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4 actualités Actualités pharmaceutiques n° 480 Décembre 2008 Directeur du développement de CMV-Médiforce, filiale de BNP Paribas spécialisée dans le financement des professionnels de santé libéraux, Alain Fiton veut rassurer les pharmaciens : CMV- Médiforce continuera à soutenir le secteur. Actualités pharmaceutiques : Comment qualifieriez-vous la situation actuelle au regard de l’état financier du monde ? Alain Fiton : Pour le coup, la crise financière “mondiale” a modifié la donne économique de tous les pays : nul n’y échappe. Pour autant, il est plutôt rassé- rénant de constater que tous les acteurs, et la France en premier lieu, s’emploient à la juguler pour en minimiser les conséquences économiques. AP : Les officinaux titulaires doivent-ils craindre des retom- bées de cette crise américaine et mondiale ? A.F. : Au-delà du problème financier et économique mon- dial, chaque pays a ses spécifi- cités ; en ce qui nous concerne, la situation dégradée de l’éco- nomie et des comptes sociaux appellera vraisemblablement de nouvelles mesures, un mouve- ment d’ailleurs déjà largement engagé sur le secteur français de la santé. Dans ce contexte, il paraît probable que l’on assiste à une accélération de la mise en œuvre des réformes qui concernent de près ou de loin la maîtrise des dépenses de santé et qui peuvent être structurantes pour le secteur officinal. Par ailleurs, il est clair que les ménages réaliseront des arbitrages budgétaires qui toucheront principalement les dépenses “de confort” ou non prises en charge par la collectivité. AP : CMV-Médiforce est une filiale de BNP Paribas. Le rapprochement annoncé avec la Société Générale est-il de nature à amener certaines évolutions pour les officinaux ? A.F. : À ma connaissance et aux dires même des directeurs généraux des deux banques, aucun projet de cette nature n’est d’actualité. AP : Le durcissement des conditions de crédit sont-elles de nature à réduire les possi- bilités d’installation pour les jeunes diplômés ? A.F. : Tout d’abord, je tiens à souligner que globalement BNP Paribas malgré la crise n’a jamais cessé d’accompagner ce type de projet, y compris sur des secteurs autres que celui de la santé. Nous sommes bien placés pour vous confirmer que tous les dossiers des jeunes pharmaciens qui s’installent et que nous présentons à BNP Paribas sont examinés avec le À partir du 1 er janvier 2009, les vignettes des boîtes de médica- ments comporteront un code CIP à 13 et non plus à 7 chiffres : une augmen- tation numérique obligatoire qui s’accom- pagnera en outre de la mention de la date de péremption et du numéro du lot. Cependant, ces changements pourraient cacher une évolution moins réjouis- sante. En effet, à l’horizon 2011, les vignettes pour- raient disparaître si l’on se réfère à un arrêté pris le 25 septembre. À en croire la teneur de récurrentes discussions avec le ministère de la Santé, l’idée d’un fichier unique centralisé par l’Assurance maladie séduit beaucoup les autorités. Ce dispositif, qui remplacerait les vignet- tes, ne serait pas sans intérêt pratique pour les pharmaciens : il éviterait notamment la nécessité d’apposer de nouvelles vignettes en cas de changement de prix ou du taux de remboursement. Cependant, Claude Japhet, président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), y voit un inconvénient majeur : « Si le prix et le taux de prise en charge ne sont plus sur la boîte, en cas de baisse tarifaire, il y aura dévalo- risation du stock de tous les pharmaciens. En effet, tout le monde subira immédiate- ment les modifications dès leur intégration au fichier unique » a-t-il expliqué au Quo- tidien du pharmacien 1 . Aussi, l’organisa- tion syndicale se montre dès aujourd’hui vigilante, d’autant plus qu’un fichier unique regroupant toutes les informations figurant aujourd’hui sur les vignettes laisserait les pharmaciens à la merci de l’informatique et du seul contrôle de l’Assurance maladie en cas de litiges. Aurélie Haroche © jim.fr Profession Vers une disparition des vignettes pharmaceutiques au profit d’un fichier centralisé par l’Assurance maladie ? © BSIP/Chagnon Note 1. Quotidien du pharmacien, n° 2618, 20/11/2008. Entretien Sur fond de crise économique, rencontre avec Alain Fiton, directeur du développement de CMV-Médiforce i t © DR

Vers une disparition des vignettes pharmaceutiques au profit d’un fichier centralisé par l’Assurance maladie ?

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Page 1: Vers une disparition des vignettes pharmaceutiques au profit d’un fichier centralisé par l’Assurance maladie ?

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Actualités pharmaceutiques n° 480 Décembre 2008

Directeur

du développement

de CMV-Médiforce,

filiale de BNP Paribas

spécialisée dans

le financement

des professionnels

de santé libéraux,

Alain Fiton

veut rassurer

les pharmaciens : CMV-

Médiforce continuera

à soutenir le secteur.

Actualités pharmaceutiques : Comment qualifieriez-vous la situation actuelle au regard de l’état financier du monde ?Alain Fiton : Pour le coup, la crise financière “mondiale” a modifié la donne économique de tous les pays : nul n’y échappe. Pour autant, il est plutôt rassé-rénant de constater que tous les acteurs, et la France en premier lieu, s’emploient à la juguler pour en minimiser les conséquences économiques.

AP : Les officinaux titulaires doivent-ils craindre des retom-bées de cette crise américaine et mondiale ?A.F. : Au-delà du problème financier et économique mon-dial, chaque pays a ses spécifi-cités ; en ce qui nous concerne, la situation dégradée de l’éco-nomie et des comptes sociaux

appellera vraisemblablement de nouvelles mesures, un mouve-ment d’ailleurs déjà largement engagé sur le secteur français de la santé. Dans ce contexte, il paraît probable que l’on assiste à une accélération de la mise en œuvre des réformes qui concernent de près ou de loin la maîtrise des dépenses de santé et qui peuvent être structurantes pour le secteur officinal. Par ailleurs, il est clair que les ménages réaliseront des arbitrages budgétaires qui toucheront principalement les dépenses “de confort” ou non prises en charge par la collectivité.

AP : CMV-Médiforce est une filiale de BNP Paribas. Le rapprochement annoncé avec la Société Générale est-il de nature à amener

certaines évolutions pour les officinaux ?A.F. : À ma connaissance et aux dires même des directeurs généraux des deux banques, aucun projet de cette nature n’est d’actualité.

AP : Le durcissement des conditions de crédit sont-elles de nature à réduire les possi-bilités d’installation pour les jeunes diplômés ?A.F. : Tout d’abord, je tiens à souligner que globalement BNP Paribas malgré la crise n’a jamais cessé d’accompagner ce type de projet, y compris sur des secteurs autres que celui de la santé. Nous sommes bien placés pour vous confirmer que tous les dossiers des jeunes pharmaciens qui s’installent et que nous présentons à BNP Paribas sont examinés avec le

À partir du 1er janvier 2009, les vignettes des boîtes de médica-ments comporteront un code CIP

à 13 et non plus à 7 chiffres : une augmen-tation numérique obligatoire qui s’accom-pagnera en outre de la mention de la date de péremption et du numéro du lot.

Cependant, ces changements pourraient cacher une évolution moins réjouis-

sante. En effet, à l’horizon 2011, les vignettes pour-

raient disparaître si l’on se

réfère à un arrêté pris le 25 septembre. À en croire la teneur de récurrentes discussions avec le ministère de la Santé, l’idée d’un fichier unique centralisé par l’Assurance maladie séduit beaucoup les autorités.Ce dispositif, qui remplacerait les vignet-tes, ne serait pas sans intérêt pratique pour les pharmaciens : il éviterait notamment la nécessité d’apposer de nouvelles vignettes en cas de changement de prix ou du taux de remboursement. Cependant, Claude Japhet, président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), y voit un inconvénient majeur : « Si le prix et le taux de prise en charge ne sont plus sur la boîte, en cas de baisse tarifaire, il y aura dévalo-

risation du stock de tous les pharmaciens. En effet, tout le monde subira immédiate-ment les modifications dès leur intégration au fichier unique » a-t-il expliqué au Quo-tidien du pharmacien1. Aussi, l’organisa-tion syndicale se montre dès aujourd’hui vigilante, d’autant plus qu’un fichier unique regroupant toutes les informations figurant aujourd’hui sur les vignettes laisserait les pharmaciens à la merci de l’informatique et du seul contrôle de l’Assurance maladie en cas de litiges.

Aurélie Haroche© jim.fr

Profession

Vers une disparition des vignettes pharmaceutiques au profit d’un fichier centralisé par l’Assurance maladie ?

© BSIP/Chagnon

Note1. Quotidien du pharmacien, n° 2618, 20/11/2008.

Entretien

Sur fond de crise économique, rencontre avec Alain Fiton, directeur du développement de CMV-Médiforce

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