknu;" o{ti

ou[te hJdonh;n to; pra'gma e[cei: poiva ga;r hJdonh; to; quvein uiJou;" kai;

qugatevra" … tiv de; touvtwn tracuvteron tw'n ejpitagmavtwn … poiva de;20

hJdonh; to; porneuvesqai ta;" gunai'ka" aujtw'n kai; moica'sqai … poiva de;

1 yeudoprofh'tai CV O : profh'tai P || 2 mainomevnh" CV P : mevnh" O || 4 e[nqa CV P : ejntau'qaO || 5 ejkenofwnei'to CV : ejkenoforei'to OP || {Ora CV P : om. O || u{brew" CV P : uJbrivsew" O || 7ph — ajkaqavrtwn : hoc comm. om. P || post jOlumpiodwvrou add. diakovnou O || ejplhrou'nto CV :ejplhrou'to O || 8 pq CV : ph OP || Tou' — Kwnstantinoupovlew" O : Tou' aJgivou jIwavnnou C Tou'Crusostovmou V Tou' aujtou' P || 1 2 pq CV : ph OP || post jOlumpiodwvrou add. diakovnou O ||eJauth;n OP : aujth;n CV || 1 3 pq CV O : ± P || 1 4 ± CV O : ±a P || Tou' aujtou' C OP : jOlumpiodwvrou V || prokei'sqai C OP : proskei'sqai V || 1 5 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou'Crusostovmou V jIwavnnou P || 1 6 paradedomevnhn C VP : om. O || 1 7 Tou' aujtou' C OP : Tou'Crusostovmou V || 2 0 tracuvteron CV O : pacuvteron P || 2 1 moica'sqai CV : moiceuvesqai OP

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38

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

précisément elle voulait entendre, les faux prophètes prétendaient le dire182, ou

bien parce que, à la manière d’une folle, elle passait d’un désir à un autre.

87b codd. : CV OP. Editio : PG 64, 772 A8-12.

Le même : C'est l’enseignement, le sien, qu'il appelle toujours et partout "eaux",

mais ces eaux-là, c'est l’enseignement des idoles où elle s’égosillait. Vois que ce

n’est aucunement par nécessité, mais toujours par démesure. Entre les désirs de

son âme : quand précisément elle fait le mal avec désir.

88 codd. : CV O. Editio : PG 93, 632 C2-3.

Olympiodore : Ils étaient pleins des actions des esprits impurs.

89a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 772 A15 – B3.

Saint Jean, évêque de Constantinople : Tu vois que cela encore est dit à

nouveau d'une façon et arrive d'une autre. Elle n’a donc pas été ramenée, et

pourtant tu l’as ramenée. Et elle n’avait pas été livrée, mais il dit183 ce qui n’est

pas arrivé, afin qu’ainsi en tout cas elle soit ramenée.

89b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 632 C4.

Olympiodore : Se livrant elle-même volontairement.

89c codd. : CV OP. Editio : PG 93, 632 C4-5.

Le même : Personne ne guérira en effet celui qui ne veut pas être soigné.

90 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 632 C6-7.

Le même : Parce qu’elle est exposée à leurs regards.

91 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 772 B5-6.

Saint Jean : C’est-à-dire : entravée, liée, livrée.

92 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 772 C11 – D7.

Le même : Pourquoi donnes-tu à nouveau des exhortations ? Pourquoi donnes-tu

à nouveau des conseils si elle reste tachée ? Par chemins raboteux, il veut dire les

idoles, montrant aussi par la soif que la situation ne procure pas de plaisir : quel

plaisir y a-t-il en effet à sacrifier fils et filles ? Qu’est-ce qui est plus raboteux que

182 L'idée est semblable à celle que l'on trouve dans un extrait de Théodoret sur Jr 2, 24 dans lachaîne à deux auteurs. | 183 Aoriste d'analyse textuelle, cf. note 48.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

hJdonh; to; ta; mevllonta proakouvein eijkh'/ kai; mavthn oujde;n wjfeloumevnou"

ajpo; th'" prorrhvsew" … poiva de; hJdonh; tou' katatevmnesqai kai; aiJmavttein

ta;" cei'ra" … poiva de; hJdonh; tou' suggivnesqai ajlovgoi" … Oujde;n

tracuvteron th'" oJdou' tauvth".

±±±±gggg PPPPoooolllluuuuccccrrrroooonnnniiiivv vvoooouuuu:::: Tracei'a pa'sa hJ th'" aJmartiva" oJdo;" h|"5

ajphllagmevno" jIakw;b leiavsei cei'ra" di jh}n oiJ ejn Aijguvptw/ plinqourgei'n

hjnagkavzonto proskommavtwn gevmousan toi'" oJdeuvousin ejn aujth/'. Barutevra

ga;r moluvbdou tugcavnei kai; seirai'" ijdivai" katasfivggei tou;"

ejmpesovnta". jAei; ga;r purou'ntai kai; pevra" oujk e[cousin wJ" a[n ti" ejn

mevqh/ flecqei;" kai; di j w|n e[ti pivnei purouvmeno": o{qen kai; ejphvnegke: kai;10

ajpo; divyou" to;n lavruggav sou, dio; kai; « to;n zugo;n aujtou' crhsto;n kai;

to; fortivon aujtou' ejlafro;n » oJ Cristo;" ei\nai fhsivn. Oujde;n ga;r ajreth'"

basileiovteron pro;" h{n ti" ejpeigovmeno" fhsivn: « jEpivstreyon hJ yuchv

mou eij" th;n ajnavpausivn sou ». Ei[poi" d j a]n kai; ajpo; divyou" nu'n aujto;n

levgein tou' qeivou lovgou.15

±±±±dddd TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Tiv" oujk a]n fuvgh/ tracei'an oJdovn … tiv" oujk

ajpostaivh divyou" … aujth; de; ou[te meta; paraivnesin th;n ajpo; tw'n lovgwn.

Tiv ejstin ajndriou'mai … th'/ filoneikiva/ ejpimenw'.

±±±±eeee BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""":::: To; ajndriou'mai th;n ejn kakoi'" ajnaidh; filoneikivan dhloi':

1 to; V OP : tou' C || eijkh'/ C OP : eij mh; V || 2 tou' C OP : to; V || 3 post cei'ra" add. h] CV || de;OP : om. CV || tou' C P : to; V O || 7 gevmousan CV O : gevmousa P || ejn CV P : iter. O || 8 post ga;radd. te CV non legitur P || kai; OP : om. CV || 1 2 aujtou' CV : eJautou' O non legitur P || oJCristo;" OP : C om. V || post ajreth'" add. toi'" ejpi; CV O || 1 3 basileiovteron C OP :basilikwvteron V || h{n ti" C : h}n tiv" V O non legitur P || fhsivn CV O : levgei P || hJ OP : om.CV || 1 4 nu'n CmgV O : om. C post aujto;n transp. P || 1 5 tou' qeivou lovgou OP : om. CV || 1 6 Tou'aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || fuvgh/ CV O : fuvgoi P || post oujk2 add.a]n O || 1 7 aujth; C P : au{th V O || 1 8 ejpimenw' CV : ejpimevnw O non legitur P || 1 9 post Bivktoro"add. presbutevrou O || ajnaidh; O : ajnaidei' C om. V non legitur P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

ces ordres ? Quel plaisir y a-t-il à ce que leurs femmes se prostituent et

commettent l’adultère ? Quel plaisir y a-t-il à apprendre d’avance les événements

à venir, par hasard et en vain, puisqu’ils ne tirent aucun bénéfice de la

prédiction184 ? Quel plaisir y a-t-il à se couper et à se blesser les mains ? Quel

plaisir y a-t-il à s'unir avec des animaux ? Rien de plus raboteux que ce chemin !

93 codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 217 F6 - 218 A9.

Polychronius : Tout le chemin du péché est raboteux : Jacob, après en avoir été

délivré, lisse ses mains185 ; c’est à cause de ce chemin, plein d’obstacles pour ceux

qui l’empruntent, que ceux qui se trouvaient en Égypte étaient contraints de faire

des briques186. Car il est plus lourd que le plomb et par ses propres cordes

tressées, il enserre ceux qui sont tombés187. Car toujours ils brûlent et n’ont pas de

limites, comme quelqu’un qui a été enflammé par l’ivresse et qui est en feu parce

qu’il continue à boire. Après quoi il a ajouté aussi : et loin de la soif ta gorge.

C’est pourquoi le Christ aussi dit que « son joug est doux et son fardeau léger »188.

Car rien n'est plus royal que la vertu, vers laquelle on se hâte en disant :

« Retourne, mon âme, à ton repos »189 ? Mais tu pourrais dire que par de la soif il

veut dire ici « de la parole divine ».

94 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 772 D7-11.

Saint Jean : Qui ne fuirait pas un chemin raboteux ?190 Qui ne s’éloignerait pas

de la soif ? Mais elle, elle ne le fait pas même après l’exhortation en paroles.

Qu’est-ce que Je serai forte comme un homme ? Je persévérerai dans la jalousie.

95 codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 218 B3-10.

184 C'est l'une des différences fondamentales entre les oracles des païens et les prophéties bibliquespour Jean Chrysostome qui évoque déjà ce problème dans son prologue : « Et il faut que les leurss'accomplissent tandis que les nôtres pas dans tous les cas : en effet, à quoi sert-il pour l’utilité desâmes de faire une prédiction quand ce qui est prophétisé aura lieu de toutes façons sans admettreaucun changement issu de notre liberté ? Car Dieu, lorsqu’il prédit, propose aussi la délivrance desépreuves si nous voulons nous repentir. En effet, c’est là précisément le gain de la prophétie et sion ne change pas, elle arrive vraiment. » (cf. supra p. 4, ll. 1-7) | 185 Cf. Ex 27, 11. | 186 Cf. Ex 5, 7où apparaît le substantif plinqourgivan. | 187 Cf. Prov 5, 22 : « Les crimes prennent l'homme aupiège, par les cordes tressées de ses propres péchés chacun est enserré. » (cf. Les Proverbes, intro.,trad. et notes par D.-M. d'Hamonville, BA 27, Paris 2000, p. 190). | 188 Mt 11, 30. | 189 Ps 114, 7.J'ai choisi de suivre la leçon de P dans ce passage très obscur. | 190 Il faut noter deux irrégularitéssyntaxiques : dans la première interrogative, le subjonctif est accompagné de a[n : il peut s'agir soitde l'expression de l'éventuel dans une indépendante calquée sur le modèle des subordonnées, soitd'un potentiel avec le subjonctif au lieu de l'optatif (cf. problème du même genre dans l'extrait 7bde Jean Chrysostome). J'ai choisi ici de traduire par un potentiel, en particulier à cause de ladeuxième interrogative. La deuxième irrégularité est l'absence de a[n aux côtés de l'optatif de ladeuxième interrogative.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

oJ de; jAkuvla" ejxevdwken « ajpevgnwn sou » h[goun « ajphvlpisa », th;n ejk

Qeou' shmaivnwn ajpovstasin, o{te mhdemivan ejn tai'" sumforai'" para; tw'n

eijdwvlwn ejpikourivan ejpitucou'sa kataiscunqhvsetai kata; to;n tauvthn

hjpathkovta diavbolon, klevpthn ajllotrivwn o[nta yucw'n, h] o{ti th;n mh;

proshvkousan aujth/' latreivan uJfeivleto.5

±±±±²²²² jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: jEmauth;n ajrkw' eij" bohvqeian, ouj devomai tou' Qeou': h]

tou'to levgei o{ti pro;" o} ejnouqetei'to hjndrivzeto eij" th;n parakohvn.

±±±±²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: jEpeidh; pollavki" tw'n timwriw'n tou'to ma'llon

hJma'" qorubei', kai; tou'to tivqhsin o} meta; to;n ejmprhsmo;n gevgonen. Tw'n

ga;r yeudoprofhtw'n ajpatwvntwn aujtou;" eijkh/' kai; fuswvntwn, toujnantivon10

ejxevbh kai; ejgevneto. Kai; gevgonen aijscuvnh megavlh kai; hj/scuvnqhsan oiJ

basilei'" wJ" ouj dunavmenoi prosth'nai, oiJ iJerei'" mh; peiqarchvsante" toi'"

para; Qeou', oiJ profh'tai dia; tou;" mavntei".

±±±±²²²² BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: Pavntwn aujtw'n kaqovlou oJ Qeo;" dia; tou'

profhvtou katayhfivzetai kai; mavlista tw'n ajrcovntwn wJ" oJdhghsavntwn15

aujtou;" eij" ajsebeivan, devon ei\nai kwluvonta" oi} di j ajnaisqhsivan pro;"

livqwn sevba" kai; xuvlwn ejfevronto.

±±±±zzzz TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Tiv tauvth" cei'ron th'" ajnaisqhsiva" … eij ga;r

mh; Qeo;n ejgkatevlipon … tiv tauvth" th'" phrwvsew" calepwvteron … ajlla;

tw'/ xuvlw/ oujk ei\pen, fhsivn, ajlla; tw'/ daivmoni tw'/ to; xuvlon kinou'nti.20

±±±±zzzz QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu KKKKuuuuvv vvrrrroooouuuu:::: Mhde; Mwu>seva ejntrapevnte" levgonta: « Oujk

aujto;" ou|to" sou path;r ejkthvsatov se kai; ejpoivhsevn se kai; e[plasevn se »

3 ejpitucou'sa C : eujrou'sa O ejcou'sa V non legitur P || 6 ±² CV : ±e O P || jEmauth;n C OP :ejmauth'/ V || 7 levgei CV P : levgein O || 8 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou VjIwavnnou P || 1 0 ajpatwvntwn CV : aJpavntwn tw'n O aJpavntwn P || kai; CV O : om. P || 1 3profh'tai CV O : yeudoprofh'tai P || tou;" CV P : tou' O || 1 4 presbutevrou OP : om. CV || 1 8Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || post ajnaisqhsiva" add. mou O ||1 9 post Qeo;n add. mh; P || ejgkatevlipon CV P : ejgkatevleipan O || 2 1 Kuvrou CV O : om. P || 2 2ejkthvsatov CV O : ejktivsatov P || e[plasevn CV P : e[kthsen O

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

Victor : Je serai forte comme un homme montre la jalousie effrontée dans les

actes mauvais. Mais Aquila a rendu par : « j’ai renoncé à toi »191, c’est-à-dire :

« j’ai désespéré », signifiant l’éloignement par rapport à Dieu quand, n’obtenant

aucun secours dans les malheurs auprès des idoles, elle aura honte que le diable,

voleur des âmes d'autrui, l’ait trompée ou de ce qu’il a dérobé l’adoration qui ne

lui convenait pas.

96a codd. : CV OP. Editio : PG 93, 632 C8-10.

Olympiodore : Je me suffis à moi-même pour me sauver, je n’ai pas besoin de

Dieu. Ou bien il veut dire qu’elle se comportait en homme dans la désobéissance

aux avertissements qu'elle recevait.

96b codd. : CV OP. Editio : PG 64, 773 B 9-16.

Saint Jean : Puisque souvent ceci nous trouble plus que les châtiments, il met

aussi ce qui s’est passé après l’incendie. En effet, comme les faux prophètes les

trompaient au hasard et s'enflaient d’orgueil, c’est le contraire qui est advenu et

qui est arrivé. Et il y a eu une grande honte : les rois ont eu honte parce qu’ils

n’étaient pas capables de les défendre, les prêtres parce qu’ils n’avaient pas obéi

aux lois de Dieu, les prophètes à cause des devins.

96c codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 223 C7-11.

Victor le prêtre : Dieu les condamne tous en bloc par l’intermédiaire du

prophète, et surtout les dirigeants parce qu’ils les ont guidés vers l’impiété, alors

qu’ils devaient empêcher ceux qui par insensibilité étaient portés à vénérer les

objets de pierre et de bois.

97a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 773 C3-6.

Saint Jean : Qu’est-ce qui est pire que cette insensibilité ? Si seulement ils

n’avaient pas abandonné Dieu ! Qu’est-ce qui est plus pénible que cette cécité ?

Or il n’a pas parlé au bois, dit-il, mais au démon qui meut le bois. »

97b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 223 D6-9.

Théodoret de Cyr : Parce qu’ils n’ont même pas éprouvé un sentiment de honte

devant Moïse qui disait : « N’est-ce pas lui-même, celui-ci, ton père, qui t’a

191 La variante d'Aquila est signalée par J. Ziegler (p. 158).

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

kai; pw'" o}n ajgaqoi'" eujqhnou'nte" ajpevlipon ejn spavnei tou'ton euJrhvsousin.

±±±±hhhh TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Ceivrwn aJmartiva au{th. Tivna katevlipon … Pw'"

ajpestravfhsan … Sunecw'" aujtw'n levgei ta; aJmarthvmata.

±±±±qqqq TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: JOra'/" o{son ajgaqo;n ta; kaka; o{tan to;n Qeo;n

ejpiginwvskein poih/' … oJra'/" o{ti para; rJa/qumivan hJ plavnh … oJra'/" o{ti para;5

a[noian … oJra'/" o{ti para; ta; a[lla ta; ajnqrwvpina aJmarthvmata …

rrrr TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Pavlin o[neido" o{tan poihtai; tw'n qew'n w\sin. Oujde; ga;r

o{ti ejlavcistoiv eijsin e[cei eijpei'n oujde; ga;r o{ti makravn: kata; ajriqmo;n ga;r

tw'n povlewvn sou h\san oiJ qeoiv sou, jIouvda.

aaaa TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Oujk e[stin eijpei'n o{ti oiJ me;n nai; oiJ de; ou[, i{n j oiJ10

diafeuvgonte" th;n plavnhn toi'" a[lloi" gevnwntai paramuqiva. [Ara oujde;

kalei'n to;n Qeo;n a[xioiv ejsmen ajsebou'nte" oujde; ejn sumforai'" aujto;n

eu[cesqai o{tan ejn ajdeiva/ aujto;n ajgnow'men. Levgei Kuvrio" mh; ga;r ejgw;

levgw aujtov", oJ uJbrisqeiv", oJ pavnta eijdwv".

aaaa jj jjEEEExxxx aaaajjjjnnnneeeeppppiiiiggggrrrraaaavvvvffffoooouuuu:::: Yilw'" ga;r ejdovkoun eu[cesqai tw/' Qew/' ta; tw'n15

eijdwvlwn aiJrouvmenoi: dio; lalia;n aujtw'n ejkavlese th;n eujch;n kata; tov: « JO

lao;" ou|to" toi'" ceivlesiv me tima'/, hJ de; kardiva aujtw'n povrrw ajfevsthken

ajp j ejmou' ».

bbbb QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: jEgw; dev, fhsivn, oujde; tou;" aJmartavnonta" ajnei'lon, ajlla;

1 pw'" o}n ajgaqoi'" CV : pw'swn ajgaqw'n O (sic) posw'n ajgaqw'n P || post ajgaqoi'" add.eujquvnonte" C || eujqhnou'nte" CV : eujquvnonte" OP || ajpevlipon CV P : ajpevleipon O || 2 Tou'aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || katevlipon CV P : katevleipon O || 4Tou' aujtou' C OP : Tou' Crusostovmou V || 5 rJa/qumivan CV O : rJaquqiva P (sic) || oJra'/"2 CV O : om.P || 6 oJra'/" CV O : om. P || ta;2 CV P : om. O || post ajnqrwvpina add. ejlattwvmata C || aJmarthvmataCV : ejlattwvmata OP || 7 Tou' aujtou' C OP : Tou' Crusostovmou V || w\sin CV P : w\nsin O (sic) ||8 ga;r1 CV : om. OP || 9 oiJ qeoiv sou CmgV OP : om. C || 1 0 Tou' aujtou' C OP : Tou' CrusostovmouV || 1 1 diafeuvgonte" CV O : diafugovnte" P || plavnhn CV O : ajplavnhn P || paramuqiva CV O :swthriva P || 1 2 aujto;n C O : aujtw/' V om. P || 1 3 ejn ajdeiva/ CV P : ejnnadei'a O || 1 4 aujtov" OP :om. CV || post oJ2 add. ta; CV || 1 6 ejkavlese ego : ejkavlhse (sic) C OP ejlavlhse V || 1 9 dev CV P :om. O

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

acquis, qui t’a fait et qui t’a façonné ? »192. Et comment trouveront-ils dans le

manque celui qu'ils ont abandonné lorsqu'ils étaient dans l'abondance de biens ?

98 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 773 C8-10.

Saint Jean : Voilà une faute pire. Qui ont-ils abandonné ? Comment se sont-ils

détournés ? Il ne cesse de dire leurs péchés.

99 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 773 C10-13.

Le même : Vois-tu quel grand bien donnent les malheurs quand ils nous mènent à

reconnaître Dieu ? Vois-tu que l’errance est liée à la paresse ? Vois-tu qu’elle est

liée à la sottise ? Vois-tu qu’elle est liée aux autres péchés humains ?193

100 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 773 D3-6.

Le même : Il y a à nouveau reproche quand ils sont des créateurs de dieux. En

effet, il ne peut même pas dire qu’ils sont très peu nombreux ni qu’ils sont loin,

car : aussi nombreux que tes villes étaient tes dieux, Juda.

101a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 773 D9-14.

Le même : Il est impossible de dire : « les uns oui, les autres non », afin que ceux

qui évitent l’errance deviennent un encouragement pour les autres. Nous ne

sommes donc même pas dignes d’appeler Dieu, puisque nous sommes impies, ni

non plus de le prier dans les malheurs, puisque nous l’ignorons dans la sécurité.

Dit le Seigneur : n’est-ce pas moi-même en effet qui parle, moi qui suis outragé,

moi qui sais tout ?

101b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 227 A5-9.

Anonyme : Ils croyaient en effet faire une simple prière à Dieu alors qu’ils

choisissaient le parti des idoles ; c’est pourquoi il a appelé leur prière bavardage

selon < la parole > : « Ce peuple m’honore du bout des lèvres, mais leur cœur se

tient éloigné de moi »194.

102 codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 232 E2-F1.

192 Dt 32, 6. | 193 La ponctuation de cet extrait est très variable et hésitante dans les manuscrits : Cne comporte aucun point d'interrogation ; V comporte un point d'interrogation après poih/' et unpoint d'interrogation après aJmarthvmata ; O comporte un point d'interrogation après a[noian et Pcomporte un point d'interrogation après poih/', un point d'interrogation après plavnh et un pointd'interrogation après a[noian. Les manuscrits de la chaîne abrégée, ne donnant que les deuxpremières phrases de l'extrait, comportent un point d'interrogation après poih/' et un pointd'interrogation après plavnh. J'ai choisi de donner un ton interrogatif aux quatre phrases del'extrait. | 194 Is 29, 13.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

tou;" pai'da", w{ste mh; tw/' qanavtw/ th;n wjfevleian th'" metanoiva"

proanelei'n kai; duvo gevgonen kai; hJ plhgh; caleph; kai; hJ diovrqwsi"

dunathv. jAll j oujk e[dei ta; paidiva ajlla; tou;" ajpatw'nta" kai; tou'to

fhsivn: jEpoivhsa ouj koinw/' qanavtw/ i{na mhv ti" tou'to th/' fuvsei

logivshtai, ajll j ojrgh; Qeou' wJ" levwn ojleqreuouvsh, uJmei'" de; oujde; mevcri5

fovbou paideuvesqe.

gggg TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu eeeejj jjppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu KKKKwwwwnnnnssssttttaaaannnnttttiiiinnnnoooouuuuppppoooovv vvlllleeeewwww"""":::: Tou;"

profhvta": ajll j oujk e[dei ta; paidiva ajlla; tou;" ajpatw'nta" kai; tou'to

ejpoivhsev fhsi kai; oujc aJplw'" oujde; koinw'/ qanavtw/ i{na mhv ti" th'/ fuvsei

tou'to logivshtai, ajll j i{na mavqwsin o{ti ajpo; Qeou' gevgonen hJ ojrghv.10

gggg BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: jEpi; jHliou' tou' profhvtou kai; ejpi; jIhou'

basilevw" tou' jIsrah;l kai; ejpi; jIwsivou basilevw" jIouvda ejf j ou|per ejpoiei'to

th;n profhteivan.

dddd jj jjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: Kaqovlou me;n oujdeni; e[rhmo" Kuvrio" « ajnatevllwn me;n to;n

h{lion ejpi; ponhrou;" kai; ajgaqouv" », oujde; gh' kecerswmevnh « brevcwn ejpi;15

dikaivou" kai; ajdivkou" ». Pw'" e[rhmo" oJ mh; movnhn ajnatevllwn hJmevran,

ajlla; kai; nuvkta dou;" eij" ajnavpausin kai; gh'n karpofovron poiw'n kai; th;n

eJkavstou yuch;n oijkonomw'n pro;" ejpisthvmh" ajnavlhyin ejn tw/' swmatikw/'

gumnazomevnh" aujtou' th'" sunevsew": ijdikw'" de; oujk e[rhmo" tw/' jIsrah;l

tosau'ta di j aujtw'n ejn Aijguvptw/ qaumatourghvsa", ejn kairoi'" de;20

ejgkalei'tai wJ" e[rhmo" aujtoi'" gevgonen oujk w]n aujto;" e[rhmo". Toigarou'n

3 ajpatw'nta" CV OpcP : ajpatw'nta Oac || post ajpatw'nta" add.ajlla; V || 4 tou'to C : om. O postfuvsei transp. V non legitur P || 5 ojleqreuouvsh C P : ojloqreuvsh O ojloqreuvwn V || uJmei'" CV P :hJmei'" O || 7 Tou' — Kwnstantinoupovlew" O : Tou' aJgivou jIwavnnou C Tou' Crusostovmou VjIwavnnou P || 8 ajlla; — 10 ojrghv CmgV OP : om. C || 9 ejpoivhsev CV : ejpoivhsa OP || hoc verbumpost fhsi; transp. P || th'/ fuvsei CV : post tou'to transp. OP || 1 0 ajpo; V OP : ejk C || 1 1presbutevrou OP : om. CV || jIhou' CV O : jHiou' P || 1 2 ejf j ou|per C O : ajf j ou|per V P || 1 5ejpi; ponhrou;" kai; ajgaqouv" CV P : ejpi; ajgaqou;" kai; ponhrouv" O || 1 7 dou;" eij" CV P :douvsh" O || gh'n C OP : th;n V || 2 0 aujtw'n C O : aujto;n V P || ejn Aijguvptw/ CV O : postqaumatourghvsa" transp. P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

Théodoret : Moi, dit-il, je n’ai pas même anéanti les pécheurs, mais leurs enfants,

afin de ne pas anéantir d’avance par la mort le bénéfice du repentir, et il est arrivé

deux choses : le coup < a été > pénible et la correction < est devenue > possible.

Or il ne fallait pas < punir > les petits enfants, mais ceux qui les trompent, et Il dit

ceci : « Je n’ai pas agi par une mort commune, afin que personne ne mette cela au

compte de la nature195, mais la colère de Dieu est comme une lionne destructrice,

or vous n’êtes même pas éduqués au point d’avoir peur. »

103a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 776 A2-6.

Saint Jean, évêque de Constantinople : Les prophètes : or il ne fallait pas

< punir > les petits enfants, mais ceux qui les trompent, et Il a agi, dit-Il, non sans

intention et non par une mort commune, afin que personne ne mette cela au

compte de la nature, mais afin qu’ils apprennent que la colère est venue de Dieu.

103b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 232 F6 - 233 A2.

Victor le prêtre : Sous le prophète Élie196, sous le roi d’Israël Jéhu197 et le roi de

Juda Jôsias198, sous lequel il faisait sa prophétie199.

104a codd. : CV OP. Editio : PG 13, 545 C7-C11 (tantum finis ab Fhsi;n usque

ad dikaivwn) ; E. Klostermann, Die Überlieferung der Jeremiashomilien des

Origenes, Berlin 1897, pp. 85-86.

Origène : D’un point de vue universel, le Seigneur n’est pour personne un

désert, « lui qui fait lever le soleil sur les mauvais et les bons »200 ; Il n’est pas non

plus une terre en friche, « lui qui fait pleuvoir sur les justes et les injustes »201.

Comment serait-Il un désert, lui qui non seulement fait lever le jour mais donne

aussi la nuit pour le repos, rend la terre riche en fruits et pourvoit l’âme de chacun

pour qu'elle reçoive la science, son intelligence s'exerçant dans son corps ? Et

d’un point de vue particulier, Il n’est pas un désert pour Israël, puisqu’Il a

accompli des miracles immenses par eux en Égypte. Or il lui est fait le reproche

d’être devenu un désert pour eux à une époque, alors qu’Il n’était pas un désert.

195 Cette phrase est presque exactement semblable à celle qui constitue l'extrait suivant de JeanChrysostome. | 196 Cf. 3R 18, 40. | 197 Cf. 4R 10, 18-27. | 198 Cf. 4R 23, 19-20. | 199 On retrouve cetteinterprétation dans l'extrait de Théodoret sur Jr 2, 30 dans la chaîne à deux auteurs. | 200 Mt 5, 45.201 Mt 5, 45.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

o{te to;n jIsrah;l ajpestravfh ejxecuvqh hJ cavri" ejpi; ta; e[qnh kai; gevgonen

hJmi'n jIhsou'", oujk e[rhmo" ajlla; plhvrh" oujde; gh' kecerswmevnh ajlla;

karpoforou'sa: « Polla; ga;r ta; tevkna th'" ejrhvmou ma'llon h] th'" ejcouvsh"

to;n a[ndra ». Fhsi;n ou\n ejntreptikw'": « Mh; toi'" eijdwvloi" oJmoivw"

ajnovnhto" aujtoi'" gevgona … ou| dh; cavrin th;n ejmh;n ajpevdrasan despoteivan.5

Kaivtoi kai; ajpostavnte" ejmou' kovsmou kai; dovxh" eJautou;" ajpestevrhsan,

dovxa ga;r « aijwvnio" uJpe;r kefalh'" tw'n dikaivwn ».

dddd TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Toutevsti: mh; a[karpo" … eij ga;r a[karpo",

ajnacwrh'sai aujtou;" ejcrh'n: oujde; ou{tw me;n ou\n, ouj ga;r misqw'/ douleuvein

dei' tw'/ Qew'/.10

dddd jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Mh; oujk ejdwrhsavmhn aujtoi'", fhsivn, pavnta ta; pro;"

zwh;n kai; wjfevleian …

eeee TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: {Ora pavlin uJfeivmenon to;n lovgon.

²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: }O mavlista ejzhvtoun a[nqrwpoi, th;n dovxan. Oujk e[stin

eijpei'n o{ti ajgaqw'n me;n ajpolauvomen, ejn ajtimiva/ de; h[mhn. {Wsper th'/15

nuvmfh/ kovsmo", ou{tw" kajgw; tw'/ law'/ w{ste duvskolon h\n to; ejpilaqevsqai.

zzzz BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: JH ajgavph ejx ejpithdeuvsew" ojrqou' bivou

prosgivnetai. Tiv ou\n toiou'ton uJmi'n … kai; ajgaphvsw uJma'" …

zzzz jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Yuch; ajfistamevnh ajpo; tou' ajlhqinou' Qeou', oujk

ajnecomevnh ei\nai a[qeo", qeou;" eJauth/' tou;" mh; o[nta" peripoiei'tai20

ejnteu'qen eJauth/' paravklhsin peripoioumevnh. Oujc ou{tw" ou\n, fhsivn,

toutevstin: ouj dunato;n ei\nai ejk tw'n yeudwnuvmwn qew'n th/' yuch/'

5 gevgona V OP : gevgogona C (sic) || 8 d — 10 Qew'/ : hoc comm. om. V || Tou' aJgivou jIwavnnou CO : jOlumpiodwvrou P || 1 0 dei' tw'/ Qew'/ C O : Qew/' dei' P || 1 1 d — 12 wjfevleian : hoc comm.om. V || 1 3 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || uJfeivmenon CV O :uJfistavmenon P || 1 4 Tou' aujtou' C OP : Tou' Crusostovmou V || 1 5 ajpolauvomen CV :ajpelauvomen O ajpelavbomen P || h[mhn CV P : hJmhn O (sic) || 1 7 presbutevrou OP : om. CV || 1 8prosgivnetai Cpc OP : givgnetai CacV || 2 2 th/' yuch/' CV O : om. P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

Ainsi donc, quand la grâce s’est détournée d’Israël pour se déverser sur les nations

et que Jésus est né pour nous, Il n’était pas un désert, mais une terre pleine, Il

n’était pas une terre en friche, mais une terre riche en fruits, « car les enfants de la

stérile202 sont plus nombreux que ceux de la femme qui a un mari »203. Il dit donc

de manière à provoquer un sentiment de honte : « Suis-je devenu vain pour eux

comme les idoles ? C’est pourquoi ils ont fui ma domination. Parce qu’ils étaient

éloignés de moi, ils se sont privés de ma parure et de ma gloire, car ma gloire « est

éternelle sur la tête des justes »204.

104b codd. : C OP. Editio : PG 64, 776 A14 – B1.

Saint Jean : C’est-à-dire : suis-je sans fruit ? Car s’il était sans fruit, il fallait

qu’eux s’en éloignent. Et encore pas même dans ce cas-là, car il ne faut pas servir

Dieu pour un salaire.

104c codd. : C OP. Editio : PG 93, 632 C11-13.

Olympiodore : Est-ce que je ne leur ai pas donné, dit-il, tout le nécessaire pour

vivre et en tirer profit ?

105 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 776 B4.

Saint Jean : Remarque que le discours est s'adoucit à nouveau.

106 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 776 B5-8.

Le même : Ce que les hommes recherchaient surtout, c'est la gloire. Il n’est pas

possible de dire : nous jouissons des biens, mais je me trouvais dans le

déshonneur205. « Comme une parure pour la fiancée, ainsi étais-je moi pour le

peuple, de telle sorte qu’il était difficile de m’oublier. »

107a codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 249 A3-6.

Victor le prêtre : L’amour naît de la pratique d’une vie droite. Qu'en est-il donc

pour vous ? Et pourtant je vous aimerai ?

107b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 632 C14-D5.

Olympiodore : Une âme qui s’éloigne du vrai Dieu, parce qu’elle ne supporte pas

d’être sans dieu, se procure des dieux qui n’en sont pas et par là, se procure une

consolation. Pas de cette manière, dit-il alors, c’est-à-dire : il n’est pas possible

202 "Stérile" traduit le terme e[rhmo" appliqué à une femme. Il est employé quelques lignes plushaut pour une terre et est alors traduit par "désert". Il est difficile de rendre en français l'écho entreles deux occurrences du mot. | 203 Is 54, 1. | 204 Cf. Is 35, 10 et Is 61, 7. | 205 Le décalage entre lestemps (présent, puis imparfait) et entre les personnes (première du pluriel, puis première dusingulier) rend la phrase un peu abrupte. L'abrégé simplifie à nouveau les choses en harmonisantles deux propositions à l'imparfait et à la première personne du pluriel : « nous profitions desbiens, mais nous étions dans le déshonneur » (cf. éd. chaîne abrégée, p. 16, ll. 11-12).

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

paravklhsin.

hhhh TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Toutevstin: spoudh;n e[qou tauvthn: w{sper

filoneikou'sa kai; ejpithdeuvousa ajkavqarto" genevsqai, ou{tw pavnta

pepoivhka". Au{th toivnun spoudh;n e[sce toiauvthn: tiv toiou'ton su; peri;

aujth'" kai; tiv pavnta ta; a[lla paralipwvn … {Ora poi'on tivqhsin ejn cersiv5

sou euJrevqh ai{mata yucw'n ajqw/vwn.

hhhh QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu KKKKuuuuvv vvrrrroooouuuu:::: Toutevstin: ajkavqarto" genevsqai filoneivkw"

ejspouvdaze". Ouj ga;r lavqra kai; ejn sphlaivoi" ajll j ejn uJyhloi'" ejpi; drui?,

h[goun: wJ" oiJ toicwruvcoi lavqra drw'sin ajll j eujsebou'sa prodhvlw": kai;

wJ" mhde;n ajdikou'sa to;n ejmo;n ajxioi'" ajpostrafh'nai qumo;n o{per10

aijtiwmevnh" ejsti; Qeo;n wJ" ouj dikaivw" paideuvonta. To; de; mh; tw'n

ajdikhmavtwn aijsqavnesqai kai; pro;" th;n krivsin ajsuvggnwston.

qqqq TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Tou'to kai; jIezekihvl fhsi: « Tou'to uJpe;r pa'san

th;n ponhrivan sou », o{ti tou;" uiJou;" e[quon kai; th;n fuvsin ejxepolevmwsan

pro;" eJautouv". Oujde;n oujdevpw levgw o{ti daivmosin ajll j o{ti mhde;n e[conte"15

ejgkalei'n. Kai; to; deino;n oujde; lavqra oujde; novmw/ lh/steiva", ajlla; trovpw/

eujsebeiva" ejdra'to ta; deinav, ejpi; proschvmati aJgisteiva" miaifonivai

ejtolmw'nto.

qqqq QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu KKKKuuuuvv vvrrrroooouuuu:::: Deivknusin wJ" eijdwlolatrou'nte" oujde; tw'n

tevknwn ejfeivdonto, kaqav fhsi kai; Dauivd: « Kai; e[qusan tou;" uiJou;" aujtw'n20

kai; ta;" qugatevra" aujtw'n toi'" daimonivoi" kai; ejxevceon ai|ma ajqwv/wn kai;

ta; eJpovmena ».

iiii TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Oujdei;" tovpo" h\n kaqaro;" touvtwn tw'n tolmhmavtwn kai;

to; pavntwn calepwvteron meta; tau'ta pavnta fhsivn: Ei\pa": « ajqw'ov"

1 ante paravklhsin add. th;n P || 2 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P ||7 filoneivkw" CV O : filovneiko" P || 1 3 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou VjIwavnnou P || 1 5 o{ti1 CV O : om. P || 1 8 ejtolmw'nto C OP : ejtelou'nto V || 1 9 q C O : q i P || q— 22 eJpovmena : hoc comm. om. V || 2 0 kaqav C P : kaqavper O || 2 1 ejxevceon C O : ejxevcean P ||ajqwv/wn C O : ajqw/'on P || 2 3 Tou' aujtou' C OP : Qeodwrhvtou Kuvrou V || touvtwn CV P : touvtw O ||2 4 Ei\pa" C OP : om. V

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

qu’il y ait une consolation pour l’âme de la part des dieux mensongers.

108a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 776 D6-11.

Saint Jean : C’est-à-dire : tu as fait cet effort ; tu as tout fait comme si tu étais

jalouse et t’appliquais à devenir impure. Elle certes montrait un tel effort : qu’as-

tu fait toi de tel pour elle ? Et qu'< as-tu fait > après avoir abandonné tout le

reste ? Vois comment il met : Sur tes mains, ont été trouvées des traces de sang de

personnes innocentes.

108b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 249 C3-10.

Théodoret : C’est-à-dire : tu t’es efforcée jalousement de devenir impure. Car ce

n’est pas en cachette et dans des grottes mais dans des lieux élevés, sur un chêne,

c’est-à-dire < non pas > comme les cambrioleurs qui agissent en cachette, mais

ouvertement comme si tu étais pieuse ; et sous prétexte que tu ne commets aucune

injustice, tu juges digne que ma fureur se détourne, ce qui revient à accuser Dieu

de ne pas éduquer avec justice. Or le fait de ne pas se rendre compte de ses

injustices est impardonnable du point de vue du jugement.

109a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 776 D13 – 777 A5.

Saint Jean : Cela, Ézéchiel aussi le dit : « Cela dépasse toute ta méchanceté »206,

parce qu’ils sacrifiaient leurs fils et ont dressé leur parenté contre eux-mêmes207.

Je ne dis rien encore < en disant > : < ils sacrifiaient aux démons >, mais < il faut

dire > : < ils sacrifiaient > alors qu'ils n'avaient aucun reproche à faire208. Et le

pire, c’est que ce n’est pas même en cachette ni à la façon d’un larcin, mais à la

manière d’une action pieuse que les horreurs étaient commises ; ils osaient

< perpétrer > les souillures des meurtres sous prétexte d’un culte.

109b codd. : C OP. Editio : PG 81, 516 A12-B1.

Théodoret de Cyr : Il montre qu’en adorant les idoles, ils n’épargnaient pas

même leurs enfants, comme le dit aussi David : « Et ils sacrifièrent leurs fils et

leurs filles aux démons et ils versaient le sang d’innocents etc. »209

110a codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 249 E1-3.

Le même : Aucun lieu n'était pur de ces audaces et, ce qui est plus pénible que

206 Cf. Ez 16, 22. | 207 Cf. aussi Jean Chrysostome, Adversus Judaeos 3, 3 ; 6, 2 et 8, 7. | 208 Le sensde cette phrase est particulièrement difficile à cause de l'aspect très elliptique de la syntaxe. | 209 Ps105, 37.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

eijmi ».

iiii BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""":::: Pro;" ga;r toi'" a[lloi" miavsmasi toi'" tw'n deisidaimovnwn

oi|on a[lsesin uJyhloi'" Baval kai; toi'" oJmoivoi", e[ti kai; trumalia;"

ejpethvdeusan kai; ojruvgmata sebavsmato" trovpw/, wJ" ejn toi'" ajpo; jIhsou'

e{w" tw'n crovnwn tw'n basilevwn meta; tou;" krita;" e[stin euJrei'n soi5

zhthvsanti.

iiii jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Oujde; lavqra, fhsivn, ajll j ejf j uJyhlou', toutevsti

fanerw'", aJmartavnousin.

iiiiaaaa TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu eeeejj jjppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu KKKKwwwwnnnnssssttttaaaannnnttttiiiinnnnoooouuuuppppoooovv vvlllleeeewwww"""":::: To;

ajnaivscunton to; peri; ta; aJmarthvmata o} mavlista tou' Qeou' th;n ojrgh;n10

ejkkaivein duvnatai, to; mhde; ejpiginwvskein ta; eJautw'n plhmmelhvmata.

iiiiaaaa jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Devon ejxomologei'sqai ta;" aJrmativa" kai;

ajnaiscuntei'" tauvta" ajrnouvmeno" …

iiiibbbb TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Tiv levgei": mavthn ojrgivzomai, eijkh'/ calepaivnw.

Oujkou'n ajpologou'mai uJpe;r ejmautou' o{ti Jkatefrovnhsa sfovdra j.15

iiiigggg TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: JW" eij mh; tou'to prosevqhka" oujk a]n ejkrivqhn. JOra'/" o{ti

tou'tov ejsti to; poiou'n me katadikavzein se kai; katayhfiei'n sou: suv me

katevsthsa" eij" th;n ajnavgkhn tauvthn, su; th'" divkh" ai[tio" gegovna", su;

th;n kathgorivan tauvthn krivnei". {Ina ajpologhvswmai uJpe;r ejmautou' tou;"

makrou;" touvtou" ajpoteivnei" lovgou". Kai; oujk ei\pe Jkathgorw' sou, j ajlla;20

krivnomai pro;" se; ejmautou' proi?stamai, ejmautw'/ sundikw', w{ste oujd j a]n

ejkrivqhn ouj movnon oujk a]n kathgovrhsa eij mh; tou'to e[lege", ejpeidhv me

uJpeuvqunon ejgklhvmati bouvlei poih'sai.

iiiigggg jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Eij di j a[llou profhvtou prostavttei levgein ta;"

aJmartiva" i{na dikaiwqh' ti". Luvei ga;r ti" dia; th'" ejxomologhvsew" to;25

ptai'sma. [Atopo" pavlin oJ levgwn ajlla; ajqw'/ov" eijmi, ajpostrafhvtw aujtou' oJ

qumo;" ajp j ejmou'. jEpavgei ga;r to;: ijdou; ejgw; krivnomai pro;" se ejn tw/'

2 Bivktoro" CV : om. OP || 4 jIhsou' CV P : JHisou' O || 9 ia V OP : i C || Tou' —Kwnstantinoupovlew" O : Tou' aJgivou jIwavnnou C Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 1 0mavlista CV O : ma'llon P || tou' Qeou' CV P : post ojrgh;n transp. O || 1 1 ta; eJautw'n CV : touvtwnOP || 1 4 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || post ojrgivzomai add. h] V ||eijkh'/ C OP : om. V || 1 5 sfovdra C O : katefrovnhsa" V non legitur P || 1 6 Tou' aujtou' C P : Tou'aJgivou jIwavnnou O Tou' Crusostovmou V || 1 7 katayhfiei'n sou CV : katayhfivzesqai OP ||1 9 krivnei" CV : krinei'" O non legitur P || 2 3 ejgklhvmati CV : ejgklhvmasin OP || 2 4jOlumpiodwvrou CV : om. OP || 2 5 ti"1 C OP : tiv" V || 2 7 ajp j ejmou' CV O : post aujtou' transp. P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

tout, il le dit après tout cela : Tu as dit : « je suis innocent ».

110b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 249 E4 - 250 A2.

Victor : En effet, en plus des autres souillures des superstitieux, comme les bois

élevés de Baal et les choses de ce genre, ils se sont encore affairés à faire des trous

et des fosses en guise de culte, comme il est possible d'en trouver si tu as cherché

dans les livres qui vont de Josué jusqu’aux temps des Rois après les Juges210.

110c codd. : CV OP. Editio : PG 93, 632 D6-8.

Olympiodore : Ce n’est pas en cachette qu’ils pèchent, dit-il, mais sur un lieu

élevé, c’est-à-dire ouvertement.

111a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 777 A7-9.

Saint Jean évêque de Constantinople : C’est l'absence de honte pour ses péchés

qui peut surtout enflammer la colère de Dieu, le fait de ne pas même reconnaître

ses propres fautes.

111b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 632 D9-10.

Olympiodore : Alors qu'il faut avouer ses péchés, tu n'as pas honte encore de nier

ceux-ci ?

112 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 777 A11-13.

Saint Jean : Pourquoi dis-tu : c’est en vain que je me mets en colère, au hasard

que je m’irrite ? Eh bien donc, je me défends de ce que "j’ai vraiment dédaigné".

113a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 777 B1-11.

Le même : Parce que, si tu n’avais pas ajouté cela, je ne serais pas entré en

jugement. Tu vois que c’est cela qui me fait te juger et te condamner : c’est toi qui

m’as poussé à cette nécessité, c’est toi qui est cause du procès, toi qui décides

cette condamnation. Afin que je me défende moi-même, tu prolonges ces longs

discours. Et Il n’a pas dit : "je te condamne", mais j'entre en jugement contre toi,

je me protège, je plaide pour moi, de telle sorte que non seulement je ne t’aurais

pas condamnée si tu n’avais pas dit cela – puisque tu veux me rendre responsable

du grief – mais je ne serais pas entré en jugement contre toi.

210 Il est difficile de repérer à quels trous ou quelles fosses il est fait référence ici.

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46

Chaîne intégrale à auteurs multiples

levgein se: « oujc h{marton ». Pantacou' ga;r dei' to;n ptaivsanta

qerapeuvein th/' ejxomologhvsei to; aJmavrthma.

iiiidddd TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Oujde; ejpi; toi'" protevroi" se eujquvnw nu'n

aJmarthvmasi: toi'" aujtoi'" ejpevqou pavlin kai; oujde; tou'to e[gklhma a]n

ejqevmhn, eij mh; pavlin toi'" aujtoi'" ejpeceivrei" oujk ejk tou' nika'sqai5

pavqesi, ajll j ejk tou' rJa/qumei'n. JOra'/" o{ti ouj tou'tov ejsti to; paroxuvnai to;n

Qeo;n to; aJmartavnein, ajlla; to; toi'" aujtoi'" peripivptein kai;

katafronou'nta" peripivptein ejpei; kai; hJma'" tou'to pavlin paroxuvnein

ei[wqen.

iiiidddd QQQQeeeeooooffffiiiivv vvlllloooouuuu aaaajjjjrrrrcccciiiieeeeppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu jjjjAAAAlllleeeexxxxaaaannnnddddrrrriiiivv vvaaaa"""":::: Deutevra ga;r aJmartiva th'"10

protevra" hJ a[rnhsi" tw/' aJmarthvsanti th;n i[asin ajpokleivousa.

iiiidddd jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Ou{tw" ejn katafronhvsei e[sce" kai; ajfovbw" pravttei"

ta; kaka; wJ" kai; toi'" fqavsasin e{tera prostiqevnai.

iiiieeee TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: [Htoi ajgnwmonhsavntwn ejkeivnwn h[toi ajsqenw'n

ajpodeicqevntwn kai; tou' Pevrsou krathvsanto".15

iiii²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Ou|to" ga;r tw'n penqouvntwn oJ trovpo" ejsti;n o{tan

ajnhvnuta qrhnou'sin.

1 ptaivsanta CV P : paivsanta O || 3 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnouP || se CmgV OP : om. C || 4 a]n ejqevmhn CV : ajneqevmhn O non legitur P || 5 post ejpeceivrei" add.kai; ejpeceivrei" OP || 7 to; toi'" CV P : touvtoi" O || 8 peripivptein OP : om. C kai;katafronou'nta" peripivptein Cmg mh; ejpistrevfesqai V || 1 0 ante Qeofivlou add. Tou' aJgivouO || ajrciepiskovpou CV O : ejpiskovpou P || 1 4 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou VjIwavnnou P || 1 6 Tou' — 17 qrhnou'sin : hoc comm. om. V || Ou|to" C O : Ou{tw" P

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46

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

113b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 632 D12 – 633 A5.

Olympiodore : Puisqu’Il prescrit par un autre prophète211 de dire les péchés afin

d’être justifié. En effet, on absout le faux pas par l’aveu. Absurde à nouveau celui

qui dit : Eh bien ! je suis innocent, que sa fureur se détourne de moi. En effet, Il

ajoute : Voilà, moi j'entre en jugement contre toi, quand tu dis : « je n’ai pas

péché ». Partout en effet, il faut que celui qui a fait un faux pas guérisse le péché

par l’aveu.

114a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 777 B14 – C 6.

Saint Jean : Ce n’est pas pour tes péchés passés que je te demande des comptes

aujourd’hui : tu as récidivé encore et je n’aurais pas même avancé ce grief, si tu ne

te livrais à nouveau aux mêmes passions, non pas parce que tu as été vaincu, mais

à cause de ta négligence. Tu vois que ce n’est pas de pécher qui irrite Dieu, mais

de tomber dans les mêmes péchés en dédaignant cette chute, puisque cela nous

irrite nous aussi habituellement.

114b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 255 D6-8.

Théophile, archevêque d’Alexandrie : En effet, le deuxième péché, c’est le

reniement du premier, qui exclut la guérison du pécheur.

114c codd. : CV OP. Editio : PG 93, 633 A6-9.

Olympiodore : Tu est restée ainsi dans le mépris et tu fais le mal sans crainte, de

telle sorte que tu ajoutes d’autres méfaits aux précédents.

115 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 777 C9-10.

Saint Jean : Soit parce que ceux-là ont fait preuve d'ignorance, soit parce qu’ils

se sont montrés faibles et que le Perse a été victorieux.

116a codd. : C OP. Editio : PG 64, 777 D6-7.

Le même : C’est en effet l’attitude de ceux qui sont dans le deuil quand ils se

lamentent en vain.

116b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 255 E4 - 256 A2.

Victor : Avec les mains sur la tête, comme pour une femme qui se lamente,

comme Thamar après la prostitution d’Amôn212. Et l’idolâtrie de Jérusalem est

211 Cf. Is 43, 26. | 212 Cf. 2R 13, 19.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

iiii²²²² BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: To; de; ta;" cei'ra" e[conte" ejpi; kefalh'" wJ"

ejpi; qrhnouvsh" gunaiko;" wJ" hJ Qavmar meta; th;n porneivan jAmmwvn.

Porneiva de; kai; th'" jIerousalh;m hJ eijdwlolatreiva. Th;n ejlpivda toivnun h}n

ei[ce" ejp j Ai[gupton ajpwvsato Kuvrio".

iiiizzzz TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Ouj th'" tw'n Aijguptivwn h] jAssurivwn5

ajgnwmosuvnh" ajlla; th'" tou' Qeou' ejgkataleivyew" to; pa'n gevgone.

Toutevsti: ta; ajgaqav sou, th;n prosdokivan sou ajpwvsato. JH ejlpi;" aujth'"

Aijguvptioi h\san: ajpwvsato aujth;n oJ Qeo;" kai; oujk eujodwvqh. Dia; tiv … o{ti

oujk ejp j ajsfavleian h[lpisen: « jEpikatavrato" a[nqrwpo" oJ ejlpivzwn ejp j

a[nqrwpon ». JOra'/" pw'" ta; pavnta poiei' eij" ajnavgkhn kaqista;" aujtou;"10

tou' ejlpivsai ejp j aujtovn, oiJ de; ouj prosei'con oujde; ejpeivsqhsan.

iiiihhhh TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Tiv bouvletai to; uJpovdeigma e}n prw'ton kai; mevga … o{ti

o{per ajnh;r oujk ajnevcetai, tou'to hjnescovmhn ejgwv: gignomevnoi" uJma'"

ajndravsin eJtevroi", pavlin ejkavloun, pavlin ejdecovmhn. Kaivtoi ejkei' tou'

ajndrov" ejstin hJ ajpostolh; aujtou' misou'nto", ejntau'qa de; oujci; tou' ajndro;"15

ajlla; th'" gunaiko;" w{ste oujde; i[son to; uJpovdeigma: ouj ga;r aujto;" aujth;n

ejxapevsteilen, ajll j aujth; aujto;n ejgkatevlipen.

iiiihhhh BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: Sunh'fqai ga;r daivmosin ou}" J poimevna" j

levgei, pollou;" o[nta" para; to;n e{na « kalo;n poimevna to;n tiqevnta th;n

yuch;n aujtou' uJpe;r tw'n probavtwn ». Pw'" ou\n, fhsi, ejpistrevfei" prov" me,20

tou' novmou th;n ajpoluqei'san gunai'ka kai; genomevnhn ajndri; eJtevrw/ pavlin

dromh'sai kwluvonto" … Oujk ajnairei' de; metavnoian, uJpomimnh/vskei de; tou'

novmou: wJ" ga;r nomoqevth" pavlin dia; tou' th'" metanoiva" novmou kalei'.

Oujc o{moion de; katav ti to; paravdeigma: ouj ga;r aujto;" aujth;n

ejxapevsteilen, aujth; de; ajpevsth: kata; ga;r to;n JHsaivan: « Poi'on to;25

biblivon tou' ajpostasivou th'" mhtrov" sou … h] tivni uJpovcrew" w]n pevpraka

aujthvn … »

1 presbutevrou OP : om. CV || 5 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 8oJ Qeo;" C OP : om. V || Dia; tiv CmgV OP : om. C || 1 0 ta; CV : om. OP || 1 1 ouj CV P : oujde; O ||1 2 Tou' aujtou' C OP : Tou' Crusostovmou V || 1 3 uJma'" C O : uJmi'n V P || 1 5 ajpostolh; CV :ejxapostolh; OP || 1 7 ejgkatevlipen CV P : ejgkatevleipen O || 1 8 Sunh'fqai CV O : sunhvfqh P ||1 9 levgei pollou;" o[nta" CV O : o[nta" pollou;" levgei P || 2 1 pavlin dromh'sai C O :palindromh'sai V P || 2 5 to; V O : tou'to CP || 2 6 tou' CV O : om. P || h] V : hj C hJ O h| P || tivniCV : tini OP || w]n CV P : w}n O (sic)

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47

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

aussi une prostitution. L’espérance pourtant que tu avais dans l’Égypte, le

Seigneur l’a repoussée.

117 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 777 C11 – D4.

Saint Jean : Ce n’est pas à cause de l'ignorance des Égyptiens ou des Assyriens,

mais parce qu'ils ont abandonné Dieu, que tout est arrivé. C’est-à-dire : Il a

repoussé tes biens, ton attente. Son espérance, c’étaient les Égyptiens : Dieu l’a

repoussée et elle n'a pas eu de succès. Pourquoi ? Parce qu’elle n’a pas gardé

espoir dans sa sécurité : « Maudit soit l’homme qui met son espoir en

l’homme »213. Tu vois comment Il met tout en oeuvre pour les contraindre à

espérer en lui, mais eux ne prêtaient pas attention et ne se sont pas laissés

convaincre.

118a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 780 A6-13.

Le même : Que veut dire ce premier, unique et long exemple ? Que ce que

précisément un homme ne supporte pas, moi je le supportais : quand vous aviez

d’autres maris, je vous appelais encore, je vous recevais encore. Or là, le renvoi

vient du mari qui éprouve, lui, de la haine, tandis qu'ici cela ne vient pas du mari,

mais de la femme, si bien que l’exemple n’est même pas équivalent, car ce n'est

pas lui qui l'a renvoyée, mais c’est elle qui l’a quitté.

118b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 262 D2-E3.

Victor le prêtre : Car < il dit > qu'il s’est uni aux démons, qu’il appelle "bergers"

et qui sont nombreux en comparaison de l’unique « bon berger qui a donné sa vie

pour ses brebis »214. Ainsi donc, dit-il, comment reviens-tu vers moi quand la loi

interdit à la femme répudiée, qui a appartenu à un autre mari, de revenir sur ses

pas215 ? Et il n’anéantit pas le repentir, mais il mentionne la loi : en effet, comme

un législateur, il renouvelle son appel par la loi du repentir. Et l’exemple n’est pas

identique sur un point, car ce n’est pas lui qui l’a renvoyée, mais elle qui est

partie, car selon Isaïe : « Quelle est la lettre de divorce de ta mère ? À qui l’ai-je

vendue, quand j’étais criblé de dettes ? »216

213 Jr 17, 5. | 214 Jn 10, 11. | 215 Cf. Dt 24,1-4. | 216 Is 50, 1.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

iiiiqqqq jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: ]H yeudodidaskavloi" h] kai; toi'" ajkaqavrtoi"

daivmosin.

kkkk TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: {Ora: aujth;n mavrtura kalei'tai oijkeivwn

aJmarthmavtwn, aujth;n poiei'tai kathvgoron. Pavlin ejbova, fhsiv: pa'sa oJdo;"

kathgorei', ijdev: pou' oujk ejxefuvrh" … JOra'/" pw'" poiei'tai safestevra" ta;"5

ajpodeivxei" kai; tovte ejpavgei th;n divkhn.

kkkk TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu QQQQeeeeooooffffiiiivv vvlllloooouuuu eeeejj jjppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu jjjjAAAAlllleeeexxxxaaaannnnddddrrrreeeeiiiivv vvaaaa"""":::: jAnavnhyon, ojrqa;

blevyon, sauth;n divkason.

kkkk BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: jAmhvcanon ga;r ejpignw'nai ta; i[dia

ptaivsmata mh; tou;" ojfqalmou;" eij" eujqei'an ejpaivronta kai; skoliw'n10

pausavmenon logismw'n.

kkkkaaaa TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu KKKKwwwwnnnnssssttttaaaattttiiiinnnnoooouuuuppppoooovv vvlllleeeewwww"""":::: jEntau'qa bouvletai dei'xai

th;n pollh;n peri; ta; aJmarthvmata spoudh;n o{ti meta; pollh'" th'"

proqumiva" tau'ta eijrgavzeto.

kkkkbbbb TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu QQQQeeeeooooffffiiiivv vvlllloooouuuu eeeejj jjppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu jjjjAAAAlllleeeexxxxaaaannnnddddrrrreeeeiiiivv vvaaaa"""":::: JO kovrax ejxelqw;n ejk15

th'" kibwtou' oujc uJpevstreyen, gh'" ejrw'n kai; nekrw'n swmavtwn: kai; suv,

fhsivn, taujto; tou'to pevponqa" pro;" Qeo;n oujc uJpostrevfousa. [[ [[AAAAllllllllwwww""""::::

Filovtekno" ei\nai levgetai hJ korwvnh: prolevgei ou\n oJ lovgo" th'"

filovpaido" jIerousalh;m th;n ejrhmivan.

kkkkgggg TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Kai; mh;n ajpo; aJmarthmavtwn oujk a[n pote20

3 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || kalei'tai CV O : kalei' tw'n P ||7 Tou' — jAlexandreiva" CV O : Qeofivlou ejpiskovpou P || ejpiskovpou C P : ajrciepiskovpou O om.V || 8 sauth;n P : sauth'/ CV sauth; O (sic) || 1 0 ejpaivronta CV O : ai[ronta P || 1 1 pausavmenonCV P : pausamevnwn O || 1 2 Tou' — Kwnstatinoupovlew" C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P|| Kwnstatinoupovlew" O : om. C || dei'xai Cmg OP : om. CV || 1 3 th'" CV O : hJge h'" P (sic) || 1 5Tou' — jAlexandreiva" CV O : Qeofivlou ejpiskovpou P || aJgivou C O : om. V || 1 7 pro;" Qeo;n CmgVOP : om. C || 1 9 filovpaido" C P : filopaidiva" O cp. V || 2 0 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou'Crusostovmou V jIwavnnou P || post ajpo; add. tw'n O

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

119 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 633 A13-15.

Olympiodore : Soit à de faux maîtres, soit même aux démons impurs.

120a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 780 C14-D3.

Saint Jean : Vois : il la prend à témoin de ses propres péchés, il en fait une

accusatrice. Il criait à nouveau, dit < l'Écriture > : tout chemin < t' > accuse, vois :

où ne t’es-tu pas salie ? Tu vois comment il rend les démonstrations plus claires

et alors il ajoute la sentence.

120b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 270 C9-10.

Saint Théophile, évêque d’Alexandrie : Recouvre tes sens, regarde droit,

justifie-toi.

120c codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 270 D1-4.

Victor le prêtre : Il est impossible en effet de reconnaître ses propres faux pas

sans lever les yeux vers le droit < chemin > et sans cesser les raisonnements

tortueux.

121 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 780 D5-7.

Saint Jean de Constantinople : Ici il veut montrer son zèle immense pour les

péchés, car elle a accompli ces actes avec une immense ardeur.

122 codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 270 D9-E4.

Saint Théophile, évêque d’Alexandrie : Le corbeau qui est sorti du coffre n’est

pas revenu, parce qu’il aime la terre et les cadavres217 ; et toi, dit-il, tu vis la même

expérience lorsque tu ne reviens pas vers Dieu. Ailleurs : on dit que la corneille

aime ses petits. Le discours prédit donc la désolation de Jérusalem qui aime ses

enfants218.

123a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 780 D9-10.

Saint Jean : Pourtant le pays ne serait jamais souillé à cause de tes péchés, mais

217 Cf. Gn 8, 7. | 218 Ce passage du livre de Jérémie (Jr 3, 2) est peu expliqué chez les Pères. Ontrouve une allusion à Jr 3, 1-4 dans L'Exégèse de l'âme, exposé du mythe gnostique de l'âme,depuis sa chute dans le monde jusqu'à son retour au ciel et au Père (cf. L'exégèse de l'âme-NagHammadi.Codex II,6, intro., trad. et comm. par M. Scopello, Leyde 1985, pp. 104-105), mais lacorneille n'y est pas évoquée. En revanche, ce passage de Jérémie est cité dans le chapitre sur lacorneille du Physiologus, premier bestiaire chrétien datant probablement du IIe s. (éd. F. Sbordone,Milan 1936, pp. 91-92 ; A. Zucker, Physiologos, le bestiaire des bestiaires, Grenoble 2004, pp.172-174). Mais l'interprétation de Théophile se distingue de celle de ces deux ouvrages. Lecorbeau, avec la référence à Gn 8, 7, est présenté comme l'animal de la mort et non comme unanimal fidèle (cf. Physiologus 27). De même, la corneille est présentée, non comme une épousefidèle qui ne s'accouple pas à un autre mâle après la mort de son époux (cf. Physiologus 27), maiscomme le symbole de l'attention maternelle, caractéristique que l'on trouve déjà chez Basile deCésarée (Homélies sur l'Hexaéméron, 8, 76d, éd. S. Giet, SC 26bis. Paris 1968, pp. 460-461).

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

mianqeivh hJ gh', ajll j w{ste ejpa'rai to; pra'gma levgei.

kkkkgggg QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: Tou'to uJperbolikw'" ei[rhtai ajpo; porneiva" ga;r ouj

moluvnetai gh', plh;n eij mh; levgoi" th;n ejn hJmi'n peri; h|" oJ qei'o" Pau'lov"

fhsin: « Oujk oi[date o{ti nao;" Qeou' ejste kai; to; pneu'ma tou' Qeou' oijkei'

ejn uJmi'n … ei[ ti" to;n nao;n tou' Qeou' fqeivrei, fqerei' tou'ton oJ Qeov". »5

kkkkgggg BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: [Allo" dev, ajnti; tou' ejmivana", J ejfonoktovnei" j

ejxevdwken dia; to; quvein ajnqrwvpou" toi'" meq j w|n ejpovrneue daivmosi. Kalei'

de; aujth;n kai; ajnaivscunton peparrhsiasmevnw" eijdwlolatrou'san kai;

ajrnoumevnhn kai; ajnalghvtw" e[cousan tw'n ijdivwn kakw'n kai; mh; lovgon

profhtikovn, mh; Qeou' fovbon, mh; novmon patevrwn, mh; ta;" qeiva"10

eujergesiva", mh; ta; sunevconta kaka; ballomevnhn eij" nou'n. Oujk ejpevgnw"

dev mev, fhsivn, oujde; wJ" dhmiourgo;n tou' panto;" kai; ejk mh; o[ntwn se

paragagovnta, ou[te wJ" uiJovn se kalevsanta, ou[te wJ" divkhn se parqevnou

dia; th'" nomoqesiva" numfostolou'nto" Mwu>sevw" ajgagovmenon.

kkkkdddd TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Oujk ejme; e[blaya", ajlla; su; ejblavbh": su; ta;15

deina; pevponqa", poimevnwn ga;r to; poimaivnein ejstivn, ouj to; ejmpodivzein.

kkkkeeee TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: To; deino;n tou'tov ejstin o{ti oujde; ejpelavbeto tw'n oijkeivwn

aJmarthmavtwn ou[te meta; ejpieikeiva" hJmavrtanen.

kkkk²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: jApo; tw'n sw'n, ajpo; th'" sh'" peri; ejme; diaqevsew", tau'ta

1 levgei CV : levgoi O non legitur P || 2 post Qeodwrhvtou add. Kuvrou O || 4 post nao;" add. tou' V|| 5 uJmi'n CV P : hJmi'n O || tou' Qeou' CV O : tou'ton P || fqerei' CV P : fqeivrei O || 6 presbutevrouOP : om. CV || ejmivana" CV P : mivana" O || J ejfonoktovnei" j CV O : ejfonoktonhvqh" P || 7 toi'"OP : tou;" CV || 9 e[cousan V OP : e[cousa" C || 1 2 oujde; CV : ou[te OP || se CV O : me P || 1 3se2 C OP : om. V || 1 5 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 1 6 ouj to;CV : ou{tw O non legitur P || 1 7 Tou' aujtou' C OP : Tou' Crusostovmou V || 1 9 Tou' aujtou' C OP :Tou' Crusostovmou V

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

c’est pour219 exagérer l'événement qu’il dit < cela >.

123b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 270 E8 - 271 A3.

Théodoret : Cela est dit de manière hyperbolique, car un pays n’est pas pollué par

la prostitution, à moins que tu ne veuilles parler de la prostitution qui est en nous,

sur laquelle le divin Paul dit : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de

Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu'un détruit le temple de

Dieu, Dieu détruira celui-ci. »220

123c codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 271 A4-6, B8-C3 et p. 277 B3-7.

Victor le prêtre : Et un autre, pour tu as souillé, a rendu par "tu tuais par

meurtre"221, parce qu’elle sacrifiait des hommes aux démons avec lesquels elle se

prostituait. Et il l’appelle, même si elle adore les idoles sans honte et franchement,

le renie, n’est pas sensible à ses propres maux et ne se met dans l’esprit ni le

discours du prophète, ni la crainte de Dieu, ni la loi des pères, ni les bienfaits

divins, ni les maux qui la tiennent. Et tu ne m'as pas reconnu, dit-il, ni comme le

démiurge de l’univers qui t'a même amené du néant222, ni comme quelqu'un qui t'a

appelé fils, ni comme quelqu'un qui t'a conduit à la manière d'une vierge selon la

législation de Moïse qui unit les fiancés.

124 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 781 A10-12.

Saint Jean : Ce n'est pas à moi que tu as nui, mais à toi : c'est toi qui vis les

épreuves, car il appartient aux pasteurs223 de faire paître, non d'entraver.

125 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 781 A13-15.

Le même : Voici l'horreur : elle ne s'est pas même attaquée à ses propres péchés

et ne péchait pas non plus avec décence.

126a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 781 B3-5.

Le même : C'est à cause de tes actes, à cause de ta disposition envers moi, que je

219 w{ste + infinitif = i{na + subjonctif, comme souvent chez Jean Chrysostome (cf. extrait 24).220 1Co 3,16-17. | 221 Le verbe fonoktonevw-w' est employé en Nb 35, 33 et Ps 105, 38 et lesubstantif fonoktoniva est attesté en 1 M 1, 24. « Ces mots, ainsi que l'adjectif fonoktovno", sontprésents dans la littérature patristique et byzantine (une vingtaine d'exemples selon le Thesauruslinguae graecae chez le Pseudo-Athanase, Épiphane, Eusèbe, Eustathe de Thessalonique, Grégoirede Nysse, le Pseudo-Jean Chrysostome, le Pseudo-Palladios et le Roman d'Alexandre) ; ce qu'ilfaut noter, c'est qu'ils ne font normalement pas référence aux passages de la Septante ; ils sesubstituent purement et simplement aux mots foneuvein, fovno" et foneuthv", peut-être touchés parun phénomène d'usure ; ils signifient "tuer par meurtre", "meurtre, carnage", "meurtrier" ». (Cf.Les Nombres, intro., trad. et notes par G. Dorival, BA 4, Paris 1994, note p. 574) ; la variante estsignalée par J. Ziegler (p. 160). | 222 paravgein est le verbe habituel pour désigner la création exnihilo. | 223 Je traduis ici exceptionnellement poimevnwn par "pasteurs" au lieu de "bergers" ailleurspour garder l'écho avec poimaivnein présent dans le texte grec.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

levgw a{per ejsti; diaqevsew" ojnovmata: pathvr, ajnhvr, oi\ko", ajrchgo;"

parqeniva".

kkkk²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu QQQQeeeeooooffffiiiivv vvlllloooouuuu aaaajjjjrrrrcccciiiieeeeppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu jjjjAAAAlllleeeexxxxaaaannnnddddrrrreeeeiiiivv vvaaaa"""":::: Toutevstin: wJ"

skevphn kai; bohvqeian.

kkkkzzzz TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Toutevstin: hJ porneiva sou kai; to; ajtimwrhti;5

tau'ta poiei'n.

kkkkzzzz jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu ddddiiiiaaaakkkkoooovv vvnnnnoooouuuu:::: Eij kai; suv, fhsiv, mh; ejpekalevsw me skevphn

kai; patevra kai; ajrchgo;n th'" parqeniva" sou, ajll j ejgw; oujk ejavsw

diamei'nai ta; kakav, h] cavritiv se swv/zwn h] swfronismoi'".

kkkkhhhh TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: JOra'/" aujth;n ajpo; melevth" poiou'san kai; ajpo;10

skevyew".

kkkkqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Ou|to" eujdovkimo" h\n, ou|to" eujsebhv". Oujc aJplw'" oJ

crovno" prostivqetai, ajlla; mei'zon e[gklhma toi'" jIoudaivoi" o{ti oujde;

a[rconta e[conte" ejpimelouvmenon aujtw'n beltivou" ejgevnonto. jEntugcavnei

tw'/ profhvth/ oJ Qeov", ejpei; kai; hJmei'" douvloi" ejntugcavnomen, o{tan15

par jaujtw'n ejrwmevnwn katafronwvmeqa.

kkkkqqqq BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: jEpishmaivnetai to;n basileva jIwsivan, a{ma

me;n o{ti ejpi; aujtou' proefhvteusen, a{ma de; o{ti basileu;" gevgone eujsebhv",

ejf jou| kai; Celkiva" oJ iJereu;" oJ mevga" to; deuteronovmion eu|re

katecwsmevnon ejn oi[kw/ Kurivou: kai; ajnagnou;" oJ basileu;" eu|re suvmfwna20

tw/' nomoqevth/ ta; para; tw'n profhtw'n prolegovmena kai; dievrrhxe ta;

iJmavtia kai; e[klause ta; proqespisqevnta kata; th'" povlew" ejpignouv":

a{per ajpodexavmeno" oJ Qeo;" di j jOlda'" e[fh se th'" profhvtido": « Oujc

ou{tw" ijdou; ejgw; prostivqhmiv se pro;" tou;" patevra" sou kai; sunacqhvsh/

eij" to;n tavfon sou ejn eijrhvnh/ kai; oujc o[yontai oiJ ojfqalmoiv sou pavnta25

3 ajrciepiskovpou jAlexandreiva" OP : om. CV || 5 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou VjIwavnnou P || 7 diakovnou CV O : om. P || 1 0 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou VjIwavnnou P || aujth;n CV O : post melevth" transp. P || 1 2 Tou' aujtou' C OP : Tou' Crusostovmou V|| Ou|to" OP : ou{tw" CV || ou|to" OP : ou{tw" CV || 1 3 mei'zon e[gklhma CV O : meivzonaejgklhvmata P || 1 4 jEntugcavnei CV : ejntugcavnh/ OP || 1 5 douvloi" CV P : douvloi O ||ejntugcavnomen CV P : ejntugcavnwmen O || 1 9 to; C OP : iter. V || eu|re CV O : post katecwsmevnontransp. P || 2 0 katecwsmevnon CV : katakescwsmevnon OP || 2 1 tw/' nomoqevth/ CV O : om. P || 2 2kata; OP : peri; C pro; V

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

dis ces choses qui sont précisément les noms d’une disposition : père, mari,

maison, auteur de ta virginité.

126b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 277 C2-3.

Saint Théophile archevêque d'Alexandrie : C'est-à-dire : abri et secours.

127a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 781 B11-12.

Saint Jean : C'est-à-dire : ta prostitution et le fait d'agir impunément.

127b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 633 B1-5.

Olympiodore le diacre : Même si toi, dit-il, tu ne m'as pas invoqué comme abri,

père, auteur de ta virginité, eh bien moi je ne laisserai pas les maux durer, en te

sauvant soit par la grâce soit par des conseils de sagesse.

128 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 781 C1-2.

Saint Jean : Tu vois qu'elle agit avec soin et réflexion.

129a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 781 C5-10.

Le même : Celui-ci était respectable, celui-ci était pieux. Ce n'est pas sans

intention que l'époque est ajoutée, mais c'est un plus grand grief contre les Juifs

parce qu'alors qu'ils avaient un chef qui se souciait d'eux, ils ne sont même pas

devenus meilleurs. Dieu fréquente le prophète, puisque nous aussi nous

fréquentons des esclaves, quand nous sommes méprisés par ceux-là mêmes que

nous aimons.

129b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 284 A10-C5.

Victor le prêtre : Il insiste sur le roi Jôsias, à la fois parce qu'il a prophétisé sous

son règne et parce qu'il a été un roi pieux, sous lequel précisément le grand-prêtre

Chelkias a découvert le Deutéronome enfoui dans la maison du Seigneur ; et après

l’avoir lu, le roi a découvert que les prédictions des prophètes étaient cohérentes

avec celles du législateur et il a déchiré ses vêtements et il a pleuré après avoir

reconnu les oracles contre la cité. Dieu accepta cela et te dit par la prophétesse

Olda : « Certainement pas, voilà, moi je t'ajoute à tes pères et tu les rejoindras

dans ton tombeau en paix et tes yeux ne verront pas tous les maux que j'envoie,

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

ta; kaka; a} ejgw; ejpavgw ejpi; to;n tovpon tou'ton »: di jw|n deivknutai wJ"

eujsebh;" basileu;" duvnatai kai; th;n ojrgh;n ejpiscei'n tou' Qeou'. Dio; kai;

nu'n oJ profhvth" parakalei' th;n kaq j eJautw'n ajnacaitivzein ajpovfasin:

pavnta ga;r ejnavgei pro;" tou'to: tou' jIsrah;l ta; pavqh, hJ tou' basilevw"

eujsevbeia, tou' deuteronomivou hJ eu{resi", tw'n profhteuovntwn oiJ lovgoi.5

llll TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Kai; mh;n ajpaqe;" to; qei'on, ajll j o{mw" wJ"

uJbrismevno" kai; hjdikhmevno" dialevgetai. JH katoikiva tou' jIsrahvl: oujc ei|",

ouj deuvtero", ajlla; pa'n to; plh'qo". Kai; mh;n ou|to" oujk Jei\den :j ejkei'na

ga;r pro; aujtou' h\san, ajlla; tou'tov ejstin ajnti; tou' Je[maqe" j.

llll jj jjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: jEpi; pa'n de; o[ro" yektw'" ajnabaivnousin kai; oiJ th;n10

uJperhfanivan nosou'nte" kai; givnontai uJpo; panto;" xuvlou ajlswvdou", ouj

karpivmou, ejx ajkavrpwn ga;r ta; a[lsh devndrwn tevryew" cavrin futeuomevnwn

oi|" eJoivkasi tw'n eJterodovxwn oiJ lovgoi kavllo" e[conte" piqanovthto" ouj

tw'n ajkouovntwn ejpistrovfhn. Oi|" oJ ejpidou;" eJauto;n uJpokavtw povreutai

panto;" xuvlou ajlswvdou", di jjou| dh'lon o{ fhsin oJ nomoqevth": « Ouj15

futeuvsei" pa'n xuvlon uJpo; to; qusiasthvrion Kuvriou tou' Qeou' sou kai; ouj

poihvsei" a[lso". »

llll QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: {Ora tou' lovgou to; h\qo" ejpei; kai; douvloi"

ejntugcavnomen o{tan uJpo; tw'n poqoumevnwn uJperorwvmeqa. Ei\de" tiv

ejpoivhsen moi hJ katoikiva tou' jIsrahvl, oJmou' pavnte", oujc ei|", ouj20

deuvtero". To; de; ei\de" ejpi; tou' Je[maqe" ,j presbuvtera ga;r tou' profhvtou

tw'n dekafulw'n ta; paqhvmata peri jw|n oJ lovgo" aujtw'/. Tauvta" ga;r ajpo;

JRoboa;m tou' Solomw'no" uiJou' ajpevsthse jIeroboa;m kai; pro;"

1 ejgw; C O : om. V P || 2 ejpiscei'n CV P : ejpescei'n O || post tou' Qeou' transp. CV || 3 eJautw'n CVP : eJautw'/ O || 4 post basilevw" add. hJ P || 6 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou VjIwavnnou P || o{mw" CV O : om. P || 7 oujc ei|" ouj CV P : oujci sou' O || 1 0 o[ro" CV P : o{ro" O ||1 2 ajkavrpwn V OP : ajkavrpou C || 1 4 ejpidou;" CV : ejpididou;" OP || povreutai CV : pepovreutaiOP || 1 8 l — 52,5 ajpoikismov" : hoc comm. om. V || ejpei; C O : ejpeidh; P || 1 9 tw'n C P : tou' O ||Ei\de" OP : ijde; C || 2 3 Solomw'no" OP : Solwmovno" C || jIeroboa;m C O : JIeroboavm P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

moi, sur cet endroit »224 ; par quoi il est montré qu'un roi pieux peut bien contenir

la colère de Dieu. C’est pourquoi maintenant encore le prophète les exhorte à

secouer225 la sentence qui les condamne. Car c'est pour cela qu'il introduit tout ce

qui suit : les maux d’Israël, la piété du roi, la découverte du Deutéronome, les

discours des prophètes226.

130a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 781 C13-D2.

Saint Jean : Pourtant le divin est impassible, mais c'est cependant comme s'il

était outragé et trompé qu'il prend la parole. La demeure d'Israël : non pas un seul,

non pas un deuxième, mais toute la foule. Pourtant celui-ci n'a pas "vu", car ces

événements étaient antérieurs à lui, mais cela est mis pour "tu as appris".

130b codd. : CV OP. Editio : PG 13, 545D2-D11.

Origène : Sur toute montagne montent aussi dans des sentiments blâmables ceux

qui souffrent d'orgueil et ils sont sous tout arbre sacré, non fruitier, car les bois

sont faits d'arbres sans fruits plantés pour l’agrément ; les discours des hérétiques

leur ressemblent : ils ont la beauté de l’argumentation, mais sont impropres à faire

revenir227 les auditeurs. Celui qui s'adonne à eux va sous tout arbre sacré, d'où est

évident ce que dit le législateur : « Tu ne planteras pas d’arbre, quel qu’il soit, au

pied de l’autel du Seigneur ton Dieu et tu ne feras pas de bois sacré. »228

130c codd. : C OP. Editio : M. Ghisleri, p. 284 D1-E1.

Théodoret : Regarde le ton229 du discours, quand précisément nous fréquentons

des esclaves, lorsque nous sommes dédaignés par ceux que nous chérissons230. Tu

as vu ce que m’a fait la demeure d’Israël, tous ensemble, non pas un seul, non pas

un deuxième. Et il y a tu as vu pour "tu as appris", car les maladies des dix tribus

sont plus vieilles que le prophète, maladies à propos desquelles le discours lui est

224 4R 22, 20 et allusions dans ce passage à l'ensemble du chap. 22. | 225 Ce terme introduit l'imagedu cheval qui secoue sa crinière. | 226 L'emploi du nominatif dans l'énumération crée ici uneanacoluthe, puisque l'on attendrait un accusatif apposé à pavnta. | 227 C'est-à-dire : convertir. | 228 Dt16, 21 ; il faut noter la variante du texte biblique cité par Origène par rapport au texte des éditionsde J. W. Wevers et A. Rahlfs traduit par M. Harl et C. Dogniez (Cf. Le Deutéronome, intro., trad.et notes par M. Harl et C. Dogniez, BA 5, Paris 1992, pp. 221-222). Le texte cité par Origènedonne uJpo; to; qusiasthvrion au lieu de para; to; qusiasthvrion. Il est surprenant que cettevariante ne soit pas signalée par J. W. Wevers. | 229 Le terme h\qo" ne me paraît pas avoir ici lesens technique qu'il a dans la rhétorique classique, c'est-à-dire une disposition morale que l'orateurlaisse paraître dans son discours (cf. M. Patillon, Éléments de rhétorique classique, Paris 1990, pp.67-69). Il s'agit ici, je crois, du caractère du discours, de sa tonalité. | 230 La première phrase del'extrait de Théodoret est très proche de la dernière phrase de l'extrait 129a de Jean Chrysostome.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

eijdwlolatreivan ejxevklinen aujtov" te kai; oiJ met j aujto;n basilei'" kai;

di j uJperbavllousan ajsevbeian aijcmavlwtoi prw'toi gegovnasin: di ja}" ou\n

ei{lwsan aijtiva" didavskei, oujde;n ga;r ejpevstreyen aujtav", ouj profhtw'n

lovgoi, oujc oJ movnwn ejqnw'n e[fodo", ouj meriko;" uJpo; tw'n jAssurivwn

ajpoikismov".5

llllaaaa jjjjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: Au[xei th;n kathgorivan th'" jIouvda fulh'" o{ti mhde; tai'"

tou' jIsrah;l sumforai'" ejpaideuvqhsan. To; de; tw'n eijdwlolatrouvntwn

ajnaivsqhton ejmfaivnwn, xuvla kai; livqou" kalei'tai ei[dwla siwphvsa" tou;"

ejn aujtoi'" ejmfwleuvonta" daivmona". Kaivtoi ma'llon ejpistrevfein ejcrh'n

to;n jIouvdan w{sper ejpeiselqou'san gunai'ka th/' dia; porneivan ejkbeblhmevnh/.10

Mei'zon ga;r e[gklhma th;n ejkeivnh" eij mimoi'to porneivan. Toiauvth tw'n

jIoudaivwn hJ katoikiva: devon ejpistrevfein ejx ajlhqeiva", hJ de; yeudw'"

uJpeplavtteto to;n Qeo;n timw'sa toi'" ceivlesin, h}n ajsuvnqeton kalei', wJ"

ta;" pro;" aujto;n paraba'san sunqhvka". Kaivtoi paideuvesqai ma'llon ejcrh'n

to;n nao;n e[cousan kai; ta; ejn aujtw/' kata; novmon ejpitelouvmena: ou{tw kai;15

hJmi'n kinduvnwn oJ mevgisto", eja;n aJmartavnwmen meta; Cristou' parousivan

kai; luvtrwsin aJmartiw'n kai; mevqexin JAgivou Pneuvmato" kai; mavlista th;n

jIoudaivwn oJrw'nte" ajpobolh;n « eij ga;r tw'n kata; fuvsin klavdwn oJ Qeo;"

oujk ejfeivsato », pollw'/ ma'llon aJmartanovntwn hJmw'n oujk ajnevxetai.

llllaaaa jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: jAsuvnqetovn fhsin th;n pro;" eJauth;n ajnwvmalon kai;20

ajsuvmfwnon, o{ti toi'" ceivlesi timw'sa to;n Qeo;n th'/ kardiva/ ejyeuvdeto, h]

kai; th;n luvsasan ta;" pro;" Qeo;n sunqhvka", h] kai; th;n a[staton kai; toi'"

aujtoi'" mh; ejmmevnousan.

llllbbbb TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: [Elusa ta; pro;" aujth;n divkaia paradou;" toi'"

1 ejxevklinen C P : ejxevkleine O || aujto;n C P : aujtw'n O || 3 ejpevstreyen O : ajpevstreyen C nonlegitur P || 8 ajnaivsqhton CV P : ajnaisqhtw'n O || kalei'tai C O : kalei' ta; V P || siwphvsa" C OP :skophvsa" V || 1 0 th/' ... ejkbeblhmevnh/ OP : th;n... ejkbeblhmevnhn CV || 1 1 mimoi'to CV O :mimei'to P || 1 3 uJpeplavtteto CV O : plavtteto P (sic) || 1 4 aujto;n OP : Qeo;n CV || 1 5 e[cousanOP : e[cousa CV || 1 6 post meta; add. th;n C th;n tou' V || 1 7 th;n CV P : tw'n O || 1 9 post hJmw'nadd. oJ Qeo;" CV || 2 0 la OP : lb CV || 2 1 to;n CV : om. OP || 2 4 lb OP : lg CV || Tou' aujtou' COP : jOlumpiodwvrou V

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

adressé231. En effet, c’est Jéroboam qui a éloigné celles-ci de Roboam, fils de

Salomon et c’est lui-même et les rois qui lui ont succédé qui les ont inclinées vers

l’adoration des idoles et à cause d’une impiété excessive, ils ont été les premiers

emmenés en captivité232. Ainsi donc, il enseigne pour quelle raison elles ont été

prises, car rien ne les a fait revenir, ni les discours des prophètes, ni l’attaque des

nations seules, ni la déportation partielle par les Assyriens233.

131a codd. : CV OP. Editio : PG 13, 545 D12 – 548B2.

Origène : Ce qui aggrave l’accusation contre la tribu de Juda c'est qu’ils n’ont

même pas été éduqués par les malheurs d’Israël. Et en rendant visible

l’insensibilité des adorateurs d'idoles, il appelle les idoles bois et pierres en

passant sous silence les démons qui se tapissent dedans. Or il fallait plutôt que

Juda revienne comme une femme qui s’introduit près de celle qui a été chassée

pour prostitution. Le grief serait en effet plus important si elle imitait la

prostitution de la première. Telle est la demeure des Juifs : alors qu'il fallait qu'elle

revînt véritablement, elle dissimulait de façon mensongère, en honorant Dieu du

bout des lèvres234, elle qu'il appelle infidèle, parce qu'elle a transgressé les

conventions qui la liaient à lui. Or il fallait plutôt que, disposant du temple et de

ce qui est accompli à l'intérieur selon la loi, elle fût éduquée ; ainsi le plus grand

des dangers pour nous, c'est que nous péchions après la venue du Christ, la

rédemption des péchés et la participation au Saint Esprit et surtout à la vue du

rejet des Juifs « car si Dieu n'a pas épargné les rameaux naturels »235, bien plus il

ne supportera pas que nous péchions.

131b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 633 B7-12.

Olympiodore : Par infidèle, il veut dire celle qui est inconstante vis-à-vis d'elle-

même et qui n'est pas cohérente, parce que tout en honorant Dieu du bout des

lèvres236, elle mentait dans son cœur, ou bien encore celle qui a défait les

conventions qui la liaient à Dieu, ou bien encore celle qui n'est pas stable et ne

demeure pas dans le même état.

132 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 633 B12-13.

231 La deuxième phrase de l'extrait de Théodoret est très proche de la deuxième phrase de l'extrait130a de Jean Chrysostome. | 232 Cf. 3R 12-14 et 2Ch 10-13. | 233 Cf. 2Ch 33, 11. | 234 Cf. Is 29, 13 ;Le verbe composé uJpoplavttw n'est pas attesté en grec classique. Il est employé en revanche chezles Pères avec le même sens à l'actif et au moyen : "simuler", "feindre", "faire semblant". Il estintéressant de noter que le terme n'apparaît pas dans le passage de l'homélie correspondanted'Origène, mais qu'il est introduit par le caténiste dans sa récriture du texte. | 235 Rm 11, 21. | 236 Cf.Is 29, 13.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

Babulwnivoi".

llllgggg TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: jEpeidh; ga;r tovte e[doxan ei\nai beltivou": dia;

tou'tov fhsin o{ti ejpestravfhsan mevn, ejpi; yeuvdei dev, yeu'do" ga;r h\n

tou'to.

lllldddd TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Oujc wJ" dikaiwqevnta" tou;" uiJou;" jIsrah;l ejpainei',5

ajll j wJ" e[latton aJmartavnonta" kai; prwvtou", touvtou" de; kakivzei o{ti ouj

beltivou" ejgevnonto ejk touvtou tou' swfronismou'.

lllleeee TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Tiv pote tou'tov ejstin … a\ra pro;" ta; bovreia mevrh th'"

povlew" … kai; tiv tou'to bouvletai … tiv de; toi'" mh; parou'si dialevgetai

jIsrahlivtai" h] tou'to poiei' pro;" ta; bovreia mevrh th'" povlew" w{sper10

touvtou" paroxuvnwn kai; knivzwn: to; ga;r pa'n dia; touvtou" … ejpei; kai;

hJmei'" kai; teleutw'nta" makarivzomen tou;" zw'nta" poiou'nta" beltivou"

kai; uJmnou'men knivzonte" kai; ajpovnta" ejpainou'men, ou{tw kai; oJ Qeov",

fhsiv, keleuvei pemfqh'nai tou;" lovgou" w{ste kai; touvtou" beltivou"

genevsqai kajkeivnou". {Wsper oJ Pau'lov" fhsin: « Ei[ pw" parazhlwvsw mou15

th;n savrka kai; swvsw tina;" ejx aujtw'n », ou{tw kai; oJ Qeo;" touvtou"

diegeivrei ejkeivnou" ejpainw'n, ejpeidh; ga;r ceivrou" uJmw'n ou|toiv eijsi, loipo;n

uJmi'n dialevgomai. Ouj ga;r dh; iJstorei'tai oJ profhvth" ou|to" ajpelqw;n eij"

Persivda oujde; pevmyai keleuvei.

lllleeee jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Dia; to; kateyuvcqai aujtw'n ta;" kardiva" kai; mh;20

e[cein qevrmhn pneumatikhvn: oJ ga;r Boreva" yucro;" a[nemo".

llll²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Tou'to zhtei' movnon oJ Qeo;" i{na ka]n ejpignw'men

hJmw'n ta; aJmarthvmata. Tiv mevga ajpaitei': kai; tou'to uJpe;r hJmw'n aujtw'n

2 lg OP : ld CV || Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || ei\nai CV :givnesqai OP || 5 ld OP : le CV || Tou' aujtou' C OP : Tou' Crusostovmou V || 8 le C P : ld O om.V || a\ra V P : a[ra C O || 1 2 kai; C OP : tou;" V || makarivzomen tou;" zw'nta" CV P : om. O ||poiou'nta" C O : poiou'nte" V P || 1 5 oJ CV : om. OP || 1 8 dh; CV P : mh; O || oJ profhvth" CV O :post ou|to" transp. P || ajpelqw;n C OP : ajpelqei'n V || 2 0 le — 21 a[nemo" : hoc comm. om. V || 2 2Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 2 3 hJmw'n2 CV O : uJmw'n P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

Le même : J'ai défait les liens justes qui me liaient à elle en la livrant aux

Babyloniens.

133 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 784 B7-9.

Saint Jean : Puisqu'en effet ils ont cru alors être meilleurs ; c'est pourquoi il dit

qu'ils sont revenus, mais au prix d'un mensonge, car c'était un mensonge.

134 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 784 B12-15.

Le même : Ce n'est pas parce qu'ils ont été justifiés qu'il loue les fils d'Israël, mais

parce qu'ils pèchent dans une moindre mesure et en premier et il maudit ceux-ci

parce qu'ils ne sont pas devenus meilleurs grâce à ce conseil de sagesse.

135a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 784 C10-D11.

Le même : Qu'est-ce donc que cela ? Est-ce vers les régions septentrionales de la

ville ? Et qu'est-ce que cela veut dire ? Pourquoi s'adresse-t-il aux Israélites qui ne

sont pas là et fait-il cela vers les parties septentrionales de la ville comme s'il

cherchait à piquer au vif et à provoquer ceux-ci (car tout l'univers est visé à

travers ceux-ci) ? Car nous aussi nous proclamons bienheureux, une fois qu'ils

sont morts, ceux qui rendaient les vivants meilleurs et nous leur chantons des

hymnes en cherchant à les provoquer et nous les louons une fois partis, ainsi Dieu,

dit < l'Écriture >, ordonne que les discours soient envoyés de telle sorte que les

uns et les autres deviennent meilleurs. De même que Paul dit : « Afin, s'il est

possible, d'exciter la jalousie de ma race et d'en sauver quelques-uns. »237, de

même Dieu éveille ceux-ci en louant ceux-là, car puisque ceux-ci sont pires que

vous, désormais je m’adresse à vous. En effet, on ne rapporte pas que ce prophète

est parti en Perse et il n’ordonne pas de l’envoyer.

135b codd. : C OP. Editio : PG 93, 633 B15-C2.

Olympiodore : Parce que leur cœur s'est refroidi et n’a pas de chaleur spirituelle,

car le Borée est un vent froid.

136a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 785 A4-7.

Saint Jean : Voilà ce que Dieu recherche seulement : que nous reconnaissions

aussi nos péchés238. Quelle grande exigence a-t-il ! Et ceci pour nous-mêmes : que

237 Rm 11, 14. | 238 Jean Chrysostome se sert de la conjonction i{na pour introduire une propositioncomplémentaire nécessaire, là où ailleurs il emploie o{pw" , construction normale après les verbesd'effort (cf. M. Soffray, Recherches sur la syntaxe de Saint Jean Chrysostome d'après les"Homélies sur les statues", Paris 1939, p. 122, remarque III qui donne l'exemple suivant : To;zhtouvmenon ouj tou'tov ejstin i{na ejntau'qa filosofw'men movnon, ajll j i{na kai; e[xw th;neujlavbeian tauvthn labovnte" ajpevlqwmen o{pou mavlista aujth'" deovmeqa « Ce que je chercheà obtenir ne consiste pas en ceci, qu'ici seulement nous fassions des efforts pour devenir sages,

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

i{na gnw'men o{ti ajfivetai, o{ti filavnqrwpov" ejstin.

llll²²²² jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Oujk ejpimovnw" crhvsomai th'/ kaq j uJmw'n ojrgh'/.

llllzzzz TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: {Ora to; ajkavqekton ejxevcea" oujde; aJplw'": hJ ga;r

kwvmh proevtrepen eij" ajsevbeian. Oujk e[ni eijpei'n oujde; tou'to e[dei

diakri'nai tivna kecrh'sqai ejcrh'n. Pa'n xuvlon eij" ajsevbeian prouvkeito, eij"5

de; ajllotrivou" tou;" daivmonav" fhsi kai; oujk e[ni eijpei'n o{ti ouj parhv/noun

oujde; sunebouvleuon, ajll j ejmou' parainou'nto" tau'ta ejpoivhsa", th'" de;

fwnh'" mou oujk h[kousa", ajlla; toi'" ajfwnotavtoi" prosevsce".

llllhhhh TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: {Ora meta; th;n kathgorivan pavlin paraivnesin kai;

sumboulhvn. Eij toivnun ajfesthkovte" eijsiv, tiv kalei'" … Diovti ejgw;10

katakurieuvsw uJmw'n w{sper ajnavgkhn th'" ejpistrofh'" fhsivn, w{sper a]n ei[

ti" pro;" oijkevthn levgei: ejmoi; douleu'sai e[cei", tivno" e{neken

ajpephvdhsa" … th;n katoivkhsin kurivan levgei.

llllhhhh EEEEuuuujj jjsssseeeebbbbiiiivv vvoooouuuu KKKKaaaaiiiissssaaaarrrreeeeiiiivv vvaaaa"""":::: Prw'ton aujtoi'" peri; th'" ejpidhmiva"

profhteuvei Cristou' ajpo; tou' jEpistravfhte, uiJoi; ajfesthkovte": ei\ta pro;"15

ta; e[qnh metevrcetai, diastevlletai de; o{ti mh; to; plh'qo" aujtw'n ajqrovw"

ejpistrevyei, th/' de; profhteiva/ ei|" pou h] deuvtero" uJpakouvsetai pro;" to;n

Swth'ra Cristo;n ejpistrevfonte".

llllqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: [Elatton to; sw/zovmenon. Tou'to kai; ejn th'/

mellouvsh/ givnetai krivsei: ejlavcistoi oiJ sw/zovmenoi.20

2 jOlumpiodwvrou — ojrgh'/ : hoc comm. om. V || 3 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou VjIwavnnou P || post ejxevcea" add. kai; P || 5 tivna CVac P : tivni Vpc tina; O (sic) || 9 Tou' aujtou' COP : Tou' Crusostovmou V || 1 0 sumboulhvn C OP : sumboulivan V || 1 2 levgei C OP : levgh/ V ||1 6 ajqrovw" P : ajqw/vw" CV O || 1 9 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

nous sachions qu’il pardonne, qu’il aime les hommes.

136b codd. : C OP. Editio : PG 93, 633 C4.

Olympiodore : Je n’userai pas continuellement de ma colère contre vous.

137 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 785 A10-B2.

Saint Jean : Vois le caractère non circonscrit de : tu as répandu239 et ce n’est pas

sans intention car le village240 l’exhortait à l’impiété. Il n’est pas possible de

dire et il ne fallait pas décider qui devait y recourir241. Tout arbre était placé en

vue d’une impiété, mais chez des étrangers veut dire chez les démons et il n’est

pas possible de dire que je ne t'exhortais pas et que je ne te conseillais pas, mais

c'est alors que je t’exhortais que tu as agi ainsi, que tu n’as pas écouté ma voix,

mais que tu as accordé ton attention à ceux qui étaient tout à fait sans voix.

138a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 785 B14-C4.

Le même : Vois après l’accusation à nouveau exhortation et conseil. Or puisqu’ils

sont renégats, pourquoi les appelles-tu ? Car moi j’établirai ma seigneurie sur

vous : comme s'il disait la nécessité du retour, comme si quelqu'un disait à un

domestique : « Tu dois me servir ! Pourquoi t'es tu enfui ? ». Il veut dire : la

résidence principale242.

138b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 298 A11-16.

Eusèbe de Césarée : Tout d’abord, il prophétise pour eux sur l’arrivée du Christ

par Revenez, fils renégats etc.243 ; ensuite il s'adresse aux nations et fait une

distinction : ce n'est pas leur foule qui reviendra en nombre, mais un ou deux qui,

en revenant vers le Christ Sauveur, obéiront à la prophétie.

139a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 785 C7-8.

Saint Jean : Ils sont assez peu nombreux ceux qui sont sauvés. Cela est le cas

précisément dans le jugement à venir : ils sont très peu nombreux ceux qui sont

sauvés.

mais encore qu'avec cette piété que nous avons reçue, nous nous en allions au dehors, où nousavons surtout besoin d'elle. » Homélies sur les statues, 498, 21). La particule a{n ajoute à laconjonction i{na une idée d'éventualité (cf. ibid, p. 121).239 Il faut noter la différence de préfixe entre le terme du texte biblique de la chaîne dievcea" et leterme repris ici dans l'extrait de Jean Chrysostome ejxevcea". Cette variante apparaît aussi dans lepassage sur Jr 3, 12 du Commentaire sur Jérémie de Théodoret de Cyr, présent dans la chaîne àdeux auteurs. Elle se trouve dans la plupart des manuscrits de la recension lucianique. | 240 Laprésence du terme kwvmh est ici bien curieuse. | 241 Le sens de cette phrase est difficile. | 242 Il estdifficile de comprendre sur quel élément porte la dernière phrase. | 243 Il faut ici ajouter des pointsde supension, car le retour du Christ est en fait annoncé par la suite du lemme : J'établirai maseigneurie sur vous.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

llllqqqq jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: jEk duvo suvgkeitai oJ a[nqrwpo" ejk yuch'" kai;

swvmato": o{tan ou\n swv/zh/ to; th'" yuch'" ijdivwma kai; mh; oJlotrovpw"

gevgone sa;rx oJ ei|" duvo noei'tai, o{tan de; oJloscerw'" ajpoklivna" eij" ta;

ponhra; o{lo" gevnhtai savrkino", dikaivw" ei|" levgetai. Fhsi;n gou'n o{ti kai;

tou;" oJlotrovpw" aJmarthvsanta" kai; tou;" mhvpw tou'to peponqovta" dia;5

th'" cavrito" eij" swthrivan kalw', h] ou{tw" ei|" ejk povlew": ejklhvqh oJ

Pau'lo" ejk th'" Beniamei;n fulh'", duvo de; ejk patria'": oiJ kata; suzugivan

klhqevnte" ajpovstoloi.

mmmm TTTToooouuuu aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Au{th o[ntw" eujergesiva: to; poimevnwn

ejpitugcavnein ajgaqw'n, w{sper ou\n kai; toujnantivon timwriva megivsth.10

Pollh'" ga;r dei'tai ejpisthvmh" oJ poimhvn: eij ga;r oJ swmatiko;" poimh;n

pavnta a]n ejpavsce, pollw'/ ma'llon oJ pneumatikov": o[ntw" ajndreiva" creiva

pollw'/ ma'llon h] ejkeivnw/ i{na « th;n yuch;n aujtou' qh'/ uJpe;r tw'n probavtwn. »

mmmm jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Th;n ejkklhsivan.

mmmmaaaa TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Tou;" tw'n ejkklhsiw'n hJgoumevnou".15

mmmmaaaa jjjjAAAAppppoooolllliiiinnnnaaaarrrriiiivv vvoooouuuu:::: Poimevna" tou;" ejkklhsiastikou;" a[rconta" ejpisthvsein

katepaggevlletai ponhrw'n tw'n prwvtwn genomevnwn.

mmmmbbbb TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: jEpeidh; ga;r aujtou;" ejluvpei to; e{na ejk povlew"

kai; duvo ejk patria'", ejphvgagen o{ti plhquvnesqe. Meivzona e[cei th;n

hJdonh;n meta; to; ejpanelqovnta" pollou;" oi[koi genevsqai h] ejx ajrch'" meta;20

plhvqou" ejpanelqei'n.

mmmmgggg TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: jAsafe;" ei\nai tou'tov moi dokei': tine;" mevn fasin o{ti

1 post yuch'" add. te P || 2 swv/zh/ CV P : swv/zei O || 3 oJ ei|" CV P : o{ eij" O || noei'tai CV O :kalei'tai P || 4 savrkino" CV : sarkiko;" OP || 5 tou'to CV O : touvtw/ P || peponqovta" CV O :pepoiqovta" P || dia; th'" cavrito" C OP : post swthrivan transp. V || 7 Beniamei;n CV : Beniami'nO non legitur P || suzugivan C P : suzugiva" O cp. V || 9 Tou aJgivou jIwavnnou C O : Tou'Crusostovmou V jIwavnnou P || 1 0 ejpitugcavnein CV : ejpitucei'n O non legitur P || 1 1 oJ1 — 12ajndreiva" CmgV OP : om. C || 1 3 th;n yuch;n aujtou' C OP : post qh'/ transp. V || qh'/ CV : qhvsei OP ||1 5 ma V OP : m C || Tou' aujtou' C OP : jOlumpiodwvrou V || 1 6 ejkklhsiastikou;" OP : th'"ejkklhsiva" CV || 1 7 prwvtwn CV P : prw'ton O || 1 8 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou'Crusostovmou V jIwavnnou P || 2 2 Tou' aujtou' C OP : Tou' Crusostovmou V || moi C OP : postei\nai transp. V

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

139b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 633 C6-D1.

Olympiodore : L’homme est composé de deux éléments, d’une âme et d’un

corps. Ainsi donc, lorsqu'on sauvegarde le caractère propre de l’âme et qu’on

n’est pas complètement devenu chair, l’un est conçu comme deux, mais

lorsqu'après s’être incliné en totalité vers les mauvaises actions on devient

entièrement charnel, c’est à juste titre qu’on est dit un. En tout cas il dit : j’appelle

au salut par la grâce à la fois ceux qui ont péché complètement et ceux qui n’ont

pas encore vécu cela. Ou bien ainsi un par ville : Paul a été appelé dans la tribu de

Benjamin et deux par lignée : les apôtres qui ont été appelés par paires.

140a244 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 785 D1-7.

Saint Jean : Voici en réalité un bienfait : trouver de bons bergers, comme donc le

contraire est le pire châtiment. Car le berger a besoin de beaucoup de science ; en

effet si le berger corporel souffrait tout, le berger spirituel < souffrirait > bien

plus : il a vraiment besoin de beaucoup plus de courage que le premier afin de

« donner sa vie pour ses brebis. »245

140b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 633 D3-4.

Olympiodore : À l’Église.

141a codd. : CV OP. Editio : PG 93, 633 D5-6.

Le même : Ceux qui sont à la tête des églises.

141b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 298 E6-8.

Apolinaire : Il fait la promesse de placer les chefs de l’Église comme des bergers,

lorsque les premiers maux seront arrivés.

142 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 785 D9-13.

Saint Jean : Puisqu’en effet un par ville et deux par lignée les affligeait, il a

ajouté : vous vous multipliez. < Israël > éprouve plus de plaisir après qu'ils sont

nombreux de retour à la maison que s'ils étaient dès le début revenus en foule246.

143a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 788 A2-8.

244 L'extrait porte en fait encore sur le lemme 139. | 245 Cf. Jn 10, 11. | 246 Le sens de cette dernièrephrase est difficile.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

oujk e[stai foberav, tine;" de; levgousin o{ti ouj dehqhvsontai tou' novmou,

w{sper o{tan levgh/: kardivan kainh;n kai; ejparw' th;n kardivan th;n liqivnhn,

toutevsti: to; pneu'ma uJmi'n e[stai ajnti; pavntwn, aujto; didavxei kai;

kaqodhghvsei uJma'" oujde; ojnomasqhvsetai.

mmmmgggg QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: Tine;" peri; th'" ejk Babulw'no" ejpanovdou to;n lovgon5

dexavmenoi, peri; tou' th;n kibwto;n mhkevti lhfqhvsesqai, profhteuvein

e[fasan o{per ejpi; tw'n jAzwtivwn ejgevneto. Oujkevti ou\n ajllofuvlou" tauvthn

labei'n o{lw" ejnqumhqhvsesqaiv fasin oi} kai; ajporhvsante" o{pw" mhkevti

th;n kibwto;n ejn kakoi'" ejpiskefqhvsesqaiv fhsin kaivtoi lhfqei'san uJpo;

Makedovnwn te kai; JRwmaivwn levgousin, ajll j ouj tou'to cristoktonou'sin10

aujtoi'" ejphggeivlato.

mmmmgggg EEEEuuuujj jjsssseeeebbbbiiiivv vvoooouuuu KKKKaaaaiiiissssaaaarrrreeeeiiiivv vvaaaa"""":::: Tiv" ga;r ejk peritomh'" ejpistrevfwn gnhsivw"

h] ejx ejqnw'n th'" Mwu?sew" swmatikh'" qrhskeiva" ejmnhvsqh, kalw'" eijdw;"

wJ" oJ novmo" kai; oiJ profh'tai mevcri" jIwavnnou kai; o{ti th;n prwvthn

diaqhvkhn hJ kainh; pepalaivwken: e[ti te kainovterovn ti qespivzei15

kat jejkeivna" ta;" hJmevra", toutevsti: ejn ejkeivnw/ tw/' kairw/' genhsovmenon, to;

th;n jIerousalh;m qrovnon klhqhvsesqai tou' Qeou', toutevsti mh; tauvthn

ei\nai ejpi; gh'" keimevnhn: eij ga;r kata; to;n profhvthn: « JO oujrano;"

qrovno", hJ de; gh' uJpopovdion tw'n podw'n aujtou' », e{petai th;n me;n ejpi; gh'"

ejn tw/' uJpopodivw/ kei'sqai, th;n de; ejn oujranw'/ ejpi; tou' qrovnou. To; de;20

kalevsousi qrovno" Qeou', toutevsti: ejpignwvsontai th;n ejpouravnion

jIerousalhvm: ka]n ejpi; th'" ejkklhsiva" nohqeivh, qrovnon Qeou' tou;" aJgivou"

nohvswmen: ejpekaqevsqh ga;r wJ" qrovnw/ kai; pwvlw/ tw/' nevw/ law'/.

mmmmdddd jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Dia; to; ejpanapauvesqai ejn th'/ ejkklhsiva/ to; {Agion

3 aujto; CV P : aujtw'/ O || 4 uJma'" CV OpcP : hJma'" Oac || 5 Qeodwrhvtou CV O : jOlumpiodwvrou P || 7ajllofuvlou" C O : ajllofuvloi" V non legitur P || 8 o{pw" CV : pw'" O non legitur P || 1 1 postejphggeivlato add. … C || 1 3 h] : hJ O (sic) || ejmnhvsqh CV P : post Mwu?sew" transp. O || 1 6 to; V P :to;n C O || 1 7 klhqhvsesqai V P : klhqhvsetai C O || 1 9 th;n CV P : om. O || 2 2 post ejkklhsiva"add. de; OP || post Qeou' add. th;n jIerousalh;m P || tou;" aJgivou" nohvswmen CV O : ou" kalevsomenP (sic) || 2 3 qrovnw/ kai; pwvlw/ CV : pwvlw/ kai; qrovnw/ OP

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

Le même : Cela ne me semble pas clair : certains déclarent qu’il n’y aura pas

d’objets de crainte, mais d’autres prétendent qu’on n’aura pas besoin de la loi,

comme lorsqu’il dit : < je vous donnerai > un cœur nouveau et j’enleverai le cœur

de pierre247, c’est-à-dire : l’esprit tiendra en vous lieu de tout, il vous enseignera

lui-même, vous guidera et son nom ne sera pas prononcé.

143b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 303 B2-10.

Théodoret : Certains, après avoir reçu le discours sur le retour depuis Babylone,

sur le fait que le coffre ne serait plus emporté, ont prétendu < que l'Écriture >

prophétisait ce qui précisément est advenu aux Azotiens248. Ainsi donc, ils disent

que les étrangers ne chercheront plus du tout à s'en emparer, eux qui se sont aussi

demandés pourquoi < l'Écriture > dit que le coffre ne sera plus inspecté dans les

malheurs et affirment qu'il a cependant été emporté par les Macédoniens et les

Romains. Mais ce n'est pas cela qui était annoncé aux meurtriers mêmes du

Christ.

143c codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 303 C10-D13.

Eusèbe de Césarée : Qui en effet du peuple circoncis ou des nations, revenant

sincèrement, s’est souvenu du culte corporel établi par Moïse, sachant bien que la

loi et les prophètes < vont > jusqu’à Jean249 et que la nouvelle alliance a rendu

caduque la première. Et il annonce par un oracle que quelque chose de plus

nouveau encore arrivera vers ces jours-là, c’est-à-dire : en ce temps-là, que

Jérusalem sera appelée trône de Dieu, c’est-à-dire qu'elle ne se trouve pas sur

terre ; car si, selon le prophète : « Le ciel est son trône et la terre un marchepied

pour ses pieds »250, il s’ensuit que l'une se trouve sur terre dans le marchepied et

que l'autre est au ciel sur le trône. Et ils l’appelleront « trône de Dieu », c’est-à-

dire : ils reconnaîtront la Jérusalem céleste ; et si on le comprenait à propos de

l’Église, on comprendra que les saints sont le trône de Dieu. En effet, il s'est assis

sur le peuple nouveau comme sur un trône et un ânon251.

144 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 633 D8-10.

Olympiodore : Parce que l’Esprit Saint repose sur l’Église, mais il sous-entend

247 Cf. Ez 36, 26. | 248 Cf. 1R 5, 1-7. | 249 Mt 11,13. | 250 Is 66, 1. | 251 On trouve la même associationdes termes "trône" et "ânon" à propos du Christ dans les Hymnes de Romanos le Mélode (fin Ve s.)32, 1 (t. IV = SC 128, pp. 30-31) : « Porté sur ton trône (qrovnw/) dans le ciel, ici-bas sur l'ânon(pwvlw/), Christ qui es Dieu, tu accueillais la louange des anges et l'hymne des enfants qui tecriaient : "Tu es béni, toi qui viens rappeler Adam"».

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

Pneu'ma, aijnivttetai de; ejn touvtoi" toi'" rJhtoi'" kai; th;n a[nw jIerousalhvm.

mmmmeeee TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Ouj novmw/ polevmou, ajll j eujsebeiva" kalouvsh"

aujtou;" h] tou;" polivta" qrhnh'sai wJ" ajsebou'nta" kai; ajllogenei'"

eujsebei'" diamei'nai, h] tou'tov fhsin o{ti to; o[noma aujtou' ijscuro;n

sunagagei'n aujtou;" h] o{ti ejp jeujsebeiva/ kai; oujc aJplw'".5

mmmm²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Bivo" ejnavreto" e[stai, zwh'" de; ou[sh" ajrivsth" kai;

qarrei'n crh; peri; tw'n mellovntwn kai; oujkevti fobei'sqai: hJ ga;r aijtiva

ajnairei'tai tou' noshvmato" ei[ ti" tw'/ ojnovmati tou' Qeou' sunavgetai: ouj

poreuvetai ojpivsw tw'n ejnqumhmavtwn th'" kardiva" aujtou' th'" ponhra'".

mmmmzzzz TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: To; kefavlaion tw'n ajgaqw'n, hJ oJmovnoia, hJ ajgavph, ejpeidh;10

kai; to; kefavlaion tw'n kakw'n ejnteu'qen ejgevneto kai; o{ra pw'" oujk a[llw"

aujto; tevqeiken: ouj ga;r ei\pen: oJ oi\ko" jIouvda ejpi; to;n oi\kon jIsrahvl, ajll j

o} pollw'/ qaumastovteron h\n: oJ prw'to" ajfhniavsa", oJ prw'to" a[rxa" th'"

e[cqra", oJ ajpeiqhv", oJ sklhro;" aujto;" a[rxei kai; oJmonoiva" kai; ouj meta;

th;n ejpavnodon, ajll j oJmou' ejpanhvxousi pro; th'" ejpanovdou. JOra'/", ajgaphtev,15

o{sa ajgaqa; pepoivhken hJ aijcmalwsiva: e[cqran ajqavnaton e[luse, dhvmou"

ajposcisqevnta" sunhvgagen, suggenei'" kai; polivta" ejkpepolemwmevnou"

kathvllaxen. JH fuvsi" kaq j eJauth'" ejmavnh, gevno" diespavsqh, ta; th'"

politeiva" ajnairevqh divkaia: tau'ta pavnta eijrgavsato hJ ajdikiva, tau'ta

pavnta dievluse kai; hjfavnisen hJ aijcmalwsiva.20

mmmmhhhh TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: {Ora to; ajxiovpiston: ei\pen to; prw'ton a[piston,

o{ti ajpo; borra', pollw'/ ma'llon o{ti ajpo; tw'n a[llwn cwrw'n. Ei\ta kai;

ajnamimnhv/skei aujtou;" palaiw'n dihghmavtwn: h}n kateklhronovmhsa tou;"

patevra" aujtw'n: ejkei'no ga;r ajpistovteron h\n. {Otan mevllh/ qau'ma

1 de; CV O : om. P || 2 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 6 Tou'aujtou' C OP : Tou' Crusostovmou V || 8 ajnairei'tai CV P : ajnaivretai O (sic) || ei[ ti" CV O : h{ti"P || 1 0 Tou' aujtou' C OP : Tou' Crusostovmou V || 1 4 aujto;" CV : ou|to" OP || 1 8 ejmavnh OP :ejfavnh manei'sa C ejmavnh fanei'sa V || 1 9 ajnairevqh OP : dih/revqh CV || tau'ta pavnta2 CV P :pavnta tau'ta O || 2 1 Tou' aJgivou jIwavnnou CO : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || ei\pen —a[piston OP : om. CV || to;2 CV O : to;n P || 2 2 o{ti1 C OP : om. V || 2 3 kateklhronovmhsa CV O :kateklhronovmhsan P || 2 4 h\n CV P : h}n O (sic)

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

dans ces mots aussi la Jérusalem d’en-haut.

145 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 788 B4-8.

Saint Jean : Non par la loi de la guerre, mais parce que la piété les appelle soit à

se lamenter sur les citoyens parce qu’ils sont impies et à demeurer des étrangers

pieux, soit il dit cela parce que la force de son nom les a rassemblés ou parce que

c’est par piété et non sans intention.

146 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 788 B11-15.

Le même : Ce sera une vie vertueuse et comme il s'agit de la meilleure vie, il faut

être confiant en l’avenir et ne plus craindre, car la cause de la maladie est

supprimée si l’on se rassemble au nom de Dieu : Elle ne marche pas à la suite des

pensées de son cœur mauvais.

147 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 788 C9-D8.

Le même : L’essentiel des biens, c’est la concorde, l’amour, puisque justement

l’essentiel des maux est venu de là et vois comment il n’a pas mis cela dans un

ordre différent, car il n’a pas dit : la maison de Juda < se joindra > à la maison

d’Israël, mais ce qui était beaucoup plus étonnant : le premier à avoir été rétif, le

premier à avoir pris l'initiative de la haine, celui qui a désobéi, celui-là même qui

est rigide prendra aussi l'initiative de la concorde et ce n’est pas après le retour

mais avant le retour qu’elles reviendront, en même temps. Tu vois, mon cher,

quels grands biens a apporté la captivité : elle a défait une haine immortelle, elle a

rassemblé des peuples divisés, elle a réconcilié parents et concitoyens en guerre.

La nature est devenue furieuse contre elle-même, la famille a été dispersée, les

règles justes de la vie civique ont été abolies : voilà tout ce qu’a accompli

l’injustice, voilà tout ce qu’a défait et supprimé la captivité.

148 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 788 D10 - 789 A5.

Saint Jean : Vois ce qui est digne d'être cru. Il a d'abord dit ce qui est incroyable,

qu' < elles viendront > du Nord, bien plus, qu' < elles viendront > des autres

contrées. Ensuite, il leur rappelle aussi des récits anciens : que j’ai donné en

héritage à leurs pères, car cela était plus incroyable. Lorsqu’il s’apprête à raconter

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

dihgei'sqai, ajnamimnhv/skei tou' palaiou' qauvmato". jApistei'" ou\n … pw'" oiJ

patevre" sou sunh'lqon … pw'" kateklhronovmhsa" aujtouv" …

mmmmqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: To; ga;r qaumasto;n tou'to to; pantacou' th'"

gh'" sparevnta" eij" e{na tovpon sunelqei'n.

nnnn TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: {Ora tou' profhvtou to; khdemonikovn. Kaivtoige oujk5

e[mellen ejkeivnoi" uJpokei'sqai toi'" kairoi'" oujde; aujtovpth" e[sesqai tw'n

ajgaqw'n, ajll j wJ" aujto;" mevllwn ajpolauvein ou{tw suneuvcetai.

nnnn TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Tou'to dia; mevsou wJ" ajpo; tou' profhvtou kai; eujqu;" wJ"

ejk proswvpou tou' Qeou' o{ti tavxw se eij" tevkna: sunh'ptai ga;r th'/ tw'n

prohgoumevnwn rJhtw'n ajkolouqiva/.10

nnnn BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: jEk pericareiva" oJ profhvth" ejkevkrage:

Gevnoito, Kuvrie, pro;" o{n fhsin oJ Qeov": o{ti tavxw se eij" tevkna, pro;"

uiJoqesivan kalevsa" uJma'". Toigarou'n tekniva tou;" ajpostovlou" ejx jEbraivwn

o[nta" ejkavlei Cristov". Ei\ta gh;n ejklekth;n th;n ejkklhsivan, h[toun th;n

nevan diaqhvkhn kalei' ejn h|/pevr ejstin oujk jIoudaivwn movnon Qeov", ajlla; kai;15

pavntwn ejqnw'n: o{mou de; kai; th;n ajpo; Babulw'no" ei\pen ajnavklhsin eijpwvn:

ejpi; th;n gh;n h}n kateklhronovmhsa tou;" patevra" aujtw'n kai; metabevbhken

eujqevw" eij" eJtevran h}n ejkavlesen ejklekth;n kai; prosqei;" klhronomivan

Qeou' pantokravtoro" ejqnw'n, eij mhv ti" aujth;n tauvthn kai; tw'n patevrwn

ei\poi kurivw". Kai; jAbraa;m ga;r ei\den th;n hJmevran Cristou' kai; ejcavrh kai;20

tuvpo" aujtou' gevgonen jIsaa;k kai; jIakw;b kai; livqon ajleivfei kai; tw/'

fanevnti mustikw'" prosepavlaien: eij" to;n Cristo;n ga;r pavnte"

ejpivsteusan.

nnnnaaaa TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: To; prw'ton ajxivwma hJ patrikh; klhronomiva.

Kaivtoige eJautou;" ejxevbalon tauvth" th'" suggeneiva": patevra ejkavlesan25

1 tou' CV : om. OP || post palaiou' add. dihghvmato" h] V || ou\n CV P : om. O || post pw'" iter. ou\nP || 3 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V Tou' aujtou' P || th'" CV O : om. P || 4sparevnta" CV P : sparevnto" O || 5 n — 64,22 oujranoi'" : def. P || Tou' aujtou' C O : Tou'Crusostovmou V || 7 aujto;" C O : aujta; V || suneuvcetai CV : suneiuvceto O (sic) || 8 Tou' aujtou'CV : om. O || 1 1 ejkevkrage C O : kevkragen V || 1 2 oJ — 13 jEbraivwn CV : om. O || 1 3 uJma'" C O :hJma'" V || 1 4 o[nta" ejkavlei CV : o[nta se kalei' O || 1 5 movnon CV : movnwn O || 1 7kateklhronovmhsa : kateklhronovmhsa" V || post kateklhronovmhsa add. aujtou;" C || 1 9 tauvthnCmgV O : om. C || 2 2 ga;r CV : te O || 2 4 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

un miracle, il rappelle un ancien miracle. Ainsi donc, tu ne crois pas ? Comment

tes pères se sont-ils rassemblés ? Comment as-tu hérité d'eux252 ?

149 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 789 A6-7.

Saint Jean : Ce qui est étonnant, c’est qu'ils se rassemblent en un seul endroit,

alors qu’ils avaient été dispersés partout sur la terre.

150a codd. : CV O. Editio : PG 64, 789 A10-13.

Le même : Vois la sollicitude du prophète. Toutefois, il n’allait pas être présent

dans ces temps-là ni être le témoin oculaire des biens, mais il se joint ainsi à la

prière comme s’il allait lui-même en jouir.

150b codd. : CV O. Editio : PG 64, 789 A14-16.

Le même : Cela < est dit > par un intermédiaire, comme si c'était du prophète, et

Oui, je te mettrai au rang de < mes > enfants < est dit > directement, comme si

cela venait de Dieu, car cela se rattache à la suite des mots qui précèdent.

150c codd. : CV O. Editio : M. Ghisleri, p. 312 A11-C5.

Le prêtre Victor : C’est à cause d’une joie extrême que le prophète s’est écrié :

Ainsi soit-il, Seigneur ! à qui Dieu dit : Oui, je te mettrai au rang de < mes >

enfants, après vous avoir appelés à l’adoption. Voilà pourquoi le Christ appelait

les apôtres qui descendaient des Hébreux ses petits enfants253. Ensuite, il appelle

terre de choix l’Église, c'est-à-dire la nouvelle alliance, dans laquelle il est Dieu

non seulement des Juifs, mais de toutes les nations. Et en même temps, il a dit

aussi le rappel depuis Babylone, en disant : vers le pays que j’ai donné en héritage

à leurs pères et il est passé directement à l'autre pays qu’il a appelé de choix en

ajoutant aussi en héritage du Dieu tout puissant des nations254, pour le cas où

quelqu'un dirait que c'est celui des pères au sens propre. Et Abraham, en effet, a

vu le jour du Christ et s’est réjoui255 et Isaac l'a préfiguré256 et Jacob à la fois oint

la pierre257 et a lutté secrètement contre celui qui lui était apparu258, car tous ont

eu foi dans le Christ.

151a codd. : CV O. Editio : PG 64, 789 B3-C1.

252 Ici, il faut prendre en considération le premier sens du verbe qui n'est pas "donner en héritage"mais "hériter de" (+ acc) plutôt que de mettre le verbe à la première personne, comme le fait la PGsans appui dans la tradition manuscrite. | 253 Cf. Jn 13, 33. | 254 En découpant le texte ainsi, Victormontre qu'il comprend bien le génitif Qeou' pantokravtoro" ejqnw'n comme le complément dunom klhronomivan, plutôt que comme le complément du nom gh'n. | 255 Cf. Jn 8, 56. | 256 Cf. Gn 22.257 Cf. Gn 28. | 258 Cf. Gn 32, 25-30.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

to;n livqon, ajll j o{mw": Tavxw se eij" tevkna. {Ora kai; ejpi; th'" palaia'"

kaqavper kai; ejpi; th'" kainh'" kai; ejk tou' Qeou' kai; ejx hJmw'n th;n

suggevneian tauvthn ejnistamevnhn: Tavxw se eij" tevkna, tou'to tou' Qeou'

kai; Pau'lov" fhsin: « w|n hJ uiJoqesiva »: oujde;n ga;r i[son tauvth" th'" timh'"

kai; pavlin e[dwken aujtoi'" ejxousivan tevkna Qeou' genevsqai w{ste5

diafulavssein th;n tavxin: o{tan ga;r tavxh/ me;n aujtov", hJmei'" de;

kataleivpwmen, ejxostrakizovmeqa. Ouj ga;r ajpolouvmenon ei\pe poihvsw se

tevknon, ajlla; sthvsw se eij" ejkeivnhn th;n tavxin kaqavper ejpi; ajxiwvmato",

to; de; diathrh'sai hJmevteron.

nnnnaaaa jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: ]H tw'/ profhvth/ th;n uiJoqesivan ejpaggevlletai h] kai;10

panti; tw'/ sw/zomevnw/ law'/.

nnnnbbbb TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: JOra'/" o{sa dih'lqen ajgaqav, poivan aujtou;"

ajpaitei' th;n ajmoibhvn: oujdei;" povno", oujdei;" iJdrw;" mevcri proshgoriva": hJ

a[skhsi" poi'on e[cei kavmaton …

nnnngggg TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Tou'to ga;r paido;" to;n patevra diwvkein ajei; kai;15

tuvptonta. Oujc oJra'te ta; paidiva ta; mikra; klauqmurizovmena ejpitimwvmena

kai; tou' kraspevdou th'" mhtro;" ejcovmena kai; ejpakolouqou'nta … }En movnon

zhtou'si par j hJmw'n to; filei'sqai.

nnnndddd TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: jEnteu'qen paideuovmeqa mh; movnon ojduvresqai kai; qrhnei'n

ejn tai'" sumforai'", ajlla; pro; touvtou to;n Qeo;n parakalei'n. Klauqmou'20

ga;r kai; dehvsewv" fhsin: ou[te ga;r oJ klauqmo;" kaq j eJauto;n duvnaito a]n

ejrgavsasqaiv ti, ou[te eujch; mh; purwqei'sa toi'" qrhvnoi": tou'to tw'n

sumforw'n to; kevrdo".

3 suggevneian CV : eujgevneian O || 4 w|n CV : w}n O (sic) || ga;r CV : om. O || 6 tavxin CpcV O :pivstin Cac || 7 kataleivpwmen CV : kateleivpwmen O (sic) || ejxostrakizovmeqa Ouj ga;r V O : om.C || ajpolouvmenon O : ajpolomevnou C ajpollomevnou V || post ajpolouvmenon add. ga;r C O || 8tavxin C O : paratavxin V || 1 2 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V || 1 4 poi'on CV :post e[cei transp. O || 1 5 Tou' aujtou' C O : Tou' Crusostovmou V || 1 9 Tou' aujtou' C O : Tou'Crusostovmou V || 2 1 eJauto;n CV : eJauto; O

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

Saint Jean : La première dignité, c’est l’héritage paternel. Toutefois il se sont

chassés de cette parenté : ils ont appelé la pierre "père" et pourtant : Je te mettrai

au rang de < mes > enfants. Vois que cette parenté entre Dieu et nous est établie

dans l’ancienne alliance comme dans la nouvelle : Je te mettrai au rang de

< mes > enfants, voici le mot de Dieu et Paul dit : « à qui appartient

l’adoption »259, car rien n’est égal à cet honneur et Il leur a donné à nouveau la

liberté d’être enfants de Dieu260, de telle sorte qu’ils conservent leur rang, car

quand lui-même nous donne un rang et que nous, nous l’abandonnons, nous

sommes ostracisés. Car Il n'a pas dit : je ferai de toi mon enfant si tu es perdu,

mais je te placerai à ce rang comme à une dignité et il nous appartient de

l'observer.

151b codd. : CV O. Editio : PG 93, 633 D11-13.

Olympiodore : Il annonce l’adoption, soit pour le prophète, soit aussi pour tout le

peuple sauvé.

152 codd. : CV O. Editio : PG 64, 789 C2-4.

Saint Jean : Tu vois tous les biens qu’il a exposés, quel don il exige d’eux en

échange : aucune peine, aucune sueur jusqu’à l’appellation ; quel effort l’exercice

présente-t-il ?

153 codd. : CV O. Editio : PG 64, 789 C5-9.

Le même : En effet, c’est le propre d’un enfant que de toujours suivre son père,

même s’il le frappe. Ne voyez-vous pas les tout petits enfants sangloter quand ils

sont grondés, tenir la frange du vêtement de leur mère et l'accompagner ? Ils ne

recherchent qu’une seule chose : être aimés de nous.

154a codd. : CV O. Editio : PG 64, 789 D10 - 792 A3.

Le même : À partir d'ici, nous sommes éduqués non seulement à nous affliger et à

nous lamenter dans les malheurs, mais avant cela à invoquer Dieu. Il dit en effet :

de pleur et de supplication, car ni le pleur ne pourrait rien accomplir seul, ni la

prière si elle n’est pas enflammée par les lamentations : voilà le gain des

malheurs.

259 Rm 9, 4. | 260 Cf. Jn 1, 12.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

nnnndddd QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: Prolevgei tw'n devka fulw'n th;n metavnoian ejpi; th/' th'"

aijcmalwsiva" aijsqhvsei, h}n kai; qeasavmeno", ejpimei'nai tauvth/ protrevpei

levgwn: jEpistravfhte, uiJoiv, ejpistrevfonte". Didavskei de; oi|" dei' lovgoi"

pro;" Qeo;n ejxomologhvsasqai ejn oi|" ejsti: Diovti ejnantivon tou' Qeou' hJmw'n

hJmavrtomen, hJmei'" kai; oiJ patevre" hJmw'n.5

nnnneeee TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Ouj ga;r ajrkei' to; klau'sai oujde; ajrkei' to;

dehqh'nai: ajpo; ga;r th'" fuvsew" tou'to sunevbaine tw'n deinw'n,

ajll j ejgguvou" aujtou;" kai; eujquvna" uJpe;r tw'n mellovntwn ajpaitei', i{na mh;

meta; th;n tw'n deinw'n ajpallagh;n ejpi; ta; provtera pavlin ejpanevlqwsin.

nnnneeee jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Oi} mevllete pro;" ejpistrofhvn.10

nnnn²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Mavqwmen ejxomologei'sqai meta; ajkribeiva": ouj

ga;r aJplw'" tau'ta ajnagevgraptai, ajll j w{ste e{pesqai kai; hJma'".

nnnn²²²² EEEEuuuujj jjsssseeeebbbbiiiivv vvoooouuuu:::: Mh; provteron o[nte" soi, ajlla; daimovnwn meriv": fulaktevon

ou\n e[rgoi" th;n tou' ejsovmeqav soi uJpovscesin, mhdeno;" a[llou ginovmenoi.

Ei\ta ta; pri;n ei[dwla dokou'nta hJmi'n uJyhlav te kai; qaumastav, kalou'men15

de; yeudh'. jEn o[resi de; katoikei'n hjgou'nto tou;" daivmona", tou' diabovlou

mhde;n katalipovnto" th'" ktivsew" ajproskuvnhton. Ta; de; ei[dwla Jduvnamin

ojrevwn j kalei' kai; oiJ par j aujtw'n a[ra crhsmoi; kai; qerapei'ai yeudh' kai;

ajpathla; kai; oujc oi|on ta; Mwu>sevw" kai; tw'n Aijguptivwn ta; tevrata kai;

oujde; oi|a ta; Cristou' tou' Sivmwno", eijdovte" de; wJ" tw/' paraptwvmati tou'20

1 post Qeodwrhvtou add. Kuvrou O || 6 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V || ajrkei'2 CO : om. V || 8 ajll j ejgguvou" ego : ejggu;" CV ejggua;" O (sic) || 1 0 mevllete C O : mevlete V ||1 1 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V || 1 3 o[nte" CV : iter. O || 1 4 e[rgoi" CV :e[rgwn O || ejsovmeqav C O : ejsomevnou V || ginovmenoi CV : genovmenoi O || 1 5 post dokou'nta add.me;n V || kalou'men C O : kalouvmena V || 1 6 o[resi CV : o{resi O || hjgou'nto O : h[goun CV || 1 9oi|on ta; O : oi|a tou' CV || 2 0 ta; O : post Cristou' transp. CV || ante Cristou' add. tou' CV

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

154b codd. : CV O. Editio : cf. PG 81, 524 C1-14 (multum differt ab editis) ; M.

Ghisleri, p. 321 A9-B3.

Théodoret : Il prédit le repentir des dix tribus grâce à la conscience de la

captivité : après l’avoir contemplé261, il l'exhorte à y demeurer en disant : Revenez

vraiment, fils ; et il enseigne, par quels discours il faut se confesser à Dieu, parmi

lesquels il y a celui-ci : Car à l’encontre de notre Dieu nous avons péché, nous et

nos pères262.

155a codd. : CV O. Editio : PG 64, 792 A9-13.

Saint Jean : En effet il ne suffit pas de pleurer et il ne suffit pas de supplier, car

cela est advenu du fait de la nature des épreuves, mais il exige d'eux qu'ils soient

des répondants et qu'ils rendent des comptes à l’avenir, afin qu’après la délivrance

des épreuves, ils ne retournent pas à nouveau à leur première attitude.

155b codd. : CV O. Editio : PG 93, 633 D14-15.

Olympiodore : Vous qui êtes prêts à revenir.

156a codd. : CV O. Editio : PG 64, 792 A14-B1.

Saint Jean : Apprenons à nous confesser avec exactitude, car ce n’est pas sans

intention que cela est inscrit, mais de telle sorte que nous aussi nous le suivions.

156b codd. : CV O. Editio : M. Ghisleri, p. 327 A4-B6.

Eusèbe : N’étant pas à toi auparavant, mais la part des démons ; il faut donc

garder en actes la promesse : nous serons à toi, en ne devenant à aucun autre.

Ensuite, alors que les idoles nous semblaient auparavant élevées et

extraordinaires, nous les appelons cependant mensonges. Et ils pensaient que les

démons habitaient dans les montagnes, le diable n'ayant abandonné aucun élément

de la création qui n'est pas adoré. Et il appelle les idoles "puissance des

montagnes" et par conséquent les oracles et les cultes issus d’elles sont

mensongers et trompeurs et les prodiges des Égyptiens ne sont pas comme ceux

de Moïse, et ceux de Simon263 ne sont pas comme ceux du Christ, et sachant que,

par l'échec d'Israël, il y a eu un chemin de salut pour nous et que, quand la foule

261 La confrontation avec le Commentaire sur Jérémie de Théodoret, édité dans la PG d'après unmanuscrit de la tradition directe, permet de comprendre que le relatif au féminin reprendmetameleiva et non aijcmalwsiva (cf. PG 81, 524 C8-9). Ce passage est l'un des rares quin'apparaissent pas dans la chaîne à deux auteurs. | 262 La fin de cet extrait anticipe sur le lemme166. | 263 Simon, le magicien des Actes, cf Ac 8, 9-13.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

jIsrah;l oJdo;n hJmi'n e[scen hJ swthriva kai; o{tan to; plhvrwma hJmw'n eijsevlqh/,

pa'" jIsrah;l swqhvsetai, ejpifevromen: Plh;n dia; Kurivou Qeou' hJmw'n hJ

swthriva tou' oi[kou jIsrahvl.

nnnnzzzz TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu KKKKuuuurrrriiiivv vvlllllllloooouuuu:::: Diamevmnhtai ojrw'n kai; bounw'n, ejpeivper ejn

aujtoi'" kata; tou;" ajrcaivou" ejkeivnou" kairou;" ijerav te kai; temevnh5

deimavmenoi kai; bwmou;" ajnasthvsante" toi'" daimonivoi" cariestavta"

prosekovmizon qusiva".

nnnnzzzz TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Prosekuvnhsan th'/ aJmartiva/, ejqusivasan tai'"

ponhrivai" th'" ejpiqumiva". Tavca kai; pro;" hJma'" oJ lovgo" ei[rhtai:

jEpistravfhte, uiJoiv, ejpistrevfonte". KKKKaaaaiiii;; ;; mmmmeeeetttt jjjj oooojj jjlllliiiivv vvggggaaaa:::: o[ntw" eij" yeu'do"10

h\san oiJ bounoiv. {Otan to; fw'" i[dwmen, tovte to; skovto" ejpiginwvskomen:

e[gnwsan to;n Qeo;n tovte kai; tou;" daivmona" ejgnwvrisan. Ou{tw kai; hJmei'"

tovte th;n aJmartivan eijsovmeqa o[ntw" ouj rJhvmasi levgonte", ajlla; dia; tw'n

pragmavtwn peisqevnte". jAfh'ken aujtou;" oJ Qeo;" dia; tw'n e[rgwn maqei'n:

dei' kai; tw'n protevrwn kataginwvskein.15

nnnnhhhh jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: AiJ ejn toi'" o[resi mantei'ai h] kai; oJ o[gko" th'"

aJmartiva".

nnnnqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: jIdou; pavlin to; Jdia; j ejpi; tou' Qeou' ei[rhtai.

[Edei me;n uJma'" kai; ajpo; tw'n a[llwn maqei'n, ajpo; oujranou' kai; gh'" kai;

qalavtth", nu'n de; ejk tw'n eij" aujtou;" genomevnwn. OiJ de; palaioi; oujci;20

livqina movnon ejpoivoun, ajlla; kai; o[rh kai; bounou;" ejdivwkon, to; de; ai[tion

ejn toi'" uJyhloi'" ejnovmizon katoikei'n tou;" daivmona": oujde;n ga;r mevro"

ejsti; th'" ktivsew" o} mh; proskunhqh'nai pareskeuvasen oJ diavbolo". KKKKaaaaiiii;; ;;

mmmmeeeetttt jjjjoooojj jjlllliiiivv vvggggaaaa:::: Plh;n dia; Kurivou Qeou' hJmw'n hJ swthriva tou' jIsrahvl. Tiv ga;r

a[llo zhtei' oJ Qeo;" h] i{na mavqh/" o{ti aujtov" se eujergetei' a[n … Tou'to h]25

oujde;n plevon ajpaitei' para; sou' … Kai; tou'to aujto; ejrastou'.

xxxx TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Eij kai; mhde;n e[paqon deinovn, aijscuvnh" meta; ta;

8 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V || 1 4 post peisqevnte" add. kai; V || 1 8 Tou'aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V || 2 1 livqina CV : livqon O || 2 5 a[n C O : om. V || 2 6sou' C O : om. V || tou'to aujto; ejrastou' C O : touvtou aujtou' ejra'/ V || 2 7 Tou' aujtou' C O : Tou'Crusostovmou V

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

des nôtres arrivera, tout Israël sera sauvé264, nous ajoutons : C’est seulement par

notre Seigneur Dieu que vient le salut de la maison d'Israël265.

157a codd. : CV O. Editio : PG 70, 1452 A3-6.

Saint Cyrille : Il mentionne montagnes et collines, puisque c’est précisément à

cet endroit, à ces époques anciennes, qu’après avoir façonné temples et

sanctuaires et dressé des autels, ils ont introduit des sacrifices très appréciés des

démons.

157b codd. : CV O. Editio : PG 64, 792 B6-15.

Saint Jean : Ils ont adoré le péché, ils ont sacrifié aux méchancetés du désir.

Peut-être le discours s’adresse-t-il aussi à nous : Revenez vraiment, fils. Et peu

après : En réalité c’était mensonge que les collines. Lorsque nous voyons la

lumière, nous reconnaissons alors l’obscurité. Ils ont alors connu Dieu et ils ont

appris à connaître les démons. De même nous aussi nous connaîtrons alors

vraiment notre péché en réalité, non pas en l'évoquant par des mots, mais en étant

convaincus par les faits. Dieu les a laissés apprendre par leurs actes : il faut aussi

condamner les actes passés.

158 codd. : CV O. Editio : PG 93, 636 A1-2.

Olympiodore : Les oracles rendus sur les montagnes ou bien encore le poids du

péché.

159 codd. : CV O. Editio : PG 64, 792 C1-12.

Saint Jean : Voici qu'à nouveau "par" est dit pour Dieu. Il vous fallait apprendre

des autres, du ciel, de la terre et de la mer et maintenant de ce qui leur est arrivé.

Et les anciens non seulement faisaient des statues de pierre, mais aussi

poursuivaient montagnes et collines ; et la cause est qu’ils croyaient que les

démons habitaient dans les hauteurs, car il n’existe aucune partie de la création

que le diable a préparée à ne pas être adorée266. Et peu après : C’est seulement

par notre Seigneur Dieu que vient le salut d’Israël. Que recherche donc Dieu si ce

n'est que tu apprennes que c’est lui même qui t’accorde des bienfaits267 ? Est-ce

qu'il ne te demande rien de plus ? Et cela-même est le propre de celui qui aime.

160 codd. : CV O. Editio : PG 64, 792 C15-D3.

264 Cf. Rm 11, 25-26. | 265 Le texte biblique cité ici par Eusèbe présente une variante par rapport autexte biblique donné au centre de la chaîne : l'ajout de tou' oi[kou. | 266 Cette phrase est très prochede la troisième phrase de l'extrait 156b d'Eusèbe de Césarée. | 267 i{na introduit une complétivenécessaire après un verbe d'effort chez Jean Chrysostome. La particule a[n porte bien sur le verbeau subjonctif mavqh/" et donne à la conjonction i{na une idée d'éventualité, cf. note 238.

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62

Chaîne intégrale à auteurs multiples

pravgmata h\n oujdevn, e{teron h\n hJ aijscuvnh. Tiv ga;r katagelastovteron

tou' toi'" o[resi quvein … Maniva" to; pra'gma h\n, ejpovnoun eijkh'/ kai;

ejtalaipwrou'nto kai; oujde;n e{teron h\n h] quvein aJplw'". JH me;n qusiva toi'"

daivmosin, hJ de; swthriva para; tou' Qeou'.

TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu KKKKuuuurrrriiiivv vvlllllllloooouuuu:::: Aijscuvnhn levgousin th;n ajlhqw'" ajklea' kai;5

ajdoxotavthn eijdwlolatreivan kai; th;n ejpi; touvtw/ plavnhsin, h] kai; tou;"

movcqou" tw'n patevrwn aujtw'n katanalw'sai: dedapanhvkasi ga;r

iJerourgou'nte" toi'" daivmosin ta; provbata aujtw'n kai; tou;" movscou"

aujtw'n kai; fronhvsew" zhmivan oJmou' toi'" ou\sin uJpevmeinan.

xxxxaaaa jjjjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: Eij mevllei katanalivskesqai oJ a[topo" movcqo" kai; to;10

yeude;" e[rgon tw'n patevrwn, aijscuvnhn dei' genevsqai. Tw'n aJmartanovntwn

oiJ mh; ejpi; toi'" aJmarthvmasin aijscunovmenoi pw'" a]n ejpistrevfoien …

metanow'n dev ti" ejf joi|" ejpoivei provteron, ejgkaluvptetai: kakw'n ga;r

sunaivsqhsi" metanoiva" ajrch; kai; mocqhra'" ejnnoiva" ajnavlwma. Eujlogiva

toivnun, ouj katavra, to; ejn Profhvtai": « Aijscunqhvtwsan kai;15

ejntraphvtwsan pavnte" oiJ misou'nte" Siwvn. »

xxxxaaaa eeeejj jjxxxx aaaajjjjnnnneeeeppppiiiiggggrrrraaaavvvvffffoooouuuu:::: JAplouvsteron me;n ou\n ejstin levgein J aijscuvnhn j ta;

ei[dwla kai; ga;r JHliva" « profhvta" aijscuvnh" » tou;" tw'n eijdwvlwn

yeudoprofhvta" kalei', w|n to; sevba", o{per oiJ patevre" hJmw'n

periepoiou'nto, katanavlwsen provbata quovntwn kai; bova" kai; kata; to; ejn20

Yalmoi'": « Tou;" uiJou;" aujtw'n kai; ta;" qugatevra" toi'" daimonivoi" ».

xxxxbbbb jj jjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""": JProvbata j kai; Jmovscoi j ta; a[loga tw'n patevrwn kinhvmata

a{per ejpainei'tai uJpo; Cristw/' poimevni ginovmena: « Ta; ejma; ga;r provbatav

fhsi th'" ejmh'" fwnh'" ajkouvousi » kai; ejn ejmoi; ga;r genovmeno", « oJ

1 h\n1 CV : h}n O (sic) || oujdevn — 2 h\n O : om. CV || 7 tw'n patevrwn CVsl O : om. V || 1 1 post Tw'nadd. ga;r CV || 1 3 dev ti" CV : de; tiv" O || ejgkaluvptetai CV : ejgkaluvptesqai O || 1 7 levgeinCV : ei\pein O || 1 9 w|n CV : w}n O (sic) || post sevba" add. hJmw'n CV || o{per CV : a{per O || 2 1post qugatevra" add. e[quon CV || 2 3 ginovmena O : genovmena CV || 2 4 genovmeno" O : ginovmeno"CV

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

Le même : S'ils n'avaient subi aucune épreuve, il n'y aurait268 aucune honte après

les actes, la honte serait quelque chose d'étranger. En effet qu'y a-t-il de plus

ridicule que de faire des sacrifices pour les montagnes ? C'était un acte de folie, ils

dépensaient au hasard leur peine, étaient misérables et il ne s'agissait de rien

d'autre que de faire simplement des sacrifices. Le sacrifice est pour les démons,

mais le salut vient de Dieu.

codd. : CV O. Editio : PG 70, 1452 A9-14.

Saint Cyrille : Ils disent que l’adoration des idoles vraiment sans renommée et

tout à fait sans gloire est une honte ainsi que l’errance liée à cela, ou encore

qu'elle a consumé les efforts de leurs pères, car en accomplissant des sacrifices

pour les démons, ils ont gaspillé leurs brebis et leurs veaux et ont subi du tort dans

leur esprit en même temps que dans leurs biens.

161a cod. : CV O. Editio : E. Klostermann, Die Überlieferung der

Jeremiashomilien des Origenes, Berlin 1897, p. 86.

Origène : Si l’effort extraordinaire doit être consumé ainsi que l’œuvre

mensongère des pères, il faut qu’il y ait de la honte. Comment ceux des pécheurs

qui n’ont pas honte de leur péchés reviendraient-il ? Mais quand quelqu'un se

repent de ce qu'il faisait auparavant, il est recouvert d'un voile, car la conscience

des maux est le début du repentir et la consomption d’une idée pénible. C’est une

bénédiction, non une malédiction, le mot présent chez les Prophètes : « Qu’ils

aient honte et se détournent en arrière, tous ceux qui haïssent Sion. »269

161b codd. : CV O. Editio : M. Ghisleri, p. 328 A7-B1.

Anonyme : Il est donc assez simple de dire "honte" pour les idoles et en effet Élie

appelle les faux prophètes des idoles « prophètes de honte »270, dont le culte, que

nos pères s'appropriaient, a consumé brebis et boeufs de sacrifiants et, selon le

mot des Psaumes, « leurs fils et leurs filles aux démons »271.

162a cod. : CV O. Editio : E. Klostermann, Die Überlieferung der

Jeremiashomilien des Origenes, Berlin 1897, pp. 86-87.

Origène : Les "brebis" et les "veaux" pour les mouvements irraisonnés des pères,

bêtes qui précisément sont loués parce qu’elles sont soumises au berger qu'est le

268 L'emploi de a[n dans une proposition principale à l'irréel n'est pas systématique chez JeanChrysostome (cf. M. Soffray, Recherches sur la syntaxe de Saint Jean Chrysostome d'après les"Homélies sur les statues", Paris 1939, p. 94, NB 2). | 269 Ps 128, 5. | 270 Cf. 1R 18, 19 et 25. | 271 Ps105, 37.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

poimh;n oJ kalo;" » ta; a[logav mou poimaivnei kinhvmata, i{na mhkevti wJ" ejpi;

th;n nomh;n wJ" e[tucen ejxevrchtai. Kai; Jbova" j dev fhsin, ejpeidh; e[sti ti

ejn hJmi'n gewrgou'n hJma'", o{per kalw'" gewrgou'n. Ou[k ejsti Jmovsco" j tw'n

patevrwn uJpo; th'" aijscuvnh" ajnaliskovmeno", ajll j ajf j w|n ta; prwtovtoka

ejpi; to; qusiasthvrion ajnafevretai tou' Qeou'. JUiJoi; j de; tw'n patevrwn5

aujtw'n ta; nohvmata, Jqugatevre" j de; ta; dia; tou' swvmato" e[rga kai;

pravxei" a{per uJpo; th'" ejpainoumevnh" aijscuvnh" ajnalivsketai. JHmi'n de;

pai'de" mh; gevnointo ajnalwqh'nai uJpo; th'" aijscuvnh" deovmenoi. Ei\ta to;n

ejn kakoi'" u{pnon fhsivn: ejkoimhvqhmen, ouj grhgorou'nte" ou[te pro;"

qeosevbeian iJstavmenoi kata; tov: « [Egeire oJ kaqeuvdwn kai; ajnavsta ejk tw'n10

nekrw'n kai; ejpifauvsei soi oJ Cristov". »

xxxxbbbb jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: jEkei'na peri; a} ejndiaqevtw" ei\con.

xxxxgggg TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Oujde; tw'n ejggovnwn ejfeivsanto kai; th;n fuvsin

aujtw'n hjgnovhsan eij" manivan th;n ejscavthn ejxwkeivlante".

xxxxdddd TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: JO ga;r mainovmeno" oujk oi\den tiv pravttei, oJ de; aijscra;15

pravgmata poiw'n kai; aijscuvnh" a[xia ejn aijsqhvsei tev ejsti kai; pollou;"

e[cei tou;" ejpitimw'nta". Oujk e[stin eijpei'n o{ti lavqra ejpoivoun ajlla;

pavntwn oJrwvntwn pollw'n tw'n mellovntwn o[ntwn kataiscuvnein aujtouv".

xxxxdddd jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Koivmhsin th;n ajnavpausin levgei. Dokou'nte" ou\n

fhsin ajnapauvesqai ejpi; toi'" th'" aJmartiva" e[rgoi", aijscuvnh"20

ejplhrouvmeqa.

xxxxeeee jj jjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: Tivna" kaluvptei hJ ajtimiva … tou ;" mh ; pro ;" Ku vrion

e jpistre vfonta" dia; tou' perielei'n to; tw'/ proswvpw/ ejpikeivmenon

kavlumma: dio; kai; toi '" a jpollume vnoi" kekalumme vnon e [sti to ;

eu jagge vlion, o{son de; e[comen ta; e[rga th'" aijscuvnh" e[comen, kai; to;25

kavlumma, o{per ejsti;n aijscuvnh, kata; to; ejn tw'/ mg yalmw/': « Kai; hJ

aijscuvnh tou' proswvpou mou ejkavluyen me ». JO de; mh; e[cwn aijscuvnh"

7 th'" O : om. CV || 9 fhsivn CV : fasi;n O || 1 3 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V|| 1 4 aujtw'n CV : aujth;n O || ejxwkeivlante" CV : ejxwvkeilan O || 1 5 Tou' aujtou' C O : Tou'Crusostovmou V || 1 8 tw'n mellovntwn CV : post o[ntwn transp. O || 2 2 ajtimiva O : aJmartiva CV|| pro;" O : ejpi; CV

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

Christ. « Mes brebis, dit-il en effet, écoutent ma voix »272 et en effet, étant en moi,

« le bon berger »273 fait paître mes mouvements irraisonnés, afin qu'ils ne sortent

plus n'importe comment comme pour aller au pâturage. Et il dit aussi "bœufs",

puisqu’il y a une faculté en nous qui nous cultive, qui précisément nous cultive

bien. Le "veau" des pères n'est pas consumé par la honte, mais fait partie des

animaux dont on offre les premiers-nés sur l’autel de Dieu. Et les "fils" sont les

pensées des pères mêmes, les "filles", les œuvres et les actions corporelles qui

précisément sont consumés par la honte louable. Et puissions-nous ne pas avoir

d'enfants qui auraient besoin d'être consumés par la honte. Ensuite, il dit le

sommeil dans les maux : Nous nous sommes couchés, sans veiller et sans nous

tenir debout pour le culte de Dieu selon : « Réveille-toi, toi qui dors, lève-toi

d'entre les morts et le Christ t'éclairera. »274

162b codd. : CV O. Editio : PG 93, 636 A3-4.

Olympiodore : Ces bêtes avec lesquelles ils ont un lien inné.

163 codd. : CV O. Editio : PG 64, 792 D5-6.

Saint Jean : Ils n’ont même pas épargné leurs descendants et ils ont ignoré leur

famille en dérivant275 dans l'extrême folie.

164a codd. : CV O. Editio : PG 64, 792 D7-12.

Le même : En effet, celui qui est fou ne sait pas ce qu’il fait, mais celui qui fait

des actes vils et dignes de honte s'en aperçoit et a de nombreux détracteurs. Il

n’est pas possible de dire qu’ils agissaient en cachette, mais à la vue de tous,

nombreux étant ceux qui allaient leur faire honte.

164b codd. : CV O. Editio : PG 93, 636 A5-8.

Olympiodore : Par le fait de se coucher, il veut dire le repos. Il dit donc que,

croyant nous reposer sur les actes du péché, nous étions pleins de honte.

165 cod. : CV O. Editio : E. Klostermann, Die Überlieferung der

Jeremiashomilien des Origenes, Berlin 1897, p. 87.

Origène : Qui le déshonneur voile-t-il ? Ceux qui ne reviennent pas vers le

Seigneur2 7 6 parce qu'ils ôtent le voile posé sur leur visage ; c’est pourquoi pour

ceux qui sont perdus aussi, l’Évangile est voilé27 7 , et tant que nous avons

les œuvres de la honte, nous avons aussi le voile, c'est-à-dire la honte, selon le

272 Jn 10, 27. | 273 Cf. Jn 10, 11. | 274 Eph 5, 14. | 275 Le verbe ejxokevllw est fréquent chez JeanChrysostome (cf. par exemple Hom. Gen. II, PG LIII, 28, l. 2). Il apparaît à plusieurs reprises dansla chaîne à deux auteurs (cf. extraits de Jean Chrysostome sur Jr 1, 4-5 et 2, 23 et extrait deThéodoret sur Jr 2, 32). | 276 Cf. 2 Co 3, 16. | 277 Cf. 2 Co 4, 3.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

e[rga fhsivn: « JHmei'" de; ajnakekalummevnw/ proswvpw/ th;n dovxan Kurivou

katoptrizovmenoi ». Eij de; to; kavlumma qevlomen ajpoqevsqai to; ajpo; th'"

ajtimiva", ejpi; ta; th'" timh'" e[rga katanthvswmen, noou'nte" tov: « {Ina

pavnte" timw'si to;n UiJo;n kaqw;" timw'si to;n Patevra », kai; to;: « Dia; th'"

parabavsew" tou' novmou to;n Qeo;n ajtimavzei" » pro;" to;n aJmartwlo;n uJpo;5

Pauvlou rJhqevn.

xxxx²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: To;n ejxomologouvmenon ou{tw" ejxomologei'sqai

dei' au[xein to; aJmavrthma pavntoqen, ajposterei'n aujto;n suggnwvmh" i{na

tuvch/ suggnwvmh".

xxxxzzzz TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Oujc a{pax ei\pen ouj deuvteron ouj trivton ajlla; muriosto;n10

kai; oujk e[stin eijpei'n o{ti pantacou' toiou'toi, ajlla; peri; me;n tou;"

daivmona" ou{tw qermoi; kai; manikoi; wJ" mhde; splavgcnwn feivsasqai

oijkeivwn, wJ" kai; ta; e[kgona kataqu'sai, peri; de; to;n Despovthn ou{tw

rJav/qumoi kai; aujqavdei" kai; ajfhniw'nte" wJ" mhde; th'" fwnh'" ajkou'sai, ajll j

aujth'" parakou'sai.15

xxxxhhhh jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: jEa;n ejx o{lh" kardiva" metanohvsh/.

xxxxqqqq BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""":::: Perielei'n ejk tou' stovmato" ta; bdeluvgmata to; mhdemivan

tw'n eijdwvlwn mneivan poiei'sqai, bdevlugma de; stovmato" katalalia; kai;

lovgo" ajrgo;", povsw/ ge ma'llon kata; Qeou' blasfhmiva: a} poiou'ntwn

eujloghvsei ejn hJmi'n e[qnh kai; ejn hJmi'n aijnevsousi to;n Qeo;n kata; tov:20

« {Opw" i[dwsi ta; kala; e[rga uJmw'n kai; doxavswsi to;n Patevra uJmw'n to;n

ejn toi'" oujranoi'". »

oooo jj jjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: Kalw'" de; kai; to; eujlabhqh/' oujc aJplw'" ajll j ajpo; tou'

proswvpou mou: fovbo" ga;r ejpisthmoniko;" to; dokei'n oJra'n ajei; to;

1 JHmei'" de; O : om. CV || 2 katoptrizovmenoi O : katoptrivzetai CV || to;2 CV : ta; O || 3 ta; C OVac : om. Vpc || katanthvswmen O : katanthvsomen CV || 6 rJhqevn C O : rJhtw'n Vpc non legitur Vac ||7 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V || 1 0 a{pax C O : aJplw'" V || 1 1 toiou'toi C OVac : ou|toi Vpc || 1 4 ajll j aujth'" CV : ajlla; th'" O || 1 7 post Bivktoro" add. presbutevrou O || to;CV : tw/' O || 1 8 mneivan CV : maneivan O || kai; O : om. C non legitur V || 2 0 to;n Qeo;n CV : tw/'Qew/' O || 2 3 o CV P : oa O || eujlabhqh/' CV O : eujlabhvqi P || tou' CV P : om. O || 2 4 ajei; CV O :om. P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

Psaume 43 : « Et la honte m’a voilé le visage. »278 Et celui qui n’a pas d'œuvres de

honte dit : « Mais nous, le visage dévoilé, contemplant en un miroir la gloire du

Seigneur »279. Et si nous désirons retirer le voile provenant du déshonneur,

tendons aux œuvres de l’honneur en gardant à l'esprit : « Afin que tous honorent

le Fils comme ils honorent le Père »280 et le mot de Paul au pécheur : « Par la

transgression de la loi, tu déshonores Dieu. »281

166 codd. : CV O. Editio : PG 64, 793 A1-3.

Saint Jean : Il faut que celui qui se confesse se confesse de telle sorte qu’il

augmente de toutes parts son péché et le prive de pardon pour obtenir le pardon.

167 codd. : CV O. Editio : PG 64, 793 A5-7.

Le même : Il ne l'a pas dit une, ni deux, ni trois, mais dix mille fois et il n’est pas

possible de dire qu’ils sont tels partout, mais à l’égard des démons ils sont si

chaleureux et si fous qu’ils n’ont même pas épargné leurs propres entrailles, qu’ils

ont sacrifié même leurs descendants, tandis qu’à l’égard du Maître ils sont si

négligents, si arrogants et si rétifs qu’ils n’écoutent même pas sa voix et qu’ils

refusent de l’entendre.

168 codd. : CV O. Editio : PG 93, 636 A9-10.

Olympiodore : S’il se repent de tout son cœur.

169 codd. : CV O. Editio : M. Ghisleri, p. 338 E7-11.

Victor : Extirper les abominations de sa bouche, c’est ne faire aucune mention

des idoles et l’abomination de la bouche, c'est calomnie et discours oiseux,

combien plus blasphème contre Dieu. Si nous faisons cela282, d e s n a t i o n s

b é n i r o n t e n n o u s e t l o u e r o n t e n n o u s D i e u selon : « afin qu’ils

voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux. »283

170 codd. : CV OP. Editio : E. Klostermann, Die Überlieferung der

Jeremiashomilien des Origenes, Berlin 1897, pp. 87-88.

Origène : Et à juste titre, il y a aussi "est plein de révérence", pas simplement

278 Ps 43, 16. Le génitif tou' proswvpou mou est un génitif de la partie, comme le souligne A.Festugière dans ses notes de traduction. | 279 2 Co 3, 18. | 280 Jn 5, 23. | 281 Rm 2, 23. | 282 Il y a ici,en quelque sorte, une rupture de construction du fait de ce génitif absolu sans sujet. Il estintéressant de noter que l'abrégé a un sujet pour ce même génitif absolu (tau'ta poiouvntwn hJmw'neujloghvsei ejn hJmi'n, cf. éd. chaîne abrégée, p. 23, ll. 10-11) : soit l'abrégé rétablit un sujet pourdonner un texte plus clair, soit l'abrégé permet de rétablir l'omission fautive de la chaîne intégraleet donne accès ici à un texte plus sûr. | 283 Mt 5, 16.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

« provswpon tou' Qeou' ginovmenon ejpi; tou;" poiou'nta" kaka; tou'

ejxoloqreuqh'nai ejk gh'" to; mnhmovsunon aujtw'n. »

ooooaaaa TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu eeeejj jjppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu KKKKwwwwnnnnssssttttaaaannnnttttiiiinnnnoooouuuuppppoooovv vvlllleeeewwww"""":::: Mhdei;"

ejnteu'qen lambanevtw provfasin o{rkou, ajll j ajkouevtw tou' Eujaggelivou o{te:

« jHkouvsate o{ti ejrrevqh toi'" ajrcaivoi": oujk ejpiorkhvsei", ejgw; de; levgw5

uJmi'n mh; ojmovsai o{lw" ». Pro; touvtou tau'ta ejlevgeto toi'" ajnohvtoi" toi'"

ejx eijdwvlwn proagomevnoi", oujci; toi'" filosofou'sin, oujci; toi'" aJptomevnoi"

tw'n oujranw'n, oujci; toi'" eij" a[ndra telou'sin.

ooooaaaa jjjjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: Pw'" de; kai; ojmovsh/ fhsi; zh'/ Kuvrio", tou' Swth'ro"

ojmnuvein ajpagoreuvonto" … ejpeidh; oJdo;" tou' mhd j o{lw" ojmnuvnai to; ejn10

ajlhqeiva/ kai; krivsei kai; dikaiosuvnh/ tou'to poiei'n: ajxiovpisto" ga;r ejn tw'/

nai; kai; ouj givnetai, mhkevti martuvrwn deovmeno". Dei' ou\n ajlhqeuvein mhvte

ajkrivtw" mhvte ajdivkw" ojmnuvonta". Eijpw;n de; peri; tw'n ejqnw'n, eijpw;n de;

kai; peri; tou' jIsrahvl, h{nwsen ajmfotevrou" eijpwvn: kai; eujloghvsousin ejn

aujtw/' e[qnh.15

ooooaaaa jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Oujk ojmnuvnai prostavttei, ajll j eij a[ra ti" ojmnuvei,

bouvletai eJautw'n mh; ta; ei[dwla o{rkia poiei'sqai, plevkei de; to; Zh'/ Kuvrio"

tw'/ o{rkw/, i{na ojmnuvonte" oJmou' kai; doxologw'si kai; eujcaristw'sin.

oooobbbb TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Ouj ga;r ajdivkw" h] ajkrivtw" dei' profevrein tou' Qeou' to;

o[noma.20

1 tou'2 V OP : to; C || 2 ejxoloqreuqh'nai CV O : ejxoloqreu'sai P || 3 Tou' — Kwnstantinoupovlew"O : Tou' aJgivou jIwavnnou C Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 4 ejnteu'qen CV OpcP : ejntau'qaOac || tou' Eujaggelivou CV : tw'n Eujaggelivwn O tw'n eujaggelikw'n rJhtw'n P || o{te CV : o{ti OP ||7 ejx CV O : om. P || 8 a[ndra CV O : a[ndra" P || 9 oa — 15 e[qnh : hoc comm. om. V || 1 1 kai;2 CO : non legitur P || 1 3 de;2 OP : om. C || 1 6 ti" C OP : tiv" V || 1 7 eJautw'n CV : eJauto;n O nonlegitur P || 1 8 doxologw'si V OP : doxologou'sin C post doxologw'sin add. to;n Qeo;n P || kai;eujcaristw'sin CV O : om. P || 1 9 Tou' aujtou' C OP : jOlumpiodwvrou V || dei' CV : crh; OP ||profevrein CV P : post tou' Qeou' transp. O

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65

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

mais "devant ma face"284, car craindre à bon escient, c'est croire toujours voir « la

face de Dieu contre ceux qui font le mal pour exterminer de la terre leur

mémoire. »285

171a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 793 B3-9.

Saint Jean, évêque de Constantinople : Que personne ne tire d'ici un prétexte

pour faire un serment, mais qu'il écoute l'Évangile au moment où < il est dit > :

« Vous avez appris qu’il a été dit aux Anciens : tu ne prêteras pas de faux

serments, mais moi je vous dis de ne pas jurer du tout »286. Auparavant cela était

dit aux idiots que l'on cherchait à pousser loin des idoles, non aux philosophes,

non à ceux qui atteignent les cieux, non à ceux qui sont dans la classe des hommes

faits287.

171b codd. : C OP. Editio : E. Klostermann, Die Überlieferung der

Jeremiashomilien des Origenes, Berlin 1897, p. 88.

Origène : Comment dit-il : et s'il jure en disant : « Le Seigneur est vivant ! »,

alors que le Sauveur interdit de jurer ? Parce que faire cela en vérité, en droit et en

justice conduit à ne pas jurer du tout, car on devient digne de foi dans le oui et le

non quand on n'a plus besoin de témoins. Il faut donc dire la vérité en ne jurant ni

contre le droit, ni contre la justice. Or après avoir parlé des nations, après avoir

parlé aussi d’Israël, il a réuni les deux ensembles en disant : et des nations

loueront en lui.

171c codd. : CV OP. Editio : PG 93, 636 A11-B1.

Olympiodore : Il recommande de ne pas jurer, mais si d'aventure quelqu'un jure,

il veut qu’il ne prête pas de serments au nom de leurs idoles, mais il compose :

« Le Seigneur est vivant ! » pour le serment, afin que, tout en jurant, ils rendent

gloire et rendent grâce.

172a codd. : CV OP. Editio : PG 93, 636 B1-2.

Le même : Car il ne faut pas proférer le nom de Dieu contre la justice ou contre le

droit.

284 On est obligé de traduire ici très littéralement l'expression du texte biblique ajpo; tou'proswvpou mou pour que l'enchaînement avec la citation du Ps 33, 17 soit plus clair. | 285 Ps 33, 17avec de légères variantes. | 286 Mt 5, 33-34. | 287 L'expression eij" a[ndra televw existe déjà en cesens chez Platon (cf. Lois, 923e).

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66

Chaîne intégrale à auteurs multiples

oooobbbb TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: JH ga;r kalh; ajnastrofh; kai; eJtevroi" givnetai aijtiva

swthriva".

oooodddd TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: jAsfavleia ga;r povlew", oujk oijkodomiva" aJrmoniva

oujde; livqwn mevgeqo", ajll j hJ tw'n ejnoikouvntwn ajrethv: w{sper ou\n kai;

prodosiva povlew", oujk oijkodomhmavtwn saqrovth", ajll j hJ tw'n politw'n5

faulovth".

ooooeeee TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: jEk th'" peivra" tw'n gewrgikw'n oJ profhvth"

paraggevllei givnesqai ejpi; tw'n yucw'n: ta;" uJpo; pollh'" ajrgiva" ejn tw'/

parelqovnti crovnw/ pollh;n ejxenegkouvsa" kakivan kai; e[rga a[karpa tw'/

ajrovtrw/ tou' lovgou metascei'n parakeleuvetai: ouj ga;r e[sti qei'on aJplw'"10

devxasqai spovron mh; provteron ta;" ajkavnqa" ejkbalovnta", diov fhsin:

« [Ekklinon ajpo; kakou' kai; poivhson ajgaqovn ».

ooooeeee jj jjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: JO lovgo" ou|to" mavlista toi'" didavskousi levgetai: dei'

ga;r tou;" didaskavlou" mh; pisteuvein toi'" ajkroatai'" tou;" qeivou" lovgou"

mevcri" a]n kaqavrwsin aujtw'n ta;" yuca;" pa'n ejkrizou'nta" pavqo" kai;15

mevrimna" biwtika;" ai{per eijsi;n a[kanqai. Kai; eJautou' de; e{kasto" ajrovth"

ejsti;n gh'n e[cwn th;n ijdivan yuch;n h}n ojfeivlei neou'n ajrovtrw/ logikw'/. Peri;

ou| fhsin oJ Cristov": « Oujdei;" balw;n th;n cei'ra ejp j a[rotron kai;

strafei;" eij" ta; ojpivsw eu[qetov" ejstin ejn th/' basileiva/ tw'n tou' Qeou'

oujranw'n » kai; sunagagei'n tou;" bou'", tou;" ejrgavta" ajpo; tw'n grafw'n,20

tou;" kaqarouv": tovte ga;r nevan poihvsei" ajnti; palaia'" th;n yuchvn,

« ejkdusavmeno" to;n palaio;n a[nqrwpon su;n tai'" pravxesin aujtou' kai;

ejndusavmeno" to;n nevon to;n ajnakainouvmenon eij" ejpivgnwsin ». Poihvsa" de;

nevwma, spei'ron ajpo; tw'n didaskovntwn spevrmata nomika; profhtika;

1 ob — 2 swthriva" : hoc comm. om. P || givnetai CV : post aijtiva transp. O || 3 od OP : og CV ||Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 7 oe OP : od CV || Tou' aujtou' COP : Tou' Crusostovmou V || peivra" CV P : om. O || oJ profhvth" CV O : post paraggevllei transp.P || 1 1 ejkbalovnta" CV P : ejkballovnta" O || 1 5 mevcri" CV : mevcri OP || a]n CV : om. OP || aujtw'nC OP : post ta;" transp. V || ejkrizou'nta" CV P : ejkrizhvta" O || 1 6 de; CV P : om. O || ajrovth" OP :ajreth'" CV || 1 7 post ejsti;n add. ejrgavth" CV || 1 8 post cei'ra add. aujtou' O || 1 9 ejn th/'basileiva/ CV P : eij" th;n basileivan O || tw'n CV O : om. P || tou' Qeou' OmgP : om. CV O || 2 0oujranw'n CV O : om. P || 2 3 to;n2 C OP : iter. V || 2 4 spei'ron V P : speivron O speivrwn C

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66

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

172b288 codd. : CV O. Editio : PG 93, 636 B2-3.

Le même : Car le beau retour devient aussi pour d’autres une cause de salut.

174 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 793 B12-15.

Saint Jean : Car ce qui fait la sûreté d'une ville, ce n'est pas l’harmonie de la

construction, ni la taille des pierres, mais la vertu de ses habitants, de même donc

ce qui fait la trahison d’une ville, ce n’est pas le délabrement des constructions,

mais la médiocrité des citadins289.

175a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 793 C6-13.

Le même : C’est d'après l’expérience des cultivateurs que le prophète prescrit

l'attitude à avoir envers les âmes ; celles qui, par leur grande paresse dans le temps

passé, ont produit beaucoup de méchanceté et des œuvres sans fruits, il

recommande qu'elles participent290 à la charrue du raisonnement, car il n’est pas

possible de recevoir naïvement une semence divine sans avoir enlevé auparavant

les épines, c’est pourquoi il dit : « Détourne-toi du mal et fais le bien »291.

175b codd. : CV OP. Editio : E. Klostermann, Die Überlieferung der

Jeremiashomilien des Origenes, Berlin 1897, pp. 88-89.

Origène : Cette parole est surtout dite pour ceux qui enseignent, car il ne faut pas

que les maîtres292 confient les paroles divines à ceux qui les écoutent avant d'avoir

purifié leur âme en arrachant toute passion et les soucis matériels, qui sont

précisément des épines293. Et en outre, chacun est son propre laboureur, possédant

comme terre sa propre âme, qu’il doit défricher par la charrue du raisonnement294.

À propos de lui, le Christ dit : « Quiconque a mis la main à la charrue et se

retourne en arrière est impropre au royaume céleste de Dieu »295 et < ne peut >

rassembler les bœufs, les travailleurs d'après les Écritures296, les purs. Car alors,

d'ancienne, tu rendras l’âme nouvelle, « après avoir dévêtu l’homme ancien avec

ses actes et avoir revêtu l’homme nouveau, renouvelé pour la connaissance »297.

288 L'extrait porte pourtant sur le lemme 173. | 289 Cf. Jean Chrysostome, Commentaire sur lesProverbes, 4, 23 ; 10, 15 et 11, 10 (cf. éd. G. Bady). | 290 M. Ghisleri et, à sa suite, la PG traduisentcurieusement le verbe metevcw par "couper". | 291 Ps 33, 15 et cf. 1P 3, 11. | 292 Il faut noter l'écho,difficile à rendre en français, entre didavskousi et didaskavlou". | 293 Il est intéressant de noter uneinterprétation parallèle d'Origène sur le début du Ps 118 dans la Chaîne palestinienne (SC 189, pp.186-187) : « Il faut en effet avoir un bon comportement et corriger ses moeurs avant d'en venir àl'examen des enseignements divins, puisque c'est d'une âme pure que l'on doit "scruter lestémoignages" de Dieu. » | 294 Trad. P. Nautin (Origène, Homélies sur Jérémie, SC 232, p. 313) : lacharrue spirituelle et trad. H. Crouzel, F. Fournier et P. Périchon pour un fragment sur Lc 9, 62reprenant sans doute le passage des Homélies sur Jérémie (Origène, Homélies sur Luc, SC 87, p.517) : la charrue raisonnable. | 295 Lc 9, 62. | 296 Cf. Mt 20, 1. | 297 Col 3, 9-10.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

eujaggelika; ajpostolika; memnhmevno" kai; meletw'n aujtav.

oooo²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: \Ara peri; tauvth" levgei th'" peritomh'" …

oujdamw'", ajlla; peri; th'" kata; yuchvn. [Ara ejkeivnh ouj tw'/ Qew'/ ejstin hJ

peritomhv: ouj ga;r a]n ei\pen: Tw'/ Qew'/ peritmhvqhte, kai; mh;n ei\pen a[n ti"

o{ti peritemnovmeqa kai; tw/' Qew'/ peritemnovmeqa. Pw'" ga;r a]n aujtou' oujk5

a]n ei[h … Ouj bouvlomai th;n par j eJtevrou ginomevnhn peritomhvn, ajlla; th;n

par j uJmw'n aujtw'n h|" e{kastov" ejsti kuvrio". jEkeivnh par j eJtevrou givnetai

kai; ejn swvmati givnetai, au{th oujciv. JOra'/" o{ti sugkatabavsew" h\n hJ

palaiav … ouj ga;r a]n ei\pen tw'/ Qew'/ uJmw'n, eij mh; ejdhvlou o{ti ejkeivnh ouj

tw'/ Qew'/: tiv ga;r o[felo" eij" ajreth;n ejkeivnh … tiv ejntau'qav fhsin oJ10

jIoudai'o" … oJra'/" o{ti oJ novmo" a[llo ti aijnivttetai kai; ou[k ejsti kaq

j eJauto;n iJkano;" sw'sai, ei[ge au{th hJ peritomhv. [Ara th'" Kainh'" hjrevma

paranoigomevnh" ta;" quvra" o{ra th;n palaia;n aujth;n uJf j eJauth'"

katargoumevnhn. Oujk ei\pe Pau'lo" tou'to, jIoudai'e, oujk ejnomoqevthse

Pevtro", jIeremiva" ei\pen o}n perievpei" e[ti kai; nu'n: oujk ejk tw'n hJmetevrwn15

tau'tav soi profevrw biblivwn, ma'llon de; ejk tw'n uJmetevrwn, ejk tw'n

hJmetevrwn ma'llon h] sw'n. Kai; ga;r kai; ta; th'" Kainh'" oujc h|tton

hJmevtera ma'llon h] sa; kai; ta; th'" palaia'" oujc h|tton ajllovtriav sou:

w{sper ejkeivnoi" ajpistei'", ou{tw kai; touvtoi", w{sper ejkeivnoi" pisteuvw,

ou{tw kai; touvtoi", w{ste oJ me;n jIoudai'o" ajmfotevrwn ejkpevptwken, hJmei'"20

de; ajmfotevrwn ejcovmeqa: e}n ga;r ejn ajmfotevrai" to; pneu'ma.

oooo²²²² jj jjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: Peritevmnontai kai; Aijguptivwn iJerei'", ajlla; toi'"

daivmosin, hJ de; tw'n jIoudaivwn Qew'/. Peritevmnontai de; kai; a[llw"

filovsofoiv te kai; aiJretikoi; swfronou'nte" eij tuvcoi, plh;n ajll j ouj Qew/':

2 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || \Ara CV O : a[ra P || 3 ouj tw'/CV P : ou{tw O || 4 post ti" add. o{ti" C || 5 kai; C OP : ka]n V || kai; — peritemnovmeqa2 CmgV O :om. C P || peritemnovmeqa2 C OP : peritemnwvmeqa V || 9 a]n C OP : om. V || uJmw'n CV P : hJmw'n O ||1 2 au{th CV : aujth; OP || [Ara CV : oJra O (sic) oJra'/ P || 1 3 o{ra P : oJra'n CV O || 1 4 postPau'lo" add. peri; CV || 1 6 soi OP : post profevrw transp. CV || uJmetevrwn CV P : hJmetevrwn O ||1 9 post touvtoi" add. kai; C || w{sper2 — 20 touvtoi" C OP : om. V || 2 1 e}n O : ejn CV P || ejn C O :om. V P || 2 3 hJ CV O : oiJ P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

Et après avoir fait une friche, sème des semences qui viennent de ceux qui

enseignent, de la loi, des prophètes, des Évangiles, des Apôtres, par la mémoire et

l'exercice.

176a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 793 D9 - 796 B5.

Saint Jean : Est-ce de cette circoncision qu’il parle ? Pas du tout, mais de celle

qui concerne l’âme. Cette circoncision-là n’est donc pas pour Dieu, car il n’aurait

pas dit : Faites-vous circoncire pour Dieu, et pourtant quelqu’un aurait pu dire :

nous sommes circoncis et nous sommes circoncis pour Dieu. Car comment ne

serait-elle pas à lui ? Je ne veux pas la circoncision faite par un autre, mais celle

qui est faite par vous-mêmes, dont chacun est maître. Celle-là provient d’un autre

et a lieu dans un corps, celle-ci non. Vois-tu que l’ancienne était un effet de sa

condescendance ? car il n’aurait pas dit pour votre Dieu, s’il n’avait pas montré

que celle-là n’est pas pour Dieu. Quel est donc l’apport de celle-là à la vertu ? Que

dit ici le Juif ? Tu vois que la Loi suggère autre chose et n’est pas capable de

sauver par elle-même, s'il est vrai que telle est la circoncision. Par conséquent,

lorsque la Nouvelle < Alliance >298 entrouvre lentement les portes, vois l’ancienne

< alliance > elle-même être abrogée par elle-même. Ce n'est pas Paul qui a dit

ceci, Juif, ce n'est pas Pierre qui a légiféré, c'est Jérémie, que tu entoures

d’attentions encore maintenant, qui l'a dit : ce n’est pas à partir de nos livres que

je profère ces choses à ton intention, mais plutôt à partir des vôtres, à partir des

nôtres plutôt que des tiens. Et en effet le Nouveau < Testament > n'est pas moins

nôtre que tien et l’Ancien < Testament > pas moins étranger à toi ; de même que

tu ne crois pas à ce qui est dans l'un, de même tu ne crois pas à ce qui est dans

l'autre et de même que je crois en l'un, de même je crois en l'autre, de telle sorte

que le Juif a perdu les deux, tandis que nous saisissons les deux, car un seul esprit

est dans les deux.

176b codd. : CV OP. Editio : E. Klostermann, Die Überlieferung der

Jeremiashomilien des Origenes, Berlin 1897, p. 89.

Origène : Les prêtres des Égyptiens aussi sont circoncis, mais c'est pour les

298 Jean Chrysostome a l'habitude de parler de "l'Ancienne" et de "la Nouvelle" sans ajouter le mot"Alliance". Dans son dictionnaire, G. W. Lampe signale des exemples de l'Homélie 17 surMatthieu, 6, de l'Homélie 4 sur Éphésiens, 4 et de l'Homélie 47 sur Jean, 1. Il y a aussi desexemples de cette tournure chez Hippolyte, Origène, Athanase, le Pseudo-Athanase, Jean Moschoset Jean Damascène.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

yeudei' ga;r peritevmnontai lovgw/, ouj kata; to;n ejkklhsiastiko;n kanovna.

KKKKaaaaiiii;; ;; ppppaaaavvvvlllliiiinnnn:::: Swmatikw'" ga;r oujdei;" th;n kardivan eJautou' perievtemen ejn h|/

kaq j hJma'" ejsti to; hJgemoniko;n o{qen ejxevrcontai ponhroi; logismoi;

deovmenoi, kaqavper ti" ajkrobustiva, peritomh'" h{ti" uJpovstasi" givnetai

J ajnh;r jIouvda kai; katoikw'n ejn jIerousalh;m j kaqarw'" peritetmhmevno": eij5

de; mhv, tou'to mavqwmen tiv genhvsetai.

oooozzzz jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Th;n ga;r kakivan, ouj th;n savrka bouvletai

peritevmnesqai.

oooohhhh TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu eeeejj jjppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu KKKKwwwwnnnnssssttttaaaannnnttttiiiinnnnoooouuuuppppoooovv vvlllleeeewwww"""":::: jAnqrwpivnw"

dialevgetai boulovmeno" aujtou;" paideu'sai, dio; pollavki" ejpikremna'/ to;n10

fovbon aujtoi'": kai; oujk e[stai oJ sbevswn to; deino;n tou'to. jEpeidh; ga;r

pollavki" eij" th;n filanqrwpivan aujtou' ta;" ejlpivda" ei\con, ajnairei'

tauvthn th;n paramuqivan.

oooohhhh QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: jEkei'no ga;r to; pu'r u{lhn e[cei th;n ponhrivan: h|" mh;

ou[sh", to; pu'r oujk e[cei pou' nemhqhvsetai. To; de; oujk ejstai oJ sbevswn15

ajnairetiko;n tou' ªmh;º dei'n ejpelpivzein th/' tou' Qeou' filanqrwpiva/ …

Pollavki" ga;r ajpeilhvsa" dia; tw'n profhtw'n ejpevsce th;n ojrgh;n ejsq j o{te

tou' profhvtou dehqevnto" uJpe;r aujtw'n wJ" Mwu>sevw" kai; Samouh;l kai; jIwvb.

ooooqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Tiv tou'to a[nw ei\pe mhv pote ejkkauqh' wJ" pu'r oJ

qumov" mou … h[dh aujto;n ejxevkausen. jEfivsthsin aujtoi'" ta; deina; kai; ejpi;20

quvrai" aujtai'" ajgagwvn, oujk ejpafivhsin aujtoi'" ta; deinav: ouj ga;r eij"

1 yeudei' CV O : yeudh' P || post peritevmnontai iter. kai; a[llw" filovsofoi P || post lovgw/ add. kai;P || 2 eJautou' OP : aujtou' CV || 3 to; CV P : to;n O || 4 h{ti" CV : h}n tiv" O h[n ti" P || givnetaiCV O : gevnhtai P || 5 ejn OP : om. CV || kaqarw'" CV P : kaqaro;" O || 9 Tou' —Kwnstantinoupovlew" O : Tou' aJgivou jIwavnnou C Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 1 4 jEkei'noC OP : ejkeivnh VacVpc || ponhrivan C OP : non legitur Vac uJphresivan Vpc || 1 6 ejpelpivzein CVacVpc

P : ejlpivzein O post ejpelpivzein add. ejp j ajdikiva/ C || 1 7 ejsq j o{te CV O : post profhvtoutransp. P || 1 9 ejkkauqh' C OP : ejkkauqhvsetai V || 2 1 aujtoi'" CV : om. OP

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

démons, alors que < la circoncision > des Juifs est pour Dieu. Autrement aussi,

des philosophes et des hérétiques, tempérants s'il s'en trouve, sont circoncis, sauf

que ce n’est pas pour Dieu. Car ils sont circoncis par un discours mensonger, non

selon la règle de l'Église.

Et à nouveau : Sur le plan corporel en effet, personne n’a circoncis son cœur

dans lequel se trouve pour nous le principe directeur d’où sortent de mauvais

raisonnements qui, comme un prépuce, ont besoin d’une circoncision, lequel

devient une substance299, "homme de Juda et habitant de Jérusalem", s'il est

circoncis dans la pureté et s’il ne l’est pas, apprenons ce qui arrivera.

177 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 636 B4-5.

Olympiodore : Car c’est la méchanceté, non la chair qu’il veut circoncire.

178a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 796 C8-12.

Saint Jean évêque de Constantinople : C’est à la manière humaine qu’il

s’adresse à eux parce qu’il veut les éduquer, c’est pourquoi souvent il tient la

crainte en suspens sur eux : et il n’y aura personne pour éteindre ce fléau. En

effet, puisqu’ils mettaient souvent leurs espoirs dans son amour pour les hommes,

il anéantit cette consolation.

178b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 352 A1-8.

Théodoret : Car ce feu a pour combustible la méchanceté et si elle n’existe pas, le

feu n’a pas de quoi se nourrir. Il n’y aura personne pour éteindre supprime-t-il le

fait qu'il faut espérer en l’amour de Dieu pour les hommes300 ? < Non >, car alors

qu’il a souvent menacé par les prophètes, il a quelquefois contenu sa colère, quand

le prophète le lui avait demandé pour eux, comme Moïse, Samuel et Job.

179 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 796 D5-11.

Saint Jean : Pourquoi a-t-il dit en haut ceci : de peur qu’un jour ma fureur ne

299 Le terme uJpovstasi" ne se trouve pas dans le texte-source. L'idée du texte d'origine est que «celui qui se défait des mauvaises doctrines circoncit le prépuce de son cœur et devient homme deJuda et habitant de Jérusalem, circoncis qu'il est dans la pureté » (Hom Jr V, 15). | 300 Le passageest difficile pour deux raisons : la présence de la négation mhv dans l'infinitif substantivé (Il n’yaura personne pour éteindre supprime le fait qu'il ne faut pas espérer en l’amour de Dieu pour leshommes) et le lien logique avec la phrase suivante (lien de causalité avec gavr, alors qu'onattendrait un lien d'opposition : Il n’y aura personne pour éteindre supprime le fait qu'il fautespérer en l’amour de Dieu pour les hommes. Car alors qu’il a souvent menacé par les prophètes,il a quelquefois contenu sa colère, quand le prophète le lui avait demandé pour eux, comme Moïse,Samuel et Job). Pour résoudre le premier problème, j'ai choisi de supprimer le mh; et pour résoudrele deuxième problème, j'ai tourné la première phrase à l'interrogatif et ajouté une réponse négativeprécédant l'explication introduite par gavr.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

aJrpaga;" eijsavgei ta;" povlei", ajll j ejfivsthsi tou;" polemivou" tai'" puvlai",

kaqavper didavskalo" a[risto" katavgei me;n to;n iJmavnta, ouj plhvttei dev.

pppp jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: To; eujaggeliko;n proqespivzei khvrugma.

ppppaaaa jjjjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: Eij" ajteivciston ga;r hJma'" eijselqei'n oujk ejqevlei, tei'co"

de; th'" ejkklhsiva" th'" ajlhqeiva" oJ lovgo", eij" de; to; skopeuthvrion dia;5

prokoph'" hJma'" speuvdein parakeleuvetai. Kaka; de; ajpo; borra' aijsqhtw'"

me;n oiJ Babulwvnioi, tropikw'" dev, kaqavper eijrhvkamen, o{ti ejcqrov" ejstin oJ

Satana'" kai; ejkdikhthv". Fugh; de; touvtwn ajmfoi'n hJ metavnoia pro;" h}n

kai; kalei'. Kai; ga;r oJ th'" ejkklhsiva" e[xw mevnwn uJpo; tw'n polemivwn

aJlivsketai.10

ppppbbbb jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Eij" ta;" ejkklhsiva" w|n aiJ puvlai tou' {Aidou ouj

katiscuvsousin.

ppppgggg TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Eij" th;n kaqolikh;n ejkklhsivan, kai; ga;r pa'sai aiJ

ejkklhsivai miva tugcavnousin, h] kai; eij" to; eujsebe;" polivteuma.

ppppdddd TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: jjEnantiologiva tiv" ejstin: tau'ta me;n ga;r15

khdomevnou kai; pronoou'nto" kai; o{pw" mhde;n gevnhtai a[topon pravttonto",

ejkei'no de; boulomevnou paradou'nai kai; poih'sai ejkdovtou" kai; ejscavtoi"

peribalei'n kakoi'". Eij su; ejpavgei" ta; kaka; ajpo; borra', tivno" e{neken kai;

ejpispeuvdei" … Tau'ta me;n ga;r aujtou' strathgou'nto" ta; rJhvmata, ejkei'na

de; polemivwn proi>stamevnou. JOra'/" o{ti diorqou'ntov" ejsti kai; khdomevnou20

1 tou;" CV O : iter. P || puvlai" CV P : quvrai" O || 8 Fugh; CV O : fugei'n P || touvtwn OP : tou'tonCV || touvtwn — metavnoia CV O : a[mfw tau'ta dia; metanoiva" P || 9 ga;r CV : post th'" transp.O post ejkklhsiva" transp. P || th'" ejkklhsiva" CV O : post e[xw transp. P || 1 1 pb CV P : pa O ||1 3 pg CV P : pb O || post pg — aujtou' add. ajnalabovnte" feuvgete eij" Siwvn V || Tou' aujtou' COP : jOlumpiodwvrou V || 1 5 pd CV P : pg pd O || Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' CrusostovmouV jIwavnnou P || 1 6 gevnhtai CV : gevnoito OP

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69

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

brûle comme un feu ? Il l’avait déjà fait brûler. Il place au-dessus d'eux les

épreuves et après les avoir conduits aux portes mêmes, il ne leur impose pas les

épreuves ; car il ne pousse pas les villes vers des pillards, mais il place les

ennemis près des portes, comme un très bon maître déroule la lanière, mais ne

frappe pas.

180 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 636 B6-7.

Olympiodore : C’est la proclamation de l’Évangile qu’il annonce par un oracle.

181 codd. : CV OP. Editio : E. Klostermann, Die Überlieferung der

Jeremiashomilien des Origenes, Berlin 1897, p. 89.

Origène : Car il ne veut pas que nous nous dirigions vers un endroit sans

remparts ; or le rempart de l’Église, c’est la parole de la vérité et il nous

recommande de nous hâter en progressant vers l'Observatoire301. Les maux du

nord sont, selon l'interprétation sensible, les Babyloniens, mais selon le sens

figuré, comme nous l’avons dit, Satan parce qu’il est un ennemi et un vengeur. Or

le repentir, auquel précisément il appelle, permet de fuir ces deux dangers. Et en

effet celui qui reste hors de l’Église est pris par les ennemis.

182 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 636 B8-10.

Olympiodore : Dans les églises contre lesquelles les portes de l’Hadès ne

prévaudront pas302.

183 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 636 B11-13

Le même : Dans l’Église universelle (et en effet toutes les églises ne sont qu’une)

ou encore dans la cité pieuse303.

184 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 797 A5-15.

Saint Jean : Il y a ici une contradiction : ces paroles-ci sont en effet le propre de

quelqu’un qui se fait du souci, qui prend des précautions et qui agit afin qu’il ne

se passe rien d’inconvenant, et celle-là le propre de quelqu’un qui veut trahir,

livrer des gens et les couvrir des pires maux. Si tu fais venir les maux du nord,

pourquoi aussi < nous > hâtes-tu ? Ces propos-ci en effet sont ceux de celui même

qui commande une armée, ceux-là de celui qui se met à la tête des ennemis. Tu

301 Allusion à l'étymologie de Sion, cf. P. Nautin, SC 232, p. 323. | 302 Cf. Mt 16, 18. | 303 Cf. Ph 3,20.

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70

Chaîne intégrale à auteurs multiples

kai; eij" pivstin biazomevnou ta; ejsovmena ajgagei'n. jEpeidh; ga;r ta; rJhvmata

oujde;n aujtou;" wjfelei' scedo;n eij" pravgmata, aujta; ajnatupoi'.

ppppeeee jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Tropikw'" tou' diabovlou.

pppp²²²² jj jjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: Levonta de; pavlin aijsqhtw'" me;n levgei to;n Babulwvnion,

tropikw'" de; « to;n wjruovmenon kai; zhtou'nta tivna katapivh/ », kaqa;5

Pevtro" fhsi; levgwn: « |Wi ajntivsthte stereoi; th/' pivstei », e[ti de; kai;

Dauivd: « jEnedreuvei ejn ajpokruvfw/ wJ" levwn ejn th/' mavndra/ aujtou' », oujc

hJmevra", ajll j ejpa;n gevnhtai nuvx. To; de; ajnevbh, ejpeidhvper ejsti;n ejn toi'"

katwtavtoi" th'" gh'".

pppp²²²² jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Th;n parousivan tou' diabovlou shmaivnei,10

kaq j iJstorivan de; tou' Babulwnivou.

ppppzzzz TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: jAnevmnhse kai; tw'n toi'" ajdelfoi'"

sumbebhkovtwn deinw'n. Tiv levgw … mivan povlin kai; fulh;n ejlacivsthn,

oJloklhvrou" dhvmou" kai; povlei" aujtavndrou" ajnei'len …

pppphhhh BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""":::: jEpi; jIwsivou ga;r basilevw" ejf j ou| hJ profhteiva, ajnevbh15

Necaw; Faraw; ejpi; to;n jAssuvrion kai; ajntistavnta para; to; devon ajnei'le

kai; to;n jIwsivan o{te kai; to;n jAssuvrion eijko;" ejgnwkovta ejxelqei'n ejk tou'

tovpou aujtou': paracrh'ma ga;r ajnaireqevnto" jIwsivou jIwvca" oJ touvtou

pai'" ejbasivleusen o}n basileuvsanta mh'na" trei'" metevsthsen Necaw;

Faraw; katasthvsa" jIwakei;m to;n ajdelfo;n me;n aujtou', uiJo;n de; jIwsivou:20

w|/tini ajnaba;" ejdouvlwsen oJ Naboucodonovsor, ejxavra" me;n ejpi; jIwsivou, ejn

de; toi'" metaxu; th;n tosauvthn dianuvsa" oJdovn. Ei\ta qrhnei'n keleuvei wJ"

mh; ajpostrafevnto" tou' qumou' Kurivou. Pw'" ga;r a]n ajpevstreyan qumo;n

2 scedo;n CmgV OP : om. C || post eij" add. ta; V non legitur P || aujta; C O : aujtw'n V non legitur P|| 4 me;n CV P : om. O || 1 2 pz V O : om. C p² P || Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' CrusostovmouV jIwavnnou P || 1 3 fulh;n CV P : fulakh;n O || 1 4 aujtavndrou" C OP : non legitur V || 1 5 postBivktoro" add. presbutevrou O || 1 7 kai;1 CV : om. OP || 1 8 jIwvca" C OP : jIwka'" V || 2 1 w|/tiniCV : o}n OP || ajnaba;" OP : post ejdouvlwsen transp. CV || ejdouvlwsen P : ejdouvleusen CV O || oJ CV :om. OP || me;n CV P : om. O || 2 2 toi'" CV O : tw/' P || dianuvsa" CV O : ajnuvsa" P || Ei\ta CV O :om. P || qrhnei'n CV O : post keleuvei transp. P || 2 3 ajpevstreyan OP : ejpevstreyan CV

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

vois que c’est le propre de quelqu’un qui redresse, qui se fait du souci et qui se

force à conduire l’avenir vers la foi. En effet, puisque les propos ne leur servent

presque à rien pour agir, il en donne à nouveau une figure.

185304 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 636 B14-C1.

Olympiodore : Selon le sens figuré, il s’agit du diable.

186a codd. : CV OP. Editio : E. Klostermann, Die Überlieferung der

Jeremiashomilien des Origenes, Berlin 1897, pp. 89-90.

Origène : Par "lion", il veut dire à nouveau, selon l'interprétation sensible, le

Babylonien et, selon le sens figuré, « celui qui rugit et cherche qui dévorer »305,

comme dit Pierre par ces mots306 : « Résistez-lui avec une foi ferme » et encore

David307 : « Il guette en secret, comme un lion dans son repaire », non pas le jour,

mais lorsque vient la nuit. Et il est monté, puisque précisément il est dans les

profondeurs de la terre.

186b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 636 B14-C1.

Olympiodore : Il signifie la venue du diable et, selon le sens historique, celle du

Babylonien.

187 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 797 B8-10.

Jean : Il rappelle308 aussi les épreuves qui sont arrivées à leurs frères. Que dire ?

A-t-il anéanti une seule ville et la plus petite tribu < ou > des peuples entiers et

des villes avec tous leurs habitants ?

188 codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 360 E9-F9 et p. 366 C7-11, E2-7.

Victor : En effet, sous le roi Jôsias, sous le règne duquel eut lieu la prophétie, le

pharaon Néchao monta vers l’Assyrien309 et anéantit aussi Jôsias qui s'opposait à

lui contrairement à ce qu’il fallait lorsqu’il apprit naturellement que l’Assyrien

quittait son territoire310. En effet, immédiatement après l’anéantissement de Jôsias,

le fils de celui-ci, Jôchas311, commença à régner et, après qu’il eut régné trois

mois, le Pharaon Néchao le remplaça en établissant Jôachim, son frère et le fils de

Jôsias312. Ayant mené une expédition contre lui, Nabuchodonosor le fit

304 L'extrait semble pourtant porter sur le lemme 186. | 305 1 P 5, 8. | 306 1 P 5, 9. | 307 Ps 9, 30.308 Aoriste d'analyse textuelle, cf. note 48. | 309 Néchao (609-595) vint en effet, en 609, au secoursdu dernier roi d'Assyrie, chassé de Babylone, puis de Harran, par les Mèdes et les Babyloniens.Jôsias a voulu s'opposer à la jonction entre les Égyptiens et les Assyriens parce qu'il escomptait, dela ruine définitive de l'Assyrie, un avantage pour le royaume de Juda. (cf. BJ p. 396, note d).310 Cf. 4R 23, 29. | 311 Autre orthographe pour Joachaz. | 312 Cf. 4R 23, 31-34.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

Kurivou oiJ mh; tw/' profhvth/ peisqevnte" mhvte peritemovnte" ta;" ponhriva"

tw'n ejpithdeumavtwn th'" kardiva" aujtw'n … Kai; hJ kardiva fhsi;n ajpolei'tai,

basilevw" de; mavlista kai; ajrcovntwn kai; yeudoprofhtw'n oi} kai; kata; to;n

JHsai?an toi'" profhvtai" e[legon: « Mh; lalei'te hJmi'n kai; ajnaggevlete

eJtevran plavnhsin »: Qeou' gavr ti" ejkpesw;n kai; th'" kardiva" ejkpevptwken.5

ppppqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Ouj dia; ta; deinav, ajll j o{ti oujk ajpestravfh oJ

qumov". [Ontw" ga;r o[ntw" ouj dia; th;n gevennan dei' movnhn calepaivnein,

ajll j o{ti ojrgivzetai Qeov", oujc o{ti wjrgivsqh, ajll j o{ti oujk ajpestravfh.

±±±± TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu aaaajjjjrrrrcccciiiieeeeppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu KKKKwwwwnnnnssssttttaaaannnnttttiiiinnnnoooouuuuppppoooovv vvlllleeeewwww"""":::: Toiauvth

ga;r tw'n deinw'n hJ fuvsi": ajposterei' tw'n kata; fuvsin frenw'n: o{tan ga;r10

a[metro" oJ fovbo" h\/, oujde;n ajfivhsin kata; cwvran mevnein.

±±±±aaaa jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: jEpi; tai'" ajdokhvtoi" sumforai'".

±±±±bbbb TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Toutevstin: oiJ yeudoprofh'tai. Diativ … oujc wJ"

par j ejlpivda" tw'n pragmavtwn ejxelqovntwn, ajll j wJ" par j ejlpivda"

deiknumevnoi" kai; gignomevnoi".15

±±±±gggg jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: OiJ yeudoprofh'tai.

±±±±dddd TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Polla; sunapokrivnontai tw'/ Qew'/ oiJ profh'tai,

kaqavper e[n tini skhnh'/ th;n diovrqwsin ejrgazovmenoi tou' laou'. Tou'to kai;

patevre" kai; fivloi patevrwn met j ajllhvlwn poiou'sin tou;" pai'da"

diorqou'nte". Pou' de; ei\pe touvtoi": Eijrhvnh e[stai uJmi'n … ajnwtevrw ta;20

crhsta; dihgouvmeno" e[lege: « Kai; h{xousin oJ oi\ko" jIsrah;l kai; jIouvda ejpi;

to; aujto; » « eja;n perievlh/ ta; bdeluvgmata ». Tivno" ou\n e{neken tau'tav

fhsin oJ profhvth" … ouj ga;r dh; ajgnoei', mh; gevnoito, oJ pavnta eijdw;"

ajkribw'", ajll j o{per e[fhn ajrcovmeno" tou'to o{ti sunupokrivnetai tw'/ Qew'/

1 peritemovnte" CV P : peritevmnonte" O || 2 post ejpithdeumavtwn add. aujtw'n P || 4 postajnaggevlete add. hJmi'n P || 5 ti" CV O : tiv" P || ejkpevptwken CV O : ejxevpesen P || 6 Tou' aJgivoujIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 8 oujk OP : om. CV || 9 Tou' aJgivou V OP : om.C || Tou' — Kwnstantinoupovlew" C O : Tou' Crusostovmou V Tou' aujtou' P || Toiauvth CV P :toiauvthn O || 1 1 oJ CV P : om. O || 1 3 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnouP || 1 5 deiknumevnoi" kai; gignomevnoi" OP : deiknumevnou" kai; gignomevnou" C deiknumevnwnkai; gignomevnwn V || 1 6 yeudoprofh'tai CV O : profh'tai tou' yeuvdou" P || 1 7 Tou' aJgivoujIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 2 0 uJmi'n CV P : hJmi'n O || 2 3 dh; ajgnoei' CVP : diagnoeiv O

Page 596: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

71

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

esclave313 ; il avait commencé sous Jôsias et avait mené à terme ce si long chemin

dans la période intermédiaire314. Ensuite il ordonne de se lamenter de ce que la

fureur du Seigneur ne s’est pas éloignée. Car comment auraient-ils éloigné la

fureur du Seigneur ceux qui n'ont pas obéi au prophète et qui n'ont pas circoncis

les méchancetés des occupations de leur cœur ? Et leur cœur sera détruit, dit-il,

celui du roi surtout, des dirigeants et des faux prophètes qui chez Isaïe aussi

disaient aux prophètes : « Ne nous parlez pas et annoncez une autre errance »315,

car une fois qu'on a perdu Dieu, on perd aussi son cœur.

189 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 797 C12-15.

Saint Jean : Non à cause des épreuves, mais parce que la fureur ne s’est pas

éloignée. En réalité, ce n’est pas à cause de la géhenne seulement qu’il faut avoir

du ressentiment, mais parce que Dieu est en colère, non parce qu’il s’est mis en

colère, mais parce qu’elle ne s’est pas éloignée.

190 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 797 D2-4.

Saint Jean, archevêque de Constantinople : Telle est en effet la nature des

épreuves : elle prive des sentiments conformes à la nature, car quand la crainte est

démesurée, elle ne laisse rien subsister à sa place.

191316 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 636 C2-3.

Olympiodore : À cause des malheurs inattendus.

192317 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 797 D6-8.

Saint Jean : C’est-à-dire : les faux prophètes. Pourquoi ? Non pas parce que les

événements se sont produits contre tout espoir, mais parce qu'ils se sont révélés

être contre tout espoir318.

193 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 636 C4-5.

Olympiodore : Les faux prophètes.

194a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 797 D11 - 800 A8.

Saint Jean : Les prophètes répondent en même temps beaucoup de choses à Dieu,

313 Parmi les leçons des manuscrits, il faut choisir ici le verbe doulovw-w' "faire esclave" plutôt quele verbe douleuvw "être esclave". | 314 Cf. 4R 24, 1. | 315 Is 30, 10. | 316 L'extrait porte pourtant sur lelemme 192. | 317 L'extrait porte pourtant sur le lemme 193. | 318 Le sens du passage est peu clair etla syntaxe difficile : en effet le premier participe est au génitif, tandis que les suivants sont au datif; de plus la coordination entre les deux participes du deuxième groupe rend la constructionbancale. Il est intéressant de noter que la chaîne abrégée simplifie la syntaxe de la phrase enmettant tous les participes au génitif et en supprimant le deuxième participe du deuxième groupe :« Et les prophètes (c’est-à-dire : les faux prophètes) s'étonneront, non pas parce que lesévénements sont advenus contre tout espoir, mais parce qu’ils étaient montrés contre tout espoir ».(cf. éd. chaîne abrégée, p. 25, ll. 11-12).

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

o{per eijko;" h\n ejkeivnou" eijpei'n, i{na dw'/ pavlin ajrch;n ajpokrivsew" tw'/ Qew'/.

±±±±dddd QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: Oujk ajlhqw'" oJ profhvth" tau'tav fhsin, ajll j ejpeidhvper

oiJ yeudoprofh'tai wJ" ejk Qeou' toi'" jIoudaivoi" eijrhvnhn katepaggevlonto,

pro;" ejkeivnwn e[legcon tau'ta probavlletai.

±±±±dddd BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""":::: Ou{tw pavnte" oiJ a{gioi cronizouvsh" th'" ejlpizomevnh"5

swthriva" ajmhcanou'sin.

±±±±eeee TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Pneu'ma planhsevw" fhsivn, toutevsti: th'" aijcmalwsiva",

kai; ejn jWshe; gavr fhsin: « jIdou; ejgw; planw' aujthvn », toutevstin:

doriavlwton poihvsw. J Qugatevra de; laou' j th;n jIerousalh;m h[toi th;n

jIoudaivan fhsivn, th;n de; ejpavnodon eujqevw" aijnittovmeno" levgei mh; eij"10

kaqaro;n aujth;n givnesqai kai; plh're": leivyanon ga;r ejpanhvxei movnon tw'n

hJlwkovtwn.

±±±±eeee jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Tw'/ th'" ejfovdou tw'n Babulwnivwn h] JRwmaivwn h] tw'/

th'" sunteleiva".

±±±±²²²² QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: Aujth'/ gnwvsontai peivra/ kata; to;n kairo;n tw'n sumforw'n15

wJ" pneuvma planhvsew" h\n to; ejn yeudoprofhvtai" lalh'san, ouj kaqaro;n

oujde; a{gion oujde; pneu'ma plhrwvsew" dhlou'n to; sumplhrwtiko;n th'"

Triavdo" ajf j w|n h\lqev moi ta; toiau'ta kakav.

±±±±²²²² jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: OiJ provteron peplanhmevnoi, ei[te jIoudai'oi, ei[te kai;

oiJ loipoi; a[nqrwpoi, dia; th'" oijkeiva" ejrhmwvsew" gnwvsontai th;n protevran20

3 katepaggevlonto CV O : kathvggelon P || 5 post Bivktoro" add. presbutevrou O || 7 Tou' aujtou'C O : Bivktoro" VP || 8 jIdou; — 10 fhsivn CV O : om. P || 1 9 jOlumpiodwvrou — 73,1 plavnhsin COP : hoc comm. om. V || kai; C P : om. O || 2 0 oiJ C P : om. O

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72

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

comme si, sur une scène, ils œuvraient pour le redressement du peuple. Cela,

même des pères et des amis paternels le font les uns avec les autres en redressant

leurs enfants. Mais où a-t-il dit à ceux-ci : Ce sera la paix pour vous ? Plus haut,

lorsqu'il détaillait les bienfaits, il disait : « Et la maison d’Israël et celle de Juda

viendront au même endroit »319 « s’il extirpe les abominations »320. Pourquoi donc

le prophète dit-il ceci ? car il ne l'ignore pas, loin s'en faut, celui qui sait tout

précisément, mais, comme je l'ai dit en commençant, c'est parce qu’il répond en

même temps à Dieu ce qu’il était naturel que ceux-là disent, pour donner à

nouveau un début de réponse à Dieu.

194b codd. : CV OP. Editio : PG 81, 528 C12-15 (differt ab editis) ; M. Ghisleri,

p. 370 E2-5.

Théodoret : Ce n’est pas en vérité que le prophète dit cela, mais puisque

précisément les faux prophètes annonçaient aux Juifs la paix comme si cela venait

de Dieu, c’est pour accuser ceux-là qu’il avance ces propos.

194c codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 370 E6-7.

Victor : Ainsi tous les saints sont dans l’embarras quand le salut espéré tarde.

195a321 codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 378 D1-7.

Le même : Esprit d’égarement, dit-il, c’est-à-dire : de la captivité, et chez Osée

en effet, il dit : « Voici je l’égarerai »322, c’est-à-dire : je ferai en sorte qu'elle soit

conquise par la lance. Par "la fille du peuple", il veut dire Jérusalem, ou la Judée,

et il dit aussitôt, en sous-entendant le retour, qu’il ne mènera pas à quelque chose

de pur et d’accompli, car c'est seulement un reste de prisonniers qui reviendra.

195b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 636 C6-8.

Olympiodore : Celui de l’arrivée des Babyloniens ou des Romains ou celui de la

fin du monde.

196a codd. : CV OP. Editio : PG 81, 529 A2-7 (differt ab editis) ; M. Ghisleri, p.

378 E3-8.

Théodoret : Ils connaîtront par l’expérience même au temps des malheurs que

c’était un esprit d’égarement celui qui avait parlé dans les faux prophètes, qu’il

n’était pas pur, ni saint, que ce n'était pas un esprit de plénitude désignant ce qui

est propre à compléter la Trinité, d’où me sont venus de tels maux.

319 Cf. Jr 3, 18. | 320 Cf. Jr 3, 1. | 321 L'extrait porte pourtant sur les lemmes 196-197. | 322 Os 2, 16.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

plavnhsin.

±±±±²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Tou;" polemivou" fhsi; pneu'ma planhvsew"

kalw'". Kaqavper to; pneu'ma perifevrei pantacou' to;n cou'n ajnarripivzon

oujk eij" tetagmevnou" ajpotiqevmenon tovpou", ou{tw kai; touvtoi" ejgevneto

w{sper a[nemo" sfodro;" ejmpesw;n oJ povlemo" ejkei'no" oJ barbarikov":5

pantacou' th'" gh'" dievspeire. Kaivtoi kai; to; diasparh'nai calepovn, to;

de; kai; ajtavktw" tou'to paqei'n ajmuvqhton.

±±±±zzzz TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Au{th hJ ajpovkrisi" pro;" to; levgein: ajpatw'n hjpavthsa"

to;n laovn, oujk ejgw; hjpavthsa, ajll j aujtoi; gegovnasin eJautoi'" ai[tioi.

±±±±hhhh TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Toutevsti: pevpaumai tou' ajpodedwkevnai aujtoi'" ta; deinav,10

tou' plhrwqh'nai aujtw'n ta;" timwriva".

±±±±hhhh jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: jEpeidh; ta;" ejrhvmou" yuca;" pneu'ma planhvsew"

ejplavnhsen, uJpiscnei'tai dwvsein pneu'ma a{gion ejpistrevfon ta;" yuca;"

ta;" plhrouvsa" aujtou' ta;" ejkklhsiva".

±±±±qqqq TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Toutevsti: kolavsw aujtouv": ejpeidh; ga;r ei\pen15

Jh{xei j, pavlin i{na mh; hJ tou' mevllonto" kairou' proqesmiva rJa/qumotevrou"

poihvsh/, th;n ginomevnhn a[deian ejk tou' crovnou tou' metaxu; sunevsteilen

eijpw;n kaiv: nu'n de; ejgw; lalhvsw kri'ma.

±±±± qqqq QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: Toutevstin: a}" dikaivw" aujtoi'" ejpavxw sumfora;" kai;

katalevgei tauvta".20

rrrr TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: {Ora pw'" diafovrou" eijkovna" ejpizhtei'

foberwtevra".

rrrr BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: JNevfh j me;n kalei' tou;" polemivou" dia; to;

plh'qo", Jkataigivda j de; dia; to; sfodrovn. Oujai; de; uJmi'n oJ profhvth" fhsi;

to; tw'n oJmofuvlwn oijkeiouvmeno" provswpon kaiv, wJ" h[dh su;n aujtoi'"25

pavscwn, ojduvretai parakalw'n dia; metanoiva" kwluvsai ta; mevllonta.

Dialogismoi; de; povnwn sou, toutevstin: oiJ ta; ejpivponav soi prosavgonte",

2 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 7 paqei'n C OP : poiei'n V || 8Tou' aujtou' C OP : Tou' Crusostovmou V || 9 eJautoi'" CV O : post ai[tioi transp. P || 1 0 Tou'aujtou' C OP : Tou' Crusostovmou V || aujtoi'" CV : aujtou;" O non legitur P || 1 2 jOlumpiodwvrouCV O : Tou' aujtou' P || 1 5 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jOlumpiodwvrou P ||1 9 ±q CV P : r O || a}" OP : wJ" CV || 2 0 katalevgei CV P : levgei O || 2 1 Tou' aJgivou jIwavnnou CO : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 2 3 presbutevrou CV O : om. P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

196b codd. : C OP. Editio : PG 93, 636 C8-10.

Olympiodore : Ceux qui ont erré auparavant, soit les Juifs, soit même tous les

autres hommes, connaîtront par leur propre désolation leur première errance.

196c codd. : CV OP. Editio : PG 64, 800 A10-B1.

Saint Jean : Il dit bien que les ennemis sont un esprit d’égarement. De même que

le souffle < du vent > tournoie de toutes parts en soulevant en l'air la poussière

sans la déposer à des endroits fixes, de même cette guerre barbare a été pour eux

comme un vent fort qui s’est abattu sur eux. Elle <les> a disséminés partout sur la

terre. Or précisément le fait d’être disséminés est pénible et le fait aussi de vivre

cela dans le désordre est inénarrable.

197 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 800 B2-4.

Le même : Voici la réponse à la parole : tu as vraiment trompé le peuple, ce n’est

pas moi qui les ai trompés, mais eux qui en sont responsables pour eux-mêmes.

198a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 800 C8-9.

Le même : C’est-à-dire : je cesserai de leur attribuer des épreuves, de les combler

de châtiments.

198b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 636 C11-14.

Olympiodore : Puisqu’un esprit d’égarement a égaré les âmes désertes, Il promet

de donner un esprit saint qui fasse revenir les âmes qui remplissent ses églises.

199a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 800 D6-10.

Saint Jean : C’est-à-dire : je les châtierai. Puisqu’en effet Il a dit "il viendra", à

nouveau afin que l’échéance du temps à venir ne les rende pas plus négligents, Il a

réduit le sentiment de sécurité issu de cette période intermédiaire en disant aussi :

mais pour le moment, je prononcerai un jugement323.

199b codd. : CV OP. Editio : PG 81, 529 A8-9.

Théodoret : C’est-à-dire : les malheurs que je leur infligerai avec raison et qu'il

énumère.

200a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 801 A1-2.

Saint Jean : Vois comment il recherche des images différentes, plus effrayantes.

323 Le lemme biblique cité par Jean Chrysostome a le singulier kri'ma au lieu du pluriel krivmataprésent dans le texte biblique de la chaîne.

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74

Chaîne intégrale à auteurs multiples

ajnti; de; Jpovnwn j jAkuvla" me;n Jajnwfeleiva" j, Suvmmaco" de; Jajdikiva" j

ejxevdwkan.

aaaa TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: {Ina kataplhvxh/ aujtw'n th;n diavnoian, i{na

aujtou;" ptohvsh/, diagravfei to; stratovpedon: kai; tiv to; kevrdo" … To; tacu;

levgei th'" parousiva", ajll j oujde;n touvtwn kaqhvyato, toiou'ton hJ kakiva.5

jAll j o{mw" prou[legen oJ Qeo;" eij mh; ejnevdwkan ejkei'noi.

bbbb TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: [Ontw" ga;r oujde;n tauvth" th'" talaipwriva"

i[son. Tauvth/ th'/ levxei kecrh'sqai eijwvqamen o{tan i[dwmevn tina makra/'

ajrrwstiva/ paradedomevnon kai; oujdevpote ajnenegkei'n ejk th'" fqora'"

ejkeivnh" dunavmenon. Kaqavper ga;r sw'ma ajsqene;" uJpo; puretw'n10

dusevknipton givnetai, ou{tw kai; yuch; talaivpwro" uJpo; aJmarthmavtwn.

gggg TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Oujk ajrkei' ta; rJhvmata oujde; to; talanivsai movnon eJauto;n

ejn jEkklhsiva/ Kurivou. « Mh; klaivete davkrusin », ajlla; dei' kai; th'" tw'n

e[rgwn prosqhvkh". KKKKaaaaiiii;; ;; mmmmeeeetttt jjjj oooojj jjlllliiiivv vvggggaaaa:::: jApovplune ajpo; kakiva" th;n kardivan

sou. Tiv tou'to, eij ajnevbh wJ" levwn, eij pavrestin wJ" nefevlh, eij ta; deina;15

ejpi; quvrai" … Poiva metabolh'" proqesmiva, poi'o" metabolh'" kairo;"

uJpolevleiptai … ajll j o{ra th;n filanqrwpivan: dielevcqh me;n peri; ejkeivnwn

wJ" parovntwn, i{na th;n rJa/qumivan tauvth" kaluvyh/, dielevcqh de; pavlin wJ"

mellovntwn, i{na mh; eij" ajpovgnwsin ejmbavlh/. jEkei'na me;n ta; rJhvmata tou'

th;n ajpovfasin ejxenegkovnto" ejstivn, tau'ta de; tou' didovnto" kairo;n20

diorqwvsew". Oujdei;" ga;r oJmou' te ejpavgei th;n timwrivan kai; paraivnesin

eijsavgei: tau'ta ga;r ajmfovtera ejnantiva: eij sumbouleuvei", a[ne" th;n

kovlasin, eij kolavzei", pw'" parainei'" toi'" timwroumevnoi" … ajlla; kai;

o{mw" levgei me;n kolavzein i{na mh; rJa/qumw'si, levgei de; ajnievnai i{na

diorqwvswntai.25

3 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || post {Ina add. dh; P || 4 kai; tivCV P : ajnti; O || 7 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P post Tou' aJgivoujIwavnnou add. ajrciepiskovpou Kwnstantinoupovlew" O || 1 1 uJpo; CV O : ajpo; P || 1 2 Tou' aujtou'C OP : Tou' Crusostovmou V || 1 4 jApovplune OP : ajpovplunon CV || 1 5 eij ta; CV P : ei\ta O ||1 6 Poiva metabolh'" CV P : poi'a metabolh' O || 2 4 rJa/qumw'si CV P : rJa/qumw' O

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

200b324 codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 379 F2-6.

Victor le prêtre : Il appelle les ennemis "nuage"325 à cause de leur foule et

"ouragan" à cause de leur violence. Malheur à vous !326 dit le prophète en

s'appropriant le rôle de ses compatriotes327 et, parce qu’il souffre désormais avec

eux, il s’afflige en les exhortant à empêcher ce qui va advenir par le repentir. Et

les comptes328 de tes peines, c’est-à-dire : ceux qui t'apportent des tâches pénibles

et au lieu de "peines", Aquila a rendu par "inutilité" et Symmaque par

"injustice"329.

201 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 801 A3-7.

Saint Jean : Afin de frapper leur esprit de stupeur, afin de les effrayer, il décrit

l'armée. Et pour quel profit ? Il dit la rapidité de la venue, mais rien ne les

touchait, tant leur méchanceté était grande. Cependant, Dieu continuait à prédire,

pour le cas où ceux-là auraient cédé.

202 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 801 A10-B1.

Saint Jean : Car en réalité rien n'est égal à cette misère. Nous avons l'habitude de

recourir à ce terme quand nous voyons quelqu'un qui est livré à une lourde

infirmité et qui ne peut jamais se remettre de cette perte. Car de même qu'un corps

affaibli par la fièvre, de même une âme misérable par ses péchés devient difficile

à laver.

203 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 801 B2-C6.

Le même : Les propos ne suffisent pas, ni le fait de se déclarer seulement

malheureux dans l'Église du Seigneur. « Ne pleurez pas par des larmes »330, mais

il faut aussi l'ajout des œuvres. Et peu après : Lave ton cœur de la méchanceté.

Pourquoi cela, s'il est monté comme un lion331, s'il apparaît comme un nuage332, si

les épreuves sont aux portes ? Quelle échéance de changement, quelle occasion de

324 L'extrait porte en fait sur l'ensemble des lemmes 200 à 202. | 325 Victor cite ici un texte bibliquelégèrement différent de celui qui est présent au cœur de la chaîne : nevfh au lieu de nefevlh. Lavariante n'est pas signalée par J. Ziegler. | 326 Victor cite là encore un texte biblique différent decelui qui est présent au cœur de la chaîne : oujai; uJmi'n au lieu de oujai; hJmi'n. La variante estsignalée par J. Ziegler : elle apparaît dans l'Alexandrinus et dans deux manuscrits de minuscule.327 Le terme désigne exactement ceux qui font partie de la même tribu. | 328 Victor cite à nouveauici un texte biblique légèrement différent de celui qui est présent au cœur de la chaîne :dialogismoiv au lieu de logismoiv. La variante est signalée par J. Ziegler : elle est présente dansnombre de manuscrits bibliques et est attestée chez Origène, Jean Chrysostome, Théodoret etCyrille d'Alexandrie. | 329 Ces variantes sont signalées par J. Ziegler, mais ne sont attestées que parle témoignage de Victor dans la chaîne à auteurs multiples. | 330 Mi 2, 6. | 331 Cf. Jr 4, 7. | 332 Cf. Jr4, 13.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

dddd TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: JOra'/" tou'to o{ fhsi kai; oJ Cristo;" ejntau'qa kei'tai:

« jEk ga;r th'" kardiva" ejxevrcontai dialogismoi; ponhroiv ». {Ew" povte

uJpavrxousin … oJra'/" tou' Qeou' th;n makroqumivan: e{w" povte … o{te kai; th'/

fuvsei feukto;n h] kai; tw'/ crovnw/. Poiva/ suggnwvmh/ … tiv" ajpologiva … e[stw:

th;n kakivan oujk ajpestravfh" ajpo; th'" fuvsew" aujth'", ajpo; tou' crovnou5

oujk e[dei.

dddd jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Kai; ga;r oiJ ta; mavtaia dialogizovmenoi ponou'sin ejpi;

to; euJrei'n to; zhtouvmenon.

eeee TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Tou' th;n a{lwsin ajpaggevllonto" genhvsesqai ejk Da;n kai;

e{w" Bhrsabee; uJpo; Babulwnivwn h] JRwmaivwn. [Esti de; hJ me;n Da;n pevran10

tou' jIordavnou, o[ro" de; jEfrai;m hJ Samavreia. Fasi; dev tine" kai; ejk th'"

fulh'" Da;n h{xein to;n ajntikeivmenon.

²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Deivknusin o{ti pollavki" ajkouvsante"

ejpelavqonto.

zzzz TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Th;n a[deian levgei kai; th;n pollh;n parrhsivan wJ" ouj15

novmw/ polemivwn parevsontai, ajll j wJ" ejpeidh; h[dh prokateilhmmevna cwriva.

1 Tou' aujtou' C OP : Tou' Crusostovmou V || o{ CV P : om. O || 3 uJpavrxousin V OP : uJpavrxwsinC || post povte add. e{w" P || 4 h] OP : h\ CV || Poiva/ suggnwvmh/ P : poi'a suggnwvmh O poivasuggnwvmh CV || 5 aujth'" CV P : om. O || 6 e[dei CV O : aijdh'/ P || 7 post ga;r add. kai; P || 9 Tou'aujtou' C OP : jOlumpiodwvrou V || Tou' th;n a{lwsin CV P : toutevstin ajlw'sin O || ajpaggevllonto"CV O : ajpaggevllonte" P || 1 1 o[ro" V O : o{ro" P non legitur C || 1 3 Tou' aJgivou jIwavnnou C O :Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 1 5 Tou' aujtou' C OP : Tou' Crusostovmou V

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

changement reste-t-il ? Mais vois son amour pour les hommes : il a parlé de ces

événements comme s'ils étaient présents, afin de voiler sa négligence et il en a

parlé à nouveau comme s'ils étaient à venir, afin de ne pas les précipiter dans le

désespoir. Ces propos-là sont le fait de celui qui édicte la sentence et ceux-ci de

celui qui donne une occasion de se redresser. En effet personne n'applique le

châtiment et n'introduit une exhortation en même temps, car ces deux attitudes

sont contradictoires : si tu donnes des conseils, laisse la punition ; si tu punis,

comment exhortes-tu ceux qui sont châtiés ? Mais cependant il dit qu'il punit pour

qu'ils ne soient pas négligents et il dit qu'il laisse < la punition > pour qu'ils se

redressent333.

204a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 801C7-13.

Le même : Il y a ici, vois-tu, ce que dit aussi le Christ : « Car c’est du cœur que

viennent les calculs mauvais »334. Jusques à quand passeras-tu ton temps ? Tu

vois la patience de Dieu : jusques à quand ? Jusqu'à ce qu'on puisse le fuir par la

nature ou encore par le temps. Par quel pardon ? Quelle est la défense ? Soit ! La

méchanceté, tu ne t'en es pas détourné ; il ne fallait pas se détourner de sa nature,

de son temps335.

204b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 636 D1-3.

Olympiodore : Et en effet, ceux qui calculent les futilités peinent à trouver ce

qu’ils recherchent.

205 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 636 D4-9.

Le même : Du messager qui dit que la conquête aura lieu de Dan jusqu’à

Bersabée par les Babyloniens ou les Romains. Dan est au-delà du Jourdain et la

montagne d’Ephraïm, c'est la Samarie. Certains disent aussi que l’Adversaire

viendra de la tribu de Dan.

206 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 801 D1.

Saint Jean : Il montre qu’ils ont souvent oublié de l'écouter.

207 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 801 D3-5.

Le même : Il dit leur sentiment de sécurité et leur grande liberté de parole parce

333 L'idée que l'attitude de Dieu est contradictoire, puisqu'il rassure et menace son peuple à la fois,apparaissait déjà dans l'extrait 184 de Jean Chrysostome. | 334 Mt 15, 19. | 335 La construction et lesens du passage sont peu clairs.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

hhhh TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: {Wste mh; ei\nai diafugei'n boulomevnoi" aujtoi'": ei\pe kai;

th;n aijtivan tw'n deinw'n o{ti ejmou' hjmevlhsa", levgei Kuvrio".

qqqq TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: jEntreptikw'" tou' Despovtou hjmevlhsa". Kai; to;

ajxiovpiston oujk ajrkei' tou'to eij" kovlasin … ouj pavsh" timwriva"

calepwvteron … eij ga;r mh; povlemo" h\n, eij ga;r mh; povlew" a{lwsi", aujto;5

tou'to movnon ajkou'sai to; rJh'ma povshn e[cei timwrivan.

qqqq BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: jEntreptikw'" de; hjmelh'sqaiv fhsin oJ

ajnendehv" kai; oJ Cristo;" gavr fhsin: « jEdivywn kai; ejpotivsatev me... ».

Kata; ga;r to;n th'" ajlhqeiva" lovgon eJautw'n ajmelou'sin oiJ ajfesthkovte"

Qeou', a[nqrwpoi dev, fhsivn, oujk i[scuon kata; sou' ponhriva" ei[per10

ajphllavxw.

iiii TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Tiv" loipo;n ejlpi;" qerapeiva" ejsti;n tou'

kefalaivou kai; hJgemonikwtavtou diafqarevnto" … e[sti ga;r kakiva ouj pikrav,

e[sti kakiva ejx ajfeleiva" ginomevnh h|/ kai; suggnoivh ti" a[n … Au{th fhsi;n

ajfovrhtov" ejsti tw'/ kai; movnimon genevsqai kai; pro;" aujthvn fhsin ejlqei'n15

th;n kardivan.

iiii BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: Toutevsti: th'" sh'" kakwvsew" provfasi" h{ti"

ejsti;n ojdunhra; kai; aujth'" sou th'" kardiva" kaqhvyato. Loipo;n oJ

profhvth" uJpe;r aujtw'n filanqrwvpw" ojduvretai kai; tetaravcqai fhsi; th;n

yuchvn.20

iiiiaaaa TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: [Enqou" gevgonen oJ profhvth": ouj nu'n, ajlla;

mikrw'/ provsqen, ei\pe tau'ta ejpi; pragmavtwn: oJra'/ sumbaivnonta

profhtikoi'" ojfqalmoi'" polevmou" kai; paratavxei" kai; mavca", salpivggwn

hjchvn, qovrubon i{ppwn, e[fodon polemivwn ajndrw'n, pavsa" ta;" jIouvda

sumforav". {Ora dev moi tou' Qeou' th;n makroqumivan: hjpeivlhse dia;25

rJhmavtwn, oujk e[daken aujtou;" oJ lovgo": ajxiopistotevran poiei' th;n

1 Tou' aujtou' C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || ei\pe CV P : eijpe; O || 3 Tou' aujtou' C OP :Tou' Crusostovmou V || 5 eij1 — h\n CV O : om. P || ga;r1 CV P : om. O || 7 presbutevrou CV O : om.P || de; CV P : om. O || oJ CV P : hJ O || 8 gavr OP : om. CV || 1 2 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou'Crusostovmou V jIwavnnou P || 1 4 ti" C OP : tiv" V || Au{th CV P : Aujth; O || 1 5 movnimon CV P :movnimo" O || 1 7 presbutevrou CV O : om. P || sh'" C OP : om. V || 2 1 Tou' aJgivou jIwavnnou C O :Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || ouj CV O : sou P || 2 4 hjchvn CV O : h\con P

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

qu’ils ne seront pas présents selon la loi des ennemis, mais comme dans des

régions déjà occupées d’avance336.

208 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 801 D8-9.

Le même : De telle sorte qu’il n’est pas possible à ceux-là mêmes qui le veulent

de fuir. Il dit337 aussi la cause des épreuves : car tu t’es désintéressée de moi, dit le

Seigneur.

209a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 801 D11 - 804 A2.

Le même : Tu t’es désintéressée du Maître est dit pour provoquer la honte. Et ce

propos digne de foi ne suffit-il pas pour punir ? N'est-il pas plus pénible que

n'importe quel châtiment ? Car s’il n’y avait pas de guerre, s’il n’y avait pas de

conquête de ville, écoute seulement ce propos même : quel grand châtiment il

contient !

209b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 388 A5-10.

Victor le prêtre : Pour provoquer la honte, celui qui ne manque de rien dit que

l'on s'est désintéressé de lui et en effet le Christ dit : « J’avais soif et vous m’avez

donné à boire, etc. »338 En effet, selon le discours de vérité, ceux qui se tiennent

éloignés de Dieu se désintéressent d’eux-mêmes, mais les hommes, dit-il, ne

prévalaient pas contre toi, puisque tu les a débarrassés de la méchanceté339.

210a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 804 A14-B4.

Saint Jean : Quel espoir de guérison reste-t-il quand la partie principale qui dirige

tout a été corrompue ? Car est-ce une méchanceté qui n'est pas amère, est-ce une

méchanceté issue d’une naïveté à laquelle on peut pardonner ? Celle-ci, dit-il, est

insupportable par le fait même qu'elle est fixe et qu'elle va jusqu'au cœur même,

dit-il.

210b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 396 B1-5.

Victor le prêtre : C’est-à-dire : le prétexte de ton mauvais traitement qui est

douloureux et a touché ton cœur même. Ensuite le prophète s'afflige pour eux à la

manière humaine et il dit que son âme est troublée.

211a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 804 C1-9.

336 La syntaxe du passage est peu claire. | 337 Aoriste d'analyse textuelle, cf. note 48. | 338 Mt 25,35. | 339 Le sens du passage est difficile.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

provrrhsin aujto;n to;n a[xion o[nta qeath;n tw'n legomevnwn poiw'n.

iiiiaaaa jj jjEEEEuuuusssseeeebbbbiiiivv vvoooouuuu KKKKaaaaiiiissssaaaarrrreeeeiiiivv vvaaaa"""":::: JW" ejk proswvpou th'" jIerousalh;m ei[rhtai oJ

lovgo": pw'" ga;r aJrmovsei Qew/' h] tw/' profhvth/ to; diespavsqhsan aiJ

devrrei" mou. JH ga;r ajkribw'" ou{tw" e[cei Grafh; kai; jAkuvla" ga;r ou{tw":

« ejtalaipwvrhsan aiJ skhnaiv mou » ta;" oijkiva" dhlw'n. Th'" ou\n povlew" oJ5

lovgo" ejn h|/ sunesthvkei hJ uJpo; Mwu>sevw" kataskeuasqei'sa skhnhv.

iiiiaaaa jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Tropikw'" me;n th;n yuch;n kai; ta;" ajnadotika;" th'"

yuch'" dunavmei", sparavssetai de; kai; ta; splavgcna uJpo; sumpaqeiva" oJ

profhvth".

iiiibbbb TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Tiv ou\n dei' tw'n me;n salpivggwn hjcousw'n kai;10

polevmou kai; mavch", ouj pro;" hJma'" de; ajfiknoumevnwn … ajll j ejphvgagen

o{ti tetalaipwvrhke pa'sa hJ gh': kalw'" to; tetalaipwvrhke: pantacou' ga;r

spoudavzei qeovqen to;n povlemon ajnarripizovmenon toi'" ijdivoi" ejpidei'xai

tou'ton. To; ga;r talaipwrh'sai tou'tov ejstin: ouj ga;r polevmou movnou kai;

mavch" aujtw'n ejkravtoun, ajll j ajqrovon ejlqovnte" kai; par j ejlpivda" kai;15

a[fnw.

iiiigggg jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Th'" Babulwnivwn h] JRwmaivwn h] kai; pro;" tw'/ tevlei

tou' diabolikou' khruvgmato".

iiiidddd BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""":::: Suntrimmo;n dev fhsin ejpi; suntrimmovn, ejpeidh; prw'ton

ejph'lqen oJ Naboucodonovsor kai; to;n jIeconivan su;n toi'" ajrivstoi"20

ajndravsi kai; skeuvesi tisi;n iJeratikoi'" ajphv/ei labwvn, ei\ta pevmya"

Nabouzarda;n teleivan ejrhmivan eijrgavsato: tovte ga;r kai; teleivw" hJ pa'sa

tetalaipwvrhken.

1 a[xion o[nta ego : ajxiou'nta CV OP || 2 Kaisareiva" CV P : om. O || 3 post to; add. ga;r O || 4ajkribw'" OP : ajkribh;" CV || 6 hJ CV O : om. P || 1 0 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' CrusostovmouV jIwavnnou P || post Tou' aJgivou jIwavnnou add. ajrciepiskovpou Kwnstantinoupovlew" O || dei' COP : dh; V || 1 2 ga;r spoudavzei CmgV OP : om. C || 1 3 qeovqen CV P : om. O || 1 4 talaipwrh'saiCV O : tetalaipwvrhke P || movnou C O : movnon V P || 1 5 kai;2 CV : om. OP || 1 9 post Bivktoro"add. presbutevrou O || suntrimmovn C OP : suntrimmw/' V

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77

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

Saint Jean : Le prophète a été inspiré par Dieu : ce n'est pas maintenant, mais un

peu avant, qu'il a dit cela à propos des événements. Il voit se produire devant ses

yeux de prophète des guerres, des batailles rangées, des combats, le bruit des

trompettes, le tumulte des chevaux, l’arrivée des guerriers ennemis, tous les

malheurs de Juda. Vois340 la patience de Dieu : il a menacé par ses propos, mais le

discours ne les a pas mordus ; il rend la prédiction plus digne de foi en rendant

celui -là même qui en est digne spectateur de ses paroles.

211b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 398 A1-8.

Eusèbe de Césarée : C’est comme par le personnage de Jérusalem341 qu’est

prononcé le discours : comment en effet mes peaux ont été déchirées pourra-t-il

convenir à Dieu ou au prophète ? Car l’Écriture a cela selon la lettre exacte342 et

Aquila en effet a : « mes tentes étaient misérables », désignant les habitations.

Ainsi donc c’est le discours de la ville dans laquelle la tente préparée par Moïse

s’était établie.

211c codd. : CV OP. Editio : PG 93, 636 D11-13.

Olympiodore : Selon le sens figuré, l’âme et les puissances distributrices de

l’âme. Et le prophète a les entrailles déchiquetées par la compassion.

212343 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 804 D14 - 805 A8.

Saint Jean : Que faut-il donc faire puisque les trompettes font retentir et la guerre

et le combat, mais n’arrivent pas vers nous ? Eh bien, il ajoute344 : car tout le pays

est misérable. Est misérable est bien vu, car il s’efforce partout de montrer que

cette guerre est soulevée par Dieu pour les individus. Voici ce qu’est en effet "être

misérable", car ils l'emportaient sur eux non seulement au prix d'une guerre et d'un

combat, mais en arrivant en masse, contre tout espoir et soudainement.

213 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 637 A6-7.

Olympiodore : < le cri > des Babyloniens, des Romains ou, finalement celui de la

proclamation du diable.

214 codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 398 B2-7.

Victor le prêtre : Et il dit blessure sur blessure, puique Nabuchodonosor d'abord

340 Le pronom moi est un datif d'intérêt désignant la personne qui prend une part morale à l'action.Il est difficile de le rendre ici. | 342 C'est la lettre exacte du texte hébreu auquel on peut avoir accèsgrâce aux révisions juives et en particulier à Aquila. Pour Eusèbe, la Septante est seulement unetraduction et c'est l'original hébreu qui est le plus précis et le plus exact. La version d'Aquila luipermet de confirmer l'idée que c'est Jérusalem qui parle en se plaignant de sa propre destruction.343 L'extrait porte en fait sur le lemme 213. | 344 Aoriste d'analyse textuelle, cf. note 48.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

iiiieeee jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: ]H oJ nao;" h] kai; pro;" tw/' tevlei pa'sa hJ gh' h}n

w{sper skhnh;n oijkou'men pavroikoi tugcavnonte".

iiii²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: To; eujavlwton deivknusi Jskhnh;n j kalw'n, a[llw"

de; oujk a[n ti" aJmavrtoi povlin pa'san kai; oijkivan pa'san touvtw/ tw'/ trovpw/

th'" proshgoriva" prosonomavzwn: skhnh; ga;r oJ parw;n bivo" ejstivn.5

iiiizzzz TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Oujde; povnou dehvseie toi'" polemivoi" oujde; crovnou tinov",

ajll j w{sper skhnh;n diaspw'nte", ou{tw kratou'si tw'n teicw'n: o{ra de; tou'

profhvtou to; filovstorgon: pa'san oijkeiou'tai th;n povlin, oijkivan aujtou'

fhsin ei\nai th;n jIerousalhvm.

iiiizzzz BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""":::: Ta; teivch Jdevrrei" j kalei' a} kaqei'le Nabouzardavn, th/'10

th'" skhnh'" ejpimeivna" troph'/.

iiiizzzz jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Pavlin h] to;n naovn fhsin, h] ta; th'" kakiva"

ejpikaluvmmata, pavntwn pro;" tw'/ tevlei faneroumevnwn.

iiiihhhh TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Qeath;n aujto;n poiei' kai; ajkroath;n

i{n j eJkatevrwqen aujtou;" kataplhvxh/. Ei\den oJ profhvth" i{na mh; i[dwsin oiJ15

jIoudai'oi. jEpovnese th;n kardivan oJ jIeremiva" i{na aujtou;" ejn ajsfaleiva/

fulavxh/. Pollacou' tou;" qerapeuvonta" ejkdivdwsi tou;" aujtou' i{na ejkeivnou"

diathrhvsh/.

1 ante ]H add. tetalaipwvrhken hJ skhnhv V || 3 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou VjIwavnnou P || a[llw" CV P : ajll j wJ" O || 4 aJmavrtoi C O : aJmavrth/ V P || 5 prosonomavzwn CV O :ojnomavzwn P || 6 Tou' aujtou' C OP : Tou' Crusostovmou V || polemivoi" OP : polevmoi" CV || 1 0post Bivktoro" add. presbutevrou O || 1 1 ejpimeivna" CV O : ejpishmhvna" P || 1 4 Tou' aJgivoujIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 1 5 oiJ OP : om. CV || 1 7 post fulavxh/ add. h] O|| qerapeuvonta" CV P : qerapeuta;" O

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

a attaqué et est parti en emmenant Jechônias avec l'élite de ses guerriers et certains

objets sacerdotaux ; ensuite, envoyant Nabuzardan, il a accompli une

désertification finale345. C'est alors en effet et finalement que < la terre > tout

entière a été misérable.

215346 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 636 D15 - 637 A2.

Olympiodore : Soit le temple, soit aussi finalement toute la terre que nous

habitons comme une tente, puisque nous sommes des étrangers.

216 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 804 C14-D1.

Saint Jean : Il montre qu'elle est facile à prendre lorsqu'il l'appelle "tente", et

d'ailleurs on ne se tromperait pas, si on nommait n'importe quelle ville et

n'importe quelle demeure avec ce type d'appellation. En effet la vie présente est

une tente.

217a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 804 D2-6.

Le même : Les ennemis n'auraient347 pas besoin de peine ni de temps, mais,

comme s'ils déchiraient une tente, ainsi prennent-ils les remparts. Mais vois la

tendresse du prophète : il s'approprie toute la ville, dit que Jérusalem est sa

demeure.

217b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 398 D6-8.

Victor : Il appelle "peaux" les remparts qu'a abattus Nabuzardan, en conservant la

figure de la tente.

217c codd. : CV OP. Editio : PG 93, 637 A2-4.

Olympiodore : À nouveau, il veut dire soit le temple, soit les voiles de la

méchanceté, quand tout est finalement manifeste.

218a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 805 A9-13.

Saint Jean : Il le rend spectateur et auditeur, afin de les frapper de stupeur des

deux côtés. Le prophète a vu, afin que les Juifs ne voient pas. Jérémie a eu le cœur

peiné, afin de les garder dans la sécurité. À plusieurs reprises, < Dieu > livre ses

345 Cf. 2Ch 36, 10. | 346 L'extrait porte en fait sur le lemme 216. | 347 La PG donne le futur dehvsei etnon l'optatif, mais je n'ai trouvé cette leçon dans aucun manuscrit. Il s'agit sans doute d'un optatifpotentiel sans a[n dont l'emploi était exceptionnel à l'époque classique (il y a seulement quelquesexemples chez les Tragiques cf. Soph. Ant., 605 et Eur. Hipp., 1186) mais qui a existé à uneépoque plus ancienne (cf. Il. 19, 321 ; Od. 3, 231...). Il ne s'agit sans doute pas d'une erreur decopiste, car les cas d'optatifs potentiels sans a[n sont très fréquents chez Jean Chrysostome ainsique chez Grégoire de Nysse, son contemporain. Il faut plutôt regarder cette construction commeun retour de la koiné à une pratique plus ancienne, qui, sans avoir été abandonnée complètement,avait disparu de la syntaxe courante de la langue attique (cf. M. Soffray, Recherches sur la syntaxede Saint Jean Chrysostome d'après les "Homélies sur les statues", Paris 1939, p. 93, NB).

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

iiiihhhh jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: ]H tou;" aijsqhtou;" polemivou" h] kai; tou;" mh;

dunamevnou" ajntisth'nai tw'/ diabovlw/ fhsivn.

iiiiqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: ]H tw'n polemikw'n, h] kai; tw'n ajllokovtwn khrugmavtwn.

kkkk TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: JH megivsth kathgoriva o{tan oiJ tou;" a[llou"

didavskein ojfeivlonte" aujtoi; prw'ton ajgnoou'sin.5

kkkkaaaa TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu SSSSeeeeuuuuhhhhvv vvrrrroooouuuu aaaajjjjrrrrcccciiiieeeeppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu jjjjAAAAnnnnttttiiiioooocccceeeeiiiivv vvaaaa"""" eeeejj jjkkkk tttthhhh'' ''"""" pppprrrroooo;; ;;"""" SSSSeeeevv vvrrrrggggiiiioooonnnn

kkkkaaaaiiii;; ;; MMMMaaaarrrriiiivv vvwwwwnnnnaaaa eeeejj jjppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu"""" eeeejj jjppppiiiissssttttoooollllhhhh'' ''"""":::: Fw'ta d j a]n ei[h oujranou' ta; noera;

kai; a[u>la kai; oujravnia pneuvmata ta; toi'" prostavgmasi toi'" qeivoi"

diakonouvmena kai; ejn eujmeneiva" me;n kairoi'" ta; crhsta; fevronta

skuqrwpa; de; ejx ejnantiva" ejn hJmevra/ ojrgh'". [Orh de; kai; bounoi;10

tarattovmenoi nohqei'en a]n oiJ diabebhkovte" ejn qewriva/ kai; uJyhlh'/

politeiva/ kai; mh; dunavmenoi dia; to; plhqunqh'nai th;n ajnomivan th'"

ajpeilh'" hJma'" paraithvsasqai. Dio; kai; e[legen ejpi; toi'" aujtoi'"

ajporouvmeno": tiv" feivsetai ejpi; soi; jIerousalhvm … kai; tiv" skuqrwpavsei

ejpi; soiv … kai; ta; eJxh'".15

kkkkaaaa TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Pw'" Joujde;n j … Ouj provbatav fhsin, ouj bove", oujk

oijkodomhvmata kai; teivch: pavnta ga;r ta; toiau'ta ajfanivzein oi\den oJ

povlemo".

kkkkaaaa jjjjEEEExxxx aaaajjjjnnnneeeeppppiiiiggggrrrraaaavvvvffffoooouuuu:::: Profhtikw'" oJra'/ ta; th'" aijcmalwsiva" deinav. To;

de; Joujqe;n j jAkuvla" me;n Jkenh; j, Suvmmaco" de; Jsugkecumevnh j fhsiv.20

1 ih — 2 fhsivn CmgV OP : om. C || 3 iq — khrugmavtwn CmgV OP : om. C || Tou' aujtou' C OP :jOlumpiodwvrou V || polemikw'n C OP : polemivwn V || kai; CV O : om. P || ajllokovtwn CV O : ajlovgwnP || 4 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 5 prw'ton CV O : prw'toi P ||ajgnoou'sin C OP : ajgnow'sin V || 6 ka — 15 eJxh'" C OP : hoc comm. post duo sequentes transp. V ||Tou' aJgivou CV O : om. P || ajrciepiskovpou jAntioceiva" C O : om. V P || 7 d j CV P : om. O || 8prostavgmasi OP : pravgmasi CV || 9 fevronta OP : fanerou'nta CV || 1 2 plhqunqh'nai CV P :plhsqh'nai O || th'" CV P : iter. O || 1 6 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnouP

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

serviteurs, afin de préserver ceux-là.

218b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 637 A7-9.

Olympiodore : Il veut dire soit les ennemis sensibles348, soit encore ceux qui ne

peuvent pas résister au diable.

219 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 637 A9-10.

Le même : Soit des proclamations ennemies, soit encore des proclamations

différentes.

220 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 805 B1-2.

Saint Jean : La plus grave accusation intervient quand ceux-là mêmes qui doivent

enseigner aux autres, sont les premiers à être dans l'ignorance349.

221a350 codd. : CV OP (post duo comm. sequentes transp. V). Editio : M.

Ghisleri, p. 414 C1-D2.

Saint Sévère archevêque d'Antioche, extrait de la lettre aux évêques Serge et

Marion : Les "lumières du ciel", ce seraient les esprits intellectuels, immatériels

et célestes qui servent les ordres divins et qui portent dans les moments de

bienveillance les bienfaits et au contraire les tristesses au jour de la colère. On

pourrait penser que les montagnes et les collines ébranlées sont ceux qui ont

progressé dans la contemplation et un mode de vie sublimes et qui, parce que

l'illégalité s'est multipliée, ne peuvent pas nous affranchir de la menace. C'est

pourquoi il parlait aussi de la même chose lorsqu'il posait la question : « qui

t'épargnera Jérusalem ? »351 et « qui sera triste352 pour toi ? », etc.

221b codd. : CV OP. Editio : PG 64, 805 C4-6.

Saint Jean : Comment cela "rien" ? Il dit qu'il n'y a pas de brebis, ni de bœufs, ni

de constructions, ni de murs, car toutes les choses de ce genre, la guerre sait les

faire disparaître.

221c codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 414 A6-B10.

Anonyme : Il voit de manière prophétique les épreuves de la captivité. Pour

"rien", Aquila dit "< elle était > vide" et Symmaque "< elle était > pleine de

348 Ou plutôt ceux qui fuient (feuvgonta") les ennemis sensibles. Il y a ici une construction trèselliptique qui rend la syntaxe un peu bancale. | 349 Jean Chrysostome, influencé par le fait qu'auxépoques alexandrine et romaine, le mode éventuel se confond avec le mode réel, emploie parfoiso{tan avec l'indicatif au lieu du subjonctif (cf. M. Soffray, Recherches sur la syntaxe de Saint JeanChrysostome d'après les "Homélies sur les statues", Paris 1939, p. 158, remarque I, 1 avec deuxexemples). | 350 L'extrait porte en fait sur les lemmes 222 et 223. | 351 Jr 15, 5. | 352 Cf. Jr 19, 8 etJr-LXX 27, 13 qui contiennent le terme skuqrwpavsei.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

Megivsth" de; ajqumiva" to; ejskotivsqh tou;" ojfqalmou;" kai; to; fw'" wJ"

skovto" oJra'n. Toi'" de; toiouvtoi" skotodinou'si kai; pavnta donei'sqai dokei'

kai; ta; peteina; ptoei'tai dia; th;n th'" ejrhmiva" uJperbolhvn. Tau'ta dev, eij

me;n ejpi; tou' Naboucodonovsor nooi'to, merikw'" kai; ouj kurivw" ejgevneto, eij

de; dia; ta; kata; Cristou' tolmhqevnta, kaqolikw'" kai; kurivw" dia; to; mh;5

gnw'nai tou;" hJgoumevnou" aujtw'n to;n Qeo;n JHrwvdhn te kai; Pilavton kai;

tou;" ajrcierei'" kai; grammatei'" kai; farisaivou": eij ga;r e[gnwsan, oujk a]n

to;n Kuvrion th'" dovxh" ejstauvrwsan: ejxevlipe ga;r o[ntw" oJ h{lio" kai; gh'

ejseivsqh kai; pevtrai ejrravghsan kai; pavnta h\n ejn fovbw/.

kkkkaaaa jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: [H to; mhdevna dikaiopragou'nta shmaivnei, h] kai;10

to; eij" oujde;n katasth'nai th;n gh'n dia; th;n ajpostasivan.

kkkkbbbb TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Th;n diavnoian levgei tou' qeatou', ouj th;n fuvsin

tou' pravgmato": ouj ga;r aJplw'" levgei ajll j ei\don kai; oujk h\n ta; fw'ta

aujtou'. To; me;n ga;r th'" nukto;" skovto" kaluvptein ei[wqe to; fw'",

deivknusi de; th;n selhvnhn meta; tw'n a[strwn, hJ de; th'" ajqumiva" nu;x hJ15

polu; tauvth" calepwtevra pavnta ajfanivzei ta; a[stra ouj kata; th;n

oujsivan, ajlla; kata; th;n o[yin tou' qewmevnou w{ste me;n ta; fw'ta aujtou',

oujk ejfaivneto dev: diovper oujde; ei\nai ejdovkei toi'" qeatai'", ajll j w{sper

gumno;" kai; ejrhmwqei;" tou' fwto;" ou{tw" ejgevneto.

kkkkbbbb jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: To; skovto" to; ejpi; tou' staurou' gegono;"20

prokataggevllei, h] kai; th;n pro;" tw'/ tevlei tw'n fwsthvrwn ajnaivresin.

kkkkgggg TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu eeeejj jjppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu KKKKwwwwnnnnssssttttaaaannnnttttiiiinnnnoooouuuuppppoooovv vvlllleeeewwww"""":::: Toiou'tov ti

pavscei yuch; skotwqei'sa kai; ga;r polloi; tou' pelavgou" ajpobavnte"

ojrqoumevnhn e[doxan oJra'n th;n gh'n kai; peridinoumevnhn aujtoi'". Tau'ta de;

2 skotodinou'si CV : skotodinw'si OP || donei'sqai C OP : sundonei'sqai V || 6 JHrwvdhn te CV P :JHrwvdhn de; O || 8 ejxevlipe CV P : ejxevleipe O || h{lio" — 9 fovbw/ CmgV OP : om. C || kai; — 9 fovbw/Cmg OP : om. CV || 1 0 ka CV P : ka kb O || ka — 11 ajpostasivan : hoc comm. om. V || 1 1ajpostasivan C O : ajpovstasin P || 1 2 kb — 19 ejgevneto : hoc comm. post sequentem transp. P ||Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 1 4 to; CV O : om. P || 1 7 me;n OP :post ta; transp. CV || 1 8 dev OP : om. CV || 2 0 jOlumpiodwvrou CV O : Tou' aujtou' P || 2 1 pro;" tw'/tevlei CmgV OP : om. C || 2 2 Tou' — Kwnstantinoupovlew" C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P|| ejpiskovpou V OP : ajrciepiskovpou C || Toiou'tov C OP : toiou'tovn V || 2 3 yuch; CV P : yuch/' O

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

confusion"353. C'est le signe d'un très grand désespoir que ses yeux aient été

couverts d'obscurité et qu'il voie la lumière comme si c'était l'obscurité. À cause

de telles choses, ils ont le vertige354 et tout semble être agité et les oiseaux sont

terrifiés à cause de l'extrême désolation. Or ces événements, si on comprenait

qu'ils ont eu lieu sous Nabuchodonosor, se sont passés partiellement et non au

sens propre, mais si c'est à cause des audaces commises contre le Christ, ils se

sont passés de manière universelle et au sens propre, parce que ceux qui les

dirigaient ne connaissaient pas Dieu : Hérode, Pilate, les grands-prêtres, les

scribes et les Pharisiens. En effet, s'ils l'avaient connu, ils n'auraient pas crucifié le

Seigneur de gloire, car le soleil s'est réellement retiré et la terre a tremblé et les

pierres se sont brisées et tout était dans la crainte355.

221d codd. : C OP. Editio : PG 93, 637 A14-B1.

Olympiodore : Il veut dire soit que personne ne pratique la justice, soit que la

terre a été réduite à rien à cause de l'apostasie.

222a codd. : CV OP (post sequentem transp. P). Editio : PG 64, 805 C9-D4.

Saint Jean : Il dit la pensée du spectateur, non la nature de l'événement, car ce

n'est pas sans intention qu'il dit : eh bien, j'ai vu et ses lumières n'y étaient pas. En

effet, l'obscurité de la nuit a l'habitude de voiler la lumière et montre la lune avec

les étoiles, mais la nuit du désespoir qui est beaucoup plus pénible que celle-ci fait

disparaître toutes les étoiles, non dans leur existence, mais dans ce que voit le

spectateur, de telle sorte que ses lumières y étaient, mais ne lui apparaissaient

pas : c'est pourquoi il semblait aux spectateurs qu'elles n'étaient pas même là et il

est devenu ainsi comme nu et privé de lumière.

222b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 637 A12-14.

Olympiodore : Il annonce l'obscurité qui a eu lieu au moment de la crucifixion356,

ou bien encore l'anéantissement des corps lumineux à la fin < des temps >.

223a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 805 D5-14.

Saint Jean évêque de Constantinople : C'est quelque chose de ce genre que vit

353 Les deux variantes sont signalées par J. Ziegler, mais avec une erreur sur celle d'Aquila (kenovnau lieu de kenhv). Le terme kenhv apparaît aussi dans le Marchalianus, mais sous forme d'ajout(kenh; kai; avant oujqevn) et non sous forme de variante. De plus, elle est là attribuée aux troistraducteurs, et non simplement à Aquila. La Syro-Hexaplaire donne quant à elle kevnwma kai;oujqe;n pour Aquila et a[takto" kai; sugkecumevnh pour Symmaque. | 354 Le verbe skotodinevwest de la même famille que skovto" "obscurité", mais l'écho est difficile à rendre en français.355 Cf. Mt 27, 51. | 356 Cf. Mt 27, 45.

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81

Chaîne intégrale à auteurs multiples

pavnta poiei'n hJ fuvsi" ei[wqe. Kaqavper ga;r eij" u{dwr kaqaro;n kai; eJsto;"

ejmpesw;n oJ fovbo" tw'n aijsqhthrivwn th;n gh'n th;n ejn tw'/ buqw'/ taravssei

kai; sugcei' ta; a[nw kavtw poiw'n kai; th;n tavxin taravsswn a{pasan, ou{tw

dh; kai; ejntau'qa givnetai: e{tera ajkouvei kai; e{tera blevpei kai; oujde;n ejpi;

th'" oijkeiva" e{sthken e{dra".5

kkkkgggg jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu: ]H ta; ejpi; tou' staurou' fhsin o{te « aiJ pevtrai

ejscivsqhsan », h] ta; peri; th'" kaqovlou sunteleiva", h] ta;" ajntikeimevna"

dunavmei" klonoumevna" o{te oJ Cristo;" e[lue tou' {Aidou to; desmwthvrion.

kkkkdddd TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Oujde; ga;r tou;" plhsivon eJstw'ta" dokou'men

oJra'n. Pw'" ou\n peri; tw'n peteinw'n fhsi o{ti ejptovhnto … tou'to ajpo; th'"10

diaqevsew" tou' profhvtou.

kkkkdddd jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Th;n kaqovlou suntevleiavn fhsin, o{per kai; ejpi; tou'

kataklusmou' gevgone dia; th;n aJmartivan.

kkkkeeee TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: ]H ta; aijsqhta; tou' skovtou" ginomevnou, h] kai; aiJ a{giai

dunavmei" frivttousai ejpi; th'/ pantelei' tw'n ajnqrwvpwn ajpostasiva/.15

kkkk ²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Kavrmhlo" ejpivgnwsi" peritomh'" eJrmhneuvetai. Th'" ou\n

fhsin ajpostasiva" ginomevnh" oujk ejpiginwvskousin ajpotevmnesqai ta;

fau'la, duvnasai de; tau'ta noei'n kai; ejpi; th'" ejfovdou tw'n Babulwnivwn h]

kai; tw'n JRwmaivwn.

1 ei[wqe CV O : post poiei'n transp. P || post u{dwr add. eJstw;" kaqaro;n C || eJsto;" C O : eJstw;" VP || 4 givnetai CmgV OP : om. C || post e{tera1 add. oJra/' kai; OP || e{tera ajkouvei CV : post e{terablevpei transp. P || post ajkouvei add. kai; e{tera ajkouvei V || kai; e{tera blevpei CV : om. O e{terablevpei P || 6 tou' OP : om. CV || aiJ CV P : om. O || 9 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou'Crusostovmou V jIwavnnou P || 1 2 kd CV O : ke P || kai; CV O : om. P || kai; — 13 kataklusmou'CV : post aJmartivan transp. O post gevgonen transp. P || 1 3 aJmartivan C OP : profhteivan V || 1 4ke CV O : k² P || Tou' aujtou' C OP : jOlumpiodwvrou V || ginomevnou CV : gegnomevnou O (sic)genomevnou P || 1 6 k ²CV O : om. P || Tou' aujtou' C OP : jOlumpiodwvrou V || 1 7 ginomevnh" CVO : genomevnh" P || 1 9 tw'n CV : om. OP || JRwmaivwn C OP : oJrwmevnwn V

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81

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

une âme plongée dans l'obscurité et en effet nombreux sont ceux qui, quittant la

mer, ont l'impression de voir la terre, pourtant droite, prise de vertige devant eux.

La nature a l'habitude de faire tout cela. En effet, de même que, sur une eau pure

et stable, la crainte des sens qui s'abat < sur nous > ébranle la terre des

profondeurs et provoque un bouleversement en mettant tout sens dessus dessous

et en ébranlant l'ordre tout entier, de même c'est ce qu'il se passe ici : il entend

certaines choses et en voit d'autres et rien ne se tient à sa propre place.

223b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 637 B2-6.

Olympiodore : Il veut dire soit les événements de la crucifixion, quand « les

pierres se sont fendues »357, soit les événements concernant la fin universelle358,

soit les puissances adverses qui se trouvaient dans la confusion au moment où le

Christ libérait la prison de l’Hadès.

224a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 808 A8-10.

Saint Jean : Car nous avons l'impression de ne même pas voir ceux qui sont

proches. Comment donc dit-il des oiseaux qu’ils étaient terrifiés ? Cela vient de la

disposition du prophète.

224b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 637 B9-11.

Olympiodore : C’est la fin universelle dont il parle, ce qui précisément est arrivé

lors du déluge à cause du péché.

225 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 637 B11-13.

Le même : Soit les êtres sensibles quand l'obscurité arrive, soit encore les saintes

puissances quand elles frissonnent à cause de l’apostasie absolue des hommes.

226a codd. : CV OP. Editio : PG 93, 637 B14-18.

Le même : Le Carmel est interprété comme la reconnaissance de la circoncision.

Ainsi donc, dit-il, lorsqu’a lieu l’apostasie, ils ne reconnaissent pas que les choses

viles sont coupés, mais tu peux comprendre cela aussi pour l’arrivée des

Babyloniens ou encore des Romains.

357 Mt 27, 51.

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82

Chaîne intégrale à auteurs multiples

kkkk²²²² jj jjEEEExxxx aaaajjjjnnnneeeeppppiiiiggggrrrraaaavvvvffffoooouuuu:::: Toutevstin: jIerousalh;m gevgonen e[rhmo" th'"

ejpopteiva" tou' Qeou', toiauvth" ejxenecqeivsh" kat j aujth'" ajpofavsew".

{Erhmo" de; oJ Kavrmhlo" ejk tou' ojnovmato" th'" aijsqhth'" peritomh'" th;n

ejrhmivan dhloi'. Provswpon de; Kurivou fhsi; to;n UiJovn: « jEshmeiwvqh ga;r

ejf j hJma'" to; fw'" tou' proswvpou sou, Kuvrie », « provswpon de; Kurivou ejpi;5

poiou'nta" kakav ». [Efh ga;r oJ Cristo;" wJ" « oJ Path;r krivnei oujdevna,

ajlla; th;n pa'san krivsin devdwke tw/' UiJw/' ».

kkkkzzzz TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Tiv levgei" … ejkluvei" to;n fovbon to;n ijoudai>kovn …

tiv ga;r oujk e[sth" ejpi; th'/ protevra/ ajpeilh'/ … h[rkei eijpei'n e[rhmo" e[stai

pa'sa hJ gh', ajll j eujqevw" to; skuqrwpo;n e[streye to; crhsto;n ejpagagwvn.10

Tivno" e{neken … w{ste kai; tauvth/ poih'sai beltivou": o{tan ga;r ejpi;

calepoi'" calepa; sunavptonte" levgwmen, eij" ajpovgnwsin hJ yuch; pollavki"

ejmpevptwken, hJ de; ejlpivda" e[cousa crhstav", ka]n braceiva", tacevw"

ajnasth'nai dunhvsetai.

kkkkzzzz jj jjEEEExxxx aaaajjjjnnnneeeeppppiiiiggggrrrraaaavvvvffffoooouuuu:::: Paravdoxon to; met j ejrhmivan pantelh' mh;15

suntelei'sqai to; e[qno": sevswstai ga;r to; katavleimma tou' e[qnou" kai;

dia; th'" ejk Babulw'no" ejpanovdou kai; deuvteron dia; tw'n ejk peritomh'"

pisteusavntwn kai; teleutai'on hJnivka pa'" jIsrah;l swqhvsetai.

kkkkhhhh jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Ta; prooivmia movnon th'" sunteleiva" uJpogravya",

tou'to ejphvgage.20

kkkkqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Kalw'" th;n gh'n pro;" ai[sqhsin tw'n mellovntwn

givnesqai kalei' tw'n ajnqrwvpwn ajnaisqhvtw" diakeimevnwn.

kkkkqqqq jj jjEEEExxxx aaaajjjjnnnneeeeppppiiiiggggrrrraaaavvvvffffoooouuuu:::: Penqouvsh" th'" gh'", fhsivn, suskotasavtw kai; oJ

oujranov", h] pavlin dia; th;n ajqumivan h] kai; tw'n ajggevllwn skuqrwpazovntwn

ejpi; th/' tou' laou' pro;" to;n Qeo;n ajpeiqeiva/ ei[per ou\n kai; ejpi; eJni;25

2 kat j aujth'" CV O : kata; tauvth" P || 3 oJ CV P : om. O || 4 post ga;r add. fhsin CV || 7 pa'sanOP : post krivsin transp. CV || 8 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P ||to;n ijoudai>kovn CV O : tw'n jIoudaivwn P || 9 th'/ protevra/ ajpeilh'/ CV O : th'" protevra"ajpeilh'" P || 1 7 dia;2 CV P : diovti O || 2 1 Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou VjIwavnnou P || 2 3 kai; CV O : om. P

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82

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

226b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 415 D10-E9.

Anonyme : C’est-à-dire : Jérusalem a été privée de la vision de Dieu, parce

qu'une telle sentence avait été prononcée contre elle, et le Carmel désert, qui tire

son nom de la circoncision sensible, désigne la désolation. Et par la face du

Seigneur359, il veut dire le Fils car « Elle a été signe sur nous, la lumière de ta

face, Seigneur »360, « Et la face du Seigneur est contre ceux qui font le mal »361.

En effet le Christ a dit que « le Père ne juge personne, mais a remis tout jugement

au Fils. »362

227a363 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 808 B1-9.

Saint Jean : Que dis-tu ? Tu anéantis la crainte des Juifs ? En effet pourquoi n’en

es-tu pas resté à la première menace ? Il suffisait de dire : la terre tout entière sera

un désert, mais aussitôt il a renversé la tristesse en y ajoutant le bienfait.

Pourquoi ? Pour les rendre ainsi meilleurs. Car quand nous parlons en enchaînant

les choses pénibles aux choses pénibles, l’âme tombe souvent dans le désespoir,

mais si elle a de bons espoirs, même brefs, elle pourra se relever rapidement.

227b364 codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 420 B1-7.

Anonyme : Il est paradoxal que la nation ne soit pas finalement anéantie après

une désolation absolue. En effet, le reste de la nation a été sauvé grâce au retour

depuis Babylone, deuxièmement grâce à ceux du peuple circoncis qui ont cru et

enfin parce que tout Israël sera sauvé.

228 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 637 D1-2.

Olympiodore : Après avoir décrit les préambules seulement de l’achèvement, il a

ajouté cela.

229a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 808 B11-13.

Saint Jean : Il appelle à juste titre la terre à prendre conscience de l’avenir,

puisque les hommes gisent dans l'insensibilité.

229b365 codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 420 C4-10.

Anonyme : Pendant que la terre est endeuillée, dit-il, que le ciel aussi

s’obscurcisse, soit à nouveau à cause du désespoir, soit encore parce que les anges

sont attristés par le manque de foi du peuple envers Dieu, s’il est vrai que pour un

359 Comme dans l'extrait 170, on est obligé de traduire ici très littéralement l'expression ajpo;proswvpou Kurivou à cause de l'enchaînement avec la citation de Ps 33, 17. | 360 Ps 4, 7 | 361 Ps 33,17. | 362 Jn 5, 22. | 363 L'extrait porte en fait sur l'ensemble des lemmes 227 et 228. | 364 L'extraitporte en fait sur l'ensemble des lemmes 227 et 228. | 365 L'extrait porte en fait sur l'ensemble deslemmes 229 et 230.

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83

Chaîne intégrale à auteurs multiples

aJmartwlw/' metanoou'nti cara; givnetai ejn toi'" oujranoi'".

llll TTTToooouuuu aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Mh; nomivsh/ ti" ei\nai ajpeilh;n to; pra'gma.

Pavntw" o[yetai kai; to; e[rgon ejpeidh; ga;r pollavki" eijpw;n dia;

filanqrwpivan to; tevlo" oujk ejphvgagen: oujc ou{tw" kai; nu'n e[stai, ajlla;

pw'" ejlavlhsa kai; poihvsw.5

llllaaaa jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: ]H tou' aijsqhtou', h] kai; th;n dihnekh' tw'n ajoravtwn

polemivwn mavchn shmaivnei.

llllbbbb TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Eij" tou;" lh/strikou;" aujtw'n trovpou" ajpostatou'nte"

Qeou'. To; de; sphvlaion aujtovglufon o]n shmaivnei kai; to; th'" yuch'"

aujtexouvsion.10

llllgggg TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Eij" ta;" skoteina;" pravxei".

lllldddd TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Eij" ta; a[karpa kai; ajnwvmala ejpithdeuvmata, tau'ta de;

kai; aijsqhtw'" kata; iJstorivan lavmbane.

lllleeee jj jjAAAAppppoooolllliiiinnnnaaaarrrriiiivv vvoooouuuu:::: Pro;" ga;r to; mh; summacei'n sunepivqentai tai'"

kakwvsesi: ouj ga;r filou'nte" ajpatw'si. Tw'n de; kakw'n ta;" ojduvna" tai'"15

tw'n prwtotovkwn ajpeivkase gunaikw'n ejf j w|n ajforhvtoi sumbaivnousin

ajlghdovne".

lllleeee jj jjEEEExxxx aaaajjjjnnnneeeeppppiiiiggggrrrraaaavvvvffffoooouuuu:::: jAnti; tou': pou' feuvxei … tiv" se devxetai tovpo" …

oiJ soi; ga;r ejrastai; daivmone", oujdevn se wjfelhvsousi ka]n pavnta poih/'"

pro;" to; ajrevskein aujtoi'".20

llll ²²²² TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Tiv potev ejsti to; legovmenon … Metaforiko;" oJ

lovgo" ejstivn: wJ" pro;" gunai'ka a[timon th;n povlin kai; eJtairizomevnhn

2 Tou aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || ajpeilh;n CV : post ti" transp.OP || 3 o[yetai C OP : e{yetai V || 8 Tou' aujtou' C OP : jOlumpiodwvrou V || post ajpostatou'nte"add. tou' P || 1 1 lg V OP : om. C || Tou' aujtou' C OP : jOlumpiodwvrou V || 1 2 ld V OP : lg C ||Tou' aujtou' C OP : jOlumpiodwvrou V || 1 4 to; C OP : tw/' V || sunepivqentai O : sunepiqevnta CVnon legitur P || 1 6 ajforhvtoi CV : ajforhvtoi" O non legitur P || 1 8 ajnepigravfou CV P :ajnepistrovfou O || feuvxei OP : feuvxh/ CV || devxetai V : devxhtai C OP || 2 1 l ²OP : le CV ||Tou' aJgivou jIwavnnou C O : Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || post Tiv add. dh; O

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83

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

seul pécheur qui se repent, il y a de la joie dans les cieux366.

230 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 808 C1-4.

Saint Jean : Que personne ne pense que c'est une menace. On verra

complètement son oeuvre, puisqu’en effet, comme il l'a souvent dit, par amour

pour les hommes il n’a pas ajouté la fin : ce ne sera pas ainsi et maintenant, mais

comme j'ai parlé, j'agirai.

231 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 637 C5-6.

Olympiodore : Soit devant le combat sensible, soit il signifie le combat

ininterrompu contre les ennemis invisibles.

232 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 637 C7-10.

Le même : Dans leurs manières de brigands, parce qu'ils s’éloignent de Dieu. La

caverne qui est creusée d’elle-même367 signifie aussi le libre-arbitre de l’âme.

233 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 637 C11-12.

Le même : Dans les actes obscurs.

234 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 637 C13-15.

Le même : Sur les occupations stériles et inconstantes, mais comprends cela aussi

selon l'interprétation sensible, selon le sens historique.

235a368 codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 427 B2-6.

Apolinaire : En effet, en plus de ne pas être alliés, ils en rajoutent aux mauvais

traitements, car parce qu’ils n'aiment pas, ils trompent. Et il compare369 les

douleurs des malheurs à celles de femmes qui accouchent pour la première fois et

qui éprouvent des souffrances intolérables.

235b codd. : CV OP. Editio : M. Ghisleri, p. 427 B7-10.

Anonyme : Au lieu de : Où fuiras-tu ? Quel endroit t’accueillera ? Car tes amants

sont les démons, ils ne te serviront à rien même si tu fais tout pour leur plaire.

236a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 808 C5-7.

Saint Jean : Qu’est-ce donc qui est dit ? Le discours est métaphorique : c’est

comme à une femme370 sans honneur, une courtisane, que le prophète s’adresse

366 Cf. Lc 15, 7. | 367 C'est un terme très rare qui apparaît seulement chez le Pseudo-Plutarque (DeFluviis 12, 2). | 368 L'extrait porte en fait sur toute la fin du chapitre 4 (lemmes 235 à 240)369 Aoriste d'analyse textuelle, cf. note 48.

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Chaîne intégrale à auteurs multiples

sunecw'" oJ profhvth" dialevgetai.

llll²²²² jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Ta;" kata; novmon zw/osfagiva".

llllzzzz TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Th'/ kibwtw'/ kai; th'/ lucniva/ kai; toi'" loipoi'".

llllhhhh TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Th;n meq j uJpokrivsew" qeosevbeian shmaivnei.

llllqqqq TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiiwwwwttttaaaavvvvttttoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: JW" pro;" povrnhn prosdokw'san tw'/ kavllei5

th'" o[yew" eJlei'n tou;" ejrastav", kaqavper hJ jIezavbel, kaqavper tw'n

jIoudaivwn aiJ qugatevre". jAlla; nu'n pro;" th;n povlin pa'san: ejnnovhson

duspragivan o{tan kai; ejrastai; w\si kai; kallwpizomevnhn th;n ejrwmevnhn

diaptuvwsi kai; mh; diaptuvwsi movnon, ajlla; kai; ajnelei'n ejpiqumw'sin.

llllqqqq jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: OiJ ajovratoi daivmone" ouj dunavmenoi ejpamuvnein. Ou|toi10

de; aujtoi; kai; ejra'n prospoiouvmenoi eij" aujth;n th;n yuch;n tw'n ejrwmevnwn

ejpibouleuvousin.

mmmm TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Oujde;n eij" to;n povlemon ejrgavsasqai dunhvsetai

loipovn.

mmmmaaaa TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Pavlin oJ profhvth" eJwvra ta; mevllonta, ouj fevrei tw'n15

ajposfagevntwn to; plh'qo", ejxivstatai kai; ajpoyuvcei, eij de; hJ qeva

ajfovrhto", povsw/ ma'llon hJ pei'ra. To; me;n prw'ton feuvgonta" ei\de, to; de;

deuvteron qrhnou'nta", e[peita kai; ajnairoumevnou". Proi>w;n levgei o{ti oujde;

sugcwrhvsei ti" uJmi'n qrhnh'sai.

mmmmaaaa TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu KKKKuuuurrrriiiivv vvlllllllloooouuuu:::: JOra'/" ejn touvtoi" wjdivnonta me;n ejpi; toi'"20

ajnh/rhmevnoi" kai; proceivrw" me;n ejleei'n ejqevlonta th;n jIerousalh;m

eijrgovmenon dev pw" uJf j eJautou', mononouci; de; kai; ajnaseiravzonta th;n

qeopreph' galhnovthta dia; to; th'" aJmartiva" uJpevrogkon, zhtou'nta d j ou\n

1 sunecw'" C OP : post profhvth" transp. V || 2 zw/osfagiva" V OP : zw/osfagivai" C || 3 Tou'aujtou' C OP : jOlumpiodwvrou V || 4 Tou' aujtou' C OP : jOlumpiodwvrou V || 5 Tou' aJgiwtavtoujIwavnnou O : Tou' aJgivou jIwavnnou C Tou' Crusostovmou V jIwavnnou P || 1 1 kai; C P : post de;transp. V O || 1 2 ejpibouleuvousin CV P : ajpolauvsousin O || 1 3 Tou' — jIwavnnou C O : Tou'Crusostovmou V jIwavnnou P || post eij" add. aujto;n O non legitur P || 1 5 Tou' aujtou' C OP : Tou'Crusostovmou V || 1 8 Proi>w;n — 19 qrhnh'sai CV O : om. P || 1 9 sugcwrhvsei — uJmi'n CV P : postqrhnh'sai transp. O || ti" C P : tiv" V O || 2 0 Tou' aJgivou CV O : om. P || wjdivnonta CV P : w[deinonta; O || 2 1 ejqevlonta CV P : ejqevlousin O || 2 2 dev pw" O CV : de; pw'" P || de; CV P : om. O

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Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

sans cesse à la ville.

236b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 637 D4-5.

Olympiodore : Des sacrifices des animaux selon la loi.

237 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 637 D5-6.

Le même : Du coffre, du chandelier et de tout le reste.

238 codd. : CV OP. Editio : PG 93, 637 D6-7.

Le même : Il signifie la vénération hypocrite de Dieu.

239a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 808 C15-D8.

Le Très Saint Jean : Comme à une prostituée371 qui attend de prendre ses amants

par la beauté de son apparence, comme Jézabel372, comme les filles des Juifs.

Mais maintenant à toute la ville : médite ta mauvaise conduite quand il y a des

amants, qu’ils crachent sur l’amante alors qu'elle s’est faite belle, et non

seulement lui crachent dessus, mais cherchent aussi à la tuer.

239b codd. : CV OP. Editio : PG 93, 637 D8-11.

Olympiodore : Les démons invisibles qui ne peuvent pas porter secours. Et ceux-

ci mêmes, alors qu’ils font semblant d’aimer, complotent contre l’âme même de

ceux qu’ils aiment.

240 codd. : CV OP. Editio : PG 64, 808 D9-10.

Saint Jean : Elle ne pourra désormais rien accomplir pour la guerre.

241a codd. : CV OP. Editio : PG 64, 808 D11 - 809 A2.

Le même : À nouveau le prophète voyait l’avenir, il ne supporte pas la foule de

ceux qui ont été égorgés, il est hors de lui, il rend l’âme, mais si le spectacle est

intolérable, combien plus l’est l’expérience. Il les a d’abord vus fuir,

deuxièmement se lamenter, ensuite être tués. Plus loin, il dit qu'on ne vous

permettra même pas de vous lamenter373.

241b374 codd. : CV OP. Editio : PG 70, 1452 B2-10.

Saint Cyrille : Tu vois qu’il éprouvait les douleurs de l’accouchement en ceci :

auprès des trépassés, et qu’il voulait promptement avoir pitié de Jérusalem, mais

372 Cf. 4R 9, 22 et 30. | 373 Cf. Jr 22, 10. | 374 L'extrait porte aussi sur le lemme suivant, c'est-à-direle début du chapitre 5 : Parcourez les rues de Jérusalem, voyez, constatez, cherchez sur ses placessi vous trouvez un homme qui soit en train d'accomplir la justice et de rechercher la fidélité, et jeleur serai favorable », dit le Seigneur. L'enchaînement se poursuit donc, tant sur le plan du textebiblique que sur le plan des extraits patristiques.

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85

Chaîne intégrale à auteurs multiples

o{mw" tou' katoikteivrein ta;" aJmartiva" kai; ejf j ejni; qevlonta kataluvein

ta; ejx ojrgh'": e{na ga;r a[ndra tou;" periqevonta" ejpideiknuvnai pisto;n ejn

aujth/' dietavtteto.

mmmmaaaa jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Aijsqhtoi'" oi} kai; aujth;n th;n yuch;n dia; th'"

ajpostasiva" ajpolevsasin.5

mmmmaaaa BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: jEpi; toi'" eijrhmevnoi" oJ tw'n profhtw'n

ojduvretai sumpaqevstato" kata; th;n ejntolhvn: « klaivwn meta; klaiovntwn »

kai; toi'" timwroumevnoi" sunodunwvmeno": o{per ijdw;n oJ Qeo;" ma'llon aujtw/'

deivknusin h[per JAbraa;m filanqrwpiva" uJperbolhvn: ejkei' me;n ga;r dia; devka

h] pevnte th;n ojrgh;n ajnhvsein fhsiv, nu'n de; di j e{na kai; movnon eij kai; ta;10

mavlista kajkei' dunato;n ejpi; th'" Pentapovlew" pro;" e{na labei'n. Kri'ma

de; poiei' pa'" oJ dikaiosuvnh" ejpimelouvmeno", pivstin de; poiei' oJ toi'" tou'

Qeou' lovgoi" wJ" pistoi'" kai; bebaivoi" peiqovmeno" ginovmenov" te pro;"

pavnta pisto;" wJ" o{rkon e[cein to;n trovpon. Tiv" de; dunhvsetai tou'to

maqei'n plh;n Qeou' … a [nqrwpo" ga ;r ei j" o [yin, o J de ; Qeo ;" ei j"15

kardi van.

1 tou' C OP : to; V || 2 pisto;n CV P : pistw'n O || 4 ma — 5 ajpolevsasin : hoc comm. om. V || oi} CO : h] P || aujth;n CmgOP : om. C || 6 ma — 16 kardivan : hoc comm. om. V || presbutevrou C O : om. P|| 7 ojduvretai OP : ajpoduvretai C || klaivwn C P : klaivein O || 8 sunodunwvmeno" C P :sunodurovmeno" O || o{per C P : om. O || 9 h[per OP : ei[per C || 1 0 ajnhvsein C : ajnhvsei O ajneivshP || eij kai; ta; C P : ei[ketai O || 1 1 pro;" e{na labei'n C O : prosanalabei'n P || 1 2 tou' C : om.OP || 1 3 Qeou' C P : post lovgoi" transp. O || bebaivoi" C P : bebaivou" O || peiqovmeno" OP :peiqomevnoi" C || te C P : de; O || 1 4 pavnta C O : pavnta" P || trovpon C P : fovbon O || 1 5 oJ de; CP : kai; O

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85

Traduction de la chaîne intégrale à auteurs multiples

qu'il était empêché d’une certaine manière par lui-même, qu'il retenait presque par

les rênes la sérénité qui convient à Dieu à cause de l’énormité du péché et qu'il

cherchait donc cependant à s’apitoyer sur les péchés et voulait bien pour un seul

faire cesser les effets de sa colère. En effet, il prescrivait à ceux qui parcouraient <

la ville > qu'un seul homme de foi lui soit montré en elle.

241c codd. : C OP. Editio : PG 93, 637 D12-13.

Olympiodore : Auprès des êtres sensibles qui perdent précisément leur âme elle-

même à cause de l’apostasie.

241d codd. : C OP. Editio : M. Ghisleri, p. 438 B2-C6.

Victor le prêtre : Le plus compatissant des prophètes s’afflige sur ce qui a été dit

suivant le commandement de « pleurer avec ceux qui pleurent »375 et d'éprouver

de la douleur avec ceux qui sont châtiés. Voyant cela, Dieu lui témoigne un amour

extrême, plus grand que pour Abraham : là en effet, Il dit qu'il fera cesser sa

colère pour dix ou cinq376, tandis qu'à présent Il le fait pour un seul, même s'il est

tout à fait possible que là aussi, pour la Pentapole377, Il l'ait retirée pour un seul.

Tout homme qui se soucie de justice pratique un jugement, mais celui qui obéit

aux discours de Dieu, en pensant qu’ils sont dignes de foi et sûrs, et devient

confiant en tout fait un acte de foi, de telle sorte qu'il a sa conduite comme

serment378. Mais qui pourra comprendre cela si ce n’est Dieu ? Car Il est

homme pour l’apparence mais Dieu dans son cœur3 7 9 .

375 Cf. Rm 12, 15. | 376 Cf. Gn 18, 23-33. | 377 Etat formé de cinq villes. Dans la Septante, il s'agit decinq villes de Palestine : Sodome, Gomorrhe, Adama, Zéboïm et Zoar. | 378 Le sens de laproposition introduite par wJ" m'échappe. | 379 Cf. 1R 16, 7.

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1

INDEX DES MOTS GRECS (CHAÎNE INTÉGRALE À AUTEURS MULTIPLES)

ajganaktevw 29,9 ; 32,10 ; 32,13 ajgapavw 43,18 ajgavph 22,20 ; 24,1 ; 24,2 ; 43,17 ; 57,10 ajggelikov" 22,3 aJgiasmov" 11,21 a{gio" 1,3 ; 1,8 ; 2,4 ; 3,7 ; 10,9 ; 11,15 ; 23,6 ; 23,13 ; 23,14 ; 23,15 ; 24,7 ;

34,2 ; 52,17 ; 56,22 ; 56,24 ; 72,5 ; 73,13 ; 81,14 aJgisteiva 44,17 ajglwttiva 12,22 a[gnoia 22,9 ajgnwmonevw 46,14 ajgnwmosuvnh 47,6 ajgrupnevw 18,13 ajgrupniva 18,11 a[deia 20,13 ; 37,16 ; 41,13 ; 73,17 ; 75,15 ajdikevw 36,3 ; 44,10 ; 51,7 ajdivkhma 44,12 ajdikiva 35,14 ; 57,19 ; 74,1 ajdivkw" 65,13 ; 65,19 ajdovkhto" 71,12 ajdovkimo" 1,4 a[doxo" 62,6 ajevnao" 29,23 ajqavnato" 57,16 a[qeo" 43,20 ajqlevw 14,6 ajqlhthv" 21,14 ajqovlwto" 29,23 ajqumiva 80,1 ; 80,15 ; 82,24 aijnivttomai 17,20 ; 57,1 ; 67,11 ; 72,10 aiJretikov" 1,5 ; 1,7 ; 1,10 ; 67,24 aijsqavnomai 44,12 ai[sqhsi" 60,2 ; 63,15 ; 82,21 aijsqhthvrion 81,2 aijsqhtov" 14,13 ; 14,17 ; 79,1 ; 81,14 ; 82,3 ; 83,6 ; 85,4 aijsqhtw'" 69,6 ; 70,4 ; 83,13 aijscuvnh 40,11 ; 61,27 ; 62,1 ; 62,5 ; 62,11 ; 62,17 ; 63,3 ; 63,6 ; 63,7 ; 63,15 ;

63,19 ; 63,24 ; 63,25 ; 63,26 aijscuvnomai 40,11 ; 62,12 aijtiavomai 22,10 ; 44,11 aijcmalwsiva 5,25 ; 6,9 ; 7,4 ; 7,12 ; 8,2 ; 25,4 ; 57,16 ; 57,20 ; 60,2 ; 72,7 ; 79,19 aijcmavlwto" 52,2 ajkavqarto" 27,2 ; 37,14 ; 37,21 ; 38,7 ; 44,3 ; 44,7 ; 48,1 ajkavqekto" 54,3 a[kanqa 16,10 ; 66,11 ; 66,16 a[karpo" 37,18 ; 43,8 ; 51,12 ; 66,9 ; 83,12 ajkatagwvnisto" 14,8 ajkolouqiva 58,10 ajkrivbeia 60,11 ajkribw'" 71,24 ; 77,4 ajkrivtw" 65,13 ; 65,19 ajkroathv" 16,15 ; 24,14 ; 66,14 ; 78,14 ajkrobustiva 68,4

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2

ajlghdwvn 83,17 ajleurovmanti" 3,10 ajlhvqeia 12,9 ; 36,19 ; 52,12 ; 69,5 ; 76,9 ajlhqeuvw 4,7 ; 65,12 ajlhqinov" 23,16 ; 34,16 ; 34,22 ; 43,19 ajlhqw'" 72,2 ajllogenhv" 57,3 ajllovkoto" 79,3 ajllovtrio" 35,6 ; 40,4 ; 67,18 ajllotriovw 35,11 ajllovfulo" 56,7 a[logo" 39,3 ; 62,22 ; 62,25 a{lwsi" 75,9 ; 76,5 aJmartavnw 18,21 ; 20,17 ; 29,11 ; 36,12 ; 37,5 ; 37,6 ; 37,15 ; 41,19 ; 45,8 ; 46,7 ;

46,11 ; 49,18 ; 52,16 ; 52,19 ; 53,6 ; 55,5 ; 62,11 ; 78,4 aJmavrthma 18,13 ; 26,18 ; 28,14 ; 29,6 ; 33,7 ; 33,19 ; 36,3 ; 37,1 ; 37,2 ; 37,6 ;

41,3 ; 41,6 ; 45,10 ; 46,2 ; 46,4 ; 48,4 ; 48,13 ; 48,20 ; 49,18 ; 53,23 ; 62,12 ; 64,8 ; 74,11

aJmartiva 9,4 ; 16,19 ; 19,6 ; 28,14 ; 37,3 ; 39,5 ; 41,2 ; 45,12 ; 45,25 ; 46,10 ; 52,17 ; 61,8 ; 61,13 ; 61,17 ; 63,19 ; 81,13 ; 84,23 ; 85,1

aJmartwlov" 11,18 ; 64,5 ; 83,1 a[maco" 14,8 ajmeivbw 26,14 ajmelevw 76,7 ; 76,9 ajmetavqeto" 27,16 a[metro" 71,11 ajmhcanevw 72,6 ajmhvcano" 48,9 ajmoibhv 59,13 ajmuvqhto" 73,7 ajnabluvzw 30,1 ajnagignwvskw 2,3 ; 2,5 ; 5,3 ajnavgrapto" 12,7 ajnagravptw 60,12 ajnadotikov" 77,7 ajnaidhv" 39,19 ajnaivresi" 80,21 ajnairetikov" 68,16 ajnaisqhsiva 40,16 ; 40,18 ajnaivsqhto" 29,5 ; 52,8 ajnaisqhvtw" 82,22 ajnaiscuntevw 45,13 ajnaivscunto" 45,10 ; 49,8 ajnakalevw 31,18 ajnavklhsi" 58,16 ajnalghvtw" 49,9 ajnavlhyi" 42,18 ajnavlwma 62,14 ajnamimnh/vskw 57,23 ; 58,1 ; 70,12 ajnanhvfw 48,7 ajnavxio" 21,10 ajnavpausi" 26,9 ; 42,17 ; 63,18 ajnapauvw 21,2 ; 26,18 ; 33,5 ; 63,19 ajnapnohv 9,2 ajnarripivzw 73,3 ; 77,13

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3

ajnaseiravzw 84,22 ajnastrofhv 66,1 ajnatevllw 42,16 ajnatrevpw 26,16 ; 32,13 ajnatupovw 70,2 ajnacaitivzw 2,3 ; 51,3 ajndrapodivzw 31,7 ajndreiva 21,15 ; 55,12 ajndrei'o" 21,6 ajndrivzw 21,16 ; 40,7 ajndrikw'" 22,2 ajnendehv" 30,6 ; 76,8 ajnevcomai 24,20 ; 32,21 ; 33,8 ; 43,20 ; 47,13 ; 52,19 ajnhvmero" 31,15 ajnhvnuto" 46,17 ajnqrwvpino" 13,9 ; 33,3 ; 41,6 ajnqrwpivnw" 34,21 ; 68,9 ajnovhto" 65,6 ajnomiva 79,12 ajnovnhto" 43,5 a[nemo" 37,20 ; 53,21 ; 73,5 a[nesi" 34,7 a[noia 36,12 ; 41,6 ajntivkeimai 15,9 ; 15,15 ; 75,12 ; 81,7 ajntipivptw 34,1 ajntivstasi" 22,8 ajntitavssw 17,12 ajnwvmalo" 52,20 ; 83,12 ajnwfevleia 74,1 ajxiovpisto" 57,21 ; 65,11 ; 76,4 ; 76,26 ajxivwma 58,24 ; 59,8 ajovrato" 83,6 ; 84,10 ajovristo" 8,1 ajpaggeliva 5,14 ajpaggevllw 75,9 ajpagoreuvw 65,10 ajpav/dw 1,6 ajpaqhv" 51,6 ajpaitevw 22,18 ; 53,23 ; 59,13 ; 60,8 ; 61,26 ajpallaghv 26,3 ; 32,17 ; 60,9 ajpallavttw 4,9 ; 39,6 ; 76,11 ajpallotriovw 11,18 ajparchv 23,16 ajpatavw 8,4 ; 40,4 ; 40,10 ; 42,3 ; 42,8 ; 73,9 ; 83,15 ajpathlov" 60,19 ajpeivqeia 82,25 ajpeiqhv" 57,14 ajpeikavzw 83,16 ajpeilevw 68,17 ; 76,25 ajpeilhv 17,12 ; 22,22 ; 24,19 ; 79,13 ; 82,9 ; 83,2 a[peiro" 34,12 ajperivskepto" 13,17 ajpistevw 58,1 ; 67,19 ajpistiva 13,17 ; 22,26 a[pisto" 57,21 ; 57,24

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4

ajpobolhv 52,18 ajpovgnwsi" 74,19 ; 82,12 ajpovgono" 28,10 ajpovdeixi" 30,19 ; 48,6 ajpoduvromai 31,17 ajpoikismov" 52,5 ajpokaluvptw 5,19 ajpokavluyi" 10,10 ajpoklivnw 55,3 ajpovkrisi" 72,1 ; 73,8 ajpolauvw 43,15 ; 58,7 ajpoleivpw 41,1 ajpologevomai 24,20 ; 30,21 ; 45,15 ; 45,19 ajpologiva 22,9 ; 25,5 ; 75,4 ajpophdavw 54,13 ajporevw 34,14 ; 56,8 ; 79,14 ajpostasiva 80,11 ; 81,15 ; 81,17 ; 85,5 ajpovstasi" 40,2 ajposterevw 64,8 ; 71,10 ajpostolhv 47,15 ajpostolikov" 67,1 ajpovstolo" 5,7 ; 11,6 ; 13,14 ; 14,1 ; 14,18 ; 14,19 ; 55,8 ; 58,13 ajpostrevfw 25,17 ; 37,8 ; 41,3 ; 43,1 ; 44,10 ; 70,23 ; 71,6 ; 71,8 ; 75,5 ajpotevmnw 81,17 ajpovfasi" 27,8 ; 33,4 ; 51,3 ; 74,20 ; 82,2 ajproskuvnhto" 60,17 a[ptaisto" 10,16 a{ptw 65,7 ajrgiva 66,8 ajrgov" 64,19 ajrevskw 83,20 ajrethv 3,17 ; 3,19 ; 17,4 ; 34,17 ; 39,12 ; 66,4 ; 67,10 aJrmovzw 77,3 aJrmoniva 66,3 ajrnevomai 36,4 ; 36,6 ; 36,12 ; 36,15 ; 45,13 ; 49,9 a[rnhsi" 46,11 ajrovth" 66,16 a[rotron 66,10 ; 66,17 ajrraghv" 15,23 ajrrwstiva 4,14 ; 74,9 ajrchgov" 50,1 ; 50,8 ajrciereuv" 80,7 ajsavfeia 5,8 ; 5,13 ajsafhv" 5,4 ; 5,5 ; 55,22 ajsafw'" 5,12 ajsevbeia 34,10 ; 37,17 ; 40,16 ; 52,2 ; 54,4 ; 54,5 ajsebevw 6,18 ; 7,3 ; 41,12 ; 57,3 ajsebhv" 25,7 a[seisto" 15,23 ajsqenhv" 74,10 a[skhsi" 59,14 a[stato" 52,22 ajsfavleia 47,9 ; 66,3 ; 78,16 ajsuvggnwsto" 44,12 ajsuvmfwno" 52,21

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5

ajswvmato" 14,20 a[takto" 34,9 ajtavktw" 73,7 ajteivcisto" 69,4 ajtelhv" 13,9 ajtimiva 27,17 ; 43,15 ; 63,21 ; 64,3 a[timo" 83,22 ajtimwrhtiv 50,5 a[topo" 29,3 ; 45,26 ; 62,10 ; 69,16 a[tufo" 12,6 aujqavdh" 64,14 aujqairevtw" 30,15 aujsthrov" 17,7 au[tandro" 70,14 aujtexouvsio" 83,10 aujtovglufo" 83,9 aujtovmato" 21,1 ; 30,2 aujtonovmw" 1,7 aujtovpth" 58,6 ajfanivzw 57,20 ; 64,14 ; 79,17 ; 80,16 ajfevleia 76,14 ajfhniavzw 34,3 ; 57,13 ajfivsthmi 20,6 ; 54,10 ajfovrhto" 76,15 ; 83,16 ; 84,17 ajforivzw 9,15 ; 11,14 ; 12,4 ; 24,8 a[fwno" 54,8 a[yuco" 29,3 barbarikov" 73,5 basivleio" 39,13 bdevlugma 64,17 ; 64,18 bevbaio" 27,14 ; 85,13 biavzw 70,1 biblivon 5,21 ; 14,19 ; 67,16 bivblo" 1,1 ; 1,3 ; 5,22 ; 8,12 biwtikov" 66,16 blasfhmevw 19,1 blasfhmiva 18,21 ; 64,19 blavbh 28,19 ; 28,20 blavptw 25,17 ; 49,15 bohvqeia 14,11 ; 40,6 ; 50,4

galhnovth" 84,23 gevenna 71,7 gewrgevw 26,8 ; 63,2 gewrgiva 16,9 gewrgikov" 66,7 gewrgov" 34,15 ; 35,3 gnw'si" 4,17 ; 10,15 ; 12,16 ; 30,5 gravmma 19,7 grammateuv" 27,1 ; 80,7 grafhv 1,1 ; 1,14 ; 1,16 ; 2,5 ; 5,5 ; 6,5 ; 7,10 ; 12,7 ; 66,20 grhgorevw 63,8 gummnavzw 42,19 gumnov" 30,9 ; 80,19

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6

daivmwn 4,19 ; 5,17 ; 30,13 ; 31,15 ; 36,18 ; 37,8 ; 37,14 ; 40,20 ; 44,15 ; 47,18 ; 48,2 ;

49,7 ; 52,9 ; 54,6 ; 60,13 ; 60,16 ; 61,6 ; 61,12 ; 61,22 ; 62,4 ; 62,8 ; 64,12 ; 67,23 ; 83,19 ; 84,10

davknw 31,19 ; 76,26 dapanavw 62,7 deiliva 11,8 deinav 4,5 ; 26,3 ; 44,17 ; 49,16 ; 60,7 ; 60,9 ; 68,20 ; 68,21 ; 70,13 ; 71,6 ;

71,10 ; 74,15 ; 76,2 ; 79,19 deinov" 4,19 ; 28,16 ; 29,1 ; 44,16 ; 49,17 ; 61,27 ; 68,11 deisidaivmwn 45,2 desmwthvrion 81,8 despoteiva 43,5 despovth" 12,21 ; 28,20 ; 64,13 ; 76,3 dhmiourgov" 35,9 ; 49,12 diabolikov" 3,5 ; 3,9 ; 4,10 ; 77,18 diavbolo" 4,21 ; 14,6 ; 15,19 ; 19,15 ; 37,5 ; 40,4 ; 61,23 ; 70,3 ; 70,10 ; 79,2 diafulavssw 59,6 diagravfw 74,4 diaqhvkh 56,15 ; 58,15 diavqesi" 49,19 ; 50,1 ; 81,11 diakonevw 24,9 ; 79,9 dialevgomai 36,21 ; 51,7 ; 53,9 ; 53,18 ; 68,10 ; 84,1 diavleimma 16,11 ; 17,14 dialogivzomai 75,7 diamartavnw 4,8 diavnoia 19,14 ; 20,7 ; 21,17 ; 29,6 ; 31,15 ; 74,3 ; 80,12 diaporqmeuvw 22,2 diaptuvw 84,9 diastevllw 54,16 diatavttw 85,3 diatuvpwsi" 6,22 didaskaliva 29,23 ; 38,3 ; 38,4 didavskalo" 27,1 ; 66,14 ; 69,2 didavskw 56,3 ; 60,3 ; 66,13 ; 66,24 ; 79,5 dihvghma 57,23 dihnekhv" 83,6 dikavzw 24,17 ; 27,11 ; 27,13 ; 48,8 dikaiopragevw 80,10 divkaio" 8,17 ; 8,18 ; 9,3 ; 12,6 ; 13,2 ; 14,5 ; 22,12 ; 24,17 ; 52,24 ; 57,19 dikaiosuvnh 85,12 dikaiovw 45,25 ; 53,5 dikaivwma 24,13 ; 27,22 dikaivw" 10,3 ; 44,11 ; 55,4 ; 73,19 dikasthvrion 24,16 dikasthv" 24,18 divkh 9,4 ; 23,7 ; 24,5 ; 33,19 ; 38,2 ; 45,18 ; 48,6 ; 49,13 dioratikov" 23,18 diorqovw 69,20 ; 71,20 ; 74,25 diovrqwsi" 4,1 ; 42,2 ; 71,18 ; 74,21 dovgma 1,6 ; 15,10 ; 15,24 dokimavzw 19,9 donevw 80,2 doxologevw 65,18

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7

doriavlwto" 31,5 ; 72,9 douleiva 31,1 ; 31,7 douleuvw 31,2 ; 31,10 ; 43,9 ; 54,12 dou'lo" 5,19 ; 20,20 ; 30,20 ; 31,3 ; 31,9 ; 50,15 ; 51,18 doulovw 31,9 ; 70,21 drimuvttw 16,20 ; 17,10 dusevknipto" 74,11 duvskolo" 43,16 duspragiva 84,8 eJbrai'o" 17,19 ejggumnavzw 9,11 e[gguo" 60,8 ejgkalevw 32,7 ; 35,3 ; 42,21 ; 44,16 ejgkaluvptw 62,13 ejgkataleivpw 32,5 ; 40,19 ; 47,17 ejgkatavleiyi" 47,6 e[gklhma 27,24 ; 45,23 ; 46,4 ; 50,13 ; 52,11 ejgkwvmion 22,12 ejgrhvgorsi" 16,18 ; 17,3 e[dafo" 2,3 ; 2,4 ejdwvdimo" 18,8 eijdwlolatreiva 37,17 ; 47,3 ; 52,1 ; 62,6 eijdwlolatrevw 27,14 ; 44,19 ; 49,8 ; 52,7 ei[dwlon 16,6 ; 25,14 ; 30,16 ; 38,4 ; 38,18 ; 40,3 ; 41,16 ; 43,4 ; 52,8 ; 60,15 ;

60,17 ; 62,18 ; 64,18 ; 65,7 ; 65,17 eijkwvn 14,13 ; 14,16 ; 14,17 ; 14,20 ; 17,17 ; 34,23 ; 73,21 eijrhvnh 22,4 ; 50,25 ; 72,3 ejkdivdwmi 37,10 ; 40,1 ; 49,7 ; 74,2 ; 78,17 ejkdikhthv" 18,20 ; 69,8 e[kdoto" 69,17 ejkklhsiva 22,5 ; 55,14 ; 55,15 ; 56,22 ; 56,24 ; 58,14 ; 69,5 ; 69,9 ; 69,11 ; 69,13 ;

69,14 ; 73,14 ; 74,13 ejkklhsiastikov" 1,6 ; 13,20 ; 55,16 ; 68,1 ejkklivnw 52,1 ejklambavnw 19,15 ejkleivpw 80,8 ejkpivptw 67,20 ; 71,5 ejkplhvttw 29,5 ejkpolemevw 44,14 ; 57,17 ejkrizovw 15,8 ; 15,12 ; 15,14 ; 15,16 ; 16,1 ; 16,2 ; 16,8 ; 66,15 ejkrivzwsi" 16,2 e[kstasi" 29,7 ejlavttwma 12,7 e[legco" 8,7 ; 17,12 ; 21,12 ; 36,15 ; 72,4 ejlevgcw 27,13 ; 36,2 ejleevw 29,16 ; 84,21 e[leo" 22,14 ; 22,18 ; 22,20 ; 23,8 ejleuqeriva 31,13 ejleuqerovw 11,9 ; 31,8 ejlleivpw 9,2 ejlpiv" 47,7 ; 68,12 ; 71,14 ; 76,12 ; 77,15 ; 82,13 ejlpivzw 72,5 ejmparoinevw 31,20 ejmpivptw 22,19 ; 39,9 ; 73,5 ; 81,2 ; 82,13

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ejmpodivzw 49,16 ejmfusavw 14,14 ; 14,18 ejmfuvshma 14,15 ejmfwleuvw 52,9 ejnantiologiva 69,15 ejnarghv" 17,17 ejnavreto" 57,6 ejndivdwmi 74,6 ejnevrgeia 14,23 ; 15,6 ; 38,7 ejnerghv" 16,15 e[nqou" 76,21 e[nnoia 62,14 eJnovw 65,14 ejntolhv 85,7 ejntreptikov" 24,22 ejntreptikw'" 22,22 ; 43,4 ; 76,3 ; 76,7 ejntrevpw 28,17 ; 40,21 ejntugcavnw 1,2 ; 1,13 ; 2,6 ; 50,14 ; 50,15 ; 51,19 ejxaivreto" 24,7 ejxairevw 14,3 ; 14,4 ; 14,5 ejxapostevllw 47,17 ; 47,25 ejxhvghsi" 2,1 ejxhghthv" 1,4 e{xi" 11,12 e[xodo" 22,23 ejxokevllw 63,13 ejxomologevw 45,12 ; 60,4 ; 60,11 ; 64,7 ejxomolovghsi" 45,25 ; 46,2 ejxostrakivzw 59,7 ejxousiva 59,5 ejxubrivzw 34,6 ejpaggeliva 22,25 ejpaggevllw 8,1 ; 22,4 ; 23,5 ; 56,11 ; 59,10 ejpavgw 6,8 ; 6,12 ; 19,17 ; 20,1 ; 20,5 ; 20,16 ; 22,13 ; 33,18 ; 45,27 ; 48,6 ;

51,1 ; 55,19 ; 69,18 ; 73,19 ; 74,21 ; 77,11 ; 82,10 ; 82,20 ; 83,4 ejpainevw 53,13 ; 62,23 ; 63,6 ejpakolouqevw 59,17 ejpaleivfw 21,14 ejpamuvnw 84,10 ejpanapauvw 56,24 ejpavnodo" 7,5 ; 56,5 ; 57,15 ; 72,10 ; 82,17 ejpaporevw 34,21 ejpelpivzw 68,16 ejpibouleuvw 32,9 ; 84,12 ejpigignwvskw 12,17 ejpivgnwsi" 26,13 ; 81,16 ejpidhmiva 54,14 ejpieivkeia 13,18 ; 49,18 ejpizhtevw 25,20 ; 73,21 ejpiqumevw 32,12 ; 84,9 ejpiqumiva 38,2 ; 38,6 ; 61,9 ejpikavlumma 78,13 ejpikouriva 40,3 ejpikremnavw 68,10 ejpilanqavnomai 43,16 ; 75,14

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ejpimelevomai 50,14 ; 85,12 ejpimovnw" 54,2 ejpishmaivnw 50,17 ejpispavw 30,15 ; 31,1 ; 32,9 ; 37,21 ejpispeuvdw 69,19 ejpisthvmh 42,18 ; 55,11 ejpisthmonikov" 64,24 ejpistrevfw 38,9 ; 38,10 ; 38,11 ; 47,20 ; 52,3 ; 52,9 ; 52,12 ; 53,3 ; 54,17 ; 54,18 ;

56,12 ; 62,12 ; 63,22 ; 73,13 ejpistrofhv 6,18 ; 51,14 ; 54,11 ; 60,10 ejpitavttw 12,21 ; 13,9 ; 21,5 ejpithvdeuma 71,2 ; 83,12 ejpithvdeusi" 43,17 ejpitimavw 59,16 ; 63,16 ejpivklhsi" 37,7 ejpivkthto" 35,13 ejpivpnoia 5,17 ejpivpono" 73,27 ejpivtagma 38,20 ejpoikodomevw 15,23 ejponomavzw 28,7 ejpopteiva 82,2 ejpwvnumo" 6,5 ejranivzw 30,16 ejrasthv" 36,2 ; 61,26 ; 83,19 ; 84,6 ; 84,8 ejrgavth" 66,20 ejrhmiva 48,19 ; 77,22 ; 80,3 ; 82,4 ; 82,15 e[rhmo" 23,10 ; 30,8 ; 32,3 ; 32,5 ; 43,2 ; 73,12 ; 82,1 ; 82,3 ejrhmovw 80,19 ejrhvmwsi" 72,20 eJrmhneiva 1,16 ; 2,5 eJrmhneuvw 1,15 ; 26,12 ; 28,11 ; 81,16 ejruqriavw 12,7 eJtairivzw 83,22 eJterovdoxo" 51,13 eujaggelivzw 10,1 ; 12,5 eujaggelikov" 67,1 ; 69,3 eujavlwto" 78,3 eujgenhv" 31,3 eujdovkimo" 50,12 eujergesiva 22,11 ; 25,22 ; 25,23 ; 26,6 ; 49,11 ; 55,9 eujergetevw 25,2 ; 25,6 ; 25,16 ; 28,3 ; 61,25 eujergevth" 26,14 eujqhnevw 41,1 eu[qrausto" 18,12 eu[quno" 25,6 ; 60,8 eujquvnw 46,3 eu[kolo" 35,5 eujlavbeia 13,17 eujlogevw 64,20 eujlogiva 62,14 eujmevneia 79,9 eujodovw 47,8 eujsevbeia 44,17 ; 51,5 ; 57,2 ; 57,5 eujsebevw 44,9

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eujsebhv" 8,8 ; 9,3 ; 11,16 ; 15,23 ; 50,12 ; 50,18 ; 51,2 ; 57,4 ; 69,14 eujsuneidhvtw" 28,13 eujsuvnopto" 2,6 eujcaristevw 65,18 ejfivsthmi 15,18 ; 20,18 ; 68,20 ; 69,1 e[fodo" 52,4 ; 72,13 ; 76,24 ; 81,18 e[cqra 57,14 ; 57,16 ejcqrov" 18,20 ; 24,3 ; 32,8 ; 69,7 zevsi" 19,11 zhlovtupo" 32,9 zhlovw 8,6 ; 31,13 zhmiva 62,9 zhtevw 3,19 ; 26,1 ; 34,7 ; 43,14 ; 45,6 ; 53,22 ; 59,18 ; 61,25 ; 75,8 ; 84,23 zw/osfagiva 84,2 hJgemonikov" 68,3 ; 76,13 hJdonhv 38,19 ; 38,21 ; 39,1 ; 39,2 ; 39,3 ; 55,20 h\qo" 4,1 ; 51,18 h{mero" 34,17 hjrevma 67,12 qarrevw 21,16 ; 24,13 ; 57,7 qau'ma 57,24 ; 58,1 qaumastov" 5,3 ; 8,17 ; 57,13 ; 58,3 ; 60,15 qaumatourgevw 42,20 qeathv" 77,1 ; 78,14 ; 80,12 ; 80,18 qevatron 24,15 qemevlio" 15,22 qeovpneusto" 1,1 ; 1,14 qeoprephv" 84,23 qeosevbeia 63,9 ; 84,4 qerapeiva 60,18 ; 76,12 qerapeuthv" 3,10 qerapeuvw 38,13 ; 46,2 ; 78,17 qermov" 64,12 qespivzw 4,3 ; 56,15 qewriva 18,19 ; 19,8 ; 79,11 qorubevw 40,9 qovrubo" 19,11 ; 76,24 qrhnevw 7,9 ; 46,17 ; 47,2 ; 57,3 ; 59,19 ; 70,22 ; 84,18 ; 84,19 qrh'no" 59,22 qrhskeiva 56,13 qusiasthvrion 63,4 ijavomai 38,13 i[asi" 46,11 ijatreiva 19,16 ijatrov" 4,14 ; 8,22 ; 20,4 ; 21,4 ijdiovth" 5,14 ijdivwma 55,2 iJdrwv" 17,5 ; 59,13 iJeratikov" 8,15 ; 77,21 iJevreia 3,11 iJereuv" 3,4 ; 6,17 ; 15,25 ; 27,3 ; 40,12 ; 50,19 ; 67,22

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iJerourgevw 62,8 iJmav" 69,2 iJstorevw 7,10 ; 15,7 ; 53,18 iJstoriva 70,11 ; 83,13 ijscurov" 20,22 ; 57,4 kaqaivrw 66,15 kaqavptw 74,5 ; 76,18 kaqarov" 12,8 ; 29,23 ; 44,23 ; 66,21 ; 72,11 ; 81,1 kaqarw'" 68,5 kaqeuvdw 16,19 kaqhghthv" 26,20 kaqodhgevw 56,4 kaqolikov" 69,13 kaqolikw'" 80,5 kairov" 4,9 ; 20,1 ; 21,12 ; 42,20 ; 56,16 ; 58,6 ; 61,5 ; 72,15 ; 73,16 ; 74,16 ;

74,20 ; 79,9 kakivzw 53,6 kakopoievw 26,16 kakotecniva 3,18 kavkwsi" 76,17 ; 83,15 kallwpivzw 84,8 kavlumma 63,23 ; 63,25 ; 64,2 kaluvptw 63,21 ; 74,18 ; 80,14 kavmato" 26,4 ; 59,14 kavmnw 19,17 kanwvn 68,1 kavrpimo" 51,12 karpoforevw 43,3 karpofovro" 34,16 ; 42,17 karpovw 8,21 katagevlasto" 62,1 katagwvgion 23,10 katadikavzw 27,24 ; 45,17 katadivkh 27,9 kataiscuvnw 40,3 ; 63,17 kataklhronomevw 58,2 kataklusmov" 81,13 katalaliav 64,18 katalevgw 73,20 katavleimma 82,16 kataleivpw 33,7 ; 33,9 ; 41,2 ; 59,7 ; 60,17 katanovhsi" 14,21 katapaivzw 32,1 ; 32,4 kataplhvttw 74,3 ; 78,15 katavra 62,15 katargevw 22,26 kataseivw 20,7 kataskavptw 15,10 ; 15,12 ; 15,25 kataspavw 16,3 katavstasi" 6,21 katastocavzw 4,16 katasfivggw 39,8 kataforikov" 25,8 katafrovnhsi" 46,12

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katafuteuvw 15,12 ; 16,4 katayhfivzw 40,15 ; 45,17 katayuvcw 53,20 katexetavzw 17,2 katepaggevllomai 55,17 ; 72,3 katergavzomai 34,7 ; 38,15 kathgorevw 29,16 ; 32,7 ; 45,20 ; 45,22 ; 48,5 kathgoriva 13,18 ; 25,8 ; 29,14 ; 45,19 ; 52,6 ; 54,9 ; 79,4 kathvgoro" 48,4 katoikteivrw 85,1 katovrqwma 22,21 katwvtato" 70,9 kenov" 30,9 ; 79,20 kenofwnevw 38,5 kerdaivnw 20,6 kevrdo" 4,6 ; 59,23 ; 74,4 khdemoniva 31,8 khdemonikov" 58,5 khvdomai 69,16 ; 69,20 khvrugma 69,3 ; 77,18 ; 79,3 khruvttw 5,1 kibwtov" 48,16 ; 56,6 ; 56,9 ; 84,3 kivnduno" 52,16 kivnhma 62,22 ; 62,25 klauqmov" 59,21 klauqmurivzw 59,16 klhronomiva 58,24 klonevw 81,8 knivzw 53,11 ; 53,13 koivmhsi" 63,18 kolavzw 18,13 ; 27,20 ; 73,15 ; 74,23 ; 74,24 kovlasi" 25,3 ; 74,23 ; 76,4 kovrax 48,15 korwvnh 48,18 kravzw 58,11 kravspedon 59,17 kratevw 46,15 ; 77,15 ; 78,7 kriqomavnti" 3,10 kri'ma 85,11 krivnw 27,10 ; 27,12 ; 27,21 ; 27,23 ; 28,1 ; 45,16 ; 45,19 ; 45,22 krivsi" 27,8 ; 44,12 ; 54,20 krithv" 45,5 ktivsi" 29,8 ; 60,17 ; 61,23 kuvrio" 12,18 ; 67,7 kurivw" 80,4 ; 80,5 lavqra 44,8 ; 44,9 ; 44,16 ; 45,7 ; 63,16 laliav 41,16 lamprov" 24,15 latreiva 40,5 leitourgiva 11,15 leivyanon 72,11 levxi" 74,8 lhvqh 22,19 lh'mma 9,6

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lh/steiva 44,16 livqino" 56,2 ; 61,21 logikov" 29,8 ; 66,17 logismov" 48,11 ; 68,3 lupevw 55,18 luvsi" 4,5 ; 4,15 luvtrwsi" 52,17 lucniva 84,3 maqhthv" 5,11 ; 21,5 maivnomai 38,2 ; 57,18 ; 63,14 makarivzw 53,12 makavrio" 5,2 ; 15,14 makroqumiva 18,16 ; 75,3 ; 76,25 malavttw 22,22 maniva 62,2 ; 63,13 manikov" 64,12 manteiva 61,16 manteuvomai 3,11 ; 3,19 mavnti" 40,13 marturevw 13,17 martuvromai 29,9 martuv" 14,4 ; 48,3 ; 65,12 mavtaio" 75,7 mataiovw 37,21 mevqexi" 52,17 meletavw 67,1 melevth 50,10 mevmfw 9,1 merikw'" 80,4 mevrimna 66,16 metabavllw 4,6 ; 9,13 ; 35,4 metabolhv 4,1 ; 4,4 ; 4,15 ; 74,16 metanoevw 8,1 ; 25,16 ; 62,13 ; 64,16 ; 83,1 metavnoia 6,22 ; 20,1 ; 20,2 ; 23,6 ; 42,1 ; 47,22 ; 47,23 ; 60,1 ; 62,14 ; 69,8 ;

73,26 metaforikov" 83,21 metrevw 20,3 metriovth" 27,12 mevtrio" 18,12 ; 18,14 mhcanavw 20,6 mhcanhv 26,5 miaivnw 49,1 miaifoniva 44,17 mivasma 45,2 mimevomai 28,4 ; 52,11 misevw 47,15 misqov" 43,9 misqovw 33,10 mi'so" 25,16 mneiva 64,18 mnhmovsunon 25,21 moi'ra 1,5 movlubdo" 39,8 moluvnw 49,3

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movnimo" 76,15 moscopoievw 33,15 mocqhrov" 15,10 ; 62,14 movcqo" 62,7 ; 62,10 mustikw'" 58,22 nearov" 26,2 nekuomanteiva 36,7 neovth" 13,1 ; 22,23 nevwma 66,24 nhptikw'" 22,2 nikavw 14,12 ; 22,6 ; 46,5 nivkh 22,4 novhma 1,14 ; 2,6 ; 5,15 ; 63,5 nohtov" 31,9 nomikov" 66,24 nomoqesiva 34,2 ; 49,14 nomoqetevw 67,14 nomoqevth" 47,23 ; 50,21 ; 51,15 novshma 57,8 nouqetevw 40,7 numfostolevw 49,14 o[gko" 61,16 oJdhgevw 25,23 ; 26,8 ; 40,15 ojduvnh 19,11 ; 83,15 ojdunhrov" 76,18 ojduvromai 59,19 ; 73,26 ; 76,19 ; 85,7 oijkevth" 54,12 oijkhvtwr 31,16 oijkodomevw 15,12 ; 15,26 ; 16,4 oijkodovmhma 15,10 ; 66,5 ; 79,17 oijkodomiva 15,20 ; 66,3 oijkonomevw 42,18 oijkonomiva 3,8 oJlovklhro" 70,14 oJloscerw'" 55,3 oJlotrovpw" 55,2 ; 55,5 ojmnuvmi 65,16 ; 65,18 ojmnuvw 65,10 ; 65,13 ; 65,16 oJmologevw 1,11 ; 12,12 oJmovnoia 57,10 ; 57,14 oJmovfulo" 73,25 ojneidivzw 27,13 o[neido" 41,7 ojnomavzw 31,4 o{rama 9,8 o{rasi" 9,6 ; 9,8 ojrgivzomai 36,1 ; 37,8 ; 45,14 ; 71,8 ojrqovdoxo" 1,4 oJrivzw 34,10 o{rkio" 65,17 o{rko" 65,4 ; 65,18 ; 85,14 o[rugma 45,4 ojruvssw 16,9 ; 30,14

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ojstravkino" 28,12 pavqhma 51,22 pavqo" 12,22 ; 46,6 ; 51,4 ; 66,15 paideiva 16,18 ; 16,20 ; 17,9 ; 18,2 ; 18,3 ; 18,5 ; 18,8 ; 33,2 paideuvw 17,10 ; 22,8 ; 22,25 ; 33,13 ; 33,20 ; 42,6 ; 44,11 ; 52,7 ; 52,14 ; 59,19 ;

68,10 paidivon 22,15 ; 36,14 ; 42,3 ; 42,8 ; 59,16 palaiovw 56,15 palivstrofo" 32,16 panwleqriva 7,6 parabaivnw 36,4 ; 52,14 parabolhv 5,11 paraggevllw 66,8 paragrafhv 1,5 paragravfw 1,2 paravgw 49,13 paravdeigma 7,2 ; 28,14 ; 47,24 paravdoxo" 4,24 ; 82,15 paravdosi" 1,6 paraqarruvnw 13,15 ; 21,13 parainevw 9,2 ; 38,17 ; 54,6 ; 54,7 ; 74,23 paraivnesi" 39,17 ; 54,9 ; 74,21 paraitevomai 1,11 ; 24,14 ; 24,18 ; 27,22 ; 28,1 ; 79,13 parakalevw 6,22 ; 51,3 ; 59,20 ; 73,26 parakeleuvw 66,10 ; 69,6 paravklhsi" 43,21 ; 44,1 parakohv 40,7 parakouvw 64,15 paralambavnw 18,1 paraleivpw 44,5 paramuqiva 41,11 ; 68,13 paranoivgnumi 67,13 paranomevw 27,13 paravptwma 60,20 paravtaxi" 21,7 ; 76,23 paratrophv 35,2 paroinevw 7,6 parousiva 52,16 ; 70,10 ; 74,5 paroxuvnw 22,16 ; 46,6 ; 46,8 ; 53,11 parrhsiva 13,15 ; 75,15 pavscw 9,3 ; 14,11 ; 14,12 ; 26,15 ; 32,1 ; 33,19 ; 37,13 ; 48,17 ; 49,16 ; 55,5 ;

55,12 ; 61,27 ; 73,7 ; 73,26 ; 80,23 patriavrch" 23,18 patrikov" 28,3 ; 58,24 peiqarcevw 40,12 pei'ra 66,7 ; 72,15 ; 84,17 penqevw 46,16 ; 82,23 peparrhsiasmevnw" 49,8 peridinevw 80,24 periektikov" 29,8 periqevw 85,2 peripivptw 46,7 ; 46,8 peripoievomai 43,20 ; 43,21 ; 62,20 peritevmnw 67,5 ; 67,22 ; 67,23 ; 68,1 ; 68,2 ; 68,5 ; 68,8 ; 71,1

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peritomhv 26,13 ; 56,12 ; 67,2 ; 67,4 ; 67,6 ; 67,12 ; 68,4 ; 81,16 ; 82,3 ; 82,17 perifanhv" 24,17 perifevrw 73,3 perifravzw 22,3 pericavreia 58,11 phghv 30,1 ; 30,2 ; 30,6 piqanovth" 51,13 pikrov" 17,5 pisteuvw 15,9 ; 58,23 ; 66,14 ; 67,19 ; 82,18 pivsti" 22,26 ; 70,1 ; 85,12 pistov" 20,6 ; 85,2 ; 85,13 ; 85,14 planavw 72,19 ; 73,13 plavnh 32,20 ; 41,5 ; 41,11 plavnhsi" 62,6 ; 73,1 plavsi" 10,14 ; 35,7 plavsma 11,11 plavsth" 11,10 plavttw 10,2 ; 11,11 ; 14,23 plevkw 65,17 plhghv 16,16 ; 42,2 plhktikov" 16,13 plhmmevlhma 45,11 plhroforiva 14,15 plhvrwma 61,1 plhsmonhv 37,16 plhvttw 16,15 ; 69,2 plinqourgevw 39,6 pneu'ma 4,15 ; 5,15 ; 11,15 ; 17,14 ; 34,2 ; 37,21 ; 38,7 ; 52,17 ; 56,3 ; 57,1 ;

67,21 ; 73,3 ; 73,13 ; 79,8 pneumatikov" 3,5 ; 3,7 ; 53,21 ; 55,12 poqevw 51,19 povqo" 29,15 poimaivnw 49,16 ; 62,25 poimhvn 49,16 ; 55,9 ; 55,11 ; 55,16 ; 62,23 polemikov" 79,3 polevmio" 69,1 ; 69,20 ; 73,2 ; 73,23 ; 75,16 ; 76,24 ; 78,6 ; 79,1 ; 83,7 poliorkiva 21,1 politeiva 11,16 ; 15,23 ; 57,19 ; 79,12 polivteuma 69,14 polivth" 57,3 ; 57,17 ; 66,5 polueidhv" 32,23 poluvqeo" 32,20 polupragmonevw 6,20 poluvtropo" 37,18 ponevw 26,7 ; 30,10 ; 62,2 ; 75,7 ; 78,16 povnhma 1,3 povno" 17,4 ; 35,4 ; 59,13 ; 74,1 ; 78,6 porneiva 47,2 ; 47,3 ; 49,2 ; 50,5 ; 52,10 ; 52,11 porneuvw 34,7 ; 38,21 ; 49,7 povrnh 84,5 proagoreuvw 2,14 proavgw 26,5 ; 65,7 proairetikw'" 35,11 ; 38,12 proakouvw 39,1 proanatupovw 13,20

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17

progignwvskw 10,9 ; 11,17 provgnwsi" 3,17 ; 4,18 ; 10,6 ; 10,8 ; 10,15 ; 11,4 ; 11,21 ; 11,22 ; 15,6 provgramma 7,21 prodosiva 66,5 proepaivrw 11,8 proqesmiva 73,16 ; 74,16 proqespivzw 12,4 ; 50,22 ; 69,3 proqumiva 48,14 prokalevw 37,13 ; 37,14 prokataggevllw 80,21 prokophv 69,6 prolambavnw 1,1 ; 2,12 ; 12,12 prolevgw 3,1 ; 4,4 ; 4,15 ; 4,22 ; 48,18 ; 50,21 ; 60,1 ; 74,6 pronoevw 22,10 ; 22,24 ; 69,16 prooivmion 1,12 ; 22,17 ; 82,19 prooravw 8,20 ; 8,22 ; 11,11 ; 22,8 propavtwr 23,6 provrrhsi" 4,2 ; 4,18 ; 4,24 ; 39,2 ; 77,1 prosavptw 12,15 prosdialevgomai 12,18 prosdokavw 84,5 prosdokiva 47,7 prosektikov" 17,21 prosevcw 21,21 ; 29,10 ; 47,11 ; 54,8 proshgoriva 12,19 ; 59,13 ; 78,5 prosqhvkh 74,14 proskomivzw 61,7 provskomma 39,7 proskunevw 25,13 ; 27,17 ; 61,8 ; 61,23 prosonomavzw 78,5 prosochv 22,1 prospalaivw 58,22 prospoievomai 38,1 ; 84,11 provstagma 11,1 ; 17,12 ; 79,8 prostavttw 45,24 ; 65,16 provschma 44,17 provswpon 18,19 ; 19,14 ; 63,22 ; 73,25 ; 77,2 ; 82,4 protavttw 5,23 ; 6,19 protimavw 34,4 protrevpw 28,17 ; 54,4 ; 60,2 profasivzomai 13,1 provfasi" 22,9 ; 65,4 ; 76,17 profhteiva 2,9 ; 2,12 ; 2,16 ; 3,5 ; 4,6 ; 4,10 ; 4,13 ; 6,13 ; 6,19 ; 7,13 ; 7,15 ;

8,18 ; 17,13 ; 42,13 ; 54,17 ; 70,15 profhteuvw 4,21 ; 5,23 ; 6,4 ; 6,7 ; 6,16 ; 7,4 ; 7,7 ; 7,25 ; 12,2 ; 16,1 ; 16,4 ;

50,18 ; 51,5 ; 54,15 ; 56,6 profhvth" 3,1 ; 3,3 ; 3,4 ; 5,4 ; 5,15 ; 5,19 ; 5,24 ; 8,4 ; 8,7 ; 8,21 ; 9,14 ; 10,10 ;

11,8 ; 12,10 ; 12,18 ; 14,1 ; 14,14 ; 14,17 ; 15,3 ; 15,7 ; 16,1 ; 17,15 ; 20,15 ; 21,13 ; 22,7 ; 22,21 ; 29,14 ; 32,16 ; 37,4 ; 37,9 ; 40,13 ; 40,15 ; 42,11 ; 45,24 ; 50,15 ; 50,21 ; 51,3 ; 52,3 ; 53,18 ; 56,14 ; 56,18 ; 58,5 ; 58,8 ; 58,11 ; 59,10 ; 62,15 ; 66,7 ; 68,17 ; 68,18 ; 71,1 ; 71,4 ; 71,17 ; 71,23 ; 72,2 ; 73,24 ; 76,19 ; 76,21 ; 77,3 ; 77,9 ; 78,8 ; 78,15 ; 81,11 ; 84,1 ; 84,15 ; 85,6

profhtikov" 5,22 ; 9,11 ; 11,16 ; 12,17 ; 49,10 ; 66,24 ; 76,23 profhtikw'" 79,19

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profh'ti" 50,23 proceirivzw 13,16 proceivrw" 84,21 prwtotokiva 24,1 prwtovtoko" 23,22 ; 24,2 ; 63,3 ; 83,16 ptai'sma 45,26 ; 48,10 ptaivw 46,1 ptoevw 74,4 rJa/vdio" 35,5 rJa/qumevw 46,6 ; 74,24 rJa/qumiva 41,5 ; 74,18 rJa/vqumo" 20,5 ; 64,14 ; 73,16 rJaniv" 14,9 rJhtovn 1,15 ; 31,14 ; 57,1 ; 58,10 rJhtoreuvw 12,11 saqrovth" 66,5 savrkino" 55,4 safhvneia 1,13 safhv" 5,2 ; 5,4 ; 5,5 ; 9,7 ; 48,5 sevba" 62,19 sevbasma 45,4 shmaivnw 2,14 ; 18,2 ; 18,12 ; 28,10 ; 37,11 ; 40,2 ; 70,10 ; 80,10 ; 83,7 ; 83,9 ;

84,4 skevph 50,4 ; 50,7 skevyi" 50,11 skhnhv 71,18 ; 77,5 ; 77,6 ; 78,2 ; 78,3 ; 78,5 ; 78,7 ; 78,11 skhvptw 13,1 skirtavw 34,3 skivrthma 34,9 sklhrov" 19,15 ; 57,14 sklhrotravchlo" 34,1 skoliov" 48,10 skopeuthvrion 69,5 skopov" 6,17 skotasmov" 28,11 skoteiva 37,13 skoteinov" 83,11 skotevw 80,23 skotivzw 80,1 skotodinevw 80,2 skovto" 61,11 ; 80,2 ; 80,14 ; 80,20 ; 81,14 skuqrwpavzw 79,14 ; 82,24 skuqrwpov" 79,10 ; 82,10 sofiva 37,1 sparavssw 77,8 speivrw 15,20 ; 66,24 spevrma 15,19 ; 21,18 ; 66,24 speuvdw 69,6 splavgcnon 3,12 ; 64,12 ; 77,8 spovro" 66,11 spoudavzw 24,14 ; 36,21 ; 44,8 ; 77,13 spoudhv 44,2 ; 44,4 ; 48,13 staurov" 80,20 ; 81,6

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staurovw 80,8 stereov" 18,7 sterrov" 16,13 stivco" 2,1 stocasmov" 4,23 stocasthv" 4,20 strathgevw 69,19 stratovpedon 74,4 stuvfo" 17,7 stuvfw 16,20 ; 17,10 stuvyi" 18,7 suggevneia 58,25 ; 59,3 suggenhv" 57,17 suggignwvskw 76,14 suggnwvmh 64,8 ; 64,9 ; 75,4 suvggramma 5,5 ; 5,6 sugkatavbasi" 67,8 suvgcusi" 32,17 sugcwrevw 14,5 ; 84,19 suzugiva 55,7 suvmbolon 3,12 ; 16,16 sumbouleuvw 9,2 ; 38,17 ; 54,7 ; 74,22 sumboulhv 54,10 suvmboulo" 4,14 summacevw 83,14 summaciva 14,8 ; 32,8 ; 33,9 sumpavqeia 77,8 sumpaqhv" 85,7 sumplhrwtikov" 72,17 sumpravttw 21,3 sumforav 31,19 ; 33,12 ; 40,2 ; 41,12 ; 52,7 ; 59,20 ; 59,23 ; 71,12 ; 72,15 ;

73,19 ; 76,25 suvmfwno" 50,20 sunavgw 57,5 ; 57,8 ; 57,17 ; 66,20 sunaivsqhsi" 62,14 sunapokrivnomai 71,17 sunavptw 47,18 ; 58,9 ; 82,12 suneivdhsi" 19,8 sunergevw 21,4 suvnesi" 4,16 ; 42,19 sunetov" 37,3 suneuvcomai 58,7 sunqhvkh 52,14 ; 52,22 sunodunavomai 85,8 sunoravw 16,12 ; 17,15 ; 37,3 ; 37,5 suntevleia 72,14 ; 81,7 ; 81,12 ; 82,19 suntelevw 82,16 suntrimmov" 77,19 sunupokrivnomai 71,24 sfodrov" 37,5 ; 73,5 ; 73,24 sw/vzw 22,17 ; 50,9 ; 54,19 ; 55,2 ; 59,11 ; 61,2 ; 67,12 ; 82,16 ; 82,18 swmatikov" 14,16 ; 14,20 ; 42,18 ; 55,11 ; 56,13 swmatikw'" 68,2 swthriva 7,5 ; 55,6 ; 61,1 ; 62,4 ; 66,2 ; 72,6 swfronevw 19,17 ; 67,24

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20

swfronivzw 33,21 swfronismov" 50,9 ; 53,7 swvfrwn 21,17 talaipwrevw 62,3 ; 77,5 ; 77,14 ; 77,23 talaipwriva 74,7 talaivpwro" 74,11 talanivzw 29,16 ; 74,12 tavxi" 5,21 ; 5,23 ; 59,6 ; 59,8 ; 81,3 tapeinovw 34,6 taravttw 76,19 ; 79,11 ; 81,2 ; 81,3 terpnov" 17,6 tevryi" 51,12 thganismov" 19,11 threvw 19,5 timwrevw 24,6 ; 24,8 ; 74,23 ; 85,8 timwriva 17,20 ; 20,12 ; 22,12 ; 33,18 ; 40,8 ; 55,10 ; 73,11 ; 74,21 ; 76,4 ; 76,6 toicwruvco" 44,9 tolmavw 44,18 ; 80,5 tovlmhma 44,23 tracuv" 38,20 ; 39,4 ; 39,5 ; 39,16 tropikw'" 69,7 ; 70,3 ; 70,5 ; 77,7 trumaliav 45,3 tupikw'" 2,12 tuvpo" 2,15 ; 2,18 ; 58,21 uJbrivzw 26,15 ; 41,14 ; 51,7 u{bri" 38,5 uJgiveia 26,4 uiJoqesiva 58,13 ; 59,10 uJmnevw 53,13 uJpakouvw 10,3 ; 54,17 uJperbaivnw 29,5 uJperbavllw 52,2 uJperbolhv 27,21 ; 29,8 ; 80,3 ; 85,9 uJperbolikw'" 29,4 ; 49,2 uJperhfaniva 51,11 uJpevrogko" 84,23 uJperoravw 51,19 uJpeuvquno" 25,2 ; 45,23 uJpiscnevomai 22,7 ; 73,13 uJpogravfw 82,19 uJpovdeigma 35,19 ; 47,12 ; 47,16 uJpovqesi" 34,11 uJpovkrisi" 36,19 ; 84,4 uJpomimnh/vskw 17,11 ; 47,22 uJpoplavttw 52,13 uJpopteuvw 24,18 uJpovstasi" 30,16 ; 68,4 uJpostrevfw 48,16 ; 48,17 uJpovscesi" 60,14 fanevrwsi" 1,13 favrmakon 20,4 faulovth" 66,6

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21

feivdomai 44,20 ; 63,12 ; 64,12 ; 79,14 fqorav 74,9 filanqrwpiva 8,1 ; 25,5 ; 29,12 ; 68,12 ; 68,16 ; 74,17 ; 83,4 ; 85,9 filavnqrwpo" 54,1 filanqrwvpw" 76,19 filoneikevw 44,3 filoneikiva 39,18 ; 39,19 filoneivkw" 44,7 filovpai" 48,19 filosofevw 27,4 ; 65,7 filovsofo" 67,24 filostorgiva 22,16 filovstorgo" 78,8 filovtekno" 48,18 filotimiva 12,8 filofrosuvnh 26,10 fivltron 29,16 ; 33,7 foberov" 56,1 ; 73,22 fonoktonevw 49,6 fortikov" 24,21 ; 34,6 frhvn 71,10 frivttw 81,15 frovnhma 9,14 ; 11,8 frovnhsi" 62,9 futeiva 15,15 ; 15,18 fwsthvr 80,21 fwteinov" 17,5 caivrw 58,20 calepaivnw 45,14 ; 71,7 calepov" 21,12 ; 40,19 ; 42,2 ; 44,24 ; 76,5 ; 80,16 ; 82,12 carav 83,1 carivei" 61,6 cavri" 11,17 ; 12,15 ; 17,16 ; 22,17 ; 26,16 ; 32,13 ; 43,1 ; 50,9 ; 51,12 ; 55,6 cavrisma 22,21 ceirotonevw 11,10 ceirotoniva 15,3 cristoktonevw 56,10 crivw 22,20 cronivzw 72,5 yektov" 13,4 yektw'" 51,10 yeudhv" 16,6 ; 34,23 ; 62,11 yeudodidavskalo" 48,1 yeudoprofhvth" 8,3 ; 27,7 ; 38,1 ; 40,10 ; 62,19 ; 71,3 ; 71,13 ; 71,16 ; 72,3 ; 72,16 yeu'do" 8,4 ; 60,16 ; 60,18 ; 68,1 yeudwvnumo" 43,22

yeudw'" 52,12 wjdivnw 84,20 wjdiv" 10,3 wjfevleia 4,3 ; 16,7 ; 22,24 ; 42,1 ; 43,12 wjfelevw 8,20 ; 29,2 ; 39,1 ; 83,19 wjfevlimo" 2,11

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22

INDEX SCRIPTURAIRE (CHAÎNE INTÉGRALE À AUTEURS MULTIPLES) Genèse Gn 1, 11 11

Gn 1, 22 11

Gn 3, 5 4

Gn 8, 7 48

Gn 18, 23-33 85

Gn 22 58

Gn 22, 1-19 2

Gn 28 58

Gn 32, 25-30 58

Exode Ex 3, 11 13

Ex 3, 12 13

Ex 5, 7 39

Ex 12, 1-14 2

Ex 20, 3 29

Ex 27, 11 39

Lévitique Lev 19, 36 29

Nombres Nb 17, 23 17

Nb 21, 4-9 2

Nb 24, 14 4 Deutéronome Dt 4,34 32

Dt 16, 21 51

Dt 24,1-4 47

Dt 32, 1 29

Dt 32, 6 41

Dt 32, 39 16

Règnes 1R 5, 1-7 56

1R 16, 7 85

1R 18, 19 et 25 62

2R 13, 19 46

2R 22, 45 35

3R 12, 8 13

3R 12-14 52

3R 18, 40 42

4R 9, 22 et 30 84

4R 10, 18-27 42

4R 15, 29 31

4R 17 et 18, 9-12 31

4R 22, 20 51

4R 23, 19-20 42

4R 23, 29 70

4R 23, 31-34 70

4R 24, 1 71

Chroniques 2Ch 10-13 52

2Ch 33, 11 52

2Ch 36, 10 78

Psaumes Ps 4, 7 82

Ps 9, 30 70

Ps 17, 45 35

Ps 33, 15 66

Ps 33, 17 65; 82

Ps 43, 16 64

Ps 43, 24 18

Ps 57, 4 11

Ps 84, 9 10

Ps 88, 31-34 23

Ps 89, 8 33

Ps 103, 16 11

Ps 105, 37 44; 62

Ps 113, 16 27

Ps 114, 7 39

Ps 118, 73 15

Ps 128, 5 62

Proverbes Prov 5, 22 39

Prov 10, 13 18

Sagesse Sg 1, 13 34

Sg 2, 24 34

Sg 4, 13 13

Isaïe Is 1, 21 35

Is 29, 13 41; 52

Is 30, 10 71

Is 35, 10 43

Is 37, 10 24

Is 43, 26 46

Is 44, 2 10

Is 50, 1 47

Is 54, 1 43

Is 61, 7 43

Is 66, 1 56

Jérémie Jr 3, 1 72

Jr 3, 18 72

Jr 4, 7 74

Jr 4, 13 74

Jr 13, 23 35

Jr 15, 5 79

Page 647: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

23

Jr 16, 19 16

Jr 17, 5 47

Jr 19, 8 79

Jr 22, 10 84

Jr 27, 13 79

Jr 47, 2-3 20

Ézéchiel Ez 2, 9 14

Ez 12, 8-16 2

Ez 12,1-7 2

Ez 16, 22 44

Ez 36, 26 56

Daniel Dn 13, 42 11

Osée Os 2, 16 72

Os 7, 14 37

Joël Jl 1 7

Michée Mi 2, 6 74

Habaquq Ha 2, 1 10

Matthieu Mt 1, 23 35

Mt 5, 16 64

Mt 5, 33-34 65

Mt 5, 45 42

Mt 10, 16 13

Mt 11, 30 39

Mt 11,13 56

Mt 13, 28 15

Mt 15, 13 15

Mt 15, 19 15; 75

Mt 16, 18 22; 69

Mt 20, 1 66

Mt 23, 27 36

Mt 24, 2 5

Mt 25, 35 76

Mt 27, 45 80

Mt 27, 51 80; 81

Mt 28, 20 13

Marc Mc 13, 2 5

Luc Lc 9, 62 66

Lc 15, 7 83

Lc 21, 6 5

Jean Jn 1, 12 59

Jn 5, 22 82

Jn 5, 23 64

Jn 8, 33 31

Jn 8, 44 31

Jn 8, 56 58

Jn 10, 11 47; 55; 63

Jn 10, 27 63

Jn 13, 33 58

Jn 20, 22 14

Actes Ac 2, 3 14

Ac 8, 9-13 60

Ac 13, 11 15

Romains Rm 2, 23 64

Rm 8, 29 11

Rm 9, 4 59

Rm 9, 17 11

Rm 11, 14 53

Rm 11, 21 52

Rm 11, 25-26 61

Rm 12, 15 85

Corinthiens 1 Co 3, 9 16

1 Co 3, 10 15

1Co 3, 16-17 49

1 Co 4, 21 18

1 Co 5, 5 19

2 Co 3, 16 63

2 Co 3, 18 64

2 Co 4, 3 63

Galates Gal 1, 15 10; 11; 12

Éphésiens Eph 5, 14 63

Philippiens Ph 3, 1 7

Ph 3, 20 69

Colossiens Col 3, 9-10 66

Timothée 1 Tm 1, 20 19

Tite Tt 1,12 3

Hébreux Heb 1, 8 18

Heb 7, 10 21

Heb 12, 11 18

Pierre 1P 3, 11 66

1 P 5, 8 70

1 P 5, 9 70

Page 648: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

1

[aaaa] I1 To. rh/ma tou/ Qeou/ o] evge,neto evpi. vIeremi,an to.n tou/ Celki,ou evk

tw/n iere,wn( o]j katw,|kei evn vAnaqw.q evn gh/| Beniami/n\ 2 o]j evgenh,qh

lo,goj tou/ Qeou/ pro.j auvto.n evn tai/j hme,raij vIwsi,ou uiou/ vAmmw/j

basile,wj vIou,da e;touj triskaideka,tou evn th/| basilei,a| auvtou/\ 3 kai..

evge,neto evn tai/j hme,raij vIwakei.m uiou/ vIwsi,ou basile,wj vIou,da e[wj5

endeka,tou e;touj Sedeki,ou uiou/ vIwsi,ou basile,wj vIou,da e[wj th/j

aivcmalwsi,aj vIerousalh.m evn tw/| pe,mptw| mhni,)

[bbbb] 4 Kai. evge,neto lo,goj Kuri,ou pro,j me le,gwn\ 5 pro. tou/ me pla,sai

se evn koili,a| evpi,stamai, se kai. pro. tou/ se evxelqei/n evk mh,traj [gggg]

hgi,aka, se profh,thn eivj e;qnh te,qeika, se)10

[dddd] 6 Kai. ei=pa o w;;n( De,spota Ku,rie( ivdou. ouvk evpi,stamai lalei/n o[ti

new,teroj evgw, eivmi)7 Kai. ei=pen Ku,rioj pro,j me\ mh. le,ge o[ti new,teroj

evgw, eivmi o[ti pro.j pa,ntaj ou]j a'n evxapostelw/ se poreu,sh| kai. kata.

pa,nta o[sa a'n evntei,lwmai, soi lalh,seij) [eeee] 8 Mh. fobhqh/|j avpo.

prosw,pou auvtw/n o[ti meta. sou/ eivmi tou/ evxairei/sqai, se( le,gei Ku,rioj)15

[²²²²] 9 Kai. evxe,teinen Ku,rioj th.n cei/ra auvtou/ pro,j me kai. h[yato tou/

sto,mato,j mou kai. ei=pen Ku,rioj pro,j me ivdou. de,dwka tou.j lo,gouj mou

eivj to. sto,ma sou\ 10 ivdou. kate,staka, se [zzzz] sh,meron evpi. e;qnh kai. evpi.

basilei,aj evkrizou/n kai. kataska,ptein kai. avpollu,ein kai. avnoikodomei/n

kai. katafuteu,ein)20

[hhhh] 11 Kai. evge,neto lo,goj Kuri,ou pro,j me le,gwn\ ti, su. ora/|j

vIeremi,a * Kai. ei=pa bakthri,an [qqqq] karui<nhn) 12 Kai. ei=pen Ku,rioj pro,j

me kalw/j ew,rakaj dio,ti [iiii] evgrh,gora evgw. evpi. tou.j lo,gouj mou§/ tou/

poih/sai auvtou,j)13 Kai. evge,neto lo,goj Kuri,ou evk deute,rou pro,j me le,gwn\ ti, su.25

ora/|j * Kai. ei=pa [kkkk] le,bhta upokaio,menon kai. to. pro,swpon auvtou/ avpo.

prosw,pou borra/) 14 Kai. ei=pen Ku,rioj pro,j me avpo. prosw,pou borra/

evkkauqh,setai ta. kaka. evpi. pa,ntaj tou.j katoikou/ntaj th.n gh/n15 dio,ti

ivdou. evgw. sugkalw/ pa,saj [llll] ta.j basilei,aj avpo. borra/ th/j gh/j( le,gei

Ku,rioj(30

kai. h[xousin kai. qh,sousin e[kastoj to.n qro,non auvtou/ evpi. ta.

2 3 ad kalw/j hab. ajnt j o[rqw" oujk a[llo ajnt j a[llou (pour "correctement", non une chose pour

une autre) Fsl || 2 6 ad avpo. prosw,pou borra/ hab. toutevstin: ejkei' eJwvra ejkei' ejtevtrapto (c’est-à-dire : « c’est là qu’il voyait, vers là qu’il était tourné ») Fsl || 2 8 ad evpi. — katoikou/ntaj hab. ajnt joujdei'" diafeuvxetai (au lieu de : « personne ne s’enfuira ») Fsl

Page 649: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

2

pro,qura tw/n pulw/n vIerousalh.m kai. evpi. pa,nta ta. tei,ch ta. ku,klw|

auvth/j kai. evpi. pa,saj ta.j po,leij vIou,da) 16 Kai. lalh,sw pro.j auvtou.j meta.

kri,sewj peri. pa,shj th/j kaki,aj auvtw/n wj evgkate,lipo,n me kai. e;qusan

qeoi/j avllotri,oij kai. proseku,nhsan [mmmm] toi/j e;rgoij tw/n ceirw/n auvtw/n)17 Kai. su. peri,zwsai th.n ovsfu,n sou kai. avna,sthqi kai. eivpo.n pro.j5

auvtou.j pa,nta o[sa a'n evntei,lwmai, soi\ mh. fobhqh/|j avpo. prosw,pou

auvtw/n mhde. ptohqh/|j evnanti,on auvtw/n o[ti meta. sou/ evgw, eivmi tou/

evxairei/sqai, se( le,gei Ku,rioj) 18 vIdou. te,qeika, se evn th/| sh,meron h`me,ra|

w`j po,lin ovcura.n kai. wj [nnnn] tei/coj calkou/n ovcuro.n a[pasin toi/j

basileu/sin vIou,da kai. toi/j a;rcousin auvtou/ kai. tw/| law/| th/j gh/j(19 kai.10

polemh,sousi,n se kai. ouv mh. du,nwntai pro.j se. dio,ti [xxxx] meta. sou/ evgw,

eivmi tou/ evxairei/sqai, se( ei=pen Ku,rioj)

[oooo] II2 Kai. ei=pen\ ta,de le,gei Ku,rioj( evmnh,sqhn evle,ouj neo,thto,j sou

kai. avga,phj teleiw,sew,j sou tou/ evxakolouqh/sai, se tw/| agi,w| vIsrah,l(

le,gei Ku,rioj) 3 [Agioj vIsrah.l tw/| Kuri,w|( avrch. genhma,twn auvtou/15

pa,ntej oi e;sqontej auvto.n plhmmelh,sousin( kaka. h[xei evpV auvtou,j( fhsi.n

Ku,rioj)4 vAkou,sate lo,gon Kuri,ou( oi=koj vIakw.b kai. pa/sa patria. oi;kou

vIsrah,l\ 5 ta,de le,gei Ku,rioj\ [pppp] ti, eu[rosan oi pate,rej umw/n evn evmoi.

plhmme,lhma o[ti avpe,sthsan makra.n avpV evmou/ kai. evporeu,qhsan ovpi,sw20

tw/n matai,wn kai. evmataiw,qhsan * 6 kai. ouvk ei=pan\ pou/ evstin Ku,rioj o

avnagagw.n hma/j evk gh/j Aivgu,ptou( o kaqodhgh,saj hma/j evn th/| evrh,mw|( evn

gh/| avpei,rw| kai. avba,tw| kai. evn gh/| avnu,drw| kai. avka,rpw|( evn gh/| evn h-| ouv

diw,deusen evn auvth/| avnh.r kai. ouv katw,|khsen evkei/ uio.j avnqrw,pou *7 Kai. eivsh,gagon uma/j eivj to.n Ka,rmhlon tou/ fagei/n tou.j karpou.j25

auvtou/ kai. [rrrr] ta. avgaqa. auvtou/( kai. eivsh,lqete kai. evmia,nate th.n gh/n mou

kai. th.n klhronomi,an mou e;qesqe eivj bde,lugma)

[ssss] 8 Oi ierei/j ouvk ei=pan\ pou/ evstin Ku,rioj * kai. [ssss] oi avnteco,menoi

tou/ no,mou mou ouvk hvpi,stanto, me kai. oi poime,nej hvse,boun eivj evme, kai.

oi profh/tai evprofh,teuon th/| Baa.l kai. ovpi,sw avnwfelou/j evporeu,qhsan)30

9 Dia. tou/to e;ti [tttt] kriqh,somai pro.j uma/j( le,gei Ku,rioj( kai. pro.j

2 3 kai.2 F : om. L || 2 8 ad oi avnteco,menoi tou/ no,mou mou hab. touvtestin: oiJ grammatei'" (c’est-

à-dire : « les scribes ») Fsl || 3 0 ad profh/tai hab. tou;" yeudoprofhvta" levgei (Il veut dire les faux

prophètes) Fsl || 3 1 ad Dia. tou/to hab. uJmei'" parevcete th;n aijtivan tou' ajei; dikavzesqai (C'est

vous qui êtes responsables de ce que vous êtes toujours en procès) Fsl

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3

tou.j uiou.j tw/n uiw/n umw/n kriqh,somai( 10 o[ti [uuuu] die,lqete nh,souj

Cettiei.m kai. i;dete kai. eivj Khda.r avpostei,late kai. noh,sate sfo,dra kai.

i;dete eiv ge,gonen toiau/ta 11 eiv avlla,xontai e;qnh qeou.j auvtw/n * [cccc] Kai.

ou-toi ou;k eivsin qeoi,( o de. lao,j mou hvlla,xato th.n do,xan auvtou/ evx h-j

ouvk wvfelhqh,sontai)5

[yyyy] 12 vExe,sth o ouvrano.j evpi. tou,tw| kai. e;frixen evpi. plei/on sfo,dra(

le,gei Ku,rioj( 13 o[ti du,o kai. ponhra. evpoi,hsen o lao,j mou\ evme.

evgkate,lipon phgh.n u[datoj zw§/ntoj kai. w;ruxan eautoi/j la,kkouj

suntetrimme,nouj oi] ouv dunh,sontai u[dwr sune,cein)14 Mh. dou/lo,j evstin vIsrah.l h' oivkogenh,j evstin * dia. ti, eivj10

pronomh.n evge,neto * 15 evpV auvto.n wvru,onto le,ontej kai. e;dwkan th.n

fwnh.n auvtw/n oi] e;taxan th.n gh/n auvtou/ eivj avfanismo.n kai. ai po,leij

auvtou/ kateska,fhsan para. to. mh. katoikei/sqai\ 16 kai. uioi. Me,mfewj

kai. Ta,fnaj e;gnwsa,n se kai. kate,paizo,n sou) 17 Ouvci. tau/ta evpoi,hse,n

soi to. katalipei/n se evme,( le,gei Ku,rioj o Qeo,j sou)15

[wwww] 18 Kai. nu/n ti, soi kai. th/| odw/| Aivgu,ptou [aaaa] tou/ piei/n u[dwr

Ghw/n * kai. ti, soi kai. th/| odw/| VAssuri,wn [bbbb] tou/ piei/n u[dwr

potamw/n * 19 Paideu,sei se h avpostasi,a sou kai. h kaki,a sou evle,gxei se

kai. gnw/qi kai. ivde. o[ti pikro,n soi to. [gggg] katalipei/n se evme,( le,gei

Ku,rioj o Qeo,j sou) Kai. ouvk euvdo,khsa evpi. soi,( le,gei Ku,rioj o Qeo,j20

sou(

[dddd] 20 o[ti avpV aivw/noj sune,triyaj to.n zugo,n sou kai. die,rrhxaj tou.j

desmou,j sou kai. ei=paj\ ouv douleu,sw avlla. poreu,somai evpi. pa,nta bouno.n

uyhlo.n kai. upoka,tw panto.j xu,lou kataski,ou\ evkei/ diacuqh,somai evn th/|

pornei,a| mou)25

21 evgw. evfu,teusa, se a;mpelon karpofo,ron pa/san avlhqinh,n\ pw/j [eeee]

evstra,fhj eivj pikri,an h a;mpeloj h avllotri,a * 22 vEa.n avpoplu,nh| evn

1 ad o[ti hab. oJ e[legco" ajpo; paradeivgmato" (L'accusation à partir d’un exemple) Fsl || 4

hvlla,xato L : hvlla,xanto F || 1 7 ad Ghw/n hab. to;n nei'lon (Le Nil) Fsl || 1 9 ad pikro,n hab. pikrovnsoi oujk ejmoiv (Aigre pour toi, non pour moi) Fsl || 2 0 ad ouvk euvdo,khsa hab. ajnti; oujkajnepausavmhn Fsl ; Oujk eujdovkhsa, ajnti; tou': oujk ajnepausavmhn (Je n'ai pas été satisfait de toi,au lieu de : « je ne me suis pas reposé ») Lmg || 2 2 ad avpV aivw/noj hab. a[nwqen toiauvth gevgona"Fsl ; ajp j aijw'no" de; sunevtri<ya">, toutevstin: a[nwqen toiauvth gevgonen (Depuis toujours tuas brisé, c'est-à-dire : « depuis le commencement elle est telle ») Lmg || 2 7 ad vEa.n avpoplu,nh hab. eij"metanoivan kalei' dia; touvtwn Fsl ; dia; tou' eja;n ajpopl<uvnh/>, eij" metanoivan kalei' (Par si tute laves, il appelle au repentir) Lmg

Page 651: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

4

ni,trw| kai. plhqu,nh|j seauth/| po,an( kekhli,dwsai evn tai/j avdiki,aij sou

evnanti,on evmou/( le,gei Ku,rioj(

[zzzz] 23 pw/j evrei/j\ ouvk evmia,nqhn ovpi,sw th/j Ba,al ouvk evporeu,qhn * [hhhh]

vIde. ta.j odou,j sou evn tw/| poluandri,w| kai. gnw/qi ti, evpoi,hsaj) [qqqq] vOye.

fwnh|/ auvth/j wvlo,luxen( ta.j odou.j auvth/j 24 evpla,tunen evfV u[data evrh,mou(5

evn evpiqumi,aij yuch/j auvth/j evpneumatoforei/to( paredo,qh\ ti,j evpistre,yei

auvth,n * Pa,ntej oi zhtou/ntej auvth.n ouv kopia,sousin( evn th/| tapeinw,sei

auvth/j eurh,sousin auvth,n)25 vApo,streyon to.n po,da sou avpo. odou/ [iiii] tracei,aj kai. to.n

fa,rugga, sou avpo. di,youj) H de. ei=pen\ [kkkk] avndriou/mai( o[ti hvgaph,kei10

avllotri,ouj kai. ovpi,sw auvtw/n evporeu,eto)

[llll] 26 Wj aivscu,nh kle,ptou o[tan alw/|( ou[twj aivscunqh,sontai oi uioi.

vIsrah.l auvtoi. kai. oi basilei/j auvtw/n kai. oi a;rcontej auvtw/n kai. oi

ierei/j auvtw/n kai. oi profh/tai auvtw/n) 27 Tw/| xu,lw| ei=pan o[ti\ path,r mou

ei= su,( kai. tw/| li,qw|\ su. evge,nnhsa,j me( kai. e;streyan evpV evme. nw/ta kai.15

ouv pro,swpa auvtw/n [mmmm] kai. evn tw/| kairw/| tw/n kakw/n auvtw/n evrou/sin\

avna,sta kai. sw/son hma/j) 28 Kai. pou/ eivsin oi qeoi, sou ou]j evpoi,hsaj

seautw/| * eiv avnasth,sontai kai. sw,sousi,n se evn kairw/| th/j kri,sew,j sou *

o[ti kata. avriqmo.n tw/n po,lew,n sou h=san oi qeoi, sou vIou,da kai.

katV avriqmo.n dio,dwn th/j vIerousalh.m e;quon th/| Ba,al) [nnnn] 29 [Ina ti,20

lalei/te pro,j me * pa,ntej umei/j hvsebh,sate kai. pa,ntej umei/j hvnomh,sate

eivj evme,( le,gei Ku,rioj)30 Ma,thn evpa,taxa ta. te,kna umw/n( paidei,an ouvk evde,xasqe\

1 ad po,an hab. smhktikh; botavnh Fsl ; pova de; smhktikh; botavnh (La saponaire est une plante

détersive) Lmg || ad kekhli,dwsai hab. to; de; kekhlivdwsai, toutevsti: bebammevnh ei\ th/' kakiva/(Tu resteras entachée, c’est-à-dire : « tu es plongée dans la méchanceté ») Lmg || 2 ad evnanti,on evmou/hab. tiv ga;r eij ajnqrwvpoi" mh; toiauvth dokei'" ei\nai Fsl ; ejnantivon de; ejmou', toutevstin: eijkai; ajnqrwvpoi" mh; dokei'" ei\nai toiauvth (À mon encontre, c’est-à-dire : « même si tu ne sembles

pas être telle envers les hommes ») Lmg || 4 ad vOye. hab. tou;" kwvmou" ejntau'qa levgei th;n mevqhn(Par l'ivresse, il évoque ici les banquets) Fsl || 5 ad ta.j odou.j auvth/j hab. ta;" pravxei", ajnti; tou':meta; ajdeiva" eijdwlolatrei' Fsl ; to; oJdou;" de; aujth'" ejplavtunen, ajnti; tou': meta; ajdeiva"eijdwlolatrei' (Et ses chemins elle les prolongeait, au lieu de : « elle adore les idoles dans

l’impunité ») Lmg || ad evpla,tunen iter. meta; ajdeiva" (dans l'impunité) Fsl || 6 ad evn evpiqumi,aij hab.

kaq j hJdonh;n h[kouen tw'n yeudoprofhtw'n Fsl ; ejn ejpiqumivai" yuch'", toutevstin: hJdevw"h[kouse tw'n yeudoprofhtw'n (Dans les désirs de son âme, c'est-à-dire : elle a écouté favorablement

les faux prophètes) Lmg || ad evpneumatoforei/to hab. ejnergeiw'n ejplhrou'to daimovnwn Fsl ;

ejpneuvmatoforei'to de; ejnergeivwn ejplhrou'to daimovnwn (Elle était ballottée : elle était pleine des

énergies des démons) Lmg || ad ti,j hab. ajnti; oujdei'" (Au lieu de : personne) Fsl || 7 ad evn th/tapeinw,sei hab. toutevsti kateirgasmevnhn (C'est-à-dire : entravée) Fsl || 1 4 post o[ti\ add. o F

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5

ma,caira kate,fagen tou.j profh,taj umw/n wj le,wn ovloqreu,wn kai. ouvk

evfobh,qhte)31 vAkou,sate lo,gon Kuri,ou\ ta,de le,gei Ku,rioj\ [xxxx] mh. e;rhmoj

evgenh,qhn tw/| vIsrah.l h' gh/ kecerswme,nh * Dio,ti ei=pen o lao,j mou\ ouv

kurieuqhso,meqa kai. ouvc h[xomen pro.j se. e;ti * 32 Mh. evpilh,setai nu,mfh5

to.n ko,smon auvth/j kai. parqe,noj th.n sthqodesmi,da auvth/j * o de. lao,j

mou evpela,qeto, mou hme,raj w-n ouvk e;stin avriqmo,j)

[oooo] 33 Ti, e;ti kalo.n evpithdeu,seij evn tai/j odoi/j sou * tou/ zhth/sai

para,klhsin * ouvc ou[twj\ [p] avlla. kai. su. evponhreu,sw tou/ mia/nai ta.j

odou,j sou 34 kai. evn tai/j cersi,n sou eure,qh ai[mata yucw/n avqw,|wn\ ouvk10

evn dioru,gmasin eu-ron auvtou.j avllV evpi. pa,sh| drui,) 35 Kai. ei=paj\ [rrrr]

avqw/|o,j eivmi avll v avpostrafh,tw o qumo.j auvtou/ avpV evmou/)

vIdou. evgw. kri,nomai pro.j se. evn tw/| le,gein se\ ouvc h[marton( 36 o[ti

katefro,nhsaj sfo,dra tou/ deuterw/sai ta.j odou,j sou kai. avpo. Aivgu,ptou

kataiscunqh,sh|( kaqw.j kath|scu,nqhj avpo. vAssou,r( 37 o[ti kai. evnteu/qen15

evxeleu,sh|( kai. ai cei/re,j sou evpi. th/j kefalh/j sou( o[ti avpw,sato Ku,rioj

th.n evlpi,da sou kai. ouvk euvodwqh,sh| evn auvth/|)III1 vEa.n evxapostei,lh| avnh.r th.n gunai/ka auvtou/ kai. avpe,lqh| avpV

auvtou/ kai. ge,nhtai avndri. ete,rw|( mh. avnaka,mptousa avnaka,myei pro.j

auvto.n e;ti * ouv miainome,nh mianqh,setai h yuch. evkei,nh * Kai. su.20

evxepo,rneusaj evn poime,sin polloi/j kai. avne,kamptej pro,j me( le,gei

Ku,rioj)2 =Aron tou.j ovfqalmou,j sou eivj euvqei/an kai. i;de\ pou/ ouvci.

evxefu,rqhj * vEpi. tai/j odoi/j evka,qisaj auvtoi/j wsei. korw,nh hvrhmwme,nh

kai. evmi,anaj th.n gh/n evn tai/j pornei,aij sou kai. evn tai/j kaki,aij sou)25

3 Kai. e;scej poime,naj pollou.j eivj pro,skomma seauth/|\

o;yij po,rnhj evge,neto, soi( avphnaiscu,nthsaj pro.j pa,ntaj) 4 Ouvc

w`j oi=ko,n me [ssss] evka,lesaj kai. pate,ra kai. avrchgo.n th/j parqeni,aj sou *5 Mh. diamenei/ eivj to.n aivw/na h' diafulacqh,setai eivj nei/koj * vIdou.

evla,lhsaj kai. evpoi,hsaj ta. ponhra. tau/ta kai. hvduna,sqhj)30

6 Kai. ei=pen Ku,rioj pro,j me evn tai/j hme,raij tou/ basile,wj [tttt]

vIwsi,ou\ ei=dej a] evpoi,hse,n moi h katoiki,a tou/ vIsrah,l\ evporeu,qh evpi. pa/n

1 9 avnaka,myei L : avnaka,myh| F || 2 1 poime,sin L Fpc : phma,sin Fac || 2 4 auvtoi/j F : auvtai/j L || 2 9

diamenei/ F : diame,nei L

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6

o;roj uyhlo.n kai. upoka,tw panto.j xu,lou avlsw,douj kai. evpo,rneusen evkei/)7 Kai. ei=pa meta. to. porneu/sai auvth.n tau/ta pa,nta\ pro,j me avna,streyon

kai. ouvk avne,streyen\ [uuuu] kai. ei=den th.n avsunqesi,an auvth/j h avsu,nqetoj

vIou,da) 8 Kai. ei=don dio,ti peri. pa,ntwn w-n katelh,fqh evn oi-j evmoica/to h

katoiki,a tou/ vIsrah.l5

kai. evxape,steila auvth.n kai. [ffff] e;dwka auvth/| bibli,on avpostasi,ou

eivj ta.j cei/raj auvth/j kai. ouvk evfobh,qh h avsu,nqetoj vIou,da kai. evporeu,qh

kai. evpo,rneusen kai. auvth,) 9 Kai. evge,neto eivj ouvqe.n h pornei,a auvth/j kai.

evmoi,ceusen to. xu,lon kai. to.n li,qon) 10 Kai. evn pa/sin tou,toij ouvk

avpestra,fh pro,j me h avsu,nqetoj vIou,da evx o[lhj th/j kardi,aj auvth/j( avllV10

evpi. yeu,dei)11 Kai. ei=pen Ku,rioj pro,j me\ [cccc] evdikai,wsen th.n yuch.n auvth/j

vIsrah.l avpo. th/j avsunqe,tou vIou,da) 12 Poreu,ou kai. avna,gnwqi tou.j lo,gouj

tou,touj [yyyy] pro.j borra/n kai. evrei/j\ evpistra,fhti pro,j me( h katoiki,a

tou/ vIsrah,l( le,gei Ku,rioj( kai. ouv mh. sthri,sw to. pro,swpo,n mou evfV15

uma/j( o[ti evleh,mwn evgw, eivmi( le,gei Ku,rioj( kai. ouv mhniw/ umi/n eivj to.n

aivw/na) 13 Plh.n gnw/qi th.n avdiki,an sou( o[ti eivj Ku,rion to.n Qeo,n sou

hvse,bhsaj kai. die,ceaj ta.j odou,j sou eivj avllotri,ouj u`poka,tw panto.j

xu,lou avlsw,douj( th/j de. fwnh/j mou ouvc uph,kousaj( le,gei Ku,rioj)

[wwww] 14 vEpistra,fhte( uioi. avfesthko,tej( le,gei Ku,rioj( dio,ti evgw.20

katakurieu,sw umw/n kai. lh,yomai uma/j [aaaa] e[na evk po,lewj kai. du,o evk

patria/j kai. eivsa,xw uma/j eivj Siw,n 15 kai. dw,sw umi/n [bbbb] poime,naj kata.

th.n kardi,an mou kai. poimanou/sin uma/j poimai,nontej metV evpisth,mhj)

[gggg] 16 Kai. e;stai eva.n plhqunqh/te kai. auvxhqh/te evpi. th/j gh/j( le,gei

Ku,rioj(25

[dddd] evn tai/j hme,raij evkei,naij ouvk evrou/sin e;ti\ kibwto.j diaqh,khj agi,ou

vIsrah,l( ouvk avnabh,setai evpi. kardi,an ouvde. ovnomasqh,setai ouvde.

evpiskefqh,setai kai. ouv poihqh,setai e;ti)17 vEn tai/j hme,raij evkei,naij kai. evn tw/| kairw/| evkei,nw| kale,sousin

th.n VIerousalh,m\ qro,noj Kuri,ou( kai. [eeee] sunacqh,sontai eivj auvth.n30

pa,nta ta. e;qnh kai. ouv poreu,sontai e;ti ovpi,sw tw/n evnqumhma,twn th/j

kardi,aj auvtw/n th/j ponhra/j)18 vEn tai/j hme,raij evkei,naij suneleu,sontai o oi=koj vIou,da evpi. to.n

oi=kon vIsrah.l kai. h[xousin evpi. to. auvto. [zzzz] avpo. gh/j borra/ kai. avpo.

Page 654: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

7

pasw/n tw/n cwrw/n evpi. th.n gh/n h]n kateklhrono,mhsa tou.j pate,raj

auvtw/n) 19 Kavgw. ei=pa\ Ge,noito( Ku,rie) [Oti ta,xw se eivj te,kna kai.

dw,sw soi gh/n evklekth.n klhronomi,an Qeou/ pantokra,toroj) Kai. ei=pa\

pate,ra [hhhh] evpikale,sasqe, me kai. avpV evmou/ ouvk avpostrafh,sh|) 20 Plh.n wj

avqetei/ gunh. eivj to.n suno,nta auvth/|( ou[twj hvqe,thsen eivj evme. o oi=koj5

vIsrah,l( le,gei Ku,rioj)21 Fwnh. evk ceile,wn hvkou,sqh klauqmou/ kai. deh,sewj uiw/n vIsrah,l(

dio,ti hvdi,khsan evn tai/j odoi/j auvtw/n( evpela,qonto Qeou/ agi,ou auvtw/n)22 vEpistra,fhte( uioi,( evpistre,fontej kai. iva,somai ta. suntri,mmata

umw/n)10

[qqqq] vIdou. oi[de hmei/j evso,meqa, soi( o[ti su. Ku,rioj o Qeo.j hmw/n ei=) 23

;Ontwj eivj yeu/doj h=san oi bounoi. kai. h` du,namij tw/n ovre,wn\ plh.n dia.

Kuri,ou tou/ Qeou/ hmw/n h` swthri,a tou/ vIsrah,l) 24 H de. aivscu,nh

katana,lwsen tou.j mo,cqouj tw/n pate,rwn hmw/n avpo. neo,thtoj auvtw/n ta.

pro,bata auvtw/n kai. tou.j mo,scouj auvtw/n kai. tou.j uiou.j auvtw/n kai. ta.j15

qugate,raj auvtw/n)

[iiii] 25 vEkoimh,qhmen evn th/| aivscu,nh| hmw/n kai. evpeka,luyen hma/j h

avtimi,a hmw/n( dio,ti evnanti,on tou/ Qeou/ hmw/n hma,rtomen hmei/j kai. oi

pate,rej hmw/n avpo. neo,thtoj hmw/n e[wj th/j h`me,raj tau,thj kai. ouvc

uphkou,samen th/j fwnh/j Kuri,ou tou/ Qeou/ hmw/n)20

IV1 vEa.n evpistrafh/| vIsrah,l( le,gei Ku,rioj( pro,j me kai.

evpistrafh,setai kai. eva.n [kkkk] perie,lh| ta. bdelu,gmata auvtou/ avpo. tou/

sto,matoj auvtou/ kai. avpo. tou/ prosw,pou mou euvlabhqh/| 2kai. ovmo,sh| zh/|

Ku,rioj meta. avlhqei,aj kai. evn kri,sei kai. evn dikaiosu,nh|( kai.

euvlogh,sousin evn auvtw|/ e;qnh kai. evn auvtw/| aivne,sousin tw/| Qew/| evn25

vIerousalh,m) 3 [Oti ta,de le,gei Ku,rioj toi/j avndra,sin vIou,da kai. toi/j

katoikou/sin vIerousalh,m\

[llll] new,sate eautoi/j new,mata kai. mh. spei,rete evpV avka,nqaij) [mmmm]4 Peritmh,qhte tw/| Qew/| umw/n kai. perite,mesqe th.n sklhrokardi,an umw/n(

a;ndrej vIou,da( kai. oi katoikou/ntej vIerousalh,m( [nnnn] mh. evxe,lqh| wj pu/r o30

qumo,j mou kai. evkkauqh,setai kai. ouvk e;stai o sbe,swn avpo. prosw,pou th/j

ponhri,aj evpithdeuma,twn umw/n)

[xxxx] vAnaggei,late evn tw/| vIou,da kai. avkousqh,tw evn vIerousalh,m( ei;pate\

2 Kavgw. F : Kai. evgw. L || 1 7 evpeka,luyen L Fpc : evka,luyen Fac

Page 655: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

8

shma,nate sa,lpiggi evpi. th/j gh/j kai. kekra,xate me,ga( ei;pate\ suna,cqhte

kai. eivse,lqwmen eivj ta.j po,leij ta.j teich,reij) 6 vAnalabo,ntej feu,gete

eivj Siw,n\ speu,sate mh. sth/te( o[ti kaka. evgw. evpa,gw avpo. borra/ kai.

suntribh.n mega,lhn)7 vAne,bh le,wn evk th/j ma,ndraj auvtou/ kai. evxoloqreu,wn e;qnh evxh/ren5

kai. evxh/lqen evk tou/ to,pou auvtou/ tou/ qei/nai th.n gh/n sou eivj evrh,mwsin

kai. po,leij sou kaqaireqh,sontai para. to. mh. katoikei/sqai auvta,j) 8 vEpi.

tou,toij [oooo] perizw,sasqe sa,kkouj kai. ko,ptesqe kai. avlala,xate( dio,ti

ouvk avpestra,fh o qumo.j ovrgh/j Kuri,ou avfV umw/n)9 Kai. e;stai evn evkei,nh| th/| hme,ra|( le,gei Ku,rioj( avpolei/tai h10

kardi,a tou/ basile,wj kai. h kardi,a tw/n avrco,ntwn kai. oi ierei/j

evksth,sontai kai. oi profh/tai qauma,sontai)10 Kai. ei=pa\ w= de,spota ku,rie( a=ra, ge avpatw/n hvpa,thsaj to.n lao.n

tou/ton kai. th.n vIerousalh.m le,gwn\ [pppp] eivrh,nh e;stai umi/n kai. a[yetai h

ma,caira e[wj th/j yuch/j auvtw/n)15

[rrrr] 11 vEn tw/| kairw/| evkei,nw| evrou/sin tw/| law/| tou,tw| kai. th/|

vIerousalh,m\ [ssss] pneu/ma planh,sewj evn th/| evrh,mw|( [tttt] odo.j th/j qugatro.j

tou/ laou/ mou ouvk eivj kaqaro.n ouvdV eivj a[gion) [uuuu] 12 Pneu/ma plhrw,sewj

h[xei moi( nu/n de. evgw. lalh,sw [ffff] kri,mata, mou pro.j auvtou,j\

[cccc] 13 ivdou. wj nefe,lh avnabh,setai kai. wj kataigi.j ta. a[rmata auvtou/(20

koufo,teroi avetw/n oi i[ppoi auvtw/n\ ouvai. h`mi/n o[ti talaipwrou/men)14 vApo,plune avpo. kaki,aj th.n kardi,an sou( vIerousalh,m( i[na swqh/|j\

[yyyy] e[wj po,te upa,rxousin evn soi. logismoi. po,nwn sou * 15 Dio,ti fwnh.

[wwww] avnagge,llontoj evk Da.n h[xei moi kai. avkousqh,setai po,noj evx o;rouj

vEfrai,m) [aaaa] 16 vAnamnh,sate e;qnh\ ivdou. h[kasin( avnaggei,late evn25

vIerousalh,m\ sustrofai. e;rcontai evk gh/j makro,qen kai. e;dwkan evpi. ta.j

po,leij vIou,da fwna.j auvtw/n( 17 wj fula,ssontej avgro,n( evge,nonto evpV

auvth.n ku,klw|( o[ti evmou/ hvme,lhsaj( le,gei Ku,rioj( 18 Ai odoi, sou kai. ta.

evpithdeu,mata, sou evpoi,hsan tau/ta, soi\ au[th h kaki,a sou( o[ti pikra.(

o[ti h[yato e[wj th/j kardi,aj sou)30

[bbbb] 19 Th.n koili,an mou( th.n koili,an mou avlgw/ kai. ta. aivsqhth,ria th/j

kardi,aj mou mema,ssei\ h yuch, mou spara,ssetai kai. h kardi,a mou\ ouv

siwph,somai( o[ti fwnh.n sa,lpiggoj h;kousen h yuch, mou( kraugh.n

1 4 a[yetai L : h[yato F || 2 2 vApo,plune F : vApo,plunai L || 2 3 logismoi. F : dialogismoi. L

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9

pole,mou 20 kai. talaipwri,aj) Suntrimmo.n evpikalei/tai( o[ti

tetalaipw,rhken pa/sa h gh/ a;fnw( tetalaipw,rhken [gggg] h skhnh,(

diespa,sqhsan ai de,rreij mou) 21 [Ewj po,te o;yomai feu,gontaj * avkou,w

fwnh.n salpi,ggwn) 22 Dio,ti [dddd] oi hgou,menoi tou/ laou/ mou evme. ouvk

h;|deisan\ uioi. a;frone,j eivsin kai. ouv sunetoi,\ sofoi, eivsin tou/5

kakopoih/sai( to. de. kalw/j poih/sai ouvk evpe,gnwsan)23 vEpe,bleya evpi. th.n gh/n kai. ivdou. [eeee] ouvqe,n\ kai. eivj to.n ouvrano,n

kai. [zzzz] ouvk h=n ta. fw/ta auvtou/) 24 Ei=don ta. o;rh kai. h=n tre,monta kai.

pa,ntaj tou.j bounou.j tarassome,nouj) 25 vEpe,bleya kai. ivdou. ouvk uph/rcen

a;nqrwpoj kai. pa,nta ta. peteina. tou/ ouvranou/ evpto,hnto) 26 Ei=don kai. [hhhh]10

ivdou. o Ka,rmhloj e;rhmoj kai. pa/sai ai po,leij evmpepurisme,nai puri. avpo.

prosw,pou Kuri,ou kai. avpo. prosw,pou ovrgh/j qumou/ auvtou/ hvfani,sqhsan)27 Ta,de le,gei Ku,rioj\ e;rhmoj e;stai pa/sa h gh/( [qqqq] sunte,leian de.

ouv mh. poih,sw) 28 vEpi. tou,toij de. penqhsa,tw h gh/ kai. suskotasa,tw o

ouvrano.j a;nwqen( dio,ti [iiii] evla,lhsa kai. ouv metanoh,sw( w[rmhsa kai. ouvk15

avpostre,yw avpV auvth/j) 29 vApo. fwnh/j ippe,wj kai. evntetame,nou to,xou

avnecw,rhsen pa/sa h cw,ra\ eivse,dusan eivj ta. sph,laia kai. eivj ta. a;lsh

evkru,bhsan kai. evpi. ta.j pe,traj avne,bhsan) Pa/sa po,lij evgkatelei,fqh( ouv

katoikei/ evn auvtai/j a;nqrwpoj) 30 Kai. su. ti, poih,seij *

[kkkk] vEa.n periba,lh| ko,kkinon kai. kosmh,sh| ko,smw| crusw/| kai. eva.n20

evgcri,sh| sti,bi tou.j ovfqalmou,j sou( eivj ma,thn o w`rai?smo,j sou\

avpw,santo, se oi evrastai, sou th.n yuch,n sou zhtou/sin) 31 [Oti fwnh.n

w`j wvdinou,shj h;kousa( tou/ stenagmou/ sou w`j prwtotokou,shj\ [llll] fwnh.

qugatro.j Siw,n\ evkluqh,setai kai. parh,sei ta.j cei/raj auvth/j)

[mmmm] Oi;moi evgw,( o[ti evklei,pei h yuch, mou evpi. toi/j avnh|rhme,noij)25

2 1 sti,bi L : sti,bh F || 2 5 Oi;moi L : oi=moi F

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1

Chaîne abrégée

TTTToooouuuu'' '' aaaaJJJJggggiiiivv vvoooouuuu jjjjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu aaaajjjjrrrrcccciiiieeeeppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu KKKKwwwwnnnnssssttttaaaannnnttttiiiinnnnoooouuuuppppoooovv vvlllleeeewwww"""" eeeeiiiijj jj"""" ttttoooo;; ;;nnnn

jj jjIIIIeeeerrrreeeemmmmiiiivv vvaaaannnn::::

jj jjEEEExxxx aaaajjjjnnnneeeeppppiiiiggggrrrraaaavvvvffffoooouuuu:

5

{Opw" oJ tw'n jIoudaivwn lao;" to;n Cristo;n ojneidivsa" th;n ajmoibh;n

ajxivan ajpevlaben kai; wJ" th/' tw'n eijdwvlwn ejpimeivna" douleiva/ hjfavnistai

kai; o{sa para; tou' tw'n aJpavntwn Qeou' eujhrgethvqh provteron kai; wJ"

ajcavristo" peri; to;n eujergevthn w[fqh mhde;n a[xion ejrgazovmeno" Qeou' kai;

ajgnwvmwn fanei;" meta; ta; tau'ta paideuvetai par j aujtw'/.10

jIeremiva" uiJo;" Celkivou tou' iJerevw" h\n ejx jAnaqwvq, ejn Tavfnai" th'"

Aijguvptou livqoi" blhqei;" uJpo; tou' laou' qnhvskei. Kei'tai de; plhsivon th'"

oijkiva" Faraw; o{ti oiJ Aijguvptioi ejdovxasan aujto;n eujergethqevnte"

di j aujtou'. Hu[xato ga;r kai; aiJ ajspivde" aujtou;" ei[asan kai; tw'n uJdavtwn

oiJ qh're" ou}" kalou'sin oiJ Aijguvptioi me;n ejfw;q oiJ {Ellhne" de;15

krokodeivlou" oi} h\san aujtou;" qanatou'nte". Kai; eujxamevnou tou' profhvtou

ejkwluvqh ejk th'" gh'" to; gevno" tw'n ajspivdwn kai; ejk tou' potamou'

wJsauvtw" to; e[nedron tw'n qhrw'n. Kai; o{soi eijsi; pistoi; Qeou' e{w" tou' nu'n

eu[contai ejn tw'/ tovpw/ o{pou kei'tai kai; lambavnonte" to; coo;" tou' tovpou

dhvgmata ajspivdwn qerapeuvousi kai; ta; qhriva tou' u{dato" fugadeuvousin.20

JHmei'" de; hjkouvsamen ejk tw'n paivdwn jAntigovnou kai; Ptolemaivou

gerovntwn tinw'n o{ti jAlevxandro" oJ Makedw;n ejpista;" tw'/ tavfw/ tou'

7 ajxivan L : om. F B || wJ" L : om. F B || tw'n eijdwvlwn ejpimeivna" L : post douleiva/ transp. F B || 8tw'n aJpavntwn L : om. F B || kai;2 — 9 Qeou' L : om. F B || 9 kai; — 10 aujtw'/ L : ajgnwmonhvsa" de;meta; tau'ta paideuvetai F B || 1 2 livqoi" L C P : livqw/ V || 1 5 oiJ2 L C : om. V P || oiJ3 L : om.CV P || 1 6 Kai; L CV : om. P || 1 8 qhrw'n L C P : qhrivwn V || 1 9 tw'/ L V P : w|/ C || 2 1Ptolemaivou L CV : pollw'n P || 2 2 jAlevxandro" : oJ jAlevxandro" V || tavfw/ L C P : tovpw/ V

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1

Traduction de la chaîne abrégée

Prologue de Jean Chrysostome (cf. éd. chaîne intégrale, pp. 2-5)

Prologue anonyme (cf. éd. chaîne intégrale, pp. 6-8)

(Ajout anonyme de l'abrégé : codd. : L F B. Ined.)

< Jérémie dit > comment le peuple des Juifs, parce qu'il a insulté le Christ,

a reçu la rétribution qu'il méritait, comment il a disparu parce qu'il s'était attaché à

l'esclavage des idoles, combien de bienfaits il a reçu d'abord du Dieu de l'univers

et comment il s'est montré ingrat envers son bienfaiteur, en ne faisant rien qui soit

digne de Dieu et, parce qu'il s'est montré irréfléchi, est corrigé par lui après cela.

(Vie de Jérémie d'Épiphane : codd. : L C V P1. Ed. : Th. Schermann, De

prophetarum vita et obitu, Epiphanii recensio altera, Leipzig 1907, pp. 61-63.)2

Jérémie, fils du prêtre Chelkias, était d'Anathôth ; il meurt à Taphna

d'Égypte, lapidé par le peuple3. Mais il repose près de la demeure de Pharaon,

parce que les Égyptiens, qui avaient reçu des bienfaits grâce à lui, l'ont estimé ; en

effet, il pria et les aspics les laissèrent ainsi que les bêtes des eaux, que les

Égyptiens appellent "ephoth"4, mais que les Grecs appellent "crocodiles", et qui

étaient en train de les tuer. Et après les prières du prophète, furent chassées de la

terre la race des aspics et aussi, du fleuve, l'embuscade des bêtes. Et tous ceux qui

ont foi en Dieu encore aujourd'hui prient au lieu où il repose, et prenant une motte

de terre de l'endroit, soignent des morsures d'aspic et font fuir les bêtes de l'eau.

1 Le texte est à cette place dans la famille abrégée, mais il constitue la conclusion de la chaîne pourla famille intégrale, sauf dans O où il n'apparaît pas. | 2 Pour l'édition de la deuxième recensionanonyme d'après le Vaticanus gr. 2125, cf. A.-M. Schwemer, Studien zu den frühjüdischenProphetenlegenden Vitae Prophetarum, t. I, Tübingen 1995, pp. 159-161 ; pour la traductionfrançaise de cette recension anonyme, cf. M. Petit, "Vies de Prophètes", in La Bible – Écritsapocryphes chrétiens, t. II, P. Geoltrain et J.-D. Kaestli (dir.), Paris 2005, pp. 430-433. | 3 Cettemort violente du prophète est aussi évoquée dans les Paralipomènes de Jérémie, IX, 21-32 (cf. LaBible – Écrits intertestamentaires, A. Dupont-Sommer et M. Philonenko (dir.), Paris 1987, pp.1762-1763). | 4 La recension anonyme a nefwvq.

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2

Chaîne abrégée

profhvtou kai; ejpignou;" ta; eij" aujto;n musthvria eij" jAlexavndreian

metevsthsen aujto;n ta; leivyana aujta; peristeivla" ejndovxw" kai; ejkwluvqh

ejk th'" gh'" to; gevno" tw'n ajspivdwn kai; ejk tou' potamou' wJsauvtw" ta;

qhriva.

Kai; ou|to" oJ profhvth" shmei'on e[dwken toi'" iJereu'sin Aijguvptou o{ti5

dei' seisqh'nai ta; ei[dwla aujtw'n kai; sumpesei'n ta; ceiropoivhta aujtw'n

o{tan ejpibh'/ ejn Aijguvptw/ parqevno" loceuvousa brevfo" qeoeidev". Dio; kai;

e{w" nu'n timw'si parqevnon lecw; kai; brevfo" ejn favtnh/ tiqevnte"

proskunou'si.

Kai; Ptolemaivw/ tw'/ basilei' punqanomevnw/ th;n aijtivan, e[legon o{ti10

patroparavdoton hJmi'n ejsti; musthvrion uJpo; oJsivou profhvtou toi'"

patravsin hJmw'n paradoqe;n kai; ejkdecovmeqa to; pevra" tou' musthrivou

hJmw'n.

Ou|to" de; pro; th'" aJlwvsew" tou' naou' h{rpase th;n kibwto;n tou'

novmou kai; ta; ejn aujth/' kai; ejpoivhsen aujta; katapathqh'nai ejn pevtra/15

levgwn toi'" parestw'sin: « ajpedhvmhse Kuvrio" ejk Siw;n eij" oujrano;n kai;

pavlin ejleuvsetai ejn dunavmei kai; shmei'on uJmi'n e[stw th'" parousiva"

aujtou' o{te xuvlon pavnta ta; e[qnh proskunhvsousi. Th;n de; kibwto;n tauvthn

oujdei;" ejkbavlh/ eij mh; jAarw;n kai; ta;" ejn aujth/' plavka" oujdei;" ajnaptuvxh/

iJerevwn h] profhvtwn eij mh; Mw'u>sh" oJ ejklekto;" tou' Qeou' kai; ejn th/'20

ajnastavsei prw'ton hJ kibwto;" ajnasthvsetai kai; ejxeleuvsetai ejk th'"

pevtra" kai; teqhvsetai ejn o[rei Sina/' kai; tovte pavnte" oiJ a{gioi

sunacqhvsontai ejkei' ejkdecovmenoi to;n Cristovn. »

jEn de; th/' pevtra/ ejsfravgise tw/' daktuvlw/ aujtou' o[noma tou' Qeou' kai;

gevgonen oJ tuvpo" eij" glufh;n sidhvrou kai; nefevlh ejskevpase to; o[noma25

kai; oujdei;" noei' to;n tovpon e{w" th'" sunteleiva". Kaiv ejstin hJ pevtra ejn

th/' ejrhvmw/ o{pou prw'ton hJ kibwto;" gevgone metaxu; tw'n duvo ojrevwn ejn oi|"

kei'ntai Mwush'" kai; jAarw;n kai; ejn nukti; wJ" pu'r givnetai eij" to;n tovpon

2 aujta; L CV : aujtou' P || 5 Kai; L : om. CV P || ou|to" L CV : om. P || 8 lecw; L : loco;n CV P ||1 2 patravsin L CV : patevrwn P || paradoqe;n L C P : ejkdoqe;n V || 1 5 kai;1 — aujth/' L CV : om. P || aujta; L C P : aujto;n V || 1 8 xuvlon L C P : xuvla V || 1 9 ejkbavlh/ L V P : ejkbavllei C || ajnaptuvxh/L P : ajnaptuvssei CV || 2 0 post mh; add. movno" V || 2 2 pavnte" L CV : post oiJ a{gioi transp. P ||2 3 ejkdecovmenoi LC P : ejkdexovmenoi V || Cristovn L CV : qeo;n P || 2 4 tou' L CV : om. P || 2 5tuvpo" L C P : tovpo" V || 2 8 post ejn add. th/' P || eij" — 3,1 ajrcai'on L : ejk to;n tovpon to;najrcai'on C ejk tou' tovpou tou' ajrcaivou V ejk tw'n tovpwn tw'n ajrcaivwn P

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2

Traduction de la chaîne abrégée

Mais nous, nous avons entendu dire par les serviteurs d'Antigone et de

Ptolémée, des hommes âgés, qu’Alexandre de Macédoine, après s’être tenu près

de la tombe du prophète et avoir appris les mystères qui le concernaient, le fit

transporter à Alexandrie en ensevelissant5 les restes mêmes solennellement et

furent chassés de la terre la race des aspics et aussi, du fleuve, les bêtes.

Et ce prophète a donné un signe aux prêtres d'Égypte : il faut que leurs

idoles soient ébranlées et que leurs statues faites de main d'homme tombent

lorsque sera montée en Égypte une vierge mettant au monde un nourrisson à la

ressemblance de Dieu6. C'est pourquoi, encore maintenant, ils honorent une

vierge qui accouche et se prosternent après avoir posé un nourrisson dans une

mangeoire.

Et au roi Ptolémée qui leur en demandait la raison, ils disaient : « C’est un

mystère qui nous a été transmis par nos pères, qui a été transmis à nos pères par

un saint prophète et nous attendons l'accomplissement de notre mystère. »

Celui-ci, avant la prise du temple, s'empara du coffre de la Loi et de ce qu'il

contenait et les fit fouler aux pieds7 dans un rocher en disant à ceux qui se

trouvaient là : « Le Seigneur a quitté Sion pour le ciel et il reviendra à nouveau

dans la puissance. Et que ce soit pour vous un signe de son retour lorsque toutes

les nations se prosterneront devant le bois. Ce coffre, que personne ne le fasse

sortir si ce n’est Aaron, et les tables qu’il contient, qu'aucun des prêtres ni des

prophètes ne les ouvre, si ce n’est Moïse, l’élu de Dieu. Et à la résurrection, le

coffre d’abord ressuscitera, sortira du rocher et sera placé sur la montagne du

Sinaï, et alors tous les saints se rassembleront là en attendant le Christ. »

Avec son doigt, il scella le rocher du nom de Dieu et la marque se

transforma en gravure de fer8 et une nuée recouvrit le nom et personne ne connaît

l’endroit jusqu’à la fin des temps. Le rocher est dans le désert, là où le coffre a

d’abord été, entre les deux montagnes où se tiennent Moïse et Aaron et dans la

nuit, il devient comme un feu près de l'antique lieu9 parce que la gloire de Dieu

5 La recension anonyme a ici periqei;" kuvklw/ au lieu de peristeivla" ; c'est pourquoi M. Petitcomprend qu'Alexandre dépose solennellement les restes du prophète tout autour de la ville. Leverbe peristevllw en revanche ne peut signifier qu'ensevelir. | 6 Allusion à la fuite en Égypte (cf.Mt 2, 13-15). | 7 La recension anonyme a ici katapoqh'nai que M. Petit traduit par "engloutir".8 M. Petit comprend que « l'empreinte était semblable à une entaille faite par le fer ». | 9 Larecension anonyme a ici kata; to;n tuvpon to;n ajrcai'on au lieu de eij" to;n tovpon to;najrcai'on, d'où l'interprétation de M. Petit : "semblable à l'antique modèle" avec une référence à lacolonne de feu de l'Exode (Ex 13, 21).

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3

Chaîne abrégée

to;n ajrcai'on o{ti ouj mh; pauvshtai hJ dovxa tou' Qeou' ejk tou' novmou aujtou'

kai; e[dwken oJ Qeo;" tw/' jIeremiva/ cavrin i{na to; tevlo" tou' musthrivou aujtou'

aujto;" poihvsh/ o{pw" gevnhtai koinwno;" Mwu>sevw".

Qrhnw'n, profh'ta, kai; metaklaivwn povlin

pevpauso loipo;n th;n fovnwn peplhsmevnhn,5

oJ mhtro;" e[ndon gastro;" hJgiasmevno".

Kai; mh; ptohqh'" eij" e[qnh teqeimevno",

wJ" eij" ajpeiqei'" pri;n keleusqei;" ejktrevcein.

jAll j ejxanasta;" a[ron ojfqalmo;n kuvklw/,

qrhvnwn eJtai'ron dakruvwn th;n plhmmuvran,10

ejpeivper ouj tevqnhka", ajlla; zh'" a[nw.

Kai; blevyon e[qnh ta; pri;n ejkto;" ejn novmw/

uiJou;" Siwvn te tou;" uJpertivmou" kovnin.

Kai; cai're tw'n sw'n eij" teleivwsin lovgwn

ou}" th/'de suntivqhsin eujsebh;" novo".15

1 o{ti L CV : o{pou P

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3

Traduction de la chaîne abrégée

qui vient de sa Loi ne cessera pas. Et Dieu a donné à Jérémie la grâce d'accomplir

lui-même le mystère même jusqu'à la fin, afin qu’il devienne compagnon de

Moïse.

Poème dédicatoire de l'abrégé10 : cod.: L. Ed. : A. M. Bandini, Catalogus

codicum manuscriptorum Bibliothecae Mediceae Laurentianae, supp. E.

Rostagno et N. Festa, Leipzig 1961, p. 2011.

Cesse, désormais, Prophète, de te lamenter12

Et de pleurer la ville saturée de meurtres,

Toi qui fus consacré dans le ventre de ta mère13.

Et ne sois pas effrayé d'avoir été institué pour des nations14,

Au point de courir au-devant des incroyants avant d'en avoir reçu l'ordre.

Mais redresse-toi et lève les yeux tout autour15,

En versant le torrent de larmes qui accompagne les lamentations,

Puisque tu n'es pas mort, mais que tu vis en haut.

Et regarde les nations, qui étaient avant en dehors < maintenant > dans la loi

Et les fils ceux de Sion qui étaient honorés, < réduits en > poussière.

Et réjouis-toi de l'accomplissement de tes paroles

Qu'un esprit pieux rassemble ici.

10 Le poème est composé en dodécasyllabes byzantins. Cette forme de vers s'est développée àpartir du trimètre iambique et figure parmi les plus employées dans la littérature byzantine. Lescésures régulières sont l'hephtémimère ou la penthémimère. Le schéma principal est le suivant : (Xdésigne une syllabe accentuée ou non, — une syllabe toujours accentuée, U une syllabe jamaisaccentuée) : X X X X — U U // X X X — U ou X X X X — // X X X X X — U. | 11 J. Lowden en donneune traduction anglaise dans son ouvrage Illuminated Prophet Books. A Study of ByzantineManuscripts of the Major and Minor Prophets, Pennsylvania 1988, p. 18. | 12 Le vocabulaire deslarmes et de la lamentation est très insistant dans ce poème : Qrhnw'n, metaklaivwn, qrhvnwn,dakruvwn th;n plhmmuvran. | 13 Cf. Jr 1, 5. | 14 Cf. Jr 1, 5 ; 1, 8 et 1,17. | 15 Cf. Jr 1, 17 et 3, 2.

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4

Chaîne abrégée

aaaa TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: To; me;n o[noma jIeremiva", wJ" kai; hJ bivblo" fhsiv,

th;n de; fulh;n Leui?th", th;n de; patrivda ajnaqwqivth", th;n de; cwvran ejn

beniami;n katwv/kei. JRh'si" de; kai; lovgo" kai; o{rasi" kai; lh'mma taujtovn

ejstin: rJh'ma de; ejgevneto ouj dia; fwnh'" ajll jo{ti safevsteron levgousa

o{rasi" wJ" oJravmato" gegonovto". Levgei de; kai; to;n kairovn: ejn hJmevrai"5

jIwsivou tou' dikaivou. jEpei; ga;r tw'n pro; aujtou' eij" ajsevbeian

ajpoklinavntwn oujk ei\ce to;n nouqetou'nta komidh/' neo;" paracqei;" eij" th;n

basileivan eujdovkhsen oJ Qeo;" tovte tou'ton profhteuvein o{te mavlista

ejdevonto diorqwvsew": eijdw;" de; wJ" hJ tou' kairou' duscevreia ojknhrovteron

aujto;n poivhsei, levgei rJhvmata ajf j w|n protrevpesqai aujto;n hjduvnato. Tiv10

ga;r bouvletai kataskeuavsai dia; tou' ejpagomevnou …

bbbb TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: Fonw'n h\n oJ dh'mo" tw'n jIoudaivwn kai;

profhtikw'n aiJmavtwn ajkovresto": dio; e[dei pollou' kai; megavlou tw/'

profhth'/ fronhvmato" eij" toiouvtou" ejmpivptonti. Ou{tw ga;r kai; Pau'lo"

« oJ ajforivsa" mev, fhsivn, ejk koiliva" »: mononouci; ga;r levgwn h\n pro;"15

aujto;n oJ Qeov": « ejgw; oJ plavsa" se ejk koiliva" » ouj th'" fuvsew" to;

e[rgon w{ste divkaio" a]n ei[h" ejmoi; peivqesqai. Ouj provteron dev fhsi

J hJgivaka j ajlla; prw'ton J ejpivstamai j kai; tovte J hJgivaka j o{per th;n

provgnwsin e[deixen kai; oujc hJ provgnwsi" to;n jIeremivan pepoivhken a{gion

ajlla; to; mevllon e{sesqai proevgnw oJ Qeov": to; de; th'" qeiva" gnwvsew"20

a[ptaiston dhloi' to; J ejpivstamai j: plavsai de; aujto;n levgei ejn koiliva/ ajpo;

tou' kata; to;n jAda;m prostavgmato" tou' « aujxavnesqe kai; plhquvnesqe »

1 ante Tou' Crusostovmou add. jIwavnnou F || 1 2 Tou' Crusostovmou L : jIwavnnou F || 1 4fronhvmato" L : fonhvmato" F (sic) || 1 5 ga;r L : om. F || 2 2 aujxavnesqe — plhquvnesqe L :aujxavnesqai kai; plhquvnesqai F

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4

Traduction de la chaîne abrégée

codd : L F. Ined.

(1)16 Chrysostome : Son nom était Jérémie, comme le dit aussi le livre, il était de

la tribu de Lévi, sa patrie était Anathôth, et pour la terre, il habitait celle de

Benjamin.17

Propos, parole, vision et oracle sont une seule et même chose. Un propos advint

non par une voix, mais parce qu'il y a eu une vision qui parle plus clairement,

comme si un spectacle s'était produit.18

Il dit aussi le moment : aux jours de Jôsias le juste. En effet, puisque, comme ceux

qui l'avaient précédé s'étaient laissés aller à l'impiété et comme il était arrivé sur le

trône beaucoup trop jeune, il n'avait personne pour l'avertir, Dieu jugea bon que

celui-ci commence alors à prophétiser quand ils avaient bien besoin d'un

redressement. Mais sachant que la difficulté de la circonstance le rendra plus

hésitant, il dit des mots par lesquels il était susceptible de l’exhorter.19

En effet, que veut-il préparer grâce à ce qui est ajouté ?20

(2) Chrysostome : Le peuple des Juifs était sanguinaire et insatiable du sang

des prophètes ; c'est pourquoi il fallait au prophète qui s'attaquait à de tels

hommes une très grande force de caractère.21

En effet, Paul dit aussi de cette manière : « celui qui m'a séparé du sein »22, car

peu s'en fallut que Dieu ne lui ait dit : « c'est moi qui t'ai formé dès le sein »23, non

l'œuvre de la nature, si bien qu'il sera juste que tu m'obéisses.24

Et il ne dit pas en premier "j'ai consacré", mais d'abord "je connais", et ensuite

"j'ai consacré", ce qui montre la prescience ; et ce n'est pas la prescience qui a

rendu Jérémie saint, mais c’est Dieu qui a su par avance ce qui allait arriver.25

"Je connais" montre l’infaillibilité de la science divine. Il dit qu’il l’a formé dans

le sein d'après l’ordre donné à Adam : « croissez et multipliez »26 ; et cela vient en

16 Le manuscrit F ne donne pas d'appel de note pour tout cet extrait, sans doute parce que c'est leseul commentaire sur ce folio (f. 175v) et qu'il n'est donc pas nécessaire de le raccrocherprécisément au texte biblique. | 17 = extrait 1 de Jean Chrysostome dans la chaîne intégrale.18 = extrait 6 de Jean Chrysostome. | 19 Résumé et amalgame de trois extraits de Jean Chrysostomesur Jr 1, 2 ; 1, 3 et 1, 4-5 présents dans la chaîne à deux auteurs et dans la tradition directe duCommentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome. Il faut noter les variantes ajpoklinavntwn au lieude ejkklinavntwn, eujdovkhsen au lieu de w/jkonovmhsen, diorqwvsew" au lieu de parainevsew".20 Récriture de la première phrase de l'extrait 7a de Jean Chrysostome. | 21 Résumé de l'extrait 7ade Jean Chrysostome. | 22 Gal 1, 15. | 23 Is 44, 2. | 24 Résumé de l'extrait 7b de Jean Chrysostomedont les deux parties sont amalgamées. | 25 Résumé et amalgame des extraits 7c (JeanChrysostome) et 7d (Didyme). | 26 Gn 1, 22.

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5

Chaîne abrégée

kai; ajpo; ga;r tou' « blasthsavtw hJ gh' » « aiJ kevdroi tou' Libavnou a}"

ejfuvteusa" ».

gggg To; J hJgivaka j ajnti; tou' Jajfwvrisav se j pro;" th;n leitourgivan. Toiou'ton

ga;r aujto;n proevgnw « oJ eijdw;" pavnta pri;n genevsew" aujtw'n » e[sesqai wJ"

kai; tou;" aJmartwlou;" ajphllotriwmevnou" ajpo; mhvtra" ajll j oujc hJ5

provgnwsi" aJgiasmou' gevgonen h] ponhriva" aijtiva, a} de; poiei'n e[mellon

th'" prognwvsew" ai[tia gevgone: provskeitai de;; to; eij" e[qnh: eij ga;r kai;

mh; ejxh'lqen th;n jIerousalhvm, ajlla; polla; peri; tw'n ejqnw'n proefhvteusen.

dddd TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: {Ora to; a[tufon tw'n dikaivwn: pw'" ta; oijkei'a

ejlattwvmata ajnavgrapta tiqevasi kaqaroi; dovxh" kai; filotimiva" o[nte".10

Oujk ejpivstamaiv, fhsiv, lalei'n: o{tan ou\n i[dh/" aujto;n rJhtoreuvonta mh; th'"

ejkeivnou dunavmew" nomivsh/" ei\nai ta; rJhvmata. « jEgw; keleuvw, fhsiv, kai;

neovthta probavllh/ … » Qeou' ga;r proceirizomevnou ajperivskepton hJ

eujlavbeia kai; ajpistiva" e[con kathgorivan oujk ejpieikeiva" ajpodochvn.

eeee JOra'/" wJ" skh'yi" h\n hJ hJlikiva tw'n profhtw'n, fovbo" de;; h\n aijtiva15

th'" paraithvsew" …

"""" Tauvth" th'" aijsqhth'" eijkovno" ejdei'to oJ profhvth" kai; ga;r kai;

Cristo;" pro;" plhroforivan tw'n maqhtw'n ejdehvqh tou' ejmfushvmato" w{ste

pro;" plhroforivan aiJ swmatikai; eijkovne".

1 ajpo; ga;r tou' L : ajpo; tou' ga;r F || 9 Tou' Crusostovmou L : jIwavnnou F || to; L : to;n F || 1 5tw'n profhtw'n L : tw/' profhvth/ F || 1 7 kai;2 L : om. F || 1 8 w{ste — 19 eijkovne" F : om. L || 1 9post eijkovne" add. Tau'ta ejk dialeivmmato" kai; oujk ejf j ejxh'" F

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5

Traduction de la chaîne abrégée

effet de « que la terre fasse pousser »27, « les cèdres du Liban que tu as

plantés »28.29

(3) "J’ai consacré" au lieu de "je t’ai séparé pour te destiner" au service. En

effet, « Celui qui sait toutes choses avant leur naissance »30 a su par avance qu’il

serait un tel homme, de même que pour les pécheurs, dès qu'ils sont écartés de

leur matrice31 ; mais ce n’est pas la prescience qui a suscité la consécration ou la

méchanceté, c’est ce qu’ils allaient faire qui a suscité la prescience.32

Et il ajoute pour des nations, car même s’il n’a pas quitté Jérusalem, il a

cependant beaucoup prophétisé sur les nations.33

(4) Chrysostome : Regarde l'absence d'orgueil des justes, comment ils mettent

par écrit leurs propres défauts parce qu’ils sont purs de gloire et d'ambition. Je ne

sais pas parler, dit-il : donc, quand tu le vois parler comme un orateur, ne pense

pas que ses mots sont de son pouvoir personnel.34

« Moi, j’ordonne, dit-il, et tu mets en avant la jeunesse ? »35. En effet, quand Dieu

prend les choses en main, la réticence est quelque chose d’inconsidéré et mérite

l'accusation d'absence de foi, non d'être reçue comme convenable.36

(5) Vois-tu que l’âge était un prétexte des prophètes et que c'était la peur qui

était cause de l’excuse ?37

(6) Le prophète avait besoin de cette image sensible, et en effet le Christ aussi a

eu besoin de l’inspiration pour convaincre pleinement ses disciples, de telle sorte

que les images corporelles visent à une pleine conviction.38

(7) Comment donc dit-il avant de te former, je t’ai connu ? Alors il parlait selon

sa prescience, maintenant il parle en actes.39

27 Gn 1, 11. | 28 Ps 103, 16. | 29 = deuxième partie de l'extrait anonyme 7e avec deux variantes :dhloi' pour ejdhvlwsen, levgei pour levgetai et l'omission du groupe de mots : drovmon labouvsh"th'" fuvsew". | 30 Dn-Théodotion 13, 42. | 31 Cf. Ps 57, 4. | 32 Résumé de l'extrait anonyme 8c. Lapremière phrase de l'extrait qui donne le parallèle de Gal 1, 15 n'est par reprise dans l'abrégé,peut-être pour éviter une redite, puisque le parallèle a déjà été donné plus haut dans l'emprunt àl'extrait 7b. | 33 = extrait 9a de Jean Chrysostome. Le rappel du texte biblique "Et il ajoute pour desnations" est un ajout. | 34 Résumé de l'extrait 10a de Jean Chrysostome : les deux parties de l'extraitséparées par kai; pavlin dans la chaîne intégrale sont ici amalgamées. | 35 = deuxième phrase del'extrait 11a de Jean Chrysostome. | 36 = extrait anonyme 11e avec quelques omissions (kai;, wJ",ajlhqw'", kai; marturou'nto", ma'llon h]). Il me semble que cet emprunt est amalgamé auprécédent grâce au lien logique constitué par le ga;r et l'enchaînement des deux passages que nevient pas perturber une nouvelle attribution. | 37 La phrase n'est pas interrogative dans F. Cepassage ne fait écho à aucun des extraits de la chaîne intégrale à auteurs multiples ou de la chaîne àdeux auteurs : c'est un passage original. | 38 Récriture de l'extrait 14a de Jean Chrysostome.39 Résumé de l'extrait 15a de Jean Chrysostome.

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6

Chaîne abrégée

zzzz Pw'" ou\n fhsi pro; tou' plasqh'naiv se e[gnwn … ejkei'no th/' prognwvsei,

tou'to th/' ejnergeiva/. Tou'to de; gewrgou' ajristou' ejkrizou'n ta;" ajkavnqa"

kai; ou{tw futeuvein.

{Oti ajsavfeia givnetai kai; para; provswpon kai; para; pra'gma kai; ejk th'"

tw'n legovntwn ijdiovthto".5

hhhh Tau'ta ejk dialeivmmato" oujk ejfexh'": ejdivdou ga;r sunidei'n ta;

legovmena.

qqqq TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: Bakthrivan karuivnhn: to; ga;r xuvlon tou'to

sterro;n kai; baru; kai; plhktikovn: tivno" e{neken tau'ta e[blepon … o{ti ta;

pravgmata kai; aiJ o[yei" ejnargevsterai h\san kai; ma'llon e[plhtton to;n10

ajkroathvn: hJ ga;r rJavbdo" plhgh'" ejsti suvmbolon kai; timwriva".

qqqq SSSSeeeeuuuuhhhhvv vvrrrroooouuuu jjjjAAAAnnnnttttiiiioooocccciiiivv vvaaaa"""":::: Th;n ejpenecqhsomevnhn paideivan ejdhvlou th;n

eij" ejgrhvgorsin tou;" ejn aJmartivai" kaqeuvdonta" ejpanavgousan ejpeidh;

stuvfein kai; drimuvttein hJ paideiva wJ" kai; to; tou' karuvou levpo"

ejpivstatai. Fasi; dev tine" kai; ta; kavrua fusikw'" ejgrhvgorsin ejmpoiei'n15

toi'" metevcousin.

qqqq QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: jIstevon wJ" oJ JEbrai'o" ajnti; J karuivnh" j J ajmugdalivnhn j

fhsivn: hJ de; ajmugdalivnh to; tacu; th'" timwriva" aijnivttetai. Pro; ga;r tw'n

a[llwn devndrwn tou't j ajnqei'. jErwta'/ de; sunecw'" i{na prosektikwvtero"

gevnhtai. JJ JJOOOO ddddeeee;; ;; SSSSeeeeuuuuhhhh'' ''rrrroooo"""" kkkkaaaaiiii;; ;; eeee{{ {{tttteeeerrrroooonnnn lllleeeevv vvggggeeeeiiii oooo{{ {{ttttiiii a{ma kai; uJpevmnhse th'" tou'20

jAarw;n rJavbdou pro;" e[legcon kai; ajpeilh;n tw'n ajntitassomevnwn qeioi'"

prostavgmasin.

iiii jEpeidh; u{pno" ejpi; Qeou' makroqumiva" ejsti;n ejgrhgorevnai levgei kai;

rJavbdon ejpanateivnetai, toutevstin: « hjdh; ejpexevrcomai i{na mh; ajpeilh;n

nomivswsi movnon ta; legovmena ».25

1 Pw'" — 3 futeuvein L : alio loco paginae F || fhsi L : om. F || 4 {Oti — 5 ijdiovthto" Lmg : om. L F || 6 Tau'ta — 7 legovmena L : alio loco paginae F || 8 Tou' Crusostovmou L : jIwavnnou F || anteBakthrivan add. kai; ei\pa F

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6

Traduction de la chaîne abrégée

C’est le propre du meilleur agriculteur de déraciner les épines et de planter ainsi.40

(dans la marge de droite) Que le manque de clarté dépend du personnage, de

l'action et de la personnalité de ceux qui parlent.41

(8) Cela après un intervalle, non de manière suivie, car il donnait une vue

d'ensemble de ses paroles.42

(9)43 Chrysostome : Une baguette de noyer. En effet, ce morceau de bois est

solide, lourd et fait pour frapper. Pourquoi regardaient-ils cela ? parce que les

actes et les spectacles étaient plus efficaces et frappaient mieux l’auditeur. En

effet, le bâton est le symbole du coup et du châtiment.44

(9)45 Sévère d'Antioche : Il désignait l'éducation à venir, celle qui conduit à l'état

de veille ceux qui dorment dans les péchés, puisque l’éducation a l'habitude d'être

âpre et amère, exactement comme la bogue de la noix. Certains disent que les noix

suscitent naturellement l'état de veille chez ceux qui en reçoivent une part.46

(9)47 Théodoret : Il faut savoir que l'hébreu dit "d’amandier" au lieu de "de

noyer", or l’amandier suggère la rapidité du châtiment. En effet, celui-ci fleurit

avant les autres arbres. Et Il pose des questions sans interruption afin qu'il

devienne plus attentif.48

Et Sévère dit aussi autre chose : il a mentionné en même temps le bâton

d’Aaron destiné à accuser et menacer ceux qui s'opposent aux préceptes divins.49

(10) Puisque le sommeil est une sorte de patience quand il s’agit de Dieu, Il dit

qu'Il veille et Il tend un bâton. C'est-à-dire50, « désormais j'attaque, afin qu'ils ne

croient pas que mes paroles ne sont que menaces ».51

40 Récriture de l'extrait 17b de Jean Chrysostome. | 41 Passage original peut-être inspiré duprologue de Jean Chrysostome présent au début de la chaîne à auteurs multiples (cf. t. I, chap. 1, p.69). | 42 Résumé de l'extrait 17c de Jean Chrysostome. | 43 F ne donne pas d'appel de note pour cetextrait, peut-être parce que le lemme biblique est déjà rappelé au début. | 44 = extrait 18 de JeanChrysostome. Il faut noter, par rapport à la chaîne intégrale, l'ajout du rappel du texte biblique, audébut de l'extrait, et de kai; timwriva" à la fin de l'extrait. | 45 F ne donne pas d'appel de note pourcet extrait. | 46 Résumé et amalgame de l'extrait 19a et de la première phrase de l'extrait 19b deSévère. | 47 F ne donne pas d'appel de note pour cet extrait. | 48 = extrait 19e de Théodoret. | 49 = finde l'extrait 19c de Sévère. | 50 Commentaire du verbe "veiller" (ejgrhvgora). | 51 Résumé de l'extrait21 de Jean Chrysostome.

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7

Chaîne abrégée

kkkk Levbhta kalei' th;n jIerousalh;m e[kkausin th;n sumforavn: ajpo; borra'

de; i{na mhnuvsh/ tw'n Babulwnivwn th;n e[fodon.

kkkk TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu :::: To;n qovrubon th;n zevsin th;n ojduvnhn to;n

thganismo;n dia; tou' levbhto" dhloi': kai; kata; me;n to; gravmma to;n

Babulwvnion: boreiotevra ga;r th/' jIerousalh;m hJ Babulw'n, kata; de;5

diavnoian to;n diavbolon: kalo;n de; to; uJpokaiveisqai. Tou'to ga;r ijatreiva"

megivsth" fobh'sai swfronh'sai ejpagagei'n dia; th'" o[yew" aujth'" kai;

ajnascei'n kai; dou'nai metanoiva" kairovn. Ou[te ga;r eujqu;" ejphvgagen w{ste

mh; ajnelei'n to;n ejk metanoiva" karpovn, ou[te ajpevsth wJ" mh; ejklu'sai to;n

fovbon. Kataseivei ou\n dia; th'" o[yew" th;n diavnoian aujtw'n10

prosecestevrou" ejrgazovmeno".

llll {Ora pw'" ejfivsthsin aujtoi'" tou;" basilei'" wJ" ejpi; prokeimevnhn

hJkovnta" aJrpaghvn, wJ" ejpi; douvlou" eJtoivmou", w{ste mh; nomivsai touvtou"

ejkeivnou" ei\nai tou;" ijscurou;" ajll j o{ti Qeo;" pavnta a[gei kai; fevrei:

pollh'" de; ajdeiva" to; qei'nai tou;" qrovnou". Tou'to ga;r oujci; polemouvntwn15

ejsti;n ajll j ajnapauomevnwn: pro;" tivna" de; lalhvsei h] pro;" tou;"

Babulwnivou" … e[fh ga;r Nabouzarda;n pro;" to;n profhvthn: « Kuvrio" oJ

Qeov" sou ejlavlhse ta; kaka; tau'ta eij" to;n tovpon tou'ton o{ti

hJmarthvkate aujtw/'. »

llll Kaqavper dikasth;" aJmarthvsa" to;n katadedikasmevnon e[ti20

dikaiologei'tai pro;" aujtovn, ou{tw kai; oJ Qeo;" tou;" dhmivou" ejpisthvsa"

th/' povlei ejtavzei meta; ajkribeiva" kai; ouj provteron ajfivhsin aujtou;"

kolasqh'nai e{w" katedivkasen. To; de; lalhvsw meta; krivsew", ajnti; tou':

ejlevgxa" ejpi; paranomiva/ ou{tw timwrhvsomai: o{ra dev: oujk ejgw; ajpevsthn

3 Crusostovmou L : jIwavnnou F || 6 de; L : ga;r F || 1 2 post {Ora add. de; F || 1 5 post ajdeiva" add.kai; F || 2 0 katadedikasmevnon F : katadedidasmevnon L || 2 1 pro;" L : kai; F ut videtur || 2 3To; — krivsew" L : om. F

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7

Traduction de la chaîne abrégée

(11) C'est Jérusalem qu'il appelle chaudron et le malheur qu'il appelle chaleur ; et

il y a du nord pour indiquer l’attaque des Babyloniens.52

(11) Chrysostome : Il désigne par le chaudron que l'ébullition est le tumulte, que

la friture est la douleur.53

Et selon la lettre, il s’agit du Babylonien car Babylone est plus au nord que

Jérusalem, mais selon le sens profond, c’est le diable. Il est beau de brûler.54

Voici en effet le propre de la plus grande médecine : faire peur, modérer, entraîner

grâce à la vue elle-même, soutenir et donner une occasion de repentir. En effet, il

ne l’a pas tout de suite entraîné pour ne pas supprimer le fruit du repentir et il ne

s’est pas non plus tenu à l'écart pour ne pas détruire la peur. Il ébranle donc grâce

à la vue leur pensée en les rendant plus proches.55

(12) Vois comment il met à leur tête les rois comme s'ils venaient pour piller ce

qui est à leur disposition, vers des gens prêts à être esclaves, de telle sorte que

ceux-ci n'estiment pas que ceux-là détiennent la force, mais que c’est Dieu qui

dévaste tout.56

C’est le fait d’un grand sentiment de sécurité que de "placer leur trône". En effet,

ce n’est pas le propre de gens qui font la guerre, mais de gens qui y mettent fin. Et

à qui parlera-t-il si ce n’est aux Babyloniens ? car Nabuzardan a dit au prophète :

« Le Seigneur ton Dieu a prononcé ces malheurs contre ce lieu parce que vous

avez péché contre lui »57.58

(12)59Comme un juge après avoir échoué plaide encore pour le condamné devant

lui, de même Dieu, après avoir préposé les bourreaux à la cité, les contrôle

méticuleusement et ne leur permet pas de les punir avant qu’il les ait

condamnés.60

Je parlerai en les jugeant, au lieu de : « après les avoir accusés de transgression,

je les châtierai ainsi ».61

Et remarque : ce n’est pas moi qui me suis tenu à l'écart, mais ce sont eux qui

52 = extrait de Jean Chrysostome sur Jr 1, 13 présent dans la chaîne à deux auteurs et dans latradition directe du Commentaire sur Jérémie. | 53 = deuxième partie de l'extrait 23a de JeanChrysostome. | 54 Récriture de l'extrait 23b d'Olympiodore. La fin kalo;n de; to; uJpokaiveisqai estun ajout. | 55 Résumé de l'extrait 24 de Jean Chrysostome. | 56 Résumé de l'extrait 26 de JeanChrysostome. | 57 Jr-LXX 47, 2. | 58 Résumé de l'extrait 25b de Victor sans la première phrase decelui-ci. La deuxième phrase du passage correspond à la fin de l'extrait 26 de Jean Chrysostome.59 Le manuscrit F donne le commentaire qui suit dans la continuité de ce qui précède. | 60 Passageoriginal. | 61 = extrait de Jean Chrysostome sur Jr 1, 16 présent dans la chaîne à deux auteurs etdans la tradition directe du Commentaire sur Jérémie.

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8

Chaîne abrégée

ajll j ejkei'noi katevlipon.

mmmm Oujde;n ou{tw" ajnavxion Qeou' wJ" to; genevsqai, pollw'/ de; plevon to; kai;

para; ajnqrwvpwn.

jAnavsqhti dev: oujc o{ti ejkavqhto: pw'" ga;r toiau'ta oJrw'n kai; ajkouvwn ajll

j ajnti; tou': dievgeiron sautovn, provsece toi'" legomevnoi": diplh'" soi dei'5

th'" prosoch'" prov" te ta; par j ejmou' legovmena prov" te to; ejkeivnoi"

diaporqmeu'sai, ejntau'qa me;n nhptikw'", ejkei' de; ajndrikw'". To; de; mh;

fobhqh'" mh; de; ptohqh/'" ejpei; e[ti uJfwrmei' devo" aujtou' th/' dianoiva/. {Ora

de; kai; meta; th;n cavrin tou' pneuvmato" e[ti ta; ajnqrwvpina to;n qespevsion

profhvthn uJformou'nta.10

nnnn Provterovn fhsi to; J e[qhkav se wJ" tei'co" j kai; ou{tw to;

J polemhvsousi j, deiknu;" to; ajnepibouvleuton.

xxxx TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: Oujk ejn tw/' mh; pavscein hJ bohvqeia: pevponqe ga;r

jIeremiva" ta; megivsta, ajll j ejn tw/' pavscein kai; mh; nika'sqai. Oujk a[ra

tou'to deivknusi to; ei\nai meq j hJmw'n to;n Qeo;n to; ejxairei'sqai hJma'"15

aujtovn, kai; mh; ejxairouvmeno" ga;r meq j hJmw'n ejstin, wJ" h\n meta; jIw;b

sugcwrw'n pavscein aujtovn.

oooo Dia; tou' ejmnhvsqhn ejlevou" neovthto", ta;" eij" aujtou;" eujergesiva"

levgei, oujci; ta; aujtw'n ejgkwvmia. jEpeidh; ga;r ei\pe th;n timwrivan, i{na

deivxh/ o{ti tauvthn dikaivan ejpavgei, levgei a{pax kai; di;" kai; pollavki".20

jEmnhvsqhn ejlevou" neovthtov" sou, toutevstin: tou' ejlevou" ou|per

ejpedeixavmhn pro;" se; nevan ou\san ejmnhvsqhn. Kaqavper hJmei'" peri; ta;

paidiva mikra; o[nta pollh;n e[comen filostorgivan, o{te ou[pw paroxuvnousin

hJma'", ou{tw kai; oJ Qeo;" ejn ajrch/', o{te ajpo; th'" aujtou' cavrito" e[sw/ze

movnh" kai; oujk ajph/vtei ta; par j aujtw'n, polu;n e[leon ejpideivknutai, ajll25

2 ante Oujde;n add. jIwavnnou Fmg || 4 jAnavsqhti dev L : kai; ajnavsqhti F || 8 mh; de; ptohqh/'" L :om. F || 9 de; L : om. F || cavrin L : post tou' pneuvmato" transp. F || e[ti L : om. F || to;nqespevsion profhvthn L : om. F || 1 3 Tou' Crusostovmou L : jIwavnnou F || 1 8 post Dia; add. de; F || 2 5 kai; L : om. F

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8

Traduction de la chaîne abrégée

m’ont abandonné.62

(13) Rien n'est aussi indigne de Dieu que le fait que cela arrive, mais plus encore

le fait que cela arrive chez les hommes.63

Lève-toi : ce n'est pas qu'il était assis : comment en effet aurait-il pu l'être quand il

voyait et écoutait de telles choses ? mais c’est au lieu de « réveille-toi, fais

attention à ce qui est dit : il te faut une attention double, et pour les paroles que j'ai

prononcées, et pour les transmettre à ceux-ci, ici en étant vigilant, et là en étant

courageux »64

Ne crains pas, ne sois pas épouvanté, car une crainte est encore ancrée dans sa

pensée. Et remarque que même après la grâce de l’esprit les sentiments humains

sont ancrés65 dans le prophète inspiré par Dieu.66

(14) Il dit d’abord "je t’ai établi comme un mur" et ainsi "ils te feront la guerre",

en montrant l’absence de complot.67

(15) Chrysostome : Ce n’est pas dans l’absence de souffrance que réside le

secours, car Jérémie a vécu de très grandes souffrances, mais dans le fait de

souffrir sans se laisser vaincre.68

"Que Dieu soit avec nous" ne montre donc pas qu’il nous délivre, car même quand

il ne nous délivre pas, il est avec nous, comme il était avec Job tout en permettant

qu’il souffre.69

(16) Par je me suis souvenu de ma pitié pour ta jeunesse, ce sont les bienfaits

qu’il leur a rendus qu'il évoque, ce n'est pas un éloge de leur personne. En effet,

puisqu’il a prononcé le châtiment, afin de montrer qu’il l'applique à juste titre, il le

prononce une fois, puis deux, puis souvent. Je me suis souvenu de ma pitié pour

ta jeunesse, c’est-à-dire : je me suis souvenu de la pitié dont j’ai fait preuve à ton

égard quand tu étais jeune : de même que nous, nous avons beaucoup de tendresse

pour les tout petits enfants quand ils ne nous irritent pas encore, de même Dieu, au

commencement70, quand il les sauvait71 par sa seule grâce et ne demandait pas

62 Passage original. | 63 Résumé de la dernière phrase de l'extrait 27b de Jean Chrysostome.64 = extrait 29 de Jean Chrysostome avec le rappel du texte biblique. | 65 Il faut noter les deuxoccurrences du verbe uJformevw qui est d'abord construit avec un complément au datif, puisquelques lignes plus loin avec un complément à l'accusatif. | 66 Passage original. | 67 Passageoriginal. | 68 = extrait 13b d'Apolinaire, ici placé, avec l'emprunt à l'extrait 13a de JeanChrysostome, car il y a ici, en Jr 1, 19, la même expression car moi je suis avec toi pour te délivrerque précédemment en Jr 1, 8. | 69 Résumé de l'extrait 13a de Jean Chrysostome. | 70 Omission dugroupe kai; ejn prooimivoi" (cf. chaîne intégrale). | 71 Imparfait au lieu de l'aoriste (cf. chaîneintégrale).

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9

Chaîne abrégée

j o{mw" eij" lhvqhn aujto;n ejpoivhsa" ejmpesei'n meta; tau'ta.

jEn touvtw/, fhsivn, e[leon ejpedeixavmhn ejn tw/' poih'sai ejxakolouqh'saiv moi,

ejn tw/' prohgei'sqaiv sou kai; eJtoimavzein katagwgiva ejn gh/' ejrhvmw/.

J Neovthta j ga;r tou' laou' th;n ejx Aijguvptou fhsi;n e[xodon.

{Agion dev fhsin to;n jIsrah;l wJ" kat j ejxaivreton dia; tou;" patevra"5

ajforisqevnta Qew/'.

Kai; ajrch;n genhmavtwn ajnti; tou' J prwtovtokon j: ouj dia; fuvsin, ajll j wJ"

tw'n a[llwn ajpavntwn ajnqrwvpwn ejxaireqevnta prw'ton kai; th/' ajgavph/ to;

prwtovtokon levgesqai klhrwsavmenon.

Ouj mikro;n de; kai; tou'to dw'ron to; tou;" ejcqrou;" ajpovllusqai tou;" aujtou':10

ou|toi ga;r oiJ e[sqonte".

pppp TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: JO qarrw'n toi'" eJautou' dikaiwvmasin ouj

paraitei'tai pollou;" ei\nai tou;" ajkroatav": dia; tou'to oujk ajnqrwvpou"

movnon ajlla; kai; a[yuca kai; to;n boulovmenon ajkouvein kalei' to; perifane;"

ejndeiknuvmeno" tw'n dikaivwn wJ" o{ge uJpopteuvwn ajei; paraitei'tai tou;"15

dikastav".

{Ora de; meta; tosauvthn ajpeilh;n pw'" ajpologei'tai wJ" a[n ti" ejrw'n kai;

mh; ajnecovmeno" mevcri pollou' fortika; levgein pro;" to;n ejrwvmenon aujto;"

ma'llon ajlgw'n ejpi; toi'" ejkeivnou kakoi'".

Tiv eu{rosan oiJ patevre" uJmw'n... o{ti makra;n ajpevsthsan … Makra;n ga;r tw/'20

o[nti ajpo; th'" qeiva" fuvsew" ejkeivnh" ejpi; livqou" ejlqei'n kai; touvtou"

sebasqh'nai.

jIkanou' de; mivsou" to; mhde;n euJrei'n kai; mh; metanoh'sai, ajlla; ta;

blavptonta aiJrei'sqai.

Oujc aJplw'" de; ejndiatrivbei tai'" eujergesivai", ajll j eij" ajnavgkhn25

katasta;" par j aujtw'n ejpaivrei ta;" eujergesiva", eij kai; mh; levgei a{pan

o{son h\n. Pavnta ga;r ejkei'na parei;" th;n oJdhgivan movnon ei\pen kai; « oujc

8 post tw'n iter. ajll jwJ" F || 1 0 de; L : om. F || 1 2 Tou' Crusostovmou L : jIwavnnou F || 2 0ajpevsthsan L Fmg : om. F || Makra;n L Fmg : om. F

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9

Traduction de la chaîne abrégée

leurs biens, fait preuve de beaucoup de pitié ; et pourtant tu l’as fait tomber dans

l’oubli après cela.72

Voici, dit-il, en quoi j’ai fait preuve de pitié, en faisant en sorte que tu me suives,

en te guidant et en préparant des haltes dans une terre déserte.73

En effet, c’est la sortie d’Égypte qu’il appelle "jeunesse" du peuple.74

Et il dit qu’Israël est saint, parce qu’il a été par choix délimité pour Dieu à cause

de ses pères.75

Et début de sa lignée au lieu de "premier-né" : ce n’est pas par nature, mais parce

qu’il a été élu en premier par amour parmi tous les autres hommes qu’on dit qu’il

a été désigné comme le premier-né.76

Et ce n’est pas un don négligeable, que d’anéantir les ennemis, les siens : ce sont

en effet « ceux qui mangent. »77

(17) Jean Chrysostome : Celui qui se fie à ses propres justifications ne refuse

pas que les auditeurs soient nombreux ; c’est pourquoi il appelle non seulement

des hommes, mais aussi des êtres inanimés et celui qui le désire, à l’écouter en

montrant l’évidence de ce qui est juste, de même que celui qui a des soupçons

refuse toujours les juges.78

Mais vois comment, après une si grande menace, il plaide que quelqu’un qui aime

et qui ne peut pas pendant longtemps prononcer des propos insupportables devant

celui qu’il aime, préfère lui-même souffrir à cause de ses mauvaises actions.79

Qu’ont trouvé vos pères… pour s’écarter loin ? C’est vraiment en effet être loin

de cette nature divine que d’aller vers les pierres et de vénérer celles-ci.80

C’est le fait d’un homme capable de haine que de ne rien trouver et de ne pas se

repentir, mais de choisir ce qui lui nuit.81

Et ce n’est pas sans intention qu’il passe son temps à faire des bienfaits mais, alors

qu’il les a mis dans la nécessité, il suscite parmi eux des bienfaits, même s’il ne

dit pas intégralement ce que c’était.82

En effet, alors qu’il a concédé toutes ces choses, il a seulement évoqué le rôle du

72 = extrait 32a de Jean Chrysostome. | 73 Résumé du début de l'extrait 33a de Jean Chrysostome.74 Récriture d'un membre de phrase du début de l'extrait 32c de Théodoret. Correspond aussi àl'extrait de Théodoret sur Jr 2, 2 dans la chaîne à deux auteurs. | 75 = fin de la première partie del'extrait 35b de Théodoret. | 76 Résumé de l'extrait 34 de Jean Chrysostome. | 77 = extrait 35a deJean Chrysostome avec un ajout : ou|toi ga;r oiJ e[sqonte". | 78 Résumé de l'extrait 36 de JeanChrysostome. | 79 Résumé du début de l'extrait 37a de Jean Chrysostome. | 80 Récriture de ladeuxième phrase de l'extrait 38a de Jean Chrysostome. | 81 Résumé de l'extrait 40 de JeanChrysostome. | 82 Passage original.

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Chaîne abrégée

wJdhvghsa, fhsivn, movnon ajlla; kai; limevna parevscon kai; ajnavpausin to;n

Kavrmhlon.».

rrrr TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: J jAgaqa; j tou' Karmhvlou to;n plou'ton levgei to;n

poluvn.

ssss {Ora ajpo; th'" kefalh'" to; kako;n: oiJ ijerei'" ou}" e[dei kai; eJtevrwn5

ei\nai kaqhghtav".

{Ora de; pw'" pantacou' tw'n ajrcovntwn kaqiknei'tai oJ qei'o" lovgo".

jAntecomevnou" ejkavlese tou' novmou tou;" grammatei'", profhvta" de; tou;"

yeudoprofhvta".

tttt TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Dia; tou'to e[ti kriqhvsomai pro;" uJma'". Oujkou'n touvtou"10

ouj kolavzei" … naiv fhsin. Th;n uJperbolh;n levgei o{ti kai; e[ti krivnomai kai;

ou{tw fanerw'n tw'n dikaiwmavtwn ouj paraitou'mai kai; pro;" uJma'" kai;

pro;" tou;" uiJou;" uJmw'n kriqh'nai kai; lovgon dou'nai kai; uJmi'n kajkeivnoi".

Mh; ga;r dh; nomivshte ajpo; tw'n protevrwn ejgklhmavtwn ejkeivnou" me

katadikavzein kai; pro;" ejkeivnou" krivnomai ouj paraitouvmeno" to; pro;"15

pavnta" krivnesqai.

tttt QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: jEpimevnwn th/' metriovthti, oujk ei\pe: « Krinw' uJma'" »,

ajll j oiJonei; « Dikavsomai kai; ejlevgxw paranomou'nta" ».

uuuu jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Dievlqete nhvsou" Cettieivm. Kai; aujtoi; paragivnesqe kai; di

j a[llwn mavqete, ouj kwluvw: oujde;n eujhrgevthka … oujde;n eu\ pepoivhka …20

patriko;" uJmi'n eijmi Qeov": mimhvsasqe ta; e[qnh oi} tou;" aujtw'n oujk

ajfia'sin, kaivtoi pote; me;n o[non kai; bou'n, pote; de; ajspivda qeou;" e[conte".

ffff jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Cettieivm tine" Kuprivou" fasivn, tine;" de; jIndw'n

e[qnh.

JO Khda;r tou' jIsmah;l ajpovgono", shmaivnontai de; dia; touvtou ta;25

sarakhnw'n e[qnh, eJrmhneuvetai de; skotasmov", fasi; de; kai; ojstrakivnhn

dhlou'sqai dia; tou' Khdavr.

3 Tou' Crusostovmou L : jIwavnnou tou' Crusostovmou F || 7 oJ qei'o" lovgo" L : om. F || 8jAntecomevnou" — 9 yeudoprofhvta" : inter lineas textus biblici ad tou' novmou hab. toutevstin oiJgrammatei'" et ad profh'tai hab. tou;" yeudoprofhvta" levgei F || 1 0 Tou' aujtou' F : om. L ||Dia; tou'to F : om. L || 1 1 ouj L Fsl : om. F || 1 2 fanerw'n L : fanero;n F || 1 3 pro;" L : om. F ||1 7 post t — 18 paranomou'nta" add. comm. cccc F || 1 9 jIwavnnou F : om. L || paragivnesqe L :paragevnesqe F

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Traduction de la chaîne abrégée

guide et il dit : « je ne t’ai pas seulement guidé, mais je t’ai aussi offert le Carmel

comme port et comme lieu de repos.»83

(18) Chrysostome : Les "bonnes choses" du Carmel désignent une abondante

richesse.84

(19) Remarque que le mal vient de l’élite : les prêtres, qui devaient être

précisément les instructeurs des autres.85

Et vois comment partout la parole de Dieu atteint les chefs.86

Il a appelé les scribes ceux qui sont attachés à la loi et les faux prophètes

prophètes.87

(20) Le même : C’est pourquoi j'entrerai encore en jugement contre vous. Et

alors tu ne les sanctionnes pas ? Si, dit-il. Il dit l’excès : j'entre encore en jugement

et comme les sentences sont évidentes je ne refuse pas d'entrer en jugement contre

vous et contre vos fils et de rendre des comptes à vous et à eux. Ne pensez donc

pas que c’est à partir des premiers griefs que j’intente un procès à ceux-là : c’est

aussi contre eux que j'entre en jugement sans refuser d'entrer en jugement contre

tous.88

(20) Théodoret : S’en tenant à la mesure, il n’a pas dit : « Je vous jugerai »,

mais pour ainsi dire : « J’intenterai un procès et < vous > accuserai de transgresser

la loi ».89

(21) Jean : Gagnez les îles de Chettiim. Et vous-mêmes soyez présents et

apprenez des autres, je n'y mets pas d'empêchement. N’ai-je accordé aucun

bienfait et n’ai-je fait aucun bien ? Je suis le Dieu de vos pères : imitez les nations

qui n’abandonnent pas les leurs, alors qu’elles ont comme dieux, parfois un âne

ou un bœuf, parfois un aspic.90

(22) Olympiodore : Chettiim : certains disent que ce sont les Chypriotes,

d’autres qu’il s’agit des nations des Indiens.91

Kêdar est un descendant d’Ismaël, mais ce sont les nations des Sarrasins qui sont

signifiées par ce terme. Et il est interprété comme un obscurcissement, et on dit

aussi que c’est un tesson de terre cuite qui est désigné par Kêdar.92

83 Récriture de la troisième phrase de l'extrait 44 de Jean Chrysostome. | 84 = dernière phrase del'extrait 44 de Jean Chrysostome. | 85 Récriture de l'extrait 49a de Jean Chrysostome. | 86 Passageoriginal. | 87 Amalgame et résumé des extraits 49b et 51 de Jean Chrysostome. | 88 = extrait 53 deJean Chrysostome, avec la reprise du lemme biblique concerné au début de l'extrait. | 89 = début del'extrait 52b de Théodoret. Cf. aussi extrait de Théodoret sur Jr 2, 9 dans la chaîne à deux auteurs.90 = extrait 54a de Jean Chrysostome avec la reprise du lemme biblique. | 91 = extrait 54cd'Olympiodore avec la reprise du lemme biblique. | 92 = extrait 55 d'Olympiodore.

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Chaîne abrégée

cccc Kai; ou|toi oujk eijsi; qeoiv: tou'to ga;r to; deino;n ajll j ejpeidh; e[lacon

e[cousin, ouj protrevpwn de; levgei ajll j ejntrevpwn kai; kathgorw'n tau'ta.

yyyy TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: jEpi; tw'n ajtovpwn kai; ta; a[yuca levgomen

Jejxivstasqai j kaq j uJperbolhvn. Tosauvth fhsi;n hJ kakiva wJ" mh; ajnqrwvpou"

movnon, ajlla; kai; aujta; ta; ajnaivsqhta ejkplh'xai.5

Lao;n de; eJautou' to;n jIsrah;l kaivper hJmarthkovta kalei' h] dia;

filanqrwpivan h] dia; th;n ejx ajrch'" merivda h] uJpo; tou' e[ti fivltrou.

Kai; pantacou' prostivqhsi to; levgei Kuvrio" i{na mh; nomivsh/ ti" tou'

profhvtou th;n kathgorivan ei\nai.

Phgh; de; zw'nto" u{dato" oJ Qeo;" pavnta ajnabluvzwn ta; ajgaqav: h}n10

ajfevnte", tivna ei[lonto …

To; ga;r w[ruxan tou'to dhloi' wJ" ou[te par j eJtevrwn labovnte", oujde;

oi[koqen e[contev" ti ajgaqovn, ejn divyei ei{lonto mevnein dihnekei', mavthn

ponhvsante" kai; ojruvxante".

jAAAAppppoooolllliiiinnnnaaaarrrriiiivv vvoooouuuu:::: [Allo" de; lavkkou" suntetrimmevnou" kalei' tou;" daivmona",15

mhvte i[dion e[conta" kalovn, mhvte to; para; Qeou' fulavxanta", ou}"

ojruvssein levgetai oJ aujqairevtw" eij" eJauto;n ejpispwvmeno": h] kai; aujtav

fhsi ta; ei[dwla th;n uJpovstasin ejx u{lh" kai; tevcnh" ejranizovmena: to;

ga;r ejk touvtwn kavllo", oJ crovno" ajfairei'tai.

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Eijpw;n de; o{ti ouj duvnantai oiJ lavkkoi, levgei loipo;n th;n20

ajpovdeixin. Povqen ga;r a[lloqevn fhsi dou'loi gegovnasin … oujci; ajpo;

touvtwn … Mononouci; ajpologei'tai o{ti aujtoi; eJautoi'" ai[tioiv eijsin: ouj ga;r

1 Kai; — qeoiv L : om. F || tou'to — 2 tau'ta : hoc comm. post comm. tttt transp. F || e[lacon L :e[legcon F || 3 Tou' Crusostovmou L : jIwavnnou F || 4 fhsi;n L : om. F || 1 3 e[contev" L Fmg : om. F || 1 5 jApolinarivou F : om. L

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11

Traduction de la chaîne abrégée

(23) Et ces dieux n’en sont pas. Car < les dieux > sont une chose terrible, mais

pourtant, puisque < les nations > en ont hérité, elles les ont. Et il ne dit pas cela en

les exhortant, mais en leur faisant honte et en les accusant.93

(24) Chrysostome : Quand il s’agit de choses absurdes, nous disons que même

les êtres inanimés "sont hors d'eux" de manière hyperbolique. Le mal est si grand,

dit-il, qu’il frappe non seulement les hommes, mais aussi les éléments insensibles

eux-mêmes.94

Il appelle Israël son peuple, même s’il a péché, soit par amour pour les hommes,

soit parce qu’il est sa part depuis le début, soit à cause de l’affection qu’il lui porte

encore.95

Et il ajoute partout dit le Seigneur, afin que personne ne pense que c’est le

prophète qui accuse.96

Dieu est source d’eau vivante parce qu’il fait jaillir tous les biens : puisqu’ils l’ont

abandonnée, qui ont-ils choisi ?97

En effet, ils ont creusé montre que n'ayant reçu des autres et n’ayant en propre

aucun bien, ils ont choisi de rester dans une soif continuelle après avoir peiné et

creusé en vain.98

Apolinaire : Et un autre99 appelle citernes brisées les démons, puisqu'ils n’ont pas

de beauté propre et n’ont pas gardé ce qui vient de Dieu, citernes que creuse, dit-

on, celui qui est attiré volontairement vers soi-même100. Ou encore il veut dire101

les idoles elles-mêmes qui mendient leur substance au bois et à l’art, car la beauté

qui vient de ceux-ci, le temps la détruit.102

Jean : Après avoir dit que les citernes ne peuvent pas < retenir l’eau >, il dit

ensuite pourquoi. En effet, à cause de quoi d’autre, dit-il, sont-ils devenus

esclaves ? N’est-ce pas à cause de cela ? Peu s’en faut qu’il plaide qu’ils sont

responsables d’eux-mêmes, car ils ne se comportaient pas ainsi depuis le début,

93 Résumé de l'extrait 57 de Jean Chrysostome avec la reprise du lemme biblique. | 94 = extrait 59ade Jean Chrysostome sans la dernière phrase. | 95 Amalgame entre la fin de l'extrait 59b deThéodoret et le début de l'extrait 61a de Jean Chrysostome. | 96 = extrait 60 de Jean Chrysostomeavec l'ajout de prostivqhsi et de Kuvrio" dans le lemme biblique cité. | 97 Résumé de la fin del'extrait 62a de Jean Chrysostome. | 98 Résumé de l'extrait 63a de Jean Chrysostome avec la reprisedu lemme biblique. | 99 Le groupe initial a[llo" de; est un ajout par rapport à la chaîne intégrale.100 Le singulier est propre à l'abrégé : le groupe apparaît au pluriel dans la chaîne intégrale. | 101 Leverbe est au pluriel dans la chaîne intégrale. | 102 = extrait 63b d'Apolinaire avec les variantessignalées, ainsi que l'omission d'un ti, du verbe e[cei et de probaivnwn, le remplacement d'un kai;mh; par mhvte. Cf. aussi extrait sur Jr 2, 13 dans la chaîne à deux auteurs.

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12

Chaîne abrégée

ejx ajrch'" toi'outoi ajll j eJautoi'" th;n douleivan ejpespavsanto.

JW" a]n eij ajnakaloumevnou: povqen soi tau'ta gevgone … kai; katevpaixavn sou

oiJ polevmioi oiJ pavlai dia; se; tosau'ta paqovnte", eij mh; ejme;

ejgkatevlipe" …

]H kai; ou{tw": mh; dou'lov" ejstin jIsrahvl … ajnti; tou': « mh; wJ" douvlou5

katefrovnoun … oujci; ejn tavxei tou'ton ei\con uiJou' … »

wwww jjjjIIIIssssiiiiddddwwwwvvvvrrrroooouuuu PPPPhhhhlllloooouuuussssiiiiwwwwvvvvttttwwww////:::: Kai; nu'n tiv soi kai; th/' ojdw/' Aijguvptou … oJ

profhvth", ma'llon de; di j ejkeivnou oJ Qeo;" pro;" to;n palivnstrofon laovn:

« Tiv soi kai; th/' sugcuvsei h|" ajpallavgh" c e i r i; k r a t a i a/' k a i;

b r a c iv o n i uJ y h l w/' … ».10

aaaa jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: J Ghw;n j oJ Nei'lo", u{dwr de; tw'n Aijguptivwn hJ

poluvqeo" aujtw'n kai; mataiva plavnh.

bbbb TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: {Udwr potamw'n: potamoi; oiJ polueidei'" th'" kakiva"

trovpoi kai; ejpi; ejkatevrwn de; ajmfovtera e[sti noei'n.

To; de; paideuvsei se hJ ajpostasiva sou deivknusin wJ" iJkano;n eij" paideivan15

to; ajposth'nai Qeou'.

gggg TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: Pantacou' pavnte" tou'to ejgkalou'sin o{ti

parevnte" to;n Qeo;n kalei'n eij" summacivan tou;" ejcqrou;" ejpespw'nto kai;

aujtou;" ei\con fivlou": tiv ou\n ejkarpwvsw …

dddd TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: Zhlovtupov" ejstin oJ Qeo;" kai; ajganaktei' plevon20

mavlista o{tan mh; aujtou' creivan e[cwmen kai; eij" ajnavgkhn kaqivsthsin

w{ste creivan aujtou' e[cein dia; pantov". Ou{tw" hJmw'n ejra/' kai; ejpiqumei'

sfovdra parevcein: ka]n ejterov" ti" dw'/ th;n cavrin, ajganaktei' kai; doqei'san

ajnatrevpei.

4 post ejgkatevlipe" add. ejkei'noi kai; ejpi; blavbh/ paramevnousi, uJmei'" de; ejp jwjfeleiva/metaphda'te F || 5 ]H — tou' L : om. F || 7 Kai; — Aijguvptou L Fmg : om. F || ojdw/' L : gh'/ F || 1 2kai; mataiva L : om. F || 1 3 {Udwr potamw'n F : om. L || 1 5 To; — wJ" L : om. F || post iJkano;n add.ga;r F || 1 7 Tou' Crusostovmou L : jIwavnnou F || Tou' — 19 ejkarpwvsw L : post duo comm.sequentes transp. F || 2 0 Tou' Crusostovmou L : om. F

Page 680: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

12

Traduction de la chaîne abrégée

mais ils ont été attirés d'eux-mêmes vers l’esclavage.103

Comme s’il les rappelait : « Comment cela t'est-il arrivé et comment les ennemis

qui autrefois par toi ont subi un tel sort se sont joués de toi, si ce n'est parce que tu

m’as abandonné ?104

Ou encore ainsi : est-ce un esclave qu’Israël ? au lieu de : « est-ce que je l’ai

méprisé comme un esclave et ne l’ai pas mis à la place du fils ? »105

(25) Isidore de Péluse : Et maintenant qu’y a-t-il entre toi et le chemin

d’Égypte ?106 dit le prophète ou plutôt Dieu à travers lui au peuple inconstant107 :

« Qu’y a-t-il entre toi et la confusion dont tu as été délivré par une main

puissante et un bras levé108? »109

(1’) Olympiodore : Le "Geôn", c’est le Nil, mais l’eau des Égyptiens, c’est leur

vaine errance polythéiste.110

(2’) Le même : L’eau des fleuves : les fleuves, ce sont les multiples apparences

de la méchanceté et il est possible de comprendre l’une et l’autre d’après

chacune.111

Ton éloignement t’éduquera montre qu'il est suffisant pour l’éducation de se tenir

loin de Dieu.112

(3’) Chrysostome : Tous partout < vous > font ces reproches : après avoir

renoncé à appeler Dieu à l'alliance, ils ont fait alliance avec les ennemis et les

prenaient pour amis. Qu’as-tu donc cueilli comme fruit ?113

(4') Chrysostome : Dieu est jaloux et il s’irrite d'autant plus quand nous

n’avons pas besoin de lui et il nous met dans la nécessité de telle sorte que nous

ayons toujours besoin de lui. C’est ainsi qu’il nous aime et il désire fortement

nous faire des dons et si quelqu’un d’autre nous procure la grâce, il s’irrite et

annule la faveur donnée.114

103 = extrait 64a de Jean Chrysostome, avec une phrase en moins au centre de l'extrait. Le sujetpluriel de la fin du passage est propre à l'abrégé : c'est un singulier dans la chaîne intégrale.104 Amalgame et résumé des extraits 66a de Jean Chrysostome, 66b de Victor et 67 de JeanChrysostome. | 105 Récriture d'un extrait de la chaîne à deux auteurs sur Jr 2, 14. | 106 Le lemmebiblique est un peu différent de celui qui est donné dans l'extrait de la chaîne intégrale. | 107 Legroupe est déplacé par rapport à l'extrait de la chaîne intégrale. | 108 Expression biblique fréquente,cf. par exemple Dt 4,34, etc. | 109 = extrait 68b d'Isidore de Péluse avec les deux variantessignalées. | 110 = extrait 69a d'Olympiodore avec l'ajout du groupe kai; mataiva. | 111 = extrait 70d'Olympiodore avec l'omission de jAssurivwn. | 112 = extrait 72 d'Olympiodore avec la reprise dulemme biblique et la variante to; ajposth'nai pour to; e[xw Qeou' genevsqai. | 113 Résumé du débutde l'extrait 68a de Jean Chrysostome avec l'ajout de la question à la fin : tiv ou\n ejkarpwvsw …114 = Deuxième partie de l'extrait 68a de Jean Chrysostome. La dernière phrase est amputée d'uneproposition.

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13

Chaîne abrégée

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: To; de; ajp j aijw'no" h] ajnevkaqen h] ejx ou|per ejmoscopoivhsan

h] di j o{lou tou' bivou kata; tov: « JO aijw;n hJmw'n eij" fwtismo;n tou'

protevrou ». Mh; nomivsh/" fhsi; newtevrwn se aJmarthmavtwn eijspravttesqaiv

me divka". [Anwqen h\" a[xio" tau'ta paqei'n, ajll j uJphvnegka kai; o{mw" oujdevn

se ejpaivdeusen. jAfivhmi ou\n se dia; tw'n pragmavtwn swfronisqh'nai.5

J Zugo;n j de; th;n qeivan nomoqesivan kalei' h|" ajfhniavzwn bounou;" kai; a[lsh

tou' Qeou' proetivma" diavcusin porneiva" zhtw'n kai; oujc aJplw'" a[nesin.

{Ina de; mh; nomivsh" tau'ta ajpo; kakiva" genevsqai fusikh'" ejphvgagen: ejgw;

ejfuvteusav se a[mpelon.

hhhh BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: Tiv" ga;r duvnatai laqei'n Qeo;n ka]n10

ajrnhvshtai … Ta; touvtwn de; kaka; prodhvlw" ejgevneto. J Poluavndrion j dev

fhsin ejntau'qa ta;" nekuomanteiva" a}" ejpoivoun kai; ta;" tw'n ojneivrwn

aijthvsei". \Hn dev fasin ejn proasteivoi" jIerousalh;m e[nqa kai; ta; swvmata

tw'n paivdwn ejpi; tou' Manassh' katwruvgh. J JOdou;" j de; nu'n ta;" pravxei"

fhsivn. jAkuvla" de; kai; Suvmmaco" ajnti; tou' J poluandrivou j J favragga j o}15

th'" jIerousalh;m th;n ptw'sin dhloi'.

eeee Oujk e[cei" ejgkalevsai tw/' gewrgw/'. Su; ejstravfh" kai; metaboliva":

rJa'/sta ga;r ta; kaka; kai; ouj kata; fuvsin, ajlla; paratrophvn.

jEmh; th/' plavsei, oujk ejmh; toi'" e[rgoi", oi|on hJ proairetikw'" eJauth;n

ajllotriwvsasa Qeou': meta; ga;r to; strafh'nai ajllotriva.20

2 tou' protevrou L : om. F || 6 qeivan L : om. F || 1 5 tou' L : om. F

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13

Traduction de la chaîne abrégée

Théodoret : Depuis toujours soit depuis le commencement, soit à partir du

moment où ils ont fabriqué le veau, soit durant toute la vie comme : « Notre

éternité à la lumière du premier »115. Ne pense pas, dit-il, que je te fais expier des

péchés de jeunesse. Depuis le commencement, tu méritais d’avoir ce sort, mais je

l’ai supporté et cependant rien ne t’a éduqué. Je te laisse donc trouver la sagesse à

travers les événements.116

Et il appelle "joug" la législation divine et rétif à celle-ci, tu as préféré les collines

et les bois à Dieu en recherchant l’éparpillement de la prostitution et non

simplement du repos.117

Mais pour que tu n'ailles pas penser que cela vient d’une méchanceté naturelle, il

a ajouté : moi, je t’avais planté comme une vigne.118

(8’) Victor le prêtre : En effet, qui peut agir à l’insu de Dieu même s'il nie ?

Leurs actes mauvais sont devenus évidents. Mais "foule de mâles" veut dire ici les

divinations par l'évocation des morts qu'ils ont faites et les interrogations des

songes. Et il y avait, dit-on, dans les faubourgs de Jérusalem, un endroit où

précisément les corps des enfants ont été ensevelis du temps de Manassé.

"Chemins" veut dire maintenant les actes. Aquila et Symmaque ont "ravin" au lieu

de "foule de mâles", ce qui désigne la chute de Jérusalem.119

(5’) Tu ne peux pas faire de reproche au cultivateur. Tu as tourné et c'est le

propre de l'échange, car les actes mauvais sont très faciles et ils ne viennent pas

naturellement, mais par un détournement.120

Elle est mienne par la création, elle n’est pas mienne par les actes, comme celle

qui s’est rendue volontairement étrangère à Dieu, étrangère en effet après s’être

tournée.121

(8’) Olympiodore : "Foule de mâles", c’est le tombeau : soit donc ils ont fait sur

les tombeaux des choses qui ont plu aux démons comme des infanticides, soit

115 Ps 89,8. Il faut signaler le problème de la variante tou' protevrou pour tou' proswvpou dans lesmanuscrits bibliques. Cette variante n'est pas signalée dans les éditions. L'erreur est peut-être àmettre sur le compte du copiste de L. Le manuscrit F omet le complément de fwtismovn.116 Résumé de l'extrait 75b de Théodoret. | 117 Amalgame et résumé des extraits 76ad'Olympiodore, 76b, 77 et 78a de Jean Chrysostome. | 118 Récriture de la première phrase del'extrait 79a de Jean Chrysostome avec l'ajout du lemme biblique. | 119 = extrait 83b de Victor avecl'ajout du relatif a}" et de l'article th;n avant ptw'sin. | 120 Récriture de l'extrait 80a de JeanChrysostome. | 121 Amalgame et résumé des extraits 80b de Jean Chrysostome et 81d'Olympiodore.

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14

Chaîne abrégée

hhhh jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: J Poluavndrion j oJ tavfo": h] ou\n tina e[pratton ejn

toi'" tavfoi" ajresta; toi'" daivmosin oi|on teknoktoniva", h] o{ti kai; aujtoi;

tavfoi kekoniamevnoi h\san ejn uJpokrivsei th'" ajlhqeiva" to; yeu'do"

metadiwvkonte".

zzzz jErastou' hjdikhmevnou ta; rJhvmata: pw'" ejrei'": oujk ejmiavnqhn …5

Megivston aJmavrthma ejpi; tw'n e[rgwn parabaivnonta" ejpi; tw'n lovgwn

ajrnei'sqai.

{Wsper de; pro;" gunai'ka mequvousan kai; oujk eijdui'an a} e[praxen ou{tw

dialevgetai pantacou' tou'to spoudavzwn maqei'n aujth;n ta; aJmarthvmata: ouj

ga;r ou{tw sfodro;" oJ diavbolo" hJmi'n pro;" to; aJmartei'n wJ" pro;" to; mh;10

sunidei'n i{na ejpimevnwmen aJmartavnonte": profhvth" oJ Daui;d ajll j oujk

ejpevgnw aJmartwvn.

qqqq JW" ojrgizovmeno" pro;" e[teron ajpostrevfei to;n lovgon. {Oper jAkuvla"

kai; Suvmmaco" « ajselgw'" ejlavlhsen » ejxevdwkan, povrnhn aujth;n ei\nai

shmaivnonte".15

Kai; oujk ejnekaluvyato wJ" aJmartavnousa, ajlla; meta; ajdeiva" pollh'" e[spa

ta; u{data th'" ejrhvmou, h[toi ajsevbeian eijdwlolatreivan.

kkkk TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: Tiv ejstin jAndriou'mai … ajnti; tou': th/' filoneikiva/

ejpimenw'.

kkkk BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""":::: To; ajndriou'mai th;n ejn kakoi'" ajnaidh' filoneikivan dhloi':20

oJ de; jAkuvla" ejxevdwken « ajpevgnwn sou », h[goun: « ajphvlpisa », th;n ejk

Qeou' shmaivnwn ajpovstasin.

iiii TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: JOdou;" traceiva" ta; ei[dwla levgei kai; J divyo" j

deiknu;" o{ti oujde; hJdonh;n to; pra'gma e[cei: poiva ga;r hJdonh; quvein uiJouv" …

1 jOlumpiodwvrou — 4 metadiwvkonte" L Fmg : om. F || 2 toi'"2 L : om. F || 4 post metadiwvkonte"add. notam aliam bebammevnh th/' kakiva/ F || 1 4 povrnhn aujth;n L : non legitur F || 1 8 Tou'Crusostovmou L : jIwavnnou F || Tou' — 19 ejpimenw' L : post duo comm. sequentes transp. F || 2 0Bivktoro" — 22 ajpovstasin L : porro transp. F || 2 2 post ajpovstasin add. o{te et comm. llll F || 2 3Tou' Crusostovmou L : jIwavnnou F

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14

Traduction de la chaîne abrégée

parce qu'eux-mêmes étaient des tombeaux blanchis à la chaux122 étant donné qu'ils

poursuivaient le mensonge sous l'apparence de la vérité.123

(7’) Ce sont les mots d’un amoureux trompé : Comment diras-tu : je ne me suis

pas souillée ? C’est le pire des péchés que de commettre une transgression par ses

actes et de nier par ses paroles.124

C’est comme à une femme ivre et qui ne sait pas ce qu’elle a fait qu’il s’adresse

en s’efforçant partout de faire en sorte qu’elle se rende compte de ses péchés, car

le diable n’est pas aussi fort que nous pour pécher qu’il ne l’est pour ne pas

prendre conscience du péché, afin que nous continuions à pécher. Le prophète

David pourtant n'a pas reconnu qu’il avait péché.125

(9’) Comme s'il se mettait en colère, il adopte un autre discours. Ce qu’Aquila et

Symmaque ont rendu par : « Elle a parlé de manière impudique »126, signifiant

qu’il s’agissait d'une prostituée.127

Et elle n’a pas été découverte en train de pécher, mais c'est dans une grande

impunité qu'elle attirait les eaux du désert, c’est-à-dire l’impiété, l’adoration des

idoles.128

(11') Chrysostome : Qu’est-ce que Je serai forte comme un homme ? c’est au

lieu de : « Je persévererai dans la jalousie ».129

(11') Victor : Je serai forte comme un homme montre la jalousie effrontée dans

les actes mauvais. Mais Aquila a rendu par : « j’ai renoncé à toi », c’est-à-dire :

« j’ai désespéré », signifiant l’éloignement par rapport à Dieu.130

(10') Chrysostome : Par chemins raboteux, il veut dire les idoles, montrant aussi

par "la soif" que la situation ne procure pas même de plaisir : quel plaisir y a-t-il

en effet à sacrifier ses fils et qu’est-ce qui est plus raboteux que ces ordres ? Quel

plaisir y a-t-il à se couper et à se blesser les mains ?131

122 Cf. Mt 23, 27 : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous ressemblez àdes tombeaux blanchis, qui paraissent beaux au-dehors, et qui, au-dedans, sont pleins d'ossementsde morts et de toute espèce d'impuretés ». | 123 = extrait 84b d'Olympiodore avec l'ajout du groupeoi|on teknoktoniva". | 124 = deuxième partie de l'extrait 83a de Jean Chrysostome. | 125 Résumé del'extrait 85a de Jean Chrysostome se présentant ainsi : début de l'extrait + fin de l'extrait.L'exemple du péché de David, qui apparaît au milieu de l'extrait de la chaîne intégrale, n'est pasrepris à la même place et dans son intégralité, mais est seulement évoqué dans une dernière phrasesupplémentaire. | 126 Variante signalée par J. Ziegler d'après la Syro-Hexaplaire et le Barberinianusgr. 549. La présence de cette variante dans la chaîne sur Jérémie n'est pas évoquée. | 127 Résumé del'extrait 85b de Victor. La récriture fait l'ellipse de la citation d'Osée, ce qui rend la varianted'Aquila et Symmaque totalement incongrue. | 128 Résumé de l'extrait 86a de Jean Chrysostome.129 = fin de l'extrait 94 de Jean Chrysostome. | 130 = début de l'extrait 95 de Victor. | 131 Résumé del'extrait 92a de Jean Chrysostome.

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Chaîne abrégée

kai; tiv touvtwn tracuvteron tw'n ejpitagmavtwn … poiva de; hJdonh; tou'

katatevmnesqai kai; aiJmavttein ta;" cei'ra" …

Tiv" ou\n oujk a]n fuvgh/ tracei'an oJdo;n kai; ajpostaivh divyou" … aujth; de;

oujde; meta; paraivnesin th;n ajpo; tw'n lovgwn, ajll j ei\pen ajndriou'mai, ajnti;

tou': ouj bouvlomai, ajrkw' ejmauth/'.5

llll BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""":::: Mhdemivan ejn tai'" sumforai'" para; tw'n eijdwvlwn

ejpikourivan euJrou'sa kataiscunqhvsetaiv fhsin kata; to;n tauvthn

hjpathkovta diavbolon klevpthn ajllotrivwn o[nta yucw'n h] o{ti th;n mh;

proshvkousan aujth/' creivan uJfeivleto.

Toutevstin wJ" oJ peri; aujtofwvrw/ lhfqei;" ajrnhvsasqai th;n klepth;n ouj10

duvnatai ou[te ou|toi th;n eijdwlolatrivan.

mmmm JOra/'" o{son ajgaqo;n ta; kaka; o{tan Qeo;n ejpiginwvskein poih'/ … JOra/'"

o{ti para; rJa/qumivan hJ plavnh …

Pavlin de; o[neido" aujtw'n to; ei\nai poihta;" qew'n.

nnnn TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu: Yilw'" ejdovkoun eu[cesqai tw/' Qew/' ta; tw'n15

eijdwvlwn aiJrouvmenoi: dio; lalia;n aujtw'n ejkavlese th;n eujch;n kata; tov: « JO

lao;" ou|to" toi'" ceivlesiv me tima/', hJ de; kardiva aujtw'n povrrw ajpevcei ajp

j ejmou' ».

To; ajnavlghton de; aujtw'n kai; ajnepivstrofon deiknuv", mavthn, fhsivn,

ejpavtaxa ta; tevkna uJmw'n.20

Ouj tou;" aJmartavnontav", fhsivn, ajnei'lon, ajlla; tou;" pai'da", w{ste mh; tw/'

qanavtw/ th;n wjfevleian th'" metanoiva" uJmw'n prosanelei'n.

jAll j oujk e[dei ta; paidiva ajlla; tou;" ajpatw'nta" uJma'" profhvta": kai;

tou'to ejpoivhsav fhsin kai; oujc aJplw'" oujde; koinw/' qanavtw/ i{na mhv ti" th/'

5 tou' L : om. F || ejmauth/' L : eJauth/' F || 6 ante Mhdemivan transp. comm. kkkk BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" F || 7 fhsinL : om. F || 1 0 Toutevstin — 11 eijdwlolatrivan F : om. L || 1 5 Tou' Crusostovmou L : jIwavnnou F

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15

Traduction de la chaîne abrégée

Qui donc ne fuirait pas un chemin raboteux et ne s’éloignerait pas de la soif ? Et

elle, elle ne le fait pas même après l'exhortation en paroles, mais elle a dit : Je

serai forte comme un homme, au lieu de : « je ne veux pas, je me suffis à moi-

même »132.

(12') Victor : N'ayant trouvé aucun secours dans les malheurs auprès des idoles,

elle aura honte, dit-il, que le diable, voleur des âmes d'autrui, l’ait trompée ou de

ce qu’il a dérobé le nécessaire qui ne lui convenait pas.133

C’est-à-dire : de même que celui qui a été pris en flagrant délit ne peut nier qu’il

est le voleur, eux ne peuvent nier l’adoration des idoles.134

(13') Vois-tu quel grand bien donnent les actes mauvais quand ils nous mènent à

reconnaître Dieu ? Vois-tu que l’errance est liée à la paresse ?135

À nouveau, on leur reproche d’être des créateurs de dieux.136

(14’) Chrysostome : Ils croyaient faire une simple prière à Dieu alors qu’ils

choisissaient le parti des idoles ; c’est pourquoi Il a appelé leur prière bavardage

selon < la parole > : « Ce peuple m’honore du bout des lèvres, mais leur cœur

s’éloigne de moi »137.

Montrant leur insensibilité et leur indifférence, Il dit : c’est en vain que j’ai frappé

vos enfants.138

Ce ne sont pas les pécheurs, dit-Il, que j’ai anéantis, mais leurs enfants, afin de ne

pas anéantir par la mort le bénéfice de votre repentir.139

Or il ne fallait pas tuer les petits enfants, mais les prophètes qui vous trompent et,

dit-Il, ce n'est pas sans intention, ni par une mort commune que j'ai agi, afin que

personne ne mette cela au compte de la nature, mais par l’épée, afin qu’ils

apprennent que la colère est venue de Dieu et vous, dit-Il, même ainsi, vous n’êtes

132 Récriture de l'extrait 94 de Jean Chrysostome, avec, à la place de la dernière phrasecorrespondant à l'explication de ajndriou'mai, un ajout provenant de l'extrait 96a d'Olympiodore.133 = deuxième partie de l'extrait 95 de Victor avec les variantes euJrou'sa pour ejpitucou'sa etcreivan pour latreivan. Le manuscrit F ne scinde pas en deux l'extrait, mais le donne en entieraprès l'extrait de Jean Chrysostome sur les chemins raboteux dans la section 10. | 134 Résumé del'extrait de Jean Chrysostome sur Jr 2, 26 présent dans la chaîne à deux auteurs et dans la traditiondirecte du Commentaire sur Jérémie. | 135 = début de l'extrait 99 de Jean Chrysostome. Laponctuation des manuscrits de la chaîne abrégée est nette : il s'agit de phrases interrogatives. Laponctuation est hésitante en revanche dans les manuscrits de la chaîne intégrale. | 136 Récriture dela première phrase de l'extrait 100 de Jean Chrysostome. | 137 Is 29,13 ; = extrait anonyme 101bavec l'omission de ga;r et la variante ajpevcei pour ajfevsthken. | 138 Passage original. | 139 = débutde l'extrait 102 de Théodoret.

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Chaîne abrégée

fuvsei tou'to logivshtai, ajlla; macaivra/ i{na mavqwsin o{ti ajpo; Qeou'

gevgonen hJ ojrghv: kai; uJmei'" dev, fhsivn, oujde; ou{tw" ejswfronivsqhte.

Oujk ei\pen: « ouj swvsw se », ajlla; pevmpei aujth;n eij" tou;" timhqevnta".

xxxx jjjjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: Kaqovlou me;n oujdeni; e[rhmo" Kuvrio" « ajnatevllwn to;n

h{lion ejpi; ponhrou;" kai; ajgaqouv" », oujde; gh' kecerswmevnh « brevcwn ejpi;5

dikaivou" kai; ajdivkou" ». jIdikw'" de; oujk e[rhmo" tw/' jIsrah;l tosau'ta di

j aujto;n ejn Aijguvptw/ qaumatourghvsa". jEntreptikw'" ou\n tou'tov fhsin:

« Mh; toi'" eijdwvloi" oJmoivw" ajnovnhto" aujtoi'" gevgona, ou| cavrin th;n ejmh;n

ajpevdrwn despoteivan kaivtoi kai; ajpostavnte" ejmou' kovsmou kai; dovxh"

eJautou;" ajpestevrhsan ».10

TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: {Ina ga;r mh; levgwsin o{ti ajgaqw'n me;n ajpelauvomen, ejn

ajtimiva/ de; h\men. {Wsper, fhsivn, th/' numfh/' kovsmo", ou{tw kajgw; tw/' law/',

w{ste duvskolon h\n to; ejpilaqevsqai.

oooo jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Tiv e[ti kalo;n ejpithdeuvsei" … Yuch; ajfistamevnh ajpo;

tou' ajlhqinou' Qeou', oujk ajnecomevnh ei\nai a[qeo", qeou;" eJauth/' tou;" mh;15

o[nta" peripoiei'tai ejnteu'qen eJauth/' paravklhsin peripoioumevnh. Oujc

ou{tw", ou\n fhsin, toutevstin: ouj dunato;n ei\naiv tisin ejk tw'n

yeudwnuvmwn qew'n kai; mataivwn tai'" eJautw'n yucai'" paravklhsin

ejfeurei'n.

pppp TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu kkkkaaaaiiii;; ;; QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: jEponhreuvsw, toutevstin:20

ajkavqarto" genevsqai filoneivkw" ejspouvdaze", ou{tw pavnta pepoivhka",

ta[lla de; katalipw'n. {Ora poi'on tivqhsi kai; ejn cersiv sou euJrevqh ai{mata

kai; eJxh'".

Tou'to kai; dia; jIezekihvl: « Tou'to uJpe;r pa'san th;n ponhrivan sou », o{ti

tou;" uiJou;" e[quon kai; th;n fuvsin ejxepolevmwsan pro;" eJautouv". Kai; to;25

deino;n oujde; lavqra/ oujde; novmw/ lhsteiva", ajlla; trovpw/ eujsebeiva" ejdra'to

ta; deina; kai; proschvmati qusiva" aiJ miaifonivai.

2 kai; L : om. F || 3 Oujk — timhqevnta" F : om. L || 4 ante Kaqovlou add. mh; e[rhmo" ejgenhvqh F ||1 0 eJautou;" L : aujtou;" F || 1 1 Tou' Crusostovmou L : om. F || 1 4 jOlumpiodwvrou F : om. L || 1 7tisin L : om. F || 1 8 kai; — 19 ejfeurei'n L : th/' yuch/' paravklhsin F || 2 0 Tou' — Qeodwrhvtou L :jIwavnnou F || jEponhreuvsw L : om. F

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16

Traduction de la chaîne abrégée

pas devenus sages.140

Il n’a pas dit « je ne te sauverai pas », mais Il l’envoie vers ceux qui ont été

honorés.141

(15’) Origène : D’un point de vue universel, le Seigneur n’est pour personne un

désert « lui qui fait lever le soleil sur les mauvais et les bons »142 ; Il n’est pas non

plus une terre en friche « lui qui fait pleuvoir sur les justes et les injustes »143. Et

d’un point de vue particulier, Il n’est pas un désert pour Israël, puisqu’Il a

accompli des miracles immenses à cause de lui en Égypte. Il dit donc de manière à

provoquer un sentiment de honte : « Suis-je devenu vain pour eux comme les

idoles, c’est pourquoi ils ont fui ma domination et parce qu’ils étaient éloignés de

moi, ils se sont privés de ma parure et de ma gloire.144

Chrysostome : Afin en effet qu’ils ne disent pas : « nous profitions des biens,

mais nous étions dans le déshonneur ». Comme une parure pour la fiancée, dit-il,

ainsi étais-je, moi, pour le peuple, de telle sorte qu’il était difficile de

m’oublier.145

(16’) Olympiodore : À quoi de beau t’affaireras-tu encore ? Une âme qui

s’éloigne du vrai Dieu, parce qu’elle ne supporte pas d’être sans dieu, se procure

des dieux qui n’en sont pas, se procurant par là une consolation. Pas de cette

manière, dit-il alors, c’est-à-dire : il n’est pas possible qu’ils trouvent une

consolation pour leur âme auprès de certains des dieux mensongers et vains.146

(17') Chrysostome et Théodoret: Tu as fait le mal, c’est-à-dire : tu t’es efforcée

jalousement de devenir impure147, tu as tout fait ainsi, mais après avoir abandonné

le reste ; vois comment il met : Et sur tes mains ont été trouvées des traces de

sang, etc.148

Cela aussi par Ézéchiel : « Ceci dépasse toute ta méchanceté »149, parce qu’ils

sacrifiaient leurs fils et ont dressé leur parenté contre eux-mêmes. Et le pire, c’est

que ce n’est pas même en cachette ni à la façon d’un larcin, mais à la manière

d’une action pieuse qu’il commettait les horreurs, et les meurtres < étaient

140 Récriture de l'extrait 103a de Jean Chrysostome avec, entre autres variantes, l'ajout de : kai;uJmei'" dev, fhsivn, oujde; ou{tw" ejswfronivsqhte. | 141 Passage original. | 142 Mt 5, 45. | 143 Mt 5,45. | 144 Trois phrases tirées de l'extrait 104a d'Origène. | 145 Résumé de l'extrait 106 de JeanChrysostome. | 146 = extrait 107b d'Olympiodore. La fin de l'extrait est un peu différente dans L etF (cf. apparat). La fin de F est conforme au texte de la chaîne intégrale. | 147 = première phrase del'extrait 108b de Théodoret avec la reprise du lemme biblique. | 148 Récriture de l'extrait 108a deJean Chrysostome. Ce qui est commun avec l'extrait de Théodoret n'est pas répété. | 149 Cf. Ez 16,22.

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17

Chaîne abrégée

rrrr TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: To; mavlista th;n qeivan ejkkai'on ojrghvn ejsti to;

peri; ta; aJmarthvmata ajnaivscunton kai; to; mhde; ejpiginwvskein

plhmmelou'nta ajll j ajnaidw'" ajrnei'sqai.

Tiv levgei", fhsivn, mavthn ojrgivzomaiv soi … oujkou'n ajpologou'mai uJpe;r

ejmautou'.5

Oujk ei\pen de; kathgorw' sou, ajlla; krivnomai prov" se ejmautw/' sundikw'.

Oujde; tou'to d j a]n ejpoivhsa, fhsivn, eij mh; tou'to e[lege": ajqw'/ov" eijmi,

w{ste suv me katevsthsa" eij" th;n ajnavgkhn tauvthn th'" divkh".

jEpi; toi'" protevroi" ga;r mh; eujqunqei;" aJmarthvmasi, toi'" aujtoi'" ejpevqou

pavlin kai; oujde; tou'to e[gklhma a]n ejqevmhn, eij mh; toi'" aujtoi'" ejpeceivrei"10

oujk ejk tou' nika'sqai pavqesin, ajll j ejk tou' rJa/qumei'n. JOra'/" wJ" ouj to;

aJmartavnein paroxuvnei Qeovn, ajlla; to; toi'" aujtoi'" peripivptein kai;

katafronei'n.

Deutevra ga;r aJmartiva th'" protevra" hJ a[rnhsi" tw/' ptaivsanti th;n i[asin

ajpokleivousa.15

Ouj th'" Aijguptivwn de; h] jAssurivwn ajgnwmosuvnh" to; sfalh'nai aujth;n th'"

ejlpivdo" th'" ejp j aujtoi'", ajlla; th'" tou' Qeou' ejgkataleivyew" to; pa'n

gevgone.

Sch'ma de; penqouvntwn to; ta;" cei'ra" e[cein ejpi; kefalh'".

Tiv de; bouvletai to; uJpovdeigma tov: eja;n ajposteivlh/ ajnh;r th;n gunai'ka kai;20

eJxh'" … o{ti o{per ajnh;r oujk ajnevcetai, tou'to hjnescovmhn ejgwv: gignomevnai"

uJmi'n ajndravsin eJtevroi", pavlin ejkavloun, pavlin ejdecovmhn. Kaivtoi ejkei' tou'

ajndrov" ejstin hJ ajpostolh; misou'nto" aujthvn, ejntau'qa de; th'" gunaiko;" hJ

aijtiva: aujth; ga;r ejgkatevlipen.

Poimevna" de; pollou;" h] yeudodidaskavlou" h] tou;" ajkaqavrtou" daivmona"25

oi|" sunhvfqh dia; th'" eijdwlolatreiva".

1 Tou' Crusostovmou L : om. F || 2 3 post ajpostolh; add. aujtou' F || aujthvn L : om. F || 2 4ejgkatevlipen L : ejgkatevleipen F || 2 5 yeudodidaskavlou" F : yeudodidaskavloi" L

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17

Traduction de la chaîne abrégée

pratiqués > sous prétexte d’un culte.150

(18’) Chrysostome : Ce qui enflamme surtout la colère divine, c’est le fait de ne

pas avoir honte de ses péchés et de ne même pas reconnaître que l’on a fait une

faute, mais de nier impunément.151

Pourquoi dis-tu, dit-Il, c’est en vain que je me mets en colère contre toi ? Eh bien

donc, je me défends moi-même.152

Et Il n’a pas dit : « je te condamne », mais j'entre en jugement contre toi, je plaide

pour moi. Et je n’aurais pas même fait cela, dit-Il, si tu n’avais pas dit : je suis

impie, si bien que c’est toi qui m’as poussé à cette nécessité du procès.153

Car alors que tu n’avais pas rendu de comptes pour tes péchés passés, tu as

récidivé encore et je n’aurais pas même avancé ce grief si tu ne t’étais pas livré

aux mêmes passions non pas parce que tu as été vaincu, mais à cause de ta

négligence. Tu vois que ce n’est pas de pécher qui irrite Dieu, mais de tomber

dans les mêmes péchés et de le dédaigner.154

En effet, le deuxième péché, c’est le reniement du premier qui exclut la guérison

de celui qui a fait un faux pas.155

Ce n’est pas à cause de l’ignorance des Égyptiens ou des Assyriens qu’elle a

perdu l’espoir qu’elle avait en eux, mais c’est parce qu'elle a abandonné Dieu que

tout est arrivé.156

C’est l’attitude de ceux qui sont en deuil que d’avoir les mains sur la tête.157

Mais que veut dire l’exemple : si un homme renvoie sa femme, etc. ? que ce que

précisément un homme ne supporte pas, moi je le supportais ; quand vous étiez à

d’autres maris, je vous appelais encore, je vous recevais encore. Or, là, le renvoi

vient du mari qui éprouve de la haine pour elle, tandis qu'ici c’est la responsabilité

de la femme, car c’est elle qui l’a quitté.158

Et beaucoup de bergers : soit de faux maîtres, soit les démons impurs auxquels

elle s'est unie par l’adoration des idoles.159

150 = extrait 109a de Jean Chrysostome sans la difficile phrase du milieu et avec la variante qusiva"pour aJgisteiva" et l'omission du verbe final ejtolmw'nto. | 151 Récriture de l'extrait 111a de JeanChrysostome. | 152 Résumé de l'extrait 112 de Jean Chrysostome. | 153 Résumé de l'extrait 113a deJean Chrysostome. | 154 Résumé de l'extrait 114a de Jean Chrysostome. | 155 = extrait 114b deThéophile d'Alexandrie avec tw/' ptaivsanti au lieu de tw/' aJmarthvsanti. | 156 Récriture de lapremière phrase de l'extrait 116c de Jean Chrysostome. | 157 Récriture de l'extrait 116a de JeanChrysostome ou du bref commentaire exégétique d'Olympiodore placé sur le même plan que lesvariantes hexaplaires dans la chaîne intégrale : sch/ma tou/to penqiko,n) | 158 Résumé de l'extrait118a de Jean Chrysostome avec la reprise du lemme biblique. | 159 = extrait 119 d'Olympiodoreavec l'ajout de la proposition relative.

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18

Chaîne abrégée

{Ora de; pw'" aujth;n mavrtura poiei'tai tw'n oijkeivwn aJmarthmavtwn.

\Aron dev fhsi tou;" ojfqalmouv" sou eij" eujqei'an, ajnti; tou': ojrqa; blevyon,

sauth/' divkason.

[Ide: pou' oujci; ejxefuvrqh". Pa'sav fhsin oJdo;" kathgorei' sou kai; to;

ajnepivstrofon de; aujth'" dia; th'" korwvnh" dievbale: kai; ga;r oJ kovrax,5

nekrw'n swmavtwn ejrw'n, oujc uJpevstreyen pro;" Nw'e.

Pw'" d j a]n kai; mianqeivh gh' … ajlla; tou'to ei\pen ejpavrai to; pra'gma

boulovmeno" kai; kaq j uJperbolh;n ajpodei'xai kakovn.

Kai; tw/' ejcei'n de; poimevna" fhsi;n pollouv", oujk ejmev, ajlla; sauth;n

e[blaya": su; ga;r hJ ta; deina; paqou'sa.10

Kalei' de; aujth;n kai; ajnaivscunton peparrhsiasmevnw" eijdwlolatrou'san

kai; mhde; meta; ejpieikeiva" aJmartavnousan.

ssss jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Eij kai; suv, fhsiv, mh; ejpekalevsw me skevphn kai;

patevra kai; ajrchgo;n th'" swthriva" sou, ajll j ejgw; oujk ejavsw diamei'nai

ta; kakav, h] cavritiv se swv/zwn h] swfronismoi'".15

Dia; de; tou' ejlavlhsa" kai; ejpoivhsa", th;n ajpo; melevth" kai; skevyew"

pra'xin aujth'" ejndiabavllei.

tttt Eujdovkimo" h\n ou|to" kai; eujsebh;" oJ jIwsiva": oujc aJplw'" de; oujde; oJ

crovno" prostivqetai, ajll j eij" mei'zon e[gklhma jIoudaivwn o{ti oujde;

a[rconta e[conte" ejpimelovmenon aujtw'n beltivou" ejgevnonto. jEntugcavnei de;20

tw'/ profhvth/ oJ Qeov", ejpei; kai; hJmei'" douvloi" ejntugcavnomen, o{tan para;

tw'n ejrwmevnwn katafronwvmeqa.

Kaivtoi de; ajpaqe;" o]n to; qei'on, o{mw" wJ" uJbrismevno" kai; hjdikhmevno"

dialevgetai. JH de; katoikiva ei\pen jIsrahvl, ajnti; tou': oujc ei|" ouj deuvtero",

2 \Aron — eujqei'an L : om. F || ajnti; — 3 divkason L Fmg : om. F || 4 oujci; L : oujk F || 1 1eijdwlolatrou'san F : eijdwlolatrou'sa L || 1 3 ante Eij add. ajll j F

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18

Traduction de la chaîne abrégée

Et vois comment il la rend témoin de ses propres péchés.160

Et il dit : Lève tes yeux vers le droit chemin pour : regarde droit, justifie-toi.161

Vois : où ne t’es-tu pas salie ? Tout chemin t’accuse, dit-il, et il attaque en outre

le fait qu’elle ne revient pas grâce à la corneille elle-même ; et en effet, le

corbeau, parce qu’il aimait les cadavres, n’est pas revenu vers Noé.162

Mais comment précisément le pays serait-il souillé ? En fait il dit cela parce qu’il

veut exagérer l'événement et montrer le mal de manière hyperbolique.163

En outre, en ayant beaucoup de bergers, dit-Il, ce n’est pas à moi que tu as nui,

mais à toi-même, car c’est toi qui vis les épreuves.164

Et Il l’appelle, même si elle adore les idoles sans honte, franchement, et ne pèche

même pas avec décence.165

19' Olympiodore : Même si toi, dit-Il, tu ne m'as pas invoqué comme abri,

père, auteur de ton salut166, eh bien moi je ne laisserai pas les maux durer en te

sauvant, soit par la grâce, soit par des conseils de sagesse.167

Et par tu as prononcé et accompli, il attaque son activité faite avec soin et

réflexion.168

20' Ce Jôsias était respectable et pieux. Et ce n'est pas du tout sans intention que

l'époque est ajoutée, mais c'est pour faire un plus grand grief aux Juifs parce

qu'alors qu'ils avaient un chef qui se souciait d'eux, ils ne sont pas même devenus

meilleurs. Et Dieu fréquente le prophète, puisque nous aussi nous fréquentons des

esclaves, quand nous sommes méprisés par ceux que nous aimons.169

Et de fait, bien que le divin soit impassible, c'est pourtant comme s'il était outragé

et trompé qu'il prend la parole. La demeure d'Israël, dit-il, pour : non pas un seul,

non pas un deuxième, mais toute la foule. Pourtant celui-ci n'a pas "vu", car ces

160 Récriture de la première phrase de l'extrait 120a de Jean Chrysostome. | 161 = extrait 120b deThéophile d'Alexandrie avec la reprise du lemme biblique et l'omission du premier impératif.162 Cf. Gn 8,7 ; amalgame et résumé de l'extrait 120a de Jean Chrysostome et du début de l'extrait122 de Théophile d'Alexandrie. | 163 Amalgame et résumé de l'extrait 123a de Jean Chrysostome etdu début de l'extrait 123b de Théodoret. | 164 Résumé de l'extrait 124 de Jean Chrysostome avec lareprise du lemme biblique. | 165 Amalgame et résumé d'une phrase de l'extrait 123c de Victor (=première partie du passage) et de la fin de l'extrait 125 de Jean Chrysostome (= deuxième partie dela phrase). | 166 swthriva" dans la chaîne abrégée au lieu de parqeniva" dans la chaîne intégrale etle texte biblique. | 167 = extrait 127b d'Olympiodore ; le manuscrit F lie cet extrait à celui quiprécède grâce à une conjonction de coordination. Il y a donc une continuité entre les deux extraits.L'attribution à Olympiodore est pourtant bien présente dans la marge au niveau du deuxièmeextrait. | 168 Récriture de l'extrait 128 de Jean Chrysostome avec la reprise du lemme biblique.169 = extrait 129a de Jean Chrysostome avec quelques variantes et quelques changements dansl'ordre des mots.

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19

Chaîne abrégée

ajlla; pa'n to; plh'qo". Kai; mh;n ou|to" oujk J ei\den j ejkei'na ga;r pro; aujtou'

h\san, ajlla; tou'tov ejstin ajnti; tou' J e[maqe" j.

uuuu jj jjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: Kai; i[den hJ ajsuvnqeto" jIouvda: au[xei th;n kathgorivan th'"

jIouvda fulh'" o{ti mhde; tai'" tou' jIsrah;l sumforai'" ejpaideuvqhsan. To; de;

tw'n eijdwlolatrouvntwn ajnaivsqhton ejmfanivzwn, xuvla kai; livqou" kalei' ta;5

ei[dwla siwphvsa" tou;" ejn aujtoi'" ejmfwleuvonta" daivmona". Kaivtoi ma'llon

ejpistrevfein ejcrh'n to;n jIouvdan w{sper ejpeiselqou'san gunai'ka th/' dia;

porneivan ejkbeblhmevnh/. Mei'zon ga;r e[gklhma th;n ejkeivnh" eij mimoi'to

porneivan. Toiauvth tw'n jIoudaivwn hJ katoikiva: devon ejpistrevfein ejx

ajlhqeiva", hJ de; yeudw'" uJpeplavtteto to;n Qeo;n timw'sa toi'" ceivlesin, h}n10

ajsuvnqeton kalei', wJ" ta;" pro;" aujto;n paraba'san sunqhvka". Kaivtoi

paideuvesqai ma'llon ejcrh'n to;n nao;n e[cousan kai; ta; ejn aujtw/' kata;

novmon ejpitelouvmena: ou{tw kai; hJmi'n kinduvnwn oJ mevgisto", eja;n

aJmartavnwmen meta; Cristou' parousivan kai; luvtrwsin aJmartiw'n kai;

mevqexin JAgivou Pneuvmato" kai; mavlista th;n jIoudaivwn oJrw'nte" ajpobolh;n15

« eij ga;r tw'n kata; fuvsin klavdwn oJ Qeo;" oujk ejfeivsato », pollw'/ ma'llon

aJmartanovntwn hJmw'n oujk ajnevxetai.

jAsuvnqeton de; th;n ajsuvmfwnon, th;n a[staton kai; toi'" aujtoi'" mh;

ejmmevnousan.

ffff jOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Kai; e[dwka aujth/' biblivon ajpostasivou: e[lusa ta; pro;"20

aujth;n divkaia paradou;" toi'" Babulwnivoi".

cccc TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: kai; ei\pen Kuvrio" prov" me ejdikaivwsen: oujc wJ"

dikaiwqevnta" tou;" uiJou;" jIsrah;l ejpainei', ajll j wJ" e[latton

aJmartavnonta" kai; prwvtou", touvtou" de; kakivzei o{ti ouj beltivou"

ejgevnonto ejk touvtou tou' swfronismou'.25

yyyy TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: Poreuvou kai; ajnavgnwqi: tiv pote tou'tov ejstin …

a\ra pro;" ta; bovreia mevrh th'" povlew" … kai; tiv tou'to bouvletai … tiv de;

toi'" mh; parou'si dialevgetai jIsrahlivtai" h] tou'to poiei' pro;" ta; bovreia

mevrh th'" povlew" w{sper touvtou" paroxuvnwn kai; knivzwn, to; ga;r pa'n dia;

touvtou" … ejpei; kai; hJmei'" kai; teleutw'nta" makarivzomen tou;" zw'nta"30

3 Kai; — jIouvda F : om. L || 2 0 Kai; F : om. L || 2 2 kai; — ejdikaivwsen F : om. L || 2 6Poreuvou — ajnavgnwqi F : om. L

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19

Traduction de la chaîne abrégée

événements étaient antérieurs à lui, mais cela est mis pour "tu as appris".170

21' Origène : Et l'infidèle Juda a vu : ce qui aggrave l’accusation contre la tribu

de Juda, c'est qu’ils n’ont même pas été éduqués par les malheurs d’Israël. Et en

manifestant l’insensibilité des adorateurs d'idoles, il appelle les idoles bois et

pierres, après avoir passé sous silence les démons qui se tapissent dedans. Or il

fallait plutôt que Juda revînt comme une femme qui s’est introduite près de celle

qui a été chassée pour prostitution. Le grief serait en effet plus important si elle

imitait la prostitution de la première. Telle est la demeure des Juifs : alors qu'il

fallait qu'elle revînt véritablement, elle dissimulait de façon mensongère, en

honorant Dieu du bout des lèvres, elle qu'il appelle infidèle, parce qu'elle a

transgressé les conventions qui la liaient à lui. Or il fallait plutôt que, disposant du

temple et de ce qui est accompli à l'intérieur selon la loi, elle fût éduquée ; ainsi le

plus grand des dangers pour nous, c'est que nous péchions après le retour du

Christ, la rédemption des péchés et la participation au Saint Esprit et surtout à la

vue du rejet des Juifs « car si Dieu n'a pas épargné les rameaux naturels »171, bien

plus Il ne supportera pas que nous péchions.172

Et infidèle : qui n’est pas cohérente, qui n'est pas stable et ne demeure pas dans le

même état.173

22' Olympiodore : Et je lui ai remis une lettre de divorce : j'ai défait les liens

justes qui me liaient à elle en la livrant aux Babyloniens.174

23' Chrysostome : Et le Seigneur me dit : elle a justifié : ce n'est pas parce qu'ils

ont été justifiés qu'il loue les fils d'Israël, mais parce qu'ils péchent dans une

moindre mesure et en premier et il maudit ceux-ci parce qu'ils ne sont pas devenus

meilleurs grâce à ce conseil de sagesse.175

24' Chrysostome : Va lire : Qu'est-ce donc que cela ? Est-ce vers les régions

septentrionales de la ville ? Et qu'est-ce que cela veut dire ? Pourquoi s'adresse-t-il

aux Israélites qui ne sont pas là et fait-il cela vers les parties septentrionales de la

ville, comme s'il cherchait à piquer au vif et à provoquer ceux-ci (car tout l'univers

est visé à travers ceux-ci) ? Car nous aussi nous proclamons bienheureux, une fois

qu'ils sont morts, ceux qui rendaient les vivants meilleurs et nous leur chantons

170 = extrait 130a de Jean Chrysostome avec quelques variantes. | 171 Rm 11, 21. | 172 = extrait 131ad'Origène avec la reprise du lemme biblique et deux variantes : ejmfanivzwn pour ejmfaivnwn etkalei' ta; pour kalei'tai. | 173 Résumé de l'extrait 131b d'Olympiodore. | 174 = extrait 132d'Olympiodore avec la reprise du lemme biblique. | 175 = extrait 134 de Jean Chrysostome avec lareprise du lemme biblique.

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20

Chaîne abrégée

poiou'nte" beltivou" kai; uJmnou'men knivzonte" kai; ajpovnta" ejpainou'men,

ou{tw" kai; oJ Qeov", fhsiv, keleuvei pemfqh'nai tou;" lovgou" w{ste kai;

touvtou" beltivou" genevsqai kai; ejkeivnou". {Wsper kai; oJ Pau'lov" fhsin:

« Ei[ pw" parazhlwvsw mou th;n savrka kai; swvsw tina;" ejx aujtw'n », ou{tw

kai; oJ Qeo;" touvtou" diegeivrei ejkeivnou" ejpainw'n, ejpei; ga;r ceivrou" uJmw'n5

ou|toiv eijsi, loipo;n uJmi'n dialevgomai. Ouj ga;r dh; iJstorei'tai oJ profhvth"

ou|to" ajpelqei'n eij" Persivda oujde; pevmyai keleuvei.

yyyy jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Pro;" borra ': dia; to; kateyuvcqai aujtw'n ta;" kardiva"

kai; mh; e[cein qevrmhn pneumatikhvn: oJ ga;r Borra'" yucrov".

wwww TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: jEpistravfhte, uiJoi; ajfesthkovte": o{ra meta; th;n10

kathgorivan pavlin paraivnesin kai; sumboulhvn. Eij toivnun ajfesthkovte"

eijsiv, tiv kalei'" … Diovti ejgw; katakurieuvsw uJmw'n w{sper ajnavgkhn th'"

ejpistrofh'" fhsin, w{sper a[n ei[ ti" pro;" oijkevthn levgoi: ejmoi; douleu'sai

e[cei", tivno" e{neken ajpephvdhsa" … th;n katoivkhsin kurivan levgei.

aaaa TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: {Ena ejk povlew": e[latton ga;r to; sw/zovmenon, h]15

kai; tou;" kaq j e{na kai; duvo sullegevnta" ajpostovlou" fhsivn.

bbbb TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Megivsth eujergesiva to; poimevnwn tucei'n ajgaqw'n, w{sper

toujnantivon timwriva.

gggg TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '': Kai; e[stai eja;n plhquvnqhte: ejpeidh; ga;r aujtou;" ejluvpei

to; e{na ejk povlew" kai; duvo ejk patria'", ejphvgagen o{ti plhquvnesqe.20

Meivzona de; e[cei th;n hJdonh;n meta; to; ejpanelqovnta" oi[koi pollou;"

genevsqai h] ejx ajrch'" meta; plhvqou" ejpanelqei'n.

dddd TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: jEn tai'" hJmevrai" ejkeivnai" oujk ejrou'sin e[ti: ajsafe;"

ei\naiv tou'tov moi dokei' kai; tine;" mevn fasin o{ti oujk e[stai foberav, tine;"

de; levgousin o{ti ouj dehqhvsontai tou' novmou, w{sper o{tan levgh/: kardivan25

kainh;n kai; ejpavrw th;n kardivan th;n liqivnhn, toutevsti: to; pneu'ma uJmi'n

1 ejpainou'men F : om. L || 5 ejpei; L : ejpeidh; F || 8 borra' L : borravn F || 1 0 Tou' CrusostovmouL : jIwavnnou tou' Crusostovmou F || jEpistravfhte — ajfesthkovte" F : om. L || 1 3 levgoi L :levgei F || 1 5 Tou' Crusostovmou L : om. F || {Ena — povlew" L : om. F || 1 7 Tou' — 18 timwrivaL : post duo comm. sequentes transp. F || Tou' aujtou' L : jIwavnnou F || 1 9 Tou' aujtou' L :jIwavnnou tou' Crusostovmou F || Kai; — plhquvnqhte F : om. L || 2 3 jEn — e[ti F : om. L

Page 696: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

20

Traduction de la chaîne abrégée

des hymnes en cherchant à les provoquer et nous les louons une fois partis, ainsi

Dieu, dit < l'Écriture >, ordonne que les discours soient envoyés de telle sorte que

les uns et les autres deviennent meilleurs. De même que Paul dit : « Afin, s'il est

possible, d'exciter la jalousie de ma race et d'en sauver quelques-uns. »176, de

même Dieu éveille ceux-ci en louant ceux-là, car puisque ceux-ci sont pires que

vous, désormais je m’adresse à vous. En effet, on ne rapporte pas que ce prophète

est parti en Perse et Il n’ordonne pas de l’envoyer.177

24' Olympiodore : À l’adresse du Nord, parce que leur cœur est refroidi et n’a

pas de chaleur spirituelle, car le Borée est froid.178

25' Chrysostome : Revenez, fils renégats : vois après l’accusation à nouveau

exhortation et conseil. Or puisqu’ils sont renégats, pourquoi les appelles-tu ? Car

moi j’établirai ma seigneurie sur vous comme si quelqu'un disait la nécessité du

retour, comme si quelqu'un disait à un domestique : « Tu dois me servir !

Pourquoi t'es tu enfui ? ». Il veut dire : la résidence principale.179

1'' Chrysostome : Un par ville : car ils sont assez peu nombreux ceux qui sont

sauvés ou encore il parle des apôtres qui ont été choisis un par un ou deux par

deux.180

2'' Le même : Le plus grand bienfait est de trouver de bons bergers, comme le

contraire est un châtiment.181

3'' Le même : Et si vous vous multipliez : puisqu’en effet un par ville et deux par

lignée les affligeait, il a ajouté : vous vous multipliez. < Israël > éprouve plus de

plaisir après qu'ils sont nombreux de retour à la maison que s'ils étaient dès le

début revenus en foule.182

4''' Le même : En ces jours-là, ils ne diront plus : cela ne me semble pas clair et

certains déclarent qu’il n’y aura pas d’objets de crainte, mais d’autres prétendent

qu’on n’aura pas besoin de la loi, comme lorsqu’il dit : < je vous donnerai > un

cœur nouveau et j’enleverai le cœur de pierre183, c’est-à-dire : l’esprit tiendra en

176 Rm 11, 14. | 177 = extrait 135a de Jean Chrysostome avec les variantes poiou'nte" pourpoiou'nta", ejpei; pour ejpeidhv, ajpelqei'n pour ajpelqwvn et un ajout de kai; après w{sper.178 = extrait 135b d'Olympiodore avec la reprise du lemme biblique et sans le dernier mot :a[nemo". | 179 = extrait 138a de Jean Chrysostome avec la reprise du lemme biblique.180 Amalgame entre la première phrase de l'extrait 139a de Jean Chrysostome et un résumé de lafin de l'extrait 139b d'Olympiodore avec la reprise du lemme biblique. | 181 Résumé du début del'extrait 140a de Jean Chrysostome. | 182 = extrait 142 de Jean Chrysostome avec la reprise dulemme biblique et deux variantes : ajout de de; après meivzona et changement dans l'ordre des motsoi[koi pollouv". | 183 Cf. Ez 36, 26.

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21

Chaîne abrégée

e[stai ajnti; pavntwn, aujto; didavxei kai; kaqodhghvsei uJma'" oujde;

ojnomasqhvsetai.

dddd QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: Tine;" peri; th'" ejk Babulw'no" ejpanovdou to;n lovgon

dexavmenoi, peri; tou' th;n kibwto;n mhkevti lhfqhvsesqai, profhteuvein

e[fasan o{per ejpi; tw'n jAzwtivwn ejgevneto. Oujkevti ou\n jAzwtivou" tauvthn5

labei'n o{lw" ejnqumhqhvsesqaiv fhsin oi} kai; ajporhvsante" o{pw" mhkevti th;n

kibwto;n ejpiskefqhvsesqai ejn kakoi'" fasin kaivtoi lhfqei'san uJpo; tw'n

Makedovnwn kai; JRwmaivwn levgousin. jAll j ouj tou'to cristoktonou'sin

aujtoi'" ejphggeivlato.

dddd EEEEuuuujj jjsssseeeebbbbiiiivv vvoooouuuu KKKKaaaaiiiissssaaaarrrreeeeiiiivv vvaaaa"""":::: Tiv" ga;r ejk peritomh'" ejpistrevfwn gnhsivw" h]10

ejx ejqnw'n th'" Mwsevw" swmatikh'" qrhskeiva" ejmnhvsqh, kalw'" eijdw;" wJ" oJ

novmo" kai; oiJ profh'tai mevcri" jIwavnnou kai; o{ti th;n prwvthn diaqhvkhn hJ

kainh; pepalaivwken.

eeee TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: Ouj novmw/ polevmou, ajll j eujsebeiva" kalouvsh"

aujtouv".15

Ei[ ti" de; tw'/ ojnovmati tou' Qeou' sunavgetai, ouj poreuvetai ojpivsw tw'n

ponhrw'n ejnnoiw'n, ajlla; bivon aijrei'tai ejnavreton.

{Ora de; wJ" mevgiston tw'n ajgaqw'n oJmovnoia kai; ajgavph. Oujk ei\pen dev:

oi\ko" jIouvda ejpi; oi\kon jIsrahvl, ajll j o} pollw'/ qaumastovteron h\n, oJ

prwvtw" ajfhniavsa", oJ katavrxa" th'" e[cqra", oJ sklhro;" aujto;" a[rxei kai;20

oJmonoiva" kai; ouj meta; th;n ejpavnodon, ajll j oJmou' ejpanhvxousin. JOra'/" pw'"

hJ aijcmalwsiva th;n ajqavnaton e[cqran dievluse kai; eij" e}n aujtou;" h[gagen.

zzzz TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: To; qaumasto;n tou'to to; pantacou' gh'"

sparevnta" eij" e{n sunagagei'n.

{Ora de; to; khdemoniko;n tou' profhvtou. Kaivtoi oujk e[mellen aujto;"25

aujtovpth" e[sesqai tw'n ajgaqw'n, ajll j wJ" aujto;" mevllwn ajpolauvein ou{tw

suneuvcetai.

3 to;n lovgon L : iter. F || 1 4 Tou' Crusostovmou L : om. F || 1 8 post ajgaqw'n add. hJ F || 2 3 Tou'Crusostovmou L : jIwavnnou F

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21

Traduction de la chaîne abrégée

vous lieu de tout, il vous enseignera lui-même, vous guidera et son nom ne sera

pas prononcé.184

4''' Théodoret : Certains, après avoir entendu le discours sur le retour depuis

Babylone, sur le fait que le coffre ne serait plus emporté, ont prétendu prophétiser

ce qui précisément est advenu aux Azotiens185. Ainsi donc, il dit que les Azotiens

ne chercheront plus du tout à s'en emparer, eux qui se sont aussi demandés

pourquoi le coffre ne sera plus inspecté dans les malheurs et affirment qu'il a

cependant été emporté par les Macédoniens et les Romains. Mais ce n'est pas cela

qui était annoncé aux meurtriers mêmes du Christ.186

4''' Eusèbe de Césarée : Qui en effet du peuple circoncis ou des nations, revenant

sincèrement, s’est souvenu du culte corporel établi par Moïse, sachant bien que la

Loi et les Prophètes < vont > jusqu’à Jean187 et que la nouvelle alliance a rendu

caduque la première.188

5''' Chrysostome : Non par la loi de la guerre, mais parce que la piété les

appelle.189

Et si l’on se rassemble au nom de Dieu, on ne marche pas à la suite des pensées

mauvaises, mais on choisit une vie vertueuse.190

Et vois que le plus grand des biens, c’est la concorde et l’amour. Et il n’a pas dit :

la maison de Juda < se joindra > à la maison d’Israël, mais ce qui était beaucoup

plus étonnant, le premier à avoir été rétif, le premier à avoir pris l'initiative de la

haine, celui-là même qui est rigide prendra aussi l'initiative de la concorde et ce

n’est pas après le retour, mais en même temps, qu’elles reviendront. Tu vois

comment la captivité a défait la haine immortelle et les a rassemblés en un seul

endroit.191

7''' Chrysostome : Ce qui est étonnant c’est de les rassembler en un seul endroit,

alors qu’ils avaient été dispersés partout sur la terre.192

Et vois la sollicitude du prophète. Toutefois, il n’allait pas être lui-même le

témoin oculaire des biens, mais c'est comme s’il allait lui-même en jouir, qu'il se

joint à la prière.193

184 = extrait 143a de Jean Chrysostome avec la reprise du lemme biblique et l'ajout de kaiv aprèsdokei'. | 185 Cf. 1R 5, 1-7. | 186 = extrait 143b de Théodoret. | 187 Mt 11,13. | 188 = première partie del'extrait 143c d'Eusèbe de Césarée. | 189 = début de l'extrait 145 de Jean Chrysostome. | 190 Résuméde l'extrait 146 de Jean Chrysostome. | 191 Résumé de l'extrait 147 de Jean Chrysostome.192 = extrait 149 de Jean Chrysostome avec l'omission de ga;r, l'ajout de l'article avant gh'" et e}npour e{na tovpon.

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22

Chaîne abrégée

To; de; eJxh'" pavlin wJ" ejk proswvpou tou' Kurivou to; tavxw se eij" tevkna

eij" to; prw'ton ajxivwma th'" klhronomiva" th'" patrikh'". Kaivtoige eJautou;"

ejxevbalon th'" suggeneiva" patevra eijpovnte" to;n livqon ajll j o{mw" fhsiv:

tavxw se eij" tevkna. {Ora de; o{ti to; me;n tavxai tou' Qeou', to; de;

diathrhqh'nai hJmevteron.5

hhhh TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: Kai; shmeivwsai tiv aujtou;" ajnti; tw'n w|n ei\pen

ajpaitei' ajgaqw'n: th;n ejpivklhsin movnhn tou' patrov", poi'o" tou'to povno".

Kaivtoi kai; ta; paidiva ta; mikra; klauqmurizovmena ejpitimwvmena tou'

kraspevdou th'" mhtro;" ejcovmena ejpakolouqou'si tou'to movnon ejpizhtou'nta

to; filei'sqai par j hJmw'n.10

Didaskovmeqa dev, dia; tou' klauqmou' kai; th'" dehvsewv", mh; movnon

ojduvresqai ejn tai'" sumforai'" ajlla; pro; touvtou to;n Qeo;n parakalei'n.

qqqq EEEEuuuujj jjsssseeeebbbbiiiivv vvoooouuuu kkkkaaaaiiii;; ;; ttttoooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: Mh; provteron o[nte" soi, ajlla;

daimovnwn meriv": fulaktevon ou\n e[rgoi" th;n tou' ejsovmeqav soi uJpovscesin,

mhv tino" a[llou ginomevnou".15

{Ora de; o{pw" meta; to; ejpignw'nai to;n Qeo;n ejpevgnwn tovte kai; to; skovto"

ejn w/| ejplanw'nto kai; to; tw'n daimovnwn ajnwfelev": tou'to ga;r dhloi' to;

o[ntw" yeu'do" h\san oiJ bounoiv: e[quon de; ejn toi'" bounoi'" kai; uJyhloi'"

ejkei'se nomivzonte" tou;" daivmona" katoikei'n. Tou'to de; movnon ejpizhtei'

to; gnw'nai aujtou;" wJ" di j aujtou' ejstin hJ swthriva, ajll j oujci; para; tw'n20

oi|" e[quon daimovnwn mavthn.

OiJ de; ejoivkasin aijscuvnhn levgein th;n ajklea' eijdwlolatreivan kai; th;n ejpi;

tauvth/ plavnhsin, h] kai; tou;" movcqou" katanavlwse tw'n patevrwn aujtw'n:

dedapanhvkasi ga;r ijerourgou'nte" toi'" daivmosin ta; provbata aujtw'n kai;

tou;" movscou" kai; fronhvsew" zhmivan oJmou' toi'" ou\sin uJpevmeinan.25

iiii jj jjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: To;n ejn kakoi'" u{pnon fhsivn: ejkoimhvqhmen, ouj

grhgorou'nte" oujde; pro;" qeosevbeian iJstavmenoi.

6 Tou' Crusostovmou L : om. F || Kai; F : om. L || 8 ejpitimwvmena L Fmg : om. F || 1 1 th'" L : om. F || 1 3 tou' Crusostovmou L : jIwavnnou F || 2 1 daimovnwn L : post mavthn transp. F || 2 5 movscou"L : movcqou" F || uJpevmeinan L : uJpevmeinen F || 2 6 jWrigevnou" L : om. F

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22

Traduction de la chaîne abrégée

Et la suite vient à nouveau du Seigneur : Je te mettrai au rang de mes enfants, à la

première dignité de l’héritage paternel. Toutefois ils se sont chassés de la

parenté en appelant "père" la pierre et pourtant il dit : Je te mettrai au rang de mes

enfants. Vois qu'il appartient à Dieu de mettre au rang et qu'il nous appartient

d'être observés.194

8''' Chrysostome :195 Et note ce qu’il exige d’eux en échange des biens qu’il a

dit : la seule appellation de père et quel effort cela représente.196

Et certes les tout petits enfants qui sanglotent quand ils sont grondés,

accompagnent leur mère en tenant la frange de son vêtement, ne recherchant

qu’une seule chose, être aimés de nous.197

Et nous apprenons, par de pleur et de supplication, non seulement à nous affliger

dans les malheurs, mais avant cela à invoquer Dieu.198

9''' Eusèbe et Chrysostome : N’étant pas à toi auparavant, mais la part des

démons ; il faut donc garder en actes la promesse : nous serons à toi, en ne

devenant à aucun autre.199

Et vois comment, après avoir reconnu Dieu, ils ont reconnu alors aussi l’obscurité

dans laquelle ils erraient et l’inutilité des démons, car c'est ce que montre : En

réalité, c’était mensonge que les collines. Et ils sacrifiaient sur les collines et les

hauteurs, parce qu’ils croyaient que les démons y habitaient. Mais Il ne recherche

qu’une seule chose : qu’ils sachent que c’est par lui que vient le salut et non

auprès des démons auxquels ils sacrifiaient en vain.200

Et eux semblent dire que l’adoration des idoles sans renommée et l’errance qui lui

est liée sont une honte ou encore elle a consumé les efforts de leurs pères, car en

accomplissant des sacrifices pour les démons, ils ont gaspillé leurs brebis et leurs

veaux et ont subi du tort dans leur esprit en même temps que dans leurs biens.201

10''' Origène : Il dit le sommeil dans les maux : Nous nous sommes couchés, sans

veiller et sans nous tenir debout pour le culte de Dieu.202

194 Amalgame et résumé des extraits 150b et 151a de Jean Chrysostome. On peut signaler l'infinitifpassif diathrhqh'nai de l'abrégé au lieu de l'infinitif actif diathrh'sai de la chaîne intégrale.195 Le manuscrit F présente cet extrait dans la continuité de celui qui précède et omet parconséquent l'attribution à Jean Chrysostome. | 196 Résumé de l'extrait 152 de Jean Chrysostome.197 Résumé de l'extrait 153 de Jean Chrysostome. | 198 Résumé de l'extrait 154a de JeanChrysostome. | 199 = première phrase de l'extrait 156b d'Eusèbe de Césarée. | 200 Amalgame etrésumé de l'extrait 157b et des deux parties de l'extrait 159 de Jean Chrysostome. | 201 Récriture del'extrait de Cyrille (160b). | 202 = dernière phrase de l'extrait 162a d'Origène sans la citation d'Eph5, 14.

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23

Chaîne abrégée

Dio; kai; ejpekavluyen hJma'" hJ ajtimiva hJmw'n, mh; ejpistrevfonta" ejpi; to;n

Kuvrion: o{soi ga;r e[comen ta; e[rga th'" aijscuvnh", e[comen kai; to;

kavlumma, kata; tov: « Kai; hJ aijscuvnh tou' proswvpou mou ejkavluyev me »: oJ

de; mh; e[cwn aijscuvnh" e[rga fhsivn: « JHmei'" de; ajnakekalummevnw/ proswvpw/

th;n dovxan Kurivou kai; eJxh'" ».5

TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu : {Ora de; wJ" dei' to;n ejxomologouvmenon au[xein th;n

aJmartivan kai; suggnwvmh" eJauto;n ajllotriou'n i{na tauvth" tuvch/.

kkkk BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""":::: Perielei'n ejstin ejk tou' stovmato" ta; bdeluvgmata to;

mhdemivan tw'n eijdwvlwn mneivan poiei'sqai, ei[poi" d j a]n kai; bdeluvgma

stovmato" katalalia;n kai; lovgon ajrgo;n kai; prov ge touvtwn blasfhmivan.10

Tau'ta poiouvntwn hJmw'n eujloghvsei ejn hJmi'n e[qnh kai; aijnevsei to;n Qeo;n

ta; kala; hJmw'n e[rga ijdovnta.

TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: Mhdei;" de; ejnteu'qen lambanevtw provfasin o{rkou, ajll

j ajkouevtw tou' Eujaggelivou: « jEgw; de; levgw uJmi'n mh; ojmovsai o{lw" ».

Tau'ta ga;r toi'" nhpivoi" ejlevgeto toi'" ejx eijdwvlwn ejpistrevfousin, ouj15

toi'" teleivoi".

jj jjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: To; ai[tion de; i{na mh; ta; ei[dwla o{rkia poioi'nto. JO de;

ejqizovmeno" meta; ajlhqeiva" kai; dikaiosuvnh" tou'to poiei'n ajxiovpisto"

genhvsetai kai; ejn tw/' nai; kai; ouj movnw/ ajlhqeuvwn mh; martuvrwn dei'sqai.

llll TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: {Ora wJ" ajpo; th'" peivra" tw'n gewrgikw'n kai;20

th;n yucikh;n a[rouran paraggevllei oJ profhtiko;" lovgo" ajkanqoforhvsasan

th/' kakiva/ provteron ejkrizou'n tw/' ajrovtrw/ tou' lovgou kai; tovte to; spevrma

katabavllein th'" didaskaliva" ouj ga;r e[stin aJplw'" qei'on devxasqai

spovron.

mmmm TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: Peri; th'" kata; yuch;n levgei peritomh'". JH kata;25

sw'ma ga;r ouj tw/' Qew/' ejstin h] kai; eJtevrou ejnergou'nto" givnetai. Ouj

tauvth" ou\n fhsi devomai, ajlla; th'" par j uJmw'n aujtw'n ejnergoumevnh", h|"

e{kastov" ejsti kuvrio", th'" perikaqavrsew" tou' hJgemonikou' ejx ou| oiJ

3 me L : om. F || 6 Tou' Crusostovmou L : jIwavnnou F || to;n ejxomologouvmenon L : tw/'ejxomologoumevnw/ F || 1 3 Tou' Crusostovmou L : jIwavnnou F || 1 7 jWrigevnou" L : post poioi'ntotransp. F || 2 0 Tou' Crusostovmou L : jIwavnnou F || post {Ora add. de; F || 2 5 Tou' CrusostovmouL : jIwavnnou F

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23

Traduction de la chaîne abrégée

C’est pourquoi notre déshonneur nous a voilés, parce que nous ne nous tournons

pas vers le Seigneur. Car aussi nombreux que nous sommes à avoir honte de nos

actes, nous avons aussi le voile, selon : « Et la honte m’a voilé le visage. »203 Or

celui qui n’a pas d'œuvres de honte dit : « Mais nous, le visage dévoilé, c'est la

gloire du Seigneur, etc. »204.205

Chrysostome : Et vois qu’il faut que celui qui se confesse augmente son péché et

se rende étranger au pardon afin d'obtenir celui-ci.206

11''' Victor : Extirper les abominations de sa bouche, c’est ne faire aucune

mention des idoles et on pourrait dire aussi que l’abomination de la bouche, c'est

calomnie et discours oiseux, et avant tout blasphème. Si nous faisons cela, des

nations béniront et loueront Dieu en nous, en voyant nos bonnes œuvres207.

Chrysostome : Que personne ne tire d'ici un prétexte pour faire un serment, mais

qu'il écoute l'Évangile : « Mais moi je vous dis de ne pas jurer du tout »208. Car

cela était dit aux imbéciles qui reviennent à partir des idoles, non aux parfaits.209

Origène : La raison, c’est pour qu’ils ne prêtent pas de serments au nom des

idoles. Mais celui qui a l’habitude de faire cela en vérité et en justice et de ne pas

avoir besoin de témoins parce qu'il dit la vérité dans le oui et le non seulement

deviendra digne de foi.210

12''' Chrysostome : Vois que c’est à partir de l’expérience des cultivateurs que

le discours prophétique prescrit de déraciner d’abord par la charrue du

raisonnement le champ de l’âme pourvu d'épines du fait de la méchanceté et alors

de lancer la semence de l’enseignement, car il n’est pas possible de recevoir

naïvement une semence divine.211

13''' Chrysostome : C’est de la circoncision de l’âme qu’il parle. Car la

circoncision du corps n’est pas pour Dieu ou encore elle a lieu parce qu’un autre

l’exécute. Je ne demande pas celle-ci, dit-Il donc, mais celle qui est exécutée par

vous-mêmes, dont chacun est maître, la purification du principe directeur d’où

viennent les mauvais trésors qui ont besoin de raisonnements comme un prépuce

203 Ps 43,16. | 204 2 Cor 3,18. | 205 Résumé de l'extrait 165 d'Origène. | 206 Récriture de l'extrait 166de Jean Chrysostome. | 207 Résumé de l'extrait 169 de Victor. La citation de Mt 5, 16 présente dansla chaîne longue est ici fondue dans la syntaxe de la phrase (cf. t. I, chap. 3, pp. 225-226). | 208 Mt5, 33-34 : la citation est tronquée par rapport à la chaîne longue. | 209 Résumé de l'extrait 171a deJean Chrysostome. | 210 Amalgame et résumé de l'extrait 171c d'Olympiodore et du début del'extrait 171b d'Origène ; l'agencement syntaxique de la phrase est complexe par rapport à celui dela chaîne intégrale. | 211 Résumé de l'extrait 175a de Jean Chrysostome sans la citation finale de Ps33, 15 (= 1P 3, 11).

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24

Chaîne abrégée

ponhroi; qhsauroi; tw'n logismw'n deovmenoi kaqavper ti" ajkrobustiva

peritomh'". jEkeivnh de; tiv o[felov" ejsti pro;" ajrethvn … JOra/'" o{ti

sugkatabavsew" h\n hJ palaiav … Ouj ga;r ei\pen tw/' Qew/' uJmw'n eij mh;

ejdhvlou o{ti ejkeivnh ouj tw/' Qew/'.

nnnn jAnqrwpivnw" dialevgetai boulovmeno" aujtou;" paideu'sai, dio; kai;5

ejpikrema'/ to;n fovbon aujtoi'": kai; oujk e[stai oJ sbevswn. Tou'to ga;r to;

deinovn: ejpeidh; ga;r eij" th;n filanqrwpivan aujtou' pollavki" ta;" ejlpivda"

ei\con ajnairei' kai; tauvthn th;n paramuqivan.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: Movnh de; sbevsi" tou' puro;" ejkeivnou hJ th'" ponhriva"

ajpallaghv, h{ti" kai; u{lh aujtw/' givnetai.10

xxxx TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu kkkkaaaaiiii;; ;; jj jjWWWWrrrriiiiggggeeeevv vvnnnnoooouuuu"""":::: jEfivsthsin aujtoi'" ta; deina; kai;

ejpi; quvrai" aujtai'" ajgagw;n oujk ejpafivhsin aujtoi'" tau'ta kaqavper

didavskalo" a[risto" katavgei me;n to;n iJmavnta, ouj plhvttei dev.

Kaka; de; ajpo; borra' aijsqhtw'" me;n tou;" Babulwnivou", nohtw'" de; to;n

diavbolon. |Wn ajmfoi'n fugh; hJ metavnoia pro;" h}n kai; kalei': e[kdoto" ga;r15

kai; eujavlwto" toi'" ejcqroi'" oJ povlew" e[xwqen h] ejkklhsiva" euJriskovmeno".

Eij ou\n su; ejpavgei" fhsi; ta; kakav, tiv kai; ejpispeuvdei" … Tau'ta me;n ga;r

strathgou'nto" ta; rJhvmata, ejkei'na de; polemivwn proistamevnou. JOra/'" o{ti

diorqou'ntov" ejsti kai; khdomevnou tau'ta. Mh; wjfelhsavntwn ga;r tw'n

rJhmavtwn aujta; ajnatupoi' ta; pravgmata.20

JLevonta j de; pavlin aijsqhtw'" me;n to;n Babulwvnion, tropikw'" de; « to;n

wjruovmenon kai; zhtou'nta tivna katapivei ». To; de; ajnevbh ejpeiv ejstin ejn

2 tiv L : ti F || 3 post ga;r add. a]n F || 1 1 Tou' — jWrigevnou" L : jIwavnnou jWrigevnou" F

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24

Traduction de la chaîne abrégée

de la circoncision. Mais celle-là, quel est son apport pour la vertu ? Tu vois que

l’ancienne était celle de la condescendance. En effet, il n'aurait pas dit212 pour

votre Dieu, s’il ne cherchait pas à montrer que celle-là n’est pas pour Dieu.213

14''' C’est à la manière humaine qu’il s’adresse à eux parce qu’il veut les

éduquer ; c’est pourquoi il tient la crainte en suspens sur eux : et il n’y aura

personne pour éteindre. Car voici l’épreuve : puisqu’ils mettaient souvent leurs

espoirs dans son amour pour les hommes, il anéantit même cette consolation.214

Théodoret : Le seul moyen d’éteindre ce feu, c’est de se débarrasser de la

méchanceté qui est précisément du combustible pour lui.215

15''' Chrysostome et Origène : Il place au-dessus d'eux les épreuves et après les

avoir conduits aux portes mêmes, il ne les leur impose pas, comme un très bon

maître déroule la lanière, mais ne frappe pas.216

Et les maux du nord : selon l'interprétation sensible, les Babyloniens, mais selon

le sens intelligible le diable. Or le repentir, auquel précisément il appelle, permet

de fuir ces deux dangers, car celui qui est trouvé hors de la ville ou de l’Église est

livré et se laisse prendre par les ennemis.217

Si donc c'est toi qui fais venir les maux, dit-il, pourquoi aussi nous hâtes-tu ? Ces

propos-ci en effet sont ceux d’un homme qui commande une armée, ceux-là d’un

homme qui se met à la tête des ennemis. Tu vois que c’est le propre de quelqu’un

qui redresse, qui se fait du souci. Car puisque les propos ne les ont pas aidés, il

donne une figure des actes mêmes.218

Par "lion", il veut dire à nouveau, selon l'interprétation sensible, le Babylonien et,

selon le sens figuré, « celui qui rugit et qui cherche qui dévorer »219. Et il est

monté puisqu'il est dans les profondeurs de la terre ou selon le sens historique

212 Jean Chrysostome emploie de temps à autre l'aoriste de l'indicatif sans a[n pour un irréel dupassé (cf. Homélies sur les statues 488, 31). Cet emploi semble être conforme à la pratique de lakoiné (cf. Jn 15, 22 et 24 ; Rom 7, 7 ; Gal 4, 15) comme le rappelle M. Soffray (Recherches sur lasyntaxe de Saint Jean Chrysostome d'après les "Homélies sur les statues", Paris 1939, p. 93, §4).213 Amalgame et résumé du début de l'extrait 176a de Jean Chrysostome et de la deuxième partiede l'extrait 176b d'Origène. Il faut noter la nouveauté du terme qhsauroiv (trésors) dans l'emprunt àl'extrait 176b d'Origène, terme qui n'apparaît ni dans l'extrait de la chaîne intégrale, ni dans latradition directe de l'auteur. | 214 Récriture de l'extrait 178a de Jean Chrysostome. L'extrait de lachaîne abrégée n'est pas organisé syntaxiquement comme l'extrait de la chaîne intégrale (cf. t. I,chap. 3., p. 228). | 215 Résumé en une phrase du début de l'extrait 178b de Théodoret. | 216 Résuméde l'extrait 179 de Jean Chrysostome. | 217 Résumé de la deuxième partie de l'extrait 181 d'Origène.La fin est cependant un peu développée par rapport à la chaîne longue. | 218 Résumé de la deuxièmepartie de l'extrait 184 de Jean Chrysostome. | 219 Cf. 1 P 5, 8.

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25

Chaîne abrégée

toi'" katwtavtoi" th'" gh'" h] pro;" iJstorivan o{ti toiauvthn e[lace qevsin hJ

Babulwvn.

jAnamimnhv/skei de; kai; tw'n progegenhmevnwn. Tiv levgw … povlin mivan h]

fulhvn, aujtavndrou" povlei" kai; dhvmou" ei|len …

oooo TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: Ouj dia; ta; deinav, ajll j o{ti oujk ajpestravfh oJ5

qumov". Tw/' o[nti ga;r ouj dia; th;n gevennan dei' movnhn calepaivnein, ajll

j o{ti ojrgivzetai oJ Qeov", oujc o{ti wjrgivsqh, ajll j o{ti oujk ajpestravfh.

Kai; tov ge deinovteron: ajpolei'tai, fhsivn, hJ kardiva tou' basilevw":

toiauvth ga;r tw'n deinw'n hJ fuvsi", ajposterei' tw'n kata; fuvsin frenw'n.

jEksthvsontai de; kai; oiJ iJerei'" ejpi; tai'" ajprosdokhvtoi" sumforai'". OiJ de;10

profh'tai, h[goun oiJ yeudoprofh'tai, qaumavsontai, oujc wJ" par j ejlpivda"

tw'n pragmavtwn ejxelqovntwn, ajll j wJ" par j ejlpivda" deiknumevnwn.

Pollacou' de; sunupokrivnontai tw'/ Qew'/ kai; oiJ profh'tai, kaqavper e[n tini

skhnh'/ th;n diovrqwsin ejrgazovmenoi tou' laou'. Tou'to kai; patevre" kai;

fivloi met j ajllhvlwn poiou'sin tou;" pai'da" diorqou'nte".15

pppp TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: Eijrhvnhn ei\pen aujtoi'" oJ Qeo;" ejn tw/' levgein:

« Kai; h{xousin oi\ko" jIsrah;l kai; jIouvda ejpi; to; aujtov ».

rrrr jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: jEn tw/' kairw/' tw'/ th'" ejfovdou tw'n Babulwnivwn h]

JRwmaivwn h] tw'/ th'" sunteleiva".

ssss BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: Pneu'ma planhvsew", fhsivn, toutevstin: th'"20

aijcmalwsiva", kai; ejn jWshe; gavr fhsin: « jIdou; ejgw; planw' aujthvn »,

toutevstin: doruavlwton poihvsw. Qugatevra de; laou' th;n jIerousalh;m h[toi

th;n jIoudaivan fhsivn, th;n de; ejpavnodon eujqevw" aijnittovmeno" levgei mh; eij"

kaqaro;n aujth;n givnesqai kai; plh're": leivyanon ga;r ejpanhvxei movnon tw'n

5 Tou' Crusostovmou L : om. F || 1 1 h[goun — yeudoprofh'tai L Fmg : om. F || 1 6 Tou'Crusostovmou L : om. F || post Eijrhvnhn add. de; F || 1 8 post kairw/' add. ejkeivnw/ F || 2 0 antePneu'ma add. pneu'ma planhvsew" ejn ejrhvmw/ F || 2 4 givnesqai L : genevsqai F

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25

Traduction de la chaîne abrégée

parce que Babylone a obtenu une telle position.220

Et il rappelle aussi ce qui est arrivé avant. Que dire ? A-t-il anéanti une seule ville

ou tribu ou des villes avec tous leurs habitants et des peuples ?221

16''' Chrysostome : Non à cause des épreuves, mais parce que la fureur ne s’est

pas éloignée. Car en fait, ce n’est pas à cause de la géhenne seulement qu’il faut

avoir du ressentiment, mais parce que Dieu est en colère, non parce qu’il s’est mis

en colère, mais parce qu’elle ne s’est pas éloignée.222

Et ce qui est plus éprouvant : le cœur du roi, dit-il, sera anéanti, car telle est la

nature des épreuves : elle prive des sentiments conformes à la nature.223

Et les prêtres seront dans la stupeur à cause des malheurs inattendus.224

Et les prophètes – c’est-à-dire : les faux prophètes – s'étonneront non pas parce

que les événements sont advenus contre tout espoir, mais parce qu’ils étaient

montrés contre tout espoir.225

Et les prophètes répondent en même temps souvent à Dieu comme si, sur une

scène, ils œuvraient pour le redressement du peuple. Cela, même des pères et des

amis le font les uns avec les autres en redressant leurs enfants.226

17''' Chrysostome : Dieu leur a dit la paix quand il a dit : « Et la maison d’Israël

et celle de Juda viendront au même endroit. »227

18''' Olympiodore : Au temps de l’arrivée des Babyloniens ou des Romains ou à

celui de la fin du monde.228

19''' Victor le prêtre : Esprit d’égarement, dit-il, c’est-à-dire : de la captivité, et

chez Osée en effet, il dit : « Voici je l’égarerai »229, c’est-à-dire : je ferai en sorte

qu’elle soit conquise par la lance. Par "la fille du peuple", il veut dire Jérusalem,

ou la Judée. Et il dit aussitôt, en sous-entendant le retour, qu’il ne mènera pas à

quelque chose de pur et d’accompli, car c'est seulement un reste de prisonniers qui

220 Résumé de l'extrait 186a d'Origène. Le milieu de l'extrait est laissé de côté au profit du début etde la fin. Deux citations disparaissent donc par rapport à la chaîne intégrale. Il faut noter le dernierélément qui n'apparaît pas dans la chaîne intégrale et qui définit le sens historique de l'antre dulion. | 221 Résumé de l'extrait 187 de Jean Chrysostome. | 222 = extrait 189 de Jean Chrysostomeavec la variante tw/' o[nti pour o[ntw" o[ntw". | 223 = deux premières propositions de l'extrait 190de Jean Chrysostome avec la reprise du lemme biblique. | 224 = extrait 191 d'Olympiodore avec lavariante ajprosdokhvtoi" pour ajdokhvtoi" et la reprise du lemme biblique. | 225 Récriture del'extrait 192 de Jean Chrysostome avec la reprise du lemme biblique. La syntaxe est plus simpledans l'abrégé, puisque les deux participes sont au génitif, donc sur le même plan, tandis que dans lachaîne intégrale, l'un est au génitif et l'autre au datif, ce qui crée une rupture de construction.226 = première partie de l'extrait 194a de Jean Chrysostome avec quelques variantes. | 227 Jr 3, 18 ;ce passage est un résumé de la troisième phrase de l'extrait 194a de Jean Chrysostome.228 = extrait 195b d'Olympiodore avec la reprise partielle du texte biblique. | 229 Os 2, 16.

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26

Chaîne abrégée

hJlwkovtwn.

ssss QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: Aujth/' gnwvsontai peivra/ kata; to;n kairo;n tw'n sumforw'n

wJ" pneu'ma planhvsew" h\n to; ejn yeudoprofhvtai" lalh'san, ouj kaqaro;n

oujde; a{gion oujde; pneu'ma plhrwvsew" dhlou'n to; sumplhrwtiko;n th'"

Triavdo" ajf j w|n h\lqev moi ta; toiau'ta kakav.5

ssss TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: Tou;" polemivou" fhsi; pneu'ma planhvsew" kalw'".

Kaqavper to; pneu'ma perifevrei pantacou' to;n cou'n ajnarripivzon kai; oujk

eij" tetagmevnou" ajpotiqevmenon tovpou", ou{tw kai; touvtoi" ejgevneto w{sper

a[nemo" sfodro;" ejmpesw;n oJ povlemo" ejkei'no" oJ barbarikov": pantacou'

th'" gh'" dievspeire. Kaivtoi kai; to; diasparh'nai calepovn, to; de; kai;10

ajtavktw" tou'to paqei'n ajparamuvqhton.

tttt TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Au{th hJ ajpovkrisi" pro;" to; levgein: ajpatw'n hjpavthsa"

to;n laovn, oujk ejgw; hjpavthsa, ajll jaujtoi; gegovnasin eJautoi'" ai[tioi.

uuuu jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: jEpeidh; ta;" ejrhvmou" yuca;" pneu'ma planhvsew"

ejplavnhsen uJpiscnei'tai dwvsein pneu'ma a{gion ejpistrevfon ta;" yuca;" ta;"15

plhrouvsa" aujtou' ta;" ejkklhsiva".

ffff QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu:::: Krivmata ta;" a}" dikaivw" aujtoi'" ejpavxw, fhsiv,

sumfora;" a}" kai; katalevgei.

cccc BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""":::: J Nefevlhn j me;n kalei' tou;" polemivou" dia; to; plh'qo",

Jkataigivda j de; dia; to; sfodrovn. To; de; oujaiv fhsin oJ profhvth" to; tw'n20

oJmofuvlwn oijkeiouvmeno" provswpon kai; sumpavscwn aujtoi'". Oujk ajrkei' de;;

to; talanivsai movnon, ajlla; dei' kai; e[rgwn.

yyyy JOra'/" makroqumivan: e{w" povte … e[stw: th;n kakivan oujk ajpestravfh"

ajpo; th'" fuvsew" aujth'", ajpo; tou' crovnou oujk e[dei …

Logismoi; de; povnwn: oiJ ta; ejpivpona prosavgonte".25

wwww jjjjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Tou' th;n a{lwsin ajpaggevllonto" genhvsesqai ejk Da;n

kai; ejk Bhrsabee; uJpo; Babulwnivwn h] JRwmaivwn. [Esti de; hJ me;n Da;n

6 ante Tou' Crusostovmou add. jIwavnnou F || 8 touvtoi" L : non legitur F || 1 3 to;n L : iter. F || 1 7Qeodwrhvtou L : om. F || Krivmata L : om. F || fhsiv L : om. F || 1 9 Nefevlhn L : nefevlh F || 2 1post aujtoi'" add. logismoi; de; povnwn oiJ ta; ejpivpona prosavgonte" F || de;; L : om. F || 2 2 postmovnon add. eJauto;n F || 2 5 Logismoi; — prosavgonte" L : om. hic F (cf. supra)

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Traduction de la chaîne abrégée

reviendra.230

19''' Théodoret : Ils connaîtront par l’expérience même au temps des malheurs

que c’était un esprit d’égarement celui qui avait parlé dans les faux prophètes,

qu’il n’était pas pur, ni saint, que ce n'était pas un esprit de plénitude désignant ce

qui est propre à compléter la Trinité, d’où me sont venus de tels maux.231

19''' Chrysostome : Il dit à juste titre que les ennemis sont un esprit

d’égarement. De même que le souffle < du vent > tournoie de toutes parts en

soulevant en l'air la poussière sans la déposer à des endroits fixes, de même cette

guerre barbare a été pour ceux-ci comme un vent fort qui s’est abattu. Elle <les> a

disséminés partout sur la terre. Or précisément le fait d’être disséminés est pénible

et le fait aussi de vivre cela dans le désordre est inénarrable.232

20''' Le même : Voici la réponse à la parole : tu as vraiment trompé le peuple, ce

n’est pas moi qui les ai trompés, mais eux qui en sont responsables pour

eux-mêmes.233

21''' Olympiodore : Puisqu’un esprit d’égarement a égaré les âmes désertes, il

promet de donner un esprit saint qui fasse revenir les âmes qui remplissent ses

églises.234

22''' Théodoret : Jugements : les malheurs que je leur infligerai avec raison,

dit-il, et qu’il énumère précisément.235

23''' Victor : Il appelle les ennemis "nuage" à cause de leur foule et "ouragan" à

cause de leur violence. Malheur ! dit le prophète en s'appropriant le rôle de ses

compatriotes et en compatissant avec eux.236

Le fait de se déclarer seulement malheureux ne suffit pas, mais il faut aussi des

actes.237

24''' Tu vois la patience : jusques à quand ? Soit ! La méchanceté, tu ne t'en es

pas détourné ; il ne fallait pas se détourner de sa nature, de son temps.238

Et les comptes de tes peines : ceux qui apportent des tâches pénibles.239

25''' Olympiodore : Du messager qui dit que la conquête aura lieu de Dan et de

Bersabée par les Babyloniens ou les Romains. Dan est au-delà du Jourdain et la

230 = extrait 195a de Victor. | 231 = extrait 196a de Théodoret. | 232 = extrait 196c de JeanChrysostome avec la variante ajparamuvqhton pour ajmuvqhton. | 233 = extrait 197 de JeanChrysostome. | 234 = extrait 198b d'Olympiodore. | 235 Récriture de l'extrait 199b de Théodoret.236 Résumé du début de l'extrait 200b de Victor. | 237 Résumé de la première phrase de l'extrait 203de Jean Chrysostome. | 238 Résumé de la deuxième partie de l'extrait 204a de Jean Chrysostome.239 Résumé de la dernière phrase de l'extrait 200b de Victor.

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27

Chaîne abrégée

pevran tou' jIordavnou, o[ro" de; jEfrai;m hJ Samavreia. Fasi; dev tine" kai; ejk

th'" fulh'" Da;n h{xein to;n jAntikeivmenon.

aaaa To; ajnamnhvsate deivknusin o{ti pollavki" ajkouvsante" ejpelavqonto.

To; de; wJ" fulavssonte" ajgro;n th;n a[deian levgei tw'n polemivwn wJ" ouj

novmw/ polevmou parevsontai, ajll j wJ" ejpi; proeilhmmevna cwriva.5

To; de; ejmou' hjmevlhsa": ejntreptikw'" ei\pen.

bbbb EEEEuuuujj jjsssseeeebbbbiiiivv vvoooouuuu KKKKaaaaiiiissssaaaarrrreeeeiiiivv vvaaaa"""":::: JW" ejk proswvpou th'" jIerousalh;m ei[rhtai oJ

lovgo": pw'" ga;r aJrmovsei Qew/' h] tw/' profhvth/ to; diespavsqhsan aiJ

devrrei" mou. JH ga;r ajkribh;" ou{tw" e[cei Grafh; kai; jAkuvla" ga;r ou{tw":

« ejtalaipwvrhsan aiJ skhnaiv mou » ta;" oijkiva" ou{tw dhlw'n. Th'" ou\n10

povlew" oJ lovgo" ejn h|/ sunesthvkei hJ uJpo; Mwsevw" kataskeuasqei'sa

skhnhv.

bbbb jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiiooooddddwwwwvvvvrrrroooouuuu:::: Tropikw'" me;n th;n yuch;n kai; ta;" ajnadotika;" th'"

yuch'" dunavmei", sparavssetai de; kai; ta; splavgcna uJpo; sumpaqeiva" oJ

profhvth".15

bbbb TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: [Enqou" gevgonen oJ profhvth" kai; a} dia; rJhmavtwn

ei\pen tau'ta wJ" pragmavta blevpei profhtikoi'" ojfqalmoi'".

gggg To; eujavlwton deivknusi Jskhnh;n j kalw'n, aujto;n de; to;n profhvthn

poiei' tw'n foberw'n qeath;n i{n j ajmfotevrwqen aujtou;" kataplhvxh/ kai;

diorqwsavmenoi spoudavswsin aujtoi; mh; ijdei'n.20

dddd TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: JH megivsth kathgoriva o{tan oiJ tou;" a[llou"

didavskein ojfeivlonte" aujtoi; prw'ton ajgnow'sin.

eeee TTTToooouuuu'' '' aaaauuuujj jjttttoooouuuu'' '':::: Pw'" oujqevn … ouj provbatav fhsin, ouj bove", oujk

oijkodomhvmata, ouj teivch: pavnta ga;r ta; toiau'ta ajfanivzein oi\den oJ

povlemo".25

eeee jj jjEEEExxxx aaaajjjjnnnneeeeppppiiiiggggrrrraaaavvvvffffoooouuuu:::: Profhtikw'" oJra/' ta; th'" aijcmalwsiva" deinav. To;

6 To; — ei\pen L : om. F || 7 ante JW" add. th;n koilivan mou ajlgw' F || 1 6 Tou' Crusostovmou L :jIwavnnou F || 1 8 ante To; eujavlwton add. ejntreptikw'" tou'to F || To; — 20 ijdei'n L : post duocomm. sequentes transp. F || 2 1 d L : diovti oiJ hJgouvmenoi F || d — 22 ajgnow'sin L : ante comm.praecedentem transp. F || ante Tou' Crusostovmou add. jIwavnnou F || 2 3 e L : ejpevbleya ejpi; th;ngh;n kai; i[dou oujqevn F || Tou' aujtou' L : jIwavnnou F

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Traduction de la chaîne abrégée

montagne d’Ephraïm, c'est la Samarie. Certains disent aussi que l’Adversaire

viendra de la tribu de Dan.240

1'''' Rappelez-le montre qu’ils ont souvent oublié de l'écouter.241

Comme s’ils gardaient un champ dit le sentiment de sécurité des ennemis, parce

qu’ils ne seront pas présents selon la loi de la guerre, mais comme dans des

régions occupées d’avance.242

Tu t’es désinteressé de moi : il l’a dit de manière à leur faire honte.243

2'''' Eusèbe de Césarée : C’est comme par le personnage de Jérusalem qu’est

prononcé le discours : comment en effet mes peaux ont été déchirées pourra-t-il

convenir à Dieu ou au prophète ? Car l’Écriture a cela selon la lettre exacte et

Aquila en effet a : « mes tentes étaient misérables », désignant ainsi les

habitations. Ainsi donc c’est le discours de la ville dans laquelle la tente préparée

par Moïse s’était établie.244

2'''' Olympiodore : Selon le sens figuré, l’âme et les puissances distributrices de

l’âme. Et le prophète a les entrailles déchiquetées par la compassion.245

2'''' Chrysostome: Le prophète a été inspiré par Dieu et ce qu’il a dit par des

propos, il le voit en actes de ses yeux de prophète.246

3'''' Il montre qu'elle est facile à prendre lorsqu'il l'appelle "tente" et il rend le

prophète lui-même spectateur des épreuves, afin de les frapper de stupeur des

deux côtés, et même s’ils sont redressés, ils s’efforcent de ne pas voir eux-

mêmes.247

4'''' Chrysostome : La plus grave accusation intervient quand ceux-là mêmes

qui doivent enseigner aux autres, sont les premiers à être dans l'ignorance.248

5'''' Le même : Comment cela "rien" ? Il dit qu'il n'y a pas de brebis, ni de

bœufs, ni de constructions, ni de murs, car toutes les choses de ce genre, la guerre

sait les faire disparaître.249

5'''' Anonyme : Il voit de manière prophétique les épreuves de la captivité. Pour

"rien", Aquila dit "< elle était > vide" et Symmaque "< elle était > pleine de

240 = extrait 205 d'Olympiodore avec ejk au lieu de e{w". | 241 = extrait 206 de Jean Chrysostomeavec la reprise du lemme biblique. | 242 Résumé de l'extrait 207 de Jean Chrysostome avec lareprise du lemme biblique. | 243 Résumé du début de l'extrait 209a de Jean Chrysostome.244 = extrait 211b d'Eusèbe avec la variante ajkribh;" pour ajkribw'" et l'ajout de ou{tw.245 = extrait 211c d'Olympiodore. | 246 Résumé de la première partie de l'extrait 211a de JeanChrysostome. | 247 Amalgame et résumé des débuts des extraits 216 et 218a de Jean Chrysostomeavec une fin originale : kai; diorqwsavmenoi spoudavswsin aujtoi; mh; ijdei'n. | 248 = extrait 220 deJean Chrysostome. | 249 = extrait 221b de Jean Chrysostome.

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Chaîne abrégée

de; Joujqe;n jAkuvla" me;n Jkenhv j, oJ de; Suvmmaco" Jsugkecumevnh j fhsiv.

Megivsth" de; ajqumiva" to; ejskotivsqai tou;" ojfqalmou;" kai; to; fw'" wJ"

skovto" oJra'n. Toi'" toiouvtoi" skotodiniw'si kai; pavnta donei'sqai dokei' ta;

de; peteina; ptoei'tai dia; th;n th'" ejrhmiva" uJperbolhvn. Tau'ta dev, eij me;n

ejpi; tou' Naboucodonovsor nooi'to, merikw'" kai; ouj kurivw" ejgevneto, eij de;5

dia; ta; kata; Cristo;n tolmhqevnta, kaqolikw'" kai; kurivw" dia; to; mh;

gnw'nai tou;" hJgoumevnou" aujtw'n to;n Qeo;n JHrwvdhn Pila'ton kai; tou;"

ajrcierei'". jExevlipe de; kai; h{lio" kai; selhvnh kai; gh' ejseivsqh kai; pevtrai

ejrravghsan kai; pavnta h\n ejn fovbw/.

zzzz jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu:::: Th;n diavnoian levgei tou' qeatou', ouj th;n fuvsin tou'10

pravgmato": ta; fw'ta me;n ga;r h\n, touvtw/ de; oujk ejfaivneto th/' ajqumiva/

ejskotwmevnw/.

hhhh jj jjEEEExxxx aaaajjjjnnnneeeeppppiiiiggggrrrraaaavvvvffffoooouuuu:::: Toutevstin: jIerousalh;m gevgonen e[rhmo" th'"

ejpopteiva" tou' Qeou', toiauvth" ejxenecqeivsh" kat j aujth'" ajpofavsew".

[Erhmo" de; oJ Kavrmhlo" ejk tou' ojnovmato" th'" aijsqhth'" peritomh'" th;n15

ejrhmivan dhloi'. Provswpon de; Kurivou fhsi; to;n uiJovn: « ejshmeiwvqh ga;r ejf

j hJma'" to; fw'" tou' proswvpou sou, Kuvrie ». Tou'to kai; givnetai « ejpi;

poiou'nta" kakav »: « oJ ga;r Path;r krivnei oujdevna ».

qqqq TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: Tiv levgei" … ejkluvei" to;n fovbon … tiv ga;r oujk

e[sth" ejpi; th'/ protevra/ ajpeilh'/ th/' e[rhmo" e[stai pa'sa hJ gh', ajll20

j eujqevw" to; skuqrwpo;n e[streye to; crhsto;n ejpagagw;n w{ste kai; tauvth/

poih'sai beltivou" o{tan ga;r calepoi'" calepa; sunavptonte" levgwmen eij"

ajpoginwvskein poiou'men, oJ de; ejlpivda" e[cwn crhsta;" tacevw" ajnivstatai.

Kalw'" de; th;n gh'n pro;" ai[sqhsin tw'n mellovntwn givnesqai kalei' tw'n

ajnqrwvpwn ajnaisqhvtw" diakeimevnwn.25

iiii TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: Mh; nomivsh/ ti" ei\nai ajpeilh;n to; pra'gma.

3 pavnta L : tau'ta F || 8 kai;3 L : om. F || 1 0 jIwavnnou F : om. L || 1 3 post ajnepigravfou add.i[don kai; ijdou; oJ kavrmhlo" e[rhmo" F || 1 9 Tou' Crusostovmou L : jIwavnnou F || 2 2 eij" L : om.F || 2 6 Tou' Crusostovmou L : om. F

Page 712: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

28

Traduction de la chaîne abrégée

confusion". C'est le signe d'un très grand désespoir que ses yeux aient été couverts

d'obscurité et qu'il voie la lumière comme si c'était l'obscurité. À cause de telles

choses, ils ont le vertige250 et tout semble être agité et les oiseaux sont terrifiés à

cause de l'excès de la désertification. Or ces événements, si on comprenait qu'ils

ont eu lieu sous Nabuchodonosor, se sont passés partiellement et non au sens

propre, mais si c'est à cause des audaces commises contre le Christ, ils se sont

passés de manière universelle et au sens propre parce que ceux qui les dirigeaient,

Hérode, Pilate et les grands-prêtres ne connaissaient pas Dieu. Et le soleil et la

lune se sont retirés et la terre a tremblé et les pierres se sont brisées et tout était

dans la crainte251.

7'''' Jean : Il dit la pensée du spectateur, non la nature de l'événement, car les

lumières étaient là, mais elles n'apparaissaient pas à celui-ci, parce qu’il était

couvert par l'obscurité du désespoir.252

8'''' Anonyme : C’est-à-dire : Jérusalem a été privée de la vision de Dieu parce

qu'une telle sentence avait été prononcée contre elle, et le Carmel désert, qui tire

son nom de la circoncision sensible, désigne la désolation. Et par la face du

Seigneur, il veut dire le Fils car « elle a été signe sur nous, la lumière de ta face,

Seigneur »253. Et ceci arrive sur « ceux qui font le mal »254, car « le Père ne juge

personne »255.256

9'''' Chrysostome : Que dis-tu ? Tu anéantis la crainte ? En effet pourquoi n’en

es-tu pas resté à la première menace : la terre tout entière sera un désert, mais

aussitôt il a renversé la tristesse en y ajoutant le bienfait pour les rendre ainsi

meilleurs. En effet, quand nous parlons en enchaînant les choses pénibles aux

choses pénibles, nous faisons en sorte d’être désespérés, mais celui qui a de bons

espoirs se rétablit rapidement.257

Et il appelle à juste titre la terre à être sensible à l'avenir, puisque les hommes sont

insensibles.258

10'''' Chrysostome : Que personne ne pense que c'est une menace. On verra

250 skotodiniw'si est bien construit sur le substantif skovto" ("obscurité") présent dans le texte,mais il est difficile de rendre l'écho entre les deux termes grecs dans la traduction française. | 251 Cf.Mt 27, 51 ; = extrait anonyme 221c avec quelques variantes mineures, l'absence du groupegrammatei'" kai; farisaivou" et de l'avant-dernière phrase. | 252 Résumé de l'extrait 222a de JeanChrysostome. | 253 Ps 4, 7. | 254 Cf. Ps 33, 17. | 255 Jn 5, 22. | 256 Résumé de l'extrait anonyme 226b.Les citations de Ps 33, 17 et Jn 5, 22 sont tronquées. | 257 Résumé de l'extrait 227a de JeanChrysostome. | 258 = extrait 229a de Jean Chrysostome avec l'ajout d'un dev.

Page 713: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

29

Chaîne abrégée

Pavntw" o[yetai kai; to; e[rgon. jElavlhsa gavr fhsi kai; poihvsw.

kkkk TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: Metaforikw'" oJ lovgo" wJ" pro;" gunai'ka a[timon

th;n povlin kai; eJtairizomevnhn.

Pou' ou\n feuvxh/ … fhsivn: oiJ ga;r ejrastaiv sou oiJ daivmone" ajpwvsantov se.

llll TTTToooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu:::: Oujde;n eij" to;n povlemon ejrgavsasqai dunhvsetai5

loipovn.

nnnn BBBBiiiivv vvkkkkttttoooorrrroooo"""" pppprrrreeeessssbbbbuuuutttteeeevv vvrrrroooouuuu:::: Kri'ma poiei' pa'" oJ dikaiosuvnh"

ejpimelovmeno", pivstin de; poiei' oJ toi'" tou' Qeou' lovgoi" wJ" pistoi'" kai;

bebaivoi" peiqovmeno" ginovmenov" te pro;" pavnta pisto;" wJ" o{rkon e[cein

to;n trovpon.10

JJ JJOOOO ddddeeee;; ;; SSSSeeeeuuuuhhhh'' ''rrrroooovv vv"""" ffffhhhhssssiiiinnnn a[ndra pisto;n e[rgon euJrei'n, h/| fhsi hJ qeiva Grafhv,

kai; ga;r ejpideiknumevnhn pivstin ajpaggevllei divkaio", toutevsti di j e[rgwn

faneroumevnhn ouj glwvtth/ kai; ceivlesi kompazomevnhn.

JOOOO ddddeeee;; ;; jj jjOOOOlllluuuummmmppppiiiioooovv vvddddwwwwrrrroooovv vv"""" ffffhhhhssssiiiinnnn dia; to; mh; fulavxai tou;" ejpi; gh'" th;n eij"

Cristo;n pivstin ejpisthvsetai to; tevlo", shmaivnei de; kai; tw'n aJgivwn to;15

spavnion tw'n ejpi; th'" aijcmalwsiva".

mmmm jEpi; toi'" ajnh/rhmevnoi" oJ tw'n profhtw'n ojduvretai sumpaqevstato":

o{per ijdw;n oJ Qeo;" ma'llon aujtw/' deivknusi filanqrwpiva" uJperbolh;n h] tw/'

jAbraavm: ejkei' me;n ga;r dia; devka h] pevnte th;n ojrgh;n ajfhvsein fhsivn, nu'n

de; kai; di j e{na movnon.20

Oujc eJtevroi" de; ejpitrevpei th;n ejxetavsin, ajll j uJmei'", fhsivn, oiJ kakw'"

paqovnte", zhthvsate kai; i{na mh; pavlin ejkluvsh/, peridravmete, fhsivn, wJ"

ejggu;" o[ntwn tw'n deinw'n kai; ajkribh' th;n e[reunan keleuvei poihvsasqai.

2 k — 4 se Lmg F : om. L || Tou' Crusostovmou L : jIwavnnou F || 3 th;n L : iter. F || 5 ante Tou'Crusostovmou add. fwnh; qugatro;" Siw;n ejkluqhvsetai jIwavnnou F || 7 ante Bivktoro"presbutevrou add. eij e[sti poiw'n kri'ma F || 1 4 post de; add. a{gio" F || 1 5 pivstin L : pivsthn F

Page 714: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

29

Traduction de la chaîne abrégée

complètement son oeuvre. Il dit en effet : j’ai parlé et je le ferai.259

11'''' Chrysostome : Le discours est métaphorique : c’est comme à une femme

sans honneur, une courtisane < qu’il parle > à la ville.260

Où fuiras-tu donc ? dit-il, car tes amants, les démons t’ont repoussée.261

12'''' Chrysostome : Elle ne pourra désormais rien accomplir pour la guerre.262

14'''' Victor le prêtre : Tout homme qui se soucie de justice pratique un

jugement, mais celui qui obéit aux discours de Dieu, en pensant qu’ils sont dignes

de foi et sûrs, et devient confiant en tout fait un acte de foi, de telle sorte qu'il a sa

conduite comme serment.263

Sévère dit que c'est tout un travail de trouver un homme de foi, selon ce que dit

l’Écriture divine, et en effet un juste annonce que la foi est démontrée, c’est-à-dire

qu’elle apparaît à travers des actes et qu’elle n'est pas vantée par la langue et les

lèvres.264

Olympiodore dit que, parce que ceux qui sont sur la terre ne gardent pas la foi

dans le Christ, la fin adviendra et il veut dire aussi la rareté des saints pendant la

captivité.265

13'''' Auprès des trépassés266, le plus compatissant des prophètes s’afflige.

Voyant cela, Dieu lui témoigne un amour extrême, plus grand que celui pour

Abraham : là en effet, il dit qu'il fera cesser sa colère pour dix ou cinq267, tandis

que maintenant il le fait pour un seul.268

Ce n'est pas à d'autres qu'il confie la recherche, mais vous, dit-il, qui avez été

malheureux, cherchez et afin qu'on ne vous anéantisse pas à nouveau, courez,

dit-il, car les épreuves sont proches et il leur ordonne de faire une perquisition

259 Résumé de l'extrait 230 de Jean Chrysostome. | 260 Résumé de l'extrait 236a de JeanChrysostome. | 261 Résumé de l'extrait anonyme 235b. | 262 = extrait 240 de Jean Chrysostome.263 = deuxième partie de l'extrait 241d de Victor sans la dernière phrase. | 264 Résumé de la fin d'unextrait de Sévère qui porte sur le début de Jr 5 (cf. M. Ghisleri, p. 438). | 265 Résumé d'un extraitd'Olympiodore qui porte sur le début de Jr 5 (cf. M. Ghisleri, p. 438). La manière de résumer estici particulière, car le caténiste reprend le nom de l'auteur pour introduire l'extrait. Il faut noter leproblème dans l'ordre des extraits, puisque tout ce qui est raccroché au numéro 13 est placé aprèsce qui l'est au numéro 14. Les extraits de Sévère et d'Olympiodore ne sont pas édités dans lachaîne intégrale, car ils nous font entrer dans le chapitre 5. On voit encore ici que l'enchaînementest continu entre les lemmes bibliques de la chaîne, au-delà des versets et des chapitres. | 266 Lavariante de la chaîne abrégée jEpi; toi'" ajnhrhmevnoi" au lieu de jEpi; toi'" eijrhmevnoi" nousoblige à voir ici la reprise des termes bibliques. La leçon de la chaîne intégrale paraît fautive :voici un cas où la chaîne abrégée peut nous permettre d'améliorer le texte de l'archétype de lachaîne. | 267 Cf. Gn 18, 23-33. | 268 Résumé de la première partie de l'extrait 241d de Victor.

Page 715: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

30

Chaîne abrégée

{Ora de; th;n filanqrwpivan: ejni; movnw/ bouvletai carivsasqai th;n koinh;n

swthrivan kai; ajporei'. Shmeivwsai de; o{ti oujk ajrkei' to; ojmnuvnai, ajlla; to;

mh; ejpiorkei'n. jEnnovhson ou\n o{son ejsti; to; ejpi; yeudevsin ojmnuvein kai; ejpi;

blavbh/ tinw'n.

Page 716: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

30

Traduction de la chaîne abrégée

précise.269

Mais vois son amour pour les hommes : pour un seul il veut faire la grâce du salut

à tous et il est dans l'embarras.270

Mais remarque qu'il ne suffit pas de jurer, mais aussi de ne pas faire de faux

serments. Pense donc combien il est grave de jurer pour des mensonges et pour

nuire à quelqu'un.271

269 Résumé d'un extrait de Jean Chryostome qui porte en fait sur le début de Jr 5 et que je n'ai doncpas édité dans la chaîne à auteurs multiples (cf. M. Ghisleri, p. 438). | 270 Résumé du début d'unextrait de Sévère qui porte sur le début de Jr 5 (cf. M. Ghisleri, p. 438). | 271 Résumé d'un extrait deJean Chrysostome qui porte sur le début de Jr 5 (cf. M. Ghisleri, p. 439).

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1

INDEX DES MOTS GRECS (CHAÎNE ABRÉGÉE)

ajganaktevw 12,20 ; 12,23

ajgavph 9,8 ; 21,18

aJgiavzw 3,6

aJgiasmov" 5,6

a{gio" 2,22 ; 4,19 ; 19,15 ; 26,15 ; 29,15

ajgnoevw 27,22

ajgnwmosuvnh 17,16

ajgnwvmwn 1,10

a[deia 7,15 ; 14,16 ; 27,4

ajdikevw 14,5 ; 18,23

ajqavnato" 21,22

a[qeo" 16,15

ajqumiva 28,2 ; 28,11

aiJmavttw 15,2

aijnivttomai 6,18 ; 25,23

ai[sqhsi" 28,24

aijsqhtov" 5,17 ; 28,15

aijsqhtw'" 24,14 ; 24,21

aijscuvnh 22,22 ; 23,2 ; 23,4

aijcmalwsiva 21,22 ; 25,21 ; 27,26 ; 29,16

ajkavqarto" 16,21 ; 17,25

a[kanqa 6,2

ajkanqoforevw 23,21

ajklehv" 22,22

ajkovresto" 4,13

ajkrivbeia 7,22

ajkribhv" 27,9 ; 29,23

ajkroathv" 6,11 ; 9,13

ajkrobustiva 24,1

ajlgevw 9,19

ajlhvqeia 14,3 ; 19,10 ; 23,18

ajlhqeuvw 23,19

ajlhqinov" 16,15

ajllovtrio" 13,20 ; 15,8

ajllotriovw 13,20 ; 23,7

a[lso" 13,6

a{lwsi" 2,14 ; 26,26

aJmartavnw 7,20 ; 11,6 ; 14,10 ; 14,11 ; 14,12 ; 14,16 ; 15,21 ; 17,12 ; 18,12 ; 19,14 ; 19,17

; 19,24

aJmavrthma 13,3 ; 14,6 ; 14,9 ; 17,2 ; 17,9 ; 18,1

aJmartiva 6,13 ; 17,14 ; 19,14 ; 23,7

aJmartwlov" 5,5

ajmoibhv 1,6

ajmugdavlino" 6,18

ajnabluvzw 11,10

ajnavgrapto" 5,10

ajnadotikov" 27,13

ajnaidhv" 14,20

ajnaidw'" 17,3

ajnaivsqhto" 11,5 ; 19,5

ajnaisqhvtw" 28,25

ajnaivscunto" 17,2 ; 18,11

ajnakalevw 12,2

Page 718: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

2

ajnavlghto" 15,19

ajnamimnh/vskw 25,3

ajnavpausi" 10,1

ajnapauvw 7,16

ajnarripivzw 26,7

ajnavstasi" 2,21

ajnatrevpw 12,24

ajnatupovw 24,20

ajndrikw'" 8,7

a[nemo" 26,9

a[nesi" 13,7 ajnepibouvleuto" 8,12

ajnepivstrofo" 15,19 ; 18,5

ajnevcomai 9,18 ; 16,15 ; 17,21 ; 19,17

ajnqrwvpino" 8,9

ajnqrwpivnw" 24,5

ajnivsthmi 2,21

ajnovnhto" 16,8

ajntivkeimai 27,2

ajntitavssw 6,21

ajnwfelhv" 22,17

ajxiovpisto" 23,18

ajxivwma 22,2

ajpaggevllw 26,26 ; 29,12

ajpaqhv" 18,23

ajpaitevw 8,25 ; 22,7

ajpallaghv 12,9 ; 24,10

ajpallotriovw 5,5

ajparamuvqhto" 26,11

ajpatavw 15,8 ; 15,23 ; 26,13

ajpeiqhv" 3,8

ajpeilhv 6,21 ; 6,24 ; 9,17 ; 28,20 ; 28,26

ajpelpivzw 14,21

ajperivskepto" 5,13

ajpistiva 5,14

ajpobolhv 19,15

ajpogignwvskw 14,21 ; 28,23

ajpovgono" 10,25

ajpovdeixi" 11,21

ajpodhmevw 2,16

ajpodochv 5,14

ajpokleivw 17,15

ajpoklivnw 4,7

ajpovkrisi" 26,12

ajpolambavnw 1,7

ajpolauvw 16,11 ; 21,26

ajpologevomai 9,17 ; 11,22 ; 17,4

ajpophdavw 20,14

ajporevw 21,6 ; 30,2

ajpovstasi" 14,22

ajpostolhv 17,23

ajpovstolo" 20,16

ajpostrevfw 14,13 ; 25,5 ; 25,7 ; 26,23

ajpovfasi" 28,14

ajprosdovkhto" 25,10

Page 719: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

3

a[ptaisto" 4,21

ajrgov" 23,10

ajrestov" 14,2

ajrethv 24,2

aJrmovzw 27,8

ajrnevomai 13,11 ; 14,7 ; 15,10 ; 17,3

a[rnhsi" 17,14

a[rotron 23,22

a[roura 23,21

aJrpaghv 7,13

ajrchgov" 18,14

ajrciereuv" 28,8

ajsavfeia 6,4

ajsafhv" 20,23

ajsevbeia 4,6 ; 14,17

ajselgw'" 14,14

ajspiv" 1,14 ; 1,17 ; 1,20 ; 2,3 ; 10,22

a[stato" 19,18

ajsuvmfwno" 19,18

ajtavktw" 26,11

ajtimiva 16,12 ; 23,1

a[timo" 29,2

a[topo" 11,3

a[tufo" 5,9

aujqairevtw" 11,17

au[xw 19,3 ; 23,6

au[tandro" 25,4

aujtovpth" 21,26

aujtovfwro" 15,10

ajfairevw 11,19

ajfanivzw 1,7 ; 27,24

ajfhniavzw 13,6 ; 21,20

ajfivsthmi 20,11

ajforivzw 9,6

ajcavristo" 1,9

a[yuco" 9,14 ; 11,3 barbarikov" 26,9

bdevlugma 23,8 ; 23,9

bevbaio" 29,9

bivblo" 4,1

blavbh 30,4

blavptw 9,24 ; 18,10

blasfhmiva 23,10

bohvqeia 8,13

bounov" 13,6 ; 22,18

bou'" 10,22 ; 27,23

brevfo" 2,7 ; 2,8

gevenna 25,6

gewrgikov" 23,20

gewrgov" 6,2 ; 13,17

glw'tta 29,13

gnw'si" 4,20

gravmma 7,4

Page 720: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

4

grammateuv" 10,8

grafhv 27,9 ; 29,11

grhgorevw 22,27

daivmwn 11,15 ; 14,2 ; 17,25 ; 19,6 ; 22,14 ; 22,17 ; 22,19 ; 22,21 ; 22,24 ; 29,4

dapanavw 22,24

deinav 16,27 ; 18,10 ; 24,11 ; 25,5 ; 25,9 ; 27,26 ; 29,23

deinovn 11,1 ; 16,26 ; 24,7 ; 25,8

despoteiva 16,9

dh'gma 1,20

diavbolo" 7,6 ; 14,10 ; 15,8 ; 24,15

diaqhvkh 21,12

dialevgomai 14,9 ; 18,24 ; 19,28 ; 20,6 ; 24,5

diavleimma 6,6

diavnoia 7,6 ; 7,10 ; 8,8 ; 28,10

diaporqmeuvw 8,7

diaspeivrw 26,10

diathrevw 22,5

diavcusi" 13,7

didaskaliva 23,23

didavskalo" 24,13

didavskw 21,1 ; 22,11 ; 27,22

dihnekhv" 11,13

dikavzw 10,18 ; 18,3

dikaiologevw 7,21

divkaio" 4,6 ; 4,17 ; 5,9 ; 8,20 ; 9,15 ; 19,21 ; 29,12

dikaiosuvnh 23,18 ; 29,7

dikaiovw 19,23

dikaivwma 9,12 ; 10,12

dikaivw" 26,17

dikasthv" 7,20 ; 9,16

divkh 13,4 ; 17,8

diorqovw 24,19 ; 25,15 ; 27,20

diovrqwsi" 4,9 ; 25,14

divyo" 11,13 ; 15,3

donevw 28,3

dovxa 3,1 ; 5,10 ; 16,9

doruavlwto" 25,22

douleiva 12,1

douleuvw 20,13

dou'lo" 7,13 ; 11,21 ; 18,21

drimuvttw 6,14

duvskolo" 16,13

duscevreia 4,9 eJbrai'o" 6,17

ejgkalevw 12,17 ; 13,17

ejgkaluvptw 14,16

ejgkataleivpw 12,4 ; 17,24

ejgkatavleiyi" 17,17

e[gklhma 10,14 ; 17,10 ; 18,19 ; 19,8

ejgkwvmion 8,19

ejgrhgorevw 6,23

ejgrhvgorsi" 6,13 ; 6,15

ejqivzw 23,18

Page 721: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

5

eijdwlolatreiva 14,17 ; 15,11 ; 17,26 ; 18,11 ; 22,22

eijdwlolatrevw 19,5

ei[dwlon 1,7 ; 2,6 ; 11,18 ; 14,23 ; 15,6 ; 15,16 ; 16,8 ; 19,6 ; 23,9 ; 23,15 ; 23,17

eijkwvn 5,17 ; 5,19

eijrhvnh 25,16

ejkdivdwmi 14,14 ; 14,21

e[kdoto" 24,15

e[kkausi" 7,1

ejkklhsiva 24,16 ; 26,16

ejklektov" 2,20

ejkluvw 7,9 ; 28,19

ejkplhvttw 11,5

ejkpolemevw 16,25

ejkrizovw 6,2 ; 23,22

ejlavttwma 5,10

e[legco" 6,21

ejlevgcw 7,24 ; 10,18

e[leo" 8,21 ; 8,25 ; 9,2

ejlpiv" 17,17 ; 24,7 ; 25,11 ; 25,12 ; 28,23

ejmpivptw 4,14 ; 9,1 ; 26,9

ejmfanivzw 19,5

ejmfoleuvw 19,6

ejmfuvshma 5,18

ejnarghv" 6,10

ejnavreto" 21,17

ejndiabavllw 18,17

ejndiatrivbw 9,25

e[nedron 1,18

ejnevrgeia 6,2

ejnergevw 23,26 ; 23,27

e[nqou" 27,16

ejnqumevomai 21,6

ejnnoevw-ow' 30,3

e[nnoia 21,17

ejntreptikw'" 16,7 ; 27,6

ejntrevpw 11,2

ejntugcavnw 18,20 ; 18,21

ejxaivreto" 9,5

ejxairevw 8,15 ; 8,16 ; 9,8

ejxakolouqevw 9,2

ejxevtasi" 29,21

e[xodo" 9,4

ejxomologevw 23,6

ejpaggevllw 21,9

ejpavgw 4,11 ; 7,7 ; 7,8 ; 8,20 ; 20,20 ; 24,17 ; 26,17 ; 28,21

ejpakolouqevw 22,9

ejpanavgw 6,13

ejpavnodo" 21,3 ; 21,21 ; 25,23

ejpigignwvskw 2,1 ; 14,12 ; 15,12 ; 17,2 ; 22,16

ejpieivkeia 5,14 ; 18,12

ejpizhtevw 22,9 ; 22,19

ejpikaluvptw 23,1

ejpivklhsi" 22,7

ejpikouriva 15,7

ejpikremavw 24,6

Page 722: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

6

ejpilanqavnomai 16,13 ; 27,3

ejpimelevomai 18,20 ; 29,8

ejpimevnw 1,7 ; 10,17 ; 14,11 ; 14,19

ejpiorkevw 30,3

ejpivpona 26,25

ejpiskevptomai 21,7

ejpispavw 11,17 ; 12,1 ; 12,18

ejpispeuvdw 24,17

ejpistrevfw 19,7 ; 19,9 ; 23,1 ; 23,15 ; 26,15

ejpistrofhv 20,13 ; 21,10

ejpivtagma 15,1

ejpitelevw 19,13

ejpitimavw 22,8

ejpitrevpw 29,21

ejpopteiva 28,14

ejranivzw 11,18

ejrasthv" 14,5

e[reuna 29,23

ejrhmiva 28,4 ; 28,16

e[rhmo" 2,27 ; 9,3 ; 14,17 ; 26,14 ; 28,13 ; 28,15

eJrmhneuvw 10,26

ejtavzw 7,22

eJtairivzw 29,3

eJtoimavzw 9,3

eujaggevlion 23,14

eujavlwto" 24,16 ; 27,18

eujdokevw 4,8

eujdovkimo" 18,18

eujergesiva 8,18 ; 9,25 ; 9,26 ; 20,17

eujergetevw 1,8 ; 1,13 ; 10,20

eujergevth" 1,9

eujquvnw 17,9

eujlavbeia 5,14

eujlogevw 23,11

eujsevbeia 16,26 ; 21,14

eujsebhv" 3,15 ; 18,18

ejfivsthmi 7,12 ; 24,11

e[fodo" 7,2 ; 25,18

e[cqra 21,20 ; 21,22

ejcqrov" 9,10 ; 12,18 ; 24,16 zevsi" 7,3

zhlovtupo" 12,20

zhmiva 22,25 hJgemonikov" 23,28

hJdonhv 14,24 ; 15,1 ; 20,21

qarrevw 9,12

qaumastov" 21,19 ; 21,23

qaumatourgevw 16,7

qeathv" 27,19 ; 28,10

qeosevbeia 22,27

qevsi" 25,1

qespevsio" 8,9

Page 723: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

7

qhsaurov" 24,1

qovrubo" 7,3

qrhnevw 3,4 ; 3,10

qrhskeiva 21,11

i[asi" 17,14

ijatreiva 7,6

ijdiovth" 6,5

iJereuv" 1,11 ; 2,5 ; 2,20 ; 10,5

iJerourgevw 22,24

iJmav" 24,13

iJstorevw 20,6

iJstoriva 25,1

ijscurov" 7,14 kaqarov" 5,10 ; 25,24

kaqeuvdw 6,13

kaqhghthv" 10,6

kaqiknevomai 10,7

kaqodhgevw 21,1

kaqolikw'" 28,6

kainov" 20,26

kairov" 4,5 ; 4,9 ; 7,8 ; 26,2

kakivzw 19,24

kavlumma 23,3

kardiva 20,8 ; 20,25 ; 20,26

karpov" 7,9

karpovw 12,19

kavruon 6,14 ; 6,15

katabavllw 23,23

katavgw 24,13

katagwvgion 9,3

katadikavzw 7,20 ; 7,23 ; 10,15

kataiscuvnw 15,7

katalaliav 23,10

katalevgw 26,18

kataleivpw 8,1 ; 16,22

katapatevw 2,15

kataplhvttw 27,19

katavrcw 21,20

kataseivw 7,10

katatevmnw 15,2

katayuvcw 20,8

kathgorevw 11,2 ; 17,6 ; 18,4

kathgoriva 5,14 ; 11,9 ; 19,3 ; 20,11 ; 27,21

katoivkhsi" 20,14

katoruvttw 13,14

katwvtato" 25,1

kenov" 28,1

khdemonikov" 21,25

khvdomai 24,19

kibwtov" 2,14 ; 2,18 ; 2,21 ; 2,27 ; 21,4 ; 21,7

kivnduno" 19,13

klauqmurivzw 22,8

Page 724: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

8

klevpth" 15,8 ; 15,10

klhronomiva 22,2

klhrovw 9,9

knivzw 19,29 ; 20,1

koinwnov" 3,3

kolavzw 7,23 ; 10,11

kompavzw 29,13

koniavw 14,3

kovrax 18,5

korwvnh 18,5

kovsmo" 16,9 ; 16,12

kravspedon 22,9

kri'ma 29,7

krivnw 10,11 ; 10,13 ; 10,15 ; 10,16 ; 10,17

krokovdeilo" 1,16

kurivw" 28,5 ; 28,6

lavqra/ 16,26

laliav 15,16

levbh" 7,1 ; 7,4

leitourgiva 5,3

leivyanon 2,2 ; 25,24

levpo" 6,14

lecwv 2,8

lhvqh 9,1

lh'mma 4,3

lh/steiva 16,26

livqino" 20,26

limhvn 10,1

logismov" 24,1

loceuvw 2,7

lupevw 20,19

luvtrwsi" 19,14

maqhthv" 5,18

makarivzw 19,30

makroqumiva 6,23 ; 26,23

martuv" 18,1 ; 23,19

mavtaio" 12,12 ; 16,18

mevqexi" 19,15

mequvw 14,8

melevth 18,16

merikw'" 28,5

metaboliva 13,17

metaklaivw 3,4

metanoevw 9,23

metavnoia 7,8 ; 7,9 ; 15,22 ; 24,15

metaforikw'" 29,2

metriovth" 10,17

mhnuvw 7,2

miaivnw 18,7

miaifoniva 16,27

misevw 17,23

mi'so" 9,23

mneiva 23,9

Page 725: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

9

moscopoievw 13,1

movsco" 22,25

musthvrion 2,1 ; 2,11 ; 2,12 ; 3,2

nekuomanteiva 13,12

neovth" 5,13

nhvpio" 23,15

nhptikw'" 8,7

nikavw 8,14 ; 17,11

nohtw'" 24,14

nomoqesiva 13,6

nouqetevw 4,7

oJdhgevw 10,1

oJdhgiva 9,27

ojduvnh 7,3

ojduvromai 22,12 ; 29,17

oijkevth" 20,13

oijkodovmhma 27,24

ojknhrov" 4,9

ojmnuvw 30,2 ; 30,3

oJmovnoia 21,18 ; 21,21

oJmovfulo" 26,21

ojneidivzw 1,6

o[neido" 15,14

o[no" 10,22

o{rama 4,5

o{rasi" 4,3 ; 4,5

ojrghv 16,2 ; 17,1 ; 29,19

ojrgivzomai 14,13 ; 17,4 ; 25,7

o{rkio" 23,17

o{rko" 23,13 ; 29,9

ojruvssw 11,14 ; 11,17

ojstravkino" 10,26

ojfeivlw 27,22

o[felo" 24,2

pavqo" 17,11

paideiva 6,12 ; 6,14 ; 12,15

paideuvw 1,10 ; 13,5 ; 19,4 ; 19,12 ; 24,5

paidivon 8,23 ; 15,23 ; 22,8

palaiov" 24,3

palaiovw 21,13

palivnstrofo" 12,8

parabaivnw 14,6 ; 19,11

paraggevllw 23,21

paraivnesi" 15,4 ; 20,11

paraitevomai 9,13 ; 9,15 ; 10,12 ; 10,15

paraivthsi" 5,16

parakalevw 22,12

paravklhsi" 16,16 ; 16,18

paramuqiva 24,8

paranomevw 10,18

paranomiva 7,24

paratrophv 13,18

Page 726: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

10

parqevno" 2,7 ; 2,8

paroxuvnw 8,23 ; 17,12 ; 19,29

parousiva 2,17 ; 19,14

patroparavdoto" 2,11

pavscw 8,13 ; 8,14 ; 8,17 ; 12,3 ; 13,4 ; 18,10 ; 26,11 ; 29,22

pei'ra 23,20 ; 26,2

penqevw 17,19

peparrhsiasmevnw" 18,11

perikavqarsi" 23,28

peripivptw 17,12

peripoievomai 16,16

peristevllw 2,2

peritomhv 21,10 ; 23,25 ; 24,2 ; 28,15

perifanhv" 9,14

perifevrw 26,7

peteinovn 28,4

phghv 11,10

pivsti" 29,8 ; 29,12 ; 29,15

pistov" 1,18 ; 29,8 ; 29,9 ; 29,11

planavw 22,17 ; 26,15

plavnh 12,12 ; 15,13

plavnhsi" 22,23

plavx 2,19

plavsi" 13,19

plhghv 6,11

plhktikov" 6,9

plhmmelevw 17,3

plhvmmura 3,10

plhroforiva 5,18 ; 5,19

plhvttw 6,10 ; 24,13

pneu'ma 8,9 ; 19,15 ; 20,26 ; 26,7 ; 26,15

pneumatikov" 20,9

poihthv" 15,14

poimhvn 20,17

polevmio" 12,3 ; 24,18 ; 26,6 ; 26,19 ; 27,4

polueidhv" 12,13

poluvqeo" 12,12

ponevw 11,14

povno" 22,7

porneiva 13,7 ; 19,8 ; 19,9

povrnh 14,14

proairetikw'" 13,19

provbaton 22,24 ; 27,23

progignwvskw 4,20 ; 5,4

provgnwsi" 4,19 ; 5,6 ; 5,7 ; 6,1

prohgevomai 9,3

prosavgw 26,25

prosektikov" 6,19

prosechv" 7,11

prosevcw 8,5

prosochv 8,6

provstagma 4,22 ; 6,22

provschma 16,27

provswpon 6,4 ; 22,1 ; 26,21 ; 27,7 ; 28,16

protimavw 13,7

Page 727: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

11

protrevpw 4,10 ; 11,2

provfasi" 23,13

profhteuvw 4,8 ; 5,8 ; 21,4

profhvth" 1,16 ; 2,1 ; 2,5 ; 2,11 ; 2,20 ; 3,4 ; 4,14 ; 5,15 ; 5,17 ; 7,17 ; 8,10 ; 10,8 ; 11,9 ;

12,8 ; 14,11 ; 15,23 ; 18,21 ; 20,6 ; 21,12 ; 21,25 ; 25,13 ; 26,20 ; 27,8 ; 27,15 ;

27,16 ; 27,18 ; 29,17

profhtikov" 4,13 ; 23,21 ; 27,17

profhtikw'" 27,26

proceirivzomai 5,13

prwtovtoko" 9,7 ; 9,9

ptaivw 17,14

ptw'si" 13,16

rJa/vdio" 13,18

rJa/qumevw 17,11

rJa/qumiva 15,13

rJhtoreuvw 5,11

safhv" 4,4

sbevsi" 24,9

sebavzw 9,22

shmaivnw 10,25 ; 14,15 ; 14,22 ; 29,15

shmei'on 2,5 ; 2,17

shmeiovw 22,6 ; 30,2

siwpavw 19,6

skevph 18,13

skevyi" 18,16

skhnhv 25,14 ; 27,10 ; 27,18

skh'yi" 5,15

sklhrov" 21,20

skotasmov" 10,26

skotevw 28,12

skotivzw 28,2

skotodiniavw 28,3

skovto" 22,16 ; 28,3

skuqrwpov" 28,21

spavnio" 29,16

sparavssw 27,14

spevrma 23,22

splavgcnon 27,14

spovro" 23,24

spoudavzw 14,9 ; 16,21 ; 27,20

sterrov" 6,9

strathgevw 24,18

stuvfw 6,14

suggevneia 22,3

suggnwvmh 23,7

sugkatavbasi" 24,3

sugcwrevw 8,17

suvgcusi" 12,9

sullevgw 20,16

suvmbolon 6,11

sumboulhv 20,11

summaciva 12,18

sumpavqeia 27,14

Page 728: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

12

sumpaqhv" 29,17

sumpavscw 26,21

sumpivptw 2,6

sumplhrwtikov" 26,4

sumforav 7,1 ; 15,6 ; 19,4 ; 22,12 ; 25,10 ; 26,2 ; 26,18

sunavgw 21,16 ; 21,24

sunavptw 17,26 ; 28,22

sundikevw 17,6

suneuvcomai 21,27

sunqhvkh 19,11

sunoravw 6,6 ; 14,11

suntevleia 2,26 ; 25,19

sunupokrivnomai 25,13

sfodrov" 14,10 ; 26,9 ; 26,20

sfragivzw 2,24

sch'ma 17,19

sw/vzw 8,24 ; 16,3 ; 18,15 ; 20,15

swmatikov" 5,19 ; 21,11

swthriva 18,14 ; 22,20 ; 30,2

swfronevw 7,7

swfronivzw 13,5 ; 16,2

swfronismov" 18,15 ; 19,25

talaipwrevw 27,10

talanivzw 26,22

teknoktoniva 14,2

teleivwsi" 3,14

thganismov" 7,4

timwrevw 7,24

timwriva 6,11 ; 6,18 ; 8,19 ; 20,18

tolmavw 28,6

tracuv" 15,1 ; 15,3

tropikw'" 24,21 ; 27,13

tuvpo" 2,25

uJbrivzw 18,23

uJmnevw 20,1

uJperbolhv 10,11 ; 11,4 ; 18,8 ; 28,4 ; 29,18

uJpevrtimo" 3,13

uJpiscnevomai 26,15

u{pno" 6,23 ; 22,26

uJpovdeigma 17,20

uJpovkrisi" 14,3

uJpomimnh/vskw 6,20

uJpoplavttomai 19,10

uJpopteuvw 9,15

uJpovstasi" 11,18

uJpostrevfw 18,6

uJpovscesi" 22,14

uJformevw 8,8 ; 8,10 favtnh 2,8

filanqrwpiva 11,7 ; 24,7 ; 29,18 ; 30,1

filoneikiva 14,18 ; 14,20

filoneivkw" 16,21

Page 729: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

13

filostorgiva 8,23

filotimiva 5,10

fivltron 11,7

foberov" 20,24 ; 27,19

fortikov" 9,18

frhvn 25,9

frovnhma 4,14

frovnhsi" 22,25

fugadeuvw 1,20

calepaivnw 25,6

calepov" 26,10 ; 28,22

carivzw 30,1

cavri" 3,2 ; 8,9 ; 8,24 ; 12,23 ; 16,8 ; 18,15

cei'lo" 29,13

ceiropoivhto" 2,6

cristoktonevw 21,8

yeudodidavskalo" 17,25

yeudoprofhvth" 10,9 ; 25,11 ; 26,3

yeu'do" 14,3 ; 30,3

yeudwvnumo" 16,18

yeudw'" 19,10

yilw'" 15,15

yucikov" 23,21

yucrov" 20,9

wjfevleia 15,22

wjfelevw 24,19

Page 730: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

14

INDEX SCRIPTURAIRE (CHAÎNE ABRÉGÉE)

Genèse Gn 1, 11 5

Gn 1, 22 4

Gn 8,7 18

Règnes 1R 5, 1-7 21

Psaumes Ps 4, 7 28

Ps 33, 17 28

Ps 43, 16 23

Ps 57, 4 5

Ps 89,8 13

Ps 103, 16 5

Isaïe Is 29,13 15

Is 44, 2 4

Jérémie Jr 3, 18 25

Jr 47, 2 7

Ézéchiel Ez 16, 22 16

Ez 36, 26 20

Daniel Dn 13, 42 5

Osée Os 2, 16 25

Matthieu Mt 5, 33-34 23

Mt 5, 45 16

Mt 11,13 21

Mt 23, 27 14

Mt 27, 51 28

Jean Jn 5, 22 28

Romains Rm 11, 14 20

Rm 11, 21 19

Corinthiens 2 Cor 3,18 23

Galates Gal 1, 15 4

Pierre 1P 5, 8 24

Page 731: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

1

Chaîne à deux auteurs

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu aaaajjjjrrrrcccciiiieeeeppppiiiisssskkkkoooovv vvppppoooouuuu KKKKwwwwnnnnssssttttaaaannnnttttiiiinnnnoooouuuuppppoooovv vvlllleeeewwww"""" ttttoooouuuu'' '' CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu eeeeJJ JJrrrrmmmmhhhhnnnneeeeiiiivv vvaaaa

eeeeiiiijj jj"""" ttttoooo;; ;;nnnn pppprrrrooooffffhhhhvv vvtttthhhhnnnn jjjjIIIIeeeerrrreeeemmmmiiiivv vvaaaannnn::::

To;n me;n ou\n crovnon kaq j o}n proefhvteusen oJ makavrio" profhvth"

jIeremiva" kai; ajpo; poivou basilevw" h[rxato kai; eij" poi'on profhteuvwn

ejteleuvthse, safw'" ejn toi'" prooimivoi" tou' profhvtou e[sti maqei'n.5

Pa'san de; th;n profhteivan kata; tw'n duvo poiei'tai fulw'n, h[dh tw'n

devka aijcmalwvtwn genomevnwn uJpo; tou' jAssurivou.

Poikivlhn dev tina th;n profhteivan e[stin ijdei'n: tou'to me;n ga;r ajpo;

tw'n palaiw'n paradeigmavtwn aujtou;" ejlevgcei, wJ" o{tan levgh/: « ijde; ta;"

oJdouv" sou ejn tw'/ poluandrivw/ »: tou'to de; ajpov tinwn par j aujtou' tou'10

profhvtou gignomevnwn, wJ" o{tan lambavnh/ to; perivzwma kai; ta; ajkovlouqa

1 jIwavnnou — Crusostovmou B : Qeodwrhvtou ejpiskovpou Kuvrou Y || 3 ou\n B : om. Y || 9 ijde; Y :ei\de B || 1 1 gignomevnwn B : genomevnwn Y

Page 732: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

1

Traduction de la chaîne à deux auteurs

(Prologue de Jean Chrysostome. Codd. : B Y. Editio : PG 64, 744 C1 – 745 B51.)

Commentaire de Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople, sur le

prophète Jérémie.

Ainsi donc, la période durant laquelle a prophétisé le bienheureux prophète

Jérémie, à partir de quel roi il a commencé à prophétiser et à l'époque de quel

< autre > il a cessé de prophétiser, on peut l'apprendre clairement dans les

préambules du prophète2.

Il compose toute la prophétie contre les deux tribus, au moment où les dix

tribus ont déjà été emmenées en captivité par l'Assyrien.

On peut constater que la prophétie est en quelque sorte bigarrée : en effet,

tantôt il les accuse avec les exemples anciens, comme lorsqu'il dit : « Vois tes

chemins dans la foule des mâles »3, tantôt avec des actes du prophète lui-même,

comme lorsqu’il reçoit la ceinture et accomplit les actes qui s'ensuivent4, comme

la cruche qu’il a brisée devant la face du peuple5, signe de l’anéantissement de la

1 Il est précédé d'un autre prologue de Jean Chrysostome ( = prologue de Jean Chrysostome dans lachaîne à auteurs multiples) et du prologue anonyme de la chaîne à auteurs multiples, avec l'ajoutpropre à l'abrégé, dans le manuscrit B. | 2 L'importance du cadre temporel est aussi mise en valeurpar Jean Chrysostome dans les Homélies sur Ozias, II, 3 : Kaqavper ga;r o{roi kai; sth'lai ejntoi'" ajgroi'" ta;" moivra" oujk ejw'si sugcei'sqai, ou{tw" oiJ crovnoi kai; oiJ kairoi; ta;pravgmata oujk ejw'sin ajllhvloi" sumpivptein, ajlla; dieivrgonte" ajp j ajllhvlwn aujta; kai;kata; th;n proshvkousan e{kasta diatiqevnte" tavxin, pollh'" ajpallavttousin hJma'"tarach'". [Axion toivnun eijpei'n pro;" uJma'" tiv" h\n ou|to" oJ jOziva" kai; povte ejbasivleusenkai; tivnwn ejbasivleusen kai; povso" aujtw/' gevgonen oJ th'" ajrch'" crovno" kai; pw'" to;n bivonkatevlusen. « Comme les limites et les bornes dans les champs ne permettent pasl'enchevêtrement des domaines, la mention des temps et des circonstances ne permet pas de fairecoïncider les événements, mais les sépare les uns des autres, les répartit chacun selon l'ordreconvenable et nous préserve d'une grande confusion. Il vaut donc la peine de vous dire qui fut cetOzias, quand il fut roi, de qui il fut roi, quelle fut la durée de son règne, comment il termina savie » (cf. éd. J. Dumortier, SC 277, Paris 1981, pp. 98-101). | 3 Jr 2, 23. | 4 Jr 1,17. | 5 Jr 19.

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2

Chaîne à deux auteurs

poih'/ kai; to;n bivkon o}n e[klase kata; provswpon tou' laou', mhvnuma th'"

ajpwleiva" tou' plhvqou", kai; tou;" kloiou;" ou}" perievqeto.

Pollh;n dev tina duscevreian ejn toi'" crovnoi" toi'" aujtou' e[sce,

pavntwn h[dh eij" ajsevbeian ejkklinavntwn, kai; iJerevwn ajnqistamevnwn, oi|o"

h\n oJ Sofoniva" kaq j ou| kai; faivnetai levgwn, kaiv tinwn tw'n ejn tevlei5

o[ntwn, kai; pavlin pro;" to;n Pascw;r ajpoteinovmeno", kai; basilevwn h{kista

decomevnwn th;n paraivnesin.

Poiei'tai de; to;n e[legcon oujk ajpo; tw'n pragmavtwn movnon, ta;"

ajsebeiva" levgwn safw'", ajlla; kai; ajpov tinwn eujpeiqw'n ajndrw'n, wJ"

mevmnhtai tw'n uiJw'n jIwnada;b uiJou' JRhca;b w|n kata; suvgkrisin deivknusi10

paranovmou" jIoudaivou". Dia; tou'to kai; ta; ceivrista faivnetai peponqwv",

tou'to me;n u{popto" ejpi; th'/ prodosiva/ gignovmeno", tou'to de; ejn

desmwthrivw/ katakleiovmeno", tou'to de; ejn lavkkw/ borbovrou ballovmeno".

Tauvth" e{neken th'" aijtiva" eujqu;" ejn ajrch'/ uJpiscnei'tai aujtw'/ oJ

Qeo;" parevxein th;n ijscuvn, prolevgwn me;n aujtw'/ ta; deinav, ejpamuvnein de;15

ejpaggeilavmeno".

Levgei kai; kata; tw'n ejqnw'n pro;" wjfevleian ouj movnon JEbraivwn,

ajlla; kai; aujtw'n ejkeivnwn kaq j w|n levgei i{na oJrw'nte" th;n e[kbasin

peivqointo wJ" Despovth" tw'n aJpavntwn ejsti;n oJ Qeov".

Profhteuvei de; kai; ajnavklhsin tou' laou' kai; ajriqmo;n ejtw'n th'"20

aijcmalwsiva" tivqhsi. Tevlo" de; kai; qrhvnou" poiei'tai kai; paraivnesin

di j ejpistolh'" tivqhsi pro;" tou;" ejn th'/ ajpoikiva/ tugcavnonta" ejn h|/

9 wJ" mevmnhtai tw'n B : om. Y || 1 6 ejpaggeilavmeno" B : ejpaggellovmeno" Y || 1 9 tw'n B : om. Y|| 2 0 post kai;1 add. th;n Y

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2

Traduction de la chaîne à deux auteurs

foule, et les jougs dont il s’est chargé6.

Il vivait une grande infortune en son temps, parce que tous s’étaient déjà

orientés vers l’impiété, parce que des prêtres s'opposaient à lui – comme Sophonie

contre lequel il est évident aussi qu'il parle7 – ainsi que certains personnages

importants, et encore parce qu’il invectivait Paschor8 et parce que les rois

n’acceptaient pas le moins du monde son exhortation.

Et il porte une accusation non seulement d’après les faits, en disant

clairement les impiétés, mais aussi d’après certains hommes dociles, comme

< lorsqu' > il mentionne les fils de Jônadab, fils de Rèchab, en comparaison

desquels il montre que les Juifs transgressent la loi9. C’est pourquoi, il est évident

qu’il a supporté même le pire, d’une part parce qu’il est soupçonné de trahison10,

d’autre part parce qu’il est enfermé en prison11 puis jeté dans une citerne de

vase12.

C’est pour cette raison que Dieu lui promet aussitôt, dès le début, de lui

accorder sa force, en lui prédisant les épreuves, mais en lui annonçant qu’il le

secourra.

Il parle aussi contre les nations pour l’utilité non seulement des Hébreux,

mais aussi de ceux-là mêmes contre qui il parle13, afin qu'en voyant

l’accomplissement < de ses paroles > ils soient convaincus que Dieu est le maître

de l'univers.

Et il prophétise aussi le rappel du peuple et indique le nombre d’années de la

captivité. À la fin, il compose même des lamentations et fait une exhortation dans

une lettre à ceux qui se trouvent en exil, lettre dans laquelle il accuse encore la

6 Jr-LXX 27-28. Le même genre de distinction apparaît dans l'Hom. 6 sur la pénitence et à la finde la Protheoria de la Synopse de la Sainte Écriture attribuée à Jean Chrysostome. Il y a deuxgenres de prophéties, la prophétie par les paroles (dia; lovgwn ou dia; rJhmavtwn), ainsi celle d'Isaïe53, 7 (« comme un mouton, il a été mené à l'égorgement et comme un agneau il est resté muetdevant qui le tondait ») et la prophétie par les types (dia; tuvpwn) ou par les actes (dia; e[rgwn)comme le sacrifice d'Abraham qui énonce à l'avance le type de la croix. Cf. G. Dorival, « L’apportdes synopses transmises sous le nom d’Athanase et de Jean Chrysostome à la question du corpuslittéraire de la Bible », in G. Dorival et al., Qu'est-ce qu'un corpus littéraire ? Recherches sur lecorpus biblique et les corpus patristiques, Collection de la revue des Études juives, Paris-Louvain2005, p. 68. | 7 Il est question ici, non du prophète Sophonie, mais d'un prêtre du même nomopposé à Jérémie et allié à Paschor. Cf. 4R 25, 18 ; Jr 21, 1 ; Jr-LXX 36, 25 ; Jr-LXX 44, 3. | 8 Jr19, 1 - 20, 6. | 9 Jr-LXX 42. | 10 Jr-LXX 44, 11-16. | 11 Jr-LXX 44, 17-21. | 12 Jr-LXX 45, 1-13.13 Allusion aux oracles contre les nations, cf. Jr-LXX 25, 14 à 32, 38.

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3

Chaîne à deux auteurs

ejlevgcei kai; tw'n eijdwvlwn to; mavtaion kai; Despovthn tw'n aJpavntwn

deiknuvei to;n Qeovn.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

jEgw; me;n w[/mhn th;n jIeremivou tou' qeivou profhteivan eJrmhneiva" mh;

dei'sqai. jEpeidh; de; polloiv me tw'n spoudaivwn ejphvggeilan kai; tauvthn5

eJrmhneu'sai th;n bivblon, fhvsante" ajgnoei'n tou;" pleivstou" th;n th'"

profhteiva" diavnoian, th;n qeivan cavrin genevsqai sunergo;n iJketeuvsa",

peiravsomai plhrw'sai to; keleusqevn. Suntomiva" de; wJ" e[ni mavlista

frontiw' kai; tw'n me;n safestevrwn paravfrasin ejn kefalaivw/ poihvsomai,

ta; dev ge ejpexergasiva" deovmena ajnaptuvxai spoudavsw. Prwvthn mevntoi10

th'" profhteiva" th;n uJpovqesin fravsw.

JUpovqesi": Tovmo" prw'to"

jIwsiva" oJ basileu;" patevra me;n e[sce dussebh' to;n jAmw;" kai;

propavtora to;n Manassh' th'" tou' patro;" dussebeiva" gegenhmevnon

didavskalon. Aujto;" de; th;n ejnantivan ejkeivnoi" oJdeuvsa" th'" tw'n eujsebw'n15

merivdo" ejgevneto: e[sce de; pai'da" th;n me;n tou' patro;" ouj zhlwvsanta"

ajreth;n th;n de; tw'n progovnwn mimhsamevnou" ajsevbeian.

Tau'ta toivnun proeidw;" oJ tw'n o{lwn Qeo;" ejn tw'/ triskaidekavtw/

3 Qeodwrhvtou Btxt Ymg || 7 genevsqai B : om. Y || 1 2 JUpovqesi" — prw'to" B : Tovmo" a' Y || 1 5 postoJdeuvsa" add. oJdo;n Y

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3

Traduction de la chaîne à deux auteurs

vanité des idoles et montre que Dieu est le maître de l'univers14.

(Prologue de Théodoret. Codd. : B Y. Editio : PG 81, 496 A1 – 497 A11.)

Théodoret15 :

Je pensais, quant à moi, que la prophétie du divin Jérémie ne nécessitait pas

de commentaire. Mais puisque nombreux sont ceux des fidèles qui m’ont

demandé de commenter aussi ce livre, disant que la plupart ignoraient le sens de la

prophétie, après avoir supplié la divine grâce de me venir en aide, j’essaierai

d’accomplir ce qui m'a été prescrit. Mais je m’efforcerai d’être le plus bref

possible : je résumerai l’explicitation des passages plus clairs et je m’appliquerai

bien sûr à déployer ce qui nécessite une recherche supplémentaire16. En premier,

cependant, je vais exposer l’argument de la prophétie.

Argument17 du livre I :

Le roi Jôsias avait un père impie, Amôs, et pour grand-père, Manassè, qui

fut le maître d’impiété de son père. Or il prit, lui, la route opposée à la leur et

devint membre du parti des pieux ; et il eut des enfants qui n’envièrent pas la

vertu de leur père, mais imitèrent l’impiété de leurs ancêtres.

14 Les Lamentations et la Lettre de Jérémie sont présentées comme faisant partie du livre duprophète. En revanche, il est intéressant de remarquer que le livre de Baruch n'est pas évoqué ici.Il faut rappeler l'hypothèse de P.-M. Bogaert qui, après avoir observé que les citations de Baruchchez les Pères grecs les plus anciens sont attribuées à Jérémie et que les premiers auteurs à les citersous le nom de Baruch sont des Alexandrins, suppose que les manuscrits grecs antérieurs auxHexaples ne distinguaient pas Baruch de Jérémie. Avant le IIIe s., il semble que la version grecquede Jérémie incorporait le texte de Baruch. Peut-être cette absence d'allusion à Baruch est-elle lesigne que, même après le IIIe s., Baruch reste compris dans le livre de Jérémie (cf. Baruch,Lamentations, Lettre de Jérémie, intro., trad. et notes par I. Assan-Dhôte et J. Moatti-Fine, BA25.2, Paris 2005, p. 22). | 15 Il est intéressant de noter que le paragraphe qui suit est intituléprovlogo" dans la tradition directe du Commentaire de Théodoret (cf. Marcianus gr. 87, f. 188).16 On retrouve le même principe de méthode dans la préface du Commentaire sur le Cantique desCantiques (cf. PG 81, 48 C) et dans le Commentaire sur Isaïe de Théodoret (In. Is. Y, 27-28, éd.J.-N. Guinot, SC 276, Paris 1980, pp. 144-145) ; cf. J.-N. Guinot, L’exégèse de Théodoret de Cyr,Paris 1995, p. 70, note 102. | 17 Le terme utilisé dans la tradition directe n'est pas uJpovqesi", maisproqewriva.

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4

Chaîne à deux auteurs

e[tei th'" jIwsivou basileiva" proceirivzetai to;n profhvthn kai;

proagoreu'sai keleuvei ta;" ejsomevna" th'/ te povlei kai; tw'/ law'/ sumforav".

Tau'ta de; proqespivzwn dietevlesen, ouj movnon to;n uJpovloipon tou'

jIwsivou crovnon, ajlla; kai; ejpi; jIwaca;z o}" uiJo;" w]n tou' jIwsivou th;n

basileivan diedevxato, kai; ejpi; jIwakei;m o}" touvtou me;n h\n ajdelfo;" tou' de;5

jIwsivou uiJov", kai; mevntoi kai; ejpi; jIeconivou o}" tou' me;n jIwakei;m uiJo;"

uJph'rcen e[ggono" de; tou' jIwsivou, wJsauvtw" de; kai; ejpi; Sedekivou o}" kai;

aujto;" hu[cei to;n jIwsivan patevra, wJ" ei\nai pavnta th'" profhteiva" to;n

crovnon duvo kai; tessaravkonta ejtw'n, ojlivgwn mhnw'n devonta.

Proagoreuvei de; kai; th;n uJpo; Babulwnivwn gegenhmevnhn poliorkivan10

kai; to;n ejpiskhvyanta limo;n kai; th'" jIerousalh;m th;n ajnavstasin kai; to;n

ejmprhsmo;n tou' qeivou new; kai; tou' laou' to;n ajndrapodismovn. Proqespivzei

de; kai; th;n tw'n aijcmalwvtwn ejpavnodon kai; tw'n Babulwnivwn to;n o[leqron

kai; mevntoi kai; a[llwn ejqnw'n pampovllwn ta;" pantodapa;" timwriva":

prolevgei de; kai; th'" Kainh'" Diaqhvkh" th;n dovsin kai; th'" Palaia'" th;n15

pau'lan kai; tw'n ejqnw'n th;n klh'sin kai; th;n ejsomevnhn th'" oijkoumevnh"

swthrivan.

I1To;; rJh'ma tou' Qeou' o} ejgevneto ejpi; jIeremivan to;n tou' Celkivou ejk tw'n

iJerevwn o}" katwv/kei ejn jAnaqw;q ejn gh/' Beniami'n.20

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Tou'tov ejsti prografh; tou' biblivou: mhnuvei de; tivno" pai'", o{ti Celkivou,

kai; poiva" ajxiva", o{ti iJereuv", kai; pou' katoikw'n, o{ti ejn jAnaqwvq, kai;

poiva" fulh'", o{ti ejk th'" Beniami'n.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::25

Diplh'" oJ profhvth" metevlace cavrito" iJeratikh'" kai; profhtikh'": kai;

th;n me;n ejk tou' gevnou" ei[lkuse, th;n de; ejk th'" a[nwqen e[labe dwrea'".

4 o}" — 5 jIwakei;m B : om. Y || 7 uJph'rcen B : h\n Y || post jIwakei;m transp. Y || 1 3 post kai;1 add.tou' laou' Y || tw'n aijcmalwvtwn B : post ejpavnodon transp. Y || 2 0 o}" — Beniami'n B : om. Y || 2 5Qeodwrhvtou Btxt Ymg || 2 6 metevlace B : metevsce Y

Page 738: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

4

Traduction de la chaîne à deux auteurs

Le Dieu de l’univers, qui prévoit donc cela, choisit d’avance le prophète

dans la treizième année du règne de Jôsias et lui ordonne de prédire les malheurs

qui vont tomber sur la ville et le peuple.

Et il passa son temps à annoncer cela par des oracles, non seulement

pendant le reste du temps de Jôsias, mais aussi sous Jôachaz, qui, parce qu’il était

le fils de Jôsias, lui avait succédé sur le trône, et sous Jôakim qui était le frère de

celui-ci et le fils de Jôsias, et naturellement aussi sous Jéchonias, qui était le fils

de Jôachim et le petit-fils de Jôsias ; et de même aussi sous Sédékias qui lui aussi

se flattait d'avoir pour père Jôsias, de telle sorte que la période entière de la

prophétie fait quarante-deux ans, moins quelques mois.

Et il prédit aussi le siège fait par les Babyloniens, la famine qui s’est

abattue, la destruction de Jérusalem, l’incendie du temple divin et la réduction du

peuple en esclavage. Et il annonce aussi par des oracles le retour des captifs et la

ruine des Babyloniens et naturellement aussi les châtiments de toutes sortes

d'innombrables autres nations. Et il prédit aussi le don de la Nouvelle Alliance, la

fin de l’Ancienne, l’appel des nations et le salut futur du monde.

I1Le propos de Dieu qui advint sur Jérémie, fils de Chelkias, l’un des prêtres qui

habitait à Anathôth, dans le pays de Benjamin.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 745 C11-D1.

Jean :

Voici la préface18 du livre ; il indique de qui il est le fils, de Chelkias ; de quel

rang il est, prêtre ; où il habite, à Anathôth ; et de quelle tribu il est, de celle de

Benjamin.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 497 A14-B3.

Théodoret :

Le prophète a reçu en partage une double grâce, sacerdotale et prophétique : la

18 Il ne s'agit pas ici du titre du livre (ejpigrafhv), mais de la préface, semblable au prologue(provlogo") ou au préambule (prooivmion), cf. C. Moussy, « Les appellations latines des titres delivres », in Titres et articulations du texte dans les œuvres antiques. Actes du colloqueinternational de Chantilly (13-15 décembre 1994), J.-C. Fredouille, M.-O. Goulet-Cazé, Ph.Hoffmann, P. Petitmengin (dir.), Paris 1997, p. 1 et P. Hoffmann « Titrologie et paratextualité »,Ibid., p. 586.

Page 739: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

5

Chaîne à deux auteurs

Levgei de; kai; to;n crovnon th'" profhteiva":

2 jEgevneto lovgo" Qeou' pro;" aujto;n ejn tai'" hJmevrai" jIwsivou uiJou' jAmw'"

basilevw" jIouvda e[tou" triskaidekavtou ejn th/' basileiva/ aujtou'.

jIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Kai; tou'to th'" prografh'" ejsti tou' biblivou: mhnuvei de; ejpi; poivou5

basilevw" h[rxato th'" profhteiva", kai; kata; poi'on to;n kairovn. jEpeidh;

ga;r divkaio" h\n oJ jIwsiva" kai; ojrqh;n ei\ce th;n gnwvmhn peri; th;n

eujsevbeian, oujk hjduvnato de; ajf j eJautou' gnw'nai to; kalovn, pavntwn eij"

ajsevbeian ejkklinavntwn tw'n aujtou' progovnwn, tou' te Manassh' levgw kai;

tou' jAmw'", kai; mavlista komidh'/ nevo" paracqei;" eij" th;n basileivan, ajpo;10

triskaidekavtou e[tou" th'" basileiva" aujtou' wj/konovmhsen oJ Qeo;"

profhteuvein to;n jIeremivan, i{na ejk tw'n ejlevgcwn tou' profhvtou th;n peri;

to; kalo;n spoudh;n deivxh/ eJautou' oJ basileuv". Ouj dielhluqovtwn gou'n

pevnte ejniautw'n peritth;n tou' naou' spoudh;n e[scen.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::15

Mevmnhtai de; kai; tw'n eJxh'" bebasileukovtwn mevcri th'" ejscavth"

poliorkiva". Ei\ta kai; ta; eijrhmevna para; tou' Qeou' tw'n o{lwn didavskei:

3Kai; ejgevneto ejn tai'" hJmevrai" jIwakei;m uiJou' jIwsivou basilevw" jIouvda

e{w" th'" aijcmalwsiva" jIerousalh;m ejn tw/' pevmptw/ mhniv.

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::20

Kai; tou'to th'" prografh'" ejsti tou' biblivou: mhnuvei de; tou;" basilei'" ejn

oi|" proefhvteuse. To; dev kai; ejgevneto ejn tai'" hJmevrai" jIwakei;m uiJou'

jIwsivou mhnuvei o{ti ejdeivcqh me;n profhvth", kai; pneumatikh'" hjxiwvqh

cavrito" ejpi; tou' jIwsivou, tou;" de; pavnta" touvtou" lovgou" ajpo; tou'

2 uiJou' — 3 aujtou' B : om. Y || 5 ejsti — biblivou B : om. Y || post de; add. kai; Y || 6 to;n B : om. Y ||7 oJ B : om. Y || 9 tou' — 10 jAmw'" B : om. Y || 1 4 peritth;n Y : peri; th;n B || 1 5 Qeodwrhvtou Btxt

Ymg || 2 1 ejsti — biblivou B : om. Y || 2 4 tou'2 B : om. Y

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5

Traduction de la chaîne à deux auteurs

première, il l'a tirée de sa famille, la deuxième il l'a reçue du don d'en haut. Et il

dit aussi l'époque de la prophétie :

2Une parole de Dieu lui advint aux jours de Jôsias, fils d’Amôs, roi de Juda, la

treizième année de son règne.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 748 A4-15.

Jean :

Cela aussi fait partie de la préface du livre ; il indique à la fois sous quel roi il a

commencé sa prophétie et à quel moment. En effet, parce que Jôsias était juste et

avait un jugement droit concernant la piété, mais qu'il ne pouvait pas connaître le

bien de lui-même, étant donné que tous ses ancêtres, c'est-à-dire Manassé et

Amôs, s'étaient laissés aller à l'impiété, et surtout qu'il était arrivé sur le trône très

jeune, à partir de la treizième année de son règne, Dieu eut le dessein19 de faire

prophétiser Jérémie, afin que grâce aux accusations du prophète, le roi montrât

son zèle pour le bien. En tout cas, alors que moins de cinq ans s'étaient écoulés, il

témoignait d'un zèle remarquable pour le Temple.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 497 B6-9.

Théodoret :

Et il mentionne aussi ceux qui ont régné par la suite jusqu'au dernier siège.

Ensuite il < nous > apprend aussi ce qui a été dit par le Dieu de l'Univers :

3Et elle advint aux jours de Jôakim, fils de Jôsias, roi de Juda, jusqu’à la captivité

de Jérusalem, au cinquième mois.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 748 B3-C2.

Jean :

Cela aussi fait partie de la préface du livre ; il indique les rois sous lesquels il a

prophétisé. Et elle advint aux jours de Jôakim, fils de Jôsias indique qu’il a été

désigné comme prophète et qu’il a été jugé digne de la grâce spirituelle sous

19 Pour un autre emploi de oijkonomevw avec prop. infinitive ou infinitif complétif, cf. JeanChrysostome, Commentaire sur Isaïe I, 2 (éd. J. Dumortier, SC 304, Paris 1983, p. 48).

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6

Chaîne à deux auteurs

jIwakei;m ajrxavmeno" ejpoihvsato. Tovte ga;r mavlista ejdevonto parainevsew".

Eij ga;r to;n crovnon movnon kaq jo}n h[rxato profhteuvein shma'nai ejbouvleto,

h[rkei tou' jIwsivou hJ mnhvmh, eij de; kai; tou;" loipou;" eijpei'n hjqevlhsen

ejf j w|n proefhvteusen, e[dei kai; tou;" uJpoleifqevnta" qei'nai. {Wste dh'lon

wJ" tou'to mhnuvei wJ" h[rxato me;n ejpi; jIwsivou, ouj pollw'n de; lovgwn oujde;5

sfodrw'n ejdehvqh to; thnikau'ta, tou' te kratou'nto" o[nto" eujsebou'" kai;

tou' plhvqou" eJpomevnou tw'/ basilei'.

4Kai; ejgevneto lovgo" Kurivou pro;" aujto;n levgwn: 5pro; tou' me plavsai se

ejn koiliva/ ejpivstamaiv se kai; pro; tou' se ejxelqei'n ejk mhvtra" hJgivakav se

profhvthn eij" e[qnh tevqeikav se.10

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Au{th mevn ejstin hJ ajrch; tou' biblivou, oujc au{th de; th'" profhteiva" hJ

ajrchv. jEpeidh; ga;r a{pante" ejxwvkeilan eij" ajsevbeian kai; profh'tai loipo;n

oujk h\san hjbouvleto de; to;n divkaion ajpostei'lai ejpi; to; toi'" oijkeivoi"

lovgoi" metabalei'n tou' laou' th;n peri; th;n ajsevbeian spoudhvn, oujc aJplw'"15

aujto;n pevmpei: h[/dei ga;r wJ" hJ tou' kairou' duscevreia ojknhrovteron aujto;n

peri; to; pra'gma poihvsei. Levgei toivnun rJhvmata, ajf j w|n protrevpesqai

aujto;n hjduvnato: « Pro; toivnun th'" gennhvsew" wj/keiwsavmhn se »: tou'to

ga;r levgei to; ejpivstamai. Kaiv: « diaplasqevnta ajfwvrisa »: tou'to ga;r

mhnuvei pro; tou' ejxelqei'n ejk mhvtra" hJgivakav se. Ei\ta ejpeidh; e[stin20

ajforisqh'nai kai; eij" iJerateiva" kai; eij" a[lla" tina;" uJpourgiva", deiknu;"

tou' ajforismou' to; ei\do", fhsiv: profhvthn eij" e[qnh tevqeikav se ajnti; tou':

1 1 jIwavnnou Bmg : om. Ymg || 1 2 ejstin B : om. Y || 1 9 levgei B : om. Y || tou'to — 20 se B : om. Y ||2 1 uJpourgiva" deiknu;" B : uJperdeiknu;" Y || 2 2 fhsiv B : post se transp. Y || profhvthn — tou'2 B :om. Y

Page 742: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

6

Traduction de la chaîne à deux auteurs

Jôsias mais qu’il a commencé à prononcer tous ces discours à partir de Jôakim.

Car c'est surtout à ce moment-là qu'ils avaient besoin d’une exhortation. En effet,

la mention de Jôsias suffisait s’il voulait seulement signifier le temps où il a

commencé à prophétiser, mais s’il souhaitait dire aussi les autres < rois > sous

lesquels il a prophétisé, il fallait aussi mettre ceux qui ont été laissés de côté.

Ainsi il est évident qu'il indique ceci : qu’il a commencé sous Jôsias, mais qu’il

n’eut pas besoin de beaucoup de paroles véhémentes à cette époque-là, puisque le

dirigeant était pieux et que la foule suivait son roi.

4Et il lui advint une parole du Seigneur, disant : 5« Avant de t'avoir façonné dans

le ventre, je te connais, et avant que tu sois sorti de la matrice, je t’ai consacré ;

prophète pour des nations, je t’ai institué ».

codd. : B Y. Editio : PG 64, 748 C6-11 et PG 64, 749 A1-13.

Jean :

Voilà le début du livre, mais non le début de la prophétie. En effet, alors que tous

ont dérivé20 vers l’impiété et qu’il n’y avait plus de prophètes et comme il voulait

envoyer le juste pour convertir par ses propres discours le zèle du peuple pour

l’impiété, il ne se contente pas de l'envoyer21 : il savait en effet que la difficulté de

la circonstance le rendrait plus hésitant à agir. Il dit donc des mots par lesquels il

était susceptible de l’exhorter : « Avant ta naissance, donc, je me suis approprié ta

personne », car c'est ce que veut dire je connais. Et « une fois façonné, je t’ai mis

à part », car c'est ce qu'indique avant que tu sois sorti de la matrice, je t’ai

consacré.22 Ensuite, puisque l'on peut être mis à part et pour les prêtrises et pour

d’autres services, après avoir montré le mode de la mise à part, il dit : prophète

20 L'expression ejxokevllw eij" ajsevbeian apparaît à plusieurs reprises chez Jean Chrysostome (cf.plus loin dans la chaîne l'extrait sur Jr 2, 23 ; dans le Commentaire sur Jérémie en tradition directeen PG 64, 813, 13 ; en Hom. in Matthaeum, PG 57, 224, 51 et PG 58, 601, 35). Mais l'expressionapparaît presque plus souvent chez Théodoret, à huit reprises selon le TLG. Il y a une variante pluschrysostomienne de cette expression : ejxokevllw eij" kakivan (huit occurrences dans le corpuschrysostomien dont Hom. Gen. II, PG 53, 28, l. 2), qui n'apparaît pas chez Théodoret.21 L'adverbe aJplw'" est très fréquent chez Jean Chrysostome mais prend des nuances différentesselon les contextes. Ici, il s'agit de préciser que Dieu n'a pas envoyé le prophète purement etsimplement, mais lui a donné en plus des recommandations pour l'encourager. | 22 L'équivalenceentre "mettre à part" et "consacrer" est aussi présente dans les Homélies sur la Genèse de JeanChrysostome (Hom. Gen. X, PG 53, 89, 19). Comme on retrouve cette même équivalence dans lecommentaire de Théodoret qui suit et dans ses Quaestiones in Genesim XXI, il s'agit sans douted'une interprétation propre à l'exégèse antiochienne.

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7

Chaîne à deux auteurs

« eij" tou'tov se ajfwvrisa w{ste profhteu'sai tw'/ law'/ »: Je[qnh j ga;r ta;"

fula;" levgei. Dia; tou'to oJ me;n jIeremiva" paraitei'tai wJ" oujk ajxiovpisto"

w]n pro;" tosouvtou" dialevgesqai, kai; mavlista pro;" basileva", Qeo;" de;

qarruvnei.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::5

Oujk a[diko" hJ ejkloghv: prou[labe ga;r tauvthn hJ gnw'si": e[gnw gavr, kai;

tovte hJgivasen ejpeidh; ginwvskei « pavnta pri;n genevsew" aujtw'n ». To; de;

J hJgivasa j ajnti; tou' J ajfwvrisa j tevqeiken.

Ei\ta levgei kai; th;n creivan di j h}n aujto;n ejxelevxato: profhvthn eij" e[qnh

tevqeikav se. Ouj ga;r movnon ta; jIoudaivwn ajlla; kai; ta; tw'n a[llwn ejqnw'n10

proqespivzei.

6Kai; ei\pon: « oJ w[n, Devspota, Kuvrie, ijdou; oujk ejpivstamai lalei'n o{ti

newvtero" ejgwv eijmi.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

jEpevgnw to;n prosdialegovmenon oJ profhvth": ou| dh; cavrin aujto;n ajpo; th'"15

kuriwtevra" ojnomavzei proshgoriva". jEromevnou gavr pote tou' megavlou

Mwu>sevw" kai; to; qei'on o[noma maqei'n ejqelhvsanto", ei\pen oJ Despovth":

jEgwv eijmi oJ w[n. Mimei'tai kai; th;n Mwu>sevw" eujlavbeian oujk ajxiovcrewn

eij" profhteivan ei\nai th;n neovthta levgwn. jAll j oJ Despovth" aujto;n

pareggua'/ mh; probavllesqai eij" paraivthsin th;n neovthta ajlla; dravsai to;20

keleusqevn, ejxelauvnei de; aujtou' kai; to; devo":

2 Dia; — jIeremiva" B : dio; oJ me;n Y || 3 Qeo;" — 4 qarruvnei Y : om. B || 5 Qeodwrhvtou Btxt Ymg || 7pri;n B : pro; Y || To; — 8 tevqeiken B : om. Y || 9 profhvthn — 10 se B : om. Y || 1 4 QeodwrhvtouBtxt : jIwavnnou Ymg || 1 5 oJ profhvth" B : om. Y || 1 6 tou' megavlou B : om. Y || 1 8 post Mimei'tai

add. de; Y || 1 9 post eij" add. th;n Y

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7

Traduction de la chaîne à deux auteurs

pour des nations je t’ai institué au lieu de « c’est pour ceci que je t’ai mis à part,

pour que tu prophétises devant le peuple ». Par "nations", en effet, il veut dire les

tribus. C’est pourquoi Jérémie refuse, sous prétexte qu’il n’est pas digne de

confiance pour s’adresser à autant de gens, et encore moins à des rois, mais Dieu

l’encourage.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 497 B13-C4.

Théodoret23 :

Le choix n’est pas injuste : en effet la connaissance a précédé celui-ci car il a

connu, et ensuite il a consacré, puisqu’il connaît « toutes choses avant leur

naissance »24. Et il a mis "j’ai consacré" au lieu de "j’ai mis à part".

Ensuite, il dit aussi la nécessité en vue de laquelle il l’a choisi : prophète pour des

nations, je t’ai institué, car il annonce non seulement les oracles des Juifs, mais

aussi ceux des autres nations.

6Et j’ai dit : « Toi qui es, Maître, Seigneur, voilà, je ne sais pas parler, car je suis

trop jeune ».

codd. : B Y. Editio : PG 81, 497 C6 - 500 A10.

Théodoret :

Le prophète a reconnu celui qui s’adressait à lui ; voilà pourquoi il le nomme à

l'aide d'une désignation plus appropriée25. En effet, comme le grand Moïse le lui

demandait un jour, désireux qu’il était d’apprendre le nom de Dieu, le Maître lui

dit : « Je suis celui qui est »26. Il imite même la révérence de Moïse en disant qu’il

n’est pas digne de prophétiser à cause de sa jeunesse, or le Maître lui

recommande27 de ne pas avancer la jeunesse comme prétexte, mais de faire ce qui

lui est ordonné, et Il repousse même sa peur :

23 Il y a ici un problème d'attribution : B attribue l'extrait à Théodoret, tandis que Y l'attribue à JeanChrysostome. Ce problème peut être résolu grâce à la consultation de la tradition directe des deuxauteurs : le passage apparaît bien dans le Commentaire sur Jérémie de Théodoret, et non danscelui de Jean Chrysostome. | 24 Cf. Dn-Théodotion 13,35 ou 13,42. | 25 Il y a sans doute ici un jeude mots sur le terme kuriwtevra qui désigne la propriété des termes utilisés, mais renvoie aussi aunom de Dieu, Seigneur (Kuvrio"). | 26 Ex 3,14. | 27 Le verbe paregguavw est très employé chezThéodoret (cf. Commentaire sur Isaïe, éd. J.-N. Guinot, SC 276, 295, 315). J.-N. Guinot le traduitdiversement par "prescrire", "recommander" ou "ordonner".

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8

Chaîne à deux auteurs

8Mh; fobhqh'/" ajpo; proswvpou aujtw'n mhde; ptohqh'/" ejnantivon aujtw'n diovti

meta; sou' ejgwv eijmi tou' ejxairei'sqaiv se, levgei Kuvrio".

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Paramuqei'tai to;n fovbon th'" dianoiva".

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::5

Tou'to kai; tw'/ qespesivw/ Mwush'/ ei\pen oJ Despovth" Qeov". jEkeivnou ga;r

th;n diakonivan deimaivnonto" kai; levgonto": « Tiv" eijmi ejgw; o{ti

poreuvsomai pro;" Farawv … » ei\pen oJ Despovth": « o{ti e[somai meta; sou' ».

Tauvthn kai; toi'" iJeroi'" ajpostovloi" th;n ejpaggelivan ejcevgguon e[dwke.

Maqhteu'sai ga;r aujtou;" pavnta ta; e[qnh keleuvsa" kai; proeidwv", wJ"10

Qeov", wJ" logismoi; ajnabaivnousin ejn tai'" kardivai" aujtw'n: « Pw'" oi|ovn te

e{ndeka a[ndra" pevnhta" kai; eujglwttiva" ejsterhmevnou" pa'san th;n

oijkoumevnhn metabalei'n … » e[luse th;n ajmfibolivan kai; to; devo" ejxevbalen

eijrhkwv": « Kai; ijdou; ejgw; meq j uJmw'n eijmi pavsa" ta;" hJmevra", e{w" th'"

sunteleiva" tou' aijw'no" ». Tou'to kai; ejntau'qa tw'/ profhvth/ e[fh o{ti meta;15

sou' ejgwv eijmi tou' ejxairei'sqaiv se, levgei Kuvrio": bebaioi' de; to;n lovgon

tw'/ e[rgw/:

9 jExevteine ga;r th;n cei'ra aujtou', fhsiv, kai; h{yato tou' stovmatov" mou.

Kai; ei\pen Kuvrio" prov" me: ijdou; devdwka tou;" lovgou" mou eij" to; stovma

sou, didavskei de; kai; tivne" oiJ lovgoi,10ijdou; katevstakav se shvmeron ejpi;20

e[qnh kai; basilei'" ejkrizou'n kai; kataskavptein kai; ajpolluvein kai;

kataluvein kai; ajnoikodomei'n kai; katafuteuvein.

1 ejnantivon aujtw'n B : om. Y || 3 jIwavnnou Bmg : om. Y || 6 qespesivw/ B : om. Y || Qeov" B : om. Y ||jEkeivnou B : om. Y || ga;r B : post th;n transp. Y || 8 oJ Despovth" B : om. Y || 9 iJeroi'" B : om. Y ||1 0 aujtou;" B : om. Y || 1 3 kai; — ejxevbalen B : om. Y || 1 4 eijrhkwv" B : eijpwvn Y || Kai; B : om. Y|| pavsa" — 15 aijw'no" B : om. Y || 1 5 kai; ejntau'qa B : ejggu'n Y || e[fh B : om. Y || o{ti — 16Kuvrio" B : om. Y || 1 6 de; : om. Y || 1 8 fhsiv B : post ga;r transp. Y || 2 0 kai; B : om. Y || 2 1ajpolluvein B : ajpoluvein Y || 2 2 ajnoikodomei'n B : oijkodomei'n Y

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8

Traduction de la chaîne à deux auteurs

8 Ne crains pas face à eux et ne sois pas effrayé devant eux, car moi, je suis avec

toi pour te délivrer, dit le Seigneur.

codd. : B Y. Editio : M.Ghisleri, p. 939 (Addenda) B3-4.

Jean :

Il apaise la peur de son esprit.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 500 B1-15.

Théodoret :

Dieu le Maître a dit cela aussi à l'homme inspiré28 qu'était Moïse. En effet, comme

celui-ci redoutait le service et disait : « Qui suis-je, moi, pour aller vers

Pharaon ? »29, le Maître a dit : « Je serai avec toi »30. Il a aussi donné cette

promesse comme garantie aux saints apôtres : en effet après leur avoir ordonné

d’enseigner toutes les nations et prévoyant, parce qu’il est Dieu, que des

raisonnements montaient dans leur cœur : « Comment est-il possible que onze

hommes pauvres et privés d’éloquence convertissent le monde entier ? », il a

dissous l’incertitude et expulsé la crainte en disant : « Et voici, moi je suis avec

vous tous les jours jusqu’à la fin du siècle »31. Cela il l'a dit ici aussi au prophète :

Moi, je suis avec toi pour te délivrer, dit le Seigneur, et il affermit sa parole par le

geste :

9En effet il étendit sa main, dit-il, et toucha ma bouche. Et le Seigneur me dit :

« Voici, j’ai donné mes paroles à ta bouche - et il lui enseigne aussi quelles sont

les paroles (codd. : B Y. Editio : PG 81, 500, C4)32 -, 10voici, je t’ai établi

aujourd'hui sur des nations et des rois, pour déraciner, démolir, détruire,

28 L'adjectif qespevsio", correspondant au verbe qespivzw "annoncer par des oracles", signifie engrec archaïque et classique "divin" et par conséquent "extraordinaire". Il retrouve chez les Pères unsens plus étymologique "inspiré par Dieu", le terme étant appliqué aux patriarches, aux prophètes,aux apôtres, aux évangélistes et aux Pères de l'Église. Il est très proche, dans son sens classique, deqeiovtato" "très divin" et dans ses emplois chez les Pères, de qeovpneusto" "inspiré par Dieu" (cf.Prologue du caténiste à la chaîne à auteurs multiples). | 29 Ex 3, 11. | 30 Ex 3, 12. | 31 Mt 28, 20.32 Cette transition entre Jr 1, 9 et Jr 1, 10, qui ne porte pas explicitement d'attribution dans lesmanuscrits de la chaîne, apparaît dans la tradition directe du Commentaire sur Jérémie deThéodoret.

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9

Chaîne à deux auteurs

jIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

}A mevllei profhteuvein, suntovmw" e[fh: ejkrizou'n, to; th'" povlew" ejxievnai:

kataskavptein, toutevsti tou' naou' th;n katastrofhvn: kai; ajpolluvein, tou'

plhvqou" th;n sfaghvn: kai; kataluvein, tw'n oijkeivwn th;n ajpwvleian: kai;

ajnoikodomei'n, th;n ajnavklhsin: kai; metafuteuvein to; meta; th;n ejpavnodon5

ajsfalw'" ejpi; th'" gh'" katoikei'n.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Proeqevspise ga;r ouj movnon th;n aijcmalwsivan tw'n jIoudaivwn, ajlla; kai;

th;n uJpo; Kuvrou parasceqei'san ejleuqerivan: proeqevspise de; kai; a[lloi"

e[qnesin, ouj movnon pantodapa;" sumforav", ajlla; kai; th;n dia; th'"10

ejnanqrwphvsew" tou' Despovtou Cristou' parasceqei'san swthrivan. Ou| dh;

cavrin to; me;n ejkrizou'n kai; kataluvein ejpi; tw'n luphrw'n tevqeike: to; de;

oijkodomei'n kai; katafuteuvein ejpi; tw'n ejnantivwn.

11Kai; ejgevneto lovgo" Kurivou prov" me levgwn: « Tiv su; oJra/'" jIeremiva … »

kai; ei\pon: « Bakthrivan karui?nhn ejgw; oJrw'. »15

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Protreyavmeno" aujto;n ejpi; th;n profhteivan, kai; dia; th'" ojptasiva"

ma'llon duswpei'. To; de; karui?nhn, tine;" Jajmugdalivnhn j hJrmhvneusan: oJ de;

JEbrai'o" ou{tw" e[cei: « Bakthrivan ejgrhgorui'an ejgw; oJrw' ». JH ga;r

ejgrhvgorsi" kai; to; ajmuvgdalon dia; tw'n aujtw'n ejn tw'/ JEbrai>kw'/20

profevretai rJhmavtwn. jEpavgei gou'n:

12Kai; ei\pen Kuvrio" prov" me: kalw'" eJwvraka", diovti ejgrhvgora ejgw; ejpi;

tou;" lovgou" mou tou' poih'sai aujtouv".

3 ajpolluvein B : ajpoluvein Y || 1 8 duswpei' B : duswpw' Y || tine;" B : post ajmugdalivnhn transp.Y

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9

Traduction de la chaîne à deux auteurs

renverser, rebâtir et replanter ».

codd. : B Y. Editio : PG 64, 752 B1-7.

Jean :

Ce qu’il va prophétiser, il l’a dit en bref : déraciner, c’est sortir de la ville33 ;

démolir, c’est-à-dire la chute du Temple ; détruire, c’est le massacre de la foule ;

renverser, c’est la mort des parents ; rebâtir, c’est le rappel et replanter, le fait

d’habiter en sûreté sur la terre après le retour.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 500, C8-15.

Théodoret :

En effet, il a annoncé par des oracles non seulement la captivité des Juifs, mais

aussi la liberté accordée par Cyrus. Mais il a aussi annoncé des oracles à d’autres

nations, non seulement des malheurs de toutes sortes, mais aussi le salut accordé

par l’incarnation du Maître le Christ. Voilà pourquoi il a mis déraciner et

renverser pour les souffrances et bâtir et replanter pour le contraire.

11Et il m’advint une parole du Seigneur, disant : « Que vois-tu, toi, Jérémie ? » et

je dis : « Moi, je vois une baguette de noyer. »

codd. : B Y. Editio : PG 64, 752 C4-9.

Jean :

Après l’avoir exhorté à la prophétie, il le persuade34 aussi davantage par la vision.

De noyer : certains35 ont traduit "d’amandier", et l’hébreu a ainsi : « Moi je vois

une baguette de veille ». En effet, la veille et l’amande sont exprimées par les

mêmes mots en hébreu. Il ajoute en tout cas :

12Et le Seigneur me dit : « Tu vois bien, parce que moi je veille sur mes paroles

pour les réaliser »

33 On peut remarquer le décalage entre le sujet du premier infinitif et le sujet du deuxième : c'estDieu qui déracine, mais c'est le peuple qui sort de la cité ; idem pour "replanter" un peu plus loin :c'est Dieu qui replante, mais c'est le peuple qui va habiter en sûreté sur sa terre. | 34 Le sens premierdu verbe est "troubler" "déplaire", mais il prend chez les Pères le sens de "persuader". | 35 Lavariante, signalée par J. Ziegler, est attribuée à Aquila et Théodotion dans la Syro-Hexaplaire, auSyrien et à l'Hébreu dans le Commentaire sur Jérémie de Théodoret (PG 81, 500 D1-4 ; il estintéressant de noter que ce passage n'est pas cité dans la chaîne) et à Théodotion seul chez Jérôme.

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10

Chaîne à deux auteurs

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Toutevstin: oujkevti aujtoi'" makroqumw' ajll j ejpavgw th;n yh'fon. [Elabe de;

ejk metafora'" tw'n parathroumevnwn tou;" aJmartavnonta" kai;

ejp j aujtofwvrw/ aujtou;" euJrivskonta". Tine;" de; karui?nhn e[fasan, dia; to;

ijscuro;n th'" timwriva", eJwra'sqai. {Oti me;n ou\n timwrei'tai aujtouv",5

ejmhvnuse dia; touvtwn: tivna de; to;n trovpon, ejpavgei:

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

J jEgrhvgorsin j de; th;n ejpi; th'/ timwriva/ dianavstasin levgei, ejpeidh; kai;

th;n makroqumivan Ju{pnon j kalei'. Fhsi; ga;r oJ makavrio" Dauivd:

« jExegevrqhti, i{na tiv uJpnoi'", Kuvrie », kai; pavlin: « Kai; ejxhgevrqh, wJ" oJ10

uJpnw'n, Kuvrio" ». JH de; ajmugdalivnh rJavbdo" to; tacu; th'" timwriva"

aijnivttetai: pro; ga;r tw'n a[llwn devndrwn tou'to to; devndron ajnqei'. Kata;

de; tou;" JEbdomhvkonta, ou{tw nohtevon: oJ th'" karuva" karpo;" pikro;n me;n

e[cei kai; tracu; to; kavlumma, to; de; ejdwvdimon uJpo; tou'to kekrummevnon.

Ou{tw kai; hJ paideiva ajniara; me;n e[cei kai; ajlgeina; ta; fainovmena,15

ojnhsifovra de; ta; meta; tau'ta.

13Kai; ejgevneto lovgo" Kurivou prov" me levgwn: « tiv su; oJra/'" … » kai; ei\pon:

« levbhta uJpokaiovmenon ejgw; oJrw' kai; to; provswpon aujtou' ajpo; proswvpou

7 Qeodwrhvtou Bmg : om. Ymg || 1 6 ta; B : om. Y

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10

Traduction de la chaîne à deux auteurs

codd. : B Y. Editio : PG 64, 752 C9-D3.

Jean :

C’est-à-dire : je ne garde plus patience envers eux, mais j’applique la sanction. Et

il a tiré cela de la métaphore36 de ceux qui surveillent les pécheurs et qui les

prennent en flagrant délit. Certains ont dit qu’il voyait < une baguette > de noyer à

cause de la force du châtiment. Ainsi, il a indiqué par ces mots qu’il les châtie,

mais de quelle manière, il va l’ajouter :

codd. : B Y. Editio : PG 81, 501 A2-13.

Théodoret :

Par "veille", il entend le fait de se redresser37 pour le châtiment, puisque justement

il appelle la patience "sommeil". En effet, le bienheureux David dit : « Réveille-

toi ! Pourquoi dors-tu, Seigneur ? »38, et à nouveau : « Alors le Seigneur se

réveilla comme un homme qui dormait »39. Le bâton d’amandier suggère la

rapidité du châtiment. Cet arbre fleurit en effet avant les autres arbres. Mais selon

les Septante, il faut comprendre ainsi : le fruit du noyer a une enveloppe amère et

rugueuse40 et ce qui est comestible est caché dessous. De la même manière,

l’éducation a une apparence pénible et douloureuse, mais ce qui s’ensuit est

utile.41

13Et il m’advint une parole du Seigneur, me disant : « Que vois-tu, toi ? » et je

dis : « Moi, je vois un chaudron sur le feu et sa face est face au nord, etc. »

36 L'expression est fréquente dans les extraits de la chaîne attribués à Jean Chrysostome (cf.extraits sur Jr 2, 22 ; 4, 3 ; 4, 19 et 4, 20). | 37 Le terme désigne en particulier le fait de se releveraprès avoir prié à genoux. | 38 Ps 43, 24. | 39 Ps 77, 65. | 40 Le terme tracuv apparaît plus loin dansle texte biblique pour le chemin raboteux (ajpo; oJdou' traceiva", cf. Jr 2, 25). | 41 On trouve lemême genre d'interprétation pour le bâton d'Aaron qui fait germer des noix en Nb 17, 8 (Cf. LesNombres, intro., trad. et notes par G. Dorival, BA 4, Paris 1994, p. 362) chez Philon (Mos. II, 186)et chez Origène (Homélies sur les Nombres 9, 7, 4).

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11

Chaîne à deux auteurs

borra' kai; ta; eJxh'" ».

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

To; Jprovswpon j, toutevstin hJ e[kkausi" i{na ei[ph/ wJ" ajpo; tou' boreivou

mevrou" hJ e[kkausi" givnetai tou' levbhto". Kalei' de; levbhta th;n

jIerousalhvm, e[kkausin de; th;n sumforavn: ajpo; borra' dev, i{na mhnuvsh/ tw'n5

Babulwnivwn th;n e[fodon.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Kalei' levbhta me;n th;n jIerousalhvm: pu'r de; to;n Babulwvnion. jApo; borra'

ga;r aujto;n ojnomavzei: bovrraqen ga;r th'" jIerousalh;m hJ Babulw;n

diavkeitai: levbhta de; th;n jIerousalh;m kai; oJ qespevsio" jIezekih;l10

ojnomavzei, kai; kreva tou;" ejnoikou'nta". Ei\ta ta; parabolikw'" eijrhmevna

didavskei safevstata:

15 jIdou; gavr, fhsivn, ejgw; sugkalw' pavsa" ta;" basileiva" tw'n basilevwn

ajpo; borra' th'" gh'", levgei Kuvrio", kai; h{xousin kai; qhvsousin e{kasto"

to;n qrovnon aujtou' ejpi; ta; provqura tw'n qurw'n jIerousalh;m kai; ejpi;15

pavnta ta; teivch aujth'" kai; ejpi; pavsa" ta;" povlei" jIouvda. Kai; deiknu;"

tw'n ginomevnwn to; divkaion, ejpifevrei: 16Kai; lalhvsw meta; krivsewv" mou

pro;" aujtou;" peri; pavsh" th'" kakiva" aujtw'n wJ" ejgkatevlipovn me kai;

e[qusan qeoi'" ajllotrivoi" kai; prosekuvnhsan toi'" e[rgoi" tw'n ceirw'n

aujtw'n.20

2 post jIwavnnou add. tou' Crusostovmou Ymg || 3 i{na — 4 e[kkausi" B : om. Y || 1 1 post Ei\ta add.kai; Y

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11

Traduction de la chaîne à deux auteurs

codd. : B Y. Editio : PG 64, 752 D10-13.

Jean :

La "face", c’est-à-dire la chaleur42 pour dire que la chaleur du chaudron vient du

côté du Nord. Et c’est Jérusalem qu’il appelle chaudron et le malheur qu’il appelle

chaleur ; et il y a "du nord" pour indiquer l’attaque des Babyloniens.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 501 A15-B6.

Théodoret :

C’est Jérusalem qu’il appelle chaudron, et Babylone qu’il appelle feu. Il le nomme

en effet « du nord », car c'est au nord de Jérusalem que Babylone est située. Et

Ézéchiel, inspiré par Dieu, nomme aussi Jérusalem chaudron et ceux qui y

habitent, viande43. Ensuite, il enseigne avec beaucoup de clarté ce qui est dit sous

forme de parabole : en effet 15voici, dit-il, moi, je convoquerai tous les royaumes

des rois du nord de la terre, dit le Seigneur, ils viendront, ils placeront chacun

son trône aux porches des portes de Jérusalem et sur tous ses remparts et dans

toutes les villes de Juda. (codd. : B Y. Editio : PG 81, 501 B12-1344) Et après

avoir montré le caractère juste des événements, il poursuit : 16Et je leur parlerai

en les jugeant pour toute leur méchanceté, comment ils m'ont abandonné, ont

sacrifié à des dieux étrangers et se sont prosternés devant les ouvrages de leurs

mains.

42 Le terme apparaît chez les médecins (corpus hippocratique, Galien) : il n'a pas de sens techniqueparticulier mais est employé pour désigner une forte chaleur. Dans Air, Eaux, Lieux (XII, 4, éd. J.Jouanna, CUF, Paris 1996, pp. 220-221), le verbe est employé pour désigner une terrecomplètement desséchée par le soleil. Chez Galien, le substantif est employé en opposition avec lefroid (yu'xi") ou l'humidité (uJgrovth") (cf. De Sanitatis tuenda libri VI, éd. Kühn 6, p. 221, l. 12 etp. 76, l. 1 et De symptomatum causis libri III, éd. Kühn 7, p. 107, l. 8). En tout cas, il ne s'agit pasd'une maladie comme le kau'so" (fièvre endémique), ni d'un terme strictement médical comme lakau'si" (cautérisation). Le terme est aussi employé chez Aristote au sens technique de combustiondans sa description du phénomène des étoiles filantes (Meteorologica 1, 4, l. 50). | 43 Cf. Ez 11, 3.44 Cette transition entre Jr 1, 15 et Jr 1, 16 n'est pas explicitement attribuée dans les deuxmanuscrits de la chaîne ; elle figure dans la tradition directe du Commentaire sur Jérémie deThéodoret de Cyr.

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12

Chaîne à deux auteurs

jIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Meta; krivsewv" mou dialecqhvsomai pro;" aujtouv", kai; ejlevgxa" aujtou;" ejpi;

th'/ paranomiva/, ou{tw" aujtou;" timwrhvsomai.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Tiv de; th'" ajsebeiva" tauvth" ajnohtovteron … Tiv de; th'" timwriva"5

dikaiovteron … OiJ me;n ga;r to;n oijkei'on poihth;n katalipovnte" ta; oijkei'a

ejqeopoivoun poihvmata. JO de; makroqumhvsa" ejpi; plei'ston th'" oijkeiva"

aujtou;" ejguvmnwse cavrito". Tauvth" de; gumnwqevnte", ajnosivoi" ajndravsin

ejdouvleusan.

Keleuvei de; aujtw'/ kai; th;n ojsfu;n perizwvsasqai, toutevstin eujzwvnw" kai;10

ajndreivw" diakosmh'sai, kai; tw'n h[dh gegenhmevnwn uJposcevsewn

ajnamimnhv/skwn, ejkbavllei to; devo".

18Kai; ijdou; ejgw; tevqeikav se ejn th'/ shvmeron hJmevra/ wJ" povlin ojcuravn,

toutevstin ajnavlwton, kai; wJ" stuvlon sidhrouvn, oujde;n paqei'n dunavmenon,

kai; wJ" tei'co" calkou'n ojcuro;n a{pasin toi'" basileu'sin jIouvda.15

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

{Wste ejx w|n pavscei" blavptein ma'llon tou;" poiou'nta" h] aujtovn sev ti

uJpomevnein a[topon.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Levgei de; aujto;n ajpofh'nai kai; stuvlw/ sidhrw'/, kai; teivcei calkw'/, kai;20

ojcurwtavth/ paraplhvsion povlei, kai; a[macon katasth'sai, ouj movnon toi'"

iJereu'si tw'n jIoudaivwn, kai; toi'" a[rcousin, ajlla; kai; aujtoi'" toi'"

basileu'si kai; panti; tw'/ plhvqei tw'n uJphkovwn. jEpaggevlletai de; aujtw'/

oujk eijrhvnhn kai; hJsucivan, ajll jajgw'na" kai; nivkhn. 19Polemhvsousi gavr soi,

fhsiv, kai; ouj mh; duvnwntai pro;" sev: diovti ejgw; meta; sou' eijmi, tou'25

1 jIwavnnou Bmg : Crusostovmou Ymg || 2 dialecqhvsomai Y : dielegcqhvsomai B || 1 2 ejkbavllei B :ejkbavlei Y

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12

Traduction de la chaîne à deux auteurs

codd. : B Y. Editio : PG 64, 753 C4-6.

Jean :

En les jugeant, je m'entretiendrai avec eux et après les avoir accusés de

transgression, je les châtierai ainsi.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 501 C3-12.

Théodoret :

Qu’est-ce qui est plus stupide que cette impiété ? Qu'est-ce qui est plus juste que

le châtiment ? Ceux-ci en effet, après avoir abandonné leur propre créateur, ont

divinisé leurs propres créations. Lui, après avoir gardé patience pendant très

longtemps, les a dénudés de sa propre grâce. Et, dénudés de celle-ci, ils ont été les

esclaves d’hommes impies.

Et Il lui ordonne aussi de se ceindre les reins, c’est-à-dire de se parer avec une

belle ceinture et avec courage, et en rappelant les promesses déjà faites, Il chasse

la peur.

18Et voici, moi, je t’ai institué au jour d’aujourd’hui comme une ville fortifiée,(Ed.

: M.Ghisleri, p. 939 Addenda, B5-8) c’est-à-dire imprenable, comme une colonne

de fer (Ed. : Ibid.) qui ne peut subir aucun dommage45 et comme un rempart

d’airain fortifié pour tous les rois de Juda.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 753 D14 - 756 A1.

Jean :

De telle sorte que, avec ce que tu endures, tu nuis davantage à ceux qui te font du

mal que toi-même tu ne subis quelque chose d'inconvenant.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 501 C12 - 503 A11.

Théodoret :

Et Il dit qu’il l'a fait paraître semblable à une colonne de fer, à un rempart d’airain

et à une ville très fortifiée et qu’il l'a rendu invincible, non seulement pour les

45 Les deux gloses qui s'insèrent ici en Jr 1, 18 ne sont pas explicitement attribuées dans les deuxmanuscrits de la chaîne. Elles figurent dans la tradition directe du Commentaire sur Jérémie deJean Chrysostome.

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13

Chaîne à deux auteurs

ejxairei'sqaiv se, levgei Kuvrio". Tauvthn kai; pro;" th;n jEkklhsivan

ejpoihvsato th;n uJpovscesin: pro;" ga;r dh; to;n qeiovtaton e[fh Pevtron:

« jEpi; tauvth/ th'/ pevtra/ oijkodomhvsw mou th;n jEkklhsivan, kai; puvlai

{Aidou ouj katiscuvsousin aujth'" » kai; oujk ei\pen: « ouj polemhvsousin »,

ajlla;: « polemou'nte" ouj katiscuvsousi ». Th;n ga;r dh; nivkhn oiJ5

ajntagwnistai; pragmateuvontai.

Meta; tau'ta keleuvetai eijpei'n toi'" oijkou'sin th;n jIerousalhvm:

II2Tavde levgei Kuvrio": ejmnhvsqhn ejlevou" neovthtov" sou kai; ajgavph"

teleiwvsewv" sou.

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::10

jEnteu'qen hJ ajrch; tw'n lovgwn tou' profhvtou tw'n pro;" to;n laovn. JW" ga;r

krinovmeno" pro;" aujtou;" uJpomimnhv/skei th'" oijkeiva" eujergesiva" peivqwn

to;n profhvthn wJ" oujk ajdivkw" ejkfevrei kat j aujtw'n th;n yh'fon. Levgei

toivnun o{ti a[nwqen pollh'" th'" par j ejmou' khdemoniva" ajphvlausa".

JNeovthta j ga;r levgei th;n ejn Aijguvptw/ diatribh;n tou' laou' wJ" tovte15

ejklegevntwn para; tou' Qeou': to; de; ajgavph" teleiwvsewv" sou, ajnti; tou':

teleivw" se hjgavphsa pa'san provnoiavn soi neivma", kai; hJ ajpovdeixi" ajpo;

tou' ejpagomevnou:

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

JNeovthta j th'" jIoudaiva" th'" klhvsew" th;n ajrch;n proshgovreuse:20

thnikau'ta ga;r aujtoi; me;n ejn Aijguvptw/ talaipwrouvmenoi katestevnaxan

aujto;" de; w[/kteire kai; Mwu>sh'/ diakovnw/ crhsavmeno" hjleuqevrwse. To; de;

7 jIerousalhvm B : jIsrahvl Y || 1 2 oijkeiva" B : ijdiva" Y || 1 6 tou'1 B : om. Y

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13

Traduction de la chaîne à deux auteurs

prêtres des Juifs et pour leurs dirigeants, mais aussi pour les rois eux-mêmes et

toute la foule de leurs sujets. Et il lui annonce non pas la paix et la tranquillité,

mais des luttes et la victoire : 19Ils te feront la guerre, dit-il en effet, et ils ne

pourront rien contre toi, car moi je suis avec toi pour te délivrer, dit le Seigneur .

Il a fait aussi cette promesse à l’Église, car il a dit au très divin Pierre : « Sur cette

pierre, je bâtirai mon Église et les portes de l’Hadès ne prévaudront pas contre

elle »46 ; et il n’a pas dit : « ils ne te feront pas la guerre », mais « ils te feront la

guerre et ne prévaudront pas », car c’est bien la victoire que les adversaires

s'efforcent d'obtenir.

Après cela, il reçoit l'ordre de dire aux habitants de Jérusalem :

II2Voici ce que dit le Seigneur : « je me suis souvenu de ma pitié pour ta jeunesse

et de mon amour pour ta perfection47. »

codd. : B Y. Editio : PG 64, 756 C1-10.

Jean :

À partir d'ici, c'est le début des paroles du prophète au peuple. En effet, comme Il

entre en jugement contre eux, Il rappelle sa propre bienfaisance en cherchant à

persuader le prophète que ce n’est pas sans justice qu’Il prononce la sanction

contre eux. Il dit donc : dès le commencement, tu as joui de ma haute protection.

Il appelle en effet "jeunesse" le séjour du peuple en Égypte, puisque c'est à ce

moment-là qu'ils ont été élus par Dieu. Mon amour pour ta perfection, pour : « je

t’ai aimé parfaitement en t'accordant toute ma providence », et la démonstration

vient de ce qu'Il ajoute :

codd. : B Y. Editio : PG 81, 504 B2-13.

Théodoret :

Il appelle48 "jeunesse" le début de la vocation de la Judée. En effet, à ce moment-

là eux gémirent parce qu’ils étaient misérables en Égypte et lui eut pitié et les

46 Mt 16, 18. | 47 Il n'y a pas de verset 1 au début du chapitre 2 dans le grec, cf. éd. texte biblique dela chaîne intégrale à auteurs multiples, p. 2, note 12 ; j'ai choisi ici de rendre teleivwsi" par"perfection", et non par "maturité" comme dans la chaîne à auteurs multiples, parce quel'expression du texte biblique est ensuite explicitée dans les extraits de Jean Chrysostome et deThéodoret par une périphrase avec l'adverbe teleivw" "parfaitement". | 48 On doit ici traduirel'aoriste par un présent, car c'est un aoriste d'analyse textuelle (cf. éd. chaîne intégrale à auteursmultiples, p. 10, note 48).

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14

Chaîne à deux auteurs

ajgavph" teleiwvsewv" sou kat j eijrwneivan tevqeiken: oujdevpote ga;r jIoudai'oi

peri; to;n eujergevthn teleivan e[scon ajgavphn. Tou'to de; kai; oJ uJmnwdo;"

hJma'" didavskei Dauivd: « jHgavphsan ga;r aujto;n ejn tw'/ stovmati aujtw'n kai;

th'/ glwvssh/ aujtw'n ejyeuvsanto aujtovn. JH de; kardiva aujtw'n oujk h\n eujqei'a

met j aujtou' oujde; ejpistwvqhsan ejn th'/ diaqhvkh/ aujtou'. »5

jEn tw/', fhsivn, ejxakolouqh'saiv se tw/' aJgivw/ jIsrahvl, levgei Kuvrio", ejn th/'

ejrhvmw/, ejn gh/' mh; spareivsh/.

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

jAnti; tou': hJnivka ejdehvqh" mou pavscwn ta; pavndeina ejn Aijguvptw/ kai;

ejxhvgagovn se kai; hJgouvmhn uJpodeiknu;" th;n oJdo;n ejn th'/ ejrhvmw/ kai;10

parei'covn soi a[fqonon tw'n ajnagkaivwn th;n creivan ejn ejrhmiva/ ajtribei'.

3 {Agio" jIsrah;l tw'/ Kurivw/.

8 jIwavnnou Bmg : Crusostovmou Ymg

Page 758: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

14

Traduction de la chaîne à deux auteurs

libéra avec l’aide de son serviteur Moïse. Il met49 mon amour pour ta perfection

par ironie, car jamais les Juifs n’ont eu un amour parfait pour leur bienfaiteur. Et

cela, le chanteur d’hymnes David nous l'enseigne aussi : « Car ils l’ont aimé dans

leur bouche et ils lui ont menti par leur langue. Leur cœur n’était pas droit envers

lui et ils n’ont pas été fidèles à son alliance. »50

Lorsque tu as suivi, dit-il, le Saint d’Israël, dit le Seigneur, dans le désert, dans

une terre non semée51.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 756 C12-D1.

Jean :

Pour : « lorsque tu as eu besoin de moi quand tu subissais les épreuves les plus

abominables en Égypte, je t’ai fait sortir, je te guidais en te montrant le chemin

dans le désert et je te procurais en abondance l'usage du nécessaire dans un désert

non frayé. »

3Israël est saint pour le Seigneur 52.

49 Cf. note précédente. | 50 Ps 77, 36. | 51 Le texte de la chaîne est semblable à la recensionhexaplairepour la place de l'addition des deux compléments de lieu après levgei Kuvrio" (contre leTM), mais il est semblable à la recension lucianique pour le temps du participe (spareivsh/ (= TM)et non speiromevnh/). Il est en fait exactement semblable au texte d'un manuscrit de la recensionlucianique (New College 44 = sigle 62 chez J. Ziegler). | 52 On peut noter le découpage qu'adopte lecaténiste pour ce passage relativement délicat, comme en témoignent les différences entre leséditions de J. Ziegler et d'A. Rahlfs. J. Ziegler présente les mêmes divisions du texte, tandis queA. Rahlfs rattache l’expression a{gio" jIsrahvl à ce qui précède (le verset 2) sous la forme d’uneapposition à Kuvrio" : dit le Seigneur, le Saint d’Israël. Au Seigneur appartient le principe de sesproductions. A. Rahlfs privilégie un autre découpage que celui dont témoigne le TM. Cettedivision du texte serait légitime si l’on retrouvait dans d’autres passages la même expressionformulaire: levgei Kuvrio" a{gio" jIsrahvl. Or, on ne trouve pas cette expression telle quelle, maistoujours augmentée d’un membre (au minimum oJ ... tou', au maximum oJ Qeo;" oJ lutrouvmeno"uJma'" oJ) entre Kuvrio" et a{gio" comme en témoignent les exemples d'Is 43, 14 ; Is 45, 11 et Is 48,17 Le cas le plus proche est l’emploi de levgei Kuvrio" oJ a{gio" ttttoooouuuu'' '' jIsrahvl (avec l’ajout del’article au nominatif avant a{gio" et de l’article au génitif pour bien indiquer le cas du nom proprejIsrahvl) en Is 30, 12 et Is 30, 15. Dans le livre de Jérémie, on ne trouve que levgei Kuvrio" oulevgei Kuvrio" oJ Qeov" sou. Le choix d'A. Rahlfs semble donc assez difficile à justifier, car cetteexpression formulaire n’apparaît en ces termes nulle part ailleurs. En tout cas, le texte lucianiquedonné dans la chaîne lève le doute et présente bien un découpage conforme à celui du TM.

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15

Chaîne à deux auteurs

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Toutevstin: ajfwrismevno" tw'/ Qew'/: ou{tw ga;r levgei kai; oJ Mwsh'": « {Ote

diemevrizen oJ {Uyisto" e[qnh ou}" dievspeiren uiJou;" jAda;m e[sthsen o{ria

ejqnw'n kata; ajriqmo;n ajggevlwn Qeou' kai; ejgenhvqh meri;" Kurivou lao;"

aujtou' jIakwvb. »5

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

jAnti; tou': a[nwqevn se tw'n a[llwn ejqnw'n proevkrina kai; ejmo;" lao;"

ejcrhmavtisa": ou{tw kai; oJ makavrio" e[fh Mwu>sh'": « Kai; ejgenhvqh meri;"

Kurivou lao;" aujtou' jIakw;b scoivnisma klhronomiva" aujtou' jIsrahvl. »

jAparch; gennhmavtwn aujtou'.10

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Toutevstin: wJ" hJ ajparch; tw'/ Qew'/ oijkeiva kai; ouj duvnatai a[llou genevsqai,

ou{tw kai; oJ jIsrah;l ejk pavntwn tw'n ejqnw'n genovmeno".

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Pro; ga;r tw'n a[llwn aJpavntwn aujto;n ejxelevxato: ou| dh; cavrin kai; tw'/15

Faraw/' e[fh: « UiJo;" prwtovtokov" mou jIsrahvl », kai; di j eJtevrou de;

1 1 jIwavnnou Bmg : om. Ymg

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15

Traduction de la chaîne à deux auteurs

codd. : B Y. Editio : PG 64, 756 D2-7.

Jean :

C’est-à-dire délimité53 pour Dieu. En effet, ainsi parle aussi Moïse : « Lorsque le

Très-Haut partageait les nations qu'il dispersait comme fils d’Adam, il fixa les

limites des nations d’après le nombre des anges de Dieu et la part du Seigneur fut

son peuple, Jacob. »54

codd. : B Y. Editio : PG 81, 504 B14-C3.

Théodoret :

Pour : dès le commencement je t’ai préféré aux autres nations et tu t'es fait appeler

mon peuple. Ainsi le bienheureux Moïse a-t-il dit : « Et la part du Seigneur fut son

peuple, Jacob, la portion de son héritage, Israël. »55

Prémices56 de ses créatures.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 757 A1-3.

Jean :

C’est-à-dire : de même que les prémices sont propres à Dieu et ne peuvent

appartenir à un autre, ainsi est Israël, issu de toutes les nations.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 504 C4-C9.

Théodoret :

En effet, c’est de préférence à tous les autres qu’il l’a élu ; c’est pourquoi aussi il a

dit à Pharaon : « Israël est mon fils premier-né »57 , et voici encore ce qu'il dit par

53 Le terme est à comprendre ici dans son sens philosophique : "déterminer", "délimiter", "définir"(cf. Plat, Soph. 240c) et non dans le sens qu'il prend dans le Nouveau Testament : mettre à part,séparer (cf. chaîne à auteurs multiples sur Jr 1, 5 - lemme 7). | 54 Dt 32, 8-9. Il faut noter lesvariantes du texte biblique de la chaîne par rapport au texte édité par J. W. Wevers et traduit parM. Harl et C. Dogniez (cf. Le Deutéronome, intro., trad. et notes par M. Harl et C. Dogniez, BA 5,Paris 1992, pp. 325-327) : ou}" au lieu de wJ" et ajggevlwn au lieu de uiJw'n. Ces variantes ne sontpas propres à Jean Chrysostome, mais apparaissent dans plusieurs manuscrits pour ou}" et dans laplupart des manuscrits pour ajggevlwn. | 55 Dt 32, 9. | 56 Le texte de la chaîne à deux auteurs a ainsiajparchv, comme le texte lucianique, tandis que la chaîne à auteurs multiples a ajrchv comme laplupart des manuscrits. Le terme ajparchv semble être une explicitation du texte biblique, traitpropre à la recension lucianique qui cherche à rendre le texte plus clair afin qu'il soit compris.57 Ex 4, 22.

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16

Chaîne à deux auteurs

profhvtou fhsi;n ou{tw": « JW" stafulh;n ejn ejrhvmw/ hu|ron to;n jIsrah;l kai;

wJ" skopo;n suvkou prwvi>mon hu|ron patevra" aujtw'n. »

Pavnte" oiJ ejsqivonte" aujto;n plhmmelhvsousin, kaka; ejpavxw ejp jaujtouv",

levgei Kuvrio".

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::5

JW" ga;r aJmartavnei oJ tw'n ajparcw'n geuovmeno", ou{tw" kai; oJ eij" se;

plhmmelw'n: dia; tou'to pavlai kai; to;n Faraw; ejtimwrhsavmhn kai; pavnta"

tou;" ejpanistamevnou": ta; ga;r palaia; dihgei'tai, to; de; ejsqivonte" ajnti;

tou' Jfagovnte" j kai; to; plhmmelhvsousi ajnti; tou' Jejplhmmevlhsan j.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::10

Oujde; ga;r wJ" tw'/ Qew'/ diakonou'nte" ejpolevmoun oiJ polemou'nte" tw'/

jIsrahvl, ajll j wJ" aujtou' tou' Qeou' perigenhvsesqai dunavmenoi: ou{tw kai;

Sennaceiri;m e[lege: « Mhv se ajpatavtw oJ Qeov" sou ejn w|/ su; pevpoiqa"

ejp j aujtw'/ levgwn o{ti rJuvsetai Kuvrio" th;n jIerousalh;m ejk ceirov" mou. »

Touvtou dh; cavrin kai; aujtoi'" ajpeilei' timwrivan. Ei\ta pantiv fhsi tw'/15

law'/:

5Tiv eu|ron oiJ patevre" uJmw'n ejn ejmoi; plhmmevlhma o{ti ajpevsthsan

ajp j ejmou' makra;n kai; ejporeuvqhsan ojpivsw tw'n mataivwn kai;

ejmataiwvqhsan …

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::20

Eijrhkw;" ta;" oijkeiva" eujergesiva", aujto;n ejkei'non mavrtura tw'n legomevnwn

a[gei, ajkolouvqw" de; pavnta levgei tw'/ ajnwtevrw lecqevnti.

9 ajnti; tou' Y : toutevstin B || 1 2 post perigenhvsesqai add. ti Y || 1 3 Sennaceiri;m B : oJSenachrei;m Y || 2 0 jIwavnnou Bmg : om. Ymg

Page 762: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

16

Traduction de la chaîne à deux auteurs

un autre prophète : « Comme une grappe dans le désert j’ai trouvé Israël et comme

un guetteur précoce sur un figuier j’ai trouvé leurs pères »58.

« Tous ceux qui le mangent commettront une faute, je ferai venir sur eux des

maux », dit le Seigneur.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 757 A7-12.

Jean :

En effet, de même que celui qui goûte aux prémices pèche, de même celui qui

commet une faute envers toi < pèche > ; c’est pourquoi autrefois aussi j’ai châtié

Pharaon et tous ceux qui se révoltaient. Il raconte en effet les événements anciens,

mais il y a mangent au lieu de "ont mangé" et commettront une faute au lieu de

"ont commis une faute".

codd. : B Y. Editio : PG 81, 504 C11-D3.

Théodoret :

En effet, ce n’est pas en croyant servir Dieu que ceux qui combattaient Israël le

combattaient, mais en croyant pouvoir surpasser Dieu lui-même. Ainsi

Sénachérim disait : « Que ton Dieu en qui tu as confiance ne te trompe pas en

disant que le Seigneur délivrera Jérusalem de ma main. »59 C’est pourquoi donc il

les menace eux aussi d’un châtiment. Ensuite il dit à tout le peuple :

5Qu'ont trouvé vos pères de fautif en moi pour s’être écartés loin de moi, avoir

marché derrière les futilités et être devenus futiles ?

codd. : B Y. Editio : PG 64, 760 A6-8.

Jean :

Après avoir dit ses bienfaits particuliers < à Israël >, il produit celui-là60 en

58 Os 9, 10. | 59 Cf. Is 37, 10. | 60 C'est-à-dire Israël.

Page 763: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

17

Chaîne à deux auteurs

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Tiv" uJmnh'sai pro;" ajxivan iJkano;" th;n tou' Despovtou filanqrwpivan … ouj

ga;r wJ" krith;" krivnei ajll j wJ" uJpeuvquno" ajpologivan prosfevrei kai;

ejlegcqh'nai bouvletai ei[ ti pravxai devon oujk e[praxe kai; Qeo;" w]n

panavgio" ajnqrwvpoi" paranovmoi" levgei: « tiv ejxhvmarton … tiv hjdivkhsa …5

ei[pate, ejlevgxate, tiv e[conte" ejgkalei'n oiJ patevre" uJmw'n ejme; me;n to;n

eujergevthn ejgkatevlipon toi'" de; ceiropoihvtoi" eijdwvloi" ejdouvleusan … Kai;

mh;n ejgw; th'" Aijguptivwn douleiva" ajphvllaxa kai; di j ajbavtou me;n wJdhvghsa

gh'", ejn ejrhvmw/ de; ajnuvdrw/ ajfqovnwn uJdavtwn rJei'qra ejdwrhsavmhn, eij" de;

th;n ejphggelmevnhn eijshvgagon gh'n pantodapw'n ou\san mhtevra karpw'n.10

Dia; ga;r tou' Karmhvlou pa'san th;n th'" ejpaggeliva" paredhvlwse gh'n:

ajll joujde; touvtwn ajpolauvsante" to;n eujergevthn ejpevgnwte, ajlla; th;n tw'n

patevrwn ejmimhvsasqe bdelurivan. Ei\ta kata; diaivresin eJkavstou tavgmato"

th;n kathgorivan eijsfevrei:

7Kai; eijshvgagon uJma'" eij" to;n Kavrmhlon tou' fagei'n uJma'" tou;" karpou;"15

aujtou'.

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

jApo; tou' tovpou th;n gh'n th'" ejpaggeliva" levgei: oJ de; Kavrmhlo" h\n

pivona gh'n e[cwn kai; gennaivou" fevrwn tou;" karpouv".

1 1 paredhvlwse B : ejdhvlwse Y || 1 3 ejmimhvsasqe B : ejmimhvsasqai Y || 1 7 jIwavnnou Bmg :Crusostovmou Ymg

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17

Traduction de la chaîne à deux auteurs

personne comme témoin de ses paroles et il adresse toute la suite à celui qui a été

mentionné plus haut61.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 505 A4-B5.

Théodoret :

Qui est capable de chanter un hymne digne de l'amour du Maître pour les

hommes ? En effet, Il ne juge pas en juge, mais Il présente une défense comme s'Il

devait rendre des comptes, Il veut être accusé s’Il n’a pas fait ce qu’il fallait faire

et, alors qu'Il est Dieu très saint, Il dit aux hommes qui transgressent la loi : « quel

péché ai-je commis ? quelle injustice ai-je faite ? dites, accusez ; qu’ont vos pères

à me reprocher pour m’avoir abandonné, moi leur bienfaiteur, et pour s'être rendus

esclaves des idoles faites de main d’homme ? Et moi, oui, je l’ai débarrassé de

l’esclavage des Égyptiens, je l’ai guidé à travers une terre sans accès, je lui ai

donné dans un désert sans eau des courants d’eaux abondantes et je l’ai conduit

vers la terre promise62, mère de fruits de toutes sortes ». En effet, par le Carmel, il

suggère63 l’ensemble de la terre de la promesse ; or, même après en avoir joui,

vous n'avez pas reconnu votre bienfaiteur, mais vous avez imité l’abomination de

vos pères. Ensuite il introduit l’accusation en distinguant chaque ordre :

7Et je vous ai introduits au Carmel pour que vous en mangiez les fruits.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 760 B2-4.

Jean :

À partir du lieu géographique64, il évoque la terre de la promesse ; or le Carmel se

trouvait avoir une terre fertile et porter des fruits de qualité.

61 C'est-à-dire le prophète. | 62 Ce n'est pas l'expression utilisée dans le Pentateuque qui emploie despériphrases telles que : "la terre que j'ai juré de donner à Abraham, à Isaac et à Jacob" ou "cetteterre où coulent le lait et le miel". L'expression apparaît uniquement en Heb 11, 9. L'ensemble dupassage est une récriture de l'Exode dans des termes pourtant très différents. | 63 Le verbe existe dèsl'époque classique au sens de "donner à entendre" (cf. Dém., 348, 7). Il est très employé par lesPères, à la fois comme synonyme du verbe simple dhlovw (cf. Bas., Eun., 2, 3) et au sens classiquede "montrer indirectement, suggérer" (cf. Chrys. hom 34, 2 in Mt). Pour la valeur de l'aoriste, cf.note 48. | 64 Il faut signaler que, dans le Laurentianus IX 13, témoin de la tradition directe duCommentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome, le groupe ajpo; tou' tovpou est raccroché aulemme biblique qui précède. On peut le traduire ainsi : Et je vous ai introduits au Carmel pour quevous mangiez les fruits de cet endroit. Il semblerait toutefois que le découpage proposé par cemanuscrit soit fautif puisqu'aucune variante approchante sur ce verset n'apparaît dans l'édition deJ. Ziegler.

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Chaîne à deux auteurs

8OiJ iJerei'" oujk ei\pon: pou' ejsti Kuvrio" …

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Peri; tw'n ta;" leitourgiva" ejkplhrouvntwn levgei.

Kai; oiJ ajntecovmenoi tou' novmou mou oujk hjpivstantov me.

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::5

Peri; tou' ajrcierevw" levgei o}" kaqhgei'to tou' laou'.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Tou'to pavntwn ajnosiwvtaton to; tou;" podhgou;" ajrchgou;" genevsqai th'"

plavnh" wJsauvtw" te tw'n grammatevwn kai; didaskavlwn ejntau'qa kathgorei'

wJ" eJrmhneuovntwn me;n to;n novmon prwvtwn de; tou'ton parabainovntwn.10

Kai; oiJ poimevne" hjsevboun eij" ejmev.

Tou;" basilei'" ou{tw" wjnovmase.

Kai; oiJ profh'tai proefhvteuon ejn tw/' Baavl.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Profhvta" tou;" yeudoprofhvta" kalei' w{sper au\ kai; qeou;" tou;" oujk15

2 jIwavnnou Bmg : om. Ymg || 4 mou B : om. Y

Page 766: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

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Traduction de la chaîne à deux auteurs

8Les prêtres n’ont pas dit : « où est le Seigneur ? »

codd. : B Y. Editio : PG 64, 760 C7.

Jean :

Il parle de ceux qui accomplissaient les liturgies.

Et ceux qui étaient attachés à ma loi ne me connaissaient pas.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 760 C8-9.

Jean :

Il parle du grand-prêtre qui servait de guide au peuple.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 505 B7-12.

Théodoret :

Voici le comble de l’impiété : les guides sont devenus les initiateurs de l’erreur et

de même ce sont les scribes et les maîtres65 qu’il accuse ici d'être, alors qu'ils

interprètent la loi, les premiers à la transgresser.

Et les bergers commettaient l’impiété envers moi.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 505 B13-1466.

Ce sont les rois qu’il nomme67 ainsi.

Et les prophètes prophétisaient par Baal.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 505 B15-C1.

Théodoret :

Il appelle prophètes les faux prophètes, de même que, par ailleurs, il appelle dieux

65 Ce couple est original et ne se trouve pas tel quel dans le Nouveau Testament qui évoque "lesscribes et les Pharisiens", "les scribes et les anciens", "les grand-prêtres et les scribes" et enfin "lesanciens, les grands-prêtres et les scribes" au moment du procès de Jésus. | 66 Ce bref commentairen'est pas explicitement attribué dans les deux manuscrits de la chaîne. Il apparaît tel queluniquement dans la tradition directe du Commentaire sur Jérémie de Théodoret de Cyr. | 67 Aoristed'analyse textuelle, cf. note 48.

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Chaîne à deux auteurs

o[nta" qeouv".

Kai; ojpivsw tou' ajnwfelou'" ejporeuvqhsan.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

[Edeixe th;n th'" paraplhxiva" uJperbolhvn: katalipovnte" ga;r to;n tw'n

pantodapw'n ajgaqw'n corhgo;n toi'" ejpizhmivoi" eijdwvloi" ejlavtreuon.5

9 Kai; dia; tou'to e[ti kriqhvsomai pro;" uJma'", levgei Kuvrio", kai; pro;" tou;"

uiJou;" tw'n uiJw'n uJmw'n kriqhvsomai, levgei Kuvrio".

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

jEpeidh; e[mellon levgein wJ" oujde;n pro;" hJma'" eij oiJ patevre" h{marton

oujde; divkhn uJpe;r tw'n eJtevrwn plhmmelhmavtwn dou'nai divkaion, boulovmeno"10

dei'xai o{ti oujk ejlavttou" kai; ou|toi tw'n progovnwn, fhsivn: « ouj pro;"

ejkeivnou" kriqhvsomai movnon, ajlla; kai; pro;" uJma'", kai; ouj pro;" uJma'"

movnon, ajlla; kai; pro;" tou;" ejggovnou" », i{na to; mevgeqo" th'" aujtou'

filanqrwpiva" parasthvsh/, o{ti ejpi; tosou'ton ejnevgka" tou;" aJmartavnonta"

oujk e[peise metabavllesqai th;n gnwvmhn.15

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Ei\ta oJ pro;" aujtou;" e[legco" ajpo; paradeivgmato" ejpimevnei th'/

metriovthti: ouj ga;r ei\pe: krinw' uJma'" kai; tou;" uJmetevrou" progovnou",

5 ejpizhmivoi" B : ejpizhmivou" Y || 6 Kai; B : om. Y || 1 0 divkhn B : post plhmmelhmavtwn transp. Y|| divkaion B : post oujde; transp. Y || 1 6 Qeodwrhvtou Bmg : om. Ymg

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Traduction de la chaîne à deux auteurs

ceux qui n’en sont pas.

Et ont marché derrière ce qui est inutile.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 505 C2-4.

Théodoret :

Il montre68 l’excès de leur démence, car après avoir abandonné le dispensateur69

des biens de toutes sortes, ils adoraient les idoles nuisibles.

9 Et c'est pourquoi j'entrerai encore en jugement contre vous, dit le Seigneur, et

contre les fils de vos fils j'entrerai en jugement, dit le Seigneur.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 760 D13 - 761 A6.

Jean :

Puisqu’ils s’apprêtaient à dire : « cela ne nous concerne en rien si ce sont nos

pères qui ont péché et il n’est pas juste d'être punis pour les fautes des autres »,

dans sa volonté de montrer que ceux-ci n’étaient pas inférieurs à leurs ancêtres, il

dit : « ce n’est pas seulement contre ceux-là que j'entrerai en jugement, mais aussi

contre vous, et pas seulement contre vous, mais aussi contre vos descendants » ; et

ce afin de manifester la grandeur de son amour pour les hommes, puisque, alors

qu'il avait supporté les pécheurs jusqu'à ce point, il n’a pas cherché à les

convaincre de changer d’avis.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 505 C7-C14.

Théodoret :

Ensuite, l'accusation qui leur est adressée par un exemple70 s’en tient à la juste

68 Aoriste d'analyse textuelle, cf. note 48. | 69 Terme technique à l'époque classique désignant lecitoyen chargé de recruter et d'entretenir financièrement le choeur des représentations théâtralesciviques, il est très fréquent chez les Pères pour désigner Dieu le Père (il est alors souvent coupléavec dhmiourgov" cf. Ath., inc., 54, 2) ou le Christ (il est alors souvent couplé avec didavskalo" cf.Clem., Str. 5, 1) comme les dispensateurs de la vie, du salut, du Saint Esprit, de l'immortalité, etc.70 Le début de l'extrait Ei\ta oJ pro;" aujtou;" e[legco" ajpo; paradeivgmato" est attribué à tortdans la chaîne à Théodoret. Cette phrase n'apparaît pas dans la tradition directe du Commentairesur Jérémie de Théodoret, mais dans la tradition directe du Commentaire sur Jérémie de JeanChrysostome (cf. Laurentianus IX 13, f. 81v). L'expression ajpo; paradeivgmato" annoncel'exemple des nations qui va suivre. Il faut bien la distinguer de ejpi; paradeivgmato" "parexemple" que l'on trouve très fréquemment chez Hermogène (Art Rhétorique, De inventione, 3,

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Chaîne à deux auteurs

ajlla; kriqhvsomai kai; pro;" uJma'" kai; pro;" ejkeivnou", ajnti; tou': dikavsomai

kai; ejlevgxw paranomou'nta". Deiknu;" de; th;n th'" paranomiva" uJperbolh;n

th;n tw'n ejqnw'n ejxetavsai politeivan parakeleuvetai tw'n te eJsperivwn kai;

tw'n eJwv/wn kai; gnw'nai ei[ tine" ejkeivnwn h[meiyan tou;" patrwv/ou" qeouv":

10 o{ti dievlqate eij" nhvsou" Ceteei;m kai; i[dete kai; eij" Khda;r5

ajposteivlate kai; nohvsate sfovdra kai; i[dete eij gevgone toiau'ta 11eij

ajllavxontai e[qnh qeou;" aujtw'n kai; aujtoi; ou[k eijsi qeoiv: oJ de; laov" mou

hjllavxato th;n dovxan aujtou' ejx h|" oujk wjfelhqhvsetai.

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

JIstorivan toiauvthn fhsi;n ejntau'qa: Ceteeivm tine" e[fasan Kuprivou",10

tine;" de; Civou", Khda;r de; o[noma povlew" Sarakhnw'n. Fasi; de; ejn me;n th'/

Civw/ poluombrivan ei\nai, ejpileivpein de; to;n uJeto;n Sarakhnoi'". JW" ou\n

eujforouvsh" th'" gh'" ejk tou' uJetou', nomivzonte" oiJ th;n Khda;r oijkou'nte"

wJ" o{tiper kata; prostasivan tou' aujtovqi qeou' oJ uJeto;" givnetai, to;n

eJautw'n qeovn, kata; mevn tina" ejk crusivou kataskeuasmevnon, kata; dev15

tina" kai; ajpo; margarivtou, ajnekovmisan pro;" tou;" Civou", xuvlinon

e[conta" qeo;n h] ojstravkinon w{" tinev" fasin, ajntallavxasqai boulovmenoi,

oiJ de; ouj pro;" to; poluvtimon th'" u{lh" ajforw'nte", o{lw" de; timw'nte"

to;n eJautw'n qeo;n oujk hjllavxanto. Tou'to ou\n fhsin o{ti ta; me;n loipa;

e[qnh tosou'ton to; sevba" e[cousin eij" to;n oijkei'on qeo;n w{ste mhde; u{lh"20

timiva" ajllavxasqai ejlavttona didovnta", oJ de; laov" mou tosauvth" th'"

par j ejmou' khdemoniva" ajpolauvsa" kai; dovxh" tetuchkw;" w{ste kai; para;

pa'sin a[/desqai ta; eij" aujto;n gegenhmevna qauvmata, ejn oujdeno;" qevmeno"

4 h[meiyan B : hjmeivyanto Y || 2 0 mhde; B : oujde; Y || u{lh" B : post timiva" transp. Y || 2 1didovnta" B : didovnte" Y

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Traduction de la chaîne à deux auteurs

mesure ; en effet, il n’a pas dit : « je vous jugerai, vous et vos ancêtres », mais

« j'entrerai en jugement contre vous et contre eux », pour : « j’intenterai un procès

et les accuserai de transgresser la loi »71. Et montrant l’excès de la transgression, il

ordonne d’interroger la conduite des nations occidentales et orientales et de voir si

certaines d’entre elles ont échangé les dieux de leurs pères :

10Car gagnez les îles de Chettiim et voyez, envoyez des gens visiter Kêdar,

réfléchissez bien et voyez si rien de pareil est arrivé, 11 si des nations changeront

leurs dieux, et eux ne sont pas des dieux ! Or mon peuple a changé ce qui était sa

gloire et elle ne leur sera pas utile.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 761 A14-C6.

Jean :

Tel est le récit qu’il évoque ici : certains ont dit que Chettiim désignait les

Chypriotes, d’autres les habitants de Chios et que Kêdar est le nom d’une ville des

Sarrasins. Or on raconte qu’il y avait à Chios des ondées abondantes, tandis que la

pluie faisait défaut aux Sarrasins. Ainsi donc, comme la terre portait de bons fruits

grâce à la pluie, les habitants de Kêdar, pensant que72 la pluie arrivait précisément

grâce à la protection du dieu local, apportèrent leur propre dieu, confectionné

selon les uns à partir d’or et selon les autres à partir de pierres précieuses aussi,

chez les habitants de Chios qui avaient un dieu en bois ou en terre cuite, comme

certains le rapportent, avec le désir de procéder à un échange ; or eux, sans

détourner le regard vers l’aspect précieux de la matière, mais pleins de respect

pour leur propre dieu, ne firent pas l'échange. Voici donc ce qu’il veut dire : le

reste des nations éprouvent une si grande vénération pour leur propre dieu qu’elles

ne le donnent pas même en échange contre une matière précieuse, même s’il est

de moindre valeur. Or mon peuple, qui a joui d’une si haute protection de ma part

et a reçu la gloire, au point même que les miracles accomplis pour lui sont chantés

auprès de tous les hommes, n’a compté pour rien la magnificence des signes et en

11) et chez Origène (Hom. Jer., 6, §2, l. 63 et 12, §10, l. 18). Il y a deux autres occurrences del'expression chez Jean Chrysostome (In Matthaeum Hom. XXIII, 6, cf. PG 57, 316, 27 et InEpistulam ad Romanos Hom. XII, 2, cf. PG 60, 496, 33) où paradeivgmato" est suivi deajnqrwpivnou.71 Ce passage apparaît dans la chaîne à auteurs multiples au début de l'extrait 52b attribué àThéodoret. | 72 wJ" o{tiper = o{ti (cf. Blass-Debrunner § 396 in fine et Jannaris § 1754).

Page 771: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

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Chaîne à deux auteurs

mevrei tw'n shmeivwn th;n megalourgivan, ejpi; th;n tw'n eijdwvlwn h|ke

qerapeivan kai; tau'ta kevrdo" e[cwn oujdevn.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Ceteei;m th;n Kuvpron kalei' kai; ta;" peri; aujth;n nhvsou" kai; di j aujtw'n

ta; eJspevria mevrh. Khda;r de; tou;" th;n pro;" h{lion ajnivsconta e[rhmon5

oijkou'nta", dia; de; touvtwn ta; eJw'/a mevrh aijnivttetai. Kai; didavskei wJ"

ejkei'noi me;n toi'" patrwv/oi" hjkolouvqhsan e[qesi kai; ou}" ejdidavcqhsan

sevbein qeouv", ou|toi de; to;n o[ntw" Qeo;n hjrnhvqhsan: dia; tou'to to;n

oujrano;n ejksth'nai e[fh kai; frivxai th;n gh'n oujk ejpeidh; logika; ta;

stoicei'a, ajll j o{ti tau'ta wJ" periektika; th'" ktivsew" eij" marturivan oJ10

makavrio" ejkavlese Mwu>sh'": « Provsece gavr, e[fh, oujranev, kai; lalhvsw kai;

ajkouevtw gh' rJhvmata ejk stovmatov" mou. »

13 {Oti duvo kai; ponhra; ejpoivhsen oJ laov" mou: ejme; ejgkatevlipon phgh;n

u{dato" zwh'" kai; w[ruxan eJautoi'" lavkkou" suntetrimmevnou" oi} ouj

dunhvsontai u{dwr suscei'n.15

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Lavkkou" suntetrimmevnou" ta; ei[dwla proshgovreusen: oJ ga;r lavkko"

ceiropoivhto" mevn ejstin, ajnabluvzon de; u{dwr oujk e[cei, to; de; ejk nefw'n

tiktovmenon kai; e[nqen kajkei'qen sunaqroizovmenon devcetai. Eij de; kai;

dierrwgw;" h\/ kai; suntetrimmevno", parautivka kai; to; ejx oujranou'20

suneilegmevnon ajpovllusi. Toiauvth tw'n eijdwvlwn hJ fuvsi": ejranivzetai me;n

ga;r th;n uJpovstasin ejx u{lh" kai; tevcnh", o} de; para; touvtwn komivzetai

kavllo" ajfairei'tai oJ crovno". JO de; ajlhqw'" Qeo;" zwh'" ajenavou phghv.

Ei\ta kat j ejrwvthsin:

1 4 eJautoi'" B : eJautou;" Y || 1 6 Qeodwrhvtou Ymg : om. Bmg || 2 0 h\/ Y : ei\ B

Page 772: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

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Traduction de la chaîne à deux auteurs

est venu au culte des idoles sans même en tirer aucun profit.73

codd. : B Y. Editio : PG 81, 505 C14 - 508 A9.

Théodoret :

Ce qu’il appelle Chettiim, c’est Chypre et les îles qui l’entourent et par elles, les

régions occidentales. Et Kêdar, ce sont ceux qui habitent le désert du côté où le

soleil se lève et par eux, il fait allusion aux régions orientales. Et il < nous >

apprend que ces hommes-là ont suivi les coutumes de leurs pères et les dieux

qu’on leur avait appris à vénérer, tandis que ceux-ci ont nié le dieu véritable ;

c’est pourquoi il a dit que le ciel en a été hors de lui et que la terre a frissonné, non

que les éléments soient doués de raison, mais parce que le bienheureux Moïse a

appelés ceux-ci à témoigner dans la mesure où ils englobent la création : « Ciel,

prête l’oreille, a-t-il dit en effet, et je parlerai ; et que la terre écoute les mots de

ma bouche. »74

13Car mon peuple a fait deux mauvaises actions : ils m’ont quitté, moi la source

d’eau vive, et ils se sont creusé des citernes brisées qui ne pourront pas retenir

l’eau.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 508 A13-B7.

Théodoret :

Par citernes brisées, il désigne75 les idoles. Car la citerne est faite de main

d’homme et elle n’a pas d’eau jaillissante, mais elle reçoit le produit des nuages

recueilli ici et là. Or, si elle est percée et brisée, elle perd aussitôt ce qu’elle a

recueilli du ciel. Telle est la nature des idoles : elles mendient en effet leur

substance auprès de la matière et de l’art, mais la beauté qui est apportée grâce à

cela, le temps la détruit. En revanche, le vrai Dieu est source de vie éternelle.

Ensuite, sur le mode interrogatif :

73 Le commentaire de Jean Chrysostome donne dans un premier temps le récit ( iJstoriva) et dansun deuxième temps l'interprétation de ce récit (qewriva). | 74 Dt 32, 1. | 75 Aoriste d'analyse textuelle,cf. note. 48.

Page 773: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

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Chaîne à deux auteurs

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::14Mh; dou'lov" ejstin jIsrahvl … Mh; wJ" douvlou katefrovnoun, oujc wJ" uiJou'

proenovhsa … h] oijkogenhv" ejstin jIakwvb … h] oujci; kai; to;n propavtora dia;

timh'" h[gagon w{ste kai; meta; qavnaton tima'n aujto;n th'/ mnhvmh/.

Toutevstin: ejgw; me;n a[nwqen ejn uiJou' tavxei aujto;n ejkthsavmhn, aujto;" de;5

eujkatafrovnhton eJauto;n pepoivhken: dia; tou'to kai; toi'" ejcqroi'"

uJpoceivrio" gevgonen.

15 jEp jaujto;n wjruvonto levonte".

Peri; tw'n jAssurivwn kai; Babulwnivwn levgei.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::10

14Mh; dou'lov" ejstin jIsrah;l h] oijkogenhv" jIakwvb … diativ eij" pronomh;n

ejgevneto, 15ejp jaujto;n wjruvonto levonte".

{Ote, fhsiv, th'" Aijguptivwn hjleuqerwvqh douleiva", a{pante" e[gnwsan: o{te

de; kai; kaq j eJauto;n ejpoliteuveto, th'" ejmh'" ajpolauvwn pronoiva" dh'lo" h\n

a{pasi: perifanh;" ga;r h\n kai; perivblepto". Tiv toivnun th'" aijcmalwsiva"15

to; ai[tion … Tiv dhvpote toi'" ejpiou'sin aujtw'/ basileu'sin ejgevneto

provceiro" … JLevonta" j ga;r tou;" basileva" wjnovmase: touvtou" levgei kai;

th;n gh'n aujtou' dh/w'sai kai; ta;" povlei" ejmprh'sai: tau'ta de; ouj movnon uJp j

jAssurivwn pepovnqate ajlla; kai; uJpo; Aijguptivwn. [Eti gavr fhsin:

16UiJoi; Mevmfew" kai; Tavfna" e[gnwsavn se kai; katevpaixavn sou.20

1 jIwavnnou Ymg : om. Bmg || 2 douvlou Y : dou'lon B || 4 aujto;n B : post qavnaton transp. Y || 1 0Qeodwrhvtou Bmg : paulum ante ad jEp j aujto;n hab. Ymg

Page 774: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

22

Traduction de la chaîne à deux auteurs

codd. : B Y. Editio : PG 64, 764 B13-C4.

Jean :

14Israël est-il un esclave ? Le méprisais-je comme un esclave ? N’ai-je pas veillé

sur lui comme sur un fils ? Et Jacob est-il un domestique ? Et n’ai-je pas conduit

aussi son aïeul dans l'honneur au point de l’honorer même après sa mort de mon

souvenir ? C’est-à-dire : « moi, dès le commencement, je l’ai possédé au rang de

fils, mais lui s’est rendu méprisable ; c’est pourquoi il a même été soumis aux

ennemis ».

15Contre lui rugissaient des lions.

codd. : B Y. Editio : M.Ghisleri, p. 939 (Addenda) C3-476.

Il parle des Assyriens et des Babyloniens.

Théodoret :

14Israël est-il un esclave ? Et Jacob un domestique ? C’est pourquoi il a été livré

au pillage, 15contre lui rugissaient des lions.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 508 B11-C6.

Quand, dit-il, il a été libéré de l’esclavage des Égyptiens, tous l’ont connu et

quand précisément il se gouvernait lui-même, il était évident pour tous qu'il

jouissait de ma providence, car tout le monde le voyait bien et s'en apercevait

bien. Quelle est alors la cause de la captivité ? Pourquoi donc a-t-il été soumis aux

rois qui marchaient contre lui ? En effet, par "lions", il nomme77 les rois : il dit

que ceux-ci ont ravagé son pays et incendié les villes. Et cela, vous ne l’avez pas

seulement subi du fait des Assyriens mais aussi du fait des Égyptiens. Car il dit

encore :

16Les fils de Memphis et de Taphna t’ont connu et se sont joués de toi.

76 Ce bref commentaire n'est pas attribué explicitement dans les deux manuscrits de la chaîne. Ilfigure uniquement dans la tradition directe du Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome.77 Aoriste d'analyse textuelle, cf. note. 48.

Page 775: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

23

Chaîne à deux auteurs

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Peri; Aijguptivwn levgei. Tine;" de; to; e[gnwsan J poimanou'sin j e[fasan

metafora'/ crhsavmenoi kai; to; katevpaixan ejphvgagen i{na tw'n kratouvntwn

th;n kakivan shmavnh/.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::5

OiJ ta; poluqruvlhta ejkei'na sou' cavrin uJpomeivnante" ou}" to; teleutai'on

tw'/ qalattivw/ buqw'/ paradevdwka. Ei\ta th'" ajsqeneiva" th;n aijtivan

didavskei:

17Oujci; tau'ta ejpoivhsev soi to; katalipei'n se ejmev … levgei Kuvrio" oJ Qeov"

sou.10

[Epeita kai; th;n ajrch;n th'" ajpostavsew" ejn tw'/ kairw'/ a[gontov" se ejn th'/

ejrhvmw//: eujqu;" ga;r Aijguptivwn ajpallageiv", ejme; me;n katevlipe", to;n de;

movscon ejqeopoivhsa".

18Kai; nu'n tiv soi kai; th/' oJdw/' Aijguvptou tou' piei'n u{dwr Ghwvn … Kai; tiv

soi kai; th/' oJdw/' jAssurivwn tou' piei'n u{dwr potamw'n …15

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Mevmfetai aujtou;" o{ti ejn kreivttosin o[nte" ta; ejlavttona ejpizhtou'si. To;

ga;r J Ghw;n j JSiw;r j e[cei oJ JEbrai'o", o{per eJrmhneuvetai diwvrux. jEpeidh;

ga;r kai; ejn tw'/ novmw/ oJ makavrio" Mwu>sh'" paraqevsei th'/ pro;"

Aijguptivou" ejphv/nese th;n th'" Palaistivnh" gh'n wJ" oujk ajnamevnousan20

1 jIwavnnou Bmg : Tou' Crusostovmou Ymg || 2 poimanou'sin B : poimanou'san Y || 3 kratouvntwnB : kakouvntwn Y || 6 teleutai'on B : post buqw'/ transp. Y

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23

Traduction de la chaîne à deux auteurs

codd. : B Y. Editio : PG 64, 764 C13-D2.

Jean :

Il parle des Égyptiens. Or certains ont dit « feront paître »78 pour ont connu en

utilisant une métaphore et < l'Écriture > ajoute79 se sont joués afin de signifier la

méchanceté des dirigeants.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 508 C8-11.

Théodoret :

Ce sont ceux qui ont enduré ces prodiges à cause de toi et que j’ai finalement

livrés aux profondeurs de la mer. Ensuite il enseigne la cause de leur faiblesse :

17N'est-ce pas le fait que tu m'aies abandonné qui a fait cela ? dit le Seigneur ton

Dieu.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 509 A2-680.

Ensuite < il nous enseigne > le commencement de l’éloignement au moment où il

te conduisait dans le désert. Car aussitôt après avoir été débarrassé des Égyptiens,

tu m’as abandonné et tu as déifié le veau.

18Et maintenant qu’y a-t-il entre toi et le chemin d’Égypte pour boire l’eau du

Geôn ? Qu’y a-t-il entre toi et le chemin des Assyriens pour boire l’eau des

fleuves ?

codd. : B Y. Editio : PG 64, 765 A9-B7.

Jean :

Il les blâme parce qu’ils recherchent ce qui a moins de valeur, alors qu’ils sont

dans la situation la meilleure. Pour "Geôn", l’hébreu a "Siôr", ce qui est traduit par

fossé. En effet, puisque, même dans la loi, le bienheureux Moïse a loué la terre de

Palestine par comparaison à celle des Égyptiens, parce qu’elle n’attend pas de

78 Il s'agit peut-être d'une variante d'Aquila d'après la Syro-Hexaplaire dont le sens est ici difficile àétablir (cf. J. Ziegler, p. 156). | 79 Aoriste d'analyse textuelle, cf. note 48. | 80 Ce passage n'est pasattribué explicitement dans les deux manuscrits de la chaîne. Il figure dans la tradition directe duCommentaire sur Jérémie de Théodoret de Cyr.

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24

Chaîne à deux auteurs

sunagwgh;n u{dato" w{ste poluceiriva/ th;n gh'n wJ" kh'pon ajrdeuvein,

ajll j a[nwqen de; ejk tou' oujranou' fevretai to; u{dwr ouj dia; ceiro;"

ajnqrwpivnh", tou' Qeou' deiknuvnto" th;n peri; th;n gh'n provnoian, ejkeivnwn

mevmnhtai ojneidivzwn aujtoi'". Tau'ta dev fhsin wJ" pollavki" me;n Aijguptivwn

ejpikalesamevnwn kai; jAssurivwn th;n bohvqeian kai; nu'n de; wJ" tou' jIwakei;m5

megavla ejpi; tw'/ Aijguptivw/ fronou'nto" kai; wJ" oujde;n peivsetai uJpo; tou'

Babulwnivou th'/ ejkeivnou summaciva/.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

JHnivka uJpo; Suvrwn ejpolemou'nto tou;" jAssurivou" eij" summacivan ejkavlesan,

o{te de; jAssuvrioi aujtoi'" ejpestravteusan pro;" Aijguptivou" katevfugon.10

J Ghw;n j ga;r to;n Nei'lon kalei'.

19Paideuvsei se hJ ajpostasiva sou kai; hJ kakiva sou ejlevgxei se kai; gnw'qi

kai; ijde; o{ti pikro;n kai; ponhrovn soi to; katalipei'n se ejmev, levgei Kuvrio"

oJ Qeov" sou.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::15

jEmev fhsin eij" summacivan oujk ejkavlesa" ajll j ejkeivnou", dia; tou'to

ejkeivnoi" se parevdwka. Toiou'tovn ti pepovnqasi kai; oiJ to;n Swth'ra

staurwvsante" ajrnhqevnte" ga;r aujto;n e[legon mh; e[cein basileva eij mh;

Kaivsara ou| dh; cavrin aujtou;" Kaivsari paradevdwken.

20 {Oti ajp j aijw'no" sunevtriya" to;n zugovn sou kai; dievrrhxa" tou;"20

desmouv" sou kai; ei\pa": ouj douleuvsw soi.

4 me;n B : post Aijguptivwn transp. Y || 8 Qeodwrhvtou Bmg : non legitur Ymg || 1 7 parevdwka Y :paradevdwka B

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24

Traduction de la chaîne à deux auteurs

recueillir l’eau pour arroser la terre comme un jardin en abondance81, mais que

d'en haut l’eau est apportée du ciel et non par une main humaine, Dieu montrant

sa providence pour la terre, il mentionne ceux-là82 en les83 invectivant. Or, il dit

cela parce qu'ils ont souvent invoqué le secours des Égyptiens et des Assyriens,

qu'aujourd'hui encore Joachim s'enorgueillit à cause de l'Égyptien et qu'il ne

subira rien du Babylonien à cause de son alliance avec celui-là84.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 509 A9-13 et PG 64, 765 B7-10.

Théodoret :

Lorsqu’ils étaient combattus par les Syriens, ils ont appelé les Assyriens à

conclure une alliance, et quand les Assyriens ont mené une expédition contre eux,

ils ont fui vers les Égyptiens. C’est le Nil en effet qu’il appelle "Geôn".

19Ton éloignement t’éduquera et ta méchanceté te confondra : sache et vois qu’il

est amer et mauvais pour toi de m’abandonner, dit le Seigneur ton Dieu.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 509 B3-8.

Théodoret :

Ce n’est pas moi, dit-il, que tu as appelé à conclure une alliance, mais ces gens,

c’est pourquoi je t’ai livré à ces gens. Ils ont subi quelque chose de semblable

aussi ceux qui ont crucifié le Sauveur, car ils le niaient en disant qu’ils n’avaient

d’autre roi que César, c’est pourquoi il les a livrés à César.

20Car depuis toujours tu as brisé ton joug, tu as rompu tes liens et tu as dit : « Je

ne te servirai pas »

81 w{ste + infinitif = i{na + subjonctif. Il y a d'autres exemples de cet emploi de w{ste chez JeanChrysostome (cf. plus loin sur Jr 2, 25 et dans la chaîne à auteurs multiples, extrait 24). Cetteparticularité syntaxique de la langue de Jean Chrysostome n'est pas signalée par M. Soffray,Recherches sur la syntaxe de Saint Jean Chrysostome d'après les homélies sur les statues, Paris1939. | 82 Les Égyptiens. | 83 Les Hébreux. | 84 L'Égyptien. Il faut noter les trois dimensions de laprophétie : passé, présent et avenir (cf. prologue de Jean Chrysostome dans la chaîne intégrale àauteurs multiples, p. 2, ll. 12-13).

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25

Chaîne à deux auteurs

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

jArcaiovtropa dev sou ta; ejpithdeuvmata: a[nwqen ga;r sunevtriya" to;n tou'

novmou zugo;n kai; toi'" tw'n paranovmwn ejqnw'n hjkolouvqhsa" e[qesi kai; tou;"

bwmou;" kai; ta; a[lsh th'" kata; novmon politeiva" proujtivmhsa".

21 jEgw; de; ejfuvteusav se a[mpelon karpofovron, pa'san ajlhqinhvn.5

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Toutevsti: pleivsthn th;n peri; se; ejpimevleian ejpoihsavmhn, ejkbalw;n ejx

Aijguvptou kai; ajllotrivan soi dou;" gh'n kai; ejkbalw;n e[qnh katwv/khsav se

ejf j w|/te th'" eujsebeiva" to;n karpo;n dou'nai. To; de; pa'san ajlhqinhvn, ajnti;

tou': ejn ajsfaleiva/ se katwv/khsa, o{per levgei kai; oJ JHsai?a": « jAmpelw;n10

ejgenhvqh tw'/ hjgaphmevnw/ ejn kevrati ejn tovpw/ pivoni. »

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Oujc aJplw'" de; to; pa'san tevqeiken ajll j ejpeidh; h\san ejn aujtoi'" eujsebei'"

a[ndre", oi{ te qei'oi profh'tai kai; oiJ touvtoi" eJpovmenoi, ajnti; tou': pavnta"

uJma'" ejboulovmhn ei\nai toiouvtou", pavntwn ga;r ejx i[sh" ejpemelhvqhn.15

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

« Kai; ejfuvteusa a[mpelon JSwrhvc j », toutevstin Jejklekthvn j: o{per ga;r

ejkei' levgei Jejklekth;n j, ejntau'qa ajlhqinh;n ejpi; th'/ tw'n patevrwn ejklogh'/.

Pw'" ejstravfh" eij" pikrivan hJ ajmpelo" hJ ajllotriva …

1 Qeodwrhvtou Bmg : non legitur Ymg || 1 2 Qeodwrhvtou Bmg : non legitur Ymg || 1 5 ejx i[sh"

B : ejpivsh" Y || 1 6 jIwavnnou Bmg : Crusostovmou Ymg

Page 780: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

25

Traduction de la chaîne à deux auteurs

codd. : B Y. Editio : PG 81, 509 B11-15.

Théodoret :

Tes activités sont anciennes, car dès le commencement tu as brisé le joug de la loi

et suivi les coutumes des nations qui la transgressent et tu as préféré les autels

païens et les bois sacrés à la conduite selon la loi.

21Moi pourtant, je t’avais planté comme une vigne riche en fruits, toute vraie.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 768 A12-B3.

Jean :

C’est-à-dire : j’ai eu pour toi une attention considérable après t’avoir chassé

d’Égypte et t’avoir donné une terre étrangère et après en avoir chassé des nations,

je t’ai établi à condition que tu donnes le fruit de ta piété. Toute vraie est mis pour

: « je t’ai établi dans la sécurité », ce que dit aussi Isaïe : « Mon bien-aimé avait

une vigne sur un côteau, dans un lieu fertile. »85

codd. : B Y. Editio : PG 81, 509 C2-6 et PG 64, 768 B3-7.

Théodoret :

Ce n’est pas sans intention qu’il a mis toute mais, parce qu’il y avait parmi eux

des hommes pieux, les prophètes de Dieu et ceux qui les suivaient, c'est au lieu

de : « Je voulais que vous tous soyez tels, car à tous j’ai porté une attention

égale ».

codd. : B Y. Editio : PG 64, 768 B7-10.

Jean :

« Et je t’avais planté comme une vigne "sôrech" », c’est-à-dire "choisie". Car ce

qu'il appelle là86 "choisie", il l'appelle ici vraie dans le choix87 de nos pères.

Comment as-tu tourné à l’aigre, vigne étrangère ?

85 Is 5, 1. | 86 = en hébreu. | 87 Il faut noter le jeu de mots entre ejklekthvn et ejkloghv.

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26

Chaîne à deux auteurs

CCCCrrrruuuussssoooossssttttoooovv vvmmmmoooouuuu::::

JO JEbrai'o": « jEstravfh" moi eij" spevrma ajmpevlou ajllotriva" », i{na

ei[ph/: ta; me;n ejma; novmima parecavraxa", toi'" de; tw'n ejqnw'n e[qesin

ejxhkolouvqhsa", o{ levgei kai; oJ Mwu>sh'": « jEk ga;r ajmpevlou Sodovmwn hJ

a[mpelo" aujtw'n kai; hJ klhmati;" aujtw'n ejk Gomovrra". »5

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Eij dievmeinen ajlhqinh; oujk a]n ajllotriva proshgoreuvqh: ejpeidh; de; eij"

pikrivan meteblhvqh, oujkevti ajlhqinh; ajll j ajllotriva kalei'tai: ou{tw kai; oJ

mevga" Mwu>sh'" e[fh: « jEk ga;r ajmpevlou Sodovmwn hJ a[mpelo" aujtw'n kai;

hJ klhmati;" aujtw'n ejk Gomovrra" hJ stafulh; aujtw'n stafulh; colh'"10

bovtru" pikriva" aujtw'n. » {Oqen kai; colh;n tw'/ Despovth/ proshvnegkan,

ajll j ejpeidh; th;n qeivan ejxuvbrisan futourgivan kai; eij" pikrivan

ejstravfhsan kai; ajnti; stafulh'" ajkavnqa", oJ ejx aujtw'n kata; savrka

Cristo;" a[mpelon ajlhqinh;n eJauto;n ojnomavzei levgwn: « jEgwv eijmi hJ

a[mpelo" hJ ajlhqinhv », tou;" de; eij" aujto;n pepisteukovta" klhvmata15

prosagoreuvei.

22 jEa;n ajpopluvnh/" ejn nivtrw/ kai; plhquvnh/" seauth/' povan, kekhlivdwsai ejn

tai'" ajdikivai" sou ejnantivon ejmou', levgei Kuvrio".

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Ouj tou'tov fhsin o{ti eja;n metanohvsh/" ouj devcomaiv se, ajll j o{ti hJ20

di j u{dato" kavqarsi" oujdevn se wjfelei', ejpeidh; ejdovkoun kai; ou{tw

kaqaivresqai. jEk metafora'" e[labe tw'n dusekpluvtwn ejrivwn h] tw'n

ejpikecrwsmevnwn swmavtwn uJpov tino" diacuqeivsh" colh'" h[ tino"

toiouvtou. To; me;n ga;r nivtron kai; h}n kalei' Jpovan j to;n eij" th;n

ejpifavneian tou' swvmato" rJuvpon ajpopluvnein oi\den: ejpikecrwsmevnon25

6 Qeodwrhvtou — 10 Gomovrra" B : om. Y || 1 9 jIwavnnou Bmg : Crusostovmou Ymg

Page 782: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

26

Traduction de la chaîne à deux auteurs

codd. : B Y. Editio : PG 64, 768 B 10-15.

Chrysostome88 :

L’hébreu < a > : « Tu t'es tourné pour moi en semence de vigne étrangère », pour

dire : « tu as falsifié mes législations et tu as suivi de près les coutumes des

nations », ce que dit aussi Moïse : « Car de la vigne de Sodome vient leur vigne,

et leur sarment vient de Gomorre. »89

codd. : B Y. Editio : PG 81, 509 C9 - 512 A4 et PG 64, 768 B15-C8 (post

Gomovrra" usque ad prosagoreuvei).

Théodoret :

Si elle était restée vraie, elle n’aurait pas été appelée étrangère, mais puisqu’elle

s’est convertie à l’aigre, elle n’est plus appelée vraie mais étrangère. Ainsi le

grand Moïse a-t-il dit : « Car de la vigne de Sodome vient leur vigne, et leur

sarment vient de Gomorre ; leur grappe est une grappe de bile, un raisin

d’amertume pour eux. »90 C’est pourquoi ils ont présenté de la bile au Maître91,

mais parce qu’ils ont traité avec arrogance l'œuvre de jardinier de Dieu, qu’ils ont

tourné à l’aigre et qu’il y a eu des épines92 au lieu d’une grappe, le Christ issu

d’eux selon la chair se donne le nom de vigne vraie lorsqu’il dit : « Moi, je suis la

vraie vigne »93, et il appelle sarments ceux qui ont foi en lui.

22Si tu te laves au nitre et que tu uses fréquemment pour toi de saponaire, tu

resteras tachée de tes torts à mon encontre, dit le Seigneur.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 768, D8 - 769 B3 (ab initio usque ad ejpimeleiva/) et

PG 64, 769 C1-2 (ab Kai; i{na usque ad finem).

Jean :

Il ne dit pas : « si tu te repens, je ne te reçois pas », mais : « la purification par

l’eau ne te sert à rien », puisqu’ils croyaient ainsi précisément se purifier. Il a tiré

cela d’une métaphore des laines difficiles à laver ou des corps dont la surface est

88 L'auteur est ici exceptionnellement nommé par son seul surnom dans les deux manuscrits. | 89 Dt32, 32. | 90 Dt 32, 32. | 91 Allusion à la boisson donnée au Christ par les soldats romains lors de lacrucifixion, cf. Mt 27, 34. | 92 Allusion à la couronne d'épines, cf. Mt 27, 29. | 93 Jn 15, 1.

Page 783: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

27

Chaîne à deux auteurs

mevntoi sw'ma kai; oiJonei; bebammevnon oujk ija'tai. Bouvletai gou'n eijpei'n o{ti

oujk ajpo; tw'n smhgmavtwn duvnh/ tw'n aJmarthmavtwn labei'n th;n a[fesin:

gnhsiva" ga;r th'" peri; to; kalo;n diaqevsew" dei' kai; tevleon ajpostrafh'nai

to; kakovn. {Ina ou\n ei[ph/ oujk ajpo; tou' ei\nai ejn th'/ gh'/ oujde; ajpo; tou'

qusiva" ejpitelei'n h] ejn tw'/ naw'/ eijsievnai h] savbbaton threi'n h[ ti5

toiou'ton lambavnei" th;n a[fesin, ajll j ajreth;n metelqw;n kai; e[rgwn

ejpideixavmeno" katovrqwsin. JPovan j de; levgei o} kata; th;n tw'n Suvrwn

fwnh;n Jajlavan j kalou'si, kata; de; th;n JEbraivwn Jbwrhvq j, kata; de; th;n

JEllhvnwn fwnh;n Jdoruvknion j ojnomavzousi. To; ou\n kekhlivdwsai, toutevstin:

oiJonei; bebammevnh ei\ th'/ kakiva/ kai; th'/ peri; th;n ajsevbeian ejpimeleiva/. Kai;10

i{na deivxh/ o{ti ouj th;n gnwvmhn metebavllonto, ejpavgei:

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Povan ta; ajpo; gh'" fuovmena rJuvmmata ojnomavzei kai; didavskei tropikw'"

dia; touvtwn wJ" ta; kata; novmon perirranthvria ajpallagh;n aJmarthmavtwn

ouj pragmateuvetai, ajll j eijlikrinh;" metamevleia kai; ponhriva" ajpallaghv.15

Meta; tau'ta th;n ajnaivdeian aujth'" ejxelevgcei:

23Pw'" ejrei'": « Oujk ejmiavnqhn kai; ojpivsw th'" Baval oujk ejporeuvqhn » …

Toutevstin: aJmartavnousa ajrnh'/ wJ" mhde;n poihvsasa.

jIde; ta;" oJdouv" sou ejn tw/' poluandrivw/ kai; gnw'qi tiv ejpoivhsa".

2 smhgmavtwn Y : migmavtwn B || 7 tw'n B : om. Y || 1 3 post ajpo; add. th'" Y || 1 6 ejxelevgcei B :ejlevgcei Y || 1 9 jIde; Y : ei\de B

Page 784: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

27

Traduction de la chaîne à deux auteurs

teinte par quelque bile répandue ou quelque chose de semblable94. En effet, le

nitre et ce qu’il appelle "saponaire" savent laver la crasse qui se trouve sur la

partie visible du corps. Ils ne soignent pas pour autant un corps dont la surface est

teinte et pour ainsi dire imprégnée. En tout cas, il veut dire que tu ne peux pas,

avec des lotions, obtenir la rémission des péchés, car il faut une disposition

authentique à faire le bien et se détourner définitivement du mal. Cela revient

donc à dire : ce n’est pas parce que tu es sur la terre ni parce que tu accomplis des

sacrifices, que tu te rends au Temple ou que tu observes le Sabbat, etc., que tu

obtiens la rémission, mais parce que tu as poursuivi la vertu et fait preuve de

réussite dans tes actions. Mais il appelle "saponaire" ce que dans la langue des

Syriens on appelle "alaan", dans la langue des Hébreux "borêth" et ce qu'on

nomme dans la langue grecque "liseron". Ainsi donc Tu resteras tachée, c’est-à-

dire : comme si tu étais imprégnée par la méchanceté et par l'intérêt pour

l’impiété. Et afin de montrer qu’ils n’ont pas changé d’avis, il ajoute :

codd. : B Y. Editio : PG 81, 512 A17-12.

Théodoret :

Il nomme saponaire les substances nées de la terre et il enseigne de manière

figurée par elles que ce ne sont pas les vases d’ablutions conformes à la loi qui

débarrassent des péchés, mais un repentir sincère et le fait de se débarrasser de la

méchanceté. Après cela, il accuse son impudence :

23Comment diras-tu : « Je ne me suis pas souillée et je n’ai pas marché derrière

Baal » ?

codd. : B Y. Editio : PG 64, 769 C2-395.

C’est-à-dire : alors que tu pèches, tu nies avoir rien fait.

Vois tes chemins dans la foule des mâles et reconnais ce que tu as fait.

94 C'est la deuxième occurrence de cette expression propre à Jean Chrysostome (cf. extrait sur Jr 2,12 et plus loin extraits sur Jr 4, 3 ; 4, 19 et 4, 20). | 95 Ce commentaire n'est pas attribuéexplicitement dans les deux manuscrits de la chaîne. Il figure dans la tradition directe duCommentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome.

Page 785: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

28

Chaîne à deux auteurs

Toutevstin: o{ra to;n tovpon o{pou hJmavrtane". Poluavndrion de; oJ JEbrai'o"

oujk e[cei ajll j « jIde; to;n tovpon tou' Gai? »: levgei de; ejn w|/ pro;" ta;"

qugatevra" tw'n Madianitw'n ejktrapevnte", eij" eijdwlolatreivan ejxwvkeilan.

Skovphson toivnun, fhsiv, ta;" a[nwqevn sou paranomiva". [Isw" de;

poluavndrion hJrmhvneusan ajpo; tou' plhvqou" tw'n aujtovqi ajnaireqevntwn.5

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Poluavndrion kalei' to; tw'n mnhmavtwn cwrivon ejn ejkeivnw/ de; tou;" uiJou;"

kai; ta;" qugatevra" toi'" eijdwvloi" katevkaion.

jOye; fwnh;n aujth'" wjlovluzen.

Toutevstin: e[ti kai; nu'n ejpiboa'tai ta; ei[dwla, bouvletai ga;r dei'xai o{ti10

ouj movnon oiJ provgonoi ajlla; kai; ou|toi h{marton o} kai; ajnwtevrw ejpoivoun.

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Kata; to;n JEbrai'on ou{tw" e[cei: « JW" prwtovtokon moscavrion skirta'/. »

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

To; Jojye; j ejpi; tou' Jbradevw" j tevqeike. Meta; th;n pei'ran, fhsiv, tw'n15

ajlgeinw'n th'" paranomiva" ai[sqhsin e[labe: tou'to kai; meta; tau'ta oJ

profhvth" fhsiv, ta;" devka fula;" ojduromevna" uJpodeiknu;" kai; legouvsa":

7 uiJou;" B : uiJei'" Y || 9 jOye; — wjlovluzen : post comm. sequentem transp. Y || 1 2 jIwavnnou Bmg :Crusostovmou Ymg

Page 786: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

28

Traduction de la chaîne à deux auteurs

codd. : B Y. Editio : PG 64, 769 C4-1196.

C’est-à-dire : vois le lieu où tu péchais. L’hébreu n’a pas foule des mâles mais :

« Vois le lieu de Gaï » ; et il désigne l’endroit où après s’être détournés vers les

filles des Madianites, ils avaient dérivé97 vers l’idolâtrie98.

Observe donc, dit-il, tes transgressions depuis le commencement. Ils ont peut-être

traduit foule des mâles d’après la foule de ceux qui ont été tués à cet endroit.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 512 B1-3.

Théodoret :

Il appelle foule des mâles l'emplacement des tombes et là, ils ont immolé leurs fils

et leurs filles aux idoles.

Tard elle a exprimé un gémissement avec sa voix.

codd. : B Y. Editio : M. Ghisleri, p. 939 (Addenda) C5-899.

C’est-à-dire : encore maintenant elle invoque en criant les idoles, car il veut

montrer que non seulement les ancêtres mais ceux-ci aussi ont commis le péché

que précisément ils faisaient auparavant.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 772 B8-9.

Jean :

Dans l’hébreu, on a : « Comme un veau premier-né regimbe ».

codd. : B Y. Editio : PG 81, 512 B4-9.

Théodoret :

Il a mis "tard" à la place de "tardivement"100. C’est après l'expérience, dit-il,

qu’elle a ressenti les souffrances de la transgression. Le prophète le dit aussi après

96 Ce commentaire n'est pas attribué explicitement dans les deux manuscrits de la chaîne. Il figuredans la tradition directe du Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome. | 97 C'est la deuxièmeoccurrence dans la chaîne de ce terme chez Jean Chrysostome (cf. note 20). | 98 Cf. Nb 25, 1-5.99 Ce commentaire n'est pas attribué explicitement dans les deux manuscrits de la chaîne. Il figuredans la tradition directe du Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome, mais il est déplacéplus loin (cf. t. I, chap. 3, pp. 272-274). | 100 Les deux mots ojyev et bradevw", ainsi que u{sterondans la citation qui suit, n'ont pas de racine commune en grec, contrairement à ce que pourraitlaisser entendre notre traduction.

Page 787: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

29

Chaîne à deux auteurs

« {Usteron aijcmalwsiva" mou metenovhsa. »

Ta;" oJdou;" aujtou' 24ejplavtunen ejf j u{data ejrhvmou.

{Ina ei[ph/: ta;" pravxei" aujth'" ejxevceen wJ" u{data ejpi; ta;" ejrhvmou", toi'"

eijdwvloi" latreuvousa kai; katafronou'sa tou' naou'.

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::5

Kata; to;n JEbrai'on ou{tw" kei'tai: « JW" davmali" dedidagmevnh ejn

panerhvmw/ a{llesqai. »

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Dia; tou' ejplavtune th;n ajplhstivan th'" ajsebeiva" ejdivdaxen: u{data de;

ejrhvmou ta; ei[dwla proshgovreusen wJ" ejrhmopoia; kai; panwleqriva"10

provxena.

jEn ejpiqumivai" yuch'" aujth'" ejpneumatoforei'to.

Kaq j hJdonh;n aujth'" h[koue tw'n yeudoprofhtw'n parapempomevnh tw'n

profhtw'n tou;" lovgou".

1 3 Kaq j hJdonh;n — 14 lovgou" B : om. Y

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29

Traduction de la chaîne à deux auteurs

cela, lorsqu'il montre les dix tribus se plaignant et disant : « Sur le tard après ma

captivité je me suis repentie. »101

Ses chemins, 24elle les prolongeait jusqu’aux eaux du désert.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 772 B10-12102.

Pour dire : ses actes elle les déversait comme des eaux sur les déserts en adorant

les idoles et en dédaignant le Temple.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 772 B12-14.

Jean :

Dans l’hébreu, on a : « Comme une génisse à qui l’on a appris à sauter en plein

désert. »

codd. : B Y. Editio : PG 81, 512 B11-13.

Théodoret :

Par prolongeait, il enseigne103 l’insatiabilité de l’impiété et il appelle104 les idoles

eaux du désert parce qu’elles désertifient et apportent la destruction complète.

Entre les désirs de son âme, elle était ballottée.

codd. : B Y. Editio : M. Ghisleri, p. 939 (Addenda) C9-11.

Elle écoutait avec plaisir les faux prophètes en rejetant les discours des prophètes.

101 Jr-LXX 38, 19. | 102 Ce commentaire n'est pas attribué explicitement dans les deux manuscritsde la chaîne. Il figure dans la tradition directe du Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostomemais il est déplacé plus loin (cf. t. I, chap. 3, pp. 272-274). | 103 Aoriste d'analyse textuelle, cf. note48. | 104 Aoriste d'analyse textuelle, cf. note 48.

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30

Chaîne à deux auteurs

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

jAkolouvqw" oJ JEbrai'o" e[cei: « Kai; ejn tw'/ qelhvmati th'" yuch'" aujtou'

badivzei pro;" e{kaston klivma. »

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

}A ga;r ajkouvein ejbouvlonto tau'ta oiJ yeudoprofh'tai prolevgein5

prosepoiou'nto: to; ga;r ejpneumatoforei'to peri; tw'n yeudoprofhtw'n

tevqeike.

Paredovqh: tiv" ejpistrevyei aujthvn …

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

jAkolouvqw" kata; th;n tw'n JEbraivwn kei'tai. Toutevstin: ejmou'10

ajpofhnamevnou kat j aujth'" aijcmalwsivan, tiv" duvnatai aujth'/ bohqh'sai. {Ina

ei[ph/: ajnonhvtw" toi'" eijdwvloi" latreuvei.

3 klivma Y : klh'ma B

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30

Traduction de la chaîne à deux auteurs

codd. : B Y. Editio : PG 64, 772 B15-C2.

Jean :

Ensuite105, l’hébreu a : « Et dans la volonté de son âme, elle marche vers chaque

pente. »

codd. : B Y. Editio : PG 81, 512 B15-C2.

Théodoret :

Car c’est ce qu’ils voulaient entendre que les faux prophètes prétendaient leur

prédire. En effet il a mis elle était ballottée pour les faux prophètes.

Elle a été livrée : qui la ramènera ?

codd. : B Y. Editio : PG 64, 772 C2-6.

Jean :

C’est conforme à la lettre de l'hébreu. C’est-à-dire : comme je lui ai fait voir la

captivité qui la menace, qui peut venir à son secours ? Pour dire : c’est en vain

qu’elle adore les idoles.

105 Le sens de l'adverbe ajkolouvqw" me paraît très délicat dans ce passage. Il apparaît deux fois, iciet quelques lignes plus bas, au début de remarques qui sont attribuées à Jean Chrysostome et quimettent en valeur le sens de l'hébreu. L'adverbe peut, pour cette première occurrence, signifier"ensuite, dans la suite", mais il n'a alors de sens que si on le comprend, non pas par rapport à cequi précède immédiatement, mais par rapport à la précédente remarque sur l'hébreu qui intervientun peu plus haut. L'exégète donne en effet une traduction suivie de l'hébreu sur tout ce passagedans cinq remarques qui s'ajoutent à l'alternance systématique et régulière des deux auteurs de lachaîne (cf. t. I, chap. 3, pp. 272-274). Mais l'adverbe pourrait aussi signifier la cohérence, laconformité entre l'hébreu et le grec sur ce passage. Il faut alors comprendre l'adverbe par rapportau lemme biblique grec qui précède : « Conformément au grec, l'hébreu a, etc. ». Pour la deuxièmeoccurrence de l'adverbe, quelque lignes plus loin, le sens de "ensuite" me paraît exclu du fait de lasyntaxe et de la suite de la phrase, puisque la traduction du texte hébreu n'est pas donnée. Je croisque l'on est alors obligé de comprendre que le lemme grec est conforme au sens de l'hébreu,c'est-à-dire que les deux versions du texte biblique sont cohérentes. L'exégète développe ensuite lesens du texte dans une paraphrase. Pour ce deuxième sens de l'adverbe ajkolouvqw", cf. t. I, chap. 4,pp. 324-325.

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31

Chaîne à deux auteurs

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Qeou' ga;r paradedwkovto", tiv" ejparkevsei … ou{tw kai; dia; tou' megavlou

Mwu>sevw" fhsiv: th;n de; ejpiqumivan aujth'" tiv" ejpistrevyei …

Pavnte" oiJ zhtou'nte" aujth;n ouj kopiavsousin, ejn th/' tapeinwvsei aujth'"

euJrhvsousin aujthvn.5

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

JO JEbrai'o": « jEn tw'/ ajrotria'n euJrhvsousin aujthvn », toutevstin: ejn th'/

diafqora'/ aujth'". Ou{tw me;n ou\n kei'tai kata; th;n tw'n JEbraivwn e[nnoian,

oJ de; eJllhniko;" toiauvthn tina; e[cei tw'n rJhmavtwn th;n diavnoian: eujavlwto"

e[stai th'" par j ejmou' pronoiva" oujk ajxioumevnh.10

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Eujceivrwtoi ga;r ejgevnonto th;n ajsevbeian ajspasavmenoi.

25 jApovstreyon to;n povda sou ajpo; oJdou' traceiva" kai; to;n favruggav sou

ajpo; divyou".

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::15

JOra'/" o{ti to; a[nw keivmenon, o{ti eja;n ajpopluvnh/ ejn nivtrw/ kai; plhquvnh/"

seauth'/ povan, oujk ajpostrefovmeno" th;n metavnoian levgei, ajlla; gnhsivan

th;n ejk tw'n aJmarthmavtwn zhtw'n ejpistrofhvn. jEpeidh; toivnun e[fh a[nw:

ta;" oJdou;" aujth'" ejplavtunen ejf j u{data ejrhvmou, parainei' aujth;n nu'n mh;

kavmnein peri; th;n tw'n eijdwvlwn qerapeivan ta; o[rh katalambavnousan mhde;20

ejpiqumei'n ejkeivnwn tw'n mataivwn. Tou'to ga;r mhnuvei to;n favruggav sou

ajpo; divyou". Kata; mevntoi to;n JEbrai'on ou{tw" e[cei: « jApovstreyon to;n

povda sou tou' peripatei'n ajnupovdeto" kai; th;n fwnhvn sou ajpo;

klauqmou' », toutevsti: metabalou' th;n gnwvmhn w{ste mh; aijcmavlwton

2 ou{tw B : touvtw/ Y || 1 3 jApovstreyon — 32,11 qerapeiva/ : postpon. Y || 1 5 jIwavnnou Bmg : om.Ymg || 1 6 JOra'/" B : om. Y

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31

Traduction de la chaîne à deux auteurs

codd. : B Y. Editio : PG 81, 512 C3-4.

Théodoret :

Car puisque Dieu l’a livrée, qui la secourera ? Ainsi parle-t-il aussi par le grand

Moïse106 : et son désir qui le ramènera ?

Tous ceux qui la cherchent n’auront pas de peine, dans son abaissement ils la

trouveront.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 772 C6-10.

Jean :

L’hébreu a : « En labourant, ils la trouveront », c’est-à-dire : dans un état de

destruction. Voici donc ce qu’il y a selon l’idée de l'hébreu ; le grec a un sens

littéral qui est à peu près ceci : elle sera une proie facile, indigne de ma

providence.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 512 C7-8.

Théodoret :

En effet, après avoir accueilli l’impiété, ils ont été facilement soumis.

25Détourne ton pied du chemin raboteux et ta gorge de la soif.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 772 D12 - 773 A13.

Jean :

Tu vois qu’il dit ce qui est au-dessus : si tu te laves au nitre et que tu uses

fréquemment pour toi de saponaire, non parce qu’il se détourne du repentir mais

parce qu’il recherche le retour authentique à partir des péchés. Puisqu’il a dit

au-dessus : ses chemins elle les prolongeait jusqu’aux eaux du désert, il lui enjoint

maintenant de ne pas se fatiguer au culte des idoles qui occupe les montagnes et

de ne pas désirer ces futilités. Voici en effet ce que sous-entend ta gorge de la

soif. Dans l’hébreu pourtant, on a : « Détourne ton pied d’une promenade pieds

nus et ta voix du gémissement », c’est-à-dire : change d’avis pour107 ne pas

106 Cf. Dt 32, 30. Il faut en fait réattribuer la phrase de discours direct qui suit à Jean Chrysostome,d'après la tradition directe de son Commentaire sur Jérémie. Il y a sans doute eu ici un accidentdans la transmission du texte (cf. t. I, chap. 3, pp. 272-274). | 107 w{ste + infinitif = i{na + subjonctif(cf. note 81)

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32

Chaîne à deux auteurs

genevsqai kai; penqei'n ejpi; toi'" katalabou'si kakoi'". Swv/zetai de; ejn

eJkatevrw/ hJ e[nnoia hJ aujthv: oJ me;n ga;r ta; ajpobaivnonta ejk th'" ajsebeiva"

e[fh, oJ de; eJllhniko;" th;n aijtivan tw'n kakw'n.

JH de; ei\pen: « jAndriou'mai: ouj bouvlomai. »

Toutevstin: ajrkw' eJauth'/.5

26 JW" aijscuvnh klevptou o{tan aJlw/', ou{tw" aijscunqhvsontai oiJ uiJoi;

jIsrahvl.

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Toutevstin: wJ" ejp j aujtofwvrw/ lhfqei;" klevpth" ajrnhvsasqai ouj duvnatai,

ou{tw kai; ou|toi tw'n sumforw'n katalabousw'n oujk a]n ajrnhqei'en tw'n10

eijdwvlwn th;n ajsqevneian aijscunovmenoi ejpi; th'/ peri; aujta; qerapeiva/.

27 Tw/' xuvlw/ ei\pen o{ti: « pathvr mou suv ei\ » kai; tw/' livqw/: « su; ejgevnnhsav"

me », kai; e[streyan ejp j ejme; nw'ta kai; ouj provswpa aujtw'n.

Meta; tau'ta didavskei o{ti, pollavki" sumbouleuqei'sa th'" blabera'"

ajposth'nai poreiva", ejqrasuvneto a[ntikru" th;n ajpostasivan oJmologou'sa,15

ajlla; dia; tou'to aijscuvnh/ aujtouv", fhsiv, peribalw' pavnta" oJmou' kai;

basileva" kai; a[rconta" kai; iJereva" kai; tou;" ta; yeudh' profhteuvonta"

kai; ajpeikasqhvsontai klevpth/ ejp j aujtofwvrw/ aJlovnti kai; sfovdra

ejruqriw'nti. Tou;" me;n ga;r ejk xuvlou kai; livqou kateskeuasmevnou" qeou;"

patevra" wjnovmazon kai; gennhvtora", ejmoi; de; ta; nw'ta e[dwkan kai; wJ"20

ejcqro;n ajpestravfhsan.

1 1 ejpi; B : om. Y || 1 2 Tw/' — 13 aujtw'n B : om. Y || 1 4 blabera'" B : ponhra'" Y || 1 6 pavnta" B :post oJmou' transp. Y

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32

Traduction de la chaîne à deux auteurs

devenir captif et te lamenter sur les malheurs qui se sont emparés de toi. La même

idée est conservée dans les deux cas : en effet l’< hébreu > a dit ce qui résulte de

l'impiété et le grec ce qui est la cause des maux.

Mais elle a dit : « Je serai forte comme un homme ! Je ne veux pas ! »

codd. : B Y. Editio : PG 64, 773 A14108.

C’est-à-dire : je me suffis à moi-même.

26Comme la honte d’un voleur quand il est pris, ainsi auront honte les fils

d’Israël.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 773 B2-5.

Jean :

C’est-à-dire : de même qu’un voleur pris en flagrant délit ne peut nier, de même

ceux-ci, puisque les malheurs se sont emparés d’eux, ne pourraient pas nier la

faiblesse des idoles dans la honte qu'ils ont de leur avoir rendu un culte.

27Au bois, il a dit : « c’est toi qui es mon père » et à la pierre : « c’est toi qui m’as

engendré » et ils ont tourné vers moi leur dos et non leur visage.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 512 C8 - 513 A10109.

Après cela, il enseigne qu’alors qu’on lui avait souvent conseillé de se tenir

éloignée de la voie nuisible, elle se montrait insolente en avouant ouvertement son

éloignement ; mais c’est pour cela que je les frapperai de honte, dit-il, tous de la

même manière, les rois, les chefs, les prêtres et ceux qui prophétisent les

mensonges, et ils seront rendus semblables à un voleur pris en flagrant délit et qui

devient tout à fait rouge de confusion. Car les dieux confectionnés en bois et en

pierre, ils les nommaient pères et géniteurs, tandis qu’à moi ils ont offert leur dos

et ils se sont détournés de moi comme d’un ennemi.

108 Ce bref commentaire n'est pas attribué explicitement dans les deux manuscrits de la chaîne. Ilfigure dans la tradition directe du Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome. | 109 Cecommentaire n'est pas attribué explicitement dans les deux manuscrits de la chaîne. Il figure dansla tradition directe du Commentaire sur Jérémie de Théodoret de Cyr.

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33

Chaîne à deux auteurs

Kai; ejn tw/' kairw/' tw'n kakw'n aujtw'n ejrou'sin: « jAnavsta kai; sw'son

hJma'" ».

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Tou'to mavlista ajnaideiva" ejscavth": to; ajpolauvonta" me;n tw'n ajgaqw'n

ajcaristivan nosei'n, spanivzonta" de; touvtwn aijtei'n th;n metavlhyin. Ei\ta5

eijrwnikw'":

28Kai; pou' eijsin oiJ qeoiv sou ou}" ejpoivhsa" eJauth/' … eij ajnasthvsontai kai;

swvsousivn se ejn kairw/' th'" kakwvsewv" sou …

Didavskei de; kai; touvtwn to; plh'qo" o{ti kata; ajriqmo;n tw'n povlewvn sou

h\san oiJ qeoiv sou jIouvda kai; kata; ajriqmo;n diovdwn jIerousalh;m e[quon th'/10

Baavl. Ou{tw deivxa" tw'n oujk o[ntwn qew'n kai; to; plh'qo" kai; th;n

ajsqevneian prav/w" toi'" ajcarivstoi" ejpitima'/:

29 {Ina tiv lalei'te prov" me … pavnte" uJmei'" hjnomhvsate eij" ejmev, levgei

Kuvrio". 30Mavthn ejpavtaxa ta; tevkna uJmw'n, paideivan oujk ejdevxasqe.

Ou[te eujergetouvmenoi to;n eujergevthn ejpevgnwte ou[te paideuovmenoi th'"15

ajsebeiva" ajpevsthte, ejgw; de; kai; tou;" aijtivou" th'" plavnh" sfagh'/

3 Qeodwrhvtou Bmg : om. Ymg || 9 sou B : om. Y || 1 0 jIerousalh;m B : jIsrah;l Y || 1 4 post Kuvrio"magnum locum supra omissum hab. Y

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33

Traduction de la chaîne à deux auteurs

Et au temps de leurs malheurs, ils diront : « Lève-toi et sauve-nous »

codd. : B Y. Editio : PG 81, 513 A11-14.

Théodoret :

Ceci est vraiment de la dernière impudence : lorsqu’ils jouissent des biens, ils sont

atteints de la maladie d’ingratitude, mais lorsqu’ils en sont privés, ils exigent

d'avoir part110à ces biens. Ensuite, ironiquement :

28Et où sont les dieux que tu t’es fait ? Se lèveront-ils et te sauveront-ils, au temps

de ton infortune ?

codd. : B Y. Editio : PG 81, 513 B2-3 (ab intio usque ad Baavl) et PG 81, 513

B5-7 (ab Ou{tw usque ad finem)111.

Et il enseigne aussi la foule de ceux-ci : Aussi nombreux que tes villes étaient tes

dieux, Juda, et aussi nombreux que les carrefours de Jérusalem, les sacrifices à

Baal. Ainsi après avoir montré la foule et la faiblesse de ces dieux qui n’en sont

pas, il blâme avec douceur les ingrats :

29Pourquoi vous adressez-vous à moi ? Vous tous avez commis une illégalité à

mon égard, dit le Seigneur. 30C’est en vain que j’ai frappé vos enfants, vous

n’avez pas accepté d'être éduqués.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 513 B14-C2 (ab initio usque ad paradevdwka) et PG

64, 776 A7-12 (ab initio usque ad finem)112.

110 Dans la liturgie chrétienne, le terme metavlhyi" "action de prendre part, de participer"désignera l'acte principal par lequel un chrétien participe aux Saints Mystères, c'est-à-dire laréception du sacrement de l'Eucharistie (cf. L. Clugnet, Dictionnaire grec-français des nomsliturgiques en usage dans l'Église grecque, Paris 1895, p. 98). Ce sens est déjà attesté chez certainsPères (cf. par exemple Justin, Apologie I, 67, 5 et Jean Chrysostome, De proditione Judae, 2, 6),comme l'indique G. W. H. Lampe, dans son Patristic Greek Lexicon. | 111 Ces transitions ne sontpas attribuées explicitement dans les deux manuscrits de la chaîne ; elles figurent dans la traditiondirecte du Commentaire sur Jérémie de Théodoret de Cyr. | 112 Ce commentaire n'est pas attribuéexplicitement dans les deux manuscrits de la chaîne ; le début figure dans la tradition directe duCommentaire sur Jérémie de Théodoret de Cyr. La deuxième partie de l'extrait, bien qu'elle soitéditée en PG 64 (Jean Chrysostome), n'apparaît ni dans la tradition directe du Commentaire deThéodoret de Cyr, ni dans celle du Commentaire de Jean Chrysostome.

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34

Chaîne à deux auteurs

paradevdwka: mavcaira gavr, fhsiv, katevfage tou;" profhvta" uJmw'n wJ"

levwn ojloqreuvwn kai; oujk ejfobhvqhte. Tou;" me;n ga;r jHliva" oJ profhvth",

tou;" de; jIhou' oJ basileuv", tou;" de; jIwsiva" oJ eujsebh;" basileu;" sfagh'/

paradevdwken.

31 jAkouvsate lovgon Kurivou: tavde levgei Kuvrio": mh; e[rhmo" ejgenovmhn tw/'5

oi[kw/ jIsrah;l h] gh' kecerswmevnh … diovti ei\pen oJ laov" mou: « Ouj

kurieuqhsovmeqa oujc h{xomen pro;" sev. »

Toutevstin: eij latreuvontev" moi ejlavttou" tw'n polemivwn w[fqhte …

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Eijrwnikw'" tau'ta levgei: a[ra, fhsiv, mh; toi'" eijdwvloi" eijmi; paraplhvsio" …10

a\ra mh; oJmoivw" ejkeivnoi" oujdevna aujtoi'" karpo;n ajgaqo;n prosenhvnoca …

kai; dia; tou'to th;n ejmh;n douleivan ajpevdrasan … Metabaivnei de;

ejf j eJtevran eijkovna kai; levgei pa'san me;n nuvmfhn pefrontikevnai tou'

kovsmou aujth'", pa'san de; parqevnon th'" sthqodesmivdo" ejpimelei'sqai, to;n

de; klhqevnta lao;n katoligwrh'sai tou' khdemovno":15

32Mh; ejpilhvsetai nuvmfh tou' kovsmou aujth'", hJ parqevno" th'"

sthqodesmivdo" aujth'" … oJ de; laov" mou ejpelavqeto hJmerw'n w|n oujk e[stin

ajriqmov".

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Toutevstin: ta; pro;" eujkosmivan diwvkousin oiJ a[nqrwpoi kai; nuvmfh me;n20

ajgapa'/ to;n kovsmon wJ" wJrai>zomevnh ejx aujtou', parqevno" de; th'"

sthqodesmivdo" ajntevcetai wJ" eujprevpeian ejcouvsh": oJ de; lao;" kai; kovsmon

kai; eujprevpeian ejschkw;" par j ejmou' kai; dovxh" ouj th'" tucouvsh"

ajpolauvsa" – kovsmon me;n kai; eujprevpeian kalevsa" tw'n nomivmwn th;n

8 Toutevstin — w[fqhte B : om. Y || 1 0 a[ra B : a\ra Y || 1 5 post lao;n add. mou Y || 1 7 aujth'"B : om. Y || 2 0 oiJ B : om. Y

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34

Traduction de la chaîne à deux auteurs

Alors que vous receviez des bienfaits, vous n'avez pas reconnu votre bienfaiteur,

et alors que vous étiez éduqués, vous ne vous êtes pas tenus éloignés de l’impiété ;

mais moi j’ai livré aussi à l’égorgement les responsables de l’erreur, car une épée,

dit-il, a dévoré vos prophètes comme un lion exterminateur, et vous n’avez pas eu

de crainte. Les uns en effet c’est le prophète Élie113, d'autres, le roi Jéhu114,

d'autres, le pieux roi Jôsias115 qui les ont livrés à l’égorgement.

31Écoutez une parole du Seigneur : voici ce que dit le Seigneur : « suis-je devenu

un désert pour la maison d’Israël ou une terre en friche ? ». C’est pourquoi mon

peuple a dit : « Nous n’aurons pas de seigneur, nous n’irons pas vers toi. »

codd. : B Y. Editio : M. Ghisleri, p. 939 (Addenda) D6-7116.

C’est-à-dire : est-ce que, alors que vous m'adoriez, on vous a vus inférieurs aux

ennemis ?

codd. : B Y. Editio : PG 81, 513 C6 - 516 A2.

Théodoret :

Il parle ici avec ironie : suis-je donc, dit-il, comparable aux idoles ? est-ce que,

comme elles, je ne leur ai apporté aucun bon fruit ? Et c’est pour cela qu’ils ont

fui mon esclavage ? Mais il passe à une autre image et dit que toute fiancée se

soucie de sa parure et que toute vierge s’occupe de son corset, mais que le peuple

élu fait peu de cas de son protecteur :

32La fiancée oubliera-t-elle sa parure, la vierge son corset ? Or mon peuple m’a

oublié pendant des jours innombrables.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 776 B9-C9.

Jean :

C’est-à-dire : les hommes poursuivent ce qui les embellit ; la fiancée aime sa

parure, parce qu’elle est belle grâce à elle, et la vierge s’attache à son corset, parce

qu’il lui donne une belle allure ; or le peuple qui a eu parure et belle allure grâce à

113 Cf. 3R 18, 40. | 114 Cf. 4R 10, 18-27. | 115 Cf. 4R 23, 19-20. | 116 Ce bref commentaire n'est pasexplicitement attribué dans les deux manuscrits de la chaîne ; il figure dans la tradition directe duCommentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome.

Page 799: Université Paris IV - Sorbonne - TEL

35

Chaîne à deux auteurs

diavtaxin kaq j h}n nomivmw" tw'n loipw'n faivnontai ejn diatavgmasin o[nte",

pavsh" me;n pleonexiva" kai; kakiva" ajllovtrioi tugcavnonte" hJmerovthta de;

kai; filanqrwpivan paideuovmenoi, dovxan dev, wJ" ejk th'" tou' Qeou' bohqeiva"

pavntwn uJpokuptovntwn kai; qaumazovntwn, th;n eij" aujtou;" khdemonivan tou'

Qeou' – tosouvtwn toivnun ajpolauvsa" par j ejmou' lhvqhn tw'n ejmw'n5

eujergesiw'n ejpoiou'nto.

33Tiv e[ti kalo;n ejpithdeuvsei" ejn tai'" oJdoi'" sou … tou' zhth'sai

ajgavphsin …

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Toutevsti: povsa poihvsasa dunhvsh/ ejxalei'yai ta; aJmarthvmatav sou kai;10

dei'xai aujth;n kaqara;n w{ste th'" par j ejmou' ajgavph" ajxiwqh'nai … Oujc

ou{tw": toutevstin: oujde; polla; poihvsasa duvnh/ ejkplu'nai tw'n

aJmarthmavtwn to; plh'qo".

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Tiv e{teron, fhsiv, toi'" proeirhmevnoi" prosqei'nai bouvlei wJ" to; ejmo;n peri;15

se; pragmateuvsasqai fivltron … Oujc ou{tw": oujde;n touvtwn eij" ajgavphn

kinei', ajlla; toujnantivon mi'so" ejrgavzetai: ouj ga;r movnon eij" ajsevbeian

ejxwvkeila", ajlla; kai; miaifonivan ejtovlmhsa", o{mw" de; th;n ajrch;n

ejpistrevyai bouvlei. jAlla; kai; su; ejponhreuvsw tou' mia'nai ta;" oJdouv" sou,

toutevstin: ta;" pravxei" sou mia'nai tai'" eijdwlolatrivai". Kai; ejn tai'"20

cersiv sou euJrevqh ai{mata yucw'n ajqwv/wn, toutevstin: fovnou" eijrgavsw

pollou;" o{ dh; mavlista ejpi; tou' Manassh' gegevnhtai.

2 1 cersiv B : oJdoi'" Y

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35

Traduction de la chaîne à deux auteurs

moi et qui a joui d’une gloire toute particulière – il appelle117 parure et belle allure

la disposition des préceptes selon laquelle, conformément aux préceptes, on voit

clairement qu'ils sont pour tout le reste dans des dispositions ordonnées, en étant

étrangers à toute convoitise et toute méchanceté et éduqués à la douceur et à

l'amour pour les hommes, et < il appelle > gloire, la protection que Dieu exerce

sur eux, dans la pensée que tout ce qui vient du salut de Dieu fait ployer et étonne

– après avoir donc joui de si grands biens grâce à moi, ils ont oublié mes bienfaits.

33À quoi de beau t’affaireras-tu encore sur tes chemins ? à chercher l’amour ?

codd. : B Y. Editio : PG 64, 776, C14-D3.

Jean :

C’est-à-dire : combien en feras-tu pour pouvoir effacer tes péchés et te montrer

toi-même pure au point d’être digne de mon amour ? Pas de cette manière, c’est-

à-dire : même si tu en fais beaucoup, tu ne peux pas laver la foule de tes péchés.

codd. : B Y. Ineditus (ab o{mw" usque ad oJdouv" sou) ; Editio : PG 81, 516 A4-9

(ab initio usque ad ejtovlmhsa") ; M. Ghisleri, pp. 939 (Addenda) D9-10 - 940 A1

(ab touvtestin usque ad finem)118.

Théodoret :

Que veux-tu ajouter d’autre, dit-il, à ce qui a déjà été dit de telle sorte que mon

amour se donne de la peine pour toi ? Pas de cette manière : rien de cela ne

pousse à l'amour, mais au contraire provoque la haine. Car non seulement tu as

dérivé119 vers l’impiété, mais tu as osé la souillure d'un meurtre, et cependant tu

veux revenir radicalement. Mais toi aussi tu as fait le mal au point de souiller tes

chemins, c’est-à-dire : souiller tes actes par l’adoration des idoles. Et sur tes mains

ont été trouvées des traces de sang de personnes innocentes, c’est-à-dire : tu as

commis de nombreux meurtres, ce qui était déjà arrivé surtout sous Manassé.

117 Aoriste d'analyse textuelle, cf. note. 48. | 118 Cet extrait est tout entier attribué à Théodoret dansles deux manuscrits de la chaîne. Si le début apparaît bien dans la tradition directe duCommentaire sur Jérémie de Théodoret, la deuxième partie (celle qui est éditée chez M. Ghisleri)figure en revanche dans la tradition directe du Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome. Il ya en outre une phrase entre les deux parties qui n'est présente dans aucune des traditions directes.119 Cette expression, chère à Jean Chrysostome (cf. extraits sur Jr 1, 4-5 et sur Jr 2, 23), apparaît icidans un extrait attribué à Théodoret.

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36

Chaîne à deux auteurs

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Tou'to kai; oJ makavrio" e[fh Dauivd: « Kai; e[qusan tou;" uiJou;" aujtw'n kai;

ta;" qugatevra" aujtw'n toi'" daimonivoi" kai; ejxevcean ai|ma ajqw'/on ai|ma

uiJw'n aujtw'n kai; qugatevrwn w|n e[qusan toi'" gluptoi'" Canaa;n kai;

ejfonoktonhvqh hJ gh' ejn toi'" ai{masi. »5

Didavskwn de; wJ" oujde; kruvbdhn tau'ta eijrgavzonto, ajll j ajnafando;n

ejtovlmwn, ejphvgagen:

34Oujk ejn dioruvgmasin eu|re" aujtou;" ajll j ejpi; pavsh/ druiv.

Toutevstin: ouj klevptonta" ajnairei'" wJ" basileu;" e[nnomo", ajlla; ajdikw'n

tou;" mh; terpomevnou" tai'" ajsebeivai" sou. Ou{tw ga;r levgei kai; ejn tai'"10

Basileivai": « Kai; ejxevceen Manassh;" ai|ma polu; sfovdra. »

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Ouj ga;r w{sper oiJ toicwruvcoi lavqra tou'to drw'sin. Ou{tw kai; ou|toi

lanqavnein ejpeirw'nto paranomou'nte", ajlla; pa'" bouno;" kai; pa'n a[lso"

ejdevxato th;n touvtwn ajsevbeian, ajnaidei'" de; o[nte" kai; bdeluroi; kai; ta;15

profanw'" ginovmena ejxhrnou'nto.

1 Qeodwrhvtou Bmg : paulum ante ad toutevstin: fovnou" hab. Ymg || 9 basileu;" B : post e[nnomo"transp. Y || 1 2 Qeodwrhvtou Bmg : om. Ymg || 1 3 Ouj B : om. Y

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36

Traduction de la chaîne à deux auteurs

codd. : B Y. Editio : PG 81, 516 A12-B2.

Théodoret :

Ceci, le bienheureux David l’a dit aussi : « Et ils sacrifièrent leurs fils et leurs

filles aux démons et ils versèrent un sang innocent, le sang de leurs fils et de leurs

filles qu’ils sacrifièrent aux statues de Canaan, et le pays fut ensanglanté de

meurtres. »120

Et comme il cherche à enseigner qu’ils entreprenaient cela pas même en cachette,

mais qu’ils avaient cette audace ouvertement, il ajoute121 :

34Tu ne les as pas trouvés dans des fossés, mais sur chaque chêne.

codd. : B Y. Editio : M. Ghisleri, p. 940 (Addenda) A3-7122.

C’est-à-dire : ce ne sont pas des voleurs que tu assassines comme le fait un roi

juste, mais ce sont, dans ton injustice, ceux qui ne sont pas charmés par tes

impiétés. En effet, il parle ainsi aussi dans les Règnes : « Et Manassé versait

vraiment beaucoup de sang. »123

codd. : B Y. Editio : PG 81, 516 B4-9.

Théodoret :

En effet, ils ne commettent pas cela en cachette comme les cambrioleurs. De la

même manière, ceux-ci essayaient de transgresser la loi en cachette, mais chaque

colline et chaque bois ont reçu leur impiété et ils continuaient de nier qu’ils étaient

impudents et criminels et ce qui se passait au vu de tous.

120 Ps 105, 37 ; Le verbe fonoktonevw-w' est employé en Nb 35, 33 et Ps 105, 38 et le substantiffonoktoniva est attesté en 1 M 1, 24. « Ces mots, ainsi que l'adjectif fonoktovno", sont présentsdans la littérature patristique et byzantine (une vingtaine d'exemples selon le Thesaurus linguaegraecae chez le Pseudo-Athanase, Épiphane, Eusèbe, Eustathe de Thessalonique, Grégoire deNysse, le Pseudo-Jean Chrysostome, le Pseudo-Palladios et le Roman d'Alexandre) ; ce qu'il fautnoter, c'est qu'ils ne font normalement pas référence aux passages de la LXX ; ils se substituentpurement et simplement aux mots foneuvein, fovno" et foneuthv", peut-être touchés par unphénomène d'usure ; ils signifient "tuer par meurtre", "meurtre, carnage", "meurtrier" ». (Cf. LesNombres, intro., trad. et notes par G. Dorival, BA 4, Paris 1994, note p. 574). | 121 Aoriste d'analysetextuelle, cf. note. 48. | 122 Cet extrait n'est pas explicitement attribué dans les deux manuscrits dela chaîne ; il figure dans la tradition directe du Commentaire sur Jérémie de Jean Chrysostome.123 2R 21, 16.

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Chaîne à deux auteurs

35Ei\pa" gavr, fhsivn, ajqw/'ov" eijmi, ajlla; ajpostrafhvtw oJ qumo;" aujtou'

ajp j ejmou'.

Ou| dh; cavrin ejphvgagen: ijdou; ejgw; krivnomai pro;" se; ejn tw'/ se levgein:

« oujc h{marton ». Kai; ouj levgei: « krinw' se », ajlla; « krivnomai pro;" sev »,

ajnti; tou': « dikavzomaiv soi kai; ejlevgcw se yeudomevnhn kai; ajnaidw'"5

ajrnoumevnhn ». {Oti katefrovnhsa" sfovdra tou' deuterw'sai ta;" oJdouv" sou,

toutevstin: ejpevmeine" toi'" kakoi'" kai; meta; to;n e[legcon tw'n profhtw'n.

36Kai; ajpo; Aijguvptou kataiscunqhvsh/, kaqw;" kath/scuvnqh" ajpo; jAssouvr.

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

{Wsper pavlai, fhsiv, to;n jAssuvrion ejpikalesavmenoi, wJ" oJ [Acaz faivnetai10

pepoihkw;" tevlo", uJp j aujtou' tou' jAssurivou ta; deina; pavnta pepovnqate,

ouj ga;r movnon ei|le ta;" devka fula;" ajlla; polla;" povlei" th'" jIoudaiva",

ta; aujtav, fhsiv, peivsh/ kai; par j Aijguptivwn, i{na ei[ph/: eij" ajnonhtovn soi

e[stai hJ ejlpi;" tw'n Aijguptivwn levgwn.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::15

Katavllhlo" ga;r hJ ajnaivdeia th'/ paranomiva/, aijnivttetai de; dia; touvtou kai;

e{teron o{ti w{sper jAssurivou" eij" summacivan kalevsante", oujde;n ejk th'"

ejpikouriva" ajpwvnasqe, ou{tw kai; nu'n Aijguptivoi" prospefeugovte"

1 fhsivn B : om. Y || 9 jIwavnnou Bmg : Tou' Crusostovmou Ymg

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37

Traduction de la chaîne à deux auteurs

35Tu as dit, dit-il en effet : « Je suis innocent ! Que sa fureur se détourne donc de

moi ! »

codd. : B Y. Editio : PG 81, 516 B11-C1 (ab initio usque ad oJdouv" sou) et M.

Ghisleri, p. 940 (Addenda) A9-10 (ab touvtestin usque ad finem)124.

Voilà donc pourquoi il ajoute125 : Voilà, moi j'entre en jugement contre toi quand

tu dis : « Je n’ai pas péché » Et il ne dit pas : « Je te jugerai », mais J'entre en

jugement contre toi, pour : « Je te fais un procès et t'accuse, parce que tu mens et

que tu nies avec impudence ». Car tu as à ce point dédaigné de revenir sur tes

chemins, c’est-à-dire : tu en es resté aux malheurs, même après l'accusation des

prophètes.

36 Et à cause de l’Égypte, tu seras couvert de honte, comme tu as été couvert de

honte à cause d’Assour.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 777 D8 - 780 A2.

Jean :

De même qu’autrefois, dit-il, vous avez invoqué l’Assyrien, lorsqu'aux yeux de

tous, Achaz a mis un terme < au culte du Temple >126, et avez subi toutes sortes

d’épreuves de la part même de l’Assyrien – car non seulement il a pris les dix

tribus, mais aussi de nombreuses villes de Judée – tu subiras le même sort, dit-il,

de la part des Égyptiens aussi, pour dire : ton espérance dans les Égyptiens sera

vaine127.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 516 C4-10 et PG 64, 780 A2-3 (ab initio usque ad

paranomiva/)128.

Théodoret :

Car l’impudence est proportionnelle à la transgression, mais il sous-entend aussi

autre chose par cela : de même qu’après avoir invité les Assyriens à conclure une

124 Cet extrait n'est pas explicitement attribué dans la chaîne ; il figure dans la tradition directe duCommentaire sur Jérémie de Théodoret, sauf la dernière phrase qui apparaît dans la traditiondirecte du Commentaire de Jean Chrysostome. | 125 Aoriste d'analyse textuelle, cf. note. 48. | 126 4R16. | 127 Le participe levgwn pose problème, car il fait double emploi avec i{na ei[ph/ "pour dire".128 L'extrait est tout entier attribué à Théodoret dans les deux manuscrits de chaînes et apparaît telquel dans la tradition directe de son Commentaire. Le début est pourtant édité, à tort, chez M.Ghisleri et, par conséquent, en PG 64 (Jean Chrysostome).

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38

Chaîne à deux auteurs

oujdemia'" ejkei'qen wjfeleiva" ajpolauvsesqe. Tou'to ga;r dia; tw'n

ejpiferomevnwn dhloi':

Kai; ajpo; Aijguvptou kataiscunqhvsh/, kaqw;" kath/scuvnqh" ajpo; jAssou;r37o{ti kai; ejnteu'qen ejxeleuvsh/ kai; aiJ cei'rev" sou ejpi; th'" kefalh'" sou.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::5

[Idion tw'n qrhnousw'n to; ta;" cei'ra" sumpeplegmevna" ejpitiqevnai th'/

kefalh'/, to; de; ai[tion tw'n kakw'n o{ti ajpwvsato Kuvrio" th;n ejlpivda sou

kai; oujk eujodwvqh" ejp j aujth'/.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Eij ga;r eij" to;n Qeo;n h[lpisa", ejtruvghsa" a]n w{rimon to;n th'" ejlpivdo"10

karpovn, ejpeidh; de; ajnqrwvpoi" ejqavrrhsa", dihvmarte" th'" ejlpivdo".

III1 jEa;n ajposteivlh/ ajnh;r th;n gunai'ka aujtou' kai; ajpevlqh/ ajp j aujtou' kai;

gevnhtai ajndri; eJtevrw/, mh; ajnakavmptousa ajnakavmyh/ pro;" aujto;n e[ti … ouj

miainomevnh mianqhvsetai hJ gunh; ejkeivnh … kai; su; ejxepovrneusa" ejn15

poimevsin polloi'" kai; ajnevkampte" pro;" mev … levgei Kuvrio".

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

To; Jlevgei j ouj pro;" to; a[nw ajnagnwstevon, ajlla; pro;" to; kavtw,

toutevsti: levgei Kuvrio" pro;" uJma'". Tevqeike de; to;n para; Mwsevw"

teqevnta novmon: prosevtaxe ga;r eij mh; kaq j hJdonh;n ou\sa gunh; ajpoluqeivh20

tou' ajndrov", ei\ta gevnhtai eJtevrw/ kai; mishqei'sa au\qi" kajkeivnou

5 Qeodwrhvtou Bmg : om. Ymg || 6 [Idion B : om. Y || sumpeplegmevna" B : post kefalh/' transp. Y || 9Qeodwrhvtou Bmg : om. Ymg || 1 0 Eij B : om. Y || 2 0 novmon B : lovgon Y || 2 1 gevnhtai B : genhvsetaiY

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38

Traduction de la chaîne à deux auteurs

alliance, vous n’avez tiré aucun profit de leur secours, de même encore

maintenant que vous avez fui vers les Égyptiens, vous ne jouirez d’aucune aide de

leur part. Cela, il le montre en effet grâce à ce qui suit :

Et à cause de l’Égypte, tu seras couvert de honte, comme tu as été couvert de

honte à cause d’Assour, 37car de là aussi tu sortiras, et les mains sur la tête.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 517 A3-6.

Théodoret :

C’est le propre des femmes qui se lamentent que de mettre les mains jointes sur la

tête, mais la cause des maux c’est que le Seigneur a repoussé ton espérance et

qu’elle ne t'a pas mené au succès.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 517 A6-8.

Théodoret :

Car si tu avais espéré en Dieu, tu aurais récolté le fruit de l’espérance, qui est

beau, mais parce que tu as mis ta confiance dans les hommes, tu as échoué dans

ton espérance.

III1Si un homme renvoie129 sa femme, si elle s’éloigne de lui et devient la femme

d'un autre homme, retournera-t-elle vraiment vers lui130 ? Ne sera-t-elle pas

vraiment souillée, cette femme-là ? Et toi, tu t'es bien prostituée à beaucoup de

bergers, et tu t'es repenchée vers moi ? dit le Seigneur.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 780 B2-C3.

Jean :

Il faut lire "dit" non par rapport à ce qui précède, mais par rapport à ce qui suit,

c’est-à-dire : « vous dit le Seigneur ». Et il vise la loi établie par Moïse, car il a

prescrit que si une femme qui ne donne pas satisfaction est répudiée par son mari,

qu’elle devient ensuite la femme d’un autre et que, objet de haine de nouveau elle

129 ajposteivlh/, au lieu de ejxaposteivlh/, est une variante attestée dans un manuscrit de larecension lucianique (Vaticanus gr. 1794 = sigle 48 chez J. Ziegler). | 130 Le verbe ajnakavmptwcorrespond, comme presque toujours dans la LXX, au verbe hébreu banal shūb, "revenir". Lavaleur imagée du verbe grec ("se courber", "se pencher") s'était donc affaiblie (cf. L'Exode, intro.,trad. et notes par A. Le Boulluec et P. Sandevoir, BA 2, Paris 1989, p. 326, note sur Ex 32, 27).

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Chaîne à deux auteurs

ajnacwrhvsei, mh; ejxei'nai tw'/ protevrw/ lambavnein aujthvn. Ou{tw" me;n ou\n,

fhsivn, oJ novmo" ejpi; tw'n gegrammevnwn kei'tai, su; de; pollavki", fhsivn,

ajpopemfqei'sa par j ejmou' dia; ta;" paranomiva" kai; tou;" ajllotrivou"

ejpibowmevnh, toutevstin jAssurivou" kai; Aijguptivou", Jpoimevna" j ga;r ajei;

tou;" basilei'" levgei, ejn sumforai'" ejxetazomevnh, pavlin katevfeuge"5

ejp j ejme; kai; parei'con th;n par j ejmautou' rJophvn, tine;" de; o{ti

ajnaiscuvntw" paranomou'sa e[rch/ eij" to;n oi\kon to;n ejmovn, oujde; ta;"

gunai'ka" mimoumevnh ai} aijdou'ntai uJpostrevyai pro;" tou;" h[dh tw'n

ajndrw'n ejxaposteivlanta".

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::10

Pa'sa me;n gunh; tou' ajndro;" ajfistamevnh kai; eJtevrw/ sunaptomevnh pro;"

to;n a[ndra to;n provteron ejpanelqei'n ouj dunhvsetai tou' novmou tou'to

kwluvonto", ejme; de; su; to;n kata; novmon soi sunafqevnta katalipou'sa

polloi'" sunhvfqh" daivmosin ajnosivoi": ei\ta pavlin ai[sqhsin decomevnh th'"

blavbh" pro;" ejme; ejpanhv/ei", ejgw; de; oujk ajpwqouvmhn, eij de; nomivzei"15

aJplw'" me tau'ta levgein, 2 a\ron eij" eujqei'an tou;" ojfqalmouv" sou kai;

ijdev: pou' oujci; ejxefuvrh" … ajnti; tou': ejmiavnqh".

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

jAll j hjsevbei" me;n kai; tovte, o{mw" de; kaqupekrivnou th;n eij" ejme; timh;n

th'/ eij" to;n nao;n ajfivxei, nu'n de; eij" ajpevranton ejcwvrhsa" buqo;n kakw'n20

pavnta tovpon ejmplhvsasa th'" paranomiva" sou.

1 Ou{tw" B : ou|to" Y || 5 pavlin B : pavlai Y || katevfeuge" B : katevfuge" Y || 1 0 QeodwrhvtouBmg : om. Ymg || 1 7 ijdev Y : ei\de B

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39

Traduction de la chaîne à deux auteurs

se sépare de celui-là aussi, il est interdit au premier de la reprendre131. C’est ainsi

donc, dit-il, que la loi se trouve dans les textes132, mais toi, dit-il, alors que tu

avais été souvent répudiée par moi à cause de tes transgressions et que tu

invoquais les étrangers, c’est-à-dire Assyriens et Égyptiens (car par "bergers", il

entend toujours les rois), quand tu fus mise à l’épreuve dans les malheurs, tu te

réfugiais à nouveau auprès de moi et je te procurais l’influence133 qui vient de

moi, mais certains < disent > que tu vas vers ma maison en transgressant la loi

sans en avoir honte, sans même imiter les femmes qui ont des scrupules à

retourner vers ceux de leurs maris qui les ont déjà renvoyées.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 517 A9-B2 et PG 64, 780 C3-11134.

Théodoret :

Toute femme qui quitte son mari et s’unit à un autre ne pourra pas, la loi le lui

interdisant, retourner vers son premier mari ; or toi, après m’avoir abandonné, moi

qui me suis uni à toi selon la loi, tu t’es unie à de nombreux démons impies ;

ensuite, ressentant à nouveau leur nuisance, tu revenais vers moi et moi je ne te

repoussais pas, mais si tu penses que c’est sans intention que je te dis cela, 2lève

les yeux vers le droit chemin et vois : où ne t’es-tu pas salie ? – pour souillée.

(codd. : B Y. Editio : PG 64, 780 D13 et PG 81, 517 B4-5).

codd. : B Y. Editio : PG 64, 780 D13 - 781 A3.

Jean :

Mais tu commettais même alors l’impiété, et pourtant tu simulais l’honneur qui

me revient en allant au temple, mais en réalité tu es descendue dans un abîme

infini de maux parce que tu as rempli tout lieu de ta transgression.

131 Il faut noter la succession de trois modes différents dans la subordonnée conditionnelle :l'optatif aoriste, le subjonctif aoriste et l'indicatif futur. Les trois modes semblent cependant releverde l'éventuel. Jean Chrysostome utilise souvent l'optatif au lieu du subjonctif dans unesubordonnée éventuelle. Il utilise d'autre part de temps à autre le futur de l'indicatif au lieu dusubjonctif dans une subordonnée éventuelle (cf. M. Soffray, Recherches sur la syntaxe de SaintJean Chrysostome d'après les "Homélies sur les statues", Paris 1939, p. 133). | 132 Pour cette loi dudivorce et l'interdiction de reprendre la femme répudiée, cf. Dt 24,1-4 et Le Deutéronome, intro.,trad. et notes par M. Harl et C. Dogniez, BA 5, Paris 1992, note p. 265. | 133 Le terme rJophv suggèrel'image de la balance et du poids qui la fait pencher d'un côté ou de l'autre. | 134 L'ensemble de cetextrait est attribué à Théodoret dans le manuscrit B de la chaîne et reste non attribué dans lemanuscrit Y ; il figure uniquement dans la tradition directe du Commentaire de Théodoret, c'estpourquoi le fait qu'il soit édité chez M. Ghisleri et, par conséquent en PG 64 (Jean Chrysostome),doit résulter d'une erreur.

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Chaîne à deux auteurs

jEpi; tai'" oJdoi'" ejkavqisa" prosdokw'sa aujtou;" wJsei; korwvnh ejrhmwmevnh

kai; ejmivana" th;n gh'n ejn tai'" porneivai" sou.

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Toutevstin: wJ" memonwmevnh korwvnh gevgona" panto;" ajgaqou' sterhqei'sa,

uJpo; pollw'n te ejcqrw'n aijcmavlwto" genomevnh kai; diafovrw/ qanavtw/5

lhfqei'sa kai; e[ti ajnteivcou th'" kakiva".

3Kai; e[sce" poimevna" pollou;" eij" provskomma seauth/', toutevsti:

summavcou" ejzhvtei".

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Ou{tw kai; dia; tou' jIezekihvl fhsi pro;" aujthvn: « Kai; eu|rovn se10

pefurmevnhn ejn tw'/ ai{mativ sou », ou{tw de; kai; oJ Suvro" hJrmhvneuse. Levgei

de; ejn toi'" eJxh'" o{ti ouj movnon paraginomevnou" ejdevcou, ajlla; kai; ejxhv/ei"

ejpizhtou'sa kai; tai'" korwvnai" paraplhsivw" proshvdreue" tai'" oJdoi'" th;n

ejkeivnwn prosmevnousa parousivan kai; th;n gh'n miasmavtwn ejnevplhsa"

polloi'" poimevsin ajnq j eJno;" crhsamevnh: poimevna" ga;r pollou;" ta;15

ei[dwla proshgovreusen. {Wsper ga;r qeoi; ejkalou'nto th;n qeivan

proshgorivan sulhvsante" oiJ tou' yeuvdou" patevre", ou{tw kai; poimevne"

wjnomavsqhsan to; tou' ajlhqinou' poimevno" lh/steuvsante" o[noma.

[Oyi" povrnh" ejgevnetov soi, ajphnaiscuvnthsa" pro;" pavnta".

4 ajgaqou' B : kalou' Y || 5 diafovrw/ B : diafqovrw/ Y || 6 lhfqei'sa B : lhi>zomevnh Y || 9Qeodwrhvtou Ymg : om. Bmg

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40

Traduction de la chaîne à deux auteurs

Sur les chemins, tu t’es assise en les attendant135 comme une corneille solitaire et

tu as souillé le pays avec tes prostitutions.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 781 A4-7.

Jean :

C’est-à-dire : tu es devenue comme une corneille isolée, privée de tout bien, faite

captive par de nombreux ennemis, prise pour une mort remarquable et tu

t'adonnais encore à la méchanceté.

3Et tu as eu beaucoup de bergers pour te faire trébucher, c’est-à-dire : tu

cherchais des alliés (codd. : B Y. Editio : M. Ghisleri (Addenda), p. 940 B2)136.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 517 B5-C2.

Théodoret :

Ainsi lui dit-il aussi par Ézéchiel : « Et je t’ai trouvée trempée dans ton sang. »137

Et c’est ainsi aussi que le Syrien138 l’a traduit. Mais il dit dans la suite que non

seulement tu recevais les gens qui étaient là, mais encore que tu partais à leur

recherche et que tu siégeais comme les corneilles sur les routes en attendant leur

venue et que tu as rempli le pays de tes souillures avec beaucoup de bergers au

lieu d’un seul, car ce sont les idoles qu’il appelle139 beaucoup de bergers. En

effet, de même qu’étaient appelés dieux les pères du mensonge qui ont violé

l'appellation de Dieu, ainsi ont-ils été nommés bergers parce qu’ils ont volé le

nom du berger véritable.

Il t’est venu une allure de prostituée, tu as renoncé à la honte devant tous.

135 Ajout de prosdokw'sa aujtouv" propre au texte lucianique utilisé par Jean Chrysostome etThéodoret de Cyr, cf. J. Ziegler p. 160. | 136 Ce bref commentaire n'est pas explicitement attribuédans les deux manuscrits de la chaîne ; il figure dans la tradition directe du Commentaire surJérémie de Jean Chrysostome. | 137 Ez 16, 6. | 138 C'est-à-dire, d'après J. N. Guinot (L’exégèse deThéodoret de Cyr, Paris 1995, p. 178 et pp. 186-190), la Peshitta ou une version syriaqueapparentée : « Pas une seule fois, dans le commentaire sur Jérémie, l'exégète ne se réfère à l'un destrois traducteurs et sa critique textuelle se fonde tout entière sur "le Syrien" (oJ Suvro") et dans unemoindre mesure sur l'hébreu (oJ JEbrai'o").» | 139 Aoriste d'analyse textuelle, cf. note 48.

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Chaîne à deux auteurs

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Kaqavper ga;r aiJ th;n w{ran ajpempolou'sai tw'n metwvpwn ajpoxuvousi th;n

aijdw' kai; pa'sin oJmoivw" prosfevrontai, ou{tw su; pro;" oujdevna th;n eu[noian

diefuvlaxa", ajlla; trugw'sa me;n par j ejmou' tw'n ajgaqw'n th;n fora;n toi'"

eijdwvloi" ejdouvleue", peripivptousa de; sumforai'" kai; th'" ejkeivnwn5

ajsqeneiva" aijsqanomevnh th;n ejmh;n ejzhvtei" bohvqeian.

4 Oujc wJ" oi\kovn me ejkavlesa" kai; patevra kai; ajrchgo;n th'" parqeniva"

sou.

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Toutevstin: ouj prosevsce" o{pw" se wj/keiwsavmhn ejn tavxei soi patro;"10

genovmeno" kai; ajndro;" parqevnon ajgagovmeno".

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

Ouj tauvta" moi ta;" th'" oijkeiwvsew" proshgoriva" ejtivqei" pavlai, pote;

me;n patevra kalou'sa, pote; de; a[ndra parqenikovn, pote; de; oi\kon a[sulon …

Ou{tw ga;r kai; oJ makavrio" levgei Dauivd: « Genou' moi eij" Qeo;n15

uJperaspisth;n kai; eij" oi\kon katafugh'" tou' sw'saiv me. »

5 Mh; diamenei' to;n aijw'na … ajnti; tou': to; yeu'dov" sou kai; tw'n rJhmavtwn

hJ cleuasiva.

1 Qeodwrhvtou Ymg : om. Bmg || 9 jIwavnnou Ymg : om. Bmg || 1 2 Qeodwrhvtou Bmg : om. Ymg

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Traduction de la chaîne à deux auteurs

codd. : B Y. Editio : PG 81, 517 C4-10.

Théodoret :

De même en effet que celles qui vendent leur beauté effacent la pudeur de leur

front et s’avancent vers tous de la même manière, de même toi, tu n’as observé

envers personne de bienveillance, mais tout en récoltant le produit des biens que

je dispensais, tu étais l'esclave des idoles et quand tu tombais dans des malheurs et

que tu percevais leur faiblesse, tu recherchais mon secours.

4Tu ne m’as pas appelé maison, père et auteur de ta virginité.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 781 B5-7.

Jean :

C’est-à-dire : tu n'as pas prêté attention à la manière dont je t’ai pris dans ma

maison, en prenant pour toi la place d’un père et en t'emmenant vierge comme un

mari.140

codd. : B Y. Editio : PG 81, 517 C12 - 520 A2 et PG 64 781, B8-9 (ab ouj

tauvta" usque ad ejtivqei").

Théodoret :

Ne m’attribuais-tu pas ces appellations intimes141 autrefois, en m’appelant tantôt

père, tantôt mari d’une vierge, tantôt maison inviolée ? Ainsi en effet le

bienheureux David dit-il aussi : « Tourne-toi pour moi en un Dieu protecteur et en

une maison de refuge, pour me sauver. »142

5Cela restera-t-il là pour toujours ? pour : ton mensonge et la raillerie de tes

propos (codd. : B Y. Editio : PG 81, 520 A3-4).

140 Le lemme biblique et la paraphrase de Jean Chrysostome ne sont pas interrogatifs dans les deuxmanuscrits de la chaîne à deux auteurs, contrairement au même lemme biblique dans la chaîne àauteurs multiples. | 141 Il est difficile de traduire oijkeiwvsew" en rendant la reprise de la racineoi\ko" présente quelques lignes plus haut avec oi\kovn et wj/keiwsavmhn. Il s'agit bien d'appellationstémoignant d'une certaine familiarité, du fait que l'on appartient à la même maisonnée. | 142 Ps30, 3.

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Chaîne à deux auteurs

]H diafulacqhvsetai eij" ni'ko" … h] nomivzei" dia; touvtwn perigenevsqai kai;

nika'n: ei\ta eijrwnikw'":

ijdou; ejlavlhsa" kai; ejpoivhsa" ta; ponhra; tau'ta kai; hjdunhvqh".

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

jAnti; tou': novmison kecleuakevnai kai; diapefeugevnai toiau'ta paranomh'sai5

tolmhvsasa.

jIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Mh; diameivnh/ to;n aijw'na, toutevsti: mh; ejpimevnousa toi'" kakoi'",

ajtimwvrhto" e[sh/ kai; perigenhvsh/ tw'n polemivwn ejn ajsebeiva/ tugcavnousa.

6 Kai; ei\pe Kuvrio" pro;" me; ejn tai'" hJmevrai" jIwsivou tou' basilevw": ei\de"10

a} ejpoivhsev moi hJ katoikiva tou' jIsrah;l kai; ta; eJxh'".

jj jjIIIIwwwwaaaavvvvnnnnnnnnoooouuuu::::

Divkaio" gevgonen oJ jIwsiva" kai; pollh;n spoudh;n peri; th;n tou' Qeou'

qerapeivan ejpoihvsato w{ste kai; to;n lao;n aujtw'/ uJphretei'sqai, ajll j

ejpeidhv tine" h\san ouj gnhsivw" metiovnte" th;n eujsevbeian, ejlevgcei aujtou;"15

7 jIwavnnou Bmg : Tou' Crusostovmou Ymg || 1 3 tou' Qeou' B : post qerapeivan transp. Y

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Traduction de la chaîne à deux auteurs

Et cela sera-t-il conservé jusqu'à la victoire143 ? ou bien penses-tu l’emporter par

cela et vaincre ; ensuite avec ironie (codd. : B Y. Editio : PG 81, 520 A5-6) :

Voilà, tu as prononcé et accompli ces perversités, tu en as été capable !

codd. : B Y. Editio : PG 81, 520 A8-9.

Théodoret :

Pour : pense que tu as raillé et fui de telles prescriptions en osant transgresser la

loi.

codd. : B Y. Editio : PG 64, 781, B11-14.

Jean :

Que cela ne reste pas là pour toujours144 ! c’est-à-dire : de peur que, persistant

dans les maux, tu ne sois pas châtiée et que tu ne l’emportes sur tes ennemis en

restant dans l’impiété145.

6Et le Seigneur m’a dit aux jours du roi Josias : « Tu as vu ce que m’a fait la

demeure d’Israël, etc.146 »

codd. : B Y. Editio : PG 64, 781 D4-11.

Jean :

Jôsias a été juste et a montré beaucoup de zèle pour le culte de Dieu si bien que

même le peuple se mettait à son service, mais parce que certains suivaient147 la

piété sans être sincères, le prophète les accuse par ces propos et montre que ceux-

ci transgressent la loi par comparaison aux dix tribus.

143 Il faut signaler ici la leçon ni'ko" "victoire" au lieu de nei'ko" "querelle" que l'on a dans le textebiblique de la chaîne à auteurs multiples. Cette leçon, que l'on pourrait considérer comme unesimple faute d'orthographe, est pourtant confirmée par le commentaire qui suit dans lequel setrouvent deux termes du même champ lexical ou sémantique : perigenevsqai et nika'n. J. Zieglerdonne nei'ko" sans signaler aucune variante, tandis qu'A. Rahlfs donne ni'ko". | 144 On a ici unevariante dans le lemme biblique cité par Jean Chrysostome du fait du subjonctif aoriste actif (3 p.sg.) diameivnh/ de diamevnw. Cette variante n'est pas signalée par J. Ziegler. | 145 La PG 64 donne icieujsebeiva/ qui ne repose sur aucune leçon des manuscrits. | 146 Le "etc." ne crée pas de lacune dansle texte biblique, car le lemme suivant reprend exactement à la fin de ce lemme-ci. | 147 Il faut noterla tournure périphrastique eijmi + participe, que l'on trouve aussi dans l'extrait 7a de JeanChrysostome dans la chaîne à auteurs multiples. Jean Chrysostome emploie assez souvent leparticipe comme attribut du sujet avec ei\nai pour faire ressortir plus nettement l'idée marquée parle verbe (cf. M. Soffray, Recherches sur la syntaxe de Saint Jean Chrysostome d'après les"Homélies sur les statues", Paris 1939, p. 191 avec divers exemples).

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Chaîne à deux auteurs

oJ profhvth" dia; touvtwn tw'n rJhmavtwn kai; th'/ paraqevsei tw'n devka fulw'n

paranovmou" touvtou" deivknusin.

QQQQeeeeooooddddwwwwrrrrhhhhvv vvttttoooouuuu::::

jEpeidh; ajph'san ejkei'noi, ejdouvleuon ga;r ejn Babulw'ni, to;n profhvthn

didavskei th'" timwriva" to; divkaion.5

jEporeuvqh ejpi; pa'n o[ro" uJyhlo;n kai; uJpokavtw panto;" xuvlou ajlswvdou" kai;

ejpovrneusen ejkei'. Ei\ta th;n oijkeivan ajgaqovthta kai; makroqumivan deivknusi:7 kai; ei\pon meta; to; porneu'sai aujth;n tau'ta: prov" me ajnavstreyon kai;

oujk ajnevstreyen.

JEkou'sa toivnun to;n o[leqron ejpespavsato, mhvte ajrch'qen th;n kata; novmon10

politeivan ajspasamevnh kai; meta; th;n ajsevbeian ejpistrevyai mh;

boulhqei'sa. jEnteu'qen au[xei th'" jIouvda fulh'" th;n kathgorivan:

kai; ei\de th;n ajqesivan aujth'" hJ ajsuvnqeto" jIouvda hJ ajdelfh; aujth'": 8kai;

ei\don diovti peri; pavntwn w|n kateleivfqh ejn oi|" ejmoica'to hJ katoikiva tou'

jIsrah;l kai; ejxapevsteila aujth;n kai; e[dwka aujth/' biblivon ajpostasivou eij"15

ta;" cei'ra" aujth'" kai; oujk ejfobhvqh hJ ajsuvnqeto" jIouvda hJ ajdelfh; aujth'"

kai; ejporeuvqh kai; ejpovrneuse kai; aujthv.

3 Qeodwrhvtou Bmg : om. Ymg

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Traduction de la chaîne à deux auteurs

codd. : B Y. Editio : PG 81, 520 A13-14 et PG 64, 781 D10-11, D14.

Théodoret :

Parce que ceux-là se sont éloignés – ils étaient en effet esclaves à Babylone – il

enseigne au prophète la justice du châtiment.

Elle est allée148 sur toute montagne élevée et sous tout arbre sacré et là, elle s’est

prostituée ! Ensuite, il montre la bonté et la patience qui sont propres149 < à

Dieu > (codd. : B Y. Editio : PG 81, 520 B2-3 et PG 64, 784 A1-2)150 : 7et j’ai

dit, après qu’elle se fut prostituée de cette manière151 : « Reviens vers moi », et

elle n’est pas revenue.

codd. : B Y. Editio : PG 81, 520 B5-9 et PG 64, 784, A3-7152.

C’est bien volontairement qu’elle s'est attiré la ruine, parce qu’elle n’a pas

embrassé dès le début la conduite selon la loi et qu’elle n’a pas voulu revenir

après son impiété. À partir d’ici, il aggrave l’accusation contre la tribu de Juda :

Et son infidélité153, l’infidèle Juda, sa sœur154, l’a vue. 8Et ils ont vu que c’est

pour toutes les fois où la demeure d’Israël a été surprise aux moments où elle

commettait l’adultère, que je l’ai renvoyée et lui ai remis entre les mains155 une

lettre de divorce ; mais elle n’a pas craint, l’infidèle Juda, sa sœur156, elle s’en est

allée et elle s’est prostituée, elle aussi.

148 ejporeuvqh : ejporeuvqhsan Zi. Le singulier se trouve dans la plupart des manuscrits (= TM).149 On peut hésiter pour la traduction de oijkeivan : soit la bonté et la patience propres à Dieu, soitla bonté et la patience que Dieu témoigne en particulier à Israël, particulières à Israël. | 150 Cettetransition entre Jr 3, 6 et 3, 7 n'est pas explicitement attribuée dans les deux manuscrits de lachaîne ; elle figure dans la tradition directe du Commentaire sur Jérémie de Théodoret de Cyr.151 L'omission de pavnta est propre à Théodoret. | 152 Ce passage n'est pas explicitement attribuédans les deux manuscrits de la chaîne ; il est édité à la fois en PG 81 (Théodoret) et en PG 64(Jean Chrysostome), alors qu'il ne figure que dans la tradition directe du Commentaire deThéodoret. | 153 Avec ajqesivan pour ajsunqesivan, le texte biblique de la chaîne rejoint le Sinaiticuset le texte lucianique. | 154 hJ ajdelfh; aujth'" : cet ajout, par rapport au texte édité par J. Ziegler,apparaît dans plusieurs des manuscrits du texte lucianique. | 155 J. Ziegler suggère que le détail eij"ta;" cei'ra" aujth'", présent dans la plupart des manuscrits de la Septante, doit provenir d'uneharmonisation avec Dt 24, 1-3. | 156 hJ ajdelfh; aujth'" : cet ajout, par rapport au texte édité parJ. Ziegler, apparaît dans plusieurs manuscrits de la recension hexaplaire et de la recensionlucianique, mais à une place différente, c'est-à-dire avant jIouvda.

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