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Cycles, progressivité, fondamentaux... ce qui change dans les nouveaux programmes Le Monde.fr | 18.09.2015 à 16h45 • Mis à jour le 19.09.2015 à 09h28 | Par Mattea Battaglia Les projets de programmes de cycles présentés, vendredi 18 septembre, par la ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, doivent se concrétiser en classe, du CP à la 3 e , dès la rentrée 2016. Panorama de quelques changements perceptibles côté élèves. Du temps pour progresser dans une perspective de moins redoubler C’est l’une des conséquences de l’abandon du principe « un programme, une année, une discipline », au profit d’une logique dite « curriculaire » fixant des objectifs à atteindre sur trois ans plutôt qu’un niveau à obtenir en une année. D’où l’appellation retenue de « programmes de cycle », l’un pour les classes de CP-CE1-CE2 (cycle des apprentissages fondamentaux), l’autre pour les CM1-CM2-6 e (cycle de consolidation, à cheval sur l’élémentaire et le collège), un dernier couvrant les classes de 5 e , 4 e et 3 e (cycle des approfondissements). « Il ne s’agit pas de repousser les apprentissages mais d’autoriser à les reprendre, souligne le Conseil supérieur des programmes [CSP], qui a pris en charge leur rédaction. L’objectif est d’atteindre les exigences à la fin du cycle et pas nécessairement à la fin de l’année, dans une perspective de forte diminution des redoublements et de meilleure prise en charge de la vitesse de chacun. » Plus de progressivité dans les apprentissages Le CSP s’est attaché à démontrer que la progressivité, favorisée par ces cycles, ne se fait pas au détriment de l’exigence scolaire et disciplinaire. Les « repères de progressivité » et « attendus de fin de cycle », bien présents dans les

Web viewEn grammaire, l’étude des ... « Françaises et Français dans une République repensée ». L’accent mis sur le lire-écrire-compter. Dictée,

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Cycles, progressivité, fondamentaux... ce qui change dans les nouveaux programmesLe Monde.fr | 18.09.2015 à 16h45 • Mis à jour le 19.09.2015 à 09h28 | Par Mattea Battaglia

Les projets de programmes de cycles présentés, vendredi 18 septembre, par la ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, doivent se concrétiser en classe, du CP à la 3e, dès la rentrée 2016. Panorama de quelques changements perceptibles côté élèves.

Du temps pour progresser dans une perspective de moins redoubler

C’est l’une des conséquences de l’abandon du principe « un programme, une année, une discipline », au profit d’une logique dite « curriculaire » fixant des objectifs à atteindre sur trois ans plutôt qu’un niveau à obtenir en une année. D’où l’appellation retenue de « programmes de cycle », l’un pour les classes de CP-CE1-CE2 (cycle des apprentissages fondamentaux), l’autre pour les CM1-CM2-6e (cycle de consolidation, à cheval sur l’élémentaire et le collège), un dernier couvrant les classes de 5e, 4e et 3e (cycle des approfondissements). « Il ne s’agit pas de repousser  les apprentissages mais d’autoriser à les reprendre, souligne le Conseil supérieur des programmes [CSP], qui a pris en charge leur rédaction. L’objectif est d’atteindre les exigences à la fin du cycle et pas nécessairement à la fin de l’année, dans une perspective de forte diminution des redoublements et de meilleure prise en charge de la vitesse de chacun. »

Plus de progressivité dans les apprentissages

Le CSP s’est attaché à démontrer que la progressivité, favorisée par ces cycles, ne se fait pas au détriment de l’exigence scolaire et disciplinaire. Les « repères de progressivité » et « attendus de fin de cycle », bien présents dans les nouveaux programmes, en portent la trace : ainsi en mathématiques, pour le cycle 2, «  il est possible lors de la résolution de problèmes d’aller avec certains élèves ou avec toute la classe au-delà des repères de progressivité identifiés pour chaque niveau ». On ne s’interdit pas la préconisation inverse : ainsi du report, en mathématiques, de l’étude de la technique opératoire de la division du CE2 au CM1. En grammaire, l’étude des pronoms relatifs et des propositions relatives interviendra en cycle 4 plutôt qu’en cycle 3.

En histoire, la chronologie confirmée, des thématiques reformulées

Au collège, concernant l’histoire, le CSP s’est livré à une véritable « opération déminage ». S’il a confirmé l’approche chronologique, il est revenu sur l’idée d’un « libre choix » laissé aux enseignants entre des thématiques présentées comme facultatives et d’autres obligées – une distinction censée favoriser leur liberté pédagogique et leur permettre de « boucler » les programmes, mais qui a fait polémique ce printemps, bien au-delà des cercles d’enseignants. Parmi les thématiques reformulées, la première en classe de 5e, intitulée « Chrétienté et Islam, des mondes en contact », répond clairement à ceux qui avaient voulu voir, dans la première mouture des programmes divulguée en avril, un Islam surdimensionné au détriment de la Chrétienté. En classe de 3e, le premier thème, « L’Europe, un théâtre majeur des guerres totales », comprend les deux guerres mondiales – alors qu’il avait été question d’aborder 1914-1918 plutôt en 4e –, mais aussi l’entre-deux-guerres, Vichy, la résistance, la collaboration… Un chapitre de taille. Dernier thème proposé à l’étude en fin de collège : « Françaises et Français dans une République repensée ».

L’accent mis sur le lire-écrire-compter

Dictée, calcul mental et lecture à voix haute, au quotidien, ont été défendus par Mme Vallaud-Belkacem peu avant la présentation officielle des nouveaux programmes. Y compris dans les colonnes du Monde, où la ministre a défendu « une école de l’exigence ». Dans les nouveaux programmes, si l’accent est clairement mis sur le lire-écrire-compter – des activités systématisées, répétées, amplifiées – on ne trouve pas trace pour autant, aussi clairement, des « dictées quotidiennes » prônées par voie de presse – et notamment dans une tribune signée par la ministre dans Le Monde.

Une dimension numérique reconnue

Les nouveaux programmes n’oublient par les « digital natives » que sont les écoliers et collégiens du XXIe siècle. Dès le cycle 2, encore plus aux cycles 3 et 4, le numérique est intégré aux apprentissages, en particulier dans le nouveau programme de français : lecture sur supports numériques, lecture hypertextuelle, écriture au clavier, recherches d’informations en ligne, etc., y sont mises en avant. Le programme de mathématiques, également, prévoit au cycle 3 l’introduction progressive des outils numériques, en particulier l’usage de logiciels de calcul et de numération. Un nouveau thème apparaît au cycle 4 : « Algorithmique et programmation ».

Le croisement des enseignements, soit plusieurs enseignants par classe

Certains professeurs pratiquaient déjà de manière sporadique l’interdisciplinarité : elle doit désormais être généralisée. Dans les trois programmes de cycles et pour chaque discipline sont précisées les possibilités de « croisements entre enseignements ». En classe de 5e par exemple, dans le cadre des enseignements pratiques interdisciplinaires (ces EPI découlant de la réforme du collège) « Culture et création artistiques » et « Information, communication, citoyenneté », histoire et français pourront être croisés, à travers l’« écriture par les élèves de carnets de bord ou devoyage réel ou fictif, éventuellement sous forme de blog, en utilisant les informations historiques ». Education physique et sportive (EPS), sciences de la vie et de la Terre (SVT) et chimie pourront aussi être mobilisées simultanément pour travailler sur les statistiques, la proportionnalité, la représentation de données ou encore la vitesse...

Mattea Battaglia Journaliste au Monde