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CANOË KAYAK en collaboration avec l'INSEP. pour quantifier et mieux appréhender ces éléments décisifs pour l'améliora- tion des performances. Le travail physique La presque totalité des athlètes de l'équipe de France s'entraîne dans des centres nationaux. L'entraînement en groupe a de gros avantages : motivation, comparai- son, confrontation, auto-évaluation, communication autour des thèmes de séance .... Pour mieux exploiter l'ensemble de ces possibilités de progrès, un programme cadre annuel détaillé est réalisé par les entraîneurs nationaux. Sa mise en place est assurée par le responsable de centre. Il adapte le contenu aux exigences maté- rielles du centre et à la population d'athlètes. En 96, les athlètes sélectionnés aux JO ont, quant à eux, bénéficié d'un programme personnalisé avec un contrôle permanent de l'entraîne- ment, (suivi de séances, tests de ter- rain, tests physiologiques, suivi médical). Des regroupements mensuels sont proposés sur l'ensemble de la saison, ils sont orientés principalement sur la préparation technique et physique pendant le début de saison, dans la période de compétitions pré-olym- piques ils permettent de travailler l'ensemble des exigences liées à la gestion de course. Le matériel de compétition Les bateaux employés par l'équipe de France sont tous en compo- site, (epoxycarbone). Un canoë monoplace en bois, uti- lisé sur la course de 1000 m, fait encore exception à la règle. Peu de nouveautés pour les formes de coques. Seule l'équipe d'Allemagne a modi- fié le pont de ses bateaux. Cette modification semble être surtout intéressante pour les canoës qui, grâce à des lignes de bordés très creuses, peuvent avoir une trajectoire propulsive plus proche de l'axe longitudi- nal du bateau. Objectif : l'effi- cacité de la propulsion et une réduction des problèmes de direction liés à la propulsion unilatérale. La France mène depuis trois ans une recherche sur de nou- velles formes de coques. Les nouveaux modèles aux formes arrières planantes n'ont pas pu être optimisés et utilisés en 96. Les différences importantes dans la conduite de ces bateaux, imposent une adapta- tion de la propulsion et de la gestion, l'effort nécessitant plusieurs mois d'entraînement. Les pagaies ont elles aussi peu évolué. Unanimement utilisés, les profils très creux restent au même concept : l'accrochage dynamique dans l'eau. Ici encore, avec de tels outils, les qualités techniques sont déter- minantes pour créer et exploi- ter l'appui. Les épreuves olympiques La France est représentée dans six épreuves sur les douze pos- sibles par huit athlètes (3 dames et 5 hommes). Deux temps se distinguent dans l'organisation de la pré- paration terminale : - le premier, un long séjour d'entraînement en France (3 semaines). Il est plus efficace et sécurisant de travailler sur un bassin et un environnement bien connus. Deux sites ont été rete- nus. Un pour l'équipe canoë et un pour le kayakistes. Cette répartition a permis d'intégrer des partenaires d'entraînement sans surcharge d'ef- fectif. Ces bateaux au potentiel proche des équipes sélectionnées ont été d'un grand intérêt pour la moti- vation et la préparation. le second, sur le site olympique à 80 km d'Atlanta, superbement amé- nagé et organisé. Trois bateaux accèdent enfinale(9 bateaux). Le canoë monoplace et le kayak biplace tous deux sur 1000m réalisent deux places de 5 e . Le troi- sième bateau, le kayak biplace darnes sur 500m se classe 9 e . Les trois autres bateaux butèrent en demi -finale.Le canoë mono 500m qui n'ira pas enfinalemais signera le 10 temps de la catégorie, (premier bateau hors finale), et les deux kayaks monoplace hommes et dames. Les athlètes confirmés possédant le vécu de plusieurs épreuves olym- piques, réalisent de belles perfor- mances. Avec une course parfaite, une place sur le podium était à la portée du kayak biplace hommes. Il échoue de 2/10 e de seconde sur les tout derniers mètres de course. Quant aux moins expérimentés, cer- tains réalisent de belles courses comme le kayak biplace dames. D'autres n'ont pas réussi à cette occasion à exprimer leur potentiel pourtant affirmé lors des épreuves de sélection. La jeunesse de cette équipe a été un handicap certain. Les JO 96 appa- raissent, pour l'équipe de France, comme l'étape obligatoire vers la réalisation de performances de très haut niveau. François Durand Entraîneur national. LE SLALOM A l'issue des épreuves olympiques de Barcelone en 1992, au cours des quelles l'équipe de France de Slalom s'était illustrée en remportant une médaille d'argent et deux médailles de bronze, l'objectif pour 1996 apparaissait clairement : ramener une médaille d'or d'Atlanta. Nous savions après les Jeux Olympiques de 1992 qu'il n'y aurait pas de bouleversement au sein de l'équipe, la plupart des ath- lètes et des entraîneurs ayant déci- dé de poursuivre sur une nouvelle olympiade. L'ossature de la nouvelle équipe s'appuie sur les « anciens » de Barcelone, en s'étoffant d'un certain nombre de jeunes talents prometteurs. Nous appliquerons alors chaque année la politique de « l'entonnoir », pour parvenir à préparer une équipe réduite les deux dernières saisons. PHOTO : NATHAN BILOW (ALLSPORT/VANDYSTADT) EPS № 262 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1996 41 Revue EP.S n°262 Novembre-Décembre 1996 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

vingt-troisième, après avoir accumulé quelquesuv2s.cerimes.fr/media/revue-eps/media/articles/pdf/70262-41.pdf · Le système de sélection très sévère, mais très ouvert, ne

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CANOË KAYAK

en collaboration avec l'INSEP. pour quantifier et mieux appréhender ces éléments décisifs pour l'améliora­tion des performances.

Le travail physique La presque totalité des athlètes de l'équipe de France s'entraîne dans des centres nationaux. L'entraînement en groupe a de gros avantages : motivation, comparai­son, confrontation, auto-évaluation, communication autour des thèmes de séance.... Pour mieux exploiter l'ensemble de ces possibilités de progrès, un programme cadre annuel détaillé est réalisé par les entraîneurs nationaux. Sa mise en place est assurée par le responsable de centre. Il adapte le contenu aux exigences maté­

rielles du centre et à la population d'athlètes. En 96, les athlètes sélectionnés aux JO ont, quant à eux, bénéficié d'un programme personnalisé avec un contrôle permanent de l'entraîne­ment, (suivi de séances, tests de ter­rain, tests physiologiques, suivi médical). Des regroupements mensuels sont proposés sur l'ensemble de la saison, ils sont orientés principalement sur la préparation technique et physique pendant le début de saison, dans la période de compétitions pré-olym­piques ils permettent de travailler l'ensemble des exigences liées à la gestion de course.

Le matériel de compétition Les bateaux employés par l'équipe

de France sont tous en compo­site, (epoxycarbone). Un canoë monoplace en bois, uti­lisé sur la course de 1000 m, fait encore exception à la règle. Peu de nouveautés pour les formes de coques. Seule l'équipe d'Allemagne a modi­fié le pont de ses bateaux. Cette modification semble être surtout intéressante pour les canoës qui, grâce à des lignes de bordés très creuses, peuvent avoir une trajectoire propulsive plus proche de l'axe longitudi­nal du bateau. Objectif : l'effi­cacité de la propulsion et une réduction des problèmes de direction liés à la propulsion unilatérale. La France mène depuis trois ans une recherche sur de nou­velles formes de coques. Les nouveaux modèles aux formes arrières planantes n'ont pas pu être optimisés et utilisés en 96. Les différences importantes dans la conduite de ces bateaux, imposent une adapta­tion de la propulsion et de la gestion, l'effort nécessitant plusieurs mois d'entraînement. Les pagaies ont elles aussi peu évolué. Unanimement utilisés, les profils très creux restent au même concept : l'accrochage dynamique dans l'eau. Ici encore, avec de tels outils, les qualités techniques sont déter­minantes pour créer et exploi­ter l'appui.

Les épreuves olympiques La France est représentée dans six épreuves sur les douze pos­sibles par huit athlètes (3 dames et 5 hommes). Deux temps se distinguent dans l'organisation de la pré­paration terminale : - le premier, un long séjour d'entraînement en France (3 semaines). Il est plus efficace et sécurisant de travailler sur un bassin et un environnement

bien connus. Deux sites ont été rete­nus. Un pour l'équipe canoë et un pour le kayakistes. Cette répartition a permis d'intégrer des partenaires d'entraînement sans surcharge d'ef­fectif. Ces bateaux au potentiel proche des équipes sélectionnées ont été d'un grand intérêt pour la moti­vation et la préparation.

le second, sur le site olympique à 80 km d'Atlanta, superbement amé­nagé et organisé. Trois bateaux accèdent en finale (9 bateaux). Le canoë monoplace et le kayak biplace tous deux sur 1000m réalisent deux places de 5e. Le troi­sième bateau, le kayak biplace darnes sur 500m se classe 9e. Les trois autres bateaux butèrent en demi - finale. Le canoë mono 500m qui n'ira pas en finale mais signera le 10 temps de la catégorie, (premier bateau hors finale), et les deux kayaks monoplace hommes et dames. Les athlètes confirmés possédant le vécu de plusieurs épreuves olym­piques, réalisent de belles perfor­mances. Avec une course parfaite, une place sur le podium était à la portée du kayak biplace hommes. Il échoue de 2/10e de seconde sur les tout derniers mètres de course. Quant aux moins expérimentés, cer­tains réalisent de belles courses comme le kayak biplace dames. D'autres n'ont pas réussi à cette occasion à exprimer leur potentiel pourtant affirmé lors des épreuves de sélection. La jeunesse de cette équipe a été un handicap certain. Les JO 96 appa­raissent, pour l'équipe de France, comme l'étape obligatoire vers la réalisation de performances de très haut niveau.

François Durand Entraîneur national.

LE SLALOM A l'issue des épreuves olympiques de Barcelone en 1992, au cours des quelles l'équipe de France de Slalom s'était illustrée en remportant une médaille d'argent et deux médailles de bronze, l'objectif pour 1996 apparaissait clairement : ramener une médaille d'or d'Atlanta. Nous savions après les Jeux Olympiques de 1992 qu'il n'y aurait pas de bouleversement au sein de l'équipe, la plupart des ath­lètes et des entraîneurs ayant déci­dé de poursuivre sur une nouvelle olympiade. L'ossature de la nouvelle équipe s'appuie sur les « anciens » de Barcelone, en s'étoffant d'un certain nombre de jeunes talents prometteurs. Nous appliquerons alors chaque année la politique de « l'entonnoir », pour parvenir à préparer une équipe réduite les deux dernières saisons.

P H O T O : NATHAN BILOW (ALLSPORT/VANDYSTADT)

E P S № 2 6 2 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1 9 9 6 41 Revue EP.S n°262 Novembre-Décembre 1996 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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Le système de sélection très sévère, mais très ouvert, ne ferme la porte à personne : trois courses en cinq jours, disputées chaque année trois mois avant les grandes épreuves. Sept athlètes sur les onze de l'équipe d'Atlanta étaient déjà à Barcelone. Pour gagner, nous avons continué le travail effectué lors de la pré­cédente olympiade, en affinant quelques point : - mettre l'accent sur la préparation physique et mentale dès 1993 ; - profiter de toutes les grandes compétitions mondiales pour acquérir plus d'expérience et augmenter son capital confiance ; - abandonner le fonctionnement par groupe d'af­finités pour revenir à un fonctionnement par catégorie d'embarcation, tout en conservant des relations fortes au sein du groupe France: on favorise ainsi l'orientation directe et régulière des athlètes d'une même catégorie entre eux. La mise en place de quotas de participation par la fédération internationale n'a permis d'inscrire que deux bateaux par catégorie contre trois à Barcelone. Nous obtiendrons un troisième bateau en canoë monoplace, grâce au désiste­ment de plusieurs nations.

Le bassin de Slalom Situé à 200 km au nord d'Atlanta, le parcours de Slalom de l'Ocoee River est entièrement naturel contrairement à Munich (1972) et à barcelone (1992). La rivière est large, et la pente de 1,5% assez faible, mais le débit de 40 m2/s important. Le temps de course est plus long que d'habitude, les bateaux les plus rapides descendent en deux minutes et vingt et une secondes, vingt secondes de plus que la plupart des grandes épreuves des quatre dernières années. L'éloignement et les caractéristiques du site nous ont conduit à adopter une préparation spé­cifique : - choix des lieux de stages d'entraînement sur des rivières similaires en France et en Europe : - peu de déplacements sur le site olympique ; - travail physique spécifique. Le nombre de jours de stages sur le site étant limité, nous avons mis l'accent sur les qualités d'adaptation de chacun : il fallait que les athlètes puissent réaliser n'importe quel parcours et être capables de réagir à n'importe quelle situation lors du parcours.

La préparation terminale Elle est la clé de la réussite. Les prévisions sur la chaleur régnant à Ocoee. l'heure de route éloi­gnant le village d'athlètes de la rivière et le peu de plages horaires disponibles pour s'entraîner sur le bassin ont poussé les entraîneurs à pro­grammer une arrivée tardive à Atlanta. Nous res­pectons cette donnée en arrivant à chaque fois au dernier moment lors des pré-olympiques de Septembre 1995 et de la Coupe du Monde d'Ocoee d'Avril 1996. seules courses de la sai­son sur le site. Et à chaque fois, l'adaptation a merveilleusement fonctionné. D'autre part, pour s'adapter au décalage horaire, le choix du site de la préparation terminale s'est porté sur une rivière du Québec à Jonquières, la quinzaine précédant l'épreuve olympique. Ce stage terminal a permis de se préparer dans d'ex­cellentes conditions en toute sérénité, et a contri­bué à donner du souffle à la dynamique de l'équipe.

Le matériel On ne verra pas de révolution dans le choix du matériel au cours de ces Jeux Olympiques; les

athlètes des différents pays courent dans des bateaux similaires, plutôt assez volumineux pour bien maîtriser le passage des vagues et des rouleaux. Les matériaux composites assurent une grande rigidité aux embarcations, qualité indispensable sur une rivière volumineuse. Les pagaies sont toutes en carbone et la plupart offrent « une attaque avancée ». pour per­mettre d'accrocher l'eau le plus en avant possible.

Les courses de Slalom On attendait beaucoup de l'équipe de France de Slalom. Elle n'a pas déçu : une médaille d'or, deux médailles de bronze et huit bateaux sur les neuf engagés dans les six premiers. On peut dire qu'elle a parfaitement rempli son contrat ! Les slalomeurs français sont présents aux pre­mières places dans les quatre catégories :

en canoë biplace, les français étaient parmi les favoris. Frank Adisson et Wilfrid Forgues remportent le titre à l'issue d'une seconde manche fabu­leuse. Thierry Saidi. Emmanuel Del Rey ratent de peu le podium accusant une petite faute au cours de la deuxième manche ; ils terminent à une brillan­te cinquième place ; - en canoë monoplace. Patrice Estanguet confirme son énorme potentiel en enlevant la médaille de bronze, ses coéquipiers Hervé Delamarre et Emmanuel Brugvin terminent quant à eux aux excellentes cinquième et sixième places ; -en kayak dames, Myriam Fox-Jerusalmi termine sa très brillante carrière en arrachant une belle médaille de bronze ; Anne Boixel finit à la sixième place, avec une course très rapide, mais créditée par deux pénalités ; - en kayak hommes enfin, les deux jeunes athlètes français partici­pent à leur première grande compétition. Laurent Burtz va cher­cher une incroyable quatrième place après une seconde manche presque parfaite et Jean-Yves Cheutin se classe

vingt-troisième, après avoir accumulé quelques laines. Pour ces deux « bleus » de l'équipe 1996 ainsi que pour quelques autres, la préparation de Sydney 2000 a débuté.

Christophe Prigent Entraîneur national.

PHOTO : IGOR MEIJER (VANDYSTADT)

42 Revue EP.S n°262 Novembre-Décembre 1996 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé