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CENTRE AFRICAIN D’ETUDES SUPERIEURES EN GESTION
INSTITUT SUPERIEUR DE MANAGEMENT DE LA SANTE (ISMS)
MEMOIRE DE FIN D’ETUDES POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’ETUDES SUPERIEURES SPECIALISEES EN ECONOMIE DE LA SANTE
14e promotion
THEME
Présenté et soutenu par : Encadreurs
AISSATOU BENTE DIALLO Professeur Mamadou Moustapha Thiam
Professeur Hervé Lafarge
ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA
STIGMATISATION DES FEMMES SEROPOSITIVES : CAS DE L’ASSOCIATION AND BOKK YAKAAR
(ABOYA)
SOMMAIRE
DÉDICACES .............................................................................................................. A
REMERCIEMENTS .................................................................................................... B
Résumé ........................................................................................................................ i
LISTE DES ACRONYMES ET DES ABRÉVIATIONS ................................................ ii
LISTE DES TABLEAUX ............................................................................................. iv
LISTES DES GRAPHIQUES ...................................................................................... iv
LISTE DES FIGURES ................................................................................................ iv
INTRODUCTION ......................................................................................................... 1
PREMIÈRE PARTIE: Cadre conceptuel de l’étude .................................................. 3
Chapitre 1 : Contexte général et Problématique .................................................... 4
I. Contexte général ........................................................................................................................... 4
II. Problématique ............................................................................................................................. 18
III. Objectifs de l’étude ................................................................................................................... 22
Chapitre 2 : REVUE DE LA LITTERATURE ............................................................ 23
I. Définition des principaux concepts .................................................................................. 23
II. Revue de la littérature ........................................................................................................... 26
DEUXIÈME PARTIE: CADRE OPÉRATIONNEL DE L’ÉTUDE ............................... 35
Chapitre 3 : Cadre opérationnel de l’étude et méthodologie ............................... 36
I. Présentation de l’association ............................................................................................. 36
II. Méthode de recherche .......................................................................................................... 38
III. Résultats ................................................................................................................................... 44
Chapitre 4 : Discussions ......................................................................................... 55
Chapitre 5 : Recommandations et conclusion générale ...................................... 57
Bibliographie ............................................................................................................ 60
ANNEXES I : Les résultats de l’analyse statistique ................................................. I
Aissatou B. Diallo Page A
DÉDICACES
A mes chers parents, ma sœur qui m’ont soutenu
durant tout mon cursus scolaire, qui n’ont cessé de
m’encourager et de croire en moi.
A mes professeurs qui n’ont ménagé aucun effort pour
m’encadrer, m’éclairer sur les bonnes décisions, pour
m’avoir pris sous vos ailes depuis le début jusqu’à
présent sans vous lasser des conseils, suggestions et
recommandations.
Je vous serais éternellement reconnaissante et je ne
prierais jamais assez pour vous.
Aissatou B. Diallo Page B
REMERCIEMENTS
Professeur Hervé Lafarge, Professeur Mamadou
Moustapha Thiam merci d’avoir toujours été là et de
m’avoir orienté vers ce qu’il y a de mieux pour moi.
Merci à tous ceux qui m’ont soutenu et contribué de
près ou de loin notamment Monsieur Ka pour ses
recommandations, ses critiques.
A Monsieur Alioune Fall de HACI, Amadou Dia, Ndeye
Astou, Adama Guèye qui ont permis à ce mémoire
commence, se déroule et finisse comme je le souhaitais.
Aissatou B. Diallo Page i
Résumé
Tandis que les gouvernements à travers le monde réagissent à la pandémie du sida,
les femmes occupent de plus en plus une place centrale dans les efforts de
préventions globaux. La disponibilité des médicaments qui peuvent bloquer la
transmission du VIH durant la grossesse, l’accouchement et la période postnatale a
ouvert de nouvelles opportunités pour un ralentissement de la propagation. Les
femmes restent néanmoins victimes de stigmatisation et de discrimination. La
pandémie a exacerbé la violence de genre, car les femmes séropositives sont
agressées, licenciées de leur emploi, reniées, évitées par leurs familles et leurs
communautés, et parfois même empêchées de procréer.
Aujourd’hui l’on se demande si les femmes séropositives ne sont pas stigmatisées
dans les structures sanitaires, la recherche des facteurs déterminants nous permettra
de répondre à cette question que nous tentons d’élucider.
Deux hypothèses ont été retenues, la première suppose que les femmes instruites
sont les moins stigmatisées que les non instruites.
La deuxième suppose que les femmes ayant une activité génératrice de revenu ont
moins d’enfants que celles qui n’en ont pas.
Pour atteindre nos objectifs fixés, nous avons mené une enquête auprès d’une
association de femmes PVVIH. Trois méthodes d’analyses ont été utilisées, une
analyse descriptive, bivariée et une analyse logistique binaire nous a permis de faire
l’exploitation des données.
Ce qui nous a donné les résultats suivants :
Pour le premier modèle où nous avons retenu comme variable endogène le
changement de structure nous avons deux variables significatives : l’âge et le
nombre d’enfants.
Pour notre deuxième modèle, nous avons trouvé que les toutes les variables
n’expliquaient pas la stigmatisation des femmes séropositives. Seule la variable
années vécues avec le VIH explique la stigmatisation des femmes dans les
structures sanitaires.
Aissatou B. Diallo Page ii
LISTE DES ACRONYMES ET DES ABRÉVIATIONS
ABOYA And Bokk Yakar
AGR Activité Génératrice de Revenu
ARV Antirétroviraux
CDC Centre For Disease Control
CPN Consultation Prénatale
CDI Consommateur de Drogues Injectables
CDSMT Cadre de Dépenses Sectoriel A Moyen Terme
DPS Direction de la prévision et de la statistique
DSRP Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
ESPS Enquête de Suivi de la Pauvreté au Sénégal
EDS-MICS Enquête Démographique de Santé à Indicateurs Multiples
Sénégal
EPS Etablissement Public de Santé
ELIHoS Etude d’Evaluation des Interventions chez les Homosexuels au
Sénégal
FAR Femme en Age de Reproduction
FHI360O Family Health International
GIE Groupement d’Intérêt Economique
GOANA Grande Offensive pour l’Agriculture et pour l’Abondance
HSH Homme Ayant des Relations avec des Hommes
HDR Human Development Reports
ISF Indice Synthétique de Fécondité
Aissatou B. Diallo Page iii
IO Infections Opportunistes
ONUSIDA Programme Communs des Nations Unies sur le VIH/SIDA
OMD Objectifs du Millénaire pour le Développement
ONG Organisations Non Gouvernementales
OMS Organisation Mondiale de la Santé
PIB Produit Intérieur Brut
PNDS Plan National de Développement Sanitaire
PNLP Programme National de Lute Contre le Paludisme
PNA Pharmacie Nationale d’Approvisionnement
PRA Pharmacie Régionale d’Approvisionnement
PTME Prévention de la Transmission Mère Enfant
PS Professionnels du sexe
PVVIH Personnes Vivant avec le VIH
SCA Stratégie de Croissance Accélérée
SMN Santé Maternelle Néonatale
SNIS Service National de l’Information Sanitaire
TDO Traitement Directement Observé
UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
VIH Virus de l’immunodéficience Humaine
Aissatou B. Diallo Page iv
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Niveau d’instruction des femmes séropositives
Tableau 2 : Stigmatisation des femmes compte tenu du niveau d’instruction
Tableau 3 : Nombre d’enfants selon l’activité génératrice de revenu
Tableau 4 : Test bilatéral entre quelques variables explicatives et la variable exogène
Tableau 5 : Test de significativité global du modèle
Tableau 6 : Test bilatéral entre les variables exogènes et la variable endogène
Tableau 7 : Estimation des paramètres
Tableau 8 : Test de significativité global du modèle
Tableau 9 : Qualité de l’ajustement global
LISTES DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : Pourcentage de femmes selon l’âge
Graphique 2 : Pourcentage selon l’ethnie
LISTE DES FIGURES
FIGURE 1 : Carte Des nouvelles Régions du Sénégal
Aissatou B.Diallo Page 1
INTRODUCTION Promouvoir et protéger la santé est essentiel au bien être humain et au
développement économique et social durable. Cela a été démontré il y a plus de
trente ans par les signataires de la déclaration d’Alma Ata, qui ont indiqué que la
santé pour tous contribuerait à une meilleure qualité de vie ainsi qu’à la paix et à la
sécurité mondiale nationale (OMS, Rapport sur la santé dans le monde, 2010).
Toutefois, les Femmes hétérosexuelles sont le groupe où l’on enregistre les plus
fortes hausses concernant la prévalence du VIH/SIDA. Selon les estimations de
l’ONUSIDA, aux Etats Unis les femmes afro américaines comptent une part
croissante des nouveaux cas d’infection et le sida est devenu une des trois causes
majeures de décès chez les africaines américaines âgées de 35 à 44 ans. En
Europe de l’Est, les taux d’infection sont en hausse chez les femmes, en Russie, le
pays le plus durement touché par la pandémie dans la région, 38% de nouveaux cas
diagnostiqués de VIH en 2003 concernaient les femmes contre 24% en 2001. On
enregistre également en Asie une hausse du nombre de femmes vivant avec le
VIH/SIDA, la transmission du VIH entre conjoints devenant un mode de transmission
plus prééminent que dans le passé. En Afrique Subsaharienne, les femmes sont plus
susceptibles au moins 1,3 fois plus d’être infectées par le VIH que les hommes.
Parmi les groupes d’âge jeunes par exemple, chez les 15 - 24 ans, les femmes sont
trois fois plus susceptibles d’être infectées que les hommes.
Le Sénégal ayant intégré les OMD dans sa politique nationale de développement a
financé plusieurs initiatives avec l’appui des bailleurs de fonds visant à enrayer la
propagation du VIH/SIDA. La stigmatisation des femmes dans les structures
sanitaires reste un problème majeur pour le système de santé d’où l’intérêt d’étudier
les déterminants de la stigmatisation des femmes séropositives.
Nous tenterons d’analyser les obstacles que la stigmatisation constitue pour le
recours aux soins des femmes séropositives dans les structures sanitaires afin de
contribuer à l’amélioration du suivi des femmes séropositives.
Cette étude s’articule autour de deux principaux axes dont le premier est le cadre
conceptuel de l’étude. Dans cette partie nous retrouverons le contexte général, la
Aissatou B.Diallo Page 2
problématique, quelques concepts clés suivis de la revue de la littérature. La
deuxième partie abordera le cadre de l’étude, la méthodologie de recherche et les
résultats de l’enquête. Les variables explicatives de la stigmatisation seront ressorties
et nous terminerons par une discussion suivie des recommandations.
Aissatou B.Diallo Page 3
PREMIÈRE PARTIE: Cadre conceptuel de l’étude
Aissatou B.Diallo Page 4
Chapitre 1 : Contexte général et Problématique
La découverte scientifique du SIDA remonte au début des années 1980. C’est plus
précisément au printemps de 1981 que le Center for Disease Control (CDC)
d’Atlanta, aux États-Unis, a identifié les premiers cas de SIDA présenté comme une
maladie mystérieuse et mortelle, frappant des jeunes de sexe masculin,
homosexuels (Pollack, 1998 ; Pierret, 1992). En 1982, les premiers chiffres indiquant
le nombre de personnes atteintes ou décédées d’une maladie sans nom et d’origine
inconnue étaient publiés. Aux États-Unis et en France, les premiers cas sont
répertoriés parmi les personnes homosexuelles suivies, des enfants, des personnes
toxicomanes, des personnes hémophiles et des haïtiens. Le SIDA devient, à cette
période, la maladie des quatre H : homosexuels, haïtiens, hémophiles et
héroïnomanes (Pierret, 1992).
Les réactions de stigmatisation et de discrimination analysées et rapportées dans la
littérature ont cédé le pas aux aspects épidémiologiques et médicaux. En 2001,
l’ONUSIDA a attiré l’attention de tous les pays sur leur importance dans la
propagation de l’infection du SIDA. Deux campagnes internationales (2001-2002 et
2002-2003) ont été consacrées à la stigmatisation et à la discrimination des PVVIH.
Elles ont eu le mérite d’attirer l’attention sur la diversité des pratiques vécues
quotidiennement par les personnes atteintes. Mais ces campagnes n’ont pas permis
de régler ces situations, d’où l’importance de continuer à s’intéresser à ces questions
telles que la stigmatisation des femmes séropositives.
I. Contexte général La République du Sénégal est située dans la partie la plus occidentale du continent
Africain dans la zone soudano sahélienne comprise entre 12°5 et 16°5 de latitude
Nord et 11°5 et 17°5 de longitude Ouest. D’une superficie de 196.722 km2, elle est
limitée au Nord par la République Islamique de Mauritanie, à l’Est par le Mali, au Sud
par la République de Guinée et la Guinée Bissau et, à l’Ouest, il est ouvert sur
l’Océan Atlantique avec 700 Km de côtes. Sa pointe Ouest est la plus Occidentale de
toute l’Afrique Continentale. La république de Gambie qui est une enclave de terre
Aissatou B.Diallo Page 5
sur le cours inférieur du fleuve du même nom, est située entre les régions de Kaolack
et Kaffrine au Nord et de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda au Sud.
1. Contexte socio démographique
En 2010, la population du Sénégal est estimée à 12.509.434 habitants, soit une
densité moyenne de 62 habitants au km2. Cette moyenne cache une répartition
extrêmement inégale avec une opposition entre le sous peuplement de l’Est et une
forte concentration sur la côte ainsi qu’au centre. La région de Dakar abrite 22,5% de
la population totale avec une densité de population de 4.643 habitants au km2 en
2010 contre une moyenne nationale de 62 habitants au km2 alors qu’elle ne couvre
que 0,3% de la superficie nationale. Les régions les moins peuplées sont celles de
Tambacounda, de Kédougou et de Matam avec respectivement 11 et 16 habitants
au Km². Elles sont aussi les régions les plus vastes du pays avec respectivement
30,4% et 14,8% de territoire national. Il faut également souligner la particularité des
villes de Guédiawaye et de Pikine dans la région de Dakar et celle de Touba dans la
région de Diourbel qui sont plus peuplées que certaines régions. Cette situation est
caractéristique de la forte tendance à l’urbanisation du fait de l’exode rural qui est à
l’origine de la multiplication des bidonvilles.
Selon les âges et sexes, la population du Sénégal en 2010 reste caractérisée par
son extrême jeunesse. La moitié de la population à moins de 17 ans et l’âge moyen
se situe à 22 ans. La population ayant moins de 15 ans représente 43,3% de la
population totale tandis que celle des moins de 25 ans représente 64,0%. Il faut
signaler que la proportion des personnes âgées (65 ans et plus) n’est pas
négligeable. En effet, elle est de 3,9%. Selon le sexe, les femmes sont
numériquement plus importantes surtout aux âges féconds. A 15-49 ans, elles
représentent 47,2% contre 44,8% pour les hommes. La proportion est de 51% de la
population totale contre 49% chez les hommes.
La population urbaine (résidant dans les communes) représente 41,5% de la
population globale (DPS2005), plaçant le Sénégal parmi les pays les plus urbanisés
d’Afrique Sub-saharienne.
L’accroissement moyen annuel estimé à 2,5% reste élevé et est caractéristique
d’une fécondité encore élevée. L’indice synthétique de fécondité (ISF) globalement
Aissatou B.Diallo Page 6
estimé à 5,3 enfants par femme est beaucoup plus élevé en milieu rural (6,4 enfants
par femme) qu’en milieu urbain (4,1 enfants par femme). L’EDS5 donne pour la
période allant de janvier 2002 à janvier 2005, un nombre moyen d’enfants vivants de
5,3, un taux brut de natalité de 39,1 pour mille, une mortalité infantile de 47 décès
pour mille naissances vivantes et une mortalité juvénile de 64 décès pour mille
enfants âgés de moins d’un an. Le taux de mortalité maternelle est passé de 510
décès maternels pour 100 000 naissances vivantes (EDS II, 1992-1993) à 434 décès
maternels pour 100 000 naissances vivantes (EDS4, 2005).
L’espérance de vie à la naissance est estimée à 55,7 ans (HDR1 UNDP 2005) et
un PIB en valeur nominale de 3 874 milliards de FCFA en 2004 (prix constants de
1999).
Les principaux groupes ethniques sont: les wolofs (43%), les Pulaars (24%), les
Sérères (15%), les Diolas (5%) et les Mandingues (4%).
La religion: La population du Sénégal est essentiellement musulmane (94%).
On y trouve 4% de chrétiens et les autres religions représentent 2%.
Le Taux Brut de Scolarisation dans l’enseignement élémentaire en 2010-2011 est
de 93,9%, dans l’enseignement Moyen 53,2% et dans l’enseignement secondaire
21,7%.
Selon le DSRP2 II, seuls 37,8% des adultes (15 ans et plus) ont la capacité de lire et
écrire dans une langue quelconque. La population rurale sénégalaise reste à
majorité analphabète, en effet, moins d’une personne résidant en milieu rural sur
quatre est alphabétisée. En outre, l’analphabétisme est beaucoup plus marqué chez
les femmes (28,2% d’alphabétisées) que chez les hommes (49,1% d’alphabétisés).
2. Contexte socio- -économique
Depuis 2001, des politiques sectorielles vigoureuses, telles que la fourniture de
services sociaux (éducation, santé, accès à l’eau potable, assainissement, etc.), le
programme de réforme des finances publiques, la Stratégie de Croissance Accélérée
(SCA), la Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance (GOANA), etc.
sont progressivement mises en place en vue de relever significativement les
performances socio- économiques et de placer le pays sur un sentier de
développement humain durable. Il importe de noter, à cet effet, une politique
1Human Development Reports 2Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté, p. 14
Aissatou B.Diallo Page 7
d’amélioration de la gestion des finances publiques grâce à une affectation
stratégique des ressources et une transparence dans l’exécution des dépenses
publiques et une effectivité des contrôles interne et externe.
C’est ainsi que d’importants résultats au plan économique et financier ont été
enregistrés au cours de ces dernières années de 2000 à 2006. En effet, la
croissance économique réelle s’est située en moyenne autour de 5% par an dans un
contexte de maîtrise de l’inflation et des autres fondamentaux de l’économie.
L’inflation moyenne annuelle sur la période 2000-2006 s’est située à 2%, inférieure à
celle des partenaires de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA),
grâce notamment à une politique budgétaire et monétaire vertueuse et à un
approvisionnement adéquat des marchés.
La gestion budgétaire a été caractérisée par un bon niveau de recouvrement des
recettes fiscales et une gestion prudente des dépenses budgétaires. En effet, les
recettes fiscales ont progressé de 9% en moyenne annuelle sur la période, ce qui
s’est traduit par une hausse continue de la pression fiscale passant de 16,1% en
2000 à plus de 19% en 2006, nonobstant la baisse du taux d’imposition des sociétés.
Les dépenses budgétaires ont, quant à elles, évolué en ligne avec les priorités
déclinées dans le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté, avec
notamment un accent dans les secteurs sociaux de base (éducation et santé) et les
secteurs productifs. En effet, les secteurs de l’éducation et de la santé absorbent,
depuis 2004, plus de 50% du budget de fonctionnement. Ces résultats sont le fruit
d’importantes réformes destinées à améliorer l’environnement du secteur privé, la
gouvernance économique et financière, les infrastructures de soutien à la croissance,
etc. Cette situation a contribué à l’amélioration des conditions de vie des ménages.
On constate, pour la période 2003-2005, une baisse de l’incidence de la pauvreté
plus marquée en zone urbaine. En effet, la proportion des ménages vivant en
dessous du seuil de pauvreté est passée de 48,5% en 2002 à 42,6% en 2005
(Enquête de Suivi de la Pauvreté au Sénégal, ESPS 2005-2006, août 2007).
Malgré ces résultats, l’économie reste vulnérable aux chocs exogènes. C’est ainsi
que depuis 2006, l’économie a fait face tour à tour : (i) au déficit pluviométrique qui
nous a valu des contreperformances du sous-secteur agricole en deux années
Aissatou B.Diallo Page 8
successives, (ii) à la hausse des prix du pétrole et des produits alimentaires et (iii)
aux effets de la crise financière internationale survenue en 2008. Avec les deux
premiers chocs, le taux de croissance réelle de l’économie est retombé à moins de
4% en moyenne depuis 2006. L’inflation a également pris de l’ampleur (5% en
moyenne).
Quant à la situation des finances publiques, elle s’est caractérisée par un
creusement du déficit public qui tourne autour de 5% du PIB. Ce qui pourrait mettre
en péril les équilibres macroéconomiques.
Dans ce contexte, le Gouvernement a été en effet conduit à recourir à de nouvelles
subventions pour faire face à une forte demande sociale, notamment pour atténuer
l’impact de la hausse des prix internationaux de pétrole et d’aliments sur les prix
domestiques. La crise financière internationale pourrait encore affecter négativement
les prévisions optimistes de croissance économique et exercer une pression
supplémentaire sur la situation budgétaire du Sénégal sur les moyens et long termes
et compromettre, ainsi, l’objectif de réduction de la pauvreté de moitié en 2015. Il faut
rappeler que la part du budget de l’Etat alloué à la santé se situe actuellement à
10,5% et devrait atteindre 15% en 2015 conformément aux engagements pris par les
Chefs d’Etats africains à Abuja en 2000.
Toutefois, les performances enregistrées, même en l’absence de chocs exogènes,
restent insuffisantes pour atteindre les OMD.
3. Organisation administrative
Le Sénégal compte (14) régions, 45 départements, 121 Arrondissements, soit un
total de 180 circonscriptions administratives. Il compte 543 collectivités locales
réparties comme suit : 113
Communes, 46 communes d’arrondissement, 370 communautés rurales en plus des
14 régions.
Avec l’adoption de la loi 96-2006 du 22 Mars 1996 portant Code des Collectivités
locales, le Sénégal compte trois ordres de collectivités locales (les régions,
communes et les communautés rurales).
Aissatou B.Diallo Page 9
Source : Plan stratégique national sur le Sida 2011-2015
4. Contexte sanitaire
L’Etat a défini une Politique Nationale de Santé qui est mise en œuvre depuis
l’indépendance à travers des plans quinquennaux. A la fin des années 1990, il a
élaboré en collaboration avec les partenaires au développement, un Plan National de
Développement Sanitaire (PNDS I) 2004 -2008. A la suite de ce premier Plan, un
deuxième Plan PNDS II couvrant la période 2009 – 2018 est actuellement en cours
d’exécution.
La part du budget de l’Etat allouée au secteur de la santé est en hausse régulière
ces dernières années. La priorité accordée au secteur de la santé s’est traduite par
une augmentation constante du budget du Ministère de la Santé qui est passé de 29
milliards en 2000 à 108,4 milliards CFA, en 20103. Ce budget représente aujourd’hui
10,5% du budget de fonctionnement de l’Etat.
3 Selon la loi des finances en 2010
Aissatou B.Diallo Page 10
En 2010, selon le « Rapport de performances du CDSMT4 2010 », le système de
santé sénégalais est composé des structures publiques suivantes :
quatorze (14) régions médicales ;
vingt-cinq (25) hôpitaux, dont vingt-trois (23) fonctionnels ;
soixante-seize (76) districts sanitaires;
quatre-vingt-neuf (89) centres de santé dont 20 sont en réalité des postes de
santé faisant
office de centre de santé et 11 érigés en EPS1.
mille deux cent quarante (1.240) postes de santé dont 1214 fonctionnels ;
cent vingt-neuf (129) maternités ;
deux mille quatre-vingt-dix-huit (2.098) cases de santé
six (06) établissements publics de santé non hospitaliers.
Outre ces structures publiques, le système de santé sénégalais comprend 555
cabinets médicaux privés, 37 cliniques privées, 570 cabinets paramédicaux privés,
23 structures d’entreprise et 77 postes de santé privés. Cependant, en termes de
couverture en infrastructures sanitaires, le Sénégal n’a pas encore atteint les
normes5 préconisées par l’OMS.NS PS Publics PS PRIVES TOTAL PS 0 7971 77 1 049
Ces deux dernières décennies sont marquées par une amélioration de la situation
sanitaire comme en atteste la tendance de la plupart des indicateurs suivis par les
programmes de santé.
L’EDS-MICS accorde une place importante à la surveillance épidémiologique, à la
santé de la reproduction, aux IST/sida et au contrôle des maladies endémiques,
notamment le paludisme.
Cette dernière endémie qui est une des premières causes de morbidité, est en train
de perdre du terrain, résultat à mettre notamment à l’actif du Programme National de
Lutte contre le Paludisme(PNLP).
Les taux de mortalité infantile et infanto-juvénile bien qu’encore élevés, ont connu
une baisse significative. En effet, le taux de mortalité infanto-juvénile est passé de
121‰ en 2005 à 72‰ en 2010 et celui de la mortalité infantile est passée de 61‰ en 4Cadre de Dépenses Sectoriels à Moyen Terme 5Normes OMS : 1 poste de santé pour 10 000 habitants ; 1 centre de santé pour 50 000 habitants et 1 hôpital pour 150 000 habitants
Aissatou B.Diallo Page 11
2005 à 47‰ en 2010. Enfin, la mortalité maternelle de 401 pour 100.000 naissances
vivantes en 2005 est tombée à 392 pour100.000 naissances vivantes en 2010.
Le niveau de prévalence du VIH, relativement faible au sein de la population
générale âgée de 15 à 49 ans (0,7%, EDS5) reste stable. Cependant, les résultats
des enquêtes sur les groupes à risque montrent des prévalences beaucoup plus
élevées.
Pour les consultations prénatales, plus de 9 bénéficiaires sur 10 (93%) ont été
consultées par un personnel médical formé pendant la grossesse en 2010. Pour les
naissances survenues au cours des 5 dernières années, 65% des mères (en EDS5)
ont bénéficié de l’assistance d’un personnel médical formé à l’accouchement.
4.1 Offre de soins Le Sénégal a mis en place un système de référence et de contre référence basé sur
le système pyramidal pour l’orientation des malades et le transfert d’informations
sanitaires entre le niveau périphérique (Poste de Santé et Centre de Santé) et les
structures hospitalières.
L’hôpital régional offre des soins tertiaires et constitue la référence pour les
districts. Il dispose de services de médecine, de gynéco obstétrique et de pédiatrie
pouvant prendre en charge les cas de maladie liée au sida. Au niveau régional, la
prise en charge des patients se fait au niveau de l’hôpital Régional. Toutes les
régions (hôpital de régions) sont opérationnelles pour la prise en charge des PVVIH
par les ARV.
La Pharmacie Nationale d’Approvisionnement (PNA) coordonne les activités liées
aux médicaments et réactifs au niveau des structures sanitaires. Elle approvisionne
et supervise les pharmacies régionales (PRA) qui jouent le même rôle avec les
districts. Les ARV, les médicaments pour la prise en charge des Infections
Opportunistes (IO) et les réactifs de dépistage et suivi sont gratuits et intégrés dans
le circuit des médicaments essentiels. La PNA s’occupe de l’approvisionnement des
médicaments et leur distribution aux PRA.
La Division de lutte contre le sida et les IST a en charge le volet sida au Ministère
de la Santé. Elle a été créée au sein de la Direction de la Santé par décret n°2004-
1404 du 14 novembre 2004 portant organisation du Ministère de la Santé. Elle a pour
mission de coordonner la mise en œuvre du programme sectoriel santé sur le sida.
Aissatou B.Diallo Page 12
D’autres ministères assurent la tutelle de formations sanitaires publiques :
le Ministère des Forces Armées : l’Hôpital Principal de Dakar, l’Hôpital Militaire
de Ouakam, Centres Médicaux de Garnison et postes médicaux militaires.
Les départements chargés de l’Education : les inspections médicales des
écoles et les infirmeries des collèges, lycées et universités.
Le Ministère de l’Intérieur : les infirmeries de la police, des sapeurs-pompiers.
Le Ministère de la Justice : les infirmeries de l’administration pénitentiaire.
Le Ministère de l’Economie et des Finances : les infirmeries des douanes.
Le Ministère en charge du Travail : les centres de l’IPRES et les services de
santé des entreprises.
Le Ministère en charge de la Jeunesse : les centres pour la promotion de la
santé des adolescents.
Le Ministère en charge de l’Environnement : les infirmeries de parcs nationaux
Le secteur privé joue un rôle important dans le dispositif de santé. On distingue le
secteur privé à but lucratif et le secteur à but non lucratif (secteur confessionnel et
médecine d’entreprise). Ce secteur privé dispose : d’un hôpital, 32 cliniques, 414
cabinets médicaux et des services médicaux d’entreprises, 843 officines de
pharmacie, 4 Grossistes répartiteurs, 3 Industries pharmaceutiques 12 laboratoires
privés d’analyses médicales dont 10 à Dakar et 10 Services d’Imagerie.
Le système communautaire ainsi que l’offre de santé des ONG et des Associations
sont promues et renforcés.
4.2. Faiblesses du système de santé 4.2.1. Faiblesse de la disponibilité et de l’accessibilité des services
de soins Le Sénégal dispose d’un réseau de structures de santé qui n’est malheureusement
pas mis à profit pour le passage à l’échelle des interventions prioritaires du VIH/Sida,
de la Tuberculose et du Paludisme. Cette situation résulte d’un manque
d’infrastructures appropriées, de l’absence d’un plateau technique adéquat,
particulièrement au niveau des laboratoires et de l’absence d’une bonne politique de
maintenance des infrastructures et des équipements.
Aissatou B.Diallo Page 13
Par exemple, sur les 971 postes de santé fonctionnels, moins de 200 font le
dépistage du VIH et environ 320 seulement appliquent le TDO (Traitement
Directement observé) pour la Tuberculose, et 63% des centres de santé ne
disposent pas d’automates d’hématologie.
Par ailleurs, (i) le stockage inadéquat des médicaments au niveau de la Pharmacie
Nationale d’Approvisionnement et ses structures régionales, (ii) les ruptures de
stocks des médicaments essentiels dues à une mauvaise planification et
quantification et (iii) le système national de pharmacovigilance qui n’intègre pas les
produits du VIH/Sida et de la tuberculose, sont d’autres grands problèmes qui
compromettent la qualité et la sécurisation des prestations du système de la santé.
L’accessibilité financière constitue une contrainte majeure accentuée par une
absence de couverture maladie généralisée à l’ensemble de la population malgré la
part importante des ménages dans la prise en charge des dépenses de santé. Le
taux de couverture risque maladie se situe autour de 20%.
4.2.2. Ressources humaines en quantité et en qualité insuffisantes Malgré les efforts réalisés dans le domaine, le déficit en ressources humaines reste
toujours important et concerne toutes les catégories professionnelles.
Selon les dernières données de la carte sanitaire, le pays dispose de 624 médecins,
677 sages-femmes, 2.777 infirmiers. Le déficit en médecins, infirmiers et sages-
femmes est respectivement de 171, 987 et 487. Ainsi, les ratios personnel/population
sont de : un médecin pour 18.615 habitants pour le secteur (norme OMS : 1 pour
10.000 habitants). Pour les sages-femmes le ratio est de 3/946 femmes en âge de
reproduction (FAR) dans le secteur public (norme OMS: 1 pour 300 FAR), alors que
pour les infirmiers, il est d’un infirmier pour 4.183 habitants (Norme OMS: 1 pour
300habitants). Il n’est pas rare de voir un certain nombre de postes de santé fermés
pendant deux ans ou plus du simple fait de l’absence de personnel de santé.
Le personnel de santé se caractérise aussi par sa mobilité et l’inégalité dans sa
répartition au détriment des zones rurales, éloignées et difficiles d’accès mettant en
exergue la question de l’équité. A titre d’exemple, 88,1% des accouchements en
milieu urbain se font en présence d’une sage-femme alors qu’il est de 46, 6% en
Aissatou B.Diallo Page 14
milieu rural, il est respectivement de 26% et 27% dans les régions de Kolda et
Tambacounda.
Cette situation découle essentiellement de trois facteurs : (i) l’insuffisance des
effectifs admis au niveau des structures de formation notamment dans les
Universités ; (ii) la non maîtrise du processus de recrutement dans la fonction
publique qui est de la compétence du ministère en charge qui, en définitive, décide
du calendrier et de la nature du personnel à recruter ; (iii) l’insuffisance
des mesures incitatives pour fidéliser le personnel et réussir une meilleure répartition
géographique.
Ceci entrave grandement la décentralisation des interventions des programmes de
lutte contre le VIH, la tuberculose, le paludisme et de la SMNI (Santé Maternelle,
Néonatale et Infantile) dans ces zones pourtant fortement touchées par ces
maladies.
4.2.3. Insuffisances des capacités managériales Ces insuffisances sont liées à :
Une compétence limitée des équipes cadre de région et district en
planification :
Une faible capacité des régions à appuyer les districts dans la mise
en œuvre des activités à cause de leurs ressources limitées ;
Une non-systématisation de la planification basée sur les
résultats au niveau des régions et des districts ;
Une insuffisance du système d’information sanitaire caractérisée
par (une irrégularité du monitoring qui entraîne un mauvais suivi des indicateurs de
performance des programmes de santé ; une non prise en compte des indicateurs
requis pour le suivi de la performance des programmes ; une non complétude et une
faible utilisation des données au niveau opérationnel.
Ces contraintes suscitées affectent la qualité des services et le passage à l’échelle
de la plupart des interventions contre la TB, le VIH, le paludisme et de la SMNI6
(Stratégie DOTS7, prévention de la transmission de la Mère à l’Enfant du VIH et la
confirmation biologique des cas de paludisme, etc.).
6Santé Maternelle, Néonatale et Infantile 7Stratégie d'Observation Directe du Traitement
Aissatou B.Diallo Page 15
4.2.4. Médicaments et produits médicochirurgicaux Dans le cadre de la mise en œuvre du PNDS 1998-2007, des réformes du secteur
pharmaceutique ont été entreprises pour assurer l’accès de tous aux médicaments
essentiels de qualité et à moindre coût. L’évaluation récente du système mis en
place a révélé, entre autres, une faiblesse dans la disponibilité des médicaments
avec des problèmes d’accessibilité pour les populations vulnérables ou démunies et
sans couverture sociale.
Au cours du PNDS 1998-2007, des mesures ont été prises : le renforcement du
Laboratoire National de Contrôle des Médicaments (LNCM), la formation de
pharmaciens inspecteurs, l’homologation des prix des médicaments et produits
médico-chirurgicaux, l’introduction de médicaments traditionnels améliorés (MTA), la
lutte contre le marché illicite des médicaments et l’élaboration d’une politique
nationale pharmaceutique.
5. Situation de l’épidémie VIH/Sida au Sénégal
Elle est basée sur une analyse des prévalences du VIH. L’analyse de la prévalence,
à travers différentes sources, montre une épidémie de type concentré. Elle est basse
dans la population générale (0,7%/EDS5 2011) et élevée chez les populations clés
les plus exposées aux risques du VIH comme les PS (18,5%/ENSC 2006) et les HSH
(21,8% / ELIHoS (Etude d’Evaluation des Interventions chez les Homosexuels au
Sénégal 2007).
5.1. Prévalence du VIH dans la population générale
Le Sénégal est un pays à épidémie concentrée avec une prévalence de 0,7% (EDS
5, 2010-2011) dans la population générale. En effet, la prévalence du VIH chez les
femmes enceintes, qui, depuis plus d’une dizaine d’années, est restée au-dessus de
1% (1,4% en 2006) est actuellement de 0,7% (BE : Bulletin Epidémiologique N°14)
en 2009. Les résultats annuels du dépistage des femmes enceintes dans le cadre de
la PTME ont confirmé des taux de séropositivité de 0,71% en 2008 et 0,73% en
2009. Ces résultats, collectés à partir des sites de consultation prénatale à l’échelle
nationale, confirment la prévalence faible et stable dans la population générale.
S’agissant des populations plus exposées aux risques, la prévalence est de 18,5%
chez les professionnelles du sexe (PS), de 21,8% chez les hommes ayant des
Aissatou B.Diallo Page 16
relations sexuelles avec des hommes (HSH), de 9,4% chez les injecteurs de drogues
intraveineuses et de 5,2% chez les consommateurs de drogues injectables (CDI)
(UDSEN, 2011).
En ce qui concerne la séroprévalence par milieu de résidence, il n’y a pas de
différence significative entre le milieu urbain (0,7%) et le milieu rural (0,7%).
Les régions de Kolda, de Sédhiou et de Ziguinchor, avec les prévalences les plus
élevées (entre 2 et 3%), sont les plus touchées par l’épidémie. Les régions de Louga,
de Fatick, de Saint Louis et de Diourbel sont celles où on observe les prévalences
les plus faibles.
Selon le sexe, les femmes sont plus infectées que les hommes avec une tendance à
la baisse du sex-ratio, passant de 2,25 à 1,6.
L’analyse des différentes données épidémiologiques permet d’apprécier le caractère
hétérogène de l’épidémie, tant du point de vue sociodémographique que du point de
vue géographique.
5.2. Féminisation de l’épidémie
La prévalence chez les femmes de 15-49 ans est supérieure à celle des hommes de
la même tranche d’âges : 0,8% contre 0,5%. Il en résulte un ratio d’infection entre les
femmes et les hommes de 1,6 ; autrement dit, il y a 160 femmes infectées pour 100
hommes. D’où une tendance à la baisse du ratio d’infection femme/homme, qui est
passé de 2,25 en 2005 (EDS4) à 1,6 en 2010 (EDS5).
Aissatou B.Diallo Page 17
Ces résultats confirment la grande vulnérabilité des femmes par rapport aux
hommes. D’une part cette vulnérabilité particulière des femmes est essentiellement
de quatre ordres, la vulnérabilité socioculturelle liée à la sexo-spécificité et à
l’analphabétisme, la vulnérabilité physiologique, la vulnérabilité épidémiologique et
la vulnérabilité économique.
D’autres parts cette vulnérabilité des femmes peut s’expliquer par leurs
caractéristiques biologiques plus propices à la transmission du VIH, leur situation
économique généralement faible et d’autre part par un contexte socio culturel
discriminant, car elles disposent de peu de pouvoir de décision ou de négociation,
notamment, pour l’utilisation du préservatif au moment de la relation sexuelle.
Aissatou B.Diallo Page 18
II. Problématique La pandémie du SIDA est devenue depuis plus de deux décennies, une crise
sanitaire. Principale cause de mortalité des femmes en âge de procréer, le VIH
représente un facteur déterminant de la mauvaise santé des mères et des enfants.
Elle constitue actuellement un problème grave et prioritaire de santé publique et un
problème de développement. Depuis 1981, le SIDA a causé la mort de plus de 25
millions de personnes.
Dans les pays en développement, 17,2 millions de femmes vivent avec le VIH/SIDA,
soit 48% des adultes porteurs du virus.
Cependant l’Afrique subsaharienne reste la région la plus touchée avec 25,8 millions
de personnes vivant avec le VIH/SIDA, on estime que 2,4 millions de personnes sont
mortes des maladies liées au VIH dans la même région en 2005, alors que 3,2
millions de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH. Ce sont surtout les
femmes et les enfants qui subissent le plus les conséquences de cette pandémie et
chez qui les taux de nouvelles infections et de décès sont les plus élevés. Pour la
seule année 2005, on estimait à 540 000 le nombre d’enfants nouvellement infectés
par le VIH, dont environ 90% résident en Afrique subsaharienne avec 57% des
femmes vivant avec le VIH/SIDA. L’impact du VIH/sida sur les femmes et les enfants
justifie le renforcement des programmes pour la prévention de la transmission mère-
enfant (PTME).
En 20108, selon les estimations, 3 400 000 enfants de moins de 15 ans dans le
monde vivaient avec le VIH et 390 000 ont été infectés. Cette même année, 250 000
enfants sont morts du sida et la morbidité infantile liée à cette maladie restait un
véritable problème pour les systèmes de santé, qui devaient répondre aux besoins
croissants en soins de santé liés au sida.
Ceci a conduit l’ONUSIDA à mettre en place une nouvelle Stratégie (2011-2015)
Objectif : Zéro, se fixe comme objectif pour 2015 l’élimination de la transmission
verticale du VIH et la réduction de moitié de la mortalité maternelle liée au sida. 8Pour l’élimination de la transmission mère enfant, OMS 2012
Aissatou B.Diallo Page 19
En collaboration avec des partenaires, l’ONUSIDA a lancé, lors de la Réunion de haut
niveau sur le sida qui a eu lieu en 2011, le Plan mondial pour éliminer les nouvelles
infections à VIH chez les enfants à l’horizon 2015 et maintenir en vie leurs mères. Ce
plan servira de fondement aux initiatives prises à l’échelle nationale pour éliminer les
nouvelles infections à VIH chez les enfants et protéger, dans une optique fondée sur
les droits, la santé et la vie des mères9, notamment les mères vivant avec le VIH.
Partout dans le monde, l'épidémie de SIDA a un profond impact, faisant ressortir le
meilleur comme le pire chez les individus. Elle suscite le meilleur lorsqu'elle rend les
gens solidaires pour s'élever contre les manifestations de déni des gouvernements,
des communautés et des individus et pour apporter un appui et des soins aux
personnes vivant avec le VIH et le SIDA. Elle fait naître le pire lorsque les personnes
subissent le rejet et l'ostracisme de leurs proches, leur famille et leur communauté et
des discriminations à la fois personnelles et institutionnelles.
La stigmatisation et la discrimination existent et constituent des violations des droits
des personnes vivant avec le VIH/SIDA ou d’autres groupes vulnérables.
Au Sénégal, le taux de discrimination et de stigmatisation sont très alarmants : 9%10
des personnes vivant avec le VIH ont perdu leur emploi à cause de leur statut. Les
personnes vivant avec le VIH (VIH) au Sénégal continuent de souffrir de la
discrimination et de la stigmatisation nonobstant les activités de plaidoyer. D’après le
secrétaire général du Réseau national des VIH (Rnp+), le taux de stigmatisation de
manière générale est de 39% et celui de l’auto-stigmatisation de 70%.
Sur le plan du développement, l’épidémie de VIH a diminué l’espérance de vie dans
les pays les plus touchés entrainant des diminutions importantes du produit intérieur
brut(PIB) et conséquemment aggrave la pauvreté qui sévit sur le continent africain.
9Plan mondial pour éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants à l’horizon 2015 et maintenir en vie leurs mères: http://www.unaids.org/en/media/unaids/contentassets/documents/unaidspublication/2011/20110609_JC2137_Global-Plan-Elimination-HIV-Children_en.pdf. Voir également les lignes directrices élaborées par l’Organisation mondiale de la santé : Médicaments antirétroviraux pour traiter la femme enceinte et prévenir l’infection à VIH chez l’enfant : Recommandations pour une approche de santé publique (version 2010) (http://whqlibdoc.who.int/publications/2010/9789241599818_eng.pdf) 10Etude réalisée en 2012 sur l’index de stigmatisation au Sénégal.
Aissatou B.Diallo Page 20
Bien que le nombre de femmes faisant appel aux services de prévention de la
transmission mère-enfant soit aujourd’hui en augmentation, l’offre de services de
prévention de la transmission verticale du VIH se heurte aux difficultés particulières
que constituent la stigmatisation et la discrimination liées au VIH. Certaines femmes
disent qu’elles hésitent à se rendre dans les établissements de soins offrant des
services de prise en charge du VIH, entre autres, de peur d’apprendre qu’elles sont
séropositives et d’être confrontées à l’ostracisme, au rejet, voire à la violence de leur
famille et de leur communauté s’ils venaient à apprendre leur séropositivité.
La crainte de la discrimination empêche les gens de consulter pour bénéficier d’un
traitement contre le SIDA. Ils sont dissuadés de recourir aux services de conseil et de
test volontaire, pilier des programmes de prévention, de traitement et de soins.
Les personnes vivant avec le VIH peuvent ainsi se retrouver isolées, et privées de
soins et de l’appui qui pourrait atténuer l’impact de l’épidémie.
Même dans leur recherche de soins et d’appui, les personnes vivant avec le VIH
peuvent subir les dures répercussions de la stigmatisation et de la discrimination.
Celles qui cherchent soins ou conseils peuvent être rejetées précisément par les
services qui devraient les aider, comme le montre certaines études.
Une étude conduite en 2002 auprès de quelques 1000 médecins, infirmières et sages-
femmes dans quatre Etats du Nigeria a abouti à des conclusions gênantes. Sur 10
médecins et infirmières, un/une a admis avoir refusé de s’occuper d’un patient affecté
par le VIH/SIDA, ou avaient refusé l’admission dans un Hôpital a des patients affectés
par le VIH/SIDA. Presque 40% pensaient que l’aspect extérieur d’une personne trahit
sa séropositivité VIH, et 20% considéraient que les personnes vivant avec le VIH
avaient adopté des comportements contraires à la morale, et qu’elles méritaient bien
ce qui leur arrivait.
Le manque de connaissance des personnes concernant le virus (s’accompagnant
souvent de propos médisants à l’égard des personnes vivant avec le VIH) était
apparemment l’un des facteurs alimentant la discrimination.
Une étude de SOW et al. (2002) soutient qu’au Sénégal, les femmes célibataires ont
difficilement un appui lorsqu’elles contractent le SIDA. Selon l’ONUSIDA (2002), les
Aissatou B.Diallo Page 21
vieilles idéologies concernant la sexualité ont fait porter aux femmes la responsabilité
de la transmission des infections sexuellement transmissibles et du VIH.
Ce phénomène influerait sur la manière dont les communautés et les familles
réagissent à la séropositivité des femmes. Les femmes portent souvent le blâme de
leur infection au VIH et celle de leurs conjoints.
Cependant, la TME peut survenir au cours de la grossesse, au cours du travail et de
l’accouchement ou au cours de l’allaitement maternel. Ceci dit qu’il est important de
faire dépister toutes les femmes enceintes et de pouvoir faire un suivi approprié pour
la réduction de la TME. En l’absence de toute intervention et sans allaitement
maternel, le risque de TME est de 15 à 30%.
L’allaitement maternel par une mère vivant avec le VIH augmente ce risque de 5 à
20%, le risque total de TME atteignant alors 20 à 45%. Ce risque peut être réduit à
moins de 2% par l’utilisation d’un paquet d’interventions. La discrimination est la
conséquence de la stigmatisation et elle se traduit par un traitement injuste et
inéquitable des femmes en raison de leur sérologie VIH réelle ou présumée.
La question que nous allons aborder est la suivante : « les femmes séropositives
ayant accouché durant les 14 derniers mois sont-elles victimes de stigmatisation lors
des accouchements dans les structures sanitaires.
Connaitre les déterminants de la stigmatisation des femmes séropositives dans les
structures sanitaires peut s’avérer utile pour une meilleure orientation des stratégies
de lutte contre la stigmatisation.
Aissatou B.Diallo Page 22
III. Objectifs de l’étude 1. Objectif général
Cette étude a pour objectif général d’analyser les obstacles que la stigmatisation
constitue pour le recours aux soins des femmes séropositives dans les structures
sanitaires.
2. Objectifs spécifiques Evaluer l’ampleur de la stigmatisation.
Identifier les déterminants de la stigmatisation.
Analyser les conséquences de la stigmatisation sur le recours aux soins.
3. Hypothèses Les femmes instruites sont moins stigmatisées que les non instruites.
Les femmes ayant une activité génératrice de revenu ont moins d’enfants que
celles qui n’en ont pas.
4. Intérêt de l’étude
L’intérêt de notre étude est de permettre aux décideurs d’avoir une vision plus nette
de la situation des femmes séropositives. Elle permet aussi d’orienter les partenaires
vers les priorités d’interventions pour une meilleure condition de vie des femmes
séropositives.
Aissatou B.Diallo Page 23
Chapitre 2 : REVUE DE LA LITTERATURE
I. Définition des principaux concepts 1. La santé
Un individu en bonne santé est un individu capable de fonctionner aussi efficacement
que possible, dans son milieu et de se consacrer pleinement à ses projets.
2. Le système de santé Par système de santé, on entend l’ensemble des organismes, institutions et
ressources du public et du privé mandatés pour améliorer, maintenir ou rétablir la
santé dans le cadre politique ou institutionnel dans chaque pays.
3. La politique sanitaire La politique de santé est essentiellement un outil d’aide à la décision mis à la
disposition de ceux qui ont pour tâche d’intervenir pour améliorer l’état de santé des
individus et des populations.
4. La prévalence La prévalence est une mesure de l'état de santé d'une population à un instant donné.
Pour une affection donnée, elle est calculée en rapportant à la population totale, le
nombre de cas de maladies présents à un moment donné dans une population (que le
diagnostic ait été porté anciennement ou récemment). La prévalence est une
proportion qui s'exprime généralement en pourcentage.
5. La stigmatisation
La stigmatisation dont on parle tant dans le cadre du VIH /SIDA, est le fait d’indexer
une personne et d’afficher à son égard un comportement, une attitude négative.
MICOLLIER Evelyne note les définitions du dictionnaire (Larousse, 1991) : « Le
stigmate est une marque durable que laisse une plaie, une maladie ». « Stigmatiser
est le fait de flétrir, blâmer avec dureté et publiquement. Littéralement, c’est une trace,
une marque qui révèle une dégradation ».
6. La discrimination
Le terme de discrimination renvoie à toute forme de distinction, d’exclusion ou de
restriction à l’égard d’une personne généralement, mais pas exclusivement en
fonction d’une caractéristique inhérente à cette personne, que ces mesures aient ou
non une quelconque justification.
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La notion de stigmatisation est attachée au nom d’Erving Goffman (sociologue) qui la
développe dans son ouvrage Stigmates – Les usages sociaux des handicaps (Les
Éditions de Minuit, 1975, première édition en 1963). A l’origine de l’acceptation du
terme, « stigmate désignait chez les grecs des marques inscrites sur le corps, visant à
mettre en évidence ce que le statut moral d’une personne contenait d’inhabituel et de
haïssable. (GOFFMAN, 1975).
La stigmatisation11 liée au VIH/sida peut être décrite comme un processus de
dévalorisation des personnes qui vivent avec le VIH/sida ou y sont associées.
Elle émane souvent de la stigmatisation sous-jacente qui accompagne les questions
sexuelles (Combien de fois avez-vous fait l’expérience du rejet sexuel en raison de
votre statut séropositif ? vous a-t-on refusé des services de santé sexuelle et
reproductive à cause de votre statut sérologique ?, et la consommation de drogues
injectables, deux des principales voies de transmission de l'infection à VIH.
Blouin, M, Bergeron, C., (1997) définissent la stigmatisation comme toute parole ou
action menant à transformer une défiance, une incapacité ou un handicap en une
marque négative pour la personne.
Concernant les actes stigmatisant et discriminatoires, Stenou fait justement remarquer
que : « Dramatiques conséquences du VIH/SIDA, et obstacles principaux à la
prévention et prisez en charge, la discrimination et la stigmatisation des personnes
vivant avec le VIH et de leur entourage est une sombre réalité que l’on préfère parfois
ignorer. Trop souvent, les personnes contaminées sont mises au ban de leur famille et
de leur communauté, chassées de leur domicile, rejetées par leur conjoint, parfois
victimes de violence physique pouvant aller jusqu’au meurtre. Discriminer sur un plan
personnel et institutionnel, ces personnes peuvent se voir refuser l’accès aux soins, à
une assurance, l’entrée dans certains pays, l’obtention d’un travail. La crainte de la
discrimination et de la stigmatisation détourne du dépistage, et incite les personnes
infectées et affectées par le VIH/SIDA à se taire, et à se priver de soins et d’une
attention sociale et humaine pourtant indispensables. ».
11 AIDE-MEMOIRE, ONUSIDA, Décembre 2003
Aissatou B.Diallo Page 25
Cette longue tirade montre bien que la stigmatisation et la discrimination constituent
en tant que tel un problème de santé publique et ont des fondements pluriels.
Nous retiendrons que la discrimination est le fait d’ignorer la personne malade, en lui
refusant l’accès aux soins, à une assurance, l’entrée dans certains pays, l’obtention
d’un travail. Alors que la stigmatisation une distinction, une différentiation ou une
péjoration de l’individu, un avilissement, un rabaissement, dans l’ordre des valeurs ; à
travers une marque distinctive, un nom (un stigmate).
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II. Revue de la littérature 1. Considération générale
Une grande partie de la littérature publiée sur la stigmatisation et la discrimination
relativement au VIH/SIDA, révèle que le VIH/SIDA a été le prétexte d’une grande
expression de la stigmatisation et de la discrimination et a mobilisé de fortes réactions
défensives des hommes et des sociétés.
Une évolution notoire a été enregistrée : la réorientation de tous les corps
d’interventions en médecine, en santé publique et dans les sciences sociales (Grmek,
1995 ; Greacen, Hefez, &Marzloff, 1996 ; Hefez& coll., 1996 ; Montagnier,
Rozenbaum et Gluckman, 1989 ; Pratt, 1991).
Un nouveau paradigme des interventions, qui prend en compte une approche
intégrée, biopsychosociale est née (Desclaux, 2003) : « l’histoire des maladies- en
particulier celles des épidémies- n’est pas qu’une histoire de diffusion microbienne et
de combat médical : c’est aussi une histoire de méfiance envers les malades,
d’évitement et de mise à l’écart, et, simultanément, sur un mode moins
immédiatement perceptible, une histoire de compassion et de solidarité ».
En effet, dans l’histoire des maladies, la stigmatisation (indexation péjorative
publique) et la discrimination (adoption d'une attitude spécifique) apparaissent comme
des phénomènes constants. Ceci est selon plusieurs auteurs (Greacen, Hefez,
&Marzloff, 1996 ; Hefez& coll., 1996 ; Laplantine, 1986), imputable à la crainte, à
l’impuissance des hommes en société face à la maladie, et la menace radicale qu'elle
signifie : la mort. Les hommes en société construisent des mécanismes de défense.
Considérée de ce point de vue, la discrimination et la stigmatisation sont tout à la fois
l’expression d’un traumatisme lié à l’impuissance des hommes face à la mort, et la
réaction à ce traumatisme.
La revue de la littérature aura enregistré un certain nombre de point de vue sur
l’origine de la stigmatisation et de la discrimination attachées au VIH/SIDA. Ces points
de vue s’inscrivent dans les champs de discipline que constituent l’anthropologie, la
sociologie, la psychologique, le droit et l’économie.
Aissatou B.Diallo Page 27
De l’avis de certains auteurs (Chevalier, 1993 ; Desclaux, 2003 ; Hefez & coll., 1996 ;
Laplantine, 1986), une intervention efficace face à la maladie serait celle qui tiendrait
compte du caractère explicatif de ces différentes approches. La biologie rendrait
compte de l’incidence de la pathologie sur le fonctionnement organique, donnerait une
lecture éthiopathogénique et une approche de prise en charge médicale; la
psychologie expliquerait les incidences psychologiques des différentes approches
socio anthropologiques sur la persistance de la stigmatisation et la discrimination, en
même temps qu’elle donnerait un éclairage sur les mécanismes psychiques
conscients et inconscients, individuels et collectifs, qui expriment l’enracinement de
ces deux fléaux et de leur persistance dans les comportements des hommes et des
collectivités.
Quant à l’anthropologie, la sociologie, l’économie, le droit et la psychosociologie, ils
éclaireraient les mécanismes psychosociaux et les faits collectifs susceptibles
d’expliquer l’origine sociale de la stigmatisation et de la discrimination, ainsi que les
dynamiques sociales qui l’entretiennent en lui donnant un éclairage dans l’histoire des
hommes et des sociétés, mais surtout dans une constellation socioculturelle propre à
chaque groupe humain.
Ainsi notre revue de la littérature sera axée sur les causes de la stigmatisation des
femmes et les secteurs de manifestation de la stigmatisation.
2. Les causes de la stigmatisation Au Sénégal, la prévalence chez les femmes de 15-49 ans est supérieure à celui des
hommes de la même tranche d’âges : 0,8% contre 0,5%. Il en résulte un ratio
d’infection entre les femmes et les hommes de 1,6 ; autrement dit, il y a 160 femmes
infectées pour 100 hommes. D’où une tendance à la baisse du ratio d’infection
femme/homme, qui est passé de 2,25 en 2005 (EDS4) à 1,6 en2010 (EDS5). Ces
résultats confirment la grande vulnérabilité des femmes par rapport aux hommes.
D’une part cette vulnérabilité particulière des femmes est essentiellement de quatre
ordres, la vulnérabilité socioculturelle liée à la sexo-spécificité et à l’analphabétisme,
la vulnérabilité physiologique, la vulnérabilité épidémiologique et la vulnérabilité
économique.
Aissatou B.Diallo Page 28
D’autre part cette vulnérabilité des femmes peut s’expliquer par leurs caractéristiques
biologiques plus propices à la transmission du VIH, leur situation économique
généralement faible et d’autre part par un contexte socio culturel discriminant car elles
disposent de peu de pouvoir de décision ou de négociation notamment pour
l’utilisation du préservatif au moment de la relation sexuelle.
Sur le plan biomédical : l’anatomie des organes génitaux féminins, la
conservation du sperme infecté, les pratiques sexuelles précoces, le caractère
asymptomatique des IST, les nécessités de transfusions sanguines suite aux anémies
liées aux grossesses et aux accouchements constituent, entre autres, des facteurs qui
vulnérabilisent les femmes.
Sur la plan économique : les inégalités sociales sont apparues chez la plupart
des auteurs, être un facteur implicite mais fécond de la discrimination et de la
stigmatisation. Puisqu’il est démontré que les indicateurs de santé sont fondés sur les
revenus et que, dans le cas du VIH/SIDA, les ressources économiques et la situation
sociale favorisent ou non la prévalence de la maladie, cette forme de discrimination
furtive et subreptice mérite d’être analysée.
En général, les femmes sont davantage touchées par les difficultés économiques qui
frappent un pays, ce qui est tout à fait vrai dans le cas du Mali. Pour celles qui n’ont
pas les moyens de leur survie, les rapports sexuels «transactionnels» constituent
d’importantes sources de risque en raison de l’incapacité à négocier des rapports
protégés. Les rapports sexuels entre les adolescentes et des hommes âgés, pour
raisons économiques ou sous la contrainte, demeurent aussi une source de
contamination des femmes dans un contexte où la transmission est majoritairement
hétérosexuelle.
Pour les femmes les conséquences du VIH/SIDA sont particulièrement dures. Dans
de nombreux pays en développement, elles sont déjà défavorisées du point de vue
économique, culturel et social et n’ont que difficilement accès aux traitements, au
soutien financier et à l’éducation. Etrangères aux structures du pouvoir et à la prise de
décision, elles peuvent se voir aussi refuser la possibilité de participer sur un pied
d’égalité à la vie de la société, et doivent obéir à des lois, normes et pratiques
répressives exerçant un contrôle sur leurs relations sexuelles.
Aissatou B.Diallo Page 29
Dans certaines sociétés ce sont les femmes qui sont considérées à tort comme
responsables de la propagation des infections sexuellement transmissibles, lesquelles
sont parfois qualifiées de « maladies féminines » (de Bruyn, 1992).
Sur la plan socioculturel ; les études entreprises par l’ONUSIDA sur les
réactions des familles et des communautés au VIH/SIDA dans les pays en
développement (Warwick et al, 1998 ; Aggleton et Warwick, 1999) apportent la preuve
que les femmes séropositives ont toutes les chances d’être traitées très différemment
des hommes. Alors que l’on trouve des « excuses » aux hommes pour un
comportement qui a causé cette infection, ce ne sera pas pour la femme. En Inde, par
exemple, les maris peuvent abandonner les femmes atteintes du VIH/SIDA qu’ils leur
ont transmis. Le rejet des membres de la famille élargie a également été signalé
comme courant (Bharat et Aggleton, 1999). Dans certains pays africains, les femmes
dont les maris sont morts d’infections associées au SIDA ont été tenues pour
responsables de leur décès. Le reste de la famille peut aussi chasser l’épouse
survivante de son domicile (Henri, 1990). Craignant de telles situations, certaines
femmes préfèrent ne pas connaître leur statut sérologique ou le tenir secret.
Ces réactions sont en partie dues à l’ignorance qui entoure les conditions de
transmissions du VIH/SIDA (Kegeles et al., 1989 ; Herek et Capitano, 1993 ; Herek et
al., 1998) ; à la peur (Blendon et Donelan, 1988 ; Tesch, Simpson et Kirby, 1990 ;
RosascoDulato, 1992) ; aux présomptions moralisatrices de culpabilité ( Cole, Zhang
et Chen, 1993 ; Masini et Mwampeta, 1993) ; et au fait que le VIH/SIDA est une
maladie perçue comme incurable. Tous ces éléments contribuent à faire apparaître
comme inutile la prestation de soins de santé de bonne qualité. Il y a le fait que la
stigmatisation, la discrimination et le rejet associés au VIH/SIDA relèvent de la
méconnaissance des modes de transmission et du manque d’information sur la
maladie.
De nombreuses personnes pensent que le sida se transmet uniquement par la voie
sexuelle à travers la prostitution et l’adultère.
A cette méconnaissance, s’ajoute la peur d’être contaminé (pour certaines personnes,
le fait même de serrer la main d’une personne infectée peut transmettre la maladie).
Les préjugés liés à la religion et aux coutumes constituent également un obstacle à la
connaissance de la maladie.
Aissatou B.Diallo Page 30
3. Les secteurs de manifestation de la stigmatisation
En raison du puissant stigmate qui frappe l’infection au VIH et à la maladie du SIDA,
les victimes sont généralement discriminées dans toutes les sphères
socioprofessionnelles. Aussi, ces réactions s’étendent à leur environnement social
(ONUSIDA, 2002; Réseau juridique canadien HIV/SIDA, 1999).
Les secteurs concernés par les manifestations de la discrimination et de la
stigmatisation ont également fait l’objet d’une importante littérature. Il serait loisible,
pour une exploitation opérationnelle de la revue de la littérature, de les classer par
secteur.
3.1. Au niveau de l’emploi
Au niveau de l’emploi, la discrimination des PVVIH (l’exigence de tests comme
condition d’embauche, la transmission du dossier fiscal à l’employeur - qui trahit la
confidentialité du secret médical) comporte souvent une composante de stigmatisation
: les harcèlements et la persécution des personnes connues séropositives dans leurs
milieux de travail, etc. (ONUSIDA, 2005).
3.2. Au niveau de la famille
La famille reste le principal lieu où se vit le drame du VIH (Ruffiot & Martin, 1995). On
enregistre souvent des cas d’abandons, d’isolation, de mise en quarantaine des
PVVIH (Mansour, 1993) ; les veuves sont régulièrement tenues pour responsables de
la maladie de leurs conjoints, du fait des inégalités des rapports sociaux de sexes ;
souvent bannies, en cas de décès de leurs maris, des biens étant confisqués par la
belle-famille. Des croyances sont édifiées sur la transmission au contact du PVVIH ou
au fait d’avoir partagé nourriture, instruments, vêtements, ou espace de vie avec eux.
Au niveau des collectivités sociales et des communautés traditionnelles. On enregistre
le rejet des malades et de leurs entourages (Mansour, 1993). Des croyances relatives
à la prostitution, et à la débauche sont édifiées sur les personnes infectées et
affectées par le VIH, principalement lorsque le PVVIH est une femme (Institut Panos,
1991). Il y a association du déshonneur et de l’infamie qui entraîne l’auto
stigmatisation chez les personnes infectées et affectées par le VIH.
Certaines croyances traditionnelles relatives à la virginité avant le mariage
compliquent les actions de lutte contre le VIH : peur de se faire dépister, peur de se
déclarer séropositif (Laplantine, 1986).
Aissatou B.Diallo Page 31
3.3. Au niveau des communautés religieuses
Le fait que le VIH se transmet principalement par voie sexuelle en Afrique justifie la
stigmatisation et la condamnation dans la plupart des groupes et systèmes religieux
(Saint-Jarre, 1994). Les PVVIH sont regardés comme, irrespectueux de la loi divine.
L’ensemble de ces constats, de même que la revue de la littérature (Faure, 1996 ;
Greacen, Hefez, Marzloff, 1995 ; Grmek, 1995 ; Hefez, 1996 ; Montagnier
Rozenbaum&Glukman ; Pratt, 1991 ; Ruffiot, 1990 ; Ruffiot& Martin, 1995 ; Martin,
1988 ; 1993 ; Moumen-Marcoux, 1995) indiquent que malgré les nombreux acquis en
matière de luttecontre le VIH, les grands défis de la prévention sont encore d’actualité,
et sont en partie expliqués par le cycle dramatique de l’exclusion et de la
stigmatisation.
3.4. Au niveau du système de santé
Nombre de rapports révèlent que des individus sont l’objet de stigmatisation et de
discrimination de la part des services de santé. Les soins sont refusés de plus en plus
fréquemment (voir par exemple, AIDS BhedhanVirdhiAndolan, 1993 ; Carvalho et al.,
1993 ; Paneblanco et al., 1994), on cite également des cas où les malades ont, été
laissés dans leur lit sans que le personnel hospitalier ne s’en occupe (voir, par
exemple, Daniel et Parker, 1990 ; Ogola, 1990 ; Masini et Mwampeta, 1993) ; des cas
de test de séropositivité sans consentement préalable, des entraves à la vie privée, et
de refus d’accès aux installations hospitalières et aux médicaments (voir, par
exemple, Paneblanco et al.1994). Les PVVIH bénéficient souvent de soins, sinon
médiocres, du moins de qualité douteuse (Pratt, 1991).
L’ONUSIDA (2002) explique que, dans le monde entier, l’épidémie du VIH/SIDA s’est
avérée capable de susciter ce qu’il y a de noble chez l’homme au sein des familles et
des communautés : compassion, solidarité et soutien. Mais elle a aussi donné lieu,
dans les familles et dans l’environnement, à des réactions d’ostracisme, de
stigmatisation, à la répression, à la discrimination.
Ces réactions se sont avérées réelles aussi bien dans les pays riches au Nord que
dans les pays en développement au Sud (ONUIDSA, 2002 :6).
Aissatou B.Diallo Page 32
En 1987 déjà, Jonathan Mann avait écrit que la stigmatisation et la discrimination liées
à l’infection du VIH/SIDA ont sérieusement empêché les individus, les familles, les
communautés de se protéger et d’apporter un soutien aux personnes atteintes (cité
dans ONUSIDA 2000 : 6). Dans une genèse de la stigmatisation du SIDA, Perreault
(1995) explique que la stigmatisation est un phénomène variable selon les sociétés et
est générée aussi bien par des conditions sociales comme la pauvreté, l’ethnie que
par les maladies.
Pour le Sénégal, le Cameroun et le Burundi, Loenzien (2002) a répertorié des
pratiques de stigmatisation et de discrimination des personnes et des groupes liés au
sexe, à la mobilité, à l’urbanisation, à la proximité des malades, au statut matrimonial.
Ces pratiques se matérialisent dans des conduites de rejet qui renvoient la personne
atteinte à l’hôpital afin d’éviter le contact avec les autres. L’hôpital devient, à la fois, le
lieu de soins mais aussi le lieu d’éloignement pour éviter la contamination. Des
attitudes de dissimulation, d’exclusion ou de culpabilisation de PVVIH ont été
répertoriées au Sénégal et au Cameroun; le VIH/SIDA est assimilé à une punition
(Loenzien, 2002 : 138-148).
On a signalé de nombreux cas où des individus soupçonnés d’être infectés ou
d’appartenir à un groupe particulier avaient été harcelés ou traités en boucs
émissaires. Cette attitude est souvent encouragée par le besoin de trouver un
coupable et de punir et peut, dans des cas extrêmes, aller jusqu’à des actes de
violence et à des meurtres (Nardi et Bolton, 1991). Les professionnels du sexe et les
enfants des rues du Brésil ont ainsi été l’objet de violence et de mauvais traitements
(Peterson, 1990 ; Byrne, 1992). Des meurtres liés au VIH/SIDA ont été signalés dans
des pays aussi différents que l’Afrique du sud, le Brésil, la Colombie, l’Ethiopie, l’Inde,
la Thaïlande (Panos, 1990 ; AFAO, 1997). En décembre 1998, Gugu Dhlamini a été
lapidée et battue à mort par des voisins dans sa township proche de Durban (Afrique
du sud) parce que qu’elle avait parlé franchement de sa séropositivité lors de la
Journée mondiale du SIDA.
A qui parler, comment et quand, voilà des questions qui suscitent la peur, l’angoisse
chez de nombreuses personnes vivant avec le VIH/SIDA et peuvent les empêcher de
rechercher un traitement et des soins (Moynihan et al. 1995 ; Omangi, 1997). Même
lorsque des lois ont été promulguées pour protéger les droits et la vie privée des
Aissatou B.Diallo Page 33
personnes vivant avec le VIH/SIDA, peu de personnes sont prêtes à entamer des
poursuites, de peur que leur identité ne devienne largement connue.
Par conséquent, il est possible que le déni personnel du risque et de la vulnérabilité
ne soit pas une réaction inhabituelle à l’épidémie. Le déni peut se manifester par la
prise de distance par rapport au problème et, dans certains cas extrêmes, aboutir à
une perception erronée de l’individu de sa propre vulnérabilité. Cette attitude peut
également entraîner un refus du test volontaire, notamment chez les membres des
groupes particulièrement vulnérables, accroissant de ce fait le risque potentiel de
transmission du VIH au sein de la communauté (Lie et Biswalo, 1996) et diminuant
l’efficacité de la prévention, des soins et du soutien.
De plus en plus on constate que les femmes (Bharatet Aggleton, 1999) et les
membres de la famille non hétérosexuels (Castro et al. 1998a ; 1998b) courent plus
de risques d’être maltraités que les enfants et les hommes. Les efforts de la famille
pour faire face à la stigmatisation exercée par la communauté ont été également des
conséquences sur la qualité des soins. Les familles peuvent protéger leurs membres
affectés de la communauté en les gardant à la maison ou en les protégeant de toutes
interrogations (Lwihula et al. 1993). Le succès de ces stratégies pourra dépendre des
ressources du ménage concerné et de sa capacité à fournir des soins sans faire appel
à l’aide des membres de la communauté.
Du fait de leur morphologie, de leur place dans la société, de leur situation
économique, les femmes restent exposées, vulnérables et stigmatisées.
Dans le cas du Sénégal, malgré l’évolution notée dans la lutte contre le sida, il reste
néanmoins utile d’évaluer le niveau de recours aux soins des femmes séropositives.
Ainsi dans plusieurs études, la méthodologie adoptée est ceux des entretiens directifs,
semi-directifs et le questionnaire. Dans notre cas, nous retenons le questionnaire qui
nous semble plus simple et sera administré aux femmes séropositives.
4. Choix du modèle
La revue de la littérature nous a permis de prendre en connaissance les différentes
causes de la stigmatisation des femmes. Ainsi nous nous inspirons de ces différentes
études menées pour le choix des variables telles que l’âge, les années vécues avec le
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VIH, le revenu, la situation matrimoniale, le niveau d’instruction, l’ethnie, le lieu
d’habitation, l’activité génératrice de revenu de la personne enquêtée.
Compte tenu de la nature de notre variable endogène (Ref : Question 23) qui est de
type qualitatif et dichotomique et des variables exogènes (qualitatives et
quantitatives), nous choisissons pour notre modèle économétrique la méthode de
régression logistique binaire. Notre choix est justifié par la nature de la variable
dépendante de notre modèle (la stigmatisation des femmes) qui est qualitative et
dichotomique (prend les valeurs 0 quand on n’est pas victime de stigmatisation, et 1
dans le cas contraire) et par le fait que les variables indépendantes sont à la fois
quantitatives et qualitatives.
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DEUXIÈME PARTIE: CADRE OPÉRATIONNEL DE L’ÉTUDE
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Chapitre 3 : Cadre opérationnel de l’étude et méthodologie
I. Présentation de l’association Aboya est une association créée depuis juin 2001. Située dans la ville de
Guédiawaye, elle compte, au plus, 500 membres composés essentiellement de
femmes. C’est une des associations les plus puissantes de par son effectif et son
dynamisme. Elle accompagne les femmes depuis la connaissance du statut jusqu’à
la prise en charge de l’individu. Elle joue un rôle important dans le suivi
psychologique et financier de la personne infectée. Aboya permet aux femmes de
vivre positivement leur statut malgré les difficultés auxquelles elles sont confrontées,
aussi bien dans leur foyer que dans leur quartier.
1. Organigramme de l’association Les membres du bureau sont au nombre de 10 personnes :
Secrétaire générale
Vice présidente
Chargée des affaires sociales
Chargé de projet Trésorière adjointe
Chargée de l’organisation
Gestionnaire
Présidente
Trésorière
Secrétaire générale adjointe
Aissatou B.Diallo Page 37
Les activités de l’association Les activités menées en son sein sont de diverses natures, nous pouvons en citer
quelques unes :
les groupes de parole
les repas communautaires
la visite à domicile
la recherche des perdues de vue
la prévention positive
Forces de l’association Force de mobilisation des membres ;
Bonne communication ;
Soutien et suivi des personnes en difficultés ;
Lieu d’échanges et de partage.
Faiblesses de l’association Ressources financières insuffisantes
Peu de partenaires
Niveau d’études faibles des membres
Les sources de financement
Elle est financée par certains bailleurs tels que le Fond Mondial, Family Health
International (FHI 360), Terre des Hommes et le Conseil National de Lutte contre le
Sida.
2. Caractéristiques sociodémographiques
Le district de Guédiawaye enregistre une population totale de 310.803hbts. Les
femmes en âge de reproduction sont aux nombres de 71.485 avec 12.121
grossesses-attendues pour une population d’enfants de 0-36 mois et de 6-59 mois
54.080 (SNIS 2010).
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II.Méthode de recherche Dans cette partie, nous mettons en exergue le type d’étude, les techniques de
collecte et l’analyse des données.
1. Type d’étude
La nature de l’étude est de type descriptif et analytique. Compte tenu des objectifs
visés dans le cadre de notre recherche, plusieurs techniques ont été utilisées.
2. Population étudiée
L’unité d’échantillonnage retenue dans notre étude est la femme séropositive ayant
accouché durant les 14 derniers mois. Le groupe cible est principalement les
femmes séropositives en âge de procréer.
3. Critère d’inclusion
Le questionnaire est soumis aux femmes séropositives qui ont accouché durant les
14 derniers mois. Elles sont rencontrées lors des activités menées par l’association
And Bokk Yakaar de Guédiawaye.
4. Taille de l’échantillon En 2013 l’association a enregistré 34 PTME, et, pour agrandir notre échantillon, nous
avons choisi d’enquêter auprès des femmes qui ont accouché durant les 24 derniers
mois. Et la taille de notre échantillon est de 40 femmes séropositives.
5. Plan de collecte des données Nous avons déposé une demande d’autorisation de collecte de données au niveau
de l’établissement public de santé de Roi Baudoin, mais, vu que notre étude cible un
groupe spécifique de personnes bien sensibles, ils nous ont envoyée dans une
association de PvVIH où j’ai pu finalement mener l’enquête.
Les données ont été collectées à l’aide d’un questionnaire préétabli. Il a servi à
recueillir les informations relatives à la situation sociodémographique,
socioéconomique, socioculturelle et de la perception de la qualité des soins fournis
par les structures où elles sont suivies.
Aissatou B.Diallo Page 39
Plan d’analyse
Les données collectées sont saisies et traitées par le logiciel SPSS 10.0 et Excel
2010. Toutes les productions statistiques (fréquences, moyenne, minima, maxima)
sont réalisées avec le logiciel SPSS 10.0 et Excel 2010.
L’analyse des données repose sur des techniques économétriques. Pour notre
étude, nous avons choisi le modèle de régression logistique binaire (modèle Logit).
L’avantage de ce modèle nous a permis de déterminer :
Dans quelle mesure les facteurs considérés expliquent la variable endogène
La contribution de chaque facteur à expliquer la variable endogène au-delà de
tous les facteurs contenus dans le modèle.
6. Contraintes et limites
Les principales contraintes résultent de la spécificité du groupe cible. Il faut dire que
les rencontrer, n’est pas chose facile. En effet, nous avons profité des activités
menées par l’association pour pouvoir les rencontrer et leur soumettre le
questionnaire. Les activités menées sont étalées sur plusieurs mois, compte tenu du
financement du bailleur. Ce qui a retardé notre étude. Et le peu de temps dont nous
disposions nous a poussé à réduire la taille de notre échantillon à 40 femmes.
Du fait que certaines femmes n’adhèrent pas les associations, certaines données
peuvent nous échapper. Ainsi, en est-il des femmes qui se sentent stigmatisées et
qui restent à la maison et ne sont en contact avec les structures que lors des rendez-
vous.
7. Résultats attendus
A l’issue de cette étude, on devrait pouvoir identifier, parmi les variables explicatives,
celles qui sont significatives et qui expliquent la stigmatisation des femmes
séropositives et valider notre modèle économétrique. Ces variables sont les
principaux facteurs explicatifs de la stigmatisation des femmes lors des
accouchements. Ainsi, sur ces dernières, nous pourrons agir pour lutter contre la
stigmatisation et améliorer la prise en charge des PvVIH et la réactivité des
établissements publics de santé.
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8. Formule du modèle 1. Variable endogène
La variable principale à expliquer est la stigmatisation des femmes. Nous
considérons comme « non stigmatisée », les femmes qui n’ont jamais été victimes
d’insultes, de menaces, ou de harcèlements verbaux, au cours de leur grossesse.
0 si la femme n’a jamais été victime de stigmatisation (insulte, menace
harcèlement).
1 si la femme a été une fois victime de stigmatisation (insultes, menaces ou
d’harcèlements).
2. Variables exogènes
L’analyse de la probabilité d’être stigmatisée ou pas se fera en fonction de variables
regroupées en quatre types de déterminants :
Les déterminants sociodémographiques : l’âge, l’ethnie, les années vécues avec
le VIH, la situation matrimoniale, le lieu de résidence, le niveau d’instruction de la
femme, le nombre d’enfants.
Les déterminants économiques : l’activité génératrice de revenu, le chiffre
d’affaires de l’AGR, le revenu du ménage.
Les déterminants liés à la fréquentation : le changement de structure et les
consultations prénatales.
Les déterminants liés à la perception de la qualité des soins : appréciation des
consultations prénatales, témoignage de la stigmatisation, explication du
changement de structure.
Le modèle LOGIT sera l’outil utilisé pour modéliser la stigmatisation des femmes
séropositives.
Hypothèse :
)=
Pour un individu i particulier la valeur estimée de la variable expliquée yi est nommée
Aissatou B.Diallo Page 41
Yi est la variable expliquée relative à la stigmatisation des femmes séropositives.
i représente le terme de l’erreur du modèle.
i représente les coefficients des variables explicatives du modèle.
Xi regroupe l’ensemble des variables explicatives du modèle.
3. Définitions opérationnelle des variables Age (âge)
Ethnie (ethnie)
Années vécues avec le VIH (anvec)
Situation matrimoniale (sitmat) Niveau d’instruction (nivins)
Quartier (quart) Habitation (habita)
Activité génératrice de revenu (AGR)
Montant AGR (magr) Revenu du ménage (remenage)
Nombre d’enfants (nbrefts)
Nombre de repas (repas)
Consultation prénatale (CPN)
Accouchement à domicile (accoudom)
Explication accouchement à domicile (expliacc)
Apprécier les CPN (aprecpn)
Obstacles aux cpn (obscpn)
Explications des obstacles (expobs)
Refus des services de santé (refusant) Changement de structure (changstr) Prise d’ARV (ARV)
Témoin de stigmatisation (témstig)
Témoignage stigmatisation (expstigm)
Mal acceptation (nonaccep)
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Autre association (assoss)
Association PvVIH (apvVIH)
Le modèle peut s’écrire de la manière suivante :
Yi= β0 + β1anvec + β2sitmat+ β3nivins + β4quart+ β5habita + β5AGR+ β6
MAGR+ β7Remanag +β8nbrefts + β9repas+ β10CPN+ β11accoudom + β12expliacc + β13aprecpn+ β14obscpn+ β15explobs+ β16 refusant + β17changstr + β18temstig + i
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Définition opérationnelle des variables
Variables
Définition opérationnelle des variables explicatives
Nat ure de la variable
Age (âge) Age en années révolues Quantitative continue
Années vécues avec le VIH (anvec)
Allant de l’année où la personne a été infectée jusqu’à l’année d’enquête.
Qualitative discrète
Situation matrimoniale (sitmat) Situation matr
imoniale Qualitative dichotomique
Niveau d’instruction (nivins) Niveau achevé complet Qualitative dichotomique
Quartier habité (quat) Lieu de résidence Qualitative discrete
Ethnie (Ethnie) ethnie Qualitative discrete
Habitation (hab) Dès lors que la personne vit avec son mari elle est en famille.
Qualitative dichotomique
Activité génératrice de revenu (agr)
Activité exercée par la femme Qualitative dichotomique
Montant AGR (magr) Déclaration de la paie quotidienne
Qualitative discrete
Revenu du ménage (remenag) Déclaration du revenu mensuel
Qualitative discrete
Nombre d’enfants (nbrefts)
Nombre d’enfants Quantitative
Nombre de repas (repas)
Repas habituel par jour. Quantitative
CPN effectuée (CPN) La personne a au moins effectué une CPN
Qualitative dichotomique
Accouchement à domicile (accoudom)
A ou n’a pas accouché à domicile Qualitative dichotomique
Explication accouchement à domicile (expliacc)
Explications fournies pour les raisons de l’accouchement
Qualitative dichotomique
Apprécier les CPN ( aprecpn)
Appréciation des CPN par les femmes
Qualitative discrete
Obstacles aux cpn (obscpn)
Les entraves aux CPN Qualitative discrete
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III. Résultats Ce chapitre entérine la présentation des résultats de l’enquête ; ces derniers
ressortent d’un traitement statistique et économétrique réalisé via deux logiciels
SPSS10.0 et Excel 2010.
On a recouru à trois méthodes d’analyse ; d’abord l’analyse descriptive qui présente
les principales caractéristiques de tendance centrale (moyenne, mode, médiane) et
de dispersion (variance, écart-type, coefficient de variation), ensuite l’analyse
bivariée qui permet de voir les relations entre les variables explicatives du modèle et
enfin le modèle de régression logistique binaire qui permet de construire un modèle
économétrique pour les déterminants de la stigmatisation des femmes séropositives.
1. Analyse descriptive
L’analyse descriptive effectuée regroupe l’ensemble des variables indépendantes.
Ces variables sont classées en trois catégories : caractéristiques
sociodémographiques, économiques, et les caractéristiques liées au recours aux
soins de la femme séropositive.
Caractéristiques sociodémographiques.
L’âge moyen des femmes enquêtées est de 32 ans avec un écart-type de 5.97, la
plus jeune femme infectée est âgée de 19 ans et la plus âgée de 42 ans. Nous
pouvons dire que le VIH touche toutes les tranches d’âge.
La tranche d’âge la plus affectée par l’infection est celle qui se trouve dans la
trentaine soit 63%.
En moyenne chaque femme a au moins 3 enfants, et les coefficients de variation
sont respectivement 5,43 et 2,05. La moyenne n’est pas représentative et nous
avons une distribution hétérogène.
Les résultats rejoignent une étude réalisée au Mali, qui montre que l’infection est plus
marquée dans le groupe d’individus ayant un âge se situant autour de 36 ans.
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La majorité des femmes rencontrées sont de différentes ethnies. Nous avons
rencontré des wolofs, des sérères, des peulhs, et des soussous, mancagnes que
nous avons regroupées dans autres. Il faut noter que les wolofs sont le groupe
ethnique, dans notre présente étude, qui est le plus touché par le virus.
Caractéristiques socioéconomiques
Parmi les femmes enquêtées, 32% ont découvert leur statut sérologique durant ces
11 derniers mois. La politique de dépistage de toutes les femmes enceintes pendant
la grossesse permet aujourd’hui de stabiliser voire même enregistrer zéro nouvelle
infection d’ici 2015.
Aissatou B.Diallo Page 46
Les mariées constituent la proportion la plus importante soit 84% et 10% sont des
célibataires. Par ailleurs, sur 40 femmes enquêtées, seules 16% ont atteint le niveau
secondaire, 50% d’entre elles ne sont pas instruites, 31.58% ont le niveau primaire.
Cela montre que les personnes non instruites et ayant un niveau d’étude très bas
sont beaucoup plus touchées par le VIH que les personnes instruites.
Tableau 1 : Niveau d’instruction en pourcentage
Sur le plan économique, plus de la moitié des femmes ont déclaré qu’elles n’ont pas
de revenu (60%), et les 40% gagnent moins de 2 100 FCFA par jour. Les femmes
rencontrent des difficultés financières avec peu de moyens pour subvenir à leurs
besoins.
Fréquentation
Plus des trois quart des femmes ont effectué une visite prénatale. Par contre, 22%
n’ont pas eu recours à une structure sanitaire faute de moyens financiers et de la
rapidité de l’accouchement.
60% des femmes sont confrontées à des difficultés financières pour le non respect
des CPN.
Perception de la qualité des soins
Certaines femmes enquêtées ont changé, pour des raisons diverses, de structures.
On peut citer, entre autres, la connaissance du statut (85%), le suivi du traitement
(14%). D’autres disent être restées, en le justifiant par une bonne prise en charge de
la structure (8%), suivi du traitement (79%), et connaissance du statut sérologique
(13%).
Effectif %
Aucun 19 50
Primaire 12 31,58
Secondaire 6 15,79
Supérieure 1 2,63
Total 38 100
Aissatou B.Diallo Page 47
L’analyse descriptive révèle que 37% des femmes sont témoins de stigmatisation,
soit au niveau de l’accueil ou des CPN. Elles ont noté un manque de considération
aussi bien envers les personnes séropositives que les autres individus non infectés.
On note aussi un taux de 19% d’auto-stigmatisation des femmes dans deux milieux :
la rue et partout où elles se trouvent. Comme le montre une étude sur la lutte contre
la stigmatisation et la discrimination des personnes vivants avec le VIH au MALI
(Catherine, MACALOU, Sériba KONATE), une PVVIH explique : la faute n’incombe
pas seulement aux autres, nous nous discriminons souvent nous-mêmes, en ne
voulant pas, par exemple, accepter notre statut, ou en considérant que tout regard
qui se pose sur nous va dans le sens de notre séropositivité, et que lorsqu’on
s’intéresse à nous, c’est pour, non pas nous soutenir, mais pour mieux connaître ce
que nous vivons et aller le raconter à d’autres. Lors des entretiens que nous avons
effectués, les femmes préfèrent garder secret leur statut et cela les rend moins
vulnérables. Certaines d’entres-elles sont beaucoup plus confiantes quand elles le
vivent en catimini et ne le divulguent qu’à leur mari où aux personnes en qui elles ont
foi.
La réactivité reste un défi majeur à relever par le personnel de santé et par
l’ensemble de la chaîne de production hospitalière et administrative.
2. Analyse bivariée
Dans l’objectif de valider ou d’infirmer les hypothèses formulées au début de notre
étude, l’analyse bivariée va consister, à partir de tableaux croisés, à vérifier que les
femmes ayant reçu une éducation académique sont moins stigmatisées que les
femmes non instruites séropositives et qui relèvent de notre population d’étude, c'est-
à-dire, ne pouvant être imputées uniquement au hasard de l’échantillonnage.
Nous avons effectué un test du khi-deux, les résultats de ce test ont été comparés au
khi-deux seuil pour un intervalle de confiance IC=95% à un degré de liberté (ddl).
La probabilité obtenue a été comparée au risque acceptable d’erreur alpha qui est
de 0.05 (IC=95%) selon la règle de décision suivante :
Si p<0.05 alors la différence est réelle
Si p>0.05 alors la différence est due au hasard
Aissatou B.Diallo Page 48
Deux hypothèses ont été retenues :
H1 : il existe une différence dans la stigmatisation des femmes instruites et des
femmes non instruites
H2 : les femmes ayant une activité génératrice de revenu ont moins d’enfants que
les autres sans activité génératrice de revenu
2.1. Influence du niveau d’instruction sur la stigmatisation des femmes séropositives.
Hypothèses
H0 : il existe une différence dans la stigmatisation entre les femmes instruites et non
instruites
Vs
H1 : la différence observée est uniquement due au hasard
Décision
X2 calculé < X2 seuil (3,84) on retient de ne pas rejeter H0
Si au moins une des cellules du tableau croisé contient une valeur théorique
inférieure à 5 alors le X2 non corrigé de Pearson ne s’applique pas, on utilise dans ce
cas le test de Fisher donné par la probabilité p qui sera comparée au p seuil (0.05).
Tableau 2: la stigmatisation compte tenu du niveau d’instruction.
Stigmatisation
Total N’est pas stigmatisée Est stigmatisée
Non instruites 80% 20% 100%
Instruites 90% 10% 100%
Source : les données de l’enquête
Aissatou B.Diallo Page 49
L’analyse de la stigmatisation dans les structures sanitaires montre que les femmes
séropositives non instruites sont deux fois plus vulnérables et victimes de
stigmatisation que les autres. On note que 5% des femmes enquêtées sont
stigmatisées quelque soit le niveau d’instruction, dans les structures sanitaires
(p**0,784)12.
Cette différence entre les femmes instruites et les non instruites, n’est pas
statistiquement significative car p(0,784) > p seuil (0.05). Donc on peut dire que ce
constat ne reflète pas effectivement ce qui se passe dans la population en général.
2.2. Influence de l’activité génératrice de revenu sur le nombre d’enfants
Hypothèses
H0 : les femmes ayant une activité génératrice de revenus ont moins d’enfants que
les autres sans activité génératrice de revenu
H1 : la différence observée est due au hasard
Décision
La règle de décision est la même que celle présentée précédemment.
Tableau 3 : Le nombre d’enfants selon l’activité génératrice de revenu
Au plus deux
enfants 3 enfants 4 à 5 enfants 6 à 8 enfants Total
Pas d’AGR
36% 32% 20% 12% 100%
AGR 20% 40% 33% 7% 100%
Sources : les données de l’enquête
On constate que les femmes ayant au plus 3 enfants et n’exerçant aucune activité
génératrice de revenu ont beaucoup plus d’enfants que les femmes exerçant une
activité génératrice de revenu.
12 Signifie que l’association n’est pas statiquement significatif au seuil de 5% (p>0.05)
Aissatou B.Diallo Page 50
Au-delà de 5 enfants, les femmes n’ayant pas d’AGR font plus d’enfants que celles
qui ont une AGR.
Toutefois, on note que celles qui sont non occupées ont beaucoup plus tendance à
avoir des enfants que les autres femmes occupées (p**= 0,365).
3. Modèle de régression logistique binaire
Cette partie est consacrée aux paramètres significatifs estimés à partir du logiciel
SPSS 10.0 et ayant une influence sur la stigmatisation des femmes séropositives
dans les structures de santé. Nous allons construire un modèle de régression qui ne
prend en compte que quelques variables. Les données analysées concernent 40
femmes.
3.1. Estimation du premier modèle sociodémographique
Pour l’analyse de notre premier modèle, nous allons essayer de voir les variables
(sociodémographiques et socioéconomiques) qui expliquent le mieux le changement
de structure des femmes.
Tableau 4 : Test bilatéral entre quelques variables explicatives et la variable dépendante (changement de structure)
*Significatif au seuil de 5%. Source : les données de l’enquête
Score Degré de
liberté Significativité
Etape 0 Variables AGE 4,865 1 0,027*
ETHNIE ,527 1 0,468
ANVEC ,633 1 0,426
NIVINS 1,250 1 0,264
HABITA 2,143 1 0,143
REMENAG 1,875 1 0,171
NBREFTS 4,282 1 0,039*
REPAS 1,500 1 0,221
MAGR 0,101 1 0,750
Statistiques
globales 14,240 10 0,162
Aissatou B.Diallo Page 51
Parmi les variables sociodémographiques et socioéconomiques, nous avons deux
variables explicatives qui ont une influence significative sur le changement de
structure des femmes séropositives : l’âge et le nombre d’enfants.
Tableau 5: Test de significativité global du modèle
Source : les données de l’enquête
Le test de Fisher permet de voir si le modèle est globalement significatif. Nous avons
une probabilité inférieure à 0,05 donc, nous pouvons dire que le modèle est
globalement significatif. Et le test d’ajustement global montre que 72% des variations
de la variable dépendante sont expliquées par la variation des variables
indépendantes. Les tests de Student, de Fisher et la qualité de l’ajustement réalisé,
nous permettent de valider ce premier modèle.
3.2. Estimation du deuxième modèle de la stigmatisation des femmes séropositives
Dans cette section, nous présentons les principaux résultats de l’analyse
économétrique découlant du modèle de régression logistique binaire de la
stigmatisation des femmes séropositives dans les structures de santé.
3.3. Etude exploratoire des variables
Le tableau 5 fait apparaître les résultats des tests bilatéraux entre chacune des
variables explicatives et la variable dépendante « stigmatisation des femmes » et
correspondant à l’étape zéro de la régression.
Khi-deux Degree de liberté Significativité
Etape 1 Etape 19,095 10 0,039*
Bloc 19,095 10 0,039*
Modèle 19,095 10 0,039*
Aissatou B.Diallo Page 52
Tableau 6 : Test bilatéral entre les variables exogènes et la variable endogène.
Source : les données de l’enquête
A un niveau de confiance de 95%, les résultats des tests nous permettent de
comprendre que toutes les variables n’interviennent nécessairement pas dans
l’explication de la stigmatisation des femmes séropositives. A cette étape, nous
trouvons que seules trois variables, avec une probabilité inférieure à 5%, ont une
influence significative dans l’explication de la stigmatisation des femmes : les années
vécues avec le VIH, les obstacles aux CPN et le fait d’être témoin de stigmatisation.
Calcul des probabilités de la stigmatisation des femmes séropositives. La méthode de régression conditionnelle descendante pas à pas a été utilisée pour
la régression logistique. A l’aide du logiciel SPSS10.0, cette méthode permet
d’éliminer à chaque étape la variable la moins significative jusqu’à avoir un
ajustement parfait pour le modèle.
Les variables suivantes ont été introduites à la première étape : âge, ethnie, nivins,
nbrefts, changstr, témstigm.
Score Degré de liberté Significativité
Etape 0 Variables Age 0,666 1 0,414
Ethnie 0,182 1 0,670
Anvec 4,951 1 0,026*
Nivins 0,672 1 0,412
Quart 0,053 1 0,818
Nbrefts 1,083 1 0,298
Repas 0,524 1 0,469
Accoudom 0,715 1 0,398
Obscpn 4,432 1 0,035*
Refusant 0,187 1 0,666
Changstr 3,152 1 0,076
Arv 0,804 1 0,370
Témstigm 9,018 1 0,003
Nonaccep 0,157 1 0,692
Associat 0,383 1 0,536
Apvvih 0,383 1 0,536
Statistiques
globales 21,297 16 0,213
Aissatou B.Diallo Page 53
A la fin des itérations, les résultats suivants ont été obtenus à la deuxième étape :
Tableau 7: Estimation des paramètres
Source : les données de l’enquête
A partir du tableau 7, nous pouvons estimer le modèle suivant pour expliquer la
stigmatisation des femmes séropositives malgré la significativité d’une seule variable.
Yi=0,335 – 0,183Age + 1,059Ethnie + 1,516Anvec – 1,295Nivins – 0,146Nbrefts - 11,816Changstr + 1.732Temstigm + Ɛi
Tableau 8: Test de significativité global du modèle
*p< 0.05 le modèle est globalement significatif
Source : les données de l’enquête
Tableau 9 : Qualité de l’ajustement global du modèle
Etape -2log-vraisemblance R-deux de Cox &Snell R-deux de Nagelkerke
2 14,212 0,387 0,679
Variables explicatives
B E.S Wald Degré de
liberté Signif Exp(B)
ETHNIE 1,059 0,752 1,981 1 0,159 2,883
ANVEC 1,516 1,121 1,829 1 0,176 4,554
NIVINS -1,295 1,731 0,560 1 0,454 0,274
NBREFTS -0,146 0,614 0,056 1 0,812 0,864
CHANGSTR -11,816 62,622 0,036 1 0,850 0,000
TÉMSTIGM 1,732 0,879 3,886 1 0,049* 5,651
AGE -0,183 0,235 0,605 1 0,437 0,833
Constante 0,335 6,008 0,003 1 0,955 1,398
*Significatif au seuil de 5%
Khi-deux Ddl Signif
Etape -0,008 1 0,927
Bloc 19,604 7 0,006*
Modèle 19,604 7 0,006*
Aissatou B.Diallo Page 54
Le R-deux de Cox et Snell du modèle final se situe à 0,39 et indique que seulement
39% de la variation dans la probabilité pour une femme d’être stigmatisée pourrait
être expliquée par l’ensemble des significatives. Or le R-deux de Nagelkerke qui est
une version ajustée du R-deux de Cox et Snell et donc plus proche de la réalité, se
situe à 0,68. Dès lors, on peut dire que les variables explicatives contribuent à
expliquer 68% de la variation dans la probabilité pour une femme d’être stigmatisée.
3.4. Calcul de la probabilité de réalisation de l’événement de la stigmatisation des femmes
P (Y=1 X) probabilité que l’événement stigmatisation se réalise pour
des valeurs données de X (variables explicatives choisies)
Posons à partir du modèle Yi que toutes les variables prennent la valeur 1.
Yi= 0,335 + 0,183(1) + 1,059(1) - 1,516(1) – 11,816(1) + 1,732(1) Yi=-8,798
Alors l’évènement stigmatisation se réalise pour les
valeurs prises par X.
= qui est la probabilité de l’événement contraire est obtenu par la
formule suivante :
Alors l’événement stigmatisation ne se réalise pas.
Aissatou B.Diallo Page 55
Chapitre 4 : Discussions Après l’estimation des variables de notre modèle théorique de stigmatisation des
femmes séropositives, les variables qui ont ou pas une association significative
seront commentées. Nonobstant les variables non significatives, nous allons
construire notre modèle économétrique et commenter les résultats obtenus.
L’âge : le signe négatif du paramètre et la non-significativité au seuil de 5% entre
l’âge et la stigmatisation des femmes, ne signifie pas forcément que l’âge influence
négativement la stigmatisation des femmes.
La sexualité entre personnes présentant une différence d'âge importante serait un
facteur de propagation du VIH en Afrique subsaharienne. C'est ce qu'indique une
étude menée au Zimbabwe, à partir d'entretiens avec des hommes et des femmes
de zones rurales du pays. Les jeunes femmes et adolescentes ont tendance à
préférer les hommes plus âgés qu'elles (de 5 à 10 ans leurs aînés, voire plus), plus
aptes à leur assurer le mariage et un avenir confortable. Or, une part importante de
ceux-ci, du fait de rapports non-protégés avec de multiples partenaires, est infectée
par le virus : 50 % des 30-34 ans contre 3 % des hommes de 19 ans d'après l'étude
de Simon Gregson. De plus, une croyance fortement ancrée chez les hommes
rencontrés par les chercheurs les amène à considérer que les jeunes filles sont
épargnées par le virus. Ces éléments expliquent la croissance de la pandémie chez
les très jeunes filles africaines.
L’ethnie : le signe positif ne nous permet pas de dire que l’ethnie est une variable qui
explique la stigmatisation. Les wolofs restent cependant l’ethnie la plus touchée. Sur
10 personnes infectées les 4 sont wolofs.
Les années vécues : le signe positif pourrait expliquer la stigmatisation des femmes,
même si au seuil de 5%, il n’est pas significatif, on a une corrélation positive entre la
stigmatisation et les années vécues avec le VIH. Cela peut se justifier par le fait que
celles qui ont une expérience avec la maladie sont beaucoup plus censées d’être
victimes de stigmatisation dans les structures sanitaires.
Le niveau d’instruction : le signe négatif signifie qu’il a une influence négative sur la
stigmatisation. La revue de la littérature a montré que les personnes vivant avec le
VIH sont généralement analphabètes à 43% ou ont simplement fréquenté une école
Aissatou B.Diallo Page 56
primaire (28.6%) ou secondaire (28.4%). De même, une étude réalisée dans une
association de femmes en Côte d’Ivoire rejoint nos résultats. Les caractéristiques
socio-économiques montrent un faible niveau d’instruction des femmes dans la
mesure où, 16,8% d’entre elles n’ont suivi aucune scolarité, 22,8% n’ont pas
dépassé le niveau primaire et seulement 15% ont atteint le niveau supérieur. Ce
faible niveau d’instruction a pour conséquence, la marginalisation sur le marché de
l’emploi. Ainsi, près de la moitié (46,7%) des femmes n’ont aucune activité et celles
qui exercent une activité sont sur-représentées dans le secteur informel.
Le changement de structure : le signe négatif influence négativement la
stigmatisation des femmes. Les femmes changent de structure compte tenu de leur
statut ou de la qualité de la prise en charge et de l’accueil.
Témoin de stigmatisation : le signe positif est la seule variable significative pour
notre modèle économétrique. Elle a une influence significative au seuil de 95% entre
le témoin et la victime de stigmatisation des femmes, cela signifie que plus les
femmes sont témoins de stigmatisation, plus elles en sont victimes. Etre témoin de
stigmatisation impacte sur le fait d’être victime de stigmatisation. On note une
stigmatisation envers les séropositives et les démunies, aussi bien au niveau de
l’accueil qu’au niveau des CPN.
Aissatou B.Diallo Page 57
Chapitre 5 : Recommandations et conclusion générale
1. Recommandations
Notre modèle aura permis de mettre en évidence les variables relevant des
déterminants sociodémographiques, des déterminants de la fréquentation des
structures sanitaires, des déterminants de la perception de la qualité des soins.
Les résultats de notre analyse nous amènent à formuler les recommandations
suivantes :
Les autorités sanitaires
Notre analyse met en exergue les entraves dans les consultations prénatales et une
stigmatisation toujours présente dans les structures sanitaires. Cela nous amène,
compte tenu de la significativité et du signe positif de la variable témoin de
stigmatisation dans les structures sanitaires, à faire aux autorités sanitaires les
recommandations suivantes :
Sensibiliser les agents de santé, notamment les sages femmes, ainsi que le
personnel administratif sur l’accueil et la prise en charge des pvvih.
Renforcer la communication entre le personnel médical et les pvvih pour une
meilleure entente et une meilleure écoute entre eux.
Tenir, avec les PV VIH, des réunions pour échanger et améliorer leur prise
en charge.
Ces mesures permettront aux autorités sanitaires de lever certaines barrières aux
CPN, réduire la stigmatisation et le changement de structures des femmes.
Les pouvoirs publics et les bailleurs
Assister financièrement les associations de pvvih, pour une amélioration
des conditions de vie des personnes vivant avec le VIH.
Assurer l’éducation des enfants infectés
Mener une politique de gratuité des bilans effectués par les femmes
Réduire le coût des médicaments pour enfants
Aujourd’hui la vulnérabilité des femmes fait qu’elles sont victimes de rejet par leur
mari, après avoir connu leur statut sérologique. Le gouvernement devrait mettre en
Aissatou B.Diallo Page 58
place des mesures coercitives pour obliger les couples à se faire dépister lorsque la
femme effectue ses visites prénatales.
L’association Les résultats montrent qu’en moyenne chaque femme a trois enfants en charge et un
revenu très faible. A partir de ce constat, nous pouvons suggérer à l’association de :
Nouer des partenariats avec les organismes
Créer un GIE pour permettre aux femmes d’avoir une activité génératrice de
revenu
Chercher auprès des sources de financement des fonds pour augmenter le
volume des activités menées
Des résultats de l’enquête il ressort que la pauvreté affecte beaucoup les PV VIH qui,
faute de moyens, survivent difficilement et ont besoin d’un soutien financier.
Aissatou B.Diallo Page 59
2. Conclusion générale La présente étude avait pour objectif d’identifier les déterminants socio-économiques
de la stigmatisation des femmes séropositives dans l’établissement public de santé
de niveau I de Roi Baudoin de Guédiawaye, Elle a finalement été menée dans une
association de PvVIH. Au cours de cette étude qui a tiré en longueur, nous avons
parcouru une abondante littérature sur la stigmatisation des personnes vivant avec le
VIH/SIDA. Le modèle logistique binaire a servi à l’estimation des paramètres des
variables influençant la stigmatisation des femmes dans les structures sanitaires. Il
faut dire que, malgré la significativité d’une seule variable, l’analyse descriptive a
montré son utilité pour comprendre l’auto stigmatisation des femmes avec un
pourcentage de 19% et l’explication du changement de structure des femmes.
L’hypothèse générale de notre étude a été vérifiée, à savoir qu’il existe une
différence dans la stigmatisation entre les femmes séropositives instruites et non
instruites.
Toutefois, cette étude présente des limites qu’il est important de souligner. Ce sont
principalement la taille restreinte de l’échantillon (40 individus) qui réduit le degré de
précision des estimateurs des paramètres et la non significativité de certaines
variables.
Mais, cette étude aura permis d’éclairer certains aspects liés au comportement des
femmes et de proposer quelques recommandations en vue de contribuer à la
réduction de la stigmatisation des femmes, à les aider dans le suivi de leur traitement
et à l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement relatif à l’OMD 6 :
Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies
On peut retenir de cette étude que les recommandations faites pour une lutte
efficace contre la stigmatisation des femmes dans les structures sanitaires, devraient
mobiliser l’ensemble des acteurs sanitaires et politiques et intégrer les déterminants
socio-économiques et démographiques et ceux liés à la structure de santé.
Aissatou B.Diallo Page 60
Bibliographie
RAPPORTS
ANRS 2006 : Le recours tardif aux soins des personnes séropositives pour le VIH
Modalités d’accès et contextes socioculturels.
Cathérine Macalou/ Sériba Konaté, http://www.rocare.org/smgrt2006-ml-vih.pdf :
Lutte contre la stigmatisation et la discrimination personnes vivants avec le VIH au
moyen de l’éducation non formelle dans les communes de Koulikoro et de Banamba
au Mali.
Enquête démographique et de santé à indicateurs multiples (EDS-MICS) 2010-2011,
Agence Nationale de la Démographie et la Statistique, Rapport final, février 2012,
Dakar/Sénégal.
Etude sur l’index de stigmatisation au Sénégal réalisée en 2012.
ONUSIDA & OMS, AIDS EPIDEMIC UPDATE, Décembre 2004 7-9 (2004)
disponible à http://www.unaids.org/wad2004/report.html.
OMS, Pour l’élimination de la transmission mère – enfant (2012) OMS, Médicaments
antirétroviraux pour traiter la femme enceinte et prévenir l’infection à VIH chez
l’enfant : Recommandations pour une approche de santé publique (version 2010)
(http://whqlibdoc.who.int/publications/2010/9789241599818_eng.pdf)
OMS, Rapport sur la santé dans le monde (2010),
www.who.int/whr/2010_summary_fr.pdf.
OUVRAGES
CNLS : Plan stratégique nationale sur le Sida 2011-2015, p14, 16,20.
Document de Stratégie pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (2006-
2010), octobre 2006, Dakar/Sénégal
Plan national de développement sanitaire du Sénégal 2009-2018 (2009) Sénégal.
Aissatou B.Diallo Page 61
Plan mondial pour éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants à l’horizon
2015 et maintenir en vie leurs mères:
http://www.unaids.org/en/media/unaids/contentassets/documents/unaidspublication/
2011/20110609_JC2137_Global-Plan-Elimination-HIV-Children_en.pdf. Voir également
les lignes directrices élaborées par l’Organisation mondiale de la santé :
Médicaments antirétroviraux pour traiter la femme enceinte et prévenir l’infection à
VIH chez l’enfant : Recommandations pour une approche de santé publique (version
2010) (http://whqlibdoc.who.int/publications/2010/9789241599818_eng.pdf)
Service national de l’information sanitaire : annuaire statistique 2010, p18
Aissatou B.Diallo Page 62
Tables des matières DÉDICACES .............................................................................................................. A
REMERCIEMENTS .................................................................................................... B
Résumé ........................................................................................................................ i
LISTE DES ACRONYMES ET DES ABRÉVIATIONS ................................................ ii
LISTE DES TABLEAUX ............................................................................................. iv
LISTES DES GRAPHIQUES ...................................................................................... iv
LISTE DES FIGURES ................................................................................................ iv
INTRODUCTION ......................................................................................................... 1
PREMIÈRE PARTIE: Cadre conceptuel de l’étude .................................................. 3
Chapitre 1 : Contexte général et Problématique .................................................... 4
I. Contexte général ........................................................................................................................... 4
1. Contexte socio démographique ............................................................................. 5
2. Contexte socio- -économique ................................................................................. 6
3. Organisation administrative ................................................................................... 8
4. Contexte sanitaire .................................................................................................... 9
4.1 Offre de soins ..................................................................................................... 11
4.2. Faiblesses du système de santé ....................................................................... 12
4.2.1. Faiblesse de la disponibilité et de l’accessibilité des services de soins 12
4.2.2. Ressources humaines en quantité et en qualité insuffisantes ............ 13
4.2.3. Insuffisances des capacités managériales ................................................ 14
4.2.4. Médicaments et produits médicochirurgicaux ......................................... 15
5. Situation de l’épidémie VIH/Sida au Sénégal ...................................................... 15
5.1. Prévalence du VIH dans la population générale ............................................. 15
5.2. Féminisation de l’épidémie ............................................................................... 16
II. Problématique ............................................................................................................................. 18
III. Objectifs de l’étude ................................................................................................................... 22
1. Objectif général ...................................................................................................... 22
Aissatou B.Diallo Page 63
2. Objectifs spécifiques ............................................................................................. 22
3. Hypothèses ............................................................................................................. 22
4. Intérêt de l’étude .................................................................................................... 22
Chapitre 2 : REVUE DE LA LITTERATURE ............................................................ 23
I. Définition des principaux concepts .................................................................................. 23
1. La santé .................................................................................................................. 23
2. Le système de santé .............................................................................................. 23
3. La politique sanitaire ............................................................................................. 23
4. La prévalence ......................................................................................................... 23
5. La stigmatisation ................................................................................................... 23
6. La discrimination ................................................................................................... 23
II. Revue de la littérature ........................................................................................................... 26
1. Considération générale ......................................................................................... 26
2. Les causes de la stigmatisation ........................................................................... 27
3. Les secteurs de manifestation de la stigmatisation ........................................... 30
3.1. Au niveau de l’emploi ............................................................................................ 30
3.3. Au niveau des communautés religieuses ........................................................ 31
3.4. Au niveau du système de santé .......................................................................... 31
4. Choix du modèle .................................................................................................... 33
DEUXIÈME PARTIE: CADRE OPÉRATIONNEL DE L’ÉTUDE ............................... 35
Chapitre 3 : Cadre opérationnel de l’étude et méthodologie ............................... 36
I. Présentation de l’association ............................................................................................. 36
1. Organigramme de l’association ........................................................................... 36
• Les activités de l’association ............................................................................... 37
• Forces de l’association ......................................................................................... 37
• Faiblesses de l’association ................................................................................... 37
• Les sources de financement ................................................................................. 37
2. Caractéristiques sociodémographiques ............................................................. 37
II. Méthode de recherche .......................................................................................................... 38
1. Type d’étude ........................................................................................................... 38
2. Population étudiée ................................................................................................. 38
3. Critère d’inclusion ................................................................................................. 38
4. Taille de l’échantillon ............................................................................................. 38
Aissatou B.Diallo Page 64
5. Plan de collecte des données ............................................................................... 38
6. Plan d’analyse ........................................................................................................ 39
7. Contraintes et limites ............................................................................................ 39
8. Résultats attendus ............................................................................................... 39
9. Formule du modèle ................................................................................................ 40
1. Variable endogène ............................................................................................. 40
2. Variables exogènes ............................................................................................ 40
3. Définitions opérationnelle des variables ......................................................... 41
III. Résultats ................................................................................................................................... 44
1. Analyse descriptive ............................................................................................... 44
2. Analyse bivariée ..................................................................................................... 47
2.1. Influence du niveau d’instruction sur la stigmatisation des femmes séropositives. ............................................................................................................ 48
2.2. Influence de l’activité génératrice de revenu sur le nombre d’enfants ......... 49
3. Modèle de régression logistique binaire ............................................................. 50
3.1. Estimation du premier modèle sociodémographique .................................... 50
3.2. Estimation du deuxième modèle de la stigmatisation des femmes séropositives ............................................................................................................. 51
3.3. Etude exploratoire des variables ...................................................................... 51
3.4. Calcul de la probabilité de réalisation de l’événement de la stigmatisation des femmes ................................................................................................................ 54
Chapitre 4 : Discussions ......................................................................................... 55
Chapitre 5 : Recommandations et conclusion générale ...................................... 57
1. Recommandations ............................................................................................................... 57
2. Conclusion générale ............................................................................................................ 59
Bibliographie ............................................................................................................ 60
ANNEXES I : Les résultats de l’analyse statistique ................................................. I
ANNEXES II : Les résultats du modèle de régression logistique .......................... II
ANNEXE III : Formulaire d’enquête sur les déterminants de la stigmatisation des femmes séropositives cas de l’association and Bokk Yakaar de Guédiawaye .............................................................................................................. IV
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ANNEXES VI: RECODAGE DES VARIABLES ......................................................... X
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ANNEXES I : Les résultats de l’analyse statistique Tableau 1: Niveau d’instruction des femmes
Tableau 2: la stigmatisation compte tenu du niveau d’instruction.
Stigmatisation
Total N’est pas stigmatisée Est stigmatisée
Non instruites 80% 20% 100%
Instruites 90% 10% 100%
Tableau 3 : Le nombre d’enfants selon l’activité génératrice de revenu
Au plus deux
enfants 3 enfants 4 à 5 enfants 6 à 8 enfants Total
Pas
d’AGR 36% 32% 20% 12% 100%
AGR 20% 40% 33% 7% 100%
Effectif %
Aucun 19 50
Primaire 12 31,58
Secondaire 6 15,79
Supérieure 1 2,63
Total 38 100
Aissatou B.Diallo Page II
ANNEXES II : Les résultats du modèle de régression logistique Tableau 4 : Test bilatéral entre quelques variables explicatives et la variable
dépendante (changement de structure)
Tableau 6 : Test bilatéral entre les variables exogènes et la variable endogène.
Score Degré de
liberté Significativité
Etape 0 Variables AGE 4,865 1 0,027*
ETHNIE ,527 1 0,468
ANVEC ,633 1 0,426
NIVINS 1,250 1 0,264
HABITA 2,143 1 0,143
REMENAG 1,875 1 0,171
NBREFTS 4,282 1 0,039*
REPAS 1,500 1 0,221
MAGR 0,101 1 0,750
Statistiques
globales 14,240 10 0,162
Score Degré de liberté Significativité
Etape 0 Variables Age 0,666 1 0,414
Ethnie 0,182 1 0,670
Anvec 4,951 1 0,026*
Nivins 0,672 1 0,412
Quart 0,053 1 0,818
Nbrefts 1,083 1 0,298
Repas 0,524 1 0,469
Accoudom 0,715 1 0,398
Obscpn 4,432 1 0,035*
Refusant 0,187 1 0,666
Changstr 3,152 1 0,076
Arv 0,804 1 0,370
Témstigm 9,018 1 0,003
Nonaccep 0,157 1 0,692
Associat 0,383 1 0,536
Apvvih 0,383 1 0,536
Statistiques
globales 21,297 16 0,213
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ESTIMATION DES PARAMETRES
Tableau 7: Estimation des paramètres
TEST DE SIGNIFICATIVITE GLOBALE Tableau 5: Test de significativité global du modèle
Tableau 8: Test de significativité global du modèle
QUALITE DE L’AJUSTEMENT GLOBAL DU MODELE
Tableau 9 : Qualité de l’ajustement global du modèle
Etape -2log-vraisemblance R-deux de Cox &Snell R-deux de Nagelkerke
2 14,212 0,387 0,679
Variables
explicatives B E.S Wald
Degré de
liberté Signif Exp(B)
ETHNIE 1,059 0,752 1,981 1 0,159 2,883
ANVEC 1,516 1,121 1,829 1 0,176 4,554
NIVINS -1,295 1,731 0,560 1 0,454 0,274
NBREFTS -0,146 0,614 0,056 1 0,812 0,864
CHANGSTR -11,816 62,622 0,036 1 0,850 0,000
TÉMSTIGM 1,732 0,879 3,886 1 0,049* 5,651
AGE -0,183 0,235 0,605 1 0,437 0,833
Constante 0,335 6,008 0,003 1 0,955 1,398
*Significatif au seuil de 5%
Khi-deux Degree de liberté Significativité
Etape 1 Etape 19,095 10 0,039*
Bloc 19,095 10 0,039*
Modèle 19,095 10 0,039*
Khi-deux ddl Signif
Etape -0,008 1 0,927
Bloc 19,604 7 0,006*
Modèle 19,604 7 0,006*
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ANNEXE III : Formulaire d’enquête sur les déterminants de la stigmatisation des
femmes séropositives cas de l’association and Bokk Yakaar de Guédiawaye
CE QUESTIONNAIRE EST RESERVE AUX FEMMES QUI
ONT ACCOUCHE DURANT LES 24 DERNIERS MOIS.
CONFIDENTIEL ET ANONYME
PROFIL
1. Quel âge avez-vous ?
2. Depuis combien de temps vivez-vous avec le VIH ?
0-11mois
1-4 ans
5-9ans
10-14 ans
15+ ans
3. Situation matrimoniale
Célibataire
Mariée
Divorcée
Veuve
4. Niveau d’instruction : niveau achevé complet
Aucun
Primaire
Secondaire
Supérieur
5. Quel quartier habitez-vous ?
6. A quelle ethnie appartenez-vous ?
Aissatou B.Diallo Page V
7. Habitez-vous seule ou en famille ?
Seule
Famille
8. Avez- vous une activité génératrice de revenu ?
Oui
Non
9. Si oui combien gagnez-vous en moyenne par jour?
10. Quel est le niveau de revenu mensuel de votre ménage ?
0-99 000
100 000-199 000
200 000-299 000
300 000-399 000
400 000 et +
11. Avez-vous des enfants ?
Oui
Non
12. Si oui combien?
Nombre d’enfants
13. Combien de repas prenez-vous habituellement par jour ?
Nombre de repas
14. Appartenez-vous à une association de femmes de VIH ?
Oui
Non
15. Si oui
Nom de l’association
16. Etes-vous dans d’autres associations ?
Oui
Non
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17. si oui
Nom de l’association
La fréquentation du personnel de santéde la part d’autres personnes
18. Avez-vous au moins effectué une visite prénatale ?
Oui
Non
19. Avez-vous déjà accouché à domicile?
Oui Date
Etais –ce prévu ? OUI NON
Pourquoi ?
Décision familiale
Manque d’argent
Décision personnel Oui Non
Mauvais accueil lors d’un accouchement précédent
Oui Non
Crainte de diffusion du statut séro+
Oui Non
Non qu’est-ce qu’il faut améliorer dans les CPN ?
Aissatou B.Diallo Page VII
o Qualité des soins
o Accueil
20. Les obstacles suivants vous font-ils hésiter pour vous rendre à une CPN ?
Pas du
tout
un peu beaucoup renoncé expliquer le pourquoi
Distance
Temps perdu
Argent
Accueil
administratif
Accueil soignants
Diffusion statut séro+
Aissatou B.Diallo Page VIII
21. Au cours des 12 derniers mois vous-a-t-on refusé des services de santé (y compris les soins
dentaires)?
Jamais
Une fois
Quelque fois
Souvent
22. Avez-vous changé de structure sanitaire pendant votre grossesse ?
Oui
Non
23. Au cours de votre grossesse avez-vous été victime d’insulte, de menace, ou d’harcèlement
verbale de la part du personnel soignant ? (précisez dans les structures de soins) ?
Une fois
Quelque fois
Souvent
Jamais
24. Etes-vous sous traitement antirétroviral au moment de la grossesse ?
Oui
Non
25. Connaissez-vous le programme d’élimination de la transmission mère enfant(ETME) ?
Oui
Non
26. Si oui en bénéficiez-vous ?
Oui
Non
27. Avez-vous été témoin d’attitude de stigmatisation lors de vos CPN ou Accueil ?
CPN Oui Non
ACC Oui Non
De qui ?
Aissatou B.Diallo Page IX
o Personnel soignant
o Personnel administratif
o Autres patients
Envers qui ?
o Démunis
o Séro+
o Autres
Quelles attitudes ?
28. Ou est-ce que vous vous sentez mal accepter?
Associations
Structures Sanitaires
Famille
Rue
29. Avez-vous utilisé d’autres types de recours que la médecine moderne ?
Oui
Non
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ANNEXES VI: RECODAGE DES VARIABLES
variables Modalités Codes
Endogène : stigmatisée Non
Oui
0
1
0= ‘’jamais
stigmatisée’’
1=’’différent de
jamais’’
1. Age en années révolues Age en années …….
2. Années vécues avec le VIH
0-11mois
1-4ans
5-9ans
10-14ans
+15ans
1
2
3
4
5
3. Situation matrimoniale
Célibataire
mariée
divorcée
veuve
1
2
3
4
4. Niveau d’instruction (niveau
achevé complet)
Aucun
Primaire
secondaire
supérieur
1
2
3
4
5. Quartier habité ………..
6. Ethnie Wolof
Sérère
Diola
Peulh
1
2
3
4
Aissatou B.Diallo Page XI
Autre 5
7. Habitez-vous seule ou en
famille Seule
Famille
1
2
8. Avez-vous une activité
génératrice de revenu ? Oui
Non
1
2
9. Si oui combien gagnez-vous
par jour(en FCFA) ?
Moins de 5000
5000-9000
10000-14000
15000-19000
20000-24000
+25000
1
2
3
4
5
6
10. Niveau de revenu mensuel de
votre ménage
Moins de 99000
100000-199000
200000-299000
300000-399000
+400000
1
2
3
4
5
11. Avez-vous des enfants Oui
Non
1
2
12. Si oui combien au mois un
deux
plus de trois
1
2
3
13. Nombre de repas habituel par
jour ………….
14. Appartenance à une
association de PVVIH Oui
Non
1
2
Aissatou B.Diallo Page XII
15. Si oui Nom de l’association ……..
16. Etes-vous dans d’autres
associations Oui
Non
1
2
17. Si oui Nom de l’association ……..
18. Avez-vous au moins effectué
une visite prénatale ? Oui
non
1
2
19. Avez-vous déjà accouché à
domicile ?
Si oui
Etais-ce prévu ?
Pourquoi ?
Décision familiale
Manque d’argent
Décision personnel
Mauvais accueil lors d’un
accouchement précédent
Oui
Oui
Non
Oui
Non
Oui
Non
Oui
Non
………………………
Oui
Non
1
1
2
1
2
1
2
1
2
1
2
Aissatou B.Diallo Page XIII
Expliquez
Crainte de diffusion du
statut séro+
Si non qu’est-ce qu’il faut améliorer
dans les CPN ?
EXPLIQUEZ
……………………….
Oui
Non
…………………
Non
qualité des soins
accueil
……………………………
1
2
2
1
2
20. Les obstacles qui vous font
hésiter à vous rendre à une
CPN.
Distance
Temps perdu
Argent
Accueil administratif
Accueil soignant
Diffusion statut séro+
1
2
3
4
5
6
21. Refus des services de santé (y
compris les soins dentaires) ?
Jamais
Une fois
Quelque fois
Souvent
1
2
3
4
22. Avez-vous changé de
structure sanitaire pendant
votre grossesse ?
Oui
…………………
Non
………………………
1
2
Aissatou B.Diallo Page XIV
23. Au cours de votre grossesse
avez-vous été victime
d’insulte, de menace, ou
d’harcèlement verbale de la
part du PS ?
Jamais
Une fois
Quelque fois
Souvent
1
2
3
4
24. Etiez-vous sous traitement
antirétroviral au moment de la
grossesse ?
Oui
Non
1
2
25. Connaissez-vous le
programme d’ETME ? Oui
Non
1
2
26. Si oui en bénéficiez-vous ? Oui
Non
1
2
27. Avez-vous été témoin de
stigmatisation lors de vos
CPN ou accueil?
CPN
Accueil
De qui ?
envers qui ?
Oui
Non
Oui
Non
Personnel soignant
Personnel administratif
Autres patients
Démunis
séro+
1
2
1
2
1
2
3
1
Aissatou B.Diallo Page XV
Quelles attitudes ?
autres
………………………….
2
3
28. Ou est-ce que vous vous
sentez mal accepter ?
Expliquez
Associations
Structures sanitaires
Famille
Rue……………….
1
2
3
4
29. Avez-vous utilisé d’autres
types de recours aux soins
que la médecine moderne ?
Oui
Non
1
2