des enseignants d'EPS, dans l'académie de Besancon
SUITE DU 160
YVETTE DEMESMAY, PROFESSEUR, UER-EPS BESANÇON CLOTILDE RAMPHT, PROFESSEUR, LYCEE CUVIER, MONTBEL1ARD
Après avoir exposé dans la première partie de notre article les différentes approches pédagogiques sur le thème du rythme et de l'espace, nous abordons ici, à partir d'éléments techniques utilisés toujours en tant que moyens éducatifs, le thème de l'énergie, de l'expression et de la relation.
Thème : énergie
L'ISOLATION EN JAZZ
Le jazz se caractérise par un travail d'isolation, c'est-a-dire de mobilisation des différents segments du corps. Nous l'avons choisi pour améliorer l'indépen­ dance et la dissociation segmentaire. D'autre part, le jazz permet d'exploiter et de créer de nombreuses combinaisons par rapport à l'énergie. D'autres approches techniques comme la contraction release (cf. articles de A. Maucouvert, EPS 155, 156) peuvent permettre de prendre conscience de la respiration comme départ de mouvement ou le travail des tours pour l'amélioration de l'équilibre, etc.
ENERGIE
Avec quel dynamisme va-t-on isoler les différentes parties du corps ? Rappelons, tout d'abord, les huit compo­ santes de la qualité du dynamisme (cf. tableau A). Pour développer, affiner, la qualité du dynamisme, le langage doit faire appel aux sensations et non pas à la mécanique du mouvement.
TABLEAU A
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Ainsi, il nous paraît très intéressant de se référer à la terminologie du livre : « Expression corporelle. Mouvement et Pensée » par Pinok et Matho (librairie Vrin). Pour mieux illustrer notre démarche, nous citons ici. brièvement, les termes princi­ paux et définis dans cet ouvrage : - Toc : léger ou lourd—• mouvement saccadé, explosif. - Fondu : mouvement continu, même vitesse uniformément lente. - Vibrations : mouvements localisés ou non. petits et rapides, en aller-retour.
- Antennes d'escargot : rétraction en accéléré-descéléré, l'accéléré se fait sur une faible distance et une courte durée.
ISOLATION
Soulignons qu'ici, toutes les parties du corps sont concernées : tête, bras, épaules, tronc, bassin, jambes ; dans toutes les directions ; dans tous les plans. Toutes les différentes mobilisations sont sollicitées, inclinaison, rotation, translation.
Exemples de mobilisation • Inclinaison tête : - droite, gauche, haut. bas. balancé dans le plan frontal droit et gauche ; - évoluer vers une combinaison avec rotation et translation, avec des énergies différentes, par exemple, inclinaisons D-G en toc. balancé en fondu, translation avant-arrière en antennes d'escargot. • Rotation épaules : - ou tour dans un plan sagittal avant, haut, arrière, bas et inversement : - combiner avec antépulsion et rétropul- sion (épaule droite en avant, épaule gauche en arrière). Exemple d'énergies différentes : rotation en fondu, opposition en toc puis vibra­ tions. • Translation tronc : - plan frontal droit, gauche, plan sagittal avant, arrière, plan horizontal ; décrire un cercle reliant ces quatre points (droit, avant, gauche, arrière, inversement). Exemple d'énergies différentes : transla­ tion D-G. en toc léger, cercle en fondu en arrière, contraction en toc lourd. • Antéversion-rétroversion du bassin : - avant, arrière, droite, gauche, cercle. Exemple d'énergies différentes : avant- arrière en toc. droite-gauche en fondu, cercle en antenne d'escargot. • Jambes : Différencier l'action de la jambe pliée. battement, et développé, dans toutes les directions en ouverture et en fermeture. Variante : pied en extension ou en flexion. Exemple d'énergies différentes : batte­ ments avant en toc léger, développé seconde en toc lourd, monter jambe pliée avant en fondu.
Exemple de combinaison en énergie. Isolation avec déplacements - fondu, marche en avant en demi- flexion (4 temps) - toc léger, marche accélérée (4 temps) ; - toc lourd, arrêt en seconde (1 e r temps- antenne d'escargot, redescendre les bras (3 temps) ; - fondu, monter un bras latéralement (3 temps) : - toc léger, reculs (4 temps) - toc léger. 1 /4 tour à droite et à gauche ; - fondu, recul (4 temps) oblique à droite (4 temps) oblique à gauche ; - toc lourd explosif, saut écart - toc léger, relâchement un genou au sol ; - fondu, remonter - antenne d'escargot, tète en avant : - toc léger, inclinaison de la tête à droite, à gauche ; - fondu étirement tronc bras en haut - toc léger relâchement des bras ; - vibrations des épaules en descendant vers le sol - toc léger, remonter.
LE MANIEMENT DU RUBAN
Les deux formes d'énergie les plus utilisées étant le mouvement continu et le mouve­ ment saccadé, le ruban paraît le plus adapté pour illustrer ce thème. Avec des enfants, la longueur peut varier car l'extré­ mité libre du ruban doit toujours par­ ticiper au dessin (4 à 6 mètres par exemple).
Première situation
Energie : Mouvement saccadé bref, rapide. Tenir le bâton bras tendu et exécuter avec le poignet de rapides mouvements d'aller- retour qui se transmettent au ruban- serpentin. Ils peuvent être réalisés sur le sol, sur un plan soit horizontal, soit vertical. Les plus faciles à réaliser s'exécu­ tent devant soi avec un déplacement arrière, ce qui permet de voir le serpentin et d'éviter de « marcher sur le ruban ».
Deuxième situation
Energie :
Mouvement continu ample, plus ou moins rapide. Ce mouvement part de l'épaule et peut demander une participation de tout le corps.
Le bras est toujours tendu, le poignet reste dans le prolongement du bras et du bâton ce qui permet de décrire des cercles, des balancers, des mouvements en huit. Avec des enfants, on peut utiliser des lettres, des chiffres, des formes géométriques : « écrire grand ».
Troisième situation
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Dessiner une des figures utilisées dans la situation précédente en y ajoutant, simul­ tanément, le travail du serpentin au niveau du poignet.
Quatrième situation Energie : Combinaison des deux énergies relatives à l'engin, et les énergies du corps propre. - Le corps et l'engin travaillent sous forme d'énergie saccadée. Exemple : course rythmée avec serpentin. - Le corps et l'engin travaillent sous forme d'énergie continue. Exemple : tour plané, cercle horizontal avec le haut du ruban. - Le corps se déplace en énergie continue et le ruban en énergie saccadée. Exemple : passage au sol. petites boucles ou spirales du ruban). - Le corps se déplace en énergie saccadée et le ruban en énergie continue. Exemple : série de course et de sauts avec un cercle du ruban.
Cinquième situation Energie : Energie « bloquée » après un mouvement continu ou saccadé. Lancer le bâton dans les différents plans, pour soi ou pour son partenaire : ces mouvements nécessitent une grande éner­ gie et une participation active de tout le corps.
Thème : expression, communication et création collective
Ces trois termes peuvent permettre trois approches différentes des « activités phy­ siques d'expression » et répondre à des objectifs particuliers en fonction du niveau de disponibilité corporelle des élèves.
EXPRESSION
Il s'agit pour cette approche de saisir l'authenticité d'un regard, d'une attitude, d'un geste, par rapport à un thème proposé ou choisi. • Passer d'un état neutre à un état d'écoute, assis ou en marchant, (impor­ tance du regard). • Découverte d'un espace illimité ou de quelque chose d'imposant, de grandiose. • Découverte d'un lieu précis, délimité dans l'espace, en manifestant différentes réactions selon la découverte. • Marche interrompue par un incident naturel (exemple : se frotter le pied, enlever une poussière sur un vêtement, se passer la main dans les cheveux, etc.).
• Créer un environnement suspect ou inquiétant, apaisant, étonnant, etc., par un stimulus sonore (musique ou sons variés). • Création d'ambiances ou de climats différents par des stimuli sonores (exem­ ple : marche déterminée sur huit temps, arrêt, immobilité présente, introduction d'une musique et de sons, l'arrêter et recommencer • marche, etc. en introdui­ sant une musique différente).
COMMUNICATION
Cette approche propose d'entrer en rela­ tion avec un ou plusieurs, observer, imiter, communiquer une impulsion, tenir compte de son rythme propre, de celui des autres, etc. • Par deux : conscience du départ du mouvement (par le regard, la tête, la main, le pied, etc., tout le reste du corps suit). • Par trois ou quatre : recherche collective à partir d'un nom commun, d'un verbe, d'un adjectif, d'un état, d'un adverbe, d'une phrase, d'une pensée, d'un poème, d'un objet, d'une peinture, de sons divers ou d'une musique, etc. Chaque groupe réalise et exprime sa recherche devant les autres groupes qui doivent trouver le thème choisi. • Par groupe : enchevêtrement, entrecroi­ sement, tisser une toile, etc.
CREATION COLLECTIVE
A partir d'un thème choisi ou proposé, mener une recherche plus élaborée sur une ou plusieurs séances ; pour cela s'organiser, se structurer dans l'espace, le temps ; participer, coopérer, oser « être » devant les spectateurs ou observa­ teurs, etc.
Thème : relation
En G.R.S.. la relation peut se situer dans des domaines très variés ; d'abord, la relation de la gymnaste avec son engin, avec ses partenaires : cette activité ayant comme caractéristique de pouvoir s'exécu­ ter en équipe de six gymnastes ; ensuite, avec la musique ; enfin, avec l'espace. Nous aborderons ici seulement les rela­ tions interindividuelles.
Susciter la relation par l'échange : - chercher toutes les possibilités d'échan­ ger, avec un engin pour deux partenaires : - idem avec deux engins identiques : - idem avec deux engins différents.
Exploiter les différentes formes d'échange : - transmission : donner, lancer (avec tous les engins) ; - roulement, enroulement, glissement, projection, rebond (selon la nature de l'engin).
Trouver les différents facteurs qui vont faire varier ces échanges : - plans, directions, distances, vitesses, les prises, avec ou sans le repère visuel ; suivant le nombre de gymnastes, échanges en cascade, plusieurs échanges enchaînés, échanges différenciés ou non, éléments qui se situent avant, pendant et après l'échange, etc. Depuis les formes jouées élémentaires jusqu'aux échanges les plus complexes, la G.R.S. offre un choix considérable de relations par l'échange.
Bilan
Un des principaux objectifs du stage était de rendre accessible ces deux activités à l'enseignement et contribuer ainsi au développement de la danse dans le secteur scolaire. Notre démarche a surtout consisté à faire appel au vécu et à l'imagination des stagiaires, en essayant de les familiariser et de leur donner confiance. Le problème, à notre avis, ne se situait pas au niveau des connaissances techniques des enseignants d'EPS, mais plutôt dans la façon d'aborder ces activités. Souvent, par exemple, le rythme et la musique ont créé, au départ, des blocages ; or, il a été possible de les surmonter très rapidement. Pour conti­ nuer à mener à bien ce travail, nous avons établi avec les stagiaires des propositions de thème de recherches collectives afin d'élaborer des programmes de séances construits autour des grands thèmes déve­ loppés dans cet article.
Y. Demesmay Cl. Rampht
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