La cocaïne : une drogue en voie de démocratisation
J.P. Goullé1,2, E. Saussereau1,
M. Guerbet2, C. Lacroix1,
1 - Groupe Hospitalier, Le Havre
2 - Université de Rouen, UFR Médecine Pharmacie, ADEN-EA 4311
CNPERT – Paris
2 décembre 2010
Cocaïne : un peu d’histoire
•Coca : plante divine peuplades avant Incas (Pérou)
•1504 : A. Vespucci : feuilles coca indigènes (Vénézuela)
•19è : diffusion feuilles en Europe « vin Mariani » :
Bordeaux + extrait coca
•1886 : Pemberton : « Coca-Cola » (caféine du cola)
•1912 : interdiction cocaïne dans Coca-Cola
Vin Mariani
Cocaïne : production mondiale : 1500 t
•Essentiellement Amérique du Sud
• Colombie
• Pérou
• Bolivie
•Autres zones de production
• Java, Ceylan, Inde, Taiwan
Zones de production mondiale : A. du Sud production estimée sur la période 1994-2008
(rapport mondial sur les drogues ONUDC 2009)
Cocaïne : circuits de diffusion
•1980 : entrée en force aux USA (Mexique)
•1990 : puis en France (Espagne – Portugal)
« drogue du show-biz »
•2000 : diffuse / toutes les couches sociales
• Chute des prix (150 60-65 eur/g)
• Disponibilité accrue +++
Cocaïne : une disponibilité accrue
•Elle n’est plus réservée à « l’élite »
•Elle n’est plus l’apanage soirées/évènements techno
•« banalisation » et « démocratisation »
• Intégration COC / offre réseaux petit trafic (héro, THC)
•Reconversion réseaux/vente COC ( profit)
•Vente de rue de la cocaïne +++
•L’EXPRESS N°3099 « COCAÏNE : La déferlante »
Cocaïne : les produits disponibles, usage
1. Le chlorhydrate = poudre blanche
• Feuilles de coca (≃ 1 % cocaïne)
• Extraction par solvants organiques
(kérosène, gasoil)
• Fins cristaux blancs, « neige »
USAGE : sniffée (V. nasale) +++
injectée (IV)
Cocaïne : les produits disponibles, usage
2. La cocaïne base : cristaux (IDF x 4)
• Chlorhydrate /alcali
• Obtention cocaïne base
• « rochers » « cailloux »
• Crack (vendue/cette forme) et free b.
USAGE : fumée (V. pulmonaire)
pouvoir addictif +++
Cocaïne : usage
• Cocaïnomanie : 25 – 34 ans +++
• Après initiation : tabac, alcool, cannabis
• Polytoxicomanies communes +++ :
• association héroïne « speedball »
• association opiacés, alc, THC, Benzo, hypnot
Expérimentateurs
≥ 1 occasion année réguliers
Alcool 42,5 M 39,4 M 9,7 M
Tabac 34,8 M 14,9 M 11,8 M
Médicaments
psychotropes 15,1 M 8,7 M ---
Cannabis 12,4 M 3,9 M 1,2 M
Cocaïne 1,1 M 250.000 ---
Ecstasy 900.000 200.000 ---
Héroïne 360.000 --- ---
Cocaïne : usage en France (OFDT)
Cocaïne : prévalence d’usage en France (OFDT)
Drogues stimulantes : la + élevée en pop. générale
Expérimentation 2000 2005 2008
15-64 ans 0,6 % 2,6 % - -
25-34 ans - - 4,1 % - -
17 ans - - 3,0 % 4,0 %
17 ans (COC base) - - 0,7 % 1,0 %
ESPAD : 15-16 ans prévalence record en F et I (6 %)
Cocaïne : saisies et interpellations (OFDT)
• Cocaïne de la rue : pureté ≃ 35 % (10 - 40 %)
• Cocaïne de saisie aéroportuaire : pureté ≃ 70 %
• 2000 à 2008 : COC saisies x 6 (8,2 t)
• 1999 à 2008 : COC interpellations x 2 (4430)
• 2007 à 2008 : crack : interpellations + 60 %
(784)
• 2 types de psychotropes ou substances psychoactives
• licites : alcool, tabac, médicaments (tranquillisants, antidépresseurs, …prescrits par le médecin pour traiter les états d ’anxiété ou les troubles du sommeil)
• illicites : drogues : cannabis, héroïne, cocaïne, amphétamines (ecstasy)
Le code pénal en interdit et en réprime la production,
la détention et la vente. Leur usage est également
interdit et sanctionné
Quelques définitions : les psychotropes
DROGUES =
« substances étrangères à l’organisme capables de
modifier à doses généralement très faibles, le
fonctionnement du cerveau et de générer une dépendance »
= PSYCHOTROPES
Définition : les drogues
LES DROGUES = SUBSTANCES PSYCHOACTIVES
ILLICITES QUI AGISSENT SUR LE FONCTIONNEMENT
DU CERVEAU EN MODIFIANT LA TRANSMISSION
INFLUX NERVEUX
Classification des psychotropes
• PSYCHOLEPTIQUES : diminution du psychisme et de l ’activité mentale : Opiacés : héroïne.
• PSYCHOANALEPTIQUES : stimulation du psychisme, actifs sur l ’humeur et la vigilance : cocaïne, amphétamines (ecstasy).
• PSYCHODYSLEPTIQUES : perturbations des perceptions sensorielles (hallucinations visuelles auditives), de l ’humeur, de la pensée : cannabis.
Classification des psychotropes
Cannabis = pas une drogue douce mais une drogue à élimination lente
Principaux effets des drogues (cannabis, héroïne, cocaïne et ecstasy)
Mécanisme d ’action des drogues au niveau du cerveau.
Découvertes neurobiologiques récentes
Les stimulations induites par les drogues dans le cerveau gagnent l ’airetegmentale ventrale, qui libère alors de la dopamine qui stimule à son tour le noyau accumbens et déclenche une sensation de plaisir qui seraintégrée au niveau de l ’hypothalamus et mémorisée dans le cortex frontal.La dépendance serait donc liée au plaisir induit par la drogue et au souveniragréable qu ’elle laisse !
Hypothalamus
DA
DOCUMENT MILDT
Plaisir
Mémorisation
Découvertes neurobiologiques récentesDécouvertes neurobiologiques récentes
Influx nerveux (neurone émetteur)
Message (neurone récepteur)
Inhibition recapture dopamine : effet euphorisant +++
Documentation MILDT
Cocaïne : effets
• Drogue stimulante +++
• Euphorie
• Puissance intellectuelle et physique
• Indifférence à la fatigue et à la faim
• Effets de courte durée (≠ amphét.)
Cocaïne : mode d’usage : sniff +++
• Prise nasale : doses usuelles 20 à 100 mg
• Un rail ≃ 50 mg
• Voie de consommation la plus utilisée
• Pas de flash
• Bien-être physique et intellectuel + long / inject.
Cocaïne : mode d’usage : injection
• Injection IV : doses usuelles 20 à 40 mg
• Usagers plutôt poly-consommateurs
• « super défonce »
• Effets brefs (10 min)
• Irrépressible envie « d’en reprendre »
• de cet usage depuis 4 ans
Cocaïne : mode d’usage : inhalation
• Voie fumée : doses usuelles 25 à 40 mg
• Emploi de pipes artisanales
• Caillou chauffé sur un filtre huile
• Fumée est inhalée à grande bouffée
• Pipe utilisée X fois
• Effets + rapides et + intenses que le sniff
Cocaïne : mode d’usage : inhalation
Cocaïne : mode d’usage : inhalation
• Pratique à moindre risque (VIH, hépatite)
• « basage » = test pour vérifier pureté COC
= procédé de purification
• Fumée / cigarette ou joint = « Dame blanche »
• Cette consommation passe inaperçue
• Peu ou pas de désapprobation sociale
Cocaïne : mode d’usage
Au cours du mois écoulé
Espace festif techno
2004-2005Structures
sociosanitaires 2008
Structures de réduction des
risques
Usagers de PoudreFree
basePoudre Crack Poudre Crack
Sniff 98 % 2 % 64 % --- 42 % 2 %
Injection < 1% 0 % 26 % --- 53 % 8 %
Inhalation 19 % 99 % 29 % 91 % 23 % 96 %
Cocaïne : conséquences de l’usage
• Atteintes pulmonaires, musculaires, rénales
• Lésions cloison nasale
• Fièvre, délire, convulsions
• Tr. psy. fréquents et durables : instabilité
humeur, angoisses, délire persécution…
• IV : risque infectieux (hépatites B et C, VIH…)
Cocaïne : conséquences de l’usage
• Forte dépendance psychique
•1 usager sur 5 sombre dans l’addiction totale (INSERM)
• Risque si injectée ou si usage crack
• Accidents cardiaques (tachycardie, contract. art, HTA)
• Accidents vasculaires cérébraux
• 3,1 % morts subites Espagne1 (méca card. ou céréb.)
1. Eur Heart J. 2010
Cocaïne et crack : phénomènes marquants depuis 2007
• COC : poursuite de la diffusion de l’usage
•COC : fort pouvoir addictif +++ (manque de structures)
• extension de l’expérimentation COC basée
• enracinement d’un nouvel usage : COC fumée
• intégration COC / réseaux vente cannabis
Cocaïne et crack : phénomènes marquants depuis 2007
• au moins 500 morts en Europe (OEDT, 2007)
• décès liés aux drogues en France : 28 % COC (2007)
• 3,1 % des morts subites en Espagne (2010)