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RETRAITE Comment y échapper P. 17 DARIUS Madame s’en gêne P. 9 IMMIGRATION Série noire P. 7 SANTÉ Le bisphénol pour les nuls P. 6 JAA – 1001 Lausanne P.P./Journal – Poste CH SA Vendredi 3 mars 2017 // N o 310 // 8 e année CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch

Vendredi 3 mars 2017 // No 310 // 8e SANTÉ … · 1000LE CHIFFRE C’est en francs la somme mensuelle touchée par les agents ... latif de la commune. Le mouvement ... le temple

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RETRAITEComment y échapper P. 17

DARIUSMadame s’en gêne P. 9

IMMIGRATIONSérie noireP. 7

SANTÉLe bisphénol pour les nuls P. 6

JAA – 1001 Lausanne P.P./Journal – Poste CH SA

Vendredi 3 mars 2017 // No 310 // 8e année CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch

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Vigousse vendredi 3 mars 2017 Vigousse vendredi 3 mars 2017

Les Valaisans ne sont pas comme nous, c’est bien

connu des Valaisans. Nous, on ne sait pas vraiment,

on ne les comprend pas. Alors on s’appuie sur

des chiffres, des clichés. Pour le premier tour de

l’élection au Conseil d’Etat, voici treize candidats

en ordre de marche. Treize comme les étoiles qui décorent

l’étendard cantonal, treize aussi comme les finales de Coupe

de Suisse jouées et gagnées par le FC Sion.

Treize candidats et cette question : le PDC va-t-il conserver

ses trois sièges ? Conserver, le mot sonne juste, parce que si

l’on entend beaucoup les progressistes durant la campagne,

c’est toujours les conservateurs qui gagnent à la fin. Comme

le FC Sion en Coupe de Suisse. Une socialiste du Haut-Valais

et un UDC chanteur un peu alémanique devraient au final

accompagner les trois démocrates-chrétiens.

Pourtant, durant la campagne, des mouvements citoyens

spontanés ont émergé. Un sursaut probablement sans

conséquence, car au final, il y a de fortes chances que

le même ticket se renouvelle pour quatre ans. Malgré un

mouvement « coupons-lui la queue » qui s’est transformé

en « coupons-lui la voie », une manifestation contre l’UDC

qui a rassemblé mille personnes à Sion et un publipostage

qui a trouvé son financement contre les slogans absurdes

du parti et de son chef à la petite guitare. Bravo quand même

pour l’effort.

Comme lors de toute campagne, des affiches se décollent,

des bâches s’envolent. La routine. Ça a toutefois dérapé

sur les réseaux sociaux. On vous épargne ici les bons mots

sur des « balles dans la nuque » et autres délicatesses qui se

termineront devant les tribunaux.

Evidemment, la louve s’est immiscée dans la campagne,

juste pour renforcer le cliché du Valaisan chasseur, un

peu braconnier. Les mâles alpha ont jeté beaucoup de

testostérone dans la bataille et un zeste de civilisation gréco-

chrétienne du côté d’Ensemble à droite. Tous les ingrédients

d’une bataille de légende sont réunis : un enfant hors

mariage, un dissident, un porte-parole de la police qui s’en

prend à son chef, un tueur de femme socialiste.

Nous, qui ne sommes pas Valaisans, retiendrons surtout le

cliché suivant : la raclette et le fendant, ça va vraiment bien

avec les cornichons et les patates.

A F F A I R E S E N C O U R TC ’ E S T P A S P O U R D I R E ! Q U E L L E S E M A I N E ! 32

LE CHIFFRE

1000C’est en francs la somme

mensuelle touchée par les agents du groupe prostitution de la

Brigade des mœurs genevoise, pour couvrir leurs frais professionnels.

Selon la Tribune de Genève (28.2), ce montant est « basé sur la cherté des établissements contrôlés ». Les agents touchent donc plus de 45 francs par jour pour inspecter des bars à putes. A ce prix, on est en

droit de se demander jusqu’où peut bien aller l’inspection…

Treize hommes (dont deux femmes) en colèreJean-Luc Wenger

Argument non valideUne œuvre contemporaine en passe d’être inaugurée à Bienne a suscité la colère du parlementaire Mohamed Hamdaoui (Le Matin, 28.2). Handicapé par la polio, ce dernier s’est plaint que ce grand enclos sans porte, censé interroger sur l’utilisation de l’espace public, ne remplissait pas les conditions d’accessibilité pour les personnes handicapées : « En chaise roulante, on ne pourra pas participer à un tournoi de pétanque qui y serait organisé. » C’est très juste, et ce n’est pas tout : les personnes à mobilité réduite ne pourront pas non plus y caresser les poneys, dans la mesure où les artistes n’ont même pas songer à en inclure dans cette œuvre.

Dépense bêteLundi, Donal Trump a annoncé une augmentation « historique » du budget de la Défense. Tout à fait fortuitement, cela permettra au même département de louer des locaux de la Trump Tower, au modeste tarif de 1,5 million de dollars par an et par étage, pour assurer la protection de la famille du Président. Tel un caïd de la mafia qui blanchirait de l’argent, Donald Trump parvient à s’offrir des petits bonus sur le dos du contribuable. Un vrai businessman de talent !

Peau de chagrinLa Hongrie n’est pas satisfaite de la barrière érigée à sa frontière avec la Serbie. Viktor Orban pense qu’une deuxième barrière sera plus efficace contre les réfugiés. Pas bête. Sans doute qu’une troisième permettrait de faire encore mieux. Et puis une quatrième, une cinquième, etc. Attention toutefois : chaque barrière réduit un petit peu la taille du territoire national…

On ne dit pas… mais…Il est courant que les révolutions technologiques conduisent à des révolutions lexicales. La Liberté (23.2) nous apprenait que Swisscom, à l’occasion de la sortie de son abonnement mobile inOne en avril, avait décidé de remplacer le terme natel par le terme mobile. En revanche et jusqu’à nouvel ordre, il sera toujours possible de dire plancton, saucisse, Norvège ou encore attelle, aucun changement important n’étant à prévoir dans les domaines concernés. Toute modification sera évidemment communiquée à la population par voie de presse.

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Vigousse vendredi 3 mars 2017 Vigousse vendredi 3 mars 2017

Le vallon de la Serrière, une petite rivière, en bordure de la ville de Neuchâtel, a une âme. Quartier popu-laire par excellence, celui de Serrières (avec « s ») abrite aussi artistes et arti-sans dans les anciens bâtiments des usines Suchard. Là où l’on a fabriqué les Sugus jusqu’en 1993, avant la fer-meture définitive du site en 1996.Mais voilà que l’Eglise protestante vou-drait modifier l’aspect du quartier. En juillet 2016, des parents avaient été surpris de découvrir des gabarits sur le terrain de la structure d’accueil extra-scolaire le Cerf-Volant. Mi-juillet, l’Eglise réformée évangélique du can-ton de Neuchâtel (EREN) avait com-muniqué sa volonté de construire un immeuble locatif en lieu et place du Cerf-Volant. Devenue promoteur immobilier, l’Eglise veut bétonner entre la cure et un jardin public.

La paroisse, propriétaire du terrain et des locaux, les mettait à disposition de la Ville ; une soixantaine d’enfants fréquentent actuellement les lieux. « Nous voulons créer 21 appartements adaptés aux personnes âgées ou han-dicapées », argue Françoise Jeanneret, chargée du dossier à l’EREN. Malgré le creux de l’été, un mouvement citoyen a réuni 380 signatures contre ce projet.En décembre, le comité citoyen écri-vait à l’EREN : « Ce projet n’a pour but que de permettre de générer de

l’argent. » Ce sermon a eu le don de fâcher tout rouge : « Nous regrettons le mépris que vous portez à l’égard de notre Eglise, des paroissiens, des pasteurs… […] Compte tenu de votre ton polémique, nous renonçons à répondre en détail à vos propos. »

Seule information concrète : « Nous renonçons à des rendements immo-biliers élevés, contrairement à ce que vous prétendez. » Ouf !Dans sa présentation de la chose, l’EREN communiquait : « D’architecture contemporaine, le bâtiment s’inscrit dans un quartier qui a vu les différentes époques mar-quer sa structure architecturale. » Un discours que les opposants démontent facilement en parlant plutôt d’un « monstre habillé de noir ».Pour eux, l’endroit n’est pas adapté, la rue est pentue, donc difficilement praticable en hiver pour des per-sonnes à mobilité réduite, et les voi-sins craignent une augmentation du trafic. Françoise Jeanneret botte en touche. Selon elle, les pétitionnaires veulent « monter » personnes âgées contre accueil des enfants.Pascal Helle, membre du comité citoyen, explique qu’en deux séances

CULTE DE PIERRE En banlieue de Neuchâtel, les protestants bâtissent mais les voisins protestent. L’Eglise n’en a cure.

L’Eglise bétonne au milieu du village

F A I T S D I V E R S E T V A R I É S4

Début 2013, Vigousse (n°135 du 8.2.13) rapportait une extraordi-naire découverte de l’EPFL. Un petit groupe de chercheurs et d’adminis-trateurs de la florissante haute école lausannoise venait d’observer et de capturer, in vivo, une étrange masse de fric dans les institutions euro-péennes. Un milliard d’euros sur 10 ans, quelle avancée remarquable !L’histoire de cette découverte n’a pas encore été écrite. Dans l’en-thousiasme général sur le rayonne-ment scientifique de notre modeste région, il semble que personne n’ait encore suffisamment de recul pour bien en saisir la signification. Alors reprenons un peu le fil de cette fas-cinante saga avec l’aide de Leonid Schneider, chercheur et journaliste indépendant allemand, qui n’en a pas perdu une miette (voir son excellent blog en anglais : forbetter-science.com).

En 2002, Patrick Aebischer engage à l’EPFL un chercheur prometteur du nom de Henry Markram, avec l’idée de s’associer à IBM pour simuler le cerveau du rat sur un superordina-teur. Ou quelque chose comme ça, qui portera le nom de « Blue Brain Project ». Avant même d’en avoir fini (ou même véritablement com-mencé) avec cette modeste aventure, Markram et ses collègues entendent parler d’un nouveau fonds européen visant à soutenir des projets ambi-tieux à hauteur de vraiment beau-coup de pognon.Comme on ne va pas financer un « Project » qui existe déjà depuis sept ans et qui piétine, l’EPFL se

lance dans du plus lourd : plutôt que de « simuler » le cerveau du rat, on va directement passer au cerveau humain ! Appelons ça le « Human Brain Project », et oublions le Blue Brain machin, qui désor-mais sera présenté comme une simple « première étape ». En 2009, Markram explique donc dans une conférence qu’il va construire une réplique du cerveau humain dans un ordinateur, ce qui permettra de faire des expériences sans brutaliser des animaux, et au final de guérir plein de maladies, de bouleverser l’Humanité, de créer des machines conscientes, etc. Séduite par tant de sérieux, la Commission européenne, début 2013, choisit ce « Project »

CERVEAU LAS L’EPFL voit toujours plus loin : un projet qui voulait seulement simuler le cerveau humain est parvenu à simuler… la science elle-même !

Les rois de la simulation

F A I T S D I V E R S E T V A R I É S 5

de conciliation, rien n’a bougé : « L’architecte nous prend pour des ploucs qui ne comprennent rien à la modernité. » L’association a au moins récolté une bonne nouvelle : si le pro-jet se réalise, la structure d’accueil sera relogée. Mais il reste sept oppositions de voisins et le projet devra repasser devant le Conseil communal (l’exé-cutif) de Neuchâtel. La Ville aurait pourtant souhaité racheter le bâtiment à l’EREN, voire procéder à un échange de terrains. Sans succès.

Ancienne conseillère commu-nale (PS) durant presque 15 ans, Françoise Jeanneret fait le lien entre les architectes, l’Eglise et la Ville. Elle connaît fort bien les pétitionnaires : le plus virulent a été membre du légis-latif de la commune. Le mouvement citoyen dénonce un projet « déme-suré et disgracieux », qui « casse définitivement l’équilibre d’un quar-tier historique ». Celui-ci comprend le temple où Guillaume Farel prêcha pour la première fois et la maison de Philippe Suchard, qui appartient au patrimoine. L’un des cinq minarets construits en Suisse orne d’ailleurs la maison Suchard et ne serait plus visible depuis le lac.Ce qui serait dommage depuis qu’une fumeuse initiative en interdit de nou-veaux… Jean-Luc Wenger

et promet d’allonger la monnaie, dans les 50 millions d’euros par an jusqu’en 2023.

Woo-ooh ! C’est la fête à l’EPFL, quel succès ! Oui, enfin, reste encore à faire un peu de science… Problème : personne ne comprend vraiment comment est géré et par-tagé cet argent, et surtout dans quel but. C’est bien beau de « simuler » ou « décoder » le cerveau, reste à savoir comment on s’y prend, mais là il n’y a que de vagues généralités impliquant souvent les mots « infrastructure », « plateforme » et « collaboration ». Si bien que des chercheurs com-mencent à se poser des questions et lancent une pétition, l’été 2014, pour

clarifier ce bazar. Quelques change-ments de gouvernance et de direc-tion scientifique sont annoncés, mais surtout les masques tombent : le « Project » semble quand même un peu foireux.

La Commission européenne va-t-elle revenir sur son financement, au vu du foutage de gueule évident dont elle a été victime ? Bien sûr que non : aujourd’hui, en 2017, on apprend que le fonds est reconduit, à la suite d’un rapport d’évaluation interne que personne n’a vu, de plans désormais tenus secrets et d’un audit européen de complaisance. Sur le plan scientifique, le « Human

Brain Project » se contente en gros de publier de temps à autre un résumé de ses ambitions, sans aucun autre résultat qui justi-

fierait l’allocation de sommes aussi extravagantes (tandis que d’autres chercheurs font bien mieux avec leurs financements habituels). Le « Project », vidé des élu-cubrations de Markram,

ressemble aujourd’hui, selon Leonid Schneider, à une « secte d’adorateurs du financement de recherches »…

Restent encore six ans à tirer, mais la démonstration est faite : il est pos-sible de simuler de manière convain-cante la recherche sur le cerveau humain. Quant à savoir si on peut simuler le fonctionnement du cer-veau lui-même, les bureaucrates de Bruxelles qui ont payé pour ça four-nissent déjà un début de réponse.

Sebastian Dieguez

Human Brain Project : bureaucratic success despite scientific failure, L. Schneider, forbetterscience.com, 22.2.2017.

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La Suisse romande, tel autrefois le comté de Nottingham, compte parmi ses habitants un nouveau Robin des Bois, aujourd’hui derrière les barreaux. Ce personnage roma-nesque n’a rien trouvé de mieux que de piquer quatre millions en 15 ans à son employeur, le Service des contri-butions du canton de Neuchâtel. Il a commis ce forfait, dit-il, pour sortir sa belle-famille de la misère. Noble tâche s’il en est. Cette pauvre famille a reçu annuellement 266 666 francs. Avec une telle somme sonnante et trébuchante, il y a de quoi joindre les deux bouts.

Ces 266 666 francs envolés des caisses de l’Etat représentent en moyenne la masse fiscale qu’auraient payée environ 24 citoyens neuchâ-telois. Cela n’a pas l’air de trop per-turber le Département des finances et de la santé, mené par le conseiller d’Etat Laurent Kurth, englué dans le dossier hospitalier et préoccupé par une improbable réélection le mois pro-chain, puisqu’il s’est fendu d’un com-muniqué qui dit laconiquement que ni les contribuables, ni les communes, ni la Confédération n’ont été lésés.

Quatre millions peuvent disparaître d’une caisse sans que personne ne subisse de dommage. En matière de foutage de gueule, on a rarement fait mieux. Précisons que le Service des contributions est audité chaque année par le Contrôle cantonal des finances et que le vol n’a été décou-vert que par le zèle d’un collègue de Robin des Bois. Loin de nous l’idée de jeter l’opprobre sur ce ser-vice, car nul n’est à l’abri d’une telle mésaventure. ABB vient par exemple de découvrir que sa filiale de Corée du Sud a été grugée de 100 millions par l’un de ses collaborateurs. Ce que nous ne pouvons pas gober, c’est que la masse fiscale de 24 contribuables s’évapore ainsi sans aucune consé-quence, comme si on avait dérobé une caisse noire. André Draguignan*

*chef d’entreprise connu de la rédaction

Robin des Bois n’a volé personne

LE MOCHE CHASSE LES MIOCHES

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Vigousse vendredi 3 mars 2017 Vigousse vendredi 3 mars 2017

Les « perturbateurs endocriniens » sont sur toutes les lèvres. Au propre comme au figuré. Mais que sont vraiment ces perturbateurs et où en trouve-t-on ? Aux réponses tradi-tionnelles « de la merde / partout », préférons celle-ci : « Un perturba-teur endocrinien est une substance ou un mélange exogène altérant les fonctions du système endocrinien, et induisant des effets nocifs sur la santé d’un organisme intact, de ses descen-dants ou sous-populations. » On en trouve dans l’eau et l’alimentation, l’air et certains produits industriels : médicaments, cosmétiques, produits phytosanitaires.

Portés par leur habituelle défiance à l’égard de tout ce qui émane de l’in-dustrie, les écolos, anti-lobbyistes et autres ayatollahs du bio n’ont eu de cesse de militer pour leur interdic-tion… sans songer une seule seconde à leurs potentiels bienfaits. Pourtant, il est possible de tirer profit de ces petites molécules. Marche à suivre.

Les phtalates peuvent être utili-sés contre un conjoint infidèle. Plus classieux que le coup de pied dans les roubignoles, les phtalates pro-voquent des tumeurs testiculaires et une diminution de la fertilité. On les trouve dans certains ballons, dans les nappes et rideaux de douche et cer-taines colles, par exemple. Concoctez à votre époux volage un programme

aux petits oignons : match de foot (vous aurez pris soin de choisir la balle), réparation de vase brisé (oups !) avec « cette colle si efficace », souper aux chandelles pour étren-ner la nouvelle nappe, et une petite douche pour terminer. « N’oublie pas de bien tirer le rideau pour qu’il sèche ! » Les résultats ne seront pas immédiats. Le soulagement, si.

Le bisphénol A peut être utilisé sur votre adolescente dont vous com-mencez à craindre que, sortie en boîte, elle rentre en cloque. Manié correctement, le bisphénol provoque de puissants ravages sur le système reproducteur. Si on sait aujourd’hui qu’une exposition à ce perturbateur est plus efficace sur le fœtus que sur l’adolescent, il n’est jamais trop tard pour tenter sa chance. Présent dans

HORMONES HORS NORMES Le 23 février, l’association française Générations Futures faisait part des résultats de son enquête sur les perturbateurs endocriniens. A en croire ladite étude, chacun d’entre nous, jusqu’au très écolo José Bové, en serait farci. Alors, quitte à vivre avec, ne pourrait-on pas en tirer parti ?

nombre d’emballages en plastique, on le retrouve aussi dans les télé-phones portables. Offrez enfin à votre fille cet abonnement illimité dont elle rêve tant.A l’inverse, si votre cadette âgée de 6 ans n’a pas encore de poitrine, il est bon de savoir que certains pertur-bateurs endocriniens, présents dans les pesticides notamment, peuvent provoquer une adolescence précoce avec, à la clé, une grosse paire de nibards vers 7 ans. Merci qui ? Merci maman !

Les diphényléthers bromés : compli-qués à prononcer, ils sont très faciles à utiliser. Provoquant une altéra-tion du développement cérébral du fœtus, ils sont particulièrement adap-tés à votre voisine enceinte. Celle-là même qui, depuis des années, vous

Jouons les perturbateurs !

F A I T S D I V E R S E T V A R I É SF A I T S D I V E R S E T V A R I É S 76

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serine avec son aîné, « tellement plus éveillé, plus mature, plus serviable et plus prometteur que le vôtre ». Elle ne vous fera pas le coup avec le deu-xième. Présents dans la chair de cer-tains poissons, les diphényléthers bromés passent incognito dans la bouillabaisse.

Pour votre vieille mère dépendante, inutile d’attendre la prochaine cani-cule. Contentez-vous de remplacer ses bonbons à la violette par des pilules contraceptives. Les effets sont aussi multiples qu’imprévisibles. Mais rassurez-vous : aucun effet posi-tif n’est envisageable. Entre diminu-tion de l’immunité, troubles psy-chophysiologiques, cancers divers et variés, votre mère devrait trouver de quoi en finir rapidement.

Il ne fait désormais plus aucun doute que les perturbateurs endo-criniens représentent LA solu-tion à nombre de nos problèmes. Comme ils sont partout, des traces de ceux-ci dans l’organisme de vos victimes n’éveilleront aucun soup-çon. Avec quelque 100 000 pertur-bateurs recensés et presque autant d’effets sur la santé, le crime parfait n’a jamais été aussi accessible. Sans compter que les autorités sanitaires du monde entier font preuve d’une grande indulgence à l’égard de ces produits… et des industriels qui les fabriquent. Seule réserve, les effets de ces perturbateurs sont encore très mal connus : alors soyez solidaire et faites avancer la recherche en consi-gnant toutes vos observations dans un petit carnet. Séverine André

INTOXICATION ÉLÉMENTAIRE

Départs en sérieFOOTAGE DE GUEULE La Confédération se met enfin aux séries télé ! Le Secrétariat d’Etat aux migrations collabore en effet avec les autorités nigérianes pour un feuilleton de 13 épisodes. Sebastian Dieguez

Missing Steps racontera l’histoire trépidante d’un jeune étudiant endetté qui fuit son pays avec un visa volé pour les prairies ver-doyantes et opulentes de la Suisse. Bon, point de romance avec Heidi ou d’ascension sociale irrésistible, évidemment. Si nos bureaucrates ont décidé d’allonger 450 000 francs pour ce projet, ce n’est pas dans le but de créer un nouveau Netflix, mais bien afin de dégoûter les Nigérians de venir en Suisse en projetant sur leurs écrans les décon-venues d’un sympathique migrant et sa « descente aux enfers » avant son inéluctable renvoi. Qui a dit qu’un bon divertissement ne devait pas aussi être instructif ? Le tournage est actuellement en cours à Berne, mais en exclusivité, Vigousse a déjà pu mettre la main sur le scénario et les premiers rushes, et vous dévoile quelques-unes des scènes clés de cette première saison !

1. La découverte d’un mégot dans un busFraîchement arrivé en Suisse, Etienne Olawale est très impressionné de mon-ter dans une de ces énormes machines de métal que les autochtones appellent « bus ». Or, en cherchant une place assise, que découvre-t-il, par terre, juste sous ses yeux ? Un mégot de cigarette ! « Ah ben bravo, c’est du propre », s’exclame le malheureux. « C’est ça, la Suisse ? Pff. » Scène fonda-trice : ce mégot réapparaîtra fréquemment dans les cau-chemars d’Etienne, à qui on avait pourtant assuré qu’en Suisse, on ne faisait jamais de cauchemars.

2. La banque fermée le jeudi entre 11 h 30 et 14 hDans l’épisode 3, Etienne rencontre un conseiller en fonds de placement qui l’invite amicalement à passer un jour à sa banque, « pour causer busi-ness ». Enchanté par tant de sollici-tude, le jeune migrant prend note de l’adresse et décide de s’y rendre le len-demain même. Or, à 13 h 37, la banque est… fermée ! Terrible désillusion : « On m’avait pourtant dit qu’en Suisse, les banques étaient toujours ouvertes et que les gens pouvaient se servir dedans quand ils le souhaitaient ! Pff, c’est ça, la Suisse ? »

3. Yves Nidegger et la secte Moon

Etienne Olawale n’est pourtant pas au bout de ses peines, loin de là. Un jour, dans le parc des Bastions, à Genève, il s’engage dans une partie d’échecs avec Yves Nidegger, conseiller national UDC. Admiratif devant le grand intellec-tuel et politicien influent, il entrevoit la naissance d’une amitié potentielle-ment bénéfique, ce d’au-tant plus qu’il a fait l’effort de se laisser battre en sacri-fiant grossièrement ses deux tours et sa reine. Or, qu’apprend-il au détour de quelques confidences intimes ? Que ce bel homme blanc a jadis fait partie de la secte Moon ! « Ah vraiment alors, je n’imaginais pas ce paran-gon de raison et d’humanisme si superstitieux et naïf ! C’est ça, les Suisses ? Pff. »

4. Les biscuits de chez Lidl sont immangeablesC’en est déjà trop, mais tout va s’accélérer dans l’avant-dernier épisode. Sujet à un petit creux, Etienne décide de s’aventurer dans un magasin Lidl. Quelle aubaine ! Il se trouve qu’un trio-pack de petits-beurre au chocolat bénéficie en ce moment d’une offre exceptionnelle. « Et après, on dit que la Suisse c’est cher ! » Hélas, trois fois hélas, ces biscuits s’avèrent absolument dégueu-lasses. « Bon, alors si c’est ça, la Suisse, moi j’appelle la Fédération Romande des Consommateurs et « A Bon Entendeur », puis je me casse, beurk ! »

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Vigousse vendredi 3 mars 2017 Vigousse vendredi 3 mars 2017

8 Q U E L L E S E M A I N E ! 9M A S S M E R D I A

Cher Monsieur Rochebin,Vous affichez en couverture de « L’Illustré » (22.2) et sur six pages à l’intérieur votre bon-heur renouvelé d’être papa pour la deuxième fois. Toutes nos félicitations !Les esprits chagrins pourraient toutefois trouver à redire. En effet, sur huit photos, une seule montre votre épouse Marie, et encore ne voit-on que l’arrière de sa tête. La légende de l’il-lustration précise que la maman n’a pas souhaité apparaître. Ce qui est bien entendu son droit le plus strict. Il n’y a évidem-ment aucune obligation à poser dans « L’Illustré » lorsque l’on accouche. Mais enfin, tout de même, elle pourrait y mettre un peu du sien ! Elle est mal lunée ou quoi ?Heureusement, vous ne vous êtes pas laissé déstabiliser par l’at-titude inélégante de votre femme, dont on peine vraiment à com-prendre le peu de goût pour la pipolisation. Vous apparaissez donc courageusement seul avec le bébé, ou en compagnie de votre première fille âgée de 7 ans.D’autres individus dotés de moins de savoir-vivre auraient préféré renoncer à étaler leur vie pri-vée sur papier glacé en l’absence d’enthousiasme de leur moitié. Heureusement, vous n’êtes pas de cette trempe-là. Vous ne pouviez décemment pas décevoir vos nom-breux fans. Et vous savez aussi qu’il est de votre devoir de jour-naliste, en cette triste période où pullulent les « fake news », d’offrir au public d’authentiques informations qui comptent. Bravo pour cette abnégation.

Stéphane Babey

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La direction de Tamedia est en colère. Fâchée tout rouge que ce qui selon elle ne devait être qu’« un test » ait d’ores et déjà fait des gorges chaudes au sein de ses rédactions romandes, voire même en dehors du sérail. L’idée, en soi, n’est pas nouvelle : il s’agit d’importer de ce côté-ci de la Sarine une méthode déjà mise en pratique en Suisse aléma-nique et qui consiste à récom-penser les journalistes chargés d’alimenter les sites internet des divers journaux du groupe (Le Matin, 20 Minutes, La Tribune de Genève, 24 Heures) en « news » plus ou moins piquantes.

Concrètement, Tamedia propose « une prime au clic » de l’ordre de 1500 francs par trimestre et qui serait répar-tie entre les trois journalistes qui, dans les trois mois qui précèdent, auront produit le plus d’articles et attiré le plus de visiteurs. A condition, précise l’éditeur zuri-chois, que le nombre total de clics soit supérieur à celui du trimestre précédent.

A Lausanne, 11 employés sont concernés. Réunis sous l’étiquette de Newsexpress et placés sous la direction de Philippe Favre, le rédacteur en chef de 20 Minutes, ils sont chargés non seulement de traiter les nouvelles d’agences, mais également de les « habiller », autant que possible de leur apporter une plus-value, de les titrer de manière plus… alléchante, bref de mieux appâter le chaland.

Quand on lui parle de créer « une ferme à clics », le même Philippe Favre se veut rassurant : « C’est ce que nous vou-lons éviter à tout prix », dit-il. Et de préciser : « Donner envie de lire des dépêches d’agences ne signifie nullement tromper le lecteur. » Surtout que, toujours selon lui,

« chaque rédaction [qui reprendrait ces nouvelles] reste libre de les « ver-sionner » à sa manière ». Ce dont beaucoup doutent… A l’intérieur même de Newsexpress comme dans l’ensemble des rédactions du

groupe, nombreux sont les sceptiques, qui craignent une concurrence malsaine et évoquent une prime au sensationnalisme. A consulter les sites du Matin et de 20 Minutes, il n’est pas interdit de penser que le mouve-ment est amorcé depuis longtemps déjà.

Reste que du côté de la direction de Tamedia, on s’ap-puie sur le fait que les rédactions zurichoises n’ont vu aucun obstacle à la mise en place, il y a quelques semaines, d’un tel système de primes. Tout l’inverse de ce qui se passe aujourd’hui à Lausanne. Sera-t-elle sen-sible à cette « différence culturelle » ? C’est là, aujourd’hui, l’essentiel du débat. Roger Jaunin, avec J.-L. W.

Des souris et des sommesCLICS-CLAQUES Tamedia entend récompenser les journalistes qui obtiendront les meilleures audiences sur internet. « Concurrence malsaine et primes au sensationnalisme », protestent certains d’entre eux.

EST-CE QUE TU BUZZES ?

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Vigousse vendredi 3 mars 2017 Vigousse vendredi 3 mars 2017

C U L T U R E 11B I E N P R O F O N D D A N S L ’ A C T U10

La guerre des newsLES COURS DE RÉPÉTITION DU PROFESSEUR JUNGE Cette semaine : en réponse au programme de militarisation de l’information annoncé par la Russie, je détaille l’entraînement que devra subir l’armée suisse pour rester à niveau.

La Russie a annoncé se lancer à fond dans la nouvelle Guerre froide, celle de l’information. Vladimir Poutine crée une division de 1000 soldats qui auront pour mission de déjouer la propagande ennemie et de diffuser leur propre propagande, mais seront également spécialisés dans les cyber-attaques. Le bon côté de cette mili-tarisation de l’information, qui va évidemment provoquer une esca-lade dans plein d’autres pays, c’est qu’elle mettra un terme à la crise des médias. Les journalistes vont enfin retrouver du boulot, pour autant qu’ils apprennent à marcher au pas.Afin de préparer cette nouvelle révolution militaire, Ueli Maurer m’a nommé responsable de l’entraî-nement des recrues à ces modes de combat du futur. Voici une journée type en caserne telle que je la conçois à l’avenir.

0500 Diane debout.

0530 Petit déjeuner. Tout en englou-tissant tartines et tasses de café, les soldats se livrent à la corvée d’éplu-chage des journaux.

Pitc

h

0600 Le commandant de compagnie procède à l’appel en suivant l’ordre alphabétique des identifiants Twitter.

0630 Parcours du combattant avec ramping dans la boue des forums de discussion de la presse de boulevard.

0745 Cours théorique : information, contre-information, désinformation, choisir le bon outil au bon moment.

0945 Exercices pratiques de minage et déminage de pages Wikipedia.

1130 Utilisation correcte du troq, ou tube roquette, pour que l’ennemi arrête son char.

1200 Repas de midi et visionnage des chaînes d’info en continu.

1300 Entraînement à la manipula-tion de contenus hautement explosifs tels que révélations scandaleuses et autres documents compromettants.

1330 Marche de 20 kilomètres avec paquetage complet, comprenant ordinateur portable, batteries de

rechange, chargeur solaire, antenne satellite, perche à selfies de campagne, etc.

1500 Drill intensif sur le masque à gaz avec ajustement du filtre spécial pour relents nauséabonds issus des sites de réinformation.

1630 Cours théorique : 50 manières de neutraliser un troll à mains nues, avec la pelle de pionnier, un piquet de tente ou le tire-bouchon du couteau de poche multifonctions.

1800 Exercice chronométré d’enfi-lage de la tenue ABC (anciennement

Le 8e conseiller fédéralDepuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.

24

7

Le 8Le 8ee conseiller fédéralDepuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.

24

7

Ce n’est pas moi qui vous appelle ! C’est mon hologramme !

C’est vous chef ? Qu’est-ce qui vous arrive

encore ?

Oui allô ?

Pffrrrf ! Hi ! Hi ! Oui, Simonetta ?

Non non, rien… Hum, euh, il n’y a rien qui vous choque ?

Ecoutez, j’ai du travail, alors si

vous n’avez rien à me…

Oh c’est bon, ne vous fâchez pas, je fais juste un test.

Allons bon. Et un test de

quoi ?

Ha ! Ha ! Vous ne me croirez jamais, tellement vous n’y avez vu que du feu !

Dites toujours…

Votre hologr… Hum, je pense que

vous n’avez pas bien compris le principe,

chef.

Oh ! je sens que je vais pouvoir faire des bonnes blagues avec cette incroyable technologie !

C’est super réaliste hein !

destinée à protéger des attaques atomiques, bactériologiques et chimiques, elle a été adaptée pour résister aux antithèses, bobards et coquecigrues).

2000 Souper fac sur le thème « In vino veritas », durant lequel les recrues se saoulent et se livrent à un concours de la plus grosse galéjade.

2330 Dernière mise à jour du profil Facebook et extinction des pare-feu.

Professeur Junge, phare de la pensée contemporaine

FOLIES CURIEUSES Trop c’est trop ! Mythes et limites : dans sa nouvelle expo, le Musée romain de Lausanne-Vidy dépasse les bornes.

Le premier magasin HUBRIS de Romandie ouvre ce samedi à Lausanne ! On y découvrira un vaste choix de produits transgéniques, du poulet à quatre cuisses aux graines de reine-marguerite en forme de drapeau suisse, en passant par l’em-bryon de chat rose fluo à incuber soi-même, garanti sans griffes, anti-allergène, excréments senteur fraise. En vente aussi, des modules numé-riques connectés au cerveau, pour stocker tous ses souvenirs ou impor-ter le vécu d’autrui. Et des androïdes de compagnie pour tous les goûts. Sans oublier des gélules anti-mort aux cellules souches ou des cocktails de spermes améliorés, pour faire des enfants parfaits selon ses désirs. Et des bonheuromètres à balayage, qui calculent la valeur pécunière de tous vos biens ainsi que leur conformité à la mode, et commandent automa-tiquement le dernier cri. Du cirage à l’huile de palme, des coques de smartphone en écailles de tatou, des rillettes d’éléphanteau. De savants dispositifs pour prendre ses fesses

en selfie sans avoir à se contorsion-ner devant le miroir. Et bien d’autres trésors.Dans la mythologie antique, l’hubris (en grec hybris) désigne la déme-sure, l’orgueil, l’inconscience. Et c’est le pire des crimes : sacrilège, il ruine l’œuvre des dieux en bousil-lant l’ordre et l’équilibre (cosmos), provoquant la pagaille et le dérè-glement (chaos). Pour avoir trans-gressé les limites fixées aux humains, Prométhée, Dédale, Esculape, Midas, Erysichthon ou Narcisse ont essuyé la colère divine. Leur châtiment fut terrible.

Aujourd’hui, la fière espèce humaine refait le monde : génétique, transhu-manisme, intelligence artificielle, bionique… Entre le réalisable et le raisonnable, le progrès et la dérive, s’opposent deux notions : l’éthique et la loi du profit. Devinez laquelle va l’emporter.En forme de supermarché, la nou-velle expo du Musée romain de Lausanne-Vidy propose donc tout un

assortiment de produits attrayants ou dérangeants. Mais comme dans tout magasin, il faut passer à la caisse : l’addition pourrait être digne des anciennes punitions divines. Ou alors il faut prendre d’autres voies, encore utopiques.

Bref, voilà une expo qui joue à confronter, entre hier et demain, mythes antiques et limites éthiques. Alors, cosmos ou chaos ?

Sacha Durant

Trop c’est trop ! Mythes et limites. Du 4.3 au 7.1.2018 au Musée romain de Lausanne-Vidy. Ouvert du mardi au dimanche ainsi que

les lundis en juillet et août (11 h-18 h). www.lausanne.ch/mrv

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PÈRE DIGNE Du 8 au 12 mars, le Théâtre Cité Bleue, à Genève, accueille l’adaptation du roman Où on va, papa ? de Jean-Louis Fournier. Le comédien Jef Saintmartin donne vie à l’histoire de cet homme, père de deux enfants handicapés, qui conte une situation dont il préfère s’amuser, parce que « si lui ne peut pas se le permettre, qui le peut ? » www.theatre-confiture.ch

FRÉSARD AU HASARD Un parcours atypique, un trajet de déraciné entre le troquet du village, la boucherie du coin, un ballon de foot, les alexandrins de Molière ou la prose de Brecht : Lionel Frésard drôle, touchant, débordant d’énergie et d’anecdotes savoureuses. Molière-Montfaucon 1-1, au Théâtre Le Reflet, Vevey, le jeudi 9 mars (20 h). Coécriture et mise en scène Thierry Romanens. www.lereflet.ch

AFFRANCHIES Anne Bisang, directrice du TPR à La Chaux-de-Fonds, monte les Guérillères ordinaires de Magali Mougel. « Anne Bisang pose ces bombes poétiques, taillées dans une langue âpre et ardente, sur le terrain des rapports de domination. C’est sans appel », s’enflamme le communiqué. La Chaux-de-Fonds, du 8 au 12 mars à Beau-Site. www.tpr.ch

BROUILLON DE CULTURE

Une expo

Démesure en rayons

Un magazine

Nouvelles pages

Du 4 mars 2017 au 7 janvier 2018

TROP C’EST TROP!

Mythes et limites

Des

ign

Uni

graf

.com

Signe distinctif de l’ensemble des librairies Payot, « Aimer lire » se décline désormais sous la forme d’un magazine littéraire romand. Destinée à paraître quatre fois l’an, au fil des saisons, cette publi-cation s’est donné pour vocation d’être le reflet de la richesse de la production en langue française. Du roman à la BD, en passant par les sciences humaines et sociales, la jeunesse, l’art de vivre ou encore le bien-être, Aimer lire se propose d’aborder chaque grand domaine par le biais d’un dossier qui associera livres récents et de fonds, le tout complété par une sélection de nouveautés.Chaque numéro mettra à l’honneur un auteur particulier. Ainsi cette première livraison s’ouvre-t-elle sur le Dictionnaire amoureux

de la Suisse de Metin Arditi, tout récemment sorti chez Plon.La version papier sera complé-tée par une version « online » enrichie de nombreux conte-nus, et cela jusqu’à la parution suivante.Aimer lire sera distribué gratui-tement dans toutes les librairies Payot, mais aussi mis en vente dans plus de 350 kiosques de Suisse romande. Vigousse

www.aimerlire.ch

LITTÉRATURELa famille au centre du livre

HISTOIRELes origines du nazisme

POLARSCrimes et pouvoir, une union fructueuse

BANDE DESSINÉELorsque les femmes motivent le dessin

BIEN-ÊTRELe yoga, un jeu d’enfant

JEUNESSE La dystopie règne chez les young adults

ARTS ET PASSIONSLes grands chefs cuisinent « facile » Rap et slam, de la scène au livre

MAGAZINE | FÉVRIER 2017

ArditiMETIN

ET LA SUISSEUNE HISTOIRE DE A À Z

Fr. 5.–

Des cédés

Poèmes rockMêler poésies de Baudelaire, Verlaine, Hugo, Apollinaire ou Pavese avec du rock, c’est le défi éminemment casse-gueule dans lequel s’est lancé El Zapoï. Derrière cette formation lausannoise, on retrouve Arthur Besson, Marcket Besson et Nicky Boy, trois musiciens qui ont œuvré dans le groupe Karl Specht dans les années 1990, ont été accompagna-teurs de Stéphane Blok et se sont illustrés ensemble ou séparément dans la composition de nombreuses musiques de spectacle. Une riche expérience qui leur permet de réussir l’exercice avec brio. La voix, qui tour à tour chante ou déclame, dispose de suffisamment d’emphase pour mettre les textes en valeur sans pour autant surcharger la barque, qui navigue ici entre la force incantatoire de Franz Treichler et le romantisme de Noir Désir. La musique n’est pas en reste, avec des compositions complexes, pleines de détours et de surprises, de beautés et d’aspérités, qui à une solide base rock adjoignent différentes expérimentations la plupart du temps bien maîtrisées. Un très bel album à l’audace payante. S. Ba.

El Zapoï, autoproduction, distribution Irascible, CD.

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Vigousse vendredi 3 mars 2017 Vigousse vendredi 3 mars 2017

PUB

C U L T U R EC U L T U R E 1312

Des védés

Idiots fluo !

Pour ceux qui savent que cela n’ar-rive pas qu’aux autres. Evitez de leur dire : « Alors, ça roule ? » Quoiqu’ils ne le prendraient pas si mal… Si l’hu-mour est la politesse du désespoir, ils sont très polis. A défaut d’avoir été vernis par la vie. Tétraplégiques ou paraplégiques, Ben, Farid, Toussaint ou Samia sont dans un centre de rééducation. Corps brisé, moral au 36e dessous, ils apprennent la patience. Chaque infime progrès est une immense victoire. Et dans les couloirs, en chaise roulante, ils vannent, fument, s’embrouillent, se

rabibochent aussi sec, flirtent, s’en-traident, résistent comme ils peuvent à l’abattement, cap’ de faire la nique au handicap. Epaulé par Mehdi Idir, le réalisateur de ses clips, Grand Corps Malade, slameur bien connu, adapte avec Patients son roman autobiogra-phique et signe, entre rire et émotion, un film attachant qui a de la tchatche, de l’énergie, et sans cacher les coups de blues choisit la voie de ce qu’il nomme un espoir adapté. « Alors on va relever les yeux quand nos regrets pendront la fuite, on se fixera des objec-tifs à mobilité réduite. »

À VOUS DE VOIR Les uns ne sentent plus leurs jambes (Patients), un autre entend battre son cœur (Barakah meets Barakah), Mapplethorpe, lui, prenait son pied en gardant bon œil.

Pour ceux qui se cachent pour séduire. Barakah a de la chance, il semble plaire à Bibi, jeune femme libé-rée, icône de la mode locale qui a de multiples followers sur Instagram. Seulement, l’absurde et l’amour font bon ménage dans un pays comme l’Arabie saoudite… Comédie plus riante que Riyad, Barakah meets Barakah confronte traditions et émancipation. Léger et sympathi-quement transgressif.

Des films

Ceci est mon corps

Un livre

Tout un fromage FONDATION JAN MICHALSKI

pour l’écriture et la littérature

14 h – 18 h Mardi – dimanche

CH-1147 Montricher

17 février – 30 avril 2017

IMAGES

JACQUES PRÉVERT

© Fatras/Succession Jacques Prévert

Pour ceux qui ne détournent pas le regard. Visage d’ange (au début, pas à la fin, rongé par le sida) dansant avec ses démons, Robert Mapplethorpe signait des portraits d’une renver-sante beauté, photographiait des

fleurs mais aussi des scènes sado-masochistes. De quoi s’assurer une réputation toujours sulfureuse sur laquelle revient Mapplethorpe : Look at the Pictures, documentaire un peu cliché. Bertrand Lesarmes

Patients de Grand Corps Malade et Mehdi Idir (1 h 50) ; Barakah meets Barakah de Mahmoud Sabbagh (1 h 28) ; Mapplethorpe : Look at the Pictures de Fenton Bailey et Randy Barbato (1 h 48). Tous en salles.

Il est urgent de revoir ce pamphlet oublié de 2006. Un sergent de l’armée américaine, plutôt demeuré au demeurant, se porte volontaire pour une expérience d’hibernation. Quand il se réveille, en 2500, il découvre un monde nouveau où les gens sont tellement abrutis par les shows télévisés qu’ils traversent la vie en bovins agressifs. Ça vous semble familier, déjà ? Evidemment, la planète n’est pas en super état et le pauvre sergent, devenu par inadvertance l’Einstein de sa génération, va devoir mettre de l’ordre dans tout ça. Autant vous prévenir, sa tâche est ardue ! Ce qui a été présenté à l’époque comme une comédie bouffonne s’avère, une décennie plus tard, une satire sociale grinçante et prophétique.Quand on sait que le singe orange en place à Washington a gagné sa

célébrité dans la trash TV (et qu’il fait accidentellement passer Ronald Reagan pour Marie Curie), tout s’explique et ce petit film fait rire, fait mal et fait peur ! A montrer dans toutes les écoles, aussi ! Michael Frei, Karloff, films culte, rares et classiques, Lausanne

Idiocracy, Mike Judge, 2006, Fox, Vf et Vost, DVD, 80 min.

Voici un curieux ouvrage du repor-ter états-unien Michael Paterniti. Alors que son livre appartient à la non-fiction très à la mode, il s’inter-roge sur la nature du récit et la trans-formation du réel en mythe. Le point de départ est la découverte d’un fromage espagnol extraordi-naire, réputé comme l’un des meil-leurs et des plus chers du monde. Il se rend en Castille, dans le hameau de Guzman, et fait la connaissance d’Ambrosio Molinos, épicurien haut en couleur, force de la nature et créa-teur du fameux fromage. Paterniti l’urbain s’initie alors aux délices de la vie à la campagne et au pittoresque des traditions castillanes. Parmi celles-ci, une le touche en particulier, celle de la chambre à récits. Il s’agit d’une grotte taillée dans le calcaire dans laquelle la famille entrepose vins et autres productions maison et se réunit pour boire et manger tout en racontant des histoires.

Ambrosio admet Paterniti dans son cercle d’amis et lui narre sa légende. Comment il a mis des années à retrou-ver par essais et erreurs la recette

perdue du fromage fami-lial, comment son père a pleuré en renouant avec ce goût issu tout droit de son enfance, comment il est devenu la coque-luche des gastronomes du monde entier, com-ment Ambrosio a monté une entreprise pour répondre à la demande, comment son meilleur ami Julian, qui était aussi l’avocat qui s’occupait de ses affaires, l’a trahi en le dépossédant de son bien, et enfin comment le grand fauve blessé dans son orgueil a fomenté l’assassinat de Julian dans tous ses détails, mais sans jamais passer à l’acte. Fasciné par ce récit et par les valeurs terriennes prônées par Ambrosio, l’auteur décide d’en faire un livre. Il revient très souvent à Guzman pour récolter des informations et s’y éta-blit même six mois avec toute sa famille afin de s’imprégner de l’am-biance. Mais à mesure qu’il se lie avec

Ambrosio et la population locale, il réalise qu’il lui manque des pans entiers de l’histoire. Tiraillé entre son éthique de journaliste, qui lui dicte de récolter les versions des autres prota-gonistes, et sa fidélité à Ambrosio, qui verrait comme un coup de poignard dans le dos qu’il s’adresse à Julian, Paterniti bloque complètement. Il

faudra 13 ans au reporter pour aller au bout de la démarche, et ce qu’il apprend alors change radicalement sa perception d’Ambrosio.

Michael Paterniti prend son temps pour raconter cette histoire trou-blante, usant abondamment de digressions et de notes de bas de page gargantuesques. De ce foisonnement jaillit une réflexion passionnante sur la façon dont naissent les mythes, et sur la nécessité des histoires, qui lient les hommes entre eux et leur per-mettent de bâtir un monde commun. En n’omettant rien de ses doutes et de ses aveuglements, l’auteur livre en outre un témoignage précieux sur la genèse d’un récit journalistique et ce qu’il implique de subjectivité. Et pour ne rien gâcher, il le fait avec humour et autodérision. Un ouvrage émou-vant, drôle, profond, et qui se lit presque comme un roman policier.

Stéphane Babey

La chambre à récits, Michael Paterniti, Editions Noir sur Blanc, 382 pages.

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Vigousse vendredi 3 mars 2017 Vigousse vendredi 3 mars 2017

LE CAHIER DES SPORTS

14 R E B U T S D E P R E S S E 15

Sebastian DieguezMAG

NQUIÉTUDE : Céline Amaudruz aurait créé un appel d’air pour les chauffards alcooliques sans papiers – PRESSE : Et si on relançait le Nouveau Quotidi

VOIX OFF

« 60 ans à faire des gaffes! Avec une telle

expérience, j’aurais dû me présenter aux élections

valaisannes. »

Le strip de Vincent

CONCEPT

Des jeunes entrepreneurs inventent le bar pour vieux

« On s’est dit qu’il fallait faire quelque chose pour les vieux. » Si Dennis Parjmajulan ne manque pas d’ambition, il n’est pas pour autant dépourvu d’empathie ! Ce jeune entrepreneur, après des études brillantes et déjà trois start-up cotées en bourse, a décidé de mêler innovation et social dans son nouveau projet complètement fou. Entouré de deux autres chercheurs, il présente aujourd’hui son nouveau concept : le bar pour vieux, ou « elBARly » : « Aujourd’hui, les bars sont pour les jeunes comme nous, avec des lattés et des burgers, ainsi que des prises pour nos ordinateurs. C’est génial, mais qu’y a-t-il de semblable pour les vieux ? Alors on a créé elBARly, qui sera une sorte de lieu de rencontre avec des vieux. » Le premier bar prototype de ce genre n’est pas encore ouvert, mais la presse économique et scientifique a déjà pu le visiter : il s’agit d’un modeste environnement plutôt boisé, au design plutôt minimaliste, avec une pile de journaux dans un coin, une machine à sous qui ne marche pas, des affiches moches sur la porte, et déjà quelques vieux qui boivent un coup çà et là, parfois en racontant des horreurs sur la politique ou des platitudes sur le sport, mais le plus souvent en restant parfaitement silencieux devant un ballon de rosé. D’autres bars pour vieux ouvriront bientôt à Londres, Paris et Cugy, de nombreux investisseurs ayant flairé le potentiel de cette étonnante innovation.

SCIENCE

Vers une solution au problème du partage de la chambre réfrigérée dans « Top Chef »« Il doit y avoir une solution ! » C’est avec ces mots forts et pleins d’espoir que Tuan Miller, responsable de la task force internationale Towards a solution to Top Chef’s shared freezing cell problem, a ouvert la première rencontre du groupe de réflexions concernant le fameux problème du partage de la chambre réfrigérée dans « Top Chef », jeudi passé. Mathématiciens, physiciens, sociologues, philosophes et neuroscientifiques sont réunis pour encore 15 jours pour trouver enfin une solution à ces coques moulées qui ne durcissent pas à cause des nombreuses ouvertures intempestives de la chambre réfrigérée par tous les candidats du concours gastronomique. « Ça ne peut plus durer », explique Etienne, spécialiste informatique évoluant dans la brigade des matheux, sous le patronage du professeur Jill Petersen, meilleur ouvrier de Belgique en complexité algorithmique 2007. « Je suis parti sur un découplage-fusion avec attracteur de Lorenz, j’espère juste que j’aurai assez de temps, putain c’est chaud là », a expliqué John lors de l’épreuve de dernière chance des physiciens. Qui résoudra le problème du partage de la chambre réfrigérée dans « Top Chef » ? Le niveau semble très haut, et nul ne serait à l’abri d’une mauvaise surprise, a indiqué la voix off d’un des professeurs.

PANORAMA

Mystère Recul étonnant des morts de célébrités en ce début d’année.

In extremis L’instant présent lui échappe pendant une dizaine de secondes, mais elle se ressaisit très rapidement.

Route Le type que tu as laissé entrer sur l’autoroute en te déportant sur la gauche mais qui a tout de suite accéléré pour ne pas te laisser te rabattre serait une vraie bête de sexe.

NOS CONSEILS BUSINESS

Quelles synergies pour impacter votre disruption ?

Synergies Disruption

CULTIVERTransformer un terrain de football en jardin potager, l’idée est d’autant meilleure qu’il ne s’agit là que d’un simple retour à sa destination première. Même martyrisé par des générations de crampons, un champ reste un champ et sa vocation est avant tout de permettre aux hommes de le cultiver, aux femmes d’y venir récolter de quoi mijoter de bons petits plats et aux enfants de hurler « Maman, c’est pas bon les épinards ! »

A Bienne, où le club de foot s’est vu contraint de s’exiler dans un complexe aussi horloger que rutilant, les autorités locales ont donc fait don, provisoire il est vrai, de feu le terrain de la Gurzelen à un collectif alternatif. Lequel, entre autres activités présentées comme « artistiques », a d’ores et déjà fait labourer une partie de la pelouse et s’est engagé à l’ensemencer, dès le printemps prochain.

Champ de patates ou pas, on connaît des clubs qui feraient bien d’en prendre de la graine. Ou des graines. Les temps sont durs, les fins de mois à chaque fois plus difficiles, le panier de la ménagère coûte chaque jour plus cher, et, de toute manière, les rares footballeurs suisses dotés du plus modeste des talents quittent le pays pour s’en aller gagner leur vie ailleurs. A quoi bon, dès lors, monopoliser des terrains pour une bande de pieds carrés incapables de se faire la moindre passe et de respecter le plus simple des schémas de jeu ?

Halte au gaspi, sus aux boni-menteurs, journalistes de sport compris, qui n’ont de cesse de nous faire croire que le football suisse a un quelconque avenir. Le peuple a faim, la Migros et la Coop ne vendent plus que des produits importés de l’étranger, la paysannerie se meurt, attachons les bœufs et les chevaux devant la charrue, rendons à la terre le rôle qui revient à la terre, cultivons.

Tout sauf des navets !

Et ce sera tout pour cette semaine.

Roger Jaunin

Après un examen approfondi des divers lieux de réserve habituels, il semblerait qu’il n’y ait plus de café. Un témoin proche du dossier indique que plusieurs personnes souhaitaient un café, mais lorsqu’elles se rendaient à la machine

à café, située dans la salle de pause, elles ne pouvaient que constater, impuissantes, l’absence de café. Les événements se seraient déroulés aux

alentours de 10 h 30 jeudi passé. Qui était chargé de surveiller qu’il y ait du café ? A quel moment exactement n’y a-t-il plus eu de café ? Qui est la dernière personne

à avoir eu du café ? Et surtout, y aura-t-il à nouveau du café ? Et quand ? Autant de questions auxquelles personne n’est, pour l’heure, en mesure de répondre,

puisque justement il n’y a plus de café.

Donald Trump a demandé aux Russes de ne pas faire fuiter le programme

d’Emmanuel Macron.

LE FAIT ALTERNATIF

DE LA SEMAINE Et J.-C. est revenuSans emploi depuis sa non-réélection au Conseil communal de La Chaux-de-Fonds en juin 2016, Jean-Charles (J.-C.) Legrix revient sous la forme de « soleil de toute une population ». C’est du moins ce qu’écrivent Michelin (sic) et Joan dans le courrier des lecteurs de L’Express/L’Impartial le 23 février. En se mettant en lice pour la course au Conseil d’Etat, l’UDC Legrix « a certainement mis du baume dans le cœur des vrais Neuchâtelois ». « Dans mon cœur à moi, ainsi que dans celui de mon fils, il a déjà mis du soleil depuis bien des années », écrit Michelin, qui se révélera être une Micheline chaux-de-fonnière. A son Maître, elle adresse ces mots : « Que Dieu vous bénisse, richement vous garde et vous récompense largement », et de conclure sur une menace : « Vrais Neuchâtelois, votez pour lui ou vous le regretterez. » Dieu était de retour, discrètement, dans le Haut du canton de Neuchâtel et nous l’ignorions. Que cet astre christique prenne le Château, que son règne vienne, que les apôtres Michelin (pardon, Micheline) et Joan nous éclairent. Ou alors, comme le suggère un vif lecteur de Vigousse et de la presse neuchâteloise : il faut d’urgence transférer l’hôpital psychiatrique dans le Haut. Mécréant, va ! J.-L W.

Démarche forcéeVendredi 24 février, peu avant 9 heures, une Genevoise de 94 ans reçoit un appel téléphonique de quelqu’un qui souhaite parler à sa fille Jacqueline. Bizarre, Jacqueline, en grande fille qu’elle est, n’est pas censée habiter avec sa maman. Mais bon, elle est justement là et consent à écouter un vendeur tentant de lui refiler un abonnement à L’Illustré. Jacqueline l’envoie poliment promener et cherche un numéro pour exiger le retrait de sa mère de la liste des spams téléphoniques.

Le site de L’Illustré a bien un numéro pour le service clients, mais vu qu’elle n’est pas cliente (et ne le sera jamais), elle cherche celui de l’éditeur Ringier Axel Springer Suisse (RASCH). Elle trouve, à Zurich, une ligne qui lui paraît « idoine ». Elle tombe sur une dame qui n’entend que l’allemand et qui lui passe un monsieur qui répond en schwyzerdütsch. Il condescend à passer au bon allemand, et même à lui laisser dicter le numéro de sa mère chiffre par chiffre en français.

Un vrai petit miracle a lieu, la maman de Jacqueline sera rayée des listes commerciales de RASCH. Du moins jusqu’au prochain appel d’un démarcheur que l’on aurait oublié de mettre au courant. J.-L. W.

Il n’y aurait plus de café

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Vigousse vendredi 3 mars 2017

L A S U I T E A U P R O C H A I N N U M É R O16

« Venez enfoncer un violon dans le cul de Madame Valls », « Je crache des glaires sur la sale gueule de Charb et tous ceux de Charlie Hebdo », « Alain Finkielkraut, il faut lui casser les jambes à ce fils de pute », « Vive les pédés, vive le sida avec Hollande ! » Ahhh ! Que c’est agréable de lire des tweets qui ne soient pas truffés de fautes d’orthographe et d’erreurs de syntaxe !

Dans le cas qui nous occupe, c’est en fait la moindre des choses. Car ces tweets, grammaticalement irréprochables, sont l’œuvre d’un journaliste et écrivain confirmé. Chouchou des médias français « islamo-gauchistes » (selon la terminologie consacrée), Mehdi Meklat a des lettres. Qu’il sait visiblement arranger dans tous les sens. Dans le sens du poil de la gauche intello, progressiste, qui l’acclame, l’édite et le finance. Et dans l’autre sens, caché, celui de fdesouche.com, des blogs fachos et

plus généralement, celui de la bêtise ordinaire dont Twitter se fait parfois le relais.

Quelle ne fut pas l’émotion, la consternation de ses collègues journalistes en découvrant que Marcelin Deschamps, l’auteur anonyme de ces tweets, n’était autre que Mehdi Meklat ? Evidemment, ils

le savaient depuis longtemps, mais là, voyant que ça choquait tout le monde, ça les a choqués aussi, par effet de réverbération. Il faut dire que dans les rédactions de France Inter, du Bondy Blog, des Inrocks, de Canal ou de Médiapart, Mehdi était « ce jeune issu de la diversité », qu’on laisse entrer à condition qu’il incarne « le lien entre la hype, les médias et la vigueur des cités » (dixit Marie-

France Etchegoin Aron).Ses débordements, hors cadre strict des colonnes ou des émis-sions dans lesquelles il interve-

nait, étaient vécus comme un exutoire nécessaire, à défaut d’être sain. Mehdi s’est d’ail-leurs empressé de requali-fier son double malsain de « personnage », qui lui servait

à « tester la notion de provoca-tion » et à « chercher des limites ».

Eh bien, que Mehdi se réjouisse : il semblerait qu’il les ait aujourd’hui trouvées. Séverine André

Ce Meklat, il est terrible !

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« Je veux bien rembourser, mais

seulement en francs français. »

M. Le Pen, présidente

Elle a dit la semaine prochaine

(ou du moins ça se pourrait bien)

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