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Page 1: IDEES & DEBATS · 2015-11-16 · IDEES & DEBATS prospective MÉDECINE// Meilleur accueil, meilleurs soins, meilleur suivi… les nouvelles technologies hospitalières, centrées sur

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prospective

MÉDECINE// Meilleur accueil,meilleurs soins,meilleur suivi…lesnouvelles technologieshospitalières, centrées sur le patient, devraient également permettre une meilleure gestion.

Commentl’e-santévachangerl’hôpital

Desambulances d’urgentistes reliées parvidéoconférence. Desrobots préparant lessachets de médicaments. Un écran géantpermettantdesuivreàtoutmomentl’avan-cement dessoins et la disponibilité du per-sonnel. Cesinnovations ne sont pas de lascience-fiction : elles sont expérimentéesdans différents hôpitaux du Danemark.Petit pays de5,5 millions d’habitants con-fronté à un vieillissement desa populationetdoncàunsystèmedesantédeplusenpluscoûteux, le paysa décidé d’investir 5,3mil-liards d’euros dansla modernisation deseshôpitauxd’icià2020.Uncinquièmedecettesomme est consacré aux équipements etdéjàpresque chaqueétablissement expéri-menteunnouvel outil. « Notre concept?L’hôpital estun laboratoire vivant »,résumeLisbeth Holsteen Jessen, directrice del’hôpital d’Horsens, une petite ville à150kilomètres àl’ouestdeCopenhague.

A l’image du Danemark, tous les paysdéveloppés doivent innover pour soignerplus,mieux et à moindres frais. La plupartfondentleursespoirssurl’e-santéenmilieuhospitalier. « Lessystèmesdesanté sont entraindeprendreunnouveauviragetechnolo-giqueetcelapeutêtrel’occasiondeleurredon-ner du souffle en termes d’efficacité etd’équité », plaide Benoist Gadet,en chargedudéveloppementcommercialpourlesec-teur de la santé chezNECFrance.

Au centre de l’e-santésetrouve le dossiermédical électronique, que tous les Etatsoccidentaux tentent de mettre en place(«LesEchos »du27octobre2011).Alimenté

Si le dossier médical est lapièce centrale de l’e-santé,le réseau informatique,

qfixe ou mobile, en constituel’ossature.

pour l’instant de façon manuelle par lesmédecins,il sera bientôt automatiquementenrichi par les systèmes informatiques del’hôpital : résultats des analyses, séquen-çageADN,radios,médicamentsprescritsetdistribués, paramètres enregistrés au blocopératoire et en réanimation… Grâce à cedossier électronique, la médecine hospita-lière ne sefocalisera plus sur une maladieouuneblessure,maisprendraencomptelemaladedanssaglobalité :depuissesantécé-dents, jusqu’à, un jour peut-être, son codegénétique.«Nousinvestissonschaqueannée40 eurospar patient dansle dossiermédicalélectronique à l’hôpital, calcule KennethAhrensberg, du Conseil nationaldel’e-santé,l’administrationdanoiseenchargedu dossiermédical. Notre gouvernementestimequecelaa permis d’augmenterla pro-ductivitédeshôpitaux de2,5à 5 %par an. »

Meilleure coordinationPremierintérêtdel’e-santé,ellepermetunemeilleure coordination entre médecinsgénéralistes, spécialistes, infirmières… Cequi devrait entraîner une diminution desexamens redondants, mais aussi deserreurs médicales, comme les contre-indi-cations ou ladélivrance demauvais médi-caments. Le « British Medical Journal »estime que, au Royaume-Uni, 30.000 per-sonnes décèdent chaque année d’uneerreur médicale : c’est comme si un 737s’écrasaittous lesdeux jours.

Mais, pour rendre detels services,le dos-siermédical devra être complet (et intégrerégalement l’imagerie médicale) et facile-ment compréhensible. Pour faciliter les

échanges de clichés, l’ARSIle-de-France ainitié le programme RSF(région sansfilm),unservicedepartageetdestockaged’imagesmédicales par le « cloud computing », pro-poséà tous lesprofessionnels de la région.Maisilfaudraadapterlesréseauxinformati-ques : si ledossier médical est la piècecen-traledel’e-santé,leréseauinformatique,fixeoumobile,enconstitue,lui,l’ossature.

Autreproblèmeinduitpardetellesquan-tités d’informations :comment les analy-

ser? « Lesmédecinsont cinq minutes pourparcourir les dizainesdepagesd’un dossiermédical, constate André Elisseeff,cofonda-teur et directeur général de Nhumi (NextGenerationHumanInterface),unestart-upinstalléeàZurich. Nousvoulonstrouverunenouvellefaçondeprésentercesinformations,afin de lesrendre immédiatement compré-hensibles,parexemple,enproposantcommeinterface leschémadu corpsdupatient. »

L’e-santépermettraégalementauxmala-desqui doivent revenir régulièrement dansle même établissement de s’enregistrersurdesbornesd’accueilautomatiques.Unefoisadmis, le dossier du malade apparaîtra,aveclesautres,surlesécransdedispatchingdu personnel médical : nom, numéro deSécuritésociale,âge,pathologie,traitementen cours, localisation du patient et du per-sonnel en charge, coordonnées de lafamille, jour de sortie programmée… «Sicettedateestconnue,lesmaladespartentplusvite », constate-t-on au service de cardiolo-gie de l’hôpital d’Horsens.

Deplusenplusd’hôpitauxsedotentausside robots pharmaciens qui préparent lesmédicaments devant êtredistribués auxmalades matin, midi ou soir. Fiables à99,9 % selonun de leurs fabricants, l’entre-prise McKesson, à San Francisco, ces

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Date : 22/01/2013Pays : FRANCEPage(s) : 18Rubrique : Idees Et DebatsDiffusion : (121630)Périodicité : Quotidien

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machines permettent d’économiser de lamain-d’œuvre et d’éviter les erreurs de

manipulation. A terme, reliés aux dossiersmédicaux et pilotés par un logiciel d’intelli-gence artificielle, ils sauront détecter lescontre-indications médicamenteuses.

Et d’ici cinq à dix ans,certains établisse-ments s’équiperont de lits intelligents etcommunicants, enregistrant la tempéra-ture, la sudation, la quantité d’urines, lepoids, les changements de position dumalade. A la moindre anomalie, le person-nel soignant sera averti. « Un lit d’hôpitalclassique coûte entre 1.500 et 1.800 euros,affirmeVernerBekHansen,directeurgéné-ral pour la France deLinak, une entreprisedanoise leader dans la fourniture de systè-mes de contrôle électroniques pour les litsmédicalisés. Un lit intelligent, c’està peine500 eurosdeplus. »

Aplus long terme, le dossier contiendrapeut-être l’ADN du malade, ce qui devraitsansdoute aider à prévoir saréaction à telou tel traitement. En attendant, toutes lesdonnées déjà collectées peuvent être ano-nymisées et analysées.C’est le concept du«big data » appliqué à l’hôpital. « Nous col-lectonsdepuis 2005 toutes les informationssur lesanesthésies», indique Alexis Grzes,directeur du système d’information duCHRU de Lille. L’exploitation de ces don-nées permettra peut-être de diminuer lamorbidité lors desinterventions.— Jacques Henno

Versunefacturationdétaillée ?

Quand on lui demande si elleréfléchit à envoyer la facturedétaillée et personnalisée dessoins (quote-part du salairedes infirmières et desmédecins, médicamentsdistribués, consommablesutilisés, coût du blocopératoire…) à chaque patienttraité dans son établissement,la directrice de l’hôpitald’Horsens (Danemark),n’hésite que deux secondesavant de répondre : «Pourl’instant, notre comptabilitéanalytique nenous le permetpas, mais, oui, certainement, ceserait uneexcellente motivationpour se prendre en charge. »La facturation détaillée faitrêver tous les gestionnaires desystème de santé, qu’ils soientdanois, français, américains…Pour l’instant,ils en sontréduits à appliquer unetarification à la pathologie. EnFrance, par exemple, le PMSI(programme de médicalisationdes systèmes d’information),mis en place à partir de 1986,permet – sauf exception – declasser chaque patient au seind’un GHM (groupe homogènede malades), auquel s’appliqueun tarif unique. Qu’uneopération dure moinslongtemps que prévu ou qu’elles’avère plus compliquée, avecun séjour en réanimationplus important, le tarif serale même. En permettantde suivre, acte par acte,médicament par médicament,minute par minute, le séjourd’un patient, les technologiesd’e-santé déboucheront surune facturation beaucoup plusfine. —J.H.

Repères

L’informatiquemédicaledoitêtre:l confidentielle.Seulslepatientetlepersonnelmédicalconcernédoiventy avoiraccès.EnFrance,le patientdoit pouvoireffacercertainesdonnées;l fiable.Laredondancedeséquipementset dessauvegardesgarantit lacontinuitéduservice;l exploitable.Lesdonnéesdoiventpouvoirêtreanonymisées,triéeset classéesenvue deleurexploitationàdesfinsderecherche;l ergonomique.Lepersonneldoitpouvoirs’identifieruneseulefoispar jourpouraccéderà touslesterminaux.

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