La cour du Lion
Introduction
La Fontaine est un pote du XVIIme sicle qui a vcu la cour de
Louis XIV. Il publie ses Fables dans trois recueils. Le fabuliste
utilise cette forme dapologue pour dcrire la socit dans laquelle il
vit, notamment grce lutilisation des animaux comme personnages, qui
lui permet dviter la censure. La cour du lion est comprise dans le
2me recueil, ddi Madame de Montespan, la matresse du roi, qui
comporte des fables plus tendues et plus politiques que le premier.
En sinspirant de la fable de Phdre (fabuliste latin) Le Lion
rgnant, il peint ici la cour et ses courtisans, et donne des
conseils sur le comportement avoir auprs de Louis XIV, vu lpoque
comme une esthtique dont lidal tait lhonnte-homme. Il souligne
limportance du code social qui rgne dans le milieu aristocratique
de la cour, les rapports entre les courtisans et le monarque.
I. Un rcit vif et anim
a) La structure de la fable
schma narratif:1) vers 1 13: prsentation de la cour2) vers 14
32: interventions des animaux3) vers 33 36: morale
b) Les procds danimation
vers relatant le roi: 1-2, 13, 15 alexandrins lui donner de
lampleurpuis octosyllabes rcit rapideLalternance entre les deux
mtres cre un rythme qui permet de tenir le lecteur en veil.
Nombreux procds de discordance rythmique: enjambements, rejets:
Avec son sceau. (vers 7), Cour pleinire (vers 9), Dabord au nez des
gens. (vers 16), Qui ne ft ail au prix. (vers 24), Sans odorat
(vers 32 cest la bonne solution, il ne faut pas avoir de pense
personnelle, il faut voir et sentir ce que le monarque veut que lon
voie et sente) et contre-rejets: Le Monarque irrit / Lenvoya chez
Pluton faire le dgot. (vers 18-19), Sa sotte flatterie / Eut un
mauvais succs, et fut encore punie. (vers 24-25)
Diffrents types de discours:- discours direct du roi: Que
sens-tu? dis-le moi: parle sans dguiser. (vers 29): rythme
ternaire, une question + 2 verbes limpratif cest le roi qui domine
le dialogue, lautre ne peut quobir et rpondrecontradiction avec le
sans dguiser par lequel le roi tente de montrer sa mansutude
hypocrisie, fausse bienveillance- discours narrativis: vers 20,
30-31- discours indirect libre: vers 23-24
Temps: imparfait, pass simple, impratif (adress au lecteur dans
la morale)infinitif de narration: vers 30 exprime la rapidit de
laction, met en valeur la servilit du renardprsent dnonciationpour
induire la morale : vers 33
Ici, La Fontaine prsente un rcit rapide qui a pour fonction
premire de plaire avant tout dsir de donner une leon et
dinstruire.
II. La reprsentation animale
a) Des strotypes traditionnels
Les animaux ont une fonction sociale (ds le titre on sait que le
lion reprsente le roi, lOurs, le Singe et le Renard reprsentent les
courtisans) mais symbolisent aussi des comportements:- le Lion:
lorgueil, la vanit, la puissance. Cest un strotype puisque le Roi
est toujours reprsent par le Lion dans les fables, qui est le Roi
des animaux.La Fontaine insiste ici sur son caractre tyrannique: il
rgne par la force et exerce une justice arbitraire.- lOurs: il est
maladroit et trop sincre dans un milieu o il faut tre habile.- le
Singe: il se croit rus mais fait preuve dune flatterie excessive.-
le Renard: il reprsente par strotype la ruse depuis le Roman de
Renart au Moyen-ge. Il dtient ici toutes les ressources ncessaires
pour survivre la cour.
b) La personnification des animaux
Par leurs caractres et actions(termes humains): boucha sa narine
(vers 16), faire cette mine (vers 17), grimace, irrit (vers 18),
flatteur (vers 21).vocabulaire de la monarchie et de la vassalit:
Sa Majest Lionne (vers 1), ses vassaux (vers 4), le Roi (vers 8),
Cour pleinire (vers 9), Le Prince (vers 13), son Louvre (vers 14),
le Monarque (vers 18), ce Monseigneur (vers 26), le Sire (vers
28).
Lutilisation des animaux est une tradition chez La Fontaine,
emprunte au fabuliste grec Esope et au latin Phdre. Elle a deux
intrts:- rendre la fable amusante- faire, par le biais dune
argumentation indirecte, une critique sociale et politique tout en
vitant la censure.
III. Une critique satirique
a) La critique du roi
Sa Majest Lionne (vers 1): imitation de sa Majest trs chrtienne
ironie; se moquer du roi, qui est vaniteux, a une volont de toute
puissance et exerce un pouvoir arbitraire. La raison de lassemble
pleinire est ridicule.vanit du roi : fort grand festin (vers 10),
magnificence (vers 12), talait sa puissance (vers 13).Tout ce qui
dplait au Lion est condamn; la sincrit et la flatterie sont punies.
Les punitions sont disproportionnes euphmisme des chtiments (mises
mort): vers 19, 25.Il est associ Caligula (vers 26-27 commentaire
du narrateur), empereur latin fou et sanguinaire. Les courtisans
ont trs peu de libert.
b) La critique des courtisans
- le Singe:gradation du rythmequi accentue lobsquiosit:[] loua
sa colre 3 piedsEt la griffe du Prince, et lantre, et cette odeur 6
pieds / 2 pieds 4 piedsLa raction du Singe met en avant ses efforts
pour plaire.
- le Renard: cest le seul qui reste en vie. Il sen tire (vers
32) grce au mensonge les courtisans ont peu dchappatoires.
La moraleElle se prsente comme un lment conclu dun raisonnement
inductif: Ceci (vers 33) = cet exemple.Cest une morale explicite de
prudence adresse aux courtisans : deuxime personne. La csure au
vers 35, renforce par le chiasme de forme adjectif-nom,
nom-adjectif, avec la rime interne adulateur parleur montre deux
comportements opposs viter. Il faut trouver le juste milieu:
derniers vers.
Conclusion
La Fontaine utilise dabord un rcit plaisant pour formuler des
critiques peine voiles contre le fonctionnement de la cour. Il
dnonce le caractre arbitraire du roi mais aussi lattitude des
courtisans qui alimentent la violence du souverain
capricieux.Lauteur manifeste en cela son got pour lindpendance, son
refus dtre soumis au roi et son bon vouloir.
Termes connatre
honnte-homme: noble ou roturier (=non noble), cest un homme
cultiv, mais sans affectation (ce nest pas un prcieux), passionn
mais sans excs, sociable et conscient de ses mrites personnels. Il
saffranchie de toutes les murs discutables lpoque.
mansutude: bienveillance
trs chrtien: qualificatif employ par les papes pour dsigner le
roi de France
obsquiosit: exagration de la politesse par servilit
