Mémoire de recherche de Master 1Psychologie Clinique
Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques ?
Sous la direction d’Antonia Csillik
Isabelle Boucq (36002350)[email protected]
2016-2017
Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques ?
Table des matières
I. Etat de la question……..…………………………………………………..p. 5I. 1. Revue de la littérature………………………………………………….....p. 5I. 2. Objectif de l’étude et hypothèses……………….………………...……..p. 12
II. Méthode..……………………………………………………………..…..p. 17
III. Résultats…………………………………………………………………..p. 20
Bibliographie……………………………………………………………..……….p. 28
Annexes………………………………………………………………..………….p. 34
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Résumé. L’hortithérapie consiste à utiliser les plantes comme médiation
thérapeutique. Des études ont montré des bénéfices tels que la diminution de l’anxiété
et l’augmentation de l’estime de soi. L’objectif de la présente étude est d’évaluer
l’efficacité d’une intervention de jardinage auprès de patients souffrant de lésions
cérébrales acquises (n=5). L’étude compare plusieurs dimensions psychologiques
(optimisme avec la LOT-R, bien-être subjectif avec la SPANE, bienveillance envers
soi avec la SCS, mindfulness avec la MAAS et dépression et anxiété avec la HAD)
chez les participants et chez un groupe contrôle (n=5) à trois moments sur une durée
de quatre mois. L’intervention ne semble pas avoir permis d’augmenter l’optimisme,
le bien-être, la bienveillance envers soi et la mindfulness, ni de diminuer les troubles
de l’humeur des participants à la fin de l’étude. Cependant, par rapport au Groupe
Contrôle, on a constaté que la bienveillance envers soi des jardiniers était plus élevée
au début de l’étude ce qui pourrait leur permettre de s’impliquer dans une activité
favorable à leur santé. De plus, à la fin de l’étude, leur optimisme est plus élevé que
celui des non-jardiniers. Plusieurs améliorations sont suggérées, y compris la
réplication de l’étude avec un échantillon plus important et le démarrage de l’étude en
amont de l’intervention jardinage.
Abstract. Horticultural therapy consists in using plants as a therapeutic intervention.
Studies have shown benefits such as lowered anxiety and increased self-esteem. The
goal of this study is to evaluate the efficiency of a gardening intervention for patients
with acquired brain lesions (n=5). The study compares several psychological
dimensions (optimism using the LOT-R, subjective well-being using the SPANE, self-
compassion using the SCS, mindfulness using the MAAS and anxiety and depression
using the HAD) in the participants and in a control group (n=5) at three different times
over four months. The intervention does not seem to have increased optimism, well-
being, self-compassion and mindfulness or decreased anxiety and depression at the
end of the study. However, compared to the control group, gardeners do show higher
self-compassion at the beginning of the study, which may allow them to become
invested in a positive activity for their health. In addition, their optimism was higher at
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the end of the study. Several improvements are suggested, including replicating the
study with a larger group and starting the study before the gardening intervention
begins.
Mots-clés : hortithérapie, intervention thérapeutique, ressources psychologiques,
mindfulness, lésions cérébrales acquises.
Keywords: horticultural therapy, therapeutic intervention, psychological resources,
mindfulness, acquired brain injury.
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I. Etat de la question
I. 1. Revue de la littératureSelon la définition de l’American Horticultural Therapy Association (AHTA),
l’hortithérapie consiste à utiliser les plantes et le végétal comme médiation thérapeutique
sous la direction d’un professionnel formé à cette pratique pour atteindre des objectifs
précis adaptés aux besoins du participant. L’hortithérapie est utilisée pour aider les
participants à apprendre de nouvelles compétences et à retrouver celles qu’ils ont
perdues. Selon cette organisation professionnelle, l’hortithérapie améliore les capacités
cognitives dont la mémoire et le langage ainsi que la motivation et la socialisation. Dans
le cadre de la rééducation, il s’agit de travailler sur la force musculaire et d’améliorer la
coordination, l’équilibre et l’endurance. Dans le cadre de la formation professionnelle
pour des publics porteurs de handicaps, il s’agit d’apprendre à travailler
indépendamment, de résoudre des problèmes et de suivre des instructions.
L’hortithérapie est très répandue dans les pays anglo-saxons et scandinaves depuis
la fin de la Première Guerre Mondiale. Mais l’AHTA note que, dès le 19e siècle, le
docteur Benjamin Rush, un des pionniers de la psychiatrie aux Etats-Unis, avait
documenté les effets positifs du travail au jardin pour des personnes atteintes de maladies
mentales. On peut faire remonter la première utilisation du jardin dans un but
thérapeutique à l’Egypte ancienne puisqu’on a retrouvé des prescriptions de marche dans
les jardins pour des personnages royaux atteints de troubles mentaux (Simson & Straus,
2003). L’hortithérapie se pratique actuellement auprès de populations diverses : patients
dans des hôpitaux psychiatriques, personnes âgées dans des maisons de retraite, enfants
souffrant de troubles du développement, personnes victimes de violence sexuelle,
personnes souffrant de dépendance à des substances ou ayant fait des tentatives de
suicide, personnes atteintes de troubles du comportement alimentaire ou encore vétérans
de guerre.
Selon Cooper Marcus et Sachs (2014), il existe deux approches. La première
consiste à introduire dans les lieux de soin, souvent aseptisés et parfois clos pour des
raisons de sécurité, un jardin où patients/résidents, visiteurs et soignants peuvent se
détendre dans un cadre agréable qui fourmille de vie : on peut s'y promener, s'y asseoir, y
discuter, le contempler à son gré. La seconde approche consiste à inviter les patients ou
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résidents à participer activement à une activité de jardinage. Les deux approches peuvent
également coexister, ce qui est le cas à La Maison des Aulnes, le Foyer d’Accueil
Médicalisé (FAM) où a été réalisé ce projet de recherche.
Dans une étude pionnière déjà ancienne et souvent citée, Ulrich (1984) a montré
que des patients ayant subi la même opération chirurgicale semblaient avoir une
convalescence plus rapide quand ils avaient une vue sur des arbres par leur fenêtre de
chambre d’hôpital que lorsqu’ils avaient une vue sur un mur en béton. L’auteur a mesuré
que les patients avec une vue sur des arbres restaient moins longtemps à l’hôpital,
prenaient moins de médicaments contre la douleur, développaient moins de complications
et étaient de meilleure humeur.
Depuis les années 1990, un nombre croissant d’études se sont intéressées à
l’influence des espaces verts et des jardins sur le bien-être de populations saines et
pathologiques. Elles tendent à montrer que la simple présence d’espaces verts, et a
fortiori une activité de jardinage, peuvent avoir des effets bénéfiques sur les individus.
Nous examinerons d’abord des études portant sur la simple présence d’espaces verts, puis
nous présenterons des études sur le jardin proprement dit.
Dans une étude portant sur 250 782 participants, Maas et ses collaborateurs (2006)
ont montré une relation significative entre l’état de santé général perçu et la présence
d’espaces verts dans un rayon de trois kilomètres autour de la résidence des participants.
La relation était plus forte pour les participants d’un niveau socioéconomique plus bas.
Les auteurs estiment que leur étude est la première à montrer les effets des espaces verts
sur l’état de santé perçu à une aussi grande échelle. D’autres études qu’ils citent avaient
déjà montré, sur des populations plus réduites, que les espaces verts ont un effet positif
sur la réduction du stress et l’attention dans le cas d’études psychologiques et sur la santé
perçue, le nombre de symptômes et le risque de mortalité dans le cas de deux études
épidémiologiques.
Kuo et Faber Taylor (2004) ont examiné les activités extrascolaires d’enfants
américains atteints de trouble de déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH) au moyen
d’un questionnaire rempli par 452 parents. Les auteurs ont conclu que les activités se
déroulant à l’extérieur dans des espaces verts réduisaient les symptômes du TDAH de
façon plus significative que les activités se déroulant en intérieur ou en extérieur sans
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espace vert. Les auteurs estiment que, si des études cliniques parviennent à valider le
potentiel de ce « traitement naturel », ce serait une solution abordable pour tous, non
stigmatisante et sans effets indésirables.
Outre la simple présence d’espaces verts, la pratique du jardinage a également fait
l’objet de recherches. Une étude qualitative menée en 2013 auprès de 14 retraités actifs
dans des jardins communautaires en Angleterre par Hawkins et ses collaborateurs a
utilisé des entretiens semi directifs pour identifier quels bénéfices les sujets retiraient de
cette activité. Pour la dimension active (« faire au jardin »), l’activité de jardinage en elle-
même fournissait une raison de sortir de chez soi, une distraction (« être absorbé dans la
tâche du moment »), une activité physique complète, un sentiment d’accomplissement et
un partage d’expertise et de récoltes. Dans la dimension contemplative (« être au
jardin »), les sujets exprimaient le plaisir de se retrouver dans un environnement naturel,
d’être impliqués dans leur communauté et dans des interactions sociales et d’occuper leur
retraite. Les auteurs concluaient que la participation dans un jardin communautaire avait
des effets sur la réduction du stress et sur un vieillissement positif. En 2016, Wood, Pretty
et Griffin ont utilisé l’échelle d’estime de soi de Rosenberg, le Profile of Mood States
(POMS) et le General Health Questionnaire (GHQ) pour montrer que des jardiniers dans
des jardins communautaires en Angleterre (n=136) avaient une meilleure estime de soi,
moins de perturbations de l’humeur et une meilleure santé générale que les non-jardiniers
(n=133). On notera que leur étude n’a pas révélé de corrélation entre le temps passé dans
le jardin ou la durée totale de la participation au jardin et les impacts sur l’estime de soi et
l’humeur. Une étude japonaise (Soga et al., 2017) a également montré que des sujets
jardinant dans des jardins communautaires à Tokyo, les variables socio-démographiques
et le style de vie étant pris en compte, rapportaient une meilleure santé générale perçue,
moins de plaintes somatiques subjectives, une meilleure santé mentale et une meilleure
cohésion sociale que les non-jardiniers (165 jardiniers et 167 non-jardiniers).
D’autres recherches ont porté plus spécifiquement sur l’efficacité de
l’hortithérapie auprès de patients. Une étude norvégienne conduite par Gonzalez, Hartig,
Patil, Martisen et Kirkevold (2010) a suivi 28 patients souffrant de dépression qui
participaient à un programme d’hortithérapie. Les participants ont passé des échelles
psychologiques avant, pendant et après l’intervention de 12 semaines. Les auteurs ont
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mesuré une baisse de 4,5 points du score de la Beck Depression Inventory durant
l’intervention avec une baisse cliniquement significative pour 50% des participants. Cette
amélioration se maintenait trois mois après la fin de l’intervention. D’autre part, le score
attentionnel augmentait tandis que le score de la rumination baissait. Les auteurs en ont
conclu que les dimensions « being away » et « fascination » étaient les composants actifs
de cette intervention d’hortithérapie auprès de patients dépressifs.
Kamioka et ses collaborateurs (2014) ont publié une méta-analyse d’études en
essais contrôlés et randomisés sur l’efficacité de l’hortithérapie. Les auteurs ont identifié
quatre études américaines et coréennes répondant à leurs critères pour la période 1990-
2013. Les études portaient sur des patients souffrant de démences, de maladie mentale
sévère (schizophrénie, bipolarité et dépression sévère), de personnes âgées fragiles en
institution et de patients hémiplégiques suite à un AVC (accident vasculaire cérébral).
Bien qu’une efficacité significative ait pu être montrée pour une ou plusieurs dimensions
de la santé mentale et du comportement, les auteurs estiment que les études souffraient de
plusieurs erreurs méthodologiques. Les auteurs critiquent en particulier les méthodes de
randomisation utilisées dans les études. Ils affirment cependant que l’hortithérapie
pourrait être une intervention efficace pour la démence, la schizophrénie, la dépression et
les soins palliatifs pour les patients atteints de cancer.
En 2016, Barello et ses collaborateurs ont étudié une intervention de jardinage
thérapeutique et les effets sur l’implication dans la rééducation de patients ayant fait un
AVC. Grâce à des entretiens semi structurés et des journaux intimes (diaries) tenus par
22 patients italiens entre 60 et 88 ans, les auteurs ont identifié cinq thèmes autour de la
participation au jardinage thérapeutique : un effet reconstituant de la nature, le jardinage
comme espace protégé d’expression de soi, la plante comme catalyseur de la relation
entre patient et thérapeute, le contact avec la nature comme soutien au sentiment
d’efficacité personnel et le jardinage comme pont entre l’hôpital et le monde extérieur.
Les auteurs concluent que les patients percevaient le jardinage thérapeutique comme une
façon d’encourager leur participation active dans leur prise en charge médicale ce qui
permettait une attitude plus proactive et positive envers la gestion de leur condition.
Plusieurs effets spécifiques du jardinage ont été mis en évidence, notamment sur
le stress et l’estime de soi. Van Den Berg et Custers (2011) ont administré des tests de
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Stroop à 30 jardiniers qui ont ensuite passé 30 minutes soit à jardiner, soit à lire à
l’intérieur. Le groupe de jardiniers voyait son niveau de cortisol, indicateur de stress,
baisser plus rapidement que le groupe de lecteurs. Plus étonnant, le groupe de jardiniers
retrouvait une humeur positive contrairement au groupe de lecteurs dont l’humeur se
détériorait. Les auteurs estiment avoir apporté la preuve expérimentale que le jardinage
peut réduire le stress.
Dans une situation plus écologique, Kotozaki (2014) a constaté que des femmes
japonaises affectées par le tremblement de terre de 2011 qui avaient participé à un
programme d’hortithérapie de 16 semaines, comparées à un groupe contrôle, avaient
amélioré leur estime de soi et la force de leurs relations interpersonnelles, deux facteurs
de protection contre le trouble de stress post-traumatique.
Dans une revue de littérature publiée en 2013, Clatworthy, Hinds et Camic,
présentent deux théories :
Deux théories dominantes considérées comme utiles pour comprendre l’impact du
jardinage sur la santé mentale sont la théorie de la restauration de l’attention
(Kaplan et Kaplan, 1989 ; Kaplan, 1995) et la théorie psycho-physiologique de la
réduction du stress (Ulrich, 1983). Ce sont toutes les deux des théories psycho-
évolutionnaires basées sur l’hypothèse de la biophilie – l’idée que les humains ont
un besoin inné de s’affilier à l’environnement naturel dans lequel ils ont évolué
(Wilson, 1984) » (Clatworthy, Hinds et Camic, p. 215).
Les auteurs précisent que la théorie de Kaplan et Kaplan sur la restauration de
l’attention suggère qu’il existe deux types d’attention : l’attention directe qui demande un
effort et la fascination qui n’exige pas de concentration ou d’objectif. Ces deux auteurs
estiment que, lorsque l’attention directe est submergée, la fascination dont on peut faire
l’expérience dans un milieu naturel permet de restaurer ses réserves en attention directe.
Quant à Ulrich, cité par Clatworthy, Hinds et Camic, sa théorie suggère que les êtres
humains sont prédisposés à trouver relaxants les stimuli naturels, ces stimuli ayant un
impact sur l’humeur et créant une réponse du système nerveux parasympathique qui
entraine des sentiments de bien-être et de relaxation. Quant aux résultats de la revue de
littérature qui comprenait dix études, aucune n’étant des essais contrôlés randomisés, les
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auteurs concluent que la qualité de la recherche a augmenté depuis 2003, mais que
d’autres études plus rigoureuses restent nécessaires. Ces dix études signalaient
notamment des bienfaits émotionnels, sociaux, physiques, spirituels et d’insertion
professionnelle.
Une autre perspective intéressante apportée par Passmore et Howell (2014) est
celle de la psychologie positive éco-existentielle qui s’appuie sur les travaux de Yalom en
1980 sur quatre anxiétés existentielles (sens de la vie, isolation, liberté et mort) et ceux de
Wong en 2009 sur deux anxiétés existentielles positives (l’identité et le bonheur). Comme
le résument les auteurs :
La psychologie positive éco-existentielle considère l’entretien de notre tendance
biophilique à s’associer à la nature comme adaptée de manière innée pour faire
face aux anxiétés existentielles sur l’identité, le bonheur, le sens de la vie,
l’isolation, la liberté et la mort. De plus, nous pensons que le contact avec la
nature nous donne l’opportunité de devenir des êtres humains pleinement
épanouis permettant que les individus passent d’une vision et d’un style de vie
centrés sur soi (ego) à une vision et à un style de vie centrés sur la nature (éco) »
(Passmore et Howell, 2014, p. 383).
Söderback, Söderström et Schälander (2004) ont décrit un programme
d’hortithérapie au sein d’un hôpital de rééducation suédois pour des patients souffrant de
lésions cérébrales. Comme c’est le cas à la Maison des Aulnes, certains participants
étaient en fauteuil, d’autres avaient des troubles de la mémoire sans troubles moteurs. Les
auteurs décrivent comment le jardinage participe à la rééducation des patients en termes
de guérison mentale, de récréation, d’interaction sociale, de stimulation sensorielle, de
réorganisation cognitive, d’entrainement des fonctions sensorimotrices, d’évaluation pour
une future insertion professionnelle et d’enseignement sur l’ergonomie. Ils reconnaissent
cependant que l’efficacité de ces interventions reste à prouver.
En France, l’idée que notre cerveau a besoin de nature comme source de santé
mentale et corporelle se répand au-delà de la littérature à proprement dit scientifique
(André, 2012). Mais dans un pays où la pratique du jardinage dans les établissements de
soin est plus récente et plus réduite, on manque d’études sur le sujet. Ces jardins se
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rencontrent principalement dans des établissements accueillant des personnes âgées
et dans les hôpitaux psychiatriques. On peut citer deux articles récents. En 2014, Berge,
Jacob, Mouchotte et Rivasseau-Jonveaux ont décrit l’utilisation d’un jardin thérapeutique
pour stabiliser les troubles du comportement dans une unité cognitivo-comportementale
accueillant des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer au sein du CHU de Nancy.
En 2015, Pringuey et Pringuey-Criou ont publié un éditorial dans L’Encéphale en
s’appuyant sur leur expérience de la création d’un jardin thérapeutique au sein d’une
unité psychiatrique du CHU Pasteur de Nice. Ils considèrent que « le jardin thérapeutique
est appelé à constituer l’une des pièces clefs de l’arsenal non pharmacologique en
psychiatrie » (p. 197). Ils énumèrent les cibles thérapeutiques suivantes que l’on peut
mettre en œuvre dans un jardin thérapeutique « accroche attentionnelle, éveil
polysensoriel, invite à la patience, sollicitation verbale, support relationnel, ouverture au
partage, aide à l’insertion groupale, cibles valorisées selon la population en soin, son âge,
sa pathologie et ses handicaps » (p. 200). En 2015, les auteurs ont présenté un poster sur
leur programme pilote de six mois à raison d’une séance hebdomadaire de deux heures
pour 87 patients atteints de schizophrénie et de troubles de l’humeur résistants. Selon les
résultats rapidement évoqués dans le poster, les auteurs ont constaté un niveau de
satisfaction élevé, une réduction de l’anxiété, un accroissement de l’intérêt et un
retentissement positif net mesuré par la PANAS, mais aussi une certaine fatigue et une
crainte de l’échec chez certains participants.
En 2016, ces deux auteurs et leurs collaborateurs ont présenté une communication
à un colloque de psychiatrie au sujet d’une étude qualitative sur l’installation d’un jardin
de soins pour les cinq services de psychiatrie du CHU de Saint-Etienne, le Jardin des
Mélisses. L’objectif de cette étude était d’étudier l’éprouvé émotionnel des patients
participant aux activités du jardin (n = 15, patients de 18 à 63 ans hospitalisés en
psychiatrie pour des troubles sévères). Dans le cadre de l’étude, les auteurs ont élaboré un
guide d’entretien permettant de « documenter le retentissement de cette médiation sur les
difficultés et les troubles, sur les évènements relationnels, sur le regard que les patients
portent sur eux-mêmes, sur le ressenti émotionnel des activités, sur l’intérêt à poursuivre
ces activités à la sortie et sur les bénéfices qu’ils pourraient en retirer. » Les auteurs
concluent que les études qualitatives ont toute leur place pour aider à élaborer des
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hypothèses et pour identifier la mesure la plus adéquate des processus pathologiques en
évolution. En amont et en complément des études quantitatives, des études qualitatives
peuvent donc apporter une contribution importante à la compréhension des mécanismes
en jeu dans une médiation telle que le jardin de soin.
I. 2. Objectif de l’étude et hypothèses
Le manque de données actuelles sur l’efficacité du jardin thérapeutique en France
justifie la présente étude. L’étude s’est déroulée au jardin d’Epi Cure au sein du Foyer
d’Accueil Médicalisé La Maison des Aulnes à Maule dans les Yvelines. Le jardin
thérapeutique a vu le jour dans l’établissement en 2011 à la demande de plusieurs
résidents qui souhaitaient jardiner. Le responsable du jardin, Stéphane Lanel, est un
animateur qui a suivi des formations pour acquérir les connaissances nécessaires en
horticulture. Depuis cinq ans, les résidents qui le souhaitent participent à des ateliers de
jardinage, seul ou en groupe, toutes les semaines.
Cette étude propose de mesurer plusieurs dimensions psychologiques chez les
participants à l’activité de jardinage et chez un groupe contrôle ne participant pas à
l’activité. En effet, les ressources psychologiques jouent un important rôle protecteur en
permettant d’augmenter le bien-être et la satisfaction de la vie. Nous allons passer en
revue les dimensions choisies dans cette étude (optimisme, bien-être et satisfaction de la
vie, bienveillance envers soi, mindfulness trait et troubles anxieux dépressifs) en se basant
sur les données de la littérature et particulièrement sur des études dans le domaine de la
psychologie positive. Comme nous le verrons dans les hypothèses, nous postulons que
l’optimisme, la satisfaction de la vie et la bienveillance envers soi sont liés à la
diminution des troubles anxio-dépressifs grâce à la mindfulness qui permet aux
participants travaillant au jardin de se concentrer dans le moment présent à travers cette
activité physique, diminuant ainsi les effets négatifs des ruminations.
Optimisme. Dans son livre Learned optimism: How to change your mind and
your life, Seligman (2011) fait l’éloge de l’optimisme et de son rôle pour améliorer la
qualité de vie. Rasmussen, Wrosch, Scheier et Carver (2006), s’appuyant sur les travaux
de Scheier et Carver sur le concept dispositionnel de l’optimisme menés dans les années
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1990, expliquent que les personnes optimistes ont généralement tendance à attendre des
résultats positifs dans les différents domaines de leur vie alors que les personnes qui ont
une disposition plus pessimiste s’attendent plutôt à des résultats négatifs. A l’issue d’une
revue de la littérature sur l’optimisme et la façon de faire face à divers problèmes de santé
(maladies cardiaques, cancers, SIDA,…), les auteurs concluent qu’il est « apparent que
l’optimisme est bénéfique lorsque les individus vivent une menace contre leur santé.
C’est-à-dire que les optimistes font l’expérience de meilleurs résultats, tels que moins de
détresse, comparés aux pessimistes » (p. 1732). Selon eux, les études permettent de
conclure que les différences dans les stratégies de coping entre les optimistes (coping
actif, persistance) et les pessimistes (déni, évitement) expliquent partiellement des
différences de bien-être émotionnel et potentiellement de bien-être physique entre ces
deux types de personnes. Bien-être et satisfaction de la vie. Ostwald, Godwin et Cron (2009) ont étudié les
facteurs prédictifs de la satisfaction de la vie chez des patients ayant souffert d’AVC et
chez leurs conjoints aidants après la rééducation. Ces auteurs définissent la satisfaction de
la vie comme une mesure globale de la qualité de la vie qui représente une évaluation
subjective et générale de sa vie sans demander une satisfaction dans tous les domaines de
l’existence. Les auteurs citent par ailleurs des études qui montrent que la satisfaction de la
vie est généralement stable, mais qu’elle peut être négativement affectée par des
changements dans la santé, les relations ou le travail. Dans leur étude, ils ont découvert
que les scores à la Satisfaction With Life Scale (SWLS) baissaient chez participants entre 12
et 24 mois après leur AVC. Le niveau de dépression à 12 mois prédisait fortement une faible
satisfaction de la vie un an plus tard. Par contre, le niveau de fonctions physiques ne prédisait
pas la satisfaction de la vie. Peterson, Park et Seligman (2005) ont montré que trois
différentes orientations vers le bonheur (le plaisir, l’implication et le sens) étaient toutes
les trois liées individuellement à la satisfaction de la vie.
Dans une étude sur la satisfaction de la vie et le jardin, Sommerfeld, Waliczek et
Zajicek (2010) ont utilisé un questionnaire basé sur la Life Satisfaction Inventory A
(LSIA) pour mesurer la perception de la satisfaction de la vie et de l’activité physique
chez des jardiniers et des non jardiniers de plus de 50 ans. Leur étude ayant montré que
les jardiniers obtenaient des scores significativement plus élevés à cette échelle de
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satisfaction de la vie, les auteurs ont conclu que le jardin est un outil efficace pour
augmenter la satisfaction de la vie chez les personnes de plus de 50 ans.
Plutôt que la satisfaction de la vie en général, il semble intéressant de se pencher
sur le sentiment de bien-être subjectif que Diener et ses collaborateurs (2009) considèrent
lié à la satisfaction de la vie avec les sentiments positifs et négatifs et les pensées
positives. En effet, ces auteurs affirment que l’équilibre entre les affects positifs et
négatifs forme la composante affective du bien-être subjectif. Pour mesurer cette
dimension, Diener et collaborateurs ont développé l’échelle SPANE. Dans le cadre d’une
étude pour valider la SPANE auprès d’une population d’adolescents français, Martin-
Krumm et al. (2017) ont conclu que la version française de la SPANE présente une bonne
fiabilité et une bonne validité tant pour le volet positif que pour le volet négatif. Cette
échelle leur semble particulièrement intéressante puisqu’elle contient des items sur les
sentiments positifs et les sentiments négatifs ce qui permet de mesurer un spectre large
d’émotions.
Bienveillance envers soi/self-compassion. Germer et Neff (2013) décrivent la
self-compassion ou bienveillance envers soi comme de la bienveillance dirigée vers soi :
« Neff (2003b) a opérationnalisé la self-compassion comme constituée de trois éléments :
la gentillesse envers soi, un sens de notre humanité partagée et la pleine conscience » (p.
856). Cette qualité se révèle utile pour faire face à ses propres erreurs et à des événements
de vie difficiles. Pour reprendre les trois composantes de la self-compassion, la
gentillesse envers soi-même consiste à se montrer chaleureux et compréhensif envers soi-
même au lieu de s’accabler de critiques lorsque l’on souffre, que l’on est en échec ou
qu’on se sent inadéquat. Le sens de l’humanité partagée est le fait de se rendre compte
qu’être humain signifie être imparfait et que nous ne sommes pas seuls dans notre
souffrance. Enfin, la pleine conscience telle que décrite par Germer et Neff consiste à
prendre en compte ses pensées et émotions douloureuses telles qu’elles sont sans
chercher à les supprimer ou à les éviter. Germer et Neff (2013) affirment que plus de 200
études ont été publiées entre 2003 et 2013. Selon eux, ces études ont montré les
nombreux bienfaits de la bienveillance envers soi : un haut score de cette dimension
psychologique est liée à un moindre niveau de psychopathologie, de dépression, d’anxiété
et de stress ainsi qu’à une meilleure résilience grâce à un effet modérateur dans les
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réactions aux événements négatifs. Ainsi les individus qui font preuve de bienveillance
envers eux-mêmes ont moins peur de l’échec et sont plus susceptibles de réessayer après
un échec. Ils sont également plus motivés pour s’améliorer.
Troubles de l’humeur et dépression. De nombreuses études ont montré que,
chez des patients souffrant de conditions chroniques, la prévalence de symptômes
dépressifs est plus élevée que dans la population générale. Nous prendrons quelques
exemples. Ainsi selon Geoffroy, Amad, Gangloff et Thomas (2012), « Le syndrome
dépressif est fréquemment retrouvé au cours de la fibromyalgie, allant selon les études de
20 à 80 % des patients contre 3 % dans la population générale » (p. 459). Dans une étude
sur 162 patients hémodialysés chroniques au Burkina-Faso, Coulibaly et ses
collaborateurs (2016) ont utilisé l’échelle de dépression d’Hamilton et ont constaté que
86,4% des patients présentaient une symptomatologie dépressive. C’est également le cas
chez les patients souffrants de lésions cérébrales acquises ou ayant fait un AVC.
Bombardier et ses collaborateurs (2010) ont étudié une cohorte de 559 patients
hospitalisés pour lésions cérébrales traumatiques pendant et après leur hospitalisation.
Leurs résultats montrent que 53,1% présentaient une dépression majeure pendant l’année
suivant le traumatisme. Dans une revue d’études sur la dépression suite à un accident
vasculaire, Robinson et Spalletta (2010) ont confirmé que la prévalence d’une dépression
majeure était de 21,7% et la prévalence d’une dépression légère de 19,5%. Le plus fort
facteur de prédiction de dépression était la sévérité du handicap dans les activités de la
vie quotidienne. Par conséquent, il semble indispensable de mesurer cette dimension chez
les participants pour tenter de faire le lien entre participation au jardin et diminution des
troubles de l’humeur dont la dépression. Un lien positif pourrait indiquer un effet
protecteur et préventif de la participation au jardin.
Mindfulness trait. Dans un article de 2003, Brown et Ryan définissent la
mindfulness comme « l’état d’être attentif à et conscient de ce qui est en train de se passer
dans le présent » (p. 822). Parmi les différentes définitions de la mindfulness, Csillik et
Tafticht (2012) privilégient celle de Brown et Ryan car elle est plus opérationnelle et plus
empirique. « Cette définition de la mindfulness implique une capacité d’acceptation de ce
qui se passe au moment présent. Une telle aptitude implique de « prendre les choses telles
qu’elles viennent » » (p. 148-149). Il est important de distinguer la mindfulness trait de la
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mindfulness état. Csillik et Tafticht les définissent ainsi : « La mindfulness-trait se réfère
à des différences interindividuelles stables dans la propension à faire attention et porter sa
conscience au moment présent. La mindfulness-état concerne des fluctuations
systématiques autour du niveau moyen de mindfulness d’une personne. » (p. 150). Selon
des études citées par Csillik et Tafticht, la mindfulness, et plus spécifiquement la
mindfulness trait, a de nombreux bienfaits : grâce à une meilleure régulation des
émotions, elle a un rôle protecteur contre les effets du stress et de l’anxiété, elle est liée
au sentiment de bien-être, elle favorise des réponses mieux adaptés aux événements et
elle est associée à l’optimisme et à l’estime de soi.
Récemment plusieurs études se sont intéressées au lien entre mindfulness et
activité physique avec l’hypothèse que l’activité physique permettrait de cultiver la
mindfulness. En particulier, Tsafou, De Ridder, Van Ee et Lacroix (2016) ont montré que
l’augmentation de la mindfulness durant une activité physique était liée à une
augmentation de la satisfaction, la relation passant par le niveau de satisfaction ressenti
pendant l’activité physique. Ces résultats permettent aux auteurs de conclure que la
mindfulness, dont on avait déjà montré qu’elle était liée au bien-être et au bonheur, est
également liée à l’activité physique et la satisfaction. Par ailleurs dans une étude menée
auprès de 108 adultes, Kangasniemi, Lappalainen, Kankaanpää and Tammelin ont montré
que ceux qui étaient physiquement actifs avaient de meilleures compétences en
mindfulness que ceux qui étaient moins actifs. Bien que leur étude transversale ne
permette pas de conclure de façon certaine à la relation causale entre l’activité physique
et la mindfulness, les auteurs affirment que leurs résultats indiquent que la mindfulness
pourrait être un facteur lié à un style de vie physiquement actif. « Les bénéfices de la
mindfulness pourraient être liés à une plus grande conscience et acceptation
d’expériences à la fois internes (par exemple, pensées, émotions, sensations) et
externes. » (p. 125).
En accord avec la littérature, les hypothèses suivantes ont été formulées.
Hypothèse 1 : On s’attend à ce que l’intervention (la participation aux activités du jardin
thérapeutique) permette d’augmenter l’optimisme, le bien-être, la bienveillance envers
soi.
16
Hypothèse 2 : On postule que l’intervention permet de diminuer les troubles de l’humeur
et la dépression.
Hypothèse 3 : On postule que l’un des mécanismes modérateur de ces effets positifs est la
présence dans le moment (la mindfulness trait).
II. Méthode
Afin de tester les hypothèses, les sujets ont passé plusieurs échelles et
questionnaires choisis en se basant sur la littérature.
Sujets. Les sujets sont des résidents du Foyer d’Accueil Médicalisé La Maison
des Aulnes à Maule (78). Ils ont été répartis en deux groupes : un groupe jardinage
composé de cinq sujets et un groupe contrôle également composé de cinq sujets. Les
participants comprenaient cinq hommes et cinq femmes. L’âge variait entre 40 et 61
ans (moyenne 50,2 ans). Sept participants ont souffert d’un AVC et trois ont été
victimes d’un accident de la voie publique. Afin de s’assurer que les participants
avaient tous les capacités cognitives nécessaires pour répondre aux questionnaires, le
Mini Mental State Examination a été administré avant le début de l’étude. Cet outil est
considéré comme fiable pour repérer les dysfonctionnements cognitifs chez les
patients ayant souffert d’un AVC (Te Winkel-Witlox, Post, Visser-Meily et Lindeman,
2008). Tous les patients avaient un score compris entre 25 et 30, sauf un participant
dont le score est de 23. Cependant il est pertinent de l’inclure car ses difficultés se
situent au niveau des items « Orientation » et « Rappel » du test, ce qui n’affecte pas
sa capacité à remplir les questionnaires.
Après une explication sur le cadre de l’étude, les participants ont tous signé
une lettre de consentement éclairé (en annexe). Dans le cas d’un participant sous
tutelle, son tuteur a également signé la lettre. De plus, les participants ont rempli une
fiche socio-démographique (en annexe) pour recueillir des infos sur leur participation
au jardin (pourquoi participent-ils à l’activité ? depuis quand ? pratiquent-ils l’activité
au jardin seuls ou en groupe ?) et sur d’autres points ayant une influence sur leur état
psychique (suivent-ils une psychothérapie ? prennent-ils des antidépresseurs ? à
quelles autres activités participent-ils au sein du foyer ?). De plus, la participation aux
17
activités de jardinage a été mesurée grâce aux données collectées par l’animateur
(fréquence, durée, type d’activités, seul ou en groupe,…).
Intervention. Les cinq membres du Groupe Jardin participent à l’activité jardin.
Cette activité a démarré en 2011 et une participante a contribué au lancement de
l’activité. En plus du jardin proprement dit, certains sont actifs dans une section du
jardin dont la récolte est donnée aux Restaurants du Cœur et d’autres participent à un
projet de jardinage dans une école de Maule. Dans la période de l’étude entre
décembre 2016 et mars 2017, chaque participant a fréquenté le jardin entre 6 et 14
heures, étant entendu que la période de l’hiver sur laquelle s’est déroulée l’étude n’est
pas la plus propice à cette activité.
Procédure. Les deux groupes ont été testés au début du projet (T1) en
décembre 2016, puis un mois plus tard (T2) en janvier 2017 et en mars 2017 (T3). Les
instruments ont été choisis dans la littérature (Shankland et Martin-Krumm, 2012). Ils
ont été administrés dans l’ordre donné ci-dessous.
Instruments. Tous les instruments utilisés sont des outils validés avec de
bonnes qualités psychométriques (alpha de Cronbach supérieur à 0,7).
La LOT-R (Life Orientation Test-Revisited). Selon Shankland et Martin-
Krumm (2012), le Test d’Orientation de Vie révisé ou LOT-R (Life Orientation Test–
Revised) est le test le plus utilisé pour mesurer l’optimisme trait. Ce test développé par
Scheier en 1994 a été validé dans sa version française par Sultan et Bureau en 1999,
puis par Trottier et al. en 2008. Elle est composée de 10 items dont quatre sont des
leurres. On y répond sur une échelle de Likert à cinq points de « Pas d’accord du
tout » à « Fortement d’accord ». La cohérence interne de la version française est bonne
(coefficient α = 0,76). Ce test a déjà été utilisé dans le cadre d’une étude avec des
patients ayant souffert d’un AVC (Morgenstern et al., 2011).
La SPANE (Scale of Positive and Negative Experience). Il s’agit d’un
questionnaire de 12 items, six pour mesurer les sentiments positifs et six pour mesurer
les sentiments négatifs. On y répond sur une échelle de Likert en cinq points de « Très
rarement ou pratiquement jamais » à « Très souvent ou toujours ». Conçue par Diener
et ses collaborateurs (2010), la SPANE présente une bonne cohérence interne
(coefficient α = 0,88). La SPANE a été traduite et validée en français par Martin-
18
Krumm et ses collaborateurs (2017) qui rapportent un alpha de Cronbach de .90 et .80,
respectivement pour le volet positif et le volet négatif de la SPANE. Elle fait partie
d’une nouvelle série de tests conçus pour mesurer le bien-être. Elle permet de mesurer
un vaste éventail d’expériences positives et négatives et a montré une forte corrélation
avec d’autres mesures des émotions et du bien-être affectif.
La Self-Compassion Scale ou échelle de bienveillance envers soi. Cette
échelle a été développée par Neff et ses collaborateurs (2003). Cette étude utilise la
version courte dont le coefficient α est de 0,86 (Raes, Pommier, Neff et Van Gucht,
2011). La version courte est composée de 12 items avec une échelle de Likert en cinq
points de « Fortement en désaccord » à « Fortement d’accord ». Datant de 2015, la
traduction française est de Miglianico, Bernard et Csillik. Elle est en cours de
validation.
La HAD (Hospital Anxiety and Depression). Cet instrument est très utilisé
pour mesurer les troubles anxieux et dépressifs. Il se compose de 14 items, sept se
rapportant à l’anxiété et sept à la dimension dépressive. Les items sont cotés de 0 à 3
avec un score maximal de 21 sur chaque dimension. Introduite par Zigmond et Snaith
en 1983, la HAD a été traduite en français par Lépine. Dans une revue de la littérature
récente, Bjelland, Dahl, Tangen Haug et Neckelmann (2002) rapportent que l’alpha de
Cronbach est en moyenne de 0,83 pour la dimension anxiété et 0,82 pour la dimension
dépression. Dans cette étude, la HAD servira à mesurer l’évolution des troubles
anxieux et dépressifs des participants aux trois moments de recueil des données.
La MAAS (Mindful Attention Awareness Scale). La MAAS a été conçue par
Brown et Ryan en 2003 et s’est imposée comme l’une des mesures de la mindfulness
les plus utilisées. Selon Csillik et Tafticht (2012), la MAAS est le seul instrument
d’auto-évaluation unidimensionnel qui mesure spécifiquement la mindfulness pendant
des activités de la vie quotidienne. La MAAS se compose de 15 items auxquels on
répond sur une échelle de Likert en six points (« Presque toujours » à « Presque
jamais »). Dans la validation française de Csillik et collaborateurs datant de 2010, la
MAAS présente un alpha de Cronbach de 0,82. Dans cette étude, la MAAS servira à
valider l’hypothèse que les participants aux activités de jardinage ont un score de
mindfulness plus élevé.
19
Analyse des données. La petite taille de l’échantillon (n=10) impose d’utiliser
des statistiques non paramétriques puisqu’il est impossible de savoir si les variables
sont distribuées selon la loi normale. Les données ont été traitées à l’aide du logiciel
Statistica (version 13). En plus des statistiques descriptives, on a pratiqué trois types
de tests. Le test U de Mann-Whitney est l’équivalent du test t et s’utilise pour des
échantillons indépendants dans les cas où la variable étudiée est mesurée sur une
échelle qui est au moins ordinale, ce qui est bien le cas des instruments utilisés
auxquels on répond par des échelles de Likert. Ainsi, le test U de Mann-Whitney a été
utilisé pour comparer les scores du Groupe Jardin et du Groupe Contrôle ainsi que
pour comparer les participants prenant des antidépresseurs avec ceux n’en prenant pas.
Par ailleurs, le test de Wilcoxon pour échantillons appariés, alternative non
paramétrique au test t, est utilisable quand les variables ont été mesurées sur une
échelle ordinale et que les différences de rangs ont un sens. Le test de Wilcoxon a été
utilisé pour comparer les résultats du Groupe Jardin aux trois temps de passation (T1,
T2 et T3). Enfin, pour étudier le lien entre les scores du Groupe Jardin et le temps
passé à l’activité jardin ou le nombre de séances, on a utilisé les corrélations de rangs
de Spearman.
III. Résultats
Statistiques descriptives. Le tableau 1 décrit les principales caractéristiques des
deux groupes. La fonction « Statistiques Elémentaires » de Statistica a permis de calculer
les moyennes et les écarts types des résultats aux différentes échelles pour les deux
groupes. Le tableau 2 rapporte les moyennes des scores aux six échelles pour le Groupe
Jardin et pour le Groupe Contrôle à la première et à la dernière passation (T1 et T3). On
remarque que, de façon générale, le Groupe Jardin présente des scores plus élevés aux
tests LOT-R, SPANE et SCS que le Groupe Contrôle. Les résultats à la HAD montrent
que les participants du Groupe Jardin ont en moyenne un score d’anxiété et de dépression
plus bas que les membres du Groupe Contrôle. Pour ce qui est de la mindfulness, les deux
groupes ne présentent aucune différence. De même, les scores au MMSE des deux
groupes ne sont pas différents.
20
Tableau 1.
Données descriptives pour le Groupe Jardin et le Groupe Contrôle
Groupe Jardin (n=5) Groupe Contrôle (n=5)Age M = 53,2 ans
ET= 8,67M = 47,2 ans ET = 5,06
Sexe 2 hommes et 3 femmes 3 hommes et 2 femmesOrigine des lésions
1 accident de la route4 AVC
2 accidents de la route3 AVC
Antidépresseurs 3 participants 1 participantThérapies 1 en psychothérapie
3 en thérapie de soutien1 en groupe de parole
1 en psychothérapie2 en thérapie de soutien2 aucune thérapie
Tableau 2.
Résultats du Groupe Jardin et du Groupe Contrôle aux six tests à T1 et à T 3 (moyennes
des scores et écarts types)
Groupe Jardin Groupe ContrôleT1 (écart type) T3 (écart type) T1 (écart type) T3 (écart type)
LOT-R 22 (2,91) 24 (1,87) 19,6 (4,39) 18,2 (4,08)SPANE 3,6 (9,9) 8,6 (6,80) 0,60 (11,45) - 0,40 (7,33)SCS 3,68 (0,49) 3,90 (1,14) 2,75 (0,44) 2,60 (0,54)HAD (anxiété)
7,00 (5,33) 6,2 (3,96) 8,8 (5,35) 8,00 (3,67)
HAD(dépression)
5,00 (2,73) 5,60 (2,50) 8,40 (4,03) 9,2 (5,6)
MAAS 4,58 (1,18) 4,30 (0,88) 4,58 (0,72) 4,08 (0,54)MMSE 26,2 (2,94) 27 (2,91)
Statistiques inférentielles. Les premiers résultats concernent la comparaison entre
les deux groupes. A T1, les scores de la SCS sont significativement plus élevés pour le
Groupe Jardin que pour le Groupe Contrôle (2,19 ; p<0.05). A T3, les scores de la LOT-R
sont significativement plus élevés pour le Groupe Jardin que pour le Groupe Contrôle
(2,40 ; p<0,05).
Pour ce qui est du Groupe Jardin, les résultats à la LOT-R à T1 sont
statistiquement corrélés aux résultats de la HAD Dépression à T3 et aux résultats de la
MAAS à T3 et les résultats à la SCS, à la HAD et à la MAAS à T1 sont statistiquement
corrélés à la LOT-R à T3 (2,02 ; <0,05). Par contre, on ne constate pas de différence
21
statistiquement significative entre les scores du Groupe Jardin aux cinq échelles à T1 et à
T3.
Pour le Groupe Jardin, plusieurs variables ont été étudiées: le temps passé au
jardin, le nombre de séances de jardinage, la prise ou non d’antidépresseurs ainsi que le
suivi d’une psychothérapie. Pour ce qui est du nombre d’heures passées au jardin, il
existe une corrélation positive forte entre le nombre d’heures au jardin et l’anxiété en T3
(0,89 ; p<0,05). En terme de participation à l’intervention mesurée par le nombre de fois
où les participants se sont rendus à l’activité pendant la période de l’étude (entre 6 et 14
fois) et le nombre d’heures passées au jardin, il n’existe aucune corrélation avec les
dimensions psychologiques étudiées. De même, lorsque l’on compare les participants qui
prennent des antidépresseurs et ceux qui n’en prennent pas, on ne trouve aucun lien avec
leurs scores sur les échelles utilisées. Les participants du Groupe Jardin suivent trois
types de thérapies : psychothérapie (n=1), thérapie de soutien (n=3) et groupe de parole
(n=1). Aucun lien statistique entre le type de thérapie et les scores aux échelles n’a été
trouvé.
Approche qualitative. Lors de la dernière passation, les participants au Groupe
Jardin ont répondu à quatre questions (Que représente le jardin pour vous ? Qu’est-ce que
le jardin vous apporte ? Quand vous êtes au jardin, comment vous sentez-vous et est-ce le
seul endroit où vous vous sentez ainsi ? Est-ce que vous voulez ajouter autre chose à
propos du jardin ?). Ces questions sont inspirées de l’étude qualitative de Hawkins et ses
collaborateurs (2013) qui ont fait passer des entretiens semi-directifs à 14 retraités actifs
dans des jardins communautaires en Angleterre.
L’analyse du discours permet de dégager cinq thèmes principaux, les jardiniers
évoquant tous plusieurs types de rapport à l’activité. Parmi les thèmes qu’ils mentionnent,
on note le jardin comme espace d’évasion qui apporte un sentiment de paix et de bien-
être, le rapport à la nature, le sentiment d’efficacité en tant que jardinier, le lien avec les
autres et, pour certains, l’activation de souvenirs.
Le jardin comme espace d’évasion et de bien-être. « C’est un moyen
d’évasion », « Un décontractant naturel, une détente », « Evasion, bonheur », « Mon
stress s’en va au jardin », « Je fume ma dernière cigarette au jardin quel que soit le
temps », « De bonnes sensations. Ca m’apaise, ça me fait du bien », « Du bonheur, de la
22
joie. On est plus détendu », « Je me sens zen. J’abandonne ma canne, qui est une sécurité.
Je n’en ai pas besoin parce que je m’y sens bien. C’est une seconde vie. Je me sens en
paix et en sécurité », « Je retrouve ces sensations dans d’autres activités, la chorale, le
théâtre, le Qi Gong ».
Le rapport à la nature et aux plantes. « Dans la nature, on respire », « Voir
naitre et pousser ce qu’on plante, c’est magique », « Ma saison préférée est le printemps
car tout renait », « On est dehors et on voit la terre au lieu du béton. J’ai pas peur de
mettre les mains dans la terre, certains n’aiment pas. C’est important de sentir quelque
chose, des vers dans la main. On sait qu’ils sont importants pour la culture. Ils sont là
pour une raison », « La nature apporte ça. C’est la sérénité, les oiseaux qui chantent.
Devant les fleurs, les fruits qui font partie de la vie, on est bien, on est détendu », « On a
une joie de vivre, plus que quand on est enfermé », « Quand j’étais enfermée dans un
bureau, je ne pensais pas à tout cela. J’avais juste des pensées et des primevères sur ma
fenêtre. Après ma rupture d’anévrisme, j’ai eu la chance de vivre. Pourquoi ne pas
profiter de tout ça ? » et « J’y vais même sans jardiner l’été ».
Un sentiment d’efficacité. « Quand ça pousse bien, c’est agréable de voir des
choses faites de nos propres mains, de voir le résultat. Si ça ne prend pas, on
recommence. On se dit que ça prendra la prochaine fois », « Quand on a pris du mal et
que ça prend, c’est un plaisir », « Le plaisir, l’occupation, le plaisir de voir pousser », « Je
vais au jardin en fauteuil. Dès que c’est sec, je peux y aller en déambulateur » et « Avant
je ne jardinais pas. On a planté des tomates cerises. Les framboises, on les prend et on les
mange. C’est un plaisir. »
Le lien avec les autres, à l’intérieur du foyer et à l’extérieur. « On rigole, on
parle entre nous, on bosse », « Il y a aussi le jardin de l’école : on leur a planté des
framboisiers, des aromatiques, des perce-neiges, des tomates. Ils sont contents, on leur
montre ce qu’il faut faire et ils le font. Ils posent pleins de questions. On s’échappe d’ici
et on apprend aux enfants », « Quand Anne, Jean-Paul, Laure et Marie-Christine
viennent, j’aime aussi le contact », « Il y a des gens très bien qui viennent nous aider le
lundi. On parle des oiseaux » et « Je participe au jardin des Restaurants du Cœur car on
peut aider ceux qui ont faim. « Vivre, c’est être utile aux autres ». C’est la 9e année que
je fais du bénévolat. J’ai eu l’idée de faire le jardin pour les Restaurants du Cœur ».
23
Un lien à des souvenirs. « J’y retrouve souvent ma mère décédée avec qui je
jardinais. Ma mère disait « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière ». C’est
comme si je la touchais » et « Je jardinais avec mon grand-père ».
IV. Discussion
Dans cette étude, l’intervention ne semble pas avoir permis d’augmenter
l’optimisme, le bien-être et la bienveillance envers soi, ni de diminuer les troubles de
l’humeur. Ces résultats sont en opposition avec ceux de précédentes études ayant, par
exemple, montré qu’une intervention au jardin avait diminué l’anxiété chez des
patients schizophrènes (Pringuey et Pringuey-Criou, 2015) ou augmenté l’estime de
soi chez des femmes japonaises traumatisées par un tremblement de terre (Kotozaki,
2014). Cependant, bien que les différences ne soient pas significatives, on remarque
que les participants du Groupe Jardin se caractérisent en moyenne par un optimisme,
un sentiment de bien-être et une bienveillance envers soi plus élevés ainsi que par des
troubles de l’humeur moins importants que les membres du Groupe Contrôle tout au
long de l’étude. Il est possible que le fait que l’intervention jardin ait commencé
plusieurs années avant l’étude masque les effets chez les participants. Soit les
participants du Groupe Jardin présentent naturellement ces caractéristiques au départ,
soit la participation à l’activité jardin, à d’autres activités ou d’autres facteurs non
identifiés ont modifié ces caractéristiques psychologiques dans ce groupe. Il est
impossible de le savoir puisqu’on ne peut pas rétroactivement mesurer ces dimensions
chez les participants.
En ce qui concerne les scores pour la mindfulness, ils sont très proches pour les
deux groupes, ce qui semble infirmer la troisième hypothèse qui supposait que la
mindfulness trait, c’est-à-dire la présence dans le moment, est un mécanisme
modérateur des effets de l’intervention jardin. En effet, les deux groupes ne présentent
pas de différences significatives sur cette dimension qui auraient pu contribuer à
expliquer les effets de l’intervention jardin, y compris le désir de participer à cette
activité.
24
Cependant, l’étude a mis en évidence deux différences statistiquement
significatives entre le Groupe Jardin et le Groupe Contrôle : au début de l’étude, la
bienveillance envers soi des participants du Groupe Jardin est significativement plus
élevée que celle des participants du Groupe Contrôle. A la fin de l’étude, l’optimisme
des participants du Groupe Jardin est significativement plus élevé que celui des
participants du Groupe Contrôle. On pourrait en conclure d’une part que la
bienveillance envers soi est un facteur d’adhésion qui entraine les résidents à s’investir
dans l’intervention jardin et d’autre part que la participation au jardin résulte dans un
optimisme plus élevé chez les jardiniers à la fin de l’étude. Par ailleurs, les données
indiquent que l’optimisme des participants du Groupe Jardin au début de l’étude est
corrélé au niveau de dépression et à la mindfulness à la fin de l’étude, mais aussi que le
niveau de bienveillance envers soi, d’anxiété-dépression et de mindfulness au début de
l’étude sont corrélés à l’optimisme à la fin de l’étude. Ces ressources psychologiques,
dans différentes configurations, semblent être intimement liées chez les membres du
Groupe Jardin.
Un résultat inattendu montre que plus le nombre d’heures passées au jardin
augmente plus le niveau d’anxiété à la fin de l’étude est élevé. Ce résultat est difficile
à expliquer car il est en contradiction avec la littérature. Par contre, les données ne
montrent aucune corrélation entre le nombre de séances, la prise d’antidépresseurs ou
le type de psychothérapie et les dimensions psychologiques mesurées. La petite taille
de l’échantillon incite cependant à la prudence quant à la validité de tous les résultats.
Sur le plan clinique, le résultat sur la bienveillance envers soi plus élevée dans
le groupe des jardiniers est particulièrement intéressant. En effet, on pourrait faire
l’hypothèse que les résidents dont la bienveillance envers soi est à un niveau faible
auront plus de difficultés à se saisir d’opportunités favorables à leur santé et à trouver.
Sur le plan clinique, cela suggère qu’il serait utile de développer la bienveillance
envers soi chez les patients qui en manquent car cette ressource psychologique semble
jouer un rôle dans l’adhésion à des activités favorables à la santé.
Une limite majeure de l’étude est la taille de l’échantillon. En effet, il est
difficile d’obtenir des résultats significatifs et d’appliquer des tests statistiques
25
robustes avec une population de 10 sujets. Une future étude devrait donc comporter
une population plus importante, ce qui semble difficile à réaliser car peu de
programmes d’hortithérapie se font à grande échelle. Il serait sans doute nécessaire de
recruter des participants dans plusieurs établissements pour obtenir un échantillon plus
important. Il serait alors nécessaire de porter une attention particulière à la formation
de groupes homogènes. Par ailleurs, une future étude devrait de préférence identifier
un projet de jardin thérapeutique qui démarre afin de comparer les ressources
psychologiques avant l’intervention et au bout de quelques mois. En effet, dans la
présente étude, les participants participaient déjà depuis plusieurs années à l’activité
jardin ce qui introduit un biais dans l’étude et ne permet pas de comprendre si
l’intervention a apporté une modification.
De plus, il serait intéressant de programmer une passation des échelles avant le
début de l’intervention et une autre après six mois, voire un an, les passations trop
rapprochées ne donnant pas d’information aussi pertinente sur les bénéfices et leur
maintien dans le temps. De plus, la présente étude s’est malheureusement déroulée
pendant l’hiver pour des raisons liées au calendrier universitaire. Une autre
amélioration au protocole serait d’inclure dans la durée de l’intervention les périodes
du printemps et de l’été car ce sont les saisons où le jardin est plus actif et les
participants plus impliqués. Ainsi on pourrait s’attendre à des résultats plus probants
même si Wood, Pretty et Griffin (2016) et Soga et al. (2017) n’ont pas trouvé de lien
entre les effets positifs du jardin et la quantité de temps passé au jardin dans leurs
études sur des populations saines.
Enfin, il faut souligner que tous les participants du Groupe Jardin et du Groupe
Contrôle sont actifs dans d’autres ateliers, entre un et six ateliers selon les participants
(théâtre, équitation, cuisine thérapeutique, Activité Physique Adaptée (APA), jeux de
société, chorale,…). De plus, la plupart des participants prennent un traitement
médicamenteux et/ou suivent une thérapie (psychothérapie, thérapie de soutien, groupe
de parole). D’ailleurs, on remarque que les participants du Groupe Jardins sont plus
nombreux à prendre des antidépresseurs. Ils sont également tous suivis en thérapie
contrairement au Groupe Contrôle. Dans ces conditions, il est difficile d’isoler les effets
de l’intervention jardin.
26
L’approche qualitative de l’étude a permis d’identifier de futures pistes de
recherche. Ainsi le sentiment d’efficacité au jardin pourrait être exploré grâce à une
échelle d’auto-efficacité. Dans la présente étude, on avait conçu une échelle d’auto-
efficacité spécifique au jardin, mais sa passation a été abandonnée en cours d’étude à
cause d’un défaut méthodologique. Les participants ont également mentionné le contact
avec les autres résidents et avec le monde extérieur permis par le jardin : un instrument de
mesure approprié pourrait être utilisé dans une future étude (Echelle de la qualité des
relations interpersonnelles, Échelle de solitude de l’Université Laval par exemple). Ces
données sont en accord avec une étude menée par Barello et ses collaborateurs (2016)
auprès de patients ayant fait un AVC à qui on avait proposé une intervention de jardinage
thérapeutique : le contact avec la nature comme soutien au sentiment d’efficacité
personnel et le jardinage comme pont entre l’hôpital et le monde extérieur étaient
également mentionnés par ces patients.
En conclusion, la présente étude a pu montrer la faisabilité d’une étude sur les
effets d’une intervention jardin auprès d’une population souffrant de lésions cérébrales
acquises en essayant de comprendre quelles dimensions psychologiques peuvent jouer un
rôle dans la médiation thérapeutique. Elle a également permis d’identifier plusieurs biais
et erreurs méthodologiques auxquels devraient remédier une future étude.
27
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33
ANNEXES
34
La Maison des Aulne
Allée des Orchidées78580 MAULE
Je, soussigné(e),
Accepte de participer à l’étude menée par Mme I. Boucq, étudiante en
Master de psychologie clinique et effectuant son mémoire de recherche sous
la direction de Mme A. Csillik, Docteur en psychologie, Maître de conférences
de psychologie clinique à l’université de Paris Ouest Nanterre La Défense.
Cette étude nous permet d’effectuer le travail de recherche nécessaire
à la connaissance des effets du jardin thérapeutique de la Maison des Aulnes.
Elle est réalisée avec l’accord de Mme Michel, directrice de l’établissement, de
Mme Lambert, psychologue et de M. Lanel, animateur.
Cette étude repose sur la passation de questionnaires psychologiques
qui resteront totalement anonymes. Tous les documents ayant trait à la
passation des tests ainsi que l’analyse de leurs résultats sont anonymes. Les
résultats seront traités statistiquement et aucun usage individuel n’en sera
fait.
Votre participation à cette étude nous serait d’une grande aide, elle
nécessite votre consentement, que vous pouvez retirer à tout moment sans
justification. Votre participation ou votre refus ne changera en rien votre
prise en charge.
Nous vous remercions par avance.
Fait à : , le Signature :
P.S. : Pour toute question ou demande d’information, vous pouvez contacter Isabelle
Boucq ([email protected] ou 06 67 79 13 26)
35
Fiche sociodémographiqueEtude sur le jardin thérapeutique de la Maison des Aulnes
Enquêtrice Isabelle Boucq, Paris Nanterre
Nom et prénom :
Code pour l’étude :
Date et lieu de naissance :
Sexe : H F
Niveau d’études1. Sans diplôme 2. CAP, BEP 3. Niveau secondaire (lycée) 4. Baccalauréat 5 5. Bac +2 6. Au-delà de Bac+2
Situation familiale1. Marié(e) 2. Divorcé (e) (séparé (e)) 3. Célibataire 4. Veuf (ve) 5. En concubinage 6. Autre
Situation médicale
Nature des lésions (parties du cerveau touchées) :
_______________________________________________________
_______________________________________________________
_______________________________________________________
Origine des lésions : AVC Accident de la route Autre. Précisez _________________________________
_______________________________________________________
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Prise de médicaments :Anti-dépresseurs : oui ou non
Suivi d’une psychothérapie :OuiNonSi oui, depuis combien de temps et de quelle nature_____________________________________________________________________
L’activité jardin
Pratiquiez-vous le jardinage avant de vivre à la Maison des Aulnes ?Oui/non
Détails :___________________________________________________________________
Depuis quand participez-vous au Jardin d’Epi Cure ?________________________________
Pratiquez-vous l’activité au jardin seul(e) ou en groupe ?______________________________
Pourquoi participez-vous à cette activité ?
A quelles autres activités participez-vous au sein du foyer ?
37