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Missa Catholica Romana Page 1 sur 110 VINCENT PAUL TOCCOLI MISSA CATHOLICA ROMANA CHEF D’OEUVRE THEOLOGIQUE & FIASCO PASTORAL LETHIELLEUX

VINCENT PAUL TOCCOLI - a-nous-dieu-toccoli.com · Je reprends volontiers à mon compte les analyses de l'anthropologue américain Clifford Geertz. En développant sa fameuse thèse

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    VINCENT PAUL TOCCOLI

    MISSA

    CATHOLICA ROMANA

    CHEF DUVRE THEOLOGIQUE

    &

    FIASCO PASTORAL

    LETHIELLEUX

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    Sommaire Introduction Avertissement : Liturgie : quest-ce que la liturgie romaine ?

    I Chef duvre thologique

    II Fiasco pastoral a. la messe telle quelle est cense tre b. telle que dans la littrature et le cinma rcents (aperu) c. telle que la vivent proches et amis

    III Le sondage a. Le questionnaire b. Les rsultats c. Linterprtation

    IV La nouvelle cuve a. les jeunes 2010 : la rbellion b. les vignerons 1968 : la tte dans le mur c. les semailles prochaines

    V Quoi faire ? a. Imaginons b. Rle de lEucharistie dans lEglise c. Ngligence de la mystagogie eucharistique d. Dommages collatraux e. Comptences et modes de formation des formateurs au temps des NTIC

    Conclusions Annexes Du mme auteur

    Les mots sont la drogue la plus puissante utilise par l'humanit. Rudyard Kipling

    Lhomme sage nest pas comme un vase ou un instrument qui na quun usage ; il est apte tout. Confucius

    Ce qu'on risque rvle ce qu'on vaut. Jeannette Winterson

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    Eglise sur leau, ou La Barque de Pierre,

    Tadao Ando, Kokkado

    INTRODUCTION Limmense littrature existant et/ou consulte sur la messe pour cet essai, est la fois

    1. superbement rdige 2. et tout aussi superbement incapable

    de sattaquer aux causes de sa dsaffection actuelle ni de sinterroger sur les mesures prendre - par un Comit de Salut Religieux

    constituer, par exemple ! En revanche, elle sait parfaitement

    1. rpter lenvi limportance, la beaut et la profondeur de ce signe invent par Jsus la veille de sa mort pour produire ou/et augmenter la grce (sanctifiante ici) ;

    2. louer au-del de toute louange -, la formidable construction multi sculaire, thologique et canonique quelle reprsente pour lexistence et la justification mmes de lInstitution Catholique Romaine ;

    3. en affirmer avec une argumentation impeccable et irrfragable la centralit organique et fonctionnelle pour le Corps Mystique du Christ qui est lEglise.

    Comment ne pas y adhrer ? Aprs avoir consult (depuis longtemps dj !) les trs anciens (Pres de lEglise), les Anciens (Moyen-ge et Renaissance), les Modernes et les Contemporains, ma science sest enrichie dautant1, certes, - comme senrichissent les collections accumules dans les dpts dbordants des grands muses2 -, mais la pastorale de la messe, toute informe quelle soit, en reste si jai bien

    1 Et je pourrais mon tour me fendre dun article, peut-tre dun essai, voire dun livre, en citant moult auteurs, citant moult dautres auteurs, et devenir mon tour un auteur quon citera qui sait ! 2 Les objets de la Route de la Soie, engrangs dans les soutes du Shoso in de Nara depuis 10 sicles, ont de quoi alimenter chaque anne et pendant 50 ans, des expositions temporaires extraordinaires !

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    compris -, pour le mieux un psittacisme moliresque3, ou pour le moins une logomachie romain(s)e4. On cherche convaincre jusqu la dernire livraison au Cerf de Timothy Radcliffe qui dlicieusement force de understatements5 oxfordiens, parviendra

    rchauffer la pit de ceux que la brise religieuse du soir europen fait frissonner chaque jour un peu plus (une petite laine and a good cup of tea !)

    et alimenter un peu la cave de ceux dont le cocktail religieux a besoin dun peu de zest dominicano britannique !-

    oui, on ne fait/sait que spoumoner par crit convaincre que notre produit (la messe) est bon, quil ny en a pas de meilleur, et que ce serait un pch de sen priver ! Cela me rappelle l(absence de) politique conomique de nos compatriotes des annes 90 dont jtais laumnier dans le Sud Est Asiatique -, qui, envoys pour acqurir et multiplier des parts de march , croyaient (lmentaire, mon cher Watson !) que le label France ou Made in Paris allait suffire conqurir ce(s) fameux march(s)! Ils ont finalement compris quil fallait prendre son bton de plerin de la globalisation et parcourir ce pays si divers de plus dun milliard de consommateurs potentiels, en adaptant leur technique de vente en fonction des besoins rgionaux et des ressources locales. Ce quAmricains, Allemands et Italiens avaient de suite compris en dbarquant6, nous avons eu besoin de plusieurs annes pour le comprendre, ladmettre et nous y faire ! Actuellement nous ne sommes pas pire que les autres ! Les produits franais sont bons, personne nen doute, les Chinois les premiers ! La messe est bonne, il ny a pas en douter : je nen doute pas pour ma part ! Le chant grgorien par ex. est lun des plus beaux que je connaisse : jen fus diplm et pratiquais la chironomie ds mon adolescence algroise. Je nai pas men convaincre, ni moi ni personne ! Mais la question minterpelle bel et bien depuis que je moccupe de jeunes dans mon Ordre, depuis 50 ans :

    pourquoi cette dsaffection - gnrationnelle dabord, gnralise ensuite, quasiment totale de nos jours -, de ce qui reprsente le cur du cur de ma vie (the core of my life core !) ?

    que faire pour que la messe (re)devienne le cur du cur de leur vie (the core of their life core). ?

    Cette interrogation soulve, mon avis, un double et complmentaire questionnement plus grave encore :

    quelle messe pour quels hommes7 ?

    3 du genre Voil pourquoi votre fille est malade ! , Le Mdecin malgr lui, Molire 4 du genre Les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent ! Ne confondons pas. Est-ce que a vous chatouille, ou est ce que a vous gratouille ? Knock, Jules Romains 5 Figure de rhtorique consistant se servir d'une expression qui dit moins pour faire entendre plus. Quand Chimne dit Rodrigue : Va, je ne te hais point, elle veut lui faire entendre qu'elle l'aime toujours, et combien : elle se sert d'une litote. 6 Comme le jsuite Matteo Ricci 4 sicle plus tt, en dpit des Franciscains jaloux qui auraient voulu faire de la Chine leur custode extrme orientale, comme cela leur russit au 20me sicle pour la Terre (dite) Sainte ! 7 A la question (pose par tudes Novembre 2008, lors de son entretien avec Jean-Claude Guillebaud sur le thme de La mondialisation du religieux) - Comment imaginez-vous l'option pour un autre christianisme ?, lessayiste rpond : - Je ne suis pas un spcialiste de la catchse ou des rformes pastorales. Je crois simplement que nous assistons dj l'mergence de formes diffrentes du christianisme, de pratiques nouvelles. La crise de l'institution catholique favorise un engagement nouveau - et accru - des lacs. Au demeurant, nos socits ont radicalement chang. Elles sont moins rurales, moins sdentaires, etc. L'organisation pyramidale de l'Eglise catholique en paroisses et en diocses n'est sans doute plus trs adapte la modernit urbaine. Il n'est pas impossible que peu peu, une acception nouvelle des communauts chrtiennes finisse par prvaloir. Aprs tout, les communauts des premiers sicles, auxquelles s'adressait Paul de Tarse, fonctionnaient de manire sensiblement diffrente. Peter Brown, le grand spcialiste amricain de l'Antiquit tardive (biographe de saint Augustin) nous explique que la joie, le dynamisme et l'audace de ces communauts fascinaient les paens. Qui nous dit que nous ne verrons pas renatre des pratiques comparables, ou du moins tout fait autres ?

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    dans la mesure o le sabbat la messe est fait(e) pour lhomme et non pas lhomme pour le sabbat la messe ! Cette formulation aurait pu, il y a 400 ans, me conduire aux geles vaticanes du Saint Office et au tribunal de lInquisition romaine du Cardinal Robert Bellarmin, puis au bcher du Campo dei Fiori8. Quavait-il fait ? Bruno est un homme universel et global : physique, cosmologie, philosophie, thologie, morale, religion, mnmotechnique, magie, art et littrature, politique9. Qui eut-il en face de lui ? Clment VII, son ami, mais, en tant que pape, il ne put que labandonner10 aux mains du Cardinal (s.j.) Robert Bellarmin11, intraitable et intelligent, qui eut son actif, outre la condamnation de Bruno et de Copernic, celle, posthume, de Galile pour lequel on se servit des crits du Cardinal. Loin de moi lide de prendre la suite de ces illustres et rvrendissimes condamns quoique leur compagnie ne met dplu, fors les tortures de lInquisition ! Pourtant les questions quils posaient, avec dautres devaient donner naissance ce que les historiens ont depuis appel les Temps Modernes, et dont le plus illustre fut leur contemporain Ren Descartes (1596-1650) : un penseur dont les ouvrages furent ce point considrs comme subversifs, quil neut de paix quen exilant rguliremet en Hollande. On lui avait fait parvenir (1634) l'ouvrage de Galile, Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo (Le dialogue sur les deux grands systmes du monde), condamn lanne prcdente. En effet, l'hypothse du mouvement de la Terre selon le modle copernicien (hliocentrisme) ne pouvait tre prise en compte que s'il tait clair que lanalyse tait effectue dans

    En outre, les Catholiques commencent faire - difficilement - l'exprience de la minorit. Ils ne sont plus

    les organisateurs symboliques et thiques de la cit. Ils sont parmi d'autres dans des socits scularises. On peut s'en dsoler et parler de dclin. On peut aussi y voir l'occasion d'un formidable ressourcement spirituel. Dans ce contexte, la foi vanglique tend redevenir une contre-culture au meilleur sens du terme, une - prcieuse - subversion, comme l'tait la foi des premiers chrtiens, hostiles aux jeux du cirque, la violence, au culte idoltre rendu l'empereur, etc. Le christianisme comme contre-culture, comme puissance d'interpellation: j'avoue que cette ide me rjouit.

    A son sujet, je repense la fameuse formule de Pguy: Il est une chose pire qu'une me perverse, c'est une me habitue. Peut-tre faudra-t-il nous dshabituer du catholicisme trop institu, et trop sr de lui, pour refonder notre foi et redevenir non plus seulement chrtiens mais christiques ' comme le souhaitait jadis Maurice Clavel. Je reprends volontiers mon compte les analyses de l'anthropologue amricain Clifford Geertz. En dveloppant sa fameuse thse sur la religion comme sujet d'avenir il insiste sur le fait que les grandes religions du monde ont t peu peu spares des lieux, des peuples, des formations sociales, des civilisations et des sites au sein et en fonction desquels elles se sont historiquement formes . Pour lui, ce dracinement n'est pas sans consquences sur la manire dont la croyance religieuse retrouve l'inspiration critique qu'elle avait perdue de vue. Du mme coup, ajoute Geertz, elle peut tre nouveau perue comme une composante du changement social et non plus comme un simple obstacle ce changement ou, pire encore, comme la voix, obstine mais condamne, de la tradition . 8 On se souvient comment le 20 janvier 1600, on le remit Giordano Bruno (ex.o.p.), au bras sculier (comme on disait !) selon la formule habituelle, avec autant de clmence qu'il se pourrait et sans rpandre de sang (ut quam clementissime et citra sanguinis effusionem puniretur). On se souvient aussi comment, la lecture de sa condamnation au bcher, Bruno commenta : Vous prouvez sans doute plus de crainte rendre cette sentence que moi l'accepter. . Le 17 fvrier 1600, il est mis nu, la langue entrave par un mors de bois l'empchant de parler et de crier, sur le Campo Dei Fiori et supplici sur le bcher devant la foule des plerins venus pour le Jubil. - Lanne suivante, en 1601, Matteo Ricci (s.j.) se fait inviter la cour impriale de Pkin, en tant qu'ambassadeur des Portugais auprs de l'empereur Wanli, porteur d'une pinette, d'une mappemonde et de deux horloges sonnerie ! IL FALLAIT CE QU IL FALLAIT ! 9 Les uvres compltes de Giordano Bruno sont, en 2008, en cours d'dition et de traduction Paris, aux Belles Lettres (dition bilingue) : dj 9 tomes dits, un quarantaine douvrages lui sont attribues. 10 Pape (Jean de Mdicis) profondment lac, pourtant, plus soucieux de l'avenir des Mdicis que de celui de l'Eglise, Clment VII fut d'abord un mcne comme son cousin Lon X. On peut voquer son actif la protection qu'il assura aux juifs et sa condamnation des conversions forces dans le Nouveau Monde. Face au protestantisme il n'eut aucune raction et c'est son successeur, Paul III, initiateur du Concile de Trente qui apportera l'Eglise le redressement ncessaire. 11 Cardinal jsuite, thologien du pape, apologiste et inquisiteur reconnu comme saint par l'glise catholique. Ses crits totalisent aussi 7 gros volumes.

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    une perspective purement mathmatique. Il dcide alors de donner une autre orientation son uvre12.

    - Que serions-nous devenus sans ces grands (Bruno, Copernic, Galile, Descartes, et tant dautres) dont lEglise CR tait incapable en son temps de comprendre la vison, la problmatique et la ncessit ? Est-on condamn avoir tort pour avoir (eu) raison trop tt 13?

    - Je noublie pas bien sr tous les autres rests mme avec toutes sortes de difficults -, dans le srail : Mr Vincent, Mr Olier, Blaise Pascal, et combien dautres !

    - Et mme ce cur Meslier (1664-1729), prtre et philosophe, cur d'trpigny : son existence n'a t connue qu' partir de la publication en 1762 par Voltaire, sous le titre de Testament de J. Meslier, d'un texte retrouv chez lui et dans lequel un cur professait avec dtermination son athisme14.

    Le testament de Meslier na pas vieilli, si lon considre le type dinterrogatoire auquel un pasteur est soumis, ds quil frquente les hommes bac+++ daujourhui, et qui ne pratiquent plus - sils lont jamais fait -, car ce nest pas la messe quils vont y trouver une rponse satisfaisante. Lisez donc ! Huit parties, dont chacune vise prouver la vanit et la fausset des religions :

    1. elles ne sont que des inventions humaines. 2. la foi, croyance aveugle, est un principe derreurs, dillusions et dimpostures. 3. fausset des prtendues visions et rvlations divines . 4. Vanit et fausset des prtendues prophties de lAncien Testament. 5. erreurs de la doctrine et de la morale de la religion chrtienne. 6. la religion chrtienne autorise les abus et la tyrannie des grands. 7. fausset de la prtendue existence des dieux. 8. fausset de lide de la spiritualit et de limmortalit de lme.

    Je rpte donc quelle messe pour quels hommes ?

    car ma conviction aprs plus de 40 annes de ministre sous toutes les latitudes -, est que la foi en leucharistie et sa frquentation sont lestes,

    - non pas par le mystre quelle constitue et qui la constitue! - non plus que par le dpassement a- rationnel (et non pas irrationnel) des lois

    naturelles quelle suppose, - encore moins par sa ralit qui est de toute faon dun autre ordre (dirait Pascal).

    mais - par labsence coupable de mystagogie spirituelle de la part des pasteurs de lECR

    (sens mystique de la foi) - par lincapacit coupable de pdagogie lmentaire dans la catchse de ce chef

    duvre (structure et sens) - par limprparation spcifique au ministre de la parole (homlie).

    ******** Cet essai se veut pratique, voir pragmatique

    12 Le Discours de la mthode (1637), Les Mditations mtaphysiques (1641), Les Principes de la philosophie (1644) 13 Je crois que laphorisme est de Marguerite Yourcenar ! 14 Penseur isol, nourrissant des ides qu'il ne peut changer, sa bibliothque se composait, ct de la Bible, des Pres de l'glise, et des comptes rendus des conciles, d'auteurs latins comme Tite Live, Snque, Tacite, Flavius Josphe ainsi que de Montaigne, Vanini, La Bruyre, La Botie, Pascal, Malebranche , du dictionnaire philosophique de Bayle et Fnelon. partir des essais de Montaigne et de la Dmonstration de l'existence de Dieu de Fnelon, il rdige ses propres Penses et sentiments.

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    Sil est vrai (lenqute le montrera) que lon sennuie la messe, la cause, en ltat, est perdue. Jai crit en ltat Les enseignants le savent : Tout plutt que lennui dans la classe. Et lenseignant a TOUJOURS tort. Mais voil - mcrivait avec une rvolte triste un de mes amis et collaborateurs -, le systme est verrouill. Pas dEucharistie sans prtre. Le fidle se repose donc sur le geste technique de la conscration, admis et garanti en toutes circonstances. Le ministre du culte ayant une fois pour toutes son permis de consacrer, il est automatiquement performant. Pas de points perdre, pas de contravention, contestation non admise, les pleins pouvoirs sur des ouailles soumises, jamais infantilises, irresponsables, qumandant un salut tarifi. Et mme si lhomlie tait horrible, reste au moins le dfil la table de communion. Chacun a jou son rle : le fidle est rest fidle, le clbrant a clbr. Allez, la messe est dite ! Je rpte ici que je mintresse lordinaire du soldat, et non la cantine festive du mess aux jours de grande fte. Il nest dailleurs pas dit que lon y mange mieux, mme si cest plus ; et si le vin ptille, cest souvent du mousseux et non du champagne Ah ! Cana ! Je mintresse ici la dsertification ordinaire des messes dominicales ordinaires, linsatisfaction ordinaire de pratiquants ordinaires, au ras-le-bol ordinaire de paroissiens ordinaires !Les autres stant dj clipss par la porte de derrire Je constate ici - dans ma famille comme chez mes amis et proches -, la peine sincre de parents impuissants dont les grands enfants qui frquentaient en famille la messe dominicale enfants quils ont pousss et aids tudier beaucoup, loin et pointu -, ont vite dcid de ne plus se soumettre du nimporte quoi (le dimanche matin, en plus !), pour avoir eu lopportunit (est-ce mal ?) de goter dautres nourritures de lesprit et de lme: intelligentes, rares et exigeantes. Ils rejettent limposture du clbrant et du prcheur, quand, lvidence, il ne sest en amont ni prpar ni document, de prs ou de loin, cet acte qui est, rpte-t-il pourtant, le summum, la cime, lapex de la vie chrtienne par, avec et dans le Christ ! Ils savent bien que la foi passe les imperfections : mais trop, cest trop ! Ils nen ont rien cirer Ils boycottent, la conscience tranquille! Faut-il alors conclure que si la messe est un chef duvre, alors cest un chef duvre du pass, et que pour autant, elle doit rejoindre les reconstitutions historiques (comme les ralisait Cecil. B. DeMille pour Hollywood) et les commmorations anniversaires (comme les Son-et-Lumire au Puy du Fou, ou les spectacles la Robert Hossein au Palais des Congrs). Cest en tout cas un chef duvre en pril Tant que le Commandeur ne le reconnatra pas, le croyants abandonneront le temple, de plus en plus publiquement ( concordatairement en Allemagne et Autriche, par intrt au Brsil) ; ou simplement dun haussement dpaule, accompagn dun mouvement de tte et dun sourire dsabus la franaise 15!

    15 Feed back de Bernard Prate. Il y a deux faons de voir le problme. Mais en prambule, juste un mot sur le style (c'est l'homme, donc je prends personnellement en totalit). Il serait bon de maintenir une unit de style:

    - ou analyse technique et de haut niveau (le dbut) - ou coup de gueule totalement justifi (la fin) ou envoles lyriques et effets de manches qui trahissent

    le mtier du prcheur professionnel mais difficile transcrire (hlas). Le sujet tant srieux, ne prtons pas le flanc aux critiques faciles. Donc premire faon: on constate l'tendue des dgts. C'est dj important de ne pas se voiler la face. On fait le bilan de ce qui reste sauver. Et on relve les manches, on se met l'ouvrage et on propose des solutions pratiques. Vu l'immensit du monument auquel on s'attaque, il est important de battre le rappel des troupes. C'est la mthode militante, voire militaire. Un combat gagner, un tendard brandir, un idal proclamer. Deuxime faon: utopique, irraliste, quasi-mystique. La sainte mthode: se placer la fine pointe du sujet, le vivre de l'intrieur, l'intgrer au plus profond de soi. Le Royaume est au-dedans de vous. La petite voie, celle qui touche les humbles, les petits, les obscurs, les sans-grades. Ceux qui n'y comprennent rien aux enjeux thologiques mais qui acceptent sans sourciller qu'Il est bien l, prsent dans l'hostie. Ceux qui rcitent le Rosaire avec conviction. Le petit nombre. Ceux qu'Il est all chercher sur les places et les chemins,

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    Eliminons dentre ce que je ne veux pas traiter, et qui se trouve exhaustivement dfini dans CATCHISME DE L'GLISE CATHOLIQUE http://www.vatican.va/archive/FRA0013/_INDEX.HTM DEUXIEME PARTIE LA CELEBRATION DU MYSTERE CHRETIEN

    PREMIERE SECTION LCONOMIE SACRAMENTELLE CHAPITRE PREMIER LE MYSTERE PASCAL DANS LE TEMPS DE GLISE

    Article 1 LA LITURGIE UVRE DE LA SAINTE TRINITE I. Le Pre, Source et Fin de la Liturgie II. Luvre du Christ dans la liturgie III. LEsprit Saint et lglise dans la liturgie EN BREF

    Article 2 LE MYSTERE PASCAL DANS LES SACREMENTS DE GLISE I. Les sacrements du Christ II. Les sacrements de lglise III. Les sacrements de la foi IV. Sacrements du salut V. Les sacrements de la vie ternelle EN BREF

    CHAPITRE DEUXIEME LA CELEBRATION SACRAMENTELLE DU MYSTERE PASCAL Article 1 CELEBRER LA LITURGIE DE GLISE

    I. Qui clbre ? II Comment clbrer ? III Quand clbrer ? IV. O clbrer ?

    Article 2 DIVERSITE LITURGIQUE ET UNITE DU MYSTERE

    EN BREF Jen retiendrai cependant les 3 articles de la finale en bref , qui condense parfaitement lesprit qui a prsid la rdaction ncessairement pointilleuse dun texte canonique comme celui-ci. Les voici :

    1. 1207 Il convient que la clbration de la liturgie tende sexprimer dans la culture du peuple o se trouve lglise, sans se soumettre elle. Dautre part, la liturgie est elle-mme gnratrice et formatrice de cultures.

    2. 1208 Les diverses traditions liturgiques, ou rites, lgitimement reconnues, parce quelles signifient et communiquent le mme Mystre du Christ, manifestent la catholicit de lglise.

    3. 1209 Le critre qui assure lunit dans la pluriformit des traditions liturgiques est la fidlit la Tradition apostolique, cest--dire : la Communion dans la foi et les sacrements reus des Aptres, Communion qui est signifie et garantie par la succession apostolique.

    dont je me permets de proposer une lecture raisonne comme suit : 1. la clbration de la liturgie tend sexprimer dans la culture du peuple o se trouve lglise, sans se soumettre elle. Dautre part, la liturgie est elle-mme gnratrice et formatrice de cultures. 2. les diverses traditions liturgiques, ou rites,

    les carrefours et les ruelles sombres, pour son repas de fte. Simplement montrer l'exemple. Mthode certes insuffisante. Facile tourner en drision. Comme Paul Athnes quand il parlait de la rsurrection. Ne pas l'oublier.

    - Bien sr, c'est la premire mthode qu'il faut utiliser. La seule avec laquelle on peut agir concrtement, sre et efficace.

    - Mais voil le spirituel s'efface devant le technique. Je ne peux oublier le Grand Inquisiteur. Notre poque manque d'un vrai saint de la trempe d'un Franois, d'un Dominique, d'un F de Sales (!). Un hraut des temps modernes.

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    lgitimement reconnues, parce quelles signifient et communiquent le mme Mystre du Christ, manifestent la catholicit de lglise.

    3. le critre qui assure lunit dans la pluriformit des traditions liturgiques est la fidlit la Tradition apostolique, cest--dire : la Communion dans la foi et les sacrements reus des Aptres, Communion qui est signifie et garantie par la succession apostolique. 16

    16 Leucharistie Nouvelle est arrive ! Voil le dernier et remarquable exemple de ce dont ce texte ne veut pas traiter, mais que je conseille chaudement ceux qui veulent se former. Il sagit du cours que le Pre Bernard Sesbo, jsuite, du centre Svres Paris, en clairage de son ouvrage "Croire". met en ligne sur Croire.com : Leucharistie, Sommet de lconomie sacramentaire. Je ne pourrai aller qu quelques points essentiels, prcise-t-il : 1. Linstitution de leucharistie dans le N.T., car cette fois nous avons un vrai geste et de vraies paroles dinstitution. 2. La thologie du mmorial qui nous permet de faire lunit du sacrifice et du sacrement. 3. Le rapport entre leucharistie-sacrifice et la croix. 4. La prsence relle : comment la comprendre. 5. Leucharistie et lEglise. Croire.com talera ce cours sur 5 semaines sous les titres suivants : 1: Leucharistie dans le Nouveau Testament 2: Leucharistie, mmorial sacramentel et sacrificiel 3: Le lien entre leucharistie et la croix 4: Comment comprendre la prsence relle 5: Leucharistie fait lEglise

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    LITURGIE

    Il y a peu de questions qui aient autant divis les catholiques aprs le concile - les dbats taient passionns, les oppositions farouches, les divisions profondes -,

    que la liturgie, surtout en France, et, hlas, durables.17 C. Schnborn

    Cardinal-Archevque de Vienne, Autriche

    Quest-ce que la liturgie ?

    Nataraja : un dieu, roi de la danse

    En Inde, o tant de religions ont leur berceau ancestral, La danse symbolise le dynamisme de la Cration et le rythme fondamental de l'univers. Le cosmos est en perptuel mouvement : les atomes tout comme les mes sont entrans dans une ronde fantastique que rien ne peut arrter. Les Indiens l'ont bien compris, qui ont conu un dieu qui danse : Shiva, sous sa forme de Nataraja, le roi des danseurs, danse au cur du cosmos pour crer, maintenir et dtruire la vie indfiniment. Il danse aussi en l'homme pour lui permettre d'atteindre l'ultime Ralit et se fondre en elle. En Inde, la danse trouve son origine dans le temple o elle fut entretenue et o elle s'est panouie ; elle fait partie de l'adoration. A dieu, l'homme n'offre pas seulement des fleurs et des fruits, mais aussi la musique et la danse. Ces deux expressions sont l'un des meilleurs moyens de communiquer et de s'unir lui. L'Inde danse. Non seulement le dieu Shiva mais son pouse Prvat qu'il a initie cet art et leur fils Ganesha qui malgr son ventre bedonnant, parodie sa mre et dclenche le rire de son pre. Sous la forme de son avatar Krishna, Vishnu danse sur les multiples ttes du terrible serpent noir Klya qu'il vient de vaincre. Ce serpent empoisonnait les eaux d'un lac dont tous ceux qui s'en dsaltraient mouraient. Il danse aussi la clbre Rsll - la danse de la ronde avec les bergres dans les eaux de la Yamun. De mme, les vagues de l'ocan dansent depuis toujours sous les rayons de lune comme les atomes de lumire dans le soleil l'heure de la poussire des vaches et les flammes du feu sacr des sdbus, saints hommes itinrants, qui ne doit jamais s'teindre. Pendant la mousson, quand le tonnerre gronde dans un ciel stri d'clairs, le paon - oiseau national de l'Inde - dploie les plumes de sa queue en une roue resplendissante et danse d'extase. On dit que la feuille du ppal - le figuier sacr - rattache son rameau par un long pdoncule, danse la moindre brise comme danse sa

    17 Confrence Notre-Dame de Paris, in Quel avenir pour l'Eglise ?, Presses de la Renaissance, 2001, p. 32.

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    faon l'oreille de l'lphant qui ne cesse de bouger. L'Inde danse et fait danser de joie l'oeil de lme.18

    En Grce antique, la liturgie (du grec ou / leitourga, de / las, le peuple et de la racine / ergo, faire, accomplir ) est un service public que l'tat contraint les plus riches (citoyens ou mtques) financer et grer sur leur fortune personnelle. Elle trouve sa lgitimit dans l'ide que la richesse personnelle n'est possde que par dlgation de la cit19. La liturgie tait un des modes de financement privilgi de la cit grecque, dans la mesure o elle permettait de faire correspondre chaque dpense publique une recette facilement accessible. Cette grande souplesse la rendait particulirement adapte l'imprvoyance budgtaire de l'poque. On distinguait ainsi :

    Offrande Athna

    Les liturgies civiles ou agonistiques (lies aux concours sportifs et religieux) sont principalement

    1. la gymnasiarchie (), c'est--dire la gestion et financement du gymnase, et

    2. la chorgie (), c'est--dire l'entretien des membres du chur au thtre pour les concours tragiques, comiques ou dithyrambiques.

    3. Lhestiasis () consiste financer le banquet public de la tribu laquelle on appartient ;

    4. l'archithorie () conduire des dlgations sacres aux quatre jeux panhellniques ;

    5. l'arrhphorie () couvrir les frais des arrhphores, jeunes filles de la haute socit athnienne, au nombre de quatre, qui, aux Panathnes, apportaient Athna son pplos, lui offraient des gteaux et lui consacraient les robes blanches ornes d'or qu'elles portaient, etc.

    - La crativit tait grande en matire de liturgie, et avec l'empirisme qui caractrise leur attitude en la matire, les cits taient capables de crer de nouvelles liturgies en fonction de leurs besoins immdiats, ou d'en supprimer le service, temporairement ou dfinitivement.

    - Toutes ces liturgies s'inscrivent dans le cadre d'une fte religieuse et sont rcurrentes. Au contraire, on ne recourt aux liturgies militaires, qu'en en cas de besoin.

    18 R. Michaud, S. Michaud , Des dieux et des hommes, la danse cosmique de l'Inde Chne 2006 19 Le systme liturgique remonte aux premiers temps de la dmocratie athnienne et tombe progressivement en dsutude la fin du IVe sicle av. J.-C. et l'poque hellnistique face au dveloppement de l'vergtisme

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    1. La principale est la trirarchie, c'est--dire l'quipement et l'entretien d'une trire et de son quipage pendant un an. Le trirarque doit en outre en assurer, sous les ordres des stratges, le commandement, sauf s'il choisit contre rmunration de le confier un spcialiste, auquel cas sa charge devient purement financire.

    2. La proeisphora, plus tardive, consiste assumer pour son groupe fiscal (symmorie) la charge de leisphora, la contribution exceptionnelle leve auprs des riches pour suppler aux dpenses de guerre.

    3. On a propos d'ajouter leur nombre, lhippotrophie (), c'est--dire l'entretien de chevaux de la cavalerie athnienne aprs les Guerres mdiques.

    Un calcul20 tablit plus de 97 le nombre de liturges civils par an Athnes, et plus de 118 les annes de Grandes Panathnes. la libralit de la dpense ( / philotimia) rpond la reconnaissance ( / charis) de la cit : les plus prodigues des liturges se voient gratifis d'inscriptions honorifiques ou de couronnes d'argent dont le caractre relativement modique n'enlve rien au prestige qu'elles assurent leurs bnficiaires. La chorgie est de ce fait une liturgie trs apprcie. On veille payer le chur le plus mme d'emporter la dcision face un public attentif au faste dploy par chaque chorge. La liturgie constitue en effet une opportunit avec ses biens, la fois d'affirmer son dvouement envers la cit et de revendiquer sa place parmi les gens qui comptent, pour mieux se faire valoir sur le plan politique et tenir son rang ou celui auquel on aspire dans la cit : en consacrant sans compter sa fortune au bien public, en payant de son bien et de sa personne, le liturge se distingue du vulgum pecus et obtient du peuple de la cit la confirmation de la lgitimit de sa position dominante, qu'il fera notamment fructifier lors des lections aux magistratures ou lorsqu'ils est partie prenante dans un procs. De son ct, en jouant des valeurs mme de ses lites, la cit dmocratique les contrle, obtient leur adhsion au projet communautaire et assure son financement. La disparition progressive des liturgies en tant que telles se manifeste dans le glissement du vocabulaire l'poque hellnistique : le nom leitourgia et le verbe leitourgein perd alors sa signification stricte de dpense impose par la cit pour dsigner toute part prise dans une dpense d'intrt public, y compris paralllement une charge publique (magistrature ou prtrise). Ainsi quand lEglise qui se constitue et sinstitue - Rome et dans lempire romain qui a hrit de la culture grecque (langue et Weltanschauung) -, le mot liturgie est adopt par drivation pour dsigner (comme dans lamphictionie davant Alexandre) l'ensemble des clbrations officielles du culte rendu (aux dieux de lOlympe, Zeus, Apollon et Dionysos, en particulier, et) Dieu Pre-Fils-et-Esprit dsormais ; puis dans un sens plus spcifique, le mot dsignera surtout en Orient, la messe ; enfin, la liturgie est deviendra l'tude ou la science de ce qui concerne le culte divin, et de ses diverses mises en uvre (liturgie romaine, byzantine, ambrosienne, etc. ...)

    Pour faire le point, nous pouvons dire que dans le grec classique, le mot liturgie se disait donc de l'accomplissement spontan du service de l'Etat; puis quil s'employa pour dsigner des services que l'Etat imposait aux citoyens, pour en venir dsigner toute espce de service, que ce soit celui d'un ouvrier travaillant

    pour son matre, de tailleurs, du rle d'un acteur, d'un paysan qui laboure la place d'un autre.

    Au moins depuis Aristote, et frquemment dans les papyrus, ces termes ont une acception religieuse.21

    Noublions pas que dans le NT, le terme de liturgie a ce mme sens de service public, politique et social, mais avec une insistance sur l'office religieux, qu'il soit caritatif (la collecte pour les plus dmunis, cf. II Cor 9, 12, etc.), missionnaire (les anges ou les aptres envoys exercent une liturgie, cf. Heb 1, 7, Phil 2, 17, etc.) ou cultuel. C'est ce dernier sens qui est prpondrant dans la Septante (utilis trs frquemment dans l'ptre aux Hbreux.

    20 En 355-354 av. J.-C., Dmosthne estime une soixantaine le nombre de liturgies civiles par an Athnes. Le chiffre est srieusement sous-valu. elles seules, les Dionysies exigent 23 32 chorges, suivant l'poque. Les Panathnes requirent au moins 19 liturges par an contre 30 (ou 40, suivant le dcompte) pour les Grandes Panathnes qui se tiennent tous les quatre ans Des liturges sont galement requis pour les autres ftes religieuses, auxquels il faut ajouter des thores pour les Jeux Panhellniques et l'oracle de Delphes. 21 Daprs C. Spicq, op, Lexique thologique du Nouveau Testament, Cerf, 1991, p. 899902.

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    Quest-ce que la liturgie romaine ?

    Cest lune des manires, entre autres, dont est clbre la messe (Missel romain), par l'glise de Rome et les glises ou communauts qui l'ont adopte, par choix ou tradition - soit la majeure partie de l'glise catholique latine. La messe romaine dans les premiers temps de l'glise

    Saint Justin Martyr, dans sa premire Apologie a dcrit l'Eucharistie comme on la clbrait Rome vers l'an 150 avec un rite semblable aux rites orientaux. Mme si dans l'glise des tout premiers temps l'vque local tait trs libre dans l'organisation de la liturgie, on distingue nanmoins dj deux parties fixes: la prdication et la louange.

    La structure de la messe Rome aux IIe-IIIe sicles selon la description que donne saint Justin est la suivante :

    1. pas dIntrot, 2. la messe commence par les lectures, 3. qui alternent partir du IVe sicle avec des chants : Graduel, Allluia, Trait. Dans la messe de saint Pie V (1570), 1. les lectures furent rduites une ptre et l'vangile (sauf dans le cas de certaines messes,

    spcialement dans les temps de pnitence : mercredi des cendres, Quatre-Temps, etc.). 2. Puis le clbrant prononce une homlie, 3. suivie de la prire pour toute lglise, dite aussi prire des fidles 4. puis se droulent l'offrande, 5. la conscration 6. et la communion.

    NB : Cette organisation extrmement simple a t conserve jusqu nous dans la crmonie liturgique du Vendredi Saint : les officiants savancent en silence vers lautel, puis on commence tout de suite par les lectures et les chants intercalaires; viennent ensuite les longues Oraisons solennelles pour toutes les intentions de lEglise.

    Le clbrant garde une certaine facult d'improvisation, et en particulier pour la prire eucharistique.

    Au IIIe sicle la Tradition apostolique (texte attribu saint Hippolyte) recommande des formules de prires pour la liturgie sacramentelle (messe, ordination, etc.) mais ne donne pas d'obligation.

    Le besoin de rguler ces habitudes d la varit des clbrants se manifeste trs tt :

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    saint Paul recommandait de ne prendre la parole dans lassemble que si lon tait capable ddifier les frres.

    Plus tard, saint Augustin se plaint de ce que certains vques emploient des prires composes par des auteurs incomptents, voire hrtiques.

    Deux synodes de Carthage (en 397 et 407) interdisent lusage de formules nayant pas fait lobjet dapprobations officielles.

    Toute cette priode, jusqu' Grgoire le Grand (540-604), est un vritable fourmillement liturgique avec la fixation progressive des prires de la messe :

    le Sanctus apparat au IVe sicle, la litanie pnitentielle se rduit et se limite aux invocations Kyrie eleison au VIe sicle, les prires du propre, collecte, prire sur les offrandes, prire aprs la communion sont mises

    en place. La forme quasi dfinitive du Canon, lexception du Memento des dfunts (qui apparatra laube du VIIIe sicle) pourrait tre date de la fin du Ve sicle, puisque le missel manuscrit de Stowe dat du IXe sicle le nomme le Canon du Seigneur, du pape Glase 22.

    C'est le pape Grgoire le Grand ( 540-604) qui le premier est cens avoir rorganis la liturgie romaine... mais ce n'est qu'au cours du IXe sicle que le chant dit grgorien prit forme dans l'Empire. On ne sait rien du chant romain antrieur l'poque carolingienne et l'imagination de certains musicologues se dchane pour imaginer la pratique Rome d'un chant archaque dont le grgorien carolingien serait la gniale volution, due au gnie des chantres germano- francs. Tout cela n'est encore qu'hypothses prendre avec prudence. Une seule chose est certaine : Grgoire le Grand n'a bnfici que tardivement de l'attribution d'initiatives liturgiques qu'il n'a jamais eues. Seule l'introduction des formulaires des jeudis de Carme peut lui tre impute avec certitude. A l'poque carolingienne, a eu lieu une grande remise en ordre de la liturgie avec St Benot d'Aniane (750-821)23. Peu aprs la mort de Charlemagne, sous l'impulsion de l'empereur Louis le Pieux (encore appel Louis le Dbonnaire), Benot d'Aniane unifie les rgles et les liturgies des abbayes bndictines au concile d'Aix la Chapelle (817), autour de la rgle de saint Benot et de la liturgie romaine. La critique de fond aujourdhui

    22 La messe de saint Justin saint Grgoire par Emmanuel de Butler, OSB dans La Nef n108, janvier 2001 23 Benot d'Aniane ou Saint Benot d'Aniane (750, en Languedoc - 821) est un moine bndictin dont l'uvre de rforme du monachisme est essentielle dans l'essor de l'ordre bndictin en Europe. Il est l'un des principaux acteurs de la renaissance carolingienne. A ne pas confondre avec Benot de Nursie, fondateur de lordre des Bndictins (480-547), n en Ombrie.

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    Ds avant la mise en uvre de la rforme de 1969, les cardinaux Ottaviani et Bacci adressent une lettre au pape : le Bref examen critique 24 est une critique extrmement svre du nouvel Ordo : "Le Nouvel Ordo Missae s'loigne d'une manire impressionnante, dans l'ensemble comme dans le dtail, de la thologie catholique de la Sainte Messe, dfinie jamais par le Concile de Trente." Malgr quelques ajustements suite ce texte (en particulier sur la dfinition de la messe dans l'article 7 de l'introduction), ce texte est encore aujourd'hui la base des critiques les plus virulentes formules l'encontre du missel romain de 1969. Ainsi, pour les opposants les plus durs au rite rvis,

    1. les motifs des changements sont un dsir de rendre la messe moins inacceptable pour les protestants,

    2. voire pour roder la foi catholique des fidles qui vont la messe. 3. L'aspect sacrificiel de la messe serait rduit au profit de son aspect repas. Les prires et les

    expressions qui prsentent indubitablement la messe comme un sacrifice auraient soit t supprimes soit auraient vu leur nombre considrablement rduit.

    4. Les mots et les actions suggrant que le pain et le vin deviennent vraiment le corps et le sang de Jsus Christ auraient t supprims ou remplacs : les rubriques, par exemple, ont rduit le nombre de gnuflexions et d'autres gestes associs l'adoration des espces consacres; des expressions comme la boisson spirituelle seraient dlibrment quivoques.

    5. Les propres (variables) de la messe omettraient ou attnueraient des enseignements catholiques traditionnels importants alors que ceux de la messe antrieure les auraient affirms solennellement.

    6. Ces changements (avec les autres qui ont t oprs dans l'glise aprs Vatican II) seraient responsables du dclin de la foi. Les adversaires de la rforme donnent comme preuves les sondages d'opinion qui vont dans leur sens. Les adversaires montrent que l'assistance la Messe a considrablement baiss dans le monde occidental.

    7. Ceux qui n'acceptent pas la liturgie rnove arguent que son contenu est nettement dficient si on le compare avec celui de la liturgie telle qu'elle se prsentait avant la rvision (problme de la 'rectitude doctrinale' du Missel de Paul VI).

    8. Certains traditionalistes radicaux estiment que du point de vue sacramentel elle est frappe de nullit.

    9. D'autres consentent que la liturgie rvise prsente des dfauts, mais que ceux-ci devraient tre corrigs par une rforme de la rforme .

    La critique sur la forme Un des grands reproches fait au nouvel Ordo est la faon dont il a t mis en uvre.

    Un grand nombre de tmoignage ont t runis montrant les abus fait au nom du concile Vatican II, alors que celui-ci prnait effectivement le contraire.

    Un grand nombre de prtres et de fidles furent alors blesss par cette rforme dont la mise en uvre se faisait en oubliant parfois toute charit.

    Le Saint-Sige a plusieurs fois fortement dplors ces abus, en particulier par l'instruction Redemptionis sacramentum de la Congrgation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements. Et le cardinal Joseph Ratzinger, maintenant pape Benot XVI, quand il tait Prfet de la Congrgation pour la Doctrine de la Foi, dclarait: La rforme liturgique, dans sa ralisation concrte, s'est loigne toujours plus de ce que voulait Vatican II. On a une liturgie

    dgnre en show o l'on essaie de rendre la religion intressante l'aide de btises la mode et de maximes moralisatrices aguichantes, avec des succs momentans dans le groupe des fabricants de liturgies, et une attitude de recul d'autant plus prononce chez ceux qui cherchent dans la liturgie non pas le showmaster spirituel,

    24 http://www.salve-regina.com/Liturgie/Bref_examen.htm

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    mais la rencontre avec le Dieu vivant devant qui tout le "faire" devient insignifiant.25 Et nous tions en 1989, il y a donc tout juste 20 ans ! Cette dclaration a jou comme une prophtie, dont Ratzinger fut lannonceur tonitruant et Benot XVI le redresseur malchanceux ! Ce qui sen suivra, cest les pripties de Mgr Lefebvre et de tous les vnements collatraux et corollaires, dont je ne veux pas ici parler non plus26. La liturgie27 est sans doute un des grands chantiers des annes symboliquement peut-tre le plus grand -, que nous vivons actuellement dans lEglise Catholique Romaine. Mais au pralable, quels efforts de clarification ne faudra-t-il pas faire, en une matire devenue au fil des temps plutt confuse et fanatique ! - En privilgiant le point de vue et le regard de la foi sur elle comme action cultu(r)elle et sacramentelle du Christ et de l'Eglise ? - En privilgiant l'approche anthropologico-thologique du signe et de la ralit signifie aujourdhui, avant les considrations savantes sur limmense pass du rituel ? - En abordant ces questions par l'intelligence du temps prsent et non par le biais de la sensibilit nostalgique ? Le renouveau liturgique que le Pape Ratzinger appelle entre voeu pieux et dure ralit -, est ce prix ! Il cotera trs cher !

    25 in Gedenkschrifft fr Klaus Gamber, dition Luther (!), Cologne 1989. 26 Lire et se reporter au besoin chacun des items sur Internet, pour constate les dveloppements des vtements sacerdotaux Question show ! Vases liturgiques Calice - Patne - Ciboire Custode - Vases aux saintes huiles Ostensoir - Burettes - Encensoir Navette - Bnitier - Goupillon Clochette - Osculatoire Vase d'ablution - Tintinnabule Dais - Ombrellino - Bannires Linges liturgiques Corporal - Pale - Purificatoire Manuterge - Conop - Voile de calice Bourse - Voile humral

    Paramentique Amict - Aube - Chape Chasuble - Croix pectorale - Crosse Dalmatique - Dalmaticelle - tole Fanon papal - Manipule - Mitre Pallium - Pluvial - Surplis - Stolon - Tunique - Tunicelle

    Costume ecclsiastique Anneau - Aumusse - Barrette Camauro - Calotte - Camail - Ceinture Collaro - Coule - Douillette Ferraiolo - Froc - Mosette Rochet - Soprana - Soutane

    Livres liturgiques Missel romain - Brviaire - vangliaire pistolier - Collectaire - Antiphonaire Graduel - Martyrologes Rituel romain - Psautier - Sacramentaire 27 Comme le dit justement Grald de Servigny, La thologie de l'Eucharistie dans le Concile Vatican II, Tqui, Paris 2000. http://www.revue-kephas.org/04/1/Servigny33-39.html

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    I - CHEF DUVRE THEOLOGIQUE Dans28 le pain et le vin, Jsus-Christ a fait mmoire de lui-mme : il prtend se confier lui-mme l'Eucharistie ; Celui qui mange ma chair et boit mon sang habite en moi, et moi en lui - et son intention d'oprer une conformation pour autant qu'elle assimile le disciple Jsus-Christ. l'Eucharistie doit rvler le mystre insondable de la personne de Jsus Christ et de son moi le plus profond. A proprement parler, la rvlation de Jsus-Christ s'accomplit dans sa Rsurrection. C'est en effet la Rsurrection qui constitue le signe dcisif et radical de la singularit de Jsus-Christ et, par consquent, du mystre de sa personne l'Esprit nous est prcisment donn

    1. pour nous faire vivre comme Jsus-Christ, 2. et donc pour nous faire mourir comme Jsus-Christ, 3. afin de pouvoir ressusciter comme Lui.

    C'est, en fait, le mme Esprit qui a conduit Jsus vivre et mourir comme il l'a fait, avant de le relever dans la Rsurrection. Ce sont les arrhes de la Rsurrection, prcisment parce que c'est l'Esprit qui mne la croix. Il anticipe la Rsurrection, non parce qu'il prserverait de la mort, mais prcisment parce qu'il habilite mourir du type mme de mort qui postule la rsurrection comme sa fin. le sens de l'Eucharistie doit tre cherch

    1. dans la vie et la personne mme de Jsus-Christ, 2. dans la vie vcue jusqu'au don de son corps et de son sang 3. et dans le mystre de la personne qui s'exprime dans cette vie.

    comme l'Eucharistie n'est pas un simple rite, comme elle est la ralit du corps et du sang de Jsus-Christ en tant que principe de vie pour les hommes, il s'ensuit que l'initiation l'Eucharistie, l'initiation chrtienne, quivaut exactement l'initiation la manire de vivre comme et de Jsus, en communion avec lui, comme une mmoire faite de lui29.

    Malgr la navet dEpinal, tout est l

    28(Start afresh from Jesus-Christ, daprs) Giuseppe Colombo, professeur de thologie dogmatique et vice-doyen la facult thologique de l'Italie du Nord, Milan), Communio, n II, 6- novembre 1977 29 cf H.Kng, Vingt propositions de tre Chrtien, Le Seuil

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    Il suffit par ex. de mettre la suite la squence des thmes et sous- thmes recenss au sommaire du document thologique de base - qui a servi pour le rcent Congrs Eucharistique International de Qubec de juin 2008 -, pour prendre la mesure au-del de toute mesure30 de ce quon appelle tout simplement la messe ! 1. La Messe fait mmoire de Dieu aujourdhui

    car lEucharistie est le don de Dieu par excellence et son institution est au centre et au sommet de lHistoire du salut, comme le mmorial de la Pque du Christ, don trinitaire et sacrifice.

    2. La Messe est la Nouvelle Alliance car elle difie lglise en sacrement du salut : glise -communion o Marie, premire glise et femme eucharistique et le Peuple de Dieu avec elle constituent et lpouse de lAgneau et le Corps du Christ

    3. La Messe, comme rponse eucharistique de lglise revt une triple articulation : elle croit et aime comme Marie, en Jsus elle se laisse rconcilier dans lunit elle se rassemble le dimanche, Jour du Seigneur (dies dominica)

    4. La Messe se ralise pour la vie du monde : elle est la Vie du Christ dans nos vies elle constitue le culte spirituel des baptiss elle est ladoration vritable

    5. Les chrtiens sont les Ministres de la Nouvelle Alliance car la messe ne peut se concevoir sans la mission car lvanglisation est une vritable transformation du monde car la construction de la Paix passe par la Justice et la Charit

    6. Les chrtiens sont les Tmoins de la Messe au cur du monde car lappel universel la saintet sadresse tous les hommes et chacun dentre eux. car la famille est une glise et un sacrement domestiques, en marche vers une civilisation de

    lamour car la vie consacre est un gage dEsprance annonant lpoux qui vient

    Car DIEU A TANT AIM LE MONDE

    Et le concert eucharistique - mis au point depuis la fin du 5me sicle (au plus tard fin du 8me,), entre Grgoire le Grand et Benot dAniane31 a gnr et cristallis une structure qui se rvle paradoxalement et la fois trs absolue et trs souple, par le jeu dialectique entre le commun et le propre.32

    30 Ekins et al., Wealth Beyond Measure ( Une richesse au-del de toute mesure ) 31 Voir plus haut, historique 32 Ainsi les parties chantes de la messe se divisent en deux grandes catgories imbriques l'une dans l'autre :

    le commun ou ordinaire, immuable sauf amnagements (no 2 kyrie, no 3 gloria, no 7 credo, no 9 sanctus, parfois scind en 2 parties, sanctus et benedictus, no 10 agnus Dei, no 12 ite missa est ou benedicamus Domino) ;

    et le propre variable d'une fte l'autre (no 1 introt, no 4 graduel, no 5 alleluia ou trait, no 6 squence, ventuellement, no 8 offertoire, no 11 communion).

    Quant lanne liturgique, elle dbute par lAvent, temps de prparation la Nativit (Nol) qui commence quatre semaines avant ; elle se

    termine par la fte du Christ-roi. chaque jour de l'anne est associ un passage des vangiles. Une anne ne suffisant pas, la lecture de l'ensemble des textes liturgiques du dimanche s'tale sur trois

    ans, appels annes A, B et C ; pour les messes de semaine, deux jeux de textes sont prvus, distinguant les annes paires et les

    annes impaires (on considre l'anne liturgique, qui dbute le premier dimanche de l'Avent, dbut dcembre).

    Les lectures des vangiles sont prises chaque anne dans un mme vangile, parmi les trois vangiles dits synoptiques (Matthieu les annes A, Marc les annes B et Luc les annes C).

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    Prenons lexemple de la cathdrale gothique. Chaque anne, nombreux sont les visiteurs des cathdrales gothiques, traces mmorielles et vestiges prestigieux du Moyen Age. Mais comprennent-ils le mystre que ce chef-duvre de pierre est cens transmettre de gnration en gnration. Chacun deux comprend-il par exemple "la signification thologique de ce portail de la cathdrale de Chartres qui met en relation trs nette avec le sacerdoce du Christ et son sacrifice certains personnages et certains sacrifices de l'Ancien Testament ?"33

    Plan de base dune cathdrale gothique

    Les Italiens de la renaissance florentine et romaine au XVIIe sicle baptisrent l'art franais de manire pjorative art gothique, pour signifier barbarealors quil est pourtant le fruit d'une innovation en son temps : c'est l'art de l'Ile de France (opus francigenum), berceau de la royaut franaise au service de laquelle le mettait l'abb Suger, ce moine btisseur, abb de la prestigieuse abbaye royale de Saint Denis o reposent les dpouilles des monarques franais. Si tout est "logique est bien proportionn", et harmonieux chez ces "gants" de pierre, c'est parce que cet art

    "repose sur une pense d'ordre et de clart et sur une ingniosit dans la combinaison

    qui sont les traits caractristiques d'un milieu."34 A partir du milieu du 12me sicle et tout au long du 13me sicle, avec le contact de l'Occident et de la philosophie aristotlicienne ramene au non par les Arabes35 -, c'est une crise du dogme qui merge et que tente de rsoudre les grandes sommes thologiques. Durant plus dun sicle, Albert le Grand

    Le lectionnaire est le nom du livre qui regroupe ces lectures dans l'ordre chronologique.

    33 http://classes.bnf.fr/villard/reperes/4.htm & http://www.oboulo.com/architecture-categorie.html 34 Je ne peux mempcher, dans un autre ordre de pense, de penser Charles Baudelaire : L tout nest quordre et beaut Luxe, calme et volupt 35 Sylvain Gougenheim, Aristote au Mont Saint Michel, Le Seuil 2008 : Battant en brche l'ide reue selon laquelle l'Occident n'aurait dcouvert le savoir grec au Moyen ge qu'au travers des traductions arabes, ce livre montre que l'Europe a toujours maintenu ses contacts avec le monde grec. C'est que le Mont-Saint-Michel constitue le centre d'un actif travail de traduction, notamment des textes d'Aristote, ds le XIIe sicle. Par ailleurs, l'hellnisation du monde islamique est plus limite et partielle que ce que l'on raconte gnralement, et elle fut surtout le fait des Arabes chrtiens. Mme le domaine de la philosophie islamique (Avicenne, Averros) resta largement tranger l'esprit grec. L'hellnisation de l'Europe chrtienne fut avant tout le fruit de la volont des Europens. Si le terme de racines a un sens pour les civilisations, les racines du monde europen sont grecques, celles du monde islamique ne le sont pas.

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    (vers 1200-1280), saint Thomas d'Aquin (1225-1274), saint Bonaventure (1221-1274), Duns Scot (vers 1266-1308) font la thorie d'

    un christianisme logique, universaliste et raliste, intellectuel et savant,

    augustinien et aristotlicien, dont les cathdrales gothiques sont les illustrations de pierre et de verre36. Que ce soit ces influences individuelles ou le principe de diffusion de l'acte, ces matres d'art vont faire valoir leur talent pour permettre la statuaire et aux vitraux des grandes cathdrales franaises d'exprimer de manire merveilleuse ces articles des sommes thologiques de l'poque. Comme l'a effectivement crit Victor Hugo, "au moyen Age, le genre humain n'a rien pens d'important qu'il ne l'ait crit en pierre." Et le Pre Sertillanges lui fait cho : "C'est que le genre humain pensait alors sous l'aile de la foi ; que ses penses, d'une certaine manire, taient toutes des penses de foi, toutes engages dans le "credo", toutes pntres de l'Esprance qui nous a t donne, toutes prtes l'Amour suprme. Ds lors, le genre humain savait bien o les crire, ses maximes de vie. Et c'est bien ce qui fait appeler la cathdrale une encyclopdie en images." Or dans le mme temps, la thologie apparat comme la science sublime. Il convenait donc que l'art se mt au service de cette rflexion sur Dieu. Si nous reconnaissons avec J. Maritain que "luvre d'art a t pense avant d'tre faite, qu'elle a t ptrie et prpare, forme, couve, mrie dans une raison avant de passer dans la matire", alors "elle gardera toujours la couleur et la saveur de l'esprit" qui l'a conue. "La cathdrale est ne d'une pense chrtienne. Elle est au mme titre que l'ouvrage de Thomas d'Aquin, une somme d'ides, de vie et de sentiments chrtiens". L'architecture gothique mane d'une pense thologique l'poque o les grands matres de la scolastique difiaient leurs sommes thologiques. Cest pourquoi, si la thologie de la cathdrale gothique37

    nous enseigne, par la vritable encyclopdie de ce quelle donne voir, que Dieu est lumire et que cet difice est un microcosme de la cration de l'univers et de l'homme,

    si elle dveloppe dans la pierre et le verre le trait de Dieu et de son Salut, et illustre monumentalement les mystres de l'Incarnation et de la Rdemption ;

    si, lhomme pcheur, elle offre un magnifique chemin vers la saintet - [tant lintrieur du vaisseau, o vitraux et statues dploient face lil tonn les horizons

    imagins de visions eschatologiques, - qu lespace extrieur infini o un Jugement Dernier et/ou un Couronnement de la Vierge

    Marie, ouvre(nt) au-del des portails sur les ciels de lHistoire le dessein universel du Crateur]

    ainsi la thologie de la messe romaine

    partir dun peu de pain et dun peu de vin

    36 E.Panovski fait mme remarquer que "dans la priode qui va de 1130-1140 environ 1270 environ, on peut observer une connexion entre l'art gothique et la scolastique, qui est plus concrte qu'un simple "paralllisme" et plus gnral cependant que ces "influences" individuelles que les conseillers rudits exercent sur les peintres, les sculpteurs, les architectes." 37 On peut parler de la thologie plastique du plafond de la Sixtine : voir mon DVD, Les Ignudi, ou Ltreinte dternit. Ou encore mieux lessai magnifique de Michel Masson, La Voie Nue, Le Cerf 2004

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    fut monte , en quelque 8 sicles, dans une magnificence et une profusion infinie de significations pour

    rendre (le) prsent (de) Dieu - Pre Fils et Esprit -, dans le Pain et le Vin de lautel chrtien, mmoire relle et non sanglante dune Vie sacrifie une fois pour toutes Jrusalem, pour que revive ternellement lHomme Rpar, sommet de la cration ;

    constituer lalliance dfinitive de Dieu avec le peuple de tous les hommes, dont une femme fut lue dans lHistoire pour les noces eschatologiques ;

    rappeler chaque premier jour de la semaine le mystre de cette nouvelle cration dans lunit et lintgrit rtablies ;

    incorporer, dans cette incarnation eucharistique, la vie humaine dans la vie divine, et la vie divine dans la vie humaine;

    rvler tous les hommes ce mystre cach depuis la fondation du monde que seule la parole de Dieu faite homme peut transformer en le refondant dans lamour ternel ;

    universaliser la divinisation de lhomme par la foi en Celui qui vient chaque messe sur lautel au nom de Dieu.

    Cest bien dun christianisme logique, universaliste et raliste, intellectuel et savant, augustinien et aristotlicien que nous hritons, dans les deux cas, de la cathdrale gothique franaise et de la messe catholique romaine. Et cest en mme temps avec Paul et les Ephsiens (inspir de 3, 14-20) que nous tombons genoux devant le Pre de notre Seigneur Jsus Christ qui puise dans les trsors infinis de sa grce et nous comble de bien par son Esprit afin que grandisse en nous l'homme intrieur. Nous pourrons alors connatre les extraordinaires dimensions de l'amour de Dieu (...) : longueur, largeur, hauteur, profondeur qui dpasse toute connaissance et nous serons emplis de toute la plnitude de Dieu Car il peut faire, par sa puissance qui agit en nous, infiniment au del de ce que nous demandons et concevons Cest enfin plein dadmiration devant la parfaite majest crmoniaire que nous entrons dans cette messe cathdrale ! En voici le script avec explications: 1. RITES DOUVERTURE Les rites qui prcdent la liturgie de la parole, cest--dire lintrot, la salutation, lacte pnitentiel, le Kyrie, le Gloria et la collecte, ont le caractre

    dune ouverture, dune introduction et dune prparation.

    Leur but est que les fidles runis en corps ralisent une communion, et se disposent bien entendre la parole de Dieu et clbrer dignement lEucharistie.

    A - Introt Lorsque le peuple est rassembl, tandis que le prtre entre avec le diacre et les ministres, on commence le chant dintrot. Le but de ce chant est douvrir la clbration,

    de favoriser lunion de ceux qui sont assembls, dintroduire leur esprit dans le mystre du temps liturgique ou de la fte, et daccompagner la procession des prtre et ministres.

    Il est excut alternativement par la schola et le peuple ou, de la mme manire, par le chantre et le peuple, ou bien entirement par le peuple ou par la schola seule. On peut employer

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    ou bien lantienne avec son psaume qui se trouve soit dans le Graduale Romanum soit dans le Graduale Simplex ; ou bien un autre chant accord au caractre de laction sacre, du jour ou du temps, dont le texte est approuv

    par la Confrence des vques. Si lon na pas de chant dintrot, lantienne marque au Missel est rcite

    soit par les fidles, soit par quelques-uns dentre eux, soit par le lecteur ou, dfaut, par le prtre lui-mme, qui peut aussi ladapter la manire dune monition douverture

    B - Salutation lautel et au peuple rassembl Lorsquils sont arrivs au sanctuaire, le prtre, le diacre et les ministres saluent lautel dune inclination

    profonde. Pour exprimer leur vnration, le prtre et le diacre baisent ensuite lautel ; et le prtre, selon lopportunit,

    encense la croix et lautel. Lorsque le chant dintrot est achev, le prtre, debout au sige, fait le signe de la croix en mme temps que toute

    lassemble ; puis, par la salutation la communaut rassemble, il marque la prsence du Seigneur. Cette salutation et la rponse du peuple manifestent le mystre de lglise rassemble.

    Aprs la salutation au peuple, le prtre, le diacre, ou un ministre lac, peut introduire les fidles la Messe du jour par quelques mots trs brefs.

    C - Acte pnitentiel38 Ensuite, le prtre invite lacte pnitentiel, o, aprs une brve pause de silence, toute la communaut rcite une

    formule de confession gnrale, que le prtre conclut par une absolution qui na pas toutefois lefficacit du sacrement de Pnitence.

    Le dimanche, surtout au temps pascal, la place de lacte pnitentiel habituel, on peut loccasion faire la bndiction et laspersion deau en mmoire du baptme.

    *** Kyrie, eleison Aprs lacte pnitentiel, on commence toujours Kyrie eleison, moins que cette invocation nait dj trouv place

    dans lacte pnitentiel. Puisque cest un chant par lequel les fidles acclament le Seigneur et implorent sa misricorde, il est

    habituellement accompli par tous, le peuple et la schola ou le chantre y tenant videmment leur partie. Chaque acclamation est habituellement donne deux fois, mais il nest pas exclu de la rpter davantage, en

    raison du gnie des diverses langues, ou de lart musical, ou des circonstances. Quand le Kyrie est chant comme partie de lacte pnitentiel, un trope prcde chaque acclamation

    D -Gloria in excelsis Le Gloria est une hymne trs ancienne et vnrable par laquelle lglise, rassemble dans lEsprit Saint, glorifie

    Dieu le Pre et lAgneau et adresse lAgneau ses prires de supplication. Le texte de cette hymne ne peut pas tre remplac par un autre. Entonn par le prtre ou, si cest opportun, par le

    chantre ou par la schola, le Gloria est chant soit par tous ensemble, soit par le peuple alternant avec la schola, soit par la schola seule. Si on ne le chante pas, il est rcit par tous, ensemble ou par deux churs alterns.

    Il est chant ou dit le dimanche en dehors des temps de lAvent et du Carme, ainsi quaux solennits, aux ftes et aux clbrations particulires faites avec plus de solennit.

    E - Collecte Ensuite le prtre invite le peuple prier et tous gardent le silence avec le prtre pendant un peu de temps, pour

    prendre conscience quils se tiennent sous le regard de Dieu et pouvoir exprimer intrieurement leurs intentions. Puis le prtre prononce loraison, habituellement appele collecte , qui exprime le caractre de la clbration.

    Selon lantique tradition de lglise, la collecte sadresse habituellement Dieu le Pre, par le Christ, dans lEsprit Saint et se termine par une conclusion trinitaire, cest--dire par la conclusion longue, de la manire suivante :

    si elle est adresse au Pre : Per Dominum nostrum Iesum Christum Filium tuum, qui tecum vivit et regnat in unitate Spiritus Sancti, Deus, per omnia scula sculorum ; si elle est adresse au Pre, mais avec mention du Fils la fin : Qui tecum vivit et regnat in unitate Spiritus Sancti, Deus, per omnia scula sculorum ; si elle est adresse au Fils : Qui vivis et regnas cum Deo Patre in unitate Spiritus Sancti, Deus, per omnia scula sculorum.

    Le peuple sunit la prire, et la fait sienne par lacclamation Amen. la Messe on dit toujours une seule collecte.

    2. LITURGIE DE LA PAROLE La partie principale de la liturgie de la parole est constitue

    des lectures tires de la sainte criture avec les chants qui sy intercalent, que lhomlie,

    38 La vie du cur d'Ars, mdite par Mgr Daniel Pzeril, montre les ultimes implications de la communion : s'asseoir la table des pcheurs.

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    la profession de foi et la prire universelle dveloppent et concluent.

    - Car dans les lectures, que lhomlie explique, Dieu adresse la parole son peuple, rvle le mystre de la rdemption et du salut, et offre une nourriture spirituelle ; et le Christ lui-mme est prsent par sa parole au milieu des fidles. - Le peuple fait sienne cette parole divine par le silence et par les chants, et il y adhre par la profession de foi ; nourri par elle, il met des supplications lors de la prire universelle pour les besoins de toute lglise et pour le salut du monde entier.

    Silence(s) La liturgie de la parole est clbre de manire favoriser la mditation, cest--dire en vitant toute forme de

    prcipitation faisant obstacle au recueillement. Il convient mme quelle comprenne de brefs moments de silence adapts lassemble runie, o, avec laide de

    lEsprit Saint, la parole de Dieu est accueillie dans le cur et la rponse prpare dans la prire. Ces moments de silence peuvent opportunment tre observs, par exemple, avant mme le dbut de la liturgie de

    la parole, aprs la premire et la seconde lecture, et enfin aprs lhomlie.

    A - Lectures bibliques Dans les lectures, la table de la parole de Dieu est dresse pour les fidles, et les trsors bibliques leur sont

    ouverts. Il importe par consquent dobserver la disposition des lectures bibliques, qui montre bien lunit de lun et

    lautre testament et de lhistoire du salut ; et il nest pas permis de remplacer les lectures et le psaume responsorial, qui contiennent la parole de Dieu, par

    dautres textes non bibliques. Dans la clbration de la Messe avec peuple, les lectures sont toujours proclames de lambon. Traditionnellement la fonction de prononcer les lectures ne relve pas de la prsidence mais du ministre. Les

    lectures sont donc proclames par le lecteur tandis que lvangile est annonc par le diacre ou, son dfaut, par un autre prtre. Toutefois sil ny a pas de diacre ou dautre prtre, le prtre clbrant lit lui-mme lvangile ; et sil ne se trouve pas non plus un autre lecteur capable, le prtre clbrant proclame aussi les autres lectures.

    Aprs chaque lecture, le lecteur prononce une acclamation, laquelle, par sa rponse, le peuple rassembl rend honneur la parole de Dieu accueillie dans la foi dun cur reconnaissant.

    La lecture de lvangile constitue le sommet de la liturgie de la parole. La Liturgie elle-mme enseigne de lui accorder la plus grande vnration, en la distinguant des autres lectures

    par des marques dhonneur spcifiques, soit de la part du ministre charg de lannoncer, qui sy prpare par la bndiction et la prire ; soit de la part des fidles, qui par leurs acclamations reconnaissent et professent que le Christ y est prsent et leur

    parle, et qui coutent sa lecture debout ; soit par les signes mmes de vnration accords lvangliaire.

    B - Psaume responsorial La premire lecture est suivie du psaume responsorial, qui fait partie intgrante de la liturgie de la parole et prsente une grande importance liturgique et pastorale, puisquil favorise la mditation de la parole de Dieu. Le psaume responsorial correspond chaque lecture et se prend dordinaire dans le lectionnaire. Il importe que le psaume responsorial soit chant, au moins pour ce qui est de la rponse du peuple. Ainsi le psalmiste, ou chantre du psaume, prononce les versets du psaume depuis lambon ou un autre endroit

    appropri, toute lassemble coutant assise, et participant habituellement par le refrain, moins que le psaume ne soit donn de manire suivie, cest--dire sans refrain.

    Cependant, pour que le peuple puisse plus facilement donner une rponse en forme de psalmodie, quelques textes de refrains et de psaumes pour les divers temps de lanne ou pour les diffrentes catgories de saints ont t slectionns, qui peuvent tre employs quand le psaume est chant, la place du texte correspondant la lecture.

    Si le psaume ne peut tre chant, on le rcite de la manire la plus apte favoriser la mditation de la parole de Dieu.

    Au lieu du psaume marqu dans le lectionnaire, on peut encore chanter le rpons graduel du Graduale Romanum, ou le psaume responsorial ou allluiatique du Graduale simplex, comme il est marqu dans ces livres.

    C - Acclamation avant lvangile Aprs la lecture qui prcde immdiatement lvangile on chante lAlleluia ou lautre chant tabli par les

    rubriques, selon ce que demande le temps liturgique. Ce genre dacclamation constitue un rite ou une action ayant valeur en soi o, par le chant, lassemble des

    fidles accueille le Seigneur qui va leur parler dans lvangile, le salue et professe sa foi. La schola ou le chantre entonnent lacclamation qui est chante par tous debout, puis, le cas chant, rpte ; le

    verset est chant par la schola ou le chantre. - LAlleluia est chant en tout temps en dehors du Carme. Le verset est pris au lectionnaire ou au

    Graduale. - Pendant le Carme, la place de lAlleluia on chante le verset avant lvangile figurant au

    lectionnaire. On peut aussi chanter un autre psaume ou trait, tel quon le trouve au Graduale. Quand il ny a quune seule lecture avant lvangile :

    - au temps o lAlleluia est dit, on peut employer soit un psaume allluiatique, soit le psaume et lAlleluia

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    avec son verset ; - au temps o lAlleluia nest pas dit, on peut employer soit le psaume et le verset avant lvangile, soit

    seulement le psaume ; - lAlleluia ou verset avant lvangile peut tre omis si on ne le chante pas

    La squence, qui est ad libitum sauf aux jours de Pques et de la Pentecte, est chante avant lAlleluia.

    D - Homlie Lhomlie

    fait partie de la liturgie et elle est fort recommande car elle est ncessaire pour nourrir la vie chrtienne. Elle doit expliquer soit un aspect des lectures de la sainte criture ou bien un autre texte de lOrdinaire ou du

    Propre de la Messe du jour, en tenant compte

    - soit du mystre que lon clbre, - soit des besoins particuliers des auditeurs Lhomlie est faite habituellement

    par le prtre clbrant ou par un prtre conclbrant qui il la confie, ou parfois, selon lopportunit, mme par un diacre, mais jamais par un lac.

    - Dans des cas particuliers et pour une juste cause, lhomlie peut aussi tre faite par lvque ou par un prtre qui participe la clbration sans pouvoir conclbrer. - Les dimanches et ftes de prcepte, lhomlie est requise toutes les Messes qui se clbrent avec concours de peuple et ne peut tre omise que pour un motif grave ; - elle est recommande les autres jours, surtout aux fries de lAvent, du Carme et du temps pascal, ainsi quaux autres ftes et aux occasions o le peuple se rend lglise en plus grand nombre. - Aprs lhomlie, on observe avantageusement un bref moment de silence.

    E - Profession de foi Le Symbole, ou profession de foi, vise ce que tout le peuple rassembl

    rponde la parole de Dieu annonce dans les lectures de la sainte criture et explique dans lhomlie, et, en professant la rgle de foi selon une formulation approuve pour lusage liturgique, se rappelle et professe les grands mystres de la foi avant que ne commence leur clbration dans lEucharistie.

    - Le Symbole est chant ou dit par le prtre avec le peuple le dimanche et aux solennits ; - on peut aussi le dire aux clbrations particulires faites avec solennit. - Sil est chant, il est entonn par le prtre ou, selon lopportunit, par le chantre ou par la schola, puis il est chant soit par tous ensemble soit par le peuple en alternance avec la schola. - Sil nest pas chant, il est rcit par tous ensemble ou par deux churs qui se rpondent en alternance.

    F - Prire universelle La parole de Dieu

    reue dans la foi et, exerant la fonction de son sacerdoce baptismal, prsente Dieu des prires pour le salut de tous.

    Il convient que cette prire ait lieu habituellement aux Messes avec peuple, afin que lon fasse des supplications pour la sainte glise, pour les pouvoirs qui nous gouvernent, pour ceux qui sont accabls par divers besoins, ainsi que pour tous les hommes et pour le salut du monde entier.

    Les intentions sont habituellement : pour les besoins de lglise, pour les dirigeants des affaires publiques et le salut du monde entier, pour ceux qui sont accabls par toute sorte de difficults, pour la communaut locale. Toutefois, dans une clbration particulire, comme une confirmation, un mariage ou des obsques, la liste

    dintentions pourra sappliquer plus exactement cette occasion particulire. Cest le prtre clbrant qui, du sige, dirige la prire.

    Il lintroduit par une brve monition qui invite les fidles prier, et il la conclut par une oraison. Les intentions proposes doivent tre dune sobre et sage simplicit comportant peu de mots, et exprimant la

    supplication de toute la communaut. Elles sont profres dordinaire lambon, ou un autre lieu appropri, par le diacre, ou par le chantre ou le

    lecteur, ou par un fidle lac.

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    Le peuple debout exprime sa supplication, soit par une invocation commune aprs chacune des intentions, soit par la prire silencieuse.

    3. LITURGIE EUCHARISTIQUE la dernire Cne, le Christ institua le sacrifice et le banquet pascal par lequel le sacrifice de la Croix est sans cesse rendu prsent dans lglise lorsque le prtre, reprsentant le Christ Seigneur, accomplit cela mme que le Seigneur lui-mme a fait et quil a transmis ses disciples pour quils le fassent en mmoire de lui.

    En effet, le Christ prit le pain et le calice, rendit grce, fit la fraction et les donna ses disciples, en disant : Prenez, mangez, buvez ; ceci est mon Corps ; ceci est le calice de mon Sang. Vous ferez cela en mmoire de moi. Aussi lglise a-t-elle distribu toute la clbration de la liturgie eucharistique en parties qui correspondent ces paroles et ces actes du Christ. De fait :

    Dans la prparation des dons, on apporte lautel le pain et le vin avec leau, cest--dire les lments que le Christ a pris dans ses mains.

    Dans la Prire eucharistique, on rend grce Dieu pour toute luvre du salut, et les dons offerts deviennent le Corps et le Sang du Christ.

    Par la fraction du pain et par la communion, les fidles, aussi nombreux soient-ils, reoivent dun seul pain le Corps et dun seul calice le Sang du Seigneur de la mme manire que les Aptres les ont reus des mains du Christ lui-mme.

    A - Prparation des dons Au commencement de la liturgie eucharistique, on apporte lautel les dons qui deviendront le Corps et le Sang

    du Christ. Dabord on prpare lautel, ou table du Seigneur, qui est le centre de toute la liturgie eucharistique, en y

    disposant le corporal, le purificatoire, le missel et le calice, moins que celui-ci ne soit prpar la crdence. Puis on apporte les offrandes : il est louable que les fidles prsentent le pain et le vin, toutefois le prtre ou le

    diacre les reoit un endroit favorable et les dpose sur lautel. Bien que ce ne soit plus, comme autrefois, de leurs propres biens que les fidles amnent du pain et du vin destins la liturgie, nanmoins ce rite de lapport garde sa valeur et sa signification spirituelle.

    On peut aussi recevoir de largent, ou dautres dons au profit des pauvres ou de lglise, qui sont apports par les fidles ou recueillis dans lglise ; on les dpose un endroit appropri, hors de la table eucharistique.

    - La procession qui apporte les dons est accompagne par le chant doffertoire, qui se prolonge au moins jusqu ce que les dons aient t dposs sur lautel. - Les normes qui concernent la manire dexcuter ce chant sont les mmes que pour le chant dintrot. Le chant peut toujours accompagner les rites de loffertoire, mme sil ny a pas de procession des dons.

    Le pain et le vin sont dposs sur lautel par le prtre avec laccompagnement des formules tablies ; le prtre peut encenser les dons placs sur lautel, puis la croix et lautel lui-mme, pour signifier que loblation

    de lglise et sa prire montent comme lencens devant la face de Dieu. Puis, le prtre, cause de son ministre sacr, et le peuple, en raison de sa dignit baptismale, peuvent tre

    encenss par le diacre ou un autre ministre. Ensuite le prtre se lave les mains ct de lautel, rite qui exprime le dsir de purification intrieure.

    B - Prire sur les offrandes Lorsquon a dpos les offrandes et accompli les rites daccompagnement, on conclut la prparation des dons et on prpare la Prire eucharistique par une invitation prier ensemble avec le prtre et par la prire sur les offrandes. chaque Messe, on ne dit quune seule prire sur les offrandes, qui se termine par la conclusion brve, qui est :

    Per Christum Dominum nostrum ; ou si elle fait mention du Fils la fin : Qui vivit et regnat in scula sculorum. Le peuple sunit la prire, et la fait sienne par lacclamation Amen.

    C - Prire eucharistique Maintenant commence ce qui est

    le centre et le sommet de toute la clbration, savoir la Prire eucharistique, qui est une prire daction de grce et de sanctification. - Le prtre invite le peuple lever les curs vers le Seigneur dans la prire et laction de grce, - et il se lassocie dans la prire quil adresse, au nom de toute la communaut, Dieu le Pre par Jsus Christ dans lEsprit Saint. - Le sens de cette prire est que toute lassemble des fidles sunisse au Christ dans la confession des hauts faits de Dieu et dans loblation du sacrifice. - La Prire eucharistique exige que tous lcoutent avec respect en silence.

    Les 8 principaux lments qui forment la Prire eucharistique peuvent tre distingus

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    ainsi : 1. Laction de grce (qui sexprime surtout dans la Prface), o le prtre, au nom de tout le peuple saint, glorifie

    Dieu le Pre et lui rend grce pour toute luvre de salut, ou pour un de ses aspects particuliers, selon la diversit des jours, des ftes ou des temps.

    2. Lacclamation : o toute lassemble, sunissant aux puissances clestes, chante le Sanctus. Cette acclamation, qui fait partie de la Prire eucharistique elle-mme, est prononce par tout le peuple avec le prtre.

    3. Lpiclse : o par des invocations particulires, lglise implore la puissance de lEsprit Saint, pour que les dons offerts par les hommes soient consacrs, cest--dire deviennent le Corps et le Sang du Christ, et pour que la victime sans tache, qui sera reue dans la Communion, profite au salut de ceux qui vont y participer.

    4. Le rcit de linstitution et la conscration : par les paroles et les actions du Christ saccomplit le sacrifice que le Christ lui-mme institua la dernire Cne, lorsquil offrit son Corps et son Sang sous les espces du pain et du vin, les donna manger et boire aux Aptres, et leur laissa lordre de perptuer ce mystre.

    5. Lanamnse : par laquelle, en accomplissant lordre reu du Christ Seigneur par lintermdiaire des Aptres, lglise fait mmoire du Christ lui-mme, se souvenant principalement de sa bienheureuse Passion, de sa glorieuse Rsurrection, et de son Ascension dans le Ciel.

    6. Loblation : par laquelle, en cette mmoire, lglise, et surtout celle qui est actuellement rassemble, offre au Pre, dans le Saint-Esprit, la victime sans tache. En effet, lglise veut que les fidles non seulement offrent cette victime sans tache, mais encore quils apprennent soffrir eux-mmes et soient consomms de jour en jour, par la mdiation du Christ, dans lunit avec Dieu et entre eux, pour qu la fin Dieu soit tout en tous.

    7. Les intercessions : qui manifestent que lEucharistie est clbre en union avec toute lglise, tant celle du Ciel que celle de la terre, et que loblation est faite pour elle et pour tous ses membres vivants et dfunts, qui sont appels participer la rdemption et au salut qui ont t acquis par le Corps et le Sang du Christ.

    8. La doxologie finale : qui exprime la glorification de Dieu, et qui est ratifie et conclue par lacclamation Amen du peuple.

    4. RITES DE COMMUNION Puisque la clbration eucharistique est le banquet pascal, il convient que, selon lordre du Seigneur, son Corps et son Sang soient reus par les fidles bien prpars comme une nourriture spirituelle. Cest cela que tendent la fraction et les autres rites prparatoires par lesquels les fidles sont immdiatement amens la communion.

    A - Oraison dominicale Dans lOraison dominicale,

    on demande le pain quotidien qui, pour les chrtiens, voque surtout le Pain eucharistique, et on y implore la purification des pchs, pour que les choses saintes soient vraiment donnes aux saints. Le prtre prononce linvitation la prire, tous les fidles disent lOraison avec le prtre, et le prtre seul ajoute lembolisme que le peuple conclut par la doxologie.

    - Lembolisme, qui dveloppe la dernire demande de lOraison dominicale, demande la libration du pouvoir du mal pour toute la communaut des fidles. - Linvitation, lOraison proprement dite, lembolisme et la doxologie par laquelle le peuple conclut cet ensemble, sont chants ou rcits haute voix.

    B - Rite de paix Vient ensuite le rite de la paix, o lglise implore la paix et lunit pour elle-mme et pour toute la famille

    humaine et o les fidles expriment leur communion dans lglise et leur amour mutuel avant de communier au Sacrement.

    En ce qui concerne le signe de paix transmettre, son mode est dterminer par les Confrences des vques, selon la mentalit, les us et coutumes des peuples.

    Il convient toutefois que chacun souhaite la paix de manire sobre et uniquement ceux qui se trouvent le plus prs.

    C - Fraction du pain Le prtre rompt le Pain eucharistique avec laide, si ncessaire, du diacre ou dun conclbrant. Le geste de la fraction, accompli par le Christ la dernire Cne, et qui donna son nom toute laction eucharistique lge apostolique, signifie que les nombreux fidles, dans la communion lunique Pain de vie, qui est le Christ mort et ressuscit pour le

    salut du monde, deviennent un seul corps (I Co 10, 17). La fraction commence aprs le rite de paix, et doit tre faite avec respect, mais sans la prolonger plus que ncessaire ni lui donner trop dimportance. Ce rite est rserv au prtre et au diacre.

    Le prtre rompt le Pain et laisse tomber dans le calice un fragment de lHostie, pour signifier lunit du Corps et du Sang du Seigneur dans luvre du salut,

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    cest--dire le Corps de Jsus Christ vivant et glorieux. Linvocation Agnus Dei est habituellement chante par la schola ou le chantre, et le peuple y rpond, ou bien elle

    est dite haute voix. Cette invocation accompagne la fraction du pain et peut donc tre rpte autant de fois quil est ncessaire

    jusqu ce que le rite soit achev. La dernire fois, elle est conclue par les mots : donna nobis pacem.

    D - Communion Par une prire voix basse, le prtre se prpare recevoir fructueusement le Corps et le Sang du Christ. Les

    fidles font de mme par une prire silencieuse. Puis, le prtre montre aux fidles le Pain eucharistique, au-dessus de la patne ou au-dessus du calice, et les

    invite au banquet du Christ ; puis, en mme temps que les fidles, il fait un acte dhumilit, en reprenant les paroles vangliques indiques.

    Il est trs souhaitable que les fidles, comme le prtre est tenu de le faire lui-mme, reoivent le Corps du Seigneur avec des hosties consacres cette mme Messe et, dans les cas prvus, quils participent au Calice afin que, mme par ses signes, la communion apparaisse mieux comme une participation au sacrifice actuellement clbr.

    Pendant que le prtre consomme le Sacrement, on commence le chant de communion, pour exprimer lunion spirituelle entre les communiants par lunit des voix, montrer la joie du cur et mettre davantage en lumire le caractre communautaire de la procession pour recevoir lEucharistie.

    Le chant se prolonge pendant que les fidles reoivent le Sacrement. Mais sil y a une hymne aprs la communion, le chant de communion sarrte au moment opportun. On veillera ce que les chanteurs aussi puissent communier commodment.

    Pour le chant de communion, on peut prendre ou bien lantienne de Graduale Romanum, soit avec un psaume soit seule, ou bien lantienne avec le psaume de Graduale simplex, ou encore un autre chant appropri approuv par la Confrence des vques.

    Le chant est excut soit par la schola seule, soit par la schola ou le chantre avec le peuple. Si toutefois il ny a pas de chant, lantienne marque au Missel peut tre rcite soit par les fidles, soit par

    quelques-uns dentre eux, soit par le lecteur, sinon par le prtre lui-mme aprs quil a communi et avant quil ne distribue la Communion aux fidles.

    Lorsque la distribution de la Communion est acheve, selon lopportunit, le prtre et les fidles prient intrieurement pendant un certain laps de temps. Si on dcide ainsi, toute lassemble peut aussi excuter un psaume, un autre chant de louange ou une hymne.

    1. Pour achever la prire du peuple de Dieu et conclure tout le rite de communion, le prtre dit la prire aprs la communion, dans laquelle il demande les fruits du mystre clbr.

    2. chaque Messe, on ne dit quune seule prire aprs la communion, qui se termine par la conclusion brve, savoir :

    si elle est adresse au Pre : Per Christum Dominum nostrum ; si elle est adresse au Pre, mais avec mention du Fils la fin : Qui vivit et regnat in scula sculorum ; si elle est adresse au Fils : Qui vivis et regnas in scula sculorum. 3. Le peuple fait sienne cette oraison par lacclamation Amen.

    5. RITES DE CONCLUSION Font partie des rites de conclusion :

    de brves annonces, si ncessaire ; la salutation et la bndiction du prtre qui, en certains jours et certaines occasions, est enrichie et dveloppe

    par une prire sur lassemble ou par une autre formule solennelle ; le renvoi de lassemble fait par le diacre ou le prtre, afin que chacun retourne ses bonnes uvres en louant

    Dieu et en le bnissant ; le baiser de lautel par le prtre et le diacre, suivi de linclination profonde vers lautel par le prtre, le diacre et

    les autres ministres.

    A la table eucharistique la Parole, le Verbe, le Logos sont ainsi servis sous tr