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1 VISITE D’ALBI DU 18 JANVIER 2014 CATHEDRALE SAINTE CECILE COLLEGIALE SAINT-SALVI LES HOTELS PARTICULIERS ET LES MAISONS DU VIEIL ALBY Suite à la conférence du 14 janvier 2014, par Gérard ALQUIER, Professeur d’Histoire honoraire, l’association « archéo/histoire » s’est rendue à Albi le Samedi 18 , pour une visite commentée par Mr Alquier et ayant pour thème la cathédrale gothique Sainte Cécile , la collégiale Saint-Salvi et l’ensemble des quartiers constituant le VIEIL ALBY avec quelques hôtels particuliers de la Renaissance . Le nom d’ALBI « la civitas albigemsium » apparaît pour la première fois dans le tableau des provinces et des cités de la Gaule, « la noticia galliarum ». Durant le Haut Moyen Age, le site primitif est celui du Casteviel à la pointe d’un plateau tranché à l’ouest par le Tarn, et au sud par le ravin du Bondidou. L’homme a choisi de s’installer sur ce site perché à 30 mètres au-dessus du Tarn. Cette bourgade occupe peu d’espace, 30 ha environ et devient dès le IVe siècle le chef-lieu d’une civitas à la tête d’un évêché. Deux noyaux vont se développer facilement défendables. A l’extérieur : - Le premier au voisinage de l’église Saint-Affric. - Le second autour de la collégiale Saint-Salvi. L’essor urbain est confirmé par la construction d’une nouvelle église paroissiale Sainte-Martiane qui jouxte la collégiale. Au XIe siècle , la vieille cité (le Castelviel) et le bourg commencent à s’étaler. La population croît , les échoppes s’ouvrent . Un nouveau quartier « le Castelnau » se crée au sud. Les maisons sont faites de torchis, celles des Albigeois les plus aisés sont à colombages. Les places sont petites (place de la Pile) , les rues étroites , tortueuses , mal pavées . Les venelles, les arrière- cours avec des passages voûtés confèrent à ces lieux un aspect bien triste. Les ordures dans les rues où se trouve le « Mazel » quartier des boucheries génèrent une puanteur. Le quartier commerçant, « la roda de la plassa » s’organise autour de Saint-Salvi , avec ses rues

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VISITE D’ALBI DU 18 JANVIER 2014

CATHEDRALE SAINTE CECILE

COLLEGIALE SAINT-SALVI

LES HOTELS PARTICULIERS ET LES MAISONS DU VIEIL ALBY

Suite à la conférence du 14 janvier 2014, par Gérard ALQUIER, Professeur d’Histoire honoraire, l’association « archéo/histoire » s’est rendue à Albi le Samedi 18 , pour une visite commentée par Mr Alquier et ayant pour thème la cathédrale gothique Sainte Cécile , la collégiale Saint-Salvi et l’ensemble des quartiers constituant le VIEIL ALBY avec quelques hôtels particuliers de la Renaissance . Le nom d’ALBI « la civitas albigemsium » apparaît pour la première fois dans le tableau des provinces et des cités de la Gaule, « la noticia galliarum ». Durant le Haut Moyen Age, le site primitif est celui du Casteviel à la pointe d’un plateau tranché à l’ouest par le Tarn, et au sud par le ravin du Bondidou. L’homme a choisi de s’installer sur ce site perché à 30 mètres au-dessus du Tarn. Cette bourgade occupe peu d’espace, 30 ha environ et devient dès le IVe siècle le chef-lieu d’une civitas à la tête d’un évêché. Deux noyaux vont se développer facilement défendables. A l’extérieur : - Le premier au voisinage de l’église Saint-Affric. - Le second autour de la collégiale Saint-Salvi. L’essor urbain est confirmé par la construction d’une nouvelle église paroissiale Sainte-Martiane qui jouxte la collégiale.

Au XIe siècle , la vieille cité (le Castelviel) et le bourg commencent à s’étaler. La population croît , les échoppes s’ouvrent . Un nouveau quartier « le Castelnau » se crée au sud. Les maisons sont faites de torchis, celles des Albigeois les plus aisés sont à colombages. Les places sont petites (place de la Pile) , les rues étroites , tortueuses , mal pavées . Les venelles, les arrière-cours avec des passages voûtés confèrent à ces lieux un aspect bien triste. Les ordures dans les rues où se trouve le « Mazel » quartier des boucheries génèrent une puanteur.

Le quartier commerçant, « la roda de la plassa » s’organise autour de Saint-Salvi , avec ses rues

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spécialisées : - de la sabataria : les cordonniers et sabotiers. - de la porcaria : les charcutiers. - de la galinaria : les étals de volailles. - de la peyroularié : les chaudronniers. - de la cotelaria : fabrication et vente de couteaux. - de la pélissaria : présence de pelletiers.

Albi est une petite cité de quelques milliers d’habitants, enfermée dans ses remparts. Cependant, il y a des moments de liesse : fêtes religieuses, processions avec les reliques des saints, fêtes lors de la prise de fonction des évêques dans la ville, le charivari et le carnaval. La ville s’anime aussi lors des foires (cinq dans l’année) avec l’arrivée des pèlerins qui viennent vénérer les reliques de Sainte Cécile et le morceau de la Vraie Croix (vers 1070) dans la cathédrale romane , mais aussi à Saint-Salvi où une crypte abrite les ossements du bienheureux Salvi.

Au XIIIe siècle, lors de « la croisade contre les Albigeois » de 1209 à 1229, Simon de Monfort, chef des croisés s’empare des terres du vicomte Trencavel et donne la seigneurie d’Albi à l’évêque. Au XIVe et XVe siècle, la peste et la guerre de Cent Ans vont décimer la population. Albi passe de 10 000 à 4300 habitants. La cité épiscopale est affaiblie. Pour se protéger des Anglais, il faut édifier des nouveaux remparts. Le seigneur-évêque dirige la cité sur les plans spirituel et temporel, c’est une originalité dans cette région du sud de la France

ALBI AU MOYEN AGE

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Les vieux quartiers

LA CATHEDRALE SAINTE CECILE

De la « première pierre » à nos jours. Parmi toutes les cathédrales de France, et même d’Europe, Sainte Cécile d’Albi fait figure d’exception. Plusieurs édifices ont précédé la cathédrale actuelle : . Le premier, bâti au IVe s. semble avoir disparu lors d’un incendie en 666. . Une autre cathédrale est mentionnée en 920. La construction rassemble autour d’elle un véritable groupe épiscopal. Ce groupe s’est fondu dans la cathédrale romane élevée en pierre à la fin du XIIe s. Cette troisième cathédrale était bordée au sud par un cloître, dont quelques arcades subsistent déplacées dans le parc municipal. Au XIIIe s. , la ville est placée sous la double autorité de l’évêque et des vicomtes Trencavel . Dès qu’il prend possession de son siège épiscopal en 1276, l’évêque Bernard de Castanet affirme sa volonté de construire une nouvelle cathédrale dans cette région qui vient d’être balayée par le vent de l’hérésie. La pose de la première brique a lieu le 15 Août 1282 (jour de fête de l’Assomption de la Vierge). Elle doit conforter l’autorité de l’évêque qui dispose de fonds importants grâce aux revenus de la dîme. La cathédrale est dédiée à Sainte Cécile dont elle abrite une partie des reliques. Simultanément Monseigneur de Castanet conduit le chantier voisin de son palais de La Berbie , commencé par son prédécesseur Monseigneur de Combret . Les murs de l’abside, et deux des dernières travées droites du chœur, sont construits les premiers vers 1300. La base du clocher est réalisée entre 1355 et 1366. La nef et la base du clocher achevées, l’évêque Dominique de Florence (1397 – 1410) entreprend d’aménager l’accès à la cathédrale. Il fait édifier une porte monumentale sur le côté

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sud. Le chantier est repris par Louis Ier d’Amboise (1474 – 1503) proche conseiller de Louis XI. La cathédrale est consacrée le 23 Avril 1480. Monseigneur Louis II d’Amboise, neveu du précèdent prélat, fait construire les tribunes qui partagent en deux l’élévation des chapelles. Des travaux importants ont pour but de rehausser le clocher au-dessus de la nef jusqu’à 78 mètres. L’entrée est couverte d’un baldaquin flamboyant prolongé par un vestibule de même style. Le chœur datant de l’épiscopat des Amboise, entièrement fermé par un jubé et une clôture, est conçu un peu comme une église à l’intérieur de la basilique. Au fil du temps, des aménagements s’imposent. La Révolution occasionne d’irrémédiables pertes. Le statuaire recensait 278 statues, les statues de la façade externe du jubé sont vraisemblablement détruites. La propriété de l’édifice est transférée au Département par décret impérial, et le palais de La Berbie qui abrite alors la préfecture est donné au Conseil Général en 1811. En 1844, l’architecte diocésain César Daly, collaborateur de Viollet-Le-Duc a pour mission d’évaluer la réparation de la toiture. Il prévoit de surélever les combles de la nef et propose de construire sur chaque contrefort une tourelle circulaire surmontée d’une croix de fer. Il prévoit en outre, d’ajouter à l’ensemble une balustrade ajourée en pierre. Les travaux s’achèvent en 1856. A l’intérieur, la pose d’un nouveau parement entraîne la disparition des dalles tombales. Après l’achèvement de ces importants travaux, les travaux engagés au XXe s. ont été plus modestes. L’aménagement du chœur date des années 1970, l’autel moderne a été réalisé en marbre noir.

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En 1958, la cathédrale Sainte Cécile est élevée au rang de basilique par le cardinal Jean Roncalli élu pape la même année sous le nom de Jean XXIII. Depuis Juillet 2010, elle est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. CARACTERISTIQUES DE L’EDIFICE La silhouette massive de la cathédrale domine la cité comme la proue d’un navire. D’où que l’on arrive à Albi, ce monument de briques rouges surgit à la vue. Pourquoi la brique ? La pierre à bâtir de l’Albigeois n’est pas de bonne qualité : il s’agit d’un calcaire coquillier friable. L’argile affleure dans la vallée du Tarn et sur les plateaux environnants. Les pouvoirs en place décident d’un module de brique : « la brique foraine ». C’est un format de grande brique, un pan de large, (38 x 22 x 6 cm) et pèse 9 kg .Le nom de brique foraine vient peut-être du latin « foreanus » (extérieur) ; il pourrait s’agir des briques cuites au four et se trouvant à la périphérie du four ?

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PRESENTATION DE L’EXTERIEUR Dimensions de l’édifice : Longueur hors d’œuvre = 113,50 mètres Largeur hors d’œuvre = 35 mètres Hauteur des murs = 40 mètres Epaisseur des murs à la base = 2,50 mètres Clocher : Hauteur 78 mètres Nef : Longueur 97 mètres Largeur du vaisseau unique 19,20 mètres Largeur totale avec chapelles 28 mètres Hauteur 30 mètres Le clocher Le clocher de la cathédrale s’élève à 78 m au-

dessus du sol et présente deux structures superposées : la première correspond à la base mise en place entre 1355 et 1366, avec d’épais arcs en plein cintre. La seconde réalisée entre 1485 et 1493, avec trois étages en retrait. Toutes deux sont ceinturées de pierres ornées de quatre-feuilles ou quadrilobes pleins ou évidés. Les étages inférieurs sont carrés, l’étage supérieur octogonal flanqué à l’ouest de deux arcs-boutants d’angle masquant le passage d’un volume à l’autre.

L’avant porte de Dominique de Florence Monseigneur de Florence souhaite, au début du XVe siècle, qu’une avant-porte soit construite au pied des escaliers qui mènent à la cathédrale à partir du sud-est du chevet. Cette avant-porte s’orne d’un tympan ajouré formé de fenestrages flamboyants à claire-voie, encadré de voussures sculptées, le tout surmonté des armes de l’évêque commanditaire.

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Le porche sud Au sud, le portail est précédé d’un baldaquin. Il s’agit d’une pièce construite en saillie par rapport au corps du bâtiment (hors d’œuvre). Ce baldaquin construit en pierre contraste avec le dépouillement et la couleur des murs en brique. Il forme un étonnant passage vers la travée voisine dont l’entrée est elle aussi richement ornée sur la voûte et le tympan. On y découvre un réseau de voussures torsadées, alternant avec des claires-voies à rinceaux (en forme d’arabesque) et tout un jeu de crochets, redents (ornement gothique en forme de triangle) et feuillages traités en pierre guillochée, meneaux d’une légèreté inouïe. L’ensemble se présente comme une véritable dentelle de pierre, mais n’abrite, ni de la pluie, ni du soleil, ni du vent. En effet, l’ouvrage était initialement prévu pour rester à ciel ouvert et ne fut voûté que durant la 2e moitié du XIVe siècle.

Les tourelles Cette cathédrale se présente comme un vaisseau unique émergeant d’un talutage massif qui accentue l’aspect défensif de l’édifice. Aucun ornement n’annonce une église. Elle n’a point de

façade. L’entrée principale se situe au sud et, comme l’église, est construite sur une hauteur, le niveau de la rue est bien plus bas que le pavé de l’église. Des ajouts interviennent au XIXe s. conçus par DALI : un mur dressé au-dessus des maçonneries décoré d’une galerie d’arcatures aveugles ainsi que huit tourelles montées dans le prolongement des contreforts. Ces ajouts ont une fonction avant tout décorative.

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PRESENTATION DE L’INTERIEUR

La nef unique, sans transept ni collatéraux, est caractéristique du gothique méridional. Ses dimensions sont impressionnantes : 97 mètres de long, 19 mètres de large et une élévation de 30 mètres. La voûte en croisée d’ogives s’appuie sur des contreforts intérieurs qui délimitent des chapelles latérales (29 chapelles peintes par des artistes italiens), dont la hauteur est limitée par une galerie réalisée au XVe siècle. Cette cathédrale présente des similitudes avec l’église des Jacobins de Toulouse.

Le chœur, datant de l’épiscopat des Amboise (Louis I – 1474 – 1503 puis son neveu Louis II 1503 - 1511) entièrement fermé par un jubé et une clôture en pierre , est conçu un peu comme une église à l’intérieur de la basilique . Ce principe de « chœur fermé » se trouve également à la cathédrale d’Auch et de Saint-Bertrand de Comminges dont la clôture de chœur est en bois. Le décor raffiné de la façade du jubé, le voûtement à clefs pendantes du porche qui conduit dans le chœur, les fines arcades de la clôture couronnée d’une alternance de lys et de croix, constituent un ensemble luxuriant d’une incontestable élégance. Le dais de la chaire épiscopale, dont l’élévation évoque celle d’un tabernacle, est une véritable dentelle de pierre. Le jubé est surmonté d’un crucifix autour duquel on trouve les statues de la Vierge et de Saint-Jean, dominant elles-mêmes Adam et Eve. La clôture du chœur présente une succession de niches abritant de remarquables statues de rois, de prophètes

ou de personnages bibliques, ceux-ci portent des phylactères où s’inscrivent des versets qui trouvent une réponse sur ceux que portent les apôtres à l’intérieur du chœur. Ainsi de part et d’autre de la clôture s’instaure un dialogue entre Ancien et Nouveau Testament.

Statue de Sainte Judith

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LE DECOR PEINT La brique si présente à l’extérieur disparaît sous un important décor de peintures des voûtes des tribunes et des chapelles. Le Jugement dernier Au niveau de la nef, tout le fond de l’église est décoré d’une vaste fresque à la détrempe représentant le Jugement dernier (1493 – 1498). Il s’agit de la plus grande peinture (250 m2) réalisée dans le midi de la France au XVe siècle. Ce serait vraisemblablement un atelier parisien qui a réalisé ces travaux. L’ensemble est malheureusement incomplet puisqu’au XVIIIe siècle, une baie a été percée pour aménager une chapelle dans la base du clocher, ce qui a détruit toute la composition centrale de ce Jugement dernier. La partie la plus élevée présente les anges assistant au Jugement, disposés en frise continue. En dessous, apparaît le collège des apôtres nimbés et vêtus de blanc. Le rang inférieur rassemble les saints qui participent à la justice du Christ, guidés par un pape, un cardinal et un évêque, suivis par une foule de clercs religieux. Puis viennent les laïcs, parmi lesquels, on identifie un empereur, peut-être Charlemagne, et un roi de France vraisemblablement Saint-Louis. Sur le phylactère qui se déroule, sont inscrites des paroles condamnant les impies. Le thème de la résurrection des morts occupe la partie médiane. Deux inscriptions s’échappent du pavillon des trompettes : « surgite venité » c’est-à-dire : debout, venez. Enfin, la partie basse présente le royaume des démons et détaille les châtiments correspondant à chacun des sept péchés capitaux.

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Apparaissent également des monstres fantastiques : oiseaux à queue de serpent, corps de singes ou de guépards, munis de pattes griffues, de becs immenses, de masques …. L’ensemble de cette vision infernale prouve à quel point l’angoisse de la mort a dominé la fin du Moyen Age. La multiplication des épidémies (grandes pestes des XIVe et XVe siècles) a déstabilisé la vie collective et sociale. La brutalité des décès, la peur du péché et des supplices, auxquels les pécheurs sont voués dans l’au-delà doit les guider à multiplier les bonnes œuvres qui seront comptées le jour du Jugement.

Les voûtes de la nef et du chœur

Louis II d’Amboise, devenu cardinal en 1507, demande à des artistes originaires de Bologne (Italie du Nord) de venir peindre les voûtes de la cathédrale d’Albi. La demande consiste à peindre les voûtes qui doivent illustrer les béatitudes célestes en opposition aux scènes terrifiantes du Jugement dernier peint trente ans auparavant. Le programme iconographique des voûtes de la nef et du chœur s’articule à partir de la vision du Christ de la Parousie (retour glorieux du Christ à la fin des temps) trônant en majesté dans l’abside entouré des symboles des quatre évangélistes (l’ange pour Matthieu, le bœuf pour Luc, le lion pour Marc, l’aigle pour Jean) et des douze apôtres. La dixième travée est consacrée à la Vierge, accompagnée de sa parenté : Jean-Baptiste et Joseph en tête à l’est, Anne et Joachim à l’ouest. Le thème des vierges folles et des vierges sages fait le pendant de cette Vierge couronnée. Les septième et huitième travées sont dédiées à la sainte patronne : Cécile et ses proches, Valérien, Tiburce, Agathe puis une suite de vierges ayant choisi comme Cécile de s’unir au Christ : Catherine, Marguerite, Barbe, Agnès ….

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La quatrième travée présente, au centre, deux épisodes bibliques attestant la gloire du Christ et sa résurrection. Entre ces scènes principales, se déploie le cortège des élus qui manifeste la continuité de l’alliance de Dieu avec l’humanité. On relève également des représentations des vertus théologales (la foi, l’espérance, la charité) et cardinales et des saints protecteurs et thaumaturges. Cette iconographie savante, extrêmement dense, est mise en relief par un riche fond bleu, ciselé de jeux de rinceaux et de médaillons peints. La date d’achèvement de ce décor se situe vers 1512, date lisible dans la 1ère travée de la nef.

Les tribunes de la nef et du chœur Les tribunes sont elles aussi entièrement peintes : on y voit des architectures en trompe-l’œil ou des mosaïques en faux marbre qui multiplient en perspective les effets de parement recherchés (motifs s’inspirant de surfaces de marbres de différentes couleurs visibles dans les églises lombardes). Dans chaque tribune, les peintures

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s’organisent de la façon suivante : en partie haute, un faux appareil de marbre polychrome quadrillé de bandes blanches, au milieu une balustrade en trompe-l’œil associée à un faux entablement et une frise de rinceaux sur fond bleu. Au registre inférieur, le décor se diversifie et juxtapose motifs géométriques et figuratifs : parallélépipèdes ou cubes, tissus entrelacés de branches d’arbres, escaliers, losanges ou mosaïques. Les récentes investigations montrent que l’ensemble a été peint sur enduit frais et que le fond bleu à base d’azurite a été brossé après coup, sur les voûtes et la frise. Les chapelles On dénombre 29 chapelles peintes par des artistes italiens. Attardons-nous sur trois d’entre-elles : - La chapelle Saint Clair : Elle se situe à l’arrière du Jugement dernier et résulte du réaménagement à la fin du XVIIe siècle de la salle carrée à la base du clocher. L’archevêque Monseigneur Le Goux de la Berchère réussit en 1700 à se procurer des reliques de Saint Clair et les place dans cette chapelle qui reçoit ainsi son vocable.

- La chapelle d’axe : Le décor de cette chapelle, dédiée à Notre Dame et à Sainte Cécile, a échappé aux saccages révolutionnaires. Il a été entièrement remodelé dans les années 1780. Quatre tableaux d’un peintre toulousain encadrent une statue de la Vierge en marbre blanc du XVIIIe siècle. - La chapelle de la Sainte-Croix : Le cycle peint illustre l’épisode de l’invention de la Vraie-Croix. Les neuf scènes représentées se lisent de gauche à droite et de haut en bas. On voit Maxence, chef des Barbares, se proposant d’anéantir son beau-frère l’empereur Constantin qui sort de Rome avec son armée. Le mur du fond montre la bataille livrée au pont Milvius en 312. Constantin, sous la protection de l’étendard timbré de la Croix, triomphe aisément de Maxence.

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LE DECOR SCULPTE Le jubé sculpté Il s’agit d’une clôture monumentale séparant le chœur liturgique de la nef. Seuls les chanoines y avaient accès. Cette enceinte intérieure était destinée à les préserver durant leur méditation et leurs prières, du bruit des fidèles restés en dehors du sanctuaire. Il s’agit d’une église dans l’église. A Albi, le jubé vit son existence menacée sous la Révolution. Grâce à un ingénieur des Ponts et Chaussées, Jean-François MARIES, le ministre fait surseoir à la démolition. Cependant, d’autres menaces obligent le corps municipal de faire enlever du jubé tout ce qui relève « du fanatisme et de la superstition » : des figures sculptées sont détruites et remplacées par des statues en bois du Christ en croix, de la Vierge provenant sans doute de l’ancienne église des Cordeliers. La face intérieure du jubé a moins souffert : douze statues d’apôtres subsistent. Soixante-douze anges se répartissent sur la travée centrale pour former un chœur autour de Sainte Cécile. Le jubé se prolonge par une clôture de chœur à claire-voie dans la première travée , puis aveugle jusqu’à la dixième travée . L’ensemble réalisé sous l’épiscopat de Monseigneur Louis d’Amboise entre 1474 et 1483 est caractéristique de l’art flamboyant avec des fenestrages qui dessinent des formes imbriquées les unes dans les autres. La clôture comporte cinq travées et une abside. Elle compte plus de deux cents sculptures , à l’extérieur , les prophètes de l’Ancien Testament et à l’intérieur les apôtres , chacun tenant un phylactère . Les personnages représentés forment une famille étonnante aux vêtements richement ouvragés et coiffés de somptueux couvre-chefs qui soulignent l’origine orientale des prophètes. Les sculpteurs ont varié de manière inattendue le dessin des ceintures, des bijoux, ou des chaussures, parfois pointues « à la poulaine », parfois arrondies « en patte d’ours ». A l’intérieur du chœur, cent vingt stalles se trouvent réparties sur deux rangs. Les plus hautes étaient réservées aux chanoines, celle qui jouxtait la chaire était occupée par l’évêque, les stalles basses étaient destinées aux vicaires, aux chapelains, diacres, et autres serviteurs. Chaque stalle est surmontée d’un panneau peint rehaussé de « grotesques » (ornements fantastiques) et encadré par deux anges porteurs de phylactères. La qualité d’exécution et la richesse de ce chœur canonial montrent combien Louis d’Amboise avait su s’attirer les meilleurs imagiers (sculpteurs du Moyen-Age) travaillant en France à la fin du XVe siècle.

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Les orgues

Le buffet d’orgue, qui surplombe la peinture monumentale du Jugement dernier, a été commandé au facteur Christophe Moucherel. Il a remplacé un instrument installé au même endroit à la fin du XVe siècle, et un second plus modeste monté directement sur le Jubé. L’orgue classique imaginé par Moucherel se compose de neuf tourelles et de huit plates-faces . Des claires-voies de feuillages tressés alternées avec des guirlandes de fleurs sont surmontées de deux anges sonnant de la trompette pour proclamer les louanges de Sainte Cécile et de Saint Valérien. Au centre, deux licornes blanches affrontées sont les armes parlantes du commanditaire. Le positif (petit buffet contenant les tuyaux du clavier secondaire d’un orgue) a le même souci d’élégance avec ses cinq tourelles coiffées d’angelots musiciens ; sa corniche soutenue par deux atlantes, entourée de verdure et de mascarons grimaçants et ses extrémités galbées qui épousent l’arrondi de la balustrade. C’est un orgue à cinq claviers, ce qui est rare en Europe. La partie instrumentale a fait l’objet, depuis 1734, de plusieurs restaurations. La dernière de 1977 à 1981 a consisté à revenir à l’état extérieur par la remise en valeur de l’orgue classique. La chaire épiscopale La chaire réalisée en marbre et stuc par les Italiens MAZETTI et MADERNI à la demande du cardinal de BERNIS, elle constitue la pièce majeure du mobilier du XVIIIe s. Les autels sont créés par le sculpteur d’ornement NELLI qui a également travaillé, à la demande de VIOLLET-LE-DUC, à la basilique Saint-Sernin de Toulouse.

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LE PALAIS DE LA BERBIE Le Palais de la Berbie, qui jouxte la cathédrale, constitue avec celle-ci un ensemble homogène et unique d’architecture médiévale. Son nom vient de « Bisbia » qui en langue d’oc signifie évêché.

Voulue par Durand de Beaucaire évêque de 1228 à 1254, puis par Bernard de Combret , évêque de 1254 à 1271 , il est destiné à résister à des attaques extérieures. Le bâtiment témoigne de la puissance de ces prélats. Il est édifié autour d’une cour d’honneur appelée plathéa palatii .On peut noter la puissance du donjon constitué de 2 tours : la tour Saint-Michel et la tour Sainte Catherine qui constituent la tour Mage. Le Palais de la Berbie est l’une des forteresses la plus formidable de tout le midi de la France. Il est construit en brique avec des murs de plusieurs mètres d’épaisseur qui le rendent inexpugnable. Louis d’Amboise fait construire sur l’ancienne courtine , un corps de logis agrémenté de fenêtres à meneaux , des poivrières et des haut combles couverts d’ardoise , rappelant l’architecture du Val de Loire, témoignage de son origine familiale . Des établissements religieux hors les murs donnent naissance à de nouveaux quartiers : la Maladrerie de Saint-Jean au Castelviel ; les Cordeliers ; les Carmes ; …….

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Au XVIIe s. les évêques transforment la forteresse de la Berbie en une résidence plus accueillante . La courtine qui surplombe les rives du Tarn est arasée et transformée en

promenade ombragée ; des statues représentent les saisons et un jardin à la française est dessiné. Après la Révolution, la propriété de l’édifice est transférée au Département et est donnée au Conseil Général en 1811, qui y installe en 1922 des galeries pour accueillir l’importante collection de peintures et affiches du peintre Henri de Toulouse Lautrec (né à Albi en 1864 à l’hôtel du Bosc construit à l’emplacement des fortifications

de la ville dont subsistent 2 tours). Ceci constitue l’actuel Musée Toulouse Lautrec LA COLLEGIALE SAINT SALVI Cette église a occupé un rang très important dans la ville médiévale. Elle est dédiée à Saint-Salvi qui occupe le siège épiscopal d’Albi entre 574 et 584. Le clocher carré de la collégiale Saint Salvi est édifié au nord, sur la partie la plus ancienne. Il est accosté d’une tour dite de la gâche ou « gâcholle » qui servait à faire le guet. Les trois étages de cette tour clocher correspondent aux élévations successives : la base en grès, renforcée de bardes lombardes, est romane .Le second niveau avec ses arcs tréflés est gothique. Enfin le dernier niveau est réalisé en brique. C’est au cœur du XIIe siècle à Albi, comme à Toulouse, que la brique remplace progressivement la pierre.

Le chœur et le transept sont achevés vers 1100. Entre 1100 et 1120, on édifie la nef ce qui fait de Saint-Salvi l’une des plus vastes églises de l’Albigeois à l’époque romane. D’importantes modifications sont intervenues sur ce premier ensemble. Le portail qui s’ouvre sur la plassa est masqué au XIVe siècle par des boutiques et des bâtiments. Au XIVe siècle, l’espace intérieur de l’église est modifié, des chapelles latérales sont construites. Ceci explique la présence de baies flamboyantes dans les murs latéraux. L’évêque Louis d’Amboise consacre un nouvel autel en 1490. A l’intérieur de la collégiale, on peut admirer quelques objets mobiliers : un calvaire sculpté du XVIe siècle, les statues de six prophètes qui semblent dater de la fin du Moyen Age .

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Le cloître du XIIIe siècle est accolé à cet édifice, seule subsiste la galerie méridionale dotée d’une charpente restaurée. Ce cloître est l’œuvre de Vidal de Malvezi qui a fait commencer les travaux en 1270 pour les achever un an et demi plus tard. La Révolution n’a laissé que la galerie orientale et le mausolée de l’artiste (enfeu pour lui-même et son frère), qui se trouve le long du mur de cette chapelle de style gothique ornée de sculptures les représentant en adoration devant la vierge.

LES HOTELS PARTICULIERS

Dans les quartiers populaires, la plupart des maisons sont construites en pans de bois ou colombages. Dans le midi toulousain, le colombage porte le nom de « corondage » ou parfois de « coronder ». La structure de l’habitation est en chêne. Le remplissage de l’espace entre pans de bois et colombages se fait avec :

- du torchis, un mélange de terre argileuse et de paille tressée en boudins. - mais aussi avec de la brique crue ou cuite - ou encore des matériaux de récupération : galets, briques cassées ….

Les structures des maisons évoluent …. Après la structure simple (un seul étage), arrive la structure avec encorbellement (au XIVe siècle). Les façades des étages supérieurs sont réalisées en porte à faux et en surplomb avec la même façade. Cette technique permet de gagner de la

place sur l’espace public, sans entraîner une augmentation des impôts dont le calcul se fait sur la surface du sol. C’est aussi un moyen de protection contre l’eau qui s’écoule sur la façade, chaque étage protégeant l’étage inférieur. C’est également un dispositif esthétique qui favorise le développement d’ornements et de motifs décoratifs sculptés : l’extrémité des solives qui déborde des façades est taillée en quart-de-rond, motif unique dans le Vieil Albi. Les habitations les plus anciennes ont disparu, victimes de nombreux incendies.

Comment se présente une maison à colombage ? - la cave bien souvent voûtée est en brique. - au rez-de chaussée, sur l’étroite façade, s’ouvre un « obrador » un ouvroir : boutique avec atelier, ouverte la journée et fermée la nuit par des volets en bois . - à l’étage se trouve l’appartement.

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- sous les toits, le « soleilhou », sorte de comble transformé en grenier. Il est à la fois promenoir, séchoir pour le grain ou le pastel. - au-dessus la charpente en bois supporte la toiture où sont disposées les tuiles canal. Les ouvertures sont petites, encadrées par une ouverture en bois. Pour les protéger des intempéries, elles sont garnies de toiles huilées ou enduites de cire imperméables à l’air. Les façades de la plupart des maisons à colombage sont crépies pour une meilleure protection contre les incendies. L’Hôtel des FENASSE Situé en angle de deux rues, il s’agit de la plus vieille maison d’Albi, construite en pierre et qui

date de la seconde moitié du XIIe siècle. Le rez-de chaussée remanié au XIIIe siècle présente un arc gothique qui délimite un « obrador », échoppe médiévale. Deux portails romans, aux dimensions importantes (hauteur 2,50 m, largeur 2 m ) des rues ; les pilastres d’encadrement : - présentent des chapiteaux reconnaissables bien qu’érodés . - à l’étage s’ouvre une baie romane qui présente une archivolte amortie en boudin. Une moulure biseautée, décorée de palmettes et de rinceaux, couronne l’ensemble.

Au XIIIe siècle, cette demeure appartenait au plus riche financier et usurier de la cité, Guillaume Fenasse . Accusé d’hérésie, ses biens sont confisqués au profit d’un frère de l’évêque d’Albi, Beraud de Fargues, neveu du pape Clément V. L’hôtel devient ensuite propriété de la famille de Pierre Raimond de Rabastens, Sénéchal de Toulouse. Au XVe siècle, une tour hexagonale s’accole à cette résidence. Cet hôtel est le seul témoignage de l’architecture civile médiévale à Albi, construit entièrement en pierre de taille. Dans ce même quartier, des maisons aristocratiques en pierre seront détruites en 1888 afin d’aménager une nouvelle rue. Dès la fin du XIIe siècle, les constructions en pierre disparaissent progressivement du paysage urbain pour laisser place à la brique qui devient ainsi le matériau de base. Cependant la pierre sera encore utilisée pour les baies, les moulures, et les remplages.

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La maison ENJALBERT Cette demeure du XVIe s. est sûrement celle d’un riche marchand pastelier . L’art du charpentier se manifeste dans la réalisation de figures géométriques par une marqueterie remarquable. Adrien Enjalbert , né en 1842 , l’achète pour y installer son commerce de pâtisserie . A cette

époque, la façade est recouverte d’un badigeon qui cache les colombages. Son fils fait décrépir les façades en 1902. En 1921, la maison est classée monument historique. Les colombages sont assez surprenants, les bois sont disposés en une marqueterie de plus bel effet, et les briques de remplissage forment de beaux motifs de décoration. Sur la façade de la rue des Pénitents, on remarque des croix de Saint-André qui renforcent l’édifice et structurent l’espace. La fenêtre ornée est le motif majeur de la décoration. Les bois sculptés offrent un décor Renaissance caractéristique. Les chambranles se présentent sous forme de pilastres surmontés de chapiteaux doriques ou corinthiens couronnés de frontons triangulaires. Des consoles en bois sculptés soutiennent les appuis des fenêtres. Aux deux étages, des fenêtres d’angle apportent un maximum de lumière dans les pièces.

Outre les sculptures variées, les moulures , les losanges et rosaces , une énigmatique figure phallique au premier étage interpelle le passant . Le « petit pisseur » fait peut-être référence à la production du pastel ? En effet après avoir fabriqué les coques de pastel, on les réduit en « agranat » ; sur la pâte étalée on ajoute de l’eau croupie, de la chaux, et parfois de l’urine d’où la représentation du petit pisseur. Observons la porte d’entrée richement sculptée : -le chambranle présente deux pilastres couronnés de chapiteaux corinthiens, le linteau est surmonté d’un entablement avec frise au centre de laquelle figure le monogramme du Christ IHS . De part et d’autre du linteau, deux médaillons abritent les têtes d’un homme et d’une femme ….. peut-être les propriétaires de cette maison ?

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L’Hôtel REYNES Un portail orne l’entrée principale du logis caractérisé par un style avec des bossages chanfreinés, il présente un linteau surmonté d’un fronton triangulaire où se dessine

probablement le blason du propriétaire. Des sculptures en pierre décorent les fenêtres à meneaux : des cariatides et des vases de fleurs sur les croisées, des feuilles d’acanthe sur les consoles. L’art de la Renaissance apparaît au niveau des deux niches décorées de fleurs de lys où se trouvent les bustes du roi François Ier et de sa 2e épouse Eléonore d’Autriche.

La tour ronde de l’Hôtel Reynès est l’ancienne tour de l’hôpital Saint-Jacques voisin et qui possède une loggia à l’italienne de style Renaissance qui s’ouvre sur la cour d’honneur.

L’Hôtel des FOISSANTS Les premiers propriétaires connus au XIe s. sont les Foissenx . Le nom de cette famille apparaît plus tard dans les comptes consulaires XIXe s. Cet hôtel est agrémenté d’une tour hexagonale du XVe s. Les arceaux, la porte et la tour de la maison, sont inscrits à l’inventaire des monuments historiques, par arrêté du 10 janvier 1928. Au XVIIe s., on continue à construire selon le style Renaissance . L’Hôtel de Rivières en est le témoignage. On peut citer aussi : . l’Hôtel de Ginolhac . l’Hôtel Lapérouse , demeure natale de Jean-François Galaup Comte de Lapérouse qui s’illustra dans la marine lors de brillantes campagnes militaires .

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En guise de conclusion : Construite au bord du Tarn, Albi est une des plus vieilles de France puisque mille ans avant notre ère elle existait déjà. C’est en réponse à l’hérésie cathare, que fut entreprise la construction de la cathédrale actuelle Sainte Cécile. C’est la plus grande cathédrale de brique au monde (113 m de long et 35 m de large) avec le plus grand Jugement dernier de France (250 m²) et une surface totale peinte de 19 000 m². C’est la seule église de France peinte du « sol au plafond ». Comme deux autres cathédrales du midi toulousain à chœur fermé en bois, elle présente un chœur entièrement fermé par un jubé en pierre. Adossé à la cathédrale et presque aussi imposant, le Palais de la Berbie a été l’ancienne demeure des puissants évêques d’Albi. Le 31 Juillet 2010, la cité épiscopale d’Albi avec son périmètre a été classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. ………………………………………………………. Ce document est rédigé à partir des informations recueillies lors de la conférence, de la visite d’Albi sous la houlette de Gérard ALQUIER, et de quelques documentations. Des erreurs ou imprécisions ne sont que de mon fait, aussi tout commentaire ou complément d’information seront les bienvenus. Un grand merci à la Présidente et au conseil d’administration de l’Association Archéologie/Histoire du Comité d’Etablissement d’Airbus, qui nous proposent ces animations culturelles et sociales où règnent d’excellentes relations humaines et conviviales. Lisette CROS ARNAL avec la participation de François pour la partie illustrée Toulouse - Février 2015 Merci aux différentes sources d’information qui ont permis d’établir ce document : - Conférence Gérard ALQUIER le 14/01/2014 - Visite d'Albi le 18/01/2014 commentée par Gérard ALQUIER - Guide touristique d'Albi par Danièle DEVYNCK - Cathédrale Sainte Cécile Albi par Marie-Anne SIRE - Les Hôtels particuliers et les maisons du Vieil Alby par Gérard ALQUIER - La Cathédrale Sainte Cécile Albi Wikipédia (Internet)