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1
Vers une stratégie de spécialisation intelligente pour
La Réunion
Europe 2020
Projet
2
Introduction .......................................................................................................................... 4
I - Une stratégie de spécialisation intelligente pour répondre aux enjeux économiques
de La Réunion, économie périphérique vulnérable : diagnostic et stratégie .................. 7
A - Le développement de l’économie réunionnaise : une réussite vulnérable ................... 7
1) Le développement de l’économie réunionnaise : une « success story » ? ................. 7
2) Un développement vulnérable ................................................................................... 9
3) Un développement faisant face à de nouveaux paradigmes .................................... 11
B - Un développement appelant une stratégie basée sur un nouveau carburant :
l’innovation, au cœur de l’économie de la connaissance ................................................. 13
1) Organisation de la RDI à La Réunion ...................................................................... 14
2) Le Financement de la RDI à La Réunion ................................................................. 22
3) Le bilan de la SRI ..................................................................................................... 28
C - Une Stratégie de Spécialisation Intelligente (S3) au service d’une croissance moins
vulnérable et d’une économie réunionnaise décarbonée .................................................. 32
1) La S3, un vecteur de différenciation spatiale et d’ouverture ................................... 32
2) La S3, au service d’une ambition de long terme ...................................................... 34
3) La S3, au service de trois grands domaines porteurs d’avantages concurrentiels ... 36
II - Une spécialisation intelligente réunionnaise articulée autour de trois domaines
prioritaires .......................................................................................................................... 41
A - Priorité n°1 : La Réunion, productrice de solutions en bio-économie tropicale au
service de l’économie du vivant ....................................................................................... 41
1) La bio-économie : un domaine qui façonne l’économie réunionnaise .................... 42
2) Innover pour sécuriser un modèle agricole inclusif au service de l’économie du
vivant ............................................................................................................................ 44
3) Innover pour sécuriser les débouchés et conquérir de nouveaux marchés .............. 47
4) Développer des solutions de production soutenables à forte valeur ajoutée : l’agro-
écologie ........................................................................................................................ 50
3
5) Innover pour préserver et faire connaître des milieux d’exception, valoriser la
biodiversité faire de la bio-économie un fournisseur de solutions au service de
l’économie du vivant .................................................................................................... 54
B - Priorité n°2 : La Réunion productrice d’émotions en e-co-tourisme expérientiel ..... 56
1) Le secteur touristique, secteur naturel incontournable et vulnérable d’une économie
insulaire ? ..................................................................................................................... 57
2) L’e-co-tourisme expérientiel comme spécialisation durable à haute valeur ajoutée 59
3) Innover pour devenir une « green world destination » en matière d’e-co-tourisme
expérientiel ................................................................................................................... 61
C - Priorité 3 : La Réunion, plateforme agile de transformation vers une économie de la
connaissance, numérique et décarbonée ........................................................................... 70
1) L’innovation dans l’agilité humaine, sociétale et organisationnelle du territoire ... 72
2) Innover pour faire de l’économie réunionnaise une « société digitale » ................. 83
3) Innover pour faire de La Réunion une terre d’excellence en matière de transition
énergétique vers une économie décarbonée ................................................................. 90
III - De la stratégie au plan d'action : une double approche transversale et sectorielle
.............................................................................................................................................. 97
A - Le plan d'action transversal ........................................................................................ 99
1) Développer et mobiliser les talents du territoire ...................................................... 99
2) Renforcer la proximité pour développer idées et projets : l’enjeu de l’intelligence
territoriale ................................................................................................................... 102
3) Faciliter et améliorer le parcours des porteurs de projets grâce à un
accompagnement ouvert, différencié et intégré ......................................................... 105
4) S’ouvrir au monde .................................................................................................. 108
B - Le plan d'action sectoriel .......................................................................................... 110
1) La bioéconomie tropicale ....................................................................................... 112
2) L'e-co-tourisme expérientiel .................................................................................. 115
3) L'agilitié territoriale................................................................................................ 118
IV - Une gouvernance renouvelée pour la S3 ................................................................ 143
V - Le processus d'évaluation .......................................................................................... 147
A - Des préconisations communautaires précises et ambitieuses .................................. 147
1) Observer et comprendre les mutations territoriales... ............................................ 147
2) ... grâce à une méthodologie éprouvée ................................................................... 149
B - Les axes d'évaluations et de suivi ............................................................................. 150
1) Evaluer l'écosystème de recherche-innovation ...................................................... 150
2) Suivre et appréhender les dynamiques d'innovation et d'entreprenariat ................ 150
3) Mesurer l'internationalisation de l'écosystème réunionnais ................................... 152
4) Evaluer la contribution de la S3 au développement territorial ............................... 153
ANNEXE ........................................................................................................................... 154
4
Introduction
La programmation 2014-2020 marque un tournant dans l’histoire de la politique de
cohésion. Face au double défi de la crise systémique et des restrictions budgétaires, les
institutions communautaires ont souhaité renforcer la coordination des instruments, à travers la
mise en place d’un « cadre stratégique commun » – Europe 2020 – qui vise à accélérer la
transition de l’économie européenne vers un modèle plus compétitif, soutenable et socialement
inclusif, notamment grâce à l’innovation. Désormais, l’éligibilité aux fonds structurels se trouve
conditionnée par la signature d’un contrat de partenariat, dans lequel les autorités régionales et
nationales présenteront à la Commission un plan d’action visant à inscrire le territoire bénéficiaire
sur la voie d’Europe 2020 grâce à une stratégie de spécialisation intelligente ou S3. Concrètement,
la S3 constitue un « processus de sélection » visant la « priorisation et la concentration des
ressources sur un nombre limité de domaines d’activités et secteurs technologiques où une région
dispose d’un avantage comparatif au niveau mondial, et susceptibles de générer de nouvelles
activités innovantes qui confèreront aux territoires, à moyen terme, un avantage concurrentiel
dans l’économie mondiale. »
A l’heure où se dessine un consensus sur les défis auxquels est confronté le modèle
réunionnais hérité de la départementalisation, La Réunion se doit de s’approprier l’appel de la
Commission à élaborer un « programme de transformation économique territorial » capable de
répondre aux grands enjeux du territoire, de réduire nos dépendances et de bâtir une dynamique
de prospérité basée sur nos avantages compétitifs.
Dans cette perspective, le Comité Régional pour l’Innovation de La Réunion (CRI) s’est vu
confié la mission d’élaboration de la Stratégie de Spécialisation Intelligente pour l’île de La
Réunion.
Néanmoins, la construction de cette nouvelle ambition n’a pas démarré avec l’élan de la
nouvelle programmation. Elle s’ancre dans une dynamique plus longue et doit être vue comme la
résultante d’une démarche en deux temps :
5
La première réponse du territoire, face aux enjeux énoncés, a été d’élaborer une Stratégie
Régionale d’Innovation (SRI). Ainsi la construction de la SRI en 2009 participait déjà de l’analyse
du potentiel régional pour une différenciation orientée par l’innovation. En effet, pour relever ces
défis et répondre à ces enjeux, les autorités et les acteurs ont rapidement pris conscience, de
l’importance critique de l’innovation. Si cette SRI s’avère effectivement une condition nécessaire
pour emprunter de nouvelles voies de croissance, elle demeure néanmoins insuffisante. Elle doit
aussi s’accompagner d’un changement de modèle économique s’inscrivant dans une double
perspective :
Passer d’une politique qui serait basée sur la seule compensation des défaillances de
marché à une politique économique créatrice de facteurs clés de succès et de
compétitivité durable.
Transformer certains facteurs inéluctables et contraintes en facteurs clés de succès, en
opportunités à saisir, faire de la rareté une source future de richesses.
La seconde réponse, s’appuyant sur ces nécessaires évolutions, est aussi toute l’ambition et
la signification de la S3. Celle-ci vise, non seulement à proposer une ambition forte et de long
terme au territoire, mais aussi dans l’objectif de cette nouvelle ambition à pouvoir initier la
conduite du changement en éclairant ex-ante la construction des prochaines programmations et
en premier lieu celle des programmes européens 2014-2020. Dans ce cadre le CRI a engagé des
consultations larges qui ont permis d’établir :
un diagnostic AFOM du territoire et de l’écosystème de l’innovation (et de la SRI)
un horizon partagé sur les avantages comparatifs de La Réunion et un projet de territoire
des propositions d’actions afin de soutenir le processus de découverte entrepreneuriale et
la transition de l’économie réunionnaise par le renforcement des capacités, la constitution
d’une masse critique et le soutien aux initiatives entrepreneuriales.
Le présent document constitue le fruit de cette élaboration d’une stratégie de spécialisation
intelligente pensée pour et par La Réunion. Ce travail s’organise en quatre étapes. La première
fonde, sur la présentation d’un diagnostic territorial éclairant les enjeux auxquels le territoire est
exposé, les nécessaires changements auxquels devra répondre la S3. La deuxième étape présente
l’ambition territoriale réunionnaise articulée autour de trois grands domaines prioritaires. La
6
troisième, présentant le plan d’actions, nous montrera comment y parvenir. Enfin, la dernière
étape éclairera la manière avec laquelle le territoire entend évaluer cette dynamique territoriale
vers une économie de la connaissance, numérique, décarbonée.
7
I - Une stratégie de spécialisation intelligente pour répondre aux enjeux économiques de La Réunion, économie périphérique vulnérable : diagnostic et
stratégie
A - Le développement de l’économie réunionnaise : une réussite vulnérable
1) Le développement de l’économie réunionnaise : une « success story » ?
La Réunion, région française et européenne dans l’océan Indien, a connu une véritable
métamorphose depuis son accès au statut de département français en 1946. Cette transformation,
opérée à un rythme soutenu et accéléré, a fait passer La Réunion en soixante-dix ans d’une
situation d’économie pauvre basée sur la monoculture sucrière à celle d’une économie moderne
véritable vitrine de l’Europe dans l’océan Indien. La Réunion, avec une population estimée à 830
000 habitants et une croissance annuelle moyenne de près de 5 % en volume pendant près de
deux décennies, mais stagnant depuis la crise, n’a aujourd’hui plus rien de comparable avec la
colonie appauvrie qui s’apprêtait à devenir Département français en 1946.
Cette transition est avant tout le fruit d’une politique régionale de développement,
française et européenne, ayant permis de doter l’île de nombreux facteurs (infrastructures
publiques, capital humain, équipements sanitaires, institutions,…) indispensables à son décollage
puis à sa croissance. Cette transformation a aussi profité d’une double capacité d’adaptation et de
rebond face aux modifications accélérées des contextes et de la conjoncture.
D’une part, l’économie réunionnaise a su s’adapter aux contraintes particulières imposées
par les caractéristiques géographiques – une île tropicale de petite dimension et à fortes
contraintes physiques – en développant des compétences basées sur des technologies
sophistiquées et parfois innovantes. Entourée de pays en développement, La Réunion doit
également faire face à la concurrence de ces économies et jouer un rôle en termes de transferts de
technologie, savoir-faire et de formation car en tant que région européenne, elle est tenue
8
d’appliquer de nombreuses réglementations (en particulier en matière de sécurité et de traçabilité)
qui concourent à la qualité des produits et des processus. Enfin, cette transformation s’est
effectuée en observant une évolution démographique record, la population ayant plus que triplé
en 60 ans plus que doublé en 40 ans.
D’autre part, La Réunion a su relever les nombreux défis qui ont jalonné son processus de
développement tout au long de son histoire. Qu’ils soient politiques, économiques
démographiques ou sanitaires, notre île a réussi à surmonter ces différents chocs et ainsi
développer une véritable capacité de rebond.
Cette réussite doit beaucoup à la stabilité socio-institutionnelle dont a bénéficié cette
économie depuis soixante-dix ans. La stabilité politique et juridique est effectivement l’un des
facteurs indispensables au décollage et à la soutenabilité de la croissance économique. Dès lors, le
cadre institutionnel, français puis européen, stable et suffisamment souple pour prendre en
compte les spécificités locales et l’environnement monétaire lié à des monnaies de confiance, le
Franc puis l’Euro, ont favorisé la dynamique de croissance de l’île.
Cependant ce succès, manifeste en termes matériels, d’éducation, de santé et de niveau de
vie moyen, est aujourd’hui confronté à plusieurs interrogations. En premier lieu, les transferts
financiers nationaux et européens importants qui ont soutenu la dynamique de croissance
pourraient voir leur évolution ralentie. En deuxième lieu, la stratégie d’import-substitution qui a
soutenu une grande part du développement industriel et commercial durant les vingt dernières
années a aujourd’hui atteint ses limites : le marché intérieur, même à un million d’habitants, sera
saturé rapidement. En troisième lieu, la modification de nombreux accords préférentiels et la
nécessité accrue de faire face à la mondialisation imposent à l’économie réunionnaise une gestion
plus réfléchie et efficace de sa stratégie d’ouverture sur les différentes zones économiques indo-
océaniques, européenne et mondiale. En dernier lieu, la prégnance d’une crise à l’intensité inédite
révèle l’extrême vulnérabilité du fonctionnement d’une économie aux fondations vacillantes et
exposée aux pressions sociales et aux enjeux de la transition vers une économie décarbonée. Ces
performances indéniables ne sont donc pas sans poser la question de la vulnérabilité du modèle
de développement.
9
2) Un développement vulnérable
La vulnérabilité du processus de développement de l’économie réunionnaise peut être
analysée à l’aide d’un double éclairage : celui de l’exposition aux risques d’une petite économie
insulaire et celui de l’accroissement des dépendances qui caractérisent son fonctionnement.
a) Face aux risques…
L’économie réunionnaise est vulnérable, car elle est d’abord exposée à de nombreux
risques.
Le réflexe est de considérer les nombreux risques naturels qui nous affectent : une
position géographique soumettant l’île aux risques cycloniques et aux aléas exacerbés par le
changement climatique, un relief accidenté et une géologie parfois instable, un espace utilisable
relativement restreint (1000 km2) et rendant son aménagement plus problématique que sur un
vaste territoire de plaines, un éloignement de zones économiques dynamiques et de marchés
solvables…Dans ce même ordre d’idées, d’autres types de risques sont dans tous les esprits : les
risques sanitaires. L’actualité contemporaine (du Chikungunya, du risque requin,…) nous a
montré que ceux-ci perduraient et qu’ils pouvaient affecter gravement la population et l'économie
(en particulier touristique).
Au-delà des risques naturels, l’exposition de La Réunion doit être appréhendée sous un
angle multidimensionnel, intégrant les formes plurielles que prennent des risques et contraintes,
souvent moins visibles, plus systémiques mais qui affectent tout autant le fonctionnement et le
dynamisme d’une petite économie insulaire. Ainsi, comme toute petite économie ouverte, La
Réunion est très certainement l’un des territoires les plus exposés aux effets des chocs et des
bouleversements économiques internationaux (variation de la géopolitique internationale,
globalisation, modification des routes économiques et des prix des matières premières
fondamentales,…). En outre, et dans ce même ordre d’idées, l’appartenance de La Réunion à un
double ensemble économique franco-européen et à l’espace indo-océanique l’expose à des
évolutions institutionnelles dont elle n’a pas la maîtrise (modifications des accords économiques
de partenariat – APE, OCM, OMC- accords régionaux entre pays de la zone de l’océan
Indien,…-). Enfin, la prégnance de la crise européenne et ses impacts locaux révèlent la fragilité
du tissu économique local aux bouleversements engendrés par ce choc récessif.
10
Par ailleurs, La Réunion, en tant que micro-économie insulaire dans un monde
macroscopique est soumise à un handicap majeur : sa dimension tant physique qu’humaine.
Celle-ci ne lui permet pas de réaliser des économies d’échelle importantes pouvant rendre ses
productions compétitives uniquement via son marché domestique, d’autant qu’elle ne dispose pas
de matières premières en dehors de son potentiel agricole valorisé et de son espace maritime à
valoriser. De ce fait, La Réunion est exposée à la conquête de son marché par les productions
d’économies bénéficiant de larges économies d’échelle et pouvant absorber les coûts de
transports ou les barrières de fragmentation. Cette petite dimension expose aussi La Réunion à
l’impossibilité d’envisager la mise en place d’outils structurants qui requièrent une taille critique
importante. Sur ce plan, il faut remarquer que la perspective du million d’habitants n’est pas
susceptible de modifier cette situation.
La Réunion est aussi confrontée aux contraintes héritées d’une évolution historique : on
peut penser au poids de l’illettrisme, à la croissance exceptionnelle et continue de la population en
âge de travailler et qui nécessiterait des taux de croissance obtenus par les pays émergents pour
satisfaire la demande, à l’attitude face au risque, au manque relatif de vision d’avenir, d’un
volontarisme politique parfois timide, de l’absence de certains marchés, de l’absence d’outils de
couverture face aux risques à venir. Or, ces contraintes ont pour inconvénient de fragiliser la
capacité de l’économie de La Réunion à faire face à certaines expositions d’un monde se
transformant avec une célérité plus grande.
b) … et aux dépendances
L’économie réunionnaise est vulnérable, car elle est ensuite exposée à de nombreuses
dépendances. En effet, cette impossibilité soit d’y trouver des ressources massives, soit d’y
produire ce que l’on veut en raison de la dimension réduite, rend l’économie de La Réunion
dépendante de transferts financiers publics extérieurs. Or, cette dépendance, lorsqu’elle prend
parfois la forme d’un cercle vicieux de dépendance-assistance, expose l’économie à toute
variation de la générosité du « donateur». Un ralentissement même faible de la solidarité nationale
ou de certaines mesures ou politiques fiscales implique des ajustements douloureux dans
l’économie et la société réunionnaise. En outre, la présence de mécanismes de transferts
financiers publics (pouvant être vues comme des rentes) expose l’économie de La Réunion aux
comportements sous optimaux des acteurs, d’autant que la taille du marché facilite la constitution
de situation dominante.
11
A la dépendance vis à vis des transferts est également associée une dépendance
commerciale : entre 1970 et 2010, la facture des importations a bondi de 137 millions à 4,3
milliards d’euros, soit près de la moitié du PIB contre 13 % pour la moyenne des économies
insulaires mondiales. Dans le même temps, le taux de couverture des échanges chutait de 31 % à
6,5 %.
Cette dépendance vis à vis de l’extérieur se manifeste aussi dans le domaine énergétique :
entre 1981 et 2010, le taux de dépendance aux énergies fossiles est passé de 41,6 à 87,5 %, ces
importations consumant chaque année près de 800 millions d’euros.
Enfin, cette notion de dépendance s’exprime à travers sa dimension sociale interne à l’île :
entre 1967 et 2013, le taux de chômage a cru de 12,9 à 29,5 % de la population active.
Aujourd’hui plus de 55 % des chômeurs sont inscrits depuis plus d’un an au Pôle emploi, et le
taux de chômage des moins de 25 ans atteint 60 %. En retenant le seuil national, c’est près de 49
% de la population réunionnaise qui se trouve en situation de pauvreté contre 13 % en
métropole.
Ces dépendances apparues et renforcées au fil des ans peuvent fragiliser la dynamique de
croissance et de développement d’une économie qui doit aussi faire face à de nouveaux
paradigmes.
3) Un développement faisant face à de nouveaux paradigmes
La métamorphose de l’économie réunionnaise voit aujourd’hui sa poursuite s’inscrire
dans un nouveau cadre, porté par l’émergence de tendances de fond qui bousculent les politiques
de développement.
En effet, la crise mondiale et ses déclinaisons locales questionnent de plus en plus
nettement la viabilité du modèle économique développé après la Seconde Guerre Mondiale et
transposé à La Réunion par la départementalisation. Ce modèle, qui repose sur l’accroissement
continu de la production matérielle et la consommation de base grâce aux énergies fossiles et à
l’exploitation de la biosphère, pose trois problèmes essentiels à La Réunion :
12
Fondé sur les économies d’échelle, il transforme logiquement nos caractéristiques – petite
taille, éloignement, absence de ressources – en « handicaps » naturels et réduit donc la
capacité de La Réunion à développer de réels avantages compétitifs. Les protections et les
subventions constituent donc des prérequis au développement d’activités productives.
Dépendant des gains de productivité, il incite à la substitution du capital au travail,
contribuant ainsi un chômage de masse.
Basé sur le mythe d’une séparation entre les activités économiques et la biosphère, il nie
les problématiques, évidentes en milieu insulaire, de taille respective des sphères
économiques et écologiques et la dépendance absolue de toute activité productive aux
écosystèmes.
Réduisant la prospérité à la production matérielle, mesurée par le PIB, il rend invisible et
dévalorise l’ensemble des activités de proximité, réalisées individuellement ou dans des
réseaux sociaux à des fins non marchandes qui expliquent très largement la résilience de
l’économie et de la société réunionnaise en dépit de l’aggravation des déséquilibres et des
dépendances.
Face à ces mutations et pour relever ces nombreux défis, La Réunion doit donc
aujourd’hui réfléchir à une stratégie de développement qui prenne le relais de celle qui l’a
formidablement transformée. Si cette première étape, centrée sur l’équipement de l’île et le
marché intérieur a permis à La Réunion de devenir ce qu’elle est aujourd’hui, une nouvelle phase
doit être maintenant enclenchée afin non seulement de capitaliser les succès obtenus mais aussi
de répondre aux effets des changements de l’environnement national, européen et international.
En d’autres termes, il est devenu indispensable pour La Réunion de trouver de nouveaux relais de
croissance ou niches de valeurs susceptibles de renforcer ses positions et de lui permettre la
conquête de nouveaux marchés à l’extérieur du territoire insulaire. Cette stratégie de croissance,
orientée en partie vers l’ouverture et indispensable pour survivre, doit bien entendu s’inscrire
dans un cadre d’ajustements progressifs. Elle doit incorporer un contenu significatif en emplois
lui permettant au fur et à mesure d’accroître significativement la richesse marchande et ainsi de
réduire son exposition à la dépendance de la manne financière publique. Cette ambition met alors
en lumière toute l’importance de la stratégie d’innovation et de l’économie de la connaissance
seules capables de procurer aux économies les nouveaux vecteurs de croissance, de spécialisations
différenciées et de conquêtes des marchés extérieurs.
13
B - Un développement appelant une stratégie basée sur un nouveau carburant : l’innovation, au cœur de l’économie de la connaissance
Pour répondre aux enjeux territoriaux, autorités et acteurs ont, en effet, rapidement pris
conscience de l’importance critique de l’innovation. Aussi dès 2009, l’Etat, le Département et la
Région ont-ils impulsé la mise en œuvre de la Stratégie Régionale d’Innovation (SRI) qui visait à «
structurer le territoire pour engager La Réunion dans ce nouvel acte de développement et à créer
l’environnement adéquat qui dynamise le processus d’innovation à La Réunion ». La SRI a
notamment permis :
par une démarche participative de rassembler les forces vives du territoire en matière de
RDI et d’amorcer un travail régulier en réseau - jusqu’alors non présent.
par une appropriation de la démarche, de partager des constats et de poursuivre des
objectifs communs que sont :
a) les 3 orientations phares : l’ouverture sur le monde, l’excellence et l’aménagement
du territoire dans de nouvelles dimensions
b) l’amélioration de l’écosystème de l’accompagnement et du financement de la
RDI,
Ces supports ont favorisé l’engagement d’une dynamique de changement :
sur l’évolution organisationnelle nécessaire (naissance de l’ARDI, organisation du système
de veille à l’innovation par exemple, organisation d’une prospection en réseau vers les
entreprises)
sur les outils financiers nécessaires (nouvelles mesures créées : APPI, FCPR, mesures
FEDER ou FSE, prêt d’honneur innovation notamment) et de nouvelles mesures d’aide.
A ce stade, 75% des fiches actions sont en voie de concrétisation autour des thématiques
prioritaires que sont : la détection, la veille, les concours d’innovation, la réponse aux appels à
projets européens, le développement des réseaux extérieurs. Plus largement, la SRI a permis de
mettre l’innovation au cœur des politiques publiques, de soutenir une prise de conscience de nos
atouts et de la nécessité de les valoriser davantage à l’extérieur. L’innovation n’est donc pas
étrangère à La Réunion. Une cartographie de l’écosystème de la RDI de La Réunion peut
d’ailleurs en attester.
14
1) Organisation de la RDI à La Réunion
a) Les acteurs de la RDI
Territoire européen insulaire et tropical, La Réunion dispose d’atouts géostratégiques et
de moyens matériels, humains et financiers significatifs créant un environnement propice aux
développements d’activités de Recherche, de Développement et d’Innovation. Ce contexte a
permis d’attirer de nombreuses structures de recherche et de doter le territoire d’un écosystème
de RDI plutôt dense en comparaison avec d’autres régions ultrapériphériques. La Réunion
compte au total 66 structures dédiées à la Recherche ou à l’accompagnement de l’innovation.
Figure 1 - Répartition des établissements de recherche par type de structures [Source : Annuaire de la RDI 2012 à La Réunion]
4 10
17
5 6
13
10
1
Centres de recherchenationaux
Centres et groupes derecherche locaux
Laboratoires et centres derecherche universitaires
Associations et Observatoiresde recherche
Clusters
Structures d’accompagnement à l’innovation UMR et UR
Pôle de compétitivité
15
Centres de recherche
nationaux
La Réunion accueille sur son territoire quatre des plus grands centres ou instituts
français de recherche. Les 4 centres de recherche présents regroupent plus de
2531 chercheurs et ingénieurs permanents travaillant sur des thématiques de
recherche ancrées aux problématiques territoriales réunionnaises.
Les centres de Recherches :
Bureau de recherches géologiques et minières (BGRM)
Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le
développement (CIRAD)
Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (IFREMER)
Institut de Recherche pour le développement (IRD)
Centres et groupes
de recherche locaux
10 centres et groupes de recherche locaux participent à la recherche et à
l'innovation du territoire réunionnais.
Agence pour la Recherche et la Valorisation Marines (ARVAM)
Aquarium de La Réunion
Association Réunionnaise de Développement de l’Aquaculture (ARDA)
Centre de Recherche et de Veille sur les Maladies Emergentes dans
l’Océan Indien (CRVOI)
Centre d'investigation clinique - Epidémiologie Clinique de La Réunion
(CIC-EC)
eRcane
Groupe de Santé Clinifutur
Groupe d'étude sur l'inflammation chronique et l'obésité (GEICO)
Groupe de recherche immunopathologique et maladies infectieuses
(GRII)
Institut de l'image de l'océan Indien (ILOI) et Ecole Supérieure d’Arts
Laboratoires et
centres de recherche
universitaire
L’Université de La Réunion est un acteur essentiel de la RDI à La Réunion,
comme en témoigne le nombre important de ses laboratoires (17). Les dépenses
en R&D se concentrent essentiellement autour des quatre grands domaines que
sont l’agro-nutrition, l’observation de la terre, l’énergie et la santé.
1 Selon les chiffres de l’annuaire de la recherche et développement et de l’innovation 2012
16
Les laboratoires et centres de recherche de l'Université de La Réunion
Contacts de Cultures, de Littératures et de Civilisations (CRLHOI et
ORACLE)
Centre d'Economie et Management de l'Océan Indien (CEMOI)
Centre de Recherches Juridiques (CRJ)
Centre hospitalier universitaire de La Réunion (CHU)
Centre Interdisciplinaire de Recherche sur la Construction Identitaire
(CIRCI)
Dynamique des Structures et Interactions des Macromolécules
Biologiques (DSIMB)
Groupe de Recherche sur les Maladies Infectieuses (GRI)
Groupe d'Etude sur l'Inflammation Chronique et l'Obésité (GEICO)
Institut de Recherche en Mathématiques et Informatique Appliquées
(IREMIA)
Laboratoire de l’Atmosphère et Cyclones (LACy)
Laboratoire de Chimie des Substances Naturelles et des Sciences des
Aliments (LCSNSA)
Laboratoire d'Ecologie Marine (ECOMAR)
Laboratoire d'Energétique et d'Electronique et Procédés (LE2P)
Laboratoire Géoscience Réunion
Laboratoire d'Informatique et de Mathématiques (LIM)
Laboratoire Physique et d'Ingénierie Mathématiques pour l'Energie et
l'EnvironnemENT (PIMENT)
Langues, textes et communication dans les espaces Créolophones et
Francophones (LCF)
Associations et
Observatoires de
recherche
La Réunion compte deux associations et trois observatoires soutenant la
recherche marine, agroalimentaire et environnementale.
Associations
Association pour les plantes Médicinales de La Réunion
(APLAMEDOM)
Association réunionnaise pour la modernisation de l'économie fruitière
et légumière et horticole (ARMEFLHOR)
17
Observatoires de recherche
Observatoire des tortues marines (KELONIA)
Observatoire régional de lutte anti-termites (ORLAT)
Observatoire volcanologique du piton de la fournaise - Laboratoire de
l'institut physique du globe de paris (OVPF)
Clusters Une dynamique de regroupement des entreprises et de mutualisation est engagée
à travers des clusters.
6 clusters sont actifs dans les domaines spécialisés suivants :1
Le bâti tropical : CIRBAT
L’énergie : TEMERGIE
Les TIC : ARTIC
La mer, maritime : Pôle Régional Mer
Le tourisme : Plateforme d’excellence touristique de l’IRT
L’environnement : GREEN
Structures
d’accompagnement à
l’innovation
La Réunion compte de nombreuses structures d’accompagnement aux
entreprises. Ces structures sont regroupées au sein du Comité Régional pour
l’Innovation (CRI)
Structures d’accompagnement à l’innovation
Association pour le Développement Industriel de La Réunion (ADIR)
Association pour le Droit à l’Initiative Economique (ADIE)
Association pour le développement local (ADEL) – BGE La Réunion
Centre Régional d'Innovation et de Transfert de Technologie de La
Réunion (CRITT)
Chambre d’agriculture de La Réunion
Chambre de Commerce et d’Industrie de La Réunion
Chambre de Métiers et de l’Artisanat de La Réunion
Nexa, Agence régionale de développement, d’investissement et
d’innovation
BPI France Réunion Mayotte, représentant ex- OSEO
L'Agence Française de Développement
1 Un Cluster inter-régionale entre Maurice et Réunion sur les biotechnologies est en cours de création.
18
Réunion Active
Réunion Entreprendre Initiative
Réu. Sit, couveuse d’entreprise labélisée
Technopole – incubateur de La Réunion
UMR et UR Plusieurs Unités Mixtes de Recherche (UMR) et une unité de recherche (UR)
sont présentes sur le territoire. Ces unités associent les centres de recherche
comme l'IRD et le CIRAD ainsi que l'Université de La Réunion. Elles
interviennent principalement sur des thématiques fortement ancrées dans le
territoire Réunionnais : Télégestion, Biodiversité, santé végétale et animale,
Maladies infectieuses, recherche Marine…
Unités de recherche et Unité mixte de recherche :
• UMR DIADE
• UMR DSIMB
• UMR EME
• UMR Espace Dev
• UMR Lacy
• UMR LGSR
• UMR MIVEGEC
• UMR PRODIG
• UMR PVBMT
• UR Coreus
Pôle de compétitivité QUALITROPIC, pôle de compétitivité de l’outre-mer français, fédère des
entreprises et des laboratoires de recherche publique et privée pour faciliter
l’émergence et la gestion de projets collaboratifs sur toutes les innovations qui
visent la valorisation, des ressources naturelles, terrestres et marines, de l’océan
Indien. Qualitropic a pour vocation de développer et mettre sur le marché de
nouveaux produits et services à forte valeur ajoutée et de nouveaux process
toujours plus compétitifs, à haute qualité environnementale.
19
b) Les thématiques et les effectifs de la RDI à La Réunion
Les thématiques de la R&D présentes à La Réunion couvrent un large spectre de la
recherche française et européenne avec une concentration sur les énergies renouvelables et
l’environnement.
Figure 2 - Les thématiques de la RDI en % d’organismes par thématique [Source : Observatoire Régional de l'Economie - Nexa]
c) Les effectifs
La Réunion recense des effectifs de recherche sensiblement élevés en comparaison à
d’autres régions ultrapériphériques. Un nombre important de doctorants sont formés sur place à
l’Université de La Réunion et dans les centres de recherche locaux. L’Université de La Réunion
note une augmentation de 95 inscriptions en thèse supplémentaires de 2011 à 2012.
d) Les infrastructures de Recherche
La Réunion compte de grandes infrastructures de recherche à la pointe de la technologie.
En plus des 17 laboratoires universitaires, l’île comptabilise 4 plateformes de recherche :
o L’Observatoire du Physique de l’atmosphère du Maïdo qui permet l’étude des
évolutions du climat, de l’atmosphère et de la stratosphère est l’une des 5 stations
20
fixes de ce genre dans l’hémisphère Sud. Cet observatoire fait de La Réunion un
acteur incontournable de la surveillance de l’atmosphère et du changement climatique
dans l’hémisphère Sud.
o La Station de télédétection spatiale SEAS-OI couvre toutes les îles de l’océan
Indien occidental, le Swaziland, une partie du Mozambique, de la Tanzanie, du
Zimbabwe, de l’Afrique du Sud, et les deux grandes zones maritimes que sont l’océan
indien occidental et le canal de Mozambique. Le projet SEAS-oi a pour vocation de
générer un nombre important de projets de recherche et d’applications s’appuyant sur
la télédétection et l’imagerie spatiale.
o La Plateforme biotechnologique : Cyclotron Réunion Océan Indien (CYROI)
fédère l’Université de La Réunion et le Centre Hospitalier Régional universitaire de La
Réunion. C'est une plate-forme technologique dans le domaine des bio-sciences. Elle
met en œuvre un plateau technique pluridisciplinaire de haut niveau qui est mis à
disposition des laboratoires publics et des entreprises souhaitant développer des
programmes de recherche et/ou d’innovation.
o La Plateforme Technologique Pôle de Protection des Plantes (3P) est la plate-
forme technologique commune entre le CIRAD, l’Université de La Réunion, le LSV
de l’ANSES (ex LPNV) et la FDGDON, spécialisée dans la recherche avancée en
expérimentation végétale. Elle est labellisée au niveau national par le GIS-IBISA
depuis 2009.
e) Partenariats et échanges scientifiques
La communauté scientifique de La Réunion est relativement active, elle est à l’origine de
nombreuses conférences et représentations scientifiques notamment 9 colloques labélisés par le
Conseil Scientifique de l’Université de La Réunion en 2011. Dans son rapport d’activité de 2011
l’Université de La Réunion fait aussi état de 19 chercheurs étrangers et de 742 étudiants étrangers
accueillis à l’Université. De façon générale et bien que les réseaux de recherche soient soutenus
par les activités des UMRs et des centres de recherche un effort certain doit être fourni pour
impulser la création de nouveaux partenariats européens et internationaux.
f) Les brevets
Selon l'étude de l'ARIST Agence Régionale d’Information Stratégique et Technologique
du CRITT (Chambre de Commerces et d’Industrie) et L’INPI (Institut National de la Propriété
21
Intellectuelle) qui présente les chiffres des brevets déposés et des brevets publiés (donc acceptés)
à La Réunion de 2007 à 20101 :
La moyenne des brevets publiés à La Réunion est de 16 par an. On observe aussi que le
plus fort chiffre a été réalisé en 2011 avec 22 brevets déposés.
Figure 3 - Nombre de brevets publiés à La Réunion au 31/12/2011 [Source : OPI, INPI, CRITT, 2012]
Les domaines technologiques les plus sujets au dépôt de brevet sur l’île sont :
o le BTP et la Manutention (11% chacun des dépôts)
o Machines spécialisées et Transport (9% chacun)
o Biens de consommation, Techniques informatique et transmission numériques (> 6%)
L’ARIST note aussi que 85 % des déposants sont des personnes physiques et seulement 15% des
entreprises.
1 Source: http://www.innovonslareunion.com
22
Figure 4 - Répartition par domaine principal des brevets à La Réunion [Srouce : OPI,INPI, CRITT,2012]
A elle seule, La Réunion représente 48% des dépôts de l’ensemble des DOM sur la période 2007
à 2010.
2) Le Financement de la RDI à La Réunion
a) Les chiffres de la RDI
A ce stade du diagnostic une remarque s’impose malheureusement pose le cadre d’un
défi : celui de l’information. En effet, le suivi des dépenses en matière de recherche et
développement dans les Régions d’Outre-mer est « parcellaire ». Effectivement, il ne fait pas
partie du suivi statistique national du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
en particulier sur les indicateurs des dépenses de recherche-développement de l’administration et
des entreprises. En fait, les éléments présentés ci-après sont issus d’une monographie de
l’IEDOM et de l’INSEE qui restent partiels et portent principalement sur une analyse des aides
publiques.
23
Il n’en demeure pas moins que le financement de la recherche à La Réunion est
principalement public. L’Etat est le principal financeur de la recherche comme le montre ci-après
le graphique de l'IEDOM extrait de la note expresse de Mars 2013.
Figure 5 - Répartition des dépenses en R&D des administrations publiques [Source : AGILE, CRI, DRRT et calculs IDEOM]
L’IEDOM indique aussi que les moyens financiers mobilisés pour l'exécution des travaux
de recherche et développement (R&D) sur le territoire réunionnais sont estimés à 86,6 millions1
d’euros en 2010. Les dépenses en R&D à La Réunion, recensées, représenteraient ainsi 0,58 % du
PIB de l’île en 2010. Cependant ce ratio doit être pris avec précaution étant donné le caractère
partiel de l’information obtenue. Toute analyse comparative exige de consolider l’ensemble du
système d’information portant sur tous les acteurs impliqués dans la R&D.
L’Enquête innovation 2008 – 2010 de l’Insee indique que les principaux freins à
l'innovation pour les entreprises réunionnaises sont le manque de moyens financiers et les
difficultés liées à la « connaissance » et plus précisément au manque de personnel qualifié.
1Suivant les dépenses courantes (la masse salariale des personnels de R&D et les dépenses de fonctionnement) et les
dépenses en capital (construction, achats d'équipements, …).
24
Figure 6 - Les coûts sont les premiers freins à l'innovation Les freins jugés élevés par les entreprises de 2008 à 2010 [Source : Insee, Enquête innovation CIS 2010, graphique Insee]
Dans ce contexte seulement 46 % des entreprises innovantes technologiquement ont
engagé des activités de R&D ce qui est beaucoup moins élevé qu'en France métropolitaine ou 68
% des entreprises investissent dans la Recherche et le Développement.
On remarque aussi une faible utilisation du crédit d’impôt de Recherche à La Réunion. Le
crédit d’impôt recherche (CIR) est un dispositif fiscal de soutien à la R&D des entreprises. Il
permet d’accroître la compétitivité des entreprises et l’attractivité du territoire pour les activités de
R&D. Ce moyen de financement, peu utilisé par les entreprises réunionnaises, constitue pourtant
la première source de financement de la R&D en France Métropolitaine. Ainsi, seulement 15 %
des entreprises innovantes technologiquement l’utilisent contre 36 % en Métropole.
25
Figure 7 - Le crédit impôt recherche peu utilisé Part des entreprises qui ont touché une aide publique pour la R&D de 2008 à 2010 [Source : Insee, Enquête innovation CIS 2010, graphique Insee]
b) Le financement par la réponse aux appels à projets régionaux, nationaux et européens
Appels à projets nationaux Les projets d’investissements d'avenir à La Réunion
Les investissements d'avenir à La Réunion sont aussi une preuve de l’excellence
émergente de la RDI réunionnaise. Des équipes de recherche locales sont impliquées dans deux
laboratoires d’excellence, deux projets équipex, un partenariat CVT et deux instituts d'excellence
en matière d'énergies décarbonées (IEED).
Les laboratoires d'excellence:
o Le LABEX CORAIL « Les récifs coralliens face au changement global de la planète » est
un Laboratoire d’Excellence regroupant 9 Institutions et 4 Universités de Métropole et
d’Outre-Mer notamment l’IRD et UR Coréus et l’Université de La Réunion. Ce
laboratoire a pour objectif d’étudier les écosystèmes coralliens en vue d’améliorer leur
26
gestion durable. A terme un Centre d’Excellence Français sur les Récifs Coralliens ou la
recherche réunionnaise serait parfaitement impliquée doit être construit.
o le projet AGRO est un laboratoire d’excellence centré sur les plantes cultivées pour
répondre aux demandes croissantes d’utilisation des plantes à des fins alimentaires et non
alimentaires et le projet.
Les projets Equipex:
o Le projet Equipement d’excellence GEOSUD porté par le CEMAGREF, l’Université de
la Montpellier II et l’Université de La Réunion et le CIRAD.
o DURASOL est l’un des 36 projets lauréats pour la deuxième vague de l'appel à projets
"Equipement d'excellence" il a vocation à d’étudier le vieillissement accéléré des
composants et systèmes solaires photovoltaïques et thermiques et des corrélations
climatiques via des plates-formes multi-sites. Le Laboratoire Physique et d'Ingénierie
Mathématiques pour l'Energie et l'EnvironnemENT (PIMENT) représente l’expertise
réunionnaise dans ce projet.
Le partenariat CVT Sud:
CVT "Valorisation Sud" a pour objectif de dynamiser le transfert vers le monde
économique de technologies et savoir-faire adaptés aux pays en développement, régions
tropicales et équatoriales et de valoriser la recherche française en faveur du développement des
pays du Sud. L’Université de La Réunion est associée à ce projet.
Les instituts d'excellence en matière d'énergies décarbonées (IEED)
L’entreprise réunionnaise innovante Bioalgostral est partenaire du projet Green stars de
l’Instituts d'excellence en matière d'énergies décarbonées : Biocarburants et valorisation
du CO2.
La Région Réunion est l’un des multiples partenaires de l'Institut d'Excellence en
Énergies Décarbonées dédié aux Énergies Marines Renouvelables bâti autour d'un large
partenariat public-privé.
Les projets de l’Agence National de Recherche
On observe un positionnement timide des acteurs de la recherche sur les appels à projets
nationaux et notamment de l’agence nationale de la Recherche (hors PIA). A titre d’exemple
27
l’Université de La Réunion s’est positionné sur 12 projets ANR et 18 projets financés par les
Ministères Français.1
c) Participation au 7ème programme cadre et autres financements communautaires
La participation des acteurs de la Recherche réunionnaise aux fonds de la commission
Européenne tel que le PCRD est souvent freinée par l’isolement et l’éloignement de La Réunion
du reste de l’Europe. Ainsi les difficultés rencontrées par les acteurs de la recherche pour créer un
réseau solide en Europe et son incapacité à monter des consortiums ne favorisent pas l’accès à
ces fonds, d’autant plus que ces partenariats sont souvent indispensables pour répondre aux
appels à projets européens.
Seulement 14 projets de recherche financés par la Commission Européenne au cours de la
dernière programmation, dont 6 en partenariat avec l’Université. On observe donc un manque de
capacité à s’inscrire dans la compétition nationale et internationale pour la recherche et
l’excellence.
Figure 8 - Projets financés par les Directions de la Commission Européenne à La Réunion 2007- 2013
1 Rapport d’activité 2011 de l’Université de La Réunion
4
2 2
1
1
1
2 1
FP7-Regpot
FP7-Infrastructure
FP7-Knowledge-BasedBio-Economy
FP7-Health
FP7 ERC Advanced grant
Era Net +
DG culture
DG Environement
28
La concentration sur les sources de financement Réunionnais ne tire pas le territoire vers
l’excellence scientifique, alors que les outils nationaux et communautaires, par les compétitions
mises en œuvre, l’obligation de réponse en réseaux internationaux et les effets de levier possibles
permettent de prétendre à cet objectif.
Les efforts de ces dernières années ont permis à La Réunion d’atteindre le stade de
l’émergence et de la structuration en matière de RDI. Cependant ces efforts doivent être
poursuivis et doivent s’intensifier « pour que la RDI puisse contribuer au développement
d’avantages compétitifs permettant d’orienter davantage l’île vers une économie de la
connaissance. »1
3) Le bilan de la SRI
Il est donc nécessaire pour le territoire d’accepter les changements qui lui permettront un
meilleur positionnement dans le monde de la recherche européenne et internationale. Dans le
cadre d’une matrice AFOM, cette nécessaire évolution de la SRI peut être mise en évidence à
travers le diagnostic suivant.
Atouts
Une recherche publique et des centres de recherche nationaux très présents
Des équipements d’observation et de recherche de rang mondial
Des domaines phares de recherche en matière d’écologie, de biodiversité, d’énergie, de santé, de sciences humaines et sociales
Une forte capacité d’investissement publique
Un pôle de compétitivité
Une proximité entre acteurs qui interagissent régulièrement
Un large dispositif d’accompagnement des porteurs de projet.
Faiblesses
Jeunesse de l’écosystème RDI
Un système d’innovation complexe et peu lisible
Faible taux d’innovations techniques
Dynamique d’innovation non suffisante (masse critique)
Peu de R&D privée (20 % de la R&D totale sur l’île soit 3 fois moins qu’en métropole) et peu de brevets déposés par des entreprises
Seul 0,58% du PIB est consacré à la RDI soit 4 fois moins que la moyenne nationale, moins que la moyenne de l’outre-mer.
Financement de la RDI essentiellement public
D’importants besoins d’accompagnement et de suivi des projets innovants
De nombreuses structures (mais nécessitant encore de la professionnalisation et de la structuration)
1 Institut d’émission des départements d’outre-mer, La R&D à La Réunion un poids modeste mais en plein essor, Note expresse, N° 193 – Mars 2013
29
Peu de porteurs de projets dotés de fonds propres suffisants ou d’un horizon clair.
Financement : manque de lisibilité ; lacune sur la phase démarrage/ faisabilité et phase de pré-lancement
Isolement relationnel relatif de l’écosystème tant vis-à-vis du reste de l’économie réunionnaise que du reste du monde.
Manque de visibilité du territoire au plan international
Manque de compétences/ talents de rang mondial.
Opportunités
Des révolutions mondiales en phase avec les enjeux et les savoir-faire locaux
Des capacités de RDI supérieures à celle de nos voisins
Des politiques de partenariats engagés avec des pays tiers par les acteurs locaux
Des efforts engagés pour développer le rôle de « plateforme de rebond » de La Réunion
Une gouvernance clarifiée par l’acte III de la décentralisation
Restructuration et simplification de la chaine d’accompagnement à l’innovation
Une meilleure coordination de l’accompagnement des porteurs de projet.
Des efforts engagés pour la valorisation des brevets dans des domaines tels que la bioéconomie, le BTP, les TIC, les transports
Des efforts engagés pour accéder davantage aux outils et aux financements communautaires
Compenser l’absence de masse critique locale par la mise en œuvre avec des acteurs européens
Contexte de crise qui favorise les idées et les projets et qui peut permettre de faire émerger davantage l’esprit d’innovation.
Fort taux d’innovation de marketing, d’organisation
Menaces
Difficultés à contrecarrer les dynamiques de concentration des ressources et des talents à l’œuvre à l’échelle mondiale
Fuites des cerveaux et des jeunes formés :faible taux d’emploi de R&D public et privé (près de 6 fois moins que la moyenne nationale)
Difficulté à attirer des acteurs de rang mondial qui entretient le manque de compétitivité qui à son tour dessert l’attractivité….
Risque de devenir un laboratoire d’expérimentation de solutions développées dans des pays tiers
Caractéristiques du marché peu favorables à l’innovation
Logiques individualistes freinant l’échange d’information, la coopération, les collaborations nécessaires à une approche d’open-innovation.
Démarches administratives lourdes et longues parfois rédhibitoires, pour les porteurs de projets et TPE
L’absence de stratégie de long terme basée sur des outils stabilisés.
Ce diagnostic éclaire sur les premières raisons de faire évoluer la SRI dont le bilan
souligne plusieurs points d’améliorations rendus nécessaires pour faire de l’innovation un
véritable facteur de croissance durable. Sur ce plan, la singularité du modèle sociétal réunionnais,
faisant preuve de beaucoup de résilience, constitue sans doute une source abondante d’initiatives
à valoriser. De plus, prendre conscience de l’innovation et investir des moyens est une condition
nécessaire mais pas suffisante pour devenir un moteur de croissance. Encore faut-il un meilleur
30
appariement entre les idées créées et les marchés à satisfaire. Un renforcement de l’analyse en
termes de demande s’est donc avéré nécessaire et s’est traduit par une appréhension du couple
niche (produit)/marché conformément à l'apport central de la démarche de spécialisation
intelligente.
En outre, si la SRI a eu pour avantage d’inscrire la dimension innovation comme outil
pour construire l’avenir du territoire, ce facteur pourra constituer un catalyseur du
développement qu’à la condition d’être significativement soutenu et d’être en cohérence avec les
atouts et les choix du territoire en matière d’avantages compétitifs. Autrement dit, il convient de
réduire la dispersion pour privilégier une concentration des moyens sur des spécialisations
construites intelligemment, acceptées, lisibles et durables. En effet dans un territoire (a fortiori de
petite taille), la concentration des acteurs favorise par les effets d’agglomération et de proximité
des interactions vives, une meilleure circulation des informations et des savoirs qui génèrent des
économies d’échelle à travers des externalités technologiques et pécuniaires positives. Chaque
région, en valorisant des atouts et des actifs qui lui sont spécifiques, est également appelée à se
singulariser, à se spécialiser dans un segment de la chaîne de valeur mondiale ou un domaine
d’activité pour lesquels elle dispose d’un avantage comparatif avéré.
On comprend alors mieux la nécessité de dépasser la seule SRI pour une stratégie de
transformation. Reste à choisir les futurs piliers de la croissance réunionnaise.
Pour ce faire et, au-delà des échanges et discussions avec les parties prenantes, de l’analyse
des études et expertises, cette sélection des domaines et des priorités devra s’appuyer sur une
double volonté :
satisfaire les objectifs thématiques visant à renforcer la recherche, le développement et
l’innovation en région et à améliorer l’accès aux TIC, leur utilisation et leur qualité
polariser les investissements du territoire sur des priorités ou actions permettant de :
Satisfaire les besoins de la population locale et les marchés en forte croissance
(niveau mondial).
Créer de la valeur en amont, en aval et en transversal, à générer des effets de
débordement sur le territoire régional (emploi, PIB, VA, volume
31
d’innovations et d’applications innovantes directement ou à travers plusieurs
secteurs).
S’appuyer sur une expérience acquise du territoire dans le domaine de la R&D
ou pouvant être complétée par une mise en réseau externe
Transformer des handicaps, des contraintes ou des défis en atouts durables
(pas de relocalisation possible).
Réduire la dépendance (économique, écologique et financière vis-à-vis des
aides publiques : retour sur investissement) de La Réunion.
Atteindre un avantage compétitif (différentiation, compétitivité hors-coûts,
production d’actifs spécifiques, potentiel de leadership à 5 ou 7 ans) et
capacité à transformer l’économie locale.
Satisfaire une vision commune des partenaires locaux et atteindre une masse
critique afin de générer les externalités pécuniaires et/ou technologiques.
Renforcer les liens avec d’autres régions communautaires, notamment par le
biais d’Horizon 2020 et d’accords de coopération économique.
De dépasser les faiblesses mises en exergue par la crise économique récente
Générer des forces centripètes en matière de localisation des activités
économiques stratégiques
Sur la base de ce bilan de la SRI, les enjeux associés à l’élaboration d’une stratégie de
spécialisation intelligente (S3) pour La Réunion sont alors fondés. Cette nouvelle stratégie doit
être mise au service d’une croissance moins vulnérable et d’une transition vers une économie
décarbonée. Posée comme une ambition de long terme, cette stratégie a pour objectif d’éclairer le
conditionnement ou l’orientation des demandes en particulier pour les prochains Programmes
Européens, étant entendu que des moyens significatifs devront être recherchés hors de ces
programmes.
32
C - Une Stratégie de Spécialisation Intelligente (S3) au service d’une croissance moins vulnérable et d’une économie réunionnaise décarbonée
Face aux enjeux, aux défis à relever et précisés ci-dessus, la meilleure réponse du territoire
est de poser une nouvelle ambition pour l’Ile de La Réunion conjuguant à la fois l’objectif de
construction d’une nouvelle société réunionnaise réussissant sa transition écologique vers une
économie décarbonée, moins vulnérable et la volonté d’emprunter un nouveau modèle de
développement articulé autour des axes de compétitivité, de différenciations, d’innovation,…
Ce nouvel horizon n’est donc pas uniquement une réaction aux orientations de la
Commission européenne invitant à la mutation de notre SRI en S3. Elle traduit aussi et surtout la
réponse de tout un territoire, de ses forces et vives et parties prenantes à l’élaboration d’une
nouvelle vision globale sur les enjeux et les défis à venir que devra relever le territoire insulaire
réunionnais. Dès lors, la S3 de La Réunion revêt plusieurs dimensions.
1) La S3, un vecteur de différenciation spatiale et d’ouverture
En éclairant la manière avec laquelle les efforts du territoire en termes de recherche et
développement et d’innovations doivent être alloués, la S3 est alors le socle d’une stratégie de
compétitivité par la différenciation. Si La Réunion ne dispose a priori de peu d’avantages coûts en
raison de l’étroitesse de son territoire ou de son éloignement, elle peut en revanche s’appuyer sur
plusieurs éléments de différenciation lui conférant des avantages comparatifs ou compétitifs. Ces
éléments de différenciation doivent être ou renforcés ou mis en valeur afin de procurer à
l’économie de réels avantages dans ce domaine. Ce renforcement ou cette émergence de tels
éléments requièrent alors de poursuivre les efforts en matière de R&D ou de constructions de
solutions innovantes susceptibles de consolider les avantages du territoire.
Parmi ces éléments de différenciation qui demandent à être renforcés par les
investissements en R&D et innovations figurent :
33
La dimension naturelle d’écosystème tropical ensoleillé conduisant La Réunion à pouvoir
être une « terre de tropicalisation » des productions ou applications réalisées dans
l’hémisphère Nord ou dans des zones plus tempérées.
L’agilité ou la flexibilité d’une société insulaire plus facilement malléable qu’un vaste
ensemble continental.
L’appartenance de La Réunion à un ensemble institutionnel stable, sécurisé, sain lui
conférant, par rapport à de nombreuses économies insulaires concurrentes ou voisines,
de nombreux atouts pour garantir la stabilité du climat de l’environnement économique.
La présence d’une société enrichie par sa diversité culturelle et cultuelle faisant de petit
territoire la représentation de plusieurs mondes en un seul lieu ce qui n’est pas sans
procurer des avantages en termes d’analyses des marchés et des comportements de
consommation.
Le renforcement de ces éléments de différenciation facilite par la même occasion le
positionnement de l’économie réunionnaise dans la chaîne de valeur internationale. Celui-ci doit
alors viser une double dimension. Il doit certes permettre à l’économie réunionnaise de mieux
affirmer sa place dans les échanges Nord-Sud en faisant de l’île un relais ou un outil de
tropicalisation des productions issues du Nord. La présence de conditions parfois uniques ou
singulières fonde ce rôle de La Réunion, plateforme de développement et de transformation de
solutions parfois conçues à l’extérieur. Ce renforcement doit aussi et surtout permettre à l’île de
mieux s’insérer dans l’espace du Grand océan Indien. Par son statut de vitrine de l’Europe dans
l’océan Indien, La Réunion doit effectivement devenir un fournisseur de solutions pour le
développement économique de cette zone africaine et asiatique émergente promise à une
dynamique de croissance soutenue. Dès lors, la configuration des outils, des investissements en
R&D, des solutions innovantes doit prendre en compte ce nouvel horizon géographique Sud-
Sud.
Le positionnement de La Réunion dans la chaîne de valeur mondiale a alors beaucoup à
gagner de ce croisement entre la vision traditionnelle Nord-Sud et la nouvelle et plus naturelle
dimension Sud-Sud source de plusieurs opportunités, de marchés, de fournisseurs et de solutions
globales à l’échelle d’un continent. La S3 doit donc favoriser cette mutation de l’horizon
géographique de l’économie réunionnaise.
34
2) La S3, au service d’une ambition de long terme
Au delà des menaces qui pèsent sur le modèle de développement économique
réunionnais contemporain, principalement basé sur le recyclage des transferts publics, cette
évolution s’inscrit aussi dans un contexte prégnant de raréfaction des ressources tant financières
que naturelles. Cette situation, délicate, appelle de l’audace car elle ouvre également des
opportunités fantastiques pour La Réunion, grâce à la convergence de quatre révolutions qui
permettent de transformer des handicaps en atouts.
En premier lieu, figure l’émergence de la bioéconomie. Face à l’épuisement des stocks
d’énergie fossiles les économies devront donc inéluctablement s’adapter à cette nouvelle réalité et
développer des processus respectueux des cycles écologiques afin de satisfaire durablement les
besoins de leurs populations. Dans ce cadre, la petite taille et le caractère fini de l’espace insulaire
passent du statut de handicaps à celui d’atouts, car ils obligent à inventer, dès à présent, une
économie écologique pouvant s’appuyer sur la valorisation de la position réunionnaise de
« hotspot » mondial de biodiversité, caractérisée par un patrimoine naturel d’exception reconnu
par l’UNESCO et forte d’une zone économique exclusive française de 2,8 millions de km² au sein
d’une zone intertropicale où se concentrent des économies émergentes.
En deuxième lieu, apparaît le défi de l’énergie puisque, dans le même ordre d’idée, La
Réunion peut faire de la contrainte de l’absence d’énergies fossiles une force créatrice. Grâce à la
diversité de ses conditions topologiques et climatiques, elle dispose d’atouts fondamentaux pour
développer des techniques de production d’énergies renouvelables à fort potentiel. Ses
conditions tropicales constituent par ailleurs un excellent terrain d’expérimentation, en matière de
construction et de maîtrise de l’énergie des bâtiments mais aussi au niveau de l'Energie
Thermique des Mers. Enfin, le caractère fermé du réseau électrique constitue une puissante
incitation à innover dans les domaines des solutions de stockage de l’énergie et des circuits courts
intégrés, pilotés par informatique : les « smart grids ».
En troisième lieu, se posent les enjeux associés à la troisième révolution industrielle
fruit de la convergence de l’informatique et des technologies de la communication. Cette
révolution numérique constitue une occasion rêvée pour La Réunion, car elle lève deux des
obstacles les plus fréquemment invoqués au développement de son économie : l’éloignement et
35
l’absence d’économies d’échelle. Plus que l’échange de biens, pénalisés par la raréfaction des
énergies fossiles, c’est désormais vers la commercialisation de solutions que s’orientent les
entreprises mondiales. L’enjeu est désormais de produire des solutions de qualité, réactives, et
adaptées aux besoins des clients ou du marché, ce qui avantage les petites équipes soudées où la
communication est dense. Et ces biens informationnels peuvent être reproduits et diffusés pour
un coût quasi-nul, éliminant ainsi le « handicap » insulaire pour autant qu’aucune fracture
numérique n’enferme à nouveau La Réunion à l’accès à coût compétitif aux autres régions du
monde.
En dernier lieu, émerge la conjugaison de l’économie de la connaissance, de la
compétitivité, de la capacité d’innovation de la « qualité » de l’écosystème humain, de sa
capacité à analyser rapidement des problèmes et à mobiliser des ressources (notamment sociales)
pour résoudre les problèmes. L’avantage compétitif d’un territoire résulte alors de la « chaleur »
de ce milieu innovateur, de la présence et des échanges entre des collectifs d’acteurs liés par des
réseaux. Le capital sociétal apparaît alors comme un facteur clé de réussite, conditionnant le
changement et propice à soutenir le climat favorable de l’environnement économique.
Ces quatre dimensions dressent donc un tableau renversant les perspectives habituelles
pour une île de petite dimension. Alourdie par ses handicaps, elle peut dans ce nouveau cadre
nourrir de nouveaux espoirs favorables et, en conséquence, fonder une ambition lui permettant
de s’inscrire à long terme dans une chaîne de valeur mondiale. En effet, grâce à ses nombreux
éléments de différenciation, son patrimoine naturel et social, La Réunion peut devenir une terre
d’invention de la transition vers une économie de la connaissance écologique, numérique et
décarbonée. Réciproquement, cette transition peut devenir le moteur économique de La
Réunion, le cadre d’une économie renouvelée alliant soutenabilité, solidarité, sécurité et
compétitivité. La bioéconomie tropicale, les énergies renouvelables, l’écotourisme
expérientiel, l’économie numérique et de proximité permettent en effet tout à la fois de
protéger et de valoriser nos patrimoines tout en réduisant notre vulnérabilité et notre
dépendance et en soutenant notre compétitivité et notre prospérité.
Grâce à sa double appartenance à l’Union européenne et au bassin indien-océanique, ses
infrastructures, sa stabilité, ses compétences, l’Ile de La Réunion peut devenir une plateforme
de rebond ou de transformation pour des entreprises et des centres de recherche
36
communautaires désireux de tropicaliser des processus continentaux ou de développer
des produits et des solutions adaptées aux besoins de marchés de la zone intertropicale.
Cette spécialisation intelligente, faisant de La Réunion une terre d’invention de la
transition vers une économie de la connaissance écologique et décarbonée, pose donc une
nouvelle ambition de long terme pour le territoire et un nouveau cadre de référence aux
domaines, secteurs et acteurs qui font aujourd’hui l’économie ou à ceux qui doivent apporter de
nouvelles sources de richesses. Ce faisant en renforçant la compétitivité de l’économie
réunionnaise à travers des choix judicieux de spécialisation et de polarisation des investissements
en R&D et en innovation, la S3 de La Réunion a aussi pour volonté de répondre aux objectifs
posés par « Europe 2020 » articulés autour d’une société de la connaissance ancrée dans la
transition écologique et garantissant la cohésion sociale.
3) La S3, au service de trois grands domaines porteurs d’avantages concurrentiels
Selon la Commission européenne, la S3 a pour objectif l’acquisition d’une masse critique
dans quelques domaines prioritaires pour l’île, fortement soutenus par les futures investissements
en R&D et innovations car disposant de tous les atouts ou d’un potentiel critique (en termes de
capacités de recherche et d’innovation, de ressources humaines, de savoir) pour être rapidement
autonomes et soutenir une croissance durable. Il s’agit de positionner la région concernée sur des
niches ou marchés mondiaux et sur des chaînes de valeur globales spécifiques en profitant des
savoirs faire acquis ou potentiels que la région peut détenir dans des domaines technologiques
particulièrement soutenus.
La S3 doit être aussi et ainsi entendu comme un véritable programme de transformation
territorial.
A la lumière de ces nouvelles dimensions et tenant compte de l’ambition de long terme
visant à faire de La Réunion une terre d’invention de la transition vers une économie de la
connaissance écologique et décarbonée, la stratégie de spécialisation intelligente réunionnaise
vise à prioriser ou concentrer les efforts de La Réunion en matière de R&D et d’innovation sur
un ensemble de vecteurs permettant l’émergence ou la consolidation de trois domaines de
37
spécialisation, disposant d’avantages concurrentiels réels ou potentiels et conférant à l’économie
réunionnaise une position lisible sur des chaînes de valeurs globales (cf. Porter 19801 et 19902) :
La Réunion, productrice de solutions en bio-économie et en agro-écologie tropicale
La Réunion, fournisseur de solutions en éco-tourisme expérientiel : un voyage d’émotions
La Réunion, plateforme agile de transformation vers une économie de la connaissance,
numérique et décarbonée
L’identification de ces trois domaines, présentés ci-dessous, ne constitue pas le seul
niveau justifiant l’allocation des efforts d’investissements en R&D et en innovation. La situation
de La Réunion, son niveau de développement ainsi que le sens donné à la « spécialisation
intelligente » conduit à poser un autre niveau plus transversal visant à permettre de « réunir les
conditions d’une spécialisation intelligente du territoire réunionnais ». Cette dimension
transversale s’inscrit dans la poursuite des efforts et actions entrepris dans le cadre de la Stratégie
Régionale d’Innovation dont le bilan conduit également à prolonger cette amélioration du cadre
territorial en matière de R&D et d’innovation. Dans cette perspective, il convient de cibler trois
priorités transversales permettant de :
a) Soutenir la découverte entrepreneuriale :
en développant les équipements et infrastructures associées aux domaines de
spécialisation
en renforçant les capacités humaines et la culture de l’innovation. Dans ce cadre, une
attention particulière sera portée :
à l’amélioration des compétences grâce aux instruments numériques (mise
en place de serveurs virtuels de contenus librement accessibles, méthodes
d’apprentissage des langues)
le renforcement de l’état sanitaire, notamment face aux pathologies
aggravées par l’évolution sociale telles que le diabète, et aux maladies
émergentes
1 M. E. Porter, Competitive Strategy, 1980, Free Press.
2 M. E. Porter, The Competitive Advantage of Nations, 1990.
38
à l’économie de proximité (éducation populaire, services à la personne,
etc.)
à la mise en œuvre d’espaces dédiés au développement des talents
numériques à tous âges, permettant à la fois d’acquérir les compétences
fondamentales et techniques, d’expérimenter, de développer des
prototypes (fab labs), de contribuer collectivement à des projets (living
labs) ou de mettre en œuvre des projets open-source.
à la mobilité et à l’excellence des étudiants et des chercheurs
au développement de la fibre entrepreneuriale, notamment auprès du
milieu associatif et des étudiants.
en suscitant la dynamique d’innovation au sein des entreprises en investissant sur :
le renforcement des aides aux entreprises innovantes dans les phases de
recherche-développement et de faisabilité
le financement de formations et de conseils
des incitations à la captation et l’internalisation d’idées extérieures
la professionnalisation de l’accompagnement, notamment dans les
domaines de la gestion de l’innovation et de la valorisation.
b) Atteindre une masse critique :
en structurant l’écosystème territorial d’innovation. En local, cela peut s’effectuer grâce à
la mise en œuvre de pôles régionaux d’innovation spécialisés ou instituts d’innovations
technologiques dans les grandes thématiques de la transition : la bioéconomie, les énergies
renouvelables, le tourisme, l’économie numérique et l’économie des capacités et de la
proximité. ces pôles ou Clusters constitueront autant de forums permettant de générer
des externalités positives à travers des échanges d’information, de la communication
informelle favorable à la créativité et la mise en place d’une plateforme de veille
mutualisée.
en développant l’intelligence économique territoriale pour soutenir les entreprises. Il s’agit
d’identifier clairement le positionnement de ces domaines d’activité face au reste du
monde, déterminer des avantages compétitifs sur des segments de valeur, envisager des
mesures pour favoriser les dynamiques positives ou lever les points bloquants.
39
en renforçant l’intégration internationale, régionale et communautaire de l’économie
réunionnaise. Il s’agit de soutenir la constitution de partenariats permettant de monter des
projets collaboratifs ou coopétitifs en matière de recherche-développement, d’application
commerciale, de développement à l’international. Dans le cadre de cette dimension
extérieure à l’île, et car La Réunion souffre encore plus d’un isolement relationnel que
physique, il importe :
de renforcer les moyens dédiés à une cellule d’appui aux appels lancés par
les institutions nationales et européennes de la recherche et de
l’innovation ;
de promouvoir la participation des équipes locales à des programmes de
recherche lancés dans le cadre d’Horizon comme partenaires ou
coordonnateur au profit des porteurs de projet ;
d’étendre cette initiative aux appels d’offre lancés par les bailleurs
internationaux dans la zone ou au montage de demandes de financements
communautaires ;
de favoriser la participation des entreprises locales à des programmes de
coopération tels que European Entreprise Network (EEN);
de soutenir des opérations de prospection et de marketing territorial ;
de renforcer les aides à l’internationalisation.
c) Mutualiser les risques inhérents à l’innovation
En développant les outils d’ingénierie financière de l’innovation. La mise en œuvre d’une
stratégie de transition bute sur un obstacle majeur : l’incertitude. Il existe en effet un
décalage entre des secteurs établis, présentant un taux de retour sur investissement garanti
par l’expérience et les dispositifs incitatifs, et de nouvelles activités qui présentent par
essence un degré élevé d’incertitude. Face au risque, il est rationnel que les acteurs se
dirigent vers l’existant, mais ce processus limite l’émergence de nouveaux relais de
croissance. Ce phénomène est exacerbé par la concentration du système bancaire qui
favorise des taux d’intérêt élevés et des politiques de prêts marquées par une forte
aversion au risque. Pour atteindre un niveau d’investissement socialement optimal et
déclencher des externalités positives, il importe donc :
40
de réduire le coût de la R&D et de palier au rationnement du crédit par la
socialisation de l’investissement à travers des outils tels que des avances
remboursables, des garanties bancaires ou des crédits à taux bonifiés mais
aussi des concours financiers directs.
d’utiliser la commande publique pour orienter les entreprises vers des
secteurs porteurs à travers notamment le lancement de grands
investissements localisé dans une première phase à La Réunion (tels que la
rénovation des bâtiments) et soutenir la modernisation de l’appareil
productif à travers l’introduction de clauses d’innovation et d’éco-
conditionnalité, d’élaborer un small business act pour soutenir les entreprises
innovantes
de soutenir l’entrepreneuriat et la prise de risque à travers des dispositifs
tels que les coopératives d’activité et d’emploi, le micro-crédit
de palier aux difficultés d’accès au crédit, par le développement et le
renforcement d’outils d’ingénierie financière, appuyés sur un socle de base
des produits mis en place au niveau national et renforcé au niveau local
par la Région et les fonds et programmes européens dédiés (COSME,
Horizon 2020)
41
II - Une spécialisation intelligente réunionnaise articulée autour de trois domaines prioritaires
La stratégie repose sur trois domaines structurants, capables de soutenir la transition de
La Réunion vers une économie de la connaissance écologique, compétitive et inclusive :
- Domaine prioritaire 1 : La Réunion, productrice de solutions en bio-économie au service
de l’économie du vivant
- Domaine prioritaire 2 : La Réunion, fournisseur de solutions en éco-tourisme
expérientiel : un voyage d’émotions
- Domaine prioritaire 3 : La Réunion, plateforme agile de transformation vers une
économie de la connaissance, numérique et décarbonée
A - Priorité n°1 : La Réunion, productrice de solutions en bio-économie tropicale au service de l’économie du vivant
La bio-économie comprend les secteurs de l'agriculture, de la sylviculture, de la pêche, de
l'alimentation, de la pâte à papier et du papier, ainsi que des parties des secteurs de la chimie, des
biotechnologies et de l'énergie. A l’échelle de l’île de La Réunion, la bio-économie est
majoritairement représentée par la filière agro-nutrition. Grâce à son patrimoine naturel, son
excellence technique et la structuration des filières, La Réunion constitue aujourd’hui une terre
d’excellence en matière de bio-économie, capable à la fois de répondre aux défis de la satisfaction
des besoins d’une population en forte croissance et d’exporter ses produits et ses savoir-faire à
l’international et à même de concilier les objectifs de production et de rendement aux fonctions
sociales.
Dans une communication de la Commission Européenne, intitulée “L'innovation au service
d'une croissance durable : une bio-économie pour l'Europe”, datant du 13 février 2012, il est rappelé que «
la stratégie bioéconomique et son plan d'action visent à faciliter l'avènement d'une société plus innovante, plus
économe en ressources et plus compétitive qui concilie la sécurité alimentaire et l'utilisation durable des ressources
renouvelables à des fins industrielles tout en garantissant la protection de l'environnement. »
42
Or, de par ses caractéristiques intrinsèques (ultra périphéricité, topographie, climat et
histoire), La Réunion a été conduite à mettre en place un modèle spécifique de développement
agricole pouvant s’inscrire pleinement dans une logique bioéconomique capable d’allier
soutenabilité, solidarité, sécurité et compétitivité au bénéfice du développement territorial.
Cette priorité est donc issue d’un choix de spécialisation intelligente à plusieurs titres.
1) La bio-économie : un domaine qui façonne l’économie réunionnaise
Rares sont les territoires insulaires de petites dimensions sur lesquels se sont développées
de véritables filières agro-industrielles diversifiées et intégrées de production de masse. La
Réunion, de par ses caractéristiques géographiques, ne semblait pas être bénie pour cela.
L’histoire a démontré le contraire. D’abord initiées pour des raisons de survie ou de
positionnement dans l’économie mercantile, les filières agricoles se sont ensuite développées
grâce à l’intelligence territoriale. Les exemples de réussite liée à la culture de la canne à sucre ou
des filières d’élevage peuvent attester de ce véritable miracle agricole réunionnais entamé il y a
plusieurs siècles de cela.
Au niveau des cultures, les travaux d’amélioration foncière, la sélection variétale,
l’irrigation, le renforcement des intrants, la mécanisation et les évolutions de l’appareil industriel
ont permis une progression spectaculaire des rendements sucriers. En outre, le développement de
la filière ne s’est pas au fait au détriment des activités agricoles parallèles, qui ont connu une forte
croissance. L’amélioration des rendements sucriers a permis à la filière de faire face à la réduction
de la SAU cultivée en cannes à sucre (la part de celle-ci dans la SAU a diminué de 64,4% en 1973
à 50,9% en 2010) tout en diversification agricole. Grâce à ses activités maraichères très
dynamiques, La Réunion produit aujourd’hui 68,8% de sa consommation de légumes et 73% de
sa consommation de fruits , ce qui la place dans le peloton de tête des économies insulaires
tropicales en matière d’autosuffisance.
De même en matière d’élevage, la structuration des filières animales a soutenu une très
forte croissance de la production, qui a permis d’atténuer sans pour autant éviter le creusement
de la dépendance en matière de protéines animales. Ce essentiellement en raison du décalage
entre un espace insulaire réduit et les besoins en ressources de l’élevage : un ha de soja produit en
43
moyenne 800 kilos de protéines sèches, contre 50 de protéines de porc et 27 de bœuf ; et la
production d’un kilo de bœuf nécessite plus de 100 000 litres d’eau, soit 30 fois plus que pour une
quantité d’énergie végétale équivalente.
Ce modèle permet à La Réunion de :
Porter directement ou indirectement un très grands nombre d’emplois du territoire
avec presque 20% de l’emploi marchand.
Se situer en position de leader des économies ultra-marines, avec 60 % du chiffre
d’affaires agroalimentaire des DOM et la moitié de la main-d’œuvre consacrée à ce
secteur. L’agroalimentaire est par ailleurs le premier secteur industriel avec 38 % du
chiffre d’affaires et 32 % des emplois industriels.
Rayonner à l’international, notamment grâce à ses productions de sucre, de produits
de la pêche et de rhum,
Soutenir une autonomie alimentaire en produits frais végétaux de 80%,
Contribuer à l’atténuation et à l’adaptation au changement climatique,
Rechercher des solutions innovantes en aménagement du territoire pour répondre à
un nécessaire développement durable du territoire.
Cette réussite n’est jamais définitivement acquise. En effet, développer une agriculture
efficace sur un territoire limité et contraint, éloigné des marchés européens mais devant répondre,
lorsque cela est possible, aux besoins de son marché intérieur - soumis au cadre réglementaire
européen – implique alors des innovations constantes et des investissements continus en R&D.
Dans ce cadre, les filières agricoles et agroalimentaires structurées en interprofessions font d’ores
et déjà preuve d’un engagement fort d’innovation et d’adaptation qui préfigure La Réunion de
demain.
De plus, le domaine de la bio-économie bénéficie déjà d’un écosystème de R&D et
d’innovations propices au renforcement de cette dynamique. Cet engagement est illustré
notamment par la présence :
D’organismes de recherche (CIRAD, eRcane, ESIROI, IFREMER, IRD).
De plateformes de recherche et d’expérimentation (CRVOI, CTICS, CYROI, eRcane,
3P).
D’associations de recherche (ARDA, ARVAM, ARMEFLHOR, CRITT, OCTROI).
44
D’un pôle de compétitivité Qualitropic (unique dans les DOM).
De clusters (maritime, TEMERGIE, Green).
D’un laboratoire de niveau international.
De formations supérieures (ESIROI, CERMOI, LEGTA section tropicale, Lycée
hôtelier, ACERBAT, CIRBAT).
C’est donc tout naturellement que le domaine de la bio-économie apparaît comme un
secteur prioritaire au regard des choix du territoire pour les investissements en matière de R&D
et d’innovations. Pour ce domaine, innover poursuit plusieurs objectifs.
2) Innover pour sécuriser un modèle agricole inclusif au service de l’économie du vivant
Le modèle agricole réunionnais doit composer avec des handicaps structurels et
permanents liés à l’ultra-périphéricité et à l’étroitesse du territoire (conditions climatiques
difficiles, topographie accidentée, éloignement des marchés, insularité, marché restreint).
En outre, le modèle agricole réunionnais repose sur une organisation de petits
producteurs très différente de l’organisation en grandes exploitations, modèle européen classique.
Ce modèle est adapté au territoire réunionnais tant du point de vue de ses contraintes
topologiques que de ses infrastructures. Il permet sur un territoire exigu, durement frappé par le
chômage (35% de la population active), de maintenir l’emploi et la répartition équitable de la
population sur l’ensemble du territoire. Dès lors, ce secteur n’en reste pas moins sensible et
vulnérable aux modifications de l’environnement économique et juridique (aides, défiscalisation,
octroi de mer…).
Les principaux défis pour le modèle agricole réunionnais résident dans sa capacité à
sécuriser ses capacités productives et à gagner en compétitivité.
Dans un contexte difficile de concurrence foncière où la croissance démographique et le
mitage conduisent chaque année à la disparition de 80 ha agricoles, la sécurisation passe donc
d’abord par la préservation des espaces agricoles.
La sécurisation suppose ensuite d’adopter une approche élargie et intégrée de l’agriculture
qui reconnaisse le rôle déterminant des écosystèmes dans toute économie : ceux-ci offrent
continuellement des services gratuits – régulation du climat, pluviométrie, stabilité et fertilité des
45
sols, flux de matière et d’énergie – qui conditionnent toute production et toute vie. Sous-système
de la biosphère, l’économie ne peut perdurer si elle met à mal la base dont elle dépend. D’où
l’importance de passer d’une production agricole à une spécialisation d’ « économie du vivant »
ou de bio-économie c’est-à-dire de construire une économie dont :
Les prélèvements sont adaptés aux capacités productives des écosystèmes.
Les rejets respectent les capacités d’épuration de ces derniers.
L’activité préserve la biodiversité et des espaces intègres.
Ce défi est particulièrement vif dans un petit territoire comme La Réunion dont 30% de la
superficie est occupée par des pentes dont l’inclinaison dépasse 30%. De cette contrainte, La
Réunion peut en faire une force en devenant une terre pionnière, expérimentant des solutions
pour des territoires insulaires et tropicaux confrontés à la double problématique de la croissance
de la population et de la nécessité de préserver des écosystèmes menacés. Elle dispose par ailleurs
de plusieurs atouts conséquents pour tirer parti de cette transition :
Un des vingt-cinq « hotspot » de la biodiversité mondiale.
Un très fort taux d’endémisme.
Une très grande diversité de conditions climatiques.
Un parc national qui protège 40% du territoire.
Une Zone économique exclusive de 2,8 millions de km².
Une recherche publique d’excellence.
Une triple appartenance à l’Union Européenne, à la zone intertropicale et au bassin
indo-océanique.
Cette opportunité présentée par la bioéconomie au service de l’économie du vivant est
également fondée par la menace, à l’échelle mondiale, posée par l’effondrement de la biodiversité.
Ce phénomène constitue un risque plus fort que le changement climatique1.
1 Ainsi, une espèce disparaît toutes les 20 minutes, soit 30 000 par an. Nous entrons alors dans l’ère de la 6e grande extinction, à un rythme 1 000 fois plus rapide que les épisodes passés. Et les îles paient un cher tribut : depuis le XVIIe siècle, les espèces insulaires endémiques animales et ornithologiques représentent respectivement 75% et 90% des extinctions.
46
Or, la préservation de 25 hotspots mondiaux, représentant moins de 2% de la superficie
terrestre, suffirait à protéger la moitié des plantes vernaculaires connues. Dès lors, par la diversité
de ses milieux, ses savoir-faire acquis et sa double appartenance à l’Union Européenne et à
l’océan Indien, La Réunion peut donc devenir un centre mondial de connaissance, de
conservation et de valorisation de la biodiversité tropicale.
Le défi de la sécurisation renvoie enfin au renforcement de la capacité de l’agriculture
réunionnaise à satisfaire aux besoins, afin de mieux anticiper les grandes évolutions mondiales. A
l’échelle de la planète, nous assistons aujourd’hui à la réduction des surfaces agricoles et la
perspective d’une chute des quantités disponibles par habitant sous le double effet de la baisse
des rendements et de la croissance démographique. 17% des sols occupés dans le monde sont
sévèrement frappés par l’érosion et 70 000 km² sont abandonnés annuellement en raison de
l’épuisement des sols, 25% des terres arables sont affectées par une forme d’érosion, la
salinisation et la désertification1.
Or, en raison de sa petite taille et ses besoins élevés, La Réunion demeure très
dépendantes des importations agricoles, tant pour l’alimentation humaine que pour l’élevage.
L’autosuffisance alimentaire doit donc être considérée dans une approche large, qui intègre
l’ensemble des ressources nécessaires (en eau et céréales notamment) pour assurer la production.
Cet enjeu est d’autant plus prégnant qu’il faudra augmenter de 40% la production agricole d’ici
2020.
La sécurisation du modèle agricole réunionnais appelle ainsi un renforcement de l’effort
en matière de R&D et d’innovations afin d’y apporter les solutions d’évolution de ce domaine
économique. Ce faisant, les ambitions de la filière agroalimentaire réunionnaise l’inscrivent
résolument dans la réalisation des objectifs européens suivants : « préserver et stimuler la
croissance économique et l'emploi dans les zones rurales, côtières et industrielles, limiter la
1 D’après le Millenium Ecosystems Assessment, rapport élaboré par 1360 experts de 95 pays pour l’ONU,
60% des écosystèmes mondiaux étaient dégradés ou surexploités en 2005. D’après les prévisions du GIEC, la combinaison de la fonte des glaciers alimentant les grands fleuves et de la destruction des forêts causée par l’élévation des températures et les pluies acides, pourrait placer jusqu’à 5 milliards de personnes en situation de stress hydrique contre 1,7 milliards aujourd’hui. Et les récoltes devraient chuter d’1/3 sous les tropiques du fait de la sécheresse et des invasions parasitaires.
47
dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles et accroître la durabilité économique et
environnementale de la production primaire et des industries de transformation. ».
Les résultats de l’innovation ne pourront être viables qu’à la condition que son application
sur le terrain soit assurée. En effet, un accompagnement technique personnalisé est vital pour que
les innovations puissent répondre aux problématiques de chaque agriculteur. Il est essentiel que
les connaissances soient rendues accessibles afin que les agriculteurs puissent se les approprier
pour pouvoir les mettre en pratique (plantation de nouvelles variétés, amendements et
fertilisation des sols, irrigation, nouvelles pratiques culturales…). Enfin, si le transfert de
l’innovation se fait majoritairement du chercheur vers l’agriculteur, il est important qu’un
transfert bidirectionnel (de l’agriculteur vers le chercheur) et horizontal (entre les agriculteurs) soit
mis en place. La diffusion et l’appropriation de ces connaissances sera mise en œuvre à travers un
réseau d’échange approprié (RITA).
3) Innover pour sécuriser les débouchés et conquérir de nouveaux marchés
La Réunion est une terre de ruralité où la filière agroalimentaire est un élément moteur qui
positionne les producteurs (en grande majorité des TPE) au cœur des échanges économiques
mais également sociaux. Elle fait partie des territoires ultramarins de l’Europe. Avec les autres
Départements d’outre-mer, elle constitue le « patrimoine tropical » du continent, en termes de
biodiversité et d’agriculture. Elle offre à l’Europe la possibilité d’explorer ces environnements, de
développer des savoirs faire et des produits spécifiques et exportables sur les marchés, qu’ils
soient européens ou non. La bioéconomie est naturellement le premier secteur d’exportation du
territoire qui relève également le défi d’apporter une réponse aux besoins de sa population et de
plusieurs marchés extérieurs.
a) Satisfaire les besoins de la population du territoire
La Réunion est un marché local captif. La stratégie d’import-substitution, qui a été le
moteur du développement endogène ses dix dernières années, a permis d’augmenter de moitié la
production locale entre 1997 et 2007. Aujourd’hui, 80% des besoins en produits frais sont
couverts par la production locale. Il est clair qu’une autosuffisance à 100% n’est ni envisageable,
ni souhaitable :
48
En effet, la population réunionnaise rapproche son mode de consommation des produits
européens et doit donc également pouvoir consommer des produits issus d’autres climats et
territoires.
Par ailleurs, La Réunion est un territoire insulaire tropical, il est donc impératif de
préserver les voies d’approvisionnement extérieures qui seront indispensables en cas de cyclone
violent destructeur d’un cycle de récolte.
Enfin, il faut être conscient que le territoire de l'île souffre d’un marché étroit (qui est
d’ailleurs un des handicaps « naturels et permanents » cité par l’article 349 TFUE). Le marché de
La Réunion, restreint aujourd’hui à 830 000 personnes et en progression de 200 000 personnes
dans les 15 prochaines années, n’en restera pas moins un marché insuffisant pour amortir tous les
outils industriels nécessaires aux secondes transformations. Il existe en effet une véritable
déséconomie d’échelle à investir dans des outils industriels disproportionnés pour la taille du
marché local. Cette disproportion est renforcée par l’attrait du consommateur pour les
innovations de packaging et les marques de distributeurs qui appellent à segmenter les séries, à
multiplier les chaînes de conditionnement et à rendre inenvisageables de telles productions pour
le marché local. Sur les produits qui sont des biens de consommation courante sans valeur
ajoutée « tropicale » il n’y a pas d’intérêt d’envoyer une surproduction éventuelle en métropole
(marché naturel des produits réunionnais) et sauf exception, dans la zone océan Indien, où ils
sont souvent produits à moindre coût par des pays de la zone (Afrique du Sud par exemple).
De plus, cette stratégie de développement de la production pour le marché local a été
mise à mal par la politique commerciale européenne, en particulier dans le cadre des accords
APE, qui ont permis (à l’exception heureuse de l’octroi de mer) de faire entrer quota free, duty
free, les produits agricoles ou agro-industriels de la zone océan Indien à La Réunion. Il faut
souligner que le coût d’approche de ses produits est bien plus faible pour La Réunion que pour
celui du territoire continental et que les coûts de production des pays de l’Océan Indien
(notamment du fait des normes sociales et environnementales) sont sans communes mesures
avec ceux de La Réunion.
La Réunion assume également une politique de régularité des prix dans un marché
insulaire. En effet, sur certains produits une variation de 3% par rapport au volume de
49
production attendu peut engendrer une hausse de 40% des prix sur le marché. Il est donc
nécessaire comme l’on fait les filières animales au travers de l’ARIBEV et de l’ARIV et les filières
fruits et légumes avec l’ARIFL, de structurer durablement les filières de production locale.
Toutefois, nos handicaps structurels ne doivent pas empêcher La Réunion de tendre à
améliorer son autosuffisance à chaque fois que cela est possible. C’est le cas par exemple des
projets en cours dans les filières animales (projet Défi) ou de la structuration nécessaire des
filières fruits et légumes pour répondre notamment aux appels d’offre (marchés des cantines
scolaires ou des hôpitaux par exemple).
b) Exporter en conjuguant différenciation et valorisation
La spécificité des ressources, le niveau d’exigence des normes de qualité européennes et le
niveau de développement de La Réunion donnent au territoire des facteurs naturels de
différenciation permettant à certains de ses produits de se positionner sur les marchés extérieurs,
le marché européen notamment. La qualité Réunion est ainsi mise en avant par ses «leaders » que
sont le sucre, les produits de la pêche et le rhum.
En ce qui concerne le sucre, par exemple, La Réunion et la Guadeloupe sont les seuls
fournisseurs européens de sucres de canne, déjà reconnus pour leur qualité; La Réunion
représentant les ¾ de la production européenne. Il en va de même pour certains produits de la
pêche tropicale ou australe, où La Réunion a un réel atout de différenciation à jouer en respectant
les normes européennes et en fournissant des espèces de poissons tropicaux européens que le
continent n’est pas en mesure de fournir. Particulièrement influents par la taille qu’ils
représentent tant en termes de chiffres d’affaires que de masse salariale au niveau du territoire
réunionnais, ils illustrent le savoir-faire industriel de l’île et la capacité d’employabilité de ces
secteurs.
Même si ce marché reste concurrencé par des pays de la zone, avec lesquels souvent
l’Europe passe des accords commerciaux, et qui possèdent des coûts de production plus faibles,
La Réunion a su conquérir sur certains segments une position de leader qu’il convient de
conserver.
50
Pour des cultures qui requièrent des compétences, une maîtrise particulière et/ou de la
main-d’œuvre qualifiée, des marchés de niche sont à viser. Cette valorisation s’accompagne
généralement de l’obtention d’appellations. Il existe déjà un segment haut de gamme de certains
produits qui permettent à La Réunion de se positionner. Le cas de l’ananas victoria en est un
exemple illustrateur. Réputé pour sa saveur et son goût sucré, il est cueilli à quasi maturité à La
Réunion et exporté par avion vers des marchés de gros. Il se différencie donc par son goût mais
évidemment aussi par son prix sur le marché. Cet exemple est sans doute duplicable sur d’autres
produits (vanille, café Bourbon pointu, fruits de la passion…) mais reste du domaine de la niche
de valorisation à exploiter.
Compte tenu de l’étroitesse de son territoire et donc des limites des ressources dont elle
dispose, La Réunion doit continuer à identifier dans ses ressources celles qui sont à fort potentiel
de valorisation (alimentaire, santé, cosmétique, …) sur des marchés à l’échelle de sa capacité à
produire et pour lesquels la production en environnement européen et haut de gamme est un
atout, voire un facteur clé de débouchés. Des secteurs d’activité sont d’ores et déjà tournés vers
cette recherche de haute valeur ajoutée et doivent ainsi être soutenus et développés. Nous
retiendrons en particulier les biotechnologies, la génétique ainsi que l’éco-extraction. En ce qui
concerne la zone océan Indien au sens large, la culture d’excellence dans la qualité des produits
finaux est ainsi l’élément concurrentiel qui peut nous démarquer des pays émergents ou émergés
à faibles coûts de main-d’œuvre (en particulier sur la filière agricole).
4) Développer des solutions de production soutenables à forte valeur ajoutée : l’agro-écologie
La Réunion fait le pari d’ériger en champ de spécialisation l’agro-écologie, réponse forte
et innovante au défi de la sécurité alimentaire, de la différenciation économique et de la
préservation écologique
a) Sur terre, innover au service de l’économie verte
Les méthodes agricoles modernes entrent souvent en contradiction avec le
fonctionnement des écosystèmes :
51
A la diversité et l’interdépendance, elle oppose la simplification génétique (variétés
standardisés) et des communautés (mono/polyculture ; cultures sarclées, élimination
des espèces concurrentes), la séparation des espaces.
Au fonctionnement cyclique qui assure la circulation des nutriments, elle oppose une
logique linéaire : les plantes cultivées pompent dans le sol les éléments nutritifs requis
et ceux-ci, non restitués, doivent être compensés par des apports supplémentaires
d’engrais
Les conséquences de ces pratiques sont multiples :
Déstabilisation, fragilisation et appauvrissement des sols privés de la matière
organique et des micro-organismes indispensables à la constitution de l’humus
Vulnérabilité aux invasions biologiques et aux contaminations (en 1980, Cuba perdit
près de 90% de sa récolte de tabac)
Surconsommation d’eau
Une forte dépendance aux intrants qui pèse lourdement dans les comptes des
exploitations
A l’inverse, l’agro-écologie cherche à « travailler » avec la nature, à rétablir la diversité et
les interactions qui permettent d’améliorer les rendements et de préserver les cultures (grâce à la
lutte biologique intégrée).
Les avantages semblent conséquents :
Une forte intensité en travail intellectuel comme manuel (design et entretien des
espaces cultivés)
Des savoir-faire exportables vers des pays tropicaux et insulaires, aujourd’hui
dépendants de processus productifs qui les privent d’autonomie et d’une part
importante de leurs revenus
Des productions à très forte valeur ajouté et qualité, dotée d’une labellisation
biologique, voire d’une appellation certifiée qui permettra à La Réunion de se
différencier face à des producteurs standards disposant de grandes économies
d’échelle. Et ainsi d’exporter vers des marchés de niche très sensibles aux
52
certifications biologiques de haut rang et aux terroirs d’exception tels que l’Union
Européenne et les pays du Golfe, accessible grâce à la mise en place d’un futur hub
aérien, accordant une place centrale à la gestion du fret en juste à temps.
La Réunion dispose déjà d’une expérience dans l’agriculture biologique. Ainsi la
production biologique à La Réunion a bénéficié d'une forte hausse en 2011, avec un quasi-
doublement du nombre d'exploitations et plus d'une centaine d'hectares en plus. La Réunion
représente la moitié des exploitations bio des DOM, ainsi que des transformateurs et
distributeurs. Elle se place en 2e position en termes de surfaces derrière la Guyane.
Au-delà des certifications biologiques, il importe plus largement d’accompagner
l’engagement des acteurs agricoles vers des pratiques plus écologiquement intégrées. Dans
l’objectif de satisfaire les besoins du plus grand nombre, à des prix limités, tout en préservant les
capacités écologiques locales. La Réunion peut s’appuyer sur de fortes capacités de recherche et
d’innovation, notamment au sein du CIRAD et de la Chambre d’agriculture (ex. projet Biophyto
visant une production sans pesticides).
Cette approche permettra également de pérenniser et de soutenir le développement de
l’élevage à La Réunion. L’amélioration remarquable de la production locale s’accompagne de
deux externalités : la dépendance aux intrants et la production de sous-produits (notamment des
effluents) aujourd’hui peu valorisés. L’adoption d’une démarche plus circulaire, dans laquelle les
rejets et résidus sont mobilisés comme des ressources, pourrait permettre tout à la fois
d’améliorer l’intégration écologique de l’élevage et de générer de nouveaux flux de valeur. Dans le
même ordre d’idée, le développement d’une ingénierie de préservation du cheptel basée sur une
meilleure connaissance des maladies émergentes et de leurs mécanismes de dissémination (projet
DP One Health OI / Animal Risk) constitue une réponse innovante et préventive permettant de
préserver la production tout en limitant le recours aux produits vétérinaires. La Réunion participe
ainsi à la sécurisation alimentaire de la zone océan Indien, qui soutiendra en retour notre sécurité.
En effet, l’autosuffisance en protéines animales doit être pensée à l’échelle du bassin
géographique, notamment grâce à un renforcement de la coopération agricole avec Madagascar et
les pays du COMESA à travers des programmes d’échange et de production agro-écologiques,
mobilisant des savoir-faire réunionnais et locaux.
53
Ces productions de qualité pourront soutenir l’effort de substitution aux importations
engagé depuis les années 1960 et le développement des capacités exportatrices grâce au
renforcement de la transformation et de la valorisation. Il s’agit à nouveau d’accompagner la
démarche qualité et de montée en gamme de l’industrie agroalimentaire afin de cibler,
notamment, des marchés de niche, sur lesquels la compétitivité prix induite par les économies
d’échelle n’est pas déterminante : fruits biologiques, conserveries et jus de fruits, préparations à
base de viande hallal, etc. Ce positionnement soutiendra la dynamique d’innovation territoriale en
incitant au développement de solutions d’emballage, de conservation ou encore de logistique.
b) Sur mer, innover au service de l’économie bleue
Les principes agro-écologiques peuvent naturellement être étendus au milieu marin.
L’existence d’une vaste zone économique exclusive constitue un atout de choix pour combler la
finitude des espaces terrestres et développer des productions et des savoir-faire exportables.
Aujourd’hui, La Réunion est confrontée à deux enjeux : soutenir la diversification des sources
protéiniques en misant davantage sur la mer (la consommation devrait atteindre 21 000 tonnes en
2020, dont 80% d’import) tout en préservant des milieux fragiles. D’après le pôle mer, le Sud-
Ouest de l’océan Indien présente des risques de surexploitation, notamment des grands
pélagiques, et les ressources côtières sont d’ores et déjà « pleinement exploitées ». Une stratégie
agro-écologique marine devrait donc s’appuyer sur trois piliers :
Premièrement, il convient de renforcer la connaissance des milieux afin de mieux
appréhender le fonctionnement des écosystèmes côtiers et hauturiers, les mécanismes de
résilience, leurs capacités productives et les conséquences des pratiques humaines (dynamique de
populations, effets des prélèvements et des rejets, etc. La Réunion peut devenir un centre
européen d’excellence dans l’observation et le suivi des milieux et des stocks, grâce à des outils
tels que l’observation satellite des pêches (Seas-OI) ou la mobilisation de bio-indicateurs (Cibat).
Deuxièmement, il s‘avère nécessaire de promouvoir des techniques et des programmes de
pêche écologiquement soutenables, c’est-à-dire respectueux des capacités productives des
milieux. A l’image de l’agro-écologie terrestre, ces programmes permettront tout à la fois
d’exporter de l’ingénierie, des services et des productions brutes ou transformées à fort potentiel
(légines, langoustes, pélagiques, etc.)
54
Troisièmement, il s’agit d’accompagner le renforcement de la filière pêche grâce au
développement de nouvelles techniques productives. Par exemple, l’expansion et la
diversification de la production pourra être soutenue par le projet SWAC qui offrira la possibilité
d’élever des espèces nécessitant des eaux froides – algues, crustacés, etc. La production de micro-
algues, notamment de spiruline, viendra compléter cet objectif de renforcement de l’autonomie
alimentaire et de valorisation d’usages alternatifs (cosmétiques ou sanitaires) grâce à l’éco-
extraction des principes actifs.
5) Innover pour préserver et faire connaître des milieux d’exception, valoriser la biodiversité faire de la bio-économie un fournisseur de solutions au service de l’économie du vivant
La Réunion dispose de plusieurs atouts (vastes réserves foncières protégées par le Parc
National ou le Conservatoire du Littoral, des expérimentations en cours : Projet Life +
Corexrun ; CIRAD, etc.) pour devenir un centre de savoirs européens pour la zone océan Indien
sur les interactions entre communautés humaines et écologiques en milieu tropical - connaissance
et suivi des milieux, mesure d’impact des activités humaines, surveillance des menaces
(épidémiologiques notamment) – et ainsi développer une expertise en matière de restauration
écologique. Ce marché étant amené à connaître une croissance forte dans les prochaines
décennies.
Dans cette perspective, le renforcement des capacités de recherche et des programmes de
coopération transrégionaux soutiendra la capacité d’exportation de savoir-faire réunionnais vers
les pays insulaires et tropicaux. Ce faisant cette spécialisation devient une niche d’activité
déterminante :
Par ses effets : rétablissement des services écologiques (climat, précipitations,
maintien des sols, aquifères, etc.)
Par sa très forte intensité en savoirs spécialisés et aussi en travail peu qualifié
(élimination d’espèces invasives, replantations, suivi, etc.)
Par sa dimension socioculturelle et identitaire forte
Par son fort potentiel touristique : conforter l’image éco-touristique de l’île grâce à des
corridors agissant comme des zones tampons entre les espaces urbains et le cœur de
parc.
55
Cette préservation des milieux, sources de créations de valeurs, offre alors une perspective
favorable à une autre dimension de premier ordre : la valorisation de la biodiversité tropicale.
L’amélioration de la connaissance de cette biodiversité tropicale et de ses potentiels grâce à la
conservation locale constitue effectivement un vaste gisement d’activités.
Au niveau macro, la préservation de la diversité soutient la mise au point de nouvelles
variétés cultivées (eRcane par ex.), adaptées aux multiples conditions.
Au niveau micro, les acteurs locaux (APLAMEDOM, CYROI, CHU, Qualitropic)
portent un projet fort d’éco-extraction qui permettra d’identifier et de synthétiser les principes
actifs issus de la biodiversité terrestre, aquatiques ou maritimes à de multiples finalités :
Alimentaire (nutriments pour l’alimentation humaine ou animale ; compléments
notamment issus des micro-algues)
Médicales (exploration notamment du potentiel des plantes indigènes locales dans le
traitement de pathologies telles que le diabète, l’obésité et les maladies cardiovasculaires ;
identification de molécules « candidats-médicaments » vendus aux laboratoires
pharmaceutiques, « 50% des molécules commercialisées ayant une origine naturelle
Chimiques : Identification d’agents de lutte biologique intégrée, de pesticides biologiques ;
chimie verte, issue notamment de la canne à sucre
Cosmétiques : valorisation des micro-algues par ex.
Il s’agit ainsi d’élargir la production agricole à de nouveaux champs d’activité et au champ
du brevetage (de variétés, de principes actifs, etc.). La commercialisation de principes actifs
répond à la même logique de positionnement sur un segment très limité de la chaîne de valeur
mondiale, sur laquelle la problématique des économies d’échelle pèse peu.
56
B - Priorité n°2 : La Réunion productrice d’émotions en e-co-tourisme expérientiel
Avec 1 milliards d’entrées, le tourisme représente la principale mobilité dans le monde.
Les zones de départ sont essentiellement les pays du Nord, mais le nombre de touristes chinois a
fortement augmenté, bientôt suivi par les autres pays émergés. Par contre, les principales zones
d’arrivée se trouvent toujours au Nord.
Dans ce contexte mondial, la France est la première destination mondiale avec 81 millions
de touristes internationaux, 77 milliards d’euros de CA et 140 milliards d’euros de consommation
annuelle. L’industrie touristique représente 7 % du PIB (plus que l’industrie automobile ou
l’agriculture), 2 millions d’emplois directs et indirects non délocalisables, et un gisement de 50 000
emplois à pourvoir.
Pour sa part, La Réunion détient des avantages comparatifs remarquables : un patrimoine
naturel exceptionnel (Parc National, Patrimoine de l’Unesco pour ses Cirques, Pitons et
Remparts, Volcan, hot spot de biodiversité, Parc Marin), un climat tropical, des activités de loisirs
diversifiées, une diversité culturelle gastronomique, et cultuelle, des équipements modernes dans
un contexte sanitaire et politique sécurisé, et enfin une situation faisant d’elle une île française au
cœur de l’océan Indien. L’île dispose alors des talents et facteurs nécessaires pour lui permettre
un positionnement à forte différenciation, basé sur des innovations, et articulé autour d’axes
créateurs d’émotions expérientiels différenciés. Cette ambition est d’ailleurs partagée par les
acteurs et par le Comité d’Orientation Stratégique en Tourisme (COST). Ce faisant, (cf. Basée sur
un état des lieux du secteur, une stratégie est aujourd’hui partagée entre les acteurs) le territoire
est prêt à perfectionner son offre touristique et à capter les niches de marché de haute valeur
ajoutée, où l’élasticité de la demande par rapport aux variables coûts de transport, coûts de
l’hébergement serait faible dans un environnement fait d’une concurrence monopolistique
intense.
Ainsi, un tourisme choisi et responsable se dessine pour servir les révolutions en marche :
révolutions verte, du numérique et de la connaissance. Le développement de l’éco-tourisme,
fournisseur d’expériences et d’émotions extraordinaires et du e-tourisme deviennent des
57
axes prioritaires qui s’insèrent dans une dynamique globale de diversification de clientèle
(nouvelles niches de marchés), de montée en qualité de nos offres et enfin de
consolidation des entreprises de la filière tourisme.
1) Le secteur touristique, secteur naturel incontournable et vulnérable d’une économie insulaire ?
A La Réunion, le tourisme véritable industrie “d’exportations à domicile” occupe déjà une
place de choix. Face au milliard d’entrées, le Tourisme représente la principale cause de mobilité
dans le monde, La Réunion peut se donner les moyens de capter un faible pourcentage de ces
flux en jouant sur sa double appartenance à la Zone OI et à La France. Et cela d’autant plus que
le secteur touristique occupe une place croissante dans l’économie réunionnaise1.
L’industrie touristique est également une priorité régionale. Elle dispose d’un très fort
potentiel de croissance, peut créer rapidement des emplois diversifiés et soutenir le
développement des autres filières grâce à une approche intégrée (valorisation des productions
agricoles, artisanales et industrielles, services et commerce, TIC, environnement, développement
des hauts de l’île etc.). Le secteur touristique est un vecteur important d’innovations sociales,
technologiques et non technologiques, et de créativité.
En 2012, les touristes ont dépensé 315 millions d'euros durant leur séjour sur l'île. C'est
de loin le premier poste d'exportations de l'île, dépassant même le total des exportations de biens
(307 M€). La clientèle locale dépense 57 % de la dépense totale avec 480 M€.
Les recettes globales (visiteurs et tourisme domestique) sont estimées à 846 M€ soit 8%
du PIB de La Réunion – et les activités indirectes sont à estimer en sus. Les activités liées au
tourisme emploient 6 750 salariés au 1er janvier 2011. Trois secteurs, autour desquels se
développe le tourisme local, ont été définis comme stratégiques : l'hébergement, le transport
aérien et les loisirs et activités récréatives. En matière d'emploi, ces activités représentent six
1 Le tourisme s'est fortement développé à La Réunion durant les années 90. En dix ans, le nombre de
touristes accueillis a plus que doublé, passant de 200 000 en 1990 à 430 000 en 2000. Après cette période de forte croissance, le nombre de touristes stagne sur la première moitié de la décennie 2000. En 2006, la crise sanitaire du Chikungunya entraîne une désaffection de la destination (…). Néanmoins, la reprise est rapide dès 2007, et un record est établi en 2011 avec 471 000 touristes (sources 2012).
58
emplois touristiques sur dix, soit près de 4 000 salariés. Les autres emplois touristiques se
répartissent entre la restauration pour l'essentiel, les transports intérieurs et le commerce de détail.
40% des emplois sont concentrés dans l’ouest de l’île, mais avec néanmoins des développements
diffus sur l’ensemble de l’île.
.
Avec 3,2 % de l'emploi salarié total, l'île se classe parmi les dernières régions françaises
devant le Nord-Pas-de-Calais, la Champagne-Ardenne, la Haute-Normandie et la Picardie. La
Réunion se situe en-dessous de la moyenne métropolitaine (4,8 %), loin derrière la Corse qui est
en première position avec 12,6 %. Elle dispose donc d’un fort potentiel.
Vecteur d’une croissance inclusive, ce secteur permet un aménagement équilibré du
territoire. Il touche l’ensemble des acteurs de la société : citoyens, entreprises, collectivités,
associations et les 4 micro-régions. L’attractivité touristique de l’ensemble du territoire peut être
accrue pour servir le touriste et les résidents : valorisation du patrimoine, développement des
loisirs, amélioration et diversification des déplacements et circuits touristiques, embellissement
paysager, création d’équipements culturels….En d’autres termes innover pour créer de nouvelles
solutions (composites) pour servir le client en tourisme.
59
Ce changement d’ambition et de posture est nécessaire si l’on veut réduire l’exposition de
l’industrie touristique réunionnaise aux risques présents (aléa de la nature, positionnement à
consolider) et futurs (renchérissement des coûts de transport, concurrence accrue des pays
émergents, modification des comportements des consommateurs,…).
2) L’e-co-tourisme expérientiel comme spécialisation durable à haute valeur ajoutée
La Réunion est à l’intersection de trois types de destinations : les destinations « soleil »
(République Dominicaine, Mexique, Cuba), les destinations « îles » (Maurice, Seychelles, Maldives,
Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin…) et les destinations « mer-nature-
écotourisme » (Costa Rica, Kenya, Tanzanie, Nouvelle Zélande, Australie…), dont elle se
rapproche le plus (le balnéaire étant un complément à l’entrée principale sur la découverte
écotouristique au sens large).
En lien avec un autre secteur de spécialisation qu’est la bio-économie, l’éco-tourisme
devient un axe dérivé et évident de spécialisation. Venir à La Réunion c’est vouloir vivre une
ou des expériences de pleine nature ou sociétales inoubliables ou extraordinaires dans
une île écologique et responsable !
De la réussite des destinations « éco-tourisme », il convient de retenir le rôle très fort des
aspirations à se ressourcer à travers des loisirs sportifs (randonnée, trekking, parapente...) mais
aussi une offre de qualité d’hébergements en pleine nature, en particulier de lodges, qui sont
devenus une marque, un standard international qualitatif d’hébergement. Il est indispensable de
se positionner dans les tendances des marchés en matière d’hébergements (horizontal, végétalisé,
avec des services, de l’espace…), de sites (bords de mer ou sites avec vue, à l’écart des nuisances
urbaines), de références à des marques connues et rassurantes. Pour renforcer la visibilité
internationale de La Réunion, la construction d’établissements symboliques, de porte-drapeaux
sur des sites d’exception, permettant de marquer les esprits et de figurer dans les grands
catalogues doit être une priorité.
Le potentiel d’emplois associés à cet axe de spécialisation est important ( à titre
d’exemples : éco-gardes, lutte contre les pestes, métiers de la forêt, création et entretien d’espaces
60
verts, connaissance de la flore, de la géologie et visites guidées, transformation des produits du
terroir…)
Cette spécialisation appelle, par ailleurs, une diversification géographique des marchés
visés et un enrichissement du contenu du produit.
La mono segmentation actuelle du marché touristique est risquée : 80 % de la clientèle
vient de la France métropolitaine. Même s’il convient de maintenir ce marché, car il est
rapidement exploitable, engager ou consolider rapidement les démarches vers de nouvelles
clientèles devient une urgente nécessité.
En parallèle, le marché secondaire des réunionnais eux-mêmes en vacances, est une cible
marché à reconquérir car il intervient comme un régulateur de marché (saisonnalité ou en cas de
crise) et peut être développé dans le cadre d’un tourisme familial de résident.
Dans cette perspective, la diversification appelée vise non seulement les pays émergents
mais aussi les marchés anglophones :
Les BRICS : notamment l’Afrique du Sud, l’Inde et la Chine,
L’île Maurice (1ère clientèle extérieure de La Réunion) et Mayotte
Les Marchés européens : Allemagne, Belgique, Suisse puis Italie et Grande-Bretagne
Les pays du Golfe Persique.
Les segments de clientèle privilégiés sont : les groupes d’amis, jeunes célibataires et jeunes
couples. Dans ce cadre, plusieurs niches « produits » peuvent être identifiées et faire de La
Réunion :
Une destination de Remise en forme – bien être, apaisante, sécurisée pour toutes
les générations
Une destination d’expériences exceptionnelles, intenses, extrêmes de pleine nature
mêlant paysage / parcs naturels/activités balnéaires /activités volcaniques
Une destination dotée de tous les équipements de sport et loisir modernes : golf,
escalades, stade en eaux vives
Une destination de voyages multiples de Culture & histoire & sciences
61
Une destination de plaisir prolongeant l’expérience hospitalière “à la française”
dans une région créole
Au total, cette spécialisation autour de l’e-co-tourisme expérientiel conduit à identifier
trois axes faisant de La Réunion un fournisseur de solutions expérientielles en : tourisme de
nature, tourisme de culture et tourisme de bien-être
Parvenir à développer ces trois champs dans un souci de différenciation, pour faire de La
Réunion une « green world destination » exige que l’innovation soit placée au cœur de la stratégie
de développement touristique du territoire.
3) Innover pour devenir une « green world destination » en matière d’e-co-tourisme expérientiel
Cette spécialisation autour de l’e-co-tourisme expérientiel appelle en outre un champ
d’innovations pour faire de La Réunion une véritable destination sources d’expériences et
d’émotions uniques.
En matière touristique, et se basant sur la chaine de valeur autour du visiteur, le
développement d’innovations doit se déployer sur les 4 temps liés à la préparation, la durée et
l’expérience du voyage et sur tous les éléments de la chaine de valeur tourisitique faisant de La
Réunion LA destination unique.
1. Sensibiliser le voyageur à la destination
Réunion
• 2. Réservation sur-mesure
Acteurs concernés : IRT, Agence Web à
créer, Médias sociaux, Applications smart phones,
Médias online, agents d'accueil sur lieux stratégiques à développer, centre d'appel à créer
2. Améliorer l'offre et la qualité de séjour
4. Assurer un feedback
3.
Acteurs concernés : Acteurs du transport
(760 salariés : taxi, location de voiture, bus,
bateaux...)
Hébergement (hôtel, gîtes, chambres
d'hôtes, résidences de tourisme soit 1830 salariés
en 2011 et 4500 Lits) et Loisirs touristiques
(plongée et randonnées notamment et spectacle-
culture) et offices de tourisme (soit 1590 salariés
en tout en 2011)
62
a) L’innovation numérique pour capter l’attention du voyageur demandeur d’expériences différenciée
Dans cette perspective, l’innovation numérique peut alors soutenir le développement du
potentiel touristique de l’île à travers une stratégie en trois temps.
D’abord, renforcer l’attractivité de la destination Réunion en remédiant au manque de
visibilité dans un contexte de forte concurrence internationale. Avant l’ère numérique, les agences
de voyage, les tours opérateurs et les médias de masse constituaient les points d’entrées obligés
pour mettre en avant une destination. Grâce à internet et au tournant du web 2.0 et 3.0,
collaboratif, participatif et sémantique, la communication devient de plus en plus horizontale et
différenciée. L’innovation peut donc jouer un rôle moteur dans la reconnaissance de La Réunion
et dans l’influence des choix des voyageurs grâce à du marketing viral, segmenté et riche en
contenus, mis en œuvre par une agence virtuelle.
Ensuite, différencier l’offre afin de répondre aux désirs d’individualisation, de sur-mesure
des voyageurs. Les technologies numériques permettent ici d’identifier des tendances
sociologiques fortes (groupes d’appartenance), des attentes et des pratiques qui permettront de
mieux adapter le positionnement de l’offre réunionnaise autour de thématiques tels que l’éco-
tourisme, le tourisme actif, la découverte des paysages et des savoirs locaux, etc. Ces technologies
offrent également la possibilité d’exposer une palette d’activités, librement combinables des
packages ou des univers qui présentent l’avantage déterminant de renforcer la chaîne de valeur
touristique et de maximiser les effets d’entraînement sur le territoire.
Enfin, faciliter l’immersion totale des touristes à La Réunion en misant sur la dimension
didactique et ludique des TIC. Smart phones et tablettes doivent permettre de faciliter la gestion
des paramètres logistiques (notamment de transport, d’horaires, de localisation et de réservation)
mais également d’améliorer l’expérience des visiteurs en apportant des contenus riches et variés
sur les sites. Les solutions numériques guideront également les touristes dans leurs parcours de
territoire, à travers des suggestions adaptées à leurs préférences. Dans cette perspective,
l’aménagement numérique du territoire en très haut débit et en fibre optique (FTTH) a été
programmé par l’Etat et le Conseil Régional dans la stratégie de cohérence pour l‘aménagement
numérique du territoire. En outre, pour permettre aux voyageurs d’accéder avec son smartphone
63
au très haut débit sur toute l’île, deux axes sont aujourd’hui prioritaires : la couverture du
territoire en 4G et l’accès en wifi dans tous les points publics, sites et hébergements touristiques.
Mais l’innovation n’est pas que numérique. Faire de La Réunion une « green world
destination » d’experiences et d’émotions de pleine nature, de culturel ou de bien être
implique de prioriser les investissements en R&D et innovations sur plusieurs autres champs.
b) Innover pour moderniser, réinventer, rajeunir l’image de la destination Réunion
A côté des critères de segmentations classiques, de type géographiques et sociologiques, il
est possible d’identifier des profils de visiteurs ayant une propension forte à s’intéresser à la
destination Réunion, en fonction de critères plus liés à leur comportement et à leurs motivations
qu’à leur profil. Ce qui permettra d’atteindre ces publics de façon plus efficace par des messages
spécifiques ou via des médias adéquats. Les nouvelles technologies permettent de cibler ces
marchés à condition que des offres correspondant à leurs préoccupations sont proposées et
affichées. Afin de susciter l’intérêt de la clientèle touristique, il est tout d’abord nécessaire de
moderniser l’offre existante de produits et de services. Les segments de clientèle sont les familles,
les couples et les groupes d’amis. La Réunion doit attirer ces derniers profils, en tablant sur les
nouvelles générations de voyageurs.
Une image plus moderne, plus festive du territoire permettra en outre d’investir un
nouveau marché : celui des jeunes célibataires et des jeunes couples. A ce titre, l’expérience de
deux festivals de musique le « Sakifo » et les « électropicales » (« le festival électro le plus au sud
de la planète ») a été concluante. L’impact en est multiplié, dans la mesure où ce public est
connecté en permanence sur les médias sociaux et communique largement. La notoriété de ces
évènements est relayée par leur diffusion sur les radios spécialisées. En publiant, l’auditeur
devient prescripteur de la destination. (29.000 participants au Sakifo en réseau, 2.500 connexions
sur la page « électropicales »). Les supports deviennent des outils ambassadeurs de la destination
et de la culture.
64
c) Innover pour conduire La Réunion à se démarquer des autres destinations comparables : La Réunion misera très fortement sur la reconnaissance de son patrimoine naturel : Patrimoine Unesco, volcan, Parc National
Les facteurs qui influent sur la décision de choisir la destination Réunion répondent à une
volonté de partir dans une île de l’océan Indien qui aura des atouts supplémentaires et différents
des autres îles (Maldives, Canaries, Seychelles, Maurice …). L’île doit apparaître comme la
destination privilégiée pour des vacances expérientielles et la découverte d’une nature
impressionnante.
D’ores et déjà, la création du Parc National a fortement contribué au développement de la
gestion du patrimoine naturel et culturel, qui comprend également Kélonia et la maison du
volcan. Les espaces aquatiques, particulièrement vulnérables face aux problèmes
environnementaux, sont préservés grâce à la réserve marine. Le territoire dispose donc d’un
potentiel important, mais les acteurs en charge de ce patrimoine ne sont pas encore assez tournés
vers le tourisme et par voie de conséquence vers son optimisation économique.
La reconnaissance des cirques, pitons et des remparts du territoire en tant que Patrimoine
mondial de l’Unesco, les volcans et le Parc national sont des atouts que nous n’utilisons pas à leur
juste valeur. Ils seront désormais mis en avant de manière plus forte pour développer la
reconnaissance internationale du territoire. Des efforts seront déployés pour la mise en valeur de
ce patrimoine, qui contribue à renforcer l’attractivité de la destination Réunion. Il s’agira de
valoriser ce patrimoine emblématique réunionnais par des innovations numériques
technologiques ou d’usages afin de générer de réelles retombées économiques sur les territoires.
Les services ou produits développés devront valoriser le patrimoine dans sa dimension culturelle,
historique, scientifique, naturelle, architecturale, sociale, en offrant une expérience de visite à la
fois divertissante et instructive.
d) Innover pour permettre à La Réunion de coopérer avec son environnement régional
Pour être plus solide ensemble et renforcer le poids et la visibilité des îles de l’océan
Indien, La Réunion favorisera les actions combinées avec ces voisins. Lancé en 2010, le concept «
Îles Vanille » vise à assurer une promotion touristique commune des destinations de la zone
océan Indien sur les marchés européens et asiatiques. Cette première étape de travail en commun
65
ayant permis de créer une vraie dynamique, les régions ont souhaité intervenir ensemble sur des
actions d’intérêt général qui pourraient être portées pour l’ensemble des pays, en amont du
fonctionnement des comités de tourisme existants dans chaque île. Il s'agit maintenant de
développer cette action avec des relais dans chacune des îles et de mutualiser les actions
susceptibles d’avoir des répercussions pour la zone océan Indien et les régions en difficulté.
e) Innover pour développer les marchés étrangers dont les BRICS : Un effort particulier dans les échanges Sud-Sud
Le marché européen constitue aujourd’hui le marché prédominant de La Réunion.
Pourtant, comparée à l’Amérique du Nord et l’Asie du Sud-Est qui sont les destinations phares
des voyageurs européens, l’île de La Réunion est peu envisagée par ce public. La catégorie des
pays riches dont le marché européen fait partie ne s’étend guère, tandis que celles des pays
convergents se développe spectaculairement. La Chine a été rejointe par la quasi-totalité de l’Asie
du Sud-Est. Dans la compétition à laquelle se livrent les acteurs touristiques, les pays émergés
sont devenus incontournables. En dix ans, le commerce mondial a été multiplié par quatre, mais
le commerce entre pays du Sud l’a été par dix. La Chine est en tête, mais le peloton des pays en
convergence avec les pays développés est de plus en plus fourni. On y trouve une bonne partie de
l’Afrique sub-saharienne, et toute l’Asie du Sud-Est, deux régions laissées pour compte lors de la
dernière décennie. La crise a été un « accélérateur » de ce rattrapage car les pays de l’OCDE sont
tombés en récession à l’exception de l’Australie, la Corée du Sud et la Pologne.
La coopération sud-sud entre en pratique et La Réunion doit y participer. A cet égard
l’Afrique et l’Amérique du Sud en montrent l’exemple. Le président brésilien Lula avait lancé une
alliance Inde-Brésil-Afrique du Sud en promettant aux africains une « révolution verte ». Il y a
comme principal rival la Chine. L’Afrique est donc en train de devenir un hub, au carrefour de la
Chine, de l’Inde et de l’Amérique du Sud. L’Afrique sera donc le marché stratégique des
prochaines décennies. La Réunion doit tirer parti de sa proximité (en tant que destination moyen-
courrier), et du fait qu’elle soit le seul représentant européen du Sud. L’approche sera élargie à
l’Amérique du Sud qui deviendra aussi un marché potentiel accessible via l’Afrique du sud.
f) Innover pour raccorder les liaisons aériennes aux principaux hubs
Du fait de son offre touristique particulière et du coût élevé des vacances, La Réunion
n’est pas vendable comme destination de masse. Pour autant, il faut améliorer les liaisons
66
aériennes, les disponibilités et les tarifs. L’activité aérienne est essentielle pour le développement
de La Réunion en général, et celui du tourisme en particulier. La contrainte forte liée à l’insularité
est renforcée par l’éloignement de l’île par rapport à ses marchés principaux. Dans la mesure où il
parait difficile de mettre en place des liaisons directes pour tous les marchés potentiels, des
liaisons vers les hubs seront créées. En effet, le raccordement aux hubs les plus proches
permettra de multiplier les possibilités d’accès des voyageurs transitant dans des aéroports qui
servent de pivot, d'éclatement pour le trafic des compagnies qui s'y sont implantées.
La Réunion étant relativement isolée et éloignée des principaux marchés d’origine, son
industrie touristique est fortement tributaire de l’existence de liaisons aériennes efficaces et
compétitives. Plus de 99 % des touristes étrangers arrivent à La Réunion par avion. Le trafic de
passagers aux deux aéroports locaux, Roland-Garros et Pierrefonds, a fortement progressé pour
dépasser le seuil des deux millions de passagers en 2010. Des travaux d’agrandissements et de
modernisation des infrastructures des aéroports locaux ont démarré. L’objectif est d’accroître leur
capacité et d’améliorer l’accueil des 3,5 millions de passagers espérés à l’horizon 2025. Les
transports aériens et terrestres ont un rôle important à jouer dans la réalisation des objectifs
régionaux de croissance du secteur touristique. Début 2011, l’activité aérienne emploie 1 690
personnes à La Réunion. Un tiers de ces emplois est généré par le tourisme. Parallèlement, nous
continuerons à réduire les freins à l’arrivée de touristes qui pourraient naître de l’obligation du
visa outre-mer pour entrer dans les DOM, défavorisant ceux-ci dans la concurrence
« administrative » avec les pays voisins et concurrents qui, souvent, ne demandent pas de visa à
l’entrée ou le délivrent directement à l’aéroport.
g) Innover pour améliorer l’accueil du visiteur
Lorsque que le visiteur est sur place, il doit trouver les conditions optimales
d’organisation et de logistique depuis son arrivée à l’aéroport jusqu’à son départ : accueil,
transfert, organisation de son séjour et départ. Cette démarche est applicable au touriste résident
pour l’inciter à rester sur le territoire pour y passer ses vacances. Les voyages intérieurs
nécessitent des réseaux de transports terrestres en commun efficaces et efficients pour acheminer
les touristes vers des destinations dispersées sur le territoire. Plusieurs solutions de transport
s’offrent aux touristes pour découvrir l’île. Entre location de voiture, taxi, transport par bus ou
excursion en mer, 760 salariés sont au service des touristes dans ce secteur. Les pouvoirs publics
prépareront une déclaration de principe (sous forme de livre blanc) définissant les orientations
67
stratégiques de l’aviation et du transport terrestre pour les 20 années à venir. Le document visera
également à fournir aux opérateurs touristiques des informations et les outils leur permettant de
cerner et de relever plus efficacement les défis du changement climatique, tout en restant
compétitifs au niveau international.
h) Innover pour disposer des équipements à la hauteur de l’exigence des touristes, et de la concurrence internationale
Nous avons dit plus haut que le territoire mettra en avant ses atouts. Avec le partenariat
entre les décideurs régionaux, mis en œuvre dans le cadre du Comité d’Orientation Stratégique du
Tourisme, un certain nombre de grands projets publics ont d’ores et déjà été lancés : gîtes HQE,
écolodges, bassins de baignade, sentiers, cœur habité de Mafate … Les projets seront exemplaires
en terme architectural et environnemental. Il faut donc continuer à engager au plan régional de
grands chantiers pour redorer le blason de la destination Réunion et améliorer son attractivité au
travers d’efforts accrus en faveur de lieux « incontournables » (sites classés au Patrimoine Mondial
de l’Humanité par l’Unesco, Parc National, Volcans…).
i) Innover pour développer les activités de loisirs sources de croissance verte et de croissance bleue
Les loisirs considérés comme touristiques occupent 1 590 salariés début 2011, et
représentent ainsi près d’un quart de l’emploi touristique. Ces emplois sont répartis entre l’offre
de loisirs et les structures qui participent au développement du tourisme, comme les offices de
tourisme. L’emploi touristique dans le secteur des loisirs a régulièrement augmenté et compte 270
emplois de plus que début 2006. Un tiers des emplois du secteur des loisirs est regroupé dans les
activités sportives et de loisirs. Ils se répartissent entre les clubs et activités liés au sport et
certaines activités récréatives et culturelles. Principalement tournée vers les résidents, une partie
de leur activité est néanmoins destinée au tourisme.
Les activités sont différentes entre les Hauts et les Bas. Les deux activités phares à La
Réunion sont la plongée et la randonnée. Les autres activités (canyoning, parapente, ulm) sont
plutôt considérées comme des multi-activités. Le golf est également un facteur important
d’attractivité. A ce titre, La Réunion est déjà clairement une destination verte, mais elle pourra
être vendue encore plus comme une destination baignade lorsque les activités de loisirs nautiques,
le confort des chambres et la qualité de service de l’hébergement seront comparables aux
destinations voisines. C’est pourquoi tous les projets liés au tourisme bleu et avec des retours sur
68
investissement rapide seront également encouragés. Si les structures à taille plus humaine sont
généralement capables d'amortir les chocs par le développement d'activités annexes (restauration,
salles de séminaires, tourisme local : poly-activités), leur structuration en filières est essentielle à
leur développement. Enfin, les activités récréatives et les activités de spectacle-culture
représentent 20 % des emplois, et leur nombre a presque quadruplé en cinq ans. De nouvelles
pistes seront explorées avec :
- La mise en scène des musées, des jardins, de l’architecture et du patrimoine
- L’organisation de grands festivals à La Réunion
j) Innover pour développer l’éco-tourisme
L'éco-tourisme est un concept créé par des biologistes au Costa Rica dans les années 80 :
protéger la nature en utilisant les revenus du tourisme. Malgré son succès sur la scène
internationale, jusqu'à peu, l'éco-tourisme demeurait un concept et un terme relativement peu
employés à La Réunion. Pourtant, de plus en plus de prestataires touristiques souhaitent s'engager
sur la voie du développement durable. Il faut donc encourager ce mouvement. Pour cela, il est
primordial de diffuser l'information et de faire connaître le concept d'éco-tourisme auprès de
tous.
Les initiatives des opérateurs privés, mise en œuvre en partenariat avec les guides et
animateurs du Parc National ont bénéficié d’un engouement fort. Cet axe tourisme
responsable/durable permet la création d’une différence opérationnelle vis-à-vis des îles
concurrentes (plutôt liées à la plage). Les thèmes sont nombreux : volcan, récif, éco-tourisme
baleinier, biodiversité, cuisine créole …. A ce stade, il est important d’obtenir un
accompagnement des scientifiques, historiens, sociologues et autres pour former les
professionnels du tourisme et leur permettre de travailler sur les contenus de leurs commentaires
et créer des projets pédagogiques par tranche d'âge pour les scolaires.
L’angle du positionnement « tourisme responsable » constitue un axe attractif pour La
Réunion en termes d’opportunité de diversifier l’offre touristique. Il est compatible avec les
possibilités de ce territoire, existantes ou à développer en termes de circuits verts. En outre, la
problématique du développement durable est une réponse aux défis posés par les transports et le
changement climatique. Des actions concertées dans le cadre des « Îles vanille » seront mises en
69
œuvre, dans un souci général de conservation des espèces ciblées, de leur environnement, de leur
habitat et des ressources halieutiques.
k) Innover pour améliorer la compétitivité des entreprises touristiques
Les capacités de l’industrie touristique du côté de l’offre seront renforcées car nous
accorderons une plus grande place à la formation et aux compétences. L’augmentation des
recettes touristiques passera par la commercialisation de produits attractifs et de qualité
professionnalisée. Dans des segments tels que l’accueil, l’offre de main-d’œuvre est tendue, bien
que la situation puisse commencer à changer du fait de la crise économique. Il importe que les
employeurs du secteur privé mettent en œuvre des stratégies de recrutement, de formation et de
fidélisation pour disposer du personnel qualifié permettant de satisfaire la clientèle et, par la suite,
de développer leurs activités.
Pour accroître la compétitivité de ses entreprises, La Réunion mise sur le soutien à
l’innovation, le développement de leur visibilité internationale et un meilleur accès au
financement. Cette stratégie passe par l’identification des secteurs porteurs qui permettront des
gains de productivité pour les entreprises et de développer des activités nouvelles facilement
exploitables. Jusqu'à présent, la sensibilisation des acteurs (IRT, offices, prestataires) s'est
effectuée de manière ponctuelle, dans le cadre des actions de sensibilisation aux TIC, et de
l'accompagnement au déploiement de la plate-forme d'information et réservation touristique,
avec la mise en œuvre de séminaires trimestriels. Si ces rencontres ont bien permis d'assurer une
veille en matière de e-tourisme (tous les offices ont désormais une page Facebook et un compte
Twitter), elles n'assurent pas la montée graduelle en compétences.
A l'heure où, en France, les offices de tourisme spécialisent du personnel en « animateurs
numériques de territoire », avec des programmes de formation « virage numérique », que des
programmes de formation à destination des prestataires se multiplient sous forme d'« académies
du e-tourisme », La Réunion risque d'être à nouveau distancée. Un programme de formation
cohérent sera conçu et mis en place en partenariat avec la Fédération Réunionnaise du Tourisme,
phasé dans le temps en mobilisant les dispositifs existants.
70
l) Innover pour faciliter la pratique quotidienne de l’anglais sur le territoire
Cette volonté d’intensifier les rapports avec les marchés étrangers passe également par
une amélioration des connaissances en langue étrangère des chefs d’entreprises et des salariés. Un
programme de formation en anglais strictement adapté aux prestataires sera mis en œuvre. Les
contenus évolueront avec un apprentissage des langues sur la base de la maîtrise des outils du
web. Il s'agit d'excellents supports pour apprendre la langue et échanger avec des correspondants,
développer des compétences web et promouvoir son produit sur les marchés extérieurs.
C - Priorité 3 : La Réunion, plateforme agile de transformation vers une économie de la connaissance, numérique et décarbonée
Dans l’esprit de l’analyse traditionnelle du commerce international, La Réunion semble a
priori disposer de peu d’avantages comparatifs au sens également traditionnels : ni avantages en
termes de coût du travail ou de coût du capital, ni avantage technologique franc par rapport à
d’autres économies concurrentes. Dès lors son positionnement en matière de spécialisation dans
la chaîne de valeur internationale apparaît délicat.
Cette perspective n’est heureusement pas celle proposée par les nouvelles analyses du
commerce internationale qui fondent la spécialisation sur d’autres éléments tels que les
économies d’échelle externes et internationales, l’innovation, les effets d’apprentissage, un
contexte de concurrence monopolistique visant à satisfaire la variété des goûts et les goûts pour la
variété. Dans ce cadre (cf. travaux de Krugman, Grossman & Helpman (1991), Dixit &
Stiglitz,…) une économie même petite comme une île peut fonder sa spécialisation dans
l’échange international. De même, les travaux de Porter sur la détermination des avantages
compétitifs des firmes et des Nations, conduisent à fournir plusieurs arguments permettant à une
économie de s’insérer dans le cadre de la compétition internationale : les cinq forces de Porter et
le climat de l’environnement entourant les firmes peuvent fournir plusieurs pistes sur ce point.
Enfin, la théorie des Firmes Multinationales propose plusieurs éclairages sur les choix de
positionnement des firmes notamment dans le cadre de la division internationale des processus
productifs.
71
A la lumière de ces outils, il apparaît fondé de considérer que La Réunion puisse réfléchir
à un positionnement dans la chaîne de valeur international. L’étude des deux priorités concernant
la bio-économie et le tourisme expérientiel sont déjà des illustrations montrant que La Réunion
dispose pour au moins de deux domaines d’activités d’avantages fondant leur positionnement à
La Réunion. Un troisième domaine peut être envisagé non plus seulement à l’échelle sectorielle
mais à celle du territoire. A l’instar d’autres économies qui fondent le choix de localisation des
investisseurs sur l’outil du dumping fiscal, La Réunion peut aussi être un choix de localisation ou
d’investissement préférentiel en utilisant un autre argument que la fiscalité : être la plateforme
européenne sud tropicale de transformation des idées en business vers une économie de la
connaissance numérique et décarbonée.
La Réunion dispose déjà de plusieurs facteurs de différenciation lui permettant d’être
attractive sur ce champ de spécialisation :
Son climat tropical ensoleillé,
Son statut de DOM lui assurant des institutions juridiques et administratives
stables,
Le soutien de longue date de l’Europe, au titre de l’objectif « convergence » et de
son statut de RUP, qui l’a aidé à construire un environnement humain bien formé,
qui l’a dotée d’infrastructures et d’équipements adaptés aux enjeux contemporains
même s’ils demandent à être renforcés,
Son niveau de développement sanitaire digne des pays les plus développés
Par ailleurs, son histoire et sa géographie ont doté le territoire réunionnais d’une richesse
humaine culturelle et cultuelle et plusieurs atouts en matière de lisibilité internationale : un parc
national, une inscription de ses reliefs au Patrimoine mondial de l’Unesco, une zone d’économie
exclusive de plus de 2,5 millions de km2. Ces caractéristiques demandent à être sécurisées et à
être renforcées car elles constituent une partie des éléments clés de différenciation. Les
développements autour de la bio-économie du vivant ont montré tout le potentiel associé à cette
ambition. Une autre partie de ces sources de différenciation est à assembler, à construire pour
faire de La Réunion, à l’échelle de l’île toute entière, une véritable plateforme agile de
transformation vers une économie de la connaissance numérique et décarbonée. Il s’agit là d’un
72
choix de positionnement visant le marché de la localisation des investissements directs à
l’étranger faisant le choix de la localisation réunionnaise pour tout son potentiel en matière de
transformation des idées en business au sein d’un territoire doué pour le futur !
Autrement dit La Réunion puiserait ses avantages de localisation non pas seulement dans
quelques outils fiscaux ou dans une réduction relative et fragile du coût du travail, mais aussi et
surtout dans toutes ses caractéristiques humaines, sociétales, technologiques, climatiques. Ces
facteurs parce qu’ils demandent à être crées ou renforcés puisent leurs sources dans l’effort
d’innovation et de R&D que devra réaliser le territoire dans ce domaine afin de consolider les
avantages dont il dispose. Cet effort d’innovation pour construire cette plateforme de
transformation peut concerner trois grands axes : l’innovation dans l’agilité sociétale du territoire,
l’innovation pour créer une véritable société digitale, l’innovation pour faire de La Réunion une
preuve de concept de la transition vers une économie décarbonée. Ainsi, forte de ces trois
vecteurs, La Réunion sera ce territoire d’accueil, de transformation pour vendre au Monde que La
Réunion est la terre pour « Making Ideas Concrete » |S. Bansky (2011)]
1) L’innovation dans l’agilité humaine, sociétale et organisationnelle du territoire
Relever le défi du changement, de la réponse aux chocs, de la transformation des
mentalités, exige une forme d’agilité territoriale. Mais, devenir un territoire agile ne s’improvise
pas. C’est à la fois une ambition, d’évolution, d’émancipation et une condition, un prérequis à
toute évolution ou à la conduite du changement.
Dans ce domaine, La Réunion dispose déjà d’une longue expérience acquise et à
renforcer. Son histoire, séculaire, est marquée par de nombreuses remises en causes des
fondamentaux de son économie, des paradigmes passés sur lesquels celle-ci avait été construite
mais aussi par des épisodes douloureux qui ont meurtri le territoire. Et pourtant, cette économie
existe toujours, a même été marquée par une formidable transformation lui permettant de passer
du stade d’économie tombée dans une trappe de sous-développement au statut aujourd’hui de
vitrine de l’Europe dans l’océan Indien.
73
Cette résistance aux chocs passés, La Réunion le doit bien sûr aux soutiens humains et
financiers extérieurs mais elle le doit aussi et beaucoup à une dimension souvent négligée :
l’intelligence territoriale conduisant à doter l’économie réunionnaise d’une certaine forme de
résilience. Cette caractéristique a sans doute permis à l’économie et aux résidents de cette île de
passer les siècles et les crises et de savoir se relever. L’agilité dont a su faire preuve le territoire
réunionnais pour rebondir n’est donc pas à minorer mais au contraire à valoriser car elle participe
de la construction de cette capacité, de ce talent à faire face aux événements, aux chocs, aux
remises en cause, au changement tels que ceux qui sont appelés ou attendus. Cette agilité qui a
prévalu durant les siècles derniers et les dernières décennies n’est aujourd’hui plus du même
ordre. Elle doit faire face à de multiples dimensions internationales, et non plus seulement
domestiques, tant par les chocs que par les acteurs concernés. Elle doit composer avec une
population plus nombreuse : quatre fois celle de la départementalisation. Elle doit s’adapter à une
accélération des rythmes. Cette résilience est aujourd’hui fragilisée par une vie à haute fréquence.
Elle doit aussi composer avec la disparition de plusieurs amortisseurs sociétaux qui ont facilité ce
vivre ensemble du fait des conflits d’usages, des effets de congestions, des changements de mode
de vie…
La résilience, l’agilité, la capacité de rebond du territoire ne sont donc plus garanties à vie.
Ils doivent être renouvelés, consolidés et adaptés aux nouveaux enjeux. C’est pourquoi, loin
d’être accessoire, cette priorité touchant l’agilité devient au contraire transversale car :
Elle rend possible le changement en réduisant les crispations, la viscosité au profit
d’une plus grande fluidité sociétale.
Elle stabilise une société et donc un climat de l’environnement économique,
propice à générer des forces centripètes sur les investisseurs internationaux.
Elle construit les sous-bassements d’une organisation et d’une intelligence
territoriale adaptée aux défis à relever.
En d’autres termes, cette priorité transversale, visant à faire de La Réunion, un territoire
agile, organisé et intelligent est la pierre angulaire pour armer La Réunion d’une spécialisation
intelligente articulée autour des trois priorités principales.
74
a) L’agilité humaine
« Il n’y a de richesse que d’hommes ». L’ambition territoriale énoncée est réalisée pour les
femmes et les hommes et par les femmes et les hommes de La Réunion. Encore faut-il qu’ils y
soient préparés et outillés pour y répondre. Dans ce domaine plusieurs enjeux émergent et
concernent le renforcement des talents, des capacités humaines tant au niveau du capital humain
que celui de l’état sanitaire. Plusieurs axes peuvent être envisagés donnant à l’amélioration des
capacités humaines une approche multidimensionnelle permettant de disposer de ressources
humaines formées et intégrées aux mondes.
Résorber l’illettrisme : condition de participations aux mondes
Le premier axe prioritaire concerne la lutte contre l’illettrisme qui concerne près de
100 000 personnes et 1/3 des enfants de 6e. Ces résultats questionnent la pertinence des
modèles d’apprentissage et soulève la nécessité de développer des instruments innovants, adaptés
aux réalités territoriales et placés au service des capacités individuelles et collectives. Apprendre à
apprendre, acquérir les méthodes et les compétences qui permettent à chacun de s’accomplir
dans sa subjectivité et d’exercer sa créativité.
Cet « empowerment » peut être soutenu notamment grâce à l’informatique et aux TIC,
comme le montre les expériences en cours en Inde. De multiples solutions d’e-éducation (serious
games, ebooks, cours en ligne, formations virtuelles) pourraient être mises en libre-service grâce à
la généralisation du Plan Ordinateur Portable et de son volet Environnement Numérique de
Travail et l’accès à tous à des serveurs de contenus didactiques.
Ces moyens innovants de lutte contre l’illettrisme pourront soutenir les capacités
d’exportations, notamment vers les pays du COMESA qui rencontrent des défis identiques.
Soutenir la formation, l’enseignement supérieur et la recherche : être le hub de la connaissance
scientifique de l’Afrique Australe
Pour devenir un hub de la connaissance scientifique dans la zone indo-océanique, La
Réunion dispose de nombreux atouts évoqués dans notre diagnostic sur l’écosystème de la RDI
75
de La Réunion. Elle est en effet le seul DOM à disposer d’une telle concentration d’acteurs sur
l’ensemble de la chaîne de l’innovation. Forte de la présence des grands organismes de recherche
nationaux et d’une université de 12 000 étudiants et de 1000 personnels qui est l’unique
établissement français d’enseignement supérieur et de recherche dans l’océan Indien, La Réunion
est également le seul DOM à bénéficier sur son territoire d’un pôle de compétitivité de plein
exercice (Qualitropic), d’un Incubateur Régional de jeunes entreprises de technologies innovantes
et de trois Centres de Ressources Technologiques – les CRT ARDA, ARVAM et CRITT-
labellisés par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, d’un centre
d’innovation en matière de bâti tropical (CIRBAT). Elle dispose également d’une Technopole,
d’une Agence Régionale d’Innovation (NEXA) et de plusieurs clusters adossés à des puissants
secteurs d’activité.
Dans la partie amont de la chaîne de l’innovation, La Réunion bénéficie dès à présent de
forces vives de la recherche dans plusieurs grands champs à commencer par la bioéconomie,
première priorité de notre stratégie.
Dans le domaine énergétique, des laboratoires universitaires (LE2P, PIMENT) travaillent
aux côtés des professionnels et des structures de soutien nationale (ADEME) et régionale
(TEMERGIE) sur des solutions innovantes dans le champ des Small & Smart Grids, du stockage
énergétique, du bâti tropical écologique et plus globalement des énergies renouvelables dont La
Réunion est une vitrine remarquable.
Dans le domaine de l’écologie tropicale terrestre et marine et de l’observation des milieux
et des changements globaux, le territoire bénéficie également de ressources multiples, tant pour la
préservation d’un patrimoine unique (Parc National, Réserve Marine) que pour les recherches
scientifiques qui s’y rapportent (UMR PVBMT Cirad-Université de La Réunion, IRD, UMR
CORAIL, Observatoire des Sciences de l’Université de La Réunion…) et qui bénéficient dès à
présent de plateformes technologiques de première importance (Station de réception d’images
satellite SEAS-OI –Surveillance de l’Environnement Assistée par Satellite - Océan
Indien implantée à Saint-Pierre ; Observatoire de Physique de l’Atmosphère du Maïdo). Dans ce
champ scientifique important au regard des ressources du territoire et des enjeux de préservation
et valorisation qui s’y rattachent, les sciences marines occupent une place éminente avec
l’IFREMER, l’IRD et des laboratoires universitaires en cours de rapprochement avec l’INE du
76
CNRS. Des Îles Eparses aux Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF), les potentiels
de valorisation sont considérables et dessinent une Croissance Bleue qui doit grandir dans les
années à venir grâce aux interactions entre les acteurs RDI et les acteurs économiques.
Dans le champ des risques naturels, La Réunion fait partie des régions françaises les plus
exposées et représente un laboratoire hors du commun puisque l’ensemble des risques naturels
sont présents sur le territoire (cyclones, inondations, éruptions volcaniques, glissement de terrain,
érosion littorale, feux de forêt, tsunami), ce qui explique la densité et la qualité des recherches
scientifiques menées localement par les organismes (BRGM, IPGP-OVPF, laboratoire
Géosciences…) rassemblés désormais autour d'un Observatoire Régional des Risques Naturels.
Enfin, dans le vaste champ des Sciences de l’Homme et de la Société, l’expertise acquise
par les laboratoires de l’Université de La Réunion rassemblés dans l’OSOI (Observatoire des
Sociétés de l’Océan Indien) est notamment développée pour les îles indianocéaniques (territoires)
et les multiples échanges (mobilités) qu’elles entretiennent, dans l’espace et le temps, entre elles,
avec les pays bordiers de l’océan Indien et le reste du monde. Dans cet espace océan Indien,
l’examen des « entrelacements » des territoires et des échelles (réseaux) sont essentiels pour la
connaissance de la vie institutionnelle et politique (pouvoirs) des sociétés locales et des relations
internationales qui en découlent ainsi que des spécificités stratégiques en territoires périphériques
insulaires exposés (étudiés au sein du laboratoire CEMOI). Ces milieux insulaires tropicaux sont
réputés fragiles et exposés à de multiples menaces naturelles, climatiques, écologiques, littorales,
environnementales, technologiques, sanitaires, sociales, économiques, financières ou juridiques.
Ces risques spécifiques à La Réunion et, plus largement à la zone océan Indien, sont aujourd’hui
bien appréhendés par les équipes de recherches réunionnaises. Ces travaux permettent de
développer un regard sur le développement, essentiellement conçu comme "durable" qui
constitue le défi à relever dans ces territoires.
Dans l’ensemble de ces grands champs scientifiques, La Réunion dispose donc d’atouts
importants pour devenir un Hub de la connaissance scientifique dans la zone indien-océanique.
Pour autant, la S3 n’est évidemment pas une simple stratégie de recherche mais bien un projet
territorial global dont la réalisation est forcément conditionnée par l’amélioration de la formation
fondamentale (nécessitant notamment le financement d’infrastructures éducatives),
l’indispensable maîtrise des langues étrangères (a minima de l’anglais) et la création de filières
77
d’excellence, dans des domaines de niche en liens avec les problématiques insulaires ou tropicales
(écologie tropicale et marine, agro-écologie, gestion des risques, vulcanologie, météorologie,
économie écologique, anthropologie et sciences sociales, linguistique, maladies infectieuses ou
métaboliques régionales, etc.)..
Le soutien à l’épanouissement individuel et collectif passe également par le renforcement
des capacités de formation. Là encore, l’objectif est double : satisfaire les besoins locaux actuels et
futurs (grâce à une démarche prospective) tout en développant des solutions destinées à l’export.
Le développement de l’e-formation dans laquelle est particulièrement engagée l’Université
de La Réunion – à travers le projet « France Université Numérique» – et le CHU peut également
soutenir la capacité de notre île à exporter des solutions, notamment à travers la coopération
régionale (ex. de la formation virtuelle en chirurgie portée par le CHU).
La mobilisation de la S3 au service de la formation relève enfin de sa capacité à participer
à l’ouverture des esprits et des mentalités. Les échanges de savoirs, technologiques et de savoirs
faire sont portés par les acteurs. Dans cette perspective, le Hub de la connaissance scientifique
doit être un outil facilitateur d’échanges, de fertilisations croisées grâce à la mobilisation des
talents externes (professeurs étrangers, post-doctorants et doctorants, jumelage avec des
structures de formation et de recherche internationales,…) au service de l’économie grise.
Ainsi, le développement d’instruments innovants pour acquérir et développer des
compétences permettrait donc tout à la fois de résoudre un problème tout en développant des
capacités d’exportation, notamment vers les pays du COMESA qui rencontrent des défis
identiques. Il en est de même pour l’amélioration de la santé et du bien-être de la population,
préalable à toute politique de développement.
Consolider l’état sanitaire : être le hub sanitaire sécurisé, fournisseur de solutions en santé
Grâce à la modernisation des équipements et du système de soin, La Réunion a connu en
un demi-siècle une révolution qui la place en tête des régions de la zone. En raison de la jeunesse
de la population, le taux de mortalité est désormais inférieur à celui de la métropole. Cette
transition repose sur le bouleversement épidémiologique : les maladies infectieuses qui causaient
78
près de 47% des décès au début des années 50 n’en provoquent plus que 2,1% en 2005. Comme
en métropole, les maladies de l’appareil circulatoire et les tumeurs dominent (respectivement
30,3% et 20,6% des morts).
Aujourd’hui, le système de santé réunionnais doit également s’inscrire dans une logique
« glocale » pour répondre aux enjeux locaux et mondiaux. Les domaines de spécialisation du
CHU sont ici exemplaires :
gérer et traiter les risques sanitaires induits par les spécificités locales accélérées
par les bouleversements de la départementalisation – maladies métaboliques, diabète,
obésité, insuffisance rénale, hypertension, natalité
surveiller et remédier aux risques tropicaux en circulation dans la zone océan
Indien notamment en matière de maladies infectieuses, grâce au renforcement de
partenariats éducatifs, techniques et scientifiques (projet ARS OI).
Pour illustrer le principe des fertilisations croisées, ces conditions sanitaires constituent
également un soutien intéressant pour le développement d’une offre touristique « adaptée » à
destination des voyageurs souffrant d’affections de longue durée (telles que le diabète ou
l’hémophilie) qui nécessitent un environnement sécurisé. La Réunion pourrait ici pleinement tirer
de son double statut d’île verte, sauvage et à fort niveau de développement. Cette mise en avant
de l’architecture sanitaire de l’île est aussi un atout pour devenir un hub sanitaire sécurisé servant
de base arrière dans l’environnement incertain de l’Afrique Australe. La Réunion, sur ce plan peut
être fournisseur de solutions sanitaires sécurisées dans plusieurs secteurs : tourisme, organisations
internationales, co-développement.
b) L’agilité sociétale : l’innovation sociale et managériale pour encourager l’économie de proximité
La prospérité d’un territoire dépend de sa capacité à préserver et valoriser ses multiples
composantes : non seulement sa base naturelle, ses infrastructures, ses entreprises, mais aussi et
surtout ses liens sociaux, sa culture, ses savoir-faire… Autant de capitaux ou de patrimoines
matériels ou immatériels qui constituent la base des performances économiques à travers les
externalités positives qu’ils génèrent. Ainsi, beaucoup s’interrogent sur cette alchimie qui prévaut
à La Réunion, où en dépit d’indicateurs sociaux alarmants, la stabilité sociale demeure
79
globalement. Cela n’est en fait pas le fruit du hasard. Ici et là tout se passe comme si le territoire
était équipé d’amortisseurs permettant de réduire l’impact de certains chocs. Parmi ces
amortisseurs figurent les relations de proximité et les espaces de co-création composantes
essentielles de l’économie de proximité.
Reconstruire les relations de proximité
En effet, les amortisseurs sociaux s’avèrent extrêmement féconds en externalités positives
en permettant aux sociétés de mieux fonctionner, de mieux absorber des chocs, bref de
consolider leur résilience. Cet actif invisible mais non moins névralgique voit sans doute son
efficience être accrue dans les économies de petites tailles ou insulaires puisque les relations de
proximité y sont favorisées.
A La Réunion, la départementalisation a poussé de plus en plus de réunionnais à attendre
de l’Etat ou du marché la réponse à des attentes qu’ils comblaient jusqu’à lors eux-mêmes ou
grâce aux échanges familiaux et de voisinage : production alimentaire, construction, activités de
soin, mise en valeur des quartiers. Cette dynamique engendre trois conséquences négatives :
L’exclusion croissante du marché du travail d’une part importante de la population active
l’invisibilité et le délitement de certaines compétences
un affaiblissement des interdépendances et de la solidarité
la transformation en dépenses d’activités jusqu’ici (quasi)gratuites qui pèsent désormais
lourdement dans le pouvoir de ménages modestes.
Cette situation d’exclusion du marché du travail entraîne une perte de capacités, de
repères et suscite de nombreuses tensions qui se manifestent aujourd’hui par une aggravation de
la délinquance et des actes violents.
Pour conserver la cohésion indispensable au développement, une solidarité spatiale et
intergénérationnelle, il importe donc d’identifier les mécanismes qui ont permis une relative
stabilité en dépit d’une situation sociale tendue. Dans un contexte de durcissement de la crise
économique mondiale, notre île peut ici offrir des solutions innovantes pour préserver et
80
entretenir cette résilience sociale, si fondamentale. Un des axes proposés est l’encouragement de
l’économie de proximité.
En effet, nombreux sont ceux qui insistent sur le rôle structurant du maintien des activités
familiales et sociales de proximité dans cette résilience. Face aux difficultés structurelles du
marché et conjoncturelles de l’Etat, la promotion de l’auto-organisation grâce à des outils et des
techniques simples, des solutions collectives peut donc apparaître comme un outil au service de
l’intégration et des capacités sociales.
Ces multiples activités de proximité – services à la personne, entretien et réhabilitation des
quartiers, petits commerces, jardins partagés, services culturels et de loisirs, etc. – ne génèrent pas
de flux de valeur marchande, mais leur utilité sociale s’avère déterminante. D’après les estimations
de la Commission, ils représentent plus de 3 millions d’emplois dans l’Union. Ces initiatives
permettent d’inventer de nouvelles formes d’organisation participatives, de nouveaux espaces
mixtes qui mêlent les principes du marché et de la réciprocité. De faire émerger une troisième
voie, celle de l’économie solidaire qui repose sur l’implication des usagers dans la production, à
travers des formes aussi variables que les associations, les mutuelles ou les coopératives.
Ainsi, construire cette agilité sociétale invite à dépasser une interprétation
microéconomique de l’innovation et de la compétitivité qui se focalise sur les seules entreprises à
une lecture socialisée pour laquelle le territoire n’est pas un réceptacle de l’activité économique,
mais bien un producteur à part entière, dont les caractéristiques influent largement sur la capacité
d’adaptation et d’innovation des acteurs. Le patrimoine humain et social de La Réunion constitue
l’une des clés de différentiation et de réussite du territoire. L’innovation doit donc nous permettre
d’en préserver l’intégrité, d’en renforcer le potentiel et la résilience et d’en faciliter l’expression
des talents. Réciproquement, ce patrimoine renouvelé soutiendra l’innovation et l’ouverture
économique du territoire.
Développer la co-création pour démocratiser l’accès à l’entreprenariat et à l’innovation
Grâce à la mise en réseau et la circulation des informations permise par la révolution
numérique, le processus d’innovation se trouve bouleversé. Jadis dépendant d’activités de R&D
81
tenues secrètes par les entreprises, il repose de plus en plus sur l’échange et l’ouverture :
l’utilisation, l’amélioration, la recombinaison, le détournement d’idées.
Dans l’économie de la connaissance, l’innovation émerge des interactions fructueuses au
sein de communautés d’intérêt. La création cède la place à la co-création, dans laquelle la
frontière entre producteur et usager s’efface. L’invention de solutions innovantes suppose de
disposer d’espaces dans lesquels les usagers peuvent exprimer leurs besoins, leurs problèmes,
leurs attentes et entrer en relation avec des chercheurs ou des entrepreneurs capables d’y
répondre. Les living labs constituent des réponses parfaitement adaptées au défi de cette
innovation ouverte, car ils offrent précisément cet espace de dialogue et un environnement dans
lequel tous peuvent collaborer pour co-créer et tester des services et des produits, afin d’affiner
les cibles et les réponses adaptées.
La révolution numérique apparaît également comme l’une des clés de résorption du
chômage. La crise de l’emploi à La Réunion est d’abord une crise du salariat : l’emploi de masse
ne peut advenir dans une petite île qui cherche à compenser les déséconomies d’échelle par la
mécanisation et les gains de productivité. Mais, l’ère numérique permet une démocratisation
inédite de l’entrepreneuriat, de la capacité à transformer des idées en produits ou solutions, en
utilisant notamment des plateformes open-source. Nous proposons donc d’ouvrir durant la
prochaine programmation de multiples ateliers régionaux d’innovation, mêlant équipements
informatiques, imprimantes 3D (sur le modèle des « Fab Labs » qui permettent la réalisation de
prototypes) et des espaces de co-working, afin de faire émerger des générations d’ « entrepreneurs
open-source »
L’agilité de l’espace territorial au service d’une « Smart City réunionnaise »
La réussite de l’ambition affichée par la S3 exige une ouverture permanente du territoire
sur le reste du monde. La Réunion doit s’intégrer au Monde, comprendre ses évolutions, s’y
adapter, s’y inscrire…Sur ce plan, un facteur prépondérant est la capacité du territoire, de son
espace à être visible et accueillant au regard des attentes internationales d’ici au milieu du siècle.
Plusieurs axes sont concernés et reposent sur la capacité d’innovation du territoire pour :
82
Renforcer ses infrastructures logistiques d’accueil : ports et aéroports compétitifs,
zones d’activités innovantes,…
Améliorer le cadre de vie, l’environnement de production et de créativité : faciliter
la circulation des flux migratoires internes, de l’information à l’ère de la nano-économie, de
la liaison cadre de travail-loisir en nature,…
Renforcer la visibilité internationale du territoire : disposer d’outils de lisibilité et
de référencement de dimension mondiale (classement de Shanghaï, labels internationaux –
Retis, Equis,…)
c) L’agilité organisationnelle
A l’instar de l’économie de proximité et du facteur résilience, la performance d’un
territoire est aussi liée à sa capacité à s’organiser, à apprendre vite, à comprendre les changements,
à s’adapter avec célérité. Les coûts cachés, les frictions, les coûts d’ajustement doivent être
minimisés.
Dans ce cadre les institutions (matérielles et immatérielles) et les organisations sont des
catalyseurs du processus de croissance et développement. Ces institutions qui forment les
dispositifs de gouvernance doivent être perpétuellement adaptées aux contextes afin que le
territoire puisse faire face aux enjeux qui sont opposés. L’exemple de l’expérience de l’AGILE
illustre cette capacité de La Réunion d’avoir pu proposer un outil innovant, à l’époque, de
gouvernance de préparation et de gestion des programmes européens. De ce point de vue, l’île a
su démontrer son talent à développer des outils innovants de gestion de projets complexes.
Au-delà du soutien à ces outils de gouvernance moderne, la S3 doit aussi être mise au
service de la transformation de l’innovation des idées en valeur, richesses et emplois. Or, ce lien
est souvent manquant et a été décelé comme un des éléments d’amélioration de la SRI. Sur ce
plan, le soutien à l’élaboration de plateformes de transferts technologiques (pôles de compétitivité
et clusters), de pôle d’innovations, de centre de prototypages, de Labs s’avère être indispensable
pour faire de la S3 une stratégie inclusive.
83
2) Innover pour faire de l’économie réunionnaise une « société digitale »
La stratégie réunionnaise de spécialisation intelligente accorde une place centrale au
numérique, à la fois comme nouveau relais de croissance, échappant aux handicaps
traditionnellement associés à l’insularité et comme support des dynamiques sectorielles et des
fertilisations croisées, dans des domaines tels que la santé, l’énergie, le tourisme ou l’agriculture...
a) L’économie numérique : un secteur qui a rapidement pris ses marques
La convergence de l’informatique et des technologies de la communication (internet)
bouleverse actuellement les manières de produire, de distribuer et de consommer. Alors que le
modèle fordiste, d’après-guerre, reposait sur un principe vertical, descendant, où les
consommateurs passifs « choisissent » entre des biens standardisés conçus en série dans des
unités de production centralisées qui concentrent capital, travail et énergie, nous entrons
désormais dans l’ère des réseaux et de la décentralisation :
La révolution numérique permet la création et la diffusion instantanée et horizontale de
biens dématérialisés
L’offre doit s’adapter à une demande plus en plus diversifiée et segmentée, répondre au
désir de différentiation des consommateurs
Ces derniers participent de plus en plus activement à la conception et à l’usage des
solutions (à l’exemple des applications reposant sur les données personnelles)
Les gisements de croissance se déplacent progressivement de la production de biens vers
la commercialisation réactive de solutions de qualité, personnalisées. Cette nouvelle donne change
le positionnement concurrentiel de La Réunion : le succès de marché dépend ici moins d’une
compétitivité-prix déterminée par des économies d’échelle difficiles à réunir dans l’île que de la
capacité de petites équipes soudées à innover. Et ces biens informationnels peuvent être
reproduits et diffusés pour un coût quasi-nul, éliminant ainsi le deuxième handicap de
l’éloignement et des coûts de transport.
Ce domaine d’activité dispose déjà d’atouts importants…
84
1) Une implication historique des acteurs qui se traduit par un fort dynamisme : 580
entreprises en 2011 représentant 6 300 emplois directs et un chiffre d’affaires de 2160
millions d’euros, en croissance de 84% entre 2005 et 2011.
2) Des compétences locales marquées :
Une population jeune, « digital native »
Des formations universitaires de rang européen : Master 2 universitaires, IUT,
écoles d’ingénieur (ESIROI, Sup Info), ILOI
Des laboratoires universitaires : LIM, LE2P, Piment
Le 2e studio européen de colorisation et de compositing : Pipangaï
Un ancrage fort dans la conception de logiciels, de solutions innovantes et de
serveurs,
3) Une expertise dans la communication et les contenus : création et production
graphique multimédia.
4) Des coûts limités grâce aux régimes de soutien :
80% d’abattement sur les bénéfices imposables prévus par la LODEOM
Crédit d’impôt recherche couvrant 30% des dépenses jusqu’à 100 millions d’euros
Aides aux jeunes entreprises innovantes
Aides BPI France
Mesures de soutien FEDER 2.04 « pôle d’innovation et transfert de technologie
en faveur de la compétitivité des entreprises » et 2.12. « Investissement des
entreprises TIC » ; mesure FSE 1.10 « Soutenir la RDI en consolidant l’emploi
scientifique », etc.
Exonération de cotisations sociales
Dispositif CIFRE
5) Une proximité et une interconnaissance forte entre les acteurs qui favorisent les
échanges.
6) Une double inscription physique et symbolique de La Réunion en Europe et dans
l’Océan Indien, qui se traduit notamment par une forte volonté d’explorer les marchés
en croissance du COMESA.
Ce secteur doit surmonter des défis…
85
1) S’ouvrir à l’international et développer de nouveaux domaines d’activité pour
dépasser un marché local étroit et en voie de saturation :
90% des entreprises ne détiennent pas de filiale à l’extérieur
54% des entreprises réalisant 80% de leur chiffre d’affaires avec moins de 20
clients
Le marché est dominé à 60% par l’accès aux télécommunications et la distribution
informatique
2) Renforcer les relations et l’ancrage territorial :
60% des entreprises n’entretiennent pas de relations avec les acteurs de
l’éducation et de la recherche
Seuls 1% nouent des relations avec les incubateurs
43% ont une mauvaise image de la filière
73% n’adhère ni à un syndicat ni à une association professionnelle
3) Accroître les efforts de recherche et développement :
63% des entreprises n’ont aucune activité de recherche et développement
1% ont eu recours au crédit d’impôt recherche et à l’embauche de chercheurs
b) L’économie numérique, pierre angulaire de la mutation vers la société digitale
L’économie numérique comme domaine d’activité spécifique, nouveau relais de croissance
Pour tirer pleinement partie de la révolution numérique et des avantages propres de La
Réunion, la stratégie de spécialisation intelligente doit construire des avantages compétitifs dans
des niches ou des segments des chaînes de valeur mondiales.
Cette ambition dépend étroitement de l’achèvement du rattrapage infrastructurel :
Raccordement au câble sous-marin BRICS
Déploiement d’un réseau Très Haut Débit
Réaliser la couverture du territoire en Wi-Fi / Wimax
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Création de green data centers alimentés par des énergies renouvelables permettant à la
fois le stockage de données d’entreprises et la mise en œuvre de serveurs de contenus
permettant de réduire les besoins en bande passante grâce à la mutualisation.
Les ressources locales issues des mondes de la formation, de la recherche, de l’entreprise
et des usagers doivent parallèlement être réunies dans un Pôle Régional d’Innovation dédié à
l’économie numérique, qui favorisera les échanges de connaissances, l’identification
d’opportunités, le développement de projets partenariaux, l’amélioration de la lisibilité et de
l’attractivité du territoire et l’internationalisation de l’économie.
Cinq axes de concentration, dans lesquels La Réunion dispose déjà d’atouts forts se
dessinent actuellement :
1) Compenser l’absence de masse critique locale en répondant aux besoins d’externalisation
des entreprises européennes en s’appuyant sur le faible coût relatif d’un travail qualifié
Externalisation de services à faible valeur ajoutée (centre d’appels notamment)
Externalisation de services à plus forte valeur ajoutée (gestion de systèmes d’information,
conseils, services)
2) Développer des solutions et des applications mobiles adaptées aux besoins des marchés
européens et du COMESA (notamment en matière de stockage de données, de lutte
contre l’illettrisme, etc.)
3) Concevoir des prototypes dont le développement et l’assemblage seront délocalisés dans
des pays plus compétitifs.
4) Concevoir des noyaux logiciels capables de générer un écosystème d’usage. A la fois sur le
plan local (utilisation par d’autres filières), et sur le plan international si les données et les
algorithmes utilisés s’avèrent suffisamment différenciant.
5) Renforcer la création et la production de contenus numériques ainsi que les industries
créatives. Ces industries présentent l’avantage de réunir des domaines variés (audiovisuel,
cinéma, design, image, jeux vidéo) qui permettent d’exploiter toute la richesse et la
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diversité culturelle de La Réunion pour bâtir des contenus spécifiques, non
reproductibles.
c) L’innovation numérique au service des dynamiques territoriales
Une bonne stratégie de spécialisation intelligente doit apporter une importance
particulière aux synergies : soutenir le développement des secteurs existants grâce à l’adoption et
la diffusion de nouvelles technologies et l’émergence de nouvelles activités à forte valeur ajoutée
ou calibrées aux besoins de niches de marché porteuses. L’économie numérique occupe
logiquement une place centrale dans cette dynamique de fertilisation croisée.
Energie
La convergence des énergies renouvelables et des technologies numériques constitue l’un
des cœurs de la nouvelle économie mondiale. Grâce à sa petite taille et son fort potentiel
énergétique, La Réunion peut développer un avantage compétitif dans trois métiers, susceptibles
d’être exportés, comme solution, vers des marchés insulaires ou comme prototypes sur les
marchés mondiaux :
Les solutions de green data centers, cités précédemment, qui constituent une réponse à
l’accroissement des dépenses énergétiques liées à la généralisation d’Internet qui représente
aujourd’hui 1,5% de la consommation mondiale d’électricité en 2011 d’après une étude réalisée
par l’Université de Stanford. En 2020, les rejets de CO2 de cette activité devraient dépasser ceux
du transport aérien.
La mesure et le suivi de la consommation énergétique constitue également l’un des points
clés des smart grids, exposés dans la fiche priorité n°2.
Le dernier axe de synergie concerne l’efficacité énergétique du bâti à travers des solutions
architecturales assistées par informatique permettant de tirer le meilleur parti des conditions
environnementales (ensoleillement, hydrométrie, exposition au vent, etc.), de réguler la
consommation grâce à des capteurs intelligents.
88
Systèmes agricoles et écologiques
Les technologies numériques peuvent intervenir à plusieurs niveaux dans la gestion des
problématiques agricoles et écologiques.
L’observation satellitaire, permise par la plateforme Seas OI, peut être mobilisée pour le
suivi des espaces cultivés ou encore du mitage, grâce à des instruments de SIG. Ces solutions
pourraient également être déclinées à des fins de conservation écologique par la surveillance des
déboisements, sur le continent africain notamment.
La création de plateformes virtuelles facilitant le suivi et la gestion des productions
agricoles, ou encore des gisements de matières organiques ou de déchets susceptibles d’être
valorisés. Ces plateformes pourraient constituer des bourses d’échange virtuelles renforçant la
circularité de l’économie.
L’optimisation des ressources constitue également un enjeu fort en matière hydraulique.
Aujourd’hui, les périmètres irrigués absorbent à eux-seuls 43% des volumes produits et le
développement de nouvelles techniques d’irrigation ajustant précisément les apports aux besoins
des cultures et aux conditions environnementales notamment grâce à des capteurs placés dans le
sol constituent un gisement d’activités important, particulièrement dans les pays tropicaux.
Au niveau macro, La Réunion souffre de pertes importantes : en 2009, 58 des 139
millions de m3 extraits ont été gâchés, soit plus de 41% et un coût de 17,4 millions d’euros. Là
encore, l’intégration de capteurs dans des réseaux renouvelés pourrait permettre à La Réunion de
résoudre un problème critique tout en développant une expertise susceptible d’être exportée.
La santé
La veille sanitaire et le suivi des épidémies constituent une préoccupation commune pour
les professionnels agricoles et médicaux. Les TIC peuvent à nouveau apporter une aide précieuse
à travers l’élaboration de modèles de propagation indispensables pour réguler les contaminations
et mieux contrôler les vecteurs de transmission. Grâce à la qualité des équipes de recherche du
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CHU et du CRVOI, La Réunion dispose à nouveau d’un avantage comparatif fort dans la gestion
des maladies infectieuses, circulant dans l’océan indien.
La deuxième piste de convergence porte sur la numérisation de la santé : faciliter le suivi
des patients à risque (personnes âgées) ou frappées d’affection de longue durée (ex. diabète /
projet Di@betic) grâce à l’enregistrement et la transmission des paramètres métaboliques,
déclenchant, le cas échéant des alertes. L’e-santé constitue également une réponse aux faibles
densités médicales de la zone OI, induites tant par un manque de professionnels formés que par
l’exode rural et les difficultés d’accessibilité de zones reculées.
La troisième opportunité, de haut niveau technologique, concerne la création d’un centre
de simulation médical et chirurgical destiné à la formation et aux interventions à distance.
Les activités touristiques : le développement de l’e-tourisme
L’innovation numérique peut enfin soutenir le développement du potentiel touristique de
l’île à travers une stratégie en trois temps.
Tout d’abord, renforcer l’attractivité de la destination Réunion en remédiant au manque
de visibilité dans un contexte de forte concurrence internationale. Avant l’ère numérique, les
agences de voyage, les tours opérateurs et les médias de masse constituaient les points d’entrées
obligés pour mettre en avant une destination. Grâce à internet et au tournant du web 2.0,
collaboratif et participatif, la communication devient de plus en plus horizontale et différenciée.
L’innovation peut donc jouer un rôle moteur dans la reconnaissance de La Réunion et dans
l’influence des choix des voyageurs grâce à du marketing viral, segmenté et riche en contenus, mis
en œuvre par une agence virtuelle.
Ensuite, différencier l’offre afin de répondre aux désirs d’individualisation, de sur-mesure
des voyageurs. Les technologies numériques permettent ici d’identifier des tendances
sociologiques fortes (groupes d’appartenance), des attentes et des pratiques qui permettront de
mieux adapter le positionnement de l’offre réunionnaise autour de thématiques tels que l’éco-
tourisme, le tourisme actif, la découverte des paysages et des savoirs locaux, etc. Ces technologies
offrent également la possibilité d’exposer une palette d’activités, librement combinables des
90
packages ou des univers qui présentent l’avantage déterminant de renforcer la chaîne de valeur
touristique et de maximiser les effets d’entraînement sur le territoire.
Enfin, faciliter l’immersion totale des touristes à La Réunion en misant sur la dimension
didactique et ludique des TIC. Smart phones et tablettes doivent permettre de faciliter la gestion
des paramètres logistiques (notamment de transport, d’horaires, de localisation et de réservation)
mais également d’améliorer l’expérience des visiteurs en apportant des contenus riches et variés
sur les sites. Les solutions numériques guideront également les touristes dans leurs parcours de
territoire, à travers des suggestions adaptées à leurs préférences.
3) Innover pour faire de La Réunion une terre d’excellence en matière de transition énergétique vers une économie décarbonée
En 70 ans, La Réunion a connu une révolution énergétique. Jusqu’à la
départementalisation, la satisfaction des besoins dépendait essentiellement de l’énergie produite
par les écosystèmes et demeurait donc contrainte par les capacités et les rythmes naturels. La
départementalisation scelle l’entrée de La Réunion dans l’ère « thermo-industrielle », au sens
d’une société dont les techniques, les savoirs et les pratiques reposent étroitement sur
l’exploitation des stocks d’énergie fossile. Cette mutation a soutenu une très forte croissance de la
population et des niveaux de consommation, une amélioration claire des conditions de vie. Mais,
elle pose deux défis à un petit territoire dépourvu d’énergies fossiles : le creusement de la
dépendance qui représente chaque année une facture de 800 millions d’euros et une vulnérabilité
accrue face à l’épuisement des stocks qui se traduira par une augmentation inéluctable des cours.
Par sa petite taille et son isolement, La Réunion constitue en quelque sorte un miroir
grossissant et prospectif des enjeux auxquels tous les territoires de la planète seront confrontés :
inventer de nouveaux modèles de production, de distribution et de consommation d’énergie
décarbonés, inscrits dans les potentialités locales. Ce défi constitue une opportunité formidable :
grâce à son expertise technique de rang mondial, la diversité de ses milieux et des conditions
climatiques, La Réunion peut devenir un lieu d’invention, et plus seulement d’expérimentations,
de solutions susceptibles d’être exportées dans les zones tropicales, indo-océanique et insulaires.
91
a) Réduire la dépendance et le risque énergétique : un objectif partagé
En 1967, seuls 29% des logements disposaient de l’électricité ; en 2009, 99% sont
couverts. Sous l’effet de l’occidentalisation des modes de vie, la consommation par habitant a
connu une progression fulgurante : 185 kWh par an en 1970 à 3266 kWh en 2010.
L’effort d’équipement accompli pour répondre à ces nouveaux besoins fut spectaculaire.
Entre 1947 et 2010, la production électrique annuelle a progressé de 1,1 à 2699 GWh. D’abord
soutenue par une politique volontariste de développement des énergies renouvelables,
hydraulique, l’autonomie énergétique de La Réunion s’est progressivement dégradée sous le
double effet de la croissance démographique et de la consommation.
La dissociation des lieux de production et de vie et l’apparition de nouveaux usages,
notamment du transport motorisé individuel, ont soutenu une forte croissance de la
consommation énergétique par habitant qui progresse de 0,7 tonnes équivalent pétrole en 1982 à
1,68 en 2010. Le décalage entre les capacités énergétiques locales et les besoins s’est traduit
logiquement par une hausse de la dépendance énergétique. En outre, le recours croissant aux
énergies fossiles se traduit par des rejets importants de gaz à effet de serre :
Dans cette situation, les pouvoirs publics ont engagé une politique volontariste fondée sur
deux piliers : les économies d’énergie et le soutien aux énergies renouvelables. Les résultats sont
déjà probants. La demande d’énergie électrique croît ainsi de moins en moins vite : 6% par an de
1995 à 2001, 4,5% de 2002 à 2005, 3,4 de 2006 à 2009, 2,9% de 2010 à 2012.
La production électrique issue d’énergies renouvelables autres que la bagasse et
l’hydraulique est passée de 0 à 100 GWh entre 2003 et 2010. En ajoutant, les deux dernières, c’est
plus de 33% de la consommation qui est couverte par des énergies décarbonées.
A travers le PRERURE qui vise 50% d’énergies renouvelables, La Réunion s’inscrit donc
pleinement dans les objectifs fixés par la Commission Européenne pour Europe 2020, tirés du
paquet « climat-énergie » de 2008 :
Réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20% par rapport à 1990.
92
Améliorer de 20% en matière d’efficience énergétique.
Atteindre une part de 20% d’énergies renouvelables dans la consommation totale
d’énergie.
A l’image du volet bioéconomique, la S3 souhaite soutenir cette dynamique territoriale
constructive pour s’engager sur une voie qui, grâce à l’innovation, permette tout à la fois de
réduire la dépendance et la vulnérabilité et d’atteindre l’excellence et des avantages compétitifs.
b) Réduire la dépendance en soutenant des domaines d’excellence
Dans ce but quatre axes prioritaires d’action peuvent être envisagés.
Renforcer l’éco-efficience
La diversité des conditions climatiques pose un défi : assurer toute l’année un confort
thermique, sans recourir à la climatisation individuelle et électrique dans les Bas ou aux
convecteurs dans les Hauts. A eux seuls, les bâtiments représentent 22,3% de la consommation
énergétique. Face à ce constat, La Réunion dispose des atouts grâce à ses laboratoires de
recherche et ses centres professionnels (CIRBAT, Piment, etc.) pour s’imposer dans le domaine
de la conception et de la réalisation de prototypes de bâti écologique tropical et de bâtiments à
énergie positive, exportables. Afin de donner une impulsion nouvelle à cette filière, nous
proposons qu’une part des fonds structurels soit dédiée à la mise en œuvre d’un plan de
rénovation et de réhabilitation énergétique du bâti résidentiel, reposant sur des appels à projets,
qui aurait l’intérêt majeur d’opérer une relance rapide du secteur BTP et de soutenir les créations
d’emplois.
Des expériences intéressantes se développent également pour les bâtiments du tertiaire
(PREBAT), de l’agro-alimentaire et de la santé. La mise en œuvre du SWAC confèrera un
avantage décisif à La Réunion en matière de climatisation écologique.
Toutes ces expériences convergent vers la nécessité de dépasser le modèle traditionnel des
bâtiments passifs, simples consommateurs d’énergie. Dans un petit territoire, nous devons
accorder une importance centrale à la problématique des conflits d’usage qui naissent de la
93
séparation stricte des espaces de production et de consommation. Et donc développer une
expertise dans des solutions de bâti et d’urbanisme qui intègrent parfaitement les productions
énergétiques mais aussi alimentaires (cultures de micro-algues sur les façades, toitures
photovoltaïques et végétalisées, hydroponie, cultures en terrasses/sur les toits, etc.)
Verdir les transports
Faute de carburants alternatifs, les transports constituent aujourd’hui l’un des postes
importants de dépense énergétique. Les choix en matière d’aménagement du territoire, les effets
de balancier (domicile-travail), les choix limités en modalités de transports soutiennent
l’accroissement de cette dépense. « Le déplacement le moins cher étant celui qu’on n’effectue
pas », c’est donc un schéma global des transports-déplacement qui doit incarner cette ambition au
service d’une mobilité durable.
La construction de bâtiments intelligents producteurs d’énergie peut apparaître comme la
première pierre d’une politique de mobilité durable. Aujourd’hui, le développement de la
propulsion électrique est entravée par la prédominance fossile du mix énergétique ; pourtant des
simulations réalisées par la Région Réunion montre qu’accompagnées des dispositifs de soutiens
et de rachat actuels des stations photovoltaïques individuelles sont à même de réduire d’un tiers
les coûts de déplacement (4,25 euros au 100 kms mobilisant 25 kWh contre 7,74 euros
correspondant à 6l de gazole).
La deuxième alternative réside dans la production de bio-carburants de 3e génération à
base de micro-algues. Grâce à la société Bioalgostral, La Réunion se trouve ici en pointe de
l’innovation et répond parfaitement au souhait de la Commission Européenne d’écarter les
conflits d’usage entre productions agricole et énergétique.
Le traitement de la problématique des transports peut également passer par le
développement d’une filière de production d’hydrogène. Ce gaz présente l’intérêt essentiel de
pouvoir être produit de manière quasi-parfaitement écologique grâce à l’électrolyse de l’eau
marine assurée par des énergies renouvelables ; et d’offrir une solution aisée de stockage de
l’énergie, sous forme de pile à combustible, qui permet de répondre au problème essentiel de
l’intermittence des énergies renouvelables. Désormais équipé de pile à hydrogène, chaque
94
véhicule pourrait ainsi être raccordé au réseau électrique et dans lequel serait réinjecté l’énergie
accumulée.
Smart & small grids au service des Smart Cities
Toutes ces évolutions constituent également une réponse aux problèmes structurels que
soulève la transposition dans un milieu insulaire fermé et non interconnecté d’un système vertical
de production et de distribution :
gestion des pics de consommation par des productions d’appui coûteuses, mobilisant des
énergies fossiles, ou par des délestages ;
pertes sur les réseaux ;
difficultés d’injection des productions énergétiques renouvelables, etc.
Au principe descendant et binaire qui oppose une poignée de producteurs à une myriade
de consommateurs passifs, les smart grids proposent de substituer une approche horizontale :
chaque bâtiment, chaque quartier devient à la fois producteur et consommateur d’énergies
renouvelables ; injectant ou retirant de l’énergie du réseau selon leurs capacités et leurs besoins.
La viabilité de ces réseaux suppose de disposer, aux côtés des solutions de production, des unités
de stockage performantes (notamment des piles à hydrogène) et instruments de mesure,
numérique, afin d’assurer la régulation des réseaux interconnectés. La Réunion compte déjà des
initiatives fortes dans le domaine de la mesure en temps réel des flux et des outils de régulation
du réseau notamment au sein des laboratoires universitaires et d’entreprises telles que TEEO.
En renforçant ses compétences dans le prototypage et l’élaboration de solutions clés en
main, La Réunion pourrait devenir une terre d’exportation pour la création de mini-réseaux
interconnectés, mobilisant au mieux les ressources renouvelables accessibles : énergie éolienne,
photovoltaïque, marines, végétales, etc. Le centre européen de la troisième révolution industrielle
en milieu tropical, mêlant excellence énergétique et numérique.
95
Vers une économie circulaire
Le dernier axe d’excellence et de différenciation permettant également de répondre à un
problème local se trouve dans l’économie circulaire. C’est-à-dire dans l’ambition de substituer un
triptyque linéaire – importation de ressources – utilisation – déchets, une approche intégrée qui
cherche à valoriser tout le potentiel énergétique et matériel insulaire, à boucler la boucle pour
transformer les déchets inutilisés en ressources.
L’économie circulaire repose sur 3 R :
la réduction de l’utilisation des ressources
la réutilisation des produits
le recyclage
Aujourd’hui, l’équation est simple : 3,1 millions de tonnes d’importations en 2012 et
700 000 tonnes de déchets. Le renforcement de l’économie circulaire permettrait tout à la fois de
réduire la dépendance énergétique et commerciale, de limiter les productions de déchets et leur
impact sur les conditions de vie et de développer des gisements d’activité en relocalisant la
production de valeur et en renforçant les échanges entre des acteurs aujourd’hui séparés.
Les activités agricoles, les industries agroalimentaires et les ménages produisent des
gisements colossaux de matières organiques, aujourd’hui peu ou pas valorisées, alors qu’on estime
que 65% des gisements pourraient l’être. A eux seuls, les effluents d’élevage génèrent 800 000
tonnes par an.
Il existe aujourd’hui un désir fort de valoriser ces rejets, notamment comme alternative
aux engrais chimiques. L’industrie sucrière s’est engagée avec conviction dans cette démarche de
valorisation des sous-produits, notamment grâce à l’utilisation de la mélasse à des fins
d’alimentation animale ou encore des écumes comme engrais organiques.
La valorisation peut également s’opérer sur le plan énergétique. En effet, la gazéification
ou la méthanisation des matières organiques constituent des solutions neutres sur le plan carbone
pour transformer les résidus de biomasse, les rejets organiques, les effluents domestiques en
carburant d’avenir. La Réunion pourrait à nouveau transformer un défi en opportunité en
96
développant des unités de production de faible capacité (inférieur à 1 MWh) adaptées aux besoins
des marchés insulaires et aujourd’hui délaissés par les producteurs traditionnels, continentaux.
L’Université joue encore un rôle moteur dans la recherche et le développement de processus de
biodigestion et de méthanisation. Certaines collectivités, telles que la CINOR, envisagent
d’utiliser les biogaz obtenus pour alimenter leurs flottes.
A l’image de la filière organique, les gisements inorganiques demeurent largement
inexploités, faute d’un système de tri et de valorisation performant.
L’enjeu est donc de construire deux filières : un volet biologique collectant et valorisant
les matières organiques et biodégradables sous la forme de nutriments pour les sols ou de
carburants auquel s’ajouterait une filière inorganique revalorisant les objets en fin de vie et
réintégrant les résidus dans les cycles productifs, afin de transformer les déchets en nouveaux
intrants selon le principe de la symbiose industrielle.
.
97
III - De la stratégie au plan d'action : une double approche transversale et sectorielle
La notion de spécialisation intelligente se situe à mi-chemin entre les stratégies
économiques ascendantes et descendantes. Elle écarte l’hypothèse d’une allocation automatique
et optimale des ressources et des talents vers les activités les plus porteuses, sous l’effet des seules
décisions des acteurs. Notamment en raison des imperfections de marché, des phénomènes de
dépendance de sentier, du court-termisme, ou encore de l’incertitude qui limitent souvent
l’investissement dans les gisements de valeur de demain. Pour autant, la stratégie doit témoigner
d’un fort ancrage territorial. Il ne s’agit pas de produire un document « hors-sol », d’importer et
de dupliquer des activités ou des outils extérieurs, mais bien de révéler un potentiel local, de
développer et de mobiliser les forces existantes pour explorer des relais de prospérité encore
inexploités. L’identification de ces niches d’activités ne saurait être décrétée par un planificateur
omniscient. Elle émerge d’un processus graduel et continu d’expérimentation, d’essai et d’erreur,
qui suppose donc une implication totale des acteurs du territoire, tant dans la conception que
dans l’application de la stratégie.
Ces principes se reflètent dans l’élaboration de notre S3. La première étape visait la
construction d’une vision partagée et désirable du futur. Cet exercice d’intelligence territoriale, qui
a mobilisé plus d’une centaine d’acteurs institutionnels, économiques et universitaires, sur une
vingtaine d’ateliers, a permis de poser un diagnostic sur le modèle économique réunionnais,
d’identifier des enjeux clés et des évolutions susceptibles d’impacter positivement ou
négativement sa soutenabilité, et de bâtir une ambition collective.
Face à l’aggravation de la dépendance et de la vulnérabilité de La Réunion, la S3 propose
de jeter un regard neuf sur nos caractéristiques territoriales –– insularité, petite taille, éloignement
de l’Union Européenne, absence d’énergies fossiles, rareté des matériaux – trop souvent perçues
sous l’angle unique des handicaps, en insistant sur les opportunités ouvertes par les grandes
mutations mondiales : effondrement du modèle fordiste de production et de consommation de
masse au profit d’un système décentralisé valorisant la singularité, les coopérations et les usages ;
basculement progressif de l’économie mondiale vers l’Asie et développement de l’Afrique qui
redonne à l’Océan Indien une place centrale dans les échanges ; reconnaissance de l’impératif
98
écologique nécessitant la transition des modèles de production, de distribution et de
consommation vers une économie écologique ou bioéconomie intégrée dans les cycles naturels et
respectueuse de la biodiversité ; révolution numérique abolissant les problématiques de distance
et d’économie d’échelle. L’ambition de la S3 est de tirer parti de ces évolutions pour faire de La
Réunion une terre d’expérimentation de ces transformations majeures en développant, par
l’innovation, des savoirs, des produits et des solutions qui permettent tout à la fois de répondre
aux enjeux locaux majeurs et aux besoins de marchés tropicaux ou insulaires confrontés à des
problématiques proches. En un mot, d’allier sécurité et compétitivité, besoins locaux et export.
Ce cadre de lecture nous a conduits à retenir trois grands domaines de spécialisation : la
bioéconomie tropicale, l’e-co-tourisme expérientiel et l’agilité territoriale. Autant de champs
prioritaires, dans lesquels il importait désormais d’identifier les niches d’activité qui permettront
de traduire concrètement et de manière opérationnelle la S3 en assurant la mobilisation des
acteurs et des moyens. C’est à nouveau l’approche participative qui a été privilégiée : de février à
mars 2014, 6 groupes thématiques réunissant 80 personnes ont réfléchi à la définition d’une série
d’activités stratégiques et préciser pour chacune d’entre elles les enjeux, les objectifs, les actions,
les moyens et les indicateurs pertinents. Ces réflexions pilotées par des chefs de file économiques
ou universitaires ont débouché sur une série de fiches-actions présentées ci-dessous. Tout
d'abord, au niveau sectoriel, la matrice globale atteste des opportunités de fertilisation croisée
entre les activités, que ce soit par la réunion de compétences variées pour répondre à une même
problématique (à l’exemple de la « e-santé » ou du « e-learning) ou en raison de relations
d’interdépendances (par exemple, le tourisme de nature et la conservation/restauration
écologique).
Par ailleurs, le concept de "découverte entreprenariale" insiste au contraire sur
l'importance décisive de la dynamique : les spécialisations ne sont pas données, elles doivent
émerger d'un processus continu de production d'innovations, d'essais qui permettront d'identifier
à terme les activités porteuses. L''enjeu du plan d'action transversal est donc de renforcer la
capacité des acteurs locaux à mener à bien cette découverte faisant de La Réunion une "learning
region", agile, capable d'anticiper et d'exploiter les mutations en cours, de produire et d'absorber
des savoirs et des compétences et de les mobiliser pour créer de nouvelles activités, source d'une
prospérité renouvelée. Pour accompagner cette évolution, quatre axes seront explorés : renforcer
et mobiliser les talents du territoire ; développer les relations pour susciter l'émergence d'idées et
99
de projets innovant ; faciliter et améliorer le parcours des porteurs de projets grâce à un
accompagnement ouvert et collaboratif ; stimuler l'internationalisation pour bâtir des masses
critiques en réseau et développer des relais de croissance à l'export.
A - Le plan d'action transversal
1) Développer et mobiliser les talents du territoire
La Réunion dispose d’atouts solides pour s’engager sur la voie de l’économie de la
connaissance :
un climat des affaires particulièrement propice qui garantit aux investisseurs stabilité
sociale, sécurité de change, normes européennes et des dispositifs de soutien
particulièrement attractifs.
un patrimoine naturel et des conditions climatiques et physiques variés dans un espace
restreint facilitant les expérimentations notamment en matière de bioéconomie et
d’énergies renouvelables.
des équipements et des centres de recherche de pointe, animés par des équipes
connectées aux grands réseaux nationaux et mondiaux.
une population jeune, dotée de compétences de plus en plus affirmées grâce à une offre
de formation pointue et diversifiée.
Ces avantages doivent être consolidés, développés et mobilisés au service des grands
champs de spécialisation qui formeront l’économie de demain.
a) Développer des outils de recherche d’excellence
En lien avec les politiques nationales et régionales, l’objectif thématique FEDER 1.a)
consacre plus de 71 millions d’euros au renforcement des pôles de recherche de la S3 afin de bâtir
des infrastructures et de développer des programmes susceptibles d’apporter des réponses aux
défis territoriaux et de générer de la valeur ajoutée par la commercialisation de brevets, de
prototypes et de solutions et la prestation de services. A l’esprit de convergence qui animait les
précédentes programmations, succède désormais une logique d’excellence : les équipes de
recherche seront évaluées sur leur capacité à répondre aux appels à projets lancés par les autorités
100
nationales et communautaires de la recherche-innovation. Et des appels à projet orienteront les
programmes vers les enjeux du moment.
Parallèlement, l’inscription dans l’économie de la connaissance sera soutenue par des
investissements importants dans la formation de 3e cycle, notamment grâce à des allocations
doctorales et aux bourses CIFRE.
b) Renforcer les compétences et la culture de l’innovation et de l’entrepreneuriat
Disposer de ressources de qualité ne garantit pas la réussite d’une stratégie territoriale : il
faut que les talents du territoire s’emparent de cette ambition et se mobilisent. C’est l’objet
premier du Comité Régional d’Innovation (CRI) qui réunit l’ensemble des institutions
représentatives de l’écosystème réunionnais de la R&I et les principaux relais d’opinion.
Le CRI s’attachera à fédérer les structures autour d’un message commun au service d’une
communication unifiée et ubiquitaire, touchant l’ensemble des cibles clés : public jeune, étudiants,
doctorants, entrepreneurs, salariés, entreprises, etc. Messages et initiatives seront coordonnés par
un groupe de travail réunissant les principaux opérateurs de la sensibilisation et de l’innovation :
académie, agence régionale d’innovation, association de promotion de la culture scientifique et
technique, clusters, pôle de compétitivité, technopole, université, etc. Ces messages seront
notamment relayés grâce aux outils numériques – portail internet Innovonslareunion, réseaux
sociaux, etc – et lors de multiples évènements :
Animations, conférences et concours seront organisés et soutenus pour développer la
culture et le goût de l’innovation, inciter au développement de projets dans les multiples
thématiques de la S3.
La formation occupera un rôle central à travers la mise en ligne de serveurs virtuels de
contenus, de cours massivement en lignes et de lieux d’apprentissage et d’échanges dédiés à
l’innovation conçus pour accompagner la montée en compétence de la population, tout au long
de la vie. La lutte contre l’illettrisme sera particulièrement concernée : tant pour répondre à une
problématique locale qui affecte plus de 100 000 habitants que pour développer des solutions
exportables, notamment vers le COMESA.
L’entrepreneuriat constituera enfin un axe fort de la politique de développement de
l’Université à travers le Pôle Etudiant Pour l’Innovation, la Technologie et l’Entrepreneuriat.
101
c) Mobiliser les entreprises
En lien avec les associations professionnelles, les chambres consulaires et les clusters, le
CRI entend développer des actions dédiées à la mobilisation des entreprises :
Tout d’abord, des formations régulières aux enjeux et aux méthodes de l’innovation, aux
problématiques sectorielles et aux nouveaux modèles économiques, issus notamment de
l’économie collaborative. Les accompagnateurs d’entreprises bénéficieront également
d’interventions dans une logique de percolation des savoirs.
Ensuite, une prospection active dans les entreprises pour détecter les potentiels
d’innovation et sensibiliser les équipes à l’importance clé de cette thématique dans les
performances et lever, le cas échéant, d’éventuels blocages ou réticences. Grâce à un réseau de
prospecteurs, équipés de kits de détections communs, le territoire réunionnais fera l’objet d’un
maillage fin.
La mobilisation s’appuiera également sur la création d’un pool d’une centaine
d’entreprises innovantes, présentant des stades de maturation multiples – start-up, spin-off,
entreprises familiales, entreprises établies – qui s’impliqueront dans une démarche de
normalisation portée par l’AFNOR autour du management de l’innovation.
d) Prolonger une gouvernance collaborative
Au-delà de la communication, le Comité Régional d’Innovation sera chargé de la mise en
œuvre et du suivi de la stratégie réunionnaise de spécialisation intelligente, pour le compte d’un
Comité de Pilotage – réunissant le Préfet et les Présidences des Conseils Général et Régional –
qui fixe les grandes orientations et l’avancée des travaux. Présidé par un élu du Conseil Régional,
collectivité exerçant les compétences Economie, Innovation et International, le CRI sera assisté
par l’Agence Régionale de Développement, d’Innovation et d’Investissement, Nexa. L’application
de la S3 s’opèrera à la fois par des sessions plénières d’échanges conçues pour développer
l’interconnaissance et les relations entre structures, les échanges d’idées et la coordination des
interventions ; et par la mise en œuvre de groupes de travail thématiques (les pôles régionaux
d’innovation (cf. infra)) et pratiques : accompagnement, communication, international, suivi et
évaluation… Un mode décentralisé et responsabilisant sera privilégié : chaque action étant
confiée à un chef de file réunissant à ces côtés les acteurs clés du territoire afin d’exploiter la
puissance des interactions, leitmotiv de la S3.
102
2) Renforcer la proximité pour développer idées et projets : l’enjeu de l’intelligence territoriale
L’importance des relations s’exprime avec force dans une deuxième priorité : l’utilisation
efficace et agile de ce capital territorial pour permettre à La Réunion d’anticiper et d’exploiter les
évolutions futures, d’accroître sa résilience et ses performances et construire des projets porteurs,
créateurs de valeur. L’expérience de la Stratégie Régionale d’Innovation et des ateliers participatifs
qui ont jalonné l’élaboration de la S3 atteste de l’intérêt d’une démarche d’intelligence territoriale.
Face aux politiques traditionnelles descendantes et cloisonnées fondées sur le contrôle de
l’information, cette approche se fonde sur la participation et la coopération : elle vise à associer
les acteurs du territoire pour produire, échanger, mutualiser des savoirs et développer
collaborativement des projets grâce à des outils partagés. En un mot passer d’une vision carcérale
de l’innovation – illustrée par l’image de la boîte noire – à l’ère des réseaux et des collaborations
pour doper le « capital cognitif territorial »; option particulièrement pertinente pour un territoire
insulaire et cohérent, marqué par une forte cohésion sociale.
a) La proximité, clé de l’innovation et de la compétitivité
Les comparaisons régionales insistent sur le rôle central de la proximité dans le
développement territorial. Cette idée est ancienne : Alfred Marshall insistait sur les effets
d’agglomération induits par le rassemblement d’entreprises qui facilite les échanges d’information
et de produits et les clusters historiques, tels que les districts industriels italiens réunissant une
multitude de petites entreprises opérant dans un même secteur d’activité, avaient mis en évidence
le rôle de la concentration et des coopérations, notamment pour susciter des économies d’échelle.
Aujourd’hui, la notion de proximité revêt une dimension plus organisationnelle : il s’agit moins de
partager un même site physique que d’appartenir à un même réseau d’interaction, dans lequel
circulent de nombreuses ressources : informations, savoirs, produits, etc. Ces réseaux territoriaux
réunissant des acteurs multiples issus des mondes de la recherche, de l’enseignement, de
l’économie ou du secteur public génèrent quatre types d’externalités positives pour le territoire :
Le sentiment d’appartenance nourrit une forte cohésion et l’adhésion à un projet
partagé favorise la mobilisation des acteurs
La concentration des acteurs permet d’atteindre une masse critique indispensable
pour gagner en compétitivité (grâce aux économies d’échelles), peser sur les
marchés mondiaux et renforcer l’attractivité
103
La proximité favorise des interactions nombreuses et fructueuses qui facilitent la
coordination, la créativité et la réactivité, la prise de risque, etc.
La diffusion des savoirs et les collaborations nourrissent les compétences et des
fertilisations croisées, et l’émergence de nouvelles applications à travers les effets
de débordement (spill-over)
b) Les ateliers régionaux de l’innovation
L’interconnaissance et la proximité relationnelle constituent un avantage stratégique pour
stimuler l’émergence et l’utilisation de nouvelles idées, comme le montre le concept d’ «
innovation ouverte ». Elles apportent également une réponse idéale au manque de masses
critiques sur le territoire réunionnais, faute d’acteur majeur capable de s’imposer sur la scène
mondiale. Aussi, chaque domaine prioritaire de la S3, sera doté au sein du CRI d’un « atelier
régional d’innovation » : un espace informel d’échanges, de débats facilitant la rencontre d’acteurs
issus d’horizons divers (chercheurs, chefs d’entreprises, institutionnels, acteurs de la société civile,
etc.) et réunis par le même désir de produire des idées et des projets pour développer les capacités
réunionnaises dans les champs de spécialisation retenus.
Les échanges prendront une dimension prospective affirmée afin d’identifier des tendances
à long terme, des opportunités ou des défis et d’y répondre grâce au développement de projets
collaboratifs. Interface privilégiée entre acteurs et institutions, ces groupes joueront un rôle
essentiel dans la détection de tendances et d’initiatives, la compréhension des dynamiques
d’innovation à l’œuvre dans le territoire et l’évolution des outils d’accompagnement et de la
stratégie territoriale.
Chaque pôle sera doté d’un annuaire des compétences, virtuel, recensant les acteurs du
domaine, leurs ressources, leurs projets, leurs souhaits de coopération. Cet annuaire sera
également mobilisé pour développer les coopérations inter-régionales, notamment via le réseau
Entreprise Europe (cf. infra).
c) Favoriser les projets collaboratifs
A côté des pôles, la S3 soutiendra le rapprochement des acteurs. En premier lieu des
sphères éducatives et économiques, à travers des actions de sensibilisation à l’entrepreneuriat et
l’innovation dans les cursus scolaires (décrites précédemment) et en facilitant le recrutement de
jeunes diplômés, de doctorants et de docteurs dans les entreprises pour stimuler l’effort de R&I.
104
Deuxièmement, des mondes de la recherche et de l’économie en encourageant le
développement de prestations scientifiques et techniques aux entreprises et le montage de projets
collaboratifs associant laboratoires et acteurs privés, notamment par le biais d’appels à projets.
Enfin, entre acteurs économiques à travers le déploiement d’espaces d’innovation par les
usages (living lab), l’échange (co-working) et le renforcement des coopérations au sein de futurs
instituts de transformation technologiques, des parcs d’activités technologiques (Technord et
Techsud) dans une logique d’économie circulaire favorisant les mutualisations et les échanges de
produits et de services.
d) Développer la veille et la prospective territoriales
La S3 est une stratégie de court et de long terme, qui doit accompagner la transformation
de La Réunion. Cette ambition suppose d’adapter la conception et la conduite des politiques
territoriales : d’une part, en rejetant les déterminismes physiques, historiques ou économiques qui
nous condamneraient à reproduire l’existant et à l’impuissance, au profit d’une lecture résolument
volontariste qui considère l’avenir comme un « territoire à construire » ; d’autre part, en
privilégiant une approche proactive, qui cherche à moins à réagir à des évènements subis car
imprévus ou impensés, qu’à anticiper, se préparer voire provoquer les changements. Cette
évolution est en phase avec le choix régional de porter une politique de réduction des
dépendances et d’émancipation, et répond aux enjeux de l’accélération du monde induit par la
révolution numérique et la globalisation qui suppose désormais de voir plus loin, de fixer un cap
clair et mobilisateur. C’est tout l’enjeu de la prospective. Il ne s’agit pas de prédire l’avenir, mais
de préparer et d’accompagner le changement en identifiant et en déclinant les actions requises
pour atteindre un futur désiré.
Cette démarche suppose d’abord d’approfondir lucidement la connaissance du territoire
en replaçant La Réunion dans son environnement et en déconstruisant si nécessaire les idées
reçues : qui sommes-nous ? quelles sont nos caractéristiques et nos spécificités ? comment
fonctionne et évolue notre économie ? quelles sont nos principales préoccupations ou
interrogations majeures, etc. Ce travail s’appuiera sur la construction d’études rétrospectives,
comparatives, de diagnostics de filières et l’organisation d’ateliers propices aux échanges sur les
grandes problématiques locales ou les principaux points de discorde.
La deuxième étape cherche à discerner les grandes tendances, les évènements et les
facteurs qui peuvent impacter notre évolution : repérer les signes, les sources de changement, les
105
opportunités ou les menaces, les points de bifurcation. La veille occupe une place centrale dans
cette démarche. Dans une logique d’intelligence territoriale, le CRI s’est doté d’une plateforme
collaborative en ligne qui offre la possibilité d’assembler les sources de veille des opérateurs, de
réaliser des recherches ou des requêtes automatisées et de relayer facilement l’information
pertinente vers les partenaires. Ces signaux forts ou faibles seront analysés pour formuler
collectivement des hypothèses clés soulignant les transformations clés, les mutations, les ruptures
et leurs conséquences potentielles pour La Réunion.
Enfin, les ateliers participatifs interrogeront ces hypothèses pour bâtir des scenarii
d’évolution de La Réunion et choisir, parmi ces futurs possibles, des futurs désirables qui forment
une vision partagée du futur, décisive pour orienter les décisions et les comportements des
acteurs, agir ensemble pour actualiser ce projet. La prospective s’affirmant ainsi comme un outil
de conduite du changement.
3) Faciliter et améliorer le parcours des porteurs de projets grâce à un accompagnement ouvert, différencié et intégré
Ces échanges n’ont de sens que s’ils nourrissent une dynamique économique pérenne. Les
entreprises occupent une place centrale dans la S3, l’objet de la stratégie étant la découverte
entrepreneuriale des spécialisations porteuses. Aujourd’hui, l’enjeu principal est d’augmenter la
quantité et la qualité des projets innovants pour révéler nos forces et construire les avantages
compétitifs qui nous manquent. Et d’accompagner les entreprises pour leur permettre de tirer
pleinement parti de la dynamique de différentiation, d’explorer de nouveaux business models, de
moderniser les processus existants et de diversifier leur offre comme leurs marchés.
a) Adopter une approche territoriale pour construire des réponses adaptées
Pour ce faire, il importe d’abord d’approfondir la compréhension des dynamiques
entrepreneuriales et innovantes à l’œuvre à La Réunion et d’identifier, avec les acteurs, les
principaux points de blocage et les besoins locaux afin d’apporter des réponses adaptées. Un
diagnostic territorial plus poussé devrait cerner précisément les obstacles les plus prégnants tels
que le rationnement du crédit et le coût du capital, la taille des établissements, la méconnaissance
des marchés extérieurs, les difficultés d’accès aux technologies, la gestion des risques, etc.
106
Les évaluations conduites actuellement sur les outils et dispositifs de soutien devraient
mettre en lumière les forces et les faiblesses de l’accompagnement et explorer des pistes
d’évolution.
b) Promouvoir une approche ouverte et différenciée
Le soutien aux entreprises doit respecter, et s’adapter à, la multiplicité des publics. Qu’il
s’agisse du type d’entreprises : porteurs de projets, auto-entrepreneurs, entreprises familiales,
filiales de grands groupes, entreprises industrielles tournées vers le marché local, sociétés de
services exportatrices, entreprises fortement innovantes, start-ups et spin-off, etc. Ou de leur
phase de développement : génération et amorçage (développement et protection des idées, des
concepts), décollage (prototypage, pré-commercialisation), commercialisation des produits.
En dépit de sa jeunesse, l’écosystème réunionnais de l’accompagnement est très dense :
plus d’une dizaine de structures opérant sur le territoire. Ce foisonnement engendre à la fois une
force, par la diversité des publics et des besoins couverts, et une faiblesse, en raison des risques
d’éclatement, de superposition, de redondance et d’un manque de lisibilité pour les bénéficiaires.
Pour conserver les atouts et limiter les menaces, la S3 mise sur un accompagnement en réseau,
fondé sur trois principes : la spécialisation des structures sur des domaines clairement identifiés,
la mutualisation de fonctions supports stratégiques, et l’organisation d’un parcours ordonné
s’appuyant notamment sur un outil numérique.
Cette plateforme en ligne offrira la possibilité aux différents guichets d’accueil de fournir
un premier niveau d’information et de conseil (notamment sur les aides et financements, et les
prestations délivrées par les structures) et de réaliser des diagnostics assurant une orientation
rapide vers les structures concernées. Les actions engagées par ces dernières seront référencées
facilitant ainsi le suivi du parcours des projets, assuré par l’Agence Régionale de Développement
et d’Innovation, Nexa.
Celle-ci proposera également des services mutualisés, ouverts aux porteurs comme aux
membres du CRI :
Des expertises multidimensionnelles de projets couvrant les aspects techniques
(positionnement face à l’état de l’art national et européen, degré d’innovation, faisabilité),
107
économiques (dynamique des marchés, potentiel de développement ; effets sur le
territoire réunionnais), financiers (analyse du business plan et de la stratégie) et humains
(équipe projet). Cet état des lieux permettra d’évaluer le potentiel du projet, de formuler
des pistes d’actions et d’accompagnement et d’apporter des éclairages aux financeurs dans
un contexte d’optimisation de la dépense publique.
Des services d’ingénierie financière pour analyser et structurer les plans de
développement et de financements, identifier des partenaires et assurer la levée de fonds
publics comme privés
Une cellule de réponse aux appels à projets, pilotée en partenariat avec l’Université de La
Réunion (cf. infra)
Une base du foncier économique, développée avec l’AGORAH, agence d’urbanisme de
La Réunion.
Des services d’accompagnement à l’international en partenariat avec la Chambre de
Commerce et d’Industrie, le Club Export et Ubifrance.
c) Proposer une offre de services intégrée
Le soutien aux entreprises a souvent été réduit à l’octroi de subventions, alors que leurs
besoins sont multiples : accès à des infrastructures de qualité, conseils, instruments de
financement, services, etc. Sur la base du diagnostic initial, un plan d’action global sera donc
conçu pour chaque projet. L’offre de services du territoire sera complétée et renforcée grâce aux
interventions des structures.
En matière d’infrastructures, La Réunion continuera d’investir dans le développement du
foncier économique, largement insuffisant, à travers la création et l’aménagement de zones et de
parcs d’activités, fonctionnant selon les principes de l’économie circulaire et écologique. Les
plateaux techniques thématiques, tels que le CYROI, et l’incubateur, porté par la Technopole,
seront confortés. Dans le même temps, des centres « d’accueil d’activités innovantes » alliant
espaces de développement et de production de prototype (fab-lab) et de co-création (living lab,
coworking) permettront aux porteurs d’apporter les preuves de concept, de développer des
fonctions complémentaires et d’adapter leurs solutions aux attentes du marché.
Les structures d’accompagnement seront financées pour formuler des conseils stratégiques,
identifier des partenaires et faciliter le développement commercial, notamment à l’international,
des projets.
108
Le soutien financier aux entreprises sera enfin diversifié. A côté des subventions à
l’innovation, La Réunion se dotera d’instruments financiers capables de soutenir la capitalisation
des entreprises (capital-développement ; capital-risque), de faciliter l’accès aux crédits bancaires
(garanties) et de réduire le coût de la recherche-innovation (crédits à taux bonifiés). Une
attention particulière sera portée aux instruments proposés par l’Union Européenne dans le cadre
des programmes COSME et Horizon 2020.
4) S’ouvrir au monde
L’absence de masse critique imputée à la petite taille et à l’isolement ne constitue pas une
fatalité. A l’heure des grands réseaux de communication, l’isolement de La Réunion s’avère moins
physique que relationnel : un repli sur soi et sa métropole, alors que son développement passe par
un ancrage accru dans sa double zone d’appartenance : l’Océan Indien, pilier en devenir de
l’économie mondiale, et l’Union Européenne. Pour exploiter pleinement cette position, une
attention particulière sera donc portée au renforcement des échanges économiques et
scientifiques et à la réinscription du territoire dans les réseaux porteurs.
a) Développer l’attractivité du territoire
Dans un univers ultraconcurrentiel, les territoires se livrent une lutte acharnée pour les
investissements et les déséquilibres cumulatifs pénalisent rapidement les espaces les moins bien
dotés : la compétitivité d’une région dépend de plus en plus clairement de sa capacité à attirer des
talents qui soutiendront l’innovation, la réactivité et l’adaptabilité ; réciproquement, l’attractivité
demeure étroitement liée à l’existence d’un large vivier de compétences, de centres de recherche
d’excellence et d’entreprises de rang mondial. Pour La Réunion, le défi est donc de taille si elle
souhaite progressivement s’émanciper de son statut de région ultrapériphérique et s’affirmer
comme un pôle dynamique. Mais la S3 peut servir de levier.
Le positionnement clair de La Réunion comme territoire d’expérimentation de la transition
écologique en milieu tropical facilitera en effet le travail de communication et de prospection
engagé depuis des années pour promouvoir notre île comme une terre d’opportunités, créatrice
de valeurs pour les investisseurs. L’objectif de la prospection sera d’identifier et de convaincre des
partenaires clés, opérant dans les secteurs stratégiques de développer des partenariats, voire de
109
s’implanter à La Réunion, en insistant tant sur les conditions privilégiées proposées que sur les
compétences spécifiques disponibles localement.
Au-delà d’un marketing ciblé et d’une représentation physique du territoire sur les grands
salons professionnels liés aux thématiques de la S3, des forums d’investissements seront organisés
chaque année pour réunir localement les spécialistes et les acteurs majeurs des domaines afin de
leur permettre d’appréhender, in vivo, les potentialités locales et de nouer des collaborations avec
les opérateurs.
L’offre d’accompagnement des investisseurs dans leurs démarches d’implantation et leur
développement sera renforcée faciliter l’accès au foncier, la mise en connexion avec les acteurs
locaux, etc.
b) Accompagner les entreprises locales à l’international
Réciproquement, l’accent sera mis sur le développement à l’international des entreprises
réunionnaises, à travers l’export de produits différenciés à forte valeur ajoutée, de services ou de
concepts. Dans une même logique d’accompagnement ouvert, un programme de prospection sur
salons sera défini annuellement avec les principales structures du CRI. Ces évènements seront
complétés par l’exploration des marchés cibles, tels que le COMESA, par des missions utiles pour
comprendre les besoins, identifier les potentiels de collaboration et mobiliser les acteurs locaux
en communiquant largement sur les opportunités offertes par ces territoires.
Parallèlement, la connaissance des marchés cibles sera développée à travers une veille pays
et la réalisation d’études de marché international tournées soit vers l’exploration des opportunités
d’une zone économique donnée, soit vers l’identification des marchés porteurs pour nos
domaines de spécialisation.
Enfin, La Réunion poursuivra sa dynamique de clusterisation en soutenant les
regroupements d’entreprises et de laboratoires désireux de coopérer pour développer
conjointement un avantage compétitif et atteindre des marchés internationaux bien ciblés, grâce
aux échanges d’informations, de savoirs et de services, aux effets d’apprentissage et aux soutiens.
Les clusters participent de la logique de concentration et de masse critique grâce aux effets
d’agglomérations et de proximité et favorisent la singularisation de l’économie. Mais ces effets
n’existent que si ces organisations portent un désir réel d’affirmation sur la scène mondiale et
favorisent l’ouverture du territoire.
110
c) Favoriser l’inscription dans l’espace européen de la recherche et de l’innovation
Le dernier axe d’internationalisation se focalise sur l’accès de La Réunion aux dispositifs
communautaires dédiés à la recherche et à l’innovation.
Les financements compétitifs sur appels à projet lancés par la Commission dans le cadre
du 8e Programme Cadre pour la Recherche et le Développement (Horizon 2020), présentent
quatre avantages stratégiques pour La Réunion :
Ils constituent de nouvelles sources de financement, indispensables pour
compenser la réduction attendue des transferts, notamment communautaires
Ils incitent les demandeurs à la performance et à l’originalité
Ils favorisent l’insertion du territoire dans les réseaux, car ils requièrent des
collaborations interrégionales.
Ils encouragent les coopérations entre acteurs scientifiques et économiques
Mais notre île reste globalement en marge de ces opportunités, faute d’information, de
sensibilisation et d’appui. Pour pallier ce manque, une cellule de réponse aux appels à projets,
ouverte aux chercheurs comme aux entrepreneurs, conduira un travail de recensement des
propositions pertinentes, d’identification de partenaires potentiels, et d’accompagnement dans la
structuration du consortium et du projet.
En complément des dispositifs d’incitation à la mobilité des chercheurs, tels que le
programme Marie Curie, La Réunion proposera des aides pour attirer des talents extérieurs et
faciliter la participation des acteurs locaux à des programmes de recherche, des séminaires ou des
formations.
Enfin, les entreprises pourront s’appuyer sur le réseau Entreprise Europe Network dont
l’objet est de soutenir la croissance des PME en tirant partie des opportunités offertes par le
marché communautaire. Rassemblant des structures d’accompagnement opérant dans plus de 50
pays, il propose une large gamme de services : conseil sur la propriété intellectuelle,
l’international, les réglementations communautaires ; recherche de partenaires ; transferts de
technologie, mobilisation de financements européens, etc. La Réunion entend se positionner
fortement sur cet appel à projet afin d’accélérer la convergence de son économie.
B - Le plan d'action sectoriel
111
Thématiques
Bioéconomie tropicale Eco-tourisme expérientiel
Agilité territoriale
Fiches-actions Agilité
humaine Agilité
sociale Société
digitale Transition énergétique
Conservation et restauration écologique
Pratiques et productions agroécologiques
Valorisation des ressources tropicales et produits transformés
Extraction de principes actifs
Tourisme de nature
Tourisme de culture
Tourisme de bien-être
Développement des compétences individuelles
Amélioration du bien-être
Prévention des risques et des pathologies
Diagnostics et thérapies innovants
Innovation sociale
Innovation ouverte
Territoire intelligent
Pôle d'innovation numérique
Développements et services informatiques
E-learning
E-santé
E-energie
E-tourisme
Bâti écologique
Energies renouvelables
Small grids
Transport
Thématiques concernées par les fiches-actions
Draft- Version de travail- 24/04/14 – Philippe JEAN-PIERRE – Pdt du CRI
1) La bioéconomie tropicale
A l’échelle planétaire, l’hypothèse d’une séparation entre les activités économiques et les
écosystèmes est battue en brèche par la raréfaction progressive des ressources fossiles, minérales
et naturelle, la dégradation accélérée des écosystèmes (1/4 des sols, 1/3 des forêts et 60% des
services écologiques mondiaux ont été mis à mal en 30 ans), l’effondrement de la biodiversité et
la multiplication des rejets et pollutions qui affectent négativement l’économie et les conditions
de vie. L’ère de la production de masse permise par la consumation des énergies fossiles et des
milieux naturels bute désormais sur la reconnaissance des limites. Pour La Réunion, les défis sont
colossaux : comment satisfaire des besoins en forte croissance dans un territoire borné, de petite
taille et fortement vulnérable, tout en préservant les écosystèmes et les services qu’ils offrent
gratuitement ? Comment se sécuriser face à la réduction annoncée des échanges mondiaux et aux
dynamiques spéculatives qui pèseront sur les ressources essentielles au développement de La
Réunion. ? Ces contraintes constituent également une opportunité. En rencontrant dès à présent
des problématiques plus diffuses à l’échelle continentale, notre île est incitée à anticiper des
évolutions globales qui frapperont demain tous les territoires de la planète. Elle peut donc
acquérir un avantage compétitif en s’affirmant comme un territoire pionnier de la bioéconomie
c’est-à-dire d’une économie écologique, intégrée dans les cycles naturels et respectueuse de la
biodiversité, qui à l’image des écosystèmes fonctionne de manière circulaire. Elle dispose pour ce
faire d’atouts colossaux : un patrimoine naturel d’exception couvrant plus de 40% de son
territoire, une zone économique exclusive de plus de 2,8 millions de km², une grande diversité de
milieux et d’espèces ; et des filières agroalimentaires diversifiées et structurées. Les avantages de la
transition apparaissent clairement : réduction de la dépendance (notamment aux intrants),
sécurisation, promotion de l’économie par la relocalisation des activités, le développement des
collaborations entre entreprises et la naissance de nouvelles activités, tournées notamment vers
l’export de savoir-faire et de productions différenciées, à forte valeur ajoutée. Pour construire
cette économie de demain, quatre domaines complémentaires et connectés ont été retenus : la
conservation et la restauration écologique ; l’agro-écologie ; l’extraction de principes actifs issus
de la biodiversité à des fins alimentaires, sanitaires ou cosmétiques ; la valorisation de la biomasse
et des produits agro-industriels.
Draft- Version de travail- 24/04/14 – Philippe JEAN-PIERRE – Pdt du CRI
Bioéconomie
Fiches-actions Conservation et restauration
écologique Pratiques et productions agroécologiques
Valorisation des ressources tropicales et produits transformés
Extraction de principes actifs
Eléments de contexte
La Réunion se trouve dans une situation paradoxale : protégé réglementairement par son statut de Parc national, son patrimoine naturel
s'érode sous l'effet des dégradations anthropiques et des invasions d'espèces
exotiques. Or, la biodiversité constitue un levier économique fondamental dans une multiplicité de champs : tourisme, agro-
industries, chimie, cosmétique, etc.
Dans un contexte mondial de forte croissance démographique et de dégradation des espaces cultivés, la sécurité alimentaire
revêt une importance stratégique. L'enjeu est désormais de couvrir des besoins en forte
hausse tout en préservant la diversité, la qualité et la résilience des écosystèmes qui
conditionnent toute activité humaine. En raison de sa petite taille, de la prégnance des
problématiques écologiques et des savoir-faire locaux, La Réunion présente des conditions très favorables pour expérimenter et s'imposer sur le terrain de cette nouvelle révolution verte. Et
jouer un rôle moteur dans le plan national "Ambition Bio 2017" impulsé dans le cadre du
programme "Produisons autrement"
Au sein de l'espace européen, La Réunion se distingue par ses conditions
tropicales. Réciproquement, elle se singularise dans la zone intertropicale par son
appartenance à un ensemble communautaire qui lui confère des avantages en termes de
qualité et de sécurité, mais la fragilise face à la concurrence de pays à bas coûts. Pour
contrecarrer les menaces qui pèsent sur leur développement et explorer des relais de
croissance, les industries agroalimentaires s'engagent donc pleinement dans une dynamique d'innovation centrée sur la
valorisation des ressources tropicales et des produits et coproduits industriels.
Grâce à ses écosystèmes et ses exploitations agricoles, La Réunion dispose de larges gisements de flore et de faune, souvent
endémiques. Cette richesse constitue un potentiel d'activités conséquent notamment
dans les domaines cosmétiques, chimiques et thérapeutiques qui privilégient de plus en plus
les produits biosourcés.
Objectifs
Les objectifs poursuivis sont triples : répondre à un enjeu territorial d'envergure en
préservant et en soutenant la biodiversité; concevoir des savoir-faire et des solutions susceptibles d'être exportées vers d'autres
territoires insulaires ou tropicaux développer des filières économiques,
génératrices d'emplois et de participation populaire
Croiser les activités de recherche-innovation et les connaissances traditionnelles
pour développer des solutions agro-écologiques Accompagner la transition des exploitations existantes vers une démache agro-écologique
afin de réduire les pertes, les risques sanitaires, la dépendance aux intrants (engrais, produits phytosanitaires) et les externalités négatives Soutenir le développement de l'agriculture
biologique et de l'agro-forestrie tropicale pour concilier restauration écologique et production Développer des productions tropicales à forte valeur ajoutée sur des marchés de niche (fruits tropicaux, café Bourbon pointu, vanille, etc.)
Cette fiche action vise trois objectifs : Structurer une filière tropicale durable de
semences et de plants Renforcer la maîtrise technique de la création
de variétés de canne à sucre Développer l'innovation dans les industries
agroalimentaires pour renforcer l'éco-efficience, la compétitivité, la valeur ajoutée et conquérir
de nouveaux marchés
L'objectif de cette fiche action est d'atteindre une masse critique et un avantage compétitif dans le champ de l'extraction des
principes actifs issus de la biodiversité
Description des actions
Développer un savoir-faire scientifique et technique exportable (caractérisation des
habitats, luttes biologiques, techniques innovantes de restauration, amélioration des protocoles, outils de suivis à grande échelle)
Mettre en oeuvre des actions de conservation des milieux naturels préservés et de restauration
de terrains anthropisés ou dégradés Expérimenter des dispositifs incitatifs pour les
propriétaires fonciers, les agriculteurs Structurer une filière économique diversifiée
couvrant la production de semences et d'espèces, la lutte contre les espèces exotiques,
la plantation et l'entretien des parcelles, l'exploitation des essences replantées, des
produits écotouristiques Mobiliser les habitants autour de ces enjeux
(innovation sociale)
Préserver les ressources tropicales et endémiques (collecte et conservation de
semences et de plants; gestion agroécologique des ravageurs et des espèces invasives;
surveillance épidémiologique animale et végétale, contrôle des facteurs de diffusion) Développer des méthodes de production intégrées sur les principes de l'économie
circulaire (valorisation des coproduits et des déchets)
Structurer des filières agroécologiques pour la production alimentaire, la valorisation médicale
et cosmétique Renforcer l'accompagnement technique des
agriculteurs pour explorer, co-élaborer et mettre en oeuvre des alternatives
agroécologiques Stimuler l'exemplarité par la création d'un réseau de fermes pilotes et sensibiliser les
acteurs et la population Encourager le développement de l'agroécologie
en milieu urbain (jardins partagés par ex.)
Accompagner la structuration d'une filière tropicale de semences et de plants à
destination des filières végétales - sélection de variétés adaptées aux conditions
locales et exportables - création de semences spécifiques
- développer la maîtrise des biotechnologies - faciliter les transferts de compétences et de
technologies vers les entreprises
Renforcer la maîtrise technique de la création de variétés de canne à sucre
- poursuivre la sélection variétale par hybridation naturelle
- séquencer le génome de la canne - partager les acquis de la recherche et la
maîtrise des biotechnologies d'Ercane avec les autres acteurs de la filière végétale
Innover dans les industries agroalimentaires : - poursuivre l'amélioration des capacités de
production - adapter l'analyse du cycle de vie des produits à
Développer des savoir faire experts dans les technologies vertes d'extraction
Concevoir et fabriquer localement des produits
de santé/bien-être innovants à haute valeur ajoutée à partir des extraits naturels issus de la
biodiversité
Produire des molécules d'intérêt pharmaceutique (candidats médicaments)
Evaluer les effets thérapeutiques de molécules
et d'éco-extraits
Draft- Version de travail- 24/04/14 – Philippe JEAN-PIERRE – Pdt du CRI
la situation tropicale - soutenir la différentiation des productions
- valoriser les déchets et les effluents
Moyens mobilisés
FEDER GTT11-01 Protection et valorisation de la biodiversité
FEADER Mesure 10 GTT 10-15 + GTT 10-14
FEDER GTT01-02a FEADER mesure 11 Agriculture biologique
(aide à la conversion et aide au maintien) GTT05-11
FEDER GTT01-21
GTT01-22b FEADER
Transfert de connaissances et actions d'information GTT 05-33
Outils agro-industriels GTT 05-03 (DGA ETI) Recherche agronomique GTT 05-06 (DADD)
Appels à projets Horizon 2020 concernés
SFS-3-A. [2014] Native and alien pests in
agriculture and forestry BG-3-2014: Novel marine derived
biomolecules and industrial biomaterials BG-4-2014: Enhancing the industrial
exploitation potential of marine-derived enzymes
ISIB-10-2014: Networking of Bioeconomy relevant ERA-NETs
SFS-5-2015: Strategies for crop productivity,
stability and quality ISIB-12-A. [2014] Sustainable and resilient agriculture for food and non-food systems ISIB-8-B. Bridging research and innovation
efforts for a sustainable bioeconomy ISIB-12-D. [2015] Sustainable crop production
ISIB-12-E. [2015] Sustainable livestock production
SFS-1-C. [2015] Assessing sustainability of terrestrial livestock production
SFS-8-2014/2015: Resource-efficient eco-innovative food production and processing
ISIB-12-C. [2015] Monitoring and mitigation of
agricultural and forestry greenhouse gases (GHG)
BG-5-2014: Preparing for the future innovative offshore economy
SFS-11-B. [2015] Consolidating the environmental sustainability of European
aquaculture
SFS-17-2014: Innovative solutions for
sustainable novel food processing
Acteurs impliqués
Parc National de La Réunion Office National des Forêts
CIRAD Entreprises privées (ex. Sapef)
CIRAD Chambre d'agriculture
Parc national Association d'agriculteurs (AVAB, GAB, etc.)
CIRAD IRD DIADE (Diversité Adaptation et
Developpement des Plantes) ADIR FRCA
AROPFL Inteprofessions agricoles
Flhorys Vitrorun
Qualitropic Pépinières
eRcane IDAI
CRITT
CYROI Ecoex
Indicateurs
Augmentation de la part des produits frais locaux utilisés par les IAA de 7 à 20 % en
10 ans Limiter les importations de semences
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2) L'e-co-tourisme expérientiel
Le marché mondial du tourisme connaît une évolution rapide sous l’effet de deux séries de
facteurs. D’une part, de nouvelles attentes des consommateurs induites par le renouvellement des
clientèles mondiales (en provenance notamment des pays émergents), la recherche d’expériences
uniques face à la routine d’une industrie standardisée et la diversification des aspirations face au
modèle du tourisme balnéaire. D’autre part, une concurrence accrue entre les territoires en raison
de l’interconnexion aérienne et numérique généralisée qui dicte donc une différentiation et un
renouvellement permanent de l’offre pour garantir son adéquation au marché.
Aujourd’hui, le tourisme constitue l’une des priorités phares de La Réunion. Ce secteur
dispose en effet d’un très fort potentiel de croissance et peut générer rapidement des emplois
nombreux et diversifiés, tout en entraînant dans son sillage de nombreuses filières grâce à une
approche intégrée (débouché pour les productions agricoles, artisanales et industrielles ;
incitation au développement de nouveaux services, notamment numériques, mise en valeur du
patrimoine naturel et culturel, etc.). Le tourisme constitue en outre un vecteur d’innovations,
technologiques, sociales ou organisationnelles. Et notre île dispose à nouveau d’atouts
importants, tant par ses conditions naturelles (climat tropical, paysages variés et
internationalement reconnu, image d’île verte) que par sa diversité culturelle et ses équipements
modernes et sécurisés.
Pour consolider cette filière, accompagner la montée en qualité des offres et donner une
nouvelle impulsion en séduisant de nouvelles clientèles, la S3 souhaite promouvoir l’e-co-
tourisme expérientiel, c’est-à-dire une forme de tourisme offrant aux visiteurs des expériences et
des émotions extraordinaires nourries tant par la nature (écotourisme) que par les spécificités
sociales et la mobilisation collective des Réunionnais (co-tourisme) et magnifiées par le recours au
numérique (réalité augmentée notamment). Les trois champs de spécialisation retenus – tourisme
de nature, tourisme de culture et tourisme de bien-être – reflètent les atouts clés du territoire et
permettront de matérialiser cette ambition.
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Eco-tourisme expérientiel
Fiches-Action Tourisme de nature Tourisme de culture Tourisme de bien-être
Eléments de contexte
A l'heure où l'éco-tourisme occupe une place croissante dans l'économie mondiale, La Réunion dispose d'un avantage compétitif certain : un Parc national, couvrant 40% de sa superficie, inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco. La diversité des paysages et des espèces sur un espace très étroit constitue un levier d'attractivité pour les voyageurs en quête d'expériences.
Le tourisme culturel et patrimonial couvre un large spectre d'activités qui découlent de recherche d'altérité à travers la mise en scène des croyances, des pratiques, des sites et des modes de vie d'un territoire. Forte de son histoire et de son caractère pluriculturel, La Réunion dispose d'atouts importants pour se différencier et tirer parti de cette dynamique qui représente déjà 40% du tourisme mondial
L'allongement de la durée de la vie, le vieillissement de la population et le désir de bien-être ouvrent de nouvelles opportunités touristiques. Grâce à ses atouts naturels, son environnement sécurisé et ses équipements sanitaires modernes, La Réunion peut jouer une carte stratégique et proposer des produits adaptés à ces clientèles en quête de détente, d'attentions ou de solutions adaptées à leurs problématiques (âge, handicaps, affections de longue durée, etc.)
Objectifs
Assurer la mise en valeur touristique du patrimoine naturel de La Réunion en favorisant l'immersion des
voyageurs et la multiplication d'expériences
Concilier développement touristique et préservation du patrimoine
Développer les 5 composantes du tourisme culturel : patrimoine, personnes, sites et places, programmation,
produits locaux.
Améliorer la visibilité et l'accessibilité
Mobiliser la population pour développer des activités, favoriser les échanges et générer des revenus
Attirer de nouvelles cibles de clientèles, issues notamment des pays émergents
Promouvoir l'image de La Réunion
Diversifier et structurer l'offre touristique
Description des actions
Conforter les équipements (accès, accueil, réseau d'espaces dédiés aux activités de plein air)
Développer des éco-lodges et des projets emblématiques Créer des offres territoriales et des circuits différenciés
Développer l'interprétation (signalétique, e-eco-bio-tour, applications, réalité augmentée)
Soutenir et promouvoir les produits locaux, notamment artisanaux
Elaborer des parcours touristiques, accompagnés de supports numériques
Construire un spectacle son et lumière impliquant fortement la population
Promouvoir la création de parcs à thèmes Concevoir des activités dans les grands sites historiques et
muséaux Réhabiliter des sites patrimoniaux Créer un jardin botanique modèle
Création d'un centre aqualudique misant sur les multiples ambiances culturelles locales
Transformation des thermes de Cilaos en médi-spa
Développer les prestations ayurvédiques
Moyens mobilisés
Appels à projets Horizon 2020 concernés
Call - Reflective Societies: Cultural Heritage and European Identities REFLECTIVE-5-2015: The cultural heritage of war in contemporary Europe
Acteurs impliqués
Draft- Version de travail- 24/04/14 – Philippe JEAN-PIERRE – Pdt du CRI
Indicateurs
Augmentation de la fréquentation des sites Augmentation des dépenses touristiques
Développement d'activités Création d'emplois
Nombre d'évènements programmés Recettes générées
Dépenses touristiques Nombre de touristes séniors
Nombre de touristes porteurs d'un handicap ou d'une maladie
Draft- Version de travail- 24/04/14 – Philippe JEAN-PIERRE – Pdt du CRI
3) L'agilitié territoriale
La consécration de l’agilité comme choix de spécialisation renvoie d’abord au souhait de
conforter l’une des caractéristiques essentielles du territoire réunionnais : sa résilience. En dépit
de conditions naturelles parfois difficiles et d’un passé tourmenté, cette île a su digérer et
surmonter les graves crises qui jalonnent son histoire, grâce à sa capacité réflexive et réformiste,
mais également grâce à la multiplication d’alternatives, d’espaces et d’expériences en marge du
système dominant qui ont permis de satisfaire les besoins fondamentaux de la population tout en
évitant l’effondrement. Depuis la départementalisation, ces formes d’auto-organisation, de
solidarités familiales et de voisinage, d’activités de proximité jouent un rôle majeur dans la
cohésion sociale et l’acceptation d’une situation sociale, marquée par le chômage de masse et les
inégalités, difficilement supportable dans d’autres territoires. Loin de l’image d’une innovation
strictement technologique, réduite à une petite sphère d’initiés, la S3 entend démontrer la
multiplicité des formes d’innovation (notamment sociales) à l’œuvre à La Réunion et leur
contribution directe au bien-être quotidien des habitants. Pour préserver et accroître cette
résilience, deux grands domaines d’activités s’imposent.
D’une part, l’agilité humaine, c’est-à-dire le renforcement des compétences individuelles
(notamment à travers la lutte contre l’illétrisme) et l’amélioration de l’état sanitaire à travers
l’amélioration du bien-être, la prévention des risques et des pathologies propres à La Réunion
(diabète notamment) et le développement de nouvelles approches de diagnostic et de thérapies.
Toujours dans l’esprit S3, l’ambition est de transformer des problématiques territoriales vives,
aujourd’hui perçues négativement, en des instruments de création de valeur. Résorber des défis
locaux grâce à des outils, des méthodes, des organisations, des services ou des produits
exportables vers les marchés mondiaux.
D’autre part, l’agilité sociale : promouvoir la mobilisation et l’innovation collectives pour
satisfaire des besoins sociaux peu ou pas satisfaits par les marchés ou l’interventionnisme public
(innovation sociale), élaborer de nouvelles formes de production, de distribution et de
consommation en phase avec les nouveaux paradigmes économiques (innovation ouverte) et
inventer la ville et le territoire de demain (territoire intelligent).
Un territoire agile se démarque par sa créativité, son adaptabilité et sa réactivité. Autant de
qualités essentielles pour s’imposer dans une économie de la connaissance globalisée, caractérisée
par le renouvellement rapide des produits et des solutions. L’objectif de la S3 est donc à nouveau
de faire de la réponse à une attente locale un instrument de développement à l’international, en
Draft- Version de travail- 24/04/14 – Philippe JEAN-PIERRE – Pdt du CRI
mobilisant ces capacités pour faire de La Réunion une authentique plateforme européenne
d’expérimentation de la 3e révolution industrielle en milieu tropical. C’est-à-dire explorer
pleinement les opportunités ouvertes par le numérique et les énergies renouvelables pour
développer, en partenariat avec des opérateurs européens, des solutions dématérialisées et
décarbonées.
Le numérique constitue à la fois un levier de croissance, en propre, par la conception et la
commercialisation de noyaux logiciels, de prototypes, d’applications et de contenus et en tant que
support pour les domaines clés de l’agilité territoriale : l’éducation (e-learning), la santé (e-health),
l’énergie, ainsi que dans le secteur touristique.
La transition énergétique vise à quant à elle à libérer La Réunion de sa dépendance
coûteuse aux énergies fossiles tout en soutenant l’innovation et l’emploi. A cette fin, le plan
d’action couvre les différents segments de la chaîne énergétique : l’efficience, vecteur de réduction
de la consommation, grâce au bâti écologique tropical ; la production par la promotion des
énergies renouvelables et de biocarburants de 3e génération ; et enfin la distribution grâce aux
« small grids », c’est-à-dire des réseaux intelligents déployés à petite échelle pour répondre aux
enjeux d’un réseau électrique cloisonné.
120
Agilité humaine
Fiches actions
Développement des compétences individuelles Amélioration du bien-être
Prévention des risques et des pathologies
Diagnostics et thérapies innovants
Eléments de contexte
La quête de bien-être s'impose de plus en plus comme une ambition territoriale et un marché porteur. La Réunion présente en la matière une situation équivoque : confrontée en interne à de multiples défis (vieillissement, multiplication des pathologies modernes sous l'effet de la sédentarité et de la transformation radicale des modes de vie), elle dispose d'atouts critiques pour améliorer les conditions de vie de la population et développer des produits d'exportation (microclimats, paysages, biodiversité, fruits et légumes tropicaux, infrastructures de santé, etc.)
Sous l'effet combiné d'un bouleversement rapide et massif des modes de vie et de prédispositions génétiques, La Réunion présente une exposition aigüe au risque diabétique : la prévalence du diabète de type 2 y est 3 à 4 fois plus élevée qu'en métropole. Les complications des maladies métaboliques sont nombreuses - pieds diabétiques, insuffisance rénale chronique, problèmes cardiovasculaires - et coûtent près de 590 millions d'euros par an.
L'île de La Réunion présente des risques de morbidité et de mortalité spécifiques : mortalité périnatale , maladies métaboliques (diabète de type 2), maladies cardiovasculaires, épidémies infectieuses tropicales (chikungunya, dengue), maladies zoonotiques et vectorielles, toxi-infections, etc. Mais elle dispose aussi d'atouts importants pour la mise au point de diagnostics et de traitements : une biodiversité importante riche en principes actifs, un plateau technique au CYROI, des unités mixtes de recherche, un CHU, des start-up et des associations volontaristes
Objectifs
L'objectif de cette fiche est de valoriser les atouts insulaires pour améliorer le cadre de vie insulaire et renforcer l'export de produits et de services. Il s'agit tout à la fois d'approfondir la connaissance
L'objectif est de tirer parti d'une situation locale problématique pour concevoir des solutions de prévention qui minimisent l'exposition au risque des Réunionnais et susceptibles d'être exportées
L'objectif recherché est de faire de La Réunion un modèle dans la prise en charge des patients par le développement d'une approche intégrative fonctionnelle personnalisée du diagnostic et de la thérapie. Il
121
des propriétés de la biodiversité réunionnaise et de soutenir la création d'activités de transformation à des fins alimentaires, cosmétiques et touristiques
vers des pays tiers s'agit concrètement d'exploiter les atouts naturels et les capacités d'ingénierie pour évaluer et moduler les facteurs de risques avant d'intervenir en thérapie sur les pathologies affectant la population
Description des actions
Les actions proposées se décomposent en deux axes D'une part, approfondir la recherche pour développer des produits innovants : - d'alimentation courante, de haute qualité organoleptique et nutritionnelle, inspirés par les multiples traditions culinaires de La Réunion et adaptés à différentes niches de clientèle (nourrissons, enfants, sportifs, personnes âgées, maladies de longue durée) - de suppléments nutritionnels (vitamines, oligoéléments, oméga 3) ou thérapeutiques (antioxydants, régulation des fonctions digestives, hépathiques, rénales, etc.) issus de la biodiversité terrestre et maritime de La Réunion grâce à une phase préalable de caractérisation chimique et d'extraction - de cosmétique et de bien être
Trois actions seront développées au cours de la période 2014-2020 : 1) Développer la prévention primaire pour limiter l'installation du diabète de type 2 - évaluation du statut nutritionnel, des pratiques alimentaires et de l'hygiene de vie - dépistage des sujets diabétiques - actions de prévention - mise en place d'une cohorte de patients diabétiques et non diabétiques et collecte de prélèvements sanguins, d'informations sur les pratiques alimentaires, l'hygiène de vie, l'utilisation de plantes médicinales 2) Améliorer la prévention du risque vasculaire chez les diabétiques :
Les actions s'articulent autour de trois axes : 1) Elaborer de nouveaux biomarqueurs de diagnostics : - cibles moléculaires d'imagerie non invasive de pathologies (athérotrombose, troubles ischémiques) - biomarqueurs de pathologies métaboliques - recherche de marqueurs de maladies infectieuses - caractérisation de la toxicité et des toxines de plantes ou d'organismes marins 2) Proposer de nouveaux produits - kit de thérapie par cellules souches notamment pour le traitement des conséquences de l'ischémie reperfusion du rein - principes actifs issus des plantes médicinales et d'organismes marins
122
dans des champs variés (soins, relaxation, aromatisation assainissement de l'air) à partir des productions agricoles locales et des plantes indigènes et endémiques D'autre part, encourager le rapprochement de la recherche, des praticiens, des PME et des usagers pour développer des méthodes, des technologies et des produits innovants susceptibles d'améliorer les facteurs de bien-être : - promotion de l'activité physique - amélioration de la qualité de l'eau et de l'air - services à la personne
- réduction des facteurs de risque et de comorbidité par des approches nutritionnelles, hygièniques et la promotion de l'activité physique 3) Constitution d'un registre des patients frappés par un AVC pour recueillir des données, effectuer des prélèvements et assurer le suivi
- diagnostics de pathologies émergentes (leptospirose, chikungunya) par la production de protéines recombinantes et de kits de diagnostics cliniques - design de molécules et de macromolécules chimiques et biologiques à visée diagnostique et thérapeutique 3) Concevoir de nouveaux outils et services : - Produits intelligents pour le diagnostic et le suivi des patients (capteurs connectés permettant le suivi et l'analyse des données personnelles) - Diagnostics de toxines alimentaires : création d'un centre de pharmacovigilance et d'une plateforme de toxicologie
Moyens mobilisés
Soutien aux activités de recherche appliquée sur les
plantes de La Réunion et de la zone Océan Indien
Investissements dans des équipements de caractérisation
chimique Création d'un pôle de
compétence substances naturelles et valorisation de la
biodiversité Soutien aux entreprises et création de plateformes
Extension du CYROI Construction de deux
laboratoires de "soins et recherche" dans les CHU Nord
et SUD (6 M€ hors équipements)
Favoriser l'installation de l'INSERM et du CNRS
Création d'une pépinière et d'un hôtel d'entreprises en
sciences du vivant, biotechs et santé
Accompagnement des
123
mutualisées de transformation Accompagnement juridiue et réglementaire pour la mise sur
le marché Mise à disposition des
connaissances sur les PAPAM
entreprises et des projets innovants
Soutien aux projets de RDI pluri-partenaires public/privé
Appels à projets Horizon 2020 concernés
PHC 19 – 2014: Advancing active and healthy ageing with ICT: Service robotics within assisted living environments PHC 22 – 2015: Promoting
mental wellbeing in the ageing population
HCO 13 – 2015: ERA-NET: Cardiovascular disease
HCO 5 – 2014: Global Alliance for Chronic Diseases: prevention and treatment of
type 2 diabetes PHC 7 – 2014: Improving the control of infectious epidemics
and foodborne outbreaks through rapid identification of
pathogens (see also societal challenge 2)
PHC 1 – 2014: Understanding health, ageing and disease:
determinants, risk factors and pathways
PHC 30 – 2015: Digital representation of health data to improve disease diagnosis and
treatment ISIB-12-F. [2015] Biomarkers
for nutrition and health PHC 11 – 2015: Development
of new diagnostic tools and technologies: in vivo medical
imaging technologies PHC 10 – 2014: Development
of new diagnostic tools and technologies: in vitro devices,
assays and platforms PHC 12 – 2014/2015: Clinical
validation of biomarkers and/or diagnostic medical
devices PHC 15 – 2014/2015: Clinical
research on regenerative medicine
PHC 20 – 2014: Advancing active and healthy ageing with
ICT: ICT solutions for independent living with cognitive impairment
PHC 21 – 2015: Advancing active and healthy ageing with
124
ICT: Early risk detection and intervention
Acteurs impliqués
Université de La Réunion CIRAD CHU
Inserm CYROI CRITT
Cliniques privées Structures d'accompagnement
APLAMEDOM SAS Eco-Ex
CAHEB Extraits de Bourbon SARL
OCTANS SARL F Thomas Cosmetics
Runware Association Spiruline Péi
GEICO INSERM
LCF DIMPS
CIC ARS
CHU - CRB - USM CYROI
Infirmiers libéraux Ordre des dentistes
Runware
CYROI Université de La Réunion
(DIMPS, LCSNSA, PIMIT, DETROI, DSIMB, CEPOI)
CHU, CIC-EC INSERM
IRD APLAMEDOM
ARVAM Start-up (Stemcis, Runware,
Oscadi) Clinifutur
Médecins libéraux
125
Indicateurs
Nombre de publications (150 en 2018, 200 en 2022)
Score annuel (SIGAPS CHU) : 1700 en 2018; 2125 en 2022 Nombre annuel d'inclusions
patients internes : 300 en 2018, 400 en 2022
Nombre annuel d'inclusions patients externes : 7500 en
2018, 10 000 en 2022 Nombre d'essais sur un an :
100 en 2018, 150 en 2022 Nombre de nouveaux brevets :
3 en 2018, 10 en 2022
126
Agilité sociale
Fiches action Innovation sociale Promouvoir l'innovation ouverte Territoire intelligent
Eléments de contexte
L'avènement de l'économie de la connaissance et du numérique modifient en profondeur l'innovation et les dynamiques entrepreneuriales. Alors que l'ère industrielle privilégiait une approche fermée de l'innovation, fondée sur le secret, la nouvelle économie repose sur un principe d'ouverture et de collaboration. La réactivité et la compétitivité d'un territoire dépend de la capacité collective des acteurs à produire, échanger et mutualiser des savoirs et des informations pour développer des projets. L'interconnaissance et la proximité jouent donc un rôle moteur dans l'émergence d'idées, de produits et de solutions.
Objectifs
Cette fiche vise à accompagner la création d'outils collaboratifs, ouverts à des publics variés, issus de multiples champs (recherche, enseignement, économie, public) pour co-concevoir des innovations, centrées sur les usages
127
Description des actions
1) Des espaces de coworking permettant l'accueil et la mise en relation, souple et économique, d'une grande variété d'acteurs (auto-entrepreneurs, porteurs de projets, étudiants, chercheurs, TPE, start-up, etc.) 2) Des pépinières d'entreprises à haut niveau de service conçues selon les principes de la coopétition et de l'économie circulaire afin de stimuler la créativité, de renforcer les interdépendances et d'atteindre l'excellence écologique 3) Des espaces de rencontre permettant de donner corps aux "pôles régionaux d'innovation" informels pour générer des idées et des projets 4) Un ou plusieurs Fablab(s) permettant à tous les publics de développer simplement, grâce à des imprimantes 3D et des machines outils pilotés par informatique, des prototypes, des démonstrateurs ou des pièces uniques. 5) Un living lab c'est à dire un lieu de rencontre où entrepreneurs, usagers et chercheurs pourront co-inventer des idées et co-designer des produits et des services adaptés aux besoins et aux usages exprimés
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Moyens mobilisés
Appels à projets Horizon 2020 concernés
YOUNG-3-2015: Lifelong learning for young adults: better policies for growth and inclusion in Europe REFLECTIVE-9-201415: Social Platform on Reflective Societies INSO-2-2014: Understanding and supporting business model innovation INSO-5-2015: Social innovation Community INSO-6-2014 : Platform for ICT for Learning and Inclusion
Acteurs impliqués
Région Réunion et EPCI Université de La Réunion (LIM, DSIUN, ESIROI, LCF) CCIR Technopole Association professionnelles (ARTIC, CGPME, Jeune Chambre Economique, MEDEF)
129
Indicateurs
Nombre de coworkers réguliers : 60 Nombre d'entreprises en pépinières et parcs technologiques : 20 Nombre annuel de projets collaboratifs : 50 Nombre annuel d'évènements : 100 Nombre annuel d'emplois créés ou pérennisés : 40
130
Economie numérique
Fiches actions
Pôle d'innovation numérique Développements
et services
E-learnin
g E-
sante
E-Energi
e
E-touris
me
Eléments de contexte
Réunis dans un Comité de Coordination du Numérique, les acteurs de la filière TIC souhaitent développer des clusters et les regrouper dans un "Pôle commun de Recherche Appliqué et Expérimental", centré sur les innovations logicielles de
rupture dans les domaines de la connaissance et du développement durable (sémantique, smart grid, big data, systèmes distribués). L’application de ces
technologies sera adaptée au contexte singulier du réseau Internet dans le grand océan Indien et en Afrique australe, où la bande passante est limitée en regard des
usages envisagés. Cette différenciation apportera un facteur clé de succès aux produits et services qui seront créés
. Les clusters, en lien avec les filières métiers correspondantes, seront chargés de
transformer les innovations de rupture du Pôle Commun de Recherche en services et produits commercialisables à grande échelle sur les marchés d'exportation ; le marché local étant considéré comme un marché d'expérimentation permettant la preuve de concept. La création de couples produits/marchés adaptés à un grand
marché régional étendu aux pays de l'Afrique australe sera ainsi au cœur des efforts poursuivis par les clusters métiers.
131
Objectifs
Faciliter les rapprochements privé/privé, public/privé dans le cadre de projets de R&D collaboratifs pour le développement et l’intégration des technologies innovantes conçues au
sein du Pôle de Recherche Appliquée et Expérimentale du Numérique
Aider les entreprises de la filière numérique réunionnaise à développer des produits et des services innovants et exportables
Accompagner les membres des clusters métiers dans leur mise en réseau avec les acteurs des
filières métiers concernées (Santé, Tourisme, Énergie, Agro-industrie)
Apporter à la communauté entrepreneuriale les éclairages sur les travaux de recherche, les tendances technologiques
Accompagner le dépôt et la licence de brevets
Faciliter le déclenchement des impacts économiques définis en début de chaque projet par la
prise directe avec les intervenants des marchés ciblés (clients, consommateurs, etc)
Fédérer les efforts de R&D des acteurs de la filière numérique réunionnaise dans le but de constituer un champion régional des TIC à l'échelle du grand océan Indien (ZOI + Afrique
australe)
Faciliter et organiser les participations conjointes entreprises/chercheurs aux colloques internationaux sur les thématiques du Pôle. À moyen terme, localiser de telles rencontres à
La Réunion pour apparaître sur la carte mondiale de la recherche TIC.
Attirer des compétences de recherche de niveau international à La Réunion.
Tracer le plus court chemin entre la recherche appliquée, la mise sur le marché et la création de valeur ajoutée au profit du territoire (croissance, emplois)
Trouver des alternatives aux problématiques de connectivité des entreprises et des produits
132
Description des actions
Réunions d’information sur les thématiques couvertes par le Pôle et sessions d’émergence de projets TIC et inter-filières
Ateliers d'échanges Recherche/Entreprises
Soutien à la composante R&D des formations délivrées à La Réunion. Valorisation de l'usage
et de la création de formation de type MooC sur des sujets innovants
Valorisation de la chaîne de valeur d’innovation TIC au sein de la jeunesse réunionnaise
Labellisation des projets
Plateforme sécurisée de partage de données (Espaces Collaboratifs)
Outils de promotion et de mise en visibilité des projets R&D (Rédactionnel, Evénements)
Coopération effective entre les membres de la filière
Networking qualifié, identification de partenaires, mise en relation
Accompagnement dans la valorisation des technologiques issues de projets de R&D
Aide à la mise en place des accords de groupement et consortium
Aide à la mise en œuvre de contrat Cifre et PostDoc dans les entreprises et les laboratoires supports afin de développer la formation par la recherche et l’inclusion des jeunes chercheurs
dans les entreprises
Favoriser la mise en place d’un réseau d’entreprises TIC innovantes validé par le Ministère de la Recherche pour la sous-traitance de R&D dans le cadre du Crédit Impôt Recherche.
Favoriser la diffusion de cette R&D vers les 4 clusters métiers.
Mise en relation avec les réseaux de financeurs locaux, nationaux et internationaux et les plateformes de financement de type « crowdfunding »
Valorisation de l’investissement en fond propre des PME innovantes du secteur TIC auprès
du grand public
133
Transfert de technologie vers les entreprises
Sensibilisation sur les problématiques de propriété intellectuelle et de sécurité de stockage des
données personnelles et transactionnelles.
134
Moyens mobilisés
37 M€ dont 5 M€ dédiés à la structuration du pôle et 32 M€ consacrés aux projets de recherche et développement portés par les entreprises
H2020
EE 1 – 2014: Manufacturing of prefabricated modules for renovation of building EE 2 – 2015: Buildings design for new highly energy performing buildings
EE 5 – 2014/2015: Increasing energy performance of existing buildings through process and organisation innovations and creating a market for deep renovation
EE 4 – 2014: Construction skills EE 11 – 2014/2015- New ICT-based solutions for energy efficiency
LCE 2 – 2014/20
15: Developi
ng the next
generation
technologies of
renewable
electricity and
heating/cooling
LCE 3 – 2014/20
15: Demonstration of renewabl
e electricity
and heating/c
ooling technolo
gies
LCE 5 – 2015: Innovation and technologies
for the deployment of meshed
off-shore grids
LCE 6 – 2015: Transmission grid and
wholesale
market LCE 7 – 2014: Distribution grid and retail
SCC 3 – 2015 :
Development of system
standards for smart cities and
communities
solutions MG.3.5-
2014. Cooperative ITS for safe, congestion-free
and sustaina
ble mobility MG.5.5-
2015. Demonstrating
and
135
LCE 4 – 2014/20
15: Market
uptake of existing
and emerging renewabl
e electricity, heating
and cooling
technologies
LCE 11 –
2014/2015:
Developing next
generation
technologies for biofuels
and sustainab
le alternativ
e fuels
market LCE 8 – 2014: Local / small-scale
storage LCE 9 – 2015: Large scale
energy storage LCE 10 – 2014: Next
generation
technologies for
energy storage
testing innovati
ve solutions
for cleaner
and better urban
transport and
mobility
136
Acteurs impliqués
ARTIC CCIR
CGPME MEDEF
Technopole Entreprises porteuses de projet de R&D
Laboratoires de recherche Université
Ecole d'ingénieurs
Indicateurs
Nombre de dépôts de brevet Nombre de contrats CIFRE
137
Transition énergétique
Colonne1 Bâti écologique Energies renouvelables Small grids Transports
Eléments de contexte
Les conditions climatiques tropicales de La Réunion
ouvrent de larges opportunités pour développer une expertise et des solutions sur un marché
porteur : la conception de bâtiments écologiques alliant
confort (notamment thermique) et une réduction de la
consommation énergétique et matérielle
concevoir des bâtiments
écologiques répondant aux besoins locaux et extérieurs et conciliant confort thermique et réduction de la consommation
énergétique et matérielle
La Réunion est confrontée à une série de défis : une croissance soutenue de la consommation énergétique tirée par
l'expansion démographique et la multiplication des besoins; une
dépendance marquée et coûteuse aux énergies fossiles qui représentent près de 85% du mix énergétique et une situation insulaire qui empêche l'interconnexion du réseau électrique. De cette situation, La Réunion peut saisir une opportunité en s'imposant comme un leader mondial
de la production d'énergies renouvelables en milieu tropical et
insulaire, et ainsi se positionner sur les marchés émergents qui rencontrent des
problématiques semblables
Le modèle énergétique traditionnel, dans lequel de
grandes unités de production alimentent des
consommateurs passifs, cède peu à peu la place à des
systèmes décentralisés où chacun joue alternativement les rôles de producteur et de
consommateur. Cette révolution soutenue par la formidable progression du numérique (notamment des capteurs connectés et des
logiciels de prédiction et de suivi) ouvre des opportunités
pour La Réunion. La progression des énergies
renouvelables bute en effet sur leur caractère intermittent qui soulève des problèmes de
gestion dans un système électrique fermé. Le développement de
compétences en matière de stockage et plus largement de
conception de réseaux électriques intelligents (smart grids) déployés à différentes
Le transport représente à lui seul plus de 60% des besoins énergétiques de La Réunion,
aujourd'hui satisfaits exclusivement par des
carburants fossiles. Par sa condition tropicale, son environnement et ses
industries, notre île dispose de vastes gisements organiques dont la gestion soulève des
problématiques écologiques et économiques. Elle dispose
aussi d'un potentiel important dans le domaine des micro algues. La production de biocarburants peut donc constituer une alternative
répondant au double objectif de réduction de la dépendance
et de création de valeur
138
échelles (quartiers, villes, micro-régions) apporte une réponse concrète et ouvre des opportunités d'export
Objectifs
Le bâti occupe une importance stratégique dans la recherche
d'autonomie énergétique. L'objectif de la présente fiche
est donc d'accompagner le développement de la recherche-
innovation et d'une filière économique capable de
répondre aux enjeux locaux et de s'imposer sur les marchés de la ceinture intertropicale; tout en renforçant les partenariats avec des acteurs européens en
misant sur la spécificité tropicale
Etroitement liée à la suivante, cette fiche vise à accroître la production d'énergies
renouvelables intermittentes et à promouvoir l'autosuffisance pour
diminuer le coût individuel et collectif de l'énergie, sécuriser le réseau et réduire la
dépendance aux énergies fossiles
Développer des réseaux intelligents locaux (small
grids) composés d'unités de production et de moyens de stockage, reliés par des outils
numériques permettant d'équilibrer l'offre et la
demande en temps réel pour un coût minimal
Concevoir des solutions exportables vers des réseaux
insulaires ou faiblement interconnectés
Cette fiche-action vise à explorer les potentiels de production de carburants
alternatifs qui n'entrent pas en concurrence avec la
satisfaction des besoins alimentaires et n'entraînent de
dégradation écologique
139
Description des actions
Pour optimiser l'efficacité énergétique du bâti, La Réunion privilégie une approche intégrée
couvrant différents champs :
1) La conception des bâtiments :
- outils de conception - modélisation
- adaptation à l'environnement
2)L'amélioration des matériaux - Durabilité face aux agents
xylophages - Résistance à l'humidité - Résistance aux vents
cycloniques - Durabilité face au brouillard
salin (corrosion) - Promouvoir le recyclage des matériaux (caractérisation des
volumes, identification des réutilisations potentielles, structuration de filières de
recyclage)
3) L'amélioration de l'enveloppe pour la maîtrise de l'énergie et la
production d'énergie - Protections solaires
- Matériaux (dont isolants, composants passifs et actifs) en
promouvant l'adaptation de matériaux au contexte local et
Les actions engagées se déploient tout au long de la chaîne énergétique :
1) Etudier et prévoir les ressources en
énergies renouvelables - estimation des ressources
intermittentes et non intermittentes - élaboration de modèles prédictifs
incorporant la variabilité spatiotemporelles des ressources
renouvelables grâce à des méthodes variées (imageries satellitaires, modèles atmosphériques, réseaux de mesures au
sol, bases de données, etc.) - développement de la simulation
numérique et du traitement statistique des données
2) Approfondir la connaissance des systèmes énergétiques de conversion - modélisation physique et simulation
numérique des procédés de conversion compte tenu de la topographie et de la
météorologie tropicale - expérimenter et analyser le
comportement des systèmes : quantifier les performances et valider les modèles
prédictifs, et mettre en oeuvre un démonstrateur
3) Améliorer le stockage :
- développements de projets d'unités de stockage utilisant différents vecteurs
énergétiques
Déploiement du projet GYSOMATE (Gestion Dynamique d'un réseau
composé d'unités de production solaire et de
moyens de stockage organisés suivant un maillage intelligent
pour la maîtrise de la consommation énergétique) - encourager la production
décentralisée d'énergies solaires, en favorisant la
mutualisation et les regroupements
- équilibrer offre et demande grâce à des solutions de stockage et déstockage
d'énergie - concevoir et dimensionner un réseau tenant compte de
la variabilité de la ressource et des profils de consommation grâce à l'interconnexion d'une
myriade de micro-réseaux urbains
Déploiement de small grids à
l'échelle de quartiers ou de zones d'activités expérimentales
Réaliser des preuves de
concept dans les domaines des objets connectés et des
L'action se structure en trois étapes :
- évaluer les gisements disponibles de substrats
potentiels pour la production de biocarburants (végétation,
micro-algues, déchets ménagers, sous-produits
agroalimentaires, etc. - optimiser les prétraitements
des substrats et mettre en place des procédés de
transformation - développer un biocarburant de 3e génération répondant aux enjeux économiques et
écologiques capable de substituer aux énergies
fossiles
140
l'augmentation de la part des matériaux locaux dans la construction, notamment
biosourcés et à faibles impacts environnementaux
- Aspects traversant, ventilation naturelle
- Gestion de l'inertie
4) L'amélioration des équipements
- système de production de chauf/froid (dont climatisation solaire et ou hybride biomasse)
- ventilation mécanique - éclairage
- gestion de l'humidité - stockage de l'énergie
thermique - instrumentation
5) La gestion dynamique du bâtiment et des moyens de
production, de stockage et de consommation
- gestion en temps réel des besoins
- gestion prédictive des besoins et des productions
- services rendus au réseau électrique
- mise en place de démonstrateurs - modéliser la distribution territoriale de
l'énergie
4) Développer le contrôle-commande de la chaîne de conversion
- modélisation de la chaîne de conversion
- déveoppement de technologies d'optimisation de la conversion
5) Explorer le potentiel énergétique et économique d'industrialisation de trois
filières - l'énergie thermique des mers
- le solaire à concentration - l'hydrogène
systèmes d'information décisionnels afin de
concevoir une offre globale alliant infrastructures et
logiciels
141
Moyens mobilisés
Réalisation d'un benchmark (batiments neufs ou en
rénovation) Accompagnement des
entreprises dans le développement de produits,
matériaux et systèmes innovants adaptés
Facilitation de la mise sur le marché des nouveaux matériaux
et procédés Mise en œuvre des plateformes d'essai accréditées, adaptées aux
conditions tropicales Participation aux travaux de normalisation européens et
nationaux pour proposer une adaptation au contexte tropical
Certification locale des matériaux et des systèmes
Création d'un fab lab (cf. fiche agilité sociale) : 100
k€/an Lancement d'appels à projets
: 3M€
Acteurs impliqués
Université de La Réunion CIRBAT ADEM
CAUE - ENVIROBAT EDF
CerBTP FRBTP ADIR
ACERBAT Chambres consulaires
Université (LE2P) Aménageurs
SPL Energie Réunion Nexa
Témergie
Université (laboratoires Piment et LCSNA)
Producteurs de gisements (Albioma, Isautier, How
Chong, Star, etc.) Producteurs de solutions (ex.
Bioalgostral)
142
Indicateurs
Nombre de structures impliquées : 10 Nombre de projets de recherche : 10 Nombre de plateformes d'essais : 10
Nombre de plateformes accréditées : 10 Nombre de publications : 40
Nombre d'entreprises impliquées dans les projets RDI : 10
Nombre de produits / procédés développés : 10 Nombre de formations adaptées : 20
Nombre d'étudiants formés : 1000 /an Nombre d'entreprises formées : 250 / an
Nombre de collaborations : 20 Nombre de comités miroirs créés : 5 Nombre de réunions organisées : 10 Nombre de documents étudiés : 75
Nombre de certifications / labels créés : 5 Nombre de produits testés : 50
Nombre de produits et systèmes certifiés : 30
Nombre de thèses initiées Nombre de démonstrateurs en test
: 2 Nombre de publications : 4
Nombre de brevets déposés : 4 Nombre de thèses relatives aux smartgrids engagées : 8
Nombre de maquettes réalisées en fablab : 10 Nombre d'emplois directs générés : 50
Réduction du tonnage de CO2 électrique par habitant : 20%
143
IV - Une gouvernance renouvelée pour la S3
En 2010, La Réunion s’engageait dans Stratégie Régionale d’Innovation (SRI) qui se
donnait pour objectif de construire une « société économique et industrielle, à haute valeur
ajoutée sur le territoire » grâce au renforcement des activités de recherche-innovation et une
meilleure coordination des acteurs. En écho à l’Agenda de Lisbonne, la SRI se présentait
essentiellement comme une stratégie horizontale qui visait à renforcer le potentiel innovant du
territoire réunionnais et à favoriser l’interconnaissance d’un nombre limité de structures pour
améliorer l’accompagnement des porteurs de projets. La gouvernance reflétait cette orientation :
un Comité de pilotage, réunissant l’Etat, le Conseil Régional et le Conseil
Général, symbolisant le souhait des autorités de porter collectivement une
ambition territoriale, suivait la mise en œuvre de la stratégie et orientait son
évolution
un Comité Régional d’Innovation (CRI) regroupant les principaux acteurs de la
production et de l’accompagnement de l’innovation, était chargé d’animer
l’écosystème et de décliner les fiches-actions, avec l’appui opérationnel de
l’Agence Régionale de Développement et d’Innovation, Nexa.
un Comité des Opérateurs, lieu d’échange, de débats d’idées et de coordination
des interventions de chacun
144
Figure 1 - Gouvernance de la SRI
Cette gouvernance a connu une première évolution en 2013 avec le projet national d’Acte
III de la décentralisation qui prévoit de conforter le principe de subsidiarité en confiant à la
collectivité régionale le rôle de chef de file dans les politiques de développement économique, de
recherche-innovation, de formation et d’accompagnement des entreprises, notamment à
l’international. Pour gagner en opérationnalité, le COP a également été remplacé par des groupes
de travail réunissant les principales structures d’accompagnement. L’entrée dans l’ère de la
spécialisation intelligente exige une nouvelle adaptation de la gouvernance, pour répondre à une
double rupture.
D’une part, en matière d’objectif : il ne s’agit plus seulement de promouvoir les capacités
d’innovation de La Réunion mais bien d’engager une politique de transformation territoriale qui
couvre de multiples dimensions (renforcement des capacités humaines et de la recherche,
développement de la compétitivité des entreprises, transition énergétique et numérique,
internationalisation, etc.). Il importe donc d’entretenir et de développer la mobilisation collective
née des ateliers de préparation de la S3 en élargissant le champ des participants au-delà du simple
champ de l’innovation. D’accompagner le changement en ouvrant la porte à de nouvelles
personnalités et structures désireuses d’œuvrer pour la transition.
D’autre part, en termes de moyens : la politique horizontale, transversale s’accompagne
désormais de la priorisation d’un certain nombre de domaines d’activité stratégiques sur lesquels
145
reposera le développement de l’économie réunionnaise. Leur croissance dépendra largement de
notre capacité à transcender les barrières pour rapprocher chercheurs, innovateurs, chefs
d’entreprises, usagers et décideurs institutionnels, afin d’améliorer notre aptitude à générer, capter
et adapter des connaissances pour produire de nouvelles solutions.
En conséquence, la gouvernance devrait être structurée autour des instances suivantes :
un Comité de Pilotage, réunissant deux fois par an, la Préfecture et les
Président(e)s des Conseils Général et Régional et du Comité Régional pour
l’Innovation pour définir les grandes priorités annuelles, suivre les réalisations,
corriger les trajectoires le cas échéant
un Comité Régional d’Innovation, élargi et renouvelé, appelé à se réunir tous les
trois mois pour renforcer la cohésion de l’écosystème, faciliter les échanges,
proposer des initiatives et des évolutions.
un Bureau du CRI qui réunira le noyau dur de l’écosystème de l’économie de la
connaissance (principales structures de recherche-innovation et
d’accompagnement, financeurs) tous les mois et qui sera chargé d’assurer la
coordination des interventions et de mobiliser les compétences, en synergie, pour
libérer tout le potentiel des projets accompagnés.
des groupes de travail organisés par problématiques (accompagnement,
communication, prospective, internationalisation etc.) et par domaines prioritaires.
Ces groupes à géométrie variable seront chargés d’appliquer la feuille de route de
la S3 et constitueront des lieux d’échange privilégiés pour faciliter le
rapprochement des acteurs. Dans une logique de responsabilisation et d’efficacité,
des chefs de file seront désignés.
Nexa assurera l’animation de la S3 et des politiques transversales, soutiendra les
opérateurs locaux grâce à des services mutualisés (expertises technico-économique
des projets, accompagnement à l’international, ingénierie financière, veille, etc.)
accessibles librement et assurera le suivi de la mise en œuvre des fiches actions par
les chefs de file délégués.
146
Schéma simplifié gouvernance S3
La Région Réunion - Chef de file L’Etat Le Département de La Réunion
Comité de Pilotage
Animation Services mutualisés
Suivi
Philippe JEAN PIERRE , présidentComité Régional pour l’Innovation (CRI)
Bureau du CRI
GROUPES DE TRAVAIL TRANSVERSAUX
• Détermination de la Stratégie et objectifs
• Evaluation
• Orientation • Coordination• Propositions
Acteurs RDI + socio-professionnels + personnes qualifiées
ATELIERS S3 THEMATIQUES
Bioéconomie Economie numérique
E-co-tourisme expérientiel
Agilités humaine et sociale
Energies renouvelablesAccompagnement
Suivi
Communication
Internationalisation
Prospective
Mise en • œuvre
147
V - Le processus d'évaluation
Le message de changement que véhicule la S3 s'illustre également dans le suivi et
l'évaluation des politiques publiques. L'Union européenne entend maximiser l'efficacité des fonds
structurels, désormais comparés à des investissements d'avenir. L'approche traditionnelle de suivi,
focalisée sur les taux d'engagement budgétaires, complétée par une démarche axée sur les
résultats. Dans ce contexte, la construction d'un dispositif d'évaluation et de suivi occupe une
place centrale au titre de la S3. Après avoir explicité les objectifs, les principes et les
méthodologies défendus par l'UE, nous exposerons les principaux axes d'observations.
A - Des préconisations communautaires précises et ambitieuses
Conformément aux attentes communautaires, la S3 doit pouvoir s'appuyer sur des
instruments de suivi et d'évaluation des politiques publiques capables de refléter et d'expliciter les
dynamiques à l'œuvre, la mutation territoriale.
1) Observer et comprendre les mutations territoriales...
L'introduction du concept de spécialisation intelligente dans les politiques
communautaires répond en premier lieu au désir de rompre avec les politiques traditionnelles,
horizontales, qui cherchaient à améliorer de façon indiscriminée le potentiel des écosystèmes
régionaux d'innovation, à travers des mesures standardisées : financement d'infrastructures de
recherche, création de parcs d'activités, soutien aux structures d'accompagnement, instruments
financiers de mutualisation du risque, etc.
a) La S3, instrument du changement
La S3 privilégie au contraire la concentration des actifs et des talents locaux dans un
nombre limité de priorités, dans lesquelles la région dispose d'une masse critique et surtout de la
capacité d'acquérir un avantage compétitif qui leur permette de se différencier face à la
concurrence mondiale. La spécialisation intelligente se présente comme un processus
essentiellement dynamique : elle n'est pas donnée ou décrétée, mais émerge d'une longue
"découverte entrepreneuriale", d'un processus de sélection par l'essai et l'erreur révélant
progressivement les atouts du territoire et les niches porteuses. La concentration doit soutenir la
capacité d'adaptation et de transformation des systèmes économiques, qui conditionne
148
l'amélioration de leur performance, leur résilience face aux crises et leur aptitude à tirer parti des
opportunités ouvertes par les évolutions mondiales. Elle doit également favoriser l'émergence de
nouvelles activités porteuses, notamment à travers la diversification (related variety) et les effets
de débordement (spin-off).
b) Une évaluation globale
Il importe à ce stade de distinguer deux volets au titre de l'évaluation :
- d'un part, le suivi, c'est-à-dire la vérification de la mise en œuvre des actions relatives à la
S3 et du déroulement de son programme d'action à travers des indicateurs de réalisation et de
résultats. Ce travail repose essentiellement sur la production de tableaux de bords mesurant tant
les engagements, les actions conduites que leurs traductions concrètes, en termes de
changements.
- d'autre part, la mesure de l'efficacité des interventions : dans quelles mesures les
politiques conduites permettent-elles d'atteindre les résultats désirés ? Quels sont les mécanismes
à l'œuvre, les canaux de transmission ? L'exercice s'avère ici beaucoup plus complexe ; il s'agit
d'identifier non seulement les liens de cause à effet, mais également d'"établir la variation due à
l'intervention".
Pour être efficace, un dispositif d'observation des politiques publiques doit donc mesurer
les transformations, à travers un bilan T0 et la collecte régulière des données.
De par son caractère holistique, la S3 exige un dispositif d'observation large, couvrant trois
champs.
En premier lieu, le recensement des ressources, des actifs et des talents du territoire, ces
atomes dont l'interconnexion contribuera potentiellement à une croissance intelligente,
soutenable et inclusive. Il s'agit concrètement de mesurer de multiples capitaux (infrastructures ;
ressources financières ; compétences) et les performances générales de La Réunion au regard des
priorités arrêtées par l'Union Européenne dans ses objectifs thématiques.
L'analyse doit, dans un deuxième temps, porter sur le dynamisme du système régional de
recherche et d'innovation et dans quelles mesures parvient-il à générer des idées, des innovations
et à traduire celles-ci en actifs spécifiques capables de créer de la valeur et des avantages
compétitifs ? Quelles sont les dynamiques entrepreneuriales ? Les chaînes de valeur et les
coopérations ?
149
Le dernier axe d'observation proposé concerne l'internationalisation de La Réunion, à
travers la mesure des échanges économiques, technologiques, scientifiques, qui lient notre
territoire au reste du monde.
2) ... grâce à une méthodologie éprouvée
La construction du dispositif d'évaluation et de suivi demeure un exercice lourd et délicat
qui exige des ressources importantes et le respect de trois étapes.
Pour chacun des trois champs exposés précédemment, sera identifié une liste d'indicateurs
pertinents qui présentent a minima les propriétés suivantes :
Définition claire, reconnue par tous
Unité de mesure standardisée
Périodicité et disponibilité régulières
Source fiable
Réactivité / sensibilité aux actions engagées.
Ces indicateurs devront, idéalement, être calqués sur des systèmes d'évaluation
internationaux afin de favoriser les comparaisons et les benchmarks.
De façon pratique, le CRI s'appuie aujourd'hui sur une large base d'informations
économiques et sociales, mise à disposition via une plateforme d'échange de données administrée
par l'observatoire économique de Nexa, s'appuyant principalement sur des sources de données
publiques. Si un grand nombre d'indicateurs sont disponibles et accessibles, les sources de
données dans les DOM, en particulier dans le domaine de la recherche et de l'innovation,
souffrent d'un déficit au niveau du champ territorial comme l'illustre l'absence de données
macroéconomiques fiables sur la recherche et le développement. Certains indicateurs devront
donc être créés, par un recensement et une collecte plus précis auprès des producteurs ou par
création ex-nihilo à partir d'enquêtes auprès des membres du CRI.
L'évaluation s'appuiera sur une palette d'indicateurs quantitatifs, provenant tant d'analyses
statistiques et économétriques, d'entretiens de questionnaires, d'études de cas, de comparaisons
internationales ou encore d'analyses de réseaux.
Les moyens de l'évaluation seront régis au sein d'une stratégie régionale d'évaluation. Une
périodicité annuelle sera recherchée pour le suivi des indicateurs.
150
B - Les axes d'évaluations et de suivi
A ce stade, nous proposons d'évaluer les trois grands champs identifiés par la Commission
et d'ajouter une estimation de la contribution de la S3 à la réalisation des objectifs Europe 2020.
1) Evaluer l'écosystème de recherche-innovation
Longtemps l'innovation dut perçue comme la résultante des seules activités des entreprises,
ces boites noires dont il importait de préserver la confidentialité. Aujourd'hui s'impose une vision
territoriale et systématique de l'innovation qui insiste d'abord sur le rôle primordial des habitudes,
des relations et de la proximité dans les dynamiques de création et de valorisation des
innovations. L'évaluation doit donc d'adapter en élargissant le spectre des acteurs scrutés et en
adoptant de nouvelles méthodes (telles que la cartographie et les analyses de réseaux).
L'évaluation soit également appréhender l'impact des interventions publiques sur les potentialités
de l'écosystème, les effets de levier ou les distorsions éventuelles, ce qui supposera notamment de
développer des méthodes d'analyse contrefactuelles (notamment pour différencier les entreprises
accompagnées ou bénéficiaires d'aides publiques de la cohorte générale).
Les indicateurs qui seront recherchés concerneront des indicateurs de réalisation et de
résultat et seront organisés autour des thématiques suivantes :
- Développer des outils de recherche d'excellence
Exemple d'indicateur de réalisation : nombre d'infrastructures soutenues, SHON, etc...
Exemple d'indicateur de résultat : dépense de R&D de la recherche publique
- Développer les talents du territoire
Exemple d'indicateur de réalisation : effectif d'étudiants inscrits dans l'enseignement
supérieur
2) Suivre et appréhender les dynamiques d'innovation et d'entreprenariat
Le deuxième volet de suivi se consacre aux conditions d'émergence et de valorisation des
idées innovantes en activités productives. Il accorde une importance particulière aux interactions
génésiques – relations entre acteurs de la formation, de la recherche et de l'économie ; activité des
parcs technologiques, plateaux techniques et des pôles de compétitivité – et à leur transformation
en actifs immatériels (publications et brevets).
151
Il s'intéresse également aux dynamiques entrepreneuriales et à la percolation progressive de
l'innovation dans le territoire.
Sur le plan macroéconomique, l'évaluation devra également s'interroger sur la capacité de
l'écosystème à produire de nouvelles dynamiques grâce à l'émergence de nouvelles connexions
entre les activités produites, l'utilisation de nouvelles technologies ou encore la diversification des
schèmes productifs.
Les indicateurs qui seront recherchés concerneront des indicateurs de réalisation et de
résultat et seront organisés autour des thématiques suivantes :
- Susciter une dynamique territoriale en faveur de l'innovation
Exemple d'indicateur de réalisation : nombre d'infrastructures de concours locaux /
nationaux / internationaux
- Favoriser l'insertion professionnelle des doctorants, des docteurs et des chercheurs
Exemple d'indicateur de réalisation : nombre de chercheurs travaillant dans les entreprises
soutenues
Exemple d'indicateur de résultat : nombre d'emplois dans les secteurs technologiquement
innovants
- Encourager le développement de projets collaboratifs et l'open innovation
Exemple d'indicateur de réalisation : nombre de projets collaboratifs de R&I
- Soutenir l'entrepreneuriat
Exemple d'indicateur de réalisation : nombre de lauréats au concours national d'aide à la
création d'entreprise
Exemple d'indicateur de résultat : taux de création de start-up
- Faciliter le parcours entrepreneurial pour transformer les idées en valeur grâce à un
accompagnement ouvert
Exemple d'indicateur de réalisation : nombre de projets accompagnés
- Améliorer l'accueil des entreprises sur les parcs technologiques et dans les centres de
compétence
152
Exemple d'indicateur de réalisation : nombre de places d'offertes - durée moyenne
d'occupation
Exemple d'indicateur de résultat : nombre de spin-off issus des parcs technologiques
- Développer des outils de financement de l'innovation
Exemple d'indicateur de réalisation : montant du crédit Impôt Recherche
3) Mesurer l'internationalisation de l'écosystème réunionnais
La stratégie de spécialisation intelligente est résolument tournée vers l'international, en ce
qu'elle vise la différentiation compétitive des économies régionales, l'identification de niches
d'activités ou de segments de la chaîne de valeur pour lesquelles elles détiennent un avantage
compétitif. Cette spécialisation n'est pas donnée, mais acquise : elle émerge d'un processus
graduel de découverte entrepreneuriale qui repose tant sur les relations intérieures, décrites dans
la précédente partie, que sur les interactions mondiales.
L'évaluation doit donc mettre en lumière et mesurer les liens entre La Réunion et le reste
du monde à travers : les échanges scientifiques, technologiques, économiques et financiers. Plus
encore, nous devons mieux appréhender le positionnement de La Réunion dans les échanges
mondiaux, ses champs de spécialisation et les places qu'elle occupe dans les chaînes de valeur
mondial, ce qui suppose de compléter les indicateurs quantitatifs présentés ci-dessous par une
approche quantitative et prospective d'identification des marchés et des processus productifs.
Les indicateurs qui seront recherchés concerneront des indicateurs de réalisation et de
résultat et seront organisés autour des thématiques suivantes :
- Renforcer les échanges scientifiques
Exemple d'indicateur de réalisation : nombre de projets de R&I associant au moins une
université extérieure
- Soutenir la mobilité
Exemple d'indicateur de réalisation : nombre de bourses Marie-Curie
- Faciliter l'accueil des talents extérieurs
Exemple d'indicateur de réalisation : nombre de doctorants étrangers invités sur le
territoire
153
- Renforcer l'insertion de La Réunion dans l'écosystème européen de la recherche et de
l'innovation
Exemple d'indicateur de réalisation : nombre d'appels à projets nationaux sollicités
- Assurer la valorisation internationale de la R&I
Exemple d'indicateur de réalisation : nombre de brevets extérieurs acquis
- Accompagner l'internationalisation de l'économie
Exemple d'indicateur de réalisation : exportations de services innovants
Exemple d'indicateur de résultat : niveau d'internationalisation (% CA à l'exportation)
4) Evaluer la contribution de la S3 au développement territorial
La S3 est d'abord une stratégie opérationnelle conçue pour accroître les performances des
économies régionales et réduire les déséquilibres internes de l'Union en générant une croissance
intelligente, soutenable et inclusive. Les objectifs portés semblent ambitieux : faire passer le taux
d'emploi de 69 à 75%, porter l'effort de R&D de 2 à 3% du PIB communautaire, réduire de 20%
les émissions de CO2 par rapport à 1990, ramener à 25% le taux de pauvreté, réduire le taux
d'échec scolaire à 10%.
L'évaluation devra donc permettre d'appréhender la position de La Réunion dans les
grands objectifs thématiques définis par l'Union, d'assurer un reporting régulier et de corriger le
cas échéant l'orientation ou les modalités de déploiement de la S3.
Les indicateurs qui seront recherchés concerneront des indicateurs de réalisation et de
résultat et seront organisés autour des thématiques suivantes :
- Economie faiblement carbonée
Exemple d'indicateur de réalisation : puissance électrique produite à partir d'énergie
renouvelable
- Bioéconomie
Exemple d'indicateur de réalisation : encourager la préservation et la restauration
écologique (sites protégés, restaurés)
Exemple d'indicateur de résultat : population desservie par une collecte sélective
- Agilité territoriale
154
Exemple d'indicateur de réalisation : nombre d'entreprises soutenues au titre de l'ESS
ANNEXE
Méthodologie d'élaboration de la S3
Confiée au Comité Régional d’Innovation (CRI) par l'Etat, la Région et le Département,
l’élaboration de la S3 s’est déroulée sur près d’une année, selon une méthodologie participative
séquencée en plusieurs étapes.
Pour organiser les travaux, le Conseil Régional et son Agence de Développement et
d’Innovation, Nexa, se sont plongés, dès avril 2012, dans l’appropriation de la thématique de la
Spécialisation Intelligente, à travers la consultation des documents référentiels de la Commission
Européenne dans le cadre de la participation à la plateforme S3 animée par l’Institut
Technologique de Séville. Une attention particulière a été portée aux expériences conduites dans
d’autres régions et aux bonnes pratiques, notamment grâce à la participation à des séminaires
théoriques et des sessions de peer review. Ces connaissances ont nourri un exercice d’intelligence
territoriale dont l’objectif principal était d’accompagner la transition de l’économie réunionnaise
vers de nouveaux relais de prospérité pour contrecarrer une crise structurelle, réduire une
dépendance plurielle, et tirer parti des opportunités ouvertes par les grandes évolutions
mondiales.
Ces réflexions ont été mises à profit pour organiser des ateliers ouverts, réunissant un
noyau dur – les membres du CRI – et une grande diversité d’acteurs, institutionnels,
économiques, scientifiques, etc.
De mai à juin 2013, 13 réunions du CRI et ateliers de travail thématiques ont permis à une
centaine de participants d’échanger, de dessiner une vision partagée du territoire et de s’accorder
sur la volonté de faire de La Réunion une plateforme européenne d’expérimentation de la double
transition écologique et numérique, capable de rayonner dans l’Océan Indien, les milieux
insulaires et la zone intertropicale. Alimentée par les contributions locales, cette phase
consultative a débouché sur la production de documents de synthèse :
155
Un travail transversal décrypte les évolutions du modèle départemental, présente un
diagnostic AFOM de l’économie réunionnaise et de l’écosystème de l’innovation et
pose les grandes lignes de l’ambition territoriale pour les décennies à venir
Un deuxième document propose de faire du défi de la petite taille et de l’isolement
des forces en tirant parti de notre insularité et de notre patrimoine naturel grâce à
une spécialisation assumée dans les domaines de la bioéconomie et de la
décarbonisation
Le troisième s’intéresse enfin à l’impact et aux opportunités ouvertes par la
révolution numérique pour soutenir le développement de La Réunion.
Le mois de juillet a été consacré à l’écriture du cadre stratégique qui repose sur trois
priorités thématiques :
la bioéconomie tropicale
l’e-co-tourisme expérientiel
l’agilité territoriale
Les acteurs du territoire ont été invités à proposer des actions, susceptibles d’être financées
par les Programmes Opérationnels Européens. Le Partenariat Local (Etat, Région, Département)
a constitué fin août un groupe de travail spécifique réunissant le Président du CRI, la Délégation
Régionale à la Recherche et la Technologique, les services du Conseil Régional, le Rectorat et
Nexa. Celui-ci a été chargé d’analyser et de synthétiser ces propositions, sous la forme de projet
de fiches-mesures pour intégration en règle générale à l’Objectif Thématique n°1 « Renforcer la
recherche, le développement technologique et l’innovation ». Le partenariat local a poursuivi parallèlement le
travail d’élaboration des autres objectifs thématiques et la rédaction des programmes.
A l’issue de cette phase de négociation, le groupe de travail s'est remobilisé en décembre
pour préciser les indicateurs relatifs à l’OT1, poser les bases d’un dispositif d’évaluation et de
suivi de la S3 et finaliser un programme d’action, à la fois transversal et thématique. Ainsi s’est
ouverte une nouvelle phase de « découverte entrepreneuriale » : identifier dans chaque domaine,
les couples marchés-produits ou à défaut des niches d’activités dans lesquelles les acteurs locaux
souhaitaient construire des masses critiques et des avantages compétitifs. En février et mars 2014,
6 groupes thématiques, accueillant près de 80 personnes se sont réunis à une dizaine de reprise.
Chaque groupe thématique a ainsi eu l’occasion de définir des activités prioritaires et de préciser
156
pour chacune d’entre elle, les enjeux, les objectifs, les actions, les moyens et les indicateurs
pertinents, sous la forme d’une fiche synthétique dont la rédaction a été confiée à des chefs de
file. Ces 22 fiches ont servi de base à l’élaboration de plans d’actions sectoriels.
157
Définition des axes
Nb réunions
Nb participants
Nb propositions
Livrables
Vision 6 27 2
- Ateliers de préparation S3 : enjeux et modalités pratiques - Bilan de la Stratégie Réunionnaise d’Innovation
- Etat des lieux de l’écosystème de la R&I - Grille d’analyse des propositions - Vers une stratégie réunionnaise de spécialisation
intelligente
Thématiques
Bioéonomie
07/06/2013 17/06/2013 14/06/2013 05/07/2013
35
3
- Compte-rendu des ateliers - Vers une économie écologique tropicale : Proposition de
synthèse des groupes de travail bioéconomie et énergie
Energie 11/06/2013
21/06/2013 13
Tourisme 19/06/2013
07/07/2013 13
4
- Compte rendu des ateliers - L’innovation, pilier de l’ouverture territoriale.
Proposition de synthèse des ateliers numérique, tourisme et capacités
Economie numérique 18/06/2013 18
Talents Humains 18/06/2013
07/07/2013 13
Formation-Enseignement 1 19 1 -Compte rendu : Enseignement Formation
Total 12 138 10 Proposition de S3
Rappel synthétique des actions engagées : Avril à juin 2013
[Tapez une citation prise dans le document ou la
synthèse d'un passage intéressant. Vous pouvez placer
la zone de texte n'importe où dans le document.
Utilisez l'onglet Outils de zone de texte pour modifier
la mise en forme de la zone de texte de la citation.]
158
Thématiques Nb de réunions Nb de participants Liste des fiches actions (et chef de file de rédaction)
Bioéconomie
13/02/2014 18/02/2014 28/02/2014 11/03/2014
16
Connaissance, conservation et restauration des écosystèmes : Parc national
Développement des pratiques et des productions agroécologiques : CIRAD + AVAB
Valorisation des ressources tropicales et des produits transformés : Syndicat du sucre
Extraction et mobilisation des principes actifs et molécules : Cyroi
Eco-Tourisme durable 12/02/2014 10/03/2014
12
La Réunion émotionnelle : destination de sensations exceptionnelles de pleine nature mêlant paysage, parcs naturels, volcan et activités balnéaires : Marylène
Hoarau
La Réunion : un voyage multiples de culture , histoire et sciences, expériences culinaires : Stephan ULLIAC, IRT
La Réunion : destination de plaisir, remise en forme, bien-être, apaisante et
sécurisée pour tous les publics et les générations : Philippe Arnaud et Eric Wuillai
Agilité du territoire:
Economie numérique 12/02/2014 28/02/2014
19
Pôle d'innovation numérique E-learning
E Santé Open Data
Transition énergétique 10/02/2014 06/03/2014
20
Bâti écologique : Alain Bastide Energies renouvelables : Témergie
Small & Smart Grids, stockage : Nicolas Schmutz Transports
Agilité humaine (dont Santé)
18/02/2014 25/02/2014 26/02/2014 27/02/2014
14
Développer et renforcer les talents du territoire Santé, bien-être dans un territoire sain : Claude Marodon, Alain Shum
Santé, prévention des risques et pathologies : Philippe Gasque Santé, diagnostics et thérapies : Maya Cesari
Agilité sociale 14/02/2014 3 Innovation sociale
Promouvoir l’innovation ouverte, espaces de créativité : Pierre Chatelet Territoire intelligent
Synthèse - total : 12 84 23
Ateliers d’identification des niches d'activités : février à mars 2014
159
AC2V Patrick Verny [email protected]
AD2R - Association développement rural de la Réunion
Françoise WONG PIN francoise.wongpin
@ad2r.re
ADEME Philippe BEUTIN philippe.beutin@ad
eme.fr
ADIR Jérôme ISAUTIER [email protected]
ADIR Roxane LOGE [email protected]
fo
AFPAR Eric FONTAINE [email protected]
AGORAH Delphine De Dea [email protected];
Agriculteurs /Experts Benoit Morel [email protected]
Agriculteurs /Experts Julie Boissière julieboissiere@yaho
o.fr
Air Austral Marie Joseph MALET [email protected]
Air France Michel TEYCHENE [email protected]
AKUO Eric SCOTTO scotto@akuoenergy.
com
ALBIOMA Joel THEOPHIN joel.theophin@albio
ma.com
APLAMEDOM Stéphanie BRILLANT contact@aplamed
om.org
Aplamedom Claude MARODON contact@aplamedo
m.org
Aplamedom Stéphanie BRILLANT stephanie.brillant@a
plamedom.org
ARDA arda.reunion@wana
doo.fr
AREP Stéphane NIQUAISE arep.siege-
ARIBEV Marina FEAT [email protected]
ARIFEL Carole GRASS RAMALINGOM [email protected]
ARMEFLHOR lucas-
ARMOI OI Michel OBERLE [email protected]
AROP-FL Joel SORRES joel.sorres@wanado
o.fr
ARS-OI Chantal de SINGLY chantal.DESINGL
ARTIC Manuel WARLOP [email protected]
ARTIC Farid HUMBLOT
ARTIC Didier Fauchard [email protected]
ARTIC Philippe Arnaud [email protected]
160
ARVAM Jean-Pascal QUOD jpascal.quod@arva
m.com;[email protected]
ARVISE Frédérique BEDIER [email protected]
Association Cœur Vert Joël BOISVILLIERS Joel.boisvilliers@izi.
Association Puce à l'oreille Charlotte VERDURE verdure.charlotte@g
mail.com
AURAR [email protected]
AVAB Thierry HUBERT / Mireille
RAMIANDRISOA avab.reunion@gmai
l.com
AVAB Amaury PRAUD
AVAB Christian BLOUME
BINARYSEC SAS Mickael Vergoz [email protected]
BIO Consm Acteur bioconsomacteursre
BIOALGOSTRAL Laurent BLERIOT lbleriot@bioalgostra
l.com
BOURBON VOYAGES Catherine FRECAUT [email protected]
Boutique de gestion adel-
CA SUD Mme MARCEL [email protected]
CAHEB Laurent JANCI secretariat@geraniu
m-bourbon.com
CARIF OREF
[email protected]; [email protected]
CBO Territoria Eric WUILLAI [email protected]
CCI Réunion Agnès BENARD Sandra CUVELIER
CCI Réunion Jaela DEVAKARNE [email protected]
CCI Réunion Pierre CHATELET représentée par Fabienne AUBER
CCIR-CRITT Pierre CHATELET représentée par
Aurélie AHO-NIENNE pierre.chatelet@reu
nion.cci.fr
CCIR-CRITT Pierre CHATELET pierre.chatelet@reu
nion.cci.fr
CDOI - Ordre national des infirmiers Réunion
Guy SOUBAYA cdoi974@ordre-
infirmiers.fr
CGPME Dominique VIENNE [email protected];[email protected]
CGPME Anil CASSAM-CHENAI
Ch. Agriculture Eric PARISOT eric.parisot@reunio
n.chambagri.fr
161
CHAMBRE D'AGRICULTURE
Jean-Bernard Gonthier; Sebastien Le Goff
[email protected] ; [email protected]
CHU Réunion David GRUSON
[email protected]; [email protected]
CHU Réunion Manuella POTHIN manuella.pothin@c
hu-reunion.fr
CHU Réunion Jean-Bernard GOUYON jean-
CHU Réunion Lionel CALENGE lionel.calenge@chu-
reunion.fr
CIC-EC François FAVIER francois.favier@chu
-reunion.fr
CILAM Paul MARTINEL [email protected]
CINOR Frédéric ALBARET frederic.albaret@cin
or.org
CINOR Jean-Paul LEFEVRE [email protected]
CIRAD Gilles MANDRET gilles.mandret@cira
d.fr
CIRAD Philippe CAO-VAN [email protected]
CIRRUS INFORMATIQUE
Geoffroy Fanneau de la Horie [email protected]
CLICK'RESEARCH Fabrice Schnoller [email protected]
Clinifutur Michel DELEFLIE clinifutur@clinifutu
r.net
Club Tourisme Katherine CHATEL représentée Sophie DURVILLE
[email protected];[email protected]
Club Tourisme Fabrice MANSEN [email protected]
CLUSTER MARITIME / GREEN
Maurice CERISOLA mauricereunion@h
otmail.fr
CMA Marie Claire MUSSARD [email protected];
CMAR Chloé PICHARD chloe.pichard@cm-
reunion.fr
CMAR Alçay MOUROUVAYE alcay.mourouvaye@
cm-reunion.fr
CMAR - CIRBAT Jérôme VUILLEMIN jerome.vuillemin@c
m-reunion.fr
CONSEIL GENERAL Pierre LUCAS pierre.lucas@cg974.
fr
CONSEIL GENERAL Christian BEILLEVAIRE [email protected]
CONSEIL GENERAL Aurore PAYET / Nicolas PAYET [email protected] [email protected]
Conseil Général Hugues MAILLOT hugues.maillot@cg9
74.fr
Conseil Général Valère SITALAPRESAD valere.sitalapresad@
162
cg974.fr
Conseil Général Direction Mobilité Coopération
Jeunesse - Direction de l'Académie des Dalons
CONSEIL REGIONAL Soudjata RADJASSEGARANE soudjata.radjassegar
CONSEIL REGIONAL Rémy DURAND remy.durand@cr-
reunion.fr
CONSEIL REGIONAL Emerylyne MARIAYE [email protected]
CONSEIL REGIONAL Maryse DOKI-THONON [email protected]
CONSEIL REGIONAL Pascal TEYSSEDRE
Conseil Régional Denis Fabregue [email protected]
Conseil Régional Vincent PAYET [email protected]
Conseil Régional Joëlle Nonet [email protected] ;
Conseil Régional Thierry PRETET [email protected]
Conseil Régional Frédéric CADET frederic.cadet@cr-
reunion.fr
Conseil Régional David LORION david.lorion@cr-
reunion.fr
Conseil Régional Jean-marc CASSAM CHENAI jean-marc.cassam-
Conseil Régional Claude PAYET claude.payet@cr-
reunion.fr
Conseil Régional Valérie BENARD valerie.benard@cr-
reunion.fr
Conseil Régional Colette CADERBY colette.caderby@cr-
reunion.fr
CONVERGENCES Dominique VIENNE dvienne@converge
nce.re;[email protected]
COREX Patrice GALBOIS [email protected]
Cosneil Général - DSP Direction de la Santé Publique
Jean-Yves VAILLANT jean-
CRES Théodore HOARAU contact@cres-
reunion.com
CRI Serge PAYET sergepayet@orange.
fr
CRVOI-IRD Koussay DELLAGI koussay.dellagi@ird.
fr
CYCLEA [email protected]
CYROI Christian MERIAU [email protected];m
CYROI Maya CESARI cesari@univ-
reunion.fr
CYROI Christophe DUGUE [email protected]
163
DAAF olivier DEGENMANN - Nicolas
BROD
[email protected]; [email protected] ; [email protected]
DEAL Sébastien Mariotti
[email protected]; [email protected]
DIECCTE Bernadette LAVALETTE bernadette.lavalette
@dieccte.gouv.fr
DIECCTE - Etat Christian DELHERM [email protected]
DRRT Gilles LAJOIE gilles.lajoie@univ-
reunion.fr
DSIMB/Université de La Réunion
Fabrice GARDEBIEN fabrice.gardebien@
univ-reunion.fr
EDF Patrick BRESSOT patrick.bressot@edf
.fr
EDF Nicolas BURIEZ nicolas.buriez@edf.
fr
EKOA
ENSEIGNEMENT AGRICOLE
reunion.webmaster
@educagri.fr
ESA Fabien MORIN direction@esareuni
on.com
ESIROI Khalid Addi [email protected]
Etat -SGAR Jean-Jacques TOMASINI [email protected]
ETS HG Mme GUEZE
Expert Danièle LE NORMAND [email protected]
FRCA Patrick HOAREAU p.hoareau-
FRT : Fédération réunionnaise du Tourisme
Azeddine BOUALI [email protected]
m
GAB (Groupement Agriculture Biologique)
Alexis Gazzo / Murielle Jolet gabreunion@gmail.
com
GEICO/Université de La Réunion
Olivier MEILHAC olivier.meilhac@ins
erm.fr
GEICO/Université de La Réunion
Christian LEFEBVRE D'HELLENCOURT représenté par Marie-Paule GONTHIER
[email protected]; [email protected]
GEOCOM Jean Louis Wald [email protected]
164
HC Environnement Alex HOW CHONG [email protected]
IAE de La Réunion - CEMOI
Alain Cucchi [email protected]
IFREMER Délégué régional delegation.reunion
@ifremer.fr
ILOI Alain SERAPHINE [email protected]; [email protected]
Inter'val-Innovation sociale une entreprise pour un témoignage
Marie-Josée PAYET [email protected]
i-Pulse Harry RAZAFINARIVO [email protected]
IRD François TAGLIONI francois.taglioni@ir
d.fr
IRT Willy ETHEVE [email protected]
IRT Stephan ULLIAC [email protected]
IRTS Monique GIRIER contact@irtsreunion
.fr
IUT génie réseaux télécommunications - Université de La Réunion
Franck Lucas
La Couveuse REU.SIT Inel OLIVAR assistantprojet@reu
sit.re
LA REUNION VIRTUELLE (projet SMART ISLAND)
Richard Porcher rich@lareunionvirtu
elle.com
LCSNSA /Université de La Réunion
Bertrand Illien bertrand.illien@univ
-reunion.fr
LCSNSA /Université de La Réunion
Alain SHUM alain.shum@univ-
reunion.fr
LE2P/Université de La Réunion
Jean-Pierre CHABRIAT jean-
LE2P/Université de La Réunion
Brigitte GRONDIN-PEREZ Brigitte.Grondin@u
niv-reunion.fr
LE2P/Université de La Réunion
Jean-Jacques KADJO akadjo@univ-
reunion.fr
Les accompagnateurs de montage
snam-
Les consom’Acteurs Réunionnais
Jean-Alain Cadet jacadet2001@yahoo
.fr
165
LGSR/Université de La Réunion
Guillehm BARRUOL guilhem.barruol@u
niv-reunion.fr
MEDEF Pasqual PORCEL [email protected]
MEDEF Yann DE PRINCE / Sandrine Dunand-roux
[email protected] ; [email protected]
MEDEF/MEDIALIGHT Philippe ARNAUD [email protected]
MOBIJUMP Didier Hoareau [email protected]
Observatoire Régional de la Santé La Réunion- ORSRUN
Emmanuelle Rachou [email protected]
ODM Réunion - Ordre départemental des médecins
cin.fr
Only Patrick JOSSET [email protected]
OPCALIA Réunion Sandrine FONTAINE sandrine.fontaine@
opcalia-reunion.com
OPEN SPHERE Laurent Vandeschricke [email protected]
Orange Eric BOUQUILLON [email protected]
Ordre National des Pharmaciens
Monique LUCINE delegation_reunion
@ordre.pharmacien.fr
ORIKA Fouad Mazouz [email protected]
OSCADI Olivier Sautron [email protected]
Parc national Marylène HOARAU marylene.hoarau@r
eunion-parcnational.fr
Parc national Pascal TRUONG pascal.truong@reun
ion-parcnational.fr
Parc national Pierre THUEUX pierre.thueux@reun
ion-parcnational.fr
PIMENT Alain BASTIDE alain.bastide@univ-
reunion.fr
PIPANGAÏ Production Alain SERAPHINE [email protected]
Pixel Humain Tibor KATELBACH [email protected]
POSI Michel Watin [email protected]
Qualitropic Alain CHATEL [email protected]
Qualitropic Françoise DELABAERE francoise.delabaere
@qualitropic.fr
Qualitropic Françoise DELABAERE
représentée par Régis ROCHE francoise.delabaere
@qualitropic.fr
RDTRONIC Luciano Morel [email protected]
Rectorat Alain MARQUIS alain.marquis@ac-
166
reunion.fr
Réseau OTE - CAE dynamiques services
Jean-François GUIGNARD reseau.ote@wanado
o.fr
REUNIWATT Nicolas SCHMUTZ nicolas.schmutz@re
uniwatt.com
RIVE Océan Indien contact-
[email protected]; [email protected]
RUNWARE Richard TOURET [email protected]; [email protected]
RUNWARE Richard Touret / Céline FREYSSIN [email protected] /
RVE Paul SOUBAYA [email protected]
r
SETB Christian HAVEZ [email protected];
SIDELEC Daniel ALAMELOU dalamelou@sidelec.
re
SILICON VILLAGE Remi Voluer [email protected]
SOGEXIS SARL Thomas Laurent [email protected]
Soja d'ASIE Daniel NARAYANIN [email protected]
SOLYVAL Johnny LAW YEN john.lawyen@gmail.
com
SPL Energies - Région Réunion
Richard HUITELEC richard.huitelec@ar
er.com
SRR Bertrand GUILLOT
STAR Jean-François Bourdais nicolas.ahyave@sita
group.com
STEMCIS Franck FESTY [email protected]
m
STOR Bruno MILLOT [email protected]
SUEZ Energie Services Antoine WATTRELOT antoine.wattrelot@g
dfsuez.com
Syndicat départementale des médecins de La Réunion
François ANDRÉ csmfreunion@wana
doo.fr
Syndicat des pharmaciens Réunion
Frède SAUTRON synd974@resophar
ma.fr
Syndicat du Sucre Sylvie LEMAIRE [email protected]
Syndicat du Sucre Marie VAUGEOIS [email protected]
SYPRAL Agnès LAVAUD [email protected];
TCO Marie-Noelle CORDON marie.noelle.codron
@tco.re
TCO Patrick BRILLANT patrick.brillant@tco.
re
Technopole de La Réunion Jean-Marc PEQUIN [email protected]
167
Technopole de La Réunion Pierre GIGORD [email protected]; [email protected]
Technopole de la Réunion Elisabeth PEGUILLAN direction@technop
ole-reunion.com
TEMERGIE Michel DIJOUX
[email protected];[email protected]
TEMERGIE Matthieu HOARAU
Tisane Héritage et Tradition Jean-Jacques SILON tisaneheritageettradi
UFR Santé - Université de La Réunion
Pr Pascale GUIRAUD pascale.guiraud@un
iv-reunion.fr
UFR Santé - Université de La Réunion
Philippe GASQUE philippe.gasque@un
iv-reunion.fr
Union des Hoteliers de la Réunion UFR
Yann LEFEBVRE
Union des Matiers et des Industies de l'Hôtellerie : UMIH
Lyne HERVEY-PASSES
Union des Matiers et des Industies de l'Hôtellerie : UMIH
Jo HARVEY
UNIVERSITE DE LA REUNION
Mohamed ROCHDI mrochdi@univ-
reunion.fr; [email protected]
Université de La Réunion Jean-Michel JAUZE [email protected]
Université de La Réunion François TAGLIONI [email protected]
Université de La Réunion Jean DIATTA [email protected]
Université de La Réunion Richard LORION [email protected]
Université de La Réunion Philippe LAURET [email protected]
Université de La Réunion Michel WATIN michel.watin@univ-
reunion.fr
Université de La Réunion Claude FERAL claude.feral@univ-
reunion.fr
Université de La Réunion Mireille MARTEAU-LAMARCHE mmarteau.lamarche
@yahoo.fr
Université de La Réunion Noel CONRUYT noel.conruyt@univ-
reunion.fr
168
Université de La Réunion Joël NINON joel.ninon@univ-
reunion.fr
Université de La Réunion Yvan COMBEAU yvan.combeau@uni
v-reunion.fr
Université de La Réunion Emeric TAPACHES emeric.tapaches@u
niv-reunion.fr
Université de La Réunion Corinne DUBOIN vpr@univ-
reunion.fr
Université de La Réunion Alain CUCCCI
Unuago Sébastien MAS [email protected]
Unuago Anna SZEGVARI-MAS
URPS médicale Océan Indien
François RAHMANI hraybaud@wanado
o.fr
VEOLIA Claude LEQUIDEC claude.lequidec@ve
oliaeau.re
VINCI ENERGIES OI Pascal BATEMAN pbateman@vinci-
energies.com
VIVEA Jean-Pierre Avril avriljeanpierre@hot
mail.com
ZEOP Abde Ali GOULAMALY [email protected];
ZEOP Xavier HERMESSE [email protected]
Dynamiques services Corinne JUCOURT energies-