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ISSN 0996-6617 VOIX D’AFRIQUE VOIX D’AFRIQUE Revue des Revue des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) n° 120 septembre n° 120 septembre 2018 3 2018 3 150 150 ème ème anniversaire de la fondation anniversaire de la fondation des Pères Blancs des Pères Blancs et des Sœurs Blanches et des Sœurs Blanches 2018 - 2019 2018 - 2019 1868-1869 1868-1869

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VOIX D’AFRIQUEVOIX D’AFRIQUERevue des Revue des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs)Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) n° 120 septembren° 120 septembre 2018 32018 3 €€

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Vienne la nuit de DieuVienne la nuit des hommes,Vienne toute la paix,O nuit de Jésus Christ.

Tu nous prépares, Seigneur, à ton œuvre,Et tu nous gardes dans ton Esprit.

Reste avec nous Seigneur quand tout s’effaceQue nous puissions avancer libres et confiantsVers le matin de notre Pâque.

Yves PauwelsM.Afr. au MaliJanvier 2008

(Titre de la rédaction)

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Crédit photos :Voix d’Afrique

Couvertures :Recto : Couverture du150ème anniversaire.Verso : Prière du 150èmeanniversaire.

VOIX D’AFRIQUE -

p. 3 Un appel à continuer la missionP. Gilles Mathorel, M. Afr.

p. 5 Célébrons le 150ème anniversaireéquipe provinciale d’Europe

p. 10 Résistance rime avec réjouisssanceSr Huguette Régennass, SMNDA

Solidarité

p. 19 Façonnés par le PotierP. Gilles Mathorel, M. Afr.

Éditorial

150ème anniversaire

Srs Notre-Dame d’Afrique

p. 12 Nos communautés en AsieP. John Gould, M.Afr.

Sommaire

p. 14 Société mixte de Pères et frèresP. Francis Nolan, M. Afr.

Pour septembre 2018, un numéro double :Revue + calendrier

AAPB 150ème anniversairep. 18 J’ai connu le Père Genel

Bertrand-Régis Cassez, AAPB

p. 20 Handicapés physiques ou mentauxP. Simplice Traoré, M. Afr.

p. 23 Célébrations des Jubilés des PèresBlancs

D’après le P. Charles Bailleul, M. Afr.

p. 24 Reflet de l’amourP. Jean-Claude Baratte, M. Afr.

Témoignage

p. 26 C’était une longue fidélitéP. Armand Duval, M. Afr.

Livre

p. 26 Informations

Le matin de notre Pâque

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Le 15 septembre 1968, je rentrai au noviciat des PèresBlancs, à Gap dans les Hautes Alpes. Nous étions unequarantaine de novices avec pour économe un jeune toutnouvellement ordonné prêtre, le Père Claude Rault. Nousvenions de toute l’Europe : Français, Anglais, Belges,Allemands, Espagnols, Italiens, Suisses… et même unMozambicain. Très vite, nous avons appris que nous étions les « Novicesdu Centenaire ». Si ce centenaire devait être une célébra-tion pour toute notre Société Missionnaire, notre maîtredes novices, le Père Antoine Paulin, nous a invités à enfaire une célébration appropriée en tant que novices ducentenaire. Nous l’avons fait sous forme d’un pèlerinageà Notre-Dame du Laus, sanctuaire local du diocèse deGap. Pendant ce temps, nos confrères en formation àStrasbourg ont eu une célébration solennelle, sous la pré-sidence de l’Évêque, et en présence du Père Théo vanAsten, notre Supérieur Général. Ce centenaire est mainte-nant derrière nous. Qu’allons-nous faire alors à l’occasionde ce nouveau jubilé, cette fois-ci, des 150 années denotre Société des Missionnaires d’Afrique et des SœursMissionnaires de Notre Dame d’Afrique?

Dans ce numéro spécial de Voix d’Afrique, vous trouverezla plupart des détails des célébrations que nous avons pro-grammées, tout au long de cette année jubilaire. Ils serontdes événements auxquels nous vous invitons cordiale-ment à participer. Mais au-delà de cette participationconcrète, il y a, plus important : ce sera l’esprit de notrejubilé. L’article du Père Gérard Chabanon, Provinciald’Europe, est en ce sens très éclairant et nous invite à untriple regard sur notre passé, notre présent et notre ave-nir… non seulement dans les différents pays d’Afriquemais aussi en Europe même. Quelques articles nous don-

nent des flashs historiques sur notre passé : Les SœursBlanches, plus exactement SMNDA; et les Frères qui onttoujours été des membres très actifs au service de laMission en Afrique. À tout cela s’ajoute le 25ème anni-versaire de nos deux fondations en Asie.

Mais ce jubilé sera aussi le vôtre, lecteurs fidèles de Voixd’Afrique. C’est avec vous tous et toutes que nous pou-vons rendre grâce pour toutes ces 150 années de vie mis-sionnaire, en Afrique ou en Europe et aux Amérique(Canada notamment). C’est pourquoi nous voulons ouvrirnos pages à tous ceux et celles qui ont un message positifà apporter aux nombreux jeunes d’Afrique ou d’Asie quise joignent à nous et veulent s’engager sur le chemin de lamission. En bref, pourriez-vous répondre à cette question :« À l’occasion du Jubilé quel message aimeriez-vousenvoyer à tous les Missionnaires d’Afrique? Quels encou-ragements voudriez-vous leur apporter? » Et tout au longde cette année jubilaire, nous pourrions publier vos mes-sages, même anonymement, dans les différents numérosde l’année.

Ces 150 ans sont une célébration, c’est un anniversaire.Mais comme pour les 100 ans de1968, ce n’est aussi qu’une étape, unappel à continuer dans la confianceentre les mains du Dieu Trinitairequi nous appelle toujours et encoreen mission comme nous le verronsdans les dernières pages de la revue.

éditorial :

3n° 120 septembre 2018

Un appel à continuer la mission

Père Gilles Mathorel, M. Afr.Directeur de Voix d’Afrique

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4 VOIX D’AFRIQUE -

Notre-Dame d�Afrique

Première étape : un Magnificat s’impose à tous !

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5n° 120 septembre 2018

Le 150ème anniversaire de la fondationdes Pères Blancs et Sœurs Blanches

Célébrons

De nombreux confrères européens ont donné leur vie, en réponse à l’appel de Dieu, et ont traversé la merpour se mettre au service de l’Esprit travaillant le cœur de leurs frères et sœurs africains. Des communautéschrétiennes ont été fondées en tant de pays d’Afrique, des Églises bien établies, un clergé nombreux, des reli-gieux et religieuses devenus missionnaires à leur tour.

Regardons ces chiffres fournis par le Secrétaire administratif de notre Société :

Depuis nos origines en 1868, le nombre de confrères européens qui ont prononcé notre Serment Missionnaireest impressionnant. Ils ont donné et continuent à donner leur vie pour l’annonce de l’Évangile :

Les bougies du 150ème anniversaire n’atten-dent plus qu’à être allumées. Le 18 octobre 1868très exactement fut ouvert le premier noviciat àAlger. C’est la date officielle de la fondation dela Société.Voilà deux ans que nous nous préparons à cetteannée jubilaire. Nous en sommes cette année à latroisième étape de notre préparation qui seracélébrée en commun avec les SœursMissionnaires de Notre Dame d’Afrique, du8 décembre 2018 au 8 décembre 2019. Revenonssur ces trois étapes et ce qu’elles nous ont appor-té.

1977 Français991 Belges818 Néerlandais622 Allemands223 Britanniques

162 Espagnols160 Suisses138 Italiens69 Irlandais36 Luxembourgeois

26 Polonais4 Autrichiens2 Tchèques

Cela représente un total de 5258 confrères (sans compter nos confrères originaires d’Amérique du Nord,d’Afrique ou d’Asie).Quoi qu’il en soit un « Magnificat » s’impose à nous tous.

Première étape une invitation :Regarder le passé avec gratitude.

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6 VOIX D’AFRIQUE -

Cardinal Charles Lavigerie

Charles Lavigerie (1825-1892) fondateur des Missionnaires d’Afrique et des Sœurs N.-D. d’Afrique

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7n° 120 septembre 2018

Cela ne cessait de diminuer. Mais cette année, il y en a donc 6 de plus qu’au 1er janvier 2017. Ne pouvons-nous pas y voir un beau signe positif… ?

En cette année, 38 nouveaux confrères se sont engagés définitivement en prononçant le Serment tradition-nel des Missionnaires d’Afrique. Et derrière eux, nous avons la joie de compter : 146 étudiants répartis dansnos quatre centres de formation théologique, 81 en stage pratique dans différents pays d’Afrique et 55 enAnnée Spirituelle (soit noviciat). Cela nous fait un total de 282 jeunes en formation, sans compter tous lesjeunes en formation dans nos centres de philosophie. Même si nos jeunes sont en majorité originaires desjeunes Églises d’Afrique ou d’Asie, nous n’avons pas le droit d’être pessimistes. Il y a de nouveaux bour-geons qui sont en train d’éclore : une invitation à être créatifs avec la nouvelle génération de Pères Blancs,maintenant Missionnaires d’Afrique.

20 Belges,20 Allemands,19 Espagnols,24 Français,

15 Britanniques,8 Irlandais,6 Italiens,19 Néerlandais,

11 Polonais1 Suisse,

499 au 1er janvier 2015,486 au 1er janvier 2016,476 au 1er janvier 2017, et 482 au 1er janvier 2018

Au 1er janvier 2018, nous étions encore 1210 confrères, dont 482 étaient encore en Afrique. Et il y avaitparmi eux 143 européens missionnaires en Afrique ou au Proche Orient. Et en voici la liste :

Il y avait 514 confrères en Afrique au 1er janvier 2014,

soit un peu moins de 30 % des confrères européens.

Ils apportent encore leur savoir-faire, leur connaissance des langues et des cultures. Avec leur passion pourle Christ, pour l’Afrique, pour les hommes et tout l’homme, avec les forces qui sont les leurs, ils continuentà témoigner de l’Évangile. Ils travaillent pour la plupart dans des communautés dont les responsables sontAfricains. Comme le disait le Cardinal : « Vous êtes des initiateurs. La véritable évangélisation sera l’œuv-re des Africains eux-mêmes ». Que ces Africains soient diocésains ou Missionnaires d’Afrique, la prophétiedu Cardinal se réalise pleinement.Dans la communion de toute l’Église, nous pouvons redire avec le vieillard Zacharie, père de Jean-Baptiste,sa prière d’action de grâce et de confiance, son « Benedictus (Béni soit)» (Luc 1, 68-79)

Deuxième étape centrée sur l’aujourd’hui :Vivre le présent avec passion.

Troisième étape centrée sur le futur :Vivre l’avenir avec espérance

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VOIX D’AFRIQUE - 8

SupØrieur GØnØral: PŁre Stanislas

Depuis 2016, le Père Staninslas Lubungo d’origine zambienneest le 15ème Supérieur Général des Missionnaires d’Afrique

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9n° 120 septembre 2018

Et maintenant qu’en sera-t-il ici en France ou plus largement en Europe? Il est vraiqu’ici la majorité de nos confrères sont du 3ème âge et plus. Nous allons certes conti-

nuer à diminuer en nombre, mais cette diminution ne signifie pas la fin de notre aventure missionnaire. Il nes’agit pas de pleurer le passé mais au contraire de retrouver le dynamisme créateur des premiers Pères Blancsqui tout en étant peu nombreux sont partis et ont réussi à porter l’Évangile au cœur du continent africain.

Nous, Français et Européens, ne devrions-nous pas changer de lunettes et regarder l’avenir d’une autrefaçon? Au lieu de nous demander quel sera notre dernier refuge, ne pourrions-nous pas nous demander quelpourra être notre dernier engagement missionnaire? Ne pourrions-nous pas envisager notre présence enEurope en parlant de nos communautés engagées plutôt que de nos dernières maisons de repos. Bien sûr nousn’y arriverons pas avec nos seules forces.Ces dernières communautés engagées seront un jour composées uniquement de confrères africains ou asia-tiques ou sud-américains… Un jour le Provincial de l’Europe sera un confrère africain. L’important est quela Société reste vivante jusqu’au bout dans ces pays qui ont donné tant de vaillants missionnaires à l’Afrique.Jusqu’au bout nous témoignerons de notre amour pour l’Afrique et le monde africain, ensemble, confiants enCelui qui nous a appelés.

Disons-le clairement, dans vingt ans, la Province d’Europe et le secteur de France n’auront pratiquement plusde confrères européens actifs. Mais entre 2018 et 2038, nous allons accueillir des confrères plus jeunes, pourla majorité venant d’Afrique qui auront pris leur place en Europe. Ils seront actifs dans nos engagements mis-sionnaires bien sûr, mais aussi dans le gouvernement et l’animation de la province. Peut-être que le change-ment de lunettes doit se faire d’abord à ce niveau-là. Les jeunes confrères qui sont nommés dans notre pro-vince, ne le sont pas pour nous « dépanner » pendant quelque temps, mais pour prendre toute leur place etdurer dans la mission qui leur aura été confiée.Notre province est devenue une province de mission et de nomination. Ces confrères ne seront pas des cen-taines, mais ils auront été nommés pour une mission durable en Europe. Ceci a une conséquence importantesur nos biens immobiliers. Ce que nous devons envisager pour nos maisons, ce n’est pas seulement l’espacedont nous avons besoin aujourd’hui et demain pour nous français ou allemands, mais prévoir quels seront lesbesoins de ces confrères actifs en Europe dans vingt ans. Quels lieux et dans quelle capitale devront-ils pas-ser, se réunir, travailler ? Cela nous demande un travail important de réflexion et de planning de nos engage-ments missionnaires pour dégager nos priorités apostoliques.Ce qui importe finalement n’est pas que l’on se souvienne de nous dans les siècles à venir, mais que l’œu-vre accomplie se perpétue. Et il n’y a pas de raison d’en douter. « Ciel et terre passeront ! Mes paroles nepasseront pas ! »

Notre « Nunc Dimittis (Maintenant, Ô Maître...)» (Luc 2, 29-32) se doit d’être joyeux !

Trois cantiques qui devraient nous accompagner tout au long de cette année jubilaire.À vous tous, ainsi qu’à tous nos amis, nous vous souhaitons une belle préparation de notre jubilé et des célé-brations mémorables à tout point de vue.

L’équipe Provinciale d’Europe :Gérard Chabanon, Provincial Georges Jacques, Assistant Didier Lemaire, Économe

Paris*Église St Pierre de Montrouge

8 décembre 2018, à 15 hFête de l’ImmaculéeConception

Marseille* Église Notre-Dame Limite

28 avril 2019Fête de N.-D. d’Afrique

Toulouse* Église des Minimes

8 décembre 2019Fête de l’ImmaculéeConception

Trois dates et lieux principaux des célébrations du 150ème anniversaire

Changer de lunettes

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10 VOIX D’AFRIQUE -

Au long de son histoire,notre Institut a traversé denombreuses et douloureu-

ses vicissitudes qui marquèrent

notamment les débuts de sa fonda-tion. La situation des premièressœurs est apparue parfois forttroublée, avec à certains moments,des périodes vraiment cruciales.C’est malgré tout à travers cesexpériences difficiles, transcen-dées par l’Esprit, qu’elles sontarrivées à réaliser le désir premierdu cardinal Lavigerie : venir enaide à des centaines d’enfantsdemeurés orphelins, à la suited’une terrible famine qui venaitd’affliger l’Algérie.

Mais ce n’était là qu’un pointde départ. Dans son esprit, lesdeux Instituts fondés par lui, àsavoir les Missionnaires d’Afriqueen 1868 et le nôtre en 1869, nepouvaient être que missionnaireset destinés à l’évangélisation et lalibération des peuples africains.

Les débuts encourageants. Pour ce qui est des Sœurs, une

autre intuition l’a guidé : il étaitconvaincu du rôle unique que desfemmes pourraient jouer dans cetteentreprise apostolique. «Malgré lezèle des missionnaires, écrivait-il,leurs efforts ne produiront jamaisdes fruits abondants s’ils ne sontaidés par des femmes-apôtresauprès des femmes. »

Avec ses compagnes des pre-mières années, Mère MarieSalomé incarne le charisme de lacongrégation en le vivant humble-ment, avec foi et ferveur. Lesépreuves survenues depuis ledébut, le doute du Cardinal face àla jeune congrégation, ne fontqu’approfondir en elle la certitudeque cette inspiration est bien undon de l’Esprit. C’est pourquoi,face aux fluctuations du Fonda-teur, bien compréhensibles en rai-son du peu d’instruction des jeu-nes postulantes, elle trouve le cou-rage de défendre la viabilité de laCongrégation, en laquelle elle voitse réaliser la vision prophétique del’évêque d’Alger.

Des hésitations Depuis trois ans et demi, le car-

dinal avait ouvert le noviciat. Maisle recrutement n’avait pas réponduà son attente. Et la répugnance duclergé à envoyer des filles debonne famille « au milieu desArabes », comme on disait alors,n’était pas faite pour recruter, pourla Congrégation, des personnescultivées dont elle avait besoin.Aussi, le cardinal commençait àdouter de l’avenir de son œuvre.

Chaque fois qu’elle le pouvait,Mère Marie Salomé écrivait aucardinal pour l’appeler à plus demiséricorde et de compréhension.« Pour l’amour du Bon Dieu et denos âmes, nous supplions son émi-nence d’avoir pitié de nous. »

Quelques jours plus tard, lePère Charbonnier – nomméSupérieur de cette petite congré-gation, par le Cardinal - écrivait auFondateur : « Tout ce que je vousprie de me permettre d’ajouteraux observations importantesqu’elles soumettent à votre hauteappréciation, c’est de vous répéterque je regarderais comme un vraimalheur pour ces pauvres filles etmême à certains points de vue,pour notre petite Société desMissionnaires d’Afrique, la des-truction prochaine, ou même sim-plement l’adjonction de leurCongrégation, à une autreSociété. La nécessité absolue de

Le cardinal Charles Lavigerie

Aujourd’hui, les Missionnaires d’Afrique et les Sœurs Missionnaires deNotre-Dame d’Afrique jubilent ensemble, avec le même enthousiasme et lamême action de grâce pour ces 150 années au service de la Mission. Pourtantsi depuis longtemps nos deux Instituts marchent main dans la main, il n’en n’apas toujours été de même, notamment aux origines de notre Congrégation.

Quand résistance rime avec réjouissance

SMNDA

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11n° 120 septembre 2018

religieuses pour le succès de nosmissions, n’est plus à démontrer.Je vous prie de croire néanmoins,Éminence, que le seul motif quim’anime, est le plus grand bien dela Mission, et aussi celui de cespauvres Sœurs, dont le dévoue-ment et la piété, mériteraient jecrois, un meilleur sort. »

Inlassablement, Mère MarieSalomé insistait : « Ramenez dansvotre mémoire, les motifs qui vousont porté à fonder notre Société, ànous appeler sur cette terred’Algérie. Aujourd’hui, votre soifpour le salut de ces pauvres etmisérables femmes qui, parmilliers, tendent les mains versvous, leur unique sauveur, n’estpas moindre. »

Le témoignage des sœursLa facilité qu’ont les Sœurs de

pénétrer dans les maisons, où ellessont toujours accueillies avecrespect et reconnaissance, leurdonne l’opportunité de soigner depetits enfants, que leurs mères nepeuvent ou ne veulent souventpas, par crainte de les porter en lademeure du missionnaire.

La Supérieure générale et sesConseillères, ne se contentaientpas d’intervenir auprès duFondateur ; la menace qui pesaitsur l’Institut les attachait encoreplus à leur idéal missionnaire, etaux indigènes de l’Afrique, avecl’énergie accrue que donne, auxâmes fortes, le sentiment du dangerimminent.

Plus tard, en 1887, MgrLavigerie écrira à Mère MarieSalomé : « C’est vous-mêmes parvos instances réitérées et excessi-ves, qui m’avez contraint àconserver la communauté desSœurs… »

Depuis 1880, le Cardinal tergi-versait, perdant souvent confiancedans l’avenir de sa Congrégation,sans toutefois se résoudre à la dis-soudre. Il se disait : c’est toujoursla même obstination, la même

volonté tenace de maintenir laCongrégation dans sa formeactuelle, malgré le manque dediplômes, malgré les inconvé-nients qui en résultaient. Excédéde l’insistance des Sœurs, de plusen plus perplexe aussi, il raconta

toute l’histoire à Mgr Livinhac – Vicaire apostolique – arrivé surces entrefaites, et lui communiquasa dernière décision qu’il voulaitirrévocable. « Éminence ne faitespas cela, aurait répondu le prélat, :le Bon Dieu veut cette œuvre, Samain y est visible… » Mais leFondateur n’était pas convaincuque c’était là la volonté de Dieu. Ilrésolut de prier et de réfléchirencore.

Un nouveau départ. Toutefois depuis quelques

mois, un revirement s’opérait dansl’esprit du Fondateur. À son insupeut-être, il se laissait influencerpar les instances réitérées de mèreMarie Salomé, par la persévérancetenace des Sœurs et leur attache-ment à leur vocation. La plupartcontinuaient à vivre intégralementleur vie religieuse, malgré l’incer-titude du lendemain. Peu à peu,Mère Marie Salomé voyait l’hori-zon s’éclaircir : le fondateur repre-nait en main la Congrégation,

puisque lui-même s’occupait acti-vement de l’organisation des œuv-res, et « voyait avec plaisir », l’ar-rivée des postulantes. LaSupérieure générale se réjouissaitde cette preuve manifeste de laprotection de la Vierge Marie etcontinuait sa prière confiante.

Demain ce sera l’essorLe 25 mars 1887, tout le novi-

ciat se retrouvait à Notre-Damed’Afrique pour la prise d’habit deSœur Marie-Claver. Le cardinalavait voulu la cérémonie grandio-se. Lui-même officiait, et aprèsavoir remis à la postulante legrand crucifix et la couronne d’é-pines, il lui adressa une de sesvibrantes allocutions, dont il avaitle secret. « L’Institut, dans lequelvous entrez, est né de cet amourpour l’Afrique païenne, courbéesous le poids de la barbarie, de l’i-gnorance, de l’esclavage… » Puis,se tournant vers les Sœurs de laMission : « Allez donc mes chèresSœurs, vers les femmes de notreAfrique intérieure… Éclairez-lespar vos exemples, gagnez leurscœurs par votre charité, instrui-sez-les par votre parole. »

À la place d’honneur que lecérémonial lui assignait, MèreMarie Salomé s’abîmait dans l’ac-tion de grâces. Il n’y avait pasdeux ans qu’elle était venue avecSœur Gonzague, confier à Notre-Dame la Congrégation menacéede mort… Et la Vierge couvraitl’Institut de son manteau, l’avaitpréservée du péril, relevée peu àpeu, et menée insensiblement jus-qu’à l’apothéose d’aujourd’hui.

Demain, ce serait l’essor, lespostulats en Europe, et bientôtpeut-être les fondations en Afriquenoire… Mère Marie Salomé entre-voyait les milliers de femmes afri-caines que les Sœurs gagneraient àDieu et à son Église, et son âmeenivrée de gratitude, chantait leMagnificat de l’exultation.

Sr Huguette Régennass (SMNDA)

Mère Marie Salomé

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12 VOIX D’AFRIQUE -

Nos communautés en Inde et aux Philippines

«La Section Asiatique »,un titre qui pourraitparaître grandiloquent

pour une réalité bien modeste. Àce jour, nous pouvons compter dixsept confrères Indiens et huitconfrères Philippins. Vingt et unont été ordonnés prêtres et un s’estengagé comme Frère ; trois autressont déjà diacres et seront ordon-nés prêtres dans le cours de cetteannée. Nous regardons l’avenirpositivement avec nos quinze jeu-nes qui sont en années de forma-tion en Afrique tandis que nousespérons que dix nouveaux jeunescommenceront leur formationinitiale dès cette année.

Notre présence concrèteSix d’entre nous sont engagés

en Inde pour la formation et la pro-motion des vocations principale-ment à Bangalore tandis qu’auxPhilippines, nous sommes cinq ;trois dans la maison de formationde Cebu et deux dans la paroissede Davao sur l’île de Mindanao.Un troisième prêtre devrait rejoin-dre l’équipe paroissiale de Davaodurant l’année.

Cebu et Bangalore sont deuxvilles asiatiques mais situées dansdeux pays différents et aux cultu-res différentes. Les Philippinessont enm a j o r i t échrétiennestandis quel’Inde esten majoritéde religionH i ndou e .C’est doncun défid ’essayerde créerentre cesdeux enti-tés une cer-taine unitéou un senti-ment com-mun car ilsvi-vent eneffet dessi tuat ionscontrastéessur le planculturel oupol i t ique.Les rela-tions entre

ces deux pays ne sont d’ailleurspas si bonnes. Il n’est pas facilepour un Philippin d’obtenir unvisa de touriste pour l’Inde et réci-

Leurs évolutions durant ces derniers 25 ans

Fiers de notre vocation missionnaire, nous avons toujours senti qu’elle n’é-tait pas spécifiquement entre les mains des Occidentaux. Dès les années 80,nous avons commencé à accueillir des Africains dans nos maisons de formation.Ensuite, assez vite, notre Conseil Général de Rome prit la décision de nousouvrir aux autres parties du monde : Amérique Latine et Asie. Ainsi, dès 1991,une première communauté s’est établie aux Philippines et une deuxième en1992 en Inde. Ces deux pays sont restés pendant bien des années sous laresponsabilité directe du Conseil Général. Ce ne sera qu’en 2016 que ces deuxpays seront réunis en une seule Section Asiatique.

Les étudiants préparent le panneau anniversaire

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13VOIX D’AFRIQUE - n° 120 septembre 2018

proquement. Il est donc très diffi-cile pour nos confrères Philippinsou Indiens de se rencontrer et deplanifier ensemble le futur de laSection asiatique.

Aux Philippines, nous avons pufaire venir des confrères de natio-nalités variées : Ouganda, Irlande,Mexique, Togo. À l’opposé, il estquasiment impossible de fairevenir un missionnaire étranger quitravaillerait ouvertement en Inde.Même en tant que touriste, unAfricain n’obtiendra un visa quepour quelques semaines seule-ment. Cela nous oblige à remettrenos maisons de formation entre lesmains de nos confrères indienseux-mêmes. Tout ceci nous empê-che de témoigner ouvertement denotre vie communautaire, à la foisinternationale et multiculturelle.

L’attention aux AfricainsIl y a une présence Africaine à

Bangalore, autour de nous.Beaucoup y viennent pour fairedes études. Il y aurait maintenantdans l’université, plus ou moins1 000 étudiants originairesd’Afrique : Côte d’Ivoire, CongoRDC, Cameroun, Kenya, Ougan-da… Nous continuons à les entou-rer et célébrons l’eucharistie aveceux, à peu près une fois par mois.

Deux prêtres africains sont déjàprésents parmi eux et leur assurentun accompagnement pastoral.

De fait, ils ont besoin d’êtresoutenus, accompagnés car ilssont souvent soumis à des mesuresdiscriminatoires ; ils doivent aussifaire face à des préjudices raciauxet parfois même des attaques vio-lentes. Le diocèse de Bangaloreest très sensible à cette situation etil a mis en place un service quipeut les écouter ainsi que tous au-tres migrants. Ce service peutalors devenir leur porte-paroledevant le gouvernement ou lesautorités civiles. Parallèlement,les étudiants africains ont aussileur propre service social poursoutenir leurs frères et sœurs dansleurs besoins financiersou encore à les aider àrépondre aux exigencesde la police ou du servi-ce d’immigration. Nousvivons tout cela commeun appel pour nousM i s s i o n n a i r e sd’Afrique. Nous les

rejoignons et nous les aidons dansla mesure du possible.

Une célébration africaineChaque année nous nous

retrouvons pour célébrer ensemblele « AFRICA DAY ». Nous noussommes donc rassemblés pourcela le 28 octobre 2017 ; maisnous y avons ajouté la célébrationdes 25 ans d’anniversaire de notrearrivée en Inde ainsi que la nais-sance du Secteur Asiatique.

La cérémonie a été rehausséepar la présence du Père IgnatiusAnipu, membre du ConseilGénéral, et du Père AndréSchaminée, présent à un doubletitre : d’une part comme SecrétaireGénéral de notre société maisaussi ancien recteur de notre mai-son de formation de Bangalore. Lacélébration fut magnifique grâce àla bonne préparation de tous lesmembres de la communauté. LePère Schaminée présida l’eucha-ristie tandis que le Père Anipu enassura l’homélie en résumantl’histoire de notre présence auBangalore. Le tout s’est terminépar quelques discours officiels desuns ou des autres et suivi d’un buf-fet festif qui s’est terminé parquelques pas de danses où se sontretrouvés, main dans la main,Africains et Indiens.

John Gould, M. Afr.

La Section Asiatique chante sa joie pour célébrer l’anniversaire

La célébration dans l’église

paroissiale de Davao

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En 2016, le Frère Frank Volker Schwill attirait déjà notre attentionsur la vocation du Frère au sein même de notre société. Dès nos origines,le premier Frère fut un Kabyle, le Frère Geronimo. Puis leur nombre aévolué. Mais au cours des 50 dernières années, leur nombre est passé de560 en 1967 à 94 en 2016. « Alors n’attirons-nous pas de vocations deFrères? » se demande le frère Frank.

Une des difficultés ressen-ties est que notre travailmissionnaire est centré sur

la paroisse. Il faut donc essayerd’intégrer la vocation de Frèredans une telle structure. Et cen’est pas toujours facile. Le FrèreFrans Dewez, né en 1932, mis-sionnaire en Ouganda l’a bienexprimé par ces mots :« Jusqu’à maintenant cela a

été une lutte pour être reconnucomme un Frère avec une voca-tion unique, ses propres charismeset la ferme conviction que la voca-

tion de Frère dans notre Sociétéest un don de Dieu. » - « Dansmon apostolat, j’ai été frustré parle manque de compréhension etaussi par le refus de comprendremes activités comme contributionà l’animation spirituelle. »

Mais aujourd’hui, nous pou-vons entendre un plus jeune Frère,Vitus Abobo, originaire du Ghana,nous, apporter un autre témoigna-ge :« Être un Frère est un appel à

faire usage des talents que Dieu

La Société des Missionnaires d’Afrique :

Une Société “mixte”de Pères et de Frères

Le Frère Bernard Soliveret (à Billère actuellement) lit la lecture du cours d’une cérémonie à Mours.

Frère Pierre Petitfour, RDC.

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m’a donnés pour faire du mondeun meilleur et joyeux lieu de vie,en répondant aux besoins sociauxet techniques de la société et del’Église. Je remercie Dieu qui m’aappelé à sa vigne pour être uninstrument grâce auquel d’autrespeuvent expérimenter son amourpour toute l’humanité. Je vois mavocation de Frère comme un donde Dieu. »La vocation de Frèredans nos communautésMaintenant, sur le plan pra-

tique, qu’en est-il de la vocationde Frères dans nos communautésapostoliques? Le frère Frank restetrès concret. Il y aurait maintenant27 frères en Afrique : ils sont éco-nomes, à la procure, au garage oudans les constructions. Six seule-

ment sont mentionnés dans unministère tel que la jeunesse oul’animation. On peut alors sedemander si la fonction principaledes Frères doit rester administrati-ve et si cela va susciter d’autresvocations de Frères. En bref, nousne sommes donc pas sortis de nosdifficultés. Mais avec Frank, Vituset tous les autres, nous pouvonsregarder le futur avec confiance etespérance :

« Notre propre 150ème anniver-saire est juste devant nous.Espérons que nous serons capa-bles de surmonter les difficultés

actuelles pour que nous restionsce que nous avons toujours été etque notre fondateur a voulu quenous soyons : un Institut de Prêtreset de Frères vivant en communau-té. »Des Frères dévoués corps et âmeD’autres confrères veulent ren-

dre hommage à tous nos Frèresqui se sont dévoués, corps etâmes, pour le service desAfricains et de la mission. Le PèreCharles Sarti, récemment décédé,avait notamment écrit : « Il m’estarrivé plusieurs fois de me sentirtout petit devant certains Frèresau vu de leurs compétences multi-formes et de leur serviabilitéinusable. »

De son côté, le Père FrancisNolan, historien de nationalitéanglaise, s’est aussi senti tout petitdevant le travail formidable detous les Frères qui se sont succédédans le domaine de Thibar enTunisie. Voilà notamment ce qu’ila déjà écrit :Les Frères, Missionnairesd’Afrique, ou comment survivre tout en faisant

vivre les autres.« Je dédie ce livre aux Frères

qui ont toujours reçu moins d’é-gards que leurs confrèresPrêtres... ». C’est par cette belledédicace que commence le livre

de Francis Nolan : ‘L’Afrique aucœur’, Histoire des Pères Blancsde 1919-1939.Je le dédie à ces Frères dont le

dévouement et l’ingéniosité reste-ront gravés dans la pierre descathédrales, des églises, des éco-les et des ateliers bâtis de leursmains, et cela, bien longtempsaprès que le souvenir des Pèresaura disparu ! »[…]Ils ont développéle domaine de ThibarLe remarquable développe-

ment du domaine de Thibar enTunisie, on le doit au sens de l’or-ganisation et aux initiatives des‘Frères coadjuteurs’ tel qu’on lesappelait à cette époque. Ils furentjusqu’à 20 à travailler au domainede Thibar…Sur les pentes de la colline, de

magnifiques vignes s’étageaienten terrasses au-dessus d’un fondde vallée assaini et où poussaientsur des kilomètres près de 500 ha

Frère Gabriel Muratet, Billère

Frère Michel Dubois, Mours.

Frère Bruno Perlein, RDC.

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de céréales. Qu’il faisait bon yvoir blondir la moisson ! Mêmedans les années creuses où lesirocco avait asséché sans répit lespousses encore vertes, on récoltaitencore 300 tonnes de blé. Sans

parler de l’avoine et de l’orge. Oncomptait aussi 155 ha de vignes,480 de céréales, 210 d’oliviers et230 en pâturages. Il faut ajouter200 ha de frênes et d’eucalyptus et140 ha laissés à la nature parce quetrop rocailleux. Les bâtiments àeux seuls couvraient 280 ha. Dansles premiers temps de l’exploita-tion, on utilisait, dans les champs,deux locomotives à vapeur.

On célébra leur arrivée, le jourde la fête du Corps du Christ de1902, avec kermesse et pique-nique à la hauteur de l’évènement,une joyeuse fête qui rassemblatous les ouvriers et leurs familles.À la bénédiction du St Sacrement,les locomotives, toutes sirènesdehors et machines crachant àpleins poumons, furent bénies etaspergées. La terre en trembleencore… Après la 1ère GuerreMondiale, elles furent remplacéespar de plus humbles tracteurs. Ontraça des routes, on installa l’élec-

tricité au village, autant de travauxqui demandaient de la main-d’œu-vre. En 1975 il y avait encore 160ouvriers…

P. Francis Nolan, M.  Afr.

Frère Jean-Bernard Delannoy,Mours.

Frère Pierre Lhomme, Bry-sur-Marne.

Rencontre de trois Frères : (de gauche à droite), Jacques Bufferne, Gabriel Fontaine de Mourset Henri Frouin de Bry-sur-Marne

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Mère Salomé, première Supérieure Générale des Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique

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À l’occasion du 150ème anniversaire quelques membres desAAPB vont donner leur témoignage sur les Pères Blancs. Voicicelui de Bertrand-Régis Cassez

J’ai connu le Père Genel

AAPB

AAPB ANGERS* 150e anniversaire de la Société des Pères Blancs

18 novembre 2018Messe solennelle présidée par Mgr DelmasCathédrale d’ANGERS (49)

AAPB LILLE* Forum des Associations

22, septembre 2018 de 10 h à 18 hHippodrome Serge CharlesMARCQ-en-BAROEUL (59)

* Vente solidaire23, 24 et 25 novembre 2018 de 10 h à 17 hSalle Jean Degros72, rue de la Briqueterie MARCQ-en-BAROEUL (59)

* Marché de Noël15 décembre 2018 à partir de 15 hHippodrome Serge CharlesMARCQ-en-BAROEUL (59)

AAPB LYON* Expo-vente

12, 13, 14 octobre 2018Centre 25 Théologique15 chemin a Carronerie, MEyLAN (38)

* Expo-vente9, 10 et 11 novembre 2018Clinique Natécia22 av Rockfeller, LyON (69)

* Expo-vente30 décembre, 1er et 2 décembre 2018Salles paroissiales de Montaud8 rue Lamartine, SAINT-ÉTIENNE (42)

AAPB PARIS* Journées d’Amitié

23, 24 et 25 novembre 2018Crypte Sainte-Odile2 av Stéphane Mallarmé, PARIS 17e (75)

Dans la famille nous avionsun Père Blanc : le pèreGeorges Genel ; nous le

voyions rarement, il rentrait demission tous les cinq ans puis unpeu plus fréquemment tous lestrois ans. A chaque fois nousavions droit à une projection dediapositives ; il nous décrivait lesespaces et cultures différentes : ilétait en Algérie. Le père deFoucauld l’inspirait beaucoup...Mais si j’étais attaché à ce grand-oncle, les Pères Blancs restaientpour moi une réalité très vague !

Pourtant ma tante, qui recevaitVoix d’Afrique, a pris l’initiativede m’inscrire à un camp organisépar les Pères Blancs à Thy-le-Château, en Belgique. Quand ellem’a annoncé cette inscription jen’étais pas très content : je lui ai

répliqué que « J‘étais assez grandpour choisir ce que je voulais fairedurant mes vacances »... Mais ellea su me convaincre, de plus le côtéinternational de ce camp m’attiraitmalgré tout.

J‘y suis donc allé et j’y aidécouvert la joie, le partage,l’esprit de fête, l’enthousiasme desPères Blancs et des SœursBlanches pour leur mission : envrac je me souviens des pèresJoseph Clochard, Raphaël Deillon,Francis Dupont, Georges Fertin.Bref, je suis rentré enthousiaste dece camp si bien que j’ai rejoint legroupe Nord animé par les PèresFrancis Dupont et Georges Fertin.

J‘ai ainsi participé à plusieursrencontres… Tout cela a contribuéà ce que je suis devenu dans la

vie : l‘ouverture au monde, lerespect des différences, la richessedes échanges font partie de monADN aujourd’hui.

Bien sûr avec l’entrée dans lavie professionnelle, j’ai pris plusde distance avec la vie de laSociété des Pères Blancs, même sije suis resté en contact avecPatrick Leboulenger ou MichelGirard, que j’avais côtoyés lorsdes rencontres régionales ou natio-nales..

Aussi après le décès de mononcle, j’ai voulu rester en contactavec les Pères Blancs et je me suisabonné à Voix d’Afrique. Ce jour-nal est pour moi un lien avec ceque représente l’Église universel-le, diverse et sociale.

Bertrand-Régis Cassez

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Façonnés par le Potier

Nous avons évoqué les premiers missionnaires qu’ils soientPères, Frères ou Sœurs. Tous et toutes, ils se sont remisentre les mains de Dieu pour une mission dont ils igno-raient les caractéristiques. Ils ont tout appris « sur le tas »comme on dit souvent. Car avant de partir, au moins pour

les tout premiers, ils n’avaient aucune idée des populations qu’ilsallaient rencontrer, quelles étaient leurs langues leur culture et manière de vivre sans oublier comment ils allaientêtre accueillis. Et ils sont partis, vers l’inconnu. Ce ne fut pas une réussite complète ; mais avec l’aide de Dieu,ils ont vu naître l’Église d’Afrique. Comment ont-ils fait ? Qu’est-ce qui les a guidés tout au long de leur tempsmissionnaire?

L’image qui pourrait nous aider est celle du Potier façonnant des vases d’argile que l’on trouve dans lelivre du prophète Jérémie (18, 1-6)

« Le vase qu’il façonnait de sa main avec l’argile, fut manqué.Alors, il recommença et il fit un autre vase

Selon ce qui est bon de faire aux yeux du potier. » (v.4)Et Jérémie de conclure au nom de Dieu

« Oui, comme l’argile est dans la main du potier,Ainsi êtes-vous dans ma main. » (v.6)

Depuis 1868, date du premier noviciat, Dieu le Potier, a commencé à façonner notre Société Missionnaire. Nouslui présentions l’argile des premiers confrères. Il la recevait et en façonnait des vases précieux. Il faisait le mieuxpossible avec ce qu’on lui présentait. Cela n’a pas toujours été un grand succès ; il y a eu bien des malfaçons queles mains diligentes du potier essayaient de corriger. Mais, quoi qu’il en soit, c’étaient toujours des vases qui nouspermettaient d’aller de l’avant. De toute façon, le potier pouvait toujours en façonner des nouveaux. Et il nemanqua pas de le faire puisque les « vases » se sont succédé tout au long de ces 150 années d’existence. De plus,il n’y avait pas que nos « vases » à nous, les Missionnaires d’Afrique. Si l’on pense aux Missions Africaines deLyon, aux Pères du Saint Esprit ou encore les Pères Comboniens de Vérone en Italie … notre Potier avait biendu pain sur la planche. On le pressent, l’essentiel n’est pas tellement dans l’argile que nous sommes et que nousprésentons dans la joie, mais surtout dans les mains du Potier.

Alors aujourd’hui et demain, gardons au cœur cette image du Potier dans l’attente de notre argile. Le matériaud’aujourd’hui est probablement différent de celui d’hier. Mais les mains du Potier seront toujours là pour fairedes merveilles. Nous ne savons pas de quoi demain sera fait ; quel type de vases surgira de ses mains ? Mais noussavons que cela sera le meilleur possible.

Le Potier est là devant nous et nous montre ses mains prêtes à travailler. Il voudrait notre argile. Allons-nous lefaire attendre? La Mission comme le destin de notre Société des Missionnaires d’Afrique repose avant tout dansles mains précieuses du Potier. Laissons-nous façonner par Lui.

Gilles Mathorel, M. Afr.

Grâce à notre revue, après ce petit périple àtravers les 150 ans d’existence de notre SociétéMissionnaire, comment pourrions-nous conclure?Quelle image allons-nous garder dans nos cœurs?

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Le centre « Incuti z’abake-ne » en Kinyarwanda, esttenu par des Sœurs des

Pauvres ; congrégation locale, quise dévoue pour redonner le souri-re aux personnes exclues de lasociété. Elles en prennent telle-ment soin que ce centre fut trèsvite rempli. En temps normal, ilfaut tout un processus pour qu’unenfant soit accepté dans un cent-re. L’un des critères principauxde recrutement pour ces sœurs :que les handicapés viennent demilieu défavorisé.

Des enfants abandonnés

Normalement les sœursconnaissent les parents de leurspensionnaires et ceux-ci sontinvités à venir de temps en tempsrendre visite à leurs enfants. Maisil arrive, hélas, que des gensabandonnent leurs enfants enpleine nuit, lorsque les sœurs dor-ment, et déposent leurs petitsdevant le portail du centre. Lessœurs, alors, sont mises devant lefait accompli et, obligées, elles

accueillent l’enfant abandonné.Avec ce genre de pratique, lessœurs sont souvent débordées. Le plus dramatique c’est que

ces enfants, déposés à l’improvis-te la nuit, ne sont plus jamaisvisités par des parents. Qu’est-ceque les sœurs peuvent faire pouréviter ces pratiques? Embaucherun gardien à la porte du centre?Mais y en a déjà un. Et ce gardiense rend compte qu’un enfant a étédéposé au moment où celui-cicommence à pleurer. Dans cescas-là l’unique alternative quireste aux sœurs, c’est de cons-cientiser les populations. Et ellesœuvrent dans ce sens. Elles prientaussi beaucoup pour que les men-talités changent.La question qui se pose : pour-

quoi certains parents ne veulentpas accepter le handicap de leurenfant ? La déformation physiqueou mentale est la faute de qui ?Faut-il en blâmer Dieu? Non! Faut-il alors en blâmer les

parents ? Souvent, ils ont leur partde responsabilité. Que l’enfant

Apostolat près de jeunes handicapés physiques ou mentaux

Solidarité

Père Simplice Traoré au Rwanda...

Le Père Simplice Traoré, d’origine malienne, travailleau Rwanda depuis trois ans dans la paroisse Saicyahafi deKigali. Mais il œuvre aussi en donnant un coup de maindans un centre pour handicapés physiques et mentaux.

Deux pensionnaires du centre

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naisse avec une déformation phy-sique ou mentale est de l’ordre dela nature et il faudrait alors l’ac-cepter tel qu’il est, le traiter avecamour au même titre qu’un enfantnormal. Esprit que beaucoup deparents n’arrivent pas à réaliser. Etpourtant, le Christ nous a dit : « Jesuis venu non pour les biens por-tants, mais pour les malades, ».

Des défis impressionnants

Les sœurs rencontrent des défisénormes en prenant soin de cesjeunes. Il faut d’abord les aider àse nourrir, tâche qui peut leurprendre deux heures, voire plus,dans une journée ; en effet, cer-tains n’arrivent pas à se nourrireux-mêmes facilement. Il fautdonc de la patience et de l’amour.La plupart sont incontinents, ce

qui oblige les sœurs à faire unelessive tous les jours.

Certains ne peuvent s’asseoir.Ils vivent éternellement couchés ,il faut alors les aider à changer depositions. Ceux ou celles qui sontmalades, pour les amener à l’hôpi-tal, sont un réel problème car lecentre n’a aucun moyen detransport.

Problème de clôture

Il faut dire aussi que si les bâtis-seurs ont commencé à construireune clôture autour du centre, celle-ci n’est encore pas terminée. Lesjeunes sachant cela, dès que lessœurs sont un peu distraites, ceuxqui peuvent marcher s’échappentdu centre par les brèches de cetteclôture. Ces sœurs, une congréga-tion locale n’ont pas de grosmoyens, malgré tout elles sedébrouillent pour maintenir leurcentre, utilité publique incontesta-ble.

L’autosuffisanceIl fallait trouver des moyens de

subsistances pour le centre ; voiciles principales : Premièrement, l’agriculture.

Les sœurs cultivent elles-mêmesdes haricots et du maïs, nourriturede base pour ces jeunes. Elles ontun terrain pour cela. Deuxièmement, les sœurs élè-

vent des poules. Les œufs ne sontpas vendus, ils sont consommés parles jeunes du centre. Elles ontmême une vache qui produit le laitpour le petit-déjeuner. Bien évi-demment le lait d’une seule vacheest insuffisant. Bref les religieusesne restent pas à attendre une mannequi tomberait du ciel. Comme le ditl’adage « Aide toi et le ciel t’aide-ra. » Les sœurs font ce qu’ellespeuvent, le reste elles l’espèrent dela Providence divine car Dieu n’a-bandonne jamais les siens.

Le centre : la clôture n’est pas bien hermétique et bien des jeunes s’échappent par les brèches

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22 VOIX D’AFRIQUE -

La dignité dans le handicapCes jeunes sont des êtres

humains à part entière. Quelquesoit leur degré de handicap, ilimporte qu’ils ressentent l’amourde Dieu, Lui qui ne fait pas de dif-férence entre les hommes.

Tout être humain bien portantou malade, ne devrait jamais per-dre sa dignité. C’est cette dignitéqui différencie l’homme des ani-maux. Cela, les sœurs l’ont biencompris. L’amour avec lequelelles prennent soin de ces jeunes,sort de l’ordinaire, il est touchant.

Aimer un enfant handicapé et quide surcroît n’est pas le sien, relèved’une grâce. Si tu arrives jusque-là, certainement qu’une foi pro-fonde en Dieu t’habite ou que tu esun grand humaniste.

Le travail de l’aumônierLe travail du Père Simplice

consiste à célébrer la messe, assis-ter spirituellement toute la com-munauté, l’encourager. Il sensibi-lise, lui aussi, les chrétiens de saparoisse. Il leur dit : « Notre foi nedoit pas s’exprimer seulement enparoles, mais par des actes conc-rets. » Ainsi, nous arrivons à rece-voir, de personnes généreuses, desdons d’habits.Certaines femmes de la parois-

se viennent même au centre aiderles sœurs pour la lessive quoti-dienne. Tous ces gestes aident !

Comme le dit le proverbe« L’union fait la force », c’estlorsque nous restons unis que nousdevenons plus forts dans la gestionde ce centre. Les sœurs, laissées àelles seules, auraient risqué de sedécourager dans les soins donnés àces jeunes rejetés. Mais grâce àl’aide spirituelle, les dons et lesservices extérieurs, elles peuventplus facilement tenir et rendre cesjeunes un peu plus heureux.

Notre vie, qu’elle soit chrétien-ne ou pas, n’est bien remplie quelorsqu’elle a eu un impact positifsur les autres. C’est la somme denos bonnes actions qui font laréussite de notre vie. Nous som-mes invités, à laisser des tracespositives sur cette terre.

P. Simplice Traoré, M. [email protected]

Les Sœurs des Pauvres ont pris en charge les jeunes handicapés du centre

La vache nourricière du centre

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En cette année 2018, lesPères Blancs français sontrassemblés dans notre mai-

son de Mours (à 40 km au nord-estde Paris) pour célébrer 8 jubilairesde 40, 50, 60 et 65 ans de prêtriseet 7 jubilaires de 40, 50, 60 et 65ans de serment missionnaire. Et lePère Charles Bailleul assura l’ho-mélie dont voici des extraits :« Dans notre EHPAD de Bry-sur-Marne, par la grâce de Dieu, noussommes encore 6 rescapés de lapromotion 1953, celle du baby-boom Père Blanc, qui fêtonsnos 65 ans de serment missionnai-re ! Cet anniversaire s’appelle, diton, un jubilé...

À vrai dire, dans mon enfance,je ne connaissais que le verbejubiler et je savais que cela vou-lait dire éprouver de la joie, sur-tout intérieure. C’est le casaujourd’hui, ne serait-ce que pourles belles choses dont nous avonsété témoins dans nos pays d’ac-cueil et pour cette longue vie quinous a été accordée. Qui d’entrenous pouvait l’espérer, alors qu’àcette époque, la moyenne de viedes missionnaires en Afrique frô-lait tout juste la cinquantaine ?Merci, Seigneur ! Nous sommesencore en vie à ton service !Faute de pouvoir danser commeDavid devant l’arche d’Alliance

(ce n’est plus de notre âge et nosos sont devenus très fragiles),nous jubilons intérieurement ! »

Selon ces termes, nous avonsfait « serment sur les Évangiles(donc devant Dieu) de nousconsacrer jusqu’à la mort à lamission de l’Église en Afriqueselon les Constitutions de laSociété des Missionnairesd’Afrique… promettant et jurant ànos Supérieurs fidélité et obéis-sance… Dieu nous a donc gardésdans une longue fidélité. Qu’ilen soit béni à jamais ! Rendons-lui grâce spécialement par cetteEucharistie, où nous faisonsmémoire de Jésus, notre Seigneuret notre modèle, fidèle jusqu’à lamort à sa mission de salut…

Cette fidélité à la parole don-née, dans le bonheur comme dansl’épreuve, nous l’avions déjàvécue à travers celle de nosparents… et nous l’avons retrou-vée en Afrique spécialement entrefamilles alliées. Jésus n’a-t-il pas fait avec nous

le même pacte d’amitié ? Noussommes devenus ses petits frèreset c’est lui qui nous a choisis. « Jene vous appelle plus serviteurs,mais mes amis ». Avec sa grâce,nous lui avons répondu dans lafidélité. Qu’Il en soit béni !

Dernière prière à laquelle jevous propose encore de vous asso-cier. Notre jubilé d’or est déjàloin. Nous fêtons notre jubilé de65 ans de serment, soit : quinzeans de plus que celui d’or ! Ilparaît qu’on l’appelle : « Jubilé desaphir ». C’est le nom d’une pier-re précieuse de couleur bleue ciel,symbole de paix, de sérénité. Nedit-on pas d’un ciel bleu sansnuage, un ciel serein ?

Voici donc notre petite prière : « Seigneur Jésus, Toi qui as pro-

mis à tes apôtres « Je vous laisse lapaix, je vous donne ma paix. »accorde à chacun de tes vieux servi-teurs paix et sérénité devant la dimi-nution de nos forces ou devant lesépreuves de santé.… Regarde ! Nospetites bougies à bout de cire, tu vasbientôt les souffler une par une,comme les étoiles au point du jour.Accorde-nous alors la lumière del’aube éternelle et la joie d’entendremalgré notre surdité qui s’aggrave :« C’est bien, bon serviteur, tu as étéfidèle en peu de choses, entre dansla joie de ton Maître ! »

Que ces paroles puissent nousaccompagner sur notre route,nous tous, non seulement les jubi-laires pris individuellement, maisaussi l’ensemble de notre Sociétéde Missionnaires.

D’après Charles Bailleul, M. Afr

Le P. Bailleul, durant son homélie.

Nous célébrons le grand jubilé des 150ans de la Société des Missionnaires d’Afrique.150 ans, cela fait beaucoup ! Parmi nosconfrères, certains ont l’air de tenter desexploits en longévité. Nous les entourons etles encourageons. Mais, nous le savons aucunn’arrivera à 150 ans de vie missionnaire.

Célébrations des Jubilés des Pères Blancs

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24 VOIX D’AFRIQUE -

Quel est le meilleur souvenir deta jeunesse?

C’est je crois, le jour de mapremière paye lorsque j’avais septans et demi. Pendant les vacances,j’étais dans le jardin à ne pas tropsavoir que faire. Mon père passaitde son bureau vers l’usine de tis-sage au fond du jardin. Me voyantinoccupé, il m’a amené avec lui etm’a confié au contremaître pourporter des canettes de fil aux tisse-rands. Ce travail m’amusait, et jel’ai fait plusieurs jours. Le vendre-di après-midi, mon père distribuait

les enveloppes de paye auxouvriers et m’a alors remis lamienne, sous les applaudisse-ments des ouvriers. Je n’ai jamaisété aussi fier de ma vie !

Quel est le pire souvenir de tajeunesse?

Le massacre de 86 hommespar des SS nazis, à Ascq (aujour-d’hui Villeneuve d’Ascq) ; j’avaisalors 13 ans. Cela se passait deuxmois avant Oradour. Mon pèreétait parmi eux et fut massacré luiaussi. D’ailleurs, une rue de laville porte son nom. Mon grandfrère y a échappé de justesse. Unde ses amis, fils unique, a été tué :il avait 15 ans. Inutile d’en direplus…

Quel est le meilleur souvenir deta vie en Afrique?

C’est dans mon travail de for-mateur au petit séminaire que jel’ai trouvé, lorsque j’ai pu aider unjeune à prendre conscience de lui-même. Il bavardait constammentavec son voisin pendant l’étude, etil ne s’en rendait pas compte.Après de nombreux échanges etconseils où je lui faisais compren-dre qu’il se nuisait à lui-mêmeainsi qu’aux autres, il a pris cons-cience de son problème et a ététransformé. Formidable !

Quel est le pire souvenir de ta vieen Afrique?

Un jour mon supérieur m’atraité « d’incapable » parce qu’onrisquait de manquer de gasoil, etça ne m’a pas plu. Mon supérieurétait un bilieux, et la seule per-spective de manquer de gasoil lesoir, et donc d’électricité, l’an-goissait terriblement. Commentallait-on éclairer les 130 élèves dupetit séminaire? En tant qu’éco-nome, je me suis démené toute lajournée, et on a pu être dépanné audernier moment.

Quel est le plus beau jour de tavie?

Pas facile à répondre, mais jechoisirais le jour de la bénédictionde l’église que j’avais construite.En 1990, j’avais été nommé àKisangani (RDC) à la demande duPère Bertrand Gayet, curé de laparoisse en fondation. Moi j’étaischargé de la construction de l’égli-se. J’ai conçu tous les plans, unarchitecte les a relevés sur papier,et au bout de deux ans les travauxétaient terminés. C’est MgrMonsengwo, archevêque deKisan-gani, aujourd’hui cardinal,qui devait venir bénir l’église.Empêché, c’est son vicaire épisco-pal qui est venu, mais l’arche-

Le Père Clément Forestier, responsable de la commu-nauté des Pères Blancs dans l’EPHAD de Bry-sur-Marne, a posé à quelques confrères une grille de questions sim-ples (toujours les mêmes) sur l’essentiel, pour chacun,de leur vie missionnaire. La série de ces interviewscontinue avec le Père Jean-Claude Baratte.

Témoignage

Père Jean-Claude Baratte :

Reflet de l’Amour...

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vêque a tenu quelques jours plustard à bénir cette église unedeuxième fois. Quel honneur !Mais surtout cette bénédictioncouronnait deux années de labeuret de créativité. Que du bonheur !

Quel est le pire jour de ta vie?Le jour où je me suis retrouvé

prisonnier des Simbas, des rebel-les sanguinaires, en 1964. Àgenoux, les mains sur la tête, unfusil dans le dos, … Inutile là aussid’en dire plus !

Quelle est selon toi ta plus belleréussite en Afrique dont tu peuxêtre fier ?

C’est sans nul doute la forma-tion des jeunes au petit séminaire,non pas par la discipline, mais parla conscientisation, comme j’en aidéjà parlé au sujet de mon meilleursouvenir d’Afrique (troisièmequestion). J’étais très partisan desméthodes de Paulo Freire quiconscientisait les populations pourle développement. Pour moi, enpédagogie, comme dans tous lesdomaines, c’est une méthode for-midable, sinon la meilleure.

Dans quelle situation la pluscocasse t’es-tu trouvé enAfrique?

Dans une homélie du diman-che, j’avais évoqué des évène-ments survenus en cours de semai-ne au marché. Un membre du Partiau pouvoir m’a interpellé en pleinsermon, puis dénoncé aux autori-tés. J’ai été convoqué par leCommissaire de Zone que jeconnaissais très bien, et qui étaittout malheureux de devoir jugermon cas. Ça s’est tout simplementterminé par l’interdiction derecommencer…

Quelle est à tes yeux la meilleurequalité que doit posséder unconfrère en communauté?Être au service des autres. C’est siagréable d’être servi… et chou-chouté !

Parmi tous les saints ou grandshommes (femmes) de l’Église,lequel ‘laquelle) t’a le plusinfluencé?

La petite Thérèse, évidemment !

Quelle est ta plus grande crainteaujourd’hui?À vrai dire, je n’en ai pas. Je

suis toujours viscéralement opti-miste !

Pour toi, en trois mots maximum,être missionnaire c’est quoi?

Être un reflet expressif del’Amour, ou, avec une autre tour-nure : rester.

Propos recueillis parPère Clément Forestier, M. Afr.

L’EHPAD de Bry-sur-Marne, vue des jardins.

Les grands jalons de la vie du Père Jean-Claude Baratte

- 8 mars 1931, naissance à Ascq, dans le diocèse de Lille.- 1952, noviciat à “Maison-Carrée”, en Algérie.- 1956, il prononce son Serment chez les Pères Blancs, à Heverlee,en Belgique.

- 1957, avril, il est ordonné prêtre à Heverlee, en Belgique.- 1957, octobre, il est nommé au Congo, professeur au petit sémi-naire de Fataki. Il y restera 22 ans.

- 1980, il est nommé à l’Institut des Sciences Religieuses de Bunia.- 1985, janvier, il est vicaire à Nyakasanza.- 1985, il rentre en France où il est supérieur à Lille.- 1990, janvier, il repart de nouveau en Ituri au Zaïre, il est nommévicaire à Kibibi. Il y sera élu Conseiller régional en 1992..

- 1096, il rentre en France où il est Supérieur de Friant.- 1999, il est nommé Assistant provincial et réside à Friant.- 2005, juin, il devient le Supérieur puis économe de Mours. - 2017, il réside actuellement dans l’EHPAD de Bry-sur-Marne,dans le Val-de-Marne où il est Adjoint au Responsable.

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Nous prions pournos défunts

Chez nos confrères. À St Malo :* P. Armand Duval, 90 ans, dudiocèse de Rennes.À St Pierre :* P. Fernand Gruber, 84 ans,du diocèse de Strasbourg.À Bry-sur-Marne :* P. Paul Didier, 91 ans, dudiocèse de Nancy.

Dans nos familles :La sœur du P. Jean Arnaud (Ste-Foy-lès-Lyon).Le cousin du P. Bernard Beauchet (Verlomme).La nièce de Mgr Claude Rault (Friant).La belle-sœur du P. Antoine Paulin (+2008) .

VOIX D’AFRIQUE -

C’était une longue fidélité

Auteur : Père Armand Duval,M. Afr.

Cet ouvrage nous introduit dans lavie des quatre Pères Blancs mission-naires qui, par solidarité avec lepeuple algérien, ont donné leur vieen 1994 et ont été reconnus bien-heureux par le pape François avecquinze autres religieux et reli-

gieuses de l'Église d'Algérie.

Pourquoi rester fidèle à un peuple qui n'est pas le sienquand le péril est omniprésent et l'espoir si ténu d'agirsur l'homme? Parce que « c'était une longue fidélité ».

À travers cet hommage, l'auteur nous livre « un ensei-gnement sur la mission ». La flamme évangélique quianime ces témoins de l'amour de Dieu nous fait signe làoù nous vivons, et comme le dit Saint Augustin, « touthomme en tant qu'homme a le droit d'être aimé ».

Armand Duval, Père Blanc, a été missionnaire au Zaïre,actuelle République Démocratique du Congo, ainsiqu'au Mexique. Il a longtemps vécu en Afrique duNord, à Jérusalem, en Espagne, et a collaboré à Peuplesdu Monde et à Africana.

Éditeur : MÉDIASPAUL FRANCEISBN : 9782712215019

(Paru juin 2018) - 216 pages - Prix 16,00 €

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31, rue Friant75014 PARIS - Tél. : 01 40 52 18 40Règlement à l’ordre de : SMA Voix d’Afriquepar chèque bancaire

Honoraire de messe : 17 €Reçu fiscal sur demande explicitepour vos dons de plus de 20 €(abonnement et honoraires de messes exclus)p Désire recevoir un reçu fiscal

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Le numéro : 3 € - Abonnement un an : 15 €4 parutions par an

dont un numéro double.

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Sud-Ouest 22 rue du Général Bourbaki, 31200 Toulouse Tél. : 0561225368

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Proverbe d’Afrique (Tunisie) : « Lorsque l’on mélange le miel avec ses mains, on finit par se lécher le bout des doigts. »

Sens : Attrait à la politique !

Dons pour la santé des Pères Blancs malades et âgés

Envoyer vos dons à la Fondation Nationale pour le Clergé

3, rue Duguay-Trouin 75280 Paris CEDEX 06

• aide pour la prise en charge des confrères âgés et malades• aide pour leurs cotisations assurances maladie et vieillesse• aide pour la mise en conformité de nos maisons de retraite

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Prière pour le 150e anniversaire

Dieu, notre Père,en quittant ce monde, ton fils Jésus a confié à ses disciplesla mission de proclamer son message de salut à toutes les nations.

Il y a 150 ans, inspiré par ton Esprit Saintet animé d’un amour profond pour l’Afrique,le Cardinal Lavigerie fonda nos deux Instituts missionnairespour lesquels nous te rendons grâce.

Sous la protection de Marie Immaculée, Notre-Dame d’Afrique,nous t’avons servi dans l’amour et la joie.

Pardonne-nous nos fautes dans la mission.Couvre de ta bénédiction les peuples africainsqui proclament ta louangeà la face du monde entier.

Renouvelle-nous par la puissance de ton Espritpour continuer avec zèle et passionl’œuvre que notre fondateur et nos ancêtres dans la mission ont initiée.

Amen