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Au spectacle d’une créationd’aujourd’hui, qui n’a pas étéperturbé, dévissé de ses gonds,parfois ravi de ce transport,porté sur un petit nuage, ou, aucontraire, furibard du dérange-ment, assis, quatre vingt dixinterminables minutes, sur desnoyaux de pêche ?
C’est le risque. Le risque, tenez,dont furent émerveillés de l’avoir prisles Berlioz, Delacroix, Chateaubriand,lors de la création de la pièce deVictor Hugo : “Hernani”.
Mais, dès les premiers vers, lasalle n’était plus qu’un champ debataille. Les spectateurs s'expli-quaient à coups d’injures et degnons. Le rentier d’alors rougissaitd’aise quand sa maîtresse lui susur-rait :”mon petit lapin”. Mais sûre-ment pas, quel ridicule : “vous êtesmon lion superbe et généreux ! ”.
Il y eut aussi un géant, un confrère,un ami à qui l’horreur d'”Hernani”eut inoculé l’érysipèle. Eh oui,Honoré de Balzac. Qui fulmine,voyez comme : ”tous les ressorts decette pièce sont usés, le sujet inad-missible, les caractères faux.”
Et Vlan !Moralité : les bourdes sont à portée
de tous. Par ailleurs, Balzac (et cha-cun de nous) a le droit de détester ceque d’autres applaudissent. Et de ledire. Et de siffler si ça lui chante.
Le théâtre est un territoire deliberté.
Brave Balzac, ce sera pire pour luiquand des imbéciles décréterontqu’il écrivait mal…
Pour ses deux cents ans (“ce siècleavait deux ans”…, vous connais-sez), demeurons deux minutes enco-re avec le grand Victor. Il n’avait pasfini d’être accusé, ce mauvais sujet,d’un penchant pervers pour “lessujets inadmissibles”, comme auraitdit le gros Honoré.
Ainsi, mais, cette fois, c’est unillustre médiocre, le comte deSalvandy qui morigène l’élève, HugoVictor, en accueillant (si l’on peut dire)ce voyou, ce casseur à l’Académiefrançaise. Tout y passe : ses mau-vaises fréquentations : toutes sortesd’écrivains étrangers, anglais, alle-mands… Et sa manie de traîner dansla rue. Ce que le comte stigmatisedans son blabla plat : “ vous aveznégligé les intérêts et les problèmeslittéraires au bénéfice des idées de lavie publique.”
“intérêts”, “bénéfices”… ce qu’il ya sous ses platitudes de coffre-fort,ce qu’ils vomiront, tous les Landryde la sorte, c’est chez Hugo, l’irrup-tion du peuple réel et de sa languedans la littérature, la hantise de lavie concrète, charnelle, épreuves etrêves, bontés et oppressions deshommes et du monde qu’ils font oudéfont…
Le plus haut Théâtre n’a pasd’autres obsessions. Depuis quand ?Depuis le jour de sa naissance.
Depuis ces temps reculés du sixiè-me-cinquième siècles avant notreère, en Grèce. Pourquoi tout changebrusquement, difficile à savoir,aujourd’hui encore. Exemple : lascène. Qui habite la scène ? Lesdieux. Le récitant, le chœur chantentet dansent les faits et les méfaits desdieux. Qui tiennent et agitent dansleurs mains invisibles tous les filsdes mystères et des destinées. Leshommes, au fond, étaient assez pei-nards dans l’insouciance de la fata-lité, confiant leur impuissance auxpuissances omnipotentes, tutélairesde l’Olympe.
Et soudain, tout bascule, cul pardessus tête, tout l’équilibre estrompu. Soudain, exactement à cettecharnière des sixième - cinquièmesiècle avant Jésus Christ, une explo-sion, une révolution : l’homme serisque à marcher tout seul sur saterre. Ici, à ce moment de la Grèce,c’est à dire, en regard de la planète,sur un mouchoir de poche, tout s’in-vente de ce que nous allons vivre.
L’homme, sans appui, ne se veutplus désormais jouet, sujet desforces obscures. Face au monde, ilrevendique d’avoir une consciencelibre, donc en constant péril. D’être,dans sa cité, un citoyen. De faire sonHistoire, qui est la lutte interminablecontre les fatalités.
Alors, sur la scène, enfant naturel,apparaît le théâtre tragique. Avecdes personnages. Nos semblables.Alors, tous les arts affluent, confluent.Les hommes sont pressés, fiévreuxde parler, puisque les dieu x ont étéréduits au silence.
C’est une sorgue torrentielle ettumultueuse où surgissent l’idée dela démocratie, la philosophie avecPlaton, avec Aristote, l’histoire avecHérodote, le Parthénon de Phidias…
A cet âge d’or, à cette apogée de laliberté créatrice, voici les sourciers,les maîtres sublimes du grandthéâtre à travers les générations :Eschyle, Sophocle, Euripide, qui don-nent à jamais des nouvelles del’homme.
Depuis le renvoi des dieux dansleur Olympe inaccessible, tout l’es-pace retentit des combats, ques-tions, passions, abominations etdésirs des hommes rendus à leurinfinie solitude, avec pour seul arme,fragile et redoutable : leur liberté.
Francis MayorPrésident du Théâtre de Cavaillon-scène nationale
P.S. : J’ai lu avec profit là-dessus un bel articlede J.A Grisoni dans “la Vie” du 3 Janvier. Et ona la chance de pouvoir fréquenter les œuvresde ces tragiques grecs dans l’édition touterécente de la collection “Bouquins”. Deux
volumes de 27,30 € chacun.
Assis sur des noyaux de pêche…
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Un lecteur de Télérama nousrappelait il y a peu que le 11septembre 2001, tout comme le10 septembre, le 12, le 13, le14…, 35615 enfants sont morts.De faim. Comme tous les joursde l'année. En silence. Les émis-sions télé ne se sont pas arrê-tées et la radio n'en a rien dit. Iln'y a eu aucun message du pré-sident de la République. Il n'y apas eu de minute de silence, etl'armée n'interviendra pas plusaujourd'hui que demain.
Une lectrice de Libération nousaffirmait que lorsqu'elle étaitdans le ventre de sa maman, ellevoulait naître, même aveugle :aujourd'hui, elle ne sait peut-être pas ce que c'est que voir,mais elle sait ce qu'est aimer,être aimée, jouer du piano, allerécouter son chanteur préféré enconcert, travailler, mais aussivoyager, jouer avec ses frères etsœurs, lire des histoires (enbraille) à ses neveux pour lesendormir, réunir des amis pourfêter son anniversaire…
JM contre JM ?Quelques jours avant le 11 sep-tembre, J6M (Moi, Monsieur Jean-Marie-Messier-le-Maître-du-Monde)avait choisi d'installer sa résidenceprincipale à New York. Quelquessemaines plus tard, et peu après unnouveau coup de son monopoly pla-nétaire, il nous présentait son pro-gramme officiel de suppression del'exception culturelle. Message reçu.Sans doute pourra-t-il racheter bien-tôt ce quotidien de notre région quiécrivait l'été dernier, sans autocri-tique ni regrets, que le public desEstivales de Carpentras n'auraitjamais un artiste comme Fellag(qu'on aime beaucoup), parce que"trop typé"…
Alors colère !Mais aussi espoir, mais aussi raisonsd'un engagement, mais aussi tousnos vœux pour de nouvelles prisesde conscience. Les artistes sont làpour dire, pour mettre en lumière,pour souligner le fait social, voirel'anticiper : ce 11 septembre tou-jours, le groupe de rock Noir Désir(qu'on aime trétréfort aussi) publiaitson dernier album "Des Visages desFigures" enregistré quelques moisauparavant. Extraits de la plage 2 "Le grand incendie" :
SoleilsSur notre territoire, les semaines àvenir témoigneront de l'engagementde ces artistes : la diva égyptienneOum Kalsoum, Yannick Jaulin et lamort dont on peut même rire, lesFaits d'artifice des Dupuy, les diffé-rentes métamorphoses d'IlkaSchönbein, le Pénazar sans âge deCervantes, le Suerte d'un ClaudeLucas "délivré" par le prometteurJulien Bouffier, les rêves éveillés deCatherine Zambon, d'Amélie Grand,de Jean Autrand, de NorbertAboudarham, enfin, la lumière denouveaux soleils d'aujourd'hui dansles très vieilles pierres de laChartreuse.
Cher J6M, savais-tu qu'il y a 2500ans, les grecs ont inventé à peu prèsen même temps la démocratie, et lethéâtre ?Alors, qu'en penses-tu, toi qui necrois pas ni ne laisse rien auhasard ?
Jean-Michel GremilletDirecteur du Théâtre de Cavaillon - scène nationale
Ça y est, le grand incendie, Y'a l'feu partout, Emergency, Babylone, Paris s'écroulent,New York City, (…) Hommage à l'art pompier, T'entendsles sirènes, Elle sortent la grande échelle, Vas-y, Go (…)Y' a plus de programme, y' a même plus d'heure, A vousl'antenne, C'est l'incendie, le grand incendie…
Différences…
“
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Monsieur Francis Mayor,président du Théâtre deCavaillon-Scène nationale,Jean-Michel Gremillet,directeur, et son équipevous présentent leursmeilleurs vœux pour l'année 2002
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Une auteurevous est contée…
Le 14 décembre dernier, lecturepublique des Balancelles à Cucuron :Les auditeurs accompagnent l’énor-me Lalue, le Prince Enfeu,Waterproof, la Duègne et Léna dansleur quête d’amour sur le toit d’unopéra. D’emblée se pose laquestion : comment ces person-nages insolites et bigarrées viennent-ils à la vie et nous touchent-ils siintensément ?Ils viennent me chanter leur chan-son, répond Catherine,
Il y a quelqu’un qui vient taper à laporte. C’est douloureux de ne pasdonner la parole à un personnage quis’impose, qui veut absolument venir.Alors, j’entre en écriture en sa com-pagnie. Certains personnages meharcèlent. Dans mes textes, il y asouvent de grandes femmes qui gro-gnent, qui sont en colère ; de jeuneshommes malhabiles qui apprennentla vie… Ce qu’on dépose dans untexte est déjà la promesse de ce qu’ily aura dans le suivant.
C’est une fièvre de la parole, unefièvre de la relation qui habitentCatherine. A travers le théâtre, elles’engage dans la vie de la cité. Elleclame l’urgence de la parole, de laparole qui fait lien : il vaut mieux par-ler que de se laisser mourir, dès quetu prends parole, tu es debout ettu vois les autres… Prendre paro-le c’est affirmer sa différence, c’estaffirmer son état d’être, c’est aussiprendre parole pour des gens quin’osent pas.
Je suis saisie par la pauvreté, lamarginalité. Au fond de moi, il y a lafille de prolo italien qui braille enco-re. J’ai envie d’offrir ma poésieintérieure à toutes les petites gensqui me sont chères. C’est importantpour moi de mettre au monde despetits bouts d’humanité et de mon-
trer ainsi que nous sommes tousliés dans une grande histoire. Lethéâtre, c’est montrer le mondedans sa complexité.
Le droit d’aimer librement Catherine revendique avec force saféminité : comme c’est l’usage auQuébec, elle écrit volontiers uneauteure. C’est important de signifierle féminin de ce mot, j’en suis trèsfière, même s’il ne s’agit pas d’êtreféministe à tout crin. Certains pen-sent qu’il y a une écriture féminine.Je m’en méfie. Cela crée un sous-
genre. Moi, je me sens plutôt dans le“trans-genre”. Les Balancelles joueavec le masculin-féminin. C’est unepièce qui parle d’amour, terrible-ment, tous les personnages vont sereconnaître dans leurs différences.On a le droit d’être gros, on a le droitd’être homosexuel… Ce sont despersonnages qui n’ont pas trouvédans les conceptions d’amour tradi-tionnelles de quoi alimenter leursrêves. Ils sont fébriles. C’est unepièce sur le droit d’aimer.
Salir ses brouillons :un atelier d’écriture avecCatherine ZambonL’enjeu, pour moi, c’est de mettre lesgens en état de confiance, de déten-te et d’amusement pour qu’ils lais-sent venir l’imaginaire, qu’ils s’amu-sent à rêver. L’écriture est tellementliée à l’enseignement, à la sanctionscolaire, qu’il faut retrouver son déli-ce, s’en amuser comme avec de lapâte à modeler, il faut salir sesbrouillons, retrouver le plaisir desmots. Ecrire pour le théâtre, c’estavoir les pieds dans “sa terre”. Etreouvert au monde. Aller de l’intime àl’universel. Quand je conduis un ate-lier, j’ai l’impression de mettre mamain sur une épaule pour accompa-gner les écrivants.
Ecrire pour la jeunesseEn 1995, à l’invitation de FranceCulture et de Nelly Lenormand,Catherine Zambon écrit quatre dra-matiques pour la jeunesse dans lecadre de l’émission “Le Pince-Oreille”. J’ai compris qu’on n’écritpas pour l’enfance, on écrit avec sonenfance. Des bouts de chiffons, surune scène éclairée, continuentd’émerveiller les gamins même s’ilssont habitués à des cascades d’ef-fets spéciaux.
un personnage, c’est avant toutune présence charnelle. Ce n’estpas une enveloppe que j’anime,c’est d’abord une masse que jesculpte. Dans un personnage, Il y a quelqu’un qui veut parler.
Entre Catherine Zambonet le Théâtre de Cavaillon-scène nationale,les premiers pas d’un compagnonnage quitraversera plusieurs saisons viennentd’être foulés. Sa nouvelle pièce, LesBalancelles, sera présente dans la pro-chaine programmation. Nous vous invitonsà suivre son cheminement d’artiste.
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La ChartreuseCentre National des Écritures du Spectacle
LES CONTEMPORAINES8ÈME RENCONTRES PROFESSIONNELLES
(RÉSERVÉES AUX PROFESSIONNELS)LES 25, 26, 27 JANVIER 2002
VENDREDI 25 JANVIER
16h30 : Jean-Marc Lanteri“L’œil du jour”
mise en scène Cécile Marmouget
I8h : Jean-René Lemoine“L’Adoration”
mise en scène Jean-René Lemoine
21h15 : David Lescot“L’Association”
mise en scène David Lescot
SAMEDI 26 JANVIER
10h : Patrick Lerch“Le Dire troublé des choses”mise en scène Pierre Barayre
11h30 : Pascal Rambert“Le Début de L’A”
mise en scène Julien Bouffier
15h : Sophie Lannefranque “Encore merci”,
mise en scène Dominique Lardenois
17h : Patrick Rétali“La Mécanique de la tangente”mise en scène Serge Tranvouez
18h30 : Claudine Galea“Je reviens de loin”
mise en scène Cécile Backès
21h15 : Christophe Tarkos, OlivierCadiot, Valère Novarina…
“Réserve d’acteurs”mise en scène Solange Oswald et Joël
Fesel
DIMANCHE 27 JANVIER
10h : Carole Fréchette“Le Collier d'Hélène”
mise en scène Anne Courel (Compagnie Ariadne) et mise en scèneNabil El Azan (Compagnie La Barraca)
11h3O : Marion Aubert“Les Pousse-Pions”
mise en scène Philippe Demarle
15h : Serge Valletti“Gens d'ici Gens d'ailleurs ”
Mise en scène Christian Mazzuchini
Centre culturel de rencontreinstallé dans un mouvementhistorique ouvert toute l’année,le CNES est un lieu derecherche, de création et deséjour pour les auteurs drama-tiques. Les résidences sont lepoint de départ d’un ensembled’activités qui visent à défendreet promouvoir l’écriture drama-tique contemporaine auprèsdes relais du public amateur dethéâtre.
À la Chartreuse vous trouverez…Une bibliothèque (6300 ouvrages) :On y trouve des textes édités, desmanuscrits inédits et des ouvragesde référence.
Une librairie (11000 ouvrages) : ellepropose des ouvrages de référencesur le théâtre contemporain et lesarts du spectacle en général, ainsiqu’une sélection de livres sur lepatrimoine et le Moyen-Âge.
Des publications : La Lettre de laChartreuse présente le programmetrimestriel des activités. LaChartreuse édite deux collections :Les Cahiers de Prospero, sont un outilde réflexion théorique sur l’écrituredramatique, chaque numéro estconduit par un auteur. L’Itinéraired’auteur est destiné à faire connaîtrele parcours d’un écrivain, sous formed’interview par un auteur ami et com-plice. l’ouvrage propose aussi delarges extraits caractéristiques del’ensemble de l’œuvre, ainsi qu’unebibliographie complète. Chaque paru-tion de L’Itinéraire d’auteur donne lieuà une manifestation itinérante dansune vingtaine de petites bibliothèquesde la région. Par des lectures, descomédiens font découvrir au publicl’univers d’écriture de l’auteur.
et aussi des formations et desstages…
Un répertoire des auteurs drama-tique français contemporains :C’est à terme le recensement detous les auteurs dramatiques fran-çais contemporains ayant été aumoins une fois édités ou créés parune compagnie professionnelle,depuis les années cinquante. 2700pièces de théâtre que vous pouvezretrouver par nombre de person-nages thèmes, genres, maisonsd’édition, lieux de création…
Pendant la résidence,Les Rendez-vous invitent le public à
rencontrer les auteurs pour des lectures.
Les Rendez-vous Janvier - Février
du 7 janvier au 9 févrierItinéraire d’auteur Suzanne Lebeau
Lectures dans les bibliothèques du Gard,du Vaucluse et des Bouches du Rhône
Entrée libre
Samedi 9 février à 15h Itinéraire d’auteur Suzanne Lebeau
Lectures des pièces lues pendantl’Itinéraire - Boulangerie de la
Chartreuse - Entrée libre
du 15 février au 1er avril Exposition : Les Oléades - Journées
mondiales de l’olivier - L’olivier conteurInauguration les vendredi 15, samedi 16
et dimanche 17 février
Lundi 25 février à 18h30 Présentation de la résidence Ecrire du
théâtre pour jeunes publicsBoulangerie de la Chartreuse
Entrée libre
Centre National des Ecritures duSpectacle - C.I.R.C.A.
La Chartreuse - B.P. 30 30404 Villeneuve lez Avignon cedex
Tél : 04 90 15 24 [email protected]
www.chartreuse.org
Une niche, un terrier…Pour écrire, il faut parfois se cloîtrer,entrer en claustration… La Chartreuse est un lieu majeur pourla création du théâtre contemporain.Elle est un “refuge” pour les auteursen résidence. C’est un lieudéterminant pour mon travaild’écriture, c’est une niche, un terrier.Là-bas, chacun est attentif etbienveillant à l’égard des auteurs, et leur offre ainsi une dynamiquetendre et porteuse. FrançoiseVillaume et Daniel Girard sont àl’écoute de notre travail. La Chartreuse, est un lieu d’unegrande sobriété, de pierres et desolitude. Et pourtant, on y rencontreaussi la grande famille des auteurs.Avant, j’étais seule dans ma bauge…Catherine Zambon
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mercredi 23 janvier et jeudi 24 janvier
20h30Tinel de la Chartreuse
Villeneuve-lez-Avignon
Création - Théâtre et MusiqueLes Amis du Théâtre Populaire d’Avignon
en compagnie du Théâtre de Cavaillon-scène nationale
Compagnie Naravas
OumTexte de Adel Hakim
librement inspiré de Oum de SélimNassib
(Éditions Balland)
avecMalika Bireche
Rachid Benbouchta Valérie Druguet
Radhouane El Meddeb Abbès Faraoun Karim Qayouh
Mahmoud SaïdAïcha Sif
Mise en scène Lotfi Achour
Assistant à la mise en scèneRadhouane El Meddeb
Conseiller musicalAnouard Brahem
ScénographieYves Cassagne
musiciensAfaf Reda, chant
Taoufik Zghonda, qanoûn (cythare)Lumière
Manuel BernardSon
André Serré
COPRODUCTION : CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL DES ALPES /GRENOBLE - ETABLISSEMENT PUBLIC DE LA GRANDE HALLE DE LA
VILLETTE / PARIS - CENTRE NATIONAL DES ÉCRITURES DU
SPECTACLE LA CHARTREUSE / VILLENEUVE LEZ AVIGNON -FÉDÉRATION DES AMIS DU THÉÂTRE POPULAIRE - COMPAGNIE
NAVARAS - THÉÂTRE LE RIO / GRENOBLE
AVEC LE SOUTIEN DE LA DRAC RHÔNES ALPES, LA VILLE DE
GRENOBLE, LE CONSEIL GÉNÉRAL DE L’ISÈRE.AVEC L’AIDE À LA CRÉATION DE THÉCIF - RÉGION ILE DE FRANCE,
DE LA FONDATION BEAUMARCHAIS ET DE LA SACEMRÉSIDENCE À LA CHARTREUSE DE VILLENEUVE LEZ AVIGNON
DU 3 DÉCEMBRE 2001 AU 22 JANVIER 2002CHARGÉ DE PRODUCTION : BÉATRICE HORN - LELABO / PARIS
Durée : 1h30
Née dans un village du delta du Nilen 1902, Oum Kalsoum arrive auCaire en 1923, un an après quel'Egypte ait arraché son indépendan-ce aux anglais. Toute une générationcroit alors que la libération est là, lepays va enfin pouvoir s'ouvrir au pro-grès. Le milieu musical, lui aussi, rêvede trouver une expression qui marieraittradition et modernité, Orient etOccident. Oum Kalsoum et son rivalMohammad Abdel-Wahab sont lesdeux figures de cet espoir…
Le spectacle ne prétend pas retracerune fidèle biographie d'OumKalsoum. II s'agit plutôt d'une histoi-re racontée par un poète égyptien,Ahmad Rami qui en 1924, rencontreune jeune chanteuse prodigieusementdouée. Il fait son éducation, devientson principal parolier. II I'aime éper-dument, elle le repousse. La relationprivée (et névrotique) entre le poète etla chanteuse devient le message, lemodèle pour le monde arabe. Cettefemme reste une énigme vivante.Issue d'un milieu paysan très tradi-tionnel, Oum Kalsoum s'est affran-chie, parle d'amour, se fait désirercomme une mère intouchable par desmillions d'hommes. Elle est tyrannique,croyante, dominatrice, possédée parson don. On la soupçonne d'homo-sexualité.
C'est aussi une communion entreamis, entre compagnons d'aventuresmentales. C’est une écoute, unevibration, un mélange de contempla-tion et d'émerveillement actifs, l'ap-préhension d'une ivresse. ÉcouterOum Kalsoum chanter, c'est unmazaag que d'abord I'Egypte puis lemonde arabe ont pu éprouver au fil deplus d'un demi-siècle, un mondedéchiré, pétri de fierté et accabléd'humiliations, rempli d'ambitions etconfronté à toutes sortes de tour-mentes. Oum Kalsoum ne se coupejamais des réalités politiques etsociales de son pays. Héritière deskouttab, les exégètes du Coran, elleréussit à allier la poésie la plus pureet un sens exceptionnel du concretque seule pouvait posséder une pay-sanne. Elle devient I'incarnation,l’ambassadrice de tout I'Orient.Mystérieuse et contradictoire.
II s'agit avant tout d'un spectaclefédérateur qui devrait rassem-bler des publics qui ont peuI'habitude de se mélanger.
Il plonge dans un univers où, porté parla musique, les chansons, les images, letemps finira par n'avoir plus guèred'importance. Il ne sera pas questionde folkloriser la tradition arabe. Ontraite de la sensualité de I'épique,pas des paillettes de I'histoire.L'histoire justement, est omni pré-sente. Petit "h" pour cette incroyablehistoire d'amour entre Ahmad Rami,mais aussi, grand "H" parce queseule la compréhension de I'Histoirede l'Egypte de Nasser permet une lec-ture pertinente du monde arabe d'au-jourd'hui. Le spectacle est un voyagedans la mémoire, une traverséemusicale de chansons arabes, desannées vingt aux années soixante-dix. Une épopée poétique et sociale.Un rendez-vous avec I'histoire contem-poraine de I'Egypte et du monde arabe,une interrogation sur le désastre dece monde et de son échec dans sestentatives d'accéder àla modernité.
Oum Kalsoum, divine diva, déesse d’Orient…Première chanteuse en Egypte,première en Orient, sa voixcontinue de dominer le mondearabe. Oum Kalsoum traversetoutes les périodes (roi Fouad,roi Farouk, Nasser, Sadate),toujours au sommet. Le sentimentqui I'habite, elle le passe à 100 millions d'arabes. Elle est lesentiment même de ce monde. Si on comprend ce qui se passeentre cette voix et son public,on comprend le monde arabe.
II y a un mot égyptien qui se dit mazaag.Avoir du mazaag, c'est éprouver un sentiment de plaisir et de sérénité. On sort du temps pour entrer dans un infini éternel et…
SOIRÉES NOMADES
Aux lendemains de la “bataille deChaillot”, qui voit se grouper lesAmis du T.N.P. en 1952, les Amisdu Théâtre Populaire se consti-tuent en association à Paris en1953, et quelques mois plustard, c’est la fondation des A.T.P.d’Avignon pour mener la“bataille d’Avignon”, qui aboutitau maintien de Jean Vilar à latête du festival. On peut ainsidire qu’à Avignon autant qu’àParis, les A.T.P. sont nés d’uncombat.
Chargés à partir de 1954, de lacréation et de l’organisation desmanifestations annexes du festivalau Verger d’Urbain V, de l’accueildu public et de l’hébergement desspectateurs, les A.T.P. d’Avignonprennent dès 1955 la responsabi-lité d’une première saison théâtra-le dans leur ville, avec l’appui de lamunicipalité. Le succès leur per-met de poursuivre chaque annéecette expérience, qui va susciter
dans diverses régions deFrance, la création de mul-tiples associations, dontl’objectif sera la réalisation
d’un projet semblable.
En 1966, une Fédération des A.T.P.se constitue à l’initiative des A.T.P.d’Avignon, Aix-en Provence, Nîmes,de l’ACTA de Grenoble et des A.T.A.de Villefranche-sur-Saône.Son siège est fixé au Palais desPapes à Avignon. Il s’agit d’abord demettre en commun des informa-tions, de coordonner les calendrierset itinéraires des tournées, de rédui-re les coûts de production, d’éditerun matériel de documentation delarge diffusion, d’échanger desexpériences, d’aider à la création denouvelles associations, tout enconservant une totale autonomiedans la programmation.
C’est ainsi qu’en 1977, les A.T.P.d’Alès créent un Festival du jeunethéâtre axé sur la recherche.
La Fédération des A.T.P. franchit en1987 une nouvelle étape en décidantde soutenir une jeune compagniedans la création d’une œuvre origi-nale que chaque association s’enga-gera à diffuser en l’intégrant à sonprogramme. Enfin, depuis 1993, laFédération, reconnue par la Directiondu Théâtre du Ministère de laCulture, intervient chaque année, auxcôtés du Centre National desEcritures du Spectacle (LaChartreuse), dans la coproductiond’une œuvre théâtrale contemporai-ne, qu’elle choisit par ses représen-tants.La F.A.T.P. s’enrichit périodiquementde nouvelles adhésions qui prouventsa vitalité.Jean Autrand
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L’important de l’apport desA.T.P., c’est le choix… Nous avonsainsi découvert un nouveau public, un public averti, exigeant et fidèle. Combiende spectacles ont vu le jour grâce à l’action conjuguée de l’O.N.D.A. et desassociations de spectateurs ? Si elles venaient à disparaître, elles mettraientencore plus à nu la fragilité dans laquelle nous évoluons, nous les artistes. Jecrois que l’une des grandes révolutions des A.T.P., c’est que ce sont des spec-tateurs qui ont pris leur destin en main. Et cela, c’est essentiel. Philippe Avron
Programme des A.T.P d’Avignon47ème saison 2001 - 2002
Compagnie Naravas
Oumde Adel Hakim, librement inspiré duroman Oum de Sélim Nassib (EditionsBalland), mise en scène : Lotfi Achour direction musicale : Anouar Brahemavec 8 comédiens et 4 musiciensCoproduction Fédération Amis duThéâtre Populaire d’Avignon - LaChartreuseAu Tinel de la Chartreuse de Villeneuve-lès-AvignonMercredi 23 et jeudi 24 janvier à 20h30(Abonnés : le 24)
Compagnie Lézards qui bougentLa nuit juste avant les forêtsde Bernard-Marie Koltès, mise enscène : Kristian Fredric, avec DenisLavantSalle Benoit XII - AvignonMardi 19 février à 20h30
Théâtre de l’AquariumConversation en Sicilede Elio Vittorini, mise en scène : Jean-Louis Benoit, avec Jean-Marie Frin etNinon BrétecherSalle Benoit XII - AvignonMardi 26 février à 20h30
La Fabrique ImaginaireDu vent… des fantômesde et avec Eve Bonfanti et Yves HunstadAu Théâtre de Cavaillon Scène nationaleMardi 5 mars à 19h et mercredi 6 mars à 20h30(Abonnés : le 5 ou 6)
par les Nouveaux NezMad ou NomadMise en scène : André Riot-Sarcey Salle Benoit XII - AvignonMardi 26 mars à 20h30
Pour les abonnements, adhésions, loca-tion : • Librairie La Mémoire du Monde,36, rue Carnot, Avignon • CentreCulturel I.S.T.S., 8 bis rue de Mons àAvignon Tél : 04 90 27 66 50Pour les spectacles donnés au Tinelseulement : • Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon Tél : 04 90 15 24 24Pour les abonnements, adhésions,réservations des groupes à l’avancepar correspondance à : •Secrétariat desA.T.P., 17 place du Palais des Papes àAvignon
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Yannick Jaulin ressuscite la mort
samedi 2 février20h30
au Théâtre de Cavaillon
Yannick JaulinJ’ai pas fermé l’œil de la nuit…
Tous ceux sans qui…écrit et interprété par
Yannick Jaulin
mis au monde avec Wajdi Mouawad, Michel Geslin, Titus
avec la complicité initiale deJoseph Racaille
direction d’acteurFrédéric Faye
conception lumièresFrançois Austerlitz, Dominique Grignon
costumesPascale Robin
régie sonMichel Grignon
musiqueCamille Rocailleux
Coproduction : Compagnie le Beau Monde / Théâtred’Angoulême-Scène nationale / Astérios Productions Le spectacle a été créé en Février 2000 au Théâtre
d’Angoulême-Scène nationale
Durée : 1h30
Sa dernière création, J’ai pasfermé l’œil de la nuit… traite,entre rires et larmes, avec unerare justesse du thème de lamort, sans tabou ni complaisan-ce mais avec la tendre dérisionqui habite chaque instant de sa
vie. Souriez ! C’est un conte !… Oui, souriez, c'est un conte ! CarYannick Jaulin est un conteur dont ledestin est d'aller farfouiller dans lesprofondeurs ténébreuses de lamémoire de I'humanité pour, dansun même geste, ramener au jour cequ'il y découvre et le donner enspectacle, dans la lumière des pro-jecteurs et les rires des spectateurs.
Conteur doué de cette parole qui luiconfère l’étrange pouvoir d’être à lafois là-bas, sur la route, avec ceshabitants qui tirent derrière eux leurvillage pour l’emmener vers un ave-nir de progrès et de bonheur, et deles regarder passer, avec l’œil dusage, ou l’œil du fou, qu’il partagecomplice avec le public. Oui, les vil-lageois ont tout emporté, leurs mai-sons, la place du village, jusqu’à larivière, sauf leur cimetière, peut-êtreparce qu’il est difficile d’emmenerdes trous !
Seul dans le cimetière, il observe, ilécoute, il ouvre les tombes. Visiteguidée d’un cimetière du fin fond dela Gâtine. Le décor est planté.Yannick Jaulin peut se lancer avecsa verve et sa gouaille, dans cettepittoresque galeries de portraits : il yrencontre les morts, les mortsfâchés, les enterrés debouts, ceuxqui sont partis sans avoir réaliséleurs rêves, ceux qu'on a enterrés àcôté de leurs pires ennemis, ceuxqui n'ont pas eu leur comptantd'amour, ceux qui ont encore descomptes à régler, les veuves,joyeuses ou inconsolables, les suici-dés et les exécutés, les pendus et lesfusillés, les noyés et les assassinés,les morts pour la patrie, les mortspour leurs idées, les morts en exil,les victimes, leurs bourreaux…
Derrière toutes ces histoires, on sentle poids de la vie, et ce n’est pas làle moindre paradoxe d’un spectaclesur la mort. Ce spectacle est basésur du collectage. Toutes les his-toires racontées ne sont pas vraiesmais tous les personnages cités ontvraiment existé : il y a le mâcheur, unmystique qu’est mort fâché ; Gabyqui, à défaut de tarte aux prunes, aeu le plus bel enterrement du villa-ge… Dieu et la mort sont même làaussi, affublés de l’accent de laGâtine. Sans oublier les enfants desalauds : Roger, un patron de caféqui n’aiment ni les “bougnoules” niles chats parce que “la nuit, ils sontgris”… Et tant d’autres personnagesencore ! Yannick Jaulin reconstruit lepassé bien vivant du village disparu,faisant du cimetière un joyeux pan-démonium où les chers disparus seretrouvent, se souviennent, papo-tent, rigolent, disent du mal de leursvoisins, se désirent toujours, s'af-frontent et se vengent encore.Yannick Jaulin rit de la mort, retour-nant nos angoisses comme devieilles chaussettes, pour ne nouslaisser, à la fin du spectacle, qu'une
formidable envie de vivre.d’après Bernard Prouteau
Bien-sûr, touteressemblance avec despersonnages existants ouayant existé n’est surtoutpas pure coïncidence…
Funambule allant et venant en équilibre sur le filqu'il a tendu entre le monde des morts et celuides vivants, Yannick Jaulin devient le passeur.Passeur de mémoire. Passeur de parole…
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mardi 12 février20h30
au Théâtre de CavaillonEn compagnie
des Hivernales d’Avignon
Faits d’artificeBallet Atlantique / Régine Chopinot
Ballet national contemporain de création et du répertoire
Pièce chorégraphique pour quinze danseurs
Conception et réalisationFrançoise et Dominique Dupuy
Partition sonorePatrick RoudierScénographie
Jean-Pierre SchneiderAssistant à la dramaturgie
Giuseppe Frigeni
Interprètes John Bateman, Géraldine Blanchard,
Daniel Scott Bodiford, Régine Chopinot,Philippe Ducou, Françoise et DominiqueDupuy, Virginie Garcia, Alexandre Isely,
Franck Journo, Sophie Lessard,Anne Moulin, Claire Servant,
Marie Tempère, Duke Wilburn
CostumesCarmen Mateos
MaquillageSuzanne Pisteur
LumièresRégis Montambaux
Direction techniqueLuc Corazza
SonMichel Creïs
Régie généraleXavier Carré
Régie sonFrançois Chaussebourg
Remerciements à Alexandre Del Perugia
COPRODUCTION : BALLET ATLANTIQUE / RÉGINE CHOPINO,LA COURSIVE SCÈNE NATIONALE LA ROCHELLE
CRÉATION 3,4,5,6 MARS 2001 À LA CHAPELLE FROMENTIN,LA ROCHELLE
Durée : 1h15
L'invitation à la transmissionC'est à l'initiative de RégineChopinot, danseuse et choré-graphe, directrice depuis bientôt 17ans du Centre ChorégraphiqueNational de La Rochelle qu'ont étéinvités Françoise et DominiqueDupuy, danseurs et chorégraphesdepuis 50 ans. Aujourd'hui "Faitsd'Artifice", spectacle chorégraphiépar eux deux, salue, à sa manière,l'entrée de la danse dans le XXIè
siècle. Parmi les 13 danseurs duBallet, les chorégraphes eux-mêmes qui, à plus de 70 ans, fontun sacré pied de nez au destin sup-posé du danseur : celui de dispa-raître de scène vers 30 ans, 40 ansau mieux… Tic tac, tic tac : l'horlo-ge tourne, la danse contemporainechange de siècle avec bonheur etespièglerie. Bonheur et espiègleriequi courent aussi dans les motsd'Amélie Grand, l'organisatrice desHivernales depuis 24 ans, avec quinous nous sommes entretenus.
Q- Pourquoi avoir choisi ce balletcomme particulièrement exem-plaire du thème des Hivernalescette année, celui du temps ? R- Il y a de nombreuses raisons. Lethème du temps, c'est on ne peutplus vrai puisque Françoise etDominique Dupuy ont tous les deuxpassé 70 ans et qu'ils avaient parti-cipé à l'aventure de la premièreSemaine de la Danse en 1979 (pre-mière manifestation à l'origine desHivernales). Puis, il y a eu quelquechose d'assez merveilleux, c'estqu'à partir de leur 70 ans, le CentreChorégraphique de La Rochelle les ainvités comme artistes associéspendant 3 ans. Après "La Danse du
Temps", ballet chorégraphié parRégine Chopinot l'an dernier, elleleur a demandé de créer une choré-graphie et c'est "Faits d'Artifice",dont ils sont aujourd'hui les inter-prètes parmi les 13 danseurs de lacompagnie.
Q- Quel est pour vous, le sujet dece ballet ? R- "Faits d'Artifice" c'est un peu unetraversée de toute leur danse à eux,cette danse des pionniers qui a mar-qué en France les débuts de la dansecontemporaine, et qui était très peuconnue, avant qu'on découvre lesaméricains, Cunningham, puis, bienplus tard, Pina Bausch, les japonais,le Buto. Et ce qu'on a appelé "lajeune danse française", celle qui arayonné dans les années 80, avecentre autres Chopinot et Decouflécomme chevilles ouvrières, ignoraittotalement le travail des pionniersqui les avait précédés. Donc, c'est unjoli retour de la part de RégineChopinot de vouloir connaître, et faireconnaître, cette histoire et cetteexpérience de la danse qu'ont lesDupuy depuis plus de 50 ans. Danscet esprit, Dominique Dupuy montreaussi pendant Les Hivernales"Passeur de solitudes", spectacle oùil a transmis ses propres solos à dejeunes danseurs. Personnellement,j'aime beaucoup les vieux danseursparce qu'ils on énormément dechoses à dire et qu'il ne s'agit plusd'une exhibition de virtuosité, c'esttoute leur vie qui passe dans le spec-tacle. Je suis très contente qu'ilssoient là tous les deux, maigres, laboule à zéro, bien hein! en pleineforme !
Jeux de cache-cacheQ- Dominique Dupuy dit, à pro-pos de ce spectacle, que : " lesartifices, les travestissements,jeux de guise et fabuleuses affa-bulations, même s'ils cherchentà masquer, à maquiller, sont sou-vent révélateurs au plus profond,de l'invu, de l'insu, de l'intime. Ilsfont émerger un mouvement del'être et son excentricité."R- Oui, parce que se déguiser, secacher pour se mettre à nu, c'esttout le sens de ce spectacle : on estsur scène pour s'amuser à jouer.Donc ils s'amusent eux avec leurpassé, avec des ballets qu'ils onteux-mêmes créés quand ils avaient25 ans et ils s'amusent vraiment,c'est ça qui est merveilleux. Ilsjouent avec le parcours qu'ils ontfait, ils jouent avec ce qu'ils sont. Etdans leur duo, à la fin, c'est complè-tement fou, le jeu qu'ils ont, parcequ'ils sont quand même un coupledans la vie, et c'est ahurissant. Elle,elle joue la vedette, lui, la regardeavec détachement et là, ils jouentencore. Toujours. Même la gravité,ils la jouent avec un regard amusésur ce qu'ils ont été. Mais ce n'estpas la citation sur leur propre vie quicompte essentiellement, c'est sur-tout ce qu'ils ont réussi à faire joueraux 13 autres danseurs.Ces mascarades, ces acrobaties, cesjeux incroyables et incongrus avecles objets qui nous font passer desurprise en surprise…
Tic tac, tic tac, etc."A 70 ans, après des années en solitaire, entreprendre une pièce pour15 danseurs, est-ce rédiger son testament ? (rires) Serait-ce alors faireune sorte de manifeste, un condensé de conceptions singulières, unesorte de théorie de la danse contemporaine? (rires encore) n'est-ce pasla métaphore de l'impuissance dans laquelle nous sommes toujours desavoir où est la danse, sauf à tenter de la faire surgir encore et encoreet d'en prendre le risque." Dominique Dupuy
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Si tu joues pas dans la vie…Q- L'artifice, dans les faits, c'estcette manipulation quasi-magique des accessoires, ce jeudes corps confrontés aux nom-breux objets utilisés sur scène :table ovale qui se métamorpho-se en pont en gondole et pourfinir en miroir, tonneau transpa-rent, jeux de baguettes et deraquettes, miroirs, boule,monocle… les danseurs sontmis devant les objets commedevant un parcours d'obstacleset doivent en quelque sorte lesdominer, les surmonter, joueravec leur indépendance, leurautonomie. Mais est-ce que toutce déploiement d'objets n'estpas aussi une façon d'accumu-ler des citations, de faire desclins d'œil aux seuls connais-seurs de la danse contemporai-ne ? Par exemple la référence à"La Table verte" de Kurt Jooss ?R- Oui, bien sûr, c'est un spectacleplein de clins d'œil à l'histoire de ladanse, mais la référence à la limite,on s'en fout. Cette table, elle estmagnifique, ils en font un objet quidevient un balancier, un objet enéquilibre, ils s'amusent avec cetéquilibre, et c'est ça qui compte,l'amusement. Oui, si tu joues pasdans la vie…c'est morne, c'estmort. Ici, le jeu c'est de falsifier, detromper, de faire illusion, c'est avectout ça ouvrir un imaginaire sur lavie. Et cette ouverture sur l'imaginai-re, c'est la nécessité de la danse. Lanécessité de danser, on la sent trèsforte dans ce spectacle et c'est fina-
lement, je crois, l'essentiel.
Françoise et Dominique Dupuy Biographie en quelques pas chassés…1947 : danseurs l'un et l'autre, ils se rencontrent chez Jean Weidt, leurpremier maître.Années 50 : Passage au music-hall pour cause de survie. 1951 : Premierrécital au Théâtre de Babylone au moment où Roger Blin y crée "En atten-dant Godot".Années 60 : Création du Festival des Baux, en Provence. 1964 : Ils pro-gramment Merce Cunningham pour la première fois en France. Ils militentpour la préfiguration d'un "Centre Chorégraphique National". On leur rit aunez !Années 70 : Ils font entrer la danse dans les toutes récentes Maisons dela Culture et créent "les soirées de la Danse" à l'ARC, Musée d'ArtModerne de la Ville de Paris. Ils ouvrent "le Jardin de la Danse" à Avignon,première intrusion de la danse dans le Festival Off. Années 90 : Ils créent le Mas de la Danse à Fontvieille, centre d'études etde recherche en danse contemporaine et continuent à bagarrer pour laprise en compte de la pédagogie et de la recherche en ce domaine.Toutes ces années : danseurs-interprètes, chorégraphes, défenseurs desjeunes créateurs, enseignants, ils restent curieux de tout ce qui peut ense-mencer leur art, et traversent au fil des ans de nombreux champs artis-tiques, le théâtre (Charles Dullin, Roger Blin), le mime (Etienne Decroux,Marcel Marceau), l'acrobatie (André Guichot), les différentes formes dedanse -classique, populaire, jazz- les différents courants de la danse amé-ricaine, ainsi que les disciplines corporelles -Pilates, Feldenkraïs- maisrestent fondamentalement attachés à la danse allemande qu'ils ontconnue très jeunes.
Dans unesorte decomédiehumaine enversionexpress, IlkaSchönbein semétamorphoseen mendiante,en jeunemariée, en animal…
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Ilka Schönbein, funambule entre sérénité et insolence
jeudi 14, vendredi 15 et samedi 16 février
20h30au Vélo Théâtre - Apt
En compagnie du Vélo Théâtre
Theater Meschugge
Métamorphosesdes
MétamorphosesAuteur, Metteur en scène,
Marionnettes, costumes et décors Ilka Schönbein
Interprètes Ilka Schönbein, Mô Bunte
Régisseur Lumières Thomas Wittstock
Régisseur Son Kirsten Heinrich
Régisseur Plateau Simone Decloedt
PhotographiesMarinette Delanné
Production Theater Meschugge
Durée : 1h15 environ
La Compagnie a reçu le Prix de laCritique au Festival Mimos de Périgueux.
Née à Darmstadt, d’une mère ensei-gnante et d’un père musicien, cetterousse fragile, comédienne, danseu-se, mime et marionnettiste, s’installeà Hambourg à 19 ans. Là, durantquatre ans, elle s’initie à l’eurythmie,un style de danse qui la rapprocheinconsciemment de Pina Baush, etmême des gymnastes slaves ou chi-noises. Puis, elle va à Stuttgart par-faire sa formation, auprès du célèbremarionnettiste Albrecht Roser. Del’eurythmie à l’anthroposophie deRudolf Steiner - un système de pen-sée qui relie l’être humain au cosmos- très répandu en Allemagne, il n’y aqu’un pas. L’art d’Ilka Schönbeinpuise dans cet ésotérisme : végéta-rienne, mystique, voyageant en bus-caravane, l’actrice aime la nature etles gens.
Taraudée par ce passé, elle appelleson Théâtre “Meschugge” - “fou”,“cinglé” en yiddish. Théâtre itinérantné dans la rue, il est visuel, gestuel,universel et l’a menée spontanémentvers la musique juive d’Europe del’Est, grâce aux “Klezmers” ou à labouleversante version de SophieTucker interprétant “A yiddischémamé”.
Cette découverte influencera sescréations : Jusque là, je n’avais pasétabli de lien entre mon intérêt pourl’histoire allemande, la culture juive,et mon travail théâtral. J’étaiscomme paralysée par le poids de laShoah. Ilka Schönbein n’est pas juivemais la Shoah est au cœur de sonspectacle, tout comme des scènesde la Bible et de sa propre vie… Labande musicale, clarinette et accor-déon, est faite de chants et de mélo-dies yiddishs. Tantôt gais, tantôt poi-gnants, ils résonnent dans sonthéâtre sans paroles.
Des fils de fer barbelés tendus, desoripeaux, une malle, des marion-nettes, des masques tordus de souf-frances, aux yeux parfois hallucinés.Un rai de lumière suit la comédiennedans ses pantomimes dansées,comme des incantations offertes àchacun des personnages qui vontnaître de ces riens qui portent untout : les facéties de l’humanité. Unevieille entame le spectacle : ellesemble avoir traversé la mer Rouge,a dû connaître Moïse… Puis, tour àtour, Ilka Schönbein convoque denoires bestioles : un rat outrageuse-ment membré, trois vautours, unearaignée, un corbeau… Elle est aussiune mère juive consolant l’enfant dughetto… Elle étreint la mort, dansune danse voluptueuse, puis, avecune infinie douceur, sort un bébéfripé de ses entrailles. Vêtue de gue-nilles, entourée d’objets déglingués,Ilka Schönbein, plonge le spectateurdans un monde de chimères oùl’illusionniste est bouleversante. Sonvisage ne semble marquer que lafrayeur et l’étonnement comme dansles films expressionnistes alle-mands.
Les événements de laSeconde Guerre mondialeont alourdi mon âme, jem'intéresse donc aucomportement des gensqui se retrouvent dansdes situations limites…
SOIRÉES NOMADES
bLe jeudi 14 février à 19h30 / Bus gratuitDépart / retour Théâtre de Cavaillon
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le vélo théâtre
vélo théâtre pépinière d’entreprises, route de Buoux, 84400 Apt - Tél. 04 90 04 85 25
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mardi 19 février 19h
au Théâtre de Cavaillon
Theater Meschugge
Le RoiGrenouille
Adaptation, Mise en scène,Marionnettes, costumes et décors
Ilka Schönbein
Interprètes Ilka Schönbein, Mô Bunte
Régisseur Lumières Thomas Wittstock
Régisseur Son Kirsten Heinrich
Régisseur Plateau Simone Decloedt
PhotographiesMarinette Delanné
Production Théâtre d’Ivry-Antoine Vitez
et du Conseil Général du Val de Marne
Durée : 1h15 environ
Séances scolaires CE1, CE2, CM1, CM2Mardi 19 février à 14h30jeudi 21 février à 14h30
vendredi 22 février à 14h30réservations ouvertes
Ces actrices mirobolantes fontsurgir sur scène une foule de per-sonnages, dans un tourbillon demimes, de masques et demarionnettes. Elles jouent desmains, des pieds, de la voix, etmême du derrière ! Mais le plusémouvant, à l’heure d’un mondeDisney, c’est la façon dont IlkaSchönbein recrée l'imaginaire poé-tique d’un conte avec trois bouts deguenilles. Un simple parapluiedevient une toile d’araignée oùdanse sa main gracile…Un sacré hommage aux petitsprinces en culottes courtes ! Une ini-tiation aux valeurs de l’amitié et del’amour…
Elle ne l’aimera jamais.Il est trop laid. Il restera cra-paud dans son puits, toutesa vie. Mais ce batracienvisqueux et repoussant quidégoûte tant la princessen’est autre, bien-sûr, qu’unséduisant prince. Le malheureuxgarçon a été transformé en crapaudpour s’être baigné dans une fontainemagique, dans la forêt, près du châ-teau. La méchante sorcière le saitbien, elle qui attend le moment fati-dique des douze coups de minuit, oùle prince restera pour toujours uncrapaud, à moins qu’il ne reçoive àtemps le baiser salvateur de la jeunefille…
L’histoire est archiconnue maisl’adaptation d’Ilka Schönbeinest époustouflante d’originalité,de finesse et de poésie.Cette grande comédienne alleman-de, tout aussi bien danseuse, mimetransformiste et marionnettiste inventede toutes pièces un univers boulever-sant, délirant, inquiétant, cocasse,aérien. Un monde onirique peupléd’être bizarres, créés à partir d’unfatras de vieux chiffons et d’oripeauxau rebut. Les extravagantes créa-tures fleurissent comme parenchantement du bout des doigtsd’Ilka Schönbein. Douées de la viequi leur insuffle son talent, lesmarionnettes deviennent par-fois de véritables doublesd’elle-même, troublants devérité. De précieux instantsde grâce absolue, et unevéritable fin de conte defées quand le prince….
Les frères Grimm magnifiquement grimés par Ilka Schönbein
…Dans une grande et sombre forêt, il y avait une fontaine, une fontainemagique et pour s’y être baigné, un prince est devenu grenouille ! Tout près de cette forêt, il y avait unchâteau dans lequel vivaient un roi et ses filles. La plus jeune des princesses (qui était aussi la plus belle) avait eucomme cadeau de son père unemagnifique balle en or qu’elle ne quittaitjamais, même quand elle allait sepromener dans la forêt. Or, il arriva qu’un jour la princesse perdit sa balledans la fontaine… Mais chut ! La sorcière pourrait entendre…
allez-
yen
famille à partirde7ans
Quand on a peur c’est paspour de faux mais qu’est-ceque c’est amusant !
Mô Bunte : un voyage vers Ilka Elle est née en 1942 en Allemagne. Entre 1968et 1972, elle est actrice au Théâtre de Dortmund,puis au fameux Théâtre de Schaubühne deBerlin. En 1978, elle suit une formation demarionnettiste à Bochum. En même temps, elleparticipe à plusieurs ateliers de masques, enpartticulier ceux dirigés par Guy de Frèche enFrance et Béatrice Camargo en Colombie…Pendant une dizaine d’années, entre 1988 et1999, elle produit son propre spectacle sous lenom de Theater Motte, travaille à la télévision,joue dans les rues en Pologne et entreprend
desq tournées en Allemagne et à l’étranger.Depuis 1990, elle joue seule et, par ailleurs,
fait des mises en scènes de spectacles demarionnettes et de masques. C’est en
1999 qu’elle devient membre duThéâtre Meschugge et joue dans les
deux spectacles Métamorphosesdes métamorphoses et Le Roi
Grenouille, entièrement rema-niés.
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Pénazar, ou le voyaged’un siècle à l’autre
Jeudi 21, vendredi 22 et samedi 23 février
20h30au Théâtre de l’Escalier
des Doms - Avignon
Compagnie L’Entreprise
Le voyage de Pénazar
Texte et mise en scèneFrançois Cervantes
avecCatherine Germain
LumièresDidier Girard
MusiquePhilippe Foch
CostumeCatherine Lefebvre,
assistée de Annette Six Décors
Anne Legroux,assistée de Lucie Mourier
RégieClaire Debar, Philippe Lebras
Production : Compagnie l’EntrepriseCoproduction
La Filature-Scène Nationale de MulhouseLes 7 collines (Théâtre Missionné de Tulle)
avec l’aide de l’espace culturel de Saint Valéry enCaux
Contact diffusion : Agnès LibbraAdministration : Christophe Lamperiere
Le Voyage de Pénazar a été créé le 9 mars 2000 à la
Filature-Scène Nationale de Mulhouse L’Entreprise est une compagnie indépendante,
conventionnée par le Ministère de la Culture, soute-nue par la DRAC Provence-Alpes-Côte-d’Azur, leConseil Régional Provence-Alpes-Côte-d’Azur, le
Conseil Général des Bouches-du-Rhône, Saison 13 etla Ville de Marseille.
Durée : 1h30
Les légendes seraient peut-êtrenées, fondamentalement, denotre questionnement sur lesens de la vie. En quoi est-ceque j'appartiens à ce siècle-ciplutôt qu'à un autre ? D'où levoyage, celui de Pénazar.
Naissance de l'imageSur la scène presque nue, un coffre,une lumière rousse et mystérieuse.Un être apparaît par magie dans unlourd costume oriental, pris d'uneverve inépuisable, rieuse, légère etinquiète d'avoir déboulé ici ce soir,dans ce théâtre. Cet être se nommePénazar, et lui qui vit de raconter deshistoires, nous dira toutes celles deson voyage à travers les siècles. Sesmots en disent long sur la questionde l'errance et de l'existence, maisaussi, les mains qui, gantées deblanc, parlent toutes seules, commepour nous conter une autre histoire.Une autre histoire encore, celle quecache ce visage à demi-masquédont les yeux et la bouche, laissés àleur pétillance, nous intriguentcomme un vivant mystère. Laissons-nous porter par cette voix unique,grave et rieuse à la fois, c'est la voiedu voyage…
Le spectacle de l'intranquilité Auteur du texte et metteur en scènedu spectacle, François Cervantesnous indique le chemin de saréflexion : "L'homme n'arrête pas demourir, mais il ne l'accepte pas.Il n'est pas tranquille. Il veut savoirpourquoi il est sur terre. Les hippo-potames restent des hippopotames,du matin au soir, avec patience etsatisfaction ; l'homme les regardeavec envie. Dans cette douleur, il luivient une vision. Voilà. Nous sommesmortels, mais faits d'un tas dechoses immortelles, qui sont à la foisen nous et hors de nous.
Ainsi est né Pénazar, personnage néau treizième siècle, dans un grandehistoire orientale. Toute sa vie servi-teur du prince de Gelgel, il est, à lamort de son maître, emporté commeune âme errante, changeant decorps comme on change de trottoir.Sans cesse il meurt et sans cesse ilrenaît. Il traverse la salle des specta-teurs comme une boule d'orage,comme un sentiment ou une cou-leur. Il passe comme une comète.Il nous rappelle que l'éternel n'estpas durable et que le monde deslégendes cherche à entrer encontact avec nous pour nous direquelque chose ". Nous avons inter-rogé Catherine Germain, elle quisur scène incarne la légende.
Oser le rire avec la philosophie Q - "Je suis parti de Java autreizième siècle. Vous allez mecroire ou vous allez vous fendrela gueule ?" C'est une des pre-mières phrase de Pénazar et quidonne tout de suite le ton duspectacle : il s'agit complète-ment d'une légende et en mêmetemps d'une adresse trèsfranche au spectateur contem-porain; pour vérifier sa présen-ce, pour le provoquer ?
R- Je m'adresse directement auspectateur, mais il n'est jamais pro-voqué directement. Je l'invite,essentiellement à rentrer dans lalégende : Le voyage de Pénazar estcelui d'un être qui s'est perdu dansles siècles, d'un fantôme (?) qui necesse de poser la question dutemps.
Q- Ce qui caractérise Pénazar,c'est sa fidélité au prince deGelgel. Fidélité à quoi, à qui?Quelqu'un de perdu qui secherche un maître à travers lessiècles ?R- Oui, ce voyage, dans le fond, cen'est pas lui qui l'a voulu, on l'a misdans une boîte à épices et il ressortun siècle plus tard devant des gensqui le regardent comme un zombieet il se demande vraiment ce qu'ilfait là. Il dit : "je suis catastrophé,catastrophé de me rendre compteque je suis une âme errante". Il n'apas voulu une seconde devenir unfantôme, mais on est fantôme mal-gré soi. Sa fidélité à son maître, saconstance avec lui, sa soumissionétait pour lui sa manière d'exister, etau moment de la mort du maître, ilest terrassé, comme amputé de sonexistence et probablement il meurt
Le Centre Culturel CucuronVaugines, a accueilli le jeudi 10 jan-vier à 20h30 à la bibliothèque deCadenet, François Cervantes dans le cycle de ses “soirées curieuses”.N’hésitez pas à demander le programme des prochaines rencontres au 04 90 77 28 31
SOIRÉES NOMADES
“Il m’est impossible de témoigner d’une démarche,de partager mon écriture et de montrer commentelle a accompagné une vie de compagnie et untravail d’acteur. Je pourrai donc choisir quelquestextes et commencer, avec le groupe, le chemin quiva du livre au plateau” François Cervantes
bLe jeudi 21 février à 19h30 / Bus gratuit
Départ / retour Théâtre de Cavaillon
lui aussi à ce moment-là. Mais, àtravers les époques, c'est sansdoute ce lien là qui continue et sepoursuit.Plus que ce personnage, ce quivoyage c'est peut-être un sentiment,ce sentiment d'appartenir tellementà quelqu'un que ce lien-là est éter-nel. Et il y a comme ça une vraie per-manence du monde. C'est ce quenous représentons avec la forme dumasque, cette sorte d'immortalité dulien. Qu'est-ce que c'est Pénazar aufond ? Un réincarnation ? Il y a tou-jours dans son récit ce sentimentd'être coupé de quelqu'un d'autre,ce sentiment du lien à l'autre quiperdure, et le réveille tout le temps.Pénazar, c'est peut-être un senti-ment qui voyage ou une pensée.
"Changer de corpscomme on change de trottoir"Q - Vous êtes Pénazar, vous êtesaussi d'autres personnages durécit derrière votre masque :dans le corps, dans la voix vousêtes un homme, puis, coup dethéâtre au milieu du spectacle :Pénazar disparaît momentané-ment et une femme, un actricevient boire le thé sur scène. Est-ce lui, est-ce une autre ? Que sepasse t-il ? Le théâtre serait-ill'art du travestissement jusquedans la capacité de changer desexe en direct ?R - Oui, à ce premier coup de théâtre,beaucoup de gens ne font pas le rap-prochement et croient encore qu'onest deux. Ce n'est qu'à la fin, quandj'ôte le masque devant le public quele doute n'est plus possible. Maiseffectivement, pour le public, deuxêtres se sont succédés. Pour moiaussi d'ailleurs : avec Pénazar, c'estou lui ou moi. Quand il est là, lacomédienne n'y est plus : c'est unhomme on ne la voit plus, mais c'està ce prix là qu'on peut tendre vers unpersonnage, s'en approcher. La forcedu théâtre c'est de toucher à cettesorcellerie-là, ce travestissement quipermet l'élan pour aller vers un per-sonnage. Et en se prêtant totalement,physiquement à ce jeu-là, il se passedes choses troublantes en effet.Mais, c'est très facile d'en revenir,heureusement !
Disparaître pour apparaître autrementQ - Cette incroyable capacitéque vous avez à vous métamor-phoser complètement jusqu'aubout des ongles, ou plutôt desgants, et aussi bien physique-ment que vocalement, cela relè-ve de plusieurs techniques,celles du mime, du masque, dela danse… R - Quand j'ai découvert le masque,il y a sept ans, ça a été pour moi unevéritable révélation. C'était unmasque de guerrier. Je n'avaisjamais été dans cette violence-là, etimaginé vocalement que ma voixpouvait changer à ce point. Et cejour-là, le déclic s'est produit decomprendre par le masque, qu'avecle personnage, il ne s'agissait abso-lument plus de soi mais immédiate-ment de quelqu'un d'autre. Cela cor-respond peut-être chez moi à cetteaisance, à cette capacité profondede disparaître que j'ai, de disparaîtrepour apparaître autrement, pourchanger. C'est une nécessité prochede ce plaisir que prennent lesenfants à jouer qu'ils sont quelqu'und'autre. Après, bien sûr, il y a le tra-vail technique qui vient parfaire toutça, et le travail du masque orientecelui de la voix.
Q - Quel est votre plus grandplaisir de comédienne dans cespectacle ?R - Je voyage vraiment avec le texte,avec les mots. Je trouve que ce qu'aécrit François est vraiment une invi-tation à chevaucher un monde. Pourmoi, c'est ce texte qui permet defaire vivre cette petit tête en boisqu'est le masque, c'est lui qui medonne l'attachement charnel au per-sonnage. Je suis seule sur scène,sans décor, sans partenaire, le texteest vraiment ma matière d'exister.Pour moi, c'est ce texte qui permet
de faire vivre cette petit tête en boisqu'est le masque, c'est lui qui medonne l'attachement charnel au per-sonnage. Je suis seule sur scène,sans décor, sans partenaire, le texteest vraiment ma matière d'exister.
François Cervantesanimera deux stages de théâtre,Du livre au plateau.
Au Théâtre de Cavaillon réservé aux enseignantsdu lundi 25 au jeudi 28 février de 9h à 12h et de 13h à 16h
À l’ancienne école de la Motte d’Aiguesouvert au public (amateur)samedi 9 et dimanche 10 févrierde 10h à 13h et de14h à 18h
plein tarif 46 €, et tarif réduit 31 €
Qu'est-ce que vous pouvez me diresur le vingtième siècle ? Dites-moifranchement : est-ce qu'un typecomme moi peut s'en sortir ?Il a ouvert la bouche. Je regardaisdedans, et les mots sont arrivés. Il faut que vous sachiez deux ou trois choses. Tout peut arriver.
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Choisir la prison comme un sort
jeudi 28 février,vendredi 1er
et samedi 2 mars 20h30
à la Salle des fêtes Isle sur la Sorgue
En compagnie de la Ville de l’Isle sur la Sorgue
SuerteTexte
Claude LucasAdaptation et mise en scène
Julien Bouffier
avecMarc Baylet, Jean-Marc Bourg
Collaboration artistiqueJean-Michel Vivès
ScénographieEmmanuelle Debeusscher
& Julien BouffierCréation de l’univers sonore
Pascal Arnold Création des lumières
Frédéric Laborie Régie Lumière
Maurice Fouilhé Régie Son
Pascal ArnoldRégie Plateau
Emmanuelle Debeusscher
Production/Diffusion Cécile ManginJulien Bouffier est artiste associé à la Scène nationale
de Sète - Compagnie en convention avec la DRACLanguedoc-Roussillon, subventionnée par le Conseil
Général de l’Hérault, la Mairie de MontpellierSuerte a été coproduit par la compagnie “Adesso e
sempre” et par les Scènes de l’HéraultDurée : 1h15
Prix de la création et de la Jeune critique du Festival du
Jeune Théâtre d’Alès 1997
Dans Suerte, roman autobiogra-phique de son "exclusion volontai-re", Claude Lucas témoigne de sonsort : celui qui lui est fait, celui qu'ila choisi de se faire : 20 ans, il estcondamné à cinq ans de prison pourmort d'un proxénète. 23 ans, il estcondamné à cinq ans encore pour lecasse d'une joaillerie. 37 ans, il estcondamné à huit ans pour hold-up.Libéré à 42 ans, il est à nouveauarrêté à 45 ans… Sa vie s'écoule decellule en cellule, tout comme si audehors, la vie n'offrait pas de portede sortie. Il n'y a bien qu'au dedans,entre ces murs de béton-là qu'onpeut chercher à s'évader.
Questions à Julien Bouffier, metteuren scène.
Q- Comment vous est venue lanécessité de ce spectacle ?R- Tout est parti de ma rencontreavec ce livre de Claude Lucas. Aprèscette lecture qui m'avait bouleversé,je lui ai proposé d'adapter lui-mêmece texte pour le théâtre, mais il ne l'apas souhaité et m'a laissé libre dem'en emparer. Je savais déjà ce quidans ce récit de vie de prisonnierm'intéressait le plus. Non pas toutl'aspect disons "polar" des cavales,des tentatives d'évasion, de la pré-paration des braquages, des hold-up. J'ai d'une certaine manière mistout ça de côté pour m'attacheressentiellement à la parole intimesur l'incarcération. Alors l'évidencedu monologue et de la mise enabîme d'un même personnage mesont apparues : sur scène, un pri-sonnier seul, Christian. Paul, à qui ils'adresse quelquefois n'est que sondouble imaginaire, Christian n'étantlui-même que le double imaginairede Claude Lucas.
Q- Il n'y a donc qu'un seul per-sonnage sur scène et pourtantdeux comédiens dans la distri-bution ?R- Oui, Suerte est un double spec-tacle qui se joue complètement surdeux représentations: à chaquereprésentation, un comédien diffé-rent. Les spectateurs sont doncidéalement conviés à voir les deuxreprésentations. Deux spectaclesdifférents : deux musiques, deuxjeux de lumière, deux interpréta-tions. Ce qui reste inchangé, c'est ledispositif scénique. Et même si letexte est majoritairement similaire,Christian Lhorme est chaque soir, unautre ; un soir, il penche du côté de"l'Abbé", surnom ironique que lui aattribué l'un de ses compagnons decellule pour ironiser sur ses attitudesde penseur et d'introverti, un autresoir, il penche du côté du dandy,figure plus provocante et extravertiedans sa relation aux femmes, auplaisir, à l'art de "voler pour refuserla médiocrité". Par cette propositionsur deux soirs et dans ce même"peep-show", j'ai voulu que le spec-tateur puisse se faire happer com-plètement par son propre voyeuris-me. La pièce n'est pas en ce sensréaliste, ce n'est pas un taulard quiparle enfermé dans sa cellule. Il esten costard et il parle aux murs quisont des miroirs, de l'enfermement.Les spectateurs eux, répartis par dixdans les cabines du peep-show,deviennent en quelque sorte lesotages de leur propre regard.
SOIRÉES NOMADES
Je m'approche du mur de la cellule, riant toujours (ou sanglotant ?), et je plaque mes mains sur le béton.Qu'il est dur ! Qu'il est solide ! Qu'il est vrai ! Je pose ma joue sur sa surface tiède. C'est dense, c'est impénétrable, c'est impitoyable. Je l'embrasse àprésent, frissonnant de fièvre, j'y applique ma bouche, j'y frotte mes lèvres entr'ouvertes encore, encore,encore, encore et encore. Enfin du sang. Il y a du sangsur le béton gris, du beau sang rouge. Je vis donc. Je saigne, donc je suis…
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Le jeudi 28 février à 19h30 / Bus gratuitDépart / retour Théâtre de Cavaillon b
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Notre prison est un peep-showQ- Comment vous est venuecette idée du peep-show commemétaphore de la prison ?R- C'est un espace qui permet defaire saisir l'enfermement demanière évidente et parfaitementconcrète : enfermement du person-nage dans sa "cellule" murée demiroirs sans tain, enfermement desspectateurs, placés dans descabines exiguës, qui à la fois, voientet se voient dans le miroir. D'entréeil y a comme un malaise de se trou-ver physiquement si proches les unsdes autres et visibles. On fait sem-blant de ne pas se voir et en mêmetemps on ne peut pas s'ignorer.
Q- Le spectateur est donc,comme impliqué, enfermé dansla mise en scène ?R- Oui, le voyeur vu est concrète-ment enfermé dans son regard surl'acteur. L'acteur est son seul repèrepossible, et c'est cela qui m'intéres-se beaucoup, dans ce spectacle,comme dans la question du specta-teur en général. Comment on regar-de? c'est ma question principale,mon cheval de bataille. Au théâtre,en général, le spectateur est passifet a tout le loisir de s'ennuyer beau-coup s'il reste au bord du quai, si onl'y laisse, s'il n'es pas impliqué. Aucinéma, il est happé par l'image, leson : il rentre immédiatement dansun monde. C'est cette intensité duregard que j'ai voulu recréer : l'œilcapturé à la fois par l'image extrê-mement rapprochée du comédienseul dans un cadre, et la lumièrecoupée au couteau qui met en abîmetous les reflets de l'image dans lesmiroirs, l'oreille envahie par la pré-sence sonore continue, celle de la
voix du comédien au micro commecelle de la musique, qui nous arriveen retour par des enceintes Dolby-stéréo. Tout se passe comme si lechoix d'un plan serré et fixe de ciné-ma ouvrait à une nouvelle percep-tion, une autre perspective du regarddu spectateur, et, du coup, duthéâtre lui-même. En tout cas, c'estla tentative proposée…
Q- Pourquoi cette histoire debraqueur multirécidiviste quipasse pratiquement toute sa vieen tôle vous a t-elle intéressée ?R- D'abord par pure curiosité pourun monde parfaitement inconnu demoi, comme l'est d'ailleurs celui dupeep-show. Plus fondamentalement,ce que j'ai voulu débrouiller c'est cequ'il y a à la fois, d'obscur et de mal-sain dans notre fascinatin pour unetelle histoire. J'ai tenté de traduirece sentiment de mise en abîmequ'un tel témoignage provoque cheznous, en tentant d'assumer lesdeux : le réel de cette histoire et safiction.
Q- Qu'avez-vous choisi de privi-légier théâtralement à partir duroman d'origine ?R- De montrer simplement quel-qu'un en face de son narcissisme,de son impudeur, de son dévoile-ment. Il n'a que ça, ne possède queça : sa propre parole, sa réflexionintime comme repère avec le béton,les murs, avec les autres, ceux quisont dedans et dehors. En suivant saparole, comme spectateur, on oublieles miroirs, on en fait des murs.Mais, comme ça n'est pas un espa-ce réaliste, on s'imagine l'extérieur :les scènes de procès, les permis-sions… jusqu'au moment où oncomprend que la prison, c'est satête. Il se perd dans sa tête et iltombe petit à petit dans sa propreimage jusqu'à s'y noyer. Mais je nevous dévoilerai pas le coup dethéâtre de cette vraie noyade !
Q- Vous aimez à citer cette paro-le de Claude Lucas qui dit : "laprison est un lieu métaphysique,ce qui la distingue du Zoo."Assumez-vous cette piècecomme un pièce métaphysique ?R- Oui, j'assume complètement (rire)si quand on entend le mot "méta-physique" on ne l'associe pasimmédiatement à l'ennui et à lapesanteur. Ce que j'ai tenté, c'est derelancer sans cesse la tension etl'attention, sur la question même dela métaphysique pour moi : celle denotre rapport d'individu "enfermédans une société fragmentée. Lesquestions de l'image de soi, de ladéchéance, de l'insertion sont icivraiment données à entendre, à voir,à toucher de près. J'espère du moinsles avoir rendues inévitables.
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L’année 2001 s’est achevée. Il nous semble intéressant defaire à ce jour “un petit bilan”sur la première partie de la sai-son, sur la période allant d’oc-tobre à décembre.Tout d’abord, il vous informera de la“santé”, de la fréquentation de laScène nationale et nous permettra, ànous, de tirer tous les enseigne-ments nécessaires pour continuernotre mission et surtout pour l’amé-liorer. Mais, notre mission, quelleest-elle ? Une mission de servicepublic. Elle est de vous rassembler.De vous étonner en vous faisantdécouvrir différentes expressionsartistiques du spectacle vivant quenous défendons jour après jour, soitpar sa diffusion, soit par sa création.De plus, il est riche de sentir vos pre-mières réactions sur une program-mation différente qui a tenu, malgrétout, à garder un lien solide avec lesprécédentes. Le théâtre et la dansesont toujours présents, maisd’autres formes artistiques qui, hiern’avaient pas été oubliées, ont étéconsolidées. La musique, les spec-tacles hors des murs du Théâtre, parexemple. Il s’agit-là d’un réellevolonté d’ouverture, tant sur la diver-sité des spectacles proposés, quesur le désir de partir à la rencontredu public, là où le plus souvent, il nenous attendait pas, dans des lieuxcomme les cafés, les restaurants, lesprisons… Nous avons continuelle-ment ce désir, presqu’une obses-sion : élargir le public, en étantdavantage à son écoute : 92 % desgens hésitent encore à pousser laporte d’un théâtre… Challengeconsidérable, certes, mais réali-sable. Voilà pourquoi, de nombreuxpartenariats ont été noués avec desstructures culturelles de Cavaillon,des municipalités du Vaucluse et desBouches du Rhône.
Nous avons également continué unepolitique tarifaire volontariste, poli-tique qui avait été précédemmentengagée. Pour les moins de 26 ans,les demandeurs d’emploi, il étaitpossible d’assister au concert deYann Tiersen pour la somme de 8euro, soit 52,48 francs la place. Dureste, plus de deux mille personnesse sont retrouvées au Théâtre, les 30novembre et 1er décembre. Ce futune folie. Une folie comme on l’aime.Nous sommes heureux de vousapprendre que pendant cette pério-de (octobre-décembre), la fréquen-tation de la Scène nationale a été de82,99 %, sur 33 représentations(toutes formes confondues), nouspouvions accueillir 6789 personnes,5634 nous ont accompagné dansnotre projet. Il ne s’agit pas là defaire acte de complaisance, surtoutpas, mais de vous informer et devous remercier de votre curiosité, del’encourager et de ne pas la déce-voir. Et, qu’on se le dise, nous conti-nuerons à travailler dans ce sens,nous prendrons notre bâton de pèle-rin pour vous convaincre que l’Art,dans toutes ces expressions, estessentiel pour mieux connaîtrel’autre, ses peurs, ses bonheurs, sesrêves… Nous ferons pousser cethéâtre populaire qui nous est si cheroù chacun pourra trouver l’émotionet ressortira de la salle pas tout à faitle même, différent, quoi ! La diffé-rence, ça ne vous dit pas quelque-chose ?
Chères spectatrices, chers spectateurs, et tous les autres…
Emmanuelle Laborit Pour un Oui ou Pour un Non
Sylvain MauriceMacbeth
Yann Tiersen et Natacha Regnier
rencontre entre des élèves et Sylvain Maurice
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sur un air de Java…Trois bergers entrent dans le bar.Ils arrivent de Savoie et ont accom-pagné leurs bêtes jusque dans laplaine de la Crau où elles vont pas-ser l’hiver… Ça commence commeun conte, me direz-vous ! C’est unconte. L’un de ces contes qui nousest parfois offert, comme ça, à l’im-proviste, et qui révèle toute sa beau-té si l’on veut bien y prêter atten-tion… Les trois jeunes bergers semettent à chanter une chansond’amour Les Amants de Saint-Jean.Les gens tout autour ne se font pasprier et les accompagnent, repre-nant en chœur le refrain. Quel drôlede hasard ? La pièce Soifs ! parlaitjustement d’amour. De cet amourqu’on attend toute une vie, qui tardeparfois un peu, mais qui arrive unjour ou l’autre quand on veut bien yprêter attention. Ce fut un momentoù chacun fut un bel acteur. Unmoment de simplicité et de commu-nion inoubliable. Quand je vousdisais que c’était un conte !
Au cours de la tournée, dans dif-férents bars, trois générationsse sont croisées : une jeune fille,ses parents puis ses grands parents.Et ils se sont écrits sur le livre d’orque la compagnie avait laissé pourque chacun, s’il le désirait, s’avoued’un coup de plume.
Ailleurs,les patrons sortaient spontanément pâtés, rillettes etfromages, sans oublier le vin, pour“faire durer” le partage d’unmoment délicieux entre des gensdont certains n’avaient pas imaginéune seconde que le théâtre puissentrassembler et donner de pareilsespoirs. Des patrons de bars, ilsn’ont pu la dissimuler complète-ment, éprouvaient une certaine fier-té même à revenir derrière leur zinc,après que les comédiens, CharlotteMalmanche et Laurent Provots (etnon pas Provost !) l’aient empruntéet lui aient donné une autre rôle, letemps d’un soir.
Le théâtre, ces soirs-là, étaitl’invité des bars, rien ne fut boule-versé, les éclairages étaient ceux dulieu, les enseignes clignotaientcomme à leur habitude et les flip-pers infatigables chantaient leurrengaine Insert a coin, thank you ! Ilne restait que le jeu pur, sans arti-fices particuliers, la beauté de deuxtextes sachant parler de l’intimitédes hommes.
Le premier soir, à Cavaillon,autre merveille : l’un des auteursSerge Valletti, était venu découvrir cespectacle et réentendre son textequ’il avait tant joué en solitaire auFestival off d’Avignon, quelquesannées auparavant. Et finalement,que croyez-vous qu’il arriva ?
Il tomba sous le charme et la puis-sance du texte d’Ernesto Caballeroqu’il découvrait et fut tout aussi émuqu’un spectateur qui était entré dansle bar parce qu’il avait vu de lalumière et des gens réunis.
Soifs ! ce fut tout cela et tantd’autres aventures encore…
Pour tous ces souvenirs, le Théâtrede Cavaillon-scène nationale et laCompagnie Moitié raison-MoitiéFolie tiennent à remercier les bars etrestaurants qui ont accueilli ce spec-tacle. Les patrons ont eu le talent derecevoir, le public a eu le talentd’écouter et de se laisser portervaille que vaille, les artistes le talentde s’offrir en tournée : ensemblevous avez fait vivre ce qu’il y a deplus beau dans le théâtre : sa géné-rosité… quand les hommes parlentenfin aux hommes !
Le Théâtre de Cavaillon-scène natio-nale est heureux d’avoir été au boutde cette audace et ne s’arrêtera pasde en si beau chemin !
merci patrons !Il fait nuit sur Arles. La représentation de Soifs ! vient tout juste de s’achever. Charlotte et Laurent, lescomédiens, se démaquillent et reviennent à eux-même.Des spectateurs restent là, s’accrochant au zinc, n’osantplus sortir de peur de laisser derrière eux cette émotionque les comédiens leurs ont offerte sur un plateau…
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Norbert Aboudarhamde la physique au théâtre…
Norbert Aboudarham a présenté…
l’Omelette au Lard•au Lycée agricole de Serres
le jeudi 10 janvierde 15h30 à 16h30 et
•au Collège d’Aptle vendredi 25 janvier
de 17h30 à 18h30
Petites histoires du désordre•à la Maison d’arrêt d’Avignon
le mardi 8 janvier•au Lycée René Char à Avignon
le mercredi 9 janvierde 13h à 14h
•au Lycée Henri Fabre à Carpentrasle mercredi 9 janvier
de 16h à 17h•au Lycée Ismaël Dauphin à
Cavaillonle jeudi 10 janvier
de 11h à 12h•et en appartements à Cheval
Blanc et Le Mourre OppèdeNorbert Aboudarham animera éga-lement deux stages pour amateurs
Stage Burlesqueà la Gare de Bonnieux
samedi 12 et dimanche 13 janvier de 10h à 18h
…et animeraStage Comiqueà la Gare de Bonnieux samedi 26 et dimanche 27 janvier de 10h à 13h et de 14h à 18h
plein tarif : 46 € soit 301,74 ftarif réduit (moins de 26 ans et
demandeurs d’emploi) : 31 € soit203,35 f
l’ironie dramatique de CharlieChaplin The kid Le comique quinous intéresse est celui qui estindissociable de la vie, de la tragé-die de l’existence et de son absur-dité. Le comique repose sur unedramaturgie précise et sur unegrande rigeur du jeu liée au rythmeet au temps.
Norbert AboudarhamAutour de la création du Chat deSchrödinger le 19 mars à 19h auThéâtre de Cavaillon, NorbertAboudarham a accepté de réaliserun important programme "périphé-rique" d'actions artistiques.
Sciences frontièresNorbert Aboudarham sera égalementun invité un peu spécial du festivalScience Frontières qui se déroule àCavaillon, principalement dans notrethéâtre, du 22 au 26 janvier.Le thème de cette année, "2002,l'odyssée de l'espèce", permettra deréunir de nombreux invités, tantmédiatiques que compétents, parmilesquels Yves Coppens, José Bové,Boris Cyrulnik, Jean-Marie Pelt,Jacques Testart, Rémy Chauvin, ouencore l'écrivain Didier VanCauwelaert et… Mireille Dumas.
www.sciencefrontieres.com
hommageCette manifestation est l'une decelles, nombreuses, que se doitd'accueillir le théâtre en l'absenced'une salle des fêtes à Cavaillon.Ainsi, chaque année, les trois der-nières semaines de juin sont tradi-tionnellement réservées aux mani-festations de fin de saison de diffé-rentes associations telles que laMJC, l'Ecole de Musique, Artists, EnK danse, etc. Plus tard, ce sera letour de "Melon en fête" ou de la"Saint-Gilles", des arbres de Noël dupersonnel communal ou de grandesentreprises cavaillonnaises.Tout au long de l'année, une "autre"activité, peut-être moins "visible"que celle de la Scène Nationale, sedéroule donc dans nos murs, assu-rant ainsi à notre plateau, à nos gra-dins, et à nos matériels, un tauxd'utilisation insoupçonné ! C'est trèsbien, mais cela représente aussibeaucoup d'heures de travail pourles équipes, notamment techniques,afin que se réalisent au mieux lesdésirs de chacun.
Je suis un physicien qui a mal tourné, très mal : je fais duthéâtre. Mes deux camarades de promotion sont directeurde camping et contrebassiste. La physique mène donc àtout. Mais, à y réfléchir de plus près, la physique et lethéâtre n’ont-ils pas le même objectif ? Celui de donner… une représentation du monde ?
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brèves…
l’Abonnementde 4 à 9 spectacles
11€ la place, soit 72,16 fde 10 à 19 spectacles
9€ la place, soit 59,03 fà partir de 20 spectacles
7€ la place, soit 45,92 f
l’Abonnement -26 ans de 4 à 9 spectacles
6€ la place, soit 39,36 fà partir de 10 spectacles 5€ la place, soit 32,80 f
plein tarif 16€ la place, soit 104,95 f
-26 ans, demandeurs d'emploi 8€ la place, soit 52,48 f
groupes (10 personnes et + )et adhérents partenaires12€ la place, soit 78,71 f
allez-y en famille 5€ la place, soit 32,80 f
représentations scolaires 4€ la place, soit 26,24 f
On peut réserver ses placespar correspondance pour tous lesspectacles, en utilisant le bulletinimprimé dans la brochure de saison,ou en le photocopiant.C’est également aussi simple partéléphone au 04 90 78 64 64,du lundi au vendredi de 11h à 18h,surtout que le paiement par cartebancaire est possible.Les places réservées sont à retirer au guichet ou à confirmer parl’envoi du règlement au plus tard 3 jours après votre appel.Les réservations non réglées dans les 3 jours sont annulées et remisesen vente.L’internet est aussi un nouveaumoyen bien pratique :[email protected] novembre réservationsFNAC, Carrefour, France-Billet,0892 68 36 22 *, www.fnac.com3615 billetel**, * (0,99f/min) * *(2,23f/min)
Et si vous préférez nous rendre visiteau théâtre (du lundi au vendredi de11h à 18h), cela nous permettramême de bavarder un peu !
Les soirs de spectacle, le bar estouvert dès 19h (18h le mardi)et propose généralement une petiterestauration.
tarifs & abonnementsEntre le 3 et 8 décembre, Pascale
Houbin a fait de très belles rencontresavec des artisans de la région (cordonnier,sculpteur, chef cuisinier…). Elle a engran-gé de nombreux et très riches témoi-gnages autour de leur métier, témoignagesparlés et gestes mimés avouant toutl’amour de l’artisan pour son savoir-faire.Pascale poursuit sa recherche. A cetteoccasion, le Cinéma La Cigale à Cavaillon,dans le cycle Cinémotion, a présenté lefilm Profils paysans : l’approche, deRaymond Depardon le dimanche 13 jan-vier à 18h30 et le lundi 14 janvier à 21h.
Pascale Houbin sera au Vélo Théâtre à Apt,en résidence, pour collecter des gestes,dans la région du 4 au 9 mars et présente-ra un spectacle de danse :Extraits de Récitalle vendredi 8 mars à 20h30 au Vélo Théâtre
La représentation Le chat deSchrödinger aura lieu au Théâtre deCavaillon à 19h. Elle sera suivie d’un Balclandestin (gratuit) sous le chapiteau,place du Clos à Cavaillon.
Le spectacle Charlotte etc est gratuit maisla réservation est indispensable.
Le concert de Daniel Mille au Grenier àsons à Cavaillon commencera à 21h30 etnon à 22h30 comme annoncé.
Dans le prochain numéro de Chut… seradétaillée toute la tournée de JohnnyPerpète dans une dizaine de bars duVaucluse et des Bouches du Rhône.
Chut… est édité par Association Théâtre de CavaillonScène nationale,B.P.205, rue du Languedoc84306 Cavaillon Cé[email protected]
Directeur de publication :Jean-Michel Gremillet
Le Théâtre de Cavaillon - Scène nationa-le est subventionné par :La Ville de Cavaillon, Le Ministère de la Culture et de la Communication - Direction Régionale des AffairesCulturelles de la Région Provence Alpes- Côte d’AzurLe Conseil général de VaucluseLe Conseil régional Provence Alpes-Côted’AzurIl reçoit l’aide de l’ONDA (Office Nationalde la Diffusion Artistique)
ont participé à la rédaction de cenuméro : Frédérique Mérie,Jean-Michel Gremillet, Bertrand PerretJean-Claude Herbette
Image de couverture :Lisa Sartorio
Crédits photo : Vincent Schnerb,José Vincentelli, Florence Dogowson,DR, Elkoury/Rapho, Franck Courtes,Tristan Valès, Arthur Pequin, MarinetteDelanné, Vélo Théâtre, Agnès Libbra,Ludovic Guet, Jean-Christophe Nguyen,“L’Agence”
Imprimé par ROTOSUD,B.P 50, Z.I. des Iscles13834 - Chateaurenard Cédextiré à 21.000 exemplaires
design saluces.com
ISSN 1629-9450dépôt légal à parution
septembreOuverture de saison Emma la clown Quartet Michel MaciasSAMEDI 29
octobreLes règles du savoir-vivre dans la société moderneVENDREDI 12
ParoleVENDREDI 19
Expo photoIl signent RICHARD BRUSTONDU VENDREDI 19 OCTOBREAU SAMEDI 3 NOVEMBRE
A la gare du coucou suisseMARDI 23
Soifs !MERCREDI 24
Pierre, pour mémoireDU JEUDI 25 AU SAMEDI 27
novembrePour un oui ou pour un nonVENDREDI 2
Soifs !DU LUNDI 5 AU VENDREDI 30
Louis ChedidVENDREDI 9
“Drop it !”VENDREDI 16
MacbethVENDREDI 23
Yann TiersenVENDREDI 30
décembreSoifs !DU SAMEDI 1ER AU SAMEDI 8
IgnatusSAMEDI 1ER
Alain Chamfort & Marie-FranceVENDREDI 7
Shakespeare - PerraultMARDI 11
janvierOumMERCREDI 23 ET JEUDI 24
févrierJ’ai pas fermé l’œil de la nuitSAMEDI 2
Faits d’artificeMARDI 12
Métamorphosesdes MétamorphosesDU JEUDI 14 AU SAMEDI 16
Le Roi grenouilleMARDI 19
Le voyage de PénazarDU JEUDI 21 AU SAMEDI 23
SuerteJEUDI 28
marsSuerteVENDREDI 1ER ET SAMEDI 2
Du vent… des fantômesMARDI 5 ET MERCREDI 6
Au bord de l’eauSAMEDI 9
Les aventures de sœur SolangeVENDREDI 15
Expo AccordéonsJEANNOT PERRETDU VENDREDI 15 AU DIMANCHE 24
Cirque LiliDU VENDREDI 15 AU DIMANCHE 17
Les Ogres de Barback+ Scott TaylorSAMEDI 16
Jean-Marc Marroni& Jean CortiLUNDI 18
Le chat de Schrödinger+ Bal clandestinMARDI 19
Charlotte etcMERCREDI 20
Boni’s Family + SuitesJEUDI 21
VoyagesVENDREDI 22
Daniel MilleVENDREDI 22
Boukovo invite Neno KoytchevVENDREDI 22
Grand bal SAMEDI 23
Bell œil + Claude DelrieuSAMEDI 23
Castafiore BazookaJean WienerDIMANCHE 24
L’éveil du PrintempsVENDREDI 29
avril3 petits chantiersMARDI 16
Johnny… perpèteDU MARDI 16 AU MARDI 30
L’envol du pingouinSAMEDI 20
Pfft fft fftDU MARDI 23 AU MARDI 30
Prophètes sans dieuMARDI 23
Chinese BastardVENDREDI 26
maiSi c’est un hommeSAMEDI 4
La grande illusionMARDI 7
Expo photoHistoire de la petite fille Qui…QUENTIN BERTOUXDU MARDI 7 AU VENDREDI 17
Mito / MitoMARDI 14
Rwanda 1994SAMEDI 18
Zigmund follies JEUDI 30 ET VENDREDI 31
juinZigmund folliesSAMEDI 1ER
PrémicesDU LUNDI 3 AU VENDREDI 7
EMBOUTEILLAGESAMEDI 8 ET DIMANCHE 9
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Théâtre de Cavaillon - Scène nationale
rue du Languedoc - B.P 205 84306 Cavaillon cedex
Renseignements Réservations 04 90 78 64 64télécopie 04 90 76 22 67