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LX2U1 : Histoire des sciences XVIII e – XX e siècles 2 e séance : La naissance du calcul différentiel et intégral Enseignant : Alexandre GUILBAUD E-mail : [email protected] Page web : http://www.math.jussieu.fr/~guilbaud

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LX2U1 : Histoire des sciences XVIIIe – XXe siècles

2e séance : La naissance du calcul différentiel et intégral

Enseignant : Alexandre GUILBAUD

E-mail : [email protected] Page web : http://www.math.jussieu.fr/~guilbaud

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Le mercredi 29 janvier 2014

Plan du cours

I. L'héritage 1. La méthode d'exhaustion 2. De la méthode d'exhaustion à l'éclosion des méthodes infinitésimales

Pour en savoir plus...

II. La naissance du nouveau calcul 1. Les différentes versions du calcul newtonien 2. Le calcul différentiel et intégral leibnizien 3. La querelle de priorité entre Leibniz et Newton

III. Première diffusion du calcul leibnizien

Prologue : lieux de science et modes de circulation des savoirs aux XVIIe et XVIIIe siècles (académies / correspondances / journaux et périodiques)

Rappels sur les principales étapes du développement de l’algèbre classique.

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Extrait du livre II des Eléments d’Euclide (IIIe siècle avant notre ère)

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Extrait du traité d’algèbre d’Al-Khwarizmi (IXe siècle)

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Rappels : Quelques repères sur l'histoire de l'algèbre classique

IIIe siècle av. JC : les Eléments d'Euclide (livres II et VI)

« algèbre géométrique euclidienne » (construction géométrique de racines d'équations du 1er et 2nd degré)

IIIe siècle : les Arithmétiques de Diophante

« algèbre syncopée »

IXe siècle : le Kitāb al-mukhtaṣar fī ḥisāb al-jabr wa'l-muqābalah d'Al-Khwarizmi

première théorie des équations quadratiques dans l'ensemble des nombres positifs (presque toujours rationnels)

prolongée jusqu'au XIIIe siècle par nombreuses contributions de savants arabes : Abu-Kamil, Al-Karagi, Al-Samaw'al, Ibn Al-Haytham, Al-Kayyam, Al-din Al-Tusi, etc.

Chez les égyptiens et les babyloniens : exemples, développés sur la base de problèmes concrets et traités par le biais de procédures « algorithmiques », pouvant être interprétés comme des cas de résolution d'équations du 1er et du 2nd degré.

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As-Samaw'al (XIIe siècle) : extrait du al-Kitâb al-bâhir fî l-jabr [Le

livre flamboyant en algèbre]

Al-Khwarizmi (IXe siècle) : extrait (première page) du Kitāb al-mukhtaṣar fī ḥisāb al-jabr wa'l-muqābalah [précis du calcul par la comparaison et la restauration]

Rappels : Quelques repères sur l'histoire de l'algèbre classique

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Formule (due à Scipione del Ferro et Tartaglia) de résolution des équations cubiques à coefficients positifs – premières solutions négatives

1545 : l'Ars magna de Cardan

1545 : l'Algebra de Bombelli Première acceptation et première manipulation formelle de nombres imaginaires

1591 : l'In artem analyticam isagoge de François Viète

« logistique spécieuse » et algèbre littérale (art du calcul sur des symboles représentant les grandeurs)

1637 : la Géométrie de René Descartes notations actuelles (enfin presque…)

1524 : Christian Rudolff publie le premier manuel d'algèbre en langue allemande

1544 : l'Arithmetica integra de Michael Stifel. La « Coss » allemande (notations)

// Algébristes

italiens (équation cubique)

Rappels : Quelques repères sur l'histoire de l'algèbre classique

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Prologue (1/3) – Les académies

Jean-Baptiste Colbert présentant les membres de l'Académie royale des sciences à Louis XIV (H. Testelin, d'après une gravure de Lebrun)

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Prologue (1/3) – Les académies

§  Les académies qui naissent au XVIIe siècle signent l'abandon du travail solitaire.

§  Les savants s'y réunissent de leur plein gré et de façon informelle pour : échanger des idées et réfléchir de façon collective sur un certain nombre de sujets / soumettre leurs travaux à la critique des autres membres / réaliser des observations et les commenter.

§  Les « académies privées » :

ü L'Académie dei Lincei, fondée à Rome en 1603 (Galilée en est membre à partir de 1611)

ü L'Académie del Cimento à la brève existence (1657-1667)

ü L'académie napolitaine des Investiganti (1663-1670)

ü L'Académie par correspondance de Marin Mersenne (1588-1648) met en relation une quarantaine de savants (dont Descartes, Fermat, Galilée, Gassendi, Roberval, Huygens)

ü etc.

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Prologue (1/3) – Les académies

§  L'Académie royale des sciences de Paris, créée par Colbert en 1666 :

-  l'Observatoire de Paris naît en 1667 sous l'impulsion de l'Académie.

-  le 20 janvier 1699, Louis XIV lui attribue son premier règlement. Elle reçoit le titre d'Académie royale et est installée au Louvre.

§  La Royal Society de Londres : existe depuis 1661, elle ne reçoit aucun financement de la couronne et vit des cotisations de ses membres (qui devinrent fort nombreux).

§  Au XVIIIe siècle, les Académies se multiplient en Europe :

-  l'Académie de Berlin, créée en 1700 sous l'impulsion de Leibniz, reconnue en 1711 et réorganisée par Frédéric II en 1744

-  l'Académie de Petersbourg, créée en 1724, accueille de nombreux savants étrangers (Daniel Bernoulli, Euler)

-  l'Académie de Turin (où Lagrange fait ses débuts)

-  les Académies de Bologne, de Lisbonne, de Göttingen, d'Edinburgh, etc.

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Prologue (2/3) – Les correspondances

Le réseau de correspondance de D'Alembert (1717-1783) [document réalisé par I. Passeron]

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Prologue (2/3) – Les correspondances

Le réseau de correspondance d'Euler (1707-1783) [document réalisé par S. Bodenmann]

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Prologue (3/3) – Les journaux et les périodiques

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§  L'impressionnante masse de travaux scientifiques des académiciens (en particulier) se traduit par une multiplication des journaux, gazettes, revues et publications périodiques.

§  Les périodiques académiques :

Fondées en 1665, les Philosophical Transactions correspondent à la première

revue strictement scientifique.

Les volumes de l'Histoire de l'Académie royale des

science de Paris.

§  Les journaux :

Le Journal des savants naît en 1665. Il traite de mathématiques,

de philosophie naturelle, d'histoire, etc.

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I.1. La méthode d'exhaustion

§  Une méthode développée par les savants grecs :

-  les Eléments d'Euclide, livre XII, proposition 2

-  la Mesure du cercle et la Quadrature de l'hyperbole d'Archimède, etc.

§  Le principe (sur l'exemple de la Mesure du cercle) : démontrer, par un double raisonnement par l'absurde, que l'aire d'une surface A (ex. : l'aire d'un cercle) est égale à celle d'une surface E supposée connue (ex. : le triangle E).

-  on suppose E < A , on construit une surface rectiligne Un inscrite dans le cercle ; l'axiome d'Archimède assure qu'il existe un n telle que Un < A-E ; on démontre que l'hypothèse est absurde.

-  on suppose A < E, on construit une surface Vn circonscrite au cercle ; il existe un n telle que Vn < E-A : on démontre que l'hypothèse est absurde.

Les Eléments d'Euclide, livre X, prop. 1 [axiome d'Archimède] : « en soustrayant de la plus grande de deux grandeurs données plus de sa moitié, du reste plus de sa moitié, etc., on peut arriver à une grandeur moindre que la plus petit grandeur ».

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I.2. De la méthode d'exhaustion à l'éclosion des méthodes infinitésimales

§  De la méthode d'exhaustion au méthodes de quadrature de Fermat et Pascal -  reprise et développement de la méthode d'exhaustion par les savants arabes : Thabit ibn Qurra (IXe siècle), Ibn Al-Haytham (fin du Xe siècle), etc. -  au XVIe siècle, Simon Stevin (1548-1620) et Luca Valerio (1552-1618) omettent le double raisonnement par l'absurde : le premier en ayant recours à la notion d'infini (héritage scholastique), le second en lui substituant un théorème général. -  Cavalieri (1598-1647), Torricelli (1608-1647), Roberval (1602-1675) et Grégoire de Saint-Vincent (1584-1667) développent la méthode des indivisibles -  milieu du XVIIe siècle : méthodes de quadrature de Fermat (?-1665) et de Pascal (1623-1662).

§  Apparition du problème des tangentes au milieu du XVIIe siècle : -  méthodes analytiques de Descartes (1596-1650) et de Fermat -  méthode géométrique d'Isaac Barrow (1630-1677).

§  Isaac Barrow serait le premier à clairement faire apparaître le problème de la quadrature et le problème des tangentes comme inverses l'un de l'autre. Mais son approche géométrique l'empêchera de tirer parti de cette intuition.

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§  Indépendamment l'un de l'autre, Newton et Leibniz réordonnent et systématisent l'ensemble de ces résultats.

§  Ils inventent des procédés algorithmiques de calcul facilement utilisables.

§  Ils identifient et manipulent le problème des tangentes comme le problème inverse des quadratures, et vice-versa.

§  La généralité de leurs méthodes va permettre à l'analyse infinitésimale de devenir une branche autonome, indépendante de la géométrie.

§  Leurs travaux dans ce domaine ne sont pas dénués de considérations métaphysiques (dans le cadre de leurs tentatives de justification du nouveau calcul)...

Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716)

Isaac Newton (1643-1727)

II. La naissance du nouveau calcul

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II.1. Le calcul fluxionnel newtonien (1/3)

§  Entre 1664 et les années 1690, Newton élabore trois versions du calcul infinitésimal :

1669 – Il communique son De analysi per aequationes numero terminorum infinitas à quelques mathématiciens anglais (mais ne le publiera pas avant 1711)

Il y énonce trois règles :

Règle 1 :

Règle 2 :

Règle 3 :

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II.1. Le calcul fluxionnel newtonien (2/3)

1670-1671 – Rédaction du De methodis serierum et fluxionum (publié en 1736 !)

Newton définit un algorithme de calcul d'inspiration cinématique :

•  cet algorithme s'applique à des quantités qui « fluent » au cours du temps (le mouvement d'un point génère une ligne, celui d'une ligne une surface, etc.)

•  les quantités générées par ce mouvement sont appelées les « fluentes »

•  les vitesses instantanées correspondantes sont appelées « fluxions »

•  les « moments » correspondent aux incréments infiniment petits par lesquels les quantités augmentent au cours de chaque intervalle infinitésimal de temps.

avec o un intervalle infinitésimal de temps (notations introduites par Newton dans le courant des années 1690).

Années 1770 – Dans le courant des années 1670, Newton abandonne le calcul des fluxions « analytique » au profit d'une géométrie des fluxions sans infiniment petits.

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II.1. Le calcul fluxionnel newtonien (3/3)

1680 (env.) – Newton compose le Geometrica curvilinea

Il y introduit la méthode des « première et dernières raisons » et propose, grâce à elle, une reformulation du calcul des fluxions. Les quantités considérées sont géométriques et ne sont plus infinitésimales.

1687 – Publication des Principia mathematica philosophiae naturalis. Les Principia contiennent un exposé du calcul des fluxions (le premier à être publié par Newton !) proche de celui du Geometrica curvilinea.

1691-1692 – Rédaction du De quadratura curvarum (publié en 1704) Le traité contient une version analytique du calcul exposé dans le Geometrica curvilinea et les Principia.

Notion de limite d'un rapport de

deux quantités

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II.2. Le calcul différentiel et intégral leibnizien

§  « Nova Methodus pro maximis et minimis, itemque tangentibus... », Acta Eruditorum, octobre 1684.

§  « De geometria recondita et analysi indivisibilium atque infinitorum », Acta Eruditorum, juin 1686.

- Enoncé des principales règles de la différentiation -  Introduction du quotient dy/dx pour exprimer la pente de la tangente en un point d'une courbe.

-  Traite du problème des quadratures -  Inspiré d'un mémoire de John Craig consacré aux quadratures et utilisant la notation différentielle introduite par Leibniz en 1684 -  Leibniz y introduit le symbole d'intégration et définit les opération de « sommation » et de « différentiation » l'une par rapport à l'autre.

-  Texte court, elliptique et confus (publié à la hâte par crainte d'une indélicatesse de Tschirnhaus) -  Introduction de la différentielle (« differentia ») et de sa notation

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II.2. Le calcul différentiel et intégral leibnizien

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§  Initiée par Nicolas Fatio de Duillier, proche de Newton, dans son Linea brevissimi descensus investigatio geometrica (1699), excessivement violente, elle implique de nombreux proches des deux savants et gagne le terrain des mathématiques en 1713 (suite à l'implication de Jean Bernoulli par Leibniz).

§  La querelle finit par prendre des accents nationalistes, s'élargit aux newtoniens s'opposant au leibniziens puis aux Britanniques contre les Continentaux…

§  Un comité de la Royal Society, nommé pour arbitrer la dispute, tranche en faveur de Newton, qui préside l'institution depuis 1703 et rédige lui-même le compte-rendu (publié de façon anonyme en 1715) :

« Il faut […] qu'il [Leinitz] renonce au droit qu'il prétend avoir à la méthode différentielle de M. Newton en tant que second inventeur : les seconds inventeurs n'ont pas de droit ».

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§  Au XVIIIe siècle, les deux conceptions du calcul (calcul fluxionnel de newtonien / calcul différentiel leibnizien) et la querelle de priorité conduisent à une durable opposition entre deux écoles : l'école anglaise (Taylor, Berkeley, Maclaurin, Simpson...) et l'école continentale (l'Hospital, Varignon, les Bernoulli, Clairaut, Euler, D'Alembert...).

II.3. La querelle de priorité entre Leibniz et Newton

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III. La diffusion du calcul leibnizien

Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716)

Jacques Bernoulli (1654-1705)

Jean I Bernoulli (1667-1748)

Guillaume de l'Hospital

(1661-1704) Pierre Varignon

(1654-1722)

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III. La diffusion du calcul leibnizien (1/2)

§  Dans une lettre du 15 décembre 1687, Jacques Bernoulli demande des précisions à Leibniz sur son nouveau calcul. Sans réponse de ce dernier (en voyage pendant trois ans), son frère Jean Bernoulli et lui s'initient seuls entre 1687 et 1690.

§  Le Marquis Guillaume de l'Hospital, initié au nouveau calcul par Jean Bernoulli (à l'occasion du voyage de ce dernier à Paris à l'hiver 1691-1692), publie le premier traité de calcul différentiel en 1696 : l'Analyse des infiniment petits pour l'intelligence des lignes courbes.

§  A partir des années 1690, les rares savants initiés au nouveau calcul (Leibniz, Jean Bernoulli, Jacques Bernoulli, Guillaume de l'Hospital et Varignon) se soumettent différents problèmes sous forme de défis par l'intermédiaire de journaux, de périodiques, ou dans le cadre de leur correspondance.

§  Huygens y participe aussi le plus souvent, mais sans utiliser le calcul différentiel et intégral, auquel il reste réfractaire...

§  En juin, juillet, septembre et novembre 1695, Pierre de Varignon fait la lecture de quatre mémoires utilisant le nouveau calcul.

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III. La diffusion du calcul leibnizien (2/2)

§  Une large part de ces problèmes a pour objet la détermination des trajectoires décrites, sous certaines conditions, par des corps en mouvement. Exemples :

-  le problème de la courbe isochrone : détermination de l'équation de la courbe suivie par un corps décrivant des espaces égaux en des temps égaux. -  le problème de la courbe brachystochrone : détermination de l'équation de la courbe décrite entre deux points dans le temps le plus bref par un corps soumis à la pesanteur. -  le problème de la caténaire ou de la « chaînette » : détermination de la courbe formée par un fil suspendu à ses extrémités et soumis à la pesanteur (donc à son propre poids, réparti de façon uniforme), etc.

§  Dans divers mémoires présentés en 1698 et 1700 devant l'Académie royale des sciences de Paris, Pierre Varignon procède à une « algorithmisation de la science du mouvement » en traduisant les concepts newtoniens de vitesse et d'accélération instantanés dans le langage du calcul différentiel leibnizien :

et

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Pour en savoir plus...

§  M. Blay, La naissance de la mécanique analytique, PUF, 1992.

§  A. Dahan-Dalmedico, J. Peiffer, Une histoire des mathématiques – Routes et dédales, Editions du Seuil, Paris, 2e éd., 1986, chapitre 5, p. 168-201.

§  N. Guicciardini, Reading the Principia: The Debate on Newton's Mathematical Methods for Natural Philosophy from 1687 to 1736, Cambridge University Press, 2003.

§  N. Guicciardini, The Development of Newtonian Calculus in Britain 1700-1810 Cambridge University Press, 2003.

§  J. Peiffer, « Fluxions et différences », Cahiers de Science & Vie, n° 38, avril 1997, p. 46-54.

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