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Tuerie à Charleston en Caroline du Sud !

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République Dominicaine: les racines de la "Sentencia"

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Révolte noire aux Etats-Unis !

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BRAS DE FER ENTRE LE CEP ET LA COUR DES COMPTES ?

LIL WAYNE ET CHRIS BROWN EN HAÏTI:

UN AUTRE SPECTACLE DE MARTELLY, ONÉREUX ET OUTRAGEANT

Des membres du Conseil Electoral Provisoire et le bâtiment de la Cour supérieure des comptes

En collaboration avec le promoteur Swizz Beatz (Kasseem Dean), le mari de la chanteuse Alicia Keys, la société de production de Olivier Martelly, BigO, fait venir les superstars du rap Lil Wayne et Chris Brown en Haïti pour un concert gratuit qui ne rapportera rien au pays . A l'accoutumée, ces

deux artistes réclament, chacun, un cachet de $1,000.000 pour leurs performances à l'extérieur des États-Unis.

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Haiti Liberté/Haitian Times2 Vol. 8 • No. 50 • Du 24 au 30 Juin 2015

Editorial LIBERTÉHAITI

Panorama du gouffre haïtien !

Par Berthony Dupont

Bien souvent, dans leur réflexion, des observateurs politiques se demandent pourquoi et comment Haïti, le premier pays nègre

indépendant de l’hémisphère, la deuxième plus ancienne république du Nouveau Monde après les États-Unis a-t-elle pu arriver à ce profond niveau de marasme économique et de décadence sociale cumulés au point de pousser ses enfants à chercher refuge partout dans le monde, à la recherche d’une vie meilleure !

En réalité, d’où vient cette dégringolade aiguë, cette situation de crise permanente étreignant celle qu’on appelait Saint-Domingue au temps de la colonie, et qui fut si riche et si belle ? Un fait certain, le peuple n’est pas l’auteur de cette descente aux enfers. Mais, com-ment pourrons-nous un jour expliquer à nos enfants ce drame et pourquoi sommes-nous dans cet état présent de déception totale ?

La situation est suffisamment simple lorsqu’on observe les faits avec le maximum de lucidité. Fort malheureusement, ils sont présents et même têtus. Si nous sommes devenus un peuple d’assistés, c’est parce que nous sommes les victimes d’une conspi-ration certaine et d’une certaine forme de répression permanente. N’est-il pas évident et opportun de souligner que si Haïti se trouve dans les conditions actuelles, c’est parce qu’elle est en train d’être punie pour sa contribution progressiste apportée à l’humanité; pour son passé historique, quand elle abolit le système d’esclavage et créa la première nation nègre libre et souveraine de sorte que des esclaves des États-Unis et de plusieurs autres endroits pouvaient venir y vivre librement dans la dignité, sans aucune crainte.

En effet, depuis l’épopée de 1804, suite de la guerre de l’indépendance, Haïti fait face à une autre guerre sans merci, l’empêchant d’atteindre le niveau de développement standard que recherche tout peuple. Cette guerre continue jusqu’à nos jours pre-nant différentes formes selon les circonstances ; surtout avec nos grands ennemis tels les États-Unis, la France et le Canada, pour ne citer que ceux-là.

Le pays est totalement livré aux agressions des forces capi-talistes sous forme de pillage et de vandalisme. La haine qu’elles éprouvent pour Haïti c’est du fait d’avoir mis fin à leur business de trafiquants de nègres pour les faire travailler comme esclaves. Sys-tème qui a enrichi la plupart des grandes puissances économiques actuelles.

L’opinion nationale et internationale ne semble pas pleinement consciente de l’envergure de cette agression téléguidée, financée, et soutenue par les forces impérialistes mondiales ci-devant escla-vagistes. C’est en quelque sorte un assaut concerté et multiforme mis en place pour détruire tous les acquis du pays et l’empêcher de construire une entreprise de développement réussi. Parfois pour im-poser leur cynisme, ces organisateurs de désordres se comportent en bienfaiteurs et même avancent sous couvert de la religion. En fait, il n’y a rien qu’ont entrepris ces anciennes puissances esclavagistes qui ne se soit pas tourné contre nous, allant en notre défaveur, en complicité totale avec des cadres véreux de la classe bourgeoise.

L’échec d’Haïti sert justement de leçon à leurs actuelles colo-nies auxquelles elles enseignent que l’indépendance ne les aidera nullement. Regardez donc Haïti, disent-elles, dans quel état de dé-

labrement social elle s’empêtre depuis qu’elle a choisi d’être sou-veraine.

C’est une véritable tempête qui s’est abattue sur le pays à chaque fois que nous avons essayé d’avoir un dirigeant nationaliste qui aurait seulement aimé apporter quelque changement, non pas faire une révolution, mais simplement faire des réformes à l’instar d’un Estimé ou, à la rigueur, d’un Aristide. Ces réformistes sont vite pris à la gorge, en fomentant contre eux des coups d’état sanglants pour saboter le pays. Mais on laisse faire ceux-là qui aspirent à ne rien faire pour l’émancipation des masses populaires, à ne pas menacer les influences dominantes des vautours internationaux, à renforcer la tutelle impériale. Et si par extraordinaire le peuple veut lui-même prendre son destin en main, il se fait massacrer, et on lui impose finalement un dirigeant. Le fantoche Martelly au pouvoir actuellement est un exemple vivant des menées ténébreuses de nos «amis» ; et le bilan de la marionnette au palais national approche bien le zéro.

Les événements dont nous avons été témoins durant ces derniers mois, crise électorale, menace de déportation massive en Haïti d’haïtiens et même de dominicains ne sont pas étrangers à la pratique de tenir Haïti sous le coup de la déstabilisation et de l’humiliation. Le racisme des dirigeants dominicains vient du fait que les industriels de l’île voisine ne sont pas réellement des fils de l’île, mais bien des Européens importés pour blanchir la race et des américains qui ont trouvé un peuple soumis différent de celui de luttes permanentes d’Haïti.

C’est dans ce contexte que les pays impérialistes dans une crim-inelle escalade décident de toujours saboter Haïti ; et la manœuvre est claire quand ils ordonnent à des troupes étrangères de pays sous-impérialistes comme le Brésil en particulier d’occuper notre territoire à leur place, de sorte que leur travail de déstabilisation soit assuré. Pour eux si Haïti avait réussi, d’autres peuples qu’ils dominent en-core auraient été «contaminés» par le virus de l’indépendance. Et c’est pour cela qu’ils jouent le tout pour le tout de façon à nous tenir dans une situation de déstabilisation permanente.

Comment sortir de ce paradoxe quand l’économie du pays est de plus en plus aliénée ? Les portes sont largement ouvertes aux in-vestissements détruisant notre marché et la production locale. Tout ce qui se fait dans le pays doit trouver l’aval d’un ou de plusieurs experts étrangers, artisans résolus de la politique néocoloniale avec justement la complicité des agents, des commandeurs, des oncles Tom, mis à leur service. Ils ne sont tous que des assassins du peu-ple haïtien. Ils ne désarmeront pas si facilement en organisant ces élections pour la forme, vu qu’ils sont arbitres et joueurs en même temps. Seule une mobilisation populaire générale, en cette année du centième anniversaire de leur occupation directe, peut nous aider à sortir du gouffre de la dépendance, de l’exploitation de nos res-sources et de l’assistanat.

Voyez donc, après le séisme de Janvier 2010, même les fonds ramassés ont été volés et détournés pour nous laisser sans aucun recours. Tel est le vœu des stratèges des puissances impérialistes. Tel est leur plan pour nous tenir sous leur coupe. !

Le peuple haïtien profondément déçu, doit continuer sa résis-tance et sa lutte en s’organisant jusqu’à la mise en place d’un gou-vernement digne, sérieux, populaire et résolument progressiste.

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3Haiti Liberté/Haitian TimesVol. 8 • No. 50 • Du 24 au 30 Juin 2015

A Travers Haiti

Haïti, chronique d’une crise électorale (58)De 70 à 56 candidats, il n’en restera qu’un !

AVISPAR CES MOTIFS, Le Tribunal après avoir délibéré au vœu de la loi et sur les conclusions conformes du Ministère Public, se déclare compétent pour examiner cette action en partage, en revendication du droit de propriété, en annulation de vente et en expulsion des lieux, soumise à son délibéré ; Dit quʼelle est recevable en la forme, octroie défaut contre les sieurs Nickolson Pierrismas, Genel Jean-Baptiste et Wilner Jean-Baptiste pour nʼavoir pas comparu à l̓ audience du vingt-deux (22) décembre deux mille quatorze (2014) quoique régulièrement assignés et sommés dʼaudience. Maintient le défaut déjà octroyé à l̓ audience suscitée. En conséquence, ordonne le partage de la succession de feu Venel Jean-Baptiste, notamment la propriété plus haut citée, entre les héritiers de ce dernier. Dit que les héritiers de feu Voltaire Pierrismas, notamment Nickolson Pierrismas et consorts doivent être expulsés sur la propriété sise et située à Obéissant, localité dépendant de la Première Section Communale de Paillant. Ordonne la démolition de toutes les constructions faites par les occupants illégaux. Et tous ceux qui nʼauront pas prouvé leurs vocations héréditaires seront écartés du partage, en conséquence, écarte les nommés Nickolson Pierrismas et consorts du partage et toute vente faite au profit de Voltaire Pierrismas au-delà de vingt centièmes de carreau (20/100) de terre est déclarée nulle. Déclare le sieur Assonord Jean-Baptiste, Mirtha Jean-Baptiste et ses cohéritiers à l̓ appui des procès-verbaux et les pièces fournis, propriétaires de ces deux carreaux (2cx) de terre situés à Obéissant, bornés au Nord par le sieur Brice Martilus, Isaac Juslène et Ulysse Brice ; à l̓ Est par la route de Paillant, à l̓ Ouest par les héritiers Bertilus Brice et Sainvil Estive et au Sud par RosenaVernéus. Accorde l̓ exécution provisoire sans caution de la présente décision, sur le chef du principal ; vu qu i̓l y a titres authentiques conformément aux dispositions de l̓ article 276 du Code de Procédure Civile. Condamne la succession aux frais privilégiés du partage. Déclare que les héritiers de feu Voltaire Pierrismas représentés par Nickolson Pierrismas et consorts sont également condamnés aux frais et

dépens de la procédure liquidés à… Commet l̓ Huissier Wilson Pierre pour la signification du présent jugement. Ainsi jugé et prononcé par nous Me. Marideline Paul, Juge, en présence de Me. Ronald Tessier Substitut Commissaire du gouvernement de ce ressort assisté dʼEmmanuel Désir Greffier du siège à l̓ audience ordinaire, civile et

Publique de ce lundi deux (02) mars deux mille quinze (2015), An 212e de l̓ Indépendance. Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à exécution, aux Officiers du Ministère Public près les Tribunaux Civils d y̓ tenir la main, à tous autres commandants et autres Officiers de la force

publique d y̓ prêter main forte lorsqu i̓ls en seront légalement requis.En foi de quoi la minute du présent jugement est signée du juge et du Greffier susdits.

Pour Expédition conforme Collationnée à la minute.Emmanuel Désir, Greffier

Par Catherine Charlemagne

Vendredi 19 juin 2015, il est 18h30. Coup de tonnerre à Port-au-Prince.

La plateforme politique VERITE de l’ex-Président René Préval vient de perdre son candidat à la présidence. Le Con-seil Electoral Provisoire (CEP), en effet, suite à de nombreuses contestations des différents partis concurrents contre l’agrément du candidat de cette plate-forme a décidé de retirer l’universitaire Jacky Lumarque de la liste des candi-dats agréés. Plus d’une heure après le communiqué du CEP, aucun des re-sponsables du parti, proches et parti-sans du Recteur de l’Université privée Quisqueya n’était joignable. Sommés, ils sont KO debout. Dans les milieux politiques, c’est la consternation pour les uns et le soulagement pour les au-tres. L’un des candidats les plus en vue de la présidentielle de 2015 vient d’être privé de campagne électorale et par la même occasion, il loupe, peut-être, le Palais national.

Dans la foulée, on apprend aussi qu’un obscur candidat du nom de Lev-elt François qui s’était emparé sans autorisation du label d’un petit parti de la diaspora, MUDHAH (Parti de la Di-aspora Haïtienne pour Haïti) s’est fait lui aussi éjecter de la liste pour cause de condamnation pour trafic de crack et de cocaïne aux Etats Unis, selon le communiqué du Conseil Electoral Pro-visoire. Il faut dire que l’écartement de ce candidat ne surprend pas grand monde vu que sa candidature avait été contestée dès le début par la quasi to-talité des responsables de ce parti dont son Président Edwin D’Haïti. Celui-ci multipliait conférences, contestations et plaintes auprès des autorités judiciaires et électorales contre cet individu qui au-rait comploté pour de l’argent avec une infirme frange de la direction de MUD-HAH pour usurper le nom du parti afin de se porter candidat à la présidence d’Haïti.

La surprise vient du côté de la plateforme politique VERITE qui s’est fait prendre dans un piège qu’elle ne peut expliquer et duquel elle ne peut s’en sortir. Voilà que la formation poli-tique menée par celui qu’on appelle depuis longtemps en Haïti «  le re-nard  », en parlant de l’ancien chef de l’Etat René Préval, s’est retrouvée, du jour au lendemain, privée de candidat dans une compétition que tout le monde s’accorde à reconnaître qu’elle est plus

que jamais ouverte. C’est-à-dire que tout est possible y compris l’élection d’un novice au sommet de l’Etat tant le Président sortant, Michel Martelly, ne contrôle plus grand chose. L’ex-sénateur Moïse Jean-Charles et le MO-POD y sont pour beaucoup. Certes, le candidat Jacky Lumarque ne faisait pas l’unanimité au sein de la plateforme. Le Recteur avait été imposé par son men-tor René Préval qui, comme à son habi-tude, avait préparé son coup dans le plus grand secret et silence vis-à-vis de ses compagnons. Mais compte tenu de la situation et de l’influence de ce vieux renard de la politique haïtienne, tous les autres présidentiables de la plateforme ont dû avaler la couleuvre sans sel tout en faisant semblant que ce choix était le bon.

En réalité, plusieurs leaders de VERITE pestaient en privé de ce choix qu’ils jugeaient mal approprié et dénoué de tout bon sens politique. Si Jacky Lu-marque demeure une référence dans les milieux intellectuels de la capitale, et encore certains le contestent, sur le plan politique l’homme est totale-ment inconnu du grand public. Même les étudiants de l’Université Quisqueya n’étaient pas trop emballés d’une telle candidature à les entendre sur la cour de cette institution. Néanmoins, les autres dirigeants de VERITE reconnais-sent tout de même que Jacky Lumarque étant vierge en politique aurait pu les mener à la victoire dans la mesure où cette campagne va se faire à coup d’accusations sur fond de mauvaise gouvernance des pouvoirs précédents dont celui de l’ancien Président René Préval. D’ailleurs, le choix de ce novice a été calculé dans un but précis. Etant donné qu’aucun des présidentiables de VERITE ne peut prétendre pouvoir pass-er l’obstacle de « décharge » au Conseil Electoral Provisoire, seul le Recteur paraissait être en mesure de franchir ce cap devenu pire que le Cap Horn pour les marins effectuant le tour du monde en solitaire. Mais là encore, c’était ou-blié qu’en Haïti, s’agissant de faire du mal, personne n’est à court d’idée.

Les alliances les plus improbables et les plus saugrenues peuvent se for-mer afin de faire tomber un concurrent jugé dangereux tout au moins sur le plan financier. Les arguties institution-nelles, complots politiques, appel au re-spect de la Constitution quand cela les arrange deviennent les éléments essen-tiels du débat politique pour contrecar-rer l’adversaire ou renverser le pouvoir. La chute du Président Jean-Bertrand Aristide en 2004 et l’alliance entre Me André Michel GNBiste reconnu et Me Newton Saint-Juste lavalassien notoire contre Michel Martelly sont les preuves de l’incohérence des politiciens haïtiens. Bref, tous les arguments sont bons pour tenir en respect les candidats trop con-fiants et trop en vue. Pour la première fois depuis son parcours politique pra-tiquement sans faute, l’ex-Président Préval tombe sur un plus malin que lui. Cet os là n’était pas prévisible. Pour

certains, incontestablement, l’homme de Marmelade n’a pas vu venir cette affaire de décharge pour un Jacky Lu-marque qui n’a jamais vraiment été aux responsabilités publiques depuis tantôt trente ans. Son dernier passage à la tête d’une obscure Commission publique traitant de l’éducation remonte, selon lui, à plus de 25 ans. Une éternité  ! Personne ne s’en souvient. Personne, pas vraiment. Une coalition hétéro-clite composée de pas moins de quinze partis et regroupements politique entre autres, Fanmi Lavalas de Maryse Nar-cisse, Fusion des Sociaux Démocrates de Edmonde Supplice Bauzile, la plate-forme MOPOD de Me Samuel Madistin, Renmen Ayiti de Jean Henry Céant, est venue le rappeler au bon souvenir du professeur. Cette fournée de candidats à l’élection présidentielle a rappellé à Jacky Lumarque qu’elle n’a pas oublié qu’il fut ordonnateur des deniers publics par le fait qu’il était à la tête du Groupe de Travail sur l’Education et de la For-mation (GTEF).

Or, selon l’article 90 alinéa H du décret électoral, l’ex-Coordonnateur devait obligatoirement, lors de son in-scription au CEP, présenter un certificat de décharge ou à défaut un document quelconque provenant de la Cour Su-périeure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA) justifiant qu’il ne disposait pas de fonds publics quand il était Directeur de l’Institut National de Formation Professionnelle entre 1987 et 1989. Malgré que le concerné con-teste cette éviction par voie de réseaux sociaux (Facebook), le CEP décide tout de même de l’exclure de la liste. Selon lui, il y a prescription, puisque cela date de près de trente ans. Mais le mal est fait. Pierre-Louis Opont et ses cama-rades ne transigent point avec le décret électoral. Jacky Lumarque est bel et bien sorti de la course à la présidence haïti-enne de 2015. Aucun recours juridique n’est possible! Aucun secours politique n’étant acceptable dans ce contexte de surveillance et vigilance extrême. Du coup, une voie royale s’ouvre à d’autres prétendants qui vont certainement prof-iter de cet espace laissé vacant pour at-tirer les éventuels électeurs de VERITE, aujourd’hui orphelins, pour combler leur retard.

Mais si les responsables du Conseil Electoral Provisoire profitent de cette aubaine indiscutable pour écar-ter deux candidats de plus sur les 58 qui avaient obtenu leur laissez-passer, l’opinion publique reste quand même sur sa faim. Le nombre de candidats bri-guant la magistrature suprême reste en-core trop élevé. Certes, l’on est passé de soixante dix à cinquante six postulants. N’empêche qu’on continue à s’interro-ger sur l’utilité pour un petit pays à pro-blème économique gravissime comme Haïti d’avoir près de soixante candidats à briguer la présidence. Ce d’autant plus que la majorité d’entre eux, sinon plus, n’ont jamais occupé la moindre fonc-tion dans l’administration publique ou un poste politique. Parmi ces 56 can-didats agréés par le CEP, il y en a bien sûr quelques parlementaires encore en fonction et des anciens sénateurs. On trouve aussi des juristes et des avocats plus ou moins connus de la place. Un ancien Directeur général de la police na-tionale, des Pasteurs et des médecins se sentant capables de porter le pays vers le progrès. Plusieurs professeurs d’uni-versités se sont présentés, des activistes politiques sans être réellement ancrés dans la pratique politique à proprement parler, des anciens journalistes et des candidats venus du secteur paysan. Quelques hommes d’affaires qui ne re-présentent pas forcément le secteur des affaires se sont eux aussi lancés dans la course présidentielle. Sans oublier de célèbres inconnus dont personne n’a jamais entendu parler dans le pays

avant qu’ils ne se présentent à ces joutes. Beaucoup parmi ces candidats n’ont jamais travaillé de leur vie. Ce sont des chômeurs de longue durée. Pour la plupart, ils cherchent un emploi. D’autres, en revanche, cherchent à se faire connaître et prennent acte pour la prochaine fois. Ils tentent de se faire un nom. Incontestablement, si la politique n’attire pas toutes les couches de la so-ciété haïtienne, la présidence de la Ré-publique en fait exception. Ils viennent de tous les milieux. Les candidats à la fonction de chef de l’Etat pour ce pro-cessus électoral sont divers et pluriels. Du rang social le plus bas en passant par la classe moyenne jusque dans la bourgeoisie, tout le monde est représen-té. Il y en a pour tous les goûts. Chaque secteur dispose de son poulain.

Certes, le choix sera difficile à faire parmi les 56 concurrents et surtout compliqué pour les responsables du CEP pour agencer toute cette pléthore dans une seule fiche ou bulletin de vote. L’électorat haïtien réputé pour être vul-nérable et très peu préparé à identifier le candidat de son choix sur un bulletin de vote, aura certainement beaucoup de mal le jour du vote à choisir son candi-dat préféré. Cette opération sera d’au-tant plus difficile et compliquée à faire que les électeurs potentiels n’auront pas seulement à bien identifier le candidat qu’ils préfèrent pour le Palais national. Ils devront aussi désigner des candi-dats pour le Sénat et la Chambre des députés lors du second tour. Certains se demandent si le Président du CEP, Pierre-Louis Opont, et ses collègues ont bien mesuré le choix qu’ils ont fait en organisant le même jour ces deux scru-tins. Cette responsabilité qui incombe entièrement à l’organisme électoral de-

meure le talon d’Achille de ces élections si elles sont organisées comme prévu au cours de cette année. Beaucoup de voix s’élèvent d’ailleurs pour dire leur inquiétude par rapport à cette série de scrutins effectuée le même jour.

Elles craignent un grand désordre généralisé le jour des scrutins entre des électeurs cherchant désespérément leurs candidats ou qui ne savent pas comment s’en sortir avec cette ava-lanche de candidats à la présidentielle et ceux des législatives sur un seul bout de papier le 25 octobre. D’autres candidats demandent même le report des élections. La date du 9 août 2015 acquise pour le premier tour des légis-latives devient, pour certains, de plus en plus incertaine. Ils ne croient pas que le CEP pourra tenir ses prévisions jusqu’au bout. En tout cas, l’organisme électoral fait preuve d’une autorité à toute épreuve. Et de jour en jour, cette institution, bien que provisoire, semble vouloir marquer son indépendance vis-à-vis de tout le monde y compris de la Communauté internationale qui, de toute évidence, a le plus grand mal à imposer ses points de vue. Cherchant depuis des mois à imposer un seul scrutin ou à pousser les candidats à se regrouper en utilisant le chantage finan-cier sur le CEP, les dirigeants continuent à résister et persistent à suivre le che-min qu’ils s’étaient tracés.

La chute de certains candidats ne laisse pour le moment aucun doute sur l’indépendance de ces Conseillers qui veulent marquer les esprits et leur temps. De la première Dame, Sophia Saint Rémy Martelly au candidat de VERITE de René Préval, le Recteur Jacky Lumarque en passant par le tout puissant ancien Premier ministre Laurent Lamothe, tous tombés pour décharge ou nationalité douteuse, per-sonne ne semble impressionner l’équipe de Pierre-Louis Opont. Cette marque d’autonomie du CEP laisse penser qu’il entend maintenir le cap du 9 août coûte que coûte et ce en dépit des pressions venues de partout et de plus en plus pressantes. En tout cas, sur cette liste de 70 candidats au départ, réduite après évaluation et contestation à 58 puis à 56, il n’en restera à l’arrivée qu’un seul élu. Celui qui aura surmonté moult dif-ficultés administratives et tracasseries institutionnelles et politiques avant de pouvoir tenter d’imposer le changement tant espéré par la population. Espérons que cet heureux élu ait un grand dessein pour ce pays qui souffre visiblement d’un manque de leadership certain.

L’autre candidat écarté par le CEP Jacky Lumarque

Levelt François candidat du parti de la diaspora, MUDHAH (Parti de la Diaspora Haïtienne pour Haïti)

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Haïti loin d’être prête pour recevoir ses déportés de la République Dominicaine !

République Dominicaine: Des Haïtiens réclament des documents légaux !

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Tel: 718-434-0202 / 718-869-1501E-mail: [email protected]“Giving care, one patient at a time.”

Par Milo Milfort

«Pour faciliter le processus, nous souhaitons que les points de passage soient à Malepasse et à Oua-naminthe », a fait savoir le ministre haïtien de la communication Rotchild François Jr, le vendredi 19 juin 2015. « Le Plan de Contingence qui était en cours d’élaboration est prêt et, en cours d’exécution », poursuit le porte parole du gouvernement intervenant sur la question. Le plan de Contin-gence a été annoncé en mai 2015, à travers le Ministère de la Défense en vue d’accueillir les haïtiens en situa-tion irrégulière qui seront déportés à partir du mois de juin.

Deux points d’hébergements sont conçus pour accueillir les apat-rides en provenance de la République dominicaine, avait dès lors déclaré le porte-parole du gouvernement, François Rothchild Jr. Les Rapatrie-ments ont déjà bel et bien débuté à Malpasse. Le gouvernement est au courant. « Nous avons reçu [le 19 juin] à Malepasse, 23 personnes qui sont effectivement des rapatriés, a déclaré Ariel Henri, ministre haïtien

de l’Intérieur.Pourtant à Malpasse, rien n’est

près. Un vaste terrain logé le long de la route frontalière de Jimani menant vers Croix des Bouquets non loin de Port-au-Prince, entre autres, jonché de pierres et de tonnes de sables, orné de quelques matériels lourds, d’un drapeau d’Haïti, d’une tente en plas-tique et d’une toilette mobile, abrite l’espace qui devrait recueillir les dé-portés.

A l’entrée une pancarte sur laquelle on peut lire « République d’Haïti. Ministère de la Défense. Corps du Génie Militaire », plus bas, est posé le logo dudit ministère cô-toyant l’écriteau « Centre d’Accueil des Rapatriés ». Des cabris, un chien et une visiteuse tiennent compagnie aux agents du Corps du Génie qui seraient au total au nombre de trois. Les militaires portent une chemise en dessous de laquelle on voit un t-shirt gris sur lequel il est écrit Ministère de la Défense. Ils sont également vêtus d’un pantalon multi poches bleu et d’une botte conçue à cet effet.

« Face au Devoir …», est la phrase qui termine la pancarte sur laquelle on voit des militaires à

l’œuvre en background. Mais de quel devoir parlent-ils? Y-a-t-il véritablement un Centre d’Accueil ? « Il n’a y a rien ici. Nous ne sommes pas encore prêts», répond un membre du Corps du Génie retrouvé sur place accompagné d’un autre fuyant le soleil brûlant s’abritant sous un abri transitoire en contre-plaqué au beau milieu de ce vide.

Toutefois, de loin on risquerait de se tromper et de supposer que les petites maisons flambant neuves de la Douane haïtienne sont celles construites pour recevoir les rapatriés. « Si on envoie des rapatriés ici, seul le président saura ce qu’il fera d’eux », renchérit-t-il. «On est là pour surveil-ler les matériels », continue-t-il.

Les organisations de défense de droits des migrants dont le Groupe d’Appui aux Rapatriés et aux Réfugiés (GARR) disent faire le même constat. « Nous avions effectué de nom-breuses visites, mais nous n’avions rien constaté. Aucune mise en place sérieuse n’a été faite », regrette Josué Michel, assistant de communication du Garr joint au téléphone. « Jusqu’à présent, les autorités ne font que des dilatoires autour de l’accueil », cri-tique Michel.

Le rapatriement des haïtiens en situation irrégulière et des domini-cains d’ascendance haïtienne a donc débuté avec l’exécution du Plan na-tional de régularisation dominicain le 17 juin 2015.

Malpasse, HAITI, 23 juin 2015

Un vaste terrain logé le long de la route frontalière de Jimani menant vers Croix des Bouquets non loin de Port-au-Prince, entre autres, jonché de pierres et de tonnes de sables, orné de quelques matériels lourds, d’un drapeau d’Haïti, d’une tente en plastique et d’une toilette mobile, abrite

l’espace qui devrait recueillir les déportés.

Les manifestants portant des pancartes et scandant des slogans hostiles au gouvernement dominicain

Par Yves Pierre-Louis

La Police dominicaine a dispersé vio-lemment lundi 15 juin dernier un

groupe d’Haïtiens sans papiers qui es-sayaient d’entrer  au local du Ministère de l’Intérieur à Santo-Domingo. Les immigrants, dont plusieurs d’entre eux travaillent dans les champs de canne à sucre, exigeaient qu’on leur remette des documents garantissant leur séjour légal en République Dominicaine. Ils ont fait savoir qu’après le 17 juin, date limite d’inscription au Plan National de Régularisation des Étrangers (PNRE), qui se termine le mercredi à 7:00 p.m. on va les expulser du territoire domini-cain.

Les agents chargés de la sécu-rité du bâtiment, ont formé un cordon pour bloquer le passage à une foule d’Haïtiens en colère. Face au refus sys-tématique des Haïtiens de laisser les lieux sans avoir en leur possession les documents, les policiers dominicains ont frappé à coups de bâton plusieurs d’entre eux, et les  ont bombardés à coups de gaz lacrymogènes tout en tirant des coups de feu en l’air. Dans la foulée, une femme enceinte, identi-fiée au nom de Marie-Louise, tombée en syncope sous l’effet de gaz lacry-mogène a dû être transportée à la ma-ternité Notre-Dame d’Altagracia.

Alors qu’il ne reste que 48 heu-res avant le délai fixé par le PNRE, le Chancelier dominicain, Andrés Navar-ro, a déclaré ce lundi, que les informa-tions de déportation massive des Haï-tiens vivant illégalement en territoire dominicain n’étaient pas fondées « Il y a eu un malentendu. Ce qui se termine le 17, c’est l’enregistrement des per-sonnes dans le PNRE, c’est tout ce qui va se passer. Le 18 juin nous n’allons pas commencer les déportations. Il y aura un sursis de 45 jours pour tous

ceux qui n’auraient pas complété leur dossier »

Alors, après les 45 jours, on va commencer le processus d’expulsion dans une situation ordinaire, ce qui signifie qu’il n’y aura rien de mas-sif, pas de persécution des gens pour les jeter hors du pays. Les procédures d’expulsion se feront dans les heu-res du jour et en coordination avec le gouvernement haïtien. « Quand une personne sera arrêtée, un dossier sera créé, qui comprendra entre autres des données biométriques, qui vont être remises aux autorités haïtiennes. Tout ceci sera effectué au cas par cas, ce qui est une autre indication qu’il n’y aura pas de déportations de masse », a ex-pliqué le Chancelier.

Pour sa part, le Directeur de l’immigration dominicaine, Ruben Dario Paulino a précisé que le délai de 45 jours, évoqué par le Chancelier An-drés Navarro, est un délai administratif prévu par la loi et non un moratoire général. Ce délai ne bénéficiera qu’à ceux qui se sont enregistrés au PNRE. Les personnes en situation irrégulière qui ne disposent pas de documents ou qui ne se seront pas enregistrées au plus tard le 17 juin 2015, seront sus-ceptibles d’être interpellées et éventu-ellement expulsées à compter du jeudi 18 juin. Ruben Dario Paulino Sem a rappelé qu’il avait des instructions du Président Médina pour faire en sorte, qu’il n’y ait pas d’abus dans le cadre du plan de rapatriement, ni de violation des droits des migrants sans papiers.

Toutefois, il a souligné que les autorités dominicaines seront fermes dans l’application des lois et règlements du pays dans le processus d’expulsion des illégaux haïtiens dans leur pays d’origine. Une fois de plus, le ven-dredi 12 juin dernier, plusieurs cen-taines d’Haïtiens en colère, vivant en situation migratoire irrégulière en Ré-publique Dominicaine, ont manifesté devant le Consulat d’Haïti à Santiago, pour dénoncer l’inaction du gouverne-ment haïtien à leur fournir des docu-ments essentiels, de sorte qu’ils puis-sent s’inscrire au Plan National de Régularisation des Étrangers (PNRE), qui prend fin le 17 juin prochain.

Visiblement exaspérés et déses-pérés, les manifestants portant des pan-cartes et scandant des slogans hostiles, ont clairement déclaré que les autorités haïtiennes étaient en premier lieu re-sponsables de la situation dans laquelle ils sont actuellement confrontés sur le territoire dominicain. Elles n’ont pas négocié en faveur des Haïtiens, lors des pourparlers entre les autorités des 2 pays voisins.

Les protestataires estiment que le gouvernement haïtien n’est pas con-scients des conséquences qu’auraient les rapatriements pour la stabilité so-ciale et économique d’Haïti. Car, avec l’argent qu’ils gagnent, de leur tra-vail en République Dominicaine, leurs familles peuvent survivre en Haïti. Il faut noter que les transferts envoyés en Haïti pour supporter leurs familles se chiffrent à plus de 500 millions de dollars l’an.

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5Haiti Liberté/Haitian TimesVol. 8 • No. 50 • Du 24 au 30 Juin 2015

Lil Wayne et Chris Brown en Haïti:Un autre spectacle de Martelly, onéreux et outrageant

Bras de fer entre le CEP et la cour des comptes ?Le CEP sommé par la plateforme « Vérité »

Par Kim Ives

A presque 100 ans après JC, le poète romain Juvénal faisait remarqu-

er que Rome, alors que son empire déclinait rapidement, réprimait les ré-voltes en faisant  appel « au pain et aux cirques ». C’est ainsi que le pré-sident Michel Martelly, prenant Juvé-nal pour modèle, a pensé nécessaire, pendant les quatre années de son mandat, d’organiser deux carnavals chaque année, une initiative qui lui a bien servi, sauf qu’il a oublié de don-ner du pain.

Martelly, de son nom de  musicien «Sweet Micky» s’était déclaré, bien avant qu’il soit devenu le chef du pays, «président» du konpa dirèk, célèbre rythme de musique dan-sante haïtienne. Le peuple haïtien et le monde entier ont été bien étonnés de voir un pays vivre de la danse pen-dant quatre ans, sauf que certains de nos bons amis apprécient bien la ges-tion du président.

Mais maintenant, voici que Mar-telly est en train de faire face à toute une crise électorale qui ne lui permet pas d’organiser son deuxième carna-val; ajouté à cela il doit recevoir des milliers de déportés de la République dominicaine, cette année. Coincé on ne pleut plus, et pour satisfaire ses ex-travagances, le chef de l’Etat haïtien vient de  passer le flambeau à son fils Olivier qui a pris l’initiative d’inviter en Haïti deux grands rappeurs améric-ains, Lil Wayne et Chris Brown.

En collaboration avec le promoteur Swizz Beatz (Kasseem Dean), le mari de la chanteuse Alicia Keys, la société de production de Olivier Martelly, BigO, fait venir les superstars du rap Lil Wayne et Chris Brown en Haïti pour un concert gratuit

qui ne rapportera rien au pays. Il aura lieu au Champ-de-Mars, au cœur de Port-au-Prince, le vendredi, 26 juin. L›événement  a été planifié depuis plusieurs semaines, mais n›a été officiellement annoncé que le 21 juin dans un Tweet du BigO.

Ayant été touché de la tenue du concert, Haïti Liberté s’est entretenu avec plusieurs agents qui travaillent avec Lil Wayne et Chris Brown et  a découvert que, en règle générale, ces deux artistes réclament, chacun, un cachet de $1,000.000 pour leurs performances à l’extérieur des États-Unis. Un jet privé les emmènera en Haïti. Dans une interview avec Le Nouvelliste, Olivier Martelly a décla-ré qu’il y aurait « des partenaires et d’autres célébrités » voyageant pour le concert, ce qui, compte tenu des mesures spéciales de sécurité, pourra faire grimper le coût de l›événement à près de 3 millions de dollars.

Cette paire de superstars du rap arrivera en Haïti le 25 juin ; elle sera reçue à dîner à la «Fondation Rose et Blanc» de la famille Martelly et fera un tour de la ville agrémenté de prises de photos. Les dépenses pourraient augmenter selon Olivier Martelly puisque « des sponsors vont mettre un stand à la disposition des médias et un nombre limité d’invités. Une partie des rentrées sera versée à une organisation à but non lucratif   », sans aucun doute, la fondation de sa famille.

Alors que des millions seront dépensés pour ce concert, Haïti fait face à une myriade de problèmes réclamant d’énormes dépenses dont le financement est bien misérable. Des $60 millions nécessaires pour orga-niser des élections-sélections munici-pales, parlementaires et présidentielles attendues soi-disant  en Août, Octobre

et Décembre, seulement $36 millions sont disponibles. Pendant ce temps, des dizaines de milliers d’Haïtiens et Dominicains d’origine haïtienne sont actuellement en train d’être expulsés de la République dominicaine voisine. Les premières vagues de déportés ne trouveront absolument aucun soutien logistique lorsqu’elles seront déver-sées à travers la frontière.

  Lors d’un procès pour corrup-tion et durant une enquête judiciaire avortée, Olivier Martelly a été cité comme l’un des membres de la famille Martelly bénéficiant le plus de la cor-ruption du régime, ainsi que sa mère Sophia. La poursuite allègue qu’il a siphonné environ $ 6,2 millions provenant du compte de PetroCaribe d’Haïti, somme d’argent qui est allée remplir les coffres d’une agence de sport gouvernementale qu’il dirigeait. Entre autres choses, il a acheté une voiture de sport pour $ 115 000 avec des fonds mal acquis, selon le procès.

Parlant de ce concert de BigO, Olivier Martelly, raconte au journal le Nouvelliste qu’« Haïti est de retour sur la carte touristique mondiale depuis quelque temps. Accueillir ces mégastars est un gros coup de pub pour nous. Regardez les commen-taires sur Internet ; depuis l’annonce, tout le monde en parle. J’espère que tout se passera bien, que le public s’amusera et qu’ensemble on pourra envoyer un message clair disant que malgré tout, nous sommes un peuple fort, uni et solidaire ».

Mais une grande partie des réactions sur les sites de médias sociaux comme Twitter et Facebook sont très critiques: « Haiti Eleksyon + Depòtasyon + LilWayne + ChrisBrown = Pwoblèm » a tweeté «IG Toggy97» de Saint-Marc, en Haïti.

 Le concert qui durera six heures de temps est prévu pour démarrer à 16 heures et comprendra plusieurs autres groupes haïtiens, y compris T-Micky

(un autre fils de Martelly), Boukman Eksperyans, Barikad Crew, DRZ, Le Français, Baky, Roody Roodboy, Roodyman et Beats Manno, TPO, DJ Tony Mix, Valmix, K9 et DJ Nal.

Olivier a dit que « Chris Brown et Lil Wayne auront chacun un temps d’intervention musicale de 60 mi-nutes. Lil Wayne sera accompagné de son DJ, tandis que Chris Brown viendra avec des musiciens et des danseuses. D’autres membres de leur équipe comme des maquilleurs, ingé-nieurs de son et des agents de sécuri-té arriveront un jour à l’avance pour préparer le terrain ».

Après leur visite en Haïti, les deux superstars se rendront à Los Angeles, en Californie, pour le BET (Black Entertainment Television) Awards, le 28 juin.

Malgré le battage médiatique et d›anticipation, les messages de médias sociaux indignés semblent plus nombreux que ceux favorables à l›événement. « Il n’y a pas d’impor-tance de savoir combien de personnes souffrent en Haïti ou comment la si-tuation est grave, vous pouvez comp-ter sur le gouvernement [Martelly] à dépenser [une] énorme quantité d’argent pour fournir un divertisse-ment assez grand pour distraire tout le monde de leurs vrais problèmes », écrit Marlon Lindor sur Facebook.

« Après cet événement Lil Wayne / Chris Brown et Carifiesta [un festival soutenu par CARICOM du 21 au 30 août), je parie que les touristes vont se battre pour aller visiter Haïti et tout ira bien », a-t-il ajouté d›un ton sarcastique. « Ces gens gouverne-mentaux [de Martelly] agissent pire que les esclavagistes; à mon avis, ils gaspillent l’argent tandis que les masses ne peuvent même pas man-ger ».

Chris Brown et Lil Wayne

Par Yves Pierre-Louis

Le Conseil Électoral Provisoire a dé-cidé après une nouvelle analyse

des dossiers de retirer de la liste de candidats à la Présidence 2 candidats. Il s’agit du candidat de la plateforme politique ‘’VERITE’’ Jacky Lumarque et le candidat du parti de la diaspora haïtienne, Level François. Le premier est écarté pour absence de décharge au moment de l’inscription et le second pour des activités criminelles. Malgré des contestations survenues après le dépôt de candidature de ces 2 postu-lants, le CEP les avait maintenus sur la liste des candidats à la présidence. C’est seulement après la protestation de 17 partis politiques, dont Fanmi La-valas, Fusion et Renmen Ayiti de Cé-ant, que le CEP a définitivement décidé d’enlever les noms de ces 2 candidats de la liste. En effet, dans une note de presse rendue publique le vendredi 19 juin dernier « Le Conseil Electoral Pro-visoire informe la population en général et les partis politiques en particulier, que le sieur Jacky Lumarque a été retiré de la liste des candidats agréés à partici-per aux élections présidentielles des 25 octobre et 27 décembre 2015, pour ab-sence de décharge de sa gestion comme Coordonnateur du Groupe de travail sur l’éducation et la formation ( GTEF), en violation de l’article 90 du Décret élec-toral, alinéa (h)… »

Après avoir écarté le candidat à la présidence Jacky Lumarque, c’était au tour du candidat agréé à la Présidence François Level d’être écarté, lui qui se présentait sous la bannière du Parti de la Diaspora Haïtienne pour Haïti dénommé(MUDHAH) contesté par les membres de cette même organisation

pour faux et usage de faux, suite à des révélations sur son passé criminel. « Le Conseil électoral provisoire informe la population en général et les partis politiques en particulier, que le nommé Level François a été retiré de la liste des candidats agréés à participer aux élections présidentielles des 25 octo-bre et 27 décembre 2015, pour avoir été condamné pour possession et trafic de crack et de cocaïne aux Etats-Unis d’Amérique ; infraction considérée comme crime transnational, en viola-tion de l’article 36, alinéa (c) du Décret électoral… »

Pourtant dans une entrevue au journal le Nouvelliste, le président de la Cour supérieure des comptes Fritz Robert Saint-Paul apporte des éclair-cissements sur les échanges de la CSC/CA avec Jacky Lumarque et le palais national et a confié que Jacky Lu-

marque n’a été ni comptable ni ordon-nateur du Trésor public.

Les réactions n’ont pas pris de temps pour se faire entendre. Ainsi, par la voix du responsable juridique, Me Gordini Jean Philippe, la Plate-forme politique « Vérité » annonce avoir sommé le Conseil Electoral Provisoire (CEP) qui, dit-il, a agi outre ses com-pétences pour éclipser une décision juridictionnelle du Bureau du Conten-tieux Électoral National (BCEN), contre son candidat à la présidence, le recteur de l’Université Quisqueya, Jacky Lu-marque.

La décision du Conseil Electoral Provisoire d’écarter ces 2 candidats Jacky Lumarque et François Level de la course à la présidentielle de 2015 n’est pas la conséquence des pressions poli-tiques exercées par certains secteurs sur le CEP. C’est ce qu’a affirmé le porte-parole de l’institution électorale, Mr Frantz Bernadin lors d’une conférence de presse, le lundi 22 juin. Il a par ail-leurs informé par la voix de presse des avancées du processus électoral. Il a fait savoir également ‘’Même après la publication officielle de la liste défini-tive des candidats agréés, le CEP a la

prérogative d’écarter tel ou tel candidat une fois qu’il se trouve en possession d’informations fondées et vérifiées’’.

Il faut rappeler qu’après la pub-lication de la liste des candidats agrées pour les législatives, le CEP a décidé de retirer de la liste le candidat au Sénat pour le département du Centre, Ultimo Compère pour de fausses informations communiquées au CEP. En 2007, Ul-timo Compère et Henry Rudolph Bou-los avaient été destitués du Sénat de la République pour nationalité étrangère. Ils se sont fait inscrire à nouveau pour participer aux prochaines élections lég-islatives, mais ils ont été rejetés par le CEP pour la même cause.

Par surcroît, on reproche à la plateforme politique dite ‘‘ VERITE’’ d’être dirigée en sous-main par l’ex-président René Préval qui contrôlerait une grande partie du CEP. L’accord politique du 11 janvier 2015 portant la formation de ce CEP a dit claire-ment qu’aucun parti politique ne pou-vait recommander des membres pour la formation dudit CEP. La plateforme politique VERITE se retranche derrière au moins 3 institutions pour propulser des représentants au Conseil Electoral Provisoire, constitué selon l’article 289 de la Constitution haïtienne de 1987. Le Forum économique du secteur privé, membre de la plateforme VERITE se fai-sait représenter par l’actuel président du CEP, Opont Pierre-Louis. L’organisation paysanne dénommée KOZEPEP, mem-bre de la plateforme VERITE que dirige le collaborateur immédiat de Mr Preval, Charles Suffrat a eu comme représent-ant, le conseiller Néhémie Joseph. Le regroupement des recteurs des univer-sités du pays dont fait partie le candi-dat de la plateforme VERITE, le recteur

Suite de la page (13)

Le président de la Cour supérieure des comptes Fritz Robert Saint-Paul

Martelly et Préval

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Haiti Liberté/Haitian Times6 Vol. 8 • No. 50 • Du 24 au 30 Juin 2015

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Saturday July 4th, 2015

Contact: Immacula

Mesaj solidarite Kòwdinasyon Desalin (KOD) bay pèp ak Gouvènman peyi Lagrès !

Minista ap retire sòlda l yo ki kantone nan Ench ak Fòlibète

Nan non Pèp Ayisyen an, KOD ap pote yon kokenn solidarite bay Pèp

ak Gouvènman peyi Grès la ki chwazi rejte politik neyoliberal la ak vye resèt Fon Monetè Entènasyonal yo (FMI). Nou salye Pèp ak tout gouvènman Grès la k ap goumen pou retire peyi yo anba grif Bank Ewopeyen Devlop-man (BED) ak tout lòt kreyansye k ap eksplwate yo ak yon vye dèt ilegal, il-ejitim kote pèp la pap janm benefisye ni sou fòm ogmantasyon salè, ni sou fòm peye pansyon ak moun ki retrete yo, ni sou fòm finansman okenn projè devlopman. Se te yon bann vye dèt pou peye kreyansye yo, pèp la pat janm benefisye anyen.

KOD ap mande Pèp ak Gouvèn-man Grès la pou yo kenbe djanm, ken-be fèm pa lage batay y ap mennen pou yon lot rejim politik ki kapab reyèlman osèvis ak nan benefis pèp la. KOD di yo : batay y ap menen an se menm batay mas yo ap mennen toupatou nan Amerik latin ak Basen Karayib la pou yo jwenn liberasyon politik ak ekonomik yo anba men gwo pwisans enperyalis yo, pou n kaba tout vye dèt

ilegal \ak ilejitim, e pou n mete resous peyi yo osèvis mas yo nan kad yon lot sistèm politik. Yon sistem sosyalis k ap fini ak tout fòm politik pezesouse, neyoliberal ak neyokolonyalis.

Se pou tout pèp sou latè konti-nye lite kont politik neyoliberal yo pou jwenn chimen liberasyon peyi yo an-bagrif peyi enperyalis yo. Demokrasi veritab la se demokrasi ki pèmèt pèp yo pran lòt chimen pou yo pran desten yo an men. Se pou tout pèp sou latè k ap goumen pou chanjman pote solidar-ite yo bay pèp ak gouvènman Grès la. Yon viktwa peyi Lagrès sou kreyansye entènasyonal yo se yon viktwa pout

tout lòt pèp sou latè k ap trimen anba sistèm kapitalis ki chita sou eksplwata-syon travayè toupatou sou latè.

An n soutni Pèp ak Gouvènman Grès la! An n kontinye goumen kont

politik neyoliberal la! An n kontinye goumen pou yon lòt sistèm ki pi jis, yon sistèm anti kapitalis ak anti en-peryalis.

Viktwa se pou pèp òganize k ap goumen!

Pou KOD: Henriot Dorcent

Berthony DupontLendi 22 jen 2015

Solidarite KOD ak pati ki sou pouvwa nan peyi Lagrès Siriza

AVISPAR CES MOTIFS, Le Tribunal après examen, le Ministère Public entendu, maintient le défaut octroyé contre le défendeur à l’Audience précitée, pour le profit déclare fondée ladite action. Admet en conséquence le divorce de la dame Jean Nikenson RESOLU, née Guerlande CHARLEUS, d’avec son Epoux pour injures graves et publiques aux torts de l’époux. Prononce la dissolution des liens matrimoniaux existant entre les dits époux : Ordonne à l’officier de l’Etat Civil de la Section Est de Port-au-Prince, de transcrire sur les registres à ce destinés, le dispositif du présent jugement dont un extrait sera inséré dans l’un des quotidiens s’éditant à la capitale sous peine de dommages intérêts envers les tiers, s'il y échet. Commet l’huissier Canal Gabriel de ce siège pour

la signification de ce jugement ; compense les dépens.Ainsi Jugé et Prononcé par Nous, Marleine Bernard Delva, Juge en audience civile, ordinaire et publique du jeudi cinq février deux mille quinze, en présence de Me. Ronald Pierre, Substitut du Commissaire du Gouvernement de ce ressort et avec l’assistance du sieur Joseph Pierre-Louis,

Greffier du siège.Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à exécution, aux officiers du Ministère Public près les Tribunaux civils d’y tenir la main, à tous commandants et autres officiers de la force publique d’y prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement requis.

En foi de quoi la minute du présent jugement est signée du juge et du Greffier susdits.

Ainsi signé : Marleine Bernard Delva et Joseph Pierre-LouisPour expédition conforme, collationnée.

AVISPAR CES MOTIFS, sur les conclusions conformes du Ministère Public représenté par Me. Mesner Elisme, Substitut Commissaire du Gouvernement de ce ressort, maintient le défaut prononcé à l’audience du trente (30) Juillet deux mille quatorze (2014) pour le profit, ordonne le partage de

la succession des héritiers de feu Saint Fort Monfort représenté par Woody Philidor.Injonction faite aux assignés les sieurs et dame Lubner Lascase, Elias Metelus et Itania Saint Fort de déposer toutes les pièces relatives à la dite succession en l’étude du notaire Dorvilier Poulard. Commet l’arpenteur Gérard Vilsaint comme expert, lequel prêtera serment avant de visiter les lieux et les immeubles pour dire s’ils sont partageables en nature. Sinon poser le lotissement le plus avantageux dans l’intérêt des parties. Commet en outre le Notaire Dorvilier Poulard de la juridiction du Tribunal de Première Instance de Miragoâne pour les opérations de comptes de liquidation et de partage. Commet enfin l’huissier Belizaire Lumarc pour la signification de la

présente décision.Ainsi jugé et prononcé par Nous, Me Marideline Paul, Juge en présence de Me. Mesner Elisme, Substitut Commissaire du Gouvernement de ce ressort, assisté d’Emmanuel Désir, Greffier du siège en audience ordinaire civile et publique de ce jour vingt-sept (27) Octobre deux mille

quatorze (2014), An 211 e de l’Indépendance.Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de mettre ce présent jugement à exécution, aux officiers du Ministère Public près les Tribunaux civils d’y tenir la main forte lorsqu’ils en seront

légalement requis. En foi de quoi la minute du présent jugement est signée du Juge et du Greffier susdits.

Pour Expédition conforme collationnée,Me. Emmanuel Désir, Greffier

11zan depi Minista rantre nan peyi Ayiti kote li simayen sòlda li yo

nan tout rakwen peyi a. Malgre tout pwotestasyon, tout manifestasyon pèp ayisyen an fè pou montre jan li pa kontan ak prezans sòlda Minista yo, misyon nasyonzini an te fè la-soud zorèy. Men depi apre Brezil te retire twoup li yo, detanzantan ou tande gen zòn kote Minista anonse l ap retire sòlda li yo.

Fwa sa se nan Ench (Plato Santral) ak Fòlibète (Nòdès) Minista

deside pou fèmen biwo li te genyen nan vil sa yo. Menlè kantite sòlda ak polis Minista yo ap diminye, sa pa anpeche yo kontinye ap fè zak vyolasyon sou popilasyon sitou bi-donvil yo. Site Solèy se youn nan zòn ki sibi plis anba men twoup etranje yo, 14 jen ki sot pase la a, sòlda etranje yo tiye 3 moun pami yo yon tibebe. Asasina, krim, vyol fanm tankou gason, kolera elatriye, tout se zak twoup Nasyonzini te deplwaye nan peyi a pou swadizan retabli lapè.

Nan Ench (Plato Santral) ak Fòlibète (Nòdès) Minista deside pou fèmen biwo li te genyen nan vil sa yo

AVISPAR CES MOTIFS, sur les conclusions conformes du Ministère Public, représenté par Me. Aldrin Joassaint, Substitut Commissaire du Gouvernement de ce Ressort, maintient le défaut déjà octroyé à l’audience du quinze mai deux mille douze, déclare nul et de nullité absolue la déclaration d’appel faite au greffe du Tribunal de Paix d’Aquin à la date du onze janvier deux mille douze, dit que les appelants sont déchus de leur action parce que la déclaration d’appel n’a jamais été dénoncée ou signifiée. Commet l’huissi-er Thérinor Fils de ce siège pour la signification du présent jugement ; condamne enfin

les sieurs Aristé Goin dit Clermane Laguerre, Laguerre Arizone aux frais et dépens.Ainsi jugé et prononcé par Nous, Osmond Castor, Juge en présence de Me. Aldrin Joassaint, Substitut Commissaire du Gouvernement de ce ressort, assisté du sieur Paulin Civil Greffier du siège, en audience publique de ce jour vingt-deux avril deux mille

quatorze, An 211e de l’Indépendance.Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à exécution, aux officiers du Ministères Public près les Tribunaux de Première Instance d’y tenir la main ; à tous commandants et autres officiers de la force publique d’y prêter main forte

lorsqu’ils en seront légalement requis.En foi de quoi, la minute du présent jugement est signée du juge et du Greffier susdits.

Collationnée pour expédition conforme à la minute, Paulin Civil, Greffier

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7Haiti Liberté/Haitian TimesVol. 8 • No. 50 • Du 24 au 30 Juin 2015

Perspectives

L’urgence de ressusciter l’espoir en Haïti…

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Manhattan Community Media

Par Reynald Bléus

Si pour certains, la nouvelle Haïti n’est pas une utopie, pour d’autres l’horizon

d’un changement durable est loin d’être une réalité. Face au théâtre politique actuel, l’observateur avisé ne saurait s’empêcher de se demander jusqu’à quand Haïti pourra respirer un air nou-veau. Face à la situation sociopolitique macabre dans laquelle s’enlise le pays depuis un certain temps, beaucoup de fils et de filles du pays ont perdu la capacité d’espérer. L’espoir est mort, car le cynisme de la politicaillerie et l’incompétence vis-ible qui ont caractérisé le parlement depuis des lustres, la fraude systématique dans la fonction publique, l’inégalité des chances, l’individualisme et l’immobilisme de nos dirigeants devant le drame national et la honte quotidienne l’ont tué.

L’exode massif de nos jeunes et le nombre pléthorique d’haïtiens qui sou-haiterait s’expatrier sont évocateurs de la lourdeur de ce désespoir  ; car ils sont nombreux à croire qu’il n’est plus pos-sible de prospérer sous le ciel d’Haïti. À quelques mois des élections (on espère qu’il y en aura), il est de bon ton, dans la conjoncture actuelle de se demander comment redonner l’espoir à cette nation vilipendée. Est-ce que les résultats des prochaines élections permettront d’attirer des investisseurs, de dynamiser le mar-ché de l’emploi, de permettre à notre Haïti

chérie de trouver la croissance et la paix publiques  ? À quoi devons-nous nous attendre  ? Sommes-nous condamnés à toujours regretter nos votes ?

Pour qui devrions-nous voter ?Bon sang, 70 personnes aspirent

à accéder à la magistrature suprême du pays. C’est trop, pour reprendre l’expres-sion de Geffrard, R. (2015). Pourquoi tant de candidats  ? Pourquoi les partis politiques ne peuvent-ils pas seulement se mettre ensemble pour organiser des manifestations en vue d’éjecter des gou-vernements? Pourquoi ne peuvent-ils s’unir et s’asseoir ensemble autour d’ob-jectifs communs et républicains  ? C’est tout simplement parce qu’Haïti n’est pas au centre de leurs intérêts. On peut à bon droit dire que ces candidats sont victimes de ce qu’on appelle en sociologie « l’effet pervers ».

Arrivé au pouvoir, Michel Martelly a augmenté l’estime de soi de beaucoup de citoyens en Haïti. Beaucoup d’entre eux qui éprouvaient des sentiments miti-gés quant à l’idée de poser leur candida-ture se disent enfin « Si Sweet Micky peut être président, ce n’est pas moi qui ne peux pas l’être  ». Mais en réfléchissant de cette manière, ils oublient que d’autres groupes de gens ruminent en permanence la même ambition. Ainsi, nous assistons aujourd’hui à un théâtre électoral, un scandale où tout le monde veut être président, un spectacle inouï où des gens

qui ne nous seraient même pas venus à l’esprit se portent candidats. Dans ce tohu-bohu de concurrents, se trouver dans l’embarras du choix est une chose, mais éviter de faire le choix de l’embarras en est une autre.

Beaucoup d’entre eux arrivent comme des cheveux sur la soupe, pen-sant que le miracle de « Tèt kale » peut encore s’opérer en 2015 à leur profit. Ils tentent alors leur chance. Beaucoup de ces individus ne sont pas animés de la vo-lonté réelle de sortir le pays de l’impasse. Lorsqu’ils arriveront au pouvoir, ce que nous ne souhaiterions pas, ils ne feront qu’assouvir leur ego, alors que le peuple continuera de sombrer dans la misère, car ils sont et resteront des politiciens sans vision ou des visionnaires sans poli-tiques nécessaires pour amener le pays à bon port. En Haïti, il y a une tendance à accorder plus d’im-portance aux élections présidentielles, et à négliger les élections parlementaires et surtout municipales. Alors que ces entités devraient être mises sur le même piédes-tal, car une personne seule peut tout, sauf changer un pays. L’exécutif et le parle-ment doivent coexister et s’harmoniser, et pour que cela soit possible, nous devons être très méticuleux quant à la qualité de leaders que nous mettons à la tête de l’Etat. Nous n’avons pas besoin d’un président qui dissoudra le parlement pour diriger par décret ni de parlementaires qui mettront des bâtons dans les roues du président. Il convient donc d’élire non des sous-hommes, non des hommes et des femmes auxquels la communauté internationale dictera sa volonté, mais des fils et des filles dignes du pays capables de faire contrepoids aux prêts-à-penser et aux modes de vie que nous imposent les prétendus amis du Nord. Nous avons besoins d’élus qui sauront revitaliser les institu-tions, rassembler les forces vives de la nation et faire marcher Haïti la tête altière vers le progrès. Il faut élire des dirigeants capables de nous défendre et de négocier efficacement en notre faveur, des leaders professionnels susceptibles de prendre des décisions qui visent d’abord et avant tout l’intérêt de la collectivité et qui n’ont pas peur de réfuter ou de tourner le dos à toute proposition indécente destinée à mettre Haïti à genoux. Nous voulons des patriotes qui relanceront la production nationale, qui renforceront les universités et qui donnent à l’éducation une place prépondérante dans leur plan de déve-loppement. Malheureusement, ces types d’hommes et de femmes ne sont visible-ment pas nombreux à poser leur candi-dature, et cette vérité plonge beaucoup de compatriotes dans un pessimisme accru et exacerbe davantage leur désespoir.

Quelle attitude politique adopter ?En cette période électorale, on ne peut en-trer dans la logique du laisser-aller ou du laisser-faire. Face aux grandes questions qui bouleversent l’actualité, telles que la dépréciation de la gourde par rapport au dollar américain, la déportation massive des Haïtiens de la République Dominic-

aine, l’inflation grandissante et la famine qui en découlent, le peuple a plus que jamais besoin d’adopter une attitude poli-tique responsable. Selon Jean Meynaud et Alain Lancelot (1964), une attitude est une disposition ou encore une prépara-tion à agir d’une façon plutôt que d’une autre. En ce sens, une attitude politique responsable, c’est le fait de prendre le temps et le soin de s’informer suffisam-ment sur les faits politiques qui concern-ent la communauté dans laquelle on est appelé à vivre dans le but de parvenir à un choix d’action; c’est se disposer ou se pré-parer mentalement pour poser sa pierre de manière consciente aux grandes décisions qui concernent l’avenir de la mère patrie.

Quelle attitude politique devri-ons-nous prendre en ces moments d’insécurité, de taux élevé de chômage et de criminalité? Quel comportement devri-ons-nous afficher à un moment où le mot “haïtien” est une injure en terre voisine? Doit-on voter quelqu’un parce que la ma-jorité estime qu’il est le meilleur ou bien parce qu’après une analyse soutenue des antécédents de cet individu, on con-clut qu’il le mérite? Avant de donner son vote, qui est relativement son sang, il est nécessaire d’adopter ou de cultiver les deux attitudes que voici  : investiguer ce que les candidats ont réalisé de positif, et confronter ces candidats.

Investiguer le passé des candidatsDe même qu’on ne confie pas la santé physique d’une personne humaine à un individu sans connaissance médicale suf-fisante, on ne confie pas non plus un pays à un individu sans expériences politique et administrative solides. Dans cette per-spective, il est essentiel qu’on fouille dans le passé de ces candidats afin de décou-vrir des informations clés qui nous per-mettront de savoir s’ils ont le profil néces-saire pour être responsables de la chose publique. On ne devient pas un député compétent ni un sénateur efficace parce qu’on est un chanteur populaire, encore moins un président parce qu’on est un médecin compétent. Mais on reconnaît un bon dirigeant aux actions qu’il pose, au sérieux et au zèle avec lesquels il s’engage dans sa communauté. Être au timon des affaires de l’État requiert des compétences spécifiques qui vont au delà de celles du musicien ou du médecin, et ces connais-sances-là s’apprennent non seulement à l’Université, mais aussi et surtout sur le terrain.

Il est grand temps que nous ces-sions de tenter nos chances, mais que nous choisissions nos élus à partir des paramètres concrets et réalistes, tels que les réalisations effectuées dans la com-munauté, la gestion de leurs propres en-treprises ; par exemple, si on ne peut pas faire prospérer une station de télévision, ce n’est pas un pays qu’on va pouvoir engager sur le chemin du développement. Il faut examiner et scruter le passé de ces gens pour comprendre leur véritable mo-tivation. Les médias doivent jouer un rôle majeur dans ce processus d’investigation. Quand nous avons une connaissance solide des gens qui veulent nous diriger, nous sommes mieux placés pour choisir de façon optimale et en connaissance de cause.

Confronter les candidatsEn psychologie, confronter une personne, c’est l’inviter à examiner son compor-tement interne ou externe qui semble voué à l’échec ou qui pourrait faire du mal aux autres, et à changer ce compor-tement (Egan, G., 1994). Confronter les candidats est une entreprise prometteuse dans la mesure où elle est de nature à les pousser à bien réfléchir et à recon-sidérer leur initiative. Au déroulement de la campagne électorale, les candidats ont tendance à promettre monts et mer-veilles ou à utiliser l’argent comme un moyen de séduction afin d’obtenir le vote de certains individus. Mais un citoyen responsable et avisé interrogera les can-didats sur leurs programmes, ainsi que sur leurs plans d’action. Par exemple, il ne suffit pas qu’un candidat dise qu’il

va faire ceci ou cela comme «Je vais créer beaucoup d’emplois» « «Je vais donner de l’électricité 24 heures sur 24» ; mais le candidat doit dire clairement les méca-nismes qu’il compte mettre en place, les ressources qu’il compte mobiliser pour atteindre ces objectifs et dans combien de temps. Ainsi il sera plus facile d’identifier ou de faire la démarcation entre ceux qui font des déclarations gratuites et des pro-messes vide de sens, et ceux qui parlent à la lumière des faits et dont les straté-gies évoquées pour réussir leurs projets sont claires et réalistes. Il ne faut pas hésiter à souli-gner, dans le respect mutuel bien sûr, les éventuelles contradictions qui émanent de leurs discours ou à détecter l’incohérence possible entre le dire et le faire. Si on a l’impression que certains candidats appa-raissent comme un éclair dans les affaires politiques, il est prudent de leur poser des questions sérieuses sur  les mobiles pro-fonds qui les ont incités à prendre cette décision, ainsi que sur les réalisations qu’ils ont déjà effectuées avec succès qui les font croire qu’ils sont capables de cette énorme responsabilité. Car on ne devient pas président ou sénateur pour être un stagiaire. On suppose bien sûr que le pos-tulant possède les connaissances et les compétences pratiques liées à ces postes afin de donner des résultats concrets. Il est un fait normal qu’on interroge un individu qui dans le passé détenait le pouvoir, mais qui a échoué ; ou qui durant son mandat, s’est laissé aller à pas mal de dérives. Il doit alors rendre compte de sa gestion. Il serait également intéressant de le ques-tionner sur ce qui lui fait croire qu’il va pouvoir réussir cette fois-ci, s’il est élu ; car on ne peut pas élire un candidat pour qu’il échoue à chaque fois. Le pouvoir politique n’est pas un examen de baccalauréat, on ne devrait avoir qu’une seule chance pour prouver qu’on est à la hauteur de la tâche. Depuis des années, c’est la répétition de la [...] mauvaise gestion, de la corruption et des gabegies de toutes sortes qui carac-térisent [...] nos gouvernements. Il est alors de bonne guerre de démasquer ces anciens loups qui ont largement contribué à mettre le pays dans l’état où il est actuel-lement. Il faut les exposer au grand jour pour que les jeunes sachent qui ils sont ; car ils sont très rusés et peuvent parfois s’habiller en mouton pour manipuler les gens. Encore une fois, les médias doivent jouer un rôle non négligeable dans le re-cueillement de ces informations sensibles.

En ce moment qui marque un tour-nant décisif dans le combat pour le chan-gement, la question n’est pas de savoir qui sera le président d’Haïti en 2016, mais plutôt comment identifier et élire des candidats qui sauront se transformer en de vrais ambassadeurs d’Haïti afin de lui redonner ces lettres de noblesse, cette première république noire dans laquelle Simón Bolívar a trouvé réconfort et ren-forts (Wargny, C., 2015). Il nous faut des hommes et des femmes de bonne volonté qui voudront travailler ensemble dans le respect des normes, faisant d’Haïti le centre de leur préoccupation. C’est seule-ment et uniquement dans le choix scru-puleux et minutieux de nos représentants, en mettant les hommes et les femmes qu’il faut à la place qu’il faut, qu’on pourra ino-culer un peu d’espoir à cette jeunesse aux abois et assoiffée d’encadrement.

Références :Egan, G. (1994). The skilled help-

er: A problem-management approach to helping. Fifth Edition. Pacific Grove, CA : Brooks/Cole Publishing Company. P. 158.

Geffrard, R. (2015). 70 can-didats à la présidence ! « C’est trop ». P-a-P, Haïti  : Le Nouvelliste. Repéré à http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/145853/70-candidats-a-la-pres-idence-Cest-trop

Meynaud, J. & Lancelot, A. (1964). Les attitudes politiques. Paris, Fr: Les Presses Universitaires de France, p.8.

Wargny, C. (2015). Les Spartacus de Saint-Domingue. Paris, Fr : Le Monde Diplomatique

Reynald Bleus, M.Sc.St. Thomas University

Beaucoup de gens qui éprouvaient des sentiments mitigés quant à l’idée de poser leur candidature se disent enfin « Si Sweet Micky peut être président, ce n’est pas moi qui

ne peux pas l’être »

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Haiti Liberté/Haitian Times8 Vol. 8 • No. 50 • Du 24 au 30 Juin 2015

Perspectives

République Dominicaine. Les racines de «La Sentencia»

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Des enfants de parents haïtiens vivants en République Dominicaine

Soldats de la CESFRONT

Sentilia Igsema, est une victime dominicaine, née en 1930 de parents haïtiens, montrant sa carte d’identité. Puis, elle déclara : « Oh Seigneur, je n’ai même pas de parents en Haïti. Pourquoi vont-ils

retirer ma carte d'identité? »

Entretien avec Rachel Nolan

La République dominicaine prépare la déportation de centaines de milliers de personnes vers Haïti. Pourquoi cette expulsion massive?Cette semaine, les informations selon lesquelles la République dominicaine prépare la déportation de centaines de milliers de personnes vers Haïti sont apparues dans les médias des Etats-Unis et internationaux. La plu-part d’entre eux sont des enfants ou des petits-enfants de travailleurs haï-tiens sans-papiers, nés en République dominicaine et étrangers à Haïti. Les expulsions imminentes – qui devaient débuter jeudi dernier [18 juin], mais qui n’ont pas été jusqu’ici été réalisées de manière massive – ont soulevé les condamnations ainsi qu’une confusion certaine aux Etats-Unis, où les domini-cains font eux-mêmes face au racisme et à des politiques de l’immigration sévères. [Selon les sources, les chif-fres diffèrent: de 250’000 «haïtiens» ayant pu entrer dans le processus de régularisation à 200’000.]Rachel Nolan, doctorante en histoire latino-américaine de l’Université de New York, apporte des éléments im-portants permettant de comprendre le contexte de ces déportations dans le numéro de mai du magazine Harper’s. Elizabeth Mahony, rédactrice en cheffe adjointe de Jacobin, s’entretient avec Nolan sur les prétextes légaux qui sous-tendent ces expulsions, sur l’histoire des violences contre les Haïtiens dans ce pays ainsi que le rôle que les Etats-Unis ont joué dans l’élaboration de la politique d’immigration dominicaine.

Elizabeth Mahony : Qu’est-ce que La Sentencia et quel est le contexte so-cial et politique à la base de cette déci-sion?

Rachel Nolan: Les sentiments anti-haïtiens vont et viennent en Ré-publique dominicaine. La Sentencia constitue l’expression la plus manifeste d’une nouvelle vague anti-haïtienne. Il s’agit d’une décision du Tribunal constitutionnel, la Cour suprême de la République dominicaine, sur l’affaire Juliana Deguis Pierre.

Juliana est née en République dominicaine (RD) de parents haïtiens sans-papiers. A l’instar des Etats-Unis, la RD avait une politique de jus soli [droit du sol]. Comme Juliana est née en RD, elle était citoyenne de ce pays. Mais lorsqu’elle s’est rendue auprès de l’administration pour demander une carte d’identité, appelée cedula, sa requête a été refusée en raison de son nom et de son apparence haï-tiens. Elle a donc déposé plainte contre l’administration pour discrimination.

La Cour a rendu une décision contre elle et a élargi une faille de la loi dominicaine qui refuse la citoyen-neté aux enfants de personnes «en transit». Cette disposition légale avait pour objet les enfants des touristes et des diplomates. Mais, en septem-bre 2013, La Sentencia a été étendue pour s’appliquer aux enfants de tous les sans-papiers Haïtiens. La décision de justice, la sentence, a été déclarée rétroactive à 1929 et transforme une population estimée à 210’000 apat-rides. C’est comme si les Etats-Unis re-tiraient la citoyenneté à quiconque est né de parents dominicains sans-papiers depuis 1929.

Elizabeth Mahony : Vous dites que La Sentencia a transformé 210’000 personnes, principalement des Domini-cains, nés de parents haïtiens sans-pa-piers, «subitement apatrides». Qu’est-ce que cela signifie pour ces personnes?

Rachel Nolan: Ainsi que Ju-liana me l’a expliqué, devenir tout à coup apatride signifie être «paralysé». Il est difficile de faire quoique ce soit en République dominicaine sans cedula, ou carte d’identité délivrée par l’Etat.

Les apatrides ne peuvent légalement travailler, se marier, ouvrir un compte bancaire, obtenir un permis de con-duire, voter ou se rendre à l’école au-delà de la huitième année.

Lorsque je réalisais un report-age en RD, une femme m’a parlé de sa sœur qui avait prévu de se marier. Elle avait entendu parler de La Sentencia, mais elle n’avait pas pleinement réalisé qu’elle était apatride jusqu’à ce qu’elle fasse une demande pour une autorisa-tion de mariage et que celle-ci lui ait été refusée. Elle ne peut se marier car elle est une non-entité légale.

Elizabeth Mahony : Greg Grandin a récemment écrit dans l’hebdomadaire The Nation que «ce qui se passe en Ré-publique dominicaine n’est qu’une par-tie de la nouvelle apatridie mondiale.» Quelle est la dynamique politique et économique globale qui a fait naître ce phénomène?

Rachel Nolan: Il existe deux types d’apatridie: volontaire ou in-volontaire. Les personnes d’origine haïtienne en RD figurent parmi les dé-possédés, ceux qui sont forcés d’être apatrides. Leur cas est dramatique parce que leur citoyenneté a été retirée soudainement et récemment. Un autre exemple est celui des Rohingya de Bir-manie [minorité ethnique et de religion musulmane considérée comme des «étrangers illégaux en provenance du Bengladesh»], qui souffrent d’apatridie depuis bien plus longtemps. Les Na-tions Unies estiment qu’il y a environ 12 millions d’apatrides dans le monde.

Un groupe nouveau, bien plus petit, est celui des apatrides volon-taires, habituellement des personnes très riches qui renoncent à leur nation-alité pour éviter de payer des impôts. Ces personnes en viennent souvent à acheter leur nationalité dans des para-dis fiscaux comme St Kitts [ou Fédéra-tion de Saint-Christophe-et-Niévès, composée de deux îles dans les Antilles, ancienne colonie française puis britan-niques; elle compte 35’000 habitants], parce que même les riches ne peuvent complètement renoncer aux avantages de la nationalité. Mon amie Atossa Abrahamian vient juste d’achever de préparer un grand livre examinant ce phénomène étrange.

Elizabeth Mahony : Quel a été le rôle des Etats-Unis dans l’élaboration de la politique dominicaine d’immigration?

Rachel Nolan: Les Etats-Unis ont récemment fourni des fonds et entraîné la police des frontières dominicaines, le CESFRONT (Cuerpo Especializado en Seguridad Fronteriza Terrestre). Des politiciens de droite en RD citent les Etats-Unis comme exem-ple pour justifier des propositions telles que celle de la construction d’un mur le long de la frontière entre Haïti et la RD.

Les Dominicains qui vivent le long de la frontière m’ont fait remar-quer que l’argent pourrait être mieux dépensé en réparant «l’autoroute» in-ternationale qui court le long de la fron-tière. Certains segments de l’autoroute sont tellement coupés par des ornières que vous avez besoin d’une mule pour les traverser. Mais les dépenses en

matière d’infrastructure jouent un rôle inférieur que celui des postures con-tre les immigré·e·s pour se positionner dans la capitale, Saint-Domingue.

Il convient aussi de rappeler que les Etats-Unis ont envahi la République dominicaine. Deux fois. Les Etats-Unis ont occupé la RD entre 1916 et 1924 puis en 1965-1966. La première fois les Etats-Unis ont établi des bases sur le territoire de la République dominic-aine où les lois Jim Crow [terme généri-que qui désigne les lois de ségrégation raciale] étaient effectives autant que possible dans un pays qui avait des hiérarchies raciales très différentes. Les forces américaines devaient décider qui était suffisamment blanc pour pouvoir être considéré comme étant un blanc. Cela serait amusant, si cela n’était tragique.

Rafael Trujillo [1891-1961], qui était dictateur de la République domini-caine entre 1930 et 1961, s’y est adapté en dépit du fait que l’une de ses grands-mères était haïtienne. Trujillo a été formé par les marines et a accédé au pouvoir lors de l’occupation améri-caine. Il a été obsédé par le «blanchi-ment» de la population de la RD et c’est lui qui a commandé El Corte, connu aussi sous le nom du massacre du persil [massacre de masse réalisé en octobre 1937, les estimations sont fort différ-entes sur le nombre de personnes tuées par l’armée dominicaine; ce massacre doit ce nom du fait que les soldats de Trujillo présentaient du persil (perejil en castillan) et décidaient, selon la pron-onciation du r, qui tuer].

Dans une note de bas de page figurant à la première page de La Brève et Merveilleuse Vie d’Oscar Wao [2007, traduction française publiée en 2010 aux Editions 10/18], l’écrivain américano-dominicain Junot Díaz écrit que le règne de Trujilo a été «parmi les plus longues et préjudiciables dictat-ures soutenues par les Etats-Unis dans

l’hémisphère occidental; et s’il y a une chose que nous, les latinos, sommes adroits, c’est bien dans la tolérance à l’égard des dictateurs d’origine états-unienne, vous comprenez donc qu’il s’agissait d’une victoire difficilement gagnée, comme les Chiliens et les Ar-gentins le savent encore).»

Elizabeth Mahony : El Corte – le massacre de Trujillo de 1937 de mil-liers d’Haïtiens vivant en République dominicaine – a été un précurseur de ce moment. A quel point cet héritage historique est-il encore vif?

Rachel Nolan: L’anti-haïtian-isme est toujours vivant et il se porte bien. Ce n’est toutefois pas le cas de la mémoire de El Corte. Il n’existe aucun musée pour porter la mémoire du mas-sacre de Dajabón, la ville frontière où les pires tueries se sont déroulées.

Le dernier jour où je me trouvais en République dominicaine, je me suis rendu dans une librairie de la capitale. Elle était vide à l’exception du ven-deur et d’un homme plus âgé portant des jeans qui s’est présenté comme étant un professeur de sémiotique. Nous avons commencé à discuter d’un livre sur les rapports entre Haïtiens et Dominicains. Le professeur m’a dit que le racisme dominicain était fort depuis l’époque de Trujillo, il a ajouté: «et, bien sûr, vous connaissez El Corte.»

J’étais surprise. Les gens pou-vaient parler avec moi du massacre, si j’abordais le sujet, mais ils semblaient réticents. C’était la première fois qu’un inconnu mentionnait le massacre avec une telle désinvolture, comme si cela faisait partie de l’histoire nationale connue de tous, y compris des visiteurs.

Le vendeur, par contre, était perdu. «Les meurtres?» a-t-il demandé. Le professeur expliqua que non, qu’il voulait dire El Corte: la tuerie de masse d’Haïtiens à la frontière à l’époque de Trujillo.

L’employé semblait confus. «Est-ce que c’était à Haïti?»

«Non, non, non; de notre côté.»

J’ai demandé aux deux si El Corte était enseigné dans les écoles. Les deux m’ont répondu que non. L’employé semblait clairement emprunté. Il n’arri-vait pas à se faire à l’idée d’un massacre d’Haïtiens du côté dominicain dans les années 1930. Mis à part la brutalité, que faisaient-ils en premier lieu là-bas?

Deux histoires ont été effacées: l’histoire du massacre, mais aussi l’his-toire de la paix et des mariages entre Haïtiens et Dominicains qui ont précédé le massacre. Ce n’est pas qu’une ques-tion de passage du temps. Michel-Rolph Trouillot [1949-2012, sociologue et anthropologue haïtien, professeur à l’Université de Chicago] a écrit qu’«on “fait silence” sur un fait ou un individu de la même manière qu’un silencieux sur une arme.»

Suite de la page (16)

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This Week in Haiti

Lil Wayne and Chris Brown in Haiti:

Another Expensive Martelly Spectacle Sparks Outrage

How history has been distorted to justify the Dominican deportations

Superstar rappers Lil Wayne (left) and Chris Brown (right) will perform a free concert with other Haitian groups on the capital’s Champ de Mars

on Jun. 26

President Michel Martelly’s son Olivier, who is sponsoring the concert, dismisses criticism that the money needed to organize the event would be better spent on other pressing problems. “To receive these superstars is a huge

publicity coup for us,” he said.

by Anne Eller

Over the past two years, a legal nightmare has grown in the Do-

minican Republic. Taking aim at Hai-tians and Dominicans of Haitian de-scent, the Dominican Constitutional Tribunal issued a ruling in September 2013, made retroactive more than eighty years, stripping citizenship from anyone who cannot prove “reg-ular” residency for at least one par-ent. Legislation passed in May 2014 allows for a limited and incomplete path to naturalization for some; it amounts to “citizenship by fiat.” The rulings mark a drastic setback for as many as several hundred thousand residents of the Dominican Republic, threatening them with expulsion, statelessness, detention, and abuse. Individuals have already suffered the impact of the new laws. With the rul-ings, larger-scale detentions might begin, overseen by the Dominican armed forces and the UN, among other groups.

In analyses of the crisis over the past two years, English-language press and Dominican right-wing nationalists have often been in simplistic consensus: they argue that the two countries have been in con-stant conflict. Scholars, activists, and other voices have made repeated ad-monitions to amplify and complicate this “fatal-conflict model,” as well as to eschew sensationalism in favor of concrete language. Nevertheless, one so-called truism emerges again and

again in the U.S. press: that Domini-can “animosity and racial hatred of Haitians dates back to at least 1822,” when Haitian rule extended over the whole island. Dominican supporters of the 2013 ruling, also, invoke the 19th century freely in a very simi-lar manner. Commentators often talk of a supposed “pacific invasion” of Dominican soil at present, repeating the one that allegedly took place in January 1822. Images of Juan Pablo Duarte, one of the authors of separa-tion of the two countries two decades later, populate demonstrations in support of the current rulings.

The 19th century narrative is an abject falsehood, repeated often.

Unification between the two coun-tries came at the invitation of nu-merous Dominican towns. It brought the end of slavery. All of the citizens of the island enjoyed and defended their independence for decades and decades, long after the countries for-mally split, as their nearby neighbors remained colonized (and hundreds of thousands, still enslaved). They did so, precisely, together. These facts were as immediately obvious to elite commentators seeking separation as they were to the great majority of the island’s residents, who manifested profound and dynamic interconnec-tion. Decades after unification end-ed, Dominican-Haitian collaborators

helped to win Dominican indepen-dence, for a second time, in 1865. The Dominican constitution changed that same year to jus soli citizen-ship; a handful of reformers called for dual citizenship across the is-land. Without much documentation, however, the popular foundation of these struggles was muted even as it unfolded. The island’s residents continued to defend their indepen-dence, but xenophobic, racist, and hostile voices on and off the island continued to marginalize them. With the U.S. occupations, outside hostil-ity became even more concrete.

Even more casual outside observers tend to know about the massive anti-Haitian intellectual production of the Trujillo dictator-ship (1930-1961). Perhaps the ten concurring Tribunal members were purposely trying to sidestep its shadow when they chose, against all precedent, to extend their ruling to the year before he took power. Fewer outsiders know of Dominican resistance to these narratives during Trujillo’s regime, or of later efforts to reimagine the history of the 19th century completely. Haiti and the Dominican Republic were siblings in a struggle for freedom in these new accounts. Colonial powers, old and new, were the common enemy. Juan Bosch was one such politician-histo-rian. He managed seven months in office before a coup overthrew him. Trujillo’s one-time aide, also a pro-lific history writer, replaced him. The contest for 19th century narratives

began all over again. Thousands and thousands

of the so-called “repatriations” or “deportations” that loom are really expulsions. The state language of law and order, more generally, is a violent and capricious fiction. Orga-nizations like MUDHA, Solidaridad Fronteriza, reconoci.do, and others recognize this essential and obvi-ous fact. The current crisis is not, however, the product of timeless, essential, or isolated conflicts. Haiti and the Dominican Republic face a common international economic and political context (and policies). Nor is the Dominican state’s aspiration for marginalization and control of a whole population by creating a le-gal breach is particularly unique. As statelessness, deportation, and vio-lence threatens, those organizing in opposition to the Sentencia have an expansive view of the task at hand. As MUDHA describes their mission, they are organizing against sexism, racism, and anti-Haitianism and in support of civil, political, economic, social, cultural, and human rights si-multaneously. Relentlessly facile and misleading narratives about the past are not useful as they and their allies hope, with great urgency, to reinvent the immediate future.

Anne Eller is Assistant Pro-fessor of History at Yale University, where she teaches courses on Latin America, the Caribbean and the Af-rican Diaspora. This article was first published on Africasacountry.com.

A Jun. 18 demonstration by Haitians and Dominicans in Miami

Kim

Ives/Haïti L

iberté

by Kim Ives

Around 100 A.D., the Roman poet Juvenal remarked that Rome, its

empire rapidly declining, was sup-pressing revolt through “bread and circuses.” President Michel Martelly, during his four years in office, has borrowed the Roman tactic, except without the bread.

Martelly, who as the musi-cian “Sweet Micky” often dubbed himself the “President of Konpa” in Haiti’s famous Lenten Carnival, has organized three carnivals a year dur-ing his time in office. But with Haiti now in a full-blown electoral crisis and bracing to receive thousands of deportees from the Dominican Re-public, this year, his son Olivier has taken over, or at least that’s how it appears.

Working with the promoter Swizz Beatz (Kasseem Dean), the husband of singer Alicia Keys, Ol-ivier Martelly’s production company BigO is bringing rap superstars Lil Wayne and Chris Brown to Haiti for a free concert on Port-au-Prince’s central square, the Champ de Mars, on Fri., Jun. 26.

The event has been in the planning for several weeks but was only officially announced in a Jun. 21 BigO tweet.

Having learned about the planned concert early last week, Haïti Liberté spoke to many of the agents who work with Lil Wayne and Chris Brown. We discovered that, as a rule, the performers ask $1 million each for their performances outside of the U.S., although nobody knew what they would be paid for the

Haiti performance. The artists will be flown to Haiti on a private jet, and, in an interview with Le Nouvelliste, Olivier Martelly said that there are “partners and other celebrities” trav-eling to the concert, which, along with special security measures, may put the event’s price tag close to $3 million.

The pair of rap superstars will arrive in Haiti on Jun. 25 for a dinner and reception at the Martelly family’s “Pink and White Foundation” and will get a sight-seeing photo-op tour. Money will be raised, according to Olivier Martelly, from “the sponsors [who] are going to put up a stand for the media and a limited number of guests. A part of the revenues will be given to a non-profit organization,” undoubtedly, his family’s founda-tion.

While millions are being spent on this concert, Haiti has a myriad of costly under-funded problems. Only $36 million has been raised of the

$60 million budgeted to hold long-overdue municipal, parliamentary, and presidential elections in August, October, and December. Meanwhile, tens of thousands of Haitians and Dominicans of Haitian descent are now being deported from the neigh-boring Dominican Republic. The first waves of deportees have found ab-solutely no logistical support when dumped across the border, as started this week.

Olivier Martelly has been named in lawsuits and at least one aborted judicial investigation as one of the Martelly family members most benefitting from regime corruption, along with his mother Sophia. The lawsuit alleges he skimmed off mon-ey from some $6.2 million drawn from Haiti’s PetroCaribe account to go to a government sports agency he headed. Among other things, he bought a $115,000 sports car with the ill-gotten funds, the lawsuit charges.

Olivier Martelly defended the BigO concert, telling Le Nouvelliste: “Haiti has returned to the world tour-ist map of late. To receive these su-perstars is a huge publicity coup for us. Look at the comments on the Internet since the announcement, everybody is talking about it. I hope that everything goes well, that the public is entertained, and that to-gether we can send a clear message saying that despite everything, we are a strong, united, and solidarity-minded people.”

But much of the reaction on so-cial media sites like Twitter and Face-book was critical:

“#Haiti #Elections + #Deporta-tions + #LilWayne + #ChrisBrown = #Problem” tweeted “IG Toggy97” in Kreyòl from St. Marc, Haiti.

The six hour concert is sched-uled to start at 4 p.m. and will in-clude several other Haitian groups including T-Micky (another one of Martelly’s sons), Boukman Ekspery-ans, Barikad Crew, DRZ, Le Français, Baky, Roody Roodboy, Roodyman and Manno Beats, TPO, DJ Tony Mix, Valmix, K9 and DJ Nal.

Olivier said that “Chris Brown and Lil Wayne will each have a 60 minute set. Lil Wayne will be accom-panied by his DJ, while Chris Brown will come with musicians and danc-ers. Other members of their team like make-up artists, sound engineers, and security agents will arrive a day in advance to prepare the ground.”

After their visit to Haiti, the two superstars will fly to Los An-geles, California for the BET (Black Entertainment Television) Awards on Jun. 28.

Despite the hype and antici-

pation, outraged social media posts appear to outnumber those favorable to the event. “It doesn’t matter how many people are suffering in Haiti or how bad the situation is, you can count on the [Martelly] government to spend [a] HUGE amount of money to provide entertainment BIG enough to distract everyone from the real problems,” wrote Marlon Lindor on Facebook.

“After this Lil Wayne/Chris Brown [event] and Carifiesta [a CARICOM supported festival from Aug. 21-30), I bet tourists will fight to go visit Haiti and everything will be alright,” he added sarcastically. “These [Martelly] government peo-ple act worse than the slave masters in my opinion, wasting money while the masses can’t even eat.”

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Haiti Liberté/Haitian Times10 Vol. 8 • No. 50 • Du 24 au 30 Juin 2015

RÉVOLTE NOIRE AUX ETATS-UNIS !

Ce mouvement a été qualifié comme celui du Black Lives Matter à la suite d’un hashtag créé lors des protestations qui surgirent, suite à l’acquittement de George Zimmerman, le «vigile» qui a assassiné Trayvon

Martin, jeune adolescent noir, en février 2012

Rébellion de Détroit, 1967

Avril 2015: Baltimore…

A l'image des grandes marches pour les droits civiques des années 1960, des militants manifestent à Ferguson, le 29 novembre 2014

Par Keeanga-Yamahtta Taylor

Pour la seconde fois en neuf mois, les Etats-Unis ont été ébranlés par

le soulèvement de jeunes Afro-Améri-cains en réponse au meurtre par la po-lice d’un jeune Noir. En août dernier, la rébellion à Ferguson (Missouri) attira l’attention du monde sur la crise mêlant «maintien de l’ordre» et racisme aux Etats-Unis. Mais là où Ferguson plaça le racisme policier sur le devant de la scène de la politique américaine, la rébellion de Baltimore (avril) a trans-formé cette conscience générale en une crise politique majeure.

Ferguson est une petite localité périphérique de Saint-Louis [320’000 habitant·e·s], dans l’Etat du Mis-souri, qui compte seulement 20’000 habitant·e·s. Il s’agit d’une périphé-rie habitée principalement par des Afro-Américains qui sont brutalement gouvernés par une machine politique blanche. Bien que 67% de la population de la ville soient noires, 50 des 53 poli-ciers de Ferguson sont blancs. Le maire et tous les conseillers municipaux, à l’exception d’un seul, sont blancs. Ain-si, l’affrontement à Ferguson ressem-blait plus étroitement aux dynamiques raciales de Sud de Jim Crow [1] que ce que vivent la plupart des Afro-Améri-cains des grandes villes américaines. C’est la raison pour laquelle le soulève-ment de Baltimore est potentiellement plus dangereux que la lutte de Fergu-son. Baltimore n’est pas une petite (ou marginale) communauté suburbaine qui peut être présentée comme une lo-calité qui n’est simplement pas montée dans le train du présent. Au contraire, il s’agit de la 26e plus grande ville des

Etats-Unis, comptant une population supérieure à 600’000 personnes dont 63% sont Afro-Américains. A la diffé-rence de Ferguson, des fonctionnaires et des représentant·e·s (élus) noirs contrôlent l’appareil politique de Bal-timore. La maire est noire. Le chef de la police est noir, tout comme le sont la moitié des policiers. Le directeur des écoles publiques est noir. Ainsi le conseil municipal, y compris son pré-sident, est composé d’Afro-Américains pour plus de la moitié. Il s’agit d’un élément crucial pour comprendre la crise politique provoquée par ce soulè-vement en particulier. A Ferguson, un

élément central des débats politiques ainsi qu’un objectif des activistes lo-caux portaient sur l’augmentation du nombre de représentant·e·s noirs à des postes publics, ainsi que sur le recru-tement d’un nombre supplémentaire de policiers noirs. Baltimore, cependant, a démontré de manière spectaculaire les limites flagrantes d’une telle straté-gie et, ce faisant, a mis en évidence le mensonge selon lequel les Etats-Unis seraient aveugles aux différences de races (colorblind) ou même seraient une société poste-raciale. L’affirmation permanente des Etats-Unis comme lea-der du monde libre est par là minée.

Alors que les Etats-Unis conti-nuent à affirmer à l’échelle internatio-

nale leur pouvoir, le spectacle d’agents de police blancs assassinant et abusant des hommes et femmes noirs reste en suspens dans l’atmosphère. L’hypo-crisie d’Obama est mise en lumière lorsqu’il parle de la démocratie améri-caine, ainsi qu’il l’a fait en septembre dernier [10 septembre 2014] lorsqu’il expliquait la nouvelle guerre améri-caine contre l’Etat islamique. Il disait alors: «Amérique, nos bienfaits illimités confèrent un fardeau constant. Mais, en tant qu’Américains, nous acceptons notre responsabilité à diriger. D’Europe vers l’Asie – des immensités d’Afrique aux capitales déchirées par la guerre du

Moyen-Orient – nous nous dressons pour la liberté, la justice, la dignité. Ce sont des valeurs qui ont guidé notre nation depuis sa fondation.»

Ces commentaires ne correspon-daient alors pas à la réalité, mais ils sont aujourd’hui complètement absurdes. Les Etats-Unis n’ont pas une once de crédibilité lorsqu’il s’agit de débattre de la liberté, de la justice et de la dignité.

C’est ce qui fait qu’aujourd’hui cette crise du «maintien de l’ordre» [de l’action de la police] et du racisme constitue un phénomène central de la politique américaine. Elle invalide la conception qu’à d’elle-même la classe dominante américaine – y compris celle de la primauté de la démocratie américaine. Baltimore se trouve à une cinquantaine de kilomètres du Capitole [le siège du législatif fédéral, à Wash-ington], propulsant les questions poli-tiques de la rébellion au cœur de la vie politique américaine.

C’est une crise dont il est impro-bable qu’elle s’achève bientôt. Depuis les rébellions des années 1960, on avait plus vu autant de soulèvements dans les villes américaines, à quelques mois de distance. Aussi importantes que ces émeutes ont été, c’est probable-ment l’émergence du mouvement noir contre le racisme et le type de «main-tien de l’ordre» qui est le plus important développement des derniers neuf mois.

Ce mouvement a été qualifié comme celui du Black Lives Matter à la suite d’un hashtag créé lors des protes-tations qui surgirent, suite à l’acquitte-ment de George Zimmerman, le «vigile» qui a assassiné Trayvon Martin, jeune adolescent noir, en février 2012. Le mouvement a gagné de l’élan pour la simple raison que la police continue de tuer des Afro-Américains sans être punie, ou très peu. A travers tous les Etats-Unis, des jeunes, des Noirs de la classe laborieuse ont défilé, protesté et se sont rebellés contre la violence policière débridée, le harcèlement ainsi que les meurtres policiers commis dans les quartiers dans lesquels habitent les Afro-Américains. Affirmer que les communautés noires vivent sous occu-pation policière dans des conditions faisant songer à un Etat policier ne constitue pas une exagération. Il s’agit d’un fait.

Avant Baltimore: 381 personnes tuées par la policeConsidérez ceci. Le 2 mars 2015, après trois mois d’enquête, le groupe de travail mis en place par le prési-dent Barack Obama sur «le maintien de l’ordre au XXIe siècle» a rendu ses conclusions. Cette commission avait été créée à la chaleur des premières vagues nationales de protestations en décembre dernier. Hâtivement, Obama organisa cette commission afin de créer l’illusion que le gouvernement fédéral répondait aux revendications des manifestations populaires et afin que les manifestant·e·s quittent les rues. Il rencontra de jeunes activistes et même inclus certains d’entre eux dans la commission afin de lui donner un air de légitimité. Trois mois plus tard, la commission était de retour, avec ses

conclusions. Le contenu ne compte pas vraiment.

Le rapport contient de nom-

breuses constatations, certaines utiles, d’autres pas véritablement; on pourrait dire beaucoup de choses à leur sujet. Mais ce qui est, peut-être, l’élément le plus révélateur de tout ce que l’on peut

trouver dans les conclusions du rapport du groupe de travail est que 29 jours après sa publication, 111 personnes supplémentaires ont été tuées par «les forces de l’ordre». Ce chiffre dépasse de 33 le nombre de personnes tuées par la police en février. A compter de fin avril, avant la rébellion de Baltimore, 381 personnes avaient déjà été tuées par la police depuis le début de l’année.

Il ne s’agit là que de la pointe de l’iceberg. Plus tôt cette année, le quotidien The Guardian a publié un reportage sur la manière inconsistante avec laquelle le gouvernement fédéral dénombre les personnes tuées par les «forces de l’ordre». C’est une manière euphémistique de dire qu’au moment où le gouvernement peut vous dire combi-en d’enfants meurent de grippe chaque semaine, ainsi que le nombre d’œufs que pondent chaque mois les poules, et

même le pourcentage d’hommes blancs âgés de plus de 20 ans qui consomment des noix comme snack, il ne peut pas

vous indiquer combien de personnes meurent victimes des forces de l’ordre au cours d’une semaine, d’un mois ou d’une année. Il ne peut non plus dire la race ou l’ethnie de ceux qui ont été tués

par la police. Et lorsque l’on observe les chiffres qui ont été agglomérés, on en comprend la raison.

Une étude réalisée par le Bureau des statistiques judiciaires sur les ho-micides de la police, pour les années 2003-2009 et 2011, indique que la police a tué 7427 personnes. Soit une moyenne de 928 personnes par année. Comparons ce chiffre avec les 58 sol-dats américains qui sont morts en Irak l’année dernière. Ou avec les 78 per-sonnes tuées par la police au Canada en 2014. Ou encore le fait, qu’entre 2010 et 2014, la police anglaise a tué quatre personnes. La police n’a tué personne en Allemagne en 2013 et 2014. En Chine, avec une population quatre fois et demie supérieure à celle des Etats-Unis, 12 meurtres policiers ont été dé-nombrés (officiellement) en 2014.

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11Haiti Liberté/Haitian TimesVol. 8 • No. 50 • Du 24 au 30 Juin 2015

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Haiti Liberté/Haitian Times12 Vol. 8 • No. 50 • Du 24 au 30 Juin 2015

Perspectives

Thomas Sankara toujours sous les feux de l'actualité !

Etats-Unis. L’église de «Mère Emanuel» a été témoin de 200 ans de violences racistes

Par Bruno Jaffré

Retour de Mariam Sankara au Burkina, exhumation des corps sup-posés de Thomas Sankara et de ses compagnons, convention des partis sankaristes pour l’unité, relance en France de la demande d’enquête par-lementaire sur l’assassinat de Thomas Sankara, 27 ans après son assassi-nat, l’ancien chef de la révolution du Burkina reste au coeur de l’actualité... y compris en France.

Le retour de Mariam SankaraMariam Sankara l’avait affirmé peu de jours après l’insurrection: elle rentrerait au Burkina car plus rien désormais ne s’y opposait. Ce n’était qu’une question de temps, celui de s’organiser. Elle a tenu parole.

Arrivée le 14 mai dernier à Oua-gadougou, c’est par une foule en liesse qu’elle est accueillie à l’aéroport. « Je suis heureuse, fière de fouler la terre du Burkina Faso… Je remercie tout le peuple burkinabè, tous ceux qui ont œuvré pour la lumière sur le dossier Thomas Sankara. J’ai aussi une pensée pour les martyrs de l’insurrection popu-laire. Je remercie aussi les autorités de la transition » a-t-elle improvisé à son arrivée. Et c’est en cortège, accompa-gnée de nombreux véhicules, surtout des deux roues, comme il se doit à Ouagadougou, qu’elle s’est rendue au domicile de sa famille.

En quelque sorte un remake de ce qui s’était passé en octobre 2007, lors des cérémonies du 20e anniversaire de la commémoration de l’assassinat de son mari, feu le Président Thomas Sankara. Même accueil chaleureux, même foule en liesse et imposant cor-tège bruyant pour l’accompagner en ville. Mais elle n’était alors restée que deux jours, le temps d’aller se recueil-lir sur la tombe, et de rendre visite aux militants réunis pour conceptualiser le sankarisme.

Cette fois les conditions sont bien différentes. Le protocole d’État a participé discrètement à l’organisation de son arrivée. Elle fut d’abord reçue par le premier ministre qui a tenu à la rassurer, ainsi que ses avocats qui l’accompagnaient, en affirmant : « le juge d’instruction ne trouvera aucun obstacle sur son chemin pour mener à bien cette procédure ». Puis par le pré-sident du conseil national de la transi-tion Cheriff Sy, une vieille connaissance, ami de la famille Sankara. Il était pré-

sident du comité d’organisation du 20e anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara en 2007. Celui-ci a notam-ment déclaré : « Nous l’avons rassurée que nos députés ont déjà demandé au parlement français d’ouvrir un certain

nombre d’archives sur l’affaire Sanka-ra. Nous l’avons assurée aussi de nous battre en tant que citoyens burkina-bè et militants panafricanistes pour ouvrir un certain nombre de dossiers afin que la justice se fasse. L’insurrec-tion populaire et la transition offrent la possibilité qu’un certain nombre de dossiers pendants en Justice soient ouverts et traités. Nous estimons que le dossier Thomas Sankara n’est ni le dossier de la famille Sankara, ni le dossier du Burkina, mais le dossier de toute l’Afrique, car toute la jeunesse africaine voudrait savoir pourquoi cet espoir a été anéanti »

Elle a aussi tenu à déposer des gerbes au cimetière de Gounghin pour rendre hommage aux victimes de l’in-surrection des 30 et 31 octobre 2014, a visité les ruines de l’assemblée natio-nale, qui représentent, en quelque sorte, le témoignage de l’insurrection, d’une pseudo « assemblée nationale » détruite par le peuple qui ne la reconnaissait pas comme telle. Plusieurs associations de la société civile ont en effet demandé à ce que ces ruines restent en l’état comme témoignage d’un régime déchu.

Mariam Sankara, femme dis-crète, fidèle à la mémoire de son mari, détestant les feux des projecteurs comme les questions des journalistes, se bat sans relâche pour la vérité et la justice depuis 27 ans. Après une longue traversée du désert, elle peut enfin goûter d’un peu de réconfort. Com-paoré a été chassé et a dû s’enfuir. Ce

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Le symbolisme de Thomas Sankara reste une référence largement partagée dans son pays, notamment par sa jeunesse.

Burkina-Faso: Retour populaire et triomphant pour Mariam Sankara

Mariam Sankara, la veuve du président Thomas Sankara assassiné le 17 octobre 1987, pose avec le président de la Transition du Burkina Faso,

Michel Kafando

Par David Zirin*

A mesure que l’on lit au sujet de l’église Emanuel African Methodist

Episcopal de Charleston, plus connue comme «Mère Emanuel», plus on devi-ent conscient et on ressent sa résilience historique au milieu de la terreur supré-matiste blanche.

Cette église est désormais con-nue comme étant le lieu d’un mas-sacre, lequel est sous enquête comme un «crime de haine». Neuf personnes sont mortes, mais cette institution ne s’effondrera pas. Nous le savons car, au cœur du spectre de la violence rac-iste, elle s’est relevée pendant 200 ans. En fait, l’année prochaine sera le 200e anniversaire de la fondation de l’église.

C’est en 1816 que le pasteur Morris Brown forma «Mère Emanuel» sous l’égide de la Free African Society de l’AME [African Methodist Episco-pal Church, fondée la même année par des méthodistes noirs souhaitant être autonomes et indépendants des mé-thodistes blancs]. Il s’agissait de l’une des trois églises de la région connue comme le Bethel Circuit. Cela signi-fie qu’une église libre s’est constituée au cœur de ce qui sera la Confédéra-tion [les Etats esclavagistes du Sud des Etats-Unis qui firent sécession en 1861, ouvrant la voie à la Guerre ci-vile de 1861-1865] et prospéra 50 ans avant le déclanchement de la Guerre civile. Elle comptait une congrégation de près de 2000 personnes, près de 15% des Noirs d’une ville, Charleston, qui était, si l’on compte les esclaves, en majorité noire. Du fait que l’église ou-vrait ses portes aussi bien aux esclaves

qu’aux Noirs libres, elle a souvent fait l’objet de descentes de la police et de milices privées en raison de la violation des lois fixant les horaires au cours des-quels les esclaves pouvaient se trouver à l’extérieur, dans le «public». Des raids contre ces églises ont aussi eu lieu parce qu’elles ne respectaient pas les lois qui interdisaient d’apprendre aux esclaves à lire lors de sessions d’étude de la Bible. (C’est à l’une de ses ses-sions d’étude de la Bible que le tueur a ouvert le feu dans la nuit de mercredi 16 juin, après être resté assis parmi les gens présents dans l’église pendant plus d’une heure.)

Une violence supplémentaire at-tendait cette église, car l’un de ses fon-dateurs était Denmark Vesey [1767-1822]. Si vous ne connaissez pas ce nom, c’est que vos cours d’histoire des Etats-Unis ont été un échec. Vesey est né comme esclave sur l’île de Saint-Thomas [île au large de Puerto Rico], où il était connu sous le nom de Télé-maque. Agé de 32 ans, en 1799, Vesey remporta un prix de 1500 dollars lors d’une loterie de ville qui lui permit d’acheter sa liberté.

Son ancien maître refusa toute-fois de vendre à Vesey son épouse ou ses enfants. Sous la loi patriarcale es-clavagiste, un enfant que des esclaves pouvaient avoir naissait en ayant le statut d’esclave. C’est un état des choses que Vesey ne souhaitait pas laisser sans rien faire. Il atteint une situation financière confortable en tant que charpentier qualifié. Il devint un responsable de ville. Il prit égale-ment en considération Charleston, cette ville à majorité noire au milieu de

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Emanuel AME Church, le 21 juin 2015

Denmark Vesey (1767-1822)

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Perspectives

Miami, FL:

Manifestation de soutien aux haïtiens et dominicains sous le coup de déportation

Par Kim Ives 

Le jeudi 18 juin, une centaine d’activistes se sont rassemblés

devant les bureaux de Fanm Ayi-syèn nan Miyami, organisation dirigée par Marleine Bastien, pour dénoncer les déportations déjà mises en marche par le gouverne-ment dominicain visant des Haï-tiens et des Dominicains d’origine haïtienne. Parmi les personnalités et intervenants présents figuraient Ruth Jean-Noël de Power Youth, la dominicaine Marcia Olivo de Workers Center de Miami, l’ar-chevêque épiscopal Fritz Bazin, l’acteur/chanteur haïtien Mecca, et l’activiste nord-américain Jack Lieberman. Beaucoup de jeunes, de professionnels haïtiens et des syndicalistes du SEIU et Unite Here! ont participé à la confé-rence de presse tenant lieu aussi de manifestation, retransmise par WPLG-TV Local 10 News et plu-sieurs autres médias américains et haïtiens.

Demonstration Against Deportationsin the Dominican Republic

Friday, June 263:00pm - 5:00pm

Flatbush JunctionFlatbush Ave & Nostrand Ave, Brooklyn, New York 11210

3:00-PM- Meet up at Flatbush Junction 3:30PM- March DOWN Nostrand Ave to Church Ave.

5:00PM- Rally End.

Antihaitianismo/Antihaitianism: Racist sentiments against Haitians and descendants of Haitians in the Dominican Republic.

March against the racist, violent and xenophobic decision of the Dominican Republic Constitutional Court to denationalize thousands of blacks in the DR because they are of Haitian descent.

We are calling for everyone to reach out to their elected officials and urge them to denounce the Dominican governmentʼs racist and xenophobic decision, to contact the Dominican Consulate to

pressure their government to reverse this racist decisions, and cease the violence against Haitians in the Dominican Republic.

-March for Batey Workers. -March for Migrant Workers.-March for 250,000 blacks being denationalized by the Dominican Republic because they

are descendants of Haitians.-March against the mental, psychological and physical violence being perpetrated

against men, women and children and the burning, looting and vandalizing of their properties.

-March against racism, from Baltimore to the DR, BLACK LIVES MATTER.-March against Trujillo sentiments = GENOCIDE.

-LONG LIVE Ayiti Quiqueya Bohio. Long Live THE PEOPLE.

More information: 917.951.0854

de l’université QUISQUEYA, Jacky Lumarque a pour représentant au CEP, l’ex- ministre de l’éducation nationale, Lucie Marie Carmelle Paul Austin. Donc le CEP tenant la plateforme VERITE la main dans le sac, dans le mensonge, son candi-

dat à la présidence a été écarté de la course.

Il faut rappeler également que M. Préval est un spécialiste dans la formation des plateformes poli-tiques. En 2006, M. Préval avait été élu sous la bannière de la plate forme Lespwa qui n’a apporté que le désespoir au peuple haïtien. En 2010, il a démantibulé plusieurs partis politiques au profit de la for-mation de l’INITE qui a apporté l’iniquité au peuple haïtien. Et, maintenant il se trouve à la base de la formation de la plateforme VERI-TE au fond de laquelle ne se cachent que des mensonges. Si en 2010 M. Préval n’est pas arrivé à imposer son poulain Jude Célestin comme candidat à la présidence, arrivera t-il à le faire aujourd’hui ?

Selon les rumeurs et les propos d’un chef de file de ce projet, Jonas Coffy, il y aura d’autres candidats à être mis à la porte. Ce complot sem-ble viser autre chose, comme quoi, un acte de dérapage pour pouss-er les forces tutrices à demander d’arrêter cette affaire d’exclusion de façon à mettre de côté la question de décharge afin de permettre à tous les 70 candidats y compris Laurent Lamothe de participer aux élections.

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voyage est une renaissance des liens avec son pays, une réconciliation avec son pays. C’est aussi ce qu’elle est ve-nue dire à la radiotélévision du Burkina qui lui a ouvert ses studios au grand bonheur de nombre de burkinabè heu-reux de la voir revenir parmi eux.

Elle a aussi été longuement au-ditionnée par le juge militaire chargé de l’instruction, assistée de trois avo-cats. Mais rien n’a filtré de ces longues heures d’audition. Elle a terminé ses visites officielles par une « visite de courtoisie » auprès du Président de la transition, Michel Kafando.

Mais durant la plus grande par-tie de son séjour, elle s’est faite le plus souvent très discrète, ou plutôt elle s’est débrouillée pour qu’on la laisse tranquille, qu’elle retrouve une certaine intimité, qu’elle puisse prendre le temps de voir sa famille, ses amis, toutes les personnes qu’elle n’a pas pu voir de-puis si longtemps, reprendre le pouls de son pays, sans doute organiser un peu mieux son retour, mais aussi se retrou-ver avec les autres familles qui vivent le même drame, les assister si nécessaire.

L’unité des sankaristes doit leur permettre d’atteindre un bon score pour les prochaines électionsL’un des objectifs annoncés du séjour de Mariam Sankara, était de contribuer à l’union des sankaristes dans la per-spective des élections prévues en oc-tobre 2015. Elle attendait, pour arriver au pays, que les conditions en soient réunies. Une union qui doit leur per-mettre d’atteindre un score inégalé, et de surfer sur la dynamique de change-ment, suite à l’insurrection. La transi-tion a en effet tendance à s’essouffler du fait des difficultés qui s’accumulent. Mais la dynamique pourrait retrouver toute sa force, en s’appuyant sur le ver-dict populaire issu des urnes pour peu que la rupture avec l’ancien régime soit confirmée par les élections. Car la de-mande reste forte que le pays s’engage sur la voie d’un véritable changement et une rupture définitive avec l’ancien régime. Reste à lancer un véritable dé-bat sur le modèle de développement.

Outre les sankaristes, seuls deux grands partis peuvent s’attendre à de bons résultats électoraux. Le premier, le MPP, le Mouvement du peuple pour le progrès, créé à peine quelques mois avant l’insurrection, est issu d’une scission du parti alors au pouvoir, le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès). Il a rapidement rencontré un certain engouement populaire, arrivant à agréger différentes tendances en son sein. Mais l’état de grâce passé, plus-ieurs de ses dirigeants se retrouvent en difficulté, rattrapés par leur passé. Par exemple, le candidat du MPP aux pré-sidentielles, n’est autre que Roch Marc Christian Kaboré, un pilier de l’ancien régime. Ses détracteurs aiment à rap-peler que peu de temps avant la scis-sion avec le CDP, il trouvait « démocra-tique » de convoquer un référendum pour changer l’article 37. On rappelle que c’est l’annonce par Blaise Com-paoré lui-même de la convocation de l’assemblée nationale pour changer cet

article qui a joué le rôle de déclencheur de l’insurrection. Or la nouvelle loi élec-torale exclut tous ceux qui ont fait cam-pagne pour la modification de l’article 37.

Le second parti favori, l’UPC, Union du peuple pour le changement est dirigé par Zephirin Diabré, un libéral déclaré qui se revendique comme tel, ancien directeur Afrique d’AREVA. S’il a remarquablement bien dirigé l’opposition jusqu’à l’insurrection, il a brillé par son absence au moment du départ de Blaise Compaoré. Surtout nombre de burkinabè savent que le pays souffre des privatisations qui ont affecté tous les secteurs du pays, et que ce sont ces mêmes privatisations qui ont permis à Blaise Compaoré et à son entourage de s’enrichir sans limite. Sa sortie récente promettant de construire une centrale nucléaire n’a pas arrangé les choses !

C’est dire que les sankaristes ont une carte à jouer. Le seul parti à avoir aussi appelé à l’insurrection, n’est autre que l’UNIR PS (Union pour la renaissance, parti sankariste). Mais les sankaristes souffrent, depuis près de 20 ans, d’une longue succes-sion de querelles intestines, ce qui a fortement contribué à entamer leur crédibilité jusqu’ici. Alors que Thomas Sankara reste une référence largement partagée dans le pays, notamment par sa jeunesse. Celle-ci a toujours boudé les élections, mais les organisations de la société civile ayant contribué à l’insurrection, comme le Balai citoyen, sont parmi les plus dynamiques dans la campagne qui se poursuit à travers tout le pays pour l’inscription sur les listes électorales. La jeunesse représente près de 65% de la population de moins de 25 ans. C’est dire combien le vote de la jeunesse sera déterminant, tout en restant une inconnue.

Mariam Sankara à la manœuvre, avec une ancienne actrice de la révo-lution, pour réussir la convention de l’unité

Mariam Sankara a surtout fait parler d’elle tout au long de son combat pour la justice. Ce que l’on sait moins, c’est que son rôle a été déterminant pour arriver à la convention des san-karistes qui s’est tenue les 16 et 17 mai derniers. Elle en est la véritable instigatrice. Le bruit a longtemps cou-

ru qu’elle serait elle-même candidate, complaisamment relayé par la presse et très tardivement démenti par les san-karistes eux-mêmes. En réalité il n’en a jamais été question.

Mariam Sankara s’est appuyée sur Germaine Pitroipa. Femme recon-nue pour son franc-parler, elle s’était déjà faite remarquer par Thomas San-kara lui-même qui l’avait placée à la tête d’une région, durant la révolution, comme Haut-Commissaire. Elle était à l’ambassade à Paris quand Thomas Sankara a été assassiné et était res-tée en France. Elle faisait peu parler d’elle si ce n’est, de temps en temps, à l’occasion de réunion-débats sur la révolution. Mais elle était revenue en politique il y a quelques années, en in-tégrant l’UNIR PS et en créant la section française. C’est Germaine Pitroipa qui s’est faite l’ambassadrice de Mariam Sankara, avant son arrivée, et a mené les négociations au Burkina pour arriver à l’unité. N’ayant jamais été mêlée aux querelles internes des sankaristes, elle a pu profiter de son compagnonnage avec Thomas Sankara, de sa position de représentante de Mariam Sankara, et s’appuyer sur une autorité naturelle, sa position de femme, rare parmi diri-geants de partis sankaristes, son style direct, son franc-parler et son refus des querelles pour arriver à emmener tout le monde vers l’unité. Le principe de ré-alité a fini par prendre le dessus. Il fal-lait bien se rendre à l’évidence : faute d’unité, les sankaristes perdraient toute chance de jouer un rôle important dans la période historique qui s’ouvre.

Bénéwendé Sankara, candidat unique des sankaristes

La plupart de ces regroupements auto-proclamés « parti » n’en sont pas vraiment. D’ailleurs la plupart d’entre eux ont été incapables de payer leur quotepart pour financer la convention. L’UNIR PS est, depuis longtemps, le seul vrai parti avec, dans une moin-dre mesure, le FFS, Front des forces sociales. La situation politique leur imposait l’unité sous peine, pour ces petites formations et surtout leurs lead-ers, de disparaitre définitivement. Seuls deux groupes ont fait défection. Celui constitué autour du capitane Boukary Kaboré, surnommé le « Lion », ancien officier de l’armée aux déclarations fra-

cassantes, qui n’a jamais pu vraiment se mettre dans la peau d’un civil. En plus, il s’était fait piéger en se faisant prendre en photos rigolant avec Blaise Compaoré. L’autre, s’est constitué au-tour de Jean Baptiste Natama, chef de cabinet de la présidente de l’Union af-ricaine. Il se voyait lui-même candidat. Ce dernier avait commencé une cam-pagne dans les réseaux sociaux, il y a plus d’un an, sans vraiment décoller. Il a demandé son adhésion au regroupe-ment des sankaristes quelques mois auparavant, mais quand il a compris qu’il ne serait pas choisi, il a quitté le processus d’organisation de la conven-tion.

Sans grande surprise, Bénéwen-dé Sankara a été choisi comme candi-dat unique. Ce choix s’est fait à huis clos dans une réunion regroupant les chefs des partis sankaristes, alors que plusieurs candidats étaient en présence. Son parti, l’UNIR PS, est de loin le plus dynamique. Il s’est construit petit à pe-tit accumulant une expérience certaine. Beaucoup des autres groupements ne sont en réalité que des scissions issues de ce parti, d’où certaines inimitiés. Ils n’ont jamais réussi à décoller, à part le FFS de Norbert Tiendrebeogo qui vient de décéder, sans doute le seul véritable idéologue, avec Vlaère Somé, parmi les dirigeants sankaristes, et qui manquera à cette unité retrouvée.

L’exhumation des corps au cimetière de Dagnoe

Le nouveau pouvoir s’était em-pressé de promettre qu’il procéderait à l’exhumation des corps, mais les décla-rations restaient ambigües sur l’objectif qui leur était assigné. Les avocats de la famille, les activistes qui combat-tent depuis longtemps pour la justice et la vérité sur les assassinats du 15 octobre sont restés longtemps méfi-ants. Selon les avocats de la famille Sankara, l’exhumation et l’expertise devaient être accompagnées de la con-statation judiciaire. « Bien au-delà de l’identification (du corps, ndlr), la famille réclame vérité et justice » avait souligné Me Ambroise Farama en mars et les avocats ont multiplié les décla-rations dans ce sens, jusqu’à ce qu’ils aient la certitude qu’un juge militaire allait être nommé pour lancer une in-

struction. On se reportera à un précé-dent article pour le contexte dans lequel s’est faite cette nomination

Le gouvernement a tenu promesse. L’exhumation a été ordon-née. Deux médecins légistes burkinabè et un français, le professeur Alain Mi-ras, ont été nommés rapidement. On peut même dire que l’on semble vouloir aller vite, très vite. Le juge d’instruction a recherché activement toutes les familles, allant jusqu’à publier une an-nonce dans la presse, pour les recevoir avant l’exhumation. Boukary Kabore s’est déclaré opposé aux exhumations. Pour lui, il n’y a pas besoin d’ouvrir les tombes pour mener une enquête, mais surtout il affirme que c’est contraire aux coutumes, affirmant que « pour les mossis c’est interdit » On en vient à se demander si les familles ont toutes donné leur accord. Quoiqu’il en soit, le gouvernement, lui, veut aller vite et le juge aussi.

L’exhumation a commencé lundi 25 mai. Une tente a été installée au-dessus des tombes, et l’accès est resté bloqué par d’importantes forces de l’ordre. Seuls les représentants des familles qui souhaitent être présentes, ce qui n’est pas le cas de la famille San-kara, et les avocats, peuvent assister à l’exhumation. Une foule curieuse, mé-fiante et impatiente s’est rapidement massée, regrettant que tout ne se passe pas en public. La justice burkinabè a bien mauvaise réputation du fait de tous les assassinats non résolus, sous le régime Compaoré. Outre celui de Thomas Sankara, citons celui du jour-naliste Norbert Zongo, de l’étudiant Dabo Boukary et tout récemment du juge Nébié, pour ne parler que des plus emblématiques. Les forces de l’ordre ont dû patiemment négocier avec la foule présente pour rétablir le calme. Les journalistes, présents en nom-bre, ne manquent cependant de nous informer au jour le jour de ce qui res-sort de l’exhumation, relayant les pa-roles des avocats qui sont les seuls à s’exprimer pour l’instant.

On a donc appris que des osse-ments, des habits et autres objets ont été exhumés, mais sans avoir beau-coup de détail. Reste à vérifier qu’il s’agit bien des restes des personnes assassinées le 15 octobre 2015, ce que devront montrer les tests ADN. Le dépouillement de tous ces restes pren-dra plusieurs semaines aux dires des avocats. La satisfaction qu’enfin une enquête commence domine, même si la méfiance et l’impatience se font sentir. Et le pays va rester suspendu à l’attente des résultats.

La demande d’enquête parlementaire sur l’assassinat de Sankara relancée en France

L’exhumation des corps au ci-metière de Dagnoën, à Ouagadougou, est assez bien couverte par la presse française y compris la télévision, France 24 en particulier. Ce qui permet à l’occasion de rappeler qu’une enquête parlementaire a déjà été demandée par deux fois par les députés écologistes et ceux du Front de gauche, le 20 juin 2011 et le 5 octobre 2012. Ces de-mandes n’ont jamais été mises à l’ordre du jour.

C’est une initiative en provenance du Burkina qui remet à l’ordre du jour la demande d’enquête parlementaire. Ainsi, début mai 2015, vingt-six dépu-tés du Conseil National de la Transition représentant les ex-partis d’opposition et le chef du groupe parlementaire des Organisations de la société civile

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Bénéwendé Sankara, candidat unique des sankaristes La veuve de Sankara accueillie au Burkina Faso le 16 mai 2015 dernier par une foule en liesse

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Et ce n’est là qu’une fraction de ce que nous savons. Il y a 18’000 départe-ments de police aux Etats-Unis et seuls 1000 d’entre eux prennent la peine de signaler aux autorités fédérales le nom-bre de personnes qu’ils tuent chaque année. Le département de police de la ville de New York, par exemple, n’a pas indiqué depuis 2007 le nombre de civils qu’il a tués. L’Etat de Floride ne produit aucun rapport. Nous n’avons donc qu’une vue limitée de l’étendue des homicides policiers aux Etats-Unis. En raison du manque de suivi, nous ne savons pas quelle proportion de ces victimes est Afro-Américaine ou La-tino. Mais nous savons que les Afro-Américains doivent subir un nombre disproportionné de «rencontres» avec la police. Nous pouvons, ainsi, estimer que la grande majorité des personnes tuées sont des Noirs ou bruns de peau (brown).

Si une telle chose se déroulait dans un autre pays, elle serait désignée pour ce qu’elle est: un abus abject de toute notion de droits humains ou civiques; portant toutes les marques d’un Etat policier autoritaire où le meurtre et les sévices commis par les représentants de l’Etat rentrent dans la catégorie des pertes et profits. Et celle-ci est assez élevée. La seule ville de Chicago a dépensé 500 millions de dollars au cours de la dernière décennie pour arriver à un accord ou payer des poursuites légales contre elle en raison de la brutalité policière ou des procès pour cas de «mort non justifiée». Au cours de la même période, les accords judiciaires lors de procès pour brutalité policière ou «mort non justifiée» contre la police de New York atteignaient une moyenne de 100 millions de dollars par année, dépassant ainsi le milliard de dollars. Toute autre institution publique subissant ce genre de déficits, voit son budget et ses services réduits ou alors cette dernière est fermée. Lorsque la commission scolaire de Chicago a affir-mé que son déficit atteignait le milliard, elle a simplement fermé 52 écoles pub-liques et n’a jamais fait marche arrière.

Mais la police est une institution intouchable aux Etats-Unis. En réalité, c’est l’une des dernières institutions publiques qui fonctionnent en raison du rôle indispensable qu’elle joue dans la gestion sécuritaire des conséquences économiques, sociales et raciales des inégalités dans les quartiers des Noirs pauvres et des classes laborieuses.

L’héritage persistant de l’esclavageLes rébellions et le mouvement contre le terrorisme policier aux Etats-Unis ont fait plus que seulement amplifier le degré de violence que l’Etat états-unien invoque pour maintenir l’ordre dans les villes. Ce faisant, il a aussi dévoilé la faiblesse anémique de la re-prise économique américaine ainsi que la façon spectaculaire dont les Noirs ont été exclus de la nouvelle «abondance».

La région de Baltimore où Fred-die Gray a été poursuivi, arrêté et fina-lement assassiné par la police est, par exemple, l’une des plus pauvres de

toute la ville:• 21% sont au chômage; • 25% des bâtiments sont abandonnés et dans un état de délabrement; • l’espé-rance de vie y est de six ans moindre que dans le reste de la ville; • 55% des familles vivent avec moins de 25’000 dollars par année; • 30% vivent offi-ciellement dans la pauvreté; • le taux de mortalité infantile est deux fois plus élevé que celui de la ville dans son ensemble.

La pauvreté et l’inégalité que les habitant·e·s de Sandtown, à Baltimore, sont des indicateurs de ce qu’est la vie urbaine et celle des périphéries des grandes villes pour des millions d’Afro-Américains qui ont été relégués dans l’univers des bas salaires et du travail précaire. Walmart a remplacé la poste au rang du plus grand employeur de Noirs des Etats-Unis. Alors que l’admi-nistration Obama aime se gargariser avec la reprise de l’économie améri-caine, la plupart des Noirs en font rare-ment l’expérience.

• Le taux de chômage des Noirs se situe toujours à 11% alors que celui des blancs a baissé à 5%.

• La pauvreté, à l’échelle natio-nale, frappe 30% des Noirs.

• Le 33% de tous les enfants noirs vivent dans la pauvreté, mais ce chiffre est de 55% pour les enfants noirs de moins de 5 ans.

• Peut-être que l’indicateur le plus révélateur est celui du racisme ex-trême de la société américaine ainsi que les conséquences sociales qu’il produit, lequel peut être mesuré par le fait que le taux de suicide des enfants noirs âgés de 5 à 11 ans a doublé au cours des 20 dernières années alors que celui des enfants blancs est statistiquement pr-esque imperceptible.

En d’autres termes, peu importe les critères retenus, aux Etats-Unis les Afro-Américains ont une qualité de vie plus basse que celles des blancs. C’est l’héritage de l’esclavage ainsi que de Jim Crow autant dans le Sud que dans le Nord du pays qui historiquement a œuvré à confiner les Noirs dans les quartiers les plus pauvres, les pires conditions de logement, ainsi que dans les plus mauvaises écoles et les emplois aux salaires les plus bas. Cette histoire de discriminations raciales intention-nelles continue de façonner aujourd’hui l’existence des Noirs, alors que le ra-cisme contre les Noirs n’est plus légal ou socialement acceptable. Même si le racisme n’est plus légalement admis-sible aux Etats-Unis, il est toujours largement à l’œuvre dans l’accès aux «bons emplois» et aux ressources né-cessaires à une amélioration des condi-tions d’existence.

«On» déduit des niveaux plus élevés de pauvreté des communautés noires que les Noirs sont paresseux, irresponsables et vivent aux dépens de l’assistance sociale. Ce qui établit les conditions pour que les quartiers noirs fassent l’expérience d’une plus grande surveillance et plus de contrôles de la part des forces de l’ordre. Cela se conjugue avec des décennies de «Guerre contre la drogue» [2] tout comme avec

la stratégie d’emprisonnement de centaine de milliers de jeunes Noirs et Latinos, hommes et femmes, afin de juguler de possibles troubles sociaux tout en attisant le racisme contre les Noirs. Voilà, entre autres ce qui explique la manière dont les communautés noires sont stigmatisées et racialisées aux Etats-Unis.

Le «maintien de l’ordre» et les budgets des municipalitésCe phénomène continue actuellement. Il est exacerbé par le tournant néo-libéral dans le «maintien de l’ordre» aux Etats-Unis. On ne fait plus seulement appel à la police pour le maintien de l’ordre, mais de manière croissante elle est responsable du fait que les arresta-tions et les PV [amendes de parking ou pour comportement, par exemple] sont devenues une importante source de revenus pour les villes. Les réticences vis-à-vis de l’augmentation des recettes publiques au moyen d’impôts sur les riches ont été compensées par une croissance de la part des amendes dans les revenus des Etats et des munici-palités au cours des dernières années. A Ferguson, nous avons appris qu’une partie de l’affrontement entre la police et la population résidait dans le fait que la ville s’appuyait sur les amendes et les taxes comme second poste pour les recettes de la ville. A Ferguson, on comptait, en moyenne, trois PV par mé-nage, aboutissant à l’accumulation de centaines de dollars d’amendes payées par les familles de la classe laborieuse. Cela correspond à un déplacement du fardeau fiscal en direction des pauvres et de la classe laborieuse. Lorsque ces amendes ne sont pas payées, elles débouchent sur une odyssée légale de laquelle il est difficile, pour les gens ordinaires, de s’en sortir sans des frais insurmontables.

Lorsque la police de New York se lança dans un ralentissement de tra-vail [entre autres, grève des amendes] parce que le maire critiqua timidement la police après qu’un Noir désarmé fut étranglé par la police, ce ralentissement révéla l’étendue de la dépendance de la ville vis-à-vis de la police non seule-ment pour protéger la propriété privée, mais pour exproprier de l’argent et des biens aux citoyens ordinaires à travers un vaste système d’amendes et de PV.

La municipalité de New York, en 2014, comptait sur 10,4 millions de dollars par semaine que lui rapportaient les seuls PV (environ 16’000). La ville obtient presque 1 milliard de dollars par année lors de procès, amendes crimi-nelles ou administratives allant au-delà du PV pour ce que la police qualifie d’infractions à «la qualité de vie». Cela, bien sûr, créé des incitations à ce que la police cible des gens et des quartiers entiers comme sources de revenus pour la ville. Des «rencontres» avec la po-lice de ce type emprisonnent ensuite, bien sûr, les gens dans le système de la justice pénale, faisant que l’obtention d’un emploi ou le maintien d’une quel-conque stabilité économique sont plus difficiles.

Des études ont montré qu’aux Etats-Unis des blancs avec casier judi-ciaire avaient plus de probabilité d’être rappelé pour un entretien de travail que des Noirs sans casier judiciaire. Il sera donc presque impossible pour un Noir ayant un casier judiciaire de trouver un emploi.

La nouvelle place de «l’élite noire»Voilà le contexte au sein duquel ce nouveau mouvement a fait irruption. Le fait que cela coïncide avec une péri-ode politique au cours de laquelle une plus grande concentration de pouvoirs politiques dans les mains de Noirs que l’on n’ait jamais vu met à nu les dy-namiques raciales et de classe de cette crise aux Etats-Unis.

Aujourd’hui, il y a un prési-dent noir, une procureure générale noire (Loretta Lynch) sans mention-ner les milliers de fonctionnaires et de représentant·e·s élus dans les villes et les Etats du pays. Le Congrès compte 43 membres noirs – le chiffre le plus élevé de l’histoire américaine. Il est évident qu’une couche de Noirs a été complètement absorbée et intégrée par le capitalisme américain et, à l’instar du président, ils peuvent être les plus vé-héments lorsqu’il s’agit de dénoncer les Afro-Américains pauvres et des classes laborieuses.

La maire afro-américaine, Stephanie Rawlings-Blake (maire de Baltimore depuis 2010), peu avant la rébellion de Baltimore a déclaré: «trop nombreux sont ceux d’entre nous qui, parmi la communauté noire, sont deve-nus complaisants vis-à-vis du crime de Noirs contre d’autres Noirs […] Alors que nombre d’entre nous souhaitons défiler et protester ainsi que devenir actifs face aux fautes de la police, nom-breux sont aussi ceux qui tournent le dos lorsque c’est nous qui nous tuons.» Elle, tout comme Obama, a évidem-ment fait référence aux jeunes Noirs de la rébellion comme étant des «voy-ous» et «des criminels», deux mots qui n’ont jamais été utilisés par des officiels blancs à Ferguson. En d’autres termes, bien souvent les fonctionnaires et représentant·e·s noirs élus contribuent à faire le récit de la vie des Afro-Améri-cains en des termes que leurs confrères blancs ne pourraient utiliser impuné-ment. Ils rendent les Noirs eux-mêmes responsables de leur sort au moyen d’une rhétorique qui insiste sur la cul-ture, la moralité et l’irresponsabilité des Noirs comme source de l’inégalité, dis-cours qui s’oppose à celui qui place le racisme et le capitalisme au centre.

Le gouffre qui s’élargit entre l’élite noire et la classe laborieuse noire a rendu importante la question de la solidarité de classe dans le mouve-ment. Historiquement, le mouvement noir s’est toujours étendu à travers les lignes de classe en raison du caractère général du racisme américain. Mais al-ors qu’un plus grand nombre de fonc-tionnaires et de représentant·e·s élus gouvernent les villes et les périphéries dans lesquelles les travailleurs noirs vivent, cela crée un antagonisme plus

profond qui effiloche la notion de soli-darité entre tous les Noirs. Lorsque la maire de Baltimore mobilise l’armée afin d’occuper les quartiers noirs, tout en permettant aux blancs d’aller et ve-nir librement, ignorant une loi martiale imposée aux Noirs, l’idée selon laquelle nous nous trouvons du même côté de la barrière et au sein de la même lutte explose.

Mais le silence du mouvement ouvrier américain officiel ainsi que la division raciale persistante au sein de la société américaine dans la percep-tion de la police font que les travailleurs blancs ne sont pas vus comme alliés naturels des Noirs dans la lutte contre la police.

A cause du mouvement, bien sûr, une partie de cela change. Aujourd’hui, si on compare la situation avec celle existant il y a une année, les atti-tudes générales concernant la police aux Etats-Unis se modifient. Après le soulèvement de Ferguson, l’année dernière, 58% des blancs disaient que la race n’avait pas d’impact sur le maintien de l’ordre, contre 20% des Noirs. Aujourd’hui, ce chiffre est pas-sé à 53%. En janvier 2015, 56% des blancs étaient convaincus que les cas signalés de brutalité policière étaient des incidents isolés; aujourd’hui seuls 36% pensent qu’ils sont isolés.

Ces chiffres sont loin de ce qu’ils devraient être  ; mais ils indiquent que faire régulièrement état de la vio-lence policière, ce qui est le résultat de l’activisme du mouvement, a la capac-ité d’éroder plus encore les attitudes de la classe laborieuse blanche concernant le racisme et le «maintien de l’ordre».

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Les massacres ne sont pas non plus bien connus aux Etats-Unis. A moins d’avoir lu le roman d’Edwidge Danticat La récolte douce des larmes [1998, le titre anglais original est plus explicite: The Farming of Bones, traduit en français en 1999 et publié chez Grasset], la plupart des gens n’ont jamais entendu parler du mas-sacre.

Elizabeth Mahony : D’où vient le soutien populaire pour ces actions? Qui sont ses plus chauds partisans et pourquoi?

Rachel Nolan: Ses partisans les plus solides sont les nationalistes dominicains de droite. Ils ne se bap-tisent pas de ces termes. Ils se déclar-ent patriotes. Ceux qui défendent La Sentencia et les déportations affir-ment que la République dominicaine est une nation souveraine qui a le droit de déterminer sa propre politique d’immigration. Ce qui est compréhen-sible pour un petit pays qui a été aussi souvent envahi.

Il est difficile de traduire cor-rectement l’écho que le terme «souveraineté» a dans les pays d’Amérique latine. Mais cela ne leur donne bien entendu pas le droit de contrevenir au droit international, à réaliser des déportations de masse ou à retirer la nationalité à des gens avant de les déporter de leur propre pays vers un pays qu’ils n’ont jamais vu auparavant.

Ce n’est pas une question théorique. Amnesty International a déjà documenté [voir trente cas de Dominicains d’origine haïtienne qui ont été affectés par La Sentencia et ont été expulsés vers Haïti. Et c’était en janvier 2015, lorsque toutes les expulsions et déportations étaient censées être suspendues lors du Plan de régularisation [1].

Le délai pour s’enregistrer pour le Plan de régularisation s’est achevé mercredi [17 juin] à minuit, ses ex-pulsions, qui étaient alors illégales, sont devenues légales et sont bien plus nombreuses. Wilson Sentimo est

un autre cas de ce type.

Elizabeth Mahony : Vous avez écrit qu’un grand nombre de per-sonnes d’origine haïtienne travaillent dans les secteurs où l’exploitation est la plus forte, avec des bas salaires et des tâches exténuantes. Quels sont les effets de la terreur raciale ainsi que les menaces d’expulsion sur les pos-sibilités de s’associer et de défendre les droits des travailleurs?

Rachel Nolan: L’effet sur la capacité d’organisation est très dissuasif, paralysant, comme je le décris dans la partie de mon article consacrée à Jhonny Rivas. Cette re-marque s’applique non seulement au secteur agricole et aux bateyes [plan-tations de canne à sucre], mais aussi dans le bâtiment dans tout le pays.

Elizabeth Mahony : Pouvez-vous mentionner certaines forces qui combattent les expulsions et une marginalisation plus forte des Haï-tiens en République dominicaine?

Rachel Nolan: Les Haïtiens et certains Dominicains œuvrent ensemble en RD pour combattre les déportations et la marginalisation des Haïtiens. Suite à La Sentencia, les Dominicains d’origine haïtienne ont créé un groupe portant le nom de reconoci.do, qui un jeu de mots entre le domaine internet dominicain .do et le terme espagnol signifiant «recon-nu». Ils ont protesté avec vigueur ce qu’ils considèrent comme l’échec du Plan de régularisation.

J’ai écris au sujet d’un groupe baptisé Solidaridad Fronteriza, qui travaille sur cette question sur la fron-tière avec Haïti. Il a des organisations sœurs dans d’autres parties du pays: Centro Bonó et CEFASA. Des ONG et des groupes internationaux ont fait pression sur le gouvernement, pub-liquement et dans les coulisses.

Reconoci.do, en particulier, a été en relation étroite avec des groupes de Dominicains et d’américano-dominicains aux Etats-Unis, qui ten-dent à sympathiser avec la situation

Un batey de la République dominicaine à la «frontière» avec Haïti

plantations luxuriantes, et il pl-anifia une insurrection. Il déclara: «Nous sommes libres, mais les Blancs d’ici nous empêcheront de l’être; la seule manière est de se soulever et de combattre les Blancs.»

En 1822, accusé de tenter d’organiser une révolte d’esclaves sans précédent, Vesey a été exécu-té. Le plan – organisé méticuleuse-ment et impliquant des milliers d’adhérents – consistait à piller les zones de plantations, à libérer les esclaves et à fuir vers Haïti, qui s’était libérée de l’esclavage vingt ans plus tôt, lors d’une révolution d’esclaves. Ce plan était audacieux par son ampleur et remarquable par sa portée. Son résultat a été de provoquer une hystérie de masse à travers Dixie [terme désignant le sud esclavagiste des Etats-Unis].

Vesey était l’un des cinq combattants de l’insurrection pour la liberté à être exécutés le 2 juillet 1822, deux jours avant l’Independence Day [fête natio-nale américaine, qui commémore la Déclaration d’Indépendance, le 4 juillet 1776]. On prétend que cette proximité de dates inspira le discours que Frederick Douglass [1818-1895, ancien esclave qui s’est enfui au Nord. Il fut l’une des grandes figures du mouvement ab-olitionniste et égalitaire aux Etats-Unis] prononça le 5 juillet 1852, trente ans plus tard. S’ouvrant par le titre Que signifie le 4 juillet pour les esclaves?, il tonnait: «Que signifie, pour l’esclave américain, notre 4 juillet? Je réponds: c’est un jour qui lui révèle, plus qu’à n’importe quel autre moment de l’année, l’injustice grossière et la cruauté dont il est une victime con-stante. Votre célébration est pour lui une honte; votre liberté fan-faronne, une impie licence; votre grandeur nationale, de la vanité débordante; vos sons de réjouis-sances sont vides et sans cœur; vos dénonciations des tyrans, une fanfare de manifeste impudence; vos cris de liberté et d’égalité, une moquerie creuse; vos prières et vos hymnes, vos sermons et vos actions de grâce, avec toute votre

parade religieuse, et toute leur so-lennité, sont, pour lui, de la simple grandiloquence, une escroquerie, une tromperie, de l’impiété, et de l’hypocrisie – un voile fin pour couvrir des crimes qui ferait honte à une nation de sauvages.»

Douglass invoquera plus tard Vesey afin de favoriser le recrute-ment du 54e régiment composé exclusivement [à l’exception des officiers] de Noirs, lors de la Guerre civile, celui-là même qui est mis en scène dans le film Glory [1989].

Bien que le plan de Vesey ne pût jamais s’étendre au-delà de sa phase initiale, les dirigeants distin-gués de Charleston lancèrent des appels pour réclamer plus de sang. Ce même mois, 30 personnes de plus furent exécutées, un lynchage légal de masse avait pour objectif de semer la terreur dans la com-munauté noire de Charleston. Ce qui est frappant est le fait qu’il n’y eut pas plus de personnes arrêtées ou exécutées. Cela est dû au degré de solidarité remarquable parmi la population noire de la ville. Per-sonne ne voulait parler face à une campagne populaire qui dépeignait les esclaves comme des insurgés actifs. Au cœur de cette campagne – qui a combiné un terrorisme lé-gal et extra-légal – l’église Mère Emanuel fut totalement brûlée. Cela n’empêcha toutefois pas les gens à se rassembler. Cela ne mit pas un terme à l’église.

La violence de cette semaine ne fera pas non plus fermer cette église. Le meurtre de neuf per-sonnes dans l’église de Mère Emanuel rappelle le dynamitage des églises de l’époque de la lutte pour les droits civiques des années 1960.

Elle rappelle également cette année 2015 où une succession de vidéos montre à l’Amérique blanche un système de «maintien de l’ordre» qui accorde à la vie des Noirs peu de valeur; un présent, en cette année 2015, où les médias de masse qui se délectent de la mort des Noirs, mais ne reconnaissent pas l’existence de ces derniers; un présent, en cette année 2015, où Walter Scott, un habitant de

Charleston, peut être calmement abattu dans le dos par la police. Elle nous ramène également à un présent où des officiers de police ainsi que le gouverneur de Caro-line du Sud, Nikki Haley, parlent sur un ton solennel des martyrs de Mère Emanuel sous ce symbole du-rable de la terreur raciste qu’est le drapeau de la Confédération. Cela démontre avec clarté que le passé que les dirigeants de Charleston tentent de dissimuler au moyen d’une statue de Denmark Vesey – dans le cadre du tourisme lucratif des plantations de la ville – est loin d’être passé.

Dans des moments tels que celui-ci, peu de paroles du présent peuvent résonner aussi puissam-ment que les mots de Frederick Douglass dans son discours du 4 juillet, lorsqu’il disait: «Oh! Si seulement j’en avais la ca-pacité, et que je pouvais gagner l’attention de la nation, je verserais aujourd’hui un courant fougueux de ridicule mordant, de reproches explosifs, de sarcasmes cinglants et de sévères réprimandes. Car ce n’est pas de lumière qu’il est besoin, mais de feu; ce n’est pas l’aimable averse, mais le tonnerre. Nous avons besoin de la tempête, de la tornade ainsi que du tremble-ment de terre.»

Il ne s’agit pas d’histoire. C’est un guide pour l’action. Cette action peut être entendue dans les paroles du pasteur de Mère Emanuel et membre du Sénat de l’Etat de Caroline du Sud, Clementa Pinckney. Il a été l’un de ceux qui ont été tués mercredi. En 2013, dans un discours sur le thème de la «liberté», Pinckney disait: «… il est quelque fois nécessaire de faire du bruit… Quelquefois on peut en arriver à mourir comme Den-mark Vesey… Quelquefois on doit marcher, manifester…»

*David Zirin est membre de l’ISO

The Nation 18 juin 2015Traduction A l’Encontre

A l’encontre 22 juin 2015

difficile des Haïtiens et des apatrides en République dominicaine pour des raisons manifestes. Enfin, une organ-isation du nom de We Are All Domini-can continue de mener des actions de protestation, la plupart à New York.

Note [1] Début 2015, suite aux pres-

sions, le gouvernement de la Répu-blique dominicaine a ouvert un «plan de régularisation» qui permettait aux

«Dominicains dénaturalisés» de s’en-registrer comme étrangers pour une durée de deux ans avant de pouvoir postuler à nouveau pour l’obtention de la nationalité dominicaine. Cette procédure permettait également aux migrant·e·s Haïtiens vivant dans le pays à faire une demande de permis de résidence. Les autorités ont toute-fois indiqué que passé le délai du 17 juin, les personnes qui ne se seraient pas enregistrées, quelque soit leur

lieu de naissance, pouvaient être ex-pulsées. En outre, plusieurs rapports indiquent que des obstacles de tout type ont été élevés pour empêcher les «candidat·e·s» à cette procédure à s’enregistrer, dont les expulsions que documente le rapport d’Amnesty cité ci-dessus.

Jacobinmag.com le 21 juin 2015Traduction A L’EncontreA l’encontre 22 juin 2015

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17Haiti Liberté/Haitian TimesVol. 8 • No. 50 • Du 24 au 30 Juin 2015

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Tuerie à Charleston en Caroline du Sud ! Mikheil Saakachvili renonce à la nationalité géorgienne

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Mikheil Saakachvili, qui fut prési-dent de Géorgie de 2004 à 2013,

a renoncé à ses citoyennetés géorgienne et états-unienne et a adopté la national-ité ukrainienne. Il a été immédiatement nommé gouverneur d’Odessa par le pré-sident Petro Porochenko.

Ancien ministre de la Justice du président Chevardnadze, il démissionna en 2001, fut élu président de la Cham-bre en 2002, et président de la Répub-lique à la faveur de la « révolution des roses ».

Formé aux Etats-unis, venu au pouvoir grâce à un soulèvement orches-tré par la CIA, il lança dès son élection une purge contre les anciens collabo-rateurs du président Chevardnadze, se rapprocha des États-Unis et d’Israël et soutint toute action anti-Russe.

En 2008, alors que son ministre de la Défense était un israélien et son ministre des Territoires était un britan-nique, il loue deux aéroports militaires à Israël pour que Tel-Aviv puisse ai-sément bombarder Téhéran, puis at-taque l’Ossétie du Sud durant les Jeux Olympiques. La Russie riposte en bom-bardant les deux aéroports militaires, puis en libérant l’Ossétie du Sud et en reconnaissant ce nouvel État.

Élu pour son programme anti-corruption, il partira dans une succes-

sion de scandales. La nomination de Mikheil Saakachvili comme gouverneur d’Odessa doit se comprendre comme une menace à l’encontre de la Russie. En effet, Odessa est le port frontière permettant à la Transnistrie (État pro-Russe non-reconnu) de fonctionner. Il aura donc la possibilité de bloquer son économie.

Mikheil Saakchvili avait été précédé par son ancienne ministre de l’Intérieur, Ekaterin Zgouladze, qui avait également renoncé à sa citoyenneté géorgienne pour devenir vice-ministre de l’Intérieur d’Ukraine, le 14 décem-bre 2014. L’époux de Mme Zgouladze, Raphaël Glucksmann (fils de l’essayiste at agent états-unien André Glucks-mann), est conseiller de M. Saakachvili.

Réseau voltaire 2 juin 2015

Mikheil Saakachvili

Par David Walsh

L’assassinat de six femmes et de trois hommes dans une église afro-

américaine à Charleston en Caroline du Sud, mercredi dernier, est un évé-nement horrible qui est le symptôme d'une société profondément dysfonc-tionnelle et malade.

Le présumé tireur, un jeune âgé de 21 ans nommé Dylann Roof de Columbia en Caroline du Sud, était ap-paremment motivé par des sentiments racistes et nationalistes de droite. Il au-rait dit, alors qu’il s’apprêtait à tirer de sang-froid: «Vous violez nos femmes et vous prenez le contrôle de notre pays et vous devez partir.»

Sur sa page Facebook, Roof a ajouté une photo de lui portant un hab-it avec des insignes représentants des drapeaux du temps de l’apartheid en Afrique du Sud et en Rhodésie. Selon la Ligue anti-diffamation, le drapeau sud-américain de 1928 en particulier a été adopté à travers le monde dans les milieux de droite «comme un symbole de la suprématie blanche».

La réponse de l’establishment politique en général a été hypocrite et vide jusqu’à l'indécence. Peu importe la cause politique ou psychologique im-médiate qui a poussé Roof à commettre le geste présumé, une tuerie de la sorte émerge dans un contexte politique et social précis.

L’hypocrisie la plus évidente est venue des politiciens les plus en vue de la Caroline du Sud. Différentes per-sonnes liées au Parti républicain de la Caroline du Sud se sont avérées être des membres d’une organisation ouverte-ment raciste nommée le Conseil des citoyens conservateurs (CCC). Cette or-ganisation est la descendante du vieux Conseil des citoyens blancs, la version «respectable» du Ku Klux Klan dans les années 1950 et 1960.

La gouverneure républicaine de la Caroline du Sud, Nikki Haley, a déclaré jeudi que «l’âme et le cœur…» de l’État avaient été «brisés» par la tue-rie. En 2014, elle a défendu le geste de hisser le drapeau des Confédérés au siège de l’Assemblée législative de l’État en disant que «pas un seul PDG» ne s’était plaint à elle.

Dans sa déclaration, le président Barack Obama a exprimé sa «profonde tristesse face à ces meurtres insensés» à Charleston. Obama a poursuivi: «Toute personne morte de la sorte est une tragédie. Toute fusillade qui implique plusieurs victimes est une tragédie.» Le président a suggéré qu’«À un cer-tain moment, nous devrons admettre le fait que ce type de violence n'arrive pas dans d'autres pays développés.»

Oui, mais quand exactement? Obama, tout comme ses prédéces-seurs George W. Bush et Bill Clinton, a dû faire ce genre de discours rituel, suite à une tuerie, d’innombrables fois. Si le président a besoin qu'on lui rap-pelle le nombre de fois où c’est arrivé

sous son administration seulement, on peut mentionner le massacre d’avril 2009 de 13 personnes dans un cen-tre communautaire pour immigrants à Binghamton dans l’État de New York; la tentative d’assassinat de la républic-aine Gabby Giffords et le meurtre de six

Les 9 victimes de gauche à droite (en haut) : Cynthia Hurd 55 ans ; Depayne Middleton Doctor. 49 ans ; Myrah Thompson 59 ans, (au centre) Révérend Sharonda Coleman-Singleton. 45 ans; Révérend Clementa C. Pinckney 41 ans, Tywanza Sangers. 26 ans ; Révérend Daniel Simmons.

74 ans ; Susie Jackson 87 ans, Révérend Daniel Simmons. 74 ans

Le présumé tireur, un jeune âgé de 21 ans nommé Dylann Roof de Columbia en Caroline du Sud

autres personnes à Tucson en Arizona en janvier 2011; la tuerie dans un ci-néma d’Aurora au Colorado en juillet 2012, le meurtre de six personnes et des blessures infligées à quatre autres personnes dans un temple sikh à Oak Creek au Wisconsin en août 2012 par un suprémaciste blanc; le meurtre de 26 personnes, incluant 20 enfants, à

Newtown au Connecticut en décembre 2012; et bien d'autres exemples encore.

Après chaque fusillade, une sec-tion des médias, se tournant vers les saintes Écritures pour s’inspirer, affirme que la tragédie prouve l’existence du «diable» et, probablement, la nature déchue de l’Homme; une autre sec-tion, plus officiellement libérale, pré-tend que le contrôle des armes à feu va mystérieusement venir à bout de tout; une troisième partie soupire devant la nature «insensée» de tout ça et hausse les épaules collectivement. La nullité de tous les experts officiels est une indica-tion de la faillite morale et politique de l’ordre social américain.

Il y a, bien sûr, un élément irra-tionnel dans chacun de ces épisodes, incluant le plus récent. Roof aurait épargné une vieille dame en lui disant: «Je veux que quelqu’un survive et vous serez la seule survivante», indiquant ainsi qu'il pensait s'enlever la vie.

Mais l’affirmation par les mé-dias que de telles tueries sont incom-préhensibles est un mensonge qui sert des intérêts bien précis. Les commen-tateurs, tout comme Obama et tout l’establishment politique, ne peuvent pas et ne veulent pas «tenir compte» du phénomène parce que même un début d’examen des différents massacres re-viendrait à jeter la lumière sur la réalité sociale aux États-Unis et, surtout, sur l’atmosphère continuelle de violence et d’agression qui a été générée par deux décennies de guerres presque sans in-terruption.

Les actes allégués de Roof, Suite de la page (18)

L’arrestation de Dylann Roof

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Haiti Liberté/Haitian Times18 Vol. 8 • No. 50 • Du 24 au 30 Juin 2015

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qui était manifestement instable et confus et a été influencé par de la propagande pro-Confédérés et de su-prématie blanche, ont une coloration raciste. Mais, en dépit des particu-larités de chaque cas, y a-t-il une si grande différence de type social entre le suspect de Charleston et les jeunes tueurs à l'école Columbine en 1999; ou Seung-Hui Cho, l'immigrant sud-coréen qui a tué 32 personnes et blessé 17 autres sur le campus de Virginia Tech en avril 2007; ou James Eagan Holmes, le tireur d'Aurora au Colorado, et plusieurs autres?

Quels sont les traits psy-

chologiques et sociologiques que partagent les auteurs de ces gestes? Un état d'aliénation sociale très avancé, une grande amertume en-vers les autres, une haine de soi, l'isolement, un découragement total et le recours à une violence extrême pour résoudre leurs problèmes, réels ou imaginaires.

Ces tendances sont bien trop fréquentes et dévastatrices pour n'être que de simples défauts person-nels: elles proviennent manifeste-ment de la société. Et elles reflètent un malaise terrible: la mentalité de personnes pour qui tout est toujours

sombre, qui n'ont aucun espoir en l'avenir et qui s'imaginent que la situ-ation ne peut qu'empirer. On n'a qu'à voir la photo Facebook de Dylann Roof pour avoir une idée de cette dé-solation, de ce découragement!

La génération à laquelle ap-partient Roof, comme nulle autre dans l'histoire des États-Unis, n'a connu rien d'autre que la guerre et l'accroissement massif des inégalités sociales. Si l'on oublie un instant la version fantastique de la vie améri-caine telle que présentée par les mé-dias, dans laquelle les choses n'ont jamais si bien été – et, après tout,

les jeunes n'ont-ils pas accès à Face-book, à Twitter et aux iPhone? – au-cune génération de l'époque moderne n'aura eu à supporter des conditions aussi difficiles et décourageantes. Le capitalisme, soit la subordination de chaque aspect de la vie à la quête du profit et à l'enrichissement personnel de l'élite patronale, est au cœur du problème.

L'élite dirigeante américaine aimerait bien nous faire croire que les guerres sans fin, la belligérance, la violence et la menace d'autres guerres encore plus dévastatrices, qui font partie de la campagne des États-

Unis pour dominer le monde, sont sans conséquence. La violence et les meurtres sont perpétrés quotidi-ennement par l'armée et l'appareil de renseignement des États-Unis. Les représentants et politiciens améric-ains, à l'image de la mafia, discutent platement de l'«assassinat» de pré-sumés terroristes ou d'«éliminer les menaces» aux «intérêts nationaux des États-Unis». Le meurtre, que ce soit par drone ou autre technique moderne efficace, est devenu rou-tine, banal. On sait d'ailleurs que le président rencontre ses conseillers chaque mardi pour réviser ses «kill lists» (listes de personnes à abattre).

Quelqu'un comme Roof, s'il s'avère être le coupable, n'a vu du-rant sa vie que la montée inexorable de cette violence. Et pas seulement la violence à l'étranger. La police aux États-Unis a maintenant le champ libre pour faire feu sur des civils in-nocents et les tuer. Il y a deux mois seulement à North Charleston, en Caroline du Sud, à moins de 15 km du lieu de la tuerie de mercredi soir, un policier abattait de sang-froid Walter Scott en lui tirant cinq balles dans le dos.

La crise de la société améri-caine atteint un point de rupture. La situation ne peut durer. Roof est la réaction malsaine et déformée d'une partie infime de sa génération. Des masses de jeunes et de travail-leurs vont réagir à cette crise de manière rationnelle et progressiste: en s'opposant aux criminels et aux menteurs qui sont au pouvoir et à leur système économique et social pourri.

Wsws 19 juin 2015

viennent à nouveau d’écrire au pré-sident de l’Assemblée nationale, côté français : « La France a pu être ci-tée dans ce crime abominable par plusieurs sources, sans qu’elle n’ait formellement démenti son implica-tion » et plus loin : « C’est pourquoi nous, députés du Conseil National de la Transition du Burkina Faso, vu les accords de coopération entre la France et le Burkina Faso, et connaissant l’attachement des députés français aux valeurs de démocratie et de jus-tice, sollicitons votre entremise pour exiger du Parlement français une com-mission d’enquête parlementaire qui

contribuera sans nul doute à élucider l’affaire Thomas SANKARA »

Le réseau international « Justice pour Sankara, justice pour l’Afrique » s’en est saisi pour rebondir et lancer une nouvelle pétition pour demander l’ouverture de cette enquête parlemen-taire. Il s’agit de relancer la pression sur le parlement afin qu’il se penche sur cette demande.

L’hypothèse d’un complot in-ternational est renforcée par de nom-breux témoignages et la vérité sur l’assassinat de Thomas Sankara ne viendra que d’une enquête qui doit se pourvoir hors du Burkina. Des té-

moignages impliquent la France, par-mi d’autres pays.

Une enquête parlementaire per-mettrait de convoquer l’entourage des dirigeants de l’époque de François Mit-terrand et de Jacques Chirac, on était en période de cohabitation, mais aussi les chefs des services secrets. On imagine mal un juge burkinabè, venir enquêter en France sur l’implication éventu-elle de la France dans l’assassinat de Thomas Sankara. Il va déjà avoir fort à faire pour démêler ce qui s’est passé le 15 octobre, alors que la crise de l’armée, et en particulier le devenir du régiment de sécurité présidentiel,

n’est pas réglée. C’est de ce régiment qu’était issu le commando qui a tiré sur Thomas Sankara et ses compa-gnons. Sans parler des moyens néces-saires pour une investigation qui, si elle devait être poussée jusqu’au bout, doit nécessiter des déplacements, au-delà de la France, en Côte d’ivoire, au Libéria, en Libye, aux USA et au Togo, si l’on veut prendre le temps de vérifier tous les témoignages existants sur cet assassinat.

Pour ce qui est de la participation française, c’est en France que se trou-vent les éventuels protagonistes com-me les archives pouvant faire avancer

une enquête. Encore faut-il qu’il existe une vraie volonté politique de voir révéler enfin au grand jour les actions les plus sombres de la politique fran-çaise en Afrique. Et si l’insurrection du Burkina est annonciatrice d’autres révoltes victorieuses contre les auto-crates, nombreux au pouvoir en Af-rique, la France devrait se dépêcher de solder son passé, faute de voir des nouveaux régimes politiques arrivés au pouvoir se détourner de la France, soutenus par une jeunesse de plus en plus politisée et mobilisée.

Mediapart 29 Mai 2015

L’un des manifestants, Paul Jean-Baptiste a déclaré que depuis que le gouvernement dominicain a com-mencé à mettre en œuvre le PNRE, il a essayé en vain de récupérer son acte de naissance, sa carte d’identité et son passeport des représentations diplomatiques haïtiennes. Les mani-festants se disent inquiets puisqu’à partir de jeudi 18 juin, ils seront ex-posés à être déportés en Haïti, par-ce que la plupart d’entre eux n’ont pas réussi à obtenir un document d’identité, première condition du PNRE pour s’inscrire et commencer à fournir les autres documents exigés dans le PNRE pour compléter leur dossier.

Alors que certains compatriotes réclament les documents légaux leur permettant de vivre en paix sur le ter-ritoire voisin, d’autres continuent de laisser le pays pour s’y rendre là-bas à la recherche d’une vie meilleure. C’est dans cette aventure qu’une patrouille de surveillance de l’armée dominicaine a repéré et arrêté 26 Haïtiens sans papiers, qui tentaient d’entrer sur le territoire dominicain à bord d’une vedette rapide par la côte de Manzanillo, dans la province de Monte Cristi (Nord du pays).

Au nombre des migrants fig-urent 16 hommes, 9 femmes et un bébé de 6 mois. Ils ont été intercep-tés près de la ville de Copey par des soldats dominicains. Les Haïtiens qui sont seulement en possession de sacs contenant de la nourriture et de l’eau, ont indiqué que celui qui est en charge de les  transporter à partir de Fort-Liberté, sur la côte Nord-Est d’Haïti, les avaient laissés dans une zone boisée où ils devaient attendre quelqu’un pour les transporter à San-tiago et Mao.

Ils ont reconnu que leur in-tention était d’essayer de se quali-fier pour le Plan National de Régu-larisation des Étrangers (PNRE). La mère du bébé a déclaré qu’elle avait l’intention d’acquérir ses document de régularisation, puis de déclarer sa fille comme dominicaine, comme l’ont fait plusieurs de ses compa-triotes. Une méthode inefficace et classique, déjouée chaque fois par les autorités dominicaines. Ils ont égale-ment indiqué qu’ils avaient payé entre 5,500 et 6,500 pesos pour ve-nir clandestinement en République dominicaine. Après leur arrestation, ils ont été amenés au siège du dix-ième bataillon de l’armée à Dajabon,

Suite de la page (20)

hommes ayant des liens présumés avec un groupe militant armé ont été pendus en Égypte après avoir été condamnés par un tribunal militaire. Selon Human Rights Watch, trois de ces hommes avaient été arrêtés avant les crimes dont ils étaient accusés aient été com-mis.

Les alliés occidentaux de l’Égypte continuent à soutenir nos despotes en échange d’un mirage de la stabilité. M. Sissi comprend l’écho rencontré à Washington de ses proclamations qu’il est du bon côté dans la lutte contre le terrorisme djihadiste alors que les USA semblent à court d’idées sur la manière de contenir l’État islamique.

Pendant des décennies, ces al-liés nous ont bradés en contrepartie d’intérêts commerciaux garantis par

une main de l’État qui semblait d’une fermeté rassurante - même, si pour

son peuple, c’était un poing sanglant. Lorsqu’il est interpellé, l’Occident jus-tifie son soutien à M. Sissi par la re-alpolitik. Mais à long terme, le prag-

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pour être remis aux autorités de l’immigration afin d’être rapatriés en Haïti.

Il faut noter également, à 3 jours de la date limite d’inscription (17 juin 2015, 17h00) au Plan de Régularisation des Étrangers (PNRE) vivant en situation migratoire irrégu-lière en République Dominicaine, que les deux Centres d’accueil en Haïti, qui devaient être construits à Oua-naminthe et à Malpasse, pour nos

compatriotes qui seront rapatriés  ; faute de régulariser leur statut d›immigration, ne sont toujours pas prêts et le gouvernement haïtien de rester bien silencieux sur le sujet.

Les travaux de construction des bâtiments préfabriqués qui ser-viront à fournir des abris temporai-res, des conseils et de l›assistance aux citoyens haïtiens et des citoy-ens dominicains d’origine haïtienne, sont actuellement au point mort.

Du côté dominicain, 5 premiers cen-tres de transit, situés à Haina, Peder-nales, Jimani, Elías Piña et  Dajabón sont en préparation. Le gouverne-ment dominicain continue de prom-ettre que ces rapatriements se feront dans le respect des droits de l’homme.  Rappelons que tous ceux qui seront inscrits au PNRE, ont 45 jours au maximum, après le 17 juin 2015, pour déposer tous les documents de-mandés et compléter leur dossier.

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Afin qu’une telle chose se produise et continue d’avoir un effet, le mou-vement doit croître. Il doit s’étendre au-delà des Noirs qui sont les plus touchés. Il doit impliquer d’autres sections de la classe laborieuse qui souffrent également du racisme de la police et des attaques – latinos, ar-abes, musulmans, travailleurs sans-papiers, femmes noires et transsex-uels – dont les abus de la part de la police et de l’Etat passent souvent inaperçus en raison de la propension de violence dirigée contre les hom-mes noirs.

Le mouvement Occupy, prin-cipalement blanc, a toutefois montré avec quelle rapidité l’Etat peut pass-er de l’utilisation du racisme pour justifier l’expansion de son pouvoir de «maintien de l’ordre» pour re-tourner ensuite ses nouvelles tech-nologies sécuritaires contre toute menace portée à l’establishment politique. Occupy représentait une telle menace, raison pour laquelle il a fait l’objet d’une énorme violence et d’abus de la police. En outre, un effort concerté doit être réalisé afin d’impliquer les travailleurs organisés dans le mouvement – les travail-leurs noirs représentent d’ailleurs un nombre disproportionnellement élevé de syndiqué·e·s. Nous pou-vons imaginer de futures actions sur les lieux de travail contre la brutalité policière et ses meurtres. Mais cela doit être organisé et défendu en par-ticulier lorsque les organes officiels du mouvement syndical américain restent relativement silencieux sur les questions de racisme et de vio-lence policière. Il s’agit là de la base sur laquelle un mouvement bien plus large contre le terrorisme policier peut être organisé et mener bataille. Mais, pour cela, il doit s’intégrer à une stratégie. Ce n’est que l’un des rôles que doit remplir la gauche or-ganisée dans les mois à venir.

Pour conclure, il y a une longue histoire de combat contre la violence policière dans les commu-

nautés noires. Une représentation multiraciale du Civil Rights Congress a, en 1951, a lancé le slogan We Charge Genocide [Nous accusons de génocide] afin de caractériser la profondeur et les conséquences des assassinats policiers ainsi que la complicité silencieuse de l’Etat. Le préambule de leur pétition [adressée, avec pour sous-titre Le crime du gouvernement contre le peuple noir, à une réunion des Nations Unies] affirmait alors: «Il fut un temps où la violence raciste avait pour centre le Sud. Mais alors que le peuple noir [3] s’est répandu vers le nord [4], l’est et l’ouest cherchant à échapper à l’enfer sudiste, la violence, impul-sée en premier lieu par des motifs économiques, les a suivis, la cause étant également économique. Autre-fois la majeure partie de la violence contre les Noirs se déroulait dans les campagnes, mais cela était avant les migrations noires des années 1920 et 1930. Actuellement, il n’y a pas une seule grande ville américaine, de New York à Cleveland ou Detroit, de Washington, la capitale de la nation, à Chicago, de Memphis à Atlanta ou Birmingham, de La Nouvelle Or-léans à Los Angeles qui ne soit pas déshonorée par le meurtre gratuit de Noirs innocents. Il ne s’agit plus d’un phénomène sectionnel [5]. Au-trefois, la méthode classique du lyn-chage était la corde. Aujourd’hui il s’agit de la balle de l’agent de police. Pour plus d’un Américain, la police c’est le gouvernement [ou l’Etat], sans aucun doute sa figure la plus représentative. Nous soutenons que les preuves suggèrent que le meur-tre de Noirs est devenu une politique sécuritaire [ou policière] aux Etats-Unis et que la politique sécuritaire est l’expression la plus pratique de la politique du gouvernement.»

Ce mois d’août marquera le 50e anniversaire de la Rébellion de Watts dans South Central à Los Angeles. En réalité, nous nous situons dans la période du 50e anniversaire de la

Black insurgency des années 1960, au cours de laquelle plus de 500’000 Afro-Américains se sont soulevés en premier lieu contre la pauvreté, les logements insalubres et la brutalité policière. Sur les cendres de la Ré-bellion de Watts, le Black Panther Party pour l’autodéfense est né à Oakland (Californie). L’autodéfense était contre la police. A eux seuls, ces célébrations et la délégation We Charge Genocide donnent quelques exemples de la résilience de la lutte des Noirs contre le terrorisme policier tout comme de la persistance de la violence policière. Il n’est presque ja-mais utile de comparer des époques; il est encore moins utile d’observer le passé et de dire que rien n’a changé. Mais ces anniversaires sont les ex-emples vivants de continuités entre le passé et le présent et nous rappel-lent que, dans certains cas, le passé ne passe pas…

Je veux terminer par une cita-tion de King qui exemplifie la cen-tralité et l’importance de la lutte des Noirs pour toute la politique améric-aine – un passage qui est aussi per-tinent aujourd’hui qu’il ne l’était en 1967, lorsqu’il l’écrivit dans le sil-lage de la Rébellion de Detroit.

«Je ne suis pas triste que les Américains noirs se rebellent; c’était non seulement inévitable, mais par-faitement désirable. Sans ce ferment magnifique parmi les Noirs, les anciennes dérobades et procrasti-nations auraient continué indéfini-ment. Les hommes noirs ont claqué la porte sur un passé de passivité abrutissante. A l’exception des an-nées de la Reconstruction [6], ils n’ont jamais lutté avec autant de créativité et un tel courage pour leur liberté au cours de leur longue his-toire sur le sol américain. Il s’agit de nos années brillantes de naissance; bien qu’elles soient pénibles, elles ne peuvent être évitées […] Dans ces circonstances difficiles, la révo-lution noire est bien plus qu’une lutte pour les droits des Noirs. Elle

contraint l’Amérique à faire face à ses défauts étroitement liés: le ra-cisme, la pauvreté, le militarisme et le matérialisme. Elle met à nu les maux qui sont profondément enracinés dans toute la structure de notre société. Elle révèle des défauts systématiques plutôt que superfi-ciels et suggère qu’une reconstruc-tion radicale de la société elle-même est la vraie question auquel l’on doit s’affronter […] Les dissidents d’au-jourd’hui disent à la majorité com-plaisante que le temps est venu où une nouvelle évasion face à la res-ponsabilité sociale dans un monde agité flirtera avec le désastre et la mort. L’Amérique n’a pas encore changé parce que si nombreux sont ceux qui pensent qu’elle ne doit pas changer, mais c’est là l’illusion du damné. L’Amérique doit changer parce que 23 millions de citoyens noirs ne vivront plus soumis dans un passé misérable. Ils ont quitté la vallée du désespoir; ils ont trouvé force dans la lutte. Rejoints par des alliés blancs, ils ébranleront les murs de la prison jusqu’à ce qu’ils tombent. L’Amérique doit changer.»

(Traduction A L’Encontre. L’intervention de Keeanga-Yamattha Taylor – enseignante à Princeton, membre de l’ISO – a été faite lors de l’ouverture, le 20 mai 2015, du Fo-rum international Ernest Mandel qui s’est tenu à Lausanne. Brian Jones lors de la même soirée. Divers textes de Keeanga-Yamattha Taylor ont été publiés sur ce site. Elle prépare un ouvrage intitulé From #Black Lives Matter to Black Liberation qui sera publié en janvier 2016 par Haymar-ket).

Notes[1] Terme qui, du XIXe siècle

au mouvement des droits civiques des années 1950-1970, désigne l’ensemble des pratiques et des insti-tutions maintenant une «séparation

raciale» (Rédaction A l’Encontre).[2] ] A consommation de

drogue égale des peines différentes sont assignées en fonction du type de drogue consommée; la drogue «du pauvre» l’étant bien plus dure-ment (Rédaction A l’Encontre).

[3] L’original dit negro people et Negroes, «nègres» en français. No-tons que Martin Luther King utilise ce terme dans son fameux discours de 1963, J’ai un rêve. L’utilisation de termes comme Black, colored, Afro-american, Black american sont fonc-tion du contexte historique, du rejet ou de la (ré)appropriation de termes péjoratifs (que l’on songe au mouve-ment de la négritude en francopho-nie, avec comme figure importante Césaire), essentialisant ou assignant à une identité, des mouvements, comme celui de la sensibilité et de l’intention des auteurs (Rédaction A L’Encontre).

[4] Dès la Première Guerre mondiale, des centaines de milliers de travailleurs et de familles afro-américaines ont émigré vers les ré-gions industrielles du nord (Rédac-tion A l’Encontre).

[5] Le terme de «section» renvoie, dans l’histoire américaine, à la revendication du «droit des Etats» face aux autorités fédérales, en particulier avant la Guerre civile (1861-1865), lorsque les Etats du Sud des Etats-Unis se battaient pour empêcher toute immixtion de l’Etat fédéral dans «l’institution» esclava-giste ou pour revendiquer le retour d’esclaves en fuite vers le Sud, vers leurs «propriétaires» (Rédaction A L’Encontre).

[6] Soit la période de 1863-1877, celle de l’occupation militaire des Etats sécessionnistes, mais aussi de droits accordés aux Noirs, ainsi que de diverses expériences allant au-delà de la simple abolition de l’esclavage, mais qui firent long feu (Rédaction A l’Encontre).

A l’encontre 9 juin 2015

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Égypte : cette jeunesse qui disparaît !Par Mona Eltahawy

Israa El Tawil, 23 ans, est sortie dîner avec des amis, le 1er juin et on ne l’a plus revue depuis. Mme Tawil, une étu-diante et photojournaliste qui a reçu une balle dans la colonne vertébrale l’an dernier alors qu’elle couvrait les manifestations commémorant la révo-lution de 2011 en Égypte, a, à ce que l’on sait, des difficultés à marcher. Sa famille croit qu’elle a été la victime d’une disparition forcée avec deux jeunes amis, Sohaib Mohamed et Amr Mohamed.

Depuis plusieurs jours, le hashtag #forceddisappearance, s’est répan-

du à travers les médias sociaux égyp-tiens, les familles et les amis recher-chant leurs proches disparus, la plupart des jeunes de tout l’éventail politique. Certains sont membres des Frères mu-sulmans, et d’autres sont affiliés au Mouvement laïc des jeunes du 6 Avril, tandis que d’autres encore ne sont liés à aucun mouvement ou parti. Tous sont victimes d’une guerre contre les jeunes, dans un pays où plus de la moitié de la population ont moins de 25 ans.

Selon le groupe de défense des droits des prisonniers Freedom for the Brave, (Liberté pour les courageux), 163 personnes ont été victimes de disparitions forcées en Égypte depuis avril. L’organisation dit que 64 des dis-parus ont été rendus à leurs familles, mais qu’ au moins deux ont été retrou-vés morts, dont Islam Atito, un étu-diant de 23 ans, dont le corps brisé et criblé de balles a été restitué à sa mère deux jours après qu’il avait été enlevé du campus le 19 mai, selon les autorités de l’Université Ain Shams du Caire. Et un militant des Frères musulmans du Sinaï, Sabry El Ghoul, serait mort dans un lieu de détention militaire le 2 juin après une grande rafle de sécurité dans la région (le ministère de l’Intérieur n’a pas confirmé l’information).

« Est-ce que nous sommes deve-nus une Argentine des jours de la junte, où ils peuvent vous enlever et vous faire disparaître juste comme ça? », m’a demandé mon père. Je venais de rentrer en Égypte d’une tournée de promotion de mon livre, au cours de laquelle on

m’a constamment demandé : «Êtes-vous en sécurité en Égypte? » Ma ré-ponse a toujours été: «Personne n’est en sécurité en Égypte, mais moi, je suis plus en sécurité. »

En novembre 2011, des agents de la police antiémeutes égyptienne m’ont cassé le bras gauche et la main droite et m’ont agressée sexuellement :

j’ai été détenue pendant 12 heures par des agents du ministère de l’Intérieur et du renseignement militaire. Mais je sais que si j’ai été remise en liberté à l’époque et avoir pu rester libre au Caire, où je vis, c’est en partie parce que le fait d’être un écrivain avec une plate-forme

me procure une certaine protection dont ne disposent pas beaucoup de jeunes militants victimes de disparitions.

Les disparitions dans le plus pur style de la guerre sale sont la dernière en date de la longue liste d’atrocités qui ont entaché la présidence d’Abdelfattah El Sissi, qui vient juste d’entamer sa deuxième année au pouvoir. M. Sissi,

un ancien chef du renseignement mili-taire et ministre de la Défense, a rem-porté près de 97 pour cent des voix à l’élection présidentielle de l’année dernière, à laquelle le taux de participa-tion était de 47 pour cent des électeurs inscrits.

L’Égypte n’a pas eu de Parlement en exercice depuis 2012. Cela signi-fie que M. Sissi, qui exerce à la fois les pouvoirs exécutifs et législatifs, a édicté plus de 147 lois depuis sa prise de fonction, sans freins et contrepoids et avec une opposition pratiquement inexistante. Nous étions censés avoir de nouvelles élections parlementaires cette année, mais elles ont été repor-tées à une date indéterminée après que la Cour suprême a jugé la loi électorale inconstitutionnelle.

Le poste de télévision dans le sa-lon de mes parents a été éteint pendant des mois : il n’y a rien à voir. Les voix indépendantes ou révolutionnaires ont été éliminées, ne laissant que les béni-oui-oui de M. Sissi. Lors de la récente visite du président à Berlin, ses sup-porters, mêlés aux journalistes, ont entonné des chants nationalistes lors d’une conférence de presse avec la chancelière allemande, Angela Merkel, après qu’une protestataire avait traité M. Sissi de «nazi» et de «fasciste».

Les étudiants sont déjà en galère sur les campus, où peu d’expression politique est autorisée et l’optimisme de la révolution de 2011 s’est évaporé.

Pourquoi un régime dirigé par un hom-me si puissant devait-il pourchasser les jeunes, un groupe avec peu de poids?

Parce qu’il peut se le permettre, et parce que M. Sissi sait que ses alliés occidentaux se contenteront d’invoquer les droits humains du bout des lèvres, tandis que les flux d’aide à l’Égypte, les ventes d’armes et les accords com-merciaux et industriels continuent. En février, la France a vendu à l’Égypte 24 chasseurs à réaction Rafale, une frégate et d’autres équipements militaires, pour un montant de plus de 5,7 milliards de dollars.

En mars, l’administration Obama a repris l’aide militaire à l’Égypte, qui avait été suspendue en 2013 après l’éviction du président soutenu par les Frères musulmans, Mohamed Morsi. Dans un rapport au Congrès en mai, l’administration Obama a critiqué le gouvernement de M. Sissi pour ses re-strictions à la liberté d’expression, les arrestations de dissidents politiques et ses atteintes à la démocratie. Cela ne l’a pas empêchée de recommander que les USA poursuivent leur aide, principale-ment militaire, qui se monte à 1, 5 mil-liard de $.

Le régime Sissi a combattu les militants islamistes armés dans le nord de la péninsule du Sinaï, mais au nom de sa «guerre contre le terrorisme», il a ajouté de multiples violations des humains au tableau. En mai, six

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Sohaib, Israa et Amr

Protestation contre la disparition forcée de militants devant le palais présidentiel Ittihadiya, Le Caire, 14 juin 2015