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Mddecine et Maladies Infectieuses, 1976 - 6 - 10 bis - 413 ~ 4t7 Vrais el Iaux corps de Negri Apropos du dioonostic histopa|holooique de la Rooe 'par P. RAVISSE*, A. GAMET**, J.C. GUILLON*** et J.C. LEVADITI* L'enzootie de rage vulpine qui a atteint ht France en 1968 reste toujours aussi pr~occupante pour les services v~t~rinaires et de Santg_ Publique, car elle s' ~tend inexorablement. C'est ainsi qu'au cours des douze derniers mois, du 1-10-74 au 30-9-75, le Centre de R~rence d'Histopathologie de l'Instltu~t Pasteur a pratiqu6 2.728 examens histologiques de cerveaux d'animaux susceptibles d'avoir contamin6 l'homme. Ces examens ont permis de confirmer ou de diagnostiquer 280 cas de rage animale. Les donn~es recueillies 'depuis 8 ans au cours de ces con- tr61es ont montr~ la n~cessit~ d'associer les trois techniques (immunofluores- cence, recherche de corps de Negri en m icroscopie optique et inoculation ~t la souris) qui assurent une ind~niable s~curit~ du diagnostic. La connaissance histopathologique de lh rage est fondSe sur les travaux de Negri (9) qui, en 1903, mit en 6vidence,/t l'aide de la coloration de Mann', la p%sence d'inclusions sp6cifiques dans les cel- lules nerveuses d'anirnaux morts de rage. Les tra- vaux de Babes (3), Van Gehuchten, Nelis et Val- 16e ont pr6cis~ les localisations et les l~sions en- cSphalitiques et ganglionnaires, 16sions cependant non sp~eifiques. Rappelons 6galement que la m6thode histologi- que reste relativement lente et que, si elle apporte une certitude de diagnostic lorsque les corps de Negri sont .pr6sents, eile ne permet pas d'61irnlner le diagnostic de rage lorsqu'ils sont absents (6). C'est ainsi que le diagnostic histologique par la d6couverte des corps de Negri a 6t6 23 fols d6- faillant sur 178 animaux reconnus enrag6s (7) l'aide de l'immunofluorescence ou de l'inocula- tion h la souris, voire du r6sultat positif des deux m6thodes u tilis~es sirnultan6ment. Toutefois l'his- tologie est plus souvent en d6faut chez certaines espbces animales telles que les renards qui sont plus sou~ent sacrifi6s que morts de maladie. La mise en oeuvre syst6matique des diverses rn6thodes biologiques de diagnostic permet de rnieux connaitre les pseudo-corps de Negri ren- cont%s parfois chez le chat, les rongeurs ou rn~me les bovins, ainsi que les inclusions dues/i d'autres infections virales (1, 10). * Service d'Histopathologie, Institut Pasteur, Pa- ris. ** Service de la Rage, Institut Pasteur, Paris. *** Service de Microbiologie Animale, Institut Pas- teur, Paris. LES CORPS DE NEGRI La plus ancienne des inclusions virales connues reste d'une sp$cificit6 absolue. D'aspect r6gulier, arrondi ou ovalaire, fortement r6fringent et acidophile, le corps de Negri se colore en rose par l'h6malun-6osine et en rouge par la m6thode de Mann. La d6finition m~me de Negri faisait 6tat de cette teinte rouge ; pourtant, dans 90 p. 100 des cas, des corps authentiques peuvent ~tre bleus ou mauve lone6 et ce chan- gement d'affinit6 tiuctorialc n'est pas toujours dfi une fixation ou ~ une coloration imparfaite. En plus des fonnes homog~nes, les plus fr6- quentes, il est classique de d6crire des formes structur6es, d'aspect ¢¢ mfiriforme ou poly-kysti- que ~ dont les corpuscules internes .punctiforrnes ou annulaires (sans doute par diffraction) se d6- tachent par lent teinte plus sombre ou plus claire dans la masse du corps de ~egri. Ces corps struc- tures sont visibles au microscope ~ fond noir sur coupes ~ cong61ation, ce qui montre que eette structure n'est pas un art6fact de fixation (Cons' tantin Levaditi) (figures 1 et 2). La taille de ces inclusions varie de 0,24 ~ 27 microns. Elle est en moyenne de 2 /t 6 microns. Dispers6s dans tout le n~vraxe, les corps de Ne- gri sont ~ la lois plus nombreux, plus fr6qttents et .plus ais6ment visibles dans les cellules neuro- gang]ionnaires des couches moyenne et externe de la corne d'Ammon (lobule de l'hippocampe). Ces inclusions, toujours situ6es dans le plan de la pr6- paration, ne sibgent jamais dans le noyau, rnais dans le cytoplasme de cellules intactes, et excep- tionnellernent dans des cellules alt6r6es. 413

Vrais et faux corps de Negri

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Page 1: Vrais et faux corps de Negri

Mddecine et Maladies Infectieuses, 1976 - 6 - 10 b i s - 413 ~ 4 t 7

Vrais el Iaux corps de Negri Apropos du dioonostic histopa|holooique de la Rooe

'par P. RAVISSE*, A. GAMET**, J.C. GUILLON*** et J.C. LEVADITI*

L'enzoot ie de rage vulpine qui a atteint ht France en 1968 reste toujours aussi pr~occupante pour les services v~t~rinaires et de Santg_ Publ ique, car elle s' ~tend inexorablement .

C'est ainsi qu 'au cours des douze derniers mois, du 1-10-74 au 30-9-75, le Centre de R ~ r e n c e d 'Histopathologie de l'Instltu~t Pasteur a pratiqu6 2.728 examens histologiques de cerveaux d 'animaux susceptibles d 'avoir contamin6 l 'homme. Ces examens ont permis de confirmer ou de diagnostiquer 280 cas de rage animale. Les donn~es recueillies 'depuis 8 ans au cours de ces con- tr61es ont montr~ la n~cessit~ d'associer les trois techniques ( immunof luores- cence, recherche de corps de Negri en m icroscopie opt ique et inoculation ~t la souris) qui assurent une ind~niable s~curit~ du diagnostic.

La connaissance his topathologique de lh rage est fondSe sur les t ravaux de Negri (9) qui, en 1903, mit en 6vidence, / t l ' a ide de la coloration de Mann', la p%sence d ' inclusions sp6cifiques dans les cel- lu les nerveuses d 'ani rnaux morts de rage. Les tra- vaux de Babes (3), Van Gehuchten, Nelis et Val- 16e ont pr6cis~ les localisations et les l~sions en- cSphalit iques et ganglionnaires, 16sions cependant non sp~eifiques.

Rappelons 6galement que la m6thode histologi- que reste re la t ivement lente et que, si elle appor te une cert i tude de diagnostic lorsque les corps de Negri sont .pr6sents, eile ne pe rmet pas d'61irnlner le diagnostic de rage lorsqu ' i ls sont absents (6).

C'est ainsi que le diagnostic histologique par la d6couverte des corps de Negri a 6t6 23 fols d6- fail lant sur 178 animaux reconnus enrag6s (7) l ' a ide de l ' immunof luorescence ou de l ' inocula- t ion h la souris, voire du r6sultat positif des deux m6thodes u tilis~es sirnultan6ment. Toutefois l 'h is- tologie est plus souvent en d6faut chez certaines espbces animales telles que les renards qui sont plus sou~ent sacrifi6s que morts de maladie .

La mise en oeuvre syst6matique des diverses rn6thodes biologiques de diagnostic pe rmet de rnieux connaitre les pseudo-corps de Negri ren- cont%s parfois chez le chat, les rongeurs ou rn~me les bovins, ainsi que les inclusions dues / i d ' au t res infections virales (1, 10).

* Service d'Histopathologie, Institut Pasteur, Pa- ris.

** Service de la Rage, Institut Pasteur, Paris. *** Service de Microbiologie Animale, Institut Pas-

teur, Paris.

LES CORPS DE NEGRI

La plus ancienne des inclusions virales connues reste d 'une sp$cificit6 absolue.

D 'aspect r6gulier, a r rondi ou ovalaire, for tement r6fringent et acidophile , le corps de Negri se colore en rose par l 'h6malun-6osine et en rouge par la m6thode de Mann. La d6finition m~me de Negri faisait 6tat de cette teinte rouge ; pour tant , dans 90 p. 100 des cas, des corps authent iques peuvent ~tre bleus ou mauve lone6 et ce chan- gement d 'aff ini t6 t iuctorialc n 'es t pas toujours dfi

une f ixat ion ou ~ une coloration imparfa i te .

En plus des fonnes homog~nes, les plus fr6- quentes, il est classique de d6crire des formes structur6es, d 'aspect ¢¢ mfir i forme ou poly-kysti- que ~ dont les corpuscules internes .punctiforrnes ou annulaires (sans doute par diffraction) se d6- tachent par lent teinte plus sombre ou plus claire dans la masse du corps de ~egr i . Ces corps struc- tures sont visibles au microscope ~ fond noir sur coupes ~ cong61ation, ce qui montre que eette structure n 'es t pas un art6fact de f ixat ion (Cons ' tantin Levadit i ) (figures 1 e t 2).

La taille de ces inclusions varie de 0,24 ~ 27 microns. Elle est en moyenne de 2 /t 6 microns.

Dispers6s dans tout le n~vraxe, les corps de Ne- gri sont ~ la lois plus nombreux, plus fr6qttents et .plus ais6ment visibles dans les cellules neuro- gang]ionnaires des couches moyenne et externe de la corne d ' A m m o n (lobule de l ' h i p p o c a m p e ) . Ces inclusions, toujours situ6es dans le plan de la pr6- parat ion, ne sibgent jamais dans le noyau, rnais dans le cytoplasme de cellules intactes, et excep- t ionnellernent dans des cellules alt6r6es.

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Paradoxalement les corps de Negri sont prSsents dans les r6gions du cerveau oh sont absentes les 16sions inflammatoires. Chez l ' homme on les re- trouve par ordre de fr6quence dans les cellules de Purkinje du cervelet, dans les cellules pyramidales de la corne d ' A m m o n et du cortex.

On doit remarquer que les corps de Negri :

- - a ) sont plus ou moins fr6quents, scion les es,p$ces animales atteintes et proport ionnei lement moins fr6quents chez l 'homme que chez l 'animal. Une 6tude de Dupont et Earle (5) parue en 1965 et portant sur 49 cas humains autopsi6s constate

que les corps de Negri ne sont retrouv6s que dans 7 cas sur 10.

- - b) sont plus souvent rencontr6s au cours de la rage expSrimentale qu 'au cours de la rage spon- tan6e (figure 3).

- - c) sont d 'autant plus nombreux et volumi- neux qtte la p6riode d ' incubat ion ou la maladie ont 6t$ plus longues.

- - d) varient de forme et en nombre selon les souches, certaines souehes sauvages peuvent ~tre fortement n@rigSnes. La souche Bucarest I I , iso- 16e d 'un loup vers 1930, en fut un exem.ple histo- rique.

FIGURE 1 Nombreux corps de Negri dans les neurones de la corne d'Ammon. H6matoxyline-Fe. Immersion 100.

FIGURE 3 Inoculation ~ ta souris. Corps de Negri dans la cor-

ne d'Ammon. H6malun - 6osine. Objectif 40.

FIGURE 2 Volumineux corps de Negri s,tructur6s dans un neu-

rone. H6malun - 6(~sine. Immersion 100.

FIGURE 4 Culture cellulaire du virus rabique. Mise en 6vi-

dence du virus par ]'immuno-p6roxydase. Immersion 100.

4;I4

Page 3: Vrais et faux corps de Negri

Enfin les 6tudes en microscopie 61ectronique (4) ont pr6cis6 la s tructure du corps de Negri : il est constitu6 d 'une matr ice r6t iculo-granuleuse con- tenant des structures tubul6es s 'associant h des nucl6ocapsides. Les corps de Negri repr6sentent doric un lieu de r6plicat ion in t racytoplasmique du vir ion rabique.

Cos 6tudes en microseopie 61ectronique associ6e aux donn6es apport6es par l ' immunof luorescence ont .permis de faire progresser nos connaissances sur la mul t ip l icat ion intra-cel lulaire du virus et nous expl iquent la positivit6 de l ' immunof luorescence pr6c6dant l ' appa r i t ion de la 16sion eellulaire sp~- cifique de la rage, de m6me que la possibilit6 d ' inocula t ion 'positive h la souris avant que l ' im- munofluorescence permet te de met t re en 6vidence le virus dans les cellules contamin6es.

I1 est main tenant acquis que la nucl6o-prot6ine rabique est pr6sente h l ' in t6r ieur des cellules au niveau de la matr ice virale (corps de Negri ) tandis que la glyco,prot6ine immunog~ne se rencontre seulement au niveau des membranes cellulaires (2).

On peut r approcher les corps de Negri des corps d ' inclusion du type A de Cowdry dont l 'or ig ine virale a pu 6tre 6tablie, mais Cowdry n ' a d6crit que les inclusions intranucl6aires dont le plus bel exemple est l ' inclusion herp6t ique.

Le corps de Negri doit pouvoir 6tre distingu6 d 'au t res inclusions virales et des inclusions non sp~cifiques rencontr$es chez les an imaux sains.

Pour .pr6ciser la na ture de ces inclusions non rabiques la condition p%l imina i re est la n@ativi t6 des examens compl6mentaires indispensables ( im- munofluorescence, inoculat ion) . Les autres critSres d ' ident i f icat ion de ces inclusions seront 6tablis sur la [orme, la taille, la situation intracytoplas- mique, la colorabilit~ de ces inclusions, enfin der- nier erit~re mais pas le moins impor tan t la Ioca- lisation de ces inclusions darts l ' enc6phale .

LES FAUX CORPS DE NEGRI

Nous distinguerons los inclusions caract6risti- ques d 'au t res infections virales et les inclusions non sp6cifiques.

1) Inclusions sp6cifiques d'autres maladies h virus

Les corps de Lentz de la maladie de Carr~ doi- vent avant tout ~tre discut6s (11). Cette affection touche le chien mais @alement les petits carnas- siers (renard, furet, vison). Ces inclusions trSs po lymorphes de forme sph6rique ou ovalaire ont ' une taille de 1 h 10 microns avec une moyenne de 3 .h 4 microns. Elles sont for tement acido.philes et r6fringentes et sont color6es en rouge par le Mann.

Elles ont une structure bomog~ne et pr6sentent tr~s r a rement une s tructure interne. Enf in souvent trSs nombreuses , elles peuvent Ore aussi bien int racytoplasmiques qu ' intranucl6aires et sont re- trouvSes dans de nombreux tissus autre que le tissu nerveux. Au niveau de l 'encSphale, ellCs sont plus fr6quentes dans le cervelet, le cortex et le bulbe que dans la corne d ' A m m o n et dans les formes aigu~s r6centes, que dans [es formes tar- dives, prolongSes de la maladie.

Pour les diff6reneier des corps de Negri , les meil leurs caraet~res sont done une taille plus pe- tite, une colorat ion plus rouge vif h l 'hSmalun- 6osine, leur plus grand nombre dans le cortex que dans la corne d 'Ammon , enfin leur pr6sence fr6- quente dans le noyau.

2) Inclusions non sp6cifiques En l 'absence de toute virose, il est 'possible d ' ob -

server dans le cerveau des chats, des rongeurs, des singes et m~me des bovins de peti tes inclusions intraeytoplasrpiques, aeidophiles, sph6riques qui pourra ient pfi6ter h confusion.

Ces inclusions peuvent 6tre homog~nes ou r6a- liser un semis de granulations. C'est ainsi qu 'assez f r6quemment on t rouve chez les bovins dans les grands neurones du plancher du 4 e ventr ieule des areas de granulat ions cytoplasmiques for tement aeidophiles h l 'h6malnn-6osine eomme au Mann. E!les sont plus r6fringentes que les autres inclu- sions et ne peuvent ~tre confondues avee des corps de Negri. Leur morpholog ie ressemble aux gra- nulations de l ipofuseine bien que eelles-ei soient brunes et non eolorables. Chez le ehien, on a pu 6galement met t re en 6videnee des inclusions du m~me type dans le cytoplasme des eellules neuro- ganglionnaires du ganglion de Gasser.

Le probl~me est surtout impor tan t ehez le chat qui pr~sente deux types d ' inelusions non sp6ei- fiques.

a) Inclusions dans les cellules de la corne d'Am- m o r t .

Au niveau de la couche moyenne et externe, on p e u t rencontrer de petites inclusions homog~nes,

acidophiles, blen r o n d e s , d 'une taille comprise entre 0,5 micron et 1,5 micron si~geant darts le cyto,plasme des grandes cellules nerveuses. Elles apparaissent sous forme de sph6rules, roses h l 'h6- malun-~osine, bleus ou rouges au Mann. Elles sont souvent peu nombreuses et leur nombre par cel- lule est au m a x i m u m de 3. Cos inclusions furent d ' abo rd d6crites par Luzzani et J a s t r embsky (8). Nous les avons retrouv6es 20 lois sur les 100 der- niers cerveaux suspects examines (d6cembre 1975

f6vr~er 1976). Elles sont obser%es chez des chats vivant dans routes les r6gions de France mais pas encore chez les quelques chats sauvages qu ' i l nous a 6t6 donn6 d ' examiner .

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Page 4: Vrais et faux corps de Negri

On les reconnait facilement car leur r~fringence, leur petite taille, leur homog6nSit6 et leur mono- nmrphisme les distinguent nettement des corps de Negri.

b) Inc lus ions de la r@ion p roche de la c o r s e d ' A m m o n .

D~crites .pour la premigre lois par M.L. Szlachta et R.E. H a b e I (12) en 1952, elles sont situ~es dans les neurones du thalamus juste sous l 'h ippocampe, au nivean de la r6gion dorsale du noyau g6nicul6 lat6ral.

Ces inclusions sont retrouv6es de fa~on cons- tante chez le chat normal. Elles ressemblent de fa~on 6tonnante aux corps de Negri. En effet, si- tuSes dans le cytoplasme des neuroses, elles ont une forme ronde ou ovalaire, mais de contour moins rdgulier, une taille de 2 ~ 10 microns, une coloration rose vif h l 'h6malun-6osine, bleu au Mann, enfin 1.cur aspect n 'est pas homog~ne car elles pr6sentent souvent une structure interne. On peut vraiment les qualifier de pseudo-corps de Negri, le diagnostic ne pouvant se faire qu 'h pos- t6riori en relevant leur localisation exclusive dans

la r6gion thalamique et non dans la corne d 'Am- m o i l .

CONCLUSION Le diagnostic de la rage a gagn6 en ra.pidit6 et

en efficacit6 depuis que l ' immunofluorescence ou la p6roxydase (figure 4) ont 6t~ appliqu6es ~ la raise en 6vidence directe de l 'antiggne rabique chez l ' homme comme chez les animaux mordeurs ou chez les animaux captur6s au cours d'enqu~tes.

L 'histopathologie classique garde cependant tou- te sa valeur m~me ~ l 'a ide des colorations de routine. Elle seule permet l '6tude des 16sions en- c6phalitiques. Dans les contr6es en voie de d6- veloppement, le centre de diagnostic aura de gran- des chances de n 'avoir h sa disposition que la technique histologique, ne recevant en raison des difficuh6s de transport que du mat6riel fix& Dans les conditions des 'pays totalement 6quip6s, il pent en ~tre de mSme du fait de l '61oignement du labo- ~ratoire sp$cialis6. Le rappel des criti~res exig6s pour pouvoir affirmer qn ' i l s 'agit bien de corps de Negri garde un int6rSt d 'actuali t6 du fait de la pouss6e ~pizootique actuelle de rage.

REMERCIEMENTS

A l ' I n s t i t u t Pas teur , le con trS le de la rage est assurg J inanc i$remen t par le Min i s t~ re de la Sant~. II a donc u s e par t cer ta ine darts ce t ravai l e t nous devons Fen remerc i e r .

RESUME Le diagnostic de la rage a gagn6 en rapidii6 et en efficacit6 avec l'immuno- fluorescence ap,pliqu6e h la raise en 6vidence directe de Fantig6ne rabique.

L'histopathologie classiquc garde cependant toute sa valeur m~me h l'aide des colorations usuelles. Elle seule permet l'6tude des 16sions enc~phalitiques.

Dans les conlr6es en vole de d6veloppement, !e centre de diagnostic aura de grandes chances de n'avoir h sa disposition que la technique histologique ne rccevant en raison des difficult6s de transport que du mat6riel fix6.

Dans les conditions des pays modernes, il peut en ~tre de m~me du fair de l'61oignement du laboratoire sp6cialisC

II est donc utile de pr6ciser les crit6res morphologiques de l'inclusion rabiqne, de corps de Negri. I1 est 6galement important de reconnaltre les faux corps de Negri : inclusions sp@ifiques d'autres maladies virales (corps de Lentz en particulier), inclusions non sp6cifiques observ6cs constamment chez le chat, plus rarement chez d'autres animaux, inclusions homog6nes, structur6es, amas de granulations, etc.., dont la nature n'est pas toujours 6claircie. Cette 6tude morphologique garde un int6r~t d'actualit6 du fait de la pouss6e 6pizootique de rage duns le monde.

Mots-clef : Rage - Corps de Negri - Inclusion cytoplasmique.

SUMMARY True Negri bodies, as descr ibed by N, egri, are a lways spec i f i c chapalcter of histopathologtcal di, agnosis of rabies. Lentz bodies, spec i f ic of Carre's disease, have to be d i f fevenc ia ted f rom them.

I~z normal ~a!ts, non speci f ic inclusiol~s can be seen in the neurones of h lppocampus and i~n the neuroses of the thalamus ]ast ventral to the h ippocampus . Others non speci f ic inclusions are descr ibed but their nattzre [s not c~lear.

Key-words : Rabies - Negri bodies - In tracgtopIasmic inclusion.

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A N A L Y S E DE L IVRE

R6sistance des vecteurs et des r6servoirs de maladie aux pesticides. Vingt-deuxi6me rapport du C o m i t 6 0 M . S . d'experts des Insecticides. ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE SERIE DE RAPPORTS TECH- NIQUES, 1976, N ° 585, I.S.B.N. 92 4 220585 0 ; 96 pages.

La r6sistance aux insecticides 6tant probable- ment le principal obstacle auquel se henr te la lutte contre les maladies transmises par des vec- teurs, notamment le paludisme, le Comit6 d 'experts a 6t6 pri6 d 'examiner le problbme en profondeur et de donner des avis ~ I 'O.M.S. sur les politiques les plus prometteuses et les plus r6alistes qu ' i l conviendrait d 'adopter pour la lutte antivectorielle.

Le rappor t du Comit6 fait le point de l '6tat actuel de la r6sistance manifest6e par les mousti- ques et autres insectes pr6sentant un int6r6t du point de vue m6dical ou v6t6rinaire vis-h-vis des principaux insecticides utilis6s ainsi que des inhibiteurs du d6veloppement des inscctes, des chimiost6rilisants et des agents de lutte micro- biens. I1 6tudie 6galement la r6sistance aux pesti- cides chez les r6servoirs et les h6tes interm6diaires de maladie ainsi que chez les organismes non vis6s. Des tableaux r6sument la situation de la r6sistance aux insecticides pour plus de cent vingt espbces et le rappor t fournit, pour un certain nombre de pays situ6s dans quatre des R6gions O.M.S., de3 pr6cisions concernan t la proport ion de la popula-

tion des zones impalud6es qui vit dans les ~ecteurs oh la r6sistance aux insecticides pose des problb- mes pratiques. Dans la R6gion de la ~d6diterran6e orientale, ces proport ions vont de 7 h 85 % selon les pays, la moyenne correspondante aux pays retenus s'6tablissant ~ 29 % de la population.

Aprbs avoir examin6 les principes sur lesquels se fondent les m6thodes de mesure de la r6sistance aux insecticides pr6conis6es par I 'O.M.S., le Comit6 a estim6 possible d'61argir l ' emploi des doses ou concentrations diagnostiques d'insectici- des. Le rappor t d6erit en d6tail les modifications qu ' i l conviendrait, pour diff6rents motifs techni- ques, d ' appor te r aux m6thodes d'6preuves norma- lis6es.

Les bases g6n6tiques et biochimiques de la r6sistance ~ont 6galement envisag6es ainsi que l ' appar i t ion d 'une r6sistance crois6e et les moyens de retarder sur le terrain l ' appar i t ion de cette r6sistance. Le rappor t 6tudie enquire l ' emploi des substances chimiques de remplacement, en parti- culier de celles qui diffbrent des compos6s pr6- c6demment employ6s par leur structure chimique ou leur mode d 'action.

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