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Renforcer la Résilience Sans Frontière au Sahel VERS DES SYSTÈMES DE PRODUCTION AGRICOLE ET PASTORALE RÉSILIENTS AU CLIMAT Un résumé des considérations de conception du programme avec les contraintes des ressources naturelles sélectionnées, des capacités et du climat au Burkina Faso, au Mali et au Niger AID TREE

VERS DES SYSTÈMES DE PRODUCTION … · Le projet BRWB vise à soutenir les femmes vulnérables, les enfants et les hommes au Burkina Faso, ... 4.3 Gestion et conservation des sols

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Renforcer la Résilience Sans Frontière au Sahel

VERS DES SYSTÈMES DE PRODUCTION AGRICOLE ET PASTORALE RÉSILIENTS AU CLIMAT Un résumé des considérations de conception du programme avec les contraintes des ressources naturelles sélectionnées, des capacités et du climat au Burkina Faso, au Mali et au Niger

AID

TREE

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 2

REMERCIEMENTS

Cette étude a été réalisée par TREE AID et produite pour le compte du consortium CARE International UK, RBM (Réseau Billital Maroobé – le réseau des associations d’éleveurs au Niger), SNV (Organisation Néerlandaise de Développement) et TREE AID, grâce à un financement du département britannique en charge du développement international (Department for International Development – DFID) dans le cadre du programme « Renforcer la résilience et l’adaptation aux extrêmes climatiques et aux catastrophes » (BRACED). Cette étude est publiée dans le cadre de la phase d’élaboration du projet pour « Renforcer la résilience climatique transfrontalière au Sahel » (BRWB) mené par CARE, RBM, SNV et TREE AID et financé par BRACED. Le projet BRWB vise à soutenir les femmes vulnérables, les enfants et les hommes au Burkina Faso, au Mali et au Niger afin de leur permettre de mieux s’adapter aux conditions climatiques extrêmes.

Cette étude a été rédigée par Monica L. Wrobel, Tony Hill, Ellen A. Bean, Mark Mulligan, Sophia Burke, Josh Allen, Felicity Roos et Angie Dazé. Les auteurs tiennent à remercier et à saluer les représentants des partenaires du consortium CARE, RBM, SNV et TREE AID, en collaboration avec l’ICRISAT et AGRHYMET pour leur soutien et le rôle qu’ils ont joué dans l’évolution de la conception de la proposition de projet : Karl Deering, Catherine Pettengell, Joost Nelen, Catherine La Come et Philip Goodwin. Richard Ashiagbor et Alastair Whitson de CARE ont beaucoup fait pour soutenir la production du document écrit. Jocelyn Ziemian a fourni un appui apprécié pour l’édition du document.

Cette etude a été traduit depuis la version originale anglaise, publiée sous le titre de: Towards climate resilient agricultural and pastoral production systems: A synopsis of programme design considerations under the constraints of select natural resources, capacity and climate in Burkina Faso, Mali and Niger (CARE International UK, RBM, SNV, TREE AID, août 2014).

© CARE International UK, RBM, SNV, TREE AID, août 2014

Photo de couverture: Des femmes à Barsalogho, Burkina Faso, après la récolte des feuilles d’un baobab émondé © TREE AID / Mike Goldwater

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 3

TABLE DES MATIÉRESFigures 4

1. Introduction 51.1 Contexte propre au Sahel 6

1.2 Tendances climatiques et ressources naturelles 6

1.3 Le contexte pour les femmes et les filles dans la région 7

2. Qu’est-ce que la résilience ? 82.1 Productivité du système et résilience des moyens de subsistance dans le Sahel 8

2.2 Explorer les ressources et les pratiques de gestion pour le Sahel 9

3. Examen des ressources naturelles et modèles climatiques 123.1 Implications en termes de résilience climatique 18

4. Quelles sont les options pour renforcer la résilience dans le Sahel avec les contraintes de ressources naturelles qu’il connaît ? 204.1 Technologies des cultures 20

4.1.1 Variétés de semences et cultivars 20

4.1.2 Microdosage 22

4.2 Gestion et conservation de l’eau agricole 24

4.3 Gestion et conservation des sols (agriculture de conservation) 27

4.3.1 « Agriculture Intelligente face au climat » et de conservation 27

4.3.2 Avantages de l’agriculture de conservation 28

4.3.3 Défis de la réalisation des avantages potentiels de l’agriculture de conservation 28

4.3.4 Leçons tirées 29

4.4 Agroforesterie et gestions des espèces d’arbres 30

4.4.1 Rôle des arbres, et plus spécifiquement les pratiques dans les Parcs agroforestiers, dans le modèle de développement agricole 30

4.4.2 Utilisation de l’agroforesterie dans les systèmes de production 31

4.4.3 Incidence des PFNL et des micro-entreprises sur les ménages 31

4.4.4 Effets de l’intégration des arbres dans les systèmes de production agricole 32

4.4.5 Contribution à l’amélioration de la sécurité alimentaire et à l’apport d’oligoélément au niveau du ménage 32

4.4.6 Contribution aux services des écosystèmes 32

4.4.7 Taux relatifs de rentabilité sur les différentes méthodes de plantation d’arbres 33

4.4.8 Modification des espèces d’arbres par greffage pour une capacité de tolérance à la sècheresse et une capacité de production accrues 33

4.4.9 Prise de décision pour l’adoption des approches axées sur l’arbre 33

4.5 Planification intégrée du terroir 34

4.5.1 Intégration du bétail hors ferme et des besoins pastoraux 35

4.5.2 Établir ou augmenter les tampons pour les périodes de stress ou de rareté 37

5. Renforcer la résilience à l’échelle au Sahel 395.1 Autonomisation au niveau local : faire face à la vulnérabilité différentielle 39

5.2 Conclusions 40

Glossaire 42

Ouvrages cités 44

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 4

FIGURESFigure 1. Les zones géographiques cibles envisagées lors de la phase d’élaboration du projet 5

Figure 2. Population dans la zone cible du projet, 2007 10

Figure 3. Réseau routier dans la zone cible du projet 10

Figure 4. Évolution moyenne annuelle normalisée de pluie NDVI (RNNDVI) pour 1982-2006 12

Figure 5. La base générale de l’évapotranspiration (moyenne 1950-2000) 13

Figure 6. La saisonnalité de la ligne de base (moyenne 1950-2000) du bilan hydrologique 14

Figure 7. Modification de l’équilibre hydrologique (mm/an) de base (1950-2000) 14

Figure 8. Modification de l’équilibre hydrologique (mm/an) de base (1950-2000) 15

Figure 9. Modification de durée de la « saison de croissance » de base (1950-2000) 16

Figure 10. Modification de durée de la « saison de croissance » de base (1950-2000) 17

Figure 11. Modification de durée de la « saison de croissance » de base (1950-2000) 17

Figure 12. Classes d’utilisation des terres 18

Figure 13. Couvert arboré (%) 30

Figure 14. Nombre des pâturages sauvages (nombre/km2) 36

Figure 15. Le couvert herbacé (%) pour l’année 2010 37

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 5

BUILDING RESILIENCE WITHOUT BORDERS in the Sahel (BRWB) (Renforcer la résilience climatique transfrontalière au Sahel) est un projet élaboré par CARE International, RBM, SNV et TREE AID dans le cadre du programme « Renforcer la résilience et l’adaptation aux extrêmes climatiques et aux catastrophes » (BRACED), financé par le département britannique en charge du développement international (Department for International Development – DFID). Ce projet rassemble l’expérience des quatre membres du consortium et celle des partenaires techniques AGRHYMET (le centre régional de lutte contre la sécheresse au Sahel) et l’ICRISAT (International Crops Research Institute for the Semi-Arid Tropics), qui travaillent aux côtés des acteurs locaux dans une approche intégrée de construction d’une résilience climatique.

BRWB vise à renforcer la résilience d’environ 1 million d’hommes, de femmes et d’enfants au Burkina Faso, au Mali et au Niger en favorisant le changement dans trois domaines clés :

• améliorer la pertinence, l’accès et l’utilisation des services d’information climatique pour la planification et la gestion des risques ;

• offrir un meilleur accès à des moyens de subsistance durables et résilients au climat, et en favoriser l’adoption ;

• promouvoir une gestion équitable, résiliente au climat et durable des ressources naturelles.

Ce document présente un résumé des approches et des technologies susceptibles d’être utiles pour la résilience au climat des pratiques agroforestières et de la production agricole dans une zone géographique cible qui s’étend sur les zones agricoles et pastorales de l’Est du Mali oriental, en passant par le nord du Burkina Faso jusqu’au Nord-ouest du Niger. Il comprend une revue du contexte socio-écologique local pour la mise en œuvre de telles options.

L’évaluation a été effectuée par des professionnels indépendants disposant d’une base de connaissances

1. INTRODUCTION

Figure 1. Les zones géographiques cibles envisagées lors de la phase d’élaboration du projet comprennent le centre et le nord-est du Mali, le nord du Burkina Faso et le Niger occidental. Les coordonnées des points limites indicatifs de la zone du projet sont : 15°44’34.20”N, 4°23’33.10”W; 13°56’7.97”N, 4° 6’9.58”W; 13°30’47.68”N, 3°57’58.24”W; 13° 9’48.83”N, 3°27’21.63”W; 13°40’36.37”N. 2°52’44.69”W; 13°19’48.09”N, 1°15’24.01”E; 14° 4’47.69”N, 1°33’2.56”E; 15°17’48.75”N, 1°28’39.38”E; 16°57’48.87”N, 0°20’19.92”W; 16°43’48.73”N, 3° 4’48.43”W

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et d’une expérience de terrain dans l’agriculture de conservation, et d’une compréhension de la prise de décision dans le domaine agricole sur la gestion de l’eau et la conservation des ressources naturelles. Les auteurs ont revu des ouvrages tant de littérature scientifique que de littérature grise, aussi pertinents que possible pour le contexte des bénéficiaires sahéliens du projet. AmbioTEK et le département de géographie du Kings College de Londres ont analysé des ensembles de données spatiales et ont produit une série de cartes de la zone du projet à l’aide de leur outil de cartographie, Waterworld. TREE AID a relié les résultats dans le contexte de l’agro foresterie et des moyens de subsistance alternatifs tout en puisant dans la base de connaissances d’autres partenaires du consortium.

1.1 CONTEXTE PROPRE AU SAHEL

La variabilité du climat, y compris les événements de sécheresse, est une caractéristique déterminante des écosystèmes des terres arides du Sahel. Les gens du Sahel ont fait évoluer leurs stratégies de subsistance afin de mieux gérer cette variabilité, par le biais de la mobilité, de la diversification des activités génératrices de revenus et des systèmes de gestion traditionnels des terres. Cependant, leur capacité de résilience inhérente a été progressivement minée par une série de facteurs qui incluent une gouvernance et une gestion des ressources naturelles médiocres, la marginalisation des institutions traditionnelles, la croissance de la population, des politiques inadéquates ou inappropriées, l’instabilité du marché et des prix et une insécurité croissante. Le résultat est une pauvreté chronique, la malnutrition, la diminution des actifs et une augmentation de la dette, laissant aux gens des options de gestion limitées lors de situations climatiques extrêmes.

1.2 TENDANCES CLIMATIQUES ET RESSOURCES NATURELLES

La région cible du projet a connu de terribles sécheresses en 1973-1974 et en 1984, qui ont conduit à une famine généralisée et à la perte du bétail. De nombreux ménages ne se sont toujours pas remis de la sécheresse de 1984 qui a été catastrophique en termes de répercussions sur la santé, de nutrition et de pertes des actifs domestiques. Des sécheresses moins sévères ont eu lieu en 1988 et 1993, et la région a connu plusieurs années anormalement sèches depuis lors. En général, les communautés ont signalé la dégradation des terres, la diminution du couvert végétal, des pâturages et des rendements de cultures, ainsi que des tensions

croissantes sur les ressources principales en eau, en bois et en pâturages. La mobilité est restreinte ou limitée afin d’éviter de potentiels conflits. La fréquence des années de sécheresse s’accroît, laissant aux gens peu de temps pour se remettre d’une crise avant l’arrivée de la suivante.

Dans les zones agro pastorales et agricoles, les périodes sèches limitent la productivité des cultures, entraînant à certaines saisons un échec complet des récoltes. Il est également rapporté que les stocks de poisson sont en diminution. Pour les hommes, les femmes et les enfants qui dépendent de la pêche, de l’agriculture et de l’élevage, ces effets ont des conséquences graves pour leur sécurité alimentaire et leur revenu, avec des effets dommageables sur la nutrition, la santé, l’éducation et la cohésion sociale.

Dans les régions du nord où la production pastorale domine les moyens de subsistance, les répercussions de la faible pluviométrie et de la sécheresse sur le bétail sont une préoccupation immédiate, qui perturbe l’équilibre entre le taux de stockage et la densité maximale de cheptel régional. Les contraintes qui en découlent sur l’accès à l’eau et au fourrage ont des répercussions négatives sur la santé animale et la productivité, forçant dans le pire des cas à vendre des animaux à des prix dérisoires ou causant la mort du bétail.

La biodiversité est sous pression ou surexploitée. Les communautés ont constaté la disparition de diverses espèces indigènes de la végétation, des animaux et des oiseaux, de systèmes qui devraient être bien adaptés à des sécheresses récurrentes. La disponibilité de l’eau est une préoccupation croissante (qui prend de l’ampleur) lorsque (dans laquelle) les taux d’extraction dépassent ceux de recharge pour les corps d’eau de surface et la nappe phréatique locale. Indirectement, les sécheresses et les faibles précipitations peuvent aggraver la dégradation des terres, lorsque les mécanismes de survie de la population provoquent des changements dans l’utilisation des terres et une récolte des ressources destructrice ayant des répercussions négatives sur la fertilité des sols et les ressources provenant des arbres.

Lorsque les conditions climatiques extrêmes influent sur la sécurité alimentaire et le revenu d’un ménage, les gens sont poussés à chercher des solutions de rechange. Les éleveurs qui ont perdu leur bétail sont obligés de sédentariser et de se reconvertir à l’agriculture afin de nourrir leur famille et de gagner de l’argent pour reconstituer leur cheptel ; alors que les agriculteurs avec la diminution des rendements cherchent d’autres

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sources de revenus telles que la diversification dans l’élevage de bétail ou l’émigration pour travailler afin de répondre à leurs besoins alimentaires tout au long de l’année. L’émigration vers les pays voisins pour un travail rémunéré (selon les saisons ou à plus long terme) est une stratégie clé pour gagner un revenu pour l’alimentation et d’autres besoins fondamentaux. La vente de bétail est également fréquente (au-delà des ventes prévues) ou la vente d’autres actifs. Ce n’est pas une option pour les femmes et les hommes les plus pauvres, qui sont contraints de s’engager dans le travail manuel ou à demander de l’aide sous forme de nourriture ou en espèces, ou à surexploiter les ressources communes. Lorsque tout a échoué, les gens recourent à la prière collective. Ces dernières réponses sont symptomatiques du rétrécissement des options qui résulte de chocs récurrents, de l’érosion de la base de biens ménagers, d’une pression croissante sur les ressources naturelles, des inégalités dans le pouvoir décisionnel, ainsi que de l’accès aux ressources et de leur contrôle.

1.3 LE CONTEXTE POUR LES FEMMES ET LES FILLES DANS LA RÉGION

Les extrêmes climatiques affectent les femmes, car celles-ci ont un rôle grandissant à jouer dans la lutte contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition chronique en faisant plus et en étant chargées d’élaborer les stratégies d’adaptation au sein du ménage. L’impact est aggravé par l’inégalité entre les sexes, qui à son tour limite la capacité d’adaptation de la femme, car bien qu’elles aient un rôle croissant dans la réponse aux effets du changement climatique, il n’existe aucune autorisation corrélative liée au contrôle des ressources du ménage ou de la communauté. Des obstacles supplémentaires à la sécurisation des droits sur les actifs productifs (notamment la terre et le travail) aggravent encore un partage inégal du travail et une dépense de temps asymétrique au détriment des femmes.

Le recours à des ressources hautement sensibles au climat peut aggraver les inégalités (par exemple, lorsque la nourriture vient à manquer, les familles peuvent être plus désireuses de marier les jeunes filles). Les mariages précoces et les accouchements empêchent les femmes d’accéder à l’éducation, au développement des compétences, d’acquérir des biens et de s’engager dans des activités productives, entraînant un analphabétisme féminin persistant.

L’expérience a montré que la dynamique des genres varie dans l’ensemble de la zone du projet en fonction

de l’ethnie, du système des moyens d’existence et du statut socio-économique. Les obstacles à la protection ou à la diversification des moyens de subsistance et au développement de la résilience sont spécifiques au contexte. Souvent, il y a une différence claire entre les femmes et les hommes et les rôles perçus que chacun doit jouer. Il s’agit d’une considération importante dans l’évaluation de la pertinence des différentes technologies et approches pour la production de l’agro foresterie et les cultures et l’impact de leur adoption sur le bien-être et la sécurité nutritionnelle des femmes et de leurs enfants.

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 8

LE TERME « RÉSILIENCE » peut être défini comme la capacité d’un système à absorber les perturbations tout en conservant sa fonction de base et sa structure. Il peut donc intégrer le concept de développement durable, au moyen duquel les demandes actuelles sont satisfaites sans éroder le potentiel de satisfaire des besoins futurs (Walker et Salt 2006). Le terme peut être appliqué aux systèmes écologiques, par exemple, la réponse d’un système écologique après un incendie de forêt, comme aux systèmes sociaux, par exemple, la façon dont les populations et les instances dirigeantes font face aux chocs et aux tensions et leur préparation aux scénarios de changement climatique futurs.

Dans une région comme le Sahel, les moyens de subsistance sont intimement liés à la productivité de la terre pour les communautés et les petits exploitants agricoles. La productivité est très vulnérable aux aléas de la température et des précipitations (cultures céréalières, élevage au niveau du village), et les mouvements des animaux et des personnes à leur tour répondent au déplacement continu de la productivité (élevage hors village et éleveurs nomades). C’est pourquoi un système socio-écologique résilient est nécessaire à l’échelle des ménages, de la communauté et de la commune, comme à celle de la gouvernance nationale et transfrontalière.

Il est important de noter que : « l’optimisation des rendements » (élevage intensif) peut représenter des gains à court terme, mais que les options sont étroites. C’est tout le contraire de maximiser la capacité d’adaptation de la réponse du système socio-écologique au changement ; par exemple, maintenir des variétés qui peuvent être favorisées dans les conditions climatiques d’une année donnée et maintenir la diversité afin d’éviter que les seuils ne soient dépassés, ce qui pourrait faire basculer un système irrémédiablement (pertes des éléments nutritifs du sol, désertification, par exemple). La réflexion sur la résilience suggère une diversification des options et un étalement des risques pour assurer une productivité durable. Dans le cas contraire, la maximisation de la production et des rendements sur la base d’une gamme limitée de variétés ou des sources de revenus réalisables uniquement dans les limites d’un petit nombre de conditions. De même, accéder à une diversité de modèles et d’informations pour la prédiction du changement devrait permettre une plus

grande résilience que placer sa confiance en une seule source. Walker et Salt (2006) cite plusieurs études de cas et offrent des suggestions pour la gouvernance et la surveillance des seuils à divers niveaux et à différentes échelles. Ils font valoir que la réflexion sur la résilience ne peut pas être une panacée, mais ils fournissent une base pour la réalisation de modèles durables d’utilisation des ressources.

2.1 PRODUCTIVITÉ DU SYSTÈME ET RÉSILIENCE DES MOYENS DE SUBSISTANCE DANS LE SAHEL

Le caractère durable de l’environnement est bien sûr un facteur clé dans le choix des moyens de subsistance spécifiques au niveau communautaire, dans une région où la productivité connaît un équilibre délicat et où il existe une diversité de demandes de rendements agricoles (que ce soit pour la consommation humaine ou animale, le compost et les paillis, vente au comptant). Le Sahel, avec moins de 500 mm de précipitations annuelles, est une zone de pâturages dans laquelle l’élevage du bétail est la principale activité, associée à un peu de mil et de niébé résistant à la sécheresse. Dans la partie nord de la zone cible du projet, la probabilité qu’une saison de croissance ait échouée est de 53 %. Plus au Sud dans la zone cible du projet, dans la zone végétative soudano-sahélienne couvrant la majeure partie du Burkina Faso et une petite partie du Mali, des précipitations de 500 et 900 mm ont lieu chaque année. Le mil et le sorgho sont les principales cultures dans le nord du Burkina Faso, tandis que le maïs représente une part importante des cultures dans la partie ouest du pays où il bénéficie de l’apport d’engrais. Le coton y est aussi cultivé. L’arachide et quelques troupeaux sédentaires contribuent au revenu. Le risque de sécheresse est estimé à 24 % (Lemoall et Condappa 2009). Donc pour la zone cible du projet, il convient en toute prudence de considérer les incidences d’un développement agricole accru (ou « extensification ») et de la quantité de bétail sur la qualité et l’accès aux ressources communes en terme de forêts, pâturages et plans d’eau.

L’«extensification» des terres pour l’élevage par de petits agriculteurs ou la diversification de leur production par les bergers peuvent sembler de bonnes approches pour accroître les revenus et diversifier les moyens de subsistance, mais elles engendrent des coûts environnementaux pour la terre associés à une

2. QU’EST-CE QUE LA RÉSILIENCE ?

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diminution de la viabilité et des options d’aménagement. La réduction des périodes de jachère entre les plantations de cultures (intensification des rendements) et la perte de végétation permanente, lorsque celle-ci est remplacée par des cultures, conduit à la dégradation des sols, à l’érosion par le vent et les inondations et à un bilan hydrologique négatif sur la terre.

Les coûts et les avantages relatifs des techniques d’amélioration et de diversification des systèmes de production agricole et pastorale sont généralement déterminés par la capacité d’adaptation existante de la population et par la productivité avec les contraintes du sol et des ressources naturelles disponibles, de la faculté des gens à s’adapter (ressources du travail et du capital) et des barrières comportementales ou de la limitation des ressources pour développer et maximiser la résilience au sein de tous les systèmes et à diverses échelles (ménage, communauté, transfrontalière).

2.2 EXPLORER LES RESSOURCES ET LES PRATIQUES DE GESTION POUR LE SAHEL

Il y a un nombre croissant de publications issues de la littérature scientifique et de la littérature grise qui proviennent d’études sur les techniques agro-sylvo-pastorales et le choix de leur utilisation en Inde, dans les zones arides de l’Afrique subsaharienne et de façon croissante en Afrique de l’Ouest et au Sahel. En nous appuyant sur cette littérature, nous avons résumé ci-après les risques comme les opportunités pour l’amélioration et la diversification des systèmes. Nous avons dûment tenu compte des coûts et des avantages de technologies de gestion de l’eau différentes, de diverses approches de production agricole résiliente au climat et de différentes demandes sur le temps de travail et le travail des hommes et des femmes pauvres et vulnérables.

Technologies des semences (variétés et cultivars, microdosage)Les agriculteurs devront continuer d’améliorer leurs systèmes de culture avec un climat de plus en plus variable, apprécier les avantages et les inconvénients des plantes modifiées à maturité plus rapide, à rendement plus élevé et d’une vigueur accrue contre les températures plus élevées.

Gestion et conservation de l’eau agricoleLes pratiques de gestion de l’eau à la ferme pour l’efficacité de son utilisation accrue et sa rétention dans les sols doivent être rapprochées des coûts et des avantages d’autres techniques de micro irrigation.

Conservation et gestion des sols (agriculture de conservation)Les mesures de gestion des sols et de production agro écologique pour augmenter la fertilité des sols et en réduire l’érosion peuvent être davantage encouragées, à une échelle supérieure à celle des pratiques locales, par exemple la construction de murets, les fosses à fumier organique.

Gestion des espèces agro forestières et des arbresLa méthode consistant à associer arbres et cultures dans des systèmes de production qui améliorent la production agricole, la recharge des eaux souterraines, n’est pas encore pratiquée à une échelle suffisante, pas plus que les espèces locales d’arbres, désormais adaptées à la sècheresse, ne retrouvent leur densité d’autrefois.

Aménagement intégré de l’utilisation des terresLa régénération et la protection de la forêt et de la diversité peuvent réduire le surpâturage et assurer la stabilité des sols et des nutriments. Par ailleurs, des plans/protocoles intégrés peuvent prévenir les conflits entre extensification agricole et besoins de pâturages, grâce à la promotion de l’eau hors de la ferme, de la gestion des sols et des éléments nutritifs (p. ex. banques d’arbres et de fourrage pour les temps de crise).

Dans la pratique, à un niveau micro (ménages et communautés), les coûts et les avantages doivent être évalués en termes de répercussions potentielles sur :

• les recettes et dépenses au niveau du ménage,

• les recettes et dépenses pour les personnes vivant au sein du ménage, les effets désagrégateurs en fonction du genre,

• la protection et l’accumulation d’actifs productifs des ménages,

• la protection et l’accumulation d’actifs productifs communs au niveau communautaire.

Au niveau macro, les incidences sur les recettes et les dépenses et les actifs doivent être interprétés dans des groupes désagrégés vulnérables au sein de la communauté en général et de la mosaïque des types de ménages de la commune (par exemple le statut de richesse, la principale source de subsistance, le système actuel d’agriculture ou d’élevage, l’origine ethnique ou l’absence de terres).

D’autres facteurs au-delà des ressources naturelles et des conditions climatiques renforceront les opportunités de moyens de subsistance dérivées des systèmes productifs et influeront sur les choix. Il s’agit de l’accès

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 10

Figure 3. Réseau routier dans la zone cible du projet (source de données : UN FAO UN FAO GIEWS World road trails |pistes routières monde]. Whole world’s roads and railways [routes et voies ferrées monde entier], source d’imagerie de base : Google et Terrametrics)

Figure 2. Population dans la zone cible du projet, 2007 (personnes par km2) (Source des données : LandScanTM Global Population Database (base de données de la population mondiale) 2007. Oak Ridge, TN: Oak Ridge National Laboratory, 1993. Disponible à http://www.ornl.gov/landscan/).

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 11

pour les résidents de la région et leurs institutions de soutien: aux marchandises (intrants agricoles, denrées alimentaires non agricoles), aux services tels que les alertes climatiques à l’avance, la micro finance, les marchés, l’offre de prix équitables et un réseau routier sûr et efficace, aux méthodes d’évaluation des risques et de décision au niveau du ménage, de la commune, régional et transfrontalier.

Dans la figure 2, les zones riveraines d’un bleu plus sombre dans le sud et le long des routes montrent la plus forte densité de population. Cela coïncide avec les zones de plus forte densité de la végétation dans la région (figures 13 et 15).

Le réseau routier (figure 3) est plus étendu dans les régions plus densément peuplées, même si les routes traversent la zone du projet et longent également une grande partie des corridors fluviaux. Les routes et l’accès aux marchés (et donc à des acheteurs) peuvent être un facteur important pour les moyens de subsistance. Les eaux de ruissellement des routes pourraient devenir de plus en plus intéressantes à exploiter.

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 12

LES EXTRÊMES CLIMATIQUES et les réponses à ceux-ci peuvent dégrader les ressources et affecter la productivité et la régénération dans le temps. L’examen de l’état actuel des ressources naturelles dans la zone du projet et des implications des projections du changement climatique a principalement révélé les conclusions suivantes.

Dégradation généralisée des terresDes études précédentes s’appuyant sur la télédétection ont livré des conclusions ambigües sur l’effet de l’augmentation des précipitations globales dans le Sahel ces dernières années. Cependant une analyse de l’ICRAF/PNUE (Centre mondial d’agro foresterie/programme des Nations Unies pour l’environnement) conduite en 2012 sur la productivité de la végétation (NDVI – Indice différentiel normalisé végétatif) considérant la productivité de la « pluie normalisée » (variabilité de la pluviométrie d’un an à l’autre – RNNDVI) indique une dégradation généralisée des terres dans le Sahel (PNUE 2012). La mesure de la productivité indique que la végétation n’a pas été en mesure d’utiliser suffisamment

l’augmentation des précipitations. Ceci est illustré à la figure 4 et, plus précisément, dans la zone cible du projet l’analyse montre une tendance à la baisse en RNNDVI (productivité) représentée sur la carte de faible (orange) à forte (rouge).

Le couvert végétal est faible dans la majeure partie de la zone cible du projet, sauf dans le sud-ouestAu-delà du delta intérieur du Niger, à l’extrémité ouest de la zone cible du projet, le couvert herbacé au sol est de 50 % ou inférieur, tandis que le couvert des arbres et arbustes s’élève rarement au-dessus de 1 % (voir les figures 13 et 15). Une protection contre une dégradation plus poussée est indispensable.

Les plantes subissent un stress hydrique durant la majeure partie du cycle annuelL’évapotranspiration est définie comme la perte d’eau dans l’atmosphère par les processus combinés d’évaporation de l’eau de surface et de transpiration des plantes. Dans la zone cible du projet, la figure 5 montre qu’en moyenne l’évapotranspiration dépasse la

3. EXAMEN DES RESSOURCES NATURELLES ET MODÈLES CLIMATIQUES

Figure 4. Évolution moyenne annuelle normalisée de pluie NDVI (RNNDVI) pour 1982-2006, d’après UNEP 2012, p88 Fig. 7.2A. Les couleurs orange à rouge vif indiquent que, malgré l’augmentation globale des précipitations annuelles, les tendances négatives se produisent (productivité végétale) lorsque la variabilité des précipitations d’une année à l’autre est prise en compte (pluie normalisée, RNNDVI). Ceci indique un plus faible couvert végétal productif ou la « dégradation des terres ».

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 13

disponibilité des pluies/de l’eau sur plus d’un an (couleur rouge des zones). Ce n’est pas inhabituel dans un système aride, mais ainsi les plantes subissent un stress hydrique pendant la majeure partie du cycle annuel des saisons. Le changement climatique menace d’accroître la variabilité saisonnière de la disponibilité de l’eau, ce qui conduit à des périodes imprévisibles de stress hydrique.

Le « Bilan hydrologique » correspond à pluie + brouillard moins évapotranspiration réelle ; il représente la quantité d’eau disponible pour l’infiltration dans le sol et la génération du ruissellement. L’« indice de saisonnalité » est une mesure du degré de concentration des précipitations au sein d’une courte saison des pluies. Cela est représenté sur la figure 6.

Dans les zones situées au nord de la zone du projet, dans lesquelles la pluviométrie est actuellement faible et irrégulière, il n’y a aucune saison humide bien définie (zones jaunes). Plus au sud, une saison des pluies marquée est évidente (orange et les zones sombres de couleur rouge). Une saisonnalité plus élevée constitue un obstacle à la productivité végétale agricole et naturelle. La prévision d’une saisonnalité plus élevée dans la zone cible du projet suggère une saison de croissance limitée

Figure 5. La base générale de l’évapotranspiration (moyenne 1950-2000) (mm/an) selon le WaterWorld Model (source des données : www.policysupport.org/waterworld). Les bleus indiquent une plus faible évapotranspiration réelle, reflétant une faible disponibilité de l’eau et du couvert végétal. Les rouges indiquent une évapotranspiration plus élevée dans des environnements plus végétalisés et moins secs.

WATERWORLD

WaterWorld est un modèle largement utilisé et revu par ses pairs pour l’évaluation du « bilan hydrologique » par cartographie de base et scénarios possibles de ressources en eau concernant la gestion et l’utilisation des terres et de l’eau (voir Mulligan et Burke 2005, Mulligan 2013. Applications, à titre d’exemple : Mulligan et al 2010, Bruijnzeel, Mulligan and Scatena 2011, van Soesbergen et Mulligan 2013). La version 2.92 utilisée ici a calculé le bilan hydrologique suivant la formule « précipitations liées au vent + brouillard - évapotranspiration réelle », et a été appliquée à la zone d’étude à une échelle de 1 km.

En plus des conditions de base (ce qui représente la moyenne climatique entre 1950 et 2000), nous avons examiné les effets du scénario IPCC AR4 A2a pour un ensemble de 17 modèles de circulation générale (MCG) afin de présenter des projections d’ensemble pour l’impact du changement climatique. Nous présentons la moyenne de l’ensemble et la moyenne de l’ensemble plus et moins un écart-type pour donner une indication de l’incidence de l’incertitude de la GCM (surtout dans les projections de précipitations).

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 14

Figure 7. Modification de l’équilibre hydrologique (mm/an) de base (1950-2000) au scénario pour AR4 A2a 2050s, 17 GCM de l’ensemble des moyennes statistiques (source des données: www.policysupport.org/waterworld). Les valeurs négatives (rouges) indiquent une diminution de l’équilibre hydrologique à l’avenir, tandis que les zones bleues indiquent une augmentation de celui-ci (augmentation des pluies compensant l’évapotranspiration accrue du fait du réchauffement des températures). L’ombre rose clair indique une tendance à un bilan hydrologique négatif.

Figure 6. La saisonnalité de la ligne de base (moyenne 1950-2000) du bilan hydrologique calculé par WaterWorld selon la métrique de Walsh et Lawler (1981). L’indice Walsh et Lawler (1981) est un indice sans unité qui varie de < 0,19 (précipitations réparties sur toute l’année) à > 1,20 (saisonnalité extrême dont presque toutes les précipitations se produisent en un ou deux mois), (source des données : www.policysupport.org/waterworld). Une « faible saisonnalité » (< 0,2) indique que les précipitations sont uniformément réparties dans l’année (y compris pour les zones dans lesquelles les précipitations sont proches de zéro tout au long de l’année). Les zones ayant des valeurs de > 0,5 sont considérées comme « plutôt saisonnières ». La zone du projet est très saisonnière avec des précipitations fortement restreintes et une courte période de croissance.

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 15

Figure 8. Modification de l’équilibre hydrologique (mm/an) de base (1950-2000) au scénario pour AR4 A2a 2050s, 17 GCM de l’ensemble des moyennes statistiques. L’indice Walsh et Lawler (1981) est un indice sans unité qui varie de <0,19 (précipitations réparties sur toute l’année) à >1,20 (saisonnalité extrême dont presque toutes les précipitations se produisent en un ou deux mois), (source des données : www.policysupport.org/waterworld). Les zones en rouge montrent une augmentation de la saisonnalité dans le cadre de ce scénario moyen d’ensemble. Les zones en bleu montrent une diminution dans la saisonnalité (devenue moins saisonnière).

pour les cultures et le fourrage du bétail, tandis que les prévisions plus au nord de la zone cible indiquent un faible potentiel de production végétale agricole et naturelle.

L’exercice de modélisation du climat a révélé que dans l’avenir, au nord et au sud de la zone du projet, la combinaison de fortes précipitations et d’une température plus élevée peut améliorer l’équilibre hydrologique, mais dans la zone du projet, l’impact des hautes températures compensera les surplus obtenus grâce à l’augmentation des précipitations, avec une tendance à un bilan hydrologique négatif. Donc le stress hydrique peut rester largement comme il se présente à l’heure actuelle, tout au long de la zone du projet, mais dans le noyau de la zone cible du projet le stress hydrique pourrait être exacerbé (comme l’indiquent les tons plus clairs sur la figure 7).

Les modèles climatiques pour l’avenir montrent la décroissance de la saisonnalité dans le nord de la zone du projet (zones bleues de la figure 8), dans les zones de transhumance et pastorales nomades, en raison d’une augmentation prévue des précipitations au cours de

l’année. Notez que cela ne signifie pas nécessairement que la saison de croissance augmente, plutôt que les périodes de précipitations peuvent potentiellement tendre à se disperser tout au long d’une année donnée. Ainsi, la productivité végétale pourrait devenir variable dans le temps et dans l’espace. La production pastorale de transhumants restera donc une option privilégiée dans ces circonstances, mais celle-ci, combinée à une production de culture pourrait s’avérer encore plus difficile qu’à présent.

Dans la zone la plus au sud, au cœur de la zone du projet, là où la production céréalière est essentielle aux moyens de subsistance, la saisonnalité s’accroît (zones rouges et roses de la figure 8) – ce qui signifie que l’écart entre la saison des pluies et la saison sèche pourrait devenir plus marqué, c’est-à-dire que la saison sèche sera encore plus sèche, tandis que la saison des pluies deviendra de plus en plus humide.

Durée de la saison de plus en plus changeante dans la régionUne « saison de croissance » ou « période de croissance » dans les zones agro-écologiques peut être définie comme

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une période pendant laquelle les précipitations dépassent la moitié du potentiel d’évapotranspiration (FAO 1978).

La durée moyenne actuelle croissante de la saison (www.policysupport.org/waterworld, 2014) est de

• 3,6 mois (Bandiagara, Mali)

• 3,2 mois (plaine du Seno, Mali)

• 2-2, 4 mois (Djibo, Burkina Faso ; Douentza, Mali)

• 1,2 mois (Diré, Mali)

• 1,8-2,4 mois (Tillabéri, Niger).

Avec une saisonnalité accrue, les prévisions climatiques futures moyennes indiquent une période végétative en grande partie inchangée voire un peu plus longue dans le cœur de la zone du projet. Les agriculteurs pourraient toujours tirer profit d’une période relativement courte et imprévisible pendant laquelle ils pourraient bénéficier de toute augmentation des précipitations totales (de 2 à 4 mois). Le choix de la variété végétale nécessaire et de la manière dont les agriculteurs peuvent diversifier leurs options pour développer la résilience est abordé ci-après au 4.1 Technologies de culture et au 4.3 Gestion et conservation des sols (agriculture de conservation).

Il existe des variations significatives dans les résultats des MCG (modèle de circulation générale) ; il est donc important de considérer le meilleur et le pire scénario dans un but de planification. Certains modèles montrent une réduction de la durée de la saison de croissance et d’autres montrent une augmentation. La saison de croissance est sensible aux précipitations et à la température. Au plus sec et moins chaud de l’éventail des scénarios climatiques, la longueur de la saison de croissance peut enregistrer une diminution allant jusqu’à un mois sur une partie importante de la zone cible du projet (voir la zone rouge sur la figure 10), et ce comparé à une saison de croissance actuelle s’étalant sur un maximum de trois mois. Dans d’autres zones, la durée de la saison de croissance est inchangée (blanc).

Au plus humide et au plus chaud de l’éventail des scénarios climatiques (figure 11), la durée de la saison de croissance peut augmenter de façon significative – de 1 à 2 mois (bleu clair) – dans la majeure partie de la zone cible du projet. Cette période peut même se prolonger jusqu’à quatre mois dans le nord-est (bleu moyen). Plus au sud de la zone cible du projet il y a des zones importantes dans lesquelles aucun changement n’est anticipé (blanc).

Figure 9. Modification de durée de la « saison de croissance » de base (1950-2000) au scénario pour AR4 A2a 2050s, 17 GCM de l’ensemble des moyennes statistiques (source des données : www.policysupport.org/waterworld Une saison de croissance est définie par WaterWorld, comme un ensemble de mois dont le bilan hydrologique est positif et le bilan de température > 6 °C. Dans les zones dans lesquelles les pluies ont augmenté, la saison de croissance augmente de deux mois, tandis que dans les régions dans lesquelles la pluviométrie baisse la saison de croissance diminue de jusqu’à deux mois.

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 17

Figure 10. Modification de durée de la « saison de croissance » de base (1950-2000) au scénario pour AR4 A2a 2050s, 17 GCM de l’ensemble des moyennes statistiques moins une déviation standard (source des données : www.policysupport.org/waterworld Cela représente l’extrémité la plus sèche et la plus fraîche des projections GCM. Une saison de croissance est définie par WaterWorld, comme un ensemble de mois dont le bilan hydrologique est positif et le bilan de température > 6 °C. Dans les zones dans lesquelles les pluies ont diminuée, la saison de croissance diminue de jusqu’à un mois, tandis que dans d’autres régions la saisonnalité reste approximativement la même (pas de couleur).

Figure 11. Modification de durée de la « saison de croissance » de base (1950-2000) au scénario pour AR4 A2a 2050s, 17 GCM de l’ensemble des moyennes statistiques plus une déviation standard (source des données : www.policysupport.org/waterworld Il s’agit de l’extrémité la plus humide et la plus chaude des projections GCM. Une saison de croissance est définie par WaterWorld, comme un ensemble de mois dont le bilan est positif et le bilan de température > 6 °C. Dans les zones dans lesquelles les pluies ont augmenté, la saison de croissance augmente jusqu’à quatre mois (couleurs de bleu).

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3.1 IMPLICATIONS EN TERMES DE RÉSILIENCE CLIMATIQUE

L’examen des ressources naturelles existantes ainsi que l’interprétation des modèles climatiques suggèrent des implications importantes pertinentes concernant les choix d’élevage des ménages agricoles et une plus large planification intégrée.

• Avec les pratiques foncières actuelles, les herbacés couvre-sol dépassent rarement 50 % et le couvert d’arbres et d’arbustes s’élève rarement au-dessus de 1 %. Il semble y avoir eu été là une dégradation généralisée de la productivité végétale au cours de ces dernières décennies. Les écosystèmes locaux et les populations qui en dépendent ne peuvent guère se permettre une nouvelle dégradation de la végétation. La prévention de l’érosion et l’entretien des éléments nutritifs du sol correspondent à un compte en banque pour l’avenir.

• L’exercice de modélisation du climat a révélé qu’à l’avenir, au nord et au sud de la zone du projet, la combinaison de précipitations plus fortes et d’une température plus élevée augmente le bilan hydrologique, mais dans la zone du projet, l’impact des hautes températures compensera les gains dus à l’augmentation des précipitations: le stress hydrique sera exacerbé dans l’ensemble de la zone du projet.

• Actuellement, la demande en eau dépasse l’offre et ce jusqu’à 80 % du temps. Dans certains des scénarios de changement climatique, augmenteront à la fois le déficit et la variabilité saisonnière, ce qui rendrait les prévisions de quantités disponibles en eau encore plus difficiles. L’adoption de techniques permettant de récolter, de capter et de retenir l’eau est une nécessité primordiale. Une meilleure compréhension des bilans hydrologique actuels et futurs et la réalimentation des nappes souterraines sont des impératifs à court terme.

• Le risque d’un échec de la saison de croissance est de 53 % dans cette zone du Sahel et le risque de sécheresse est estimé à 24 % pour la zone soudano-sahélienne plus au sud. Les modèles pour l’avenir montrent une saisonnalité moins dramatique dans les zones de transhumance et pastorales nomades, en raison de l’augmentation des pluies au cours de l’année. Cela ne signifie pas nécessairement que la saison de croissance augmente, mais plutôt que les périodes de précipitations tendent à se disperser tout au long d’une année donnée. La saison de croissance dans la zone du projet demeurera probablement courte et imprévisible dans le nord, avec des effets spatiaux et temporels accrus sur la productivité végétale. Cela implique la mise en place d’une prime au maintien de la mobilité pour un élevage efficace.

Figure 12. Classes d’utilisation des terres (source de données : www.policysupport.org/waterworld). La région est dominée par la classe naturelle non forestière, bien qu’il y ait certains pâturages de terres cultivées et une mosaïque de terres cultivées dans le sud. Très peu de pixels ont un couvert arboré suffisant de plus de 1 km2 pouvant être considéré comme forêt.

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 19

• Dans le cœur de la zone du projet où la production céréalière est essentielle aux moyens de subsistance, la saisonnalité des précipitations augmentera, conduisant à des différences marquées entre l’intensité et la longueur des saisons humides et sèches. Maintenir la culture et la productivité végétale naturelle, ainsi que la santé des sols nécessite l’adoption d’une gestion du sol, de l’eau et de la végétation à plus grande échelle pour contenir les effets de la pluviométrie variable et des températures plus élevées.

• Même lorsque et là où l’augmentation des précipitations permet à la durée de la saison de croissance de s’étendre, on peut s’attendre à ce que des températures plus élevées réduisent les taux/temps de maturation des plantes jusqu’à la floraison, avec des répercussions négatives sur le rendement en graines/semences.

• Au plus sec et moins chaud de l’éventail des scénarios climatiques, la saison de croissance peut être réduite de trois à deux mois sur plus de la moitié de la zone cible du projet. Au plus humide et plus chaud de l’éventail des scénarios climatiques la durée de la saison de croissance peut augmenter d’un à deux mois dans la majorité de la zone cible du projet, et de quatre mois dans la partie nord-est de la zone cible du projet.

• Les prévisions climatiques futures moyennes indiquent que les agriculteurs auront une période plus courte au cours de laquelle ils pourront tirer avantage d’une augmentation des précipitations totales. Ainsi le choix de variétés de cultures ne consistera pas simplement à sélectionner des variétés à croissance plus rapide ou au rendement plus élevé du fait des interactions complexes entre l’environnement physique et la physiologie végétale. Le choix de l’agriculteur doit reposer sur une compréhension des caractéristiques innées de chaque variété cultivable et de la manière dont celle-ci peut s’exprimer à travers une gamme de conditions variables et imprévisibles.

• Historiquement le maintien du couvert des arbres dans le paysage agricole a fourni de nombreux services environnementaux et économiques, agissant comme un élément important au niveau des stratégies d’aménagement traditionnel de résilience à la sécheresse. Afin de protéger et de rétablir ces services il n’existe pas d’autres alternatives possible que la mise en œuvre d’une approche de l’agro foresterie dans les systèmes de production alimentaire.

Selon les projections et le contexte local dans la zone du projet, un programme de développement afin de renforcer la résilience peut se baser sur une approche double pilier :

• À court terme, il convient d’encourager des prises de décisions éclairées sur la façon de mieux faire face aux risques actuels liés aux effets des conditions météorologiques.

• À moyen terme, il convient de favoriser l’adaptation des pratiques d’élevage à un nouvel ensemble de risques et d’opportunités induits par les conditions météorologiques et les possibilités agricoles. Cela implique l’adoption d’options complémentaires de subsistance agricole et non agricole afin de disperser le risque.

Les conséquences décrites ci-dessus aident à délimiter la pertinence des choix techniques et des approches dans le cadre d’une utilisation durable des ressources végétatives, de l’eau et du sol, comme détaillé en section 4.

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 20

4.1 TECHNOLOGIES DES CULTURES

4.1.1 Variétés de semences et cultivars Compte tenu des incertitudes dans les prédictions climatiques régionales et de la réaction des cultures aux changements climatiques, le choix des semences et des cultivars qui produiront les meilleurs résultats dans les conditions futures est extrêmement difficile. La littérature sur les effets prévus suggère des résultats très variables pour les rendements des cultures céréalières en Afrique - dans une fourchette comprise entre l’augmentation maximale possible ou la perte qui s’étend sur plus de 100 % (Muller 2011). Cette variation significative entre les résultats potentiels est en grande partie due au choix des valeurs des paramètres sélectionnés pour le modèle de circulation générale (modèle climatique), l’échelle temporelle utilisée et la méthode de mise à l’échelle vers le bas pour la région donnée. En effet, conformément à l’ensemble de la recherche, les résultats de la modélisation présentés précédemment (figures 7 à 11) suggèrent des tendances divergentes pour le bilan hydrologique/la saisonnalité et la durée de la saison de croissance selon le choix des paramètres du modèle. Ainsi, il existe une variation spatiale marquée dans les résultats prédits dans l’ensemble de la zone du projet proposé. L’absence d’une tendance claire pour les scénarios climatiques futurs crée des obstacles importants pour la prise de décisions, en particulier à l’échelle locale : les agriculteurs doivent choisir quoi planter et quand, sur la base de la dynamique de la saison de croissante attendue.

Cependant, malgré la grande diversité des répercussions prévues, il est clair que dans un proche avenir, la température aura une influence égale si non supérieure aux précipitations sur la production agricole, ce qui est en contradiction directe avec les tendances historiques pour la zone végétative soudano-sahélienne (Sultan 2012). Ainsi, même pour les scénarios climatiques qui suggèrent une augmentation des précipitations totales ou une augmentation de la durée de la saison de croissance, l’augmentation de température concomitante (≥ + 2° C)

4. QUELLES SONT LES OPTIONS POUR RENFORCER LA RÉSILIENCE DANS LE SAHEL AVEC LES CONTRAINTES DE RESSOURCES NATURELLES QU’IL CONNAÎT ?

Photosensibilité comparée à photo insensibilité (nombreux cultivars modernes)

La Photosensibilité désigne l’influence relative de la durée de la lumière du jour sur les processus physiologiques qui déterminent les taux de croissance des cultures. Les plantes photosensibles ajustent leur taux de croissance aux niveaux de lumière qui prévalent naturellement, offrant ainsi une certaine souplesse de date de semis, car elles peuvent compenser des différences saisonnières dans les niveaux de lumière et les agriculteurs peuvent mieux profiter de bonnes conditions lorsqu’ils surviennent. Au Sahel, par exemple, la plupart des variétés traditionnelles de sorgho et de millet cultivées sont photosensibles (par exemple la durée de mûrissement du sorgho peut varier de 70 à 130 jours). Les plantes photosensibles tendent à avoir des temps de croissance plus longs jusqu’à maturation ; si elles offrent une plus grande biomasse totale, notamment les feuilles dans les aliments pour animaux, elles n’offrent pas nécessairement plus de grains. Le problème est qu’avec un rythme plus lent de maturation, les plantes sont également soumises à des conditions environnementales tout au long de la saison de croissance, donc peuvent être concurrencées par les mauvaises herbes, qui tendent à être de plus en plus rapides et tolérantes à la sécheresse. Elles peuvent être vulnérables à la sécheresse finale si la saison des pluies se termine avant la phase de floraison/fructification.

À l’inverse, les plantes photo insensibles, insensibles à la durée de la journée, ont des taux de croissance « fixes », donc produisent des rendements en grains selon les calendriers planifiés. La photo insensibilité a été considérée dans le passé comme une solution pour répondre à la demande de la productivité. Cependant, elles n’offrent pas la même souplesse de date de semis et peuvent ainsi se révéler sous-optimales en agriculture pluviale lorsque le timing des précipitations est moins prévisible. Elles exigent également des apports élevés (c’est à dire des engrais) et produisent moins de biomasses ; ils sont par conséquent moins utiles pour la production de fourrage et de paillis (c’est à dire, un système de production à double usage). Un certain nombre de cultivars modernes sont photo insensibles élevés pour une maturation rapide et des rendements plus élevés.

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 21

aura des effets néfastes sur la capacité de production des cultures, et donc les rendements en grain.

Comme le remarquent Sultan et al (2013), sur la base d’un vaste ensemble de modèles de simulation climatique et de culture utilisant six variétés de semences typiques de la région (trois sorghos, trois millets), une augmentation de la température affecte trois processus biologiques cruciaux : (1) une augmentation de l’évapotranspiration, réduisant la disponibilité de l’eau ; (2) la durée du cycle de récolte est raccourcie, car des températures plus élevées stimulent une maturation rapide ; (3) une augmentation de la respiration métabolique par unité de biomasse conduit à une réduction globale de la biomasse totale. Agissant par l’intermédiaire d’une combinaison de changements de stress hydrique et de phases physiologiques l’augmentation de la température réduira le rendement en grain et la biomasse totale et aura de ce fait des implications pour l’alimentation de l’homme et du bétail.

Une mise en garde importante est mise en avant dans les conclusions tirées d’études de simulation : les modèles n’intègrent généralement pas les outils disponibles visant à atténuer les conséquences négatives des changements climatiques ; tous les modèles ne simulent pas non plus toutes les prises de décisions au niveau de la ferme, comme le choix du cultivar, l’ajout d’intrants agricoles ou d’autres options de gestion du ressort de la ferme (voir les sections 4.2-4.4).

Lorsque l’on prend en considération, dans les différentes études réalisées, les caractéristiques adaptatives et les stratégies, les éléments suivants se dégagent :

• Lorsque la saison de croissance est de manière prévisible courte et sèche, des cultivars modernes à rendements élevés dans des conditions de baisse des pluies et d’augmentation de températures peuvent produire un rendement optimal. Toutefois, ces sortes de cultivars de courte durée, élevés pour échapper à la sécheresse finale, ont une utilité limitée dans les zones où l’on s’attend à ce que la pluie augmente ou devienne d’une nature plus saisonnière, ou lorsque les agriculteurs ont un accès limité aux intrants agricoles. Un certain nombre d’études ont conclu que les cultivars modernes enregistrent des résultats inférieurs lorsque le taux d’humidité est élevé ou que les précipitations sont imprévisibles (Dingkuhn et al, 2006, Kouressy et coll. 2007, Sultan et al 2013). La plupart des cultivars modernes sont photo insensibles et affichent des caractéristiques de croissance fixes qui nécessitent

des conditions relativement stables pour atteindre des performances optimales.

• Lorsque la saisonnalité des précipitations est erratique, les variétés photosensibles ont un avantage sur les types photo insensibles, car elles synchronisent la floraison avec la fin de la saison des pluies, évitant ainsi les problèmes courants associés aux cultivars modernes, compte tenu des pratiques actuelles extensives, à faibles intrants (par exemple un « remplissage du grain » ou une production de grain incomplet). Les rendements en grains des plantes photosensibles sont plus stables à des températures élevées parce que les taux de croissance sont fortement influencés par la durée du jour, qui ne varie pas avec le changement de température (Sultan et al, 2013). Pouvoir tenir compte de la variabilité dans la date de semi est ainsi possible, avec une culture capable de se synchroniser avec les facteurs environnementaux. Choisir quand planter les semis confère une plus grande flexibilité dans le processus décisionnel des agriculteurs ; ils peuvent s’adapter aux prévisions selon les saisons et à la disponibilité de main-d’œuvre.

• Les variétés de semences bio fortifiées (cultivars conçus pour optimiser la teneur en principaux minéraux et oligoéléments) ne confèrent ni adaptation spécifique ni résilience en termes de climat. En effet, celles-ci sont susceptibles d’avoir une base génétique étroite qui peut impliquer une gamme plus étroite de tolérance du climat et moins de souplesse dans l’emploi sur le terrain. Cependant, les bienfaits nutritionnels pourraient compenser ces limitations dans certains cas, bien que la preuve de l’impact soit limitée (Turner et al, 2013).

• Capitaliser sur la diversité génétique intra-variétale pour fournir un tampon efficace contre le changement climatique à venir. La diversité génotypique sous-tend la plasticité phénotypique, les caractéristiques physiques de la plante qui peuvent être influencées par les conditions environnementales. Il y a déjà un potentiel d’adaptation considérable dans toute la région, compte tenu des niveaux observés d’hétérozygotie dans les génomes de cultures, du choix des agriculteurs dans le développement de variétés et de la façon dont les plantes se sont récemment adaptées. Par exemple, pour des variétés de millet locales sélectionnées, Vigeroux et al (2011), démontre un décalage d’origine naturelle vers un temps de maturation plus court et de la taille de la plante dans des conditions plus sèches au cours des 30 dernières

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 22

années. Ce potentiel d’adaptation pourrait être davantage exploité à l’aide d’une sélection assistée par l’agriculteur à encourager les traits favorables à un éventail de résultats prédits. Créer des hybrides vigoureux en croisant des variétés locales de toute l’Afrique de l’Ouest (Haussmann 2009, réel et al 2013) a prouvé être bénéfique pour accroître les rendements dans des conditions variables, de même que la création de cultivars à double usage qui combinent traits se prêtant à des pratiques agricoles traditionnelles (par exemple date de semis variable grâce à la rétention de photosensibilité) avec des caractéristiques modernes nécessaires pour des rendements plus élevés (Dingkhun et coll., 2006).

• Promouvoir la diversité génétique intra-variétale dans les peuplements de cultures dans lesquelles les caractères d’adaptation seraient différents à travers des ensembles de plantes - donc mise en mémoire tampon contre une forte variabilité interannuelle des précipitations et de la température (Haussmann et al, 2012). Il s’agit essentiellement d’un pari pour une stratégie de couverture qui cherche à minimiser les pertes potentielles en veillant à ce qu’au moins une partie de la récolte totale plantée soit productive dans des conditions existantes. Cela représente l’inverse d’une sélection pour un phénotype individuel capable de produire un rendement optimal dans des conditions spécifiques.

Conserver la souplesse tout à la fois dans le choix du type de cultivar et de la date de semis est essentiel pour bâtir la capacité d’adaptation dans l’année en cours et dans la durée. Au minimum, ces choix nécessitent un accès à l’information concernant les prévisions à des échelles temporelles et spatiales appropriées. La probabilité de variations de la saisonnalité dans l’ensemble de la zone du projet, associée à une grande incertitude quant à celui des scénarios climatiques qui se produira, rend peu probable qu’une stratégie unique soit suffisante et applicable partout sur un vaste territoire. De ce fait, décider entre choix du cultivar ou stratégie adaptative est spécifique au contexte et implique d’examiner les compromis inhérents entre cherchant à optimiser les rendements comparés à chercher à stabiliser les rendements dans des conditions météorologiques incertaines. Il est donc tout aussi important, dans le processus de prise de décision, d’avoir une bonne compréhension de, et d’intégrer, la tolérance au risque de l’agriculteur dans une perspective de résultats incertains.

4.1.2 Microdosage Les paysans au Sahel pratiquent généralement une agriculture à faible intrant conduisant à des rendements agricoles bien inférieurs au potentiel. Les sols sablonneux qui dominent la région sont généralement faibles en éléments nutritifs comme le phosphore (P), l’azote (N) et le potassium (K), et disposent d’une capacité limitée de rétention d’eau et de matières organiques. Une fertilité naturellement faible, couplée avec des pratiques agricoles encore déficientes qui ont pour effet essentiel d’« épuiser » le sol en le privant de ses éléments nutritifs, se traduit par des pratiques de production non durables comme en témoigne la tendance à la baisse dans la production alimentaire par habitant documentée depuis les années 1970 (Bationo et al, 2001). Pour renverser cette tendance, il faudra faire des investissements importants dans l’amélioration de la gestion de la fertilité du sol, et adopter un certain nombre d’approches et de technologies prometteuses existantes (Bationo et al, 2012). Développer une meilleure compréhension de l’efficacité de ces technologies, ainsi que des facteurs socio-économiques qui pourraient gêner ou accélérer leur adoption, est impératif si l’on veut identifier des moyens utiles pour développer la capacité d’adaptation à des conditions changeantes (Cooper et al, 2008).

Le microdosage, qui consiste à appliquer de petites quantités (de 4 à 6 g) d’engrais inorganiques à chaque semis/plant plantés, est l’un des moyens d’amélioration de la fertilité du sol et d’augmentation des rendements des cultures. La technique, mise au point par ICRISAT et l’Université de Hohenheim, a été introduite en Afrique du Sud et de l’Ouest avec des résultats pour la plupart positifs. Au Zimbabwe, Twomlow et al (2010) indiquent que les rendements céréaliers ont augmenté de 30 à 50 %, même avec une variation importante des pratiques agricoles et en période de sécheresse. Tabo et al (2011), sur la base d’essais sur le terrain au Mali, au Burkina Faso et au Niger, rapportent des gains de rendement situés entre 43 et 107 % selon le type de céréales et le pays. Bagayoko et al (2011) ont étudié les rendements et la production de résidus des graines de mil au Burkina Faso, au Mali et au Niger. En moyenne au cours des années, le microdosage a conduit à des rendements en grains accrus de 240 à 300 kg/ha dans les trois pays, avec des avantages plus importants durant les années de fortes précipitations. Des tendances similaires ont été observées pour la production de résidus (par exemple un doublement de la production au Burkina Faso) qui pourraient avoir des retombées économiques

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 23

supplémentaires une fois ces résidus emballés et vendus comme fourrage ou profiter aux sols lorsqu’il est utilisé comme paillis.

Du point de vue de l’efficacité, les agriculteurs ne voudraient investir que dans la quantité d’engrais nécessaire pour produire les rapports valeur-coût (VCR) positifs. Le microdosage sur la base d’un travail limité à cet égard, semble apporter des valeurs positives pour les cultures typiques de la région du Sahel. Le VCR est un calcul relativement simple qui estime la valeur du rendement supplémentaire produit avec l’utilisation d’engrais divisée par le coût de cette quantité d’engrais. Notez que le dénominateur de coût ne considère pas les autres variables telles que le travail. C’est un outil utile, cependant, pour identifier les niveaux d’utilisation d’engrais que les agriculteurs sont les plus susceptibles d’adopter. La probabilité d’adoption est censée être positive à un VCR de 2 ou plus. Certains considèrent un VCR de 3 ou 4 comme une exigence lorsque les risques sont élevés pour la production ou la volatilité des prix (Kelly, 2006). Dans une évaluation complète d’essais de microdosage conduits au Niger, Pender et al (2008) ont calculé un VCR de 3,35 pour les cultures de millet et Tabo et al (2006) un VCR estimé situé entre 2 et 5 pour les essais à la culture du mil comme du sorgho dans différents sites au Mali, au Niger et au Burkina Faso.

Le microdosage augmente les besoins en main-d’œuvre, quoique faiblement en comparaison d’autres méthodes comme la distribution manuelle d’engrais. Ainsi que la technique a été développée tout d’abord, le dosage est recommandé associé à la plantation de semences, à un moment où les pénuries de main-d’œuvre sont souvent plus graves et où les agriculteurs peinent à planter immédiatement après les premières pluies. Un travail supplémentaire peut survenir à un moment de pénurie, car beaucoup peuvent avoir quitté pour chercher un emploi non agricole au cours de la saison sèche, ou être trop coûteux, car les agriculteurs n’ont souvent pas beaucoup d’espèces au début de la saison des récoltes. Bien qu’il y ait un coût de travail supplémentaire, Hayashi et al (2008) pensent que le microdosage est assez robuste : les agriculteurs peuvent ajuster le calendrier de dosage au millet, jusqu’à 60 jours après semis et toujours obtenir des retombées positives (VCR allant de 3,74 à 4,48 avec une formule ajustée qui comprend du travail). Cela permet à l’agriculteur une certaine souplesse dans la gestion des pénuries de main-d’œuvre, ainsi que des flux de trésorerie. Le retard considérable pour une application après semis a également fourni l’avantage accessoire

de pouvoir féconder uniquement les plantes qui avaient émergé et ainsi augmenter l’efficacité globale.

Paradoxalement, étant donné les résultats positifs obtenus jusqu’à présent, l’adoption du microdosage a été limitée – en effet des traitements de fertilité du sol n’ont généralement pas été largement employés dans toute la région (Kelly, 2006). De nombreuses recherches indiquent que les facteurs de causalité d’un taux d’adoption faible comprennent un accès limité aux ressources financières ou au crédit pour faciliter le pouvoir d’achat, un accès limité ou aucun accès aux marchés et à des prix favorables, et les risques de production créés par les précipitations erratiques ou faibles.

Pender et al (2008), dans une évaluation du Projet d’intrant de la FAO, a conclu qu’augmenter la proximité à une source d’engrais (c’est-à-dire le point de vente), qu’améliorer l’accès au crédit grâce à un système de warrantage et que fournir des prestations de formation augmenterait l’achat de semences et d’engrais pour microdosage.

Tabo et al (2011) note qu’une autre considération importante pour améliorer l’intégration est la commercialisation des produits adaptés aux contraintes financières des clients. Plus précisément, ils constatent une amélioration des ventes et de l’utilisation d’engrais lorsque ces derniers sont commercialisés dans des paquets en petite quantité à un prix abordable (par exemple des sacs de 1, 2 et 5 de kg) par opposition à des sacs de 50 kg, dont les prix vont bien au-delà des moyens de la plupart des agriculteurs. Comme le rapportent Pender et al (2008), les observations de terrain suggèrent que les agriculteurs participent activement à l’élaboration des ajustements mineurs, et adaptent la méthode en vue de réduire les coûts de main-d’œuvre ou de rendre la technique plus complémentaire des pratiques agricoles traditionnelles. Toutes ces méthodes sont relativement simples, et ainsi comprendre comment utiliser correctement cette technologie peut être facilement transféré.

Augmenter la fertilité des sols par l’intermédiaire du microdosage comporte des avantages clairs, les rendements étant aussi beaucoup touchés par la saisonnalité et la quantité totale de précipitation. Pour réduire le risque financier lié à un investissement dans des intrants coûteux alors que les avantages pourraient en être annulés par la sécheresse ou les inondations, un investissement complémentaire dans la gestion d’une eau de meilleure qualité à la ferme est nécessaire. De même,

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 24

à plus long terme, la poursuite de l’utilisation des engrais inorganiques peut entraîner des impacts négatifs sur les processus écologiques du sol. Comme les rendements en grain augmentent sous microdosage et que peu de matière organique retourne dans le sol, cela se traduit par « épuisement du sol » et au cours du temps conduit à des rendements décroissants (Tabo et al, 2011). Les pratiques de l’agriculture de conservation pourraient aider à réduire ce risque (voir la section 4.3).

En résumé, le microdosage se caractérise par :

• De bonnes perspectives de rendements nets positifs, mais lorsque ceux-ci sont cités dans la littérature, ils reposent sur des analyses simples, excluant le travail. Le travail est un facteur important dans la demande en plein essor pesant sur les femmes et les choix de moyens de subsistance à la ferme, ainsi la suite des choix et des investissements doit être spécifique à la ferme ;

• La compatibilité générale avec les pratiques agricoles traditionnelles ;

• Une certaine souplesse pour l’agriculteur dans les décisions sur le travail et les flux de trésorerie ;

• Un investissement plus faible en formation par rapport aux autres technologies ;

• Des coûts de main-d’œuvre relativement élevés. Il peut y avoir une certaine efficacité des coûts lorsque des groupes d’agriculteurs peuvent augmenter leur pouvoir d’achat collectif afin de réduire les coûts d’engrais au prix de gros et de partager les coûts de main-d’œuvre.

• Les coûts d’investissement sont modestes, mais néanmoins significatifs pour un ménage agricoles pauvres.

De ce fait, d’autres méthodes méritent d’être explorées pour répondre aux besoins d’un éventail de catégories de ménages agricoles plus ou moins riches (relativement) de la région, pour le travail disponible à la ferme, notamment les différences liées au genre dans l’emploi du temps et à la diversification des moyens de subsistance (comme les intercultures de production complémentaires, les besoins en fourrages, les apports de nutriments à long terme et la rétention d’eau du sol).

4.2 GESTION ET CONSERVATION DE L’EAU AGRICOLE

La vaste perte de la végétation et la dégradation des terres ont considérablement détérioré les processus écologiques supportant le captage, le stockage et l’utilisation productive de l’eau dans les systèmes écologiques et agricoles dans l’ensemble de la zone du

projet. Alors que les prévisions de disponibilité en eau ont de larges marges d’erreur, l’exercice de modélisation présenté précédemment (figures 6 et 8) suggère qu’en 2050 les tendances en termes de bilan hydrologique et de saisonnalité pourront avoir des effets négatifs sur les moyens de subsistance alors que les températures les plus élevées augmentent dans les zones cibles du projet où les cultures sont produites (centre et Sud) et que l’évapotranspiration pourrait entraîner un stress hydrique pour les cultures. Avec l’utilisation actuelle des terres et les profils de végétation, pourraient également survenir des inondations périodiques générant des pertes substantielles de disponibilité en eau, à cause des eaux de ruissellement et des faibles niveaux de captage de l’eau dans les sols. Étant donné que l’agriculture pluviale domine les économies domestiques et régionales, il existe un besoin immédiat d’examiner des moyens plus efficaces de gestion de l’eau pour les cultures et dans le bassin hydrographique. Pour ceux qui sont engagés dans les activités pastorales, l’accès à l’eau et au fourrage devra être géré, de sorte que durant les périodes sèches de courte ou moyenne durée ces ressources ne tombent pas sous le seuil de subsistance du bétail. De même pour les agriculteurs, l’accès à l’eau pendant les périodes sèches est nécessaire pour éviter de mauvaise récolte ou des rendements sévèrement réduits.

Dans un avenir proche, il y aura des demandes croissantes imposées aux ressources en eau du Sahel pour répondre aux besoins des populations urbaines et rurales, à l’intensification de l’agriculture et, éventuellement, pour le développement de l’énergie. Les ressources productives en eau sont déjà au minimum et les réserves d’eaux souterraines, quoique potentiellement considérables, ne doivent pas être surexploitées dans le but de compenser d’autres déficiences. Pour les régions arides et semi-arides, Wilson (2011) suggère que le développement de l’eau devrait se concentrer sur « recharger, récolter et conserver les eaux de surface et non pas sur des puits tubulaires profonds ».

Ainsi, en allant plus loin, la priorité doit être donnée à des systèmes de production qui :

• soient moins exigeants et plus efficaces en termes de consommation d’eau ;

• recueillent l’eau dans des infrastructures productives vertes (végétation) ou infrastructures grises (d’origine humaine) ;

• assurent l’équilibre entre, d’une part, bénéfices à court terme et intérêts privés et, d’autre part, répercussions

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 25

à plus long terme et conservation des ressources communes (notamment « eau bleue » sources c’est-à-dire les lacs, les rivières et les réserves d’eau souterraine).

La production agricole représente environ 30 % du rendement obtenu pour les produits actuellement cultivés dans toute l’Afrique subsaharienne et environ 25 % et 28 % au Burkina Faso et au Niger respectivement (Rockström et al, 2007). Une meilleure gestion de l’eau et du sol pourrait réduire considérablement l’écart entre rendement potentiel et rendement réalisé. Alors que la rareté de l’eau affecte le potentiel de production, les répercussions négatives d’une gestion médiocre des sols et des ressources en eau sont d’une grande importance.

La conservation de l’eau agricole dépend crucialement de l’utilisation productive des « greenwater » dans les solsLa planification de la gestion de l’eau doit dépasser des solutions axées sur les « bluewater », fortement axées sur les eaux souterraines, les lacs et les rivières, pour favoriser le développement de solutions de « greenwater » en faisant une utilisation plus efficace de la percolation des précipitations par les sols. Les stratégies pour améliorer la gestion des « greenwater » incluent les technologies d’eau de pluie (RWH) conçues pour améliorer la disponibilité de l’eau (par exemple stockage adjacent aux fermes) et améliorer leur saturation in situ (par exemple l’eau conservée sur la superficie cultivée par des murets de pierre ou Zais). Les autres technologies de greenwater comprennent celles qui visent à accroître la capacité d’absorption des plantes comme les pratiques agronomiques mises en avant au titre de l’agriculture de conservation abordée dans les sections qui suivent.

La conservation de l’eau agricole sous-tend la gestion du risque pour justifier l’investissement dans les technologies d’engrais et les semences amélioréesFalkenmark et Rockström (2004) décrivent les « périodes de sécheresse » comme découlant des mauvaises pratiques agricoles, qui peuvent réduire l’eau disponible pour les plantes à hauteur de 40 % des précipitations, provoquant des périodes de sécheresse intermittentes qui à leur tour réduisent la productivité agricole. La véritable sécheresse est un événement météorologique. De fortes variations des précipitations avec des périodes de sécheresse concomitantes introduisent une forme d’incertitude qui influence fortement la prise de décision, notamment en qui concerne l’adoption de technologies et de pratiques qui pourraient améliorer ou stabiliser les rendements. Une gestion appropriée de l’eau pour la

culture peut atténuer ces risques en agissant en synergie pour stimuler des gains de rendement et donc améliorer les ratios de rentabilité.

Les technologies RWH et leur potentiel d’extension au Sahel Mati et al (2011) fournissent une évaluation complète des technologies RWH et de leur application en Afrique subsaharienne. Ils observent que la conservation de l’eau, grâce à diverses structures et pratiques culturales peut augmenter la productivité de l’eau entre 50 % et 100 %, selon les technologies employées. Barry et al (2008) ont testé une association de technologies RWH, certaines couplées à des traitements de fécondation, au Niger et au Burkina Faso. Ils ont trouvé que sur l’ensemble des technologies, les rendements des récoltes avaient augmenté, l’eau dans le sol avait augmenté et avait été conservée à de plus grandes profondeurs et la fertilité des sols soit avait augmenté soit le taux de perte de minéraux clés avait réduit par rapport aux pratiques traditionnelles. Mati et al (2011) et Barry et al (2008) soulèvent plusieurs points à considérer dans la promotion des technologies RWH :

• Malgré leurs mises en place relativement simples, les coûts - monétaires et de main d’œuvre - peuvent être prohibitifs, en comparaison (comparés) aux avantages apportés. La disponibilité de la main-d’œuvre saisonnière peut être un obstacle, comme peut l’être la nécessité d’obtenir ou de supporter le coût de l’équipement nécessaire pour entreprendre la construction de murets de pierre ou d’autres structures en terre. Barry et al (2008) ont été en mesure d’améliorer le rapport coût-bénéfice en appliquant des traitements de fertilité tels que les rendements des cultures ont dépassé le seuil requis pour récupérer l’investissement dans les mesures de RWH.

• Les groupes d’agriculteurs ou « cluster farming », éventuellement dans des associations d’agriculteurs existantes, peuvent rendre certaines de ces technologies plus abordables, car les coûts monétaires et de main d’œuvre peuvent être partagés.

• L’examen du contexte biophysique est important pour comprendre les avantages potentiels des applications de RWH. Par exemple, l’utilisation de Zai dans les zones dans lesquelles les précipitations sont plus importantes et plus stables s’est avérée désavantageuse pour le rendement des cultures.

• Un régime foncier sûr est une condition sine qua non, car les agriculteurs sont peu susceptibles de s’engager

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 26

dans la modification des pratiques existantes lorsque leur investissement peut être transféré sans leur consentement à une autre personne.

Irrigation d’appoint pour atténuer les impacts négatifs des périodes sèches Même avec des mesures de conservation greenwater en place, les périodes de sécheresse intermittentes peuvent réduire le rendement des cultures ou contribuer à l’échec de la récolte. Ces impacts peuvent être atténués par l’addition ciblée d’eau supplémentaire par l’intermédiaire de l’irrigation. À ce jour, les méthodes d’irrigation à faible coût, à faible apport technologique, comme le goutte à goutte, principalement alimenté par gravité depuis des unités de stockage de l’eau (d’eau), ont offert des avantages plus importants en Asie qu’en Afrique. Des études menées sur le sujet suggèrent que les pannes d’équipement, les besoins en main-d’œuvre et le manque de soutien technique étaient les principaux facteurs justifiant un faible taux d’adoption (Maisiri et coll. 2005). Les eaux de captage et de stockage sont souvent des coûts primaires dans le développement de ces systèmes, qui peuvent cependant varier selon le type de matériaux utilisés.

Bien que tous les concepts n’aient pas démontré leur viabilité, certains ont produit des retours sur investissement positifs. Travaillant au Burkina Faso, Fox et al (2005) décrivent le potentiel d’irrigation du « goutte à goutte » pour produire des gains de rendement conséquents dans des cultures de céréales en comparaison aux parcelles irriguées uniquement par la pluie. Compte tenu des coûts de main-d’œuvre et de matériel et en utilisant la technologie de stockage la plus économique, les agriculteurs étaient en mesure de réaliser un bénéfice net de 390 USD par an et par hectare. De même, ICRISAT, avec la mise en œuvre du programme « African Market Garden » (programme de jardinage du marché africain), qui associe la technologie du « goutte à goutte » à une formation horticole, démontre des avantages considérables pour les agriculteurs : économies de main-d’œuvre, rendements plus élevés et profits financiers en comparaison à l’agriculture traditionnelle ou améliorée qui utilisent un apport manuel en eau (Woltering et al, 2011). Nombre des participants s’étaient engagés dans l’agriculture de groupe et un certain nombre de fermes individuelles sont desservies par un réservoir de stockage commun. En utilisant un système de pompe solaire pour accéder à l’eau, Burney et Naylor (2011) ont également démontré un rendement positif sur l’investissement des agriculteurs au Bénin,

car les coûts d’exploitation liés aux achats de carburant n’existaient plus. Ils ont documenté une augmentation globale du niveau de vie pour les ménages participants et des améliorations de l’ensemble des biens du ménage par rapport aux ménages non participants, quoique ces derniers n’aient pas été statistiquement significatifs. Comme avec RWH, quelques éléments principaux ressortent :

• Son adoption par les agriculteurs individuels est peu probable, car les coûts d’immobilisations et d’entretien sont élevés. Lorsqu’ils sont en mesure d’investir en tant que groupe, les taux de réussite semblent être plus élevés. Le groupe et l’agriculture communale facilitent l’adoption de groupe.

• L’agriculture de groupe et autres approches axées sur les groupes développent le transfert de connaissances grâce à l’engagement d’égal à égal et peuvent conduire à de nouveaux arrangements institutionnels. Par exemple, des groupes de femmes assurant l’irrigation au Bénin forment des sociétés d’ « assistance mutuelle » qui facilitent l’accès des autres membres de la communauté à des réseaux d’irrigation et ainsi à développer d’autres moyens de subsistance.

• La diversification des cultures par le biais de la production de cultures de grande valeur ajoutée ou de cultures de niche a une grande incidence sur l’obtention d’un plus grand bénéfice net, par opposition à ne vouloir qu’ obtenir la sécurité alimentaire des ménages.

• La diffusion des meilleures pratiques de gestion en agronomie associée à la conservation de l’eau améliore les résultats.

• Des kits d’irrigation de qualité, bien que plus chers au départ, ont plus de chances d’être adoptés (lorsque c’est économiquement possible), car ils n’ont pas de coût de maintenance élevé et renforcent la confiance dans l’approche.

Planification et intervention à l’échelle de petits bassins versantsRockström et al (2010) postulent que l’échelle à laquelle l’essentiel de la mise en œuvre d’une gestion de l’eau se produit, généralement au niveau du bassin hydrographique, est insuffisante pour répondre aux besoins des petits agriculteurs. Donc la planification doit avoir lieu au niveau de micro-captages dans les bassins hydrographiques afin de soutenir plus efficacement les investissements dans l’agriculture pluviale. Des bassins versants pourraient être définis à partir d’un ensemble

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 27

de critères écologiques, démographiques, économiques et géographiques, comme c’est le cas avec le modèle de bassin versant communautaire intégré développé par l’ICRISAT en Inde (Wani et al, 2006).

Lien avec les approches intégrées de gestion des paysagesWani et al (2006, 2009) développent une « approche symétrique » au niveau des systèmes. Cette approche capitalise sur les synergies potentielles entre les acteurs et les autres secteurs dans le domaine agricole. Elle n’est axée que sur la gestion de l’eau comme moyen clé pour une subsistance agraire. Ils préconisent d’élargir le champ d’application des bassins hydrographiques intégrés (IWM) à partir de programmes de gestion des « interventions technologiques pour la conservation des sols et des eaux, afin d’inclure de multiples innovations en terme de cultures-élevage-forêt et axées sur une valeur marchande pour encourager la diversification des moyens de subsistance ».

Compromis entre les différents usages alternatifs de l’eauDes investissements importants doivent être réalisés pour améliorer la gestion de l’agriculture pluviale, la gestion des eaux d’une manière plus générale, pour accueillir l’augmentation de la production agricole et aborder les compromis possibles entre les utilisations alternatives de l’eau dans toute la région. Équilibrer ces compromis est indispensable pour parvenir à la résilience à long terme, tout à la fois des ressources et des moyens de subsistance qui en dépendent. Comme Rockström et al (2010) le soulignent, l’innovation en termes de politique et de technologie doivent se produire à plusieurs échelles, et ces investissements devraient être guidés par une perspective plus intégrée qui reconnaisse les possibilités sur un continuum de pluviosité pour l’agriculture irriguée. Tandis que RWH a été relativement négligé, les auteurs soulignent que, sans les pratiques de gestion des sols et les cultures faisant une utilisation efficace de l’eau de pluie récoltée, les technologies améliorées de RWH fournissent des rendements décroissants.

4.3 GESTION ET CONSERVATION DES SOLS (AGRICULTURE DE CONSERVATION)

Outre les contraintes et l’imprévisibilité identifiées en section 3 et une capacité variable pour les agriculteurs ou éleveurs de maintenir des moyens de subsistance dans le cadre de revenus, de classes de travail et de genre différent pour adopter les techniques abordées dans les sections 4.1 et 4.2, il y a aussi d’autres approches à

considérer pour les systèmes de production agricole et d’élevage productifs. Ces dernières sont examinées dans les sections 4.3 et 4.4.

4.3.1 « Agriculture Intelligente face au climat » et de conservation

Les systèmes d’agriculture intelligente face au climat (Climate-smart agriculture – CSA) visent à utiliser les propriétés de résilience et d’atténuation que l’agriculture durable peut avoir sur le changement climatique. La FAO suggère que la CSA peut « accroître développement durable et résilience ainsi que réduire l’exposition des agricultures au changement climatique et donc améliorer la sécurité alimentaire nationale et bon nombre des objectifs des groupes intergouvernementaux tels que l’OMD » (FAO 2011). La FAO divise la CSA entre trois exemples : agriculture de conservation, agroforesterie et forêts intégrées, et systèmes d’élevage et de pèche.

Un système commun en Afrique subsaharienne qui a le potentiel d’accroître la résilience dans la région du Sahel est l’agriculture de conservation (conservation agriculture - CA). CA s’appuie sur trois principes : (1) une perturbation mécanique minimale des sols (à savoir ni labourer ni planter directement des semences) ; (2) une couverture organique permanente des sols avec des résidus et des plantes couvre-sol ; et (3) la diversification des espèces cultivées en séquence et en associations (FAO 2013). Silici et al (2011) suggèrent que, « par rapport aux systèmes conventionnels de production axés sur le travail du sol, CA mène à une rentabilité nette supérieure, une plus grande durabilité de l’environnement et – particulièrement important en Afrique – une sécurité alimentaire plus élevée ». Il existe beaucoup d’études suggérant que CA augmente la résilience écologique et sociale, en particulier en Afrique subsaharienne (Friedrich and Kassam 2009, Kassam et al 2009, FAO 2010, Marongwe et al 2011, Marongwe et al 2012, Silici et al 2011). La résilience écologique est réalisée par l’intermédiaire de la qualité du sol et de la disponibilité de l’eau et la résilience économique et sociale est assurée par une productivité accrue (Kassam et al 2009). Au Zimbabwe, CA s’est avéré « augmenter considérablement les rendements et la productivité agricole de manière durable même pour les agriculteurs mal dotés en ressources, améliorer leur sécurité alimentaire et souvent leur permettre de vendre leurs excédents » (Marongwe et al 2011).

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4.3.2 Avantages de l’agriculture de conservation

• Des preuves empiriques existent sur une augmentation des rendements avec l’adoption réussie de CA dans toute l’Afrique, y compris dans les zones arides. (Friedrich and Kassam 2009, Mazvimavi and Twomlow 2009, Hobbs 2007, Marongwe et al 2011)

• Des preuves empiriques existent sur une humidité accrue du sol notamment par le biais de l’utilisation de paillis.

• On note un accroissement des éléments nutritifs du sol grâce à l’utilisation de compost et à la rotation des cultures, notamment à l’aide de légumineuses dans les rotations. (Mando et al 2002, Bagayoko et al 2000)

• Des murets Zai utilisés dans le Sahel avec compost et paillis améliorent la rétention d’eau dans les zones arides. (Banque mondiale 2005)

• La rotation et la diversité des cultures répartissent les risques et engendrent une meilleure résilience écologique et sociale.

• Les populations pauvres et marginalisées peuvent adopter CA. (Mazvimavi et Twomlow 2009)

L’agriculture de conservation offre de nombreux avantages liés à la durabilité et à la productivité des moyens de subsistance. Il y a des preuves quantitatives d’une augmentation des rendements en utilisant CA sur une grande partie de l’Afrique, notamment au Zimbabwe, où la technique a été utilisée pendant des décennies, notamment dans les zones arides du sud du pays. Dans le Sahel, la technique traditionnelle de Zai (voir également la section 4.2 ci-dessus) a été incorporée dans les approches de CA et il a été démontré qu’elle retient l’eau, mais aussi qu’elle recueille des poussières fertiles du vent, empêche les graines et la matière organique d’être emportées, concentre des nutriments et réactive les activités biologiques dans le sol (Banque mondiale 2005). La technique du paillis s’est avérée augmenter considérablement la teneur en eau dans le sol. Cela intervient par réduction du ruissellement, augmentation de l’infiltration, augmentation de la porosité du sol et diminution du compactage ainsi que par réduction de la température du sol et de l’érosion des sols par le vent et l’eau (Erenstein 2003). Les avantages du paillis ont été étudiés de façon empirique et démontrés au Burkina Faso (Buerkert et al 2000, Mando et al 2002). Bayala et al (2012) indiquent que sur les sites connaissant une pluviométrie annuelle inférieure à 600 mm, le paillis est la technique de l’agriculture de conservation la plus cohérente pour augmenter les rendements des cultures.

L’agriculture de conservation doit être menée de manière rigoureuse afin d’en récolter les fruits. Certains ont inventé l’expression « agriculture de conservation de précision » qui a été utilisée dans des zones à faible potentiel comme le Sahel (Twomlow et al 2009). L’idée de précision signifie qu’une efficacité maximale est atteinte, réduisant les entrées par sortie, réalisant des économies et augmentant les rendements. Cette idée se reflète dans l’approche des murets Zai qui concentrent les ressources autour de la plante. La rotation des cultures et la diversité augmentent la résilience par la réduction du risque (Zorom et al 2013, Bagayoko et al 2000). Le programme d’« écologisation du Darfour » a enseigné aux agriculteurs à diversifier le risque par la plantation d’espèces différentes. D’autres études ont également montré comment la diversité du paysage augmente la résilience environnementale (Harris 2011, Mijatovi’c et al 2013). L’utilisation de légumineuses, comme les arachides, a l’avantage d’augmenter la teneur en éléments nutritifs dans le sol (Bagayoko et al 2000). Des études ont montré comment l’adoption de CA n’est pas affectée par le genre, le revenu ou la séropositivité, permettant aux groupes marginalisés et vulnérables d’adopter des techniques de CA et de devenir plus résilients (Moyo et al 2012).

4.3.3 Défis de la réalisation des avantages potentiels de l’agriculture de conservation

• Des normes insuffisantes entraînent une mauvaise récolte et réduisent la résilience. (Giller et al 2009)

• Les agriculteurs sont peu susceptibles de changer les pratiques qui ont été les leurs pendant des siècles. (Wall 2007)

• Potentiellement, un déficit de rendement dans les premières saisons pendant que les agriculteurs s’habituent aux techniques. (Giller et al 2009)

• Un alourdissement du fardeau du travail pour les femmes – en relation avec les fonctions influencées par le genre, une augmentation de désherbage et de préparation de la terre.

• L’insuffisance de résidus et de matières organiques entraîne une concurrence avec le bétail résultant en un manque de matériaux de paillage et de compost.

• L’intensité des connaissances est un obstacle à l’adoption par les agriculteurs qui manquent d’éducation formelle.

• Le manque de graines de légumineuses et leur disponibilité sur les marchés réduisent la probabilité de succès des rotations et de la diversification des cultures.

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 29

• Le manque de matériel et d’équipement pour faire du compost. (Mando et al 2002)

Les critiques de CA suggèrent que celle-ci ne peut pas être utilisée comme une technique unique de réponse à une grande partie des problèmes de l’Afrique. CA est souvent réalisée à un niveau de normes insuffisant, c’est-à-dire que tous ces avantages n’en sont pas tirés – en fait les agriculteurs peuvent même devenir moins résilients (Giller et al 2011). Une étude a montré qu’une pénalité de rendement à court terme existe, car les agriculteurs s’y convertissent et adoptent CA : ils n’ont alors pas l’habitude des techniques. Creuser des bassins est beaucoup plus difficile et plus long la première fois. Alors qu’ils passent du temps à s’adapter aux techniques, leur rendement est réduit à court terme. C’est parfois difficile pour les agriculteurs d’accepter et de faire face, car des personnes vulnérables ont des priorités à court terme et ne peuvent pas envisager des solutions à long terme comme CA.

Il y a aussi quelques études suggérant une modification du fardeau du travail des hommes vers les femmes (Giller et al 2009). Il s’agit en particulier du désherbage, traditionnellement dévolu aux femmes. Le travail est réduit à certaines périodes de l’année, comme pour le labourage, ou la préparation de la terre s’étend sur l’ensemble de la saison sèche, ce qui réduit la charge de travail de l’homme. Le désherbage, cependant, est augmenté ce qui a pour effet que les femmes ont généralement plus de travail à faire (Wall 2007).

CA a été décrite comme exigeant trop de connaissances : de nombreux aspects requièrent une connaissance des différentes techniques et des normes. Une étude révèle comment plusieurs personnes instruites étaient plus susceptibles d’adopter CA, ce qui pourrait réduire l’impact que cela peut avoir sur des paysans incultes, marginalisés dans le Sahel. Les rotations dans CA requièrent une connaissance des différentes cultures ainsi que l’accès à de nouvelles semences. Ceci a été considéré comme un facteur limitatif pour essayer d’augmenter la rotation et la diversité. Certaines communautés ont des difficultés à accéder aux graines de légumineuses, mais aussi à les vendre quand il n’y a parfois pas de marché comparatif à celui des grains.

L’une des principales contraintes pour CA dans les zones arides comme le Sahel réside dans le fait qu’il ne reste que peu de matière à utiliser pour le paillis ou compost. Les résidus sont utilisés traditionnellement pour le fourrage du bétail, et donc cela crée une concurrence pour les utiliser comme paillis. Utiliser des résidus pour

paillis modifie considérablement le flux de ressources dans un système d’exploitation (Erenstein 2002, 2003). Encore une fois, cela est également lié aux traditions ou aux perceptions des agriculteurs sur l’utilisation de matériaux.

4.3.4 Leçons tirées

• CA doit être mise en œuvre spécifiquement en relation avec le contexte environnemental et social. Il est important de comprendre les limites de l’agro écologiques ainsi que les pratiques culturelles qui pourraient en affecter l’adoption. (Wall 2007)

• Besoin de comprendre les perceptions des agriculteurs pour l’absence de labour / l’utilisation du paillis / les rotations, car adopter CA pourraient changer des siècles de façons de faire. (Giller et al 2009)

• Les fosses Zai sont similaires aux techniques traditionnelles dans le Sahel et sont une bonne option en termes de représentations sociales. (Banque mondiale 2005)

• Besoin de comprendre les rôles des hommes et des femmes dans les organismes agricoles et comment CA peut entraîner des changements, par exemple pour la préparation du sol et le désherbage.

• Il convient de s’assurer que les gens comprennent l’étendue des travaux nécessaires pour mettre en place un système de CA, telles les normes élevées et la précision nécessaire ainsi que l’évolution des exigences de travail.

• Des surfaces de démonstration dans la communauté aident à modifier les perceptions.

• Lors de l’utilisation de matières organiques comme le paillage et le compost les flux de ressources dans le système doivent être compris et pris en compte. (Erenstein 2003)

• Par exemple, les arbustes à feuilles persistantes et les arbres pour augmenter les nutriments dans le sol, mais aussi la taille en utilisant de plus en plus les branches et les feuilles comme paillis. (Lahmar and Triomphe 2008)

• Les subventions en semences et engrais des ONG peuvent souvent accroître l’adoption, mais ne devraient pas être la principale raison de celle-ci, car cela encourage le recours aux aides et ne change pas les perceptions des techniques CA ni les problèmes auxquels cela répond.

• L’accès aux graines de légumineuses ainsi qu’aux marchés des légumineuses est nécessaire pour appuyer l’adoption de rotations et la diversité des cultures. (Mazvimavi et Twomlow 2009)

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 30

4.4 AGROFORESTERIE ET GESTIONS DES ESPÈCES D’ARBRES

4.4.1 Rôle des arbres, et plus spécifiquement les pratiques dans les Parcs agroforestiers, dans le modèle de développement agricole

L’agroforesterie, ou l’intégration des arbres dans les systèmes de cultures, est une pratique de l’agriculture traditionnelle largement utilisée dans les pays tropicaux en développement. Depuis les 15-20 dernières années, la valeur des pratiques agroforestières traditionnelles a acquis une plus grande reconnaissance dans la communauté scientifique et leur valeur comme outil de développement est maintenant largement reconnue (Nair 2011). Le terme agroforesterie couvre un large éventail de pratiques, comme l’intégration des arbres d’ombrage dans les fermes de cacao dans les zones tropicales humides, la protection des arbres fruitiers indigènes épars dans le Sahel (Garrity et al, 2010) ou l’utilisation de brise-vent dans les terres « gelées » en Australie (Barton 1999).

Willemen et al (2013) ont produit une série de documentations sur les approches éco-systémiques arborescentes (tree-based ecosystem approaches - TBEA) qui sont pratiquées à grande échelle (c’est-à-dire

adoptées par un grand nombre de gestionnaires de terres sur une large surface) ainsi que sur les facteurs sous-jacents liés à l’adoption des TBEA et les preuves de leurs impacts. Ils rappellent également le contexte historique des modèles d’utilisation moderne des terres et des pratiques agricoles à l’échelle mondiale au cours du XXe siècle ; ces pratiques ont promu la ségrégation des arbres et des cultures dans les paysages. En rétrécissant la gamme des cultures, comme le cas des céréales cultivées en monocultures, les systèmes très riches en biodiversité et dépendants des arbres qui pouvaient fournir des aliments, des fibres, des médicaments, des arbres fruitiers et des noix n’ont absolument pas été pris en compte. Alors que les exigences de production et les pressions de l’agriculture commerciale ont augmenté dans le Sahel, la résistance aux intrants de production et aux engrais monoculture a dû être renforcée en maximisant la productivité et la promotion de la diversité des produits dans les communautés de petits agriculteurs. ICRAF a été créée en 1978 et ont été réunies des preuves et des techniques d’interculture d’« arbres multi-usages » dans les systèmes agricoles (Willemen et al, 2013). L’approche holistique de la programmation de l’ICRAF est abordée en section 4.5.

Figure 13. Couvert arboré (%) (Source des données : Hansen, M., R. DeFries, J.R. Townshend, M. Carroll, C. Dimiceli, et R. Sohlberg 2006, Vegetation Continuous Fields MOD44B, 2001 Percent Tree Cover, Collection 4, Université du Maryland, College Park, Maryland, 2001). Le plus haut pourcentage de couvert arboré par pixel dans la région est d’environ 15 %, mais pour la plupart les valeurs sont proches de 0 %.

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 31

Dans la région soudano-sahélienne de végétation d’Afrique subsaharienne, les pratiques agroforestières sont largement reconnues pour offrir plusieurs avantages sociaux, environnementaux et économiques aux communautés locales. Des arbres dans le paysage fournissent :

• Une diversité des services éco-systémiques – notamment le piégeage du carbone, la conservation de la biodiversité, l’enrichissement du sol et une meilleure qualité de l’air et de l’eau (Manning et al, 2006, Jose 2009, Brown et al 2011).

• Les produits forestiers non ligneux (PFNL) qui peuvent prendre une place importante dans les moyens de subsistance des communautés rurales – comme source d’argent – augmentent considérablement le revenu annuel des ménages (Schrekenberg et al 2006, Garrity et coll. 2010, Brown et al 2011) voire forment une partie importante de celui-ci (39 % dans le nord du Bénin, Heubach et coll. 2011 ; 17-35 % au Burkina Faso et Mali, SECAM 2012).

• Une source facilement accessible d’engrais qui peut plus que doubler les rendements sous certaines conditions (Garrity et coll., 2010, Arthur et al 2011), bien qu’il convienne de prendre soin de la combinaison des espèces d’arbres et des cultures utilisées (Anthofer et coll., 1997, Kamara et coll. 1999).

4.4.2 Utilisation de l’agroforesterie dans les systèmes de production

L’utilisation de l’agroforesterie dans les systèmes de production dans la zone cible du projet doit être explorée et étendue pour inverser la tendance de la dégradation des terres. Dans le Sahel, l’adoption de pratiques agroforestières présente une stratégie rentable qui pourrait accroître la résilience des communautés locales et fournir des bénéfices sociaux (y compris la santé nutritionnelle), économiques et environnementaux. Les stratégies d’adaptation utilisées aujourd’hui dans la région comprennent l’utilisation, notamment par des femmes, des aliments d’arbres indigènes dans les boisés (feuilles, noix, fruits) comme source importante de nutrition et, de plus en plus, de revenu monétaire pendant plusieurs mois de chaque année (marchés locaux et mondiaux). La résilience socio-écologique peut être augmentée lorsque les ressources de l’arbre sont protégées, restaurées et régénérées à des niveaux qui historiquement existaient et qui dans le passé ont fourni de nombreux services environnementaux et faisaient partie des stratégies traditionnelles de gestion de la sécheresse. Reij et al (2009) résument les origines

et les résultats de la régénération naturelle gérée par les agriculteurs au Burkina Faso et au Niger, depuis ses débuts, lorsque Tony Rinaudo de Serving alors en Mission a aidé les agriculteurs locaux à la développer comme une option abordable pour la reproduction des arbres et des arbustes, dans un effort pour « reverdir au Sahel ». Avec d’autres techniques de l’agriculture de conservation, ils résument les résultats en disponibilités accrues de fourrage, de chauffage, de fruits et de produits médicinaux et d’augmentation apparente des nappes souterraines.

4.4.3 Incidence des PFNL et des micro-entreprises sur les ménagess

La production, la vente et l’utilisation des PFNL a pour résultat d’accroître sensiblement le revenu et la sécurité alimentaire des ménages dans la région du Sahel. Les arbres offrent une diversité de produits – nourriture, médicaments, matériaux de construction, bois de chauffage (recépage) – qui peuvent être utilisés dans les ménages ou dans le commerce. Des espèces d’arbres typiques de la région utilisées pour les PFNL et les microentreprises sont : Acacia Senegal, Balanites aegyptiaca, Hyphaene thebaica, Lannea microcarpa, Sclerocarya birrea, Adansonia digitata, Ziziphyus mauritiana.

Dans certaines communautés les PFNL sont déjà une source importante de revenus. Heubach et al (2011) ont calculé que les PFNL ont contribué à environ 0,6 F/ jour pour les revenus des ménages dans le nord du Bénin, les élevant ainsi à 2,0 F/ jour, soit 30 % supérieurs à la moyenne nationale (1,40F / jour).

Avec les mécanismes de commercialisation internationaux comme « écologique » et « commerce équitable », la commercialisation des PFNL (baobab, karité) permet aux petits exploitants de participer à un commerce plus important, qui pourrait à son tour améliorer les possibilités d’emploi et de revenus, surtout pour les personnes pauvres et défavorisées. Le commerce de PFNL peut être leur seule source d’argent et peut venir à des moments clés de l’année (Belcher et al, 2007). Toutefois commercialiser et élargir les marchés des PFNL est potentiellement très complexe et difficile et il est essentiel d’adopter une vue d’ensemble sur la chaîne de valeur en production et sur les marchés, et de planifier si les nouveaux marchés doivent devenir durables (Belcher et al, 2007).

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4.4.4 Effets de l’intégration des arbres dans les systèmes de production agricole

De nombreuses études ont été menées sur les effets de l’intégration des arbres dans les systèmes de production agricole. Bayala et al (2012) ont constaté un impact plus ou moins marqué sur les rendements des céréales. Par contre, sur des sites disposant d’une pluviométrie annuelle de moins de 600 mm, l’impact serait plus significatif : les prairies-parc agroforestières ainsi que la production de taillis augmenteraient grâce aux effets de l’intégration des arbres ; les rendements en céréales sont également meilleurs, fournissant aussi du fourrage pour le bétail et d’autres sources de revenus (PFNL). Faidherbia Albida et Guiera senegalensis produisent les réponses les plus positives de la culture dans les systèmes d’espaces verts, si l’on compare le rendement en céréales et en pailles dans le Sahel (Bayala et al, 2014).

Anthofer et al (1997) ont étudié l’impact de neuf espèces de paillis d’agroforesterie sur la production de blé en Éthiopie. Ils ont constaté que l’utilisation de certains de ces paillis avait largement dépassé (20 kg de P + 30 kg N / ha) l’impact que pouvait avoir l’application de fertilisants. Au Malawi, Garrity et al (2010) ont enregistré des améliorations de rendement de 100 à 400 % pour le maïs cultivé sous Faidherbia Albida.

Cependant les résultats montrent également qu’il convient de prendre garde et de choisir le moment opportun pour introduire et promouvoir de nouvelles espèces dans le cadre de la mise en place de systèmes agroforestiers. Et ce particulièrement dans l’introduction d’arbres comme « arbres fertilisants », car ils n’ont pas toujours des effets bénéfiques ou identiques sur les différentes cultures (Anthofer et al, 1997, Kamara et coll. 1999, Garrity et coll. 2010). Bayala et al (2014) ont regardé de plus près les interactions entre les cultures et les arbres dans les systèmes agroforestiers et ils ont constaté que le type de plantes de culture (plante C3 ou C4) et les espèces d’arbres ont eu un effet distinct selon que la relation d’arbres-cultures accroît les rendements ou diminué les rendements ; mais ils concluent qu’une analyse plus détaillée est nécessaire pour bien comprendre ces interactions. La question de savoir si les arbres augmentent la fertilité du sol, ou s’ils maintiennent seulement ou rendent plus facilement accessible, les éléments nutritifs déjà dans le sol, est toujours en discussion (Bayala et al, 2014).

4.4.5 Contribution à l’amélioration de la sécurité alimentaire et à l’apport d’oligoélément au niveau du ménage

En raison de leur morphologie, plus long est le cycle de reproduction annuel et plus profonds sont les systèmes racinaires ; les arbres sont généralement moins sensibles à la sécheresse que les cultures annuelles de champ, ce qui en fait une source précieuse de nourriture dans cette région du Sahel sujette à la sécheresse.

Schrekenberg et al (2006) ont examiné le rôle des arbres fruitiers indigènes dans la réduction de la pauvreté et ont constaté que les arbres fruitiers indigènes fournissent une source essentielle d’alimentation pendant la « saison de la faim » et peuvent être un aliment de base des régimes alimentaires traditionnels, apportant une contribution significative aux besoins nutritionnels des familles. Garrity et al (2010) ont constaté que l’utilisation des arbres fertilisants a augmenté la sécurité alimentaire des ménages en générant un supplément de 57 pour 114 jours de consommation de maïs par personne au sein d’un ménage.

La diffusion de l’utilisation des techniques de l’agroforesterie et des PFNL peut répondre aux problèmes de sécurité alimentaire et de subsistance auxquels font face les agriculteurs dans le Sahel. Cependant, Belcher et al (2007) avertissent qu’il existe un risque réel que les gains découlant d’une commercialisation accrue ne soient pas perçus par leurs ayants droits si les questions de propriété foncière, de droits d’accès, de connaissances des marchés et de manque de compétences ne sont pas également traitées.

4.4.6 Contribution aux services des écosystèmesDes arbres épars, comme ceux que l’on trouve dans les systèmes agroforestiers, offrent un éventail de fonctions de l’écosystème qui sont disproportionnées par rapport à la zone qu’ils occupent (Manning et al, 2006). Les services fournis par l’agroforesterie à l’échelle locale comprennent le stockage de carbone, l’accroissement des nutriments du sol, la conservation de la biodiversité des plantes et fournissent un habitat pour les animaux. À l’échelle du paysage, l’agroforesterie contribue à l’amélioration de la qualité de l’air et de l’eau, à l’augmentation du couvert forestier et de la connectivité génétique entre les arbres (Manning et al 2006, Jose 2009). Alors que l’adoption de l’agroforesterie a le potentiel d’augmenter la quantité d’arbres dans le paysage, Belcher et al (2007) soulignent que bien qu’il y ait des

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implications écologiques claires de la commercialisation des PFNL, particulièrement dans l’utilisation des espèces « sauvages », des évaluations de base sont encore nécessaires pour établir un juste bilan de ses impacts et de ses effets sur l’amélioration de la durabilité dans les parcs d’Afrique de l’Ouest. Les parcs ouest-africains ont une plus faible diversité que la savane non perturbée, mais ont beaucoup plus de diversité et offrent plus de services qu’un champ de monoculture.

4.4.7 Taux relatifs de rentabilité sur les différentes méthodes de plantation d’arbres

Les taux de rendement sur les différentes méthodes de plantation sont influencés par les incertitudes climatiques et environnementales et par le potentiel de rendement économique. La végétalisation par semis - ou la remise en végétation active - est coûteuse en raison du temps nécessaire, des coûts de main-d’œuvre et du matériel nécessaire pour faire prospérer un arbre, et selon le produit désiré, il peut s’écouler plusieurs années avant que les agriculteurs puissent obtenir un retour économique. En revanche, la régénération des arbres assistée par l’agriculture peut ne pas avoir de coût matériel et demander peu de temps et de main d’œuvre.

Dorrough et al (2008) ont constaté que la remise en végétation active est moins coûteuse que la végétalisation passive (régénération naturelle des arbres) dans des situations de forte productivité. Cependant la végétalisation passive dans un contexte de faible productivité est moins coûteuse que la remise en végétation active. Ceci suggère que différentes méthodes peuvent être plus appropriées pour certaines espèces d’arbres que pour d’autres selon leur valeur économique pour la communauté.

4.4.8 Modification des espèces d’arbres par greffage pour une capacité de tolérance à la sècheresse et une capacité de production accrues

Depuis que les agriculteurs récoltent des produits provenant « d’arbres domestiqués » dans les systèmes agroforestiers ou d’ arbres « sauvages », ils ont toujours sélectionné et promu une sélection d’arbres ayant les caractères génétiques désirés. Schrekenberg et al (2006) ont constaté que la domestication des arbres fruitiers indigènes a eu pour effet une augmentation de la taille du fruit par rapport aux variétés « sauvages », allant pour certaines espèces de 40 à 66 %.

Le processus de sélection par les caractères génétiques recherchés a l’avantage d’être gratuit et technologiquement accessible à tous, mais il peut aussi être un processus très lent. D’autres méthodes

visant à améliorer le patrimoine génétique des espèces d’arbres sélectionnées peuvent être plus rapides et plus performantes, mais aussi plus chères (Mng’omba et al 2008). Le processus de décision de la propagation des espèces d’arbres doit tenir compte du potentiel rendement économique, du temps qu’il faudra pour appréhender un retour et du coût et la technologie nécessaires.

Les interactions directes arbres-cultures restent très variables et ne sont pas encore totalement investiguées dans le Sahel, tant sur les effets positifs – ombre, rétention d’eau, qualité de l’eau, nutriments du sol – que négatifs – absorption d’eau ou « stockage » de l’eau dans les arbres (ce qui réduit l’eau liquide pour les cultures, mais peut être potentiellement bénéfique là où les arbres procurent du fourrage pour le bétail). Cependant, la baisse du couvert d’arbres et d’arbustes est toujours susceptible d’être suivie par la dégradation des sols et des extrêmes accentués de température et de stress hydrique. Willemen et al (2013) insistent sur le fait que l’approche éco-systémique axée sur l’arbre (TBEA) ne fait pas l’objet de suffisamment d’études menées et qu’au-delà des répercussions hydrologiques sur l’écosystème, il manque des données sur les répercussions en termes de revenu pour les agriculteurs et d’effets sur la production agricole et la résilience. Une collecte de données plus importante et des analyses complémentaires sont nécessaires dans le Sahel.

4.4.9 Prise de décision pour l’adoption des approches axées sur l’arbrees

La revue des TBEA effectuée par Willemen et al (2013) mettent l’accent sur le fait que les approches axées sur les arbres ne fournissent des avantages pour l’écosystème que lorsqu’elles sont pratiquées à l’échelle (par l’étendue spatiale et la pratique). Ils ont examiné 111 sites dans 53 localités (plus de la moitié en Afrique), identifiant les pratiques faisant appel à l’utilisation des arbres dans les terres cultivées, dans les prairies, dans les systèmes axés sur la forêt, dans les complexes multi strates agroforestières et potagères. Les pratiques en matière de TBEA varient entre les arbres dans les systèmes d’agriculture de conservation offrant des jachères améliorées et des banques de fourrage (voir section 4.5 pour obtenir une description d’arbre – et des banques de fourrage) à l’utilisation des arbres comme fertilisants, aux haies vives, aux haies et aux bosquets. Ils ont examiné des sites sahéliens au Niger, sept sites utilisant des arbres dans les systèmes agroforestiers de parcs et de régénération naturelle.

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Les déclencheurs les plus fréquemment rapportés (à travers l’ensemble de l’étude) étaient des questions relatives au sol/dégradation/qualité, le désir d’augmenter le revenu, la nécessité de produire des aliments et du fourrage pour la subsistance. En Zambie par exemple, les initiatives visant à intégrer des arbres dans l’agriculture de conservation ont été signalées comme étant influencées par la réduction de l’accès aux engrais, l’augmentation de la dégradation de la terre et la hausse des coûts d’entrée. Les rendements croissants, les pratiques traditionnelles et l’approfondissement des connaissances et des technologies ont également été enregistrés. Les sept déclencheurs parfois signalés comme raisons pour le TBEA sont : l’amélioration de la qualité du sol, la génération de revenus, d’aliments et de fibres, l’alimentation des ménages, la conservation de la nature et l’adaptation au changement climatique. L’apport d’ombre et les incitations ont été signalés uniquement comme raisons secondaires (Willemen et al, 2013).

4.5 PLANIFICATION INTÉGRÉE DU TERROIR

Dans la zone cible du projet, ou dans d’autres zones du Sahel qui ont besoin de soutien à la planification de la résilience, il y a plusieurs facteurs qui nécessitent l’intégration d’aménagement pour la productivité et des moyens de subsistance viables dans une région de stress hydrique. Comme cela a été abordé à la section 4.2, évaluer les demandes d’utilisation de l’eau agricole exige une analyse plus large du bassin hydrographique (bluewater et greenwater). Les ressources permanentes de végétation et du sol dans l’ensemble de la région jouent un rôle vital qui transcende les frontières à différents niveaux de gouvernance et fonciers.

Dans la majeure partie de la zone cible du projet, le couvert en arbres est de 1 % ou moins (jaune/vert/pale clair sur la figure 13). Il y a très peu de domaines dans lesquels le niveau de couvert forestier garantit le classement comme forêt en termes conventionnels, mais cette population clairsemée d’arbres joue néanmoins un rôle essentiel dans le soutien des moyens de subsistance.

La FAO (2012) donne un aperçu d’une « approche paysage » – la nécessité de planification intégrative et les considérations de gouvernance, les compromis et les synergies entre les différentes terres utilisées – dans leur publication Agriculture intelligente face au climat pour une approche adaptative plus globale du paysage. Outre citer des exemples d’approches holistiques pour une gestion durable des terres agricoles, des pâturages et des forêts, ils se réfèrent aux ressources disponibles

sur Sustainable Land Management (SLM) (Gestion durable des terres) de WOCAT (World Overview of Conservation Approaches and Technologies). Le réseau mondial WOCAT de spécialistes de la conservation du sol et de l’eau dédiés à la gestion durable des terres réunit expertise en gestion des connaissances et aide à la prise de décisions pour l’élargissement SLM à toutes les parties prenantes notamment les institutions nationales gouvernementales et non gouvernementales et les organisations et les programmes internationaux et régionaux (www.wocat.net 2014). Les bases de données en ligne WOCAT renseignent sur les approches SLM, les technologies et la cartographie SLM.

Wani et al (2009) remarquent que relier la demande de divers services de la part des usagers du bassin versant à l’offre (eau/sol ressources et innovations technologiques associées) est le fondement conceptuel du modèle de bassin versant communautaire intégré ICRISAT. Il s’agit d’un modèle qui fait l’objet d’une série d’essais menés en Inde (plusieurs sites), en Chine, en Thaïlande et au Vietnam avec des résultats positifs. Les activités typiques au sein d’un modèle intégré du bassin versant sont : l’application de structures RWH rentables ; l’agriculture de conservation et les technologies agronomiques; la diversification des cultures avec inclusion de cultures de grande valeur ; la gestion des animaux ravageurs ; la restauration des terres dégradées par l’intermédiaire de pratiques de gestion forestière et sol/eau ; la création de micro-entreprises basées sur les produits agricoles et de services (par exemple à valeur ajoutée de la transformation des aliments, les fermes de compost, de volaille et de fourrage de qualité , les plantations de biodiesel, etc.) ; le développement des « groupes d’entraide » pour créer des banques de semences, des associations de crédit/prêt ; l’obtention d’une base d’informations techniques et de formation par des organismes scientifiques, des ONG et des chercheurs ; et l’utilisation des terres communautaires et la planification des interventions (Wani et coll., 2009).

ICRAF est en train de développer un outil de support de décisions appelé « Polyscape » pour cartographier les services des écosystèmes dans les zones rurales afin d’améliorer la gestion du paysage comprenant les arbres, l’agriculture et d’autres utilisations des terres. Il développe un cadre d’exploration des répercussions de la gestion du territoire sur les multiples services des écosystèmes. Il prend en charge des décisions d’échelle sous terrain d’environ 1 000 km2, réduit le déficit de données et intègre les connaissances locales, donne

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la priorité à la préservation existante et identifie des opportunités de changement et de renforcement des synergies dans la prestation de services (Écosystèmes, Jackson et al 2013).

« Waterworld », l’outil d’aide à la décision cartographique développé par le Kings College de Londres et AmbioTEK, a été utilisé pour les données cartographiques et les scénarios climatiques présentés dans la section 3 du présent document. Le modèle peut exécuter des scénarios de changement climatique ou d’utilisation des terres et incorporer des interventions (ou autres données disponibles en téléchargement) pour comprendre les impacts par rapport aux niveaux de référence (www.policysupport.org/waterworld, 2014).

Des avantages évidents sont tirés d’une meilleure planification et d’une intégration des activités liées à la ferme aux activités extra-agricoles, et dans lesquelles les sous-produits d’une chaîne de valeur/système peuvent en fournir bien d’autres. Un exemple serait les résidus végétaux post-récolte, qui doivent effectivement être augmentés par l’amélioration de la gestion de l’eau/du sol et peuvent fournir du fourrage en période de pénurie d’eau ou servir à engraisser des animaux pour obtenir des prix plus élevés et du fumier qui pourra être utilisés comme engrais ou comme biogaz. Divers auteurs affiliés de l’ICRISAT (modèle intégré de bassin versant communautaire) ont présenté des données sur les rendements des cultures, les charges d’éléments nutritifs des sols, la productivité de l’eau et la recharge des eaux souterraines, les retombées économiques, etc.

4.5.1 Intégration du bétail hors ferme et des besoins pastoraux

Les éleveurs nomades et les espèces sauvages se déplacent entre les différentes ressources en eau et les types de végétation, par-delà les frontières et les régimes fonciers. Ces espèces sauvages, à l’instar des pollinisateurs, fonctionnent au sein des dites ressources et soutiennent leur fonction. Les prévisions des modèles climatiques suggèrent que la durée de la saison de croissance de la végétation dans le Nord n’augmenterait pas nécessairement, mais plutôt que les sites et les incidents de la productivité végétale dans le nord de la zone de projet peuvent varier avec une saison moins marquée.

La planification intégrée qui prend en compte les réactions humaines aux variations climatiques – les changements dans les exigences de la végétation, les mouvements du bétail et des populations – prévoirait des

zones de conflit potentiel. L’échelle transfrontalière de la zone du projet est un exemple tangible de la nécessité d’une planification intégrée, demandant un dépassement des parties prenantes à plusieurs niveaux. Quelles que soient les prédictions nettes sur la pluviométrie dans les modèles climatiques, une analyse par le PNUE du changement climatique, des migrations et des conflits dans le Sahel (PNUE 2011) résume les effets immédiats des températures plus élevées. L’assèchement des corps d’eau, l’utilisation concentrée par les personnes et les animaux aux points d’eau et les risques de maladie s’ajoutent aux changements de la viabilité du terrain de pâturage traditionnel. La migration et la circulation des personnes et du bétail ne sont pas seulement ancestrales, mais peuvent être commandées par des moyens de subsistance traditionnels et non traditionnels devenant moins viables (PNUE, 2011).

Les cinq principaux défis menaçant la résilience des systèmes pastoraux ont été résumés par Little et McPeak (2014) dans un document de la Conférence de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires. Ils avancent que : (1) la perte de terrain est le défi principal lié à l’empiètement des agriculteurs voisins, au développement de l’irrigation, au tourisme, à la conservation et aux investissements « s’emparant » de parcelles de terre ; (2) les conflits et violences endémiques perturbent les marchés et augmentent la vulnérabilité pendant les sécheresses ; (3) alors que l’augmentation de la population et le peuplement peuvent offrir des aliments complémentaires et des résidus agricoles, il existe un risque de surpâturage, comme dans le Sahel où le peuplement conduit à un pâturage plus intensif et un pâturage de nuit ; (4) la disparité des richesses parmi les différents propriétaires de troupeaux (taille) est telle que les plus pauvres des bergers tentent de diversifier l’agriculture pluviale (risque élevé) et la fabrication de charbon de bois pour compléter leurs moyens de subsistance ; et (5) les variations climatiques (Little et McPeak 2014). La prise de décisions pour répondre de manière appropriée exigera de la souplesse. Comment et quand les éleveurs nomades se déplaceront-ils pour accéder aux pâturages et aux ressources est une donnée cruciale pour les allocations d’une planification intégrée réussie et l’allocation des ressources dans la zone cible du projet.

Ces problèmes tendront probablement à s’aggraver au sein de villages et entre praticiens de transhumance, malgré des études montrant que l’élevage nomade est sans doute une stratégie de subsistance adaptée au climat pour les

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 36

pauvres des zones rurales (cité par Turner et al 2014 comme Amanor 1995 ; Niamir-Fuller 1999 ; Thébaud et Batterbury 2001 ; McCarthy et Di Gregorio 2007 ; Adriansen 2008 ; Pedersen et Benjaminsen 2008). Dans la production animale, les pratiques pourraient inclure le « stockage » de différentes espèces animales pour répartir les risques, la promotion des variétés fourragères qui sont les alternatives les moins sensibles au climat tout en offrant des options plus destructrices, désespérées (par exemple, la récolte de bois de chauffage et la production de charbon de bois). Toutefois, des efforts visant à garantir la mobilité des éleveurs pour permettre un accès permanent à l’eau, aux graminées et aux fourrages, sont invariablement requis, comme l’établissement de couloirs à bétail et la délimitation des terres de pâturage, y compris au-delà des frontières.

Turner et al (2014) citent plusieurs études sur l’élevage, les avantages et les coûts de déplacement du bétail, mais appellent à plus d’études multi-sites relatives à la variabilité du climat. Ils ont étudié quatre villages au Niger et 28 au Mali entre 2007 et 2009, pour caractériser la prise de décisions parmi les propriétaires de bétail ruraux derrière la variation de leurs pratiques de mobilité du bétail. Ils confirment que « bergers » et «

fermiers » ne sont pas des catégories exclusives, car les groupes pratiquent aussi bien l’agriculture que l’élevage. Néanmoins, ils concluent que les « vrais éleveurs » possèdent plus de bovins, et que les identités sociales persistent et constituent toujours la base du conflit. Ils résument les trois caractéristiques générales de gestion du bétail dans la région : du bétail basé dans les villages avec un faible pourcentage de personnes gardant un petit nombre d’animaux à la maison (pour l’engraissement ou pour s’occuper d’ animaux blessés) et d’autres laissant les animaux se disperser sur les bords des terres du village ; l’élevage de campement à moins de 40 km du territoire du village ; et un campement éloigné pour des déplacements saisonniers (> 40 km) de plus longues distances (généralement des troupeaux, mais pas de plus petits élevages). Cette dernière catégorie est également connue sous le nom de « transhumance », qui dans la région est généralement (mais pas entièrement) le fait d’éleveurs déplaçant les animaux vers le Nord lors de la saison des pluies pour du fourrage de qualité supérieure et vers le sud pendant la saison sèche.

Il y a des myriades de décisions à prendre et de défis à relever en matière d’organisation des mouvements grégaires. Les mouvements loin des villages lors de la

Figure 14. Nombre des pâturages sauvages (nombre/km2) (Source des données Mulligan, M. (2014) SimTerra : une base de données mondiale uniforme maillée des propriétés environnementales pour la modélisation spatiale. http://www.policysupport.org/simterra [d’après Wint, G.R.W. and T.P. Robinson. (2007). Bétail maillé du monde 2007. FAO, Rome, 131 pp.] La densité du pâturage est plus élevée dans la partie centrale au sud de la région, mais même si la majeure partie de la zone du projet indique une absence de pâturage ou une faiblesse, il prend en charge le pâturage avec des degrés de mobilité du bétail au sein de la zone du projet et dans ses limites.

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saison des pluies peuvent être motivés par la promesse de meilleurs pâturages d’herbe nouvellement germée, de pénuries locales de pâturage et par la nécessité de réduire les risques de dommages aux récoltes sur pied près des zones de peuplement. Pendant la saison sèche, l’accès à l’eau et à de meilleurs pâturages occupe un rang élevé dans les choix. Cependant, aller plus loin crée des risques liés à des facteurs tels que le manque de pâturages le long des routes, les conflits ou les coûts associés aux animaux, les dommages aux cultures (lorsque les cultures empiètent sur les corridors de déplacement de bétail), les animaux sauvages, les maladies ou de fortes concentrations de bétail, le gouvernement ou le harcèlement des autorités coutumières, les conflits agriculteurs/éleveurs et d’autres encore (Turner et coll., 2014).

4.5.2 Établir ou augmenter les tampons pour les périodes de stress ou de rareté

L’étude réalisée par Turner et al (2014) a démontré que les éleveurs sont préoccupés par diverses questions telles que la « trop grande vente de foin », le vol, la baisse de la pluviosité, une perte de fourrage appétant et de certains arbres et buissons. Pour que les éleveurs

investissent du temps pour le troupeau ou consacrent les ressources nécessaires pour confier à d’autres leurs animaux, ils ont besoin d’informations pertinentes livrées (présence de maladie du bétail, taille et qualité des pâturages, densité de la végétation) par des sources qu’ils jugent fiables et spécifiques (confirmé par eux-mêmes, par un parent, un contact téléphonique ou un informateur local fiable) plutôt que par le bouche-à-oreille au marché ou reçues par l’intermédiaire de la radio ou des informations météorologiques.

Dans une analyse détaillée des changements des politiques et programmes au Sahel depuis 2005, les questions de soutien pastoral sont abordées, y compris un résumé des travaux de la JEMED (Youth Mission for Assistance and Development) des ONG dans le nord du Niger, qui a favorisé les banques céréalières pour les populations (à des prix abordables) et les banques de fourrage destiné aux pâturages pour l’élevage (Gubbels 2011).

Tant pour la ferme (petits exploitants) que pour les utilisateurs des ressources (élevage hors ferme, producteurs de PFNL, bergers), la mise en place de « banques » de ressources essentielles telles que les

Figure 15. Le couvert herbacé (%) pour l’année 2010 selon le MODIS végétation continue produit des champs Mulligan, M. (2014) SimTerra: Une base de données mondiale uniforme maillée des propriétés environnementales pour la modélisation spatiale. http://www.policysupport.org/simterra [d’après Hansen, M., R. DeFries, J.R. Townshend, M. Carroll, C. Dimiceli, et R. Sohlberg 2006, Champs continus de végétation MOD44B, 2001 Pourcentages de couvert des arbres, Collection 4, Université du Maryland, College Park, Maryland, 2001). Les zones centrales contiennent de 20 à 50 % du couvert herbacé (verts plus légers), éclaircissement à zéro dans certaines régions du Nord. Ce n’est que vers le sud et l’ouest que le couvert dépasse 50 % (verts plus foncés)

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 38

céréales, les fourrages et les arbres s’avérera importante pour protéger les ressources existantes et permettre une forme de protection sociale basée sur les ressources naturelles, en complément à d’autres formes de protection sociale (programmes d’assurances sur les récoltes, espèces contre travail sur des programmes d’infrastructure et travail de la ferme). De telles réserves, mises au point grâce à un processus de planification intégrée, peuvent fournir des tampons cruciaux en cas de crise, prévenant des conflits au cours de la durée effective du stress environnemental.

BARRE LATÉRALE

Les banques d’arbres sont un concept développé par TREE AID. C’est un stock de ressources d’arbres spécifiquement identifiées, régies et gérées par les communautés des zones arides dans le but de développer la résilience des ménages et des communautés aux chocs économiques et environnementales.

Dans le cadre des banques d’arbres, les communautés accumulent des ressources en arbres et ensuite régulent leur utilisation pour s’assurer qu’elles soient disponibles pour la communauté dans le cas d’un événement climatique ou d’une catastrophe. Les communautés établissent des seuils pour le moment où les stocks pourraient être utilisés par les populations locales, dans tel but et à tel niveau d’intensité. À l’image des plans pour un usage intensif des ressources en période de difficultés extrêmes, les accords avec les banques d’arbres peuvent inclure un prélèvement continu, de faible niveau des ressources. Elles se distinguent des banques de fourrage (plantation d’arbres et d’arbustes particulièrement utiles pour le bétail) en ce qu’elles offrent aux populations la possibilité de dériver des recettes et aliments ménagers directement à partir de produits forestiers non ligneux.

Dans certains cas, des mécanismes peuvent être mis en place pour générer des revenus d’investissement auprès des banques d’arbres. La génération de règlement et frais de coupe et le transport du fourrage, la vente de produits forestiers non ligneux et l’étêtage limité pour le bois de chauffage peuvent améliorer les moyens de subsistance par le biais de micros-entreprises. Cela peut à son tour générer des fonds pour la surveillance et la régulation de la ressource. Des mécanismes d’investissement peuvent également inclure l’adoption de régimes qui produisent des paiements de crédit de carbone pour les stocks détenus par exemple des programmes de carbone volontaire comme Plan Vivo ou d’éventuels paiements des Services environnementaux (PSE) auprès de tiers tels que les autorités de l’eau.

La banque d’arbres augmente la visibilité des avantages que les communautés locales tirent des arbres. Elle augmente également les rôles locaux dans la protection et la gestion des ressources forestières pour la durabilité à plus long terme. Cela aide à décourager et réduire la surexploitation et l’épuisement de la ressource par le biais, par exemple, du bois non réglementé et de l’extraction de charbon de bois ou du pâturage du bétail non réglementé.

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 39

DES APPROCHES INDÉPENDANTES des technologies utilisées au niveau des foyers ou de la communauté constituent un solide argument (présenté à la section 4.5) pour la planification intégrée. Il s’agit de la meilleure solution face à l’incertitude croissante et aux fréquentes pénuries de ressources pour tenir compte de la mobilité des personnes et du bétail qui est partie intégrante des stratégies d’adaptation climatique traditionnelles. Le contexte des défis climatiques et de la diversification des moyens de subsistance dans le Sahel appelle naturellement une approche de mise à l’échelle dans le cadre géographique de la zone cible du projet (c’est à dire par rapport aux distances, des frontières de gouvernance, des classes d’utilisation des terres et le climat sujets à variation). Le paysage à l’échelle des interventions, y compris l’agroforesterie et la gestion des eaux agricoles, peut fournir des retours de services environnementaux (notamment la recharge des eaux souterraines), tout en réduisant les risques et en développant la diversification des moyens de subsistance.

Singh et al (2012) ont conduit une analyse détaillée d’un programme de bassin versant unique dans la région de Bundelkhand de l’Inde centrale. Ils constatent qu’il a fallu environ quatre ans de création du projet aux participants pour découvrir un rapport avantages-coûts. Il y a peu d’études quantifiées dans le Sahel permettant d’extrapoler les coûts et les avantages pour les stratégies intégratives, au niveau communautaire ou agriculteur. Néanmoins, Reij et al (2009) ont identifié six grandes leçons à tirer au Burkina Faso et au Niger grâce à des partenariats efficaces pour le développement agricole qui peuvent améliorer la sécurité alimentaire pour les agriculteurs pauvres face aux aléas du changement climatique :

1. encourager l’innovation par les populations locales ;

2. entreprendre de multiples innovations qui peuvent se déclencher ou se renforcer mutuellement (répercussions sur le sol, l’eau, la régénération végétative) ;

3. un seul menu d’options techniques peut atteindre l’échelle, mais les agriculteurs devront tester, adapter et choisir leurs sélections localement ;

4. les communautés travaillant collectivement permettront d’atteindre des avantages durables ;

5. les agriculteurs adopteront des innovations de conservation de ressources, si un ou plusieurs composants procurent des avantages importants dans la première ou deuxième année ;

6. des collaborations à long terme, à plusieurs échelles sont importantes, mais les projets réussis ont démontré que les solutions conçues par des agriculteurs et des leaders charismatiques stimulaient le changement et engendraient une tolérance au risque.

L’extension est possible grâce à une planification inclusive, des accords soigneusement négociés sur les droits d’accès, de gestion et de surveillance des ressources prises en charge par des sources d’information dignes de confiance pour toutes les parties et une compréhension des déclencheurs de prise de décisions et de la probabilité d’adoption.

5.1 AUTONOMISATION AU NIVEAU LOCAL : FAIRE FACE À LA VULNÉRABILITÉ DIFFÉRENTIELLE

Les différences de genre et d’autres fonctions, de culture, et d’ethnicité ont un impact direct sur le pouvoir, l’accès aux ressources et leur contrôle. Certains groupes ou individus peuvent participer aux processus décisionnels et prendre des mesures pour protéger leurs moyens de subsistance liés aux risques climatiques, tandis que d’autres sont empêchés de le faire. De ce fait, en mettant l’accent sur les disparités fondées sur le sexe, les décisions sur les choix des ressources et du travail, il convient de sensibiliser, de promouvoir et d’identifier des actions adaptées au contexte et mutuellement équitables, susceptibles de renforcer la résilience des individus, des familles et des communautés.

Les possibilités de donner aux femmes leur mot à dire dans la prise de décisions sur la résilience au climat et la production de l’agroforesterie et des cultures doivent examiner les obstacles, les possibilités et les intérêts des femmes dans les approches et les technologies pertinentes. Cela nécessite :

• L’utilisation d’une analyse participative des risques de la vulnérabilité et des capacités (comme le modèle d’analyse des vulnérabilités climatiques et des capacités développé par CARE International) pour prendre en compte les perspectives et les priorités des femmes.

5. RENFORCER LA RÉSILIENCE À L’ÉCHELLE AU SAHEL

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 40

• La reconnaissance que ce ne sont pas seulement les hommes qui doivent utiliser des informations climatiques et leur connaissance des ‘marchés’ dans la prise de décisions concernant la ferme familiale.

• Le soutien aux femmes pour qu’elles se regroupent, car elles travailleront souvent mieux en groupe, pour surmonter les obstacles (par exemple, construire une plus forte voix collective et prêcher par l’exemple contre le travail persistant et les charges de temps), saisir les occasions d’appliquer des approches et des technologies nouvelles et gagner des revenus et un rang social élevé dans le ménage.

• Une aide extérieure pour répondre aux iniquités d’accès aux ressources naturelles. Les femmes sont susceptibles de trop devoir lutter pour changer le statu quo sans aide externe qui pourrait encourager les autorités locales et religieuses et les structures de gouvernance des ressources naturelles traditionnelles à faciliter l’accès à la terre et à d’autres ressources.

• Le soutien pour l’alphabétisation de l’entreprise. Les femmes analphabètes peuvent maîtriser l’alphabétisation dans l’entreprise pour pouvoir profiter des nouvelles technologies et améliorer considérablement les approches.

En évaluant les études et les meilleures pratiques sur l’adoption de nouvelles stratégies de résilience au changement climatique, il s’avère important de se focaliser sur certains des principaux éléments:

• la nécessité (accès prohibitif aux intrants agricoles, besoin de nourriture, de fibre, nutrition, mécanismes de revenu/survie) ;

• l’amélioration de l’accès au savoir (nouvelles techniques de l’agriculture de conservation ou inclusion de cultivars livrés par un innovateur local convaincant) ;

• au moins un certain rendement à court terme, le coût et la main-d’œuvre, associé cependant à un rendement à plus long terme pour mieux prévenir les risques ;

• la planification communale qui protège les ressources pour l’avenir ; avec un potentiel de gains à court terme (banques d’arbre et de fourrage, revenu de PFNL). Ceci peut également fournir la sécurité à court terme pour l’occupation des terres et les conventions de gestion des terres ;

• des sources d’information fiables (par exemple pour décider où placer les troupeaux, comment éviter les conflits, les investissements dans les biens importants ou dans les transitions de subsistance).

5.2 CONCLUSIONS

Des choix importants s’imposent au niveau de la ferme dans le choix de variétés ou de cultivars, en vue d’optimiser les rendements potentiels tout en assurant la stabilité/plasticité des rendements. Ces choix doivent aussi prendre en compte l’ajustement avec des pratiques agricoles traditionnelles ou la nécessité de surmonter les obstacles en adoptant des solutions de rechange aux méthodes traditionnelles. Il y a un éventail de technologies disponibles, variables en termes de coûts et d’accessibilité (principalement des entrées supplémentaires comme le paillis, l’irrigation et l’engrais). Les approches sont possibles en informant les choix au niveau de la ferme sur les cultivars, principalement par le biais de diverses variétés de plantes à plasticité phénotypique et de l’hétérogénéité génétique afin de stabiliser les rendements dans des conditions variables.

Les retours sur investissements et la répartition du travail humain (et plus particulièrement des femmes) ou sa réorientation en vue d’adopter différentes techniques doivent être envisagés pour renforcer la résilience, mais une technique seule ne sera pas transformatrice des apports pluviaux aux petits exploitants agricoles. La sécurité alimentaire des ménages pourrait cependant augmenter, et la proportion du revenu consacrée à l’alimentation pourrait être constamment réduite. Ceci permettrait aux gens de dépenser une moins grande fraction des revenus du foyer (ou des liquidités du ménage) pour acheter de la nourriture dans une situation de stress climatique et d’être en mesure d’investir pour diversifier leur utilisation des ressources, leurs stratégies de productivité et leurs moyens de subsistance alternatifs.

Les stratégies de résilience individuelle combinées à l’aide collectif d’interventions à l’échelle du paysage et de l’aménagement du territoire sont une condition générale pour la réalisation de rendements significatifs à la ferme et hors ferme. La planification collective relative aux tampons de ressources naturelles lorsque nécessaire (comme les banques d’arbres et fourrages) et le pouvoir d’achat collectif permettant de créer des marchés locaux dans une région et d’y vendre des quantités abordables sont un exemple du pouvoir de résilience communautaire offrant des avantages directs aux individus. L’intégration des méthodes participatives à plus grande échelle dans la zone cible du projet se rattache également à une approche coordonnée de l’utilisation de la terre et au processus de prise de décisions sur la mobilité qui

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 41

reposent sur la sécurité, le courtage des informations dignes de confiance et la prévention des conflits.

En facilitant également les accords au niveau communautaire, la conception d’un programme réussi de développement de la résilience facilite la gestion durable des micros bassins versants et des ressources provenant des arbres, imbriquées dans des accords plus larges avec la communauté, en « Cercle » et aux niveaux transfrontaliers afin de réguler l’utilisation des sols, de l’eau, des arbres et les ressources fourragères principales dans les limites d’un bassin hydrographique.

Les résultats des projections climatiques au-delà de l’état actuel d’un système de stress hydrique soulignent que les stratégies de productions agricole et pastorale et les matières premières doivent être développées de manière coordonnée.

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 42

GLOSSAIREAgroforesterie – La culture des arbres et / ou arbustes combinée aux les systèmes de culture ou d’élevage.

Agrosylviculture – Faire combiner la croissance des arbres ou arbustes ligneux et des récoltes annuelles avec des étapes de culture qui ne portent pas atteinte à la croissance de l’un ou l’autre type d’arbre, et, idéalement, que chacun ait un effet bénéfique sur l’autre (voir aussi agroforesterie).

Agro-sylvo-pastoral – La pratique de l’association des cultures et de la production d’arbres et de semences avec le pâturage et l’élevage d’animaux domestiques d’une manière mutuellement avantageuse (voir aussi agroforesterie).

AmbioTEK – Une société d’intérêt communautaire qui fonctionne comme fournisseur du logiciel de cartographie de Waterworld et de produits conjointement avec le Kings College de Londres.

Banque de fourrage – Plantation ou stockage d’arbres et d’arbustes destinés à la consommation animale ou coupés et transportés pour le bétail dans un espace confiné.

Banques d’arbres – Un stock de ressources en arbres spécifiquement identifiées, régies et gérées par les communautés des zones arides pour accroître la résilience domestique et communautaire aux perturbations écologiques et économiques. Ce stock se distingue du fourrage et offre la possibilité aux populations d’en retirer directement des aliments domestiques (produits forestiers non ligneux). Le concept a été développé par TREE AID.

BRACED – Building Resilience and Adaptation to Climate Extremes and Disasters, (développer la résilience et l’adaptation aux extrêmes climatiques et aux catastrophes) : programme de financement de UK Aid en 2014 (DFID).

Brise-vent – Étroites bandes d’arbres et d’arbustes plantées pour protéger les cultures annuelles ou de pâturage du soleil, de la pluie et du vent (d’après Willemen et coll. 2013).

CA – Conservation agriculture - Agriculture de conservation : s système d’agriculture se caractérisant par: (i) une perturbation mécanique minimale des sols (à savoir ni labourer ni planter directement les semences) ; (ii) une couverture organique permanente des sols avec des résidus et des plantes couvre-sol ; et (iii) la diversification des espèces végétales cultivées en séquences et en associations (FAO, 2013).

CSA – Climate smart agriculture (agriculture intelligente face au climat) – Un large éventail de stratégies d’agriculture qui améliore l’agrobiodiversité, la rétention d’eau et la capture du carbone pour améliorer les flux de revenus et réduire la vulnérabilité à une mauvaise récolte unique (après Willemen et coll. 2013).

Cultivar – Variétés cultivées de plantes issues de l’élevage sélectif.

DFID – United Kingdom Department for International Development (Service du développement international du Royaume-Uni).

DRR – Disaster Risk Reduction (réduction des risques de catastrophes).

Espaces verts – Zones de rétention délibérée d’arbres sur des terres cultivées ou récemment en friche, dans lesquelles les arbres sont partie intégrante du système, fournissant nourriture, fourrage, carburant, médicaments, matériaux de construction et produits destinés à la vente, mais contribuant également au maintien de la fertilité des sols, à la conservation de l’eau et à la protection de l’environnement.

Étêtage – Réduire les branches les plus hautes d’un arbre pour stimuler une croissance dense des nouvelles pousses.

Évapotranspiration – La perte d’eau dans l’atmosphère par les processus combinés d’évaporation de l’eau de surface et de transpiration des plantes.

FAO – Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.

FMNR – Farmer-managed natural regeneration (régénération naturelle gérée par l’agriculteur).

Fourrage – Plantes données aux animaux comme nourriture.

Haie – Une rangée d’arbustes ou d’arbres qui forment une frontière ou une zone, un terme généralement utilisé dans les systèmes agricoles bordant un champ ou une route.

ICRAF – World Agroforestry Centre (Centre mondial d’agroforesterie).

ICRISAT – International Crops Research Institute for the Semi-Arid Tropics (Institut International de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides).

IFPRI – International Food Policy Research Institute (Institut International de recherche sur la politique alimentaire).

Inter-cultures – Plantation d’espèces adjacentes les unes aux autres qui ont des effets bénéfiques tels que les engrais, la protection antiparasitaire, l’ombre ou différentes utilisations de nutriments du sol (d’après Willemen et coll. 2013).

Irrigation goutte à goutte – méthode d’arrosage des cultures dans laquelle l’eau est apportée en petites quantités directement aux racines des plantes. Elle économise l’eau en réduisant les eaux de ruissellement et l’évaporation et en empêchant l’érosion des sols et la perte de nutriments du sol.

IWM – Gestion intégrée des bassins hydrographiques.

Microdosage – Application de petites quantités d’engrais inorganiques dans chaque graine/semis planté. Un moyen d’améliorer la fertilité des sols et d’augmenter les rendements agricoles.

NDVI – Indice normalisé des différences végétatives. La productivité de la végétation.

NTFP – Produits forestiers non ligneux.

OMD – Objectifs du Millénaire pour le développement.

PNUE – Programme des Nations Unies pour l’environnement.

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 43

RBM – Réseau Billital Maroobé, le réseau des associations d’éleveurs au Niger.

Réalimentation des nappes souterraines – L’eau pénétrant par les particules du sol et les fissures dans les roches, dans une zone souterraine « saturée » (eaux souterraines) et dans les nappes phréatiques résultant en un stockage d’eau.

Résidus – Résidus d’une récolte dans un champ, tels que les tiges et les feuilles restant après une récolte.

Résilience – La capacité d’un système à absorber des perturbations, tout en conservant sa fonction de base et sa structure (Walker et sel, 2006).

RNNDVI – La variabilité interannuelle des précipitations. Productivité « Pluie normalisée » ou pluie normalisée NDVI (Indice des différences normalisées de la végétation), une mesure utilisée à partir d’images de télédétection.

RWH – Rain Water Harvesting (récupération de l’eau de pluie).

Saisonnalité – La mesure dans laquelle les précipitations sont concentrées dans une saison des pluies.

SLM – Sustainable Land Management (Gestion durable des terres).

SNV – L’Organisation non gouvernementale « Netherlands Development Organisation ».

Stone Bund – Muret de pierres : Muret construit en pierres pour limiter le ruissellement de l’eau de pluie et l’érosion des sols.

Système de warrantage – La pratique du stockage de l’excédent de cultures pendant les périodes de surproduction agricole et de prix bas, en attendant de vendre jusqu’à ce que la culture devienne plus rare et que les prix augmentent. Également connu sous le nom de système de crédit à l’inventaire.

Taillis – Régénération de la végétation ligneuse, qui pousse de souches coupées d’arbres ou d’arbustes et des bourgeons (hors sol) et de drageons racinaires.

TBEA – Tree-based ecosystem approaches (approche éco-systémique axée sur l’arbre).

Transhumance – Campement éloigné et saisonnier des bergers amenant le bétail pour paître (bovins habituellement) sur de longues distances (> 40 km) (d’après Turner et al 2014).

VCR – Value-Cost Ration - Ratio valeur-coût, plus utilisé dans la terminologie agricole comme une mesure coûts-bénéfices, calculée comme la valeur d’un rendement d’une récolte résultant d’un traitement -comme par exemple l’épandage d’engrais-, divisé par le coût du traitement.

WOCAT – World Overview of Conservation Approaches and Technologies (aperçu mondial des approches de la conservation et des technologies).

Zai – Technique du Sahel d’Afrique de l’Ouest dans laquelle les graines sont plantées dans des puits agricoles creusés dans le sol et dans lequel sont placés les déchets organiques. Cette méthode permet de capter des eaux de pluie et d’éléments nutritifs, facilitant la croissance des semences.

Zones agro-écologiques – Définies par la FAO comme zones répondant à des caractéristiques de sol, de topographie et de conditions climatiques et de leur utilité dans la production agricole.

Vers des systèmes de production agricole et pastorale résilients au climat 44

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