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Page 1: Conséquences professionnelles de la douleur chronique : l’union fait la force !

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echerche. L’expression d’une colère importante diminue leeuil douloureux, y compris en période postopératoire, oùa consommation d’antalgique est alors majorée. De plus, laolère augmente l’intensité douloureuse ressentie lors deséphalées, de la fibromyalgie, des lombalgies et des syn-romes douloureux régionaux complexes. La colère est alorsssociée à l’anxiété et/ou à la dépression, à une altérationes capacités à faire face (stratégies de coping) et de la qua-ité de sommeil, souvent dans un contexte de faible soutienocial, voire de conflits interpersonnels. Sur le plan physio-ogique, la colère pourrait ainsi favoriser les contracturesusculaires et altérer les contrôles inhibiteurs descendants.’un point de vue sociologique, les auteurs de cet article

dentifient trois dimensions essentielles pouvant favoriser laolère du patient douloureux :

la frustration, conséquence directe du vécu d’échecs suc-cessifs des patients aux attentes de soulagement radical ;le locus de contrôle externe, qui concerne les patientsconsidérant que la douleur et sa prise en chargedépendent avant tout de facteurs extérieurs, hors de leurinfluence. Dans cette situation, la colère peut être orien-tée vers les professionnels de santé, le système juridique,l’employeur, le monde entier. . . ;le vécu d’injustice, qui impacte négativement lescapacités fonctionnelles et le maintien de l’activité pro-fessionnelle.

Il apparaît capital de considérer ces trois dimensionse la colère : elles influencent à la fois l’engagementu patient dans la prise en charge de sa douleur (donc’alliance thérapeutique), mais aussi le degré de focalisa-ion sur sa problématique, empêchant un détournement’attention efficace. À ce jour, la colère n’est qu’unlément parmi d’autres de la prise en charge psycholo-ique, notamment cognitive et comportementale, de laouleur chronique. Les auteurs suggèrent de poursuivre laecherche clinique orientée vers une prise en charge pluspécifique de la colère, notamment pour mieux connaî-re son rôle dans la chronicisation douloureuse. Ils misentgalement sur le développement d’approches orientéesers l’acceptation, comme la thérapie d’acceptation et’engagement.

éclaration d’intérêts

’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-ion avec cet article.

éférence

1] Trost Z, Vangronsveld K, Linton SJ, Quartana PJ, SullivanMJL. Cognitive dimensions of anger in chronic pain. Pain2012;153(3):515—7.

Florentin ClèreConsultation pluridisciplinaire de la douleur,

centre hospitalier, 216, avenue de Verdun,36000 Châteauroux, France

Adresse e-mail : [email protected]

Disponible sur Internet le 1er mai 2012

oi:10.1016/j.douler.2012.03.003

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Actualités

onséquences professionnelles de laouleur chronique : l’union fait la force !

rofessional consequences of chronic pain: United wetand, divided we fall!

e risque de désinsertion socioprofessionnelle est très élevéhez les patients présentant des rachialgies chroniques : laaisse nationale de l’assurance maladie en a tout à faitonscience et s’est fixé comme priorité de prévenir cetteésinsertion. Dans ce cadre, le département des Alpes-aritimes fait figure d’exemple grâce à la mise en place, dès005, d’un réseau « douleur chronique sud-est et monde duravail ». Ce réseau a pour vocation de regrouper la struc-ure d’étude et de traitement de la douleur chronique duHU de Nice, des médecins du travail, des soignants libé-aux, les organismes sociaux et des associations de patients.fin de mettre réellement en lien ces différents acteurs,ne réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) a étéréée en 2007, sur le modèle de la cancérologie. Les apportse cette RCP ont pu être évalués entre octobre 2007 etécembre 2009 : les résultats de cette étude ont fait l’objet’un mémoire, puis d’une publication récente [1]. Au total,3 réunions ont été organisées en 26 mois, avec un nombreoyen de 11 participants. Au total, 129 situations complexes

nt été présentées (la majorité des patients présentaientes rachialgies chroniques) avec une moyenne de cinq à sixouveaux dossiers par réunion. Environ la moitié des dos-iers étaient présentés par la structure douleur, un quartar des médecins du travail du département et un quart pares médecins du conseil général. Chiffre le plus marquant :e taux de reprise du travail chez les patients en arrêt deravail depuis 18 mois était de 44,6 %, alors que le taux natio-al est de 10 %. Pour expliquer un tel résultat, les auteursvoquent plusieurs pistes : rupture de l’isolement des pro-essionnels, confrontation des connaissances, renforcemente la prise en charge globale des patients, appui sur deséférentiels et remise en question régulière des pratiques.our l’ensemble de ces raisons, cette RCP permet aux parti-ipants de valider leur obligation d’évaluation des pratiquesrofessionnelles (EPP). Tout n’est pas rose pour autant :ertaines catégories de patients sortent rapidement duéseau, probablement pour des problèmes d’accessibilitéux soins recommandés, puisqu’il s’agit essentiellement dehômeurs de longue durée adressés par le Conseil Général.ar ailleurs, les patients sont souvent adressés trop tar-ivement (en moyenne après deux ans d’évolution de laouleur et 17 mois d’arrêt de travail), ce qui peut limiteres marges de manœuvre. Malgré tout, les résultats de cettexpérience sont très encourageants, ce qui pousse les orga-isateurs à renforcer leurs collaborations : avec les servicesociaux, avec de nouveaux services de santé au travail etvec les médecins généralistes libéraux. L’expérimentation’une « plateforme des réseaux » départementale devraitgalement permettre l’inclusion plus précoce des patientsligibles.

éclaration d’intérêts

’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-ion avec cet article.

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Actualités

Référence

[1] Gueran M, Lussiez V. Intérêt de la concertation pluridisciplinaireentre un département d’évaluation de la douleur et les méde-cins du travail dans la prise en charge des salariés atteints dedouleurs chroniques. Arch Mal Prof Environ 2012;73:20—7.

Florentin ClèreConsultation pluridisciplinaire de la douleur,

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doi:10.1016/j.douler.2012.03.004

Douleurs provoquées par le laser : peut-onvraiment mieux faire ?

Laser-induced pain: Can we do much better?

Certains gestes chirurgicaux ont largement bénéficié del’utilisation du laser. C’est notamment le cas du traitementdes leucoplasies buccales, véritables lésions précancé-reuses. Une équipe taiwanaise a pu récemment démontrer[1] que l’utilisation de quatre bains de bouche quotidiensde sucralfate (1 g dans 10 mL d’eau) permettait de réduirela douleur postopératoire de facon significative durant ledeux premiers jours suivant la chirurgie. Dans le même ordred’idée, une équipe chinoise [2] a pu réduire l’intensité dou-loureuse périopératoire des patients pris en charge pourune chirurgie réfractive au laser grâce à l’application d’ungel de lidocaïne à 2 %, en plus de l’instillation habituellede proparacaïne dosée à 0,5 %. Dans les deux cas, il s’agitd’essais prospectifs contrôlés randomisés, regroupant res-pectivement 80 et 51 patients, les auteurs se réjouissantd’avoir trouvé une stratégie simple (car locale), sûre etefficace. En y regardant d’un peu plus prêt, leurs résul-tats sont-ils si intéressants ? Pas si sûr. En effet, chacunde ces deux articles [1,2] débute par un plaidoyer pro-

laser, technique connue pour provoquer moins de douleurspostopératoires (DPO) que les techniques chirurgicales clas-siques. Conséquence directe : les patients recrutés dans cesétudes présentent des intensités douloureuses moyennes d

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IDM) inférieures à 5 sur une échelle visuelle analogiqueumérotée de 0 à 10. À titre d’exemple, dans le cas de lahirurgie buccale, l’IDM à j1 est de 3,58/10 dans le groupeucralfate contre 4,25/10 dans le groupe contrôle. Au course la chirurgie ophtalmologique, l’IDM pendant la procédurest de 3,05/10 dans le groupe lidocaïne contre 4,37/10 danse groupe contrôle. D’un point de vue purement statistique,es différences sont significatives, mais qu’en est-il sure plan clinique ? L’ajout de traitements locaux a-t-il unéel impact sur le vécu de la douleur ? Il reste difficile deépondre à cette question, d’autant que la consommation’antalgiques par voie orale est restée la même dans leseux groupes de l’étude taiwanaise. Qui plus le traitementtilisé était du paracétamol, à une dose maximale de 2 g parour, ce qui va bien dans le sens de DPO d’intensité faible àodérée. C’est un fait : le développement du laser a permise diminuer l’intensité des DPO de certains gestes chirurgi-aux buccaux ou oculaires. Faut-il donc chercher à en fairencore plus ? Ne faudrait-il pas mieux se concentrer sur leshirurgies les plus douloureuses, plutôt que de chercher àéduire des DPO déjà connues pour être d’intensité faible àodérée ?

éclaration d’intérêts

’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-ion avec cet article.

éférence

1] Guo CS, Chuang HC, Chien CY. Topical sucralfate for pain afteroral CO2 laser surgery: a prospective, randomized, controlledtrial. Am J Otolaryngol—Head Neck Med Surg 2012;33:109—12.

2] Lam DSC, Law RWK, Ng ASY, Lam PHT, Jhanji V, LeeVYW, et al. Randomized double-masked controlled trialcomparing pain scores with and without the use of supple-mentary 2 % lidocaine gel in LASIK. Am J Ophthalmol 2011.doi:10.1016/j.ajo.2011.08.040.

Florentin ClèreConsultation pluridisciplinaire de la douleur,

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Disponible sur Internet le 1er mai 2012

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