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Master 2 ère année SBM Janvier-Juin 2009 Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de la banquette à Lanice conchilega de la baie du Mont Saint-Michel Par : Mikaël JAFFRÉ Responsable de stage : Nicolas DESROY

Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

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Page 1: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

Master 2ère année SBM Janvier-Juin 2009

Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral :

l’exemple de la banquette à Lanice conchilega

de la baie du Mont Saint-Michel

Par :

Mikaël JAFFRÉ

Responsable de stage :

Nicolas DESROY

Page 2: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

Master 2ème année Mention Sciences de la Mer et du Littoral

Spécialité Sciences Biologiques Marines

Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral :

l’exemple de la banquette à Lanice conchilega

de la baie du Mont Saint-Michel

Par Mikaël JAFFRÉ

Responsable de stage :

Nicolas DESROY (Ifremer, DINARD)

Co-encadrants :

Laurent GODET (CNRS UMR 7208 BOREA)

Jérôme FOURNIER (CNRS UMR 7208 BOREA)

Centre de Recherche et d’Enseignement sur les Systèmes Côtiers (CRESCO)

Muséum National d’Histoire Naturelle - IFREMER – CNRS

38, Rue du Port Blanc - 35800 Dinard

Page 3: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier tout d’abord les trois encadrants de ce stage pour tout ce qu’ils m’ont apporté

pendant ces cinq mois.

Nicolas Desroy, pour avoir accepté de me faire confiance pour la réalisation de ce stage,

pour m’avoir permis de découvrir le monde du benthos, pour ses enseignements, sa

disponibilité et ses précieux conseils lors de la réalisation de ce rapport. Je le remercie pour

sa gentillesse, sa simplicité, et d’avoir pris le temps des dernières relectures alors qu’un

heureux événement venait de lui arriver. Je profite de ces remerciements pour souhaiter la

bienvenue à Lena.

Laurent Godet, pour avoir assuré le bon déroulement de la partie « piaf » de ce travail, pour

les longues semaines de tri auxquels il a vivement participé, pour sa disponibilité, ses

conseils avisés lors de la rédaction du rapport, et sa bonne humeur de tous les instants. Merci

de m’avoir permis de progresser dans un domaine qui m’a toujours passionné : les oiseaux.

J’espère vivement que l’on partagera bien d’autres moments ornithos ensemble.

Jérôme Fournier, pour avoir assuré la partie sédimentologique de ce travail et pour ses

conseils dans différents domaines. Merci à lui d’avoir mis à ma disposition les données

nécessaires à la réalisation des cartes du rapport, et pour son implication et son soutien tout

au long de ce stage. Merci également de m’avoir fait partagé son goût du terrain et

particulièrement celui pour les oiseaux.

Je souhaite également remercier toute les personnes du Cresco pour m’avoir permis de

m’intégrer facilement au sein d’une équipe dynamique où règne une ambiance formidable, et de

m’avoir aidé et soutenu avec toute leur sympathie. La sensibilité naturaliste des membres de ce

centre m’a permis de m’épanouir dans le domaine qui m’a toujours passionné.

Enfin merci à mes parents d’avoir tout mis en œuvre pour me permettre de vivre ces cinq mois

dans les meilleures conditions, je joins aussi mes frères et Marine à ces remerciements pour leur

soutien et leur conseils depuis toutes ces années.

Page 4: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

SOMMAIRE

INTRODUCTION 1

MATERIEL ET METHODES

1. STRATEGIES D’ECHANTILLONNAGE ET TRAITEMENTS DES ECHANTILLON 4 1.1. BIOSEDIMENTOLOGIE DE LA BANQUETTE A L. CONCHILEGA 4

1.2. SUIVI DE L’AVIFAUNE 6

2. TRAITEMENTS DES DONNEES 7 2.1. EUDE BIO-SEDIMENTAIRE DE LA BANQUETTE A L. CONCHILEGA 7

2.2. SUIVI ORNITHOLOGIQUE 8

RESULTATS

1. UNITE BIOSEDIMENTAIRE 11 1.1. CARACTERISTIQUES GENERALES 11

1.2. RICHESSE SPECIFIQUE 12

1.3. ABONDANCE 12

1.4. BIOMASSE 13

1.5. ASSEMBLAGES FAUNISTIQUES 14

2. SUIVI REGULIER DES EFFECTIFS D’OISEAUX 15 2.1. ESPECES PRESENTES 15

2.2. ALIMENTATION 16

DISCUSSION

• EFFET DE LANICE CONCHILEGA SUR LES CARACTERISTIQUES BIOSEDIMENTAIRES DU MILIEU. 18

• ORIGINALITE ET IMPORTANCE DE LA BANQUETTE A LANICE CONCHILEGA EN BAIE DU MONT SAINT-MICHEL. 19

• ORIGINALITE ET IMPORTANCE DE LA BANQUETTE A LANICE CONCHILEGA DE LA BAIE DU MONT SAINT-MICHEL A L’ECHELLE DE LA FAÇADE LITTORALE DE L’EUROPE OCCIDENTALE. 20

• VALEUR FONCTIONNELLE POUR LES OISEAUX. 22

CONCLUSION 27

BIBLIOGRAPHIE 28

Page 5: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

1

INTRODUCTION

La Baie du Mont Saint-Michel : enjeux de conservation d’un patrimoine naturel international

Située au fond du Golfe Normand-Breton, la baie du Mont Saint-Michel a été fortement

modifiée par l’homme qui, au fil du temps, a modelé son rivage pour gagner des terres agricoles, et

a occupé le vaste estran pour y développer la conchyliculture (LE MAO et al. 2004). Cette activité a

modifié le fonctionnement hydrosédimentaire et les équilibres biologiques de la baie (BONNOT-

COURTOIS et al. 2002) en facilitant l’introduction d’espèces exotiques dont certaines sont devenues

proliférantes, comme la crépidule (Crepidula fornicata ; ARBACH LELOUP et al. 2008). Les gains

successifs de terres sur la mer par des endigages et assèchements des marais périphériques,

l’appropriation de la ressource biologique et du domaine maritime permettent aujourd’hui de

considérer le système « Baie du Mont Saint-Michel » comme un « anthroposystème » (LE MAO et

al. op. cit.).

Pour autant, la baie reste un vaste éco-complexe (BLANDIN & LAMOTTE 1988) dont la valeur

patrimoniale tant paysagère, biologique que culturelle est aujourd’hui reconnue à l’échelle

internationale, comme en attestent les nombreuses mesures d’inventaire et de protection dont elle

bénéficie (Patrimoine Mondial de l’UNESCO, site RAMSAR, site Natura 2000).

La Baie du Mont Saint-Michel, située sur le couloir de migration est-Atlantique, constitue

un site d’hivernage et de migration d’importance internationale pour les oiseaux (LE DREAN-

QUENEC’HDU et al. 1995). Cette baie accueille des effectifs de limicoles d’importance européenne

avec plus de 50000 limicoles en hiver soit plus de 2% de la population du nord-ouest de l’Europe et

environ 12% de la population littorale française (LE DREAN-QUENEC’HDU et al. 1998). Les effectifs

de bécasseau variable (Calidris alpina), de bécasseau maubèche (Calidris canutus), d’huîtrier pie

(Haematopus ostralegus), de pluvier argenté (Pluvialis squatarola), de barge à queue noire (Limosa

limosa) et de barge rousse (Limosa lapponica) dépassent en moyenne les niveaux d’importance

internationale (DECEUNINCK & MAHEO 2000). La baie constitue également un lieu d’hivernage

important pour les anatidés (canards…) dont les effectifs attestent de l’intérêt international du site

(SCHRICKE 1983 ; SMIT & PIERSMA 1989).

A l’échelle régionale, l’estran de la baie représente une des principales nourriceries des côtes

de la Manche pour de nombreuses espèces de poissons comme le bar commun (Dicentrarchus

labrax), le merlan (Merlangius merlangius), les poissons plats (Raja spp., Solea solea, Pleuronectes

platessa) et les Clupéidés (Sardina pilchardus, Clupea harengus and Sprattus sprattus) (BEILLOIS et

al. 1979 ; FEUNTEUN & LAFFAILLE 1997 ; LAFFAILLE et al. 1999 ; LEGENDRE 1984).

Page 6: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

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A l’échelle du site lui-même, la combinaison entre pente faible de l’estran et situation en

régime de marée mégatidal, contribue à la présence d’une vaste zone intertidale composée de

sédiments meubles, de près de 25000 ha. Les descriptions bionomiques successives dont le domaine

intertidal a fait l’objet depuis les années 1970 ont mis en lumière la dominance d’une communauté

macrobenthique plutôt oligospécifique à Macoma balthica (AUFFRET 1982 ; RETIERE 1979 ; THORIN et

al. 2001).

La banquette à Lanice conchilega de la baie du Mont Saint-Michel

Une des grandes originalités de l’estran de la baie du Mont Saint-Michel consiste en la

présence d’habitats structurés générés par des annélides polychètes, atteignant des superficies très

importantes. On y rencontre ainsi deux récifs à Sabellaria alveolata (Annélide polychète de la

famille des Sabellaridae) dont la dynamique et le rôle fonctionnel ont fait l’objet de nombreux

travaux (e.g. DUBOIS 2003 ; GRUET 1970 ou LEGENDRE 1992) et une vaste banquette à Lanice

conchilega (Pallas, 1766 ; Annélide polychète de la famille des Terebellidae ; Fig. 1) couvrant

environ 100 ha en décembre 2008.

La majorité des travaux jusqu’alors conduits sur les banquettes à L. conchilega ne l’ont été

qu’en domaine subtidal (RABAUT et al. 2007), sur des unités de superficie restreinte (généralement

inférieure à 10ha ; CALLAWAY 2006 ; RABAUT et al. 2008 ; ZÜHLKE et al. 1998) ou présentant des

densités d’annélides relativement faibles (<1000 ind.m-2 ; CALLAWAY 2006 ; ZÜHLKE et al. 1998).

La banquette à L. conchilega de la baie présente plusieurs originalités. Elle est d’abord

exclusivement intertidale, vaste (entre 112 et 213 ha ces dernières années) et pérenne depuis

plusieurs décennies (GODET et al. 2008 ; Annexe 1, Fig. 2).

2 km N

Figure 1. Localisation de la banquette à Lanice conchilega de la baie du Mont-Saint-Michel (en 2005 ; Fournier, non-publié). : Prés salés : Récifs à Sabellaria alveolata : Banquette à Lanice conchilega : Estran

Page 7: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

3

Diverses études ont précisé le rôle d’espèce ingénieur joué par L. conchilega (CALLAWAY

2003 ; GODET et al. 2008 ; RABAUT et al. 2007 ; RABAUT et al., 2008 ; ZÜHLKE et al., 1998 ;

ZÜHLKE et al., 2001). Parmi les espèces ingénieurs, JONES et al. (1994) distinguent les « ingénieurs

autogéniques », qui modifient l’environnement via leur présence ou celle des structures épigées

qu’elles construisent (ex : corail), des « ingénieurs allogéniques », qui modifient l’environnement

via une transformation de matière par des contraintes mécaniques ou autres (ex : castor). Ainsi, de

part la structure physique que constitue son tube, et ses activités de filtration (ROPERT 1999),

d’excrétion et d’oxygénation du sédiment environnant (FORSTER et al. 1995), L. conchilega peut

être considérée à la fois comme une espèce ingénieur allogénique et autogénique (GODET et al.

2008).

Importance fonctionnelle de la banquette à L. conchilega de la Baie du Mont Saint-Michel à

différentes échelles spatiales

La fonctionnalité d’un habitat peut se définir de plusieurs façons. Selon BOERO &

BONSDORFF (2007), les fonctions d’un écosystème se définissent au travers de trois types de cycles

de matière et d’énergie :

- les cycles extraspécifiques (cycles biogéochimiques) ;

- les cycles intraspécifiques (cycles de vie et historique de la colonisation) ;

- les cycles interspécifiques (réseau trophique)

L’importance de ces trois cycles doit être prise en considération pour définir les rôles des

différentes composantes de l’écosystème considéré. Dans le cadre de cette étude, il s’agit d’étudier

la fonctionnalité de la banquette à L. conchilega sous l’angle des relations interspécifiques, de façon

à définir son importance au sein de la baie du Mont Saint-Michel et plus généralement pour la

façade littorale du nord-ouest de l’Europe. Le modèle biologique appartenant aux prédateurs

supérieurs qui a été retenu pour cette étude est l’avifaune (oiseaux limicoles et autres oiseaux

marins).

Cette étude s’articule donc autour de deux axes :

- la dynamique temporelle de la banquette à L. conchilega et la définition des

caractéristiques bio-sédimentaires (incluant l’étude de la distribution des densités de L.

conchilega, de la macrofaune associée et la quantification de sa biomasse de

macroinvertébrés) ;

- l’étude de l’attractivité de cet habitat pour les oiseaux limicoles et autres oiseaux marins

(abondance, distribution spatiale en fonction de la ressource trophique et estimation de la

consommation).

Page 8: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

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MATERIEL ET METHODES

1. STRATEGIES D’ECHANTILLONNAGE ET TRAITEMENTS DES ECHANTILLONS

1.1. BIOSEDIMENTOLOGIE DE LA BANQUETTE A L. CONCHILEGA

1.1.1. Distribution spatiale des densités de L. conchilega

Une estimation des densités de L. conchilega a été réalisée sur la banquette lors d’une

campagne menée les 15 et 16 décembre 2008 selon une grille d’échantillonnage de 323 mailles d’un

hectare. Les densités de L. conchilega ont été estimées à partir de 3 photographies de quadrats de

1/4m² disposés aléatoirement au centre de chaque maille. Au laboratoire, la partie épigée des tubes

de L. conchilega (panaches sableux) ont été dénombrés sur chaque photographie, ce paramètre étant

hautement corrélé au nombre d’individus présents dans le sédiment (CALLAWAY 2003 ; ROPERT &

DAUVIN 2000 ; STRASSER & PIELOTH 2001 ; ZÜHLKE 2001). En baie des Veys, ROPERT (1999) a

ainsi estimé que l’erreur associée à cette méthode ne dépassait pas 3%.

1.1.2. Macrofaune benthique

Pour les prélèvements de macrofaune benthique, nous avons échantillonné une station avec

présence de L. conchilega sur deux, auxquelles s’ajoutent toutes les stations où la densité de L.

conchilega est supérieure ou égale à 200 individus au m², soit un total de 80 stations (Fig. 2). Les 9,

10 et 12 janvier, sur chacune de ces 80 stations, un carottage a été réalisé sur une zone

« représentative de la station » (comptage de la densité de L. conchilega par le nombre de panaches)

à l’aide d’un carottier en PVC

(18 cm de diamètre, 30 cm de

profondeur). L’échantillon

récolté a été tamisé sur le

terrain à l’aide d’un tamis de

vide de maille carrée de 1 mm,

et le refus a été stocké dans un

sac plastique puis fixé dans du

formol dilué à 4 %, tamponné

au tétraborate de sodium.

Au laboratoire, les

organismes macrobenthiques

ont ensuite été triés et

déterminés jusqu’au niveau taxonomique le plus précis possible. Cette détermination s’est appuyée

306600 306800 307000 307200 307400 307600 307800 308000 308200 308400 308600 308800

2413600

2413800

2414000

2414200

2414400

2414600

2414800

2415000

Figure 2. Localisation des stations échantillonnées (+) sur la banquette.

Page 9: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

5

sur des clefs d’identification et les révisions et synthèses les plus récentes (Nomenclature ERMS ;

COSTELLO et al. 2001). Pour chaque prélèvement, le nombre d’individus de chaque espèce a été

comptabilisé dès lors que la partie antérieure était présente (prostomium pour les annélides).

La détermination des biomasses a été effectuée selon la méthode de la perte au feu (PSLC -

Poids Sec Libre de Cendres). Les organismes ont successivement été séchés à l’étuve à 60°C

pendant 48 h, pesés sur une balance de précision à 0,001 g, puis passés au four à 500°C pendant 3 h

avant d’être de nouveau pesés afin d’obtenir le poids de cendres, la différence entre les deux pesées

donnant le PSLC.

Avant la mesure des biomasses, nous avons procédé à certains regroupements. Ainsi, les

biomasses des espèces les plus fréquentes et les plus grandes ont été mesurées séparément. Pour les

autres, les bivalves ont été regroupés dans un groupe « Autres bivalves », et les autres polychètes et

les Némertes dans un groupe « Autres ».

1.1.3. Prélèvements sédimentaires

A chaque point de prélèvement de macrofaune benthique, une carotte (pilulier 70mm x

30mm) a été collectée pour l’étude de la granulométrie et la mesure de la matière organique.

1.1.3.1. Granulométrie

Le sédiment a été lavé à l’eau distillée puis mis à décanter pendant 24h. Il a ensuite été séché à

l’étuve à 55°C pendant 24h avant d’être tamisé sur des tamis norme AFNOR mailles de 2.5, 2, 1.6,

1.25, 1, 0.8, 0.63, 0.50, 0.40, 0.315, 0.25, 0.20, 0.16, 0.125, 0.1, 0.08, et 0.063 mm.

Le refus de chaque tamis a été pesé à 0,01 g et le résultat correspondant a été exprimé en

pourcentage du poids total de l’échantillon.

1.1.3.2. Taux de matière organique

La méthode de la « perte au feu » a été utilisée pour estimer la teneur de chaque échantillon en

matière organique. La partie fine de chaque échantillon a été séchée (55°C, 24 h) et pesée avec une

balance de précision à 0,001 g (P1) avant d’être mise au four à 550°C pendant 60 min, puis à

nouveau pesée avec une balance de précision (P2, Dean 1974).

L’estimation de la teneur en matière organique (M.O.) dans le sédiment est alors calculée par

la différence entre le poids sec et le poids de cendres et est exprimée en pourcentage de matière

organique dans le sédiment selon la formule M.O. = (P1 – P2)x100 / Poids sec total de

l’échantillon.

Page 10: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

6

1.2. SUIVI DE L’AVIFAUNE

1.2.1. Décomptes bimestriels à l’échelle de la Baie du Mont Saint-Michel

Les oiseaux d’eau de la baie du Mont Saint-Michel font l’objet d’un décompte systématique

à la mi-janvier depuis la fin des années 1970 (comptage Wetlands). Ces décomptes, assurés depuis

1993 par le GONm (Groupe Ornithologique Normand) et Bretagne Vivante-SEPNB (Société

d’Étude et de Protection de la Nature en Bretagne), ont abouti à un protocole standardisé seulement

en 1997, avec le découpage de la baie en sous-secteurs, plus ou moins vastes selon les facilités

d’accès ou de décompte. Pour tous les limicoles et les tadornes, les décomptes ont lieu entre une

demi-heure avant et une demi-heure après la marée haute, de préférence par un coefficient de marée

compris entre 70 et 80. Cette année, ce décompte a été effectué tous les deux mois.

1.2.2. Décomptes bimensuels à l’échelle de la banquette à L. conchilega

Le site d’étude ne découvrant totalement qu’au-delà d’un coefficient de marée de 75, le

suivi de la fréquentation de la banquette par les oiseaux a été réalisé à chaque marée basse de vive-

eau (soit tous les 15 jours) par deux comptages sur deux jours consécutifs. Ces derniers ont été

réalisés par deux personnes munies d’une paire de jumelles et d’une longue-vue (grossissements 20-

60x et 50x). Selon les effectifs, le nombre d’individus a été compté à l’unité (si quelques dizaines

d’individus) ou estimé par groupes de 10 ou de 100 (si plusieurs centaines à milliers d’individus).

Les oiseaux n’ont été pris en compte que s’ils se trouvaient posés sur la banquette et en

alimentation. Le point d’observation, situé en haut d’un banc de sable en périphérie du site d’étude,

assurait une visibilité de la totalité du site avec un minimum de dérangement pour les oiseaux.

1.2.3. Distribution spatiale des oiseaux au sein de la banquette à L. conchilega

La distribution spatiale des oiseaux au sein de la banquette à L. conchilega a été estimée lors

d’une campagne menée le 07/05/2009, selon une grille d’échantillonnage de 150 mailles d’un

hectare. Au centre de chaque maille, 3 photographies de quadrats de 1m² disposés aléatoirement ont

été réalisées par cinq personnes, en une seule fois, après que les oiseaux ont exploité la banquette

sans avoir été dérangés, entre 30 minutes avant et une heure après la basse mer.

Au laboratoire, les traces d’oiseaux ont ensuite été dénombrées. L’identification des espèces

d’oiseaux d’après les traces n’a pas toujours été possible jusqu’au niveau de l’espèce. En

conséquence, l’identification a été réalisée pour les groupes suivants : Petits limicoles indéterminés

(bécasseaux Calidris spp.,) ; Pluvier argenté Pluvialis squatarola ; Barge rousse Limosa lapponica ;

Courlis cendré Numenius arquata ; Mouettes et goélands indéterminés Laridae spp. ; Aigrette

garzette Egretta garzetta.

Page 11: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

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2. TRAITEMENTS DES DONNEES

2.1. EUDE BIO-SEDIMENTAIRE DE LA BANQUETTE A L. CONCHILEGA

2.1.1. Macrofaune benthique

2.1.1.1. Comptage des densités de L. conchilega

Les densités de L. conchilega estimées par le décompte des panaches à la surface de chaque

carotte ont été comparées avec le nombre d’individus prélevés et identifiés en laboratoire. Un test

d’homogénéité des variances a été effectué suivi d’un test t pour échantillons appariés (Statistica©).

2.1.1.2. Richesse spécifique

La richesse spécifique se définit classiquement comme le nombre d’espèces recensées à une

échelle d’espace déterminée. Elle a été évaluée en calculant le nombre total d’espèces dénombrées

en laboratoire dans chaque station (nombre d’espèces / station). Lorsqu’un individu a été identifié

uniquement au niveau du genre ou de la famille, celui-ci a été comptabilisé comme une espèce dans

la mesure où aucun autre individu du même genre ou de la même famille n’a été déterminé au

niveau spécifique. La relation entre la richesse spécifique et différents paramètres (densité de L.

conchilega, bathymétrie…) a été testée par régression linéaire. Ces analyses ont été conduites par la

procédure lm (linear model) du logiciel R (R. 2.9.0).

2.1.1.3. Abondance

L’abondance a été évaluée en prenant le nombre total des individus dénombrés en laboratoire

dans chaque station (nombre d’individus / station). La relation entre les différentes abondances et

divers paramètres (densité de L. conchilega, bathymétrie…) a été testée par régression linéaire. Ces

analyses ont été conduites par la procédure lm (linear model) du logiciel R© (R. 2.9.0).

2.1.1.4. Identification des assemblages faunistiques

Les similarités existantes entre les assemblages faunistiques de chaque station ont été

déterminées par une méthode de regroupement et d’ordination sous le logiciel PRIMER©

(Plymouth Routines In Multivariate Ecological Research ; CLARKE & WARWICK 1994). Une

transformation à l’aide de la fonction racine a été appliquée aux données afin d’atténuer le poids des

espèces dominantes (dont L. conchilega). Le degré d’affinité biocénotique a été calculé entre

chaque paire de station à l’aide du coefficient de Bray-Curtis. La matrice de similarité ainsi

constituée a permis de représenter graphiquement les regroupements hiérarchiques (CLUSTER) des

différentes stations en fonction du coefficient de similarité. De plus, une ordination par

Page 12: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

8

modélisation multidimensionnelle non métrique (MDS) a été réalisée. Cette représentation, où la

distance entre les points est proportionnelle à la dissimilarité entre les échantillons, a pour objectif

de minimiser, dans un espace dont les dimensions ont été définies au préalable, la différence entre

ces distances écologiques et les distances sur un graphique. Une valeur de « stress » est associée à

chaque MDS afin d’en évaluer sa pertinence.

2.1.2. Caractéristiques sédimentologiques

Les statistiques granulométriques ont été calculées à l'aide du logiciel Gradistat 4.1 (BLOTT &

PYE 2001) modifié par FOURNIER (non publié). Les classes granulométriques retenues sont issues de

la classification adoptée par LARSONNEUR (1977).

2.1.3. Représentation cartographique

Des représentations cartographiques ont été réalisées à l’aide du logiciel SURFER©, selon la

méthode d’interpolation spatiale dite du « krigeage » (MATHERON 1963). Cette méthode permet de

rassembler des points par des isolignes délimitant des surfaces, tout en évitant la formation de

noyaux liés à une discontinuité des valeurs.

2.2. SUIVI ORNITHOLOGIQUE

2.2.1. Décomptes bimestriels et bimensuels

Pour les décomptes concertés au niveau de la baie, les résultats de tous les secteurs ont été

rassemblés afin d’obtenir une estimation des effectifs globaux de la baie. Les laridés ont fait l’objet

d’un comptage spécifique fin janvier. En revanche, les données enregistrées lors des autres

comptages concertés (mars et mai) ne sont pas représentatifs des réels effectifs de cette famille,

raison pour laquelle les comparaisons avec les effectifs de la banquette ne seront pas effectuées.

Pour les décomptes au niveau de la banquette, les effectifs les plus élevés sur les deux jours

successifs de comptage ont été retenus.

2.2.2. Macrofaune benthique prélevée par les oiseaux

2.2.2.1. Estimation quantitative de la consommation théorique des oiseaux sur la

banquette à L. conchilega

Une fois le nombre d’oiseaux présents sur la zone connu, il reste à exprimer cette information

en consommation. Bien que ce calcul soit un exercice difficile en raison de la variabilité des

paramètres utilisés pour l’étude d’une population [Dépense Énergétique Quotidienne, Besoins

Page 13: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

9

Métaboliques de base BMR ; (HACQUEBART 2003)], la formule de base que nous avons utilisée

pour ce calcul est la suivante :

C = N x 3 x BMR x Q-1

C = consommation en kilojoules

N = nombre d’oiseaux*jours sur un intervalle de temps donné (15 jours dans le

cadre de cette étude) pour une espèce donnée, calculé à partir des

dénombrements bimensuels

BMR = besoin métabolique de base quotidien en kilojoules

Q = efficacité d’assimilation = 0,8

Dans cette étude, le nombre d’oiseaux.jours de chaque période est obtenu en multipliant le

résultat des décomptes de chaque quinzaine par le nombre de jours. La masse corporelle moyenne

de chaque espèce est issue des valeurs moyennes de SCHEIFFART & NEHLS (1997) et complétées par

celles de CRAMP & SIMMONS (1982, 1983).

Il existe plusieurs démarches pour calculer le BMR. Ce choix est l’élément le plus critique de

la démarche. Ainsi, et dans un souci de comparaison avec l’ensemble de la Baie (LE MAO et al.,

2006) et avec d’autres sites européens, nous avons choisi d’utiliser les équations retenues dans un

travail équivalent effectué sur une partie de la mer de Wadden par SCHEIFFARTH & NEHLS (1997) :

- pour les limicoles : BMR (watt) = 5,06 * P 0.729 (KERSTEN & PIERSMA 1987)

- pour les anatidés : BMR (watt) = 4,80 * P 0.672 (SCHEIFFARTH & NEHLS 1997)

- pour les laridés : BMR (watt) = 3,56 * P 0.734 (ASCHOFF & POHL 1970)

où P est le poids moyen de l’oiseau en kilogramme

Puis le résultat obtenu est converti en kilojoules par jour :

BMR (KJ.jour) = BMR (watt) x 86400 x (1000)-1

Et enfin la consommation C peut être convertie en gramme de PSLC prélevé : toujours dans

un souci de comparaison, le rapport moyen utilisé dans cette étude sera de 22 kilojoules / gramme

de PSLC de benthos, ce chiffre étant proposé pour la communauté à Macoma balthica de la mer de

Wadden (ZWARTS & WANINK 1993 ; SCHEIFFARTH & NEHLS 1997).

2.2.2.2. Estimation quantitative de la consommation théorique des oiseaux sur la

banquette à L. conchilega pondérée par l’accessibilité

La méthode précédente permet de calculer la consommation totale nécessaire pour couvrir les

besoins métaboliques de base. Mais il est bien entendu que la consommation des oiseaux sur la

banquette doit être pondérée par son accessibilité, dépendante de son exondation. Ainsi, nous avons

Page 14: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

10

pris en compte son temps d’émersion. A l’aide du logiciel de Système d’Information Géographique

Arcview© GIS 3.1, l’emprise de la banquette à L. conchilega a été croisée à une carte

bathymétrique de la baie issue d’une campagne Lidar (« Light Detection And Ranging ») de 2002.

Une fois la banquette « fractionnée » en bandes bathymétriques de 20 cm, la relation entre la

superficie de la banquette accessible (i.e. exondée) et chaque cote bathymétrique (i.e. chaque

hauteur d’eau) a été modélisée par une régression polynomiale. L’équation de la régression

résultante est la suivante :

y = 0,332x5 - 7,2508x4 + 65,66x3 - 307,95x2 + 704,24x - 506,09

(R² = 0,999)

A partir de cette formule et des hauteurs d’eau à chaque heure de chaque jour de l’étude

(collectées directement sur le site du SHOM : Service Hydrographioque et Océanographique de la

Marine ; www.shom.fr), le pourcentage de banquette découverte sur chaque quinzaine a été calculé.

La même méthode a été utilisée afin de vérifier l’accessibilité de la macrofaune benthique en

fonction de la surface de banquette découverte. Une répartition homogène en fonction de la

bathymétrie permettrait d’extrapoler le pourcentage de surface exondée à un même pourcentage de

prélèvement par les oiseaux.

Dans ce cas, une estimation de la biomasse prélevée en fonction du pourcentage de banquette

exondée sera effectuée sur l’ensemble des oiseaux. Les limicoles s’alimentant tant de jour que de

nuit, l’interpolation est effectuée sur les 24 heures. En revanche, les laridés, quant à eux, ne

s’alimentent que de jour. Les horaires de lever et coucher du soleil ont donc été pris en compte afin

de déterminer les périodes où les oiseaux sont susceptibles d’accéder à la nourriture, et la période

d’alimentation a été reportée à la durée du jour.

2.2.3. Distribution de la pression de prédation

Les résultats obtenus ont été interpolés par krigeage pour les principales espèces (ce jour là :

barge rousse L. lapponica, pluvier argenté P. squatarola, bécasseaux spp. Calidris spp.) afin de

déterminer leur distribution spatiale sur la banquette. Les densités de L. conchilega ont été couplées

au krigeage, et des régressions linéaires ont été testées pour déterminer l’influence des

concentrations de L. conchilega sur la répartition des oiseaux.

Page 15: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

11

RESULTATS

1. UNITE BIOSEDIMENTAIRE

1.1. CARACTERISTIQUES GENERALES

1.1.1. Bathymétrie

La superficie de la banquette (112 hectares en décembre 2008) représente 0,46 % de la

superficie totale de l’estran de la baie du Mont Saint Michel (24000 ha).

Située sous le niveau de mi-marée, elle se caractérise par un dénivelé d’environ 3,4 m [de

2,6 à 6,0 m ; cote SHOM (Fig. 1, Annexe 1)].

La banquette est exondée à partir de 6,0 m cote SHOM, soit un mètre sous le niveau mi-

marée. La banquette est entièrement découverte à une hauteur d’eau de 2,6 m, soit en moyenne 60

heures par mois (8,3% du temps).

1.1.2. Résultats sédimentologiques

Les sédiments qui composent la banquette à L. conchilega sont remarquablement

homogènes. La distribution de ces sédiments est, dans sa grande majorité, unimodale. Ils

appartiennent tous à la classe des sables (sables fins [200-500 µm] et sables moyens [500-800 µm] ;

Fig. 3). Il s'agit pour l'essentiel de sédiments modérément à bien triés (So Trask, 1,2 à 1,4). La

composition clastique des sédiments semble être caractérisée par une forte teneur en bioclastes, qui

n'a toutefois pas été mesurée par le biais d'une calcimétrie. La partie grossière des sédiments (> 2

mm) est, quant à elle, uniquement composée de fragments coquilliers. On peut également noter que

les sédiments ne possèdent généralement qu'une faible part de matière fine (< 63 µm) (de 0 à 4% ;

Fig. 4). Aucun gradient granulométrique lié à la bathymétrie n'a pu être mis en évidence comme

l'illustre la figure 3.

Figure 3. Distribution des classes granulométriques au sein de labanquette à L. conchilega (Echelle granulométrique deLansonneur et al., 1977). : sables très fins : sables moyens : sables fins : sables grossiers

306800 307000 307200 307400 307600 307800 308000 308200 308400 308600

2414000

2414200

2414400

2414600

2414800

100

200

500

800

N 0 to 1 1 to 50 50 to 100 100 to 150 150 to 328.1

Densité de L. conchilega

Classes granulométriques en μm

Figure 4. Distribution de la partie fine (<63μm) au sein dela banquette à L. conchilega.

306800 307000 307200 307400 307600 307800 308000 308200 308400 308600

0

0.25

0.5

1

1.5

2

2.5

3

3.5

0 to 1 1 to 50 50 to 100 100 to 150 150 to 328.1

N 0 to 1 1 to 50 50 to 100 100 to 150 150 to 328.1

Densité de L. conchilega

Pourcentage du poids de l’échantillon

Page 16: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

12

1.2. RICHESSE SPECIFIQUE

La richesse spécifique totale du peuplement est de 61 espèces avec une moyenne de

11,8±4,7 espèces par station. Les annélides y représentent 54,1 % des espèces, suivis par les

crustacés avec 23,0 %, les mollusques avec 16,4 %, les sipunculiens avec 3,3 % et les némertes et

échinodermes avec 1,6 %. La richesse spécifique est significativement corrélée avec la densité de L.

conchilega (p<0,001 ; Fig. 5) mais se distribue indépendamment de la bathymétrie (p = 0,910).

1.3. ABONDANCE

L’abondance totale de l’ensemble des prélèvements est de 13806 individus avec une

moyenne de 173±133,5 individus par station (0,025 m²). Elle est hautement corrélée avec la densité

de L. conchilega (p<0,001 ; Fig. 5) mais évolue indépendamment de la bathymétrie (p = 0,927).

On observe globalement quatre noyaux d’abondance (supérieurs à 200 ind.0,025m-2) ; le

premier est localisé au Sud, le second au Sud-Est, le troisième au centre, et la quatrième au Sud-

Ouest de la banquette (Fig. 6).

L’embranchement des Annélides domine l’abondance totale (59,7 %), précédant celui des

Mollusques (38,3 %) et celui des Arthropodes (1,8 %). Les phylums des Némertes, Sipunculiens, et

Échinodermes sont très peu représentés (< 0,01 %). Les trois espèces majoritaires (L. conchilega,

M. balthica, C. edule) représentent plus des trois quarts de l’abondance totale (77,5 % ; Fig. 3,

Annexe 2).

y = 0,6786x + 57,4R2 = 0,2547

y = 0,0397x + 8,1768R2 = 0,3185

0

5

10

15

20

25

0 50 100 150 200 250 300 350

Densité de L.conchilega (ind/m²)

Ric

hess

e sp

écifi

que

sans

L.

conc

hile

ga (e

spèc

es/s

tatio

n)

0

50

100

150

200

250

300

350

400

450

Abo

ndan

ce to

tale

san

s L.

conc

hile

ga (i

nd/s

tatio

n)

Figure 5. Corrélation de la richesse spécifique et de l’abondance avec les densités de L. conchilega

P < 0,001

P < 0,001

Page 17: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

13

Les abondances de polychètes

autres que L. conchilega et les

mollusques sont significativement

corrélées aux densités de L. conchilega

(p<0,001 et p<0,01 respectivement).

Parmi les polychètes, l’abondance des

prédateurs (avec ou sans Eumida

sanguinea et Malmgreniella arenicolae

qui sont des espèces commensales des

tubes de Lanice conchilega) est

significativement corrélé à la densité de

L. conchilega (p<0,001 pour les deux).

Parmi les mollusques,

l’abondance de M. balthica est corrélée

avec la densité de L. conchilega

(p<0,001). L’abondance de C. edule est,

pour sa part, significativement

dépendante de la bathymétrie (p<0,01)

mais non liée à la densité de L.

conchilega (p = 0,074).

1.4. BIOMASSE

La biomasse moyenne du

peuplement est de 1,24±1,26

g PSLC.0,025.m-2, soit 49,69±50,43 g

PSLC.m-2. La biomasse après exclusion

de L. conchilega est significativement

corrélée avec la densité de L. conchilega

(p<0,01 ; Fig. 7) mais est indépendante

de la bathymétrie (p = 0,254). Si l’on

reporte le temps d’émersion de chaque

station à la biomasse qui s’y rattache, on

s’aperçoit que cette dernière est répartie

de façon relativement homogène selon la

bathymétrie (Fig. 8).

Figure 6. Distribution spatiale de l’abondance totale sans L.conchilega (Krigeage) et des densités de L. conchilega sur labanquette (SURFER© ; coordonnées Lambert II étendu).

Ind.0,025m-2

306800 307000 307200 307400 307600 307800 308000 308200 308400 308600

2414000

2414200

2414400

2414600

2414800

2415000

0

50

100

150

200

250

300

400

Figure 8. Accessibilité de la biomasse en fonction de l’exondation de la baquette.

0

20

40

60

80

100

0 20 40 60 80 100

Banquette exondée (%)

Bio

mas

se a

cces

sibl

e (%

)

y = 0,014x + 0,2804R2 = 0,529

0,000

1,000

2,000

3,000

4,000

5,000

6,000

7,000

8,000

0 100 200 300 400

Densité de Lanice conchilega (ind / station)

Bio

mas

se to

tale

(g P

SLC

/ st

atio

n)

Figure 7. Biomasse totale en fonction de la densitéde L. conchilega.

0 to 1 1 to 33 33 to 73 73 to 125 125 to 300

N

Page 18: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

14

La biomasse est principalement due aux polychètes (51,15 %, dont 90,05 % imputable à

Lanice conchilega), puis aux mollusques (48,49 %), et dans une moindre mesure aux crustacés

(0,36 %) (Fig. 9).

La biomasse de polychètes autres que L. conchilega et des mollusques est corrélée à la

densité de L. conchilega (p<0,001 et p<0,05 respectivement).

La biomasse des polychètes autres que L. conchilega est essentiellement due à Nephtys

hombergii (34,3 %), M. arenicolae (13,8 %), Eunereis longissima (9,6 %), Eumida sanguinea

(7,8 %) et Arenicola marina (6,0 %).

La biomasse des bivalves est le

fait de C. edule (51,6 %), de M.

balthica (31,3 %) et de R.

philippinarum (12,2 % ; Fig. 9). La

biomasse de C. edule est corrélée à la

bathymétrie (p<0,05), ce qui ne prévaut

pas pour l’ensemble des mollusques

(p = 0,127).

1.5. ASSEMBLAGES FAUNISTIQUES

Un seul assemblage faunistique

est mis en évidence par le

dendrogramme (PRIMER© ; Annexe

2, Fig. 4). Cet assemblage est

caractérisé par les espèces M. balthica

(100 % d’occurrence), N. hombergii

(96,25 %), L. conchilega (90 %) et C.

edule (70 %).

On y distingue deux faciès qui se séparent à 8 % de similarité (A : 73 stations, et B : 7

stations). Le groupe B est globalement caractérisé par des abondances totales particulièrement

faibles (faciès d’appauvrissement), contrairement au groupe A.

Le groupe A, pour sa part, se différencie en 3 sous-groupes (A1 : 4 stations, A2 : 55 stations,

et A3 : 14 stations) dès 33 % de similarité (Annexe 2, Fig. 4). A l’intérieur du groupe A, le sous-

groupe A1 se caractérise par une abondance notable de coques (entre 65 et 92 % de l’abondance

totale). Le sous-groupe A2 est caractérisé par des abondances élevées, avec une forte dominance de

L. conchilega (Annexe 2, Fig. 5), et le sous-groupe A3, caractérisé par une diminution de

l’abondance totale, fait office de transition avec le faciès d’appauvrissement (groupe B).

Figure 9. Biomasses totales des groupes d’espèces en g AFDW sur l’ensemble des stations.

LC : Lanice conchilega MB : Macoma balthica NH : Nephtys hombergii HR : Hinia reticulata AP : Autres polychètes AB : Autres bivalves CE : Cerastoderma edule RP : Ruditapes philippinarum

0

10

20

30

40

50

60

1 2 3 4

Bio

mas

se d

es 8

0 st

atio

ns (g

PSL

C)

LC

NH

CE

MB

RP HRAB

Lanice conchilega

Autres pol. Mollusques Crustacés

Page 19: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

15

2. SUIVI REGULIER DES EFFECTIFS D’OISEAUX

2.1. ESPECES PRESENTES

L’effectif moyen d’oiseaux sur la

période est de 5211±3597 individus sur la

banquette par marée. Le site est

particulièrement attractif pour les limicoles

avec 91,8 % des effectifs, suivi par les

laridés (7,9 %).

Les espèces les plus abondantes sur

l’ensemble de l’étude sont le bécasseau

variable (C. alpina) avec 1967±2179

individus en moyenne, le pluvier argenté (P.

squatarola) avec 1142±1002 individus, le

bécasseau maubèche (C. canutus) avec

811±1365 individus, et la barge rousse (L.

lapponica) avec 357±96 individus. Pour

toutes les espèces présentées dans le Tableau

1, les effectifs atteignent au moins une fois dans l’étude les niveaux d’importance nationale.

Certaines espèces approchent des niveaux d’importance internationale (bécasseau maubèche début

mars, ou barge rousse début février) voire même les dépassent (pluvier argenté fin avril).

Les effectifs d’oiseaux sont très hétérogènes dans la période de temps de l’étude (trois mois

et demi ; Fig. 10) avec un pic d’abondance lors de la première quinzaine de février (10250 oiseaux)

et un minimum de 601 oiseaux lors de la première quinzaine d’avril. On note une diminution des

effectifs globaux de la banquette de mi-mars à mi-avril suivie d’une augmentation en fin avril et

début mai.

Tableau 1. Effectifs des principales espèces d’oiseaux comptées sur la banquette à Lanice conchilega de début février à mi-mai, et leurs proportions par rapport à l’ensemble de la baie du Mont Saint-Michel.

Période 1-14 février 15-28 février 1-15 mars 16-31 mars 1-15 avril 16-30 avril 1-15 mai NIN* NII**Bécasseau variable 4200 29% 250 - 450 31% 200 14% 0 - 4470 28% 4200 27% 2800 13300

Pluvier argenté 810 28% 319 - 810 68% 1100 93% 25 - 2900 96% 2030 68% 240 2500Bécasseau maubèche 1000 12% 560 - 3800 100% 100 6% 0 - 46 23% 172 86% 240 4500

Barge rousse 984 100% 252 - 310 cc.2 293 cc.2 22 - 316 cc.90 319 cc.90 50 1200Huîtrier pie 1820 64% 346 - 285 11% 0 0% 0 - 0 0% 0 0% 430 10200

Goéland cendré 1354 - 295 - 325 - 62 - 227 - 171 - 0 - - 20000Courlis cendré 67 4% 158 - 311 18% 215 13% 198 - 22 13% 4 2% 180 8500

Goéland argenté 0 - 22 - 14 - 122 - 78 - 78 - 49 - - 13000* NIN : niveau d’importance nationale cc. Effectifs du comptage concerté ; manque de prospection ** NII : niveau d’importance internationale ou reposoir hors zone

10250

2208

6377

2109

601

8104

6825

0

2000

4000

6000

8000

10000

12000

1-14février

15-28février

1-14mars

15-31mars

1-14avril

15-30avril

1-14mai

Période

Effe

ctifs

tota

ux

Figure 10. Effectifs totaux des oiseaux sur la banquette lors de l’étude.

Page 20: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

16

2.2. ALIMENTATION

2.2.1. Besoins énergétiques / consommation

2.2.1.1. Besoins énergétiques des effectifs présents sur la banquette

Les besoins énergétiques

de l’ensemble des oiseaux

prédateurs comptés sur la

banquette lors de l’étude

représentent plus de 11,3 tonnes

PSLC de macrofaune benthique.

Cette consommation varie selon

les effectifs et donc selon la

période (Fig. 11), avec un

maximum début février et un

minimum début avril.

La consommation par les

limicoles représente 87,9 % de la

consommation totale, par les laridés

11,4 % et par les anatidés (tadornes

de Belon Tadorna tadorna) 0,7 %.

Les principaux oiseaux

prédateurs sur l’ensemble de la

période sont le pluvier argenté

(2764 kg PSLC), le bécasseau

variable (1795 kg PSLC), l’huîtrier

pie (1658 kg PSLC), le bécasseau

maubèche (1549 kg PSLC) et la

barge rousse (1195 kg PSLC ;

Fig. 12).

2.2.1.2. Influence du temps d’émersion

On estime la biomasse prélevée sur la banquette à L. conchilega à 2,74 tonnes PSLC sur la

durée de l’étude, ce qui représente environ 25 % des besoins énergétiques des oiseaux qui la

fréquentent.

24%

16%

15%

14%

11%

9%

8%3%

Pluvier argenté

Bécasseau variable

Huîtrier pie

Bécasseau maubèche

Barge rousse

Courlis cendré

Goéland cendré

Goéland argenté

Figure 12. Consommation des principales espèces sur l’ensemblede la période.

0

500

1 000

1 500

2 000

2 500

3 000

3 500

1-14février

15-28février

1-15mars

16-31mars

1-15avril

16-30avril

1-15 mai

Période

Con

som

mat

ion

(Kg

AFD

W)

Anatidés

Laridés

Limicoles

Figure 11. Besoins énergétiques des oiseaux comptés sur labanquette selon la période.

Page 21: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

17

De même, en considérant uniquement les limicoles sur l’ensemble de la baie, la banquette à

L. conchilega (0,47 % de la superficie de la baie) contribue à hauteur de 5,9 % à l’alimentation de

l’ensemble des limicoles de la baie. Un hectare situé sur la banquette a donc apporté en moyenne

7,0 kg de ressource trophique à l’avifaune chaque mois.

2.2.2. Distribution spatiale de la pression de prédation au sein de la banquette

La pression de prédation estimée par les empreintes d’oiseaux sur le substrat permet de mettre

en évidence des distributions spatiales différentes selon les espèces (Fig. 13). Le jour de la mission, les

barges rousses se sont alimentées principalement sur la partie basse de la banquette (Nord-Ouest). Les

pluviers argentés et les bécasseaux sont beaucoup plus dispersés et se situent en majorité dans le haut

de la banquette, avec un noyau commun au centre. La répartition de l’ensemble des traces montre un

étalement des effectifs d’oiseaux. On constate également que les densités de traces de barges rousses et

de pluviers argentés sont positivement significativement corrélées à la densité de L. conchilega

(p<0,01 et p<0,05), contrairement à celle des bécasseaux (p = 0,060).

Barge rousse

307000 307500 308000 308500

2414000

2414500

2415000

0.33

5

10

15

20

Pluvier argenté

307000 307500 308000 308500

0.33

5

10

20

30

40

307000 307500 308000 308500

Bécasseaux spp.

2414000

2414500

2415000

0.33

10

25

50

100

150

200

307000 307500 308000 308500

Total

0.33

10

25

50

100

150

0 to 0.33 0.33 to 50 50 to 100 100 to 500 500 to 5000

0 to 0.33 0.33 to 50 50 to 100 100 to 500 500 to 5000

0 to 0.33 0.33 to 50 50 to 100 100 to 500 500 to 5000

0 to 0.33 0.33 to 50 50 to 100 100 to 500 500 to 5000

Nombre de tracespar m²

Nombre de tracespar m²

Nombre de tracespar m²

Nombre de tracespar m²

Figure 13. Distribution spatiale de la pression de prédation par les oiseaux (Krigeage) et des densités de L. conchilega sur la banquette (SURFER© ; coordonnées Lambert II étendu, unité en mètre).

Densité de L. conchilega

Densité de L. conchilega Densité de L. conchilega

Densité de L. conchilega

Page 22: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

18

DISCUSSION

EFFET DE L. CONCHILEGA SUR LES CARACTERISTIQUES BIOSEDIMENTAIRES DU MILIEU

Les sédiments superficiels composant la banquette à L. conchilega se situent principalement

dans la catégorie des sables très fins à moyens. La seule station ne s’y référant pas se situe sur un

banc de sable grossier (Fig. 3). On observe globalement que les densités élevées de L. conchilega

sont associées à des sables très fins (Fig. 3), à l’instar des travaux de JONES & JAGO (1993). Ces

derniers ont interprété ces résultats par la rétention des particules grossières par L. conchilega,

éléments qu’ils utilisent pour fabriquer leur tube. En effet, ces polychètes doublent leur paroi

muqueuse par une gangue de particules agglomérées. Outre les résultats obtenus par JONES & JAGO

(op.cit.), FOURNIER (données non publiées) a montré que les particules piégées pour l’élaboration

des tubes appartiennent préférentiellement aux clastes les plus grossières. Ainsi, le sédiment associé

se retrouve appauvri de ses plus grosses particules dès lors que la densité de L. conchilega

augmente. Les analyses granulométriques ont révélé que les clastes les plus grossières sont

essentiellement liées à des fragments coquilliers, ce qui induit une importante proportion de

Carbonate de calcium dans la constitution du tube de L. conchilega (jusqu’à 90 % de CaCO3 ;

FOURNIER, com. pers.).

Les sédiments ne possèdent qu'un très faible taux de pélites (< 63 µm). Pourtant, plusieurs

études ont mis en évidence que les agrégats de tubes ont pour effet de piéger les particules fines

(JONES & JAGO 1993 ; ). En effet, les agrégats denses de L. conchilega forment des buttes qui

alternent avec des dépressions dépourvues de tube (CAREY 1987 ; RABAUT et al.). Ce modelé

(Annexe 1, Fig. 1) influence l’écoulement hydrodynamique en couche limite de fond (ECKMAN

1983 ; LUCKENBACH 1986). La vitesse du courant à l’interface eau-sédiment est en effet réduite, le

flux laminaire étant détourné autour de l’agrégat et désorganisé en son sein (effet de « skimming-

flow »). L’atténuation de la vitesse au sein des agrégats facilite le dépôt de particules fines (vases,

sables très fins). Dans notre cas, la très faible contribution des particules fines dans la constitution

du sédiment superficiel peut s’expliquer par la densité relativement faible de L. conchilega observée

lors de la campagne de terrain de 2008 (Annexe 1, Fig. 2). Les densités n’étant plus assez

importantes, le sédiment superficiel a été soumis à l’érosion par les courants et la partie fine a

vraisemblablement été remise en suspension. Les quelques zones légèrement envasées

correspondent soit à des stations abritant de relativement fortes densités de L. conchilega, soit à un

secteur protégé de l’hydrodynamisme par divers obstacles (banc sableux, pieux abandonnés…).

Les résultats de cette étude, qui montrent que la richesse spécifique et l’abondance de la

faune macrobenthique augmentent avec la densité de L. conchilega, sont en accord avec les

Page 23: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

19

conclusions issues de la littérature et relatives à l’influence de cette espèce (CALLAWAY 2006 ;

ZÜHLKE et al. 1998). Ces particularités peuvent être attribuées à la capacité de L. conchilega à

stabiliser le sédiment et à rendre l’habitat sédimentaire plus favorable pour de nombreuses espèces.

L’absence de L. conchilega dans certaines stations conduit à un faciès d’appauvrissement dont les

caractéristiques se rapprochent de celles des assemblages faunistiques environnants.

La modification de la composition et de la structuration de la faune benthique ne peut être

dissociée du processus de recrutement des organismes benthiques. La distribution agrégative de L.

conchilega est notamment due au fait que les larves (aulophores) préfèrent le voisinage des tubes

d’adultes conspécifiques pour s’installer (QIAN 1999 ; ZÜHLKE 2001 ; LUCKENBACH 1987). Si la

dispersion larvaire est un phénomène passif dépendant de la circulation hydrodynamique, les post-

larves des espèces associées peuvent prendre une part active dans le choix du substrat au sein

duquel elles vont se sédentariser, au travers de phénomènes de dépôt-remise en suspension

(DESROY et al. 1997 ; OLIVIER et al. 1996). Or, les agrégats de tubes ont pour effet de réduire les

possibilités de remise en suspension active de la part des recrues qui n’ont pas, lors de leurs

premiers stades de développement, une portance hydrodynamique suffisante (OLIVIER ET RETIERE

1998).

La présence de tubes de L. conchilega peut également offrir une protection pour la faune

benthique. Le chevelus de tubes permet de se préserver : (i) des perturbations physico-chimiques

[les lumières des tubes, gorgées d'eau, donnent au substrat une consistance d'éponge qui permet de

mieux supporter les périodes d’exondation (dessiccation, températures extrêmes… ; RABAUT et al.

2007 ; ROPERT 1999)], et (ii) des prédateurs (refuge pour l’endofaune qui se protège des prédateurs

épibenthiques ; BOLAM & FERNANDES 2002).

ORIGINALITE ET IMPORTANCE DE LA BANQUETTE A L. CONCHILEGA EN BAIE DU MONT SAINT-

MICHEL.

Au sein de la baie, la banquette à L. conchilega est tout d’abord remarquable par

l’abondance de la macrofaune benthique. L’analyse des échantillons récoltés lors de la campagne

Benthomont 3 du Chantier PNEC Baie du Mont Saint-Michel (TRIGUI, données non publiées), a

permis de constater une richesse spécifique moyenne de 13,2 esp.0,3m-2 (contre 11,8 esp.0,025m-2

sur la banquette) et une abondance moyenne de 1580 ind.m-2 (contre 6903 ind.m-2 sur la banquette).

Ces résultats reflètent donc bien le fait que l’habitat que nous avons étudié n’abrite pas une faune

particulièrement diversifiée, mais que celle-ci est très abondante.

Dans le cadre d’une étude de ARBACH LELOUP et al. (2008), les biomasses des différents

groupes trophiques qui composent la baie ont été modélisées. Si l’on considère uniquement la

Page 24: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

20

biomasse des carnivores et nécrophages macrobenthiques cumulée à celle des filtreurs intertidaux,

la biomasse de la macrofaune benthique présente en baie du Mont Saint-Michel est de 25,97 tonnes

de poids frais par km². Selon les facteurs de conversion « weight-to-weight » utilisés par RICCIARDI

& BOURGET (1998), cette biomasse représenterait environ 2,88 g PSLC.m-2. Avec une biomasse

moyenne de 49,69 g PSLC.m-2, soit plus de 17 fois la moyenne de la baie, la banquette à L.

conchilega apparaît comme une originalité de la baie.

Lors de l’analyse de nos échantillons, les densités de juvéniles de C. edule et de M. balthica

sont apparues très élevées.

Avec une concentration moyenne de 1451±1198 ind.m-2 et des maxima à plus de 4000

individus, la biomasse de M. balthica atteint plus de 250 grammes de poids frais de chair sur un

mètre carré. ARMONIES & HELLWIG-ARMONIES (1992) ont étudié l’implantation des naissains de M.

balthica en mer de Wadden et ont relevé une abondance moyenne de 500±830 ind.m-2 avec des

pics de 2700±2260 ind.m-2 observés à l’intérieur d’agrégats de L. conchilega. Ces résultats sont

concordants avec l’augmentation de l’abondance de M. balthica en fonction de la densité de L.

conchilega que nous avons constatée lors de cette étude. Ces résultats supportent l’hypothèse selon

laquelle les larves de M. balthica se

déposent dans le sédiment de façon

passive.

Avec une concentration moyenne

de 1150±2002 ind.m-2 et des maxima à plus

de 8000 individus, la biomasse de C. edule

atteint par endroit plus d’un kilogramme de

poids frais de chair sur un mètre carré.

Contrairement à M. balthica, nous n’avons

pas observé de corrélation entre

l’abondance de C. edule et la densité de L.

conchilega. En revanche, on constate une

corrélation avec la bathymétrie (Fig. 8), cette espèce étant particulièrement présente dans la partie

de la banquette la plus haute sur l’estran.

ORIGINALITE ET IMPORTANCE DE LA BANQUETTE A LANICE CONCHILEGA DE LA BAIE DU MONT

SAINT-MICHEL A L’ECHELLE DE LA FAÇADE LITTORALE DE L’EUROPE OCCIDENTALE

Les vastes banquettes à fortes densités de L. conchilega sont assez localisées en domaine

intertidal en Europe. Parmi les études menées sur des habitats à L. conchilega en Manche et mer du

Figure 8. Distribution spatiale de Cerastoderma edule(Krigeage) et des densités de L. conchilega sur la banquette(SURFER© ; coordonnées Lambert II étendu).

306800 307000 307200 307400 307600 307800 308000 308200 308400 308600

2414000

2414200

2414400

2414600

2414800

2415000

0

10

25

50

100

200 0 to 1 1 to 33 33 to 73 73 to 125 125 to 300

N

Page 25: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

21

Nord, la superficie de la banquette de la baie du Mont Saint-Michel est considérable (Tableau 2). En

dehors de celle de la baie des Veys qui a atteint un même ordre de taille, les autres études ont été

menées sur des surfaces bien plus restreintes (0,25 à 5 hectares). Les densités moyennes de L.

conchilega sur la banquette de la Baie du Mont Saint-Michel lors des dernières années sont

équivalentes à celles des banquettes les plus denses [Boulogne sur Mer (RABAUT et al. 2000), Baie

des Veys (ROPERT 1999)…]. Les richesses spécifiques sont assez proches, en dehors des études

menées sur la partie allemande de la Mer de Wadden. Les proportions de polychètes semblent

également plutôt homogènes contrairement aux mollusques qui sont particulièrement peu

représentés dans l’étude à Boulogne sur Mer (RABAUT et al. 2000) par rapport à celle de la baie du

Mont Saint-Michel.

Les abondances d’invertébrés benthiques sont proches en baie du Mont Saint-Michel, à

Rhossili bay (CALLAWAY 2006) et à Boulogne sur Mer. Toutefois les sites de Gröninger se

détachent, la très forte abondance observée en 1998 étant principalement due à de très fortes

densités de juvéniles de Pygospio elegans lors du prélèvement (ZÜHLKE et al. 1998). Les

proportions de polychètes et de bivalves sont également proches entres les stations dont l’on connaît

les données.

La faune associée à ce peuplement dominé par L. conchilega n’est pas spécialement

remarquable dans le cadre de notre étude. Elle s’inscrit simplement dans une fourchette de richesse

spécifique et d’abondance commune à ce type d’habitat.

Source Cette étude 2009

Callaway 2006

Rabaut et al. 2008

Rabaut et al. 2007

Ropert & Dauvin 2000

Zühlke et al. 1998

Zühlke, 2001

Site de l'étude BMSM Rhossili bay (UK) Boulogne s/mer M.du Nord (Be) Baie des Veys Gröninger (Ge) Gröninger (Ge)

Superficie de l'habitat (ha) 1 patch = 150 ha 1 patch = 1 ha 3 patchs = 5 ha pacths éparses 1 patch = 200 ha 1 patch = 0,25 ha 1 patch = 0,25 ha

Densité moyenne (Lc.m-2) 1500 20 3259 - 1600 1000 1500

RS totale 61 53 60 66 - 21 32

RS polychètes 54% - 77% 45% - - -

RS mollusques 16% - 1% - - - -

Ab totale (ind.m-2) 6903 5366 - 8080 - 19220 1860

Ab polychètes 60,00% - - 63% - 73% -

Ab mollusques 38,00% - - 32% - 25% -

Ab autres 2% - - 5% - 2% -

Tableau 2. Synthèse de résultats obtenus sur d'autres habitats à Lanice conchilega intertidaux.

Page 26: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

22

VALEUR FONCTIONNELLE POUR LES OISEAUX

• Phénologie de la fréquentation de la banquette par les oiseaux

Les variations d’effectifs de limicoles fréquentant la banquette s’expliquent aisément et

suivent globalement les variations d’effectifs historiquement observés à l’échelle de la Baie

(DECEUNINK & MAHEO 2000 ; LE MAO et al. 2006) et d’une manière générale sur les sites

estuariens des rivages ouest européens. Trois périodes peuvent être dégagées dans la fréquentation

de la banquette par les oiseaux :

i) Les forts effectifs du mois de février correspondent à la fin de l’hivernage des

limicoles sur le site, avec le départ progressif des premiers individus hivernant de

certaines espèces dès la fin du mois, qui se poursuit ensuite en mars/avril. Ainsi, les

Barge rousses L. lapponica hivernantes en Baie (appartenant, comme la quasi-totalité

des individus hivernant en Europe du nord-ouest, à la population de la sous-espèces

nominale lapponica, nichant en Fenno-scandinavie et aux abords de la Mer Blanche ;

DELANY et al. 2009) sont connues pour quitter leurs sites d’hivernage occidentaux dès

la fin février/début mars pour se rassembler en grand nombre durant le mois d’avril en

Mer des Wadden (SCHEIFFARTH 2001), avant de regagner leur sites de nidification à la

mi-mai. De même, les Bécasseaux variables C. alpina présent en baie et sur la

banquette en hiver (appartenant majoritairement à la population de la sous-espèce

nominale alpina, nichant du nord de la Scandinavie à la Sibérie occidentale et

hivernant en Europe du nord-ouest ; DELANY et al. 2009) commencent à quitter leurs

sites d’hivernage dès mars. Les effectifs importants d’huîtriers pie de février

correspondent également très probablement à des individus hivernant, auxquels

succèdent les effectifs beaucoup plus réduits des seuls individus nicheurs de la baie et

éventuellement de sites périphériques. Concernant le goéland cendré L. canus, espèce

hivernante en France, l’évolution des effectifs correspond simplement à un départ

progressif des hivernants vers leurs sites de nidification septentrionaux.

ii) Les forts effectifs notés début mars sont principalement dus à un groupe important de

bécasseaux maubèche C. canutus s’alimentant en masse sur la banquette, alors que

seule une partie de ce groupe se nourrissait sur la banquette durant les comptages

hivernaux précédents. Cette espèce, connue pour consommer en abondance le bivalve

M. balthica (ZWARTS & BLOMERT 1992 , PIERSMA et al. 2003), a probablement trouvé

dans la banquette un habitat particulièrement attractif en cette fin d’hivernage.

Page 27: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

23

iii) Les forts effectifs de la fin du mois d’avril et du début du mois de mai correspondent

très probablement à un nouvel afflux de quatre espèces d’oiseaux en halte migratoire,

en provenance de sites d’hivernage plus méridionaux (Afrique de l’ouest et Europe du

sud-ouest) et ayant pour destination des sites de nidification septentrionaux (Europe du

nord pour une espèce et Sibérie centrale pour les trois autres). Il s’agit du bécasseau

variable C. alpina de la sous-espèce schinzii (nichant au sud de la Scandinavie, en Mer

Baltique et dans les Iles britanniques et hivernant principalement du sud-ouest de

l’Europe à l’Afrique du Nord ; DELANY et al. 2009), du pluvier argenté P. squatarola

(population hivernant en Afrique de l’ouest), de la barge rousse L. lapponica

(population de la sous-espèce taymyrensis nichant en Sibérie centrale dans la

Péninsule du Taïmyr et hivernant en Afrique de l’ouest ; SCHEIFFARTH 2001) et du

bécasseau maubèche (population de la sous-espèce nominale canutus nichant

également en Sibérie centrale dans la Péninsule du Taïmyr et hivernant en Afrique de

l’Ouest ; DELANY et al. 2009). L’arrivée des individus de ces quatre espèces a été

aisément remarquée de par leur arrivée rapide et en grands effectifs et grâce à leur

plumage nuptial (particulièrement spectaculaire chez le pluvier argenté P. squatarola

et les deux espèces au dimorphisme sexuel prononcé que sont la barge rousse L.

lapponica taymyrensis et le bécasseau maubèche L. c. canutus ; la sous-espèce schinzii

du bécasseau variable C. alpina étant identifiable in situ dans de bonnes conditions

d’observation lorsque les oiseaux sont en plumage nuptial).

• Importance de la banquette pour les oiseaux à l’échelle de la Baie, de la France et de l’Europe

La comparaison des effectifs présents sur la banquette avec ceux de la baie révèle que la

banquette peut constituer, en période de grande marée, un site d’alimentation prioritaire pour les

barges rousses L. lapponica (probablement la totalité ou presque des individus présents en baie),

important pour les pluviers argentés P. squatarola durant toute la période d’étude et

particulièrement lors de la migration de fin avril/début mai, très important pour les huîtriers pies H.

ostralegus en hiver, et ponctuellement utilisé par la totalité des bécasseaux maubèche C. canutus de

la baie. Le caractère original de la banquette réside en outre dans le fait que sur sa superficie très

restreinte d’une centaine d’hectares, les effectifs de plusieurs espèces dépassent des seuils

d’importance nationale en hiver, voire internationale lors du passage migratoire débuté fin avril.

La fidélité aux sites d’hivernage et de halte migratoire pour les limicoles est bien connue

(PIERSMA et al. 1987). Les résultats de cette étude montrent qu’au sein d’un site d’importance

internationale pour les oiseaux, ceux-ci sont également à même de sélectionner préférentiellement

certains habitats tels que celui généré par L. conchilega. Concernant les oiseaux hivernants, qui

Page 28: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

24

séjournent plusieurs mois en baie (LE DREAN-QUENEC’HDU et al. 1995), une fidélité dans la

fréquentation de cet habitat peut s’expliquer par une bonne connaissance du site de la part des

oiseaux. Il apparaît en revanche intéressant de noter que des individus revenus des sites d’hivernage

africains et en route pour la Sibérie, en halte pour quelques jours, soient à même de fréquenter « de

manière préférentielle » (i.e. part importante des effectifs présent sur la banquette par rapport aux

totaux de la baie) un habitat aussi localisé. La fréquentation de cet habitat par ces oiseaux présent

lors d’un bref passage peut s’expliquer par le caractère grégaire des limicoles, susceptibles d’être

attirés par la présence persistante de quelques oiseaux hivernants fréquentant l’habitat.

• Pourquoi une telle attractivité ?

Ce qui fait l’attractivité de la banquette pour les oiseaux est très probablement l’abondance

du macrobenthos représenté par l’espèce L. conchilega elle-même et la macrofaune benthique qui y

est associée, avec une biomasse en moyenne 17 fois supérieure à celle du reste de la baie. Dans

l’environnement relativement oligospécifique et aux faibles abondances macrofauniques que

représente la baie, l’alimentation des oiseaux sur un tel habitat leur garantit la couverture d’une part

non négligeable de leurs besoins énergétiques en peu de temps.

Les résultats de notre étude rejoignent en partie les résultats de l’étude de PETERSEN & EXO

(1999) menés sur les banquettes à L. conchilega de la Mer des Wadden : cet habitat est

particulièrement attractif pour les limicoles, mais également pour les laridés. D’après ces auteurs, si

les laridés consomment prioritairement L. conchilega elle-même (60% de leur régime alimentaire),

le régime alimentaire des limicoles se porte prioritairement sur la macrofaune associée.

Toutefois ces auteurs n’ont pas directement testé une éventuelle corrélation entre densités de

L. conchilega ou d’une quelconque espèce benthique avec la distribution spatiale des différentes

espèces d’oiseaux. Dans note étude, la campagne réalisée pour déterminer la distribution des

oiseaux sur la banquette par comptage des traces était une étape d’exploration d’une méthode très

peu utilisée dans la littérature (bien que suggérée par PIERSMA ; In : VAN DE KAM 2004). Nous

avons pu constater que les résultats obtenus permettaient de tirer des informations intéressantes sur

la distribution des différentes espèces. Par exemple, la corrélation significativement positive entre le

nombre de traces de barges rousses L. lapponica et de pluviers argentés P. squatarola avec les

densités de L. conchilega semble indiquer une sélection des zones d’alimentation ces deux espèces

en fonction des abondances de L. conchilega. Un suivi régulier tous les deux mois par exemple

permettrait vraisemblablement de caractériser certaines habitudes alimentaires. De plus, cette

méthode pourrait permettre de déterminer une pression de prédation sur chaque station par la

réalisation d’un indice basé sur les besoins énergétiques de chaque espèce ou groupe d’espèces, une

empreinte de courlis cendré ayant alors plus de « poids » que celle d’un bécasseau variable.

Page 29: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

25

• Une attractivité à pondérer par l’accessibilité à la ressource

Les résultats de consommation effective par rapport aux besoins globaux des oiseaux a

permis de mettre en évidence l’importance du temps d’exondation. Ainsi, nous avons constaté que

pour les oiseaux qui fréquentent la banquette, le quart des besoins énergétiques est assuré par cet

habitat. Si l’on considère l’ensemble des limicoles de la baie, l’apport de la banquette à L.

conchilega représente 5,9 % des besoins énergétiques de ces oiseaux, soit un apport moyen 12,6

fois supérieur au reste de la baie.

Le calcul des besoins énergétiques des effectifs d’oiseaux fréquentant la banquette ne serait

pas pertinent si l’on ne prenait pas en compte l’accessibilité de la nourriture par les cycles de marée.

La bathymétrie précise des sites d’étude n’est cependant pas toujours connue ce qui peut être la

raison pour laquelle ce paramètre n’est pas pris en compte dans d’autres travaux (PETERSEN & EXO

1999 ; SCHEIFFART 1997). Dans notre cas, dans un contexte de marée à régime mégatidal, ce

paramètre est d’autant plus important que l’habitat étudié se situe sous le niveau de mi-marée.

Cependant, les résultats obtenus dans la présente étude sont très probablement sous-estimés.

En effet, les méthodes de calcul utilisées considèrent une alimentation homogène des oiseaux dans

le temps. Ainsi, pour un même laps de temps, les périodes d’alimentation et celles de repos

distribuent un apport théorique identique. Or, l’alimentation est très clairement l’activité principale

des oiseaux présents sur la banquette (obs. pers.), alors que les stationnements de marée haute ne

constituent dans la plupart des cas que des reposoirs. S’il avait été possible de pondérer les données

uniquement aux périodes d’alimentation, on peut penser que l’apport de l’habitat à L. conchilega

serait en réalité plus important que ce que l’on a estimé.

En raison de l’hétérogénéité protocolaire des différentes études, la comparaison de la

consommation par les oiseaux et la mesure des biomasses est à relativiser. Les principales

caractéristiques de quelques sites d’études sont exposées dans le tableau 3.

Dans un premier temps, on constate que la pression de prédation exercée par les oiseaux sur

la banquette est environ cinq fois plus importante que dans le reste de la Baie (LE MAO et al. 2006).

Pour les autres sites, qui prennent en compte la totalité du site ou un habitat particulier, la

consommation de l’avifaune est toujours supérieure à celle de la baie.

En revanche, la situation de la banquette à ce niveau est relativement proche de ce qui est

constaté sur les autres sites, en dehors des données extraites de la publication de PETERSEN & EXO

(1999). Dans ce dernier cas, des incohérences font peser un doute légitime sur leur validité. En

effet, les éléments comparés dans leur tableau récapitulatif ont été effectués à partir des

consommations annuelles mélangées à des consommations mensuelles (pour leur étude). Malgré cet

Page 30: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

26

écueil, la consommation mensuelle de leur étude reste supérieure à toutes les consommations

annuelles des autres travaux. De même, l’hétérogénéité des temps de crémation selon les travaux

(de 1 à 12 heures, entre 400 et 600°C) créé un biais non négligeable qui complique l’interprétation

de ces résultats et surtout la comparaison avec d’autres études.

Tableau 3 : Consommation des oiseaux prédateurs dans différentes régions d’Europe.

Cependant, on peut noter que si nous avions pris en compte la totalité des besoins

énergétiques des oiseaux présents sur la banquette sans prendre en considération le temps

d’exondation, la consommation au niveau de la banquette serait passée de 0,7 à 2,8 g

PSLC.m-2.mois-1. Le site aurait donc été considéré comme étant le plus profitable à l’avifaune, ce

qui n’est, dans les faits, probablement pas le cas.

Site Consommation

(g PSLC.m-2.

mois-1)

Biomasse benthique moyenne

(g PSLC.m-2)

Pourcentage de la biomasse prélevée (%)

Source

Banquette de la baie du Mont Saint-Michel

(Manche occidentale) 0,7 49,7 1,4 Cette étude

(2009)

Baie du Mont Saint-Michel (Manche occidentale) 0,2 - - Le Mao et al.

(2006)

Baie de Somme (Manche occidentale) 0,6 - - Sueur et al.

(2003)

Neuharlingersieler Nacken (Mer de Wadden) 20,2 212,6 9,5 Petersen & Exo

(1999)

Oosterschelde (Mer de Wadden) 1,0 - - Meire et al.

(1994)

Oosterschelde (Mer de Wadden) 1,0 74,3 1,4 Meire et al.

(1993)

Westerschelde (Mer de Wadden) 0,3 15,1 2,3 Meire et al.

(1989)

Grevelingen (Mer de Wadden) 0,7 72 1,0 Wolff et al.

(1976)

Mer de Wadden 0,4 26,6 1,5 Smit (1981)

Sylt-Romo (Mer de Wadden) 0,7 50 1,4 Scheiffarth & Nehls

(1997)

Königshafen at Sylt (Mer de Wadden) 1,5 65 2,3 Scheiffarth & Nehls

(1997)

Page 31: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

27

CONCLUSION

L’évaluation de l’importance des différents habitats benthiques en tant que ressource

trophique pour les limicoles et oiseaux marins n’est pas seulement fondamentale pour la

compréhension de la « feeding ecology », mais est également indispensable à la prédiction des

effets d’une éventuelle disparition de cet habitat.

Le cas des habitats à L. conchilega en Europe est très particulier. Alors que l’espèce peut

être considérée comme nuisible dans certaines régions françaises à cause des perturbations qu’elle

cause par endroits aux élevages conchylicoles (ROPERT, 1999), son habitat peut en revanche être

considéré ailleurs comme présentant un fort enjeu de conservation (Godet et al., 2008). Les résultats

obtenus ici illustrent dans un premier temps le rôle prépondérant de L. conchilega en tant qu’espèce

ingénieur, par une modification du milieu à différents niveaux :

o modification de la nature du substrat

o accélération des processus de sédimentation

o augmentation de l’abondance de la faune benthique

Cette banquette, de par sa superficie et sa densité moyenne de L. conchilega, n’a d’équivalent

en France que la banquette de la baie des Veys et en Europe, en domaine intertidal, celles de la

partie allemande de la mer de Wadden. Mais le suivi de cet habitat depuis 2005 a mis en évidence

un recul des densités de L. conchilega et de la superficie de la banquette (Annexe 1, Fig. 2 ; GODET

et al., 2008). L’élargissement des parcs mytilicoles en baie du Mont Saint-Michel (2002) et

particulièrement à proximité de la banquette à L. conchilega serait-elle en cause ? Ou cette

évolution inter-annuelle serait-elle due à un phénomène naturel ? Ou enfin ces variations seraient-

elles dues à des évolutions intra-annuelles (diminution en hiver) ? Toujours est-il que la poursuite

d’un tel suivi semble nécessaire pour tester chacune de ces hypothèses.

Mais au delà du fonctionnement d’un tel système, le suivi de l’avifaune a mis en évidence un

attrait particulier d’un certain nombre d’oiseaux en hivernage ou en passage migratoire,

particulièrement les limicoles. Avec des effectifs approchant ou dépassant les seuils d’importance

internationale sur une superficie de 100 hectares, notre étude conduit à penser que les vastes

banquettes intertidales à L. conchilega peuvent présenter un enjeu de conservation non négligeable

des limicoles à l’échelle de l’Europe occidentale lors de leur hivernage et de leurs haltes

migratoires.

Page 32: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

28

BIBLIOGRAPHIE

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Page 35: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

− ANNEXES −

Page 36: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

ANNEXE 1. Situation générale

Bathymétrie en mètre

Figure 1. Représentation de la bathymétrie de la banquette à Lanice conchilega par un modèle numérique de terrain (SURFERcoordonnées Lambert II étendu, unité en mètres).

N

Banquette à Lanice conchilega 1.41.61.822.22.42.62.833.23.43.63.844.24.44.64.855.25.45.65.866.26.4

Figure 2. Distributions spatiales des densités de L.conchilega en 2005, 2006, 2007 et 2008 (ind.m-2) (Krigeage / SURFER© ;coordonnées Lambert II étendu, unité en mètre).

2008N

306000 306500 307000 307500 308000 3085002413500

2414000

2414500

2415000

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

4000

4500

5000

N

306000 306500 307000 307500 308000 3085002413500

2414000

2414500

2415000

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

4000

4500

5000

2006

Ind.m-2

306000 306500 307000 307500 308000 3085002413500

2414000

2414500

2415000

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

4000

4500

5000

2005N

Ind.m-2

306000 306500 307000 307500 308000 308500

2413500

2414000

2414500

2415000

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

4000

4500

5000

2007N

Page 37: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

ANNEXE 2. Faune benthique

05

101520

2530354045

Laniceconchilega

Macomabalthica

Cerastodermaedule

Eumidasanguinea

Malm.arenicolae

Mediomastusfragilis

Nephtyshombergii

Glycindenordmanni

Espèce

Abo

ndan

ce re

lativ

e (%

)

Figure 3. Abondance relative des espèces dominantes.

Figure 4. Mise en évidence des assemblages faunistiques (Cluster ; PRIMER©).

K09

L12

I23

J24

L17

I18

M15

M18

N18 K27

M17 I17

L10

E13

E15

F17

M09

H22 I11

D12 F14

F16

H18 F12

G14

H20

H11 J15

J10

H12 J16

I19

J20

J18

K25

M21

M26 L26

M27 L16

L20

J14

I21

K21

G16 I20

H10 K15

H14 J22

K23

K17

N26 I13

G19 L14

M23 J19

M25 I15

G15 K19

L18

N20

G17 L24

N24

M11 J17

L22

N28

H16 J12

M13 K13

G13

M19 K11

G11

N22

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

12

47

A B

A1 A2 A3

D12

E13 E15

F12 F14 F16 F17

G11

G13

G14

G15

G16

G17

G19

H10H11 H12

H14

H16H18 H20

H22 I11

I13I15I17

I18

I19 I20 I21

I23

J10 J12J14 J15

J16

J17

J18 J19

J20 J22

J24

K09

K11

K13

K15

K17 K19

K21

K23 K25 K27 L10

L12

L14

L16 L17

L18

L20 L22 L24L26

M09

M11

M13

M15 M17 M18

M19

M21 M23M25

M26

M27 N18

N20

N22N24

N26

N28

Stress: 0,12

Figure 5. Représentation multidimensionnelle des ressemblances entre stationset localisation des concentrations de Lanice conchilega (MDS ; PRIMER©).

Page 38: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

ANNEXE 3. Prédateurs supérieurs : ébauche d’une étude sur l’intérêt de la banquette pour les poissons-plats

Espèce Sole commune Solea solea

Plie commune Pleuronectes

platessa

Gobie buhottePomatoschistus

minutus

Petite vive Trachinus vipera

Tacaud commun Trisopterus

luscus

Motelle à 5 barbillons

Ciliata mustela

Effectif 237 37 13 12 10 9

Espèce Bar commun Dicentrarchus

labrax

Raie bouclée Raja clavata

Flet commun Platichthys flesus

Grondin perlonChelidonichthys

lucernus

Sardine Sardina

pilchardus

Sprat Sprattus sprattus

Effectif 7 3 1 1 1 1

Tableau 1. Effectifs totaux des poissons récoltés dans dix tésures à proximité directe de la banquette.

0

10

20

30

40

50

60

6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20

Classe de taille (cm)

Effe

ctif

0

1

2

3

4

5

6

7

8

3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16

Classe de taille (cm)

Effe

ctif

Figure 6. Effectifs de chaque classe de taille pour la sole commune Solea solea.

Figure 7. Effectifs de chaque classe de taille pour la plie commune Pleuronectes platessa.

Figure 8. Distribution (2008) des densités (ind.m-2) de capture de soles de groupe 0 (poissons nés dans l’année) lors d’une campagne du programme NOCES.

Lanice conchilega

Page 39: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

Tableau 1. Listes des abondances d'espèces par stations (ind.0,025m-2). STATION D12 E13 E15 F12 F14 F16 F17 G11 G13 G14 G15 G16 G17 G19 H10 H11 H12 H14 H16 H18 H20 H22 I11 I13 I15 I17 I18 I19 I20 I21 I23 J10 J12 J14 J15 J16 J17 J18 J19 J20 J22Lanice conchilega 143 84 329 150 125 136 206 0 2 190 20 102 8 26 43 118 112 50 16 183 109 76 85 28 5 189 168 106 90 70 0 141 15 70 136 118 8 59 39 123 51Macoma balthica 23 7 20 14 13 28 60 3 1 12 11 11 13 31 38 48 50 27 1 23 77 84 78 21 9 86 108 40 28 36 2 71 11 19 51 59 40 54 16 32 26Cerastoderma edule 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 2 1 0 0 0 2 3 2 8 0 2 0 143 59 3 1 1 62 1 4 0 2 11 40 114 20 1 0Eumida sanguinea 52 72 4 19 42 39 16 0 1 13 7 6 2 1 5 6 10 4 1 46 32 13 10 3 0 4 54 19 2 8 0 14 2 12 27 9 6 27 6 17 2Malm. arenicolae 7 3 24 7 5 8 15 0 0 5 0 6 0 1 4 21 12 5 4 13 8 5 16 10 2 18 10 3 3 1 0 23 3 5 9 8 0 1 3 4 1Mediomastus fragilis 0 21 32 3 8 10 32 2 0 1 0 7 1 0 25 26 7 1 1 5 25 1 0 0 2 3 5 2 0 1 0 0 19 4 2 0 2 1 0 0 0Nephtys hombergii 5 4 5 5 6 2 5 3 5 5 1 3 5 4 2 5 3 2 1 4 4 2 2 2 2 7 9 2 3 4 1 4 1 3 0 3 2 2 3 3 6Glycinde nordmanni 0 13 5 1 1 4 0 0 0 0 1 0 1 4 9 6 2 6 0 1 0 1 1 0 0 0 5 5 0 0 0 8 10 10 6 3 0 1 0 1 0Aph. marioni 0 2 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 8 3 3 1 2 0 7 4 1 0 1 1 0 0 3 0 0 0 2 2 1 0Notom. latericeus 0 6 1 0 0 4 3 0 0 2 0 3 0 0 1 2 9 0 0 6 4 1 0 0 1 0 0 3 0 4 0 2 12 5 0 1 0 4 0 0 1Caulleriella sp. 0 3 3 0 2 7 0 1 0 0 0 0 0 0 3 2 1 1 0 0 12 2 3 0 0 2 4 2 0 2 0 4 2 1 2 0 0 4 0 0 2Capitella minima 4 0 1 3 1 0 1 0 0 0 0 3 0 0 1 6 4 6 1 14 1 0 1 0 2 0 0 6 3 0 0 0 0 2 1 2 1 2 6 1 2Phyllodoce mucosa 0 0 0 0 1 1 1 0 0 0 0 1 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 3 2 1 1 0 0 1 0 1 0 0 2 0 0 0Pholoe assimilis 2 2 1 0 0 2 1 0 0 0 0 0 0 0 0 4 2 0 0 1 1 1 1 1 0 5 2 1 0 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0Bathyporeia pelagica 0 0 0 0 0 0 0 2 1 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 2 0 0 3 0 0 0 0 0 0 1 2 0 1 3 1 0 1 2 2Urothoe poseidonis 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 1 0 1 1 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 2 0 1 0 0 0 5 0 0 0 4 0Gammarus zaddachi 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 2 3 13 0 3 0 0 2 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0Tellina tenuis 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 1 0 0 0 1 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 2 2 1 0 1 0 0 1Glycera tridactyla 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 3 0 0 1 0 0 0 0 0 2 1 0 0 0 0 0 0 1 1 0 4 0 0 0Cumopsis goodsiri 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Spio decoratus 0 1 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 0 0 0 1 2 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Sphaeroma serratum 1 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 2 1 2 1 0 0 0 0Hinia reticulata 4 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 1 0 0 1 1 0 0 0 1 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1 0 0 0Rud. philippinarum 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 1 0 1 0 0 1 0 0 0 0Carcinus maenas 0 0 2 1 0 1 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 1 0 1 0 0 0 0 0 0 0 1 1 0 0 0Nemertea sp. 0 0 1 0 0 1 0 0 0 0 0 1 0 0 0 1 1 0 0 0 1 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0Bathyporeia pilosa 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 3 0 2 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1 0 0Eocuma dollfusi 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 0 0 1 0Pholoe inornata 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Sthenelais boa 0 1 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 3 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Abra alba 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 1 1 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Magelona johnstoni 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 2 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0Urothoe elegans 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Eunereis longissima 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 1 0 0 0Spiophanex bombyx 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0Golfingia elongata 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Mytilus edulis 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Glycera alba 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Scoloplos armiger 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Corophium arenarium 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0Eteone longa 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Capito. minimus 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0Scrobicularia plana 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Mysella bidentata 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Venerupis pullastra 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0Portumnus latipes 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1Eteone flava 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0Arenicola marina 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Oligochaete sp. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0Golfingia vulgaris 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Malita palmata 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Achelia echinata 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Eurydice affinis 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Eulalia viridis 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Cirratulus cirratus 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Spio martinensis 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Syllis gracilis 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Syllis sp. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Nemato. unicornis 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Nereis sp. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Amphiura filiformis 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Page 40: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

Tableau 1. Listes des abondances d'espèces par stations (ind.0,025m-2). STATION J24 K09 K11 K13 K15 K17 K19 K21 K23 K25 K27 L10 L12 L14 L16 L17 L18 L20 L22 L24 L26 M09 M11 M13 M15 M17 M18 M19 M21 M23 M25 M26 M27 N18 N20 N22 N24 N26 N28 TOTALLanice conchilega 3 0 0 0 59 55 15 82 53 84 140 182 0 25 37 29 13 36 17 8 27 74 0 0 132 180 130 1 73 22 37 66 34 98 2 1 1 55 11 5511Macoma balthica 18 9 6 1 31 57 13 38 26 54 76 49 17 24 72 109 20 70 15 10 45 84 11 5 100 46 116 2 47 19 16 53 37 123 13 8 22 35 24 2903Cerastoderma edule 59 92 0 0 1 7 4 1 31 66 197 140 117 2 76 12 0 46 26 6 74 20 18 11 35 232 125 0 53 9 17 40 61 191 1 0 6 13 28 2301Eumida sanguinea 0 0 0 0 3 7 0 6 2 7 56 17 0 0 4 69 1 1 1 0 1 18 0 0 4 29 24 0 6 5 0 1 0 4 0 0 2 1 0 882Malm. arenicolae 1 0 0 0 2 3 1 10 3 16 16 11 0 6 13 0 2 4 0 0 5 5 0 0 5 7 15 0 6 3 1 6 3 19 0 0 0 2 0 438Mediomastus fragilis 0 0 0 0 3 0 1 0 0 4 9 4 0 0 2 1 0 0 0 0 0 7 0 0 2 2 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 286Nephtys hombergii 3 6 0 1 5 3 3 3 1 2 5 2 5 2 5 8 3 4 6 1 3 1 3 4 5 7 1 0 5 5 4 3 4 5 2 4 2 3 1 270Glycinde nordmanni 0 0 0 3 7 1 2 0 0 0 0 0 0 25 0 1 0 0 0 0 0 3 0 0 21 0 1 0 0 0 0 0 0 0 3 0 0 0 0 172Aph. marioni 1 0 0 1 0 0 0 0 0 2 4 1 1 0 0 1 0 5 0 0 0 0 2 2 4 4 23 0 1 1 0 0 0 16 0 0 0 0 1 113Notom. latericeus 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 6 0 0 5 5 0 0 0 0 0 2 0 0 0 2 18 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 113Caulleriella sp. 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 1 2 0 0 1 11 0 0 0 0 1 1 1 0 4 3 8 0 0 0 0 0 0 6 0 0 0 0 0 105Capitella minima 0 0 0 0 0 1 3 0 0 0 0 0 0 0 1 9 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 5 0 0 4 0 0 0 0 0 0 0 0 0 99Phyllodoce mucosa 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 3 0 0 1 12 0 0 0 0 0 13 0 0 7 7 11 0 0 2 0 0 0 4 0 0 0 0 0 79Pholoe assimilis 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 13 9 0 0 0 2 0 1 0 0 0 1 0 0 1 1 1 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 59Bathyporeia pelagica 2 0 0 0 0 2 2 1 0 0 0 0 0 0 0 0 3 2 0 0 0 0 0 18 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 1 3 2 0 0 59Urothoe poseidonis 0 0 0 0 0 1 0 13 0 7 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 3 2 0 0 6 0 1 0 53Gammarus zaddachi 3 0 0 0 1 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 38Tellina tenuis 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 2 1 0 1 0 0 0 1 0 1 0 1 1 2 1 0 0 1 2 0 0 0 0 28Glycera tridactyla 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 1 0 0 3 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 26Cumopsis goodsiri 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 24 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 25Spio decoratus 0 0 0 0 0 0 2 2 0 0 1 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 2 1 0 0 0 1 0 0 0 0 0 19Sphaeroma serratum 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0 0 0 2 0 0 0 0 1 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 18Hinia reticulata 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 4 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 18Rud. philippinarum 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1 1 1 0 0 0 0 0 0 3 0 0 0 0 0 17Carcinus maenas 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 14Nemertea sp. 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 1 1 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 13Bathyporeia pilosa 0 0 0 0 1 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 12Eocuma dollfusi 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0 2 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 11Pholoe inornata 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 4 1 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 11Sthenelais boa 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 9Abra alba 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0 9Magelona johnstoni 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 8Urothoe elegans 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 3 0 7Eunereis longissima 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 7Spiophanex bombyx 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4 0 0 0 7Golfingia elongata 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 7Mytilus edulis 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 5 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 6Glycera alba 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 5Scoloplos armiger 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 1 1 0 0 0 5Corophium arenarium 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4Eteone longa 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4Capito. minimus 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4Scrobicularia plana 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 3 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4Mysella bidentata 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4Venerupis pullastra 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2Portumnus latipes 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2Eteone flava 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2Arenicola marina 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 1 0 2Oligochaete sp. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2Golfingia vulgaris 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2Malita palmata 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1Achelia echinata 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1Eurydice affinis 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1Eulalia viridis 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1Cirratulus cirratus 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1Spio martinensis 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1Syllis gracilis 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 1Syllis sp. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1Nemato. unicornis 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1Nereis sp. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1Amphiura filiformis 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1

Page 41: Valeur Fonctionnelle d’un Habitat Littoral : l’exemple de

RÉSUMÉ

L’évaluation de la fonctionnalité des habitats benthiques côtiers en tant que source de nourriture pour les prédateurs supérieurs tels que les oiseaux n’est pas seulement fondamentale pour la compréhension de la « feeding ecology ». Elle est également indispensable à la prévision des conséquences d’éventuelles progressions ou régressions de ceux-ci dans le contexte actuel de changements globaux. Nous proposons ici d’évaluer la fonctionnalité d’un habitat particulier, généré par Lanice conchilega (Annélide polychète), pour les oiseaux d’eau et plus particulièrement les limicoles.

Pour évaluer cette fonctionnalité, nous avons sélectionné une des plus grandes « banquettes » à Lanice conchilega intertidale d’Europe, située sur un site d’importance internationale pour les oiseaux d’eau : la Baie du Mont Saint-Michel. Les caractéristiques bio-sédimentaires de l’habitat et la consommation des oiseaux ont été examinées sur une période allant de février à mai 2009. Les résultats montrent que cette banquette est caractérisée par un même assemblage faunistique dominé par Lanice conchilega (jusqu’à 13000 ind.m-2), Macoma balthica et Cerastoderma edule. La richesse spécifique y est assez ordinaire par rapport au reste de la baie (11,8 sp.0,025m-2 sur la banquette contre 13,2 sp.0,3m-2 en baie), mais l’abondance et la biomasse y sont bien supérieures (respectivement 4 fois et 17 fois supérieure à la moyenne de la baie). Les effectifs d’oiseaux en alimentation sur la banquette sont dominés le bécasseau variable (Calidris alpina ; 1967±2179 ind.j-1), le pluvier argenté (Pluvialis squatarola ; 1142±1002 ind.j-1), le bécasseau maubèche (Calidris canutus ; 811±1365 ind.j-1), et la barge rousse (Limosa lapponica ; 357±96 ind.j-1). A certaines périodes de l’étude, ces effectifs avoisinent, voire dépassent, les seuils d’importance internationale. Pour calculer la biomasse prélevée par les oiseaux, le temps d’exondation a été pris en compte et les résultats montrent que la banquette assure au moins 25 % des besoins énergétiques des oiseaux qui la fréquentent. En prenant en compte le temps d’exondation de la banquette, la consommation sur le site (0,7 g PSLC.m-2.mois-1) est comparable à celle d’autres sites d’étude en France ou en Mer des Wadden.

Les résultats acquis à l’échelle de notre site d’étude, mis en relation avec d’autres sites européens, suggèrent l’importance de la conservation des vastes banquettes intertidales à L. conchilega pour les limicoles lors de leur hivernage et de leurs haltes migratoires pré et post-nuptiales en Europe.

ABSTRACT

Evaluating the functionality of benthic habitats as feeding sites for waders and waterfowl is not only fundamental for understanding feeding ecology but also enables the prediction of potential effects of habitat loss. Here, we propose an evaluation of the functional importance of a particular benthic habitat for birds (waders and other coastal birds): the Lanice conchilega (Annelida polychaete) beds.

To assess this functional value, we selected one of the largest intertidal L. conchilega beds of western Europe located in a site of an international importance for wintering and migrating birds: the Bay of the Mont Saint-Michel (France). After a study of the bio-sedimentary characteristics of this bed, we assessed its functional importance for birds (abundance, spatial distribution and effective consumption of birds) from February to mid-May 2009. Results show that the bed is characterised by an assemblage dominated by L. conchilega (up to 13000 m-2), Macoma balthica and Cerastoderma edule. Specific richness is similar to the rest of the bay (11.8 sp.0.025m-2 on L. conchilega beds compared to. 13.2 sp.0.3m-2 in the bay), but abundance and biomass are much higher (respectively 4 and 17 times higher respectively than the mean value for the bay). The feeding bird abundance on the beds is dominated by dunlin (Calidris alpina ; 1967±2179 d-1), grey plover (Pluvialis squatarola ; 1142±1002 d-1), red knot (Calidris canutus ; 811±1365 d-1), and bar-tailed godwit (Limosa lapponica ; 357±96 d-1), and their abundance can reach threshold of (inter)national importance. To estimate the bird biomass consumption, the emersion time of the beds was considered and the results show that the L. conchilega bed provides 25 % of the basal metabolic rate need of the birds feeding on this habitat, i.e. 783 kg AFDW by month. If taking into account only the emersion time, consumption on this site (0.7 g AFDW.m-2.mounth-1) is comparable to other sites of study in France or in the Wadden sea.

Our results, compared with other European sites, suggest that large and dense intertidal L. conchilega beds represent an important conservation stake for both wintering and migrating birds in Europe.