15
Khâgne BL SCIENCES SOCIALES 10/12/15 Durée : 6 heures Sujet : Risques et rationalité Document 1 : la préférence pour la liquidité Par connaissance « incertaine », je m'explique, je n'entends pas simplement distinguer ce que l'on sait pour certain de ce qui est simplement probable. Le jeu de la roulette n'est pas sujet, dans ce sens, à l'incertitude ; pas plus que la perspective qu'un bon de la Victoire soit tiré au sort. Ou bien, encore, l'espérance de vie n'est que légèrement incertaine. Même la météorologie n'est que modérément incertaine. Le sens dans lequel j'utilise le terme est celui dans lequel la perspective d'une guerre européenne est incertaine, ou le prix du cuivre et le taux d'intérêt à vingt ans d'ici, ou l'obsolescence d'une nouvelle invention, ou la situation des propriétaires privés de la richesse dans le système social en 1970. En ces matières il n'est pas de base scientifique sur lesquelles fonder une quelconque probabilité calculable. Nous ne savons tous simplement pas. Néanmoins, la nécessité d'agir et de décider nous oblige en tant qu'hommes pragmatiques à faire de notre mieux pour oublier ce fait embarrassant et à nous comporter exactement comme nous le ferions si nous avions derrière nous un bon calcul à la Bentham d'une série d'avantages et de désavantages éventuels, chacun multiplié par la probabilité qui lui aurait été affectée, et attendant d'être additionnée. [...] Pourquoi quiconque en dehors d'un asile de fous voudrait-il utiliser la monnaie comme réserve de richesse ? Parce que, sur des bases en partie raisonnables et en partie instinctives, notre désir de conserver de la monnaie comme réserve de richesse est un baromètre de notre degré de méfiance à l'égard de nos propres calculs et conventions concernant le futur. Même si ce sentiment vis-à-vis de la monnaie est lui-même conventionnel ou instinctif, il opère, pour ainsi dire, à un niveau plus profond de notre motivation. Il prend la relève dans les moments où les conventions plus superficielles, plus précaires, faiblissent. La possession de monnaie en tant que telle calme notre inquiétude ; et la prime que nous exigeons pour nous séparer de la monnaie est la mesure de notre degré d'inquiétude. La signification de cette caractéristique a généralement été négligée ; et dans la mesure où elle a été remarquée, la nature essentielle du phénomène a été mal décrite. Car ce qui a attiré l'attention était la quantité de monnaie thésaurisée ; et l'on y attachait de l'importance parce que l'on supposait que cela avait un effet proportionnel sur le niveau des prix en affectant la vitesse de

ecobljanson.weebly.comecobljanson.weebly.com/.../risques_rationalite_suj.docx  · Web view2020. 2. 1. · Khâgne BLSCIENCES SOCIALES 10/12/15. Durée : 6 heures. Sujet : Risques

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: ecobljanson.weebly.comecobljanson.weebly.com/.../risques_rationalite_suj.docx  · Web view2020. 2. 1. · Khâgne BLSCIENCES SOCIALES 10/12/15. Durée : 6 heures. Sujet : Risques

Khâgne BL SCIENCES SOCIALES 10/12/15 Durée : 6 heures

Sujet :

Risques et rationalité

Document 1 : la préférence pour la liquidité

Par connaissance « incertaine », je m'explique, je n'entends pas simplement distinguer ce que l'on sait pour certain de ce qui est simplement probable. Le jeu de la roulette n'est pas sujet, dans ce sens, à l'incertitude ; pas plus que la perspective qu'un bon de la Victoire soit tiré au sort. Ou bien, encore, l'espérance de vie n'est que légèrement incertaine. Même la météorologie n'est que modérément incertaine. Le sens dans lequel j'utilise le terme est celui dans lequel la perspective d'une guerre européenne est incertaine, ou le prix du cuivre et le taux d'intérêt à vingt ans d'ici, ou l'obsolescence d'une nouvelle invention, ou la situation des propriétaires privés de la richesse dans le système social en 1970. En ces matières il n'est pas de base scientifique sur lesquelles fonder une quelconque probabilité calculable. Nous ne savons tous simplement pas. Néanmoins, la nécessité d'agir et de décider nous oblige en tant qu'hommes pragmatiques à faire de notre mieux pour oublier ce fait embarrassant et à nous comporter exactement comme nous le ferions si nous avions derrière nous un bon calcul à la Bentham d'une série d'avantages et de désavantages éventuels, chacun multiplié par la probabilité qui lui aurait été affectée, et attendant d'être additionnée. [...]

Pourquoi quiconque en dehors d'un asile de fous voudrait-il utiliser la monnaie comme réserve de richesse ?

Parce que, sur des bases en partie raisonnables et en partie instinctives, notre désir de conserver de la monnaie comme réserve de richesse est un baromètre de notre degré de méfiance à l'égard de nos propres calculs et conventions concernant le futur. Même si ce sentiment vis-à-vis de la monnaie est lui-même conventionnel ou instinctif, il opère, pour ainsi dire, à un niveau plus profond de notre motivation. Il prend la relève dans les moments où les conventions plus superficielles, plus précaires, faiblissent. La possession de monnaie en tant que telle calme notre inquiétude ; et la prime que nous exigeons pour nous séparer de la monnaie est la mesure de notre degré d'inquiétude.

La signification de cette caractéristique a généralement été négligée ; et dans la mesure où elle a été remarquée, la nature essentielle du phénomène a été mal décrite. Car ce qui a attiré l'attention était la quantité de monnaie thésaurisée ; et l'on y attachait de l'importance parce que l'on supposait que cela avait un effet proportionnel sur le niveau des prix en affectant la vitesse de circulation. Mais la quantité thésaurisée ne peut être altérée que si la quantité totale de monnaie est changée ou si la quantité de revenu monétaire courant (pour parler bref) est changée ; tandis que des fluctuations dans le degré de confiance sont capables d'avoir un effet tout différent, en l'occurrence, non pas en modifiant le montant qui est réellement thésaurisé, mais le montant de la prime qui doit être offerte pour inciter les gens à ne pas thésauriser. Et les changements dans la propension à thésauriser, ou dans l'état de la préférence pour la liquidité, comme je l'ai appelée, affectent principalement, non pas les prix, mais le taux d'intérêt ; tout effet sur les prix étant produit par répercussion comme conséquence ultime d'un changement dans le taux d'intérêt.

Ceci, exprimé de façon générale, est ma théorie du taux d'intérêt. Le taux d'intérêt mesure évidemment – au sens arithmétique du terme – la prime qui doit être offerte afin d'inciter les gens à conserver leur richesse sous une forme autre que la monnaie thésaurisée. La quantité de monnaie et le montant qui est nécessaire dans la circulation active pour les transactions des affaires courantes (dépendant principalement du niveau du revenu monétaire) déterminent combien est disponible pour les encaisses oisives, i.e. pour la thésaurisation. Le taux d'intérêt est le facteur qui ajuste à la marge la demande [de monnaie en vue] de thésaurisation à l'offre [de monnaie en vue] de thésaurisation.

John Maynard KEYNES, « La théorie générale de l'emploi », Quaterly Journal of Economics, 1937,traduit par J. GROSSMAN & D. DIATKINE,

in C.D. ECHAUDEMAISON (coord.), Les grands textes de l'économie et de la sociologie,

Page 2: ecobljanson.weebly.comecobljanson.weebly.com/.../risques_rationalite_suj.docx  · Web view2020. 2. 1. · Khâgne BLSCIENCES SOCIALES 10/12/15. Durée : 6 heures. Sujet : Risques

Nathan, 1996, pp.130-131.

Page 3: ecobljanson.weebly.comecobljanson.weebly.com/.../risques_rationalite_suj.docx  · Web view2020. 2. 1. · Khâgne BLSCIENCES SOCIALES 10/12/15. Durée : 6 heures. Sujet : Risques

Document 2 : Contraintes et risques physiques au travail

* Parmi cinq contraintes : rester longtemps debout, rester longtemps dans une posture pénible, effectuer des déplacements à pied longs ou fréquents, devoir porter ou déplacer des charges lourdes, subir des secousses ou des vibrations.** C’est-à-dire que le salarié déclare ne pas pouvoir entendre une personne placée à deux ou trois mètres quand elle lui adresse la parole, ou seulement si elle élève la voix.

Champ : salariés de France métropolitaine âgés de 15 ans ou plus

Source des données : enquête par questionnaire Conditions de travail, DARES

Elisabeth ALGAVA, « Conditions de travail : reprise de l'intensification du travail chez les salariés », Dares Analyse n°49, 2014, p.8

http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2014-049.pdf

Page 4: ecobljanson.weebly.comecobljanson.weebly.com/.../risques_rationalite_suj.docx  · Web view2020. 2. 1. · Khâgne BLSCIENCES SOCIALES 10/12/15. Durée : 6 heures. Sujet : Risques

Document 3 : les entreprises face au risque

Une entreprise intégrée, qui possède tous ses sous-traitants, réfléchira à deux fois avant de délocaliser. La difficulté est réduite quand on achète, où que l'on soit, 70 % de son chiffre d'affaires à des fournisseurs divers.

Pour faire face à ce risque, les fournisseurs et les sous-traitants se mondialisent et s'allègent à leur tour. Il faut rendre mobilité pour mobilité. Ils doivent pouvoir suivre leur client au bout du monde pour ne pas risquer d'être laissés en plan eux aussi un jour ou l'autre. Ils parviennent même parfois à être plus mobiles que leurs clients, comme on le voit, par exemple, dans le cas des équipementiers automobiles qui font aujourd'hui plus de profit que les constructeurs. Mais cet écart est en partie dû au fait que les constructeurs sont propriétaires des outillages ad hoc nécessaires à la fabrication des pièces spécifiques de leurs différents véhicules (par exemple des moules avec lesquelles leurs sous-traitants fabriquent les planches de bord). L'outillage est certes déplaçable de par le monde mais il n'est pas transposable d'un véhicule à l'autre. Les sous-traitants au contraire, allégés de ces investissements spécifiques, ont un coût de changement de modèle très faible. Ils ne sont pas pénalisés quand les préférences exprimées sur le marché se modifient, ce qui amène les constructeurs à concevoir d'autres véhicules, pour autant qu'ils continuent à en fabriquer les pièces sans avoir à en payer les coûts fixes. Pendant une première période, les constructeurs ont trouvé à s'alléger considérablement grâce aux transferts de production sur les équipementiers, mais ils souhaitaient rester « propriétaires » des véhicules (en conformité avec le second esprit du capitalisme), sans se rendre compte qu'ils se chargeaient ainsi encore trop. Devant le succès de leurs fournisseurs, ils envisagent donc aujourd'hui de s'alléger à nouveau en leur transférant le poids de la propriété des outillages. Comme on le voit à cet exemple, la mobilité a une dimension géographique mais elle se manifeste, plus généralement, dans un détachement à l'égard de ce qui est trop spécifique, trop attaché à des circonstances précises (à ce qui est non transférable à d'autres fabrications dans le cas présent). Les équipements industriels modulaires, flexibles, peu spécifiques se répandent. On les déplace plus facilement géographiquement mais aussi d'une production à l'autre.

Le consommateur est une autre source d'instabilité. Comme l'actionnaire anonyme, il décide d'acheter ou non et ne s'impose aucune fidélité. Les firmes ont voulu atteindre un niveau de mobilité ajusté à la volatilité supposée de son désir. Elles travaillent en juste-à-temps de façon à ne pas prendre le risque de rester avec des invendus. Elles produisent juste ce qu'il veut quand il le veut, performance qu'elles ne peuvent réaliser qu'en lestant la mobilité des sous-traitants, qui ont le plus souvent des stocks plus élevés que leurs clients, et qui mettent en œuvre des processus plus exigeants en main d'oeuvre (plus de personnel pour moins de chiffre d'affaires). Ces sous-traitants eux-mêmes vont chercher à s'alléger, c'est-à-dire à lester d'autres acteurs du poids d'immobilité minimum nécessaire à la réalisation des affaires, car il faut bien des lieux affectés d'un minimum de stabilité où installer des usines pour produire, ou encore des centres de commercialisation ancrés dans un territoire et que le client ne doit pas avoir à chercher chaque jour, là où ils auraient cru bon de se déplacer. Dans ces implantations relativement stabilisées, il faut trouver du personnel local, au moins pendant la période où elles sont en activité. Mais moins ce personnel est capable de mobilité, moins il peut aller s'employer ailleurs et plus on pourra lui imposer un statut précaire, de façon à pouvoir réduire l'activité de l'implant du jour au lendemain sans licenciement, sans plan social, simplement en n'utilisant plus les intérimaires du pays où il a été installé, ce qui permet aux autres dispositifs en amont d'être le plus légers et mobiles possible.

C'est pourquoi c'est une erreur importante de regrouper dans la même catégorie la flexibilité et la précarité de l'intérimaire et la mobilité du consommateur ou de la multinationale. Dans un cas, la mobilité est choisie, elle est source de force, elle s'impose ; dans l'autre la flexibilité est imposée et se révèle être tout le contraire d'une liberté. La mobilité de l'exploiteur a pour contrepartie la flexibilité de l'exploité. Cantonné dans une précarité angoissante qui ne lui donne pas la liberté d'être mobile et qui ne lui permet pas de développer sa capacité à l'être quand elle ne le détruit pas, le travailleur flexible est candidat à l'exclusion au prochain déplacement du plus fort (à la fin de son contrat d'intérim par exemple) tout comme le sont les salariés qui, pour des raisons de santé par exemple, ne peuvent plus suivre le rythme endiablé qu'on leur impose.

Luc BOLTANSKI & Eve CHIAPELLO, Le nouvel esprit du capitalisme, Gallimard, 1999, pp.455-456

Page 5: ecobljanson.weebly.comecobljanson.weebly.com/.../risques_rationalite_suj.docx  · Web view2020. 2. 1. · Khâgne BLSCIENCES SOCIALES 10/12/15. Durée : 6 heures. Sujet : Risques

Document 4 : Perceptions et comportements face au risque

Indicateurs de perception des risques (en %)

En général, estimez-vous dangereuse chacune des activités suivantes ?

Tout à fait ou plutôt

interactions socialesSubir une opération chirurgicale 52Marcher seul(e) la nuit en ville 63Conduire une voiture 38

choix de consommationManger beaucoup de nourriture grasse 86Boire un bouteille de vin ou 1,5 litre de bière par jour 82Fumer deux paquets de cigarettes par jour 92

Comportements déclarés % de ouiJe fais régulièrement de l'exercice 52Je fume 34J'évite les aliments gras 65Je fais un régime 16J'évite de boire trop d'alcool 90

Comportements au volantConduire après avoir bu (même une petite quantité d'alcool) 1 jour/semaine ou plus 20Conduire en étant peut-être au-delà du seuil légal d'alcoolémie 1 fois/mois ou plus 11Excès de vitesse sur les routes nationales : souvent, très souvent, toujours 20Excès de vitesse dans les rues en villes : quelquefois, souvent, très souvent, toujours 16Déjà arrêté par la police pour excès de vitesse 21Ceinture bouclée pour un trajet court en ville : jamais, rarement, quelquefois 20Déjà contrôlé par la police sans la ceinture 17

Les quatre types de perception des risques issus de l'analyse factorielle

Note de lecture : L'analyse factorielle permet de distinguer quatre types d'individus en fonction de leurs perceptions des risques. La taille des disques est proportionnelle à la taille de chacun de ces quatre groupes. Les variables actives sont les indicateurs de perception des risques. Le type "syndrome Oblomov" a été nommé en référence à un personnage du romancier Ivan Gontcharov, qui craint à peu près tout, et en particulier ce qui pourrait lui arriver en dehors de son domicile.

Page 6: ecobljanson.weebly.comecobljanson.weebly.com/.../risques_rationalite_suj.docx  · Web view2020. 2. 1. · Khâgne BLSCIENCES SOCIALES 10/12/15. Durée : 6 heures. Sujet : Risques

Document 4 (suite)

Caractérisation des quatre types par les comportements déclarés

% dans le type

% global

Syndrome OblomovJ'évite les aliments gras : oui 73 65Je fume : non 73 66J'évite de boire trop d'alcool : oui 95 90Conduire après avoir bu : moins d'une fois par semaine 33 29

Risquophobie généralisée sauf au volantJ'évite les aliments gras : oui 75 65Excès de vitesse dans les rues en ville : jamais 64 55Je fume : non 73 66Conduire après avoir bu : jamais 29 22Je fais un régime : oui 22 16Jamais contrôlé sans la ceinture 89 82Ceinture toujours bouclée pour un trajet court en ville 75 70Excès de vitesse sur les routes nationales : jamais 25 20Jamais pris par la police en excès de vitesse 82 78

Interactions sociales inoffensivesDéjà contrôlé sans ceinture de sécurité 26 17Je fais un régime : non 90 84Excès de vitesse sur route nationale : souvent 19 14Déjà pris par la police en excès de vitesse 27 21Conduire en étant peut-être au-delà du seuil légal d'alcoolémie :

1 fois/mois ou plus15 11

Ceinture rarement bouclée pour un trajet court en ville 9 6Choix de consommation inoffensifs

J'évite les aliments gras : non 57 34Je fume : oui 52 34Conduite après avoir bu : presque tous les jours 15 8Conduire en étant peut-être au-delà du seuil légal d'alcoolémie :

1 fois par mois19 11

J'évite de boire trop d'alcool : non 16 9Excès de vitesse dans les rues en villes : rarement ou quelquefois 50 40Excès de vitesse sur les routes nationales : quelquefois ou souvent 57 47

Caractérisation des quatre types par la signalétique socio-démographique

% dans le type

% global

Syndrome OblomovFemme 54 48Non célibataire 88 84Employé 20 1640-54 ans 29 25

Risquophobie généralisée sauf au volantFemme 62 48Ménagère 15 10Marié 72 64Agriculteur 6 4Séparé ou divorcé 8 655 ans ou plus 32 28

Interactions sociales inoffensivesHomme 72 52Ouvrier 19 12Comme marié 16 12Célibataire 21 16

Choix de consommation inoffensifsCélibataire 24 16Homme 62 5218-24 ans 19 12Etudiant 9 5Comme marié 17 12Chômeur 11 7

Toutes les modalités présentées sont significativement associées aux types au seuil de 5 %

Source des données ; Enquête SARTRE (Social Attitudes to Road Traffic Risk in Europe) pilotée par l'INRETS (Institut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité). Il s'agit d'une enquête conduite par téléphone auprès d'un échantillon de 1008 individus représentatifs de la population française restreinte aux conducteurs détenteurs d'un permis de conduire.

Patrick PERETTI-WATEL, Sociologie du risque, Armand Colin, 2003, pp.175-178

Page 7: ecobljanson.weebly.comecobljanson.weebly.com/.../risques_rationalite_suj.docx  · Web view2020. 2. 1. · Khâgne BLSCIENCES SOCIALES 10/12/15. Durée : 6 heures. Sujet : Risques

Document 5 : propension à prendre des risques dans ses choix de portefeuilleDéterminants du niveau de propension à prendre des risques dans ses choix de portefeuille

Lecture : le rendement espéré sur le marché boursier a un effet positif statistiquement significatif (0,677) sur la propension à prendre des risques dans ses choix de portefeuille. Les coefficients significatifs sont en caractères gras.Source des données : enquêtes Pater 2007, 2009 et 2011.

les vagues Pater 2007 à 2011 ont cherché à mesurer les anticipations des ménages concernant le rendement et le risque des actifs financiers ainsi que celles relatives à leur revenu du travail futur.

La méthode usuelle pour mesurer les anticipations sur les revenus du travail ou les retraites consiste à proposer à l’enquêté d’affecter 100 points entre différents taux de variation possibles sur les cinq ans à venir, à la hausse (de 0 à 10 %, de 10 à 25 %, plus de 25 %), à la baisse (mêmes tranches), ou sans changement. Elle permet ainsi de reconstituer la distribution de l’évolution des revenus anticipés par l’enquêté et d’en déduire sa moyenne et sa variance. Cette méthode a été également retenue pour mesurer les anticipations boursières.

Page 8: ecobljanson.weebly.comecobljanson.weebly.com/.../risques_rationalite_suj.docx  · Web view2020. 2. 1. · Khâgne BLSCIENCES SOCIALES 10/12/15. Durée : 6 heures. Sujet : Risques

Les scores sur les préférences sont mesurées à partir de questions conçues spécifiquement à cet effet.Le score d'aversion au risque s'élève ainsi pour des individus qui déclarent prendre des précautions contre une météo incertaine, ne jamais dépasser la vitesse autorisée en

voiture, ne jamais passer au feu orange, porter toujours sa ceinture de sécurité, ne jamais garer son véhicule en dehors des zones autorisées, se priver pour vivre plus longtemps, penser que l'homogamie est un critère de longévité pour le couple etc...

Le score de préférence pour le présent s'élève pour des individus qui déclarent ne pas être d'accord avec l'idée que «  la retraite n'est pas quelque chose qui se prépare longtemps à l'avance », ne pas être d'accord avec l'idée que « il faut inculquer à ses enfants le goût de l'épargne », ne pas avoir le souci du maintien de la forme, ne pas préparer ses vacances longtemps à l'avance, ne pas se priver pour vivre plus longtemps etc...

Le score d'altruisme familial s'élève pour les individus qui déclarent que « transmettre à ses descendants est une raison d'épargne importante », qui ne sont pas d'accord avec l'idée que « une fois les enfants élevés les parents peuvent dépenser l'argent qu'ils possèdent comme bon leur semble, quitte à ne pas laisser d'héritage », être favorables à un allégement des droits de succession, chercher prioritairement à transmettre à ses enfants le sens de la famille, que « le mariage, c'est pour le meilleur et pour le pire » etc...

D'autres questions permettent de mesurer un score d'impatience de court terme, ainsi que la propension à prendre des risques dans ses choix de portefeuille.

Déterminants des changements de propension à prendre des risques dans ses choix de portefeuille

Lecture :les différences de rendement espéré sur le marché boursier entre 2007 et 2009 ou 2009 et 2011 ont un effet positif statistiquement significatif (0,222) sur les changements de propensions à prendre des risques dans ses choix de portefeuille. Les coefficients significatifs sont en caractères gras.

Luc ARRONDEL, & André MASSON,« Mesurer les préférences des épargnants : comment et pourquoi ? (en temps de crise) »

Economie et Statistique, n°467-468, 2014, pp. 40-41http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ES467A.pdf

Page 9: ecobljanson.weebly.comecobljanson.weebly.com/.../risques_rationalite_suj.docx  · Web view2020. 2. 1. · Khâgne BLSCIENCES SOCIALES 10/12/15. Durée : 6 heures. Sujet : Risques

Document 6 : effets de certaines caractéristiques sur les taux de préoccupation, d'insécurité au domicile et d'agression

Thomas LE JEANNIC, « Insécurité : perceptions et réalités », Données sociales, INSEE, 2006, p.642