Quels sont les bienfaits de l’écosystème mangrove ?
A quel niveau de dégradation se trouve cet écosystème ?
Quelles stratégies adopter pour préserver cet écosystème ?
La mangrove,
un écosystème à protéger... Guide pratique
à l’usage des Communautés Rurales
du Delta du Saloum, Sénégal
Capitalisation de l’expérience de l’ONG ADG
Edition septembre 2012
Financement :
2
TABLE DES MATIÈRES
Liste des sigles
Préface
Introduction
1. Informations générales
1.1. Présentation de la mangrove
1.2. Utilité de la mangrove
1.3. Etat général de dégradation de la mangrove
1.4. Facteurs de dégradation de la mangrove
1.5. Impact de l’activité humaine sur la mangrove
Synthèse
2. Niveau d’exploitation de la mangrove
2.1. Méthodologie
2.2. Situation dans le Delta du Saloum
2.3. Situation par Communauté Rurale
Synthèse
3. Stratégie de gestion durable de la mangrove
3.1. Description de la stratégie d’action
3.2. Déroulement de la stratégie d’action
3.2.1. La préparation
3.2.2. La mise en œuvre
A. Les actions visant à diminuer la pression anthropique
A.1. Utilisation de foyers améliorés
A.2. Organisation du fumage de poissons
A.3. Pratique de l’ostréiculture
A.4. Développement de l’apiculture
B. Les actions de règlementation de la coupe et de contrôle
B.1. Règlementation de la coupe
B.2. Contrôle des surfaces de mangrove
C. Les actions de reboisement
C.1. Reboisement de la mangrove
C.2. Création de bois de village
3.2.3. L’évaluation de l’action
Synthèse
4. Perspectives et questions à approfondir
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TABLE DES MATIÈRES
Annexes
Annexe 1 : Personnes de contact
Annexe 2 : Fiche de préparation d’une action de gestion durable
Annexe 3 : Comment confectionner des guirlandes ostréicoles ?
Annexe 4 : Comment confectionner des bottes ?
Annexe 5 : Tableau récapitulatif de la croissance de la mangrove par CR et des be-soins en bois de palétuvier
Annexe 6 : Comment délimiter des parcelles de coupe ?
Annexe 7 : Exemple de calendrier de coupe (CR de Djirnda)
Annexe 8 : Comment effectuer le suivi des parcelles de coupe ?
Annexe 9 : Comment installer une pépinière d’Avicennia ?
Annexe 10 : Comment évaluer un reboisement ?
Annexe 11 : Quelles espèces planter dans un bois de village ?
Annexe 12 : Comment installer une pépinière pour constituer un bois de village ?
Annexe 13 : Fiche d’évaluation d’une action de gestion durable
Lexique
Bibliographie
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LISTE DES SIGLES
Aide au Développement Gembloux
Association pour la Promotion des Initiatives Locales
Assistant Communautaire
Commissariat Général aux Relations Internationales de la Communauté
française de Belgique – Division des Relation Internationale
Communauté Rurale
Direction des Parcs Nationaux du Sénégal
Association Japonaise de Technologie Forestière
Agence Japonaise de Coopération Internationale
Projet d’Appui à la Gestion Durable de la Mangrove du Delta du Saloum
Programme pour le Développement des Energies Renouvelables
Parc National du Delta du Saloum
Réserve de Biosphère du Delta du Saloum
Union Européenne
West African Association for Marine Environment
Wallonie-Bruxelles Internationale
ADG
APIL
ASCOM
CGRI-DRI
CR
DPNS
JAFTA
JICA
PAGEMAS
PRODER
PNDS
RBDS
UE
WAAME
WBI
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PRÉFACE
L’élaboration de ce guide découle de la volonté de l’ONG ADG (Aide au Développement Gem-
bloux – ONG belge reconnue au Sénégal) de partager les connaissances qu’elle a acquises en
matière de gestion et d’aménagement de mangrove dans le Delta du Saloum, au Sénégal.
Depuis 2002, ADG et ses partenaires ont mis en œuvre un programme d’appui à la gestion du-
rable de la mangrove dans les CR de Bassoul, Djilor, Djirnda et Toubacouta. Ce projet s’est dé-
roulé en deux phases. La première, intitulée « Appui à la gestion communautaire des ressources
naturelles des forêts de mangrove dans la RBDS» a été mis en œuvre entre 2000 et 2006 sur
financement de l’UE, en partenariat avec WAAME, Nature + et la Direction des Parcs Nationaux
du Sénégal (DPNS). La seconde, intitulée « Renforcement des capacités des populations locales
du Delta du Saloum pour un développement durable », a été exécutée entre 2007 et 2009, en
partenariat avec l’Association pour la Promotion des Initiatives Locales (APIL), grâce à un finan-
cement du CGRI-DRI.
Pour réaliser ce guide, ADG s’est également inspirée d’études et de rapports réalisés par
d’autres opérateurs actifs dans le domaine de la mangrove du Delta du Saloum entre 2002 et
2010, notamment dans le cadre du « Projet d’Appui au renforcement des capacités locales pour
une Gestion durable de la Mangrove dans le Delta du Saloum – PAGEMAS », financé par la JICA
(Agence Japonaise de Coopération internationale) et mis en œuvre par le JAFTA (Association
japonaise de technologie forestière). Les illustrations et photos proviennent soit de ces études
soit de l’équipe de communication d’ADG.
Le présent guide est complémentaire à un manuel pratique destiné aux volontaires forestiers et
aux populations. Ce manuel pratique détaille à l’aide d’illustrations les actions à entreprendre afin
de restaurer et conserver la mangrove. Il est important pour ADG de développer des outils spéci-
fiques à chaque catégorie d’acteurs, car la restauration et la préservation de la mangrove con-
cernent chacun d’eux. L’avenir de cet écosystème dépend de l’action de chacun. Il est dès lors
important que chacun dispose des connaissances nécessaires pour agir à son niveau de manière
responsable. Il faut que les populations puissent tirer profit des ressources de l’écosystème man-
grove, et ainsi répondre à leurs besoins présents sans pour autant compromettre la capacité des
générations futures à répondre aux leurs. C’est une gestion durable de la mangrove qui est ici
visée.
Ce guide constitue donc une contribution d’ADG à la recherche de solutions pour une meilleure
gestion de l’écosystème mangrove dans le Delta du Saloum. ADG s’inscrit dans un processus
d’apprentissage mutuel et continu. Elle souhaite dès lors que ce document puisse être enrichi et
amélioré à l’avenir. Elle se veut à l’écoute de toutes vos critiques, suggestions et retours d’expé-
riences allant dans ce sens.
Fabien Locht
Coordinateur d’ADG Afrique de l’Ouest
6
INTRODUCTION
Quel est l’objectif de ce guide ?
Ce document est consacré à l’écosystème mangrove du Delta du Saloum qui s’étend dans les
communautés rurales (CR) de Bassoul, Dionewar, Djilor, Djirnda, Diossong, Palmarin et Touba-
couta, dans la région administrative de Fatick. Cet écosystème est indispensable à la survie et au
développement des populations locales, car il remplit de nombreuses fonctions. Malheureuse-
ment, la mangrove se dégrade de plus en plus suite à son exploitation par l’homme (coupe de
bois pour la cuisine, la construction, etc.) et aux impacts de différents phénomènes liés aux chan-
gements climatiques. Depuis plus de 30 ans, divers programmes de préservation et de restaura-
tion de la mangrove ont été entrepris au Sénégal, initiés à la fois par les populations locales,
l’Etat, les différents bailleurs et les ONG. Malgré cela, on constate une dégradation croissante de
cet écosystème.
Dans ce contexte, le présent guide cherche à atteindre un triple objectif :
- donner de l’information sur l’écosystème mangrove : son utilité, ses facteurs de dégradation et
le rôle des populations dans ce processus de dégradation;
- fournir un outil pratique, permettant de situer la mangrove d’une communauté rurale sur une
échelle de dégradation et d’identifier les activités humaines à l’origine de cette dégradation ;
- proposer des stratégies et solutions techniques, permettant aux collectivités locales et aux po-
pulations de renforcer leurs capacités de réhabilitation de la mangrove et de tenter d’inverser le
processus en cours.
A qui est destiné ce guide ?
Ce guide est avant tout destiné aux personnes qui agissent et qui sont amenées à définir et con-
duire les grandes orientations en matière de gestion durable de la mangrove. Il concerne égale-
ment les formateurs qui doivent acquérir et transmettre un savoir en matière d’aménagement et
de gestion durable de la mangrove.
Comment a été conçu ce guide ?
Pour concevoir ce guide, nous nous sommes avant tout basés sur les différents rapports, études
et manuels techniques qui avaient été rédigés dans le cadre du projet mis en œuvre par ADG
dans le Delta du Saloum. Nous avons également consulté d’autres études réalisées dans le
cadre de projets menés dans la mangrove entre 2000 et 2010.
Nous avons ensuite réalisé un travail de compilation et de vulgarisation de ces données afin de
les rendre accessibles à un large public. Enfin, nous sommes descendus sur le terrain afin de vé-
rifier la pertinence et l’actualité des informations utilisées.
7
INTRODUCTION
Que trouve-t-on dans ce guide ?
Ce guide se veut un outil éducatif adapté aux réalités des communautés rurales de la zone. Il met
à la disposition de chacune de ces CR les données concernant l’écosystème mangrove propre à
sa localité et propose une série de bonnes pratiques pour une gestion durable de cet écosys-
tème. Il est organisé de la manière suivante :
Premier chapitre : Informations générales
Le premier chapitre a surtout un caractère informatif. Son but est de présenter brièvement l’éco-
système mangrove, son utilité et le processus de dégradation en cours. Parmi les facteurs à l’ori-
gine de sa dégradation, nous nous étendons davantage sur les activités humaines ayant un im-
pact néfaste sur la mangrove.
Deuxième chapitre : Niveau d’exploitation de la mangrove du Delta du Saloum
Dans ce chapitre, nous présentons, à l’aide de cartes, les zones de mangrove dégradées. Nous
situons ainsi chaque CR sur une échelle de dégradation de la mangrove. Nous proposons égale-
ment, pour chaque CR, un diagnostic de la consommation de bois de mangrove par activité.
Troisième chapitre : Stratégies et solutions techniques
Ce chapitre propose des stratégies et solutions techniques concrètes et détaillées pour : 1/
diminuer la pression exercée sur la ressource mangrove, 2/ réglementer sa coupe et contrôler
son utilisation et 3/ reboiser la mangrove. A travers ces 3 types d’actions, nous visons à encoura-
ger la gestion durable du bois de mangrove par l’ensemble d’une communauté.
A l’intérieur de chaque chapitre, nous avons inséré des encadrés. Ceux-ci visent à donner de
l’information supplémentaire sur un sujet particulier. A la fin du manuel, nous proposons des pers-
pectives et questions à approfondir pour enrichir les connaissances de l’écosystème mangrove et
en améliorer ainsi la gestion (chapitre 4). Un lexique est également proposé. Celui-ci reprend
tous les termes indiqués en bleu dans le texte.
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1. INFORMATIONS GENERALES
1.1. Présentation de la mangrove
Qu’est-ce que la mangrove ?
La mangrove est un écosystème complexe, composé de végétaux, principalement ligneux, qui ne
se développe que dans la zone de balancement des marées sur les côtes basses des régions
tropicales.
Les principales espèces végétales que l’on trouve dans la mangrove sont les palétuviers. Elles
ont pour caractéristique de s’adapter à un milieu hostile. C’est ainsi qu’elles sont capables de
croître dans des zones où la salinité est très élevée, d’avoir leurs racines immergées la plupart du
temps et de se développer dans la vase (Poto poto), pauvre en oxygène et en nutriments.
Dans quelles régions du monde la trouve-t-on ?
Dans le monde, on trouve des formations de mangrove dans 124 régions littorales marines tropi-cales.
La carte ci-dessus * nous permet de situer les différentes zones de mangrove (lignes rouges). Sur le continent africain, la mangrove couvre une superficie de plus de 3,2 millions d’hectares, ce qui représente environ 19% de la superficie totale de mangrove au niveau mondial. Les man-groves sont réparties sur le littoral atlantique occidental (1,5 million d’hectares, 49 %), le littoral atlantique central (0,4 million d’hectares, 14 %) et le littoral de l’océan indien (1,2 million d’hec-tares, 37 %)**.
*Illustration de LEBIGRE J.-M., intitulée: « Distribution des marais à mangrove dans le monde: carte ».
** Tiré de l’article « Etat actuel et conservation de la mangrove »
Figure 1:
I
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PRÉSENTATION DE LA MANGROVE
Sur le littoral atlantique occidental, les mangroves sont présentes en Mauritanie, au Sénégal en
Guinée Bissau et au sud de la République de Guinée; dans le golfe de Guinée, elles s’étendent
depuis les côtes du Liberia jusqu’à celles de l’Angola.
Quelles sont l’étendue et l’importance de la Réserve de Biosphère du Delta du
Saloum (RBDS) ?
Au fil des ans, pour répondre à l’importance économique et écologique du Delta du Saloum, des
mesures de protection de la biodiversité ont été adoptées par l’Etat et la communauté internatio-
nale. En 1976, une partie du Delta (76 000 ha) a été érigée en Parc National du Delta du Saloum
(PNDS).
10
PRÉSENTATION DE LA MANGROVE
En 1981, la partie continentale du Delta a été jointe au PNDS afin d’être inscrite en tant que ré-
serve de biosphère (voir descriptif dans l’encadré ci-dessous). La Réserve de Biosphère du Delta
du Saloum (RBDS) s’étend sur une surface de 234 000 ha, dont 58 300 ha de mangrove. Elle est
située dans les régions administratives de Fatick, de Kaolack et de Thiès. La RBDS concentre
une part importante des ressources fauniques et floristiques du Sénégal. On y retrouve 95 es-
pèces d’oiseaux, 114 espèces de poissons, 35 espèces de grande et moyenne faune ainsi que
186 espèces de végétation ligneuse. La RBDS est notamment le premier site mondial de repro-
duction de la sterne royale. C’est un site important de reproduction de la tortue verte (Chelonia
Midas), du lamantin et du dauphin Souza. Il s’agit également du 6e estuaire mondial en terme de
diversité ichtyofaunique.
I
Descriptions des réserves de biosphère
Les réserves de biosphère sont des sites désignés par des gouvernements nationaux et recon-
nus par l’UNESCO. Elles ont pour objectif de promouvoir un développement durable basé sur
les efforts combinés des communautés locales et du monde scientifique. Elles concilient conser-
vation de la diversité biologique et culturelle et développement économique et social. Les ré-
serves de biosphère ont 3 fonctions : la conservation, le développement et le soutien logistique.
Elles sont divisées en 3 zones concentriques (voir schéma ci-après) qui remplissent ces 3 fonc-
tions :
- une zone centrale : il s’agit d’une zone protégée réservée à la conservation biologique, à la
surveillance d’écosystèmes très légèrement perturbés, à la mise en œuvre d’activités ayant un
faible impact (comme l’éducation, la recherche…). En plus de cette fonction de conservation,
cette zone assure une multitude de services tels que la séquestration de carbone, la stabilisation
des sols, l’épuration de l’air et de l’eau, etc. Ceux-ci ont un objectif de conservation mais peu-
vent être calculés en termes économiques. Les opportunités d’emploi peuvent également com-
pléter les objectifs de conservation (recherche, éducation environnementale, mesures de con-
servation, etc.)
- une zone tampon : cette zone entoure généralement la zone centrale. Elle est utilisée pour
mener des activités coopératives dans le respect des principes écologiques, incluant l’éducation,
les loisirs, la recherche et l’écotourisme. En plus de cette fonction « tampon », cette zone peut
avoir un objectif propre de conservation de la diversité anthropique, biologique et culturelle. Elle
permet également de faire le lien entre la zone centrale et la zone de transition
- une zone de transition : cette zone a pour fonction centrale le développement durable qui peut
être assimilé à une variété d’activités agricoles, d’habitat ou destinées à d’autres usages. Ces
activités sont menées conjointement par les communautés locales, les agences de gestion, les
ONG, les scientifiques, les groupes culturels, les groupes d’intérêts économiques et d’autres
parties prenantes. Ceux-ci travaillent à la gestion et au développement durable des ressources.
11
PRÉSENTATION DE LA MANGROVE
UNESCO, 2000
Depuis 1984, la RBDS est également classée comme zone humide d’importance internationale,
ou « site Ramsar ». En effet, par la signature de la convention Ramsar, l’Etat sénégalais s’est en-
gagé à :
- veiller à une gestion efficace de la RBDS;
- œuvrer pour une utilisation rationnelle de cette zone sur différents plans (dans le cadre de
l’aménagement national du territoire, au travers de politiques et de législations pertinentes, et
par des mesures de gestion et d’éducation du public);
- coopérer au niveau international, en ce qui concerne la gestion des zones humides.
Ce guide se concentre sur la mangrove du Delta du Saloum qui s’étend sur une superficie de
58 300 ha dans les communautés rurales de Bassoul, Djirnda, Djilor, Dionewar, Diossong, Pal-
marin et Toubacouta.
12
PRÉSENTATION DE LA MANGROVE
Quelle végétation retrouve-t-on dans la mangrove du Saloum ?
Les espèces végétales dominantes dans la mangrove du Delta du Saloum sont le Rhizophora et
l’Avicennia, qui appartiennent tous deux à la famille des palétuviers. Comme on peut le voir sur le
schéma ci-dessous, au fur et à mesure que l’on s’éloigne des bolongs (chenal), les palétuviers
laissent progressivement place à d’autres types de végétation :
1. Mangrove : Rhizophora harrisonii/racemosa (hauteur moyenne: 5 à 12 m);
2. Mangrove : principalement Rhizophora mangle (hauteur moyenne : 1 à 3 m);
3. Mangrove : espèce dominante, Avicennia africana (hauteur moyenne: 1 à 2 m);
4. Tanne : sol sec dépourvu de végétation ou quelques Cypéracées (Seirpus sp);
5. Bordure : Aizoacées, Sesuvium portulacastrum;
6. Côte sableuse : Arbustes (Conocarpus crectus);
7. Végétation continentale : Adansonia, Ptercarpus, Acacia sp., etc.*
.
* Structure linéaire peuplement naturel de mangrove au Sénégal, UNESCO 1983
Les deux principaux genres de palétuviers que l’on trouve dans le Delta du Saloum
sont Rhizophora (palétuvier rouge) ou « Ndiasné » et Avicennia (palétuvier blanc) ou
« Nbougane ». Le genre Rhizophora comprend 3 espèces : Rhizophora mangle, Rhizo-
phora racemosa et Rhizophora harrisonii. Le genre Avicennia comprend quant à lui une
seule espèce : Avicennia africana. Les principaux critères de distinction de ces deux
genres sont repris dans la tableau de la page suivante.
Comment différencier le Rhizophora de l’Avicennia ?
« Structure linéaire de peuplement naturel de mangrove au Sénégal », UNESCO, 1983
I
13
PRÉSENTATION DE LA MANGROVE
Tableau synthétique des distinctions entre les genres Rhizophora et Avicennia (ADG 2011)
* Etude pour une gestion durable de la mangrove de la Petite Côte et du Delta du Saloum de la Répu-
blique du Sénégal - Rapport final
Caractéristiques Rhizophora sp. Avicennia
Hauteur De 2 à 12 m, le Rhizophora est quant à lui classé comme « mangrove haute ».
De 1 à 2m, l’Avicennia est de ce fait classé comme « mangrove basse ».
Localisation Pousse aux abords immé-diats du chenal. Les 3 es-pèces que comprend le genre Rhizophora ne sont pas facilement distinguables.
Pousse au voisinage de la terre ferme, en général en arrière zone de la mangrove à Rhizophora (entre cette espèce et les essences fo-restières continentales).
Fleur Fleur arrondie ou angulaire. Le nombre varie selon les espèces.
Petite fleur blanche, entou-rée à la base par une brac-tée ou une paire de brac-téoles.
Feuillage Feuillage vert foncé à vert clair. Les feuilles sont de taille moyenne et leurs som-mets peuvent être courbés ou non.
Feuilles verdâtres criblées de minuscules trous de chaque côté. On remarque parfois sur ces feuilles d’im-portantes sécrétions de sel. Ceci constitue un méca-nisme de lutte contre les ef-fets nocifs d’une forte salini-té.
Fruits Appelés propagules, ses fruits ont la particularité de germer sur l’arbre. Par la suite, ils se détachent pour être emportés par la marée.
Ses fruits verts pâles, de forme ovale et légèrement aplatie, ne germent pas sur l’arbre. Ce sont des dias-pores.
Racines Les racines de Rhizophora sont aériennes. Elles sont cependant immergées à ma-rée haute.
Les racines ont des excrois-sances, appelées pneuma-tophores. Ces pneumato-phores peuvent avoir plu-sieurs formes et permettent à l’arbre de respirer.
Résistance au sel Rhizophora résiste à la sali-nité mais dans des zones moins salées que l’Avicen-nia: pas plus de 60g/l*. On le retrouve généralement en bordure de bolong où la sali-nité est moins élevée qu’à l’intérieur des terres (voir schéma page précédente).
Avicennia est une espèce qui supporte des salinités plus élevées que le Rhizo-phora: jusqu’à 80g/l*. En ob-servant ses feuilles, on peut y voir du sel éliminé par l’arbre.
14
UTILITÉ DE LA MANGROVE
1.2. Utilité de la mangrove
Pourquoi gérer et réhabiliter la mangrove ?
Parce que la mangrove remplit de nombreuses fonctions :
Ces fonctions correspondent à un certain nombre de services,
fournis par l’écosystème mangrove.
Ceux-ci sont décrits dans les points suivants.
Pêche et collecte de mollusques et d’huîtres
Les poissons et les crustacés font partie intégrante de l’alimentation de base des populations du
Delta. Les ménages dépensent la plus grande partie de leur budget nourriture quotidien pour
l’achat de poisson (300 à 400 FCFA/jour). Plus de 115 espèces différentes de poissons viennent
se reproduire et croître dans la mangrove du Delta du Saloum. La pêche et la collecte des mol-
lusques fournissent également des revenus importants aux populations. Entre 9000 et 10 000
personnes sont actives dans ce secteur dont 7000 à 7500 pêcheurs. Les prises annuelles de
poissons et de crevettes sont estimées à 15 000T. La production de mollusques s’élève quant à
elle à 2600T. On considère que 5 à 10% de cette production est destinée à l’approvisionnement
des ménages de pêcheurs, tandis que le reste de la production est consacré à la vente sur les
marchés locaux ou à l’exportation vers les marchés étrangers. La valeur ajoutée générée par la
vente de poisson frais et transformé est estimée à 1,9 milliard de FCFA par an dans le Delta du
Saloum (à l’exclusion de la rémunération du capital et de la main d’œuvre)*.
Production de miel
L’apiculture est pratiquée au Sénégal de manière traditionnelle depuis des décennies. C’est une
activité génératrice de revenus qui s’intègre dans une approche de gestion durable de l’environ-
nement. Elle contribue au maintien de la biodiversité et à l’augmentation du rendement des cul-
tures. Elle peut jouer un rôle important dans la lutte contre la déforestation et les feux de brousse.
Le miel est également bien connu pour ses propriétés nutritionnelles et ses vertus médicinales
(favoriser la cicatrisation, fabriquer des médicaments, etc.).
La zone présente la particularité de permettre la production de miel monofloral de mangrove. Ce
miel est très apprécié par les populations en raison de son goût spécifique. De plus, le revenu
potentiel pour les apiculteurs est supérieur aux revenus générés par la production de miel polyflo-
ral. Le bénéfice moyen annuel réalisé par un apiculteur est de 50 000 FCFA. Il existe un potentiel
important de développement de l’activité apicole dans le Delta du Saloum. Les ressources agro-
forestières sont nombreuses et variées. L’alternance de floraisons qui se poursuit tout au long de
l’année permet la production de miel en quantité.
Les besoins en miel au Sénégal sont estimés à 2kg/habitant/an. Il faudrait donc produire 693T
annuellement pour subvenir aux besoins en miel des populations du Delta.
* Chiffre provenant de l’étude « Evaluation économique des ressources sauvages au Sénégal - Evaluation
préliminaire des produits forestiers, non ligneux , de la chasse et de la pêche continentale »
I
ALIMENTAIRE
ÉCONOMIQUE
CULTURELLE
MÉDICINALE
ÉCOLOGIQUE
HABITAT
15
UTILITÉ DE LA MANGROVE
L’apiculture offre également d’autres avantages aux populations, car elle leur permet de :
générer un revenu complémentaire pour les familles exploitantes, à partir de la commer-
cialisation du miel et des autres produits dérivés ;
favoriser l’équilibre nutritionnel des populations, en consommant du miel;
améliorer la santé, grâce à l’utilisation du miel (cicatrisation, brûlures et nombreuses
pathologies (apithérapie)), de propolis (antibiotique léger), de pollen, et à terme, de ge-
lée royale ;
protéger l’environnement, en luttant contre la déforestation et les feux de brousse;
contribuer au maintien de la biodiversité ;
augmenter la production agricole (de 20 à 50% sauf cas particulier), suite à la pollinisa-
tion des cultures vivrières et de rente par les abeilles ;
créer de l’emploi pour les artisans locaux : la quasi-totalité des équipements et outils
apicoles peut être produite localement.
Culture et loisirs
La mangrove du Delta du Saloum, en raison de sa beauté de ses paysages et de sa diversité bio-
logique, attire annuellement de nombreux touristes. Il s’agit d’un des sites touristiques les plus
visités au Sénégal.
La mangrove recèle également des valeurs spirituelles et sociales importantes pour les popula-
tions qui y vivent.
Approvisionnement en bois
La plupart des habitants du Delta du Saloum utilisent le bois de mangrove pour cuisiner et pour
construire leurs habitations. L’impact de ces activités humaines sur la mangrove sera détaillé plus
loin dans ce chapitre (page 24).
Abeilles à l’entrée d’une ruche im-
plantée dans la mangrove.
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UTILITÉ DE LA MANGROVE
Diminution de l’impact des inondations
La mangrove sert de barrière entre la mer et les zones habitées. Elle freine l’eau lors des grandes
marées et permet ainsi d’éviter des inondations dans les villages.
Purification de l’air et prévention du
réchauffement climatique
La mangrove, comme n’importe quelle forêt,
absorbe du dioxyde de carbone (CO2) en
stocke une partie et rejette de l’oxygène.
Elle joue un rôle purificateur de l’air. Il est
reconnu sur le plan international que l’ab-
sorption du dioxyde de carbone permet de
prévenir le réchauffement climatique, car le
CO2 fait partie des gaz à effets de serre
(GES).
Atténuation de la pollution
La mangrove a une fonction d’épuration des eaux. Elle fixe les impuretés contenues dans l’eau et
en améliore ainsi la qualité. Si les formations de mangrove continuent à se dégrader, il est fort
probable que la qualité des eaux du Delta se détériorera, ce qui pourrait avoir des conséquences
très néfastes pour la faune et la flore qui en dépendent.
Habitat et refuge pour la faune sauvage
Dans le Delta du Saloum, on retrouve plus de 35 espèces de faune sauvage (grande et
moyenne). Pour un effectif se situant autour de 100 000 individus, 95 espèces d’oiseaux y ont été
recensées. Aussi, le Delta du Saloum est-il considéré comme le premier site mondial de repro-
duction de la sterne royale. C’est également un site de reproduction pour les tortues vertes, les
dauphins et les lamantins. Enfin, de nombreux insectes pollinisateurs y sont présents.
Pharmacopée
La mangrove regorge de produits ligneux et non ligneux utiles pour la pharmacopée tradition-
nelle. Les feuilles d’Avicennia sont utilisées pour la fabrication de médicaments (médecine tradi-
tionnelle), en décoction et comme huile de massage.
Le réchauffement climatique
Le climat de la planète dépend de nombreux fac-
teurs, principalement de la quantité d’énergie pro-
venant du soleil, mais aussi de facteurs tels que la
teneur en gaz à effet de serre et en aérosols pré-
sents dans l’atmosphère.
L’atmosphère laisse passer une partie du rayonne-
ment du soleil qui vient frapper le sol. Réchauffé,
le sol émet un rayonnement infrarouge qui est en
partie ou totalement piégé par l’atmosphère ren-
due imperméable par la présence de gaz. Il y a
alors une isolation accrue de la planète et un ré-
chauffement général. En raison des activités hu-
maines telles que l’agriculture intensive ou l’utilisa-
tion des combustibles fossiles, la concentration de
gaz à effet de serre dans l’atmosphère a fortement
augmenté ces dernières années participant de la
sorte au réchauffement climatique de la planète.
I
17
FACTEURS DE DÉGRADATION DE LA MANGROVE
1.3. Etat général de dégradation de la mangrove*
Depuis 1980, 3,6 millions d’hectares de mangrove ont disparu dans le monde, soit 20% de la su-
perficie mondiale totale. Sur le plan mondial, on constate que le taux de disparition de la man-
grove est sensiblement plus élevé que n’importe quel autre type de forêt.
En Afrique, la superficie de mangrove disparue s’élève à 510 000 hectares, soit 14% de la super-
ficie totale présente sur le continent. Au Sénégal, on estime qu’entre 1980 et 2005, la mangrove
en effet a perdu 14% de sa superficie, en passant de 169 000 à 115 000 hectares.
A ce jour, nous ne disposons pas de chiffres précis concernant l’état de dégradation de la man-
grove dans le Delta du Saloum. Nous pouvons cependant présenter les principaux facteurs de
dégradation qui ont été identifiés dans cette zone.
1.4 Facteurs de dégradation de la mangrove du Saloum
Il y a 6 facteurs principaux qui ont été identifiés pour expliquer la dégradation de l’écosystème
mangrove dans le Saloum :
la baisse de la pluviométrie, observée entre 1970 et 2000 ;
l’augmentation de la salinité de l’eau et des terres ;
l’acidification des terres ;
Rupture de la pointe de Sangomar ;
l’ensablement ;
la coupe des palétuviers par les populations.
Nous donnons ci-dessous une explication plus détaillée de chacun de ces facteurs.
Baisse de la pluviométrie
A partir des années 70, on a constaté au Sénégal une baisse importante et brutale de la pluvio-
métrie. Ce phénomène est considéré, par beaucoup, comme un des premiers signes de change-
ments climatiques. Cette période de sécheresse s’est prolongée jusqu’au milieu des années 90 et
a profondément affecté les systèmes de culture et la sécurité alimentaire du pays. Elle a égale-
ment eu des conséquences importantes sur l’écosystème de mangrove, en contribuant fortement
à l’augmentation de la salinité de l’eau et des terres; et par là même, à la création de tannes et à
la disparition des palétuviers dans certaines zones. Depuis 15 ans, on observe une réaugmenta-
tion des précipitations. Cette pluviométrie plus avantageuse, accompagnée d’une sensibilisation
de la population, a permis de débuter la régénération des massifs forestiers au Sénégal, et en
Afrique de l’Ouest en général.
* Informations tirée de l’article « Disparition alarmante des mangroves » et chiffres tirés de « Les man-
groves dans le monde 1980 - 2005 »
18
FACTEURS DE DÉGRADATION DE LA MANGROVE
Augmentation de la salinité (eau et terres)
La salinité des eaux du Saloum est, presque
partout, supérieure à celle de l’eau de mer,
estimée en moyenne à 35g/l *. On a ainsi
enregistré dans certains bolongs (région de
Sokone) des taux de salinité allant jusqu’à
100g/l.
Le taux de salinité devient de plus en plus
élevé en progressant de l’embouchure du
fleuve vers l’amont. Cette augmentation de la
salinité de l’eau a une influence négative sur
la reproduction des poissons et des mol-
lusques. Elle a également pour conséquence
d’augmenter la salinité des terres.
Données tirées du mémoire intitulé « Contribution des reboisements de mangrove du delta du Saloum
(Sénégal) à la séquestration de carbone atmosphérique : cas des villages de Djirnda et de Sanghako »
I
Phénomène de salinisation de l’eau
L’estuaire du Saloum est un estuaire inversé. La
salinité de l’eau y augmente de l’aval (la mer)
vers l’amont (les fleuves) et ce, en raison du
faible volume de précipitations et d’une impor-
tante évaporation de l’eau. On constate en effet
que les fleuves du Saloum reçoivent peu d’apport
d’eau douce pendant une grande partie de l’an-
née car les précipitations y sont peu élevées.
Cette alimentation irrégulière des fleuves ajoutée
à leur évaporation crée un déficit hydrique. Les
eaux de mer coulent alors vers l’amont dans les
fleuves pour compenser ce déficit hydrique, ce
qui a pour conséquence d’augmenter la salinité
de l’eau.
Phénomène de salinisation des terres
Les palétuviers se développent dans des zones inondées par les marées. Lors du passage des
marées, les sédiments présents dans l’eau, dont le sel, se déposent sur le sol. Les palétuviers
ont pour caractéristique de pouvoir absorber des quantités importantes de sel. Ils permettaient,
jusqu’il y a peu, l’équilibre du milieu en empêchant la salinisation des terres intérieures. Mais
l’augmentation de la salinité de l’eau amène des quantités toujours plus importantes de sel sur
le sol. On a constaté que la capacité d’absorption du sel par les palétuviers était limitée. Une
trop forte salinité influence négativement le développement des palétuviers, surtout le Rhizopho-
ra, et ne favorise pas sa régénération. L’excédent de sel qui ne peut être absorbé par les palétu-
viers se cristallise sur le sol, ce qui finit par empêcher le développement de tout autre type de
végétation et entraîne la création de tannes. La présence plus ou moins marquée de tannes,
dans une zone plus que dans une autre, peut être due aux facteurs climatiques, à sa situation
géographique et au degré d’intervention de l’homme.
19
FACTEURS DE DÉGRADATION DE LA MANGROVE
De plus, comme le montre le schéma suivant, les chenaux, la mangrove et les tannes jouent un
rôle de « bouchon atténuateur d’échange » et participent encore à l’accentuation du phénomène
de salinisation.
En raison de l’effet de « bouchon », les masses d’eau situées en amont de l’estuaire circulent et
se renouvellent difficilement, ce qui entraîne l’accroissement de la salinité dans la zone en amont
du delta.
Figure 2: Effet de bouchon à l’origine de l’augmentation de la salinité
20
FACTEURS DE DÉGRADATION DE LA MANGROVE
Acidification des terres
Les sols de mangrove sont caractérisés par la présence de pyrite, espèce minérale composée de
sulfure de fer. La pyrite résulte de l’action des sulfates fournis par l’eau de mer sur le fer présent
dans le sol à l’état naturel. Cette réaction chimique permettant l’obtention de sulfure de fer se
produit généralement dans un milieu dépourvu d’oxygène, caractéristique des sols de mangroves
qui sont fréquemment immergés et sont donc peu en contact avec l’oxygène de l’air. Le sulfure
de fer est caractérisé par un potentiel acide.
Comme le montre le schéma ci-dessous, le palétuvier est capable de stocker dans ses racines
une grande partie de la pyrite, rendant de ce fait le pH du sol neutre. Mais lorsque le sol n’est
plus inondé, le contact prolongé de l’air avec le sol produit une oxydation de la pyrite qui conduit
à la formation de la jarosite, sulfate de fer et de potassium. La transformation de la pyrite en jaro-
site entraîne la libération d’un potentiel acide dans le sol. Le palétuvier n’absorbe pas dans ses
racines la jarosite. Cela explique que dans certaines zones de mangrove moins fréquemment
submergées, on assiste à une acidification du milieu. Cette acidification du sol entraîne la diminu-
tion de la surface de mangrove, les palétuviers ne supportant pas une acidité trop forte, et contri-
bue à la création de tannes.
Figure 3: Processus d’acidification des terres
I
21
FACTEURS DE DÉGRADATION DE LA MANGROVE
Rupture de la pointe de Sangomar
La pointe de Sangomar était à l’origine une bande de terre d’une quarantaine de kilomètres de
long, située au sud de Palmarin. La rupture de cette pointe a eu lieu au cours d’une tempête le 27
février 1987. La brèche, mesurant à l’origine quelques mètres, s’étend aujourd’hui sur plus de 5
km. C’est l’érosion hydrique qui est à l’origine de ce phénomène. Cette rupture a eu des consé-
quences dramatiques pour les populations vivant sur la pointe, notamment celles du village de
Djifer, dont une partie a dû être évacuée et relogée.
Cette brèche a permis l’entrée massive d’eau de mer dans certains bolongs, ce qui a engendré
une raréfaction de certaines espèces halieutiques et un écoulement plus rapide de l’eau du Delta.
Ensablement
Dans le Saloum, on constate un ensablement progressif de la partie continentale de la mangrove
dû aux érosions hydrique et éolienne.
Comme illustré ci-dessous, la terre et le sable amenés par l’eau et le vent viennent s’entasser au
niveau des vasières, sur lesquelles vient se fixer la mangrove, provoquant leur élévation. Cette
élévation entraîne une diminution de la période durant laquelle les pieds de mangrove sont sub-
mergés par la marée et une solidification des vasières. Cela a pour conséquence d’augmenter la
mortalité des pieds de mangrove et de rendre difficile leur régénération naturelle. L’ensablement
participe donc également au phénomène d’extension des tannes (tannification).
Figure 4: Processus d’ensablement des terres
22
FACTEURS DE DÉGRADATION DE LA MANGROVE
Coupe de palétuviers par les populations
Au Sénégal, la coupe de palétuviers est interdite par le code forestier national (loi 98-03 du 08
janvier 1998 et son décret d’application n°98-164 du 20 février 1998); à l’exception du bois mort
dont le droit d’usage est accordé aux riverains (cf. extrait dans l’encadré ci-dessous).
Malgré cette interdiction, de nombreux villageois coupent du bois de mangrove pour différents
usages dont la construction (cases, greniers à provisions, …), la préparation des repas, le fu-
mage de poisson, la cueillette et la transformation des huîtres, la transformation des mollusques,
etc. Les populations prétendent ne récolter que du bois mort mais en réalité elles coupent dans la
majorité des cas du bois vert qu’elles laissent ensuite sécher.
Cette pratique illégale est l’une des causes de dégradation de la mangrove. Ce sont surtout les
formations de Rhizophora, dont la hauteur et la valeur commerciale sont plus importantes, qui
sont touchées. L’Avicennia est quasi essentiellement utilisé pour la pharmacopée. Cette exploita-
tion risque de s’intensifier dans les années à venir à cause, d’une part de la pression démogra-
phique sans cesse croissante au niveau régional, et d’autre part, du manque de moyens dont dis-
posent le service des Eaux et Forêts pour sensibiliser les populations et effectuer des contrôles
dans les zones insulaires.
Extrait du code forestier sénégalais :
« Article L.10 : Dans les forêts du domaine national, les populations riveraines sont autorisées à
exercer des droits d’usage portant sur :
- le ramassage du bois mort et de la paille ;
- la récolte de fruits, de plantes alimentaires ou médicinales, de gommes, de résine et de miel ;
- le parcours du bétail, l’émondage et l’ébranchage des espèces fourragères ;
- le bois de service destiné à la réparation des habitations.
Ces droits n’entraînent aucun droit de disposer des lieux.
Article L.11 : Les droits d’usage ne s’appliquent pas aux périmètres de reboisement et de restau-
ration, aux parcs nationaux, aux réserves naturelles intégrales et aux forêts privées.
Article L.12 : Le droit d’usage est subordonné à l’état et à la possibilité de la forêt. Il peut être res-
treint ou suspendu par arrêté du Ministre chargé des Eaux et Forêts, dans les cas où le service
des Eaux et Forêts estime nécessaire d’apporter des restrictions en vue de sauvegarder la forêt.
Article L.13 : Les produits acquis en vertu du droit d’usage, strictement limités aux besoins per-
sonnels et familiaux des usagers, ne peuvent, en aucun cas, donner lieu à une transaction com-
merciale, à un échange ou à une cession. Ils ne peuvent circuler hors du territoire d’habitation du
bénéficiaire qu’après déclaration au service des Eaux et Forêts qui, s’il l’estime justifié, en donne
l’autorisation. »
I
23
FACTEURS DE DÉGRADATION DE LA MANGROVE
Interaction entre tous ces facteurs
Il nous a semblé utile dans ce chapitre d’expliquer individuellement les différentes causes à l’ori-
gine de la dégradation de la mangrove dans le Delta du Saloum. Nous souhaitons néanmoins
insister sur le fait que ces causes sont en forte interaction. Le schéma suivant montre comment
l’effet conjugué de tous ces éléments (baisse de la pluviométrie, salinisation, acidification, ensa-
blement, coupe par les populations) entraîne une dégradation progressive de l’écosystème man-
grove. Depuis 30 ans, on remarque que les facteurs les plus dégradants pour l’écosystème sont
ceux liés aux changements climatiques et que les facteurs anthropiques (relatifs à l’activité hu-
maine) jouent un rôle moins important dans cette dégradation. Les activités humaines ne sont
cependant pas à négliger, car elles ne cessent de s’intensifier avec l’augmentation de la pression
démographique et des besoins des populations en produits ligneux et non ligneux.
CAUSES
CONSÉQUENCES
Diminution de la productivité
halieutique (poissons,
huîtres et mollusques) et
disparition de nombreux
autres produits ;
Accentuation de l’érosion
hydrique ;
Diminution de la fertilité des
sols et développement de
tannes ;
Régression des palétuviers
et régénération naturelle
plus difficile ;
Dégradation de la qualité de
l’eau ;
Solidification des vasières et
augmentation de la mortalité
des palétuviers ;
Dégradation du cadre de vie
des populations (perte d’une
protection naturelle) ;
Destruction d’habitats de
faune sauvage.
Ensablement
(érosions)
Acidificatio
n
des terre
s
Augmentation de
la pression an-
thropique sur la
mangrove :
coupe de palétu-
viers (et sur-
pêche)
Salinisatio
n
(terre
s et eau)
Séch
eresse
Rupture de la pointe
de Sangomar
(perturbation des
régimes hydriques)
DÉGRADATION DE
LA MANGROVE
Croissance
démogra-
phique
Faible sensibili-
sation des popu-
lations et
manque de con-
trôle par le Ser-
vice des Eaux et
Forêts
SCHÉMA RÉCAPITULATIF DES FACTEURS DE DÉGRADATION DE LA MANGROVE
24
IMPACT DE L’ACTIVITÉ HUMAINE SUR LA MANGROVE
1.5. Impact de l’activité humaine sur la mangrove
Si l’activité humaine n’est pas actuellement le facteur le plus dégradant pour la mangrove, il s’agit
cependant du facteur sur lequel il nous est le plus facile d’agir. C’est pourquoi nous approfondi-
rons dans ce point les différentes activités humaines, identifiées comme responsables de la dé-
gradation de la mangrove.
Cuisine
Au niveau national, on estime qu’en moyenne un ménage consomme entre 4 et 5,5 kg de bois
chaque jour pour préparer ses repas. La plupart des habitants du Saloum utilisent uniquement du
bois de mangrove pour faire la cuisine. Leur consommation journalière se chiffre entre 6,5 et
9,5kg de bois de palétuvier. La population totale du Delta est estimée à 350 000 habitants, ce qui
correspond approximativement à 37 500 ménages.
Le bois de Rhizophora est beaucoup plus utilisé que celui d’Avicennia. La majorité des habitants
n’achète pas de bois. Ils ramassent le bois mort ou coupent du bois vert et le font sécher. Il est
néanmoins très difficile d’évaluer de manière précise quelle part du bois consommé par les popu-
lations est achetée, et quelle part est coupée. Cette évaluation est compliquée par le fait que les
coupes sont généralement effectuées à l’intérieur des formations de mangroves et ne sont donc
pas visibles depuis les bordures des bolongs.
Construction
Les populations utilisent des perches pour la construction des charpentes et des piquets pour la
construction des clôtures. Ici, pas question de ramasser le bois mort. Le bois de construction doit
avoir des dimensions précises. Une partie des perches et des piquets coupés sont destinés à la
vente en dehors du Delta du Saloum, dans de grands centres urbains comme c’est le cas à Kao-
lack. Là encore, il est difficile de chiffrer de manière précise la quantité de bois coupé destinée à
la vente et celle destinée aux usages privés.
Fumage de poisson
Le fumage de poisson est pratiqué dans le Delta du Saloum depuis de nombreuses années. Le
manque de moyens frigorifiques a beaucoup contribué au développement de l’activité de fumage.
Le seul poisson qui y est fumé est l’Ethmalose. Etant donné que l’activité de fumage ne cesse de
se développer, ce poisson fait l'objet d'une pêche de plus en plus intense . On le trouve de plus
en plus difficilement dans la zone. A partir du fumage de l’Ethmalose, deux produits finis sont ob-
tenus : le Kéthiakhe et le Bonga. Le Kéthiakhe est produit en plus grandes quantités. Pour con-
fectionner le kéthiakhe, le poisson est dépiauté, étêté et la queue est éliminée avant d’être com-
mercialisé. Le Bonga, lui, est vendu avec toutes les parties intactes (pour plus d’information, voir
l’encadré à la page suivante).
Le fumage se pratique généralement dans des fours traditionnels, caractérisés par leur longueur
(environ 20 m) et par de nombreuses ouvertures. Les fumeurs sont souvent propriétaires de leurs
fours. Ils peuvent aussi les louer auprès de certaines personnes à des coûts dérisoires (10 000
FCFA par an). Le prix de construction d’un four traditionnel s’élève minimum à 300 000 FCFA.
I
25
IMPACT DE L’ACTIVITÉ HUMAINE SUR LA MANGROVE
Un four standard (23,5 m2 de surface moyenne) permet lors d’une séance de fumage l’obtention
de 1 396 kg de poissons séchés à partir de 4 504 kg de poissons frais. L’opération nécessite 433
Kg de bois. Actuellement, on estime que dans le Delta du Saloum, 132 fours sont en activité. Ils
fonctionnent à raison de 3 fumages par semaine, pendant 5 mois de l’année.
Cette activité consomme donc annuellement approximativement 26 T de bois. Avant chaque nou-velle campagne, le four traditionnel doit être réfectionné, car il a subi les torts de l’hivernage et de l’eau de mer.
* Informations provenant des études « Appui au renforcement de la gestion durable de la mangrove du Del-
ta du Saloum - PAGEMAS », « Etude pour une gestion durable de la mangrove de la Petite Côte et du
Delta du Saloum de la République du Sénégal - Rapport intermédiaire », « Impacts socio-économiques et
écologiques du fumage de poisson dans la RBDS »
Les techniques de fumage
Elles peuvent différer en fonction que l’on souhaite obtenir du Kéthiakhe ou du Bonga. La durée
du fumage varie également fortement en fonction du produit que l’on souhaite obtenir, du temps,
de la saison et des exigences du fumeur.
Pour l’obtention du Kéthiakhe : le poisson peut être fumé une à deux fois. Chaque séance de fu-
mage dure entre 2 et 4 h de temps. En période d’hivernage, il est nécessaire de fumer au moins
deux fois les poissons alors qu’en saison sèche, une seule séance suffira. Le fumage s’effectue
souvent la nuit.
Pour l’obtention du Bonga : Le temps de fumage est plus long. La consommation de bois et le
temps de travail sont dès lors beaucoup plus élevés. Une même quantité de poissons peut être
fumée 4 à 5 fois et occuper un four pendant plusieurs jours. A chaque séance, la quantité de bois
est diminuée car le poisson est de plus en plus déshydraté. Entre deux étapes, tous les poissons
sont retournés. La flamme ne doit jamais toucher la grille. Les poissons étant commercialisés en-
tiers, ils perdent de leur valeur commerciale si les têtes sont brûlées. Le fumeur ne peut s’éloi-
gner du four pendant le fumage. Il doit toujours être vigilant et surveiller la direction du vent et la
montée des flammes. Le fumeur travaille de préférence tôt le matin. Les fumeurs se relaient et
passent chacun quelques minutes à côté du four. Le nombre de séance de fumage est fonction
de l’humidité des produits. Il peut arriver que certains poissons soient secs avant les autres, au-
quel cas il faut les extraire et continuer le fumage avec les autres.
Four traditionnel
26
IMPACT DE L’ACTIVITÉ HUMAINE SUR LA MANGROVE
L’activité de fumage dans la zone d’étude est principalement réalisée par des Guinéens et des
Burkinabés. Ils renvoient ensuite le poisson fumé dans leur pays d’origine. Une part marginale de
cette production se retrouve également sur les marchés locaux, ainsi qu’à Joal et à Kaolack.
Malgré le développement de cette activité, on note une série d’impacts négatifs sur les popula-
tions du Delta :
Il est vrai que les fumeurs guinéens et burkinabés fournissent de l’emploi et un revenu à
des femmes et à des pêcheurs locaux, mais ces derniers sont bien souvent exploités par
les fumeurs. Ainsi, les femmes décortiqueuses qui effectuent un travail relativement pénible
et dangereux (risques de blessures liées aux arêtes) sont payées 100 FCFA pour décorti-
quer une bassine de 29 kg de poissons. Les pêcheurs sont quant à eux souvent liés aux
fumeurs par des contrats. Les fumeurs leur fournissent, sous forme de prêts, le matériel
nécessaire à la pêche (pirogue, moteur, carburant, filets, etc.) En échange, les pêcheurs
s’engagent à rembourser en nature (poisson et bois de chauffe) la totalité du prêt estimé à
environ 3 500 000 FCA. Le prix d’achat du kilogramme de poisson est fixé par les fumeurs.
Ainsi, une caisse de poisson de 50 kg est vendue entre 1500 et 3500 FCFA. Les pêcheurs
qui ne sont pas liés aux fumeurs par des prêts sont obligés de s’aligner sur ces prix s’ils
souhaitent vendre leur marchandise. L’activité est donc bénéfique pour les quelques pê-
cheurs (généralement des personnes influentes du village) qui bénéficient de prêts mais
elle peut être néfaste pour les autres pêcheurs qui ne peuvent écouler leurs produits à des
prix compétitifs.
Bien qu’aucune étude n’ait été réalisée pour obtenir des chiffres précis, on observe depuis
plusieurs années une diminution des ressources halieutiques dans le Delta. On estime que
35 000 T de poissons sont pêchées annuellement pour le fumage de poissons. Les pois-
sons fumés étant majoritairement destinés à l’exportation, qui plus est à bas prix, il s’agit là
d’une véritable fuite de ressources alimentaires pour les populations du Sénégal.
Le fumage de poissons nécessite des quantités importantes de bois. Depuis plusieurs an-
nées, le bois mort est une ressource de plus en plus rare aux alentours des villages qui pra-
tiquent le fumage de poisson. Cela oblige les populations à parcourir, le plus souvent en
pirogue, des distances toujours plus importantes pour se fournir en bois mort. Les fumeurs
promeuvent la coupe illégale de bois en poussant les populations à leur vendre du bois vert
qui brûle plus lentement. Le fait de couper du bois vert contribue à la longue à la réduction
de la surface de mangrove. Les fours de fumage traditionnels consomment des quantités
de bois très importantes. Depuis une dizaine d’années, différents projets mis en œuvre
dans le Delta du Saloum ont proposé la construction de fours plus modernes et moins con-
sommateurs en bois. Plusieurs de ces fours ont été construits sur financement de ces pro-
jets, mais, dans la pratique, ils ne sont pas utilisés par les fumeurs étrangers.
Cueillette et transformation des huîtres*
La cueillette des huîtres consiste à détacher (détroquer) les huîtres qui se reproduisent de ma-
nière naturelle sur les racines de palétuviers. Cette activité se fait à marée basse en saison sèche
(de janvier à juin) entre 8h et 16h. Ce qui correspond approximativement à 110 jours chaque an-
née durant lesquels est pratiqué la cueillette des huîtres.
I
27
IMPACT DE L’ACTIVITÉ HUMAINE SUR LA MANGROVE
Les huîtres vivent à l’état naturel sur les racines des palétuviers qui sont découvertes à marée
basse. Pour effectuer la cueillette, les femmes saisissent la racine à la main ou avec un bâton
fourchu. A l’aide de leur autre main, elles peuvent détroquer les huîtres avec un coupe-coupe.
Mais bien souvent, les femmes préfèrent couper toute la racine et détacher les huîtres une fois de
retour à la maison. Cette technique est beaucoup moins fatigante et permet de gagner du temps.
Elle est aussi beaucoup plus destructrice pour la mangrove. La coupe des racines freine la crois-
sance des palétuviers, car celles-ci sont nécessaires au bon fonctionnement de l’arbre. Associée
à d’autres facteurs de dégradation, cette pratique peut donc entraîner la disparition des arbres
touchés.
Une femme récolte en moyenne 5 bassines d’huîtres par jour. Une bassine peut contenir 20 kg
d’huîtres fraîches. Chaque femme peut donc récolter 100 kg d’huîtres par jour et 11T sur toute la
saison. Ces dernières années, on a constaté une diminution du volume d’huîtres dans certains
bolongs, ce qui laisse à penser que la cueillette est trop importante et n’est pas compensée par la
reproduction naturelle.
La transformation des huîtres est une activité très courante dans la zone. Elle est essentiellement
pratiquée par les femmes. Etant donné que les populations ne disposent pas de moyens frigori-
fiques, les huîtres sont séchées afin de pouvoir être conservées. Les femmes les font générale-
ment bouillir afin de les ouvrir. Une fois qu’elles sont ouvertes, leur chair est séchée au soleil.
Pour faire bouillir 5 kg d’huîtres, 0,923 kg de bois de mangrove sont nécessaires. Sachant qu’une
femme récolte approximativement 100 kg d’huîtres par jour, la consommation de bois nécessaire
à la transformation des huîtres cueillies chaque jour est de 19,4 kg. On estime à 62,5 jours par an
le nombre de jours où la transformation est exercée. Le nombre de personnes actives dans la
transformation des coquillages est quant à lui estimé à 5 000 personnes.
Il nous faut également signaler ici que d’autres coquillages et mollusques sont récoltés et trans-
formés dans le Delta du Saloum. Ils sont généralement collectés dans l’eau à marée basse au
moyen de tamis. Leur collecte ne participe donc pas à la dégradation de la mangrove. Leur trans-
formation entraîne par contre la consommation de bois. Les volumes transformés (105T/an pour
l’arche, 72T/an pour le Murex et 150T/an pour le Cymbium) étant peu important en comparaison
au volume d’huîtres transformées produit (plus de 6000T/an), nous ne jugeons pas cette activité
comme préjudiciable.
* Chiffres provenant de l’« Etude de la filière des produits halieutiques de cueillette au Sénégal: cas de la
RBDS »
SYNTHESE :
Dans la suite de ce document, nous nous concentrerons donc principalement sur les activités
humaines à l’origine de la dégradation de la mangrove du Delta. Il nous semble en effet beau-
coup plus facile à l’heure actuelle pour une communauté rurale d’agir à ce niveau plutôt que sur
les facteurs climatiques. Ceux-ci doivent encore faire l’objet d’études approfondies et d’analyses
prospectives permettant de mieux les cerner et de prévoir leur évolution, afin de définir des stra-
tégies opérationnelles.
28
2. NIVEAU D’EXPLOITATION DE LA MANGROVE
2.1. Méthodologie
Dans ce guide, le niveau d’exploitation de la mangrove est analysé sur base d’une échelle de dé-
gradation qui correspond à trois niveaux successifs :
Le niveau rouge : zones de mangrove fortement dégradées;
Le niveau orange : zones de mangrove moyennement dégradées;
Le niveau vert : zones de mangrove faiblement dégradées.
2.2. Niveau d’exploitation dans le Delta du Saloum
La superficie totale de mangrove dans le Delta du Saloum est d’approximativement 58 000 ha.
On estime qu’environ 25% de cette superficie est composée de mangroves hautes (Rhizophora)
et 75% de mangroves basses (Avicennia).
Sur base de l’échelle de dégradation, introduite ci-dessus, nous proposons de classer les zones de mangrove du Saloum de la manière suivante :
Le niveau rouge : il s’agit de la zone de mangrove la plus dégradée. Elle regroupe
les CR dans lesquelles les formations de Rhizophora bien que présentes le long du
Saloum et le long des affluents nord du fleuve, ont des hauteurs ne dépassant pas 3m
et où les formations d’Avicennia sont de plus en plus nombreuses vers l’amont. La
zone rouge est une zone où l’occupation des zones côtières par les populations est
très intense. La pression sur la ressource en bois de mangrove est donc importante.
Les voies d’accès à la zone sont nombreuses et beaucoup de populations extérieures
viennent s’y approvisionner en bois, ce qui augmente encore la pression sur la man-
grove. La zone est proche de l’océan et est fortement exposée aux phénomènes
d’érosion et d’ensablement, ce qui explique la disparition progressive du Rhizophora
et le développement de l’Avicennia (qui contrairement au Rhizophora, supporte les
sols sableux). Dans cette zone, l’accent doit être mis sur les activités de restauration
de la mangrove. Pour le moment, il s’agit essentiellement de la CR de Palmarin.
Le niveau orange : il correspond aux zones de mangrove moyennement dégradées.
Il regroupe les CR dans lesquelles les formations de Rhizophora sont relativement
basses avec des hauteurs variant de 1 à 5 m. Par endroits, on retrouve cependant du
Rhizophora atteignant 10 m de haut. Quant au genre Avicennia, sa taille varie dans
cette zone de 1 à 2 m en bordure du fleuve, alors qu’ils peuvent dépasser 5 m dans
les terres. Dans les zones orange, l’activité humaine, bien qu’importante, est moins
intense qu’en zone rouge et l’accessibilité est moindre. On note la présence de forma-
tions forestières continentales. Celles-ci constituent un rideau contre l’érosion et l’en-
sablement. Elles offrent également aux populations une autre ressource en bois, ce
qui limite la pression sur la mangrove. Il s’agit des CR de Bassoul, Djirnda, Djilor,
Diossong.
II
29
DANS LE DELTA DU SALOUM
Le niveau vert : la mangrove y est principalement constituée de Rhizophora. Elle pré-
sente deux faciès : une formation de mangrove dont les arbres peuvent dépasser 10
m et une seconde formation dont la hauteur moyenne des arbres varie entre 5 et 6
m. Cependant, dans les sites de mauvaises conditions, les arbres ne dépassent pas 2
m de hauteur. Les zones vertes correspondent aux zones de mangrove qui sont bien
conservées, principalement en raison de leur situation (accès difficile ou position privi-
légiée au cœur de la Réserve de la Biosphère du Delta du Saloum) et de la plus
grande conscientisation des populations.
Ci-dessous, nous proposons une carte localisant les différentes zones par niveau de dégradation
de la mangrove:
30
DANS LE DELTA DU SALOUM
Dans le Delta du Saloum, la consommation annuelle de bois de mangrove par les populations est
estimée à 239,5 ha.
Estimation de la consommation annuelle de bois de mangrove*
*Ne figure pas dans ce tableau la consommation de bois relative à la cueillette des huîtres. Nous ne dispo-sons pas de chiffres concernant la cueillette des mollusques.
Les chiffres présentés sont tirés de « Etude pour une gestion durable de la mangrove de la Petite Côte et du Delta du Saloum de la République du Sénégal – Rapport intermédiaire ».
Sur le terrain, il existe une pression plus importante sur le genre Rhizophora qui est de plus grande taille et dont la valeur commerciale est plus importante (bois de chauffe, perches). Il est donc majoritairement utilisé pour les activités citées ici. Le genre Avicennia est presque essentiel-lement utilisé pour la pharmacopée.
2.2. Niveau d’exploitation par CR*
Djirnda
Superficie de mangrove : 5 247 ha
Estimation de la consommation annuelle de bois de mangrove (T/an) :
*Les informations sont tirées de « Etude pour une gestion durable de la mangrove de la Petite Côte et du
Delta du Saloum de la République du Sénégal - Rapport intermédiaire »
Construction
et support
Cuisine Transformation
de coquillages
Fumage Totaux
Quantités (T/an) 364 10 742 6 175
3 426
20 709
Quantités (m3/an) 260 7 672 4 410 2 447 14 792
Quantités (ha/an) 4,2 123,7 71,1 39,5 239,5
Utilisations Construction
et support
Cuisine Transformation
de coquillages
Fumage Totaux
Quantités (T/an) 30 1 242 548 2 414 4 235
Quantités (%) 0,7 29,3 12,9 57,0 100,0
II
31
DJIRNDA
ADG, 2011.
Dans cette CR, la consommation annuelle de bois est relativement élevée par rapport à la super-
ficie des formations de mangrove situées aux alentours. L’état de dégradation actuel est surtout
imputable à son accessibilité (proximité de Foundiougne et des voies de communication rou-
tières). Beaucoup d’étrangers fumeurs de poissons viennent s’y installer. Les chiffres le confir-
ment puisque l’on constate que le fumage de poisson dans cette CR constitue 57 % de la con-
sommation annuelle de bois de mangrove.
32
BASSOUL
Bassoul
Superficie de mangrove : 2 844 ha
Estimation de la consommation annuelle de bois de mangrove (T/an):
La superficie de mangrove est
relativement réduite dans la CR
de Bassoul alors que la popula-
tion y est importante. La pres-
sion sur la ressource en bois de
mangrove est dès lors élevée.
La préparation des repas est la
principale utilisation de bois de
mangrove dans cette CR avec
71 % de la consommation an-
nuelle. S’y rajoute l’activité de
fumage de poisson qui consti-
tue 25 % de la consommation
en bois annuelle .
Utilisations Construction
et support
Cuisine Transformation
de coquillages
Fumage Totaux
Quantités (T/an) 4 2 176 115 753 3 049
Quantités (%) 0,13 71,4 3,8 24,7 100,0
II
33
DIONEWAR
Dionewar
Superficie de mangrove : 10 441ha
Estimation de la consommation annuelle de bois de mangrove (T/an) :
La CR de Dionewar est proche
de l’océan et de ce fait très diffi-
cilement accessible. La popula-
tion y est peu importante. En
conséquence, la pression hu-
maine exercée sur la mangrove
est faible. Sa situation en bor-
dure de l’océan l’expose aux
phénomènes d’érosion et d’en-
sablement mais leurs consé-
quences sont jusqu’ici peu vi-
sibles.
Utilisations Construction
et support
Cuisine Transformation
de coquillages
Fumage Totaux
Quantités (T/an) 3 2 210 1 251 259 3 723
Quantités (%) 0,08 59,36 33,6 6,96 100,0
ADG, 2011
34
TOUBACOUTA
Toubacouta
Superficie de mangrove : 21 101 Ha
Estimation de la consommation annuelle de bois de mangrove (T/an) :
Toubacouta est situé au cœur
de la Réserve de la Biosphère
du Delta du Saloum (RBDS) qui
est placée sous haute surveil-
lance. Cette Cr est donc da-
vantage préservée. Le tourisme
y est également fortement dé-
veloppé. Les populations ont
conscience de la nécessité de
préserver la mangrove car ils
bénéficient des retombées éco-
nomiques qui y sont liées.
.
Utilisations Construction
et support
Cuisine Transformation
de coquillages
Fumage Totaux
Quantités (T/an) 135 1 952 1 535 - 3 622
Quantités (%) 3,7 53,9 42,4 - 100,0
II
35
DJILOR
Djilor
Superficie de mangrove : 2 799 Ha
Estimation de la consommation annuelle de bois de mangrove (T/an) :
Djilor est situé dans la zone
orange mais à forte tendance
vers la zone rouge. La CR est
très accessible et la mangrove
y est fortement dégradée.
Cette situation est due à l’im-
portance de l’activité agricole
qui cause la dégradation des
sols jusqu’aux abords immé-
diats des formations de man-
grove. A ces activités, s’ajou-
tent l’exploitation abusive des
forêts de terroirs ; ce qui favo-
rise les érosions et entraîne
l’ensablement des sols au ni-
veau de la mangrove.
Utilisations Construction
et support
Cuisine Transformation
de coquillages
Fumage Totaux
Quantités (T/an) 24 1 331 828 - 2 187
Quantités (%) 1,1 60,9 37,9 - 100,0
36
DIOSSONG
Diossong
Superficie de mangrove : 3 775 Ha
Estimation de la consommation annuelle de bois de mangrove (T/an):
Dans la CR de Diossong, la
mangrove occupe une petite
superficie comparée à la zone
terrestre où se mènent
d’intenses activités agricoles.
Ces activités agricoles impli-
quent certaines pratiques inap-
propriés (défrichement par le
feu, absence de jachère, la-
bours dans le sens de la pente,
etc.) qui contribuent à la dégra-
dation rapide des terres et favo-
risent les érosions.
ADG, 2011.
Utilisations Construction
et support
Cuisine Transformation
de coquillages
Fumage Totaux
Quantités (T/an) 155 298 337 - 790
Quantités (%) 19,6 37,7 42,7 - 100,0
II
37
PALMARIN FACAO
Palmarin Facao
Superficie de mangrove : 700 Ha
Estimation de la consommation annuelle de bois de mangrove (T/an):
Palmarin est une CR très acces-
sible où de nombreux étrangers
viennent s’approvisionner en
bois. Le bois de mangrove est
utilisé dans cette CR principale-
ment pour la préparation de re-
pas (82 %) et la transformation
des coques (18 %). De plus, les
formations de mangrove pré-
sentes dans la CR souffrent de
l’ensablement et de l’érosion.
Utilisations Construction
et support
Cuisine Transformation
de coquillages
Fumage Totaux
Quantités (T/an) 1 494 108 - 603
Quantités (%) 0,2 81,9 17,9 - 100,0
38
NIVEAU D’EXPLOITATION DE LA MANGROVE
SYNTHESE :
D’après les chiffres détaillés dans ce chapitre, les quantités de bois de mangrove consommées
par les communautés rurales situées dans le Delta du Saloum sont peu importantes. Pour l’en-
semble du Delta, elles s’élèvent à 240 ha, ou 20 709 tonnes, par an. Il nous faut néanmoins pré-
ciser ici que les estimations avancées dans ce chapitre ont été obtenues sur base des résultats
d’une enquête. Il est fort probable que les personnes interrogées dans le cadre de cette enquête
aient fourni des quantités plus basses que celles réellement consommées. De plus, une partie du
bois de mangrove coupé n’est pas consommé par les populations, mais est vendue en dehors de
la zone. Actuellement, il ne nous est pas possible de chiffrer ce volume de bois vendu, mais il est
certain qu’il participe à la dégradation de la mangrove.
On estime que, chaque année, le volume de croissance de la mangrove s’élève à 72 000 T/an
soit 830 ha pour tout le Delta du Saloum. Ces chiffres laissent à penser qu’il est tout à fait pos-
sible de continuer à exploiter la mangrove sans pour autant la dégrader (puisque la consomma-
tion annuelle des populations est de 240 ha). Précisons cependant que le volume de croissance
proposé ne représente que le volume moyen de croissance. Celui-ci peut varier en fonction des
étapes de la croissance des palétuviers et le mécanisme de cette variation n’est pas encore con-
nu. Il est donc probable que le volume de croissance réel de la mangrove soit inférieur à celui
proposé ici. La population du Delta ne cesse d’augmenter et ses besoins en bois de mangrove
ne cessent de s’intensifier. Il ne faut pas non plus perdre de vue que l’activité humaine n’est
qu’un facteur parmi d’autres de la dégradation de la mangrove. Les facteurs climatiques ont éga-
lement un rôle important à jouer et leurs effets conjugués sont probablement supérieurs à ceux
de l’action humaine. Il existe également des disparités importantes entre les CR. Certaines CR
(Bassoul ou Djirnda par exemple) développent des activités fortement destructrices pour la man-
grove alors qu’elles disposent de peu de surfaces de mangrove. Dans ces CR, il est probable
que la surface de mangrove soit en diminution et que la régénération naturelle ne suffise pas à
compenser les effets conjugués de l’activité humaine et des facteurs climatiques.
Malgré ces réserves, nous émettons ici l’hypothèse qu’il est possible d’exploiter la mangrove
pour répondre aux besoins des populations du Delta sans pour autant causer sa dégradation. Il
faut pour cela respecter certaines conditions :
adopter des techniques de restauration durables, telles que le reboisement ou la coupe ré-
glementée; veiller à la régénération naturelle de la mangrove; diminuer la consommation de bois par les populations, grâce à l’introduction de nouvelles
techniques.
Dans le prochain chapitre, nous proposons une stratégie et des solutions techniques allant dans
ce sens.
II
39
3. STRATEGIE DE GESTION DURABLE DE LA MANGROVE
3.1. Description de la stratégie d’action
Actuellement, dans le Delta du Saloum, les populations insulaires ne peuvent se passer de bois
de mangrove, car c’est la seule ressource ligneuse disponible en quantité. La stratégie de gestion
durable de la mangrove énoncée dans ce chapitre vise à répondre aux besoins en bois des popu-
lations, tout en veillant à préserver la mangrove par sa restauration et sa conservation. Elle pro-
pose de limiter l’exploitation de la mangrove aux besoins stricts des populations et de réglemen-
ter la coupe du bois de mangrove afin de permettre sa régénération naturelle. Dans le même
temps, elle propose de mener des actions de reboisement de la mangrove afin de restaurer les
zones dégradées et parallèlement elle encourage le reboisement d’autres espèces. L’objectif
étant qu’à terme, les CR disposent de ressources ligneuses alternatives et ne dépendent plus du
bois de mangrove.
Quelles actions stratégiques développer au niveau des CR ?
Pour préserver et restaurer l’écosystème de mangrove, nous proposons donc aux CR de déve-
lopper trois types d’action :
des actions visant à diminuer la pression actuelle exercée par l’homme (anthropique) sur la
mangrove ;
des actions visant à réglementer et contrôler la coupe (afin de répondre aux besoins des
populations en bois, tout en favorisant la régénération naturelle de la mangrove) ;
des actions de reboisement, visant à fournir la CR en bois et à restaurer la mangrove dé-
gradée.
Pour que la stratégie soit efficace, ces trois types d’action doivent être menés conjointement.
Les différentes actions décrites dans ce chapitre s’inscrivent dans un processus d’aménagement
de la mangrove.
III
STRATEGIE DE GESTION DURABLE DE LA MANGROVE:
Besoins en bois de la
population satisfait
Mangrove restaurée et
conservée
Diminuer la pres-
sion
Réglementer
l’exploitation de
la mangrove
Reconstitution
du potentiel
AC
TIO
NS
40
STRATEGIE DE GESTION DURABLE DE LA MANGROVE
Dans ce chapitre, nous ne rentrerons
pas dans les détails de l’élaboration
d’un tel plan. Nous conseillons aux res-
ponsables des CR ou toutes personne
intéressée de consulter la notice
« Mise en Aménagement Participatif »
publiée par le Conseil Régional de Fa-
tick, ainsi que de prendre contact avec
le Service des Eaux et Forêts, qui
pourra les appuyer dans la rédaction et
la mise en œuvre de ce plan (voir con-
tacts en annexe 1). Nous nous attache-
rons plutôt ici à décrire des éléments
utiles pour élaborer ce plan et à propo-
ser des techniques d’aménagement.
Qui est responsable de la mise en œuvre de cette stratégie ?
Dans chaque CR du Delta du Saloum, il existe une Commission Environnement ou un Comité de
Gestion des ressources naturelles. Ces organes sont chargés de proposer au Conseil Rural des
initiatives en matière de gestion durable des ressources naturelles, de mettre en œuvre avec
l’aide des populations les actions approuvées par le Conseil Rural, d’assurer leur suivi et d’en
rendre compte auprès du Conseil Rural et des populations. Il s’agit selon nous de l’organe le plus
à même de mettre en œuvre cette stratégie d’action. Il doit cependant être appuyé et conseillé
dans sa tâche par le Service des Eaux et Forêts, qui dispose d’une grande expérience en ges-
tion, restauration et conservation de forêts.
Quels sont les étapes préliminaires pour mettre en œuvre cette stratégie ?
Première étape : Prendre des décisions consensuelles sur la restauration/conservation de la
mangrove
La première chose à faire, avant d’entamer l’élaboration concrète d’un plan d’aménagement, est
de se poser les questions suivantes :
Quelles sont les superficies de mangrove qui se trouvent sur le territoire de la CR (ou du
village) ?
Quelle partie de cette forêt est préservée de toute activité ? Quelle partie doit être restau-
rée ? Quelle partie peut être exploitée ?
Quelle partie de la forêt va-t-on réellement exploiter compte-tenu des besoins de la popula-
tion ?
III
Elaboration de plans d’aménagement
Les collectivités locales peuvent élaborer, ou faire éla-
borer par un tiers, des plans d’aménagement pour les
forêts relevant de leurs compétences. De même, elles
peuvent en assurer directement la réalisation ou bien
confier, par contrat à des tiers, l’exécution des plans de
gestion/d’aménagement. Le plan de gestion ou plan
d’aménagement doit faire l’objet d’un document écrit
adopté par le Service des Eaux et Forêts et le Conseil
Rural.
Ce document doit comporter deux grandes parties :
une partie décrivant l’espace à aménager et une se-
conde expliquant les techniques d’aménagement à
mettre en place.
Aménager une forêt c’est décider de ce que l’on veut en faire, compte
tenu de ce que l’on peut y faire et en déduire ce que l’on doit y faire.
41
STRATEGIE DE GESTION DURABLE DE LA MANGROVE
Pour répondre à ces questions, il est nécessaire de réunir autour de la table la Commission Envi-
ronnement ou le Comité de gestion des ressources naturelles, le Conseil Rural, les autorités cou-
tumières et religieuses, le Conseil Régional et le Service des Eaux et Forêts.
Pour déterminer la superficie de forêt de mangrove qui se trouve sur le territoire de la collectivité
locale, il est important de disposer d’une cartographie précise de la zone reprenant les différentes
formations forestières. Cette cartographie, si elle n’existe pas encore, doit être réalisée.
Une fois les superficies de mangrove identifiées et décrites sur une carte, il faut déterminer l’utili-
sation des différentes parties de cette forêt. : zones protégées - zones à restaurer - zones à
conserver.
Il faut d’abord identifier les zones qui sont protégées parce qu’elles se situent sur le terri-
toire d’une réserve ou qu’elles ont fait l’objet d’un arrêté ministériel. Par exemple, la zone
centrale de la RBDS ne peut pas faire l’objet d’une exploitation (référence à l’encadré placé
en page 10).
Il faut ensuite déterminer l’utilisation des zones restantes qui peuvent soit être restaurées,
soit être exploitées. Pour définir les zones qui doivent être restaurées, il faut déterminer le
taux de couverture végétale de la mangrove dans les différentes zones. Celui-ci correspond
au degré de dégradation de la mangrove dans ces zones. Ce taux de couverture végétale
peut être identifié au moyen des cartes ou grâce à des visites effectuées in situ. Les zones
où la mangrove est fortement dégradée doivent être restaurées : cela signifie que le milieu
doit être reconstitué afin de tendre vers les mêmes caractéristiques environnementales
qu’avant. Cela peut se faire au moyen du reboisement (cf conseils techniques pages 56),
de l’amélioration de la qualité des sols, etc.
Les zones qui ne sont pas à restaurer sont appelées zones de conservation. Cela signifie
que ces zones doivent être maintenues dans leur état actuel. Cela ne veut pas dire que l’on
ne peut pas les toucher. Elles peuvent être aménagées afin d’être exploitées de manière
rationnelle en veillant à la régénération du milieu. Toutefois, les zones à conserver ne doi-
vent pas nécessairement être toutes aménagées.
Il faut aménager les surfaces nécessaires pour répondre aux besoins de la population. Mais si
cela est possible, il faut conser-
ver des zones intactes qui se-
raient aménagées par la suite si
les besoins de la population ve-
naient à augmenter. De la
même manière, si les zones à
conserver situées sur le terri-
toire de la collectivité locale
n’étaient pas suffisantes pour
répondre aux besoins des popu-
lations, il est possible de négo-
cier avec le Conseil Rural et le
Service des Eaux et Forêts l’oc-
troi d’autres superficies de man-
grove à aménager.
Réunion villageoise
42
Deuxième étape : Informer et sensibiliser les acteurs concernés
Après avoir trouvé un accord sur la répartition et l’utilisation des différentes zones de mangrove, il
est nécessaire que la Commission Environnement ou le Comité de gestion des ressources natu-
relles expose la stratégie de gestion durable de la mangrove proposée à l’ensemble des
membres du Conseil Rural, afin de s’assurer qu’elle soit comprise et soutenue par tous. Cet or-
gane peut être appuyé dans cette tâche par un volontaire forestier issu de la CR, un Assistant
Communautaire (ASCOM) ou un agent des Eaux et Forêts.
Quand cette stratégie a été approuvée et adoptée par le Conseil Rural, des réunions d’informa-
tion et de sensibilisation doivent être organisées dans chaque village avec les populations. Les
populations seront sollicitées par la suite pour mettre en œuvre les différentes actions qui auront
lieu dans le village. Pour s’assurer de leur participation, il est donc primordial de les sensibiliser
aux enjeux de la restauration et de la conservation de la mangrove. Le chef de village et un
membre de la Commission Environnement ou du Comité de gestion des ressources naturelles
président la réunion qui est animée par le volontaire forestier, l’ASCOM et/ou un Agent des Eaux
et Forêts.
Lors de ce processus de sensibilisation, la stratégie d’action proposée ainsi que les actions priori-
taires à mettre en œuvre pour diminuer la pression exercée par l’activité humaine (cf pages 45 à
51) seront également exposées aux populations. L’animateur (volontaire forestier) veillera égale-
ment à ce que les populations aient l’occasion à la fois de poser des questions et d’exprimer leurs
craintes et/ou suggestions.
Troisième étape : Etablir un calendrier d’actions
A l’issue des réunions dans les villages, l’animateur, appuyé par un membre de la Commission
Environnement ou du Comité de gestion des ressources naturelles, propose un calendrier d’ac-
tion annuel. Il doit pour cela être bien informé au préalable sur chacune des actions à mettre en
œuvre (description de celles-ci de la page 45 à 59) ainsi que sur les ressources disponibles
(financières, matérielles et humaines). Par la suite, ce calendrier d’action sera soumis au Comité
villageois (voir la présentation de cet organe page suivante : cinquième étape), puis au Conseil
Rural pour approbation.
III
Le REVE
Dans le cadre du projet mangrove, un Réseau des Enseignants pour la Vie Environnementale
(REVE) a été mis en place. Ces enseignants ont été formés sur l’écosystème mangrove et ont
développé différentes fiches pédagogiques destinées aux élèves du milieu scolaire. Le réseau
REVE est toujours actif et ses membres constituent des personnes ressources que l’on peut
mobiliser dans le cadre de sensibilisations. Les coordonnées du représentant de ce réseau se
trouvent en annexe 1 de ce guide.
43
Quatrième étape : Gérer le budget
La Commission Environnement ou le Comité de gestion des ressources naturelles dispose d’un
budget alloué pour mettre en œuvre ces actions.
Ce budget est octroyé annuellement par le Conseil Rural. L’argent disponible devra être réparti
en fonction des calendriers d’action établis par les différents villages. Dans la pratique, nous sa-
vons que les budgets des CR sont très restreints.
Nous avons donc tenté de proposer dans ce chapitre des actions pouvant facilement être mises
en œuvre avec très peu de moyens. La plus grande partie du matériel nécessaire peut être em-
pruntée ou trouvée localement.
Cinquième étape: Désigner un Comité villageois de gestion de la mangrove
Pour faciliter la préparation, la mise en œuvre et le suivi de chacune des actions sur le terrain, il
est utile de désigner une équipe de responsables par village. Cela permet de décharger la Com-
mission Environnement ou le Comité de gestion des ressources naturelles qui n’ont pas les res-
sources humaines suffisantes pour pouvoir coordonner toutes les actions à réaliser. De plus, la
responsabilisation des villageois dans la gestion des actions donne généralement de meilleurs
résultats, car cela favorise l’adhésion et la participation des populations. Idéalement, le comité
villageois responsable de la gestion durable de la mangrove devrait comprendre 6 personnes : un
représentant de la Commission Environnement ou du Comité de gestion des ressources natu-
relles, l’ASCOM, le volontaire forestier, un Agent des Eaux et Forêts et deux volontaires du vil-
lage. Les villageois volontaires sont désignés par toutes les personnes présentes lors de la réu-
nion d’information et de sensibilisation. La question de genre doit être prise en compte dans le
choix des membres de ce comité, afin que les hommes comme les femmes y soient représentés.
Ce comité est chargé d’organiser et de coordonner les différentes actions, ce qui ne signifie pas
mettre en œuvre lui-même toutes les actions.
Ce comité rend régulièrement des comptes à la Commission Environnement ou au Comité de
gestion des ressources naturelles de la CR, afin que ce dernier puisse évaluer la mise en œuvre
de la stratégie globale d’action et effectuer éventuellement les ajustements nécessaires. La fré-
quence de ces comptes-rendus sera décidée d’un commun accord entre les deux parties.
44
LA PRÉPARATION
3.2. Déroulement de la stratégie d’action
Dans ce point, nous reprenons les différentes démarches à entreprendre pour mettre en œuvre
une stratégie de gestion durable de la mangrove. Celles-ci peuvent être divisées en 3 phases : la
préparation, la mise en œuvre et l’évaluation.
3.2.1 La préparation
Comme expliqué précédemment, avant d’entamer toute action, il est nécessaire que le comité
villageois responsable de la gestion durable de la mangrove convoque une réunion pour organi-
ser l’action. Il convie à cette réunion toutes les populations susceptibles d’être concernées par
l’action. Lors de cette réunion seront abordées les questions suivantes :
QUI FAIT QUOI ?
Avant la tenue de la réunion, le comité villageois liste les différentes tâches à effectuer pour réali-
ser l’action et évalue le nombre de personnes nécessaires à la mise en œuvre de chacune de
ces tâches. Lors de la réunion sont désignées les personnes qui sur base volontaire exécuteront
les différentes tâches. Le comité doit veiller à l’intégration des femmes et des jeunes dans
l’équipe.
OÙ ?
Le choix du site où sera menée l’action doit être fait en concertation avec tous les utilisateurs ac-
tuels et potentiels du site. La surface nécessaire à la mise en œuvre de l’action doit également
être prise en compte. Le comité villageois doit au préalable identifier des sites propices à l’action
et proposer une liste de sites qui sera débattue lors de la réunion. Les sites situés à proximité du
village seront dans un premier temps favorisés, car ils sont plus faciles d’accès.
QUAND ?
Les différentes tâches à mettre en œuvre doivent être effectuées dans un ordre et à des inter-
valles de temps précis (Exemple : pour avoir un bon taux de reprise, la récolte des propagules
doit avoir lieu au maximum 3 jours avant la date de reboisement fixée). Lors de la réunion, les
dates et heures d’exécution des différentes tâches sont fixées de commun accord.
COMMENT ?
Sur base des explications fournies au point suivant, le comité de gestion réexplique le déroule-
ment de l’action et les différentes activités à mettre en œuvre. Il répond aux questions pratiques
qui sont posées. Au moins un membre du comité sera présent lors de la mise en œuvre de
chaque action afin de pouvoir appuyer l’équipe de volontaires et la conseiller.
AVEC QUELS MOYENS ?
Avant la réunion, le comité de gestion liste tout le matériel nécessaire à l’action. En ce qui con-
cerne les outils, il peut être demandé aux volontaires d’amener les leurs le jour de l’activité. Si du
matériel doit être acheté, il faut désigner la personne chargée d’effectuer les achats et de les
amener le jour dit. Dans l’annexe 2, une fiche récapitulative à compléter est proposée afin d’aider
à la préparation de l’action. Une fois remplie, cette fiche doit pouvoir être consultée par tous. Elle
permet également de garder une trace des activités mises en œuvre et sert de base pour évaluer
l’action.
III
45
LA MISE EN ŒUVRE
3.2.2. La mise en œuvre
Les différentes actions stratégiques à mettre en œuvre sont les suivantes :
A. LES ACTIONS VISANT À DIMINUER LA PRESSION ANTHROPIQUE
Etant donné que les ressources en bois de mangrove diminuent alors que la population aug-
mente et que les CR du Delta du Saloum ne disposent pas (ou très peu) actuellement d’autres
ressources ligneuses à exploiter, il convient de limiter la consommation en bois des populations,
qu’elle soit domestique ou liée au développement d’activités génératrices de revenus. Nous pro-
posons ici d’adopter des habitudes qui demandent peu d’investissement financier. Ces change-
ments de comportements pourront à terme faire économiser, voire gagner, de l’argent aux popu-
lations, tout en contribuant à une meilleure gestion durable de l’écosystème mangrove.
A.1. Utilisation de foyers améliorés
L’utilisation de foyers améliorés peut permettre de générer des économies de combustible de
l’ordre de 40 à 60 %. Le temps de cuisson des aliments est également réduit grâce à ce type de
foyers. Un foyer amélioré est un peu plus cher à l’achat qu’un foyer traditionnel, mais l’investisse-
ment est très vite rentabilisé. Il existe différents types de foyers améliorés.
Ces foyers sont conçus pour conserver plus longtemps la chaleur. De ce fait, la quantité de bois à
utiliser pour la cuisson sur ce type de foyer est diminuée. Il existe de petits foyers destinés à un
usage domestique ou des foyers de plus grande taille destinés à un usage collectif (pour des cé-
rémonies, cantines scolaires, etc.) ou productif (pour faire bouillir du poisson ou des fruits de
mer). Pour toute information complémentaire concernant l’utilisation ou l’achat de ce type de
foyers, veuillez contacter le PRODER (Programme pour le Développement des Energies Renou-
velables - voir coordonnées en annexe 1).
Foyers améliorés à usage collectif
46
LA MISE EN ŒUVRE
Ci-dessous, nous présentons différents types de foyers améliorés utilisés dans la région de Fa-
tick*. Les deux premiers modèles sont à usage individuel, et le dernier à usage collectif ou pro-
ductif.
Noflaye Jeeg
Foyer fonctionnant au bois et permettant une économie de combustible de 50 à 60%. Son prix est
de 15 000 FCFA. Ce foyer peut supporter une marmite de 4 à 7kg.
Sakkanal multi marmites
Foyer fonctionnant au charbon et au bois permettant une économie de combustible de 40 à 45%.
Son prix est de 5 500 FCFA. Ce foyer peut supporter une marmite de 4 à 7kg.
Noflaye Mbana
Foyer fonctionnant au bois et permettant une économie de combustible de l’ordre de 55 à 65%.
Son prix est de 36 000 FCFA. Il peut supporter une marmite de 15 à 35kg.
Notons également que la conception et la commercialisation de ce type de foyers peuvent fournir
des emplois locaux, que ce soit à des artisans (forgerons, potiers, etc.) ou à des groupements
féminins (plutôt pour le stockage et la vente).
A.2. Organisation de l’activité de fumage
Dans certaines CR du Delta du Saloum, le développement de l’activité de fumage de poissons
pourrait mettre en péril l’écosystème mangrove. Il existe en effet peu, voire pas du tout, de régle-
mentation de l’activité de fumage. Le fumage nécessite une quantités de bois très importante car
les fours traditionnels en consomment énormément (cf chiffres page 25). Cela contribue à la dimi-
nution de la surface de mangrove. Les fumeurs s’installent généralement dans les villages de fa-
çon anarchique. Ils dénaturent le paysage et polluent leur environnement immédiat en construi-
sant leurs habitations, leurs latrines et leurs fours de fumage sans autorisation ni paiement de
taxes. La quantité de poissons pêchés dans le Delta diminue d’année en année, car les res-
sources halieutiques se font plus rares. Les produits vendus ne subissent pas de contrôle de qua-
lité et peuvent être à l’origine du développement de certaines maladies.
En pratique, les CR et les services concernés (Service des Eaux et Forêts et Ministère chargé de
la Pêche Maritime) ne semblent pas en mesure d’assurer leurs responsabilités dans la gestion et
le contrôle de l’exploitation des ressources ligneuses et halieutiques. Face à cette situation se
pose la question de la pérennité de ces activités dans les prochaines années.
*Informations et photos fournies par le PRODER (Coopération décentralisée des régions de Fatick et de
Poitou-Charentes (France))
III
47
LA MISE EN ŒUVRE
Ci-dessous, nous émettons différentes recommandations en vue de mieux contrôler cette activité.
Recommandation 1 : Instaurer une réglementation du fumage et veiller à son application.
La réglementation doit être élaborée par la Commission Environnement ou le Comité de gestion
des ressources naturelles. Ensuite, elle doit être approuvée par le Conseil Rural. Il est important
que cette réglementation spécifie les points suivants :
le nombre de fours qui peuvent être exploités dans chaque village. Ce nombre doit être ré-
fléchi en fonction des ressources en bois et en poissons disponibles. Tout comme pour les
foyers (référence au point précédent), les fours de fumage améliorés doivent être privilégiés
car ils sont moins consommateurs de bois;
la durée de la campagne de fumage: dates de début et de fin de campagne. Eviter le fu-
mage durant l’hivernage, qui correspond à la période de reproduction des poissons, mais
aussi à un temps de séchage plus long.
le montant de la taxe à payer pour l’exploitation d’un four et la période de perception de
cette taxe. Le montant doit être proportionnel à la surface du four et à la durée de la cam-
pagne de fumage. Il doit également être calculé en fonction du nombre d’utilisateurs du
four. En effet, il n’est pas rare qu’un fumeur loue ou prête son four à un autre ce qui aug-
mente bien évidemment l’impact de ce four. Idéalement, le montant devrait être calculé en
fonction de la quantité de bois et de poissons mobilisée par le four. La réalisation d’une
étude devrait permettre de déterminer quelle est la consommation moyenne d’un four et
son impact à long terme sur l’écosystème.
le contrôle des habitations et latrines sur les sites de fumage. Pour des raisons d’hygiène et
d’esthétique, la construction d’habitations et de latrines sur les sites-mêmes de fumage ne
devrait pas être autorisée. Les fumeurs qui souhaitent s’installer dans la zone doivent,
comme tous les autres habitants de la CR, obtenir un terrain et s’acquitter de la taxe d’habi-
tation. Des contrôles et des sanctions doivent être établis en ce sens par la CR.
Recommandation 2 : Utiliser des fours améliorés
Fours améliorés
48
LA MISE EN ŒUVRE
Ceux-ci permettent de diminuer la consommation en bois des fours, car ils retiennent mieux la
chaleur. Différents modèles de fours de fumage améliorés sont déjà utilisés dans le Delta. Ils se
distinguent généralement des fours traditionnels par le fait qu’ils sont fermés et comprennent plu-
sieurs étages. Ils sont jusqu’ici peu répandus et peu employés. Leur utilisation doit être générali-
sée. Dans sa réglementation concernant l’activité de fumage, la CR pourrait imposer la reconver-
sion des fours de fumage traditionnels en fours de fumage améliorés d’ici 3 ou 5 ans.
Recommandation 3 : Réglementer et contrôler la pêche et la transformation des produits
De nombreux pêcheurs constatent depuis plusieurs années une diminution des ressources ha-
lieutiques dans le Delta. Il serait intéressant d’évaluer le volume de poisson pêché annuellement
dans la zone et son impact sur la disponibilité des ressources. La réalisation d’une telle étude
pourrait permettre de déterminer des quotas de pêche annuels, afin de veiller à la pérennité des
stocks naturels.
Certains bolongs du Saloum constituent d’importantes zones de reproduction pour les poissons,
mollusques et crustacés. Il serait intéressant de recenser ces zones de frayère et de les protéger
en les fermant à la pêche. Une réglementation a déjà été proposée dans certains chenaux, mais
elle est peu efficace, soit parce qu’il n’y a pas de contrôle et que l’interdiction n’est dès lors pas
respectée, soit parce que la réglementation autorise les pêcheurs à pêcher trop près de la limite
de la zone de frayère (ce qui empêche les jeunes poissons de rejoindre l’océan).
Les produits transformés vendus sur les marchés ou exportés ne font l’objet d’aucun contrôle de
qualité de la part du Ministère de la Pêche. Les sites de fumage ne sont pas non plus inspectés.
Pour des raisons de santé publique, il est primordial que le Ministère de la Pêche effectue des
contrôles des sites de transformation des produits halieutiques établis dans le Delta. Les produits
exportés doivent disposer d’un certificat de contrôle d’origine et de salubrité.
Recommandation 4 : Structurer le fumage en faveur des populations locales
Comme expliquée précédemment (page 24), l’activité de fumage de poissons constitue un
manque à gagner important pour les populations du Delta (voir point 1.5). Les populations locales
auraient tout intérêt à s’organiser pour prendre en charge elles-mêmes la production et la vente
de poissons fumés. La demande en poisson fumé à l’intérieur du Sénégal est forte. L’organisation
de la vente dans le pays pourrait permettre aux populations locales de générer des revenus im-
portants tout en favorisant la souveraineté alimentaire de la population sénégalaise et en évitant
la fuite de ses ressources alimentaires. La difficulté réside dans le fait que l’activité de fumage
nécessite un préfinancement important (achat du matériel de pêche, construction du four, coût
des transports, etc.). Une bonne organisation préalable au sein de la CR (accords entre les pê-
cheurs, les fumeurs et les décortiqueuses), la conclusion d’accords financiers pour la commercia-
lisation et un appui financier au départ de la communauté rurale, du Conseil Régional ou d’un
autre acteur pourrait néanmoins permettre de surmonter cette difficulté.
III
49
LA MISE EN ŒUVRE
A.3. Pratique de l’ostréiculture
La cueillette des huîtres est très fastidieuse. Elle entraîne généralement la coupe des racines de
palétuviers. Cette coupe empêche la reproduction des huîtres qui n’ont plus de racines sur les-
quelles se fixer et inhibe la croissance des palétuviers.
L’élevage des huîtres ou ostréiculture est une bonne alternative à la cueillette. Il exige un travail
moins difficile et demande moins de déplacements dans les bolongs. Il exige un suivi régulier,
mais c’est une activité qui peut facilement être gérée par un groupement, ce qui permet aux
femmes de se relayer dans le suivi. Nous proposons ci-dessous une technique d’élevage
d’huîtres facile à mettre en œuvre et donnant de très bons résultats.
La technique proposée ici est celle du captage des naissains (larves d’huîtres). Elle consiste à
remplacer le substrat naturel de fixation des huîtres (les racines de palétuviers) par une surface
artificielle (des guirlandes de coquilles d’huîtres vides). Lors de la période de reproduction des
huîtres, les nouvelles huîtres se fixeront sur cette surface artificielle plutôt que sur les racines.
L’avantage de cette technique est que les huîtres produites seront beaucoup plus faciles à récol-
ter et que les racines de palétuviers ne devront plus être coupées.
La mise en place d’un site d’ostréiculture repose sur une série d’étapes décrites dans la suite de
ce point.
Etape 1 : Choix du site
Le choix du site où se pratiquera l’élevage est très important. L’élevage est bien souvent pratiqué
en bordure de bolong, à proximité d’une zone où il y a beaucoup d’huîtres à l’état naturel. La sali-
nité de l’eau ne doit pas dépasser 50 g/l et le courant doit être faible. Pour faciliter son entretien,
on choisira un site proche du village et accessible à marée basse.
Guirlande à marée haute
50
LA MISE EN ŒUVRE
Etape 2 : Confection et installation des guirlandes (captage)
Après avoir repéré le site propice à l’élevage, il faut confectionner les guirlandes qui permettront
le captage des naissains et construire la structure qui les supportera. Les guirlandes sont confec-
tionnées à l’aide de fil de pêche et de coquilles d’huîtres vides ; la structure est réalisée à l’aide
de perches en bois. La meilleure période pour placer les guirlandes est fin juin – début juillet,
juste avant la période de reproduction des huîtres. En annexe 3 de ce manuel, nous proposons
une explication plus détaillée de la confection des guirlandes et de la structure.
Les guirlandes étant installées en bordure des bolongs, il n’est pas rare de devoir marcher sur
des racines de palétuviers ou d’anciennes coquilles d’huîtres pour les nettoyer. Le port de bottes
permet d’éviter aux personnes en charge de l’installation des guirlandes et du suivi de se blesser
lors de ces opérations. En annexe 4, nous communiquons une technique de confection de bottes.
Etape 3 : Suivi régulier du captage
Le suivi du site ostréicole doit s’effectuer toutes les deux semaines. Il se fait à marée basse. Les
guirlandes ou collecteurs doivent être nettoyés et les parasites ou compétiteurs (tels que les ba-
lanes) retirés des guirlandes afin de permettre aux huîtres de s’y fixer.
Etape 4 : Détroquage des huîtres
Le détroquage est l’opération qui consiste à détacher les jeunes huîtres du collecteur qui a per-
mis le captage. Il peut s’effectuer 10 à 18 mois après la pose des guirlandes. Les guirlandes sont
d’abord détachées délicatement de la structure et ramenées au village. Le détroquage s’effectue
ensuite à l’aide d’un instrument non tranchant afin de ne pas endommager les huîtres. Plus les
huîtres sont grosses et plus leur valeur commerciale sera importante. Les trop petites huîtres sont
donc laissées sur les guirlandes et replacées sur la structure afin de poursuivre leur croissance.
De nouvelles huîtres viendront également s’y fixer. Après le détroquage, les huîtres sont placées
dans une bassine avant d’être séchées ou dégorgées, et les guirlandes sont replacées sur la
structure.
Etape 5 : Cuisson et séchage
Après détroquage, les huîtres peuvent être consommées directement. Afin d’être conservées plus
longuement et commercialisées sur les marchés locaux, les huîtres peuvent également être sé-
chées. Pour cela, elles sont d’abord bouillies puis placées sur des claies de séchage pendant plu-
sieurs jours.
Confection de guirlandes
à l’embarca-
dère de
Foundiougne
Vendeuse de crustacés
III
51
LA MISE EN ŒUVRE
A.4. Développement de l’apiculture
De façon générale, l’apiculture est une activité complémentaire facile à mettre en œuvre. Elle ne
demande pas beaucoup d’investissements et requiert peu de temps. Une formation pratique est
néanmoins nécessaire afin d’apprendre à manipuler le matériel apicole et à maîtriser les diffé-
rentes techniques. En annexe 1, nous citons les coordonnées de différentes personnes actives
dans l’apiculture et susceptibles de fournir plus d’informations sur l’activité apicole et les possibili-
tés de formation au Sénégal.
L’abeille, pour produire du miel, doit pouvoir butiner. Les palétuviers produisent des fleurs toute
l’année et le miel qu’ils permettent de produire est d’excellente qualité.
Afin de récolter le miel, l’apiculteur doit placer ses ruches dans la mangrove. Les abeilles vien-
dront les coloniser et y stocker leurs réserves de miel. Lorsque la colonie s’est développée jus-
qu’à coloniser la quasi-totalité de la ruche, l’apiculteur doit déposer une seconde ruche appelée
« hausse » au-dessus de la première. La ruche est composée de plusieurs cadres où les abeilles
viennent stocker leur miel excédentaire.
Une fois que les cadres de la hausse sont bien remplis, l’apiculteur peut procéder à la récolte en
veillant à se protéger suffisamment. Il doit pour cela enfumer légèrement la ruche puis retirer les
cadres. Ceux-ci sont brossés afin de ne pas emporter les abeilles et sont ensuite placés dans des
hausses vides qui seront emmenées à la miellerie. Dans le Delta du Saloum, plusieurs récoltes
peuvent être effectuées dans une année puisqu’il y a des fleurs en permanence.
Une fois à la miellerie, l’apiculteur doit « désoperculer » les cadres. Cette opération consiste à
retirer la cire qui obstrue les alvéoles gorgées de miel afin d’en permettre l’extraction. Elle s’effec-
tue avec un couteau à désoperculer. Les cadres, une fois désoperculés, sont placés dans un petit
extracteur à manivelle. Une fois la manivelle actionnée, grâce à l’effet centrifuge, le miel jaillit des
rayons.
Après l’extraction, il reste à séparer le miel de la cire et à le filtrer. Grâce à des grilles munies de
filtres à mailles fines, le miel sera débarrassé des nombreux résidus et impuretés qu’il transporte.
Le miel sera ensuite maturé pendant plusieurs jours pour permettre aux dernières impuretés de
remonter à la surface. Une écume se constitue et doit être retirée avant de mettre le miel dans
des pots, destinés aux usages domestiques ou à la commercialisation.
En conclusion, le développement de l’apiculture permet indirectement de diminuer la pression
exercée par l’homme sur la mangrove. Les apiculteurs présents dans le Delta du Saloum ont en
effet besoin de la mangrove pour mener leurs activités apicoles. Ils sont de ce fait plus enclins à
préserver la mangrove et à la protéger. De plus, les zones de mangrove où l’on trouve des
ruches sont bien souvent à l’abri des coupes illégales de bois, car les habitants craignent les
abeilles et préfèrent éviter de se rendre dans ces zones.
52
LA MISE EN ŒUVRE
B. LES ACTIONS DE RÈGLEMENTATION DE LA COUPE ET DE CONTRÔLE
La réglementation de la coupe du bois de mangrove vise à légaliser la coupe du bois, à contrôler
les volumes coupés et à permettre la régénération naturelle de la mangrove. Les quantités de
bois de mangrove coupées légalement doivent permettre de répondre aux besoins des popula-
tions en bois dans l’attente du développement d’autres espèces ligneuses qui viendront à terme
remplacer le bois de mangrove (voir point C). Elles ne doivent cependant pas dépasser ces be-
soins. La réglementation de la coupe oblige également les coupeurs à adopter des techniques de
coupe qui favorisent la régénération naturelle de la mangrove. De plus elle doit être accompa-
gnée d’un contrôle des surfaces de mangrove afin d’empêcher la coupe illégale de bois par les
villageois et les étrangers.
B.1. Réglementation de la coupe
La réglementation de la coupe doit être élaborée par le comité villageois responsable de la ges-
tion durable de la mangrove. Elle doit être approuvée par le chef de village, le Conseil Rural et le
Service des Eaux et Forêts en charge de la zone. Les surfaces de mangrove étant bien souvent
réparties inégalement sur le territoire de la CR, il est possible qu’un village doive faire usage de
bois de mangrove situés en dehors du village pour répondre aux besoins de sa population. C’est
pourquoi, il est nécessaire d’obtenir l’aval du Conseil Rural avant d’entamer l’aménagement d’une
superficie de mangrove. L’accord préalable de l’agent des Eaux et Forêts est également indis-
pensable pour obtenir les autorisations de coupes nécessaires à cette action. Ces autorisations
de coupe sont généralement renouvelées annuellement ou tous les deux ans. Il est donc primor-
dial de prendre contact avec l’agent des Eaux et Forêts pour s’assurer de son soutien à l’action
avant même d’entamer la préparation de celle-ci.
La réglementation de la coupe doit reprendre les informations suivantes :
- besoins en bois de la population du village ;
- surface de mangrove à couper pour répondre à ces besoins ;
- nombre de parcelles de coupe à délimiter et leur emplacement ;
- désignation des coupeurs et élaboration du calendrier de coupes ;
- techniques de coupe à adopter ;
- organisation de la vente ;
- évaluation annuelle de l’action.
Pour réglementer la coupe, il faut donc suivre un certain nombre d’étapes.
Etape 1 : Identifier les besoins en bois (surface à couper, nombre de parcelles à délimiter et em-
placement)
Nous proposons, dans l’annexe 5, un tableau récapitulatif des besoins actuels en bois (m3) des
CR, des surfaces (ha) qui doivent être coupées chaque année pour répondre à ces besoins et du
nombre de parcelles (200 m2) qui doivent être délimitées. Nous expliquons ensuite comment, à
partir de ces chiffres, obtenir les données pour un village déterminé.
III
53
LA MISE EN ŒUVRE
Etape 2 : Délimiter les parcelles de coupe
La délimitation des parcelles facilite la coupe ultérieure et le suivi de la régénération. Les par-
celles destinées à la coupe doivent être systématiquement séparées par des bandes de man-
groves qui seront préservées. Entre chaque parcelle et le chenal (bolong), une bordure de man-
grove est également préservée afin de minimiser l’impact des coupes et maintenir les rôles écolo-
giques de la mangrove. En annexe 6 de ce manuel, nous expliquons comment délimiter les par-
celles de coupe.
Etape 3 : Etablir un calendrier de coupe
Un calendrier de coupe doit être établi par le comité de gestion durable de la mangrove avec les
personnes qui seront chargées d’effectuer la coupe. Les personnes qui effectuent la coupe sont
rémunérées à la journée pour leur travail. Le calendrier de coupe fixe les dates auxquelles seront
effectuées les coupes. La répartition des coupes dans l’année doit être réfléchie afin que les po-
pulations disposent de bois tout au long de l’année. Les coupes doivent être évitées pendant l’hi-
vernage (entre juillet et novembre) qui correspond aux périodes de floraison intense des palétu-
viers. Un exemple de calendrier de coupe est proposé en annexe 7 de ce document.
Etape 4 : Procéder à la coupe
On distingue les éclaircies de la coupe du gros œuvre :
Une équipe dynamique de 4 personnes peut couper 5 parcelles par jour. En fonction du nombre
de parcelles à couper, il faudra prévoir une à plusieurs équipes de coupe.
L’éclaircie consiste à dégager certains pieds d'arbres pour permettre d'aérer, de favoriser
l’accès à la lumière, indispensable au bon développement des arbres. Si la révolution choi-
sie (période entre 2 coupes sur une même parcelle) est de 20 ans, l’éclaircie sera prati-
quée au bout de 10 ans. Il y a plusieurs méthodes pour pratiquer une éclaircie. Il est pos-
sible de réaliser des layons ou des éclaircies par pied. Le layon consiste à choisir une al-
lée d’arbres et à la couper entièrement pour aérer les arbres et leur permettre d’accéder à
la lumière. L’éclaircie par pied consiste à choisir certains sujets et à les dégager. De la
sorte, on favorise ces sujets et on améliore la qualité du bois exploité. Dans la mangrove,
c’est l’éclaircie par pied qui est davantage pratiquée.
La coupe du gros œuvre intervient dans la mangrove tous les 20 ans. La coupe du bois
s’effectue par étape. On commence par les branches les plus hautes puis les troncs. On
transfère ensuite le bois coupé à proximité de la rive où il sera séparé en deux tas : l’un
réservé aux racines et l’autre aux tiges car elles n’ont pas les mêmes valeurs calorifiques
et commerciales. Les branchages inutilisables comme bois de feu sont entassés dans les
parcelles voisines. Les racines et les tiges résiduelles sont ensuite élaguées à l’aide de
cisailles, de machettes et de scies. Le bois est ensuite évacué de la forêt et amené dans le
village. On crée pour cela de petits passages dans la mangrove pour faire sortir le bois.
54
LA MISE EN ŒUVRE
Etape 5 : Organiser la vente de bois
Le bois amené au village est ensuite vendu aux populations. Ce système de vente, pour qu’il soit
accepté par les populations, doit leur être bien expliqué. Une réunion peut être organisée à cet
effet par le comité villageois responsable de la gestion durable de la mangrove. Le comité villa-
geois peut organiser lui-même la vente ou déléguer des personnes qui en auront la charge. Un
lieu de stockage et de vente doit être trouvé dans le village. Afin d’être vendu, le bois doit être
agencé en stères (1m3) ou en tas de mêmes valeurs et de mêmes dimensions. Des prix différents
peuvent être pratiqués pour les différents types de bois. Le prix de vente du bois et la clé de ré-
partition des bénéfices sont fixés par le comité villageois. Les revenus doivent permettre au mini-
mum de rémunérer les coupeurs, de louer les services d’un piroguier et d’acheter du carburant
pour effectuer des contrôles dans la mangrove (aspect qui sera développé dans le point suivant
sur le contrôle de la mangrove). Il est également suggéré de conserver une partie des bénéfices
pour mettre en œuvre d’autres actions de gestion durable de la mangrove dans le village. Cepen-
dant, il faut veiller à ce que le prix reste abordable pour les populations. Si ça n’est pas le cas, les
populations n’achèteront pas le bois et continueront à le couper illégalement.
Etape 6 : Evaluer l’action
Outre l’évaluation globale de l’action telle qu’elle est décrite au point 3.2.3 (page 59), un suivi
spécifique des parcelles de coupe doit être mené. Celui-ci a deux objectifs :
- vérifier l’adéquation entre les volumes de bois coupés et les besoins réels. Il est possible
qu’au fil des ans, la demande augmente (en cas de croissance de la population par
exemple) ou diminue (si d’autres ressources ligneuses sont peu à peu disponibles). Il faut
pouvoir adapter la règlementation en fonction de cette évolution.
- s’assurer de la régénération naturelle de la mangrove dans les parcelles. Pour évaluer l’ac-
tion, il faut mesurer deux fois par an certaines données qui seront ensuite analysées par un
Agent des Eaux et Forêts. En annexe 8, se trouve une fiche technique sur le suivi des par-
celles de coupe.
B.2. Contrôle des surfaces de mangrove
Le contrôle de la mangrove peut être organisé au niveau du village ou de la CR selon les limites
du territoire concerné. Le contrôle doit être effectué au moyen d’une pirogue de surveillance. La
pirogue est soit louée, soit achetée (à moins que le village/CR en possède une). Les contrôles
doivent être effectués à intervalles réguliers. Leur fréquence dépend néanmoins du budget qui a
été alloué au contrôle.
Un comité de surveillance doit être désigné par le village ou la CR afin d’effectuer ces contrôles.
Ce comité peut être composé de bénévoles ou de personnes rémunérées. S’il est composé de
bénévoles, il faut veiller à ce que ceux-ci soient suffisamment nombreux pour effectuer le travail,
afin que cela n’affecte pas négativement leurs autres activités. Si les personnes sont rémuné-
rées, il faut veiller à prévoir un budget pour les payer. Cela peut éventuellement être intégré dans
la clé de répartition des bénéfices de la vente du bois.
Le comité de surveillance doit travailler en collaboration avec l’Agent des Eaux et Forêts en
charge de la zone. Lorsque le comité de surveillance constate un délit, il doit communiquer la pro-
venance des coupeurs, le nom et l’immatriculation de la pirogue ainsi que le type de délit à
l’Agent des Eaux et Forêts, qui agit en conséquence.
III
55
LA MISE EN ŒUVRE
La législation forestière prévoit qu’en cas d’amendes, 1/7 des sommes perçues soient versées au
comité villageois de gestion durable de la mangrove, à la Commission Environnement ou au Co-
mité de gestion des ressources naturelles (ces mesures doivent être identifiées et prises dès le
démarrage de l’action).
Le contrôle doit s’accompagner d’une sensibilisation des populations du village et des villages
aux alentours afin de les informer à la fois sur les règlements en vigueur, et sur les bénéfices de
ces règlements pour la préservation, voire l’amélioration, de leur cadre de vie.
C. LES ACTIONS DE REBOISEMENT
Dans ce point, sont présentés deux types de reboisement complémentaires : le reboisement de
mangrove et la création de bois de village.
Le reboisement de mangrove permet de restaurer les zones de mangrove dégradées.
La création de bois de village permet :
de diminuer la pression sur la ressource en bois de mangrove en donnant aux popula-
tions une ressource alternative. Le bois de village permet également
de lutter contre l’ensablement (du poto-poto et des palétuviers) en formant une bar-
rière contre l’érosion éolienne et hydrique.
de réintroduire certaines essences locales en voie de disparition
d’aider les nappes d’eau douce à se recharger en aidant les pluies à s’infiltrer dans le
sol.
C.1. Reboisement de la mangrove
Dans le tableau de la page suivante, nous expliquons comment effectuer un reboisement de la
mangrove. Nous avons distingué le reboisement de Rhizophora et d’Avicennia, dont les condi-
tions et techniques de reboisement diffèrent.
Reboisement de Rhizophora
Choix du site :
- Les anciens sont de très bons conseillers pour le choix du site. Ils pourront probablement
indiquer des zones où il y avait de la mangrove auparavant et où subsistent quelques plants.
Ce sont en général des sites propices au reboisement.
- La première année, il est recommandé de réaliser des tests sur plusieurs sites, afin d’identi-
fier des sites propices pour les prochaines campagnes de reboisement.
- Le plus simple est de commencer par reboiser les sites les plus proches du village, car ils
sont plus faciles d’accès.
56
Etapes Rhizophora Avicennia
A. Choix du site: critères de sélection
1. Zone inondée chaque jour, même pendant la
période de basse marée ;
2. Sol = du poto-poto (vaseux) et surtout pas du
sable ;
3. Salinité de l’eau inférieure à 60g/l ;
4. Courant faible ;
5. En bordure de bolong.
1. Zone inondée chaque jour ;
2. Sol = sablo-vaseux ou sableux ;
3. Salinité de l’eau pouvant aller jusqu’à 80g/l ;
4. En arrière zone d’une aire de reboisement
en Rhizophora réussie.
B. Récolte et
conservation des
semences
La récolte a lieu 2 à 3 jours avant leur plantation.
Il faut 5000 propagules pour reboiser 1ha.
Une bonne propagule :
- Se détache facilement et présente déjà de
jeunes feuilles ;
- Est de couleur généralement rouge ou brun, et
pas trop verte.
Une fois récoltées, les propagules doivent être
conservées sur le site de reboisement. Elles doi-
vent être stockées dans l’eau et à l’ombre.
La récolte des graines se fait 4 à 5 jours avant
de les planter en pépinière. Il y a deux phases
de prétraitement des semences :
- Enlever la membrane de protection, après 2
jours d’immersion en mangrove ;
- Immerger les graines 2 jours de plus afin de
laisser se développer une petite racine.
Cette graine est ainsi prête à être semée.
C. Tri des semences
ou installation en
pépinière
Le tri consiste à éliminer les propagules :
- mangées par les crabes ;
- cassées ;
- non mûres ;
- trop sèches.
Le tri permet en même temps de compter le
nombre total de propagules qui seront plantées
afin de faciliter ensuite le suivi.
L’installation d’une pépinière:
Pour obtenir de bons résultats lors de la planta-
tion, il est conseillé d’installer une pépinière.
Les semis doivent être effectués entre début
juin et début novembre. Une fiche en annexe 9
explique comment mettre en place cette pépi-
nière.
E. Plantation La période la plus adéquate pour effectuer le re-
boisement est en juillet-août, mais elle peut être
prolongée jusqu’en septembre.
La plantation se fait à marée basse. Chaque pro-
pagule est plantée, pointe en bas, d’environ un
tiers de sa longueur dans le sol. Pour faciliter le
reboisement, on utilise une corde. Deux per-
sonnes tiennent la corde bien tendue pendant
que les autres repiquent les propagules (seau)
chaque mètre (corde). Quand la ligne est reboi-
sée, on déplace la corde de 2 m et on recom-
mence.
Afin d’évaluer le reboisement de mangrove, il est
nécessaire de connaître le nombre de propa-
gules plantées. Lors de la plantation, une per-
sonne sera chargée spécifiquement de cette
tâche.
La période la plus favorable se situe entre no-
vembre et février.
La plantation se fait à marée basse. On ne sor-
tira de la pépinière que les plants vigoureux,
bien droits, ne présentant aucun signe de mala-
die et qui ont au minimum 90 jours. .
Pour faciliter la plantation, deux personnes tien-
nent une corde bien tendue pendant que les
autres repiquent les plants. Pour repiquer, il
faut réaliser un trou de 20 à 25 cm de profon-
deur. La gaine est ensuite coupée et le plant
sorti de sa gaine. Après avoir placé le plant
dans le trou, celui-ci est comblé avec de la
terre. L’écartement entre les plants doit être de
1m sur une même ligne et de 2m entre les
lignes.
Attention: Eviter de trop remuer le sol durant la
plantation à marée basse, sinon la marée
risque de déchausser les plants et de les em-
porter.
F. Evaluation de
l’action
Etape explicitée en annexe 10 du document
LA MISE EN ŒUVRE III
57
LA MISE EN ŒUVRE
C.2. Création de bois de village
Etape 1 : Choix du site
La première chose à faire pour constituer un bois de village est de trouver un site propice. Il est
impératif que le sol soit perméable et profond. Les sols salés, compacts et/ou peu profonds sont
à éviter absolument, car la plupart des arbres se développent mal sur ce type de sol. Pour que
les habitants de tout le village puissent tirer profit du bois, sa superficie doit être de minimum 1
ha (625 à 1111 pieds). Il est conseillé d’agrandir progressivement le bois de village en plantant
par exemple 1 ha chaque année. Lorsque le village ne dispose pas de grande surface pour le re-
boisement, le bois de village peut être dispersé sur plusieurs sites de plus petite taille. Si la cons-
titution d’un bois de village n’est pas du tout possible en raison d’un manque de superficie, il est
également possible de planter des arbres dans d’autres espaces tels que: les concessions, les
champs, autour des champs, au bord des routes, sur les places publiques, autour du village, etc.
Etape 2 : Délimitation et désherbage de la parcelle
La parcelle doit être clôturée avec une haie vivante (constituée de végétaux) afin d’éviter la diva-
gation des animaux pouvant manger ou endommager les jeunes plants. Différentes espèces peu-
vent être plantées comme Acacia melifera, Euphorbia balsamifera (Salane), Prosopis juliflora,
Jatropha curcas etc. Les écartements doivent être aussi serrés que possible (de 15 à 50 cm). La
clôture peut également être réalisée avec du fil de fer barbelé, mais celui-ci coûte relativement
cher et doit régulièrement être remplacé. La parcelle doit ensuite être nettoyée et désherbée. Les
arbres présents peuvent être conservés.
Etape 3 : Choix des espèces à planter
Il est conseillé de planter différentes espèces dans un bois de village afin de limiter les risques
d’échecs et de répondre aux différents besoins des populations (bois de chauffe, bois pour la
construction, etc.). Il est néanmoins conseillé de délimiter une surface donnée par espèce. En
annexe 11 de ce manuel, nous listons les critères permettant de choisir les espèces à planter et
proposons différentes fiches reprenant les caractéristiques des espèces à croissance rapide les
plus adaptées au milieu. Il est vivement recommandé de s’adresser à un agent des Eaux et Fo-
rêts pour bénéficier de ses conseils dans le choix des espèces à planter.
Etape 4 : Installation d’une pépinière
La constitution d’un bois de village nécessite l’installation préalable d’une pépinière. La meilleure
période pour l’installer est de février à avril. La mise en terre des arbres a lieu de juillet à sep-
tembre, soit 3 à 6 mois après les semis (voir fiche sur l’installation d’une pépinière en annexe 12).
ATTENTION ! Veillez à obtenir un document écrit du chef de village spécifiant l’attribution du site
devant servir de bois de village. Après avoir obtenu l’accord du chef de village, le terrain doit
faire l’objet d’une délibération par le Conseil Rural afin d’être attribué au comité de village res-
ponsable de la gestion durable de la mangrove.
58
LA MISE EN ŒUVRE
Etape 5 : Plantation
La plantation a généralement lieu juste après les premières pluies, dès que les 30 premiers cm
de terre sont mouillés. En pratique, les arbres sont souvent plantés après les semis agricoles et
avant le sarclage.
Pour bien pousser, un arbre a besoin d’espace afin d’avoir assez d’eau, de nourriture du sol et de
lumière. La plantation consiste à définir des lignes parallèles distantes de 3 à 5 m les unes des
autres et sur lesquelles on creuse des trous de 50 cm de diamètre et 50 cm de profondeur à des
distances de 3 à 5 m entre les trous. Plus le trou est grand, plus la croissance sera bonne la pre-
mière année. Il est conseillé de marquer au préalable la distance entre les plants avec une corde
graduée selon l’écartement. Un petit bâton peut être planté à l’endroit de chaque plant.
Après avoir effectué le trou, la partie inférieure de la gaine (avec plant) est coupée sur toute la
longueur. Il faut veiller à ne pas casser la motte de terre de l’appareil racinaire. La motte de terre
est ensuite placée dans le trou. Le trou doit ensuite être remblayé et la terre compactée avec les
pieds. Une cuvette est enfin créée sur un rayon de 25 cm autour de la plante pour favoriser la re-
tenue d’eau.
Etape 6 : Mesures de protection
Les attaques de termites peuvent avoir un effet dévastateur pour le bois de village. Il est conseillé
d’utiliser préventivement un produit phytosanitaire qui permet de se prémunir des attaques de ter-
mites. Il existe différents produits sous forme de liquide, de poudre ou à mélanger. Suivant la
forme du produit, il peut être appliqué au moment de la plantation ou après. L’application peut
être renouvelée si l’on constate des attaques. L’utilisation de produits phytosanitaires n’est pas
obligatoire, mais elle peut permettre d’augmenter les chances de survie des plants en diminuant
les risques d’attaque.
Pour prévenir les dégâts du feu, il est préconisé de mettre en place un pare-feu de 5 m autour de
la parcelle. Si la strate herbacée dans la zone de plantation est très importante, que les vents
sont violents ou les feux de brousse fréquents, la largeur du pare-feu doit être augmentée pour
atteindre 20 m.
Etape 7 : Entretien de la parcelle
L’entretien de la parcelle doit être effectué au minimum une fois par mois. Il consiste à:
- contrôler l’état de la clôture
- désherber autour des plants sur un rayon de 1m
- éliminer les branches basses et les branches mortes afin de favoriser la croissance des
arbres
- regarnir les lignes (1 à 2 mois après la plantation, un an après la plantation ou à tout moment
si l’arrosage est possible)
Etape 8 : Evaluation du reboisement
L’annexe 10 reprend des formules pour évaluer la qualité du reboisement effectué .
Etape 9 : Coupe
Les éclaircies ne sont pas pratiquées dans les bois de village, car les surfaces à couper sont de
trop petites tailles. La coupe consiste à abattre les arbres et à les ébrancher.
III
59
L’ÉVALUATION DE L’ACTION
En fonction des espèces plantées et du type de produit souhaité (bois de chauffe, perches, po-
teaux, etc.), la coupe n’interviendra pas au même moment car la vitesse de croissance diffère
entre les espèces (voir fiches sur les caractéristiques des espèces en annexe 11). Les fûts sont
découpés en perches de 2 à 3 m (selon la demande). Le reliquat est découpé en de petites sec-
tions de 1 m et empilé en stère (1 m 3 de bois).
Etape 10 : Distribution ou vente du bois
Le bois amené au village est ensuite vendu aux populations. Une réunion doit être organisée par
le comité villageois responsable de la gestion durable de la mangrove afin d’informer les popula-
tions sur les modalités de la vente. Le comité villageois peut organiser lui-même la vente ou délé-
guer des personnes qui en auront la charge. Un lieu de stockage et de vente doit être trouvé
dans le village. Afin d’être vendu, le bois doit être agencé en stères (1 m3) ou en tas de mêmes
dimensions. Le prix de vente du bois et la clé de répartition des bénéfices sont fixés par le comité
villageois. Les revenus doivent permettre au minimum de rémunérer les coupeurs, d’acheter des
semences pour regarnir le bois et l’agrandir, et d’acheter le petit matériel nécessaire à la coupe. Il
est également suggéré de conserver une partie des bénéfices pour mettre en œuvre d’autres ac-
tions de gestion durable de la mangrove dans le village. Il faut veiller à ce que le prix reste abor-
dable pour les populations. Il doit impérativement être moins cher que le bois de mangrove ven-
du. Si ce n’est pas le cas, les populations n’achèteront pas le bois et continueront à le couper illé-
galement.
3.2.3. Evaluation de l’action
Toute action entreprise, qu’elle soit individuelle ou collective, doit faire l’objet d’une évaluation qui
permet de faire le bilan du travail effectué. Cette évaluation doit regrouper toutes les personnes
ayant été impliquées de près ou de loin dans l’action. Pour effectuer cette évaluation, le plus
simple est de se poser des questions. A titre d’exemple, voici quelques idées de questions :
- Pourquoi avons-nous décidé de mener cette action ?
- Quelles ont été les grandes étapes de la mise en œuvre de l’action ? Qui les a effectuées et
comment ? Quelles difficultés/problèmes ont été rencontré(e)s ?
- L’endroit était-il idéal ? Si non, pourquoi ?
- Etions-nous bien organisés ? Chacun a-t-il respecté ses engagements ? Sinon, pourquoi ?
- La technique était-elle adaptée à notre cas ? Sinon, pourquoi ? La technique s’est elle avérée
plus efficace que la technique traditionnelle utilisée auparavant ? Où se situe le gain (temps,
énergie, financier, etc.) ?
- Quel a été le coût de l’action entreprise ? Permet-elle ou permettra-t-elle aux populations de
faire des économies ou de générer des bénéfices ? Peut-on les chiffrer ?
- Qui a participé et s’est intéressé à l’action? Pourquoi ?
- Avons-nous atteint nos objectifs ? Sinon, pourquoi ? Quelle a été la production/économie gé-
nérée grâce à l’action ?
- Les populations sont-elles satisfaites de l’action ? Que leur a-t-elle apporté ?
- Etc...
60
L’ÉVALUATION DE L’ACTION
Après avoir réalisé un bilan de l’action sur base de ces différentes questions, il est porteur de pro-
poser des recommandations pour une prochaine action, afin de ne pas répéter certaines erreurs
commises. Cela consiste à se poser des questions telles que :
- Quels aspects de l’action (choix du site, technique mise en œuvre, implication dans l’ac-
tion, satisfaction des populations, etc.) doivent être améliorés et comment ?
- Comment surmonter les difficultés / problèmes rencontrés ?
Il faut bien sûr veiller à formuler des recommandations réalistes, réfléchies à partir des moyens
humains, matériels et financiers disponibles, voire facilement accessibles.
Pour les actions qui demandent un suivi sur le long terme, il est préférable d’évaluer l’action à dif-
férents moments. Par exemple: dans le cas où une action demandant un suivi sur 5 ans, réaliser
une évaluation juste après l’action, 2 ou 3 ans après l’action et 5 ans après l’action.
Soyez attentif à conserver toujours une trace écrite de vos évalua-
tions. Cela vous permettra de suivre l’évolution de vos actions dans
le temps. Il est également utile de relire les anciennes évaluations
avant de planifier une nouvelle action du même type. Une fiche ré-
capitulative pour l’évaluation est fournie en annexe 13 de ce docu-
ment.
SYNTHESE :
Dans ce troisième chapitre, nous avons proposé une stratégie pour gérer durablement la man-
grove qui comprend 3 types d’actions à mettre en œuvre :
des actions visant à diminuer la pression exercée par l’homme sur la mangrove,
des actions de réglementation de la coupe et de contrôle de la mangrove et
des actions de reboisement.
Menées conjointement, ces actions contribuent à la gestion durable de l’écosystème mangrove.
L’implication et le sens des responsabilités des comités villageois en charge de la gestion du-
rable de la mangrove et des populations sont primordiales pour mettre en œuvre cette stratégie.
Une sensibilisation préalable et poursuivie dans le temps de manière régulière permet de favori-
ser cet engagement. La planification et l’évaluation de chaque action sont également très impor-
tantes pour assurer l’efficacité des actions entreprises et permettre l’adaptation de la stratégie au
fil du temps.
III
61
4. PERSPECTIVES ET QUESTIONS A APPROFONDIR
La stratégie proposée dans le chapitre précédent s’est concentrée sur la restauration et la con-
servation de la mangrove en tant que ressource ligneuse. Les ressources ligneuses ne sont pas
les seules ressources menacées dans l’écosystème mangrove. Une importante faune terrestre et
marine ainsi que de nombreuses autres espèces végétales dépendent de l’équilibre fragile de la
mangrove. Ces ressources doivent également faire l’objet de notre attention dans les prochaines
années. De la même manière, nous sommes bien conscients, et nous l’avons souligné plusieurs
fois dans ce guide, que les facteurs climatiques sont grandement responsables de la dégradation
de la mangrove, et que leur influence ne va faire qu’augmenter dans les prochaines années.
A l’avenir, le souhait d’ADG est de développer des recherches en vue d’élaborer une stratégie
plus globale de gestion de l’écosystème mangrove qui tienne compte de ces différents aspects.
Une liste de points à approfondir afin d’améliorer les connaissances sur la mangrove et sa ges-
tion durable est ici proposée :
A l’aide de cartes satellite, montrer quelle a été l’évolution de la dégradation de la man-
grove du Delta du Saloum durant les 50 dernières années. Proposer une analyse prospec-
tive de l’évolution de cette dégradation pour les prochaines années ;
Réaliser des études permettant de mieux comprendre et de chiffrer la dégradation (en
termes de surface de mangrove détruite annuellement) liée aux facteurs climatiques, et pro-
poser des pistes de solution en vue de diminuer ou d’enrayer leurs effets ;
Approfondir les études sur l’influence de l’activité de fumage de poissons sur les res-
sources ligneuses et halieutiques du Delta du Saloum. Etudier la provenance des popula-
tions qui sont à l’origine de la coupe du bois de mangrove et de la pêche en vue de déve-
lopper des collaborations interrégionales pour la gestion durable des mangroves ;
Réaliser une étude sur la vente de bois de mangrove afin d’estimer le volume de bois
coupé destiné à la vente, ainsi que l’origine des coupeurs (populations du Delta ou exté-
rieures) ;
Etudier le mécanisme de variation du volume de croissance en fonction des étapes de la
croissance des palétuviers ;
Mener une réflexion sur les mécanismes de financement des CR afin de développer des
solutions pour financer la gestion durable de l’environnement ;
Réaliser des études de rendement, de rentabilité et d’acceptabilité des foyers améliorés et
des fours de fumage améliorés dans le Delta du Saloum ;
Etudier dans le temps la disponibilité des ressources halieutiques (poissons, mol-
lusques et crustacés) dans le Delta du Saloum, afin d’instaurer si besoin est des quotas de
pêche pour assurer la reproduction des espèces et la pérennité des ressources halieutiques
dans le Delta ;
Recenser les zones de frayère et réglementer leur accès ;
IV
62
La mangrove est un cadre de vie unique, qu’il importe dans l’intérêt de ses populations de proté-
ger et de gérer respectueusement. ...
PERSPECTIVES ET QUESTIONS A APPROFONDIR
Informer et conscientiser davantage les services étatiques (Service des Eaux et Forêts,
Ministère de la Pêche) et réfléchir à des pistes pour leur donner des moyens d’action, afin
qu’ils s’impliquent dans le contrôle et le suivi des activités liées à l’écosystème de man-
grove ;
Organiser localement l’activité de fumage afin qu’elle profite davantage aux populations.
Pour cela, il faut former les acteurs, conclure des accords entre les différents acteurs et
organiser la vente dans le pays ;
Réaliser un inventaire du cheptel présent dans le Delta du Saloum et étudier quelle est sa
charge sur la mangrove afin de déterminer quel est son impact sur l’écosystème.
Régénération naturelle après la coupe de bois
IV
63
ANNEXES
ANNEXE 1 PERSONNES DE CONTACTS
ANNEXE 2 FICHE DE PRÉPARATION D’UNE ACTION DE GESTION DURABLE
ANNEXE 3 COMMENT CONFECTIONNER DES GUIRLANDES OSTREICOLES ?
ANNEXE 4 COMMENT CONFECTIONNER DES BOTTES ?
ANNEXE 5 TABLEAU RÉCAPITULATIF DE LA CROISSANCE DE LA MANGROVE
PAR CR (M3/AN) ET DES BESOINS EN BOIS DE PALETUVIER
ANNEXE 6 COMMENT DÉLIMITER DES PARCELLES DE COUPE ?
ANNEXE 7 EXEMPLE DE CALENDRIER DE COUPE (CR de Djirnda)
ANNEXE 8 COMMENT EFFECTUER LE SUIVI DES PARCELLES DE COUPE ?
ANNEXE 9 COMMENT INSTALLER UNE PÉPINIÈRE D’AVICENNIA? & EXEMPLE DE
FICHE DE SUIVI ?
ANNEXE 10 COMMENT ÉVALUER UN REBOISEMENT ?
ANNEXE 11 QUELLES ESPÈCES PLANTER DANS UN BOIS DE VILLAGE ?
ANNEXE 12 COMMENT INSTALLER UNE PÉPINIÈRE POUR CONSTITUER UN
BOIS DE VILLAGE ?
ANNEXE 13 FICHE D’EVALUATION D’UNE ACTION DE GESTION DURABLE
64
ANNEXE 1 : Personnes de contact
Abdoulaye Lindor Diop – Représentant du Réseau des Enseignants pour la Vie En-
vironnementale (REVE)
TEL : 77 510 39 36
Adresse mail : [email protected]
Abdou Ndiaye – Assistant du Programme de Développement des Énergies Renou-
velables (PRODER)
TEL : 77 558 87 84
Email : [email protected]
Conseil Régional de Fatick
TEL : (0)33 949 11 29
Adresse : Quartier Darou Salam, BP 94 Fatick
Site : www.regionfatick.org
Mamadou Bakhoum – Président du Réseau des Apiculteurs du Delta du Saloum
(RADS)
TEL : 77 544 68 25 – 33 949 40 26
Adresse : BP 97 Toubacouta
Email : [email protected]
Ibrahima Tine – Responsable du programme apiculture Jeunesse et Développe-
ment -JED
TEL : 77 544 32 68 - 33 955 40 10
Email : [email protected]
Youssouph Mané – Spécialiste de l’apiculture - Institut de Recherche pour le Déve-
loppement (IRD)
TEL : 77 515 66 32
Email : [email protected]
65
ANNEXE 2 : Fiche de préparation d’une action de gestion durable
(lien avec le point 3.2.1, page 44)
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66
ANNEXE 3 : COMMENT CONFECTIONNER DES GUIRLANDES
OSTREICOLES ?
(lien avec le point A.3, page 49)
On peut utiliser différents matériels artificiels (tuiles, tiges en plastique à même le sol, piquets,
etc.) pour capter les naissains d’huîtres. Nous privilégions ici la confection de guirlandes, car elle
est très facile à réaliser, ne demande pas l’achat de matériel coûteux et permet l’obtention de
bons résultats (taux de fixation des huîtres important). Les guirlandes sont ensuite fixées sur
une structure en bois, en bordure de bolong dans une zone où il y a beaucoup d’huîtres à l’état
naturel.
Ci-dessous, nous expliquons comment confectionner la structure et les guirlandes.
1. La construction de la structure
Après avoir repéré le site propice à l’installation des guirlandes, il vous faudra construire une
structure sur laquelle attacher vos guirlandes. Vous aurez pour cela besoin de minimum 5
perches en bois : 4 de 2m50 et une ou plusieurs de 5m ainsi que de la corde. Référez-vous au
dessin ci-dessous pour mieux comprendre comment construire cette structure.
Les deux perches vertes (2m50) sont d’abord attachées à la mangrove à l’aide de cordes. La dis-
tance entre ces deux perches doit être d’environs 4m70. Les perches doivent être posées sur les
racines au-dessus des premières huîtres visibles. Les deux perches noires (2m50) sont ensuite
enfoncées dans la vase et attachées aux perches vertes à l’aide de cordes. La perche rouge (5m)
est ensuite déposée sur la perche verte et attachée à celle-ci à l’aide de corde. Les guirlandes
seront attachées sur cette perche. D’autres perches (mauves sur le dessin) peuvent être ajoutées
à la structure afin d’accueillir d’autres guirlandes. Chaque perche peut accueillir environ 20 guir-
landes (une tous les 0,25m).
2. La préparation des guirlandes
Il existe 3 types de guirlandes, variant en fonction de la façon dont les coquilles d’huîtres sont
percées et agencée sur le fil. Ces coquilles vides sont soit :
- percées de 2 trous et enfilées ;
- percées d’un trou à l’extrémité et enfilées ;
- percées au milieu et entassées.
67
Les guirlandes dont les coquilles sont percées d’un trou à l’extrémité sont celles préférées pour le
captage, car elles peuvent plus facilement bouger. Pour confectionner vos guirlandes :
1.Ramassez des coquilles d’huîtres vides de belle taille ou conservez-en lors des cueillettes ;
2.Percez la coquille à l’aide d’un marteau et un clou. Utilisez une planchette de bois comme
support.
3.Faites un trou à l’extrémité de la coquille.
3. L’enfilage des coquilles sur guirlandes
Pour chaque guirlande, vous aurez besoin de 2 m de fil de pêche et de 20 coquilles
1.Effectuez un gros nœud afin de bloquer la première coquille. La distance entre la coquille la
plus haute de la guirlande et la structure sur laquelle sont attachées les guirlandes dépend
de la distance entre cette structure et les premières huîtres vivantes visibles sur les racines
de palétuviers. Conservez cette même distance entre le haut du fil et votre premier nœud.
2.Enfilez la première coquille et effectuez à nouveau un nœud afin de bloquer cette coquille.
Recommencez ces opérations pour toutes les autres coquilles. La distance entre chaque
coquille doit être approximativement égale à 8 cm.
Une fois les guirlandes terminées, il ne vous reste plus qu’à les disposer sur la structure (voir
schéma de la page précédente).
68
ANNEXE 4 : COMMENT CONFECTIONNER DES BOTTES ?
Matériel nécessaire
Pour confectionner une paire de bottes, il vous faut
- 1 vieux pantalon (de préférence jeans ou tissu épais) ;
- 1 paire de sandales ;
- de la petite corde ;
- de la grosse corde ;
- des aiguilles à coudre ;
- des ciseaux.
Etapes à suivre *
Commencez par découper les jambes de votre vieux pantalon à hau-
teur du genou.
Cousez ensuite le pantalon à la sandale avec de la petite corde. Il
faut poser le pantalon autour de la semelle et coudre sur le côté.
Coupez de petits morceaux de grosse corde et cousez-les sur la
botte afin de constituer des boucles.
Passez une corde entre les boucles afin de serrer la botte.
* Tiré de « Manuel de gestion des ressources halieutiques dans la Petite Côte et le Delta du Saloum » de la JICA.
69
ANNEXE 5 : TABLEAU RÉCAPITULATIF DE LA CROISSANCE DE LA MANGROVE PAR CR (M
3/AN) ET DES BESOINS EN BOIS DE PALETUVIER
(lien avec le point B.1, à la page 52) Le volume de croissance correspond à la quantité de bois produite chaque année par les forêts
de mangrove.
Les chiffres concernant les besoins actuels en bois de mangrove proviennent d’une étude réali-
sée en 2002 auprès de 500 ménages dans le cadre du PAGEMAS.
Un hectare de mangrove produit entre 48 et 60m3 de bois. Hypothèse faite ici que 1Ha = 60 m3
de mangrove. A partir des besoins actuels des populations en bois de mangrove, nous pouvons
donc déduire la surface de mangrove à couper pour répondre à ces besoins en bois.
Un hectare représente 10 000m2. A partir de la surface à couper, on peut obtenir le nombre de
parcelles de 200m2 à couper. A chaque fois qu’une parcelle est coupée, une parcelle identique
doit être préservée. Il faut donc multiplier par 2 le nombre de parcelles à couper pour obtenir le
nombre de parcelles à délimiter. Le calcul est donc le suivant :
Pour déterminer les données qui s’appliquent à un village, il faut évaluer les besoins du village.
Pour se faire, calculer quelle est la proportion de la population du village par rapport à celle de la
CR.
Si le village X comprend 100 habitants et la CR 1000 habitants, la proportion d’habitants du vil-
lage par rapport à la CR : 100 : 1000 = 0,1 (soit 10% de la population de la CR)
Pour obtenir les données concernant la surface à aménager et le nombre de parcelles à délimiter
au niveau du village, il faut multiplier les données de la CR par le chiffre obtenu plus haut
(0,1dans l’exemple proposé ici).
CR
Volume de croissance
(m3/an)
Besoins actuels (m3/an)
Surface à aménager (Ha/an)
Nombre de parcelles à délimiter (parcelle de
200m2)
Djirnda 5 772 3 024 48 4 800
Bassoul 3 128 2 171 34 3 446
Dionewar 11 485 2 656 42 4 216
Toubacouta 23 211 2 587 41 4 106
Djilor 3 079 1 562 25 2 480
Diossong 4 153 564 9 896
Palmarin 770 430 7 682
[(surface à couper en Ha/an X 10 000) : 200] x 2 = Nombre de parcelles à délimiter
70
ANNEXE 6 : COMMENT DÉLIMITER DES PARCELLES DE COUPE ?
La délimitation de parcelles de coupe facilite la coupe ultérieure et le suivi de la régénération. La technique consiste à délimiter des parcelles de 10m x 20m destinées à la coupe séparées par des bandes de 10m x 20m qui seront préservées. Entre chaque parcelle et le chenal (bolong), une bordure de 5m de mangrove est préservée afin de minimiser l’impact des coupes et mainte-nir les rôles écologiques de la mangrove : zone de frayère, fixation des huîtres et barrière contre l’érosion. Dans chaque parcelle de coupe, quatre semenciers vigoureux porteurs de nombreuses propagules sont choisis et préservés. PC1 PP1 PC2 PP2
20m
5m (bande protectrice) 10m 10m 10m 10m PC : parcelle de coupe PP : parcelle préservée
: zones à préserver : semenciers à conserver
La délimitation d’une parcelle s’effectue à l’aide de 2 cordes de 20m tendues perpendiculaire-ment à la rive à 10m de distance. Elle nécessite le concours de 2 personnes. Pour la première corde, un repère (R1) est placé à l’aide d’une corde à 5m de distance perpendi-culairement à la rive. Une corde de 20m est ensuite tendue à partir de ce repère perpendiculaire-ment à la rive. Pour la corde suivante : Un repère (R2) est placé perpendiculairement à 10m de la corde précédente et à 5m de la rive. Ce repère est ensuite utilisé comme guide pour le placement de la corde suivante. Il est conseillé de prendre des repères relativement grands et colorés afin de faciliter leur visibilité au sein de l’enchevêtrement de la mangrove. L’idéal étant de voir le repère suivant afin de tendre la corde de la façon la plus rectiligne possible. Une fois les parcelles délimitées, il faut procéder à l’identification des semenciers (4 par parcelle) qui seront préservés. Ils seront marqués à la peinture blanche et leur circonférence sera mesu-rée. Veillez à numéroter les parcelles délimitées sur une carte afin de pouvoir ensuite les localiser et faciliter les déplacements des personnes en charge de la coupe.
Schéma des parcelles de coupe
71
ANNEXE 7 : EXEMPLE DE CALENDRIER DE COUPE (CR de Djirnda)
(lien avec le point B.1./Etape 2, page 53)
CR de Djirnda
Nombre de parcelles à couper (200m2) pour répondre aux besoins en bois des po-
pulations : 2400
Nombre de mois où la coupe peut être effectuée : 7 (janvier, février, mars, avril, mai,
juin et décembre)
Nombre de jours où il est possible d’effectuer la coupe par an : 16 jours/mois* x 7
mois = 112 jours
* Etant donné que la coupe demande un travail physique, nous avons limité le nombre de jours de
travail par semaine à 4.
Nombre de parcelles à couper durant chaque journée de travail : 2400 / 112 = 21
parcelles/jour
Etant donné qu’une équipe de 4 personnes peut couper jusqu’à 5 parcelles par
jour, il faudra au minimum 4 équipes de coupe par jour.
Dates
de coupe
Personnes en charge
de la coupe
(indiquer les noms)
Nbre
de par-
celles/
Numéros des parcelles
à couper
4-7 janvier
(4 jours)
11-14 janvier
(4 jours)
18-21 janvier
(4 jours)
25-28 janvier (
4 jours)
SOIT 16
4 X 4 personnes
4 X 4 personnes
4 X 4 personnes
4 X 4 personnes
21
21
21
21
1 à 84 (1-21,22-42,43-63,64-84)
85 à 168 (85-105,106-126,127-
147, 148-168)
169 à 252 (169-189, 190-210,211
-231, 232-252)
253 à 337 (253-273, 274-294, 295
-315,316-336)
72
ANNEXE 8 : COMMENT EFFECTUER LE SUIVI DES PARCELLES DE COUPE ?
(lien avec le point B.1./Etape 6, page 54)
1. Comment vérifier l’adéquation entre les volumes de bois coupés et les besoins en bois ?
Ce tableau est à compléter par les personnes chargées de la vente du bois.
La quantité de bois à couper est celle indiquée sur le calendrier de coupe.
La quantité de bois effectivement coupée est estimée (en m3 ou en tas) une fois le bois ra-
mené au village/à la CR et avant que ne débute sa vente.
La quantité de bois octroyée à chaque ménage est calculée à partir des quantités de bois
effectivement récoltées et du nombre de ménages que comprend la CR. Si des groupe-
ments ou des individus pratiquent une activité génératrice de revenus nécessitant du bois
de mangrove, leurs besoins sont également pris en compte (enquête préalable nécessaire).
La quantité de bois coupée est ensuite divisée par le nombre de ménages et groupements/
individus.
Le bois a permis de répondre aux besoins en bois des populations si :
- toute la population a obtenu la quantité de bois qui lui était nécessaire pour répondre à
ses besoins domestiques d’ici à la prochaine coupe
- cette quantité de bois a effectivement permis de répondre aux besoins en bois des po-
pulations durant la période (question à poser aux populations lors de la prochaine vente
de bois).
Si vous remarquez à un moment donné que vos besoins en bois dépassent la quantité de
bois coupée, voici quelques conseils :
Convoquez le comité de gestion villageois chargé de la gestion de la mangrove ou la Commis-
sion Environnement/Comité de gestion des ressources naturelles ainsi que l’Agent des Eaux et
Forêts qui a autorisé la coupe.
Ensemble, essayez de déterminer quelle est l’origine de cet écart. Cela peut être du au fait que le
volume de croissance de la mangrove estimé soit supérieur au volume de croissance réel.
Date de la coupe
Quantité de bois
à couper (m
3)
Quantité de bois effecti-vement cou-pée (m
3 ou
tas)
Quantité de bois par mé-nage, grou-pement ou
individu (pour AGR)
Le bois a-t-il per-mis de répondre aux besoins en bois des popula-tions jusqu’à la prochaine coupe ?
Commentaires
73
L’augmentation des besoins en bois de la population peut être une autre cause expliquant cet
écart.
Ensuite, réfléchissez aux mesures à adopter : réadapter les calculs en fonction du volume de
croissance de la mangrove, chercher à diminuer la consommation en bois des populations
(exemple : via l’adoption de foyers améliorés, via la réduction de nombre de fours de fumage,
etc.) ou revoir à la hausse les besoins en bois des populations (en cas d’augmentation significa-
tive de la population par exemple).
2. Comment s’assurer de la régénération naturelle de la mangrove dans les parcelles de coupe ?
Pour évaluer la régénération naturelle des parcelles de coupe, il faut mesurer deux fois par an
certaines données :
- le nombre de propagules tombées dans chaque parcelle;
- l’évolution de la croissance des 4 semenciers, grâce aux mesures de la hauteur, du dia-
mètre au-dessus de la dernière racine, du nombre de feuilles et du nombre de ramifications.
Ces données doivent être consignées dans un cahier. Elles seront présentées périodiquement à
un Agent des Eaux et Forêts qui pourra évaluer, grâce à ces chiffres, la régénération de la man-
grove. Il pourra également déterminer quel est le volume de croissance de la mangrove. Vérifiez
qu’il corresponde bien à l’hypothèse posée en annexe 5 (1Ha = 60 m3 de mangrove), et éventuel-
lement proposer des suggestions pour adapter ces données.
74
ANNEXE 9 : COMMENT INSTALLER UNE PÉPINIÈRE D’AVICENNIA ?
(lien avec le tableau récapitulatif, page 56)
Où produire une pépinière ?
Le choix du site d’implantation de la pépinière est capital pour arriver à produire des plants de bonne quali-
té. En effet, les graines d’Avicennia ne sont pas arrosées avec de l’eau douce mais sont arrosées par le
régime naturel des marées.
Critères permettant de repérer les sites propices à la mise en place d’une pépinière :
1. Site situé dans la zone de balancement des marées, ni trop haut, ni trop bas, sous peine de voir soit
les plants noyés, soit se dessécher. Il faut tenir compte des périodes de petites marées pour s’assurer
que les plants seront tout de même régulièrement inondés.
2. Le sol doit être sablo-vaseux.
3. La salinité de l’eau peut être élevée mais elle ne doit pas dépasser un certain seuil. Si tous les Avi-
cennia présents dans la zone ont disparu (questionner pour cela les anciens), c’est que la salinité de
l’eau y est trop importante.
Il est recommandé de placer la pépinière dans un endroit ombragé. Cela favorise la croissance des plants
tout en protégeant les jeunes pousses. Il faut néanmoins penser à les exposer progressivement à la lu-
mière afin de ne pas produire des plants trop fragiles qui risquent de connaître de fort taux de mortalité
lorsqu’ils seront mis en pleine terre. Le plus facile pour pouvoir entretenir la pépinière est de créer une om-
brière surélevée d’au moins 1 mètre 50 afin d’y travailler confortablement (désherbage, regarnissage…).
Des crintins ou de la paille sont posés sur une armature de bois. La paille permet d’alléger progressivement
la couverture et d’ensoleiller les plants peu à peu.
Il est recommandé d’entourer l’ensemble de la pépinière d’un filet à petites mailles (type filet pêche à la
crevette) afin de limiter la dégradation des jeunes feuilles des plants d’Avicennia par les poissons et les
crabes.
Veillez également à prévenir les autres utilisateurs du site et à obtenir leur accord avant d’y placer votre
pépinière.
Quand produire une pépinière ?
La période la plus favorable à la plantation d’Avicennia se situe entre novembre et février. Etant donné qu’il
faut 3 à 5 mois pour produire un plant en pépinière, la production peut avoir lieu entre début juin et début
novembre.
Comment produire une pépinière ?
1. Récolter les semences
Les graines mûres, de couleur jaune moutarde, sont ramassées ou récoltées directement sur l’arbre. Il est
conseillé de choisir les plus grosses graines car leur taux de germination est plus élevé. Pour planter un
hectare d’Avicennia, il faut récolter environ 6000 graines.
75
Seuls 5000 plants sont nécessaires pour le reboisement d’un hectare. Cependant, il faut tenir compte du
fait que certaines graines ne pousseront pas ou que certaines plants vont mourir.
Attention ! Eviter de ramasser des graines qui ont subi des attaques de chenilles ou de vers.
2. Prétraiter les graines
Les graines collectées doivent être prétraitées le jour même ou au plus tard le lendemain. Le prétraitement
vise à débarrasser la graine de sa cuticule (fine peau) tout en favorisant la levée de la dormance (pré ger-
mination) et en la débarrassant d’éventuels parasites.
Pour prétraiter les graines, on les trempe dans un mélange d’eau douce et d’eau de mer (moitié-moitié)
pendant deux à trois jours. Le trempage dans de l’eau de mer donne également de bons résultats de ger-
mination.
3. Réaliser les semis en gaines (pots)
Le rempotage : cela consiste à remplir les gaines de poto poto (sans engrais). Le substrat peut-être
légèrement sableux, mais sans excès sinon le risque de dessèchement des plantules augmente.
L’arrimage : les gaines sont ensuite placées dans des « planches » en crevasses. La planche est un
dispositif qui consiste à creuser de 2 à 5 cm une surface de 1m de large sur 10m de long pour y pla-
cer les gaines. Approximativement 1000 gaines peuvent être placées par planche. Une fois toutes
les gaines posées dans la planche, on les entoure d’une corde. Celle-ci doit permettre de maintenir
les gaines les unes contre les autres. Pour l’obtention de 6000 plants, il faut constituer 6 planches
(prise en compte de la mortalité des plants). Les planches doivent être disposées dans la zone de
balancement des marées. Elles doivent être inondées quotidiennement, l’idéal étant de placer les
caisses ou les planches dans la zone moyenne, de façon à ce que la hauteur et le temps de submer-
sion ne soient ni trop importants, ni trop faibles. Eviter d’arroser les plants à l’eau douce, leurs
chances ultérieures d’adaptation lors de la plantation en milieu salé seraient compromises.
Le semis : effectuez d’abord les trous de semis à l’aide d’un bâton dans les gaines. La profondeur
du trou doit être de 2 à 3 fois la taille de la graine. Placez ensuite la graine au fond du trou et recou-
vrez-la de terre.
4. L’entretien de la parcelle et le suivi de la croissance des plants
L’entretien consiste à :
- désherber régulièrement la pépinière
- vérifier que les gaines restent bien positionnées suite à l’action des marées
- redresser les plants tombés
- enlever les plants morts ou attaqués par des parasites
- regarnir la pépinière au fur et à mesure s’il y a des vides
- ajuster l’ombrière afin de donner progressivement plus de lumière aux plants (retrait progressif des
crintins ou de la paille).
L’entretien doit être effectué au minimum deux fois par semaine, l’idéal étant de s’y rendre chaque jour. Il
est important lors de l’entretien de pouvoir suivre l’évolution de la croissance des plants et du nombre de
plants toujours en vie. Les personnes qui en sont responsables veilleront à noter à chaque visite dans un
cahier le nombre de plants morts, le nombre de plants replantés (regarnissage) afin de pouvoir évaluer le
nombre total de plants qui seront ensuite plantés.
76
EXEMPLE DE FICHE DE SUIVI : Pépinière de Diossong Nombre de semis effectués : 6000 Date de semis : 1er juillet 2010
Nombre de plants mis en terre :
2/11/2010 : 3 000 plants
21/11/2010 : 1 834 plants
TOTAL DES PLANTS MIS EN TERRE : 4 834 plants
Date du suivi Nombre de
plants morts Nombre de
plants regarnis Observations
Nombre de plants res-
tants
3 juillet 0 0 / 6000
7 juillet 0 0 On commence à voir des tiges apparaître
6000
10 juillet 0 0 / 6000
13 juillet 350 0 Graines qui ne sont pas sor-ties de terre
5650
15 juillet 0 0 / 5650
… … … … …
10 août 56 0 Forte marée ayant endom-magé les plants
5410
13 août 3 300 Opération de regarnissage de la pépinière
5707
… … … … …
1 novembre 0 0 / 4950
2 novembre 4 0 Plantation de 3000 plants ayant atteint une taille suffi-sante
1950
… … … … …
18 novembre 18 0 / 1834
21 novembre 0 0 Plantation des plants res-tants (1834)
0
77
ANNEXE 10 : COMMENT ÉVALUER UN REBOISEMENT ?
(lien avec le tableau récapitulatif, page 56)
Pour évaluer un reboisement, le plus simple est d’évaluer après un an de plantation le taux de
reprise de votre reboisement. Pour cela, il faut compter (à marée basse) le nombre total de
plants encore vivants après un an. En réunissant votre équipe de plantation, cela peut aller très
vite.
Soit Ntot, le nombre de propagules plantées (Rhizophora) / plants mis en terre (Avicennia ou
espèces pour bois de village) en année 0.
Soit N1, le nombre de propagules/plants encore en vie après un an de plantation (année 1).
Alors le taux de reprise,
(en %) T = N1/Ntot X 100
Les trois années suivantes, calculez le taux de survie de votre reboisement. Le taux de survie est
calculé de la même manière que le taux de reprise. Il permet de suivre l’évolution du reboise-
ment.
Soit Ntot, le nombre de propagules plantées (Rhizophora) / plants mis en terre (Avicennia
ou espèces pour bois de village) en année 0.
Soit N2, le nombre de propagules / plants encore en vie après deux ans de plantation
(année 2).
Alors le taux de survie,
(en %) T = N2/Ntot X 100
Les calculs du taux de reprise et du taux de survie doivent vous aider à évaluer vos reboise-
ments. Si le taux de reprise et de survie sont peu élevés, il faut en chercher les causes
(exemple : sol peu approprié, salinité trop importante, propagules mal triées, plants mis en terre
trop jeunes, etc.) et en tirer des leçons pour vos prochains reboisements. Si au contraire, les taux
de reprise et de survie sont élevés, c’est que les conditions de reboisement et les techniques utili-
sées étaient favorables.
Après un an ou deux, vous pouvez replacer les propagules / plants mort(e)s dans les lignes.
78
ANNEXE 11 : QUELLES ESPÈCES PLANTER DANS UN BOIS DE VILLAGE ?
Ci-dessous, nous présentons 4 espèces à croissance rapide qui s’adaptent généralement bien
aux conditions climatiques et pédologiques du Delta du Saloum. Il s’agit de : l’eucalyptus, le teck,
le prosopis et l’Acacia nilotica (var. adansonii).
1. L’eucalyptus
Taille
Il s’agit d’un arbre de taille moyenne qui peut atteindre 20m de hauteur en zone soudanienne.
Type de sol et pluviométrie supportés
L’eucalyptus peut se développer sur des sols variés et sous une pluviométrie supérieure à
700mm.
Temps nécessaire entre la plantation et l’exploitation
L’espèce peut être exploitée 7 à 10 ans après sa plantation.
Types de produits fournis
L’eucalyptus fournit du bon bois de chauffe et d’excellentes perches pour la construction des
maisons.
Avantages et inconvénients
L’eucalyptus est une espèce à croissance très rapide. Cette espèce présente également des
vertus médicinales et ses fleurs sont très appréciées par les abeilles.
Cette espèce présente des inconvénients sur le plan agricole car elle pompe beaucoup d’eau
et appauvrit rapidement les sols.
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2. Le teck
Taille
Le teck mesure généralement plus de 20m de haut.
Type de sol et pluviométrie supportés
Le teck se développe sur des sols profonds et bien drainés. Il a besoin de luminosité. La plu-
viométrie annuelle doit au minimum atteindre 1 000 mm.
Temps nécessaire entre la plantation et l’exploitation
Après 5 à 8 ans, ses branches peuvent fournir du bois de feu.
Il offre de bonnes perches vers 12 à 15 ans de croissance et des poteaux après 20 à 30 ans.
Types de produits fournis
Il fournit un excellent bois de feu, de service et d’œuvre.
Avantages et inconvénients
Le bois de teck résiste bien aux attaques des insectes tels que les termites. Son bois
d’œuvre est de très bonne qualité mais sa croissance n’est pas rapide.
3. Le prosopis
Taille
Le prosopis peut atteindre 12 à 15m.
Type de sol et pluviométrie supportés
Le prosopis se développe sur des sols pauvres sableux ou rocheux bien drainés. Il supporte
la salinité et les grandes chaleurs. La pluviométrie minimale permettant sa croissance est de
150 mm par an.
Temps nécessaire entre la plantation et l’exploitation
En l’espace de 2 ans, le prosopis fournit du bois de feu. Il peut pousser de 1,5m par an.
Il offre de bonnes perches au bout de 3 ans.
Types de produits fournis
Il fournit un excellent bois de feu et de service.
Avantages et inconvénients
L’avantage du prosopis est sa croissance très rapide. De plus, il repousse encore plus rapide-
ment après la coupe. Son inconvénient est qu’il peut se déraciner en cas de vents très vio-
lents (rares cas).
80
4. L’Acacia nilotica var. adansonii
Taille
L’Acacia nilotica peut atteindre 20m.
Type de sol et pluviométrie supportés
Cette espèce se développe de préférence sur des sols profonds sableux-limoneux mais sup-
porte aussi des sols légèrement argileux, latéritiques ou calcaires. Il prospère avec une plu-
viométrie variant de 100 à 1 000 mm et supporte des températures très élevées (50° et plus).
Temps nécessaire entre la plantation et l’exploitation (bonnes conditions)
En l’espace de 3 ans, l’Acacia nilotica fournit du bois de feu.
Il offre ensuite de bonnes perches au bout de 4 ans.
Types de produits fournis
Il fournit un excellent bois de feu et de service.
Avantages et inconvénients
L’acacia est un bois lourd très apprécié comme combustible mais qui constitue également un
bon bois d’œuvre. Il permet également de produire du tanin et est utilisé en médecine tradi-
tionnelle.
81
ANNEXE 12 : COMMENT INSTALLER UNE PÉPINIÈRE POUR CONSTITUER UN BOIS
DE VILLAGE ? (lien avec le point C.2., page 57)
Où produire une pépinière ? La pépinière doit être installée sur un sol perméable et profond.
La pépinière doit être arrosée tous les jours. Veillez à l’installer à proximité d’une source permanente d’eau
douce.
Il est recommandé de clôturer la pépinière afin d’éviter la divagation des animaux.
Veillez également à placer la pépinière dans un endroit ombragé. Cela favorise la croissance des plants
tout en protégeant les jeunes pousses. Il faut néanmoins penser à les exposer progressivement à la lu-
mière afin de ne pas produire des plants trop fragiles qui risquent de connaître de fort taux de mortalité
lorsqu’ils seront mis en pleine terre. Le plus facile pour pouvoir entretenir la pépinière est de créer une om-
brière surélevée d’au moins 1 mètre 50 afin d’y travailler confortablement (désherbage, regarnissage…).
Des crintins ou de la paille sont posés sur une armature de bois. La paille permet d’alléger progressivement
la couverture et d’ensoleiller les plants peu à peu.
Quand produire une pépinière ? La meilleure période pour installer une pépinière est février-mars-avril. Les plants seront mis en pleine terre
à l’âge de 3 à 6 mois, soit en juillet-août-septembre.
Comment produire une pépinière ?
1. Obtenir ou collecter les semences : Pour vous approvisionner en graines, vous pouvez soit pas-ser commande auprès du PRONASEF (Service National de Production de Semences Fores-tières) situé à Dakar, soit collecter vous-mêmes les graines sur les arbres semenciers.
2. Prétraiter les graines : Sur ses sachets de graines, le PRONASEF donne des indications sur le pré-traitement des graines. Si vous faites vous-même la collecte, il faut vous renseigner auparavant auprès de techniciens afin de savoir comment collecter les graines, les prétraiter et les conserver. Nous vous conseillons de vous approvisionner auprès du PRONASEF qui fournit des semences de qualité. 3. Réaliser les semis en gaines (pots)
Le rempotage
Procédez d’abord au rempotage des gaines. Pour cela :
- cherchez du sable et du terreau - tamisez le sable et mélangez-le avec le terreau - arrosez ce mélange avec de l’eau douce - remplissez les gaines avec ce mélange en ne laissant pas de vide dans la gaine jusqu’à 1cm des
bords.
L’arrimage
Avec une pelle, une houe ou un autre instrument, creusez des trous rectangulaires de 1 à 2 m de
large, de 3 à 4 m de long et 10 à 15 cm de profondeur le long de l’ombrière. C’est dans ces planches
que vous allez placer les gaines qui vont servir à élever les plants.
Le semis des graines Avant de semer les graines, arrosez d’abord les gaines matin et soir pendant une semaine. Désher-bez ensuite les gaines puis semez dans chaque gaine 3 à 4 graines des espèces choisies. Veillez à décaler les graines de 5 cm entre elles pour éviter de détruire les racines lors du démariage. Le démariage Une semaine après la germination, démariez les plants et repiquez ceux que vous enlevez dans les autres gaines qui n’ont pas de plant. Le démariage consiste à éclaircir le semis en ne conservant que le plant le plus vigoureux et en écartant tous les autres plants.
82
4. L’entretien de la parcelle et le suivi de la croissance des plants
L’entretien doit être effectué chaque jour. Il consiste à :
désherber régulièrement la pépinière
arroser les plants matin et soir jusqu’à la transplantation
enlever les plants morts ou attaqués par des parasites
regarnir la pépinière au fur et à mesure s’il y a des vides
ajuster l’ombrière afin de donner progressivement plus de lumière aux plants (retrait progressif
des crintins ou de la paille). Au bout de 15 jours, le toit de l’ombrière doit être totalement enlevé afin que les plants disposent d’un ensoleillement maximal.
Il est important lors de l’entretien de pouvoir suivre l’évolution de la croissance des plants et du nombre de plants toujours en vie. Les personnes qui en sont responsables veilleront à noter à chaque visite dans un cahier le nombre de plants morts, le nombre de plants replantés (regarnissage) afin de pouvoir évaluer le nombre total de plants qui seront ensuite plantés.
Exemple de fiche de suivi :
Pépinière de Diossong Nombre de semis effectués : 300 Date de semis : 1er mars 2010
Nombre de plants mis en terre :
10/08/2010 : 150 plants mis en terre
30/08/2010 : 84 plants
TOTAL DES PLANTS MIS EN TERRE : 234
Date du suivi Nombre de
plants morts Nombre de
plants regarnis Observations
Nombre de plants res-
tants
2 mars 0 0 / 300
3 mars 0 0 / 300
… … … … …
25 juillet 2 0 / 278
27 juillet 38 0 Forte pluie ayant endomma-gé plusieurs plants
240
… … … … …
10 août 0 0 Transplantation de 150 plants suffisamment vigou-reux
90
… … … … …
83
ANNEXE 13 : FICHE D’EVALUATION D’UNE ACTION DE GESTION DURABLE
Date à laquelle l’action a été mise en œuvre :
__________________________________________________
Date de l’évaluation :
__________________________________________________
Liste des personnes présentes lors de l’évaluation :
_____________________________________________________________________________
_____________________________________________________________________________
_____________________________________________________________________________
_____________________________________________________________________________
Evaluation de l’action
_____________________________________________________________________________
_____________________________________________________________________________
_____________________________________________________________________________
_____________________________________________________________________________
_____________________________________________________________________________
Recommandations pour une prochaine action
_____________________________________________________________________________
_____________________________________________________________________________
_____________________________________________________________________________
_____________________________________________________________________________
_____________________________________________________________________________
84
LEXIQUE
85
Bonga
Poisson fumé obtenu à partir du fumage de l’ethmalose. 4 à 5 séances de fumage (de 2 à 4h)
sont nécessaires pour son obtention. A la différence du kéthiakhe, le bonga est généralement
vendu entier, avec toutes les parties intactes. Le bonga est généralement vendu non salé. La
plus grande partie de sa production au Sénégal est destinée à l’exportation.
Détroquer
Il s’agit de l’action qui consiste à détacher l’huître du collecteur.
Écosystème
Un écosystème se compose d’un ensemble d’éléments vivants (plantes, animaux et micro-
organismes) qui interagissent entre eux et avec le milieu (sol, lumière, eau, climat) dans lequel ils
se déploient.
Érosion éolienne
Elle désigne un phénomène causé par le vent qui emporte les particules de sable ou de terre
présentes sur le sol. L’érosion éolienne est plus importante lorsque la végétation est absente, les
sols secs et peu structurés.
Érosion hydrique
Il s’agit du phénomène par lequel l’eau ruisselle en emportant avec elle les particules de terre
(principalement de terres de culture qui sont moins compactes car elles ont été labourées).
Estuaire inversé
Estuaire où la salinité est plus élevée en amont qu'en aval à cause d'une forte évaporation et
d'une faible précipitation dans une région côtière aride.
Fumage
Le fumage est le fait de soumettre les poissons pendant un certain temps à l’action de la fumée
issue d’une combustion lente (pyrolyse) de bois servant à les déshydrater, assurer leur conser-
vation et leur aromatisation.
Ichtyofaunique
Relatif à la faune des poissons.
Kéthiakhe
Poisson fumé obtenu à partir du fumage de l’ethmalose. 1 à 2 séances de fumage (de 2 à 4h)
sont nécessaires pour son obtention. Ce poisson est dépiauté, étêté et sa queue éliminée avant
d’être commercialisé. Le kéthiakhe est généralement vendu non salé. La plus grande partie de sa
production au Sénégal est destinée à l’exportation.
Oxydation
Action chimique par laquelle un corps se combine avec l'oxygène. Pour les produits alimentaires,
l'oxydation est un facteur de dégradation
86
Pare-feu
Le pare-feu est une bande que l’on nettoie autour de la parcelle pour prévenir les feux dans la
parcelle. La largeur de la bande dépend de l’importance de la strate herbacée dans la zone, de la
force du vent et de la fréquence des feux de brousse dans la zone.
pH ou potentiel hydrogène
Le pH est un paramètre permettant de définir si un milieu est acide (<7), basique (>7) ou neutre.
Régénération naturelle
Capacité d’un milieu, le plus souvent forestier, à se reconstituer sans intervention extérieure suite
à une perturbation (exploitation forestière, catastrophe naturelle, etc.)
La régénération naturelle se distingue de la régénération assistée où la reconstitution du milieu
forestier se fait grâce une intervention humaine (reboisement, éclaircies, etc.)
Sécurité alimentaire
La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès phy-
sique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire
leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active
[Sommet mondial de l’alimentation, 1996].
La sécurité alimentaire fait référence à :
- la disponibilité physique des aliments
- l’accès physique et économique des aliments
- l’utilisation des aliments
- la stabilité des 3 autres dimensions dans le temps
Tannes ou vasières nues
Vastes étendues de terres salées nues ou peu colonisées par les végétaux.
Vase ou poto-poto
Mélange de matières organiques et de terre qui forment un dépôt au fond de l’eau.
Vasières
Zones côtières ou estuariennes constituées de vases. Les vasières sont fixées par des man-
groves. Elles constituent un habitat privilégié pour de nombreuses espèces animales
(principalement des oiseaux d’eau) et une zone importante de ponte.
Volume de croissance de la mangrove
Le volume de croissance de la mangrove correspond au volume de bois produit naturellement
par la mangrove si elle ne subit pas de dégradation causée par l’homme.
Zone de balancement des marées
La zone de balancement des marées correspond à la zone qui est immergée à marée haute et
émergée à marée basse.
87
BIBLIOGRAPHIE
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sion, ADG, 2003, consultable à la coordination régionale d’ADG Afrique de l’Ouest
91
Remerciement…
Nous adressons nos plus vifs remerciements à la coopération Japonaise, la JICA, pour
avoir mis à notre disposition les données et photos de leurs études et à Sophie Caillaux
pour sa contribution à l’élaboration de ce guide...
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La mangrove est un cadre de vie unique, qu’il importe dans l’intérêt de ses populations
de protéger et de gérer respectueusement. …
Depuis 2002, ADG et ses partenaires ont mis en œuvre un programme d’appui à la gestion durable de la mangrove
dans les CR de Bassoul, Djilor, Djirnda, Dionewar, Diossong, Palmarin et Toubacouta. Ce guide est un partage d’expé-
riences avec les acteurs impliqués dans la gestion de cet écosystème.
Ce guide est réalisé par l’ONG ADG, avec la collaboration de la JICA (coopération Japonaise)
Aide au Développement Gembloux (ADG)
Au Sénégal :
100, Rue 41 Cité Malick Sy
Thiès – Sénégal
Tél. : +221 33 951 64
Fax : +221 33 951 64
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