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Quels sont les bienfaits de l’écosystème mangrove ? A quel niveau de dégradation se trouve cet écosystème ? Quelles stratégies adopter pour préserver cet écosystème ? La mangrove, un écosystème à protéger... Guide pratique à l’usage des Communautés Rurales du Delta du Saloum, Sénégal Capitalisation de l’expérience de l’ONG ADG Edition septembre 2012 Financement :

La mangrove, un écosystème à protéger - ong-adg.be · La mangrove est un écosystème complexe, composé de végétaux, principalement ligneux, qui ne se développe que dans la

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Quels sont les bienfaits de l’écosystème mangrove ?

A quel niveau de dégradation se trouve cet écosystème ?

Quelles stratégies adopter pour préserver cet écosystème ?

La mangrove,

un écosystème à protéger... Guide pratique

à l’usage des Communautés Rurales

du Delta du Saloum, Sénégal

Capitalisation de l’expérience de l’ONG ADG

Edition septembre 2012

Financement :

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TABLE DES MATIÈRES

Liste des sigles

Préface

Introduction

1. Informations générales

1.1. Présentation de la mangrove

1.2. Utilité de la mangrove

1.3. Etat général de dégradation de la mangrove

1.4. Facteurs de dégradation de la mangrove

1.5. Impact de l’activité humaine sur la mangrove

Synthèse

2. Niveau d’exploitation de la mangrove

2.1. Méthodologie

2.2. Situation dans le Delta du Saloum

2.3. Situation par Communauté Rurale

Synthèse

3. Stratégie de gestion durable de la mangrove

3.1. Description de la stratégie d’action

3.2. Déroulement de la stratégie d’action

3.2.1. La préparation

3.2.2. La mise en œuvre

A. Les actions visant à diminuer la pression anthropique

A.1. Utilisation de foyers améliorés

A.2. Organisation du fumage de poissons

A.3. Pratique de l’ostréiculture

A.4. Développement de l’apiculture

B. Les actions de règlementation de la coupe et de contrôle

B.1. Règlementation de la coupe

B.2. Contrôle des surfaces de mangrove

C. Les actions de reboisement

C.1. Reboisement de la mangrove

C.2. Création de bois de village

3.2.3. L’évaluation de l’action

Synthèse

4. Perspectives et questions à approfondir

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TABLE DES MATIÈRES

Annexes

Annexe 1 : Personnes de contact

Annexe 2 : Fiche de préparation d’une action de gestion durable

Annexe 3 : Comment confectionner des guirlandes ostréicoles ?

Annexe 4 : Comment confectionner des bottes ?

Annexe 5 : Tableau récapitulatif de la croissance de la mangrove par CR et des be-soins en bois de palétuvier

Annexe 6 : Comment délimiter des parcelles de coupe ?

Annexe 7 : Exemple de calendrier de coupe (CR de Djirnda)

Annexe 8 : Comment effectuer le suivi des parcelles de coupe ?

Annexe 9 : Comment installer une pépinière d’Avicennia ?

Annexe 10 : Comment évaluer un reboisement ?

Annexe 11 : Quelles espèces planter dans un bois de village ?

Annexe 12 : Comment installer une pépinière pour constituer un bois de village ?

Annexe 13 : Fiche d’évaluation d’une action de gestion durable

Lexique

Bibliographie

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LISTE DES SIGLES

Aide au Développement Gembloux

Association pour la Promotion des Initiatives Locales

Assistant Communautaire

Commissariat Général aux Relations Internationales de la Communauté

française de Belgique – Division des Relation Internationale

Communauté Rurale

Direction des Parcs Nationaux du Sénégal

Association Japonaise de Technologie Forestière

Agence Japonaise de Coopération Internationale

Projet d’Appui à la Gestion Durable de la Mangrove du Delta du Saloum

Programme pour le Développement des Energies Renouvelables

Parc National du Delta du Saloum

Réserve de Biosphère du Delta du Saloum

Union Européenne

West African Association for Marine Environment

Wallonie-Bruxelles Internationale

ADG

APIL

ASCOM

CGRI-DRI

CR

DPNS

JAFTA

JICA

PAGEMAS

PRODER

PNDS

RBDS

UE

WAAME

WBI

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PRÉFACE

L’élaboration de ce guide découle de la volonté de l’ONG ADG (Aide au Développement Gem-

bloux – ONG belge reconnue au Sénégal) de partager les connaissances qu’elle a acquises en

matière de gestion et d’aménagement de mangrove dans le Delta du Saloum, au Sénégal.

Depuis 2002, ADG et ses partenaires ont mis en œuvre un programme d’appui à la gestion du-

rable de la mangrove dans les CR de Bassoul, Djilor, Djirnda et Toubacouta. Ce projet s’est dé-

roulé en deux phases. La première, intitulée « Appui à la gestion communautaire des ressources

naturelles des forêts de mangrove dans la RBDS» a été mis en œuvre entre 2000 et 2006 sur

financement de l’UE, en partenariat avec WAAME, Nature + et la Direction des Parcs Nationaux

du Sénégal (DPNS). La seconde, intitulée « Renforcement des capacités des populations locales

du Delta du Saloum pour un développement durable », a été exécutée entre 2007 et 2009, en

partenariat avec l’Association pour la Promotion des Initiatives Locales (APIL), grâce à un finan-

cement du CGRI-DRI.

Pour réaliser ce guide, ADG s’est également inspirée d’études et de rapports réalisés par

d’autres opérateurs actifs dans le domaine de la mangrove du Delta du Saloum entre 2002 et

2010, notamment dans le cadre du « Projet d’Appui au renforcement des capacités locales pour

une Gestion durable de la Mangrove dans le Delta du Saloum – PAGEMAS », financé par la JICA

(Agence Japonaise de Coopération internationale) et mis en œuvre par le JAFTA (Association

japonaise de technologie forestière). Les illustrations et photos proviennent soit de ces études

soit de l’équipe de communication d’ADG.

Le présent guide est complémentaire à un manuel pratique destiné aux volontaires forestiers et

aux populations. Ce manuel pratique détaille à l’aide d’illustrations les actions à entreprendre afin

de restaurer et conserver la mangrove. Il est important pour ADG de développer des outils spéci-

fiques à chaque catégorie d’acteurs, car la restauration et la préservation de la mangrove con-

cernent chacun d’eux. L’avenir de cet écosystème dépend de l’action de chacun. Il est dès lors

important que chacun dispose des connaissances nécessaires pour agir à son niveau de manière

responsable. Il faut que les populations puissent tirer profit des ressources de l’écosystème man-

grove, et ainsi répondre à leurs besoins présents sans pour autant compromettre la capacité des

générations futures à répondre aux leurs. C’est une gestion durable de la mangrove qui est ici

visée.

Ce guide constitue donc une contribution d’ADG à la recherche de solutions pour une meilleure

gestion de l’écosystème mangrove dans le Delta du Saloum. ADG s’inscrit dans un processus

d’apprentissage mutuel et continu. Elle souhaite dès lors que ce document puisse être enrichi et

amélioré à l’avenir. Elle se veut à l’écoute de toutes vos critiques, suggestions et retours d’expé-

riences allant dans ce sens.

Fabien Locht

Coordinateur d’ADG Afrique de l’Ouest

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INTRODUCTION

Quel est l’objectif de ce guide ?

Ce document est consacré à l’écosystème mangrove du Delta du Saloum qui s’étend dans les

communautés rurales (CR) de Bassoul, Dionewar, Djilor, Djirnda, Diossong, Palmarin et Touba-

couta, dans la région administrative de Fatick. Cet écosystème est indispensable à la survie et au

développement des populations locales, car il remplit de nombreuses fonctions. Malheureuse-

ment, la mangrove se dégrade de plus en plus suite à son exploitation par l’homme (coupe de

bois pour la cuisine, la construction, etc.) et aux impacts de différents phénomènes liés aux chan-

gements climatiques. Depuis plus de 30 ans, divers programmes de préservation et de restaura-

tion de la mangrove ont été entrepris au Sénégal, initiés à la fois par les populations locales,

l’Etat, les différents bailleurs et les ONG. Malgré cela, on constate une dégradation croissante de

cet écosystème.

Dans ce contexte, le présent guide cherche à atteindre un triple objectif :

- donner de l’information sur l’écosystème mangrove : son utilité, ses facteurs de dégradation et

le rôle des populations dans ce processus de dégradation;

- fournir un outil pratique, permettant de situer la mangrove d’une communauté rurale sur une

échelle de dégradation et d’identifier les activités humaines à l’origine de cette dégradation ;

- proposer des stratégies et solutions techniques, permettant aux collectivités locales et aux po-

pulations de renforcer leurs capacités de réhabilitation de la mangrove et de tenter d’inverser le

processus en cours.

A qui est destiné ce guide ?

Ce guide est avant tout destiné aux personnes qui agissent et qui sont amenées à définir et con-

duire les grandes orientations en matière de gestion durable de la mangrove. Il concerne égale-

ment les formateurs qui doivent acquérir et transmettre un savoir en matière d’aménagement et

de gestion durable de la mangrove.

Comment a été conçu ce guide ?

Pour concevoir ce guide, nous nous sommes avant tout basés sur les différents rapports, études

et manuels techniques qui avaient été rédigés dans le cadre du projet mis en œuvre par ADG

dans le Delta du Saloum. Nous avons également consulté d’autres études réalisées dans le

cadre de projets menés dans la mangrove entre 2000 et 2010.

Nous avons ensuite réalisé un travail de compilation et de vulgarisation de ces données afin de

les rendre accessibles à un large public. Enfin, nous sommes descendus sur le terrain afin de vé-

rifier la pertinence et l’actualité des informations utilisées.

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INTRODUCTION

Que trouve-t-on dans ce guide ?

Ce guide se veut un outil éducatif adapté aux réalités des communautés rurales de la zone. Il met

à la disposition de chacune de ces CR les données concernant l’écosystème mangrove propre à

sa localité et propose une série de bonnes pratiques pour une gestion durable de cet écosys-

tème. Il est organisé de la manière suivante :

Premier chapitre : Informations générales

Le premier chapitre a surtout un caractère informatif. Son but est de présenter brièvement l’éco-

système mangrove, son utilité et le processus de dégradation en cours. Parmi les facteurs à l’ori-

gine de sa dégradation, nous nous étendons davantage sur les activités humaines ayant un im-

pact néfaste sur la mangrove.

Deuxième chapitre : Niveau d’exploitation de la mangrove du Delta du Saloum

Dans ce chapitre, nous présentons, à l’aide de cartes, les zones de mangrove dégradées. Nous

situons ainsi chaque CR sur une échelle de dégradation de la mangrove. Nous proposons égale-

ment, pour chaque CR, un diagnostic de la consommation de bois de mangrove par activité.

Troisième chapitre : Stratégies et solutions techniques

Ce chapitre propose des stratégies et solutions techniques concrètes et détaillées pour : 1/

diminuer la pression exercée sur la ressource mangrove, 2/ réglementer sa coupe et contrôler

son utilisation et 3/ reboiser la mangrove. A travers ces 3 types d’actions, nous visons à encoura-

ger la gestion durable du bois de mangrove par l’ensemble d’une communauté.

A l’intérieur de chaque chapitre, nous avons inséré des encadrés. Ceux-ci visent à donner de

l’information supplémentaire sur un sujet particulier. A la fin du manuel, nous proposons des pers-

pectives et questions à approfondir pour enrichir les connaissances de l’écosystème mangrove et

en améliorer ainsi la gestion (chapitre 4). Un lexique est également proposé. Celui-ci reprend

tous les termes indiqués en bleu dans le texte.

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1. INFORMATIONS GENERALES

1.1. Présentation de la mangrove

Qu’est-ce que la mangrove ?

La mangrove est un écosystème complexe, composé de végétaux, principalement ligneux, qui ne

se développe que dans la zone de balancement des marées sur les côtes basses des régions

tropicales.

Les principales espèces végétales que l’on trouve dans la mangrove sont les palétuviers. Elles

ont pour caractéristique de s’adapter à un milieu hostile. C’est ainsi qu’elles sont capables de

croître dans des zones où la salinité est très élevée, d’avoir leurs racines immergées la plupart du

temps et de se développer dans la vase (Poto poto), pauvre en oxygène et en nutriments.

Dans quelles régions du monde la trouve-t-on ?

Dans le monde, on trouve des formations de mangrove dans 124 régions littorales marines tropi-cales.

La carte ci-dessus * nous permet de situer les différentes zones de mangrove (lignes rouges). Sur le continent africain, la mangrove couvre une superficie de plus de 3,2 millions d’hectares, ce qui représente environ 19% de la superficie totale de mangrove au niveau mondial. Les man-groves sont réparties sur le littoral atlantique occidental (1,5 million d’hectares, 49 %), le littoral atlantique central (0,4 million d’hectares, 14 %) et le littoral de l’océan indien (1,2 million d’hec-tares, 37 %)**.

*Illustration de LEBIGRE J.-M., intitulée: « Distribution des marais à mangrove dans le monde: carte ».

** Tiré de l’article « Etat actuel et conservation de la mangrove »

Figure 1:

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PRÉSENTATION DE LA MANGROVE

Sur le littoral atlantique occidental, les mangroves sont présentes en Mauritanie, au Sénégal en

Guinée Bissau et au sud de la République de Guinée; dans le golfe de Guinée, elles s’étendent

depuis les côtes du Liberia jusqu’à celles de l’Angola.

Quelles sont l’étendue et l’importance de la Réserve de Biosphère du Delta du

Saloum (RBDS) ?

Au fil des ans, pour répondre à l’importance économique et écologique du Delta du Saloum, des

mesures de protection de la biodiversité ont été adoptées par l’Etat et la communauté internatio-

nale. En 1976, une partie du Delta (76 000 ha) a été érigée en Parc National du Delta du Saloum

(PNDS).

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PRÉSENTATION DE LA MANGROVE

En 1981, la partie continentale du Delta a été jointe au PNDS afin d’être inscrite en tant que ré-

serve de biosphère (voir descriptif dans l’encadré ci-dessous). La Réserve de Biosphère du Delta

du Saloum (RBDS) s’étend sur une surface de 234 000 ha, dont 58 300 ha de mangrove. Elle est

située dans les régions administratives de Fatick, de Kaolack et de Thiès. La RBDS concentre

une part importante des ressources fauniques et floristiques du Sénégal. On y retrouve 95 es-

pèces d’oiseaux, 114 espèces de poissons, 35 espèces de grande et moyenne faune ainsi que

186 espèces de végétation ligneuse. La RBDS est notamment le premier site mondial de repro-

duction de la sterne royale. C’est un site important de reproduction de la tortue verte (Chelonia

Midas), du lamantin et du dauphin Souza. Il s’agit également du 6e estuaire mondial en terme de

diversité ichtyofaunique.

I

Descriptions des réserves de biosphère

Les réserves de biosphère sont des sites désignés par des gouvernements nationaux et recon-

nus par l’UNESCO. Elles ont pour objectif de promouvoir un développement durable basé sur

les efforts combinés des communautés locales et du monde scientifique. Elles concilient conser-

vation de la diversité biologique et culturelle et développement économique et social. Les ré-

serves de biosphère ont 3 fonctions : la conservation, le développement et le soutien logistique.

Elles sont divisées en 3 zones concentriques (voir schéma ci-après) qui remplissent ces 3 fonc-

tions :

- une zone centrale : il s’agit d’une zone protégée réservée à la conservation biologique, à la

surveillance d’écosystèmes très légèrement perturbés, à la mise en œuvre d’activités ayant un

faible impact (comme l’éducation, la recherche…). En plus de cette fonction de conservation,

cette zone assure une multitude de services tels que la séquestration de carbone, la stabilisation

des sols, l’épuration de l’air et de l’eau, etc. Ceux-ci ont un objectif de conservation mais peu-

vent être calculés en termes économiques. Les opportunités d’emploi peuvent également com-

pléter les objectifs de conservation (recherche, éducation environnementale, mesures de con-

servation, etc.)

- une zone tampon : cette zone entoure généralement la zone centrale. Elle est utilisée pour

mener des activités coopératives dans le respect des principes écologiques, incluant l’éducation,

les loisirs, la recherche et l’écotourisme. En plus de cette fonction « tampon », cette zone peut

avoir un objectif propre de conservation de la diversité anthropique, biologique et culturelle. Elle

permet également de faire le lien entre la zone centrale et la zone de transition

- une zone de transition : cette zone a pour fonction centrale le développement durable qui peut

être assimilé à une variété d’activités agricoles, d’habitat ou destinées à d’autres usages. Ces

activités sont menées conjointement par les communautés locales, les agences de gestion, les

ONG, les scientifiques, les groupes culturels, les groupes d’intérêts économiques et d’autres

parties prenantes. Ceux-ci travaillent à la gestion et au développement durable des ressources.

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PRÉSENTATION DE LA MANGROVE

UNESCO, 2000

Depuis 1984, la RBDS est également classée comme zone humide d’importance internationale,

ou « site Ramsar ». En effet, par la signature de la convention Ramsar, l’Etat sénégalais s’est en-

gagé à :

- veiller à une gestion efficace de la RBDS;

- œuvrer pour une utilisation rationnelle de cette zone sur différents plans (dans le cadre de

l’aménagement national du territoire, au travers de politiques et de législations pertinentes, et

par des mesures de gestion et d’éducation du public);

- coopérer au niveau international, en ce qui concerne la gestion des zones humides.

Ce guide se concentre sur la mangrove du Delta du Saloum qui s’étend sur une superficie de

58 300 ha dans les communautés rurales de Bassoul, Djirnda, Djilor, Dionewar, Diossong, Pal-

marin et Toubacouta.

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PRÉSENTATION DE LA MANGROVE

Quelle végétation retrouve-t-on dans la mangrove du Saloum ?

Les espèces végétales dominantes dans la mangrove du Delta du Saloum sont le Rhizophora et

l’Avicennia, qui appartiennent tous deux à la famille des palétuviers. Comme on peut le voir sur le

schéma ci-dessous, au fur et à mesure que l’on s’éloigne des bolongs (chenal), les palétuviers

laissent progressivement place à d’autres types de végétation :

1. Mangrove : Rhizophora harrisonii/racemosa (hauteur moyenne: 5 à 12 m);

2. Mangrove : principalement Rhizophora mangle (hauteur moyenne : 1 à 3 m);

3. Mangrove : espèce dominante, Avicennia africana (hauteur moyenne: 1 à 2 m);

4. Tanne : sol sec dépourvu de végétation ou quelques Cypéracées (Seirpus sp);

5. Bordure : Aizoacées, Sesuvium portulacastrum;

6. Côte sableuse : Arbustes (Conocarpus crectus);

7. Végétation continentale : Adansonia, Ptercarpus, Acacia sp., etc.*

.

* Structure linéaire peuplement naturel de mangrove au Sénégal, UNESCO 1983

Les deux principaux genres de palétuviers que l’on trouve dans le Delta du Saloum

sont Rhizophora (palétuvier rouge) ou « Ndiasné » et Avicennia (palétuvier blanc) ou

« Nbougane ». Le genre Rhizophora comprend 3 espèces : Rhizophora mangle, Rhizo-

phora racemosa et Rhizophora harrisonii. Le genre Avicennia comprend quant à lui une

seule espèce : Avicennia africana. Les principaux critères de distinction de ces deux

genres sont repris dans la tableau de la page suivante.

Comment différencier le Rhizophora de l’Avicennia ?

« Structure linéaire de peuplement naturel de mangrove au Sénégal », UNESCO, 1983

I

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PRÉSENTATION DE LA MANGROVE

Tableau synthétique des distinctions entre les genres Rhizophora et Avicennia (ADG 2011)

* Etude pour une gestion durable de la mangrove de la Petite Côte et du Delta du Saloum de la Répu-

blique du Sénégal - Rapport final

Caractéristiques Rhizophora sp. Avicennia

Hauteur De 2 à 12 m, le Rhizophora est quant à lui classé comme « mangrove haute ».

De 1 à 2m, l’Avicennia est de ce fait classé comme « mangrove basse ».

Localisation Pousse aux abords immé-diats du chenal. Les 3 es-pèces que comprend le genre Rhizophora ne sont pas facilement distinguables.

Pousse au voisinage de la terre ferme, en général en arrière zone de la mangrove à Rhizophora (entre cette espèce et les essences fo-restières continentales).

Fleur Fleur arrondie ou angulaire. Le nombre varie selon les espèces.

Petite fleur blanche, entou-rée à la base par une brac-tée ou une paire de brac-téoles.

Feuillage Feuillage vert foncé à vert clair. Les feuilles sont de taille moyenne et leurs som-mets peuvent être courbés ou non.

Feuilles verdâtres criblées de minuscules trous de chaque côté. On remarque parfois sur ces feuilles d’im-portantes sécrétions de sel. Ceci constitue un méca-nisme de lutte contre les ef-fets nocifs d’une forte salini-té.

Fruits Appelés propagules, ses fruits ont la particularité de germer sur l’arbre. Par la suite, ils se détachent pour être emportés par la marée.

Ses fruits verts pâles, de forme ovale et légèrement aplatie, ne germent pas sur l’arbre. Ce sont des dias-pores.

Racines Les racines de Rhizophora sont aériennes. Elles sont cependant immergées à ma-rée haute.

Les racines ont des excrois-sances, appelées pneuma-tophores. Ces pneumato-phores peuvent avoir plu-sieurs formes et permettent à l’arbre de respirer.

Résistance au sel Rhizophora résiste à la sali-nité mais dans des zones moins salées que l’Avicen-nia: pas plus de 60g/l*. On le retrouve généralement en bordure de bolong où la sali-nité est moins élevée qu’à l’intérieur des terres (voir schéma page précédente).

Avicennia est une espèce qui supporte des salinités plus élevées que le Rhizo-phora: jusqu’à 80g/l*. En ob-servant ses feuilles, on peut y voir du sel éliminé par l’arbre.

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UTILITÉ DE LA MANGROVE

1.2. Utilité de la mangrove

Pourquoi gérer et réhabiliter la mangrove ?

Parce que la mangrove remplit de nombreuses fonctions :

Ces fonctions correspondent à un certain nombre de services,

fournis par l’écosystème mangrove.

Ceux-ci sont décrits dans les points suivants.

Pêche et collecte de mollusques et d’huîtres

Les poissons et les crustacés font partie intégrante de l’alimentation de base des populations du

Delta. Les ménages dépensent la plus grande partie de leur budget nourriture quotidien pour

l’achat de poisson (300 à 400 FCFA/jour). Plus de 115 espèces différentes de poissons viennent

se reproduire et croître dans la mangrove du Delta du Saloum. La pêche et la collecte des mol-

lusques fournissent également des revenus importants aux populations. Entre 9000 et 10 000

personnes sont actives dans ce secteur dont 7000 à 7500 pêcheurs. Les prises annuelles de

poissons et de crevettes sont estimées à 15 000T. La production de mollusques s’élève quant à

elle à 2600T. On considère que 5 à 10% de cette production est destinée à l’approvisionnement

des ménages de pêcheurs, tandis que le reste de la production est consacré à la vente sur les

marchés locaux ou à l’exportation vers les marchés étrangers. La valeur ajoutée générée par la

vente de poisson frais et transformé est estimée à 1,9 milliard de FCFA par an dans le Delta du

Saloum (à l’exclusion de la rémunération du capital et de la main d’œuvre)*.

Production de miel

L’apiculture est pratiquée au Sénégal de manière traditionnelle depuis des décennies. C’est une

activité génératrice de revenus qui s’intègre dans une approche de gestion durable de l’environ-

nement. Elle contribue au maintien de la biodiversité et à l’augmentation du rendement des cul-

tures. Elle peut jouer un rôle important dans la lutte contre la déforestation et les feux de brousse.

Le miel est également bien connu pour ses propriétés nutritionnelles et ses vertus médicinales

(favoriser la cicatrisation, fabriquer des médicaments, etc.).

La zone présente la particularité de permettre la production de miel monofloral de mangrove. Ce

miel est très apprécié par les populations en raison de son goût spécifique. De plus, le revenu

potentiel pour les apiculteurs est supérieur aux revenus générés par la production de miel polyflo-

ral. Le bénéfice moyen annuel réalisé par un apiculteur est de 50 000 FCFA. Il existe un potentiel

important de développement de l’activité apicole dans le Delta du Saloum. Les ressources agro-

forestières sont nombreuses et variées. L’alternance de floraisons qui se poursuit tout au long de

l’année permet la production de miel en quantité.

Les besoins en miel au Sénégal sont estimés à 2kg/habitant/an. Il faudrait donc produire 693T

annuellement pour subvenir aux besoins en miel des populations du Delta.

* Chiffre provenant de l’étude « Evaluation économique des ressources sauvages au Sénégal - Evaluation

préliminaire des produits forestiers, non ligneux , de la chasse et de la pêche continentale »

I

ALIMENTAIRE

ÉCONOMIQUE

CULTURELLE

MÉDICINALE

ÉCOLOGIQUE

HABITAT

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UTILITÉ DE LA MANGROVE

L’apiculture offre également d’autres avantages aux populations, car elle leur permet de :

générer un revenu complémentaire pour les familles exploitantes, à partir de la commer-

cialisation du miel et des autres produits dérivés ;

favoriser l’équilibre nutritionnel des populations, en consommant du miel;

améliorer la santé, grâce à l’utilisation du miel (cicatrisation, brûlures et nombreuses

pathologies (apithérapie)), de propolis (antibiotique léger), de pollen, et à terme, de ge-

lée royale ;

protéger l’environnement, en luttant contre la déforestation et les feux de brousse;

contribuer au maintien de la biodiversité ;

augmenter la production agricole (de 20 à 50% sauf cas particulier), suite à la pollinisa-

tion des cultures vivrières et de rente par les abeilles ;

créer de l’emploi pour les artisans locaux : la quasi-totalité des équipements et outils

apicoles peut être produite localement.

Culture et loisirs

La mangrove du Delta du Saloum, en raison de sa beauté de ses paysages et de sa diversité bio-

logique, attire annuellement de nombreux touristes. Il s’agit d’un des sites touristiques les plus

visités au Sénégal.

La mangrove recèle également des valeurs spirituelles et sociales importantes pour les popula-

tions qui y vivent.

Approvisionnement en bois

La plupart des habitants du Delta du Saloum utilisent le bois de mangrove pour cuisiner et pour

construire leurs habitations. L’impact de ces activités humaines sur la mangrove sera détaillé plus

loin dans ce chapitre (page 24).

Abeilles à l’entrée d’une ruche im-

plantée dans la mangrove.

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UTILITÉ DE LA MANGROVE

Diminution de l’impact des inondations

La mangrove sert de barrière entre la mer et les zones habitées. Elle freine l’eau lors des grandes

marées et permet ainsi d’éviter des inondations dans les villages.

Purification de l’air et prévention du

réchauffement climatique

La mangrove, comme n’importe quelle forêt,

absorbe du dioxyde de carbone (CO2) en

stocke une partie et rejette de l’oxygène.

Elle joue un rôle purificateur de l’air. Il est

reconnu sur le plan international que l’ab-

sorption du dioxyde de carbone permet de

prévenir le réchauffement climatique, car le

CO2 fait partie des gaz à effets de serre

(GES).

Atténuation de la pollution

La mangrove a une fonction d’épuration des eaux. Elle fixe les impuretés contenues dans l’eau et

en améliore ainsi la qualité. Si les formations de mangrove continuent à se dégrader, il est fort

probable que la qualité des eaux du Delta se détériorera, ce qui pourrait avoir des conséquences

très néfastes pour la faune et la flore qui en dépendent.

Habitat et refuge pour la faune sauvage

Dans le Delta du Saloum, on retrouve plus de 35 espèces de faune sauvage (grande et

moyenne). Pour un effectif se situant autour de 100 000 individus, 95 espèces d’oiseaux y ont été

recensées. Aussi, le Delta du Saloum est-il considéré comme le premier site mondial de repro-

duction de la sterne royale. C’est également un site de reproduction pour les tortues vertes, les

dauphins et les lamantins. Enfin, de nombreux insectes pollinisateurs y sont présents.

Pharmacopée

La mangrove regorge de produits ligneux et non ligneux utiles pour la pharmacopée tradition-

nelle. Les feuilles d’Avicennia sont utilisées pour la fabrication de médicaments (médecine tradi-

tionnelle), en décoction et comme huile de massage.

Le réchauffement climatique

Le climat de la planète dépend de nombreux fac-

teurs, principalement de la quantité d’énergie pro-

venant du soleil, mais aussi de facteurs tels que la

teneur en gaz à effet de serre et en aérosols pré-

sents dans l’atmosphère.

L’atmosphère laisse passer une partie du rayonne-

ment du soleil qui vient frapper le sol. Réchauffé,

le sol émet un rayonnement infrarouge qui est en

partie ou totalement piégé par l’atmosphère ren-

due imperméable par la présence de gaz. Il y a

alors une isolation accrue de la planète et un ré-

chauffement général. En raison des activités hu-

maines telles que l’agriculture intensive ou l’utilisa-

tion des combustibles fossiles, la concentration de

gaz à effet de serre dans l’atmosphère a fortement

augmenté ces dernières années participant de la

sorte au réchauffement climatique de la planète.

I

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FACTEURS DE DÉGRADATION DE LA MANGROVE

1.3. Etat général de dégradation de la mangrove*

Depuis 1980, 3,6 millions d’hectares de mangrove ont disparu dans le monde, soit 20% de la su-

perficie mondiale totale. Sur le plan mondial, on constate que le taux de disparition de la man-

grove est sensiblement plus élevé que n’importe quel autre type de forêt.

En Afrique, la superficie de mangrove disparue s’élève à 510 000 hectares, soit 14% de la super-

ficie totale présente sur le continent. Au Sénégal, on estime qu’entre 1980 et 2005, la mangrove

en effet a perdu 14% de sa superficie, en passant de 169 000 à 115 000 hectares.

A ce jour, nous ne disposons pas de chiffres précis concernant l’état de dégradation de la man-

grove dans le Delta du Saloum. Nous pouvons cependant présenter les principaux facteurs de

dégradation qui ont été identifiés dans cette zone.

1.4 Facteurs de dégradation de la mangrove du Saloum

Il y a 6 facteurs principaux qui ont été identifiés pour expliquer la dégradation de l’écosystème

mangrove dans le Saloum :

la baisse de la pluviométrie, observée entre 1970 et 2000 ;

l’augmentation de la salinité de l’eau et des terres ;

l’acidification des terres ;

Rupture de la pointe de Sangomar ;

l’ensablement ;

la coupe des palétuviers par les populations.

Nous donnons ci-dessous une explication plus détaillée de chacun de ces facteurs.

Baisse de la pluviométrie

A partir des années 70, on a constaté au Sénégal une baisse importante et brutale de la pluvio-

métrie. Ce phénomène est considéré, par beaucoup, comme un des premiers signes de change-

ments climatiques. Cette période de sécheresse s’est prolongée jusqu’au milieu des années 90 et

a profondément affecté les systèmes de culture et la sécurité alimentaire du pays. Elle a égale-

ment eu des conséquences importantes sur l’écosystème de mangrove, en contribuant fortement

à l’augmentation de la salinité de l’eau et des terres; et par là même, à la création de tannes et à

la disparition des palétuviers dans certaines zones. Depuis 15 ans, on observe une réaugmenta-

tion des précipitations. Cette pluviométrie plus avantageuse, accompagnée d’une sensibilisation

de la population, a permis de débuter la régénération des massifs forestiers au Sénégal, et en

Afrique de l’Ouest en général.

* Informations tirée de l’article « Disparition alarmante des mangroves » et chiffres tirés de « Les man-

groves dans le monde 1980 - 2005 »

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FACTEURS DE DÉGRADATION DE LA MANGROVE

Augmentation de la salinité (eau et terres)

La salinité des eaux du Saloum est, presque

partout, supérieure à celle de l’eau de mer,

estimée en moyenne à 35g/l *. On a ainsi

enregistré dans certains bolongs (région de

Sokone) des taux de salinité allant jusqu’à

100g/l.

Le taux de salinité devient de plus en plus

élevé en progressant de l’embouchure du

fleuve vers l’amont. Cette augmentation de la

salinité de l’eau a une influence négative sur

la reproduction des poissons et des mol-

lusques. Elle a également pour conséquence

d’augmenter la salinité des terres.

Données tirées du mémoire intitulé « Contribution des reboisements de mangrove du delta du Saloum

(Sénégal) à la séquestration de carbone atmosphérique : cas des villages de Djirnda et de Sanghako »

I

Phénomène de salinisation de l’eau

L’estuaire du Saloum est un estuaire inversé. La

salinité de l’eau y augmente de l’aval (la mer)

vers l’amont (les fleuves) et ce, en raison du

faible volume de précipitations et d’une impor-

tante évaporation de l’eau. On constate en effet

que les fleuves du Saloum reçoivent peu d’apport

d’eau douce pendant une grande partie de l’an-

née car les précipitations y sont peu élevées.

Cette alimentation irrégulière des fleuves ajoutée

à leur évaporation crée un déficit hydrique. Les

eaux de mer coulent alors vers l’amont dans les

fleuves pour compenser ce déficit hydrique, ce

qui a pour conséquence d’augmenter la salinité

de l’eau.

Phénomène de salinisation des terres

Les palétuviers se développent dans des zones inondées par les marées. Lors du passage des

marées, les sédiments présents dans l’eau, dont le sel, se déposent sur le sol. Les palétuviers

ont pour caractéristique de pouvoir absorber des quantités importantes de sel. Ils permettaient,

jusqu’il y a peu, l’équilibre du milieu en empêchant la salinisation des terres intérieures. Mais

l’augmentation de la salinité de l’eau amène des quantités toujours plus importantes de sel sur

le sol. On a constaté que la capacité d’absorption du sel par les palétuviers était limitée. Une

trop forte salinité influence négativement le développement des palétuviers, surtout le Rhizopho-

ra, et ne favorise pas sa régénération. L’excédent de sel qui ne peut être absorbé par les palétu-

viers se cristallise sur le sol, ce qui finit par empêcher le développement de tout autre type de

végétation et entraîne la création de tannes. La présence plus ou moins marquée de tannes,

dans une zone plus que dans une autre, peut être due aux facteurs climatiques, à sa situation

géographique et au degré d’intervention de l’homme.

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FACTEURS DE DÉGRADATION DE LA MANGROVE

De plus, comme le montre le schéma suivant, les chenaux, la mangrove et les tannes jouent un

rôle de « bouchon atténuateur d’échange » et participent encore à l’accentuation du phénomène

de salinisation.

En raison de l’effet de « bouchon », les masses d’eau situées en amont de l’estuaire circulent et

se renouvellent difficilement, ce qui entraîne l’accroissement de la salinité dans la zone en amont

du delta.

Figure 2: Effet de bouchon à l’origine de l’augmentation de la salinité

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FACTEURS DE DÉGRADATION DE LA MANGROVE

Acidification des terres

Les sols de mangrove sont caractérisés par la présence de pyrite, espèce minérale composée de

sulfure de fer. La pyrite résulte de l’action des sulfates fournis par l’eau de mer sur le fer présent

dans le sol à l’état naturel. Cette réaction chimique permettant l’obtention de sulfure de fer se

produit généralement dans un milieu dépourvu d’oxygène, caractéristique des sols de mangroves

qui sont fréquemment immergés et sont donc peu en contact avec l’oxygène de l’air. Le sulfure

de fer est caractérisé par un potentiel acide.

Comme le montre le schéma ci-dessous, le palétuvier est capable de stocker dans ses racines

une grande partie de la pyrite, rendant de ce fait le pH du sol neutre. Mais lorsque le sol n’est

plus inondé, le contact prolongé de l’air avec le sol produit une oxydation de la pyrite qui conduit

à la formation de la jarosite, sulfate de fer et de potassium. La transformation de la pyrite en jaro-

site entraîne la libération d’un potentiel acide dans le sol. Le palétuvier n’absorbe pas dans ses

racines la jarosite. Cela explique que dans certaines zones de mangrove moins fréquemment

submergées, on assiste à une acidification du milieu. Cette acidification du sol entraîne la diminu-

tion de la surface de mangrove, les palétuviers ne supportant pas une acidité trop forte, et contri-

bue à la création de tannes.

Figure 3: Processus d’acidification des terres

I

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FACTEURS DE DÉGRADATION DE LA MANGROVE

Rupture de la pointe de Sangomar

La pointe de Sangomar était à l’origine une bande de terre d’une quarantaine de kilomètres de

long, située au sud de Palmarin. La rupture de cette pointe a eu lieu au cours d’une tempête le 27

février 1987. La brèche, mesurant à l’origine quelques mètres, s’étend aujourd’hui sur plus de 5

km. C’est l’érosion hydrique qui est à l’origine de ce phénomène. Cette rupture a eu des consé-

quences dramatiques pour les populations vivant sur la pointe, notamment celles du village de

Djifer, dont une partie a dû être évacuée et relogée.

Cette brèche a permis l’entrée massive d’eau de mer dans certains bolongs, ce qui a engendré

une raréfaction de certaines espèces halieutiques et un écoulement plus rapide de l’eau du Delta.

Ensablement

Dans le Saloum, on constate un ensablement progressif de la partie continentale de la mangrove

dû aux érosions hydrique et éolienne.

Comme illustré ci-dessous, la terre et le sable amenés par l’eau et le vent viennent s’entasser au

niveau des vasières, sur lesquelles vient se fixer la mangrove, provoquant leur élévation. Cette

élévation entraîne une diminution de la période durant laquelle les pieds de mangrove sont sub-

mergés par la marée et une solidification des vasières. Cela a pour conséquence d’augmenter la

mortalité des pieds de mangrove et de rendre difficile leur régénération naturelle. L’ensablement

participe donc également au phénomène d’extension des tannes (tannification).

Figure 4: Processus d’ensablement des terres

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FACTEURS DE DÉGRADATION DE LA MANGROVE

Coupe de palétuviers par les populations

Au Sénégal, la coupe de palétuviers est interdite par le code forestier national (loi 98-03 du 08

janvier 1998 et son décret d’application n°98-164 du 20 février 1998); à l’exception du bois mort

dont le droit d’usage est accordé aux riverains (cf. extrait dans l’encadré ci-dessous).

Malgré cette interdiction, de nombreux villageois coupent du bois de mangrove pour différents

usages dont la construction (cases, greniers à provisions, …), la préparation des repas, le fu-

mage de poisson, la cueillette et la transformation des huîtres, la transformation des mollusques,

etc. Les populations prétendent ne récolter que du bois mort mais en réalité elles coupent dans la

majorité des cas du bois vert qu’elles laissent ensuite sécher.

Cette pratique illégale est l’une des causes de dégradation de la mangrove. Ce sont surtout les

formations de Rhizophora, dont la hauteur et la valeur commerciale sont plus importantes, qui

sont touchées. L’Avicennia est quasi essentiellement utilisé pour la pharmacopée. Cette exploita-

tion risque de s’intensifier dans les années à venir à cause, d’une part de la pression démogra-

phique sans cesse croissante au niveau régional, et d’autre part, du manque de moyens dont dis-

posent le service des Eaux et Forêts pour sensibiliser les populations et effectuer des contrôles

dans les zones insulaires.

Extrait du code forestier sénégalais :

« Article L.10 : Dans les forêts du domaine national, les populations riveraines sont autorisées à

exercer des droits d’usage portant sur :

- le ramassage du bois mort et de la paille ;

- la récolte de fruits, de plantes alimentaires ou médicinales, de gommes, de résine et de miel ;

- le parcours du bétail, l’émondage et l’ébranchage des espèces fourragères ;

- le bois de service destiné à la réparation des habitations.

Ces droits n’entraînent aucun droit de disposer des lieux.

Article L.11 : Les droits d’usage ne s’appliquent pas aux périmètres de reboisement et de restau-

ration, aux parcs nationaux, aux réserves naturelles intégrales et aux forêts privées.

Article L.12 : Le droit d’usage est subordonné à l’état et à la possibilité de la forêt. Il peut être res-

treint ou suspendu par arrêté du Ministre chargé des Eaux et Forêts, dans les cas où le service

des Eaux et Forêts estime nécessaire d’apporter des restrictions en vue de sauvegarder la forêt.

Article L.13 : Les produits acquis en vertu du droit d’usage, strictement limités aux besoins per-

sonnels et familiaux des usagers, ne peuvent, en aucun cas, donner lieu à une transaction com-

merciale, à un échange ou à une cession. Ils ne peuvent circuler hors du territoire d’habitation du

bénéficiaire qu’après déclaration au service des Eaux et Forêts qui, s’il l’estime justifié, en donne

l’autorisation. »

I

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23

FACTEURS DE DÉGRADATION DE LA MANGROVE

Interaction entre tous ces facteurs

Il nous a semblé utile dans ce chapitre d’expliquer individuellement les différentes causes à l’ori-

gine de la dégradation de la mangrove dans le Delta du Saloum. Nous souhaitons néanmoins

insister sur le fait que ces causes sont en forte interaction. Le schéma suivant montre comment

l’effet conjugué de tous ces éléments (baisse de la pluviométrie, salinisation, acidification, ensa-

blement, coupe par les populations) entraîne une dégradation progressive de l’écosystème man-

grove. Depuis 30 ans, on remarque que les facteurs les plus dégradants pour l’écosystème sont

ceux liés aux changements climatiques et que les facteurs anthropiques (relatifs à l’activité hu-

maine) jouent un rôle moins important dans cette dégradation. Les activités humaines ne sont

cependant pas à négliger, car elles ne cessent de s’intensifier avec l’augmentation de la pression

démographique et des besoins des populations en produits ligneux et non ligneux.

CAUSES

CONSÉQUENCES

Diminution de la productivité

halieutique (poissons,

huîtres et mollusques) et

disparition de nombreux

autres produits ;

Accentuation de l’érosion

hydrique ;

Diminution de la fertilité des

sols et développement de

tannes ;

Régression des palétuviers

et régénération naturelle

plus difficile ;

Dégradation de la qualité de

l’eau ;

Solidification des vasières et

augmentation de la mortalité

des palétuviers ;

Dégradation du cadre de vie

des populations (perte d’une

protection naturelle) ;

Destruction d’habitats de

faune sauvage.

Ensablement

(érosions)

Acidificatio

n

des terre

s

Augmentation de

la pression an-

thropique sur la

mangrove :

coupe de palétu-

viers (et sur-

pêche)

Salinisatio

n

(terre

s et eau)

Séch

eresse

Rupture de la pointe

de Sangomar

(perturbation des

régimes hydriques)

DÉGRADATION DE

LA MANGROVE

Croissance

démogra-

phique

Faible sensibili-

sation des popu-

lations et

manque de con-

trôle par le Ser-

vice des Eaux et

Forêts

SCHÉMA RÉCAPITULATIF DES FACTEURS DE DÉGRADATION DE LA MANGROVE

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IMPACT DE L’ACTIVITÉ HUMAINE SUR LA MANGROVE

1.5. Impact de l’activité humaine sur la mangrove

Si l’activité humaine n’est pas actuellement le facteur le plus dégradant pour la mangrove, il s’agit

cependant du facteur sur lequel il nous est le plus facile d’agir. C’est pourquoi nous approfondi-

rons dans ce point les différentes activités humaines, identifiées comme responsables de la dé-

gradation de la mangrove.

Cuisine

Au niveau national, on estime qu’en moyenne un ménage consomme entre 4 et 5,5 kg de bois

chaque jour pour préparer ses repas. La plupart des habitants du Saloum utilisent uniquement du

bois de mangrove pour faire la cuisine. Leur consommation journalière se chiffre entre 6,5 et

9,5kg de bois de palétuvier. La population totale du Delta est estimée à 350 000 habitants, ce qui

correspond approximativement à 37 500 ménages.

Le bois de Rhizophora est beaucoup plus utilisé que celui d’Avicennia. La majorité des habitants

n’achète pas de bois. Ils ramassent le bois mort ou coupent du bois vert et le font sécher. Il est

néanmoins très difficile d’évaluer de manière précise quelle part du bois consommé par les popu-

lations est achetée, et quelle part est coupée. Cette évaluation est compliquée par le fait que les

coupes sont généralement effectuées à l’intérieur des formations de mangroves et ne sont donc

pas visibles depuis les bordures des bolongs.

Construction

Les populations utilisent des perches pour la construction des charpentes et des piquets pour la

construction des clôtures. Ici, pas question de ramasser le bois mort. Le bois de construction doit

avoir des dimensions précises. Une partie des perches et des piquets coupés sont destinés à la

vente en dehors du Delta du Saloum, dans de grands centres urbains comme c’est le cas à Kao-

lack. Là encore, il est difficile de chiffrer de manière précise la quantité de bois coupé destinée à

la vente et celle destinée aux usages privés.

Fumage de poisson

Le fumage de poisson est pratiqué dans le Delta du Saloum depuis de nombreuses années. Le

manque de moyens frigorifiques a beaucoup contribué au développement de l’activité de fumage.

Le seul poisson qui y est fumé est l’Ethmalose. Etant donné que l’activité de fumage ne cesse de

se développer, ce poisson fait l'objet d'une pêche de plus en plus intense . On le trouve de plus

en plus difficilement dans la zone. A partir du fumage de l’Ethmalose, deux produits finis sont ob-

tenus : le Kéthiakhe et le Bonga. Le Kéthiakhe est produit en plus grandes quantités. Pour con-

fectionner le kéthiakhe, le poisson est dépiauté, étêté et la queue est éliminée avant d’être com-

mercialisé. Le Bonga, lui, est vendu avec toutes les parties intactes (pour plus d’information, voir

l’encadré à la page suivante).

Le fumage se pratique généralement dans des fours traditionnels, caractérisés par leur longueur

(environ 20 m) et par de nombreuses ouvertures. Les fumeurs sont souvent propriétaires de leurs

fours. Ils peuvent aussi les louer auprès de certaines personnes à des coûts dérisoires (10 000

FCFA par an). Le prix de construction d’un four traditionnel s’élève minimum à 300 000 FCFA.

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IMPACT DE L’ACTIVITÉ HUMAINE SUR LA MANGROVE

Un four standard (23,5 m2 de surface moyenne) permet lors d’une séance de fumage l’obtention

de 1 396 kg de poissons séchés à partir de 4 504 kg de poissons frais. L’opération nécessite 433

Kg de bois. Actuellement, on estime que dans le Delta du Saloum, 132 fours sont en activité. Ils

fonctionnent à raison de 3 fumages par semaine, pendant 5 mois de l’année.

Cette activité consomme donc annuellement approximativement 26 T de bois. Avant chaque nou-velle campagne, le four traditionnel doit être réfectionné, car il a subi les torts de l’hivernage et de l’eau de mer.

* Informations provenant des études « Appui au renforcement de la gestion durable de la mangrove du Del-

ta du Saloum - PAGEMAS », « Etude pour une gestion durable de la mangrove de la Petite Côte et du

Delta du Saloum de la République du Sénégal - Rapport intermédiaire », « Impacts socio-économiques et

écologiques du fumage de poisson dans la RBDS »

Les techniques de fumage

Elles peuvent différer en fonction que l’on souhaite obtenir du Kéthiakhe ou du Bonga. La durée

du fumage varie également fortement en fonction du produit que l’on souhaite obtenir, du temps,

de la saison et des exigences du fumeur.

Pour l’obtention du Kéthiakhe : le poisson peut être fumé une à deux fois. Chaque séance de fu-

mage dure entre 2 et 4 h de temps. En période d’hivernage, il est nécessaire de fumer au moins

deux fois les poissons alors qu’en saison sèche, une seule séance suffira. Le fumage s’effectue

souvent la nuit.

Pour l’obtention du Bonga : Le temps de fumage est plus long. La consommation de bois et le

temps de travail sont dès lors beaucoup plus élevés. Une même quantité de poissons peut être

fumée 4 à 5 fois et occuper un four pendant plusieurs jours. A chaque séance, la quantité de bois

est diminuée car le poisson est de plus en plus déshydraté. Entre deux étapes, tous les poissons

sont retournés. La flamme ne doit jamais toucher la grille. Les poissons étant commercialisés en-

tiers, ils perdent de leur valeur commerciale si les têtes sont brûlées. Le fumeur ne peut s’éloi-

gner du four pendant le fumage. Il doit toujours être vigilant et surveiller la direction du vent et la

montée des flammes. Le fumeur travaille de préférence tôt le matin. Les fumeurs se relaient et

passent chacun quelques minutes à côté du four. Le nombre de séance de fumage est fonction

de l’humidité des produits. Il peut arriver que certains poissons soient secs avant les autres, au-

quel cas il faut les extraire et continuer le fumage avec les autres.

Four traditionnel

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IMPACT DE L’ACTIVITÉ HUMAINE SUR LA MANGROVE

L’activité de fumage dans la zone d’étude est principalement réalisée par des Guinéens et des

Burkinabés. Ils renvoient ensuite le poisson fumé dans leur pays d’origine. Une part marginale de

cette production se retrouve également sur les marchés locaux, ainsi qu’à Joal et à Kaolack.

Malgré le développement de cette activité, on note une série d’impacts négatifs sur les popula-

tions du Delta :

Il est vrai que les fumeurs guinéens et burkinabés fournissent de l’emploi et un revenu à

des femmes et à des pêcheurs locaux, mais ces derniers sont bien souvent exploités par

les fumeurs. Ainsi, les femmes décortiqueuses qui effectuent un travail relativement pénible

et dangereux (risques de blessures liées aux arêtes) sont payées 100 FCFA pour décorti-

quer une bassine de 29 kg de poissons. Les pêcheurs sont quant à eux souvent liés aux

fumeurs par des contrats. Les fumeurs leur fournissent, sous forme de prêts, le matériel

nécessaire à la pêche (pirogue, moteur, carburant, filets, etc.) En échange, les pêcheurs

s’engagent à rembourser en nature (poisson et bois de chauffe) la totalité du prêt estimé à

environ 3 500 000 FCA. Le prix d’achat du kilogramme de poisson est fixé par les fumeurs.

Ainsi, une caisse de poisson de 50 kg est vendue entre 1500 et 3500 FCFA. Les pêcheurs

qui ne sont pas liés aux fumeurs par des prêts sont obligés de s’aligner sur ces prix s’ils

souhaitent vendre leur marchandise. L’activité est donc bénéfique pour les quelques pê-

cheurs (généralement des personnes influentes du village) qui bénéficient de prêts mais

elle peut être néfaste pour les autres pêcheurs qui ne peuvent écouler leurs produits à des

prix compétitifs.

Bien qu’aucune étude n’ait été réalisée pour obtenir des chiffres précis, on observe depuis

plusieurs années une diminution des ressources halieutiques dans le Delta. On estime que

35 000 T de poissons sont pêchées annuellement pour le fumage de poissons. Les pois-

sons fumés étant majoritairement destinés à l’exportation, qui plus est à bas prix, il s’agit là

d’une véritable fuite de ressources alimentaires pour les populations du Sénégal.

Le fumage de poissons nécessite des quantités importantes de bois. Depuis plusieurs an-

nées, le bois mort est une ressource de plus en plus rare aux alentours des villages qui pra-

tiquent le fumage de poisson. Cela oblige les populations à parcourir, le plus souvent en

pirogue, des distances toujours plus importantes pour se fournir en bois mort. Les fumeurs

promeuvent la coupe illégale de bois en poussant les populations à leur vendre du bois vert

qui brûle plus lentement. Le fait de couper du bois vert contribue à la longue à la réduction

de la surface de mangrove. Les fours de fumage traditionnels consomment des quantités

de bois très importantes. Depuis une dizaine d’années, différents projets mis en œuvre

dans le Delta du Saloum ont proposé la construction de fours plus modernes et moins con-

sommateurs en bois. Plusieurs de ces fours ont été construits sur financement de ces pro-

jets, mais, dans la pratique, ils ne sont pas utilisés par les fumeurs étrangers.

Cueillette et transformation des huîtres*

La cueillette des huîtres consiste à détacher (détroquer) les huîtres qui se reproduisent de ma-

nière naturelle sur les racines de palétuviers. Cette activité se fait à marée basse en saison sèche

(de janvier à juin) entre 8h et 16h. Ce qui correspond approximativement à 110 jours chaque an-

née durant lesquels est pratiqué la cueillette des huîtres.

I

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IMPACT DE L’ACTIVITÉ HUMAINE SUR LA MANGROVE

Les huîtres vivent à l’état naturel sur les racines des palétuviers qui sont découvertes à marée

basse. Pour effectuer la cueillette, les femmes saisissent la racine à la main ou avec un bâton

fourchu. A l’aide de leur autre main, elles peuvent détroquer les huîtres avec un coupe-coupe.

Mais bien souvent, les femmes préfèrent couper toute la racine et détacher les huîtres une fois de

retour à la maison. Cette technique est beaucoup moins fatigante et permet de gagner du temps.

Elle est aussi beaucoup plus destructrice pour la mangrove. La coupe des racines freine la crois-

sance des palétuviers, car celles-ci sont nécessaires au bon fonctionnement de l’arbre. Associée

à d’autres facteurs de dégradation, cette pratique peut donc entraîner la disparition des arbres

touchés.

Une femme récolte en moyenne 5 bassines d’huîtres par jour. Une bassine peut contenir 20 kg

d’huîtres fraîches. Chaque femme peut donc récolter 100 kg d’huîtres par jour et 11T sur toute la

saison. Ces dernières années, on a constaté une diminution du volume d’huîtres dans certains

bolongs, ce qui laisse à penser que la cueillette est trop importante et n’est pas compensée par la

reproduction naturelle.

La transformation des huîtres est une activité très courante dans la zone. Elle est essentiellement

pratiquée par les femmes. Etant donné que les populations ne disposent pas de moyens frigori-

fiques, les huîtres sont séchées afin de pouvoir être conservées. Les femmes les font générale-

ment bouillir afin de les ouvrir. Une fois qu’elles sont ouvertes, leur chair est séchée au soleil.

Pour faire bouillir 5 kg d’huîtres, 0,923 kg de bois de mangrove sont nécessaires. Sachant qu’une

femme récolte approximativement 100 kg d’huîtres par jour, la consommation de bois nécessaire

à la transformation des huîtres cueillies chaque jour est de 19,4 kg. On estime à 62,5 jours par an

le nombre de jours où la transformation est exercée. Le nombre de personnes actives dans la

transformation des coquillages est quant à lui estimé à 5 000 personnes.

Il nous faut également signaler ici que d’autres coquillages et mollusques sont récoltés et trans-

formés dans le Delta du Saloum. Ils sont généralement collectés dans l’eau à marée basse au

moyen de tamis. Leur collecte ne participe donc pas à la dégradation de la mangrove. Leur trans-

formation entraîne par contre la consommation de bois. Les volumes transformés (105T/an pour

l’arche, 72T/an pour le Murex et 150T/an pour le Cymbium) étant peu important en comparaison

au volume d’huîtres transformées produit (plus de 6000T/an), nous ne jugeons pas cette activité

comme préjudiciable.

* Chiffres provenant de l’« Etude de la filière des produits halieutiques de cueillette au Sénégal: cas de la

RBDS »

SYNTHESE :

Dans la suite de ce document, nous nous concentrerons donc principalement sur les activités

humaines à l’origine de la dégradation de la mangrove du Delta. Il nous semble en effet beau-

coup plus facile à l’heure actuelle pour une communauté rurale d’agir à ce niveau plutôt que sur

les facteurs climatiques. Ceux-ci doivent encore faire l’objet d’études approfondies et d’analyses

prospectives permettant de mieux les cerner et de prévoir leur évolution, afin de définir des stra-

tégies opérationnelles.

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28

2. NIVEAU D’EXPLOITATION DE LA MANGROVE

2.1. Méthodologie

Dans ce guide, le niveau d’exploitation de la mangrove est analysé sur base d’une échelle de dé-

gradation qui correspond à trois niveaux successifs :

Le niveau rouge : zones de mangrove fortement dégradées;

Le niveau orange : zones de mangrove moyennement dégradées;

Le niveau vert : zones de mangrove faiblement dégradées.

2.2. Niveau d’exploitation dans le Delta du Saloum

La superficie totale de mangrove dans le Delta du Saloum est d’approximativement 58 000 ha.

On estime qu’environ 25% de cette superficie est composée de mangroves hautes (Rhizophora)

et 75% de mangroves basses (Avicennia).

Sur base de l’échelle de dégradation, introduite ci-dessus, nous proposons de classer les zones de mangrove du Saloum de la manière suivante :

Le niveau rouge : il s’agit de la zone de mangrove la plus dégradée. Elle regroupe

les CR dans lesquelles les formations de Rhizophora bien que présentes le long du

Saloum et le long des affluents nord du fleuve, ont des hauteurs ne dépassant pas 3m

et où les formations d’Avicennia sont de plus en plus nombreuses vers l’amont. La

zone rouge est une zone où l’occupation des zones côtières par les populations est

très intense. La pression sur la ressource en bois de mangrove est donc importante.

Les voies d’accès à la zone sont nombreuses et beaucoup de populations extérieures

viennent s’y approvisionner en bois, ce qui augmente encore la pression sur la man-

grove. La zone est proche de l’océan et est fortement exposée aux phénomènes

d’érosion et d’ensablement, ce qui explique la disparition progressive du Rhizophora

et le développement de l’Avicennia (qui contrairement au Rhizophora, supporte les

sols sableux). Dans cette zone, l’accent doit être mis sur les activités de restauration

de la mangrove. Pour le moment, il s’agit essentiellement de la CR de Palmarin.

Le niveau orange : il correspond aux zones de mangrove moyennement dégradées.

Il regroupe les CR dans lesquelles les formations de Rhizophora sont relativement

basses avec des hauteurs variant de 1 à 5 m. Par endroits, on retrouve cependant du

Rhizophora atteignant 10 m de haut. Quant au genre Avicennia, sa taille varie dans

cette zone de 1 à 2 m en bordure du fleuve, alors qu’ils peuvent dépasser 5 m dans

les terres. Dans les zones orange, l’activité humaine, bien qu’importante, est moins

intense qu’en zone rouge et l’accessibilité est moindre. On note la présence de forma-

tions forestières continentales. Celles-ci constituent un rideau contre l’érosion et l’en-

sablement. Elles offrent également aux populations une autre ressource en bois, ce

qui limite la pression sur la mangrove. Il s’agit des CR de Bassoul, Djirnda, Djilor,

Diossong.

II

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29

DANS LE DELTA DU SALOUM

Le niveau vert : la mangrove y est principalement constituée de Rhizophora. Elle pré-

sente deux faciès : une formation de mangrove dont les arbres peuvent dépasser 10

m et une seconde formation dont la hauteur moyenne des arbres varie entre 5 et 6

m. Cependant, dans les sites de mauvaises conditions, les arbres ne dépassent pas 2

m de hauteur. Les zones vertes correspondent aux zones de mangrove qui sont bien

conservées, principalement en raison de leur situation (accès difficile ou position privi-

légiée au cœur de la Réserve de la Biosphère du Delta du Saloum) et de la plus

grande conscientisation des populations.

Ci-dessous, nous proposons une carte localisant les différentes zones par niveau de dégradation

de la mangrove:

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DANS LE DELTA DU SALOUM

Dans le Delta du Saloum, la consommation annuelle de bois de mangrove par les populations est

estimée à 239,5 ha.

Estimation de la consommation annuelle de bois de mangrove*

*Ne figure pas dans ce tableau la consommation de bois relative à la cueillette des huîtres. Nous ne dispo-sons pas de chiffres concernant la cueillette des mollusques.

Les chiffres présentés sont tirés de « Etude pour une gestion durable de la mangrove de la Petite Côte et du Delta du Saloum de la République du Sénégal – Rapport intermédiaire ».

Sur le terrain, il existe une pression plus importante sur le genre Rhizophora qui est de plus grande taille et dont la valeur commerciale est plus importante (bois de chauffe, perches). Il est donc majoritairement utilisé pour les activités citées ici. Le genre Avicennia est presque essentiel-lement utilisé pour la pharmacopée.

2.2. Niveau d’exploitation par CR*

Djirnda

Superficie de mangrove : 5 247 ha

Estimation de la consommation annuelle de bois de mangrove (T/an) :

*Les informations sont tirées de « Etude pour une gestion durable de la mangrove de la Petite Côte et du

Delta du Saloum de la République du Sénégal - Rapport intermédiaire »

Construction

et support

Cuisine Transformation

de coquillages

Fumage Totaux

Quantités (T/an) 364 10 742 6 175

3 426

20 709

Quantités (m3/an) 260 7 672 4 410 2 447 14 792

Quantités (ha/an) 4,2 123,7 71,1 39,5 239,5

Utilisations Construction

et support

Cuisine Transformation

de coquillages

Fumage Totaux

Quantités (T/an) 30 1 242 548 2 414 4 235

Quantités (%) 0,7 29,3 12,9 57,0 100,0

II

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31

DJIRNDA

ADG, 2011.

Dans cette CR, la consommation annuelle de bois est relativement élevée par rapport à la super-

ficie des formations de mangrove situées aux alentours. L’état de dégradation actuel est surtout

imputable à son accessibilité (proximité de Foundiougne et des voies de communication rou-

tières). Beaucoup d’étrangers fumeurs de poissons viennent s’y installer. Les chiffres le confir-

ment puisque l’on constate que le fumage de poisson dans cette CR constitue 57 % de la con-

sommation annuelle de bois de mangrove.

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32

BASSOUL

Bassoul

Superficie de mangrove : 2 844 ha

Estimation de la consommation annuelle de bois de mangrove (T/an):

La superficie de mangrove est

relativement réduite dans la CR

de Bassoul alors que la popula-

tion y est importante. La pres-

sion sur la ressource en bois de

mangrove est dès lors élevée.

La préparation des repas est la

principale utilisation de bois de

mangrove dans cette CR avec

71 % de la consommation an-

nuelle. S’y rajoute l’activité de

fumage de poisson qui consti-

tue 25 % de la consommation

en bois annuelle .

Utilisations Construction

et support

Cuisine Transformation

de coquillages

Fumage Totaux

Quantités (T/an) 4 2 176 115 753 3 049

Quantités (%) 0,13 71,4 3,8 24,7 100,0

II

Page 33: La mangrove, un écosystème à protéger - ong-adg.be · La mangrove est un écosystème complexe, composé de végétaux, principalement ligneux, qui ne se développe que dans la

33

DIONEWAR

Dionewar

Superficie de mangrove : 10 441ha

Estimation de la consommation annuelle de bois de mangrove (T/an) :

La CR de Dionewar est proche

de l’océan et de ce fait très diffi-

cilement accessible. La popula-

tion y est peu importante. En

conséquence, la pression hu-

maine exercée sur la mangrove

est faible. Sa situation en bor-

dure de l’océan l’expose aux

phénomènes d’érosion et d’en-

sablement mais leurs consé-

quences sont jusqu’ici peu vi-

sibles.

Utilisations Construction

et support

Cuisine Transformation

de coquillages

Fumage Totaux

Quantités (T/an) 3 2 210 1 251 259 3 723

Quantités (%) 0,08 59,36 33,6 6,96 100,0

ADG, 2011

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TOUBACOUTA

Toubacouta

Superficie de mangrove : 21 101 Ha

Estimation de la consommation annuelle de bois de mangrove (T/an) :

Toubacouta est situé au cœur

de la Réserve de la Biosphère

du Delta du Saloum (RBDS) qui

est placée sous haute surveil-

lance. Cette Cr est donc da-

vantage préservée. Le tourisme

y est également fortement dé-

veloppé. Les populations ont

conscience de la nécessité de

préserver la mangrove car ils

bénéficient des retombées éco-

nomiques qui y sont liées.

.

Utilisations Construction

et support

Cuisine Transformation

de coquillages

Fumage Totaux

Quantités (T/an) 135 1 952 1 535 - 3 622

Quantités (%) 3,7 53,9 42,4 - 100,0

II

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35

DJILOR

Djilor

Superficie de mangrove : 2 799 Ha

Estimation de la consommation annuelle de bois de mangrove (T/an) :

Djilor est situé dans la zone

orange mais à forte tendance

vers la zone rouge. La CR est

très accessible et la mangrove

y est fortement dégradée.

Cette situation est due à l’im-

portance de l’activité agricole

qui cause la dégradation des

sols jusqu’aux abords immé-

diats des formations de man-

grove. A ces activités, s’ajou-

tent l’exploitation abusive des

forêts de terroirs ; ce qui favo-

rise les érosions et entraîne

l’ensablement des sols au ni-

veau de la mangrove.

Utilisations Construction

et support

Cuisine Transformation

de coquillages

Fumage Totaux

Quantités (T/an) 24 1 331 828 - 2 187

Quantités (%) 1,1 60,9 37,9 - 100,0

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DIOSSONG

Diossong

Superficie de mangrove : 3 775 Ha

Estimation de la consommation annuelle de bois de mangrove (T/an):

Dans la CR de Diossong, la

mangrove occupe une petite

superficie comparée à la zone

terrestre où se mènent

d’intenses activités agricoles.

Ces activités agricoles impli-

quent certaines pratiques inap-

propriés (défrichement par le

feu, absence de jachère, la-

bours dans le sens de la pente,

etc.) qui contribuent à la dégra-

dation rapide des terres et favo-

risent les érosions.

ADG, 2011.

Utilisations Construction

et support

Cuisine Transformation

de coquillages

Fumage Totaux

Quantités (T/an) 155 298 337 - 790

Quantités (%) 19,6 37,7 42,7 - 100,0

II

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37

PALMARIN FACAO

Palmarin Facao

Superficie de mangrove : 700 Ha

Estimation de la consommation annuelle de bois de mangrove (T/an):

Palmarin est une CR très acces-

sible où de nombreux étrangers

viennent s’approvisionner en

bois. Le bois de mangrove est

utilisé dans cette CR principale-

ment pour la préparation de re-

pas (82 %) et la transformation

des coques (18 %). De plus, les

formations de mangrove pré-

sentes dans la CR souffrent de

l’ensablement et de l’érosion.

Utilisations Construction

et support

Cuisine Transformation

de coquillages

Fumage Totaux

Quantités (T/an) 1 494 108 - 603

Quantités (%) 0,2 81,9 17,9 - 100,0

Page 38: La mangrove, un écosystème à protéger - ong-adg.be · La mangrove est un écosystème complexe, composé de végétaux, principalement ligneux, qui ne se développe que dans la

38

NIVEAU D’EXPLOITATION DE LA MANGROVE

SYNTHESE :

D’après les chiffres détaillés dans ce chapitre, les quantités de bois de mangrove consommées

par les communautés rurales situées dans le Delta du Saloum sont peu importantes. Pour l’en-

semble du Delta, elles s’élèvent à 240 ha, ou 20 709 tonnes, par an. Il nous faut néanmoins pré-

ciser ici que les estimations avancées dans ce chapitre ont été obtenues sur base des résultats

d’une enquête. Il est fort probable que les personnes interrogées dans le cadre de cette enquête

aient fourni des quantités plus basses que celles réellement consommées. De plus, une partie du

bois de mangrove coupé n’est pas consommé par les populations, mais est vendue en dehors de

la zone. Actuellement, il ne nous est pas possible de chiffrer ce volume de bois vendu, mais il est

certain qu’il participe à la dégradation de la mangrove.

On estime que, chaque année, le volume de croissance de la mangrove s’élève à 72 000 T/an

soit 830 ha pour tout le Delta du Saloum. Ces chiffres laissent à penser qu’il est tout à fait pos-

sible de continuer à exploiter la mangrove sans pour autant la dégrader (puisque la consomma-

tion annuelle des populations est de 240 ha). Précisons cependant que le volume de croissance

proposé ne représente que le volume moyen de croissance. Celui-ci peut varier en fonction des

étapes de la croissance des palétuviers et le mécanisme de cette variation n’est pas encore con-

nu. Il est donc probable que le volume de croissance réel de la mangrove soit inférieur à celui

proposé ici. La population du Delta ne cesse d’augmenter et ses besoins en bois de mangrove

ne cessent de s’intensifier. Il ne faut pas non plus perdre de vue que l’activité humaine n’est

qu’un facteur parmi d’autres de la dégradation de la mangrove. Les facteurs climatiques ont éga-

lement un rôle important à jouer et leurs effets conjugués sont probablement supérieurs à ceux

de l’action humaine. Il existe également des disparités importantes entre les CR. Certaines CR

(Bassoul ou Djirnda par exemple) développent des activités fortement destructrices pour la man-

grove alors qu’elles disposent de peu de surfaces de mangrove. Dans ces CR, il est probable

que la surface de mangrove soit en diminution et que la régénération naturelle ne suffise pas à

compenser les effets conjugués de l’activité humaine et des facteurs climatiques.

Malgré ces réserves, nous émettons ici l’hypothèse qu’il est possible d’exploiter la mangrove

pour répondre aux besoins des populations du Delta sans pour autant causer sa dégradation. Il

faut pour cela respecter certaines conditions :

adopter des techniques de restauration durables, telles que le reboisement ou la coupe ré-

glementée; veiller à la régénération naturelle de la mangrove; diminuer la consommation de bois par les populations, grâce à l’introduction de nouvelles

techniques.

Dans le prochain chapitre, nous proposons une stratégie et des solutions techniques allant dans

ce sens.

II

Page 39: La mangrove, un écosystème à protéger - ong-adg.be · La mangrove est un écosystème complexe, composé de végétaux, principalement ligneux, qui ne se développe que dans la

39

3. STRATEGIE DE GESTION DURABLE DE LA MANGROVE

3.1. Description de la stratégie d’action

Actuellement, dans le Delta du Saloum, les populations insulaires ne peuvent se passer de bois

de mangrove, car c’est la seule ressource ligneuse disponible en quantité. La stratégie de gestion

durable de la mangrove énoncée dans ce chapitre vise à répondre aux besoins en bois des popu-

lations, tout en veillant à préserver la mangrove par sa restauration et sa conservation. Elle pro-

pose de limiter l’exploitation de la mangrove aux besoins stricts des populations et de réglemen-

ter la coupe du bois de mangrove afin de permettre sa régénération naturelle. Dans le même

temps, elle propose de mener des actions de reboisement de la mangrove afin de restaurer les

zones dégradées et parallèlement elle encourage le reboisement d’autres espèces. L’objectif

étant qu’à terme, les CR disposent de ressources ligneuses alternatives et ne dépendent plus du

bois de mangrove.

Quelles actions stratégiques développer au niveau des CR ?

Pour préserver et restaurer l’écosystème de mangrove, nous proposons donc aux CR de déve-

lopper trois types d’action :

des actions visant à diminuer la pression actuelle exercée par l’homme (anthropique) sur la

mangrove ;

des actions visant à réglementer et contrôler la coupe (afin de répondre aux besoins des

populations en bois, tout en favorisant la régénération naturelle de la mangrove) ;

des actions de reboisement, visant à fournir la CR en bois et à restaurer la mangrove dé-

gradée.

Pour que la stratégie soit efficace, ces trois types d’action doivent être menés conjointement.

Les différentes actions décrites dans ce chapitre s’inscrivent dans un processus d’aménagement

de la mangrove.

III

STRATEGIE DE GESTION DURABLE DE LA MANGROVE:

Besoins en bois de la

population satisfait

Mangrove restaurée et

conservée

Diminuer la pres-

sion

Réglementer

l’exploitation de

la mangrove

Reconstitution

du potentiel

AC

TIO

NS

Page 40: La mangrove, un écosystème à protéger - ong-adg.be · La mangrove est un écosystème complexe, composé de végétaux, principalement ligneux, qui ne se développe que dans la

40

STRATEGIE DE GESTION DURABLE DE LA MANGROVE

Dans ce chapitre, nous ne rentrerons

pas dans les détails de l’élaboration

d’un tel plan. Nous conseillons aux res-

ponsables des CR ou toutes personne

intéressée de consulter la notice

« Mise en Aménagement Participatif »

publiée par le Conseil Régional de Fa-

tick, ainsi que de prendre contact avec

le Service des Eaux et Forêts, qui

pourra les appuyer dans la rédaction et

la mise en œuvre de ce plan (voir con-

tacts en annexe 1). Nous nous attache-

rons plutôt ici à décrire des éléments

utiles pour élaborer ce plan et à propo-

ser des techniques d’aménagement.

Qui est responsable de la mise en œuvre de cette stratégie ?

Dans chaque CR du Delta du Saloum, il existe une Commission Environnement ou un Comité de

Gestion des ressources naturelles. Ces organes sont chargés de proposer au Conseil Rural des

initiatives en matière de gestion durable des ressources naturelles, de mettre en œuvre avec

l’aide des populations les actions approuvées par le Conseil Rural, d’assurer leur suivi et d’en

rendre compte auprès du Conseil Rural et des populations. Il s’agit selon nous de l’organe le plus

à même de mettre en œuvre cette stratégie d’action. Il doit cependant être appuyé et conseillé

dans sa tâche par le Service des Eaux et Forêts, qui dispose d’une grande expérience en ges-

tion, restauration et conservation de forêts.

Quels sont les étapes préliminaires pour mettre en œuvre cette stratégie ?

Première étape : Prendre des décisions consensuelles sur la restauration/conservation de la

mangrove

La première chose à faire, avant d’entamer l’élaboration concrète d’un plan d’aménagement, est

de se poser les questions suivantes :

Quelles sont les superficies de mangrove qui se trouvent sur le territoire de la CR (ou du

village) ?

Quelle partie de cette forêt est préservée de toute activité ? Quelle partie doit être restau-

rée ? Quelle partie peut être exploitée ?

Quelle partie de la forêt va-t-on réellement exploiter compte-tenu des besoins de la popula-

tion ?

III

Elaboration de plans d’aménagement

Les collectivités locales peuvent élaborer, ou faire éla-

borer par un tiers, des plans d’aménagement pour les

forêts relevant de leurs compétences. De même, elles

peuvent en assurer directement la réalisation ou bien

confier, par contrat à des tiers, l’exécution des plans de

gestion/d’aménagement. Le plan de gestion ou plan

d’aménagement doit faire l’objet d’un document écrit

adopté par le Service des Eaux et Forêts et le Conseil

Rural.

Ce document doit comporter deux grandes parties :

une partie décrivant l’espace à aménager et une se-

conde expliquant les techniques d’aménagement à

mettre en place.

Aménager une forêt c’est décider de ce que l’on veut en faire, compte

tenu de ce que l’on peut y faire et en déduire ce que l’on doit y faire.

Page 41: La mangrove, un écosystème à protéger - ong-adg.be · La mangrove est un écosystème complexe, composé de végétaux, principalement ligneux, qui ne se développe que dans la

41

STRATEGIE DE GESTION DURABLE DE LA MANGROVE

Pour répondre à ces questions, il est nécessaire de réunir autour de la table la Commission Envi-

ronnement ou le Comité de gestion des ressources naturelles, le Conseil Rural, les autorités cou-

tumières et religieuses, le Conseil Régional et le Service des Eaux et Forêts.

Pour déterminer la superficie de forêt de mangrove qui se trouve sur le territoire de la collectivité

locale, il est important de disposer d’une cartographie précise de la zone reprenant les différentes

formations forestières. Cette cartographie, si elle n’existe pas encore, doit être réalisée.

Une fois les superficies de mangrove identifiées et décrites sur une carte, il faut déterminer l’utili-

sation des différentes parties de cette forêt. : zones protégées - zones à restaurer - zones à

conserver.

Il faut d’abord identifier les zones qui sont protégées parce qu’elles se situent sur le terri-

toire d’une réserve ou qu’elles ont fait l’objet d’un arrêté ministériel. Par exemple, la zone

centrale de la RBDS ne peut pas faire l’objet d’une exploitation (référence à l’encadré placé

en page 10).

Il faut ensuite déterminer l’utilisation des zones restantes qui peuvent soit être restaurées,

soit être exploitées. Pour définir les zones qui doivent être restaurées, il faut déterminer le

taux de couverture végétale de la mangrove dans les différentes zones. Celui-ci correspond

au degré de dégradation de la mangrove dans ces zones. Ce taux de couverture végétale

peut être identifié au moyen des cartes ou grâce à des visites effectuées in situ. Les zones

où la mangrove est fortement dégradée doivent être restaurées : cela signifie que le milieu

doit être reconstitué afin de tendre vers les mêmes caractéristiques environnementales

qu’avant. Cela peut se faire au moyen du reboisement (cf conseils techniques pages 56),

de l’amélioration de la qualité des sols, etc.

Les zones qui ne sont pas à restaurer sont appelées zones de conservation. Cela signifie

que ces zones doivent être maintenues dans leur état actuel. Cela ne veut pas dire que l’on

ne peut pas les toucher. Elles peuvent être aménagées afin d’être exploitées de manière

rationnelle en veillant à la régénération du milieu. Toutefois, les zones à conserver ne doi-

vent pas nécessairement être toutes aménagées.

Il faut aménager les surfaces nécessaires pour répondre aux besoins de la population. Mais si

cela est possible, il faut conser-

ver des zones intactes qui se-

raient aménagées par la suite si

les besoins de la population ve-

naient à augmenter. De la

même manière, si les zones à

conserver situées sur le terri-

toire de la collectivité locale

n’étaient pas suffisantes pour

répondre aux besoins des popu-

lations, il est possible de négo-

cier avec le Conseil Rural et le

Service des Eaux et Forêts l’oc-

troi d’autres superficies de man-

grove à aménager.

Réunion villageoise

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42

Deuxième étape : Informer et sensibiliser les acteurs concernés

Après avoir trouvé un accord sur la répartition et l’utilisation des différentes zones de mangrove, il

est nécessaire que la Commission Environnement ou le Comité de gestion des ressources natu-

relles expose la stratégie de gestion durable de la mangrove proposée à l’ensemble des

membres du Conseil Rural, afin de s’assurer qu’elle soit comprise et soutenue par tous. Cet or-

gane peut être appuyé dans cette tâche par un volontaire forestier issu de la CR, un Assistant

Communautaire (ASCOM) ou un agent des Eaux et Forêts.

Quand cette stratégie a été approuvée et adoptée par le Conseil Rural, des réunions d’informa-

tion et de sensibilisation doivent être organisées dans chaque village avec les populations. Les

populations seront sollicitées par la suite pour mettre en œuvre les différentes actions qui auront

lieu dans le village. Pour s’assurer de leur participation, il est donc primordial de les sensibiliser

aux enjeux de la restauration et de la conservation de la mangrove. Le chef de village et un

membre de la Commission Environnement ou du Comité de gestion des ressources naturelles

président la réunion qui est animée par le volontaire forestier, l’ASCOM et/ou un Agent des Eaux

et Forêts.

Lors de ce processus de sensibilisation, la stratégie d’action proposée ainsi que les actions priori-

taires à mettre en œuvre pour diminuer la pression exercée par l’activité humaine (cf pages 45 à

51) seront également exposées aux populations. L’animateur (volontaire forestier) veillera égale-

ment à ce que les populations aient l’occasion à la fois de poser des questions et d’exprimer leurs

craintes et/ou suggestions.

Troisième étape : Etablir un calendrier d’actions

A l’issue des réunions dans les villages, l’animateur, appuyé par un membre de la Commission

Environnement ou du Comité de gestion des ressources naturelles, propose un calendrier d’ac-

tion annuel. Il doit pour cela être bien informé au préalable sur chacune des actions à mettre en

œuvre (description de celles-ci de la page 45 à 59) ainsi que sur les ressources disponibles

(financières, matérielles et humaines). Par la suite, ce calendrier d’action sera soumis au Comité

villageois (voir la présentation de cet organe page suivante : cinquième étape), puis au Conseil

Rural pour approbation.

III

Le REVE

Dans le cadre du projet mangrove, un Réseau des Enseignants pour la Vie Environnementale

(REVE) a été mis en place. Ces enseignants ont été formés sur l’écosystème mangrove et ont

développé différentes fiches pédagogiques destinées aux élèves du milieu scolaire. Le réseau

REVE est toujours actif et ses membres constituent des personnes ressources que l’on peut

mobiliser dans le cadre de sensibilisations. Les coordonnées du représentant de ce réseau se

trouvent en annexe 1 de ce guide.

Page 43: La mangrove, un écosystème à protéger - ong-adg.be · La mangrove est un écosystème complexe, composé de végétaux, principalement ligneux, qui ne se développe que dans la

43

Quatrième étape : Gérer le budget

La Commission Environnement ou le Comité de gestion des ressources naturelles dispose d’un

budget alloué pour mettre en œuvre ces actions.

Ce budget est octroyé annuellement par le Conseil Rural. L’argent disponible devra être réparti

en fonction des calendriers d’action établis par les différents villages. Dans la pratique, nous sa-

vons que les budgets des CR sont très restreints.

Nous avons donc tenté de proposer dans ce chapitre des actions pouvant facilement être mises

en œuvre avec très peu de moyens. La plus grande partie du matériel nécessaire peut être em-

pruntée ou trouvée localement.

Cinquième étape: Désigner un Comité villageois de gestion de la mangrove

Pour faciliter la préparation, la mise en œuvre et le suivi de chacune des actions sur le terrain, il

est utile de désigner une équipe de responsables par village. Cela permet de décharger la Com-

mission Environnement ou le Comité de gestion des ressources naturelles qui n’ont pas les res-

sources humaines suffisantes pour pouvoir coordonner toutes les actions à réaliser. De plus, la

responsabilisation des villageois dans la gestion des actions donne généralement de meilleurs

résultats, car cela favorise l’adhésion et la participation des populations. Idéalement, le comité

villageois responsable de la gestion durable de la mangrove devrait comprendre 6 personnes : un

représentant de la Commission Environnement ou du Comité de gestion des ressources natu-

relles, l’ASCOM, le volontaire forestier, un Agent des Eaux et Forêts et deux volontaires du vil-

lage. Les villageois volontaires sont désignés par toutes les personnes présentes lors de la réu-

nion d’information et de sensibilisation. La question de genre doit être prise en compte dans le

choix des membres de ce comité, afin que les hommes comme les femmes y soient représentés.

Ce comité est chargé d’organiser et de coordonner les différentes actions, ce qui ne signifie pas

mettre en œuvre lui-même toutes les actions.

Ce comité rend régulièrement des comptes à la Commission Environnement ou au Comité de

gestion des ressources naturelles de la CR, afin que ce dernier puisse évaluer la mise en œuvre

de la stratégie globale d’action et effectuer éventuellement les ajustements nécessaires. La fré-

quence de ces comptes-rendus sera décidée d’un commun accord entre les deux parties.

Page 44: La mangrove, un écosystème à protéger - ong-adg.be · La mangrove est un écosystème complexe, composé de végétaux, principalement ligneux, qui ne se développe que dans la

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LA PRÉPARATION

3.2. Déroulement de la stratégie d’action

Dans ce point, nous reprenons les différentes démarches à entreprendre pour mettre en œuvre

une stratégie de gestion durable de la mangrove. Celles-ci peuvent être divisées en 3 phases : la

préparation, la mise en œuvre et l’évaluation.

3.2.1 La préparation

Comme expliqué précédemment, avant d’entamer toute action, il est nécessaire que le comité

villageois responsable de la gestion durable de la mangrove convoque une réunion pour organi-

ser l’action. Il convie à cette réunion toutes les populations susceptibles d’être concernées par

l’action. Lors de cette réunion seront abordées les questions suivantes :

QUI FAIT QUOI ?

Avant la tenue de la réunion, le comité villageois liste les différentes tâches à effectuer pour réali-

ser l’action et évalue le nombre de personnes nécessaires à la mise en œuvre de chacune de

ces tâches. Lors de la réunion sont désignées les personnes qui sur base volontaire exécuteront

les différentes tâches. Le comité doit veiller à l’intégration des femmes et des jeunes dans

l’équipe.

OÙ ?

Le choix du site où sera menée l’action doit être fait en concertation avec tous les utilisateurs ac-

tuels et potentiels du site. La surface nécessaire à la mise en œuvre de l’action doit également

être prise en compte. Le comité villageois doit au préalable identifier des sites propices à l’action

et proposer une liste de sites qui sera débattue lors de la réunion. Les sites situés à proximité du

village seront dans un premier temps favorisés, car ils sont plus faciles d’accès.

QUAND ?

Les différentes tâches à mettre en œuvre doivent être effectuées dans un ordre et à des inter-

valles de temps précis (Exemple : pour avoir un bon taux de reprise, la récolte des propagules

doit avoir lieu au maximum 3 jours avant la date de reboisement fixée). Lors de la réunion, les

dates et heures d’exécution des différentes tâches sont fixées de commun accord.

COMMENT ?

Sur base des explications fournies au point suivant, le comité de gestion réexplique le déroule-

ment de l’action et les différentes activités à mettre en œuvre. Il répond aux questions pratiques

qui sont posées. Au moins un membre du comité sera présent lors de la mise en œuvre de

chaque action afin de pouvoir appuyer l’équipe de volontaires et la conseiller.

AVEC QUELS MOYENS ?

Avant la réunion, le comité de gestion liste tout le matériel nécessaire à l’action. En ce qui con-

cerne les outils, il peut être demandé aux volontaires d’amener les leurs le jour de l’activité. Si du

matériel doit être acheté, il faut désigner la personne chargée d’effectuer les achats et de les

amener le jour dit. Dans l’annexe 2, une fiche récapitulative à compléter est proposée afin d’aider

à la préparation de l’action. Une fois remplie, cette fiche doit pouvoir être consultée par tous. Elle

permet également de garder une trace des activités mises en œuvre et sert de base pour évaluer

l’action.

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LA MISE EN ŒUVRE

3.2.2. La mise en œuvre

Les différentes actions stratégiques à mettre en œuvre sont les suivantes :

A. LES ACTIONS VISANT À DIMINUER LA PRESSION ANTHROPIQUE

Etant donné que les ressources en bois de mangrove diminuent alors que la population aug-

mente et que les CR du Delta du Saloum ne disposent pas (ou très peu) actuellement d’autres

ressources ligneuses à exploiter, il convient de limiter la consommation en bois des populations,

qu’elle soit domestique ou liée au développement d’activités génératrices de revenus. Nous pro-

posons ici d’adopter des habitudes qui demandent peu d’investissement financier. Ces change-

ments de comportements pourront à terme faire économiser, voire gagner, de l’argent aux popu-

lations, tout en contribuant à une meilleure gestion durable de l’écosystème mangrove.

A.1. Utilisation de foyers améliorés

L’utilisation de foyers améliorés peut permettre de générer des économies de combustible de

l’ordre de 40 à 60 %. Le temps de cuisson des aliments est également réduit grâce à ce type de

foyers. Un foyer amélioré est un peu plus cher à l’achat qu’un foyer traditionnel, mais l’investisse-

ment est très vite rentabilisé. Il existe différents types de foyers améliorés.

Ces foyers sont conçus pour conserver plus longtemps la chaleur. De ce fait, la quantité de bois à

utiliser pour la cuisson sur ce type de foyer est diminuée. Il existe de petits foyers destinés à un

usage domestique ou des foyers de plus grande taille destinés à un usage collectif (pour des cé-

rémonies, cantines scolaires, etc.) ou productif (pour faire bouillir du poisson ou des fruits de

mer). Pour toute information complémentaire concernant l’utilisation ou l’achat de ce type de

foyers, veuillez contacter le PRODER (Programme pour le Développement des Energies Renou-

velables - voir coordonnées en annexe 1).

Foyers améliorés à usage collectif

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LA MISE EN ŒUVRE

Ci-dessous, nous présentons différents types de foyers améliorés utilisés dans la région de Fa-

tick*. Les deux premiers modèles sont à usage individuel, et le dernier à usage collectif ou pro-

ductif.

Noflaye Jeeg

Foyer fonctionnant au bois et permettant une économie de combustible de 50 à 60%. Son prix est

de 15 000 FCFA. Ce foyer peut supporter une marmite de 4 à 7kg.

Sakkanal multi marmites

Foyer fonctionnant au charbon et au bois permettant une économie de combustible de 40 à 45%.

Son prix est de 5 500 FCFA. Ce foyer peut supporter une marmite de 4 à 7kg.

Noflaye Mbana

Foyer fonctionnant au bois et permettant une économie de combustible de l’ordre de 55 à 65%.

Son prix est de 36 000 FCFA. Il peut supporter une marmite de 15 à 35kg.

Notons également que la conception et la commercialisation de ce type de foyers peuvent fournir

des emplois locaux, que ce soit à des artisans (forgerons, potiers, etc.) ou à des groupements

féminins (plutôt pour le stockage et la vente).

A.2. Organisation de l’activité de fumage

Dans certaines CR du Delta du Saloum, le développement de l’activité de fumage de poissons

pourrait mettre en péril l’écosystème mangrove. Il existe en effet peu, voire pas du tout, de régle-

mentation de l’activité de fumage. Le fumage nécessite une quantités de bois très importante car

les fours traditionnels en consomment énormément (cf chiffres page 25). Cela contribue à la dimi-

nution de la surface de mangrove. Les fumeurs s’installent généralement dans les villages de fa-

çon anarchique. Ils dénaturent le paysage et polluent leur environnement immédiat en construi-

sant leurs habitations, leurs latrines et leurs fours de fumage sans autorisation ni paiement de

taxes. La quantité de poissons pêchés dans le Delta diminue d’année en année, car les res-

sources halieutiques se font plus rares. Les produits vendus ne subissent pas de contrôle de qua-

lité et peuvent être à l’origine du développement de certaines maladies.

En pratique, les CR et les services concernés (Service des Eaux et Forêts et Ministère chargé de

la Pêche Maritime) ne semblent pas en mesure d’assurer leurs responsabilités dans la gestion et

le contrôle de l’exploitation des ressources ligneuses et halieutiques. Face à cette situation se

pose la question de la pérennité de ces activités dans les prochaines années.

*Informations et photos fournies par le PRODER (Coopération décentralisée des régions de Fatick et de

Poitou-Charentes (France))

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LA MISE EN ŒUVRE

Ci-dessous, nous émettons différentes recommandations en vue de mieux contrôler cette activité.

Recommandation 1 : Instaurer une réglementation du fumage et veiller à son application.

La réglementation doit être élaborée par la Commission Environnement ou le Comité de gestion

des ressources naturelles. Ensuite, elle doit être approuvée par le Conseil Rural. Il est important

que cette réglementation spécifie les points suivants :

le nombre de fours qui peuvent être exploités dans chaque village. Ce nombre doit être ré-

fléchi en fonction des ressources en bois et en poissons disponibles. Tout comme pour les

foyers (référence au point précédent), les fours de fumage améliorés doivent être privilégiés

car ils sont moins consommateurs de bois;

la durée de la campagne de fumage: dates de début et de fin de campagne. Eviter le fu-

mage durant l’hivernage, qui correspond à la période de reproduction des poissons, mais

aussi à un temps de séchage plus long.

le montant de la taxe à payer pour l’exploitation d’un four et la période de perception de

cette taxe. Le montant doit être proportionnel à la surface du four et à la durée de la cam-

pagne de fumage. Il doit également être calculé en fonction du nombre d’utilisateurs du

four. En effet, il n’est pas rare qu’un fumeur loue ou prête son four à un autre ce qui aug-

mente bien évidemment l’impact de ce four. Idéalement, le montant devrait être calculé en

fonction de la quantité de bois et de poissons mobilisée par le four. La réalisation d’une

étude devrait permettre de déterminer quelle est la consommation moyenne d’un four et

son impact à long terme sur l’écosystème.

le contrôle des habitations et latrines sur les sites de fumage. Pour des raisons d’hygiène et

d’esthétique, la construction d’habitations et de latrines sur les sites-mêmes de fumage ne

devrait pas être autorisée. Les fumeurs qui souhaitent s’installer dans la zone doivent,

comme tous les autres habitants de la CR, obtenir un terrain et s’acquitter de la taxe d’habi-

tation. Des contrôles et des sanctions doivent être établis en ce sens par la CR.

Recommandation 2 : Utiliser des fours améliorés

Fours améliorés

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LA MISE EN ŒUVRE

Ceux-ci permettent de diminuer la consommation en bois des fours, car ils retiennent mieux la

chaleur. Différents modèles de fours de fumage améliorés sont déjà utilisés dans le Delta. Ils se

distinguent généralement des fours traditionnels par le fait qu’ils sont fermés et comprennent plu-

sieurs étages. Ils sont jusqu’ici peu répandus et peu employés. Leur utilisation doit être générali-

sée. Dans sa réglementation concernant l’activité de fumage, la CR pourrait imposer la reconver-

sion des fours de fumage traditionnels en fours de fumage améliorés d’ici 3 ou 5 ans.

Recommandation 3 : Réglementer et contrôler la pêche et la transformation des produits

De nombreux pêcheurs constatent depuis plusieurs années une diminution des ressources ha-

lieutiques dans le Delta. Il serait intéressant d’évaluer le volume de poisson pêché annuellement

dans la zone et son impact sur la disponibilité des ressources. La réalisation d’une telle étude

pourrait permettre de déterminer des quotas de pêche annuels, afin de veiller à la pérennité des

stocks naturels.

Certains bolongs du Saloum constituent d’importantes zones de reproduction pour les poissons,

mollusques et crustacés. Il serait intéressant de recenser ces zones de frayère et de les protéger

en les fermant à la pêche. Une réglementation a déjà été proposée dans certains chenaux, mais

elle est peu efficace, soit parce qu’il n’y a pas de contrôle et que l’interdiction n’est dès lors pas

respectée, soit parce que la réglementation autorise les pêcheurs à pêcher trop près de la limite

de la zone de frayère (ce qui empêche les jeunes poissons de rejoindre l’océan).

Les produits transformés vendus sur les marchés ou exportés ne font l’objet d’aucun contrôle de

qualité de la part du Ministère de la Pêche. Les sites de fumage ne sont pas non plus inspectés.

Pour des raisons de santé publique, il est primordial que le Ministère de la Pêche effectue des

contrôles des sites de transformation des produits halieutiques établis dans le Delta. Les produits

exportés doivent disposer d’un certificat de contrôle d’origine et de salubrité.

Recommandation 4 : Structurer le fumage en faveur des populations locales

Comme expliquée précédemment (page 24), l’activité de fumage de poissons constitue un

manque à gagner important pour les populations du Delta (voir point 1.5). Les populations locales

auraient tout intérêt à s’organiser pour prendre en charge elles-mêmes la production et la vente

de poissons fumés. La demande en poisson fumé à l’intérieur du Sénégal est forte. L’organisation

de la vente dans le pays pourrait permettre aux populations locales de générer des revenus im-

portants tout en favorisant la souveraineté alimentaire de la population sénégalaise et en évitant

la fuite de ses ressources alimentaires. La difficulté réside dans le fait que l’activité de fumage

nécessite un préfinancement important (achat du matériel de pêche, construction du four, coût

des transports, etc.). Une bonne organisation préalable au sein de la CR (accords entre les pê-

cheurs, les fumeurs et les décortiqueuses), la conclusion d’accords financiers pour la commercia-

lisation et un appui financier au départ de la communauté rurale, du Conseil Régional ou d’un

autre acteur pourrait néanmoins permettre de surmonter cette difficulté.

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LA MISE EN ŒUVRE

A.3. Pratique de l’ostréiculture

La cueillette des huîtres est très fastidieuse. Elle entraîne généralement la coupe des racines de

palétuviers. Cette coupe empêche la reproduction des huîtres qui n’ont plus de racines sur les-

quelles se fixer et inhibe la croissance des palétuviers.

L’élevage des huîtres ou ostréiculture est une bonne alternative à la cueillette. Il exige un travail

moins difficile et demande moins de déplacements dans les bolongs. Il exige un suivi régulier,

mais c’est une activité qui peut facilement être gérée par un groupement, ce qui permet aux

femmes de se relayer dans le suivi. Nous proposons ci-dessous une technique d’élevage

d’huîtres facile à mettre en œuvre et donnant de très bons résultats.

La technique proposée ici est celle du captage des naissains (larves d’huîtres). Elle consiste à

remplacer le substrat naturel de fixation des huîtres (les racines de palétuviers) par une surface

artificielle (des guirlandes de coquilles d’huîtres vides). Lors de la période de reproduction des

huîtres, les nouvelles huîtres se fixeront sur cette surface artificielle plutôt que sur les racines.

L’avantage de cette technique est que les huîtres produites seront beaucoup plus faciles à récol-

ter et que les racines de palétuviers ne devront plus être coupées.

La mise en place d’un site d’ostréiculture repose sur une série d’étapes décrites dans la suite de

ce point.

Etape 1 : Choix du site

Le choix du site où se pratiquera l’élevage est très important. L’élevage est bien souvent pratiqué

en bordure de bolong, à proximité d’une zone où il y a beaucoup d’huîtres à l’état naturel. La sali-

nité de l’eau ne doit pas dépasser 50 g/l et le courant doit être faible. Pour faciliter son entretien,

on choisira un site proche du village et accessible à marée basse.

Guirlande à marée haute

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LA MISE EN ŒUVRE

Etape 2 : Confection et installation des guirlandes (captage)

Après avoir repéré le site propice à l’élevage, il faut confectionner les guirlandes qui permettront

le captage des naissains et construire la structure qui les supportera. Les guirlandes sont confec-

tionnées à l’aide de fil de pêche et de coquilles d’huîtres vides ; la structure est réalisée à l’aide

de perches en bois. La meilleure période pour placer les guirlandes est fin juin – début juillet,

juste avant la période de reproduction des huîtres. En annexe 3 de ce manuel, nous proposons

une explication plus détaillée de la confection des guirlandes et de la structure.

Les guirlandes étant installées en bordure des bolongs, il n’est pas rare de devoir marcher sur

des racines de palétuviers ou d’anciennes coquilles d’huîtres pour les nettoyer. Le port de bottes

permet d’éviter aux personnes en charge de l’installation des guirlandes et du suivi de se blesser

lors de ces opérations. En annexe 4, nous communiquons une technique de confection de bottes.

Etape 3 : Suivi régulier du captage

Le suivi du site ostréicole doit s’effectuer toutes les deux semaines. Il se fait à marée basse. Les

guirlandes ou collecteurs doivent être nettoyés et les parasites ou compétiteurs (tels que les ba-

lanes) retirés des guirlandes afin de permettre aux huîtres de s’y fixer.

Etape 4 : Détroquage des huîtres

Le détroquage est l’opération qui consiste à détacher les jeunes huîtres du collecteur qui a per-

mis le captage. Il peut s’effectuer 10 à 18 mois après la pose des guirlandes. Les guirlandes sont

d’abord détachées délicatement de la structure et ramenées au village. Le détroquage s’effectue

ensuite à l’aide d’un instrument non tranchant afin de ne pas endommager les huîtres. Plus les

huîtres sont grosses et plus leur valeur commerciale sera importante. Les trop petites huîtres sont

donc laissées sur les guirlandes et replacées sur la structure afin de poursuivre leur croissance.

De nouvelles huîtres viendront également s’y fixer. Après le détroquage, les huîtres sont placées

dans une bassine avant d’être séchées ou dégorgées, et les guirlandes sont replacées sur la

structure.

Etape 5 : Cuisson et séchage

Après détroquage, les huîtres peuvent être consommées directement. Afin d’être conservées plus

longuement et commercialisées sur les marchés locaux, les huîtres peuvent également être sé-

chées. Pour cela, elles sont d’abord bouillies puis placées sur des claies de séchage pendant plu-

sieurs jours.

Confection de guirlandes

à l’embarca-

dère de

Foundiougne

Vendeuse de crustacés

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LA MISE EN ŒUVRE

A.4. Développement de l’apiculture

De façon générale, l’apiculture est une activité complémentaire facile à mettre en œuvre. Elle ne

demande pas beaucoup d’investissements et requiert peu de temps. Une formation pratique est

néanmoins nécessaire afin d’apprendre à manipuler le matériel apicole et à maîtriser les diffé-

rentes techniques. En annexe 1, nous citons les coordonnées de différentes personnes actives

dans l’apiculture et susceptibles de fournir plus d’informations sur l’activité apicole et les possibili-

tés de formation au Sénégal.

L’abeille, pour produire du miel, doit pouvoir butiner. Les palétuviers produisent des fleurs toute

l’année et le miel qu’ils permettent de produire est d’excellente qualité.

Afin de récolter le miel, l’apiculteur doit placer ses ruches dans la mangrove. Les abeilles vien-

dront les coloniser et y stocker leurs réserves de miel. Lorsque la colonie s’est développée jus-

qu’à coloniser la quasi-totalité de la ruche, l’apiculteur doit déposer une seconde ruche appelée

« hausse » au-dessus de la première. La ruche est composée de plusieurs cadres où les abeilles

viennent stocker leur miel excédentaire.

Une fois que les cadres de la hausse sont bien remplis, l’apiculteur peut procéder à la récolte en

veillant à se protéger suffisamment. Il doit pour cela enfumer légèrement la ruche puis retirer les

cadres. Ceux-ci sont brossés afin de ne pas emporter les abeilles et sont ensuite placés dans des

hausses vides qui seront emmenées à la miellerie. Dans le Delta du Saloum, plusieurs récoltes

peuvent être effectuées dans une année puisqu’il y a des fleurs en permanence.

Une fois à la miellerie, l’apiculteur doit « désoperculer » les cadres. Cette opération consiste à

retirer la cire qui obstrue les alvéoles gorgées de miel afin d’en permettre l’extraction. Elle s’effec-

tue avec un couteau à désoperculer. Les cadres, une fois désoperculés, sont placés dans un petit

extracteur à manivelle. Une fois la manivelle actionnée, grâce à l’effet centrifuge, le miel jaillit des

rayons.

Après l’extraction, il reste à séparer le miel de la cire et à le filtrer. Grâce à des grilles munies de

filtres à mailles fines, le miel sera débarrassé des nombreux résidus et impuretés qu’il transporte.

Le miel sera ensuite maturé pendant plusieurs jours pour permettre aux dernières impuretés de

remonter à la surface. Une écume se constitue et doit être retirée avant de mettre le miel dans

des pots, destinés aux usages domestiques ou à la commercialisation.

En conclusion, le développement de l’apiculture permet indirectement de diminuer la pression

exercée par l’homme sur la mangrove. Les apiculteurs présents dans le Delta du Saloum ont en

effet besoin de la mangrove pour mener leurs activités apicoles. Ils sont de ce fait plus enclins à

préserver la mangrove et à la protéger. De plus, les zones de mangrove où l’on trouve des

ruches sont bien souvent à l’abri des coupes illégales de bois, car les habitants craignent les

abeilles et préfèrent éviter de se rendre dans ces zones.

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LA MISE EN ŒUVRE

B. LES ACTIONS DE RÈGLEMENTATION DE LA COUPE ET DE CONTRÔLE

La réglementation de la coupe du bois de mangrove vise à légaliser la coupe du bois, à contrôler

les volumes coupés et à permettre la régénération naturelle de la mangrove. Les quantités de

bois de mangrove coupées légalement doivent permettre de répondre aux besoins des popula-

tions en bois dans l’attente du développement d’autres espèces ligneuses qui viendront à terme

remplacer le bois de mangrove (voir point C). Elles ne doivent cependant pas dépasser ces be-

soins. La réglementation de la coupe oblige également les coupeurs à adopter des techniques de

coupe qui favorisent la régénération naturelle de la mangrove. De plus elle doit être accompa-

gnée d’un contrôle des surfaces de mangrove afin d’empêcher la coupe illégale de bois par les

villageois et les étrangers.

B.1. Réglementation de la coupe

La réglementation de la coupe doit être élaborée par le comité villageois responsable de la ges-

tion durable de la mangrove. Elle doit être approuvée par le chef de village, le Conseil Rural et le

Service des Eaux et Forêts en charge de la zone. Les surfaces de mangrove étant bien souvent

réparties inégalement sur le territoire de la CR, il est possible qu’un village doive faire usage de

bois de mangrove situés en dehors du village pour répondre aux besoins de sa population. C’est

pourquoi, il est nécessaire d’obtenir l’aval du Conseil Rural avant d’entamer l’aménagement d’une

superficie de mangrove. L’accord préalable de l’agent des Eaux et Forêts est également indis-

pensable pour obtenir les autorisations de coupes nécessaires à cette action. Ces autorisations

de coupe sont généralement renouvelées annuellement ou tous les deux ans. Il est donc primor-

dial de prendre contact avec l’agent des Eaux et Forêts pour s’assurer de son soutien à l’action

avant même d’entamer la préparation de celle-ci.

La réglementation de la coupe doit reprendre les informations suivantes :

- besoins en bois de la population du village ;

- surface de mangrove à couper pour répondre à ces besoins ;

- nombre de parcelles de coupe à délimiter et leur emplacement ;

- désignation des coupeurs et élaboration du calendrier de coupes ;

- techniques de coupe à adopter ;

- organisation de la vente ;

- évaluation annuelle de l’action.

Pour réglementer la coupe, il faut donc suivre un certain nombre d’étapes.

Etape 1 : Identifier les besoins en bois (surface à couper, nombre de parcelles à délimiter et em-

placement)

Nous proposons, dans l’annexe 5, un tableau récapitulatif des besoins actuels en bois (m3) des

CR, des surfaces (ha) qui doivent être coupées chaque année pour répondre à ces besoins et du

nombre de parcelles (200 m2) qui doivent être délimitées. Nous expliquons ensuite comment, à

partir de ces chiffres, obtenir les données pour un village déterminé.

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LA MISE EN ŒUVRE

Etape 2 : Délimiter les parcelles de coupe

La délimitation des parcelles facilite la coupe ultérieure et le suivi de la régénération. Les par-

celles destinées à la coupe doivent être systématiquement séparées par des bandes de man-

groves qui seront préservées. Entre chaque parcelle et le chenal (bolong), une bordure de man-

grove est également préservée afin de minimiser l’impact des coupes et maintenir les rôles écolo-

giques de la mangrove. En annexe 6 de ce manuel, nous expliquons comment délimiter les par-

celles de coupe.

Etape 3 : Etablir un calendrier de coupe

Un calendrier de coupe doit être établi par le comité de gestion durable de la mangrove avec les

personnes qui seront chargées d’effectuer la coupe. Les personnes qui effectuent la coupe sont

rémunérées à la journée pour leur travail. Le calendrier de coupe fixe les dates auxquelles seront

effectuées les coupes. La répartition des coupes dans l’année doit être réfléchie afin que les po-

pulations disposent de bois tout au long de l’année. Les coupes doivent être évitées pendant l’hi-

vernage (entre juillet et novembre) qui correspond aux périodes de floraison intense des palétu-

viers. Un exemple de calendrier de coupe est proposé en annexe 7 de ce document.

Etape 4 : Procéder à la coupe

On distingue les éclaircies de la coupe du gros œuvre :

Une équipe dynamique de 4 personnes peut couper 5 parcelles par jour. En fonction du nombre

de parcelles à couper, il faudra prévoir une à plusieurs équipes de coupe.

L’éclaircie consiste à dégager certains pieds d'arbres pour permettre d'aérer, de favoriser

l’accès à la lumière, indispensable au bon développement des arbres. Si la révolution choi-

sie (période entre 2 coupes sur une même parcelle) est de 20 ans, l’éclaircie sera prati-

quée au bout de 10 ans. Il y a plusieurs méthodes pour pratiquer une éclaircie. Il est pos-

sible de réaliser des layons ou des éclaircies par pied. Le layon consiste à choisir une al-

lée d’arbres et à la couper entièrement pour aérer les arbres et leur permettre d’accéder à

la lumière. L’éclaircie par pied consiste à choisir certains sujets et à les dégager. De la

sorte, on favorise ces sujets et on améliore la qualité du bois exploité. Dans la mangrove,

c’est l’éclaircie par pied qui est davantage pratiquée.

La coupe du gros œuvre intervient dans la mangrove tous les 20 ans. La coupe du bois

s’effectue par étape. On commence par les branches les plus hautes puis les troncs. On

transfère ensuite le bois coupé à proximité de la rive où il sera séparé en deux tas : l’un

réservé aux racines et l’autre aux tiges car elles n’ont pas les mêmes valeurs calorifiques

et commerciales. Les branchages inutilisables comme bois de feu sont entassés dans les

parcelles voisines. Les racines et les tiges résiduelles sont ensuite élaguées à l’aide de

cisailles, de machettes et de scies. Le bois est ensuite évacué de la forêt et amené dans le

village. On crée pour cela de petits passages dans la mangrove pour faire sortir le bois.

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LA MISE EN ŒUVRE

Etape 5 : Organiser la vente de bois

Le bois amené au village est ensuite vendu aux populations. Ce système de vente, pour qu’il soit

accepté par les populations, doit leur être bien expliqué. Une réunion peut être organisée à cet

effet par le comité villageois responsable de la gestion durable de la mangrove. Le comité villa-

geois peut organiser lui-même la vente ou déléguer des personnes qui en auront la charge. Un

lieu de stockage et de vente doit être trouvé dans le village. Afin d’être vendu, le bois doit être

agencé en stères (1m3) ou en tas de mêmes valeurs et de mêmes dimensions. Des prix différents

peuvent être pratiqués pour les différents types de bois. Le prix de vente du bois et la clé de ré-

partition des bénéfices sont fixés par le comité villageois. Les revenus doivent permettre au mini-

mum de rémunérer les coupeurs, de louer les services d’un piroguier et d’acheter du carburant

pour effectuer des contrôles dans la mangrove (aspect qui sera développé dans le point suivant

sur le contrôle de la mangrove). Il est également suggéré de conserver une partie des bénéfices

pour mettre en œuvre d’autres actions de gestion durable de la mangrove dans le village. Cepen-

dant, il faut veiller à ce que le prix reste abordable pour les populations. Si ça n’est pas le cas, les

populations n’achèteront pas le bois et continueront à le couper illégalement.

Etape 6 : Evaluer l’action

Outre l’évaluation globale de l’action telle qu’elle est décrite au point 3.2.3 (page 59), un suivi

spécifique des parcelles de coupe doit être mené. Celui-ci a deux objectifs :

- vérifier l’adéquation entre les volumes de bois coupés et les besoins réels. Il est possible

qu’au fil des ans, la demande augmente (en cas de croissance de la population par

exemple) ou diminue (si d’autres ressources ligneuses sont peu à peu disponibles). Il faut

pouvoir adapter la règlementation en fonction de cette évolution.

- s’assurer de la régénération naturelle de la mangrove dans les parcelles. Pour évaluer l’ac-

tion, il faut mesurer deux fois par an certaines données qui seront ensuite analysées par un

Agent des Eaux et Forêts. En annexe 8, se trouve une fiche technique sur le suivi des par-

celles de coupe.

B.2. Contrôle des surfaces de mangrove

Le contrôle de la mangrove peut être organisé au niveau du village ou de la CR selon les limites

du territoire concerné. Le contrôle doit être effectué au moyen d’une pirogue de surveillance. La

pirogue est soit louée, soit achetée (à moins que le village/CR en possède une). Les contrôles

doivent être effectués à intervalles réguliers. Leur fréquence dépend néanmoins du budget qui a

été alloué au contrôle.

Un comité de surveillance doit être désigné par le village ou la CR afin d’effectuer ces contrôles.

Ce comité peut être composé de bénévoles ou de personnes rémunérées. S’il est composé de

bénévoles, il faut veiller à ce que ceux-ci soient suffisamment nombreux pour effectuer le travail,

afin que cela n’affecte pas négativement leurs autres activités. Si les personnes sont rémuné-

rées, il faut veiller à prévoir un budget pour les payer. Cela peut éventuellement être intégré dans

la clé de répartition des bénéfices de la vente du bois.

Le comité de surveillance doit travailler en collaboration avec l’Agent des Eaux et Forêts en

charge de la zone. Lorsque le comité de surveillance constate un délit, il doit communiquer la pro-

venance des coupeurs, le nom et l’immatriculation de la pirogue ainsi que le type de délit à

l’Agent des Eaux et Forêts, qui agit en conséquence.

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LA MISE EN ŒUVRE

La législation forestière prévoit qu’en cas d’amendes, 1/7 des sommes perçues soient versées au

comité villageois de gestion durable de la mangrove, à la Commission Environnement ou au Co-

mité de gestion des ressources naturelles (ces mesures doivent être identifiées et prises dès le

démarrage de l’action).

Le contrôle doit s’accompagner d’une sensibilisation des populations du village et des villages

aux alentours afin de les informer à la fois sur les règlements en vigueur, et sur les bénéfices de

ces règlements pour la préservation, voire l’amélioration, de leur cadre de vie.

C. LES ACTIONS DE REBOISEMENT

Dans ce point, sont présentés deux types de reboisement complémentaires : le reboisement de

mangrove et la création de bois de village.

Le reboisement de mangrove permet de restaurer les zones de mangrove dégradées.

La création de bois de village permet :

de diminuer la pression sur la ressource en bois de mangrove en donnant aux popula-

tions une ressource alternative. Le bois de village permet également

de lutter contre l’ensablement (du poto-poto et des palétuviers) en formant une bar-

rière contre l’érosion éolienne et hydrique.

de réintroduire certaines essences locales en voie de disparition

d’aider les nappes d’eau douce à se recharger en aidant les pluies à s’infiltrer dans le

sol.

C.1. Reboisement de la mangrove

Dans le tableau de la page suivante, nous expliquons comment effectuer un reboisement de la

mangrove. Nous avons distingué le reboisement de Rhizophora et d’Avicennia, dont les condi-

tions et techniques de reboisement diffèrent.

Reboisement de Rhizophora

Choix du site :

- Les anciens sont de très bons conseillers pour le choix du site. Ils pourront probablement

indiquer des zones où il y avait de la mangrove auparavant et où subsistent quelques plants.

Ce sont en général des sites propices au reboisement.

- La première année, il est recommandé de réaliser des tests sur plusieurs sites, afin d’identi-

fier des sites propices pour les prochaines campagnes de reboisement.

- Le plus simple est de commencer par reboiser les sites les plus proches du village, car ils

sont plus faciles d’accès.

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Etapes Rhizophora Avicennia

A. Choix du site: critères de sélection

1. Zone inondée chaque jour, même pendant la

période de basse marée ;

2. Sol = du poto-poto (vaseux) et surtout pas du

sable ;

3. Salinité de l’eau inférieure à 60g/l ;

4. Courant faible ;

5. En bordure de bolong.

1. Zone inondée chaque jour ;

2. Sol = sablo-vaseux ou sableux ;

3. Salinité de l’eau pouvant aller jusqu’à 80g/l ;

4. En arrière zone d’une aire de reboisement

en Rhizophora réussie.

B. Récolte et

conservation des

semences

La récolte a lieu 2 à 3 jours avant leur plantation.

Il faut 5000 propagules pour reboiser 1ha.

Une bonne propagule :

- Se détache facilement et présente déjà de

jeunes feuilles ;

- Est de couleur généralement rouge ou brun, et

pas trop verte.

Une fois récoltées, les propagules doivent être

conservées sur le site de reboisement. Elles doi-

vent être stockées dans l’eau et à l’ombre.

La récolte des graines se fait 4 à 5 jours avant

de les planter en pépinière. Il y a deux phases

de prétraitement des semences :

- Enlever la membrane de protection, après 2

jours d’immersion en mangrove ;

- Immerger les graines 2 jours de plus afin de

laisser se développer une petite racine.

Cette graine est ainsi prête à être semée.

C. Tri des semences

ou installation en

pépinière

Le tri consiste à éliminer les propagules :

- mangées par les crabes ;

- cassées ;

- non mûres ;

- trop sèches.

Le tri permet en même temps de compter le

nombre total de propagules qui seront plantées

afin de faciliter ensuite le suivi.

L’installation d’une pépinière:

Pour obtenir de bons résultats lors de la planta-

tion, il est conseillé d’installer une pépinière.

Les semis doivent être effectués entre début

juin et début novembre. Une fiche en annexe 9

explique comment mettre en place cette pépi-

nière.

E. Plantation La période la plus adéquate pour effectuer le re-

boisement est en juillet-août, mais elle peut être

prolongée jusqu’en septembre.

La plantation se fait à marée basse. Chaque pro-

pagule est plantée, pointe en bas, d’environ un

tiers de sa longueur dans le sol. Pour faciliter le

reboisement, on utilise une corde. Deux per-

sonnes tiennent la corde bien tendue pendant

que les autres repiquent les propagules (seau)

chaque mètre (corde). Quand la ligne est reboi-

sée, on déplace la corde de 2 m et on recom-

mence.

Afin d’évaluer le reboisement de mangrove, il est

nécessaire de connaître le nombre de propa-

gules plantées. Lors de la plantation, une per-

sonne sera chargée spécifiquement de cette

tâche.

La période la plus favorable se situe entre no-

vembre et février.

La plantation se fait à marée basse. On ne sor-

tira de la pépinière que les plants vigoureux,

bien droits, ne présentant aucun signe de mala-

die et qui ont au minimum 90 jours. .

Pour faciliter la plantation, deux personnes tien-

nent une corde bien tendue pendant que les

autres repiquent les plants. Pour repiquer, il

faut réaliser un trou de 20 à 25 cm de profon-

deur. La gaine est ensuite coupée et le plant

sorti de sa gaine. Après avoir placé le plant

dans le trou, celui-ci est comblé avec de la

terre. L’écartement entre les plants doit être de

1m sur une même ligne et de 2m entre les

lignes.

Attention: Eviter de trop remuer le sol durant la

plantation à marée basse, sinon la marée

risque de déchausser les plants et de les em-

porter.

F. Evaluation de

l’action

Etape explicitée en annexe 10 du document

LA MISE EN ŒUVRE III

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LA MISE EN ŒUVRE

C.2. Création de bois de village

Etape 1 : Choix du site

La première chose à faire pour constituer un bois de village est de trouver un site propice. Il est

impératif que le sol soit perméable et profond. Les sols salés, compacts et/ou peu profonds sont

à éviter absolument, car la plupart des arbres se développent mal sur ce type de sol. Pour que

les habitants de tout le village puissent tirer profit du bois, sa superficie doit être de minimum 1

ha (625 à 1111 pieds). Il est conseillé d’agrandir progressivement le bois de village en plantant

par exemple 1 ha chaque année. Lorsque le village ne dispose pas de grande surface pour le re-

boisement, le bois de village peut être dispersé sur plusieurs sites de plus petite taille. Si la cons-

titution d’un bois de village n’est pas du tout possible en raison d’un manque de superficie, il est

également possible de planter des arbres dans d’autres espaces tels que: les concessions, les

champs, autour des champs, au bord des routes, sur les places publiques, autour du village, etc.

Etape 2 : Délimitation et désherbage de la parcelle

La parcelle doit être clôturée avec une haie vivante (constituée de végétaux) afin d’éviter la diva-

gation des animaux pouvant manger ou endommager les jeunes plants. Différentes espèces peu-

vent être plantées comme Acacia melifera, Euphorbia balsamifera (Salane), Prosopis juliflora,

Jatropha curcas etc. Les écartements doivent être aussi serrés que possible (de 15 à 50 cm). La

clôture peut également être réalisée avec du fil de fer barbelé, mais celui-ci coûte relativement

cher et doit régulièrement être remplacé. La parcelle doit ensuite être nettoyée et désherbée. Les

arbres présents peuvent être conservés.

Etape 3 : Choix des espèces à planter

Il est conseillé de planter différentes espèces dans un bois de village afin de limiter les risques

d’échecs et de répondre aux différents besoins des populations (bois de chauffe, bois pour la

construction, etc.). Il est néanmoins conseillé de délimiter une surface donnée par espèce. En

annexe 11 de ce manuel, nous listons les critères permettant de choisir les espèces à planter et

proposons différentes fiches reprenant les caractéristiques des espèces à croissance rapide les

plus adaptées au milieu. Il est vivement recommandé de s’adresser à un agent des Eaux et Fo-

rêts pour bénéficier de ses conseils dans le choix des espèces à planter.

Etape 4 : Installation d’une pépinière

La constitution d’un bois de village nécessite l’installation préalable d’une pépinière. La meilleure

période pour l’installer est de février à avril. La mise en terre des arbres a lieu de juillet à sep-

tembre, soit 3 à 6 mois après les semis (voir fiche sur l’installation d’une pépinière en annexe 12).

ATTENTION ! Veillez à obtenir un document écrit du chef de village spécifiant l’attribution du site

devant servir de bois de village. Après avoir obtenu l’accord du chef de village, le terrain doit

faire l’objet d’une délibération par le Conseil Rural afin d’être attribué au comité de village res-

ponsable de la gestion durable de la mangrove.

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LA MISE EN ŒUVRE

Etape 5 : Plantation

La plantation a généralement lieu juste après les premières pluies, dès que les 30 premiers cm

de terre sont mouillés. En pratique, les arbres sont souvent plantés après les semis agricoles et

avant le sarclage.

Pour bien pousser, un arbre a besoin d’espace afin d’avoir assez d’eau, de nourriture du sol et de

lumière. La plantation consiste à définir des lignes parallèles distantes de 3 à 5 m les unes des

autres et sur lesquelles on creuse des trous de 50 cm de diamètre et 50 cm de profondeur à des

distances de 3 à 5 m entre les trous. Plus le trou est grand, plus la croissance sera bonne la pre-

mière année. Il est conseillé de marquer au préalable la distance entre les plants avec une corde

graduée selon l’écartement. Un petit bâton peut être planté à l’endroit de chaque plant.

Après avoir effectué le trou, la partie inférieure de la gaine (avec plant) est coupée sur toute la

longueur. Il faut veiller à ne pas casser la motte de terre de l’appareil racinaire. La motte de terre

est ensuite placée dans le trou. Le trou doit ensuite être remblayé et la terre compactée avec les

pieds. Une cuvette est enfin créée sur un rayon de 25 cm autour de la plante pour favoriser la re-

tenue d’eau.

Etape 6 : Mesures de protection

Les attaques de termites peuvent avoir un effet dévastateur pour le bois de village. Il est conseillé

d’utiliser préventivement un produit phytosanitaire qui permet de se prémunir des attaques de ter-

mites. Il existe différents produits sous forme de liquide, de poudre ou à mélanger. Suivant la

forme du produit, il peut être appliqué au moment de la plantation ou après. L’application peut

être renouvelée si l’on constate des attaques. L’utilisation de produits phytosanitaires n’est pas

obligatoire, mais elle peut permettre d’augmenter les chances de survie des plants en diminuant

les risques d’attaque.

Pour prévenir les dégâts du feu, il est préconisé de mettre en place un pare-feu de 5 m autour de

la parcelle. Si la strate herbacée dans la zone de plantation est très importante, que les vents

sont violents ou les feux de brousse fréquents, la largeur du pare-feu doit être augmentée pour

atteindre 20 m.

Etape 7 : Entretien de la parcelle

L’entretien de la parcelle doit être effectué au minimum une fois par mois. Il consiste à:

- contrôler l’état de la clôture

- désherber autour des plants sur un rayon de 1m

- éliminer les branches basses et les branches mortes afin de favoriser la croissance des

arbres

- regarnir les lignes (1 à 2 mois après la plantation, un an après la plantation ou à tout moment

si l’arrosage est possible)

Etape 8 : Evaluation du reboisement

L’annexe 10 reprend des formules pour évaluer la qualité du reboisement effectué .

Etape 9 : Coupe

Les éclaircies ne sont pas pratiquées dans les bois de village, car les surfaces à couper sont de

trop petites tailles. La coupe consiste à abattre les arbres et à les ébrancher.

III

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L’ÉVALUATION DE L’ACTION

En fonction des espèces plantées et du type de produit souhaité (bois de chauffe, perches, po-

teaux, etc.), la coupe n’interviendra pas au même moment car la vitesse de croissance diffère

entre les espèces (voir fiches sur les caractéristiques des espèces en annexe 11). Les fûts sont

découpés en perches de 2 à 3 m (selon la demande). Le reliquat est découpé en de petites sec-

tions de 1 m et empilé en stère (1 m 3 de bois).

Etape 10 : Distribution ou vente du bois

Le bois amené au village est ensuite vendu aux populations. Une réunion doit être organisée par

le comité villageois responsable de la gestion durable de la mangrove afin d’informer les popula-

tions sur les modalités de la vente. Le comité villageois peut organiser lui-même la vente ou délé-

guer des personnes qui en auront la charge. Un lieu de stockage et de vente doit être trouvé

dans le village. Afin d’être vendu, le bois doit être agencé en stères (1 m3) ou en tas de mêmes

dimensions. Le prix de vente du bois et la clé de répartition des bénéfices sont fixés par le comité

villageois. Les revenus doivent permettre au minimum de rémunérer les coupeurs, d’acheter des

semences pour regarnir le bois et l’agrandir, et d’acheter le petit matériel nécessaire à la coupe. Il

est également suggéré de conserver une partie des bénéfices pour mettre en œuvre d’autres ac-

tions de gestion durable de la mangrove dans le village. Il faut veiller à ce que le prix reste abor-

dable pour les populations. Il doit impérativement être moins cher que le bois de mangrove ven-

du. Si ce n’est pas le cas, les populations n’achèteront pas le bois et continueront à le couper illé-

galement.

3.2.3. Evaluation de l’action

Toute action entreprise, qu’elle soit individuelle ou collective, doit faire l’objet d’une évaluation qui

permet de faire le bilan du travail effectué. Cette évaluation doit regrouper toutes les personnes

ayant été impliquées de près ou de loin dans l’action. Pour effectuer cette évaluation, le plus

simple est de se poser des questions. A titre d’exemple, voici quelques idées de questions :

- Pourquoi avons-nous décidé de mener cette action ?

- Quelles ont été les grandes étapes de la mise en œuvre de l’action ? Qui les a effectuées et

comment ? Quelles difficultés/problèmes ont été rencontré(e)s ?

- L’endroit était-il idéal ? Si non, pourquoi ?

- Etions-nous bien organisés ? Chacun a-t-il respecté ses engagements ? Sinon, pourquoi ?

- La technique était-elle adaptée à notre cas ? Sinon, pourquoi ? La technique s’est elle avérée

plus efficace que la technique traditionnelle utilisée auparavant ? Où se situe le gain (temps,

énergie, financier, etc.) ?

- Quel a été le coût de l’action entreprise ? Permet-elle ou permettra-t-elle aux populations de

faire des économies ou de générer des bénéfices ? Peut-on les chiffrer ?

- Qui a participé et s’est intéressé à l’action? Pourquoi ?

- Avons-nous atteint nos objectifs ? Sinon, pourquoi ? Quelle a été la production/économie gé-

nérée grâce à l’action ?

- Les populations sont-elles satisfaites de l’action ? Que leur a-t-elle apporté ?

- Etc...

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L’ÉVALUATION DE L’ACTION

Après avoir réalisé un bilan de l’action sur base de ces différentes questions, il est porteur de pro-

poser des recommandations pour une prochaine action, afin de ne pas répéter certaines erreurs

commises. Cela consiste à se poser des questions telles que :

- Quels aspects de l’action (choix du site, technique mise en œuvre, implication dans l’ac-

tion, satisfaction des populations, etc.) doivent être améliorés et comment ?

- Comment surmonter les difficultés / problèmes rencontrés ?

Il faut bien sûr veiller à formuler des recommandations réalistes, réfléchies à partir des moyens

humains, matériels et financiers disponibles, voire facilement accessibles.

Pour les actions qui demandent un suivi sur le long terme, il est préférable d’évaluer l’action à dif-

férents moments. Par exemple: dans le cas où une action demandant un suivi sur 5 ans, réaliser

une évaluation juste après l’action, 2 ou 3 ans après l’action et 5 ans après l’action.

Soyez attentif à conserver toujours une trace écrite de vos évalua-

tions. Cela vous permettra de suivre l’évolution de vos actions dans

le temps. Il est également utile de relire les anciennes évaluations

avant de planifier une nouvelle action du même type. Une fiche ré-

capitulative pour l’évaluation est fournie en annexe 13 de ce docu-

ment.

SYNTHESE :

Dans ce troisième chapitre, nous avons proposé une stratégie pour gérer durablement la man-

grove qui comprend 3 types d’actions à mettre en œuvre :

des actions visant à diminuer la pression exercée par l’homme sur la mangrove,

des actions de réglementation de la coupe et de contrôle de la mangrove et

des actions de reboisement.

Menées conjointement, ces actions contribuent à la gestion durable de l’écosystème mangrove.

L’implication et le sens des responsabilités des comités villageois en charge de la gestion du-

rable de la mangrove et des populations sont primordiales pour mettre en œuvre cette stratégie.

Une sensibilisation préalable et poursuivie dans le temps de manière régulière permet de favori-

ser cet engagement. La planification et l’évaluation de chaque action sont également très impor-

tantes pour assurer l’efficacité des actions entreprises et permettre l’adaptation de la stratégie au

fil du temps.

III

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4. PERSPECTIVES ET QUESTIONS A APPROFONDIR

La stratégie proposée dans le chapitre précédent s’est concentrée sur la restauration et la con-

servation de la mangrove en tant que ressource ligneuse. Les ressources ligneuses ne sont pas

les seules ressources menacées dans l’écosystème mangrove. Une importante faune terrestre et

marine ainsi que de nombreuses autres espèces végétales dépendent de l’équilibre fragile de la

mangrove. Ces ressources doivent également faire l’objet de notre attention dans les prochaines

années. De la même manière, nous sommes bien conscients, et nous l’avons souligné plusieurs

fois dans ce guide, que les facteurs climatiques sont grandement responsables de la dégradation

de la mangrove, et que leur influence ne va faire qu’augmenter dans les prochaines années.

A l’avenir, le souhait d’ADG est de développer des recherches en vue d’élaborer une stratégie

plus globale de gestion de l’écosystème mangrove qui tienne compte de ces différents aspects.

Une liste de points à approfondir afin d’améliorer les connaissances sur la mangrove et sa ges-

tion durable est ici proposée :

A l’aide de cartes satellite, montrer quelle a été l’évolution de la dégradation de la man-

grove du Delta du Saloum durant les 50 dernières années. Proposer une analyse prospec-

tive de l’évolution de cette dégradation pour les prochaines années ;

Réaliser des études permettant de mieux comprendre et de chiffrer la dégradation (en

termes de surface de mangrove détruite annuellement) liée aux facteurs climatiques, et pro-

poser des pistes de solution en vue de diminuer ou d’enrayer leurs effets ;

Approfondir les études sur l’influence de l’activité de fumage de poissons sur les res-

sources ligneuses et halieutiques du Delta du Saloum. Etudier la provenance des popula-

tions qui sont à l’origine de la coupe du bois de mangrove et de la pêche en vue de déve-

lopper des collaborations interrégionales pour la gestion durable des mangroves ;

Réaliser une étude sur la vente de bois de mangrove afin d’estimer le volume de bois

coupé destiné à la vente, ainsi que l’origine des coupeurs (populations du Delta ou exté-

rieures) ;

Etudier le mécanisme de variation du volume de croissance en fonction des étapes de la

croissance des palétuviers ;

Mener une réflexion sur les mécanismes de financement des CR afin de développer des

solutions pour financer la gestion durable de l’environnement ;

Réaliser des études de rendement, de rentabilité et d’acceptabilité des foyers améliorés et

des fours de fumage améliorés dans le Delta du Saloum ;

Etudier dans le temps la disponibilité des ressources halieutiques (poissons, mol-

lusques et crustacés) dans le Delta du Saloum, afin d’instaurer si besoin est des quotas de

pêche pour assurer la reproduction des espèces et la pérennité des ressources halieutiques

dans le Delta ;

Recenser les zones de frayère et réglementer leur accès ;

IV

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La mangrove est un cadre de vie unique, qu’il importe dans l’intérêt de ses populations de proté-

ger et de gérer respectueusement. ...

PERSPECTIVES ET QUESTIONS A APPROFONDIR

Informer et conscientiser davantage les services étatiques (Service des Eaux et Forêts,

Ministère de la Pêche) et réfléchir à des pistes pour leur donner des moyens d’action, afin

qu’ils s’impliquent dans le contrôle et le suivi des activités liées à l’écosystème de man-

grove ;

Organiser localement l’activité de fumage afin qu’elle profite davantage aux populations.

Pour cela, il faut former les acteurs, conclure des accords entre les différents acteurs et

organiser la vente dans le pays ;

Réaliser un inventaire du cheptel présent dans le Delta du Saloum et étudier quelle est sa

charge sur la mangrove afin de déterminer quel est son impact sur l’écosystème.

Régénération naturelle après la coupe de bois

IV

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ANNEXES

ANNEXE 1 PERSONNES DE CONTACTS

ANNEXE 2 FICHE DE PRÉPARATION D’UNE ACTION DE GESTION DURABLE

ANNEXE 3 COMMENT CONFECTIONNER DES GUIRLANDES OSTREICOLES ?

ANNEXE 4 COMMENT CONFECTIONNER DES BOTTES ?

ANNEXE 5 TABLEAU RÉCAPITULATIF DE LA CROISSANCE DE LA MANGROVE

PAR CR (M3/AN) ET DES BESOINS EN BOIS DE PALETUVIER

ANNEXE 6 COMMENT DÉLIMITER DES PARCELLES DE COUPE ?

ANNEXE 7 EXEMPLE DE CALENDRIER DE COUPE (CR de Djirnda)

ANNEXE 8 COMMENT EFFECTUER LE SUIVI DES PARCELLES DE COUPE ?

ANNEXE 9 COMMENT INSTALLER UNE PÉPINIÈRE D’AVICENNIA? & EXEMPLE DE

FICHE DE SUIVI ?

ANNEXE 10 COMMENT ÉVALUER UN REBOISEMENT ?

ANNEXE 11 QUELLES ESPÈCES PLANTER DANS UN BOIS DE VILLAGE ?

ANNEXE 12 COMMENT INSTALLER UNE PÉPINIÈRE POUR CONSTITUER UN

BOIS DE VILLAGE ?

ANNEXE 13 FICHE D’EVALUATION D’UNE ACTION DE GESTION DURABLE

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ANNEXE 1 : Personnes de contact

Abdoulaye Lindor Diop – Représentant du Réseau des Enseignants pour la Vie En-

vironnementale (REVE)

TEL : 77 510 39 36

Adresse mail : [email protected]

Abdou Ndiaye – Assistant du Programme de Développement des Énergies Renou-

velables (PRODER)

TEL : 77 558 87 84

Email : [email protected]

Conseil Régional de Fatick

TEL : (0)33 949 11 29

Adresse : Quartier Darou Salam, BP 94 Fatick

Site : www.regionfatick.org

Mamadou Bakhoum – Président du Réseau des Apiculteurs du Delta du Saloum

(RADS)

TEL : 77 544 68 25 – 33 949 40 26

Adresse : BP 97 Toubacouta

Email : [email protected]

Ibrahima Tine – Responsable du programme apiculture Jeunesse et Développe-

ment -JED

TEL : 77 544 32 68 - 33 955 40 10

Email : [email protected]

Youssouph Mané – Spécialiste de l’apiculture - Institut de Recherche pour le Déve-

loppement (IRD)

TEL : 77 515 66 32

Email : [email protected]

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ANNEXE 2 : Fiche de préparation d’une action de gestion durable

(lien avec le point 3.2.1, page 44)

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ANNEXE 3 : COMMENT CONFECTIONNER DES GUIRLANDES

OSTREICOLES ?

(lien avec le point A.3, page 49)

On peut utiliser différents matériels artificiels (tuiles, tiges en plastique à même le sol, piquets,

etc.) pour capter les naissains d’huîtres. Nous privilégions ici la confection de guirlandes, car elle

est très facile à réaliser, ne demande pas l’achat de matériel coûteux et permet l’obtention de

bons résultats (taux de fixation des huîtres important). Les guirlandes sont ensuite fixées sur

une structure en bois, en bordure de bolong dans une zone où il y a beaucoup d’huîtres à l’état

naturel.

Ci-dessous, nous expliquons comment confectionner la structure et les guirlandes.

1. La construction de la structure

Après avoir repéré le site propice à l’installation des guirlandes, il vous faudra construire une

structure sur laquelle attacher vos guirlandes. Vous aurez pour cela besoin de minimum 5

perches en bois : 4 de 2m50 et une ou plusieurs de 5m ainsi que de la corde. Référez-vous au

dessin ci-dessous pour mieux comprendre comment construire cette structure.

Les deux perches vertes (2m50) sont d’abord attachées à la mangrove à l’aide de cordes. La dis-

tance entre ces deux perches doit être d’environs 4m70. Les perches doivent être posées sur les

racines au-dessus des premières huîtres visibles. Les deux perches noires (2m50) sont ensuite

enfoncées dans la vase et attachées aux perches vertes à l’aide de cordes. La perche rouge (5m)

est ensuite déposée sur la perche verte et attachée à celle-ci à l’aide de corde. Les guirlandes

seront attachées sur cette perche. D’autres perches (mauves sur le dessin) peuvent être ajoutées

à la structure afin d’accueillir d’autres guirlandes. Chaque perche peut accueillir environ 20 guir-

landes (une tous les 0,25m).

2. La préparation des guirlandes

Il existe 3 types de guirlandes, variant en fonction de la façon dont les coquilles d’huîtres sont

percées et agencée sur le fil. Ces coquilles vides sont soit :

- percées de 2 trous et enfilées ;

- percées d’un trou à l’extrémité et enfilées ;

- percées au milieu et entassées.

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Les guirlandes dont les coquilles sont percées d’un trou à l’extrémité sont celles préférées pour le

captage, car elles peuvent plus facilement bouger. Pour confectionner vos guirlandes :

1.Ramassez des coquilles d’huîtres vides de belle taille ou conservez-en lors des cueillettes ;

2.Percez la coquille à l’aide d’un marteau et un clou. Utilisez une planchette de bois comme

support.

3.Faites un trou à l’extrémité de la coquille.

3. L’enfilage des coquilles sur guirlandes

Pour chaque guirlande, vous aurez besoin de 2 m de fil de pêche et de 20 coquilles

1.Effectuez un gros nœud afin de bloquer la première coquille. La distance entre la coquille la

plus haute de la guirlande et la structure sur laquelle sont attachées les guirlandes dépend

de la distance entre cette structure et les premières huîtres vivantes visibles sur les racines

de palétuviers. Conservez cette même distance entre le haut du fil et votre premier nœud.

2.Enfilez la première coquille et effectuez à nouveau un nœud afin de bloquer cette coquille.

Recommencez ces opérations pour toutes les autres coquilles. La distance entre chaque

coquille doit être approximativement égale à 8 cm.

Une fois les guirlandes terminées, il ne vous reste plus qu’à les disposer sur la structure (voir

schéma de la page précédente).

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ANNEXE 4 : COMMENT CONFECTIONNER DES BOTTES ?

Matériel nécessaire

Pour confectionner une paire de bottes, il vous faut

- 1 vieux pantalon (de préférence jeans ou tissu épais) ;

- 1 paire de sandales ;

- de la petite corde ;

- de la grosse corde ;

- des aiguilles à coudre ;

- des ciseaux.

Etapes à suivre *

Commencez par découper les jambes de votre vieux pantalon à hau-

teur du genou.

Cousez ensuite le pantalon à la sandale avec de la petite corde. Il

faut poser le pantalon autour de la semelle et coudre sur le côté.

Coupez de petits morceaux de grosse corde et cousez-les sur la

botte afin de constituer des boucles.

Passez une corde entre les boucles afin de serrer la botte.

* Tiré de « Manuel de gestion des ressources halieutiques dans la Petite Côte et le Delta du Saloum » de la JICA.

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ANNEXE 5 : TABLEAU RÉCAPITULATIF DE LA CROISSANCE DE LA MANGROVE PAR CR (M

3/AN) ET DES BESOINS EN BOIS DE PALETUVIER

(lien avec le point B.1, à la page 52) Le volume de croissance correspond à la quantité de bois produite chaque année par les forêts

de mangrove.

Les chiffres concernant les besoins actuels en bois de mangrove proviennent d’une étude réali-

sée en 2002 auprès de 500 ménages dans le cadre du PAGEMAS.

Un hectare de mangrove produit entre 48 et 60m3 de bois. Hypothèse faite ici que 1Ha = 60 m3

de mangrove. A partir des besoins actuels des populations en bois de mangrove, nous pouvons

donc déduire la surface de mangrove à couper pour répondre à ces besoins en bois.

Un hectare représente 10 000m2. A partir de la surface à couper, on peut obtenir le nombre de

parcelles de 200m2 à couper. A chaque fois qu’une parcelle est coupée, une parcelle identique

doit être préservée. Il faut donc multiplier par 2 le nombre de parcelles à couper pour obtenir le

nombre de parcelles à délimiter. Le calcul est donc le suivant :

Pour déterminer les données qui s’appliquent à un village, il faut évaluer les besoins du village.

Pour se faire, calculer quelle est la proportion de la population du village par rapport à celle de la

CR.

Si le village X comprend 100 habitants et la CR 1000 habitants, la proportion d’habitants du vil-

lage par rapport à la CR : 100 : 1000 = 0,1 (soit 10% de la population de la CR)

Pour obtenir les données concernant la surface à aménager et le nombre de parcelles à délimiter

au niveau du village, il faut multiplier les données de la CR par le chiffre obtenu plus haut

(0,1dans l’exemple proposé ici).

CR

Volume de croissance

(m3/an)

Besoins actuels (m3/an)

Surface à aménager (Ha/an)

Nombre de parcelles à délimiter (parcelle de

200m2)

Djirnda 5 772 3 024 48 4 800

Bassoul 3 128 2 171 34 3 446

Dionewar 11 485 2 656 42 4 216

Toubacouta 23 211 2 587 41 4 106

Djilor 3 079 1 562 25 2 480

Diossong 4 153 564 9 896

Palmarin 770 430 7 682

[(surface à couper en Ha/an X 10 000) : 200] x 2 = Nombre de parcelles à délimiter

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ANNEXE 6 : COMMENT DÉLIMITER DES PARCELLES DE COUPE ?

La délimitation de parcelles de coupe facilite la coupe ultérieure et le suivi de la régénération. La technique consiste à délimiter des parcelles de 10m x 20m destinées à la coupe séparées par des bandes de 10m x 20m qui seront préservées. Entre chaque parcelle et le chenal (bolong), une bordure de 5m de mangrove est préservée afin de minimiser l’impact des coupes et mainte-nir les rôles écologiques de la mangrove : zone de frayère, fixation des huîtres et barrière contre l’érosion. Dans chaque parcelle de coupe, quatre semenciers vigoureux porteurs de nombreuses propagules sont choisis et préservés. PC1 PP1 PC2 PP2

20m

5m (bande protectrice) 10m 10m 10m 10m PC : parcelle de coupe PP : parcelle préservée

: zones à préserver : semenciers à conserver

La délimitation d’une parcelle s’effectue à l’aide de 2 cordes de 20m tendues perpendiculaire-ment à la rive à 10m de distance. Elle nécessite le concours de 2 personnes. Pour la première corde, un repère (R1) est placé à l’aide d’une corde à 5m de distance perpendi-culairement à la rive. Une corde de 20m est ensuite tendue à partir de ce repère perpendiculaire-ment à la rive. Pour la corde suivante : Un repère (R2) est placé perpendiculairement à 10m de la corde précédente et à 5m de la rive. Ce repère est ensuite utilisé comme guide pour le placement de la corde suivante. Il est conseillé de prendre des repères relativement grands et colorés afin de faciliter leur visibilité au sein de l’enchevêtrement de la mangrove. L’idéal étant de voir le repère suivant afin de tendre la corde de la façon la plus rectiligne possible. Une fois les parcelles délimitées, il faut procéder à l’identification des semenciers (4 par parcelle) qui seront préservés. Ils seront marqués à la peinture blanche et leur circonférence sera mesu-rée. Veillez à numéroter les parcelles délimitées sur une carte afin de pouvoir ensuite les localiser et faciliter les déplacements des personnes en charge de la coupe.

Schéma des parcelles de coupe

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ANNEXE 7 : EXEMPLE DE CALENDRIER DE COUPE (CR de Djirnda)

(lien avec le point B.1./Etape 2, page 53)

CR de Djirnda

Nombre de parcelles à couper (200m2) pour répondre aux besoins en bois des po-

pulations : 2400

Nombre de mois où la coupe peut être effectuée : 7 (janvier, février, mars, avril, mai,

juin et décembre)

Nombre de jours où il est possible d’effectuer la coupe par an : 16 jours/mois* x 7

mois = 112 jours

* Etant donné que la coupe demande un travail physique, nous avons limité le nombre de jours de

travail par semaine à 4.

Nombre de parcelles à couper durant chaque journée de travail : 2400 / 112 = 21

parcelles/jour

Etant donné qu’une équipe de 4 personnes peut couper jusqu’à 5 parcelles par

jour, il faudra au minimum 4 équipes de coupe par jour.

Dates

de coupe

Personnes en charge

de la coupe

(indiquer les noms)

Nbre

de par-

celles/

Numéros des parcelles

à couper

4-7 janvier

(4 jours)

11-14 janvier

(4 jours)

18-21 janvier

(4 jours)

25-28 janvier (

4 jours)

SOIT 16

4 X 4 personnes

4 X 4 personnes

4 X 4 personnes

4 X 4 personnes

21

21

21

21

1 à 84 (1-21,22-42,43-63,64-84)

85 à 168 (85-105,106-126,127-

147, 148-168)

169 à 252 (169-189, 190-210,211

-231, 232-252)

253 à 337 (253-273, 274-294, 295

-315,316-336)

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ANNEXE 8 : COMMENT EFFECTUER LE SUIVI DES PARCELLES DE COUPE ?

(lien avec le point B.1./Etape 6, page 54)

1. Comment vérifier l’adéquation entre les volumes de bois coupés et les besoins en bois ?

Ce tableau est à compléter par les personnes chargées de la vente du bois.

La quantité de bois à couper est celle indiquée sur le calendrier de coupe.

La quantité de bois effectivement coupée est estimée (en m3 ou en tas) une fois le bois ra-

mené au village/à la CR et avant que ne débute sa vente.

La quantité de bois octroyée à chaque ménage est calculée à partir des quantités de bois

effectivement récoltées et du nombre de ménages que comprend la CR. Si des groupe-

ments ou des individus pratiquent une activité génératrice de revenus nécessitant du bois

de mangrove, leurs besoins sont également pris en compte (enquête préalable nécessaire).

La quantité de bois coupée est ensuite divisée par le nombre de ménages et groupements/

individus.

Le bois a permis de répondre aux besoins en bois des populations si :

- toute la population a obtenu la quantité de bois qui lui était nécessaire pour répondre à

ses besoins domestiques d’ici à la prochaine coupe

- cette quantité de bois a effectivement permis de répondre aux besoins en bois des po-

pulations durant la période (question à poser aux populations lors de la prochaine vente

de bois).

Si vous remarquez à un moment donné que vos besoins en bois dépassent la quantité de

bois coupée, voici quelques conseils :

Convoquez le comité de gestion villageois chargé de la gestion de la mangrove ou la Commis-

sion Environnement/Comité de gestion des ressources naturelles ainsi que l’Agent des Eaux et

Forêts qui a autorisé la coupe.

Ensemble, essayez de déterminer quelle est l’origine de cet écart. Cela peut être du au fait que le

volume de croissance de la mangrove estimé soit supérieur au volume de croissance réel.

Date de la coupe

Quantité de bois

à couper (m

3)

Quantité de bois effecti-vement cou-pée (m

3 ou

tas)

Quantité de bois par mé-nage, grou-pement ou

individu (pour AGR)

Le bois a-t-il per-mis de répondre aux besoins en bois des popula-tions jusqu’à la prochaine coupe ?

Commentaires

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L’augmentation des besoins en bois de la population peut être une autre cause expliquant cet

écart.

Ensuite, réfléchissez aux mesures à adopter : réadapter les calculs en fonction du volume de

croissance de la mangrove, chercher à diminuer la consommation en bois des populations

(exemple : via l’adoption de foyers améliorés, via la réduction de nombre de fours de fumage,

etc.) ou revoir à la hausse les besoins en bois des populations (en cas d’augmentation significa-

tive de la population par exemple).

2. Comment s’assurer de la régénération naturelle de la mangrove dans les parcelles de coupe ?

Pour évaluer la régénération naturelle des parcelles de coupe, il faut mesurer deux fois par an

certaines données :

- le nombre de propagules tombées dans chaque parcelle;

- l’évolution de la croissance des 4 semenciers, grâce aux mesures de la hauteur, du dia-

mètre au-dessus de la dernière racine, du nombre de feuilles et du nombre de ramifications.

Ces données doivent être consignées dans un cahier. Elles seront présentées périodiquement à

un Agent des Eaux et Forêts qui pourra évaluer, grâce à ces chiffres, la régénération de la man-

grove. Il pourra également déterminer quel est le volume de croissance de la mangrove. Vérifiez

qu’il corresponde bien à l’hypothèse posée en annexe 5 (1Ha = 60 m3 de mangrove), et éventuel-

lement proposer des suggestions pour adapter ces données.

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ANNEXE 9 : COMMENT INSTALLER UNE PÉPINIÈRE D’AVICENNIA ?

(lien avec le tableau récapitulatif, page 56)

Où produire une pépinière ?

Le choix du site d’implantation de la pépinière est capital pour arriver à produire des plants de bonne quali-

té. En effet, les graines d’Avicennia ne sont pas arrosées avec de l’eau douce mais sont arrosées par le

régime naturel des marées.

Critères permettant de repérer les sites propices à la mise en place d’une pépinière :

1. Site situé dans la zone de balancement des marées, ni trop haut, ni trop bas, sous peine de voir soit

les plants noyés, soit se dessécher. Il faut tenir compte des périodes de petites marées pour s’assurer

que les plants seront tout de même régulièrement inondés.

2. Le sol doit être sablo-vaseux.

3. La salinité de l’eau peut être élevée mais elle ne doit pas dépasser un certain seuil. Si tous les Avi-

cennia présents dans la zone ont disparu (questionner pour cela les anciens), c’est que la salinité de

l’eau y est trop importante.

Il est recommandé de placer la pépinière dans un endroit ombragé. Cela favorise la croissance des plants

tout en protégeant les jeunes pousses. Il faut néanmoins penser à les exposer progressivement à la lu-

mière afin de ne pas produire des plants trop fragiles qui risquent de connaître de fort taux de mortalité

lorsqu’ils seront mis en pleine terre. Le plus facile pour pouvoir entretenir la pépinière est de créer une om-

brière surélevée d’au moins 1 mètre 50 afin d’y travailler confortablement (désherbage, regarnissage…).

Des crintins ou de la paille sont posés sur une armature de bois. La paille permet d’alléger progressivement

la couverture et d’ensoleiller les plants peu à peu.

Il est recommandé d’entourer l’ensemble de la pépinière d’un filet à petites mailles (type filet pêche à la

crevette) afin de limiter la dégradation des jeunes feuilles des plants d’Avicennia par les poissons et les

crabes.

Veillez également à prévenir les autres utilisateurs du site et à obtenir leur accord avant d’y placer votre

pépinière.

Quand produire une pépinière ?

La période la plus favorable à la plantation d’Avicennia se situe entre novembre et février. Etant donné qu’il

faut 3 à 5 mois pour produire un plant en pépinière, la production peut avoir lieu entre début juin et début

novembre.

Comment produire une pépinière ?

1. Récolter les semences

Les graines mûres, de couleur jaune moutarde, sont ramassées ou récoltées directement sur l’arbre. Il est

conseillé de choisir les plus grosses graines car leur taux de germination est plus élevé. Pour planter un

hectare d’Avicennia, il faut récolter environ 6000 graines.

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Seuls 5000 plants sont nécessaires pour le reboisement d’un hectare. Cependant, il faut tenir compte du

fait que certaines graines ne pousseront pas ou que certaines plants vont mourir.

Attention ! Eviter de ramasser des graines qui ont subi des attaques de chenilles ou de vers.

2. Prétraiter les graines

Les graines collectées doivent être prétraitées le jour même ou au plus tard le lendemain. Le prétraitement

vise à débarrasser la graine de sa cuticule (fine peau) tout en favorisant la levée de la dormance (pré ger-

mination) et en la débarrassant d’éventuels parasites.

Pour prétraiter les graines, on les trempe dans un mélange d’eau douce et d’eau de mer (moitié-moitié)

pendant deux à trois jours. Le trempage dans de l’eau de mer donne également de bons résultats de ger-

mination.

3. Réaliser les semis en gaines (pots)

Le rempotage : cela consiste à remplir les gaines de poto poto (sans engrais). Le substrat peut-être

légèrement sableux, mais sans excès sinon le risque de dessèchement des plantules augmente.

L’arrimage : les gaines sont ensuite placées dans des « planches » en crevasses. La planche est un

dispositif qui consiste à creuser de 2 à 5 cm une surface de 1m de large sur 10m de long pour y pla-

cer les gaines. Approximativement 1000 gaines peuvent être placées par planche. Une fois toutes

les gaines posées dans la planche, on les entoure d’une corde. Celle-ci doit permettre de maintenir

les gaines les unes contre les autres. Pour l’obtention de 6000 plants, il faut constituer 6 planches

(prise en compte de la mortalité des plants). Les planches doivent être disposées dans la zone de

balancement des marées. Elles doivent être inondées quotidiennement, l’idéal étant de placer les

caisses ou les planches dans la zone moyenne, de façon à ce que la hauteur et le temps de submer-

sion ne soient ni trop importants, ni trop faibles. Eviter d’arroser les plants à l’eau douce, leurs

chances ultérieures d’adaptation lors de la plantation en milieu salé seraient compromises.

Le semis : effectuez d’abord les trous de semis à l’aide d’un bâton dans les gaines. La profondeur

du trou doit être de 2 à 3 fois la taille de la graine. Placez ensuite la graine au fond du trou et recou-

vrez-la de terre.

4. L’entretien de la parcelle et le suivi de la croissance des plants

L’entretien consiste à :

- désherber régulièrement la pépinière

- vérifier que les gaines restent bien positionnées suite à l’action des marées

- redresser les plants tombés

- enlever les plants morts ou attaqués par des parasites

- regarnir la pépinière au fur et à mesure s’il y a des vides

- ajuster l’ombrière afin de donner progressivement plus de lumière aux plants (retrait progressif des

crintins ou de la paille).

L’entretien doit être effectué au minimum deux fois par semaine, l’idéal étant de s’y rendre chaque jour. Il

est important lors de l’entretien de pouvoir suivre l’évolution de la croissance des plants et du nombre de

plants toujours en vie. Les personnes qui en sont responsables veilleront à noter à chaque visite dans un

cahier le nombre de plants morts, le nombre de plants replantés (regarnissage) afin de pouvoir évaluer le

nombre total de plants qui seront ensuite plantés.

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EXEMPLE DE FICHE DE SUIVI : Pépinière de Diossong Nombre de semis effectués : 6000 Date de semis : 1er juillet 2010

Nombre de plants mis en terre :

2/11/2010 : 3 000 plants

21/11/2010 : 1 834 plants

TOTAL DES PLANTS MIS EN TERRE : 4 834 plants

Date du suivi Nombre de

plants morts Nombre de

plants regarnis Observations

Nombre de plants res-

tants

3 juillet 0 0 / 6000

7 juillet 0 0 On commence à voir des tiges apparaître

6000

10 juillet 0 0 / 6000

13 juillet 350 0 Graines qui ne sont pas sor-ties de terre

5650

15 juillet 0 0 / 5650

… … … … …

10 août 56 0 Forte marée ayant endom-magé les plants

5410

13 août 3 300 Opération de regarnissage de la pépinière

5707

… … … … …

1 novembre 0 0 / 4950

2 novembre 4 0 Plantation de 3000 plants ayant atteint une taille suffi-sante

1950

… … … … …

18 novembre 18 0 / 1834

21 novembre 0 0 Plantation des plants res-tants (1834)

0

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ANNEXE 10 : COMMENT ÉVALUER UN REBOISEMENT ?

(lien avec le tableau récapitulatif, page 56)

Pour évaluer un reboisement, le plus simple est d’évaluer après un an de plantation le taux de

reprise de votre reboisement. Pour cela, il faut compter (à marée basse) le nombre total de

plants encore vivants après un an. En réunissant votre équipe de plantation, cela peut aller très

vite.

Soit Ntot, le nombre de propagules plantées (Rhizophora) / plants mis en terre (Avicennia ou

espèces pour bois de village) en année 0.

Soit N1, le nombre de propagules/plants encore en vie après un an de plantation (année 1).

Alors le taux de reprise,

(en %) T = N1/Ntot X 100

Les trois années suivantes, calculez le taux de survie de votre reboisement. Le taux de survie est

calculé de la même manière que le taux de reprise. Il permet de suivre l’évolution du reboise-

ment.

Soit Ntot, le nombre de propagules plantées (Rhizophora) / plants mis en terre (Avicennia

ou espèces pour bois de village) en année 0.

Soit N2, le nombre de propagules / plants encore en vie après deux ans de plantation

(année 2).

Alors le taux de survie,

(en %) T = N2/Ntot X 100

Les calculs du taux de reprise et du taux de survie doivent vous aider à évaluer vos reboise-

ments. Si le taux de reprise et de survie sont peu élevés, il faut en chercher les causes

(exemple : sol peu approprié, salinité trop importante, propagules mal triées, plants mis en terre

trop jeunes, etc.) et en tirer des leçons pour vos prochains reboisements. Si au contraire, les taux

de reprise et de survie sont élevés, c’est que les conditions de reboisement et les techniques utili-

sées étaient favorables.

Après un an ou deux, vous pouvez replacer les propagules / plants mort(e)s dans les lignes.

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ANNEXE 11 : QUELLES ESPÈCES PLANTER DANS UN BOIS DE VILLAGE ?

Ci-dessous, nous présentons 4 espèces à croissance rapide qui s’adaptent généralement bien

aux conditions climatiques et pédologiques du Delta du Saloum. Il s’agit de : l’eucalyptus, le teck,

le prosopis et l’Acacia nilotica (var. adansonii).

1. L’eucalyptus

Taille

Il s’agit d’un arbre de taille moyenne qui peut atteindre 20m de hauteur en zone soudanienne.

Type de sol et pluviométrie supportés

L’eucalyptus peut se développer sur des sols variés et sous une pluviométrie supérieure à

700mm.

Temps nécessaire entre la plantation et l’exploitation

L’espèce peut être exploitée 7 à 10 ans après sa plantation.

Types de produits fournis

L’eucalyptus fournit du bon bois de chauffe et d’excellentes perches pour la construction des

maisons.

Avantages et inconvénients

L’eucalyptus est une espèce à croissance très rapide. Cette espèce présente également des

vertus médicinales et ses fleurs sont très appréciées par les abeilles.

Cette espèce présente des inconvénients sur le plan agricole car elle pompe beaucoup d’eau

et appauvrit rapidement les sols.

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2. Le teck

Taille

Le teck mesure généralement plus de 20m de haut.

Type de sol et pluviométrie supportés

Le teck se développe sur des sols profonds et bien drainés. Il a besoin de luminosité. La plu-

viométrie annuelle doit au minimum atteindre 1 000 mm.

Temps nécessaire entre la plantation et l’exploitation

Après 5 à 8 ans, ses branches peuvent fournir du bois de feu.

Il offre de bonnes perches vers 12 à 15 ans de croissance et des poteaux après 20 à 30 ans.

Types de produits fournis

Il fournit un excellent bois de feu, de service et d’œuvre.

Avantages et inconvénients

Le bois de teck résiste bien aux attaques des insectes tels que les termites. Son bois

d’œuvre est de très bonne qualité mais sa croissance n’est pas rapide.

3. Le prosopis

Taille

Le prosopis peut atteindre 12 à 15m.

Type de sol et pluviométrie supportés

Le prosopis se développe sur des sols pauvres sableux ou rocheux bien drainés. Il supporte

la salinité et les grandes chaleurs. La pluviométrie minimale permettant sa croissance est de

150 mm par an.

Temps nécessaire entre la plantation et l’exploitation

En l’espace de 2 ans, le prosopis fournit du bois de feu. Il peut pousser de 1,5m par an.

Il offre de bonnes perches au bout de 3 ans.

Types de produits fournis

Il fournit un excellent bois de feu et de service.

Avantages et inconvénients

L’avantage du prosopis est sa croissance très rapide. De plus, il repousse encore plus rapide-

ment après la coupe. Son inconvénient est qu’il peut se déraciner en cas de vents très vio-

lents (rares cas).

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4. L’Acacia nilotica var. adansonii

Taille

L’Acacia nilotica peut atteindre 20m.

Type de sol et pluviométrie supportés

Cette espèce se développe de préférence sur des sols profonds sableux-limoneux mais sup-

porte aussi des sols légèrement argileux, latéritiques ou calcaires. Il prospère avec une plu-

viométrie variant de 100 à 1 000 mm et supporte des températures très élevées (50° et plus).

Temps nécessaire entre la plantation et l’exploitation (bonnes conditions)

En l’espace de 3 ans, l’Acacia nilotica fournit du bois de feu.

Il offre ensuite de bonnes perches au bout de 4 ans.

Types de produits fournis

Il fournit un excellent bois de feu et de service.

Avantages et inconvénients

L’acacia est un bois lourd très apprécié comme combustible mais qui constitue également un

bon bois d’œuvre. Il permet également de produire du tanin et est utilisé en médecine tradi-

tionnelle.

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ANNEXE 12 : COMMENT INSTALLER UNE PÉPINIÈRE POUR CONSTITUER UN BOIS

DE VILLAGE ? (lien avec le point C.2., page 57)

Où produire une pépinière ? La pépinière doit être installée sur un sol perméable et profond.

La pépinière doit être arrosée tous les jours. Veillez à l’installer à proximité d’une source permanente d’eau

douce.

Il est recommandé de clôturer la pépinière afin d’éviter la divagation des animaux.

Veillez également à placer la pépinière dans un endroit ombragé. Cela favorise la croissance des plants

tout en protégeant les jeunes pousses. Il faut néanmoins penser à les exposer progressivement à la lu-

mière afin de ne pas produire des plants trop fragiles qui risquent de connaître de fort taux de mortalité

lorsqu’ils seront mis en pleine terre. Le plus facile pour pouvoir entretenir la pépinière est de créer une om-

brière surélevée d’au moins 1 mètre 50 afin d’y travailler confortablement (désherbage, regarnissage…).

Des crintins ou de la paille sont posés sur une armature de bois. La paille permet d’alléger progressivement

la couverture et d’ensoleiller les plants peu à peu.

Quand produire une pépinière ? La meilleure période pour installer une pépinière est février-mars-avril. Les plants seront mis en pleine terre

à l’âge de 3 à 6 mois, soit en juillet-août-septembre.

Comment produire une pépinière ?

1. Obtenir ou collecter les semences : Pour vous approvisionner en graines, vous pouvez soit pas-ser commande auprès du PRONASEF (Service National de Production de Semences Fores-tières) situé à Dakar, soit collecter vous-mêmes les graines sur les arbres semenciers.

2. Prétraiter les graines : Sur ses sachets de graines, le PRONASEF donne des indications sur le pré-traitement des graines. Si vous faites vous-même la collecte, il faut vous renseigner auparavant auprès de techniciens afin de savoir comment collecter les graines, les prétraiter et les conserver. Nous vous conseillons de vous approvisionner auprès du PRONASEF qui fournit des semences de qualité. 3. Réaliser les semis en gaines (pots)

Le rempotage

Procédez d’abord au rempotage des gaines. Pour cela :

- cherchez du sable et du terreau - tamisez le sable et mélangez-le avec le terreau - arrosez ce mélange avec de l’eau douce - remplissez les gaines avec ce mélange en ne laissant pas de vide dans la gaine jusqu’à 1cm des

bords.

L’arrimage

Avec une pelle, une houe ou un autre instrument, creusez des trous rectangulaires de 1 à 2 m de

large, de 3 à 4 m de long et 10 à 15 cm de profondeur le long de l’ombrière. C’est dans ces planches

que vous allez placer les gaines qui vont servir à élever les plants.

Le semis des graines Avant de semer les graines, arrosez d’abord les gaines matin et soir pendant une semaine. Désher-bez ensuite les gaines puis semez dans chaque gaine 3 à 4 graines des espèces choisies. Veillez à décaler les graines de 5 cm entre elles pour éviter de détruire les racines lors du démariage. Le démariage Une semaine après la germination, démariez les plants et repiquez ceux que vous enlevez dans les autres gaines qui n’ont pas de plant. Le démariage consiste à éclaircir le semis en ne conservant que le plant le plus vigoureux et en écartant tous les autres plants.

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4. L’entretien de la parcelle et le suivi de la croissance des plants

L’entretien doit être effectué chaque jour. Il consiste à :

désherber régulièrement la pépinière

arroser les plants matin et soir jusqu’à la transplantation

enlever les plants morts ou attaqués par des parasites

regarnir la pépinière au fur et à mesure s’il y a des vides

ajuster l’ombrière afin de donner progressivement plus de lumière aux plants (retrait progressif

des crintins ou de la paille). Au bout de 15 jours, le toit de l’ombrière doit être totalement enlevé afin que les plants disposent d’un ensoleillement maximal.

Il est important lors de l’entretien de pouvoir suivre l’évolution de la croissance des plants et du nombre de plants toujours en vie. Les personnes qui en sont responsables veilleront à noter à chaque visite dans un cahier le nombre de plants morts, le nombre de plants replantés (regarnissage) afin de pouvoir évaluer le nombre total de plants qui seront ensuite plantés.

Exemple de fiche de suivi :

Pépinière de Diossong Nombre de semis effectués : 300 Date de semis : 1er mars 2010

Nombre de plants mis en terre :

10/08/2010 : 150 plants mis en terre

30/08/2010 : 84 plants

TOTAL DES PLANTS MIS EN TERRE : 234

Date du suivi Nombre de

plants morts Nombre de

plants regarnis Observations

Nombre de plants res-

tants

2 mars 0 0 / 300

3 mars 0 0 / 300

… … … … …

25 juillet 2 0 / 278

27 juillet 38 0 Forte pluie ayant endomma-gé plusieurs plants

240

… … … … …

10 août 0 0 Transplantation de 150 plants suffisamment vigou-reux

90

… … … … …

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ANNEXE 13 : FICHE D’EVALUATION D’UNE ACTION DE GESTION DURABLE

Date à laquelle l’action a été mise en œuvre :

__________________________________________________

Date de l’évaluation :

__________________________________________________

Liste des personnes présentes lors de l’évaluation :

_____________________________________________________________________________

_____________________________________________________________________________

_____________________________________________________________________________

_____________________________________________________________________________

Evaluation de l’action

_____________________________________________________________________________

_____________________________________________________________________________

_____________________________________________________________________________

_____________________________________________________________________________

_____________________________________________________________________________

Recommandations pour une prochaine action

_____________________________________________________________________________

_____________________________________________________________________________

_____________________________________________________________________________

_____________________________________________________________________________

_____________________________________________________________________________

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LEXIQUE

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Bonga

Poisson fumé obtenu à partir du fumage de l’ethmalose. 4 à 5 séances de fumage (de 2 à 4h)

sont nécessaires pour son obtention. A la différence du kéthiakhe, le bonga est généralement

vendu entier, avec toutes les parties intactes. Le bonga est généralement vendu non salé. La

plus grande partie de sa production au Sénégal est destinée à l’exportation.

Détroquer

Il s’agit de l’action qui consiste à détacher l’huître du collecteur.

Écosystème

Un écosystème se compose d’un ensemble d’éléments vivants (plantes, animaux et micro-

organismes) qui interagissent entre eux et avec le milieu (sol, lumière, eau, climat) dans lequel ils

se déploient.

Érosion éolienne

Elle désigne un phénomène causé par le vent qui emporte les particules de sable ou de terre

présentes sur le sol. L’érosion éolienne est plus importante lorsque la végétation est absente, les

sols secs et peu structurés.

Érosion hydrique

Il s’agit du phénomène par lequel l’eau ruisselle en emportant avec elle les particules de terre

(principalement de terres de culture qui sont moins compactes car elles ont été labourées).

Estuaire inversé

Estuaire où la salinité est plus élevée en amont qu'en aval à cause d'une forte évaporation et

d'une faible précipitation dans une région côtière aride.

Fumage

Le fumage est le fait de soumettre les poissons pendant un certain temps à l’action de la fumée

issue d’une combustion lente (pyrolyse) de bois servant à les déshydrater, assurer leur conser-

vation et leur aromatisation.

Ichtyofaunique

Relatif à la faune des poissons.

Kéthiakhe

Poisson fumé obtenu à partir du fumage de l’ethmalose. 1 à 2 séances de fumage (de 2 à 4h)

sont nécessaires pour son obtention. Ce poisson est dépiauté, étêté et sa queue éliminée avant

d’être commercialisé. Le kéthiakhe est généralement vendu non salé. La plus grande partie de sa

production au Sénégal est destinée à l’exportation.

Oxydation

Action chimique par laquelle un corps se combine avec l'oxygène. Pour les produits alimentaires,

l'oxydation est un facteur de dégradation

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Pare-feu

Le pare-feu est une bande que l’on nettoie autour de la parcelle pour prévenir les feux dans la

parcelle. La largeur de la bande dépend de l’importance de la strate herbacée dans la zone, de la

force du vent et de la fréquence des feux de brousse dans la zone.

pH ou potentiel hydrogène

Le pH est un paramètre permettant de définir si un milieu est acide (<7), basique (>7) ou neutre.

Régénération naturelle

Capacité d’un milieu, le plus souvent forestier, à se reconstituer sans intervention extérieure suite

à une perturbation (exploitation forestière, catastrophe naturelle, etc.)

La régénération naturelle se distingue de la régénération assistée où la reconstitution du milieu

forestier se fait grâce une intervention humaine (reboisement, éclaircies, etc.)

Sécurité alimentaire

La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès phy-

sique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire

leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active

[Sommet mondial de l’alimentation, 1996].

La sécurité alimentaire fait référence à :

- la disponibilité physique des aliments

- l’accès physique et économique des aliments

- l’utilisation des aliments

- la stabilité des 3 autres dimensions dans le temps

Tannes ou vasières nues

Vastes étendues de terres salées nues ou peu colonisées par les végétaux.

Vase ou poto-poto

Mélange de matières organiques et de terre qui forment un dépôt au fond de l’eau.

Vasières

Zones côtières ou estuariennes constituées de vases. Les vasières sont fixées par des man-

groves. Elles constituent un habitat privilégié pour de nombreuses espèces animales

(principalement des oiseaux d’eau) et une zone importante de ponte.

Volume de croissance de la mangrove

Le volume de croissance de la mangrove correspond au volume de bois produit naturellement

par la mangrove si elle ne subit pas de dégradation causée par l’homme.

Zone de balancement des marées

La zone de balancement des marées correspond à la zone qui est immergée à marée haute et

émergée à marée basse.

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BIBLIOGRAPHIE

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Remerciement…

Nous adressons nos plus vifs remerciements à la coopération Japonaise, la JICA, pour

avoir mis à notre disposition les données et photos de leurs études et à Sophie Caillaux

pour sa contribution à l’élaboration de ce guide...

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La mangrove est un cadre de vie unique, qu’il importe dans l’intérêt de ses populations

de protéger et de gérer respectueusement. …

Depuis 2002, ADG et ses partenaires ont mis en œuvre un programme d’appui à la gestion durable de la mangrove

dans les CR de Bassoul, Djilor, Djirnda, Dionewar, Diossong, Palmarin et Toubacouta. Ce guide est un partage d’expé-

riences avec les acteurs impliqués dans la gestion de cet écosystème.

Ce guide est réalisé par l’ONG ADG, avec la collaboration de la JICA (coopération Japonaise)

Aide au Développement Gembloux (ADG)

Au Sénégal :

100, Rue 41 Cité Malick Sy

Thiès – Sénégal

Tél. : +221 33 951 64

Fax : +221 33 951 64

WWW.ONG-ADG.BE

En Belgique :

Passage des Déportés 2

5030 Gembloux

Tél : + 32 (0) 81 62 25 75

Fax : + 32 (0) 81 60 00 22

Email : [email protected]