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Projet 4 P Amélioration des politiques de gestion durable des ressources naturelles basées sur les Produits Forestiers Non Ligneux en Afrique de l’Ouest et du Centre État des lieux et évaluation des politiques, programmes et stratégies de GRN basées sur les PFNLs au Sénégal Décembre 2013 Projet 03/PMC /01

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Projet 4 P

Amélioration des politiques de gestion durable des ressources naturelles basées sur les Produits Forestiers Non Ligneux en Afrique de l’Ouest et du Centre

État des lieux et évaluation des politiques, programmes et stratégies de GRN basées sur les PFNLs au Sénégal

Décembre 2013

Projet 03/PMC /01

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Sommaire

INTRODUCTION............................................................................................................................5

1. ÉTAT DES LIEUX DES POLITIQUES, PROGRAMMES ET STRATÉGIES DE GESTION DES PFNL. .6

2. ÉVALUATION DES POLITIQUES, PROGRAMMES ET STRATÉGIES DE GESTION DES

RESSOURCES FORESTIÈRES.......................................................................................................21

3. OPTIONS STRATÉGIQUES INNOVANTES POUR UNE MEILLEURE GESTION DES PFNL.......28

CONCLUSION.............................................................................................................................37

Références bibliographiques.....................................................................................................38

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RESUME

La présente analyse s’intéresse aux Produits forestiers non ligneux (PFNL) et aux politiques

s’y rapportant. Il s’agissait, au-delà de la revue des politiques, de procéder à l’évaluation de

leur niveau d’application et des difficultés notées dans cette application.

L’étude indique la présence dans la filière PFNL de différents acteurs : producteurs,

commerçants, intermédiaires, transformateurs, bana-banas (intermédiaires-détaillants),

femmes comme hommes.

La revue documentaire et les entretiens effectués avec les acteurs conduisent aux conclusions

ci-après :

Sur le plan des politiques et de leur niveau d’application, l’étude a montré une connaissance

plutôt faible des acteurs résultant notamment du fait qu’ils sont peu impliqués dans

l’élaboration de ces politiques, mais surtout de leur faible niveau d’organisation et de leur

faible niveau d’éducation.

Vu le niveau de consommation et les revenus générés, les résultats permettent de relever,

malgré les contraintes rencontrées par les acteurs (pertes à la production et / ou au stockage,

difficulté d’accès aux zones de production), l’importance des PFNLs en tant que stratégie de

lutte contre la pauvreté. Le développement des PFNLs peut contribuer à une meilleure

préservation de l’environnement et en particulier des écosystèmes forestiers.

L’étude s’est attachée, à travers les recommandations qui sont faites pour les différentes

contraintes notées, à proposer des solutions visant le développement et une meilleure

valorisation des PFNLs.

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Liste des sigles et acronymes

AOF : Afrique Occidentale Française

CCC : Convention sur les Changements Climatiques

CDB : Convention sur la Diversité Biologique

CEDEAO : Comité Économique des États de l’Afrique de l’Ouest

CL : Collectivité Locale

CONGAD : Conseil des ONG d’ Appui au Développement

CORAF : Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement

Agricoles

CSE : Centre de Suivi Écologique

DEFCCS : Direction des Eaux, Forêts, Chasse et Conservation des Sols

FEM : Fonds Mondial pour l’Environnement

GIE : Groupement d’Intérêt Économique

GPF : Groupement de Promotion Féminine

GRN : Gestion des Ressources Naturelles

IREF : Inspection Régional des Eaux et Forets

ISRA : Institut Sénégalais de Recherches Agricoles

LOASP : Loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastoral

LPDA : Lettre de Politique de Développement Agricole

LPSERN : Lettre de Politique du Secteur de l’Environnement et des Ressources Naturelles

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

OMVG : Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Gambie

OMVS : Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve du Sénégal

PAFS : Plan d’Action Forestier du Sénégal

PAPIL : Programme d’Appui à la Petite Irrigation Locale

PDDF : Plan Directeur de Développement Forestier

PFNL : Produits Forestiers non-Ligneux

PNAE : Plan National d’Action pour L’Environnement

PPEV : Projet de Promotion des Emplois Verts

RNA : Régénération Naturelle Assistée

UEMOA : Union Économique et Monétaire Ouest Africain

UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature

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USAID : Agence américaine d’aide au développement

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INTRODUCTION

Depuis plusieurs décennies, les produits forestiers non- ligneux (PFNLs) contribuent de

manière significative, à l’amélioration du bien-être des populations.

Au Sénégal comme partout ailleurs en Afrique de l’Ouest, les populations notamment rurales

ont recours à la collecte d’espèces végétales pour diverses utilisations dont l’alimentation, la

médecine, le combustible, les fibres et la construction.

En effet, les PFNLs sont utilisés dans divers domaines de la vie, notamment dans

l’alimentation, la pharmacopée, l’artisanat ou encore le culte (UICN / ISRA/CSE, 2005).

Selon la FAO (1992), les PFNLs sont entendus comme les biens et services commerciaux ou

de subsistance destinés à la consommation humaine ou industrielle et provenant des

ressources renouvelables et de la biomasse forestière.

La gestion des PFNLs notamment des ressources forestières s’inscrit parfaitement dans le

cadre des Conventions sur la Désertification (CDD) de Paris 14 et 15 octobre 1994, sur les

changements climatiques (CCC), sur la Diversité Biodiversité (CDB) du 05 juin 1992 à Rio

de Janeiro. Elle contribue également à la réalisation de l’OMD 1 (éliminer l’extrême pauvreté

et la faim), de l’OMD 6 (Combattre le sida, le paludisme et autres maladies) et de l’OMD 7

(assurer un environnement durable) et d’une part et, d’autre part, à la réalisation des principes

de l’Agenda 21.

Malheureusement, de nos jours, au Sénégal et partout ailleurs en Afrique, face à un contexte

de pauvreté et de population croissante, les ressources forestières sont de plus en plus

dégradées par des facteurs anthropiques auxquels s’ajoutent des facteurs naturels résultant

des changements climatiques, de la sécheresse qui se traduit par une réduction des

précipitations.

Une telle situation a pour conséquences une baisse des rendements agricoles, une baisse de la

nappe phréatique, une salinisation et une acidification des sols (Ndione, 1988). Parmi les

facteurs anthropiques, il y a les feux de brousse, la coupe à des fins énergétiques (charbon de

bois pour les centres urbains), la transhumance, le défrichement à des fins agricoles, la

surexploitation des ressources sans tenir compte des seuils de productivité des massifs

forestiers.

De plus, au Sénégal, la vulnérabilité des ressources forestières, des PFNLs en particulier, est

renforcée non seulement par l’insuffisance d’une réglementation qui leur est spécifique, mais

aussi par le manque d’organisation des acteurs évoluant dans ce secteur. Les plus touchées par

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la rareté des PFNLs sont les populations locales (petits producteurs) qui les utilisent comme

nourriture, pharmacopée et source de revenus.

Il urge donc d’appuyer et de soutenir les petits producteurs dans leur stratégie de recherche du

bien être en proposant des options politiques innovantes. Cette étude fait un inventaire des

politiques, programmes et stratégies en rapport avec la gestion des PFNLs au Sénégal et les

évaluent en fonction des perceptions des différents acteurs, de leur niveau d’implication dans

l’élaboration et du niveau d’application des politiques par les petits producteurs).

1. ÉTAT DES LIEUX DES POLITIQUES, PROGRAMMES ET STRATÉGIES DE GESTION DES

PFNL

1.1 Cadre juridique des PFNLs

1.1.1 Textes législatifs

— Le code de l’environnement

Le code de l’environnement a été institué par la loi n°2001-01 du 15 janvier 2001 et son

application par le décret n°2001-282 du 12 Avril 2001.Un nouveau code a été institué par la

loi n°83-05 du 28 Janvier 1983 pour permettre « de prendre en compte tous les éléments

fondamentaux de la protection de l’environnement, et de constituer ainsi un texte de base

servant de la loi-cadre au Sénégal » Le Sénégal, en outre, avait non seulement modifié une

partie de sa politique nationale en matière de gestion de l’environnement mais aussi avait

souscrit à des accords internationaux. Il y a eu :

la révision du code forestier avec les lois portant transfert de compétences et la

régionalisation ;

la mise en œuvre des principes et mesures énoncés dans l’agenda 21 ;

l’adoption de nouveaux instruments de planification stratégique tels que le PAFS, le

PNAE, PAN/LCD, la Stratégie Nationale de mise en œuvre de la CCNUCC, le

Programme d’action sur la diversité Biologique etc.

la prise en compte des principes tels que le Développement Durable, la conservation,

l’utilisation durable des ressources.

Il était donc nécessaire pour le Sénégal de se mettre en phase avec les nouvelles dispositions

prises au plan national (révision de certains codes) et international.

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Cette volonté de réforme est manifestée au niveau des dispositions du Titre I de l’article1 qui,

au-delà de montrer que l’environnement sénégalais représente une partie intégrante du

patrimoine mondial, montre que sa gestion et sa protection doivent être l’affaire de tous

(citoyens, collectivités locales, État). Cet article résume fait ressortir la nécessité d’être en

phase avec les politiques nationales et internationales, mais fait aussi ressortir la notion de

compétences transférées en matière de gestion des ressources naturelles. Egalement, il met

l’accent sur l’obligation pour tout citoyen de gérer son environnement.

L’Article 2 du chapitre 1 titre 1 donne des définitions importantes de notions telles que :

Conservation ex-situ, Conservation in-situ, Désertification, Développement Durable,

Diversité Biologique, Environnement, Dommage écologique, équilibre écologique,

participation des populations, utilisation durable, pollution etc.

Le code traite également : au Titre II, des questions de prévention et de lutte contre les

pollutions et les nuisances sonores avec les installations classées, mais aussi de la gestion des

déchets, des substances chimiques nocives et dangereuses, des études d’impacts ; au Titre III

de divers types de pollution au (air, eau, sonore, sols et sous-sol). Le Titre IV est relatif aux

différents types de sanctions (amendes, poursuites pénales) et aux dispositions diverses (Art

L108).

La seconde partie du code de l’environnement complète et renforce la première (partie

législative) par certaines innovations et précise la réglementation à travers le décret n°2001-

282 du 12 avril 2001.

Le Code Forestier

Longtemps rattaché au service de l’agriculture durant la période coloniale, le service forestier

colonial s’est muté en 1935 (DEFCCS, 2005) en service forestier local du territoire du

Sénégal placé sous la tutelle de l’inspection générale des Eaux et Forêts de l’Afrique

Occidentale Française (AOF). Les principales activités de ce service se résumaient

principalement dans la protection des massifs forestiers, le classement de formations

forestières ayant un intérêt particulier (fourniture en bois, en produits de cueillette, etc.)

(DEFCCS, 2005). C’est ainsi que de vastes projets de reboisement et d’introduction d’espèces

ont été implantés au niveau des Niayes et du Parc Forestier de Hann.

Après 1960, la politique forestière, léguée par le système colonial, avait pour objectif

principal la conservation des ressources forestières (protection des forêts, enrichissement et

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reboisements, opérations sylvicoles, etc.) jusqu’à l’élaboration du 1er Code forestier, institué

par la loi 65-23 du 09février 1965 avec les formations forestières exclusivement gérées par

l’administration forestière.

Le premier Code Forestier du Sénégal et son décret d’application n°65-078 du 10/02/1965,

était fortement inspiré des dispositions du décret n°446 du 04/07/1935 sur le régime forestier

en Afrique Occidentale Française. Il a été modifié par la loi n°74-46 du 18/07/1974. 

Les objectifs principaux de ce nouveau code étaient la protection des espèces par le biais de la

restriction imposée sur leur utilisation (droit d’usage uniquement), la soustraction du droit de

propriété sur les peuplements naturels, la répression et la dissuasion pour protéger et

conserver les ressources (Fall, 2013) Cette forme de gestion marquée par l’exclusion des

populations dans la gestion et l’exploitation du domaine forestier et le pouvoir excessif de

l’État ont conduit à une perte de motivation des populations pour les plantations et l’entretien

des arbres. De plus, il existait une incohérence entre les dispositions du code et la politique

forestière qui, à travers le PDDF en 1981 (foresterie rurale ou sociale suivie de la foresterie

villageoise ou rurale) et le PAFS (1993), avait déjà quitté les approches purement dirigistes et

conversationnistes pour se tourner vers l’approche participative. Cette approche, qui prônait

l’implication et la responsabilisation de tous les acteurs a non seulement permis (Mbodj et al.,

1990) d’élargir la base des connaissances des liens qui existent entre l’homme et les arbres

mais aussi des liens entre les activités forestières et les besoins fondamentaux tels que la

sécurité alimentaire (humaine et animale), la santé, les cultures, les emplois non-agricoles et

l’énergie. Ces insuffisances du 1er Code ont conduit à sa modification en 1993 pour redéfinir

un cadre juridique plus en phase avec la politique forestière, c’est-à-dire alliant une

administration par l’État et l’implication des populations et des collectivités locales en vue

d’une gestion rationnelle et concertée des ressources.

Le 2éme Code Forestier a a débuté avec la loi 93-06 du 04 Février 1993 et son décret

d’application 95-357 du 11 Avril 1995. il s’est donc doté, outre le caractère protecteur des

forêts, d’un caractère plus consultatif et participatif, et plus équitable en ce sens qu’il prônait

l’accès équitable des ressources à chaque sénégalais. De plus, selon la FAO, le code de 1993 a

apporté des innovations majeures que sont :

la ristourne d’une partie du Fonds Forestier National issu des redevances et adjurations

de coupe aux collectivités locales ;

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l’obligation pour tout propriétaire ou usufruitier de gérer sa formation forestière de

façon rationnelle sur la base de techniques sylvicoles rendant obligatoire le

reboisement ;

la reconnaissance des propriétés aux personnes privées sur leur réalisation et leur droit

d’en disposer en dehors de l’approvisionnement ;

la ristourne d’une partie des recettes contentieuses aux collectivités locales

concernées ;

la possibilité pour l’administration forestière de concéder la gestion d’une partie du

patrimoine forestier de l’état aux collectivités locales suivant un plan d’aménagement.

Les innovations apportées par ce deuxième code montrent, sans cependant le confirmer, une

plus grande volonté de l’État à concéder des pouvoirs aux collectivités locales dans la gestion

des ressources naturelles et plus précisément des ressources forestières de leurs terroirs. Cette

volonté s’est faite plus sentir avec l’entrée en vigueur des textes sur la décentralisation

correspondant à :

la loi 96-06 du 22 Mars 1996 portant Code des collectivités locales qui érige la

région, la commune et la communauté rurale en collectivité locale ;

la loi 96-07 du 22 Mars 1996 et son décret n° 96-1134 du 27 décembre 1996

portant application de la loi relative au transfert de compétences en matière

d’environnement et de gestion de ressources naturelles aux régions, aux communes

et aux communautés rurales.

Ces nouvelles lois et, surtout, la loi 96-06, érigeant la région en collectivité locale, étend

davantage les prérogatives des populations locales à la gestion des ressources forestières en

leur donnant la possibilité de gérer des superficies plus grandes (forêts situées hors du

domaine forestier de l’État). C’est ce qui a amené la révision à nouveau du code forestier en

1998.

Le 3éme et actuel Code Forestier du Sénégal est survenu avec l’application de la loi 98-03

du 08 Janvier 1998 et son décret d’application 98-164 du 20 février 1998. Cette loi précise les

dispositions de la partie législative du Code forestier en apportant des précisions sur la

définition de certains concepts, en parlant d’aménagement forestier, de protection des forêts,

d’exploitation des produits forestiers, d’autorisation de défrichement, de classement et de

déclassement des forêts.

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Ces différents changements ont permis de voir une vraie dynamique dans la législation

forestière avec le passage d’une approche dirigiste et conservationiste à celle participative.

Cette dernière a découlé sur la décentralisation et le transfert des neuf domaines de

compétences dont celles concédées presque exclusivement aux collectivités locales sur la

gestion des ressources forestières. Cependant, force est de constater que le transfert de

compétences n’a pas été accompagné de celui des moyens humains mais surtout financiers

susceptibles de favoriser une mise en application effective de ces compétences transférées. En

effet, cette gestion en plus des moyens financiers, nécessite un personnel qualifié maitrisant

les textes et lois en vigueur. L’absence d’un personnel qualifié constitue en effet pour les

collectivités locales un frein pour s’acquitter de leurs rôles de gestionnaire des ressources

naturelles de leur terroir.

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— Loi n° 64-46 du 17 juin 1964 relative au Domaine national avec son décret

d’application n° 64-573 du 30 juillet 1964

Cette loi, en son article 1, procède à une délimitation du domaine national et lui attribue  «

toutes les terres non classées dans le domaine public, non immatriculées et dont la propriété

n'a pas été transcrite à la Conservation des hypothèques». Ainsi, l’article 4 classe les terres

du domaine national en zones urbaines, zones classées, zones de terroirs et zones pionnières1.

Ces terres, sont détenues par l’État et ne peuvent être immatriculées qu’à son nom, même si

ce droit peut être concédé à certaines personnes sous quelques conditions (cf. articles 2 et 3).

— Loi N°2004-16 du 04Juin 2004 portant d’orientation agro-sylvopastorale

Cette loi s’inscrit, comme il est précisé dans l’article 3, « dans le cadre de la mise en œuvre

du DSRP, des directives de l’UEMOA et de la CEDEAO, des engagements du NEPAD, de la

convention UE/ ACP, des accords de l’organisation mondiale du commerce et des autres

conventions internationales pertinentes auxquelles le Sénégal est partie prenante (OMVS,

OMVG, etc.) ». Elle constitue en même temps le levier principal de programmes et plans tels

que le Programme National de Développement Agricole (PNDA), le Plan d’Action Forestier

du Sénégal ou encore le Pan National de Développement de l’Élevage (PNDE). Les principes

fondamentaux du développement durable à savoir l’équité sociale, la durabilité, l’efficacité

économique, la subsidiarité y sont relatés. Sont également évoqués dans cette loi, les principes

de la compétition sous régionale et de la solidarité. La LOASP va dans le sens d’une continuité

de la politique de décentralisation et d’amélioration du cadre et des conditions de vie en

milieu rural, ainsi que de la création d’un environnement propice aux investissements privés

en milieu rural (Article 1).

L’objectif principal de la loi est la réduction de la pauvreté, précisément en zone rurale, tout

en protégeant l’environnement et en gérant de façon durable les ressources naturelles, afin «

d’assurer à toutes personnes exerçant les métiers de l’agriculture un niveau de vie leur

permettant de faire face durablement à leur besoins légitimes en matière d’alimentation, de

santé, de logement, d’habillement, d’éducation ,de formation et de loisirs ».

Cette loi apporte une précision sur les métiers d’agriculteurs qui, selon l’article 9, englobent

les agriculteurs, les éleveurs, les exploitants forestiers, les pécheurs, les artisans ruraux, etc. 

L’Article 16 va plus loin en y associant même les activités exercées dans le prolongement de

1 Reversées dans les zones de terroir depuis 1987

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la production agricole telles que la transformation, le conditionnement, la conservation, le

stockage et la vente des produits provenant de l’exploitation. Il est donc nécessaire que toute

action allant dans le sens du développement du secteur agricole prenne en compte toutes ces

étapes de prolongement de la production. Outre la loi sur le domaine national et la politique

foncière dont elle dépend fortement, la LOASP s’inspire pleinement du Code forestier en ses

articles 37, 38, et 39 où elle précise que «La mise en valeur agricole des terres est assujettie

au respect des dispositions du Code forestier, et en particulier, en son titre III traitant de la

protection des forêts » Article 39. Elle met également l’accent sur les interdits forestiers en

matière de défrichement (article 39), de feux de brousse (article 41) ou encore de pâturage et

de passage de bétail (article 40).

Concernant les ressources en eau, la LOASP s’inspire entièrement des politiques de Gestion

Intégrées des Ressources en Eau (GIRE) qui prônent, comme il est dit à l’article 49, la

nécessité de construire des ouvrages, des infrastructures hydro-agricoles et des points d’eau

permanents (selon les possibilités) en milieu rural. Ces infrastructures et ouvrages diversifient

les sources de revenus des populations, leur permettant de s’adonner à d’autres activités

lucratives. Ces activités peuvent avoir plus d’impact si ces ouvrages sont aussi accompagnés

d’actions de désenclavement par la réhabilitation ou la réalisation de pistes, de routes, etc.

La LOASP en ces articles 62 et 63 montre son intérêt à promouvoir l’éducation,

l’alphabétisation et la formation à travers le renforcement de capacité.

1.1.2 Textes règlementaires (Arrêtés, Décrets)

— Les arrêtés

Les principaux arrêtés relatifs à la gestion des ressources forestières et par là des PFNL sont :

– l’arrêté n°10621 du 17 septembre 1981, portant organisation de la Direction des Eaux

et Forêts, Chasse et de la Conservation des Sols (DEFCCS), constitue le texte de référence qui

précise les missions et attributions de cette structure. Ainsi, le Service forestier comprend une

structure centrale, la Direction des Eaux, Forêts, Chasses et de la Conservation des Sols

(DEFCCS) et des structures déconcentrées suivant le découpage administratif (IREF, brigade,

triage). Il y a cinq divisions au niveau de la DEFCCS :

Division aménagement et productions forestières (DAPF)

Division Reboisement et Conservation des Sols (DRCS

Division de la Protection des forêts (DPF),

Division Gestion de la Faune et des eaux continentales (DGFEC),

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Division Suivi, Évaluation, Formation et Sensibilisation (DSEFS).

– l’arrêté n°5196 du 6 mai 1986 renseigne sur l’organisation de la Direction de la

protection des végétaux chargée de coordonner, au niveau national, l’application de la

politique forestière en matière de protection des forêts et de la planification et du suivi des

campagnes de lutte contre les feux de brousse et les agressions naturelles.

– l’arrêté primatorial nº005161 du 26 mai 1995, relatif à la mise en place d’une

Commission Nationale pour le Développement Durable, va dans le sens d’une plus grande

prise en compte du développement durable dans les politiques sectorielles.

– l’arrêté ministériel n°325 du 26 janvier 2004 modifiant et remplaçant l’arrêté

n°00621 du 11 septembre 2002 portant création du comité national sur le Biodiversité.

– l’arrêté n°1764 du 7 février 1989 portant création et organisation du Comité national

d’amélioration génétique.

– l’arrêté ministériel n°3850 MEPN du 24 mai 1994 portant création, organisation et

fonctionnement du Secrétariat permanent du Conseil Supérieur des Ressources naturelles et

de l’Environnement (CONSERE).

– l’arrêté ministériel n°3567 du 24 mai 2007 portant organisation et fonctionnement de la

Commission nationale de développement durable.

Les décrets ont été directement couplés avec les lois.

1.2 Lettres de politique sectorielle

1.2.1 Lettre de politique du secteur de l’environnement et des ressources naturelles

(LPSERN), 1997

L’objectif général de la lettre est « d’assurer une gestion rationnelle de l’environnement et des

ressources naturelles pour contribuer à la réduction de la pauvreté dans une perspective de

développement durable ». À cet effet, elle vise une synergie d’actions entre tous les acteurs

étatiques et non-étatiques. De plus, la LPSERN, est en parfaite cohérence avec les principaux

plans et/ou stratégies nationales (SNDD, SNDB, SNCC, les plans d’action etc.). Les

orientations stratégiques devant permettre d’atteindre cet objectif sont :

l’amélioration de la base de connaissance de l’environnement et des ressources ;

le renforcement de capacités institutionnelles et techniques des acteurs dans la mise en

œuvre des actions de conservation de l’environnement et des ressources naturelles ;

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l’intensification de la lutte contre les tendances actuelles de dégradation dans le

respect des conventions internationales sur l’environnement.

1.2.2 Lettre de politique du développement rural décentralisé (LPDRD) 1999

Cette politique s’inscrit dans la promotion du développement rural décentralisé nécessitant

une synergie de l’ensemble des programmes sectoriels et s’appuie sur des concepts tels que la

cogestion des investissements communautaires, la responsabilisation locale, la transparence

qui nécessite, avant tout, pour leur bonne mise en œuvre, une définition des rôles des acteurs

en matière de développement local. La réalisation de ce développement rural décentralisé

s’articule autour de deux principaux axes stratégiques :

– Le recentrage des processus de développement local au niveau des populations et des

collectivités locales par :

le renforcement de capacités techniques et de gestion des populations rurales et

des collectivités locales et de leurs structures associatives,

la mise en place de mécanismes opérationnels de transfert effectif de compétences

en matière de développement local aux collectivités locales,

– L’accompagnement des processus de développement rural à la base par :

la poursuite et l’approfondissement des réformes institutionnelles et

réglementaires au niveau de l’environnement économique de manière à assurer

l’autonomie des collectivités locales,

la mise sur place d’un cadre fiscal approprié permettant aux collectivités locales

de participer pleinement au financement des investissements locaux.

1.2.3 Lettre de politique de développement agricole (LPDA, 1995)

Selon la LPDA (1995), le secteur agricole (agriculture, élevage, forêts) occupe 60% de la

population et s’affirme comme un des principaux moteurs de l’économie sénégalaise, d’où la

nécessité de gérer les ressources naturelles (sols, eaux, forets). Parmi les objectifs visés, il y a

l’amélioration de la sécurité alimentaire, l’accroissement des revenus en milieu rural ainsi que

la génération d’emplois. L’atteinte de ces objectifs passe par une meilleure gestion des

ressources. À cet effet, et dans le but du développement de l’autopromotion, l’État s’engage

à :

prendre les dispositions appropriées pour faciliter la création et l’émergence des

organisations socioprofessionnelles ainsi que leur bon fonctionnement,

accroitre leur capacité de gestion par un appui technique.

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Les filières agricoles ciblées dans cette lettre sont : les céréales, l’arachide, le coton, sucre,

l’horticulture (pomme de terres, oignons, bananes, haricots, melons, fleurs ornementales)

l’élevage.

1.3 Les plans d’action

— Le Plan directeur de développement forestier (PDDF) en 1981

Le PDDF, a été considéré comme le premier véritable outil de planification forestière dans

l’histoire du Sénégal (DEFCCS, 2005). Il avait défini la politique forestière comme "visant

l'amélioration des connaissances des problèmes forestiers, le maintien du potentiel forestier

et des équilibres naturels, la satisfaction des besoins prioritaires des populations,

l'amélioration des conditions de vie en milieu rural, l'intégration de l'arbre dans les activités

agricoles et la réduction de la dépendance vis-à-vis de l’extérieur ".

On considère que la plupart des objectifs du PDDF n'ont pas été atteints, même si la conduite

de certains d'entre eux a permis de parvenir à une plus grande cohérence dans les

interventions et à un dynamisme plus marqué des activités forestières. En effet, selon la

DEFCCS (2005), le PDDF a permis d’impulser un dynamisme en faveur de la conservation

des forêts et des espaces naturels, mais aussi de promouvoir un accroissement substantiel des

investissements publics dans le sous-secteur de la forêt.

Ant son terme est fixé à 2016 dans le cadre de sa stratégie d'action à long terme, le PDDF a

conduit à la mise en œuvre du Plan d'Action Forestier..

— Le plan d’action forestier du Sénégal (PAFS) en 1993

Le PAFS, adopté en 1993 par le gouvernement, correspond à la réactualisation du PDDF et a

été créé pour une meilleure prise en compte l’urgence et la nécessité de la responsabilisation

des populations dans la gestion des ressources de leur terroir. Il sert aujourd’hui de référence

pour les actions de développement forestier du Sénégal. Cette politique vise « d’une part, la

conservation du potentiel forestier et des équilibres socio-écologiques, et d’autre part la

satisfaction des besoins des populations en PFL et PFNL ». En outre, le PAFS prône

l’aménagement des forêts naturelles et la mise au point d’un modèle d’aménagement et de

gestion durable des forêts classées, responsabilisant pleinement les populations riveraines

(DEFCCS, 2005). La politique ne se limite plus à une simple participation des populations,

mais plutôt à leur responsabilisation dans la gestion des forêts. Cette réforme fait suite aux

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recommandations du sommet de Rio en 1992. C’est ainsi qu’elle a donné lieu aux Plans

d’Action Forestiers Régionaux (PAFR) qui constituent des outils efficaces de planification

forestière participative au niveau régional. Les comités régionaux élaborant les PAFR sont

composés d’exploitants forestiers, de fédérations de groupements, d’entreprises et de jeunes.

— Le Plan National de Lutte contre la Sécheresse et la Désertification (PAN/LCD)

Le PAN/LCD a été élaboré par le Sénégal en 1989 suite aux recommandations des différentes

conférences interministérielles et celles du CILSS en particulier. Il avait pour objectif de

guider toutes les actions relatives à la gestion et à l'utilisation des ressources naturelles. Le

Sénégal fut ainsi l’un des premiers pays à avoir signé et ratifié la convention de lutte contre la

désertification.

En dépit des causes de la désertification qu’il énonce (surpâturage, feux de brousse,

production non réglementée de charbon, développement de l’agriculture etc.), ce plan prône le

contrôle par l’état de sa politique de fixation des dunes de sable, de lutte contre les feux de

brousse, de restauration des sols avec comme seule concession la possibilité de participation

des populations dans la foresterie.

Il est aisé de comprendre le non aboutissement de ce plan qui, en plus d’exclure les

populations de la gestion des ressources (non seulement ne les implique pas, mais admet une

simple possibilité de les faire participer à la gestion), décerne tous les droits aux pouvoirs

centraux.

— Le Plan national d’aménagement du territoire (PNAT)

Le PNAT fait partie des outils de planification environnemental les plus importants. Il permet

une meilleure gestion des ressources naturelles car corrélant celles-ci à la croissance des villes

dont il suit de près les évolutions.

D’ailleurs, le premier Schéma national d’aménagement du territoire (SNAT) n’a été élaboré

qu’en 1984 ; cependant, les éléments de ce schéma réglaient des questions économiques

plutôt que celles de l’organisation et de la gestion de l’espace ; ses objectifs étaient entre

autres, les suivants :

favoriser un développement équilibré de toutes les régions du pays en recherchant

une exploitation de toutes les ressources ;

assurer la conservation, l’amélioration et la gestion des ressources naturelles et

plus particulièrement du couvert végétal ;

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prendre en compte, dans le cadre d’une orientation agro-sylvo-pastorale, la

dimension fondamentale de l’organisation de l’espace en vue de l’allocation

optimale des ressources et « l’estompement des inégalités » (DAVEZIES, 2000).

Les axes stratégiques de la politique de développement agro-sylvo-pastoral sont :

la réforme foncière ;

la sylviculture et les aménagements forestiers ;

le développement des infrastructures et des services publics en milieu rural ;

la promotion de l’équité sociale en milieu rural ;

la protection contre les calamités naturelles et les risques liés aux activités agro-

sylvo-pastorales ;

le développement de l’information agricole, de l’éducation et de la formation au

profit des métiers de l’agriculture ;

le renforcement des capacités des organisations professionnelles agricoles, des

organisations de la société civile, des collectivités locales et des services de

l’État ;

le développement de la recherche et du conseil agro-sylvo-pastoral ;

le financement du développement agro-sylvo-pastoral.

— Le Plan National d’Action pour l’Environnement (PNAE)

Le PNAE a été élaboré de 1995 à 1997 et s’intéresse aux ressources naturelles et

l’environnement en général. Il s’inspire en partie des politiques de gestion des écosystèmes

telles que le PAFS. Il a été engagé à la suite de recommandations de la Banque Mondiale,

afin d’inciter les pays à aborder la gestion de l’environnement d’une manière cohérente et

coordonnée. La planification environnementale constitue une des conditions requises pour

bénéficier des ressources financières qu’elle alloue aux pays.

Les objectifs principaux du PNAE concernant le domaine forestier sont  (ISRA/UICN, 2005) :

la réduction et l’arrêt de la désertification, la restauration des forêts et des

formations dégradées ;

la consolidation et le développement des zones d’équilibre pour la satisfaction des

besoins des populations.

— Le Plan d’action national sur les modes de production et de consommation durables

(PAN/MPCD)

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Ce plan, validé en 2007 suite à un important processus de concertation avait pour objectif de

faire face à la dégradation de l’environnement (pollution) et à la détérioration des ressources

naturelles. Il a permis d’identifier des pratiques qui ne concourent pas à un développement

durable, de définir des mesures d’amélioration pour tendre vers des procédés plus viables.

1.4 Programmes et projets

Au Sénégal, on a assisté à l’avènement de grands projets et programmes ainsi qu’à

l’application de l’approche participative pour la lutte contre la désertification et une meilleure

gestion des ressources naturelles et de l’environnement. Ainsi, plusieurs projets et

programmes de reboisement et de plantation en régie ont été enclenchés dans divers zones du

pays.

Tableau I : Principaux projets et programmes à caractères Nationaux

Programmes/Projets Objectifs

Programme National de Foresterie Rurale (PNFR), 1990-1999

Implication et responsabilisation des populations, intégration de la foresterie dans le développement rural, régionalisation et décentralisation de la planification forestière.

Programme d’Appui au Développement Forestier (PADF), 2001-2003

Renforcement de capacité pour une meilleure planification et un suivi des programmes forestiers nationaux.

Projet National de Semences Forestières (PRONASEF), 1993

Production et diffusion de semences forestières ainsi que la recherche en physiologique et l’amélioration génétique des arbres.

Projet de Gestion Communautaire des Ressources Naturelles (PGCRN), 1994-2001

Accroitre la productivité agricole par une meilleure gestion des ressources naturelles.

Projet de Gestion des Ecosystèmes Intégrés du Sahel (PGIES), 2002

Restaurer les fonctions des écosystèmes à travers la cogestion des aires protégés ainsi que le suivi et l’évaluation participatifs.

Source : DEFCCS (2005)

D’autres, par contre, ont eu des dimensions plus restreintes et ont été développés au niveau

des régions. Les principaux d’entre eux sont résumés dans le tableau ci-dessous.

Tableau II : Principaux projets à caractère régional

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Projets Objectifs

Le Projet d’Aménagement des Forêts et Gestion de Terroirs dans le Walo (PROWALO), 1994-1999

Gestion intégrée des terroirs du Walo par le renforcement de capacité des populations et l’élaboration d’un programme de développement agro-sylvo-pastoral.

Le Projet de Boisement Villageois (PROBOVIL) au niveau de Louga et de Bakel

L’amélioration de la sécurité alimentaire et des revenus ainsi que la lutte contre la désertification.

Projet de Reboisement Villageois dans le Nord-Ouest du Bassin Arachidier (PREVINOBA), 1986-1999.

Meilleure ancrage de l’approche gestion des terroirs villageois.

Projet de Gestion Durable et Participative des Energies Traditionnelles et de Substitution (PROGEDE),

Préserver l’environnement tout en garantissant au ménage un approvisionnement durable en combustibles domestiques.

Projet de Gestion des Ressources Naturelles (PROGRENA), 1988-1998, zone de la vallée et du delta du fleuve Sénégal.

Introduction de l’arbre dans le périmètre irrigué.

Source : DEFCCS (2005)

1.5 Les stratégies nationales

— Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD)

Elle a été élaborée en 2002 avec l’appui du Programme Capacité 21 du Programme des

Nations Unies pour le Développement (PNUD). Parmi ces objectifs, il y a suivant CNDD

(2012) :

l’accroissement du niveau de sensibilisation et d’éducation des acteurs pour un

développement durable ;

la promotion de modes de production et de consommation durables ;

la promotion d’un développement économique et harmonieux ;

le renforcement des principes et mécanismes de bonne gouvernance pour un

développement durable ;

le renforcement des mesures et actions pouvant contribuer à l’atteinte des OMD

Aujourd’hui, la question du développement durable est prise en compte dans presque tous les

textes des secteurs d’activités même si son applicabilité fait défaut. C’est ce qui justifie la

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volonté de mettre sur pied un projet de décret portant création, organisation et fonctionnement

de la CNDD afin de stabiliser son ancrage institutionnel et renforcer sa vocation de cadre

intersectoriel de gouvernance du développement durable au Sénégal.

— Stratégie Nationale de conservation de la Diversité Biologique

En 1995, le Sénégal s’est doté d’une stratégie nationale de conservation de la biodiversité. Au

lendemain du congrès de Durban (Afrique du Sud) tenu en 2002, le Sénégal a lancé, suite aux

recommandations de la Convention des Nations Unies sur la Diversité Biologique, de

nouvelles générations d’aires protégées avec un accent particulier sur la cogestion (Gazette du

Pays et du monde, 2010). La stratégie a pour objectifs principaux :

la conservation de la diversité biologique dans les sites de haute densité ;

l’intégration de la conservation de la diversité biologique dans les programmes et

activités de production ;

le partage équitable des rôles, des responsabilités et des bénéfices dans la

conservation de la biodiversité,

l’information, la sensibilisation de tous les acteurs sur l’importance de la

biodiversité et la nécessité de sa conservation.

Ainsi, la lutte pour la conservation de la diversité biologique se fait d’abord par une

sensibilisation et une information des populations sur l’importance de la biodiversité et la

nécessité de la conserver, mais aussi en l’intégrant dans tous les programmes et activités de

production. À cet effet, on assiste de plus en plus, dans certaines localités, à l’encadrement

des jeunes aux métiers d’écogardes, à la promotion de la cogestion.

Toutefois, la gestion de la biodiversité pose de véritables problèmes du fait de « la

délimitation et la gestion partagée des grands secteurs de celle-ci ». En effet, la biodiversité

regroupe plusieurs secteurs : l’environnement en général, l’agriculture, l’élevage, l’urbanisme,

l’aménagement du territoire, le domaine maritime etc. Cela cause parfois des chevauchements

entre les textes et codes relatifs à ces secteurs. L’exploitation minière constitue l’une des

principales sources de dégradation de la biodiversité surtout dans la région de Kédougou. De

plus, les budgets alloués à la surveillance, le suivi de la dynamique des ressources et

l’aménagement restent infimes.

— Stratégie Nationale de Développement économique et social (2013-2017) SNDES

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Cette stratégie, qui prône toutes les actions concourant au développement économique et

social, vise, entre autres, un développement viable intégrant la gestion des ressources

naturelles tout en les préservant et en garantissant leur accès équitable aux populations

(SNDES, 2013-2017).

Cette volonté se comprend par le fait que 60% de la population dépendent des secteurs en

rapport avec les ressources naturelles telles que l’agriculture, la foresterie, la pêche et le

tourisme. Elle prévoit d’y arriver en :

favorisant plus l’accès des financements et du foncier aux PME et aux PMI ;

augmentant le taux d’investissement par le développement des infrastructures

(routières, ferroviaires, aéroportuaires, portuaires) ;

valorisant l’économie rurale par la diversification de la production, la structuration

des filières agro-sylvo-pastorales, la maitrise de l’eau, la réalisation

d’aménagement agricole, la modernisation des équipements de production ;

renforçant le domaine de l’éducation et en luttant pour l’éradication de

l’analphabétisme et la promotion des langues nationales, etc.

Toutes ces activités devront concourir à la création d’emplois verts. La stratégie souligne

également la nécessité pour les collectivités locales de préserver et de gérer leurs ressources

naturelles, ce qui permettra d’atténuer les effets des changements climatiques. Elle prévoit à

cet effet un renforcement de capacité (éducation environnementale, informations précises sur

l’état des ressources) des acteurs mais aussi la promotion du développement local (Acte 3 de

la décentralisation). La stratégie réaffirme l’importance d’une bonne gouvernance fondée sur

la transparence, la paix sociale pour l’atteinte d’une efficacité économique et sociale.

— Le statut du Foncier : autochtone et allochtone ; communautairet individuel

Le foncier concerne l’ensemble des règles gouvernant l’accès, l’exploitation et le contrôle de

la terre et des ressources naturelles. Il n’est pas basé sur une relation entre les personnes et la

terre, mais sur une relation entre les personnes à propos de la terre et des ressources naturelles

qu’elle porte, (Toure et al., 2010).

Faye (2008) le voit dans le même sens et le définit comme « un phénomène social total » basé

sur « les rapports entre les hommes et les femmes concernant l’accès, le contrôle, la

transmission, les usages de la terre et des ressources qu’elle porte ». Il précise que « dans une

société qui reste encore essentiellement paysanne comme la société sénégalaise, ces rapports

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sont un puissant instrument de domination, entre les hommes et les femmes, entre les aînés et

les cadets. »

La question foncière date de longtemps, bien avant l’époque coloniale. À cette période on

parlait de régime foncier traditionnel. Ce régime, selon la FAO se constituait principalement «

par l’absence d’une appropriation privée et individuelle de la terre et des ressources

naturelles… Ces biens collectifs, lignagers le plus souvent, ne peuvent donc faire l’objet

d’échange et tout membre de la collectivité y a accès suivant son statut social et familial »

Le tableau suivant renseigne, pour ces pays de l’Afrique de l’Ouest, sur l’état général de

propriétés foncières et de la gestion des terres.

Tableau III : Situation du foncier dans les pays de la sous-région

Pays Superficie en Km2

Importance de l’Agriculture sur le plan économique

Régime général de propriété foncière/ Gestion des terres

BURKINA-FASO

274 200

29 % du PIB

80% de la population active.

La terre est propriété de l’état et les citoyens jouissent du droit d’usage.

TOGO 56 790

42 % du PIB

67 % de la population active

Trois principaux types de régimes de propriété foncière : les terres privées individuelles dont la propriété est régie par les lois et règlements en vigueur, les terres de l’État, et les terres relevant du domaine national.

SÉNÉGAL 196 720

16,7 % du PIB

77 % de la population active.

L’ensemble des terres urbaines, des forêts classées et des parcs nationaux, les terres communautaires ainsi que les zones d’expérimentation appartiennent à l’état. La gestion des terres en milieu rural est localement assurée par des responsables élus sur la base de pratiques coutumières et du principe qui stipule que la terre appartient à celui qui la met en valeur (principe de la mise en valeur) .

La plupart des personnes allient le foncier au domaine agricole, cependant « le foncier n’est

pas seulement agricole, il est aussi pastoral, et englobe les activités de cueillette, la

transformation artisanale de certaines ressources etc. (Sall, 2010).

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Son mode d’accession peut se faire de manière individualisée ou collective. Dans la plupart

du temps, il se fait de façon individuel et le mode collectif plus rare se rencontre, le plus

souvent, chez les femmes, généralement organisées en groupements (GIE, GPF).

L’une des questions relatives au foncier sur lesquelles il semble important de se focaliser dans

le cas de cette étude est la réticence de l’investissement lié, dans certains cas, au problème du

foncier. Certains entrepreneurs ne peuvent se risquer à investir dans des infrastructures

productives ou commerciales tant que leur droit sur une parcelle n’est pas garanti de manière

fiable et transparente. C’est le cas même pour certains bailleurs tels que le FEM ou des projets

de développement qui exigent, avant tout financement, une clarification du statut juridique

des terrains devant servir à l’exploitation.

Il est également ressorti, au cours des discussions avec les populations, un sentiment de perte

de motivation de leur part concernant les activités de création et d’entretien des pépinières

communautaires ou villageoises pour la production de plants destinés aux reboisements. Cela

s’explique par le fait que certains ne trouvent aucun intérêt à s’occuper de parcelles dont ils ne

sont pas assurés de l’exploitation à long terme. De plus selon elles, les travaux d’entretien des

plantations nécessitent souvent des sacrifices, non seulement pour les travaux en tant que tels

(arrosage), mais aussi pour le temps qui leur est consacré et qui aurait pu être destiné à

d’autres occupations (repos, travaux champêtres, commerce) plus bénéfiques.

2. ÉVALUATION DES POLITIQUES, PROGRAMMES ET STRATÉGIES DE GESTION DES

RESSOURCES FORESTIÈRES

La synthèse des documents sur les politiques et programmes de gestion des ressources

naturelles en général et des PFNLs en particulier a permis de confirmer une des appréhensions

de départ à savoir la rareté des textes traitant du cas particulier des PFNLs au Sénégal.

De plus, la synthèse des travaux, combinée aux entretiens lors des enquêtes de terrain avec les

différents acteurs, permet de dégager les quelques constats suivants :

2.1. Le service forestier

— Depuis l’époque coloniale et post-coloniale, le service forestier n’a cessé

d’améliorer ses objectifs à travers différentes approches. Ces changements

s’expliquent par le fait qu’à ses débuts, le service avait surtout une politique dirigiste

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où les populations locales n’étaient pas pleinement impliquées et où leur rôle se

limitait à l’exécution des activités des programmes et projets (Mbodj et al,. 1990)

— Cette politique dirigiste a cédé la place à la politique conservationniste vis-à-vis des

ressources forestières nationales, après l’indépendance. Cette politique

conservationniste qui était axée sur la protection des forêts, l’enrichissement et le

reboisement et sur des opérations sylvicoles visait une plus grande surveillance du

domaine forestier et le reboisement en régie avec distribution de plants (DEFCCS,

2005)

— La faiblesse et l’échec de ces approches sont en partie liés à l’exclusion des

populations dans la gestion des forêts. En effet, celles-ci, outre l’exécution des

travaux, n’étaient pas réellement impliquées et encore moins responsabilisées.

Jusqu’en 1974, le service forestier a continué à fonctionner toujours selon une

approche conservationniste, pratiquant la répression, le classement des meilleurs

peuplements forestiers, dont l’unique objectif était la protection des espèces ligneuses

de valeur. Cela a renforcé la dégradation des ressources naturelles du fait que les

interventions étaient surtout tournées vers les périmètres classés.

— La sécheresse des années 70, avec toutes ses conséquences, a provoqué une prise

de conscience réelle du service forestier qui, à travers des projets tels que le PDDF, a

développé une nouvelle approche : la foresterie communautaire ou sociale qui sera

plus tard traduite en foresterie villageoise ou rurale. Il s’agissait selon la DEFCCS

(1999) d’amener les populations à prendre en main elles-mêmes leur développement.

C’est donc dans cette continuité du PDDF que le PAFS est né.

2.2. Le PAFS

Parmi les objectifs du PAFS, il y a:

— d’une part «la régionalisation et la décentralisation de la planification forestière

s’appuyant sur une responsabilisation accrue des services régionaux au mieux des

contextes socio-économiques et écologiques spécifiques»,

— d’autre part « la ristourne d’une partie du Fonds Forestier National issue des

redevances et adjudications de coupes aux collectivités locales selon des modalités à

fixer par décret »,

Cependant, force est de constater un non-respect de ces dispositions. En effet, la plupart des

collectivités locales souffrent de la faiblesse de moyens financiers devant leur permettre de

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mieux gérer les ressources naturelles de leur terroir. Celles-ci, selon Faye (2008), se plaignent

des montants dérisoires des transferts financiers de l’État pour l’exercice correct des

compétences et aux retards dans les procédures complexes de déblocage des fonds. Aucune

partie des redevances n’est reversée aux collectivités locales et les faibles budgets ne servent

qu’à satisfaire certaines dépenses obligatoires de fonctionnement, ce qui compromet la

gestion efficace et efficiente des ressources naturelles.

2.3. Le code forestier

— Se référant à l’article L2 du Code Forestier : «En dehors des zones du domaine

forestier de l'État, l'exercice des droits est transféré aux collectivités locales qui, en

conséquence, disposent librement des revenus issus de l'exercice de ces droits», on se

rend compte qu’il existe un non-respect des textes. En effet, l’exercice des droits reste

toujours une propriété de l’État qui, à travers ces structures déconcentrées (Service des

Eaux et forêts), assure la gestion de ce domaine. Cela peut s’expliquer également par

le faible niveau d’instruction de la plupart des élus et des populations.

— La réforme du code forestier de 98 selon la Loi 98-03 portant décret 98-164 qui

vise la possibilité pour les collectivités locales de pouvoir procéder au recrutement

d'agents forestiers pour la surveillance des forêts relevant de leur compétence n’a pu

être effective. Cela est principalement dû à la faiblesse de moyens dont disposent ces

communautés rurales. Les budgets qui leur sont alloués sont minimes. De plus selon

PAPFRS, « …Le pourcentage du budget de l’état transféré aux collectivités locales est

extrêmement faible, moins de 3% », il continue toujours en précisant que «…les

procédures et les mécanismes d’allocation de ces fonds manquent de transparence… »

— L’article L13 «  Les produits acquis en vertu du droit d'usage, strictement limités

aux besoins personnels et familiaux des usagers, ne peuvent, en aucun cas, donner lieu

à une transaction commerciale, à un échange ou à une cession » reste difficilement

applicable du moment où beaucoup de PFNLs destinés à la consommation sont

revendus au niveau des loumas par les populations (fruit du baobab, miel, karité,

gomme mbepp etc.). Ainsi, de grandes quantités de PFNLs échappent au contrôle des

agents des Eaux et Forêts dans les différents postes de contrôle.

— Selon les populations rencontrées, les coupes abusives, l’ébranchage des arbres, la

recherche d’écorces pour la pharmacopée (Article L38) et les feux de brousse (Article

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L47) demeurent parmi les principales causes de la raréfaction des PFNLs. Ces

pratiques, le plus souvent opérées par les transhumants, sont non durables et ont

tendance à réduire les possibilités de régénération des espèces, très utiles dans la

stratégie de bien-être des populations. Malheureusement, l’Article L38 semble faire

défaut, car la plupart des délits restent, selon les populations, impunis et, toujours

selon elles, les agents du service des eaux et forêts bénéficieraient de privilèges

octroyés par les transhumants (argent, moutons, bœufs), ce qui les empêche de faire

correctement leur travail.

— L’une des innovations du code de 1993 à savoir «la ristourne d’une partie du fond

forestier national issue des redevances et adjudication de coupes aux collectivités

locales» reste une zone d’ombre surtout pour les PFNLs. Cette loi devrait mieux être

appliquée et l’argent pourrait servir à financer les activités de reboisement et de lutte

contre les feux de brousse.

— Le manque de transparence apparait également à un autre niveau. Certains

exploitants rencontrés se plaignent de la multiplicité des paiements à effectuer lors du

transport des produits et cela en dépit des dispositions préalables déjà réglées. En effet,

en plus du permis de coupe, de la redevance forestière, du permis de circulation et du

permis de dépôt dont ils s’acquittent, ces exploitants subissent diverses tracasseries sur

la route. De telles pratiques sont contraires aux prescriptions de l’Article L40.

— Les membres du service des eaux et forêts rencontrés se sont presque tous plaints

du manque de personnel, de moyens matériels et financiers limitant ainsi la gestion

optimale des ressources. Le manque de personnel s’explique selon Faye (2008) par le

fait que « l’État hésite toujours à créer une véritable fonction publique locale par

crainte d’un engrenage financier, mais aussi d’une trop grande individualisation des

collectivités locales ». Il convient donc de renforcer les moyens matériels, financiers et

logistiques des services techniques pour leur permettre de remplir efficacement leur

mission.

— Il a été également constaté la non maitrise voire l’ignorance des textes

réglementaires en matière de gestion des ressources forestières par les populations et

même par certains élus. Outre l’interdiction de provoquer les feux de brousse et

l’obligation de payer des taxes, les populations sont peu informées des textes et lois

régissant l’exploitation des ressources naturelles en particulier des PFNLs, ceci étant

en partie liée à l’insuffisance de leur prise en compte dans ces textes.

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28

— En outre, l’élaboration des politiques semble toujours se faire au niveau central

négligeant certaines réalités locales. En effet, la majorité des personnes rencontrées

ignorent le processus de formulation des politiques et soutiennent ne pas être

concertées dans leur mise en œuvre. Elles ne se limitent qu’à les subir. Cela est en

partie vérifié au niveau du choix sur la taxation et les redevances en matière

d’exploitation forestière. Les propositions émanent de la direction des eaux et forêts

(ISRA/UICN, 2005) et sont soumises à une commission composée de :

– un représentant de la primature,

– un représentant du ministre de l’économie et des finances,

– un représentant du ministre du commerce,

– un représentant du ministre de l’énergie,

– un représentant de la DEFCCS,

– le Président de l’Union National des Coopératives d’exploitation forestière.

Les PFNLs étant non contingentés et les exploitants non organisés, il semble donc que se sont

plutôt les exploitants des produits forestiers ligneux (contingentés) qui soient le mieux

représentés.

2.4. Le Code de l’Environnement

L’article L5 du code de l’environnement stipule que «dans le cadre de la mise en œuvre de la

politique nationale de protection de l’environnement, le Ministère chargé de l’environnement

collabore de manière étroite avec tous les autres départements ministériels intervenants

directement ou indirectement dans le domaine de l’environnement. Il collabore également de

manière étroite avec les CL». Cependant force est de constater que certaines des activités se

font toujours de manière sectorielle réduisant ainsi la portée et les chances de réussite.

Selon une étude réalisée dans la région de Thiès auprès d’exploitants de PFNL par Lebel et al.

(2002), plusieurs espèces considérées comme PFNL sont en voie de disparition. Les acteurs

des PFNLs considèrent l’éducation, la construction d’infrastructures (routes) et la

disponibilité des ressources (eau, outillage, etc.) comme étant les meilleures actions

incitatives à la conservation des ressources. Afin donc de veiller à une meilleure application

des dispositions prises par l’Article 7 du code de l’environnement « garantissant à l’ensemble

des citoyens le droit à une éducation environnementale par l’État », les institutions publiques

et privées ayant en charge l’enseignement, la recherche ou la communication doivent,

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améliorer leur participation à l’éducation, la formation et la sensibilisation des populations

aux problèmes de l’environnement pour une meilleure conservation des ressources.

Enfin, il est nécessaire de souligner, qu’excepté l’article L6 (redéfinition des compétences

attribuées aux CL), le code de l’environnement ne traite pas des questions en rapport avec la

gestion des ressources naturelles et encore moins des ressources forestières (PFNL), ce qui est

fort regrettable.

2.5. La loi sur le Domaine National

Cette loi, en ces articles 8 et 9, montre une incohérence avec les textes de la décentralisation

notamment la loi 96-07 du 22 mars 1996 et son décret n°96-1134 du 27 décembre 1996

portant application de la loi relative au transfert de compétences en matière d’environnement

et de gestion de ressources naturelles aux régions, communes et aux communautés rurales. En

effet, l’État, malgré le transfert de ces compétences, reste le décideur ultime et incontournable

à qui l’approbation revient (à travers son représentant). Comme autre remarque, cette loi

n’apporte pas de précisions sur les motifs pouvant faire valoir à une désaffectation de ces

terres aux bénéficiaires. Elle donne comme raisons, « une insuffisance de mise en valeur, une

cessation d’exploitation de l’intéressé, ou encore des motifs d’intérêt général » article 15. Elle

ne considère pas ainsi la mise en jachère comme une forme d’exploitation. Cependant, elle

constitue, dans d’autres cas, une mise en valeur de la terre, car destinée à la rendre plus fertile,

plus productive et donc mieux exploitable.

2.6. Les projets et programmes

Aujourd’hui, il est regrettable de constater que malgré la multiplicité des projets et

programmes et des moyens mis en œuvre pour leur exécution, les résultats restent encore

faibles, surtout concernant les PFNLs. Ceci est surtout lié à un manque de concertation entre

acteurs qui le plus souvent ont tendance à travailler séparément, mais aussi par le fait que

certains de ces projets ne répondent pas forcément aux besoins primordiaux des populations.

Ainsi, le problème du suivi et de la pérennisation des acquis fait défaut. Cela s’explique par

une insuffisance de formation des populations locales, qui, à la fin de projets, ne sont pas en

mesure d’assurer la relève d’eux-mêmes. Il convient donc pour les intervenants, avec l’aide

des services techniques, d’assurer une bonne formation aux populations pour leur permettre

de jouer pleinement leur rôle dans une continuité. À cet effet, pour une meilleure gestion des

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PFNLs, les systèmes locaux de gestion doivent être mieux promus (code de conduite,

conventions locales, lutte contre les feux de brousse, reboisement, etc.)

2.7. La loi d’0rientation Agro-Sylvo pastorale

Au niveau de cette loi, il est relevé certains articles qui ne sont pas en adéquation avec ce qui

se passe réellement sur le terrain. Il s’agit principalement de :

L’article 14 qui stipule que « les personnes exerçant les métiers de l’agriculture bénéficient

d’une protection sociale au même titre que les travailleurs des autres secteurs d’activités».

De tous les exploitants rencontrés à Kédougou et à Tambacounda, aucun d’entre eux n’atteste

avoir reçu une aide financière quelconque de la part de l’État. Concernant l’article 16, il est

nécessaire que toute action allant dans le sens du développement du secteur agricole

(agriculture, élevage, exploitation forestière, pêcherie, artisanat rural) prenne en compte toutes

les étapes en aval de la production : stockage, transformation, conditionnement, conservation,

commercialisation, etc. L’État doit donc mieux veiller à l’application de ces dispositions et

promouvoir le développement des filières de PFNL.

L’article 17 de cette loi stipule que « Outre sa fonction économique, l’exploitation agricole

contribue à la gestion des ressources naturelles, à la protection de l’environnement et à

l’aménagement équilibré et cohérent du territoire ». Cependant, cela n’est pas vérifié dans le

secteur des PFNLs où on assiste à une véritable ruée vers ces ressources, qui sont exploitées le

plus souvent avec des techniques inappropriées. Cela conduit inéluctablement à leur

dégradation.

Concernant les ressources hydriques l’article 48 stipule que «…L’État veille à la mise en

valeur efficiente et durable de l’eau sur l’ensemble du territoire national ». Or, la région de

Kédougou dispose d’énormes potentialités en ressources hydriques qui ne sont pas mises en

valeur de façon efficiente. En période hivernale, la région reçoit de grandes quantités d’eau

qui pourraient être réutilisées dans les activités hydro-agricoles. Le PAPIL (Projet d’Appui à la

Petite Irrigation Locale) s’active pleinement en ce sens dans les régions de Kédougou,

Tambacounda, Kolda et Fatick avec sa composante « Aménagements hydro-agricoles et

pastoraux durables » qui a permis aux populations locales de s’adonner aux activités telles

que la riziculture, le maraichage, l’élevage, la pêche etc., contribuant ainsi à l’atteinte de

l’autosuffisance alimentaire, mais aussi à la limitation des pressions sur les ressources

forestières (PFNL).

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Les acteurs évoluant dans le secteur des PFNLs se désolent du fait que leurs préoccupations

ne sont pas prises en compte dans les politiques publiques conformément à l’article 66 de

cette loi qui stipule que « les paysans, les organisations professionnelles agricoles et les

organisations de la société civile, participent à l’élaboration, la mise en œuvre et de

l’évaluation des politiques et programmes publics dans le secteur agro-sylvo-pastoral ». Ils

prétendent ne pas être impliqués dans les prises de décisions. Même si les pouvoirs publics

ont leur part de responsabilité dans cette situation, les acteurs du secteur des PFNLs ne sont

pas en reste à cause de leur inorganisation et de leur faible structuration qui ne favorisent pas

la concertation.

La décentralisation devra être renforcée par une plus grande dotation en ressources financières

et humaines aux collectivités locales afin de leur permettre de jouer pleinement leur rôle de

gestionnaire de l’environnement et des ressources naturelles. Une telle vision pourrait être

atteinte avec l’entrée en vigueur et l’application de l’Acte 3 de la décentralisation.

2.8. L’acte III de la décentralisation

L’acte 3 de la décentralisation consiste à la communalisation intégrale où :

— les communautés rurales deviendront des communes de plein exercice et ou,

— les départements seront érigés en collectivités locales.

Ces changements visent une autonomisation des collectivités locales et leur transformation en

territoires viables et compétitifs afin d’en faire de vrais pôles de développement. De plus,

cette réforme vise à mettre un terme aux disparités entre ruraux et urbains. Selon M. Oumar

LOUM, ministre de l’Aménagement du Territoire et des Collectivités locales, l’acte 3 est «une

opportunité de stabilité, de paix qui encadre les initiatives locales et où tous les acteurs vont

se mettre ensemble dans une synergie autour d’un cadre institutionnel et organisationnel qui

sera mis en place ».

Cependant, cette gestion demande des compétences et des pré-requis réels. Il convient donc

de s’assurer que le bilan des politiques précédentes aient été tiré et que les moyens financiers

et humains puissent être mobilisés.

2.9. Autres contraintes

— L’insuffisance de l’effectif des agents des Eaux et Forêts : cette situation explique le

recrutement parmi les populations de relais environnementaux (indicateurs, écogardes)

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dont les rôles sont souvent limités. De plus, ces personnes se plaignent de l’insuffisance

des moyens de lutte (pas d’armes, pas de vélos) à leur disposition.

— Les populations ont déploré leur faible niveau d’implication dans la formulation des

politiques qu’elles taxent de non participatives. Cette situation est due en partie au

manque d’organisation et donc de représentativité des acteurs.

— La méconnaissance des textes et lois par les populations qui pensent que c’est un droit

d’usage.

3. OPTIONS STRATÉGIQUES INNOVANTES POUR UNE MEILLEURE GESTION DES

PFNLS

3.1. Options politiques à l’endroit des décideurs

Le préalable à toute forme d’intervention possible, visant une gestion durable des PFNL et la

satisfaction du bien-être des populations est impératif de procéder à une réactualisation des

données disponibles en rapport avec les quantités de PFNL. C’est ainsi que :

— L’une des priorités du moment, avant toute chose, reste la nécessité d’améliorer la

base de données et de connaissances du potentiel en PFNL du pays. Cela permettra

d’estimer les quantités disponibles et, par conséquent, d’équilibrer la balance de l’offre et

de la demande en produit des populations.

— Dans le processus de prise de décisions, les décideurs devront plus se rapprocher du

niveau local ce qui leur permettra d’être mieux en phase avec les réalités socio-

économiques et les besoins prioritaires réels du niveau local. Elles doivent même

s’inspirer des rapports des CV et CIV en y apportant des correctifs si nécessaire. Cela

permettra de mieux orienter les politiques publiques sur l’essentiel des besoins les plus

urgents et les mieux réalisables pour les populations. En outre cela renforcera

l’appropriation des lois et règlements par les populations locales qui verront ainsi leurs

préoccupations prises en compte. C’est ce que confirme Ribot (2008) quand il dit que

« les programmes forestiers participatifs doivent tenir d’avantage compte des problèmes

que vivent les populations locales ».

De plus, cela favorise une appropriation des politiques, une maitrise des textes, une

limitation des conflits et donc une stabilité sociale.

— Il devra exister un vrai équilibre et une collaboration entre les institutions, c’est à dire

une vraie collaboration entre les services déconcentrés et les services décentralisés de

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l’État, mais aussi avec les organismes d’appui au développement. Les collectivités locales

doivent jouer pleinement leur rôle de gestionnaire des ressources naturelles de leur

terroir. Cependant ce rôle ne saurait être assuré pleinement par ces collectivités locales

que si ces structures sont dotées d’assez de moyens financiers mais aussi humains avec

des personnes ressources qualifiées, bien formées aux textes.

— Les actions futures devront prendre en considération les principales préoccupations

des acteurs (Producteurs, collecteurs, Transformateurs, cueilleurs, consommateurs, etc.)

évoluant dans le secteur des PFNL. Il s’agit pour :

– les petits producteurs : un meilleur appui par l’octroi de financements afin de leur

permettre de résister à la forte concurrence des grands producteurs ou des banas-

banas qui achètent de grandes quantités de produits à leur détriment. En outre, ces

producteurs (comme tous les acteurs) regrettent l’état de forte dégradation des pistes.

Cela augmente les dépenses, réduisant ainsi leurs bénéfices. Les systèmes financiers et

les services responsables de la construction des infrastructures routières sont ainsi

interpellés. En outre, ces exploitants souhaitent qu’il y ait plus de restrictions par

rapport à l’importation des produits via les pays frontaliers. Certains PFNLs tels que le

mbepp (meilleure qualité) et même le bouye sont réputés être moins chers au Mali ou

en Guinée Conakry, provoquant une situation de concurrence. Il convient donc de

promouvoir le développement de petites unités de transformation de ces produits au

niveau local pour renforcer la compétitivité des produits locaux, mais aussi de trouver

des acheteurs, d’assurer la distribution au niveau des marchés de consommation.

– les cueilleurs : une aide dans l’acquisition de matériel de cueillette mais surtout de

moyens de déplacement et des magasins de stockage (préserver les produits). En effet,

les localités où sont récoltés les produits sont par moment très éloignées des zones

d’habitations (environ 12 km) et les moyens de déplacement font le plus souvent

défaut.

– les transformatrices : un appui pour trouver des fonds conséquents devant leur

permettre de stocker de grandes quantités de produits en pleine saison et de pouvoir

ainsi assurer leur autonomie durant les périodes de rupture. En outre, les

transformatrices désirent s’ouvrir au monde moderne de la transformation, de la

conservation et acquérir des machines modernes et puissantes (gain de temps et

d’énergie) avec exploitation au maximum de tous les produits et sous-produits. Cela,

participera à l’amélioration de leur bien-être (plus de revenus, plus de santé) et à

l’atteinte de certains avantages (Fillâtre, 1984) tels que :

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En plus des nouvelles techniques de transformation, elles désirent être formées

dans les systèmes de gestion, de management et de commercialisation pour

mieux vulgariser les produits et leurs bienfaits.

Enfin, la recherche de partenaires pour la commercialisation des produits

semble être aussi l’un des domaines pour lesquels l’appui doit le plus être

accentué pour limiter les pertes financières.

Le manque d’eau nécessaire à la transformation a également été souligné, ce

qui interpelle les services de l’hydraulique.

– les bana-banas : outre la taxe sur le mbepp qu’ils jugent élevée, les bana-banas

dénoncent le manque de transparence dans l’exploitation des PFNLs en général. En

effet la plupart de ceux rencontrés se plaignent de la multiplicité des formalités et des

taxes à payer pour l’acheminement des produits vers les centres urbains. Selon A. K.

Souaré, un exploitant de mbepp rencontré dans la communauté rurale de Sinthiou

Maléme, région de Tambacounda, en plus de la taxe forestière de 100 FCFA/Kg de

mbepp, ils doivent se doter d’un permis de circulation moyennant 500 FCFA et à

chaque poste de brigade ils reversent des sommes non justifiées aux agents. Il est donc

nécessaire de mieux harmoniser les textes en rapport avec la réglementation nationale

et d’en faire une diffusion large.

Néanmoins, il convient de ne pas rejeter tout le tort aux agents des eaux et forêts. En

effet, il existe des cas où les bana-banas ne sont pas en règle avec des quantités

transportées supérieures à celles déclarées pour payer moins de taxes.

— Les taxes forestières doivent être revues par l’État (mbepp jugée trop élevé et poudre

de bouye non pris en compte) après concertation avec les acteurs. Cela permettra de

réduire les cas de fraudes et donc une meilleure application des lois et règlements.

Les populations locales doivent pouvoir mieux bénéficier des retombées que génèrent les

ressources de leurs terroirs. Les ventes devront être mieux organisées et contrôlées par

des personnes choisies au sein des CV ou CIV. Ainsi, dans le futur, les ventes doivent se

faire directement au niveau d’un collecteur local principal ou au niveau des principaux

lieux choisis par les instances de décision locales.

Cela permettra de mieux contrôler les ressources, de leur donner une plus grande valeur

(prix fixe) et de limiter les ventes disparates non profitables aux petits producteurs. De

plus, cela augmentera les revenus de la communauté rurale

— Il a été noté un manque d’organisation au niveau des filières de PFNL. Le plus

souvent, les acteurs ne sont pas bien structurés, chacun travaillant de son côté et vendant

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à un prix non conforme. Les rares cas d’organisation rencontrés se situent au niveau du

groupe des transformateurs (trices) précisément du bouye, le plus souvent structurés en

groupement d’intérêt économique (GIE). C’est le cas des Gie EXPERNA de Tambacounda

et Koba Club de Kédougou. Il s’impose donc, dans une perspective d’aider les petits

producteurs de mieux tirer profit de l’exploitation des PFNLs, d’organiser la filière par la

création de groupements ou, si les groupements existent déjà, les formaliser (être en règle

du point de vue juridique). Il faut procéder à leur réseautage et à la création de petites et

moyennes unités de transformation au niveau local. L’organisation des producteurs du

secteur des PFNLs (évoluant dans les mêmes filières ou non) pourra se faire en

groupements ou même en fédérations au niveau des communautés rurales, des

arrondissements, des départements, des régions et voire même au niveau national. Cela

leur permettra de mieux contrôler la vente des produits (trouver un prix consensuel de

vente), de faciliter leur commercialisation (ouverture sur plusieurs marchés), de mieux

tirer profit de l’exploitation, ce qui renforcera en eux la volonté de gérer.

Le schéma proposé par le Wula Nafa est le suivant :

De plus, cela permettra une meilleure implication des acteurs dans la définition des politiques.

— Les services de la protection des végétaux sont aussi concernés car il a été signalé

une attaque de certaines espèces de PFNL par les insectes et d’autres types de

ravageurs (écureuils, phacochères). Il convient donc, en collaboration avec les

Organisation des producteurs

(groupement de producteurs)

réseautage des groupements et création

de petites unités de transformations

renforcement des capacités des

groupements,réseaux et unités

appui à la formalisation des groupements,

réseaux et unités de transformations sous le

statut de GIE

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structures de la recherche, de mettre sur pieds des techniques phytosanitaires, sans

danger pour la santé des populations, permettant de lutter contre les attaques.

— Le travail de terrain a permis de rendre compte du niveau de méconnaissance des

populations par rapport aux textes et lois réglementant l’exploitation des PFNLs. Des

mesures supplémentaires doivent par conséquent être prises par les états afin de

diffuser au mieux ces textes et promouvoir l’éducation environnementale. Cette

diffusion doit se faire à plusieurs niveaux et pour être efficace doit passer par les

représentations au niveau local (OCB, CV, CIV). Ainsi, la démarche que nous

proposons est la suivante :

traduire en langues locales les textes en rapport avec les PFNL pour permettre

leur accessibilité et leur compréhension par les populations locales ;

procéder à une diffusion des textes via les radios communautaires, les

télévisions à travers des sketches de théâtre, des courts métrages, des spots

publicitaires, etc.

incorporer les textes dans les programmes scolaires en les adaptant aux

différents niveaux.

Toutefois que la formation aux textes en rapport avec la GRN devra aussi être élargie aux

élus locaux.

— Il est aussi ressorti de l’étude que la majorité des peuplements de PFNL étaient des

peuplements naturels anciens. Face à la faible régénération de ceux-ci, du fait de

certaines causes (péjoration des facteurs climatiques, feux de brousses,

surexploitation, déforestation etc.), il semble donc urgent et nécessaire de mieux

promouvoir les formes de gestion des PFNLs par le biais d’associations villageoises

(OCB, CV, CIV etc.). Il s’agira de procéder :

– au reboisement ou à la régénération naturelle assistée (RNA) de certaines

espèces forestières utiles d’un point de vu alimentaire, économique et/ou

thérapeutique tels que Sterculia setigera ou encore Adansonia digitata,

– à des trêves écologiques (Communauté rurale de Dindéfélo) en proposant à côté

des activités génératrices de revenus pour renforcer l’adhésion de tous.

– à la mise en place de pépinières villageoises, communautaires et individuelles

comprenant des espèces forestières utiles contribuant au bien-être des populations

et choisies si possibles par elles.

– à une lutte plus efficace contre les feux de brousse et à la divagation du bétail

pour permettre le développement des jeunes pousses. L’État devra cependant

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mettre à la disposition des populations les moyens adéquats de prévention et de

lutte contre ces feux de brousse et appliquer rigoureusement les sanctions contre

les auteurs de ces faits.

– à la promotion des conventions locales (qui représentent de véritables outils pour

la gestion des RN en milieu rural) telle la convention locale de la communauté

rurale de Dar Salam dans le Département de Salémata de Kédougou (en annexe).

Toutefois, l’État, à travers ses représentants, doit veiller dans la transparence à ce que les

mesures correctionnelles s’appliquent aux personnes qui enfreignent les lois (auteurs de feux

de brousse, coupes abusives, non-paiement de taxes, etc.) et punir les actes de corruption

lorsqu’ils sont décelés.

Les projets étatiques doivent aller dans ce sens et allier gestion des ressources naturelles et

création de revenus pour les populations.

– la Foresterie (création de pépinières privées - valorisation et commercialisation des

produits forestiers) - l’apiculture - la collecte et la commercialisation de semences.

– l’Ecotourisme avec la promotion de la fonction d’éco-garde figure parmi les filières

retenues pour financement dans le cadre de ce projet. Ce projet est d’un intérêt capital

pour les populations concernées et pour l’environnement en général. En effet, il

permettra de mieux faire face à deux enjeux majeurs que sont la préservation de

l’environnement et de ses ressources, ainsi que la création d’emplois pour faire face à

la pauvreté grandissante.

3.2. Options stratégiques à l’endroit des ONG, Projets et Programmes

La plus grande partie de l’aide octroyée aux populations locales provient des ONG, des

Projets et Programmes. Les populations rencontrées se plaignent souvent de ne recevoir

aucune subvention, aucun financement de la part de leurs communautés rurales. Cela peut se

comprendre par le fait que ces communautés ne disposent pas de moyens financiers suffisants

pour assurer leurs dépenses.

À cela s’ajoute le fait que les acteurs (producteurs, transformateurs), en l’absence de garantie

et de conseils pour l’obtention de prêts, tant à titre individuel que collectif ou coopératif, se

voient fréquemment refuser l’accès aux lignes de crédit officielles (UNIFEM, 1989).

Il incombe donc à l’organisme d’appui, au même titre qu’aux décideurs, d’aider les acteurs à

se former, à mieux s’organiser, à se formaliser, à s’instruire afin de connaitre l’ensemble des

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pré-requis pour l’octroi de ces subventions ou prêts. C’est ainsi que les populations

rencontrées dans les zones de Tambacounda et de Kédougou ont presque, à l’unanimité, loué

les services du Programme Wula Nafa de l’USAID, qui s’est beaucoup investi dans ce

domaine. Afin de guider d’autres futurs intervenants, quelques-unes des réalisations sont

proposées et s’articulent autour de :

— la participation et la contribution à la construction de magasins de stockage,

— l’aide à la recherche de partenaires tels que BFC (Baobab Fruit Compagnie) et Bio

essence ;

— l’achat et le don d’emballages pour améliorer la présentation des produits,

— l’accompagnement des femmes à la participation aux foires régionales, nationales et

internationales (Fiara, Foires) ;

— l’appui à la commercialisation (mise en place de boutiques à Dakar, signature de

contrats d’approvisionnement) ;

— le renforcement de capacité par la formation en hygiène et qualité des produits,

nouvelles méthodes de valorisation des produits, techniques modernes d’exploitation, etc.

Ces acquis devront être vulgarisés à travers les cadres de concertation des ONG tels que le

CONGAD (Conseil des ONG d’ Appui au Développement). Cela permettra une meilleure

continuité des actions. Les projets devront également être en adéquation avec l’article L4 du

code de l’environnement du Sénégal et tenir compte des principes tels que le développement

durable et la planification, la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique, la

participation du public à la prise de décision, la décentralisation des décisions en matière

d’environnement et de GRN, la coopération entre l’État, les CL, les associations, ONG, les

citoyens, etc.

De plus, les activités génératrices de revenus sont à encourager pour décongestionner le

secteur des PFNLs. Des activités telles que l’élevage, le petit commerce, le maraichage, etc.

qui, outre les revenus, participent à l’amélioration de la sécurité alimentaire, doivent être

promues surtout pour les femmes pour pallier l’accès inéquitable aux ressources.

Les ONG rencontrées au cours de cette étude ainsi que leurs domaines d’intervention dans la

gestion des PFNLs sont présentées en nnexe.

— Limites de l’intervention des ONG, Projets et Programmes

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Les activités de ces structures représentent des opportunités réelles pour les populations.

Cependant, les périodes d’exécution de leurs activités sont souvent courtes et leur suivi fait

défaut.

3.3. Options stratégiques à l’endroit des populations locales

L’État a certes son rôle à jouer dans la gestion des ressources naturelles, mais le rôle

primordial de gestionnaire revient aux populations locales qui, en dépit même des

compétences qui leur ont été transférées, doivent veiller à l’utilisation rationnelle des

ressources, vues toutes les opportunités qu’elles leur offrent (nourriture, revenus,

médicaments, etc.). Il convient donc pour elles de :

— respecter les lois et règlements en rapport avec la gestion de ces PFNLs (l’État doit

cependant veiller à une meilleure connaissance et une meilleure compréhension de ces lois par

les populations)

— s’acquitter des taxes et redevances correspondant à chaque type de produit et des taxes

communales,

— respecter les systèmes locaux de gestion des PFNLs (conventions locales, périodes de

récolte, méthodes de récolte appropriées, etc.).

— rembourser dûment les prêts ou crédit de fonctionnement afin d’en permettre l’accès à

d’autres demandeurs,

— renforcer la communication, la concertation entre eux pour trouver des consensus sur les

prix de vente à appliquer, cela augmentera leur pouvoir face aux acheteurs,

— s’engager dans tous les projets de gestion de ces PFNLs notamment les projets

d’aménagement forestier.

3.4. Recommandations principales, hiérarchisée par ordre d’importance

Les recommandations principales découlant des résultats de l’étude se déclinent comme suit :

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Evaluer quantitativement et qualitativement les stocks nationaux en PFNL

Procéder à une meilleure prise en compte des PFNLS dans les textes et lois (en associant les acteurs à leur élaboration) et veiller à leur aplication

Appliquer l'Acte 3 de la décentralisation en l'accompagnant de tous les pré-requis nécessaires

Appuyer les acteurs du secteur des PFNLS à s'organiser et avoir des statuts juridiques légaux

Renforcer les capacités des acteurs sur les textes de lois, les techniques durables et modernes de ceuillette, de

stockage, de valorisation des PFNLS

Appuyer les acteurs surtout les PP dans l'accés aux financements, aux crédits et la

recherche de partenaires

Promouvoir les systemes de diversification des sources de revenu à

travers le développement des AGR

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CONCLUSION

La problématique de la gestion durable des PFNLS est un domaine complexe qui prend en

compte beaucoup de facteurs aussi bien directs qu’indirects. Une bonne politique de gestion

des PFNL devra donc s’articuler autour des trois principaux axes que sont :

— L’intégration des PFNL dans les différents textes et lois en rapport avec la gestion des

ressources naturelles : la réactualisation du code forestier en cours devra s’inspirer des

acquis et prendre en compte les suggestions de différentes catégories d’acteurs s’investissant

dans le secteur et les réalités socio-économiques et, écologiques (raréfaction des ressources).

— La promotion de nouvelles techniques de cueillette, de stockage, de conservation, de

conditionnement, de transformation des PFNLS devant permettre une gestion rationnelle et

durable afin de maximiser les revenus des acteurs.

— La connaissance des circuits de commercialisation, de marketing, de distribution de ces

produits. Cette piste inclut notamment la question du désenclavement des zones de production

par la construction d’infrastructures routières qui faciliteront l’évacuation des produits, la

recherche de partenaires fiables.

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42

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11. Éléments pour une géographie du lait au Sénégal. Thèse de doctorat de géographie,

UCAD, 336 p

12. FAO : FORETS, 145/ : Meilleures pratiques pour l’application des lois dans le secteur

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13. FAO : GCP/SEN/042/NET : Stratégie Nationale d’intervention en matière

d’Aménagement et de Productions Forestières, Projet Appui au Programme de

Foresterie Rurale du Sénégal.

14. Faye  Jacques: Foncier et Décentralisation, l’Expérience du Sénégal. Dossier IIED

n°149, 25p

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15. Frederic Lebel : L’Importance des Produits Forestiers Non-Ligneux pour les ménages

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supérieures de l’Université Laval, Mai 2003

16. Frédéric Lebel, Guy Debailleul, Samba. A .N et Alain Olivier : Contribution des

Produits Forestiers Non-ligneux à l’économie des ménages dans la Région de Thiès,

au Sénégal

17. Gérard Buttoud : Magasine Changer de Politiques Forestières en Afrique, P153-158

18. IREF Kédougou, 2013 : Rapport annuel 2012 IREF Kédougou

19. ISE : La Gestion Durable Des Ressources Forestières au Sénégal : Synergie du Cadre

Juridique et Institutionnel, Mémoire de DEA en Science de l’Environnement

20. ISRA/UICN  2005 Revue des politiques et Stratégies forestières en Zone Sylvo

Pastorale, Projet Valorisation des Espèces pour une Utilisation Durable des

Ressources Sauvages au Sénégal.

21. ISRA/UICN , 2005 : Exploitation et valorisation des Produits Forestiers non-Ligneux

dans la région de Kolda : Caractérisation des acteurs de base, 32p

22. ISRA/UICN, 2005 : Analyse des politiques et stratégies mises en œuvre dans le cadre

de la gestion des ressources forestières de la région de Tambacounda, Projet

Valorisation des Espèces pour une Utilisation Durable des Ressources Sauvages au

Sénégal, 22p

23. ISRA/UICN, 2005 : Étude de cas sur les relations de Pouvoir le Long de la Filière des

Produits Forestiers Non-Ligneux. Projet Valorisation des Espèces pour une Utilisation

Durable des Ressources Sauvages au Sénégal, Mars 2005, 37p

24. Jesse Ribot : Historique de la gestion forestière en Afrique de l’Ouest,

ou Comment la « Science » exclut les paysans. Dossier l’Harmattan, P15

25. Jesse Ribot : Représentation, Équité et Environnement, Série de Documents de Travail

Non-décentralisation démocratique au Sénégal : Le non-transfert de l’autorité sur les

forets/, Janvier 2008

26. La Gazette du Pays et du Monde, 2010 : le Bilan sombre du Sénégal, 06 Décembre

2010

27. MAEP : Lettre de politique foncière au Madagascar, Secrétariat général Secrétariat

Général

28. Marc Bied-CHARRETON : Valorisation des Produits Forestiers Non –ligneux des

zones arides et semi-arides : Problématique de leur production, transformation,

utilisation, condition de marchés, commercialisation.17/03/03

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44

29. Région de Tambacounda, 2013 : Plan d’Action Environnemental Régional –

Tambacounda 2012

30. République du Sénégal 1997 : Lettre de Politique du Secteur de l’Environnement et

des Ressources Naturelles (LPSERN)

31. République du Sénégal, 1995 : Lettre de Politique de Développement Agricole

(LPDA).

32. République du Sénégal, 1999 : Lettre de politique du développement rural décentralisé

(LPDRD)

33. République du Sénégal, 2001 : Code de l’Environnement du Sénégal

34. République du Sénégal, 2008 : Stratégie Nationale de Développement économique et

social (SNDES) 2013-2017, sur la rampe de l’émergence, 87p

35. République du Sénégal, 2012 : Rapport National Du Sénégal Sur La Conférence des

Nations Unies sur le Développement Durable (Rio+20), Commission Nationale du

Développement Durable, Mai 2012, 30 p

36. République du Sénégal, Code forestier du Sénégal

37. République du Sénégal, Décret N° 98/164 du 20 février 1998

38. République du Sénégal, Loi N°98/03 du 08 janvier 1998,

39. SALL F. D., 2010 : Genre et accès au Foncier au Sénégal, article ict4d, les Systèmes

d’information Géographiques Participatifs (SIG-P) dans la gestion des ressources

naturelles et la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest, www.leadinafrica.org/sigp,

Coordonnatrice du Groupe d’Etudes et de Recherches Genre et Sociétés (GESTES),

Aout 2010 ,4p

40. Sérigne Mbodj, Pim Visser : Programme National de Foresterie Rurale du Sénégal,

Origine, contexte politique, objectifs et démarche, Projet Appui au Programme

National de Foresterie Rural du Sénégal, Dakar, Mars 1999 FAO :

GCP/SEN/042/NET

41. Touré O., Sylla I., Enjeux de la réforme foncière au Sénégal, pour les exploitations

familiales (agricoles, pastorales, de pêcheurs, de forestiers) et pour la Sécurité et la

souveraineté alimentaire 4p Enda Lead Afrique :

42. UDRSS-VALEURS-CSE, 2006 : Atlas sur les Ressources Sauvages au Sénégal,

Projet Valorisation des espèces pour une utilisation durable des ressources sauvages,

Dakar février 2006 ,62p

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45

43. UICN / ISRA / CSE : 2008 : Analyse du Cadre institutionnel et juridique de gestion

des ressources sauvages au Sénégal, Projet Valorisation des espèces pour une

utilisation durable des ressources sauvages au Sénégal.

44. UICN/ ISRA /CSE : Synthèse des travaux de recherche et d’études sur l’évaluation

économique ou la contribution dans la satisfaction des besoins des ménages des

ressources sauvages au Sénégal, Projet valorisation des espèces pour une utilisation

durable des ressources sauvages au Sénégal.

45. UNIFEM, 1989 : Technologie du Cycle Alimentaire, Manuel de Référence n°12

46. Wula Nafa, 2013 : Programme Agriculture-Gestion des Ressources Naturelles

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ANNEXES

ARTICLES choisis dans le code forestier en rapport avec la gestion des PFNL

Chapitre I − Des droits d'exploitationARTICLE L.3: L'exploitation commerciale de toute ressource forestière du domaine forestier national est assujettie au paiement préalable de taxes et redevances, dans des conditions et formes définies par décret.

Chapitre II – Relatif aux Droits D'usageARTICLE L.40: Les produits provenant des exploitations régulières ne peuvent être transportés en dehors du périmètre de leur coupe et stockés ailleurs qu'après délivrance par le Service des Eaux et Forêts d'un permis de circulation et d'un permis de dépôt certifiant la provenance des produits, leur nature, leur quantité et la régularité de l’exploitation.

CHAPITRE II − Des infractions et pénalités

SECTION PREMIÈRE: Des coupes et exploitations irrégulièresARTICLE L.38: Quiconque, en violation des dispositions du présent Code, coupe ou enlève un ou des arbres, les ébranche ou les écorce abusivement ou exploite des produits forestiers accessoires est puni d'une amende de 10.000 à 300.000 Francs et d'un emprisonnement d'un mois à deux ans ou de l'une de ces deux peines seulement, sans préjudice de la confiscation et des dommages intérêts.

SECTION 4: Des feux de brousseARTICLE L.47: Quiconque, sciemment, par inadvertance ou négligence, provoque un feu de brousse, est puni d'une amende de 50.000 à 500.000 francs et d'un emprisonnement de deux mois à deux ans, sans préjudice des dommages intérêts.

CHAPITRE II De l'exploitation forestièreSECTION PREMIÈRE: Des principes de l'exploitation forestièreARTICLE R. 18: L'exploitation forestière s'entend de la coupe ou de la collecte des produits forestiers, notamment:− le bois;− les exsudats, le miel et les huiles;− les fleurs, fruits, feuilles, écorces et racines;− la faune sauvage terrestre, aviaire et aquatique.Est également considérée comme exploitation forestière l'utilisation de la forêt à des fins touristiques ou récréatives.Les fruits forestiers non susceptibles d'arriver à maturité ne peuvent être ni collectés, ni stockés, ni transportés, ni vendus.ARTICLE R.19: Sauf dans le cas de l'exercice d'un droit d'usage, l'exploitation forestière dans le Domaine National ne peut s'exécuter qu'après l'obtention d'un permis d'exploitation dont la délivrance est subordonnée au versement préalable des taxes et redevances prévues par les textes en vigueur.

ARTICLE R.22: Aucun produit forestier n'est admis à circuler s'il n'est accompagné d'un permis de circulation délivré par le service des Eaux et Forêts, sur présentation du permis d'exploitation ou de dépôt. Celui−ci doit être présenté par le transporteur à toute réquisition des agents compétents. Sa délivrance est gratuite.

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ARTICLE R.24: Les produits forestiers destinés à être stockés en un lieu différent du lieu d'exploitation doivent faire l'objet d'un permis de dépôt. Ce permis est délivré sur présentation du ou des permis d'exploitation ou de circulation au verso desquels mention est faite des quantités mises en dépôt. Lorsqu'une partie ou la totalité des produits stockés, doit être acheminée en un autre lieu, les quantités déplacées doivent être accompagnées d'un nouveau permis de circulation. Mention des quantités remises en circulation est faite au verso du permis de dépôt qui est retiré lorsque les quantités prélevées correspondent à celles dont le dépôt avait été autorisé.

SECTION 4: Du fonds forestier nationalARTICLE R.34: Le Fonds forestier national, visé aux articles L.5 et L.6 du présent code, est alimenté par:− le produit des taxes, redevances et adjudications et les recettes des licences et permis;− le dixième du produit des ventes et adjudications réalisées par les collectivités dans les forêts relevant de leur compétence;− des subventions, dons et concours financiers accordés par des personnes physiques ou morales en faveur de la sauvegarde ou de la promotion des ressources forestières tant végétales qu'animales. Il est versé dans un compte spécial du Trésor.

ARTICLE R.35: Sont financés sur le Fonds forestier national:− les actions de protection et de conservation des ressources forestières comme la lutte contre les feux de brousse et le braconnage, la gestion de la chasse, de la pêche et de l'exploitation, la délimitation et la surveillance du domaine forestier et des plans d'eau, l'éducation, l'information et la sensibilisation de la population en matière de gestion de la forêt;− les actions de gestion, de restauration des ressources forestières et de conservation des sols comme le reboisement, l'aménagement et les travaux de génie;− les infrastructures et l'équipement de gestion du service des Eaux et Forêts;− la rémunération du personnel temporaire et le règlement des dépenses relatives aux déplacements et à la dotation en tenues et attributs réglementaires des agents forestiers.

ARTICLE R.63: Sont intégralement protégées, les espèces forestières énumérées ci−après:1. Albizzia sassa Banéto2. Alstonia congensis Emien3. Butyrospermum Parkii Karité4. Celtis integrifolia Mboul5. Daniella thurifera Santanforo6. Diospyros mespiliformis Alom7. Holarrhena africana Séhoulou8. Mitragyna stipulosa Bahia9. Piptadenia africana Dabéma10. Hyphaene thebaïca Palmier Doum11. Dalbergia melanoxylon Dialambane

Sont partiellement protégées les espèces forestières énumérées ci-après :1. Acacia raddiana Seing2. Acacia senegal Vereck (gommier)3. Adansonia digitata Baobab4. Afzelia africana Linké5. Borassus aethiopum Rônier

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6. Ceiba pentandra Fromager7. Chlorophora regia Tomboiro noir8. Cordyla pinnata Dimb9. Faidherbia albida Cad10. Khaya senegalensis Caïlcédrat11. Moringa oleifera Nébédaay12. Prosopis africana Ir13. Pterocarpus erinaceus Vène14. Sclerocarya birrea Béer15. Tamarindus indica Tamarinier16. Ziziphus mauritiana Sidem17. Grewia bicolor Kel

TITRE IV − Dispositions diverses

ARTICLE R.64: Les trois dixièmes du produit des amendes, confiscations, restitutions, dommages intérêts et contraintes sont attribués aux agents des Eaux et Forêts, aux agents commissionnés des Eaux et Forêts et, le cas échéant, aux agents des autres services habilités.La répartition est faite sur la base de deux dixièmes pour l'agent indicateur et du dixième pour l'agent verbalisateur. Les sept dixièmes sont versés à la collectivité locale gestionnaire de la forêt dans laquelle l'infraction a été relevée ou à l'Etat s'il s'agit d'une infraction dans le domaine forestier de l'Etat.

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Table des matières

Liste des sigles et acronymes..............................................................................................4

INTRODUCTION............................................................................................................................5

1. ÉTAT DES LIEUX DES POLITIQUES, PROGRAMMES ET STRATÉGIES DE GESTION DES PFNL. .6

1.1 Cadre juridique des PFNL............................................................................................6

1.1.1 Textes législatifs....................................................................................................6

1.1.2 Textes règlementaires (Arrêtés, Décrets)...........................................................11

1.2 Lettres de politique sectorielle...................................................................................12

1.2.1 Lettre de politique du secteur de l’environnement et des ressources naturelles

(LPSERN), 1997 ...................................................................................................................

.............................................................................................................................12

1.2.2 Lettre de politique du développement rural décentralisé (LPDRD) 1999..........13

1.2.3 Lettre de politique de développement agricole (LPDA, 1995)...........................13

1.3 Les plans d’action.......................................................................................................14

1.4 Programmes et projets................................................................................................16

1.5 Les stratégies nationales.............................................................................................18

2. ÉVALUATION DES POLITIQUES, PROGRAMMES ET STRATÉGIES DE GESTION DES

RESSOURCES FORESTIÈRES.......................................................................................................21

2.1. Le service forestier.....................................................................................................21

2.2. Le PAFS.....................................................................................................................22

2.3. Le code forestier.........................................................................................................23

2.4. Le Code de l’Environnement.....................................................................................25

2.5. La loi sur le Domaine National..................................................................................26

2.6. Les projets et programmes.........................................................................................26

2.7. La loi d’0rientation Agro-Sylvo pastorale.................................................................26

2.8. L’acte III de la décentralisation..................................................................................28

2.9. Autres contraintes.......................................................................................................28

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3. OPTIONS STRATÉGIQUES INNOVANTES POUR UNE MEILLEURE GESTION DES PFNL.......28

3.1. Options politiques à l’endroit des décideurs..............................................................28

3.2. Options stratégiques à l’endroit des ONG, Projets et Programmes...........................34

3.3. Option stratégiques à l’endroit des populations locales.............................................35

3.4. Recommandations principales et hiérarchisée par ordre d’importance.....................36

CONCLUSION.............................................................................................................................37

Références bibliographiques.....................................................................................................38