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Sous strict embargo ; merci de ne pas publier avant 5h00 GMT le 25 septembre Lauréat de la distinction Nansen pour les réfugiés — Reportage photos Dr Evan Atar Adaha Dans une zone isolée du nord-est du comté de Maban, au Soudan du Sud, un homme dirige l'unique hôpital chirurgical de l'État du Haut- Nil. L'hôpital est une planche de salut pour des centaines de milliers de réfugiés et de Sud-Soudanais. Le Dr Atar est arrivé à Bunj en 2011 après que la guerre l’ait contraint de fuir son précédent hôpital dans l'État soudanais du Nil Bleu. À l'époque, il n'y avait qu'un dispensaire abandonné à Bunj. Le Dr Atar l'a transformé en hôpital. À son arrivée, il a réalisé sa première opération sur des tables empilées en guise de table d'opération. Il a travaillé sans relâche pendant des années en mobilisant des fonds auprès de diverses organisations et en formant des jeunes aux soins infirmiers et obstétricaux. Aujourd'hui, l'hôpital dessert plus de 200 000 personnes, dont 144 000 réfugiés originaires de l'État soudanais du Nil Bleu, 142 000 d'entre eux vivant dans quatre camps de réfugiés. Le comté de Maban et les environs comptent également 17 000 déplacés internes sud-soudanais qui ont été déracinés par le conflit. La population locale du comté représente environ 53 000 personnes. C'est pour rendre hommage à cet exceptionnel engagement et au sacrifice personnel du Dr Atar qui fournit des services médicaux à ceux qui ont été forcés de fuir et aux communautés qui les accueillent que le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a décidé de lui attribuer la distinction Nansen 2018 pour les réfugiés. Le Dr Atar et son équipe réalisent en moyenne 58 opérations par semaine. Dans ce contexte, le Dr Atar se retrouve parfois à travailler 48 heures d'affilée et il est de garde à toute heure. Il consent ainsi un immense sacrifice personnel. Il vit près de l'hôpital sous une simple toile de tente alors que sa famille vit à Nairobi, au Kenya. Il parvient à leur rendre visite trois fois par an pour de courts séjours où il se remet de ses rythmes de travail éreintants. Le Dr Atar traite tous ceux qui ont besoin de soins médicaux, quelle que soit leur origine, un engagement qui lui a valu le respect de tous les réfugiés, des déplacés internes et des communautés locales. 1

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Sous strict embargo ; merci de ne pas publier avant 5h00 GMT le 25 septembre

Lauréat de la distinction Nansen pour les réfugiés — Reportage photos

Dr Evan Atar Adaha

Dans une zone isolée du nord-est du comté de Maban, au Soudan du Sud, un homme dirige l'unique hôpital chirurgical de l'État du Haut-Nil. L'hôpital est une planche de salut pour des centaines de milliers de réfugiés et de Sud-Soudanais.

Le Dr Atar est arrivé à Bunj en 2011 après que la guerre l’ait contraint de fuir son précédent hôpital dans l'État soudanais du Nil Bleu. À l'époque, il n'y avait qu'un dispensaire abandonné à Bunj. Le Dr Atar l'a transformé en hôpital.

À son arrivée, il a réalisé sa première opération sur des tables empilées en guise de table d'opération. Il a travaillé sans relâche pendant des années en mobilisant des fonds auprès de diverses organisations et en formant des jeunes aux soins infirmiers et obstétricaux.

Aujourd'hui, l'hôpital dessert plus de 200 000 personnes, dont 144 000 réfugiés originaires de l'État soudanais du Nil Bleu, 142 000 d'entre eux vivant dans quatre camps de réfugiés. Le comté de Maban et les environs comptent également 17 000 déplacés internes sud-soudanais qui ont été déracinés par le conflit. La population locale du comté représente environ 53 000 personnes. C'est pour rendre hommage à cet exceptionnel engagement et au sacrifice personnel du Dr Atar qui fournit des services médicaux à ceux qui ont été forcés de fuir et aux communautés qui les accueillent que le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a décidé de lui attribuer la distinction Nansen 2018 pour les réfugiés.

Le Dr Atar et son équipe réalisent en moyenne 58 opérations par semaine. Dans ce contexte, le Dr Atar se retrouve parfois à travailler 48 heures d'affilée et il est de garde à toute heure. Il consent ainsi un immense sacrifice personnel. Il vit près de l'hôpital sous une simple toile de tente alors que sa famille vit à Nairobi, au Kenya. Il parvient à leur rendre visite trois fois par an pour de courts séjours où il se remet de ses rythmes de travail éreintants.

Le Dr Atar traite tous ceux qui ont besoin de soins médicaux, quelle que soit leur origine, un engagement qui lui a valu le respect de tous les réfugiés, des déplacés internes et des communautés locales.

Ces dernières années, le comté de Maban a été en proie à l’instabilité et à de régulières périodes de violence. Après les récentes attaques lancées contre les bureaux et les installations des organisations internationales, dont le HCR, en juillet dernier, le Dr Atar est encore une fois resté à travailler dans son hôpital même quand des membres de son équipe médicale ont été contraints de partir.

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L'hôpital du Dr Atar à Bunj, au Soudan du Sud, n'a pas de produits d'anesthésie générale, ce qui oblige les médecins à pratiquer des péridurales et des injections de kétamine. L'appareil de radiographie est en panne et inutilisable. Le bloc opératoire n'est éclairé que par un unique plafonnier (alors que la norme est de trois), il n'y a pas de banque du sang et les fournitures chirurgicales de base doivent souvent être achetées durant ses congés hors du pays ou confectionnées sur place à l'improviste.

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Le Dr Atar consacre chaque jour jusqu'à trois heures à la tournée des services et tous les patients apprécient le temps qu'il consacre à chacun d’eux, créant ainsi un lien véritable entre ses patients et lui-même.

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« La guérison, ce n'est pas seulement la médecine. Il faut rassurer le patient. Dès l'instant où vous créez le lien avec un patient, il vous ouvrira son cœur », explique le Dr Atar.

Le Dr Atar prépare une femme pour une naissance par césarienne. Il réalise en moyenne sept césariennes par semaine bien qu'il lui soit déjà arrivé d'en pratiquer six d'affilée lors d’une nuit particulièrement agitée.

Bien qu'étant un chrétien convaincu, le Dr Atar, dont l'arabe est la langue maternelle, connaît le Coran et, s’ils le lui demandent, il prie avec les musulmans comme avec les chrétiens avant leur opération.

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Le Dr Atar estime qu'il a mis au monde plus de 900 enfants depuis son arrivée à Maban.

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Gisma Al Amin, une réfugiée soudanaise de 28 ans, avec son cinquième enfant, un garçon. Elle n'a pas réfléchi deux fois au prénom qu'elle lui donnerait. Elle l'a appelé Atar, du nom du médecin qui l'a mis au monde.

« Ici, je me sens en de bonnes mains. C'est comme si j'étais entre les mains de mon père, sauf que c'est le Dr Atar. Tout le monde le connaît. C'est notre docteur. »

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Kalisa Yesero Wabibiye, 47 ans, a travaillé comme médecin pour plusieurs organisations d'aide humanitaire en Afrique.

« Quand j'ai commencé à travailler ici, je me suis dit que je ne tiendrais pas la semaine », dit le Dr Kalisa. « Pour les gens, ici c'est ‘l'hôpital d'Atar’. Il est indispensable. »

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L’hôpital de Maban est une vraie planche de salut pour l’État du Haut-Nil. Comme il n'existe aucune autre structure hospitalière, il est souvent surchargé, tout en étant le dernier recours pour les patients, ce qui exerce une pression énorme sur l'ensemble du personnel médical. Il y a des patients de toutes parts et les services débordent à l'extérieur des bâtiments.

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« Nous traitons tout le monde ici, sans nous soucier de qui ils sont ; ce qui me rend vraiment heureux, c'est de me rendre compte que mon travail a épargné de la souffrance ou sauvé la vie de quelqu'un », dit le Dr Atar dont l’engagement à traiter tous ceux qui ont besoin de soins lui a valu le respect de tous les réfugiés, des déplacés internes et des communautés locales.

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Le Dr Atar reconnaît avoir fait un choix professionnel difficile pour son épouse et leurs quatre enfants. Il ne les voit que trois fois par an. Sa famille vit à Nairobi et il garde le contact avec eux via WhatsApp et les courriels. « WhatsApp, ça aide beaucoup », dit-il. « Maintenant, je peux faire les devoirs de physique et de chimie avec mon aîné. »

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