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Institut régional de Formation aux Métiers de la Rééducation et Réadaptation Pays de la Loire 54, rue de la Baugerie 44230 SAINT-SÉBASTIEN SUR LOIRE Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des douleurs de membre fantôme de l’amputé Enquêtes auprès des professionnels Coline MARTINON Travail Écrit de Fin d’Études En vue de l’obtention du Diplôme d’État de Masseur-Kinésithérapeute Année scolaire : 2014-2015 RÉGION DES PAYS DE LA LOIRE

Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

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Page 1: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

Institut régional de Formation aux Métiers de la Rééducation et Réadaptation

Pays de la Loire

54, rue de la Baugerie – 44230 SAINT-SÉBASTIEN SUR LOIRE

Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des

douleurs de membre fantôme de l’amputé

Enquêtes auprès des professionnels

Coline MARTINON

Travail Écrit de Fin d’Études

En vue de l’obtention du Diplôme d’État de Masseur-Kinésithérapeute

Année scolaire : 2014-2015

RÉGION DES PAYS DE LA LOIRE

Page 2: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

Remerciements Je remercie chaleureusement toutes les personnes qui ont, de près ou de loin, participé à la réalisation de ce mémoire. Plus particulièrement, je souhaiterais remercier :

- Mon directeur de travail écrit, pour m’avoir guidée tout le long de ma réflexion, et pour m’avoir aidée, grâce à ses relectures et ses remarques, à réaliser ce mémoire.

- Léa, pour nos échanges et réflexions sur nos mémoires respectifs, grâce auxquels nous avons pu nous aider à construire nos projets.

- Catherine, qui m’a sensibilisée, par son témoignage, aux difficultés physiques, psychologiques et sociales liées à l’amputation.

- Les professionnels du centre de rééducation La Tourmaline à Saint-Herblain, qui ont accepté de m’accorder un entretien pour la réalisation de la première enquête.

- Les cadres de santé et les kinésithérapeutes des centres de rééducation de L’Arche au Mans, des Capucins à Angers, de Kerpape à Ploemeur, de l’IRMA à Valenton, du CDR de Coubert, du CRF STER de Lamalou-les-Bains, et du CPL de Nancy qui ont eu la gentillesse de répondre à mon questionnaire.

- Les personnes, et particulièrement mes tuteurs de stage, qui ont proposé leur aide et leurs remarques sur mon travail.

- Mes parents, qui m’ont toujours soutenue, et qui m’ont aidée, par leur regard scientifique et littéraire, à améliorer ce mémoire.

- Mes amis, pour leur soutien inconditionnel chaque jour.

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Résumé

Français :

Les douleurs de membre fantôme (DMF) sont une complication fréquemment rencontrée chez les

amputés. La thérapie miroir (TM) est une technique créée dans l’objectif de diminuer ces douleurs. Si

son invention date d’il y a 20 ans, ses modalités d’application ne sont pas clairement définies dans la

littérature, et aucun protocole validé n’en ressort.

L’objectif de ce travail écrit est de déterminer si la TM est une technique connue et utilisée des

kinésithérapeutes travaillant avec des patients amputés dans les centres de rééducation, et le cas

échéant, selon quelles modalités. La réponse à cette interrogation a conduit à la réalisation de

plusieurs enquêtes. Ces enquêtes révèlent que la TM est une technique connue des professionnels,

mais qui n’apparait pas essentielle dans la rééducation grâce à une prise en charge pluridisciplinaire

efficace des DMF, notamment grâce aux traitements médicamenteux et à l’appareillage précoce. Elle

est néanmoins utilisée dans plusieurs centres de rééducation. Ses modalités d’application sont aussi

variées que dans la littérature.

Anglais :

The phantom limb pain (PLP) is an aftereffect frequently observed on the amputees. The irror

therapy is one of the approaches created for it. But even though it was invented 20 years ago, its

application isn't clearly explained in literature and no valid protocol appears either.

The point of this work is to figure out if the mirror therapy is a useful and known technique from

physiotherapists working with amputees in reeducation centers, and to see how they use it.

Answering this question leads to several surveys. It appears that the mirror therapy is known from

professionals, but doesn’t seem to be essential, thanks to a multidisciplinary and effective care,

especially medical treatment and prosthesis. However, the mirror therapy is used in many

reeducation centers. Its application modalities are as well diversified as in literature.

Mots clés

Amputé

Douleur de membre fantôme

Pluridisciplinarité

Thérapie miroir

Amputee

Phantom limb pain

Multidisciplinary

Mirror therapy

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Sommaire 1 Introduction ..................................................................................................................................... 1

2 Les douleurs de membre fantôme .................................................................................................. 2

2.1 Historique ................................................................................................................................ 2

2.2 Définition et manifestations cliniques ..................................................................................... 2

2.2.1 Sensations fantômes ....................................................................................................... 2

2.2.2 Douleurs du moignon ...................................................................................................... 4

2.2.3 Douleurs de membre fantôme ........................................................................................ 5

2.3 Evaluation ................................................................................................................................ 6

2.4 Physiopathologie ..................................................................................................................... 7

2.4.1 Théories périphériques ................................................................................................... 7

2.4.2 Théories centrales ........................................................................................................... 7

2.5 Traitements .............................................................................................................................. 9

2.5.1 Traitements pharmacologiques ....................................................................................... 9

2.5.2 Traitements chirurgicaux ............................................................................................... 10

2.5.3 Traitements kinésithérapiques ...................................................................................... 10

2.6 Prévention ............................................................................................................................. 13

3 Enquête par entretien auprès de l’équipe pluridisciplinaire de La Tourmaline............................. 14

3.1 Introduction ........................................................................................................................... 14

3.2 Matériel et méthode ............................................................................................................. 15

3.2.1 Population ..................................................................................................................... 15

3.2.2 Méthodologie de l’enquête ........................................................................................... 15

3.3 Résultats ................................................................................................................................ 16

3.4 Analyse des résultats ............................................................................................................. 19

3.5 Conclusion de l’enquête ........................................................................................................ 21

4 Enquête par questionnaire sur la thérapie miroir ......................................................................... 22

4.1 Introduction ........................................................................................................................... 22

4.2 Matériel et méthode ............................................................................................................. 22

4.2.1 Population ..................................................................................................................... 22

4.2.2 Méthodologie de l’enquête ........................................................................................... 22

4.3 Résultats ................................................................................................................................ 23

4.4 Analyse des résultats ............................................................................................................. 25

4.5 Conclusion de l’enquête ........................................................................................................ 26

5 Discussion ...................................................................................................................................... 27

6 Conclusion ..................................................................................................................................... 30

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1 Introduction

L’amputation est un acte chirurgical qui n’est proposé qu’en dernier recours. D’après la HAS (Haute

Autorité de Santé), elle est indiquée en cas « de lésions tissulaires irréversibles, ou d’ischémie

permanente chronique sans revascularisation possible, qui ne réagit pas favorablement au traitement

médical ou dont les répercussions générales font courir un risque vital au patient » (1).

Il existe en France entre 100 000 et 150 000 personnes amputées, et entre 8 000 et 9 000 nouvelles

amputations par an (HAS 2007). Les causes sont diverses, elles sont généralement divisées en trois

catégories : les causes pathologiques (surtout l’artérite et le diabète, qui représentent entre 80 et

90% des amputations), les accidents traumatiques (entre 10 et 20 % des amputations) et les

amputations congénitales (2). D’autres causes, plus rares, peuvent être citées, telles que les tumeurs,

les infections, les guerres… (3)

Mon intérêt pour l’amputation provient du témoignage d’une personne de mon entourage familial,

amputée trans-tibiale depuis quelques années, suite à une infection nosocomiale.

« A l’annonce de l’amputation, ma vie s’écroule »

Grace à son témoignage, j’ai pris conscience de la gravité de l‘impact, aux niveaux physique et

psychologique, causé par la perte d’un membre. Deuil du membre perdu, intégration d’une nouvelle

image corporelle, sensation de « …n’être plus rien… », de « ….ne plus rien pouvoir faire… », peur du

regard des autres, changement de mode de vie, acceptation du handicap… Les étapes sont

nombreuses et pleines de difficultés pour le patient. Au travers de ce témoignage, un élément en

particulier a attiré mon attention : celui de la douleur, et plus particulièrement les douleurs du

membre fantôme.

« Les douleurs fantômes ont été violentes après l'opération et pendant au moins un an. »

Les douleurs de membre fantôme (DMF) correspondent aux sensations douloureuses qui se

rapportent au membre amputé (4). Elles sont décrites depuis le XVIème siècle, mais continuent à

interpeller patients et soignants. En effet, comment expliquer l’existence de douleurs provenant

d’une partie du corps qui n’existe plus ?

Au regard de ce témoignage, plusieurs questions m’interpellent :

- Quelle est la définition exacte des DMF ?

- Quel(s) est/sont le(s) mécanisme(s) neurophysiologique(s) mis en jeu ?

- Comment se manifestent-elles précisément ?

- Comment sont-elles diagnostiquées et évaluées ?

- Selon quelles modalités sont-elles prises en charge ?

- Existe-t-il un traitement médicamenteux efficace ?

« J'ai pris du Rivotril et du Lyrica à forte dose mais je me demande encore si ces traitements étaient

vraiment efficaces »

Des médicaments permettent manifestement de soulager ces douleurs, mais n’apparaissent pas

suffisants pour les traiter (5). Si les traitements pharmacologiques ne sont pas suffisants… :

- Quelles sont les alternatives au traitement médical ?

- Par quels acteurs sont-elles mises en place ?

- Quel est le rôle du kinésithérapeute dans la prise en charge de ces douleurs ?

- Quelles sont les techniques kinésithérapiques permettant de les soulager de façon efficace ?

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« J'ai pratiqué la thérapie miroir. C'était assez incroyable : après la séance les douleurs disparaissaient

pendant au moins une demi-heure. ».

- Quel est le principe de cette thérapie ?

- Quelles sont ses indications ?

- Quelles sont ses modalités d’application en kinésithérapie ?

- Quel est son degré d’efficacité ?

- Permet-elle de soulager durablement les douleurs fantômes ?

Ce questionnement initial conduit à la question générale suivante :

Sur quels critères et selon quelles modalités est proposée et utilisée la thérapie miroir aujourd’hui

dans la prise en charge kinésithérapique des douleurs de membre fantôme, identifiées auprès des

patients amputés du membre inférieur, afin d’assurer un traitement efficace de celles-ci ?

2 Les douleurs de membre fantôme

2.1 Historique

L’amputation est une pratique médicale connue depuis longtemps dans l’histoire de l’humanité. Les

premières traces d’amputation remontent à l’antiquité égyptienne, avec la découverte d’une momie

présentant une prothèse de membre supérieur dans un sarcophage datant de plus de 2000 ans avant

J.-C. (6). Le phénomène de membre fantôme a longtemps été entouré de croyances populaires qui

peuvent être retrouvées dans les œuvres littéraires, telles que « Moby Dick » de Melville en 1851

(description d’une jambe fantôme par le Capitaine Achab comme une partie de son âme).

Ambroise Paré (1510-1590), chirurgien français, est le premier à décrire le phénomène de membre

fantôme en 1545 (4,7). Il est suivi par le neurologue Charles Bell (1774-1842), qui, en 1830, décrit

également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4).

Le terme de « membre fantôme » est utilisé pour la première fois en 1871 par le chirurgien militaire

américain Silas Weir Mitchell (1829-1914), dans un essai publié dans le Lippincott Magazine. En 1872,

il décrit le phénomène de membre fantôme pour la profession médicale dans son livre « Les lésion

des nerfs et leur conséquences » (4,7). Cette publication initie le début de prise en compte du

problème pathologique des DMF pour les patients. Dès lors, de nombreux professionnels de santé

ont essayé de remédier à ce phénomène douloureux aux multiples manifestations cliniques.

2.2 Définition et manifestations cliniques

Les patients amputés peuvent présenter de nombreux signes cliniques. Il est important de distinguer

trois phénomènes distincts :

- Les sensations de membre fantôme, ou hallucinose

- Les douleurs du moignon, localisées au moignon

- Les douleurs de membre fantôme, ou algohallucinose

2.2.1 Sensations fantômes

Les sensations fantômes désignent toute sensation ressentie par le patient amputé au niveau de son

membre absent. Elles concerneraient entre 90 et 98 % des amputés (8), et apparaitraient pour 75%

des cas dès la dissipation des effets de l’anesthésie, et dans les 25% restants quelques jours à

quelques semaines après l’opération, sans rapport avec l’emplacement de l’amputation (9). Ces

sensations perdurent en général quelques jours à quelques semaines, puis s’estompent avec le

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temps. Mais chez certains patients, elles peuvent persister de nombreuses années (9,10).

Les types de sensations fantômes décrits par les patients ont fait l’objet de classifications par

plusieurs auteurs. Ainsi, Roullet et al. ont classé les sensations fantômes en deux catégories (4) :

- Les sensations intéroceptives, qui comprennent les sensations de position et de

mouvements du membre fantôme.

- Les sensations extéroceptives, qui regroupent les sensations de température (froid ou

chaud), de pression, picotements, fourmillements, contractions, démangeaisons, ou

engourdissement du membre fantôme. Ces sensations sont ressenties principalement à la

partie distale du membre manquant (4,10).

La classification des perceptions et illusions corporelles des amputés de J.M. André et al. est plus

précise. Elle repose sur une étude réalisée sur 60 adultes amputés du membre supérieur ou du

membre inférieur, d’origine traumatique ou vasculaire, et appareillés. Les données de cette étude ont

été recueillies à partir d’entretiens libres puis semi-directifs, et pour certains à partir de

manipulations sensorielles (stimulation vestibulaire calorique et/ou vibratoire cervicale) susceptibles

de générer certaines illusions corporelles chez les amputés (11).

La définition du membre fantôme pour J.M. André et al. nécessite de distinguer trois situations

auxquelles les amputés peuvent être confrontés : la perception de la situation réelle, l’illusion de

normalité corporelle et le membre fantôme :

- La perception de la situation réelle correspond à l’absence totale de sensation au niveau du

membre amputé.

- L’illusion de normalité corporelle se caractérise par la perception d’un corps normal, auquel

il ne manque aucun segment corporel. La perception du membre amputé est neutre, elle ne

donne pas lieu une identification, un isolement ou une distinction de ce membre par rapport

aux autres.

- Le membre fantôme correspond à une perception du segment corporel manquant, dont

l’acuité est exagérée par rapport à celle des autres membres. Le membre fantôme se

distingue ainsi des membres intacts. Il existe plusieurs types de membres fantômes, que J.M.

André et al. classent de la façon suivante :

o Les fantômes de membre normaux : il s’agit d’une perception du membre amputé

dont la forme, la posture ou les mouvements sont normaux. La normalité peut être

globale ou n’être que :

Morphologique : la perception du corps suit un modèle tel qu’il devrait être

et non tel qu’il est.

Posturale : le membre fantôme adopte la posture adaptée en fonction de la

position du corps.

Cinétique : le membre fantôme accompagne les mouvements de la prothèse,

au point que la prothèse peut lui être assimilée.

o Les fantômes de membres déformés ou anormaux : il s’agit d’une perception

anormale du membre d’un triple point de vue :

Morphologique : la perception du segment de membre est inadaptée (trop

long, trop court, trop gros, manquant…). Le phénomène de membre

télescopé peut être inclus dans cette catégorie, c’est-à-dire la sensation d’un

membre « raccourci » (4,9), plus court qu’il ne devrait l’être. Les sensations

d’« implantation en situation ectopique » sont également incluses dans cette

catégorie, c’est-à-dire l’impression d’avoir une partie du membre à un

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emplacement anormal (exemple : une main sur le bras).

Postural : le membre fantôme adopte une position anormale en position

statique, non cohérente avec la posture globale du corps.

Cinétique : le membre fantôme suit une trajectoire incorrecte ou

inappropriée lors des mouvements du corps.

Ces membres fantômes déformés ou anormaux sont souvent déplaisants pour

les patients. Ils peuvent surgir sous l’effet de stimulations mécaniques au niveau

de zones particulières du moignon, appelées « zones gâchettes » (11).

o Les fantômes de membres commémoratifs ou fantômes de rappel : il s’agit de la

perception de réminiscences corporelles, antérieures à l’amputation ; une sorte de

souvenir personnel des membres. Ils peuvent être liés :

A des attitudes ou des gestes particuliers qui étaient réalisés au moment de

l’accident ou avant, dans le cas d’une amputation traumatique (conduite

automobile, pédalage…)

A des objets habituellement portés sur le membre, comme une montre, une

bague, un bijou, des chaussures… (9,12)

A des affections médicales ou traumatiques antérieures, qui peuvent donner

lieu à des sensations douloureuses, comme un syndrome du canal carpien,

un hallux valgus douloureux, de l’arthrose…

Ces perceptions de membres commémoratifs ont tendance à se raréfier voire

disparaître avec le temps, mais elles peuvent resurgir à tout moment, même des

années après l’amputation, en général dans des contextes émotionnels ou affectifs

particuliers.

Ces différents fantômes peuvent être mobilisables par la volonté, ou alors totalement incontrôlables

selon les individus ou les moments de la journée. Plusieurs types de fantômes peuvent survenir chez

un même amputé (11).

C. Xerri évoque une dernière catégorie de sensations fantômes non répertoriées par J.M. André et

al. : les sensations fantômes référées. Il s’agit de sensations référées au fantôme par la stimulation

de certaines parties du corps, proches de la région du corps amputée ou même éloignées, dont les

représentations corticales au niveau du cortex somesthésique primaire ont envahi la zone du

membre amputé (voire physiopathologie – théories centrales – théories supra-spinales). Par exemple

dans le cas d’une amputation de la main, la stimulation d’une zone cutanée du poignet ou de l’avant-

bras peut générer une sensation fantôme de la main, de même que la stimulation du visage du côté

ipsilatéral à l’amputation (9).

2.2.2 Douleurs du moignon

Les douleurs du moignon sont des douleurs localisées au niveau du membre résiduel. Elles peuvent

être ressenties de façon superficielle ou profonde dans le membre. Plus rarement elle concernent

l’ensemble du membre résiduel (5). Elles prédominent dans la période post-opératoire, et

disparaissent en général avec la cicatrisation (4). Elles concerneraient 50 % des patients en post-

opératoire immédiat, et 30% d’entre eux à distance de l’opération (12).

Ces douleurs sont à mettre en relation avec :

- Une pathologie locale : infection, ulcération, éperon osseux, point d’appui de la prothèse

- La section des nerfs pendant l’opération :

o La lésion de gros troncs nerveux entraine la formation de névrome (masse nerveuse

formée par la repousse désorganisée des axones du nerf sectionné), dont la

stimulation est source de douleurs fulgurantes, pouvant entrainer des douleurs

Page 9: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

5

fantômes.

o La lésion de petits filets nerveux superficiels peut entrainer des douleurs

neuropathiques localisées, telles que des brûlures, décharges électriques…

- Des mouvements douloureux et incontrôlables, provoquant des crampes des muscles du

membre résiduel (12).

2.2.3 Douleurs de membre fantôme

Si le membre fantôme est souvent l’objet de sensations fantômes, il peut aussi être l’objet de

douleurs, nommées douleurs de membre fantôme (DMF). Ce genre de douleur est courant pour les

amputations de membre, mais peut aussi être retrouvé après l’ablation d’une autre partie du corps,

telle que les seins, le rectum, le pénis, les testicules, les yeux, la langue, les dents (7,9,10). Les DMF

apparaissent même en cas de lésions congénitales, ce qui prouve que la préexistence d’influx sensitifs

n’est pas un prérequis à leur apparition (12).

Entre 50 et 85 % des amputés seraient sujets aux DMF (5,13). Elles apparaitraient dès les 24 heures

suivant l’amputation pour la moitié des patients concernés, et pendant la semaine suivante pour le

quart des patients (13). Elles sont variables d’un patient à l’autre, mais elles sont décrites la plupart

du temps selon les caractéristiques suivantes :

- Type : Les douleurs décrites sont de type neuropathique, sous la forme de décharges

électriques, brûlures, crampes, sensations d’écrasement, coups de couteau… (4,10)

- Intensité : l’intensité est variable d’un patient à un autre, mais les DMF sont souvent intenses

(9). L’intensité de la douleur est un facteur de risque dans le développement de DMF

chroniques (4).

- Localisation : les DMF peuvent être localisées sur tout le membre fantôme, ou sur une région

précise du membre manquant (5). Elles sont souvent localisées à la partie distale du membre

manquant (4,10).

- Circonstances de survenue : les DMF peuvent apparaitre de façon spontanée ou être

provoquées par un mouvement du membre résiduel ou une stimulation mécanique au niveau

du moignon (11).

- Durée : Les DMF apparaissent sous forme de crises de durée variable, allant de quelques

secondes à quelques heures (4).

- Rythme : Les DMF interviennent de façon intermittente. Rares sont les patients qui se

plaignent de DMF continues. Les crises peuvent être journalières, hebdomadaires ou

mensuelles selon les patients et le temps qui les sépare de l’opération (4). Les DMF sont

prédominantes pendant la période pré-prothétique, c'est-à-dire entre l’opération et

l’appareillage du patient. Elles apparaissent préférentiellement le soir et la nuit.

- Evolution : les DMF sont classiquement très présentes pendant les 6 mois après l’opération,

puis ont tendance à s’atténuer et se raréfier au cours du temps (4).Chez certains patients,

elles peuvent néanmoins perdurer pendant des années après l’opération (5).

Ces douleurs sont invalidantes, 75 % des patients amputés de membre inférieur rapportent une

incapacité modérée à effectuer les activités de la vie quotidienne à cause de leurs douleurs (4).

Plusieurs facteurs ont été identifiés comme favorisant les DMF :

- Les douleurs avant l’amputation : les DMF sont plus importantes et persistent plus

longtemps lorsque l’amputation est le résultat d’une pathologie douloureuse ou d’un

accident traumatique, que lorsqu’il s’agit d’une opération planifiée, sur un membre non

douloureux (9). Le phénomène à l’origine de ces observations est la mémoire de la douleur

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6

(4,8). Les patients qui étaient sujets à des douleurs chroniques avant l’amputation sont

particulièrement concernés par les DMF, et 10 % d’entre eux souffriraient même de DMF

identiques à leurs douleurs pré-amputation (10).

- Les douleurs du moignon : elles favorisent l’apparition de DMF (7,14).

- Des facteurs physiques : des DMF peuvent apparaître lors de la stimulation du moignon ou

de la contraction volontaire des muscles du membre résiduel (9,11).

- Des facteurs psychologiques : ils ne semblent pas contribuer à l’étiologie des DMF, mais

pourraient affecter la durée et l’intensité des douleurs (15).

o Un choc, un contexte émotionnel (rappel de l’accident, vue d’autres amputés…) ou un

effort de concentration peuvent déclencher des DMF (9,11).

o Le stress, l’anxiété et la dépression peuvent contribuer à la persistance ou à

l’exacerbation des DMF. Une étude a également montré que les amputés présentant

des symptômes dépressifs étaient plus sujets aux DMF que les patients non

dépressifs (16).

- L’âge du patient lors de l’amputation : les DMF sont rares lorsque l’amputation a été réalisée

lors de la petite enfance (10) : moins de 20% chez les enfants amputés avant 2 ans, 75 %

entre 6 et 8 ans (9).

- Le sexe et la localisation de l’amputation : selon certaines études, les DMF seraient

prédominantes chez les femmes, et chez les patients amputés de membre supérieur (17,18).

Ces informations ne sont pas retrouvées dans toutes les études (10).

L’étiologie de l’amputation (traumatique ou vasculaire) ne semble pas favoriser l’apparition des DMF

(19).

Les manifestations cliniques des DMF étant multiples et variées, elles nécessitent des outils

d’évaluation pour être appréciées.

2.3 Evaluation

D’après le Cofemer (Collège français des enseignants universitaires de médecine physique et de

réadaptation), il existe trois questionnaires spécifiques et validés, utilisés pour l’appréciation des

douleurs de l’amputé. Ces questionnaires permettent d’évaluer les différentes sensations et douleurs

des amputés en les classant selon 4 catégories : les sensations de membre fantôme (non

douloureuses), les douleurs de membre fantôme, les douleurs du membre résiduel, et les autres

douleurs (douleurs lombaires...) (20). Ces questionnaires sont :

- Le PEQ (Prosthesis Evaluation Questionnaire)

- Le TAPES (Trinity Amputation Questionnaire and Prothesis Experience Scale)

- Le GQPLA (Groningen Questionnaire Problems after Leg Amputation).

Le PEQ et le TAPES sont des questionnaires relativement longs (entre 8 et 23 pages), qui intègrent la

douleur dans les problématiques de la prothèse et de la qualité de vie. Ils interrogent tous les deux

sur l’intensité, la durée, l’intensité et la gêne occasionnées par chaque douleur, dans le mois

précédent pour le PEQ et dans la semaine précédente pour le TAPES. Le GQPLA n’a pu être retrouvé

dans la littérature.

Des questionnaires non spécifiques sont également utilisés chez les amputés (20) :

- L’échelle visuelle analogique (EVA) pour l’intensité de la douleur,

- Le Short-Form Mc Gill Pain Questionnaire pour la description de la douleur,

Page 11: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

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- Le Chronic Pain Grade pour l’évaluation du retentissement des douleurs sur les activités de la

vie quotidienne, les loisirs et les activités professionnelles.

L’évaluation des DMF permet de quantifier les manifestations cliniques, mais pas de les expliquer.

Plusieurs théories physiopathologiques expliquent aujourd’hui la présence de DMF.

2.4 Physiopathologie

Les DMF ont d’abord été considérées comme une maladie psychiatrique (7). Mais l’avancée de la

science et les progrès en neurologie ont montré qu’il pouvait exister des explications neurologiques à

ce phénomène. De nombreuses hypothèses existent, s’appuyant sur des mécanismes du système

nerveux périphérique ou du système nerveux central. Cependant, aucune théorie n’a été validée

comme étant capable d’expliquer à elle seule le phénomène du membre fantôme. Les experts

pensent que de nombreux mécanismes, parmi ceux décrits ci-dessous, sont mis en jeu dans la

physiopathologie de ces douleurs.

2.4.1 Théories périphériques

Les douleurs du moignon :

Les DMF sont significativement plus fréquentes chez les amputés souffrant de douleurs du moignon

que chez ceux qui n’en souffrent pas. Une diminution des DMF est observée lors de la diminution des

douleurs du moignon (4,21).

Les névromes :

Après section des fibres nerveuses lors de l’amputation, le nerf repousse et forme une « boule »

nerveuse, appelée névrome, au niveau du membre résiduel (4,9,10,12,22). Il est formé de fibres C et

de fibres A démyélinisées et désorganisées, qui provoquent une augmentation de l’activité spontanée

(10), et dont la stimulation génère des douleurs. Sa sensibilité aux stimuli mécaniques et chimiques

est augmentée. Le névrome a également la capacité de décharger spontanément (23).

Cependant, la formation de névrome ne permet pas d’expliquer entièrement le phénomène des

douleurs fantômes,. En effet, certains patients ressentent des DMF directement après l’opération

chirurgicale, avant qu’un névrome n’ait eu le temps de se former (10). De plus, les DMF peuvent être

ressenties chez les amputés congénitaux, qui n’ont naturellement pas de névrome (22).

Augmentation de l’activité des canaux sodiques :

L’hyper-excitabilité et les décharges spontanées des névromes s’expliquent physiquement par trois

phénomènes :

- une accumulation croissante dans le névrome de molécules favorisant l’expression des

canaux sodiques (23)

- une augmentation de la perméabilité des canaux sodiques (4,10)

- une augmentation du nombre de canaux sodiques (12).

Cette modification de l’activité des canaux sodiques est liée aux DMF. En effet, l’injection autour d’un

névrome de gallamine, qui augmente la conductance sodique, déclenche des DMF chez les amputés.

A l’inverse l’injection de lidocaïne, qui bloque les canaux sodiques, supprime les DMF (4,21,24,25).

2.4.2 Théories centrales

2.4.2.1 Théories spinales

Modification et hyperactivité des neurones de la moelle épinière :

La section des nerfs sensitifs lors de l’amputation provoquerait deux phénomènes à l’origine d’une

Page 12: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

8

hyperactivité des neurones de la moelle épinière, qui participeraient à la formation des DMF (4,10) :

- D’une part, les neurones de la sensibilité, situés dans la moelle épinière, et privés de leurs

influx sensoriels, repousseraient jusqu’à la lame II de la corne dorsale de la moelle épinière,

qui est une zone réservée à la transmission des afférences nociceptives (22,23). Ce

phénomène serait à l’origine du développement d’une activité spontanée intense et

anarchique de ces neurones, porteurs de messages nociceptifs (9).

- D’autre part, la section des fibres nerveuses induirait la libération de neuromédiateurs

excitateurs, comme le glutamate et la substance P, qui stimuleraient l’activité des récepteurs

NMDA (N-méthyl-D-Aspartate) de la corne dorsale de la moelle épinière, favorisant

l’hyperactivité neuronale par la diminution du seuil de décharge et le déclenchement d’une

activité spontanée (12,26).

Inhibition des processus inhibiteurs de la nociception :

L’hyperexcitabilité des neurones de la corne dorsale de la moelle épinière perturberait le

fonctionnement des neurones nociceptifs (4,10,12), et de ce fait inhiberait à la fois les voies

inhibitrices descendantes du système supra-médullaire et le système inhibiteur segmentaire

médullaire (gate control) (26).

2.4.2.2 Théories supra-spinales

La réorganisation corticale :

Le cortex somesthésique primaire est composé de plusieurs aires comprenant une représentation

somatotopique complète cutanée sous la forme d’homonculus, décrit par Penfield et Rasmussen en

1950. Cette représentation correspond à une projection topographique des surfaces sensibles

corporelles, après relais des afférences cutanées dans la moelle épinière et le thalamus.

L’homonculus ressemble à une image déformée du corps. Chaque zone y est représentée

proportionnellement à la richesse de l’innervation périphérique du territoire cutané correspondant.

La richesse de l’innervation d’une zone est ainsi déterminante pour son acuité sensorielle et son

importance fonctionnelle (9).

Lors d’une amputation, ces zones corticales de projection des afférences cutanées font l’objet d’une

réorganisation. En effet, l’absence d’afférences sensorielles provenant de la zone amputée entraine la

disparition de sa représentation dans les aires corticales primaires. Ce remodelage est accompagné

par l’expansion des zones de représentation des régions cutanées adjacentes à la zone du cortex

désafférentée. Ainsi, après l’amputation de la main ou de l’avant-bras, les territoires de

représentation corticale correspondants sont réoccupés par les afférences cutanées provenant des

régions intactes du membre et de la face dont la représentation corticale est limitrophe à celle de la

main dans l’homonculus (7,9,27–29).

Théorie de la neuromatrice par Melzac (4,7,9,11,30,31) :

Il s’agit d’un réseau neuronal constitué du cortex somatomoteur, du thalamus, du système limbique,

du cortex pariétal postérieur et du cortex associatif. Ces boucles neuronales permettraient, à partir de

procédures génétiquement déterminées, de mettre en relation les informations (proprioceptives,

somesthésiques et kinesthésiques) pertinentes à l’origine du schéma et de l’image corporelle. Cet

assemblage cellulaire génétiquement déterminé serait modulé par les expériences personnelles de

l’individu selon les principes de la plasticité cérébrale. La neuromatrice intègrerait et mémoriserait

ainsi le vécu du sujet. L’amputation d’un membre supprimerait une source d’afférences qui se

projetait sur la neuromatrice, mais sans altérer fondamentalement son fonctionnement, ce qui

expliquerait la persistance de la sensation d’intégrité de l’image du corps.

Page 13: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

9

Importance et influence du schéma corporel :

Le concept de neuromatrice pourrait s’intégrer dans un système plus global de schéma corporel

(9,11).

L’importance du schéma corporel est mise en évidence par Melzac et al. par la comparaison d’enfants

améliques (nés avec une malformation congénitale) et d’amputés tardifs (après 6 ans) soumis à la

stimulation vestibulaire (32). L’expérience montre que le membre fantôme apparait chez les amputés

tardifs, mais pas chez les améliques, sauf s’ils ont subi une amputation secondaire sur le membre

malformé après 2 ans.

L’explication de ce phénomène résiderait dans les mécanismes d’élaboration du schéma corporel, qui

fait appel à différentes références (11) :

- Les informations sensorimotrices instantanées

- Les engrammes mémorisés, d’origine :

o Innée, génétiquement déterminée ;

o Identitaire, acquis durant le développement psychomoteur, à l’origine de l’image

référence de la normalité corporelle chez l’individu ;

o Autobiographique : les souvenirs de faits marquants concernant le membre, les

habitudes et apprentissages propres.

La différence entre l’amélique et l’amputé tardif est que le référentiel identitaire est complet chez

l’amputé tardif alors qu’il intègre le membre manquant chez l’amélique. La référence du corps normal

est un corps normal chez l’amputé, mais un corps amputé pour l’amélique.

La connaissance des théories physiopathologiques des DMF a permis d’orienter leurs traitements.

2.5 Traitements

De nombreuses approches ont été proposées dans le traitement des DMF. En 1980, Sherman

recensait 68 thérapies différentes, dont 50 sont toujours utilisées aujourd’hui, mais d’une faible

efficacité (4). La plupart des thérapies efficaces font appel à une prise en charge pluridisciplinaire de

la douleur, alliant le traitement pharmacologique à la désensibilisation, la psychothérapie et des

techniques adjuvantes (33).

2.5.1 Traitements pharmacologiques

De nombreux types de traitement peuvent être utilisés dans la prise en charge médicamenteuse des

DMF. Néanmoins, l’efficacité de la plupart des médicaments utilisés à cet effet n’a pas été déterminée

à partir d’études réalisées spécifiquement chez des patients amputés, mais plutôt extrapolés de

résultats positifs obtenus sur une variété de syndromes douloureux neurologiques (34). Les plus

couramment utilisés sont les suivants :

- Les acétaminophènes (paracétamol) et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : ils

seraient les médicaments les plus souvent utilisés dans le traitement des DMF, et

permettraient de réduire les douleurs périphériques et centrales (7).

- Les antalgiques opioïdes (morphine) : ils se lient aux récepteurs opioïdes périphériques et

centraux et inhibent par ce biais la douleur. Ils diminueraient également la réorganisation

corticale (13). Cependant, ils présentent l’inconvénient de développer une tolérance et une

dépendance chez le patient, en plus des effets secondaires (12).

- Les antidépresseurs tricycliques (amitriptyline, clomipramine) : ils sont rapidement efficaces

sur les douleurs neuropathiques comme les brûlures, dysesthésies, douleurs paroxystiques

(12). Ils permettent de bloquer les récepteurs NMDA et les canaux sodiques (35).

Page 14: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

10

- Les anticonvulsivants (carbamazépine, oxcarbazépine, gabapentine, prégabaline) : leur

efficacité n’est pas prouvée ; les résultats des études à leur sujet dans le traitement des DMF

sont partagés (7,36,37).

- Les antagonistes des récepteurs NMDA (mémantine) : la mémantine s’est révélée efficace

dans certaines études, mais des essais contrôlés ont montré des résultats partagés (38,39).

- La calcitonine : l’action de la calcitonine dans le traitement des DMF n’est pas entièrement

comprise. Les résultats des études à son égard sur son efficacité sont partagés (15,40).

2.5.2 Traitements chirurgicaux

Le recours à la chirurgie étant très rare dans le cas des DMF (elle n’est utilisée qu’en dernier recours

(7)), et ce type de traitement présentant peu d’intérêt pour ce travail écrit, les différentes options

chirurgicales ne seront que brièvement exposées. Les méthodes évoquées dans la littérature sont :

- Les méthodes ablatives : elles ont pour but d’interrompre chirurgicalement les voies de la

douleur. Elles peuvent être effectuées à différents niveaux : au niveau des nerfs concernés

(neurotomie), des racines nerveuses (rhizotomie), du ganglion spinal de la racine dorsale de

la moelle épinière, ou de la zone d’entrée de la racine dorsale dans la moelle épinière

(DREZotomie). Ce type d’opération est accompagné d’un taux élevé de complications, et à

long terme présente des résultats décevants, avec un taux élevé de douleurs chroniques

persistantes (34).

- La stimulation cérébrale profonde : il s’agit d’une stimulation électrique après implantation

de fines électrodes permettant de stimuler des aires sous-corticales comme le thalamus ou le

ganglion basal. Son efficacité est controversée (41).

- La stimulation du cortex moteur : il s’agit d’une stimulation électrique du gyrus précentral,

qui permettrait une amélioration des DMF chez 53 % des patients (42).

- La stimulation de la corne postérieure de la moelle épinière : elle se fait par le placement

d’électrodes dans l’espace épidural adjacent à l’aire de la moelle épinière identifiée comme

étant la source de la douleur (34). La stimulation de la corne postérieure de la moelle

épinière serait efficace, aussi bien immédiatement qu’à long terme (7).

2.5.3 Traitements kinésithérapiques

2.5.3.1 Électrostimulation antalgique (TENS)

L’électrostimulation antalgique est recommandée dans le cadre des DMF. Il existe deux types

d’électrostimulation antalgique (43) :

- L’électrostimulation antalgique fondée sur la théorie du gate control : elle est indiquée pour

le traitement des douleurs localisées. Les courants utilisés sont de basse fréquence (50 à 100

Hz) et de faible intensité, et les impulsions sont de courte durée (≤ 100 μs).

- L’électrostimulation antalgique basée sur le principe de la libération d’endorphines : elle est

préconisée pour le traitement des douleurs diffuses. Les courants utilisés sont de très basse

fréquence (< 10 Hz) et d’intensité élevée, et la durée des impulsions est comprise entre 200

μs et 2 ms.

Les électrodes sont placées sur le site de la douleur dans le cas de douleurs localisées. Pour les

douleurs diffuses et DMF, le placement des électrodes doit permettre une projection des paresthésies

générées par le TENS dans le territoire douloureux (44).

Les durées d’applications sont variables (de 20-30 min à 1 heure), comme la fréquence d’utilisation

Page 15: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

11

(de plusieurs séances quotidiennes à tous les deux jours) (44–46).

D’après l’EFNS (European Federation of Neurological Societies), l’électrostimulation à haute

fréquence d’impulsions présente de meilleurs résultats qu’une stimulation placebo (niveau de preuve

C), mais de moins bons résultats que des stimulations à basse fréquence et haute intensité (niveau de

preuve B) (46).

2.5.3.2 Imagerie motrice

L’imagerie motrice est une technique consistant à imaginer, dans le cas d’une amputation, que le

membre amputé est toujours présent, et qu’il réalise correctement les mouvements qui lui sont

commandés par le cerveau (47). Son principe d’action repose sur la similarité presque totale des aires

corticales stimulées lors de l’imagination du mouvement et lors de la réalisation du mouvement (48).

L’imagerie motrice permet ainsi de jouer sur la plasticité cérébrale en limitant la réorganisation

corticale, et de conserver une image correcte du corps, diminuant ainsi les DMF (49).

Dans le cadre de la douleur, l’imagerie motrice est intégrée dans un programme appelé « Graded

Mental Imagerie » ou GIM (48). La GIM est constituée de 3 phases réalisées chacunes pendant 2

semaines :

- Première phase : le patient doit reconnaitre la latéralité de segments corporels qui lui sont

présentés sur des images.

- Deuxième phase : le patient observe des images représentant différentes positions

corporelles et doit s’imaginer les réaliser lui-même.

- Troisième phase : le patient réalise des mouvements avec son membre sain, et observe grâce

à un miroir placé sagittalement le reflet de son membre, lui donnant l’impression que le

membre atteint est toujours présent et bouge librement.

Plusieurs autres protocoles ont été expérimentés (Moseley, MacIver et al., Beaumont et al.),

associant également l’imagerie motrice à une phase d’observation motrice par miroir. Ces

expériences se sont soldées par une diminution des DMF des patients amputés (50).

2.5.3.3 Thérapie miroir

La thérapie miroir (TM) est une technique d’observation motrice par laquelle le patient amputé,

observant son reflet dans un miroir placé sagittalement entre ses deux membres, a l’impression que

son membre amputé est toujours présent et qu’il bouge selon sa volonté (6).

La TM a été expérimentée pour la première fois en 1996 par Ramachandran avec dix patients

amputés de membre supérieur (51). Le dispositif utilisé est une « boîte miroir », c'est-à-dire une boîte

ouverte vers l’avant et le dessus, avec un miroir placé sagittalement à l’intérieur. Le patient place ses

membres supérieurs à l’intérieur de la boite, de chaque côté du miroir. Il regarde le miroir du côté de

son membre supérieur sain, de façon à « voir » son membre amputé de nouveau « intact ».

Ramachandran demande ensuite au patient d’exécuter des mouvements symétriques des deux

mains, tout en continuant à regarder le miroir, pour donner l’impression que le membre fantôme

« obéit » à la commande motrice. A la suite de cette expérience, les patients rapportent une

amélioration dans la perception et le contrôle moteur de leur membre fantôme.

La TM a ensuite été testée pour déterminer son effet sur les DMF. Plusieurs cas cliniques sont

reportés dans la littérature à ce sujet. Malgré la diversité des cas cliniques et des protocoles

appliqués, les patients ont tous signalé une diminution des DMF, voire une disparition pour certains

(52–56).

Des études réalisées sur un plus grand nombre d’amputés souffrant de DMF montrent en revanche

des résultats mitigés. Darnall et al., dans une étude sur 40 patients amputés pratiquant 25 minutes

Page 16: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

12

de TM par jour pendant 2 mois, montrent une réduction significative de l’intensité des DMF dès le 1er

mois (p = 0,002) (57). Chan et al., dans leur étude sur 22 amputés, ont également noté une baisse des

DMF chez la totalité des patients du groupe pratiquant 15 minutes de TM par jour pendant 4

semaines (p = 0,04) (58). Cependant, une étude randomisée par Brodie et al. sur 80 amputés du

membre inférieur montre que si la TM permet d’augmenter les mouvements du membre fantôme,

elle ne réduit pas les douleurs et sensations de membre fantôme (59).

Les revues de littératures sur le sujet penchent en faveur d’une TM efficace pour diminuer l’intensité

et la durée des DMF des amputés (60–62). L’imagination du membre amputé « intact » par

l’observation du miroir permettrait d’entretenir le schéma corporel et de limiter le phénomène de

réorganisation corticale suivant l’amputation, identifié comme une des causes à l’origine des DMF.

La littérature disponible à ce jour ne propose pas de modalités d’application de la TM standardisées

ou consensuelles. Elles varient d’une étude à l’autre, que ce soit au niveau de la durée de la séance,

du nombre de séance par jour, du nombre de jours par semaine, et de la durée totale du traitement.

2.5.3.4 Réalité virtuelle

Le développement de nouvelles technologies a permis de pousser l’observation motrice à un niveau

au-dessus de la simple observation dans un miroir. La réalité virtuelle, développée par Murray en

2006 (63), est un système permettant d’immerger le patient dans un environnement virtuel, grâce à

un matériel spécifique et une interface de sortie visuelle. Des capteurs situés sur le membre sain

permettent, grâce à un logiciel, de convertir l’image du membre sain vers le membre fantôme.

Dans le protocole de Murray, le dispositif de réalité virtuelle est utilisé 30 minutes toutes les 2

semaines, sur une période de 12 semaines. Les patients réalisent pendant cette séance 4 tâches de

façon répétitive (déplacer leur membre virtuel sur des repères lumineux, donner un coup de pied

dans un ballon, poursuivre une cible mouvante, orienter une balle vers une cible) (63).

Bien que les expériences du Murray n’aient pas été réalisées sur un nombre suffisant de patients, et

dans des conditions suffisamment reproductibles d’un patient à l’autre pour présenter des résultats

significatifs, tous les sujets ayant utilisé le dispositif de réalité virtuelle rapportent une diminution de

leur DMF (64).

Le principe d’action de la réalité virtuelle sur le cerveau est le même que la TM. Elle a l’avantage

d’offrir au patient un champ d’action spatial beaucoup plus important et plus proche de la réalité (6).

Cependant, le dispositif est très couteux et nécessite une personne qualifiée pour son utilisation, ce

qui demande un lourd investissement pour les structures qui souhaiteraient s’en munir.

2.5.3.5 Prise en charge des facteurs favorisants les DMF

Les soins du moignon :

Un moignon douloureux favorise les DMF. Les soins du moignon sont donc importants, d’une part

pour diminuer les douleurs du moignon, et d’autre part pour préparer le membre résiduel à un

appareillage le plus précoce possible.

La prise en charge des douleurs du moignon dépend de leur étiologie. Si l’œdème est la cause des

douleurs, le drainage de l’œdème et la mise en place d’une contention adaptée (par bandage ou

manchon) est indispensable. En cas de névrome douloureux, le TENS et les ultrasons seraient

efficaces (2,45).

Le kinésithérapeute doit également prêter attention aux signes d’inflammation du moignon, de l’état

de la cicatrice, et d’éventuels points d’appui de la prothèse si le patient est déjà appareillé (2).

Le port de la prothèse :

Il semblerait que le port de la prothèse diminue les DMF. Plusieurs études le prouvent :

Page 17: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

13

Curelli et al. mettent en évidence dans une étude réalisée sur 47 amputés que la fréquence des DMF

est supérieure chez les patients non appareillés que chez les patients appareillés (65).

Dietrich et al. montrent dans leur étude que le port de la prothèse peut réduire les DMF et

augmenter les capacités fonctionnelles des amputés dans leurs activités de la vie quotidienne (66).

Les études de Lotze et al., et de Preißler et al., vont également en faveur d’une réduction des DMF

avec le port de la prothèse, ainsi qu’une réduction de la réorganisation corticale (67,68).

Plusieurs types de traitement permettent donc de soulager les DMF après leur apparition, plus ou

moins efficacement. Une approche thérapeutique complémentaire consisterait à prévenir les DMF

avant leur installation.

2.6 Prévention

Les DMF sont souvent similaires aux douleurs ressenties dans le membre avant l’amputation. De

même, la présence d’une douleur avant l’amputation est associée à un risque plus important de DMF.

L’hypothèse liée à ce phénomène est que la douleur avant l’amputation crée une emprunte dans les

structures mnésiques du système nerveux central, et que cette empreinte est ensuite responsable de

la persistance de la douleur après l’amputation (4,21). L’idée d’une analgésie préventive a donc été

avancée pour prévenir l’apparition des DMF. Deux types d’analgésie préventive ont été entrepris :

- Une anesthésie locorégionale, par péridurale ou cathéter périnerveux : la plupart des études

réalisées montre qu’il n’existe pas de différence entre le groupe recevant l’anesthésie

préventive et le groupe témoin (4,21)(4).

- Une prévention pharmacologique : elle est compliquée à étudier car elle nécessite d’être

mise en place quelques jours avant l’amputation, alors que la décision chirurgicale de

l’amputation est souvent prise la veille voire le jour même de l’opération. Les résultats ne

montrent pas de différence entre le groupe traité par gabapentine et le groupe traité par un

placebo, aussi bien à court terme (30 jours) qu’à moyen terme (6 mois) (4).

Aucun moyen de prévention ne semble donc être efficace sur l’apparition des DMF.

Conclusion :

Les DMF semblent donc être une problématique courante chez les amputés. Ces douleurs

apparaissant rapidement après l’amputation, et étant prédominantes pendant la phase pré-

prothétique, le kinésithérapeute a un réel rôle à jouer dans leur prise en charge, d’autant plus que les

traitements médicamenteux n’apparaissent pas suffisants à eux-seuls pour les traiter, et qu’aucun

moyen de prévention ne semble être efficace.

L’apparition des nouvelles techniques d’imagerie cérébrale a permis de mettre en évidence les

modifications du système nerveux central à l’origine des DMF, notamment la réorganisation corticale.

Depuis, les thérapies s’orientent vers des approches neurologiques. L’imagerie motrice et

l’observation motrice en sont l’application concrète. Souvent associées au départ dans les protocoles,

elles ont eu tendance à s’individualiser. La TM est à présent une technique à part entière et indiquée

dans le traitement des DMF. Ses modalités d’application restent pourtant floues, et aucun protocole

validé n’apparait dans la littérature.

Ces données amènent à s’interroger sur la réalité de l’utilisation de la TM en kinésithérapie ainsi que

sur les modalités d’application de cette technique :

- Les kinésithérapeutes confrontés à la prise en charge des patients amputés présentant des

DMF ont-ils connaissance de cette technique ?

- Si cette technique est connue des kinésithérapeutes, la mettent-ils en application ? Si non,

Page 18: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

14

pour quelles raisons ?

- Selon quels indicateurs décident-ils de l’utiliser ?

- Quels sont, selon eux, les obstacles ou les contre-indications à sa mise en place ?

- S’appuient-ils sur un protocole, établi par eux-mêmes ou référencé, dans la mise en

application de cette technique ?

- Les patients sélectionnés adhèrent-ils facilement à la TM ? Dans quel délai ?

- Quel est, selon les kinésithérapeutes, le degré d’efficacité de cette technique ?

La problématique générale qui en découle est la suivante :

Quelles sont les conditions et les modalités de la mise en application réelle de la TM par les

kinésithérapeutes sur le terrain, alors que les indications de cette technique et son protocole

d’utilisation ne sont pas clairement définis dans la littérature professionnelle ?

Les observations réalisées sur le terrain n’ont pas permis de répondre à cette question. En effet, dans

le Centre de rééducation La Tourmaline, la TM n’est pas une technique utilisée par les

kinésithérapeutes, et les DMF ne semblent pas être un problème rencontré par ces derniers dans la

prise en charge des patients amputés.

Ces observations contrastent avec les données de la littérature, qui indiquaient une forte incidence

des DMF chez les patients amputés (entre 50 et 85%), et une utilisation de TM efficace et indiquée

pour les diminuer. Elles ont donc, dans un premier temps, orienté l’interrogation sur les raisons qui

justifieraient la faible incidence des DMF à la Tourmaline, et qui pourraient être en lien avec la non-

utilisation de la TM par les professionnels de santé. Cette démarche nécessite de considérer la prise

en charge des DMF au niveau pluridisciplinaire. La question générale qui en découle est la suivante :

Sur quels critères et selon quelles modalités les professionnels de santé du Centre de rééducation de

la Tourmaline réalisent-ils une prise en charge thérapeutique efficace des DMF des patients amputés

?

Pour répondre à cette question, j’ai choisi de procéder à une enquête par entretien auprès de

plusieurs professionnels de santé du centre de rééducation La Tourmaline, pouvant être impliqués

dans la prise en charge des DMF des patients amputés. Le nombre d’acteurs de la prise en charge des

patients amputés sur le Centre de La Tourmaline, ma présence sur ce site durant mon stage et le délai

de réalisation du TEFE justifient le choix de l’enquête par entretien.

3 Enquête par entretien auprès de l’équipe pluridisciplinaire de La Tourmaline

3.1 Introduction

L’objectif de cette enquête est de déterminer les modalités de la prise en charge des DMF des

patients amputés par les professionnels de santé du centre de rééducation de la Tourmaline, afin de

comprendre pourquoi les patients amputés semblent peu souffrir de DMF, et pourquoi les

kinésithérapeutes ne mettent pas en place la TM. Pour répondre à la question générale, les questions

et hypothèses suivantes ont été posées :

Les connaissances des professionnels du terrain leur permettent-elles d’identifier

correctement les DMF chez les patients ?

Hypothèse 1 (H.1) : Les professionnels de santé ont une représentation correcte des DMF qui

leur permet d’identifier ces douleurs chez les patients.

Les DMF sont-elles diagnostiquées et évaluées par les professionnels du terrain ?

Hypothèse 2 (H.2) : Les DMF sont diagnostiquées et évaluées par les professionnels du terrain.

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15

Les professionnels ont-ils des moyens de prévention efficaces sur les DMF ?

Hypothèse 3 (H.3) : Les professionnels n’ont pas de moyens de prévention efficaces sur les DMF.

Les professionnels mettent-ils en place des traitements efficaces contre les DMF ?

Hypothèse 4 (H.4) : Les professionnels mettent en place des traitements efficaces contre les DMF

3.2 Matériel et méthode

3.2.1 Population

Les personnes interrogées appartiennent à l’équipe pluridisciplinaire de la Tourmaline prenant en

charge les patients amputés et sont potentiellement actrices dans la prise en charge des DMF. Les

professions représentées sont les suivantes : médecin, masseur-kinésithérapeute (MK),

ergothérapeute, psychologue, infirmière.

Chacun de ces professionnels a fait l’objet d’un entretien. Le choix du professionnel concerné s’est

effectué selon leur disponibilité pour le médecin, l’ergothérapeute, l’infirmière et le MK. La

psychologue interrogée est la seule personne représentative de cette profession à prendre en charge

les patients amputés sur le site de la Tourmaline.

3.2.2 Méthodologie de l’enquête

L’enquête par entretien auprès des acteurs de santé sélectionnés a été réalisée après la prise d’un

rendez-vous selon la programmation suivante :

Professionnel Date Horaire Durée programmée

Médecin 03/10/2014 16h 30 min

Kinésithérapeute 08/10/2014 10h45 30 min

Ergothérapeute 07/10/2014 13h30 30 min

Psychologue 03/10/2014 11h 30 min

Infirmière 23/01/2015 13h30 30 min

Afin de répondre au mieux à la problématique, le questionnaire par entretien a été mené selon 6

thèmes (T.1 à T.6) aboutissant aux 14 questions suivantes :

- T.1 Les différents types de douleur des patients amputés :

o Q.1 : Différenciez-vous les DMF des douleurs du moignon ? Si oui, comment ?

o Q.2 : Selon vous, existe-t-il un lien entre ces différentes douleurs ?

- T.2 La définition et les manifestations cliniques des DMF :

o Q. 3 : Comment définiriez-vous les douleurs de membre fantôme des amputés ?

o Q.4 : A partir de votre expérience professionnelle personnelle, quelle proportion de

patients concernent-elles ?

o Q.5 : Comment sont-elles décrites le plus souvent par les patients ?

- T.3 Les mécanismes physiopathologiques à l’origine des DMF :

o Q.6 : Avez-vous connaissance des théories permettant d’expliquer l’origine des

douleurs du membre fantôme ? Si oui, lesquelles ?

o Q.7 : Selon vous, existe-t-il des facteurs influençant leur apparition ? Si oui, lesquels ?

o Q.8 : Selon vous, ces douleurs peuvent-elles être liées à l’état psychologique du

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16

patient ?

- T.4 Le diagnostic et l’évaluation de ces douleurs :

o Q.9 : Diagnostiquez-vous la présence de douleurs du membre fantôme ? Si oui,

comment ?

o Q.10 : Font-elles l’objet d’une évaluation particulière dans votre pratique

professionnelle ? Si oui, comment ?

- T.5 Les moyens de prévention des DMF :

o Q.11 : Existe-il des moyens thérapeutiques pour prévenir la survenue de ces

douleurs ? Si oui, desquels avez-vous connaissance ?

o Q.12 : Quels sont les moyens de prévention mis en place avec votre participation

dans votre établissement ?

- T.6 Le traitement des DMF :

o Q.13 : Quel(s) traitement(s) ou technique(s) existent selon vous pour traiter ces

douleurs du membre fantôme ?

o Q.14 : Quel(s) traitement(s) ou technique(s) mettez-vous en place pour traiter ces

douleurs du membre fantôme ?

De façon volontaire, aucune question n’est posée sur la TM, afin de ne pas influencer les réponses

des professionnels sur cette technique.

Les entretiens ont fait l’objet d’un enregistrement après consentement des personnes interrogées sur

la finalité de la démarche :

« Cet entretien a pour objet de déterminer les raisons de la non-utilisation de la thérapie

miroir dans la prise en charge des DMF des patients amputés par les professionnels de santé

du centre de rééducation de la Tourmaline. L’anonymat est totalement respecté. Les données

obtenues seront analysées dans le cadre de la réalisation de mon travail écrit de fin

d’études. »

Un accord signé pour l’utilisation des données audio a été donné par chacun des participants. Les

données issues de l’enregistrement ont été répertoriées dans un tableau Excel afin de faciliter leur

gestion, classement et analyse (Annexe n°1).

3.3 Résultats

Sur les différents types de douleurs des patients amputés (T.1), tous les professionnels interrogés, à

l’exception de la psychologue, sont d’accord pour dire qu’il est important de différencier douleurs du

moignon et DMF. La différenciation se fait à l’interrogatoire, selon la description des patients, et a

pour principal indicateur la localisation : « une douleur de moignon est localisée au niveau du

moignon alors qu’une DMF est localisée au niveau du membre absent, en-dessous du moignon ». Le

type de douleur décrit est également un indicateur : les douleurs du moignon sont des douleurs

nociceptives, contrairement aux DMF qui sont de type neurologique. Les professionnels sont

également en accord sur le fait que ces douleurs peuvent être liées. Pour le médecin, le lien est une

question d’intensité : « des douleurs de moignon intenses réveillent les DMF ». Pour le MK, le lien est

mécanique : « un contact au niveau du moignon ou un mouvement peut provoquer des DMF ». Pour

l’ergothérapeute, le lien est représenté par une étiologie commune, le manque de vascularisation, qui

provoquerait des plaies locales à l’origine de douleurs du moignon et des atteintes neuronales

participant aux DMF.

Dans les différentes définitions des DMF (T.2), l’idée de la localisation au niveau du membre absent

est toujours retrouvée. Les douleurs décrites sont des douleurs neurologiques, de type brûlure,

crampe, picotement, coups de poignard, décharges électriques, fourmis… qui prédominent le soir et

Page 21: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

17

la nuit. Le médecin et le MK différencient deux types de DMF selon leur degré « d’invalidité » (terme

qui doit être compris comme gêne dans les activités quotidiennes). Ils distinguent les DMF « pas très

invalidantes », qui « n’arrivent pas sur le plateau technique », et dont les MK « n’entendent pas

parler », qui concerneraient environ 2 patients sur 3 selon le médecin ; et les DMF « invalidantes »,

« qui gênent la rééducation », qui concerneraient 1 patient sur 5 (« peut-être moins ») pour le

médecin, et 1 patient sur 6 (« pas plus ») pour le MK. Cette distinction n’est pas relevée par

l’ergothérapeute, la psychologue et l’infirmière, pour qui les DMF seraient présentes chez presque

tous les patients amputés. Pour argumenter ce point, l’infirmière s’appuie sur la dispensation des

médicaments : tous les amputés ont au moins un traitement agissant sur les douleurs

neuropathiques. L’ergothérapeute souligne que les DMF seraient moins fréquentes chez les patients

dont l’amputation est d’origine traumatique, que chez les patients dont l’amputation est d’origine

vasculaire.

Peu de mécanismes physiopathologiques des DMF (T.3) sont connus des professionnels. La

psychologue et l’infirmière ne connaissent pas d’explication au phénomène. Le médecin distingue

une « part psychologique », correspondant à une projection des douleurs anciennes des patients qui

se seraient installées de façon chronique, et une « part organique » correspondant aux douleurs

neuropathiques résultants de la section de fibres nerveuses. Le MK avance l’idée d’une plasticité

neuronale, par laquelle les neurones destinés « aux territoires autours » viendraient stimuler les

neurones destinés au membre amputé et provoquer des douleurs. Pour l’ergothérapeute, les DMF

existent tant que le cerveau n’a pas intégré le nouveau schéma corporel.

Trois des cinq professionnels interrogés identifient les douleurs précédant l’amputation comme un

facteur influençant l’apparition des DMF. D’autres facteurs ont été cités en relation avec l’état du

membre résiduel (mauvaise chirurgie, infection, œdème), l’atteinte du schéma corporel et l’état

psychologique du patient (mal-être, fatigue). Si tous les professionnels pensent que l’intensité des

DMF peut être liée à l’état psychologique du patient, la part psychologique est « difficile à définir », et

reste « patient dépendant » pour le médecin. Le MK et le médecin partagent l’idée qu’elle serait

surtout présente chez les patients douloureux chroniques, « habitués » à leurs douleurs. La

psychologue soutient que si l’état psychologique du patient et la perception des DMF sont liées, ce

n’est pas pour autant que l’un provoquerait l’autre. L'état psychologique du patient ne pourrait pas

provoquer de DMF (sauf en cas de troubles psychiatriques), mais l'état psychologique influencerait la

perception de la douleur. L’infirmière la rejoint sur ce point : « on a plus mal malheureux que

heureux ». De plus, une idée de proportionnalité inversée entre DMF et acceptation du handicap est

partagée par le MK, l’ergothérapeute et la psychologue : moins le patient accepterait son amputation,

plus les DMF seraient exacerbées.

Le diagnostic des DMF (T.4) est réalisé par les professionnels interrogés (excepté la psychologue) à

partir de la description de la douleur par le patient. Les DMF sont évaluées par le médecin une fois

par semaine, et quotidiennement par le MK et l’infirmière. L’évaluation se fait oralement, par une

description de la douleur (type, intensité, rythme, durée) pour le médecin et l’infirmière. L’infirmière

utilise en complément l’échelle visuelle analogique (EVA) pour évaluer l’intensité de la douleur. Cette

échelle est également utilisée par le MK quand les DMF « arrivent sur le plateau technique » et qu’il

est « à côté d’eux ». Sinon, il utilise une échelle verbale numérique (EN), ainsi qu’une « description

rapide » (type, localisation, durée). L’ergothérapeute et la psychologue ne sont pas amenés à évaluer

les DMF.

Concernant la prévention des DMF (T.5), les moyens thérapeutiques identifiés sont la préparation du

moignon, au niveau kinésithérapique, qui regroupe le drainage de l’œdème, le massage (la lutte

contre l’hypertonie du membre résiduel et intégration du nouveau schéma corporel), et la mise en

place d’une contention douce par un manchon en silicone pour harmoniser la forme du moignon et

Page 22: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

18

aider ainsi l’appareillage. L’appareillage précoce est également cité par le MK et l’infirmière. Au

niveau médicamenteux, il n’existe pas de prévention particulière car le traitement est déjà mis en

place quand les patients arrivent au centre de rééducation. Pour les patients hospitalisés au stade de

plaies vasculaires, donc avant l’amputation, un accompagnement psychologique peut être mis en

place. Il permet au patient de se préparer, se projeter après l’opération, et de « verbaliser ses peurs »

pour favoriser l’acceptation du handicap.

Pour le traitement des DMF (T.6), les moyens mis en place dans le centre de rééducation la

Tourmaline concernent :

Un traitement médicamenteux : Il est souvent déjà mis en place lors de l’entrée des patients

dans le centre de rééducation, mais il est réévalué par le médecin chaque semaine. Pour tous les

patients se plaignant de DMF, un « traitement de fond » est d’abord mis en place. Les deux

médicaments utilisés à cet effet sont le Lyrica® (pré-gabaline) et le Neurontin® (gabapentine). Ce sont

tous les deux des anti-épileptiques, également indiqués pour les douleurs neuropathiques, et qui

possèdent une autorisation de mise sur le marché, permettant aux patients d’être remboursés. Le

Neurontin® est moins souvent utilisé que le Lyrica® car les patients ont besoin d’un temps

d’adaptation au médicament avant de pouvoir prendre la dose efficace. Si ce « traitement de fond »

ne suffit pas, de nouveaux médicaments peuvent être prescrits en cas de « crise aigüe dans la

journée ». Le plus utilisé est le Laroxyl®, qui est un anti-épileptique et anti-dépresseur. Le Rivotril® est

également indiqué, mais en pratique il n’est pas prescrit par le médecin car il ne possède pas

d’autorisation de mise sur le marché pour les douleurs neuropathiques.

La pose de TENS : Le TENS est posé pour la première fois en séance de kinésithérapie. Le

patient apprend à placer les électrodes, et à régler le programme et l’intensité, de façon à l’utiliser de

manière autonome par la suite, 3 fois par jour, tous les jours.

L’appareillage : Il est réalisé le plus tôt possible. Il dépend de la plaie, de l’œdème du membre

résiduel et de l’état général du patient. La cicatrisation complète n’est pas nécessaire pour appareiller,

car la plaie n’est pas en contact avec la prothèse, puisque l’appui est sous-patellaire pour les

prothèses tibiales, et au niveau de l’ischion pour les prothèses fémorales. Si la plaie ne « remonte pas

sur les bords latéraux » du moignon, que l’œdème est résorbé, et qu’il n’y a pas de contre-indication

particulière, le médecin prescrit une première prothèse.

Un accompagnement psychologique avec la psychologue, et une écoute de la part de des

différents professionnels de santé.

Deux autres moyens ont été identifiés et cités dans le traitement des DMF, mais ne sont pas mis en

application à la Tourmaline. Il s’agit du Vibralgic et de la TM :

- Le Vibralgic, mentionné par l’ergothérapeute, est un appareil émettant des vibrations utilisé

pour la désensibilisation dans les problèmes neurologiques superficiels et les atteintes

nerveuses. Les ergothérapeutes de la Tourmaline ne possèdent pas cet appareil, car ils ne sont

pas confrontés aux patients présentant des DMF, ne travaillant pas avec les patients amputés en

phase préprothétique.

- La TM est mentionnée par 3 professionnels : médecin, MK et ergothérapeute :

o D’après le médecin, c’est une thérapie qui « se fait dans plein de centres, de façon

systématique ». Pour lui, cette thérapie n’est pas mise en place à la Tourmaline par manque

de protocole, et par manque d’adaptabilité à certains patients. Il aimerait cependant

« travailler dessus », établir un protocole et la mettre en place de façon adaptée pour le

patient, éventuellement couplé à un travail sur le schéma corporel.

o Le MK interrogé a déjà essayé de mettre en place la TM avec un patient pour qui le TENS

Page 23: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

19

n’apportait pas les résultats attendus, et qui avait des doses de Lyrica élevées. Il n’a pas

trouvé de protocole établi. Il a réalisé la thérapie une fois par jour, pendant 15 minutes, en

effectuant des mouvements des différentes articulations, du distal vers le proximal. Les

douleurs étaient évaluées chaque jour par une cotation sur l’échelle numérique pour

l’intensité, ainsi qu’une description du type, de la localisation et de la durée des douleurs.

Le patient a eu moins de douleurs « au bout d’un moment » (durée non précisée), mais le

MK n’a pu déterminer si c’était la TM qui était efficace ou si la diminution des douleurs était

liée au temps, à l’efficacité des médicaments et/ou à l’appareillage.

o L’ergothérapeute connait cette technique mais ne l’a jamais mise en application

personnellement. Selon lui, elle requière la présence du thérapeute avec le patient tout le

temps de la thérapie, ce qui présente une contrainte organisationnelle. Il a la connaissance

d’un collègue l’ayant utilisé pour le membre supérieur avec la méthode Moseley. L’objectif

n’était pas la diminution des DMF, mais la lutte contre l’exclusion du membre.

3.4 Analyse des résultats

Identification des DMF :

Les professionnels interrogés sont tous en mesure d’identifier les DMF chez les patients amputés.

Leurs définitions des DMF sont exactes, même si elles manquent de précision (aucun professionnel

n’a évoqué la durée, le rythme ou l’évolution des DMF). Les questions du guide d’entretien n’étaient

peut-être pas assez précises pour approfondir ces paramètres. Il est intéressant de remarquer que si

les douleurs du moignon et DMF sont dissociées, seul le MK évoque la nécessité de différencier les

sensations du membre fantôme des DMF.

Des nombreuses théories sur les DMF, seul le phénomène de la mémoire des douleurs anciennes

revient dans plusieurs entretiens. Cependant, certains remarquent qu’il ne peut pas s’agir de la seule

explication puisque les patients amputés d’origine traumatique peuvent également ressentir de fortes

DMF, alors qu’ils n’étaient pas sujets à des douleurs chroniques avant leur amputation. Le médecin et

le MK évoquent des phénomènes de modification du système nerveux périphérique, liés à la section

des fibres nerveuses et de la plasticité du système nerveux. Les nombreuses théories axées sur la

modification du système nerveux central ne sont pas connues de la plupart des professionnels. Seule

l’ergothérapeute évoque brièvement la relation entre DMF et intégration du nouveau schéma

corporel. Il s’agit pourtant des théories les plus présentes dans la littérature actuelle. La connaissance

des théories sur l’étiologie des DMF n’est pas indispensable aux professionnels pour traiter les DMF,

mais peut être mis en relation avec les types de traitements vers lesquels ils vont s’orienter. Par

exemple, la connaissance des théories centrales, et notamment la réorganisation corticale suivant

l’amputation et la notion de schéma corporel (voir Physiopathologie – Théories centrales – Théories

supra-spinales) va orienter les professionnels vers des traitements permettant de limiter ces

modifications, comme l’imagerie motrice ou la TM. Ici, presque aucun professionnel n’évoque les

modifications du système nerveux central. Cela pourrait constituer un des éléments d’explication de

l’absence d’utilisation de la TM par les professionnels de santé de la Tourmaline.

Evaluation :

Le diagnostic de DMF est établi par le médecin, mais les autres professionnels sont tous en mesure

de les identifier également. L’évaluation est quotidienne, réalisée oralement, et concerne l’intensité

(EVA ou EN) et la description des douleurs, mais il s’agit plus d’une surveillance que d’une réelle

évaluation. Aucune échelle, spécifique aux amputés ou même non spécifique, n’est connue ni

utilisée. Cela rend la notion de DMF très subjective, d’une part par la possible difficulté pour le

patient d’exprimer son ressenti, et d’autre part par l’interprétation du soignant.

Page 24: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

20

Prévention :

Des moyens de prévention des DMF sont identifiés par les professionnels, mais ces mêmes moyens

sont aussi évoqués en tant que traitements, notamment l’appareillage précoce. La distinction entre

ces deux notions est importante. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la prévention

comme « l’ensemble des mesures visant à éviter ou réduire le nombre et la gravité des maladies ou

des accidents ». Elle distingue la prévention en trois catégories :

- La prévention primaire, qui vise à empêcher la survenue de la maladie.

- La prévention secondaire, qui permet de diminuer les complications liées à la maladie, donc

la durée d’évolution de la maladie.

- La prévention tertiaire, qui empêche les invalidités fonctionnelles consécutives à la maladie.

Appliqués aux DMF, la prévention primaire correspond aux moyens empêchant la survenue des DMF,

la prévention secondaire aux moyens permettant de diminuer la durée d’évolution des DMF dans le

temps, et la prévention tertiaire aux moyens diminuant les invalidités fonctionnelles en relation avec

des DMF chroniques. L’appareillage précoce peut donc être considéré comme un moyen de

prévention secondaire des DMF, tout comme les soins du moignon. Le seul moyen pouvant être

considéré comme de la prévention primaire est le travail psychologique réalisé par la psychologue

avec les patients qui sont hospitalisés à la Tourmaline au stade de plaies vasculaires, avant

l’amputation. Elle écoute le patient, l’aide à exprimer ses peurs et à imaginer sa vie après

l’amputation. Par là, elle prépare le patient à son handicap et favorise son acceptation. Ce type de

prévention ne peut malheureusement être mis en place qu’avec une faible proportion de patient.

Traitement :

Les DMF sont surveillées et traitées très tôt, puisque le traitement médicamenteux est mis en place à

l’hôpital, avant que les patients n’arrivent au centre de rééducation. Cette prise en charge

médicamenteuse, poursuivie et réévaluée chaque semaine par le médecin dans le centre de

rééducation, est considérée comme efficace par l’ensemble des professionnels interrogés. Le Lyrica®

est le médicament le plus fréquemment utilisé et cité dans tous les entretiens. Pourtant, les

différentes études trouvées dans la littérature à son sujet ont montré des résultats mitigés sur son

efficacité dans le traitement des DMF. Quoi qu’il en soit, à la Tourmaline, ce traitement semble suffire

pour soulager la plupart des patients de leurs DMF, et expliquerait pourquoi, en dehors du médecin

et de l’infirmière, les professionnels sont peu confrontés au traitement des DMF.

Le médecin et le MK différencient deux types de DMF en fonction de leur intensité :

- Les DMF « pas très invalidantes », qui sont peu intenses, prises en charge efficacement au

niveau médicamenteux, ne gênent pas la rééducation du patient, et qui concerneraient 2

patients sur 3 d’après le médecin.

- Les DMF « invalidantes », c'est-à-dire intenses, résistantes au traitement médicamenteux,

perturbant la rééducation du patient, et qui concerneraient entre 15 et 20 % des patients.

Seules les DMF « invalidantes » sont prises en charge autrement que médicalement. La prise en

charge kinésithérapique des DMF ne concerne donc que 15-20 % des amputés, soit une faible

proportion de patients, mais non négligeable. Cette faible demande n’est pas en faveur de recherche

de techniques différentes que celles déjà mises en place dans la prise en charge des DMF à la

Tourmaline par les MK. Pour ces patients, le TENS est essayé en première intention. Un suivi

psychologique est également proposé. Ces mesures semblent suffire à une prise en charge efficace

des DMF.

Thérapie miroir :

Malgré l’absence volontaire de question directe sur la TM afin de ne pas influencer les réponses

apportées, le médecin, le MK et l’ergothérapeute en ont parlé spontanément. Cela signifie que c’est

une technique connue des rééducateurs, même si elle est peu utilisée à la Tourmaline. Elle est utilisée

Page 25: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

21

par des ergothérapeutes, mais pas dans le cadre des DMF. Elle a été mise en place une seule fois en

kinésithérapie pour un patient ayant des DMF particulièrement résistantes aux traitements. L’absence

de protocole validé dans la littérature et dans le centre de rééducation est la principale raison

identifiée par les professionnels à sa non-utilisation. Le médecin souligne la difficulté de placer les

patients devant un miroir, quand ces derniers présentent des difficultés à accepter leur handicap. La

TM présente également une contrainte organisationnelle au niveau du temps nécessaire à sa

réalisation d’après l’ergothérapeute. Ses avantages sont cependant reconnus par le médecin, qui a

pour projet d’établir un protocole pour encourager son utilisation à La Tourmaline.

3.5 Conclusion de l’enquête

La prise en charge médicamenteuse précoce des DMF, qui sont évaluées quotidiennement, et dont le

traitement est ajusté chaque semaine, constituerait un moyen efficace de traitement des DMF chez

plus de 80 % des patients amputés à La Tourmaline. L’appareillage précoce et les soins du moignon

préviennent le maintien des DMF dans le temps. Ces éléments expliqueraient la faible incidence des

DMF sur le plateau technique, et justifieraient pourquoi la diminution des DMF est rarement un

objectif central de la rééducation pour les MK. La mise en place de TENS et d’un suivi psychologique

semble suffire à prendre en charge les DMF les plus résistantes. La TM a donc peu l’occasion d’être

mise en place à La Tourmaline, d’autant plus qu’aucun professionnel n’est formé à cette thérapie et

que les informations disponibles dans la littérature ne permettent pas d’identifier un protocole

validé. Elaborer un protocole de TM pour le centre de rééducation est cependant un projet médical

pour l’avenir.

Les hypothèses de départ H.1, H.2 et H.4 sont vérifiées : les professionnels de santé ont une

représentation correcte des DMF qui leur permet d’identifier ces douleurs chez les patients, les DMF

sont diagnostiquées et évaluées par les professionnels. Ils mettent en place des traitements efficaces

contre les DMF. L’hypothèse H.3 n’est pas vérifiée : les professionnels ont des moyens de prévention

secondaire efficaces sur les DMF.

Suite à cette enquête par entretien réalisée au CMPR La Tourmaline, et face au manque de données

dans la littérature professionnelle sur les modalités de prise en charge des DMF par la TM, un

nouveau questionnement apparait :

- La TM est-elle une technique utilisée dans les autres centres de rééducation prenant en

charge des patients amputés ?

- A quels patients est-elle proposée ?

- Les MK utilisent-il un protocole ?

- Quelles sont les difficultés rencontrées par la mise en place de cette thérapie ?

- L’efficacité de cette thérapie est-elle reconnue par les professionnels de ces terrains ?

La problématique qui en découle est la suivante :

Comment, en France, la TM est-elle mise en application dans les centres de rééducation prenant en

charge des patients amputés de membre inférieur, alors que les indications de sa réalisation ne sont

pas clairement établies dans la littérature professionnelle ?

La réponse à cette question nécessite de solliciter le plus grand nombre de MK travaillant dans un

centre de rééducation français auprès de patients amputés de membre inférieur. La méthode la plus

adaptée pour répondre à cette question est une enquête par questionnaire.

Page 26: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

22

4 Enquête par questionnaire sur la thérapie miroir

4.1 Introduction

L’objectif de cette enquête est de déterminer si la TM est une technique connue des MK travaillant

dans les centres de rééducation français auprès de patients amputés de membre inférieur, si elle est

utilisée dans le traitement des DMF, et le cas échéant, selon quelles modalités.

Les hypothèses de départ sont les suivantes :

- H.1 : La TM est une technique connue des MK.

- H.2 : La TM est utilisée dans le traitement des DMF des amputés de membre inférieur.

- H.3 : Les MK utilisent la TM dès le début d’apparition des DMF avec des patients qui

acceptent leur handicap et dont les capacités d’attention sont soutenues.

- H.4 : Les MK utilisent un protocole établi par eux-mêmes pour mettre en place la TM.

- H.5 : Les MK rencontrent des difficultés dans la mise en place de la TM en lien avec l’adhésion

des patients à la thérapie.

- H.6 : La TM est une technique reconnue efficace par les MK dans le traitement des DMF.

4.2 Matériel et méthode

4.2.1 Population

Les critères d’inclusion de l’enquête sont les suivants :

- Etre un Masseur-Kinésithérapeute diplômé d’Etat

- Travailler dans un centre de rééducation en France

- Prendre en charge des patients amputés de membre inférieur

- Prendre en charge les DMF de ses patients

- Connaître l’existence de la TM

Les critères de non-inclusion sont :

- Utiliser la TM uniquement dans un autre but que le traitement des DMF des patients

amputés.

4.2.2 Méthodologie de l’enquête

Elaboration du questionnaire :

Le questionnaire élaboré (Annexe n°2) comporte 15 questions, et est organisé de la façon suivante :

- Les 4 premières questions concernent les critères d’inclusion de l’enquête (lieu d’exercice

professionnel, prise en charge de patients amputés du membre inférieur et de leur DMF,

connaissance de la TM).

- La question suivante porte sur la fréquence d’utilisation de la TM par le thérapeute. La

réponse à cette question conditionne 2 parties du questionnaire :

o Une partie pour les MK n’ayant jamais utilisé la TM : elle comporte une question

permettant de renseigner les raisons principales de la non-utilisation de la technique.

o Une partie pour les MK ayant utilisé au moins une fois la TM : elle comporte 9

questions dont les thèmes abordés sont :

Les critères d’utilisation de la TM (indications, contre-indications, place de la

thérapie dans la rééducation)

Le protocole utilisé

Les difficultés rencontrées dans la mise en place de la TM et l’adhésion des

Page 27: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

23

patients à la thérapie

L’efficacité de la technique

La relecture du questionnaire par un professionnel a permis d’améliorer la formulation des questions

et de s’assurer de la clarté et de la cohérence du questionnaire.

Choix des centres de rééducation sollicités :

Les MK concernés par l’enquête sont familiarisés à la prise en charge des patients amputés, donc

exerçant leur activité dans un centre de rééducation prenant en charge un nombre important

d’amputés.

En l’absence de liste répertoriant tous les centres de rééducation prenant en charge des patients

amputés en France, j’ai sollicité le responsable des stages de l’IFM3R, qui a identifié 8 centres de

rééducation répondant à mes attentes. Des recherches personnelles ont permis d’identifier 3 centres

supplémentaires, permettant de solliciter au total 11 centres de rééducation.

Envoi des questionnaires :

Le nombre de MK concernés par l’enquête étant à priori limité dans une structure comme un centre

de rééducation, les questionnaires ont été adressés aux cadres de santé des établissements

sélectionnés. Dans le souci d’obtenir le plus grand nombre de réponse possible, la transmission du

questionnaire s’est effectuée au format papier, afin de favoriser et faciliter son renseignement.

Dix exemplaires de questionnaire ont été envoyés par voie postale le 3 décembre 2014 aux cadres de

santé des 11 centres de rééducation, avec une lettre (Annexe n°2) précisant la démarche de

l’enquête, les MK concernés par le questionnaire, et la date limite de réponse au questionnaire (20

décembre 2014). Une enveloppe affranchie au nom de l’enquêteur pour le renvoi des questionnaires

complétés est annexée. Un message électronique a été adressé quelques jours plus tôt pour prévenir

de l’arrivée du courrier postal sur les sites. Le questionnaire sous format Word était joint, dans

l’éventualité de la non-réception de l’enveloppe, ou d’un nombre insuffisant de questionnaires papier

envoyés.

Relances : Face au peu de réponses reçues en un peu plus de 5 semaines, une première relance par

courriel a été réalisée le 12 janvier 2015. Une seconde relance par téléphone auprès des cadres de

santé concernés a été réalisé les 10 et 11 février 2015.

Résultats : L’ensemble des données issues des questionnaires a été reporté dans un tableau Excel,

afin de faciliter leur analyse (Annexe n°2).

4.3 Résultats

Le nombre de centres de rééducation ayant répondu parmi les 11 interrogés est de 7. Le nombre de

questionnaires collectés est de 20 au total, parmi lesquels 18 sont exploitables, les 2 derniers ne

répondant pas aux critères d’inclusion de l’enquête.

Population : Les MK ayant répondu au questionnaire ont en moyenne 6 ans d’expérience dans la prise

en charge des amputés (entre 1 et 30 ans). Le nombre moyen d’amputés pris en charge par an depuis

les 3 dernières années est de 17 (entre 2 et 60). Les MK estiment en moyenne que 60 % de leurs

patients amputés sont concernés par les DMF (entre 10 et 100 %). Tous ont connaissance de la TM,

mais seuls 2 d’entre eux ont bénéficié d’une formation, en interne.

Fréquence d’utilisation de la TM : Parmi les 18 MK ayant répondu, 7 utilisent rarement la TM, 7

l’utilisent régulièrement, 2 l’utilisent systématiquement et 2 ne l’ont jamais utilisée. Les principales

raisons de ces MK n’utilisant pas la TM sont le manque de connaissances par absence de formation,

le manque de temps, l’efficacité du traitement médicamenteux, et la disparition rapide des DMF

Page 28: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

24

après la prothétisation.

Critères d’utilisation de la TM :

Indications de la technique : les 16 MK retenus indiquent la TM en fonction :

- de la capacité d’attention du patient pour 14 MK.

- de l’acceptation du handicap pour 6 MK.

- de l’importance de la gêne occasionnée par les DMF pour 3 MK.

- de l’âge du patient pour 2 MK.

- de l’aspect du pied sain pour 1 MK.

- des capacités de compréhension du patient pour 1 MK.

- de l’étiologie de l’amputation pour 1 MK : technique utilisée chez les artéritiques plutôt que

chez les amputés traumatiques.

La TM est mise en place dès le début d’apparition des DMF pour 10 MK sur 15, après échec des

autres techniques pour 3 MK, après échec du traitement médicamenteux pour 2 MK, pour aider au

sevrage médicamenteux pour 1 MK, et en fonction de la gêne occasionnée par les DMF pour 1 MK.

7 MK sur 15 identifient des contre-indications à la technique, 7 n’en identifient pas et 1 n’a pas

répondu à la question. Les contre-indications citées sont : les troubles de la compréhension (3 MK),

les troubles de l’attention (2 MK), la non-acceptation du handicap (2 MK), l’état psychologique du

patient (2 MK), la présence d’une pathologie psychiatrique (2 MK), les troubles du comportement (1

MK), la bilatéralité de l’amputation (1 MK) et la non-tolérance des séances (2 MK).

Protocole : 9 MK sur 16 utilisent un protocole, établi par le centre de rééducation pour 3 d’entre eux

(dont 1 précise également qu’il est établi par lui-même), référencé dans la littérature pour 3 autres

(sans préciser l’auteur du protocole), et établi par un étudiant MK dans le cadre de la réalisation de

son mémoire pour 3 d’entre eux.

Sur les 9 MK utilisant un protocole, 7 ont renseigné les axes principaux de leur protocole. Les idées

retrouvées sont les suivantes :

- Evaluation de la douleur avant et après la séance (évoqué par 1 MK).

- 2 séances par jour pendant 10 à 15 minutes (évoqué par 2 MK).

- Exercices actifs du membre sain, évoqués par 6 MK. L’un précise qu’il fait réaliser 10

mouvements, répétés 10 fois, lentement, en regardant le miroir. Un autre précise qu’il fait

réaliser les exercices du distal au proximal. Un autre MK ajoute qu’il associe des stimulations

tactiles aux exercices. Deux autres décrivent un protocole associant de l’imagerie motrice à la

TM.

- Réalisation de la séance dans un lieu clos et calme, favorisant la concentration (évoqué par 3

MK).

Difficultés rencontrées : 6 MK sur 16 expriment des difficultés à la mise en place de la TM. Les

difficultés rencontrées sont en lien avec l’adhésion du patient pour 4 MK, le temps de réalisation de la

technique pour 2 MK, la compréhension des consignes pour 1 MK et le matériel pour 1 MK.

Sur une échelle de 0 à 10 (0 = n’adhère pas, 10 = adhésion totale), les patients adhèrent en moyenne

à 6,75 (de 4 à 9) d’après les 16 MK utilisant la TM. Les raisons principales de la non-adhésion des

patients évoquées par les MK sont : la gêne à la vision du membre amputé à nouveau « sain » dans le

miroir pour 3 MK, le manque de compréhension de la technique pour 4 MK, le manque d’efficacité

rapide pour 6 MK, la lassitude liée aux séances identiques pour 2 MK, le manque de conviction du

patient envers la technique pour 1 MK, la participation active du patient pour 1 MK, l’attention

prolongée nécessitée par la technique pour 1 MK, et l’absence de compréhension du phénomène de

membre fantôme par les patients pour 1 MK.

Efficacité : les 16 MK utilisant la TM estiment en moyenne une efficacité de la technique de 6,07 sur

Page 29: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

25

une échelle de 0 à 10 (entre 4 et 9).

4.4 Analyse des résultats

Le profil des MK participants à cette enquête est très varié, autant concernant les années

d’expérience avec ce type de patient (entre 1 et 30 ans d’expérience), que du nombre moyen de

patients amputés pris en charge par an (entre 2 et 60). La fréquence des DMF estimée chez les

amputés varie de 10 à 100 %. Il est intéressant de remarquer que dans un même centre, la fréquence

des DMF peut varier fortement d’un MK à l’autre. Dans le centre Les Capucins par exemple, 3 MK

estiment la fréquence des DMF entre 90 % et 100 % chez leurs patients, alors qu’un autre MK,

présentant 11 années d’expérience avec les amputés, les estime à 30 %. Les patients de ce centre

étant probablement pris en charge de la même façon au niveau pluridisciplinaire, cette variabilité

d’estimation montre la subjectivité de l’évaluation des DMF. Il aurait été intéressant de poser une

question supplémentaire dans le questionnaire sur la façon d’évaluer les DMF chez les amputés pour

approfondir ce point.

La TM est une technique connue de tous les professionnels, même si seulement deux d’entre eux ont

bénéficié d’une formation, en interne. Presque 90 % des MK (16/18) ont déjà utilisé la TM avec les

patients présentant des DMF. Il s’agit donc d’une technique utilisée dans les centres de rééducation,

même si son utilisation est soit rare, soit régulière dans la plupart des cas. Seulement 2 MK l’utilisent

systématiquement avec leurs patients. Il s’agit de deux MK ayant 11 années d’expérience avec les

amputés, suggérant ainsi qu’ils reconnaissent un réel intérêt à intégrer la TM dans la prise en charge

des patients amputés.

Deux MK parmi les 18 interrogés n’ont jamais mis en application la TM pour quatre raisons

principales selon eux : l’absence de formation, le manque de temps, l’efficacité du traitement

médicamenteux et de la prothétisation sur les DMF. Il semblerait en effet que la formation à la TM ne

soit pas une pratique courante, puisque qu’aucun MK interrogé n’a bénéficié de formation continue

en externe. Ce manque de formation n’est pas compensé par la littérature, qui ne met pas à la

disposition des professionnels des informations claires, récentes et validées sur sa pratique. La

deuxième raison soulignée par les MK concerne le manque de temps : la TM est en effet une pratique

qui doit s’ajouter à la rééducation classique de l’amputé. Le troisième point abordé est l’efficacité du

traitement médicamenteux, qui ne semble pas justifier la mise en place d’un traitement additionnel

pour les DMF. Il s’agit en effet d’un point souligné par tous les professionnels de l’équipe

pluridisciplinaire de la Tourmaline lors de la 1ère enquête. Enfin, l’effet de la prothétisation sur les

DMF, également souligné par les professionnels de la Tourmaline, est aussi un phénomène décrit

dans la littérature (65–68).

Parmi les nombreux critères d’indication de la TM cités, la capacité d’attention du patient fait la quasi

unanimité. Le second critère le plus fréquemment mentionné concerne l’acceptation du handicap par

le patient. Aussi, la notion de « degré de gêne des DMF », déjà soulignée par les professionnels de La

Tourmaline, est avancée par plusieurs MK.

Les contre-indications de la technique peuvent être classées en 3 catégories :

- les troubles cognitifs : troubles de la compréhension, de l’attention ou du comportement

- les troubles psychiatriques ou psychologiques, incluant la notion d’acceptation du handicap

- l’aspect du membre inférieur restant (la présence de plaies peut contre-indiquer la technique,

de même qu’une amputation bilatérale).

Pour les deux tiers des MK interrogés (10/15), la mise en place de la TM est réalisée dès le début

d’apparition des douleurs, et non après échec d’autres techniques. Parmi les autres conditions de

mise en place de cette thérapie, l’idée de l’utiliser comme aide au sevrage médicamenteux est

Page 30: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

26

intéressante. Elle permettrait de se substituer progressivement aux médicaments pour permettre au

patient de soulager ses DMF dans la durée. Une bonne observance de l’utilisation de la technique

pourrait même permettre au patient de poursuivre la thérapie de façon autonome lors du retour à

domicile. Cette approche a déjà été réalisée par Darnall avec un patient, pour qui la TM est devenue

une thérapie quotidienne permettant de soulager efficacement ses DMF (52).

Un protocole de mise en place de la TM est utilisé par 56 % des MK interrogés (9/16), dont 3 d’entre

eux utilisent un protocole établi par leur centre de rééducation. Néanmoins, d’autres MK travaillant

dans le même établissement ne l’utilisent pas. Il aurait été intéressant de savoir s’il s’agit d’un

manque d’information du centre auprès des MK, ou d’un désaccord de ces MK envers le protocole

proposé par le centre. Les MK utilisant un protocole référencé dans la littérature n’ont pas précisé son

origine. Compte tenu de la description réalisée, il semblerait que l’un d’entre eux utilise la GIM (cf.

2.5.3.2. Imagerie motrice p.15), dans laquelle la TM est précédée de phases d’imagerie motrice. Les

deux autres protocoles décrits n’ont pas été identifiés. Pour ces professionnels utilisant un protocole

référencé dans la littérature, il aurait été intéressant de connaitre les raisons qui ont motivé le choix

du protocole.

Lorsque la description des protocoles a été renseignée, un seul MK souligne l’importance de

l’évaluation de la douleur avant et après la séance. Il aurait été intéressant une fois encore de

demander une précision sur la façon d’évaluer les douleurs. Cela semble souligner le manque

d’évaluation précise et objective les DMF chez la plupart des MK. Le cadre de réalisation de la TM

parait également important. Comme la majorité des MK le précise, la capacité d’attention est le

principal indicateur pour proposer la TM. L’idéal est de réaliser la thérapie dans une pièce fermée, au

calme, pour éviter toute source de déconcentration. Même si le principe des exercices de la TM

(actifs avec le membre sain en regardant le miroir) est décrit par tous les MK, chacun semble avoir

une approche plus personnelle de la thérapie, que ce soit au niveau de la fréquence, de la durée ou

des modalités des exercices (du distal au proximal, avec ou sans stimulations tactiles…).

Plus d’un tiers des MK (6/16) rencontre des difficultés dans la mise en place de la TM,

majoritairement en lien avec l’adhésion du patient à la technique. Pourtant, ces mêmes MK évaluent

à la question n°13 une adhésion plutôt facile des patients à la TM (jusqu’à 8/10). Par ailleurs, 3 MK

évaluant à 5/10 l’adhésion des patients à la thérapie indiquent une absence de difficulté à la mettre

en place auprès de leurs patients. Le manque de cohérence dans ces réponses laisse dubitatif quant à

leur bien fondé. Une autre difficulté rencontrée par 2 MK est le temps de réalisation de la thérapie,

qu’il faut additionner à la rééducation classique de l’amputé. Ce point avait déjà été souligné par un

MK ne pratiquant pas la TM avec ses patients.

Concernant les raisons principales de la non-adhésion des patients à la TM, une partie des réponses

rejoint les propositions retrouvées dans les critères d’indication de la TM, à savoir les problèmes de

compréhension, d’attention et d’acceptation du handicap (se manifestant par une gêne du patient à

la vision de son membre amputé à nouveau « sain » dans le miroir). D’autres raisons se rapportant à

la pratique de la thérapie elle-même sont intéressantes à relever, comme la lassitude des séances. En

effet, dans les protocoles, les séances sont toutes menées de la même façon, tous les jours, voire

plusieurs fois par jour, ce qui peut être lassant pour le patient. De plus, cette lassitude peut

facilement être exacerbée si le patient ne remarque pas d’amélioration à ses douleurs, du moins pas

suffisamment rapidement. La technique est en effet estimée moyennement efficace par les MK

(6,07/10).

4.5 Conclusion de l’enquête

Malgré le manque d’indications claires sur les conditions de réalisation de la TM dans la littérature

professionnelle, et le manque de formation professionnelle à la technique, la TM est connue et

Page 31: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

27

utilisée dans le traitement des DMF par les MK travaillant en centre de rééducation auprès des

patients amputés de membre inférieur. Leur expérience les a conduits à identifier des indications et

contre-indications à la technique. Sa mise en place semble être différente d’un professionnel à l’autre,

tout comme les difficultés rencontrées auprès des patients.

Les hypothèses de départ H.1, H.2 et H.3 sont validées : la TM est une technique connue des MK et

utilisée dans le traitement des DMF des amputés de membre inférieur. Les MK utilisent la TM dès le

début d’apparition des DMF avec des patients dont les capacités d’attention sont soutenues, et qui

acceptent leur handicap. Les hypothèses H.4, H.5 et H.6 sont partiellement validées. Le protocole

utilisé par les MK est souvent établi par le centre de rééducation ou trouvé dans la littérature. Les MK

rencontrent des difficultés dans la mise en place de la TM en lien avec l’adhésion des patients à la

thérapie et le temps de réalisation qu’elle nécessite en plus de la rééducation classique. La TM est

reconnue moyennement efficace par les MK dans le traitement les DMF.

5 Discussion

L’objectif initial de ce travail écrit était d’identifier les conditions et les modalités de la mise en place

de la TM dans le traitement des DMF des amputés en centre de rééducation. La différence de propos

entre les données de la littérature et la réalité du terrain, observée lors d’un stage dans le centre de

rééducation La Tourmaline, est à l’origine d’une première enquête, dont le but est d’apprécier

l’ampleur et les raisons des différences observées, notamment par rapport à l’incidence des DMF

chez les patients amputés et la pratique de la TM.

Cette enquête n’a pas mis en évidence des moyens de traitement des DMF différents de ceux décrits

dans la littérature. En revanche, elle a mis l’accent sur un traitement médicamenteux qui semble être

efficace, couplé aux soins du moignon par les MK et les infirmières, l’appareillage précoce, l’utilisation

éventuelle de TENS pour les DMF persistantes et un suivi psychologique. Comme le précisaient Black

et al. dans leur article (33), l’approche pluridisciplinaire apparait effectivement essentielle dans le

traitement des DMF.

Cette enquête ne contenait volontairement pas de questions sur la TM, dans l’objectif de savoir si les

professionnels avaient connaissance de cette technique et l’identifiaient comme appropriée dans le

traitement des DMF. Cette approche présente cependant l’inconvénient de ne pouvoir développer

que de façon restreinte la question de la TM. Le sujet aurait pu être approfondi d’avantage avec les

professionnels, notamment au niveau de la représentation de chacun par rapport à la technique, des

connaissances propres à sa pratique, et des raisons de sa non-utilisation à La Tourmaline. En effet,

l’idée que chacun semble se faire de la TM est assez personnelle. L’ergothérapeute l’évoque au

travers de la méthode Moseley, qui associe la TM à l’imagerie motrice, et dans un souci de lutte

contre l’exclusion d’un membre. Pour le MK, il s’agit d’une technique expérimentée une seule fois

avec un patient présentant des DMF particulièrement fortes et invalidantes. L’expérience n’a pas

semblé convaincre le MK sur son utilité. Pour le médecin, il s’agit d’un projet de rééducation future,

une fois la technique « bien protocolisée ». Pour approfondir ces interrogations, l’enquête aurait du

être menée sur une approche différente, axée sur la TM dès la problématique.

Néanmoins, quelques informations ont été obtenues à partir des entretiens et d’observations

personnelles. La non-utilisation de la TM à la Tourmaline pour les DMF pourrait être due à plusieurs

facteurs : 1) le manque de connaissance des professionnels sur les mécanismes physiopathologiques

des DMF ; 2) le manque de formation des professionnels à la TM ; 3) le manque d’informations claires

et validées sur la pratique de la TM dans la littérature professionnelle ; 4) l’absence de protocole dans

le centre de rééducation ; 5) la difficulté pour les professionnels de placer devant un miroir un

patient amputé qui n’a pas accepté son handicap; 6) la contrainte du temps nécessaire aux séances ;

Page 32: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

28

7) la prise en charge pluridisciplinaire déjà efficace sur les DMF.

L’enquête réalisée présente cependant des biais. En effet, ayant déjà échangé avec certains

professionnels sur la TM avant la réalisation des entretiens, leur discours a peut-être été influencé en

faveur de cette technique pour certains. De plus, pour apprécier le travail de l’ensemble de l’équipe

pluridisciplinaire, et non seulement des rééducateurs et soins infirmiers, il aurait été judicieux

d’organiser des entretiens avec un orthoprothésiste, l’assistante sociale et une aide soignante.

L’orthoprothésiste aurait pu apporter des éléments intéressants sur le lien entre l’appareillage et les

DMF. De même pour les aides soignantes, qui sont très présentes dans la vie des patients au centre

de rééducation, et sont témoin de leur souffrance aux moments où les DMF sont les plus fréquentes,

notamment le soir et la nuit. L’assistante sociale aurait pu nous éclairer sur l’éventuelle présence d’un

lien entre les DMF et la situation sociale du patient, à prendre en compte dans l’évaluation de son

état psychologique.

A la suite de cette première enquête, et pour répondre à la problématique générale, s’est posée la

question de la mise en place éventuelle de la TM dans d’autres centres de rééducation prenant en

charge des patients amputés, ainsi que ses modalités d’application. Cette interrogation est à l’origine

d’une seconde enquête, par questionnaire. Cette enquête n’a pas de valeur scientifique. Le nombre

de centres interrogés n’est pas suffisant pour être significatif, et le nombre de réponses collectées est

trop faible pour en déduire des conclusions solides sur la pratique de la TM en France. Les résultats

obtenus ne permettent que de donner une tendance dans la pratique actuelle de la TM dans les

centres de rééducation interrogés.

La seconde enquête révèle que la TM est une technique connue des professionnels et pratiquée par

la majorité d’entre eux. Sur les 18 MK ayant répondu à cette enquête, seulement 2 d’entre eux

n’utilisent pas la TM avec leurs patients. Les raisons de la non-utilisation de la TM rejoignent celles

déterminées par les professionnels de La Tourmaline lors de la première enquête, à savoir l’absence

de connaissances et de formation des MK à la technique, le temps nécessaire à sa réalisation, et la

prise en charge efficace des DMF par les médicaments et le port de la prothèse.

Pour les professionnels qui mettent en place la TM avec leurs patients, il apparait que la pratique est

très variée d’un MK à l’autre. L’absence de protocole validé dans la littérature en est sûrement à

l’origine. Certains centres de rééducation semblent avoir élaboré leur propre protocole, même s’il

n’est pas utilisé par l’ensemble des MK travaillant dans l’établissement. Face au manque de données

claires et précises sur la pratique de la TM, l’enquête révèle que les MK sont parfois amenés à utiliser

des protocoles établis par des étudiants dans leur Travail Ecrit de Fin d’Etude.

Cette seconde enquête présente également des biais. En effet, la variabilité de la population

interrogée, aussi bien au niveau de l’expérience des MK dans la prise en charge des amputés (qui

varie entre 1 et 30 années d’expérience), que du nombre de patients amputés pris en charge par an

(qui varie entre 2 et 60 patients par an), pose la question de la crédibilité à accorder aux réponses de

chacun. Faut-il interpréter différemment les réponses des professionnels en fonction de leur niveau

d’expérience, ou du nombre de patients pris en charge par an ? Il est difficile de répondre à cette

question. En effet, avoir 30 années d’expérience avec les amputés ne signifie pas avoir 30 années

d’expérience avec la TM, tout comme n’avoir qu’une année d’expérience avec les amputés n’exclue

pas l’utilisation de la TM auparavant. La TM est en effet une technique également indiquée dans la

prise en charge de l’hémiplégie, ou du syndrome douloureux régional complexe (SDRC) (69). Afin

d’approfondir ces points, il aurait été intéressant d’ajouter dans le questionnaire une question sur le

nombre d’années d’expérience du professionnel avec la TM, ainsi que du type de pathologies pris en

charge avec la TM.

Page 33: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

29

Le fait d’avoir adressé les questionnaires aux cadres de santé, leur demandant de les transmettre aux

MK concernés par l’enquête, constitue un second biais. En effet, la seconde relance de l’enquête, par

téléphone, a permis de joindre directement les cadres et d’obtenir des informations sur l’absence de

réponse de leur part. Certains expliquent ne pas y avoir répondu par absence d’utilisation de la TM

par les MK dans leur centre de rééducation. Cela signifie donc que, parmi les 11 centres de

rééducation initialement sollicités, plus de 2 d’entre eux (identifiés dans l’enquête) n’utilisent pas la

TM. Cela signifie également que l’objectif de l’enquête n’était peut être pas présenté de façon

suffisamment claire dans la lettre aux cadres, surtout par rapport à l’intérêt porté sur les raisons de la

non-utilisation de la TM par certains MK.

Enfin se pose la question de la méthodologie, notamment par rapport au choix, judicieux ou non, du

questionnaire papier. La supposition de départ était que la transmission du questionnaire papier

inciterait plus facilement les MK à répondre à l’enquête. Au vu du nombre de réponses collectées,

cette supposition n’était peut-être pas exacte. Le format papier demande en effet plus de

manipulations : une transmission du questionnaire du cadre aux MK en mains propres, un

rassemblement des questionnaires remplis, un renvoi des questionnaires par la poste. Certains cadres

pourraient ne pas avoir répondu à cause de la complexité des démarches.

A la suite de ces deux enquêtes, plusieurs éléments attirent l’attention. Tout d’abord, l’évaluation des

DMF semble être une notion relativement subjective. En effet, bien qu’il ne s’agisse pas d’un point

central des enquêtes réalisées, il apparait dans chacune d’elles des éléments en faveur de cette

subjectivité. Dans la première enquête, les professionnels « évaluent » les DMF par une description

rapide de la douleur et une cotation de leur intensité sur l’EVA ou l’EN. Il s’agit donc plus d’un suivi

que d’une réelle évaluation. Aucun questionnaire n’est utilisé. Les recherches dans la littérature n’ont

en effet pas permis d’identifier un questionnaire français, validé ou non, pour évaluer les DMF. La

subjectivité se retrouve dans la deuxième enquête, lorsque dans un même centre de rééducation,

trois MK estiment la fréquence des DMF de 90 à 100 % chez leurs patients, alors qu’un dernier MK les

estime à 30 %. Les outils d’évaluation n’ont pas été demandés dans le questionnaire, mais il est

possible que les DMF ne soient pas correctement évaluées par les professionnels, ou alors pas

correctement distinguées des sensations de membre fantôme (un seul professionnel a souligné ce

point dans la première enquête), ou encore pas assez fréquemment évaluées (un seul MK évoque

l’importance de l’évaluation régulière des DMF lors de l’utilisation de la TM dans la seconde enquête).

Le deuxième élément attirant l’attention est la pratique fréquente de la TM par les ergothérapeutes

dans les centres de rééducation, et souvent dans un objectif autre que les DMF. Dans la première

enquête, l’ergothérapeute évoquait la pratique de la TM par un collègue ergothérapeute pour lutter

contre l’exclusion du membre chez les amputés de membre supérieur. Les observations réalisées lors

d’un stage dans un centre de rééducation autre que La Tourmaline au cours de l’année ont révélé la

mise en place de la TM par les ergothérapeutes dans ce centre, non pas pour les DMF mais pour

l’amélioration du contrôle moteur du membre supérieur chez les patients hémiplégiques. Enfin, au

cours d’une relance de la deuxième enquête, un cadre de santé a expliqué qu’il n’avait pas répondu à

l’enquête car dans le centre de rééducation dans lequel il travaillait, la TM était pratiquée par les

ergothérapeutes, principalement dans le cadre de l’hémiplégie, et parfois pour les SDRC. La TM

semble donc être une technique souvent utilisée par les ergothérapeutes, pour le membre supérieur,

et pour les patients hémiplégiques. Les MK utilisent également la TM avec les patients

hémiplégiques : un MK a précisé dans le questionnaire de la seconde enquête qu’il était formé à

l’origine pour la TM chez l’hémiplégique, et un questionnaire reçu n’a pas été exploité en raison d’une

utilisation de la TM par le MK uniquement en neurologie.

Alors, à quelle profession, entre l’ergothérapie et la kinésithérapie, la TM est-elle la plus appropriée ?

Les champs de compétences de ces deux professions se rejoignent sur plusieurs points, nécessitant

Page 34: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

30

parfois d’identifier les objectifs propre à chacun dans les centres de rééducation. Dans le cadre d’une

utilisation de la TM dans la diminution des DMF, il semblerait logique que les MK soient les plus à

même de réaliser cet objectif. En effet, la grande majorité des amputés étant amputés de membre

inférieur, et les ergothérapeutes étant d’avantage qualifiés dans les atteintes et la rééducation du

membre supérieur, il paraitrait cohérent que cette démarche revienne aux MK.

La TM, initialement pensée par Ramachandran pour les amputés souffrant de DMF (51), semble être

couramment utilisée aujourd’hui dans la rééducation fonctionnelle du patient hémiplégique. Les

recherches récentes dans la littérature n’ont pas permis d’identifier de protocole validé dans ce

cadre-là. En revanche, plusieurs études ont été entreprises pour évaluer son efficacité, tout comme

pour les DMF. Selon une revue Cochrane publiée en mars 2012, la TM aurait un effet significatif sur la

fonction motrice (p = 0,002), et améliorerait la participation du patient dans les activités de la vie

quotidienne (p = 0,02), de façon durable (70).

6 Conclusion

Les DMF sont un problème fréquemment rencontré par les patients amputés, traitées correctement

aujourd’hui avec des thérapies variées et pluridisciplinaires. Les nouvelles techniques d’imagerie

cérébrale ont permis de préciser les mécanismes physiopathologiques à l’origine des DMF,

notamment au niveau du système nerveux central. Depuis, les thérapeutiques tendent à s’orienter

vers la limitation de la réorganisation corticale. C’est l’objectif poursuivi par Ramachandran lorsqu’il

met en place la TM dans le milieu des années 90. Cette technique est connue des MK en France, mais

pas toujours mise en application pour les DMF. Plusieurs facteurs entrent en jeu, notamment le

manque de formation des professionnels à la technique, l’absence de protocole validé dans la

littérature, et la prise en charge pluridisciplinaire efficace des DMF. La TM est néanmoins mise en

place dans plusieurs centres de rééducation en France. Ses modalités d’applications sont aussi variées

que dans la littérature.

Bien que cette technique soit initialement créée pour diminuer les DMF, ses indications se sont

multipliées avec le temps. Aujourd’hui, elle est également indiquée dans le traitement du SDRC et

dans l’amélioration du contrôle moteur de l’hémiplégique. Comme pour les DMF, un protocole validé

semble faire défaut. La technique affiche cependant des résultats prometteurs.

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Page 40: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

Annexe n°1

Documents relatifs à la première enquête :

- Guide d’entretien

- Tableau des résultats des entretiens

Page 41: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

Questionnaire à destination des professionnels de santé sur le terrain de stage

Douleurs chez le patient amputé du membre inférieur :

o Quels sont les différents modes d’expression de la douleur que vous êtes amenés à prendre en considération dans la prise en charge des patients amputés du membre inférieur ?

o Comment procédez-vous pour les différencier ?

o Selon vous, existe-t-il un lien entre ces différentes douleurs ?

Définition et représentation des douleurs du membre fantôme

o Comment définiriez-vous les douleurs fantômes des amputés ?

o A partir de votre expérience professionnelle personnelle, quelle proportion de patients concernent-elles ?

o Comment sont-elles décrites le plus souvent par les patients ?

Diagnostic des douleurs du membre fantôme ?

o Quels sont les éléments indispensables permettant de diagnostiquer la présence de douleur du membre fantômes ?

o Font-elles l’objet d’une évaluation particulière dans votre pratique professionnelle ? Si oui, comment ?

Physiopathologie des douleurs du membre fantôme :

o Avez-vous connaissance des théories permettant d’expliquer l’origine des douleurs du membre fantômes ? Si oui, lesquelles ?

o Selon vous, existe-t-il des facteurs influençant leur apparition ? Si oui, lesquels ?

Prévention des douleurs du membre fantôme :

o Existe-il des moyens thérapeutiques pour prévenir la survenue de ces douleurs ? Si oui, desquels avez-vous connaissance ?

o Quels sont les moyens de prévention mis en place avec votre participation dans votre établissement ?

Traitement des douleurs du membre fantôme :

o Quel(s) traitement(s) ou technique(s) existent selon vous pour traiter ces douleurs du membre fantôme ?

o Quel(s) traitement(s) ou technique(s) mettez-vous en place pour traiter ces douleurs du membre fantôme ?

Page 42: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

Résultats des entretiens auprès des professionnels de la Tourmaline

Questions Médecin Kinésithérapeute Ergothérapeute Psychologue Infirmier

Do

ule

urs

Différenciez-vous les douleurs fantômes des douleurs du moignon ? Si oui, comment ?

Oui, car le traitement n'est pas le même. La différence se fait à l'interrogatoire selon la description des patients. Douleur du moignon : localisée, sur le moignon, liée aux lésions tissulaires ou au port de la prothèse, surveillance du risque de complication locale Douleurs fantômes : douleur neurologique, dans la jambe qui manque, plus bas que le moigon, à type de brûlure, crampe, picotements...

Oui Douleurs fantômes : localisée au niveau du membre qui est absent Douleur de moignon : localisée sur le moignon

Oui Par des questions à l'entretien Recherche de douleurs de type neurologiques pour les DMF

Non, pas du tout

Oui Douleurs du moignon = nociceptives Douleurs fantômes = neurologiques Différences dans la description du patient

Selon vous, existe-t-il un lien entre ces différentes douleurs ?

Oui, des douleurs de moignon intenses peuvent réveiller des douleurs du membre fantôme (DMF). Mais il existe des patients qui ont des DMF sans avoir de douleurs au moignon.

Oui, les douleurs fantômes peuvent être provoquées par un contact au niveau du moignon, ou d'un mouvement lors d'un exercice.

Oui, le manque de vascularisation peut entrainer des plaies locales mais aussi des atteintes neuronales (un facteur des DMF)

/ Oui, une douleur peut en entrainer une autre

Déf

init

ion

et

rep

rése

nta

tio

n

Comment définiriez-vous les douleurs fantômes des amputés ?

Douleur neurologique, à type de brûlure, crampe, picotements… localisée dans la jambe manquante, en dessous du moignon.

Douleur localisée au niveau du membre qui est absent.

Douleur ressentie dans la partie de membre amputée, avec l'impression que cette partie amputée est toujours présente.

Douleur très présente, neurologique, dans le membre qui n'existe plus

Sensation pesante d'avoir son membre amputé encore présent, jusqu'à des douleurs décrites comme décharges électriques, fourmis ou brûlures.

A partir de votre expérience professionnelle personnelle, quelle proportion de patients concernent-elles ?

DMF pas très invalidantes : 2 sur 3 DMF invalidantes : 1 sur 5, peut-être moins Pas de souvenirs de DMF tellement invalidantes qu'elles gênent l'appareillage ou la prise en charge.

Douleurs qui gênent la rééducation : 1 patient sur 6, pas plus Sinon, sensation de membre fantôme, ou alors des douleurs qui n'arrivent pas sur le plateau technique et dont on n'entend pas parler.

Presque tous les amputés vasculaires Moins fréquent chez les amputés traumatiques

Peu de consultations avec les patients vasculaires, mais proportion importante par rapport aux patients vus (une des indications de la rencontre)

Aucune idée du pourcentage précis Par rapport aux traitements : tous les amputés sont traités pour des douleurs neuropathiques

Comment sont-elles décrites le plus souvent par les patients ?

Brûlure, crampe, picotements Coups de poignard, brûlure Sensation désagréable Surtout nocturne

Souvent le soir Douleurs lancinantes, impulsives

Décharges électriques, fourmis, brûlures

Dia

gno

stic

et

éval

uat

ion

Comment diagnostiquez-vous la présence de douleurs du membre fantôme ?

A partir de la description du patient lors de l'interrogatoire

Description du patient Plainte du patient En rééducation : esquive d'appui sur la prothèse

Pas de diagnostic

Pas de diagnostic médical (c'est le médecin) Dans le diagnostic infirmier : à partir de la description du patient

Font-elles l’objet d’une évaluation particulière dans votre pratique professionnelle ?

Oui, lors de la visite, 1 fois par semaine Oui Non Non Oui

Si oui, comment ? Oralement, question sur la douleur : présence, type, intensité, rythme… But = réévaluer les traitements

EVA : à l'instant t, quand ça arrive sur le plateau technique et que je suis à côté d'eux Sinon échelle numérique Quand j'ai mis en place la thérapie miroir : EN + description avec un mot : type, localisation, durée

/ /

EVA pour l'intensité Les autres paramètres de la douleurs sont relevés dans le discours du patient

Page 43: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

Questions Médecin Kinésithérapeute Ergothérapeute Psychologue Infirmière P

hys

iop

ath

olo

gie

Avez-vous connaissance des théories permettant d’expliquer l’origine des douleurs du membre fantômes ? Si oui, lesquelles ?

Part psychologique : projection des douleurs anciennes, qui se sont installées de façon chronique Part organique : douleurs neuropathiques par section de fibres nerveuses

Mémoire de la douleur : anciennes douleurs vasculaires enregistrées par le patient qui resurgissent, souvent aux mêmes moments qu'avant l'amputation (au repos et la nuit, car douleurs inflammatoires) Par la plasticité neuronale, les neurones des territoires autour viennent stimuler les neurones destinés au membre amputé et provoquent ces douleurs.

Les DMF persistent tant que le cerveau n'a pas intégré le nouveau schéma corporel

Non Non

Selon vous, existe-t-il des facteurs influençant leur apparition ? Si oui, lesquels ?

Douleurs avant l'amputation Atteinte du schéma corporel

Douleurs anciennes Non Mal-être psychologique (aggravant mais pas déclenchant) Mémoire de la douleur

Chirurgie, infections, fatigue (majore l'état), œdème du moignon

Est-ce que vous pensez qu'elles peuvent être liées à l’état psychologique de la personne ?

Oui, part psychologique mais difficile à définir. Patient dépendant, présente surtout chez les douloureux chroniques

Oui, lié à la mémoire, les patients "habitués" à leurs douleurs. Moins le patient accepte l'amputation, plus il a de douleurs.

Oui, chez une personne déprimée, qui n'accepte pas son amputation, les DMF peuvent être accentuées

Oui, état psychologique du patient et perception des DMF sont liées, mais ce n'est pas pour autant que l'une provoque l'autre. L'état psychologique du patient ne peut pas provoquer de DMF (sauf en cas de troubles psychiatriques), mais l'état psychologique influence la perception de la douleur. Moins le patient accepte son amputation, plus les DMF vont être exacerbées.

Oui, la notion de bien être influence des facteurs sur le plan médical "On a plus mal malheureux que heureux"

Pré

ven

tio

n

Existe-il des moyens thérapeutiques pour prévenir la survenue de ces douleurs ? Si oui, desquels avez-vous connaissance ?

Préparation du moignon, lutte contre l'œdème…

Préparation du moignon Appareillage précoce

Massages de moignon qui permettent de participer à l'intégration du nouveau schéma corporel

/

Prévention globale, pas forcément à visée antalgique par rapport aux douleurs neuropathiques, mais qui participe : compression du moignon, prévention des troubles thrombo-emboliques, appareillage précoce

Quels sont les moyens de prévention mis en place avec votre participation dans votre établissement ?

Pas de prévention particulière, car le traitement est déjà mis en place quand ils arrivent dans le centre.

Préparation du moignon : - drainage de l'œdème - massage contre l'hypertonie du membre résiduel et aide à l'acceptation - contention douce par un manchon en silicone (medi) pour harmoniser la forme du moignon et aider l'appareillage (plus facile d'utilisation et plus efficace que le bandage)

Aucun

Accompagnement psychologique avant l'amputation pour quelques patients hospitalisés au stade de plaies vasculaires. Travail de mentalisation, de projection, de verbalisation des peurs pour favoriser l'acceptation du handicap. Pour les patients qui réclament l'amputation à cause de la douleur, avertissement de la possibilité d'être confrontés aux DMF

Aucun

Page 44: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

Questions Médecin Kinésithérapeute Ergothérapeute Psychologue Infirmière

Trai

tem

ents

Quel(s) traitement(s) ou technique(s) existent selon vous pour traiter ces douleurs du membre fantôme ?

Traitements médicamenteux (voir après) TENS Thérapie miroir : se fait dans plein de centres, de façon systématique. Pas mis en place à la Tourmaline car : - pas de protocole établi - pas adaptable à tout le monde Projet de mise en place : - adapté au patient (accord du patient et de l'équipe) - couplé à un travail sur le schéma corporel Appareillage précoce : - Appareillage le plus tôt possible - dépend de la plaie, de l'oedème et de l'état général du patient

Appareillage précoce Traitement médicamenteux (Lyrica) TENS Thérapie miroir, pas beaucoup utilisée ici

Traitement médicamenteux (Lyrica) Appareillage précoce Vibralgic : appareil émetteur de vibrations utilisé pour la désensibiliisation dans les problèmes neurologiques superficiels et les atteintes nerveuses. Pas utilisé ici. Massage nocturne (infirmière) Thérapie miroir : - pas utilisée en ergo car pas mise en place et contrainte organisationnelle : demande présence du thérapeute donc temps individuel - méthode Moseley mise en place par une collègue mais sur amputation MS et contre l'exclusion du membre

Traitement médicamenteux Pose de TENS Ecoute

Traitement médicamenteux (antiépileptiques : Lyrica, Gabapentine, Rivotril ; et antidépresseurs) TENS Contention Appareillage précoce Chirurgie

Quel(s) traitement(s) ou technique(s) mettez-vous en place pour traiter ces douleurs du membre fantôme ?

Traitement médicamenteux DMF : - Traitement de fond : > Lyrica : (pré-gabaline), anti-épileptique, efficace, autorisation de mise sur le marché > Neurontin (gabapentine) : anti-épileptique, nécessite du temps avant d'obtenir une dose efficace, autorisation de mise sur le marché - Traitements en cas de crises aigüe : > Laroxyl : anti-dépresseur > Rivotril : existe mais pas utilisé car pas d'autorisation de mise sur le marché pour les douleurs neuropathiques Douleurs du moignons : antalgiques classiques, classes 2 et 3 d'antalgiques ont une petite action sur les douleurs neuropathiques

Le TENS : - explications et 1ère application en kiné sur le plateau technique - livret : où placer les électrodes et quel programme appliquer - quand bien compris : tout seul - 3 fois par jour, tous les jours Thérapie miroir : - essayée avec un patient pour qui le TENS ne fonctionnait pas et qui avait des doses de Lyrica très élevées - pas suivi de protocole car pas trouvé de protocole établi - 15 min tous les jours, 1 fois par jour - début statique d'observation puis dynamique par des mouvements des différentes articulations, en disto-proximal - efficacité : moins de douleurs au bout d'un moment mais temps ? médicaments ? thérapie ?

Aucun car ça ne m'est jamais arrivée d'avoir un problème avec un patient qui se plaignait de DMF. Patients pas vus pendant la phase pré-prothétique où les DMF sont les plus importantes, mais en fin de P1 début de P2.

Une écoute, une bienveillance, un accompagnement, des conseils. Travail sur la détresse psychologique. Jusqu'à présent je n'ai jamais eu a faire un travail thérapeutique au niveau des douleurs fantômes.

Ecouter le patient, lister ses symptômes et relayer l'information au médecin Dispensation des traitements prescrits par le médecin Informer et rassurer le patient sur ses traitements

Page 45: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

Annexe n°2

Documents relatifs à la deuxième enquête :

- Questionnaire

- Lettre à destination des cadres

- Résultats du questionnaire

Page 46: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

1

Questionnaire à destination des Masseurs-Kinésithérapeutes exerçant

leur activité professionnelle en centre de rééducation

Bonjour,

Etudiante en 3ème année de kinésithérapie, je réalise actuellement mon travail écrit de fin d’étude sur

la prise en charge des douleurs de membre fantôme des patients amputés de membre inférieur.

Suite à la lecture de la littérature professionnelle à ce sujet, j’ai identifié un écart entre les données

de la littérature et mes observations réalisées durant un stage dans un service prenant en charge des

patients amputés. Ces observations m’ont conduite, dans un premier temps, à réaliser une enquête

par entretien, sur ce même terrain de stage, afin de déterminer les critères et les modalités de la

prise en charge des douleurs de membre fantôme des patients amputés par les professionnels de

santé.

Les résultats de cette enquête ont orienté ma réflexion sur la réalité de la mise en place de la

thérapie miroir dans les centres de rééducation.

Ainsi, je me permets de solliciter les masseurs-kinésithérapeutes travaillant en centre de rééducation

auprès de patients amputés du membre inférieur, afin de déterminer si la thérapie miroir est une

technique connue des professionnels « du terrain », si elle est utilisée dans le traitement des douleurs

de membre fantôme, et le cas échéant, selon quelles modalités.

Votre point de vue est important. Vous pouvez réellement m’aider dans ma démarche en répondant

au questionnaire ci-joint. Vous contribuerez ainsi à cette démarche d’analyse des pratiques

professionnelles dans ce contexte précis.

Le temps estimé pour répondre à ce questionnaire n’est que de 5 minutes. Il s’agit naturellement d’un

questionnaire anonyme, et les données personnelles recueillies seront uniquement utilisées dans le

cadre de la réalisation de ce mémoire.

Pour plus d’informations, et si vous le souhaitez, vous pouvez me joindre à l’adresse mail suivante :

[email protected] .

Je vous remercie par avance de l’attention que vous voudrez bien porter à ma demande. Je m’engage

solennellement à vous communiquer les résultats de cette enquête dès l’analyse des résultats.

Cordialement,

Coline Martinon, étudiante K3, IFMK-IFM3R, Nantes

Page 47: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

2

1. Quel est votre lieu d’exercice professionnel ? (Nom du centre de rééducation, ville)

Centre : _________________________________________ Ville : _________________________

2. Prenez-vous en charge des patients amputés de membre inférieur ?

Oui Non (si vous avez coché cette case, le renseignement de ce questionnaire s’arrête là)

Si oui : Depuis combien d’années : ___ an(s)

Combien de ces patients avez-vous pris en charge en moyenne par an sur ces 3

dernières années ? : ___ patients / an

3. Êtes-vous confronté(e) à la prise charge des douleurs de membre fantôme auprès de vos

patients amputés ?

Oui Non (si vous avez coché cette case, le renseignement de ce questionnaire s’arrête là)

Si oui, dans quelle proportion estimez-vous le nombre de patients concernés : ___ % des cas

4. Etes-vous déjà informés de l’existence de la thérapie miroir ?

Oui Non (si vous avez coché cette case, le renseignement de ce questionnaire s’arrête là)

Si oui, avez-vous suivi une formation spécifique sur la thérapie miroir ?

Oui Non

Si oui, précisez le(s) type(s) de formation : formation initiale (IFMK)

formation continue

formation en interne

5. Avez-vous déjà utilisée la thérapie miroir auprès de patients présentant des douleurs de

membre fantôme ?

Jamais Rarement Régulièrement Systématiquement

6. Pour les kinésithérapeutes n’ayant jamais utilisé la thérapie miroir :

Selon vous et en quelques mots, pour quelle(s) raison(s) principale(s) n’avez-vous jamais utilisé

cette technique ?

__________________________________________________________________________________

__________________________________________________________________________________

__________________________________________________________________________________

__________________________________________________________________________________

__________________________________________________________________________________

Page 48: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

3

7. Pour les kinésithérapeutes ayant déjà utilisé au moins une fois la thérapie miroir :

Sur quel(s) critère(s) choisissez-vous les patients auxquels vous proposez la thérapie miroir ?

Âge du patient

Étiologie de l’amputation : à préciser : _________________________________________

_________________________________________

Capacités d’attention du patient

Acceptation du handicap du patient

Autre (s) : ________________________________________________________________

8. Sur quel(s) critère(s) décidez-vous de la mise en place de la thérapie miroir ?

Dès le début d’apparition des douleurs de membre fantôme

Après échec des autres techniques

Autre (s) : ________________________________________________________________

________________________________________________________________

________________________________________________________________

9. Selon vous, existe-t-il des contre-indications à cette technique ?

Oui Non

Si oui, lesquelles ? :________________________________________________________________

________________________________________________________________________________

________________________________________________________________________________

________________________________________________________________________________

10. Utilisez-vous un protocole pour la thérapie miroir ?

Oui Non

Si oui, ce protocole est :

Établi par vous-même

Établi par le centre de rééducation

Référencé dans la littérature : à préciser : _______________________________________

_________________________________________________________________________

Autre (s) : ________________________________________________________________

________________________________________________________________

________________________________________________________________

11. Quels sont les axes principaux de votre protocole ?

________________________________________________________________________________

________________________________________________________________________________

________________________________________________________________________________

________________________________________________________________________________

________________________________________________________________________________

Page 49: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

4

12. Rencontrez-vous des difficultés dans la mise en place de la thérapie miroir ?

Oui Non

Si oui, lesquelles ?

en lien avec l’adhésion du patient à la thérapie

en lien avec le temps de réalisation

Autre(s) : _________________________________________________________________

Commentaires :

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13. Les patients sélectionnés adhèrent-ils facilement à la technique de la thérapie miroir ?

Sur une échelle de 0 à 10 (0 = n’adhère pas, 10 = adhésion totale) : ___ / 10

14. Lorsque les patients n’adhèrent pas, quelles en sont les raisons principales selon vous ?

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15. Au regard de votre expérience, quel est le degré d’efficacité de cette technique ?

Sur une échelle de 0 à 10 (0 = aucune efficacité, 10 = efficacité maximale) : ___ / 10

Page 50: Utilisation de la thérapie miroir dans le traitement des ......également ce phénomène dans sa monographie « Le système nerveux du corps humain » (4). Le terme de « membre fantôme

Lettre à destination des cadres de santé

Coline MARTINON Le 03/12/2014 19 rue Maréchal Joffre 44 000 NANTES Tél. : 06.69.52.89.09 e-mail : [email protected]

A l’attention de Responsable de l’encadrement

de l’équipe des kinésithérapeutes

Bonjour Madame,

Bonjour Monsieur,

Etudiante en 3ème année de kinésithérapie, je réalise actuellement mon travail écrit de fin d’études sur la prise en charge des douleurs de membre fantôme des patients amputés du membre inférieur.

Dans le cadre de ce mémoire, je suis amenée à réaliser une enquête par questionnaire auprès des masseurs-kinésithérapeutes travaillant en centre de rééducation avec des patients amputés du membre inférieur. L’objectif de cette enquête est de déterminer si la thérapie miroir est une technique connue des professionnels « de terrain », si elle est utilisée dans le traitement des douleurs de membre fantôme, et si le cas échéant, selon quelles modalités.

Je vous serais vivement reconnaissante de bien vouloir transmettre ce questionnaire aux masseurs-kinésithérapeutes de votre centre de rééducation prenant en charge des patients amputés du membre inférieur. Il s’agit d’un questionnaire anonyme, qui ne demande que 10 minutes environ pour être renseigné.

Vous trouverez dans cette enveloppe une dizaine d’exemplaires du questionnaire, avec une enveloppe de retour affranchie et à mon nom, pour retourner les questionnaires dûment complétés.

Afin de mener à bien mon projet, je souhaiterais dans la mesure du possible pouvoir bénéficier des réponses avant le 20 décembre 2014.

Je vous remercie l’attention que vous voudrez bien apporter à ma demande. Je remercie également les professionnels qui accepteront de s’investir dans cette démarche.

En restant à votre disposition.

Cordialement,

Coline Martinon, étudiante MK3, IFMK-IFM3R Nantes

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Résultats du questionnaire sur la thérapie miroir

Questions 1 à 4 : Profil des MK interrogés

Sujet Centre PEC amputés

MI Années

d'expérience Nb moyen

amputés par an PEC DMF

% patient concernés

Connaissance TM

Formation Type

formation

1 CDR de Coubert oui 6 45 oui 50 oui non

2 IRMA (Valenton) oui 11 40 oui 40 oui non

3 IRMA (Valenton) oui 1 60 oui 10 oui oui interne

4 L'Arche (Le Mans) oui 2 10 oui 25 oui non

5 L'Arche (Le Mans) oui 4 13 oui 50 oui non

6 L'Arche (Le Mans) oui 3 15 oui 50 oui non

7 L'Arche (Le Mans) oui 2 4 oui 30 oui non

8 CRF STER (Lamalou) oui 2 NR oui 60 oui non

9 Les Capucins (Angers) oui 3 NR oui 90 oui non

10 Les Capucins (Angers) oui 4 NR oui NR oui non

11 Les Capucins (Angers) oui 10 15 oui 90 oui non

12 Les Capucins (Angers) oui 7 2 oui 100 oui oui interne

13 Les Capucins (Angers) oui 11 10 oui 30 oui non

14 CLP (Nancy) oui 10 NR oui 99 oui non

15 CLP (Nancy) oui 30 10 oui 50 oui non

16 Kerpape (Ploemeur) oui 1 5 oui 80 oui non

17 Kerpape (Ploemeur) oui 6 8 oui 80 oui non

18 Kerpape (Ploemeur) oui 2 4 oui 90 oui non

Moy 6 17 60

Question n°5 : Utilisation de la thérapie miroir auprès de patients présentant des DMF

Sujet Centre Jamais Rarement Régulièrement Systématiquement

1 CDR de Coubert x

2 IRMA (Valenton) x

3 IRMA (Valenton) x

4 L'Arche (Le Mans) x

5 L'Arche (Le Mans) x

6 L'Arche (Le Mans) x

7 L'Arche (Le Mans) x

8 CRF STER (Lamalou) x

9 Les Capucins (Angers) x

10 Les Capucins (Angers) x

11 Les Capucins (Angers) x

12 Les Capucins (Angers) x

13 Les Capucins (Angers) x

14 CLP (Nancy) x

15 CLP (Nancy) x

16 Kerpape (Ploemeur) x

17 Kerpape (Ploemeur) x

18 Kerpape (Ploemeur) x

Total 2 7 7 2

% 11 39 39 11

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Question n°6 : Raisons principales des kinésithérapeutes n'ayant jamais utilisé la thérapie miroir

Sujet Centre Raisons principales

1 CDR de Coubert Absence de formation - manque de connaissances Manque de temps Traitement médicamenteux efficace

17 Kerpape (Ploemeur) Les douleurs disparaissent très vite après la prothétisation

Question n°7 : Critères concernant les patients pour proposer la thérapie miroir

Autre

Sujet Centre Age Etiologie Attention Acceptation

handicap Douleur gênante

Pied "sain" correct

Compréhension

2 IRMA (Valenton) x

3 IRMA (Valenton) x x

4 L'Arche (Le Mans) x x

5 L'Arche (Le Mans) x

6 L'Arche (Le Mans) x x

7 L'Arche (Le Mans) x x

8 CRF STER (Lamalou) x x

9 Les Capucins (Anger) x

10 Les Capucins (Anger)

x (artéritique plutôt que

traumatique)

x

11 Les Capucins (Angers) x

12 Les Capucins (Angers) x

13 Les Capucins (Angers) x x

14 CLP (Nancy) x x

15 CLP (Nancy) x

16 Kerpape (Ploemeur) x x x

18 Kerpape (Ploemeur) x x x

Total 2 1 14 6 3 1 1

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Question n°8 : Critères de mise en place de la thérapie miroir

Autre

Sujet Centre Début d'apparition

des douleurs Après d'échec des autres techniques

Après échec TTT médicamenteux

Aider au sevrage médicamenteux

Fonction de la gène occasionnée

2 IRMA (Valenton) x

3 IRMA (Valenton) x x

4 L'Arche (Le Mans) x

5 L'Arche (Le Mans) x x

6 L'Arche (Le Mans) x

7 L'Arche (Le Mans) x

8 CRF STER (Lamalou) x

9 Les Capucins (Angers) x

10 Les Capucins (Angers) x

11 Les Capucins (Angers) x

12 Les Capucins (Angers) x

13 Les Capucins (Angers) NR

14 CLP (Nancy) x

15 CLP (Nancy) x

16 Kerpape (Ploemeur) x

18 Kerpape (Ploemeur) x

Total 10 3 2 1 1

% MK 67 20 13 7 7

Question n°9 : Contre-indications à la thérapie miroir

Question ouverte

Sujet Existance

de CI Troubles

compréhension

Pas d'acceptation du handicap

Troubles attention

Etat psychologique

Bilatéralité amputation

Tolérance séances

Pathologies psychiatriques

Troubles du comportement

2 oui x

3 oui x x x x

4 non

5 oui x

6 oui x x

7 non

8 oui x x

9 oui x

10 non

11 non

12 NR

13 oui x x

14 oui x x

15 non

16 non

18 non

Total 8 oui 7 non 1 NR

3 2 2 2 1 2 2 1

% MK 38 25 25 25 13 25 25 13

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Questions n°10-11 : Utilisation d’un protocole de thérapie miroir par les MK

Autre

Sujet Centre Utilisation

d'un protocole

Etabli soi-

même

Etabli par le CDR

Référencé dans la

littérature

Protocole réalisé dans mémoire

étudiant Axes principaux du protocole

2 IRMA (Valenton) oui x (non précisé) NR

3 IRMA (Valenton) oui x NR

4 L'Arche (Le Mans) non

5 L'Arche (Le Mans) non

6 L'Arche (Le Mans) non

7 L'Arche (Le Mans) non

8 CRF STER (Lamalou) oui x (non précisé) 2 fois par jour pendant 10 minutes 10 mouvements répétés 10 fois lentement en regardant le miroir

9 Les Capucins (Angers) oui x x

Evaluation de la douleur avant et après Exercices du distal au proximal Dans un lieu clos qui aspire à la concentration

10 Les Capucins (Angers) oui x 10 à 15 minutes au moins 2 fois par jour Au calme

11 Les Capucins (Angers) oui x Exercices actifs et stimulations tactiles

12 Les Capucins (Angers) oui x (non précisé)

Reconnaissance des images en rapport avec le membre amputé Visualisation des différentes positions Activités à faire en regardant le miroir

13 Les Capucins (Angers) oui x Mobilisation active du membre sain Séries d'exercices à répéter

14 CLP (Nancy) oui x Salle silencieuse Photos (imagerie motrice) Répétition de mouvements 10 fois

15 CLP (Nancy) non

16 Kerpape (Ploemeur) non

18 Kerpape (Ploemeur) non

Total 9 oui 7 non

1 3 3 3

% MK 56 11 33 33 33

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Question 12 : Difficultés rencontrées par les MK dans la mise en place de la thérapie miroir

Autre

Sujet Centre Difficultés Adhésion patient

Temps de réalisation

Matériel Compréhension des consignes

Commentaires

2 IRMA (Valenton) non

3 IRMA (Valenton) non

4 L'Arche (Le Mans) oui x

5 L'Arche (Le Mans) oui x x

6 L'Arche (Le Mans) oui x

7 L'Arche (Le Mans) non

8 CRF STER (Lamalou) non

Le patient doit être acteur de sa rééducation, donc faire sa thérapie de manière autonome. Un temps de parole doit être accordé 1 fois par semaine.

9 Les Capucins (Angers) non

10 Les Capucins (Angers) oui x Certains patients ne sont pas réceptifs

11 Les Capucins (Angers) non

12 Les Capucins (Angers) oui x

13 Les Capucins (Angers) oui x x

14 CLP (Nancy) non

15 CLP (Nancy) non

16 Kerpape (Ploemeur) non

18 Kerpape (Ploemeur) non

Total 6 oui

10 non 4 2 1 1

% MK 38 67 33 17 17

Question n°13 : Facilité d'adhésion des patients à la thérapie miroir

Sujet Centre Adhésion (/10)

2 IRMA (Valenton) 8

3 IRMA (Valenton) 9

4 L'Arche (Le Mans) 7

5 L'Arche (Le Mans) 4

6 L'Arche (Le Mans) 5

7 L'Arche (Le Mans) 6

8 CRF STER (Lamalou) 8

9 Les Capucins (Angers) 5

10 Les Capucins (Angers) 8

11 Les Capucins (Angers) 6

12 Les Capucins (Angers) 8

13 Les Capucins (Angers) 7

14 CLP (Nancy) 8

15 CLP (Nancy) 5

16 Kerpape (Ploemeur) 9

18 Kerpape (Ploemeur) 5

Moyenne 6,75

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Question n°14 : Raisons principales de la non-adhésion des patients à la thérapie miroir

Question ouverte

Sujet Centre Gène à la

vision du MI Compréhension de la technique

Manque d'efficacité

rapide Lassitude

Patient peu

convaincu

Participation active du patient

Attention prolongée

Non compréhension

phénomène DMF

2 IRMA (Valenton) NR

3 IRMA (Valenton) x

4 L'Arche (Le Mans) x

5 L'Arche (Le Mans) x x

6 L'Arche (Le Mans) x x

7 L'Arche (Le Mans) x x

8 CRF STER (Lamalou) x

9 Les Capucins (Angers) NR

10 Les Capucins (Angers) x

11 Les Capucins (Angers) x x

12 Les Capucins (Angers) x x

13 Les Capucins (Angers) x x

14 CLP (Nancy) x

15 CLP (Nancy) x

16 Kerpape (Ploemeur) NR

18 Kerpape (Ploemeur) x

Total 3 4 6 2 1 1 1 1

% MK 23 31 46 15 8 8 8 8

Question n°15 : Degré d'efficacité de la thérapie miroir selon les MK

Sujet Centre Difficultés

2 IRMA (Valenton) 8

3 IRMA (Valenton) 8

4 L'Arche (Le Mans) 7

5 L'Arche (Le Mans) 5

6 L'Arche (Le Mans) 7

7 L'Arche (Le Mans) 4

8 CRF STER (Lamalou) 5

9 Les Capucins (Angers) 4

10 Les Capucins (Angers) 5

11 Les Capucins (Angers) 4

12 Les Capucins (Angers) 8

13 Les Capucins (Angers) 5

14 CLP (Nancy) 6

15 CLP (Nancy) NR

16 Kerpape (Ploemeur) 9

18 Kerpape (Ploemeur) 6

Moyenne 6,07