Sylvie Chausse
Je déteste
Ernesto
Librement enrichi par Souleiman, Mohamed-Amine, Antoine et
Moussab, chacun dans le rôle du narrateur Marc-Antoine
- Avril 2011 -
- Roman –
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Petite, Sylvie Chausse aurait voulu devenir
un personnage de livre. Avec les années, elle
a fini par comprendre que les meilleures
places, celles de Cendrillon et de Blanche-
Neige étaient déjà prises. Pour se venger,
elle fait des livres elle-même et ses
personnages ne sont pas sages comme des
images !
Je déteste Ernesto, de Sylvie Chausse © Thierry Magnier, 2003
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Ernesto
Ernesto, je le déteste parce qu’il
parle mal le français et que son père
est réfugié.
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Mme Lartigue
Mme Lartigue est une bonne
maîtresse : avec elle, personne ne
parle dans les rangs.
Malheureusement, comme elle dit, elle
n’est pas récompensée de ses efforts.
Avec moi, ça va parce que je suis un
bon élève, mais ceux du fond, quels
idiots ! Elle les appelle « la queue du
peloton », « les petits cerveaux » ou
« les imbéciles » ! Mais nous, on n’a pas
le droit à cause de la camaraderie, et
Justin a été puni quand il les a traités
de mongols !
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Avec les autres maîtres il n’y a pas de
classement, mais chez Mme Lartigue il
y en a un. Et, si je suis dans les cinq
premiers en février, papa donnera la
permission à marraine de m’acheter
une Game Boy !
A la récréation, Mme Lartigue va
dans le bureau de la directrice et elles
boivent du café. Quand on remonte, il
y a l’odeur dans tout le couloir. En
même temps, elles surveillent la cour
depuis la fenêtre. Enfin, elles
surveillent les autres maîtresses. C’est
normal : elles connaissent mieux le
métier puisqu’elles sont les plus
vieilles.
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Ce matin, Mme Lartigue revient du
bureau de la directrice toute
chamboulée. Elle ne rouspète même pas
quand elle voit qu’on n’a pas préparé
nos cahiers rouges. Elle se laisse
tomber sur sa chaise.
- Demain, vous allez avoir un nouveau
camarade. Il arrive d’Amérique du Sud,
et son père est réfugié politique. Le
pauvre petit garçon vient de perdre sa
maman et je compte sur vous tous pour
bien l’accueillir. Surtout, évitez de le
regarder comme une bête curieuse.
Et elle ajoute, un peu moins fort :
- Il faut que ce soit sur moi que ça
tombe !
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Je lui demanderais bien ce qu’est un
réfugié politique, mais je ne sais pas si
je peux. Des fois, quand on pose une
question, la maitresse dit que ce n’est
pas le moment ou bien qu’elle nous l’a
expliqué cent fois et qu’on n’a qu’à
écouter. D’autres fois elle nous dispute
parce qu’on n’a aucune curiosité. Alors,
je préfère me taire.
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Comment être première de classe ?
- Madame ? Pourquoi ai-je des mauvais résultats ? dit Myrtille.- Car tu n’écoutes jamais en classe, tu n’es jamais attentive, tu bavardes et tu ne travaille jamais ! dit Mme Lartigue - Et si j’améliore mon travail, je serai attentive, j’écouterai ce que vous dites je serai première de classe ?- Si t’as de bons résultats pourquoi pas ? Étudie bien tous les soirs et tu n’auras aucun soucis !
Le soir, Myrtille 1 m’appela et me dit : « Marc Antoine ? Pourrais-tu me ramener tes cours de français et 1 En cet endroit, Moussab a pris le rôle du narrateur.
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mathématiques afin que je me mette en ordre ?
Je restai choqué car ce n’est pas une fille qui travaille bien en classe.
Je répondis : « Tu as enfin compris, je suis content pour toi et demain je te ramènerai mes cours afin que tu te mettes en ordre ! »
Soudain Myrtille améliora ses résultats, les élèves restèrent choqués.
Par Moussab
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Une bête curieuse
- Je vous présente Ernesto, nous dit
la maîtresse en tenant un garçon par
l’épaule.
Je n’ai jamais vu Mme Lartigue tenir
quelqu’un comme ça. On dirait que c’est
son chouchou, le « pauvre petit
garçon » !
Moi, je fais comme les copains, je le
regarde en douce, le nouveau.
Lui, il sourit à peu près, mais on dirait
qu’il a envie de pleurer !
Toute la matinée, ça continue les
petits soins. La maîtresse lui fait des
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jolies piles avec des livres et des
cahiers neufs.
Et tout ça où ? A côté de moi, au
premier rang, parmi les bons élèves.
Comment elle le sait qu’il est bon, le
nouveau ? Il ne dit pas un mot normal,
seulement de temps en temps des
trucs bizarres. Le sud-américain, c’est
pas facile à comprendre ! Yolande, ma
voisine de derrière, prétend qu’il parle
espagnol. Elle veut encore se rendre
intéressante !
Moi, j’aimais bien être à côté de
Justin. Quand Mme Lartigue était au
fond, il me laissait voir la grammaire,
et moi les maths. Maintenant, en plus,
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je dois m’occuper de l’autre, là, lui
ouvrir le bon livre à la bonne page, et
pareil pour le cahier.
Ça m’énerve mais, chaque fois, il me
fait des grands sourires. C’est dur de
détester quelqu’un qui vous sourit !
Enfin, la récréation ! Personne ne me
croira mais, Mme Lartigue, elle lui
attache son écharpe ! Avec nous, elle
crie qu’on cherche à s’enrhumer exprès
pour être absents, mais pas avec
Ernesto !
Dans la cour, avec un ballon, il se sent
plus ! Les règles du foot peut-être bien
qu’il les connaît en sud-américain, mais
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il joue rudement bien en français. C’est
un goal de première !
A un moment, je plonge sur un
penalty, et je tombe en déchirant la
manche de mon blouson. Mais je n’ai
pas lâché le ballon.
J’explose de rire. Ernesto aussi.
Du coup, on est copains, lui et moi. On
ne peut pas dire, le foot, c’est génial.
Le soir, quand il part, il me fait au
revoir avec la main en disant des trucs
à son père.
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Mes parents
Ma mère, elle a un nez de renard
pour repérer les mensonges.
- Marc-Antoine, ton blouson neuf ?
- Je l’ai laissé au portemanteau de
l’école parce que j’avais trop chaud. Je
le rapporterai demain.
- Tu es sûr ?
Et elle me fait un regard qui dévisse
le crâne pour voir ce qu’il y a dedans.
Je suis obligé d’avouer que j’ai fait un
gros trou au coude...
Alors maman crie qu’un blouson de ce
prix, ce n’est pas croyable de l’avoir
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massacré depuis Noël ! Désormais,
j’irai à l’école avec mon anorak de ski !
Moi, j’en voulais pas de son blouson de
malheur : le cuir, ça fait crâneur. C’est
elle qui a voulu me l’acheter !
Maman continue à crier, mais de
toute façon, elle est toujours fâchée
quand mon père est en retard pour
manger. Elle s’énerve et manque de
faire tomber une casserole.
Il est huit heures et demie et je
pense à Ernesto : ça fait quatre heures
qu’il est avec le sien, de père.
Après le coup du blouson, pour parler
d’autre chose, je raconte à ma mère le
nouveau, comme il est bon en foot sans
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parler français. Je lui dis aussi que ce
ne serait pas juste qu’il devienne le
chéri de Mme Lartigue rien que parce
qu’il a perdu sa mère.
Cette fois maman pique une vraie
colère, me traite de sans-cœur et
pleure presque en disant qu’une maman
c’est ce qu’il y a de plus précieux au
monde ! L’affection de la maîtresse, il
en a plus besoin que tous les autres
élèves réunis, et ce n’est pas un enfant
heureux comme moi qui peut le lui
reprocher !
Au moment où mon père arrive, on
nage toujours dans le drame !
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- Alors, mon vieux, ça va ? me
demande-t-il.
Je n’ai pas le temps de lui répondre,
que maman lui déballe l’histoire.
Du coup mon père s’énerve lui aussi
pour le blouson d’abord et pour
Ernesto ensuite. Il dit qu’on est trop
bons, nous les Français, d’accueillir
tous ces réfugiés politiques. On a aussi
des veuves et des orphelins et on n’a
pas à nourrir ceux des autres pays
avec nos allocations familiales qui
coûtent les yeux de la tête au
contribuable...
Ce n’est pas le bon moment pour
rappeler à mes parents mon
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anniversaire dans deux semaines.
Pourtant, on doit décider ensemble de
la liste de mes invités.
Je me mets à bâiller comme un
crocodile, avant le dessert. Du coup,
mes parents m’envoient me coucher. Je
ne lui fais pas mes compliments à
Ernesto. D’abord, il devient le
chouchou de la maîtresse et, en plus, il
me gâche mes soirées !
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Le classement
- Vas-y, Marc-Antoine, crient les
copains quand on joue au foot. Du coup,
Ernesto veut faire comme eux, sauf
que, lui, il crie : « Malcane ! »
Maintenant, quand j’arrive en classe,
il m’accueille en criant : « Malcane !
Malcane ! » Je sais pas pourquoi, mais
ça me fait plaisir.
Aujourd’hui, c’est le classement. J’ai
un peu peur !
Première : Yolande. Avec Mme
Lartigue, elle est toujours première,
pour dire une fois encore que les filles
sont les meilleures. La maîtresse, elle
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doit s’imaginer qu’une fille peut devenir
président de la République !
Deuxième : Justin. Lui, c’est mon
copain, mais ça m’énerve qu’il soit
devant moi. Il va encore dire à tout le
monde que j’ai pas pu copier !
Troisième : Marc-Antoine. Ouf !
Et ça continue comme ça pour les dix
premiers. Ensuite, on rigole, parce que
Mme Lartigue dit toujours des choses
drôles sur les mauvais élèves.
« Myrtille, te voilà une fois de plus
dans la confiture. »
« Hector ne veut jamais avoir tort ! »
Et quand on arrive aux simplets du
fond, c’est l’éclate totale !
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Je me fais de la bile pour Ernesto. Le
malheureux, c’est pas sa faute s’il ne
pige rien à rien. En tant que dernier, il
va être le souffre-douleur de la
maîtresse jusqu’au mois prochain.
Mais Mme Lartigue vient près de lui
sans se moquer ni rien, et elle pose son
carnet de notes ouvert sur la table.
Des efforts remarquables pour
s’intégrer. Voilà ce qu’elle a écrit.
Moi, je suis troisième avec : travail
assez sérieux. Si j’avais « des efforts
remarquables », je suis sûr que j’aurais
un jeu de Game Boy en plus !
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Le soir, Ernesto repart avec son père,
ils se tiennent la main et se regardent
souvent en souriant.
C’est vraiment pas juste : d’abord,
c’est mon père qui paie pour les
réfugiés, et ensuite, ils ont de
meilleures remarques que moi.
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La première de classe
Yolande, elle est toujours première de classe avec madame Lartigue.
Je n’ai pas invité les filles de la classe à mon anniversaire parce que les filles ça fait trop de chichi et on s’amuse mieux entre garçons, les filles c’est trop fragile.
Mme Lartigue doit s’imaginer que Yolande peut devenir président de la république pour dire une fois encore que les filles sont les meilleures, elle a de la chance de toujours être la première de classe.
Par Mohamed-Amine
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Bon anniversaire
Enfin, le voilà, mon anniversaire !
C’est vraiment long, une année !
Je devrais dire « mes » anniversaires
parce que mes parents organisent deux
fêtes. La première, c’est le dimanche
avec mes quatre grands-parents et ma
marraine. Mon parrain n’est jamais là
parce qu’il fait du commerce
international.
Pour les cadeaux, c’est une bonne
journée, mais les grands-parents, ils se
croient obligés de me demander si je
travaille bien en classe et me répètent
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que je dois prendre exemple sur mon
père pour réussir dans la vie.
Comme ils me demandent ce que je
veux faire plus tard (un autre dada à
eux), j’ai bien envie de leur répondre
que, lorsque je serai adulte, j’irai
chercher mon fils à l’école. Mais on
sonne, c’est marraine.
En cadeau, j’ai une luge, des tas de
vêtements à je-ne-sais-pas-combien
(maman commence déjà à me dire de
ne pas les abîmer), un Meccano (parce
que quand mon père était môme, il
adorait jouer au Meccano, alors,
chaque année, j’y ai droit). Et puis il y a
le paquet de marraine, la Game Boy
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Color, le rêve de toute ma vie ! Ma
marraine, je l’adore ! Quand je
commence à jouer à table, mon père
rouspète, mais elle dit que c’est elle
qui m’a permis.
La plus géniale des fêtes, c’est
quand-même le mercredi suivant, avec
les copains ! J’ai invité tous les élèves
de ma classe, sauf les filles parce que
ça fait des chichis, et sauf Ernesto,
parce que j’avais peur que mon père lui
reproche les allocations familiales des
orphelins français.
A l’école, quand je parle de la fête
avec mes copains, Ernesto ne dit rien.
C’est normal : il fait des progrès, mais
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il ne comprend toujours pas la moitié
des choses. Seulement, le mardi soir, il
me dit en partant : « Bon
anniverchaire », ou à peu près. Je ne
sais pas pourquoi ça me donne envie de
pleurer.
Mais ensuite, avec tous ces ballons à
gonfler, je ne pense plus à Ernesto.
Pendant que ma mère boit le café
avec les mamans des autres, on en
profite... Ma luge, elle grince sur le
marbre mais, dans la moquette de la
chambre de mes parents, elle
s’enfonce comme dans la neige. Alors,
on organise une piste noire : on part du
lit, on traverse la chambre, et on se
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jette dans un fauteuil, celui que ma
mère appelle un fauteuil crapaud, mais
nous, on dit que c’est un bonhomme de
neige.
Quand c’est Justin, il hurle :
« Et pan, dans les grosses fesses de
la mère Lartigue ! »
Après, c’est le tour de chacun de
prendre son élan et de venir s’écraser
dans le crapaud, en criant sur les
fesses de Mme Lartigue. Quand c’est
mon tour, je rentre tellement fort
dans le fauteuil qu’un des pieds se
casse, juste au moment où maman et
les autres dames arrivent.
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Comme on n’est pas seuls, elle ne dit
rien, mais je comprends à son regard
qu’elle est furieuse !
Mes copains, eux, continuent à rire,
même en mangeant le gâteau, même en
buvant de l’orangeade avec les pailles.
Au bout d’un moment, je les imite.
C’est trop drôle de rire en mangeant
parce qu’on s’étouffe les uns après les
autres.
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La Game BoyQuand tout le monde est parti, c’est
plus mon anniversaire, c’est ma fête.
- Mon pauvre Marc-Antoine, je n’ai
jamais vu un enfant plus pénible que
toi ! Il y en a partout !
Et ces traces sur ma moquette !
Depuis quand on joue dans ma
chambre ?
Et mon salon tout sali ! Vous ne savez
pas manger proprement ?
Ah, je suis sûre que ce pauvre petit
Ernesto ne ferait pas tant de bêtises !
Au fait pourquoi ne l’as-tu pas invité ?
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Pour une fois, papa rentre plus tôt
que d’habitude. Comme ça, ils sont
deux à me sermonner. Ils me répètent
combien je suis gâté, et même pourri.
Eux, à mon âge, ils n’avaient pas le
dixième, ils ne faisaient pas de cheval
ni de ski.
Moi, à la place de cheval, j’aurais
préféré foot...
Et maman recommence avec le pauvre
Ernesto qui mériterait sûrement mes
cadeaux plus que moi !
Et le pire, c’est que papa est de son
avis, malgré les allocations.
A la fin, ils jurent de ne plus jamais
fêter mon anniversaire avec mes
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copains, surtout après les horreurs
qu’on a dites sur Mme Lartigue, une
maîtresse comme on n’en fait plus !
Dans mon lit, j’ai un peu honte, à
cause du fauteuil, à cause de la
maîtresse (pourtant, je n’y avais jamais
fait attention, mais c’est vrai qu’elle a
de grosses fesses), et surtout à cause
d’Ernesto. Lui, il me fait des sourires,
et moi, j’essaie même pas de l’inviter.
Et puis, il faut être franc, c’est tout
de même pas sa faute, pour les
allocations.
Peut-être que, si je lui filais mon
Meccano, ça lui ferait plaisir. Mais
c’est vache de donner les cadeaux
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qu’on n’aime pas soi-même. En plus,
c’est énorme, ce truc. Alors, je remets
la Game Boy dans sa boîte.
Le jeudi, en arrivant à l’école, je la
donne à Ernesto.
Au début, il n’y croit pas, et puis
après, il est comme un fou !
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La jalousie, un vilain défaut
Alors, une fois que j’ai offert la Game Boy à Ernesto, je voyais Hector tout triste, qui me dévisageait.
Je n’ai pas compris sur le moment même, en tout cas je disais dans ma tête ‘’pitié qu’il ne soit pas jaloux’’ c’est alors que je m’assoie à coté de lui, je lui demande « Qu’y a-t-il Hector » avec ma main sur son épaule et il me repoussa en disant « Je suis ton ami bien avant ce stupide américain du sud, c’est moi qui la méritais cette Game Boy‘ ».
Alors je souris, et je lui dis « Mon pauvre Hector tu es si jaloux que ça ? Cette Game Boy je lui ai offerte parce que je ne l’avais pas invité à mon anniversaire contrairement à toi qui
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est venu chez moi et qui s’est bien amusé en plus’’.
Alors Hector sèche ses larmes et dis en rigolant’ « Tu as raison, moi au moins je me suis bien amusé chez toi, je comprends que tu as offert la Game Boy à Ernesto’ ».
Par Souleiman
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Donner, c’est donner
Dès que je rentre de l’école, maman
me dit qu’elle a rangé ma chambre et
qu’elle n’a pas trouvé ma Game Boy.
Moi, tout fier, je lui explique que je l’ai
donnée à Ernesto.
- Et qu’est-ce qui t’a pris ? Tu nous
l’as réclamée pendant des mois, cette
Game Boy !
C’est pourtant elle qui dit tout le
temps qu’il faut partager !
Mon père est furieux. Il me donne
jusqu’à demain pour récupérer mon jeu,
sinon, je pourrai aller habiter ailleurs.
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Je n’ose rien dire, mais quand même...
D’abord, la console, c’est à moi qu’elle
l’a offerte, marraine. Et puis, donner,
c’est donner, reprendre, c’est voler.
J’en fais donc ce que je veux. Si ça
leur plaît pas à mes parents, j’irai chez
papy et mamie, ils sont super cool.
Le lendemain, quand je pars à l’école,
mon père me dit :
- Tu te rappelles ce que je t’ai dit
hier ?
Je lui fais oui de la tête.
Devant le portail, il y a Ernesto avec
son père. Le père, il me rend ma
console et il m’explique en français qu’il
ne peut pas accepter ce cadeau. Il sait
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que je l’ai donné gentiment, mais je
vais sûrement me faire gronder. Il
ajoute que la chose la plus précieuse
pour son fils, c’est un ami, et que, pour
ça, il me fait confiance.
En classe, je ne vois rien au tableau à
cause de ces foutues larmes. Ce qui
m’embêterait encore plus ce serait
qu’on les voie, surtout Ernesto.
Mais je ne peux plus les arrêter
parce que je sais bien que je suis le
garçon le plus nul du monde : j’aurais
jamais dû obéir à mon père et à celui
d’Ernesto. Il doit m’en vouloir à mort,
lui, maintenant !
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La mère Lartigue, elle n’a pas oublié
ses lunettes, aujourd’hui, et elle
commence à se moquer de moi. Elle dit
que les hommes, ça ne pleure pas et
gnagnagna et gnagnagna...
C’est vrai qu’elle est moche, vieille,
grosse et bête, la mère Lartigue, et en
plus elle est moins rapide que moi,
surtout dans les escaliers !
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SDF
Tout le monde le sait, pour la petite
porte qui reste toujours ouverte. La
maîtresse est encore en train de
souffler dans la cour que je suis déjà
dans la rue.
Désormais, je suis un enfant SDF. Je
ne peux aller ni chez mes parents, ni
chez mes grands-parents. Il est hors
de question que je remette les pieds
dans cette école de malheur. Je vais
me trouver une cabane abandonnée, je
l’aménagerai super bien et, quand il
faudra acheter à manger, j’irai braquer
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des pâtisseries. Je dirai tout le temps
des gros mots !
Et si j’essayais maintenant ? Pas
génial : la boulangerie Picard, au bout
de la rue, c’est là que mes parents se
servent ! Dommage, parce que leurs
croissants sont délicieux !
Je ne vais pas me faire prendre par
la police dès le premier jour.
Heureusement, j’ai mis la Game Boy
dans ma poche. Si je vais au square, je
pourrai jouer tranquillement.
Je m’assieds sur un banc, mais il est
glacé. Au bout d’un moment, je ne sens
plus mes doigts. Et puis voilà le
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gardien ! Il va me poser des questions.
Je disparais avant qu’il ne me voie !
Je ferais mieux d’aller plus loin, mais
si je me perds ? Je passe dans une rue
que je ne connais pas, j’essaie de bien
me repérer. Il y a des gens qui me
regardent. Si ça se trouve, toutes les
polices du monde sont déjà à mes
trousses !
Et pas de cabane en vue !
Je ne sais plus quoi faire, j’ai faim et
j’ai froid. Je trouve enfin une cachette
(un trou dans la haie de la résidence de
personnes âgées), d’où j’entends les
bruits de l’école. On dirait qu’il se
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passe des siècles entre deux
sonneries !
Il fait de plus en plus froid. La nuit
ne va pas tarder ! Où je vais dormir ?
Les vrais SDF, ils me font peur. Ils
sont capables de me piquer ma Game
Boy !
La fin des cours ne devrait pas
tarder. Je me rapproche de l’école. Le
père d’Ernesto est en avance : il ne
veut pas louper son fils adoré. Je le
déteste. Je déteste tout le monde.
Quand le gros portail en fer s’ouvre,
je vois mon père dans la cour, l’air
malheureux, avec mon anorak à la main.
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Pour une fois qu’il est venu me
chercher, je ne peux pas manquer ça.
Je cours vers lui à toute vitesse en
criant : « Papa ! »
Il me prend dans ses bras et il me
serre à m’écraser.
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Avec Justin c’est comment ?
J’ai failli oublier de vous parler de Justin c’est mon meilleur ami, avec lui, en classe je peux tricher sur lui en grammaire et lui en maths.
Hier, il m’a téléphoné pour me dire que mon anniversaire était génial et que c’est dommage que c’est qu’une fois sur l’année un anniversaire.
Et Justin c’est le deuxième de classe et à chaque fois que je suis en dessous de lui dans le classement il dit à tout le monde que j’ai pas pu copier.
Justin et moi, on déteste les filles parce qu’avec elles , on s’ennuie toujours. Elles jouent aux princesses et nous à la guerre, c’est mieux la guerre, non ?
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Une fois Justin a traité Hector de mongol et madame Lartigue l’a puni, il a dû copier plein de mots avec leur définition dans le dictionnaire. Avec Justin on s’amuse bien.
Par Antoine
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Ernesto
Il fallait s’y attendre : j’ai eu
tellement froid que je suis tombé
malade, mais, ce qui est incroyable,
c’est que mes parents n’ont même pas
râlé. Pourtant, ça les énerve quand je
ne suis pas capable de m’habiller pour
aller dehors.
Trois jours au lit à roupiller et à
jouer à la Game Boy, ça, c’est cool,
sauf que Justin m’a téléphoné mes
devoirs ! Mais le plus cool des plus cool,
c’est que mes parents m’ont demandé
si j’avais envie de quelque chose.
- J’ai droit à combien de choses ?
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Ils m’ont répondu en riant que, pour
un gros gâté comme moi, une chose
suffirait largement.
Mais, exceptionnellement, ils réali-
seraient deux de mes souhaits.
- D’abord, je voudrais que papa vienne
me chercher à l’école.
Il a promis de le faire, une fois par
semaine.
- Et puis je voudrais qu’Ernesto
vienne jouer avec moi mercredi.
Là, c’est les deux qui ont promis.
Quand je dis la bonne nouvelle au
téléphone à Ernesto, il crie :
« Ouais ! »
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Finalement, il fait des sacrés progrès
en français.
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EDITIONS
THIERRY
MAGNIER
Marc-Antoine n’aime pas Ernesto. D’abord
Ernesto parle mal le français, ensuite, la
maîtresse, une vraie dure à cuire d’habitude,
lui passe tout. Bref, que de bonnes raisons
pour le détester ! Masi Ernesto a aussi des
atouts, il joue au foot comme un dieu...
PETITE POCHE
des romans comme les grands
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