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La veille peut se positionner conceptuellement comme unecomposante de l’Intelligence Economique. Mais dans la pratique, lesentreprises séparent les deux activités. Elle est bien distincte dumanagement des connaissances, seule les modes de mise en oeuvresont proches.
VEILLE, KM
Veille, prospective, intelligence économique et management des connaissances
44 Qualitique n°161 - octobre 2004
…
Veille et Prospective Prospective et veille contribuent
à préparer l’avenir. Il n’est cepen-
dant pas aisé de délimiter leurs
frontières et d’exprimer précisé-
ment leurs différences.
L’émergence de la prospective est
récente. Elle date des années 50
avec la création de la futurologie
aux Etats-Unis. C’est aussi
l’époque du développement de la
systémique. Avec la prospective,
il s’agit de construire une science
du futur se basant sur une
démarche rigoureuse et s’ap-
puyant sur des méthodes ration-
nelles, des outils méthodolo-
g i q u e s , m a t h é m a t i q u e s ,
statistiques.
Depuis le début des années 90,
l’histoire de la veille se découpe
en trois étapes : l’apparition des
cellules de veille, le déploiement
de l’Internet, la mise en oeuvre
des outils spécialisés.
Le déploiement de l’Internet a
permis de sensibiliser les collabo-
rateurs à la richesse information-
nelle sans pourtant fournir de
moyens pour la maîtriser.
L’apparition des cellules de veille
fut une première approche, mais
elle laissait les veilleurs isolés
dans les entreprises et peu
outillés.
Veille, prospective, intelligence économique et management des connaissances
45Qualitique n°161 - octobre 2004
S T R AT E G I E E T M A N A G E M E N T
La mise en oeuvre des outils spé-
cialisés accompagnée de l’organi-
sation et des processus adaptés a
offert la possibilité d’envisager
des activités de veille à haut
niveau de valeur ajoutée.
● La veille est un ensemble d’ac-
tivités orientées vers l’obtention
d’informations à caractère straté-
gique ou opérationnel sur l’évo-
lution de l’environnement, pour
viser la pertinence des processus
de décision à court ou moyen
terme.
● Il existe actuellement neuf
types principaux de veille : stra-
tégique, sociétale, sectorielle,
concurrentielle, commerciale,
fournisseurs, juridique et régle-
mentaire, image, technologique.
● Du fait de l’intégration des
activités de veille dans les entre-
prises, de l’évolution de la notion
de processus, du développement
des systèmes d’information de
veille… il faut faire évoluer le
processus standard de veille et
maintenant plutôt considérer un
processus qui regroupe les étapes
suivantes : collecte d’informa-
tions, analyse, synthèse et diffu-
sion et une activité de ciblage
bien distincte.
● Les principaux rôles dans une
organisation de veille sont : coor-
dinateur, observateurs, experts
(optionnel), demandeurs, comité
de veille (optionnel).
● Un système d’information de
veille doit assurer les fonctionna-
lités suivantes : acquisition exter-
ne et interne, stockage et traite-
ment, analyse, mise en forme
rapidement possible les informa-
tions disponibles sur les sujets
surveillés. Il s’agit d’une informa-
tion à consommation rapide. Par
delà l’immédiateté des faits, la
prospective doit permettre
d’identifier les évolutions à
moyen et long terme et les orga-
niser dans des scénarios complets
d’évolution.
La logique de la veille est une
logique factuelle. Sur la base de
faits avérés, la veille développe
ses analyses et ses synthèses.
Celle de la prospective est projec-
tive. A partir de l’identification de
tendances, la prospective met en
perspective leurs projections
dans des scénarios d’évolution.
La veille se positionne dans le
contexte économique de l’entre-
prise et des agents économiques,
c’est à dire celui de la micro-éco-
nomie. La prospective s’intéresse
à la société, aux entreprises dans
leur ensemble et plus générale-
ment aux grands agrégats. Il
documentaire et diffusion ainsi
qu’administration.
● La veille fournit aux organisa-
tions de nombreux apports
comme : la connaissance des évo-
lutions de l’environnement,
l’identification des menaces et
des opportunités, l’appui à la
prise de décisions, la dynamisa-
tion de l’innovation.
Le tableau (Figure 1) présente une
analyse comparée de la veille et de
la prospective.
Les objectifs de la veille et de la
prospective sont différents. La
veille doit permettre à l’entrepri-
se d’identifier les évolutions de
son environnement, de les com-
prendre et d’agir. La prospective
possède une finalité anticipatrice,
elle a pour vocation d ‘élaborer
des scénarios d’évolution qui
vont permettre aux uns et aux
autres de se positionner.
La perspective chronologique
de la veille est de fournir le plus
…
Figure 1: positionnement de la veille et de la prospective
Neuf types principaux de veille
46 Qualitique n°161 - octobre 2004
…s’agit d’une approche macro-éco-
nomique.
La mise en oeuvre de la veille
s’opère sur différents registres :
l’organisation, les processus, les
systèmes d’information… Elle a
vocation à s’intégrer dans l’entre-
prise. La prospective ne s’implé-
mente pas. Elle se met en oeuvre
dans le cadre d’études.
Avec ses dernières évolutions, la
prospective se rapproche de la
veille. Elle est devenue beaucoup
plus opérationnelle et aussi beau-
coup plus stratégique. Certains
combinent d’ailleurs les deux
notions sous l’appellation de
"veille prospective".
Les entreprises, surtout les
grandes entreprises, mais aussi
certaines PME, n’hésitent plus à
utiliser la prospective. Elles ont
trop raisonné dans le court terme
et se rendent compte maintenant
de l’intérêt de construire et de
visualiser des scénarios à plus
long terme, par exemple pour se
tenir informées sur les évolutions
des métiers et anticiper les com-
pétences dont elles devraient dis-
poser. De plus, les entreprises
n’hésitent plus à s’associer pour
mener des études prospectives à
grande échelle. Par exemple, le
projet "Mobility 2030", ras-
semble douze entreprises améri-
caines, japonaises et européennes
appartenant aux secteur de l’au-
tomobile et de l’industrie pétro-
lière, qui ont lancé une vaste
étude sur ce que devrait être la
mobilité en 2030 et sur la façon
d’y parvenir en prenant en comp-
te les principes de base du déve-
loppement durable.
Intelligence économique Présenter l’intelligence écono-
mique ne peut être mieux fait
qu’au travers de la citation sui-
contrôle les éléments scienti-
fiques, technologiques et concur-
rentiels de l’entreprise. La protec-
tion des ressources d’une
entreprise ne se base pas exclusi-
vement sur les systèmes et procé-
dures, elle doit avant tout sensi-
biliser et impliquer les
collaborateurs dans leurs activités
quotidiennes.
La détection des menaces et des
opportunités que l’entreprise
peut affronter positionne la socié-
té dans son environnement et
examine comment les évolutions
de celui-ci peuvent offrir des pos-
sibilités de développement com-
mercial, technologique… ou
créer des difficultés auprès des
clients, des fournisseurs et des
partenaires. Il s’agit d’une
approche de veille.
Avec la constitution de stratégies
d’influence au service de l’entre-
prise, il s’agit de définir la maniè-
re dont la société va utiliser le
lobbying, les réseaux, la commu-
nication ciblée… pour parvenir à
ses fins : renforcer son image,
faire valoir ses intérêts, amener
ses clients, concurrents, fournis-
seurs… à agir suivant ses
besoins.
Parler à la place d’un concurrent,
influencer ses alliés, fragiliser son
image ou démoraliser son per-
sonnel sont des actions contre un
concurrent qui relèvent de la par-
tie la plus secrète de l’intelligen-
ce économique.
Ces actions ont pris de plus en
plus un contenu informationnel
et certains ont introduit le
vante extraite du rapport
CARAYON : " Fondamentale-
ment, l’Intelligence Economique
a trois grandes vocations :
● Maîtrise et protection du patri-
moine scientifique, technologique
et concurrentiel de l’entreprise,
● Détection des menaces et
opportunités que l’entreprise
peut affronter,
● Constitution de stratégies d’in-
fluences au service de l’entreprise. 1"
Cette définition donne une pers-
pective globale de l’intelligence
économique, mais ce n’est pas la
définition officielle donnée par ce
rapport, ce n’est qu’une parmi
celles qui sont proposées.
Par maîtrise et protection du
patrimoine scientifique, techno-
logique et concurrentiel de l’en-
treprise, il faut entendre d’une
part l’identification précise du
patrimoine de l’entreprise pré-
sent dans les informations possé-
dées (brevets…), les modes de
fonctionnement utilisés ou les
savoir-faire des collaborateurs et
d’autre part sa protection contre
les menaces accidentelles comme
les erreurs dues à un manque
d’attention ou de compétence, les
catastrophes naturelles ainsi que
les menaces intentionnelles
comme l’espionnage, le vol de
données, la fraude… L’identifica-
tion et la protection du patrimoi-
ne de l’entreprise peuvent utiliser
différentes approches. La plus
connue d’entre elles est l’ap-
proche sécuritaire qui va consis-
ter à identifier et mettre sous
Veille, prospective, intelligence économique et management des connaissances
«La protection des ressources d’une entreprise ne se basepas exclusivement sur les systèmes et procédures, elle doitavant tout sensibiliser et impliquer les collaborateurs dans
leurs activités quotidiennes.»
47Qualitique n°161 - octobre 2004
S T R AT E G I E E T M A N A G E M E N T
concept d’infoguerre pour expri-
mer cette évolution. Dans ce
contexte, il existe trois types de
stratégies possibles : la guerre
pour l’information, la guerre
contre l’information et la guerre
par l’information.
La première vise à réaliser l’inter-
ception ou le détournement d’in-
formations stratégiques et confi-
dentielles. La seconde a pour
objectif de priver le concurrent
de ses accès à l’information. La
dernière se positionne clairement
dans une perspective de désin-
formation et de manipulation.
Il faut noter que l’intelligence
économique ne doit cependant
pas être réduite à ces actions de
guerre économique.
Même si l’intelligence écono-
mique et la veille se rejoignent
sur la nécessité de détecter les
menaces et opportunités que
l’entreprise peut avoir à affronter,
l’intelligence économique possè-
de une orientation beaucoup
plus active, qu’il s’agisse de la
maîtrise et de la protection du
patrimoine de l’entreprise ou
bien de la constitution de straté-
gies d’influence.
Certains praticiens de l’intelligen-
ce économique ont cherché à
intégrer la veille dans un concept
global. Dans celui-ci, la partie de
surveillance de l’environnement
de l’intelligence économique
relèverait de la veille. En fait dans
les entreprises, les praticiens de
la veille ne se sont pas intégrés
dans une telle approche.
Il faut indiquer cependant que
certains grands groupes ont créé
des cellules spécialisées dans l’in-
telligence économique. Ils
avaient une expérience dévelop-
pée de la pratique de la veille et
voulaient mettre en place des
actions offensives par rapport à
perspective de réalisation d’ac-
tions offensives à destination des
concurrents. A ce niveau, il ne
s’agit plus de veille, mais d’intel-
ligence économique.
Dans le passage de la veille à l’in-
telligence économique les war-
games sont des outils importants.
Initialement utilisées dans le
domaine militaire pour simuler
les attaques ennemies suscep-
tibles d’advenir et définir des
ripostes adaptées, ces pratiques
sont maintenant utilisées par les
entreprises. Elles permettent aux
entreprises d’évaluer de manière
dynamique leur compréhension
de l’environnement et de ses évo-
lutions ainsi que leur capacité à
réagir à des attaques inattendues.
Il ressort le plus souvent des
séances de wargames un reposi-
tionnement des options de ges-
tion et des propositions d’action
offensives, notamment en termes
de communication.
Management des connaissances Le management des connais-
sances est une discipline qui a
pris depuis quelques années une
ampleur croissante qui amène
certains auteurs à y intégrer les
activités de veille. C’est pourquoi
leurs concurrents.
Conceptuellement, il est possible
d’admettre que la veille s’intègre
dans l’intelligence économique,
dans les faits elle ne s’introduit
dans les entreprises que lorsque
leur pratique des activités de
veille a atteint un certain niveau
de maturité. L’expérience montre
qu’il existe trois niveaux de
maturité des organisations par
rapport à la veille
● L’époque de l’information,
● L’époque de la gestion,
● L’époque de l’action.
A l’époque de l’information, la
veille vise surtout à fournir des
informations aux responsables de
l’organisation. Des lettres d’infor-
mation thématiques sont le plus
souvent utilisées.
Avec l’époque de la gestion, la
veille s’insère dans les processus
opérationnels comme le dévelop-
pement d’un nouveau produit, la
sélection d’un fournisseur… Elle
apporte, le plus souvent sous
forme de documents de synthèse,
les éléments qui vont permettre
de valider ou d’affiner les choix
qui doivent être faits.
L’entrée dans l’époque de l’action
se traduit par l’organisation
volontariste d’une consolidation
des informations de veille dans la
…
48 Qualitique n°161 - octobre 2004
…
Aujourd’hui, les praticiens
comme les universitaires s’accor-
dent à dire que le management
des connaissances est un mode
de gestion systématique des
savoir-faire et des connaissances
dans les organisations dont la
finalité est de leur permettre
d’obtenir un avantage compétitif.
Il est ainsi reconnu que les orga-
nisations développent leurs
savoir faire et connaissances au
travers de quatre grands proces-
sus de transformation de l’état
des connaissances :
● la socialisation (partage de
connaissances tacites),
● l’externalisation (transforma-
tion des connaissances tacites en
connaissances explicites),
● la combinaison (ré-arrange-
ment de connaissances expli-
cites),
● l’intériorisation (transforma-
tion des connaissances explicites
en connaissances implicites).
L’analyse des projets de mise en
oeuvre du management des
connaissances, qu’il s’agisse de
mise en place d’un système auto-
matisé de conduite des hauts-
fourneaux, de couplage d’une
planification fine des projets de
développement des produits avec
une gestion des savoir-faire de
conception, de fixation et de
mise à disposition des éléments
réutilisables des opérations d’im-
plémentation d’atelier de peintu-
re ou encore d’organisation et
d’outillage du partage des savoir-
faire et acquis techniques, amène
ment, de structuration… Leur
mise à disposition est réalisée
dans des supports documentaires
classiques.
L’approche de collaboration se
rapporte au processus de partage
des connaissances tacites. De
manière opérationnelle, il s’agit
avec cette approche de dévelop-
per les échanges et partages thé-
matiques au sein de communau-
tés de pratique.
Une communauté de pratique est
un groupe de professionnels, de
taille variable, qui partage des
connaissances, travaille
ensemble, crée des pratiques
communes, enrichit ses savoir-
faire sur un domaine d’intérêt
commun (expertise, compé-
tences, processus…) qui est l’ob-
jet de leur engagement mutuel.
Une communauté de pratique est
différente :
● d’un service ou d’un départe-
ment car elle établit une collégia-
lité entre ses membres et ne vise
pas à en opérer le management,
● d’une équipe de projet car elle
fonctionne autour d’intérêts réci-
proques et non de la réalisation
des tâches et la fourniture des
livrables comme un projet,
● d’un réseau, car elle n’est pas
fondée sur un ensemble de rela-
tions interpersonnelles mais se
positionne sur un autre registre,
la fédération de professionnels
autour d’un ou plusieurs sujets
qui les préoccupent.
D’un point de vue analytique, il
est possible de décrire une com-
munauté de pratique à partir des
éléments suivants :
● Le domaine qui décrit son
thème,
● L’organisation de la commu-
nauté qui permet d’en préciser
à distinguer deux approches de la
gestion des connaissances l’ap-
proche de capitalisation et l’ap-
proche de collaboration.
L’approche de capitalisation se
rapporte au processus de trans-
formation des connaissances
tacites en connaissances expli-
cites. De manière opérationnelle,
il s’agit avec cette approche de
recueillir, mettre en forme et
rendre disponibles les savoir-faire
et les connaissances de collabora-
teurs. Il peut s’agir d’experts au
sens strict du mot, mais des pro-
fessionnels disposant de savoir-
faire non codifiés et pourtant cri-
tiques pour l’organisation
peuvent aussi être sollicités,
comme des techniciens de main-
tenance, des conducteurs de
ligne de production…
Pour les savoir-faire et connais-
sances techniques et complexes,
il peut parfois être nécessaire
d’utiliser des techniques de
modélisation et des modèles qui,
même s’ils peuvent paraître abs-
cons, sont utiles. Ces travaux de
modélisation et de mise en forme
se concrétisent dans la réalisation
de livres de connaissances ou des
référentiels métiers. Dans le
choix d’une méthode de modéli-
sation, un compromis est à réali-
ser entre la richesse portée par les
modèles et le niveau d’investisse-
ment intellectuel nécessaire pour
y accéder.
Sinon les mots usuels sont utili-
sés et la mise en forme des
savoir-faire se fait surtout à partir
d’opérations d’analyse, de classe-
Veille, prospective, intelligence économique et management des connaissances
«Aujourd’hui, les praticiens comme les universitaires s’accordentà dire que le management des connaissances est un mode de
gestion systématique des savoir-faire et des connaissances dansles organisations dont la finalité est de leur permettre d’obtenir
un avantage compétitif.»
49Qualitique n°161 - octobre 2004
S T R AT E G I E E T M A N A G E M E N T
les membres,
● La pratique qui assure la des-
cription de ses activités et du
contenu de ses échanges.
Une communauté de pratique a
besoin, pour fonctionner, de res-
sources internes et d’un support
externe. Pour ce qui concerne les
ressources internes, la commu-
nauté de pratique doit disposer
d’un animateur, d’un gestionnai-
re de la documentation, d’experts
thématiques et bien entendu de
membres de base.
Le support externe doit principa-
lement être fourni par un spon-
sor qui va s’attacher à bien insé-
rer la communauté dans
l’organisation en lui fournissant
notamment des moyens et qui va
assurer la cohérence entre les dif-
férentes communautés de pra-
tique existantes.
Par ailleurs, il ne faut pas conce-
voir linéairement la vie d’une
communauté de pratique. Sa vie
traverse plusieurs stades : prépa-
ration, constitution, maturité,
activité. Dans certaines de ces
phases il peut y avoir des hauts et
des bas . De plus la pérennité
d’une communauté de pratique
n’est pas garantie et elle peut être
sances impose donc de s’interro-
ger sur les liens entre la veille et
la capitalisation des connais-
sances comme ceux de la veille
avec le travail collaboratif.
Les objectifs de la veille et du
management des connaissances
sont très clairement différents. La
veille a principalement une voca-
tion anticipatrice, elle doit per-
mettre à l’entreprise d’identifier
les évolutions de son environne-
ment, de les comprendre et
d’agir. Le management des
connaissances possède une fina-
lité adaptatrice, il permet aux
collaborateurs d’acquérir plus
rapidement des connaissances
par partage ou par consultation
et ainsi de développer leur per-
formance et celle de l’entreprise.
La perspective chronologique de
la veille est de fournir le plus
rapidement possible les informa-
tions disponibles sur les sujets
que l’on surveille. Il s’agit d’une
information à consommation
rapide. La capitalisation des
connaissances se positionne sur
le long terme car elle vise à la
réutilisation des savoirs et des
savoir-faire. L’horizon de la colla-
amenée à se disperser lorsque
l’essentiel des échanges à réaliser
entre ses membres a été fait. Si
une telle situation arrive, l’impor-
tant est de capitaliser les travaux
réalisés.
Il peut exister des communautés
de pratique, formelles ou infor-
melles, réelles ou virtuelles,
mono ou multi-fonctionnelles,
internes à l’entreprise ou incluant
fournisseurs, clients et parte-
naires, nationales ou internatio-
nales…
En résumé et de manière imagée,
l’approche de capitalisation fait
référence au stock et ses concepts
de base sont la mémoire d’entre-
prise et la gestion documentaire,
l’approche de collaboration fait
référence au flux et ses concepts
de base sont le partage des
connaissances et la communauté
de pratique.
Positionner la veille par rapport
au management des connais-
…
«Une communauté de pratique abesoin, pour fonctionner, deressources internes et d’un
support externe.»
Positionnement de la Veille et du Management des connaissances
50 Qualitique n°161 - octobre 2004
…boration est entre les deux car
elle se positionne dans une dyna-
mique d’échange et de partage.
La cible de la veille est très claire-
ment l’environnement, c’est à
dire l’extérieur de l’entreprise. A
l’opposé, la capitalisation vise les
savoirs internes à l’entreprise. Les
activités de collaboration concer-
nent le plus couramment l’inté-
rieur de l’entreprise mais elles
peuvent aussi impliquer les
clients et les fournisseurs.
Les informations utilisées par la
veille sont des données transfor-
mées en informations. Le mana-
gement des connaissances por-
tent sur des savoirs et des
savoir-faire.
Le processus de veille a été pré-
senté plus haut. Le processus de
capitalisation des connaissances
rassemble les étapes suivantes :
extraction des connaissances des
experts, mise en forme éventuel-
lement dans des modèles, valida-
tion de la formalisation et mise à
disposition. Il n’existe pas de
processus standard de collabora-
tion. Si besoin, est un processus
spécifique peut être défini pour
les activités collaboratives consi-
dérées.
L’organisation de la veille et celle
des activités de collaboration
sont très proches, les noms chan-
gent mais ce sont les mêmes
fonctions coordinateur pour le
réseau de veille et animateur
pour la communauté de pra-
tique. Il n’existe pas d’organisa-
tion standard de mise en oeuvre
de la capitalisation des connais-
sances dans la mesure où cette
activité est le plus souvent ponc-
tuelle.
Le système d’information utilisé
veille et management des
connaissances tend à disparaître.
Même, si en théorie, la prospecti-
ve et la veille n’ont pas de domai-
ne de recouvrement, elles sem-
blent actuellement se rapprocher
à travers le concept de " veille
prospective ".
La veille peut se positionner
conceptuellement comme une
composante de l’intelligence éco-
nomique, mais dans la pratique
les entreprises sont bien loin de
maîtriser les techniques de l’in-
fluence et séparent en règle géné-
rale les deux activités.
Qu’il s’agisse des objectifs, de la
perspective chronologique, de la
cible, des informations utilisées,
du processus, de l’organisation,
du système d’information la
veille est bien distincte du mana-
gement des connaissances, seule
les modes de mise en oeuvre sont
proches.
1) Rapport au Premier Ministre de
Bernard CARAYON, député du
Tarn juin 2003 – page 111
DENIS MEINGAN
DIRECTEUR ASSOCIÉ
KNOWLEDGE CONSULT
ISABELLE LEBO
EXPERT CONSULTANT
KNOWLEDGE CONSULT
pour la veille est dédié à cette
activité. C’est le portail qui est
utilisé pour les activités collabo-
ratives. Le système d’information
utilisé pour la capitalisation des
connaissances est typiquement la
gestion documentaire.
La démarche de mise en oeuvre
de la veille nécessite un axe de
conduite du changement pour
les sources humaines et un axe
technologique pour les sources
électroniques. La mise en oeuvre
organisée des activités de colla-
boration nécessite elle aussi une
conduite du changement adap-
tée. Il n’existe pas de démarche
standard de mise en oeuvre de la
capitalisation des connaissances.
Le positionnement de la veille
par rapport aux deux compo-
santes du management des
connaissances étant effectué, il
reste à examiner la possibilité de
capitaliser les connaissances de
veille et de faire fonctionner la
veille sur un mode collaboratif.
En fait, il n’est pas possible de
capitaliser les informations
recueillies car elles ont une durée
de vie trop courte. Cependant
dans une perspective de veille
mobilisant des experts, comme
certaines veilles technologiques,
la capitalisation des informations
de veille contextualisées par les
experts peut être envisagée.
Cette approche peut être prolon-
gée dans la veille collaborative
qui vise à faire fonctionner la
veille sur le mode de l’échange et
du partage de " sachants ". Bien
que non applicable dans tous les
contextes de veille, cette
approche est néanmoins à retenir
dans certains cas.
Dans ce contexte précis, il est
presque possible de parler de
communauté de pratique d’ex-
perts et ainsi la frontière entre
Veille, prospective, intelligence économique et management des connaissances