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Sciences fondamentales Viabilit e des prothe `ses art erielles modifi ees par g enie tissulaire Natalio Garcı´a-Honduvilla, 1 Bel en Domı´nguez, 2 Gemma Pascual, 2 Cristina Escudero, 3 Francisco Minguela, 4 Juan Manuel Bello´n, 1 Julia Buj an, 2 Madrid, Espagne La recherche de substituts vasculaires de petit/moyen diame ` tre est un souci continu pour les chirurgiens vasculaires. Des substituts modifi es par g enie tissulaire ont et e conc ¸us pour e ˆ tre utilis es en position art erielle et evalu es dans un mode ` le in vivo chez le chien. Trois groupes d’ etude ont et e etablis : polyt etrafluoro ethyle ` ne expans e commercialis e (ePTFE ; contro ˆ le, n ¼ 24), ePTFE ensemenc e avec des cellules endoth eliales (prothe `ses CE, n ¼ 12), et ePTFE avec une matrice de fibroblaste ensemenc ee avec des CE (prothe ` ses MF + CE, n ¼ 12). Les prothe ` ses ont et e soumises a ` un circuit f emoral ex vivo sp ecialement conc ¸u et implant ees au niveau de l’arte ` re carotide pendant 60 jours. La viabilit e des prothe `ses a et e evalu ee. Le circuit ex vivo a montr e que la pr esence d’une matrice de fibroblastes induisait plus qu’un doublement de la r etention de cellules par comparaison aux prothe `ses CE. On a observ e une r eduction significative de l’adh erence des plaquettes aux prothe ` ses CE. Apre ` s leur implantation in vivo, les prothe ` ses modifi ees etaient plus r esistantes a ` l’occlusion que les prothe ` ses classiques. Les prothe ` ses MF + CE induisaient plus d’endoth elialisation que celles ensemenc ees avec des CE seules. La r eponse d’hyperplasie intimale etait r eduite dans les substituts CE. Des diff erences significatives en cellules apoptotiques existaient entre les prothe ` ses en ePTFE CE et contro ˆ les. En conclusion, les substituts modifi es par g enie tissulaire ont une perm eabilit e am elior ee par rapport aux prothe ` ses en ePTFE. La prothe `se CE etait la meilleure pour pr evenir la rest enose, un bon indicateur de l’efficacit ea ` long terme des prothe ` ses. INTRODUCTION Les biomat eriaux en polyme `re peuvent e ˆtre employ es comme substituts art eriels chez les patients qui manquent de substituts autologues pour un pontage, comme la veine saphe `ne ou l’ar- te `re mammaire interne. 1,2 Cependant, la throm- bose et l’hyperplasie intimale continuent d’e ˆtre les causes principales de l’ echec des pontages de petit et de moyen calibre. 3 L’hyperplasie intimale, processus par lequel une nouvelle couche est form ee appel ee « myointima/ n eointima, » a lieu en r eponse au processus de r eparation l esionnelle qui se produit dans la paroi vasculaire. Ce processus est caract eris e par la pro- lif eration de cellules et par la synthe `se et le d epo ˆt de matrice extracellulaire. C’est la croissance exces- sive de la matrice extracellulaire qui aboutit a ` la st enose, a ` la rest enose, et/ou a ` l’occlusion. 4 Cependant, dans les techniques de d eveloppement de prothe `ses par g enie tissulaire, les cellules mus- culaires lisses jouent un ro ˆ le principal parce qu’elles peuvent egalement servir de squelette n ecessaire a ` l’ensemencement de cellules endoth eliales (CE). DOI of original article: 10.1016/j.avsg.2007.12.007. 1 Department of Surgery, Faculty of Medicine, University of Alcal a, Alcal a de Henares, and Networking Research Center on Biomaterials and Nanomedicine (CIBER-BBN), Madrid, Espagne. 2 Department of Medical Specialities, Faculty of Medicine, University of Alcal a, Alcal a de Henares, and CIBER-BBN, Madrid, Espagne. 3 Service of Experimental Surgery, Puerta de Hierro Hospital, Ma- drid, Espagne. 4 Service of Vascular Surgery, La Paz Hospital, Madrid, Espagne. Correspondance : Julia Buj an, MD, PhD, Department of Medical Specialities, Faculty of Medicine, University of Alcal a, Ctra. Madrid- Barcelona Km 33,600, 28871 Alcal a de Henares, Madrid, Espagne, E- mail: [email protected] Ann Vasc Surg 2008; 22: 255-265 DOI: 10.1016/j.acvfr.2008.05.003 Ó Annals of Vascular Surgery Inc. Edit e par ELSEVIER MASSON SAS 278

Viabilité des prothèses artérielles modifiées par génie tissulaire

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Sciences fondamentales

Viabilit�e des protheses art�erielles modifi�eespar g�enie tissulaire

Natalio Garcıa-Honduvilla,1 Bel�en Domınguez,2 Gemma Pascual,2 Cristina Escudero,3

Francisco Minguela,4 Juan Manuel Bellon,1 Julia Buj�an,2 Madrid, Espagne

La recherche de substituts vasculaires de petit/moyen diametre est un souci continu pour leschirurgiens vasculaires. Des substituts modifi�es par g�enie tissulaire ont �et�e concus pour etreutilis�es en position art�erielle et �evalu�es dans un modele in vivo chez le chien. Trois groupesd’�etude ont �et�e �etablis : polyt�etrafluoro�ethylene expans�e commercialis�e (ePTFE ; controle,n¼ 24), ePTFE ensemenc�e avec des cellules endoth�eliales (protheses CE, n¼ 12), et ePTFEavec une matrice de fibroblaste ensemenc�ee avec des CE (protheses MF + CE, n¼ 12). Lesprotheses ont �et�e soumises a un circuit f�emoral ex vivo sp�ecialement concu et implant�ees auniveau de l’artere carotide pendant 60 jours. La viabilit�e des protheses a �et�e �evalu�ee. Le circuitex vivo a montr�e que la pr�esence d’une matrice de fibroblastes induisait plus qu’un doublementde la r�etention de cellules par comparaison aux protheses CE. On a observ�e une r�eductionsignificative de l’adh�erence des plaquettes aux protheses CE. Apres leur implantation in vivo, lesprotheses modifi�ees �etaient plus r�esistantes a l’occlusion que les protheses classiques. Lesprotheses MF + CE induisaient plus d’endoth�elialisation que celles ensemenc�ees avec des CEseules. La r�eponse d’hyperplasie intimale �etait r�eduite dans les substituts CE. Des diff�erencessignificatives en cellules apoptotiques existaient entre les protheses en ePTFE CE et controles.En conclusion, les substituts modifi�es par g�enie tissulaire ont une perm�eabilit�e am�elior�ee parrapport aux protheses en ePTFE. La prothese CE �etait la meilleure pour pr�evenir la rest�enose,un bon indicateur de l’efficacit�e a long terme des protheses.

INTRODUCTION

Les biomat�eriaux en polymere peuvent etre

employ�es comme substituts art�eriels chez les

DOI of original article: 10.1016/j.avsg.2007.12.007.1Department of Surgery, Faculty of Medicine, University of Alcal�a,

Alcal�a de Henares, and Networking Research Center on Biomaterialsand Nanomedicine (CIBER-BBN), Madrid, Espagne.

2Department of Medical Specialities, Faculty of Medicine, Universityof Alcal�a, Alcal�a de Henares, and CIBER-BBN, Madrid, Espagne.

3Service of Experimental Surgery, Puerta de Hierro Hospital, Ma-drid, Espagne.

4Service of Vascular Surgery, La Paz Hospital, Madrid, Espagne.

Correspondance : Julia Buj�an, MD, PhD, Department of MedicalSpecialities, Faculty of Medicine, University of Alcal�a, Ctra. Madrid-Barcelona Km 33,600, 28871 Alcal�a de Henares, Madrid, Espagne, E-mail: [email protected]

Ann Vasc Surg 2008; 22: 255-265DOI: 10.1016/j.acvfr.2008.05.003� Annals of Vascular Surgery Inc.�Edit�e par ELSEVIER MASSON SAS

278

patients qui manquent de substituts autologues

pour un pontage, comme la veine saphene ou l’ar-

tere mammaire interne.1,2 Cependant, la throm-

bose et l’hyperplasie intimale continuent d’etre les

causes principales de l’�echec des pontages de petit et

de moyen calibre.3

L’hyperplasie intimale, processus par lequel une

nouvelle couche est form�ee appel�ee « myointima/

n�eointima, » a lieu en r�eponse au processus de

r�eparation l�esionnelle qui se produit dans la paroi

vasculaire. Ce processus est caract�eris�e par la pro-

lif�eration de cellules et par la synthese et le d�epot

de matrice extracellulaire. C’est la croissance exces-

sive de la matrice extracellulaire qui aboutit a la

st�enose, a la rest�enose, et/ou a l’occlusion.4

Cependant, dans les techniques de d�eveloppement

de protheses par g�enie tissulaire, les cellules mus-

culaires lisses jouent un role principal parce qu’elles

peuvent �egalement servir de squelette n�ecessaire a

l’ensemencement de cellules endoth�eliales (CE).

Vol. 22, No. 2, 2008 Viabilit�e des substituts issus du g�enie tissulaire 279

Les avanc�ees r�ecentes dans notre connaissance de

la biologie de ce ph�enomene ont indiqu�e que l’en-

doth�elium joue un role important dans ces proce-

sus.5,6 Le probleme pourrait etre r�esolu si la

lumiere d’une prothese vasculaire pouvait etre

garnie de CE.7 La possibilit�e de recouvrir les pro-

theses vasculaires de petit calibre pour am�eliorer

leur perm�eabilit�e a long terme repr�esenterait une

avanc�ee capitale en chirurgie vasculaire. Les efforts

faits jusqu’ici dans cette direction ont inclus l’ense-

mencement de la surface proth�etique8 avec

diff�erents types de cellules tels que les CE,9 les

myofibroblastes, et les cellules m�esotheliales.10 En

effet, la greffe de CE sur les protheses vasculaires a

signifi�e une grande avance pour la technologie tis-

sulaire car elle peut th�eoriquement r�eduire l’�echec

de pontage en am�eliorant la perm�eabilit�e.11

A ce jour, la science m�edicale a combin�e la substi-

tution et la r�eg�en�eration pour se concentrer sur la

recherche d’un substitut vasculaire similaire en

structure et en fonction au vaisseau natif. L’utilisa-

tion de cellules vivantes, en manipulant l’environ-

nement extracellulaire, et la cr�eation de substituts

biologiques entrent dans le champ de la m�edecine

r�eparatrice, dont l’objectif est de cr�eer des substituts

biologiques qui r�etabliront des fonctions

normales.12

Un des secteurs d’activit�e intense dans la recher-

che en g�enie tissulaire a �et�e l’�elaboration d’une

m�ethode ad�equate pour cr�eer une construction

tissulaire tubulaire. Quelques auteurs ont pu cr�eer

des substituts modifi�es exclusivement avec des cel-

lules, bien que dans la plupart des �etudes un

mat�eriel normal ou synth�etique ait �et�e employ�ecomme squelette. Notre groupe de recherche a

essay�e d’am�eliorer les propri�et�es du polyt�etrafluo-

ro�ethylene expans�e (ePTFE) avant son implantation

in vivo,5,10 et nous avons maintenant des donn�ees

suffisantes pour passer a l’�evaluation du comporte-

ment apres implantation de plusieurs constructions

potentielles.

Le but de cette �etude �etait de pr�eparer des vais-

seaux en g�enie tissulaire pour une utilisation en

tant que substituts vasculaires. Les substituts

modifi�es ont �et�e �evalu�es en termes de leur capacit�eantithrombotique et leur capacit�e d’am�eliorer le

processus de cicatrisation ou l’hyperplasie intimale

dans un modele exp�erimental in vivo chez le chien.

MATERIELS ET METHODES

Trois groupes de protheses art�erielles ont �et�e�etudi�es: des protheses en ePTFE utilis�ees en pratique

clinique (controle, n¼ 24), des protheses pr�epar�ees

par ensemencement de CE sur une prothese en

ePTFE (CE, n¼ 12), et des protheses pr�epar�ees en

recouvrant une prothese en ePTFE avec une matrice

de fibroblastes ensemenc�ee avec des CE (MF + CE,

n¼ 12).

Obtention des cellules autologues

Les CE �etaient obtenues a partir de veines jugulaires

de chiens batards (15-25 kg). Une cervicotomie

verticale bilat�erale �etait faite pour exposer les deux

veines jugulaires, qui �etaient clamp�ees par deux

points s�epar�es de 8-10 cm. Apres que le segment de

veine ait �et�e pr�elev�e, les CE �etaient isol�ees par

canulation de la veine pour introduire de la

collag�enase de type I a 0,1%.

Les fibroblastes �etaient pr�elev�es au niveau de l’in-

cision cutan�ee. Les �echantillons �etaient coup�es en

petits explants et plac�es dans des fioles de culture.

Les cultures �etaient incub�ees dans du milieu

M-199 et de McCoy a 37 �C dans une atmosphere

a 5% de CO2 jusqu’a confluence.

Ensemencement cellulaire sur les

substituts art�eriels

La surface proth�etique �etait trait�ee avec une solu-

tion de fibronectine comme adh�esif (20 mg/mL.

Apres le traitement, les protheses vasculaires �etaient

ensemenc�ees avec des cellules de premier passage

(2 a 2,5� 105/puit) en quatre �etapes de 30 min a

37 �C dans un incubateur a CO2. Pendant chaque�etape, la prothese �etait tourn�ee de 90o dans la

chambre en verre de sorte que chaque fois un secteur

diff�erent de la prothese soit ensemenc�e. Apres cet

ensemencement statique, le biomat�eriau �etait per-

fus�e in vitro avec le milieu et incub�e avec une rota-

tion douce constante a six r�evolutions par heure,

jusqu’a ce qu’une monocouche se soit form�ee sur la

surface d’ePTFE. Dans le groupe de MF + CE, le

premier ensemencement �etait fait avec des fibro-

blastes ; une fois qu’une monocouche �etait form�ee,

les cellules �etaient fix�ees sur la surface proth�etique

par traitement avec du glyc�erol a 5% pendant 5 mn.

L’ensemencement avec les CE �etait ensuite fait.

Circuit Ex Vivo

Un circuit ex vivo f�emoro-atrial �etait install�e chez 12

chiens par canulation des arteres f�emorales et de

l’oreillette droite, abord�ee par sternotomie m�ediane.

Un tube de poly�ethylene (4 mm) �etait utilis�e pour

connecter chaque prothese, et les deux protheses�etaient reli�ees a l’oreillette droite des tubes de po-

ly�ethylene joints par un raccordement en Y. Chaque

chien recevait une prothese en ePTFE et une

280 Garcıa-Honduvilla et al. Annales de chirurgie vasculaire

prothese issue du g�enie tissulaire. Le flux sanguin�etait maintenu pendant 45 min.

Avant leur exposition au circuit ex vivo, toutes

les protheses ensemenc�ees �etaient examin�ees pour

s’assurer que leur surface �etait recouverte a 100%

de CE. Apres exposition au circuit ex vivo, la surface

proth�etique recouverte de CE �etait quantifi�e en sou-

mettant des coupes en microscopie �electronique a

balayage a une analyse planim�etrique avec un

analyseur Microm (Microm, Madrid, Espagne).

L’adh�erence des plaquettes aux protheses �etait

d�etermin�ee en marquant des plaquettes de l’animal�etudi�e avec de l’oxine d’In111 r�einject�ees au meme

animal. Les plaquettes �etaient incub�ees dans une

solution d’oxine d’In111 (100 mCi/mL) pendant

15 min a temp�erature ambiante. La thrombog�enicit�e�etait �etablie en d�eterminant la radioactivit�e comme

mesure indirecte des plaquettes d�epos�ees sur la

surface luminale.

Implantation des substituts issus du

g�enie tissulaire

Pour l’implantation des substituts issus du g�enie

tissulaire in vivo, diff�erents substituts ont �et�eemploy�es. Les protheses �etaient implant�ees au

niveau des 24 carotides de 12 chiens sous anesth�esie

g�en�erale. Les chiens recevaient 100 U/kg

d’h�eparine. Les deux carotides �etaient expos�ees

par une incision cervicale m�ediane. Un segment de

5 cm de chaque carotide �etait enlev�e et remplac�epar une prothese en ePTFE (gauche) et par une des

protheses modifi�ees (droite), en utilisant des sutures

en polypropylene 7-0 pour les anastomoses. Les

animaux �etaient mis en cage et maintenus dans des

conditions de lumiere et de temp�erature constantes

selon les directives de l’Union europ�eenne (CEE

2871-22A9) pendant 60 jours, jusqu’au pr�eleve-

ment des protheses.

Microscopie optique

Les sp�ecimens �etaient inclus en paraffine. Avec un

microtome Microm HM-325, des coupes successives

de 5 mm �etaient obtenues. Les colorations utilis�ees�etaient l’h�ematoxyline �eosine, le trichrome de

Masson, et le rouge sirius. A l’aide d’un analyseur

d’image automatis�e Microm, l’�epaisseur de la cou-

che n�eointimale (proximale/distale et moyenne) et

le pourcentage de collagene I et III (rouge sirius)�etaient mesur�es sur des coupes longitudinales

de5 mm de large (10/ groupe �etudi�e).

Microscopie �electronique a balayage

Des segments de protheses �etaient fix�es et le point

critique atteint dans un E-3000 appareil Polaron

(Cambridge, MA, Etats-Unis) aliment�e avec du

CO2. Les sp�ecimens entierement dess�ech�es �etaient

alors m�etallis�es avec de l’or palladium et examin�es

dans un microscope �electronique a balayage (DMS-

950 ; Zeiss, Thornwood, NY, Etats-Unis).

Immunohistochimie

Les protheses �etaient trait�ees comme d�ecrit pour la

microscopie optique. Les anticorps utilis�es �etaient

des anticorps de souris anti-CD34 (Biogenesis, San-

down, NH, Etats-Unis), anti-a-actine, et des anti-

corps de lapin anti-sulfate d’h�eparan (Perlecan ;

Sigma, St Louis, MO, Etats-Unis).

La r�eaction antigene/anticorps �etait visualis�ee

avec la m�ethode avidine-biotine marqu�ee a la phos-

phatase alcaline. Le marquage �etait d�etect�e avec un

photomicroscope. Dix coupes de tissu par groupe�etudi�e immunomarqu�ees avec chaque anticorps�etaient examin�ees et soumises a une analyse quan-

titative a l’aide d’un analyseur d’image Microm.

L�esions cellulaires

Les cellules endommag�ees �etaient d�etermin�ees avec

une version modifi�ee de la technique de marquage

du radical d�esoxyuridine triphosphate terminal

m�edi�ee par la d�esoxynucl�eotidyl transf�erase (TU-

NEL).13 La fragmentation de l’ADN �etait d�etect�ee

avec un kit (Calbiochem, San Diego, CA, Etats-

Unis). Dix coupes/prothese �etaient examin�ees en

microscopie optique (40x) et avec un analyseur

d’image Microm. Les cellules positives �etaient

compt�ees sur un champ microscopique choisi

al�eatoirement parmi quatre par section de tissu.

Analyse Statistique

Toutes les donn�ees sont exprim�ees en moyenne ±

d�eviation standard de la moyenne. L’analyse de

donn�ees a �et�e ex�ecut�ee avec le systeme Prism 4 de

GraphPad (San Diego, CA, Etats-Unis). Les donn�ees

d’analyse d’image ont �et�e soumises a une analyse

statistique descriptive. Les moyennes ont �et�ecompar�ees des groupes avec le test en U de Mann-

Whitney. Le seuil de significativit�e a �et�e plac�e a

p< 0,05.

RESULTATS

Circuit ex vivo

Avant l’exposition des protheses ensemenc�ees

(controle pr�e-implantation) au circuit ex vivo, le

pourcentage de la surface proth�etique couverte par

des CE �etait de 98,8 ± 1,3%. Apres 45 min

Vol. 22, No. 2, 2008 Viabilit�e des substituts issus du g�enie tissulaire 281

Fig. 1. a Proportion de CE restant sur les substituts avant

(controle pr�e-implantation) et apres (CE/CE + MF) le

circuit ex vivo. b Nombre de plaquettes (111In/cpm) re-

tenues par les diff�erents substituts (*p< 0,05). c Images

en microscopie �electronique a balayage des secteurs avec

cellules d�enud�ees (*) des protheses CE + MF avec

quelques plaquettes (/) adh�erant a l’endoth�elium

(�1000). d Groupe controle (PTFE) montrant une

grande quantit�e de plaquettes adh�erant a la prothese (/,

�500). e Substitut CE avec quelques plaquettes activ�ees

(/) adh�erant a l’endoth�elium (�1000) apres le circuit ex

vivo.

d’exposition au flux sanguin, environ 20% des CE

ensemenc�ees restaient sur la surface des protheses.

Cette proportion sur les protheses MF + CE

augmentait jusqu’a 45% (Fig. 1a). En pratique, les

traces laiss�ees quand les CE se d�eveloppaient a partir

de la matrice fibroblastique pouvaient etre vues, et

ces traces semblaient couvertes par des plaquettes

(Fig. 1c).

La meilleure performance ( p< 0,05) comme

enduit anti-plaquette �etait celle des protheses CE

(Fig. 1b). L’exposition de l’ePTFE au flux sanguin

montrait que ce mat�eriel est fortement thrombo-

gene (Fig. 1d). Les prothese CE ne montraient que

quelques plaquettes activ�ees adh�erant a l’en-

doth�elium ou a l’ePTFE d�enud�e (Fig. 1e), tandis que

dans le groupe de MF + CE les plaquettes appa-

raissaient dans les lacunes produites dans la matrice

de fibroblaste d�enud�ee des CE (Fig. 1c).

Viabilit�e in vivo des protheses

Huit des 24 protheses implant�ees se sont occluses,

dont deux issues du g�enie tissulaire et six du groupe

controle (ePTFE). L’occlusion des protheses

art�erielles �etait due a la thrombose.

Les protheses controles en ePTFE sur l’artere

carotide gauche �etaient fortement thrombogenes.

Le taux de thrombose �etait de 50% puisque six des

12 protheses se sont occluses. Les protheses per-

m�eables au moment du d�eces avaient une surface

luminale qui semblait endoth�elialis�ee avec de peti-

tes zones thrombogenes dans la zone de suture

(Fig. 2a). Dans la portion centrale de la greffe, les

zones endoth�elialis�ees alternaient avec des zones

pr�esentant des globules rouges, des d�epots de fi-

brine, et des globules blancs (Fig. 2b). L’ePTFE

montrait une infiltration discrete de cellules dans

son tiers luminal, un d�efaut de p�en�etration des cel-

lules dans le tiers moyen de la paroi, et la pr�esence

de cellules dans son tiers externe, a l’interface avec

l’adventice (Fig. 2c). La partie proximale des pro-

theses montrait moins d’hyperplasie intimale que

leur partie distale (Fig. 2d).

Cinq des six protheses ’EC carotidiennes droites�etaient viables et une �etait occluse. Des secteurs

d�enud�es �etaient pr�esents dans la couche de CE

(Fig. 3a). Dans certaines protheses, l’hyperplasie

consistait en une seule couche endoth�eliale et une

petite barriere de cellules adventitielles bien

pr�eserv�ees (Fig. 3b). L’int�erieur de l’ePTFE �etait

282 Garcıa-Honduvilla et al. Annales de chirurgie vasculaire

Fig. 2. a Aspect macroscopique de la prothese 60 jours

apres l’implant montrant une surface luminale (LS)

endoth�elialis�ee et une zone de suture (SZ) avec des sec-

teurs thrombog�eniques (/). b Image de microscopie

�electronique a balayage montrant une langue irr�eguliere

d’hyperplasie (IH) (�19). Des r�eseaux de fibrine et des

restes de globules blancs peuvent etre vus (/,�500). c

Hyperplasie intimale homogene (IH) dans la zone distale

de la prothese et couche adventitielle �epaisse (A, tri-

chrome m.o., �20). d La zone proximale de la prothese

montre moins de d�eveloppement d’hyperplasie intimale

(trichrome de Masson m.o. �40).

colonis�e par diff�erents types de cellules : cellules

g�eantes, cellules polymorphonucl�eaires, fibro-

blastes, cellules qui pourraient etre les restes des

cellules ensemenc�ees, et cellules viables occupant

des zones interstitielles.

Cinq des six substituts MF + EC modifi�es par

g�enie tissulaire �etaient perm�eables et une �etait oc-

cluse. Le comportement du groupe �etait semblable a

celui des protheses EC. La couche d’hyperplasie in-

timale provenant des extr�emit�es de l’artere rece-

veuse recouvrait l’ePTFE, qui pr�eservait toujours la

matrice de fibroblastes ((Fig. 3c,d). Pendant qu’elle

progressait vers le milieu du substitut, cette couche a

diminu�e d’�epaisseur jusqu’a devenir une fine cou-

che de cellules (Fig. 3e). Ces protheses avaient une

capsule fibreuse substantielle comprenant une bar-

riere form�ee de vaisseaux et une infiltration intense

par des cellules de r�eaction sur corps �etranger.

Quantification de l’�epaisseur de la

n�eointima

L’hyperplasie avait une pr�esentation uniforme dans

la plupart des substituts art�eriels utilis�es. Dans

chaque prothese, la couche myointimale venait de

l’artere receveuse et se d�eveloppait vers le milieu

du substitut, atteignant toujours une �epaisseur

maximum a l’extr�emit�e distale. Quand la r�eponse

hyperplasique des diff�erents substituts �etait

compar�ee, aucune diff�erence significative n’�etait

d�etect�ee avec le groupe controle. Dans les substituts

CE, la n�eointima �etait sensiblement plus mince

( p< 0,05) que dans des protheses MF + CE (Fig. 4a).

Quand nous avons compar�e les diff�erentes zones

proth�etiques parmi les groupes �etudi�es, les substi-

tuts MF + CE diff�eraient de maniere significative

des protheses CE en termes d’�epaisseur n�eointimale

dans la zone distale. Dans la meme zone, l’hyper-

plasie la plus faible �etait observ�ee dans le groupe CE.

Quand nous avons compar�e l’�epaisseur de la

n�eointima dans la zone m�ediale entre les controles

et MF + CE, les diff�erences �etaient �egalement

significatives (Fig. 4b).

Coloration au rouge sirius

La technique nous a permis d’�evaluer la pr�esence

des collagenes et leur maturit�e dans le processus

Vol. 22, No. 2, 2008 Viabilit�e des substituts issus du g�enie tissulaire 283

Fig. 3. a Microscopie �electronique a balayage de la

surface luminale d’une prothese CE avec des zones

d’endoth�elium (E) d�enud�ees (*) (�50). b Vue panora-

mique d’une prothese CE. Noter l’adventice vascularis�ee

(/) et le biomat�eriau (ePTFE) infiltr�e avec des cellules.

Zone manquant d’hyperplasie avec une monocouche

endoth�eliale (E, h�ematoxyline �eosine m.o. �10). c

Scanning electron microscopy of intimal hyperplasia (IH)

in the form of a tongue in the FM + EC constructs

(�100). Microscopie �electronique a balayage de l’hyper-

plasie intimale (IH) sous forme d’une langue dans les

protheses MF + CE (�100). L’�epaississement intimal di-

minue de l’extr�emit�e distale (d) vers le centre de la

prothese, atteignant une �epaisseur minimale a ce niveau

(e) (trichrome m.o. �20). A, adventice.

284 Garcıa-Honduvilla et al. Annales de chirurgie vasculaire

Fig. 4. a Valeurs moyennes de l’�epaisseur de la couche

intimale (mm) dans les diff�erentes protheses (proxi-

mal+distal+milieu). Des diff�erences significatives ont

seulement �emerg�e entre les groupes CE et MF + CE

(*p< 0,05). b �Epaisseurs de la n�eointima (mm)

enregistr�ees individuellement pour chacun des segments

(p) proximal, moyen (m), et distal (d) des protheses. Des

diff�erences significatives ont �emerg�e entre les portions

centrales des protheses controles et MF + CE et entre les

parties distales des protheses CE et MF + CE (*p< 0,05).

de r�eparation tissulaire. La r�eponse produite dans le

groupe controle �etait une encapsulation, une

r�eaction typique a n’importe quel mat�eriel �etranger.

Les protheses cellulaires avaient un comportement

semblable ; l’encapsulation �etait maintenant une

capsule �epaisse de collagene mur fortement

organis�ee (type I) infiltrant le substitut. C’�etait

plus �evident pour les protheses MF + CE et sem-

blait li�e a la colonisation par les cellules (Fig. 5a).

Tous les groupes avaient un pourcentage statisti-

quement significatif de collagene mur/type non

mur, mais aucune diff�erence significative n’a �et�eobserv�ee quand un seul type de collagene �etait

compar�e (Tableau I).

Immunohistochimie

Pour confirmer la pr�esence de l’endoth�elium et la

pr�esence des microvaisseaux a l’int�erieur du substi-

tut dans les diff�erents groupes, nous avons utilis�e un

anticorps anti-CD34. Des diff�erences ont �et�ed�etect�ees au niveau de l’intima et a l’int�erieur

l’ePTFE, avec un marquage CD34 plus intense

dans le groupe des protheses CE (Fig. 5b), mais

ces diff�erences n’�etaient pas statistiquement si-

gnificatives. Ce marqueur indiquait que les cellules

ensemenc�ees se d�eveloppaient dans diff�erentes

couches de l’intima et �etaient capt�ees par les cellules

myointimales elles-memes. Les protheses MF + CE

avaient un marquage clair pour CD34, avec des

cordons cellulaires et la pr�esence de microvaisseaux

a l’int�erieur du substitut.

L’expression de l’a-actine identifie la

n�eoangiog�enese et les cellules musculaires lisses en

r�eg�en�eration. Son expression dans les protheses

controles a confirm�e ceci, particulierement dans

l’adventice, ou un marquage intense �etait d�etect�edans la microvascularisation. On a observ�e le

meme modele d’expression dans toutes les prothe-

ses, avec une expression confin�ee a la couche ad-

ventitielle et a quelques cellules a l’int�erieur de la

couche n�eointimale dans tous les groupes.

N�eanmoins, l’importance de l’expression diff�erait,

et les protheses MF + CE avaient l’expression la

plus intense due a un r�eseau angiog�enique �etendu

(Fig. 5c) et au plus grand nombre de cellules

myointimales avec ce ph�enotype ; mais ces

diff�erences n’�etaient pas statistiquement

significatives. Perlecan est un prot�eoglycan type

sulfate d’h�eparan qui est un composant important

de la paroi art�erielle, intens�ement exprim�e par les

CE des microvaisseaux. On a pu observer son ex-

pression par des fibroblastes dans quelques petites

colonies du groupe controle. L’expression de per-

lecan �etait limit�ee a la cellule, alors que les substituts

montraient un marquage pour l’anticorps au niveau

des cellules de l’adventice, identifiant clairement

des amas de collagene (Fig. 5d). Seulement quelques

cellules a l’int�erieur de l’ePTFE, particulierement

dans les substituts ensemenc�es, exprimaient le

ph�enotype perlecan. Le groupe montrant l’expres-

sion la plus faible de perlecan �etait le groupe

controle.

L�esions cellulaires

Quand les pourcentages des cellules endommag�ees�etaient compar�es, une diff�erence significative

( p< 0,05) a �emerg�e entre les groupes EC et con-

trole (Fig. 6).

Vol. 22, No. 2, 2008 Viabilit�e des substituts issus du g�enie tissulaire 285

Fig. 5. a Coloration pour le composant fibrillaire du col-

lagene. Le collagene I apparaıt en tant que des fibres

rouges intenses, et le collagene III se colore en jaune

verdatre. Collagene encapsulant le biomat�eriau. Groupe

controle (rouge sirius m.o. �16). b Cellules CD34+ (mar-

ron) des protheses CE (anticorps anti-CD34 m.o. �20). c

Expression de l’a-actine (/) dans les protheses MF + CE,

pr�edominant au niveau de la myointima (IH) et de l’ad-

ventice (a) (anticorps anti-a-actine m.o. �10). d Expres-

sion de perlecan (*) parmi les fibres de collagene de

l’adventice dans les protheses MF + CE (anticorps anti-

perlecan m.o. �40). vv, vasa vasorum.

Dans le groupe controle, un marquage faible �etait

not�e dans la n�eointima et les valeurs les plus �elev�ees

correspondaient a la zone biomat�eriau/adventice.

Les protheses CE montraient des valeurs plus�elev�ees que le groupe controle dans les secteurs

n�eointimal et adventitiel. Dans les protheses

MF + CE, les cellules positives avaient une dis-

tribution diff�erente, avec des cellules plus marqu�ees

dans l’intima et peu de cellules a l’int�erieur de la

prothese (Fig. 6). L’intensit�e plus grande du

marquage d�etect�e dans les protheses CE �etait due a

un plus grand nombre de cellules positives a

l’int�erieur du substitut (Fig. 6) et dans l’adventice.

DISCUSSION

En d�epit de nombreux efforts faits pour am�eliorer les

protheses de petit calibre, aujourd’hui il n’y a rien

sur le march�e qui �equivaille la performance d’une

286 Garcıa-Honduvilla et al. Annales de chirurgie vasculaire

Fig. 6. Diff�erences dans les proportions de cellules TU-

NEL+ parmi les trois groupes �etudi�es (*p< 0,05) et des

pourcentages de cellules endommag�ees dans la n�eointima,

le biomat�eriau, et les couches adventitielles pour les trois

groupes �etudi�es (*p< 0,05).

veine autogene comme substitut art�eriel. Dans le

meilleur des cas, les arteres « cr�e�ees » par le g�enie tis-

sulaire devraient montrer des propri�et�es biologiques

et biom�ecaniques semblables aux arteres, pour

augmenter les chances d’une bonne perm�eabilit�e.14

Dans notre �etude, nous avons pu confirmer que les�equivalents d’artere sont plus efficaces une fois

implant�es que les protheses vasculaires synth�etiques.

L’endoth�elialisation des protheses semble donc etre

un facteur d�eterminant de la viabilit�e.15 Une des

propri�et�es int�eressantes de l’ePTFE comme prothese

vasculaire est son hydrophobicit�e. Cette propri�et�e li-

mite cependant l’adh�erence des CE.16 L’endoth�elium

Tableau I. Pourcentage du collagene I et du

collagene III dans les diff�erents groupes de

protheses implant�ees apres 60 jours

d’implantation

% Collagene I(mature)

% Collagene III(immature)

Controle 57,72 ± 4,69* 16,48 ± 8,57

CE 49,36 ± 9,77* 15,55 ± 7,01

CE + MF 65,23 ± 5,02* 21,63 ± 8,85

*p< 0,05 vs. collagene III.

joue un role important dans le d�eveloppement de

l’hyperplasie intimale, une r�eponse qui, avec la

thrombose, constitue la cause principale de l’�echec

d’une prothese vasculaire. Dans les protheses, les CE

veineuses s’adaptaient parfaitement a la nouvelle

situation et restaient stables et fonctionnelles.

A deux mois, la r�eparation, ou l’hyperplasie inti-

male devrait en etre a l’�etape ou les r�eponses pro-

lif�eratives et s�ecr�etrices de cellules sont stables et

provoquent un tissu cicatriciel. Ainsi, nous avons

choisi cette dur�ee pour les �etudes d’implantation.

Beaucoup de facteurs semblent contribuer a pro-

duire ce nouveau tissu, y compris des facteurs hu-

moraux et biom�ecaniques.17 Dans notre �etude, la

r�eponse de l’intima �etait �evidente dans tous les

substituts. Des diff�erences significatives ont pu etre

observ�ees entre les deux types de substituts avec

cellules, les protheses CE d�eveloppant moins de

rest�enoses que des protheses MF + CE et restant de

ce fait perm�eables plus longtemps.

Le comportement hyperplasique observ�e pour

ces substituts n’est pas �etonnant si nous consid�erons

que les CE ensemenc�ees sur l’ePTFE �etaient des cel-

lules veineuses en position art�erielle, capables de

former des jonctions stables avec la mol�ecule homo-

dim�erique d’adh�erence plaquettes/CE (PECAM-1)

Vol. 22, No. 2, 2008 Viabilit�e des substituts issus du g�enie tissulaire 287

et de former des couches multiples.18 Cependant, il

est �egalement n�ecessaire de consid�erer que notre

animal d’exp�erience, le chien, endoth�elialise rapi-

dement et que les humains ont des taux lents

d’endoth�elialisation. Il est donc n�ecessaire d’etre

prudent en extrapolant ces r�esultats a la clinique.19

Plusieurs m�ethodes concues pour augmenter

l’adh�erence des CE ont �et�e examin�ees, comme le

changement des propri�et�es physico-chimiques ou�electriques des prostheses20 et l’enduction de la

surface luminale avec de la fibrine21 ou l’utilisation

de cellules musculaires lisses comme substrat pour

ensemencer les CE.22 Pour am�eliorer l’adh�erence

des CE, nous avons examin�e l’utilisation d’une

matrice de cellules avec des caract�eristiques sem-

blables a celles de la matrice sous-endoth�eliale des

arteres natives. Nous avons observ�e une adh�erence

significativement am�elior�ee des cellules dans des

conditions d’�ecoulement physiologiques quand

elles �etaient ensemenc�ees sur une matrice de

fibroblastes.

Quand des CE sont transplant�ees sur l’ePTFE, le

biomat�eriau devient colonis�e par des globules blancs

et des fibroblastes. Nous avons �egalement d�etect�edes cellules CD34 et des CE avec des signes �evidents

de d�eg�en�erescence, mais le modele g�en�eral de colo-

nisation �etait semblable a celui des controles. Les

diff�erences les plus �evidentes ont �et�e d�etect�ees

avec les protheses MF + CE, qui avaient une moin-

dre colonisation cellulaire, des cellules d’aspect

d�eg�en�eratif qui pourraient etre des restes de fibro-

blastes, et des cellules inflammatoires du cot�e ad-

ventitiel. En effet, le meilleur comportement �etait

celui des protheses CE.

Notre �evaluation de l’a-actine, qui s’exprime en

r�eg�en�erant les cellules musculaires lisses, a indiqu�ela pr�esence de ces cellules dans toutes les couches

des protheses, except�e la couche endoth�eliale. Ceci

est bien connu et utilis�e pour distinguer les CE

CD34+/a-actine - de leurs pr�ecurseurs immatures

qui expriment les deux marqueurs.23

Le collagene favorise la migration et la contrac-

tion des cellules et agit avec l’environnement extra-

cellulaire par la commande de la diff�erentiation des

cellules musculaires lisses et l’expression de l’int�e-

grine. Juste apres des l�esions de la paroi vasculaire,

le contenu en collagene monte et son architecture

change graduellement.24

Dans les protheses CE, la couche n�eointimale

montrait une distribution �egale du collagene de

type I et III. Comme celles-ci montraient �egalement

les proportions les plus �elev�ees de cellules apoptoti-

ques indiquant un remodelage, il semble que l’hy-

perplasie d�evelopp�ee sur la surface luminale est

diff�erenci�ee, en termes de cellules musculaires lisses

avec un ph�enotype contractile et une matrice de col-

lagene organis�ee et mature Cette n�eointima peut

etre d�ecrite comme une « myointima mature. »

La couche externe de la paroi, l’adventice, joue un

role consid�er�e de plus en plus important dans les

processus l�esion/r�eparation vasculaires.25 Dans les

protheses en ePTFE cliniques, l’encapsulation ex-

terne du biomat�eriau peut meme etre accompagn�ee

d’adh�erences fermes aux tissus adjacents, entraınant

un effet de constriction sur le biomat�eriau.26 Nos

protheses ont induit le d�eveloppement d’une capsule

adventitielle, bien que nous ayons not�e que les

substituts MF + CE avaient une meilleure capacit�en�eoangiog�enique que les autres protheses.

En ce qui concerne la participation de l’adventice

dans la rest�enose, quelques auteurs arguent du

fait que les myofibroblastes contribuent au

d�eveloppement de la n�eointima.27 Ainsi, une rela-

tion inverse et28 directe entre la teneur en collagene

de l’adventice et le degr�e de rest�enose a �et�e d�ecrite.

En conclusion, la r�eponse adventitielle observ�ee

ici a montr�e un role int�eressant du perlecan. Les

prot�eoglycans sont des mol�ecules complexes qui

affectent consid�erablement les propri�et�es de la

paroi art�erielle, y compris sa perm�eabilit�e, las

visco�elasticit�e, l’h�emostase, la thrombose, et l’orga-

nisation de la matrice extracellulaire.29 On pense

que le perlecan peut avoir un effet inhibiteur

sur les cellules musculaires lisses,30 un effet anti-

thrombotique,31 et un effet sur la n�eoangiog�enese,32

jouant un role important dans la r�eparation

art�erielle. Dans les constructions cellulaires, il est

apparu non seulement dans les cellules musculaires

lisses de l’adventice mais �egalement dans de gros

amas de cellules dans la matrice extracellulaire,

refl�etant une couche externe active des

constructions.

Des proc�edures de g�enie tissulaire concues pour

am�eliorer le processus de r�eparation par

r�eg�en�eration tissulaire ont essay�e de r�eduire le

plus possible les r�eponses immunitaires et inflam-

matoires du receveur, nous rapprochant du « substi-

tut vasculaire efficace ». En effet, les substituts

examin�es ici �etaient plus efficaces pour �eviter l’oc-

clusion. Par ailleurs, la r�eduction de l’hyperplasie

intimale �etait significative pour les protheses CE

compar�ees aux autres groupes. Nos deux protheses

ont donc montr�e une perm�eabilit�e initiale am�elior�ee

par rapport a l’ePTFE. La prothese CE �etait la meil-

leure pour pr�evenir la rest�enose, un bon indicateur

de l’efficacit�e a long terme d’une prothese.

Cette �etude a �et�e financ�ee par le Fondo de Investigacion Sanitaria

(FIS-SAF-92-8875).

288 Garcıa-Honduvilla et al. Annales de chirurgie vasculaire

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