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Libre échange et croissance Intro Nécessité de prendre en compte la double dimension du libre échange : doctrine et pratique Interrogation qui doit prendre en compte la dimension factuelle et rechercher les corrélations entre phases de libre change et périodes de croissance, mais aussi intégrer les enjeux théoriques et les mécanismes de transmission entre libre échange et croissance (nécessité de prendre en compte la dimension dynamique de la croissance, pas uniquement les gains statiques de l’échange) Problématique : analyse et discussion du lien entre libre échange et croissance puis interrogation sur la nature différente de ce lien selon les périodes histooriques et les caractéristiques des économies concernées 1- La réflexion économique met en évidence un impact positif du libre échange sur la croissance dont la validation empirique peut être discutée a) Les justifications théoriques du rôle du libre échange dans la croissance Libre échange peut procurer un gain immédiat (Ricardo – pression sur les coûts) mais doit provoquer des enchainements dynamiques pour pérenniser la croissance Diversité des mécanismes proposés pour comprendre le lien libre échange – croissance : - Impact du libre échange sur la spécialisation qui permet un gain d’efficacité par accroissement de la division du travail (A. Smith) - Rentabilité accrue de l’industrie avec impact positif sur l’investissement qui permet de réduire le risque d’état stationnaire(D. Ricardo) - Libre échange permet une allocation optimale des facteurs de production donc maximise les possibilités de production(HOS) - Identification d’un multiplicateur du commerce extérieur (question de son ampleur et de son efficacité)

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Page 1: Web viewrentes parties, les candidats ont assez systématiquement associé histoire des faits et théories économiques, ce qui était fort bienvenu. Par contre, on regrette

Libre échange et croissance

Intro

Nécessité de prendre en compte la double dimension du libre échange : doctrine et pratique

Interrogation qui doit prendre en compte la dimension factuelle et rechercher les corrélations entre phases de libre change et périodes de croissance, mais aussi intégrer les enjeux théoriques et les mécanismes de trans-mission entre libre échange et croissance (nécessité de prendre en compte la dimension dynamique de la crois-sance, pas uniquement les gains statiques de l’échange)

Problématique : analyse et discussion du lien entre libre échange et croissance puis interrogation sur la nature différente de ce lien selon les périodes histooriques et les caractéristiques des économies concernées

1- La réflexion économique met en évidence un impact positif du libre échange sur la crois-sance dont la validation empirique peut être discutée

a) Les justifications théoriques du rôle du libre échange dans la croissance

Libre échange peut procurer un gain immédiat (Ricardo – pression sur les coûts) mais doit provoquer des enchainements dynamiques pour pérenniser la croissance

Diversité des mécanismes proposés pour comprendre le lien libre échange – croissance :- Impact du libre échange sur la spécialisation qui permet un gain d’efficacité par accroissement de la

division du travail (A. Smith)- Rentabilité accrue de l’industrie avec impact positif sur l’investissement qui permet de réduire le

risque d’état stationnaire(D. Ricardo)- Libre échange permet une allocation optimale des facteurs de production donc maximise les possibili-

tés de production(HOS)- Identification d’un multiplicateur du commerce extérieur (question de son ampleur et de son efficaci-

té)

Analyse renforcée par l’identification de coûts et de conséquences négatives du protectionnisme : coûts immédiats du protectionnisme et frein à l’évolution des structures (perturbation de la destruction créa-trice)

b) Une dynamique assez largement validée dans l’histoire

Dynamique de croissance depuis le 19ème siècle s’accompagne d’un processus d’ouverture des économies et d’une volonté politique de libre échange (mouvement de corrélation validé sur la longue période, en particulier dans la 2ème moitié du 19ème siècle

Mouvement s’accélère dans la période de l’après 2ème guerre mondiale (rôle du Gatt)

Lien entre stratégies de développement et ouverture des économies (article de Sachs et Warner - 1995) renforcé par le bilan des stratégies de développement mises en œuvre depuis la seconde guerre mondiale

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c) Mais qui souffre des exceptions

Existence de périodes qui sont caractérisées par un montée du protectionnisme mais sans impact négatif sur la croissance (années 1880)

Protectionnisme peut renvoyer à une logique de croissance et de développement (expériences de dévelop-pement au 19ème siècle : Etats-Unis, certaines stratégies de développement autocentré)

Question des facteurs à la base de la dynamique de la croissance du commerce (libre échange n’est pas le seul facteur en cause : coûts de transport jouent un rôle déterminant dans les périodes de révolution in-dustrielle)

Lien entre libre échange et croissance apparaît largement posé de manière théorique par la réflexion classique et néo-classique mais sa pertinence empirique apparaît plus limitée d’où la nécessité de réfléchir de manière différenciée à la nature du lien

2- Un lien libre échange croissance différencié selon les types d’économie

a) Le libre échange au service des puissances hégémoniques

Mouvements d’accélération de la dynamique du libre échange apparaît impulsé par des volontés politiques et porté par les puissances hégémoniques

Situation anglaise au 19ème : ouverture succède au processus de décollage et marque la volonté anglaise d’affirmer leur domination avec la mise en œuvre d’une stratégie de négociation inter étatique (traités de commerce) libre échange apparaît alors comme le résultat de l’enclenchement d’un processus de croissance hégé-monique

Choix d’ouverture des USA à partir de 1945 avec un retournement par rapport à la tradition protection-niste américaine et l’importance accordée aux négociations multilatérales (Gatt)

b) L’utilisation différenciée du libre échange dans les stratégies de développement

Développement des NPI s’inscrit dans une dynamique mondiale de libre échange : NPI profitent à la fois de la croissance des marchés des PDEM et de l’ouverture de leurs marchés (clause de la nation la plus favori-sée)

Mise en place d’une stratégie commerciale complexe dans les stratégies de développement (articulation ouverture et protectionnisme dans le cadre d’une volonté de remontée de filière + prise en compte d’une logique de protectionnisme éducateur)

Analyse de la situation de certains pays dont l’insertion dans une logique de spécialisation et de libre échange fragilise l’économie (spécialisation dans des matières premières et des produits bruts)

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c) La question du régionalisme

Développement du régionalisme commercial conduit à complexifier le lien entre libre échange et protectionnisme

Principe de libre échange à l’intérieur de la région vu comme facteur de croissance économique (accroissement taille du marché, développement d’économies d’échelle, spécialisation intra zone efficace)

Possibilité de mise en œuvre de protectionnisme à l’échelle des frontières de la zone pour s’inscrire dans un stratégie de croissance

Conclusion :

Lien libre-échange – croissance apparaît complexe : au-delà de l’analyse théorique classique qui souligne l’im-pact positif du libre-échange sur la croissance à travers la dynamique de spécialisation et l’allocation efficace des facteurs de production, la prise en compte des expériences historiques conduit à nuancer la relation et insiste sur le rôle des stratégies des Etats et du contexte historique et géopolitique dans le rôle que le libre échange peut jouer dans la dynamique de la croissance.

Sur un sujet proche : « Le libre-échange est-il un facteur de croissance ? » - ESSEC 2010, les principaux points du rapport du jury

Le plan adopté par une grande majorité des candidats fut le suivant : Thèse : oui, le libre-échange a des effets positifs sur la croissance économique. Anti-thèse : le libre-échange peut avoir un impact négatif sur la croissance.De façon subsidiaire, les candidats ont choisi de discuter dans une troisième partie des réformes utiles pour renforcer le lien positif entre commerce international et croissance. Ce plan peut apparaître un peu trop commun au premier abord. Toutefois, il était difficile de trouver un plan alternatif permettant de bien mieux mettre en valeur le sujet à traiter. Pour un grand nombre de candidats, la définition du libre-échange a posé problème. Beaucoup ont défini le libre-échange à partir de l’absence d’obstacles à la circulation des biens, des services, des capitaux, du travail, voire d’informations. Pour le reste, même à partir d’une définition correcte, de nombreux candidats confondent les aspects bénéfiques du libre-échange sur la croissance et la pertinence des stratégies de développement fon-dées sur les exportations de marchandises. Beaucoup ont assimilé échange et libre-échange. Le libre-échange et le protectionnisme relèvent des politiques commerciales mises en œuvre par des Etats. Aussi, parler de « renta-bilité » du libre-échange, de la « volonté libre-échangiste » des entreprises était dénué de sens. Dans les différentes parties, les candidats ont assez systématiquement associé histoire des faits et théories éco-nomiques, ce qui était fort bienvenu. Par contre, on regrette la faible rigueur de l’exposé. Un bon devoir doit mêler de l’analyse et des faits et la datation doit être précise. On ne peut pas admettre, comme cela fut trop souvent le cas, qu’en trois lignes soient cités A. Smith, D. Ricardo et H-O-S, sans mentionner que le premier écrit en 1776, le deuxième en 1817 et les trois derniers dans la première moitié du 20ème siècle. En outre, citer l’avantage absolu et l’avantage comparatif ne suffit pas. Des définitions s’imposent. Les théories traditionnelles du commerce international qui constituent des concepts économiques incontournables pour le traitement du sujet sont mal maîtrisées. Les candidats ne distinguent pas spécialisation et libre-échange, les déterminants des avantages comparatifs ne sont pas clairement explicités. Ainsi, très peu de copies précisent que les écarts de coûts relatifs entre pays s’expliquent chez Ricardo par des différences de technologies alors qu’ils se justifient par des différences de dotations factorielles chez H-O-S.

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En ce qui concerne les nouvelles théories du commerce international, les présentations sont apparues un peu plus en phase avec les arguments énoncés par les articles de référence (effets d’échelle, de variétés, effets pro-compétitifs,…). Par contre, très peu de références à la nouvelle économie géographique, qui était utile pour argumenter sur la croissance « appauvrissante» des échanges en liaison avec les phénomènes de concentration à l’œuvre et les faibles gains à l’échange de la périphérie. Peu de candidats se sont aventurés sur le terrain de la dynamique des avantages comparatifs en lien avec la croissance endogène en faisant notamment référence aux travaux de Grossman et Helpman (1991). Les candi-dats n’ont donc pas trouvé opportun de faire une distinction entre analyses statiques et analyses dynamiques ce qui était important pour traiter convenablement le sujet. De même, peu de candidats se sont demandés comment la transformation des échanges internationaux (inter, intra branche, intra firme, zones régionales, absence ou présence d’institutions internationales, etc.) pouvait modifier la nature du libre-échange. Les références mobilisées paraissent très souvent largement datées. A. Amin, A. Emmanuel, R. Prebish, F. Per-roux, A.O. Hirschman, Akamatsu, R. Vernon, N. Kaldor…ont été très souvent cités et largement plus que P. Krug-man, Brander et Spencer et J. Stiglitz. Sans vouloir nier l’intérêt de citer ces travaux, terminer les devoirs par ces seules références est apparu bien maladroit. La mobilité des facteurs de production et le rôle des firmes multinationales dans la division internationale du travail et la segmentation des processus productifs ont été assez systématiquement mentionnés. Toutefois, la prise en compte de ces phénomènes n’a pas été toujours très satisfaisante pour répondre à la question posée. Un nombre non négligeable de copies s’est aventuré sur le terrain de la globalisation financière. Il y a évidem-ment matière à remplir des pages, mais le jury a considéré que ces analyses ne répondaient pas à la question posée. Les connaissances historiques sur le sujet sont mieux maîtrisées. Toutefois, outre les anachronismes et impréci-sions habituels, nous regrettons qu’il n’y ait pas eu de discussions très systématiques sur les différences et les similitudes entre la phase de libéralisation des échanges initiée au milieu du 19ème siècle par la Grande-Bretagne et celle mise en place au sortir de la seconde guerre mondiale (cf. la différence du nombre de pays concernés, bilatéralisme versus multilatéralisme, la clause de la nation la plus favorisée,…, et plus généralement les diffé-rences entre le libre-échange au 19ème siècle et au 20ème siècle).

Sur la forme, la qualité de l’orthographe est toujours un peu plus dégradée. Certains noms propres ne sont prati-quement jamais bien orthographiés (E. Heckscher, par exemple). La plupart du temps, l’ORD s’écrit « Organe de Règlement des Différents », « closes » (pour clauses)… Les candidats doivent absolument dégager un temps de relecture. Outre la correction de l’orthographe, ce temps devrait permettre d’éliminer certaines aberrations notamment relatives à la datation des événements.Une attention plus grande doit être accordée à la conclusion. La plupart n’ouvrent pas les devoirs, se contentent d’une ou deux phrases ou, à l’opposé, présentent de longs résumés du développement.