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ISSN 0996 -1127 347 Janvier-Février-Mars 2013 Association française BUCHENWALD - DORA ET KOMMANDOS Association déclarée n° 53/688 et affiliée à la FNAM sous le n° 233 16 rue Demarquay - 75010 PARIS Tel 01 42 85 44 93 - Fax 01 42 82 97 52 [email protected] www.buchenwald-dora.fr Rédacteur en chef : Dominique Durand Directeur de la publication : Floréal Barrier Commission paritaire : 0216A07729 Imprimerie SIFF 18 ZA Le Chêne Bocquet 57 Bd Henri Navier 95150 Taverny S O M M A I R E Pages Editorial Quelle année 2013 ? 3 Actualités 4 - 6 - Polémiques autour du Mémorial de Buchenwald - 30 e anniversaire de la disparition de Marcel Paul - 25 octobre 2012 : Le cimetière de Gardelegen a été profané ! - Concert-mémoire pour Buchenwald Dossier 7 - 10 Visites des camps, témoignages de déportés Repas fraternel 23 mars 2013 11 Voyages “Action Mémoire” 12 Pages de lecture... et de culture 13 Dans nos familles 14 Souscriptions 15 Le livre des Morts des camps de Buchenwald, Mittelbau-Dora et leurs Kommandos 16 VISITES DES CAMPS ET TÉMOIGNAGES Photo hiver 1943 de l'album du Commandant du Camp, Hermann Pister (musée de la résistance et de la déportation de Besançon)

VISITES DES CAMPS Pages ET TÉMOI GNA ES

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ISSN 0996-1127

N° 347Janvier-Février-Mars 2013

Association française BUCHENWALD - DORA

ET KOMMANDOSAssociation déclarée n° 53/688 et affiliée à la FNAM sous le n° 23316 rue Demarquay - 75010 PARISTel 01 42 85 44 93 - Fax 01 42 82 97 [email protected]

Rédacteur en chef :Dominique Durand

Directeur de la publication :Floréal Barrier

Commission paritaire : 0216A07729Imprimerie SIFF 18 ZA Le Chêne Bocquet

57 Bd Henri Navier 95150 Taverny

S O M M A I R E

Pages

EditorialQuelle année 2013 ? 3

Actualités 4 - 6- Polémiques autour du Mémorialde Buchenwald

- 30e anniversaire de la disparitionde Marcel Paul

- 25 octobre 2012 : Le cimetière deGardelegen a été profané !

- Concert-mémoire pour Buchenwald

Dossier 7 - 10Visites des camps, témoignages de déportés

Repas fraternel 23 mars 2013 11

Voyages “Action Mémoire” 12

Pages de lecture... et de culture 13

Dans nos familles 14

Souscriptions 15

Le livre des Morts des camps de Buchenwald, Mittelbau-Dora et leurs Kommandos 16

VISITES DES CAMPS ET

TÉMOIGNAGES

Photo hiver 1943 de l'album du Commandant duCamp, Hermann Pister

(musée de la résistance et de la déportation de Besançon)

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A LIRE ET... A FAIRE LIRE

Robert Favier, fils d’Auguste Fa-vier tient à la disposition de nosadhérents l’album comprenant78 planches (39 cm x 29 cm)dessinées à Buchenwald parA. Favier, P. Mania et B.Tas-litzky

Envoi contre un chèque de 35euros (port compris) adressé à R.Favier, 63 chemin des Rivières69130 ECULLY.

EXPOSITION 29 dessins de Thomas Geve

(format léger)

“Il n’y a pas d’enfants ici Auschwitz- Gross-Rosen - Buchenwald”

composée de 10 panneaux souples (1 m L x 0,60 m l)

Pour le coût de la mise à disposition et pour plus de renseignements,

contacter Association au 01 42 85 44 93

Témoignage de son combat spi-rituel pour survivre au déchaîne-ment du malLes Editions de l’Atelier, 182 p.-2000Prix 15 € (port compris 19 €)

Les acteurs de la résistance faceaux historiens

Editions Tirésias, 142 p.-2006Prix 10 € ( port compris 14 €)

Une “relique” familiale : le carnetécrit à Buchenwald par Roland Va-guet, KLB 21817, block 37, expli-qué et commenté par son petit-filsYsec Médias, 78 p.-2012Prix 7,50 € (port compris 10,50 €)

Dieu à BuchenwaldAlbert SIMON

Résister à BuchenwaldLes Français et la Résistance

à Buchenwald 1943-1945

Je vous écris du boisde Hêtres

Serge VAGUET

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Oui, vers quelle année 2013 allons-nous ? Les propos tenus ici même il y a un an pourraient être re-produits. L’année 2012 fut aussi une année mouvementée et riche en évènements. Mais force est dereconnaître qu’elle n’a pas apporté les réelles avancées positives attendues.

La rébellion des peuples opprimés n’a pas encore abouti à la libération espérée. EnSyrie, elle se transforme en une guerre civile particulièrement meurtrière que lesgrandes puissances, faute d’accord entre elles, ne parviennent faire cesser.

Né de l’intolérance religieuse, le terrorisme extrémiste ne cesse d’étendre son in-fluence et menace d’investir un pays tout entier, le Mali, contraignant des pays amisà voler à son secours.

En Europe même, la crise économique durable pousse au repli et à l’exclusion de ma-nière totalement paradoxale ainsi que le relevait Serge Wourgaft dans son discourssur la place Marcel Paul le 8 novembre dernier : « Alors que l’extraordinaire déve-loppement des communications, transport, media audio-visuels, internet, réseauxsociaux, qui abolit la distance et le temps … accroît l’interdépendance des peuplesdu monde et permet comme jamais auparavant le rapprochement et le dialogue, on

constate dans beaucoup de pays un repli sur soi, un regain d’un nationalisme xénophobe, de l’extré-misme, du racisme, en fait de l’exclusion de l’autre. »

Un député hongrois a jugé qu’il serait opportun de recenser les juifs, notamment au sein du parlementet du gouvernement, qui constituent, selon lui, un risque pour la sécurité nationale de la Hongrie, pro-pos catégoriquement condamnés par le gouvernement hongrois.

La récente profanation du cimetière de Gardelegen, véritable sanctuaire, constitue un acte révoltantd’une exceptionnelle gravité.

Nos amis du Mémorial de Buchenwald, Volkhard Knigge et Daniel Gaede, voient leur probité remisepubliquement en cause de manière totalement intolérable par un journal israélien reprenant les écritsde Tuvia Tenenbom, écrivain, auteur, et directeur du Théâtre juif de New York, qui demande leur dé-mission.

En France même, au mépris du principe républicain d’égalité, des hommes et des enfants sont assas-sinés en raison de leur origine ou de leur engagement.

Vous le voyez, notre devoir de porter le message de paix et de liberté, de solidarité et fraternité, outrede sauvegarder les lieux de martyre et la mémoire des victimes, a, hélas, encore de beaux jours devantlui tant l’idéal du 19 avril 1945 est encore bafoué.

Notre action sera, dès cette année, tournée vers la préparation des grandes commémorations et céré-monies du 70ème anniversaire en commençant en 2013 par celui des premiers départs des grandsconvois de Français, outre la poursuite de nos voyages action-mémoire et des autres grands projets(dictionnaire de Buchenwald, expositions, ...).

Votre participation active, matérielle ou financière nous sera, comme les années précédentes, particu-lièrement précieuse et nous vous en remercions très chaleureusement.

Nous vous offrons, pour cette année 2013 dont nous attendons une inflexion vers plus de paix, de jus-tice, de liberté et d’humanité, nos vœux très fraternels de sérénité, bonheur et santé.

Alain RIVET

QUELLE ANNEE 2013 ?

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actualites

parution du scandaleux titre du Jerusalem Post.

La publicité que s’assure Tuvia Tenenbom par son livrene saurait remplacer l’indigence de son travail d’ob-servateur, mais elle peut, hélas, avoir un impact impor-tant.

C’est pourquoi je tiens à vous assurer, ainsi que les col-laborateurs de la Fondation, de mon total soutien.

Je le fais en tant que partie prenante des travaux demémoire, en France et en Allemagne, en collaborationétroite avec la Fondation.

Je le fais ensuite en tant qu’ancien déporté à Buchen-wald, solidaire des souffrances de mes proches et demes camarades.

Enfin je le fais en tant que Juif profondément attaché àce que représentent les valeurs morales de cette com-munauté, et notamment l’honnêteté intellectuelle ; jene peux que condamner l’action d’un Juif américain quime semble transgresser ces valeurs par son action.

Bien amicalement à vous.

Cher Volkhard,

Je vous remercie de m’avoir communiqué les docu-ments relatifs aux affabulations de Tuvia Tenenbom, au-teur du livre Allein unter den Deutschen vis à vis de laFondation des Mémoriaux, et notamment des comptesrendu mensongers qui vous attaquent personnelle-ment, en tant que Directeur de la Fondation.

Je tiens à rendre une fois de plus hommage à l’actionessentielle menée par la Fondation des Mémoriaux enfaveur de la mémoire de la déportation, action si scan-daleusement ignorée par Tuvia Terenbom

Ces affabulations et ces attaques me semblent d’au-tant plus inqualifiables que l’auteur manifeste une igno-rance profonde de certains développementshistoriques, comme la distinction entre camps d’exter-mination et camps de concentration, ainsi que du rôledes Mémoriaux des camps.

Par ailleurs, les rumeurs qu’il amplifie et déforme à l’oc-casion de certains de vos contacts manifestent la vo-lonté affirmée de vous nuire, au point de provoquer la

Tuvia Tenenbom, directeur du théâtre juif de New York et fils de survivant de l’holocauste est connu depuis fort long-temps pour être un provocateur patenté. Ceux qui le fréquentent le comparent à Woddy Allen, ou Sacha BaronCohen.

A la suite d’un voyage en Allemagne en 2010, au cours duquel il a rencontré des célébrités, des professeurs et étu-diants, des militants d’extrême gauche et des néo-nazis, Tenenbom vient de publier chez un bon éditeur « Seulparmi les Allemands ». Il y soutient l’idée que la plupart des Allemands sont profondément antisémites. « Huit surdix écrit-il, de manière latente ou inconsciente. »

Parmi les personnes qu’il a rencontrées et qu’il dénonce, figurent deux de nos amis du Mémorial de Buchenwald,son directeur, Volkhard Knigge, et le responsable du service pédagogique du Mémorial Daniel Gaede à l’encontredesquels le jugement de M. Tenenbom est sans nuance. M. Tenenbom appelle à la révocation de Volkhard Knigge,après avoir soutenu que Knigge lui avait dit que « les juifs auraient dû s’établir en Ouganda plutôt que de créer l’Etatd’Israël. » Il critique également le fait que Knigge «fréquente (lorsqu’il est en Israël) un bar où se retrouvent des sym-pathisants de la cause palestinienne ». «La raison pour laquelle le directeur du mémorial de Buchenwald trempe sesmains dans le bourbier israélo-palestinien est au-delà de mes capacités de compréhension,» écrit Tenenbom dansson livre, après avoir critiqué le travail du Mémorial.

Nous publions ci-dessous le message que lui a adressé le Président du Comité international, Bertrand Herz.

Polémiques autour du Mémorial de Buchenwald

Bertrand Herz a, par ailleurs adressé un courrier au Jerusalem Post, quotidien israélien en langue anglaise, qui a re-layé les accusations de M. Tenenbom sous le titre “Un officiel allemand déclare que les Juifs devraient aller en Ou-ganda”.

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ACTUALITES

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Sur la place Marcel Paul, après que Pascal Cherki,député-maire du XIVe, a salué l’engagement de tous lesinstants, syndicaliste et résistant, de celui qui fut un élude cet arrondissement en 1935 et qu’Odette Chris-tienne, conseillère de Paris, déléguée du Maire, cor-respondante Défense, a rendu hommage au militantgénéreux, lucide et pragmatique qu’il fut avant, pen-dant et après les camps, Serge Wourgaft (KLB 69037)prononça un long, dense et remarquable discours dontvoici un extrait : «… Car comment faire ressentir à ceux qui ne l’ont pasconnu le quotidien dans cette usine à déshumanisa-tion, du « non droit » absolu, dans cet ensemble à lafois sinistre, tragique, et quelquefois ubuesque commel’orchestre de cirque en uniforme jouant sur la placed’appel lors du rassemblement pour le départ au tra-vail. Cette usine où tout était planifié par les SS pourque la masse des déportés, en particulier les plus fai-bles et les moins motivés, des hommes de toutes ori-gines, de conditions différentes, de tous âges, soientpris dans les tenailles de la lutte pour la survie, l’épui-sement physique et moral, la peur, la menace et la pré-sence permanente de la mort dans le camp ou dans unkommando extérieur. Une lutte qui poussait au vol, àl’attaque du plus faible, et ne laissait aucune place à laraison ou à la préservation des valeurs humaines. Et comment décrire le ressenti de tous ceux, et ilsétaient nombreux, qui, malgré cela, eurent la volonté etjetèrent leurs forces dans toutes les actions pour pré-server ces valeurs. D’abord par la solidarité, quelquefut son état personnel en aidant le camarade de dé-tention vacillant physiquement et/ou moralement. Deceux qui pour eux- mêmes et pour les autres profitaientdes courts moments de répit pour poursuivre des acti-vités culturelles clandestines, par des entretiens, de lamusique du quatuor Hewitt, par le recours, combiendifficile, à l’humour et par la représentation de comé-dies satiriques écrites sur le tas !C’est dans cette société totalement totalitaire et quirestera, il faut l’espérer, unique dans l’histoire, que lerespect de ces principes de rassemblement et de soli-darité posa à Marcel Paul, en raison de ses responsa-bilités, la dure épreuve de conscience, l’épreuveinhumaine du choix... ...Ce choix Marcel Paul l’a assumé avec courage et lu-cidité en respectant dans toute la mesure du possiblele principe de l’ouverture et du rassemblement nonsectaire ce qui lui a valu des reproches injustifiés detous côtés. Et pourtant, malgré ces énormes pressions qui pesaientsur lui, je l’ai toujours trouvé calme, chaleureux, attentifdans les brefs entretiens que j’ai eus avec lui. …»

Au cimetière du Père Lachaise, en présence deCatherine Vieu-Charier, adjointe au maire chargée dela mémoire et du monde combattant, Gaston Viens ren-dit un hommage chargé d’émotion à Marcel Paul avantqu’Alain Rivet ne prononce, lui-même, quelques motsdont l’extrait ci-dessous : «… Marcel Paul c’est d’abord, au camp, celui qui a ras-semblé les Français, leur a permis d’effacer l’imagedétestable qui était la leur chez les autres détenus, deleur prouver que tous les Français n’étaient pas destraitres, ou des pleutres.C’est celui qui a su dépasser les clivages partisanspour modeler un Comité des intérêts Français, copieclandestine du Conseil National de la Résistance, ras-semblant les représentants de 34 courants politiqueset mouvements de résistance.C’est celui qui a conduit à résister dans le camp, à pré-parer sa libération par les détenus, à promouvoir uneinsurrection libératrice.C’est celui qui, le camp libéré, appelé immédiatementà Paris revient trois jours plus tard pour hâter le retourde ses camarades.C’est celui qui a permis aux déportés de rêver à l’ave-nir, d’imaginer cet avenir, de se battre, dans des condi-tions d’internement suffisamment connues pour qu’ilne soit pas nécessaire de les rappeler aujourd’hui, ici. Marcel Paul a réussi à s’indigner dans le camp et à im-pulser les forces nécessaires pour que cette indignationsoit efficace.Voici pourquoi, trente ans après sa disparition, il nousa paru important de nous souvenir de lui. Sa capacitéd’indignation reste la nôtre aujourd’hui. La persistancede pulsions racistes, de l’antisémitisme, d’exclusions,d’expulsions, sont des raisons suffisantes pour quenous portions sa mémoire. … »

Au siège de la CCAS, un film sur Marcel Paul, destémoignages ont rythmé la journée d’échanges et dedialogue sur la diversité des formes d’engagement.Marcel Paul, en conduisant la nationalisation du gaz etde l’électricité à la Libération, conformément au pro-gramme du Conseil national de la Résistance, avait misen place une politique sociale audacieuse gérée parles agents eux-mêmes. Car, comme le rappela MichaëlFieschi, Président de la CCAS, en citant Marcel Paul«quiconque se contente de consommer les Activitéssociales sans y participer est condamné tôt ou tard àen être dessaisi. » Au delà du contexte propre à l’en-treprise qui remet en cause ce principe, c’est la re-cherche globale de nouvelles réponses aux besoinssociaux construites de manière démocratique qui a étéau cœur du débat.

Trentième anniversaire de la disparition de Marcel PaulDiverses initiatives ont accompagné le trentième anniversaire de la disparition de Marcel Paul.

Une première cérémonie a réuni officiels et personnalités du monde politique, syndical et municipal place Marcel Paul, à Paris dans le 14e arrondissement. Une seconde a honoré sa mémoire devant le monument de laFNDIRP au Père Lachaise. Enfin, le 3 décembre 2012 la Caisse centrale des activités sociales (CCAS) d’EDF-GDForganisait une conférence débat sur l’engagement aujourd’hui.

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ACTUALITES

De l’antisémisisme à l’état pur en Hongrie

Déjà en juin 2012, Elie Wiesel, Prix Nobel de la Paix,renvoyait au gouvernement hongrois la plus haute dis-tinction que le pays lui avait décernée en 2004, laGrande Croix de la République de Hongrie, afin de pro-tester contre la réhabilitation d’anciens nazis en Hon-grie. Il déplorait d’une part, dans les medias et manuelsscolaires, l’inclusion d’auteurs connus pour leur sou-tien au fascisme et au nazisme, anciens membres desCroix Fléchées, et d’autre part la renaissance d’un cultede Mikhlos Horty.

Cela n’a visiblement aucunement impressionné lesultra-nationalistes du parti d’extrême-droite, le PartiJobbik, puisque le 27 novembre dernier, le chef de lafraction Jobbik du Parlement hongrois, Marton Gyön-gyösi, s’adressant au Secrétaire d’Etat aux Affairesétrangères Zsolt Nemeth, demandait le recensementnational des Juifs, car il était «grand temps d’évaluer lenombre de membres d’origine juive au Parlement et augouvernement qui représentent un péril pour la sécuriténationale». Il ajoutait : «Vous êtes redevable au paysd’un tel recensement». Dix jours auparavant, des mili-tants du Parti Jobbik manifestaient devant l’ambassaded’Israël à Budapest, hurlant «Sales Juifs !».

Des propos qui ont de quoi gravement alerter, lorsquel’on sait que Marton Gyöngyösi est l’un des hommespolitiques les plus influents de la Hongrie, dont le partia remporté 17% des voix lors des élections législativesen 2010. Des propos encore qui, dans le flot discon-tinu d’informations majoritairement économiques et fi-nancières sur l’Europe, sont pratiquement passésinaperçus pour laisser la place à un satisfecit généraliséde la part des classes politiques et des médias de voirl’Europe recevoir le prix Nobel de la Paix.

La paix est fragile, l’histoire ne cesse de le prouver. Ai-dons les voix démocratiques de la Hongrie, membre del’Union Européenne, et nos amis hongrois dans leurcombat pour ne pas faire oublier que dans ce pays au-jourd’hui dirigé par Viktor Orban (dont malheureuse-ment le parti Fidesz rivalise avec le Parti Jobbik pourrécupérer les voix de la droite extrême), les forces fas-cistes hongroises livraient en trois mois, d’avril à juillet1944, près d’un demi-million de Juifs, exterminés à Bir-kenau.

Ne laissons aucune place, par indifférence ou igno-rance, à ce qui met en danger le Serment de Buchen-wald.

A T

25 Octobre 2012 : Le cimetière de Gardelegen a été profané !

Dix-huit tombes au total ont été profanées dans la nuit du25 octobre 2012 au cimetière-mémorial de Gardelegen,là où reposent les restes des dépouilles de 1016 détenusdu camp de Dora-Mittelbau, brûlés vifs et achevés à lamitrailleuse par les SS dans la grange de Isenschnibbe,près de Gardelegen, le 13 avril 1945. Des plaques mé-morielles en métal identifiant les suppliciés ont été arra-chées et éparpillées, de même que certaines croix, quiportaient une étoile de David ont été renversées.Aucune trace permettant d’identifier les auteurs de cecrime n’a été jusqu’à ce jour retrouvée. Les commis-sariats de police de Salzwedel et de Gardelegen ontlancé un appel pour que quiconque aurait aperçu cettenuit-là un indice susceptible de faire avancer l’enquêtese manifeste, afin de punir ceux qui visent à assassinerune seconde fois ces victimes de la barbarie nazie.Le 14 avril 1945, les troupes américaines conduites parla 102e Division d’Infanterie sous la direction du Géné-ral Keating avaient sommé la population de Gardele-gen de défiler devant la grange des suppliciés, pourconstater l’horreur et l’inhumanité du régime nazi, or-donnant que chaque femme apporte un drap pour ser-vir de linceul aux victimes, et aux hommes une croix.

Placé d’abord sous le statut de cimetière militaire, lagrange de Gardelegen devint ensuite un mémorial chargéde perpétuer pour l’éternité le souvenir des victimes.L’association française Buchenwald-Dora et Komman-dos ainsi que le Comité international Buchenwald-Doraont signé un communiqué manifestant leur indignationcontre la profanation du cimetière. Ils ont également té-moigné leur soutien aux responsables des mémoriauxet aux autorités de la Ville de Gardelegen.

Agnès TRIEBEL

Le dernier jeudi de novembre «Ernst und heiter» (NdT : «Grave et gai»), tel était le titre du 18e concert qu’avaient organisé clandestinement les dé-portés du camp de Buchenwald, le 16 avril 1944. Ainsi s’intitulait également la manifestation musicale organisée àWeimar sous la direction de notre amie Anke Klüssendorf, le 29 novembre 2012, par le Förderverein de Buchenwald(association des Amis de Buchenwald, présidée par l’ancien maire de Weimar, Volkhardt Germer). Des musiciens derenommée mondiale ont offert leur talent pour soutenir la mémoire des victimes de Buchenwald et rappeler le rôlegrandissant de la musique comme moyen de résistance dans un camp qui, au fil des années, devenait de plus enplus international. La musique, la seule langue de cette Tour de Babel...Le Förderverein renouvellera désormais chaque année cette magnifique expérience, le dernier jeudi du mois de no-vembre, au théâtre de Weimar. Un trait d’union supplémentaire pour souligner la volonté de Weimar et de Buchen-wald de porter communément leur histoire. Cette initiative est placée sous le patronage de Mme ChristineLieberknecht, Ministre-Présidente de l’Etat de Thuringe. A T

Les hommes (civils) de Gardelegen arrivent sur place sous contrôle US avec une croix.

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DOSSIER

Les associations/amicales d’Auschwitz, Bergen-Bel-sen, Buchenwald, Dachau, Mauthausen, Neuen-gamme, Ravensbrück, Sachsenhausen étaientreprésentées par leur président(e) et les organisateurs,en leur sein, des voyages de mémoire. Les présidentsdes Amicales de Natzweiler et Flossenbürg étaient ex-cusés. Le président de l’AAFMD était là. Deux invitésextérieurs : Yannis Thanassekos (sociologue, membredu Conseil scientifique de la FMD) et Mylène Cabour(professeure d’histoire, qui a une solide expérience desvoyages sur sites avec élèves).

La rencontre avait été préparée sur des fiches per-mettant une comparaison des pratiques, dans lalongue durée : histoire (origine, fréquence, durée) – pu-blics impliqués (effectifs, sociologie, place des sco-laires) – parcours (invariants et extensions, campsannexes, tourisme associé) – contacts sur place (au-torités, riverains, ambassade) – conception (rituels, «témoins » et organisateurs, didactique, logistique,communication).

Les réponses font apparaître une remarquable simili-tude du cœur d’activité : chaque association aconstruit ses propres pratiques, et les analogiesconcernent le format des « pèlerinages » (devenus il ya une dizaine d’années « voyages de mémoire », maisl’ancienne désignation résiste), une certaine réductiondes groupes (plus nette sur la très longue durée), le re-nouvellement des générations impliquées et l’affirma-tion de la nécessité de ces voyages. Des différencesapparaissent, qui reflètent le contexte historique etl’environnement géopolitique : intérêt accordé auxcamps annexes, contacts, contrepoint touristique. Lavitalité actuelle des associations est une autre varia-ble.

L’échange s’est noué dans l’approfondissement dequelques questions :

- Il est important de se rendre sur les sites. A ceux qui,aujourd’hui, le contestent (= il n’y a plus rien à voir,c’est morbide, la vérité n’est pas dans la topographie,le tourisme de masse est à fuir), il faut opposer l’im-prégnation, la force des témoignages in situ (directsou non), l’inévitable transformation des lieux.

- Il importe de développer les relations avec les rive-rains, les autorités et militants locaux : nous apporte-rons d’autant plus que nous sommes accueillis.

- L’accueil de publics extérieurs (le monde enseignant, ...)affirme notre expertise et prévaut sur le repli affectif.

- Ces voyages constituent l’un des pôles moteurs denotre activité, justifient notre existence.

Quelles conclusions ? Le sujet a permis une large ren-contre, fertile selon tous les participants. Inévitable-ment, la conversation a parfois dérivé – au regret del’auditoire. Surtout, une réflexion a été engagée, qui vas’enrichir.

Daniel SIMON

VISITES DES CAMPS, TÉMOIGNAGES DES DÉPORTÉSNotre association a participé dernièrement à deux moments de réflexion importants.

Le premier concerne nos voyages “Action Mémoire”. Nous avons confronté nos pratiques et nos ambitions àcelles des autres amicales afin de dégager des pistes pour l’avenir.

Le second tourne autour de l’importance du témoignage dans notre activité mémorielle. Sont-ils essentiels ?Pourrons-nous nous en passer pour expliquer Buchenwald aux générations futures ?

La première initiative est le fruit de la saine coopération qui s’est instaurée entre les amicales.

La seconde était placée sous la responsabilité de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation. L’une etl’autre ont enrichi nos connaissances et peuvent améliorer nos pratiques.

VISITER LES SITES DES CAMPS :

PRATIQUES, EXIGENCES, INTERROGATIONSDans le cadre de son congrès (Paris 16-18 novembre), l’Amicale de Mauthausen a convié les autres associa-tions/amicales de camp à une demi-journée de réflexion partagée sur la visite des camps et de leurs kom-mandos. Cette question recouvre une activité fondatrice de nos associations, dont l’expérience accumuléedepuis la fin des années 1940 n’avait jamais été soumise à ce diagnostic.

De g. à dr. : Daniel Simon (Mauthausen), Simone Gournay

(Ravensbrück), Raphaël Esrail (Union des Déportés d’Aus-

chwitz), Dominique Orlowski (Buchenwald)

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dossier

Peu avant le départ, je récupère la liste des participantsqui ont tous ont mon numéro de téléphone et peuventm'interroger avant le voyage.

Je m'intéresse de très près à ces participants pour ré-pondre au mieux individuellement à leurs attentes. Jefais donc une recherche approfondie que possible surle déporté qui a motivé leur visite s'il s'agit de famille.

Si le déporté est là, je fais le même travail afin de pou-voir le faire témoigner durant le séjour.

Lors du voyage en autocar qui dure environ 12 heures,je rencontre chacun des participants avec lequelj'échange pour essayer de voir comment je peux ré-pondre à ce qu'ils sont venus chercher.

Je fais aussi au micro une présentation du contexte,c'est à dire un court rappel historique. Je commencetoujours par me présenter ainsi, « je m'appelle Domi-nique Orlowski, je suis la fille de Jacques Pain, com-muniste, résistant, déporté à Buchenwald du 16décembre 1943 au 11 avril 1945 matricule 38489 ».

Je précise que j'ai été formée pour faire cette visitemais que je n'ai pas été moi-même déportée et ne peuxtout connaître.

Puis je fais passer un film sur les camps de concentra-tion réalisé par Henri Coty ancien déporté.(...)

J'organise la visite dans l'ordre chronologique de l'ar-rivée des déportés. Je donne le cadre général et je de-mande aux déportés présents leur propre vécu etressenti à chaque étape.

Par exemple : la première étape est l'arrivée desconvois à la gare de Buchenwald. J'explique les condi-tions de voyage, (je trace au sol un petit carré et je de-mande à quelques personnes de se placer à l'intérieurafin qu'elles se rendent compte de la promiscuité, del'entassement), puis d'arrivée soit à la gare de Weimarsoit à celle de Buchenwald puis je donne la parole auxdéportés afin qu'ils racontent leur voyage et leur arri-vée.

La visite se poursuit ensuite avec de nombreux arrêts,ceux prévus et ceux demandés par les participants quipeuvent poser des questions au fur et à mesure.

Je m’arrête dans la salle de la maquette située dans lebâtiment comportant la Tour et le portail d'accès justeavant l'entrée du camp afin de raconter l'histoire géné-rale du camp et la vie globale des déportés. A chaquefois, les déportés interviennent pour illustrer mon pro-pos de leur expérience et les participants peuventposer des questions. La durée est d'environ 1 heure.

Ensuite nous entrons dans le camp, chaque personnerentre une par une. Je précise en direction des plusjeunes qu'il s'agit d'un cimetière et qu'il convient de secomporter avec respect. Nous nous rendons sur la

Notre association conçoit des voyages à Buchenwalddepuis avril 1950. D’abord pèlerinage pour les dépor-tés eux-mêmes, chargés d’une souffrance indiciblemais aussi souvent des souvenirs d’une solidaritéexemplaire, de plus en plus accompagnés par leursconjoints. Progressivement, les voyages ont ensuitetouché plus largement les descendants, et la familleplus étendue, neveux et petits-neveux, et, enfin, les en-seignants, collégiens et lycéens, souvent dans le cadredu CNRD, ainsi que d’autres publics intéressés en de-hors de tout lien familial ou professionnel.

Le Mémorial allemand de Buchenwald et celui de Doraont progressivement mis en place d’importants supportspédagogiques : monuments, musées, brochures, guidesaudio, salle de projection, services pédagogiques multi-lingues qui accueillent des élèves de toute nationalitévenus travailler sur le camp et/ou sur des itinéraires dedéportés à travers textes, photos, objets.

Pour ma part, j'ai fait mon premier voyage au camp en1995 pour essayer de connaître ce qu'avait vécu monpère en ce lieu.

Pour nous accompagner il y avait un ancien déportéqui nous expliquait son vécu alors que nous tous étionsassis autour de lui dans une salle avec une maquette.Nous écoutions en silence, avec attention et émotion...

Guy Ducoloné et les autres responsables de l'associa-tion réfléchissaient à l'avenir de l'association. Ils ontdécidé de former des « jeunes » comme ils disaientpour deux objectifs : accéder à la direction de l'asso-ciation et accompagner des groupes sur site.

J'ai fait partie du premier groupe de formation. Nousétions une dizaine et sommes venus le samedi pendantplusieurs semaines fin 1998 assister aux cours déli-vrés par des historiens et des anciens déportés.

Nous avons tous enrichis cette formation par d'impor-tantes lectures.

En fin de formation, nous sommes allés à Buchenwaldavec Lucien Chapelain, le déporté responsable desvoyages à l'époque et avons eu une visite classique,comme celle qu'il faisait habituellement.

Très rapidement, nous avons pris des responsabilitésau sein de l'association et en particulier dans l'organi-sation et accompagnement des voyages.

Auparavant nous dépendions d'une agence de voyagece qui coûtait fort cher. Une des bénévoles de l'asso-ciation a entièrement repris l'organisation des voyagesqui sont depuis préparés de A à Z par l'associationsans intermédiaire, hébergement, restauration, et ré-servation de l'autocar.

J'accompagne maintenant des groupes sur site depuisune dizaine d'années.

L’ASSOCIATION ET LES VOYAGES A BUCHENWALDDominique Orlowski a représenté notre association dans la réflexion autour des visites de camps. Elle y a ex-primé sa pratique et la philosophie qui la guident. J-C Gourdin, R. Koerner, C. Gaidry, O. Desjours sont les au-tres accompagnateurs habituels de nos voyages.

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plaque mémorielle de la place d'appel où l'un desjeunes, parfois plusieurs, lit le Serment de Buchenwald.

Ils sont volontaires et je leur ai donné le texte dans l'au-tocar afin qu'ils puissent en prendre connaissance suf-fisamment à l'avance.

Après cette lecture c'est l'occasion d'un premier mo-ment de recueillement avec dépôt de fleurs. On conti-nue la visite du camp par le crématoire. A chaquestation, je donne quelques explications que les dépor-tés enrichissent et nous faisons des moments de re-cueillement selon le lieu.

Je suis très attentive aux émotions des participants etsuis le plus possible en empathie avec eux. Lorsquenous sommes deux accompagnateurs, ce qui est pos-sible en fonction du nombre de participants, le secondse charge plus particulièrement de l'écoute, de l'ac-compagnement et du soutien aux visiteurs.

La visite de Buchenwald se fait sur une journée etdemie. Un jour entier dans le camp, une demi-journéepour la visite du Mémorial et une visite libre où chacunva où il le souhaite dans le camp : Musée, expo, ouavec moi pour aller dans des lieux moins connus etmoins classiques, la fosse aux cendres par exemple.

Nous visitons aussi le camp de Dora et le Kommandod'Ellrich, parfois d'autres Kommandos. Je procède dela même façon : explication générale, interventions desdéportés, moments de recueillement, réponses auxquestions et écoute des commentaires ou apport desparticipants.

S'il n'y a pas de déportés, ce qui m'est déjà arrivé, j'es-saie de donner encore plus d'explications.

Lors du séjour, il y a un soir où nous nous réunissons.Les déportés détaillent leur parcours et répondent auxquestions des participants. Les familles peuvent aussiretracer le parcours de « leur » déporté et c'est un mo-ment important pour tous.

Dans l'autocar de retour vers Paris, je demande auxpersonnes de bien vouloir donner par écrit, à l'asso-ciation, leurs sentiments quant à ce voyage afin quenous puissions améliorer la prestation et être aux plusprès de leurs besoins.

L’avenir est, quant à lui, porteur de nombreuses diffi-cultés ou de nombreuses inquiétudes :

Disparition des témoins, fragilisation consécutive denos associations, évolution des publics, contraintes ré-glementaires croissantes sur nos voyages, amalgamenazisme-communisme de plus en plus fréquent, éven-tuelle disparition ou transformation des lieux de mé-moire

Nos visites, qui nourrissent la mémoire du camp et saspécificité historique, contribuent également à la pro-tection des lieux de mémoire. Nos associations sontdes forces de propositions. A Buchenwald, nous avonsoeuvré pour une refonte du musée.

Poursuivre notre travail, dans ce contexte d’affaiblis-sement général nécessitera probablement que nousréfléchissions à l’union de nos efforts aussi bien sur desaspects matériels et économiques que sur des objec-tifs tels que des visites croisées, l'organisation de col-loques transversaux, des formations d'accompagna-teurs communes, etc.

Dominique Orlowski

DU RÉCIT DE VIE AU TÉMOIGNAGELa Fondation pour la mémoire de la déportation organisait, fin décembre 2012, un colloque international sur laplace du témoin et des témoignages dans l’historiographie du XXe siècle. Alors que se dessine de plus en plusprécisément l’ère de l’après témoins, comment la dépasser en apprenant à “lire” les témoignages ?

La question du témoignage est régulièrement abordéedepuis les années 1980, et il ne s’agissait pas de reve-nir sur la légitimité du témoignage comme source pourl’histoire, débat partiellement dépassé, même si l’usagedes témoignages connaît dans les cercles acadé-miques une fortune cyclique, comme l’a répété Anne-Marie Granier-Abisset. Ce colloque avait pour ambitiond’envisager le témoignage dans ses différentes dimen-sions (transmission, partage d’expérience, présenta-tion de soi, reconnaissance sociale, élément du travailde deuil) et dans une approche pluridisciplinaire,quoique limitée, et pas uniquement autour de la dé-portation. D’un bon niveau scientifique, il n’a pu ce-pendant éviter quelques écueils : dans la forme, enaccumulant dans un temps restreint trop de contribu-tions et en limitant à la portion congrue les momentsde débats, notamment avec les témoins. Sur le fond enne pouvant assurer la cohérence de sa construction etune visibilité claire de son but. Sans doute la synthèsequi accompagnera la publication des actes y pallierat’elle.

Présenté par Françoise Passera, le projet EGO (Ecritsde Guerre et d’Occupation) estime à plus de dix millele nombre de témoignages publiés sur cette périodedont plus de 1 200 entre 1940 et 1944, un nombre aussiappréciable la décennie suivante, puis une baisse ten-dancielle rompue dans les années 1970 avant l’explo-sion actuelle. D’autres matériaux (journaux télévisés,témoignages oraux) font l’objet du projet MATRICE, etl’on sait que la Fondation pour la Mémoire de la Dé-portation a enregistré cent témoignages, une quêtepoursuivie par les Associations de camps et, encorerécemment par l’Union des déportés d’Auschwitz.

Si les témoignages sur la période du premier conflitmondial ont été abondamment étudiés et « mobiliséspar l’historiographie » comme l’a rappelé Nicolas Ma-riot, ce n’est pas le cas de ceux concernant laDeuxième guerre mondiale. Le projet EGO, outre lacompilation et l’indexation des sources testimonialesécrites et publiées vise à critiquer au sens scientifiquedu terme les biais innombrables, favorisés par le tempset l’air du temps, qui interfèrent sur la restitution des

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expériences vécues et les intentions de l’auteur. Illus-trant cette problématique, la contribution de Riki VanBoeschoten s’est attachée à mesurer « les élémentsqui transforment un récit de vie dans un témoignage ».Des éléments externes comme le contexte de l’entre-tien, les expectations de l’enquêteur, le discours publicsur le rôle du témoin, ou plus internes, comme la naturede l’expérience vécue, ou la position du sujet enversl’histoire, ou son rapport à la collectivité environnante.Cette lecture a été appuyée par la communication deFrançois Muracciole, ayant enquêté sur 3 800 témoi-gnages de Français Libres. Le chercheur à amplementdémontré «de quelle façon le témoignage, source sub-jective par excellence, permet de reconstituer des don-nées objectives que la lecture des archives écrites nepermet pas toujours d'établir. Ainsi est-il possible, decette façon, de dépasser la querelle entre partisans etadversaires du témoignage qui apparaît, en définitive,comme une source ordinaire soumise à la critique his-torique.»

Les différentes études de cas proposéespar les autres communicants ont, globa-lement, soutenu ce discours, qu’il portesur la seconde guerre mondiale et lesdéportés ou sur des témoignagesconcernant d’autres moments histo-riques. Parlant des prisonniers françaisde la guerre d’Indochine, Julien Mary abien montré la «recomposition» des té-moignages autour de « paradigmes do-minants successifs», de «généalogie desdiscours successifs». Celle ci est parti-culièrement l’objet des études du cher-cheur autrichien Peter Kuon autour desdéportés de Mauthausen qui parle des «trous » des témoignages de la déporta-tion politique, tout comme CharlesHeimberg, à partir de comparution de té-moins devant des scolaires, insiste surles temporalités du témoignage et leurmise en scène alors que, comme l’a critiqué Bruno Vé-drines, le témoignage est absent de l’enseignement lit-téraire et donc l’apprentissage de son décryptage.

L’exemple le plus abouti de la distance critique que doitprendre l’historien avec le témoignage nous sembleavoir été fourni par la communication de Bertrand Ha-melin sur l’historien et ancien déporté Michel deBoüard. Celui-ci utilisera son témoignage successive-ment comme instrument politique, puis comme sourcehistorique pour des travaux scientifiques, puis commecorpus mémoriel pour l’histoire du camp de Mauthau-sen. Enfin, par un curieux retournement il livrera à re-bours son témoignage dans les polémiquesnégationnistes des années 1980.

Si le témoignage de Michel de Boüard aura aussi valeuradministrative dans la constitution de dossiers de dé-portés, celui d’autres déportés « célèbres » (on pensepar exemple à Marie-Claude Vaillant-Couturier ouPierre Durand) sera au cœur du dispositif de procèspour crime contre l’humanité, sujet plus spécifiquementdéveloppés lors du colloque par Yves Ternon et Sé-

bastien Ledoux. Le premier a comparu de nombreusesfois comme « témoin sachant » d’une période qu’il n’apas connue (génocide arménien) le second a bien mon-tré comment les témoignages « ont été les vecteursd’un processus d’homogénéisation des représenta-tions du passé » au procès Barbie.

Ultimes dimension et nécessité du témoignage, lesétudes menées par le Docteur Michel Pierre et le psy-chologue Serge Raymond sur une cohorte suivie de dé-portés montrent que le témoin reconstruit son identitégrâce à son témoignage.«Le témoin ne se réduit pas à être l’émetteur d’un té-moignage» disent-ils, car « la composante émotionnelleimmédiate ou retardée influe sur les processus de mé-morisation des événements» de même que les réac-tions produites par le témoignage sur l’environnementfamilial et social.

Se détacher de cette dimension, c’est tout le travailmené par le témoin Serge Choumoff,devenu historien, une évolution ex-posée par Thomas Fontaine encontrepoint des témoins scienti-fiques que furent André Sellier pourDora ou Germaine Tillion pour Ra-vensbrück, - dont le cas a été évo-qué par Marie-José Chombart delauwe - voir Eugen Kogon pour Bu-chenwald, utilisant leur formationuniversitaire pour construire le té-moignage de leur déportation et plusgénéralement de l’univers concen-trationnaire. « Marqué par ses sou-venirs, Serge Choumoff s’attachacontinuellement à les inscrire dansune mémoire commune. La re-cherche fut sans doute l’outil premierde cet objectif ; il nous laisse plu-sieurs travaux importants d’histoire.Le témoin plaida auprès de ses ca-marades la nécessité d’une histoire

rigoureuse. Envers les historiens « professionnels », sonparcours illustre une recherche de légitimité, person-nelle et des résultats avancés » plaidera Fontaine.

Reste la question du témoignage comme source litté-raire et source (cependant) de connaissance, ce quinous rapproche du projet EGO. François Rastier etCharlotte Lacoste dans cette dernière approche abor-dée par le colloque, ont bien montré les enjeux duroman historique dans la société contemporaine, etcelui du témoignage confronté à des spécificités nar-ratives particulières qui déligitiment sans doute à tortsa valeur testimoniale et mémorielle.

Pour notre part, et au terme de ce colloque, il noussemble que la diversité des communications permet deconférer au témoignage un statut identique à celui desautres sources qui permettent de construire une imagedu passé, pour autant qu’il soit pleinement contextua-lisé et appréhendé dans l’ensemble de ces dimensions,y compris esthétiques et émotionnelles.

Dominique Durand

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repas fraternel 23 mars 2013

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R E P A S F R A T E R N E LSamedi 23 mars 2013C C A S E. D. F.

Immeuble René Le Guen - Bât A - 8 rue de Rosny - 93100 MONTREUIL

Samedi 23 mars 2013 à 13 heuresBULLETIN D'INSCRIPTION

Le prix du déjeuner est fixé à 39 euros - 20 euros pour les veuves de déportés à Buchenwald, Dora, dans les Kommandos et les jeunes de moins de 15 ans.

Nom ...................................................... Prénom ............................................

Retient ..................... repas

Nombre de personnes ..................... x 39 euros = ............... euros

..................... x 20 euros = ................ euros__________

Ci-joint la somme de ................... euros

(chèque à libeller à l’ordre de l’Association française Buchenwald Dora et Kdos et à adresser 16 rue Demarquay - 75010 PARIS)

IMPORTANT - Merci de nous préciser sur le bulletin d'inscription les nom et prénom des personnes vous accompagnant.

Accompagnateurs : ................................................. ............................................................................................... ............................................................................................... ..............................................

Informations pour se rendre à Montreuil

En métro : ligne n° 9 direction Mairie de Montreuil - descendre à Mairie de Montreuil.

L’immeuble René Le Guen fait l'angle de la rue de Rosny et de la rue Gaston Lauriau. Traverser la place Jean Jaurèsen diagonale.

En voiture : depuis la Porte de Montreuil - prendre direction Montreuil centre (vous êtes rue de Paris) - continuer larue de Paris jusqu’à la Croix de Chavaux - au feu continuer tout droit (direction D 37B Mairie de Montreuil - Place JeanJaurès) - au 1er feu prendre à gauche la direction Romainville - Mairie de Montreuil - Place Jean Jaurès (vous êtes ave-nue du Président Wilson). Puis suivre la rue du Général Galliéni. Passer devant la Bourse du travail (immeuble sur lagauche) - Au croisement suivant, continuer tout droit. (Vous êtes arrivé).

L'entrée du parking est située rue Gaston Lauriau (tout de suite sur votre gauche)

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VOYAGES “ACTION MEMOIRE”

PROGRAMME (Reste 9 places)

Lundi 29 avril 8 h 30 : départ en autocar de Paris-gare Montpar-nasse –déjeuner (sandwich, dessert, boisson). Arrivée Ballstedt (hôtel-restaurant Zur Tanne) dans lasoirée. Dînert et nuit

Mardi 30 avril Visite du camp de BuchenwaldDéjeuner à l’hôtel Zur Tanne.Suite de la visite du camp de BuchenwaldDîner et soirée à Zur Tanne

Mercredi 1er maiDépart en direction de Nordhausen, pour la visite ducamp de DoraDéjeuner au Museumcafe de Dora.Suite de la visite de DoraDépart pour le camp d’EllrichDîner et soirée à Zur Tanne.

Jeudi 2 mai Départ en direction de Bad Lobenstein pour la visitedu Kommando de Laura.Déjeuner dans les environsRetour dans la soirée à Ballstedt : dîner et soirée àZur Tanne.

Vendredi 3 mai8 heures : retour en direction Paris-gare Montpar-nasse. Déjeuner (sandwich, dessert, boisson).Arrivée dans la soirée.

PROGRAMME

Lundi 26 août13 h 30 : départ de Paris-Montparnasse en directionde CompiègneArrivée 15h00Visite du Mémorial de l’internement et de la Déportationau camp de Royallieu (2 heures)Dépot de fleurs à la gare de CompiègneArrivée hôtel à Compiègne : Dîner et nuit

Mardi 27 aoûtDépart de Compiègne à 8h00 en direction de Ballstedt(817 kms)Arrivée vers 18h30 (pause déjeuner en route : sand-wich, dessert, boisson)Arrivée à Ballstedt en fin de journée (hôtel restaurantZur Tanne). Dîner et nuit

Mercredi 28 aoûtVisite du camp de Buchenwald

Jeudi 29 aoûtVisite du camp de Dora et du Kommando Ellrich

Vendredi 30 aoûtRetour sur Paris.Arrivée dans la soirée.

Le départ de Paris à 13 h 30 pourra permettre aux par-ticipants au voyage venant de province de ne pas êtredans l’obligation d’arriver à Paris la veille. (Communi-quez-nous à l’avance votre heure d’arrivée à Paris)

Du 29 avril au 3 mai 2013

LAURASuite à l’article sur le Kommando Laura paru dans leSerment n° 346 (page 12), notre camarade AlbertDUPRAT (KLB 30477), ancien déporté dans ce kom-mando nous apporte des informations complémen-taires :“A Laura on essayait l’appareil propulseur des V2pour vérifier si les soudures étaient sans défaut.Après vérification, ces appareils propulseurs éaientenvoyés à Dora pour être montés sur la fusée V2.La combustion de ces fusées était produite par del’oxygène liquide et de l’alcool dénaturé qui arrivaitpar train complet.Il est exact qu’on y produisait de l’oxygène liquide.Au musée de Laura se trouve encore un appareil pro-pulseur que les participants pourront voir lors de lavisite du musée.”

Du 26 au 30 août 2013

COMPIEGNE - ROYALLIEU

De 1941 à 1944, la caserne de Royallieu fut trans-formée par l'armée allemande en l'un des principauxcamps de transit de France vers les camps deconcentration. Près de 45 000 personnes y ont étéinternées pour une période plus ou moins longue :internés politiques, résistants, pour beaucoup com-munistes, civils russes ou américains et juifs. Dé-portés, soumis au travail forcé et aux mauvaistraitements, près de la moitié sont décédés pendantle transport ou dans les camps. De l'ancien campsont conservés trois bâtiments qui sont eux-mêmeobjets d'exposition. Des documents originaux etdes témoignages enregistrés évoquent les condi-tions de détention qu'ont connu à Compiègne la plu-part des déportés de Buchenwald

T A R I F identique pour les deux voyages

PRIX par personne

560 euros en chambre double590 euros en chambre individuelle

Pour tout renseignement, contacter l’Association, par téléphone au 01 42 85 44 93 ou par mail : [email protected]

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PAGES DE LECTURE... ET DE CULTURE

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Issy les Moulineaux en 1995. Et demeurait actif dans lecomité Tlemcen qui honore la mémoire des enfants juifsdéportés par Vichy.

Christian Langeois, Henri Krasucki, Le cherche Midi éditeur,Paris, 2012

Un prêtre dans l’univers concentrationnaire.Joseph Kere-bel, le jeune vi-caire deMontville, prèsde Rouen, estentré en Résis-tance naturel-lement, aprèss’être évadédu camp defortune où il

avait été emprisonné par les Allemands en 1940. Cet en-gagement se fait au Front patriotique de la jeunesse, unpeu par hasard et l’abbé héberge des résistants et ré-fractaires au STO, participe à la rédaction et l’impressionde tracts et du Journal L’espoir du jeune patriote nor-mand. En août 1943 il accueille chez lui Paul Le Goupil,jeune instituteur résistant, qui prend pour ainsi dire pen-sion chez l’abbé. Tous deux sont arrêtés le 13 octobre1943 par la Gestapo, sérieusement malmenés, incarcé-rés à Rouen, transférés à Compiègne en avril 1944 etembarqués le 27 dans le fameux convoi des Tatouésvers Auschwitz. Kerebel sera ensuite transféré vers Bu-chenwald puis Flossenbürg, par la suite au Kommandode Flöha avant de mourir du typhus à Theresienstadt le19 juin 1945, après une marche de la mort éprouvante. Stéphane Cauchois vient de consacrer une étude sé-rieuse à ce prêtre résistant mort en déportation, sanscéder à l’hagiograhie et en sachant utiliser les témoi-gnages et documents d’archives recueillis. Nos amisPaul Le Goupil et André Bessière, le premier qui fut déjàson compagnon de résistance en Normandie et le se-cond celui de sa déportation l’ont aidé.Cauchois, après avoir largement évoqué l’enfance etl’entrée en religion de Kerebel – on peut regretter que lesliens du jeune curé avec la JOC soient trop rapidementabordés – dit, la guerre venue, le courage de l’abbé et safoi inébranlable en Jésus-Christ, sa volonté de rassem-bler les croyants en toutes occasions, ses moments defaiblesse, l’attitude, souvent critique de ses camarades.Du prêtre déporté il souligne l’intransigeance dans sa foi- Il fabrique clandestinement une croix qu’il porte osten-siblement- et la diversité des actes : il donne des sacre-ments, baptise l’un de ses compagnons, célèbre unoffice pour l’un des morts. «Seul prêtre de Seine-Mari-time déporté non rentré, oublié par une hiérarchie dontil a pourtant sauvé l’honneur» comme l’écrit dans unecourte et élogieuse préface Paul Le Goupil, Kerebel mé-ritait ce livre.

Stéphane Cauchois, Joseph Kerebel, prêtre résistant mort endéportation, Ysec-medias , Louviers, 2012

Dominique Durand

Henri KrasuckiEn 1982, Henri Krasucki devient secrétaire général de la CGT. Il suc-cède à Georges Séguy et conser-vera cette fonction dix années.L’ouvrage que vient de lui consacrerChristian Langeois retrace la vie dumétallo, né en Pologne, déporté parles nazis pour acte de résistance etayant gagné petit à petit ses galonssyndicalistes dans la Franced’après guerre. On y découvrira unKrasucki mélomane, attirant, dis-

cret, exigeant avec lui-même et les autres, pesant sesmots, bien loin des caricatures qui dessinaient un appa-rachick communiste dur, secret et stalinien. Mais on ytrouvera aussi un homme engagé se souvenant de sarésistance et sa déportation. Membre des jeunesses communistes avant guerre, il estde ceux qui, dès juillet 1940, distribue des tracts et des-sine des slogans contre l’occupant sur les murs. Jusqu’àson arrestation, la plupart des jeunes FTP –MOI de Paris,communistes issus de l’immigration juive des pays d’Eu-rope centrale ou orientale seront sous sa responsabilitéet multiplieront les actions. Nombreux seront les fusilléset parmi eux ceux de l’Affiche rouge. C’est en mars 1943 que les Brigades spéciales le pren-nent. Il est incarcéré à Fresnes, puis, le 21 juin, transféréà Drancy. Le 23, départ pour Auschwitz. Il y devient lematricule 126049 et est affecté aux mines de charbonde Jawischowitz où la résistance organise la solidarité.Le 18 janvier 1945 le camp est évacué. Le 22 son convoi,celui «où la moitié des passagers sont à l’état de cada-vres» est à Buchenwald. Sur sa fiche d’entrée, Henri Kra-sucki porte le matricule 117651. « Strumpfmacher » estla profession indiquée : fabricant de bas. Il est rapidement repéré par la résistance interne ducamp. C’est à lui et deux de ses compagnons que Sem-prun fait référence dans « Quel beau dimanche » quandil évoque Daniel, tailleur juif parisien lui demandant deveiller à ce que « trois copains des FTP arrivant de Po-logne (ne soient pas) embarqués par surprise dans untransport ». La quarantaine achevée Krasucki se retrouveau block 31 dont le responsable est Max Enker et là oùse réunira l’état major de la BFAL lors de la libération. Ilrentre à Paris le 28 avril et, dira-t-il, le défilé du 1er mai1945 restera pour lui le plus fort de ceux auxquels il aparticipé et participera. En 1997, il affirme que la dépor-tation lui a donné « une expérience de la vie inégalable,terrible, le prix fort. Mais une connaissance des hommes(…) avec (leurs) aspects les plus contradictoires, les plusaffreux comme les plus beaux… Une connaissance quim’a servi toute la vie. J’ai appris la complexité et la réa-lité des hommes. C’est une forte école contre le secta-risme. J’ai appris très tôt, par les forces des choses.Savoir prendre des décisions, savoir prendre des initia-tives, savoir organiser ». Il est mort en janvier 2003, d’un cancer, à l’âge de 78ans. Il avait participé au congrès de notre association à

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DANS NOS FAMILLES

DÉCÈSDéportés- François ARMENIO, KLB 41315,- Martial BEL, 53875, Dora- Louis BESSE, KLB 30484, Laura- Marcel CARRE, KLB 81514, Wit-ten-Annen- Lucien COUREAU, KLB 44524,Kdo Weimar (arrêté sous le nom deLouis Choland)- André DUMON, KLB 20512, Dora- Pierre FERDONNET, dit Pierre LE-MOINE, Auschwitz (185925), Bu-chenwald (52534), Flossenburg(9918)- Pierre GEST, KLB 81550- Léon HENNIAUX, KLB 136477- Delphin MAILLET, KLB 53389- Camille MONNOD, KLB 51124,Dora, Ellrich

Familles, Amis- Marie ALLENOU, veuve de Au-guste ALLENOU (Hinzert, Breslau,Gross-Rosen)- Louise EVERARD, veuve deHenri EVERARD (KLB 22004, Dora)- Ruchla GOLDSZTEJN, veuve deChaïm GOLDSZTEJN (Auschwitz,Buchenwald, Langenstein, Gross-Rosen)- Marguerite de MARCHI, veuve deGino de MARCHI (KLB 39912)- Lucienne PUISSANT, veuve deRobert PUISSANT (KLB 49612)- Sylvie TELLIER, fille d’AristideTELLIER (KLB 42628, décédé le10/09/1992)- Patrick ZYGUEL, fils de Léon ZY-GUEL (KLB 124969)

A toutes les familles et les amis,nous adressons nos condo-léances les plus sincères.

DECORATIONS

- Notre ami Raymond SAVOYAT,jeune résistant FTP en Chartreuse,qui avait participé à l’évacuation ducamp de Buchenwald commesous-lieutenant dans les troupes duGénéral Patton a été fait Chevalierdans l’ordre de la Légion d’honneurle 11 novembre 2012.

- Fernand KALISZ, arrivé à Buchen-wald le 26/11/1944 (KLB 97825), li-béré au cours d’une marche de laMort le 23/04/1945, a été fait Che-valier de la Légion d’honneur le 1erjanvier 2013.

- Dominique ORLOWSKI, fille deJacques Pain (KLB 38489), an-cienne secrétaire générale de l’as-sociation, co-auteur du “Mémorial”des déportés à Buchenwald en1999 et aujourd’hui animatrice duprojet du Dictionnaire de Buchen-wald, a été faite Chevalier de la Lé-gion d’honneur le 1er janvier 2013.

- Christian BOITELET, KLB 42522,Dora, Ellrich, a été nommé au gradede Chevalier dans l’Ordre desPalmes Académiques.

Avec toutes nos félicitations.

NAISSANCE

- Maxence, arrière petit-fils deJacques BELLANGER (KLB51011, dédédé en 1993), 3e petit-enfant de Jeanne OZBOLT, adhé-rente de notre Association.

Avec tous nos voeux de bonheur.

AVIS DE RECHERCHELe réalisateur Philippe Baron prépare actuellement un documentaire pourFrance 3 qui retrace la vie de Raphaël Elizé.

Raphaël Elizé fut le premier maire noir de France, entre 1929 et 1940, à Sablésur Sarthe. Destitué de son poste par les allemands du fait de la couleur desa peau, il entra en résistance et fut déporté à Buchenwald par le convoi du19 janvier 1944. De sa vie dans le camp, on sait peu de choses: son matricule40 490, qu'il travailla à l'usine Gustloff-Weimar et qu'il y mourût dans le bom-bardement de l'usine du 9 février 1945.

On sait également qu'il participa�à la rédaction d'un journal clandestin intitulé"Les concentrés gloria" en compagnie de Robert CLOP, Bernard BAUDOUIN-PASPUONET, Alain TARNEC, Jacques CATRY-MEURISSE, Paul GUINARD,Georges FERRE, Lucien CLÉRET ainsi que MONTEL, BLANC, DREANO,ROMER et CHAMPARNAUD.

Philippe Baron cherche tous renseignements ou souvenirs sur Raphaël Elizéainsi que sur l'activité� des "Concentrés Gloria".

Vous pouvez le contacter au 06 84 54 09 48 ou sur [email protected]

Pierre FERDONNET

Ancien déporté-résistant né le 22juin 1926 à IVRY, Pierre Ferdonnetest décédé le 10 janvier 2013

Arrêté en septembre 1943, empri-sonné à Fresnes puis Compiègne,il est déporté à Auschwitz le 30 avril1944, avec Marcel Paul dans leconvoi dit «des tatoués» (matricule185925), puis Buchenwald où il ar-rive le14 mai. Il est enfin dirigé surFlossenburg jusqu’à la libération etson retour sur Bourges.

Pierre était très engagé politique-ment. Il fut 1er adjoint au Maire deBourges pendant de longues an-nées. Grand Résistant il n’avait decesse de témoigner sur la résis-tance et la déportation auprès desjeunes du Cher, toujours accompa-gné de son épouse Madeleine, dontla mère, Jane Vilpoux, fut déportéeà Ravensbrück.

Pierre était connu et respecté detous. Une foule de Berruriés, dontbeaucoup de personnalités, l’ontaccompagné à sa dernière de-meure, salué par une vingtaine dedrapeaux. Après deux discours,dela Municipalité de Bourges, et duSyndicat CGT des cheminots (où ilavait, là aussi une activité), Gene-viève Guilbaud a dit quelques motsau nom de la FNDIRP et de notreAssociation. Enfin sa petite fille luia récité un poème et son petit fils arelaté les moments forts passésavec son grand-père, témoignantde son passé de Résistant et deson engagement politique.

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SOUSCRIPTIONS DU 28 AOÛT AU 20 DÉCEMBRE 2012La période d’envoi des cartes d’adhérents est toujours une période favorable pour cette page, beaucoup d’entrevous complétant généreusement la cotisation annuelle d’une souscription complémentaire. C’estincontestablement un bon moment pour renforcer nos énergies au soleil d’une trésorerie qui s’étoffe et nouspermet d’envisager la mise en œuvre des actions que nous avons prévues. Tout ne devient pas possible pourautant mais, sans vous, rien ne le serait. Nous vous devons en contrepartie une gestion très maîtrisée et vousassurons de tous nos efforts dans ce sens sans sacrifier les investissements indispensables à la poursuite denos activités. Un grand merci à vous tous.

Précision importante : par souci de rationalisation, à partir de 2013, nous n’émettrons plus qu’un seul reçu fiscal récapitulatif pour l’année 2013 au cours du 1er trimestre de l’année 2014.

A.R.

ALABERT Claudine 9ALART Robert 165AMOUDRUZ François 15ARNAULT André 65ARNOULD Christian 15ARPHI-BAYLAC Suzette 100BALLOSSIER Jacqueline 65BARBARROUX Ernest 70BARBILLON Renée 15BARETGE Georgette 100BARRURIER Norbert 25BASCLE Jean 15BAUD Claude 25BEAULAYGUE Roland 65BERTANDEAU André 15BIARDEAU Ginette 14BIGOT Michel 65BILLAC Marie Claude 65BLOCH Jacques 35BODENAN Suzanne 24BOIS Geneviève 24BORDET Edouard 65BOTTAREL Jérôme 20BOUGEOT Josette 38BOURBIGOT Paule 4BOURGEAT Jean René 65BOURLION Odette 65BOUSSEL Liliane 5BREMONT Yvette 44BRETON Denise 44BRETONNEAU Michelle 4BUISINE Jacqueline 25BUSSON Hervé 90CADINOT Madeleine 15CAILLIEREZ Christiane 15CARRERAS Louis 5CASSETARI Laure 60CHAILLOU Georges 65CHAPELAIN Mireille 60CHARLES Jacqueline 5CHASTANG Irène 50CHASTANG Robert 50CHATEL Roger 25CHAUMERLIAC Claudette 65CHIUMINATTO René 15CHOLET Dominique 35CHOUCHAN Nicole 60CLAIRET Geneviève 29CLERMANTINE Simone 200COLLARDEAU-BATARDY 15CORBIN André 15CORNU Paul 65COTTY Renelde 40CRETIN Raymonde 27

CUNCHINABE Michèle 15CURTET Pierre 15DAGALLIER Marcel 15DALIBARD André 215DAUBA René 50DAVID Marcelle 24DE-DEMANDOLX V. 65DEBORD Jacques 15DELAHAIE Jacques 50DELARUE Colette 24DELIOT Marie France 50DELMAS Maguy 34DELOYE Jean Baptiste 5DUQUESNE Josyane 35DEROBERT Marie 40DESJOURS Ombeline 15DUBOURG Paul René 125DURAND Dominique 15DURANDO Marie 39EMONOT Marcel 15ESNAULT Jacqueline 15EVERARD Louise 44FAVIER Robert 15FAVRE Ernest 35FERRAND Huguette 129FERRETTI Christiane 65FILLODEAU Mauricette 24FLAMAND Marinette 15FOUILLEN Constant 65FOURE François 10FRAYSSE Emelie 10FRENCK Philippe 25FREYLIN Paulette 50GALAFRIO Robert 15GARCIA Yvette 50GARRIGUES Claude 80GASPARD André 20GAUBERT Marie Claude 29GAUTHIER Michel 10GENTE Emile 215GERBAL Pierre 300GIL Nicole 35GODET Alfred Julien 200GONZALES Lucie 500GOUFFAULT Lucienne 15GOURDIN Jean Claude 40GOURDOL Edmond 65GRAVOUIL Louis 100GROS Louis 90GUERTIN Jacqueline 35GUGLIELMI Antoine 15GUIGNE Rémy 15GURY Marie Thérèse 30GUYOT Jean 65

GUYOT René 65GUYOT Georges 90HAYNAU Louis 35HUARD Raymond 65JAMET Simone 54JEANNIN Rose 25JUFFROY Daniel 15JULIOT Jean François 15JUMEL Anne Marie 24KAHN Françoise 80KESTENBERG Georges 15KREISSLER Françoise 65KREMER Jean Paul 165KRENGEL Eveline 35LABOURGUIGNE Jacques 15LACROIX Henri 15LAGET René 100LAIDEVANT Andrée 10LAILLIER Hélène 9LANDAIS André 10LAPERRIERE Jean 25LAPEYRE Andrée 15LARENA Marinette 50LARET Jean 65LASSERRE Monique 40LAVANANT Simone 44LE-GAC Marguerite 94LECLERCQ Armande 15LEDIN Philippe 15LEDUC Anne 20LEGRAND Jacqueline 40LELEU Claude 15LEPRIME Noël 15LERDUNG Alain 15LERDUNG Marie Thérèse 34LETONTURIER Maria 5LEVASSEUR Albert 15LEVILLAIN Lucien 50LEWANDOWSKI Gillette 8MAINE Raymond 10MALLET Fernande 4MARCHAND Albert 35MARTY Pierre 35MARTZOLF Jean Pierre 35MATHE Marcel 15MENANT Henri 25MEYER Yolande 30MICHELEZ Dominique 30MICOLO Jacques 15MIROLO César 65MOITY Isabelle 15MONNIER Daniel 115MULIER André 15NOTTEZ Sidonie 4

OLIVO Odette 29OMONT Raymonde 15ORLOWSKI Dominique 115ORLOWSKI Jean Claude 115ORLOWSKI Orianne 40ORLUC Annie 20PASCINTO Auguste 2PAYSANT Jeanne 4PERNOD Simone 24PERRET Yvette 200PETIT Paule 15PEZZUTTI Marguerite 20PICARD Hélène 29PIERROU Marie 29PINGON Guy 65PLEYBERT Marie Thérèse 35POT Claude 50PUISSANT Lucienne 24QUICY Isabelle 15RAGU Edmonde 25RAYNAUD Simone 4RENAUD Paulette 14RENAULD Jean Jacques 20RIVAL Paul 40ROBERT Jacques 30ROHNER Jacques 15ROLANDEZ Louis Marcel 35ROTELLA Alfred 15ROUYER Jean Claude 65RUFET Jeanine 9SAGOT Julien 30SANTOS Madeleine 14SAQUE André 65SARRE Josette 35SCHIL Florence 465SCHOEN Jacques 20SCHWARTZ Isaac 50SEGRETAIN Colette 9STEVENON Berthe 44SUIGNARD Mireille 20SUZOR Pierre 200TASLITZKY Evelyne 100TERREAU André 65TRAVAILLE André 165TRIBOUILLARD Dominique 5TRIBOUILLARD Lucienne 15VANDENBOSSCHE M. Th 24VANSTEENKISTE Robert 15VIENS Gaston 150VIENS Yann 150VIGNY Jacques 15VILLERET Irène 14WAHL Marie Claude 115ZYLBERMINE Jacques 140

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