N° et date de parution : 749 - 04/10/2012
Diffusion : 143590 Page : 42
Périodicité : Hebdomadaire Taille : 100 %
MicroHebdo_749_42_26.pdf 1750 cm2
Site Web : www.01net.com
" " »te " el """""
Harvard et Stanford Suivre gratuitement les meilleurs cours de fac de la planète sans avoir à bouger de chez soi ,
c' est dorénavant accessible à tout le monde. Explications . VALERIE QUELIER
D ici cinquante ans , il restera seulement dix universités à travers le monde » .
Cette prédiction de Sebastian
Thrun , professeur à l ' université
de Stanford , effraye l
'
enseignement supérieur . L ' amphithéâtre est-il voué à devenir un vestige de l ' université du xxe siècle ?
Sans doute pas ,mais la
transmission du savoir ne se fera plus uniquement dans l
' enceinte d '
un
établissement . Certains cours sont déjà ouverts à tous et disponibles gratuitement sur Internet . C' est ce que l '
on nomme les MOOC [ Massive Open Online Course
, des cours en ligne
massivement ouverts en français ]. Ce phénomène tout récent est né aux États-Unis .Des universités aussi prestigieuses que le MIT [ Massachusetts Institute of Technology )
ou Stanford proposent d
' accéder à une partie de leurs cours sans débourser le moindre centime .L '
enseignement supérieur français est ,
lui , encore en phase d '
observation et de réflexion . Certaines initiatives sont néanmoins en cours de développement.
Sebastian Thrun est l '
un des premiers enseignants à avoir conçu un MOOC . D ' octobre à décembre 2011 ,il a proposé ,
avec son confrère Peter Norvig ,
un cours sur l '
intelligence artificielle www.ai-class.com
, ouvert
à tous et en accès gratuit .Le suivi du cursus demandait aux étudiants une disponibilité d
'
au moins dix heures par semaine.
'
opération a suscité un très fort engouement :160 000 internautes , issus de190 pays ,avec une moyenne d
'
âge de 30 ans , se sont inscrits !Tous ne sont pas allés jusqu' au bout ;46000 participants ont soumis le premier devoir
, 23 000 ont passé l '
exa
42 . MICRO HEBD0749
men à mi-parcours , et 20 000 se
sont soumis à l '
épreuve finale. Soit près de 80%% d
'
abandons... Sebastian Thrun n' a pas
baissé les bras pour autant. Dans la foulée , il a cofondé
Udacity , une plateforme qui diffuse des cours de niveau
universitaire . N' allez pas imaginer qu' il
s' agit de regarder de simples vidéos .Ces cours sont plus interactifs
, ils comprennent ,
entre autres , des quiz pour
vérifier les acquis des étudiants . Un dispositif qui malheureusement ne permet pas d
'
obtenir de certifications , ni de diplômes. Chasseur de têtes . En revanche , Udacity travaille en collaboration étroite avec des entreprises . D
'
ailleurs , certains cours
portent sur les technologies développées par Google ,
telles que la programmation de la voiture-robot .Udacity peut ainsi repérer les meilleurs étudiants et fait office de chasseur de têtes pour le compte d '
entreprises qui sont prêtes à rémunérer le service.
Pour Olivier Ruatta ,maître de conférences à l ' université de Limoges (voir témoignage page suivante ) , l
'
émergence de ces plateformes permet de résoudre en partie la difficulté de financement des études aux ÉtatsUnis : « Siun étudiant ne peut pas toujours payer 30 000 dollars pour son inscription à une université américaine
, un
chasseur de têtes peut , lui
, être prêt
à dépenser cette somme pour embaucher un cadre . »C' est aussi dans cette optique qu' a
été créée Coursera par deux scientifiques de Stanford . Une plateforme très appréciée des grandes universités .En juillet dernier
, l
'
institut de technologie
de Californie Caltech et l
'
université de Pennsylvanie ont
EDX
La plus prestigieuse Lancée cet automne
, edX est
une initiative du Massachusetts Institute of Technology [
MIT )
et de Harvard . Le MIT a d '
abord testé son dispositif au printemps dernier avec un premier cours sur les circuits
électroniques.
Universités : Massachusetts Institute of Technology ( MIT
)
" Harvard " Berkeley +d '
autres établissements à venir.
Disciplines :Informatique "
Electronique"Chimie...
Ëww.edx.org
UDACITY
Pépinière de la Silicon Valley
Fondée par des professeurs de Stanford. Udacity propose un catalogue de cours entièrement axés sur l
'
informatique
et les mathématiques . La plateforme fait office de chasseur de têtes pour le compte d
'
entreprises prêtes à
rémunérer le service.
Universités :Stanford + partenariat avec 20 entreprises high-tech.
Disciplines : Informatique "
Sciences physiques " Intelligence artificielle...
www.udacity.com
ainsi investi environ 3 ,7 millions de dollars .Coursera diffuse des cours libres et gratuits dispensés par des professeurs issus de douze établissements de premier plan aux États-Unis et en Europe . À l
'
issue de l '
examen final , Coursera propose
aux étudiants les plus performants de valider leur cursus ,
par exemple , à la prestigieuse
université de Stanford pendant un an . Ils bénéficient alors de bourses
, attribuées par des
entreprises privées . Certaines universités reconnaissent également le certificat accordé par Coursera pour valider des crédits [ équivalents de points )
du module correspondant lors de
l
'
inscription à un master. Un certificat à la clé . Le nouveau projet edX www.edx.org mis en place conjointement par les universités du MIT
, de
Harvard et de Berkeley entend ,lui
aussi , repérer les meilleurs étudiants à travers le monde .
Ce
1 / 3Copyright (Micro Hebdo)
Reproduction interdite sans autorisationTelecom Bretagne (ex. ENST
Bretagne)
N° et date de parution : 749 - 04/10/2012
Diffusion : 143590 Page : 43
Périodicité : Hebdomadaire Taille : 100 %
MicroHebdo_749_42_26.pdf 1750 cm2
Site Web : www.01net.com
comme si vous y étiez !Les meilleures universités
du monde proposent désormais - des formations en ligne gratuites
COURSERA
La plus généraliste Coursera fournit plus de120 cours dispensés dans une quinzaine d
'
universités . La durée de chaque programme varie de quatre à douze semaines . Ces programmes portent sur l
'
informatique ,
la médecine , les sciences sociales et humaines , les mathématiques ,
l
'
économie et la finance.
.coursera.com
Universités : Berkeley . Princeton " Stanford " Edinburgh "
Michigan " Pennsylvanie"Toronto"Virginie"Washington École polytechnique fédérale de Lausanne...
Disciplines : Biologie et sciences de la vie . Business et management " Intelligence artificielle . Informatique ( théorie , sécurité
, programmation... ). Robotique économie
et finance . Éducation " Sciences humaines " Médecine Musique " Sciences de la terre et physique...
Le portail Universités numériques réunit
plus de 23 000 ressources pédagogiques [ cours filmés
, banques d
'
exercices ,
simulations... )
, accessibles gratuitement
par les internautes . Dommage , il n' existe
pas à ce jour de programme structuré permettant de suivre des cours en ligne.
Universités :les établissements d
'
enseignement supérieur mutualisent les ressources en sept universités numériques thématiques.
Disciplines : Santé . Ingénierie. Economie"Sciences politiques...
www.universites"numeriques.fr
dispositif , dont le financement
s' élève à 60 millions de dollars ,
fait suite aux expérimentations menées par le MIT . Depuis dix ans
, l ' institut réputé pour ses
recherches en matière de nouvelles technologies
, proposait
déjà des vidéoconférences sur OpenCourseWare http ocw.mit.
edu )
. Depuis ce printemps , l
'
université du Massachussetts teste même un nouveau dispositif d
'
apprentissage en ligne http mitx.mit.edu
) . Le cours « 6.001x
Circuits and Electronics »a ainsi été entièrement adapté aux internautes
, avec des exercices
en vidéos , des conférences et
des discussions . Les élèves qui suivent en ligne ce cours peuvent obtenir un certificat . Même si celui-ci n' a pas la même valeur que le diplôme délivré par le MIT ,
le succès est au rendez-vous. Et le MIT a donc cofondé edX où tout étudiant peut suivre gratuitement un cours .Seul le certificat est payant . Reste à savoir si
les entreprises feront la différence entre un CV mentionnant un diplôme et un autre
, avec
seulement une certification. Si aucun diplôme n' est
délivré en ligne , c' est aussi pour des
raisons techniques . Comment s' assurer de l
'
absence de tricherie si l '
étudiant passe son examen chez lui ? Quelques expérimentations ont été menées. Par exemple , une université néozélandaise a demandé à ses étudiants de se filmer pendant
l
'
examen ,et ces derniers ne
savaient pas quand le surveillant avait l
'
oeil sur leur vidéo ou pas. «À terme , on peut imaginer que des universités américaines comme le MITou Stanford créent des antennes dans les capitales européennes pour faire passer les examens » , avance Yves Epelboin
,directeur du service
général des TICE ( Technologies de l
'
information et de la communication pour l '
enseignement ] à l
'
université Pierre et Marie Curie. C' est d
'
ailleurs ce que s' apprête à faire Coursera qui s' est rapprochée des cours de l '
éditeur éducatif Pearson
, afin d '
utiliser ses centres d
'
examens. Une dimension participative. Pour l
' instant , les cours
massivement ouverts et en ligne permettent avant tout aux écoles d
'
asseoir leur notoriété au niveau mondial et de repérer les étudiants les plus prometteurs .« Les écoles regardent les MOOC plutôt comme des produits d
'
appel ,
elles donnent des cours d '
introduction gratuitement , puis font payer les sessions suivantes » ,
remarque Jean-Marie Gilliot ,
enseignant-chercheur à l '
institut Telecom Bretagne . Féru de nouvelles technologies ,
il prépare avec des confrères son premier MOOC , axé sur « Apprendre à apprendre sur Internet » pour le 4 octobre http itypa.mooc.fr Accessible à tous
, il se déroulera
sur dix semaines . « Pour avancer dans l
'
enseignement , il faut une dimension participative . On ne peut pas apprendre sans interaction
, seul face à une machine » ,
explique-t-il . Voilà pourquoi ce cours sollicitera une participation active et critique des étudiants. Cette pédagogie s' apparente à du « peer-to-peer »
, chacun pouvant apporter aux autres des informations complémentaires.
Un principe adopté aussi par Unishared
, créé par de jeunes
Français . En novembre 2011 ,son
cofondateur Clément Delangue
, alors étudiant en master
de management à '
ESCP , s' ennuyait un peu en cours . Depuis la salle de classe , il a commencé
WWW 01NET.COM .43
2 / 3Copyright (Micro Hebdo)
Reproduction interdite sans autorisationTelecom Bretagne (ex. ENST
Bretagne)
N° et date de parution : 749 - 04/10/2012
Diffusion : 143590 Page : 44
Périodicité : Hebdomadaire Taille : 100 %
MicroHebdo_749_42_26.pdf 1750 cm2
Site Web : www.01net.com
SERVICES
à partager en direct sur Twitter l
'
intégralité des cours qu' il
suivait . « Cela a complètement changé mon apprentissage .ll est même arrivé que certains de mes followers [ abonnés ,
ndlr ] me posent des questions
que je relayais au professeur. D
'
autres me recommandaient des lectures.. . »Il a mutualisé ses prises de notes avec les étudiants de sa classe via Google Documents ,la célèbre suite bureautique en ligne . De là est née l
'
idée de créer une communauté d
'
apprentissage , appelée Unishared en mai 2012 . Cette dernière a déjà attiré 700 étudiants d
'
un peu partout :
Stanford , Copenhague...
Échanges en ligne .
Concrètement ,le dispositif permet
aux étudiants de diffuser sur le Net les notes prises pendant les cours . Une fois le document partagé , chaque participant peut le modifier ,
l ' annoter ,
apporter des compléments.. . Y compris des personnes qui ne sont plus étudiantes et l
'
enseignant lui-même . Celui-ci peut
vérifier les points qui ont été assimilés par les élèves , ainsi que les éventuels malentendus . D
'
après Clément Delangue ,
c' est avant tout l '
échange entre les membres de la communauté pendant le cours qui constitue l
'
intérêt de la méthode . Certains établissements seraient sur le point d
' acheter les services de la plate-forme .En revanche , il n' existe pas à ce jour de dispositif français équivalent à Coursera ou Udacity.
Jusqu' àprésent , l
'
enseignement supérieur français a surtout axé ses efforts sur la mise en ligne de documents . La plupart des établissements créent leur propre base de données et développent quelques cours en ligne mais réservés à leurs seuls étudiants . En revanche ,
de nombreuses ressources
[ cours filmés
,banques d
'
exercices , simulations
] sont
accessibles gratuitement en ligne via les universités numériques thématiques [ UNT
,
www.universites-nurneriques.fr .Lancées en 2003 par le ministère de l '
Enseignement supérieur MESR
elles regroupent 23 000 documents pédagogiques . Il en existe
44 . MICRO HEBD0749
OlivierRuatta ,maître de conférences à l '
université de Limoges
"
J' ai gagné un an d ' études à Stanford "
En tant que codirecteur du campus virtuel de l '
université de Limoges ,
je m' interrogeais sur les cours massivement ouverts . J' en ai suivi plusieurs sur les sites du MIT
, Udacity et Coursera . C' est le cours sur la cryptographie proposé par le professeur Dan Boneh de l ' université de Stanford que je trouve le plus abouti. Je l
'
ai suivi à deux reprises pour comprendre comment le cours évoluait .Il s' est
écouléseulement deux mois entre les deux sessions. Il y a beaucoup d
' exercices qui sont très interactifs . Ce n' estpas du QCM de base .Par exemple ,
les questions varient en fonction des réponses qu' on a faites précédemment
. Il y a aussi du suivi pédagogique. Pour certains exercices
, on doit
soumettre des codes qui sont réellement testés . On a un retour sur ce qu' on a produit très vite
, dans un
délaide deux ou trois jours . Suivre ce type de cours réclame énormément de temps
, entre 15 et
30 heures de travail par semaine . La masse de travail est telle que c' est impossible de demander à quelqu' un
d ' autre de le faire à sa
place . C' est aussi ce qui leur permet d
'
être sûrs que les étudiants qui rendent les exercices sont les meilleurs . Ils leur proposent alors un an d
'
études à Stanford. C' est ce qui m' est
arrivé,mais j' ai dû
refuser.. . Le problème pour les élèves ,
c' est de retrouver les réponses à leurs questions car il y a énormément de posts . Moi
, je me suis appuyé sur la communauté :
au premier cours ,
beaucoup de groupes se sont créés à l
'
extérieur de la plateforme , à partir de Google Document. À tel point qu' il a fallu organiser en cours d
'
année ces groupes par zone géographique.
sept ,chacune spécialisée dans
un domaine [ santé , ingénierie ,
droit... ) . Selon Clara Danon ,
responsable Mission numérique pour l
'
enseignement supérieur au MESR , « lesUNT constituent un dispositif unique en son genre au niveau mondial ».
La mise en ligne de ces ressources constitue la première pierre d
'
une université totalement numérique . « Ainsi , le projet Unit-Utop va proposer quelques formations en ligne
en s' appuyant sur ces contenus
, précise Gilbert Touzot ,
président de la Fondation Unit [ Université Numérique Thématique Ingénierie et Technologie ] .De même
, les Écoles centrales de
Paris et de Lyon ont indiqué que des projets étaient en cours de réflexion . Reste que , selon certains universitaires ,l
'
enseignement supérieur français ne disposera jamais de la force de frappe de son homologue américain . Le MIT a son propre fonds
de dotation qui s' élève à 6 ,4
milliards d '
euros . Or , ce système de financement n' existe pas en France . Pour se distinguer ,
l '
université française a peut-être intérêt à développer des cours massivement ouverts
, plus
spécialisés sur un métier particulier
. Cela fait partie des pistes de réflexion étudiées par JeanPierre Berthet , responsable Learning Lab à l
'
école centrale de Lyon . Mais qui serait prêt à financer ce type d
' initiative?.
3 / 3Copyright (Micro Hebdo)
Reproduction interdite sans autorisationTelecom Bretagne (ex. ENST
Bretagne)