L’opposition qui a toujours existé entre l’univers classique et celui des musiques actuelles est basée sur de nombreux malentendus. En effet, il existe entre eux un ensemble de liens et ils nous apparaissent aujourd’hui complémentaires, permettant à de plus en plus d’artistes différents d’émerger.

« Une source d’informations qui fixe les connaissances et doit permettre au lecteur mélomane de reprendre le fil de la recherche si il le désire. »

Synthèse réalisée par Pascal Bussy (Atelier des Musiques Actuelles) et Céline Joulin, professeure conseiller-relais de l’ATM en novembre 2016.

Afin de compléter la lecture de ce dossier, n’hésitez pas à consulter les dossiers d’accompagnement des précédentes conférences concerts ainsi que les «Explorateurs» consacrées aux éditions des Trans depuis 2005, tous en téléchargement gratuit sur www.jeudelouie.com

CONFÉRENCE DE PASCAL BUSSY / CONCERT D’ANNA MEREDITH

Programme d’éducation artistique et culturelle

de l’Association Trans Musicales.

MUSIQUES CLASSIQUESET MUSIQUES ACTUELLES :

VERS LA FIN DES DIVERGENCES ?

Résumé et sources des extraits audio et vidéo de la conférence-concert du vendredi 02 décembre 2016

en co-production avec les Champs-Libres dans le cadre du Jeu de l’ouïe.

1 - TERMINOLOGIE ET IDÉES REÇUES

1.1 - L’ambiguïté des étiquettesLes termes qui définissent les musiques sont souvent imparfaits :• L’adjectif « classique » n’est pas réservé à la musique classique, il est parfois utilisé pour les autres styles : jazz classique, rock classique, reggae classique, etc.• Le terme « contemporain » est utilisé pour définir la musique classique de l’après-guerre mais toutes les musiques réalisées à un certain moment sont contemporaines de ce moment !• Le qualificatif « populaire » est souvent utilisé pour différencier les musiques classiques des musiques populaires mais… la musique classique est aussi populaire puisqu’elle utilise souvent des sources qui sont populaires : chants des troubadours, airs folkloriques, danses d’une certaine époque, etc.• Le terme « musiques actuelles », créé à la fin des années quatre-vingt par le ministère de la Culture pour regrouper toutes les musiques qui ne sont pas des musiques classiques, ne montre pas la grande richesse des familles musicales qui les composent.

1.2 - Clichés et préjugés, réalités et vérités

Il existe beaucoup d’idées toutes faites :• La musique classique est sérieuse et les musiques actuelles ne le sont pas. C’est faux.• La musique classique est complexe et les musiques actuelles sont simplistes. Ce n’est pas vrai, car certaines partitions de rock ou de jazz sont complexes elles aussi. • La musique classique est savante et les musiques actuelles ne le sont pas. L’écoute de certains morceaux comme ceux de Brian Wilson, de véritables mini-symphonies, prouve le contraire.• Contrairement aux musiques actuelles, la musique classique est ancienne. Mais le fait qu’une musique soit plus âgée qu’une autre ne lui donne pas davantage de valeur. Par exemple, certaines musiques du monde, comme les musiques soufies dans la culture arabe, sont plus anciennes que la musique classique occidentale, ce qui ne veut pas dire que l’une soit supérieure à l’autre. • Contrairement aux musiques actuelles, la musique classique exige de la virtuosité. D’une part, ce n’est pas toujours vrai. Et d’autre part, de nombreuses formes de musiques actuelles nécessitent de la virtuosité.• Contrairement aux musiques actuelles, la musique classique est une musique de répertoire, c’est-à-dire qu’elle peut être rejouée par de nombreux interprètes. C’est inexact ; par exemple, le rock ou le jazz sont de plus en plus eux aussi des musiques de répertoire.• La musique classique est une musique écrite et les musiques actuelles ne le sont pas. C’est faux ; depuis les années trente les musiciens utilisent des partitions dans le jazz, et il en existe dans tous les styles.

Il existe aussi des idées reçues du côté des musiques actuelles. Certains disent par exemple que la musique classique est ennuyeuse et qu’elle sonne toujours pareil, ce qui est tout aussi faux. Et il faut savoir que la musique classique, vieille de plusieurs siècles, a changé de fonction sociale. Elle était très liée au mouvement, un phénomène qui a disparu au dix-neuvième siècle quand les danses de la renaissance ont commencé à être jouées dans des salles de concert avec un public assis. La musique classique est devenue sérieuse voire individualiste.

•EXTRAITS VIDÉO :Les Beach Boys (avec Brian Wilson) – « God Only Knows » (1966)https://www.youtube.com/watch?v=lpd4jzKA4SAFrank Zappa – le solo de guitare du morceau « Muffin Man » en concert (1977)https://www.youtube.com/watch?v=WKQXpwc97uw

2

2 - AUX SOURCES DES TRANSVERSALITÉS D’AUJOURD’HUI

2.1 - Des instruments voyageurs

Il n’existe pas d’instrument dont le son serait classique, rock ou rap. C’est le musicien qui décide de le faire sonner à sa manière.

L’invention du saxophone en 1842 destinait à priori cet instrument à la musique classique et il est devenu au vingtième siècle l’un des emblèmes du jazz.

Aucun instrument n’est la propriété d’une musique en particulier et certains se sont transformés au fil du temps. C’est le cas de la guitare qui est maintenant utilisé dans tous les styles de musiques. Quant à la harpe qui est l’un des plus anciens instruments au monde, elle s’est propagée sur plusieurs continents et sous de multiples formes. La musique classique s’en est emparée au début du vingtième siècle (Debussy, Ravel…) mais elle s’est aussi développée dans la musique celtique avec Alan Stivell, sans oublier le jazz où il existe une dynastie d’harpistes de jazz.

Dans la famille des claviers, la spiritualité est le lien entre l’orgue d’église et l’orgue Hammond qui est utilisé dans le gospel et la soul music. Le piano quant à lui se retrouve dans tous les genres musicaux, de la musique classique à la pop, du rock à la chanson.

• Extraits vidéo :Une démonstration de musique classique sur un orgue électronique (2015)https://www.youtube.com/watch?v=35f_BZQT5SQLucky Peterson – « Every Day I Have the Blues » en concert (2016)https://www.youtube.com/watch?v=KVQqxvcnGYE

2.2 - Des compositeurs et musiciens « passeurs »

Le vingtième siècle est celui des avant-gardes. La musique n’y échappe pas et dans le domaine classique de nombreux compositeurs s’ouvrent à la modernité : ce sont des passeurs.Lorsque le jazz fait son apparition au début du siècle, George Gershwin aux Etat-Unis et Maurice Ravel en France sont parmi les premiers à s’y intéresser. Ils introduisent des sonorités de jazz dans leurs morceaux.

Toujours en France, autour de Jean Cocteau et d’Erik Satie, deux compositeurs vont être des passeurs importants. Darius Milhaud glissera dans ses partitions des couleurs de musique folklorique et de jazz, tandis qu’Arthur Honegger composera « Pacific 231 », une œuvre qui annonce la musique industrielle.Dans la seconde moitié du vingtième siècle, Louis Thomas Hardin alias Moondog s’inspire de la musique de la Renaissance pour composer de courtes pièces qui incluent des rythmes répétitifs.

Dans le rock, nombre de musiciens ont une éducation classique. C’est le cas de l’altiste John Cale (l’alto est l’instrument à cordes intermédiaire entre le violon et le violoncelle) co-fondateur du Velvet Underground et du claviériste Irmin Schmidt qui a co-fondé le groupe allemand Can. Quant à Frank Zappa, il a souvent dirigé ses musiciens sur scène avec une baguette, tel un chef d’orchestre classique.Dans le monde du jazz, le Français Michel Portal joue avec la même passion du classique et du jazz ; il est un pionnier du décloisonnement des genres.

• EXTRAITS VIDÉO :Moondog - « Dog Trot » et « Sandalwood » en concert (1992)https://www.youtube.com/watch?v=9VxWdwGWmk4John Cale – « Venus In Furs », un morceau créé par le Velvet Underground en 1967, ici en concert (2016)https://www.youtube.com/watch?v=2yWQj1KMU2Q 3

2.3 - Les musiques « intermédiaires »

Nous les appelons ainsi parce qu’elles jettent des ponts entre la musique classique et les musiques actuelles.• Les musiques de film : aussi anciennes que le cinéma, elles mélangent musiques existantes et musiques créées pour l’occasion, musiques classiques, jazz, chanson, etc. Elles permettent aussi aux compositeurs d’expérimenter ; par exemple, l’un des premiers « home studio », à la fin des années soixante, est celui de François de Roubaix dans son appartement à Paris.• Le « musical », un genre qui regroupe comédies musicales et théâtre musical. Il a plusieurs sources : le cabaret, l’opérette, le vaudeville, la chanson, etc.• Les musiques minimalistes, nées à New York dans les années soixante. Elles sont basées sur la répétition, le rythme et la pulsation. Ses représentants sont Steve Reich, Terry Riley, Philip Glass et La Monte Young.• La « musique légère », un genre de la musique de variétés qui comprend plusieurs catégories.• La « grande variété », en fait des chansons réalisées avec des arrangements de couleur classique et souvent un grand orchestre où les sections de cordes sont très présentes.

Au-delà de sa mélodie principale et d’une suite d’accords, un morceau est généralement enrichi d’arrangements, c’est-à-dire d’autres parties musicales jouées par d’autres instruments qui peuvent donner au morceau une nouvelle couleur que la composition originelle n’avait pas (classique, jazz, musette, électronique…). Dans la pop par exemple, les Beatles sont les premiers à avoir utilisé à la perfection cette approche grâce au producteur et arrangeur George Martin (souvent appelé « le cinquième Beatle »). Ainsi une chanson comme « Penny Lane » sonne très classique, et « When I’m Sixty-Four » très jazz. Un arrangement peut aussi changer l’aspect d’un morceau et le moderniser.

• EXTRAITS VIDÉO :Un reportage de Thierry Jousse sur le compositeur de musiques de film François de Roubaixhttps://www.youtube.com/watch?v=qPBTYmKOfbYSteve Reich – « Music for Mallet Instruments, Voices and Organ », une œuvre créée en 1974, ici en concert (2012)https://www.youtube.com/watch?v=rCiGDdEdrksThe Beatles – « Penny Lane » (1967)https://www.youtube.com/watch?v=S-rB0pHI9fU

3 - LE RÔLE CENTRAL DE LA MUSIQUE ÉLECTRONIQUECette famille musicale est née dans la sphère de la musique classique contemporaine et elle s’est propagée dans les musiques actuelles. C’est aujourd’hui une esthétique à part entière. L’évolution technologique des années soixante-dix à quatre-vingt-dix y joue aussi un grand rôle. En tant qu’outils permettant à tout musicien (classique ou pop) d’élargir ses horizons et donc ses possibilités de création, les instruments de musique électronique modernes ont facilité les rencontres entre des familles musicales précédemment distinctes et qu’on avait même tendance à opposer.Citons quelques prophètes : Luigi Russolo inventeur de machines sonores, Karlheinz Stockhausen pionnier de l’électroacoustique, Edgar Varèse qui compose « Poème électronique ». En France Pierre Schaeffer pose les bases de la musique « concrète » et fonde le Groupe de Recherches Musicales (GRM) en 1958.

4

En 1967, la « Messe pour le temps présent », écrite par le compositeur contemporain Pierre Henry avec le compositeur de musiques de films Michel Colombier pour un ballet de Maurice Béjart est une petite révolution. C’est la première fois que la musique concrète rencontre la musique pop et cela marque les esprits. En 2000, des artistes de la scène des nouvelles musiques électroniques ont repris et remixé des morceaux de cette « Messe ».

L’électronique alimente aussi les travaux des illustrateurs sonores comme Raymond Scott, maître de la « cartoon music » (musique pour dessins animés) qui invente des instruments comme « l’electronium » et le « clavivox ». Ces nouveaux instruments, construits par des compositeurs ou des chercheurs ingénieurs jouent un rôle important. Par exemple, l’invention du thérémine en 1919 et celle du synthétiseur Moog en 1964 ont beaucoup apporté à la musique électronique.

Quant au « sampler » (ou échantillonneur) développé dans les années soixante-dix, il permet à un compositeur d’utiliser un extrait (appelé échantillon ou « sample ») provenant d’une œuvre déjà existante. C’est donc l’instrument idéal pour expérimenter les mélanges de styles musicaux puisqu’il permet d’enregistrer quelques secondes de musique – symphonique par exemple – et de rejouer ces sons avec un clavier dans un morceau de rock, de hip hop ou d’autres genres.

Le rapport entre ces nouvelles musiques et l’image est essentiel. On le constate dans le cinéma : en 1972, le film « Orange mécanique » de Stanley Kubrick doit beaucoup à la musique de Wendy Carlos, tout comme en 1999 « Virgin suicides » de Sofia Coppola et la bande son du groupe Air.

L’électronique va générer un grand nombre de nouveaux styles ; citons les principaux :• la musique « planante » au début des années soixante-dix en Allemagne (Klaus Schulze, Tangerine Dream). Produite avec des synthétiseurs analogiques, elle fait souvent référence à la science fiction.• Le dub, issu du reggae jamaïcain et basé sur le remix (King Tubby, Lee Scratch Perry, Mad Professor).• L’ambient, une musique douce, arythmique (sans rythme) et qui peut être propice à la méditation (Brian Eno).• La house dans la première moitié des années quatre-vingt à Chicago, qui vient aussi du funk et du disco (Frankie Knuckles).• La techno dans la seconde partie des années quatre-vingt à Détroit (Jeff Mills, Juan Atkins), autant influencée par les musiques noires que par les courants électroniques venus d’Europe.• La trance, au début des années quatre-vingt-dix en Europe, avec ses tempos élevés et répétitifs. Le genre est très lié aux « raves » (Sven Väth).

• EXTRAITS VIDÉO :Pierre Henry et Michel Colombier – « Messe pour le temps présent »,présentée avec des images d’archives (1967)https://www.youtube.com/watch?v=t4kh9OVFaJcKlaus Schulze – extrait de concert (1977)https://www.youtube.com/watch?v=BUCYq2qLxJc

5

4 - CORRESPONDANCES ET CONNEXIONSBeaucoup de créateurs ont montré qu’il est possible de créer des liens et de gommer les frontières entre les deux « super familles » des musiques classiques et des musiques actuelles.

4.1 – Recyclages et rencontres

Les reprises sont la première forme de recyclage. Elles sont multiples et ont parfois lieu entre les deux « super familles ».

Dans le monde du classique par exemple, la cantatrice Cathy Berberian est connue pour ses reprises des Beatles.

A l’inverse, de nombreux artistes de tous les styles des musiques actuelles se sont inspirés du répertoire de la musique classique. Dans la chanson par exemple, Gainsbourg a emprunté à Bach et Nino Ferrer à Mozart. Et la musique classique a influencé des artistes comme Bastien Lucas, Emily Loizeau et Bertrand Belin sur leur manière de composer.

En rock, des compositions de musique classique ont été reprises et sont devenues des grands succès, à l’instar du fameux « Rain and Tears » par le groupe Aphrodite’s Child, composé à partir du célèbre « Canon » de Pachelbel.

Quant au rap, il a lui aussi été chercher de nouvelles sonorités dans la musique classique. D’abord en lui empruntant des échantillons, comme Chopin chez NTM, Mozart chez N.A.P. ou Schubert chez Busta Flex. Mais la véritable union entre les deux univers a eu lieu il y a quelques mois à Paris lors de la création du programme « Hip Hop Symphonique », un rendez-vous réussi – et un bel exemple de décloisonnement - entre des personnalités de l’histoire du rap français (Bigflo et Oli, IAM, Arsenik…) et l’Orchestre Philarmonique de Radio France.

Attention, ces démarches n’ont rien à voir avec celles de nombre d’artistes et de groupes de toutes les familles des musiques actuelles, de la pop au reggae, qui se sont un jour confrontées à une forme orchestrale mais sans pour autant changer leur style ; ils n’ont fait qu’y ajouter une couleur, et leur musique reste du rock ou du reggae…

Le recyclage peut aussi être multiple et... transversal lorsqu’il touche des familles des deux mondes, comme ici la musique contemporaine et les musiques actuelles. Un exemple révélateur : en 1977 David Bowie publie l’album « Heroes » ; en 1996 ce disque sert de matière à Philip Glass qui compose sa « Heroes Symphony » ; à son tour, cette œuvre inspire en 1997 Aphex Twin qui remixe le titre « Heroes » de cette symphonie. Le recyclage peut dans l’absolu être un processus sans fin…

Très intéressant est le cas de ces formations, à base d’instruments classiques à cordes le plus souvent, qui se sont ouvertes au rock ou au jazz. On peut citer le Kronos Quartet, le Bălănescu Quartet ou encore Apocalyptica, aux répertoires très ouverts même si chacun d’eux s’est fait connaître par une spécialité propre (respectivement le minimalisme américain, des réinventions de titres de Kraftwerk, des thèmes de Metallica revisités).

Des rencontres historiques entre les deux « super familles » avaient eu lieu par le passé. Comme celle de la musique classique et du jazz, incarnée notamment à la fin des années cinquante par le compositeur américain Gunther Schuller qui a voulu créer un « troisième courant ». Quant au trompettiste Miles Davis, il a réalisé en 1959 et 1960 deux célèbres albums marqués par la musique classique.Dans le rock, la première rencontre avec la musique classique remonte à 1969, lorsque le groupe de hard rock Deep Purple joue avec le Royal Philharmonic Orchestra à Londres son « Concerto for Group and Orchestra ».

6

• EXTRAITS VIDÉO ET EXTRAITS SONJane Birkin – « Jane B » écrit et composé par Serge Gainsbourg (1972)https://www.youtube.com/watch?v=P_Zh-u0bx1gFrédéric Chopin - Le pianiste Frédéric Bernachon interprète en 2010 le « Prélude numéro 4 (opus 28) » dont Serge Gainsbourg s’est inspiré pour écrire « Jane B »https://www.youtube.com/watch?v=o3I_djOvvD8Le groupe IAM avec l’Orchestre Philarmonique de Radio France – « L’empire du côté obscur » (2016)https://www.youtube.com/watch?v=dhY-ynxB0lMVidéo – David Bowie « Heroes » (1977)https://www.youtube.com/watch?v=Tgcc5V9Hu3gSon – Philip Glass réalise une adaptation orchestrale de « Heroes » (1996)https://www.youtube.com/watch?v=3TZsW99Vw_U&list=PLTUlTwlsdlFTGaOSuJfZGw82ySkas60meSon - Aphex Twin remixe l’adaptation de « Heroes » par Glass et il réintègre la voix de Bowie (1997)https://www.youtube.com/watch?v=FjBcNU1UZUs

4.2 - De plus en plus d’artistes « à part »

Des artistes différents émergent avec leurs musiques innovantes. Déjà, des projets inclassables avaient fait leur apparition avec des formations comme Dead Can Dance, Sigur Rós ou des chanteuses comme Bjork et Agnes Obel. Tous ont été et sont influencés par la musique classique et contemporaine et séduisent un public qui écoute moins de rock traditionnel.

Ces créateurs défient les étiquettes et proposent des musiques d’aujourd’hui qui n’appartiennent qu’à eux. Mais ils ont aussi des points communs :• Un vocabulaire (des instruments) très large et varié.• Une grammaire (des règles de composition) qui procède souvent du recyclage.• Une écriture liée à l’image et souvent au cinéma. Beaucoup de ces artistes sont sollicités pour composer des bandes son de films.• Une volonté de prise de risques, car ils brisent les codes et réalisent des projets surprenants.• Une éducation classique même s’ils sont en rupture avec cette culture. Ils basculent dans les musiques actuelles en inventant leur propre univers.

Anna Meredith fait partie de cette galaxie d’artistes.

Les musiques classiques et les musiques actuelles sont donc complémentaires, elles constituent ensemble un même monde. Quant à tous ces créateurs, en élargissant notre géographie musicale ils continuent d’inventer l’histoire de la Musique.

• Extraits vidéo :Sigur Rós – « Olsen Olsen » (1999)https://www.youtube.com/watch?v=8LeQN249JqwAgnes Obel – « Familiar » (2016)https://www.youtube.com/watch?v=32kYH6XZrIo

7

5 - LE CONCERT : ANNA MEREDITH Née en 1978 dans le nord de Londres, Anna Meredith est une musicienne et compositrice reconnue dans le domaine de la musique classique contemporaine.L’un des déclics dans son parcours a été le jour où elle a branché une pédale d’effet sur un basson, obtenant une distorsion qui lui a donné des idées. Parmi ses œuvres on trouve notamment un « Concerto pour beatboxer et orchestre » ainsi qu’une partition dans laquelle une centaine d’exécutants n’utilise que son corps.

Installée en Ecosse, elle écoute relativement peu de musique, en tout cas elle ne s’en inspire jamais. Elle écrit plutôt en essayant de traduire en sons des images visuelles. Elle a sorti son premier album « Varmints » au printemps 2016.

On peut constater que sa musique peut se rattacher à plusieurs styles : musique classique contemporaine, musique électronique, rock progressif…

Anna Meredith parvient à réunir les deux « super familles », celle des musiques classiques et celle des musiques actuelles.

• Extraits vidéo :Anna Meredith « Hands Free » par le National Youth Orchestra of Great Britain (2012)https://www.youtube.com/watch?v=Xo97ztKppIwAnna Meredith « R-Type », extrait de son album « Varmints » (2016)https://www.youtube.com/watch?v=A4F2_cWk8cY

8