60
Mémoire de recherche de Master 1 Psychologie Clinique Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques ? Sous la direction d’Antonia Csillik

22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

  • Upload
    lecong

  • View
    218

  • Download
    1

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

Mémoire de recherche de Master 1Psychologie Clinique

Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques ?

Sous la direction d’Antonia Csillik

Isabelle Boucq (36002350)[email protected]

2016-2017

Page 2: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques ?

Table des matières

I. Etat de la question……..…………………………………………………..p. 5I. 1. Revue de la littérature………………………………………………….....p. 5I. 2. Objectif de l’étude et hypothèses……………….………………...……..p. 12

II. Méthode..……………………………………………………………..…..p. 17

III. Résultats…………………………………………………………………..p. 20

Bibliographie……………………………………………………………..……….p. 28

Annexes………………………………………………………………..………….p. 34

2

Page 3: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

Résumé. L’hortithérapie consiste à utiliser les plantes comme médiation

thérapeutique. Des études ont montré des bénéfices tels que la diminution de l’anxiété

et l’augmentation de l’estime de soi. L’objectif de la présente étude est d’évaluer

l’efficacité d’une intervention de jardinage auprès de patients souffrant de lésions

cérébrales acquises (n=5). L’étude compare plusieurs dimensions psychologiques

(optimisme avec la LOT-R, bien-être subjectif avec la SPANE, bienveillance envers

soi avec la SCS, mindfulness avec la MAAS et dépression et anxiété avec la HAD)

chez les participants et chez un groupe contrôle (n=5) à trois moments sur une durée

de quatre mois. L’intervention ne semble pas avoir permis d’augmenter l’optimisme,

le bien-être, la bienveillance envers soi et la mindfulness, ni de diminuer les troubles

de l’humeur des participants à la fin de l’étude. Cependant, par rapport au Groupe

Contrôle, on a constaté que la bienveillance envers soi des jardiniers était plus élevée

au début de l’étude ce qui pourrait leur permettre de s’impliquer dans une activité

favorable à leur santé. De plus, à la fin de l’étude, leur optimisme est plus élevé que

celui des non-jardiniers. Plusieurs améliorations sont suggérées, y compris la

réplication de l’étude avec un échantillon plus important et le démarrage de l’étude en

amont de l’intervention jardinage.

Abstract. Horticultural therapy consists in using plants as a therapeutic intervention.

Studies have shown benefits such as lowered anxiety and increased self-esteem. The

goal of this study is to evaluate the efficiency of a gardening intervention for patients

with acquired brain lesions (n=5). The study compares several psychological

dimensions (optimism using the LOT-R, subjective well-being using the SPANE, self-

compassion using the SCS, mindfulness using the MAAS and anxiety and depression

using the HAD) in the participants and in a control group (n=5) at three different times

over four months. The intervention does not seem to have increased optimism, well-

being, self-compassion and mindfulness or decreased anxiety and depression at the

end of the study. However, compared to the control group, gardeners do show higher

self-compassion at the beginning of the study, which may allow them to become

invested in a positive activity for their health. In addition, their optimism was higher at

3

Page 4: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

the end of the study. Several improvements are suggested, including replicating the

study with a larger group and starting the study before the gardening intervention

begins.

Mots-clés : hortithérapie, intervention thérapeutique, ressources psychologiques,

mindfulness, lésions cérébrales acquises.

Keywords: horticultural therapy, therapeutic intervention, psychological resources,

mindfulness, acquired brain injury.

4

Page 5: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

I. Etat de la question

I. 1. Revue de la littératureSelon la définition de l’American Horticultural Therapy Association (AHTA),

l’hortithérapie consiste à utiliser les plantes et le végétal comme médiation thérapeutique

sous la direction d’un professionnel formé à cette pratique pour atteindre des objectifs

précis adaptés aux besoins du participant. L’hortithérapie est utilisée pour aider les

participants à apprendre de nouvelles compétences et à retrouver celles qu’ils ont

perdues. Selon cette organisation professionnelle, l’hortithérapie améliore les capacités

cognitives dont la mémoire et le langage ainsi que la motivation et la socialisation. Dans

le cadre de la rééducation, il s’agit de travailler sur la force musculaire et d’améliorer la

coordination, l’équilibre et l’endurance. Dans le cadre de la formation professionnelle

pour des publics porteurs de handicaps, il s’agit d’apprendre à travailler

indépendamment, de résoudre des problèmes et de suivre des instructions.

L’hortithérapie est très répandue dans les pays anglo-saxons et scandinaves depuis

la fin de la Première Guerre Mondiale. Mais l’AHTA note que, dès le 19e siècle, le

docteur Benjamin Rush, un des pionniers de la psychiatrie aux Etats-Unis, avait

documenté les effets positifs du travail au jardin pour des personnes atteintes de maladies

mentales. On peut faire remonter la première utilisation du jardin dans un but

thérapeutique à l’Egypte ancienne puisqu’on a retrouvé des prescriptions de marche dans

les jardins pour des personnages royaux atteints de troubles mentaux (Simson & Straus,

2003). L’hortithérapie se pratique actuellement auprès de populations diverses : patients

dans des hôpitaux psychiatriques, personnes âgées dans des maisons de retraite, enfants

souffrant de troubles du développement, personnes victimes de violence sexuelle,

personnes souffrant de dépendance à des substances ou ayant fait des tentatives de

suicide, personnes atteintes de troubles du comportement alimentaire ou encore vétérans

de guerre.

Selon Cooper Marcus et Sachs (2014), il existe deux approches. La première

consiste à introduire dans les lieux de soin, souvent aseptisés et parfois clos pour des

raisons de sécurité, un jardin où patients/résidents, visiteurs et soignants peuvent se

détendre dans un cadre agréable qui fourmille de vie : on peut s'y promener, s'y asseoir, y

discuter, le contempler à son gré. La seconde approche consiste à inviter les patients ou

5

Page 6: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

résidents à participer activement à une activité de jardinage. Les deux approches peuvent

également coexister, ce qui est le cas à La Maison des Aulnes, le Foyer d’Accueil

Médicalisé (FAM) où a été réalisé ce projet de recherche.

Dans une étude pionnière déjà ancienne et souvent citée, Ulrich (1984) a montré

que des patients ayant subi la même opération chirurgicale semblaient avoir une

convalescence plus rapide quand ils avaient une vue sur des arbres par leur fenêtre de

chambre d’hôpital que lorsqu’ils avaient une vue sur un mur en béton. L’auteur a mesuré

que les patients avec une vue sur des arbres restaient moins longtemps à l’hôpital,

prenaient moins de médicaments contre la douleur, développaient moins de complications

et étaient de meilleure humeur.

Depuis les années 1990, un nombre croissant d’études se sont intéressées à

l’influence des espaces verts et des jardins sur le bien-être de populations saines et

pathologiques. Elles tendent à montrer que la simple présence d’espaces verts, et a

fortiori une activité de jardinage, peuvent avoir des effets bénéfiques sur les individus.

Nous examinerons d’abord des études portant sur la simple présence d’espaces verts, puis

nous présenterons des études sur le jardin proprement dit.

Dans une étude portant sur 250 782 participants, Maas et ses collaborateurs (2006)

ont montré une relation significative entre l’état de santé général perçu et la présence

d’espaces verts dans un rayon de trois kilomètres autour de la résidence des participants.

La relation était plus forte pour les participants d’un niveau socioéconomique plus bas.

Les auteurs estiment que leur étude est la première à montrer les effets des espaces verts

sur l’état de santé perçu à une aussi grande échelle. D’autres études qu’ils citent avaient

déjà montré, sur des populations plus réduites, que les espaces verts ont un effet positif

sur la réduction du stress et l’attention dans le cas d’études psychologiques et sur la santé

perçue, le nombre de symptômes et le risque de mortalité dans le cas de deux études

épidémiologiques.

Kuo et Faber Taylor (2004) ont examiné les activités extrascolaires d’enfants

américains atteints de trouble de déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH) au moyen

d’un questionnaire rempli par 452 parents. Les auteurs ont conclu que les activités se

déroulant à l’extérieur dans des espaces verts réduisaient les symptômes du TDAH de

façon plus significative que les activités se déroulant en intérieur ou en extérieur sans

6

Page 7: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

espace vert. Les auteurs estiment que, si des études cliniques parviennent à valider le

potentiel de ce « traitement naturel », ce serait une solution abordable pour tous, non

stigmatisante et sans effets indésirables.

Outre la simple présence d’espaces verts, la pratique du jardinage a également fait

l’objet de recherches. Une étude qualitative menée en 2013 auprès de 14 retraités actifs

dans des jardins communautaires en Angleterre par Hawkins et ses collaborateurs a

utilisé des entretiens semi directifs pour identifier quels bénéfices les sujets retiraient de

cette activité. Pour la dimension active (« faire au jardin »), l’activité de jardinage en elle-

même fournissait une raison de sortir de chez soi, une distraction (« être absorbé dans la

tâche du moment »), une activité physique complète, un sentiment d’accomplissement et

un partage d’expertise et de récoltes. Dans la dimension contemplative (« être au

jardin »), les sujets exprimaient le plaisir de se retrouver dans un environnement naturel,

d’être impliqués dans leur communauté et dans des interactions sociales et d’occuper leur

retraite. Les auteurs concluaient que la participation dans un jardin communautaire avait

des effets sur la réduction du stress et sur un vieillissement positif. En 2016, Wood, Pretty

et Griffin ont utilisé l’échelle d’estime de soi de Rosenberg, le Profile of Mood States

(POMS) et le General Health Questionnaire (GHQ) pour montrer que des jardiniers dans

des jardins communautaires en Angleterre (n=136) avaient une meilleure estime de soi,

moins de perturbations de l’humeur et une meilleure santé générale que les non-jardiniers

(n=133). On notera que leur étude n’a pas révélé de corrélation entre le temps passé dans

le jardin ou la durée totale de la participation au jardin et les impacts sur l’estime de soi et

l’humeur. Une étude japonaise (Soga et al., 2017) a également montré que des sujets

jardinant dans des jardins communautaires à Tokyo, les variables socio-démographiques

et le style de vie étant pris en compte, rapportaient une meilleure santé générale perçue,

moins de plaintes somatiques subjectives, une meilleure santé mentale et une meilleure

cohésion sociale que les non-jardiniers (165 jardiniers et 167 non-jardiniers).

D’autres recherches ont porté plus spécifiquement sur l’efficacité de

l’hortithérapie auprès de patients. Une étude norvégienne conduite par Gonzalez, Hartig,

Patil, Martisen et Kirkevold (2010) a suivi 28 patients souffrant de dépression qui

participaient à un programme d’hortithérapie. Les participants ont passé des échelles

psychologiques avant, pendant et après l’intervention de 12 semaines. Les auteurs ont

7

Page 8: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

mesuré une baisse de 4,5 points du score de la Beck Depression Inventory durant

l’intervention avec une baisse cliniquement significative pour 50% des participants. Cette

amélioration se maintenait trois mois après la fin de l’intervention. D’autre part, le score

attentionnel augmentait tandis que le score de la rumination baissait. Les auteurs en ont

conclu que les dimensions « being away » et « fascination » étaient les composants actifs

de cette intervention d’hortithérapie auprès de patients dépressifs.

Kamioka et ses collaborateurs (2014) ont publié une méta-analyse d’études en

essais contrôlés et randomisés sur l’efficacité de l’hortithérapie. Les auteurs ont identifié

quatre études américaines et coréennes répondant à leurs critères pour la période 1990-

2013. Les études portaient sur des patients souffrant de démences, de maladie mentale

sévère (schizophrénie, bipolarité et dépression sévère), de personnes âgées fragiles en

institution et de patients hémiplégiques suite à un AVC (accident vasculaire cérébral).

Bien qu’une efficacité significative ait pu être montrée pour une ou plusieurs dimensions

de la santé mentale et du comportement, les auteurs estiment que les études souffraient de

plusieurs erreurs méthodologiques. Les auteurs critiquent en particulier les méthodes de

randomisation utilisées dans les études. Ils affirment cependant que l’hortithérapie

pourrait être une intervention efficace pour la démence, la schizophrénie, la dépression et

les soins palliatifs pour les patients atteints de cancer.

En 2016, Barello et ses collaborateurs ont étudié une intervention de jardinage

thérapeutique et les effets sur l’implication dans la rééducation de patients ayant fait un

AVC. Grâce à des entretiens semi structurés et des journaux intimes (diaries) tenus par

22 patients italiens entre 60 et 88 ans, les auteurs ont identifié cinq thèmes autour de la

participation au jardinage thérapeutique : un effet reconstituant de la nature, le jardinage

comme espace protégé d’expression de soi, la plante comme catalyseur de la relation

entre patient et thérapeute, le contact avec la nature comme soutien au sentiment

d’efficacité personnel et le jardinage comme pont entre l’hôpital et le monde extérieur.

Les auteurs concluent que les patients percevaient le jardinage thérapeutique comme une

façon d’encourager leur participation active dans leur prise en charge médicale ce qui

permettait une attitude plus proactive et positive envers la gestion de leur condition.

Plusieurs effets spécifiques du jardinage ont été mis en évidence, notamment sur

le stress et l’estime de soi. Van Den Berg et Custers (2011) ont administré des tests de

8

Page 9: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

Stroop à 30 jardiniers qui ont ensuite passé 30 minutes soit à jardiner, soit à lire à

l’intérieur. Le groupe de jardiniers voyait son niveau de cortisol, indicateur de stress,

baisser plus rapidement que le groupe de lecteurs. Plus étonnant, le groupe de jardiniers

retrouvait une humeur positive contrairement au groupe de lecteurs dont l’humeur se

détériorait. Les auteurs estiment avoir apporté la preuve expérimentale que le jardinage

peut réduire le stress.

Dans une situation plus écologique, Kotozaki (2014) a constaté que des femmes

japonaises affectées par le tremblement de terre de 2011 qui avaient participé à un

programme d’hortithérapie de 16 semaines, comparées à un groupe contrôle, avaient

amélioré leur estime de soi et la force de leurs relations interpersonnelles, deux facteurs

de protection contre le trouble de stress post-traumatique.

Dans une revue de littérature publiée en 2013, Clatworthy, Hinds et Camic,

présentent deux théories :

Deux théories dominantes considérées comme utiles pour comprendre l’impact du

jardinage sur la santé mentale sont la théorie de la restauration de l’attention

(Kaplan et Kaplan, 1989 ; Kaplan, 1995) et la théorie psycho-physiologique de la

réduction du stress (Ulrich, 1983). Ce sont toutes les deux des théories psycho-

évolutionnaires basées sur l’hypothèse de la biophilie – l’idée que les humains ont

un besoin inné de s’affilier à l’environnement naturel dans lequel ils ont évolué

(Wilson, 1984) » (Clatworthy, Hinds et Camic, p. 215).

Les auteurs précisent que la théorie de Kaplan et Kaplan sur la restauration de

l’attention suggère qu’il existe deux types d’attention : l’attention directe qui demande un

effort et la fascination qui n’exige pas de concentration ou d’objectif. Ces deux auteurs

estiment que, lorsque l’attention directe est submergée, la fascination dont on peut faire

l’expérience dans un milieu naturel permet de restaurer ses réserves en attention directe.

Quant à Ulrich, cité par Clatworthy, Hinds et Camic, sa théorie suggère que les êtres

humains sont prédisposés à trouver relaxants les stimuli naturels, ces stimuli ayant un

impact sur l’humeur et créant une réponse du système nerveux parasympathique qui

entraine des sentiments de bien-être et de relaxation. Quant aux résultats de la revue de

littérature qui comprenait dix études, aucune n’étant des essais contrôlés randomisés, les

9

Page 10: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

auteurs concluent que la qualité de la recherche a augmenté depuis 2003, mais que

d’autres études plus rigoureuses restent nécessaires. Ces dix études signalaient

notamment des bienfaits émotionnels, sociaux, physiques, spirituels et d’insertion

professionnelle.

Une autre perspective intéressante apportée par Passmore et Howell (2014) est

celle de la psychologie positive éco-existentielle qui s’appuie sur les travaux de Yalom en

1980 sur quatre anxiétés existentielles (sens de la vie, isolation, liberté et mort) et ceux de

Wong en 2009 sur deux anxiétés existentielles positives (l’identité et le bonheur). Comme

le résument les auteurs :

La psychologie positive éco-existentielle considère l’entretien de notre tendance

biophilique à s’associer à la nature comme adaptée de manière innée pour faire

face aux anxiétés existentielles sur l’identité, le bonheur, le sens de la vie,

l’isolation, la liberté et la mort. De plus, nous pensons que le contact avec la

nature nous donne l’opportunité de devenir des êtres humains pleinement

épanouis permettant que les individus passent d’une vision et d’un style de vie

centrés sur soi (ego) à une vision et à un style de vie centrés sur la nature (éco) »

(Passmore et Howell, 2014, p. 383).

Söderback, Söderström et Schälander (2004) ont décrit un programme

d’hortithérapie au sein d’un hôpital de rééducation suédois pour des patients souffrant de

lésions cérébrales. Comme c’est le cas à la Maison des Aulnes, certains participants

étaient en fauteuil, d’autres avaient des troubles de la mémoire sans troubles moteurs. Les

auteurs décrivent comment le jardinage participe à la rééducation des patients en termes

de guérison mentale, de récréation, d’interaction sociale, de stimulation sensorielle, de

réorganisation cognitive, d’entrainement des fonctions sensorimotrices, d’évaluation pour

une future insertion professionnelle et d’enseignement sur l’ergonomie. Ils reconnaissent

cependant que l’efficacité de ces interventions reste à prouver.

En France, l’idée que notre cerveau a besoin de nature comme source de santé

mentale et corporelle se répand au-delà de la littérature à proprement dit scientifique

(André, 2012). Mais dans un pays où la pratique du jardinage dans les établissements de

soin est plus récente et plus réduite, on manque d’études sur le sujet. Ces jardins se

10

Page 11: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

rencontrent principalement dans des établissements accueillant des personnes âgées

et dans les hôpitaux psychiatriques. On peut citer deux articles récents. En 2014, Berge,

Jacob, Mouchotte et Rivasseau-Jonveaux ont décrit l’utilisation d’un jardin thérapeutique

pour stabiliser les troubles du comportement dans une unité cognitivo-comportementale

accueillant des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer au sein du CHU de Nancy.

En 2015, Pringuey et Pringuey-Criou ont publié un éditorial dans L’Encéphale en

s’appuyant sur leur expérience de la création d’un jardin thérapeutique au sein d’une

unité psychiatrique du CHU Pasteur de Nice. Ils considèrent que « le jardin thérapeutique

est appelé à constituer l’une des pièces clefs de l’arsenal non pharmacologique en

psychiatrie » (p. 197). Ils énumèrent les cibles thérapeutiques suivantes que l’on peut

mettre en œuvre dans un jardin thérapeutique « accroche attentionnelle, éveil

polysensoriel, invite à la patience, sollicitation verbale, support relationnel, ouverture au

partage, aide à l’insertion groupale, cibles valorisées selon la population en soin, son âge,

sa pathologie et ses handicaps » (p. 200). En 2015, les auteurs ont présenté un poster sur

leur programme pilote de six mois à raison d’une séance hebdomadaire de deux heures

pour 87 patients atteints de schizophrénie et de troubles de l’humeur résistants. Selon les

résultats rapidement évoqués dans le poster, les auteurs ont constaté un niveau de

satisfaction élevé, une réduction de l’anxiété, un accroissement de l’intérêt et un

retentissement positif net mesuré par la PANAS, mais aussi une certaine fatigue et une

crainte de l’échec chez certains participants.

En 2016, ces deux auteurs et leurs collaborateurs ont présenté une communication

à un colloque de psychiatrie au sujet d’une étude qualitative sur l’installation d’un jardin

de soins pour les cinq services de psychiatrie du CHU de Saint-Etienne, le Jardin des

Mélisses. L’objectif de cette étude était d’étudier l’éprouvé émotionnel des patients

participant aux activités du jardin (n = 15, patients de 18 à 63 ans hospitalisés en

psychiatrie pour des troubles sévères). Dans le cadre de l’étude, les auteurs ont élaboré un

guide d’entretien permettant de « documenter le retentissement de cette médiation sur les

difficultés et les troubles, sur les évènements relationnels, sur le regard que les patients

portent sur eux-mêmes, sur le ressenti émotionnel des activités, sur l’intérêt à poursuivre

ces activités à la sortie et sur les bénéfices qu’ils pourraient en retirer. » Les auteurs

concluent que les études qualitatives ont toute leur place pour aider à élaborer des

11

Page 12: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

hypothèses et pour identifier la mesure la plus adéquate des processus pathologiques en

évolution. En amont et en complément des études quantitatives, des études qualitatives

peuvent donc apporter une contribution importante à la compréhension des mécanismes

en jeu dans une médiation telle que le jardin de soin.

I. 2. Objectif de l’étude et hypothèses

Le manque de données actuelles sur l’efficacité du jardin thérapeutique en France

justifie la présente étude. L’étude s’est déroulée au jardin d’Epi Cure au sein du Foyer

d’Accueil Médicalisé La Maison des Aulnes à Maule dans les Yvelines. Le jardin

thérapeutique a vu le jour dans l’établissement en 2011 à la demande de plusieurs

résidents qui souhaitaient jardiner. Le responsable du jardin, Stéphane Lanel, est un

animateur qui a suivi des formations pour acquérir les connaissances nécessaires en

horticulture. Depuis cinq ans, les résidents qui le souhaitent participent à des ateliers de

jardinage, seul ou en groupe, toutes les semaines.

Cette étude propose de mesurer plusieurs dimensions psychologiques chez les

participants à l’activité de jardinage et chez un groupe contrôle ne participant pas à

l’activité. En effet, les ressources psychologiques jouent un important rôle protecteur en

permettant d’augmenter le bien-être et la satisfaction de la vie. Nous allons passer en

revue les dimensions choisies dans cette étude (optimisme, bien-être et satisfaction de la

vie, bienveillance envers soi, mindfulness trait et troubles anxieux dépressifs) en se basant

sur les données de la littérature et particulièrement sur des études dans le domaine de la

psychologie positive. Comme nous le verrons dans les hypothèses, nous postulons que

l’optimisme, la satisfaction de la vie et la bienveillance envers soi sont liés à la

diminution des troubles anxio-dépressifs grâce à la mindfulness qui permet aux

participants travaillant au jardin de se concentrer dans le moment présent à travers cette

activité physique, diminuant ainsi les effets négatifs des ruminations.

Optimisme. Dans son livre Learned optimism: How to change your mind and

your life, Seligman (2011) fait l’éloge de l’optimisme et de son rôle pour améliorer la

qualité de vie. Rasmussen, Wrosch, Scheier et Carver (2006), s’appuyant sur les travaux

de Scheier et Carver sur le concept dispositionnel de l’optimisme menés dans les années

12

Page 13: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

1990, expliquent que les personnes optimistes ont généralement tendance à attendre des

résultats positifs dans les différents domaines de leur vie alors que les personnes qui ont

une disposition plus pessimiste s’attendent plutôt à des résultats négatifs. A l’issue d’une

revue de la littérature sur l’optimisme et la façon de faire face à divers problèmes de santé

(maladies cardiaques, cancers, SIDA,…), les auteurs concluent qu’il est « apparent que

l’optimisme est bénéfique lorsque les individus vivent une menace contre leur santé.

C’est-à-dire que les optimistes font l’expérience de meilleurs résultats, tels que moins de

détresse, comparés aux pessimistes » (p. 1732). Selon eux, les études permettent de

conclure que les différences dans les stratégies de coping entre les optimistes (coping

actif, persistance) et les pessimistes (déni, évitement) expliquent partiellement des

différences de bien-être émotionnel et potentiellement de bien-être physique entre ces

deux types de personnes. Bien-être et satisfaction de la vie. Ostwald, Godwin et Cron (2009) ont étudié les

facteurs prédictifs de la satisfaction de la vie chez des patients ayant souffert d’AVC et

chez leurs conjoints aidants après la rééducation. Ces auteurs définissent la satisfaction de

la vie comme une mesure globale de la qualité de la vie qui représente une évaluation

subjective et générale de sa vie sans demander une satisfaction dans tous les domaines de

l’existence. Les auteurs citent par ailleurs des études qui montrent que la satisfaction de la

vie est généralement stable, mais qu’elle peut être négativement affectée par des

changements dans la santé, les relations ou le travail. Dans leur étude, ils ont découvert

que les scores à la Satisfaction With Life Scale (SWLS) baissaient chez participants entre 12

et 24 mois après leur AVC. Le niveau de dépression à 12 mois prédisait fortement une faible

satisfaction de la vie un an plus tard. Par contre, le niveau de fonctions physiques ne prédisait

pas la satisfaction de la vie. Peterson, Park et Seligman (2005) ont montré que trois

différentes orientations vers le bonheur (le plaisir, l’implication et le sens) étaient toutes

les trois liées individuellement à la satisfaction de la vie.

Dans une étude sur la satisfaction de la vie et le jardin, Sommerfeld, Waliczek et

Zajicek (2010) ont utilisé un questionnaire basé sur la Life Satisfaction Inventory A

(LSIA) pour mesurer la perception de la satisfaction de la vie et de l’activité physique

chez des jardiniers et des non jardiniers de plus de 50 ans. Leur étude ayant montré que

les jardiniers obtenaient des scores significativement plus élevés à cette échelle de

13

Page 14: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

satisfaction de la vie, les auteurs ont conclu que le jardin est un outil efficace pour

augmenter la satisfaction de la vie chez les personnes de plus de 50 ans.

Plutôt que la satisfaction de la vie en général, il semble intéressant de se pencher

sur le sentiment de bien-être subjectif que Diener et ses collaborateurs (2009) considèrent

lié à la satisfaction de la vie avec les sentiments positifs et négatifs et les pensées

positives. En effet, ces auteurs affirment que l’équilibre entre les affects positifs et

négatifs forme la composante affective du bien-être subjectif. Pour mesurer cette

dimension, Diener et collaborateurs ont développé l’échelle SPANE. Dans le cadre d’une

étude pour valider la SPANE auprès d’une population d’adolescents français, Martin-

Krumm et al. (2017) ont conclu que la version française de la SPANE présente une bonne

fiabilité et une bonne validité tant pour le volet positif que pour le volet négatif. Cette

échelle leur semble particulièrement intéressante puisqu’elle contient des items sur les

sentiments positifs et les sentiments négatifs ce qui permet de mesurer un spectre large

d’émotions.

Bienveillance envers soi/self-compassion. Germer et Neff (2013) décrivent la

self-compassion ou bienveillance envers soi comme de la bienveillance dirigée vers soi :

« Neff (2003b) a opérationnalisé la self-compassion comme constituée de trois éléments :

la gentillesse envers soi, un sens de notre humanité partagée et la pleine conscience » (p.

856). Cette qualité se révèle utile pour faire face à ses propres erreurs et à des événements

de vie difficiles. Pour reprendre les trois composantes de la self-compassion, la

gentillesse envers soi-même consiste à se montrer chaleureux et compréhensif envers soi-

même au lieu de s’accabler de critiques lorsque l’on souffre, que l’on est en échec ou

qu’on se sent inadéquat. Le sens de l’humanité partagée est le fait de se rendre compte

qu’être humain signifie être imparfait et que nous ne sommes pas seuls dans notre

souffrance. Enfin, la pleine conscience telle que décrite par Germer et Neff consiste à

prendre en compte ses pensées et émotions douloureuses telles qu’elles sont sans

chercher à les supprimer ou à les éviter. Germer et Neff (2013) affirment que plus de 200

études ont été publiées entre 2003 et 2013. Selon eux, ces études ont montré les

nombreux bienfaits de la bienveillance envers soi : un haut score de cette dimension

psychologique est liée à un moindre niveau de psychopathologie, de dépression, d’anxiété

et de stress ainsi qu’à une meilleure résilience grâce à un effet modérateur dans les

14

Page 15: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

réactions aux événements négatifs. Ainsi les individus qui font preuve de bienveillance

envers eux-mêmes ont moins peur de l’échec et sont plus susceptibles de réessayer après

un échec. Ils sont également plus motivés pour s’améliorer.

Troubles de l’humeur et dépression. De nombreuses études ont montré que,

chez des patients souffrant de conditions chroniques, la prévalence de symptômes

dépressifs est plus élevée que dans la population générale. Nous prendrons quelques

exemples. Ainsi selon Geoffroy, Amad, Gangloff et Thomas (2012), « Le syndrome

dépressif est fréquemment retrouvé au cours de la fibromyalgie, allant selon les études de

20 à 80 % des patients contre 3 % dans la population générale » (p. 459). Dans une étude

sur 162 patients hémodialysés chroniques au Burkina-Faso, Coulibaly et ses

collaborateurs (2016) ont utilisé l’échelle de dépression d’Hamilton et ont constaté que

86,4% des patients présentaient une symptomatologie dépressive. C’est également le cas

chez les patients souffrants de lésions cérébrales acquises ou ayant fait un AVC.

Bombardier et ses collaborateurs (2010) ont étudié une cohorte de 559 patients

hospitalisés pour lésions cérébrales traumatiques pendant et après leur hospitalisation.

Leurs résultats montrent que 53,1% présentaient une dépression majeure pendant l’année

suivant le traumatisme. Dans une revue d’études sur la dépression suite à un accident

vasculaire, Robinson et Spalletta (2010) ont confirmé que la prévalence d’une dépression

majeure était de 21,7% et la prévalence d’une dépression légère de 19,5%. Le plus fort

facteur de prédiction de dépression était la sévérité du handicap dans les activités de la

vie quotidienne. Par conséquent, il semble indispensable de mesurer cette dimension chez

les participants pour tenter de faire le lien entre participation au jardin et diminution des

troubles de l’humeur dont la dépression. Un lien positif pourrait indiquer un effet

protecteur et préventif de la participation au jardin.

Mindfulness trait. Dans un article de 2003, Brown et Ryan définissent la

mindfulness comme « l’état d’être attentif à et conscient de ce qui est en train de se passer

dans le présent » (p. 822). Parmi les différentes définitions de la mindfulness, Csillik et

Tafticht (2012) privilégient celle de Brown et Ryan car elle est plus opérationnelle et plus

empirique. « Cette définition de la mindfulness implique une capacité d’acceptation de ce

qui se passe au moment présent. Une telle aptitude implique de « prendre les choses telles

qu’elles viennent » » (p. 148-149). Il est important de distinguer la mindfulness trait de la

15

Page 16: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

mindfulness état. Csillik et Tafticht les définissent ainsi : « La mindfulness-trait se réfère

à des différences interindividuelles stables dans la propension à faire attention et porter sa

conscience au moment présent. La mindfulness-état concerne des fluctuations

systématiques autour du niveau moyen de mindfulness d’une personne. » (p. 150). Selon

des études citées par Csillik et Tafticht, la mindfulness, et plus spécifiquement la

mindfulness trait, a de nombreux bienfaits : grâce à une meilleure régulation des

émotions, elle a un rôle protecteur contre les effets du stress et de l’anxiété, elle est liée

au sentiment de bien-être, elle favorise des réponses mieux adaptés aux événements et

elle est associée à l’optimisme et à l’estime de soi.

Récemment plusieurs études se sont intéressées au lien entre mindfulness et

activité physique avec l’hypothèse que l’activité physique permettrait de cultiver la

mindfulness. En particulier, Tsafou, De Ridder, Van Ee et Lacroix (2016) ont montré que

l’augmentation de la mindfulness durant une activité physique était liée à une

augmentation de la satisfaction, la relation passant par le niveau de satisfaction ressenti

pendant l’activité physique. Ces résultats permettent aux auteurs de conclure que la

mindfulness, dont on avait déjà montré qu’elle était liée au bien-être et au bonheur, est

également liée à l’activité physique et la satisfaction. Par ailleurs dans une étude menée

auprès de 108 adultes, Kangasniemi, Lappalainen, Kankaanpää and Tammelin ont montré

que ceux qui étaient physiquement actifs avaient de meilleures compétences en

mindfulness que ceux qui étaient moins actifs. Bien que leur étude transversale ne

permette pas de conclure de façon certaine à la relation causale entre l’activité physique

et la mindfulness, les auteurs affirment que leurs résultats indiquent que la mindfulness

pourrait être un facteur lié à un style de vie physiquement actif. « Les bénéfices de la

mindfulness pourraient être liés à une plus grande conscience et acceptation

d’expériences à la fois internes (par exemple, pensées, émotions, sensations) et

externes. » (p. 125).

En accord avec la littérature, les hypothèses suivantes ont été formulées.

Hypothèse 1 : On s’attend à ce que l’intervention (la participation aux activités du jardin

thérapeutique) permette d’augmenter l’optimisme, le bien-être, la bienveillance envers

soi.

16

Page 17: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

Hypothèse 2 : On postule que l’intervention permet de diminuer les troubles de l’humeur

et la dépression.

Hypothèse 3 : On postule que l’un des mécanismes modérateur de ces effets positifs est la

présence dans le moment (la mindfulness trait).

II. Méthode

Afin de tester les hypothèses, les sujets ont passé plusieurs échelles et

questionnaires choisis en se basant sur la littérature.

Sujets. Les sujets sont des résidents du Foyer d’Accueil Médicalisé La Maison

des Aulnes à Maule (78). Ils ont été répartis en deux groupes : un groupe jardinage

composé de cinq sujets et un groupe contrôle également composé de cinq sujets. Les

participants comprenaient cinq hommes et cinq femmes. L’âge variait entre 40 et 61

ans (moyenne 50,2 ans). Sept participants ont souffert d’un AVC et trois ont été

victimes d’un accident de la voie publique. Afin de s’assurer que les participants

avaient tous les capacités cognitives nécessaires pour répondre aux questionnaires, le

Mini Mental State Examination a été administré avant le début de l’étude. Cet outil est

considéré comme fiable pour repérer les dysfonctionnements cognitifs chez les

patients ayant souffert d’un AVC (Te Winkel-Witlox, Post, Visser-Meily et Lindeman,

2008). Tous les patients avaient un score compris entre 25 et 30, sauf un participant

dont le score est de 23. Cependant il est pertinent de l’inclure car ses difficultés se

situent au niveau des items « Orientation » et « Rappel » du test, ce qui n’affecte pas

sa capacité à remplir les questionnaires.

Après une explication sur le cadre de l’étude, les participants ont tous signé

une lettre de consentement éclairé (en annexe). Dans le cas d’un participant sous

tutelle, son tuteur a également signé la lettre. De plus, les participants ont rempli une

fiche socio-démographique (en annexe) pour recueillir des infos sur leur participation

au jardin (pourquoi participent-ils à l’activité ? depuis quand ? pratiquent-ils l’activité

au jardin seuls ou en groupe ?) et sur d’autres points ayant une influence sur leur état

psychique (suivent-ils une psychothérapie ? prennent-ils des antidépresseurs ? à

quelles autres activités participent-ils au sein du foyer ?). De plus, la participation aux

17

Page 18: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

activités de jardinage a été mesurée grâce aux données collectées par l’animateur

(fréquence, durée, type d’activités, seul ou en groupe,…).

Intervention. Les cinq membres du Groupe Jardin participent à l’activité jardin.

Cette activité a démarré en 2011 et une participante a contribué au lancement de

l’activité. En plus du jardin proprement dit, certains sont actifs dans une section du

jardin dont la récolte est donnée aux Restaurants du Cœur et d’autres participent à un

projet de jardinage dans une école de Maule. Dans la période de l’étude entre

décembre 2016 et mars 2017, chaque participant a fréquenté le jardin entre 6 et 14

heures, étant entendu que la période de l’hiver sur laquelle s’est déroulée l’étude n’est

pas la plus propice à cette activité.

Procédure. Les deux groupes ont été testés au début du projet (T1) en

décembre 2016, puis un mois plus tard (T2) en janvier 2017 et en mars 2017 (T3). Les

instruments ont été choisis dans la littérature (Shankland et Martin-Krumm, 2012). Ils

ont été administrés dans l’ordre donné ci-dessous.

Instruments. Tous les instruments utilisés sont des outils validés avec de

bonnes qualités psychométriques (alpha de Cronbach supérieur à 0,7).

La LOT-R (Life Orientation Test-Revisited). Selon Shankland et Martin-

Krumm (2012), le Test d’Orientation de Vie révisé ou LOT-R (Life Orientation Test–

Revised) est le test le plus utilisé pour mesurer l’optimisme trait. Ce test développé par

Scheier en 1994 a été validé dans sa version française par Sultan et Bureau en 1999,

puis par Trottier et al. en 2008. Elle est composée de 10 items dont quatre sont des

leurres. On y répond sur une échelle de Likert à cinq points de « Pas d’accord du

tout » à « Fortement d’accord ». La cohérence interne de la version française est bonne

(coefficient α = 0,76). Ce test a déjà été utilisé dans le cadre d’une étude avec des

patients ayant souffert d’un AVC (Morgenstern et al., 2011).

La SPANE (Scale of Positive and Negative Experience). Il s’agit d’un

questionnaire de 12 items, six pour mesurer les sentiments positifs et six pour mesurer

les sentiments négatifs. On y répond sur une échelle de Likert en cinq points de « Très

rarement ou pratiquement jamais » à « Très souvent ou toujours ». Conçue par Diener

et ses collaborateurs (2010), la SPANE présente une bonne cohérence interne

(coefficient α = 0,88). La SPANE a été traduite et validée en français par Martin-

18

Page 19: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

Krumm et ses collaborateurs (2017) qui rapportent un alpha de Cronbach de .90 et .80,

respectivement pour le volet positif et le volet négatif de la SPANE. Elle fait partie

d’une nouvelle série de tests conçus pour mesurer le bien-être. Elle permet de mesurer

un vaste éventail d’expériences positives et négatives et a montré une forte corrélation

avec d’autres mesures des émotions et du bien-être affectif.

La Self-Compassion Scale ou échelle de bienveillance envers soi. Cette

échelle a été développée par Neff et ses collaborateurs (2003). Cette étude utilise la

version courte dont le coefficient α est de 0,86 (Raes, Pommier, Neff et Van Gucht,

2011). La version courte est composée de 12 items avec une échelle de Likert en cinq

points de « Fortement en désaccord » à « Fortement d’accord ». Datant de 2015, la

traduction française est de Miglianico, Bernard et Csillik. Elle est en cours de

validation.

La HAD (Hospital Anxiety and Depression). Cet instrument est très utilisé

pour mesurer les troubles anxieux et dépressifs. Il se compose de 14 items, sept se

rapportant à l’anxiété et sept à la dimension dépressive. Les items sont cotés de 0 à 3

avec un score maximal de 21 sur chaque dimension. Introduite par Zigmond et Snaith

en 1983, la HAD a été traduite en français par Lépine. Dans une revue de la littérature

récente, Bjelland, Dahl, Tangen Haug et Neckelmann (2002) rapportent que l’alpha de

Cronbach est en moyenne de 0,83 pour la dimension anxiété et 0,82 pour la dimension

dépression. Dans cette étude, la HAD servira à mesurer l’évolution des troubles

anxieux et dépressifs des participants aux trois moments de recueil des données.

La MAAS (Mindful Attention Awareness Scale). La MAAS a été conçue par

Brown et Ryan en 2003 et s’est imposée comme l’une des mesures de la mindfulness

les plus utilisées. Selon Csillik et Tafticht (2012), la MAAS est le seul instrument

d’auto-évaluation unidimensionnel qui mesure spécifiquement la mindfulness pendant

des activités de la vie quotidienne. La MAAS se compose de 15 items auxquels on

répond sur une échelle de Likert en six points (« Presque toujours » à « Presque

jamais »). Dans la validation française de Csillik et collaborateurs datant de 2010, la

MAAS présente un alpha de Cronbach de 0,82. Dans cette étude, la MAAS servira à

valider l’hypothèse que les participants aux activités de jardinage ont un score de

mindfulness plus élevé.

19

Page 20: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

Analyse des données. La petite taille de l’échantillon (n=10) impose d’utiliser

des statistiques non paramétriques puisqu’il est impossible de savoir si les variables

sont distribuées selon la loi normale. Les données ont été traitées à l’aide du logiciel

Statistica (version 13). En plus des statistiques descriptives, on a pratiqué trois types

de tests. Le test U de Mann-Whitney est l’équivalent du test t et s’utilise pour des

échantillons indépendants dans les cas où la variable étudiée est mesurée sur une

échelle qui est au moins ordinale, ce qui est bien le cas des instruments utilisés

auxquels on répond par des échelles de Likert. Ainsi, le test U de Mann-Whitney a été

utilisé pour comparer les scores du Groupe Jardin et du Groupe Contrôle ainsi que

pour comparer les participants prenant des antidépresseurs avec ceux n’en prenant pas.

Par ailleurs, le test de Wilcoxon pour échantillons appariés, alternative non

paramétrique au test t, est utilisable quand les variables ont été mesurées sur une

échelle ordinale et que les différences de rangs ont un sens. Le test de Wilcoxon a été

utilisé pour comparer les résultats du Groupe Jardin aux trois temps de passation (T1,

T2 et T3). Enfin, pour étudier le lien entre les scores du Groupe Jardin et le temps

passé à l’activité jardin ou le nombre de séances, on a utilisé les corrélations de rangs

de Spearman.

III. Résultats

Statistiques descriptives. Le tableau 1 décrit les principales caractéristiques des

deux groupes. La fonction « Statistiques Elémentaires » de Statistica a permis de calculer

les moyennes et les écarts types des résultats aux différentes échelles pour les deux

groupes. Le tableau 2 rapporte les moyennes des scores aux six échelles pour le Groupe

Jardin et pour le Groupe Contrôle à la première et à la dernière passation (T1 et T3). On

remarque que, de façon générale, le Groupe Jardin présente des scores plus élevés aux

tests LOT-R, SPANE et SCS que le Groupe Contrôle. Les résultats à la HAD montrent

que les participants du Groupe Jardin ont en moyenne un score d’anxiété et de dépression

plus bas que les membres du Groupe Contrôle. Pour ce qui est de la mindfulness, les deux

groupes ne présentent aucune différence. De même, les scores au MMSE des deux

groupes ne sont pas différents.

20

Page 21: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

Tableau 1.

Données descriptives pour le Groupe Jardin et le Groupe Contrôle

Groupe Jardin (n=5) Groupe Contrôle (n=5)Age M = 53,2 ans

ET= 8,67M = 47,2 ans ET = 5,06

Sexe 2 hommes et 3 femmes 3 hommes et 2 femmesOrigine des lésions

1 accident de la route4 AVC

2 accidents de la route3 AVC

Antidépresseurs 3 participants 1 participantThérapies 1 en psychothérapie

3 en thérapie de soutien1 en groupe de parole

1 en psychothérapie2 en thérapie de soutien2 aucune thérapie

Tableau 2.

Résultats du Groupe Jardin et du Groupe Contrôle aux six tests à T1 et à T 3 (moyennes

des scores et écarts types)

Groupe Jardin Groupe ContrôleT1 (écart type) T3 (écart type) T1 (écart type) T3 (écart type)

LOT-R 22 (2,91) 24 (1,87) 19,6 (4,39) 18,2 (4,08)SPANE 3,6 (9,9) 8,6 (6,80) 0,60 (11,45) - 0,40 (7,33)SCS 3,68 (0,49) 3,90 (1,14) 2,75 (0,44) 2,60 (0,54)HAD (anxiété)

7,00 (5,33) 6,2 (3,96) 8,8 (5,35) 8,00 (3,67)

HAD(dépression)

5,00 (2,73) 5,60 (2,50) 8,40 (4,03) 9,2 (5,6)

MAAS 4,58 (1,18) 4,30 (0,88) 4,58 (0,72) 4,08 (0,54)MMSE 26,2 (2,94) 27 (2,91)

Statistiques inférentielles. Les premiers résultats concernent la comparaison entre

les deux groupes. A T1, les scores de la SCS sont significativement plus élevés pour le

Groupe Jardin que pour le Groupe Contrôle (2,19 ; p<0.05). A T3, les scores de la LOT-R

sont significativement plus élevés pour le Groupe Jardin que pour le Groupe Contrôle

(2,40 ; p<0,05).

Pour ce qui est du Groupe Jardin, les résultats à la LOT-R à T1 sont

statistiquement corrélés aux résultats de la HAD Dépression à T3 et aux résultats de la

MAAS à T3 et les résultats à la SCS, à la HAD et à la MAAS à T1 sont statistiquement

corrélés à la LOT-R à T3 (2,02 ; <0,05). Par contre, on ne constate pas de différence

21

Page 22: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

statistiquement significative entre les scores du Groupe Jardin aux cinq échelles à T1 et à

T3.

Pour le Groupe Jardin, plusieurs variables ont été étudiées: le temps passé au

jardin, le nombre de séances de jardinage, la prise ou non d’antidépresseurs ainsi que le

suivi d’une psychothérapie. Pour ce qui est du nombre d’heures passées au jardin, il

existe une corrélation positive forte entre le nombre d’heures au jardin et l’anxiété en T3

(0,89 ; p<0,05). En terme de participation à l’intervention mesurée par le nombre de fois

où les participants se sont rendus à l’activité pendant la période de l’étude (entre 6 et 14

fois) et le nombre d’heures passées au jardin, il n’existe aucune corrélation avec les

dimensions psychologiques étudiées. De même, lorsque l’on compare les participants qui

prennent des antidépresseurs et ceux qui n’en prennent pas, on ne trouve aucun lien avec

leurs scores sur les échelles utilisées. Les participants du Groupe Jardin suivent trois

types de thérapies : psychothérapie (n=1), thérapie de soutien (n=3) et groupe de parole

(n=1). Aucun lien statistique entre le type de thérapie et les scores aux échelles n’a été

trouvé.

Approche qualitative. Lors de la dernière passation, les participants au Groupe

Jardin ont répondu à quatre questions (Que représente le jardin pour vous ? Qu’est-ce que

le jardin vous apporte ? Quand vous êtes au jardin, comment vous sentez-vous et est-ce le

seul endroit où vous vous sentez ainsi ? Est-ce que vous voulez ajouter autre chose à

propos du jardin ?). Ces questions sont inspirées de l’étude qualitative de Hawkins et ses

collaborateurs (2013) qui ont fait passer des entretiens semi-directifs à 14 retraités actifs

dans des jardins communautaires en Angleterre.

L’analyse du discours permet de dégager cinq thèmes principaux, les jardiniers

évoquant tous plusieurs types de rapport à l’activité. Parmi les thèmes qu’ils mentionnent,

on note le jardin comme espace d’évasion qui apporte un sentiment de paix et de bien-

être, le rapport à la nature, le sentiment d’efficacité en tant que jardinier, le lien avec les

autres et, pour certains, l’activation de souvenirs.

Le jardin comme espace d’évasion et de bien-être. « C’est un moyen

d’évasion », « Un décontractant naturel, une détente », « Evasion, bonheur », « Mon

stress s’en va au jardin », « Je fume ma dernière cigarette au jardin quel que soit le

temps », « De bonnes sensations. Ca m’apaise, ça me fait du bien », « Du bonheur, de la

22

Page 23: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

joie. On est plus détendu », « Je me sens zen. J’abandonne ma canne, qui est une sécurité.

Je n’en ai pas besoin parce que je m’y sens bien. C’est une seconde vie. Je me sens en

paix et en sécurité », « Je retrouve ces sensations dans d’autres activités, la chorale, le

théâtre, le Qi Gong ».

Le rapport à la nature et aux plantes. « Dans la nature, on respire », « Voir

naitre et pousser ce qu’on plante, c’est magique », « Ma saison préférée est le printemps

car tout renait », « On est dehors et on voit la terre au lieu du béton. J’ai pas peur de

mettre les mains dans la terre, certains n’aiment pas. C’est important de sentir quelque

chose, des vers dans la main. On sait qu’ils sont importants pour la culture. Ils sont là

pour une raison », « La nature apporte ça. C’est la sérénité, les oiseaux qui chantent.

Devant les fleurs, les fruits qui font partie de la vie, on est bien, on est détendu », « On a

une joie de vivre, plus que quand on est enfermé », « Quand j’étais enfermée dans un

bureau, je ne pensais pas à tout cela. J’avais juste des pensées et des primevères sur ma

fenêtre. Après ma rupture d’anévrisme, j’ai eu la chance de vivre. Pourquoi ne pas

profiter de tout ça ? » et « J’y vais même sans jardiner l’été ».

Un sentiment d’efficacité. « Quand ça pousse bien, c’est agréable de voir des

choses faites de nos propres mains, de voir le résultat. Si ça ne prend pas, on

recommence. On se dit que ça prendra la prochaine fois », « Quand on a pris du mal et

que ça prend, c’est un plaisir », « Le plaisir, l’occupation, le plaisir de voir pousser », « Je

vais au jardin en fauteuil. Dès que c’est sec, je peux y aller en déambulateur » et « Avant

je ne jardinais pas. On a planté des tomates cerises. Les framboises, on les prend et on les

mange. C’est un plaisir. »

Le lien avec les autres, à l’intérieur du foyer et à l’extérieur. « On rigole, on

parle entre nous, on bosse », « Il y a aussi le jardin de l’école : on leur a planté des

framboisiers, des aromatiques, des perce-neiges, des tomates. Ils sont contents, on leur

montre ce qu’il faut faire et ils le font. Ils posent pleins de questions. On s’échappe d’ici

et on apprend aux enfants », « Quand Anne, Jean-Paul, Laure et Marie-Christine

viennent, j’aime aussi le contact », « Il y a des gens très bien qui viennent nous aider le

lundi. On parle des oiseaux » et « Je participe au jardin des Restaurants du Cœur car on

peut aider ceux qui ont faim. « Vivre, c’est être utile aux autres ». C’est la 9e année que

je fais du bénévolat. J’ai eu l’idée de faire le jardin pour les Restaurants du Cœur ».

23

Page 24: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

Un lien à des souvenirs. « J’y retrouve souvent ma mère décédée avec qui je

jardinais. Ma mère disait « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière ». C’est

comme si je la touchais » et « Je jardinais avec mon grand-père ».

IV. Discussion

Dans cette étude, l’intervention ne semble pas avoir permis d’augmenter

l’optimisme, le bien-être et la bienveillance envers soi, ni de diminuer les troubles de

l’humeur. Ces résultats sont en opposition avec ceux de précédentes études ayant, par

exemple, montré qu’une intervention au jardin avait diminué l’anxiété chez des

patients schizophrènes (Pringuey et Pringuey-Criou, 2015) ou augmenté l’estime de

soi chez des femmes japonaises traumatisées par un tremblement de terre (Kotozaki,

2014). Cependant, bien que les différences ne soient pas significatives, on remarque

que les participants du Groupe Jardin se caractérisent en moyenne par un optimisme,

un sentiment de bien-être et une bienveillance envers soi plus élevés ainsi que par des

troubles de l’humeur moins importants que les membres du Groupe Contrôle tout au

long de l’étude. Il est possible que le fait que l’intervention jardin ait commencé

plusieurs années avant l’étude masque les effets chez les participants. Soit les

participants du Groupe Jardin présentent naturellement ces caractéristiques au départ,

soit la participation à l’activité jardin, à d’autres activités ou d’autres facteurs non

identifiés ont modifié ces caractéristiques psychologiques dans ce groupe. Il est

impossible de le savoir puisqu’on ne peut pas rétroactivement mesurer ces dimensions

chez les participants.

En ce qui concerne les scores pour la mindfulness, ils sont très proches pour les

deux groupes, ce qui semble infirmer la troisième hypothèse qui supposait que la

mindfulness trait, c’est-à-dire la présence dans le moment, est un mécanisme

modérateur des effets de l’intervention jardin. En effet, les deux groupes ne présentent

pas de différences significatives sur cette dimension qui auraient pu contribuer à

expliquer les effets de l’intervention jardin, y compris le désir de participer à cette

activité.

24

Page 25: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

Cependant, l’étude a mis en évidence deux différences statistiquement

significatives entre le Groupe Jardin et le Groupe Contrôle : au début de l’étude, la

bienveillance envers soi des participants du Groupe Jardin est significativement plus

élevée que celle des participants du Groupe Contrôle. A la fin de l’étude, l’optimisme

des participants du Groupe Jardin est significativement plus élevé que celui des

participants du Groupe Contrôle. On pourrait en conclure d’une part que la

bienveillance envers soi est un facteur d’adhésion qui entraine les résidents à s’investir

dans l’intervention jardin et d’autre part que la participation au jardin résulte dans un

optimisme plus élevé chez les jardiniers à la fin de l’étude. Par ailleurs, les données

indiquent que l’optimisme des participants du Groupe Jardin au début de l’étude est

corrélé au niveau de dépression et à la mindfulness à la fin de l’étude, mais aussi que le

niveau de bienveillance envers soi, d’anxiété-dépression et de mindfulness au début de

l’étude sont corrélés à l’optimisme à la fin de l’étude. Ces ressources psychologiques,

dans différentes configurations, semblent être intimement liées chez les membres du

Groupe Jardin.

Un résultat inattendu montre que plus le nombre d’heures passées au jardin

augmente plus le niveau d’anxiété à la fin de l’étude est élevé. Ce résultat est difficile

à expliquer car il est en contradiction avec la littérature. Par contre, les données ne

montrent aucune corrélation entre le nombre de séances, la prise d’antidépresseurs ou

le type de psychothérapie et les dimensions psychologiques mesurées. La petite taille

de l’échantillon incite cependant à la prudence quant à la validité de tous les résultats.

Sur le plan clinique, le résultat sur la bienveillance envers soi plus élevée dans

le groupe des jardiniers est particulièrement intéressant. En effet, on pourrait faire

l’hypothèse que les résidents dont la bienveillance envers soi est à un niveau faible

auront plus de difficultés à se saisir d’opportunités favorables à leur santé et à trouver.

Sur le plan clinique, cela suggère qu’il serait utile de développer la bienveillance

envers soi chez les patients qui en manquent car cette ressource psychologique semble

jouer un rôle dans l’adhésion à des activités favorables à la santé.

Une limite majeure de l’étude est la taille de l’échantillon. En effet, il est

difficile d’obtenir des résultats significatifs et d’appliquer des tests statistiques

25

Page 26: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

robustes avec une population de 10 sujets. Une future étude devrait donc comporter

une population plus importante, ce qui semble difficile à réaliser car peu de

programmes d’hortithérapie se font à grande échelle. Il serait sans doute nécessaire de

recruter des participants dans plusieurs établissements pour obtenir un échantillon plus

important. Il serait alors nécessaire de porter une attention particulière à la formation

de groupes homogènes. Par ailleurs, une future étude devrait de préférence identifier

un projet de jardin thérapeutique qui démarre afin de comparer les ressources

psychologiques avant l’intervention et au bout de quelques mois. En effet, dans la

présente étude, les participants participaient déjà depuis plusieurs années à l’activité

jardin ce qui introduit un biais dans l’étude et ne permet pas de comprendre si

l’intervention a apporté une modification.

De plus, il serait intéressant de programmer une passation des échelles avant le

début de l’intervention et une autre après six mois, voire un an, les passations trop

rapprochées ne donnant pas d’information aussi pertinente sur les bénéfices et leur

maintien dans le temps. De plus, la présente étude s’est malheureusement déroulée

pendant l’hiver pour des raisons liées au calendrier universitaire. Une autre

amélioration au protocole serait d’inclure dans la durée de l’intervention les périodes

du printemps et de l’été car ce sont les saisons où le jardin est plus actif et les

participants plus impliqués. Ainsi on pourrait s’attendre à des résultats plus probants

même si Wood, Pretty et Griffin (2016) et Soga et al. (2017) n’ont pas trouvé de lien

entre les effets positifs du jardin et la quantité de temps passé au jardin dans leurs

études sur des populations saines.

Enfin, il faut souligner que tous les participants du Groupe Jardin et du Groupe

Contrôle sont actifs dans d’autres ateliers, entre un et six ateliers selon les participants

(théâtre, équitation, cuisine thérapeutique, Activité Physique Adaptée (APA), jeux de

société, chorale,…). De plus, la plupart des participants prennent un traitement

médicamenteux et/ou suivent une thérapie (psychothérapie, thérapie de soutien, groupe

de parole). D’ailleurs, on remarque que les participants du Groupe Jardins sont plus

nombreux à prendre des antidépresseurs. Ils sont également tous suivis en thérapie

contrairement au Groupe Contrôle. Dans ces conditions, il est difficile d’isoler les effets

de l’intervention jardin.

26

Page 27: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

L’approche qualitative de l’étude a permis d’identifier de futures pistes de

recherche. Ainsi le sentiment d’efficacité au jardin pourrait être exploré grâce à une

échelle d’auto-efficacité. Dans la présente étude, on avait conçu une échelle d’auto-

efficacité spécifique au jardin, mais sa passation a été abandonnée en cours d’étude à

cause d’un défaut méthodologique. Les participants ont également mentionné le contact

avec les autres résidents et avec le monde extérieur permis par le jardin : un instrument de

mesure approprié pourrait être utilisé dans une future étude (Echelle de la qualité des

relations interpersonnelles, Échelle de solitude de l’Université Laval par exemple). Ces

données sont en accord avec une étude menée par Barello et ses collaborateurs (2016)

auprès de patients ayant fait un AVC à qui on avait proposé une intervention de jardinage

thérapeutique : le contact avec la nature comme soutien au sentiment d’efficacité

personnel et le jardinage comme pont entre l’hôpital et le monde extérieur étaient

également mentionnés par ces patients.

En conclusion, la présente étude a pu montrer la faisabilité d’une étude sur les

effets d’une intervention jardin auprès d’une population souffrant de lésions cérébrales

acquises en essayant de comprendre quelles dimensions psychologiques peuvent jouer un

rôle dans la médiation thérapeutique. Elle a également permis d’identifier plusieurs biais

et erreurs méthodologiques auxquels devraient remédier une future étude.

27

Page 28: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

Bibliographie

American Horticultural Therapy Association. History and practice. Repéré sur le site de

l’American Horticultural Therapy Association à http://ahta.org/horticultural-therapy.

André, C. (2012). Notre cerveau a besoin de nature. Cerveau & Psycho, 54, 12-13.

Bandura, A., & Adams, N.E. (1977). Analysis of self-efficacy theory of behavioral

change. Cognitive Therapy and Research, 1(4), 287-310.

Barello, S., Graffigna, G., Menichetti, J., Sozzi, M., Savarese, M., Bosio, A. C., & Corbo,

M. (2016). The Value of a Therapeutic Gardening Intervention for Post-Stroke Patients’

Engagement During Rehabilitation: An Exploratory Qualitative Study. Journal of

Participatory Medecine, 8.

Berge, D., Jacob, C., Mouchotte, S., Pop A., & Rivasseau-Jonveaux, T. (2014). Un jardin

comme outil de soins en unité cognitivo-comportementale. Soins gérontologie, 108, 38-

40.

Bjelland, I., Dahl, A. A., Tangen Haug, T., & Neckelmann, D. (2002). The validity of the

Hospital Anxiety and Depression Scale : An updated literature review. Journal of

Psychosomatic Research, 52, 69-77.

Bombardier, C.H., Fann J.R., Temkin N.R., Esselman P.C., Barber J., & Dikmen, S.S

(2010). Rates of Major Depressive Disorder and Clinical Outcomes Following Traumatic

Brain Injury. JAMA, 303(19), 1938-1945.

Brown, K. W. & Ryan, R. M. (2003). The Benefits of Being Present: Mindfulness and Its

Role in Psychological Well-Being. Journal of Personality and Social Psychology, 84(4),

822–848.

28

Page 29: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

Coulibaly, G., Goumbri, P., Ouédraogo, N., Dabilgou, A., Napon, C., Karfo, K., Ouango,

J. G., Lengani, A., & Ouédraogo, A. (2016). Facteurs associés à la symptomatologie

dépressive chez les patients hémodialysés chroniques du centre hospitalier universitaire

Yalgado Ouédraogo (Burkina Faso). Néphrologie & Thérapeutique, 12(4), 210-214.

Clatworthy, J., Hinds, J., & Camic, P. M. (2013). Gardening as a mental health

intervention: a review. Mental Health Review Journal, 18, 214-225.

Cooper Marcus, C., & Sachs, N. (2014). Therapeutic Landscapes: An Evidenced Based

Approach to Designing Healing Gardens and Restorative Outdoor Spaces. Hoboken, NJ :

Wiley.

Csillik, A., & Tafticht, N. (2012). Les effets de la mindfulness et des interventions

psychologiques basées sur la pleine conscience. Pratiques psychologiques, 18(2), 147-

159.

Diener, E., Wirtz, D., Tov, W., Kim-Prieto, C., Choi. D., Oishi, S., & Biswas-Diener, R.

(2010). New measures of well-being: Flourishing and positive and negative feelings.

Social Indicators Research, 97(2), 143–156.

Dixon, G., Thornton, E. W., & Young, C. A. (2007). Perceptions of self-efficacy and

rehabilitation among neurologically disabled adults. Clinical Rehabilitation, 21, 230-240.

Geoffroy, P. A, Amad, A., Gangloff, C., & Thomas, P. (2012). Fibromyalgie et

psychiatrie : 35 ans plus tard... Quoi de neuf ? La presse médicale, 41, 455–465.

Germer, C. K., & Neff, K. D. (2013). Self‐compassion in clinical practice. Journal of

clinical psychology, 69(8), 856-867.

29

Page 30: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

Gonzalez, M. T., Hartig, T., Patil, G. G., Martinsen, E. W., & Kirkevold, M. (2010).

Therapeutic horticulture in clinical depression: a prospective study of active components.

Journal of advanced nursing, 66(9), 2002-2013.

Hawkins, J. L., Mercer, J., Thirlaway, K. J., & Clayton, D. A. (2013). 'Doing' gardening

and 'being' at the allotment site: Exploring the benefits of allotment gardening for stress

reduction and healthy aging. Ecopsychology, 5(2), 110-125.

Kamioka H., Tsutani K., Yamada M., Park H., Okuizumi H., Honda T., & Handa S.

(2014). Effectiveness of horticultural therapy: a systematic review of randomized

controlled trials. Complementary therapies in medicine, 22(5), 930-943.

Kangasniemi, A., Lappalainen, R., Kankaanpää, A., & Tammelin, T. (2014). Mindfulness

skills, psychological flexibility, and psychological symptoms among physically less

active and active adults. Mental Health and Physical Activity, 7(3), 121-127.

Korpershoek, C., Van Der Bijl, J., & Hafsteinsdottir, T. B. (2011) Self-efficacy and its

influence on recovery of patients with stroke: a systematic review. Journal of Advanced

Nursing, 67(9), 1876–1894.

Kotozaki, Y. (2014). Horticultural Therapy as a Measure for Recovery Support of

Regional Community in the Disaster Area: A Preliminary Experiment for Forty Five

Women Who Living Certain Region in the Coastal Area of Miyagi Prefecture.

International Journal of Emergency Mental Health and Human Resilience, 16, 114-116.

Kuo, F. E., & Faber Taylor, A. (2004). A Potential Natural Treatment for Attention-

Deficit/Hyperactivity Disorder: Evidence From a National Study. American Journal of

Public Health, 94(9), 1580-1586.

Maas, J., Verheij, R. A., Groenewegen, P. P., de Vries, S., & Spreeuwenberg, P. (2006).

Green space, urbanity, and health: how strong is the relation? Journal of Epidemiology

30

Page 31: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

and Community Health, 60(7), 587–592. http://doi.org/10.1136/jech.2005.043125

Martin-Krumm, C., Fenouillet, F., Csillik, A., Kern, L., Besancon, M., Heutte, J., Paquet,

Y., Delas, Y., Trousselard, M., Lecorre, B., & Diener, E. (2017). Changes in Emotions

from Childhood to Young Adulthood. Child Indicators Research, DOI 10.1007/s12187-

016-9440-9.

Morgenstern, L. B., Sánchez, B. N., Skolarus, L. E., Garcia, N. Risser, J. M.H., Wing, J.

J., Smith, M. A., Zahuranec, D. B., & Lisabeth, L. D. (2011). Fatalism, Optimism,

Spirituality, Depressive Symptoms, and Stroke Outcome :A Population-Based Analysis.

Stroke, 42(12), 3518-3523.

Ostwald, S. K., Godwin, K. M., & Cron, S. G. (2009). Predictors of Life Satisfaction in

Stroke Survivors and Spousal Caregivers Twelve to Twenty-Four Months Post Discharge

From Inpatient Rehabilitation. Rehabilitation Nursing : The Official Journal of the

Association of Rehabilitation Nurses, 34(4), 160–174.

Passmore, H.A., & Howell, A. J. (2014). Eco-Existential Positive Psychology:

Experiences in Nature, Existential Anxieties, and Well-Being. The Humanistic

Psychologist, 42, 370–388.

Peterson, C., Park, N., & Seligman, M. E. (2005). Orientations to happiness and life

satisfaction: The full life versus the empty life. Journal of happiness studies, 6(1), 25-41.

Pringuey, D., Pommier, R., Pringuey-Criou, F., Boyer, S., Massoubre, C., Fakra, E.,

Adida, M., Belzeaux . R., Bottai, T., & Azorin, J.-M. (22 septembre 2016). Quels patients

inclure et quelles échelles utiliser dans un essai clinique : les études qualitatives en

perspective. Communication présentée au 10éme Colloque du Pôle Universitaire de

Psychiatrie de Marseille, Hôpital Sainte-Marguerite – Pavillon Solaris, Marseille.

Communication partagée par un des auteurs.

31

Page 32: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

Pringuey, D., & Pringuey-Criou, F. (2015). Le Jardin de soins, recours thérapeutique :

aspects psychopathologiques et phénoménologiques, implications thérapeutiques.

L’Encéphale, 41(3), 197-201.

Pringuey, D., & Pringuey-Criou, F. (2015, Janvier). Le jardin en psychiatrie de l’adulte.

Poster présenté au Congrès de l’Encéphale, Paris, 21-23 janvier 2015. Repéré à

https://www.researchgate.net/publication/301895390_Le_Jardin_de_soin_en_Psychiatrie

_de_l%27adulte.

Raes, F., Pommier, E., Neff, K. D., & Van Gucht, D. (2011). Construction and factorial

validation of a short form of the Self-Compassion Scale. Clinical Psychology and

Psychotherapy, 18, 250–255.

Rasmussen, H. N., Wrosch, C., Scheier, M. F., & Carver, C. S. (2006). Self-Regulation

Processes and Health: The Importance of Optimism and Goal Adjustment. Journal Of

Personality, 74(6), 1721-1748.

Robinson, R. G., & Spalletta, G. (2010). Poststroke Depression: A Review. Canadian

Journal of Psychiatry. Revue Canadienne de Psychiatrie, 55(6), 341–349.

Seligman, M. E. (2011). Learned optimism: How to change your mind and your life. New

York : Vintage.

Shankland, R., & Martin-Krumm, C. (2012). Evaluer le fonctionnement optimal :

échelles de psychologie positive validées en langue française. Pratiques

psychologiques, 18, 171–187.

Simon, S. P., & Straus, M. C. (2003). Horticulture as Therapy: Principles and Practices.

New York, London: Haworth Press.

32

Page 33: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

Söderback, I., Söderström, M., & Schälander, E. (2004). Horticultural therapy: the

'healing garden' and gardening in rehabilitation measures at Danderyd hospital

rehabilitation clinic, Sweden. Pediatric Rehabilitation, 7(4), 245-260.

Soga, M., Cox , D. T. C., Yamaura, Y., Gaston, K. J., Kurisu, K., & Hanaki, K. (2017).

Health Benefits of Urban Allotment Gardening: Improved Physical and Psychological

Well-Being and Social Integration. International Journal of Environmental Research and

Public Health, 14,71.

Sommerfeld, A. J., Waliczek, T. M., & Zajicek, J. M. (2010). Growing Minds: Evaluating

the Effect of Gardening on Quality of Life and Physical Activity Level of Older Adults.

HortTechnology, 20(4), 705-710.

Te Winkel-Witlox, A. C. M., Post, M. W. M., Visser-Meily, J. M. A., & Lindeman, E.

(2008). Efficient screening of cognitive dysfunction in stroke patients: Comparison

between the CAMCOG and the R-CAMCOG, Mini Mental State Examination and

Functional Independence Measure-cognition score. Disability and Rehabilitation, 30(18),

1386-1391.

Tsafou, K., De Ridder, D., Van Ee, R., & Lacroix, J. (2016). Mindfulness and satisfaction

in physical activity: A cross-sectional study in the Dutch population. Journal of Health

Psychology, 21(9), 1817-27.

Ulrich, R.S. (1984). View through a window may influence recovery from surgery.

Science, 224, 420(2).

Van Den Berg, A. E., & Custers, M. G. (2011). Gardening promotes neuroendocrine and

affective restoration from stress. Journal Of Health Psychology, 16(1), 3-11.

Wood, C. J., Pretty, J., & Griffin, M. (2016). A case – control study of the health and

well-being benefits of allotment gardening. Journal of Public Health, 38(3), 1-9.

33

Page 34: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

ANNEXES

34

Page 35: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

La Maison des Aulne

Allée des Orchidées78580 MAULE

Je, soussigné(e),

Accepte de participer à l’étude menée par Mme I. Boucq, étudiante en

Master de psychologie clinique et effectuant son mémoire de recherche sous

la direction de Mme A. Csillik, Docteur en psychologie, Maître de conférences

de psychologie clinique à l’université de Paris Ouest Nanterre La Défense.

Cette étude nous permet d’effectuer le travail de recherche nécessaire

à la connaissance des effets du jardin thérapeutique de la Maison des Aulnes.

Elle est réalisée avec l’accord de Mme Michel, directrice de l’établissement, de

Mme Lambert, psychologue et de M. Lanel, animateur.

Cette étude repose sur la passation de questionnaires psychologiques

qui resteront totalement anonymes. Tous les documents ayant trait à la

passation des tests ainsi que l’analyse de leurs résultats sont anonymes. Les

résultats seront traités statistiquement et aucun usage individuel n’en sera

fait.

Votre participation à cette étude nous serait d’une grande aide, elle

nécessite votre consentement, que vous pouvez retirer à tout moment sans

justification. Votre participation ou votre refus ne changera en rien votre

prise en charge.

Nous vous remercions par avance.

Fait à : , le Signature :

P.S. : Pour toute question ou demande d’information, vous pouvez contacter Isabelle

Boucq ([email protected] ou 06 67 79 13 26)

35

Page 36: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

Fiche sociodémographiqueEtude sur le jardin thérapeutique de la Maison des Aulnes

Enquêtrice Isabelle Boucq, Paris Nanterre

Nom et prénom :

Code pour l’étude :

Date et lieu de naissance :

Sexe : H F

Niveau d’études1. Sans diplôme 2. CAP, BEP 3. Niveau secondaire (lycée) 4. Baccalauréat 5 5. Bac +2 6. Au-delà de Bac+2

Situation familiale1. Marié(e) 2. Divorcé (e) (séparé (e)) 3. Célibataire 4. Veuf (ve) 5. En concubinage 6. Autre

Situation médicale

Nature des lésions (parties du cerveau touchées) :

_______________________________________________________

_______________________________________________________

_______________________________________________________

Origine des lésions : AVC Accident de la route Autre. Précisez _________________________________

_______________________________________________________

36

Page 37: 22 - lebo Web viewMémoire de recherche de Master 1. Psychologie Clinique. Dans un jardin de soin, les patients cérébro-lésés cultivent-ils aussi des ressources psychologiques

Prise de médicaments :Anti-dépresseurs : oui ou non

Suivi d’une psychothérapie :OuiNonSi oui, depuis combien de temps et de quelle nature_____________________________________________________________________

L’activité jardin

Pratiquiez-vous le jardinage avant de vivre à la Maison des Aulnes ?Oui/non

Détails :___________________________________________________________________

Depuis quand participez-vous au Jardin d’Epi Cure ?________________________________

Pratiquez-vous l’activité au jardin seul(e) ou en groupe ?______________________________

Pourquoi participez-vous à cette activité ?

A quelles autres activités participez-vous au sein du foyer ?

37