60

Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

  • Upload
    others

  • View
    2

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »
Page 2: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

VaticanII,50ansaprèsInterprétation,réception,

miseenœuvreetdéveloppementsdoctrinaux1962-2012

Page 3: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Jean-FrançoisGalinier-Pallerola,HervéGaignardChristinaDelarbre(dir.)

VATICANII,50ANSAPRÈS

Interprétation,réception,miseenœuvreetdéveloppementsdoctrinaux

1962-2012

Actesdesjournéesd’étudesdelaFacultédeThéologieetdel’Institutd’EtudesReligieusesetPastoralesdel’InstitutCatholiquedeToulouse

les30et31janvier2012

ARTÈGE

Page 4: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Ces pages ne sont pas disponibles à la pré-visualisation.

Page 5: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

l’affirmation de l’Amérique latine, la montée en puissance del’Asieetdel’Afrique,cesdeuxdernierscontinentsdemieuxenmieux représentésauSacréCollège (premiercardinalasiatiquesousPieXII,premiercardinalafricainsousJeanXXIII). Ilyacependantunretourversune«italianisation»duSacréCollègedepuisl’électiondeBenoîtXVI.

Dans ce monde de plus en plus globalisé depuis unecinquantaine d’années, le catholicisme doit faire face à descrisesintérieuresetàune«concurrence»concernantlaFoi.Lathéologie de la libération a secoué l’Église d’Amérique latine.Cette expression est née dans la bouche du Père GustavoGutierrez lors de la conférence épiscopale latino-américaineréunieàMedellinen1968.Volontédebousculerdeshiérarchiestrop liées aux dictatures d’Amérique latine, soucis premierenvers les pauvres, la théologie de la libération a trouvé desgrands représentants qui ont su rester fidèles au Magistère àl’imagedeMgrHelderCamaraàRecifeetMgrOscarRomeroàSanSalvador10.D’autre franchissent lepasde la rupture tel lethéologienfranciscainLeonardoBoffquiquittelesacerdoceen1992 et le Père Camilo Torres, prêtre colombien, désireux deréconciliermarxisme et christianisme et qui opte pour la luttearmée, trouvant la mort face à des militaires en 196611. Lareprise en main de Jean-Paul II, homme venant du bloccommunisteetseméfiantdecequipouvait toucherdeprèsoudeloinàcetteidéologie,puislaprogressivedémocratisationdel’Amérique latine ont fait reculer les manières d’agir de lathéologiedelalibération.Maisuneautreévolution,sansdouteplusdélicate,obligel’Églisecatholiqueàréagir.Auseinmêmedu christianisme, les évangélistes représentent un redoutablecourant pour le catholicisme dans sa zone de force que

Page 6: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

représentel’Amériquelatine,toutparticulièrementenAmériquecentraleetauBrésil.LespécialisteduBrésilqu’est l’historienRichardMarinestimeàprèsde20% lenombredeBrésilienspassésàl’évangélisme12.Dotésd’importantsmoyensfinanciers,baptisantlesadeptesenquelquesheures,trèsengagéscontrelaviolence faite aux femmes, les évangélistes brésiliens sont unegrande force montante. Aux États-Unis, ils ont organisé ungrandparcàthème,HolylandàOrlandoenFloride,susceptiblepour la «modique » somme de 25 dollars pour un adulte, 10dollars pour un adolescent et 7 dollars pour un enfant deproposerunevisiteenTerreSainteavecdesacteurs jouantdesscènesdesÉvangiles,laPassionetlaRésurrection.L’Églisedoitdonc faire face à une vive intrusion dans ses régions deprédilection. Les évolutions en Europe l’obligent également àréfléchirsurl’avenirducatholicismesurlevieuxcontinent.

3.L’Égliseetlasécularisationdel’Europe

En1943,lesPèresHenriGodinetYvesDanielpublientunouvragedestinéàrestercélèbre,France,terredemission?

La question mérite d’être posée à l’échelle du continenteuropéenetletableausuivantyincite.

TableaudelapratiquereligieuseenEuropeen199913.

Page 7: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Quelques exemples nationaux de pays de traditioncatholiquepermettentd’affinerl’analyse.

- L’Italie comptait 69%de pratiquants en 1956 selon uneenquête de l’Institut Doxa. En 2005, 32 % des Italienspratiquentdont20%pratiquenthebdomadairement14.

-L’Espagne.En2010,8,8%unefoisparmois,30%pourlesgrandesfêtes.57,3%jamaisoupresquejamais15.

-LaFrance.SelonuneenquêtedujournalLaCroixpubliéele28décembre2009,lesdeuxtiersdesFrançaiscontinuentàsedire catholiquesmais cette appartenance ne passe pas par unepratiquerégulière :4,5%unefoisparsemaine,15%unefoispar mois, 20 % pour les grandes fêtes. 56,9 % ne pratiquentjamais ou presque jamais. Selon l’Annuaire statistique del’Église de France, il y eut 506 877 baptêmes d’enfants en1980, 325 878 en 2005 auxquels il convient d’ajouter 2 800baptêmesd’adultesen1980,9564en2005.Encequiconcernelesmariages,217479passaientparl’égliseen1980,97432en2005.

Lasituationdeseffectifsduclergécatholiquedanslemondeconnait des états contrastés. En 2009, on compte 275 542séculiers(265012en1999),soit67%del’ensembleduclergé.Pourleurpart,lesrégulierssont135051(139997en1999).Si

Page 8: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Ces pages ne sont pas disponibles à la pré-visualisation.

Page 9: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

mouvancecatholique,etsurtoutdemieuxdégagerlesprincipescommelesenjeuxde«l’herméneutiquedelaréforme»proposéepar le Pape comme programme herméneutique authentique etsûr.Au risquedecompliquerunpeu leschoses, je répartis lesquatreherméneutiquesendeuxsous-ensembles:d’unepartlesherméneutiquesdeladiscontinuitéetdelarupture,d’autrepartlesherméneutiquesdelacontinuité.

-Lesherméneutiquesdeladiscontinuitéetdelarupturesecaractérisent,génériquement,parl’insistancemisesurlespointsde rupture : en plusieurs points de son message et de sanouveauté (textes ou esprit), Vatican II a rompu avecl’enseignementantérieurdel’Église,assumantdélibérémentunerupture de tradition. Il nous paraît clair que deux mouvancesopposées se rejoignent dans cette « herméneutique de ladiscontinuité », l’une pour contester l’auto-rité du Concile,l’autrepourporterleConcileau-delàdelui-même:

D’une part une « herméneutique de la discontinuité » àmodalité intégriste. Selon cette herméneutique, il s’agit decomprendre toutes les nouveautés de Vatican II en terme derupture de tradition, certains enseignements du ConcilecontredisantdesaffirmationsautoriséesduMagistèreantérieur.LeconstatdecetterupturesuffitàdisqualifierleConcile,ouaumoins ses enseignements novateurs, au nom de l’impossibilitépour le Magistère authentique de se contredire lui-même. Latradition antérieure, en particulier telle que transmise par leMagistère pontifical, s’impose à un Concile ultérieur, sanspossibilité pour ce dernier d’enmodifier les positions, encoremoins de les contredire. Dès lors, puisqu’en plusieurs pointsVatican II enseigne des nouveautés qui vont à l’encontre de latradition antérieure, le Concile, aumoins sur ces points, s’estdisqualifiéetnepeutêtresuiviparlesfidèles.Unetelleposition

Page 10: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

neseretrouvepasseulementdanslescercles«intégristes»ou« lefebvriste », mais même chez certains « catholiquesconciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto DeMattei14).

D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité » àmodalité progressiste. Nous retrouvons là, tout simplement,celle que Benoît XVI nomme ainsi, à savoir l’appel à undépassement de la lettre du Concile au nom de l’esprit duConcile.

La différence entre ces deux herméneutiques de ladiscontinuité est flagrante : la première, celle à modalitéintégriste,découvredanslalettremêmeduConcile,desrupturesde tradition incompatibles avec le principe de l’infaillibilité etde l’indéfectibilité de l’Églisedans samissiond’enseignementdelavéritésalutaire.Laseconde,déçuedesfrilositésdelalettredes textes conciliaires, en appelle à une rupture à venir etprogrammatique, non seulement avec l’enseignement antérieurde l’Église, mais même avec les documents conciliaires eux-mêmes.Dans lesdeuxcas,pourtant,onretrouve lamêmemiseencausedel’autoritédestextesconciliaires,aunomsoitdelatraditionantérieure,soitdel’espritduConcileetdesréformesàvenirqu’ilappelle.

- Les « herméneutiques de la continuité » ont ceci encommunqu’ellesvalorisent,dansl’interprétationetlaréceptionduConcile,leprincipedecontinuité.Ellesserejoignentdanslaconviction selon laquelle le Concile n’a pas rompu avec latradition et ne s’inscrit pas en discontinuité radicale avecl’enseignement antérieur de l’Église. Ce positionnement parrapport auConcile et à sa continuité peut d’ailleurs s’appuyersur deux types d’argument. D’une part sur une conviction a

Page 11: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

priori : étant l’unedesdeux instancessuprêmesduMagistère,fondamentalement assisté du Saint-Esprit, un Concileœcuménique s’exprimant en communion avec le successeur dePierrenepeutpaserrerenrompantaveclatraditiondontilestaucontrairel’instrumentetl’interprèteleplusautorisé.D’autrepart sur un constat a posteriori, plus ou moins exigeant entermes de démonstrations selon les thèmes choisis : la lecturedestextesetl’analysedel’événementconciliairemontrequeleConcilen’apasrompuaveclatradition.

Sur cette base, nous pourrions distinguer trois«herméneutiquesdelacontinuité»,maisjen’enretiendraiquedeux,écartantrapidementunetroisième.Cettetroisième,fondéesur une modalité de déception ou désillusion, pourrait serésumerenceci:ilapparaîtqueleConcilen’apassuffisammentrompu avec l’enseignement antérieur de l’Église, que lesréformes qu’il a promues ne sont qu’apparentes, sans toucheraux structures ecclésiales traditionnelles, sans oser aller assezloin dans l’adaptation au monde moderne. La seule solutionconsisterait à convoquer un nouveau Concile qui, lui, oseraitavancer plus loin dans la direction de la rupture. Cette formed’«herméneutiqueduregretdelacontinuité»rejointfinalementd’assez près « l’herméneutique de la discontinuité à modalitéprogressiste », avec cette note propre d’un plus granddétachementparrapportauConciledontonn’attendplusgrandchose,-mêmedesonespritdontonconstatequ’ilestvraimenttropéloignédesalettrepourdevenirvraimentopérationnel.Quepeutil rester d’un Concile lorsque son esprit est à ce pointneutralisé,exténué,stériliséparsalettre?

Retenons donc deux formes principales d’« herméneutiquede la continuité » : d’une part une « herméneutique de lacontinuité statique », d’autre part une « herméneutique de lacontinuitédynamique».

Page 12: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Ces pages ne sont pas disponibles à la pré-visualisation.

Page 13: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

* Dominicain du couvent de Toulouse, Professeur deThéologie,InstitutCatholiquedeToulouse

1. JEAN-PAUL II, « Allocution pour la convocation dusynodeextraordinaire»,25janvier1985,dansVingtansaprèsVaticanII,Paris,Centurion,1986,p.19.

2.SynthèsedestravauxduSynode,p.224.3. A. DULLES, « L’ecclésiologie catholique depuis Vatican

II », dansConcilium 208 (1986), p. 13-25.H. J. POTTMEYER,«VersunenouvellephasederéceptiondeVaticanII.Vingtansd’herméneutiqueduConcile»,dansLaréceptiondeVaticanII,G.AlberigoetJ.-P.Jossua(éd.),«Cogitatiofidei,134»,Paris,Ed.duCerf,1985,p.43-64.W.KASPER,«LedéfideVaticanIIquidemeure.Aproposde l’herméneutiquedesaffirmationsduConcile », dans La théologie et l’Église, « Cogitatio fidei,158»,Paris,Ed.duCerf,1990,p.411-423.

4.A.DULLES,art.cit.,p.24.5.J.POTTMEYER,art.cit.,p.61.30.W.KASPER,art.cit.,p.413.7. BENOÎT XVI, « Discours à la Curie romaine », 22

décembre 2005, dans La Documentation catholique, n° 2350,15janvier2006,p.56-63.

8.Ibid.,p.59.9. Pour une illustration de cette « herméneutique de la

rupture»,cf.H.DONNEAUD,«H.KüngetsalecturecritiquedeLumen gentium. Parmi les choix herméneutiques de la revueConcilium»,dansRevuethomiste110(2010),p.343-372.

10.BENOÎTXVI,«DiscoursàlaCurie…»,p.60.11.Ibid.,p.61.12.M.RHONHEIMER,«L’“herméneutiquedelaréforme”et

lalibertédereligion»,dansNovaetvetera85(2010),p.341-

Page 14: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

363(342).13.BruneroGHERARDINI,Le concile œcuménique Vatican

II:undébatàouvrir,Frigento,CasaMarianaEditrice,2009;Id.,Concilio Vaticano II. Il discorsomancato, Turin, Lindau,2011.

38.RobertoDEMATTEI,IlConcilioVaticanoII.Unastoriamaiscritta,Turin,Lindau,2010.

15. JEAN XXIII, « Discours à l’occasion de l’ouverturesolennelleduXXIeConcileœcuménique»,11octobre1962,LaDocumentation catholique, n° 1387, 4 novembre 1962, col.1377-1386(1382-1383).

16.VINCENTDELÉRINS,Commonitorium,23,2(CCSL64,p.177).

17.Lumengentium,n°8.18.BENOÎTXVI,«DiscoursàlaCurie…»,p.61.19.Ibid.,p.62.20.Ibid.,p.61.21.Ibid.,p.62.

Page 15: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

L

•••

Chapitre3

LeconceptdetraditiondepuisVaticanII

BrunoGautier*

Introduction

eConcileVatican II traite explicitement de laTraditiondanslaConstitutiondogmatiqueDeiVerbum.Pournous,« Parole deDieu » («Dei Verbum ») évoque l’Écriture

Sainte.Cependantcequecetermede«ParoledeDieu»désigneici,cen’estpasexactementl’ÉcritureSainte,maislaRévélationdivine.C’estpourquoi laConstitutionDeiVerbum se présentecomme«ConstitutiondogmatiquesurlaRévélationdivine».

OncomprenddoncquelepremierchapitredeDeiVerbum,qui en contient six, soit consacré à la Révélation. Les quatredernierschapitrestraitentdel’ÉcritureSainte.Celuiquivanousoccuperplusdirectementest ledeuxièmechapitre, intitulé« latransmissiondelaRévélationdivine»(c’estainsiquelesPèresconciliairesdéfinissentlaTradition:nousyreviendrons).Nousallonsexaminercechapitre,donclesn°7à10deDeiVerbum,encherchantàlesliredansl’ensembledelaConstitutionetdesautresdocumentsconciliaires.

Commejen’aipasletempsprésenteruncommentairesuividecetexte,jevaisessayerdedégagersesprincipauxacquis.Ilsconcernentsuccessivement:

lerapportdelaTraditionàl’ÉcritureSainte;laTraditionvivante;le rapport de la Tradition et de l’Écriture avec le

Page 16: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Ces pages ne sont pas disponibles à la pré-visualisation.

Page 17: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

traditions18. On a signalé que le Concile, en omettant dementionner la possibilité pour une tradition particulière des’écarter de la Tradition vivante, avait laissé passer uneprécieuseoccasiondedialogueaveclesprotestants19.

Peut-êtrelaquestiondelaTraditionsera-t-ellerelancéeparlesréflexionsactuellessurlethèmedel’inculturation.Letermed’inculturation, introduit par Jean-Paul II, signifie « porterl’originalité du message évangélique au cœur des mentalitésactuelles20».Ils’agitdoncd’uneactualisationdelaRévélationlivrée une fois pour toutes en Jésus-Christ. On est proche durôledelaTradition.Onretrouvesurlethèmedel’inculturationdenombreusesquestionsdéjàrencontréesdanslaréflexionsurlaTradition :parexemple le rapportà laParoledeDieuetauMagistèrede l’Église21,ou lebesoindedéfinirdescritèresdediscernement.

En1985,lesynodeextraordinairerevientvingtansaprèsleConcile sur sa réception, et déclare: « la ConstitutiondogmatiqueDei Verbum […], peut-être, a été trop négligée ».Mais il ajoute une indication précieuse à propos du deuxièmechapitredeDeiVerbum,dontj’aiessayédemefairel’échodanscet exposé : « Pour cette constitution aussi, il faut éviter unelecturepartielle.Enparticulier,l’exégèsedusensoriginaldelasainteÉcriture,sirecommandéeparleConcile(voirDV12),nepeutêtreséparéedelavivanteTraditiondel’Église(voirDV9)nidel’authentiqueinterprétationduMagistèredel’Église(voirDV 10)22 ». On pourrait dire qu’il faut éviter d’extraire laTraditionetlesÉcrituresdel’ensembleforméparlaRévélation,l’Église, la foi, le salut23. Plus fondamentalement, le Concileinvite les théologiens à penser la Révélation comme don queDieufaitdelui-même:«parlaRévélationdivine,Dieuavoulusemanifester et se communiquer lui-même » (DV 6). Ce type

Page 18: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

d’interprétation doit s’appliquer également à la Tradition. En1992,WalterKasperdécrit laTraditioncomme«auto-traditionde Dieu par Jésus-Christ dans l’Esprit », ce qui doit secomprendrecommesuit :« le“unefoispour toutes”deJésus-Christ inclut saprésencepermanentedans l’EspritSaint.Dansl’EspritSaint […], l’actepar lequelDieuse livresoi-mêmeenJésus-Christ s’actualise toujours nouvellement. Et pourtant ildemeure fidèle aux formes précédentes de la Tradition. LaTraditionestdoncl’auto-traditiondeDieuparJésus-Christdansl’Esprit Saint, de sorte qu’il se rend sans cesse nouvellementprésent24».

Dansnoscommunautés,dansnosparoisses,nousavonssansdouteencoredespasàfairepourrecevoircettevisiontrèsbelle,cette vision pneumatologique, de la Tradition. Aimer laTradition, l’aimer pour ce qu’elle est vraiment: non pas un« retour en arrière », mais au sens du Concile la validité, laprésence, l’action toujoursactuelledans l’Église, sous l’actionde l’Esprit Saint, de la Révélation deDieu advenue en Jésus-Christ. Dans la vie de nos paroisses, il nous reste souvent àretrouverunregardpositifsurlaTradition.

* Prêtre du diocèse de Pamiers, Professeur de Théologie,InstitutCatholiquedeToulouse

1.Cf.PeterLENGSFELD, «TraditionundHeiligeSchrift»,dans Mysterium salutis, Grundriss heilsgeschichtlicherDogmatik, sous ladirectionde J.Feiner etM.Löhrer, tome I,Einsiedeln,Zürich,Köln,BenzingerVerlag,p.464.

2. J. R. GEISELMANN s’inspirant d’une image de Ch.Moeller,citéenibid.

3.W.KASPER,«DasVerhältnisvonSchriftundTradition»,dansVerbindlichesZeugnis,I,Kanon-Schrift-Tradition,sousla

Page 19: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

direction de W. Pannenberg et T. Schneider, Freiburg imBreisgau,Herder/Göttingen,Vandenhoeck&Ruprecht,1992,p.358.

4.«Enfindecompte,c’estlaTraditionvivantedel’ÉglisequinousfaitcomprendredemanièreadéquatelaSainteÉcriturecommeParoledeDieu»(BENOÎTXVI,ExhortationapostoliqueVerbumDomini,n°17).

5.Cf.J.RATZINGER,LThK,DaszweitevatikanischeKonzil,tomeII,Herder,1967,p.520.

6. La « Tradition d’origine apostolique est une réalitévivante et dynamique: elle progresse dans l’Église sousl’assistance du Saint-Esprit, non dans le sens qu’elle changedanssavérité,quiestéternelle,maisplutôtque“laperceptiondes réalités aussi bien que des paroles transmises s’accroît” »(BENOÎTXVI,ExhortationapostoliqueVerbumDomini,n°17).

7.KASPER,DasVerhältnis…,op.cit.,p.368.8. « Cette Révélation […], Dieu, avec la même

bienveillance, a pris des dispositions pour qu’elle demeuretoujours en son intégrité et qu’elle soit transmise à toutes lesgénérations»(DV7)

9.DV7.10.CONGAR,La tradition et les traditions, tome 1, Paris,

Cerf,2010,p.258.11. Cf. A. VANHOYE, « La réception dans l’Église de la

Constitution dogmatiqueDeiVerbum.Du concileVatican II àaujourd’hui»dansEspritetVien°107,juin2004,p.4.

12. SESBOUË, Histoire des dogmes, La parole du salut,Desclée, 1996, p. 541 ; J. G. BOEGLIN, La question de laTradition dans la théologie catholique contemporaine, Paris,Cerf,coll.Cogitatiofidei,1998,p.202.

13.SEBOUË,op.cit.,p.541.

Page 20: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Ces pages ne sont pas disponibles à la pré-visualisation.

Page 21: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Il semblerait que 50 ans après les textes du Concile quirenouvellent la théologie de l’Église, c’est-à-dire lacompréhensionquel’Églisead’elle-même,desanatureetdesamission, après les élans, les enthousiasmes, à travers les crisesdelasociétéetdumonded’unepart(leP.Gautierl’aévoquéicimême),del’Égliseelle-mêmed’autrepart,quiontcoloréd’unemanière forte l’articulation comprise et vécue du sacerdocecommundesbaptisés et du sacerdoceministériel, il sembleraitdonc que nous tendons à un certain point de maturité etd’équilibre…

J’aiparléd’un lieuemblématiquede l’articulationpratiquedesdeuxsacerdoces.C’est troppartielévidemmentpourparlerde cette articulation qui se vit ordinairement à un niveau pluslarge. Le sacerdoce ministériel sert le sacerdoce commun desfidèles.Le rapport entre lesdeuxn’estpasd’abordun rapportde collaboration, mais de « fils à père » ou de père à fils etfilles…

Les trois grandes fonctions des prêtres réalisentl’engendrement spirituel que décrit l’apôtre Paul dans 1Co 4,15:«QuandvousauriezdixmillepédagoguesenChrist,vousn’avezpasplusieurspères.C’estmoiqui,parl’Évangile,vousaiengendrésenJésus-Christ».Lesprêtres,écritleConciledansledécretsurleministèreetlaviedesprêtres(P.O.)aun°2,«pourleurpart(…)etpargrâce(…)participent(…)àlafonctiondesapôtres».

Prêtresetlaïcsneseremplacentpaslesunslesautres.Pourque grandisse leCorps duChrist, il faut que tous jouent leurrôle, et ils le jouentdemieuxenmieux semblet-il, etd’autantmieuxquejamaisl’unsansl’autre.

Page 22: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Conclusion:«Ilssontjeunes,ilssontprêtres,ilssontheureux!»

C’est le titre d’un ouvrage collectif paru en 2011 auxPressesdelaRenaissance.Cinqjeunesprêtresytémoignentdeleurvocation,deleurviedeprêtreaujourd’hui,deleurministèreexercé dans un réseau de relations multiples où les deuxsacerdocesdontonparlesontenrelationpacifiéeetféconde…Je vous en recommande bien chaleureusement la lecture parcequecesprêtresytémoignentavecbonheurdel’équilibredontjeparle,annoncéparleConcileetpeuàpeuadvenuouadvenant.De cet équilibre dépend l’unité de ses disciples pour laquelleJésusprieavantsamort(cf.Jn17).Decetteunitédesdisciplesdépend la foi du monde. Et il me semble très pertinent d’enavoirconscienceàl’heuredelanouvelleévangélisationdontleJean-Paul II exprimait la nécessité dansChristifideles laïci etquel’Égliseaujourd’huisouhaiterésolumentmettreenœuvre.

* Prêtre de Saint Sulpice, Supérieur du Séminaire SaintCyprien,Toulouse.

1. Pour cette question, cf. Mgr E. MARCUS, Les prêtres,coll.L’héritageduConcile,Ed.Desclée,1984,pp.97-s.

2.Pourcettequestion,cf.LenouveauTHEO,Mame2009,p.

Page 23: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

N

Chapitre5

Leslaïcsdansl’Église:del’engagementdanslemondeàl’animationdelavieparoissiale?

ChristianDelarbre*

1.PlaceconsidérabledulaïcatdanslecorpusduConcileVaticanII

ous pouvons affirmer avec John O’Malley, dans sonhistoire du Concile récemment publié en français queparmi les questions les plus importantes débattues à

Vatican II, « il y eut certainement le désir de reconnaître ladignité des laïcs, hommes et femmes, et de les encourager àaccomplirleurvocationaucœurdel’Église»1.Letextemajeurqui vient à l’appui de cette affirmation est, bien entendu, lechapitreIVdelaConstitutionsurl’Église,Lumengentium,quifait immédiatement suite à celui consacré à l’épiscopat. Cepassagefutratifié le17novembre1964, lorsde laIIIe session,sans grand débat, car le texte avait été amplement élaboré aucours de la session précédente2. En effet, au cours de ladeuxième session, le plan tout entier duDeEcclesia avait étémodifié, remplaçant le chapitre III initialement prévu sur lePeupledeDieuet les laïcspar lechapitre IIactuel, intituléLePeupledeDieu,précédantlechapitresurl’épiscopatdevenuletroisième et le chapitre IV actuel sur les laïcs. Ce dernier estdonc issu de l’extraction d’un certain nombre d’éléments duchapitre initial, concernant explicitement les fidèles laïcs eux-

Page 24: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Ces pages ne sont pas disponibles à la pré-visualisation.

Page 25: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

fidèles pour vivre le caractère séculier du baptême. Il y auraitsansdouteàenquêterplusavantpouréclaircirlesraisonsdecequel’onconstateici.

6.Lesdéplacements:remarquesconclusives

Après un demi-siècle, nous constatons un large appel del’Église au laïcat pour sa vie quotidienne. Les textes deréception du Concile prennent ainsi largement en compte laréalité d’une participation massive des laïcs à la vie desparoisses, ainsi que l’émergence d’une réalité ministérielle,c’est-à-diredesfidèleslaïcsauxquelssontconfiésdescharges,offices,ministères,selonunvocabulairecertainementfluctuant.On voit depuis poindre une réticence dans l’emploi duvocabulaire ministériel pour qualifier ces laïcs collaborateursapostoliquesréguliersdesprêtresetévêques.

Onnedoitpasnonplusoublierl’importancedeslaïcsdansla fondation des nouvelles communautés, une pluralitéd’expériences diverses destinées aux fidèles laïcs. Mais noussommesaumomentoùcesexpériencesarriventaupointd’êtreévaluées et les statuts corrigés. Certaines initiatives visant àpermettre à des laïcs de vivre en famille une expérience decommunauté religieuse sont les plus remises en causeaujourd’hui.

Laréceptionconnaîtaussisesbémols.Leprincipalconcernelamiseenœuvreréelledufondementdoctrinaldulaïcat,etdoncsa crédibilité aujourd’hui. En quoi les fidèles laïcs sont-ilsencouragés, formés, et naturellement acteurs d’un apostolatséculier ? Qu’est-ce qui leur permet d’être apôtres dans lesdifférents domaines de leur existence de travailleur, parents,jeunes, citoyens, artistes, etc ? On se rappelle le dépit du

Page 26: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

regretté René Rémond, ayant l’impression de voir disparaîtreaveclui lafiguredel’intellectuelcatholique.LecontextedelaNouvelle Evangélisation nous invite à revenir au fondementdoctrinal du laïcat et à nous interroger sur le rôle central deslaïcsdansl’annoncedel’Évangile22.

Cen’estpasnonplusledésertcomplet.Malgrélescrisesdecroissance,lesnouvellescommunautés,déjàcitées,poursuiventleur mission, et les mouvements d’Action catholique sonttoujours présents et actifs. Par ailleurs, si une certaine fin dumilitantisme est reconnue dans l’ensemble de la sociétéoccidentale,c’estauprofitd’engagementspluscourts,autourdeprojets concrets. Un nouveaumode d’engagement se fait jour.Des initiatives plus récentes et plus directement liées auxévolutions du monde moderne peuvent être soulignées. Desgroupes de musique fondés par de jeunes laïcs adressent leurmessage évangélique à leur génération par un de ses moyensd’expressionprivilégiés,lamusique.Denombreuxlaïcsmènent,de leur propre initiative, un certain apostolat du Net,développant de nombreux de sites, blogs et autres moyensd’expressionsurInternet.Ilsillustrentdesaspectsessentielsdel’apostolat des fidèles laïcs : celui-ci procède de l’insertionnaturelle dans un milieu et une culture, il s’exprime avec lesmodesd’expressiondecemilieuetdecetteculture,etenfin,cesinitiatives n’exigent aucun appel ou reconnaissancehiérarchique,car ilappartientau fidèleduChristde témoignerduSeigneurlàoùilsetrouveetoùnulautrequeluinepourraitlefaire.

*VicaireGénéraldudiocèsed’Auch,Maîtredeconférencesenthéologie,InstitutCatholiquedeToulouse.

1. J. W. O’MALLEY, L’événement Vatican II, [traduit de

Page 27: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

l’américainWhatHappenedatVaticanII,ThebelknapPressofHarvard University Press, Cambridge (Massachusetts), 2008],Bruxelle,ÉditionsLessius,2011.448p.

2.Pourcesbrèvesnotessurl’histoiredestextesconciliaires,onsereporteraàl’HistoireduConcileVaticanIIpubliéesousla direction de Giuseppe Alberigo. Ici, voir plusparticulièrement : A. MELLONI, « Le début de la deuxièmesession. Le grand débat ecclésiologique », pp. 11-131, in :G.Alberigo (dir.),HistoireduConcileVatican II.1959-1965. III.Leconcileadulte,Paris:LesÉditionsduCerf/Louvain:Peeters,2000, 585 p., J.A. KOMONCHAK, « Vers une ecclésiologie decommunion », pp. 11-122, in :G.Alberigo (dir.),Histoire duConcile Vatican II. 1959-1965. IV. L’Église en tant quecommunion, Paris : Les Éditions du Cerf/Louvain : Peeters,2003, 822 p., et H. SAUER, « Le concile à la découverte deslaïcs»,pp.287-326,inop.cit.

3.J.KOMONCHAK,art.cit.p.35.4. « L’opinion que le laïc était tenu à une obéissance de

mineur sous tutelle a longtemps prévalu dans la penséeecclésiologique»,p.5in:MgrPHILIPS,L’Égliseetsonmystèreau2e concileduVatican.Histoire, texteet commentairede laConstitution Lumen gentium, tome II, Paris : Desclée, 1968,376p.

5.Onnepeutmanquerdeciterl’ouvragepharedeY.M.-J.CONGAR, Jalons pour une théologie du laïcat, Paris : LesÉditions duCerf, (coll. «Unam sanctam» 23), 1954 (2e éd.),683p.

6.MgrPHILIPS,op.cit.p.7.7.H.SAUER,op.cit.p.323.8. Indoles secularis signifie littéralement la « disposition

séculière»,c’està-direunequaliténaturelle.Defait,lecaractère

Page 28: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Ces pages ne sont pas disponibles à la pré-visualisation.

Page 29: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

-

-

instances, des institutions, ce qu’on peut appeler desdynamiques pastorales « labellisées » ont été associées demanièreprioritaireaugouvernementàteloutelmoment:

- la Mission ouvrière au temps des épiscopats de MgrGarroneetGuyot;

- laformationdeslaïcs(enrelationavecl’Institutd’EtudesReligieuses et Pastorales [IERP]), est un des objectifsdiocésainsprioritairesautempsdeMgrCollini);

- l’EAP, l’Equiped’animationPastorale12 (aujourd’hui)…le soin apporté à leur égard est révélateur d’un investissementpropre : reconnaissance et lettre de mission, formation etrassemblement, assentimentdespasteurs.LaDépêcheduMidiquipourtantneconsacrepasgénéralementbeau-coupd’espaceaux instances ecclésiales, présentait hier avecphoto l’envoidel’EAPdeColomiers«deslaïcsenmissionauseindel’Église».

Onapureleveretentrevoirleschangementsquiontaffectéles instances canoniques, le conseil presbytéral et le conseildiocésaindepastorale.

Enachevantcedescriptif,remarquons:l’Évêque, ici comme ailleurs, est dorénavant en prisedirecte quotidiennement avec la vie du diocèse par sescontacts, par ses visites, par les sacrements conférés (cequi contribue à faire apparaître une nouvelle figure del’exerciceduministèreépiscopal);la diminution du nombre des prêtres et le nombreimportantdeslaïcsenmissionecclésiale.L’annuairediocésain,depuis l’année2011,à lademandedu Vicaire général, fait état de catégories de personnesayant reçu une lettre de mission, distinguant : [1] lesServices diocésains, 68 noms - [2] les mouvements, 3

Page 30: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

noms [3], les EAP mise en place dans chaque unitépastorale [4] les laïcs au service des paroisses etdoyennés,14noms.

Ces deux aspects ne sont pas sans faire entrevoir lesmutations imperceptibles intervenant aujourd’hui dans lagouvernancediocésaine.

Visiteadlimina2004MgrMarcus13RappeldusynodeLe synode s’est dérouléde1992à1993–undocument final «pour

continuernotremarcheensemble»(septembre1993avecen3°partielesstatuts synodaux promulgués par Mgr Collini à partir du « cahier despropositions»le15août1993.

La loi électorale est du 6 mars 1992 – 420 membres - les prêtresreprésentant23,7%.

En88-89leCPenvued’unsynodediocésainadopteuneformulationde4optionsfondamentalesetdel’axedemarche:

-Convocationle15avril1990,décretdu9avril;-Règlementintérieur25septembre1992;- Phase préparatoire 180000 questionnaires distribués – 29 000

réponsesdépouilléesreprisesen14chantiers;- 1re session 3 octobre 1992 ; 2e session : 21-22 novembre 92 ; 3e

session:13-14février1993;4esession:20-23maiauChrist-Roi;-Clôture:etenvoi26septembre1993auParcdesexpositions.Une commission post-synodale composée de 15 membres élus par

chacune des 15 assemblées partielles de l’Assemblée synodale décret 13juin1993.

Conclusionsdu26septembres1993.Décretdepromulgationdesstatutssynodaux:26septembre1993.

* Chanoine du chapitre métropolitain de Toulouse,ChancelierdudiocèsedeToulouse.

Page 31: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

1. REYNAL (G) « La gouvernance de Mgr Saliège sur lediocèse de Toulouse », in le cardinal Saliège archevêque deToulouse,Bulletin de Littérature ecclesiatique (BLE), CVIII/1janvier-mars2007,ActesduColloque,3-4novembre2006.pp.193-208–cf.102,lestyleSaliège.

2. Cf. chancellerie du Diocèse de Toulouse ; BulletindiocésainFoietVieaudiocèsedeToulouse,devenantensuite:FoietVie–mensueldescatholiquesdudiocèsedeToulouse.

3.MgrEmileMARCUS,ArchevêquedeToulouse,«Prêtreset laïcs – ensemble dans notre diocèse, 2002-2003 »,SupplémentàFoietVien°20,n17novembre2002.

4. Cf. Lettre pas torale de septembre 2008 : AnnoncerensembleauxpauvreslaBonneNouvelle(tiréàpartcf.FoiVieau Diocèse de Toulouse), reprise dans le rassemblementdiocésaindePentecôte,le31mai2009

5.Lesnouveauxstatutssontpromulguésle29juin1968.6. Archives du diocèse de Toulouse (ADT), chancellerie,

dossierConseilpresbytéral.7. Liste présentée dans la relation quinquennale,Visite ad

limina,DiocèsedeToulouse,MgrEmileMARCUS,2004,p.11–ADT,chancellerie.

8.Cf.Pour continuernotre démarche ensemble,Les actesdu Synode, Église catholique en Haute-Garonne, Mgr AndréCOLLINI,septembre1993,promanuscripto.

9.Surcettepériode,unentretienàcesujetaveclechanoineMarcel BAURIER nous a apporté le témoignage d’un acteur.Celui-ci a été Secrétaire général du Synode diocésain,Vicaireépiscopal.

10. Relation quinquennale, Visite ad limina, Diocèse deToulouse, Mgr Emile MARCUS, 2004, pp. 6-8 – ADT,chancellerie.

Page 32: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Ces pages ne sont pas disponibles à la pré-visualisation.

Page 33: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

leprotestantismefrançaishésitaquantauniveauauquelildevaitrépondre. Chaque Église, comme l’ERF, tenait à sesprérogatives, mais la question œcuménique étant vaste, ilconvenait que le partenariat soit plus large que chaqueÉglise.Ainsi, Roux vit encore sonmandat s’élargir puisqu’en janvier1963, la FPF créa une Commission des relations avec lecatholicismedontelleluiconfialaprésidence.Maislacréationd’unvraiservicefédératifpourlesrelationsaveclecatholicismeprendradutempsparcequelaFPFcomprenaitdesÉglisesd’âgeetdetraditionsprotestantesdivers,lesplusanciennes,réforméeset luthériennes, les premières à se sentir concernées par ledialogue avec l’Église catholique, les autres plus récentes,développant souvent encore un certain anti catholicisme.C’estpourquoi le travailœcuménique le plus théologique se fera auniveauduComitémixtecatholiqueprotestantenFrancecrééen1968.Nousyreviendrons.

Une deuxième cause de l’incertitude et du malaise desprotestants français, tenait au fait que, dans les Églisesprotestantes anciennes, deux attitudes se faisaient jourvisà-visdel’œcuménismetelqu’ilétaitinitiéparRome:l’enthousiasmeet la réticence. Je pourrais citer de nombreux témoignages decette tension, jeme contenterai de rapporter un document quitenta de les assumer positivement. Il s’intitule« Recommandations et conseils en vue du dialogue avec lecatholicisme romain » établi en 1964 par le désormaisincontournableHébertRoux,aprèsenquêtedans lesÉglisesetouvert par une lettre signée par le prési-dent de la FPF et lesprésidents des quatre Églises luthériennes et réformées deFrance : « La division des Églises est, enmême temps qu’unscandale,uncontretémoignageetconstitueunobstaclemajeuràl’accomplissement par le peuple chrétien de sa mission. S’ilplaît au Seigneur d’ouvrir des portes entre lesmaisons de ses

Page 34: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

enfantsséparés,pourquoiaurions-nouspeurdelesfranchir?Nese pour-rait-il pas qu’en refusant de le faire, nous passions àcôté d’un don et d’une exigence du Chef de l’Église ? […]Cependant,nousfausserionsnotrerecherchede l’unitésinousla poursuivions au détriment de la vérité que nous croyons enconfessonssurlefondementdesÉcritures[…].C’estàceprixque le dialogue œcuménique peut rester authentique etfécond17».

Revenons une dernière fois au rôle des observateurs surlesquelsRouxaécritdeslignestrèséclairantes:«Ilesttrèsréelqueleseulfaitdecetteprésence,concrètementréaliséechaquematinàlatribuneprochedelatableduConseildeprésidenceetfaceauxcardinaux,aconstituéunedesgrandesoriginalitésdeVatican II. Pour la première fois dans l’histoire, l’Églisecatholiqueromainetenaitsesassissessolennellesenprésencedereprésentants officiels des grandes confessions chrétiennesséparéesd’elledepuisdessiècles,etofficiellementcondamnéeset anathématiséespar lesConcilesprécédents.Le faitque toutdût se dérouler ainsi au vu et au su de ces “témoins” acertainement contribué à faire naître chez les membres duConcile, et jusque chez les moins “ouverts” d’entre eux, unedouble prise de conscience : a/ celle de l’existence pure etsimpledesautresconfessions:ilyadeschrétiensendehorsdeslimites visibles de l’Église romaine ! b/ celle d’une étrangeinnovation : l’avenir de nos relations avec eux dépend de cequ’ilspenserontdenous18».PuisRouxanalyseavecfinesselatension provoquée par la participation d’un observateurprotestantàunConciledel’Églisecatholique,entreuneattitudecritique, toujours prompte à chercher l’erreur romaine au nomd’unevéritéévangéliquequ’elleprétendincarner,etuneattitudeempathique, sensible aux élans du cœur qui discerne cet

Page 35: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

évangile derrière ce formidable événement conciliaire. Et deconclure selon une perspective prometteuse pourl’œcuménisme:«si l’Égliseromainea tentéàVaticanIIdeserepenser elle-même en présence des autres Églises, il est biencertainquecelaexigedecesautresÉglisesqu’ellesserepensentelles-mêmesenprésencedeRome19».

Il serait très fécondmaintenant de reprendre l’analyse queRouxetd’autresontfaitedechacundesgrandsthèmesvotésparleConcile.Rouxs’est livréà l’exerciceen1966dans la revuede l’ERF, Information Evangélisation, dressant un « bilansommaire deVatican II », dans lequel il reprenait un à un lestextes du Concile20 ; puis l’année suivante, en 1967 encoordonnant le n° 64 de la revueUnam Sanctam donnant lepoint de vue de théologiens protestants sur tous les grandstextes de Vatican II, Roux traita du fameux décret surl’œcuménismesurlequeljevaisvenirunpeuplusloin.Notonsencore, le point de vue concordant du cardinal Joseph-MarieMartin avecceluideRouxdans lapréfacequ’il donnaitdecevolume.Aprèsavoirfortementsoulignél’importancedurôledesobservateurs au Concile, il écrit encore qu’avec ce volume« nous avons conscience d’étendre largement la catégorie“observateurs”»etremerciaHébertRouxenmêmetempsqu’ilvalidait son titre dans les faits, parce « qu’il est, écrivit MgrMartin,chargédesrelationsavecl’Églisecatholiqueaunomdel’Église réformée de France : à ce titre, au nom de laCommissiondel’EpiscopatdeFrance,nousavonsavecluidesrapportsdontnousn’avonsqu’ànousféliciter21.»Jemeplais,évidemment sans perfidie, à souligner que Mgr Martinreconnaissait au passage le titre d’Église à l’ERF, titre quin’était pas reconnu dans le décret sur l’œcuménisme… Cettequestiondevait resurgir à plusieurs reprises au coursdudemi-

Page 36: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Ces pages ne sont pas disponibles à la pré-visualisation.

Page 37: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

reconnaissons donc que notre conviction de foi, ferme etdécidée,n’estpasidentifiableàunsavoirsurlavéritéultime.Lafoi que nous confessons est née de notre rencontre duChrist.Elleneconstituenullementlecritèrequipermettraitdejugerdela véracité des autres Églises et d’opérer un tri entre lescroyants.Convictionet tolérancesontappeléesà seconjuguer.Nous reconnaissons qu’il existe d’autres façons de suivre leChrist et que personne ne dispose de la vérité absolue etdernière.Noussavonsque leshommesconnais-sentsanscessela tentation de vouloir détenir la vérité unique et indiscutable.C’est le cas dans la religion, la science ou la politique,lorsqu’onsedonnelepouvoirdesépareraveccertitudelejustedel’injusteetlebiendumal.

Noussommestoustoujourstentésdenousrendremaîtresdela Parole deDieu et de lamettre au service de notre désir depuissanceoudesavoirabsolu.Nousréaffirmonsnotredésirdevivreunœcuménismerespectueuxquiaccueilleladiversitédesconfessions chrétiennes comme un bienfait et une pluralitélégitime.Nousavonsbesoind’êtreencouragésencesens.C’estpourquoi, nous atten-dons de nos frères et sœurs catholiquesqu’ilsdisentpubliquementetclairementcommentilssesituent,à la lumière des Écritures, par rapport à cette déclaration etquelles conséquences ils en tirent pour la vie œcuménique.Aucune Église ne peut capturer la Parole de Dieu qui est leChrist.EllepeutseulementêtrelaservantedeCeluiquitoujoursparleetagit,parfoislàoùnulnel’attend,pourredresser,guérir,justifier l’existence des femmes et des hommes d’aujourd’huicommededemain31.»

Une brève analyse contextuelle du texte de la déclarationDominus Iesus et de la réaction réformée, nous permettra deconclure.

Page 38: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Conclusion:L’œcuménismeundemi-siècleaprèsVaticanII:statuquoconfessionneloudynamiquedeconversion?

Le fait, souligné par tous les commentateurs, que laDéclarationDominusIesuscontientàlafoisdesconsidérationssurledialogueinterreligieuxetsurledialogueœcuméniqueestun fait contextuel sans précédent qu’il convient de décoder. Ilest vrai qu’aujourd’hui le dialogue interreligieux, comme défilancéauxÉglises,àsontémoignage,samission,sacapacitédedialogue,asupplantédans lesesprits ledialogueœcuménique.Du coup, le transfert des problématiques du dialogue del’œcuménique à l’interreligieux, fait courir à l’œcuménique lerisque d’être désinvesti de l’attention des Églises et desthéologiens,etconsidérécomme«uneaffaireclassée».C’estlaporte ouverte au relativisme, au laxisme et notamment à despratiques œcuméniques liturgiques transgressives qui, aussisympathiquesqu’ellessoient,necontribuentpasàlaclartédesrelations inter-ecclésiales. C’est pourquoi, sur le flanc dudialogueœcuménique, l’Église catholique a voulu, la premièreetdemanièresansdouteunpeuraide,rappelercequi,pourelle,est fondamental et doit faire encore l’objetd’approfondissements.Une telle opération amanifestement uncaractère identitaire.Oronnoteraque la réactionde l’ERFvaexactement dans le même sens en réaffirmant quelques pointsforts de son identité confessionnelle.Aussi, on peut dire avecune décennie de recul, queDominus Iesus a servi à repréciserquelqueslignesdedémarcationsetquecelanenuitenrienàlapoursuite du dialogue œcuménique, même si se produit, demanièreimpromptue,unchocdesidentitésauquelcinquanteansd’œcuménismeavaientfaitperdrel’habitude!

Page 39: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

S’il convient alors de situer ce retour des identitésconfessionnelles dans le contexte plus large d’une sociétéglobalementenpertederepères,sociétéquiabesoindecetypede réaffirmations,onpeut toutmêmes’interroger sur leseffetsdecinquanteansdedialogueœcuménique.J’émetsl’hypothèsesuivante : l’œcuménismead’abordmis findéfinitivement à cequ’on appela jadis « des guerres de religion » alors qu’ils’agissaitdeconflitsinternesauchristianisme.Maisjen’aipasbesoin de rappeler les violences, y compris physiques, qui ontjalonné l’histoireduchristianisme,pourexpliquerqu’une telleformuleaitpuavoircours…L’œcuménismeaensuitemisfinàl’ignorance entre confessions chrétiennes, et enfin,l’œcuménisme a commencé à procéder au rapprochement desconfessions dans une perspective qui écarte le prosélytisme.L’œcuménismen’adonc,nimitfinàl’existencedesconfessionsni envisagé de les fusionner. Le moteur de l’œcuménisme,l’unité, au nom de l’injonction johannique du Christ « qu’ilssoientunafinque lemondecroie!»(Jean17,21)estd’ordrespirituel,cequineveutpasdirequesur leplan institutionnel,onnepuisseni nedoive faire despasdécisifs.Autrement dit,l’œcuménisme a eu comme effet social de geler le statu quoconfessionnel. Sans doute, pour beaucoup de chrétiens,notamment pour ceux qui ont vécu des tensionsinterconfessionnellesdansleurviepersonnelle,cerésultatest-ildécevant,voirenégatif.Onlescomprend,etplusgénéralement,onpeutpenserqu’auregarddelasituationminoritairecommunedeschrétiensdanslasociétépostchrétienne,l’unitévisibledesÉglises serait nécessaire pour le témoignage de l’Évangile surterre.Maisdirecela,nesignifiepasqu’ilfautdécréterlalevéedes barrières car c’est lemeilleurmoyen de les déplacer et derefermer hâtivement des plaies pas totalement cicatrisées,risquantàtoutmomentdeserouvrir.

Page 40: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Ces pages ne sont pas disponibles à la pré-visualisation.

Page 41: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

l’Églises’inscritdanscetteperspective.À ce premier aspect, fondé sur la juste appréciation de la

relation de l’Église aux sociétés dans lesquelles elle estprésente, s’en ajoute un second qui tient à la situation desfidèles laïcs dans ces sociétés séculières. Il s’agit en effet,comme on l’a vu plus haut, que les fidèles chrétiens agissent« en leur nom propre comme citoyens, guidés par leurconscience chrétienne » (GS 76 § 1). Puisque les sociétéss’organisentsouverainementsansréférencedirecteetimmédiateàl’Évangile,ilimportequeleschrétiensvivantdanslacité,quisont aussi des citoyens, agissent avec une conscience éclairée,desortequelasociétésoitordonnéeàunbienvéritable.C’estlàl’une des orientations fondamentales de l’ecclésiologieconciliaire : il appartient aux chrétiens, c’est-à-direconcrètement aux fidèles laïcs, d’or-donner à Dieu l’ordretemporel.

Il apparaît clairement que la mise en valeur de l’ÉglisecommePeupledeDieuconduitàcelledeslaïcscommeprésencedel’Égliseaucœurdumonde.C’estlemoteurdumouvementdel’Action catholique, promue par Pie XI dans Quadragesimoanno.PieXIIaussienavaitunsensaigu,ainsiqu’entémoignesondiscoursdu20février1946:

Lesfidèleslaïcssetrouventsurlalignelaplusavancéedelavie de l’Église ; par eux, l’Église est le principe vital de lasociété.C’estpourquoieuxsurtoutdoiventavoiruneconsciencetoujoursplusclaire,nonseulementd’apparteniràl’Église,maisd’être l’Église, c’est-à-dire la communauté des fidèles sur laterresouslaconduiteduChefcommun,lePape,etdesÉvêquesencommunionaveclui.Ilssontl’Église8.

Le Concile reprend cette conception et la développe, eninsistantsurlecaractèreséculierdel’étatdeviedeslaïcs.C’est

Page 42: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

à eux qu’il revient de contribuer à sanctifier le monde enl’ordonnantselonDieu,àlafaçond’unlevainecclésialdanslapâtedumonde:

Lecaractèreséculierestlecaractèrepropreetparticulierdeslaïcs…LavocationpropredeslaïcsconsisteàchercherlerègnedeDieuprécisémentàtraverslagérancedeschosestemporellesqu’ilsordonnentselonDieu.Ilsviventaumilieudusiècle,c’est-à-direengagésdanstouslesdiversdevoirsettravauxdumonde,danslesconditionsordinairesdelaviefamilialeetsocialedontleurexistenceestcomme tissée.Àcetteplace, ils sontappelésparDieupourtravaillercommedudedansàlasanctificationdumonde, à la façon d’un ferment, en exerçant leurs proprescharges sous la conduite de l’esprit évangélique, et pourmanifester leChristauxautresavant toutpar le témoignagedeleurvie,rayonnantdefoi,d’espéranceetdecharité.C’estàeuxqu’ilrevient,d’unemanièreparticulière,d’éclaireretd’orientertoutes les réalités temporelles auxquelles ils sont étroitementunis, de telle sorte qu’elles se fassent et pros-pèrentconstammentselonleChristetsoientàlalouangeduCréateuretRédempteur(LG31§2).

Jean-PaulIIdéveloppelonguementcetaspectessentieldelaconception chrétienne de l’Église et du monde dans sa lettreChristifideleslaici,danslaquelleilréaffirmel’unitédeviedesfidèles,quinepeuventnepasrefléterdansleuragirdecitoyensleurfoiauChrist:

Dansleurexistence,ilnepeutyavoirdeuxviesparallèles:d’uncôté,laviequ’onnomme«spirituelle»avecsesvaleursetsesexigences;etdel’autre,laviedite«séculière»,c’est-à-direlaviede famille,de travail,de rapports sociaux,d’engagementpolitique,d’activitésculturelles.Le sarmentgreffé sur lavignequiestleChristdonnesesfruitsentoutsecteurdel’activitéetde l’existence. Tous les secteurs de la vie laïque, en effet,

Page 43: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

rentrentdans ledesseindeDieu,qui lesveut comme le« lieuhistorique»delarévélationetdelaréalisationdelacharitédeJésusChrist à la gloireduPère et au servicedes frères.Touteactivité, toute situation, tout engagement concret - comme, parexemple,lacompétenceetlasolidaritédansletravail,l’amouretledévouementdanslafamilleetdansl’éducationdesenfants,leservice social et politique, la présentation de la vérité dans lemondedelaculture-toutcelaestoccasionprovidentiellepour«unexercicecontinueldelafoi,del’espéranceetdelacharité»(ChristiFidelesLaïci59)(CL).

Par de tels propos, on perçoit combien on est passé d’unrégimed’influencedirectedeschrétienssurlemondehumainàunrégimed’influence indirecte,où leschrétiens,agissantdansle monde dans la lumière de leur foi, le sanctifient etl’ordonnentàDieu9.

Ces considérations, issues des textes conciliaires et duMagistèrepostérieurqu’ilsontinspiré,montrentquel’Égliseaundiscoursàtenirsurlemonde,etqu’elleagitensonseinparles fidèles laïcs qui la constituent. Les deux sont intimementliés : c’est précisément l’un des objets de ce discours qued’éclairer la consciencedes fidèles afinqu’ils remplissent leurmissiond’agentsde laprésenceduChristdans lemonde.Plusl’Égliseacquiertuneconscienceclairedelamissiondesfidèleslaïcs,pluslanécessitéd’éclairerlesconsciencessefaitsentir.

La DSE comme enseignement donné aux conscienceschrétiennes

L’enseignement social de l’Église est donc à la fois undiscoursadresséàtousleshommes,aunomdesonexpertiseenhumanité, et un discours adressé plus spécifiquement auxchrétiensquiontpourmissiond’agirdanslemonde.CetaspectestsoulignédansleMagistèredespapesJean-PaulIIetBenoît

Page 44: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Ces pages ne sont pas disponibles à la pré-visualisation.

Page 45: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

des relations qui l’animent, qu’il s’agisse des institutionspolitiques nationales ou internationales, qu’il s’agisse del’économieetdudéveloppement,partoutlediscoursdel’Églisecatholiqueseréfèreàuneconceptiondel’hommeetdessociétéshumaines,procédantde laRévélationetde la raisonnaturelle.C’estparrapportàcetteconceptionquel’Égliseentendexercerun regard critique sur les sociétés dans lesquelles elle estinsérée,sansjamaisperdredevuel’agirdeschrétiensauseindeces sociétés. La doctrine politique et sociale de l’Église n’estpasunexercicespéculatifappliquéà lamatièresociale :elleatoujoursunefinalitépratique,celledecontribueràl’édificationdeconditionsplushumaines,selon les termesdePaulVIdansPopulorum progressio. Depuis le Concile, la doctrinecatholiquedéfinitetprésente,enleprécisanttouchepartouche,le substrat éthique sur lequel elle se fonde: une anthropologiehumaineetchrétiennecohérente.

UneanthropologiehumaineetchrétiennecohérenteC’est en puisant dans le fonds presque bi-millénaire de

l’Écriture et de la Tradition, notamment théologique, quel’Église peut éclairer les réalités humaines spécifiques à unmoment donné. Les apports de la théologie morale sont à cetégard essentiels, et les grands textes du Magistère socialmontrentcombienilspermettentd’articuleruneréponsefondéesur une conception d’ensemble de la personne et du mondehumain. Léon XIII, dans Rerum novarum, et Pie XI, dansQuadragesimo anno, se réfèrent à maintes reprises à lathéologiedeThomasd’Aquin.EntrelesdeuxguerresmondialesduXXe siècle, on a pu évoquer un « personnalisme chrétien »pour préciser et résumer l’axe autour duquel l’Église exprimeson refus des totalitarismes politiques.Mais c’est àVatican IIque l’Église expose, pour la première fois dans un texte du

Page 46: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Magistère conciliaire, un résumé de sa conception de lapersonne, en un mot les fondements de son anthropologie.L’essentiel de la première partie de Gaudium et spes lui estconsacré.TrenteansaprèsleConcile,leCatéchismedel’Églisecatholiquereprendsesenseignementsetlesexposed’unefaçonplussystématiqueencoredanssatroisièmepartie.

S’il n’est pas question de présenter ici les grands axes decetteanthropologie,ilfautrelevercefaitimportantque,toutens’appuyantsurlaRévélationchrétienne,ellefaitappelàtouslesenseignementsutilesqu’offrelaraisonnaturelle,spécialementlaphilosophie morale et politique et les sciences humaines plusrécentes.EnseréférantspécialementauxécritsdeJean-PaulII,leCompendiumdeladoctrinesocialedel’Églisepréciseainsi,aveclereculdutemps(en2005),cettedéclinaisondel’allianceentrefoietraison–fidesetratio–quereprésentelaDSE:

Lafoiet laraisonconstituent lesdeuxvoiescognitivesdela doctrine sociale puisque celle-ci puise à deux sources : laRévélation et la nature humaine. La connaissance de la foicomprendetdirigelevécudel’hommeàlalumièredumystèrehistoriqueetsalvifique,delarévélationetdudondeDieudansle Christ pour nous les hommes. Cette intelligence de la foiinclut la raison, à travers laquelle, autant que possible, elleexpliqueetcomprendlavéritérévéléeetl’intègreaveclavéritéde la nature humaine, puisée au projet divin exprimé par lacréation, c’est-à-dire lavérité intégrale de la personne en tantqu’être spirituel et corporel, en relation avec Dieu, avec lesautresêtreshumainsetaveclesautrescréatures.

De ce fait, l’accent central mis sur le mystère du Christn’affaiblitnin’exclutlerôledelaraison;ilneprivedoncpasla doctrine sociale de sa plausibilité rationnelle ni, parconséquent, de sa destination universelle. Étant donné que lemystère du Christ illumine le mystère de l’homme, la raison

Page 47: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

donne sa plénitude de sens à la compréhension de la dignitéhumaineetdesexigencesmoralesquilaprotègent.Ladoctrinesociale est une connaissance éclairée par la foi, qui –précisémententantquetelle–exprimeuneplusgrandecapacitéde connaissance. À tous, elle rend compte des vérités qu’elleaffirmeetdesdevoirsqu’ellecomporte:ellepeutêtreaccueillieetpartagéepartous.(n°75)

La dernière précision est d’importance, qui souligne laportéeuniverselledelaDPSE.Ellenes’adressepasseulementaux chrétiens,même si elle les concerne au premier chef, elleentendêtrerecevablepartousleshommes.Sonfondementdansla Révélation chrétienne, loin d’en limiter la portée, est aucontraire le gage de son universalité, si l’on admet, avec leConcile Vatican II, que « le mystère de l’homme ne s’éclairevraimentquedanslemystèreduVerbeincarné»(GS22§5).Làréside le fondement de cette « expertise en humanité » dontl’Églisesesaitdépositaire–nonpas tantparsongénieproprequepardondeDieu–etquel’onadéjàévoquée.Lefaitdoncque la Révélation soit l’une des deux sources de cetteanthropologie n’est pas le signe de sa restriction au mondechrétien, mais une incitation profonde à s’adresser à tous leshommes15.

Cette anthropologie humaine intégrale, qui entend saisirl’homme dans toutes ses dimensions, y compris religieuse,apparaîtbiencommeétant lapierreangulairede l’édificede laDPSE.Les domaines les plus récents dont leMagistère socials’estsaisi,commel’écologieetlafinance,demandenteuxaussià être éclairés par ce substrat moral, qui montre que ladimension éthique n’est pas une donnée parmi d’autres, quipourraitêtresollicitéeàteloutelmomentdel’activitéhumaine,maisqu’elledoitêtrecomprisecommesous-jacenteàtoutl’agir

Page 48: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Ces pages ne sont pas disponibles à la pré-visualisation.

Page 49: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

critères qui respectent, dans un contexte d’amour véritable, lasignification totaled’unedonationréciproqueetd’uneprocréationàla mesure de l’homme. (…) En ce qui concerne la régulation desnaissances, il n’est pas permis aux enfants de l’Église fidèles à cesprincipes,d’emprunterdesvoiesqueleMagistère,dansl’explicitationdelaloidivine,désapprouve».(GS51,3)

L’encycliqueseratrèsmalreçueetàl’origined’unprofondmalaise.Onpeutparlerd’uneblessurevoired’uneruptureentrelesfidèlesetleMagistère;nouspourrionsmêmedireune«criseconjugale»…Sil’onajouteàcelalefaitquecertainsmoralistesont eu à l’époque tendance à opposer la loi à la consciencemorale,onpeutdirequeledivorceestconsommé,lesproposduMagistèresontdiscrédités.

Derrièrecesdébats,ilyavait,dansl’ombre,uncertainKarolWojtila qui s’intéressait depuis longtemps aux questions liéesaumariageetàlafamille.Sapenséeapesélourdsurlechoixdupape Paul VI, mais il a regretté de ne pas être suffisammentprésentaumomentdelarédactiondel’encyclique(onnesortaitpas facilement de Pologne à l’époque). Karol Wojtila avaitcompris avant tout le monde l’enjeu des débats. Il avait eul’intuitionqu’entouchantàl’amourconjugal,c’étaitaumariageet à la famille qu’on touchait, et que cela allait avoir desrépercussionsinsoupçonnéessurlasociététoutentière.

L’apportdupapeJean-PaulIIDe1979à1984,aucoursdescatéchèsesdumercredi,Jean-

Paul II va longuement réfléchir sur l’amour conjugal,développantainsicequ’ilappelleunethéologieducorps.Bienque cette réflexion se termineparun commentaired’HumanaeVitae,ellenesesitued’abordpasdansuneperspectivemorale.Aucoursdecescatéchèses,Jean-PaulIIvaélaborercequel’onpeutappeleruneanthropologiethéologique,l’hommeyétantvu

Page 50: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

danslaperspectivedesafinalitésurnaturelle.

Ilnes’agitévidemmentpasicidefaireunesynthèsedecettethéologieducorps. Pointons simplement quelques aspects quimettent en évidence l’orientation que sa réflexion cherche àdonneràlathéologiedumariage.

Comme le dit lui-même le pape polonais, la théologie ducorps a pour but d’aider l’homme à se réconcilier avec soncorps,à redécouvrircequ’ilest–cecorps–dans leprojetdeDieu, à prendre conscience des « dégâts » occasionnés par lachute originelle, et à accueillir la grâce que Dieu donne pourrestaurer l’homme dans son corps, et en particulier dansl’exercicedesasexualité.

Jean-Paul II part du principe que le christianisme est lareligion de l’incarnation, une religion qui vise l’unité entrel’humainetledivin,entrelecorporeletlespirituel.Ilconsidèreainsi que toute forme du mépris du corps, et donc de lasexualité,estincompatibleaveclechristianisme.

En commentant Gn 2,24, Jean-Paul II dira que l’union del’hommeetdelafemme–cetteuniongrâceàlaquelleilsnefontplus qu’un – a la vocation d’être comme une incarnation dumystèremêmedeDieu.Lemystèreéternelet invisibledeDieuTrinité,communionentrelesPersonnesdivines,serendvisibledansl’uniondel’hommeetdelafemme.C’estvingtsièclesdesoupçonssurlasexualitéquis’écroulent.

En méditant sur l’amour conjugal tel qu’il est voulu parDieu,Jean-PaulIIvaexpliquer,d’unefaçonunpeusurprenante,quelefaitd’êtresexuésnenousrapprochepasdumondeanimal

Page 51: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

mais de Dieu, il fait partie de l’imago Dei. Jusque-là, encommentantlanotiond’imagoDei,oninsistaitsurladimensionspirituelle de l’homme (animal raisonnable). Jean-Paul II diraque la sexualité humaine n’a pas grand-chose à voir avec lasexualité animale. La sexualité animale, en effet, est orientéeuniquement vers la procréation alors que la sexualité humaineestfinaliséeparlacommunion,ouplusexactementlacommuniopersonarum qui est un des concepts clés de la théologie ducorps et qui signifie une union profonde dans l’amour, danslaquelleonsedonneetsereçoitl’unl’autre.

C’estdanscecadrequeJean-PaulIIparledelasignificationsponsale du corps (expression mal traduite en français parsignificationconjugale).Lecorps–entantqu’ilestsexué–estnonseulementlesigne,l’épiphaniedelapersonne,maisaussietsurtoutlesigned’unepersonneappeléeàlacommunion.

Lorsqu’ilcommenteraHumanaeVitae,Jean-PaulIImontreraque les exigences morales de l’amour humain découlentfinalement de ce langage du corps, c’est-à-dire de cette vérité,cettesignificationinscritedanslecorpsdelapersonnehumaine.Grâce à l’éclairage de cette lumière nouvelle sur la personnehumaine,lesconséquencesmoralesdeviennentquasiévidentes.

La deuxième partie des catéchèses est consacrée à l’étudedes conséquences du péché originel sur l’amour humain. Lapersonne humaine est blessée dans sa capacité à aimer, elle abesoin d’être guérie pour éviter les contrefaçons de l’amour etretrouverlechemind’unevéritablecommunion.

LatroisièmepartiemontrecommentleChristvientrestaurerl’amourhumain.S’il semontre si exigeantvis-àvisde l’amour

Page 52: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Ces pages ne sont pas disponibles à la pré-visualisation.

Page 53: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

–Contextehistorique:Sollicitutoreisociali,le31décembre1987, avait déjà abordé lesquestionsdedéveloppement.Alorspourquoi Jean-Paul II a-t-il senti la nécessité de revenir unenouvelle fois dans le champ social ? La raison est à la foissimple et inattendue. Elle est directement liée aux événementssurvenusen1989, annéede libérationavec l’écroulementd’unmur,etbienplusqu’unmur.Centisemusannusaétépubliéen1991. Dans le chapitre intitulé « L’année 1989 », le papeanalyse les raisons de la chute du communisme enmettant enlumière l’action de l’Église catholique qui « par sonengagement en faveur de la défense et de la promotion desdroitsdel’homme»(CA22)afavoriséceschangements inter-venus dans le cours de l’histoire. Mais il va aussi porter unregard interrogateur sur le capitalisme triomphant pour réaf-firmerquel’hommerestelaroutedel’Église.

– Visée anthropologique : La question du développementn’apparait pas centrale dans cette encyclique et pour-tant elletransparait dans l’analyse portée dans le chapitre IV sur « Lapropriété privée et la destination universelle des biens ». Eneffet,enfaisantapparaitreleslimitesdel’«économiemodernedel’entreprise»(CA32),du«libremarché»(CA19),duprofitquin’estpas«leseulindicateurdel’étatdel’entreprise»(CA35), lepapenedonnepasquitusà l’économiedemarchémaisau contraire rappelle les dangers d’« un système où la libertééconomiquen’estpasencadréeparuncontextejuridiquefermequilametauservicedelalibertéhumaineintégrale»(CA42).En ce sens, il propose quelques définitions nouvelles etélémentaires.J’enretienstrois:

-La finalité de l’entreprise : « le but de l’entreprise n’estpasuniquementlaproductionduprofit,maisl’existencemême

Page 54: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

de l’entreprise comme communauté de personnes qui, dedifférentes manières, recherchent la satisfaction de leursbesoins fondamentauxetquiconstituentungroupeparticulierauservicedelasociététoutentière»(CA35).

- La question de l’écologie : Elle est prise en compte demanière nouvelle en mettant l’accent sur la responsabilisation(CA 37). Ainsi œuvrer pour le développement consiste às’engagerenfaveurde«lasauvegardedesconditionsmoralesd’une « écologie humaine » authentique » (CA 38) dont lapremièrestructureestlafamille(CA39).

-Uneculturenouvelle:DanslechapitreV,intitulé«L’étatetlaculture»,JeanPaulIIprésente«lacontributionspécifiqueet décisive de l’Église à la véritable culture » (CA 51) danslaquelle il est nécessaire que « l’homme soit impliqué, qu’il ydéveloppe sa créativité, son intelligence, sa connaissance dumondeet deshommes.Enoutre, il y investit ses capacitésdemaîtrise de soi, de sacrifice personnel, de solidarité et dedisponibilitépourpromouvoirlebiencommun»(CA51).

Chacune de ces définitions (sur un plan économique,écologique et culturel) intervient dans un contexte favorabled’espérance et de changement. Elles seront confrontées au feud’une actualité brutale et douloureuse qui réveille bien despeurs:LaguerredeBosnie-Herzégovine(1992),legénocideauRwanda (1994), le protocole de Kyoto (1997), l’attentat duWordTradeCenter (2001).Dans la pensée de Jean-Paul II ausoir de sa vie terrestre, comme dans celle de son prochecollaborateur le cardinal Joseph Ratzinger, ressurgiront desquestionsanciennesliéesaurapportdel’hommeàlanatureetàlaculture.

Aussi, l’approche des thèmes présents dans Centesimusannusserasensiblementdifférentedanslapremièreency-cliquesociale de Benoît XVI qui tiendra compte d’un principe de

Page 55: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

réalité pour offrir, dans un contexte nouveau, les cheminsexigeantsd’undéveloppementsolidaireetd’uneculturedudon.

5.Caritasinveritate:Ledéveloppement,fruitdelaraisonetdelafoi

– Contexte historique : L’encyclique du 29 juin 2009 deBenoîtXVI intervient en pleine crise économiquemondiale etpropose d’en trouver la cause non dans le jeu de la financeinternationalemaisdansunepertedeconfiancesansprécédentliée au relativisme des valeurs. Après une relecture duPopulorumprogressio,BenoîtXVIcentretoutesonanalysesurla question du développement en commençant par unedescriptionprécisedesmécanismesactuels.Dans lechapitre IIintitulé « Le développement humain aujourd’hui », il metl’accentsurl’«interactionentrelescultures»quin’ajamaisétéaussi forte dans l’histoire de l’humanité avec le danger d’un« nivellement culturel » (CV 26). Dans ce contexte demondialisation où selon le pape « la nouveautémajeure a étél’explosion de l’interdépendance planétaire » l’enjeu dudéveloppementn’estpasd’abordopérationnelmaisration-nel :« Il s’agit d’élargir la raison et de la rendre capable decomprendreetd’orientercesnouvellesdynamiquesdegrandeampleur»(CV33).

– Visée anthropologique : Ce ne sont pas uniquementcinquanteannéesquinousséparentdel’ouverturedeVaticanII,mais des univers culturels, technologiques et politiques trèsdifférents. L’environnement religieux et socio-économiqueinternationalaconnudepuis1962desmutationsextraordinairesdont Benoît XVI, dansCaritas in veritate, tient compte dans

Page 56: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Ces pages ne sont pas disponibles à la pré-visualisation.

Page 57: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

propos de Guy Aurenche président du CCFD Terre Solidairelors des 15e journées d’études François de Sales en janvier2011. Ces journées s’interrogeaient sur le rôle de la pressecatholique dans la société. « J’attends, disait-il que la pressecatholiquenousréveille,qu’ellenousdisequ’aujourd’huic’estle jour de l’homme ». En tant qu’anthropologue, baptisée,héritièrede l’ÉgliseduConcilec’estcelaquemoiaussi j’ai ledésird’annoncerpourquecomme l’écrivaitPaulVIdans InterMirifica nous puissions donner saveur à la terre et éclairer lemonde.

* Journaliste à « Foi et Vie de l’Église de Toulouse »,docteurenanthropologie,LISST/CAS.

Page 58: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Tabledesmatières

Introduction,Jean-FrançoisGalinier-Pallerola

1ePartie,InterpréterVaticanII

Chapitre1-L’Égliseetlesévolutionsdumonde:dumondedeYaltaàunmondemultipolaireetmulticulturel,PhilippeForoChapitre2-Ledébatsurl’herméneutiqueduConcile,HenryDonneaudo.p.Chapitre3-LeconceptdetraditiondepuisVaticanII,BrunoGautier

2ePartieDécouvrirlePeupledeDieu

Chapitre4-Sacerdocescommundesfidèlesetsacerdoceministériel:quellearticulation?Jean-MarcMicasP.S.S.Chapitre5-Leslaïcsdansl’Église:del’engagementdanslemondeàl’animationdelavieparoissiale?,ChristianDelarbreChapitre6-QuelquesobservationssurlegouvernementdudiocèsedeToulouse(1965-2010),ChristianTeysseyre

3ePartieEntreendialogue

Chapitre7-duregarddesobservateursprotestantsauConcileVaticanIIàsaperceptionprotestanteactuelle:continuitésetruptures,Jean-FrançoisZorn

4epartieServirl’homme

Page 59: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

Chapitre8-Orientationsdel’enseignementsocialdel’ÉglisedepuisleConcileVaticanII,P.F.Dagueto.p.Chapitre9-Lafamille,ferdelancedelanouvelleévangélisation,MgrOlivierdeGermayChapitre10-LaquestiondudéveloppementdeGaudiumetspesànosjours:L’hommefaceàsespeurs,EmmanuelPicChapitre11,InterMirifica,intuitionsetactualisationsd’undécret:lepointdevued’unacteurdeterrain,B.Rigou-Chemin

Page 60: Vatican II, 50 ans après Interprétation, réception,conciliaires » (Mgr Brunero Gherardini13, Roberto De Mattei14). D’autre part, une « herméneutique de la discontinuité »

CompositionetmiseenpagesréaliséesparCompo66–Perpignan

23/2012