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UNIVERSITE LUMIERE LYON 2 Institut de Psychologie Département Psychologie de la Santé, de l’Education et du Développement (PSED) 2013/2014 Mémoire pour l’obtention du : Master 2 Sciences Humaines et Sociales mention Psychologie Spécialité : Psychologie clinique de la santé, vieillissement et handicap Parcours : Vieillissement IDENTITE : ENTRE CONFLITS IDENTITAIRES ET RECHERCHE DE SOI. Comment se réapproprier son espace interne et externe quand vieillir est synonyme de réorganisation ? Présenté par : Emmanuelle VIENNE Numéro étudiant : 2077271 28 rue Léon Blum 69100 Villeurbanne 06.34.41.93.51 [email protected]

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UNIVERSITE LUMIERE LYON 2Institut de Psychologie

Département Psychologie de la Santé, de l’Education et du Développement (PSED)

2013/2014

Mémoire pour l’obtention du :Master 2 Sciences Humaines et Sociales mention Psychologie

Spécialité : Psychologie clinique de la santé, vieillissement et handicapParcours : Vieillissement

IDENTITE : ENTRE CONFLITS IDENTITAIRES ET RECHERCHE

DE SOI.

Comment se réapproprier son espace interne et externe quand vieillir est synonyme de réorganisation ?

Présenté par   : Emmanuelle VIENNE

Numéro étudiant : 207727128 rue Léon Blum

69100 Villeurbanne06.34.41.93.51

[email protected]

Tuteur en institution   : NIER Anne-Cécile, Psychologue

SUCO Myriam, Directrice

Réalisé sous la direction du   : Professeur Jacques GAUCHER

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Remerciements.

J'adresse mes remerciements aux personnes qui m'ont aidé dans la réalisation de ce

mémoire. Ce mémoire n’aurait pas été possible sans l’intervention, consciente, d’un grand

nombre de personnes.

Tout d’abord, je tiens à remercier mon tuteur universitaire et professeur, Mr Jacques

GAUCHER, pour ses conseils avisés, ses réflexions, son écoute et sa disponibilité. Je le

remercie également pour son soutien et sa bienveillance tout au long de l’année.

Je remercie notre groupe de tutorat pour son écoute et ses conseils. Je remercie aussi la

promotion 2013-2014, en particulier le groupe: « vieillissement », pour leurs conseils et pour

nos échanges.

Puis, je tiens à exprimer toute ma gratitude à Mme Anne-Cécile NIER, Psychologue

gérontologue, pour nos discussions riches et ses conseils. Son ouverture d’esprit, sa

disponibilité et son attitude rassurante m’ont permis d’effectuer mon stage sereinement. Elle a

été un appui et un réel soutien tout au long de cette année universitaire.

Je tiens fortement à remercier l’ensemble des patients que j’ai eu la chance de

rencontrer. Merci pour votre considération et votre confiance pour m’avoir livré une part de

votre intimité. Je remercie aussi les équipes de m’avoir considéré comme une professionnelle.

J’ajouterai un remerciement sincère à mes anciens tuteurs de stage et à l’ensemble du

corps professoral de l’université Lumière Lyon 2, pour m’avoir transmis leur savoir.

Enfin, je remercie tout particulièrement ma famille et mes amis que j’aime tant pour

leur soutien inconditionnel tout au long de mes études. Un remerciement spécial pour mes

parents, et pour mes amis Annyssa et Isabelle, grâce à vous tous j’ai pu mener à bien mes

études.

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TABLE DES MATIERESIntroduction générale………………………………..

…………………………….………..p.1

Chapitre I : Etude de cas de Mme

C…………………………………..p.31. Introduction …………………………………………………………………………………….………………….p.3

2. Présentation du cas de Mme C ………………………………………………………………..………….p.3

2.1 Anamnèse ……………………………………………………………………………….……………………………… p.3

2.2 Pourquoi est-elle venue à l’Hôpital de Jour ? ……………………………………………………………..

p.5

2.3 Contexte de la prise en charge à l’Hôpital de Jour ……………………………………………………….

p.5

2.4 Bilan neurologique …………………………………………………………………………………………..……….

p.5

2.5 Contexte de la demande ………………………………………………………….………………………………. p.6

3. Déroulement des entretiens et mes questionnements . ………………………………………

p.7

3.1 Les entretiens ……………………………………………………………………………………….…………………. p.7

3.2 Questionnements ………………………………………………………………………………….………………… p.8

4. Analyse du SHIPA ………………………………………………………………………………………………. p.9

4.1 Le SHIPA ………………………………………………………………………………………………………….…….… p.9

4.2 Cotation et analyse …………………………………………………………………………………………….……

p.10

5. Analyse ……………………………………………………………………………………………………….…… p.12

6. Troubles de l’humeur ………………………………………………………………………………………..

p.14

7. Mécanisme de défense ……………………………………………………………………………………. p.16

8. Ma position de stagiaire ……………………………………………………………………………………

p.17

9. Analyse de mon contre transfert ………………………………………………………………….……

p.19

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10. Questionnement éthique ……………………………………………………………………….…………

p.20

11. Bilan et perspective ………………………………………………………………………………….……… p.20

12. Conclusion …………………………………………………………………………………………………..……

p.21

Chapitre II : Analyse institutionnelle………………………………p.221. Introduction …………………………………………………………………………………………….……… p.22

2. Mes premières impressions …………………………………………………………………….……… p.23

3. Histoire de l’institution et descriptions …………………………………………………………… p.24

3.1 Pôle administratif …………………………………………………………………………………………….…... p.25

3.2 Pôle soin ………………………………………………………………………………………………………………..

p.25

3.3 Pôle hébergement ………………………………………………………………………………………………... p.26

3.4 Pôle animation ……………………………………………………………………………………………………... p.26

3.5 Pole cuisine ………………………………………………………………………………………………………..….

p.26

3.6 Planning et horaire …………………………………………………………………………………………………

p.27

4. Evolution de mes impressions …………………………………………………………………..………

p.27

5. Analyse de l’institution ……………………………………………………………………………….…… p.29

5.1 Problématique : l’institution et sa réalité psychique ………………………………………….…… p.29

5.2 Mythe de la fondation ……………………………………………………………………………………………… p.30

5.3 Défaillance de la tâche primaire et idéal soignant mis à mal …………………………………… p.34

5.4 Autre problématique : l’épuisement de l’équipe de la Roseraie ……………………………… p.36

6. Perspectives et préventions ………………………………………………………………………………

p.38

7. Conclusion ……………………………………………………………………………………………….……….

p.40

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Chapitre III : Analyse de groupe……………………………………p.411. Introduction …………………………………………………………………………………………………… p.41

2. Contexte de création de l’atelier ……………………………………………………………………… p.41

3. Groupe …………………………………………………………………………………………………………... p.42

3.1 Le groupe à médiation ……………………………………………………………………………………… p.43

4. Description de l’atelier ……………………………………………………………………………………. p.43

4.1 Objet(s) médiateur(s) ……………………………………………………………………………………… p.44

4.2 Objectifs ……………………………………………………………………………………………………….... p.46

4.3 Présentation des participants …………………………………………………………………………… p.47

4.4 Questionnements ……………………………………………………………………………………….…… p.50

5. Analyse ……………………………………………………………………………………………………….….. p.50

5.1 Analyse des comportements ………………………………………………………………………….… p.50

5.2 Attaque du cadre ……………………………………………………………………………………….…… p.56

6. Bilan ………………………………………………………………………………………………….………….. p.58

7. Mon intervention …………………………………………………………………………………………… p.59

8. Conclusion ………………………………………………………………………………………………….…. p.60

Chapitre IV : Bilan de formation…………………………………..p.611. Le désir de devenir psychologue ……………………………………………………………….…….… p.61

2. Mes années de Licence à l’université Lumière Lyon 2 …………………………………..…….

p.62

3. Mes années de Master à l’université Lumière Lyon 2 …………………………………..……. p.64

3.1 Ma première année de Master 1 …………………………………………………………………..…… p.65

3.2 Ma deuxième année de Master 1 …………………………………………………………..….….…… p.66

3.3 Ma troisième année de Master 1 …………………………………………………………………..…… p.66

3.4 Ma candidature …………………………………………………………………………………………….…… p.69

3.5 Mon année de Master 2 ……………………………………………………………………………….……. p.69

4. Projet professionnel ……………………………………………………………………………………..……

p.70

5. Psychologue, un savoir tout au long de sa vie ………………………………………………..……

p.71

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Conclusion générale……………………………………………….

………………..…....p.73

Annexes………………………………………………….………..…..p.75

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Introduction générale

Ce mémoire s’appuie sur mes expériences durant mes deux stages, le premier dans

un Etablissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) et le

deuxième dans un Hôpital De Jour (HDJ) des Charpennes, à Lyon.

Durant ces deux stages j’ai été frappée par la souffrance et par la vulnérabilité des

personnes. J’ai pu prendre conscience combien les maladies, la dépendance, le deuil et les

pertes pouvaient les impacter, en redéfinissant leur identité.

Tous ces points peuvent alimenter la vision que l’on peut avoir des « vieux ». C’est-à-

dire cela nous renvoie à la fin, la mort et/ou à notre propre dégradation. Le vieillissement est

un processus qui se met en place dès notre premier souffle de vie. Au-delà d’un certain âge

la société nous qualifie comme étant « âgées». A partir de là, émanent de nombreux

stéréotypes qui sont doublement dangereux. D’une part cela renforce l’angoisse de vieillir

des jeunes générations puis cela est préjudiciable pour nos adultes âgés qui sont moins

reconnus socialement dans leur intégrité ou dans leur individualité.

Comme le note Peruchon (1999), le vieillissement pour nous est source de crise

identitaire. Cette crise identitaire engendre des blessures narcissiques, avec la notion de

perte de soi. L’estime de soi se trouve bien souvent fragilisée par toutes ces pertes (sociale,

matérielle, cognitive, humaines, etc.). Comment aimer une image lorsque celle-ci est

dévalorisée par le discours social et altérée par les nombreuses pertes ?

Les personnes pour la plupart sont en crise et sont demandeuses d’une présence. Se

sentir « exister » grâce au regard de l’autre, par sa présence, son écoute et par son contact.

Ce mémoire abordera donc la notion de crise identitaire avec cette notion « d’identité

fragilisée », tout en montrant l’importance de la relation à l’autre. Prenant toute son

importance dans ce contexte de fragilité, de vulnérabilité où la personne âgée se trouve très

souvent. Nécessitant une réorganisation parfois interne et/ou externe.

Mon intention sera donc d’apporter quelques éléments de réflexion autour de ces

axes, en abordant dans un premier temps l’étude de cas d’une patiente Mme C, qui est prise

en charge à l’Hôpital de Jour des Charpennes.

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Je passerai par la suite dans « l’esquisse » de l’analyse institutionnelle de mon stage

en EHPAD. Cette analyse institutionnelle abordera les difficultés qu’a l’institution à intégrer

la notion de dépendance, qui vient bouleverser cette notion d’identité institutionnelle. Cette

analyse institutionnelle vous sera proposée dans la deuxième partie de ce mémoire.

Puis on peut dire que cette crise identitaire inclue aussi la crise du lien, du lien à soi et

du lien aux autres. Passant également par une certaine dévalorisation et par une perte de

confiance en soi, en ses capacités voire en ses qualités. C’est pourquoi j’ai eu l’idée de créer

un groupe à médiation corporelle dans l’unité de vie sécurisée au sein de cet EHPAD. Cela

vous sera exposé en troisième partie.

Pour finir, j’exposerai mon bilan en formation. Ce bilan de formation n’est pas

définitif, il tendra à évoluer avec le temps en fonction de ma carrière. Cependant, j’y

exposerai les grandes lignes à travers un bilan de ma formation universitaire et à travers mes

futurs projets professionnels.

« L'Homme mérite qu'il se soucie de lui-même car  il  porte dans son âme les germes 

de son devenir. »

Jung (1954)

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Chapitre I : Etude de cas de Mme C.

1. Introduction.

D’octobre 2013 à mai 2014, une journée par semaine, j’ai effectué un stage au sein

de l’hôpital de Jour des Charpennes. Celui-ci fut encadré par une psychologue gérontologue

qui n’intervient qu’à l’hôpital de Jour, service qui est intégré à l’hôpital gériatrique des

Charpennes. Cet hôpital comprend également d’autres services :

Une unité de médecine gériatrique

Une unité de soins de suite et de réadaptation (SSR)

Une unité cognitivo comportementale (UCC)

Et une unité de soins longue durée.

Durant ce stage j’ai pu suivre une patiente durant toute la phase de prise en charge

(celle-ci varie généralement de 3 à 6 mois). C’est pourquoi, je vous présenterai l’analyse de

l’étude du cas de la patiente nommée Mme C, que j’ai pu suivre de décembre 2013 jusqu’à

mars 2014 tout en m’efforçant de vous montrer mon positionnement en tant que futur

professionnel. Cette étude de cas ou plutôt le positionnement clinique me permet donc

d’aborder le suivi et l’accompagnement psychologique d’une personne âgée ayant des

troubles cognitifs modérés, qui est pris en charge dans un hôpital de jour (HDJ).

2. Présentation du cas de Mme C.

2.1 Anamnèse.

Mme C est née en 1941 dans la région Toulousaine, elle a 73 ans. Issue d’une famille

de 6 enfants, 5 filles et un garçon qui est le cadet de la fratrie. Ses parents avaient une

situation professionnelle : sa mère gérante d’un hôtel-restaurant et son père militaire

pendant la Seconde Guerre mondiale puis architecte. Chacun des enfants ont pu avoir une

situation professionnelle convenable institutrice, médecins ou infirmière. Toutefois Mme C,

n’a pas bien connu son frère puisque celui-ci est mort jeune.

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La patiente a donc obtenu un diplôme équivalent au niveau bac +2 et a travaillé dans

un premier temps comme infirmière puéricultrice auprès d’enfants malades dans un hôpital.

Même si Mme C est née à Toulouse, sa famille est venue s’installer en Bretagne pour raison

professionnelle. Ils habitaient dans une grande maison, en face de la mer à Quimperlé

(Finistère). Sa famille était plutôt aisée, selon ses dires, financièrement, elle n’a jamais

manqué de rien.

Elle rencontre son mari grâce à son voisin. Son mari est originaire d’Alsace. Il était

issu également d’une grande fratrie et il a exercé le métier de chirurgien.

Par la suite Mme C a intégré le bloc opératoire avec son mari. Tous deux ont

beaucoup voyagé, ils se sont également installés à l’île de la Réunion dans un appartement

de fonction au sein de l’hôpital de Bellepierre à St Denis. Ils y sont restés environ 3 ans. A ce

moment-là Mme C a eu ses 3 premières filles et a arrêté de travailler pour s’ en occuper. Ils

ont dû revenir en France métropolitaine pour avoir plus de perspectives d’avenir.

Mme C a eu 5 enfants, tous ses enfants quasiment sont dans le milieu médical, sauf

un de ses fils qui travaille en tant que commercial. Une de ses filles est anesthésiste, une

autre médecin, une infirmière et son autre fils est chirurgien.

Mme C dit avoir eu une belle vie et une belle enfance, même si son père était strict

pour la réussite de ses enfants. Le milieu médical (son métier d’infirmière puéricultrice) et la

réussite de ses enfants sont des éléments importants pour elle.

Par la suite Mme C et sa famille sont venues s’installer dans un petit village à 800

mètres d’altitude en Haute-Loire : le Puy en Velay. Ils avaient une grande maison afin d’offrir

à chacun de ses enfants leur propre chambre.

Depuis 2007, Mme C et son mari viennent à Lyon (tous les hivers) dans leur

appartement pour des raisons économiques. Elle dit qu’il est plus facile de chauffer un

appartement de deux pièces qu’une grande maison.

Mme C aime raconter l’histoire de son beau-frère qui fut un des otages en Afrique ;

elle parle avec fierté du courage de sa sœur ainée qui a beaucoup milité pour la libération de

son mari.

2.2 Pourquoi est-elle venue à l’hôpital de jour ?

Suite à l’annonce du diagnostic de la maladie d’Alzheimer en 2010 et des

conséquences sur la santé de son mari (l’épuisement), Mme C est suivie à l’Hôpital de Jour

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(HDJ) tous les mercredis et vendredis de décembre 2013 à mars 2014, afin de bénéficier

d’une prise en charge.

Une équipe pluridisciplinaire (composée de médecins, neurologues,

neuropsychologues…) a pris la décision de cette hospitalisation avec pour objectifs :

La stimulation cognitive

Soutien psychologique

Travailler sur l’acceptation de la maladie

Répit et soutien familial.

2.3 Contexte de la prise en charge à l’ HDJ.

En 2009, suite à une consultation mémoire à Lyon, une maladie neuronale de type

Alzheimer probable a été diagnostiquée. Suite à cette annonce Mme C a fait une dépression

pendant 6 mois et a été suivie régulièrement par son médecin référent Dr X faisant partie de

l’hôpital des Charpennes, qui lui a proposée cette thérapie non médicamenteuse au sein de

l’HDJ.

2.4 Bilan neurologique.

Mme C a une désorientation temporelle, sa mémoire autobiographique et collective

sont touchées. Sa mémoire épisodique est également très altérée. Elle a énormément de

difficultés à encoder, récupérer et stocker les informations. Sa mémoire visuelle est aussi

déficitaire. Elle a obtenu 18/30 au MMS (Mini Mental State) et 3/4 à la mini GDS (Gériatric

Depression Scale), en 2013.

2.5 Contexte de la demande.

Lorsqu’un patient arrive à l’hôpital de jour pour une prise en charge, il peut être suivi

par un psychologue référent tout au long de son séjour. Le psychologue aura l’occasion de

rencontrer la personne à de nombreuses reprises puisque les premières demandes émanent

de l’institution elle-même.

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Tout d’abord un entretien d’accueil est réalisé dans le but de faire connaissance avec

le patient (anamnèse…) et de comprendre ses attentes vis-à-vis de la prise en charge. Après

chaque entretien familial, le psychologue revoit la personne afin de discuter de cet entretien

avec elle. A la fin de la prise en charge le praticien fait le bilan afin d’entrevoir les

perspectives d’avenir et de mettre en place le suivi qui sera fait après l’Hôpital de Jour.

Les demandes peuvent également émaner de l’équipe après discussions durant les

synthèses. Les demandes viennent rarement des patients eux-mêmes, toutefois, il peut y

avoir des situations comme avec la patiente que j’ai pu suivre, qui a exprimé le désir de me

rencontrer quelquefois.

Pendant la durée de mon stage ma tutrice m’a proposée d’accompagner un patient

pendant toute la durée de sa prise en charge donc de faire un accompagnement sur le long

terme. C’est pour cela que j’ai pu débuter le suivi et l’accompagnement de Mme C durant la

période de décembre 2013 à mars 2014 puisqu’elle venait à l’HDJ, toute la journée deux fois

par semaine, le mercredi et le vendredi.

J’ai donc eu la chance de la rencontrer le jour de son arrivée afin de faire

connaissance (anamnèse…), de l’informer du déroulement du séjour. Lors de cet entretien

j’ai décelé son besoin de suivi régulier car elle avait des difficultés à accepter la prise en

charge. Aussi, je lui ai proposée qu’on puisse en parler la semaine suivante.

Au début de son séjour, les demandes ne venaient pas directement de sa part mais

plutôt de l’équipe (même si implicitement c’est une interprétation de l’équipe vis-à-vis de

son comportement quelques fois réfractaire puisqu’elle voulait « fuguer » et se mettait en

colère puisqu’elle ne voulait pas rester). Puis au fil des séances, Mme C m’interpellait après

les ateliers, que j’ai mis en place, car elle souhaitait que « l’on discute ensemble car elle

aimait bien me parler et que cela lui faisait du bien ».

3. Déroulement des entretiens et mes questionnements.

3.1 Les entretiens.

Durant la prise en charge de Mme C, nous nous sommes rencontrées 8 fois les

vendredis lorsqu’elle était présente. Les premiers entretiens se déroulaient l’après-midi pour

une durée d’une trentaine de minutes en moyenne (par rapport à son niveau attentionnel).

Par la suite je l’ai rencontrée le matin de 11h à 12h car cela correspondait à un des temps

calme de l’HDJ, et Mme C ne supportait pas ces périodes où elle n’était pas contenue.

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Ainsi le cadre de mes entretiens était contenant, elle pouvait déverser lorsqu'elle se

sentait angoissée. Mme C a un discours peu fluent et peu informatif, elle est souvent dans le

paradoxe et dans la répétition. Les troubles cognitifs l’empêchent d’élaborer plus, malgré

tout voici ce qui a pu ressortir durant nos différents entretiens.

Tout d’abord lors du premier entretien (entretien d’accueil), on se présente, on

présente ou (re)-présente l’institution. Je recueille les éléments d’anamnèse du patient et

nous abordons les objectifs de la prise en charge. Durant cet entretien avec Mme C elle a pu

me faire part de son sentiment de ne pas avoir envie de venir. Elle se sent obligée de suivre

cette prise en charge pour faire plaisir à son mari.

Entretien 1, Mme C  : «  Je n’ai pas envie de venir  ici,  même si  les gens ont l’air  

gentil.  Mais   c’est  mon mari  qui  m’oblige  à   venir   ici,   je   suis  de  nature  timide,   ce  qui  

m’empêche d’être à l’aise dans un groupe. Moi je n’aime pas être dans un groupe. Je n’ai  

pas envie de le décevoir. Après je vais essayer de rester ici pour voir même si j’ai envie de  

m’en aller. »

Par la suite, les entretiens étaient centrés sur les difficultés à rester au sein de

l’enceinte de l’HDJ. Elle se sentait obligée par son mari et aussi par la place du milieu médical

dans sa vie (son métier, celui de ses sœurs, de son mari et de ses enfants).

Entretien 2, Moi  : « La semaine dernière vous m’aviez dit que vous allez essayer de  

rester ici ? »

Mme C  : « Oui je vais rester, de toute façon je n’ai pas le choix. »

Moi  : « Pas le choix ? »

Mme C  : « Oui mon mari veut absolument que je reste et c’est vrai qu’on est gentil  

ici, on mange bien, on est au petit soin avec nous. Les gens sont sympas mais bon je ne suis  

pas comme certains je fais encore beaucoup de choses. »

Au fil des séances Mme C a su que j’étais originaire de l’île de la Réunion. Les

demandes sont alors venues d’elle, et les entretiens se sont orientés sur son passé

notamment à l’île de la Réunion : une période de sa vie qu’elle a beaucoup aimé.

Entretien 5, Mme C  : « Oui j’ai demandé à vous voir ce matin, c’est bien vous la  réunionnaise ? »

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On peut dire qu’à partir de ce moment-là, l’alliance thérapeutique s’est créée et a marqué le

début de la relation thérapeutique. Cette accroche a permis à Mme C de s’ouvrir davantage

durant nos entretiens et d’être plus sur un registre affectif. Le cadre de nos entretiens a pu

évoluer, notamment avec l’introduction de la prise de notes. Ainsi, Mme C se sentait plus

rassurée et en confiance. Même si la question de sa prise en charge à l’HDJ et la place du

milieu médical dans son entourage reviennent à chaque fois (marquant une importance dans

son discours et qui marquera de toute manière chacun des entretiens).

Entretien 4, Mme C  : «  j’ai vécu à la Réunion, j’ai eu mes 3 filles là-bas elles sont  

réunionnaises aussi. On peut dire qu’elles sont réunionnaises aussi (rire).  C’était bien, j’ai  

beaucoup   aimé.   Avec   mon  mari,   on   habitait   à   l‘hôpital     où   il   travaillait   euh…   ça  

s’appelait…. C’était dans le nord de la réunion vous connaissez ? »[…]

Mme C  : « Car vous êtes réunionnaise et que vous connaissez là-bas. »

Moi  : « Avant c’était difficile de me parler ? »

Mme C  : « …non vous êtes gentille avec moi, on est tous gentil avec moi ici. J’aime 

bien être ici. »[…]

3.2 Questionnements.

Je me suis demandée à plusieurs reprises pourquoi cette patiente ne souhaitait pas

venir et quelle était réellement la place du milieu médical en parlant de son métier (et de sa

famille) dans son discours ? Pourquoi est-ce si important pour elle ? Puis que signifie pour

elle sa prise en charge au sein de l’hôpital de Jour ?

4. Analyse du SHIPA.

4.1 Le SHIPA.

J’ai donc choisi de faire passer ce test projectif pour venir étayer mes entretiens. Afin

de mieux comprendre son fonctionnement psychique, sans limiter ses réponses. Mais aussi

d’évaluer certains points de souffrance et ses ressources au niveau de l’adaptation face à des

situations de la vie quotidienne. Il m’a semblé aussi opportun d’introduire un élément

médiateur durant nos entretiens.

*Qu’est-ce que le SHIPA       ?  

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Le Shipa (sept histoires pour personnes âgées) est une technique projective validée

(ce test vient compléter ou relayer les épreuves projectives lorsqu’elles sont limitées). Il est

composé de sept courtes histoires, le sujet doit proposer la fin de chacune d’entre elles,

comme il le souhaite, il n’y a que le début qui est écrit. Ces histoires sont construites autour

de thèmes de la vie quotidienne (la dépendance, l’isolement, le passé, les conflits

générationnels et la chute). Ce test ne mobilise pas beaucoup la mémoire et donc peut

s’utiliser chez des personnes âgées ayant des troubles cognitifs. Mais il peut s’utiliser

également avec des personnes très âgées, des personnes institutionnalisées ou vivant chez

elles. Ce test est rapide et simple. Il a pour objectif de comprendre la qualité de l’ajustement

du sujet et de repérer ses ressources psychologiques mises en place s’articulant autour de

trois dimensions : le sentiment de contrôle, la relation à l’autre et la distance par rapport aux

histoires.

4.2 Cotation et analyse.

Dimension de contrôle : son score est de 10, (moyenne 12,2, écart type 1,8) donc groupe 3.

Dimension de distance : son score est de 16, (moyenne 16,5, écart type 3,9) donc groupe 4.

Dimension à autrui : son score est de 08, (moyenne 8,1, écart type 0,6) donc groupe 4.

Refus : 0 donc groupe 4 (moyenne 0,05, écart type 0,1) donc groupe 4 (Le tableau de la cotation sera mis en annexe).

Suite aux résultats obtenus on peut penser que Mme C est dans le groupe 4. Celui-ci

est défini par Buisson (2006), comme étant un groupe possédant des ressources souples face

aux situations de la vie avec de bonnes capacités cognitives.

Le sentiment de contrôle : Histoire 1 à 4. Correspond à la perception qu’un sujet a de

lui, en étant acteur de sa vie et de ses choix. Pour Buisson (2003), cette dimension est liée à

l’anxiété et à la dépression.

Mme C n’est pas celle qui décide et qui agit dans les histoires. Elle obtient 10/16, elle

se trouve soi dans le repli, dans le renoncement ou dans la dépendance à l’autre. Le

sentiment de contrôle ici est externe au sujet, celle-ci passe beaucoup par une tierce

personne qui est là à des fins de contrôle.

Histoires 2  : « Eh ben, s’il veut le mettre dans la maison de retraite. Est-ce qu’ils ne  

peuvent pas faire autre chose ? ou sinon faire venir quelqu’un chez eux, c’est possible.  

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C’est vrai que s’ils ne sont pas sociables comme moi. C’est vrai c’est un début, il est obligé  

d’aller  en maison de retraite,  s’ils  sont obligés,   ils   iront.  Moi  je n’aimerais  pas mais  je  

pense qu’on peut s’y faire si on est obligé. »

Le fait de passer par autrui, et d’avoir ce repli (ou renoncement) comme moyen défensif vis-

à-vis de ces situations peuvent suggérer que cette patiente est anxieuse voire dépressive.

«  Il a été montré qu’entre l’âge adulte et celui de la vieillesse, le sentiment de contrôle tend à  

passer peu à peu de  l’interne vers  l’externe,  et  qu’au sein des  institutions notamment,   il  

existe un lien entre une atténuation des symptômes de la dépression et le fait de se sentir  

responsable   de   petites   tâches   dans   la   vie   de   tous   les   jours», Alaphilippe et al (2006).

Cependant là on voit clairement que les situations se tournent vers l’externalité. Cela ne

vient donc pas atténuer le symptôme de la dépression chez Mme C. Elle n’est plus actrice

d’elle, de ses choix et contrôle peu. Mme C est dans la dépendance, et on constate que son

niveau de sentiment de contrôle ne relève pas d’une autonomie certaine. Même si cela peut

être une marque d’intérêt pour les autres ? Averill (1973) dit que les sujets utilisant

l’externalité sont plus confiants lorsqu’ils sont confrontés à des problèmes graves (exemple

maladie). Car ils seraient à la recherche de causes externes plutôt que de s’attribuer des

causes internes, exemple : si je suis malade c’est à cause de « élément externe ». Cependant,

l’auteur dit aussi que lorsqu’on recherche des causes internes, on a une meilleure image de

soi, on s’attribuerai plus facilement le mérite. Mais ici cette patiente n’a pas un sentiment de

contrôle fort, ce qui ne la rend pas plus confiante. Mme C passe donc par la dépendance ou

par le repli vis-à-vis des situations (donc une possible image moins positive d’elle).

La distance à l’histoire (D3, D2, D1) : histoires 1 à 7. La personne garde-t-elle le

contrôle des histoires ? Peut-elle se décentrer et analyser la situation avec objectivité ? Ou

au contraire est-elle distante ? Cette dimension est un bon indicateur de la vulnérabilité

psychologique du sujet.

Mme C s’identifie peu aux histoires (elle n’emploie pas le « je », sauf pour faire état

de son point de vue exemple « je pense », « je trouve »). Parfois on peut croire qu’elle

s’identifie, mais à la fin des histoires elle marque une distance, dans le but de se préserver.

Ainsi Mme C n’est pas aussi vulnérable d’un point vue psychologique, elle sait mettre cette

distance nécessaire en ne s’impliquant pas forcément. Elle obtient 16/21, cela montre

qu’elle a encore des ressources de mise à distance.

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La relation à autrui : histoires 5 à 7. Cela correspond à l’intérêt du sujet vis-à-vis des

autres. La personne est-elle toujours dans la recherche des autres ou au contraire cherche-t-

elle à s’en dégager par le retrait ? Cela nous apporte des informations sur sa relation au

monde, sur ses liens d’attachement mais aussi sur le soutien que les autres peuvent lui

apporter.

Mme C est toujours ouverte à la relation à l’autre. Elle obtient 8/9, d’une manière

générale on constate une certaine dépendance. Cette relation à l’autre peut être parfois

pesante même si la place de l’autre est importante pour elle. Cela vient alimenter cette

dépendance. Au niveau de son estime de soi et de la dimension de soi, cela passe par le

regard d’autrui qui vient prendre sens dans cette relation d’indépendance. Selon Buisson

(2003), un score élevé ici montre une autonomie et une ouverture aux autres. Mme C

s’intéresse toujours aux autres même si son mode de relation à autrui passe par un mode

anaclitique.

En somme, Mme C est peu dans le contrôle et dans la maîtrise. Cela ne vient pas

confirmer une ouverture d’esprit et une affirmation d’elle. Concernant la relation à autrui,

on voit bien l’importance du regard de l’autre qui vient impacter sur son identité narcissique

et la question de la relation d’indépendance qu’elle entretient avec son environnement.

D’une manière générale et grâce aux résultats du SHIPA, Mme C semble pouvoir mettre en

place encore quelques ressources adaptatives, avec cette notion de distance face aux

difficultés et ainsi son adaptation passe par le besoin de l’autre dans un but d’étayage.

Pendant la passation Mme C semble détendue et rassurée. Elle semble également ouverte et

sereine, selon elle, elle a passé un « bon moment ».

5. Analyse.

« L’enrichissement   du   moi   est   la   meilleure   façon   de   réalimenter   la   libido   du 

narcissisme sain. Vieillir c’est se préserver. Pour se préserver il faut s’aimer, au moins assez  

pour avoir une valeur qui mérite d’être entretenue et protégée. Le moteur est le narcissisme  

sain,  tel qu’il  s’est constitué dans le regard de la mère à l’époque où celui-ci  était  offert  

comme un miroir pour le psychisme. » Le Gouès, (2000). Le vieillissement est un processus

qui au fil des années fait que l’individu subit des pertes sociales et objectales. Pour pallier ses

pertes l’individu donne un sens à sa vie en procédant à un enrichissement. Celui-ci passe par

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Page 18:  · Web viewMais ici cette patiente n’a pas un sentiment de contrôle fort, ce qui ne la rend pas plus confiante. Mme C passe donc par la dépendance ou par le repli vis-à-vis

exemple par les souvenirs de la vie passée, afin d’alimenter le Moi qui est constamment

attaqué et ébranlé par les pertes. C’est le sens qu’on pourrait donner à cette citation.

Durant nos entretiens Mme C parle beaucoup de son passé, de ses souvenirs liés au

milieu médical (son métier, celui de ses enfants, sœurs et mari) comme pour pallier ses

difficultés, dans le but de se protéger et se renarcissiser. Les objets sont réinvestis pour

qu’elle puisse conjuguer les gains et les pertes que le vieillissement fait opérer chez elle. Le

vieillissement c’est avancé en âge. Souvent cette avancée en âge représente la dépendance

chez les sujets âgés : avec les gains et surtout les pertes. Ces opérations que les âgées font,

ils les mènent à partir de la sexualité psychique pouvant être génitale, anale ou orale.

Sexualité orale. Ce stade active chez l’âgé l’envie de manger plus pour lutter

contre l’angoisse de l’absence, du vide. Cette sexualité engendre souvent des

obésités tardives.

La sexualité anale. Il joue aussi un rôle dès que l’énergie psychique et sexuelle (la

libido) baisse, parfois entre agressivité et projection, mais aussi dans des buts de

ressources pour la vie courante.

Ici dans ce cas, Mme C semble faire ses opérations (de gains et de pertes) à partir

de la sexualité psychique génitale. La sexualité génitale chez la personne âgée est

une façon d’aimer l’objet, ce n’est pas spécialement un comportement. Dans

cette sexualité le signifiant du phallus est primordial. Le sujet âgé met de la

tendresse en passant par les souvenirs de la sexualité précédente. On peut dire

que l’objet est érotisé de manière tardive.

Toujours selon Le Gouès, la personne âgée va essayer de « piloter   sa   pente  

descendante ». Cette citation signifie que le sujet essaye de se satisfaire tout en repoussant

l’échéance finale, c’est-à-dire la fin de la vie (pulsion de vie contre pulsion de mort). Le

« narcissisme sain » est alimenté par un tiers, ici le tiers ce sont ses bons souvenirs. Et

l’individu peut récupérer son amour, c’est-à-dire l’amour de lui-même, de soi, qu’il avait

délaissé auparavant.

Le discours de Mme C à chaque entretien est peut être un moyen pour elle de

trouver une certaine jouissance de vie, qu’elle me rapporte et que je valorise à chaque fois.

Ce retour-là semble important pour Mme C. Revenir sur son vécu, ses bons souvenirs sont

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Page 19:  · Web viewMais ici cette patiente n’a pas un sentiment de contrôle fort, ce qui ne la rend pas plus confiante. Mme C passe donc par la dépendance ou par le repli vis-à-vis

très valorisants à ses yeux, elle met donc en avant sa réussite sociale (pour elle et pour sa

famille) et elle met en avant « sa belle vie passée ».

Mme C, entretien 3.  J’ai 5 enfants, ils sont adorables mes enfants. J’en ai un qui est  

médecin, un autre anesthésiste et un qui est chirurgien. […] Euh y’en a un qui est aussi  

dans le milieu médical et un qui ne travaille pas dans ce milieu, il n’est pas médecin il est  

dans le commerce. J’ai eu une belle vie, moi j’étais infirmière puéricultrice j’aime beaucoup  

les enfants, j’ai aussi travaillé avec mon mari au bloc  je lui passais les pinces c’était dur je  

n’aimais pas beaucoup je préfère travailler avec les enfants.

Moi  : Oui ça vous tient à cœur de parler de votre famille et de votre vie ?

Oui car j’ai eu une belle vie, et une grande famille. J’ai eu 6 frères et sœurs aussi. Ils  

étaient tous médecin aussi.

Cela se constate également durant la passation du SHIPA, pour Mme C le regard de

l’autre est important, ainsi que montrer ses côtés positifs.

De plus, on peut faire l’hypothèse que : dire ces paroles-là dans ce lieu hospitalier

(lien entre son métier et l’hôpital) et qui fait défaut pour elle, c’est se maîtriser. Elle fait le

choix de parler du milieu médical qu’elle connaissait bien dans un milieu hospitalier. Ce lieu

lui renvoie à ce qu’elle était. De plus, Mme C se dit timide, cette timidité a toujours été

présente, elle dit n’avoir jamais été une « décideuse ». Et là elle « décide » de parler de ce

qui lui fait plaisir.

Entretien 4 Moi  : Il ne fallait pas désobéir ?

Mme C  : Oui sinon il nous punissait, moi je ne  pouvais pas sortir. Mes sœurs si car  

elles étaient moins timides que moi je les suivais.

Moi  : Vous entendez quoi par suivre ?

Mme C  : Ben toutes les bêtises ce sont elles qui les faisaient, moi je me laissais faire  

car j’étais plus timide. J’ai toujours était de nature timide.

A de nombreuses reprises, elle évoquait le pouvoir de décision de son mari mais dans

cet espace de parole, c’est elle qui décide ce qu’elle veut dire. Sa place sociale (et son

entourage) montre l’importance de son statut et de son identité qu’elle choisit de partager

sans cesse. Comme si elle mettait en place une issue sublimatoire, « déplacée sur le registre  

symbolique, la transmission de la vie consiste à réussir une construction utile aux autres. Il  

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Page 20:  · Web viewMais ici cette patiente n’a pas un sentiment de contrôle fort, ce qui ne la rend pas plus confiante. Mme C passe donc par la dépendance ou par le repli vis-à-vis

fait pencher la balance du côté de l’intérêt pour l’objet, et du coup nous répare parce qu’il  

réduit la tristesse d’avoir à quitter la vie et qu’il réalimente le narcissisme sain », Le Gouès

(2000). Pour me montrer symboliquement une transmission d’une part d’elle, de sa vie

passée.

6. Troubles de l’humeur.

Dès son arrivée à l’hôpital de Jour et durant les réunions famille, Mr C nous décrit sa

femme comme étant triste depuis sa prise en charge. Les changements d’humeur sont

fréquents et elle (et/ou il) redoute les jours à l’HDJ. Pour elle cette venue est à la fois source

d’angoisse et surtout source de conflit avec son mari.

Cela se constate par son comportement (violent et colérique à certains moments). Sa venue

à l’hôpital de Jour est pour elle une source négative, assimiler à un mauvais objet venant

l’ébranler dans son identité et constitue pour elle des sources d’angoisses. Pourquoi

identité ? Car cela la renvoie à ses difficultés cognitives propres et également à l’image

d’autrui venant alimenter sa propre représentation. Selon Codol (1980), « les   individus  

s'auto-catégorisent en faisant des comparaisons sociales (intra groupe ou inter groupe) ce  

qui   entraîne   une   représentation   de   soi.   En   cherchant   leur   statut,   leur   hiérarchie,   des  

caractéristiques personnelles etc.,  pour mettre en avant les critères représentatifs de leur  

identité.   Cependant   l'individu   a   deux   besoins   contradictoires   celui   d'être   lui-même,   être  

original et le désir d'être comme les autres, être reconnu ».

Le fait d’être face à ces personnes (aux patients qui viennent aussi en prise en charge) lui

renvoie ses propres difficultés. Mme C se trouve dans une situation problématique qui la met

en péril, qui peut alimenter chez elle des angoisses. On peut aussi supposer que

l’identification soignant/soigné est source d’angoisse et viennent aussi alimenter cette peur

(peur d’être dans la dépendance et de ne plus savoir rien faire à cause de cette « sale

maladie »), elle qui était infirmière et qui se retrouve maintenant patiente. Ce qui n’est pas

valorisant au point de vue narcissique.

D’après Le Gouès et Gilbert (2000), les failles narcissiques ici induisent que la personne est

conduite vers un repli narcissique obligé dans le but de se protéger contre la peur d’être dans

la dépendance. Pour eux, la dépression et les réactions négatives se déclenchent alors, car la

personne se sent vulnérable. Ceci implique des changements d’humeur pouvant être

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fréquents voire des colères ou un comportement exigeant.

Lorsque Mme C n’est pas contenue elle se met en colère et dit qu’elle veut « fuguer ».

Ses angoisses trouvent leur origine dans ses failles narcissiques, elles constituent ce

qu’on pourrait appeler l’angoisse de castration, venant diminuer son estime de soi, d’après

C. Balier (1979). Pour lui, il y a un lien entre « castration » et « narcissisme », l’un peut avoir

des conséquences sur l’autre. Ces sources d’angoisses viennent alimenter ces troubles de

l’humeur. Pour Herfray (2007), « Dans la vieillesse qui ne cesse d’avancer, le sujet humain  

retrouve la problématique de la castration du fait de la perte de sa puissance ».  Selon elle,

les menaces liées à la baisse de cette puissance sont diffuses. Elles viennent faire défaut en

appelant le retour du refoulé. Cette émergence du retour du refoulé qui est pour elle aussi le

retour de l’angoisse de castration, fait que le sujet est plongé dans des crises (moments

psychiques intenses venant le secouer). Ces crises se jouent dans ces moments d’angoisse

alimentant la dépression et les troubles de l‘humeur.

Ainsi, c’est le cas chez Mme C. Pour se protéger, elle met en place ce discours-là

(place sociale), qui fait impact sur elle. Pour elle c’est un moyen de se préserver mais aussi

de constituer des liens symboliques la reliant à la communauté (médiale avec cette notion

de prestige qui s’y apprête) afin de pallier ce moment de crise qui pour elle est

insupportable. Son refus et sa colère pourraient être un moyen d’exprimer ce sentiment

d’insécurité psychique que lui procure la prise en charge à l’HDJ.

De plus, on peut penser que le conflit qui s’est installé au sein de son couple, provient

de ses angoisses liées à l’image d’elle-même (faisant défaut : donc de son désintérêt à venir

en prise en charge). Mais cela peut passer aussi par l’image de son mari. Pour elle, Il devient

un objet projeté sur elle comme un persécuteur. On peut imaginer que cela prend sens dans

cette relation d’objet, centrée sur une forte relation anaclitique. Selon Bergeret (1974), « La 

relation d’objet  anaclitique  associe   fortement  dépendance  et   recherche de  maîtrise  d’un  

objet (qui n’est plus forcément la mère, mais qui n’est pas sexué pour autant)». Il dit aussi

que la personne est intolérante aux frustrations, l’objet est ressenti comme persécuteur.

Même s’il y a une notion d’ambivalence : car la personne à besoin malgré tout du soutien de

l’objet, de son respect et de son affection. On voit bien que son mari est un élément moteur

sur lequel elle s’appuie et paradoxalement elle le projette comme étant persécuteur. Ces

conflits sont des éléments de grande souffrance pour Mr C (il en parle facilement lors des

réunions-famille).

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7. Mécanisme de défense.

Mme C ne semble pas être dans le déni concernant sa maladie. Elle sait bien qu’elle

est atteinte de la maladie d’Alzheimer et en parle comme étant une « sale maladie ».

Mme C, entretien 1 : « Oui j’ai Alzheimer depuis 2 ou 3 ans, c’est une sale maladie.  

J’oublie parfois des choses, si je viens ici c’est pour ne pas décevoir mon mari surtout (rire).  

Il croit que c’est bon pour moi, je n’ai pas le choix. »

Durant nos entretiens elle expliquait sa venue ici dans le but de faire plaisir à son

mari (cause externe). Dans son discours Mme C ne nie pas être malade et avoir des

difficultés mais malgré tout elle ne comprend pas la pertinence de sa prise en charge à

l’hôpital de Jour. Cela semble être de la dénégation, Bergeret (2008), dit que « c’est  un  

mécanisme plus archaïque que le refoulement  : le représentant pulsionnel gênant n’est pas  

refoulé, il apparaît donc dans le conscient mais le sujet s’en défend en refusant d’admettre  

qu’il puisse s’agir d’une pulsion qui le touche personnellement ».

De plus, Mme C a le sentiment de ne pas contrôler sa venue à l’HDJ (retour à l’aidant

vu comme persécuteur). Mme C passe par la dépendance, par le repli et le renoncement

dans la dimension du contrôle vu dans le SHIPA. Le non contrôle aux événements fait

effraction chez elle. Paradoxalement, Mme C issue d’une famille nombreuse, a toujours été

entourée par beaucoup de personnes. On a vraiment l’impression que cette perte de

contrôle semble refléter une peur de la dépendance. Elle semble préférer s’amputer d’une

partie de sa pensée, (ici des conséquences de sa maladie) et porte la faute de sa prise en

charge sur son mari. C’est pour elle le prix à payer pour qu’elle puisse lutter contre cette

angoisse de castration, afin de maintenir cette pulsion de vie.

En conclusion, Il m’a semblée opportun de vous parler de la façon qu’a Mme C à

s’adapter devant cette difficile épreuve que constitue sa vie (la prise en charge venant lui

faire crise et lui renvoie à ses angoisses). Malgré tout, cela répond aux différentes questions

que je me suis posée en postulat. Tout ceci me permet de poursuivre sur ma position dans

cette relation et mon positionnement en tant que Psychologue stagiaire.

8. Ma position de stagiaire.

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Lors du premier entretien, j’ai préféré me munir de la feuille « données patients »

créée par ma tutrice afin de venir étayer les entretiens. C’est un guide semi-directif qui

aborde des thèmes comme l’histoire de vie du patient, sur sa vie quotidienne et sur ses

représentations de la prise en charge.

Cependant, j’ai préféré laisser Mme C conduire l’entretien car elle était en colère. Elle

avait besoin de s’exprimer, je pense qu’elle n’avait pas envie d’aborder ces questions qui

tiennent à « cœur » l’institution. Dans le cadre de cet entretien, la reformulation m’a permis

d’en savoir plus sur son état de colère et sur sa gêne. Ce qui m’a permis d’aborder dans un

second temps la question de sa venue à l’HDJ et de ses attentes vis-à-vis de sa prise en

charge. J’ai observé que Mme C n’élabore pas beaucoup, elle a un discours qui parfois

manque de cohérence. Ainsi je ne voulais pas trop être intrusive et voir comment elle

fonctionne (discours, comportement). La prise de notes ne pouvait pas se faire et j’ai dû

beaucoup la rassurer sur le respect du secret professionnel.

Par la suite, durant les entretiens il me fallait encore rassurer cette patiente et la

valoriser. Il m’a semblé important de valider ses émotions et sa réalité psychique, pour

qu’elle ne se sente pas encore plus incomprise et attaquer.

Cependant, il m’a fallu également mettre en avant les bienfaits de la prise en charge

sans pour autant venir briser son mécanisme de défense et la mettre encore plus en péril.

Car durant les ateliers Mme C prend énormément de plaisir, elle a quand même encore des

capacités. C’est ce plaisir et cette capacité-là qui j’ai mis en avant lorsque je parlais des

bienfaits de la prise en charge avec elle.

Puis, je pense que l’alliance thérapeutique s’est faite lorsque cette patiente s’est

sentie en sécurité (retour à l’atome crochu : son passé à la réunion et moi qui suis

réunionnaise). Par la suite elle avait moins besoin d’être rassurée notamment sur la

confidentialité de l’entretien. J’ai pu également lors de la passation du SHIPA introduire la

prise de notes, Mme C ne s’est pas sentie attaquée par cette prise de notes comme elle a pu

l’être au début.

Bien sûr à chaque entretien, me présenter et présenter ma fonction est essentiel

pour poser le cadre. Il est important aussi pour moi, de reprendre l’entretien précédent.

Dans le but que la personne se sente en sécurité, personnellement il me faut rappeler les

dates et les raisons des entretiens précédents pour mettre mon interlocuteur en confiance.

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Puis il est important de contextualiser l’entretien qui va se faire et qui fait partie de

ce cadre que je mets en place. La durée des entretiens variait selon la qualité attentionnelle

de Mme C (entre 30 et 45 minutes maximum). Pour ma part mon cadre n’est donc pas

extrêmement rigide, car il me semble important de pouvoir s’adapter afin de proposer un

cadre assez contenant et un temps (/lieu) propice afin que la personne en face puisse se

sentir à l’aise. Dans l’adaptation de mon cadre, il m’a fallu continuer à travailler sur la

position actuelle de cette patiente, qui est crispée sur son passé idéalisé. A mon avis,

l’importance était de contenir, et de ne pas réactiver un potentiel conflit ancien irrecevable

pour elle à l’instant présent.

Evidemment, être stagiaire peut être difficile : un manque de reconnaissance de

l’équipe (qui en voit passer énormément), un statut parfois peu reconnu. Mais aussi par la

place qu’on se donne nous-même et dans la création de notre future identité

professionnelle. Mais dans ce lieu de stage, l’équipe m’a bien intégrée. Ma difficulté reste

centrée sur la problématique du temps et de la continuité de l’accompagnement des

personnes âgées dans un lieu de stage où l’on reste qu’un temps donné.

9. Analyse de mon contre transfert.

Par manque d’expérience et de temps, je n’ai pas pu approfondir les questions

autour de son enfance et de sa jeunesse, même si Mme C ne m’en laisse pas toujours

l’occasion.

Si je n’ai pas « creusé » d’avantage sur sa vie et ses anciens conflits, c’est parce qu’à

mon sens l’ici et maintenant sont importants en gériatrie. Même si cela aurait été bénéfique

pour étayer mon étude de cas ça ne l’aurait pas été pour la patiente.

D’une manière générale, Mme C m’a fait vivre beaucoup d’émotions. Durant nos

entretiens, j’avais une grande empathie vis-à-vis de cette dame. J’ai pris un certain plaisir à

vivre cette relation, sans forcément qu’il y ait d’attachement de ma part. Par contre Mme C

s’est attachée à moi (à la fin de la journée, il fallait absolument qu’elle vienne me dire au

revoir plusieurs fois, ou elle s’asseyait à côté de moi lors de chaque atelier). Je pense que

cela s’explique par le sentiment de sécurité que j’ai pu lui offrir et cette proximité qui est en

lien avec mon statut de stagiaire dans l’établissement (elle était également incluse dans tous

mes ateliers et j’intervenais énormément dans les groupes que l’équipe mettait en place).

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Il était donc primordial pour nous que je commence à travailler sur la distance et sur

la séparation que ce soit en entretiens ou dans les ateliers.

Je me suis rendue compte que je ne voyais pas cette dame comme une personne

vulnérable mais comme une personne qui subit sa vie, comme une victime. Dans son

discours la notion « d’être obligé de… » est présente, elle m’a même entrainée parfois dans

une certaine compassion. Cela m’a projetée à son âge, sur ce que j’aimerais ou non. Puis

qu’on le veuille ou non, le sujet âgé symbolise la mort. Cela me renvoie aussi à l’angoisse de

mort. Je me suis interrogée sur ce qu’elle me faisait vivre de manière inconsciente. On avait

également des points communs (en lien avec l’île de la Réunion) ce qui a permis de créer

cette alliance thérapeutique. Puis toutes ces questions qu’elle m’a fait me poser : supportera

–t-elle que je m’initie dans un éventuel conflit ancien ? Ce conflit ancien que j’aurais pu

aborder, aurait-il pu l’aider à réduire ses souffrances présentes ? Mais elle ne me permettait

pas d’aborder ces différentes questions, ce qui m’a semblé être un refus inconscient de sa

part de ne pas venir l’ébranler davantage. Du moins, c’est ce que j’ai ressenti durant les

entretiens.

Ma position de future psychologue et surtout la notion de contre transfert m’ont

permis de me poser un questionnement d’ordre éthique par rapport à son suivi et son

accompagnement.

10. Questionnement éthique .

Tout d’abord, il était difficile de comprendre sa prise en charge à l’hôpital de jour :

alors que l’un des critères est l’acceptation de la personne à venir. Et clairement Mme C

exprimait son désir de ne pas venir (même avant). Alors, je me suis demandée : Pourquoi

entreprendre (ou poursuivre) la prise en charge, si cela vient faire autant effraction chez

elle ? Pour y répondre je me suis orientée sur plusieurs réalités.

Réalité familiale : En synthèse, le point important est que le mari est à la limite d’un

écroulement, qu’il a besoin de ce répit pour pouvoir se recentrer sur lui.

Réalité matérielle :

*(santé physique) : Mme C est apte à venir, elle n’a pas de problèmes de santé

pouvant empêcher une prise en charge. Elle a même bénéficié d’un suivi avec le médecin de

l’hôpital (changement de traitement, diminution des jours de PEC).

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*(Santé psychique) : Les moments calmes étaient intolérables mais lors des ateliers

elle disait prendre plaisir et s’apaiser avec le suivi.

Actions : Le maintien de la prise en charge est judicieux, le médecin a aussi décidé de

diminuer le nombre de jours de prise en charge (1 jour par semaine, le vendredi). Les suivis

réguliers avec moi et la mise en place d’ateliers dans les moments calmes pour les patients

qui angoissent étaient préconisés.

A la question que je me suis posée en tant que (future) professionnelle, il m’a semblé

finalement important de garder la prise en charge active, et qu’au niveau bénéfices/ risques

Mme C aurait surement eu beaucoup plus de désavantages si la prise en charge avait été

interrompue.

11. Bilan et perspectives.

Sa prise en charge a permis un changement au niveau de son traitement, ainsi que la

mise en place de cet espace de parole. Mme C a pu s’exprimer, petit à petit elle s’est

apaisée.

Finalement, lors de son dernier entretien Mme C a pu mettre en avant des éléments positifs

malgré sa réticence à venir.

Lors du dernier entretien famille, l’accent a été mis sur le mieux-être de Mme C au

Puy en Velay grâce à de nombreux repères. Elle et son mari ont déjà une aide-ménagère là-

bas (qui est bien acceptée). Il a aussi permis de mettre en évidence l’importance d’un

accompagnement individualisé, comme par exemple l’introduction d’une accompagnatrice

de vie. J’étais moi-même accompagnatrice de vie, c’est un métier qui n’aborde pas le côté

soin et propose un accompagnement individuel avec mise en place d’activités adaptées

(jeux, sorties, repas avec la personne etc.) tout en favorisant les échanges. Il n’y aura pas

d’identifications soignant/soigné ou d’identifications négatives (en rapport avec les patients

en HDJ qui ont aussi des troubles cognitifs). Mme C n’était pas opposée à cette perspective.

Cette patiente sera également suivie tous les 6 mois par son médecin qui veillera sur

l’évolution de sa maladie et sur sa situation familiale.

12. Conclusion .

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En somme, cette patiente m’a permis de faire un suivi long dans un univers

hospitalier. J’ai pu être confrontée aux difficultés que rencontrent les sujets âgés, qui

émanent parfois à cause de la prise en charge après un diagnostic.

Il est important pour moi de créer un lieu et un temps d’écoute, se voulant être

rassurant, où l’expression à toute sa place. De plus avoir la distance suffisamment bonne

pour analyser cette situation a été très formateur.

Pouvoir accepter d’être un élément de soutien pour des personnes en souffrance

psychique m’a confortée dans mon apprentissage. Cela m’a permis d’aborder ma position en

tant que future professionnelle, tout en essayant de prendre conscience de ce qui se joue

dans les éléments contre-transférentiels. D’une manière générale, je peux dire que dans la

relation, l’alliance thérapeutique a pu se créer, ce qui a facilité par la suite nos entretiens. Au

début de sa prise en charge Mme C avait beaucoup de difficultés à accepter sa prise en

charge. Et par la suite, grâce au travail de l’équipe pluridisciplinaire et grâce à ce soutien

psychologique (cadre, écoute, empathie etc.), la prise en charge est devenue « moins

difficile à supporter ».

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Chapitre II : Analyse institutionnelle

1. Introduction.

L’institution choisie pour cette analyse se trouve être mon stage en EHPAD que j’ai

réalisé d’octobre 2013 à Mai 2014 (sur la base tout d’abord d’une demi-journée par semaine

puis de deux jours par semaine). La psychologue de l’institution est employée là-bas depuis

maintenant 5 ans. Elle a décidé de me prendre comme stagiaire (malgré beaucoup de

résistances au niveau de la direction pour des questions d’ordre financier : rémunération des

stagiaires).

Lors de mon entretien pour le stage, la psychologue a tout de suite pointé des

dysfonctionnements au niveau institutionnel. En me rapportant l’éventuelle difficulté que je

pourrais avoir à m’intégrer au sein de l’équipe. Selon elle, l’équipe est en ce moment en

souffrance et s’engage peu avec les stagiaires qui tournent énormément. C’est pour cela que

tout naturellement, je me suis orientée vers cet établissement pour mon analyse

institutionnelle. Car j’ai eu l’occasion de voir des dysfonctionnements et une réelle

souffrance au niveau de l’équipe.

Premièrement je vais m’appuyer sur mes premières impressions tout en décrivant la

structure et son fonctionnement. Puis je passerai à l’analyse institutionnelle en essayant de

comprendre les enjeux et le fonctionnement institutionnel. Je m’appuierai sur des exemples

également afin d’étayer mes propos. Grâce à son histoire, j’essayerai de mettre en évidence

ses difficultés notamment dans le rapport à son identité et aux difficultés identificatoires de

l’équipe face aux personnes ayant une dépendance, des démences ou des troubles. Puis je

continuerai par les difficultés qui viennent ébranler l’idéal soignant au sein des équipes. À la

fin, je terminerai par donner quelques perspectives possibles et parler de mon rôle au sein

de l’établissement.

2. Mes premières impressions.

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La première fois où j’ai vu l’établissement je ne pensais vraiment pas que c’était un

EHPAD. En effet, l’établissement se trouve au milieu d’un quartier sensible de Lyon 8éme, sa

façade ressemble à une résidence assimilable à l’ensemble du quartier (même si sa hauteur

est plus petite que les autres car elle fait 5 étages).

Lors de ma première journée, j’ai vraiment eu l’impression d’être dans une résidence

pour personnes âgées de type foyer logement. Je n’ai vu quasiment aucun soignant, et peu

de résidants, il y avait certes une secrétaire et des bureaux administratifs. Mais en toute

sincérité, j’ai eu beaucoup de mal à me dire que ce lieu était un EHPAD, avec les

connotations de « soins et de médical » qui vont avec. Je ne me suis pas sentie très bien

accueillie par le personnel sauf la secrétaire qui était très souriante et m’a orientée vers le

salon. A l’entrée on peut y voir donc un petit salon très joli avec beaucoup de décorations.

Au rez-de-chaussée toujours se trouve le restaurant, très beau et spacieux cela donne

l’impression d’être vraiment dans un restaurant convivial. On y trouve également deux

appartements (pour des personnes en séjour temporaire). Il y a également une petite pièce

où se déroule des activités nommées « côté jardin » et juste en face se situe la salle des

infirmiers. Tout au fond, il y a une porte avec code pour accéder à l’espace « Cantou »

appelé la Roseraie, qui accueille des personnes ayant des troubles du comportement (au

total 9 appartements). Cette unité de vie sera décrite un peu plus loin dans ce mémoire.

L’établissement comprend donc 5 étages avec 68 appartements du T1 ou T2 bis en

tout. La résidence accueille des personnes seules ou en couple. Cependant au niveau des

étages les couloirs sont assez courts, étroits et peu éclairés. Dans chaque étage il y a un coin

salon : sauf au 2ème et au 3ème étage on trouve respectivement une salle de réunion et un coin

salon de coiffure.

3. Histoire de l’institution et descriptions.

L’EHPAD où j’effectue mon stage s’appelle résidence « Madeleine Caille ». Il fait

partie du réseau ARGO dont le siège se situe en Bretagne. Cet EHPAD est le seul ouvert en

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dehors de la zone bretonne. Le réseau Argo est un regroupement associatif qui comprend

l’association des résidences Edilys (lieu de vie médicalisé) et l’association des résidences

Kerélys (spécifiques aux personnes désorientées voire très dépendantes). L’association qui

gère la résidence Madeleine Caille est l’association Edilys, qui avec sa convention permet de

mettre en place un établissement médicalisé pouvant accueillir des personnes jusqu’à leur

fin de vie.

Cependant avant d’être un EHPAD géré par le réseau Argo, l’établissement a été

ouvert comme foyer logement en 1996 dans ce quartier de Lyon 8éme favorable à une

certaine intégration des résidants dans la cité (proximité des commerces, du marché, des

pharmaciens, médecins etc.). Madeleine Caille et René Caille étaient les fondateurs de cette

résidence, d’où le nom qu’elle porte : « Madeleine Caille » (en référence à l’un de ses

fondateurs). Ces fondateurs travaillaient à la mairie de la ville, et voulaient mettre en place

un lieu de vie humaniste et accessible financièrement, ils se sont alors associés à des

organismes HLM (Habitation à loyer modéré). Leurs objectifs étaient de permettre aux âgés

de vivre en communauté, de favoriser les rencontres, les échanges, l’entraide entre voisins

et permettre aux résidants d’avoir tout à proximité.

Par la suite, en 2004 la résidence signe une convention tripartie et devient un EHPAD.

Ainsi, cela l’autorise à accompagner ces résidants jusqu’à leur fin de vie. De 2004 à 2007, de

nombreuses difficultés de gestion ont eu lieu. Suite à ses difficultés, il y a eu des

changements au niveau du gestionnaire. C’est à ce moment-là (en 2007), que la structure a

fait partie de l’association des résidences Edilys (du réseau Argo) avec un projet

d’établissement visant à proposer une architecture adaptée afin de concilier « bien être chez

soi » et sécurité. L’EHPAD accueille des personnes fragilisées (« pas nécessairement très

dépendante», cette phrase vient du projet d’établissement) souhaitant rompre la solitude,

ayant une démarche préventive ou des difficultés d’une manière générale à rester chez eux.

Au sein de cet établissement on peut voir différents profils de personnes. Tout d’abord nous

avons des personnes autonomes, des personnes qui ont plus de mal dans les tâches de la vie

quotidienne et celles un peu plus dépendantes physiquement ou psychiquement (des

personnes ayant des handicaps, des maladies ou des troubles cognitifs débutants ou

modérés). Il y a également des personnes qui sont totalement dépendantes et qui par

conséquent ont besoin d’avantages d’aides dans les gestes de la vie quotidienne. Dans

l’unité « Cantou» (la Roseraie) on rencontre des personnes ayants des troubles cognitifs

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majeurs engendrant des troubles du comportement importants qui ont besoin d’un cadre

plus sécurisé afin d’être plus entourées.

Quant aux employés, ils sont gérés par cette association. L’établissement se compose

donc de 48 salariés permanents, de 12 remplaçants et de stagiaires en permanence.

3.1 Pôle administratif :

La directrice est un maillon fort de l’établissement. Elle s’investit énormément au sein

de l’EHPAD. Elle s’occupe de l’administratif certes mais elle aime beaucoup participer aux

différentes réunions quelle que soient les thématiques. Cette directrice fait donc le lien entre

le réseau, l’association et la gestion de l’EHPAD.

Il y a également deux secrétaires chargées de la gestion administrative et de l’accueil

de l’établissement. Le bureau se situe à côté de la porte d’entrée et il n’y a pas de porte. Les

secrétaires se relayent entre elles, elles veillent au bon fonctionnement administratif de

l’établissement et aux requêtes des employés (congé, fiche de paie, arrêt maladie etc.) et

des résidants également.

3.2 Pôle soin :

Il est composé d’aides-soignants, d’infirmiers, d’AMP (aide médico-psychologique) et

d’auxiliaires de vie. Ces employés sont au service des résidants, pour les gestes devenus

difficiles tels que la prise de médicaments, la toilette, les pansements, les injections etc. Ils

doivent s’assurer d’apporter des soins et une bonne prise en charge au résidant.

Dans le pôle soin, il y a également une psychologue et une psychomotricienne qui y sont à

temps partiel. La psychologue travaille une journée et demie par semaine, elle intervient

dans l’EHPAD, à la roseraie et au sein de l’équipe également. Elle travaille beaucoup sur la

mise en place des projets d’accompagnement individualisés que l’établissement est en train

de renouveler (cela lui prend beaucoup de son temps) auprès des résidants. Et elle intervient

aussi dans l’espace « côté jardin » (à l’origine cela devait être un PASA (Pôle d’activités et de

soins adaptés) qui n’a finalement pas pris cette forme). La psychomotricienne intervient à

l’EHPAD et à la Roseraie. Je n’ai pas eu l’occasion de la voir.

Afin de coordonner les soins, il y a une infirmière coordonnatrice qui gère, encadre l’équipe

soignante, organise puis contrôle les prestations de soins. Enfin au sein de l’établissement, il

y a le médecin coordonnateur, qui fait le lien entre les médecins traitants et la résidence.

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3.3 Pôle hébergement :

Au pôle hébergement on trouve des agents d’entretien, une lingère et un

responsable de la maintenance. Les agents d’entretien n’interviennent que pour les parties

communes de l’établissement et non dans les appartements. La lingère gère les blouses de

l’équipe soignante mais aussi les vêtements des résidants qui le souhaitent. Les serveurs du

restaurant font eux aussi partie du pôle hébergement.

3.4 Pôle animation :

L’établissement emploie une animatrice à temps plein. Elle a une place importante

dans l’institution. Son rôle dans l’établissement sera développé plus tard dans ce mémoire. Il

y a une animation tous les jours et même le week-end.

3.5 Pôle cuisine :

L’équipe de cuisine de l’EHPAP est composée d’un chef de cuisine, d’un second, de

commis. Ils préparent tous les repas des résidants souhaitant manger dans le restaurant de

l’EHPAD. Les résidants peuvent s’y inscrire à temps voulu. Pour les personnes plus

dépendantes, un forfait en pension complète est à leur disposition, ainsi, ils peuvent manger

au restaurant chaque jour.

3.6 Planning et horaire :

Quant au déroulement du planning, certains membres du personnel peuvent

travailler soit le matin soit l’après-midi, l’équipe tourne beaucoup. Les horaires peuvent

varier selon les postes et selon les étages. D’autres membres du personnel eux ont des

horaires de journée plus fixes. L’équipe de nuit (qui fait partie du pôle soin) qu’on nomme

les veilleurs se compose d’une aide-soignante et d’une auxiliaire de vie. En général ils

prennent leur poste le soir de 20h30 à 7h00 du matin. Ils tournent dans les étages et

répondent aux sollicitations nocturnes des résidants. Il y a aussi un veilleur de nuit à la

Roseraie, qui vient souvent apporter son aide à l’équipe de l’EHPAD.

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4. Evolution de mes impressions.

Mes premières impressions ont évidemment évolué avec le temps. Après quatre

mois de stages je commence à voir que dans cette structure l’équipe soignante est bien

visible et les personnes dépendantes aussi (physiquement et/ou psychiquement). Il m’a fallu

quatre mois et un temps d’observation durant le repas du midi pour m’en rendre compte et

réellement voir la « visibilité » de l’équipe soignante et des résidants dépendants.

Pendant ce temps d’observation dans le restaurant, mes impressions ont changé, j’ai

vu des personnes dépendantes, alors qu’on les croise peu, ni dans les animations ni dans les

couloirs (ce qui ne veut pas dire que je n’ai rencontré personne avant). Je pensais même que

cet EHPAD n’accueillait d’une manière générale que des personnes peu dépendantes qui

sont encore plus ou moins autonomes.

Je reviens sur ce temps d’observation au moment du repas de midi. L’impression de

chaleur et de gaieté du restaurant que j’avais ressentie au début a changé. J’ai trouvé ce

temps de repas morose et peu convivial, avec une équipe soignante peu présente au

moment du repas finalement. Je suis restée à la table des personnes « dépendantes »

comme on l’appelle, afin de voir si je pouvais aider. Cette table est à côté du bar, il y a donc

un coin pour les personnes dépendantes et un coin pour les personnes autonomes.

J’imagine que c’est pour ne pas « gêner » les autres sûrement. Cette scène reflète également

les animations, lorsqu’il y a des animations il n’y a quasiment pas de personnes ayant des

troubles du comportement ou une grosse dépendance qui « gêneraient » les autres.

Une fois, j’ai vu une dame qui crie souvent, mise de côté dans un petit salon télé

juxtaposé au restaurant (le restaurant est aussi le lieu des animations), devant elle une

télévision sans son. Criant durant l’animation l’équipe a préféré l’isoler. Elle criait à ce

moment-là car elle avait besoin de parler (selon ses dires) et elle ne voulait pas rester seule,

je suis donc restée avec elle un long moment. Lorsqu’elle s’est apaisée, je décide donc de

partir afin de finir mes transmissions. Avant de partir je lui ai demandée si elle voulait que je

lui mette le son à la télévision et quelle chaîne elle aimerait regarder, de plus je savais que

l’animation allait bientôt se terminer. L’animation terminée tout le monde part mais je la

vois toujours seule criant à nouveau, demandant à ce qu’on la raccompagne chez elle aussi

comme les autres. Le personnel passait à côté d’elle s’en s’arrêter, je décide donc de

l’emmener moi-même dans sa chambre tout en le signalant. Cette dame est mise de côté car

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elle crie, elle crie car elle voulait une présence à côté d’elle. Elle crie à nouveau à la fin de

l’animation car on passe sans lui adresser un mot.

Pour rester au niveau de l’animation, j’ai eu l’occasion une fois de discuter avec une

stagiaire animatrice qui m’a avouée qu’il y aurait peut-être une sélection des personnes

durant les animations. Une sélection inconsciente ?

Mme V, stagiaire animatrice  : « non il n’y a pas de sélection tout le monde peut  

participer  aux  animations,  enfin  je  sais  qu’il  y  a  des animations où on ne dit  pas aux  

personnes de la roseraie de venir car cela n’est pas adapté, il y a une fleur sur le planning  

d’animation quand la roseraie peut venir. Hum… il y a même des fois on ne demande pas  

aux personnes de l’EHPAD de venir alors qu’ils en auraient besoin. Il y a Mme T (c’est une  

dame avec des troubles cognitifs) qui je suis sûr aimerait venir mais on ne va pas la voir  

pour demander c’est vrai. Hum… en fait si  il  y a une sélection mais ce n’est pas voulu.  

Enfin, ce n’est pas conscient je pense, même si on devrait plus proposer aux autres et ne  

pas demander qu’aux habitués, à ceux qui peuvent… »

On note notamment que les résidants de la roseraie viennent aux animations

quelques fois (pour les anniversaires en générale) et ils sont mis à l’écart, à côté des portes

du restaurant. J’ai demandé pourquoi, on m’a répondue « car ils viennent toujours après le

début de l’animation et c’est plus facile pour l’équipe de les ramener à la fin de celle-ci ». J’ai

malgré tout soulevé un point qui me semble important, je peux « essayer » de comprendre

cette raison mais le problème est que les personnes n’entendent pas forcément quand il n’y

a pas de micro, l’animatrice ne vient que très peu voire pas du tout vers eux pour mettre un

peu « d’entrain », les solliciter dans leur coin durant l’animation. Ces scènes montrent les

écarts entre ceux qui sont nommés comme « bruyants » et ayant des troubles et ceux qui ne

le sont pas. Que ce soit au moment du repas, dans les animations etc. Et selon ce que j’ai pu

observer, il y a une mise à l’écart réelle et visible des personnes selon leur situation (des

personnes qui sont nommées comme « bruyantes » ou non, dépendantes ou non).

5. Analyse de l’institution.

5.1 Problématique : l’institution et sa réalité psychique .

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L’équipe que je vais définir comme pluridisciplinaire de par leurs différentes

professions et fonctions désigne un ensemble de membres ayant des objectifs communs : le

bien-être physique et psychique des résidants.

Ces personnes dans l’institution sont engagées, mobilisées dans la relation d’objet

qui est partielle. Cette relation idéalisée peut entraîner une certaine identification bien sûr

imaginaire et symbolique. Cette identification est la trame de notre appartenance,

« l’institution   comme   objet   ou   comme   non-soi   dans   le   sujet,  mais   l’institution   comme  

système de lien dans lequel le sujet est partie prenante et partie constituante » René Kaes et

al. (2012). On est donc confronté à la réalité psychique de chaque individu qui compose

l’ensemble du personnel et des résidants. Cette identification ici peut faire souffrance, cela

entre dans la composition des enjeux narcissiques et objectaux de chaque position des sujets

engagés dans l’institution. On peut voir à travers les différents exemples que j’ai pu donner,

qu’il y a une identification pouvant être négative. Lorsqu’une personne ne correspond pas à

une identification conforme, c’est-à-dire comme « Soi », on la met de côté. Comme si on

venait à sélectionner les personnes, celles qui sont autonomes ou sans troubles visibles et

celles qui ont des troubles plus visibles ou gênants. «Les contre-investissements sollicités  

(dans  le rapport à  l’institution) se manifestent notamment par une paralysie psychique à  

penser l’objet et son rapport à l’objet.», Pinel (1996). On voit les difficultés de l’équipe à

investir les personnes ayant une dépendance, que cela vient entacher leur rapport à l’autre.

Dans le milieu de la gérontologie, il est difficile parfois de s’identifier à l’autre, car l’autre

nous renvoie aux problématiques d’angoisse de mort, de souffrance et d’incapacités.

Ceci m’amène à vous parler du mythe de la fondation institutionnelle, afin de vous

montrer éventuellement les raisons qui font qu’il y a ces désinvestissements au niveau des

personnes ayant une dépendance existant au sein de l’institution. En essayant de vous

montrer qu’à travers le mythe originel, il y a un certain contrat narcissique qui s’y est installé

et par ce contrat on voit l’émergence de déficits narcissiques et de désinvestissements des

membres de l’équipe vis-à-vis de quelques résidants.

5.2 Le mythe de fondation.

A la base l’institution était un foyer logement pour des personnes autonomes ouvert

en 1996. Créé pour faciliter l’intégration des résidants dans ce quartier par la proximité des

commerces. L’objectif : la création d’un lieu de vie, un espace communautaire, opposé aux

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EHPAD qui ont comme connotation : cette notion de soin et cette notion de dépendance. Cet

espace était un lieu de partage, de proximité, sans soignants (donc pas de rôle

d’identification soignants/soignés). Un lieu ouvert sur l’extérieur et un lieu également ouvert

sur l’intérieur.

Ce fut le récit que m’a tenue une soignante, lorsque j’ai demandé des

renseignements sur l’histoire de l’institution. J’ai obtenu aussi beaucoup de renseignements

en consultant le projet d’établissement. On trouve également un grand mémorial à l’entrée

de la résidence qui relate également l’histoire de la résidence et rend hommage aux deux

fondateurs. Ce mémorial est très visible et incontournable. Le foyer logement est resté

ouvert pendant 8 ans, suite à des difficultés financières et face à l’incapacité à gérer des

personnes âgées de moins en moins autonome la structure est devenue EHPAD en 2004.

Ayant cette fois-ci comme tâche primaire : d’accompagner des personnes âgées jusqu’à leur

fin de vie. Je n’arrive pas à en savoir d’avantages sur la création de l’EHPAD en 2004 et sur

l’organisme qui était en charge. Cela reste une période très floue. Je sais que face aux

difficultés de gestion et poussé par le conseil de vie sociale (créé et géré par des résidants et

par des membres du personnel dont le but est de définir et de veiller au bon fonctionnement

de l’établissement) on a dû trouver un autre organisme pour la gestion de l’EHPAD.

C’est donc pour cela que la structure appartient depuis 2007 à l’association Edilys.

Ayant dorénavant comme tâche primaire d’accompagner les résidants jusqu’à leur fin de vie  

certes mais en gardant  leur  qualité  de vie auquel   le  résidant aspire (écrit dans le projet

d’établissement). Après la fondation en 1996, et une refondation en 2004 on assiste donc

encore à une restructuration en 2007.

Cette restructuration s’inscrit dans une ligne dit humaniste avec le résidant au centre

des projets dans un bien-être comme à la maison: « la résidence retrouve le cœur originel de  

son  projet, c’est-à-dire une structure adaptée pour concilier le bien-être chez soi et la

sécurité » (projet d’établissement), cela renvoie un peu au mythe de la fondation originelle

lorsque l’établissement était foyer logement. Selon Freud (1913), «  les  mythes  résultent  

d’une   psychologie   projetée   dans   le  monde   extérieur ». Il explique que les récits de la

fondation peuvent être considérés comme étant des mythes concernant l’origine, comme

étant de « l’endopsychique   projeté   à   l’extérieur », les mythes associés à des croyances

sacrées qui viennent s’aligner dans la « réalisation des désirs les plus anciens ». Le mythe de

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la fondation sera donc considéré comme « non pas une vérité historique mais comme étant  

les traces et   les désirs partagés qui  viennent se loger,  dans  l’institution ». Anzieu (1970),

indique que le fantasme est transformé en discours et en récit, cela devient communicable

entre les membres de l’institution, ce qui engendre en quelque sorte un « contrat  

narcissique ».

Mme N, psychologue (lors de mon entretien pour le stage) : «  ici avant c’était un  

foyer logement, il n’y avait pas d’infirmières enfin si après il y en avait deux ou trois par la  

suite   (faisant   référence   à   la   première   création   de   l’EHPAD).   On  met   l’accent   ici   sur  

l’autonomie. Les résidants sont chez eux, dans leur appartement. Ils peuvent faire s’ils le  

veulent à manger chez eux ou descendre au restaurant, ils font comme ils veulent…»

Mme C, stagiaire AMP : « ça fait pas longtemps que je suis là, moi on m’a dit de  

monter à l’étage 5. J’ai osé dire que je ne comprenais pas le fonctionnement ici. Pourquoi  

fallait  monter   dans   cet  étage ?  On  m’a   répondu  qu’à   cet  étage-là,   il   y  avait  plus  de 

personnes dépendantes et que les filles ont plus de mal, fallait aider. Celle qui était avec  

moi ce jour-là, m’a aussi dit qu’avant c’était une résidence pour les vieux, qu’ils étaient  

réellement chez eux, c’était mieux pour eux, ils faisaient plein de choses à l’extérieur, donc  

y’avait sûrement moins de travail (rire). Tu sais j’ai même parlé du fonctionnement avec  

ma prof à l’école, elle m’a répondu que pour elle ce n’était pas un EHPAD, mais plus un  

EHPA (établissement pour personnes âgées) […], ici on voit jamais les résidants finalement  

comme dans les résidences de vieux… »

Ceci permet de mieux comprendre le rapport du personnel dans leur rapport à l’histoire de

la fondation actuellement vis-à-vis de certains résidants de l’établissement. Nous sommes ici

confrontés à des problèmes liés au narcissisme, Kaës et Aulagnier (1987). On pourrait

supposer que l’institution a comme modèle identificatoire des personnes dites autonomes

de manière imaginaire ou symbolique évidemment. Même si dans son projet

d’établissement la question de l’indépendance est abordée et que la tâche primaire reste

l’accompagnement jusqu’à la fin de vie. Cela suppose la prise en compte de la personne dans

sa globalité que ce soit psychique ou physique malgré une dépendance ou non, ou des

troubles. Ces valeurs sont transmises comme un contrat narcissique. Par exemple : j’ai pu

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constater que les remplaçants réagissent également comme les membres du personnel

employé et que l’ancien fonctionnement se transmet par voie orale, il m’a suffi de demander

pour qu’on me dise un peu l’histoire de l’institution, avec des zones d’ombre qui subsistent

sur la refondation de l’institution lorsque celle-ci est devenue EHPAD en 2004.

Comme s’il y avait transmission des valeurs, et transmissions de ce contrat

narcissique entre ancien et nouveau, qui viennent maintenir quelque part ce mythe de la

fondation. Cet investissement au niveau de ce contrat narcissique prend son sens dans ce

que l’on pourrait envisager comme le narcissisme primaire avec le désir archaïque d’un

retour plus ou moins semblable à la situation initiale. Pourquoi narcissisme primaire ? Selon

le modèle freudien, le nourrisson se prend lui-même comme objet d’amour, englobant la

mère et lui, ne pouvant délimiter ce qui est de l’ordre de l’extérieur et de l’ordre de

l’intérieur. Le Moi englobe tout et il est considéré comme tout-puissant. L’objet n’a donc pas

de réalité, il n’existe que parce qu’il est créé, que parce qu’il est désiré et que parce que

celui-ci fait partie du Moi. Le contrat narcissique instauré vient alimenter les désirs

archaïques (retour vers une situation antérieure), venant également dans la création du Moi

groupal de l’institution. Le terme de Moi groupal vient des auteurs comme Bleger (1987) qui

présente l’institution comme étant un groupe, « groupe qui se structure par le Moi individuel  

et le Moi groupal de chacun des membres que compose ce groupe. Ce Moi groupal possède  

donc une identité, cette identité est rattachée tout comme l’homme au désir conscient et  

inconscient que constitue le narcissisme primaire ».

On voit aussi que pour Bion (1977), l’institution est considérée comme étant « une 

fonction   du   groupe   qui   correspond   à   un   sous-groupe   spécialisé   exerçant   des   activités  

fondamentales» et par conséquent ce groupe est apparenté à un sous-groupe. Ce sous-

groupe possède un Moi Groupal, qui a donc des objectifs spécifiques. Ces objectifs ici ne

sont pas forcément atteints (défaillance de la tâche primaire développée après).

De plus, la vision (et/ou la visibilité) des personnes ayant des démences pourrait

atteindre ce contrat narcissique instauré. « Toute une dimension imaginaire enrobe ce que la  

vieillesse représente. Cette dimension imaginaire nous invite à interroger le rapport du sujet  

à son image et la problématique narcissique qu'elle implique. Comment aimer une image  

dévalorisée par  le  discours social,  voire par   le  discours  de ceux qu'on aime ? » Herfray,

(1988). Cette citation peut trouver son sens dans ce que Lacan appelle le Stade du miroir,

stade du miroir comme identification à l’autre.

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Pour l’équipe (voire pour l’institution), s’identifier à certains résidants viendrait ébranler

cette identité institutionnelle émise quelque peu par ce contrat narcissique. L’identité qui se

construit par rapport à l’autre comme modèle identificatoire à soi. Ces personnes âgées

dépendantes ou « bruyantes » dépourvues encore plus de gratifications narcissiques, cela

vient donc ébranler les défaillances de l’organisation pulsionnelle de l’institution qui avait

pour identification à l’origine des personnes âgées vivant en autonomie dans leurs

appartements (à l’origine de la fondation du foyer logement). Les membres de l’équipe ont

du mal à s’identifier à la réalité psychique des résidants qui ne vieillissent pas forcément de

manière « normale », qui vieillissent avec des problématiques liées à la maladie ou à la

dépendance et ils ont des difficultés dans l’accompagnement de certains d’entre eux. Ce qui

renvoie donc à ses propres angoisses.

5.3 Défaillance de la tâche primaire.

Durant mon stage j’ai pu voir une situation qui vient éclairer les difficultés dans le

fonctionnement institutionnel et dans la tâche primaire. C’était un jeudi après-midi, après

avoir fait mon atelier mémoire je vais dans le bureau pour faire ma transmission écrite et

faire une petite évaluation des différents participants de l’atelier. Le personnel était en

réunion, la réunion se terminant, la secrétaire reprend son poste ainsi que tous autres

membres de l’équipe. Je vois un résidant venir vers le secrétariat furieux tapant les poings

sur la table, criant de colère car personne n’a répondu à ses appels pour qu’on vienne

accompagner sa femme aux toilettes (étant en fauteuil roulant elle ne peut y accéder d’elle-

même). Cette personne est totalement dépendante au niveau des gestes de la vie

quotidienne, et elle a également des troubles cognitifs. On regardait tous cette scène et la

secrétaire s’excusa au nom de l’équipe. Effectivement, durant cette réunion qui avait pour

but de parler des animations, le personnel n’a pas répondu aux appels malgré leur téléphone

sans fil pour les urgences.

Durant mon atelier mémoire, j’ai entendu sonner (d’innombrables fois) les

téléphones dans la salle des infirmiers (qui se trouve être à côté de la salle « côté jardin », où

se passe l’atelier mémoire). Lorsque les appels ne sont pas pris, ils basculent vers les

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téléphones d’urgence, malgré le basculement des appels téléphoniques, personne n’est allé

voir ces gens en demande d’aide. Ce n’est pas la seule fois que ce monsieur vient taper du

poing et montrer par sa parole et sa colère une défaillance dans l’intervention du personnel

auprès de sa femme. Après cet accès de colère qui à mon sens trouve une justification, ce

monsieur remonta chez lui toujours en colère (malgré ma proposition que l’on

s’entretienne).

On voit bien ici dans cette situation que la notion de soin n’est parfois pas

satisfaisante, cela vient entacher le rôle de la tâche primaire de l’institution. Tâche primaire

qui selon moi, se trouve en difficulté car le personnel désinvestit la notion de soin à la place

de cet héritage qu’apporte le mythe de la fondation transmise qui est pour moi : la mise de

côté de la dépendance. Cette scène n’est pas isolée, j’ai pu constater à quelques reprises

qu’il y avait des demandes non prises en compte et on m’a aussi informé que cela arrivait

souvent. Voilà encore une scène qui pourrait venir étayer ce constat.

Mme F, stagiaire aide-soignante qui tourne beaucoup dans les étages au sein de

l’EHPAD : « je peux te demander un truc ? voilà il y a une situation qui m’énerve

beaucoup, hier j’étais avec une fille au 5éme, elle m’a demandé d’aller m’occuper de Mme

X. J’y vais et là je vois que seule je ne pouvais pas y arriver (par rapport au poids de la

personne). Je descends et demande à ce qu’on vienne m’aider, la fille me dit « Oui oui, je

viendrai m’en occuper tout à l’heure j’irai avec une collègue etc. », en fin de journée je

remonte je vois cette dame toujours dans la même position qui dort, la tête sur le côté, on

n’est même pas venue s’occuper d’elle. Elle est restée 5 heures comme ça dans son

fauteuil roulant, alors qu’elle voulait faire une sieste dans son lit. Elle aurait pu avoir un

torticolis !! Pour toi je devrai en parler ? c’est de la maltraitance, je n’aime pas ! t’en

penses quoi ? Je me sens coupable j’aurai dû l’installer dès le début et insister...»

Le désinvestissement de l’équipe prend son sens dans cette situation par rapport à la tâche

primaire tout comme la situation précédente. Ces scènes peuvent par la suite entraîner de la

maltraitance.

J’aimerais bien revenir sur la thématique de cette réunion, car je trouve important de

noter que la réunion était une réunion pour parler des animations de l’établissement, car

l’animatrice et ses animations tiennent une place importante dans l’établissement. En effet,

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de par sa présence, son charisme et de par son investissement au sein de la structure

l’animatrice se voit et se fait voir. Elle a accès à un bon budget pour pouvoir faire ses

animations, elle propose vraiment beaucoup de choses (exemples d’animations : lecture de

poème, intervention extérieure, chorale…). Les animations tiennent une place importante

car elles ont pour fonction de permettre la mise en place de liens entre les résidants, en

voulant être un lieu propice aux interactions et à la convivialité. Cette situation relate bien

l’importance qu’a l’institution dans le mythe de la fondation et dans sa difficulté à s’identifier

dans ce qui est « hors norme » et montre bien l’importance des enjeux narcissiques sous-

jacents et des difficultés dans l’identification qui viennent mettre à mal la tâche primaire.

L’animation dans cette institution est un temps important afin de permettre aux résidants de

se rencontrer, d’échanger. Dans le même état d’esprit lorsque l’établissement était un foyer

logement (en référence au projet d’établissement).

5.4 Autre problématique : l’épuisement de l’équipe de la Roseraie et idéal soignant

mis à mal.

La roseraie est une unité de vie communément appelée « Cantou ». Ce lieu de vie

fermé par une porte et un digicode se trouve donc au rez-de-chaussée de l’établissement au

fond d’un couloir. Lorsqu’on y pénètre on voit une salle réservée aux soignants. Ils peuvent y

mettre leurs affaires et disposent d’un ordinateur pour pouvoir transmettre les données

facilement sur le réseau informatique de l’établissement. On y voit également, un joli salon

bien décoré avec trois tables, un coin cuisine ouvert sur le salon et un petit coin télévision.

Puis il y a un couloir avec les différentes chambres. Les résidants dans cette unité de vie sont

des gens ayant des troubles cognitifs sévères engendrant des troubles du comportement

importants nécessitant un encadrement plus adapté et plus sécurisé. Ils sont au total 9 pour

3 soignants le matin et 2 l’après-midi et un veilleur la nuit.

Dans cette unité de vie, une situation montre bien que l’idéal soignant est mis à mal.

L’équipe commence à s’épuiser et cela engendre de la maltraitance. En effet, il s’agit d’une

résidante qui crie à longueur de journée et durant toutes les nuits. Ses cris sont perçus par le

personnel comme une atteinte. Et ils ne voient plus la souffrance exprimée par cette dame.

Cette dame exprime clairement sa solitude à longueur de journée : être seule pour elle c’est

insupportable, elle souhaiterait qu’on reste avec elle tout le temps (en lui tenant la main).

Elle a également peur de marcher et se laisse parfois tomber (elle ne voit plus et n’arrive pas

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à s’orienter dans l’espace). L’équipe ne répond plus à ses sollicitations constantes, j’ai

vraiment l’impression qu’ils ne l’entendent même plus. J’ai aussi vu que certains utilisent

l’ironie, la dérision lorsque cette dame parle. Parfois ils la laissent même seule dans sa

chambre un long moment en ne répondant pas à ses sollicitations. Ces réactions semblent

animer encore plus ses angoisses. L’équipe évoque à longueur de temps leur incapacité et

leur impuissance à soulager cette dame.

Comme on a pu le voir dans cette situation qui perdure depuis septembre 2013 et

comme on a pu le constater par le récit de la stagiaire aide-soignante cité plus haut qui

exprime sa culpabilité vis-à-vis du manque de soin. L’idéal soignant est souvent mis à mal au

sein de cette institution. En début de carrière les soignants ont tous un « idéal soignant »

ayant pour objectif d’être un objet suffisamment bon, voire il adhère même au mythe

universel comme quoi on peut tout « guérir ». Cela prend son origine dans le désir archaïque

d’être bien soigné en retour selon Dubas (2010). L’idéal soignant laisse finalement place au

désir, désir archaïque comme quête de retrouver une situation primitive antérieure. C’est-à-

dire au désir de bien soigner pour être bien soigné aussi. Apparenté à un objet maternel ou

comme astre originaire. Etre là, travailler dans ce domaine pour les soignants revient à se

confronter en permanence aux angoisses de mort sous-tendues. L’institution se trouve

parfois impuissante face à l’incapacité à gérer des personnes en grande difficulté psychique

et/ou physique. Ce qui implique parfois un idéal soignant voire un désir de bien soigner mis à

mal et que l’équipe peut vivre comme une impuissance. Parfois on constate même un

épuisement, si on se réfère à l’équipe de la Roseraie.

Mme F, AMP lors d’une réunion à la roseraie entre l’équipe et moi : « j’aime mon 

métier c’est bizarre de dire ça mais je suis passionnée par ce que je fais. Mais ici là je n’en  

peux plus, je n’arrive plus à mettre en place des choses, j’e n’ai plus envie, je me suis même 

dit que c’était de ma faute, que j’étais une mauvaise soignante. Voir Mme B qui crie sans  

pouvoir aider et que les animations ne fonctionnement pas. On n’est pas épaulé par la  

direction, on nous met la pression alors qu’eux ils s’en foutent d’ici. Ils viennent jamais, on  

nous oublie ici à la roseraie je trouve ça inadmissible qu’on ne nous dise pas de venir à telle  

ou telle animation à l’EHPAD, ils nous mettent de côté comme si on était un établissement  

séparé. Je ne m’investis plus et puis je cherche ailleurs. »

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A travers toute cette « esquisse » d’analyse institutionnelle on voit bien tout au long

que les équipes soignantes mettent en place des mécanismes de défense. Selon Ionescu S. et

al (1997), ils citent dans leur ouvrage Laplanche et Pontalis en disant que : « les mécanismes  

de défense constituent l'ensemble des opérations dont la finalité est de réduire, de supprimer  

toute modification susceptible de mettre en danger l'intégrité et la constance de l'individu  

biopsychologique. Elle prend souvent une allure compulsive et opère au moins partiellement  

de façon inconsciente ». Ils citent également Daniel Widlöcher qui dit que, « les mécanismes  

de défense caractérisent les formes cliniques des opérations défensives. La défense apparaît  

alors   comme   l'ensemble   des   opérations   dont   la   finalité   est   de   réduire   un   conflit  

intrapsychique en rendant inaccessible à l'expérience consciente un des éléments du conflit,  

voire   la   totalité   du   conflit.   Elle   est   pour   lui   inséparable   du   conflit   sous-jacent ». Ces

mécanismes de défense sont mis en place afin de protéger le Moi, l’équipe évite souvent les

situations où les personnes mettent en péril leur Moi. Il se défend aussi contre les pulsions et

les affects liés à ces pulsions. Pour Martine Ruszniewski (1999), il y a 9 mécanismes de

défense que le soignant peut mettre en place dans la relation soignant/soigné: le mensonge,

la banalisation, l’esquive, l’évitement, la fausse réassurance, la rationalisation, la dérision, la

fuite en avant et la projection.

Le plus fréquent mécanisme de défense au sein de l’institution est l’évitement, et on

trouve aussi de la dérision (en particulier pour le cas de la résidante qui crie dans l’unité

Cantou). L’évitement est une sorte de détournement qui est un détournement actif soit des

pensées, soit des objets ou des situations chargées en conflits. Ainsi, le soignant qui ne

supporte pas la situation évitera de se confronter à celle-ci. La dérision est aussi un

mécanisme de défense, que le soignant peut utiliser aussi pour ne pas se confronter à ses

angoisses. Les membres de l’institution tentent de se protéger à leur manière.

Ceci m’amène à vous parler de quelques perspectives qui pourraient se mettre en

place dans l’institution afin de pouvoir pallier potentiellement les souffrances

institutionnelles.

6. Perspectives et préventions.

Dans l’institution il me semble envisageable d’œuvrer ensemble dans la mise en place

d’un cadre institutionnel moins défaillant. Selon Kaës (1987), l’institution et ainsi son

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fonctionnement peuvent déterminer l’appareil psychique groupal, les acteurs sont façonnés

et influencés par les liens intersubjectifs reliant chaque individu du groupe. Les patients

peuvent souffrir à cause de ces dysfonctionnements institutionnels. Le but de ma présence

dans cette institution n’est pas totalement délié de la remise en place d’un cadre plus

adapté. En effet, mon rôle est aussi de mettre en place des projets afin d’aider les équipes à

mieux penser leur pratique. On m’a également demandée d’intervenir auprès des équipes

surtout au sein de la Roseraie. Pour cela j’ai mis en place quelques projets dans l’espoir de

permettre à l’équipe soignante de mieux considérer leur souffrance et de remettre du lien là

où il y en avait plus.

Voici un petit listing de quelques-uns de mes projets tels que j’ai pu les mettre en

place à la Roseraie :

Mise en place d’un atelier thérapeutique co-animé par un des membres de cette

équipe, l’objectif : permettre aux soignants de ne plus voir les résidants comme un

objet de soins mais comme une personne dans sa globalité. Afin d’instaurer une

relation nouvelle et différente avec les résidants.

J’ai pu aussi apporter un espace de parole et d’aide à la création de projet émanant

de l’équipe (mise en place de planning d’animation, de temps informel ou formel de

parole, de parler des « cris », les origines de ces cris etc…) J’ai eu parfois un rôle

d’écoute, de soutien et de partage.

Puis il me semble important de pouvoir mettre en place des perspectives autres

pouvant être réajustées au sein de l’EHPAD comme :

Redéfinir la tâche primaire, mieux s’interroger sur les questions liées à la maladie,

la démence et aux troubles.

Bien recentrer les fiches de postes des soignants, leur rôle et leurs objectifs de

travail.

Travailler aussi sur la question du lien avec les résidants, la question du mieux-

être au travail. Pourquoi ne pas proposer des formations spécifiques et un temps

d’analyse de l’implication.

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Pouvoir mettre des espaces de parole, valoriser le travail en équipe et

l’appartenance au groupe institutionnel. Pourquoi ne pas proposer également de

l’analyse de la pratique, mettre en place des temps de transmissions plus cadrés

englobant les difficultés physiques mais aussi psychiques des résidants.

« Afin de maintenir le désir du soignant ainsi que son investissement, il est nécessaire  

de «  libérer » un espace psychique qui éclaire le rapport qu’entretient le sujet « soignant » à  

son  désir,   espace  qui   va   constituer   la  «  liberté   intérieure »  nécessaire  afin  « d’accueillir  

l’autre dans son désarroi et qui permettra, par ailleurs, d’effectuer un travail sur la posture  

de soin ». Luca-Bernier (2013). D’où l’importance de ce point cité ci-dessus.

Proposer des stratégies groupal ou individuel thérapeutique mettant l’accent sur le

mieux-être et des soins plus adaptés pour les résidants.

Bien sûr cela n’est pas une fin en soi, mais ces quelques points pourraient servir à

mieux poser le cadre et ainsi faciliter les rapports entre le personnel et les résidants. Dans le

but de réinvestir les soignants dans leur rôle, dans leur désir. Des soignants bien dans leur

travail favorisera le sentiment de mieux être des résidants et de l’institution.

7. En conclusion.

Ainsi tout au long de cette analyse, nous avons pu constater que l’équipe au sein de

cette institution est en souffrance. Le mythe et le fantasme de la fondation y sont encore

très présents. Cela passe par ce contrat narcissique qui se transmet toujours. Cela peut venir

refléter la souffrance institutionnelle. Les soignants ont beaucoup de mal avec les

identifications que les résidants ayant des troubles du comportement ou qui sont

dépendants peuvent renvoyer. Cela viendrait les atteindre dans leur intégrité et

contribuerait à des problématiques de déficits narcissiques en passant par une certaine

remise en cause de l’idéal soignant.

Il n’y a pas de bon ou de mauvais résidant, exclure quelqu’un ou l’éviter car il n’est

pas comme soi est une solution à laquelle l’institution doit essayer d’y remédier. Afin

d’éviter des situations de maltraitance. La relation ici y est difficile, il faut remettre du sens

dans sa pratique et dans les enjeux pulsionnels, pour ne pas contribuer dans l’installation de

mécanismes de défense tel que l’évitement. L’institution doit donc remédier à cela en

redéfinissant la tâche primaire et la place du soin. Dans le but de remettre du lien entre les

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différents acteurs qui constituent l’institution. Tout ceci serait un bon moyen de remettre un

cadre selon moi et parvenir à réellement contribuer aux « mieux-être » des soignants et des

résidants.

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Chapitre III : Analyse de groupe

1. Introduction

Durant mon stage à l’EHPAD Edilys Madeleine Caille d’octobre 2013 à mars 2014, j’ai

eu l’occasion de mettre un atelier à visée thérapeutique à La Roseraie (au Cantou). Il était

destiné à des personnes ayant des troubles du comportement importants engendrés par des

démences. J’ai donc décidé de porter ma réflexion sur cet atelier créé et mené au sein de

cette unité.

Dans un premier temps, le contexte de sa création sera décrit, puis l’atelier, les

participants ainsi que les objectifs. Ensuite l’analyse individuelle et l’analyse du

comportement des soignants seront élaborées. On s’interrogera aussi si le bilan fut

satisfaisant. Enfin quelques éléments sur mon rôle et mon intervention durant les séances

seront exposés.

2. Contexte de création de l’atelier.

L’équipe avait des difficultés à réaliser des animations dans cette unité (restitution

des difficultés lors de temps informel). Ainsi, j’ai proposé à l’infirmière coordinatrice de

mettre en place un atelier à visé thérapeutique à la Roseraie. De plus, comme j’ai pu le

souligner dans l’analyse institutionnelle, la Roseraie est souvent mise de côté. Ce fut très

bien accueilli, car même si l’équipe est en souffrance, elle reste néanmoins motivée et en

demande.

Avant de mettre en place ce groupe, j’ai rencontré les différents résidants de l’unité

individuellement pour savoir s’ils seraient intéressés. Puis j’ai suivi l’équipe lors d’une

journée complète (de 7H30 à 20H30), afin de voir leurs difficultés et à quel moment de la

journée l’atelier serait le plus adéquat. J’ai pris en compte les moments les plus difficiles

pour les résidants (angoisses ou ennui).

Puis ma réflexion s’est portée sur le genre de groupe à construire. Il m’a semblé

intéressant de mettre en place un groupe à médiation. Pourquoi un groupe à médiation ?

Cela propose un espace d’expérience et un processus transformationnel. Kaës (2002), « le  

but poursuivi par ces groupes est d’activer ou de réanimer certains processus psychiques qui  

ne sont plus mobilisables et modifiables […] ». Le public ici a des difficultés à s’exprimer

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(surtout verbalement), c’est pour cela que j’ai donc décidé de mettre en place un groupe à

médiation corporelle. Le groupe fut nommé « Exploration et éveil corporel ». L’atelier à visée

thérapeutique mis en place ne porte ni sur la guérison, ni sur la récupération des fonctions

cognitives. Ici le terme de thérapeutique est employé dans le sens de prise en soin de l’autre

et non dans le sens de traiter.

Après l’élaboration du projet, il fut présenté aux membres de l’équipe en Janvier

2014.

3. Le groupe.

Pour Lewin (1939), le groupe désigne « un   agencement   particulier   de   relations  

interpersonnelles et sociales, ces relations sont régies par des rapports de différences et de  

tensions  entre   ses   éléments   constituants ». Pour Neri (2011), le groupe peut offrir aux

participants un espace étayant. Il offre la possibilité de faire l’expérience d’appartenance et

d’affirmation. Ce paradoxe permet de fournir un soutien aux participants en venant

rehausser leur estime de soi. Ici le soutien passe par le sentiment d’appartenance

(conformité) à un groupe et par le sentiment d’être soi (différenciation). Le groupe apporte

un soutien en lien grâce au patrimoine affectif qui s’y dégage. D’où l’intérêt de créer un

espace groupal dans lequel la dimension thérapeutique vient délimiter l’espace

intrapsychique et intersubjectif. Le paradoxe présentait par Neri, fait intervenir ce qui est de

l’ordre de l’espace intérieur et extérieur permettant donc la régulation des angoisses grâce à

la fonction contenante et à l’effet de groupe.

Pour Kaës (1993), le sujet peut avoir accès à un réservoir de sens et de signifiés grâce

à la chaine associative groupale et à la diffraction du transfert lorsqu’il est dans un groupe.

D’après l’auteur, le groupe permet aussi de créer un espace d’accomplissement imaginaire,

de désirs et de protection. L’individu met en jeu ses repères identificatoires (passant par ce

paradoxe).

3.1 Le groupe à médiation.

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Vacheret (2004), le groupe à médiation offre une sécurité suffisante aux participants

car il engage un vrai travail. Le cadre, les consignes et la création d’un espace de jeu,

sollicitent des représentations. Ainsi l’objet médiateur est également un élément important.

L’auteur cite aussi Kaës qui décrit le groupe à médiation comme entrant dans un dispositif

thérapeutique et dans un dispositif de travail psychique. Il aborde également l’étroit lien

(émotionnel, identificatoire, processus associatif) entre le medium et les processus de

groupe dans ce genre de dispositif.

4. Description de l’atelier .

*Participants :

Hommes et femmes ayant des troubles du comportement sévères nécessitants en journée

une surveillance et une sécurité plus accrues. Ces participants résident dans l’unité de vie la

Roseraie à l’EHPAD Edylis. Nombre de résidants de l’unité 9, avec 4 femmes et 5 hommes

(donc une femme qui vient la journée à l’unité). Cependant il n’y a que 8 participants dans

les 10 personnes dans le groupe. Les participants seront décrits dans ce mémoire dans la

partie descriptions des participants.

*Cadre du groupe:

Le groupe se déroule une fois par semaine. De février 2014 à mars 2014, sur la base de 10

séances. J’anime l’atelier en tant que psychologue stagiaire avec un membre de l’équipe

soignante de l’unité.

*Lieu :

Nous nous retrouvions au centre de l’unité. Les chaises étaient disposées en cercle sans table

au milieu. L’espace autour de ce cercle était bien dégagé. La structure de l’établissement ne

pouvant proposer une pièce fermée, l’atelier était un groupe semi-ouvert (offrant la

possibilité aux membres des familles des résidants de l’unité le choix de participer, l’accès est

« refusé » lors des horaires d’animations habituellement).

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*Déroulement :

Le groupe se déroule donc de 16H00 à 17H00 tous les mardis (cette tranche horaire

comprend la mise en place et le temps effectif de l’activité). Je commence par un temps de

préparation de la salle, avec le rangement des tables afin de libérer de l’espace. Puis nous

accueillons les participants. Je présente le groupe, l’intérêt du groupe, en précisant le lieu, la

date du jour et nous nous présentons au groupe de manière individuelle (je présente les

personnes qui ne peuvent pas s’exprimer). On évoque aussi notre « météo du jour », afin de

savoir notre humeur à l’instant présent.

Nous faisons un récapitulatif des séances précédentes et j’annonce le déroulement de la

séance du jour.

Nous procédons à la première partie, le « massage » avec ce temps d’échange, puis on passe

à la deuxième partie qui est « l’éveil du haut du corps ». Pour finir on passe à « l’éveil du bas

du corps ». (Ces différentes parties seront décrites plus bas dans ce mémoire).

Un temps d’échange est proposé (ressentis durant l’atelier, questions éventuelles etc.)

marquant la fin de a séance. J’annonce aussi la date de la prochaine séance.

Enfin on termine par le rangement de la salle avec la remise en place du matériel (table,

chaise…).

Après chaque séance l’évolution est notifiée sur la grille créée (cf. annexe) et la participation

de chacun des résidants est transmise sur le logiciel de soins.

4.1 Objet(s) médiateur(s).

L’objet médiateur est le ballon. Il se décline sous plusieurs formes et catégories

(ballon de baudruche, balle à picot, ballon mou…). Dans un premier temps, j’utilisais que des

ballons de baudruche et un gros ballon de gymnastique. Au fil des séances, j’ai pu introduire

la balle à picot puis des ballons mous.

*Lors de la première partie de l’atelier, différentes balles étaient prises pour faire les

« massages », afin de permettre d’appréhender le schéma corporel (le terme « massage »

est un nom donné à cette première partie d’atelier sans prétention de ma part d’utiliser un

terme et concept liés à d’autres pratiques). Ils étaient pratiqués toujours sur le même mode :

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en suivant un tracé qui allait des doigts, des poignets, des épaules en passant par le cou

d’une main à l’autre. Le ballon de baudruche (peu gonflé) permet des points de contact avec

le corps sans être trop intrusif. Le toucher sur le corps reste doux. Puis au fil des séances la

balle à picot fut introduite. Là le toucher se fait plus ressentir, les renflements permettent un

toucher agréable mais plus intense que le ballon de baudruche.

Par la suite, le ballon mou fut proposé. Le ballon mou plus gros que les autres,

permet d’être en contact avec une plus grande partie de la peau. Il offre des points de

contact plus uniformes et plus larges.

Ici la sensibilité somatique (somesthésie) superficielle (ou extéroception) était favorisée,

avec un traitement des informations plutôt mécaniques. Cette phase est aussi un temps

d’échange entre celui qui fait le « massage » et celui qui le reçoit le « massage ». Durant ce

temps on demande : quels sont leurs ressentis ? Ressentent-ils les différents points de

contact mentionnés ci-dessus ? Comment ils se sentent etc. ? Ce moment d’échange est

important. Il laisse place à l’expression verbale (pour ceux qui le veulent et le peuvent) et

non verbale. C’est un temps d’échange et d’écoute entre le résidant, l’animateur ou le co-

animateur.

*La deuxième partie de la séance était « l’éveil du haut du corps » avec le ballon de

baudruche qui est léger et flotte dans l’air. Des échanges avaient lieu entre les participants.

Le ballon de baudruche laisse le temps aux participants d’appréhender la situation, de

pouvoir le prendre ou le relancer.

*La troisième partie de la séance nommée « l’éveil du bas du corps » se faisait avec

un gros ballon de gymnastique. Ce ballon est aussi léger même s’il est plus imposant. Les

échanges étaient faciles en lançant avec les pieds entre les participants.

Le deuxième et la troisième phase permettent aussi de s’exprimer grâce au tonus

d’action (impliqué dans la contraction volontaire), par le biais de gestes. Selon Pireyre

(2011), ces gestes révèlent un état psychologique, car ils visent à s’exprimer ou à exécuter

une tâche. Pour lui, les gestes sont des mouvements affectés d’une intentionnalité

consciente ou inconscience, volontaire ou involontaire. Le tonus d’action contribuerait donc

à la réalisation d’un mouvement. Cela caractérise l’individu dans sa subjectivité, ce

mouvement devient un geste. Cela émane de cette intentionnalité consciente ou non. Ainsi,

les objets utilisés dans ces deux phases viennent mobiliser les gestes tout en contribuant

l’individu dans sa subjectivité.

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Les objets utilisés ici sont médiateurs dans un processus de médiation. C’est- à-dire,

ce sont des objets visant ici à permettre la relation. En dehors de ce processus de médiation,

ces objets restent des objets de la vie quotidienne (exemple : ballon de baudruche est à

l’origine un objet décoratif). On peut retrouver cette idée dans ce que Winnicott (1971)

disait : «ce   n’est   pas,   bien   entendu,   l’objet   qui   est   transitionnel.   L’objet   représente   la  

transition du petit enfant qui passe de l’état d’union avec la mère à l’état où il est en relation  

avec elle, en tant que quelque chose d’extérieur et de séparé ».

Les différents ballons sont pour moi des objets de médiations ludiques. Ils peuvent

représenter une certaine matrice prénatale figurant dans l’indifférenciation

(contenant/contenu), selon Jaitin (2002).

L’auteur décrit aussi le ballon comme étant un moyen de faire appel à l’ imago de la mère

archaïque qui prend sens lorsqu’il y a cette indifférenciation attribuée par l’objet de

médiation.

4.2 Objectifs.

L’atelier avait pour objectifs de :

Favoriser le lien entre tous les participants, en encourageant les échanges (verbaux

ou non verbaux) entre les différentes personnes (par exemple en envoyant le ballon

vers les voisins).

Puis de renarcissiser les participants en les valorisant. A chaque instant les efforts, les

capacités ou les intentions sont valorisés. Mais aussi permettre la revalorisation de

l’identité, tout en revalorisant la représentation du corps, passant par la sensori-

motricité (schéma corporel et éveil corporel). Toujours dans ce but d’essayer de

rehausser l’estime de soi.

Cela permettait d’atténuer aussi les angoisses des résidants, en permettant d’être

dans un cadre contenant tout en favorisant l’appartenance et l’effet groupe.

L’intérêt de cet objectif chez la personne ayant une démence : favoriser le rôle

instrumental mais aussi sa fonction dans la communication. Car chez le sujet dément

la communication passe souvent par le langage corporel (non verbal).

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Il m’a semblé aussi opportun d’intégrer comme objectif : la revalorisation de l’image

du corps. Selon Dolto (1984), le schéma corporel n’est pas l’image du corps. C’est

pour cela que c’est un objectif différent mais qui vient en complément de celui du

schéma corporel et de l’éveil corporel. Pour Le Gouès qui est cité par Charazac

(2011), au cours du développement le corps change de statut en devenant un

élément extérieur pour le psychisme. L’âgé a dorénavant besoin d’être porté par son

entourage lorsque les déficits surviennent. L’auteur fait un lien analogique avec

l’enfant au stade du miroir. Le dernier objectif est donc d’essayer d’intégrer ces

transformations physiques en le faisant par étapes et en s’appuyant sur les

expériences du groupe dans le but de venir recoudre en quelque sorte cette image

du corps qui est menacée.

Pour finir, il y avait la possibilité de permettre l’implication des familles et un membre

de l’équipe (co-animant avec moi) durant ce temps convivial. Les familles n’ont pas le

droit de venir durant les heures d’animations habituellement. Durant cet atelier, ils

ont la possibilité de participer. Dans le but d’atténuer les identifications se référant à

la maladie ou aux troubles (du parent pour la famille, du résidant pour l’équipe) et

montrer que les participants ont des capacités encore.

4.3 Présentation des participants.

*Mr G est né en 1927 en Espagne. Il est veuf depuis 2010, il a 3 enfants. Il était

technicien télé autodidacte. Il avait un frère décédé lors d’un accident de voiture, ce qui l’a

beaucoup traumatisé. Mr G est très fier de son parcours, surtout lorsqu’on parle de son

métier. Antécédents médicaux : démence de type Alzheimer, troubles du comportement,

syndrome anxio-dépressif et ostéoporose.

*Mr R est né en 1939 à Lyon. Il est marié et a eu 3 enfants, dont un est décédé à l’âge

de 10 mois. Il a exercé le métier de mécanicien poids lourd. Mr R était un homme très

énergique et travailleur. A la retraite, il continuait à rénover leur maison et le jardin.

Antécédents médicaux : maladie de Parkinson, démence à corps de Lewy diagnostiquée en

2008. Manifestations d’hallucinations surtout la nuit, hypoacousie bilatérale non appareillée

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(ne supporte pas les appareils). Et Syndrome d’apnée du sommeil non appareillé (ne

supporte pas le masque).

*Mr P est né en 1923 à Lyon. Il est veuf et a eu deux enfants. Mr P était engagé dans

l’armée et il a exercé le métier de cadre service achat. Mr P peignait beaucoup, il a arrêté

suite au décès de sa femme. Vers 1990 il a rencontré ensuite sa nouvelle compagne. Mr P

est décédé en Avril 2014 des suites d’une chute. Antécédents médicaux : diagnostic de la

maladie d’Alzheimer en 2011. Insuffisance cardiaque : infarctus en 1985, insuffisance rénale

modérée chronique, syndrome anxieux, hyperuricemie (sous allopurinol) et hypothyroïdie.

*Mme A est née en 1922 à Lyon. Elle était mariée à l’âge de 18 ans et a eu une fille.

Elle est veuve depuis 1988, son mari était boucher puis grossiste. Mme A a travaillé dans

l’administration d’une entreprise de chaussettes et de sous-vêtements Lyonnais. Elle aimait

beaucoup le sport et surtout les randonnées. Antécédents médicaux : insuffisance rénale

stade III, aphasie progressive. Troubles mnésiques, ils se sont accentués après une opération

en 2008 et hypertension artérielle.

*Mme B est née en 1923 à Lyon. Elle avait deux sœurs, dont une décédée jeune. Elle

rencontre son mari à l’âge de 17 ans et se marie peu de temps après. Elle a une fille unique.

La mère de Mme B est décédée l’année de naissance de sa fille. Son mari est décédé à l’âge

de 64 ans. Elle a vécu seule par la suite. Elle crie toute la journée et montre une angoisse

perpétuelle. Antécédents médicaux : maladie d’Alzheimer diagnostiquée, HTA, glaucome

chronique, syndrome anxio-dépressif ancien et surdité bilatérale appareillée et des troubles

du comportement (type agressivité).

*Mme C est née en 1918 à Lyon. Elle est veuve et a 3 enfants (2 filles et 1 garçon) qui

vivent à Lyon. Mme C était comptable. Elle était heureuse dans son couple. Elle s’est

beaucoup occupée de sa mère. Elle a conduit jusqu’à l’âge de 88 ans et l’arrêt de la conduite

fut un évènement difficile. Mme C est plutôt solitaire, elle n’aime pas les animations et

préfère rester seule d’une manière générale. Antécédents médicaux : lymphome malin non

Hodgkinien, trouble du transit et diarrhées chroniques, syndrome anxio-dépressif,

ostéoporose, scoliose, surdité bilatérale appareillée et démence.

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*Mme L est née en 1929 à Lyon. Elle dit avoir eu une enfance heureuse, même si elle

évoque des moqueries. Elle a subi ses moqueries par rapport à son hyperkératose

palmoplantaire (fort eczéma sur les mains et pieds en permanence). Elle n’a d’ailleurs pas

voulu avoir d’enfant pour ne pas transmettre sa maladie. Elle s’est mariée à l’âge de 40 ans

et dit avoir été heureuse en couple. Depuis 2007 elle est veuve. Antécédents médicaux :

maladie d’Alzheimer diagnostiquée en 2010, syndrome anxio-dépressif, arthrose lombaire

avec lombalgies chroniques, constipation chronique, hyperkératose et gonarthrose bilatérale

*Mme M est née en 1926 à Lopigna en Corse. Elle travaillait en tant que femme de

ménage chez des particuliers. Puis elle était employée à l’usine Schneider. Elle est la 3ème de

sa fratrie. Elle a rencontré son mari à Lyon lorsqu’elle est venue s’installer chez sa sœur

aînée. Elle s’est mariée en 1957 et a eu 3 enfants. Mme M vient récemment de changer

d’appartement pour intégrer la Roseraie. Avant elle habitait dans les étages avec son mari

(même si elle passait toute la journée à la Roseraie). Son mari ne supportant pas les troubles

de sa femme a tenté de mettre fin à sa vie et à celle de sa femme. Il ne vit désormais plus

dans l’établissement, c’est pour cela qu’elle est venue intégrer une chambre seule à la

Roseraie. Antécédents médicaux : démence type Alzheimer diagnostiquée en 2008, HTA

depuis 1999, ostéoporose, syndrome anxio-dépressif, DMLA bilatérale, constipation

chronique et gonarthrose droite.

4.4 Questionnements.

Au fil du temps, de nombreuses questions sur l’évolution se sont posées. Ces

interrogations se portaient essentiellement sur les résidants. Tout d’abord, quelle était

l’évolution chez les participants aux cours des séances ? Quelles difficultés ils ont pu avoir en

lien avec le groupe ?

Mes questionnements se sont ensuite orientés sur les soignants. Pourquoi le cadre a-

t-il souvent été attaqué par les membres de l’équipe ? Et que représente le groupe pour

cette équipe ?

5. Analyse.

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5.1 Analyse des comportements.

On peut qualifier ce groupe comme étant un groupe primaire (et formel). Il est régi par des

relations interpersonnelles, immédiates et émotionnelles. Le niveau de structuration de ce

groupe est élevé. Selon Anzieu et Martin (1986), le groupe primaire est un petit groupe, les

personnes au sein de ce petit groupe entretiennent des relations intimes et régulières. C’est

bien le cas des résidants de cette unité, ils se côtoient tous les jours.

D'après R. Kaës (1993), le groupe est un espace d'accomplissement imaginaire de désirs et de

protection des menaces. Dans la participation à la vie de groupe, l'individu met en jeu ses

repères identificatoires, son sentiment d'appartenance, son image, ses désirs et ses conflits

internes. Les effets du groupe peuvent donc être de produire des échanges et des idées,

d'être un élément inducteur de changements, ou de nouvelles normes et de réguler les liens

affectifs.

Au fil des séances les participants s’ouvrent en prenant un certain plaisir à participer aux

séances.

*Au début Mme A faisait ce qu’on lui demandait. Mais petit à petit elle anticipait le

déroulement de l’atelier, elle faisait même des autos massages avec les différentes balles.

Au début ses échanges étaient centrés sur l’animatrice, mais petit à petit elle s’est orientée

spontanément vers les autres.

*Mr R a eu des difficultés à entrer dans l’activité et il avait des difficultés au niveau

praxique dû à sa maladie de Parkinson. Par la suite il s’ouvrait aux autres, avec un jeu de

regard, de sourire (communication non verbale) orientés vers les participants et en

mobilisant davantage ses praxies.

*Mme B ne voulait pas participer. Puis elle a commencé à s’intégrer au groupe en posant

des questions sur ce qu’on fait, comment on le fait. Petit à petit elle prend plaisir à

participer (sans crier).

On peut supposer que dans ces situations, les échanges orientés vers les autres ou

l’ouverture et l’affirmation de soi peuvent être en lien avec l’effet groupe. Effet qui comme on

a pu le dire peut aider à s’intégrer, à se sentir moins menacer ou encore à exprimer ses

désirs. Pour Mme A et Mr R le groupe a un effet positif. Les interactions qu’ils ont eues petit à

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petit sont fortement liées à la contenance du groupe et aux phases d’appartenance et

d’individualisation.

Cependant le groupe peut être une source de crainte et de peur pour l'individu. Car l'individu

peut avoir un certain sentiment de dépersonnalisation, de morcellement, avec cette crainte

d’être ébranlé au niveau de son identité (surtout lors de la phase de création du groupe). On

peut avoir également un sentiment de menace avec la peur d'être jugé, d'être évalué. Cette

phase est aussi une phase d’affiliation, les frontières externes se créent également. Selon

Mackenzie (1990), le groupe peut être envisagé comme un système évolutif comprenant 6

phases : l'engagement, la différenciation, l'individuation, le transfert, la réciprocité, la

résolution. Ces phases sont plus ou moins compatibles avec différents rôles. Tout d'abord ces

différentes phases ont pour but de définir, des frontières externes, interpersonnelles et des

frontières internes à l'individu. Puis ces phases ont également pour but de favoriser

l'apparition de mécanismes psychologiques, tels que l'acceptation des autres, la découverte

de soi, l'apprentissage par les autres et l'élaboration psychique.

Pour Mme B ce sentiment de menace peut être à l’origine de son refus, lors de cette phase

de création, d’engagement au groupe. Etant malvoyante, elle évoquait ses difficultés à

exécuter les tâches demandées. Avec un peu cette peur de ne pas y arriver, pouvant

l’atteindre dans ce qu’elle est, dans sa perception d’elle, dans la perception d’elle par autrui,

donc dans son identité. Mead (1934) dit que l'identité se construit grâce aux interactions

entre les individus et entre les groupes d'individus. Ces interactions se font au minimum

entre deux personnes (individu-individu, individu-groupe, groupe-groupe) en opérant sur le

symbolisme à travers le jeu, le langage verbal et non verbal. Le groupe peut être source

d’angoisse au début pour cette dame, car cela la renvoie à ses propres difficultés. Par la suite

ces menaces sont atténuées grâce au groupe et à sa fonction contenant. Cependant, lorsque

l’atelier est terminé Mme B recommence à crier (retour des angoisses). La phase de

séparation est difficile à supporter. Elle n’est plus contenue par les expériences groupales qui

ne sont peut-être pas assez intériorisées.

*Mr P ne réagissait pas ou très peu au début. Mais au fil de la séance et surtout au fil des

séances sa participation fut plus ouverte.

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*Mme C ne veut jamais participer, lorsqu’elle est dans le groupe ou à proximité elle

s’angoisse. Elle s’agite fortement et le verbalise en disant « atchoum » (j’ai interprété à ce

moment-là comme étant un refus).

Mr P s’est ouvert et ses angoisses liées à la menace de dépersonnalisation ou à la perte

d’identité se sont atténuées. Il avait besoin d’être réassuré sur ses capacités. Lors du

déroulement des séances, ce besoin s’estompait en laissant place à une affirmation de soi

plus évidente.

On peut également penser que la première phase de l’activité (« massage », touché de la

balle sur le corps) est un moment aussi difficile pour lui car ça venait alimenter ses menaces

identitaires. Peut-être est-ce lié à une prise de conscience de son corps ? Malgré

ses défaillances et ses difficultés (psychiquement et physiquement).

Puis on peut aussi supposer : Mme C n’est pas passée au-delà de cette phase d’engagement

d’où son souhait de ne pas participer. Pour elle rester dans le groupe est une source

d’angoisse forte, malgré plusieurs tentatives, on a décidé de ne plus l’inclure (elle accepte

volontiers).

Les difficultés que peuvent avoir les participants à s’engager (parfois au début ou durant tout

le cycle) peuvent être considérées comme étant un processus défensif. Selon Brunet (2007),

« Nous voyons le désengagement identificatoire comme un processus défensif qui s’ajoute à  

l’envie, aux défenses maniaques, au mépris, au clivage et à l’idéalisation, et qui a comme 

objectif principal de soustraire le plus complètement possible le sujet de toute sollicitude pour  

l’objet identifié comme ennemi ou bouc émissaire afin de protéger le sujet de la culpabilité  

envers lui ». Ce moyen de défense vis-à-vis du groupe pour Mr P s’atténuait contrairement à

Mme C. Il semble important de ne pas forcer les choses, et de laisser au participant le choix

de s’engager ou non. Ce choix que les participants n’expriment plus forcément ou s’ils

l’expriment n’est plus forcément entendu.

* Mme M déambule toute la journée. Ses déambulations sont compulsives, avec des

trajectoires assez linéaires. Si on l’interpelle, elle peut encore s’arrêter de déambuler. Elle

ne participe quasiment jamais aux animations car « elle déambule » et elle est donc

difficilement contenue, ainsi elle est peu invitée (selon l’équipe).

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Durant ce groupe à médiation, on a pu constater que Mme M parfois ne déambulait pas

durant toute la durée de l’atelier. Ou si elle le faisait elle revenait d’elle-même dans le groupe

(sans sollicitations) quand elle le souhaitait. Je peux faire l’hypothèse suivante: durant ces

séances où elle ne déambule pas, le groupe vient lui apporter cette fonction de

contenant/contenance suffisamment étayante pour qu’elle n’ait pas ce besoin compulsif de

déambuler.

Selon Potel (2009), « Le groupe va ainsi proposer un tissu contenant, avec un pivot central  

(l’objet  médiateur).   Et   c’est   à   la   fois   le   contenu,   lié   directement   à   la  médiation,   et   les  

phénomènes   transféro-contre-transférentiels,   qui   seront   l’objet   du   travail   du   ou   des  

thérapeutes ». Ce tissu groupal peut apporter cette capacité à se sentir en sécurité, lorsque

les repères et le cadre sont adaptés, fermes sans trop être rigides. De plus, Mme M aimait

beaucoup toucher les ballons. L’objet médiateur a pu réellement permettre la relation.

Pour Kaës (1967), la première contenance d’un groupe dans l’appareil psychique groupal est

les représentations archaïques qui se répètent de façon monotones à l’image du lien

maternel. Pour cette dame, le groupe vient la contenir à des moments parfois même durant

toute la séance. Jaitin (2002) parle de protorythme, pour l’auteur «  le protorythme serait des  

formes de la représentation psychique du lien maternel », cette représentation psychique du

lien maternel est aussi nommée par Kaës lorsqu’il parle de la première contenance d’un

groupe ci-dessus.

Le besoin de déambuler est respecté, pour ne pas ébranler sa propre défense. Je peux

supposer que le groupe à médiation fournissant ce tissu contenant et ayant pour fonction

première les représentations de l’image du lien maternel viennent faire échos chez Mme M.

Cela lui permet de ne pas céder à ses pulsions compulsives de déambulation. Inversement

lorsqu’elle cède à ses pulsions cela pourrait signifier que cette fonction de contenance vient

faire effraction chez elle, et qu’elle a besoin parfois « d’être seule en présence des autres ».

Dans le but de se protéger dans ce mouvement « d’intégration de soi », lorsqu’on intègre un

groupe.

* Mr G a la maladie de Parkinson à un stade sévère, bouger les membres de son corps est

un exercice douloureux. Lors des premières séances il ne réagissait pas. Vers la 4ème séance,

Mr G a accepté les « massages ». Alors qu’auparavant le toucher du ballon était difficile (il

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refusait en s’agitant). Mr G voulait rester au sein du groupe malgré tout, même si c’était de

manière passive.

Je peux penser qu’on s’introduisait trop dans son intimité lors du contact corporel. Cela lui

renvoyait peut être à l’image d’un corps douloureux et défaillant. Mr G semble s’être laissé

porter doucement par la contenance du groupe, et a pu s’engager vis-à-vis de celui-ci grâce à

l’objet médiateur, à cet objet relationnel. Mr G a par la suite laissé place à cette relation avec

l’objet. L’objet médiateur utilisait au moment de la première partie de l’atelier a su être

contenant et ce monsieur était contenu. Guérin et al (1985) viennent aussi souligner

l’extériorité de l’objet médiateur et sa fonction relationnelle. Afin de faciliter le sujet à

s’exprimer ou à s’ouvrir durant les groupes, grâce au médium inducteur de contenance et

aidant dans la relation. L’objet médiateur a réellement permis de créer cette relation et cette

ouverture de soi (tout comme Mme M).

On peut également supposer que le tracé du schéma corporel a éveillé chez lui une certaine

revalorisation de son identité. Celle-ci entraîne une revalorisation de son image corporelle et

donc une amélioration de l’estime de soi. Valorisation pouvant être due à l’éveil de son corps

qui au fil des séances montre encore des capacités. La séance d’après il a voulu prendre en

main le ballon de baudruche. Puis à la séance suivante il a souhaité prendre le gros ballon

avec ses mains (ces moments sont rares et très courts dans le temps, mais précieux !).

Ainsi, l’ouverture et l’affirmation de soi se sont faites petit à petit, en passant par la

confrontation à l’objet médiateur, objet externe à lui. Selon les auteurs cités ci-dessus, cela

permet également une aide à la fonction repère, dans la cohésion interne du sujet. Car

l’objet est à la fois interne et externe, ce paradoxe fait que l’objet médiateur est objet riche.

D’après Vacheret (2000), dans la médiation, « l’objet   médiateur   sert   de   support   aux  

projections du sujet et du groupe, et favorise ainsi la mise en forme et la prise en conscience  

de   l’imaginaire   du   sujet   dans   ses   concordances   et   ses   discordances   avec   l’imaginaire  

groupal ».

*Mme L s’est très vite intégrée au groupe. Elle exécute toutes les tâches sans difficultés au

niveau praxique. Durant ce temps d’atelier elle ne demande plus où elle est et pourquoi

elle est là comme elle le fait habituellement.

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Le groupe semble permettre l’atténuation de ses angoisses. Comme on a pu le citer plus

haut, d’après Kaës (1993), lorsqu’on participe à la vie de groupe, l’individu engage et dépose

son sentiment d’appartenance, ses désirs et ses conflits internes dans l’expérience de

groupe.

Mon questionnement sur le cas de Mme L vient des éléments de mon contre-transfert. En

effet, durant les différentes séances, je délaissais cette dame qui exécute toutes les tâches

parfaitement. Je prenais donc moins de temps avec elle. Durant le temps « d’évaluation » et

de transmissions (après la séance) j’oubliais même de la marquer, me demandant « il

manque un nom mais qui ? ».

On peut faire l’hypothèse suivante : Mme L était tellement bien intégrée au sein du groupe,

puis n’ayant pas de difficultés praxiques sa place était moins « visible ». Selon Brunet (2007)

« Le groupe se substitue alors en partie à l’appareil psychique individuel, agissant comme une  

nouvelle membrane psychique dans laquelle les enjeux, les conflits et les identifications liant  

les objets internes et les pulsions sont non seulement ravivés, mais soumis à une relecture, à  

un nouveau travail psychique au sein d’une nouvelle configuration de l’espace psychique ».

Cette nouvelle configuration de son espace psychique a pu passer par une atténuation

(perçue peut être par moi) de sa place, de son statut ?

Cette citation montre aussi qu’il y a un dedans et un dehors, un moi et non moi qui

nourrissent les modalités à l’intérieur du groupe. L’individu est alors atteint et il modifie son

rapport aux autres ainsi que son rapport à lui-même. Mme L a peut-être davantage investi

l’appareil psychique groupal et son propre appareil psychique est moins mis en avant (elle ne

passe pas au-delà de la phase de différenciation). Cela entraîne peut être mon oubli quant à

Mme L ainsi que mes questionnements. Elle est peut-être trop assimilée à cette expérience

d’appartenance au groupe sans forcément avoir son expérience d’affirmation d’elle-même

plus évidente.

5.2 Attaque du cadre.

Les membres de l’équipe de la Roseraie constituent deux équipes qui tournent selon un

roulement prédéfinit. La première équipe a pu assister aux séances 1, 3, 5, 7 et 9. Tandis que

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les membres de la deuxième équipe ont assisté aux séances 2, 4, 6, 8 et 10. On remarquera

une différence notable lorsque l’équipe 1 est présente : le cadre est plus attaqué.

Que représenterait pour eux le groupe ? Pourquoi le cadre est si constamment attaqué par

cette équipe? Lorsque je nomme le cadre je parle de la notion de dispositif-cadre que

Roussillon (1995) défini comme « un   espace-temps   permettant   de   symboliser   la  

symbolisation ». Dans l’article de Falla (2012), l’auteur cite Rouchy qui décrit le dispositif

comme étant « la structure dans laquelle les interactions entre des personnes vont prendre  

place, en rapport à leur groupe d’appartenance et à leur réseau d’interactions intériorisées.  

De façon opératoire, un dispositif est constitué des éléments qui délimitent  le rapport au  

temps et à l’espace : objet du travail de groupe, nombre de séances, rythme des séances,  

règles énoncées, lieu de réunion, modalités de paiement et de prise en charge éventuelle,  

cadre institutionnel dans lequel est mis en place le dispositif ».

Le dispositif est entendu ici comme étant la partie non psychique du cadre et le cadre en est

la partie psychique. Roussillon nommera le dispositif-cadre comme étant l’ensemble du

cadre. Qu’est-ce qu’un cadre ? Selon Bleger (1979) « le cadre est la partie la plus primitive de  

la   personnalité,   c’est   l’élément   fusionnel   Moi-Corps-Monde,   de   l’immualité   de   laquelle  

dépendant  la formation,  l’existence et  la différenciation du Moi,  de l’objet,  de  l’image du  

corps, du corps et de l’esprit etc. ». Pour l’auteur le cadre est un « non-Moi », c’est aussi un

élément organisateur qui a pour fonction première d’être contenant. Lorsque je nomme

donc le cadre dans ces termes je parlerais donc de ce qui n’est pas psychique et de ce qui

l’est.

Les attaques du cadre se repèrent par différentes actions contre le dispositif. On notera

quelques exemples : traverser le cercle pour aller faire la vaisselle, parler de son weekend

avec les autres membres de l’équipe durant la séance, quitter le groupe pour aller

téléphoner, ou ranger diverses choses. Tout cela malgré mes remarques et mes différentes

réunions afin d’expliquer à l’équipe le but du cadre, l’importance du groupe, ses objectifs et

interroger leur motivation.

Bleger souligne aussi que toute attaque du cadre exprime et laisse place « au   chaos  

intérieur » de l’individu, en laissant place aussi à sa « partie psychotique ». Lorsque le cadre

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est attaqué ou détruit alors il se révèle et montre son existence. Cependant tant qu’il n’est

pas menacé ou attaqué l’individu n’a pas conscience de son existence réellement.

Durant ces séances où le cadre a été attaqué par cette équipe ce non-Moi était en crise.

Lorsque la garantie de la contenance est défaillante, nous commençons à prendre conscience

du cadre. Il m’a semblé important d’essayer d’y apporter quelques éléments d’analyse. Cette

défaillance est une menace à l’égard du Moi. Nous savons que le Moi se construit à partir des

éprouvés et des expériences vécues, mais aussi à travers des identifications. L’identité

personnelle est en rapport constant avec les autres et à la réalité extérieure. L’attaque du

cadre peut être un élément perturbateur à cette identité personnelle donc à ce Moi

individuel à travers ces identifications. De manière très imaginée on peut dire lorsqu’on est

dans un groupe le Moi individuel intègre quelque peu le Moi groupal. On peut supposer que

l’attaque du cadre vient aussi ébranler ce Moi groupal.

Ces attaques sont perçues comme un moyen défensif de l’équipe vis-à-vis des résidants du

groupe. Dans la partie analyse institutionnelle, on a mis en avant le fait que dans l’institution

la tâche primaire n’est pas totalement bien définie. La notion de dépendance, les troubles ou

le fait d’être « bruyant » sont souvent mis à l’écart par l’équipe. On remarquera un certain

clivage entre les membres de l’équipe des étages et ceux de la Roseraie.

Dans ce contexte de groupe, on peut pointer qu’il y a aussi clivage entre les deux équipes de

cette même unité de vie. On fera donc l’hypothèse que l’équipe 1 se met à distance de cette

dépendance visible, dans le but de se protéger.

Le groupe fait jouer deux espaces, l’espace intrapsychique et l’espace intersubjectif. Ce qui

touche à l’ordre de l’appartenance dans cet espace intersubjectif est difficile pour les

membres de cette équipe. Il donne l’impression de ne pas vouloir s’identifier aux autres (les

résidants de l’unité).

Bleger (1979), parlera ici d’un « Moi d’appartenance », inscrit dans l’adhésion du sujet dans

une institution. Pour les soignants ne pas intégrer ce Moi d’appartenance au sein de

l’institution c’est pour eux un moyen de garder leur identité intacte. Ils se protègent de ces

identifications qui peuvent découler du groupe. Cela est une façon pour eux de s’affirmer et

d’affirmer leur identité. Charazac (2011) dit qu’au lieu de favoriser les échanges dans le but

de se rapprocher ou de s’intégrer, la démarche tend à l’isolement et au clivage. Car l’individu

ne souhaite pas s’intégrer à un groupe qui n’est pas ou identifier comme sien. Cet « autre  

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groupe » auquel il a peu de caractéristiques en commun lui renvoie à des différences trop

importantes. Cette démarche (qui tend à l’isolement et au clivage) a un but : celui de se

protéger soi-même. C’est peut-être pour cela que les soignants de cette équipe (portés peut

être par cette démarche institutionnelle) attaque le cadre et son dispositif. Ce groupe peut

être la représentation de cette dépendance qui est renvoyée aux membres de l’équipe

soignante.

On peut aussi considérer que les difficultés à faire face à la dépendance, à faire face aux

troubles des résidants, notamment lorsqu’il s’agit de Mme B (criant toute la journée),

engendrent un désinvestissement de l’équipe. C’est peut-être pour cela que l’équipe ne

semble pas s’intégrer totalement au groupe. Et peut-être cela permet aussi de dégager un

temps de répit ? Car certaines personnes de l’équipe sont à la limite du « Burn-out ». Durant

l’atelier est-ce aussi un temps où ils pensent pouvoir « lâcher un peu prise » ? Attendent-ils

que je mène tout le groupe, afin qu’ils lâchent prise ? Ce qui pose la question de mon

intervention au sein du groupe et du bilan durant ce groupe à médiation.

6. Bilan.

*Concernant les résidants. :

Il semblerait que le groupe a répondu aux attentes des résidants. Passer un moment

convivial et ludique en étant dans l’action était essentiel pour eux.

Apporter un moment de partage et d’échanges en donnant l’occasion de se sentir moins

seul. Je peux dire que chacun des résidants ont pris plaisir à participer aux 10 séances. Ils ont

pu trouver leur place au sein du groupe, tout en pouvant s’exprimer corporellement et/ou

verbalement pour certains. D’une manière générale, il y avait une bonne dynamique de

groupe.

De plus, ce temps-là était également un temps de répit pour les résidants qui subissent les

cris meurtris (jour et nuit) de Mme B. D’autant que durant le groupe elle ne criait pas. Je

peux dire avec recul, que ce temps de groupe a donc été bénéfique à l’ensemble des

résidants.

*Concernant l’équipe :

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Le groupe a permis aux équipes de la Roseraie de reconsidérer leur pratique et de leur

donner de nouvelles clés pour les futures animations. Ils ont pu exprimer les apports

bénéfiques de ce groupe. Proposer aussi des espaces de parole pour élaborer le groupe a

permis à l’équipe d’exprimer notamment ses difficultés. Cela a aussi peut être permis de leur

redonner confiance. Car on m’avait souvent interpellée sur le fait qu’ils butaient sur les

animations, selon eux il n’y avait rien qui fonctionner avec ce public âgé dément. Ils ont pu

voir que passer par un objet médiateur permettait d’entrer parfois plus facilement en

relation, ainsi que l’importance de ritualiser et rythmer les séances.

Les personnes âgées ayant une démence ne sont pas à mettre à l’écart, elles peuvent

toujours prendre plaisir aux animations.

7. Mon intervention.

Durant mon intervention, j’ai donné les consignes en présentant les mediums utilisés. De

plus, je ne me voyais pas rester assise et laisser faire le soignant durant la première partie de

l’atelier (le temps de « massage » comme on l’a étiqueté). Il m’a semblé intéressant et

important de pouvoir donner l’impulsion et m’impliquer. D’autant que l’équipe rencontre des

difficultés avec les résidants de l’unité que leur fatigue apparente (à la limite du « burn-out »)

était visible.

Etre à l’écoute et attentive, dans ce qui se passait dans le groupe, sont des éléments

importants pour moi, afin de voir les bénéfices ou les difficultés de chacun durant le temps

« d’évaluation » (j’aime mieux dire ce temps de réflexion pour voir « l’évolution »). Il m’a fallu

stimuler et encourager les participants quand ils en avaient besoin, revaloriser et mettre en

avant les capacités de chacun.

Je définirai aussi mon rôle comme un élément modérateur, en laissant la place à chacun,

laisser place à la dynamique de groupe tout en modérant les débordements éventuels.

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8. Conclusion.

Tout au long de cette « esquisse » d’analyse de groupe, nous avons pu voir que le groupe à

médiation a eu des effets bénéfiques, pour les résidants mais aussi pour les soignants. Les

difficultés à s’engager au sein du groupe étaient peut-être liées à cette souffrance

institutionnelle ?

De plus, mettre en place, créer et animer un groupe, avec des personnes ayant une démence

a été très formateur. Cela peut constituer une des différentes compétences que l’on doit

avoir en tant que futur psychologue. Il me semble important d’avoir de l’expérience dans ce

domaine et avoir un recul nécessaire pour l’analyse.

D’une manière générale, les difficultés et les avantages des résidants qu’ils ont eus pour

intégrer ce groupe ont été mises en évidence. L’importance de l’effet groupe, de l’objet

médiateur ainsi que le travail psychique doivent être repérés par le thérapeute, pour une

meilleure prise en soin de ces personnes délaissées et en demande.

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Chapitre IV : Bilan de formation

1. Le désir de devenir psychologue.

Le désir de devenir psychologue m’est venu suite à la mort de ma grand-mère lors de

mon entrée au collège. Après sa longue hospitalisation et à cause de la dégradation de son

état de santé, nous nous sommes retrouvées moi et ma famille en grande souffrance

psychique. Malgré nos demandes au sujet du diagnostic et malgré notre demande

d’accompagnement psychologique au sein de l’institution, les membres du personnel

hospitalier n’ont pas su répondre à nos questions. Pourtant, cela nous aurait aidés à

surmonter cette épreuve. C’est suite à son décès que ma volonté de faire ce métier s’est

manifestée.

C’est à partir de ce moment que je me suis destinée à travailler dans un milieu social

et médical afin de pouvoir plus tard aider, guider et soutenir les autres. Mes choix se sont

alors orientés vers la médecine, avec le fantasme de pouvoir travailler pour des associations

et pourquoi pas dans les pays pauvres, en tant que bénévole. J’ai alors commencé à faire du

bénévolat dans une association socio-culturelle dans mon quartier. Par la suite, malgré

l’obtention de bonnes notes au collège et au lycée, ce désir de devenir médecin s’est atténué

en laissant place au désir de devenir psychologue.

Je me suis ainsi passionnée pour la psychologie grâce à ma maturation dans un

premier temps. Puis grâce à ce que je pouvais lire ou entendre. Cette passion a ensuite été

entretenue par les divers renseignements que j’ai pu obtenir grâce à la psychologue scolaire,

qui m’a aidée dans le cheminement de mon futur projet professionnel. Les cours de

philosophie qui ont abordé quelques concepts fondamentaux de la psychanalyse Freudienne

ont aussi contribué à préserver ma passion pour la psychologie. Je me suis alors abonnée à

un magazine de psychologie (Psychologie Magazine) et je me suis ensuite renseignée sur

internet à propos du parcours universitaire à suivre afin d’obtenir le diplôme de

psychologue ; les forums sur internet m’ont été utiles pour comprendre le parcours

universitaire.

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Durant ma dernière année de terminal, je suis tombée par hasard sur le site de

l’université de Lyon 2 et sur ses divers choix de parcours, offrant la possibilité de devenir

psychologue. Je me suis préinscrite sans grande conviction. Etant réunionnaise, je ne pensais

pas que j’allais être acceptée car j’étais persuadée de ne pas être géographiquement

prioritaire. Puis j’ai obtenu mon baccalauréat scientifique avec mention à l’île de la Réunion.

Et dans la foulée, j’ai reçu mon accord de préinscription et d’inscription à l’université de Lyon

2 (j’étais inscrite qu’à cette filière, ce fut mon seul choix d’orientation). A partir de là, les

évènements se sont succédés rapidement avec dans un premier temps, l’annonce de mon

choix d’orientation à ma famille qui m’a soutenue malgré l’éloignement géographique tout

en me voyant partir loin d’eux.

Puis il est venu le temps de mon déménagement et celle de mon intégration lors des

premières semaines en France métropolitaine :

recherche d’appartement, comprendre le fonctionnement de cette grande ville,

ses transports en commun, ses habitudes de vie, les repères dans les grands bâtiments de

l’université et j’en passe.

En somme, le désir de devenir psychologue commençait au fil de ces années à

prendre forme dans mon esprit et grâce à mon inscription, je commençais à toucher du bout

des doigts cette possibilité.

Je vais maintenant vous présenter le déroulement de mon cursus durant mes années

de licence et de master à l’université de Lyon.

2. Mes années de licence de psychologie à l’université Lumière Lyon 2.

*Lors de ma première année de licence, je me suis orientée dans le parcours des sciences

humaines et sociales mention psychologie et sur la sociologie en second parcours. Pourquoi

avoir choisi la sociologie ? Je pensais que cela pourrait me permettre de comprendre un peu

mieux l’impact des dimensions sociales sur les représentations et sur les comportements

humains. Pour moi, cela venait complémenter la formation de psychologue que je me

destinais à réussir. Malheureusement, les cours magistraux de sociologie m’ont déplu car je

les ai trouvés trop condensés, trop théoriques, pas assez vivants. Je n’ai pas entrevu les buts

pratiques et les finalités. En revanche, les cours magistraux de psychologie m’ont passionnée,

avec la possibilité de m’initier à la psychologie sociale, à l’approche psychanalytique, à la

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psychologie développementale, cognitive et expérimentale. C’est pour ces raisons que je suis

restée dans cette formation et que j’ai décidé d’arrêter le parcours de sociologie durant ma

deuxième année de licence. Avoir vu plusieurs approches différentes m’a confortée dans

l’idée que l’individu est une entité certes, mais une entité en lien permanent avec autrui. Et

quelle que soit sa pathologie, les origines se trouvent dans plusieurs approches

(environnement, génétique...).

Beaucoup de mes préjugés se sont également envolés, tel que l’idéal soignant « être

psychologue c’est savoir tout résoudre, on peut tout guérir ». Aussi, le champ de la

psychologie ne concerne pas que les personnes ayant des pathologies mentales. Les

psychologues ne sont pas adressés que pour les « fous », leur champ d’activité est vaste et

intéressant. Autrement dit, ce champ n’est pas exclusivement réservé à une population

précise. Ces préjugés et stéréotypes sont ancrés fortement dans l’inconscient collectif de ma

communauté. Cela me donnera par la suite des pistes pour mon futur projet professionnel :

atténuer ces stéréotypes et préjugés par le biais de formations dans mon île, j’y reviendrai

plus tard.

*Ma deuxième année de licence s’est bien déroulée. Personnellement, je commençais à

m’intéresser un peu au développement de l’enfant et de l’adolescent. Ce domaine

m’intriguait. On travaillait sur le développement entre la naissance et la fin de l’adolescence

en cours. Je me voyais fantasmatiquement être dans quelques années psychologue pour les

enfants/adolescents ayant des troubles du comportement dans une institution publique.

Pour la dernière année de licence, mes choix de parcours se sont donc portés sur la

psychologie de l’enfant/adolescent.

*Ainsi, en licence trois, j’ai opté pour le TER psychopathologie de l’adolescent (plus de place

pour le TER psychopathologie de l’enfant) durant lequel j’ai effectué mon premier stage dans

une classe de CLIS dans une école primaire à Lyon 8ème. J’ai pu alors travailler avec des

enfants ayant des troubles du comportement. Les stages obligatoires d’observation que l’on

devait effectuer restaient très ouverts et libres. Ils m’ont permis d’avoir une initiation en

découvrant différents corps de métier dans le domaine du social et/ou médical. Cette année-

là, j’ai eu quelques difficultés au niveau de mon stage. Pourquoi ?

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Durant cette dernière année de licence, je suis « tombée » enceinte, mais j’allais faire une

fausse couche. A ce moment-là, j’ai compris que quelque chose allait transformer mon choix

de parcours. L’annonce de ma fausse couche a été à l’origine du fait que je n’arrivais plus à

être distante et neutre avec le public enfant. Désormais ce public me touchait beaucoup

trop. J’ai fait un travail sur moi-même pour comprendre pourquoi je n’arrivais plus à être

neutre et bienveillante dans ce cadre-là. Je me suis rendue compte que le secteur qui

m'intéressait le plus était le champ de la gérontologie. Au final, l’annonce de ma fausse

couche m’a permis de prendre conscience de ma fragilité personnelle vis-à-vis du jeune

public. Cela m’a permis également de prendre conscience que le public avec lequel je me

sentais le plus à l’aise était les personnes âgées.

C’est pourquoi, après l’obtention de ma licence de psychologie, je me suis orientée dans un

domaine différent.

Enfin, pour conclure sur mes années de licence, je dirais qu’elles étaient intenses avec les

nombreux cours, mais intéressantes dans leur contenu. Elles m’ont apportée une maturation

sur le plan personnel et surtout professionnel avec les acquisitions théoriques.

Je vais à présent vous exposer le déroulement de mes années de master.

3. Mes années de master à l’université Lumière Lyon 2.

Afin de pouvoir travailler plus tard avec les personnes âgées, je me suis orientée dans le

parcours vieillissement pour le Master 1 de Psychologie de la Santé. Ce parcours permet

d'aborder les concepts et les enjeux en lien avec la perte, le deuil, la dépression, les rapports

intergénérationnels. Ce parcours traite aussi les problématiques liées aux personnes ayant

des troubles cognitifs et/ou des troubles du comportement et bien d’autres, car c’est un

domaine bien vaste. Tout ce que je viens de citer constitue selon moi, des éléments concrets

qui méritent d'être abordés. De plus, je pense que ce secteur est encore trop délaissé malgré

le phénomène de vieillissement de la population mondiale. Cela a intensifié mes motivations

personnelles à entreprendre ce parcours.

Suite aux événements familiaux (en lien avec le décès de ma grand-mère) et suite aux

événements personnels (mon histoire de vie), j’ai entrepris une introspection et une analyse

personnelle auprès d’une psychologue. Grâce à elle, j’ai pu mieux comprendre pourquoi j’ai

fait ce choix de parcours. Elle m’a aidée à cerner mes difficultés à établir une relation clinique

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auprès des enfants. J’ai compris pourquoi j’avais finalement envie de travailler auprès de

personnes âgées, pourquoi j’arrive plus facilement à créer une alliance avec ce public. Elle

m’a permis d’accepter et de reconnaître mes fragilités.

Selon moi, il est essentiel de pouvoir se connaître soi-même avant de pouvoir aborder la

vulnérabilité et la souffrance des autres. C’est pour cela que j’ai décidé de poursuivre cette

analyse durant mon année de master 2 : j’ai ainsi continué à faire ce travail d’introspection

pour bien commencer ma future carrière.

3.1 Ma première année de master 1.

Ma première année de master 1 fut aussi difficile pour moi, car finalement je n’ai pas

fait de fausse couche (erreur médicale de la part d’une gynécologue confirmée). En début

d’année scolaire j’étais déjà à plusieurs mois de grossesse. Je me souviens que j’allais en

cours même lorsque j’étais énormément fatiguée. Même une semaine avant d’accoucher, je

continuais à y aller ! Je n’avais pas envie d’arrêter car pour moi avoir un enfant n’est pas un

frein mais un atout dans ma motivation et dans mon envie de réussir. Etre enceinte n’est pas

une maladie, être maman ne signifiait pas pour moi échec social mais preuve de maturité car

cela engendre de plus hautes responsabilités.

J’ai pu aller aux examens et rendre tous mes dossiers durant les partiels du premier

semestre de cette année de master 1. Cependant, je n’ai pas pu trouver de stage (j’ai

ressenti une discrimination par rapport à ma situation de femme enceinte et mère de famille

par la suite) et je n’ai pas pu rendre le seul dossier de 5 pages afin de valider le TD de santé,

son but : définir en quelques pages notre parcours professionnel et nos choix. Vu qu’après

mon accouchement je n’ai pas pu venir aux quelques cours restants de décembre et que la

validation de ce TD avait été signalée à la fin du premier semestre, je n’ai donc pas validé ce

dossier. J’étais énormément frustrée de ne pas avoir pu réussir cette année, je me suis sentie

également diminuée dans mon estime, moi qui n’ai jamais subi auparavant d’échec scolaire.

Mon statut de femme et de mère était également ébranlé à cause de mes refus de demande

stage, il m’a semblé important d’expliquer ma situation dans mes lettres de candidature, je

ne voyais pas en quoi je devais la renier.

J’ai repris quand même le banc de l’école au second semestre pour ne pas

décrocher, tout en sachant que c’était une année « perdue », perdue puisque sans stage et

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n’ayant pas rendu ce fameux dossier de 5 pages, je savais bien que cette année n’allait pas

être validée. Je tenais malgré tout à venir et ne pas me décourager.

Donc, malgré tout, je n’ai pas baissé les bras. J’ai poursuivi et repris sur de bonne

base mon master 1 de psychologie de la santé parcours vieillissement par la suite, que j’ai

fait sur deux ans (un an pour valider les cours et la deuxième année pour valider le stage et

le mémoire de recherche). Pourquoi ce choix de le faire sur deux ans ? Vu ma situation

personnelle, j’ai préféré prendre mon temps pour pouvoir allier vie scolaire et vie privée.

3.2 Ma deuxième année de master 1.

Durant ma « réelle » année de master 1, j’ai pu effectuer une mission de un an en

tant que bénévole animatrice dans un EHPA (établissement d’hébergement pour personnes

âgées) dans le cadre du service civique volontaire proposer par le CCAS (Centre Communal

d’Action Social) de Lyon.

Cela m’a confortée dans mon choix d’intervention dans ma future pratique

professionnelle. Cette expérience professionnelle a été très riche, je suis parvenue à entrer

facilement en relation avec le public concerné. Faire un sourire, être à l’écoute, être

présente suffisaient pour qu’il puisse se sentir mieux, se sentir entourer. Pouvoir apprendre

de leurs expériences, de leurs richesses par de leur histoire de vie ou leur culture (et bien

d’autres) m’ont permis de me développer au niveau personnel.

Tout ceci m’a permis de me sentir bien et cela m’a ainsi confortée dans mon estime

(qui était mis à mal durant ma toute première année de master 1 un an plus tôt). Cette

année-là, j’ai pu aussi valider mes cours de master 1 et j’ai donc pu avoir ma première

approche avec le public âgé grâce à ce volontariat. En somme, ce fut une année riche. Je

savais que j’avais de bonnes bases pour continuer et entreprendre ma recherche pour le

mémoire.

3.3 Ma troisième année de master 1.

J’ai consacré ma « deuxième année » de master 1 (qui correspond à ma troisième

année de master 1 concrètement) à mon stage et au mémoire de recherche. Cependant,

pour ne pas trop m’éloigner du cadre scolaire je venais toujours au TD de vieillissement avec

mon tuteur professeur et à quelques cours en plus pour ne pas perdre mes apports

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théoriques et ce lien avec la faculté. Cela m’a permis également de rester visible par le corps

professoral. Je voulais montrer que j’existais et que j’étais toujours là.

Au cours de cette deuxième « réelle » année de Master 1, j’ai effectué un stage dans

un EHPAD à Genas sur toute l’année scolaire, avec une tutrice psychologue clinicienne. Ce

stage a été très formateur : j’ai réellement pu mettre en pratique mes apports théoriques.

Ma tutrice et moi discutions beaucoup, elle a pu m’aider à créer une esquisse dans mon

identité professionnelle. J’ai pu mettre en place mes premiers ateliers thérapeutiques, faire

mes premiers suivis auprès des résidants. J’ai pu voir et intervenir dans différents milieux de

vie tels que l’Accueil de Jour de l’établissement, l’UPDP (unité protégée pour personnes

dépendantes), l’EHPAD, et l’unité de soins palliatifs ouverte au cours de mon année de stage.

De plus, durant ce stage, je me suis beaucoup passionnée pour la relation entre le

corps et l’esprit car j’ai eu l’occasion de suivre la psychomotricienne de l’établissement. Elle

a réussi à me faire découvrir son champ d’activité, c’était très intéressant. C’est pourquoi les

différents ateliers que j’ai mis en place à cette époque étaient en rapport avec la

sensorialité, l’éveil corporel et la psyché. Et même actuellement je fais toujours des ateliers

thérapeutiques dans mes stages en rapport avec ces thèmes-là. Travailler sur le corporel

chez les sujets âgés est une approche qui se développe et permet de réellement valoriser la

personne dans différents points (retour à ma partie analyse de groupe qui a abordé cette

approche). De plus, j’ai vu aussi les différents corps de métier au sein d’une équipe

pluridisciplinaire.

Avec le recul, j’aurais pu aborder les questions traitant de la relation corps/esprit

dans mon mémoire, mais pour ma recherche j’avais envie de voir un autre concept. Un

concept qui à mon sens prend une importance particulière au moment de la vieillesse :

l’ « estime de soi » (un concept aussi important dans ma vie personnelle). Ma recherche s’est

donc portée sur l’estime de soi des personnes âgées qui ne sont pas dépendantes et qui

vivent en EHPA. J’ai voulu montrer éventuellement s’il y avait un effet du groupe sur l’estime

de soi des personnes âgées non dépendantes participant à une animation (à but non

thérapeutique). Egalement voir l’impact d’une meilleure estime de soi, sur la perception de

soi (Identité).

J’ai choisi ce public car je trouvais qu’il y avait beaucoup de recherches sur les

personnes vivant en EHPAD et moins de travaux sur un public de type EHPA. J’ai aussi pensé

que le rapport entre estime de soi/groupe/animation était original. J’ai eu beaucoup de

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difficulté à trouver des récits et de la théorie sur les animations en EHPA et sur les effets des

ateliers dit « occupationnels ». J’ai dû créer ma propre échelle d’estime de soi abordant les

effets du groupe sur soi, afin de pouvoir montrer éventuellement une évolution entre

l’estime de soi du participant avant et après une animation. De plus, mon volontariat en

EHPA m’a permis d’ouvrir des portes. J’ai pu ainsi commencer à constituer un début de

réseau professionnel (contact au sein du CCAS, avec la psychologue de l’EHPAD juxtaposé à

l’EHPA…).

Tout ce travail de recherche fut une expérience fort intéressante : savoir mettre en

place un protocole de recherche, mettre en place des outils d’investigation dans le but de

répondre à des hypothèses de travail, savoir lier la théorie et le terrain. J’ai tellement aimé

que cela m’a fait douter sur mon orientation pour le master 2. J’ai hésité pendant quelques

jours à postuler en master 2 de recherche. Mais bien vite, je me suis reprise. Depuis le

collège, je n’avais qu’une envie : être sur le terrain car j’ai besoin d’être en contact avec les

autres, besoin de ce contact pour me sentir épanouie. La recherche reste néanmoins un

parcours très intéressant.

Vers Avril, l’année commençait à être anxiogène, avec le rendu du mémoire, la soutenance,

la constitution du dossier de candidature, savoir si j’allais être acceptée ou non en master 2.

Prise entre le fantasme d’être prise et la réalité de l’entrée du master 2 (avec ses notions de

sélectivités et de concurrence). Il y avait la fatigabilité au point de vue de la constitution du

mémoire, il fallait savoir gérer le quotidien de maman avec toutes les difficultés que cela

engendre dans ma disponibilité scolaire et être à la fois présente et efficace dans mon stage

en EHPAD. Tout cela a été pour moi des éléments difficiles à l’époque mais pas

insurmontables! J’ai essayé de m’organiser le plus possible pour rendre mon mémoire à la

première session afin de pouvoir relâcher la pression un minimum. J’ai eu une note très

correcte, mais les points négatifs étaient la mise aux normes du mémoire. Les points positifs

mis en avant par le jury étaient le contenu et l’originalité. Je tiens à préciser cela car ce fut

un moment important pour moi ; cela m’a aidée narcissiquement à me conforter dans ma

quête de réussite. Je vais poursuivre sur le déroulement de mon parcours et sur la

candidature.

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3.4 Candidature.

J’ai donc postulé pour le master 2 de Psychologie de la Santé dans le parcours

Vieillissement à l’Université de Lyon 2. J’ai pris un risque en ne faisant qu’une demande dans

une seule université. Je suis une personne de nature optimiste, même si je l’avoue après

coup : c’était vraiment une prise de risque. Le master 2 de Psychologie de la Santé parcours

vieillissement était mon premier choix, car il permet de se professionnaliser vers des

débouchés spécifiques dans les domaines de la santé et de la gérontologie.

Pour moi, ce master aborde l’étude du vieillissement humain (en tant que processus)

en abordant plusieurs approches (psychodynamique et cognitive) et en s’orientant vers

d’autres disciplines (médecine, soins infirmiers, sociale…). Le fascicule m’a beaucoup

intéressée car je me décris comme une personne étant dans une démarche intégrative et

ouverte. De plus, je veux travailler en gérontologie c’est tout naturellement que j’ai choisi de

candidater à ce master.

J’ai su que j’étais prise quand j’étais à l’île de la Réunion. J’effectuais à ce moment-là

un stage volontaire en EHPAD en autonomie pendant les vacances scolaires. Ce stage de

deux mois m’a permis de commencer à constituer mon réseau professionnel dans le but de

réussir mon projet professionnel dans mon île. Durant le stage, j’ai pu intervenir dans la

création d’un PASA, auprès des résidants et dans la formation des infirmiers.

3.5 Mon année de Master 2.

Pour finir sur mes années master, j’aimerais vous parler de mon admission au master

2 de psychologie de la santé parcours vieillissement. Soulagée et très heureuse, j’ai

commencé l’année sereinement. Dans la foulée j’ai trouvé mes deux stages rapidement, le

premier en EHPAD et le second dans un Hôpital de jour. Ce fut une année riche au point de

vue des apprentissages qui sont plus orientés vers la pratique. L’année de Master 2 c’est

aussi trouver sa future identité professionnelle (se questionner sur son « savoir-faire » et sur

son « savoir-être »), se confronter à l’autonomie, aborder ou ré-aborder les différentes

théories, permettre de créer et de développer des points de rencontre avec les différents

professionnels et intervenants etc.

Elle fut aussi riche au point de vue personnel avec la rencontre de mes futures

collègues et amies de la promotion. Ces rencontres sont importantes pour moi, dans la

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création de mon réseau et cela montre aussi l’importance de travailler en collaboration avec

ses pairs.

Maintenant je vais mettre en avant mon futur projet professionnel, qui a bien eu le

temps de maturer durant cette année de master 2.

4. Projet professionnel.

*Après le diplôme :

Suite à mes différents stages dans le milieu de la gérontologie et suite à mes acquis

théoriques dans ce domaine, je me sens actuellement capable d’aborder le rôle de

psychologue. Dans un premier temps, je souhaiterais trouver un poste de psychologue dans

un milieu médico-social (Ehpad, hôpital de jour, hôpital gériatrique, association, EHPA...). Ce

sont des secteurs que j’ai expérimentés durant mes stages et où j’ai mis en pratique mes

apports théoriques. Ce sont des institutions où je me sens encadrée. Etre dans une équipe

pluridisciplinaire me rassure car je ne serai pas « seule ». Pourquoi ? Car pour moi se sentir

entourée durant les premières années de travail est important. Afin de se construire tout en

sachant demander de l’aide quand il le faut et s’ouvrir sur les autres disciplines pour une

prise en charge adaptée du sujet.

C’est pour cela que j’envisage de travailler au sein d’une équipe lors de mes

premières années en tant que psychologue diplômé. Mon souhait serait de revenir à l’île de

La Réunion après l’obtention du diplôme. J’ai peut-être même une piste de travail à la sortie

de l’université. En effet, un EPHAD s’est ouvert dans la commune de mes parents, fin 2013.

Un poste a été créé et la politique communale insiste pour que ce poste de psychologue soit

attribué à une personne de la commune. Je me suis renseignée auprès du maire lors de la

remise des récompenses lors de l’été 2013 (récompensant les étudiants qui obtiennent leur

diplôme), au sujet de l’ouverture de cette maison de retraite et sur le domaine que j’étudie.

Ce poste n’a toujours pas été pourvu, j’ai donc décidé de postuler même si je ne suis pas

encore diplômée. Mes contacts au sein de la mairie m’ont informée que j’ai potentiellement

mes chances. Néanmoins, je sais que dans mon secteur, le marché de l’emploi est ouvert là-

bas. Effectivement, il y a du retard au niveau des structures, au niveau des prises en charge

par rapport à l’Europe. La population réunionnaise est aussi vieillissante et le secteur

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d’activité dans le champ de la gérontologie est en pleine expansion. Ainsi, même si une

personne postule dans cet EHPAD avant que je sois diplômée, je pourrai tout de même avoir

un poste à La Réunion.

Travailler dans une structure sera pour moi un moyen d’avoir de l’expérience à court

et moyen terme. Puis lorsque j’aurai plus d’expériences, j’envisage de créer une association

proposant plusieurs versants :

1) Faire de la prévention (maltraitance, conduites à risques, risques alimentaires, et

bien d’autres thèmes importants) par le biais de formations des membres des

équipes médicosociales et intervenir même dans les écoles.

2) Accompagner institutionnellement les équipes dans la prise en charge des patients,

voire faire de l’analyse de la pratique.

3) Certes, il y aura forcément d’autres objectifs tels que mettre à disposition des

groupes de supervision, de la prévention aussi à domicile…

Pourquoi passer par une association ? Je me suis aperçue que le milieu associatif est

très apprécié par la population réunionnaise. Ainsi ce moyen permettra d’avoir plus

facilement un pied dans les établissements privés ou publics. A travers l’association, j’espère

contribuer à faire changer les mentalités sur les stéréotypes pesant sur la fonction de

psychologue.

C’est bien de former les autres, mais être psychologue c’est une formation continue

tout au long de la vie.

5. Psychologue, un savoir tout au long de la vie.

Grâce à mes stages j’ai mis en pratique la théorie et passer du « savoir théorique » au

« savoir être ». Savoir se « détacher » de la théorie pour la mettre en pratique, savoir

l’utiliser au bon moment tout en s’adaptant au terrain. Il me semble important de toujours

se tenir au courant et toujours continuer à se former par la lecture (ouvrages théoriques

récents, derniers articles et des dernières recherches). Il est important selon moi de

continuer ma formation en participant notamment aux colloques, aux conférences,

rencontrer d’autres professionnels, savoir rencontrer et collaborer avec ses pairs. Cette

dernière année de formation de master 2 m’a montrée l’importance d’être entourée et de

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former un réseau professionnel : il me semble inenvisageable de ne pas m’entourer dans ma

future pratique professionnelle.

Je conçois donc mon futur avenir de psychologue comme une formation toute au

long de ma vie. Il me semble primordial de toujours pouvoir élaborer sur son

positionnement, recontextualiser les situations, se remettre constamment en question sur

son rôle et garder ce raisonnement tout au long de ma future pratique (en gardant en tête

ce « doute » raisonnable). J’envisage même de reprendre mes études à travers des DU

(Diplômes Universitaires) ou faire des formations spécifiques. Il y a un Diplôme Universitaire

sur la TCC (thérapie cognitivo-comportemental), proposé par l’Université Lyon 1, que

j’aimerais beaucoup entreprendre plus tard. J’ai aussi quelques projets d’écriture sur des

thèmes qui me tiennent à cœur voire intervenir dans la formation des futurs psychologues à

l’Université de la Réunion où a été créé un Master de Psychologie, il y a deux ans. Mon

avenir je le conçois avec des changements, de l’innovation, de la curiosité, de la formation

car il n’est pas figé.

Pour conclure, le désir de devenir psychologue a grandi au fil des années. Avec du

recul, il est vrai que mon parcours semble parfois peu cohérent sur mon choix final d’être en

psychologie de la santé dans le parcours vieillissement. Mais savoir élaborer sur ses

difficultés tout en comprenant les erreurs passées sont des moyens de comprendre son

identité professionnelle actuelle et future.

Ainsi, toutes ces années (que ce soit dans le secondaire, au sein de l’université et

dans mes choix personnels) m’ont amenée à me questionner sur mon parcours et à exposer

mon bilan de formation. Cela m’a également permis de penser et entrevoir mes projets

professionnels d’une manière plus concrète, m’interroger sur mes désirs et sur mes

perspectives de carrières. Cette dernière année de master 2 m’a confortée dans mes choix,

sur ma place dans le groupe (de cette promotion) et sur mon identité professionnelle. J’ai

désormais confiance en mon devenir et en ma future carrière. J’ai des ressources et j’ai pu

commencer à constituer mon réseau professionnel à l’île de la Réunion et même en France

métropolitaine grâce à mes rencontres et grâce à une volonté certaine !

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Conclusion générale

Travailler auprès de personnes âgées est un travail complexe. Il ne s’agit pas ici de les

guérir mais de les accompagner tout au long de leur parcours de vie. Ce parcours est juché

de pertes, de deuils et de crises. Ce mémoire a donc abordé plus particulièrement la crise

identitaire, en montrant l’importance d’une revalorisation narcissique et d’une revalorisation

de l’estime de soi, qui selon moi sont des composantes essentielles à l’identité.

On a pu voir que dans l’étude de cas, Mme C a beaucoup de difficultés à entrer en

lien avec les autres (patients) car cela lui renvoie une perception d’elle trop affligeante. Sa

prise en charge et les conséquences de ses perceptions viennent faire effraction dans son

identité : ce qui lui fait crise. Elle est dans une sorte d’intervalle entre ce qu’elle était, n’est

plus et ce qu’elle sera.

Puis on a pu voir dans la seconde partie l’analyse institutionnelle de l’EHPAD où j’ai

effectué mon stage. Là aussi, le contrat narcissique qui constitue l’histoire et l’identité

instaurée se trouve défaillant, devant l’avancée des personnes vers la dépendance. Notion

de dépendance qui vient faire fracture au sein de l’établissement.

La troisième partie de ce mémoire était l’analyse de groupe. On a pu constater que le

groupe à médiation corporelle est un bon moyen pour des personnes ayant des troubles du

comportement sévères de retrouver du lien. Ce lien est nécessaire au maintien de l’identité.

L’atelier leurs a permis aussi de s’exprimer (verbalement ou corporellement). Mais cela a

surtout permis, de passer un moment convivial avec l’ensemble des participants.

Pour conclure ce mémoire j’ai pu exposer mon bilan de formation. Pour moi le métier

de Psychologue est être dans une approche intégrative et pouvoir se former tout au long

d’une carrière. C’est également se connaître, s’enrichir et pouvoir garder un « doute »

raisonnable. J’ai montré aussi l’importance de pouvoir travailler au sein d’une équipe et/ou

en réseau. Sur le court terme déjà, j’envisage de travailler dans un établissement médico-

social (EHPAD, Hôpital gériatrique, Accueil de jour…). Par la suite j’ouvrirai mes perspectives

d’avenir.

D’une manière générale, ce mémoire de fin d’études a été très formateur, j’ai pu

dégager mon identité de futur praticien et mon positionnement clinique. Tout au long de

l’élaboration de ce rendu universitaire, j’ai pu mettre une part de moi-même, une part de

mon identité. Au long de ce mémoire, ce concept a été le fil conducteur.

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Ceci me permet d’ouvrir ma réflexion sur la question de l’accompagnement des

futures générations. Les stéréotypes changent, l’espérance de vie s’allonge, les soins

esthétiques se banalisent, la médecine avance… : comment nos âgés vieilliront face à cette

quête de jeunesse éternelle ? Quels en seront les changements au niveau de notre pratique?

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ANNEXES

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Sommaire

A. Entretien 5, Mme C : le 28/02/14.

B. Cotation SHIPA : étude de cas de Mme C.

C. Grille atelier.

D. Résumé.

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Entretien 5, Mme C : le 28.02.14

(La rédaction de cet entretien s’est faite à partir des prises de notes recueillies durant  

l’entretien. Attention les propos ne révèlent pas d’une exactitude.)

Moi : Bonjour Mme C, je suis Emmanuelle Psychologue stagiaire. La semaine dernière

on s’est vu en entretien. Je vous avais dit qu’on allait se voir aujourd’hui afin qu’on puisse

parler ensemble de nouveau et voir comment vous vous allez.

Mme C : Oui j’ai demandé à vous voir ce matin, c’est vous la réunionnaise ?

Moi : Oui c’est bien moi.

Mme C : Moi aussi j’ai vécu à la réunion moi aussi j’ai eu mes 3 filles là-bas, elles sont

aussi réunionnaises. Mais avec mon mari on ne pouvait pas rester, fallait qu’on revienne en

France.

Moi : C’était difficile pour vous de revenir en France ?

Mme C : Non j’aimais beaucoup là-bas, les bons plats, les gens sont gentils aussi, on

n’avait pas de problème. Mais c’était petit on ne peut pas rester pour toujours là-bas et mon

mari voyageait beaucoup on ne restait jamais au même endroit, il était chirurgien vous

comprenez il devait beaucoup voyageait pour son travail.

Moi : Vous avez toujours beaucoup voyagé?

Mme C : Oui moi je viens de la Bretagne et mon mari d’alsace. J’étais infirmière et

mon mari chirurgien, pour se rencontrer on a dû voyager pour se trouver. On a habité

partout en France et aussi à la réunion. Mais là on habite au puy en Velay et pour l’hiver on

vient sur Lyon car on a une trop grande maison. En hiver c’est compliqué de chauffer.

Moi : vous aimez rester sur Lyon en hiver ?

Mme C : Ben je ne connais pas la ville, mais j’aime on a un petit appartement ça nous

convient.

Moi : la semaine dernière on a parlé de votre prise en charge à l’hôpital. Et comment

vous vous sentez à l’hôpital de jour cette semaine ?

Mme C : J’aime bien, je peux parler avec vous, on a des atomes crochus et je sais que

si je me mets en colère on est là pour moi. Même si mon mari m’oblige je sais qu’il faut je

vienne.

Moi : C’est-à-dire ?

Mme C : C’est contre mon gré c’était dur pour moi de ne pas choisir de venir ou pas.

Moi : Et maintenant c’est vous qui décidez ?

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Mme C : Non mon mari me force mais je sais que vous êtes là, maintenant ce qui

m’embête c’est que les temps calmes on fait rien. J’ai toujours été quelqu’un qui bouge et

qui a toujours fait plein de choses. J’ai élevé 5 enfants, c’était du boulot ça !

Moi : la semaine dernière vous m’aviez parlé de vos enfants, ils sont tous dans le

milieu médical, c’est bien ça ?

Mme C : oui.

Moi : vous en êtes fière ?

Mme C : Oui, toute la famille est dans ce milieu, mes sœurs aussi.

Moi : Oui, c’est sûr que c’est une grande fierté. Mme C par contre je vous avais

proposé de faire un test rapide, vous m’aviez répondu c’est toujours le cas ? Comme cela

vous faites quelques choses (rire).

Mme C : Oui toujours, comme je vous avais dit j’aime bien faire des choses donc

d’accord.

Moi : C’est juste une petit « test » qui ne dure pas longtemps, il faut raconter la fin de

quelques histoires. Vous avez des questions sur le test ?

Mme C : non

Moi : On commence ça vous va ?

Mme C : Oui

Moi : Je vais vous lire sept petites histoires dont on n’a écrit que le début. C’est à

vous d’inventer la fin de ces histoires, en imaginant absolument ce que vous voulez. Etes-

vous prête pour la première histoire ?

Mme C : Oui

1. Moi : En voulant changer une ampoule chez elle, où elle vit seule, Madame M. est

tombée du tabouret où elle était montée. Elle ne peut plus se relever, ni même

appeler parce que la situation se déroule dans sa cave. Il est midi et sa belle-fille ne

doit venir la voir que dans la soirée. Que peut faire Madame M. en attendant ?

Mme C : Essayer de grimper, sortir si on y arrive. Ne pas attendre qu’on vienne nous

chercher, il faut crier pour qu’on vienne nous chercher, taper sur le mur pour qu’on vienne

nous chercher.

2. Moi : Les enfants de Madame et Monsieur C. sont très inquiets, parce qu’ils

trouvent que leur mère « perd la tête ». Ils voudraient la mettre en maison de

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retraite. Mais Monsieur et Madame C. ne se sont jamais quittés et Monsieur C.

n’est pas d’accord. Il pense que ça ne les regarde pas. Que va-t-il se passer ?

Mme C : Eh ben, s’il veut le mettre dans la maison de retraite. Est-ce qu’ils ne

peuvent pas faire autre chose ? Ou sinon faire venir quelqu’un chez eux, c’est possible. C’est

vrai que s’ils ne sont pas sociables comme moi. C’est vrai c’est un début, il est obligé d’aller

en maison de retraite, s’ils sont obligés, ils iront. Moi je n’aimerai pas mais je pense qu’on

peut s’y faire si on est obligé.

3. Moi : Monsieur et Madame B. viennent de recevoir une forte somme d’argent. Ils

avaient une petite retraite et, là, ils peuvent imaginer de faire absolument tout ce

qu’ils veulent. Que vont-ils décider ?

Mme C : Je me dis… quel âge ? 80 ans c’est un peu tard pour voyager, ils pourraient

s’installer agréablement dans leur maison. Je ne sais pas s’ils ont des enfants, peut-être

s’organiser pour voir s’il y a du personnel dans la journée, ça dépend des sous.

4. Moi : Alors qu’elle se prépare à partir au cimetière pour aller sur la tombe de son

mari, Madame A. reçoit un coup de fil de son fils. Il n’a pas le temps d’aller prendre

sa fille à l’école et il souhaiterait que Madame A. aille la chercher tout de suite.

Madame A. adore sa petite-fille, mais elle aimerait bien avoir aussi un peu plus de

tranquillité.

Moi : … comme pour les autres il faut imaginer la fin comme vous voulez. Alors

qu’elle se prépare à partir au cimetière pour aller sur la tombe de son mari, Madame A.

reçoit un coup de fil de son fils. Il n’a pas le temps d’aller prendre sa fille à l’école et il

souhaiterait que Madame A. aille la chercher tout de suite. Madame A. adore sa petite-

fille, mais elle aimerait bien avoir aussi un peu plus de tranquillité.

Mme C : Elle ne voudra pas partir, elle sera malheureuse si elle va ailleurs, si elle

est obligée ben elle sera obligée de faire même si ça lui plaît pas s’il n’y a pas d’autres

solutions. Il n’y a pas beaucoup de réponses. Les pauvres la faire venir selon son âge,

pour les aider, il faut faire venir quelqu’un chez eux.

5. Moi : Mademoiselle K. n’aime pas les fêtes de famille ni celles de son club senior.

Ce qu’elle préfère, c’est rester seule chez elle à regarder ses photos de classe, du

temps où elle était institutrice, ou les photos de ses parents. Elle se rappelle de son

père, sa mère, tous les bons moments de son passé...

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Mme C : Ben il faut sortir, moi j’aime sortir. Après si c’est ce qu’elle veut, mais bon.

6. Moi : Monsieur H. n’a plus de famille. Lui est en bonne santé, mais il s’ennuie. Il

n’aime pas sortir parce qu’il trouve que le monde d’aujourd’hui « est pourri » et

que « les jeunes ont totalement perdu le respect des anciens ». Tout a trop changé,

selon lui...

Mme C : Il s’habitue pas, il sera obligé de s’habituer pour rester chez lui ou pas aussi.

Ça dépend s’il peut financièrement parlant, il fait ce qu’il peut avec l’argent qu’il a.

7. Moi : Madame K. et Monsieur D. sont veufs. Ils se connaissent depuis deux ans et

se rencontrent en cachette. Ils souhaiteraient bien se marier mais ne savent pas

comment le dire à leurs enfants...

Mme C : Moi en moi-même pourquoi se marier maintenant sauf s’il y a des finances

pour donner aux enfants. Quels avantages ? Avantages qu’on leur donne exemple sécurité

sociale comme ça.

Moi : Voilà, c’est fini, qu’en avez-vous pensé ?

Mme C : Ben j’ai bien aimé c’est un peu comme la vie de tous les jours.

Moi : oui et vous vous sentez comment ?

Mme C : Bien (sourire).

Moi : Vous avez des choses à rajouter sur notre entretien d’aujourd’hui ?

Mme C : Non j’aime beaucoup parler avec vous c’est intéressant.

Moi : Avec moi ?

Mme C : Oui vous êtes gentille.

Moi : Et pour ceux qui viennent à l’hôpital de jour ?

Mme C : Je ne suis pas sociable donc je ne vais pas vers eux.

Moi : Vous vous définissez comme pas sociable ?

Mme C : Oui (rire)

Moi : Mme C l’entretien touche à sa fin et c’est bientôt l’heure du repas, on a

beaucoup parlé aujourd’hui. Je vous remercie d’avoir accepté de passer ce petit test.

Pouvons-nous nous revoir vendredi prochain pour continuer cette conversation ?

Mme C : Oui, avec plaisir merci à vous.

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Cotation SHIPA : Etude de cas de Mme CVoici ces réponses :Histoire 1 : Essayer de grimper, sortir si on y arrive. Ne pas attendre qu’on vienne

nous chercher, il faut crier pour qu’on vienne nous chercher, taper sur le mur pour qu’on vienne nous chercher.

Histoire 2 : Eh ben, s’il veut le mettre dans la maison de retraite. Est-ce qu’ils ne peuvent pas faire autre chose ? Ou sinon faire venir quelqu’un chez eux, c’est possible. C’est vrai que s’ils ne sont pas sociables comme moi. C’est vrai c’est un début, il est obligé d’aller en maison de retraite, s’ils sont obligés, ils iront. Moi je n’aimerai pas mais je pense qu’on peut s’y faire si on est obligé.

Histoire 3 : Je me dis… quel âge ? 80 ans c’est un peu tard pour voyager, ils pourraient s’installer agréablement dans leur maison. Je ne sais pas s’ils ont des enfants, peut-être s’organiser pour voir s’il y a du personnel dans la journée, ça dépend des sous.

Moi : (silence) comme pour les autres il faut imaginer la fin comme vous voulez. Alors qu’elle se

prépare à partir au cimetière pour aller sur la tombe de son mari, Madame A. reçoit un coup de fil de son

fils. Il n’a pas le temps d’aller prendre sa fille à l’école et il souhaiterait que Madame A. aille la chercher

tout de suite. Madame A. adore sa petite-fille, mais elle aimerait bien avoir aussi un peu plus de

tranquillité.

Histoire 4 : Elle ne voudra pas partir, elle sera malheureuse si elle va ailleurs, si elle est obligée ben elle sera obligée de faire même si ça lui plait pas s’il n’y a pas d’autres solutions. Il n’y a pas beaucoup de réponses. Les pauvres faire venir selon son âge, pour qu’il a pour les aider, il faut faire venir quelqu’un chez eux.

Histoire 5 : il faut sortir, moi j’aime sortir. Après si c’est ce qu’elle veut, mais bon.Histoire 6 : Il s’habitue pas, il sera obligé de s’habituer pour rester chez lui ou pas

aussi. Ça dépend s’il peut financièrement parlant, il fait ce qu’il peut avec l’argent qu’il a. Histoire 7 : Moi en moi-même pourquoi se marier maintenant sauf s’il y a des

finances pour donner aux enfants. Quels avantages ? Avantages qu’on leur donne exemple sécurité sociale comme ça.

Cotation : Selon l’échelle de Likert (pour chaque dimension): Histoire Contrôle Distance Relation à

autrui1 2 22 3 13 2 34 3 35 2 36 3 37 2 2TOTAL 10/16 16/21 8/9

Dimension de contrôle : son score est de 10, (moyenne 12,2 , écart type 1,8) donc groupe 3.

Dimension de distance : son score est de 16, (moyenne 16,5 , écart type 3,9) donc groupe 4.

Dimension de la relation à autrui : son score est de 08, (moyenne 8,1, écart type 0,6) donc groupe 4.

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Refus : 0 donc groupe 4 (moyenne 0,05 , écart type 0,1) donc groupe 4.

Etude du contenu manifeste :

82

Mme C

La position du sujet

Impuissance et

dépendance se tourne vers

l’externalité.

Dimensions du Soi

Passe par les autres

pour s’exprimer, dans la

« dimension de soi ».

Estime de soi Basse.

Investissements Externes.

Figure

d’attachement

La figure

d’attachement est forte/

aux autres, allure infantile.

Changement Coping vigilant.

Champ lexical

discours peu

étendue et parfois peu

précis.

Peur

Solitude, contrainte

(obligée de..) surement peur

d’être dépendante.

Bien être perçu++, plutôt souriante,

semble à l’aise.

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Grille « d’évolution » Atelier : « Expression et éveil corporel » Groupe semi-ouvert date :

……………………………………Conduite Médiation Commentaires

NOM-PRENOMS

adé

quat

e Non

- ad

équa

t e

Observations

adé

quat

e Non

- ad

équa

te

Observations

83

84

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Dynamique de groupe : ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..………………………………………………………………Visa :

84

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Résumé

Dans ce mémoire, je me suis interrogée sur la place qu’on peut s’accorder (recherche de soi)

lorsqu’on est confronté à des difficultés (dépendance, pathologies, pertes, deuils…).

J’ai constaté que dans l’étude de cas, la prise en charge de Mme C à l’HDJ représente pour elle

des identifications négatives, qui lui font effraction.

Tandis que pour l’analyse institutionnelle : le mythe originel se transmet toujours sous forme

de contrat narcissique. Toutes les personnes n’étant pas autonomes sont mises à l’écart.

Dans l’institution, j’ai mis en place un groupe à médiation corporelle. L’analyse du groupe

montre l’importance du cadre, de la contenance et de l’effet de groupe sur les participants. Et que

l’équipe attaque le cadre afin de se protéger.

Pour conclure ce mémoire, j’ai exposé mon bilan de formation. : désir de devenir psychologue

et mes années universitaires. En montrant l’importance du réseau tout en entrevoyant mes futurs

projets professionnels.

Summary

In this dissertation, I pondered the place we can accord ourselves (the search for self) when we are faced to difficulties (addiction, pathologies, losses, mournings …).

In the study case, I have noticed that the care of Mrs. C in the day hospital means to her  negative identifications that she struggles with.

While the institutional analysis says  : the original myth is always passed on in the form of a  narcissistic contract. All dependent persons are excluded.

In the institution, I set up a group of body psychotherapies. The analysis of the group shows the importance of the framework, the capacity and the group effect on the participants.

To conclude this dissertation, I explained my training assessment: my wish to become a psychologist and my academic years as well by showing the importance of the network while keeping 

an eye on my future professional plans.

Mots-clés : Identité, Estime de Soi, Narcissisme, Vieillissement, Identifications.

Keywords : Identity, Self-respect, Narcissism, Ageing, Identifications.

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